Revue Spirite 1867 - Ipeak
Revue Spirite 1867 - Ipeak
Revue Spirite 1867 - Ipeak
JOURNAL
D'ÉTUDES PSYCHOLOGIQUES
Ouvrages de M. ALl.. AN KARDCE sur le Spiridsme :
Ces ouvrages se trouvent, à Paris, chez MM. DIDI EH et Comp. , éditeurs , 35, quai des
Augustins ; - au bureau de la llevue Spú'ite, rue Sai ute-Anue, 59 (passagc Sainte-
Anne) .
A BR ÉGÉ S
D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES
CONTENANT
Les faits de manifestation d~s Esprits, aillsi que toutes les nouvelles I'elatives all Spiritisme,
- L'en; eigncmcnt des Esprits sur les choses du monde visiLle et du monde invisible ; SUl'
les sciences, la llIorale, l'inllIloltalité de l'àme, la nature de l'holllllle et son avenil', -
L'hisloire {lu Spi l'itismc dans l'antiquité ; ses rappol'ts aVl:c le lIlagnétislIle et le SúllJu"m-
1'lIlislll e; l'ex plicatioll des légendes et croyances populaires, de la lIlythologie de tous
les pellples, etc,
DE M. ALLAN KARDEC
Tout efrel a une cause, Toul efret intclligent ;,
une cause intelligente. La puissance de la cauSf
intelligente est en raison de la grandeur de l'effeL
PARIS
13 UREAU : RUE SAINTE -ANNE, 59
Passage Saillte-Al1ue,
1867
Réserve de tous droits,
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La REVUE SPIRITE parait du 1cr au [} de chaque mois, par cahiers de deux flluilles
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pour l'abonnement.
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A nos correspondants
L'époque du renouvellement des abonnements, au 1 el' janvier, est,
comme tous les ans, pour la plupart de nos correspondants de France
et de l'étranger, l'occasion de nous donner de nouveaux témoignages
de sympathie dont nous sommes profondément touché.
Dans l'impossibilité matérielle ou nous sommes de répondre à
tous, nous les prions de vouloir hien recevoir ici l'expression de nos
remerc:iments sinceres et de la réciprocité de nos vceux, les priant
d' être persuadés que nous n'oublions, dans nos prieres, aucun de
ceux, incarn és ou désincarnés, qui se recommandent à nous.
Les témoignages qu'on veut bien nous donn er sont pour nousde pui!-
sants encouragements et de bien douces compensations qui nous font
aisément oublier les peines et les fatigues de la route. Et comment
ne les oublierions-nous pas, alors que nous voyons la doctrine gran-
dir sallS cesse, surmonter tous les obstacles, et que chaque jour nous
apporte de nouvelles preuves des bienfaits qu'elle répand! Nous re-
mercionsDieu de l'insigne faveur qu'il nous accorde d'être témoin de
ses premiers succes, et d'entrevoir son avenir. Nous le prioos de
nous donner les forces physiques et morales nécessaires pour accom-
plir ce qui nous reste à faire avant de retourner dans le monde des
Esprits.
A ceux qui veulent bien faire des vmux pour la prolongation de
notre séjour ici-bas, dans l'intérêt du Spiritisme, nous dirons que
personne n' est indispensable pour l' exécution des desseins de Dieu;
ce que naus avons fait, d'autres eussent pu le faire, et ce que nous
ne pourrons faire, d' autres le [eront; lors donc qu'illui plaira de nous
rappeler, il saura pourvoir à la continuation de son ceuvre. Celui qui
est appelé à en prendre les rênes grandit dans l'ombre et se révelera,
quand il en sera temps, non par sa prétention à une suprématie quel-
conque, mais par ses actes qui le signaleront à l'attention de tous. A
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cette heure il s'ignore encore lui-même, et il est utile, pOUl' le mo-
ment, qu'il se tienne encore à I'écart.
Christ a dit: a Quiconque s'élêve sera abaissé. »C'est donc parmi
les humbl es de creur qu'il sera choisi , et non parmi ceux qui voudront
s'élever de leur propre auforité et contre la volonté de Dieu; ceux-Ià
n'en recueilleront que honte et humili ation, car les orgueilleux et les
préeompluellx seront C'onfolldus. Que chac.un apporte sa pierre à l'é-
difi ce et se con tente du rôle de simple ouvrier; Dieu, qui lit dans le
fond des c.reurs, saura donner à chacun le juste salaire de son travail.
A tous nos freres en croyance nous dirons : « Courage et persé-
vérance, car le moment des grandes épreuves approch e. Fortifiez-
vous dans les principes de la doctrine, et pénétrez-vous en de plus
eu plus; élargissez vos vues j élevez- vous par la pensée au-dessus du
cercle borné du présent, de maniêre à embrasser I'horizon de I'in-
fini j considérez I'avenir, et alors la vie présente, avec son cortége de
miseres et de déceptions, vous apparaitra comme uo point impercep-
tible, comme une minute douloureuse qui bientôt ne laisse plus de
traces dans le souvenir; les préorcupations matérielles semblent
mesquines et puériles aupres des splendeurs de I'immensité.
Heurcux ceux qui puiseron t dans la sincérité de leur foi la force
dont ils auront besoin: ceux--là béniront Dieu de leur avoir donné la
lumiere ; il s rec.on naitront sa sa gesse dans ses vues insondabl es et dans
les moyens, quels qu'jls soieot, qu'il ,e mploie pour leul' accomplis-
s.ement. 115 marcheront à travers les écuei ls avec la sérénité, la fer-
me.l.é et la con fiance que donne la certitude d'atteindre le port, sans
$'arrêter aux pierres qui meurtrissent les pieds.
<C'est dans les grandes épreuves que se révelent les grandes âmes ;
c'est alors aussi qll e se révelent les CCEllrs vntÍmen t spirites, par Ic
courage, la résignation , le dévoílment., I'abnégation, et la charité sous
toutes ses formes , don t ils donnent I'exemple. (Voir I'article du mais
d'octobre 1866 : Les temps sont arrivés.)
mien. Trop ferme encore pour avoir peur, je prétendis rester insensible
au coup qu'il portait à mon affection paternelle, et faire partager mon
inditTérence à Rosalie. Je lui soutins qu'il n'y avait lã qu'un hasard;
j'ajoutai qu'il n'était rien de plus changeant que le vis age des enfants,
et que, probablement, cette ressemblance s'effacerait avec I'âge; fina-
lement, qu'au pis aller, il nous serait toujours facile de tenir cet enfant
à l'écart. J'échouai complétement. Elle s'obstina à voi;: dans l'iden-
tité des deux figures un fait providentiel, le germe d'nn châtirnent
effroyable qui tôt ou tard devait nous écraser, et, sous l'empire de
cette conviction, son repos fut pour toujours détruit.
.« D'autre part, sans parler de i'enfant, quelle était notre vie? Vous
avez pu vous-même en observer le trouble permanent, les agitations,
les secoueses chaque jour plus violentes. Quand toute trace de mon
crime avait disparu, qnand je n'avais plus rien à craindre absolument
des hommes, quand l'opinion SUl' moi était devenue unanimement
favorable, au lieu d'une assurance fondée en raison, je sentais croitre
mes inquiétudes, mes angoisses, mes terreurs. Je m'inquiétais moi-
même avec les fables les plus absurdes; dans le geste, la voix, le
regard du premieI' venu, je voyais une allusion à mon crime.
« Les allusions m'ont tenu incessamment sur le chevalet du bour-
reau. Souvenez-vous de cette soirée ou M. Durosoir raconta une de ses
instructions. Dix années de douleurs lancinantes qui n'éqllivaudront
jamais à ce que je ressentis au moment ou, sortant de la chambre de
Rosalie, je me trouvai vis-à-vis du juge qui me regardait au visage.
J'étais de verre; illisait jusqu'au fond de ma poítrine. Un instant j' en-
trevis l'échafaud. Rappelez-volls ce dicton : « Ilne faut P il,S parler de
eorde dans la maison d'un pendll, » et vingt alltres détails de ce genre.
C'était un sllppliee de tous les jOUI'S, de toutes les heures, de toutes les
secondes. Quoi que j'en eusse, íl se faisaít dans mon esprit des
ravages effrayants.
« L'état de Rosalie était de beaucoup plus douloureux encore :
elle vivait vraiment dans les flammes. La présence de l'enfant dans la
maison acheva d'en rendre le séjour intolérable. Incessamment, jour
et nuit, nous vécúmes au mílieu des scenes les plus cruelles. L'enfant
me glaçait d'horreur. Je faillis vingt fois l'étouffer. Outre cela, Rosa-
lie qui se sentait mourir, qui croyait à la vie future, aux châtiments,
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aspirait à se réconcílier avec Dieu. Je la raillais, je l'insultais, je
la menaçais de la battre. J'entrais dans des fureurs à I'assassinel'. ElIe
mourut à temps pour me préserver d'un deuxieme crime. Quelle ago-
nie I EIIe ne sortira jamais de ma mémoire.
« Depuis je n'ai pas vécu. Je m'étais tlatté de n'avoir plus de
conscience : ces remords grandissent à mes côtés, eu chair et cn os,
sous la forme de mon enfant. Cet enfant, dont, malgré l'imbécillité,
je consens à êlre le gardien et I'esclave, ne cesse de me torturer par
son air, ses regards étranges, par la haine instindive qu'il me porte.
N'impol'te ou que j'aiIle, il me suit pfl S à pas, il marche ou s'assied
dans mon ombre. ta nuit, apres une journée de fatigue, je le sens à
mes côtés, et S'Jn contact suffit à chasser le sommeil de mes yeux ou
tout au moins à me troubler de cauchemars. Je crains que tout à coup
la raison ne lui vienne, que sa lallgue ne se délie, qu'il ne parle et ne
m'accuse.
« L' Inquisition, dans son génie des tortures, Dante lui-même, dans
sa Suppháomanie, n'ontjamais rien im'iginé de si épouvantable. J'en
deviens monomane. Je me surprends dessinant à la plume la chambre
ou je commis mon crime; j'écris au bas cette légende : Dans cette
chambre, j'empoisonnai l'agent de change Tliillard-Ducornet, et je
signe. C'est ainsi, que dans mes heurcs de fievre, j'ai délaillé sur mon
journal à peu pres mot pour mot tout ce que je vous ai raconté.
« Ce n'est pas tout. J'ai réussi à me soustraire au supplice dont les
hommes châtient le meurtrier, et voilà que ce supplice se renouvelle
pour moi presque chaque nuit.
« Je sens une main sur mon épaule et j,' entends une voix qui mur-
mure à mon oreille :
« Assassin ! » Je suis mené devant des robes rouges; une pâle
figure se dresse devant moi et s'écrie : « Le voilà ! » C'est mon fi18. Je
nie. Mon dessin et mes propres mémoires me sont repréi>entés avec ma
sibnature. Vous le voyez, la réalité se mêle au songe et ajoute .à mon
épouvante. J'assiste enfin à toutes Jes péripéties d'un proces criminel.
J'emends ma condamnation: « Oui, il esl coupable. )) On me con-
duit dans une saIle obscure ou viennent me joindre le bourreau et ses
aides. J e veux fuir, des liens de fel' m' arrêtent, et une voíx me crie :
a II n'est plus pour toi de miséricorde! » j.'éprouve jusqu'à la sensa-
tion du fl'Oid des ciseaux SUF mon cou. Vn prêtre prie à. mes côtés et
m'invite parfois au repentir •
• Je le repousse' avec O1i11e blasphêl!les. Demi-m0'rt, je suis cahoté
par les mouvements d'une charrette sur le pavé ~'une ville; j'entends
les murmures de la multitude comparables à: ceux des vagues de la
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mer, ct, au-dessus, les imprécations de mille voix. J'arrive en vue de
l'échafaud. J'en gravis les degrés. Je ne me réveille que juste à.
fheure ou le cout~au glisse entre les rainures, quand, toutefois, mon
rêve ne cOBtinuc pas, quand je ne suis p'l.S trainé en présence de
~tui que fai voulu nier, de Dieu même, pour y avoir les yeux brulés
par la lumiêre, pour y plonger dans I'abime de mes iniquités, pOUl
y être supplicié par te sentiment de ma propre infamie. J'étouffe, la.
saeur m'inoade, l'horreur comble monâme. J.e ne sais plns :combien
de fois déjà j'ai subi cc supplice .•
L'idée de Caire revivre la victime dane l'enrant même de I'assassill,
et qui est lã com me l'image vivante de son crime, attachée à ·ses pas,
est à la fois ingénieuse et tres morale. L'autcnr .a voulu montrer que,
'si ce criminel sait échapper au! poursuites des hommes, iI ne saurait
se soustraire à ceUes de la Providence. 11 y a ici plus que le remords,
c'est la victime qui se dresse sans cesse devant lui, non sous I'appa-
rence d'un fantôme ou d'une apparitionqu'on pourrait regarder
comme un effet de l'imagination frappée, mais sous les traits de son
enfant; c'est la pensée que cet enCant peut être la victime elle-même,
pensée corroborée par l'aversion inslinctive de l'cnfaot, quoique
idiot, pour son pere; c'esl la lulOO de la tendresse paternelle contre
ceLte pensée qui le torture, lutle horrible qui ne permet pas au COll-
pable de jouir paisiblemeut da fruit de son crime, comme il s'eu était
tlatté.
Ce tableau a le mérite d'êtrc vrai, ou micux parfaitement vraisem-
blable; c'est-à.dire que rien ne s'écarte des lois ualurelles que nous
,savons aujourd'hui régir les rapports des étres humains entre eUI.
lei, rien de fantastique ni de merveilleux; tout est possible et justifié
par les nombreux exemples que nous avons d'inrlividus renaissant dans
le milieu ou ils ont déjà vécu, en contact avec les mêmes individus,
pour avoir occasion de réparer des torts, ou d'accomplir des devoirs
de reconnaissance.
Admirons ici la sagesse de la Providence qui jette, pendant la vie,
un voile sur le passé, sans lequel les haines se perpétueraient, tandis
qu'elles finissent par s'apaiser dans ce contact nouveau et sous l'em-
pire des bons procédés réciproques. C'est ainsi que, pelit à pelit, le
sentiment de la fraternité finit par succéder à celai de l'hostilité. Dans
le cas dont il s'agit, si l'assassin avait cu une certitude absolue sur
l'identité de son enfant, il aurait pu chercher sa sureté dans uo
nouveau crime; le doute le laissait aux prises avec la voix de la na-
ture qui parlait en lui par celle de la paternité; mais le doute était un
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cruel supplice, une anxiété perpétuelle par la crainte que cette fatale
ressemblance n'amenât la découverte du crime.
D'un autre côté, l'agent de change, coupable lui-même, avait, sinon
comme incarné, mais comme Esprit, la conscience de sa position.
S'il servait d'instrument au châtiment de son meurlrier, sa position
était aussi pour lui un supplice; ainsi ces deux individus, coupables
tous les deux, se punissaient I' un par l' autre, tout en étant arrêtés dans
leu r ressentiment mutuel par les devoirs que leur imposait la nature.
Cette justice distributive qui châtie par des moyens naturels, par la con-
séquence de la faute même, mais qui laisse toujours la porte ouverte au
repentiret à la réhabilitation, qui place le cOllpable sur la voie de la ré-
paration , n'est-elJe pas plus digne de la bonté de Dieu que la condam-
nation irrémissible aux flammes éternelles? Parce que le Spiritisme
repousse l'idée de l'enfer tel qu'on le représente, peut-on dire qu'il
enleve tout frein aux mauvaises passions? On comprend ce genre de
punilion; 011 l'accepte, parce qu'il est' logique ; il impressionne d'au-
tant plus qu'on le sent équitable et possible. Cette croyance est un
freln autrement puissant que la perspective d'un enfer auquel on ne
croit plus" et dont on se rito
Voiei un exemple réel de l'influence de cette doctrine, pour un cas
qui, bien que moins grave, ne prouve pas moins la puissance de son
action :
Un monsieur, de notre connaissance personnelle, Spirite fervent et
éclairé, vit avec un tres proche parent que difTérents indices ayant un
grand caractere de probabilité lui font croire avoir été son pere. Or,
c'e parent n' agit pas toujours envers lui comme ille devrait. Sans cette
pensée, ce monsieur aurait, en maintes circonstanqes, pour des afTaires
'd'intérêt, usé d'une rigueur qui était dans son droit, et provoqué une
rupture; mais l'idée que ce pouvait être son pere ra retenu; il s'est
montré patient, modéré; il a enduré ce qu'il n'eut pas soufTert de la
part d'une personne qu'il aurait considérée comme lui étant étrangere.
11 n'y avait pas, du vivanl du pere, une grande sympathie entre celui-
ci et son fils; mais la conduite du fils en cette circonstance n' est-elle
pas de nature à les rapprocher spirituellement, et à détruire les pré-
ventions qui les éloignaient I'un de l'autre? S'ils se reconnaissaient
d'une maniere certaine, leur position respective serait tres fausse et
tres gênante; le doute ou est le fils suffit pour l' empêcher de mal agir,
mais le laisse cependant tout à son libre arbitre. Que le parent ait
été ou non son pere, le fils n'en a pas moins le mérite du sentiment
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de la piété filiale; s'iI ne lui est rien, illui ser a toujours tenu compte de
ses bons procédés, et le véritahle Esprit de son pef'e lui en saura gré.
Vous qui raillez le Spiritisme, parce que vous ne le connaissez pas,
si vous saviez ce qu'il renferme de puissance pour la moralisation,
vous comprendriez tout ce que la société gagnera à sa propagation,
et vous seriez les premiers à y applaudir; vous la verriez transformée
sous l'empire de croyances qui conduisent, par la force même des
choses et par les.lois mêmes de la nature, à la fraternité et à la véri-
table égalité; vaus comprendriez que seul il peut triompher des pré-
jugés qui sont la pierre d'achoppement du progres social, et au lieu
de bafouer ceux qui le propagent, vous les encourageriez, parce que
vous sentiriez qu'i1 y va de votre propre intérêt, de votre sécurité.
Mais patience ! cela viendra, ou, pour mieux dire, cela vient déjà;
chaque jour les préventions s'apaisent, l'idée se propage, s'infiltre
sans bruit, et 1'0n commence à voir qu'il y a la quelque chose de plus
sérieux qu'on lle pensait. Le temps n'est pas éloigné ou les mora-
listes, les apôtres du progres, y verront le plus puissant levier qu'ils
aient jamais eu entre les mains.
En lisan t le roman de M. Charles Barbara, on pourrait croire qu'iI
était Spirite fervent; il n'en était rien cependant. 11 est mort, avons-
nous dit, dans une maison de santé, en se jetant par la fenêtre dans
un acces de fievre chaucle. C'était un suicide, mais atténué pax les
circonstances. Evoqué peu de temps apres à la société de Paris, et
interrogé sur ses idées touchant le Spiritisme, voici la communication
qu'il a donnée à ce sujet :
[Pari s, 19 octobre 1866; méd. M. Morin.)
VARIÉTÉS
Porlrait physique des Spirites
On lit dans la France du 14 sep,t embre 1866 :
(t La foi r'lbuste des gens qui croient quand même àtoutes les-
merveiHes, si souvent démenties, du Spiritisme, est en vérité admi-
rable. On leur montre Ie true des tables tournantes, et ils croient; on
leur dévoile les imp-oslures de I'armoire Davenport, et 11s croient plus
fort; on leur exh ibe toutes les ficelles, OIl leu r fait toucher le m lm-
songe du doigt, on leur creve les -yeux par férl'idence du ch arl'ata-
nisme, et leur cro-yance n'en devient que plus acharnée. lnexplicable
besoin de I'impossible! Credo quia absurdum.
~ Le Messager (ranco-amél'2:eain, de New-York, parle d'une con-
vention des adeptes du Spiritisme qui vient de se réunir à PrO'vidence
(Rhode-lsland). Hommes et femmes se distiflguent plr uo air de
l'autre monde; la pãleur du teint, l'émaciation de la: face, la prophé-
tique rêverie des -yeux, perdus dans llTl va.gue océanique, tels sont,
en général, les signes extérieurs du' Spirite. Ajoutez que, contraire-
ment à l'usélge général, les femmes ont les cheveux coupés ras, à la
mal-content, comme on disait aulrefois, tandis que les hommes por-
tent une chevelure plantureuse, absalonique, à tDUS crins, descE'ndant
jusqu'aux épaules. li faut bien, quand on faút commerce avee" les Es-
prits, se dislinguer dO' commun des mJrlels, de la vi\'e mutlitude.
« Plusieurs discours, trop de discours, out été prononcés. Lcs ora-
- 24-
teurs. sans plus se préoccuper des démentis de la science que de ceux
du sens commun, ont imperturbablement rappelé la longue série, que
chacun sait par camr, des faits merveilleux attribués au Spiritisme.
« Miss Susia Johnson a déclaré que, sans vouloir se poser en pro-
phétesse, elle prévoyait que les temps sont proches ou la grande ma-
jorité des hommes ne ser a plus rebelle aux mystiques révélations de
la religion nouvelle. Elle appelle de tous ses vreux. la création de
nombreuses écoles ou les enfants des deux sexes suceront, dês l' âge
le plus tendre, les enseignements du Spiritisme. 11 ne manquerait
plus que cela! ))
SOUS le titre de: Toujours les Spirites! i' Evénement du 26 aout
t 866 publiait un três long article dont nous extrayons le passage
suivant:
cc Etes-vous allé jamais dalls quelque réunion de Spirites, un soir de
désreuvrement ou de curiosité? C'est un ami qui YOUS conduit géné-
ralement. On monte haut,-les Esprits aimant se rapprocher du ciel,
- dans quelque petit appartement déjà rempli ; vaus entrez en jouant
du coude.
" Des gens s'entassent, à figures bizarre:3, à gestes d'éllergumenes.
On étoufIe dans cette atmosphêre, on se presse, on se penche vers les
tables ou des médiums, l'rei! au plafond, le crayon à la maill, écrivent
les élucubrations qui passent par là. C'est d'abord une surprise; on
cherche parmi tous ces gens à reposer son regard, on interroge, on
devine, on analyse.
« Vieilles fe!pmes aux yeux avides, jeunes gens maigres et fatigués,
la promiscuité des rangs et celle des âges, des portieres du voisillage
et des grandes dames du quartier, de l'indienne et des guipures, des
poétesses de hasard et des prophétesses de rencolltre, des tailleurs et
des lauréats de l'Institut; on fraternise dans le Spiritisme. On attend,
on fait tourner des tables, on les soulêve, on lit à haute voix les grif-
fonnages qu'Homere ou, le Dante ont dictés aux médiums assiro. Ces
médiums, i1s sont immobiles, la maill SUl' le papier, rêvant. Tout à
coap leur main s'agite, court, se démêne, couvre lesfeuillets, va, va
encore et s'arrête brusquement. Quelqu'un alors, dans le silence,
nomme l'Esprit qui vient de dicter et lit. Ah! ces lectures!
« J'ai entendu de cette façon Cervantes se plaindre de la démolition
du théâtre des Délassements-Comiques, et Lamennais raconter que
Jean Journet était là-bas son ami intime. La pIupart du temps La-
mennais fait des fautes d'orthographe et Cervantês ne sait pas un mot
d' espagnoI. D' autres fois, les Esprits empruntent un pseudonyme angé-
lique pour lâcher à leur public quelque apophthegme à la Pantagruel.
On se récrie. On leur répond : - Nous nous plaindrons à votre chef
de file!
- 25-
« Le médium qui a tracé la phrase s'assombrit el Sfl fâche d'être
eo rapport avec des Esprits si mal embouchés. J'ai demandé à quelte
légion appartenaient ces mystificateurs de I'autre monde, et l'on m'a
répondu tout net : - Ce sont des Esprits voyous !
« J'en sais de pIus aimables, -par exemple l'Esprit dessinateur qui
Nécrologie . .
M. Lec1erc
La Société spirite de Paris vient de Caire une nouvelle perte dans
la. personne de M. Charles-J ulien Leclerc, ancien mécanicien, âgé de
cinquante-sept ans, mort subitement d'une attaque d'apoplexie fou-
droyante, le 2 décembre, au moment ou iI entrait à l'Opéra. 11 avait
longtemps habité le Brésil, et c'est là qu'il avait puisé les premieres.
notions du Spiritisme, auquell'avait préparé la doctrine de Fourrier,
dont il était un zélé partisan. Rentré en France, apres s'êtl'e fait
une position inqépendante par son travail, il s'est dévoué à la cause·
du Spiritisrne, dont il avait facilement entrevu la haute portée huma-
nitaire et moralisatrice pour la classe ouvriere. C'était un homme de
bien, aimé, estimé et regretté de tous ceux qui I'ont connu, un Spirite
de creur, s'e[orçant de mettre en pratique, au profit de son avance-
ment moral, les enseignements de la doctrine, un de ces hommes qui
honorent la croyance qu'ils professent.
A la demande de sa famille , nous avons dit sur sa tombe la priere
pour les âmes qui viennent de quitter la tene (Évangile selon le Spi-
ritisme), et que nous avons fait suivre des paroles suivantes :
« Cher monsieur Leclerc, vous êtes un exemple de l'incertitude de
la vie, puisque l'avant-veille de votre mort, vaus étiez au milieu de
nous, sans que rien put faire pressentir un départ aussi subit. Dieu
nous avertit par lã de nous tenir toujours prêts à rendre compte de
I'emploi que nous avons fait du temps que nous avons passé sur la
terre; il nous rappelle au moment ou naus nous y attendons le moins.
Que son nom soit Mni pour vous avoir épargné les angoisses et les
souITrances qui accompagnent parfois le travail de la séparation.
« Vaus avez été rejoindre ceux de vos collegues qui vous ont pré-
cédé, et qui, sans doute, sont venus vous recevoir au seuil de la nou-
velle vie; mais celte vie, avec laquelle vous vous étiez identifié, n'a
dti avoir pour vous aucune surprise; vous y êtes entré comme dans
un pays connu, et nous ne doutons pas que vous n'y jouissiez de la
félicité réservée aux hommes de bien, à ceux qui ont pratiqué les
lois du Seigneur.
([ Vos collegues de la Société spirite de Paris s'honorent de vOUs
avoir compté daos leurs rangs, et votre mémoire Jeur sera toujours
chere; ils vous offrent, par ma voix, l'expression des selltiments de
bien sincere sympathie que vous avez su vous conciJier. Si quelque
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chose adeucit nos regrets de cette séparation, c'est la pensée que vous
êtes heureux comme vous le méritez, et l'espoir que vous n'en vien-
drez pas moins participer à nos travaux.
«Que le Seigneur, cher frere, répande sur vous les trésors de sa
bonté infinie; nous le prions de vous accorder la grâce de veiller SUl'
vos 'enfants, et de les diriger dans la voie du bien que vous avez
suivie. »
M. Leclerc, promptement dégagé, com me nous le supposions, a
pu se manifester à la Société dans la séance qui a suivi son enterre-
mente 11 n'y a, par conséquent, eu aucune interruption dans sa pré-
sence, puisqu'il avait assisté à la séance qui l'avait précédée. ,Outre
le sentiment d'affection qui nous attachait à lui, cette communication
devait avoir son côté instructif; il était intéressant de connaitre
les sensations qui accompagnent ce genre de morto Rien de ce qui
peut éclairer sur les di verses phases de ce passage que tout le
monde doit franchir, ne saurait être indifférent. Voici cette commu-
nication :
(Société de Paris, 7 décembre 1866. M.éd. M. Desliens.)
Enfin je puis, à mon tour, venir à cette table! Déjà, bien que ma
mort soit récente, j'ai été plus d'une fois saisi d'impatience; je ne
pouvais presser la marche du temps. J'avais aussi à vous remercier
de votre empressement à entourer ma dépouille mortelle, et des pen-
sées sympathiques que vous avez prodiguées à mon Esprit. Oh!
maitre, merci pour votre bienveillance, pour l'émotion profonde que
vous avez ressenti e en accueillant mon fils aimé. Combien je serais
ingrat si je ne nous en conservais pas une reconnaissance éternelle I
Mon Dieu·, merci! mes vreux sont comblés. Ce monde, que je ne
connaissais que d'apres les communications des Esprits, je puis moi-
même en apprécier aujourd'hui la beauté. Dans une certaine mesure,
j'ai éprouvé, en arrivant ici, les mêmes émotions, mais infiniment
plus vives, qu'en abordant pour la premiere fois SUl' la terre d'Amé-
rique. Je ne connaissais cette contrée que par le récit des voyagelll's,
et j'étais loin de me faire une idée de ses luxuriantes productions; il
en fut de même ici. Combien ce monde est différent du nôtre!
Chaque visage est la reproduction exacte des sentiments intimes; au-
cune physionomie mensongere; point d' hypocrisie possible; la pen-
sée se révêle toute à l' reil, bienveillante ou malveillante, selon la na-
ture de I'Esprit.
Eh bien ! voyez; je suis encore ici puni par mon défaut principal,
- 29-
celui que je combattais avec tant de peine sur la terre, et que j'étais
parvenu à dominer en partie; l'impatience que j'avais de me voir
parmi vous m'a troublé à un tel point que je ne sais plus exprimer
mes idées avec lucidité, et cependant cette matiere qui m'entrainait
si souvent à la colere autrefois n'est plus là! Allons, je me calme,
puisqu'ille faut.
Oh ! j'ai été bien surpris par cette fin inattendue ! Je ne craigllais
pas la mort, et je la considérais depuis longtemps comme la fin de
l'éprcllve; mais cette mort si imprévue ne m'en a pas moins causé un
profond saisissement. •• Quel coup pour ma pauvre femme !.•• Comme
le deuil a rapidement succédé au plaisir ! Je me faisais une véritable
joie d' écouter de la bonnne musique, mais je ne pensais pas être si tôt
en contact avec la grande voix de l'infini••• Combien la vie est fra-
gile I•.. Un globule sanguin se coagule; la circulation perd sa régu-
larité, et tout est fini 1. •• J'aurais voulu vivre encore quelques an-
nées, voir mes enfants tous établis; Dieu en a décidé autrement : que
sa volonté soit faite !
Au moment ou la mort m'a frappé, j'ai reçu comme un coup de
massue sur la tête ; un poids écrasant m'a accablé; puis tout à coup je
me suis senti libre, allégé. J'ai plané au-dessus de ma dépouille ; j'ai
considéré avec étonnement les larmes des miens, etje me suis rendu
compte enfin de ce qui m'était arrivé. Je me suis promptement re-
connu. J'ai vu mon second fils, mandé par le télégraphe, accourir.
Ah! j' ai bien essayé de les consoler; je leur ai soufflé mes meilleures
pensées, et j'ai vu avec un certain bonheur quelques cerveaux réfrac-
taires pencher peu à peu du côté de la croyance qui a fait toute ma
force dans ces dernieres années, à laquelle j'ai du tant de bons mo-
rnents. Si j 'ai vaincu un peu le vieil homme, à qui le dois-je, si ce
n'est à notre cher enseignement, aux conseils réitérés de mes guid~s?
Et cependant j'en rougis, bien qu'Esprit, ie me suis encore laissé do-
miner par ce maudit défaut : l'impatience. Aussi j'en suis puni, car
j'étais si empressé de me communiquer pour vous raconter milIe dé_
tails, 'que je suis obligé de les ajourner. Oh! je serai patient, mais à
regret. Je suis si heureux ici, qu'i! m'en coute de vous quitter. Ce-
pendant de bons amis sont pres de moi, et d'eux-:mêmes se sont joints
pour m' accueillir : Sanson, Baluze, Sonnez, le joyeux Sonnez dont
j'aimais si fort la verve satirique, puis Jobard, le brave Costeau et
tant d'autres. En dernier lieu, madame Dozon; puis un pauvre mal-
heureux bien à plaindre, et dont le repentir me touche. Priez paul'
lui comme pour tous ceux; qui se sont laissé dominer par l' épreuve.
-30-
Bientôt je reviendrai m'entretenir de nouveau, et soyez bieo persua-
dés que je ne serai pas muins assidu à nos cheres rétmioDs ,comme
Esprit, que je ne l' étais comme incarné.
Lncuntc.
N'otices bibliographiques
Ce recueil, que nous avons annoncé dans noire dernier numéro comme
étant sous presse. paraitra dans la premiere quinzaine de janvier. Nos lec-
teurs ont pu juger le genre et la valeur des poésies obtenues par M. Va-
vasseur, comme médium, soit à l'état de veille, soit à l'état somnambu-
lique spontané, par les fragments que nous en avons publiés. Nous nous
bornerons donc à dire qu'au mérite de la versification elles joignent celui
de refléter, sous la gracieuse forme poéti:que, res eonsofantes vérités de la
doctrine, et qu'à ce titre eUes aurent une place honorable dans toute bi-
bliotheque spirite. Nous avons cru devoir y ajouter une introduction, ou
mieux une instruction sur la poésie médiall.imique en général, destinée à
répondre à certaines objeetions de la critique sur ce genre de productions.
Des modifications apportées dans l'impressiQQ, permettront d'en mettre
le prix à f fr.; par la poste f fr. Ui c.
Dimension : papier chine, 35 c. sur 28, et avee la bordare, 45c. sur 38. -
Prix : 2 fI'. 50; par la poste, pour'I a France et l' Algérie, port et étui d' em-
ballage 50 c. en sus. - Chez I'auteur, rue des Dames, n° 99, à Paris-
Ratignolles, et au bureau de la Revue.
M. Bertrand est un das tres bons médiums écrivains de Ia Société spirite
de Paris, et qui a fait ses preuves de zele et de dévoument pour la doctrine.
Cette considération, jointe au désir de lui être utile en le faisant connaitre
comme artiste de tale!!t, a fait taire le scmpule que nous nous étions fai t
jusqu'ici d'annoncer la mise en vente de notre portrait, dans la crainte
qu'on n'y vit une présomption ridicule. Nous nous empressons donc de
déclarer que nous sommes complétement étranger à cette publicatioll ~
comme à celle des portraits édictés par plusieurs photographes.
- 3i-
L' Unian spírite de Bordeaux, rédigée par M. A. Bez, niomentanément
interrompue par nne grave maladie du directeur et des circonstances indé-
pendantes de votre volonté, a repris le cours de ses publications, ainsi que
nous l'avions annoncé, et doit s'arranger de maniere à ce que ses abonnés
n'éprouvent aucun préjudice de cette interruption. Nous en félicitons sin-
cerement M. Bez, et fai sons des vamx sinceres pour que rien n'entrave à
l'aven ir l'utile publication qh'il a entrepríse et qui mérite d'être encou-
ragée.
No 2. Ff:vnlE ll t 8G7.
VARIÉTÉS
Eugénie Colnmbe. Précn,ilé ph(noménale.
Plusicurs jl)urnaux ont reproduit le fait suivanl:
I La. Scntinelle, de Toulon, parl e d'u n jeune phénomene qu'on
admire en cc momcnt dans ceUe villc.
• C'est une petite filie â;;ée de deux ans el onze mois, nommé :'
Eugénie Colombe.
• Cetlc cnfant sait déjà parfaitemenllire et écrire, ellc est de plus
en état de soutcnir le p!us sériellx examell SUl' Ics principcs de la reli-
gion chrétienne, SUl' la grammairc française, la géographie , l'histoire
de France et les qnatre regles de l'arilhmétique.
« Elle connait la rose des vents et soutient parfai temcn t un e diE-
cussion seientifique SUl' tous ces sujets.
• Cette étcnnilnte petite filie a commencé à. parler tres dislincte -
men Là I'âge de quatre moi~.
- 1,8-
• Présenlée dans les salon:; de la préfecturc maritime, Eu génie
Colombe, riouéc d'une figure charmante, a obtenu UH sueces d'en-
thousiasme . •
Cel arlicle naus avait paru, ainsi qu'à beaucoup d'autres persollncs,
cmpreint d'une telle exagération, que naus n'y aviolls aUaché aucune
importance. Néanmoins, pour samir positivemen t u. quoi naus cn
tenir, naus avons prié un de nos corl'espondants, ofOcicl' de marine à
Touloll, de "aulai!' bicll s'enquérir du fait. Vaiei ce qu'il naus a
répondu;
• Pour m'assurer de la vérité, je me suis rendu chez les parents de
la J?etite filie signalée par la Senlinelle l'oulonnaise du f 9 novembre;
j'ai vu cette charmanle enfant dont le développement physique est rr.
J'apport avec son âge i elle n'a CJue trais nns. Sa mere est institutrice;
c'es! elle qui dirige son inslruction. Ell e I'a interrogée eu ma pl'ésencc
sur le catéchisme, l'histoil'C sainte depuis la créalion du monde jus-
qu' au déluge, les huit premicrs rois de Fra.nce et différentes circon-
stances relative8 à. leu]' regne et l~ celui de Napoléon 1« . Po ur la
géographie, l'enfan t a nommé les cillq partics du monde, les capi-
tales des conlrées qu'e!!es renferment, plusieurs chefs-lieux des dépar·
lements de la France, Elle n aussi parfai tement répondu sur les pre-
miêresnotions de la gram maire française cL le systeme méll'iquc. Celle
enfant a fait tOlltes ces réponses sans la moindre hésitatioll, toul cn
s'amusanl avec Ics joujoux qu'elle lenait dans ses mains. Sa mere
m'a ditqu'elle sait Jirc depuis J'âge de deux ans et demi, et m'a assuré
qu'elle peut répondrc de la mêmc manierc à plus de cinq cents
questions . J
Le fait dégagé de I'exagération du récit des joul'l1aux, et réduit
aux proportiolls ci-dessus, n'eu est pas moins remarquabte et imo
portant dans .ses con~équenccs . 11 appelle forcémcnt l'atlention sur
les faHs analogues de précocité intellectuelle et les connaissanccs
innées. ln volontairemeut on cherche 1\ se les expliquer, et avec Ics
idées de pluralité d'exislences qui circulent, on arrive à. n'en trouver
de solulion rationnelle quc dans une existence antéricure. 11 faut ranger
ces phénomencs au nombre de ceux qui sont annoncés comme devant,
par leur multiplicité, confirmeI' les croyances spil'iles, et contribuer
à leur développement.
Dans le cas dOllt il s'agit 1 la mémoire paratt cel'tainement jouer un
rôle important. La mere de celte enfant étant institutrice, la petitc
filie se trouvail snns doute habituellcment dans la classe, et aura re-
tenu les Icçolls faites aux éleves par sa mere, landis qu'on voit cer-
lains enfants posséder, par intuition, des connaissanccs en quelque
sorte nativcs, et co dehors de tout enseignemcnt. Mais pourquoi,
chez elle plulôt que chcz d'autres, cetle facilité exceptionnclle à. s'as-
- 49 -
similer ce qu'elle entendait, et qu'on ne songeait probablement pas à
lui apprendre? C'est que cc qu'elle entendait ne faisait que réveiller
cn clle le souvenir de ce qu'clle uvait 5U. La précocité de certn.ins
enfants pOUl" les langues , la musique, les mathématiques, elc.• toutes
les idées innécs, co un mot, ne 50nt également que des souvcnirs; ils
se souviennenl de cc qu'ils ont 5U , comme 011 voil certaines personnes
se souvcnir, plns ou moins vaguemen!, de cc qu'elles ont fait , ou de
cc qui leur cst arrivé. Naus connaissons uu petit garçon de cinq ans
qui, étant à lable , ou ricu dans la convcl'sation n'avaiL pu provoqueI'
une idée SUl' ce sujct, se mit à dire: ~ Moi, j'ai élé marié, je m'cn
souviens bien ; j'avais une Cemme, pclite, jeune et jolie, et j'ai eu
plusieurs enfanls. • On n'a certaincmenl a.ucun moyen de conlrôler
son assertion, mai s on se demande d'ou a pu lui vcnir une pareme
idée, alors qu'aucune circonstance n'avail pu la. provoquer.
En fa ul-il conclure que les cnfants qui n'apprennent qu'à, force de
travail oot élé ignoranls ou stupides dans leur précédente existence?
Non assurément; la faculté de se souvenir est une aptitude inhércnte
à. I'étal psychologiquc, c'est.à.dire au plns facile dégagem~nl. de
I'âme chcz cert..1ins individus que chez d'autres, une sorte de vuc
spirituel!e rélrospeclive qui leu r rappclle le passé, landis que pour
ceux qu i ne la possedent pas, ce passé ne laisse aucune trace oppa -
rente. Lc passé est comme un rêve dont 011 se souvienl plus ou moins
exactement, ou dont 011 a lotalement pel'd u le souvenir. (Voir Rcvue
spirit,! de juil!ct 1860, page 20&; ido de novembre t 864, page 328.)
Au momcnt de meUre sous presse, nous recevons d'uu de nos cor-
respondants d' AIgérie, qui, à. son passage à. Toulon, a vu la jeune
Eugénie Colombc, une leUre conlenanl le récit suivant qui confirme
le précedenl, et y ajoule des dél!l.ils qui ne sont pas sans intérêt:
• Cettc enfant, d'lllle beauté remarquable, est d'une vivacilé ex-
lrêmc, mais d'une douceur angélique. Placée sur les gcnoux de sa.
mere, elle a répond u à. plus de cinquante questiolls SUl' l'Évangile.
Interrogée SU l' la géograpb ie, clle m'a désigné toutes les capitales
d' Europe ct des divers étals de I' Amérique; Lous les chefs-lieux des
départements français cL de l'Algérie; elJe m'a. expliqué le systême
décimal , le systeme mélrique. Eu grammaire, Ics verbes. les par-
ticipe.,; ctles adjectifs. EJlc connait, ou du moins définit les quatre
premieres regles. Elle a écrit sous ma dictée, mais avec une rapidité
teHe queje suis porté à. croire qu'e!le écrit médianimiquement. A la
cinquieme ligne e\1e a posé sa plume ; elle m'a regardé fixement avec
ses grands yeux bleus, en me disallt brusquement: • Monsieur 1 c'est
- 50 -
assez ; . puis elle e!3l dcscendue de SOIl siége et a couru à scs joujoux.
t'( CeUe enfant esL certai ncment un Espril tres avancé, car on voit
Poésies Spiritea.
(SoeiHê de Paris, 20 juillel l866, méd. M . Vllvasscur.)
Souvenir.
Dcux cnfanls, la S(l'.ur et le frere ,
Rentraient ensemble à la chaumiere
Un soir d'été. Déjà la nuit,
A pllS lents, s'avançait sans bruit,
Derriere eux, blanche et vaporeuse
Comme une ombre rnystérieuse.
L'oisf'llu dorrnait au fond des bois,
Et la bise gtissait sans voix;
Tou! rêvait dans un doux mystere.
La sreur dit teut bas à "on frere :
Frére, j'ai peur; n'entends·lu pas
Une clochc pleurer là·bas?
C'es! le lllgubre et triste glas
D'un trép<lssé. - Ne trembla pas,
Sreur, dit le Crere, c'est une àme
Qui fuit la terre et qui réclame
Une priere. pour payer
Sa placc à l'éternel Coyer.
Allons, soour, prior à 1'J.':glise
Sur la dalle poudrellse et grise
OÚ l'on nous vit, un jour de deuil,
Tous deux dcrrierc un loug cercuei!
Ou dormait notre pauvre mere.
Allons prier pour les morls, soour;
Cela nous portera bonhcur.
Allons, allous! - Et sreur ot Crere,
Une larme seus la paupiére,
Tous deux se tenant par la main,
Prirent l'élroit el vert cheroin
Qui menait à la vieille église.
Une seconde fois la bise
Leur apport..1. lc triste adieu
Du trépassé cherchant son Dieu ,
Et la cloche cessa. sa plainte;
Et muets et tremblants de crainte
- 54 -
Nos deux enfanis silencieux
Marchaient en regnrdant les cieux.
Arrivés au seu il de l'église
lls virent une ferome assisfl
A I'ombre du trislfl pilier
Qui portait le gl'and bénilier.
Les pieds nus, la face voilée,
Pllle, folle et échevelée,
ElJe [l.'écl'iail : O mon Dieu !
O vous qu'on adore en tout !íeu,
En touL temps. partout sur la terre
Comme au ciel, une paune mere
Tre.:i1blanl e, aux pieds de vos autels,
:tevant vos desscins eterllels,
Ose à peine, en votre présence,
Se plaindre et conter Isa soultrance,
Seignellr! Je n'avais qll'un eo/ant,
Un seul; il était rose et blanc
Comme un blanc rayoo qni colore
Un frais matin il. son alll"ore .
Le miroir de s(>s grands yeux bleus
Reflétait j'azul" de vos cieux,
Et SUl" sa bouche un dou:;: sou rire
8emblait se poser et me dire:
Ne pleure plus A ton foyer;
C'est Dieu qui vient de m'envoyer.
Vois, l'orage est dissipe. mcre ;
Le ciel est sans nnagei espereI
Et j'espérais. Mais, p!luvre enfant,
Tu te trompais eo me Irompant~
Quand le \'eot soume SUl' la plnge
11 détroit toul sur son passage,
Ne laissanl que quelquefl roseaux
PaUl" pleurer aux bords de leurs eaux.
EL quand In morl frap pe à la porte
D'lln foye~, elle enlreet emporte
Ton t! lout1. .. Ne laissant à SOtl senil
Cu 'un drap noir pour encher sou deuil.
J e savais pourtant qu'un beau rêve,
S'il commence un matin, s:acheve
Un soil" ici·bas; que la nuit,
Jalouse du soleil qui luir,
Et qui fait pâlir sa triste ombre
Étend bientót un voile sombre
Pour obscurcil' ses mille feux
Et le voiler à tous les yeux.
Oui, je le savais; mals la mere
Ignore lout; qlland elJe espere,
La pauvre mere croit à tout;
Pour un fils, au bonhem SUltoUt.
J'avai s sou(fert toute ma vie,
Ne pouvais-je pas sans folie
- 55-
Espércr un jour debonheur?
11 ('fi fut aulrement! Seigncur
Quo volre volonlé sait faite!
Saulo, dans cette humble retraite,
Ou fui Vl1 rnourir un époux ,
OiL, pâle et tJemblante, à genoux ,
J'ai raçu les ad ioux d'un pere,
Ou vaus enlevcz à la mero
Son dernier cspoir, sou enCanto
Dc\'anl sou hourreau triomphant,
La mort qui contemple sa praia
Avce uo sourire de joio,
Seigneur! je demande à 1-1. maio
Qui frappe tous los miens, demain
De ne paiot épar~cr la m~re
Demandaot sou fils à la terre .
La cloehe une derniere Cais,
A cos maIs, fit parler sa vú ix.
L'Ame de l'enfant SU l' la terre
Hevenait consoleI' la mere
Enlui disant: Jo suis aux cieux !
Quand sreur ot frere soucieux
Sorlirent de la vieille église,
La Cemme ét.nit enCOro o.ssisc.
Dissertations spirites
Les trais causes principales des maladtes.
(ParilJ, 2;\ oçlobre 1866. _ Médillm. M. Dcsliens).
La Clarl!.
(Sociêlê d8 Paril, 5 jan~ier 1866. - Médium, M. L8ymarie.)
Les temps soot venus OU ceUc parole du prophete doit être accom-
pHe: (( Je répandrai, dit le Seigneur, de mon Esprit sur tou1e chair,
et vos enfanls prophelÍfieront, vos vieil1ards auront des songes.• Le
Spirilisme esl cetle diffusion de l'Esprit divin venant instruire et mo-
raliser tous ces pauvres deshérités de la vie spirituelle qui, ne voyant
que la matiere , oubliaient que l'homme ne vit pas seulement de pain.
11 faut au corps un organisme matériel au service de I'ilme, une
Ilourrilure appropriee àsa nature; mais à l'âme, émanation de I' Esprit
Créaleur, il faul un aliment spirituel qu'elte ne trouve que dans la
contemplation desbeautes celcsles, résultant de I'harmonie des facultés
intelligentes dalls leur complet epanouissement.
Tant que I'homme neglige de cultiver son esp rit etreste absorbé par
Ia. l'echerche ou la. possession des biens matériels, son âme est en quel.
que sorte statioonail'e, et illtli faut un grand nombre d'incarnations
avallt qu'elle puisse,obéissant insensiblemcn1 et comme parforce à. la
loi inévitable du progres, aITiver à ce commcocemenl de vi talité in -
tellectuello qui la. rend la directrice de I'être matériel auquel elte es!
- 59-
unie. C'est pour cela que, malgré les enseignements donnés par le
Christ pour faire avancer !'humanité, elle est encore si cn arriere, l'é-
goi"sme n'ayant pas voulu s'efTacer devant celte loi de charité qui doil
changer la face du monde, ct co rai re IIn séjour de paix et de bon heur.
Mais la bonlé de Dieu esl infi nie, E::lIe surpasse ]'indifférence et I'ingra-
titudc de scs enfants; e'est pourquoi il leur envoie ces messagers
di\'ins qui viennent lem' rappeler que Dieu ne les a pas créés pour la
terre, qu'i ls n'y 80nt que pour lU] lemps, afio que, par le travail, ils
développent les qualités déposécs eo germe daos leur â.me , et que ,
citoyens des cicux, ils ne doivent pas se complai re dans une stalion
inférieure à teur ignorance ou leurs faules seulcs les retiennent.
Remerciez donc le Seigneur, et saluez avecjoie l'avénement du
Spiritbme, puisqu'il est l'accomplisscment des prophélies, le sig ne
éclatant de la bonté du Pere de miséricorde, et pour vous un nouvcl
appel à ce dégagement de la maticre, si désirable, puisque seul il
peut vous procureI' un véritablc banhcur. LoUls DE FRANCE.
Notlces bibliographiques
Mirette
Iloman spirite par M. t lio Sa uvagc, membre <.lc la Socii:t(·
<.lc~ gcn.! <.le lcitres (I) .
I'ieuses qui nous inv itcnl à prendre tel parti, à faire ou li. nc pas faire
telle chose, bien que nulle raison n'appuic cette impulsion secrete.
Je pourruis citeI' pl us d' un exe mp t~ ou la déférence à de pareil !'!
averlissemcn ts eut un plein succes, surtout dans la derniere partie de
mon séjou r en ceUe tio malheurcuse, sans comptc~1' bien d'aulres
occasions qui ont dO. m'échapper et auxquelles f'aurais fait. altcntion
si mes yeux avaient &lê dcs lors ouverls SUl' ce poinl. Mais iI n'est
jamais trop lard pour être sage , et je conseil le à tou s Ics hommes
réfléchis dout I'existence serait assujeltie , comme la mienne, à des
accidents eXlraol'dinaires, même 11 des vicissitudes pl us communes ,
de ne jamais négliger ces ovis ~'lItimes de la Providence, Ijuelle que
soit t:intelligt1nce úwisible qui nous les tronsmel.
Pago 28/~ :
• J'avais so uvcnt entendu dcs gens tres-sensés dire que tout cc
qu'on raco ntc des rcvcnants ct des apparition s s'cxpliquepar la force
de l'illlagination; que jamais un Esprit n' est apparu à pcrso nne;
mais. qu'en songeant assido.meut 11 ceux qu'on a perdus, i1s dc-
viennent Icllement présenls à. la pcnscc, que, daos certaincs circons-
tances , on croit les voi r, leul' parlel', entendre Icurs repOIlSeS , ot que
toul cela u'cst qu'une illusion, une ombrc, UIl souvenir .
• ])our moi, jc nc puis dire s'il existe dans le lemps présent des
opparilions véritallN , des spec!res, des persoJ/lles mortes qui revim -
nemerrcl' par le 11, om/e, ou si les histoircs qu' on failsur ces sortes de
fai ts 80nt fondées seulcmc nt SUl" Ics visionsde ce rveaux malades,d'ima-
ginations exal tées e1 désordonnées ; mais, jc sais que la micnne arriva à.
un tel poiut. d'escitation, me jelaen de leI s oxcesdevapcurs fantal'ti-
ques, ou n'importc quel nom 00 voudra leur don ner, quc je croyais
parfois êlre dans mon ile, Juos mon vicux châteall dcrriêrc le bois;
je voyais motl Espagnol, le pere de Vendredi, et les réprotlvés de
matclols que j'M'ais laissés !iur ces hords ; je cruyais même causeI'
avec cux. et quoique je fussc bien éveillé, je les regal'uais !1xemcnt ,
comme s'ils cussent été devant moi. Cela arl'iva asscz souvent pour
m'eITruyer. L:ne fois , dans mon sommeil, le premier Espagnol et lo
vieux sauvage me racolltcrent en des termes si nalurcls ct si éner-
giques los méchuncetés des trois ma~e!ots pirates, que c' était cn
erret surprenant. IIs me dircnt common t ces hommes pervers avaient
tenté d'assassincl' les Espagnols, ensuile avaient bnjlé toutes
- 76 -
leurs provisions 1 dans lc dessein de les faire mourir de faim;
et cc fait, que ia nc pouvaú savoir a/ors cf qui se !rollvail vrai, me
rul montl'é si clail'emen t par mon imagination, q ue je restai con-
vaincu de sn réalité. J'y crus de même à la suile de ce rê ve. J'écou-
tai les plaintes de l'Espagno l avec ulle profonde émotion; je fis venir
les trais coupables devanl moi, el les condamnai à être pendus. On
verra co SQ Il Ii eu ce qu'iI y avait d'cxact dans ce songe. Mais com-
mcnl ces fa its me furenl-ils a insi révélés ? Par quelle secrelc CQmmu -.
nicatioll des Esprits illvi sihles, m'étaient-il s apportés ? C'est cc que
je ne puis expliqueI'. Le lout n'ctait pas litt6ral ement vrai; mais las
poinls pl'incipaux élaient conformes à. Ia réalité, et la. eonduite infàme
de ces h'ois scé[érats cndul'cis avait é lé fort au delà de ce que ['011
pourrait supposer. Mon rêve, à cel égard, n'avail (!ue trop de res-
semblance avec les faits j de plus, jc voulus, quand je me trouvai
dans I'He, les punir tres-séverement, et, si je Ics avais fait pendl'c,
j'aurais été justifié par les lois divines et humaines. •
Page 289 :
« Rien ne démontre plus c1ail'ement la réalité d'une "ie futuro ct
d'lm mrmele i/l visible que le concours des causes seconde!> a vcc ccr-
taines idées que nous nous sommes form ées intérieu rement , snn5
avoir roçu ni donné à leur sujet aucune communicatioll humainc . •
Mangin le Cbarlatan,
Tout le monde a connll cc vendeur de crayons qui , montê sur ulle
voi lure richcment décorée, a O'ublé d' ull casque brillant et d' un cos-
lume éLrange a été pcndant de longues an nécs, une d cs célébrités
des r ues de Paris, Ce l1'était pas un charlatan vu!gairc, cl ceux qu i
l'ont counu personnelle ment s' accordaient à. lui reconnaitre une in-
lelligcnce peu commu ne, une cer/aiue élévaliotl dans la pen.-;ée , et
des qllaliLés morales au-lIessus de sa pl'úfessiou nomauc_ 11 cst 1lI0rt
J'ann éc dCI'n ierc , ct dcplIis iJ s'est communiqué pluflieurs fois spo n-
tan ément à I'uo de nos méd iums. D' aprcs le caractere qu'on lui a
connu, on no sera passurpl'is du vCl'nis philosophiqucque l'on Il'ouve
dans ses comm unications.
Paris, 20 dúcl'mbrc 1SGG, groupe de M. Dcs1icns, médium, M, Bertrand.
LE eRA YON .
La Comédie humaine.
(paris, groupe Dilslielli, 2!l no\'cmb re iSG6. Médium, M. Dcslicns).
Ceci o'cst paint no livre, mais un nrticlc qui pourl'ait faire lln livre
interessant et surtout instruetif, parce que lcs donllees en sont íour-
nies par la science positive, ellraitécs avcr.la clarté ct l'élégance que
le jClIne savant apporlc dans lOlls ses écrits. M. Camille Flammarion
est connll de tous nos lecteul':õ par 50n excellcnl ouv rag~ sur la
Plu/'G/ilé des mondp.s IU/bités, et par les arlides scienlifique s qu'il pu-
blie dana le SiJcle. Celui dont nous o.l1ol1s rcndrc comple csl publié
dans la Revue da X IX· siJcte <lu I" févriel' 18G7 (1).
L'auteur su ppose un entreticll entre UIl individu vivan t nommé
Sitiel/s, et I' Esprit d'un de ses amis nommé Lumen , qui lai décrit
ses dernieres pensécs terrestres, les premieres sensalions de la vie
spiritucl\c, et c::\ les qui accom pagnent le phénomcne de la sépara-
tion. Ce tableau est d'une conformité parfaite avec cc que les Esprits
nous ont appris à cc sujet; c'cslle Spiritisme le plus cxact, moins le
mal qui B'esl pas prononcé. On en jugera par lcs cilalions suivantes !
a La. premiere sensatiou d' identité que l'on éprouve apres la morl
ressemble à celle que l'on ressent au réveil pelldant la vie, lf\1'sque,
revenant peu à peu à la conscience du matin, 0 11 esl encore traverse par
les visions de la nuit. Sollicité par j'avenir ct Ic pnssé, I'Espril chel'che
à. Ia fois à. reprend re pleine po sse~sion de lui -même et i.t. saisir les
impressions fugitives du rêve é\'anoui, qui passent encore en lui avec
leur corlége de lableaux et d'événemcnts. Parfuis, ab::lorbé par ceUe
rétrospection d'un songe captivunt, il sent sous la paupiere qui se re-
ferme, les chalnes de la vision se renouer, et le speclacle se conti-
nuer; il r ctombe à. Ia foi s dans le rêve el dans une sorle de demi-
sommcil. Ainsi se balance llotre faculte pensante au sortir de cette
<I) Chaqlle 1I11méro fornle 1111 volume IIc 160 pagea gr;J,nll in-S . Prix : 2 fr. Paris, li·
br;lirie iulcrnationale, 15, boulcvart MOlltmartre, et 18, Ill'CUlIe Montaiglle, P Jlais Poml,êiC!I.
- 94 -
vie, entre une réalité qu'elle ne comprend pas encore, et uo rêve qui
n'est pas complétement dispam . •
Remarque. Dans celte situatioll de l'Esprit, il o'y a rico d'étonnant
à cc que quelqucs-uns ne croient pas être mor ts.
« La mort o'csl pas. Le fail que vous désignez sous cc nom, la
séparat inll dn corps et de l'àmo, ne s'eITcclue pas, à vrai dire, sous
une forme malel'i el!e compa rable aux séparalions chimiques des élé-
ments dissociés que ['a o observe dans le mond e physique. On ne s'a-
pCl'çoit guere plu!; de celte séparatioll définit ive, qui nous scmble si
cruelle, que l'enfant nouvcau-né ne s'aperçoit de sa naissancc; 1I0US
$ommes en(antés li la vie (uture CQmme 1I0US le (times à la vie Lerres-
tre. Seulemcnt, l'Ame n'étanl p!us envelop pée des langcs cOl'porels
qui la revêten l ici-bas. acquiert plm; promptement la notion de son
état ct de sa. personnalité. Cettc faculté de percep1ion varie tOll lefois
essentiellemenl d'ulle âme à l',,"utre. 11 en cst qui, pendan t la vic du
COI'pS, ne s'éleverent jamais vers le cie l et ne se selltircn~ jamais
anxiellses de pé nétrcr les lois de la création. Celles-Ià, encore domi-
nées par les appélits corpol'els, demeurent longtemps à l'état de
trouble inconscient. 11 en est d'autres, heureusement, qui, dõs cette
vie, s'envolcnt 5'] 1' leurs aspirations ailées vers les cimes du bcll.u
élernel; celles-Ià voient arriver avec calme et sérénité I'installt de la
sépm'ation; elles sa.venl que le progres est la loi de l'existence et
qu'eUes entreront, au delà, dans une vie supéricurc à celle d'cll
deçàj eHes suivent pas à pas la. léLhal'gie qui monte à [eur creur, et
!orsque le dernier battement, len1 et insensible, l'arrêLe en so n cours,
el1es son1 déjlt au-dessus de leur corps, dOl1 t elles ont obsel'vé l'el1dor-
missemcnt,et, se dólivrant des Jiens magnétiques, ellcs se senlen1 rapi-
demcnt emportéel'l, par une {urce illconnuc, VCI'S le point de la création
ou leurs aspiratio:ls, Icurs sentiments, leurs espéwnces, les attirent .
• Les années, les jours et les IIeures sont cOllstitués par les mOIl-
vements dn la terre. En dehors de ccs mou vements lc temps terrestre
n'e.xis{e plu8 da ns l'espace; il est donc absolument impossible d'avoir
!lotion de ce remps. »
Lc Lh' l'c des M é dlunuJ, traduclion en cspagnol sur la 9" édition françaiõe:
Madrid, - Barcelone, - Marstille, - Paris, ali burcau de la Revue spirilc.
AI.LAN KAl\DEC.
Galilée
A propos du drame de M. Ponsard.
L'événement Iittéraire du jour est la représentation de Galilée,
drame en vers de M. Ponsard. Quoiqu'il n'y soit point question du
Spiritisme, il s'y rattache par un côté essentiel: celui de la plura-
lité des mondes habités, et à ce point de vue nous pouvons le consi-
dérer comme une des ceuvres qui sont appelées à favoriser le déve-
loppement de la doclrine, en popularisant un de ses principes fonda-
mentaux.
La destinée de l'humanité est liée à l'organisation de I'univers,
comme celle de l'habitant l'est à son habitation . Dans l'ignorance de
cette organisation, l'homme a dã. se faire sur son passé et sur son
avenir, des idées en rapport ave c l'état de ses connaissances. S'il
avait toujours connu la structure de la terre, il n'aurait jamais songé
à placer l'enfer dans ses entrailles; s'il avait connu l'infini de I'es-
pace et la mullitude des mondes qui s'y meuvent, il n'aurait pas 10-
calisé le ciel au-dessus du ciel des étoiles,. il n'aurait pas fait de la
terre le point central da l'univers, l'unique habitation des êtres vi-
vants; il n'aurait pas condamné la croyance aux antipodes comme
une hérésie; a'H avait connu la géologie, jamais il u'aurait cru à la
formation de Ia terre en six jours, et à son existence depuis six mille
ans.
L'idée mesquine que l'homme se faisait de la création, devait Iui
donner une idée mesquine de Ia divinité. 11 n'a pu comprendre la
grandeur, la puissance, la sagesse infinies du Créateur que Iorsque sa
pensée a pu embrasser l'immensité de l'ullivers et Ia sagesse des lois
- 98-
qui le régissent, comme on juge le génie d'un mécamclen sur l'en-
semble, I'harmonie et la précision d'un mécanisme, et non à la vue
d'un sp,ul rouage. Alors seulement ses. idées ont pu grandir, et s'é-
leveI' au-dessus de son horizon borné. Ses croyances religieuses ont
de tous temps été calquées sur l'idée qu'il se faisait de Dieu et de son
reUVl'e; 1' erreur de ses croyances sur I'origine et la destinée de l'hu-
manité avait pOUl' cause son ignorance des véritables lois de la na-
ture; s'il eut, des l'orígine, connu ces lois, ses dogmes eussent été
tout autres.
Galilée, en révélant un des premiers les lois dn mécanisme de
I'univers, non par des hypotheses, mais par une démonstration irré-
cusable, a ouvert la voie à de nouveaux progres; iI devait, par cela
même, produire une révolution dans les croyances en détruisant 1'é-
chafaudage des systcmes scientifiques erronés SUl' lesquels elles
s'appuyaient.
A chacun sa mission. Ni Mo'ise, ni le Christ n'avaien t celle d'en-
seigner aux hommes les lois de là science; la connaissance de ces
lois devait être le résultat du travail et eles recherc!tes de 1'1wmme, de
l'activité et du développement de son propre espril, et non d'une
révélalion à pTÍol'i, qui lui etH donné le savoíl' sans peine. I1s n'ont
du et pu lui parler qu'un langage approprié à son état intellectuel,
autrement ils n'en eussent pas été compris. Mo'ise et le Christ ont eu
leur mission moralisatrice; à des génies d'un autre ordre sont dé-
férées les missions scientifiques. Or, comme les lois morales et les
lois de la science sont des loís divines, la religion et la phitosophie
ne peuvent être vraies que par l'alliance de ces lois.
Le Spiritisme est fond é SUl' l'existence du príncipe spirituel, comme
élément constitutif de 1'univers ; il repose sur l'universalité et la per-
pétuité des êtres intclligents, SUl' leur progres indéfini à travers les
mondes et les générations; SUl' la pluralité des existencf'S corporelles
nécessaires à leu1' prog1'es individueI; sur leur coopé1'ation relative,
comme incarnés ou désincarnés, à l' reuvre générale dans la mesure
du progres accompli; SUl' la solidarité qui relie tous les êtres d'un
même monde et des mondes entre eux. Dans ce vaste ensemble, in-
carnés et désincarnés, chacun a sa mission, Eon rôle, des devoirs à
rempli1', depuis le plus infime jusqu'aux anges qui ne Bont aulres que
des E ~ prit.s humains arrivés iL J'état de {lurs Esprits, et auxquels sont
confiés les grandes missions, les gouvernements des mondes ,
comme à des généraux expérimentés; au lieu des solitlldes désertes
de l'espace sans bornes, partout la vie ct l'activité, nulle part l'oisi-
- 99-
veté inutile; partout I'emploi des connaissances acquises; partout le
désir d'avaocer encore, et d'augmenter la somme du bonheur, par
I'utile usage des facultés de l'intelligen ce. Au lieu d'une existence
éphémere et uni que, passée sur un retit coin de terre, qui décidc à
tout jamais de son sort futur, impose des bornes à son progres, et
rend stérile , pour l'avenir, la peine qu'il se donne de s'inslruire,
I'homme arour domaine l'univers; rien de ce qu'il sait et c.e ce qu'H
fait n' est perdu : l'avenir est à lui; au lieu de l'isolement égolste, la
solidarilé universelle; ª u lieu du néant, selon quelques-uns, la vie
étel'l1elle; au lieu d'une béatitude contemplative perpétuelle, selon
d'autres, qui en ferait une inutilité perpétuelle, un rôle actif p1'o-
portionn é au mérite acquis ; au lieu de châtiments irrémissibles pOUl'
des fautes tempo1'aires, la positiol1 que chacun se fait par sa persé-
vérance dans le bien ou dans le mal; au lieu d'une tache originelle
qui ren d passible de fautes que l'on n'a pas commises, la conséquence
naturelle de ses propres imperfections natives; au lieu des flammes
ele l' enfer, l'obligation de réparer le mal qu'on a fait, et de recom-
menceI' ce qu'on a mal fait; au lieu d'un Dieu colhe et vindicatif,
UI1 Dieu juste et bon, tenant compte de tous les repentirs et de toutes
les bonnes volontés.
Tel est, en abrégé, le tableau que présente le Spiritisme, et qui
ressort de la situation même des Esprits qui se manifestent; ce n'est
plus une simple théorie, mais un résultat d'abservation. L'homme
qui envisage 1es choses à ce point de vue se sent grandir; il se releve
à ses propres yeux; il est stimulé dans ses instincts progressifs en
voyant un but à ses travaux, à ses efforts pour s'améliorer.
Mais pour comprendre le Spiritisme dans son essence, dans l'im-
mensilé des choses qu'il embrasse, pour comprendre le but de la vie
et la destill ée de l'homme, il ne fallait pas reléguer I'bu manité SUl'
UII petit globe, borner l'existence à quelques années, rapetisser 1e
créateur et la créature; pour que l'homme put se faire une idée
juste de son rôle dans l'univers, il fallait qu'il comprit, par la plura-
llté de::; mondes, le champ ouvert à ses explorations futures et à l'ac-
tivité 'de son esprit; pour reculer indéfiniment les bornes de la créa-
tíon, pour détruíre ses préjugés SUl' les lieux spécíaux de récompense
et de punilion, sur les différents étages des cieux, il fallait qu'il pé-
nétrât les profondeurs de I'espace; qu'au li eu du cristallin et de
l'empyrée, il y vit circuleI', dans une majestueuse et perpétuelle har-
monie, les mondes innombrables semblables au sien; que partout sa
pensée rencontrât la créature intelligente.
- 1.00-
L'histoil'e de la terre se lie à celle de I'humanité; pour que
l' homme pút se défaire de ses mesquines et fausses opinions SUl' l'é-
poque, la durée et le mode de créatian de notre globe, de ses
croyances légendaires SUl' le déluge et sa propre origine; pour qu'il
consentIt à délager du sein de la terre l'enfer et l'empire de Satan,
il fallait qu'il pút lire dans les couches géologiques l' histoire de sa
formation et de ses révolutions physiques. L'astronomie et la géolo-
g ie, secondées par les découvertes de la physique et de la chimie,
appuyées sur les lois de la mécanique, sunt les deu x puissants leviers
qui ont battu en breche ses préjugés sur san origine et sa destinée.
La matiere et l' esprit sont les deux principes constitutifs de l'uni-
vers; mais la connaissance des lois qui régissent la matiere devait
précéder celle des lois qui régissent l'élément spirituel; les pre-
mieres seules pouvaient combattre victorieusement les préjugés par
l'évidence des faits. Le Spiritisme, qui a pour objet spécial la con-
llaissance de l'élément spirituel, ne devait venir qu'en second; paul'
qu'il pút prenc1re san essor et porter des fruits, pour qu' iI pôt
être compris dans son ensemble, iI fallait qu'iI trouvât le terrain pré-
paré, le champ de l'esprit humain déblayé des préjugés et des idées
fausses, Sill011 en totalité, du moins en grande partie, sans cela 011
n'aurait eu qu'un Spiritisme étriqué, bâtard, illcomplet, et mêlé à
des croyances et à des pratiques absurdes, comme il I' est. encore
aujourd'hui chez les peuples arriérés. Si 1'011 considere la situation
morale actuelle des nations avancées, on reconnaitra qu'il est venu
en temps oppartun pour combler les vides qui se font dans les
croyances.
Galilée a ouvert la route; en déchirant le voile qui cachait I'infini,
il a élargi le domaine de l'intelligence, et porté UH coup fatal aux
croyances erronées; il a détruiL plus de superstitions et d'idées
fausses que tOlItes les philosophies, car il les a sapées par la base en
montrant la réalité. Le Spiritisme doit le placer au rang des grands
génies qui lui ont frayé la voie en abaissant les barrieres que lui op-
posait I'ignarance. Les persécutions dont il fut l'objet, et qui sont le
lot de quiconque s'attaque aux préjugés et aux idées reçues, l'ont
grandi aux yeux de la postérité, en même temps qu'elles ont abaissé
les persécut~urs. Qui est aujourd'hui le plus grand, d'eux ou de lui?
Nous regrettons que le défaut d'espace ne nous permette pas de
citeI' quelques fragments du beau drame de M. P onsard. Nous le fe-
rons dans le prochain numéro.
- 101 -
De l'Esprit prophétique.
Par le comte J oseph de Maistre.
La Ligue de l'Enseignement.
2" Article.
(Voir le na précédent, page 79.)
Manifestations spontanees.
Moulin de Vicq-sur-Nahon.
Sous le tltre de : Le diable au maulin, le il10niteur de l' lndre de
février 1867 contient le récit suivant :
« Le sieur Garnier, François, est fermier et meunier au bOllrg de
Vicq-sur-Nahon. C' est, nous aimons à le penser, un homme paisible,
et cependant, depuis le mois de septembre, son monlin est le théâtre
de faits miracul eux, propres à faire supposer que le Diable, ou toat
au moins un Esprit facétieux, y a fait élection de domicile. Par exem-
pie, il paralt hOl's de doute que, diable ou Esp1'it, l'auteur des faits
que nous avons à raconter, aime à dormir la nuit, cai' il ne travaille
que le jour.
« Notre Esprit aime à jongler avec les draps des lits. 11 les prend
sans que per~ onne s'cn aperçoive, les emporte et va les cacher snit
dans un poinçon, soit dans le four ~ soit sous des bottes de foin. II
transporte d'une écurie dans une autre les draps du lit du garçon
d'écurie, et on les retrouve plus d'une heure apres sous du foin ou
dans un râlelier. Pour ouvrir leB portes,"I'Esprit de Vicq-sur- Nahon
n'a pas besoin de clé. Un jour le sieur Garnier, en présenee de ses
domestiques, ferme à dOllble tour la porte de la bOlllangerie et met
la clé dans sa pache, et cependant cette porte s'ouvre presque im-
médiatement sous les yeux de Garnier et de ses domestiques sans
qu'i!s puissent s'expliquer comment.
(( Une aulre fois, le ler janvier, - façon tont à fait neuve de sou-
hailer la bonne année à quelqu'un, - un peu avant la nuit, le lit de
plumes, les draps, les couverLures d'un lit placé dans une chambre
- H9-
sont enlevés sans que le lit soil dérangé, et on retrouve ces objets à
teITe pres de la porte de la cbambre. Garnier et les siens imaginent
alors, dans I' espérance de conjurer toute cette soreellerie, de chan-
ger les lits de ehambre, ce qui a lieu en effet; mais le déménagement
opéré, les faits diaboliques que nous venOllS de raconter recommen-
cent de plus be!le. A différentes reprises, un gareon d'éeurie trouve
ouvert le coffre ou il Serff\ ses effets, et eeux-ei épars dans l'éeurie.
« Mais voiei deux circonstanees ou se révele toute l'habileté dia-
bolique de I'Esprit. Au nombre des domestiques du sieur Garnier se
trouve une petite filie de 13 ans, nommée Marie Riehard. Un jour,
cette enfant, étant dans une ehambre, vit tout à coup se dresser sur
le lit une petite chapelle, et tous les objets placés sur la cheminée,
4 vases, 1 christ, 3 verres, 2 tasses, dans I'une desquelles était de
I'eau bénite, et une petite bouteille remplie aussi d'eau bénite, aller
suceessivement, comme obéissant à l'ordre d'un être invisible, pren-
dre place SUl' l'autel improvisé. La porte de la chambre était entr'ou-
verte, et la femme du frere de la petite Richard prês de la porte.
Une ombre est sortie de la chapelle, au dire de la petite Richard,
s'est approchée de l'enfant et \'a chargée d'inviter SéS maitres à
donner UH pain bénit et à faire dire une messe. L'enfant le promit;
pendant neuf jours le calme régna dans le moulin; Garnier fait dire
la messe par le curé de Vicq, offre un pain bénit, et des le lende-
main, 15 janvier, les diableries reeommencent.
« Les clés des portes disparaissent; les portes qu'on a laissées ou-
vertes se trouvent fermées, et un serrurier appelé pOul' ouvrir 1<1
porte du moulin, ne peut y parvenir et se voit dans la nécessité de
dérnonter la serrure. Ces derniers faits se passaient le 29 janvier. Le
même jour, vers mídi, comme les domestiques prenaient leurs re-
pas, la fili e Richard prend un broe de boisson , se sert à boire, et
la montre du sieur Garnier, aceroehée à un clou de la eheminée,
tom be dam, son verre. On replace la montre à la cheminée ; mais la
fili e Richard, en se servant d'un plat servi SUl' la table, amene la
montre avec sa cuillere. Pour la troisieme fois, on aeeroche la mon-
tre iL sa place, et, pour la troisiême fois, la petite Riehard la trouve
dans un pot qui bcuilll;iit devant le feu, ainsi qu'une petite bouleille
renfermant un médieament, et dont le bouehon lui saute au visage.
q Bref, la terreur s'empare des habitants du mOlllin; personne ne
veut plus rester dans une maison ensorcelée. Enfin Garnier prit le
parti de prévenir M. le commissaire de police de Valençav qui se
rendit à ViCq1 accompagné de deux gendarmes. Mais le dlable n' a
pas jugé à propos de se montrer aux agents de I'autorité. Seulement,
eeux-ci OJ1t conseillé à Garnier de renvoyei' la filie Richard, ee qu'il
a fait aussilôt. Cette mesure aura-t-elle suffi à mettre le dia-
- 120-
ble en déroute? Espérons-Ie, pour le repos des gens du moulin.
Dans un numéro postérieur, le .lI1oniteur de l' lndre contient ce qui
suit:
« Nous avons raconté, en leur temps, toutes les diableries qui se
sont passées au moulin de Vicq-sur-Nabon, dont le sieur Garnier est
locataire. Ces diableries, jusqu'à présent comiques, commencent à
tourner à la tragédie. Apres les farces, Ies jongleries, les tours de
prestidigitation, voici que le diable a recours à I'incendie.
« Le 1.2 de ce mois, deux tentatives d'incendie ont eu lieu presque
simultanément dans les écuries du sieur Garnier. La premiere a eu
lieu vers cinq heures du soir. Le feu a pris dans la raiIJe, au pied du
lit des garçons meuniers. Le second incendie a éclaté environ une
heure apres le premier, mais dans une autre écurie. La feu a pris
également au pied d'un lit et dans la paille.
« Ces deux incendies ont été heureusement éteints par le pere de
Garnier, âgé de quatre-vingts ans, et ses domestiques, prévenus par
la nommée Marie Richard.
« Nos lecleurs doivent se rappeler que cette jeune filie, âgée de
quatorze ans, s'apercevait toujours la premiere des sorcelleries qui
avaíent lieu au moulin, si bien que, SUl' les conseils qui lui avaient
été donnés, Garnier avait renvoyé de chez lui la filie Richard.
Lorsque les deux incendies ont éclaté, cette filie était rentrée depuis
quinze jours chez le sieur Garnier. C'est elIe encore qui s'est aperçue
la premiêre des deux incendies du 12 mars.
(i D'apres les recherches faites au moulin, Ies soupçons se pbrte-
rent sur deux domestiques. I
«La famille Garnier est tellement frappée des événements dont son
moulin a été le théâtre, qu'elle s'est persuadée que le diable, ou tout
au moíns quelque Esprit malfaisant a élu domicile dans leur demeure."
Vn de nos amis a écrit au sieur Garnier, en le pl'iant de lui faire
savoir si les faits rapportés par le journal étaient réels ou des contes
faits à plaisir, et dans tous les cas, ce qu'il pouvait y avoir de vrai
ou d' exagéré dans ce récit.
M. Garnier a répondu que tout était d'une parfaite exactitude et
conforme à la déclaration que lui-même avait faite au commissaire
de police de Valençay. 11 confirme aussi les deu x incendies et ajoute:
Le journal n'a même pas tout raconté. Selon sa lettre, les faits se pro~
duisaíent depuís quatre à cinq mois, et ce n' est que, poussé à bout par
leul' répétition, sans pouvoir en découvrir I' auteur, qu'il a fait sa dé-
claration. 11 termine en disant : « J e ne sais, monsieur, dan s quel
but vous me demandez ces renseignements; mais, si vous avez
quelques connaissances dans ces choses-Ià, je vous prie de prendre
part à mes peines, car je vous assure que nous ne sommes pas à notre
- 121 -
aise dans notre maison. Si vous pouvez trouver un moyen de décou-
vrir l'auteur de tous ces faits scandaleux, vous nous rendriez un
grand ser vice. »
Un point important à éclaircir était de savoir quelle pouvait être
la participation de la jeune filie, soit volontairement par malice, soit
inconsciemment par son influence. Sur cette question, le sieur Gar-
nier dit que l' enfant n' ayant été hors de la maison que pendant quinze
jours, il n'a pu juger de I'effet de son absence; mais qu'il n'a aucun
soupçon sur elle J comme malveillance, non plus que sur ses autres
domestiques; qu'elle avait presque toujours annoncé ce qui se pas-
sait hors de sa portM; qu'ainsi, elle avait dit plusieurs fois: «Voilà
le lit qui se bouleverse dans telle chambre, » et qu'y étant entré sans
la perdre de vue, on trouvait le lit bouleversé; qu'elle a pareillement
prévenu des deux incendies arrivés depuis son retour.
Ces faits, comme on le voit, appartiennent au même genre de phé-
nomenes que ceux de Poitiers (revue de février et mars 1864, pages 47
et 78, - id., mai 1865, page 134); de Marseille (avril1865, page
1 ~ 1) ; de Dieppe (mars 1860, page 76), et tant d'autres qu'on peut
appeler manzfestations tapageuses et pertul'batl'ices.
Nous ferons d'abord remarquer la différence qui existe entre le
ton de ce récit et celui du journal de Poitiers à l'occasion de ce qui
s'est passé dans cette ville. On se rappelle le déluge de sarcasmes
gu'il fit pleuvoir à ce sujet SUl' les Spirites, et sa persistance à soute-
Bir contre I'évidence que ce ne pouvait être que l'reuvre de mauvais
plaisants qu'on ne tardeI'ait pas à découvI'ir, et qu'en définitive 011
B'a jamais découverts. Le Mon iteur de l'Indre, pIus prudent, se
borne à nn récit qui n'est assaisonné d'aucune plaisanterie déplacée,
et qui implique plutôt une affirmation qu' une négation.
Une autre remarque, c'est que des faits de ce genre ont eu lieu
bien avant qu'il ne fUt question du Spiritisme, et que depuis ils se sont
presque tonjours passés chez des gens qni ne le connaissaient même
pas de nom , ce qui exclut toute influence due à la croyance et 1;.
I'imagination. Si l'on accusait les Spirites de simuleI' ces manifesta-
tions dans un but de propagande, on demanderait qui pouvait les
produire avant qu'il n'y eut des Spirites.
Ne conn aissant ce qui s'est passé au moulin de Vicq~sur-Nahon
que par le récit qui en est fait, nous nous bornons à constateI'
qu'ici rien l1e s'écaI'te de ce dont le Spiritisme admet la possibilité,
ni des condiLions noI'males dans lesquelles de pareils faits peuvent se
produire; que ces faits s'expliquent par des lois paI'faitement natu-
relles, et n'ont par conséqllent rien de merveilleux. L'ignoI'ance de
ces lois a seule pu, jusqu'à ce jour, les faire considérer comme des
effets surnaturels, ainsi qu'il en a été de presquc tous les phéno-
menes dont la science a plus tard révélé les lois.
- t22-
Ce qui peut sembler plus extraordinaire, et s'explique moins faci-
lement, c'est le fait des portes ouvertes apres avoir été soigneuse-
ment fermées à clef. Les manifestations modernes en offrent plu-
sieurs exemples. Un fait analogue s'est passé à Limoges, il ya ql1s1-
ques années (Revue d'aoút J 860, page 249). De ce que l'état de
nos connaissances ne nous permettrait pas d'en donner encore une
explication concluante, cela ne préjugerait rien, cal' nous sommes
loin de connaitre toutes les lois qui régissent Ie monde invisible,
toules les forces que receie ce monde, ni toutes les applications des
lois que nous connaissons. Le Spiritisme n'a pas encore dit son der-
nier mot, tant s'eo faut, pas pIus sur les choses physiques que sur
les choses spirituelles. Bien des découvertes seront Ie fruit d'obser-
vations uItérieures. Le Spiritisme n'a fait el1 quelque sorte, jusqu'à
présent, que poser les premiers jalons d'une science dont la portée
est inconnue. A l'aide de ce qu'il a déjà découvert, il ouvre à ceux
qui viendront apres nous Ia vaie des in vestigations dans un ordre
spécial d'idées. Il ne procede que par observations et déduc-
tions et jamais par supposition. Si un fait est constaté, il se dit qu'il
doit avoir une cause, et que cette cause ne peut être que naturelle,
et alors il la cherche. A défaut d'une démonstration catégorique, iI
peut donner uné l{ypothese, mais jusqu'à confirmation , il ne Ia donne
que comme hypothese, et non comme vérité absolue. A l'égard du
phénomene des portes ollvertes, comme à celui des apports à travers
les corps rigides, il en est encore réduit à une hypothese basée SUl'
les propriétés fluidiques de Ia matiere, tres imparfaitement con--
nues, ou, pour mieux dire, qui ne sont encore que soupçonnées.
Si le fait en queslion est confirmé par l'expérience, il doit avoir,
comme nous l' avons dit, une cause naturelle; s'il se répete, c' est
qu'il n'est pas une exception mais la conséquence d'une loi. La pos-
sibilité de la dálivrance de saint Pierre dans sa prison, rapportée aux
Acles des apôtres, chap. XII, serait ainsi démontrée sans qu'il fUt
besQin d'avoir recours à un miracle.
Manifestations de Ménilmontant.
«Un fait singulier se renouvelle fréquemment elans le quarLier
Ménilmontant,sans qu'on ait pu encore en expliqueI' la cause.
« M. X ... , fabricant de bronzes, habite un pavillon qui s.e tronve
au fonel de la maison; on y entre par le jardino Les ateliers 80nt à
gauche et la saIle à manger est à droite. Une sonnette est placée au-
dessus de la porte de la salle à manger; naturellement, le cordún est
à la porte du jardino L'allée C8t assez longue pour qu'une peI'sonne
ayant sonné ne puisse s'enfuiI' avant qu'on ne soit venu ouvrir.
« Plusieurs fois le contrc-mai tre, ayant entenda la sonnette, alia
à la porte et ne vil personne. On crut d'abord à une mystification;
mais on eut beau être aux aguets et s'assurer qu'aucun fil conducteur
n'aboutissait à la sonnette, on ne put rien décollvrir, et le manége
continuait toujours. Un jour même la sonnette s'agita pendant que
M. et Mme X•.• se trouvaient précisément au-dessous et qu ' un ap-
prenti était dans l'allée devant le cordon. Cc fait s'est renouvelé trois
fois dans la même soirée. Ajoutons que parfois la sonnette s'agitait
tout doucement, parfois d'une mani.ere tres bruyante.
« Depuis quelques jours, ce phénomene avait cessé, mais avant-
hier au soir il s'est renouvclé avec plus de persistance.
« Mme X... est une femme tres pieuse; c' est une croyance dans
son pays que les morts viennent I'éclamer les prieres des parents. Elle
pensa à une tante défunte et crut avoir trouvé l'explication; mais
prieI'es, messes, neuvaines, rien n'y a fait; la sonnette tinte toujours.
- 125-
« Un métallurgiste distingué, à qui le fait était raconté, pensait que
c'était un phénomene scientifique et qu'une cerlaine quantité d'eau-
forte et de vitriol, qui se trouvait dans I'atelier, pouvait dégager une
force assez grande paul' faire mouvoir le fil de fel'; mais ces substances
ayant été éloignées, le fait n'a pas cessé de se produ ire.
« Nous ne chercherons pas à l'expliquer, c'est l'affaire des savants,
Dissertations spirites
Mis8ion de la femme.
(Lyon , 6 juillet 1866, groupe de Mad. Ducard, méd . Mad. R ... )
Bibliographie.
Changement de titre de la VÉ RITÉ de Lyon.
Le journal la Vérité, de Lyon, vient de changer son titre; à
partir dn 10 mars 1867, elle prend celui de La tribune universelle,
journal de la libre conscience et de la libre pensée. Elle l'annonce et
en expose les motifs dans la note suivante insérée dans le numéro du
24 février.
A nos freres et sceurs Spirites.
Philaléthes, le c.hampion infatigable que vous connaissez, a cru
devoir vous informer qu'il dirigerait désormais ses investigations vers
la philosophie générale et non plns seulement vers le Spiritisme dont,
grâce à leurs préjugés, les sava.nts ne veulent pas même entendre
prononcer le nom. Mais il ne faudrait pas vous imaginer, chers freres
et sreurs, qu'en enlevant l'étiqueLte du sac, apres tout fort indifférente,
il veuille en jeter, pas plus que nous-même, le contenu aux orties!
En ce qui nous concerne personnellement, nous serions désolé que
nos lecteurs puissent nous soupçonner un seul instant de vouIoir dé-
ser ter une idée pour laquellc nous avons dépensé toutes les forces
vives dont nous étions capable. L'idée spirite fait aujourd'hui partie
intégrale de nolre être, et nous l'enlever serait vouer à la mort notre
cceur, notre esprit.
Si nous sommes spirites, néanmoins, et précisément parce que
nous croyons l'être dans le vrai sens du mot, nous voulons nous
montrer charitables, lolérants pour tous les systemes opposés, et
nous vouions courir vers eux puisqu'ils refusent de venir à nous.
L'étiquette de Spirites coIlée à notre front est pour vous un épou-
vuntail, messieurs les négateurs? eh bien, nous consentons volon-
tiGrs à l'enlever, nous réservant de Ia porter haut dans nos âmes.
Nous ne nous appellerons donc plus LA VÉRITÉ , journal riu Spiri-
- 128-
tisme, mais IA TRIBUNE UNlVERSELLE, journal de la libre conscience
et de la libre pensée. Ce terrain est aussi vaste que le monde, et les
systêmes de toute sorte pourront s'y débattre à leur aise, risquer des
passes d'armes avec les transfuges de la Vérité, qui réclameront
pour eux-mêmes le droit accordé à tous : la discussíon. C'est alors
qu'enflammés par la luUe, inspirés par la foi et guidés par la raisoll,
nous espérons faíre briller aux yeux de nos adversaires une si vive
lumiere, que Dieu et l'immortalité se dresseront devant eux non plus
comme un hideux fantôme produií; des siecles d'ignorance, mais
comme une douce et suave vision ou se reposera enfin l'humanité
entiere. E. E.
Carta de un Espiritista
(Lettre d'un Spiritc)
Au Docteur Fraucisco de Paula Canalejas.
Brochure imprimée à Madrid (J), en langue espagnole~ contenant
les principes fondamentaux de la doctrine spirite, tirés du Qu' est-ce
que le Spiritzsme? ave c cette dédicace :
c( A monsieur Allan Kardec, le premier qui a décrit avec méthode,
Atmosphe re fJpirituelle.
notre énergie à cette grande vérité, mais nous faisons observer que
le 11:0t même de miracle (mirum, chose étonnante et jusqu'alors
- i33 -
inexpliquée) ne veut pas dire, tant s'en faut, interversion des lois de la
nature, mais bien plutôt flexibilité de ces mémes tois encore inconnues
de l' esprit /wmain. Nous disons même qu'il y aura toujours des mi-
raeles, car l'ascellsion de l'humanité vers la connaissance de plus en
plus parfaite étant toujours progressive, cette connaissance aura
besoin constamment d'être devancée et aiguillonnée par des faits qui
paraitront merveilleux à l'époque ou ils se produiront et ne !':eront
compris et expliqués que plus tardo Un écrivain tres accrédité de
notre école s'est laissé prendre à cette objection; (Allan Kardec)
il répete dans maints passages de ses reuvres qu'il n'y a ni merveil-
leux, ni miracles; c'est une inadvertance résultant du faux sens de
surnatul'el repoussé complétement par l'étymologie du moto Nous
disons, nous, que si le mot miracle n'existait pas, pour qualifier des
phénomenes encore à l' 8tude et sortant de la science vulgaire, il fau-
drait 1'inventer commo le plus approprié et le plus logique.
« Rien n'est surnaturel, nous le répétons, car en dehors de la na-
ture créée et de la nature incréée, il n'ya rien absolument de conce-
vable; mais il y a du sur/zumain, c'est-à-dire des phénomenes qui
peuvent être produits par des êtres intelligents autres que les hom-
mes, selon les lois de leur nature, ou bien produits, soit médiate-
ment, soit inlmédiatement par Dieu, selon sa nature encore et d'a-
]ires ses rappor!s naturels avec ses créatures. II
PHILALETHES.
«J'ai souffert, O1on Dieu! est· ce l:lssez?' vous êtes trop b011, Sei-
gneur! oui, en présence de mou crime et d;e l~exp'Íation,je trouve que
vous a vez été trop miséricordi'eux .
Priez pour mui, chers parents, C'hers amis; maintenant mes sout'-
frances sont passé'es. Pauvre madame D ... , je vous fai s souirrir!
c' est qu'il était bien pénible paUl' moi de venir faire I'aveu de ce
crime immense !
« Espérance, mes bons amis, Dieu m'a remis ma faute ; je suis
maintenant dans la joie, et cependant aussi dans la peine ; voy ez-
- 143 -
vous ! ma a beau êtredans un état meiIleul', avoir expié: la pensée,
le sOllvenir de ses crimes laissent une telle impression, qu'iil est im-
possible qu'on n'en ressente pas longtemps encore taute l'horreur,
cal' ce n'est pas seulement sur terre que j'ai soutTe;-t, mais' avant,
dans eette vie spirituel1e! Et, quelle peine j'ai eue à me décider à
venir souffrir celte expiation terpi:ble! je ne :pui'S vol'ls narreI' tout
cela, ce serait trop affreux! La \"ue constante de Hla victime, et
I'autre) la pauvre mere! Enfin, mes amis : prieres paul' moi et
grâccs au Seignem! Je vous a'Vais promis ce récit; il fallait jus-
qu'au bout que j'acquitasse ma detle, qnoi qu'il put m'en couter.
(Jusqu'ici le médium avait écrit S0U€ l'elnpire d'une vive émotion;
il continua av'ec plus de calme.)
Et mah,tenant, mes bons parents, un mot de consolafion. Memi.
oh merci! à. vous qui m'avez aidé dans cette expiation, et qui em
avez porté une partie ; vaus avez acto~ci, a:utant qu'il dérendait de
vaus, ce qu'il y avait d' wmerclans ffi:(i)D état. Ne V0U'S chag.rinezpas,
c'est une chose p2Jssée; Je suis heureux, je vaus I'ai dit, surlout an
comparant I' état passé à. l' état présent. Je vaus aime tO{llS; je vous
remercie; je vous embrasse; aimez-moi toujours. Nous nous retrou~
verons, et, tous ensemble, naus continuerons celte vie éternelle, en
tâchant que la vie future rachete enticrernent la vie passée.
Votre fils, FRANÇOIS E.
I:INQUISITEUR
hwnanüés, soit dans l'ordre physique, soz'! dflns l'ol'dl'e moral, ils
en subissent une sorte de cummotz'on últime, com me on voit une
cOl'de vibrante faiTe entrer e.n vibration une aulre corde située d dis-
tance.
« Depuis un an (l'année de ce monde est égale à dix des nôtres) ,
ils s' étaient sentis attirés par une émoüon particuliêre vers la planete
terrestre; et les observateurs avaient suivi avec intérêt et inquiétude
la marche de ce monde. »
On serait dans l'erreur si l'on indllisait de ce qui, préoede que les
habitants des différentes sphêres portent, du point ou ils sont, un
regard ü1Vestigateur sur ce qui se passe dans les autres mondes, et
que les événements qui s'y accomplissent passent sous leurs yeux
comme dans le champ d'un e lune tte. Chaque monde d'ailleurs, a ses
préoccupations spéciales qui captivent l'attention de ses habitants,
selou leurs besoins propres, leurs moours toutes difTérentes, et leur
degré d' avancement. Lorsque les Esprits incarnés dal15 une planete
ont des motifs personnels de s'intéresser à ce qui se passe dans un
autre monde, ou à quelques-uns de ceux qui J'habitent, leur âme s'y
lransporte, comme le fi t ceBe de Lumen, à l'état de dégagement, et
alors ils redeviennent momentanément, pour ainsi d.ir'e habitants
"pirituels de ce II!0nde, ou bien ils s'y incarnent el1 mission. Voilà,
riu moins, ce qui résulte de l'enseignement des Esprit~.
(I) 170 trillions, 392 milliards de lieues ! Par la distance qui sépare les éloileg va i
sines on peut juger de l'étendue occu pée par l'elEelOb!e de celles qui nous pardissent
cependant à la vue si pres les uneô des au lres, sans compter le nombre inüniment
plus grand de celles qui ne sont percep libles qu'à J'nide du télescope, et qui ne sont
elles-mêmes qu'une infime fraction de ce ll ~s qui, perdues dans les profondeurs de !'in-
lini, échappent à tous lIOS moyens d'investigalion. Si J'oa considere que chaque étoile
est un solei!, centre d' un tour.billon plan é t~ ir e, 01\ comprendra que nolr6 propl'e lom-
hilton n'est qu' un point dans celte immensilé. Qu'est donc notre globe de 3,000 lieues
de diametre parmi ces milliards de monde? Que sont ses habitants qui ont cru longo
iemps leur petit monde le poiot central de J'unive,rs, et se sont crus tl ux-mêmes les
sculs êtres vivanls de la création, concentrant en eux seuls les préoccupations et la
sollicitude de r Éternel, et croyanl de bonne foi que le speclacIe de, cieux n'était fait
que pour récréer leur vue? Tout ce systeme égolste et mesq uin, qui a'fait pendant de
longs siecles le fondement de la foi religieuse, s'est écroulé devanllell découvertes de
Galilée.
- 156-
Celte derniere partie du récit de Lumen manque donc d'exacti-
tude; mais il ne faut pas perdre de vue que cette histoire n'est
qu'une hypothêse destinée à rendre plus accessibles à l'intelligence,
et en quelque sorte palpables par la mise en action, la démonstratioll
d'une théorie scientifique, ainsi que nous I'avons fait observeI' dans
notre précédent article.
Nous appelons l'atten lion sur le paragraphe ci-dessus ou il est dit
que : (( Les grandes perturbations plzysiques et morales d'un monde
produisent sur les mondes voisins · une sorte de commotion intime,
comme une corde vibrante fait vibrer une autre corde placée à dis-
tance. » L'auteur, qui en matiere de science ne parle pas à la légere,
énonce là un principe qui pourrait bien un jour être converti cn loi.
Déjà la science admet, com me résultat d'observation, l'action réci·
proquc malérielle dcs astres. Si, co mme on commence à le soup çon-
ner, cette action, augmentée par le fait de certaines circonstances,
peut occasionner des perturbations et des cataclysmes, il n'y aurait
rien d'impossible à ce que ces mêmes perturbations eussent leul'
contre coup . Jusqu'à présent la science n'a considéré que le principe
matériel; mais si l' on tient compte du principe spirituel comme élé-
ment actif de l'univers, et si \'on songe que ce principe est tout aussi
général et tout aussi essenliel que le principe matériel, on conçoit
qu'une grande effervescence d e cet élément et les modificatiqns qu'il
subit sur un point donné puissent avoir lem réaction, par suite de la
corrélation nécessaire qui existe entre la matiere et l' esprit. li y a
certainement dans cette idée le germe d'un principe fécond et d'unc
étud e sérieuse dont le Spiritisme ouvre la voie.
DissertatioDs spirites
La vie spirituelle.
(Groupe-Lampériel'e, 9 j anvier 1861. Médium, M. Delanne.)
Je suis là, bienheureux de venir vous saluer, vous encouragel' ct
vous dire :
Freres, Dieu vous comble de ses bienfaits, en vous perm ettant en
ces temps d'incrédulité, de respirer à pleins poumons l'air de la vic
spirituelle qui souffle avec vigueur à travers les masses compactee.
Croyez votre ancien sociétaire, croyez votre ami intime, votrc
frere par le creur, la pensée, la foi; croyez aux vérités enseignées:
elles sont aussi sures que logiques; croyez en moi qui, il y a quel-
ques jours, me contentais com me vous de croire et d' espérer, tan dis
qu'aujourd'hui la douce fiction est pour moi une immense et pro-
fonde vérité. Je touche, je vois, je suis, je possede, donc cela est;
- 157 -
j'analyse mes impressions d'aujourd'hui et les compare avec ceIles
loutes frakhes encore de la veille.
Non-seulement, il m'est permis de comparer, de synthétiser, de
peser mes actions, mes pensées, mes réflexions, de les juger par le
critérium de mon bon sens, mais je les vois, je les sens, je suis té-
moin oculaire, je suis la chose réalisée; ce ne sont plus de consolan-
tes hypothooes, des rêves dorés, des espérances, c'est plus qu'une cer-
tilude moral e : c'est le fait réel, palpable, le fait matériel que 1'011
louche, qui vous saisit sous sa forme langible, et qui nous dit : cela est.
lei tout respire le calm e, la sage·sse, le bonheur; tout est harmo-
nie, tout dit : Voilà le summum du sens intime ; plus de chimeres,
de fausses joies, plus de craintes puériles, plus de fausse honl e, plus
de dautes, plus d'angoisses, plus de parjures, rien de ce vilain cor-
tége de fabul euses doul eurs, de grossieres erreurs, comme on en voit
journellement sur la terre.
Ici on est pénétré d'une quiétude ineffable ; 011 admire, 011 prie, on
adore, on r end des actions de grâce au sublime auteur de tant de
bienfaits, on étudie, et I' on entrevoit toutes les puissances infinies; on
voit le mouvement des loi:=; qui régissent la nature. Chaque reuvre a
un but qui conduit à I'amour, diapason de I'harmonie générale. On
voit le progrrs présider à toutes les transformations physiques et
morales, car le progres est infini comme Dieu qui I'a créé. Tout est
compréhensible ; tout est net, précis; plus d'abstractions : on touche
da doigt et de la raison le pourquoi des choses humaines. Les lé-
gions spirituelles avancées n'ont qu'un but, celui de devenir utiles à
leurs freres arriérés pour les élever vers elles.
Travaillez donc sans cesse, suivant vos forces, mes bons freres, à
vaus améliorer, à être utiles à vos semblables; non-seulement vous
ferez faire un pas à la doctrin e qui fait votre joie, mais vous aurez
puissamment contribué au progres de votrc planeie; à l'exe mple du
grand législateur chrétien, vous serez hommes, hommes d'amour, et
rous concourrez à implanter le r egne de Dicu sur la terre.
Celui qui est encore et plus que jamais votre condisciple.
LECLERC.
Remarque. Tel est, en effet, le caractere de la vie spirituelIe ;
mais ce serait une erreur de croire qu'il suffit d' être Esprit pour I'en-
visager à ce point de vuc. Il en est du monde spirituel comme du
monde corporel: pour apprécier les choses d'un ordre élevé, iI fau!
nn développement intellectuel et moral qui n' est le propre que des
Esprits avancés ; les Esprits arriérés sont étrangers à ce qui se
-158 -
passe dans les ha:utes sph8res spiritu elles, comm.e ils r étaient sur la
terre à ce qui fait l'admiration des hommes éclairés, parce ce qu'ils
ne peuvent le comprendre ; leur pensée circonscrite dans un horizon
borné, ne pouvant embrasser I'infini, ils ne peuvent avoir les jouis-
sances qui résultent de I'élargissement de la sphere d'activité spiri-
tuelle, ta somme du bonheUl', dansl e monde des Esprits, y est
donc, par la force même des choses, en raison du développ ement
du ~ens moral; d'oll i\ résult e qu' en travaillant ici-bas à notre arn é-
lioration et à notre instruction, nous augrnentons les SOUTces de fé-
licité pour la vie future, Pour 1e matérialiste, letI'avail n'a qu'un
résultat borné à la vie pI"ésente qui peat finir ,d' un instant à I' autre ;
le Spirite, 8fO contraire, sait que ricn de cc qu'il acquiert, même à la
derniere hcure, n' cst en pure perte, et que tout progres a-ccompli lui
sera profitable.
Les profQndes considérations de notre ancien colle,gue, M. Leclerc,
sur la vie spirituelle, sont donc une preuve de son avancement dan~
la hiérarchie des Esprits, et nous r en félicitons.
Épreuves terrestres des h01Jlmes eu mission.
(DouaYJ S mars ~867. Médium Ma.dame M ..•.)
,.. 'o Il faut, mes enfants, que 1e sang épure la terre .;, terrible lutte,
plus horrible encore par la splendeur de la civilisatio.n au milieu de
laquelle elle éclate. Quoi, Seigneur ! lorsque tout se prépare pOUl'
resserrer les liens des peuples d'un bout du monde à l'autre I 101'5-
que dans l'auror.e de la fraternilé matérielle on voit les lignes de
démarcation de races, de coutumes, de langage tendre à l'unité , la
guerre arrive, la guerre et son cortége de ruines , d'incendies, de
divisions profondes, de haines religieuses ; oui, tout cela parce que
riell, dans nos progres, n'a élé suivant I'Esprit de Dieu; parce que
vos liens n'ont été serrés ni par la bonté, ni par la loyauté, mais par
l'intérêt seul; parce que ce n'est point la vraie charité qui impose
silence aux haines religieuses, mais J'indifférence; parce que les bar-
rieres n'ont poin-t été abaissées à vos frontieres pu l'amour de tous,
mais par les calculs mercantiles ; enfin, parc.e que les vues sont hu-
maines et instinctives et non spirituelles et charitables; par ce que
les gouvernants ne cherchent que leurs profits et que cha.cun parmi
les peuples en fait autant,
Sublime désintéressement de J ésus et de ses apôtres, ou es-tu ? -
Vous êtes a.tlristés, mes enfants, en pensant quelquefois à la ru de
mission de ces Esprits sublimes qui viennent rel'e'\ler le com'age de
l'humanité et mourir à la tâche apres avoir vidé jusqu'à la lie la
coupe des ingratitudes humaines. Vous gémissez de voir que le
Seigneur, qui les envoya, semble les abandonner au moment ou sa
protection parait le plus nécessaire; ne vous a-t-on point parlé des
- 159 -
épreuves que subi~sent les Esprits élevés au moment de franchir un
degré plus haut dans l'initiative Epiri tuelle ? Ne vous a-t-on pas dit
que chaque grade de la hiérarchie céleste s'acheLe par ]e mérite, par
le dévaúment, COmme chez vous, dana l'armée, par le sang répandu
et par les services accomplis? Eh bien! c'est le cas ou se trouvent
les Messies sur cette terre de dauleurs; ils sont soutenus tant que
dure leur ceuvre humanitail'e, tant qu'ils travaillent pour I'homme et
pour Dieu, mais, brsqu'eux seuls sont en jeu, lorsque leur épreuve
devient individuelle, le secours visibl e s'éloigne, la lutte se montre
âpre et rude comm e l'homme doit la subir.
VoiIà l'explicatiün de cet abandon apparent qui vous afflige dans
la vie des missiannaires de tous grades de votre humanité. Ne pen-
sez pas que Dieu abandonne jamais sa créature par caprice ou im-
puissance ; non, mais dans l'intérêt de sou avancement iI la laisse à
ses propres forces, à l'usage entier de son libre arbitre.
CURÉ. D' ARS.
Le Génie.
(Douai, 13 mal's 1867. Médium, Madam e M ... )
Question. Le génie est-il départi à chaque Esprit suivant san
acquis, ou suivant une l::Ji divine en rapport avec les besoins d'un
pcuple ou d' une humanité?
R éponse. Le génie, chers enfants, est le rayonnement des ac-
quis antérieurs. Ce rayonnement est l'état de \' Esprit dans le déga-
gement ou da ns les incarnations supérieures : il y a donc deux
dislinctions à faire. Le génie le plus ordin aire parmi vaus est sim-
plement l'état d'un Esprit dont une ou deux facultés sont restées
dévoilées et en état d'agir libl'ement; il a l'eçu un corps qui permet
leur épanouissement dans sa plénitude acquise. L'autre espece de
génie est l'Esprit qui vient des mondes heureux et avancés, ou l'ac-
quis est uni verseI SUl' tous les points; ou toutes les facultés de I' âme
sont arrivées à un degré éminent, inconnu sur la terre. Ces sortes de
génie se distinguent des premiers, par une aptit ude ho1's ligne à tous
les talents, à toutes les études. I1s conçoivent toutes choses par une
intuition sure et qui confond la science apprise des plus savants. Ils
excellent en bünté, en grandeur d'âme, en vraie noblesse, en reuvres
excellentes. lIs sont des flambeaux, des initiateurs, des exemples. Ce
80nt des hommes d'autres terres, venus pour faire rcsplendir la lu-
miere d'en haut dans un monde obscur, de même qu'on envaie
parmi des barbares paul' les instruire, quelques savants d'une capi-
tale civilisée; tels furent chez vaus, les hammes qui, à diverses
époques ont fait avancer I'humaniLé, les savants qui ont reculé les
bornes des connaissances, et dissipé les ténebres de l'ignorance. Ils
virent et pressentirenUa destinée terrestre,. si loin qu'ils fussent de
- 16Ü -
l'accomplissement de cette destinée; tous ont jeté les fond emen ts
de quelque science, ou en furent le point culminant.
Le génie n'est donc point gratuit, et n'est pas subordonné à une
loi; il sort de l'homme même et de ses antécédents. Réfléchissez que
les antécédents sont tout l'homme. Le cri mineI l'est par ses antécé-
dents; l'homme de mérite, l'homme de génie sont supérieurs par la
même cause. Tout n'est pas voilé dans l'incarnation au point qu'il ne
transperce rien de notre être antérieur. L'intelligence et la bonté
sont des lumieres trop vi ves, des foyers trop ardents pour que la vic
terrestre les réduisse à I' obscurité.
Les épreuves à subir peuvent bien voiler, atténuer quelques-unes
de nos facultés, les endormir, mais, si elles sont arrivées à un haut
degré, l'Esprit n'en peut perdre entierement la possession et l'exer-
cice; il a en lui l'assurance qui les tient toujours à sa disposition;
souvent même, il ne peut consentir à s'en privei" C'est là ce qui
cause les vies si douloureuses de certains hommes avancés qui ont
mieux aimé sou1Irir par leurs hautes facultés que de les laisser s'éva-
nouir pour un temps.
~ui, tous nous sommes par l'espoir, et quclques-uns par le sou-
venir, citoyens de ces hautes spheres célestes ou la pensée rayonne
pure et puissante. ~ui, tous nous serons des Platons, des Aristotes,
des Erasmes ; notre Esprit ne verra plus pâlir se:~ acquis sous le poids
de la vie du corps, ou s'éteindre sous le poids de la vieillesse et des
jnfirmités.
Amis, voilà vraiment la plus sublime espérance; que sont aupres
de tout cela les dignités et les trésors qu'on mettait aux pieds de
ces hommes; les souverains mendiaient leurs reuvres, s'arrachaient
leur présence. - Croyez-vous que ces vains honneurs les flattaient ?
non; le souvenir de leur glorieuse patrie était trop vif. lls remonte-
rent heureux sur le rayon de leur gloire, dans ces mondes que leur
Esprit regrettait sans cesse.
Terre! terre! région frúide, obscure, agitée; terre aveugle, in-
grate et rebelle! tu ne pau vais leur faire oublier la patrie céleste ou
ils avaient vécu, ou ils retournaient vivre.
Adieu, amis, soyez surs que tout homme de bien~ deviendra ci-
toyen de ces mondes heureux, de ces Jérusalems splen<iides, ou l' Es-
prit vil libre dans un corps éthéré, possédant sans nuages et sans
voile, tous ses acquis; alors, vous connaltrez tout ce que vous
aspirez à connaitre , vous comprendrez tout ce que vous cherchez à
comprendre, même mon nom, cher médium que je ne veux pas te
dire. UN ESPRlT.
ALLAN KARDEC.
Paris, - Typ. de Rouge Creres, Dunon et Fresné, rue du Four-Saiot-Germain, 43.
REV-UE SPIRITE
JOURNAL
mais je sOLltiens que si elles obtenaient les droits civils que je pro-
pose qu'on leur accorde, on éleverait par là leur condition, et on
les débarrasserait d'un obstacle qui empêche aujourd'hui I'expailsion
de leurs facultés.
« J"avoue que les femmes ont déjà un grand pouvoir social, mais
elles n'en ont pas trop, et ne sont pas des enfants gâtés tels qu' on le
suppose généralement. Du reste, quel que soit leur pouvoir, je veux
qu'il soit responsabl-e, et je leur donnerai le moyen de faire connaltl'e
leurs besoins et leurs sentiments •
• M. LAING. - La proposition est, selon lui, insoutenable, et il
est persuadé que la grande majorité des femmes elles-mêmes la re-
jetterait.
« Sm JOBN BOWYER pense ditTéremment. Les femmes peuven(
être maintenant surveillantes direclrices des pauvres, et il ne voit pas
pourquoi elles ne voteraient pas pour les membres du Parlement.
L'honorable baronnet cite le cas de miss Burdetts Coults pour mon-
trer que la propriété des femmes, quoique imposée COIlllne celle eles
hommes, n'est pas du tout représen tée.
« II e?t procédé au vote : l'amendement est rejeté par f 96 voix
contre 73, et il est ordonné que le mot homme fera partie de la
clause. »)
Le journal la Liberté , du 24 mai, fait suivre ce compte rend I! eles
judicieuses réflexions suivantes :
Cl Est-ce que déjà les femmes ne sont pas admises à siéger et à
- t63 -
voter duns les assemblées d'actionnaires, au même titre que les
hommes?
« Fut-i) vrai, ainsi que \'a prélendu l'honorable M. Laing, que
les femmes ne voulussent pas du droit que M. SLuart Mill pro pose de
leur reconnaitre, ce ne serait pas une raison pour ne pas le leur at-
tribuer s'il leur appartient légitimement. Celles à qui il répugnerait
de l' exercer en seraient quittes pour ne pas voter, sauf, plus tard, à
se raviser quand l'usage les aurait fait changer d'avis.
« Les Laing, dont les yeux sont couverts par le bandeau de la
routine, trouvent monstrueux que les femmes votent, et ils trouvent
toat naturel et parfaitement sim pIe qa'une femme regne !
« O inconséquence humaine ! ô conlradiction sociale!
«A. FAGN AN.»
Nous avons traité la question de I'émancipation des femmes dnns
l'arlicle intitulé : L es (émmes ont- elles une âme? publié dans la Re-
vue de jltll vier 1866, et auquel nous renvoyons pour ne pas nous
répéter ici; les considérations suiva!; tes serviront à le compléter.
II n' est pas douteux qu'à un e époque ou les priviléges, uébris
d'un aulre âge et d'aulres mreurs, h)H}bent devant le príncipe de
I'égal ité des droits de iaute créatllre hu m'1ine , ceux de la femme ne
sallraient tarder à être reconnus, et que, clans un avenir prochain,
la loi ne la traitera plus en mineure. J usqu'à pré;:;ent, la reco nnais-
san ce de ces c1 roits est considérée com me Ulle concession de la force
11 la faibl esse, c'est pourquoi elle est marchandée avec tant de par-
cimonie. OI' , comme tout ce qui est octroyé l?énévalement peut être
retiré, cetle reconnaissance ne sera définitiv e et imprescriptible que
lorsqu'elle ne sera pIus subordonnée au caprice du plllS fort, mais
fondée SUl' un principe que nul ne puisse contester.
Les pri viléges de races ont leur origine dans l'abstraction que les
hom mes font en général du príncipe spirituel, pour ne considérer
que l'être matériel extérieur. De la force ou de la faiblesse constitu-
tionnell e chez les uns, d'une différen ce de couleur ch ez les autres, de
la naissance dans l'opuIence ou la misere , de la filiatiol'l consanguine
noble ou roturiere, ils ont conelu à un e supériorité ou à une infério-
rité naturelle; c' est sur cette donn ée qu 'ils OHt établi leurs lois 80-
ciales et les priviléges de races. A ce point de vue circonscrit, i1s
sont conséquents a'iec ellx-mêmes, car, à ne considérer que la vie
malérielle, certaines classes semblent appartenir et appartiennent en
effet à des races différentes.
Mais si l'on prcnd son point de vue de l'être spirituel, de l'être es-
- 164-
sentiel et progressif, de I'Esprit en un mot, préexistant et survivant
à tout, dont le corps 11'est qu' un e enveloppe temporaire, variant
comme l'habit de form e et de couleur; si de plus , de I' étude des
êtres spirituels ressort la preu ve que ces êtres sont d'une nature
et d'un e origine identiques, que leur destinée esl la mêm8, que tous
partant d'un même poinl tendent au même bul, que la vie corporelle
n'est qu'un incident, une des phases de la vie de I'Esprit, nécessaire
à son avancement intellectuel et moral ; qu'en vue de cet avancement
I'Esprit peut successivement revêtir des envelopes diverses, naitrc
dans des positions différentes, on arrive à la conséquence capital e de
}'égalité de nature, et de là à !'égalité des droits sociaux de toutes
les créaLures humaines et à l'abolition des priviléges de races. Voilà
ce qu'enseigne le Spiritisme.
Vous qui niez I' existence de l'Esprit pour ne considérer que
l'homme corporel, la perpétuité de l' être intelligent pour n'envisager
que la vie présente, vous répudiez le seul principe sur lequel soit
fondée en raison l'égalité des droits que vous réclamez pour vous-
mêmes et pour vos semblables.
Appliquant ce priucipe à la position sociale de la femme, nous dirons
que de toutes les doctrines philosophiques et religieuses, le Spiritisme
est la seule qui établisse ses droits sur la nature même, en prouvant
}'identité de l' être spirituel dans les deux sexes. Dês lors que la femme
n'appartient pas à une cl'éation distincte, que I'Esprit peut naitre à
volonté homme ou femme, selon le genre d' épreuves auquel il veut se
soumettre pour son avancement, que la différence n'est que dans
l'enveloppe extérieure qui modifie ses aptitudes, de l'identité dans la
nature de l'être, il faut nécessairement conclure à l' égalité des
droits. Ceci découle, 11011 d'U11e simpl e théorie, mais de l'observation
des faits, et de la connaissance des lois qui régissent le monde spiri-
tuel. Les droits de la femme trouvant dans la doctrine spirite une
consécration fondée sur les lois de la nature, il en résulte que la pro-
pagatio11 de cette doctrine hâtera son émancipation, et lui donnera
d'une maniere stable la position social e qui ltii appartient. Si toutes
les femmes comprenaient les conséquences du Spiritisme, elles se-
raient toutes spirites, car elles y puiseraient le plus puissant argument
qu'elles puissentinvoquer.
La pensée de l'émancipation de la femme germe en ce moment
dans un grand nombre de cerveaux, parce que nous sommes à une
époque ou fermentent les idées de rénovation sociale , et ou les
femmes, aussi bien que les hommes, subissent l'influence du souffic
progressif qui agite le monde. Apres s'être beaucoup occupés d'eux-
- 165-
mêmes, les hommes commencent à comprendre qu'il serait juste de
faire quelque chose pour elles, de relàcher un peu les liens de la tu-
telle sous laquelle i1s les tiennent. Nuus devons d'autant plus féliciter
les États-Unis de I' initiative qu'ils prennent à ce sujet qu'ils ont éLé
plus longs à concéder une position légale et de droit commun à toute
une race de l'humanité.
Mais de I'égalité des droits, il serait abusif de conclure à I' égalité
des atlributions. Dieu a doué chaque être d'un organisme approprié
au rôle qu'il doit remplir dans la nature. Celui de la femm e est tracé
par son organisation, et ce n'est pas le moins important. 11 y a donc
des attributions bien caractérisées dévolues à chaque sexe par la na-
ture même, et ces atlributions impliquent des devoirs spéciaux que
les sexes ne sauraient remplir efficacement en sortant de leul' rôle.
Il en est dans chaque sexe commc d'un sexe à l'autre : la constitu-
tiOI1 physique déterrnine des aptitudes spéciales; queIle que soit leur
constitutiol1, tous les hommes ont certainement les mêmes dl'Oits,
mais il est évident, par exemple, que celui qui n'est pas organisé
pour le chant ne saurait faire un chanteur. Nul ne peut lui ôter le
droit de chanLer, mais ce droit ne peut lui donner les qualités qui lui
manquent. Si donc la nature a donné à la femme des muscles plus
faibles qu'à l'homme, c'est qu'elle n'est pas appelée aux mêmes
exercices; si sa vüix a un autre timbre, c'est qu'elle n'est pas desti-
née à pl'Oduire les mêmes impressions.
01', il est à craindre, et c'est ce qui aura lieu, que dans la fievre
d'émancipation qui la tourmente, la femme ne se croie apte à remplir
toutes les attributions de l'homme et que, tombant dans un exces
contraire, apres avoir eu trop peu, elIe ne veuilIe avoir trop. Ce ré-
sulLat est inévitable, mais il ne faut nullement s'en effrayer; si les
femmes ont des droits incontestables, la nature ales siens qu'elIe ne
perd jamais; elles se lasseront bientôt des rôles qui ne sont pas les
leurs; laissez-Ies donc reconnaUre par l'expérience leur insuffisancc
dans les choses auxquelles la Providence ne les a pas appelées; des
essais infructueux les rameneront forcément dans la route qui leur
est tracée, route qui peut et doit êlre élargie, mais qui ne saurait
êtl'e dévoyée, sans préjudice pour elles-mêmes, en portant atteillte à
l'influence toute spéciale qu'eIles doi vent exercer. Elles reconnaitront
qu'elles ne peuvent que perdre au change, car la femme aux allures
trop viriles n'aura jamais la grâce et le charme qui font la puissance
de celle qui sait rester femme. Une remme qui se fait homme abdique
sa véritable royauté; on la regarde comme un phénomêne.
Les deux articles rapportés ci-dessus, ayant été lus à la société
- 166-
de Paris, ceLte question fut proposée aux. Esprits comme suj el
d'étude :
Quelle influence le Spiritisme doit-il avoir sur la condition de la
jemme?
Toutos les communications obtenues concluant dans le même sens,
nous ne rapportons que la suivante, comme étant la plus développée.
(Société de. Paris, 10 mai 1867; méd. M . Morin, en somnambulisme spontané ;
dissertation verbal e.)
«Les hommes ont de tout temps été orgueilleux; c'est UH vice
constitutionnel inhérent à leur nature. L'homme, je parle du sexe,
I'homme fort par le développement de ses muscles, par les concep-
tions un peu hardies de sa pensée, n'a pas tenu compte de la fai-
blesse à laquelle il est faH allusion dans les saintes Écritures, faibl esse
qui a fait le malheur de toute sa descendance. 11 s'estcrufort, ets'est
servi de la femme, non commo d'u ne compagne, d'une famill e : il
s'en est servi au point de vue purement bestial; il en a fait un animal
assez agréable, et a essayé de la tenir à distance respectueuse du
maltre. Mais comme Dieu n'a pas vol1111 qu'une moitié de l'humallité
fUt dépendante de l'autre, il n'a pas fait deu x créations distin cles :
l'une pour être constamment au servi co de l'autre; il a voulu que
toutes ses créatures pussent participeI' au banquet de la vie et de
l'infini dans une même proportion.
« Dans ces cerveaux que l'on a tenus si)ongtemps éloignés de toute
science, comme impropres à recevoir les bienfaits de I'inslructioll,
Dieu a fait naitre, comme contre-poids, des ruses qui tiennent cn
échec los forces de I'homme. La femme est faible, l'homm e est fort,
iI est sa vant ; mais la femme est rusée, et la science contre la ruse
n'a pas toujours le dessus. Si c'était la vraie scieilce, elle l' emporte-
rait; mais c' est une science fau sse et incomplete, et la femm e trouve
facilem ent lo défaut de la cuirasse. Provoquée par la position qui lui
était fai te, la femme a dé velop pé le germe qu' elle sentait en elle; le
besoin de sortir de son abaissement lui a donné le désir de rompre
ses chaí:!1es. Suivez sa marche; prenez-Ia depuis l' ere chrétienne et
observez-Ia : vous la verrez de plus en plus dominante, mais elle n'a
pas dépensé toute sa force; elle l'a conservée pour des temps pl ll ~
opportuns, et l'époque approche ou elle va la déployer à son touro Du
reste, la générationqui s'éleve porte dans ses flan cs le ch angement
qui nous est annoncé depuis longtemps, et la femme actuelle veut
avoir, dans la société; une place égale à celle de l'homme.
« Observez bien; regardez dans les intérieurs, et voyez combien
la femme iend à s'affranchir du joug; elle regne en maitre, par[ois
- 167 -
en despote. Vous I'avez trop longtemps tenue ployée: elIe se redresse
comme un ressort comprimé qui se distend, car elle commence à com-
prendre que son heure est venue.
«Pauvres hommes !:si vous réfléchissiez que les Esprits n'ont pas de
sexe; que celui qui e!"t homme aujourd'hui peut être femme demain;
qu'i1s choisissent indifTéremment, et qu elquefois de préférence, le sexe
féminin, vous devriez plutôt vous réjouir que vous amiger de l' éman-
eipation de la femme, et l'admettre au banquet de I'intelligence en
lui ouvrant toutes grandes les portes de la seienee, car elle a des
eoneeptions plus fin es, plus douces, des attouchements plus délicats
que ceux de l'homme. l'ourquoi la femme ne serait-elle pas méde-
cin? N' est-elIe pas appeI ée naturellement à donner des soins aux ma-
lades, et ne Ies donnerait-elle pas avec pIus d'intelligence si elle
avait les eonnaissances nécessaires ? N'y a-t-il pas des cas ou, quand
iI s'agit des personnes de son sexe, un médecin-femme serait préfé-
rable? Nombre de femmes n'ont-elIes pas donné la preuve de leur
aptitude pour eertaines sciences? de la fin esse de leur taet dans les
atraires? Pourquoi donc les hommes s' en réserveraient-ils le mono-
pole, si ce n'est par la crainte de les voir prendre la supériorité?
Sans parler des professions spéciales, la premiere profession de la
femme n' est-ell e pas celle de mere de famille? Or, la mere instruite
est plus à même de diriger I'instruetion et l'éducation de ses enfants;
en même temps qu'elle allaite le corps, elIe peut développer le cceur
et l'esprit. La premiere enfanee étant nécessairement confiée aux soins
de la fem me I quand elle sera instruite, la régénération sociale aura
fait un p as immense, et c'est ce qui s~ fera.
« L' égalité de l'homme etde la femme aurait encore un autre ré-
sultat. Être maitre, être fort, c'est tres bien ; mais c'est aussi assumer
une grande responsabilité; en partageant le fardeau des afTaires de
lafamille ,avec unecompagne capable, écIairée, naturellement dévouée
aux intérêts communs, l'homme allége sa charge et diminue sa res-
ponsabilité, tandis que 'la femme étant sous la tutelle, et par cela
même dans un état de soumission foreée, n' asa voix au chapitre qu' au-
tant qu e l'bomme veut bien condescendl'e à la lui donner.
« Les femmes, dit-on, sont trop parleuses e(trop frivoles; mais à
qui la faute, si ce n'est aux hommes qui ne leur permettent pasla
réflexion? Donnez-Ieur la nourriture de I' esprit, et elles parleront
moins ; elles méditeront et réfléchiront. Vous les accusez de frivolité?
Mais qu' est-cc qu'clles ont à faire ?-Je parIe surtout ici de la femme
du monde. - Rien, absolument rien. A quoi peut-elle s'occuper?
Si elle réfléchit et transcrit ses pensées, ou la traite ironiquement de
- 168-
bas-bleu. Si elle cultive les sciences ou les arts, ses travaux ne sont
pas pris en consídération, sauf quelques bien rares exceptions, et
cependant, tout com me l'homme, elIe é1. besoin d'émulation. Flalter
un artísle. c'est lui donner du ton, du conrage; mais pour la femme,
cela n'en vaut vraiment pas la peine! alors il leur reste le domaine
de la frivolitú dans lequel elles peuvent se stimuler entre elles.
" Que I' homme détruise les barriêr<;s que son amour-propre oppose
à l'émancipation de la femme, et il la verra bientôt prendre son es-
SOl', au grand avantage de la société. La femme, sachez-le, a l'étin-
celle divine tout comme vous, car la femme c'est vous, comme VOlt S
êtes est la femme. »
carner dans I'humanité, monte tous les degrés de l'échelle et passe par
le milléral, la plante et I' animal et dan s la plupart des types de chaque
espece ou il prélude à son complet développement comme être hu-
main, qui me dit qu'en donnant médicalement ce qui n'est plus ni le
minéral, ni la plante, ni I'animal, mais ce qu'on pourrait app eler leur
es~ e nc e , et en quelque sorte leur esprit, on n'agit pas sur l'âme
humaine composée des mêmes éléments? Car, on aura beau dire,
l'esprit est bien quelque chose, et puisqu'il s'est développé et se dé-
veloppe sans cesse, il a dO. prendre ses éléments quelque parto
e< Tout ce que je puis dire, c'est que nous n'agissons passur I'âme,
Le Sens spirituel.
Une seconde lettre du docteur Grégory contient ce qui suit :
Ii Eraste, dans une communication, a énoncé une idée qui m'a
ler, deux jours pIus tard, au pres d' une autre petite lille de 3 ou 4 ans
qui aVclit la fievre. Apres les passes et impositions des mains, Ia
fievre cessa dês le premier jour. '
« Les cures de quelqucs obsessions ne nous donnent pas moins de
satisfactioll el de confiance. Marie B... jeune Cemme de 2\ ans, de
Samazan, pres Marmande, se meltait nue comme Ull V21', courait les
- t76-
champs, et al1ait se coucher à côté du chien dans un trou de pailler.
La moralisation de l'obsesseur de notre part, et des passes fluidiques
faites par le mari d'apres nos instructions, 1'ont bientôt délivrée.
Toute la commune de Samazan a été témoin de l'impuissance de la
médecine à la guérir, et de l'efficacité du moyen simple employé pour
la ramener à l'état normal •
• Mme D..• âgée de 22 ans, de la commune de Sainte-Marthe,
non loin de Marmande, tombait dans des crise~ extraordinaires et vio-
lentes; elle rugis3ait, mordait, se roulait, éprouvait des coups terri-
bles dans l'estomac, s'évanouissait, et restait souvent quatre ou cinq
heures sans connaissance; une [ois elle fut huit jours sans recouvrer
sa lucidité. M. le docteur T •.. lui avait vainement donné ses soins.
1e mari à bout de courses aupres des gens de l'art, des prêtres de
nos contrées réputés guérisseurs et exorciseurs, des devins, car il
avoua en avoir consulté, s'adresse à nous avec priere de vouloir bien
nous occuper de sa femme si, comme on le lui avait rapporté, il était
en notl'e pouvoir de la guérir. Nous lui promlmes de lui écrire pour
lui indiquer ce qu'il devrait faire.
« Nos guides consultés nous dirent: Qu'on cesse tout traitemellt
médical : les remedes seraient inntiles; quele mari élêve son âme 11
Dieu, qu'il impose les mains sur le front de sa femme et lui fasse des
passes fluidiques ave c amour et confiance; qu'i! obse rve poncluelle-
ment les recommandatíons que nous allons lui faire, qu elque contra-
riété qu'i! eu puísse éprouver (suivent ces recommandations qui sont
toutes personnelles), et s'i! se pénêlre bien de ['idée qu'ell es sonl
nécessaires au profit de sa pauvre affligée, il aura bienlôt sa récom-
pense.
a Ils nous dirent aussi d'appeler et de moraliser I' Espl'it obsesseur
sous le nom de Lucie CMar. Cet Esprit rév éla la cause qui le porlait
à tourmenter Mme D ... Cette cause se rattachait précisément aux re-
commandations faites au mari. Ce dernier s'étant conformé ~l toul,
eut la satisfaction de voir sa femme compl étement déli vrée dans I' es-
pace de dix jours. 11 me dit : Puisque les Esprils se communiquenl,
je ne m'étonne pas qu'ils vaus aient dit ce qui n' était comlU que de
moi, mais je suis bieo plus étonné qu'allcun remêde n'ait pu guél'il'
ma femme ; si je m'étais adressé à vous dês le début, j'aurais 150 f1'.
dans ma poche, qui n'y 50nt plus, et quej'ai dépensés en médica-
ments.
te Je vous serre bien cordialement la main,
te D OUBRE. D
- 177 -
Ces faits de guérisons n'ont rien de plus extraordinaire que ceux
que nous avons déjà' cités provenant du même centre; mais i1s
prouvent, par la persistance du sueces, depuis plusieurs années, ce
que I'on peut obtenir avec la persévérauce et le dévoument, aussi l'as-
sistance des bons Esprits n'y fait-elle jamais défaut. I1s n'abandon-
ncnt que ceux qui quittent la bonne voie, ce qu'il est facile de recon-
naitre au déclin des succes, tandis qu'ils souliennent jusqu'au dernier
moment, même contre les attaques de la malveillance, ceux dont le
zele, la sincérité, l'abnégation et I' humanité sont à 1'épreuve des vi-
cissitudes de la vie. Ils élevent celui qui l' abaisse, et ils abaissen t
celui qui s'éleve. Ceci s'applique à tous les gcnres de médiumnité.
Rien n'a rebuté M. Dombre; il a lutté énergiquement canlre toutes
les entraves qu'on lui a suscitées, et il en a triomphé; il a méprisé
les injures eL les menaces de nos adversaires communs, et il a forcé
ceux-ci au silence par sa fermeté; il n' a épargné ni son temps, ni sa
peine, ni les sacrifices matédels; jamais il n'a cherché à se préva-
loir de ce qu'i1 fait pour se donner du relief ou s'en faire un rnarche-
pied quelconque; son désintéressement moral égale son désinléres-
sement matériel; s'il est heureux de réussir, c'est parce que chaque
succes en est un pour la doctrine. Ce sont là des titres sérieux à la
reconnaissance de tous les Spirites présents et futurll, titres auxquels
il faut associer les membres du groupe qui le secondent avec autant
de zele qu e ct'abnégation, et dont nous regrettons de ne pouvoir ci-
ter les noms.
Le fait le plus caractéristique signalé dans cette lettre, c'est celui
de 1'intervenlion des parents et amis des malades dans les guérisons.
C'est une idée neuve dont l'importance n'échappera à personne, cal'
sa propagation ne peut manquer d'avoir des résultats considérables;
c'est la vulgarisation annoncée de la médiumnité guérissanle. Les
Spirites remarqueront combien les Esprits sont ingénieux dans les
moyens si variés qu'ils emploient pOU\' faire pénétrer l'idée dans les
masses. Comment n'y arriv erait-elle pas, Pllisqu'on lui ouvre sans
cesse de nouveaux canaux, et qu'on \ui donne les moyens de frapper
à toutes les portes?
Celte pratique ne saurait donc êlre trop encouragée; toutefois il
nc faut pas perdre de vue que les résulhts seront eu raison de la
bonne dil'ection donnée à la chose par Ics chefs des groupes guéris-
seurs, et de l'élan qu'ils sauront imprimer par leur énergie, leu r
dévoument et leur propre exemple.
- 178-
un Eeprit obsesseur n' est reslé rebellc. Tous ceux dont nous nous
sommes occupés ont fini par r econnaitre leurs torts, ont abandonnc
leurs victimes, et sont entrés dans une voie meilleure. »
Au sujet eles séances du samedi il dit :
« Ces séances sont ouvertes, vous le savez du reste, par une cau·
serie faite par uo membre de la Société, SUl' un sujet spirite, et ter-
minées par un résumé succinct que fait le Président.
li Dans la causerie, toute Iiberté de langage est laissée à r orateur,
pourvu loutefois qu'il ne sorte pas du cadre tracé par 110tre regi e-
ment. 11 envisage à son point de vue personnel les divers sujets qu'il
traite; illes développe comme il I'enteod et en tire telles conséquen-
ces qu'i1 juge convenables; mais il ne saurait jamais par là engager
le responsabilité de la Société.
« A la fin de la séance, le Président résume les travaux, et s'il
n'est pas de l'avis de I'orateur, il le combat, en faisant remarqucrà
l'auditoire que, pas plllS que le premier, il n'engage d'autre respon-
sabilité que la sienne, laissant à chaque homme l'usage de son Iibre
arbitre et le soin de juger et de décider dans sa conscience de quel
côté est la vérité ou, du moins, ce qui s'en rapproche le plus; car,
pour moi, la vérité e'est Dieu : plus nous nous rapprocherons de lui
(ee que nous ne pouvons faire qu'en nous épurant et en travaillant
à nolre progrês) et plus nous serons pres de la. vérité. »
Nous appelons encore l'attention SUl' le paragraphe suivant :
• Bien que nous ayons d'exceJlents instruments pour nos études,
nous a vons compris que 1e nombre en était devenu insuffisant, SUf-
tout en présence de l'extension toujours croissante de la Société. La
pénurie des médiums est venue souvent apporter des obstacles à la
- 181 -
marche réguli ere de nos travaux, et nous avons compris qu'il fallait
autant que possiple développer les facultés qui dorment latentes dans
l'organisation de beaucoup de nos freres. C'est pour cela que nous
venons de décider qu'une séance spéciale d'e~sais médianimiques,
aurait lieu le dímanche, à deux heures de l'apres-midí, dans la saIle
de nos réunions. J'ai cru devoír y inviter non-seulement nos freres en
eroyance, mais encore les étrangers qui désireraient se rendre utiles.
DéjiL ces séances ont donn é des r ésultats qui ont dépassé notre
attente. Nous y faisons de l"écriture, de la typtologie, du magné-
tisme. Plusieurs facultés tres di verses s'y sont découvertes, et il en
est sorti deux somnambules qui paraissent devoir être tres lu cides.»
Nous nc pouvons qu'applaudir au programme de la Suciété de
Bardeaux et la féliciter de son dévoumenL et de l'intelligente direc.
tion de ses travaux. Un de nos collegucs, de passage en cette ville,
a dernierement assisté à quelques-unes de ses séances et en a rap-
porté la plus fa'iorable impressiono En persévérant dans cette voie,
e1!e ne. peut qu'obtenir des résultats de plllS en plus satisfaisants, et
ne manquera j amais d'élémenls à son activité. La maniere dont elle
procede pour le traitement des obsessions, est à la fois remarquable
et instruclive, et la meilleure preuve quc cette maniere est bonne,
e'est qu'elle réussit. Naus y reviendrons ultérieurement dans un
article spécial.
11 serait superflu de faire ressortir l'utilité des instructioIlS ver-
bales qu'elle désigne sous le simple nom de causeries. Outre l'avan-
tage d'exercer au maniement de la parol e, elles ont celui non moins
grand de provoquer une étude plus complete et plus série.use des
principes de la doctrine, d'en faciliter l'intelligence, d'en fair e res-
sortir l'importance, et d' ameIler, par la discussion, la lumiere sur
les points controversés. C'est le premier pas ver;;; des conférences
régulieres qui ne peuvent manquer d'avoir lieu tôt ou tard, et qui,
tout en vulgarisant la doctrine, eontribueront puissamment à redres-
ser l'opinion publique faussée par la critique m3.lveillante, ou igno-
rante de ce qu'il en est.
Réfuler les objections, discuter les systemes divergents, sont des
points essentiels qu'il importe de ne pas négliger, et qui peuvent
fournir la matiere d'utiles instructions; c' est non-seulemellt un moyen
de dissipeI' les erreurs qui pourraient s'accréditer, mais c'est se for-
tifier soi-même pOUl' les discussions particulieres que l'on peut avoir
à sou!.enir. Dans ces instructio ns orales, beaucoup seront sans doute
assistés par les Esprits, et il ne peut manquer d' en sortir des médiums
parlants. Ceux qui seraient retenus par la crainte de parler devant
- 182 -
un auditoire, doivent se souvenir qne Jésus disait à ses apôtres:
«Ne vous inquiétez pas de ce que vous direz; les paroles vous seront
inspirées au moment même. »
Un groupe de province, que 1'011 peut ranger parmi les plus sé-
rie'lx et les mieux dirigé:: , a introduit cet usage dans ses ré unions,
qui Ol1t également lieu deux fois par semaine. 11 est exclusi vement
composé des officiers d'un régiment. Mais lã ce n'est point une fa-
clllté laissée à chaque membre; c'est une obligation qui lem est im-
po:;ée par le reglement de parler chaclln à leur louro Achaque
séance I'orateur désígné pour la prochaine réunion doit 50 prépam
à développer et à commenter un chapitre ou un point de Ia doctrine.
II en réslllte pour eux une plus grand e aptitude à faire de la propa -
gfttion et à défendre Ia cause au besoin.
Nécrologie.
M. Quinemant, de Sétif.
On nous écrit de Sétif (Algérie) :
« Je vie' lS raíre part de Ia mort d'un fervent adep te du Spiri-
tísme, M. 0. , mant, décédé le samedi saint 20 avri11867. C'estlc
premier qui s'en est occupé à Sétif avec moi; il l'a constammen t dé-
fendu contre ses détracteurs, sans se soucier de leurs attaques !li du
ridicule. C'était en même temps un tres bon magllétiseur, et il a
rendu, par son dévoument tout désintéressé, de nOl1lbreux services
aux personnes souffrantes.
11 était malade depuis le mois de novembre; il aVilit Ia fi evre tous
les deux jours, et quand il ne I'a vai t pas, il salivait constamment de
l'eal1. I1 mangeait et digérail bien, trouvait bon tout ce qu'il prenait,
et malgré cela, il maigrissait à vue d'ooil; homme d'une assez forte
corpul ence, ses membres étaient arrivés à n'avoir que la, grosseur de
ceux d'un enfant. 11 s"l:'teignait à petit feu, et comprenait tres bien sa
posilion j il avait dit qu'il voulait mouril' le jour ou mourut le Christ.
11 a conservé toute sa lucidité d'esprit et causait comme s'il n'eUt
pas été malade. 11 est mort, presque sans souffrances, av ec la tran-
quillité et la résignation d'lln Spirite, disant à sa femme de se con-
sol eI', qu'ils se retrouveraient dans le mo nde des Esprits. Cependant,
à ses derniers moments, il a demandé le curé, quoiqu'il aimât peu
les prêlres en général, et qll'il aiteu avec celui-ci d'assez vives alter-
cations touchant le Spiritisme.
(( Vous m'obligerez beaucoup de l'évoquer, si cela se peut; je ne
doute pus qu'il ne Ee fasse un plaisir de se rendre à volre appel, et
- 1.83 -
comme c'était un homme éclairé et de bon sens, je pense qu'il
pourra nous donner d'utiles conseils. Son opinion était que le Spiri-
tisme grandirait malgré toutes les entraves qu'on lui suscite. Veuillez
aussi lui demander la cause de sa maladie que personne n'a con-
nue. (DUMAS.) »
M. Quinemant, évoqué d'abord en particulier, a donné la commu-
nicalion sui vante, et le lendemain il a donné spontanément à la So-
ciété celle que nous publions séparément sous le titre de: Le Ma-
gnétisme et le Spiritisme comparés.
(Pari s, 1.6 mai 1. 867. Médium, M. Desliens.)
Dissertations spirites
Le Magnétisme et le Spíritisme comparés.
(Société de Paris, 1.7 mai t867, méd. M. Desliens.)
tisme, selon que 1'0n prend pour point de départ l'action d'incarnés
sur incarnés, ou celle d'Esprits reJativement libres sur des Esprits
emprisonnés dans un corps ; cette troisiême variéié, qui a pour prin-
cipe I'action des incarn és sur les Esprits, se révele dalls le traitement
et la moralisation des Esprits obsesseurs.
« l.e Spiritisme n'est donc que du magnétisme spirituel, et le
magnétisme n'est aulre chose que du Spiritisme humain.
« En erret, comment procede le magnéliseur qui veut soumettre
à son influence un sujet somnambulique ? 11 l' enveloppe de son
fluide; il lc possêde dans une certaine mesure, et, remarquez-Ie, sans
- 188-
jamais parvenir à anéantir son libre arbitre, sans pouvoir en faire sa
chose, un instrument purement passif. Souvent le magnétisé résiste
à l'influence du magnétiseur et i1 agit dans un sens lorsq ue celui-ci
désirerait que 1'action fUt diamétralement opposée. Quoique géné-
ralement le somnambule soit endormi, et que son propre Esprit
agisse pendant que son corps demeure plus ou moins inerte, il arrive
aussi, mais plus rarement,que le sujet simplement fasciné, illuminé,
demeure dans l'état de veille, bien qu'avec une plus grande tension
d'esprit et une exaltation inaccoutumée de ses facultés.
II Et maintenant, comment procede I' Esprit qui désire se commu-
Bibliographi~.
progres spiritualiste.
Nouveau journal paraissant deux fois par mois, depuis le 15 avril,
dans le format de l'ancien Avenir auquel il annonce succéder.
L' Avenir s'était fait le représentant d'idées auxquelles nous ne pou-
vions donner 110tre adh ésio n. Ce n' est pas une raison pour que ces
idées n'aient pas leur organe, afin que chacun soit à même de les ap-
précier, et qu'on puisse juger de leur valeur par la sympathie qu'elles
trouvent dans la majorité des Spirites et leur concordance ave c 1'en-
seignement de la généralité des Esprits. LeSpiritismen'adoptantque
les principes consacrés par 1'universalité de I'enseignemenl, sanc-
tionnépar la raison et la logique, a tOlljOurS marché, et marchera
toujours avec la majorité; c'est ce qui fait sa force. li n'a donc rien
à redouter des idées divergentes; si elles sont justes, elles prévau-
dron~, et illes adoptera ; si elles sont faUE:ses elles .tomberont.
Nous ne pouvons encore apprécier la Iigne que suivra, SOIlS ce
rapport, le nouveau journal; dans tous les cas, nous nous faisons un
- 192-
devoir de signaler son apparition à nos lecteurs, afin qu'ils puissent
le juger par eux-mêmes. Nous serons heureux de trouver en \ui un
nouveau champion sérieux de sa doctrine, et dans ce cas, nous
lui souhaiterons bon succes.
Bureau : rue de la Victoire, n° 34. - Prix : 10 francs par an o
ie Roman de l'avenir.
Par E. BONNEMERE.
ALLAN KARDEC.
we ANNÉE . "'0
"
~
I. JUILLET -1867.
cc Monsieur le Rédacteur,
« Dans votre journé\.l du 26 mai, vous rendez publique une leltre
dans laquelle votre correspondant m'assomme pour faire voir com-
ment j'ai été maltraité à llliers. Maçon et pere de famille, j'ai droit
à réparation apres avoir élé si violemment attaqué, ei j'espcre que
vous voudrez bien faire connaitre.Ia vérité apres avoir laissé pro·
pager I'erreur.
« 11 <.:st bien vrai" COlnme cette lettre le dit, que les enfants de
l'école eL bien des personnes que j'estimais me poursuivent 11
ehaque fois que je passe à IlIiers. Deux fois surtout j'ai manqué de
succomber aux coups de pierres, de bâtons et autres objets qu'on
lançait sur moi, et aujourd'hui encore, si j'allais à IIJiers ou je suis
tres connu, je serais entouré, menacé, maltl'aité. Outre les matériaux
qui pleu vent" 011 remplit l'air d'injures : (ou, sOl'cier, spzi,ite,
-- 203 -
telles son1 Ies douceurs Ies pIus ordinaires dont ou me régale. Heu-
reusement il n'y a que cela de vrai, tout ce que volre correspondant
vous écrit (Ie texte porte: tout ce que votre correspondant ajout e) ,
est faux et n'a jamais existé que dans l'imagination des pers.onnes
qui on1eherché à ameuter la population ,contre nous.
« M. Léon Gauber1 qui a signé votre lettre est complétemen t in-
connu dans le pays; on me dit que c'est un anonyme, si j'ai bien
retellu Je moto .Te dis que si 1'011 se cache, c'est qu'on sent qu'on ne
fait pas bien ; je dirai donc en toute franchise à M. Léon Gaubert :
Faites comme moi, mettez votre vrai nom.
« M. Léon Ganbert ditqu'une femme, par saiLe d'excitations et de
pratiques spirites, est devenue folle et a voulu se Doyer. Je ne sais
si réellement elle a voulu se noyer ; beaucoup de personnes me disent
,que ce n'est pas vrai, maisquand même cela serait, je n'y puis abso-
lumen! rien. Cette femme est une revendeuse, sa réputation est faite
iei depuis fort Jongtemps,et. on ne parIait pas encore de Spiritisme
que déjà elle était comme ici (le texte porte connue ici), comme elle
1'e8t à cette hem'e. Ses sreurs l'aident à me poursuivre. Je vous dé-
clare qu'elle ne s'e5t jamais occupée de Spiritisme : ses instincts la
portent dans une direction contraire. ElIe n'a jamais assisté .à nos
réunions, et jamais elle n'a mis les pieds dans la maison d'aucun Spi-
fite du pays. '
« Pourquoi donc, me direz-vous, vous en veut-elle. et pourquoi vous
en veut-on tant à llliers? C'est une énigme pour moi; je ne me suis
aperçu q ue d'une chose, c'est que beaucoup de personnes, avant que
la premiere scene éclatât, en paraissaient instruites d'av,ance, et ce
jour, quandje suis en:lré dans les rues d'IlIiers, je remarquai bien du
monde sur les portes et aux fenêtres.
«Je suis un honnête ouvrier, Monsieur; jc gagne honora.blement
mon pain. Le Spiritisme ne m'empêche nullement de travailler, ct
si quelqu'un a le moindre repl'oche sérfeux à m'adresser, qu'il ne
craigne rien. Nous avons des lois, et, dans les eirconslances ou je
me trouve, le premier je demande que les lois du pays s01ent bien
observées.
« Quant à être Spirite, je ne m'en cache pas; c'est tres vrai, je suis
Spirite. Mes deux garçons, jeunes gens actifs, mngés et florissants,
80nt l'un et 1'autre médius. L'un et l'autre aiment le Spiritisme et,
comme leur pere, croient, prient, travaillent, s'améliorent et tâchent
de ~'élever. Mais quel mal y a-t-il là ? Lorsque la colere me dit de
me venger~ le Spiritisme m'arrêle et me dit : Tous les hommes sO,nt
- 204 -
frerE)s; fais du bien à ceux mêmes qui te font du mal, et je me trouve
plus calme, plus forte .
«Le curé me repousse du confessionnal, parce que je suis Spirite;
II si je venais à lui chargé de tous les crimes possibles, il m'absotl-
tous les deux sont médiums écrivains ainsi que lui. 11 me raconta avec
calme les s\)ufTrances qu'i1 endurait et les menées dont il était l' objeto
Madame Jacquet me dit aussi que dans le pays~ bien des pel'sonnes
noul'rissaient contre eux les plus mau vais sentimenls parce qu'ils soni
Spirites. Ames yeux il parut tres probable, et dans la suíte
j'acquis la plus entiere certituJe, que ces diverses familles son t tran-
quiltes, bienveillantes pour tout le monde, incapables le faire de mal
à perso nne, sinceremenl aUacháes à tous leurs devoirs; j'admirai,
en rendant grâce au ciel, la ferm eté, la force de caractere, la soli-
dité des convictions, le profond attachement au biel1 de ces excel-
lentps gens qui, à la campagne, sans grande in struction, sans encou-
ragemen t et sans ressources visibles, entourés d'ennemis et de
railleurs, maintiennent haut, depuis quatre ans, leurs principes, leur
foí, leurs espérances; ils ont pour défendre leur drapeau contre les
rires un courage qui, trop sOllvent malheureusement, fait encore
défaut á nos savants des villes, et même à bien des Spirites avancés.
li Grezcllc qui seul a élé positivelllent maltraité, quoiqu'il y aít
trois ans qu'il est Spirite, a toute la ferve ur d'un néophyte, 101lt le
zele d'un apôtre, et aussi toute l'activilé exubéranle d'un e nature
pl'omple, énergique et entreprenante. A raison de ses afTaires, il est
continu ellemen t mêlé à la population elu pays, et. plein du Spiri-
tisme, l' aim ant plus que la vie, iI ne peut s' empêcher d'en parler, de
le faíre ressortir, d'en montrer les b e ~tUté s , les grandeurs. lcs mer-
veilles. D'un e parole réellement pressn.nle et forte, ij prodLlit au mí-
Iieu des inelifTérents qui I'environn ent I' effe t du feu SUl' l'eau. Comme
il ne tient compte ni du tel1lps, n i eles circonstances contraires, on
pourrait dire qu'il peche un peu par exces de zele, et peut-être aussi
par défaut de prudence. »
Le Iendemain, dans la soirée, M. Quômes assista, chez Grezelle, à
- 208-
un e séance spirite composée de dix-huH à vingt personnes, parmi
Jesquelles se trouvaient le maire, des notabilités de I'endroit, des
gens d' une honorabilité notoire, qui ne fussent certainem ent pas ven us
dans une assemblée de fous et d'illuminés. Tout s'y est passé daus le
plus grand ordre, ave c le plus parfait recueillement, et sans le moin dre
vestige des pratiques ridicules de magie et de sorcellerie. On débutc
par la priere, pendant laquelle tout le monde se met à genoux. Aux
priêres tift~es de I'Évangile selon le Spiritisme, on ajoute la priere
du sair et d' autres, tirées du rituel onlinaire de I'Église. « Nos dé-
tracteurs, surtout les ccclésiastiques, ajoute M. Quõmes, n'auraient
peut-être pas remarqué sans embarras et san8 étonnement la fer vem
de ces âmes sinceres, et leur attitude recueillie dénolant un sentiment
religieux profond. II y avait six médiums dont quatre homrnes et deux
femmes, parmi lesquelles la servante de madame Jacquet, médium
parlant et écri vain. Les communications sont en général faibles de
style, les idées y sont délayées et sans enchainement; quelques ma-
nies même se font jour dans le mode de communication; mais, somme
toute, il n'y a rien de mauvais, de dangereux, et tout ce qui s'obtient
édifie, encourage, for/ifie, porte l'esprit au bien ou l'éleve vers Dieu. ,
M. Quõmes a trou"é chez ces Spirites la sincérité et un dévou-
ment à loute épreuve, mais aussi un défaut d'expérience auquel il
s'est elforcé de suppléer par ses conseils. Le fait essentiel qu'il a
constaté, c'esl que rien, dans leur maniere d'agir, 11 03 justifie le ta·
bleau ridicule qu'en fait le Journal de Chartres. Les aetes sauvages
qui se 80nt passés à Illiers ont dane évidemment été suscilés par la
malveillance, et paraissent avoir été prémédités.
Naus sommes heureux, pour notre part, qu'il en soit ainsL et nous
félicilons nos freres du eanton d'llliers des exeellenls senlimenls qui
les animent.
Les p ers~cutions, comme naus l'avons dit, sont le lot io évitable de
toutes les grandes idées nouvelles, qui toutes ont eu Iems marlyrs;
eeux qui les endurent seront heureux un jour d'avoir souffert pour le
triomphe de la vérité. QIl'ils perséverent dane sans se rcbuter et sans
faiblir, et ils serout soutenus par Ies bons Esprits qui les observen t;
mais aussi qu.'i!s ne se départissent jamais de la prudenee que co m-
mandent les eirconstances, ct qu'ils évitent avee soin tout ce qui
pourrait donner prise à nos adversaires ; e'pst dans l'intérêt de la
doetrine.
(Société :ue P aris , 21 juin i867; m<Íu. M. MOl'in, ou somnambulism e spontan é.)
VARIÉTÉS
Fait d'idenlité .
Un de nos correspondants de Maine-et-Loire nous transme! le fait
suivant, qui s'est passé sous ses yeux, comme preuve d'idendité.
M. X..... était depuis quelque temps gravement malade à C..... ,
en Touraine, et I'on attendait sa mort à cbaque instant. Le 23 avril
dernier, nous avions à notre groupe, pour quelques jours, une dame
médium à qui nous devons de tres intéressantes communications. 11
vint à la pensée d'un des assistants, qui connaissait M. X ... , de de-
mander à un Esprit familier de notre groupe, Esprit léger, mais Don
mauvais, si ce Monsieur ét.ait morto - ~ui, fut-il répotldu. - lVh is,
est-ce bien vrai, car tu parles quelquefois légerement? - L' Esprit
répondit de nouveau affirmativement. Le lendemain, M. A. C... , qui
jusqu'alors avait été peu croyant, et qui cannaissait ~ussi parliculie-
rement !VI. X... , voulut essayer de l'évoquer lui-même, si en eire! il
était morto L'Esprit vint à l'instanl à son appel et dit: « De grâce,
ne m' oubliez pas; priez pour moi. » - Depuis combien de temps êtcs-
vous mort? demanda M. A. C. - Un jour. - Quand serez-vous
enterré? - Ce soir, à quatre henres. - Souffrez-vous? - Tout ce
qu'une âme peut souffrir. - .Me conservez-vous rancune? - Oui. -
Pourquoi? - J'ai toujours été trop roide avec vous.
Les relations de ces deux Messieurs avaient toujours été froides,
quoique parfaitement polies. L'Esprit, prié de signer, donna les trois
initiales de ses prénoms et de son nome Le jour même, M. A. C. re-
- 213 -
çut une letlre lui annonçant la morl de M. X .•. Le soir, apres Ie di-
ner, des coups se firent enlendre. M. A. C. prit la plume et écrivit
sous la dictée frappé e de i' Esprit :
J e fus amhitieux, tout homme l'e st sans doute;
Mais jamais roi, pontife ou chef ou citoyen,
N'ont conçu un projet aussi grand que le mien.
Les frappements étaien t forts, accentués, presque impél'Íeux,
comme venant d'un Esprit inilié depois longtemps aux rapports du
monde invisible avec les hommes. M. X ..... avait rcmpli de hauf.es
fOl1 ctions administratives; peut-être, dans les loisirs de la retraite ct
sous l'influence du souvenir de ses anciennes occupations, son Esprit
avait-il élaboré quelque grand projeto Une lettre reçue il y a deux
jours confirme tous les détails ci-dessus.
R emarque. Ce fait n'a sans doute rien d' extraordinaire et qui ne
se rencontre souvent; mais ces faits intimes ne 80nt pas toujours les
moins instructifs et les moins convaincants; ils font plus d'impres-
sion dans les cercles ou ils se passent que ne le feraient des phéno-
mImes étranges qu e I'on regardait comme exceptionnels. Le monde
invisible s'y révele dans des conditions de simplicité qui le r appro-
chen l de nous, et convainquent mieux de la continuité de ses r ap ports
ave c le monde visible ; en un mot, les morts et les vivants y sont plus
en famille et 8'y reconnaissent mieux. Les faits de ce genre, par leur
multipl icité et la faci lité de les obtenir, Ol1t plus conlribué à la pro-
pagation c1 :l Spiritisme que les manifestations qui ont les apparences
du mervei lleux. Un incrédule sera bien plus frapp é d'une simple
preuve d' identité donnée spontan ément, dans l'intimité, par quelque
parent, ami ou connaissance, que par des prodiges qui ne le touchent
que peu, et auxquels il ne croit pas.
Poésie -Spirite.
Aux Esprits protecteurs.
Plus hau t, plus haut encor ! Prends ton voI, ô mon âme
Vers ce p ur idéal que Dieu t'a révélé!
Par de lã tous Ies cieux, et ces mondes de flamme,
Vers l'absolu dívin, je me sens app elé.
Notices bibliograpbiques
1e Boman de l'avenir.
Par E , BON NEMER E.
L'année derniêre, les Esprits nous avaient dit qu'avant peu la lit-
térature entrerait dans la voie du SpiritÍot.lme, et que 1867 verrait
paraitre plusieurs ouvrages importaots. Peu apres parut en effet
le SpirÜe, de Théophile Gautier; c'était, comme nous l'avons dit,
moins un roman spirite que le roman du Spiritisme, mais qui a eu
son importance par le nom de l'auteur.
Vint ensuite, au commencemeot de cette année, la touchante et
gracieuse histoire de lJ1irette. A cette occasion, l'Esprit du do cteur
MoreI Lavallée dit à la société :
«L'année 1866 présente la philosophie nouvelle sous toutes les
formes; mais c'est encore la tige verte qui renferme l'épi de blé, et
attend pour le montrer que la chaleur du printemps l'ait fait murir
et s'entr'ouvrir. 1866 a préparé, 1867 murira et réalisera. L'année
- 2l6-
s'ouvre sons les aUEpices de Mirette, et elle ne s'écoulera pas sans
voir apparaitre de nouvelles publications du même genre, et de plus
sérieuses encore, en cc sens que lo roman se fera philosophie et que
la philosophie so fera histoire. " (Revue de février 1867, page 64.)
Ces paroles prophétiques se réalisent; nous tenons pour certain
qu'un ouvrage important paraitra avant peu; ce ne sera pas un ro-
man, qu'on peul considérer r,omme une reuvre d'imagination et de
fantaisie, mais la philosophie même du spiritisme, hautement pro-
clamée et développée par un nom qui pourra donner à réfléchir à
ceux qui prétendent que tous les partisalJs du Spiritisme 80nt des
fous.
En attendant, vaici un ouvrage qui n'a du roman que le nom,
car l'intrigue y est à peu pres nulle, et n'est qu'un cadre pour déve-
lapper sous forme d'entretien los plus hautes pensées de la philoso-
phie morale, sociale et religieuse. Le titre de Roman de l' avenil' ne
parait lui avoir été donné que par allusion aux idécs qui régiront 1,\
société dans l'avenir, et qui ne sont pour l'instant qu'à l'état de
romano Le Spiritisme n'y est pas nommé, mais il peut d'autan t
mieux en revendi quer les idées, que la plupart sembleot puisées
textuellement dans la doctrine, et que s'il en est quelques-unes
qui s'eo écartent uo peu, elles sont en petit nombre et ne touchent
pas au fond de la questiono L'auteur admet la pluralité des exis-
tences, noo-seulement commo ratioonelle, conforme à la juslice de
Dieu, mais comme nécessaire, indispeosable à. Ia pro gression de
l'âme, et acquise à la saine philosophie; mais l'auteur paralt pen-
cher à croire, quoiqu'il ne le dise pas oettement, que la succe8sion des
existences s'accomplit plutôt de monde en monde que da ns le même
milieu, car il ne parle pas d'une maniere explicite des existence3
rnullipl es sur un même monde, bien que ceUe idée puisse être sous-
entendue. C'cst peut-être lã Ull des points les plus divergents, mais
qui, du r este, ne préjudicie nulIement au fond, puisqu'cn définitive
le principe serait le même.
Cct ouvragc peut donc être mis au rang des livres les plus sérieux
destinés à vulgariser les principes philosophiques de la doctrine dans
le monde littéraire ou l'auteur tient uo rang distingué. On nous a dit
que lorsqu'ill'a écrit, iI ne conna:ssait pas le Spiritismc; cela paralt
difficile, mais s'il en cst ainsi, cc serait une des plus édlatanLes
preuves de la fermentation spontanée de ces idées et de leur irrésis-
tible puissance, cal' le hasard seul ne fait pas rencol1trer tant de
chercheurs sur le rnêrne termino
- 217 -
La préface n'est pas la partie la moins curieuse de ce livre. L'au-
teur y explique I'origine de son manuscrito «Quelle est, dit-il, ma
collaboration dans le Roman de l' avenir? Sommes-nous deux, ou
trais, ou bien l'auteur ne s'appelle-t-il pas légion? Je Iaisse ces
choses à l'appréciation du lecteur, apres que je Iui aurai raconté une
aventure três véridique, biún qu'elle ait toutes les apparences d'une
histoire de l'autre monde. »
S'étant un jour arrêté dans Ull modeste village de Ia Bretagne, Ia
maItresse de l'auberge lui raconta qu'il y avait dans le pays un jeune
hommc qui faisait des choses extraordinaires, de vrais mirac\as.
« Sans avoir rien appris, dit-elle, il en sait plus long que le recteu~,
le médecin et le notaire ensemble, et que tous les sorciers réunis. 11
s'enferme tous les matins dans sa chambre; on voit sa lampe à tra-
vers ses rideaux, car il lui faut sa lampe, même quand il fait jour,
et alors il écrit des choses que jamais personne n'a vues, mais qui
sont superbes. II vous annonce des six mois à I'avance, le jour,
l'heure, la minute ou il tombera dans ses grands accês de sorcellerie.
Une fois qu'i1I'a dit ou écrit, il !l'en sait plus rien, mais c'est vrai
comme parole d'Evangilc, et infaillible comme décision du pape, à
Rome. 11 guérit du premieI' coup, et sans se faire payer 1 ceux qui lui
sont sympathiques, et à la barbe du médecin, les malades que
celui-ci ne guérit pas pour leur argent. M. le recteur dit que ce ne
peut être que le diable qui lui donne le pouvoir de guérir ceux à qui
le bon Dieu cnvoie des maladies pour leur bien , afin de les éprouver
ou de les châtier. »
« J e fus le voir, ajoute I' auteur, et ma bonne étoile voulut que je
lui fu sse sympathique. C'était un jeune homme de vingt-cinq ans,
auquel son pera, riche paysan du canton, avait fait donner une cer-
taine éducation, quoi qu'en ait dit mon hôtesse; simple, mélanco-
Iique et rêveur, poussant la bonté jusqu'à I'excellence, et doué d'un
tempérament chez lequel le systeme nerveux dominait sans contre-
poids. 11 se levait à l'aube, en proie à une fiêvre d'inspiration qu'il
ne pouvait maltriser, et répandait à flols SUl' le papier les idées
étranges qui germaient d'elles-mêmes, à son insu et souvent malgré
lui, dans son cerveau.
~ Je le vis à l'muvre. Dans l'espace d'une heur'e, il couvrait inva-
riablern ent son cahier de quinze ou seize pages d' écriture, sans hési-
tation, sans ratures, sans s'arl'êter une seconde à chercher une idée,
une phrase , un moto C' était un robinet ouvert, d'ou l'inspiration
s'écoulait en jet toujours égal. Absolument muet pen.dant ces heures
- i 18-
de travail acharné, les dents serrées et les levres eontraetées, la parole
lui revenait à l'instant ou la pendule sonnait la reprise des travaux
champêtres. 11 rentrait alol's dans la vie de iout le monde, et tout ce
qu'i1 venaít de penser ou d'écrire pendant ees deux ou trois heures
d'une autre existence s'efi'açait peu à peu de sa mémoire,comme le
rêve qui s'évanouit et disparait à mesure que I'on s'éveille. le I"n-
demain, chassé de sa couche par une force invincible, ilse remettait
à l'ouvragc et continuait la phrase ou le mot commencé le jour pré-
cédent.
« 11 m'ouvrit une armoire dans laquelle s'accumulaient des eahiers
chargés ainsi de SOIl écriture. - Qu'y a-t-il dans tout cela? lui de-
mandai-je? - Je l'ignore auLant que vous, me répondit-i1 en souriant.
- Mais comment tout cela vous vient-il? - Je ne puis que vous re-
nouveler la même réponse : je l'ignore autant que vous. Parfois je
sens que c'est en moi; d'autres fuis j'entends qu'on me le dito Alors,
sans en avoir eonseience et sans entendre le bruit de mes propres pa-
roles, je le répete à ceux qui m'entourent ou bien je l'écris.
« Cela constituait dix-sept mille pages environ, écrites en quatre
années. li s'y trouvait un e centaine de nouvelles et de romans,
des traités sur di vers sujets, des recettes médicales et autres, des
maximes, ete. J'y remarquai surtout ceci:
« Ces choses m(sont révélées, à moi simple d'esprit etd'instruction,
(I parce que, n'en sachant rien, n'ay:wt pas à leur égard d'idées pré-
" conçues, je suis plus apte à m'assimiler les idées des autres.
« Les êil'es supérieurs, partis les premiers, épurés encore par la
« transformation, viennent m'envelopper et me dire :
" On vaus donne tout ce qui ne s'apprend pas et quí peut éclairel'
« l'c monde ou naus avons en pariant laissé notre empreinte ineffa-
• çahle. Mais íl faut réservcr 8a part au travail personnel, sans em-
• piéter sur la science acquise, ni sur le labeur que chacun peut et
{( doi! faire. »
«Dans cet immense fouillis, j'ai choisi une sim pIe idylle, reuvre
de fantaisie, étrange, impossible, et dans laquelle sonl jetées, sous
un e forme plus ou moins légere, les bases d'nne nouvelle eosmogo-
l1ie tout entiere. Dans ses eahiers, cette étude portait pour titre :
I' Unité, que j'aí eru devoir remplacer par eelui de Rornan de I'Ave-
nil'. » Voiei la dunnée principal e dn sujet.
Paul de Villeblanche habitait en Normandie, ave e son pere, les
restes d'un vieux château, jadis demeure seigneuriale de sa famílle,
ruinée et dispersée par la Révolution. C'était un jeune homme d'une
- 219-
vingtaine d' années, d'une haute intelligence, aux idées les plus-
larges et les plus avancées, et qui avait mis de côté tous les pré-
jugés de race.
Dans le même canton" vivait, une vieille marquise tres dévote,
qui, paul' racheter ses péchés et sauvel' son âme, avait imaginé de
tirer de la mísere et de la fange sociale une petite Bohémienne pour
en faire une religieuse; de cette maniere, pensait-elle, elle serait
assurée d'avoir quelqu'un qui, par reconnaissanco ot par devoir,
prierait sans cesse pour elle, pendant sa vie et apres sa mort, Celte
jeune filie était donc élevée au couvent depuis environ huit ans, et
eo attendant qu'elle prit le voile, elle venait tous les deux ans passer
six semaines chez sa bienfaitrice. Mais cette jeune filie, d'une rare
intelligence, avait intuitivement sur bien des choses des idées à la
hauteur de celles de Paul. ElIe avait alors seize ans. Dans une de
8es vacances, les deux jeunes gens se rencontrent, se lient d'une
aifection toute fraternelle, et ont ensemble des entretiens ou Paul
développe à son intelligente compagne des príncipes philosophiq:ues
nouveaux pour elle, mais que celIe-ci comprend sans effort et de-
vance même souvent. Ces deux âllles d'élite S0 nt à la hauteur l'une
de l'autre. Le roman finit par un mariage, comme de raison, mais
là encore ce n'est qU'tlD prétexte pour donner une leçon pratique
sur un des points les plus importants de l'ordre social et les préjugés
de castes.
Nous inscrivons volontiers ce livre au nombre de ceux qu'il est
utile de propager, et qui ont leur place marquée dans la bibliotheque
des Spirites.
Ce 80nt ces entretiens qui font le sujet principal du livre; le reste
n'est qn'un cadre tres simple pour l'expúsition des idées qui doivent
un jour prévaloir dans la société.
Pour rapporter tout ce qui, à ce point de vue, mériterait de l'être,
il faudrait citer la moitié de l'ouvrage ; nous reproduisons seulement
qu elques-unes des pensées qui pourront faire juger de l'esprit dans
lequel il est conçu.
« Trouver, c'est la récompense d'avoir cherché, et tOl1t cc que
nous pouvons faire nous-mêmes, il ne faut pas le demander aux
autres. »
a Le monde est un vaste chantier dans lequel Dieu distribue i
chacun sa besogne, nous dispensant notre t.âche suivant nos forces.
De cet immense froUement d'intelligences di verses, opposées, hostiles
- 220-
en apparence, la lumiere jaillit, sans qu'elle s'éteigne à l'heure de
notre dernier sommeil. Au contraíre, la marche constante des géné-
rations qui se succêdent apporte une nouvelle pierre à l'édifice social;
la lumiêre devieut plus brillanle lorsqu'un enfant naU en apportant,
pour continuer Ie progres, le premier élément d'une intelligence tou-
jours renouvelée. »
Merei, cher frere, de votre eompassion pour colui qui expie par
la souffrance les fautes qu'il a commises; merci pour vos bonnes
prieres inspirées par votre amour pour vos freres. Appelez-moi quel-
quefois, ce sera un rendez-vous auquel je ne manquerai jamais,
soyez-en assuré. J e vous ai dit dans une communication donnée à la
société qu'apres avoir souffert il me serait permis de venir vous don-
ner mon opinion dans quelques-unes des questions dont vous vous
oceupez. Dieu est si bon, qu'apres m'avoir imposé l'expiationpar la
- 224-
souffrance, il a eu pitié de mon repcntir, car il sait que si j'ai failli ,
ce fut par faiblei:lse, et que l'orgueil est fils de I'ignorance. Il m'est
permis de m'instruire, et si je ne puis, comme les bons Esprits qui
ont quitté la terre, pénétrer les mysteres de la création, je puis étu-
dier les rudiments de la science universelle, afin de progresser ct
d'aider mes freres à progresser aussi.
J e vous dirai le rapport qui existe entre l' état de l' âme et la naturc
des fluid es qui l'enveloppent dans chaque milieu ou elle se troU\ e
momentanément placée; et si, comme cela vous a été dit, l' âme
pure assainit les fluides, croyez bien que la pensée impure les vicie.
Jugez quels efforts doit faire l'Esprit qui se repent, pour combaltre
l'influencc de ces fluides dont il est enveloppé, augmentée encare
par la réunion de tous les mauvais fluid es que lui apportent, paur
l'étouffer, les Esprits perverso - Ne croyez pas qu'i1 me suffise de
vouloir m'améliorer, pour chasser les Esprits d'orgueil dont j' étais
entouré pendant mon séjour sur la terre. Ils sont toujours pres de
moi , cherchant à me retenir dans leur atmosphere malsaine. Les
bons Esprits viennent m'éclairer, m'apporter la force dontj'ai besain
pour lutter contre l'influence des mauvais Esprits, puis ils s'éloignent
me laissant livré à mes propres forces pour lutler contre Ic mal.
C'est alo rs que je ressens l'influence bienfaisante de vos bon nes
priêres, car, sans le savoir, vous continuez l'muvre des bons Esprils
d' outre-tombe. '
Vous voyez, cher frere, que tout 5' enchainc d ans l'immensité;
que tous naus sommes solidaires les uns des autres, et qu'il n'y a pas
UD e seule bonne pensée qni ne porte avec ell e des fruits d'amouJ',
d'amélioratiou et de progres moral. Oui, vaus avez raisonde di re à
vos freres qui souffrent qll'un mot suffit pour expliquer le Créatcul' ;
que ce mot doit être l'étoile qui guid e chaqlle Espdt, à quelque
degré de I'échelle spirite qu'il app artienn e par toutes ses pensées,
par tous ses acles, dans les mondes infé rieurs comme dans les mond es
supérieurs ; que CP- mot, l' évangile de tous les siecles, I' alpha et 1'0-
méga de toute science, la lumiere de la vérité éternelle, c'est amour !
Amour de Dieu, amour de ses freres. Heureux ceux qui prient paul'
leurs freres qui souffrent. Leurs épreuves de la tene deviendranl
légeres, et la récompense qui les atlend sera au-dessus de lcul's
, I
esperances ....
Vaus voyez, cher frere, combien le Seigneur est plein de miséri-
corde, puisque, malgré mes souffrances, il me permet de venir vaus
parler le langage d'u!) bon Esprit.
A ...
AUAN KARD EC.
--------------------------------------------------.-
FeToaode.
NOUVELLE . SPIRITE
corps à peine refroidi s'étendre sur le Iit fun ebre, et je me sen tis
COlTImc c1échargée d' un lourd fardeau. C' e~ t alors que je t aper-us,
man bien -aim é, et que par la permission de Dien, unie au libre e Yer-
cice de ma volonté, je t' aperçus aupres de mon cadavre.
- 228-
« Pendant que les vcrs poursuivaient leur ceuvre de corru ption,
je pénétrais, curieuse, les mysteres du monde nouveau que j' habi-
tais. Je pensais, je sentais, j'aimais comme sur la terre; mais ma
pensée, ma sensation, mon amour s'étaient agrandis. Je comprenais
mieux Ics desseins de Dien, j'aspirais sa volonté divine. Nous vivons
d'une vi€:: presque immatérielle, et nous sommes supérieurs à vous
autant que les anges le sont à nous. Nous voyons Dieu, mais \1on pas
clairement; nous le voyons comme on voit le solei I de votre terre, à
travers un nuage épais. Mais cette vue imparfaite suffit à notre âme
qui n'est pas encore purifiée.
eLes hommes nous apparaissent comme des fantâmes errant
dans une brume crépusculaire. Dieu a fait à quelques-uns d'entre
nous la grâce de vair plus clairement ceux qu'ils aiment de préfé-
rence. Je te voyais ainsi, cher amour, et ma volonté t'entourait
d'une sympathie amaureuse à tout momento C'est ain~i que tes pen-
sées venaient de moi, que tes actes t'étaient inspirés par moi, que la
vie, en un mot, n'était qU'lIn reflet de ma vie. De même que nous
pouvons communiquer avec vous, les Esprits supérieurs peuvent se
révéler à nos regards. Parfois, dans la transparcnce immatérielle,
nous voyons passer la silhoueUe auguste et lumineuse d~ quelqne Es-
prit. II m'est impossible de te dépeindre la respect que cette vue
nous inspire. Heureux ceux d'entre nous qui sont honorés de ces vi-
s.ites di vines. Admire la bonté de Dien ! les mondes se correspondent
tous. Nous nous montrons à vous ; eux se montrent à nous: c'est
l' échelle symbolique de J acob. »
c 11 en est qui, d'un seul coup d'aile, se sont élcvésjusqu'à Dieu,
Mais ceux-Ià 80nt rares. D'autres subissent les longues épreuvcs eles
existences successi ves. C' est la vertu qui donne les rangs, et le m ClI-
diant courbé vers la terre est parfois, aux regards du Dieu .iuste et
sévere, plus grand que le rui superbe ou le conquérant invaincll.
Rien ne vaut que par l'âme; c'est le se']l poids qui l'emporte dans
la balance de Dieu. »
Maintenant que nous avons fait la part de l'éloge, faisons celle de
]a critique; elle ne ser a pas longue, car elle ne porte que sur
deux ou trois pensées. Au début, dans un dialogue entre les deux
amis, nous trouvons le passage suivant:
« Avons-nous des existences antérieures? J.e ne le crois pas: Dietl.
nous tire néant ; mais ce dont je suis sur, c'est qu'aprês ce que
110US nommons la mort, nous commençons, - et quand je dis nous,
je parle de l'âme, - nous commençons, dis-je, une série de nou-
- 229-
velles existcnces. Le jour ou nous sommes assez purs pour voir,
comprendre et nimer Dieu entierement, ce jour-Ià seulement n.ous
maurons. Note bien que ce jour-Ià nous n'aimons plus que Dieu et
rien 'que Dieu. Si donc Fernande était purifiée, elle ne songerait,
elle )~e pourrait songer à moi. De cc qu'elle s'est manifestée je
conc\us qu'elle vit. Ou? je le saurai bientôt! Elle cst heureuse de
sa vie, je le crais, cal' tant que l'Esprit l1'a pas été épuré compléte-
ment, il ne peut comprendre qu~ le bonheur n'est qu'en Dieu. 11
peut être heurelJx re\ativement. A mesure que nous monLons, l'iàée
de Dieu s'agrandit en nous de plus el1 plus, et nons sommes, par lã
même, de pius en plus heureux. Mais ce bonhem n'est jamais qu'un
banhem' relatif. Ainsi ma fiancée vit. QuelIe est sa vie? je l'ignore :
Dieu seul peut dire aux Esprits de révéler aux hommes ces mys-
teres. J
Apres des idées comme celles que renferment les passages préci-
tés, ou s'étonne de trouver une ductrine comme celle-ci, qui I'ait du
banheur parfait un bonheur égolste. Le charme de la doctrin e spi-
rile, ce qui en fait une suprême consolation ~ c'est précisément la
pens~e de la pcrpétuité des afTections, s'épurant et se ressermnt à
mesure que I'Esprit s'épure et s'éleve; id, au contraire, l ' Espri~,
quand il est parfait, oublie ceux qu'il a aimés, paul' ne penseI' quià
lui; il est mort à tout autre senti meut q'l'à celui de son bonheur; la
perfection !ui ôterait la l'0ssibzlité, le désir méme de vebir consoler
ceux qu'i!laisse dans I'afíliction. Ce serait lã., i! faut en convenir,
une triste perfectiotl, ou, pour mieux dire, cc serait une impel'fec-
tion. Le bonheur éternel, ainsi conçu, ne serait guere plns enviable
que celui de la contemplation perpétue!le, Jont la réclllsion cJaus-
trale nous dO!11}e I'image p::l r la mort anticipée aux plus saintes nf-
fections de la familtc. S'i! en était ainsi, une mere ell serait réduite
à rcdauter au Iieu de désirer la complete épmation des êtrcs qui lui
S:ll1t le plllS chers. Jamais la généralité des Esprits n'a enseigné
chosa semblable; on dirait une transaction entre le Spiritisme et la
croyance vulgaire. Mais coUe transaclion n'est pas heureuse, car, l1e
satisfaisant pa~ les aspirations intimes de l'âme, elle n'a aUCllne
chance de prévaloir dans I'opi nion.
Quand l'auteur dit qu'ilne croit p:1. S aux existellces antérieures,
mais qu'il est SUl' Cjq'apres la mort, nous commençons une série de
nouvelles existences. i! ne s'est pas aperçu qu'il commcttait une con-
tradiction flagrant e ; s'i! admet, comme chose logique et nécessaire
au progres, la pluralité des existcnces postérieures, SUl' (IUoi se
- 230-
ronde-t-il poul' ne pas admettre les existenees antérieures? Il ne dit
pas comment il ex plique d'une n:aniere conforme à la justiee de
Dieu, l'inégalité native, intellectuelle et morale, qui existe entre les
hommes. Si cette existence est la premiere, et si tous sont sor!is du
néant, 011 retombe dans la doctrine absurde, ineonciliable avec Jn.
souverainc justiee, d'un Dieu partial, qui favorise certaines de ses
créatures, en créant des âmes de toutes qualités. On pourntit égale-
ment y voir une transaction avec les idé~s nouvelles, mais qui n'est
pas plns heureuse que la précédente.
On s' étonne enfin de voir Fernande, Esprit avancé, soutenir celte
propJsilion d'un autre temps: «Laura devint mere; Dieu eut pitié
d'ell c, et appela à lui cet enfant. Il vient la revoir parfois. 11 est
tri1:' tc, ca r ~tant mort sans baplême, il ne jouira jamais de la cou-
templation divine. \l Ainsi voilà. un Esprit que Dieu appelle â fui, et
qui est à jamais malheureux et privé de la contemplation de Dien,
parce qu'il n'a pas reçu le baptême, alors qu'il n'a pas dépendu de
lui de le reeevoir, et que la faute en est à Dieu même qui l'a rappelé
trop te,t. Cc Bont ees doetrines qu~ ont fait tant d'incrédllles, et si
1'011 espere les faire passer à la faveur des idées spirites qui prennent
racir.c, ou se trompe; on acceptera des idées spirites que ce qui est
rationnel et sanetionné par l'universalité de l'enseignement dos
Esprits. Si e'est encore là de la transaction, elle est rn::dudroite.
Nous posons en fait que sur mil1e cent.res spirites ou les propositions
que nous venons de critiquer s'::raient soumises aux Esprits, il y en
ti neuf cent quatre-vingt-dix ou elles seront ré.solul!S el1 sens con-
t.raírE'.
C'est I'universalité de I'en:oeignement, sanctionné en outre par la
Jogique, qui a (ait et qui coml'lélera la doctrine spirile. Cette doc-
trine puise, dans celte uni versalité de l' enseignement donné sur
tous les poi;Jts d li globe, par des Esprits diiIérents, et dans des
centres complétement élrangers les uns aux autres, et qui ne SUblS-
senl aucune pression eommune, une force contre laquelle lutteraicnt
en vain les opinions individuelles, soit des Esprits, soit des hommes.
L' allümce que I'on prétendraít établir des ídées spiriles avec d~s
idécs contradictoires, ne peut être qu' épIJernere et localísée. Les
opinions individllelles peuvent rallier que lques inàividus, mais [or-
cément circonscriles, elles ne peuvent rallier lu majurité, à moi ns
à'a voir la sanction de cette majorité. Repoussées par le .plw; grand
n011.b1'e, e lle~ sont sans vi t a lité ~ et s'éteignent avec le urs représen-
tants.
-~ -~ :~ :j 1 _.. -
Ceci est le résultatd'un calcu l lo u. t ti1aLhé matique. Si, sur mine
centres, il y cn a 990 ou I'oh enseigne de la mêm e façon, et dix d'une
façon _contraire , il est évident que l'opinlon dom inante sera celle de
990 SUl' 1,000, c'est-à-dire la prei-'que unanimité. Eh bien! naus
sommes certain de faire une part trop large aux idées di verg entes,
cn les portant à un centieme. Ne [ormulant jamais un príncipe
avant d' êLre assuré de l' assentiment général, nous sommes toujol!rs
d'accord avec I'opinion de la majorité.
Le Spiritism e est aujourd' blli en possession d'une somme de vé·-
rités tellement démontrécs par l'expérience, qui satisfont en même
lem ps si complétement la raison, qu'elles sont passées cn al'licles de
foi uans l'o pinion de I'imm ense majorilé des adeptes. 01', se mettre
en hosliliLé ouverte avec ceIte majorilé, froisser ses aspiratio ns ct ses
COll victi ons les plus cheres, c' est se préparer un écbec inévitable.
Telle est la cause el e I'insucces de cerlaines publications.
Mais , dira-t -oo , est-il done défendu à celui qui ne partage pas les
idécs de la majorité de publier .ses opinions? Assurément nOI1 ; il
esl mêllle uLile qu'il le fasse ; mais alors il doille faire à ses risques et
périi::: , cl ne pas co:npter s ur l' appui moral et matériel de ceux dont
il veul ])altre el1 breche les croyan ces.
Pour en rcvenir à Fcrnande, les poin ls de doctrine que no us avons
combaLt us paraissent être des opinions personne lles à l'auteur dont
il n'a pas senti le côté faíble . En nous adres3an I son ceuvre, début
d'Ull jcuile homme, il nous a dit que lorsqu'il uvait écriL celte nou-
veile, il n'avait qu'une connaissan ce su pe dicíelle de la doctrin e spi-
ri te, et que DOUS y trouverions sans do ute plusieurs choses à redire
SU l' lesqll elles il sol!idtait notre avis; que, plus éclairé ulJjourd'hui, il
est des príncipes qu'il fo rm ulerait autrement. En le félicitant de sa
franc bise et de sa madestie, naus i' avons inlormé que, s'i l y avait
lieu de le réfuter, na us le fcl'i alls dans la. Revue pour l'inslruction de
tous.
A p::trt les points que naus veno ll S de citer, il n'en est au cu n que
la.docll';:lc spil'ite ne puisse accepter ; naus f81icitons I'aule ur c1u poinl
de Vi lC mural et phil osophique ou il s'est placé, et naus tenons 80n
travail p OUl' émincmmcn t utile à. Ia diITllsion de l'idée, parce qu'il la
fai t cllvisa.ger sous son véritable j our qui est le point de vue séri eux.
(Voir dans le numéro précéclent, page 21 3, la piece de poésie du
même étuteuI', intitulée : A ux E spl'its protec.'eun.)
- 232-
Sirnonet,
Médium guérisseur de Bordeaux.
1,e Fl[!arO du 5 juillet dernier rendait eompte en ees termes d'u l1
jugement rendu par le tribunal de Bordeaux :
« Da.ns ces derniers temps, la furem' à BOl'deaux était d'aller C(JIl-
sulter le soreier de Cauderan. On évalue ti. mille ou douze eenls Ic
nombre des visites qu'il recevait chaque jour. La police, qui fait pro-
fession de scepticisme, s'est émue d'un parei! succes, et elle n voul u
opérer une deseente au château de Bel-Air ou le sorcier avait élu
domicile. Aux alentours de la demeure du sorcier on renconlrait une
foule de gens se disant alteints de loute espece de maladies ; dcs
grandes dames y venaient aussi en ealeche pour consulter I'illu-
miné .
« Les magistrats, des qu'ils euren t interrogé le sorcier, lIe dou-
terent pas qu'ils n'eussent affaire à un pauvre fou qui était exploilé
par eeux mêmes qui lui donnaient l'hospitalité; l.I.ussi, le Borcier Si-
monet n'a-t-il pa::; été compris dap..s la poursuÍtc qU'GU s'est co:d.crM
de diriger eontre les freres Barbier 1 adroits eomperes qui rccu:cil-
laient tous les profits de la crédulilé gasconne.
« Leur maison, qu'en vrais Gascons ,qu'ils sont ils décora.ic!ll du
nom de château, avait été eonvertie en auberge; seulement, les vins
qu'ils y débitaient n'avaient rien de- commun avec ce qu'oll appelle
en Languedoc des vins de Château; et puis ils avaient oublié de se
pourvoir d'une licence, si bien que l'administration des c'Hltribution~
indirectcs leur faisait un proces.
« 1.e sorcier Simonet était cité com me témoin .
- u Ou avez-vous appris la médecine, vaus qui étiez un simple
chaudronnier?
- « Et que pensez-vous de la révélation? Qu'élaient donc les dis-
ciples du Chl'ist? Que faisaient-ils, ces pauvres pêchcurs qui ont con-
verti le monde? Dieu m'est apparu; il m'a donné sn. science, je n'ai
même pas besoin des remedes, je suis un médecin guérisseur.
- « Ou avez·vous appris tout cela?
- «Dans AlIan Kardcc ... et même, Monsieur \e président, je vousle
dis avec tout le respect possible, vous ne paraissez pa.s conn:l ltre la
science du Spiritisme et je vous engage tres fort á l'étudier. (Hila-
rité à laquelle ne résistent pas les juges eux-:nêmes,)
- « Vous abusez de la crédulité publique. Ainsi, pour nc citeI'
qu'un exemple, il y a un pauvre avellgle que tout Bardeaux connalt.
II a eu la faib les8e d'aller chez vous, e.t il vous portait lcs oboles
qu'il recevait de la charilé publique. Lui aveZ-VOllS rendu la vue?
- « Je nc guéris pas tout la monde, n il fc1l1t croirc que jc
- 233 -
fais des cures, puisque le jour ou la justice est venue, il y aV[~it plus
de 1,500 personnes qui attendaient leur touro
- (C C'est malheureusement vrai.
cc M. le procureur impérial. - Et si cela continue, nous pren-
drons une ele ces deu x meSllres : ou nous vous traduirons ici pour
escroquerie, et la j ustice appréciera si vous êtes fou, cu nous ferons
prendre une rnesure admillistrati ve eontre vouS. li faut protéger les
'honnêtes gens contre leur ineréduli lé.
« Au château de Bel·Air 011 ne demandait pas d'argent aux cOl1sul-
tants; Oll leur distribuait seukment un numéro d'ordre, qu'on fai-
sait payer vingt centimes ; puis il y en avait qui trafiquaient ele ces
numéros, les revendant jusqu'à quinze franes. Enfin, 011 dOl1nait b,
manger aux pauvres paysans venus quelquefois des extrémités du
déparlement. Enfin, il y avait un tronc pour les pauvres; 11 n'est pas
be:::oin de dire que les hôtes du sorcier s'appliquaient l'argellt des
pauvres.
" Le tribunal a condamné les sieurs Barbicr en deux mois et un
mois ele prison et 300 fr. envers les contributions indirectes.
(C Ad. ROCrIER. J)
VARIÉTÉS
La Ligue de J'enseignement.
011 lit duns le Silxle du 10juillet 1867:
" Une seclion de l' association fondée par J ean Macé vient c]'elre
autorisée à Metz par la préfecture~ sous 1e nom de « Cercle messin
de la Ligue de l'enseignement. »
« 011 lit à ce sujet dans la JJfaselle :
« Le comité directeur élu du cercle est entré en fonctions et a.
décidé de commencer ses travaux par la fondation d'un e bib!iotheque
populail'e SUl' le modele de celles qui renden t de si grands services
en Alsace.
/( Puur cette oouvre, le cercle messin réclame le concours de tous
et sollicite I' adhésion' de quiconque s'intéresse au développement de
l'instruction et de l' éducation dans notre ville. Ces adhésions, accom-
pagnées d'une cotisation dont le chiffre et le mode de payeme!Jt sont
facultatifs, et les dons de livres, séront rcçus par r,hacun des mem-
bres du comité. D
Ainsi que nous I'avons dit', quand naus avons p,lrlé ele la Ligue de
l' enseignement (Revue de mtu'oS ct a vI'il1 86 7, pages 79 et 110), DOS
sympathics sont acquises b, toutes ies iJées progressives ; dans ce
projet, naus n'avons critiqué que le mode d' exécution. NoUs serons
donc heureux de voir des applications pratiques de ceLte belle pensée.
Madame Walker. docteur en chirurgie.
Lcs médecins et les internes de l'hôpital de la Charité Ol1t reçu
- 241-
samedi, pendant la visite du matin, un de lc ul's confreres amen-
cains, à qui la derniêre guerre d' Amérique a füit un e certaine répu-
tation,
Ce docteur e11 chir urgie n'était autre que madame Walker qui,
durant la guerre de la !:'écession aux Etats- Unis, a dirigé lln impor-
tant service d'ambulances. Petite , d'une complexion délicate, mise
avec l' élégante simplicité qui distingLle les dames du monde, madame
Walker a été reçue tres sympathiquement et tres respectueusement.
Elle s'est tres vivement intéressée aux deux grands services, l'un
chirurgical, l'autre médica!.
Sa. pl ésence à la Charité proclamait un príncipe nouveau qui a
reçu sa consécration dans le nouveau monde: r égalité de la femm e
devant la science. (Opinion nationale.)
(Voir la R evue de juin 1867, p. 161; janvier 1866, p. 1, sur
I'émnncipation des femm es.)
Dissertations Spirites.
Plan de campagne. - L'êre nouvelle. - CODsidérations sur le somnaiIlbulisme
spontané.
(Paris, 10 févri cr 1867. Médium M. T ... , eu sommeil spontané.) '
Nota. Dans cette séance, au cune qllestion préalable n'avait provoqué
le sujet qui a été traité. Le médium s'était cl'abord occupé clt; santé, puis,
de procue en proche, il se t1'ol1V11 conclllit aux réflexions dont nous don-
nons ci-apfes l'analyse. II a parlé penr:lant environ une heure sans inter-
ruption.
Les progres du Spiritisme causcnt à ses enncmis un eITroi qu'ils
ne peuvent dissimuleI'. Dans le commrncement ils ont joué avcc les
tables tournantes, sans songer qu'ils cllrcssaienl un cnfant qui dcvait
gl'andir ; ... l'enfant a gralldi ... alors ils ont pressenti son avenir, et
se sont dit qu'ils en auraicnt bientôt raisoll ... Mais I'enfant avait,
comme on dit, la vie dure. 11 a résisté à loutcs les attaqucs, aux ana-
themes, aux persécutions, mêlllc à !,~ raillerie. Semblablc à. certaines
- 246-
graines que le vent emport.e., il a produit d'innombrables rejelons;...
pour un que l'on détruisait., il en poussait cent autres.
On a d'abord employé contre lui les armes d'un autre âge, c.ç lle~
qui réussissaient jadis eontre les idées nouvelles, parce que ces idées
n'étaient que des lueurs éparses qui avaient peine à se faire jour 11
travers l'iglloranee, et qu'elles n'avaient pas encore pris racine ditns
les masses; ... aujourd'hui c'est autre ehose; tout a changé : les mmu rs,
les idées, le caractere, les ero yanees; I' humanité ne s' émeut plus
des menaces qui eífrayaient les enfants; le diable, si redout.é de nos
aieux, ne fait plus peur: on en rito
Oui, les armes antiql1es se sont émoussées contre la cuirasse du
progrês. C'est eomme si, de nos jours, une armée voulait att uquer
une place forLe garnie de c.anons, a vec les fleches, les béliers et les
catapultes de nos aneêtres.
Les ennemis du Spiritisme ont VlI, par l'expérience, l'inutilit.é des
armes vermoulues du passé contre I'idée régénératriee; loin de lui
;Duire, leurs eíforts n'ont servi qu'à l'accréditer.
Pour lutter avec avantage contre les idées du siecle, il falldrai
être ~ la hauLeur du siecle; aux d')ctrines progressi ves, il fa udrai
opposer des doetrines plus progressives encore ... ; mais le moins ne
peut l'emporter sur le plus.
Ne pouvant. donc réussir par la violence, ils ont eu recours à la
ruse, I'arme de ceux qui ont conscience de leur faiblesse... de loups
ils se sont faits agneaux pour s'introdui l'e dans la bcrgerie, y scmer
le désordre, la division, la confusion. Parce qu'ils sont par\'cnus a
jetel' la perturbation d,ms quelques rangs, ils se sont crus trop tô~
maitres de la place. Les adeptes isolés n'en ont pas moins continué
leur ceuvre, et i'idée fait chaque jour son chemin sans beauco up de
bruit... Ce í'ont eux qui ont fait le bruit... Ne la voyez-vous pas
percer partout? danR les journaux, dans les livres, a'J tbé i\.tre, et
même dans la chaire? Elle travaille toutes Ies consciences ; elle en-
traine les espl'its vers de nou,-eaux horizons; on la trouve à l'état
d'intuition cbez ceux mêmes qui n'en oot pas entendu parler. C'est la
uo fait que personne 11e pellt nicr, et qui devient chaque jour plus
évident; n'est-ce pas la. preuve que I'idée est irr,~ sistible, el qu'elle
est un signe dll temps?
L'alléa.lltir est dOllc c!Jose impossible, parcc qu'il faudrait l'anéan·
tir, Ilon pas SUl' un point, mais SUl' le globe entier; et pui s, les ídées
De sont-elles pas portées sur I'aile eles vents, et ccmment les aLtcin-
- 247-
dl'e? On saisit des ballots de marchandises à la douane; mais des
idées ! elles sont insaisissables.
Que faire alors? Essayer de s'en empa,rer pour Ics accornmoder à
8ft. guise... Eh bien! c'est le parti auquel on S'p.st décidé. On s'est dit:
Le Spiritisme est le précu rseur d'une révolution morale inévitable;
avant qu'elle ne soit entierement accomplie, tâchons de la détourner
à notre profit; faisons en sorte qu'iI en soit de celle-ci commc de
certaines révolutiolls poli tiques ; en en dénaturant I' esprit, on pour-
mil lui im prime!' un Ul.lt rc c"urant.
Le plan de campagne est donc changé... Vous verrcz se former
des réunions spiritei', dont le buL avo ué sera la défense de la doclrine,
et dont le but secret sera sa deslruction; de soi-disant médiums qui
aurOfJ t des communications de commande appropciées an but qu'on
se propose ; des publications qui, sous le manteau du Spif'itisme,
s'effurceront de le démolir; des doctrines qui lui emprunteront qucl-
qu cs idées, mais avec la pensée de lo supplanter. Voilà la lutte, la
véritable llltte qu'il aura à soutenir, et qui Fera potirsui vie a vec
acharnement, mais dont il sortira victorieux et plus fort.
Que peuvent les hommes contre la volonté de Dieu? Est.il p~ssible
de la méconnaitre en pl'ésence de ce qui se passe? Son doigt n'c:ót-il
pag visible dêws ce progres qui brave toules les attaques? dans ces
ph énomenes qui sllrgissent de tou tes parts com rne une prote~ tati o n,
comme un démenti donné à toutes les néga.tions ?... La vic des hom-
mes, le sort de l'humanilé ne sont- il ~ pas entre ses mains? .. les
aveugles !... Ils comptent sans la nou ve lle géllératiClD qui s' él eve, et
qui emporte chaque jour la générütion qui s'en va ... encore quei(j ues
années, et ccll e-ci aura di~pélfll, ne laissant apres ell e que le f;OUyeni.r
de ses ten tatives insensées pOUI' arrêler l' élall de l'esprit hurna: n qui
marche, marche quand même ... Ils comptént sans les évéllemen ts
qui von t hâter l'éclosion de In nouvel!g période humanitaire ... sans
les appuis qui vont s'élev(~; Cll faveur de la nouvelle doctrine et
dont la voix puh:sante imposera. silence à ses détmcteurs par 80n
autorité.
Oh! combien la fâce du monde sera. changée pour CCIlX qui ver-
ront le comrnencement du siecle proch ain ! ... Que de ruines ils
verron t derriere eux, et que!s ,~plendides horizo ns ti' ou vriront devant
eux L ce sera eomme l'aurore refoul ant les ombl'cs de la nui L; ... aux
brui ts, allX tumultes, aux mugissements de la tel11pête Euccéderont
des chants d' allégresse; apfes les angoisses ,Ics hommes renaitront
- 2.j& -
à I' espérance... Oui! le vingtieme siecle sera un siecle béni, cai' iI
verra l'ere nauvelle annoncée par le Christ.
iVola. Ici le médium s'arrête, dominé par une émotion indieible,
et comme épuisé de fatigue. Aprcs quelques minutes de repos, pen-
dant Ic!:'quelles il semble revenir au degré du somnambulisme ordi-
naire, il reprend :
Qu'est-ce que je vous di sais donc? - Vous nous parJiez du nou-
veau plan de campagne des adversaires du Spiritisme ; pu;s vaus avez
envisagé l'ere nouvelle. - J'y suis.
En attendant ils disputent le terrain pied li pied. On a à peu pres
renoncé aux: armes d'un nutre âge dont on a reconnu l'ineffieaeité;
on cssaye mai ntenanl de celles qui !:'ont toutes puissantes en cc 3iccle
d'égolsme, d'orgueil et dc cupidité : I'or, la séduction de l'amonr-
propre. Aupres de ceux qui son t inaccessibles à la craintc, on
exploite la vanité, les besoins terrestres. Tel qui s'est roiJi con lre la
menace, prête quelquefois une oreille complaisante à la flatterie, 11
l'appât du bicn-etre matértel... On promet du pain à celui qui n'en
a pas, de l'ouvrage à rartisan, des pratiques au marchand, de l'a-
vancemellt à. l'employé, des honneurs à l'ambitieux 8'ils renoncent à
leurs croyances; on les frappe dans leur position, dnns leurs moyens
d'existence, dans leurs atfections, s'ils sont indociles; puis le mil':lge
de l'or produit sur quelques-uns son eiTet ordinai1'e. Dans le nOlTI-
bre, il se trouve nécessairement quelques caracteres fa ibles qui
succombent à la tentation. 11 y en a qui tombent dans le piége de
bonne foi, parce que la main qui le dresse se cache... II y en a
aussi, et beaucoup, qui ced ent à la dure nécessité, mais qui n'en
pensent pas moins ; leur renoncement n'est qu'app::..rent; ils plient,
mais pOUl' se relever à. Ia premiere occil sion ... D'autres, ceux qui ont
à un plus haut degré le véritable courage de la foi, bravent résolu-
ment le danger; ceux-là réussissent toujours, parce qu'ils sont
soutenus par les bons Esprits .•• Quelqucs-uns, hélas 1. .• mais ceux-Ià.
n'ont jamais été Spirites de creur ... préferent 1'01' de la ter1'e à ror
du ciel; ils restent, pour la forme, a1tachés à. Ia doctrine, et sous
ce manteau, n'en servent que mieux la cause de ses ennemis ... e'est
un triste échauge qu'ils font là, et qu'ils payeront bien cher!
Dans les temps de cruelles épreuves que vous allez traverser,
heureux ceux SUl' qui s'étendra la protection des bons Esprits, cal'
jamais cllen'aU!'a été plus nécessaire!. .. Priez pour les freres égal'és,
afin qn'ils mettent à. profit les courts instants de répit qui leur sont
accordés avant que la justice du Tres-Haut s'appesantisse sur eux ...
- 249-
Quandils verront éclater l'orage , plus d'un eriera grâee! Mais illeur
sera répondu : Qu'avez-vous fa.it de nos enseignements? N'avez-vous
pas, vous médiums, écrit een t [ois votre propre condamnation? ...
Vousavez cu la lumiere, et vaus n'en 3.vez pas profité; nous vous avions
donné un abri, pourquoi l'avez-volJs déserté? Subissez done lc sort
de ceux que vous avez préférés. Si votre creur eut élé tàl1cllé de
nos paroles, vous seriez restés fermes dans la voie du bien qui vous
élait traeée; si vous aviez eu la foi, vous auriez r ésisté aux sédue-
tions tendues à votre amour-propre eL à votre vanité. Avez·vous done
cru pouvcir nous en imposer, com me aux hommes, par de fausses
apparences? Sachez, si vous en avez douté, qu'i! n'est pas un Ecul
mouvement de l'âme qui n'ait son contre-eoup dans le monde dcs
Esprits.
Croyez-vous que ce soit pour rien que se développe la faeulté
voyante chez un si grand nombre de personnes? que ce soit pour
offrir un nouvel aliment à Ia curiosité que tant de médiums aujourd'hui
s'endorment spontanément du sommeil de l'extase? Non, détrom-
pez-vous. Cette facullé, qui vous est annàncée depuis longtemps, est
un signe caractéristique des temps qui s'accomplissent; e'est un pré-
lude de la transformation, car, comme il vous a été dit, ce dait être
un des attributs de Ia nouveIle génération. Celte génératiol1, plns
épurée moralement, lo sera aussi physiquement; la médiumnité sous
toutes les formes sera à- peu pres générale, et la communion avec
les Esprits uo état pOlir ainsi dire normal.
Dieu envoie cette facullé voyante en ces moments de crise et de
transition pour donner à ses fidêles serviteurs uo moyen de déjouer
les trames de leurs ennemis, car les mauvaises pensées que I'on croit
cachées dans I' ombrc des replis de Ia conscience, se ré percutent
duns ces âmes sensitives, comme dans une glr.ce, et se dévoilent
elles-mêmes. Celui qui n'exhale que de bonnes pensées ne craint pus
qu'on les connaisse. Heureux celui qui peut dire : Lisez dans mon
âme comme dans un livre ouvert.
Remarque. Le somnabul isme sponlané, dont nous a vons déjà
parlé, n'est en effet qu'une form e de la médiulTInité voyante dont le
développement était annoncé depuis que)quc temps, de même que
l'apparition de nouvelles aplitudes médianimiql1es. 11 est remarquable
que dans tous les moments de crise générale ou de persécution, les
pcrsonnes douées de cette faculté sont plus nombreuses que dans
les temps ordinaires; il yen a eu beaucotlp au momenl de la révo-
lution; les Camisards des Cévenes, traqués comme des bêtes fauves,
-- 250 -
avaient de nombreux voyants qui les averli ssiient de ce qui se passait
au loin; 011 les a, pour ce f,~it , et par irooie, qualifiés d'i1 lum inés;
aujourd'hui 011 commence à comprendre qne la vue à distance et in-
dépendante des organcs de la vision peut bicn être Ull des attributs
de la nat1,lre humain~, et le Spiritismp, l'cxplique p itr ta faculté cxpan-
si ve ctles propriétés de r âme. Les fails de ce genre se sont tel!cmcnt
multipliés, qu'on s'en étonne moins; cc qui paraissait à quelques-uns
autrefois miracle ou sortilége. est aujo urd'hui considéré comme
eITet naturel. C'est une des mille vaies par lesquelles pénetrc le Spil'i-
tisme, de sorte que, si on l' arrête à une source, il se fait jour par
d'autres issues.
Cette faculté n'est donc pas nouvelle, mais elle lend à se gé::éra-
liser, sans eloute pOUl' te motif indiqué dans Ia communicaLion ci-
dessus, mais aussi comme moycn de prouver aux in crédules l'exis-
tence du principe spirituel. Au dire des E8prits elle dcviendrait même
endérnique, ce qui s' expliquerait naturellel1len t par la trans i'ormation
morale de l' humanité, CGtle transformation devant am cner dans
l'ol'ganbrne des modifications qui faciliterollt l'expansiol1 de l'àme.
Comme d'aulres facültés médianimiques, celle-ci peut ê!Te expiai.
tée par le charlatanisme; il est donc bon de se I.etlir en garde conlre
la supercherie qui pourrait, par un motif quelconqllc, che rcher it la
simul er, at de s'assurer, pélr tous les moyens possibles, de la bonne
. foi de ceux qui disent Ia posséder. Outre le désinléressel11cnt malériel
ct mOl;al, et I'honorabilité notoire de la personne, qui sont Ies pre-
mieres garanties, il convient d'observel' avec soin les condilions et
les cirCollstanccs dans lesqueil es le phénomene se produit, ct de voir
si elles n' ufTrent rien de suspcct.
Les Espi ons.
Société d~ P aris, 12 juillet 18ü7; méd . M . Ma l'in, eu sammei! spon Lun~ .
La responsabilité morale.
Société de Paris, 9 juillcl iSG7. i\1éd. M . Nivard.
rnrtr ié'e à uu granel cbef de tribu, a eu l' infam ie d'oublier ses devoirs
conjugallx avec un EU l'opéen lrop séduitlant, el est morte u Londres
d'unc 1TIu.ladie de langueul' ;
«( 2° Des trichincs vingt foi s plus grosses que nalure clans tontes
les phases ue leur existence , dep uis la plus tend re enfélllce jusqu'à la
.plus extrêmc vieillesse;
- 256-
u 3° La célebre Mexicaine Julia Pastrana morte en couches à
Moscou en l' an de gráce 1860.
« Ce n'est pas sans un étonnement légitime que nous avons appris
cette mort prématurée, - attendu qu'en 1865 Julia Paslrana s('
livrait à des exercices équestres dans un cirque dont les représenla-
tions se donnaient sur le cours Napoléon.
" Comment une femme morte en 1860 peut-clle crever des rOll ds
de papier en 1865? Cela fait rêver!
/I ALLAN KARDEC. »
Monsieur,
On me communique le numéro 6 de votre journal, ou se trouve un
artic\e signé : Allan Kardec. Je ne pense pas n'avoir d'homonyme;
dans tons les cas, comme je ne réponds que de ce que j'écris, je
vous pl'ie de vouloir bien insérer la présente letlre dans votre pro-
chain numéro, afin d'informer vos lecteurs que M. Allan Kardec,
l'auteur du Livre eles Esprits, est étranger à l'article qui porte son
nom, et qu'il n'autorise personne à s'en servir.
Recevez, monsieur, mes salutations empressées.
ALLAN KARDEC.
AL LAN KARDEC.
(1) Cet article est cxtrait d'un nouvel auvrage que naus metlons en ce moment sous
presse et qui paraitra avant la /in de cette annéc. Une ra ison d·opportunilé naus li. engagé
à publier par allti ~ ipation cct extr'ait dans la Ren1e; malgré son étendue, naus avons cru
devoir l'insél'er en une seule rois pour ne pas interrorn pre I'enchalnement des idées,
L·ouvl'aile entier ser:i du fOl'llljt et du volume de C-ie! et Enfe)'.
- 258 -
nous une révélation incessante ; l'astronomie nous a révélé le monde astral,
que nous ne connaissions pas; la géologie, la formation de la terre; la chi-
mie, la loi des aflinités; la physiologie, les fonctions de l'organisme, etc. ;
Copernic, Galilée , Newton, Laplace, Lavoisier, sont des révélateurs.
3. - Le caractere essentiel de toute révélation doit être la vérité . Ré-
veleI' un secret, e'est faire connaitr e un fait; si la chose est fausse , ce n'est
pas un fait, et par conséquent il n'y a pas révélation. Toute r évélation dé-
mentie par les faits n' en est pas une; si elle est attribuée à Dieu, Dieu nc
pouvant ni mentir ni se tromper, elle ne peut émaner de lui; il faut la con-
sidérer comme le produit d'une opinion personnelle .
4. - Quel est le rôle du professeur vis- à- vis de ses élêves, si ce n'est
celui d'un révélateur ? Illeur enseigne ce qu'ils ne savent pas, ce qu'ils n'au-
raient ni le temps, ni la possibilité de découvrir eux-mêmes, paree que la
scienee est l'amvre collective des sieeles et d'une multitude d' hommes qui
ont apporté chacun leur contingent d'observations, et dont profitent ceux
qui viBnnent apres eux. L'enseignement est done, en réalité, la révélation
de cerk'lines vérités scientifiques ou morales, physiques ou métaphysique"
faite par des hommes qui les connaissent, a d'autres qui les ignorent, et (lu i,
sans cela, les eussent touj ours ignorées.
5 . - Mais le professeur n'en se igne que ce 'lu'il a appris : c'est un révé-
lateur de seeond ordre ; l'homme de génie enseig'ne ce qu'il a trouvé lu i-
mo me : c'est le révélateur primitif; il apporte la lumiére q.Ji, de proehe en
proehe, se vulgarise. aú en seraitl'humani té , sans larévélation des hOD1mes
de génie qui apparaissent de temps à autre?
Mais qu'est-ce que les hommes de génie? Pourquoi sont-ils hommes de
génie? D'ou viennent-ils? Que deviennent-ils? Remarquons que la plupart
appo r tent en naissant des facultés tran sce ndantes et des connaissances in-
nées, qu'un peu de travail suflit pour développer. Ils appartiennent ])ien
r éellement à l'humanité, puisqu'ils naissent, vivent et meurent comm e nous,
aú done ont-ils puisé ces connai ssances qu'ils n'ont pu acquérir de lelll'
vivant? Dira-t- on, avec les matérialistes, que le hasard leur a donné la ma-
tiére cérébrale en plus grande quantité' et de meilleure qualité? Dans cc
cas, ils n'auraient pas plus de mérite qu'un légume plus gros et plus savou-
r eux qu'un autre .
Dira-t-on, ave c certains spiritualistes , que Dieu les a doués d'une Ame
plus favorisée que celle du commun eles hommes? Supposition tout aussi
illogiqu e, puisqu'elle accuserait Dieu de partialité. La seuIe solution ration-
nelle de ce probleme est dans la préexistence de l'àme et dans la plul'alité
des existences. L'homme de génie est un Esprit qui a vécu plus long'temps j
qui a, par eonséquent, plus acquis et plus progressé que ceux qui sont moins
avancés. En s'incarnant, il apporte r.e qu'il sait, et comme il sait beaucoup
plus que les autres, sans avoir besoin cl'apprendre, il est ce qu'on appelle
un hom me de génie. Mais ee qu'il sait n'en est pas moins le fruit d'un tra-
vail antérieur et non le résultat d'un privilége . Avant de renaltre, il était
- 259-
donc Esprit avancé; il se réincarne, soit pour fuire profiter les autres de ce
qu'il sait, soit pour acquérir davantage.
Les hommes progressent incontestablement par eux-mêmés et par las
elforts de leur intelligence; mais, livrés à leurs propres forces, ce progrês
est três lent, s'ils ne sont aidés par des hommes plus avancés, comme l'éco-
lier rest par ses professeurs. Tous les peuples ont eu leurs hommes de génie
qui sont venus, à diverses époque8, donner une impulsion et les tirer de leur
menie.
6. -Des lor8 qu'on admet la sollicitude de Dieu pour ses créatures, pourquoi
n'admettrait-on pas que des Esprits capables, par leur énergie et la supério-
rité de leurs connaissances, de faire avancer l'humanité, s'incarneni par la
volonté de Dieu en vue d'aider au progrês dans un sens déterminé; qu'ils
raçoivent une mission, comme un ambassadeur en reçoit une de son souve-·
rain ~ Tel est le rôle des grands génies . Que viennent-ils faire, sinon ap-
prendre aux hommes des vérités que ceux- ci ignorent, et qu'ils eussent
ignorées pendant encore de longues périodes, afin de leur donner un mar-
chepied à l'aide duquel ils pourront s'élever plus rapidemeni? Ces génies
qui apparaissent à travers les siecles comme des étoiles brillantes, laissant
aprês elies une longue trainée lumineuse sur l'humanité, sont des mission-
naires, ou, si l'on veut, des messies. S'ils n'apprenaient aux hommes rien
autre que ce que savent ces derniers, leur présence serait complétement
inutile; les choses nouvelles qu'ils leur enseignent, soit dans l'ordre phy-
sique, soit dans l'ordre philosophique, sont des révélations.
Si Dieu suscite des révélateurs pour les vérités scientifiq ues, il peut, à
plus forte raison, en susciteI' pour les vérités morales, qui sont un des élé-
ments essentiels du progres. Tels sont les philosophes dont les idées ont
traversé les siecles.
7. - Dans le sens spécial de la foi religieuse, larévélation se dit plus par-
ticuliêrement des choses spirituelles que l'homme ne peut savoir par lui-
même, qu'ilne peut découvrir au moyen de ses sens, et dont la connaissance
lui est donnée par Dieu ou par ses messagers, soit au moyen de la parole
directe, soit par l'inspiration . Dans ce cas, la révelation est toujours faite à
deshommes privilégies, désignés sous le nom de prophêtes ou messies, c'est-
à-dire envoyés, missionnaires, ayant mission de la tran smettre aux hommes.
Considérée sous ce point de vue, la révélation implique la passivité absolue ;
onl'accepte sans contrôle, sans examen, sans discussion.
8. - Toutes les religions ont eu leurs révélateurs, et quoique tous soient
lo in d'avoir connu toute la vérité, ils avaient leurs raisons d'être providen-
tielles, car ils étaient appropriés au temps et au milieu ou ils vivaient, au
génie particulier des peuples auxquels ils parlaient, et auxquels ils étaient
relativement supérieurs. Malgré les erreurs de leurs doctrines , ils n'en ont
pas moins remué les esprits, et par cela même semé des germes de progrês
qui, plus tard, devaient s'épanouir, ou s'épanouiront un jour au soleil du
Christianisme. C'est donc à tort qu'on leur jette l'anathéme au nom de 1'or-
- 260-
thodoxie, car un jour viendra ou toutes ces croyances, si diverses pour la
forme, mais qui reposent en r éalité sur un même principe fondamental :
Dieu et l'immortalité de l'âme, se fondront dans une grande et vaste unité,
lorsque la raison aura triomphé des préjugés.
Malheureusement, les religions ont de tous temps été des instruments de
domination; le rôle de prophête a tenté les ambitions secondaires, et l'on a
vu surgir une multitude de prétendus r évélateurs ou messies qui, à la fa-
veur du prestige de ce nom, ont exploité la crédulité au profit de leur or-
gueil, de leur cupidité ou de leur paresse , t rouvant plus commodo de vivre
aux dépens de leurs dupes. La religion chrétienne 11 a pas été à l'abri de ces
parasites. A ce sujet, nous appelons une attention sérieuse sur le cha-
pitre XX[ de l'Evangileselon le Spú'itúme: «Il y aw'a de {allx Clwists rt de
taux propJzetes. »
9. - Y a-t.-il des r év élations directes de Dieu aux hommes? C'est ulle
question que nous n'oserions r ésoudre ni affirmativeme nt ni négativement
d'une maniêre absolue. La chose n'est point radicalement impossible, mais
rie n n'en c10nne la preuve certaine. Ce qui ne saurait être douteux, c'est que
l es Esprits les plus rapprochés de Dien par la perfection se pénêtrent de Sit
pensée et peuvent la. transmettre. Quant aux révélateurs incarnés, selon
l'ordre hiérarchique auxquels ils appartiennent et le degré de leur savoil'
personnel , ils peuvent puiser leurs instructiolls dans leurs propres connais-
sances, ou les recevoir d'Esprits plus élevés, voire même des messagers di-
rects de Di eu. Ceux- ci, parlant au nom de Dieu, ont pu parfois êtrc pris
pour Dieu lui-même.
Ces sortes de communications n'ont rien d'étrange pour quiconque con-
n a'it les phénomênes spirites et la maniêre dont s'établisse nt les rapports
entre les incarnés et les désincarnés. Les inst,ructions peuvent être tl'allS-
mises par divers moyens : par l'inspiration pure et simple, par l'audition tle
la parole, par la vue des Esprits instructeurs dans les visions et apparitions,
soit en rêve , soit à l' état de veille, ainsi qu'on en voit maints exemples dans
l a Bible, l'Evangile et dans les livres sacr és de tons les peuples. Il est cl oae
rigoureusement exact de dire que la plupart des révélateurs <lont eles m6-
diums inspirés, auditifs ou voyants; d'ou il ne suit pas que tous les médiu m:>
soient des révélateurs , et encore moins les intermédiaires directs de la lJ i-
vinité ou de ses messagers.
10. - Les purs E sprits seuls r eçoivent la parole de Dieu avec mission ele
la transmettre; mais on sait maintenant que les Espeits sont lo in d'êtrc t Oll S
parfaits, et qu'i! en est qui se clonnent de fau sses apparences ; c'est cc iJ.ui ;\
fait dire à saint J ean: « Ne croyez point il tont Esprit, mais voyez aupar,m:nt
si les Esprits sont de Dieu. » (Ép . ler , ch . IY, v. 4.)
Il peut donc y avoir des r évéhtions sérieuses et vI'Ries , cOlllme il y cn :\
d'apocryphes et de mcnsongêres. Le caractõre csscnticl de la ré vélati on
divine est celui el e l'éternelle vétité. To ute ré,'dat:on entachée d'erreur Oll
sujette à changem ent ne peut émaner de Dieu. Cest ainsi que la loidu D('ca-
- 261-
logue a tous Ies caractêres de son origine, tandis que les autres lois l11osaiqu cs,
essentiellement transitoires, souvent en contradiction avec la loi du Sinal,
sontl'ceuvre personnelle et politique du législateur hébreu , Les mceurs du
peuple s'adou cissant, ces Iois sont d'elles-mêmes tombúos en dúsuét ude, tan-
dis que le Décalogue est r esté debout OOll1me le phare de l'humanité, Chl"i st
en a fait la base de son édifioe, tandis qu'il a aboli les autres Iois ; si ellos
eussent été l'ceuvre de Dieu, il se serait gardé d'y toucher , Christ et MOIse
sont les cleux grm: :ls r évúlateurs qui ont ohangé la face du monde, et Ià est
la preuve de Ieur mi ssion divine, Une ce uvre pUl'oment humaine n'aurait
pas un tel pouvoir.
11. - Une importante r úvélation s'acoomplit ti l'époque nctuclle ; c'est
ceUe qui nous montre la po ssibilitú de communiqu er avec les etres da
monde spirituel. Cette connaissance n'est point nouvelle, sans douto ,
mais eUe était r estée jusqu'à nos jOUI'S en quelque sorte à l'état de lettre
morte, c'est-à-díre sans profit pour l'humanité, L'ignorance des loi s qui
régissent ce:' rapports l'avaít étouffée sous la superstition; l'homme était
incapable d'en tireI' aucune déduction salutaire; il était réserv ú à notre
époque Jo la débal'rasser de ses accessoires ridícules, d'en comprendre la
portée , et d'en f"ire sortir la lumiêre qui devaít éclairer la r outo de
l'avenir.
1:2, - Le Spiritisme nous ay::mt fait co nnaltre le mondo inYÍ:; ible qui
nous entoure, et au milieu duque1 nous vivio ns sans nou:; en doutor , les loi s
qui 1e r égissent, ses r apports avec 1e monde visible, la nature et l'état des
êtres qui l'habitent, et par suíte la destinée de l'homme apres la mort , est
une véritable révélation dans l'acceptation scientifique du mot ,
13, -Par sa nature, la I'évélation spírite a un c10uble caractêre ; elle tient
à la fois de la révélation divine et de la révélation scientifique. EU o tiellt de
la premiere, en ce que son avénement est providentiel, et nou le rés u1tat
de l'initiative et d'un desseinprémédité de l'homme; que les points fonda-
mentaux de la doctrine sont 1e fait de l' enseignement donné par les Esprits
.chargós par Dieu d'é<::lairer les bommes sur des choses qu'ils ignoraient,
qu'ils ne pouvaíent apprendre par eux- mêmes, et qu'il leul' importe de con-
naltr e auj oul'd'hní qu'il sont mul's pour IGs comprendre, EUe tient de la se-
conde, on ce que cet enseignement n'estI e privilége d'aucun individ u, mais
qu'il est donné à tout le mond e par In. même voie ; que ceux qui le transmet-
tent et ceux qui le reçoivent ne sont poiut dos êtres passif's, dispe nsés du
travail d' observation et de l'echerche; qu'ils ne font point abnégation de
leur jugernent et de leu e libre arbitro; que le contrõle ne leur est point
interdit , m:lÍs au contraire recommanc1é; enfi n que la doctrine n' a point
été dictée de tolttes pieces, ni imposée à la Cl'oyance aveugle; qu' ella est dé-
duite, par le travail de l'homme , de l' observation des faits que Ies Esprits
mettent sous ses ye ux, et des instructions qu'ils lui donnent, instructíons
qu'il étudie , commente, compare , et clont il tire lui··même les consélluences
et les applications , En un mot, ce qui camctàife la l'écélation spi'l'ite, c'e.. t
- 26~-
que la source en est dz'vine, que l'initiative appal'tient aux Esprits, et que l'éla-
boration est le [ait du 11'avail de l'homme.
14. - Comme moyen d'élaboration, le Spiritisme procede exactement
de la même maniêre que les sciences positives, c'est-à-dire qu'il applique
la méthode expérimentale. Des faits d'un ordre nouveau se présentent qui
ne peuvent s'expliquer par les lois connues; illes observe, les compare,les
analyse, et des effets remontant aux causes, il arrive à la loi qui les régit;
puis il en déduit les conséquences et en cherche les applications utiles. lt
n'étabtit aucune théorie préconçue; ainsi il n'a posé comme hypoth êse, ni
l'existence et l'intervention des Esprits, ni le périsprit, ni la réincarnation,
ni aucun des principes de la doctrine; il a conelu à l'existence des Esprits
lorsque cette existence est ressortie avec évidence de l'orbservation des
faits, et ainsi des autres principes. Ce ne sont point les faits qui sont
venus aprês coup confirmer la théorie, mais la théorie qui est venue subsé-
quemment expliquer et résumer les faits. Il est donc rigoureusement exact
de dire que le Spiritisme est une science d'observation, at non le produit
de l'imagin ation.
15. - Citons un exemple. Il se passe, dans le monde des Esprits, un fait
três singulier, et qu'assurément personne n'aurait soupçonné, c'est celui des
Esprits qui ne se croient pas morts. Eh bien! les Esprits supér ieurs, qui
le connaissent parfaitement, ne sont point venus dire par anticipation : « n
y a des Esprits qui croient enCOre vivre de la vie terrestre; qui ont con-
servé leurs gouts, leurs habitudes et leurs instincts ; » mais ils ont provo-
qué la manifestation d'Esprits de cette catégorie pour nous les faire observer.
Ayant donc vu des Esprits incertains de leur état, ou affirmant qu'ils étaient
encore de ce monde et croyant vaquer à leurs occupations ordinaires, de
l'exemple on a conelu à la rêgle. La multiplicité des faits analogues a prouvé
que ce n'était point une exception, mais une des phases de la vie spirite;
elle a permis d'étudier toutes les variétés et les causes de cette singll-
liêre illusion; de reconnaitre que cette situation est surtout le propre des
Esprits peu avancés moralement, et qu'elle est particuliêre à certains genres
de mort; qu'elle n'est que temporaire, mais peut durer des jours, des mois
et des années. C'est ainsi que la théorie est née de l'observation. Il en est de
même de tous les autres principes de la doctrine.
16. - De même que la science proprement dite a pour objet l' étude des
lois du principe matériel, l'objet spécial du Spiritisme est la connaissance
des lois du principe spirituel; or, comme ce dernier principe est une des
forces de la nature, qu'il réagit incessamment sur le principe matériel
et r éciproquement, il en résulte que la connaissance de l'un ne peut être
complete sans la connaissance de l'autre ; que le Spiritisme et la science se
complêtent l'un par l'autre ; que la science sans le Spiritisme se trouve dans
l'impuissance d'expliquer certains phénomênes par les seules lois de la
matiere , et que c'est pour avoir fait abstraction du principe spirituel qu'elle
est arrêtée dans de si nombreuses impasses; que le Spiritisme sans la
- 263 -
'S cience manquerait d'appui et de contrôle, et pourrait se bercer d'illu-
.sions. Le Spiritisme venu avant les découvertes scientifiques eut été une
reuvre avortée, comme tout ce qui vient avant son temps.
17. - Toutes les sciences s'enchainent et se succêdent dans un ordre
rationnel; elles naissent les unes des autres, à mesure qu'elles trouyent
un point d'appui dans les idées et dans les connaisances antérieures. L'as-
tronomie, l'une des premieres qui aient été cultivées, est restée dans les
erreurs de l'enfance jusqu'au moment ou la physique est venue révéler
la loi des forces des agents naturels; la chimie ne pouvant rion sans la
physique, devait lui succéder de prês, pour ensuite marcheI' de concert
en s'appuyant l'un e sur l'autre. L'anatomíe, la physiologie, la zoologie, la
botanique, la minéralogie ne sont devenues des soiences séri euses qu'à
l'aíde des lumieres apportées par la physique et la chimie. La géologie, née
d'hier, sans l'astronomie, la physique, la chimie et toutes les autres, eút
manqué de ses véritables éléments de vitalité; elle ne pouvait venir
qu'aprês .
18. - La scienoe moderne a fait justice des quatr0 éléments primitifs des
Anciens, et d'observation en observation, elle est arrivée à la conception d'un
-seul élément génémteUl' de toutes les transformations de la matiêre ; mais la
matiêre, par elle-même, est inerte; elle n'a ni vie, ni pensée, ni se nti-
ment; illui faut son union avec le principe spirituel. Le Spiriti sme n'a
ni découvert, ni inventé ce principe, mais le premieI', il l'a démontré par
des preuves irrécusables ; ill'a étudié, analysé et en a rencIu l'action évi-
dente. A l'élément matériel, il est venu ajouter l'élément spirituel. Elément
matériel et élément spirituel, voilà désormais les eleux principes, les deux
forces vives de la nature. Par l'nnion indissoluble ele ces deux élé ments
on explique sans peine une foule de faits jusqu'alors inexpliquables.
Par son essence même, et comme ayant pour objet l'étude d'un des deux
eléments constitutifs de l'univers, le Spiritisme touche forcément à la plu-
part des sciences; il ne pouvait venir qu'apres l'élaboration de ces sciences,
et aprês surtout qu'elles auraient prouvé leur impuissance à tout expliquer
par les seules lois de la matiêre.
19. - OIl accuse le Spiritisme de parenté avec la magie et la sorcellerie ;
mais on oublie que l'astronomie a pour ainée l'astrologie judiciaire qui n' est
pas si éloignée de nous; que la chimie est fille de l'alchimie dont aucun
homme sensé n'oserait s'occupel' aujourd'hui . Personne ne nie, cependant,
{).u'il y eút, dans l'astrologie at l'alchimie, le germe des vérités cl'ou sont sor -
ties les sciences actuelles. Malgré ses formules ridicules , l'alchimi e a mis sur
la voie des corps simples et de la loi des affinités; l'astrologie s'ap-
puyait sur la position et le mouvement des astres qll'elle avait étudiés;
mais dans l'ignorance des véritables lois qui r égissent le mécanisme de
l'univers, les astres étaient, pour le vulgaire, des êtres mystérieux auxquels
la superstition prêtait une influence morale et un sens révélateur. Lorsque
üalilée, Newton, Keppler eurent fait connaitre ces lois, que le télescope
264 -
eut déchiré le 'loile, et plon g-é dans les profondeurs de l'espace un regard ,
que certai nes gens trou vêrent indiscret, les planêtes nous apparurent comme-
de sim ples mondes semblables au nôtre, et tout l' échafaudage du merveil-
ienx s'écroul a.
Il en est de même du Spiritisme à l' égard de la magie et de la sorcellerie;
ce11es- ci s'appuyaient aussi SUl' la manifestation des Esprits, comme l'astro-
logie sur 113 rnouvement eles astres; mais dans l'ig-norance des lois qui r égis-
sent le monde spirituel, e11es melaient à ces rapports des pratiques et des
croyances ridicules, dont le Spiritisme moderne , fruit de l'expérience et de
l'observation , a fai t justice. Assurément, la di stance qui sépare le Spiritisme
de la magie et de la sorce11erie, est plus grande que ceUe qui existe entre
l'astronomie et l'astrologie, la cbimie et l'alchimie; vouloir les confondre,
c'est prouver qu'on n'en sait pas le premieI' moto
20. - Le seul fait de la possibilité de communiquer avec les êtres dlt
monde spirituel a des conséquences incalculables de la plus haute gravité r
c·est to~t un monde nouveau qui se r évele à nous, et qui a d'autant plus
d'imp ortance, qu'il attend tous les homm es sans exception. Cette connais-
sance ne peut manquer d'apporter, en se généralisant, une modification
profonde dans les meeurs, le caractêr e, les habitudes , et dans les croyances
qui ont une si grande infiuence SUl' les rapports sociaux. C'est t out une
r évolution qui s'opêr e dans l e~ idées, révolution d'autant plus grande,
d'autant plus puissante, qu'e11e n' est pas circonscrite à un peuple, à une
caste, mais qu'elle atteint simultanément par le Cffiur toutes les classes,
toutes les nationalités , tous les cultes.
C' est donc avec r aison (lue le Spiritisme est considéré comme la troi-
si eme grande révélation. Voyons en q uoi e11es différent , et par fluellien
eUes se r attacbent l'une à l'autre .
21. - Mo"iSE, comme prophête , a révélé aux hommes la connaissance
d'un Di eu unique, souverain maitre et créateur de toutes choses; il a pro-
mulgué la loi du Sinal et posé les fond ements de la véritable foi; comme
homme, il a été le législateur du peuple par lequel cette foi primitive, en
s·épurant, devait un jour se r épandre SUl' toute la terre.
22. - CRRIST, prenant de l'ancienne loi ce qui est éternel et divin, et
r ejetant ce qui n'était que transitoire, purement disciplinaire et de con-
ception humaine, ajoute la révélation de la vie future dont MOlse n'avait
point parlé, celle des peines et des récompenses qui attendent l'homme
aprês la morto (Voir Revue spirite, 1861, p. 90 et 280 .)
23 . - La partie la plus importante de la r évélation du Christ, en ce
sens qn'ell e est la source premiere, la pierre angulaire de toute sa doctrine,
c'est le point de vue tout nouveau sous lequel il fait envisager la divinité.
Ce n'est plus le Di eu terrible, jaloux, vindicatif de MOlse, le Dieu cruel et
impitoyable qui arrose la terre du sang humain, qui ordon ne le massacre
et l'extermination eles peuples , sans excepter les femm es , les enfants et les
vicillul'c1 s, qui châtie ceux qui éparg'nent les victimes ; ce n'est plus le Dieu
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injuste Clui punit tout un peuple pour la faute de son chef, qui se venge da
coupable SUl' la per sonne de l'innocent, qui frappe les enfants pour la faute
de leur per e, mai s nn Dieu clément, souverainement juste et bon , plein de
mansuétude et de misérieorde, qui pard onne au pécheur repllntant , et rend
à chacun selon ses /Euvres; ce n'est plus le Dieu d'un seul peuple pr ivilégié,
le Dieu des armées pr ésidant aux combats pour soutenil' sa pro pre cause
contre le Dieu eles autres peuples, mais le pêr e commun du genre humain
qui étend sa protection SUl' tous ses enfants , et les appelle tous à lui; ce
n'est plus le Dieu qui r écompense et punit par les seuls biens de la terre ,
qui fait consister la gloire et le bonheur dans l'ass01'vissement des peuples
rivaux et dans la multiplicité de la progéniture, mais qui dit aux hommes :
« Votr e vél'itable patrie n'est pas en ce monde, elle est dans le royaume
céleste ; c'est là que les humbles de coour ser ont élevés et que les orgueilleuJ(
seront abaissés. » Ce n'est plus le Dieu qui fait une vertu de la vengeance
et ordonne de rendre ooil pour ooil, dent pour dent, mais le Di eu de mi-
séricorde qui dit : « P ardonnez les offenses si vous voulez qu'il vous soit
pardonné ; r enelez le bien pour le mal; ne faites point à autr ui ce que vous
ne voudriez pas qu'on vous fito I> Ce n'est pIus le Dieu mesquin et méticu-
leux qui impose, sous les peines les plus rigoureuses, la maniare dont
il veut être aeloré , qui s'offense ele l'inobservance d'un e form ule, mais
le Dieu gr and qui r ogar cle la ponsée et ne s' hono1'e pas de la forme; cc
n'est plus enfl n le Dieu qui veut être cmint, mais le Dieu qui I"eut être
aimé.
24. - Dicu étant le pivot do toutes los croyances religieuses, le ]Jut de.
tous les c!lltes, le camcte1'e de toutes les 1'eligions eSl conforme à tidée qu' ellf!s
donnent de Die/I. Colles qui en font Uil Dieu vil1dicatif et cruel, croient I'ho-
norer par des acte~ de crua Llté , par les buchel's et les tortures; celles qui en
font un Dieu partial et j aloux, sont intolél'antes ; elles sont plu s ou moins
méticuleuses daris la fo rme, selon qu'elles lo cl'oiont plus ou moi ns entaché
des fai blesses et des petitesses humaines.
25. - 'foute la doctrine elu Chri st est fo ndéo SUl' le caractêre qu'il attri])ue
à la Divinité. Avec un Dieu impartial, so uvel'ainemenl juste , bOll et mi:;él'i-
cordieux , il a pu faire de l'amour de Dieu ot de la. charité envel'i:; lo pl'ochain,
la condition expresse du salut, et c1 ir e : C'est là toute la loi et les pTOpMtes,
il n'y en a pas d'autre, SUl' cetto croyance seule , il a pu asseoir le principe
de l'égalité eles hommes devant Dieu, ct de la fl'aternité universelte .
Cette r évélation des véritables attributs de la divinité, jointo à celle de
l'immortalité de l'âme et de la vie future, modiflait profo ndément les l'ap-
ports mutuels eles hommes, leur imposait de nouvelles obligations, leur fai-
sait envisager la vie présente sous un autre jOUl'; c' était, par cela même,
tout une révolution dans les iclées, r évolntion qui devait forcément réagir
sur les moours et les r elations sociales. C'est incontestablernent, par 8es co n-
séquences, le point le plus capital ele la l'évélation du Christ, et dont on 11'a
pas assez compris l'importance ; il est r egrettable ele 1e dire, c'est aussi celui.
- 266-
dont on s'est le plus écarté, que l'on a le plus méconnu dans l'interpréta-
tion ele ses enseignements .
26. - Cependant Christ ajoute : Beaucoup des ehoses que j e vous dis,
vous ne pouvez encore les eomprendre, et j'en aurais beaucoup d'autres à
YOUS elire que vous ne comprendriez' pas; c'est pourquoi je vous parle en pa-
raboles; mais plus tard je vous enverrai le ConsolateU1', l' Esprit de Vérité qui
1'établim toules choses et vo us les expliquera {outes.
Si Chl'ist n'a pas dit tout ce qu'i! aurait pu dire, c'est qu'i! a cru devoir
laisser eertaines vérités dans l'ombre jusqu'à ce que les hommes fussent en
état ele les eomprendre. De son aveu, son enseignement était donc incom-
pIet, puisqu'il annonce la venue de celui qui doit le compléter; il prévoyait
done qu'on se méprendrait SUl' ses paroles , qu'on dévierait de son enseigne-
ment, en un mot, qu 'on déferait ee qu'il a fait, puisque toute chose doit être
rétabli e; or, on ne rétablit que ce qui a été cléfait.
27. - Pourquoi appelle-t-ille nouveau Messie ConsolateU1' ? Ce nom si-
gnificatif et sans ambigulté est tout un e r évélation . Il prévoyait donc que
les hommes auraient besoin de consolations; ce qui implique l'insuffisance
de celles qu'ils trouveraient dans la eroyance qu'ils allaient se fail' e. J amais
peut-être Christ n'a été plus clair et plus explicite que dans ces elerniêres
paroles; auxquelles peu de personn es ont pris garde, peut- être parce qu'on
a évité ele les mettre en lumiére et d'en approfondir le sens prophétique.
28. - Si Christ n'a pu clévelopp er son enseiguement cl'une maniêl'e com-
plête, c'est qu'il manquait aux hommes des connaissances que ceux-ei ne
pouvaient acquérir qu'avec le temps, et sans lesquelles ils ue pouvaient le
comprenelre ; il est aes choses qui eussent paru un non- sens dans l'état eles
connaissances el'alors. Compléter sou enseignement doit donc s' entendre
dans le seus cl'expliql.l er et de développer, bien plus que dans eelui d'y ajou-
t er elel{ vérités nouvelles; cal' tout s'y trouve en germe ; il manquait la clef
poul' saisir le sens de ses paroles.
20 . - Mais qui ose se permettl'e el 'interpréter les Éeritures saerées? Qui
a ee droit? Qui posséde les lumiêr es nécessaires, si ee ne sont les théolo-
gienf' ?
Qui 1'ose? La seienee el'aborel, qui ne demande de permission à personne
pour faire eonnaitre les lois de la n ature , et saute à pieds joints sur les
erreurs et les préjugés. - Qui a ce elroit? Dans ee siecle d'émancipation
intellectuelle et de liberté de eonscience, le droit d'examen appartient à tout
l e monde, et les Écritures ne sont plus l'arche sainte à laquelle nul n'osait
toucher du doigt sans risquer d'être foudroyé . Quant aux lumiêres spéciales
n 0cessaires, sans contester eelles des théologiens, et tout éclairés qu e fus-
seut ce ux elu moyen âge, et eu particulier les P eres de l'Église, ils ne
l' étaien t cependant point encore assez pour ne pas eondamner, comme héré-
sie, le mouvement de la terre et la croyance aux anti podes ; et sans remon-
t er si haut, ceux de nos jours n'ont-ils pas j eté l'anatheme aux périodes de
l a for mation de la terre ?
- 267
Les hommes n'ont pu expliqueI' les Écritures qu'à l'aide de ce qu'ils
savaient, des notions fausses ou incomplêtes qu'ils avaient SUl' les lois de la
.natura, plus tard révélées par la science; voilà pourquoi les théologiens eux-
mêmes ont pu, de três bonne foi, se méprendre sur le sens de certaines
paroles et de certains faits de l'Évangile. Voulant à tout prix y trouver la
confirmation d'une pensée préconçue, ils tournaient toujours dans le même
<:ercle, sans quitter leur point de vue, de telle sorte qu'ils n'y voyaient que
ce qu'ils voulaient y voir. Tout savants théologiens qu'ils étaient, ils ne
pouvaient comprendre les causes dépendant de lois qu'ils ne connaissaient
pas.
Mais qui sera juge des interprétations diverses et souvent contradictoi-
res, données en dehors de la théologie1 - L'avenir, la logique et le bon
2ens. Les homme s, de plus en plus éclairés à mesure que de nouveaux faits
,et de nouvelles lois vienelront se r évéler, sauront faire la part des systême1J
utopiques et ele la réalité ; or, la science fait connaitre certaines lois; le
Spiritisme en fait connaitre el'autres; les unes et les autres sont indispensa-
bles à l'intelligence des textes sacrés de toutes los religions, depuis Confucius
et Bouelha jusqu'au christianisme. Quant à la théologie, elle ne saurait jueli-
cieusement exciper eles contraelictions de la science, alors qu'elle n'est pas
toujours d'accorel avec elle-même.
30. - Le SPIRITISME prenant son point de départ dans les paroles mêmes
du Christ, comme Christ a pris le sien dans MOlse, est une conséquence di-
recte de sa doctrine.
A l'idée vague de la vie future, il ajoute la révélation de l' existence du
.monde invisible qui nous entoure et peuple l'espace, et par là il précise la
.croyance; il lui donne un corps, une consistance, une r éalité dans 111
pensée.
11 définit les liens qui unissent l'âme et le corps, et lêve le voile qui ca-
chait aux hommes les mysteres de la naissance et de la morto
Par le Spiritisme, l'homme sait d'ou il vient, ou il va, pourquoi il est sur
la terre, pourquoi il y souffre temporairement, et il voit partout la j ustice
de Dieu.
n sait que l'âme progresse sans cesse à travers une série d'existences
successives, jusqu'à ce qu'elle ait atteint le degré de perfection qui peut la
rapprocher de Dieu.
11 sait que toutes les âmes ayant un même point de départ, sont créées
égales, avec une même aptitude à progresser en vertu de leur libre arbitre;
que toutes sont de même essence, et qu'il n'y a entre elles que la différence
du progrês accompli; que toutes ont la même destinée et atteindront le
même but, plus ou moins promptement selon leur travail et leur bonne vo-
,lonté.
11 sait qu'il n'y a point de créatures déshéritées, ni pIus favorisées les
unes que les autres; que Dieu n' en a point créé qui soient privilégiées et dis-
'Pensées du travail imposé à d'autres pour progresser; qu'il n'y a pt.int
- 2Gfs -
d'êtres perpétuellement voués au mal et à la souffranc e ; que ceux désignés
sons le nom de démons sont des Esprits encore arriérés et· imparfaits, qui
font le mal à l'état d'Esprits, comme ils le faisaient à l'état d'hommes, mais
qui avanceront et s'amélioreront; que les anges ou purs Esprits ne sont
point des êtr es à part dans la création,. mais des Esprits qui ont atteint le
but, aprés avoir suivi la filiêre du progrés; qu'ainsi il n'y a pas de créations
multiples de différentes catégories parmi les êtres intelligents, mais que
toute la création ressort de la grande loi d'unité qui régit l'univers, et que
tous les êtres gravitent vers un but commun, qui est la perfection, sans que les
uns soient favorisés aux dép:ms des autres, tous étant les fils de leurs reuvres .
31. - Par les rapports que l'homme peut maintenant établir avec ceux
qui ont quitté la terre, il a non-seulement la preuve matérielle de l'exis-
tence et de l'individualité de l'àme, mais il comprend la solidarité qui relie
les vivants et les mor ts de ce monde, et cellX de ce monde avec ceux des
autres mondes . 11 connait leur situation dans le monde des Esprits; illes
suit dans leurs migrati ulJs ; il est témoin de leurs joies et de leurs peines; il
sait pourquoi ils sont heureux ou malh eureux, et le sort qui l'attellc11ui-
même selou le bien ou le mal qu'il fait. Ces rapports l'initient à la vie future
qu'il peut observeI' dans toutes ses phases, dan:'! toutes ses péripéties; l'ave-
nir n'est plus un e vague espérance: c'est UI1 fait po sitif, une certitude ma-
thúmatique. Alor~ la mort n'a plus rien d'effrayant, car c'e st pour lui la dé-
livrance, la porte de la véritable vie.
32. - Par l'étude de la situation de s Esprits, l'homme sait que le bon-
lt eur et le malh em dans la vie spirituelle sont inh érents au degré de per-
fedion et d'imperfection; que chacun subit les co nséquences directes et
naturelles de ses fautes , autrement dit, qu'il est puni par ou il a péché ; que
ces conséquences dUl'ent aussi lon gtemps que la cause qui le s a proGuites;
qu'ainsi le cOllpable souffrirait éternellement s'il persistnit éterllellement
dans le mal , mai s que la souffrance cesse avec le repentir et la réparation ;
or, comme il cl épenel de chacun de s'améliorer, chacun pcut, en vertu de
son libr o arbitre, prolonger ou abréger ses so uffrances , comme le malac1e
souffre ele ses excês aussi longtemp s qu'il n'y met pas un t erme.
33. - Si la raison r epom;se, comme incompatible avec la bonté de Di ell,
l'id ée ele s peines irrémissibles, per pétuelles et absolues , souy cnt infii gées
pour une seule faute, eles suppl ices de l' enfer que ne peut acloucir le r cpen-
tir le plus arelent et le plus sincere, elle s'in cline elevant cette jllstice distri-
butive et impal'tiale, qui tient compte de tout, ne fe rme j amais la porte c1u
retour, et tenel sans cesse la maill au naufragé, au lieu de le repousser cl,ins
l'abime.
34. - La pluralité des existences, dont Christ a posé le principe dans
l'Évangí'le , mais san s plus le eléfinir que beaucoup ti'autres, est une des lois
les plus imp ortantes révélées par le Spiritisme, en ce sens qu'il en démontre
la réalité et la néce ssité pour le progrés. Par cette loi, l'homme s'explique
tontes les anomalies apparentes que présente la vie humaine; les diffé-
-- ~6g -
renees de position sociale; l os m.:>rts prématurées qui, sans la réinearna-
tion, rendraient inutiles pour l'àme les vios abrégées j l'inégalité des apti-
tudes intellectuelles et morales, par l'anciennete de l'Esprit, qui a plus ou
moins vécu, plus ou moin s appris et progresse , et qui apporte en renaissant
l'acquis de ses existences antérieures. (N" 5 .)
35. - Avee la doetrine de la création de l'àme à chaque naissance, on
retombe dans le systême des créations pri vilégiées j les hommes sont étran-
gers les uns aux autres, rien ne les relie, les iÍens de famille sont purement
charnels ; ils ne sont point solidaires d'un passé ou ils n'existaient pas j
avec ceUe du néant aprês la mort, tout rapport cesse avee la vie j ils ne sont
point solidaires de l'avenir. Par la réincarnation, ils sont solidail'es du
passé et de l'avenir; leurs rapports se perpétuant d:ms le monde spiri-
tuel et dans le monde corporel, la fraternité a pour base les lois mêmcs de
la nature; le bi en a un but, le mal ses consél]uences inévitables.
36. - Avec la réincarnation tombent les préjugés de races et de castes,
puisque le même Esprit peut renaitre riche ou pauvre, grand seigneur ou
prolétaire, maitre ou subordonné, libre ou esclave, homme ou femme. De
tous les arguments invo::jués contre l'injustice de la servitude et de l'escla-
vage , contre la sujétion de la femm e à la loi du plus fort. il n'en est aucun
qui prime en logique le fait matériel de la r éi nearnation. Si done, la réincar-
nation fond e S Ul' une loi ele la natura le princi pe de la fr,lternité universelle,
elle fonele SUl' la même loi celui ele l' égalité des droits soeiaux, et par suite
celui de la liberté.
Les hommes ne naissent inférieurs et subordonnés que par le corps; par
l'Esprit, ils sont égaux et libres. De lã le elevoir de traiter les inférieurs
avec bonté, bienveillance et humanité, parce que celui qui est notre subor-
donné aujourd'hui, peut avoil' été notre égal ou notre sup érieur, peut- être
nu parent ou uu ami, et que nous pouvons elevenir à notre tour le subor-
donné de celui auquel nous commandons.
37. - Otez à l'homme l'Esprit libre, indépendant, survivant à la mati ére,
YOUS en faites une macbine organisé e, sans but, sans r esponsabilité, sans
autre frein que la loi civile, et bonne à e,Tpioiter comme un animal intelli-
gent . N'attendant rien aprês la mort, rien ne l'arrête pour augmenter les
jouissances du présent; s'il souffre, il n'a en perspective que le désespoir et
le néant pour refuge. Avec la certitude de l'ayenir, ceUe de retrouver ceux
qu'il a aimés, la cTainte de ?'cvoiJ' ce!lx qu'il a o({ensés, toutes ses idées
changent. Le Spiritisme n'eut- il fait que tireI' l'homme du eloute touchant la
yie future, aurait plus fait pour son amélioration morule que toutes les lois
disciplinaires qui le brielent quelquefois, mais ne le changent pas.
38. - Sans la préexistence de Li me, la dodrine du péché origineI n'est
pas seulement ir.con ciliable avec la justice de Dieu qui rendrait tous les
hommes respon sables de la faute d'un seul, elle serait un non-sens, et d'au-
tant moins justifiable que l'âme n'existait pas à l'époque ou l'on prétend
faire rern o nt ~ r sa l'esponsabilité. Avec la préexistence et la réincarnation,
- 270-
l'homme apporte en renaissant le germe de ses irnperfections passées, des
défauts dont il ne s'est pas corl'igé, et qui se traduisent par ses instincts natifs,
ses propensions à tel ou tel vice . C'est là son véritable péché origineI, dont
il subit tout naturelIement les conséquences; mais avec cette différence ca-
pitale qu'il porte la peine de ses propres fautes, et non celIe de la faute c1'un
autre; et cette autre différence, à la fois consolante, encourageante, et sou-
verainement équitable, que chaque existence lui offre les moyens de se ra-
cheter par la réparation, et de progresser soit en se dépouillant de quelque
imperfection, soit en acquérant de nouvelles connaissances, et cela jusqu'à
ce qu'étant suftisamment puritié, il n'ait plus besoin de la vie corporelle, et
puisse vivre exdusivement de vie spirituelle, éternelle et bienheureuse.
Par la même raison, celui qui a progressé moralement, apporte, en renais-
sant, des qualités natives, comme celui qui a progressé intellectuellement
apporte des idées innées; il est identitié avec le bien; ille pratique sans
efforts, sans calcul, et pour ninsi dire sans Y l'enser. Celui qui est obligé de
combattre ses mavaises tendances, en est encore à la lutte; le premier a
déjà vaincu, le second est en train de vaincre. La même cause produit te péché
originel et la vel'tu or·iginelle.
39. - Le Spiritisme expérimental a étudié les propriétés des fluides spi-
rituels et leur action SUl' la matiêre. 11 a démontré l'existence du périsprit,
soupçonn é dês l'antiquité, et désigné pa~ saint Paul sous le nom de Corps
Spirituel, c'est- à-dire de corps flui dique de l'Ame aprês la destruction du
corps tangible. On sait aujourd'hui que cette enveloppe est inséparahle de
l'Ame; qu'elle est un des éléments constitutifs de l'être humain; qu'elle est
le véhicule de transmission de la pensée, et que, pendant la vie du corps,
elIe sert de lien entre l'Espl'it et la matiêre. Le périsprit joue un rôle si im-
portant dans l'organisme et dans une foule d'affections, qu'il se lie à la
physiologie aussi bien qu'à la psychologie .
40. - L'étude eles propriétés elu périsprit, eles fluieles spirituels et des at-
tributs physiologiques ele l'àme, ouvre de nouveaux horizons à la science,
et donne la def d'une foule de phénomênes incompris jusqu'alors faute de
connaitre la loi qui les régit; phénomêncs niés par le maLérialisme, parce
qu'ils se rattachent à la spiritualité, qualifiés par d'autres ele miracles ou
de sortiléges, selon les croyances. Tels sont, entre autres , les phénom ênes
de la double vue, de la vue à distance, du somnamhulisme naturel et arti-
ficiel, des effets psychiques de la catalepsie et de la léthargie, de la pre-
science, des pressentiments, des apparitions, des transfigurations, ele la
transmissian ele pensée, de la fasc ination, des guérisons instantanées , des
übsessions et possessions, etc. En démontrant que ces phénomenes l'eposent
S Ul' des lois aussi naturelIes que les phénomênes électriques et les condi-
tions normales dans lesquelles ils peuvent se reproduire, le Spiritisme
détruit l'empire du merveilIeux et du surnaturel, et par suite la source de
la plupart des superstitions. S'il fait croire à la possibilité ele certaines chases
r egardées par quelques-uns comme chimériques, il empêche de craire
- 2i1 -
à beaucoup d'autres dont jl démontre l'impossibilité et 1'irrationnalité .
41. - Le Spiritisme, bien loin de nier ou de détruire 1'Évangile, vient au
contrail'e confirmer, expliquer et développer, par les nouvelles lois de na-
ture qu'il r évêle, tout ce gu'a dit et fait le Christ; il porte la lumiêre SUl' les
points obscurs de son enseigonement, de telle sorte que ceux pour qui cer-
taines parties de l'Évangile étaient inintelligibles, ou semblaient inadmis-
sibles, les comprennent sans peine à l'aide du Spiritisme, et les admettent;
il en voieot mieux la portée, et peuvent faire la part de la réalitó et de l'al-
légorie; Christ leurs parait plus grand : ce n'est plus simplement un philo-
sophe, c'est un Messie divino
42. - Si l'on considêre en outre la puissance moralisatrice clu Spil'itisme
par le but qu'il assigne à toutes les actions de la vie, par les conséquences
clu bien et clu mal qu'il fait toucher du doigt; la force morale, le courage,
les consolations qu'il donne dans les amictions par. une inaltérable con-
fiance enl'avenir, par la pensée d'avoir prês de soi les êtres CJ.ue l'on a aimés,
l'assuraoce de les revoir, la possibilité de s'entretenir avec eux, enfin par
la certitude que de tout ce que 1'00 fait, de tout ce que 1' on acql1i ort en in-
telli gence, en science, en moralité jusqu'à la derniere heure de la vie, rien
n'est perdll, que tout pro fite à l'avancement , on r eco nnalt que le Spiri-
tisme réali se toutes les promesses du Christ à l'égard du Consolateur a n-
noncé. ar, comme c'est l'Espl'it de Vérité qui préside au grand mouvement
de la r égénération, la promesse de son avénement se trouve de même r éa-
lisée, cal', par le fait, c'estlui qui est le véritable Conso/ateu?' (1)0
43. - Si, à ces r ésultats, on ajoute la rapidité inouie de la propagation
clu Spiritisme , malgré to ut ce qu'on a fait pour 1'abattre, on ue peat discou-
venir que sa venue ne soit providentielle, puisqu'il triomphe ele toutes les
forces et de toutes les mauvaises volontés humaines . La facilité avec la-
quelle il est accepté par un si grand nombre, et cela sans co!1trJ.inte, et
sans autres ressources que la puissance de l'idée , prouve qu'il répond à un
besoin : celui de croire, aprês le vide creusé par l'incrédulité, et que, par
conséquent, il est venu en son temps .
(1) Bien des peres de famille déplorent la mort prémalurée dOenfants pour l"éducation
tlesquels ils onl fai! de grands sacrific es, el se disent que toul cela est en pllre perte.
Avec le Spirisisme, i1s ne l'egrettent pas ces sacrifices, et seraient pl'êts à les faire,
même avec la certitude de voir mourir leurs enfants, car ih savent que, si ces dernicrs
ne profitent pas de cette éJucation dans le présent, elle servira, d'abord à leur avance-
lIlent comme Esprits, puis que ce sera autanl dOacquis pour une nouvelle existence, et que
lors'lu' ils reviendront, ils auront un bagage intellectuel qui les rendra plus aptes ~ acqué-
rir de nouvflles connaissanceso Tels sont ces enfants qui apportent en naissant des idées
inoées, et qui savent sans pour ainsi dire avoir beo,oin dOapprendreo Si, comme peres, ils
n'ollt pas la satisfaction immédiate de voir leurs enfants mettre cette éducation à pro/H,
ils eu Jouiront cerLainement plus tard, soit comme Esprits, soit comme hOlllln es o Pellt-
être seront-ils de nouveau Jes pare.nts de ces mêmes enfants qu'on dit heureusement doués
par la nature, el qui doivent Jeurs aptitudes à une pl'écédente éducation; comme aussi,
si des enfaots tOllrnent mal par suile de la négligence Ile leul's parents. ceux-ci peuvenl
avüir à eo sou/frir plus tard par les ennuis et les chagrins qu'ils leur suscitCl'ont dans
nne nouvelle existence.
- 272-
44. - Les aflligés sont en grand nombre, il n'est donc pas surprenant
que tant de gens accueillent une doctrine qui console de préférence à celles
qui désespêrent; cal' c'est aux déshérités , plus qu'aux heureux du monde,
que s'adresse le Spiritisme. Le malade voit venir le médecin avec plus de
joie que celui qui se porte bien; 01', les afiligés sont des malades, et le
Consolateur est le médecin.
Vous qui combattez le Spiritisme, si vous voulez qu'on le quitte poul'
vous suivre, donnez plus et mieux que lui; guérissez plus surement les
blessures de l'àme ; faites comme le marchand qui, pour lutter contre un
eoncurrent, donne de la marchandise de meilleure qualité et à meilleur
marché. Donnez done plus de consolations, plus de satisfactions du creur,
des espérances plus légitimes, eles certitudes plus grandes ; faites de l'avenil'
un tableau plus rationnel, plu s s8eluisant; mais ne pensez pas l'emportel',
vous, avec la perspective du lléant, vous, ave e l'alternative des tlammes de
l'enfer ou de la béate et inntile cOlltemplation perpétuelle. Que diriez-vous
elu marchanel qui traiterait de (ous tons les clients qui ne veulent pas de sa
marchandise, et vont chez son voi sin? Vous faites de même en taxant de
folie et d'ineptie tous ceux qui ne veu! ent pas de vos eloctrines qu'ils ont le
tort de ne pas trouver de leur goút (1) .
(i ) Le Spiritisme r/est-il pus contraire à la croyance dog:mati quc tOllchant la 1l3tllre
da Chl'ist, ct, dans ce ras, pcut-il se dir'e le complémcut de l'Evangiie, s'j] le cúntr'edil.?
La solt.tio/l de cctte que, tiQn ne tduche qu e d'une maniérc acccssoil'e au Spiritis me
qui /l'a pas à. se préoccu]lcr des dognres pal'ticuliers de t e ll~ ou lelle relir ion ; si mple doc-
lI'ine pbilosophique, il ne se pose ni en cll":mpion, ni en adv ersail'c ~ys tématiq uc, tI'au-
Cun culte, tlt la isse il. chacun sa croyancce.
La qu estion de la natul'e du Chri st es t capitale au point de vne chl·él.ien; r.lle ne rellt
MIe traitée à la légere, et ce ne stJnt les opiuions personnelles ni des hornrnes ni des Es-
prits qui peuvent la décid cr; dans tiO pareil sUJe!, ií nc snllit pas d'affil'mer ou de nie r, il
faut pl'onver; OI', de toutes ltJs laisons alléguées pour ou contre, il n'en cst nuc llnc ~ui
ne so it plus ou moins hypol.l lé tiqu c, puisqlle [ou tes sonl. contl'o\'el'sables; Ls n!alér'ialistc:s
o'ont vu la chose qu'a\'cc les ycux de l'incl'édulité et le parti pris dc la négal ioll ; Ics
théologiens avec les yeul de la foi aHugle, et le parti pl'is de I'aftinnalion; ui lc ~ IIlIS ni
les 311trt S n'élaicut dans les cooditions d'illlp:lItia lité nécessail'es ; intércssés à soulenir
lellr opinioll, iI, n'o ut \'u et cherché que ee qui pouvait y être favol'3bl e, el ont ferm é Ics
ycux 5\([' ce qui pouvait y êll'e con trai re. Si depuis le tcmps que la qu estion est agitée,
clle n'est pas enco re lésolue d'une maniel'e pél'emp toirc, c'est qu'on a maoqué dcs élé-
mcntsq ui seul s pouvaient eo donner la clef, ab; olumcnt comme li nl anqu ait aux sa\'3nls
de I'antiqullt! la cunnaissance dcs luis de la lumiere pour expliquer le phénom ene de l'arc-
eu-ciel.
Le S ~ iritisme cst lIeutre dans la lfues tion; iI n'est pus plus intéressé à une solution
qu'a un o autre; il a rnarché sans cela, et il mal'chera encore quel qu 'e n soil le rés llllal;
placé cu dc.llOrs eles dogmlls particuli ers , ce n'est point pour lui un e qucstion de vi e ou
de mort. Qlland il l'abordcr3, appll ya ll t(l utes St'S théol'ies S Ul' les fa its, il la I'ésoutlra par
les fails, Cl cela en temps OppOl'tUII ; s'iI y avait cu urgc/Jce, clle sCl'ait déjà I éso iue.
Les élémcnts tI'une solulion sont l<ujolld 'h ui cornplets, mais le telTai n n'est pas enco re
prêt à re cc \'oir la semence ; une solution JlI'0l11alllrée, quellc qu'clle soit, I'ellco ll tre ra it
trop d'oppo sition de part et ti';; utre, et ali éu rl'ait au Si' iritisme plus de partis31l s qll 'clle
ne lui e/J tlo nllera it; Hli là puul'qu oi la prudc uce IIO US fait un uevoil' de nous abslCllil' de
tOll te [Jolémique Slll' cc Slljd, ju,;qu 'à ce nous soyons ass uré de pouv oil' mettre le pied slIr
un lerra in sol ide. EII all.elJdant, IiOUS laisslllls discuter le pour et le contre en delt01's du
Spi1'itisme sa ns y prcndre pHt, laissJllt les dellx pal' tis ép ui scl' lell /'s argllments. Qllalld
le motnt llt fe ra [lI Gl'ice, 'iIUUS appol'tCf'O tlS duns la bal ance, flo n !Jas notre opin ion per-
- 273 -
45. - La premiere r évélation était pcr sonnifiée dans MOlse, lu secondo
tl.ans le Christ, la troisieme ne l'est dans aucun individuo Les deux premiê-
res sont individuelles, la troisiême est coUective ; c'est lã un earactêre assen-
t iel d'une grande importance. EUe est collective en ce sens qu'elle ll'a été
faite par pri vilége à per sonne ; que personne, par conséquent, ne pent s'en
,dire le prophête exclusif. Elle a été faite simultanément sur toute lu terre, à
des milliol1S de personnes , de tous àges , de to ns t emps et de tontes condi-
tion s, depuis le plns bas jusqu'au plus haut de l' écheUe, selon cette pl'édic-
tioa rapportée par l'auteur des Actes des apôtres : « Dans les derniers tcmps,
dit le Seign eur, j e r épandrai de mon cspl'it S Ul' toute chair; vos fils ct vos
illles proph étiseront; vos j eunes gens aUl'ont des vision s, et vos vicillal'ds
<lnl'ont des songes. » EUe n'est sortie d'aucun culte spécial, afin de servir
U l! j our à tous de point de ralliement (1).
40. - Les deux premiêres r évélations étant le produit d'nn enseign ement
personnel, ont été forcément localisées, c'e::lt-à-clire qu'elle s ont eu lieu SUl'
un seul point, autour duquel l'idée s'est r épandue de proche en proche ;
mais il a fallu bien des siêcles pour qu'elles atteignent les extrémités du
monde, sans l'envahir tout entier. La troisiem e a cela de particulier, que
n'étant pas per sonnifiée da ns un individu, elle s'est produite simultanément
sonnelle qui n'est d'al1cun poids ct ne reut fait'e loi, mais des { aifs jllsq u'à cc moment
in?bsef'1,és, et alors chac ull pourra jugc r (' 11 connarssancp de cause , TlIut ce qu e nous
pOllvons dil'e, sans préjl1 gcr la qU f:s lion , c'est que la solnlion, da ns qll clqlle sells qu 'e llc
soit donnée, ne contrcc!il'a ni les actes ui les parolcs du Chl'ist, llIa :s ali cnntraire lcs
conti r mera en I~s élllcidanl.
A ccux done (P;' 110:IS demandent cc qne lc Spirilismc dit de la natu re du Chl'isl, nOlls
I'épo ndons inv aria blem cnt: « C'est une queslion de dogme étl'angcre au hllt de la doc-
trin e, )) Le but que tO II! Spirite doit pOllrsuivl'e, s'i\ "ellt mél'iter cc ti tre, c'es t sa propre
amélioralion morale, Suis-je meiIJ cw' ql/e je ne l'ét :i s ? Me sllis-je corl'igé rle qlle lque
défaut? Ai-je rait du bicn ou dll mal à mO Il rl'ocha!n ? Voilà ce q !e tout Spirite sin ce re
et co nvain cu doit se demander, Qu'impol'te de savoil' si Christ éta it Di eu ou 110n, si 1'00
est toujOlll'S égoIste. orglleilleux, j aloux, envieI/X, colere, médi sa nt. calomlliatcul' ? La
nlei!Jeure llIani erc d'honorer le Christ, c'es! de l'ill'itcr d ~ ns sa cour!lJi le; plus on
I'élhe dans sa pensée, moins on est di gne de lui, et plus Oli l'i ll3ulle et le pl' IJ rane, en
Caisa nt le contl'aire (ie ce qu'il dit. Le Spiriti sP.l e di! 'Ises adeptcs: « P ra ti:(1H:Zles
Vel'tlls r ecorumall dées par le Christ, et vot.;s Sl!I'e7. plus chrét.iens que beaucollJl de cellX
qui se donncllt pour tels, )) Aux cath ol iqu es, protcslants et allll'f:s, il (Iit : « Si vous
cra ii6 llez que le Sipil'iti sme ne tl'ouble vot re con scie nce, ne vous cn occupe 7. pas.)) II ne
'I
s'adl'esse qu 'à ccux qlli vlennen t lui librement, ct q:d (' f. ont besoin. Il ne s'adf'í:sse poinL
à Cl'UX qui ont une foi quelco ll qu e ct à qui celle Coi SlIffit, mais II CCIIX qui !l'en ont pas
ou qu i doutenl, et il lcuf' dOllne la croy ~ tlce qu i leu r manq ue, 110 11 plus pa l' ti cul icreOl cnt
cclle dli call1\JlicisllIc que du pl'otcsta nti smc, uu jlllh!'ism e ou de l'j, lami slllc, mais la
croY'lnce fOlldamer.tale, base indispcnsable de tOll te Icli ~ io n; li, Jinit son róle. r.ette base
posée, chacun reste libre de .uivre la !'oute qui satisl'a ille nJ IlW X sa rai solJ.
(I) Notre róle pel'soonel . daos le gru nd mouvem l'nt des id,.; ~ s 'Tli se pI'l5 Jl ~; e pai' le Spi-
~ i tism e , el. qui commeoce déjà a s'opél'er, es! cclui li'nu observalc ul' attl'l: til' qui étudie It:s
fai ts pour eo ch€rchc r la cause et eu tirer les conséqUé fl CC:" Nous U\'01l5 confron!é tous
CCltX qu'il nous a éLé possihle de r assemblcr; nOlls ;: I'ons com[laré ct commeoté les
ios lructiolls dOllnées par les Espt'its SU l' tous les points du ~ !o be, pllis nous avons
c<lordonné le tOllt mHhoaiquem ent; eo un mo!, nous avons étudi é et donné :I n public le
fruit de nos recherches, sans attribu<J1' à no travallx d'uutre valeu!' que cellc d'llIw rouv l'e
ptJilosophique déuuite de l'observation et de 1 !'X~él' i e nc e, sans jamais nous ét re posé eu
chcf de doctrin e, ni avoir vou lu imposer n~s idees à persllnne. E n .es publiallt, nous
- 274-
sur des milliers de pOillts ditfér ellts, qui tons sont devellus des centres ou
foyer s de rayonnemellt. Ces centres se multipliallt, leurs r ayons se rej oi-
gnent p eu à peu, comme les cercles formés par une multitud e de pi el'l'os
jetées da ns l'eau; de t elle sorte, qu'en un t emps donné, ils llniron t pai'
couvrir la surface entiere du globe .
Telle est une des causes de la rapide propagatiou de la doetrine, Si rUe
eftt surgi sur uu seul point, si elle eut ét é l'reuvre exclusive d'un homme,
elIe aurait formé secte auteur de lui ; mais un demi-siêcle se serait peut-iMc
écoulé avant qu'elle eut atteint les limites du pays ou eUe aurait pris nais-
sance , tandis qu'aprês dix ans, elIe a des jalons plantés d'un pôle à l'autre,
47. - Cette circonstance inoule dans l'hi stoire des doctrin es , donnc oI
ceHe- ci une fo rce exceptionnelle et une puissance d'action irrésistible; on
efI'et , si on la comprime S Ul' un point, dans un pays, il est matériell cmcut
impossible de la comprimer SUl' tous les points, dans tou s les pay s. POlll' un
endl'oit ou eUe sera entravée , il y en aura mille à côté ou elle fleurira, Bi on
plus, si on l'atteint dans un individu, on ne peut l'atteindre dans les Es-
prits qui eu sont la source . ar, comme les E sprits sont partout, et qu'il y on
aura toujo urs, si, par impossible, on parvenait à l'étoufI'er SUl' tout le globe,
elle r eparaitrait quelque temps aprês , parce qu'elle r epose SUl' un fa it, que
ce (ait est dans la nature, et qu'on ne peut supprimer les lois de lu naturc,
Voilà ce dont doivent se persuader ce ux qui rêvent l' an éanti ~;;eJl]e lll
d LI Spiritisme. (Revue spú'ite, février 1863, p. 38 : Perpétuité du Spil'i-
tisme.)
48 . - Cependant ces centres disséminés auraient pu rester encore long-
temps isolés les uns des autres, confinés que sont q uelques ·uns da ns les paj's
lointains. Il fallait entre eux un trait d'union qui les mit en communi on de
pensées avec leurs frêres en croyance , en leur apprenant ce flui se faisait
aillellrs, Ce trait d'union, qui aurait manqué au Spiritisme dans l'antiql1ité,
se trouve dans les publications qui vont partout, qui eondensent, sons llne
avons usé d'un droit commun, et cel1X q!li les onl ~cceptées l'ont fait libremcnt. Si ces
idées 011t trouvé de nombreuses sympathies, c'est qu'elles ont eu l'avantage de rrpondl'e
aux aspirations d'un grand nombre, ce dont nous ne saurions tireI' vanité, pui sque l'o rL
gine ne naus en appartient pas. Notre plus grafld mérite est celui de la per5évéra nce et
du dtl\'oucment à la cause que nous aVOllS embrassée. En tout cela nous avons fait ce que
d'autres cussellt pu faire comme nous; c'est pourquoi nous n'uvo ns jamais eu la pl'éten·
tion de nous croire pl'ophete UIl messie, et encore moins de nous donner pour teI.
SalJs avoir aucune des qualités extérieures de la médiumnité efl'ec tive, nous ne contes .
tons pas d'être assisté dans nos travaux par les Esprits, parce que nous en avons des
preuves trop évidentes pour en dou ter, ce que nous devons sans doute à notre bonne ro·
lonté, et ce qu'il est donn é lt chacun de ru él'iter , Outre les idées que nous rcconnaissolls
nous être sUllgérées, iI est remarquable que les sujets d'étude et d'observatioIl, en UIJ mot
tout cc qui peut être utile à I'accompli ssemellt de I're uvre. nous arrive toujOUI'S à pl'O pOS,
- en d'autres temps 00 aurait dit : comme par encllantemeut; - de sorte qu e Jes maté·
riaux et les documents du travai l ne nous font jamais défau t. Si nous avons à trailer UIJ
sujet, nous sommes ccrtain que, sans le deruandeJ', les éléments nécessaires à son élaho·
ration nous en soot fournis, et cela par des moyens qui n'ollt rien que de tres lJaturel,
mais qui sont sans doate provoqll ~ s par nos collaborateurs im isibles, comme ta nt de
choses Que le monde attribue au hasard.
- 275-
forme unique, concise et méthodique, l'enseignement donné partout sous
des formes multi pIes et dans des langues diverses.
49. - Les deux premieres révélations ne pouvaient être que le résultat
d'un enseignement direct; elles devaient s'imposer à la foi par l'autorité de
la parole du maltre, les hommes n'étant pas assez avancés pour concourir à
leur élaboration .
Remarquons, toutefois, entre elIes une nuance bien sensible qui tient au
progrés des mceurs et des idées, bien qu'elies aient été faHes chez le même
peuple et dans le même milieu, mais à prés de dix-huit siêcles d'intervalIe .
La doctrine de Mo'ise est absolue, despotique; elIe n'admet pas de discus-
sion et s'impose à to ut le peuple par la force. CelIe de J ésus est essentielIe-
ment conseillere; elIe est librement acceptée et ne s'impose que par la per-
suasion; elle est controversée du vivant même de son fondateur qui ne
dédaigne pas de discuter avec ses adversaires.
50. - La troisieme révélation venue à une époque d'émancipation et de
maturité intelIectuelle, ou l'intelIigence développée ne peut se résoudre à
un rôle passif, ou l'homme n'accepte rien en aveugle, mais veut voir ou ou
le conduit, savoir le pourquoi et le comment de chaque chose, devait être à
la fois le produit d'un enseignement et le fruit du travail, de la recherche
et du libre examen. Les Esprits n'enseignent que juste ce qu'il faut pour
mettre sur la voie de la vérité, mais ils s'abstiennent de révéler ce que
l'homme peut trouver par lui-même, lui laissant le soin de discuter, de con-
trôler et de soumettre le tout aR creuset de la raison, le laissant même sou-
vent acquérir l'expérience à ses dépens. Ils lui donnent le pl'in.::ipe, les ma-
lériaux, à lui d' en tireI' profit et de les mettre en ceuvre (no 15).
51. - La,,; éléments de la révélation spirite ayant été elonnés simultané-
ment SUl' une multituele de points, à des hommes ele toutes conditions so-
ciales et de divers degrés el'instruction, il est bien évident que les observa-
iíons ne pouvaient être faites partout avec le même fruit; queles conséquences
à en tireI', la déduction des lois qui régissent cet ordre de phénoménes, en un
mot la conclusion qui devait asseoir les idées, ne pouvaient sortir que de
l'ensemble et de la corrélation des faits. 01', chaque centre isolé, circonscrit
dans un cerde restreint, ne voyant, le plus souvent, qu'un ordre particulier
de faits quelquefois en apparence contraelictoires, n'ayant généralement
afl'aire qu'à une même catégorie d'Esprits, et, ele plus, entravé par les in-
fluences lo cales et l'esprit de parti, se trouvait elans l'impossibilité maté-
rielle d'embrasser l'ensemble et, par cela même, impuissant à rattacher
les observations isolées à un principe commun. Chacnn appréciant les faits
au point de vue de ses connaissances et de ses croyances antérieures, ou de
l'opinion particuliêre des Esprits qui se manifestent, il y aurait eu bientôt
autant de théories et de systémes que de centres, et dont aucun n'aurait pu
être complet, faute d'éléments de comparaison et de contrôle.
52. - n est en outre à remarquer que nuHe part l'enseignement spirite
n'a été donné d'une maniere complete; il touche à un si grand nombr e d'ob~
- 276-
servatlOns, à des sujets si divers qui exigent soit des connaissances, soit
des aptitudes medianimiques spéciales, qu'il eut été impossible de réunil' SUl'
un même point toutes les conditions necessaires. L'enseignement devant
être collectif et non individueI, les Esprits ont divisé le travail en di ssémi-
nant les suj ets d'étude et d'observation, comme dàns certaines fabriqu es la
confection de chaque parti e d'un meme objet est répartie entre différents
ouvriers.
La r évélation s'est ainsi faite partie11ement, en divers lieux et par une
multitude d'íntermédiaires , et c'est de cette maniére qu'elle se poursllit en-
core en ce moment, C ~lr tout n'est pas révélé. Chaque centre trouve, dans
les autres centres, le complément de ce qu'H obtient, et c'est l'ensemble, la
coordination de tous les enseignements partiels, qui ont constitué la dl)c-
trine spirite.
Il était done nécess:1Íre rl e grouper les faits épars pour voir leur corréla-
!íon, de rm:sembler les do cuments divers, les instrnctions données par Ics
Esprits SUl' tous les points et S Ul' tons les suj ets, pour les compareI', les ana-
lyser, en étudier les analogies et les différences. Les communications étant
donn ees par des Esprits de tous ordres, plus ou moins éclairés, il fallnit
appré cier le clegré de confrance que la raison permettait de leur accor der, dis-
tinguer les id ~e s systématiques individuelles et isolées de ce11es qui avaient
la sanction de l' enseignement géneral des E .o;príts, les utopies des idees pra-
tiques ; élaguer ce11es qui étaient notoirement démenti es par les donnees de
la science positive et la saine logique ; utiliser les erreurs mêmes , les
r enseignements fournis par les Esprits même du plus bas étage, paul' la
connaissance de l'état du monde invisible, et en fo rmeI' un t out homogêneo
il fallait, en nn mot, nn centre d' élaboration, indépendant de toute idée pré-
conçue, de tout préjugé de sede, résolu d'accepter la vérité dcvenue évidellte,
dut- elle être contraire á ses opinions personnelles. Ce centre s'est formá do
lui-meme, par la fo rce des clloses, et sans dessein prémédité (1).
(1) Le Livl'e des Esprils, le premier ouvrage qui ait fait entreI' le Spiritisme dans la voie
philosophique, par la déduction des conséquences morales des fails, qui ait abord é tOllles
lcs parties de I", doctrioe, eo tonchaot aux questions les plus importantes qu·elle soul ~l'e,
a été, des soo apparition, le point de I'alliemeot vers lequel ont spontanément converge
les travaux individueIs. Il est de notoriété que, de la publicalion de ce livre, date l'ére dll
Spiritisme philosophique, resté jusqlle-Ià dans le domaine des expériences de curiosité. Si
cc livre a conquis les sympathiesde la m~jori! é , c'est qu 'il était l'ex(lressiun des sentimcllls
de cctte même majorité, ct qu'j] répondait ases aspiratioos ; c'est aussi p ~ I'c e que chac lIu
y trouvait la confirmatioll ou une explication rationllelle de ce qu'i1 obtenait cn particlllier.
S·j] avait été en désaccord avec l'eoseignement général des Esp!'Íts, il n'aurai! eu aU ClIll
crédit, et serait promptement tombé dans l'ollbli. 01', à qui s'es!-on ralli é ? Cu n'est pas
à l'homme qui n·esl ricn par lui-même, cheville ouvriêre qui meurt et disparalt, mais à
l'idée qui ne périt pas quand elle émaue d'une SOUl-ce supérieure à l'homme.
Cette concentration spontanée des forces éparses, a donn é lieu à une cOI"re.sponda ncc
immense, mor.umellt uniqlle au monde, tableau vivant de la véritable histoire du SpiritisllIC
mOderne, ou se refletent 11 la fois les travallx pal'tiels, les sentim ents mllltiples qu 'a fait
naitre la do ctrine, les résultats morallx, les dévouements et les défaillances; archives pré-
cieuses pOUl' la postérité qui pourra jugcr les hommes et les choses SUl' des pi êces 3:1-
thcntiqlles. En présence de ces témoign;,ges inécIIsables, que deviendront, dans la suitc,
toutes les fausses allégations, les difTamations de l'envie et de la jalousie ?
- 277-
53, - De cet état de choses, il est résulté un double courant el'idées : les
unes allallt des extrémités au centre, les autres retournant du centre à la cir-
conférenee, C'est ainsi que la doetrine a promptemcnt marehé vel'S l'unité,
malgré la diversité eles sour ces el'ou eUe est emanée; flue les systemes diver-
gents sont peu à peu tombés, par le fait de leur isolement, devant l'ascen-
dant de l'opinion de la majorité, faute d'y trouver des échos sympathiqlles,
Une communion de pensées s'est dês lors étal)lie entre les différents centres
partiels; parlant la même langue spirituelle, ils se camprennent ot sympa-
thisent el'un bout du monde à l 'autre,
Les Spirites se sont trouvés plus forts, ils ont lutté avec plus ele courage,
ils ont marche d'un pas pIus assuré, quand ils ne se sont pIus vus isolés,
qllanel ils ont senti un point el'appui, un lien qui les rattachait à la grande
famille ; les phénomên es clont ils etaient témoins ne leu!' ont plus semblé
étranges, anormaux, contradictoires, quand ils ont pu les raUacher à des
lais générales el'harmonie, embrasser d'un coup d'ceill'edifice, et voir à tout
cet ens emble un but granel et humanitaire (1) ,
54, - Il n'est aucune science qui soit sortie de toutes piêces clu cerveau
d' un homme ; toutes, sans exeeption, sont le produit d'observations sueces-
SiVBS s'appuyantsur les observations précédentes, comme SUl' un point connu
pour arriver à l'inconnu, C'est ainsi que les Esprits ont procedé pour le Spi-
ritism e ; c'est pourquoi leur enseignement est gradué; ils n'abordent les
questions qu'au fuI' et à mesure que les principes SUl' lesquels e11eB doivent
s'appuyer sont suffisamment élabores, et que l'opinion est múre paul' se les
assimiler, Il est même remarquable que toutes les fois que les centres parti-
culiers ont voulu abordeI' des questions prématurées , ils n' ont obtenu que
des r éponses eontraeli ctoires non concluant.es, Quand, au contraire, le mo-
(1) Un témoign age significatif, aussi rem arquah le quc touchant de cette communion de
pensées qui s'établit entre les Spirites pai' la co nrol'mité des croyan ccs, ce so nt les de-
mandes de príeres qrli nous vienncnt dcs conl1'ées les plus loinlaines, depu is le Pérou
jusqu'aux ex trémités de I'Asie, de la part de pcrso:llles rle religions et de n~tioualités di-
verses, et que nous n'avons jamais vues. N'e:;t-ce pas là le prélude de la grand~ unifica-
líon qui se prépare? la prel1 ve d ~ s racines sérieuses que prend partout le Spirilisme?
11 est remarquable que, de tou s les gro upes qui se sont formés avec I'intention prémé-
ditée de raire scission en proclamant des principes divergents, de même que cellx qui,
par des raisons d'amour-propre ou autre5, ne voul ant pas avoir I'air dc subil' la loi com-
mune, se sont crus ass~z /"orts pour marcheI' seuls·, assez de lumieres pour se p3sser de
conseils, aucun n'esl parvcnll à constiluer unc unité pr'épondérante ct viable; tOIlS se
sont éteints ou ont végété dans l'ombre. Camment pouva it-iI en êlre autremcnt, dcs 101'5
que, pour se distinguer, au lieu de s'cITorccr de donner l!nc plus grande somrnc de 5a-
tisfactions, ils rej etaient des prin cipes d(~ la docl l'ine précisélllcnt ce qui co fait le pltls
puissant altrait, ce qu'il ya de plu. consolant, de plns cncourllgeant et de plus ratienn el?
S'i1s avaienl compris la puiss3nce des élémcnts maraux q\li ont cJnslitué I'unilé, ils ne
se seraient pas bercés d'une illusion cbimél'ique; mais pl'cnant leu!' pt.lit cel'cle pour
I'univers, i1s n'oot vu dans les adhél'ents qu'une colel'ie qui pouvail facilenH;nt êlre refi-
\'ersée par uu e clJntre-coterie, C'était se méprcndl'e étraugement SUl' les cara cteres
c,sentiels de la do ctrinc, et celte el're ul' ne pOUV:lit amener quc des déccptions, cal' on
Ile froisst~ pas impuném~nt le sentimerit d'une masse qui a de s conviclions assises SUl'
des bases solides; 3\1 Iieu de rompre I'unit é, i1s ont brisé le lien qui seul pouvait leu r
dorlller la force et la vie, (Voi!' /l evue spil'ite, avril 1866, pJges 106 et 111. : Le Spú'z'fisrne
sans les Espr its ; te Spiri/zsme indépendw/Z,)
- 278-
ment favorable est venu, l'enseignement est identique sur toute la ligne,
dans la presque universalité des centres.
Il y a, toutefois, entre la marche du Spiritisme et celle des sciences une
différence capitale , c'est que celles-ci n'ont atteil1t le point OÚ elles sont
arrivées qu'aprês de longs intervalles, tandi s qu'il a suffi de quelques années
au Spiritisme, sinon pour atteindre.le point culminal1t, du moins pour re-
,cueillir une somme assez grande d'observations propres à constituer une doc-
trine. Cela tient à la multitude innombrable d'Esprits qui, par la volonté de
Dieu, se s0nt manifestés simultanément, apportant chacun le contingent de
leurs connaissances. Il en est r ésulté que toutes les parties de la doctrine,
,au lieu d'être élaborées successivement durant plusieurs siêcles, l' ont été à
peu prés simultanément en quelques ann ées, et qu'il a sufil. de les grouper
pour en former un tout.
Dieu a voulu qu'il en fUt ainsi, d'abord pour que l'édifice arrivât plus
promptement au falte ; en second lieu, pour que 1'0n put, par la comparai-
son, avoir un contl'ôle pour ainsi dire immédiat et permanent dans l'univer-
salité de l'cnseignement, chaque partie n'ayant de valeur et d'autoTite (lue
par sa connexité avec l'ensemble, toutes devant s'harmoniser, et arriver
,chacune en so n temps et à sa place . En ne confiant p.1S à un seul Esprit le
soin de la promulgation de la doctrine, il a voulu en outre que le plus petit
comme le plus grand, parmi les Esprits comme parmi les hommes, apportát
sa pierre à l' édiil.ce, afin d'établir entre eux un lien de solidarité coopérative
qui a manqué à toutes les doctrines sorties d'une source unique.
D'un autre côté, chaque Esprit, de même que chaque homme, n'ayant
qu'une somme limitée de connaissan ces, individuellement ils étaient inha-
biles à traiter ex pro(esso les innombrables questions auxquelles touche le
Spiritisme; voilà également pourquoi la eloctrine, pour r emplir les vues du
Créateur, ne pouvait etre l'ceuvre ni d'un seul Esprit, ni d'u n seul médium;
elle ne pouvait sortir (lue de la collectivité des travaux contrôlés les uns
par les autr es. (Voir dans l'Erangile selon le Spil'itisme, introd uction, p. VI,
et RelJue spirite, avril1864, p. 90 : AutoTilé de la doe/rine spú'ite; conll'óle
univeTsel de l'en seignement eles E s/,rits.
55. - Un dernier caractere ele la r évélation spirite, et qui reSSOl't des
conditions memes dans lesfluelles elle est fai te , c'est que, s'appuyant
SUl' eles faits, elle es t et ne peut etr e qu'essentiellement progressive , comme
toutes les sciences d'observation . P ar son essence, elle contl'acte alliance
avec la science, qui, étant l'exposé des lois de la nature, dans un certain
ordre de faits, ne peut etre contraire à la volonté de Dieu, l'auteur de ces
lois. Les déeouveTtes de la scienee glorifien t Dieu au lieu de l'abaisser; e/les ne
détruisent que ee que les /wrnmes ont bâ!i SUl' les idées (ausses qu'ils se sont (aites
de Dieu.
Le Spiritisme ne pose donc en príncipe absolu que ce qui est démontré
·avec évidence, ou ce qui ressort logiquement de l'observation. Touchant
à toutes les branches de l'économie sociale, auxqu elles il prete l'appui de
- 279 -
8es propres clécouvertes, il s'assimilera touj ours toutes les cloctrines
progressives, de qu elque ordre qu'elles soient, arrivées à l'état de vé-
rités pratiques, et sorties du domaine de l'utopie, sans cela il se su iciderait;
en cessant d'etre ce qq'il est, il mentirait à SOll origine et à S011 but provi-o
dontiel. Le S pi1'itisme, mm'chant avec le pl'ogl'es, ne sem /amais débo rdé,parce
que, si de nouvelles decouvel'tes lui démontraient qu'il est dans l'errew' sw' un
po!:nt, il se modifierait sUl'cepoint ; si une nouvelle Vél'ité se révele, ill'accepte (1).
Dans la Revue spirite de mal's 1807, page 74, nous avons cité
quelques passages des aventures de Robinson, empreints d'uoe pen-
sée évidemment spirite. Nous devol1s à l'obligean ce d'un de nos
corres pondants d' Anvers la connaissance du complément de cette
histoire ou les principes du Spiritisme sont exprimés et affirmés d'une
maniere bien plus explicite et ne se trou ve dans aucune des éditions
modernes . L'ouvrage complet., traduit de I'anglais sur I'édition ori-
ginale, comprend trois volumes, et fait parti e d'une collection en
trcnte et quelques volumes inlitulée : V oyages imaginaires, sOlJges,
visions et l'omans eabalistiques , imprimée à Amsterdam en 17 87.
Le titre porte qu'elle se trouve aussi à Paris, rue et hôtel Serpente.
Les deux premiers volumes de cette colleclion contiennent les
voyages proprement dits de Robinson; le troi sieme volume, que notre
correspondant d' Anvers a bien voulu nous confier, a pour titre : R é-
fiexions sérieuses et importantes de Robinson Crusoé. Le traducteur
dit dans sa préface :
« Voiei enfin fénigme des aventures de Robinson Crusoé)' c'est
N otioe bibliographique
Dieu dans la nature
P AR C AM I LLE F L AM M A RI ON (1)
Apres avoir traité, comme on lesait, au point de vue de la science,
la question de l'habitabilité des mondes, qui se lie intimement au
Spirilisme, M. Flammarion aborde aujourd'hui la d émonstration d'une
autre vérité, la plus eapitale sans contredit, cal' c'est la piel're angu-
Jaire de I' édifice social, cclle aussi sans laquelle le Spiritisme n' aurait
pas sa raison d'êlre : L' existence de Dieu. Le ti tre de son ouvrage :
Dieu dans la nature, en résume toute l'économie ; il dií tout d'abord
que ce n'est pas UH livre liturgique, ni mystique, mais philosophique.
Du scepticisme d'un grand nombre de savants, on a conclu à tOft
que la science, par elle-même, est athée, ou conduit fatalement 11
l'athéisme; c'est une erreur que M. Flammarion s'atlache à réfuter,
en démontrant que si les savants n'ont pas vu Dieu dans leurs re-
cherches, c'estqu'i1sn'ont pas voulu le voir. Tous les savants, d'ail-
(1) Un fort volume in-12. Prix," fr. Paris, Didier et Comp., quai des Grands-Au-
gustins, 35.
- 287-
Jeurs, sant loin d'être alhées, mais on confond souvent Je scepticisme
à l'endroit des dogmes particuliers de tel ou lei culte avec l'alhéisme.
M. Flammarion s'adresse spécialement à la classe des philosophes
qui funt ouvertement profession de matérialisme.
« L'iJomme, dit-i1, porte en sa. nature une si impérieuse nécessité
de s'arrêter à une cOllviction, particulierement au poillt de vue de
I'existence d'un ordonnateur du monde et de la des tinée des êtres,
que si nulle foi ne le salisfait, il a besoin de se démuntrer que Dieu
n'existe pas, et cherche le repos de son âme uans l'alhéisme et la
doctrine du néant. Aussi la question actuelle qui nous passionne
n'est-elle plus de savoir quelle est la forme du Créateur, le caractere
de la médiation, I'influence de la grâce, ni de discuter la valeUl' des
argumenLs th éologiques : la véritable question est de savoir si Dieu
existe ou s'il n' existe pas. »
Dans ce travail, l'auteur a procédé de la même maniere que dans
sa Pluralité eles mondes Itabités, il s'est placé sur le terrain même de
ses adversaires. S'il eut puisé ses arguments dans la théologie, dans
le Spi ritisme ou dans des doclrines spiritualistes quelconques, il aurait
posé des pl'émisses qui eussent été rejetées. C'est pourquoi il prend
celle des négateurs et démontre, par les faits mêmes, qu'on arrive à
une conclusion diamétralement opposée; il n'invoque pas de nou-
vcaux arguments controversables ; iI 11e se perd pas dans las nuages
de la mélaphysique, du subjectjf et de l'objectif, dans les arguties de
la dialectique; il reste sur le terrain dn positivisme; il combat les
athées avec leurs propres armes; prenant un à un leurs arguments,
illes détruit à l'aide de la science même qu'ils invoquent. 11 ne s'ap-
puie pas SUl' I'opinion des ho mmes ; son autorité, c'est la nat ure et
il y montre Dieu en tout et partout..
a La nature expliquée par la science, dit-il, nous l'a montré dans
un caractere partieulier. 11 est là, visible, commc la force intime de
toutes choses. Nulle poésie humaine ne nous a paru comparablo iL la
vérité naturelle, et le verbe éternel nous a parlé avec plus d'élo-
quence dans les muvres les plus modes tes de la nature, que l'homme
dans ses chants les plus rompeux. »
Nous avons dit los molifs qui ont engagé ;.\1. Flammarion à se pla-
cer en dehors du Spiritisme, et nous ne pouvons que l'approuver; si
quelques personnes pensaient que e'est par antagonisme pour la
doctrine, il suffirait, pour les désabuser, de citeI' le passage suivant:
« No us pourrions ajouler, pour c\ore le chapitre de la personnalité
humaine, quelques réflexions SUl' certains sujets d'étude encore mys-
tér:eux, mais non insignifiants. Le somnambulisme naturel, le ma-
gnélisme, le Spiritisme, ofTrent aux expérimentateurs sérieux qui
savent les examineI' scientifiquement dos faits caractéristiques qui
suffiraient pour démonLrer l'insuffisance des lhéories matérialisles.
- 288-
II cst triste, lIOUS l'avollons, pour 1'observateur consciencieux, de voi!"
le charlatanisme éhonté glisser son avidité perfide en des causes qui
devraient être respectées; il est triste de constater que quatre-vingt-
dix-neuf faits SUl' cent peuvent être fau x ou imités; mais un seul fait
bien constaté déjoue toute5 les négations. Or, quel parti prennent
certains doctes personnages devant ces faits? I1s les nientsimplement.
« La science ne d'Jule point, dit en particulier M. Buchner, que tOU5
« les cas de prétendue clail'voyance nesoient des eiTets de jonglerie et
" de collusion. La lucidité est, par des raisons naturelles, une impossi-
« bilité. 11 est dans les lois de la nalure que les ciTels des sens soient
u bornés à certaines limites de l' espace qu'ils ne peu vent franchir. Pu-
u &onne n'ala faculté de deviner les penséesni de voir avec les yeux
cc fermés ce qui se passe autour de lui. Ces vérités sont basées sur des
« lois nalurellcs qui sont immuables et sans exceptions. )}
« Eh ! 1l10nsieur le juge, vous les connaissez donc bien, les lois na-
turelles? Heureux homme! Que ne succombez-vous sous l' exces de
votre science! Mais quoi? Je tourne deux pages, et voici ce que
je lis :
« Le somnambulisme est un phénomene dont malheureusement
« nous n'avons que des observations tres-inexactes, quoiqu'il fUtàdé-
« sirer que nous en eussions des notions précises à cause de son impor-
« tance pOUI' la science. Cependant, sans en avoir des données certaines
« (écoutez!), on peut reléguer parmi les (ables tous les faits merveil-
« leux qu'on raconte des somnambules. 11 n'est pas donné à un som-
/( nambule d'escalader les murs, etc. » Ah! monsieur, que vous rai-
~ sonnez done sagement! et que vous auriez bien fait, a vant d' écrire,
« de savoir un peu ce que vous pensez! »
Un compte rendu an alylique de l'ouvrage exigerait des dévelop-
pements que le défaut d'espace nous interdit, et serait d'aill eurs su-
pedIu. 11 nous suffisait de montrer le point de vue ou s' est placé l'au-
teur pour en faire comprendre l'utilité. Réco ncilier la science avec
les idées spiritualiEtes, c'est aplanir leE voies de Eon alliance avec le
Spiritisme. L'anteur parI e au nom de la science pure et non d'une
science fantaisiste ou superficielle, et il le fait avec l'autorité que lui
donne son savoir personnel. SOI1 livre est un de eeux qui ont une
place marquée dans les bibliotheques spirites, cal' c'est une mono-
.qraphip d'une des parties constituantes de la doetrine, ou le eroyant
trouve à s'instruire aussi bien que 1'incrédule. Nous aurOllS plus
d'une fois l'oceasion d'y revenir.
ALLAN KARDEC.
Pari$. - Ty p. de Rouge freres . DUllOII ~t l' l' ~ sll é . rue du Foul' ·Saint·Gerwain, '43,
REVUE SPIRITE
JOURNAL
Le Spiritisme partout
A propos des poésies de M. Marteau.
C'est une choso vraiment curieuse de voir ceux mêmes qui re-
poussent le nom du Spiritisme avec le plus d'obstination, en semer
les idées ~L profusion. Il n'est pas de jour ou, dans la presse, dans les
reuvres littéraires, dans la poésie, dans les discours, dans les ser-
'llons même, on ne rencontre des pensées appartenant au plus pur
Spiritismc. Demandez à ces écrivains s'ils sont Spiriles, ils répon-
dront avec dédain qu'i1s s'en garderaiellt bien; si vous leur dites
que ce q'l'ils ont écrit est du Spiritisme, i1s répondront que cela ne se
peut pas, parce que ce n'est pas l'ltpologie des Davenport et des
tables tournantes. Pour eux, tout le Spiritisme est là, ils n'en SOI'-
tent pas, et l1'en veulent pas sortir j ils ont prononcé : leur jugement
est sans appel.
lls seraient bien surpris, cependant, s'ils savaient qu'ils font à
chaque instant du Spiritismc sans le savoir, qu'ils le coudoient sans
se douter qu'ils en sont si pres! Mais, qu'importe le nom, si les iclées
fondamentales sont acceptées! Que fait la forme de la charrue,
pOllrvu qu'elle prépare le terrain? Au lieu d'arriver toul d'une piece,
I'idée arrive par fragments, voilà toute la différence; 01', quand plLw
tard, on verra que ces fragments réunis ne sont autre ehose que le
Spiritisme, on reviendra forcément SUl' l'opinion qu'on s'en était
faite. Les Spirites ne sont pas assez puérils pour atlacher plus d'im-
portance au mol qu'à la chose; c'est pourquoi ils se félicitent de voü'
leurs idées se répandre sous une forme quelconque.
Les Esprits qui conduisent le mouvement, se disent : Puisqu'ils ne
veulent pas de la chose sous ce 110m, nous allolls la lem faire accep-
- 290-
ter en détail sous une autre forme; se crúyant les inventeurs de
l'idée, ils en seront eux-mêmes les propagateurs. Nous ferons comme
avec les malades qui ne venlent pas de certains remMes, et qu'on
leurfait prendre sans qu'ils s'en doutent, en en changeant la couleur.
Les adversail'es connaissent en général si peu ce qui constitue
le Spiritisme, que nous mettons en fait que le Spirite le plns fervent,
qui ne serait pas connu pour tel, pourrait, à l'aide de quelques pré-
cautions oratoires, et ponrvu surtout qu'il s' abstint de parl er des
Espríts, développer les principes les plus essentiels de la dodrine, et
se faíre ll.pplaudir par ceux mêmes qui ne lui eussent pas laissé
prendre la parole, s'il se rut présenté comme adepte.
Mais d'ou viennent ces idées, puisque ceux qui les émettent ne les
únt pas puisées dans la doctrine qu'ils ne connaissent pas?
Nous l'avons déjà dit plusieurs fois : lorsqu'une vérité est arrivée à
terme, et que l'espl'it des masses est mur pour se I'assimil er, ['idée
germe partout ; elle est dans I' air, portée SUl' tous les points par les
courants fluidiques; chacun en aspire quelques parcelles, et les émet
comme si elles éta.ient écloses dans son cerveau. Si quelques-uns
s'inspirent de I'idée spirite sans oser I' avouer, il est certain que chez
beaucoup elle est spontanée. Or, le Spiritisme se trouvant être la co 1-
lectivité et la coordination de ces idées partielles, par la force des
choses il sera un jour le trait d'union entre ceux qui les pro-
fessent; c' est une question de temps.
Il est à remarquer que lorsqu'une idée doit prendre rang dans
l'humanité, tout concourt à lui frayer la voie; il en est ainsi du Spi-
ritisme. En observant ce qui se passe dans le monde en ce moment,
los événements grands et petits qui surgissent ou se préparent, il
n'est pas un Spirite qui ne se dise que tout semble fait expres
pour aplanir les difficultés et facilite r son établissement; ses adver·
saires eux-mêmes semblent poussés par une force inconsciente à
déblayer la route, et à creuser un abime sous leurs pas, pOUl' mieux
faire sentir ia nécessité de le combler.
Et qu'on ne croie pas que les conlraires soient nuisibles; loin de
là. Jamais l'incrédulité, l'athéisme et le matérialisme, l1'Ol1t plus hal'-
diment levé la tête, et affiché leurs prétentions. Ce ne sont plus ues
opinions pel'sonl1elles, respeclables comme tout ce qui est du ressort
d e la cO llscic nce intime, cc 80nt des doclrines que 1'on veut il11po ~ ei' ,
et h 1'aide de squelles 011 prétend gouverner les hommes malgré eux.
L' exagération ll1ême de ces doct.rines en est le remede, cal' on se
demande ce que serait la société , si jamais elles venaienl à préva.
- 291 -
loiro II fallait cette exagération pour mieux faire comprendre le
bienfait des croyances qui peuvent être la sauvegarde de l'ordre
social.
Mais aveuglement étrange ! ou pour mieux dire, avellglement pro-
videntiel ! ceux qui veulent se substituer à ce qui existe, comme ceux
qui velllent s'opposer aux idées nouvelles, au moment ou les plus
graves queslions s'agitent, au lieu d'attirer à eux, de se concilier les
sympathies par la douceur, la bienveillance et la persun.sion, sem-
blcnt prendre à tâche de tout faire pour inspirer la répulsion; ils ne
trouvent rien de mieux que de s'imposer par la violence, de compri-
mer les cOIlsciences, de froisser les convictions, de persécuter. Sin-
gulier moyen de se faire bien venir des populatiol1s !
Dans l' élat actuel de notre monde, la persécution est le baptême
obligé de toute croyance nouvelle de quelque valeur. Le Spiritisme
recevant le sien, c'est la preuve de l'importance qu'on y altache.
Mais nous le répétons, tout cela a sa raison d'être et SOI1 utilité: il
faut qu'il en soit ainsi pOUl' préparer les voies. Les Spirites doivent
se considérer comme des soldats SUl' un champ de bataille; ils se
doivent à la cause, et ne peuvel1t atlendre le repos que lorsque la vic-
toire sera remportée. Heureux ceux qui auront contribué à la vic-
toire au prix de quelques sacrifices !
Pour I'observateur qui contemple de sang-froid le travail d'enfan-
tement de l'idée, c'est quelque chose de merveilleux de voir com-
ment tout, même ce qui, au premier abord, parait insignifiant ou
contraire, converge en définitiv e vers le même but; de voir la di-
versité et la multiplicité des ressorts que les puissances invisibles
mettent en jeu pour atteindre ce but; tout leur sert, tout est utilisé,
même ce qui nous semble mauvais.
1\ n'y a donc pas à s'inquiéter des flu ctualions que le Spiritisme
peu! éprou ver dans le conflit des idées qui sont en fermentat.ion;
c'est un effet de l'effervescence même qu'il produit dans l'opinion,
ou i! ne pellt rencontrer partout des sympathies; il faut s'attendre
à ces fluctllations jusqu'à cc que l' équilibre soit rétabli. En atten-
dant, l'idée marche, c'est. l'essentiel; et, comme nous l'avons dit en
commençant, elle se fait jour par tous les pores; tous, amis et
ennemis, y travaillent comme à l'envi, et il n'est pas dou!eux que
sans l'active coopération invalontaire des ad vcrsaires, les progres
de la doctrine, qui n'a jamais fait de réclames paur se faire connaitre,
n'auraient pas été aussi rapides.
On croit étouffer le Spiritisme en proscri vant le nom; mais com me
- 292-
il ne consiste pas dans les mols, Ei on lui ferme la porte à cause de
scm nom, il pénetre S'JUS in forme impalpable de l'idée. Et ce qu'il ya
de curicux, c'est que beaucoup de ceux qui le rcpoussent ne le con·
naissant pas, ne voulant pas 1e connaitre, ignorant, par conséquent,
son but, ses tendances et ses principes les plus sérieux, acclament
certaines idées, qui parfois sont les leurs, sans se douter que souvent
elles font partie essen tielle et intégrante de la doclrine. S'ils le
savaient il est probable qu'ils s'abstiendraient.
Le seul moyen d'éviter la méprise &erait d'étudier la do~trine à
fond pour savoir ce qu'elle dit et ce qu'elle ne dit pas. Mais alors
surgirait un autre embarras: le Spiritisme touche à tant de questions,
les idées qui se gl'Oupent autour de lui sont si multi pIes, que si I'on
voulait s'abstenir de parler de tout ce qui s'y raUache, on se trouve-
rait souvent singulierement empêché, et souvent même arrêté dans
les élans de ses propres inspirations; cal' on se convaincrait, par
ceite étude, que le Spiritisme cst CI1 tout r,t partout, et I'on serait
surpris de le trouver chez les écrivains lcs plus accrédités; bicn plus,
on se surprendrait soi-même à en raire ell maintes circollstances,
sans le vouloir; 01', une idée qui devient le patrimoine commlln est
impérissable.
Nous avons plusieurs fois déjà reproduit les pensées spirites que
l' 011 trollve à profusioll dans la pressc et les écrits de tous gent'es,
et nous continuel'ons à le faire de temps en temps sous ce titre :
le Spiritisme partou!. L'article suivant vient surtout [L l'appui des
réflcxions ci -dessus; il est. extrait du PlwJ'e de la lVlanclw, journal de
Cherbourg, du 18 aout 1867.
L'auteur y rend compte d'un recuei! de poésies de M. Amédée
.&larteau (I), et tL ce sujet il s' ex prime ainsi :
(r Il y a denx mille ans, qllelque temps avant l'établissement clu
Chl'istianisme, la caste sacel'dotale dcs druides enseignait à ses
adeptes une doctrine étrange. Elle disait : Aucun être ne tinira
jamais; mais tons les êtres, excepté Dien, ont commencé. Tout être
est créé au plus bas degré de l'existence. L'âme est d'abol'd sans
conscience d'elle-même; soumise aux lois invariables dn monde phy-
sique, esprit esclave de la matiet'e, force latente et obscure, elle
monte fatalement les degrés de la nature inorganique , puis de la
nature organisée. Alors l'éclair tombe du deI, l'être se connait, il
est bomme.
cc L'âme humaine commence dans un demi-jour les épreuves de
qui I'accompagnent?
2° Quelle est I' origine de vatre gout inné pour les études mé-
dicales?
3 Par quelle vaie receviez-vous les inspirations qui vaus étaicnt
o
Les Médecins-Médiums.
Madame la comtesse de Cl érambert, dont nous avons parlé dans
I'arlicle précédent, offrait une des variétés de la facult0 de guérir
qui se présenle sous un8 infinité d' as pects et de nuances appr0[l riées
aux aplitudes spéciales de chaque individu. Elle était, à no trc avis,
le type de ce que p ~ urrai e nt être beaucoup de médecins; de ce que
beaucoup seront sans doute quarld ils entreront dans la v0ie ele la
spiritualité que leur ouvre le Spiritisme, cal' beaucoup vcrront se
développer en eux tles facultés intuitives qui leur sero nt d'un pré-
cieux secours dans la pratique.
Nous I'avnns dit, et no us le répétol1!", ce serait une erre m de
croire que la médiumnité guérissante vient détrôll er la médecine et
les médecins; elle vient lem ouvrir unc nouvell e voie, leur mon irer,
dans la nature, des ressources et des forces qu'ils ignoraient , et dont
ils peuven Lfaire bén éficier la science et leurs malades ; leU!' prouver
en un mot qu'ils ne savent pas tout, puisqu' il y a des gc:ns qui, en
dehors de la science officielle, obtiennent ce qu'ils n'ob lielJIlellL pas
eux-mêmes. Nous ne faisolls donc aucun dou t0 qll'il n'y al t ün jour
des médecins -médiums, comme il y a des médiwns-médecins, qui, à
la science acquise, joindront le don de facultés médiani miques spé-
dales.
Sculement, commé ces facultés l1'Ol1t de valeur effective que par
l'assistance des Esprits, qui peuvent en paraIySCl' le!:! effets en reLil'ant
- 300-
leur concoUl'S, qui déjouent à leur gré les calculs de !'orgueil et de
la cupidité, il est éviàent qu'ils ne prêteront pas leur assislance iL
ccux qui les renieraient, et entendraient se servir d'eux secretement
au profit de leur propre réputation et de leur fortune. Comme les
Esprits travaillent pour l'hlJmanité, et ne viennent pas pour servir
les intérêts égolstes individueIs; qu'ils agissent, en tout ce qu'ils font,
en vue de la propagation des doctrines nouvelles, il leur fallt des
soldals courageux et dévoués, et ils n'ont que faire des poltrons qui
ont peur de I'ombre de la vériLé. tIs seconderont done ceux qui l1let-
tront, sans réticence et sans!arriere-pensée, leurs aptitudes au servicc
de la cause qu'ils s'efforcent de faire prévaloir.
Le désintéressement matériel, qui est un des attributs essentiels
de la médiumnité guérissante, sera-t-i! aussi une des conditions de
la médecine médianimique? Comment alors concilier les exigences de
la profession avec une abnégation absolue?
Ceci demande quelques explica!ions, cal' la POSitiOIl n'est plus In.
même.
La faculté du médium guérisseur ne lui a rien couLé; elle n'a
exigé de Iui ni étude, ni traváil, ni dépenses; ill'a reçu e gratuitement
poul' le bien d'autrui, il en doit user grntuitement. Comme il fallt
vivre avant tout, s'i! n'a pas, par lui-même, des ressources qui Ic
rendent indépendant, il doit en chercher les moyens dans son travail
ordinaire, comme iI l'elit fait avant de connaitre la médiumnité; il
ne donne à l'exerciee de sa faculté que le temps qu'il peut matérielle-
ment y consacrer. S'il prend ce temps SUl'"son repos, et s'i! emploie
à se l'endre utile à ses semblables celui qu'i! aurait consacré à des
distra.ctions mondain es, c'est du véritable dévofIment, et il n'en a
que plus de mérite. Les Esprits n'en demandent pas davantage ct
n'exigent aucun sacrifice déraisonnable. On ne pourrait considércr
comme du dévoúment et de l'abnégation l'abandon de son état pour
se livreI' à un travail moins pénible et plus lucratif. Dans la protec-
tion qu'i1s accordent, les Esprits, auxquels on ne peut en imposer,
savent parfaitement distinguer les dévouments réels des dévolt-
ments faclices.
Tout autre serait la po.-;ition des médecins-médiurris. La médecine
cst une des carriêres socialcs que l'on embrasse pour s'en faire un élat,
et la science médicale ne s'acquiert qu'à titre onéreux, par un labem
assidu souvent pénible; le savoir du médecin est done un acquis
personnel, ce qui n'est pas le cas de la médiumnité. Si, au savoir
humain, les Esprits ajoutent leur concours par le don d'une aptilude
- 301 -
médianimique, c'est pour le médecin un moyen de plus de s'éclairer,
d'agir plus surement et plus efficacement, ce dont il doit être recon-
naii'sant, mais iI n'en est [.las moins toujours médecin; e'est son état,
qu'ilne le quitte pas pour se faire médium; il n'y a donc rien de ré·
préhensible à ce qu'i1 continue d'en vivre, et cela avec d'autant plns
de raison que l'assistallce des E ~ prits est souvent inconsciente, intui-
tive, et que leur intervention se confond parfois avec I'emploi des
moyens ordinaires de guérison.
De ce qu'un médecin deviendrait médium, et serait assisté par les
Esprits dans le traitement de ses malades, il ne s'ensuivrait donc pas
qu'il dut renoncer à toute rémunération, ce qui l'obligerait à cher 4
Le zouave Jacob.
La faculté guéri~sante étant à l' ol'clre du jour, on ne sera pas surprifl
que nous y ayons comacré la plus grande partie de ce lluméro, et
assurément nous sommes loin d'avoir épuisé le sujet; c'est pourquoi
nous y reviendrons.
Pour fixeI' tout d'abord Jes idées d'un grand nombl'e de personnes
intéressées dans la question reI ative à M. Jacob, et qui nous onl écrit
ou pourraient nous éel'ire à son sujet, nous disons :
1. o Que les séances de M. Jacob sont suspendues; qu'ainsi il serait
inutile de se présenter au Jieu OLI itles tenait, rue de la Roquette, 80,
et qU'll ne les a, jmqu'à présent, reprises nulle pari. Le motif a été
l'encombrement excessif qui gênait la circulation dans une rue tres
fréquentée et dans une impasse occupée par un grand nombre d'in-
- 307 -
dustriels qui se trouvaient empêchés dans leurs alTaires, ne pouvant
ni recevoir les clients, ni expédier leu rs marchandises. En ce mo-
ment M. .Jacob n'a de séances ni publiques ni particulieres.
2° Vu I'affiuence, chacun devant atlendre son tour assez long-
temps, à ceux. qui nous ont demandé, ou voudraient nous demander à
l'avenir si, connaissant personnellement M. Jacob, sur notre recom-
mandalion ils pourraient obtenir un tour de fav eur, naus di rons que
nous ne I'avo ns jamais demandé et que nous ne Ic demanderions
jamais, sachant que ce serait inutile. Si des tOUl'S de fave ur eussent
été accordés, c'eut été au préjudice de ceux qui atlendent , et cela
n' eul pas manqué desoulever des réclamations fond ées. M. Jacob n'a
fait d'exception pOUl' personne; le riche de vait attendre com me le
malheureux, parce qu'en défi ni tive le malheureux soulfre autant que
le riche ; il n'a pas, comme celui-ci, le confortable pour compensa-
tion, et de plus, souvent il attend la sanlé pour avoir de quoi vivre.
Nous en félicitons M. Jacob, et s'i! n'efü pas agi ainsi, nous n'au-
rions pas faH, en sollicitant une faveur, une chose que nous aurions
blâmée en lui.
3° Aux malades qui nous ont demandé, ou pourraient nous de-
mande r, si nous leur con seill ons de faire le voyage de Paris, nous
disons : M. Jacob ne guérit pn.s tout le monde, ainsi qu'il le déclare
lui-même ; il ne sait jamais d'avance s'jJ guérira ou non un malade ;
ce n' est que lorsqu'il est en sa pl'éser.ce qu'i! juge de l'action flui-
dique, et voil le résultat; c'est pourquoi il ne promet jamais riBI1 et
ne répond de rien. Engager quclqu'un à faire le voyage de Paris,
ce serait prendre une responsabilité sans certitude de succes. C'est
donc une chance à courir, et si l'on n'obtie!1tpas de résultat, on en
est quitte pOUl' ses frais de voyage, tandis qu'on dépense souvent en
consultations des sommes énormes sans plus de réussile. Si I' on n' est
pas guéri, 011 ne peut pas dire qll' OI1 a payó des soitlS cn pure perte.
40 A ceux qlü nous demandent si, en indemnisant M. Jacob de ses
frais de voyage, j)uisqu'il ne veul point accepter d'honoraires, il
consen lirait à se rendre dans telle ou telle localilé pour soigner un
rnalade, nous répondons: M. Jacob ne se rend point aux in vil ations
de ce genre, par les raisons qui sont développées ci-dessus. Ne pou-
vant répondre d'avance du résultat, il regarderait comme un e indéli-
catesse d'induire en dépense sans certitude ; et en cas de nOfl- réussite,
ce serait donner prise à la critique.
5° A ceux qui écrivent à. M.. Jacob, ou qui nous envoient des leltres
pour les lui faire parvenir, nous disons: M. Jacob a chez lui une
- 308-
armoire pleine de lettres Cju'il ne lit pas, et il ne répond à perSOnilc.
Que pourrait-il dire, en eiTet? 11 ne guérit point d'ailleurs par cor-
respondance. Faire des phrases? ce n'est pas son genre ; dire si telle
maladie est guérissable par lui? il n'en sait rien ; de ce qu'il a guél'i
une personne de telle maladie, il ne s'ensuit pas qu'il guérisse la
même maladie chez une autre personne, parce que les condiliolls
fluidiques ne sont plus les mêmes; indiquer un traitement? il n'e~ t
pas médecin, et il se garderait bien de donner celte arme contra
lui.
Lui écrire est donc peine inuLile. La seule chose à faire, dans le
cas ou il reprendrait ses séances, que I'on a à tort qualifiées de Cúll-
sultalions, puisqu'on ne le consulte pas, c'est de s'y présenter commc
le premieI' venu, de prendre S011 rang, d'attendre patiemment et d'ell
cOUl'ir Ia chance. Si I' on n' est pas guéri, on ne peut se plaindre d' avoir
été trompé, puisqu' il ne promet rien.
11 y a des sources qui ont la propriété de guérir certaines maladies j
on s'y rend; les uns s'en trouvent bien, d'autres ne sont que soula-
gés, d'autres enfin n'en éprollvent rien du tout. II faut considérer
M. Jacob comme une source de fluides salutaires, à l'influence desquels
on va se soumetlre, mais CJuI n'étant pas une panacée universelle, ne
guérit pas tous les ma.ux, et peut être plus ou moins efficace, 8elon
les conditions du malade.
Mais enfi n, ya-t-il eu des guérisons? Un fait répond à ceLte
queslion : Si personne n'avait été guéri, la foule ne s'y serait pas
portée C01mne elle l' a faH.
Mais la foule crédul e ne peul-elle avoir été abusée par de fausses
apparences, et s'y l'endre SUl' la foi d'une réputation usurpée? Des
comperes ne peuvent-ils avoil' simulé des maladies pOUl' avoir l'air
d' être guéris?
Cela s'est vu sans doute, et se voit tous les jonrs, quand des com-
peres ont intérêt ~L jouer la comédie. 01', ici, quel profit en auraient-
i1s tiré? Qui les aurait payés? Cc Il' est pas assurément M. J acob sur
sa paye de musicien des zouaves; ce n'est pas non plus en leur fai-
sant une remise sur le prix de ses consultations, puisqu'il ne recevait
rien. On comprend que celui qui veut se faire une C\ienLele à tout
prix emploie de pareils moyens; mais M. Jacob n' avait aucun intérêt
à attirer la foule à lui; il ne I'a pas appelée, c'est elle qui est venue
à lui, et l'on peut dire malgré lui. S'i1 n'y avait pas eu des fails,
personne l1e serait venu, puisqu'i1 n'appelait personl1e. Les journaux
ont sans doute contribué à augmenter le nombre des visiteurs, mais
- 309-
ils n' en ont parlé que parce que la foule existait déjà, ~ans cela íls
n'en aUl'aient ríen dit, M. Jacob ne les ayant pas priés de parler de
lui, ni payés pour lui faire de la réclame. 11 faut donc écarter to~te
idéc de subterfuges qui n'auraicnt cu aucune raison d'êlre dans la
circon stance dont iI s'agit.
Pour apprécier les aetes d'un individu, il faut chercher l'intérêt
qui peulle solliciter dans sa maniere d'agir; 01', il est f.véré qu'il
n'y en avait aucun de la part de M. Jacob; qu'il n'y en avait pus
davantage pour M. Dufayet, qui donnait son local gratuilement, et
mettait ses ouvriers au service des malades, pour monteI' les in firmes,
et cela au préjudice de ses propres intérêts; enfin que des comperes
n'avaient rien à gagner.
Les guel'isons opérées par M. Jacob en ces derniers temps élant
dans le même genre que celles qu'il a obtenues l'année derniere au
camp de Châlons, et les faits s'étant pas~és 11 peu pres do la rnême
maniere , seulement SUl' une plns grande échell e, nous renvoyon s nos
lecteurs aux comptes rendus et aux appréciat ions que nous el1 avons
donn és duns la Revue d'octobre et de novembre 1866. QU1l.nt aux
incidents particuliers de celte année, nous ne pourrions que répéter
ce que tout le monde a 5U par la voie des journaux. Nous nous bor-
nerons donc, quant á présent, it quol.ques ccnsidél'ations généralcs
SUl' Ic faiten lui-même.
11 ya environ deux ans, les Esprits nous avaiont annoncé que la
médillmnité gllérissante prendrait ele grands développements, et
serail un puissant moyen de prop,tgation pour lo Spirilism8. J usque-Ià
il n'y avait eu que des gllérisseurs opérant poul' ainsi di!'ü dans
l'intimité et 5allS bruit. Nous dimes aux Esprits que, pom que
la propagation fUt plu;:; rapide, il faudrait qu'il en surgit d'assez
puissants pour que los guérisons eussenL du retentissement dans le
pubilc. - Cela aura lieu, naus ful-il répondu, et i! y en aura plus
d'un.
Cetle prévisiün a eu un commencemont de réalisation I'année dcr-
niere au camp de Châlons, et Dieu sait si le retenlissement a manqué
cette année aux guérisons de la rue de la Roqw;tte, Ilon-seulomcnt
cn France, mais à I' étranger.
L'émotion générale que ces faits ont causée est justifiée par la
gravité des questions qu'ils soulevent. 11 ne faut pas s'y tromper, ce
n' est pas ici un de ces événemenls de simple curiosité qui passionnent
un moment la fbule avide de nouveautés et de distractions. On ne se
distrait pas au spectacle des miseres humaines; la vue de ces milliers
- 310-
de malades courant apres la santé qu'ils n'ont pu trouver dans les
ressourccs de la science, n'a rien de réjouissant, et fait faire de sé-
rieuses réflexions.
Oui, il y a ici autre chl)se qu'un phénomEme vulgaire. On s'étonne
sans doute de guérisons obtenucs dans des conditions si exception-
nelles qu'elles sembl ent tenir C\U prodige ; mais ce qui impressionne
plus encore que le fait matériel, c'est qu'on y pressent la révél ation
d'ull principe nouveau dont les conséquences sont incalculables ,
d'une de ces lois lon gtemps restées voilées dans le sancluaire de la
nature, qui, à leur apparilion, changent le cours des idées et mo-
difienl profondément \CS croyanc:es.
Une secrete intuition dit que si les faits en question sont réels, c'est
plus qu'un changement dans les habitudes, plus qu'un déplacement
d'industrie : c'est un élément nouveau introduit dans la société, un
nouve\ orc\l'e d'idées qui s' établit.
Bien que les événements du camp de Châlons aient préparé à ce
qui vient de se passer, par suite de I'inactivité de M. Jacob pendant
un an, on les avait presque oubliés; I'émotion s'élait calmée ; lorsque,
tout à coup, les mt' mes faits éclatent au sein de la capitale, pt pren-
nent subitement des proportions inoules. On s'est pour ain~i cUre
réveillé camme au lendern ain d'une révoluLion, et 1'011 ne s'abordait
qll' en se demandant : Savez-vous ce qui se passe rue de la Roquette?
Avez-vous des nouvell es? On se passait Ics journaux comme s'il s'é-
tait agi d'un grand événement. En quarante-huit hcures, la France
entiere en fut instruite.
Il y a dans cette instantanéité quelque chose de remarquable et
de plus important qU'OIl ne croit.
L'impresbion du premier moment à élé celle de la stupeur : per-
sonne n' a ri. La presse facétieuse elle-même a simplement rei até les
faits et Ics oui-dire sans commentaires ; chaque jour elle cn donnait
le bulletin, sans se prononcer ni pour ni contre, ct I' on a pu re-
marqueI' que la plupar t des al'ticles n'étaient point faits SUl' le ton de
la raillerie ; ils exprimaient le doute, I'incertitude SUl' la réalité de
faits aussi élrange.3, mais en penchant plutôt vers l'affirmation que
vers In. négation. C' est que le suj et, par lui ·même, élait sérieux; il
s'agissait de In. souffrance, et la sou(france a quelque ch ose de sacré
qui impose le respect; en pareil co.s la plaisanterie serait déplacée et
universellement réprouvée. On ne vit jamais la verve railleuse s'exer-
cer devant un hôpital, même de fous, ou un convoi de blessés. Des
hommes de coour et de sens ne pouvaient manqu.er de comprendre
- 311 -
que, dans une chose qui touche à une question d'humanité, la moque-
rie eut été malséante, car c'eut été insulter à la douleur. Aussi est-ce
avec un senliment pénible et une sorte de dégout qu'on voit aujour-
d' hui le spectacle de ces malheureux infirmes reproduit grotesque-
ment sm les tréteaux, et traduit en c;Jansons burlesques. En ndmet-
tant de leur part une crédulité puérile et une espéral1ce mal fondée,
ce n'est pas une raison pour manquer au respect que 1'00 doit à la
soufTrance.
En présence d'un tel retentissement, la déoégation absolue était
difficile; le doute seul est permis à celui qui ne sait pas OlI qui n'a
pas vu; parmi les iocrédules de bonne foiet par igoorance, beaucoup
ont compris qu'il y aurait imprudence à s'inscrire prématurément eo
faux contre des faits qui pouvaient un jOUl' ou I'autre recevoir une
cOllsécra lion et leur donner un démenti. Sans donc rien nier ni afflr-
mel', la presse s'est généralement bornée à consigner I'état des choses,
lttissant à. l'expérience le soin de les confirmeI' ou de les démentir, et
surlout de les expliquer ; c' était le parti le plus sage.
Le premieI' moment de surprise passé, les advérsaires obstinés de
toute chose nouvelle qui contrarie leurs idées, un instanl abasourdis
par la. violence de l'irruption, Ol1t pris courage, quand i1s Ol1t vu sur-
touL que le zouave était palient et d'!1umeur pacifiqu e ; ils '(ont
commcncé l'attaque, et engagé contre Illi une charge à fond
de lrain avec les armes habituelles de ceux qui n'ont pas de
bonnes raisons à, opposer : la raillerie et la calomnie à. oulrance;
mais leur polémique acrimonieuse décele la colero et un em barras
évidont, et lems arguments qui, pom la plupart, portent à faux
et sur des allégations notoiremenl inexacles, ne sont pas de ceux qui
con vainquent, cal' i1s se réfutent par eux-mê mes.
Q.uoi qu'il en soit, iI nc s'ügit pus ici d'une question de personne;
que M. Jacob surcombe ou nan duns la lutte, c'est une queslion de
principes qui est en jeu, qui esl posée avec un immense retentisse-
ment, et qui suivra son cours. Elle remet en mémoire les innombra-
blcs faits du même genrc dont l'histoire fuH mention, et qui se mul-
tiplient de nos jours. Si c'est une vél'ité, elle n'esl pas incarn ée dans
un homme , et rien ne saurait l'étoulfer; la violence même eles atta-
ques prouve qu'on a peur que ce ne soit une véritó.
En cctte circonstunce, ceux qui témoignent le moins de surprise et
s'émeuvent le moins, ce sont les Spirites, par la raison que ces sor-
tes de faits n'ont rien dont ils ne se rendent purfaitement compte ;
conn ais~ant la cause, ils ne s'étonnent pas de l'eifet.
- 312 -
Ql1ant à ceux qui ne connaissent ni la cause du phénoll1cne ni Ia
loi qui le régil, ils se demandent naturellement si c'est une ilIusion
ou une réalité; si M. Jacob est un charlatan; s'il guérit réellement
toutes les maladies ; s'il est doué d'un pouvoir surnaturel et de qui il
le tient; si nous sommes revenus au temps des miracles? En voyant
la foule qui l'assiége et le suit, comme jadis celle qui suivait Jésus en
Galilée, quelques-uns se demandent même s'il ne serait pas le Christ
réincarné, tandisque d'aulres prétendent que sa faculté est uo pré-
sent du diable.
Toutes ces questions sont depuis longlems résolues pour les Spil'i tes
qui en ont la solution dans les principes de la doctrine. Néanrnoins,
comme i\ en peut sortir plusieul's enseignements importants, naus
les examinerolls dans un procbain article, dans lequel nous ferons
également ressortit'l'inconséquence de' certaines critiques.
Dissertations Spirites.
Conseils sur Ia médiumnité guérissante.
I
(P aris. 12 mnrs 1867, group e Desliens; ivléd. M. Deslie ns.)
Comme il vous l'a été dit maintes fois déjà dans différci1tes
instructions, la médiumnité guérissante, de concert avec la faculté
voyante, est appelée tt jouer un grand rôle dans la période actuelJe
de la révélatilJn. Ce sont les deux agents qui coopcrent avec le plus
de puissance à la régénération de l'bumanité et à la fusion de toutes
les croyances en une seule croyance, tolérante, progressive, uni-
verselle.
Lorsque, récemment, je me suis communiqllé dans une réunion
de la Société ou l'on m'avait évoqué, je l'ai dit et je le répete,
tout le monde possedeplus ou moins la faculté guél'issante, et si
chacun voulait se consacrer sérieusement à l'étllde de cetle faéulté,
nombre de médiums qui s'ignorent pourraient rendre d'utiles services
à leurs freres en humanité. Le temps ne m'a pas alo1'5 permis de dé-
velopper toute ma pensée à cet égard; je profiterai de votre appel
pour le faire aujourd'hui.
En génél'al, ceux qui recherchent la faculté guérissante ont pour
unique désir d'obtenir le rétablissement de la santé matérie1le, de
rendre la liberlé de SOI1 action à tel ol'.qane empêché dal1s ses fonc-
tiOI1S par une cause matérielle quelconque. Mais, sachez-le bien, c'est
à le moinàl'e des services que cette facuité est appelée à rendre, et
vous 118 la connuítriez que dans ses préinices et d'une maniere tout à
fait rudimentaire, si vous Xui assigniez ce seul rôle ... Non, la faculté
- 313-
guérissante a une missiol1 plus noble et plllS étendue !... Si elle peut
rendre aux corps la vigueur de la sanlé, elle doit aussi donner aux
âmes loute la pureté dont elles sont susceptibles, et c'est seulement
dans ce cas qu'elle pourra être appelée curative dans le sens absolll
du moto
On vous I'a dit souvent, et vos inslructeurs ne sauraient trop vaus
le répéter, l'effet apparent matériel, la soulTrance, a presque con-
stamment une cause morbide immatérielle, résidan t dans I' état mo-
raI de l'Esprit. Si donc le médium guérisseur s' attaque au corps, il
ne s'attaque qu'à l' eO'et, et la cause premi cre du mal 1'e5tal1t, l'effet
peut se reproduire, soit sous sa forme primordial e, soit sous toute
autre apparence. C' cst souvent lã une des raisons pour lesquelles telle
maladie, subitement guérie par l'influence d'un médium , reparait
avec tOllS ses accidents, dês que l'influence bienfaisante s'éloigne,
parce qu'il ne reste rien, absolllment rien paul' combattre la cause
morbide.
Pour éviter ces retours, il faut que le remede spirituel attaque le
mal dans sa base, comme le fluide matérielle détruit dans ses elTet.3 ;
il faut, ell uo 'mot, trai ter i.L la fois le corps et l'âme.
Pour être bon médium guérisseur, il faut que non-seulement le
corps soit apte à servir de canal aux fluides matériels réparateul's,
mais il faut encore que I' Esprit possede une puissance morale qu'il
ne peut acqllé:-ir que par sa propre amélioratlon. Pour être médium
guérisseur, il faut donc s'y préparer, non-seulement par la priere ,
mais par l'épuration de son âme, afin de traiter physiquement le
corps par des moyens pbysiques, et d'inflllencer l' àme par la puis-
sancc morale.
Une derniêre réflexiOIl. On vous conseille de recherchel' de préfé-
ren ce les pauvres qui n'ont d'autres ressources que la charité de
l'bôpital; je ne suis point tout à fait de ceL a vis. Jésus disait que le
médecill a paul' mission de soigner les malades et non ceux qui sont
en bonne santé ; souvenez-vous qu'en fait de santoS morale, il y a des
malades partout, et que le devoir du médeciu est ele se porter par-
tout ou son sccours est nécessaire.
Abbé Prince DE HOHENLOHE.
II
(Sociélé de Paris, iJ mars i SG7; Méd. M. Dcslicns.)
Dans une communication récen \e, je IXl.rlais de la médiumnité gué-
rissante à un poiht de vue plus large qu'elle n'a été considérée jus-
qu'ici, 8t je la faisais consister plutôt dans le traitement moral que
dans le traitement physique eles malades, ou tout au moins je réu-
nissais ces deux traitements en un seul. Je vous demanderai de vous
dire quelques mots à ce sujet.
- 314 -
La souífraDce, la maladie, la mort même, dans les conditions sous
lesquelles vous les connaissez, ne sontcelles pas plus spécialement le
partage des mondes habités par les Esprits inférieurs ou peu avancés?
Le développement moral n'a-t-il pas pour but principal de conduire
l'humanité au bonheUl', en lui faisant acquérir des connaissances
plus completes, en le débarra8sant des imperfections de toute na-
ture qui ralentissent sa marche ascensionneIle vers l'infini? Or, en
améliorant I' Esprit des malades, ne les met-on pas dans de meil-
leures conditions pour supporter leurs souffrances physiques? En
s'attaquant aux vices, aux penchants mau vais, qui sont la source de
presque tOlites les désorgani8ations physiques, ne mei-oIl pas ces
désorganisations dans I'impossibilité de se reproduire? En détrui-
sant la. cause, on empêche nécessairement I'eífet de se manifester de
nouveau.
La médiumnité guérissante peut donc comporter dellx formes, et
cette fa.3ulté ne sera à son apogée, chez ceux qui la posséderont, que
10rsqu'i1s réuniront en eux ces deux manieres d'être. EUe peut com-
prendre uniquement le soulagement matériel des malades, et alors
eIle s'adresse aux incarnés; elle peut comprendre l'amélioration mo-
rale des individus, et, dans ce cas, elle s'adresse allssi bien aux Es-
prits qu'aux hommes; elle peut comprendre enfin I'amélioration mo-
rale comme le soulagcment malériel, et, dans ce cas, la cause comme
l'effet pourront être combaltus victorieusement. Le traitement des
Esprits obsesseurs est-il autre chose, en eífet, qu'une sorte d'influence
semblable à la médiumnité guérissante exercée de concert par des
médiums et des Esprits sur une personnalité désincarnée?
La médiumnité guérissante embrasse donc à la fois la santé mo-
rale et la santé physique, le monde des incarnés et celui des Esprits.
Abbé Prince DE HOHENLOIIE.
III
I(Paris, 24 mars 1867, Médinm, M, RuI.)
Je viens continuer l'instruction que j'ai donnée à un médium de la
Sociélé. Pourqlloi doutiez-vous que je fusse venu à votre appel? Ne
savez-vous pas qu'un bon Esprit est toujours heureux d'aider ses
freres de la terre dans la voie de l'amélioration et du progres?
Vous connaissez aujourd'hui ce que j'ai dit du rôle étendu réservé
à la médiumnilé guérissante; vous savez que, selon I'état de votre
âme et les aptitudes de votre organisme, vaus pourrez, si Dieu vaus
le permet, guérir, soit les douleurs physiques, soit les souffrances mo-
rales, ou toutes les deu x. Vous doutez d'être capable de faire l'un ou
l'autre, parce que vous connaissez vos imperfections; mais Diell ne
demande pas la perfection, la pureté absolue aux hommes de la terre.
A ce litre, nu! parmi V()US ne serait digne d'êtrc médium guérisseur.
- 3'15 "-
Oieu vous demande de vous améliorer 1 de faire des eífortsconstants
pam vuus purifier, et i' vous tient compte de votre bonne volonté.
Puisque vous désirez sérieusement soulager vos freres qui souf-
frent ph ysiquement et moralement, ayez confiance, espérez que le
Seigneur vous accordera celte faveur. Mais, je vous le répete, ne
soyez pas exdusif dans le choix de vos malades; tous, quels qu'ils
súient, fiches ou pauvfes, cro yants ou incrédules, bons ou méchants,
tous ont droit à votre secoms. Est··ce que le Seigneur prive les mé-
chants do la chaleur bienfaisanle du solei I qui réchauífe, qui ranime,
qui vivifle? Est-ce que la lumiere est n:fusée à quiconque ne se
. prosterne pas devant la bonté du Tout- Puissant? Guérissez done qui-
conque souífre, et profilez du bien que vous avez apporté au corps
pour purifler l'í'lme plus souífrante encore et lui apprendre à prief. Ne
vous rebutez pas par les rerus que vo us rencanlrerez; faites toujours
votre ffillv re de charité ot d'amollr, et no doutez plS que le bien,
quoique retardé pour quelques-uns, ne sera jamais perdu. Arnéliorez-
vous par la priere, par l'amour du Seigneur, de vos freres, et ne
dou tez pas que le Tout-Puissant ne vous donne les occasions fré-
quentes d' exercer votre faculté médianimique. Soyez heureux lors-
que, apres la guérison , volre main serrera celle de votre rrere recon-
naissant, et que tous deux, prostemés aux pieds de votre Pere céleste,
vous prierez ensemble pOUl' le remercier et pour I'adorer ; plu s heu-
reux encare, IlJrsque, accueilli par l'ingratilude, arres avoir guéri le
corps, impuissant à guérir l' âme endurcie, vous éleverez volre pensée
vers lo Cl'éateur, cal' votre priere sera la premiere étincelie destinée
à allumer rlus tard le flamboau qui brill era aux yeux de volre frere
guéri de son aveuglemen t, et vous vous direz que plus un malade
soutIre, plus le médecin doit lui donner de soins.
Courage, frere, espérez et. altendez que les bons Esprits q:.li vous
dirigent, vous inspirent lorsC[ue vo us c1evrez commencer, aup res
de vos [fereS qui souífrent, l'application de volre nOllvelle fn.culté
médianimique. Jusqllc-là priez, progrcssez par la charité morale,
par l'influence de l'exemple, et ne laissez jamais fuir la moindre oc·
casion d'éclairer vos freres. Dieu veille SUl' chacun de vous, ot celui
qui est aujJurd'hui le plus incrédule, pourra être demain le plus fer-
vent et le plus croyant. Abbé PlHNCE DE HOBENLOHE
Les Adieux.
(Soc i(!té de Paris, \6 aout 1.8G7; m M . M. MOI'in, Cl1 so mllambuli srn c sponlallé.)
Mcs chers enfants, l'année sociale spirite a été fructueuse pour vos
études, et je viens avec plaisir vous el1 témoigner toute ma satisfac-
tion. Bien des faits ont été analysés, bien des choses incomprises
ont été élucidées, et vous avez touché certail1es questions qui ne tar-
- 319-
deront pas à être adraises en principe. Je suis, ou plutôt nous íO om-
mes satisfaits.
Malgré tou te l'ardeur employée jusqu'ici, aumilieu de vous et par
vos ennemis, contre vos bonnes intentions, votre phalange a été la
plus forte, et, si le mal a fait quelques victimes, c'est que la lepre
existait déjà en elles; mais déjiL la plaie se cicatrise; les bons el1-
trent et les mau vais s'en vont; et paul' les mau vais qui demeurent
parmi vous, plus tard le remords sera terrible, car ils joignent à leurs
tares celle de l'hypocrisie; mais ceux qui sont sinceres, ceux qui se
joignent à vous aujourd'hui, ceux qui apportent lem dévoúment à
la vérité et le désir de la communiquer à tous, ceux·là, je vous le dis,
mes enfants, seront bien heureux, car ils porteront le bonheur non-
seulement pour eux, mais pour tous ceux qui les écoutent. Regardez
dalls vos rangs et vous verrez que les vides créés par les dMections
,ont bien vile remplis ave c avantage par de nouvelles individualités,
et ceux-Ià jouiront des bienfaits qui 8eront l'apanage de la généra-
tion futurc.
AlIez mes enfanls! vos éludes ne sont encore que tres élémenlai-
res; mais chaque jour apporte les moyens d'approfondir davantage ,
et pour cela de nouveaux instruments viendront s'ajouter à ceux que
vous avez déjà. VIJUS aurez des instructions plus étendues, et cela à la
plus grande gloire de Dieu, et pour le plus grand bien-être de I'hu-
manité.
II y a parmi vous plusieurs de ces instruments qui prendront
place à votre table à la rentrée; ils n'osent pas encore se dé-
dareI'; mais encouragez-Ies; amenez à vos côtés les timides et les
orgueilleux qui croient faire mieux que les autres, et nous verrons
alors si les timides ont peur, et si les orgueilleux n'auront pas à ra-
battre de leurs prétentions.
SAINT- Lo VIS.
veloppé d ' UI1 réseau qui établit une séparation en tre mon être in lel-
lectuel et la masse des objet:3 matériels ou des pcrsonnes qui m'en -
vironnent. e'est un isalcrnent absolu au milicu de la faule ; ma parolc
-- 323 --
et mon esprit sont ailleurs. L'être inspirateur qui vient en m0i ne me
quilte plus; c' est une sorte de pénétratioft intime de luz' à moi; je suis
oomme une éponge imbibée de,sa pensée. Je la presse, et il en sort la
quintessence de son intelligence, dégagée de toutes les me.::iquineries
de notre vic d'ici-bas.
« Parfois, même sans mutisme, que je sois seul ou avec d'autres,
Le c uré Gassner
Médium guérisseur.
Dans le journal l' Exposition populaire illustrée, 2!le numéro, nous
trouvons dans un article inlitul6: Correspondance SUl' les thawna-:-
turges, une intéressante nolice sur le cllré Gassner, presqlle aussi
connu dans son temps que le prince Hohenlohe pour son pouvoir
guérisseur.
(rGassner (Jean-Joseph) naquit le 20 aout 1727, à Bratz pres de
Bludens (So uabe) ; il fit ses premieres éludes à Inspruck et à Prague,
reçut les ordres ecclésiastiques et ful pourvu, en 17 58 , de la cure
de Kloesterle, dans le pays eles Grisons.
( Apres quinze ans d'une vie retirée, il se révéla au monde comme
doué d'une puissance exeeptionnelle,. celle de guérir toutes les ma-
ladies par la simple apposiLion des mains, et cela sans employer allcun
remede, et sans exiger aUCllne rétribution. Les mal aeles afflllerent
bientôt de toutes parts, et en si granel nombre que, pour se mEttre plus
- 33:'! -
à la portée de les secourir, Gassnel' sollicita et obtint la permission
de s'nbsenter de sa cure, et 8e rendit succe8si vement à vVolfegg, à
Weingarten, à Raven sperg, à Deiland, à Kirchberg, à Morspurg et
à Constance. Les malheureux lui faisaient cortége; le corps m(5dicnl
se dressa contre lui. LE's uns proclamaient des cures merveilleuses,
d' autreo; les contestaient.
« L'évêque de Conslance le eontraignit à une enquête faite par 1e
directeur du sé minaire. Gassner déclara n'avoir jamais eu la pensée
de faire des miracles et s'être borné à appliquer le pouvozi" que 1'01'-
dination contere à tous les prétres d' exorcisel' , au nom de J ésus-
Clzrist, les clémons qw· sont une des causes les plus fréquen tes de nos
malaches. Il déclara diviser toutes les maladies en mal adies naturel-
les ou lésions, en maladies d' obsessions et en maladies compliquées
d'obseEsions. li était, disait-il, sans pouvoir SUl' les premieres et
échouait SUl' celles de la troisieme catégorie, lorsque la maladie na-
turelle était supérieure à la maladie d'obsession.
«L'évêque ne fut point convaincu et ordonna à Gassner de rentrer
dans sa cure, mais bientôt apres il l'autorisa à continueI' ses exor-
cismes; le curé se hâta de profiler de l' autorisation et surprit les ha-
bitants d'Elwangen, de Sulzbach et de Ratisbonne, par la foule
immense de malades que sa renommée attirait de la Suisse, de I' Al-
· Iemagne et de Ia France. Le duc de Wurlemberg se déclara ouver-
tement son admirateur et son protecteur; ses succes lui attirerent de
puissants adversaires. Le célebre Haen et le théatin Sterzingen j'at·
taquerent avec persévérance et passioll; plusieurs évêques prêterent
leuI' appui au fougueux théatin et lui interdirent d' exorciser dans leurs
dioceses. Enrn Joseph II rendit un rescrit qui ordonnait à Gassner de
quitter Ratisbonne; mais fort de la proteclion du prince-évêque de celte
ville, qui lui avait conféré le titre de cOllseiller ecclésiastique, avec lé'.
charge de chapelain de cour, il persévéra; celte résistance se prolongea
jusqu'en 1777, époque à laquelle Gassner fut pourvu de la cure de
Bondorf ou il se retira et mourut le 4 avril 1779, à l'âge de 52 an s.
Reinarque. - Le Spiritisme proteste contre la qualification de
thawnaturge donnée aux guérisseul's, par la raison qu'il n'admet
pas que rien se fasse en dehors des lois naturelles. Les phénomênes
qui appartiennent à l' ordre des faits spirituels ue sont pas pIus mira-
culeux que les faits matériels, attendll que l'élément spirituel est une
des forces de Ia nature, tout aussi bien que l'élément matériel. Le
curé Gassnel' ne fnisait donc pas plllS de miracles que le prince de
Hohenlohe et que le zouave Jacob, et 1'0n peut voir de singuliers
- 33:1 -
rapprochements entre ce qui se passait alors à son sujet, et ce qui
se passe aujourd'hui.
Les pressenti.ments et les pronosticg.
Nous empruntons au même article du journal pl'éeíté les faits ci-
apres qui accompagnent.la notice sur le curé Gassner, parce que le Spi.
ritisme peut en tirer UH utile sujet d'instruction. L' auteur ele I'article
les fait suivre de réflexions dignes de remarque en ce temps de scep·
ticisme à I'endroit des causes extra matérielles.
« Gassner avait joui d'une grande faveur aupres de l'impératrice
Marie-Thérese, qui le consultait souvent, ajoutant quelque foi à ses
illspiratians. On raconle (vair les Mémoires de Mme Cam pan) qu'à
l'époque ou I'idée avait été conçue d'unir la fili e ele Marie-Thérese
au petit-fils de Louis XV, la grande impéralrice fit venÍl' Gassner et
lui demanda : « Mon ANTOINETTE doit-elle être heureuse ? D
« Gassner, apres avoir longuement réfléchi, pâlit étrangemcnt et
persista à garder te silence.
« Pressé de nouveau par l'impéralrice et cherchant alors à donner
une expression générale à l'idée dont it semblait fortem ent occupé :
J~adame, répondit-il, il est des croi,r; paul' toutes les épaules.
Ii Le mariage eut Iieu le 16 mai 1770; le dauphin et Marie-An-
« profondémcnt.
orgueilleuse que vous nom mez la raison ; libres pensem's, subissez les
chalnr,s qui étreignent votre in telligence; fl échissez le genoux :
Dieu se ul sait! »
Dans ces faits, il y a deux choses bien d istinctes à cOllsidérer : les
p ressentiments et les phénomen es r egardés comme des pronosties
d' événements futurs.
On ne saurai t nier les pressentiments dont iI est peu de personnes
qui n'aient eu des exemples. C'est un de ces phénomenes dont la ma-
tiere seule esl impuissa nte à donner l'explication, car si la matiere
ne pense pas, elle ne peu t non plus pressentir. C'esl ainsi que le ma-
- 338-
térialisme se heurte à chaque pas contre les choses les plus vulgail'e::;
qui viennenl le démentir.
Pour être averli d'une maniere occulte de ce qui se pa~se au loill
et dont nous ne pouvons avoir connaissance que dans un avenir plus
ou moins prochain par les moyens ordinaires, il faut que quelque
chose se dégage de nous, ve,je et entende ce que nous ne pouvons
percevoir par les yeux et IE's oreilles, pour en rapporter l'intuitíon
à notre cerveau. Ce quelque chose doil être intelligent puisqu'il
comprcnd, et que souvent d'un fait actuel il prévoit lrs consé·
quences futures; c'est ainsi que nOl1s avons parfois le rres-
sentiment de l'avenir. Ce quelque cbose n'est autre que nous-
même, notre être spirituel, qui n'est point confiné dans le corps
comme un oiseau dans une cage, mais qui, parei! à un balIon captif,
s'éloigne momentanément de la terre, sallS cesseI' d'y être aUaché.
C' ef>t surtout dans les moments ou le corps repos(', pendant le som-
meil, que l'Espril, profitant du répit que lui laisse le soin de son en-
veloppe, reCOllvre en paTtie sa liberté et va puiser dans l'espace,
parmi d'autres Esprits, incarnés comme lui ou désincarnés, et dans
ce qu'i1 voit, des idées dont il rapporte l'intuition au réveil.
Cette émancipation de l'âme a souvenL lieu à l'état de veilJe, dans
les moments d'absorption, de méditation et de rêverie, ou I'âme
semble n'Hre plus préoccupée de la terre; elle a surtout lieu d'une
maniere plus effective et plus ostensible chez les personnes douées de
ce qu'on appelle double vue ou vue spirítuelle.
A côté des intuitions personnelles de I'Esprit, il faut placer celles
qui lui sont suggérées par d'aulres Esprits, soit pendant la veille, soit
pendônt le sommeil, par la transmission de pensées d'âme à âme.
C'est ainsi que souvent on est averti d'ul1 dangel', sollicité de prel1-
dre telle ou telle direction, sans pour cela qlle l' Esprit cesse d'avoir
S011 libre arbitre. Ce sont des conseils, et non des ordres, car il resté
toujours maitre d'agir à son gré.
Les pressentiments ont do"c leur raison d'être, et trouvent le ur
explication nalurelle dans la vie spirituelle, dont nous ne cessons pas
un instant de vivre, paree que e'est la vie normale.
II n'en est pas de même des phénomenes physiques considérés
eomme des pronostics d'évenements heureux ou malbeureux. Ces
phénomenes n'ont en général aUCllne liaison avec les choses qu'ils
semblent présager. IIs pcuvent être les précurseurs d'etfets pbysiques
qui en sont la conséquence, comme un point noir à l'horizon peut
présager au marin la t~mpête, ou certains nuages annoncer la grêle,
- 339 -
mlis la signification de ces phénomencs pOUl' les choses de I'ordre
moral doit être rangée parmi les croyc:tnces superstitieuses qu' 011 ne
saurait combatLre ave c trop d'énergie.
Cette croyance, qui ne repose absolument sur rien de rationnel,
fait que, lorsqu'un événement arrive, 011 se rappelle quelque phéno-
mene qui l'a préc2dé, et auquel l'esprit frappé le rattache, sans
s'inquiéter de I'impossibilité de rapports qui n'existcnt que dans
l'imagination. On ne songe pas que les mêlll<3S ph él10menes se répe-
tent journellement sans qu'il en résulte rien de fâcheux, et que les
mêmes événements arrivent à chaque instant sans être précédés d'au-
cun prétendu signe précurseur .. S'il s'agit d'événements qui touchent
à des intérêts généraux, des narrateurs crédules, ou plus souvent
oflicieux, pour en exalter ['importance aux yeux de la postérit~,
amplifient sur les pronostics qu'ils s'eíf,Jrcent de rendre plus sinislres
et plus terribles en y ajoutant de prétendues perturbati'lns de la na,-
ture, dont les tremblements de terre et les é~lipses sont les accessoires
obligés, ainsi que I'a fait l'évêque de Rodez à propos de la mort
d'Henri IV. Ces récits fant astiques, qui SOl1vent avaient leur
som'ce dans les intérêts des partis, ont été acceptés sans examen par
la crédulité populaire qui a vu, ou à laquelle on voulait faire voir des
miracles dans ces phénomenes étranges.
Quant aux événement.s vulg r1ires, l'homme en est le plus soavent
lui-même la premiere CtUse; ne voulant pas s'avouer ses propres fái-
blesses, il cherche une excuse en m8tttnt SUl' le compte de la nalure
les vicissitudes qui sont presque toujours le résultat de son impré-
voyance et de son impéritie, C'est da.ns ses passioll3, d:tns ses défauts ·
personnels qu'i! faut chercher les véritables pl'Onostics de ses mi-
seres, et non dans 1:1 nature qui ne dévie p:1S de la. route que Oieu
lui a tracéc de toute éternité.
Le Spiritisme, en expliquant par une loi natllrelle la véri table
cause des press2ntiments, dérnontre, par cela même, ce qu'il y a
d'absurde dans la croyance 11 .1X pronosti ~s. Loin d'aceréditer la su-
perstition, il lui ôte son dernier refuge : le surnaturel.
Notices Bibliograpbiques
La Raison du Spiritisme
P A H. M I CHEL BO NN A 1VIY
Ju ge d'in stl'uclion; membre des cong"l'es scicntifiques de France ; an cien mcmbre
du conscil général de 'farn-et-Garonne.
Lorsque parllt le roman de lJ1lt'retle, les Esprits dirent ce;) parolos
remarquables à la Société de Paris:
« L'année 1.866 présente la philosophie nouvelle sous tout8S sos
formes; mais c' est encore la tige verte qui renferme I' épi de blé, ct
attend · pour le montrer que la chaleur du printemps l'ait fait murir
et s'entr'ouvrir. 1866 a préparé. 1867 murira et réalisera. L' année
s'ouvre sous les auspices de Mi'rette, et elle ne s'écoulera pas sans
voir apparaitre de nouvelles publications du même genre, et de plus
sérieuses encare, en ce sens que le roman se fera philosophie et que
la philosophie se fera histoire. » (Revue de février 1867, page 64.;
IIs avaient déjà dit précédemment qu'il se préparait plllsieurs ou-
vrages sérieux SUl' la philosophie du Spiritisme, ou le nom de la
doctrine ne serait pas timidement dissimulé, mais hautement avoué
et proclamé, par des hommes donl le nom et la position socialo
donneraient du poids á leur opinion; et ils ajoulerent que le pre-
mier paraitrait probablement vers la fin de la pré.sente année.
L'ouvrage que nous annonçons réalise eomplétement cette pré-
vision. C'est la premifll'e publication de ce genre ou la question soit
envisagée dans toutes ses parties et de toute sa hauteur; on peut
done dire qu'elle inaugure une des phases de l'existence du Spiri-
tisme. Ce qui le caractérise, c'est que ce n'est point une adbésion
banale aux príncipes de la doctrine, une simple profession de fo i,
mais une démonstratiol1 rigoureuse, ou les adeptes eux-mêmes trou-
(lrUn volume in-12; prix 3 francs, p'lr la poste, 3 fI'. 3!S c. Librairie interna-
tionale, 15, boul eva rd ll\'!ontmartre à Pari s.
--
... -
.lL! .} -
trines que suseitera le Spiritisme; quels que soienl les périls qu'il
doive ouvrir sous les pas des ndeptes, le Spirite ne saurait laisser
cette lumiere sous le boisseau, et se refuser à lui donner tout l'éclat
qu'elle comporte, l'appui de ses convictions et le témaignage sincere
de sa cons~ience.
Ii Le Spiritisme révélant à l'hamme l'écono.nie de son organisa-
tion, l'initiant à la connaissm~ce de f'es destinées, ouvre un chnmp
immense à set'i médiaticns. Ainsi le philosophe spirite, appelé à por-
ter ses in v€stigations vers ces nouveaux rt splendides húrizons, n' a
pour limites que l'infir;i. li assiste, en quelque sorte, au conseil SlI-
prême du Créateur, Mais l'enthousiasme est l'écuei l qu'il doit éviter',
surtout lorsqu'il jette ses regards sur l'homme, devenu si grand, et
qui, cependant, se fait orgueilleusement si petít. Ce n'est donc qu' é-
clairé par les lumieres d'une prudente raison, et qu'en prenant pOUl'
guide la froide et sévere logique, qL1'il doit diriger ses pérégrinations
dans le c10maine de la bcience divir.e dont le voile a été EOulevé par
les Esprits.
" Ce livre cst le résultat de nos propres études et de nos média-
tions Silr ce sujet qui, des I'abord, naus a paru d'une importanee
capitale, et avoÍl' des canséque nces de la plus baute gravité. Nous
avons reconnu que ces idée sont dE's racines profonde2, et IlOUS y avons
entrcvu I' au rore d'une ere llouvelle paul' la, sockté ; la rapidité avec
Jaqllell e elles se propagent est un indice de leur prochaine admission
au nornbre des croyances rcçu es. En raison même de leur impol'-
lance, nous ne nous -sommes pas contenté des affirmations .et des ar-
guments de la doctrine; non--seulement nous naus sommes assuré
de la réalit é clE's faits, ' mais nous aVOI1S scruté avec une atlention mi-
nutieuse les principes qu'on en fait déco ulcr ; nous en avons cherehé
la raison avec une froide impartialité, sans négliger I'ét,ude nOI1 moins
conscienciellse des objeet io Ds qu'opposent les antélgonistcs; tornme
un juge qui écoule les deux parties adverses, naus avon s mUl'ement
pcsé le pour et le contre. C'est donc aprés avoir acquis la convictioll
que les allégations contraíres De détruiscnt rien; que la daetrine
repose sur des bases sérieuses, sur Ulle lagique rigoureuse, et non
SUl' des rêveries ehimél;iqu es ; qu'ellc contient le germe d'une rérw-
valion salutaire de I'état social sf)urdement miné par l'ineréduli lé ;
que c'est en fm une barriere puissante contre l'env ahissement du ma-
térialisme el de la démoralisalion, que nous avons cru devoi!' don-
ner notre apprécialion personnelle , et les déductions que naus avons
tirées d'unc éiude altenlive.
« AyanL dane tl'ouvé une raison d'être aux princi pes de ceLte
- 34·8 -
science nouvelle qui vient prendre rang parmi les connaissances hu-
maines, nous avons intitulé notre livre: La Raison C/U Spiritisme.
Ce titre est justifié par le point de vue 80US lequ el nous avons envi-
sagé le sujet, et ceux qui nous liront reconnaitront sans reine que ce
travail n'est pas le produit d'un enthousiasme inconsidéré, mais d'ul1
examen murement et froidem ent réfléchi.
Nous sommes convaincu que quiconque, sans parti pris d'oppo ..
sition systématique, fera, comme nous I' avons fait, une étude
consciencieuse de la doctrine spirite, la consid érera com me une des
choses qui intéressent au plus haut degré l'avenir de I'humanilé.
« En donnant nolre adhésion à celte doctrine, nous usons dl1 droit
de Iiberté de conscience qui ne peut être contesté à personne, quelle
que soit sa croyance; à plus forte raison, cette liberté doit-ell e être
res pectée quand elle a pour objectif des principes de la plus haute mol'd.-
lité qui conduisent les hommes à, la pratique des enseignements du
Christ, et par cela mêmc sont la sallvegarde de l'ordre social.
(( L'écrivain qui consacre sa plume à retraceI: l'impression que de
tels enseignements ont laissée dans le sanctllaire de sa conscience,
doit bien se garder de confondre les élucubrations écloses dans son
horizon terrestre avec les traits lumineux partis dn ciel. S'il reste eles
points obscurs ou cachés à ses explications, points qu'il ne lui es!
pas encore donné de connaitre, c' est que, dans les vues de la sagesse
divine, ils restent réservés pour un degré supérieur dans I' échelle
ascendante de son épuration progressi ve et de sa perfectibilité.
I( Néanmoins, hfttons-nous de le dire, tout homme convaincll et
consciencieux, en consacrant ses méditations à la diffusion d'une vé-
rité féconde pour le bonheur de l'humanité, trempe sa plume dans
l'atmosphere céleste ou notre globe est immergé, et reçoit incontes-
tablement I' étincelJe de l'inspiration. »
L'indication du titre des chapitres fera connaitre le cadre em-
brassé par l' auteur.
1. Définition du Spiritisme. - 2. Principe du bien et du mal. -
3. Union de I' âme avec le corps. - 4. Réillcarn ation. - 5. Phré-
nologie. - 6. Du péché origineI. - 7. L'enfer. - 8. Mission du
Christ. - 9. Le purgatoire. - 10. Le ciel. - 11. Pluralité des
globes habités. - 12. La charité. - 13. Devoirs de l'homme. -
14. - Périsprit. - 15. Nécessité de ln. révélation. - 16. Oppor-
tunité de la révélation. - 17. Les anges et les démons. - 18. Les
temps prédits. - 19. La priêre. - 20. La foi. - 21. Réponse aux
insulteurs. - 22. Réponse aux incrédules, athées ou matérialistes,
- 23. Appel au clergé.
Nous regrettons que le défaut d'espace l1e nous permette pas de
reproduire autant de passages que nous l'eussions désiré. Nous nOllS
bornerons à quelques citations.
- ;34 9 -
Chap. IH, page 111 . - « L'utilité réciproque et indispensable de
l' âme et du corps pour leur coopération res pective constitue donc la
raison d'êlre de leur union. Elle constitue de plus, pour l'esprit, les
conditions militantes dans la voie du progres ou il est appelé à con-
quéril' sa pcrsonnalité intellectuelle et morale.
« Comll1ent ces deux príncipes accomplissent-ils normalement en
l'hol11me le but de leur destination? Quand l'esprit est fidt'de à ses as-
pirations divincs, il restreint les instincts animaux et sensuels du
corps et les réduit à )eur action providentielle dans l'ceuvre du Créa-
teur; il se développe, il grandit. e'est la perfection de I'ceuvre même
qui s'accomplit. Il arrive au bonhem, dont le dernier terme est il1-
hérent au degré suprême de la perfectibilité.
({ Si, au contraire, abdiquant la souveraineté qu'il est appelé à
exercer sur le eorps, il cede à [' entrainement des sens, et s'il aeeeple
leurs eonditions de plaisirs terrestres eomme unique but de ses aspi-
ratiam, il fausse la raison d'être de son existenee, et, loin d' aceom-
pli1' ses destinées, il reste stationnaire ; attaehé à eette vie terrestre
qui, cependant, n'allrait dO être pour lui qu'une condition accessoire,
puisqll'elle ne sallrait être sa fin, I'Esprit, de chef qu'il était, devient
subordonné; il accepte en insensé le bonheur terrestre que ses sens
lui fant éprouver et qu'ils lui proposent de satisfaire, étoufTant ainsi
ell lui l'i lJ tuition du bonheur vrai qui lui est réservé. e'est là sa
premiere punition. »
Au chapitre XII, de l'enfer, page 99, nous trouvons eette remar-
quable appréeiation de la mort et des fléaux destl'Ueteurs :
« Serait-ce en énumérant les fléaux qui promenent SUl' la terre la
terreur et l'épouvante, la souífranee et la mort, que I'on croirait pou-
voir donner la preuve des manifestations de la colêre divine?
« Sachez done, téméraires évacateurs des vengeances eélestes, que
les cataclysmes que vous signalez, loin d'avoir le caractere exclusi
d'un châtiment infligé à I'humanité, sont, au contraire, un acte de la
misél'icorde divine, qui ferme à ce/le-ci I'abime ou la précipitaient
ses désordres, et lui ouvre les vaies du progres qui doivent la ra-
mener dans le chemin qu'elle doit suivre poul' assurer sa régéné-
ration.
« Que sont ces calaclysmes, sinon une nauvelle phase dans l'exis-
tence de l'homme, une el'e heureuse marquanl pour les peuples et
I'humanité entiere le point providentiel de SOI1 avaneement?
(I Sachez danc que la mart n'est pas un mal; phare de l'existence
de l' Esprit) celle-ci est toujours, lorsqu' elle vient de Dieu, le signe
de sa miséricorde et de son assistance bienveillante. La mort n'est
que la fin du corps, le terme d'une incarnation, et dans les mains de
Dieu, e'est l' anéantissement d'un milieu corrupteul' et vieieux , 1'in-
- 3:50 -
terruption d'un eourant func3te, auquel, en un mo mcnt solennel, la
Providenee arrache I'homme et les peuples.
II La mort u'est qu'un temps d'arrêt dans I'épreuve terrestre; loin
à la terre, il n'a pas foi à son auguste destinée, dont la terre n'est
que la douloureuse officine ou doit s'accomplir son épuration.
(( Cessez done de croire que la mort stJit un inslrurnent de co lere el
de "engeanc8 entre los maills de Dieu; sachez, au contraire, qu'elle
ost à la fois I' expressioll de sa rn iséricorde et de sa jLl sti~e , sai t en ar·
rêlan t le méchant dans la vIJie de I'iniquité, soit el1 abrégealllle
lemps d' épreuves ou d' exil du juste SUl' la terre.
~ Et vous, millÍ slres du Chl'ist, qui du baut de la chairc de vérité
procJamez la colere et la vengeance de Dieu, et semblez, par vos
éloqu entes deseription s de la fantaslique fournaise , eu attiser Ics
flamm es inext.inguibles pour dévorer le malheureux pécbeur; vous
qui , de vos levres si auto risées, laissez tomber celte terrifian le épi .
graphe : (( Jamais! - Toujours!» avez-vous done oublié les ins-
tructions de volre di.vin Malt re? »
Nous citerons encore les pa.ssages suivanls extrails du chapitre
SUl' le péehé origineI.
« Au lieu de créer l'âme parfaite, Dieu a voulu que c.c ne fút que
par de longs et conslants efforts qu'elle parvint à se dégager de cet
étal d'infériorilé native, et graviter vers ses augustes de;;tinée1'.
(( Pour arriver ~t ees fins, elle a done à rompre les liens qui l'alla-
ehE' nt á la matiere, à résister à I'enlrainornen t des sens, avec I'alter-
native de sa suprématie sur le corps, ou de I'obsession exercée SUl'
elle par les instincts animaux.
«( Ce sont ces liens terrestres dont iI lui importe de s'affranchir el
qui constituenl cn elle les conditions mêmes de SOI! infériorité ; ils ne
80nt au;res que le prétendu péché origineI, l'alvéole qui voile son
essence divine. Le péebé originei constitue ainsi I'ascendant primitif
que les instincls anirn aux ont dtl exercer d'abord SU l' les élspirations
de l'âme. Tel est I'état de l'hornme que la Genese a VOUlll représen-
ter sous la figure nalve de I' arbre de la scicnee du bien et du mal.
L'intervention du ser pent tentateur n'est autre que les désirs ele la
chair et la sollicitation des sens; le christianisme a consacré cellc
allégorie comme uu [ait r éel se rattachant à l'existence du premier
hom me ; et c\'st SUl' ce fait qu' il 11 basé le dogme de la rédemp-
tion. »
(( Placé ~t ce poin l de vue , il faulle reconnaitre, le péc- hé originei 11
- 351 -
du être et a été, en eITet, celui de toute la postérité du premie!'
homme, et il en sera ainsi pendant une longue suite de siecles, jus-
qu'à l'aITranchissement complet de l' Esprit des étreintes de la ma-
tíE~re; aifranchissement qui tend sans doute à se réalisel', mlis qui
n'est pas encore accompli de nosj0urs.
« En un mot, le péché originei constitue les conditioos de la na-
ture humail!e portant les premiers élémellts de son existence, avec
tous les vices qu'elle a engendrés.
« Le péché originei, e'est l'égolsme, c'est l'orgueil qui président
à tous les actes de la vie de l'homme ; .
« C'est le démon de I'envie et de la jalousie qui rongent son
coour ;
« C'est l'ambition qui tl'ouble son sommeil ;
« C'est la cupidité que ne pcut rassassier son âpreté au lucre;
'I C'esl l'amour et la soif d,~ ror, cet élément indispensable poUl'
SOUS PHESSE
Avis.
Réponse à M. S. B. de Marseille.
11 n'e.st tenu aucun campte des lettres qui ne sont pas astensibl e-
meDt signées, ou qui sant sans adresse certaine quand le nom est
inconnu. Elles sont mises au rebut.
Cette réponse s'adresse également à une série de lettres portant
le timbre de route de Besançon et venues quotidiennement pendant
un certain temps. Si cet avis parvient à leur auteur, iI sera informé
que,par le motif ci-dessus, et vu leur lan gueur, elles n'ont même
pas été lues à mesure de leur arrivée, la personne chargée du dé-
pouillement de la correspondance les a mises de côlé, comme toutes
celle qui sont entourées de mystere, ct que, par cette raison, on ne
considere pas comme assez sérieuses pour y donner du temps au
préjudice des travaux d'une importance réelle, et auxquels on sufiit
à peiue,
ALLAN KARDEC.
Paris. - Typ. de Rouge frer es, Dv.llon et Wresné, rue du Four-Saillt-Gel'main, 13.
REVUE SPIRITE
JOURNAL
pai' terre dl~ Paris à Lo nd res; et pcul-ê: re ce traj et fut.-il eíTedué par
nos altmx ele ce temps-L't, cal' il y ayait des hqmm es ici aVtnt la fur-
malion de la Fran ce géograpbiq ue.
Leu l' vi,; diíTérait aulanl de la nô tre que cellc des sallvages dont
nous IYilll'; enl rcteni l)ns r écemmen t. Les uns avaient construit leurs
bmrgacles sur pil otis au milieu des granels lars; ces cités lacuslres,
comparabl es à celles des castors, furJnt devinées en 1853, lo rsqu'à la
su:te j'une longl1e séchercsse , le.; lacs de la Suisse étant clescend1l3 à.
un éti::tge inUSlL(\ mirent à découvert d~s pilolis, des ustensiles de
pierre, clt) come, d' or et d' étrgile, des vesti ges nO I1 équi \'oqlles ele
l' :1nti que h1hitatim ele J'homme; et ccs villes aqnatiques n'étaient
pas un e cxce pt ion : on en a tl'o uvé plus de deux cento; c1 ans la Suis:',e
seule. Hérodol e racol~ t e que les Pce011Í'ens bflbitaient el es villes sem-
bl abl es sur le lac Prasias. Chaque citoyen qui premit femmc élait
obligé de fuire venir trois p:enes de la forêt voi si ne et de les fixeI'
duns le lac. Comm ~ le nambre des femmes n' était pas limité, le
plancher de la ville s'agrandissait "ite. Les cabanes étaient cn com ·
munication avec r eau par une tra j)pc, et les enfunts élaient atLachés
par le pied à. une corde, de craillte d'accident. Hommes, chevaux,
bétail, vivaient ensem1Jk, se nourrissantde poisson. Hippocrate rap-
porte tes,mêtnes coutum es aux h1.bitants du PhaS3. En 1826, Dumo;1t
d'Urville décúuvl'it de.;:; cités lacust.res analogucs SUl' les côte::; de la
Nouvelk- GuitlJe.
D'aLltres habittient les cavernes, les grottes natu:,effes, ou se for-
maient un r efuge grossier contre les bêtes féroces. On retrouve au-
jourd' hui lears os mêlés à ceux de I' hyene, de l'ours des ca vernes, du
rhinocéros tichorhinus. En 18 .~2, un terrassier voulant juger la pro-o
fondeur d'un trou par leque\. les lapins s'esquívaient des chasseurs, à
Aurignac (Haute-Garonne), ramena de cette ou verlure des os de f,)rte
dimensiono AlIaquant alors le flallc du monticule dans l'cspérance
d~y rencontrer un trésor, il se trouva bien.tôt en face d'un véritable
oS3uaire. L'l rumeur pablique, s'emparant d.u fait, mit en circulalion
des ré.cits de faux: monnayeurs, d'aseassinats, etc. Le maire jugea à
prop{ls de faire rarr,asser tous res ossements pour les porter au címe-
tie.re; et lorsqu'en 1860 M. Lartet voulut examiner ces vieux débris,
le fossoyeur ne He souvint mêm e plus du lieu de leur sépulture. A
l'aide eles lTaTCS vestig,es qui cnvironnent la caverne, des traces d'un
fúyer, d'ossements fendus paur en extraire la: moelle, om put néan-
moillS s~assurer que les trois especes nommées pIus ha:ut. o,nt vécu sur
ce point de·la Fl'ance en tué.ne ternp~ que "IHi)im"Il8. Le chien, était
- 355 -
df" jà 10 compagnon de l'homme, et il rul sans doule Sl premiure C01 :-
quête.
La nourrit.ure de ces hommes primitifs élait déjà tlCS varié;). Un
professe uf prélend qLl'ils élaient carnivores comme dOLlze ct fru gi-
veres cotntne vingL M. li'lollJ'ens préfere qu'ils se soicn t excliusi-
vemeut nourris de fruits. t!bis la vrritó cst que, des le co mmencement ,
l'bolllme fut omnivore. Los kjd:k8Illiloc1dings dLI Danemark nOLlS ont
conservé des débris de clt/sine antérliluvienlle prouvant ce fa itjllsqu'it
l' évidence. 11s d ~j eu n aie llt déjà. d'h ,tllres d de poisson, connaissaient
I'oie, le cygne , le canard; appréciaieJJt le coq de bruycre, !e cerf, le
chevrf.uiJ, le rcnne, qu'ils chassaicnt et dont on a trouvé les débris
percés de fleches de pierre. L'urus ou bteuf primi ti f leur donnait déjà
le potage; lu loup, le renard, le chien et le cbat leur servaient de
plats de I'é ~ i:; tan ce . Les glands, l'orgE', I'avoine, les poi~, los Jentill es
leu!' Llonnaienlle pain et les lég umes ; le blé ne ví,nt que plus tardo
Les noiseltes, les faines, les pOlJlmes, les poires, les fraises et les
framb oises lermínaient ces mets des anciens Danoi.;:. Les Suisses de
I'âge de pierre s'élaien t, en outre, approprié la chair d~1 bison, de
l'élan, du taureau sauvag-e, avaicnt soumis la chuvre et la brebis à
l'état do mes tique. Le lievre et le lnpil1 étaicnt dédtLÍgnés pour quel-
que raíson sLlperstitieuse; mai", en revanche, le cheva.! avait déFt pris
sa place daos Icurs repas. Toutes ces viandes se mangeaient ccues et
fumantes à l'ori gine, et , remarque curieuse, les anciens D:tI1o is ne se
servaient pas comme naus de leurs cleu ts in cisives p'!ur trancher,
mais bicn pum saisir, p0ur relenir et mâcher leur nourritul'e,; de sorte
que ces dents n'élaient pas tl'anchanles comme les nôLreB, mais ap'a-
ties COl1lme nos mulaires et que les dCllX arcadcs deuta,ires s'cLrrê-
taient ['une SUl' ['autre au líeu de s' emboHer.
Tous les sauva ges primitifs n'étaient pas nus. Les premiers habi-
tants des laliludes boréales, du Danemal'k, de la Gaule ,et de I' Hel-
vétie, durent se garantir du fmid par des peaux et des fourrure~ .
Plus lard, on songea aux om emen ts. cc La coquetterie, l'amoul' de la
parure ne dalent pas d'hier, mesdames : témoins ces col liers fOl',m é::õ
avcc des dents de chicn , de renard ou de [oup, percés d'un lrou ele
suspensiol1 . Plus tard , les épin gl'es i1 chevoux , les bracelets, les agra-
fes el1 bronze se multiplierent à l'infjni, et I'on s' élonne de la val'iété
et même du bon goút eles objets servant à la toilette dE's pet.ites mal-
tresses et des lions de ce temps-Ià.
Pendan t ces âg-es rcculés, on en fermait les morts so us des voútcs
sépulcrales. Les cada vres étaíen t placés dans une at lilude accroupie,
- 356-
les genoux presque en conlact avec le menton, les bras repliés sur Ia
poítrine et rapprochés de Ia tête. C'est lã, comme on l'a remarqué,
Ia position de l'enfant dans le sein de sa mere. Ces hommes primor-
diaux l'ignoraient certainement, et c'est par une sorte d'intuition
qu'ils assimilaient la tombe à un berceau.
VeEtiges des àges évanouis, ces longs tumulus, ces tertres, ces
collines que 1'on nommait aux siecles passés « tombeaux des géanls »
et qui servaient de limites inviolables, sont les chambres mortuaires
sous lesquelles nos ancêtres cachaient leurs morls. Quels étaient ces
premiers hommes? « 'Ce n' est pas seulement par curiosité, dit Vi\'-
chow, que nous demandons qui élaient ces morts, s'ils nppartenaient it
une face de géants, quand ils ont vécu. Ces queslions nous tou chent.
Ces morts sont nos ancêtres, et les questions que nous adressons à ces
tombeaux ont également trait à nolre propre origine. De quelle race
sortons-nous? De quels commencements est sorti e notrc culture
actueIle et ou nous conduit-elle? ))
II n'est pas nécessaire de remonter à la création pour rccevoir
quelque lueur SUl' nos origines; autrement il faudrait nous voir COll-
damnés à demeurer toujours dans une nuit complete à cet égard. SUl'
la seule date de la création on a compté plus de 140 opinions, et de
la premiere à la derniere il n'ya pas moins de 3,194 ans de diffé-
rence ! AjauleI' une t 41" hypothese n'éclaircirait pas lo probleme.
Aussi nous bornerons-nous à établir que, au poinl de vue géologique,
la derniere période de 1'histoire de la terre, la période quaternail'e,
celle qui dllre encore aujourd'hui, a été divisée en trois phases : la
phase dlluvieilne, pendant laquelle il y eut d'immenses inondations
partielle:", et de vastes dépôts et accumulations de sable; la phase
[daciail'e, caraclérisée par la formation des glaciers et par un plus
grand refroidissement du globe; enfin la phase moderne. En somme,
l'imporlante question, à peu pres résolue aujourd'hui, était de savoir
si l'homme nc dale qlle de cette derniere époque ou des précédentes.
01', il est maintenan t avéré qu'il date au moins de la premiere, et
que nos premiers ancêtres ont droit au titre de fosszles, attend u que
leurs o:"sements (te peu qui reste) gisentavec ceux de l'ursus speléB l1s,
de 1'hyena et des felis speléBa, de l'clephas primigenius, dn mega-
ceras, et.c., da.ns une couche apparlcnant à un ordre de vie différent
de I' ordre ac tuel.
En ces époques lointaines régnail une nature bien différenle de
cclle qui déploie aujourd'hui ses splendeurs autour de nous; d'autres
types de plantes décoraient les forêls et les campagnes, d'iiutres cs-
- 357-
peces d'animaux vivaient à la surface du sol et dans les mers. QueIs
furent les premiers hommes qui s'éveillerent en ce monde primordial?
Qnelles cités furent édifiées? Quellangage fut parlé? Quelles mreurs
furent en usage? Ces questions sont encore entourées pour nous d'un
profond mystere. Mais ce dont nous avons la certitude, c'est que lã
ou nous fondons aujourd'hni des dynasties et des monuments, plu-
sieurs races d'hommes onl successivement habité pendant les pério-
eles sécnlaires.
Sir John Lubbock, dans l'ouvrage signalé en tête de cette étude,
a démontré l'ancienneté de la race humaine par les découvertes re-
!atives aux usages et costumes de nos ancêtres, comme sir Ch~rles
Lyelll'avait démontrée au point de vue géologique. Quel que soU le
myslere qui enveloppe encore nos origines, nous préférons ce résul-
tat encore il1complet de la science positive, aux rab!es et aux romans
ele I'ancienne mythologie. CAMILLE FLAMUAlUON.
Un ressuscité contrarié
Exlrait du voyage de M . Victor Hugo eu Zélande.
L' épisode sui van t est tiré du récit publié par le jOUl'nal la Liberté,
d'un voyage de M. Victor Hugo en Hollande, dans la province de
Zélande. Cet article se trouve dans le nurriéro du 6 novembre j 867 .
« No us venions d'entrer dans la ville. J'avais les yeux levés et je
faisais remarq uer it Stevens, mon voisin de char-à-bancs, Ia dente-
lure pittoresque d'une succession de toitures hispallo-flamand es,
JJrsqu'il son tour, il me toucha l'ép aule et me iH signe de regarder
ce qui se passait SUl' le quai.
« Une foule bruyante d'hol11mes, de feml11es et d'enfants entou -
rait Victor Hugo. Descendu de voiture et escorté eles autorités de ia.
ville, il s'avançait, l' air simplement él11u, le feont découvert, avec
deux bJuquets dans les mains et deux petites fili es en robe blanche [t
ses cô tés.
« C'étalen t les deux petites filles qui venaient de lui ofTrir les deux
bouquets.
« Que dites-vous, par ce temps de visites couronnées et d'ovations
artiíiciell es ou afficieUes, de cette entrée nalvement triomphale d'un
homme unlversellement populaire qui arrive à l'improviste dans un
pays perdu, elant iI ne sonpçonnait même pas I' existence, et qui s'y
trouve tont l1aturellement dans ses Etats? Qui eut pu faire prévoir
au poetc (ll1e celte petite ville inconnue, dont il avait considéré de
- 358-
loin la silh ollclle a vec curiosité, c' é! ait sa bonne ville <.lo ZiéricEér:- ?
(( Au c! iner, M. Van Maenen dit à Victor Htlgo :
(( - S'ivez- vous qU311 es SOllt ces deux jolies ell falll s qui vo us ont
oífert des bourluels ?
(( - Non .
(( - Ce Eo nt les fill es d'un revemn t.
C( Ceei demandait un e ex rJlicéllian, et le capitaine nous raconta
l'aventure étrange que vuici :
(( Il Y avait environ un mais de cela. Un soir, au crépuscule, une
voiture Oll était U11 homme et un pelit garçon renlrait ell ville. 11faut
dire que cel llomme avail peu de temps aupara vant perdu 50. fcmme
et un de se" cll falJts, et en était demeul'é tres-Iris le. Bicn qu'il eút
encare dctlx pelites fili es et le garço11 qu'il a vait en ce morncnt avec
llli, il ne s'élait point conso lé et il vivait dans la mélancolic.
" Ce soir-Ià, sa voiture sui vait une de crs chaussées élevées et
abruptes qui sont , ;\ droite et ;\ gauche, bordées d'an fossé d'eau
siagnanle et souvent profonde. Soud ain lo cheva!, mal di ri gé sans
doule h Iraver.:S la brume du soir, perdit brusqu'ement l' équilibre et
ro ula dll haul du lalus dans 113 fossé, elll rainant ave c lui la voilure,
l' homme et l'éllfanL
(( II y cut dans cc grou pe d' êtrcs précipités un moment d'angoisse
aífreuse , dont pcrsorne ne fut lémoin, et UI1 eífort (lbSCUf et déses-
péré vers le sal ut. Mais r eng l olltis~e ment se fit aV lC le pêlc-mêle de
la chute, et tou t di~par llt dans le cloaque , qui se refermaavec
l' épaisse lenteu l' de la boue.
I/, L' enfan t seul, I'cs: é cr; mme par miracle hors du fossé, criait et
appelait lameLtablemcnt , e11 agilant sea petils braf:. Dellx paysaní'l,
qui Iraversaient à qu elque dblance de là un champ de garance,
enlen d ire~ t ses gérnissemenls et acco ururen t. lIs rel irercnt l' enfant.
(( L'enfé! nt cl'ialt : (( 1\1on p a p~ ! mon papa ! je vcux mon papa! »
« - Et ou cst-il clone ton papa?
(( - UI, disaü l'enfallt, en monlrant le foss(~ .
«( Les deux paysans comprircnt, et se mirent à la besogne. All bO llt
d' un quart d'heure, ils rclirerent la voilure brü,ée ; au bout d'une
demi -heure, ils relirerent le cheval mort. Le pelit criail 101ljours et de-
mancl ait SOI1 pere.
(( Enfin, apres de nouveaux effurtf:, dans le I1jême trou du fossé que
la \'oiture et le cheval, ils repêcheren t et amenerent hors de I'eau
quelque ch06e d'inerle et de félide qui était entiêrement noir rt cou-
vert de fange : c' élait un cada vre, eelui du pert'o
- 359-
« Toul ceci avait pris ul1e heure environ. 1 c dti3espoir de !'enfant
redoüblait; il ne voulait pas que SOI1 pere fUt morto Les paysans te
croyaient bicl1 mort pou i'tanL ; mn,is comil1C l'enrant lcs suppliait et
s'ailachait à eux , et qu'lls étaient de braves gens, ils tenterent, pour
calm er le pelít, cc QU'0 :1 fait toujours en pareil cas dand !e pays, et
se min~ nt à roul er le noyé dctns le champ de garance ,
(C 11" Icroul ei'ent ainsi un bOI1 (part d'IB Ui'e. Rien ne bOilgea:. lls !e
u primeul', C')illme la C0uvclture d'un vieux livre dou t les fell ill ets
« sont arrachés, et le tilre et la dorureelfacéi'; mais, pOUI' cela
Rt'fl e t de Ia prét-xistence
Pélr Jean Faynaud.
Voilà UH bomme qui toucbe à la fin de sa carriere; dans quelq ues
hcuresil ne sera plus ue ce monele . A ce moment suprême, a-t-i[
conscience du résllltat, dll produit llet de la vie? En voit-il le résumé
comme dClns UI1 miroir? Peut-il 3'en faire une idée? NOll sans doute.
Pourlant cc produit net, ce ré ~ ul1lé exbte quelq ue parto 11 est dans
l''âme d'une maniere latente, sans qu'elle puisse le discernpr. Elle le
discernera ao granu jOllr; a,lors le résumé de tout le passé prellaut
vie 'à la foi~, on se ccmnaitra l'éellement. lci-baE', DOUS ne nuus COll-
nai ~ son s que par parcelles ; la lumiere d'un jourest eITacée par les
tenebres d'un autre jO l!T; l' âme TeE'scrre et garde dans S011 [réso!' tine
foule cl"impressions, de pCTceptions, de désirsque nous ollblions.
Nutre mémoire es t bien loia d'être proporliol1'f!lée à I,a capacité de
- 363 -
110tre âme ; ot tant de choses qui ont ag i SUl' l1 élt.re âm:, clont nous
avons perdu le souvenir, sont pOUI' no us COiTI:ne si elles n'avaient
jamais élé. Cependant ellcs ont eu IcU!' effd , et leur cffd d (~mC llre;
J'à'11 e en garde I'em preinle, qui se lrO'lH'era dans I ~ résum é fiDal qui
sera nolre vie f'llure. (Exlrai ~ des P e:ls,Jei genrJvoises, par François
Rl)gel. Jl1agas/n pittores }u'3, 186 1, p ag \~ 2'B. )
son dernier cri dans les fl ammes, c'est que ses voix ne l'avaient point
tl'Ompé0 el qu e ses révél,üions étaient ele Di elJ . I1 faut done conclnre
avec M. Qu icherat que « Sll' ce point la critique la plu, sé vere n'a
« pas de Soul)çon à él,~ ver contre s 1 bonne foi. » Le r,it une fois
C'oflstaté, CIJ mm en t certaiTls savants I'ont-i!s expli rlué ? De deux 1111,-
nieres : ou par la foNe, ou par la simple hallucinalion. Qu'en dit
.M, Quich el'itl? Qu'il prévoit de granels périls pour ceux qni voudront
classer ]e L,it de la Puce\lle parmi les cas patllOlogi'ques.
« Mai::;, (ljn~tc-t-il, CjU(! la science y trouve ou nnn son compl e, il
n'en filudi'a pas moins adlTlcUre les vi ~ions, ct, co)mme je yais le
fiiÍrú v)ir, (I' ét ra.nves perceptioll ) d' esprit issues dc ces vi ~i !) n ;;: .
« QLi cll ;' . jnt ces éll'é'lnges perceptio:1s d'esprit? Ce son t eles révé-
lati'o .s CJu i unt permis it J 2anile : hntô : de CO :ln ::ti · I'C lcs plus secretes
pensées de certaine3 perso nnes, !antô [ d' ~ percevoir des Obj ,ltS hol's
de la portéc de scs sens, tantôt de discem er et d'annonc<: r l'avcnir.. 11
« M. Quichcrat c'te pOUI' cllaclJ:1c de ces trois espcces de révéla-
tions « un cxempl (' as.'is S Ui' eles bases si solides, qll'O)) 11 e pe ut, elit-
« il, le r+ ·te1' san s rejeter te Lmdement mêm il de l'histo ;rc. »
« En premieI' licu, JI~ ann e ré vele à Charles ViI Ull secrct CO lmu de
Dieu ct de Illi, sCI1I moyen qu'clle eut de forcer la créance de cc
princc méfi ,wt.
« En suile, se 1rou'.'ant à Tours, elle c1isr:enn qll'i! y avail, en tre
Locll es eL Chinoll, d 1115 l'ég li 8e de Sainle-Callteriíle cl,' Fi cr bo i~ , en-
foncée à me ccrtainc profolldeur prcs de l'allt'd , (1:1C rpóe rO llillé'e
- 36 7 -
et marq uée de cinq \'fO!X, L'épée fut trouvée, ot sC's accusateurs lui
imlJulerent pl us lar d d' aroit' su par oUI-dile que c.:tte ;:rme étail lã ,
ou de I' y aVOil' t'<tit meLtre ellc-même .
(( Je 5en", dit à Gi; propos M. Qukhel'i,d , Gombien une pareil le in -
lcr prétation para1tra fo rte dans un lell1ps cornLDe le nôtre ; comb.ie 11
faibles aa contraíre sant Ics lall1beaL1X d'in tL'rroga loirl~ queje mots eo
oppositioll; mais ll/rsqu'on it le prod~s lout ell liel' sous los yeux, et
qu'on y voit ele quc lle rnçon I'acc uséc miLSd conscicll ce it découvcrt,
i.t1ors c'est SOI1 LélT,oig nag-c (,ui est fo rt, L'l l'i!l tel'préla lion des rai-
sonneuI'S qu i est fmble.
Ii Je laisse en fin M. Quicherat raconlel' lui-m ême Ulle des prédic -
pas les témo ignage::: de Je::\l10e à'Ar·~., il les accepia tous et les pro-
clame sinceres, même quancl ils sembleut n'êlre plus prophé liquc:::.
J' ajoute .qu' il les j uslifie pleinemont ell lllolltrant qlle, ~i elle a vait
missio11 de chasser les A n g l lt i~, el lo n'avait point promesse de lont
exécuter par elie-même, mais qu'elle a commencé l'ceuvre et 011 a
prédit l' achevemcn t. M. Wallon I'a bien sen.ti,; cc n'o:;t pas com·
premIre JOé\nnc d' Are que de l::t glorificl' d'dlS 8es triomphes pOUl' la
I'CniéI' dans sa pàssion.
« Nous SLlrtolJt qui connaissolls le dénoúment de ce dram8 l1lervoil-
leux, nous (lui savo ns 'lue les Anglais furellt en elfeL cbassés ou
rOYeilime et la couronne de Rdms afTermie au front de Charles YlI,
nous devolls cl oire, avec M, Wallofl, que Dieu lle cessa jam ais cl'in-
spirer cclle dont illlli a plu de ·consacrel' la grancleur IHr 1'8preuve
et la sainlelé par ·le martyl'e . .» - N. de Wdilly.
Cel ui de nos corre;.: pondants d' Anvers quí a bi e11 voulu nous en-
vayer i'article ci-dl:S3US, y a juint la noLe ci-apres pravenant dese3
rechel'ches per:ionndles SUT le proces dfl Jeanne d' Are:
" Picrte Cauc holl, évêq 'Je de Beauvais, et un inquisileUl' nommé
Lernaire, a~si1:'Lés de soix í.tll le assesse urs, furenl les juges c!e Jeall ue,
Son proces s' im;lruiEit selo u les form es mystérieuses et barbares de
I' Inqui1:' ition, qui a vait juré :;:a perle. EUe voulut s' en r<1pportcr au
jugcmcnt du Pape et du Concile de Bâle , mais l'évêque 8'y 0lJPosa.
Un prêlre, L' Cyse!eur', la tl'Ompa en abu ~ allt de la coufession, et lui
dOll ll il de fune:-tes conseih:. A la. t uite d'ilJlrigues de toules sorle c ,
dle fut cO ll l!al1J: .ée , en 1131 , à être brôlée vive, « comme mente-
rcsse, pcrnicieuse , abuseresso du peuple, devineresse , blaspheme-
resse de Dieu, mal créant de la foy de JésLls-Christ, vantcrcsse,
ydolàt re, crueJle, dissolue, invocalcre::,se des cliabks, scisl11atique et
héréti que. "
« Le PapeCalixte II r, en 1456, fil prononcer, par une commis-
sion ecclé1:' iasti que, la réhél bilitalion ele Jeannc, et il fut d:éclal'é, pa'l'
un arrêt solennel, que Jeanne était morte marlyre pOUl' la défense de
sa religion, cl,! SD. patrie ot de son roi.. Le Pape eut bien voulu la
c.anoniser, mais son courage n'alla pas si loin,
- 37/ -
" de Salan. » Vous voyez que certains écri vains aimenl mieux insul-
ter, outrager que discuter.
« O mon Dieu! tout ce vocabulaire fut épuisé il y a trente-cinq
sera pas con nu , il fuut bien avoir recours au dictioi1naire de f' Acadé-
nu'e)' vél'ilablement, mei:'sic urs les SI-,il'ite8, il ne fuul pus s' ocLroyer
la prétcntion d'avoir Ull autre vocabula,ire que JJ!lJI. les Quarante.
( Linguistiquemen t , acadéllliqw·ment parlallt, cru' cs~-ce qu'un
thullmaturge? un faiseur de miracleR.
(C Qu'e::;t-ce qu'un min,cle? - UIl acte de la puissance clivine,
contraire aux: lois connues de la nature.
(( Donc, MM. los guérisseul's, les Hohenlohe, les Gassner, Je.s
Jacob, sont des tlwwnaturges, des (aiseuJ's de mil'aclcs, cal' ils
agisselJt en dehors des luis connues de la nature.
(( Inventez, créez, donnez, promul guez un nouveau mot et naus
I' ado pterolls; mais, j usque -là, permeltez-nous de conserver le \ ieux
vocabul"ire et de naus y confonmr jusclu'à, nouvelle iLstructi0Jl,
nous ne pouvons faire aulrement.
« Sarez vous commen t agit Jacob? elites-Ie ; - si vaus ne le savez
pas, fait es comme nous, recol1liétissC'z qu'i! agit en dehors des lois
connues de la nal ure, done il cst thaumaLurge.
(( Pour notre ct)mpte, LOUS protestons, aV :Jl1S -1l0US dit, contre le
mot /lément, pa r une nison tres sim ple, c'cst que nous déc:larul1s
ignorcr cOlllplétement quel cst et ce qu'est I'í:lément spil'ituel, p:1.S
plus que nous ne saVOllS ce qu'est l'élément matérz'el.
« En fi.1it cj'élérnent spinÚtel, nous ne reconnaissons que !'é lémcll t
créateul' : Diea ... -- En loute humilité, eu toute vénération, nous
courbons la tête et respcctons l'inexplicable myslere de l'incamaÚol~
du sou/fie de Dieu en nous ... nous bornallt ~~ l'I'>pétcr cc que nous
aVOllS dit: (( It y a en naus wt inconnu q/li est nous, qui foul à la
(ois commande â notte moi matieJ'e cf fui úbéz't. ))
« POUl' c,~ qui cst de l' élémen t matél'ld, nous proclamons de touLe
la puisEance de 110tre sincérité que naus ne sommes pas moins embar-
rassés .. . Ia crf~atioll ctu premieI' homme, de la premicre fernme, en
tant qu'8Lres matériels, est un mystere aU'3si inextricablc que ce.luide
la spiritilalis::tlion de cat être crM.
« Voi le de ténebre8, secret ctu Créateul' <Iu'il n'est pas permis de
soulever, de péllétrer.
« L'élémBnt primitif est Dicu úu est eu Dieu ... Ne cherchons pas,
- 376 -
et disons avec le plus savant des docteurs de l' Eglise: (( Ne cherchez
pas à pénétrer ce mystere, vous devienddcz fou. »
« Mainlenanl, nous demanderons à messieurs de la R evue spi?'ite,
ceux qui croient â rl double vue, à la vue spirituelle, pourquoi ils
s'élevent con tre les plzénoillenes physiques considérés comme eles pro-
nosÚcs d' événements lzeureux ou malheureux.
li Ces ph enomenes, dites-vous, n'ont en général aucune liaison
avec les choses qu'ils semblent présager. Ils peuvent êlre les précur-
seurs d' efrets physiques qui el1 sont la cOllséquen ce, comme un point
noir à l' horizon peut présüger au marin la tempêtc, ou certains l1uages
anl10ncer la grêle, mais la signiO cation de ces phénomencs pOUl' les
choses de l'ordre moral doit, ajoutez-vous, être rangée parmi les
croyallces superstitieuses qu'on ne saurait combattre uvec trop
d' éllergie.
(I Expliquez-vous un peu mieux, messieurs, car vous touchez ici
~L une des gri.J.ves questiol1s des scicnces cabalistiques, des pré visions
prophétiques.
Ii Dites-n ous franchem ent, loyalement, dans quelle catégorie vous
DissertatioDS spirites.
Des Erreurs Scientifiques.
(Paris, 20 mars 1867, groupe de M. Lampériere) .
De même qlle le corp3 ases organes de locomotion, de nutrition,
de respiration, etc., de même I'Esprit a des facultés variées qui se
rapportenlrespectivement à chaque situation particuliere de son être.
Si le corps a son enfance, si les membres de ce corps sont faibles et
débiles, incapables d'ébranler les fardeaux qu'ils pourrollt plns tard
soulever sans peine, I' Esprit possêde tout d'abord des facullés qui
doivent, comme tout cc qui existe, passer de l'enLll1ce à la jellnesse
et de la jeunesse à l'âge muro Dema!lclerez-vous it l'enfant au ber-
ceau d'agir avec la rapidité, Id. sureté et l'habileté de l'homme fait?
Non, ce serait folie, n'est-ce pci.S ? 11 ne faut exiger de chacun que ce
qui rentre dans le cadre de sos forces etde ses connaissances. Deman-
der à celui qui n'a jamais touché un livre de mathém:üiques ou de
pIo.ysique, de raisonner sur une branche quelconque des connaissan-
ces qui dépendent de ces sciences, serait aussi peu logique que de
prétendre exiger une description exacte d'une contrée lointaine, d'un
Parisien qui n'a jamais quitté l'enceinte de sa ville natalc ct quel-
quefois de son faubourg!
Il est dane nécessaire, pour juger sainement d'une chose, d'avoil'
de cette chose une connais~ance aussi complete que possible. II serait
absurde de faire subir un examen de lecture courante 11 celui qui
commence lt peine à épeler; et cependant 1... cependant, I'homme,
cet hurmmimal doué de raison, ce puissant de la créalion, pour qui
tout est obstacle dans le livre des mondes, cet enfant terrible qui bé-
gaie à peine les premiers mots de la vraie science, ce mystifié de
l'apparence, prétend lire, sans hésitation, les pages les plus il1dé-
chiffrables du manuel que la nature présente chaque jour à ses yeux.
L'inconnu nait sous ses pas ; ille heurte ~t ses côtés; en avant, en
arriere, parlout, en tout, ce ne sont, que problemes sans solution, ou
dont les solulions connues 50nt illogiques et irrationnelles, et le grand
- 382-
ellfant détourne scs yeux <.lu livre, en disant : Je le cOllllais, il L11l
aulre !... Ignurant des choc e~, il s'attache aux causes de ces choses,
d sans boussGlr, sans c ompa~, il s'embarque ~ ur la. lllel' orageuse
des systemes prér:onçus, qui le conduit falalemcnt à un naufraga
dont le doute et l'incréclulité SOllt le résultat ! te fall il tisme, j] 's de
l'erreur, le Lient sous son sceplre; car, sachez-Ie bie il, le fanalique
Il'est pas Ci;!lli qui croit sans preuve et qui, pOlll' une foi incomprise,
dünnerait::-a vie; il y a des fanatiqucs d'incrédulité, coml11 e iI ya
des fanaliqu cs de foi !
La route du vrai est étroile, et il est néce~saire de sonder 1e tel'-
miu avant de s'avancer, pOUl' ne point ~ e précipiter uans les abimcs
qui l' entourcllt à droite et à ga~chc.
Hâle-toi lenlement. dit la sage6se des nations, eL commc toujours
10l'squ'el!c est d'aGcord avec le bon sen::: , la sagesse des nations a l'ili-
son o - Ne la:sse po int d'ennemis derriere toi, et n'avance que quand
tusel'as súr de ne point être obJigé de rdourDcr cu arricl'e. -Dieu e::it
patient parce ([u'il est éterne l ; l'bon~tl1e , qui a ,' éternité dGvant lu i ,
peut, lui aussi, etre patient.
Ou'il juge SU l' I'apparence , qu'il se trompe et. reco nnaisse SOIl er-
reur di.!IlS l'itVenir) c'e~ t logique; mais qu'il p: étendc ne point pou-
voil' se trol11per, qu'i! nssigne une limite quelconque à I'enlendement
humaín, l' en fan t reparLlit SUl' l'eau ave c ::;es caprices et SeS co leres
impuissantes !.,. Le jeune cheval n'a pas e ~lcore jeté s11. gourme ; il
s' em porte, iI se cabre ! le sallg bri:dé circule dans ses veines !. ..
Laissez-le faire, I' âge saura call1lel' sonardc ur sans la détruire, et
ii en tirera. plus de profit en en me: urant plussagemcnt la dépense !
En naissant, l'homme vit une plaine formée de terre e1 de fOC s'é-
ten dre sans lim ite sous ses pas ; une plaine d'azur pnrsemée de feux
scin lil lan1s s'étendait :;ur sa lête ct paraissait se mouvoir rf\guliêre-
menl ; il en conclut que la terre dait un large plateau accidt nté, sur·
monté d'une cOllpole animée d'un mouveme nt constant. Rilpportallt
tout à lui, il se fit le centre d' Ul1 ::iy::'lerne créé pour lui, et la lerre im-
tl1ue!lJle colllernpla le soleiI lo urnalJt dans la pl aine céleste. Aujolll'-
d'hui, le solei! ne tourne plus 131 la. terre s'est mise en mouvement; le
premier poiut ne serait peut-êtrc pas difí:cile à élucider selon la Bi-
Me, car, si Josué orclonna un j our au so lei l de s'arrêter, on ne voit
nulle part qu'illui ait coml11andé de reprcndre sa com'se.
L'intelligence humaine d'anjolll'd'hui donne un démellti aux tra-
vaux des intelligences d'une époque plus reculée, et ainsi, d'âge eo
âge, jusqu'à l'origine, et ccpendallt, ma!gré les leçons du passé, bien
qu'il s'apel'çoive, par des prér,édents, que I'utopia d'bier est souvent
demain réali té, l'homme s'obstine à clire : Non, tu n'iras pas plus
loill ! Qui pourrait fai re plus que nous? L'íntelligence est au SOl1ll11et
de I'écbelle; apres nous, 011 ne peut que descendre L .. Et poul'taut,
- 383-
ceux qui discnt cela sont les témoins, les pl'opagatcllrs ct les promo-
tcms des merve il les ac,~ ompli es par la science acl uelk . li ,., ont fait de
nombreuses décollverte3 qui ont singulierern enl modiíi é le'l lhéories
àe leu!'::; devaneiers ; mais qu'im porte !. .. Le mOI' paI'lc chcz eux plus
haul que la raison . Jouissant d'une royauté d'nl1 jour, ii,.:; ne peuvcnt
adll1ctlre qu'ils seront sOll l11is demain ~t une pilLSSaQCe que. l'avenir
tient à l' abl'i de lellrs regard;::.
11s ni en t \' Esprit, com 11e il ,.; nh icnt le mouve ,nent de la tcrre ! ,,,
Pi aigno ns- Ics, ct consolons-no us de lem avcugle 11ent Gil nous disant
qlle ce qui est ne peul r,: ster éterncllemcnt cach é ; la lumiere ne peut
devenir I'om bre ; la vérité ne peut dcvenir errem; Ies téneb res s'ef-
fac"'nt clevant l' aul'o ra.
O Gal ilée ! ... ou que lu sois, tu. te réjo:.Jis, cal' elle se m ,n tt ..... ct
nous p'JUvons nous réjouir, nous aussi, (tar notl'e terne à nous, nolre
monde, l'ilJtelligen ce, I'Espri t a aussi sou mouvement. i.ncompris , in-
connll, mais qui deviendra bientôl aussi évident CJue les axiomes 1'e-
connus par la science. FUA NÇOIS AU kGO.
L' e!position.
P aris . Gl'on pe Desli ens . Méd. 1\11. Deslicns.
L' observateur superíiciel qui jetterait en ce mOlllent les yeux sur
votre monde, sans trop se préoccnper de quelques pclites taches dis -
séminéüs à sa surface, et. qui semb:cnt destinécs à. faire 1'essortir les
splendeurs de I.'ensembl e, se dirait, sansaucun doule, que l'bumanité
n' a jamais présenté une physionomie plus heureuse. Par tout, 00
cé lebre b. I'envi les Doces de Gamache. Ce ne sont qu e fêles, trains
de plaisir" villes p:u é.;s et j"yeux visages. Toutes les grandes ar-
tp.res doU globe' a,meOé~nt dans votre capitale trop étroite la foule ba-
r iolée venuc de tous les climats. SUl' vos boulevards, le ~hinois et le
Persan saluent le Russe et I'Allemand; I'Asip en cachemire donne la
main à l' Afrique en turban; le nouveau monde et I'an cien, la jeune
Amérique et les citoyens duo monde européen se heurleot, se cou·
doient, s'entretienN cnt SUl' le ton d'nne inaltérabl e atnilié.
Est-ce donc vél1itablemenb que le monde soit c;onvié à la fete de la
paix? L'Exposilion franç aise de 1,86.7 seraiL-elle le signal lant at,..
tendu de' la soliclarité univenselle? - On serait t~nté de le croire, si
toutes les animosités étaient éteintes; si, chaGun , songeant. à la pros-
périté ilíldUlsbrielle et au- triomphe de l'intelljgence SUl' la matiere,
laissait tranql1liUement Ies engiB s de mort, Ics instruments de vio-
lence et de force, dormir au, fond. de Ieufs.· arsenaux à t'état de rel~
ques b,Hunes pour satisfair.e la. cuuiosité des- visitem:s.
Mais en êtes-vous là? Hélas ! non ; le visage grimace som le sou-
rire, l'ceiL menace quand la bouche complimente, et on se serre cor-
dialement la main, au moment même ou chacun médile la ruine de
- 384-
son voisin. On rit, on chanle, 011 danse; mais écoutez bien, el vous
entendrez l'écho répéter ces rires et ces chants com me des sanglots
et des cris d'agonie!
La joie est SUl' les visages, mais I'inquiélude est dans les C(Bur~.
On se réjouit pour s'élourdir, et, si 1'0n songe au lendemain, 011
ferme les yeux pour ne pOÍl~t voir.
Le monde est en crise, et le commerce se demande ce qu'il fera
quand le grand brouhaha de I'Exposition sera passé. Chacun médite
SUl' I'avenir, et l'on sent qu'en ce momcut on ne vit qu'en hypothé-
quant le temps futuro
Que manque-t-il donc à tous ces heureux? Nc sont-ils pas aujour-
d'hui ce qu'ils étaient hier? ne seront-ils pas demain ce qu'ils sont
aujourd'hui? Non, l'arc commercial, inlellectuel et moral, se re.-
oresse de plus en plus, la corde se tend, la fleche va partir! -- OÜ
les menera-t-elle? - Voilà le secret de la crainte instinctive qui se
reflete sur bien des fronls ! lls ne voienl pas, ils ne savenl pas , ils
pressenlent un je ne sais quoi; un danger est dans I'air, et cbacull
tremble, chacun se sent moralement oppressé, comme lorsCJlI' un
orage prêl à éclater agit SUl' les tempél'aments nerveux. Chacun est
dans I'attenle, et qQ'arrivera-t-il? une catastrophe on un e sc>lution
heureuse? Ni l'une ni l'autre, ou plutôt les de ux résultats cofnci-
deront.
Ce qui manque aux populations inquietes; aux intelligences aux
abois, c'est le sens moral attaqué , macéré, à. demi délruit par
l'in crédulité, le positivisme, le matérialisme. On croit au néant,
mais on le craint; on se sent au seuil de ce néant et l'on tremble! ..
Les démolisseurs ont fait leur (B uvre, le terrain est déblayé.-Cons-
truÍsez donc avec rapidité pour que la génération aduelle ne reste
pas davanta ge sans abri! Jusqu'ici le ciel s'est maintenu étoil é,
mais un nuage apparait à l'horizon; couvrez vite vos tOit5 bospi-
taliers; conviez-y tous les hôtes de la plaine et de la montagne.
L'ouragan va bientõt sévir avec viguem, et alors, malheur aux
imprudents, confiants en la certitude du beau temps. 1\s auront la
solution de leurs craintes vagues, et, s'ils sortent de la lice meurtris,
déchirés, vaincus, ils ne devront s'en prendre qu'à eux-mêmes,
qu'à leur refus d'accepter I'hospitalité si généreusement offerte.
A l' (Buvre donc; construisez toujours au plus vite; accueillez le
voyageur qui vient à vous, mais allez aussi chercher, et tentez d'a-
mener à vous celui qui s'éloigne sans frapper à votre porte, cal'
Dieu sait à combien de souffrances il serait exposé avant de trou-
ver la moindre retraite capable de le préserver des atteintes du
fiéau. MOK1.
ALL1l.1W K1l.RDEC
Paris. - Typ. de Rouge freres, Dunon et Fresné, rue du Four-Saint-Germain, 43.
TABLE GÉNÉRALE DES MATIERES
DU DIXIEME VOLU:NIE
JANVIER.
A nos correspondan!s............ . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . i
Coup d'Olil rétrospe ~tir sur le mouvement du Spiritisme ........ . . ' " .. '" ., .. 2
Pensées spirites qui courent le monde. . . . .. . .............. . ........... , .. i1
Les romans ~pirites : L' Assassinat du Pont- Rouge, par Charle~ Barbara. . . . . . . . i4
Variétés : Porlrait physique dés Spirites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 23
Nécrologie : Mort de M. Leclp-rc .... " " . . . .... '" •... . ... , . . . . . . . . . . . . . . 27
Notices bibliographiques : Poésies diverses du monde invisible. . . . . . . . . . . . . • . . ~o
- P ortrait 'lithographié de M. Allan Ií:arrlee, par M. Bertrand 30
Union spirite de nordeuux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 3i
"'aVocediDio .... . .... .. ...... . .............•. 3i
Rectification aux Evangiles de 111. Roustaing........ 31
Avis à MM. les Abonnés •.• . ....... .. .... .. '" .. ' ............ '" ....... ,. 32
FÉVRIER.
MARS.
AVRIL
MAl.
1OIN.
Émancipalion des femmes aux Etats-Unis. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 t
De l'homceopathie dans le traite'ment des maladies morales (2° article)... . . . . .. 168
Le Sens spirituel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
Groupe guérisseur de Marmando.- Intervention des proches dans los guérisons. j 74
Nou velle Société spirite de Bordeaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
Nécrologie. - M. Quinemant (deSétil)... . ... . .... . .. .... . ... .. . . ... . .... 182
Le comle d'Ourches . '" . . . ... . ... . . . . ...... . .•. .... .. . . .. 186
Diss€ftations spiriles. - Le Magnétisme et le SpiriLisme comparés ..•...... ' . . 186
Bibliographie. - Union spirite de Bordeaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1DO
Progres spiriLualiste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . 1fi t
Recherches sur les causes de l'athéisme.. . . . . . . . . . . . . . . . . . 192
Le Roman rIe l'avenir...... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1!l2
JUiLLET.
AOUT.
SEPTEMBRE.
OCTOBRE.
NOVEMBREo
DECEMBRE
L'humme avant I'hi sloire; ancienn elr de la race humaine, par C. Flammarion. 3.')3
Un ressuscité conlrarié. Ex lrait d'un \'oyage de M. Victor Hugo, en Zélande.. .. 3;)7
LeUre de Benjamin Franklin SUl' la préexistence. · o•...... o. . . .. . .. . . . . . . . . :l lH
Rellet de la préexislence, par Jean Elaynaud ..... Co.. . .. . . ·. 0... ...... .. . o. • .. 362
Jeanne d' Are et ses commentaleurs ..... . ... ......... .. o. . . . . . . . . . . .. . . .. 363
L a jcune payEanne de Monin ; appr.rition .. o. . . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . 37 1
Qu elques maIs à la Revue Spirite, par le journall' E:.cposition populaire illustrte. 377
L'abbé de Saint-Pierre . ........... . o... .. . oo.....• o•..... o. o..... , .. o'. 379
Disserl ations spiriles. - Des erreurs scienli fiques .....•. . " o., o. . . o•.. . .. .• 38f
L' Exposition . . .. , . . ... o.• o...... . o. . . , .. . . . , 383