Guide Méthodologique Des Exercices

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Carrières Juridiques

Méthode des exercices juridiques

Sommaire :
LES ARRETS DE LA COUR DE CASSATION ...................................................................................................................2
LA FICHE D’ARRET ..............................................................................................................................................4
LE CAS PRATIQUE ...............................................................................................................................................5
LA DISSERTATION JURIDIQUE .................................................................................................................................6
LE COMMENTAIRE DE TEXTE ..................................................................................................................................7
Les arrêts de la Cour de cassation
Qu’est-ce qu’un arrêt de la Cour de cassation ?
La Cour de cassation rend des décisions appelées arrêts.
Elle est juge du droit : lorsqu’elle est saisie par un pourvoi, son rôle est de vérifier la conformité
d’une décision de justice aux règles de droit. Elle juge donc les décisions, pas les affaires.
L’intérêt des décisions de la Cour de cassation est donc de mieux comprendre les règles de
droit à travers des cas particuliers dans lesquels ces règles sont interprétées ou enrichies.
La lecture, et le commentaire des décisions de la Cour de cassation permettent d’améliorer sa
connaissance du droit, d’exercer son esprit critique et de faire appel à des qualités d’analyse et
de synthèse.
Comment est structuré un arrêt de la Cour de cassation ?
• Comme toutes les décisions de justice, les arrêts de la Cour de cassation comportent :
- Un dispositif : c’est la décision elle-même : « La Cour… casse/rejette »
- Des motifs : ce sont les arguments juridiques qui viennent justifier la décision.
• La structure d’un arrêt de la Cour de cassation dépend de la décision qui est prise. Pour
simplifier, on distingue surtout entre arrêts de rejet et arrêts de cassation :
- Arrêt de rejet : la Cour rejette le pourvoi. La critique formulée à l’encontre de la décision
attaquée est réfutée par la Cour, et la décision attaquée est validée.
- Arrêt de cassation : la Cour admet le pourvoi. Elle critique la décision attaquée, qui est cassée
et annulée ; l’affaire peut être renvoyée pour être jugée à nouveau.
• Dans tous les cas, la Cour de cassation construit son raisonnement à partir d’un syllogisme
(mais elle le dépasse parfois !), c’est-à-dire un raisonnement en trois étapes :
- Majeure : un présupposé, ici une règle de droit
- Mineure : la situation problématique qui lui est soumise, et qu’elle va confronter à la majeure
- Conclusion : l’application de la règle de droit à la situation qui lui est soumise.

• La question de la structure des arrêts est importante car la Cour de cassation a entamé une
réforme interne, qui se traduit par de nouvelles règles concernant cette structure et la
rédaction de ses décisions.
La tradition, depuis plus de deux siècles, était de rédiger les arrêts en style « judiciaire » : l’arrêt
comporte une seule phrase et est structuré en paragraphes nommés « attendus » (car ils
commencent par la formule « attendu que »).
La réforme conduit à rédiger les arrêts en style direct, c’est-à-dire avec autant de phrases que
nécessaire, des paragraphes numérotés en lieu et place des attendus, et une structuration
apparente.

2
Style traditionnel Style direct

Visa (et commentaire), dans les arrêts de


cassation.

Première partie : Faits et procédure Première partie : Faits et procédure


C’est le résumé, tel qu’établi par les juges du fond En tête de décision, sous le titre « Faits et
et non remis en cause devant la Cour de cassation, procédure ».
de ce qui s’est produit avant le pourvoi (= la saisine
de la Cour). D’autres éléments de fait peuvent
apparaître à différents endroits.

Deuxième partie : les arguments présentés Deuxième partie : Examen du moyen


devant la Cour Le pourvoi sera désormais toujours développé,
Il s’agit des moyens, c’est-à-dire des arguments quel que soit le type de l’arrêt, et la Cour y
juridiques présentés devant la Cour. répondra par la suite, sous la forme suivante :
Sont développés uniquement les arguments - Enoncé du moyen : avec une formule du
nécessaires à leur réfutation par la Cour de type « l’auteur du pourvoi fait grief à
cassation (arguments de celui qui a tort). La Cour l’arrêt de… », suivi d’une citation du
de cassation « donne la parole » à l’auteur du
moyen, ou d’une reformulation.
pourvoi, ou à la décision attaquée, afin de
présenter leurs arguments. - Réponse de la Cour : la Cour de cassation
- Dans un arrêt de rejet : le pourvoi sera répond à chaque moyen, en développant
développé, et introduit par une formule plus ou moins sa réponse suivant
du type « Attendu, selon le l’importance de sa décision. On pourra
pourvoi/moyen ». trouver sous cette rubrique une
- Dans un arrêt de cassation : les motifs de motivation « enrichie », expliquant de
la décision attaquée seront développés, et façon détaillée la réponse de la Cour au
introduits par une formule du type moyen.
« Attendu, selon l’arrêt attaqué » Dans un arrêt de cassation, on trouvera ici le visa
sous le sous-titre « réponse de la Cour ». Le visa, et
son commentaire éventuel, ne sont pas
numérotés.

Troisième partie : la réponse de la Cour Troisième partie : PAR CES MOTIFS


Il s’agit des motifs propres de la Cour de cassation, Il s’agit du dispositif, c’est-à-dire de la décision de
en réponse aux arguments développés devant elle. la Cour : cassation de la décision attaquée ou rejet
On pourra trouver une formule du type : du pourvoi.
- « Mais attendu que » dans les arrêts de
rejet ;
- « Attendu qu’en statuant ainsi, alors que »
dans les arrêts de cassation.

Dispositif de l’arrêt : PAR CES MOTIFS…

3
La fiche d’arrêt1
Compétences requises
Solide connaissance du cours, rigueur, discipline, curiosité, recherches documentaires
préparatoires.

But de l’exercice
Analyser une décision de justice qui tranche un problème de droit. Il s’agit d’identifier tous les
éléments utiles de la décision, et en particulier le problème posé et les arguments échangés,
puis de « déchiffrer » la réponse donnée à ce problème par la juridiction, via un raisonnement
inductif (on part de la solution pour identifier le problème).

Trame de l’exercice
6 étapes à appliquer à la décision, comme une grille de lecture, mais avec une différence
importante : l’analyse. Il ne faut pas se contenter de mettre en évidence les éléments
demandés, mais de les replacer dans le contexte de votre apprentissage du droit, en y
engageant votre réflexion.

1 – Identification de l’arrêt
Présentez l’arrêt : quelle juridiction l’a rendu ? en quelle formation ? quelle est la date de la
décision (connaissez-vous des décisions antérieures/postérieures sur le même thème ?) ?
quelle est la nature de la décision (cassation ? rejet ? cassation partielle ? avis ?) ? quels sont
les textes visés et/ou référencés dans la décision ?

2 – Rappel des faits


Relatez les faits de l’espèce, dans l’ordre chronologique, en tâchant de qualifier juridiquement
les parties et les éléments utiles.

3 – Rappel de la procédure
On parle de la procédure qui a conduit à la décision analysée, depuis l’assignation initiale
jusqu’au pourvoi lorsque c’est possible, en indiquant le sens des décisions rendues.

4 – Arguments
Résumez la thèse et les arguments développés devant la Cour de cassation :
Si possible, une phrase par argument.

5 – Question de droit
Formulez de façon abstraite la question de droit posée à la Cour de cassation. Il s’agit d’une
question juridique, qui doit pouvoir être comprise en-dehors du contexte factuel de la décision
étudiée.
Une phrase, si possible sous forme interrogative (mais pas obligatoire).
S’il y a plusieurs problèmes, formulez autant de questions que de problèmes distincts.
Vérifiez que la réponse correspond à la question.

6 – Réponse de la Cour de cassation


Décortiquez la réponse de la Cour, élément par élément. Matérialisez la structure sur l’arrêt !
Reformulez la réponse de façon lisible, en ne changeant pas les termes juridiques. C’est ce qu’il
faut retenir de l’arrêt.

1
Le commentaire d’arrêt, suite de l’exercice, sera évoqué plus tard.

4
Le cas pratique
Compétences requises
Solide connaissance du cours, rigueur, discipline, curiosité, recherche documentaire en temps
réel.

But de l’exercice
Résoudre un cas concret qui pose une ou plusieurs questions de droit. Il s’agit de « traduire »
en droit une situation de fait, d’identifier les problèmes posés et de les traiter, via un
raisonnement déductif (on part du problème pour arriver à la solution).

Trame de l’exercice

1 – Lecture du cas
Lisez le cas en entier, plusieurs fois si nécessaire.
Vérifiez les termes dont la signification n’est pas parfaitement claire pour vous (dictionnaire,
lexique des termes juridiques, etc.).
2 – Qualification juridique des faits
Une fois la nature du problème cernée (grâce aux questions posées) :
- Éliminez les faits inutiles
- Qualifiez juridiquement les parties, les faits et les situations utiles
3 – Identification et formulation des problèmes
Identifiez avec précision le ou les problèmes posés et formulez-les de façon interrogative.
C’est ici que vous affinez les questions et les solutions possibles, en faisant appel à vos
connaissances (cours).
4 – Recherche du droit applicable
Trouvez les règles de droit précises applicables aux questions posées : dans votre cours, dans
le Code, dans un arrêt, etc. Notez les références ! Ces règles constitueront les fondements
juridiques de vos réponses.
Les réponses aux problèmes identifiés doivent toujours être fondées en droit, c’est-à-dire être
justifiées par l’application d’une règle de droit.
5 – Résolution du cas
Traitez chaque problème posé par application du droit aux faits, suivant un raisonnement
syllogistique : exposé de la majeure (en droit), démonstration en mineure (en fait, application
du droit), conclusion (réponse au problème).
Le plus importante réside dans la démonstration.

Sur la forme :
I – Exposé des faits
II – Discussion
Pour chaque problème :
A – En droit
B – En fait
II – Conclusion
Réponse aux différents problèmes.

5
La dissertation juridique
But de l'exercice
Le but de la dissertation est de tirer le meilleur parti de ses connaissances face à un sujet donné
en les ordonnant à l'intérieur d'un plan structuré. Il s'agit donc d'un exercice de mise en forme
des connaissances démontrant vos aptitudes à la synthèse et à la réflexion. La dissertation est
une démonstration.

Le contenu

1 – L'introduction
L'introduction est un des éléments essentiels de votre copie puisque c'est ce que le correcteur
va lire en premier. Une première impression est souvent la bonne. Il est par conséquent
primordial de la soigner d'autant qu'elle correspond à une part importante de votre copie (1/4
à 1/3 de votre copie).
L'introduction est le moment où vous présentez le sujet avant d'entrer dans le détail c'est-à-
dire dans les développements. Son but est donc d'écarter toute incompréhension sur le sujet.
Elle passe par une structure type qu'il convient de respecter :
• De quoi dois-je parler ? (le sujet et la définition des termes principaux). • Pourquoi dois-je en
parler ? (l’intérêt du sujet).
• Comment vais-en parler ? (la problématique et l'annonce de plan).
2 – Le développement
Le plan permet de répondre de façon structurée à la question de droit posée, au problème
juridique. Il permet de mettre en valeur les arguments forts.
En droit, le plan est généralement organisé en deux parties, deux sous-parties :

3 – La conclusion
La conclusion n'est pas traditionnelle dans les exercices juridiques et la dissertation n'échappe
pas à cette règle. En principe, la démonstration que vous réalisez se suffit à elle-même. Tout
au plus, si cela se justifie seulement, il est possible de terminer la copie par quelques phrases
d'ouverture qui visent à mettre la thématique en perspective avec sa probable évolution.

Conseils
1 – Soignez l'expression écrite
La grammaire et l'orthographe restent essentielles. Quelles que soient vos connaissances
juridiques, si elles ne sont pas restituées dans une langue française correcte, votre dissertation
ne sera pas de qualité. Il s'agit d'une expression écrite ; il faut donc éviter les familiarités de la
langue orale. Faites bon usage de la ponctuation. Les abréviations ne sont pas acceptées.

2 - Particularités du droit
Vous devez utiliser le langage juridique et vous approprier le vocabulaire juridique, qui prend
parfois ses distances avec le langage courant.
Ex: la loi dispose, le contrat stipule.
Le raisonnement juridique s'apparente à une démonstration mathématique, déductive : partez
du général pour arriver au particulier, ne raisonnez pas par l'exemple.

6
Le commentaire de texte
Objectif de l'exercice
Le commentaire consiste à analyser un texte, à l’expliquer à le restituer, à en dégager la portée.
Il s’agit de ce fait d’un exercice destiné à donner le sens et la portée d’un texte, de développer
et approfondir à l’aide de connaissances acquises les idées qui sont contenues dans le texte à
commenter. L’exercice peut porter sur un texte de loi, de doctrine ou sur un ensemble de textes
d’auteurs différents portant sur le même thème.

Le contenu
La structure du devoir comprend 3 parties bien distinctes : l’introduction, le corps du devoir et
la conclusion.

1 – L ’introduction
Il faut indiquer les points suivants :
1- La nature du texte (extrait de...)
2- Le contexte de la loi, de la convention ou de la page doctrinale à commenter, c’est-à-dire la
thèse ou l’opinion généralement défendue par l’auteur et en rapport avec le sujet ;
3- Indiquer l’intérêt, l’actualité, l’importance du thème.
4- Les solutions annoncées dans le texte sont utilisées comme énoncé du plan (annonce du
plan).

2 – Le corps du devoir
– Ici, le plan énoncé dans l’introduction permet de présenter les différentes parties du
commentaire ;
– Les solutions contenues dans le texte à commenter vont faire l’objet de développement ;
– L’on cherche à relever leur crédibilité à la lumière de la pratique juridique en vigueur de la
doctrine, de la législation et de l’histoire du droit (droit comparé).

3 – La conclusion
Deux points essentiels sont à retenir ici :
1- Il s’agit d’établir une sorte de bilan sur l’application du texte
2- Faire également une ouverture, une perspective d’avenir.

Conseils
Le commentaire,doit faire ressortir les intérêts du texte, la nature du texte, le contenu même
du texte.
Différentes étapes à franchir participent à l’élaboration d‘un commentaire de texte, bien que
ces étapes ne constituent pas le plan du commentaire.
Pour ce faire, il convient de “questionner” le texte pour en tirer les éléments du commentaire.
On peut utilement recourir à la méthode QQQOCP ?
— Quoi ? De quoi s’agit-il dans ce texte ? Quels sont les domaines juridiques concernés ?
— Qui ou quel est l’auteur du texte ? À qui le texte s’adresse-t-il ?
— Quand ? Quand le texte a-t-il été écrit ? Est-ce que la durée du texte a une importance ?
— Où ? De quel pays, le texte est-il originaire ? Où a-t-il été publié ?
— Comment ? Par quels raisonnements et par quels procédés de technique juridique, le texte
parvient-il à ses objectifs ?
— Pourquoi ?

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