Démocratie Représentative - Wikipédia
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représentative
démocratie dans laquelle les citoyens
élisent des représentants afin de prendre
les décisions politiques à leur place
Dans ce type de régime, la volonté des citoyens s’exprime à travers des représentants qui
établissent les lois (pouvoir législatif) et les font appliquer (pouvoir exécutif). Dans les
démocraties représentatives contemporaines, ces représentants sont élus.
Usages historiques de
l'expression
La Révolution de 1789
Dans la France d’Ancien Régime, une forme de représentation des différents groupes sociaux
auprès des seigneurs était en place. Il ne s'agissait cependant pas d'un gouvernement
représentatif au sens moderne du terme. Ce sens commence à émerger à la fin du
xviiie siècle, et à la Révolution française se forme l'idée d'une « représentation nationale qui,
pensée comme l'expression de la volonté commune du peuple, [apparaît] comme la condition
d'une politique de liberté »[1].
Monarchie de Juillet
L'expression « gouvernement représentatif » est celle avec laquelle les contemporains de la
monarchie de Juillet présentent le régime, qu'ils soient partisans ou opposants de celui-ci.
Celui-ci est théorisé dès les années 1820 par les doctrinaires, en particulier François Guizot,
avant d'être en partie mis en œuvre dans les années 1830-1840. Selon Guizot, le
gouvernement représentatif repose « sur cette vérité que la souveraineté de droit n'appartient
à personne », mais correspond en fait à la raison et à la justice, ce qui suppose que toutes les
décisions soient publiques et ouvertes à la discussion ; que le pouvoir politique soit réparti
« en raison de la capacité d'agir selon la raison et la justice » — principalement grâce à
l'élection — ; et que l'État soit doté de moyens de connaître la société, et en particulier
l'opinion publique, grâce à la libre discussion et à l'élection de représentants. Les
révolutionnaires de 1848 opposeront la République au gouvernement représentatif[2].
Motivations
Pour certains auteurs, elle serait plus adaptée aux nations modernes que, par exemple, la
démocratie athénienne. C'est ainsi que pour Benjamin Constant le système représentatif (on
ne disait pas encore « démocratie représentative ») permet au plus grand nombre d'être libéré
de la gestion quotidienne des affaires publiques[6] :
Elle est largement plus répandue que la démocratie directe : environ la moitié des habitants
de la planète vivent sous un régime de démocratie représentative.
Souveraineté
En démocratie représentative, c'est le corps des élus dans son ensemble qui exerce la
souveraineté. Les élus n'ont donc de légitimité qu'au sein de l'assemblée qu'ils constituent.
Cette caractéristique explique l'importance du débat au sein de l'assemblée, de la discussion
censée faire naitre la meilleure solution. Elle justifie la place de l'opposition.
Cela implique aussi que chaque élu représente l'ensemble des citoyens : la Nation et non pas
seulement ses électeurs. En France, c'est le cas par exemple des députés, tandis que les
sénateurs représentent au contraire les collectivités territoriales.
La Nation et le Citoyen
S'il n'est plus systématiquement lié à la notion de communauté de culture, le régime
représentatif est apparu historiquement dans le cadre de la souveraineté nationale. La Nation
doit donc être entendue ici comme un collectif, le corps des citoyens, qui a pour unique
fonction l'exercice de la souveraineté. Le citoyen est ainsi une forme idéalisée de l'individu
qui se caractérise par son abnégation, son absence de préjugés de classe. Dénué d'égoïsme,
il est capable de faire un choix politique en fonction de l'intérêt général en faisant abstraction
des avantages personnels qu'il pourrait en tirer.
La nation étant une abstraction, sa volonté ne peut être exprimée que par des individus qui
parleront en son nom. C'est l'un des rôles des représentants élus. Emmanuel-Joseph Sieyès
écrit ainsi : « Il n’y a, il ne peut y avoir, pour un député, de mandat impératif, ou même de
vœu positif, que le vœu national ; il ne se doit aux conseils de ses commettants directs,
qu’autant que ces conseils seront conformes au vœu national. Ce vœu, où peut-il être, où
peut on le reconnaître, si ce n’est dans l’Assemblée nationale elle-même[8] ? » Il écrit encore
que « l’intégrité nationale n’est pas antérieure à la volonté du peuple réuni qui n’est que sa
représentation. L’unité commence là. Donc rien n’est au dessus de la représentation, elle est
le seul corps organisé. Le peuple dispersé n’est pas un corps organisé, il n’a ni un vouloir, ni
une pensée, ni rien comme un[9] ».
Le politologue Didier Mineur voit dans cette conception l'une des origines de la « crise de la
représentation », car les représentés n'y ont pas vocation à se reconnaître dans leur
représentation[10].
Caractéristiques
Vote
Dans un régime représentatif, le vote est un mode de la désignation et pas un transfert de
responsabilité. Les élus tirent leur légitimité de la délégation de la souveraineté de leurs
électeurs puisque ces derniers n'ont alors plus aucun moyen de contrôler l'action postérieure
de leurs représentants. La souveraineté véritable aliénée en revient donc aux élus
(principalement parlementaires) qui se chargent du débat et des prises de décisions sans
s'en référer à leurs mandants dont ils sont totalement indépendants en dehors du fait d'élire.
Le vote n'est donc pas un droit, mais une fonction. Ce n'est pas une manifestation de la
volonté individuelle, mais une fonction exercée au nom de la nation.
Représentativité
L'un des enjeux de la démocratie représentative est de savoir si les élus « représentent »
effectivement leurs électeurs non seulement au sens politique mais aussi au sens
sociologique (comme on parle de la représentativité statistique d'un échantillon dans un
sondage) à savoir dans leur diversité, tant au niveau des revenus, des classes sociales ou
des niveaux d'instruction.
Mode de scrutin
En démocratie représentative, le mode de scrutin a une influence importante sur le choix final
des élus.
La méthode la plus couramment utilisée pour former une chambre est le vote par
circonscriptions, à scrutin majoritaire. Montesquieu la défendait ainsi dans son ouvrage De
l'esprit des lois :
« L'on connaît beaucoup mieux les besoins de sa ville que ceux des
autres villes ; et on juge mieux de la capacité de ses voisins que de
celle de ses autres compatriotes. Il ne faut donc pas que les
membres du corps législatif soient tirés en général du corps de la
nation ; mais il convient que, dans chaque lieu principal, les
habitants se choisissent un représentant. »
On peut être tenté de répondre à ces difficultés par une modification du système électoral en
utilisant par exemple un scrutin de liste comme le scrutin proportionnel plurinominal intégral
que l'on retrouve aux élections générales de pays comme l'Espagne ou Israël lors desquelles
le pays tout entier ne forme qu'une seule circonscription électorale. Cela soulève d'autres
problèmes, comme le poids des partis, à qui revient la constitution des listes, la stabilité des
gouvernements et la nécessité de former des coalitions. Les scrutins de liste à la
proportionnelle ont l'inconvénient de faire disparaître le lien direct électeur-élu et donc
estomper le sentiment d'être effectivement représenté, puisque selon les modes de calculs, il
n'est pas toujours possible de savoir quel candidat précis son bulletin de vote a fait élire.
Le philosophe et politicien Alain se montre, dans ses Propos sur les pouvoirs, très critique sur
le système proportionnel face au système par circonscription (qu'il nomme « scrutin
d'arrondissement »), car il explique qu'avec le second l'élu doit tout à ses électeurs et peu à
son parti, tandis qu'avec le premier il doit tout à la place dans la liste que lui octroie son parti
et sera donc tenté de suivre celui-ci plutôt que l'électeur. Le scrutin à vote unique transférable
évite cet inconvénient, mais au prix d'un dépouillement très coûteux.
Conflits d'intérêt
Les intérêts des représentants élus ne coïncident pas nécessairement avec ceux de leurs
électeurs. Par exemple, il est fréquent que ce soit les représentants eux-mêmes qui
déterminent leurs propres salaires, ou leurs régimes spéciaux de retraite.
La concentration de pouvoir politique entre les mains d'une minorité tend à favoriser la
corruption. Le représentant, se retrouvant seul dans sa mandature, est souvent partagé entre
son intérêt individuel et l'intérêt collectif du corps électoral. Il peut également subir l'influence
des lobbies.
Instabilité
Le changement d'un parti dirigeant à un autre, ou dans une moindre mesure d'un
représentant à un autre, peut causer une rupture gouvernementale substantielle et un
changement de lois et donc de la vie quotidienne des citoyens.
Partis politiques
On peut considérer les partis politiques comme un « mal nécessaire » de la démocratie
représentative, dans la mesure où il est souvent impossible à un candidat de remporter les
élections sans se présenter au nom d'un parti politique. Ce qui a pour conséquence que, par
la suite, un représentant politique risque de devoir agir à l'encontre de ses convictions pour
être en conformité avec la ligne directrice de son propre parti. De temps en temps, il s'agira
d'un compromis mineur. Mais il peut arriver qu'un changement de cap important soit exigé
d'un représentant par son parti, de telle sorte qu'il n'ait comme alternatives que de
démissionner de sa fonction ou de quitter le parti.
Les partis politiques ont donc une position singulière : les candidats doivent représenter les
opinions du parti qui le mandate auprès des électeurs.
Coûts de fonctionnement
Beaucoup de ressources sont dépensées pour les élections. En outre, le besoin de lever des
contributions de campagne est susceptible d'endommager la neutralité des représentants :
ceux-ci peuvent se sentir redevables à l'égard des principaux contributeurs et vouloir les
récompenser en leur facilitant certaines démarches, par exemple l'obtention de marchés
publics.
Court-termisme
Les penseurs de l'écologie ont été conduits à s'interroger sur l'inadaptation de la démocratie
représentative aux enjeux écologiques, à cause de ses élections incessantes, de son court-
termisme, et de son rétrécissement à des objectifs étroitement nationaux. Dominique Bourg
et Kerry Whiteside, dans Vers une transition écologique (2010), proposent de réformer le
système démocratique actuel en complétant la démocratie représentative par des
institutions où ce sont les experts et les ONG qui jouent le premier rôle, non les élus[14].
Critiques
Étienne de La Boétie (1530-1563), dans son Discours de la servitude volontaire, qualifie les
élus de tyrans. Selon lui, ils surpassent en vices et en cruautés les deux autres types de
tyrans, à savoir ceux qui obtiennent le pouvoir de manière héréditaire et ceux qui l'obtiennent
par la force des armes. Il ajoute que les tyrans sont élus en raison de leur prestige, de leur
grandeur ou toute autre qualité leur ayant permis de séduire le peuple[15].
Histoire
La plupart des démocraties actuelles ont adopté ce système dès leur fondation.
Évolutions et variantes
Parmi les variantes nées de la démocratie représentative, on compte :
Mise en pratiques
Aucun pays n'est gouverné selon un régime purement représentatif. Tous limitent par
plusieurs mesures le pouvoir des élus.
Le pluralisme et l’alternance
La tenue d’élections à échéances régulières permet de limiter l’autonomie des élus. Un
régime est démocratique quand les gouvernements et les représentants n’héritent pas de leur
charge mais sont élus au terme d’une procédure élective, et leur programme est soumis à
l’approbation des électeurs. Le pouvoir est à prendre en ce sens qu’aucune équipe dirigeante
n’est jamais définitivement installée, qu’aucun programme ne peut être tenu pour définitif,
qu’aucune politique n’est jamais que provisoirement officielle.
Cette ouverture, ou plutôt cette disponibilité du pouvoir est commandée par une philosophie
pluraliste qui fait de l’opposition une force aussi légitime que le sont les gouvernants en
place. Non seulement toutes les tendances et tous les intérêts sont admis à s’exprimer, mais
encore l’espoir est offert à tous d’accéder au gouvernement et d’en utiliser les prérogatives
selon leurs vues. La représentation permet de surmonter la division : en défendant la
diversité des intérêts, la représentation évite que des groupes d’intérêts ne viennent menacer
les droits des minorités. Et dès lors, plus l’État est grand, plus les avis ont de chance d’être
divergents.
Le système requiert que soient garantis le multipartisme, nécessaire pour qu’il puisse y avoir
des élections, et la liberté d’expression de l’opinion publique, pour permettre l’échange et la
délibération. La représentation contribue à la formation de la volonté générale, construite
grâce à l'apport des idées de tous.
Un régime représentatif peut également admettre une petite dose de participation directe des
citoyens. Une procédure de référendum peut notamment exister, et peut même être
obligatoire pour certaines décisions, par exemple pour la révision constitutionnelle si le
législateur n’est pas également constituant.
Le référendum est généralement peu apprécié des partis politiques car il est plus
difficilement contrôlable que les élections. Il pose en outre le problème du risque de
détournement plébiscitaire.
Les États vivant sous ce système admettent généralement des droits d’expression, de
pétition et de manifestation très développés. Dans certains pays, une proposition de loi ou
d’abrogation de loi, dite « d’initiative populaire », peut être déposée par des citoyens grâce à
une collecte de signatures.
La Constitution
La Constitution encadre et limite les prérogative des élus. C'est une sorte de mandat donné
par la population auquel ils ne peuvent déroger. Les modifications par le Congrès sont
d'ailleurs problématiques en matière de démocratie car la teneur de cette constitution peut
ainsi être modifiée sans intervention directe du peuple.
Notes et références
J) [archive]].
4. Bernard Manin, Principes du
gouvernement représentatif,
Flammarion, 1995, rééd. 2012,
p. 12-14.
7807-3600120175625.html) [archive]).
7. Benjamin Constant, De la liberté des
Anciens comparée à celle des
Modernes (1819).
sprit_des_lois_(1777)/L2/C2) [archive]).
Bibliographie
Articles connexes
Démocratie athénienne
Démocratie directe
Démocratie liquide
Mandat représentatif
Mandat impératif
Liens externes
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