Article Quels Liens Culture Citoyennete
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1 Intervention de André Fertier du 15 janvier 2020, Scène nationale Lieu Unique, Nantes France. http://www.cnam-paysdelaloire.fr ; http://www.cemaforre.asso.fr ;
http://www.culturecitoyennete.com
Le Goût de l’avenir fait référence au livre de Jean-Claude Guillebaud, parrain du cycle de conférences du Cnam Pays de la Loire. L’auteur soulignait dès 2006 notre difficulté à
« penser les mutations dont nous sommes les témoins inquiets. »
Des « gilets jaunes »2 ont dénoncé l’absence d’équité dans la répartition des services
publics sur les territoires notamment des bibliothèques, la fermeture de maisons de quartier, la
fracture numérique, un délitement du lien social et du Vivre ensemble. Dans le prolongement
du Grand débat national3 instauré par le Président de la République qui a comporté des
rencontres sur le thème de la culture avec un dispositif de recueil des propositions, une
mission a été confiée par le Premier ministre à la député Aurore Bergé sur l’émancipation et
l’inclusion culturelle4. Par ailleurs, en mars 2020 auront lieu les élections municipales qui
devraient être l’occasion de réflexions sur le devenir des politiques culturelles et d’éducation
populaire, les municipalités jouant un rôle tout à fait majeur dans ce domaine. Nous pouvons
penser aussi à l’approche des débats au parlement sur le projet de loi Grand âge et Autonomie
qui devrait être une belle opportunité pour promouvoir le respect de la citoyenneté culturelle
des personnes âgées notamment de celles résidant en Ehpad.
3 - CONCEPT DE CITOYENNETÉ 5
CONCLUSION 21
BIBLIOGRAPHIE 22
2 Le mouvement des Gilets jaunes — du nom des gilets de haute visibilité de couleur jaune portés par les manifestants — est un mouvement de protestation non
structuré et sporadique apparu en France en octobre 2018. Source : Wikipedia.
3 Débat culture à l’École supérieure des Beaux-Arts et au 104 (mars 2019, Paris).
4 Pour un ministère de la Culture au service des créateurs, des arts et des droits humains. Un rapport de la députée Aurore Bergé à Monsieur le Premier ministre
Émancipation et inclusion par les arts et la culture. https://www.gouvernement.fr/partage/11387-remise-du-rapport-d-aurore-berge-sur-l-emancipation-par-les-
arts-et-la-culture
L’un des principaux est celui de la dignité humaine, et de notre existence même. En
effet, aucun être humain ne peut être défini par ses seules données biologiques et réduit à
celles-ci, au risque de n’être plus considéré que comme une plante ou un objet et d’être mis à
l’écart de la communauté humaine. Nous sommes tous des êtres de culture. Et pourtant,
combien d’enfants et d’adultes lourdement handicapés, de personnes âgées en manque
d’autonomie, sont victimes de telles approches réductrices, indignes, inacceptables,
intolérables, étant maintenus dans l’impossibilité d’accéder à des nourritures culturelles et à
des activités, n’ayant accès qu’à des soins de nursing ? Combien ? Comme l’a écrit
l’anthropologue français Charles Gardou5 dans son livre La société inclusive parlons-en !
« soignés par tous, ils peuvent mourir de n’exister pour personne ».
En termes d’enjeux, nous devrions être beaucoup plus conscient que la possibilité
de participer à la vie culturelle est un préalable pour une émancipation, une inclusion sociale,
une bonne intégration scolaire et professionnelle. Outre ces enjeux, d’autres sont liés plus
particulièrement au respect des diversités culturelles, ce sont des enjeux de cohésion sociale,
de qualité du Vivre ensemble et de paix. En effet, le manque de culture tue en attisant la haine
entre les individus et les peuples. On compte encore aujourd’hui des millions de morts dus à
des conflits interculturels. Méditons cette pensée de l’écrivain français Roland Gori 6 : « Dans
le clair-obscur des crises politiques naissent les monstres. Ils naissent du vide culturel d’un
monde politique sans esprit ».
5 Charles Gardou, la société inclusive, parlons-en ! Il n’y a pas de vie minuscule, érès, 2012.
6 Roland Gori, Un monde sans esprit : La Fabrique des terroristes. Les liens qui libèrent, 2017.
En 1982, lors de la conférence mondiale sur les politiques culturelles organisées par
l’UNESCO à Mexico, il a été établi dans la déclaration adoptée que : « la culture dans son
sens le plus large est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et
matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle
englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être
humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances ». Il s’agit là d’une acception
anthropologique du mot culture, mais concernant les politiques culturelles et d’éducation
populaire, le mot culture renvoie à une approche moins large de la culture, à une palette de
pratiques que nous devons prendre en considération lorsque nous réfléchissons au rôle et à
l’efficacité de ces politiques : l’accès à l’information, aux médias, aux œuvres, au patrimoine,
aux contenus culturels numériques ainsi qu’à toutes les pratiques artistiques, culturelles et de
loisirs, activités d’éveil, amateurs et professionnelles, sans oublier l’accès à l’éducation, à
l’enseignement et à la création artistique. Et il conviendrait d’y ajouter aussi ce que nous
pouvons nommer les nourritures culturelles au quotidien : informations que nous choisissons
ou que nous ingérons sans le vouloir et souvent sans le savoir, qui ne sont pas acquises
forcément dans le cadre d’activités sur des temps dédiés.
Par ailleurs, l’interrogation qui revient souvent dans les débats sur les politiques
culturelles est : quelles cultures faut-il promouvoir ? La liste est longue, cultures dominantes,
élitistes, cultures de masse, populaires, régionales, cultures de banlieue, culture numérique,
scientifique et bien d’autres. Ce sujet, certes important, n’est pas abordé dans cette
communication mais il est intéressant d’observer le décalage impressionnant qui existe entre
le temps imparti pour débattre sur cette question et celui consacré aux violations des droits
culturels, notamment du droit de pouvoir participer librement à la vie culturelle, d’exercer
pleinement sa citoyenneté.
A cette époque, ceux qui possèdent la citoyenneté ont le droit de participer à la gestion
des affaires publiques. Son principe essentiel pose que tous les citoyens sont égaux devant la
loi et peuvent intervenir de manière égale à la prise de décision politique. À noter que
l’homme d’État grec, Périclès8, a fait adopter une mesure d’aide financière et la possibilité
d’un jour chômé pour favoriser la participation des pauvres aux assemblées. Mais il est à
souligner qu’à Athènes, à cette époque, seuls 10% des habitants possèdent la qualité de
citoyen. Les femmes, les esclaves et les étrangers en sont exclus.
De nos jours, certains chercheurs portent leurs réflexions sur la notion de citoyenneté
universelle, ainsi le philosophe Alain Policar12. Aujourd’hui, la citoyenneté désigne à la fois
un statut accordé par une entité politique, un État, une cité, c’est-à-dire la reconnaissance
officielle de droits et de devoirs mais aussi une pratique, celle de l’exercice de sa citoyenneté,
7 Clisthène : c’est lui qui, pour contrer la tentative d’instauration d’une oligarchie à Athènes, au début du Ve siècle avant notre ère, après que le tyran Hippias en
eut été chassé, décida, pour la première fois, de faire appel au demos. Là où l’équilibre ancien était fondé sur une logique familiale, Clisthène choisit, afin de
réformer les institutions de la cité de telle sorte qu’aucune tyrannie ne pût s’y reproduire, d’adopter une logique de nature géographique. Jusqu’alors, Athènes
avait avant tout été gouvernée par les membres aristocratiques des quatre grandes tribus ioniennes ; elle le serait désormais par les habitants d’un des cents
« dèmes » en lesquels il divisa le territoire de la cité. À ce nouvel équilibre, on donna le nom d’ « isonomia »- d’égalité dans l’attribution à chacun de la part à
laquelle il pouvait prétendre dans le gouvernement de la cité, et que garantissaient les institutions que Clisthène avait créées à cet effet. (…)». Laurent De Sutter,
Après la loi, Perspectives critiques, Puf, 2018, p.15-16.
8 Périclès, est un stratège, orateur et homme d'État athénien né à Athènes vers 495 av. J.-C. – mort en 429 av. J.-C. Source : Wikipedia.
9 Thomas Hobbes, Le citoyen, ou les fondements de la politique. Paru en 1642. [En ligne]. Version numérique sur :
http://classiques.uqac.ca/classiques/hobbes_thomas/le_citoyen/le_citoyen.html
10 Socrate est un philosophe grec du Ve siècle av. J.-C. (né vers -470/469, mort en -399) connu comme l’un des créateurs de la philosophie morale. Diogène est
un philosophe grec de l'Antiquité né vers 413 avant J.-C., mort en 327 avant J.-C. Source : Wikipedia.
11 Victor Hugo, Choses vues (1887), dans Œuvres complètes, Histoire.
12 Alain Policar, Comment peut-on être cosmopolite, Lormont, éditions Bord de l’eau, 2018.
Face à cette forme d’ébranlement que connaît la citoyenneté, s’observe dans le même
temps une vitalité, ce que certains nomment même un renouveau de la citoyenneté. Il se
traduit par de nouvelles formes d’expression de la citoyenneté, la recherche de nouveaux
modes d’implication dans la vie de la communauté au plan local et national plus actifs que la
seule participation aux élections. Une nouvelle citoyenneté du quotidien, faite d’engagement
et de solidarité, renoue avec une dimension fondamentale de la citoyenneté : l’exemplarité par
l’action. Être citoyen, c’est d’abord s’engager au service du bien commun dans la vie
quotidienne. Comme exemples, l’engouement pour le volontariat et le service civique,
l’engagement associatif et dans l’économie sociale et solidaire. Notons aussi la revendication
d’un rôle plus direct dans la prise de décision politique, et la montée en puissance des
possibilités d’expressions citoyennes offertes par le numérique, ce que certains qualifient de
« citoyenneté numérique ». Par ailleurs, depuis 1791 de nombreux textes ont donné un rôle
tout à fait central à l’école dans l’éducation à la citoyenneté. En 2017, la loi « Egalité et
Citoyenneté »15 a été promulguée, avec pour objet de créer les conditions de la généralisation
d’une culture de l’engagement citoyen tout au long de la vie. Venant s’ajouter aux conseils de
quartiers16, de nombreux conseils citoyens17 ont été instaurés avec le soutien financier de
l’État dans le cadre de la politique de la ville. Certains d’entre eux se sont saisis de la question
de la citoyenneté culturelle.
15 Loi n° 2017-86 du 27 janvier 2017 relative à l'égalité et à la citoyenneté -NOR: LHAL1528110L - https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?
cidTexte=JORFTEXT000033934948&dateTexte=20200114
16 Les Conseils de Quartier sont, en France, des structures associant des habitants d'une grande ville à la gestion municipale. Les conseils de quartier ont été créés
par la loi du 27 février 2002, dite loi Vaillant, relative à la démocratie de proximité, dont les dispositions sont codifiées à l'article L. 2143-1 du code général des
collectivités territoriales. Cette loi pose l'obligation pour les communes de plus de 80 000 habitants de créer un ou plusieurs conseils de quartier dont le rôle est de
développer la participation citoyenne. Source Wikipedia.
17 En France, la mise en place de «conseils citoyens» dans l’ensemble des quartiers prioritaires a été instaurée par la loi de programmation pour la ville et la
cohésion urbaine du 24 février 2014, dans le cadre des nouveaux contrats de ville. http://www.conseilscitoyens.fr
Nous l’avons vu, la notion de citoyenneté renvoie à celle des droits civiques qui
implique le rôle protecteur de l’État envers les citoyens, donc notamment pour leur accès aux
droits, dont les droits culturels. Il y a lieu de rappeler ici ce que sont ces droits qui sont au
cœur de la citoyenneté culturelle.
Les droits culturels sont issus d’une part des droits humains fondamentaux adoptés par
la communauté internationale, et d’autre part, des droits du citoyen instaurés par un État, une
collectivité. De nombreux textes garantissent les droits culturels. Parmi les principaux, au
plan international figurent la Déclaration universelle des droits de l’Homme de 1948, avec son
article 27 qui stipule : « Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle
de la communauté, (…) » et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et
culturels de 1966, deux textes adoptés par l’assemblée générale de l’ONU. D’autres textes
sont venus renforcer les exigences de protection des identités culturelles, notamment en 2001,
la Déclaration universelle de l’Unesco sur la diversité culturelle et en 2005, la Convention de
l’Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.
Ce concept de citoyenneté culturelle est apparu vers le milieu du XXe siècle avec
notamment les travaux du sociologue britannique Raymond Williams, instigateur du courant
des Cultural Studies19. Au Québec, le chercheur Christian Poirier de l’Institut national de la
recherche scientifique (INRS) décrit la citoyenneté culturelle comme une évolution du rapport
entre l’État et l’art, passant de la démocratisation de la culture (mouvement du haut vers le
bas) à la démocratie culturelle qui fait référence à l’appropriation par les individus des
moyens de création, production, diffusion et consommation culturelles (mouvement du bas
vers le haut, soit des citoyens aux institutions). L’individu n’est plus simplement considéré
comme spectateur et consommateur, mais devient à la fois créateur et diffuseur. Nous
pouvons remarquer que le premier Sommet des Amériques sur la culture qui s’est tenu le 10
mai 2018 à Ottawa, au Canada, a été consacré au thème de la citoyenneté culturelle. Il a réuni
des représentants de 21 pays pour discuter sur l’essor de la citoyenneté culturelle. Son objectif
était de contribuer à bâtir des démocraties qui respectent, font prévaloir et protègent le droit
de chacun de participer à la vie culturelle20.
Nous en venons donc à cette question centrale, à savoir est-il donné à tous de pouvoir
exercer pleinement sa citoyenneté culturelle ?
Ces rapports montrent que, bien que nous disposons en France d’un ensemble de
textes législatifs et réglementaires très conséquent, supposés garantir pour tous la liberté de
pouvoir participer à la vie culturelle, et d’une densité exceptionnelle d’équipements et de
services culturels et de loisirs, ce pays a laissé se développer deux catégories de citoyens :
- Ceux qui peuvent participer à la vie culturelle dans le cadre du droit commun, c’est à
dire accéder aux offres pérennes des services publics des loisirs et de la culture,
bibliothèques, musées, théâtres, lieux de pratiques et d’enseignement artistique. Ceux-
ci voient donc leur citoyenneté culturelle respectée.
Par ailleurs, parmi ces personnes, nombre d’entre elles sont souvent reléguées pour
des activités culturelles vers des bénévoles, des professionnels du soin et des travailleurs
sociaux, et ne bénéficient donc pas des compétences de professionnels de la culture. Cela est
contraire au principe d’égalité de traitement. De manière générale, la France ne respecte ni les
exigences posées par la Déclaration universelle des droits de l’Homme, ni les principes d’égal
accès pour tous au service public de garantie de sa continuité et de son adaptabilité, ainsi que
les principes d’égalité des chances, d’accessibilité, et de non-discrimination. Le préambule de
21 L’accessibilité dans le champ du spectacle vivant – vers des « agendas d’accessibilité programmée » des oeuvres et des pratiques amateurs. Catherine Meyer-
Lereculeur. Rapport IGAC n° 2016-44. https://www.culture.gouv.fr/Espace-documentation/Rapports/L-accessibilite-dans-le-champ-du-spectacle-vivant
22 Lecture publique et publics empêchés, synthèse 2017 de l'étude DGMIC. Internet http://www.culturecommunication.gouv.fr/Politiques-ministerielles/Livre-et-
Lecture/Actualites/Etude-DGMIC-Lecture-publique-et-publics-empeches.-Synthese-de-l-etude-realisee-par-le-Credoc-2017
23 Rapport r16-648, Culture et handicap : une exigence démocratique. Commission culture, éducation, jeunesse, Sénat, 2017. https://www.senat.fr/rap/r16-
648/r16-6481.pdf
24 Etude sur les discriminations culturelles du Pôle Européen de l'Accessibilité Culturelle, 2012.
http://www.cemaforre.asso.fr/downloads/autonomic_2012/peac_ecca/PEAC_discrim_FR.pdf
1) Absence de conformité des choix des responsables des politiques culturelles de l’État
et des collectivités aux valeurs républicaines,
2) Absence de textes législatifs et règlementaires définissant des compétences
obligatoires précisément réparties entre l’État et les collectivités pour les politiques
culturelles et d’éducation populaire,
3) Déviances dans l’interprétation des notions de droits culturels et du Vivre ensemble de
la part des élites intellectuelles, politiques et médiatiques.
Les exécutifs qui se succèdent à la tête de l’État et des collectivités ne peuvent ignorer par
exemple le manque de respect de la citoyenneté culturelle des personnes âgées résidant en
Ehpad, de personnes polyhandicapées, en foyers de vie, et de celles isolées en domicile privé.
Ils ne peuvent ignorer cette situation illégale et indigne, mais pour la plupart, ils ne s’en
inquiètent guère. Il s’agit donc bien là d’un consensus pour la poursuite de politiques
délibérées de déchéances massives de citoyenneté culturelle et de plus envers de vastes
populations parmi celles dites les plus vulnérables. Ces responsables sur ce sujet de la culture
font preuve d’une absence de civisme, c’est-à-dire du respect des valeurs fondamentales de la
République, Liberté, Egalité, Fraternité et de cette morale décrite dans le Livret du citoyen
notamment de « la capacité à venir en aide à une personne en difficulté».
Ils partagent, pour la plupart, un ensemble de conceptions amorales concernant l’accès à la
culture :
- Si vous êtes handicapés, âgés en perte d’autonomie, malades au long cours, vous
relevez alors d’associations caritatives, de politiques sociales, et/ou de quelques
saupoudrages d’actions dédiées à des publics dits spécifiques. Mais vous n’êtes pas
concernés par les politiques culturelles de droit commun, par l’offre pérenne du
service public de la culture, avec sa diversité d’activités.
- Si vous vivez dans une institution d’accueil sanitaire, médico-sociale ou pénitentiaire,
et sans pouvoir en sortir, vous n’avez pas à bénéficier du service public de la culture et
notamment de sa continuité.
25 cf. André Fertier, Les Damnés de la culture, Plaidoyer pour un pacte culturel républicain, éditions Persée, 2019.
Autrement dit, depuis des décennies, de scrutin en scrutin, les élections ont porté au
pouvoir, qu’il s’agisse du pouvoir central ou des pouvoirs locaux, des élus qui, quelle que soit
leur appartenance politique, par faiblesse ou par lâcheté, par inconséquence ou par cynisme,
mais dans tous les cas avec une indifférence coupable envers la souffrance de populations
dites vulnérables, n’ont cessé de fuir leur responsabilités en matière de droits culturels. Ont-ils
conscience d’avoir ainsi contribué et de contribuer encore à une déchéance massive de
citoyenneté culturelle ? Il serait important que nous soyons nombreux à leur poser la question.
Par ailleurs, il serait temps aussi de prendre conscience que la problématique principale
n’est pas celle assénée par le discours ambiant de l’échec des politiques de démocratisation
26 C. Fleury, La fin du courage, Fayard, 2005.
Il est une autre cause à l’origine de bien des problèmes : l’absence de textes législatifs et
règlementaires définissant des compétences obligatoires précisément réparties entre l’État et
les collectivités pour la mise en œuvre des politiques culturelles et de l’éducation populaire.
Les conséquences de cette situation sont désastreuses. Pour exemple, des études
statistiques montrent notamment une iniquité très grande dans la répartition territoriale des
ressources en établissements et services culturels, une injustice culturelle violente. Puisque
nul ne sait réellement qui doit faire quoi, ni quelles mutualisations et coopérations mettre en
œuvre, il est bien difficile d’éviter des politiques culturelles qui priorisent la communication,
l’événementiel, sur la protection des droits culturels, de ces droits humains fondamentaux. Il
est ainsi bien difficile, voire impossible, de rendre les droits culturels effectifs pour tous. De
même, bien que nous ayons en France des conventions interministérielles qui portent sur la
culture (culture santé, handicap, justice), celles-ci ne définissent pas non plus d’obligations, et
de ce fait, leur impact est dérisoire.
3) Une pensée unique, déviante et nocive sur les droits culturels et le Vivre ensemble
adoptée par les élites intellectuelles, politiques et médiatiques.
Avant d’aborder précisément cette problématique, il peut être utile de remarquer que le
domaine de la culture est doté d’un champ lexical caractérisé par l’utilisation de mots ou
d’expressions aux sens flous, certains constituant des déviances, des dévoiements, des
détournements sémantiques, ou encore au contenu devenu plus ou moins obsolète. Cela est
source de confusions dans les concepts, les orientations, les missions, les compétences à
mobiliser, etc. Cette situation est un obstacle à la qualité des réflexions et des politiques, elle
contribue ainsi aux exclusions et discriminations culturelles.
Parmi ces expressions, plusieurs ont pris leurs racines dans des mots comme :
citoyenneté, démocratie, accessibilité, que l’on ne devrait pas dévoyer, vider de leur substance
originelle. Ainsi citoyenneté culturelle est employée pour qualifier des créations artistiques
impliquant des habitants, alors qu’il ne semble pas que la notion de citoyenneté culturelle
puisse être réduite à quelques actions occasionnelles et de plus de ce type. Autre expression :
démocratisation culturelle, introduite avec l’ère Malraux, la volonté de rendre accessibles les
trésors culturels de l’Humanité au plus grand nombre, ne renvoie pas de fait à la notion de
démocratie, pas plus l’expression démocratie culturelle lorsqu’elle a été ressassée en France
comme signifiant le fait de prendre en considération les formes de créations émergentes dans
les banlieues, street-art, tag, rap, hip-hop. Rappelons que le mot démocratie caractérise un
mode de gouvernance.
Quant à l’expression : éducation populaire, concept apparu au milieu du XIXe siècle sur
l’idée d’une culture développée par tous et pour tous, l’utilisation qui en est faite aujourd’hui
est détournée de son sens originel pour des actions qui s’en réclament et dans la dénomination
de certains lieux et de certaines fonctions (telle celle d’adjoint à l’éducation populaire). En
effet, avec la professionnalisation dans le domaine culturel survenue des années 60 à
aujourd’hui, progressivement l’esprit qui a animé le mouvement pour l’éducation populaire a
reculé face à l’idée de publics à satisfaire, d’une offre culturelle à faire connaître et à
consommer. On est donc bien loin d’une culture développée par tous et pour tous.
Zoom sur la déviance sémantique sur les notions de droits culturels et du Vivre ensemble
Enfin, voici des déviances sémantiques qui sont absolument dévastatrices, celles qui
portent sur les notions de droits culturels et du Vivre ensemble. En effet, une forme de pensée
unique et déviante s’est développée sur les concepts de droits culturels et du Vivre ensemble,
De même, la manière dont la notion du Vivre ensemble est portée par les intellectuels et
par la parole publique renvoie aussi toujours essentiellement aux questionnements identitaires
et à l’immigration. C’est bien rarement que sont mentionnées les personnes handicapées,
polyhandicapées, autistes, âgées en manque d’autonomie, malades d’Alzheimer… Le
Président de la République, Emmanuel Macron, ne semble pas échapper à ce processus. Dans
sa Lettre aux français de Janvier 2019, il a abordé les sujets du Vivre ensemble et de la
cohésion sociale mais en les reliant uniquement à la question de l’immigration. Vous
rappelez-vous de la célèbre Marche pour l’égalité et contre le racisme vers Paris en 1983 ? Et
bien elle est nommée aujourd’hui par les médias : la Marche des beurs… Ce qui est d’ailleurs
considéré comme une trahison par la sociologue Nicole Lapierre 27. Cette nouvelle
dénomination a abouti à la stigmatisation d’une population qui paradoxalement manifestait
précisément par cette marche son refus de toute stigmatisation et de toute discrimination, et
revendiquait son appartenance à la communauté humaine. Tout un symbole des dérives, des
réflexes de réduction du Vivre ensemble, des droits à l’égalité, aux questionnements
identitaires et à l’immigration.
Cette posture, cette pensée domine. Elle imprègne souvent les feuilles de route des
responsables des politiques de la culture et de l’éducation populaire au niveau des États et des
collectivités. Les politiques culturelles et de l’éducation populaire ciblent de ce fait les
populations des banlieues, des quartiers dits sensibles, où vivent des personnes immigrées et
issues de l’immigration, établissent des collaborations avec les acteurs des politiques sociales
et des politiques de la ville. Ces dynamiques sont importantes et nécessaires, mais avec une
telle vision réductrice, les personnes handicapées, âgées en manque d’autonomie, malades,
ainsi que les institutions où certaines résident, sont alors souvent oubliées au moment de la
conception des politiques. A titre d’exemple, Françoise Nyssen, alors Ministre de la culture,
n’a fait aucune mention des personnes handicapées ni âgées en perte d’autonomie, lors de ses
principales interventions de portée nationale portant sur les populations qu’elle considérait
prioritaires, notamment à l’Assemblée nationale pour la présentation de sa feuille de route
(18/07/2017), auprès de représentants d’associations d’élus de collectivités (11/07/2017),
auprès des directeurs des DRAC (sa Note du 22/12/2017) envoyée aux présidents et directeurs
des établissements publics ayant pour objet « participation des opérateurs du ministère de la
Culture au projet de refondation du pacte républicain par l’accès à la culture et le
27 Nicole Lapierre, Faut-il se rassembler pour s’assembler, 2020.
Cette pensée déviante et unique sur les droits culturels et le Vivre ensemble forgée sur des
obsessions identitaires est d’autant plus absurde qu’en fait la notion même d’identité
culturelle, selon de nombreux philosophes et sociologues, ne semblerait plus adaptée pour
exprimer des réalités contemporaines. Même si la notion d’identité culturelle peut être
interrogée, néanmoins, les richesses de toutes les cultures doivent être protégées, tout en
dénonçant les effets pervers, dévastateurs des approches dogmatiques de cette notion
d’identité culturelle.
La plupart des identités culturelles sont sous le coup d’évolutions, de mutations, au
point que nombreux sont ceux qui remettent même en question cette notion. Pourrait-il exister
en effet aujourd’hui une identité culturelle vierge de tout apport massif d’autres cultures ?
Avec une montée en puissance des moyens de transports, de communication, d’informations,
avec la mondialisation, une très grande porosité des identités culturelles s’est développée, une
expansion du multiculturalisme, également du métissage culturel. La plupart des peuples et
des individus vivent aujourd’hui une identité plurielle, ouverte au monde, nourrie par les
richesses de racines culturelles séculaires mais aussi d’un flux très dense d’apports
contemporains souvent aux couleurs de la mondialisation.
Toujours sur cette problématique de l’identité culturelle, en France, il est bien des
controverses. Ainsi, Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle, déclarait :
« Il n’y a pas de culture française. Il y a une culture en France. Elle est diverse. » Quant au
philosophe François Jullien28 auteur de l’ouvrage Il n’y a pas d’identité culturelle, il a écrit :
« Je ne défendrai pas une identité culturelle française, impossible à identifier, mais des
ressources culturelles françaises. » Le spécialiste de philosophie politique, Alain Policar29,
soulève même ces questions : comment pourrait-on ne pas être cosmopolite ? et comment
pouvons-nous être cosmopolite ? Pour ma part, devant les limites du concept d’identité
culturelle confronté aux réalités d’aujourd’hui, j’ai développé le concept d’espace culturel
personnel30 comme outil pour l’analyse de notre rapport à la culture. En quelques mots : tout
individu évolue tout au long de son existence dans un espace culturel personnel qui lui est
propre, unique, en perpétuelle évolution. Cet espace est nourri de contenus d’espaces culturels
collectifs, notamment ceux de la sphère familiale, des cadres scolaire, professionnel, du bassin
de vie et du pays de résidence ainsi que des réseaux sociaux.
Répétons-le, même s’il nous faut nous battre pour protéger toutes les richesses des
traditions, des racines, des identités culturelles qui ont existé et qui pour certaines existent
encore, et qui, certes peuvent être menacées, nous ne pouvons pas rester sans réagir face aux
effets pervers du dogmatisme de l’identité culturelle. Les crispations sur des identités
culturelles, leurs exacerbations sont à l’origine d’exclusions culturelles massives et aussi de
bien de conflits meurtriers. Nous devons sortir du piège identitaire. Comme l’a développé le
28 François Jullien, Il n’y a pas d’identité culturelle, L’Herne, Paris, 2016.
29 op. cit. p. 4.
30 André Fertier, Handicap : à la conquête de son espace culturel personnel, Casablanca, 27 juin 2019, in Actes du colloque "Handicap et espaces" aux Presses
universitaires Blaise Pascal dans la collection "Cohésion, handicap et citoyenneté", à paraître en 2020.
Voici donc des propositions de mesures, dont certaines pourraient être réunies pour ce
qui concerne la France dans un plan national d’action incarnant l’adoption d’un véritable
Pacte culturel républicain.
- Lancer une Campagne de réflexion et de sensibilisation sur les « Droits culturels et le
Vivre ensemble ».
- Élaborer un Code de l’Action culturelle et de l’éducation populaire de la même
manière qu’il existe un code du travail, de l’action sociale et des familles, de la santé
publique, …
- Instaurer des Conseils et des Contrats territoriaux de l’accessibilité culturelle sur tous
les bassins de vie.
- Définir clairement des obligations respectives pour l’État et les collectivités
territoriales en matière de politiques culturelles et d’éducation populaire, les modalités
de financements et de coopérations.
- Créer l’obligation de conventionnement entre services publics de la culture et
institutions, lieux de vie, de personnes handicapées, âgées en perte d’autonomie, en
précarité et lieux de détention, dans une logique de proximité.
- Reconnaître la connexion Internet en autonomie comme « Bien de première
nécessité ».
- Créer un « Fonds pour l’innovation et la recherche en accessibilité culturelle et
artistique ».
Au plan mondial, face aux conflits meurtriers qui secouent la planète et dont les origines
sont souvent des confrontations interculturelles, il est urgent de prendre conscience de
l’inefficacité des dispositifs internationaux sur la protection des droits culturels et d’éducation
au respect des diversités culturelles. De nouvelles mesures doivent être adoptées qui
pourraient comporter notamment la promotion de réflexions sur la notion de citoyenneté
culturelle universelle respectueuse des diversités, avec l’adoption d’un Pacte culturel mondial
pour l’éducation dès le plus jeune âge au respect des droits culturels.
Enfin, en France, pouvons-nous encore longtemps accepter que ce pays soit un État de
non-droits culturels pour des millions de personnes parmi celles dites les plus vulnérables ?
Pouvons-nous tolérer que des milliers d’entre elles, handicapées et âgées en manque
d’autonomie continuent à croupir dans un dénuement et un isolement culturel insoutenables ?
Sachons nous inspirer de cette pensée de Nelson Mandela : « Être libre, ce n'est pas
seulement se débarrasser de ses chaînes ; c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la
liberté des autres ».33
Nous devons par conséquent tous nous mobiliser pour que soient placés l’humain et
les droits au cœur des actions et des politiques culturelles. C’est dans cet objectif, et au nom
du Collectif national « Droits culturels et Vivre ensemble » Agapé34 dont je suis le porte-
parole, que j’appelle à cette mobilisation pour cette prise de conscience et l’adoption pour la
France, d’un Pacte culturel républicain.
32 3 piliers du développement durable : dimension environnementale, dimension sociale, dimension économique. « Le Bureau Exécutif de Cités et
Gouvernements Locaux Unis a approuvé le Document d’Orientation Politique « La culture est le quatrième pilier du développement durable » le 17 novembre
2010, dans le cadre du Sommet Mondial des Dirigeants Locaux et Régionaux - 3ème Congrès Mondial de CGLU, tenu à la Ville de Mexico».
http://www.agenda21culture.net/fr/documents/culture-4e-pilier-du-developpement-durable
33 Nelson Mandela et Mandla Langa, Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, mémoires de président, Plon, 2017.
34 Collectif national « Droits culturels et Vivre ensemble » Agapé, [email protected], http://www.culturecitoyennete.com/jagis-avec-agape
Article 103 – Loi n° 2015-991 du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République. [En
ligne].
Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000030985460&categorieLien=id
Article 3 – Loi n° 2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine.
[En ligne].
Disponible sur : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000032854341&categorieLien=id
Rapports annuels de la Rapporteuse spéciale dans le domaine des droits culturels, Mme. Karima Bennoune, au
Conseil des droits de l’homme. En ligne. Disponibles sur la page de la 43ème session du Conseil :
https://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/RegularSessions/Session43/Pages/ListReports.aspx
Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Haut-Commissariat et du Secrétaire général
Droits culturels : rapport marquant le dixième anniversaire du mandat : Rapport de la Rapporteuse
spéciale dans le domaine des droits culturels.
Genève (Suisse) : Nations Unies, 25 février-22 mars 2019. [En ligne].
Disponible sur : https://reseauculture21.fr/wp-content/uploads/2019/05/A_HRC_40_53_F.pdf
SHAHEED Marie-Hélène, BACQUE MECHMACHE Mohamed. Pour une réforme radicale de la politique
de la ville. Citoyenneté et pouvoir d’agir dans les quartiers populaires - rapport au ministre délégué
chargé de la Ville.
Paris : Ministère de la ville, juillet 2013 ; 97p. [En ligne].
Disponible sur : https://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics/134000430.pdf
Les livres
FERTIER André.
Les Damnés de la culture : plaidoyer pour un pacte culturel républicain.
Paris : Edition Persée, juin 2019 ; 230p.
LUCAS Jean-Michel.
Les droits culturels : enjeux, débats, expérimentations.
Voiron : Édition Territorial, septembre 2017. N°821 – 148 p.
BIDAULT Mylène.
Les articles
FERTIER André
Il existe des situations d’exclusion culturelle collectives, interview de Hélène Girard, in Politiques publiques,
La Gazette des Communes, n°2/2498, 20 janvier 2020. p.19. En ligne : l’intégralité de l’entretien
http://www.lagazette.fr/645951
MEYER-BISCH Patrice.
Droits culturels à l’excellence pour et par tous : une contradiction ?
Nectart, 2019 ; vol. 8(no. 1) : p. 108-117
BLANDIN-ESTOURNET Christophe.
Banlieue : appliquer les droits culturels pour réaffirmer le droit commun.
Nectart, 2018 ; vol. 7 (no. 2) : p. 58-64.
GLOANNEC-MAURRIN Karine.
Diversité et droits culturels.
Les cahiers de la LCD, 2018 ; (Hors-série N° 1) : p. 62-67.
POIGNANT Bernard.
Identité et culture, même combat.
Après-demain, 2018/2 (N ° 46, NF): p. 21-3
FUCHS Baptiste, GUILLON Vincent, JEANDEL Alice-Anne, PIGNOT Lisa, SAEZ Jean-Pierre.
Droits culturels : controversies et horizons d’action.
L’Observatoire, hiver 2017 ; (n°43). Sommaire disponible en ligne :
http://www.observatoire-culture.net/rep-revue/rub-sommaire/ido-47/droits_culturels_controverses_et_horizons_d_action.html
FERTIER André
Pour le respect des droits culturels. Les enjeux de l’accès à la culture pour les personnes handicapées et âgées en
perte d’autonomie, et la portée des discriminations dont elles sont victimes sont mal connus. Quant à leurs droits
culturels, ils sont mal défendus. In Hommes & Libertés, dossier Handicap : regards croisés, Ligue des droits de
l’Homme, n°163, septembre 2013, p. 37-39.
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