Droit Des Contrats Afram
Droit Des Contrats Afram
Droit Des Contrats Afram
INTRODUCTION GENERALE
Il est logique, avant de commencer l’étude technique des règles du droit des
contrats, d’établir d’abord les contours de la notion de contrat. Pour ce faire, il faut
successivement définir le contrat (I), procéder à la classification des différents types
de contrats (II) et s’intéresser à ce qui fait le fondement du droit des contrats (III).
I/ LA DEFINITION DU CONTRAT
Le contrat est défini par l’article 1101 du code civil comme « une convention par
laquelle une ou plusieurs personnes s’obligent, envers une ou plusieurs
autres, à donner, à faire ou à ne pas faire quelque chose ».
B/ CONTRAT ET CONVENTION
Il résulte de l’article 1101 du code civil, et ci-dessus cité, que le contrat est « une
convention ». Mais cette définition rapproche en fait le contrat de la convention
pour mieux marquer la différence qui les sépare.
Le terme convention a une signification plus large que celui de contrat. En effet, la
convention peut avoir pour objet, non seulement de faire naître une obligation,
mais également de la transmettre, de la modifier ou de l’éteindre. Tout accord de
volonté destiné à produire un effet de droit quelconque est donc une convention.
La grande liberté laissée aux parties, et qui leur permet de conclure tout accord de
leur convenance, rend difficile une classification des contrats. Cependant, il existe
plusieurs classifications biparties fondées sur des critères différents.
Traditionnellement, à celles qui sont expressément prévues par le code civil (A)
s’ajoutent celles qui ont été dégagées par la doctrine et la jurisprudence (B).
Cette distinction est mentionnée par les articles 1102 et 1103 du code civil.
Cette classification est envisagée aux articles 1105 et 1106 du code civil. Elle
repose sur l’existence d’une contrepartie à l’obligation souscrite.
Ainsi, le contrat à titre onéreux est celui dans lequel l’avantage reçu par une partie
trouve une contrepartie dans une obligation à sa charge (article 1106). L’exemple
type est la vente où chacun donne pour recevoir.
Par opposition, le contrat à titre gratuit est celui dans lequel l’une des parties ne
retire aucun avantage de la prestation qu’elle fournit ; on parle parfois de contrat
de bienfaisance (article 1105). L’exemple type est la donation, qui est inspirée par
une intention libérale.
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Cours de des contrats / AFRAM /2024-2025
Prévue par l’article 1104 du code civil, la distinction des contrats commutatifs et
des contrats aléatoires est une sous-distinction des contrats à titre onéreux. Elle
repose sur l’existence ou non d’un aléa frappant les obligations réciproques.
Ainsi, le contrat est commutatif lorsque les prestations mises à la charge des
parties sont connues au jour de la conclusion du contrat.
En dehors des classifications proposées par le code civil, la doctrine s’est employée
à développer d’autres qui sont au nombre de quatre : contrats nommés et contrats
innommés (1) ; contrats instantanés et contrats à exécution successive (2) ;
contrats consensuels et contrats non consensuels (3) ; contrats négociés et contrats
d’adhésion (4).
La distinction des contrats nommés et des contrats innommés a été déduite, par la
doctrine, des termes de l’article 1107 du code civil. Elle se fonde sur l’existence ou
non d’une réglementation spécifique applicable à la convention.
Les contrats nommés sont ainsi ceux auxquels la loi, le règlement ou l’usage ont
donné un nom et dont le régime est fixé par un texte. Ils correspondent donc à une
opération économique bien définie. Dans le code civil, de nombreux contrats
obéissent à cette qualification : vente, bail, échange, prêt, mandat, dépôt,
cautionnement, société, etc.
A l’inverse, les contrats innommés sont ceux que la loi ne réglemente pas sous une
dénomination propre et qui relèvent donc avant tout du droit commun des
contrats. Il s’agit soit de contrats complexes, dans lesquels les parties ont combiné
des conventions nommées pour donner lieu à un genre nouveau, soit de
conventions sui generis (de son propre genre), ne pouvant se rattacher à aucune
figure identifiée.
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Ainsi, le contrat est instantané lorsqu’il donne naissance à une obligation qui doit
être exécutée en une seule fois. C’est le cas de la vente ou de la donation, dans
lesquelles les prestations des parties s’exécutent, en principe, en un trait de temps.
Les contrats consensuels sont ceux qui se forment par le seul accord des volontés,
sans qu’il soit besoin de recourir à une quelconque formalité. C’est le type de
contrat le plus simple et le plus courant, puisque la règle dans notre système
juridique est que le seul échange des consentements suffit à faire naître des
obligations. On peut citer l’exemple de la vente (article 1583).
Les contrats solennels sont ceux dont la formation nécessite non seulement
l’accord des volontés, mais encore l’accomplissement de certaines formalités
exigées par la loi pour la validité même de l’acte. Il peut s’agir de l’intervention d’un
notaire (donation entre vifs, contrat de mariage, constitution d’hypothèque) ou de la
simple rédaction d’un écrit (bail à usage d’habitation).
Les contrats réels sont ceux dont la formation exige non seulement l’accord des
volontés, mais encore la remise de la chose objet du contrat. C’est le cas
notamment du prêt (articles 1875 et 1892), du dépôt (1919) et du gage (2071).
Le type traditionnel du contrat est celui du contrat négocié ; on dit encore contrat
de gré à gré. Dans une telle convention, l’accord des volontés est le résultat d’une
discussion entre deux partenaires également libres. Les deux parties jouent donc,
dans sa formation et dans la définition de son contenu, un rôle en principe égal.
Mais il est d’autres contrats qui ne répondent pas à ce schéma classique, les
conditions du contrat étant en réalité l’œuvre d’une seule partie. L’autre se borne
seulement à adhérer à son contenu qui a été préalablement et unilatéralement fixé
par la partie la plus puissante économiquement. Ces contrats sont dits « contrats
d’adhésion ». C’est le cas par exemple du contrat de transport, du contrat
d’assurance ou du contrat d’abonnement aux fournitures d’électricité ou d’eau.
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elle a été ensuite remise en cause. Aussi convient-il d’examiner cette théorie de
l’autonomie de la volonté (A) avant de s’intéresser à son évolution (B).
Il faut tour à tour exposer la théorie (1) et examiner ses conséquences techniques
(2).
1. L’exposé de la théorie
Cette théorie a été ensuite transposée dans le domaine juridique pour donner du
contrat une explication centrée sur la volonté des parties. Il en résulte donc que la
volonté librement exprimée est à la base du droit des contrats. On dit que la
volonté est autonome parce qu’on veut traduire la primauté de l’individu sur la
société et affirmer que la volonté tire d’elle-même sa force créatrice d’obligation et
non d’une autorité extérieure.
Il y a enfin le principe de l’effet relatif du contrat visé par l’article 1165 du code
civil. Il exclut notamment que le contrat puisse créer des droits ou des obligations à
l’égard des tiers. Car, nul ne doit être constitué créancier ou débiteur sans en avoir
exprimé la volonté préalable.
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SECTION 1 – LE CONSENTEMENT
Le consentement peut être défini comme la manifestation de la volonté de chacune
des parties, l’acquiescement qu’elle donne aux conditions du contrat projeté. Il
convient d’examiner successivement le processus d’expression et de rencontre des
consentements (§1) et la protection de ces consentements (§2).
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§1 – L’EXPRESSION DU CONSENTEMENT
Il faut, pour qu’il y ait contrat, deux manifestations de volontés concordantes dans
leur objet et qui arrivent à se rencontrer dans le temps et dans l’espace, à savoir :
une offre (1) et une acceptation (2).
1 – L’offre de contracter
L’offre, qui est encore appelée pollicitation, est la manifestation de volonté par
laquelle une personne, l’offrant ou pollicitant, propose à un tiers, le bénéficiaire, de
contracter à certaines conditions. Il convient de dégager ses caractères (a) avant de
s’interroger sur sa valeur juridique (b).
Pour qu’il y ait offre au sens juridique du terme, il faut qu’il y ait une
manifestation de volonté remplissant certaines conditions. Celles-ci se traduisent
par l’exigence de trois caractères cumulatifs : l’offre doit être ferme, précise et
extériorisée.
La fermeté de l’offre suppose que l’offrant, auteur de la proposition de contrat,
exprime une volonté nette de conclure le contrat. La seule acceptation de l’offre par
l’autre partie doit par conséquent suffire à former le contrat. Une proposition de
contracter n’est donc pas ferme lorsqu’elle comporte des réserves, c’est-à-dire
qu’elle est subordonnée à certaines conditions.
Une offre est ensuite précise quand elle contient tous les éléments essentiels du
contrat à conclure. Ainsi, en ce qui concerne la vente par exemple, l’offrant doit
indiquer les caractéristiques de la chose objet du contrat ainsi que le prix exigé.
L’offre de contracter doit enfin, pour avoir une valeur juridique, être extériorisée,
c’est-à-dire portée à la connaissance de son destinataire. Cette extériorisation peut
se manifester de plusieurs. L’offre peut en effet être expresse (par exemple des
propos verbaux ou écrits) ou tacite (par exemple un comportement ou une attitude
non équivoque).
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La question qui se pose est de savoir si une offre, avant son acceptation, comporte
un certain effet obligatoire. En pratique, deux difficultés sont en lien avec cette
interrogation.
La première difficulté est la rétractation de l’offre. Ce qui revient en fait à savoir si
l’offre lie déjà son auteur ou si celui-ci conserve encore la possibilité de la révoquer
à tout moment. La position classique correspond à une réponse largement positive
: l’offre peut être retirée par celui qui l’a émise tant qu’elle n’a pas été acceptée. Il
n’est fait exception à cette solution de principe que lorsque l’auteur de l’offre a
accordé un délai au destinataire (il ne peut plus la retirer pendant cette période)
ou dans l’hypothèse où l’offre a été faite à une personne déterminée (la
jurisprudence considère qu’elle doit être maintenue pendant un délai raisonnable).
La deuxième difficulté est la caducité. La caducité est l’état d’un acte juridique
valable, mais qui est privé d’effet en raison de la survenance d’un fait
postérieurement à sa création. La caducité de l’offre peut d’abord résulter de
l’écoulement du temps de réflexion accordé au destinataire. L’offre sera également
considérée comme caduque si l’offrant décède ou est frappé d’une incapacité avant
son acceptation.
2 – L’acceptation de l’offre
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L’acceptation doit par ailleurs être pure et simple. Le bénéficiaire doit en effet
l’accepter l’offre telle qu’elle lui a été faite, sans en modifier le contenu. Toute
réponse différente de la pollicitation serait en en réalité une contre-proposition,
c’est-à-dire en fait une nouvelle offre en sens inverse de la première.
La question est de savoir si le silence gardé par le destinataire d’une offre peut être
considéré comme une acceptation tacite de l’offre ? Il y a en la matière une réponse
de principe, assortie cependant de certaines exceptions.
Si tout contrat se forme par une offre suivie d’une acceptation, la pratique met à
jour des réalités plus complexes. Ainsi en est-il lorsque le contrat se forme de
façon progressive (1) ou entre absents (2).
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§2 – LA PROTECTION DU CONSENTEMENT
Le contrat est formé par le seul effet de la rencontre des consentements. Toutefois,
il ne suffit pas que les parties aient exprimé leur consentement. Celui-ci n’oblige
en effet que si la volonté de ceux qui l’ont donné est consciente, libre et
suffisamment éclairée. A défaut, le consentement est vicié et le contrat n’est pas
valable. Le code civil en tire pour conséquence trois vices du consentement :
l’erreur (A), le dol (B) et la violence (C).
A – L’erreur
L’article 1110 du code civil ne retient, comme viciant le consentement, que deux
types d’erreurs : l’erreur sur la substance et l’erreur sur la personne. Il faut y
ajouter le cas particulier de l’erreur-obstacle qui est essentiellement d’origine
doctrinale.
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L’erreur sur la substance est celle qui tombe sur la substance même de la chose
qui en est l’objet. La substance a d’abord été entendue de manière objective (selon
donc cette conception objective et matérielle, la substance est la matière physique
dont est composé l’objet ; il en serait ainsi d’une chose en cuivre qu’on croyait en
or). La jurisprudence a ensuite analysé la substance de manière subjective. Elle a
ainsi été assimilée aux qualités substantielles de la chose, c’est-à-dire aux qualités
de l’objet du contrat qui ont déterminé les parties à contracter (défaut
d’authenticité d’un objet d’art ou de constructibilité d’un terrain).
L’erreur sur la personne n’est pas nécessairement celle portant sur l’identité
physique ou civile du cocontractant. On tient également compte de ses qualités
substantielles comme par exemple les qualifications professionnelles,
l’honorabilité, etc. Aux termes de l’article 1110 alinéa 2 du code civil, elle n’est pas
en principe une cause de nullité. Elle n’est susceptible de constituer un vice du
consentement que dans les cas où la personnalité du cocontractant est
déterminante, notamment dans les contrats intuitu personae (par exemple le
contrat de travail).
Le troisième type d’erreur, l’erreur-obstacle, a été retenu par la doctrine. Il s’agit
d’une erreur d’une gravité telle qu’elle s’oppose à toute rencontre des volontés. On
cite en général trois hypothèses. Il y a d’abord l’erreur sur la nature du contrat
(par exemple l’une des parties a cru remettre une chose à titre de prêt, alors que
l’autre a cru la recevoir à titre de don manuel). Il y a ensuite l’erreur sur l’objet du
contrat (par un exemple une partie a cru acquérir un objet, alors que l’autre a cru
en vendre un autre). Il y a enfin l’erreur sur la cause (par un exemple un homme,
se croyant à tort le père d’un enfant, s’engage à subvenir à ses besoins).
b) – L’erreur indifférente
L’erreur commise par le contractant n’est pas une cause de nullité de l’engagement
dans trois cas : l’erreur sur un élément secondaire du contrat, l’erreur sur la
valeur et l’erreur sur les motifs.
L’erreur n’est pas prise en considération si elle porte sur un élément secondaire du
contrat. Il en est ainsi de l’erreur qui porte sur une qualité non substantielle de la
prestation ou de celle sur la personne alors qu’il ne s’agit pas d’un contrat intutu
personae.
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B – Le dol
Le dol est un comportement malhonnête d’une des parties ayant pour but et pour
résultat de surprendre le consentement de l’autre. Il s’agit donc d’une erreur
provoquée. Il faut préciser ses éléments constitutifs (1), ses caractères (2) et ses
sanctions (3).
Pour que le dol soit constitué, il faut la réunion de deux éléments : un élément
matériel et un élément intentionnel.
S’agissant de l’élément matériel, le code civil parle de « manœuvres pratiquées »
par l’une des parties contre l’autre. On entend par manœuvres toutes les
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machinations, toutes les mises en scène, tous les artifices qu’une personne peut
mettre en œuvre pour créer chez l’autre une fausse appréhension de la réalité. Aux
manœuvres, la jurisprudence assimile le mensonge, c’est-à-dire la fausse
affirmation d’une partie sur un élément du contrat, mais aussi la réticence
dolosive, qui est le fait de garder le silence sur un élément d’information relatif au
contrat.
Pour que le contrat puisse être annulé sur le fondement du dol, il faut en outre
que l’élément matériel ci-dessus identifié ait été réalisé dans le dessein de tromper
son cocontractant. En effet, il n’y a pas de dol si l’on vient à tromper autrui parce
que l’on s’est trompé soi-même. Dans un tel cas, il n’y a pas intention de tromper.
3 – La sanction du dol
C’est au sujet des sanctions que le double aspect du dol s’illustre le plus
nettement. La preuve du dol permet en effet non seulement de prononcer la nullité
relative du contrat, mais encore d’allouer des dommages et intérêts à la victime
pour le préjudice subi. Dans le premier cas, c’est le vice du consentement qui est
sanctionné, alors que dans le second, c’est la faute du contractant qu’on
sanctionne.
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C – La violence
1 – La notion de violence
Il n’y a pas de définition de la violence dans le code civil. Cette définition résulte de
la combinaison de plusieurs dispositions du code. En vertu de celles-ci, on doit
considérer que la violence est un vice du consentement qui suppose l’exercice
d’une contrainte illégitime sur une personne pour la persuader de conclure un
contrat.
L’étude de la jurisprudence démontre que deux types de comportements peuvent
être qualifiés ainsi. La violence peut d’abord être physique (par exemple coups, de
mauvais traitement). Cette forme de violence est rare en pratique. Mais il peut
surtout s’agir d’une violence morale, auquel cas elle consiste en des pressions
psychologiques (chantage, menaces, etc.) visant à forcer quelqu’un à contracter.
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§1 – LA CAPACITE DE CONTRACTER
Le mineur non émancipé est l’individu âgé de moins de vingt et un ans accomplis.
Une telle personne est en principe frappée d’une incapacité générale d’exercice. La
conséquence en est que celui qui n’a pas encore atteint l’âge de vingt et un (21)
ans ne peut personnellement contracter ou accomplir tout autre acte juridique. Il
ne peut le faire que par l’intermédiaire d’un tiers jouant ainsi le rôle de
représentant. Il peut s’agir soit d’un administrateur légal, soit d’un tuteur.
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§2 – LE POUVOIR DE CONTRACTER
A – La représentation parfaite
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B – La représentation imparfaite
Il arrive que le représentant, soit par négligence, soit d’accord partie avec le
représenté, dissimule au cocontractant sa qualité d’intermédiaire. On parle alors
de représentation imparfaite. Celle-ci comporte deux variétés.
La dissimulation du nom du représenté peut d’abord être totale. Auquel cas
l’intermédiaire fait croire qu’il agit pour son propre compte. C’est l’hypothèse du «
prête-nom ». La dissimulation peut ensuite être partielle. Dans ce cas, le
représentant déclare agir en qualité d’intermédiaire, mais sans révéler le nom du
représenté. Il s’agit alors du contrat de « commission ».
En cas de représentation imparfaite, les effets de la représentation se produisent
en deux temps. Dans un premier temps, le représenté n’est pas partie au contrat.
C’est en la personne du représentant que naissent les droits et obligations qui en
résultent. Ce n’est que dans un deuxième temps que le représentant va transférer
ses droits au représenté. C’est à partir de ce moment que ce dernier pourra agir
contre le cocontractant.
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§1 – L’OBJET
Parmi les quatre conditions exigées par l’article 1108 du code civil pour la validité
d’un contrat, il y a celle d’« un objet certain qui forme la matière de l’engagement ».
La doctrine relève toutefois l’imprécision de la terminologie du code civil qui
emploie tour à tour, pour désigner cette même réalité, les expressions « objet du
contrat » et « objet de l’obligation ». Sans s’intéresser à ces controverses
terminologiques, il faut procéder à l’étude de l’objet en l’envisageant dans ces deux
dimensions, à savoir : l’objet de l’obligation (A), d’une part, et l’objet du contrat (B),
d’autre part.
A – L’objet de l’obligation
D’après l’article 1126 du code civil, l’objet est la « chose » sur laquelle porte
l’obligation. Mais il ne faut pas prendre le terme dans son sens matériel, mais dans
une acception générale. La « chose » objet de l’obligation est donc la prestation
promise par le débiteur, ce à quoi il est tenu envers le créancier. L’objet de
l’obligation, ainsi entendu, doit remplir quatre conditions : il doit exister (1), être
déterminé (2), possible (3) et licite (4).
1 – L’existence de l’objet
Le contrat n’est en principe valable que s’il porte sur un objet qui existe au
moment de sa conclusion. Toutefois, c’est au moment précis de la conclusion du
contrat qu’il faut se placer pour apprécier cette existence. C’est ainsi que l’objet
n’existe pas si l’animal vendu est mort ou si la maison louée a péri quelques
instants plus tôt. En revanche, si la perte de la chose se produisait qu’après la
conclusion du contrat, l’obligation se serait valablement formée et il resterait à
déterminer l’effet de cette perte au moyen de la théorie des risques ou de la
responsabilité contractuelle.
Deux tempéraments viennent cependant assouplir la rigueur de l’exigence ci-
dessus énoncée. En premier lieu, les choses qui n’existent pas encore peuvent faire
l’objet d’un contrat actuel (vente sur commande, achat d’appartements sur plan).
Toutefois, le contrat devient caduc si la chose ne vient pas effectivement à
existence. En second lieu, les parties peuvent conclure un contrat aléatoire. Dans
ce cas de figure, l’existence de la chose n’est pas nécessaire, car l’incertitude dont
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elle fait l’objet est partie intégrante de l’opération (par exemple l’achat à ses risques
et périls d’un lot de marchandises en cours de transport par mer ou la reprise des
stocks d’une entreprise en faillite).
2 – La détermination de l’objet
Le contrat n’est valable que si la chose qui est l’objet de l’obligation est déterminée
(article 1129). La règle est de bon sens, car un débiteur ne saurait s’engager sans
savoir à quoi. Cette exigence ne soulève aucune difficulté lorsque l’obligation porte
sur un corps certain. En effet, on ne peut pas vendre un immeuble ou un meuble
sans l’identifier. De même qu’on ne peut céder des créances sans préciser l’identité
du débiteur et l’origine de ces créances.
Plus délicate est l’hypothèse où l’obligation porte sur une chose de genre, une
chose fongible qui se vend au poids, au compte ou à la mesure. L’article 1129 du
code civil français pose en la matière une double règle. D’une part, il implique que
l’indication du genre de la chose (l’espèce) est indispensable pour la détermination
de l’objet. Mais il s’en déduit, d’autre part, qu’il n’est pas nécessaire que la
précision de la quantité (quotité) soit totale. L’objet est considéré comme certain
dès lors que, sans être immédiatement déterminé, il est déterminable
ultérieurement d’après les indications mêmes du contrat sans qu’un nouvel accord
soit nécessaire (par exemple, on peut vendre la totalité de sa récolte).
3 – La possibilité de l’objet
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4 – La licéité de l’objet
B - L’objet du contrat
Envisagé dans son ensemble, dans son économie générale (incluant plusieurs des
prestations que l’on vient de voir isolément), le contrat réalise une opération
juridique qui est considérée par une partie de la doctrine, tel que relevé plus haut,
comme l’objet du contrat. Celui-ci doit être licite (1), en même temps qu’il ne doit
pas créer un déséquilibre entre les prestations (2).
Il est généralement affirmé que la notion d’objet du contrat est inutile, car elle fait
double emploi avec celle d’objet de l’obligation. Cependant, il ne faut pas perdre de
vue qu’il existe des opérations qui, envisagées séparément, sont licites, mais dont
l’association donne naissance à une opération illicite. On cite souvent l’exemple du
don de sang et du paiement d’une somme d’argent qui sont séparément licites,
mais dont la conjonction est interdite. Il y a donc intérêt à contrôler la régularité
de l’opération juridique dans son ensemble.
C’est dans l’article 6 du code civil qu’il faut chercher ces limites à la liberté
contractuelle. Il dispose notamment que : « On ne peut déroger par des
conventions particulières aux lois qui intéressent l’ordre public et les bonnes
mœurs ». Il en résulte que le contrat est nul s’il est contraire à l’ordre public et aux
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bonnes mœurs. Sont d’ordre public les règles juridiques qui s’imposent dans les
rapports sociaux pour des raisons impératives de moralité ou de sécurité. Elles
procèdent généralement des lois dites impératives, par opposition aux lois
supplétives. Quant à la notion de bonnes mœurs, elle recouvre les règles imposées
par la morale sociale et dont la violation est susceptible de provoquer l’annulation
des conventions. La détermination de ces bonnes mœurs est donc judiciaire.
a) – Le domaine de la lésion
Les rédacteurs du code civil ont adopté une conception restrictive de la lésion qui
fait que le principe est son refus et son admission l’exception. La conséquence en
est que la lésion n’est prise en compte que dans certains contrats et à l’égard de
certaines personnes.
Les contrats dans lesquels la lésion est admise par le code civil sont au nombre de
deux : le partage (lésion de plus du 1/4) et la vente d’immeuble (lésion de plus de
7/12). En ce qui concerne les personnes à l’égard desquelles la lésion est admise,
il s’agit des mineurs non émancipés. La règle est que si le mineur a fait un acte
que son représentant légal aurait pu faire seul, cet acte ne peut être annulé qu’en
démontrant la lésion (article 1305 du code civil français et 604 du code civil
gabonais). Alors que le code civil s’était montré hostile à la prise en compte de la
lésion, l’évolution ultérieure, sans abroger l’article 1118, a conduit à l’admission de
nouveaux cas de lésion. Ceux-ci ont été consacrés aussi bien par des lois
postérieures (ventes d’engrais et de semences, cession des droits d’exploitation
d’une œuvre littéraire) que par la jurisprudence (honoraires excessifs).
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b) – La sanction de la lésion
Lorsque la lésion est prise en compte, elle entraîne l’une des sanctions ci-après.
Il y a d’abord la rescision. Sous cette appellation, on désigne en fait une espèce
particulière de nullité relative. Elle est donc soumise globalement au même régime
que celle-ci. Toutefois, le prononcé de la rescision peut être évitée par la partie
adverse, que ce soit en matière de partage (article 891) ou de vente d’immeuble
(article 1681), en offrant un supplément de part ou de prix égal à la différence
entre la valeur réelle et ce qui a été convenu.
Il y a ensuite la révision du contrat. Certaines lois préfèrent en effet maintenir le
contrat en rétablissant l’équilibre rompu (réduction du prix dans la vente
d’engrais, réduction des intérêts excessifs dans le prêt à intérêts). De même, les
juges, en révisant les rémunérations trop élevées exigées par les mandataires,
retiennent des sanctions similaires.
§2 – LA CAUSE
La cause peut, dans une première approche, être définie comme la raison d’être de
l’engagement des contractants. Car, autant la détermination de l’objet permet de
répondre à la question « qu’ont voulu les parties ? », autant analyser la cause
revient à répondre à la question « pourquoi l’ont-elles voulu ? ».
Cette notion de cause a été l’objet de controverses inépuisables qui se sont élevées
en doctrine. Toutefois, l’accord semble se faire pour reconnaître que le mot
recouvre deux acceptions différentes. Car, on va aboutir à une réponse différente
selon qu’on se place au niveau des obligations de chaque contractant ou au niveau
de l’opération contractuelle dans son ensemble. Une distinction doit ainsi être faite
entre la cause de l’obligation (A) et la cause du contrat (B).
A – La cause de l’obligation
L’article 1131 du code civil, à la suite de l’article 1108, indique que, pour être
valable, l’obligation contractuelle doit avoir une cause. Il faut préciser cette notion
de cause de l’obligation (1), avant de s’intéresser au contrôle de son existence (2).
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L’article 1131 du code civil dispose que : « L’obligation sans cause ou sur une
fausse cause… ne peut avoir aucun effet ». Il résulte de ce texte que le législateur
assimile à la cause inexistante la fausse cause. En réalité, il s’agit d’une autre
manière d’envisager l’absence de cause. La fausse cause est en effet une absence
de cause sur laquelle vient se greffer un vice du consentement. Dans tous les cas,
le principe est que c’est au moment de la conclusion du contrat qu’il faut se placer
pour apprécier l’existence de la cause.
L’article 1132 du code civil dispose que « la convention n’est pas moins valable
quoique la cause n’en soit pas exprimée ». La doctrine s’accorde pour dire que ce
texte signifie que l’acte juridique est valable alors même que la cause n’est pas
indiquée dans l’instrumentum. En d’autres termes, l’existence de la cause serait
présumée du seul fait que la promesse est produite.
B – La cause du contrat
Le code civil par deux fois (articles 1108 et 1131) exige, pour la validité du contrat,
que la cause soit licite. Parler de licéité de la cause revient à évoquer la cause du
contrat ou cause subjective. Il faut donc d’abord préciser cette notion de cause du
contrat (1) avant de s’intéresser au contrôle de sa licéité (2).
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L’article 1133 du code civil dispose : « La cause est illicite quand elle est prohibée
par la loi, quand elle est contraire aux bonnes mœurs et à l’ordre public ». Ce texte
paraît distinguer trois variantes : la cause prohibée par la loi, la cause contraire à
l’ordre public et la cause contraire aux bonnes mœurs. Toutefois, les deux
premières sont généralement ramenées à l’unité sous la qualification de cause
illicite au sens strict. Elle s’oppose alors à la cause contraire aux bonnes mœurs
ou cause immorale.
Toujours est-il que le contrôle de la licéité de la cause permet de contrôler la
conformité du contrat à des exigences supérieures dans tous les cas où le seul
recours à l’objet ne le permettrait pas. Elle suppose donc qu’on dépasse son
apparence objective et qu’on scrute les mobiles qui animent chacun des
contractants. Ainsi, l’achat ou la location d’une maison pour s’y livrer à un trafic
de drogue n’est pas illicite. Ce qui l’est c’est le but poursuivi, la destination
concrète que l’acquéreur ou le locataire entend donner au local.
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Pour certains contrats, la réunion des conditions énoncées par l’article 1108 du
code civil ne suffit pas à assurer leur validité. Il faut en plus qu’ils revêtent une
certaine forme. Dans cette catégorie, on oppose traditionnellement les contrats
solennels (A) aux contrats réels (B).
Le contrat est solennel lorsque la volonté des parties doit s’extérioriser à travers
une forme imposée à peine de nullité. Autrement dit, ce qui caractérise le contrat
solennel, c’est moins la forme elle-même que le caractère obligatoire de celle-ci.
Car, dans un tel contrat, aux conditions de fond énoncées par l’article 1108 du
code civil vient s’ajouter une cinquième condition qui est la forme.
D’une manière générale, il s’agit d’un rite d’écriture destiné à attirer l’attention des
parties sur l’importance de l’acte. L’écrit ainsi exigé dans un contrat solennel peut
revêtir deux formes : il peut être authentique ou sous seing privé. Dans le premier
cas, la validité du contrat est subordonnée à la rédaction d’un acte notarié. Dans
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le second cas, la loi fait dépendre la validité du contrat de la rédaction d’un simple
acte sous seing privé.
Dans la mesure où le consensualisme est le principe, seul un texte peut imposer
une exigence de forme. La conséquence en est le nombre très limité des contrats
solennels. On peut citer, pêle-mêle, la donation, le contrat de mariage, la
constitution d’hypothèque, la cession du fonds de commerce.
Le contrat réel est défini comme celui dont la formation suppose non seulement
l’échange des consentements, mais encore la remise de la chose qui est l’objet de
l’obligation. Ce qui signifie que les contrats dits réels ne sont pas valablement
formés tant qu’il n’y a pas eu remise de la chose au débiteur. Cette remise, qu’on
appelle aussi « tradition » de la chose, constitue donc une condition de forme sans
laquelle le contrat ne saurait exister. Ainsi en est-il du prêt à usage, du prêt de
consommation, du dépôt et du gage.
Il est fréquent que la loi impose aux contractants des formalités dont ne dépend
pas la validité du contrat. Ce qui fait que, lorsque ces formalités ne sont pas
accomplies, le contrat n’est pas nul. Parmi ces formalités, on peut distinguer celles
qui sont exigées à des fins probatoires (A) de celles qui sont exigées à des fins
d’opposabilité (B).
A – Le formalisme probatoire
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un objet dont la valeur excède un certain montant fixé par décret, il doit être
prouvé par écrit (cette somme était de 50 francs français, 5000 francs CFA
aujourd’hui, au 17 août 1960 et demeure bloquée à ce niveau à ce jour).
La règle ci-dessus énoncée connaît néanmoins des limites. Car, il est plusieurs cas
où la preuve écrite n’est pas exigée par dérogation au principe de l’article 1341 du
code civil. Il y a d’abord le cas de l’aveu et du serment qui n’entrent pas dans les
prohibitions prescrites par ce texte. Il y a ensuite la possibilité qu’ont les parties de
se dispenser de l’exigence d’une preuve littérale. Il y a enfin les exceptions prévues
par le code civil et qui concernent les actes de commerce, le commencement de
preuve par écrit et l’impossibilité de se procurer un écrit.
B – Le formalisme d’opposabilité
A côté des formalités exigées à des fins probatoires, il existe d’autres qui visent à
rendre le contrat opposable aux tiers. Dans cette catégorie, on peut retenir les
formalités de publicité et les formalités fiscales.
La publicité légale a pour but de porter l’acte à la connaissance du public. Un acte
publié est par conséquent présumé connu de tous et donc opposable à tous. A
contrario, un acte non publié selon les formes légales sera présumé être ignoré de
tous et donc inopposable à tous. Ce qui veut dire que le défaut de publicité ne
remet pas en cause la validité du contrat, il affecte seulement son efficacité.
L’exemple le plus saillant est la publicité foncière en ce qui concerne les ventes
d’immeubles.
En ce qui concerne les formalités à des fins fiscales, il s’agit essentiellement de
l’enregistrement. En effet, beaucoup de contrats, notamment les ventes et baux
relatifs aux immeubles, sont assujettis à l’accomplissement de cette formalité qui
donne lieu à la perception d’un impôt dénommé droit d’enregistrement. En
principe, le non-respect de l’obligation d’enregistrement des actes n’entraîne que
des sanctions fiscales sans affecter la validité civile de l’acte. On note cependant
une sanction civile qui intéresse l’opposabilité de l’acte aux tiers. En effet, la date
d’un acte sous seing privé opposable aux tiers étant celle de son enregistrement, il
sera impossible aux parties d’établir la date d’un tel contrat lorsqu’il n’a pas été
enregistré.
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Il faut d’abord s’interroger sur la justification de cette distinction (A) avant d’en
évoquer quelques applications (B).
A – La justification de la distinction
La distinction des deux types de nullité, relative et absolue, repose sur la nature
du vice dont le contrat est atteint. La doctrine propose alors de partir plutôt de la
raison pour laquelle le législateur exige telle ou telle condition de validité du
contrat. Si une condition est imposée dans un but d’intérêt général, sans qu’il
s’agisse de protéger les intérêts particuliers de l’une des parties au contrat, son
défaut ou son imperfection est sanctionné par la nullité absolue. Si, au contraire,
une condition de validité est requise pour la protection de l’intérêt d’une partie au
contrat, on doit considérer que son absence ou son imperfection sera sanctionné
par la nullité relative.
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La distinction des deux types de nullité est essentielle, car elle conditionne le
régime juridique de l’action en nullité d’un triple point de vue : quant à ses
titulaires (A), quant à la possibilité d’une confirmation d’un acte nul (B) et quant à
son délai de prescription (C).
Les personnes qui sont en droit d’invoquer la nullité d’un contrat ne sont pas les
mêmes selon que l’absence de la condition de validité est sanctionnée par la nullité
relative ou la nullité absolue.
La nullité relative étant une nullité de protection, elle ne peut en principe être
invoquée que par la ou les personnes que la loi a voulu protéger. Il en résulte que
l’action en nullité ne peut être intentée que par le cocontractant que la règle
méconnue protégeait. Ainsi, en cas de vice du consentement, seule la partie
victime du vice peut s’en prévaloir. Ni l’autre partie, ni les tiers ne peuvent faire
jouer en leur faveur une protection qu’ils ne réclament pas.
Dans la mesure où la nullité absolue vient sanctionner les règles qui visent à
protéger l’intérêt général, la règle est qu’elle peut être invoquée par toute personne
qui y trouve un intérêt, c’est-à-dire qui peut retirer un avantage de la nullité. Il
s’agit en premier lieu des parties au contrat ou leurs représentants, auxquels il
convient d’assimiler les ayants cause à titre universel ou à titre particulier. Les
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La confirmation se définit comme un acte par lequel une personne qui peut
demander l’annulation d’un contrat renonce à se prévaloir des vices dont il est
entaché. Doctrine et jurisprudence s’accordent cependant pour dire que cette
confirmation n’est envisageable qu’en ce qui concerne le contrat nul de nullité
relative. Elle est, en revanche, exclue dans les cas de nullité absolue. La raison
avancée pour justifier cette solution est que la nullité absolue étant édictée dans
l’intérêt général, et non dans l’intérêt de telle ou telle personne, il n’est pas
possible de permettre à la volonté d’un contractant d’en paralyser la mise en
oeuvre. La confirmation entraîne la validation rétroactive du contrat, lequel est
ainsi expurgé dès l’origine de ses vices. Celui qui était titulaire de l’action en
nullité ne peut donc plus le remettre en cause.
En revanche, la règle est que l’exception de nullité est perpétuelle, dans ce sens
que le droit d’invoquer la nullité demeure aussi longtemps que l’autre partie au
contrat peut demander l’exécution du contrat. Ce qui revient à dire qu’une partie
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Les conséquences de l’annulation sont les mêmes, quelle qu’en soit la cause. Des
précisions doivent toutefois être apportées sur l’étendue de la nullité (§1) et sur les
effets de la rétroactivité (§2).
§1 – L’ETENDUE DE LA NULLITE
La nullité du contrat est en principe totale (A). Elle peut toutefois, dans certaines
situations, n’être que partielle (B).
A – La nullité totale
Le principe est que lorsqu’un contrat est nul, il est anéanti dans son ensemble ; ce
qui signifie que les parties sont censées n’être jamais entrées dans un rapport
contractuel. En effet, en cas d’absence d’une des conditions de formation du
contrat, celle-ci affecte en principe toutes les stipulations du contrat sans
distinction. La jurisprudence affirme d’une manière constante cette solution en
précisant que la nullité du contrat emporte anéantissement de toutes les
obligations auxquelles il a donné naissance.
B – La nullité partielle
La question se pose est de savoir si, lorsque la cause de nullité ne touche qu’une
clause du contrat, il y a lieu d’amputer le contrat de cette fraction nulle ou
d’étendre la nullité à l’ensemble du contrat.
Le code civil français ne comporte aucune disposition générale relative à l’étendue
de la nullité. Ses rédacteurs ne se sont intéressés qu’aux conditions impossibles,
illicites ou immorales dont un acte peut être affecté. Ils ont alors proposé des
solutions diamétralement opposées selon que de telles conditions figurent dans un
acte à titre gratuit ou dans une convention à titre onéreux. La nullité partielle est
la règle en matière d’acte à titre gratuit (article 900). Par contre, pour les contrats
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§2 – LA RETROACTIVITE DE LA NULLITE
Selon un adage, « ce qui est nul ne peut produire aucun effet ». La règle qui en
résulte est qu’un contrat nul est réputé n’avoir jamais existé. L’application de ce
principe est sans difficulté pour l’avenir, car les parties au contrat annulé sont
simplement privées de la possibilité de réclamer l’exécution des obligations
prévues. Mais, lorsque le contrat a déjà été exécuté, en tout ou partie, le jeu de ce
principe implique également une remise en cause des effets passés. C’est l’effet
rétroactif de la nullité. Cette rétroactivité de la nullité concerne aussi bien les
parties au contrat annulé (A) que les tiers qui ont pu traiter avec elles (B).
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D’une manière générale, la nullité d’un contrat n’est pas appelée à produire des
effets à l’égard des tiers. Car, autant ils ne sont pas concernés par un contrat
auquel ils ne sont parties, autant les conséquences de sa remise en cause
rétroactive ne doivent pas davantage les toucher.
Toutefois, la situation créée par l’annulation du contrat est, comme c’est le cas du
contrat lui-même, une réalité factuelle dont ils doivent tenir compte. On dit que le
contrat leur est opposable. Ainsi, l’annulation de la vente d’un immeuble est
opposable au locataire, lequel doit prendre en compte cette réalité nouvelle pour
l’exécution de son obligation de payer le loyer.
Par ailleurs, dans la mesure où la nullité est rétroactive, elle doit produire ses
effets non seulement à l’égard des parties, mais aussi des tiers qui ont traité avec
les parties et dont les droits dépendent de l’acte nul. L’exemple type est celui de
l’acte translatif propriété frappé de nullité. Car, en cette matière, l’application de
l’adage «nul ne peut transférer plus de droit qu’il n’en a lui-même » emporte
anéantissement des droits constitués par l’acquéreur au bénéfice des tiers (ex.
sous-acquéreur, donataire, etc.).
L’application de cette règle peut être source d’une grave insécurité juridique. C’est
la raison pour laquelle elle est assortie d’importants correctifs résultant de la loi ou
de la jurisprudence (par exemple l’article 2279 du code civil, « en fait de meuble
possession vaut titre »).
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Le contrat a pour objet de créer des obligations entre les contractants. On peut
donc dire que les effets du contrat sont les obligations qu’il a pour but de créer à la
charge des parties et que celles-ci sont tenues de respecter.
Ainsi entendus, les effets du contrat s’ordonnent autour de deux préoccupations.
D’une part, les parties contractantes sont liées par les engagements qu’elles ont
pris et qu’elles sont tenues d’exécuter. Il se pose alors le problème de la force
obligatoire du contrat (chapitre 1). D’autre part, au cas où il y aurait inexécution
ou mauvaise exécution des engagements pris, cette force obligatoire expose le
contractant défaillant à des sanctions (chapitre 2).
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Le propre du contrat est de faire naître les obligations. Toutefois, cette définition
ne serait pas tout à fait complète si l’on ne précisait que ces obligations sont crées
à la charge des personnes. Dès lors, la détermination de la force obligatoire du
contrat passe par la réponse à une double interrogation : qui est tenu à quoi ? De
quoi est-il tenu ? Ce qui revient à examiner, d’une part, les personnes liées par le
contrat (section 1), et, d’autre part, les obligations créées par le contrat (section 2).
L’article 1165 du code civil français dispose que : « Les conventions n’ont effet
qu’entre les parties contractantes : elles ne nuisent point au tiers, et elles ne lui
profitent que dans le cas prévu par l’article 1121 ». Ainsi est posé le principe de
l’effet relatif du contrat (§1). Ce principe n’est pas pour autant absolu. Il supporte
en effet certaines exceptions (§2).
Le principe de l’effet relatif formulé à l’article 1165 du code civil limite la force
obligatoire du contrat aux parties en excluant les tiers. Autrement dit, si la
convention oblige les parties (A), elle est sans effet à l’égard des tiers (B).
Le mot « partie » vient étymologiquement du verbe « partir », avec son sens le plus
large. La partie contractante est donc la personne qui « prend part » au contrat. Ce
qui revient à dire que la qualification de partie, au sens de l’article 1165 du code
civil, s’applique aux personnes qui échangent leur consentement en vue de la
conclusion du contrat. C’est à l’égard de ces seules personnes que le contrat
produit en principe ses effets. Les termes utilisés sont à cet égard assez clairs,
puisque l’article 1165 prend le soin de préciser : « parties contractantes ».
Cependant, une personne ayant la qualité de tiers au moment de la conclusion du
contrat peut, en cours d’exécution, acquérir celle de partie. Il s’agit d’une
conséquence de l’article 1122 du code civil qui dispose que : « On est censé avoir
stipulé pour soi et pour ses héritiers et ayants cause(…) ». Les héritiers et les
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ayants cause, notamment à titre universel, qui sont réputés continuer la personne
du défunt, prennent en principe place dans tous ses droits et obligations, dont
bien entendu ceux naissant des contrats conclus par le de cujus.
Le principe de l’effet relatif signifie que le contrat ne produit ses effets qu’à l’égard
des parties et ne peut donc pas les étendre aux tiers. Il y a lieu cependant de
distinguer les tiers absolus (1) de ceux qui entretiennent certains rapports avec le
contrat ou avec un contractant (2).
Les tiers que l’on dénomme tiers absolus ou penitus extranei sont ceux qui sont
parfaitement étrangers au contrat et aux contractants. Il s’agit notamment de ceux
qui, ne s’étant engagés ni par eux-mêmes ni par représentant, ne sont en outre ni
ayants cause, ni créanciers de l’une ou l’autre partie. Le principe de l’effet relatif
leur est appliqué de manière stricte. Cela revient à dire qu’on ne peut pas
demander à un tiers d’exécuter un engagement qu’il n’a pas pris. Réciproquement,
un tiers n’a pas qualité pour exiger l’exécution d’un contrat auquel il n’est pas
partie ou de se plaindre de sa mauvaise exécution. Seule une partie peut devenir
créancière ou débitrice par l’effet du contrat.
Toutefois, dans la mesure où le contrat est aussi un fait social, il ne saurait être
ignoré du milieu dans lequel il s’est produit. Les tiers, même absolus, ne peuvent
pas méconnaître purement et simplement la situation juridique qu’il institue. On
dit alors que le contrat leur est opposable. Ce qui revient à dire que le contrat est
opposable par les parties aux tiers et que ceux-ci doivent en tenir compte en tant
que fait juridique. Par conséquent, le tiers qui se rend complice de la violation
d’une obligation contractuelle par l’une des parties peut ainsi engager sa
responsabilité civile délictuelle.
2 – Les tiers liés aux parties : les ayants cause à titre particulier
L’ayant cause à titre particulier est celui qui a recueilli un droit déterminé d’une
personne qui est alors son auteur. L’acheteur est ainsi l’ayant cause à titre
particulier du vendeur ; le donataire l’est du donateur. Doit-on considérer que cet
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ayant cause à titre particulier peut profiter ou souffrir des contrats que son auteur
a pu conclure auparavant sur le droit ou le bien acquis ?
En ce qui concerne d’abord les contrats constitutifs de droits réels, il est largement
admis que les ayants cause à titre particulier ont droit à ce à quoi avait droit leur
auteur, tout comme ils doivent supporter ce qui lui incombait. Cela signifie que ces
contrats, ou plus exactement les droits ainsi constitués, sont transmis activement
et passivement aux acquéreurs successifs du bien auquel ce droit est attaché.
Chacun prend donc la place de son auteur pour profiter du droit réel ou pour le
subir (par exemple la vente d’un fonds affecté d’une servitude).
A – La promesse de porte-fort
Il faut d’abord cerner la notion de promesse de porte-fort (1) avant de préciser ses
effets (2).
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La promesse de porte-fort, qui est envisagée à l’article 1120 du code civil, est
l’engagement souscrit par un contractant, le porte-fort, d’obtenir l’accord d’un tiers
à un acte juridique. En conséquence, une telle promesse n’intervient qu’autant
qu’il existe, entre le porte-fort et le tiers, des relations telles que le premier ait des
chances sérieuses de décider le second à consentir au contrat promis.
Plus précisément, le porte-fort est presque toujours un représentant du tiers qui a
dépassé les limites de ses pouvoirs. Ainsi, le conjoint marié sous le régime de la
communauté ne peut vendre seul un immeuble commun. Il peut cependant
conclure l’acte en se portant fort auprès de l’acheteur d’en obtenir la ratification
par l’autre conjoint.
Tant que l’engagement souscrit n’a pas reçu sa ratification, le tiers pour lequel on
se porte fort n’est nullement lié. La ratification est le fait pour le tiers, pour lequel
on s’est porté fort, de donner son accord à l’engagement contracté. Elle a
principalement pour conséquence de donner effet au contrat de façon rétroactive.
Tout se passe donc comme si c’était le tiers ratifiant qui avait lui-même conclu le
contrat dès l’origine.
La non-ratification de la promesse emporte, quant à elle, deux conséquences. D’un
côté, le tiers n’étant pas devenu partie au contrat, celui-ci ne peut faire naître
aucune obligation à sa charge ; il est donc privé de tout effet. Toutefois, d’un autre
côté, et dans la mesure où le porte-fort a failli à son engagement, sa responsabilité
civile peut être mise en jeu à raison du préjudice résultant pour le cocontractant
de cette non-ratification.
La stipulation pour autrui, qui est prévue par l’article 1121 du code civil, est une
opération juridique entre trois personnes et dans laquelle, une première, le
stipulant, obtient d’une seconde, le promettant, un engagement envers une
troisième, le tiers bénéficiaire. Il y a là une véritable dérogation à l’effet relatif du
contrat, puisque le tiers bénéficiaire devient créancier du promettant sans avoir la
qualité de partie au contrat (par exemple l’assurance vie). Il faut, pour l’étude de la
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stipulation pour autrui, s’intéresser à ses conditions de validité (1) et à ses effets
(2).
La stipulation pour autrui produit des effets qui s’analysent en une série de
rapports entre les trois personnes qu’elle intéresse : rapports entre le stipulant et
le promettant, rapports entre le stipulant et le tiers bénéficiaire et surtout rapports
entre le tiers bénéficiaire et le promettant.
Les rapports unissant le stipulant au promettant sont ceux résultant de toute
convention, puisqu’ils sont parties à un même contrat. Chacun doit donc exécuter
ses obligations telles que stipulées dans l’acte. La seule particularité étant que le
promettant exécute sa prestation, non au profit de l’autre contractant, mais du
tiers bénéficiaire.
Les relations juridiques établies par la stipulation pour autrui entre le stipulant et
le tiers bénéficiaire varient suivant le rôle joué par cette stipulation. Celle-ci peut
d’abord, lorsqu’elle est faite au profit de son créancier, constituer un moyen pour
un débiteur de payer ses dettes. Elle peut ensuite, dans le cas où le stipulant
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§1 – L’INTERPRETATION DU CONTRAT
A – La méthode subjective
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B – La méthode objective
Il arrive souvent que le contrat soit silencieux sur la question qui est l’objet du
litige. L’interprétation subjective révèle alors ses limites. C’est la raison pour
laquelle, délaissant la recherche de la volonté des parties, le juge est amené à
combler les lacunes du contrat.
Le code civil donne d’abord la possibilité au juge d’ajouter au contrat ce qui, n’y
figurant pas, semble néanmoins correspondre à la volonté des parties. Cette règle
est, d’une manière générale, formulée par l’article 1135 du code civil qui dispose
que : « Les conventions obligent non seulement à ce qui y exprimé, mais encore à
toutes les suites que l’équité, l’usage ou la loi donne à l’obligation selon sa nature
». Il en résulte que le juge est invité par le législateur, dans son œuvre
d’interprétation, à compléter le contrat en s’appuyant sur « l’équité, l’usage ou la
loi ». S’agissant précisément de la loi, elle organise au moyen de dispositions
supplétives de volonté le régime juridique des contrats les plus usuels. Ces règles
légales expriment la volonté probable des parties et s’appliquent en cas de silence
des parties.
Ensuite, la jurisprudence n’hésite pas à faire produire au contrat des obligations
non stipulées et probablement non voulues de quelque manière que ce soit par les
parties. Autrement dit, allant au-delà de la recherche de la commune intention des
parties, les juges imposent à l’un des contractants, généralement le plus fort, des
obligations qu’il s’est bien gardé de stipuler, mais qui sont la suite logique de
l’obligation principale. Il s’opère alors, selon un terme dû à Josserand, un véritable
« forçage » du contrat (par exemple l’obligation de sécurité, l’obligation
d’information et de conseil).
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§2 – LA SIMULATION CONTRACTUELLE
Une distinction existe entre les effets de la simulation à entre les parties (1) et à
l’égard des tiers (2).
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Aux termes de l’article 1134 alinéa 1er, « les conventions légalement formées
tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites ». Il résulte de ce texte que le contrat,
une fois conclu, échappe à la fantaisie individuelle et aux caprices du temps. C’est
la raison pour laquelle il y a, en principe, impossibilité de procéder unilatéralement
à sa révocation (A) ou à sa modification (B).
A – La révocation du contrat
Le principe posé par le code civil est qu’une partie ne peut, par une manifestation
de volonté unilatérale, mettre fin à un contrat. Il faut le consentement mutuel des
parties. En d’autres termes, seule la volonté commune des parties peut défaire ce
qui a été fait par leur accord mutuel. Il s’agit d’une règle on ne peut plus logique.
Car, de même qu’une loi ne peut être abrogée que par une autre loi, de même le
contrat liant les parties ne peut être détruit que par un nouvel accord entre elles.
Le législateur autorise cependant, dans certains cas particuliers et à certaines
conditions, la résiliation unilatérale de certains contrats. Ainsi en est-il, par
exemple, du contrat de travail, du contrat de bail, du contrat d’assurance, du
contrat de mandat, etc. La jurisprudence, au nom de la prohibition des
engagements perpétuels, retient aussi un principe général autorisant la résiliation
unilatérale de tout contrat à durée indéterminée.
B – La modification du contrat
Autant le contrat ne peut être révoqué que par consentement mutuel, autant il ne
peut subir de modification que s’il y a un nouvel accord en ce sens entre les
parties contractantes. C’est donc dire qu’il y a un principe d’intangibilité des
contrats (1), qui comporte cependant de nombreuses exceptions (2).
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Lorsque l’exécution forcée en nature ne peut se faire, pour une raison ou une
autre, l’exécution s’effectue alors par équivalent. Celle-ci prend la forme de
dommages et intérêts compensatoires. C’est donc dire qu’il existe une
responsabilité civile contractuelle qui, à l’image de la responsabilité civile
délictuelle, oblige le débiteur à réparer le dommage qu’il a causé au créancier par
l’inexécution du contrat. Il faut examiner les conditions (§1) et les effets (§2) de
cette responsabilité civile contractuelle.
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1 – Le dommage
Selon l’article 1147 du code civil, le dommage contractuel peut résulter aussi bien
du défaut d’exécution que du retard accusé par le débiteur dans l’exécution. Le
défaut d’exécution peut être total ou partiel, tout comme l’exécution peut
seulement être défectueuse. Le retard dans l’exécution suppose, quant à lui, que si
l’obligation a finalement été exécutée, elle ne l’a été qu’après le terme fixé dans le
contrat.
2 – La faute contractuelle
Bien qu’il y ait dommage, il faut encore, pour que sa responsabilité civile
contractuelle soit engagée, qu’il y ait manquement par l’une des parties à ses
obligations contractuelles. C’est ce manquement qui est constitutif de la faute
contractuelle. Une distinction est cependant faite, s’agissant notamment de la
preuve de la faute contractuelle, entre l’obligation de résultat et l’obligation de
moyen.
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Dans le premier cas, le débiteur est tenu à un résultat déterminé, alors que dans
le second, il ne s’engage qu’à fournir les moyens pour arriver à ce résultat.
Concrètement, pour les obligations de résultat, la faute est présumée dans le seul
fait de l’inexécution (par exemple contrat de transport), alors que, pour les
obligations de moyens, il y a obligation pour le créancier de prouver la faute du
débiteur (par exemple contrat médical).
3 – Le lien de causalité
L’existence d’un dommage et d’une faute ne suffit pas. Pour qu’il y ait
responsabilité civile contractuelle, il faut encore qu’il y ait un lien de causalité
entre les deux. Cette nécessité d’un lien de cause à effet entre la faute et le
dommage s’impose quelque soit la nature de la responsabilité. On dit alors que le
dommage doit être direct. En ce qui concerne la responsabilité civile contractuelle,
cette exigence résulte nettement de l’article 1151. Ce texte précise qu’en toute
occurrence, même en cas de faute dolosive, le créancier ne peut demander
réparation que du préjudice « qui est une suite immédiate et directe de
l’inexécution de la convention ».
1 – La force majeure
« A l’impossible nul n’est tenu ». Transposé dans le domaine des contrats, ce dicton
populaire implique que la force obligatoire du contrat doit céder devant les
obstacles insurmontables s’opposant à son exécution. Cette impossibilité
d’exécution est appelée « force majeure ». Traditionnellement, celle-ci suppose la
réunion de trois conditions cumulatives : l’irrésistibilité, l’imprévisibilité et
l’extériorité.
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L’événement invoqué au titre de la force majeure doit être irrésistible, dans ce sens
qu’il doit en résulter une impossibilité d’exécuter. Mais il faut que cette
impossibilité soit absolue, c’est-à-dire un obstacle insurmontable.
La seconde condition requise pour qu’un événement constitue une force majeure
est qu’il soit imprévisible lors de la conclusion du contrat. Car, s’il avait pu être
prévu par le débiteur, celui-ci eût été en faute de n’avoir pas pris les mesures
nécessaires.
La troisième condition est qu’un événement n’est une force majeure que s’il
extérieur au débiteur. Mais il est communément affirmé que le débiteur ne répond
pas seulement de lui-même, mais aussi de tous ceux ou de tout ce qu’il emploie
pour exécuter le contrat. Ainsi, un entrepreneur ne peut invoquer la défaillance de
son personnel ou de son matériel pour s’exonérer de la responsabilité.
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1 – La mise en demeure
La mise en demeure est l’acte par lequel le créancier constate le retard dans
l’exécution et demande solennellement au débiteur d’exécuter son obligation. Elle
est en principe requise, en toute matière et pour toutes sortes d’obligations,
comme préalable à toute sanction. Toutefois, l’exigence de la mise en demeure
peut parfois être écartée. C’est notamment le cas lorsque l’inexécution de
l’obligation est définitive, soit parce qu’il s’agissait d’une obligation de ne pas faire,
soit parce que, s’agissant d’une obligation de donner ou de faire, celle-ci ne pouvait
être exécutée que dans un délai qui n’a pas été respecté. La forme normale de la
mise en demeure est la sommation. Il s’agit d’un acte d’huissier qui informe le
débiteur qu’il a une obligation à accomplir et l’invite à s’exécuter.
La mise en demeure produit deux effets principaux qui diffèrent selon que
l’obligation est de payer une somme d’argent ou de livrer une chose. Lorsqu’il s’agit
d’une obligation de payer une somme d’argent, la mise en demeure a pour effet de
déterminer le point de départ du cours des intérêts moratoires, qui constituent le
mode forfaitaire de réparation du dommage résultant du retard. En revanche, si
l’obligation dont le défaut d’exécution est constaté consiste dans la livraison d’un
corps certain, la mise en demeure a pour effet de déplacer les risques de cette
chose (cette règle résulte de l’article 1138 du code civil, qui pose le principe du
transfert solo consensus de la propriété et des risques, mais maintient ces derniers
à la charge du débiteur en demeure de livrer).
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Les parties contractantes, autant elles aménagent le contrat lui-même, autant elles
peuvent également aménager les conséquences de la responsabilité civile
contractuelle. On distingue traditionnellement les clauses de non-responsabilité
(1), les clauses limitatives de responsabilité (2) et les clauses pénales (3).
Les clauses de non-responsabilité sont celles qui ont pour objet de supprimer la
responsabilité du débiteur. Du fait de la liberté contractuelle, la jurisprudence
admet par principe la validité des clauses de non-responsabilité. Ce principe de la
validité des clauses de non-responsabilité connaît toutefois quatre principales
exceptions.
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Quant à la quatrième exception, elle concerne la qualité des parties. C’est dans ce
sens que, dans la plupart des contrats conclus entre un consommateur et un
professionnel, la jurisprudence annule les clauses de non-responsabilité qui sont
au profit de ce dernier.
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Le contrat synallagmatique est celui qui fait naître des obligations réciproques et
interdépendantes entre les parties. Cette réciprocité trouve son prolongement dans
les sanctions de son inexécution. Il convient cependant de distinguer selon que
l’inexécution est fautive (§1) ou fortuite (§2).
Lorsque l’une des parties à un contrat synallagmatique manque par sa faute à ses
obligations, le créancier peut, en conséquence de l’interdépendance des
obligations, refuser d’exécuter sa propre obligation ou réclamer la disparition du
contrat. Dans le premier cas, on parle d’exception d’inexécution (A), et dans le
second, de résolution (B).
A – L’exception d’inexécution
Le recours par l’une des parties à l’exception d’inexécution suppose d’abord que le
débiteur n’a pas exécuté une obligation présentant un lien d’interdépendance avec
la sienne. Toutefois, l’exception d’inexécution n’est concevable que si l’exécution
des prestations réciproques doit être simultanée. Quand il résulte du contrat ou de
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la loi que l’un des contractants doit exécuter avant l’autre, elle ne peut plus jouer.
Il en est ainsi lorsqu’un délai a été accordé au débiteur.
Il faut ensuite, pour que l’exception d’inexécution puisse être opposée, une
inexécution suffisamment grave et la bonne foi de celui qui l’invoque. Ce qui
signifie que, comme en matière de légitime défense, une juste proportion doit
exister entre l’obligation inexécutée et celle dont le créancier prétend suspendre
l’exécution. Celui-ci ne peut en effet refuser d’exécuter son obligation principale si
le cocontractant n’a méconnu qu’une obligation secondaire (par exemple refuser de
payer le loyer lorsque le bailleur n’a pas effectué certaines réparations).
B – La résolution du contrat
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1 – La résolution judiciaire
La résolution judiciaire est envisagée par l’article 1184 alinéa 1er comme une
sanction spécifique aux contrats synallagmatiques. Il faut examiner, tour à tour,
ses conditions (a) et ses effets (b).
La seule condition de la résolution exigée par l’article 1184 du code civil est
l’inexécution de ses obligations par le débiteur. Il doit du reste être noté que la
preuve d’une faute n’est pas nécessaire, le simple manquement aux engagements
pris étant suffisant. La jurisprudence a cependant dû apporter un certain nombre
de précisions en admettant la résolution que lorsque l’exécution est suffisante et
imputable au débiteur.
L’inexécution doit d’abord être suffisante ou grave. Il en est ainsi nécessairement
lorsque l’inexécution est totale. Mais une inexécution peut aussi revêtir ce
caractère alors qu’elle n’est que partielle ou qu’elle ne porte que sur une obligation
accessoire. L’inexécution doit ensuite être fautive, c’est-à-dire imputable au
débiteur. Ce qui signifie que si le débiteur est empêché d’exécuter par un cas de
force majeure, il s’agit d’un problème de risques qui se résout par application de la
théorie des risques.
Ainsi que le précise l’article 1184 alinéa 3, « la résolution doit être demandée en
justice ». Il en résulte que le créancier qui veut sortir du contrat doit en être délié
par le juge et ce dernier ne peut prononcer la résolution que si on la lui demande.
Une fois la résolution prononcée, le contrat est considéré comme n’ayant jamais
été conclu ; il est anéanti rétroactivement. Concrètement, le contrat résolu cesse
d’abord de produire effet dans l’avenir. Les contractants ne peuvent donc plus être
contraints à l’exécution. La résolution fait ensuite disparaître le contrat
rétroactivement. Ce qui signifie, entre les parties, qu’il y a lieu à restitution des
prestations déjà exécutées, avec application des mêmes correctifs qu’en cas de
nullité.
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Afin d’éviter la nécessité d’une action en justice, les contractants insèrent souvent
dans leurs accords des clauses résolutoires. L’originalité de telles clauses est que
la résolution se produit de plein droit, le créancier étant alors affranchi de la voie
judiciaire.
La validité de ces clauses est en principe admise par le droit positif. Cependant,
même si elles sont très efficaces, elles sont souvent dangereuses. Car elles peuvent
donner lieu à des abus, notamment lorsque la résolution paraît disproportionnée
par rapport au manquement sanctionné. Aussi la jurisprudence manifeste-t-elle
une certaine réticence à l’égard des clauses résolutoires.
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manifestent ensuite par le fait que les tribunaux se reconnaissent le droit d’en
écarter la mise en œuvre lorsque le créancier qui l’invoque paraît de mauvaise foi.
La question des risques se pose lorsque par suite d’un événement indépendant de
sa volonté (force majeure, cas fortuit, fait d’un tiers), une partie à un contrat
synallagmatique ne peut exécuter son obligation. En principe, une telle
impossibilité d’exécution éteint l’obligation sans qu’il y ait lieu à dommages et
intérêts. Il n’y a guère de difficulté lorsque le contrat est unilatéral. L’impossibilité
libère automatiquement le débiteur. Mais le problème se pose différemment si le
contrat est synallagmatique. Sans doute, celle des parties dont l’obligation est
inexécutable se trouve libérée, mais l’autre sera-t-elle toujours tenue de sa propre
obligation même si elle ne reçoit rien ? (v. l’exemple du bail en cas de destruction
de l’immeuble loué).
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Le principe est que les risques sont supportés par le débiteur de l’obligation
inexécutée, le créancier étant alors libéré de l’obligation réciproque. Il y a alors
application de la règle res perit debitori. Cette règle est indiquée de façon éparse
par le code civil à l’égard de certains contrats spéciaux. Il en est ainsi dans bail, où
le locataire est libéré du paiement des loyers futurs en cas de perte de la chose
(article 1722). Mais la jurisprudence a généralisé la solution à tous les contrats
synallagmatiques.
Cette solution de principe comporte une importante dérogation dans les contrats
translatifs de corps certains. Si l’on transposait, à la vente par exemple, la solution
de principe, il faudrait admettre que les risques de la chose sont pour le vendeur,
débiteur de l’obligation inexécutée, et que l’acheteur est corrélativement dispensé
du paiement du prix. Tel n’est pas le droit positif. Selon une exception
traditionnelle, l’acheteur reste tenu de payer la totalité du prix, bien que la chose
soit perdue ou détériorée. C’est une solution logique dans notre droit qui lie le
transfert des risques au transfert de propriété, lequel s’effectue lui-même solo
consensus.
Cependant, la règle est aussi d’une certaine inopportunité pratique. Dans un
contrat de vente par exemple, l’acheteur, qui devient en principe propriétaire au
jour du contrat, doit à partir de cet instant en supporter les risques, même si la
chose est détruite alors qu’elle se trouve encore entre les mains du vendeur. C’est
la raison pour laquelle il y est apporté de nombreuses dérogations. On peut
signaler, dans ce sens, le droit OHADA de la vente commerciale qui, tout en liant
les risques au transfert de propriété, reporte ce dernier à la prise de livraison par
l’acheteur de la marchandise vendue.
Ce sont généralement les textes spéciaux qui organisent cette suspension. Tel est
par exemple le cas du code du travail en ce qui concerne la suspension du contrat
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