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DICTIONNAIRE

INFERIVAL
APPROBATION.
Nous, PiERKE-Louis Parisis, eveque d'Arras, de Boulogne el de Sainl-Omer;

Vu le rapport qui nous a ete soumis sur la nouvelle edition du Dictionnaire infernal, deja
approuve en IShh par Monseigneur Affre, archeveque de Paris, nous n'avons trouve dans
les additions qui y ont ete faites rien qui puisse blesser la foi ou les moeurs.

PIERRE-LOUIS,
£veque d'Arras, de Boulogne ei de Saiat-Ouicr.

Arras, le 26 decembre 1862.


PAUis. — Tvi'OGnAniiE
. —
,

^
o:; iiknri flo.n, rue garancii:rk, 8,
; , ,

DICTIONMAIUE

INFERIVAL
R E P E Px T O R E U N 1 V E I IH SEL
n;:s ktres . des perso.vxages , des livres, des faits et des ( iioses qli tiknmcnt mx i simuts,
Al\ PKMONS. Al'X SORCIERS, AU COMMERCE DK l'ENFKR, ALX DIVINATIONS, ALX M ALKKICES
A LA CABALE ET AIX AUTRES SCIENCES OCCULTES, AI X I'RODIGKS , ALX IMPOSTURES,
AIX SUPERSTITIONS DIVERSES ET AUX PROXOSTICS AUX FAITS ACTUELS DU SPIRITISMS,
,

ET GKNERALEMENT A TOUTES LES FAUSSES CROVANCES MERVEILI.EUSES SURPRENANTKS ,

MVSTKRIEISES ET SURNATURELLKS

PAR J. COLLIX DE PLANCY.

SIXIKME EDITION, AUGMENTEE DE 800 ARTICLES NOUVEAUX,


ET ILI.VSTREE DE 550 GRAVURES, PARMI LESQUELI.ES I.ES PORTRAITS DE 72 DlhlOVS,

DESSIXKS PAR M. L. BRETOX, d'aPRES LES DOCUMEJJTS FORMELS.

PARIS
HEXRI PLOX, IMPIUMiaR-KDITEUR,
RLE GAnA\C E I II !

. 8

18 6 3
PREFACE.

L'imniensc reunion dc maticrcs, toutcs adhcrcnlcs par qudquc point, que comprcnd
le Dictionnairc infernal, forme un tel pandaMnoniuni d'aborrations ct de {•crmcs ou dc
causes d'errcurs, qui cutoient presquc loujoiirs la vcrite, qu'il n'y a que TEglise, doul Ic
flambeau ne palit jamais, qui puissefitre, en ccs cxcentriciles, un guide silr. Les ouvragcs
qui, avant ce livre, ont trailede ces matiercs si varices, ct qui sont dans cliaquc spccialilc
cxtremement nombreux, ne sont gcneralemcnt, a peu d'cxccptions prcs, que d'indigcslcs
amasd'idees extra vagantes, ou d'incompl^tes compilations, ou d'interminablcs discussions
dcsordonnces, ou de mauvais livres dans tous les sens de ce mot. Le Iccteur qui veut uu
peu connaitre ce mysterieux dedale des croyances fausses ou denaturecs, ct lairc la
collection des ouvrages rares et recberches, mais trcs-peu lus, dont dies sont le sujet,
doit, pour cela, depenser de grandes sommes, consacrer des annees a ces recbcrcbcs, et
hasarder sa foi Tous ces frais, toute cette peine et ce peril seront
en plusieurs cas.
6pargnes par cette nouvelle edition du Diclionnaire infernal.
Nous disons « cette nouvelle Edition, » parce que, dans les deux premieres, publiees
en 1818 et en 1825, 1'auteur, en combattant renorme phalange des erreurs populaircs ct

des impostures mysterieuses, est tombe lui-memc dans des egafcmenls non moins
funestes. II clierchait alors la verity hors de son centre; au lieu de s'appuyer sur I'Eglisc,
ou ellc siege toujours inalterable, il s'etait ebloui aux lueurs d'une philosophic orgucil-
leusc et sans autorite, dont les enscignements pris d'cn has egareront longtcmps encore les
esprits frivoles. Entraiue la trop longtemps, il cut, en 1841, Tinsigne bonbeur de sortir

des steppes oii la Imniere lui manquait et de la retrouver dans les seules doctrines ou ellc
est indefectible et toujours silre. II a done enlierement refondu ses travaux, cn rccon-
naissant que les superstitions, les folles croyances, les sciences ct les pratiques occultcs,
insurrections plus ou moins taciles contre la religion, ne sont venues que des d6serteurs
de la foi, ou par I'heresie, ou par le scbisme, ou par des voies moins determinees.
Tout bomme qui etudiera I'bistoire avec des intentions droites reconnaitra que I'Eglise
a constamment lutte contre les superstitions et les fourbcries infernales ;
qu'elle n'a jamais
cesse de repandre la lumiere sur les fausses croyances, sur les folles terreurs et sur les
pratiques perilleuses des docteurs en sciences secretes.
Pour ne citer que quelques temoignages, saint Augustin dit que les superstitions sont
Topprobre du genre humain. Origene les condamne avec plus de force que les encyclo-
pedistes, et surtout avec plus de poids. Le pape Leon X notait d'infamie ceux (pii se
livraient aux divinations et autres pratiques superstilicuses. Le quatrieme concile dc
Carthage les exclut de Tassemblee des fideles. Le concile provincial tenu a Toulouse en
1590 ordonne aux confesseurs et aux predicatcurs de deraciner, par de frequentcs exhor-
tations et par des raisons solides, les pratiques superstitieuses que I'ignorance a inlroduifes
dans la religion. Le concile dc Trente, apres avoir condamne ces diverscs erreurs, enjoint
formelleraent aux eveques de defendre aux fideles tout ce qui pent les porter a la super-
stition et scandaliser le procbain.

Nous reunirions au besoin mille temoignages pareils. Contentons-nous d'ajouter, sans


craindre un dementi de quelque poids, que I'Eglisc a seulc les moyens ct les grdces
necessaires pour dissipcr ces ^garemenls si so.ivent dangcreux ct toujours abnminables.
— VIII —
au milieu ties clameurs inl6rcssecs
Cc qui pcut-6lrc n'a pas 6le rcmaniue sumsamment
qui vivcnl exempts dc superstitions sont Ics
dcs philosoplics, c'cst que Ics seuls hoinnies
qu'eux seuls possedont la veritc. Les douteurs, au
lidi'les eulanls do I'K^^lise, parcc
separent de Dicu
conlraiic, somblcut lous jnstilier ccltc grande parole, que ceux qui se
plus incredules sont aussi les plus supersliticux.
onl I'csprit Courvoyc; car, parmi eux, les
croieul aux reveiiants; ils out pcur du nombrc 13;
lis repoussent les doguies revelcs,
el ils

recherchent I'cxplicalion dcs songcs; ils


ils onl uu prejiigc ^contic le vendredi; ils
I'avenir dans des combinaisons dechiffres;
consulteul Ics tireiiscs de cartes; ils etudicnt
cite un savant de nos jours qui poursuit I'elixir dc
vie;
ils redoutent les presages. On a
cabalisliques;
uu malbemalicicn cclebre qui croit les elemenls pcuples par les essences
pas croit a Dieu et qui execute les ceremonies du grimoire
uu pliilosopbe qui ne sail s'il

pour fairc venir le diable.


des evolutions de I'esprit bumain;
Cc livre done repioduit les aspects Ics plus elranges
csprils, lutins, lees, genies, demons, spectres ct
il expose tout ce qui conccrne les
prestiges dcs cbarmcurs, la nomenclature
nmlomcs, les sorcicrs ct leurs maleficcs, Ics

ct les fonclions des demonsdes magiciens, les traditions supcrstiticuscs, les recits de
et
II ouvrc les cent portes fanlastiques dc
lavcnir,
laits surnaturels, les conlcs populaircs.
depuis la cbiromancie des bobemiens jusqu'a
par la defmilion claire des divinations,
jcu de cartes. L'aslrologic, Talcbimie, la cabale,
I'art de predire par le marc de cafe ou le
place en des notices qui resument par quelques
la phrcnologie, le magnetisme, out leur

pages dc longs ct lourds in-folio. Enlin, le spiritisme, les tables parlanlcs et les progres

du'' magnetisme se trouvcnt dans ces pages.


Depuis quarantc-cinq ans, I'aulcur n'a cessc
dans des milliers de volumes.
d'agrandir cc patient travail, en poursuivant ses rcchercbes
toutcs les varictes
Avant pcrsonne n'avait song6 a reunir en un scul corps d'ouvrage
lui,
Ic Diclionnaire infernal; ct nul no peul nicr I'ulilile de celtc cnlreprise.
que rasscmblc
une verite obscurcie,
Les superstitions et les erreurs out toujours pour fondement
Si on les groupe, elles font saillie, ct
alteree ou trahie; les eclairer, c'est les combatlre.
produit la lumiere dans ces pauvres
leurs difformites se revelent. Ainsi, peu a pen, on
intelligences qui de s'elever jusqu'aux myslercs sublimes de la foi, et qui
refusent
impostures. On donne aussi des armes
s'abaisscnt a croire fermemcnl les plus grossieres
auxquelles se soumeltent des esprits
aux amis dc la verite, pour confondre les deceptions
pas leur faiblesse.
qui sc croient superieurs, parce qu'ils ne sentent
dc notre epoque, qui exige dcs
Par-dessus ces avantages, on a voulu salisfaire le gout
lectures piquantes, et, les sujets aidant, on a
pu lui offiir tres-frequemmcnt ces excenlri-
cites, ces singularitcs cet imprevu et ces
,
emotions dont il est si avide.
avec grand soin, I'a augmentee de
L'auteur de cette sixiemc edition, en la revoyant
gravures, parmi lesquelles 72 portraits de
800 articles; et I'editeur I'a illustree de 550
dessines, d'apres les documents dc Wierus et des
plus curieux demonographes,
demons,
par M. L. Breton.
,,

LA DAASE DES Vi.ES.

DICTIONNAIRE INFERNAL.
<-fS[3»-> —

Aaron, magicien dii Bas-Empire, qui vivait le dimanche ni aux heures des saints offices,
du temps de I'einpereiir Manuel Comnene. On temps oil les demons ont peu de joie). Elle
conte qu'il possedait les Clavicules de Salomon trouva au sabbat grande compagnie, vit que ce-
,

qu'au moyen de ce livre il avail a ses ordres des lui qui presidail avail a la tele deux visages,
legions de demons et se melait de necromancie. comme Janus, remarqua des crapauds royale-
On lui fil crever les yeux; apres quoi on lui ment velus et tres-honores, et ful scandalisee des
coupa la langue et ce ne fut pas la une viclime debauches anxquelles se livraient les sorcieres.
,

de quelque fanalisme on le condamna comme Du resle, elle ne fit rien de criminel ct ful re-
;

bandit :on avail trouve chez lui, enlre auLres mise a son logis par le memo moyen de transport
abominations, un cadavre qui avail les piedsen- qui I'avail emmenee. Elle se reveilla alors el ra-
chaines et le coeur perce d'un clou. (Mcetas, massa une petite relique que le diable avail eu
Annalcs, liv. IV.) la precaution d'oter de son cou avant de I'em-

Abaddon le destrucleur chef des demons de porter. 11 parail que le bon cure a qui elle con-
, ;

la seplieme hierarchie. C'est quelquefois le nom fessa son aventure lui fil comprendre cn vain les
de range exterminateur dans I'Apocalypse. dangers qu'elle avail courus; elle retourna au
Abadie (Jeannette d'), jeune fille du village sabbat el y fil sans scrupule lout ce que Satan
de Siboure ou Siboro en Gascognc. Delancre
, ou ses representants lui conseillaient de faire,
dans son Tableau de I'inconslance des demons se disanl a elle-meme qu'en faisant le mal pres-
raconle que Jeannette d'Abadie dormant, un
,
cril elle n'en ctait pas responsable. Voy. Sabbat,
dimanche (le 13 seplembre 1609), pendant la BaLCOIN, LOL'PS-GA/iOUS, ctc.
sainle messe un demon profila du moment et
, Abalam, prince de I'enfer, tres-peu connu. II

I'emporla au sabbat (quoiqu'onne fitlesabbal ni est de la suite de Paymon. Vo\j. ce mot.


K
,
,, ,

ABA —2— ABE

Abano. I'oy. Pieuri-; d'Apone. nographes que si une sorciere, avant d'etre
Abaris, grand prelrc d'Apollon qui ,
lui donna prise, avail mange la reine d'un essaira d'abeilles,
line IK-cho d'or sur laquellc il chevaucliail par ce cordial lui donnail la force de supporter la
les airs avcc la rapidile d'un oiseaii ; ce qui a torture sans confessor ' ; mais celle decouverle
fait que Grecs I'ont appele VAcrobate. 11 fut,
les n'a pas fait principe.

dil-on, mailre de PyLhagore, qui lui vola sa Dans certains cantons de la Bretagne , on pre-
fl5che, dans laquelle on doil voir quelque allego- tend que les abeilles sont sensibles aux plaisirs
ric. On ajoute qu' Abaris predisait I'avenir, qu'il comme aux peines de leurs mailres et qu'elles ,

apaisail les orages, qu'il chassait la peste; on ne reussissenl point, si on neglige de leur faire

conle meme que, par ses sciences magiques, il part des evenements qui interessent la maison.
avail Irouve I'art de vivre sans boire ni manger. Ceux qui onl celle croyance ne manquenl pas
Avec les os de Pelops il fabriqua une figure de , d'atlacher a leurs ruches un morceau d'etoffe
Minerve qu'il vendit aux Troyens comme un ta-
,
noire lorsqu'il y a une morl chez eux, et un
lisman descendu du ciel c'est le Palladium qui : morceau d'etoffe rouge lorsqu'il y a un mariage
avail la reputation de rendre imprenable la ville ou loute autre fete ^.
oil il se Irouvait. Les Circassiens, dans leur religion melee de
Abdeel (Abraham), appele communemenl christianisme de mahometisme el d'idolalrie
,

Schoenewald (Beauchamp) predicateur a Custrin, ,


honorent la Mere de Dieu sous le nom de Me-
dans la Marche de Brandebourg, fit imprimer a rieme ou de Melissa. lis la regardent comme la
Than, en 1572, le Livre de la parole cacheUe, patronne des abeilles dont elle sauva la race en
,

dans iequel il a fait des calculs pour trouver qui conservant dans sa manche une de leurs reines
est I'Antechrist et a quelle epoque il doit paraitre. un jour que le tonnerre menagait d'exterminer
Cette methode consiste a prendre au hasard un lous les insectes. Les revenus que les Circassiens
passage du prophete Daniel ou de rApocalyp.se tirenl de leurs ruches expliquent leur reconnais-

el a donner a chaque lettre depuis a jusqu'a z, ,


sance pour le bienfail qui les leur a preservees.
sa valeur numerique. A vaut 1 b vaut 2, c vaul , Solin a ecrit que les abeilles ne peuvent pas
8, et ainsi de suite. Abdeel declare que I'Ante- vivre en Irlande; que celles qu'on y amene y
christ est le pape Leon X. II trouve de la meme meurent tout a coup el que si Ton porle de la
;

maniere les noms


anges par lesquels
'des trois lerre de cette ile dans un autre pays el qu'on
I'Antechrist doit etre decouvert. ,Ces trois anges la repande autour des ruches, les abeilles sont

sor.t Huss, Luther et un certain Noe qui nous est forcees d'abandonner ^la place parce que celle ,

inconnu. lerre leur est mortelle. On lit la meme chose


Abd-el-Azys, astrologue arabe du dixieme dans les Origines d'Isidore. « Faut-il examiner,
siecle plus connu en Europe sous le nom d'Al-
,
ajoute le pere Lebrun dans son Histoire critique
chabilius. Son I'raiU d'astrologie judiciaire a ele des superstitions , d'ou peut venir cette malignite
traduit en latin par Jean de Seville [Hhpalensis), de la lerre d'lrlartde? Non, car il suffit de dire
L'edition la plus recherchee de ce livre : Alcha- que c'est une bourde et qu'on trouve en Irlande
,

hiims, cum commmto, est celle de Venise , 1503, beaucoup d'abeilles. »


In-h" de UO pages. Abel, fils d'Adam. Des docleurs musulma'ns
Abdias de Babylone. On attribue a un ecri- disent qu'il avail quarante-huil pieds de haul. II

vain de ce nom du combat merveilleux


I'histoire se peut qu'ils aienl raisonne d'apres un lertre
que livra saint Pierre a Simon le Magicien. Le long de cinquanle-cinq pieds, que I'on montre au-
livre d' Abdias a ele traduit par Julius Africanus, pres de Damas et qu'on nomme la tombe d'Abel.
,

sous ce litre : Historia certaminis aposlolici Les rabbins onl ecrit beaucoup sur Abel. lis
1566, in-S". lui atlribuent un livre d'astrologie judiciaire qui
Abeilard. 11 est plus celebre aujourd'hui par lui aurail ele revele el qu'il aurait reuferme dans

ses tragiques desordres que par ses ouvrages une pierre. Apres le deluge, Hermes-Trismegisle
theologiques , dont les dangereuses erreurs lui le Irouva il
:
y appril I'arl de faire des talismans
attirerent juslemenl les censures de saint Ber- sous I'influence des conslellations. Ce livre est
nard. 11 mourul en ll/i2. Vingt ans apres, He- intitule Liber de virlutibus planclarum et de
loise ayanl ele ensevelie dans la meme tombe, omnibus reruni mundanarum virlutibus. Voy. le
on conle (mais c'est un pur conle) qu'a son ap- traile De essentiis essentiarum , qu'on decore
proche la cendre froide d' Abeilard se rechauffa faussemenl du nom de saint Thomas d'Aquin,
tout a coup el qu'il etendil les bras pour rece-
, pars IV, cap. ii. Voy. les Legendes de I'Ancicn
voir celle qui avail ele safemme. Leurs restes Testament.
etaient au Paraclel, dans une precieuse tombe Abel de la Rue, dil le Casseur, savetier et
gothique que Ton a Iransportee a Paris en 1799 mauvais coquin qui fut arrete en 1582, a Cou- ,

et qui est presenlemeal au cimetiere du Pere- lommiers, et brule comme sorcier, magicien,
Lachaise. 1 Wierus, De prcsstigiis, lib. VI, cap. vii.
Abeilles. C'etait Tophiion de quelques demo- 2 Gambry, Voyage dans le Finistere, t. II, p. <6.
ABE 3 - ABR
noueur d'aiguillettes , et princi-palement comme cause d'aboiement; il racontait qu'etant mousse
voleiir et meurlrier. Voy. Ligatures. a bord d'un caboteur, il avait ete precipito a la
Aben-Ezra. Voy. Macha-Halla. mer par un coup de vent; I'epouvante I'avait
Aben-Ragel, astrologue arabe, ne aCordoue frappe d'un lei aneantissement, qu'il n'en etait
au commencement du cinquieme siecle. II a laisse sortique pour subir des suffocations qui I'empe-
im livre d'horoscopes d'apres I'inspection des
,
cherent de parler pendant une semaine. Lorsque
etoiles, tradait en latin sous le litre De judiciis la parole lui revint, elle s'entrecoupa a chaque

seufatis stellarum, Venise, 1485; rare. On dit phrase de cris v^hements, remplaces bientot
que ses pre'dictions, quand il en faisait, se dis- par des aboiements saccades qui duraient quel-
linguaient par une certitude tres-estimable. ques secondes. Ces spasmes furent reconnus bien
Abigor, demon d'un ordre superieur, grand- reels, et le consent fut reforme.
due dans la monarchie infernale. Soixante le- Mais il y a en Bretagne des aboyeuses qui ap-
gions marchent sous ses ordres *. II se montre portent en naissant cel^te affreuse inflrmile im-
sous la figure d'un beau cavalier portant la lance, plantee dans quelques families. Les bonnes gens
voient la un maleOce el nous ne savons comment
,

expliquer une si Iriste raisere.

Nous pourrions citer un homme qui, dans


I'agonie qui preceda sa mort, agonie qui dura
trois jours,ne s'exprima que par des aboiements
etne put retrouver d'autre langage. Mais celui-la,
dans la profanation des eglises, en 1793, avait
enferme son chien dans un tabernacle.
Nous connaissons aussi une famille oii le pere
el la mere devenus muets nous ne savons par
,

quelle cause ni pour quelle cause, n'ont que des


enfanls muets. Ainsi les freres et les soeurs ne
poussent que des cris inarticules et ne s'entendent
pas autrement pour les plus urgents besoins de
la vie.

Abracadabra. Avec ce mot'd'enchantement,


qui est tres-celebre on faisait, surtoul en Perse
,

et en Syrie , une figure magique a laquelle on


attribuait le don de charmer diverses maladies
et de guerir particulierement la fievre. II ne fal-
I'etendard ou le sceptre; repond habilement
il
laitque porter autour du cou celte sorte de phi-
fiur tout ce qui concerne les secrets de la guerre,
lactere, ecrit dans la disposition triangulaire que
sait I'avenir, et enseigne aux chefs les moyens de
voici :

se faire aimer des soldats. ABRACADABRA


Abime et plus correctement abysme. C'est le
, ABRACADABR
nom qui est donne, dans I'Ecriture sainle, 1° a ABRACADAB
I'enfer, 2° au chaos tenebreux qui preceda la
ABRACAI5A
ABR AC AID
creation. ABRACA
Abominations. Voy. Sabbat. ABR AC
Abou-Ryhan autrement appele Mohammed- ABR A
,

ben-Ahmed, astrologue arabe, mort en 330. ABR


AB
II passe pour avoir possede a un haut degre le
A
don de predire les choses futures. On lui doit
Abracax ou Abraxas, I'un des dieux de
une introduction a I'aslrologie judiciaire.
quelques theogonies asiatiques, du nom duquel
AboyeurSi II y a en Bretagne et dans quel-
on a tire le philactere abracadabra. Abracax est
ques autres contrees des hommes et des femmes
represente sur des amulettes avec une tete de
affectes d'un certain delire inexplique, pen-
coq, des pieds de dragon et un fouet a la main.
dant lequel ils aboient absolument comme des
Les demonographes onl fait de lui un demon,
chiens. Quelques-uns parlent a travers leurs
qui a la tete d'un roi et pour pieds des serpents.
aboiements, d'autres aboient et ne parlent plus.
Les basilidiens, heretiques du deuxieme siecle,
Le docteur Champouillon a essaye d'expliquer ce
voyaient en lui leur dieu supreme. Comme ils
terrible phenomene, en I'attribuant aux suites
trouvaient que les sept lettres grecques dont ils
d'une frayeur violente. II cite un jeune consent
formaient son nom faisaient en grec le nombre
de la classe de 1853 qui, appele devant le con-
365, qui est celui des jours de I'annee, ils pla-
seil de revision, reclama son exemption pour
gaient sous ses ordres plusieurs genies qui presi-
* Wierus, in Pseudomonarchia dwm., etc. daient aux trois cent soixante-cinq cieux , et
4.
,
; ;

A BR — h — ABS
auxqiiels ils aUril)iiaieiil Irois ccnl soixantc-ciiiq un mediant patre , nomme Pierron ,
consul un
pour cliaquc jour. Lcs basilidieiis di-
vcrliis, line amour violent pour une jeune filie de son voisi-
saicnL encore que Jcsus-ClirisL, Nolrc-Seignciir, nage. Or eel homme mauvais etail marie il avait ;

meme de sa femme un petit garqon. Un jour qu'il


ctait occupe de la criminelle penseede son amour,
la jeune filie qu'il convoitail lui apparut dans ia
campagne : c'etait un demon sous sa ligure. Pier-
ron lui decouvrit sa passion ; la prelendue jeune
filie promil d'y repondre, s'il se livrail a elle et
s'il jurait de lui obeir en toutes choses. Le pa ire
ne refusa rien , et son abominable amour fut ac-
cueilli. —
Peu de temps apres, la jeune fille, ou
le demon qui se faisait appeler Abrahel par son
adorateur, lui demanda, comme gage d'atlache-
ment, qu'il lui sacrifiat son fils. Le patre regut
une pomnie qu'il devait faire manger a I'enfanl

n'etait qu'iin fanLome bienveillant envoye sur la


icrre par Abracax. lis s'ecarlaient de la doctrine
de leiir chef.
Abraham. Tout le monde connait Thistoire de
ce saint palriarche, ecrite dans les livres sacres.
Les rabbins el les niusulmans I'ont chargee de
beaucoup de traditions curieuses, que le lecteur I'enfant, ayanl mordu dans la pomme, lomba
peut Irouver dans les Ugendes de I'Ancicn Tes- mort aussilot. Le desespoir de la mere fit tant
tament. d'effet sur Pierron, qu'il courut a la recherche
Les Orientaux voient dans Abraham un savant d'Abrahel pour en oblenir reconfort. Le demon
astrologue et un homme puissant en prodiges. promil de rendre la vie a I'enfant, si le pere vou-
Suidas et Isidore lui attribuenl I'invention de I'al- lait lui demander celte grace a genoux, en lui
phabet, qui est dia a Adam. Voy. Cadmus. rendant le culte d'adoralion qui n'est du qu'a
Les rabbins font Abraham auteur d'un livre Dieu. Le patre se mil a genoux , adora , et aussi-
De V explication des songes,
que Joseph livre lot I'enfant rouvrit les yeux. On le frictionna, on
disenl-ils, avait etudi^ avant d'etre vendu par le rechauffd; il recommenca
marcher el a par- a
ses freres. On met aussi sur son compte un ou- ler. 11 elait le meme qu'auparavant, mais plus

vrage intitule Jetzirah, ou la Creation que pUi- ,


maigre, plus have, plus defait, les yeux ballus
sieurs disent ecrit par le rabbin Akiba. Voy. ce el enfonces, les mouvements plus pesants. Au
nom. Les Arabes possedent ce livre cabalistique, bout d'un an, le demon qui I'animait I'abandonna
qui traite de Torigine du monde ils I'appellent : avec un grand bruit , et I'enfant tomba a la ren-
le Sepher. Onque Vossius, qui raisonnait tout
dit verse...
de travers la-dessus s'etonnait de ne pas le voir
, Celte hisloire decousue et incomplete se ter-
dans les livres canoniques. Postel I'a traduit en mine par ces mots, dans la narration de Nicolas
latin on I'a imprime a Paris en 1552
: a Mantoue ; Remy Le corps de I'enfant d'une puanteur
: (( ,

en 1562, avec cinq commentaires a Amsterdam ; insupportable, fut tire avec un croc hors de la
en 16/(2. On y trouve de la magie et de I'astrolo- maison de son pere et enlerre dans un champ. »
gie. — « C'est un ouvrage cabalistique tres-ancien — II n'est plus question du demon succube ni du

ettres-c^lebre, dit le docteur Rossi. Quelques-uns p&lre.


le croienl compose par un ecrivain anterieur au Absalon. On a ecrit bien des choses supposees
Talmud, dans lequel il en est fait mention. » — a propos de sa chevelure. Lepellelier, dans sa
Le litre de I'ouvrage porte le nom d' Abraham dissertation sur la grandeur de I'arche de Noe,
mais ajoutons qu'il y a aussi des opinions qui le dit que toutes les fois qu'on coupait les cheveux
croienl ecrit par Adam lui-meme. d'Absalon, on lui en olait Irenle onces...
Abrahel, demon succube, connu par une Abstinence. On prelend, comme nous I'avons
aventure que raconte Nicolas Remy dans sa De- dit, qu'Abaris ne mangeait pas et que les magi-
monoldtrie, et que voici : — En I'annee 1581, ciens habiles peuvent s'abstenir de manger el de
dans le village de Dalhem, au pays de Limbourg, boire.
,, ;

ABU —5— ACH


Sans parler des jeunes merveilleux dont il est heure apres il (3tait murt. On suppose que les che-
fait mention dans la vie de quelqties saints, Marie nilles deposent dans cette saison sur les cerises

Pelet de Laval, femme du Hainaut, vecut trente- qu'elles touchent une substance que I'ocil dis-

deux mois (da 6 novembre 1754 au 25 jiiin 1757) tingue a peine, mais qui n'en est pas moins un
sans recevoir aucune nourriture, ni solide ni poison. C'est done s'exposer que de manger ces
liqiiide. Anne Harley, d'Orival pres de Rouen ,
fruits sans avoir pris la sage precaution de les

se soutint vingt-six ans en buvant seulement un laver. »

pen de lait qu'elle vomissait quelques moments Accouchements. Chez les Grecs, les char-
apres I'avoir avale. On citerait d'autres exemples. meuses retardaient un accouchement, un jour,
Dans les idees des Orientaux, les genies ne se une semaine et davantage, en se tenant les
noni-rissent que de fiimees odorantes qui ne pro- jambes croisees et les doigts entrelact-s a la porte
duisent point de dejections. de la pauvre femme prise des douleurs de I'en-
Abundia, fee bienfaisante honoree en Thu- fantement. Voij. Actite.
ringe comme prolectrice. Elle visite les maisons Accouchements prodigieux. Torquemada,
ou elle mange avec ses compagnes ce
et boit dans son Exameron, cite une femme qui mit au

qu'on leur a prepare mais sans que rien des mets


, monde sept enfants a la fois a M(idina del Campo
,

soit diminue par elles. Elles soignentles etables; une autre femme de Salamanque qui en eut neuf
et on a des marques de leur passage par des d'une seule couche. Jean Pic de la Mirandole as-
gouttes de leurs cierges de cire jaune, qu'on re- sure qu'une femme de son pays eut vingt enfants
marque sur la peau des animaux domestiques. en deux grossesses neuf dans I'une et onze dans
,

Acatriel, Fun des trois princes des bons de- I'autre. Voy. Irmentrude, Trazegnies, Imagina-

mons, dans la cabale juive qui admet des demons ,


tion. Torquemada parle aussi d'une Italiennequi
de deux natures. mitau monde soixante-dix enfants a la fois; puis
Acca-Laurentia appelee aussi Lxtpa : la,
il rapporte, comme a I'abri du doute, ce que conte
Louve, a cause de ses moeurs debordees, etait Albert le Grand, qu'une Allemande enfanta, d'une
mise au rang des divinites dans I'ancienne Rome, seule couche, cent cinquante enfants, tous enve-
pour avoir adople et nourri Romulus. loppes dans une pellicule, grands comme le petit

Accidents. Beaucoup d'accidents pen ordi- doigt et tres-bien formes'.


naires, mais naturels, auraient passe autrefois Acham, demon que Ton conjure le jeudi.
pour des sortileges. Voici ce qu'on lisait dans un Voy. Conjurations.
journal de 18/(1 —
((Mademoiselle Adele Mercier
: Achamoth, esprit, ange ou eon du sexefemi-
(des environs de Saint-Gilles) occupee il y a peu , nin, mere de Jehovah, dans les stupides doctrines

de jours a arracher dans un champ des feuilles de des valentiniens.


murier, fut piquee au bas du cou par une grosse Acharai-Rioho , chef des enfers chez les
mouche qui selon toute probabilite venait de
, , Yakouts. Voy. Mang-taar.
sucer le cadavre putrefie de quelque animal, et Acheron, fleuve de douleur dont les eaux
qui deposa dans I'incision faite par son dard une sont ameres I'un des fleuves de I'enfer des
;

ou quelques gouttelettes du sue morbifique dont paiens. Dans des relations du moyen age, 1' Ache-
elle s'etait repue. La douleur, d'abord extreme- ron est un monstre; dans la mythologie grecque,
ment vive, devint insupportable. II fallut que Acheron etait un homme qui donna a boire aux
mademoiselle Mercier fut reconduite chez elle et Titans alteres Jupiter Ten chatia en le changeant
;

qu'elle se mit au lit. Lapartie piquee s'enflapro- en fleuve et le jetant dans les enfers.
digieusement en peu de temps : I'enflure gagna. Acherusie, marais d'Egypte pres d'Heliopo-
Atteinte d'une fievre algide qui acquit le carac- lis. Les morts le traversaient dans une barque,

tere le plus violent, malgre tous les soins qui lui lorsqu'ils avaient ete juges dignes des honneurs
furent prodigues, et quoique sa piqure eut ete de la sepulture. Les ombres des morts enterres
cauterisee et alcalisee , mademoiselle Mercier dans le cimetiere voisin erraient, disait-on, sur
mourut le lendemain dans , les souffrances les plus lesbords de ce marais, que quelques geographes
atroces. » appellent un lac.

Le Journal du Rhone racontait ce qui suit en Achguaya-Xerac. Voy. Guayotta.


jiiin 1841 :

« Un jeune paysan des environs de Achmet, devin arabedu neuvieme siecle, au-
Bourgoin, qui voulait prendre un repas de cerises, teur d'un livre De I'interprdtation des soncjes,
commit I'imprudence, lundi dernier, de monter suivant les doctrines de I'Orient. Le texle origi-
sur un cerisier que les chenilles avaient quitte nal de ce livre est perdu mais Rigault en a fait
;

apres en avoir devore toutes les feuilles. II y


avait vingt minutes qu'il satisfaisait son caprice 1 Plusieurs de ces fails, s'ils sont bien authenti-
ou son appetit, lorsque presque instantanement ques, peuvent etre des miracles. Une aventure plus
prodigieuse, et qui est admise comme un cliatiment
il se sentit atteint d'une violente inflammation a
miraculeux, a eu lieu en Hollande. Voyez, dans les
la gorge.Le malheureux descendit en poussant Ler/endes des Verlus theologales Les plats de Loos-
:

peniblement ce cri J'dlouffe! j'elouffe! Une demi-


: duynen.
:

AGO —6— ADA


imer la iraducLion grecque eL
iinpi latine a la suite un fragment conserve des memoires qu'il avail
de I'Ondirocrilique d'Arlemidore ;
Paris, 1603, ecrils sur sa vie, il raconle que sa mere, elanl

in-/|°. enceinte de lui, crut voir .sortir de son cote droit


Aconce (Jacques) , cure apostat du diocese de un veau; ce qui elait, dit-il, le pronoslic des
Trente, qui, pousse par la debauche, embrassa graces dont il fut comble en naissant par le mi-
le proLesLunlisnie en 1557, el passa en Angle- nistere d'un ange. On arreta le cours des extra-
terre. La reinc ElisabeLh lui lit une pension. vagances de cet insense en I'enfermant dans une
Aussi 11 ne nianqua pas de I'appeler diva FAisa- prison, ou il mourut.
betha, en lui dediant son livre Dcs stratagemes Adam, le premier homme. Sa chute devant
de SatanK Mais nous ne mentionnons ce livre ici les suggestions de Satan est un dogme de la reli-
qu'a cause de son Hire ce n'est pas un ouvrage
: gion chretienne.
de demonomanie c'est une vile et detestable dia-
, Les Orientaux font d'Adam un geant deme-
tribe conlre le Catholicisme. sure, haul d'une lieue; ils en font aussi un magi-

Adalbert, heretique qui fit du bruit dans les cien, un cabaliste; les rabbins en font de plus
Gaules au huitieme siecle; il est regarde par les un alchimiste et un ecrivain. On a suppose un
uns comme un habile faiseur de miracles et par testament de lui et enfin les musulmans regret-
;

les autres comme un grand cabaliste. 11 distri- tent loujours dix traites merveilleux que Dieu lui
buait les rognures de ses ongles et de ses che- avait dictes
veux, disant que c'etaient de puissants preserva- Adam (I'abbe). 11 y eut un temps ou I'on
tifs; il contait qu'un ange, venu des extremites voyait le diable en toutes choses et partout, et
du monde, lui avait apporte des reliques et des peut-etre n'avait-on pas tort. Mais il nous sem-
amuletles d'une saintete prodigieuse. On dit raeme ble qu'on le voyait Irop maleriellement. Le bon
qu'il se consacra des aulels a lui-meme et qu'il se et naif Cesaire d'Heisterbach a fait un livre d'his-
fit adorer. 11 pretendait savoir I'avenir, lire dans toires prodigieuses ou le diable est la machine
la pensee et connaitre la confession des pecheurs universelle; il se montre sans cessc et sous di-
rien qu'en les regardant. 11 raontraitimpudemment verses figures palpables. C'etait surtuut a I'epo-
une letlre de Notre-Seigneur Jesus-Christ, disant que ou Ton s'occupait en France de rextinction
qu'elle lui avait ete apportee par saint Michel. des templiers. Alors un certain abbe Adam qui ,

Baluze, dans son appendice aux Capitulaires des


rois francs, a public cette lettre, dont voici le
titre : —
« Au nom de Dieu lei commence la :

de Notre-Seigneur Jesus-Christ, qui est tom-


lettre
bee a Jerusalem, et qui a ete trouvee par I'ar-
change saint Michel lue et copiee par la main
,

d'un pretre nomme Jean, qui I'a envoyee a la


villede Jeremie a un autre pretre, nomme Tala-
Talasius I'a envoyee en Arable a un autre
^sii^s;,,^t

pretre, nomme Leoban; et Leoban I'a envoyee a


la ville de Betsamie ou elle a ete recue par le
,

pretre Macarius, qui I'a renvoyee a la montagnc

du saint archange Michel et par le moyen d'un ;

ange, la lettre est arrivee a la ville de Rome, au


sepulcre de saint Pierre, ou sont les clefs du
royaume des cieux; et les douze pretres qui sont
a Rome ont fait des veilles de trois jours, avec
des jeiines et des prieres, jour et nuit, » etc. El
Adalbert enseignait a ses disciples une priere qui
debutait ainsi
« Seigneur, Dieu tout-puissant, pere de Notre-

Seigneur Jesus-Chnst, Alpha et Omega, qui eles


sur le trone souverain, sur les Cherubins et les
Seraphins, surl'ange Uriel, I'ange Raguel, I'ange
Cabuel, I'ange Michel, sur I'ange Inias, I'ange
Tabuas, I'ange Simiel et I'ange Sabaoth, je vous
prie de m'accorder ce que je vais vous dire. » gouvernait rabbayedesVaux-de-Cernay, au dio-
C'etait, comme on voit, tres-ingenieux. Dans cese de Paris, avait I'esprit tellement frappe de
I'ideeque le diable le guellait, qu'il croyait le
1 De stratagematibus Satancc in religionis negotio, reconnaitre a chaque pas sous des formes que
per superstitionem, errorem, hwresim, odium, ca-
lumniam, schisma, etc., lib. VIII. Bale, 1565. Sou- * Voyez les legendes d'Adam des preadamites el
,

vent r^imprime et traduit en plusieurs langues. des genies, dans les Legendes de I'Ancien Testament.
, ,

ADA ADE
sans doute le diable n'a pas souvent imagine de tien a Conslanlinople, sous le regno do Con-
prendre. — Un jour de visiter une
qu'il revenait stance, a qui il dedia ses deux livres sur la
de ses petites metairies, accoinpagne d'un servi- Phijsiognomonie ou de juger les homines
I'art

teur aussi credule que lui, I'abbe Adam racontait par leur figure. Get ouvrage plein de contra-
,

comment le diable I'avait harcele dans son dictions et de reveries, a ete imprime dans quel-
voyage. L'esprit malin s'etait montre sous la ques collections notamment dans les Scripto-
,

figure d'un arbre blanc de frimas, qui semblait res physiognomonicB vefcrcs, grec et latin, cura
venir a lui. —
C'est singulier, dit un de ses amis; J,-G.-F. Franziij Allembourg, 1780, in-8",
n'etiez-vous pas la proie de quelque illusion Adamiens ou Adamites. Heretiques du se-
causee par la course de votre cheval ? Non — cond dans I'espece des basilidiens. lis se
siecle,
c'etait Satan. Mon cheval s'en effraya ; I'arbre mettaient nus et proclamaient la promiscuite des
pourtant passa au galop et disparut derriere nous, femmes. Clement d'Alexandrie dit qu'ils se van-
il laissait une certaine odeur qui pouvait bien taient d'avoir des livres secrets de Zoroastre,
etre du soufre. —
Odeur de brouillard, mar- ce qui a fait conjecturer a plusi'eurs qu'ils etaient
motta I'autre. — livres a la magie.
Le diable repa- Adelgreiff
rut, et celte fois ( Jean - Albert ) ,

c'etait un cheva- fils naturel d'un


lier noir qui s'a- pasteur alle-
vancait vers nous mand, qui lui
pareillement. — apprit le latin, le
Eloigne-toi, ku grec , I'hebreu et
criai-je d'unevoix plusieurs langues
etouffee. Pour- modernes. II de-
quoi m'attaqaes- vint fou et crut
tu? II passa en- avoir des visions.
core, sans avoir II disait que sept

I'airde s'occuper anges I'avaient


de nous. Mais il charge de repre-
revint une troi- senter Dieu sur
sieme fois ayant la terre et de cha-
la forme d'un tier les souve-
horame grand et rains avec des
pauvre, avec un verges de fer. 11

cou long et mai- signait ses de-


gre. Je fermai les crets : « Jean Al-
yeux et ne le re- brecht Adelgreiff,
vis que quelques Kihi Schmalkhil-
instants plus tard mandis , archi -
sous le capuchon souverain pon -
d'un petit moine. tife,roidu royau-
Je crois qu'il avait me des cieux
sous son froc une juge des vivanls
rondache dont et des morls,
Adelilcs.
il me raenacait. Dieu etpere, dans
— Mais , inter- la gloire duquel
rompit I'autre, ces apparitions ne pouvaient-elles le Christ viendra au dernier jour, Seigneur de
pas etre des voyageurs naturels? Commesion — tous les seigneurs et Roi de tous les rois. » II

ne savait pas s'y reconnaitre comme si nous ne ! causa beaucoup de troubles par ses extrava-
I'avions pas vu derechef sous la figure d'un gances, qui trouverent, comme toujours, des
pourceau, puis sous celle d'un ane, puis sous partisans. On lui attribua des prodiges, et il
celle d'un tonneau qui roulait dans la campagne, fut brule a Kcenigsberg comme magicien here- ,

puis enfin sous la forme d'une roue de charrette tique et perturbateur le 11 octobre 1636. II
,

qui, si je ne me trompe, me renversa, sans toa- avait predit avec assurance qu'il ressusciterait le
tefois me faire aucun mal Apres tant d'as- !
— troisieme jour, ce qui ne s'est pas verifie.
sauts, la route s'etait achevee sans autres mal- Adeline, ou plutot Edeline. Voy. ce mot.
encontres Voy. Hallucinations. Adelites, devins espagnols qui se vantaient
Adamantius, medecin juif, qui se fit chre- de predire par le vol ou le chant des oiseaux
ce qui devait arriver en bien ou en mal,
1 Robert Gaguin ,
Philipp. Adelung (Jean-Christophe) , litterateur alle-
ADE —8— AET
inand, morl a Drosde en 180G. 11 a laisse uii ou- Adranos, idole sicilienne, qui a donne son
vrage iiUitiilu Hhtoirr. des folies hit maims , ou nom a la ville d'Adranum, aujourd'hui Aderno.
Biograpliie des plus celebres necronianciens, al- On elevait dans son temple mille chiens, dits sa-
cliiinisles ,
devins, etc.; sept parties; Leipzig. cres, qui avaienl pour mission principale de re-
1785-1789. conduire chez eux les hommes ivres.

Adeptes, nom que prennent les alcliimisles Adrien. Se trouvant en Mesie, a la tete d'une
qui pivloiVdent avoir troiive la pierre philoso- legion auxiliaire, vers la fin du regne de Domi-
pliale et I'eiixir de vie. lis disenl qu'il y a tou- tien, Adrien consulta un devin (car il croyait

jours onze adeptes dans ce nionde; et, comme aux devins et a I'astrologie judiciaire), lequel lui
I'eiixir rend immortels, lorsqu'un nouvel
les predit qu'il parviendrait un jour a I'empire. Ce
alcliimiste a decouvert le secret du grand oeuvre, n'etait pas, dit-on, la premiere fois qu'on lui fai-

il faiit qu'nn des onze anciens lui fasse place et sait cette promesse. Trajan, qui elait son tuteur,
se retire dans un autre des mondes elemenlaires. I'adopta, et il regna en effet.

Ades, ou Hades, roi de I'enfer. Ce mot est On lui attribue en Ecosse la construction de la
pris souvent, chez quelques poetes anciens, pour muraille du Diable.
I'enfermeme, Fulgose, qui croyait beaucoup a I'astrologie,
Adhab-Algab, purgatoire des musulmans, ou rapporte , comme une
preuve de la solidite de
les inechants sont tourmentes paries angesnoirs cette science, que I'empereur Adrien, tres-habile
Munkir et Nekir. aslrologue, ecrivait tons les ans, le premier jour
Adjuration, formule d'exorcisme par laquelle du premier mois, ce qui lui devait arriver pen-
on coinniande, au nom de Dieu, a I'esprit malin dant I'annee, et que, I'an qu'il mourut, il n'e-
de dire ou de faire ce qu'on exige de lui. crivit que jusqu'au mois de sa mort, donnant a
Adonis, demon brule. Selon les demonolo- connaitre par son silence qu'il prevoyait son
gucs, il remplit quelques fonctions dans les incen- trepas. Mais ce livrede I'empereur Adrien, qu'on
dies'. Des savants croient que c'est le meme ne montra qu'apres sa mort, n'utail qu'un journal.
que le demon Thamuz des Hebreux. Aeromancie, art de predire les cboses fu-
Adoration du crapaud. Les sorciers n'ado- tures par I'examen des variations et des pheno-
rent pas seulement le diable dans leurs hideuses menes de Fair. C'est en vertu de cette divination
assembfees. Tout aspirant qui est recu la sor- qu'une comele annonce la mort d'un grand
cier apres certaines epreuves recoit un crapaud, homine. Cependant ces presages extraordinaires
avec I'ordre de I'adorer; ce qu'il fait en lui don- peuvent rentrer dans la teraloscopk.
nant un baiser en signe de reverence. Voy. Frangois de la Torre-Blanca dit que I'aero-
Sabb,\t. mancie est ^.'art de dire la bonne aventure en
Adramelech, grand chancelier des enfers, faisant apparaitre des spectres dans les airs, ou
intendant de la garde-robe du souverain des de- en representant, avec I'aide des demons, les
evenements fulurs dans un nuagc, comme dans
une lanterne magique. a Quant aux eclairs el au
tonnerre, ajoute-t-il, ceci regarde les augures; el
les aspects du ciel et des planeles appartiennent
a I'astrologie. »

Aetite, espece de pierre qu'on nomme aussi


pierre d'aigle, selon la signification de ce mot
grec, parce qu'on pretend qu'elle se trouve dans
les nids des aigles. Matthiole dit que les aigles
vonl chercher cette pierre jusqu'aux Indes, pour
faire eclore plus facilement leurs petits. De la
vient qu'on attribue a I'aetite la propriete de fa-
ciliter I'accouchement lorsqu'elle est attachee
au-dessus du genou d'une femme, ou de le relar-
der si on la lui met a la poitrine. Dioscoride —
dit qu'on s'en servait autrefois pour decouvrir
les voleurs. Apres qu'on I'avait broyee, on en
inelait la cendre dans du pain fait expres; on en
faisait manger a lous ceux qui elaient soupqon-
mons, president du liaut conscil des diables. II
nes. On croyait que, si pen d'aetile qu'il y eut
etaitadore a Sepharvaim, ville des Assyriens, qui
dans ce pain, le voleur ne pouvait avaler le mor-
bruiaienl des enfants sur ses autels. Les rabbins
ceau. Les Grecs modernes emploient encore
disent qu'il se montre sous la figure d'un mulet,
cette vieille superstition, qu'ils rehaussent de
et quelquefois sous celle d'un paon.
quelques paroles mysterieuses. Voy. Alphito-
* Wierus, De prcBStigiis dcemon., lib. I. MANCIE.
,

;EVO 9 — AGR

jEvoli (Cesar), auteurou collecleur d'un livre giques en sont pleins ,


principalement V Enchiri-
pea remarquable intitule Opuscules sur les al-
,
dion, attribue ridiculement au pape Leon III.

tributs divins et sur le pouvoir qui a ete donne Voij. Cabale.


aux demons de connaitre les Glioses secretes et Aglaophotis, sorte d'herbe qui croit dans les

de tenter les homines. Opmcula de divinis attri- marbrieres de I'Arabie, et dont les magiciens se
butis et de modo et. potestate quam dccmones ha- servaient pour evoquer les demons, lis em-
bent inteliujendi el passiones animi excilandi, ployaient ensuite I'anancilide et la syrrochile,

\n-k"; Venise, 1589. autres ingredients qui retenaient les demons evo-
Agaberte. (lAucuns parlent, dit Torquemada, ques aussl longtemps qu'on le voulait. Voy.
d"une certaine femme nommee Agaberte, fille Baaras.
d'un geant qui s'appelait Vagnoste, demeurant Agnan, ou Agnian demon qui tourmente les
,

aux pays septentrionaux ,


laquelle etait grande Americains par des apparitions et des mechan-
enchanteresse et la force de ses enchantements
;
cetes. U se montre surtout au Bresil et chez les

etait si variee qu'on ne la voyait presque jamais


en sa propre figure. Quelquefois c'etait une pe-
tite vieille fort ridee, qui semblait ne se pouvoir

remuer, ou bien une pauvre femme malade et


sans forces; d'autres fois elle etait si haute qu'elle
paraissait toucher les nues avec sa tele. Ainsi
elle prenait telle forme qu'elle voulait aussi ai-
sement que les auteurs ecrivent d'Urgande la
Meconnue. Et, d'apres ce qu'elle faisait, le monde
avait opinion qu'en un instant elle pouvait obs-
curcir le soleil , la lune et les etoiles, aplanir les
moots, renverser les montagnes, arracher lesar-
bres, dessecher les rivieres, etfaire autres choses
pareilles, si aisement qu'elle semblait lenir tons
les diables attaches et sujets a ses volontes'. »
Agares, demon. Voy. Aguares.
Agate, pierre precieuse a laquelle les an-
ciens attribuaient des qualites qu'elle n'a pas,
coinme de fortifier le coeur, de preserver de la
peste et de guerir les morsures du scorpion et de
la vipere.
Agathion, demon montre familier qui ne se
qu'a midi. II forme d'homme ou de
parait en
bete quelquefois il se laisse enfermer dans un
;

talisman dans une bouteille ou dans un anneau


,

magique^
Agathodemon , ou bon demon , adore des
Egyptiens sous la figure d'un serpent a tete hu-
maine. Les Grecs de I'Arcadie donnaient ce nom
a Jupiter. Les dragons ou serpents ailes, que les
anciens reveraient, s'appelaient agathodmmones, Topinamboux. II parait sous toutes sortes de
ou bons genies. formes, de fagon que ceux qui veulent le voir
Agla, sigle ou mot cabalistique auquel les peuvent le rencontrer partout.
rabbins allribuent le pouvoir de chasser I'esprit Agobard, archeveque de Lyon au neuviemc
malin. Ce mot se compose des premieres leltres siecle. II a ^crit centre les epreuves judiciaires
de ces quatre mots hebreux Alkali cjahor leo- : et centre plusieurs superstitions de son epoque.
lam, Adonai: « Vous eles puissant et eternel, On croyait de son temps que les sorciers fai-
Seigneur. » Ce charme n'etait pas seulement em- saient les tempetes, qu'ils etaient maitres de la
ploye par les Juifs et les cabalistes, quelques grele et des intemperies. Ainsi
dit le saint eve-
,

Chretiens heretiques s'en sont armes souvent que, on ote a Dieu son pouvoir tout- puissant
pour conibaltre les demons. L'usage en etait fre- pour le donner a des hommes. 11 ^claira done
quent au seizieme siecle et plusieurs livres ma- son diocese, et il est bon de remarquer ici que
c'est toujours I'Eglise qui a le plus conslamment
' Exameron, de Torquemada, traduit par Gabriel combattu les superstitions. Cependant elle a cru
Chappuis, Tourangeau, sixieme journee.
2
avec raison aux magiciens et aux malefices, mais
Leloyer, Disc, et hist, des spectres, liv. Ill ch. v.
,

^ Leloyer, Disc, et hist, des spectres, liv. VIII jamais a leur omnipotence.
ch. VI. Agrafena-Shiganskaia. L'une des maladies
. » ,

AGR — 10 — AGLl

les plus g^ndrales sur les cotes nord-est de la grand succes probablement ,
puisqu'il mourut
Siborie, siirtoiit parmi les femmes: c'est une ex- pauvre. II avait des pretentions a penetrer
treme delicatesse dcs nerls. CeLte maladie, ap- I'avenir, et on raconte qu'il promit au connetable

pelee mirak dans ce pays, peut etre causee par de Bourbon des succes contre Franqois I", ce qui
Ic defaiil absoki de toiite nourritiire vegetale ;
etait peu loyal car il etait alors le medecin de
,

mais la superstition I'altribue a Tinfliience d'une Louise de Savoie. On croit pouvoir etablir aussi
iTiagicienne nornmee Agrafena-Shiganskaia qui, ,
qu'il avait etudie les arts exlranaturels dans ces

bien que morle depuis plusieurs siecles conti- , universites occultes qui existaient au moyen age.
nue, comma les vampires, a repandre I'effroi Sa Philosophie occulte lui attira des persecu-
parmi les habitants et passe pour s'emparer des tions. On y voit, malgre d'habiles detours, les
malades. —M. de Wrangel, qui rapporte ce fait traces evidentes de la theurgie. Aussi il a laisse
dans le recit de son expedition au nord-est de la une certaine reputation parmi les pauvres etres
Siberie, ajoute que parfois on trouve aussi des qui s'occupent de sciences secretes et on a mis ,

hommes qui souffrent du mirak mais ce sont ; sous son nom de stupides opuscules magiques.
des exceptions. On croyait encore sous Louis XIV qu'il n'etait
Agrippa (Henri-Corneille), medecin et philo- pas mort. Voyez sa legende ou il est peuL-etre ,

soplie,contemporain d'Erasme, I'un des savants trop menage, dans les Legcndes infernalcs.
hommes de son temps, dont on I'a appele le Aguapa, arbre des Indes orientales dont on
Trismegiste; ne a Cologne en i486, mort en pretend que I'ombre est venimeuse. Un homme
1535, apres une carrierc orageuse, chez le rece- vetu qui s'endort sous cet arbre se releve tout
veur general de Grenoble, et non a Lyon ni dans enfle, et Ton assure qu'un homme nu creve sans
un hopital, comme
quelques-uns I'ont ecrit, 11 ressource. Les habitants attribuent a la mechan-
avait ete lie avec tous les grands personnages et cete du diable ces cruels effets. Voij. Bohon-
recherche de tous les princes de son epoque. Upas.
Charge souvent de negociations politiques, il fit . Aguares, grand-due de la partie orientale des
de nombreux voyages, que Thevet, dans ses enfers. montre sous les traits d'un seigneur
11 se
Vies des hommes illustres, attribue a la manie a cheval sur un crocodile I'epervier au poing.
,

de faire partout des tours de son metier de


((

magicien ; ce qui le faisait reconnaitre et chasser


incontinent »

11 revenir a la charge les fuyards du parli


fait

qu'il protege et metl'ennemi en deroute. Ildonne


Agrippa.
les dignites, enseigne toutes les langues, et fait

Entraine par ses etudes philosophiques dans danser les esprits de la terre. Ce chef des de-
011 la magie intervenait, comme mons est de I'ordre des vertus il a sous ses lois
des excentricites :

de nos jours le magnetisme et le spiritisme il ,


trente et une legions.
s'est egare dans la theurgie des neo-platoniciens Aguerre (Pierre d'). Sous Henri IV, dans

et s'est pose « heritier de I'ecole d'Alexandrie *. cette partie des Basses-Pyrenees qu'on appelait

II a done fait reellement de la magie comme ,


le pays de Labour*, on fit le proces en sorcel-

Ten accusent les demonologues, ou du moins il lerie aun vieux coquin de soixante-treize ans
I'a tente. II s'est occupe aussi de I'alchimie, sans qui se Pierre d' Aguerre et qui causait
nommait ,

beaucoup de maux par empoisonnements dits ,

1 M. Gougenol des Mousseaux : La magie au dix-


neuvieme siede, p. 210.
1 Lapurdum, autrefois, dans la Gascogne.
,, ;

AIG — 11 — AIM

sortileges. On en meme temps que


avail arrete , localiles, une divination par les aiguilles. — On
kii, Marie d'Aguerre et Jeanne d'Aguerre, ses prend vingl-cinq aiguilles neuves; on les met
petites-filles ou ses petites-nieces avec d'autres , dans une assiette sur laquelle on verse de I'eau.
jeanes lilies et les sorcieres qui les avaient ine- Celles qui s'affourchent les unes sur les autres
nees au sabbat. Jeanne d'Aguerre exposa les tur- annoncent autant d'ennemis.
pitudes qui se commettaient dans les grossieres On conte qu'il est ais6 de faire merveille
orgies on I'avait conduite elle y avail vu le
oii ; avec de simples aiguilles a coudre, en leur coin-
diable en forme de bouc. Marie d'Aguerre deposa muniquant une vertu qui enchante. Kornmann
que le demon adore au sabbat s'appelait Leo- ecrit ceci* ((Quant a ce que les magiciens et les
:

nard, qu'elle I'avail vu en sa forme de bouc sor- enchanteurs font avec I'aiguille donl on a cousu
lir du fond d'luie grande cruche placee au milieu le suaire d'un cadavre, aiguille au moyen de la-

de I'assemblee, qu'il lui avail paru prodigieuse- quelle peuvent lier les nouveaux mari(3s cela
ils ,

menl haul, el qu'a la fm du sabbal il etait ren- ne doit pas s'ecrire de crainte de faire naitre
,

tre dans sa cruche. la pensee d'un pareil expedient... »

Deux temoins ayant affirme qu'ils avaient vu Aiguillette. On appelle nouement de I'aiguil-
Pierre d'Aguerre remplir au sabbat le person- lelte un charme qui frappe tellement I'imagina-
nage de maitredes ceremonies, qu'ils avaient vu lion de deux epoux ignorants ou superstitieux,
le diable lui donner un baton dore avec lequel qu'il s'eleve entre eux une sorte d'antipathie
il rangeait, comme un mestre de camp, les per- donl les accidents sont tres-divers. Ce charme
sonnes et les choses , et qu'ils I'avaient vu a la est jete par des malveillants qui passent pour
fin de I'assemblee rendre au diable son baton de sorciers ou qui le sont. Voy. Ligatuees.
commandement \ le vieux coquin, qui avail bien Aimant (Magnes) principal producteur de la

,

d'autres mefaits, fut condamne a mort comme vertu magnetique ou attractive. II y a sur I'ai-

sorcier avere. Voy. Bouc et Sabbat. mant quelques erreurs populaires qu'il est bon
Aigle. L'aigle a toujours ete un oiseau de pre- de passer en revue. On rapporte des choses ad-
sage chez les anciens. Valere-Maxime rapporte mirables, dit le docteur Brown ^ d'un eertain
que la vue d'un aigle sauva la vie au roi Dejola- aimant qui n'altire pas seulement le fer, mais la
rus, qui ne faisait rien sans consulter les oi- chair aussi. C'est un aimant tres-faible, compose
seaux ; comme il s'y connaissait , il comprit que surtoul de terre glaise semee d'un petit nombre
l'aigle qu'il voyail le detournait d'aller loger de lignes magneliques et ferrees. La terre glaise
dans la maison qu'on lui avail preparee , et qui qui en est la base fail qu'il s'atlache aux levres,
s'ecroula la null suivante. comme rhematite ou la terre de Lemnos. Les
De profonds savants ont dit que l'aigle a des medecins qui joignent cette pierre a I'aetite lui

proprietes surprenantes , entre autres celle-ci donnent mal a propos la vertu de prevenir les

que sa cervelle dessechee mise en poudre im- , , avortements.


pregnee de sue de eigne et mangee en ragout, On a dit de toule espece d'airnant que Tail
rend si furieux ceux qui se sont permis ce regal, peul lui enlever sa propriete attractive; opinion
qu'ils s'arrachent les cheveux et se dechirent , certainement fausse quoiqu'elle nous ait ete
,

jusqu'a ce qu'ils aient completement acheve leur transmise par Solin, Pline, Plutarque, Mal-
digestion. Le livre qui contienl cette singuliere ihiole , etc. Toutes les experiences I'onl d(3men-
recette donne pour raisou de ses effets que « la
^
tie. Un fil d'archal rougi, puis eteinl dans le jus

grande chaleur de la cervelle de l'aigle forme ne laisse pas de conserver sa vertu polaire
d'ail,

des illusions fantastiques en bouchant les con- un morceau d'airnant enfonce dans Tail aura la
duits des vapeurs et en remplissanl la tele de meme puissance attractive qu'auparavant; des
fumee ». C'est ingenieux et clair. aiguilles laissees dans Tail jusqu'a s'y rouiller
On donne en alchimie le nom d'aigle a diffe- n'en retiendronl pas moins cette force d'altrac-
rentes combinaisons savantes. L'aigle celeste est tion. On doit porter le meme jugemenl de cette
line composition de mercure reduit en essence autre assertion, que le diamant a la vertu d'empe-
qui passe pour un remede universel ;
Vaigle de cher I'altraclion de I'aimant. Placez un diamant
Vdnus est une composition de verl-de-gris et de (si vous en avez) entre I'aimant et Taiguille,
sel ammoniac qui forment un safran
,
Vaigle ; vous les verrez se joindre, dussent-ils passer
noir est une composition de cette cadmie vene- par-dessus la pierre precieuse. Les auteurs que
neuse qui se nomrae cobalt, et que quelques al- nous combaltons ont surement pris pour des
chimistes regardent comme la matifere du mer- diamants ce qui n'en etait pas.
cure philosuphique. Mettez sur la meme ligne, continue Brown,
Aiguilles. On pratique ainsi, dans quelques cette autre merveille contee par certains rab-
bins, que les cadavres humains sont magn^ti-
Delancre, Tabkauderinconstancedesdetnons,etc.,
1

liv. II discours iv.


,

Les admirables secrets d' Albert le Grand, liv. II,


'^ '
De mirac. mortuor., pars V, cap. xxii.
ch. III. (Livre suppose.) 2 Essai sur les erreurs, etc., liv. II,ch. iii.
,

AIM — 1 9 — AKB
qiics, et que, s'ils sonl cLcndiis dans un baleau, lui onl donne encore une attraction d'un ordre
le bateau tournera jusciu'a ce que la tele du different, la vertu de lirer ladouleur de toules
corps morl regarde le seplenlriun. Francois — les parlies du corps ; c'est ce qui a fail eriger
Rubus, qui avail une credulile tres-solide, regoil I'aimant en philtre.
comme vrais la plupart de ces fails inexplica- On dil que raimanl resserre les noeuds
aussi
bles. Mais lout ce qui lienl du prodige, il raltri- de de I'union conjugale en
I'amitie paternelle el ,

buo au prestige du demon', el c'est un moyen meme temps qu'il est tres-propre aux operations
facile de sorlir d'embarras. magiques. Les basilidiens en faisaienl des talis-
Disons un mol du tombeau de Mahomel. mans pour chasser les demons. Les fables qui
Beauooup de gens croienl qu'il esl suspendu a , regardenl les verlus de cetle pierre sonl en
M^'dine cntre deux pierres d'aimant placees
,
grand nombre. Dioscoride assure qu'elle esl
avec art, I'une au-dessus et I'aulre au-dessous; pour les voleurs un utile auxiliaire quand ils ;

mais ce tombeau est de pierre comme lous les veulent piller un logis, dit-il, ils allumenl du
autres, et bati sur le pave du temple. On lit — feu aux qualre coins, et y jetlent des morceaux
quelque pari a la verild que les mahometans
, ,
d'aimant. La fumee qui en resulle esl si incom-
avaienl concu un pareil dessein ce qui a donne ; mode, que ceux qui habilent la maison sonl for-
lieu a la fable que le temps el I'eioignemenl des ces de I'abandonner. Malgre I'absurdile de cetle
lieux onl fail passer pour une verile, et que Ton fable, mille ans apres Dioscoride, elle a ete
a essaye d'accrediler par des exemples. On voil adoptee par les ecrivains qui onl compile les
dans Pline que rarchilecte Dinochares commenqa pretendus secrets merveilleux d' Albert le Grand.
de vouter, avec des pierres d'aimant, le temple Mais on ne Irouvera plus d'aimant comparable
d'Arsinoe a Alexandrie afin de suspendre en
, a celui de Laurent Guasius. Cardan aflirme que
I'air la statue de cetle reine il mourul sans ; loutes les blessures faites avec des armes frollees
avoir execute ce projet, qui eiil echoue. — Rufin de eel aimanl ne causaient aucune douleur.
conte que, dans le temple de Serapis, il y avail Encore une fable je ne sais quel ecrivain as-
:

un cbariot de fer que des pierres d'aimant le- sez grave a dil que I'aimanl fermenle dans du
naient suspendu que ces pierres ayant ete
;
sel produisail el formail le petit poisson appele

otees, le chariot tomba el se brisa. Bede rap- remove, lequel possede la vertu d'altirer I'or du
porte egalemenl d'apres des contes anciens
,
puits le plus profond. L'auleur de cetle recelte
que le cheval de Bellerophon, qui etail de fer, savait qu'on ne pourrail jamais le refuler par
ful suspendu enlre deux pierres d'aimant. '; et c'est bien dans ces sortes de
['experience
C'esl sans doule a la qualile minerale de I'ai- choses ne faul croireque les fails eprouves.
qu'il
manl qu'il faul attribuer ce qu'assurent quel- Aimar. Vou. Baguette oiviNATomE.
ques-uns, que les blessures failes avec des armes Ajournement. On croyail assez generalement
aimanlees sonl plus dangereuses et plus difiiciles autrefois que, si quelque opprime, au moment
a guerir, ce qui esl detruil par I'experience ; les de mourir, prenait Dieu pour juge, et s'il ajour-
incisions failes par des chirurgiens avec des in- nait son oppresseur au tribunal supreme il se ,

struments aimanles ne causent aucun mauvais faisait toujours une manifestation du gouverne-
effel. Hangez dans la meme classe I'opinion qui menl lemporel de la Providence. Le mot tou-
fail de I'aimanl un poison, parce que des auteurs jours esl une temerite, car on ne cite que quel-
le placent dans le catalogue des poisons. Garcias ques fails a I'appui de cetle opinion. Le roi de
de Huerta, medecin d'un vice-roi espagnol, rap- Caslille Ferdinand IVfutajourne par deux genlils-
porle au conlraire que les rois de Ceylan avaienl hommes injustemenl condamnes, el mourul au
coutume de se faire servir dans des plats de bout de trente jours. Eneas Sylvius raconte, et c'est
pierre d'aimant, s'imaginanl par la conserver encore un fait constate, que Fran(;;ois I", due de
leur vigueur. Bretagne, ayant fait assassinerson frere (en 1/|50),
On ne peul attribuer qu'a
la vertu magnelique ce prince, en mourant, ajourna son meurtrier
ce que dil iElius, que un goulteux lient quel-
si devant Dieu et que le due expira au jour fixe ^
,

que temps dans sa main une pierre d'aimant, il Nous ne mentionnerons ici I'ajournement du
ne se sent plus de douleur, ou que du moins il grand niailre des templiers, que Ton a dit avoir
eprouve un soulagement. C'est a la meme vertu cite le pape el le roi au tribunal de Dieu que ,

qu'il foul rapporler ce qu'assure Marcellus Em- pour faire remarquer au lecteur que eel ajour-
piricus, que i'aimant gueril les maux de lete. nement a ete imagine longtemps apres le supplice
Ces merveilleux ne sonl qu'une extension
effels de ce grand mailre. Voy. Templiers.
graluile de sa vertu attractive, dont tout le monde Akbaba, vautour qui vil mille ans en se
convient. Les hommes s'elanl aper^us de cetle
,

force secrete qui attire les corps magnetiques, 1 Brown, au lieu cite.
- Voyez, dans les Legendes des Femmes dans la vie
reelle, rajournement de la femme du comte Alarcos,
* Discours sur les pierres pr^cieuses dont il est fait et la legende de rajournement dans les Legendes des
mention dans TApocalypse. Vertus theologales et cardinales.
AKH — 13 — ALB
noiirrissant de cadavres. C'est une croyance son temps, suivant lequel, lorsque Alaric voulut
lurque. envahir la Sicile il fut repousse par une statue
,

mysterieuse qui lui langait des flammes par I'un


de ses pieds et des jets d'eau par I'autre. 11 se
retira a Cosenza ou il mourut. subitement peu
,

de jours apres (an 410).


Alary (Frangois), songe-creux, qui a fait im-
primer a Rouen en 1701, la Prophetic du comic
,

Bombaste, chevalier de la Rose-Croia: , neveu de


Paracelse, publiee en I'annee 1609, sur la nais-
sance de Louisle Grand.

Alastor, demon severe, executeur supreme


des sentences du monarque infernal. II fait les

fonctions de Nemesis. Zoroaslre I'appelle le bour-


reau ;
Origene dit que c'est le memo qu'Azazel ;

Akhmin. Ville de la moyenne Tliebaide, qui


avail autrefois le renom d'elre la demeure des
plus grands magiciens'. Paul Lucas paiie, dans
son second voyage ^ du serpent merveilleux
d'Akhmin, que les musulmans honorent comma
un ange, et que les clireliens croient etre le de-
mon Asmodee. Voy. Haridi.
Akiba rabbin du premier siecle de notre ere,
,

precurseur de Bar-Cokebas De simple berger,


pousse par I'espoir d'obtenir la main d'une jeune
lille dont il etait epris, il devint un savant re-

nomme. Les Juifs disent qu'il fut instruit par les


csprits elementaires ,
qu'il savait conjurer, et
qu'il eul, dans ses jours d'eclat, jusqu'a quatre-
vingt mille disciples... On croit qu'il est auteur
du Jetzirah, ou livre de la creation, attribue
aussi par les uns a Abraham et par d'autres a ,

Adam meme.
Akouan, demon geant, qui, dans les tradi-
tions persanes longtemps centre Roustam,
, lutta d'autres le confondent avec I'ange exterminateur.
malgre sa masse enorme, tue par
et fut enfin, Les anciens appelaient les genies malfaisants
ce heros. —
Roustam est en Perse un personnage alastorcs, et Plutarque dit que Ciceron, par haine
que Ton ne peut comparer qu'a Roland chez centre Auguste, avait eu le projet de se tuer
nous. aupres du foyer de ce prince pour devenir son
Alain de I'lsle (Insulensis) religieux ber- , alastor.
eveque d'Auxerre au douzieme siecle,
nardin", Albert le Grand, Albert le Teutonique, Al-
auteur vrai ou suppose de Y Explication des pro- bert de Cologne, Albert de Ratisbonne, Alherlus
phelies de Merlin {Explanationes in prop/tetias Grotus, car on le designe sous tous ces noms (le
Merliiu Angli; Francfort, 1608, in-8°). II com- veritable etait Albert de Groot), savant et pieux
posa, dit-on, ce comraentaire, en 1170, a I'oc- dominicain , mis a tort au nombre des magiciens
casion du grand bruit que faisaient alors lesdites par les demonographes, fut, dit-on, le plus cu-
propheties. rieux de tous les hommes. II naquit dans la
Un autre Alain ou Alanus, qui vivait dans le Souabe, a Lawigen sur le Danube, en 1205. D'un
meme siecle, a laisse pour les alchimistes un esprit fort grossier dans son jeune age, il devint,
livre intitule Dicta de lapide philosophico , in-8°; a la suite d'une vision qu'il eut de la sainte Vierge,
Leyde, 1600. qu'il servait tendrement etqui lui ouvritles yeux
Alaric, roi des Goths et premier roidu pre- de I'espl-it, I'un des plus grands docteurs de son
mier royaume d'ltalie (car il y en a eu quatre siecle. II fut le maitre de saint Thomas d'Aquin.
avant nos jours, et aucun n'a pu durer). Olym- Vieux, retomba dans la mediocrite, comme
il

piodore nous a conserve un recit populaire de pour montrer qu'evidemment son merite et sa
science etendue n'etaient qu'un don miraculeux
*

2
D'Herbelot, Bibliotheque orientale.
Liv. V, t. II, p. 83.
et temporaire. — D'anciens ecrivains ont dit,
3 Voyez la legende de Bar-Cokebas dans les Le- ,
apres avoir remarque la durete naturelle de sa
gendes de I'Ancien Testament. conception, qued'ane il avail ete transmue en
, ,,
,

ALB — 1h — ALi5

philosophc; puis,' ajoiilenl-ils, dc philosophc il plusieurs traites sur les vertus des herbcs, des
redevinl iiiie picrres precieuses et des animaux etc., augmen- ,

Albert le Grand
dc Ratisbonnc, el
fiU cveqiio tes d'un abrege curieux de la physionomie el
mourut sainlement a Cologne, age de quaLrc- d'un preservatif centre la peste, les fievres ma-
vingt-sept ans. Ses ouvrages n'ont ete piiblies lignes, les poisons et Tinfeclion de I'air, tires et
qu'en 1651; ilsformenl vingtet on volumes in- traduits des anciens manuscrils de I'auteur qui
I'olio. En les parcourant, on admire un savant n'avaient pas encore paru, etc., in-18, io-2/i,
cbrc^Hien; on ne trouve jamais rien qui ait pu in-12. Excepte du bon sens, on trouve de tout
le charger de sorcellerie. II dit formellement dans ce fatras, jusqu'a un traite des funics qui,
au contraire « Tous ces contes de demons qu'on
: ((quoique viles meprisables, sont cependant
[et

))veil roder dans les airs, et de qui on tire le » en estime, on s'en sert aux usages pres-
si

» secret des choses futures, sont trop souvent ))crits (les engrais) » Le recollecteur de ces
.

))des absurdiles ou des fourberies ' » C'est . — secrets debute par une facon de priere; apres
qu'on a mis sous son nom des livres de secrets quoi il donne la pensee du prince desphilosophes,
merveilleux, auxquels il n'a jamais eu plus de lequel pense que I'homme est ce qu'il y a de
part qu'a I'invention du gros canon etdu pistolet meilleur dans le monde attendu la grande sym- ,

que lui altribue Malthieu de Luna. palhie qu'on decouvre entre lui et les signes du
Mayer dit qu'il regut des disciples de saint Do- ciel qui est au-dessus de nous
, et par conse- ,

minique le secret de la pierre philosophale et , quent nous est superieur.


qu'il le cornmuniqua a saint Thomas d'Aquin ;
Le livre I" traile principalement, et de la ma-
qu'il possedaitune pierre marquee naturellement niere la plus inconvenante de I'intluence des
,

d'un serpent, etdouee de cette vertu admirable, planeles sur la naissance des enfants du mer- ,

que si on la mettait dans un lieu frequente j)ar veilleux effet des cheveux de la femme, des
des serpents, elle les attirait tous; qu'il em- monstres, de la une femme
fagon de connaitre si

ploya pendant trente ans toute sa science de


, , enceinte porte un gargon ou une du venin fille,

magicien et d'astrologue a faire de metaux bien , que les vieilles femmes ont dans les yeux sur- ,

choisis et sous I'inspection des astres, un auto- tout si elles y ont de la chassie, etc. Toutes ces
mate doue de la parolq qui lui servait d'oracle,
reveries grossieres sont faslidieuses, absurdeset
et resolvait toules les questions qu'on lui propo- fort sales. On voit au livre II les vertus de cer-
sait: c'est ce qu'on appelle Vandroide d' Albert le taines pierres de certains animaux et les mer-
, ,

Grand; que cet automate fut aneanti par saint veilles du monde des planeles et des astres.
,

Thomas d'Aquin qui le brisa a coups de baton
,
Le livre Illpresente I'excellent traite des fienles,
dans I'idee que c'elait un ouvrage ou un agent de singulieres idees sur les urines les punaises ,

du diable. On sent que tous ces petits faits sont les vieux souliers et la pourriture; des secrets
des contes. On a donne aussi a Virgile au pape , pour amollir le fer, pour manier les metaux
Sylvestre Roger Bacon, de pareils androides.
II, a pour dorer I'etain et pour nettoyer la batterie
Vaucanson a monlre que c'etait un pur ouvrage de cuisine. Le livre IV est un traite de physiogno-
de mecanique. monie, avec des remarques savantes, des obser-
Une des plus celebres sorcelleries d' Albert le vations sur les jours heureux et malheureux,
Grand eut lieu a Cologne. II donnait un banquet des preservatifs centre la fievre, des purgatifs,
dans son cloitre a Guillaume II comte de Hol- , des recettes de cataplasmes et autres choses de
lande et roi des Romains c'etait dans le coeur de
; meme nature. Nous rapporterons en leur lieu ce
I'hiver; la salle du festin presenta, a la grande qu'il y a de curieux dans ces extravagances , et
surprise de la cour, la riante parure du prin- le lecteur, comme nous trouvera etonnant qu'on ,

temps; mais, ajoute-t-on, les fleurs se fletrirent vende chaque annee par milliers d'exemplaires
a la fin du repas. A une epoque oii Ton ne les secrets d' Albert le Grand aux habitants mal*
connaissait pas les serres chaudes, I'elegante avises des campagnes;
prevenance du bon et savant religieux dut Le solide TresOr du Petit Albert, ou secrets
surprendre. —
Ce qu'il appelait lui-meme ses merveilleux de la magie naturelle etcabalistique,
operations magiques n'elait ainsi que de lamagie traduit exactement sur I'original latin intitule
blanche. Albcrti Parvi Lucii liber dc mirabilibiis naturw
Finissons en disant que son nom d' Albert le arcanis , enrichi de figures myslerieuses et la
Grand n'est pas un nom de gloire, mais la simple maniere de les faire (ce sont des figures de ta-
traduction de son nom de famille, Albert de Groot. lismans). Lyon, chez les heriliers de Beringos
On lui attribue done le livre intitule les Ad- fralres, a I'enseigne d'Agrippa. In-18 ,6516 (an-
rnirables secrets d' Albert le Grand, contenant nee cabalistique); — Albert le Grand est egale-
ment elranger a cet autre recueil d'absurdites
plus dangereux que le premier, quoiqu'on n'y
1 Voyez, dans les Legendes de la sainte Vierge, la
Vision de I'Ecolier. trouve pas, comme les paysans se I'imaginent,
2 De somn. et vig., lib. Ill, tract. I, cap. viii. les moyens d'evoquer le diable. On y voit la
;,
, ,

ALB — 15 — ALB
maniere de nouer et de denouer raiguillette, la toutes niaient la resurrection de la chair, I'enfer
composition de divers philtres, I'art de savoir en et le purgatoire, disant que nos ames n'etaient
songe qui on epousera des secrets pour faire , que des demons loges dans nos corps en chati-
danser, pour mulliplier les pigeons, pour gagner ment de leurs crimes. —
Les Albigeois avaient
au jeu pour retablir le vin gate pour faire des
, ,
pris, des la fin du douzieme siecle une effrayante ,

talismans cabalistiques , decouvrir les tresors , se consistance. lis tuaient les pretres et les rnoines
servir de la main de gloire ,
composer I'eau ar- brulaient les croix, detruisaient les eglises. De ,

dente et le feu gregeois, la jarretiere et le baton si odieux exces marquaient leur passage, que,
du voyageur, I'anneau d'invisibilite la poudre , les remontrances et les predications etant vaines,
de sympathie I'or artificiel et enfm des reraedes
, , il fallut faire contre eux une croisade, dont
contre les maladies, et des gardes pour les trou- Simon de Montfort fut le heros. On a denature
peaux. Voy. ces divers articles. et fausse par les plus insignes mensonges I'his-
Albert d'Alby, auteur de V Oracle parfait. toire de cette guerre sainte on a oublie que,
Voy. Cartomancie a la fin. , si triomphe, I'Europe re-
les Albigeois eussent
Albert de Saint-Jacques, moine du dix-sep- tombait dans la plus affreuse barbaric. II est vrai
tieme siecle qui publia un livre intitule Lu-
, que leurs defenseurs sont les protestants heri- ,

miere mix vivants par V experience des morts, ou ritiers d'un grand nombre de leurs erreurs, et
diverses apparitions des ames du purgatoire en les philosophes, amateurs assez souventde leurs
notre siecle. In-S", Lyon, 1675. desordres.
Albigeois, fusion de manicheens tres-per- Albigerius. Les demonographes disent que
fides dont I'heresie eclata dans le Languedoc
, les possedes, par le moyen du diable, tombent
quelquefois dans des extases pendant lesquelles
leur ame voyage loin du corps et fait a son re- ,

tour des revelations de choses secretes, C'est


ainsi, comme dit Leloyer, que les corybantes
devinaient et prophetisaient, phenomenes que
le somnambulisme expliquerait peut-etre. Saint
Augustin parle d'un Carthaginois , nomme Albi-
gerius, qui savait par ce moyen tout ce qui se
faisaithors de chez lui. Chose plus etrange a la ,

suite de ses extases il revelait souvent ce qu'un


,

autre songeait dans le plus secret de sa pensee.


Saint Augustin cite un autre frenetique qui,
dans une grande fievre etant possede du mau-
,

vais esprit, sans extase, mais bien eveille, rap-


portait fidelement tout ce qui se faisait loin de
lui. Lorsque le pretre qui le soignait etait a six
lieues de la maison, le diable , qui parlait par la
bouche du malade, disait aux personnes pre-
sentes en quel lieu etait ce pretre a I'heure oil il

parlait et ce qu'il faisait, etc. On pretend que


Cagliostro en faisait autant. Ces choses-la sont
surprenantes. Mais I'ame immortelle , suivant la
remarque d'Aristote, peut quelquefois voyager
sans le corps ^.

Albinos. Nom que les Portugais ont donn^ a


des hommes d'une blancheur extreme qui sont ,

et eut pour centre Albi, lis admettaient deux ordinaireraent enfants de negres. Les noirs les
principes disant que Dieu avait produit de lui-
, regardent comme des monstres , et les savants ne
raeme Lucifer, qui etait ainsi son fils aine que ;
savent a quoi attribuer cette blancheur. Les al-
Lucifer, fils de Dieu , s'etait revolte contre lui binos sont pales comme des spectres ; leurs yeux,
qu'il avait entraine dans sa rebellion une partie faibles et languissants pendant le jour, sont bril-
desanges; qu'il s'etait vu alors chasse du ciel lants a la clarte de la don-
lune. Les noirs, qui
avec ses complices qu'il avait dans son exil
; , nent aux demons peau blanche, regardent les
la
cree ce monde que nous habitons ou il regnait , albinos comme des enfants du demon. lis croient
et ou tout allait mal. lis ajoutaient que Dieu, qu'ils peuvent les combattre aiseraent pendant
pour retablir I'ordre, avait produit un second le jour, mais que la nuit les albinos sont les plus

fils ,
qui etait Jesus-Christ.
1 Voyez, dans les Legendes des Croisades, la croi-

Ce singulier dogme se presentait avec des va- sade contre les Albigeois.
rietes, suivant les difTerentes sectes. Presque 2 Leloyer, Hist, et disc, des spectres, liv. IV.
,

ALB — 16 — ALC
forts el se vengcnt. Dans lo royaumc de Loango, d'ignorance. —
.\ .son nom arabe Alcendi, qu'on

les albinos passenl pour des demons cliampclres a lalinise, quclques-uns ajoulent le prenom de
cL oblienncnl qiiclquc considuralion a ce litre. Jacob on croit qu'il elait mahometan.
; On lui —
Vossiiis dil qu'il y a dans la Guinee des peii- reproche d'avoir ecrit des absurdites. Par-exem-
plades d'albinos. iMais comment ces peupladcs ple, il pensait expliquer les songes en disant
snbsistcraicnt-elles, s'il est vrai que ces infortu- qu'ils sont I'ouvrage des esprits [elenientaires

nes ne sc rcproduiscnl point? qui se monlrent a nous dans le sommeil et nous


il parait que les anciens connaissaient les al- representent diverses actions fantasliques, comme
binos. (( On assure, dit Pline, qu'il existe en des acleurs qui jouent la comedie devant le pu-
Albanie des individus qui naissent avec des che- blic ; ce qui n'est peut-etre pas si bete.
veux blancs, des ycux de perdrix, el ne voient Alcoran. Voy. Koran.
clairque pendant la null. » II ne dit pas que ce Alcyon. Une vieille opinion, qui subsiste en-
soil une nation mais quelques sujets affectes
, core chez les habitants des cotes, c'estquel'alcyon
d'une maladie parliculiure. « Plusieurs animaux ou martin-pecheur est une girouette naturelle, et
onl aussi leurs albinos, ajoute M. S'algues ; les
naturalistes ont observe des corbeaux blancs,
des merles blancs, des taupes blancbes; leurs
yeux sonl rouges, leur peau est plus pale elleur
organisation plus faible »

Alborak. Voy. Borak.


Albumazar, astrologue du neuvieme siecle,
ne dans le Khorassan, connu par son Iraile
astrologique intitule Milliers d'annecs, oii il

affirme que
rnonde n'a pu etre cree que
le
quC; suspendu par le bee, il designe le cote d'oii
quand les sept planetes se sont Irouvees en con- vient le vent, en tournant sa poitrine vers ce
jonclion dans le premier degre du Belier, et que
point de I'horizon. Ce qui a mis cetle croyance
la fin du monde aura lieu quand ces sept pla-
en credit parmi le peuple, c'est I'observation
netes, qui sont aujourd'bui (en 1862) au nombre qu'on a faite que I'alcyon semble etudier les vents
de cinquante et une, se rassembleront dans le et les deviner lorsqu'il etablit son nid sur les
dernier degre des Poissons. On a traduit en la-
(lots, vers le solstice d'hiver. Mais cetle prudence
tin et imprime d'Albumazar le Trnctatus Jlorum
est-elledans I'alcyon une prevoyance qui lui soil
aslrolorjicBj in-h°, Augsbourg, l/(88. On peut
particuliere ? N'est-ce pas simplement un instinct
voir dans Casiri Bibliotli. arah. hispan., t. I",
,
de la nature qui veille a la conservation de celte
p. 351 le catalogue de ses ouvrages.
,
espece? « Bien des choses arrivent, dil Brown,
Albunee, sibylle celebre. On voit encore son
parce que le premier moteur I'a ainsi arrete, et
temple a Tivoli, en ruines, il est vrai. Voy. Si-
la nature les execute par des voies qui nous sont
BYLLES.
inconnues. »
Alchabitius. Voy. Abd-el-Azys.
C'est encore une ancienne coutume de conser-
Alchimie. L'alchimie ou chimie par excel- ver les alcyons dans des coffres, avec I'idee qulls
lence, qui s'appelle ausai philosophie hermitique,
preservent des vers les etoffes de laine. On n'eut
est celte parlie eminente de la chimie qui s'oc- peut-elre pas d'autre but en lespendant au pla-
cupe de i'art de transmuer les melaux. Son resul-
fond des chambres. « Je crois meme ajoute ,

tat, en expectative, est la pierre philosophale,


Brown qu'en les suspendant par le bee on n'a
,

Voy. Pierre philosophale et Gobineau.


pas suivi la methode des anciens, qui les suspen-
Alchindus, que Wierus^ met au nombre des daient par le dos, afin que le bee marquat les
magiciens, mais que Delrio ' se contente de ran-
vents. Car c'est ainsi que Kirker a decrit hirun- 1

ger parmi les ecrivains superstitieux, etait un


delle de mer. » Disons aussi qu'autrefois en con- ,

medecin arabe du onzieme siecle qui employait


servant cet oiseau , on croyait que ses plumes se
comme remede les paroles charmees et les com- renouvelaient comme s'il eiit ele vivant, et c'est
bhiaisons de chiffres. Des denionologues Font
ce qu' Albert le Grand espera inutilement dans ses
declare suppol du diable, a cause de son livre in-
experiences'.
titule Tlieorie des arts macjiques, qu'ils n'ont Outre lesdons de predire le ventet de chasser
point lu. Jean Pic de la Mirandole dit
ne qu'il
les vers, on attribue encore a I'alcyon la pre-
connait que trois liommes qui se soient occupes
cieuse qualite d'enrichir son possesseur, d'entre-
de la magie naturelle et permise Alchindus 1' union dans les families et de communiquer
:
tenir
Roger IJacon et Guillaume de Paris. Alchindus
labeaute aux femmes qui portent ses plumes. Les
elait simplement un peu physicien dans des temps
Tartares et les Ostiaks ont une tres-grande vene-
• Des errcnrs et des prejuges, etc., t. I, p. 479. ration pour cet oiseau. lis recherchent ses plumes
2 De prcBStigiis , lib. II, cap. ni.
3 Disquisit. magiccB, lib. I, cap. in. |
' Brown, Erreurs populaires, liv. Ill, ch. x.
, ;

ALD — 17 — ALE
avec empressement les jeltent dans iin grand
, mencerent par dresser un trepied do racines et
vase d'eaii garden t avec soin celles qui siirna-
,
de rameaux de laurier, qu'ils consacrerent par
genl, persuades qu'il suflit de toucher quelqu'im d'horribles imprecations; sur ce trepied ils pla-
avec ces plumes pour s'en faire aimer. Quand un cerent un bassin forme de differents mctaux, et
Ostiak est assez haireux pour posseder un alcyon ils rangerent autour, a distances egales, toutes
11 en conserve le bee, les pattes et la peau, qu'il les lettres de I'alphabet. Alors le mystagogue le
met dans une bourse, et, tant qu'il porte ce tre- plus savanl de la compagnie s'avanga enveloppe ,

sor, il se croit a I'abri de tout malheur'. C'est d'un long voile, la tete rasee, tenant a la main
pour un talisman comme
lui les fetiches des ne- des feuilles de verveine, et faisant a grands cris
gres. Voy. Ame damnee. d'effroyables invocations qu'il accompagnait de
Aldon. Voy. Granson. convulsions. Ensuite, s'arretant tout a coup de-
Alectorienne (Pierre). Voy. Coq. vant le bassin magique, il y resla immobile, tenant
Alectryomancie on Alectromancie. Divina- un anueau suspendu par un (il. C'etait de la dac-
tion par le moyen du coq, usilee chez les anciens. tylomancie. A peine il achevait de prononcer les
paroles du sortilege, qu'on vit le trepied s'ebran-
ler, I'anneau se remuer, et frapper tantot une

lettre, tantot une autre. A mesure que ces lettres


etaient ainsi frappees , elles allaient s'arranger
d'elles-memes, a cote I'une de I'autre, sur une
table ou elles composerent des vers lieroiques
qui etonnerenl toule I'assemblee.
Valens, informe de cette operation , et n'aimant
pas qu'on interrogeat les enfers sur sa destinee,
punit les grands et les philosophes qui avaient
assiste a cet acle de sorcellerie il elendit meme :

la proscription sur tous les philosophes et tous


les magiciens de Rome. II en perit une multitude
Voici quelle etait leurmethode On tracait sur : — et les grands, degoutes d'un art qui les exposait
le sable un cercle que Ton divisait en vingt-quatre a des supplices, abandonnerent la magie a la po-
espaces egaux. On ecrivait dans chacun de ces pulace et aux vieilles qui ne la firent plus servir
,

espaces une lettre de I'alphabet; on metlait sur qu'a de petites intrigues et a des malefices subal-
chaque un grain d'orge ou de ble on pla-
lettre ; ternes. Voy. Coo, Mariage, etc.
gait ensuite au milieu du cercle un coq dresse Ales (Alexandre) ami de Melanchthon n^ en
,
,

a ce manege on observait sur quelles leltres il


; 1500 a Edimbourg. 11 raconte que, dans sa jeu-
enlevait le grain; on en suivait I'ordre, et ces nesse, etant monte sur le sommet d'une Ires-
lettres rassemblees formaient un mot qui donnait haute montagne, il fit un faux pas et roula dans
la solution de ce que Ton cherchait a savoir. Des un precipice. Comme il etait pres de s'y englou-
devins, parmi lesquels on cite Jamblique, vou- tir, il se senlit transporter en un autre lieu, sans

lant connaitre le successeur de I'empereur Valens, savoir par qui ni comment, et se retrouva sain et
employerent I'alectryomancie ; le coq tira les sauf ,
exempt de contusionsde blessures. Quel- et
lettres Tlieod... Valens, inslruit de cetle particu- ques-uns altribuerent ce prodige aux amulettes
larite, fit mourir plusieurs des curieux qui s'en qu'il portait au cou selon I'usage des enfants de'
,

etaient occupes, et se defit meme, s'il faut en ce temps-la. Pour lui, il I'attribue a la foi et aux
croire Zonaras, de tous les hommes conside- prieres de ses parents, qui n'etaient pas here-
rables dont le nom commengait par les letlres tiques.
fatales. Mais, malgre ses efforts, son sceptre Alessandro Alessandri, en latin Alexander
passa a Theodose leGrand. — Celte prediction a ah Alexandra, — jurisconsulte napolitain
mort ,

du etre faite apres coup ^ en 1523. II un recueil rare de disserta-


a publie
Ammien-Marcellin raconte la chose autrement. tions sur les choses merveilleuses. 11 y parle de
11 que sous I'empire de Valens on comptait
dit prodiges arrives recemment en Ilalie, de songes
parmi ceux qui s'occupaient de magie beaucoup verifies, d'apparitions et de fanlomes qu'il dit
de gens de qualite et quelques philosophes. Cu- avoir vus lui-mefne. Par la suite, il a fondu ces
rieux de savoir quel serait le sort de I'empereur dissertations dans son livre Genialium dierum,
regnant, ils s'assemblerent la nuit dans une des oh il raconte toutes sortes de faits prodigieux.
maisons affectees a leurs ceremonies ils com- : Voy. Possessions et Spectbes, et les Lecjendes des
esprits et demons.
1 M. Salgues, Des erreurs et des prejuges, t. Ill, Aleuromancie , divination qui se pratiquait
p. 374.
avec de la farine. On mettait des billets roul^s
2 M. Junquieres, dans le quatrieme chant de son
poeme intitule Caquet-Bonhec ou la Poule d ma
,
dans un tas de farine on les remuait neuf fois
;

tante, a fait un spirituel usage de cetle divination. confusemcnt. On partageait ensuite la masse aux
2
ALE — 18 — ALE
differenls curieux, et chacun se faisail un Iheme se pousser dans le monde de quelques dons
,

selon les billets qui lui etaicnt echus. Cliez les qu'il de la nature. II avait le teint net,
tenait

paiens, Apollon etait appele Aleuromanlis, parce I'oeil vif, la voix claire, la taille belle, peu de

Jl en reste quel-
qu'il prusidait a celle divination. barbe et peu de cheveux, mais un air gracieux
qucs vestiges dans cerlaines localites, ou I'on et doux. II s'aLtacha presque enfant a une
,
,

cmploie le son au lieu dc farine. C'est une ame- sorte de magicien qui debitait des philtres pour
lioration. produire I'affecLion ou la haine, decouvrir les
Alexandre le Grand, roi de Macedoine, etc. tresors, obtenir les successions, perdre ses enne-
II a etc le sujet dc legcndes prodigieuses chez mis,et autres resultats de ce genre. Get homrae,
les Orienlaux, qui ont sur des contes innnen-
lui ayant reconnu dans Alexandre un esprit adroit,
ses. lis I'appellent Iskender. Les demonographes I'inilia a ses secrets. Apres la mort du vieux

disent qu'Aristote lui enseigna la magie les ca- ; jongleur, Alexandre se lia avec un certain Coc-
balistes lui attribuent un livre sur les proprietes conas, homme malin, et ils parcoururent ensem-
des elements ; les rabbins ecrivent qu'il eut un ble divers pays, eludiant I'artde faire des dupes,
songe qui I'empecha de maltraiter les Juifs, lis rencontrerent une vieille dame riche, que

lorsqu'il voulut entrer en conquerant dans Jeru- leurs pretendus secrets charmerent et qui les ,

salem. fit voyager a ses depens depuis la Bithynie jus-

qu'en Macedoine. —
Arrives en ce pays, ils re-
marquerent qu'on y elevait de grands serpents,
si familiers qu'ils jouaient avec les enfants sans

leur faire de mal ils en acheterent un des plus


;

beaux pour les scenes qu'ils se proposaient de


jouer. Ils se rendirent a Abonotique, ou les es-
prits etaient grossiers, et la ils cacherent des
lames de cuivre dans un vieux temple d'Apollon
qu'on demolissait. lis avaient ecrit dessus qu'Es-
culape et son pere viendraient bientot s'etablir
daris la ville.
Ges lames ayant ete trouvees, les habitants se
haterent de decerner un temple a ces dieux, et
ilsen creuserent les fondements. Gocconas —
mourut alors de la morsure d'une vipere.
Alexandre se hata de prendre son role et se , ,

declarant prophele, il se monlra avec une lon-


gue chevelure, une robe de pourpre rayee de
blanc il tenait dans sa main une faux, comme
;

on cn donne une a Persee dont il prelendait ,

descendre du cote de sa mere il publiait un ;

oracle qui le disait fils de Podalyre lequel a la ,


,

maniere des dieux du paganisme, avait epouse


, La figure d'Alexandre le Grand, gravee en
sa mere en secret. II faisait debiter en meme
maniere de talisman sous cerlaines influences,
temps une prediction d'une sibylle qui portait
passait autrefois pour un excellent preservatif.
que des bords du Pont-Euxin il viendrait un libe-
Dans la famille des Macriens, qui usurperent
rateur d'Ausonie.
I'empire du temps de Valerien, les hommes por-
taient toujours sur eux la figure d'Alexandre les
•Des qu'il se crut convenablement annonce, il
;

femmes en ornaient leur coiffure, leurs brace- parut dans Abonotique, ou il fut accueilli comme
un dieu. Pour soutenir sa dignite, il machait la
lets leurs anneaux. Trebellius Pollio dit que
,

racine d'une certaine herbe qui Ic faisait ecuiner,


cette figure est d'un grand secours dans toutes
les circonstances de la vie
ce que peuple attribuait a I'enthousiasme di-
le
si on la porte en or
,

ou en argent... Le peuple d'Antioche praliquait vin. II une tete habilement fabri-


avait prepare

celte superstition, que saint Jean Cbrysostorae


quee, dont les trails represenlaient la face d'un
eut beaucoup de peine a delruire^ homme, avec une bouche qui s'ouvrait et se fer-

Alexandre de Paphlagonie, imposleur mait par un hi cache. Avec celte tele et le ser-
et
charlatan du genre d'Apollonius de Tyane pent apprivoise qu'il avait achele en iMacedoine,
, ne
au deuxieme siecle et qu'il cachait soigneusement il prepara un ,
en Paphlagonie, dans le
,

bourg d'Abonotique. Ses pauvres parents n'ayant grand prodige. II se Iransporla de nuit a I'en-
droit ou Ton creusait les fondements du temple,
pu lui donner aucune education il profita pour ,
,
et deposa dans une fontaine voisine un oeuf
1Voyez les fails merveilleux attribues a Alexandre d'oie ou il avait enferme un petit serpent qui ve-
le Grand dans les Lcgendes de I'Ancien Testament. nait de naitre. Le lendemain matin, il se rendit
ALE — 19 — ALE
SLir la place publique , Fair agite , tenant sa faux dragon postiche, et do I'autre a la bouche d'un
a la main, et ceint d'une echarpe doree. II homme cache dans une chambre voisine a ; —
monta sur un autel eleve, et s'ecria que ce lieu moins pourtant qu'il n'y ei^it dans son fait quel-
etait honore de la presence d'un dieu, A ces que magnetisme. Les reponses se rendaioit—
mots le peuple accouru commenga a faire des
, en prose ou en vers, mais toujours dans un style
prieres, tandis que I'imposteur prononcait des si vague, qu'elles predisaient egalement le rovers

mots en langue phenicienne, ce qui servait a re- ou le succes. Ainsi I'empereur Marc-Aurele, fai-
doubler I'etonnement general. II courut en- — sant la guerre aux Germains lui demanda un ,

suite vers le lieu oii il avait cache son oeuf, et, oracle. On dit raeme qu'en 174 il fit venir
entrant dans I'eau, il commenga a chanter les Alexandre a Rome, le regardant comme le dis-
louanges d'Apollon et d'Esculape, et a inviter ce pensateur de I'iramorlalite. L'oracle sollicite di-
dernier a se montrer aux mortels; puis, enfon- apres les ceremonies prescrites,
sait qu'il fallait,

gant une coupe dans la fontaine, il en retira jeter deux lions vivants dans le Danube et ,

I'oeuf mysterieux. Le prenant dans sa main , il qu'ainsi Ton aurait I'assurance d'une paix pro-
s'ecria : « Peuples , voici votre Dieu ! » Toute la chaine precedee d'une victoire eclatante. On
,

foule attentive poussa des cris de joie, en voyant executa Mais les deux lions tra-
la prescription.

Alexandre casser I'oeuf et en tirer un petit ser- verserent le fleuve a la nage les barbares les ,

pent qui s'entortilla dans ses doigts. tuerent, et mirent ensuite I'armee de I'empereur
-Chacun se repandit en accents de joie; les uns en deroute a quoi le prophete repliqua qu'il
;

demandant au dieu la sante , les autres les hon- avait annonce la victoire mais qu'il n'avait pas ,

neurs ou des richesses. — Enhardi par ce suc- designe le vainqueur.


ces, Alexandre fit annoncer le lendemain que le Une autre fois, un illustre personnage fit de-
dieu qu'ils avaient vu si petit la veille avait re- mander au dieu quel precepteuril devait donner

pris sa grandeur naturelle. a son fils; repondu il Pylhagore et


lui fut : —
II se plaga sur un lit , revetu de ses habits de Homere. L'enfant mourut quelque temps apres.
prophete , et , tenant dans son sein le serpent — L'oracle annongait la chose, dit le pere, en
qu'il avait apporte de Macedoine, il le laissa voir donnant au pauvre enfant deux precepteurs
cntoriille autour de son cou et trainant une lon- morts depuis longtemps. S'il eCit vecu on I'eCit ,

gue queue; il en cachait la tete sous son aisselle, inslruit avec les ouvrages de Pythagore et d'Ho-
et faisait paraitre a la place la figure humaine mere, et l'oracle aurait encore eu raison.
qu'il avait preparee. Le lieu de la scene etait fai- Quelquefois le prophete dedaignait d'ouvrir
blement eclaire on entrait par une porte et on; les billets, lorsqu'il se croyait instruit de la de-
sortait par une autre, sans qu'il fut possible, a mande par ses agents il s'exposait a de singu- ;

cause de I'aflluence, de s'arreter longtemps. Ce lieres erreurs. Un jour il donna un remede pour
spectacle dura quelques jours; il se renouvelait le mal de cote en reponse a une lettre qui lui
,

toutes les fois qu'il arrivait quelques etrangers. demandait quelle etait la patrie d'Homere.
On fit des images du dieu en cuivre et en argent. On ne demasqua point cet imposteur, que
Alexandre voyant les esprits prepares an-
,
, I'accueil de Marc-Aurele avait enloure de vene-
nonga que le dieu rendrait des oracles, et qu'on ration. II avait predit qu'il mourrait a cent cin-
eut a lui ecrire des billets cachetes. Alors , s'en- quante ans, d'un coup de foudre, cx)mme Es-
fermant dans le sancluaire du temple qu'on ve- culape il mourut dans sa soixante-dixieme
:

nait de batir, il faisait appeler ceux qui avaient annee, d'un ulcere a la jambe ce qui n'empe- ,

donne des billets , et les leur rendait sans qu'ils cha pas qu'apres sa mort il eut, comme un
parussent avoir ete ouverts, mais accompagnes demi-dieu, des statues et des sacrifices.
de la reponse du dieu. Ces billets avaient ete lus Alexandre de Tralles, medecin , ne a Tral-
avec lant d'adresse qu'il etait impossible de s'a- les , dans I'Asie au sixieme siecle. On
Mineure ,

percevoir qu'on eut rompu le cachet, Des es- dit qu'il etait tres-savant; ses ouvrages prouvent
pions et des emissaires informaient le prophete au moins qu'il etait tres-credule. II conseillait a
de tout ce qu'ils pouvaient apprendre, et ils I'ai- ses malades les amuletles et les paroles char-
daient a rendre ses reponses qui d'ailleurs , mees. 11 assure, dans sa Medecine pratique',
etaient toujours obscures ou ambigues, suivant que la figure d'Hercule etouffant le lion de la
la prudente coutume des oracles. On apportait foretde Nemee, gravee sur une pierre et en-
des presents pour ledieu et pour le prophete. chassee dans un anneau est un excellent re- ,

Voulant nourrir I'admiration par une nouvelle mede centre la colique. II pretend aussi qu'on
supercherie, Alexandre annonce un jour qu'Es- guerit parfaitement la goutte, la pierre et les
cuiape en personne aux questions
repondrait lievres par des philacteres et des charmes. Cela
qu'on lui ferait cela s'appelait des reponses de
: montre au moins qu'il ne savait pas les guerir
la propre bouche du dieu. On operait cette autrement.
fraude par le moyen de quelques arteres de
grues qui aboutissaient d'un cote a la tete du
,
1 Liv. X, cii. I.

2.
, ,

ALE 20 — ALL
Alexandre III, roi d'Ecosse. II epousa en que influence sur la vie aux diverses planetes
1285 Yolette, fille du comle de Dreux. Le soir chacune regnant a son tour un certain nombre
de la solennite du mariage on vit entrer a la , d'annees. Voi/. PLANiiXES.
fin dii bal dans la salle ou la coiir etait assem- Alfs, demi-lutins en Angleterre et dans le
blee un spectre decharne qui se mit a danser, Nord. —
Voy. Elfks.
suivi d'une ombre voilee. Les gambades du Algol. Des astrologues arabes ont donne ce
nom au diable.
i^Aliorumnas, sorcieres qui, bannies par Fe-

limer, roi des Goths , avaient dans les deserts


contracte des manages avec les demons etfurent
meres des Huns, des Avares et des Hongrois.
spectre troublerent les assistants ; les fetes fu- Alice de Telieux, nonne du monastere de
rent suspendues, et des habiles declarerent que Saint-Pierre de Lyon, qui s'echappa de son cou-

celte apparition annonqait la mort procliaine du vent au commencement du seizieme siecle en ,

roi. En effet, la meme annee, dans unc partie un temps oil cette maison avait besoin de re-
de cliasse , Alexandre monlant un cheval mal
,
forme, mena mauvaise vie el muurut iniserable-
dresse, fut jete hors de seile et mouruL de la ment, toulefois dans le repentir. Son ame revint
chute'. apres sa mort et se manifesla a la maniere de
Alexandre VI, eki pape en l/j92; pontife ce qu'on appelle aujourd'hui les esprits frap-
qui a ete juge sur un miserable pamplileL laisse peurs. CeLle histoire a ete ecrile par Adrien de

par un chanoine laique, son ennemi^ Quelques Montalembert , aumonier de Frangois l"*.
sols ecrivains alTirment qu'il avait a ses ordres Alkalalai, crisd'allegresse des Kamlscha-

un demon familier, qui passa ensuite aux ordres dales; ils le repetent trois fois a la fete des ba-

de Cesar Borgia. lais, en I'honneur de leurs trois grands dieux,


Alfader, dieu tres-important dans la Iheogo- Filial-Choul-Chi , le pere Touila, sun fils, et
;

nie scandinave. Avant de creer le ciel et la Gaclch, son petit-hls. La fete des balais consisle,
terre il etait prince des geants.
, Les ames des chez ces peuples sales, a balayer avec du bou-
bons doivenL vivre avec lui dans le Simie ou le leau le foyer de leurs cabanes.

Wiiujolff; mais les mechants passent aux mains Aliette. Voy. Etteila.
d'Hela, qui les envoie au Niflheim, la region des Allan-Kardec. Voy. Kardec.
nuages inferieurs au neuvieme monde. L'Edda Alleluia, mot hebreu qui signifie louange k
lui donne divers noms Nikar (le sourcilleux)
:
Dieu. Les bonnes gens disent encore dans plu-
Svidrer (I'exLerminateur), Svider (I'incendiaire), sieurs provinces qu'on fait pleurer la sainte

Oske (celui qui choisit les morLs) eLc. Le ,


— Vierge lorsqu'un chante alleluia pendant le ca-
nom d' Alfaderdonne aussi a Odin.
a ete reme ^.

Alfares, genies scandinaves. Les bons sonl II y avait a Chartres una singuliere coutume.
appeles lios ou lumineux, les mechants docks ou
noirs. ' La merveilleuse histoire de I'csprit qui depuis
naguere s'est apparu au monastere des religieuscs de
Alfridarie, espece de science qui tient de
Saint-Pierre de Lyon, etc., par Adrien de Monta-
I'aslrologie et qui aLlribue successivement quel- lembert, aumonier du roi FranQois I'''". Paris, '1528,
petit in-8° gothique. Voyez celte legende resumee
1 Hector de Boece, in Annalibus Scot. dans les Legendes de I'autre monde.
2 Voyez son histoire, par M. I'abbe .lorry. - Tliiers, Traife des superstitions.
,, :

ALL 2 ALM
A I'epoqiie ou Ton en cesse le chant, I'AUeluia Bayle raconte I'anecdote suivante, pour faire
etait personnifie et represente par une toupie voir qu'il se rencontre des hasards puerils qui
qu'un enfant de choeur jetail au milieu de I'eglise eblouissent les petits esprits et donnent un cer-
et poussait dans la sacristie avec un fonet. Cela tain credit a I'astrologie. Guillaume Marcel, pro-
s'appelait V Alleluia fouette. fesseur de rhetorique au college de Lisieux, avait
On appelle trefie de rAlieluia une plante qui compose en latin I'eloge du marechal de Gassion,
donne vers le temps de Paqiies, une petite fleur
, mort d'un coup de mousquet au siege de Lens.'
blanche etoilee. Elle passe pour un specifique II etait pres de le reciter en public, quand on

contre les philtres. representa au recteur de I'universite que le ma-


Allix. Voici un de ces traits qui accusent rechal etait mort dans la religion pretendue re-
I'ignorance et la legerete des anciens juges de formee et que son oraison funebre ne pouvait
,

parlement. — mathematicien, mecanicien


Allix, etre prononcee dans une universite catholique.
et musicien, vivait a Aix en Provence, vers le Le recteur convoqua une assemblee oil il fut
milieu da dix-septieme siecle; il fit un squelette resolu a la pluralite des voix que I'observation
, ,

qui, par un mecanisme cache, jouait de la gui- etait juste. Marcel ne put done prononcer son
lare. Bonnet, dans son Histoire de la musiqiie panegyrique; et les partisans de I'astrologie
page 82, rapporte -histoire tragique de ce pauvre
1
triompherent en faisant remarquer a tout le
savant. II mettait au cou de son squelette une monde que dans I'almanach de Pierre Larrivey
,

guitare accordee a I'unisson d'une autre qu'il pour cette meme anneelG/iS, entre autres pre-
tenait lui-meme dans ses mains, et placait les dictions, il se trouvait ecrit en gros caracteres
doigts de I'automate sur le manche puis, par ; LATIN PERDU!
un temps calme et serein , lesfenetres et la porte Almanach du diable, contenantdes predic-
etant ouvertes , il dans un coin de sa
s'installait tions tres-curieuses pour les annees 1737 et
chambre et jouait sur sa guitare des passages 1738; aux Enfers , in-2;i. Cette plaisanterie
que le squelette repetait sur la sienne. 11 y a lieu contre les jansenistes etait I'ouvrage d'un cer-
de croire que I'instrument resonnait a la maniere tain Quesnel, joyeux quincaillier de Dijon, affuble
des harpes eoliennes que le mecanisme qui
, et d'un nom que le fameux appelant a tant attriste.
faisait mouvoir les doigts du squelette n'etait Elle est devenue rare, attendu qu'elle fut suppri-
pour rien dans la production des sons. (Nous mee pour quelques predictions trop hardies.
cilons M. Fetis ' sans I'approuver, et nous le ren- Nous ne la citons qu'a cause de son titre. Les
voyons aux automates musiciens de Vaucanson jansenistes y repondirent par un lourd et stupide
qui n'etaient pas des harpes eoliennes). Quoi — pamphlet dirige contre les jesuites et supprime
qu'il en soit poursuit le biographe ce concert
,
, egalement. II etait intitule Almanach de Dieu,
etrange causa de la rumeur parmi la population dedie a M. Carre de Montgeron, pour I'annee
superstilieuse de la ville d'Aix Allix fat accuse ; 1738, in-2i; au Ciel...
de mogie et le parlement fit instruire son pro-
, Almoganenses, nom que les Espagnols don-
ces. Juge par la chambre de la Tournelle il ne , nent a certains peuples inconnus qui par le ,

put faire comprendre que I'effet merveilleux de vol et le chant des oiseaux, par la rencontre des
son automate n'etait que la resolution d'un pro- betes sauvages et par divers autres moyens, de-
bleme mecanique. L'arret du Parlement le con- vinaient tout ce qui devait arriver. « lis con-
damna a etre pendu et brule en place publique, servent avec soin, dit Laurent Valla, des livres
avec le squelette complice de ses sortileges; la qui traitent de cette espece de science; ils y
sentence fut executee en 166/|. » trouvent des regies pour toutes sortes de pro-
Almanach. Nos ancetres tragaient le cours nostics.Leurs devins sont divises en deux classes
des lunes pour toutc I'annee sur un petit mor- I'une de chefs ou de maitres, et I'autre de dis-
ceau de bois carre qn'ils appelaient al-mon-agt ciples ou d'aspirants. » —
On leur attribue aussi
(observation de toules les kmes) telles sont, : I'art d'indiquer non-seulement par ou ont passe
selon quelques auteurs, I'origine des almanachs les chevaux et les autres betes de somme ega-
et I'etymologie de leur nom. rees, mais encore le chemin qu'auront pris une
D'autres se reclament des Arabes, chez qui ou plusieurs personnes; ce qui est tres-utile pour
al-manack veut dire le memorial. la poursuite des voleurs. Les ecrivains qui parlent
Les Chinois passent pour les plus anciens fai- des Almoganenses ne disent ni dans quelle pro-
seurs d'almanachs. Nous n'avons que douze con- vince ni dans quel temps ont vecu ces utiles
stellations; ils en ont vingt-huit. Toutefois leurs devin.s.
almanachs ressemblent a ceux de Matthieu Laens- Almuchefi, miroir merveilleux. Voy. Bacon.
berg par les predictions et les secrets dont ils Almulus (Salomon), auteur d'une explication
sont farcis ^ des songes en hebreu, in-8°. Amsterdam, 16/t2.

Biographie universeUe des musiciens.


' annuaires de meme nature. Fischer a decouvert a
L'altnanach de Matthieu Laensberg commenga a
^ Mayence, en 1804, un almanach imprime pour 1457,
paraitre en 1636. Mais avant lui on avait deja des tout a fait a la naissance de rimprimerie.
;

ALO _ 22 — ALP
avait recu le sceptre de main de Dieu
Alocer, puissant demon, grand-due aux en- tions, il la

fors; il se inonlre vetii en chevalier, monle sur meme en personne.


un cheval enorme ; sa figure rappelle les traits Alouette. Voy. Casso.
Alp. G'est le nom que les Allemands donnent
au cauchemar.
Alpes. Les Alpes, les Pyrenees et tous les
pays de montagnes ont ete chez nous et ailleurs
les principaux foyers de magie. Voy. Soucirrs.
Alphitomancie, divination par le pain d'orge.
Gette divination importante est tres-ancienne.
Nos peres, lorsqu'ils voulaient dans plusieurs
accuses reconnailre le coupable et obtenir de lui
I'aveu de son crime, faisaient manger a chaciin
des prevenus un rude morceau de pain d'orge.
GeUii qui I'avalait sans peine etait innocent : le
criminel se trahissait par une indigestion G'est
meme de cet usage employe dans les epreuves
,

du jugementde Dieu, qu'est venue I'imprecation


populaire « Je veux, si jevous trompe
: que ce ,

morceau de pain m'etrangle! »


Voici comment se pratique cette divination,
qui, selon les doctes, n'est d'un effet certain que
da lion; il pour decouvrir ce qu'un homme a de cache dans
a le teint enflamme, les yeux ardents;
il parle avec gravite; il enseigiie les secrets de
le coeur. On prend de la pure farine d'orge on ;

I'astrononiie et des arts liberaux; il domine la petrit avec du lait et du scl on n'y met pas de ;.

trente-six legions. levain; on enveloppe ce pain coinpacte dans un


Alogricus. Voij. Ai.ruy. papier graisse on le fait cuire sous la cendre,

Alomancie, divination par le sel dont les ensuite on le frotte de feuilles de verveine et on
,

procedes sont peu connus. G'est en raison de le fait manger a celui par qui on se croit trompe,
I'alomancie qu'on suppose qu'une saliere ren- et qui ne digere pas si la presomplion cstfondee.
versee est d'un mauvais prdsage. II y avait pres de Lavinium un bois sacre ou

Alopecie, sorte de charme par lequel on Ton pratiquail I'alphitomancie. Des pretres nour-
fascine ceux a qui Ton veut nuire. Quelques au- rissaient dans une caverne un serpent, selon
teurs donnent le nom d'alopecie a I'art de nouer quelques-uns un dragon scion d'autrcs. A cer-
; ,

I'aiguillette. Voij. Ligatures. tains jours on envoyait des jeunes filles lui por-
Aloros. G'est le nom que les Chaldeens don- ter a manger; elles avaient les yeux bandes et
allaient a la grotte tenant a la main un gateau ,

fait par elles avec du miel et de la farine d'orge.

<(Le diable, dit Delrio, les conduisait Icur droit


chemin. Gelle dont le serpent rcfiisait de man-
ger le gateau n'etait pas sans reproche. »
Alphonse X, roi de Gaslille et de Leon sur- ,

nomme I'astronome et le philosophe, mort en


128/|. On lui doit les Tables Alphomincs. G'est
lui qui disait que, si Dieu I'avait appel^ a son
conseil au moment de
creation il eCit pu lui la ,

donner de Ge prince extravagant


bons avis.

croyait a I'astrologie. Ayant fait tirer I'horoscope


de ses enfants, il apprit que le cadet serait plus
heureux que I'aine et il le nomma son succes-
,

seur au trone. Mais, malgre la sagesse de cet


homme, qui se jugeait capable de donner des
conseils au Greateur, I'aine tua son frere cadet,
mit son pere dans une etroite prison et s'empara
de la couronne toutes choses que sa science ne
;

lui avait pas revelees.


Alpiel, ange ou demon qui, selon le Talmud,
a I'intendance des arbres frui tiers.
i
Delrio ,
Disquisit. magic, lib. IV, cap. ii,

naient a leur premier roi; et, selon leurs tradi- qusest. VII.
;

ALR — i 3 — AMA
Alrinach, demon de I'Occident, que les de- n'en ont pas meilleur marche que les autres ma-
monographes font presider aux lempetes, aux giciens, quoi que leur persuadent leurs talmu-
tremblements de terre, aux pluies, a la grele, etc. distes, qu'ils sont obeis de I'esprit malin. Car
C'est souvent lui qui submerge les navires. Lors- c'est encore une menterie du Talmud des Juifs,
qu'il se rend visible ,
il. parait sous les traits et qu'il n'est rien de difficile aux sages ^maitres et
,

les habits d'une femme. savants en leurs lois, que les esprits d'enfer et
celestes leur cedent , et que Dieu meme (6 blas-
pheme!) ne leur peut resister » — Ce magi-
cien est appele encore dans de vieux recits
Alogricus. 11 est enterre dans une ile mysterieuse
de rinde ^
Altangatufun, des Kalraouks, quiidole
avaitle corps et d'un serpent, avec quatre
la tete

pieds de lezard. Celui qui porte avec veneration


son image est invulnerable dans les combats.
Pour en faire I'epreuve, un khan fit suspendre
cette idole attachee a un livre, et I'exposa aux
coups des plus habiles archers leurs traits ne ;

purent atteindre le livre, qu'ils percerent au


contraire des que I'idole en fut detachee. C'est
la une legende de Cosaques.

Alveromancie ou Aleuromancie. Voy. ce


mot.
Amadeus , visionnaire qui crut connaitre par
revelation deux psaumes d'Adam : le premier,
compose en transport de joie a la creation de la

femme; le second, en triste dialogue avec Eve


apres la chute
Amaimon. Voy. Amoymon.
Amalaric, roi d'Espagne, qui epousa la prin-

Alplionse X.

Alrunes, demons succubes ou sorcieres qui


farent meres des Huns. Elles prenaient toutes
sortes de formes mais ne pouvaient changer de
,

sexe. Chez les Scandinaves, on appelait alrunes


des sortes de fetiches nommes ailleurs Mandra-
gores. Voy. ce mot.
Alruy (David), imposteur en 1199,
juif qui,
se pretendant de la race de David, se vanta
d'etre le Messie destine a ramener les Juifs dans
Jerusalem. Le roi de Perse le fit mettre en prison
mais on voit dans Benjamin de Tudele, qui le cite,
qu'il s'echappa en se rendant invisible. II ne
daigna se remontrer qu'aux bords de la mer. La,
il etendit son echarpe sur I'eau ,
planta ses pieds
dessus et passa la mer avec uae legerete in-
croyable , sans que ceux qu'on envoya avec des
bateaux a sa poursuite le pussent arreter. Cela —
le mit en vogue comme grand magicien. Mais cesse Clotilt'.e soeur du roi des Francs Childe-
,

enfin le scheik Aladin, prince turc, sujet du bert. La pieuse reine n'approuvant pas les exces
,

roi de Perse, fit tant a force d'argent, avec le


beau-pere de David Alruy ou Alroy, lequel beau- 1 Leloyer, Discours des spectres, liv. IV, ch. iv.
2 Voyez CoRBEAU. L'histoire d' Alruy est plus eten-
pere etait peu delicat que le pretendu Messie fut
,
due dans les Legendes de I'Ancien Testament.
poignarde dans son lit. C'est toujours la fin de
<(
^ Ces deux psaumes sont imprimes dans le Codex

telles gens, dit Leloyer; et les magiciens juifs pseudepigraphus Veteris Testamenti de Fabricius.
,

AM A — 2 I
— AMD
de son niari, tombe dans Tarianisme, lebarbare, missionnaires en placent une nation dans les

apres d'oiUres mauvais traitements, lui fit crever Philippines, et Thevenot une autre dans la Min-
les yeux. Clotilde envoya a son frere un moii- grelie. Mais, dil-on, une republique de femmes
choir teint de son sang, et Gliildebert marcha ne subsisterait pas six mois et res Etats mer-
,

aussitot avec une annee contrc Amalaric. La veilleux ne sont que des fictions invenlees pour
justice des homines fut prevenue par la justice recreer I'imagination. Cependant, un curieux
eterneile. Tandis que le bourreau de Clotilde passage nous est fourni par les explorations re-
s'avangait au-devant des Francs, il tomba perce centes de M. Texier dans I'Asie Mineure il a :

d'un trait lance par une main invisible. Des le- decouvert une enceinte de rochers naturels,
gendaires ont ecritque cettemort etait I'ouvrage aplanis par I'art, et sur les parois de laquelle
dn diable niais le trait ne venait pas d'en bas *.
;
on a sculpte une scene d'une importance majeure
Amalarie (Madeleine), sorciere qui allait an dans I'histoire de ces peuples. Elle se compose
sabbat, et qui, chargee de onze homicides, fut de soixante figures, dont quelques-unes sont co-
mise a mort a soixante-quinze ans dans la ba- lossales. On y reconnait I'entrevue de deux rois
ronnie de la Trimouille, a la fin du seizieme qui se font mutuellemcnt des presents.
siecle ^ Dans I'un de ces per.sonnages qui est barbu ,

Amane. Le solcil , sans doute. C'elait le dieu ainsi que toute sa suite, et dont I'appareil a quel-
d'une secte des Parsis ,
qui I'honoraient par un que chose de rude, le. voyageur avait d'abord
feu perpetuel. cru distinguer le roi de Paphlagonie; et dans
Amant (Jean d'), medecin enipoisonneur qui I'autre, qui est imberbe ainsi que les siens, il
fut accuse de magie et signale a I'eveque de voyait le roi de Perse monte sur un lion et en-
,

Frejus au treizieme siecle. 11 avait une mede- loure de toute la pompe asialique. Mais en com-
cine empirique au moyen de laquelle il se van- muniquaiit ses dessins et .ses conjectures aux
taitde pouvnir allonger la vie ou la raccourcir. anliquaires de Smyrne, qu'il a Irouves fort in-
Nous ignorons ce qu'il advint de lui. struils, M. Texier s'est arrete a I'opinion que
Amarante, fleur que Ton admet parmi les cette scene remarquable represenlait I'entrevue
symboles de rimmorlalite. Les magiciens atlri- annnelle des Amazones avec le peuple voisin,
buent aux couronnes faites d'amarante de qui serait les Leuco-Syriens ; et la ville voisine
grandes proprietes, et surtout la vertu de con- oil letemoignage des geographes I'avait empeche

cilier les faveurs et la gloire a ceux qui les de reconnaitre Tavia, serait Themiscy re, capitalo
portent. de ce peuple.
Amazeroth. Reginald Scott, qui a fait, comme Ambrosius ou Ambroise, roi d'Angletcrre.
Wierus, un denombrement des puissances de — l oy. Mkrlin.
I'enfer, cite Amazeroth comme un due, ayant Amduscias, grand-due aux enfn's. II a la
soixante legions sous ses ordres.
Amasis. Herodote raconte qu'Amasis roi ,

d Egypte, eut I'aiguillctte nouee et qu'il fallut ,

employer les plus solennelles imprecations de la


magie pour rompre le charme. Voy. Ligatures.
Amazones, nation de femmes guerrieres, dont
Strabon regarde a tort I'existence comme une
fable. Francois de Torre-Blanca dit ' qu'elles
elaient sorcieres ; ce qui est plus hasarde. Elles
.se mamelle droile pour mieux tirer
brulaient la

de I'arc et le pere iMenestrier croit que la Diane


;

d'Ephese n'elait ornee de tant de mamellcs qu'a


cause que les Amazones lui consacraient celles
qu'elles se retranchaient. que cette repu- On dit
bliquc sans hommes
Cappadoce et les habitait la
bords du Thermodon. Les modernes ont cru re-
trouver despeuplades d'Amazonesen voyantdes
femmes armees sur les bords du Maragnon,qu'on
a nomme pour cela le fleuve des Amazones. Des

forme d'une licorne; mais lorsqu'il est evoque,


Lamberlini de Cruz-Houen, Theatrum regium
* ilse montre sous une figure humaine. 11 donne
Hispanicum, ad aim. 510. des concerts, si on les lui cominande on entend ;

Rikius, Disc, summaire des sortileges, venefices,


-
alors, sans rien voir, le son des trompettes et
idolatries, tires des proces criminels juges au siege
royal de Montmorillon, en Poitou, la presente an- des autres instruments de musique. Les arbres
nee 1599, p. 29. s'inclinent a sa voix. II commande vingt-neuf
3 Ejiist. delict., sive Le magia, lib. I, cap. viii. legions.
. ,

AME 25 — AME

Ame. Tons les peuples ont reconnu Timinor- traire.On a a lutter conlre ce malheur, ajoute-
talitede I'ame. Les hordes les plus barbares ne' t-iljusqu'a ce qu'on puisse etre uni par un se-
,
,

I'ont jamais eLe assez pour se rabaisser jusqu'a cond manage, a l'ame dont on a ete fail le pair
et celle rencontre est rare.
la brute. La brute n'est attachee qua la terre dans
: la creation ;

Philon l'ame pense


Juif qui a ecrit aussi sur
riioinme seul eleve ses regards vers un plus no- , ,

que comme y bons et de mauvais


a de anges
ble sejour. L'insecte est a sa place dans la na- , il ,

il y a aussi de bonnes et de mauvaises


ames el
ture ; rhomme n'est pas a la sienne. ,

La conscience le remords ce desir de pene-


, ,
que les ames qui descendent dans les corps y
trer dans un avenir inconnu, ce respect que apportent leurs qualites bonnes ou mauvaises.
nous portons aux tombeaux cet effroi de I'autre ,
Toules les innovations des lieretiques et des phi-
monde cette croyance aux ames qui ne se dis-
,
losophes, el toules les doctrines qui n'ont pas
•tingue que dans homme, tout nous instruirait
1 leur base dans les enseignemenls de I'Eglise,

deja quand meme la revelation ne serait pas la brillent par de semblables absurdiles.

pour repousser nos doutes. Les inaterialisles Les musulmans disent que les ames demeu-
qui, voulant tout juger par les yeux du corps, rent jusqu'au jour du jugement dansle tombeau,
nient I'existence de I'ame parce qu'ils ne la voient aupres du corps qu'elles ont aniine. Les paiens
point, ne voient pas non plus le sommeil ils ne ; croyaient que les ames, separees de leurs corps
voient pas le vent; ils ne comprennent pas la grossiers et lerrestres, conservaient apres la
lumiere , ni I'electricile, ni cent mille autres faits mort une forme plus subtile et plus deliee de la
que pour tan t ils ne peuvent nier. figure du corps qu'elles quiltaient mais plus ,

On a cherche de tout temps a definir ce que grande et plus majestueuse; que ces formes
c'est que I'ame ce rayon ce souffle de la Divi-
, ,
etaient lumineuses et
nile. Selon les uns, c'est la conscience, c'est de la nature des as-
I'esprit; selon d'autres, c'est cet espoir d'une tres ;
que les ames
autre vie qui palpite dans le coeur de tons les gardaient de I'incli-

hommes. C'est, dit Leon I'Hebreu, cerveau


le nation pour les choses
avec ses deux puissances, le sentiment et le qu'elles avaient ai-

mouvement une flamme a dit


volontaire. C'est ,
mees pendant leur
un autre. Dicearque affirme que I'ame est une vie, et que sou vent

harmonie et une concordance des quatre ele- elles se montraient


ments. autour de leurs tom-
Quelques-uns sontalles loin, et ont voulu con- beaux. Quand l'ame
naitre la figure de I'ame. Un savant a meme de Patrocle se leva
preLendu, d'apres les dires d'un revenant,qu'elle devant Achille elle ,

ressemblait a un vase spherique de verre poll, avail sa voix, sa taille,

qui a des yeux de tons les coles '


sesyeux ses habits, ,

L'ame, a-t-on dit encore, est comme une va- du moins en appa-
pour legere et transparente qui conserve la fi- rence, mais non pas
gure humaine. Un docteur talmudique vivant ,
son corps palpable.
dans un ermitage avec son fils et quelques amis, Origene trouve que
vitun jour l'ame d'un de ses compagnons qui se ces idees ont une
detachait tellement de son corps, qu'elle lui fai- source respectable, et
sait deja ombre a la tele. II comprit que son ami que les ames doivent
allail mourir, et fit tant par ses prieres, qu'il ob- avoir en effet une
tint pauvre ame rentrat dans le corps
que cetle consislance, mais sub-
qu'elle abandonnait. « Je crois de cette bourde tile; il se fonde sur
ce qu'il faut en croire, dit Leloyer^ comme de ce qui est dit dans I'e-

toules les autres bourdes et baveries des rab- vangile de Lazare et


bins. » du mauvais riche, qui
Les Juifs se persuadent, au rapport du Hol- ont tous deux des formes, puisqu'ils se parlent
landais Hoornbeeck, que les ames ont toules ele et se voient et que le mauvais riche demande
,

creees ensemble, et par paires d'une ame une goutle d'eau pour rafraichir sa langue. Saint
d'homme et d'une ame de femme de sorte que ; Irenee, qui est de I'avis d'Origene, conclut du
les mariages sont heureux et accompagnes de meme exemple que les ames se souviennent apres
douceur et de paix, lorsqu'on se marie avec l'ame la mort de ce qu'elles ont fait en cette vie.

a laquelle on a ete accouple des le commence- Dans la harangue que fit Titus a ses soldats
ment mais ils sont malheureux dans le cas con-
; pour les engager a monter a I'assaut de la tour
Antonia, au siege de Jerusalem, on remarque
' Voyez GoNTRAN, dont l'ame avait I'apparence
une opinion qui est a peu pres celle des Scandi-
d'une beletle.
2 Leloyer, Diet, et hist, des spectres, liv. IV, ch. i. naves. Vous savez , leur dit-il ,
que les ames de
;,

AME — : j — AME
ceux qui meurent a la guerre s'elevent jusqu'aux vetus de blanc ,
qui s'avancaient du cote de I'O-
astres, et sont regues dans les regions siipe- rient. Cette troupe defila depuis !e matin jusqu'a
rieures, d'ou elles apparaissent de bons comme heures apres midi. Mais sur
trois le soir elle di-

genies tandis que ceux qui meurent dans leur


;
minua considerablement. Tous les bourgeois

lit, quoique ayant vecu dans la justice, sont plon- monterent sur craignantque ce ne
les murailles,

ges sous terre dans I'oubli et les tenebres *. fussent des troupes ennemies; ils les virent pas-
II y a parmi les Siamois une secte qui croit ser avec une extreme surprise. Un citadin plus ,

que les ames vont et viennent ou elles veulent resolu que les autres, sortit de la ville remar- ;

apres la mort; que celles des homnies qui ont quant dans la foule mysterieuse un homme de sa
bien vecu acquierent une nouvelle force, une connaissance , il I'appela par son nom et lui de-
vigueur extraordinaire, et qu'elles poursuivent, manda ce que voulait dire cette multitude de
altaquent et maltraitent celles des mechants L'homme blanc lui repondit: « Nous
pelerins.
parlout ou elles les rencontrent. Platon dans dit, sommes des ames qui n'ayant point expie tous ,

le neuvieme livre de ses Lois, que les ames de nos peches et n'etant pas encore assez pures
ceux qui ont peri de mort violente poursuivent allons ainsi dans les lieux saints, en esprit de
avec fureur, dans I'autre monde, les ames de penitence nous venons de visiter ie tombeau de
;

leurs meurtriers. Cette croyance s'est reproduite saint Martin, et nous allons a Notre-Dame de
souvent et n'est pas eteinte partout. Farfe ^ »

Les anciens pensaient que toutes les ames Le bourgeois de Narni fut tellement effraye de
pouvaientrevenir apres la mort, excepte les ames cette vision, qu'il en demeura malade pendant
des noyes. Servius en dit la raison c'est que : un an. Toute la ville de Narni, disent de se-
I'ame, dans leur opinion, n'etait autre chose rieuses relations fut temoin de cette procession
,

qu'un feu, qui s'eteignait dans I'eau comme si ;


merveilleuse, qui se fit en plein jour.
le materiel pouvait detruire le spirituel. N'oublions pas, a propos du sujet qui nous
On salt que la mort de I'ame
est la separation occupe, une croyance tres-repandue en Allema-
d'avec le une opinion de tous les
corps. C'est gne c'est qu'on pent vendre son ame au diable.
:

temps et de tous les peuples que les ames en Dans tous les pactes faits avec I'esprit des tene-
quillant ce monde passent dans un autre, meil- bres celui qui s'engage vend son ame. Les Alle-
,

leur ou plus mauvais selon leurs oeuvres. Les, mands ajoutent meme qu'apres cet horrible mar-
anciens donnaient au batelier Caron la charge che le vendeur n'a plus d'ombre. On conte a
de conduire les ames au sejour des ombres. On ce propos I'histoire d'un etudiant qui fit pacte
trouve une tradition analogue a cette croyance avec le diable pour devenir I'epoux d'une jeune
chez les vieux Bretons. Ces peuples placaient le dame dont il ne pouvaitobtenir la main. II yreussit
sejour des ames dans une ile qui doit se trouver en vertu du pacte. Mais au moment de la ce-
entre I'Angleterre et I'lslande. Les baleliers et lebration du mariage, un rayon de soleil frappa
pecheurs dit Tzetzes, ne payaient aucun tribut,
, les deux epoux qu'on allait unir; on s'apergut
parce qu'ilsetaient charges de la corvee de passer avec effroi que le jeune homme n'avait pas d'om-
les ames ; et voici comment cela se faisait :
— Vers bre: on reconnut qu'il avait vendu son ame, et
minuit, ils entendaient frapper a leur porte; ils tout fut rompu.
suivaient sans voir personne jusqu'au rivage ; la Generalement les insenses qui vendent lour
ils troovaient des navires qui leur semblaient ame font leurs conditions, et s'arrangent pour
vides, mais qui etaient charges d'ames; ils les vivre un certain nombre d'annees apres le pacte.
conduisaient a I'ile des Ombres, ou
ne voyaient ils Mais si on vend sans fixer de terme, le diable,
rien encore; mais ils entendaient les ames an- qui est presse de jouir, n'est pas toujours delicat
ciennes qui venaient recevoir et complimenter et voici un trait qui merite attention :

les nouvelles debarquees elles se nommaient ; Trois ivrognes s'entretenaient, en buvant, de


par leurs noms, reconnaissaient leurs parents, etc. rimniorlalite de I'ame et des peines de I'cnfer.
Les pecheurs, d'abord etonnes, s'accoutumaient L'un d'eux commenga a s'en moquer, et dit la-
a ces merveilles et reprenaient leur chemin. — dessus des stupidites dignes de la circonstance.
Ces transports d'ames, qui pouvaient bien ca- C'etait dans un cabaret de village. Cependant
cher une sorte de contrebande, n'ont plus lieu survient un homme de haute stature, vetu gra-
depuis que le Ghristianisme est venu apporter la vement, qui s'assied pres des buveurs et leur
vraie lumiere. demande de quoi ils rient. Le plaisant villageois
On a vu parfois, s'il faut recevoir tous les re- le met au fait, ajoutant qu'il fait si peu de cas

cits des chroniqueurs, des ames errer par troupes. de son ame qu'il est pret a la vendre au plus
,

Dans le onzieme siecle , on vit passer pres de la offrant et a bon marche, et qu'ils en boiront
ville de Narni une multitude infinie de gens I'argent. « Et combien me la veux-tu vendre ? »
dit le nouveau venu. Sans marchander, ils con-
1 Josephs, De hello jud.,
liv. VI, cap. i, cite par
D. Calmet, premiere partie du Traite des apparitions, ' De cura pro mortuis, cite par D. Calmet, pre-
ch. XVI. miere partie ch. xiv. ,
,

AME — 27 - AMI

viennent dn prix; I'acheteur en compte I'argent, et ne s'en ecarte rarement que pour y revenir
et ilsleboivent. C'etait joie jusque-la. Mais, la nuit avec precipitation.
venant, I'acheteur dit « II est temps, je pense,
: Ame des betes. Dans un petit ouvrage tres-
que chacun se retire chez sol celui qui a achete
; spirituel sur Ydme des betes, un pere jesuite a
un cheval a le droit de I'emmener. Vous permet- ingenieusement developpe cette singuliere idee
trez done que je prenne ce qui est a moi. » Or, de quelques philosophes anciens, que les betes
ce disant il empoigne son vendeur tout trem-
, etaient animees par les demons les moins cou-
blant et Temmene oh il n'avait pas cru aller si
, pables, qui faisaient ainsi leur expiation. Voy.
vite de telle sorte que jamais plus le pays n'en
; Albigeois.
ouit nouvelles Voy. Mop.t. Ame du monde. « La force, sans cesse chan-
Ame damnee. On donne ce nom, a Constan- geante, du sein de laquelle s'epanchent et se pre-
tinople, a I'alcyon voyageur, qui est tres-com- cipitent sur nous tant de merveilles, c'est Ydme
mun dans ce pays. Quelque rapide que soit son du monde, » nous dit Cornelius Agrippa, le grand
vol, il n'est jamais accompagne d'aucun bruit. On heritier de I'Ecole d'Alexandrie et cette ame ,

ne le voil jamais se poser, ni chercher, ni pren- feconde toute chose, tout etre que la nature en-
dre sa nourriture. II a le dos noir, le ventre fante ou que faconne I'art Elle le feconde cn y !

blanc. II plane toute la journee sur le Bosphore infusant ses proprietes celestes. Arrangees selon

Les trois ivrognes.

la formnle que la science enseigne, ces choses grande force universelle et fluidique, devient sous
regoivent le don de nous communiquer leurs nos doigts I'ame des talismans et des charmes
vertus. II suffit alors de les porter sur soi pour du magnetisme ou de la sorcellerie Quel autre !

qu'elles operent sur le corps et sur I'dme. Tout trait nous peindra plus au vif sa nature !. .. »
aussitot vous les sentez produire en vous la ma- Amenon. Les Chaldeens comptaient ce heros
ladie ou la sante, I'audace ou la peur, la tristesse parmi leurs rois. lis disaient qu'il a regne douze
ou la joie et nous devenons par elles tantot un
, sares. Or, s'il faut en croire les doctes, le sare
objet de faveur et d'amour, tantot un objet de est de trois mille six ans. Ce qui ferait un regne
haine, d'horreur et d'abomination I « Ainsi, assez long.
ajoute M. le chevalier Gougenot des Mousseaux, Amethyste, pierre precieuse d'un violet fonce,
que nous transcrivons iciS I'ame du monde, la autrefois laneuvieme en ordre sur le pectoral
du grand pretre des Juifs. Une vieille opinion
' Use publie en ce moment (1862) a Geneve un
journal dont void le litre « Journal de I'dme, s'oc-
:
populaire lui attribue la vertu de garantir de
cupant essentiellement des phenomenes d'intuilion 1 ivresse.
ou de sentiment, et en parliculier de ceux relatifs Amiante, espece de pierre incombustible,
a lapriere, auxsonges, a la contemplation, a I'extase,
que Pline et lesdemonographes disentexcellenle
aiix visions, a la lucidite magnetique, a I'inslinct des
animaux, aux phenomenes des tables, a ceux du centre les charmes de la magie*.
crayon etc. » Les prolestants commencent done a
, Amilcar ,
general carthaginois. Assiegeant Sy-
croire au dela de leur Bible? racuse, il crut entendre, pendant son sommeil,
2 De philosophia occulta, Cornelius Agrippa,
p. 65, une voix qui I'assurait qu'il souperait le lende-
239, etc.
^ Lamagieau dix-neuvieme siecle , p. 210, 211. ^ Delancre, De I' inconstance , etc., liv. IV, disc. iii.
; ,

AMM — 28 AMP
main dans la ville. En consequence, il lit donner la messe, balayent la poussiere de la cbapelle de
TassaiiL de bon uiaLin, esperanL enlever Syracuse la Sainte-Union ,du cote par lequel
la soufflent

et y souper, coinrne le lui promeltait son reve. leurs dpoux ou leurs fiances doivenL revenir, et
II flit pris par les assieges et y soupa en effet, se fiattent, au moyen de cet inoffeasif sortilege,
non pas en vainqiicLU", aiiisi qii'il s'y etait aL- de fixer le coeur de celui qu'elles aiinent*. Dans
tendii, mais en capLif, ce qui n'empecha pas le d'autres pays, on croit stupidement se faire ai-
songe d'avoir predit juste'. mer en attachant a son cou certains mots sepa-
Herodote conte encore qu'Amiicar, vaincu par res par des croix. Voy.
Gelon, disparut vers la fin de la bataille, et qu'on Philtrfs. Toy. aussi Rhom-
ne le retrouva plus, si bien que les Carthaginois bus.
le mirent au rang de leurs dieux et lui offrirent II y a eu des amnnts
des sacrifices. entraines par leurs pas-
Ammon. Voy. Jupiter-Ammon. sions qui se sont donnes
Amniomancie, divination sur la coiffe ou au demon pour etre heu-
membrane qui enveloppe quelquefois la tete des reux. On conle qu'un valet
enfanls naissanls, ainsi nommee de cetle coiffe vendit son ame au diable
que les medecins appelaient en grec amnios. Les a condition qu'il devien-
sages-femmes predisaient le sort futur du nou- drait I'epoux de la fille de
veau-ne par I'inspection de cette coiffe; elle an- son maitre, ce qui le rendit le plus infortune des
noncait cl'heureuses destinees si elle etait rouge, hommes ^.
et des malheurs si elle presentait une couleur On atlribue aussi a I'inspiralion des demons
plombee. Voy. Coiffe. cerLainesamours monstrueuses, comme la pas-
Amon, ou Aamon, grand et puissant marquis sion de Pygmalion pour sa statue. Un jeune
de I'empire infernal. II a la figure d'un loup, homme devint pareillement eperdu pour la Ve-
avec unc queue de serpent il vomit de la llamnie ; nus de Praxitele un Athenien se tua de deses-
;

lorsqu'il prend la forme hurnaine il n'a de , poir aux pieds de la statue de la Fortune, qu'il

I'homme que le corps; sa tele ressemble a celle Irouvait insensible. Ces traits ne sont que des
d'un hibou et son bee laisse voir des dents ca- folies deplorables, pour ne pas dire plus.
Amoymon, ou Amaimon, I'un des quatre
rois de I'enfer, dont il gouverne la partie orien-
tale. On I'evoque le matin de neuf heures a ,

midi, et le soir de trois a six heures. Asmodee


est son lieutenant et le premier prince de ses
Etats'.
Amphiaraus, devin de I'antiquite, qui se ca-
cha pour ne pas aller a la guerre de Thebes,
parce qu'il avait prevu qu'il y mourrail; ce qui
eut lieu lorsqu'on I'eut decouvert et force a s'y
rendre. Mais on ajoule qu'il ressuscita. On lui

eleva un temple dans I'Attique, pres d'une fon-


laine sacree par laquelle il s'etait glisse en reve-
nant des enfcrs.
II guerissait les malades en leur indiquant des

remedes dans des songes, comme font de nos


jours ceux qui pratiquent le somnambulisme
magnetique. II rendait aussi par ce moyen des
oracles, moyennant argent. Apres les sacrifices
nines tros-effilees. G'esl le plus solide des princes le consultant s'endormait sur une peau de mou-
des demons. II salt le passe et I'avenir, et recon- ton, et il lui venait un reve qu'on savait toujours
cilie, quand il le veut, les amis brouilles. II com- interpreter apres I'evenement. On lui attribue
mando a quarante legions. des propheties ecrites en vers, qui ne sont pas
Les Egyptiens voyaient dans Amon ou Amoun venues jusqu'a nous. II inventa la pyromancie.
leur Dieu supreme; ils le representaient avec la Voy. ce mot.
peau bleue, sous une forme assez humaine. Amphiloque, devin qui, apres sa mort, rendit
Amour. Parmi les croyances superslitieuses des oracles en Cilicie.
qui se rattachent innocemment a I'amour, nous Amphion. Pausanias , Wierus et beaucoup
citerons celle-ci ,
qu'an homme est generale-
ment aime quand ses cheveux frisent naturelle- 1 Voyage de M. Cambry dans le Finistere, t. L
ment, A Roscoff, en Bretagne, les
2 Voycz a ce propos,dans les Legendes infernales :
femmes, apres
Un pacte a Cesaree.
* Valere-Maxime. 3 Wierus, in Pseitdomonarchia deem.
AMP — 29 — AMP
d'aiilresmeltent Amphion an rang des habiles d'employer les amulettes et les charmes a la gue-
magiciens, parce qu'il rebatit les mars de Thebes rison des maladies. Cette loi, rapporlee par Am-
au son de sa lyre. mien Marcellin, fut executee si severement, que
Amphisbene, serpenl auquel on atlribue deiix Valentinien fit punir de mort une vieille femme
tetes aiix deux extremites, par lesquelles il mord qui otait avec des paroles charmees, et
la fievre

egaleraent. Le docteur Brown a combaltu cette qu'il fit couper la tete a un jeune homme qui

que Pline avail adoptee. « On ne nie point,


erreiir, touchait un certain morceau de inarbre en pro-
dit Brown \ qu'il n'y ait eu quelques serpents a nongant sept lettres de I'alphabet pour guerir le
deux tetes, dont chacune etait a I'extremite op- mal d'eslomac.
posee. Nous trouvons dans Aldrovandi un lezard Mais comme il fallait des preservatifs aux es-
de cette meme forme, et tel etait peut-etre prits fourvoyds, qui sont toujours le plus grand

I'amphisbene dont Cassien du Pay montra la nombre, on trouva moyen d'eluder la loi. On fit
figure au savant Faber. Cela arrive quelquefois des amulettes avec des morceaux de papier char-
aux animaux qui font plusieurs petits a la fois, ges de versets de I'Ecriture sainte. Les lois se
et surtout aux serpents dont les oeufs etant at-
,
montrerent moins rigides contre cette coutume,
taches les uns aux aulres, peuvent s'unir sous et on laissa aux pretres le soin d'en moderer les

diverses formes et s'eclore de la sorle. Mais ce abus.


sont la des productions monstrueuses, contraires Les Grecs modernes, lorsqu'ils sont malades,
a cette loi suivant laquelle toute creature en- ecrivent le nom de leur infirmite sur un papier

gendre son semblable, et qui sont marquees triangulaire qu'ils atlachent a la porte de leur
comme irregulieres dans ie cours general de la chambre. Ils ont grande foi a cette amulette.
nature. Nous douterons done que I'amphisbene Quelques personnes portent sur elles le com-
soit une race de serpents a deux tetes, jusqu'a mencement de I'Evangile de saint Jean comme un
ce que le fait soit confirme. » preservatif contre le tonnerre; et, ce qui est as-
Amrita. Breuvage de rimmortalile chez les sez particulier, c'est que les Turcs ont confiance
Hindous. Leursdieux ont ete mortels pendant dix a cette meme amulette, si Ton en croit Pierre
mille ans, a la suite desquels ils ont trouve le Leloyer.
moyen de faire I'amrita, ce qui les a places Une autre question est de savoir si c'est une
hors des alteintes de la mort. superstition de porter sur soi les reliques des
Amschaspands. Genies du premier ordre chez saints ,une croix une image une chose benite
, ,

lis sont au nombre de six, et ont


les Persans. par les prieres de I'Eglise, un Agnus Dei, etc.,
pour chef Ormusd ou Ormouzd. lis president et si Ton doit mettre ces choses au rang des
avec lui aux sept planetes. amulettes, comme le pretendent les protestanls.
Amulette, preservatif. On appelle ainsi cer- — Nous reconnaissons que si Ton attribue a ces
tainsremedes superstitieux que Ton porte sur soi choses la vertu surnaLurelle de preserver d'acci-
ou que Ton s'attache au cou pour se preserver dents, de mort subite, de mort daus I'etat de
de quelque maladie ou de quelque danger. Les peche, etc, c'est une superstition. Elle n'est pas
Grecs les nommaient phylacteres, les Orientaux, du meme genre que celle des amulettes dont le ,

talismans. C'etaient des images capricieuses (un pretendu pouvoir ne peut pas se rapporter a
scarabee chez les Egyptiens) des morceaux de
, Dieu mais c'est ce que les theologiens appellent
;

parchemin, de cuivre, d'etain, d'argent, ou en- une vaine observance parce que Ton atlribue a
,

core des pierres particulieres oii Ton avait trace des choses sain Les et respectables un pouvoir
certains caracteres ou certains hieroglyphes. que Dieu n'y a point attache. Un Chretien bien
Comrae cette superstition est nee d'un atta- instruit ne les envisage point ainsi; il sail que
chement excessif a la vie et d'une crainte pue- les saints ne peuvent nous secourir que par leurs
rile de tout ce qui peut nuire le Christianisme
, prieres et par leur intercession aupres de Dieu.
n'est venu a bout de la detruire que chez les C'est pour cela que I'Eglise a decide qu'il est
fideles ^. Des les premiers siecles de I'Eglise, les utile et louable de les honorer et de les invoquer.
Peres et les conciles defendirent ces pratiques Or c'est un signe d'invocation et de respect a
du paganisme. lis representerent les amulettes leur egard de porter sur soi leur image ou leurs
comme un resle idolatre de la confiance qu'on reliques; de meme que c'est une marque d'af-
avait aux pretendusgenies gouverneurs du raonde. fection et de respect pour une personne que de
Le cure Thiers ' a rapporle un grand nombre de garder son portrait ou quelque chose qui lui ait
passages des Peres a ce sujet, et les canons de appartenu. Ce n'est done ni une vaine obser-
plusieurs conciles. vance ni une folle confiance d'esperer qu'en
Les lois humaines condamnerent aussi I'usage consideration de I'affeclion et du respect que
des amulettes. L'empereur Constance d^fendit nous temoignons a un saint, il intercedera et
priera pour nous. II en est de meme des croix et
1 Essai sur les erreurs, liv. Ill, ch. xv.
2 Bergier, Dictionnaire theologique. des Agnus DeiK
3 Traite des superstitions, liv. V, ch. i. ' Bergier. Dictionnaire theologique.
,

AMY — 30 ANA

On dans Thyrseus* qu'en 1568, dans le du-


lit
pour y occuper le seplieme trone ce qui n'est ;

ch^ de Juliers, le prince d'Orange condamna an pas croyable, dit Wierus


prisonnier espagnol a mourir; que ses soldals Amyraut (Moise), Iheologien protestant, ne
I'allacherent a un arbre et s'efforcerent de le dans I'Anjou en 1596, mort en 166/). On lui doit un
luer a coups d'arquebuse; mais que leurs balles Traile des sotiges, aujourd'hui peu recherche.

ne I'atteignirent point. On le deshabilla pour Anabaptistes, secte nee de Luther, qui re-
s'assurer s'il n'avait pas sur la peau une armure baptisait; ce que signifie son nom. Voij. Jean de
qui arrelat le coup; on trouva une amulette por- LeYDE et MUNCER.
tant la figure d'un agneau: on la lui ota, et le Anagramme. II y eut des gens surtout dans ,

premier coup de fusil I'etendit roide mort. les quinzieme et seizieme siecles, qui preten-
On voit dans la vieille clironique de don Ur- daient trouver des sens caches dans les mots

sine que quand sa mere I'envoya, tout petit qu'ils decomposaient et une divination dans les
,

enfant qu'il etait, a Saint-Jacques de Compostelle, anagrammes. On cite comme une des plus cu-
elle lui mit au cou une amulette que son epoux rieuses celle que Ton fit sur le meurtrier de
avait arrachee a un chevalier maure. La vertu Henri 111, Frcre dit Jacques Clement, oil Ton
de cette amulette etait d'adoucir la fureur des trouve C'est I'enfer qui m'a cree.
: Deux reli- —
betes cruelles. En traversant une foret, une ligieux en dispute le pere Proust et le pere
,

ourse enleva le petit prince des mains de sa d'Orlians, faisaient des anagrammes; le pere
nourrice et I'emporta dans sa caverne. Mais, loin Proust trouva dans le nom de son confrere :

de lui faire aucun mal elle I'eleva avec len- , I'Asne d'or, et le pere d'Qrleans decouvrit dans
dresse; il devint par la suite tres-fameux sous le celui du pere Proust Pur sot. :

nora de don Ursino ,


qu'il devait a I'ourse , sa Un nomme AndrdPujon, de la haute Auvergne,
nourrice sauvage et , il fut reconnu par son pere passant par Lyon pour se rendre a Paris, reva la
a qui la legende dit qu'il succeda sur le trone de nuit que Tanagramme de son nom etait pendu :

Navarre, d Iliom. En effet, on ajoute que le lendemain il


Les negres croient beaucoup a la puissance s'eleva une querelle entre lui et un homme de
des amulettes. Les bas Bretons leur attribuent son auberge, son adversaire, et qu'il
qu'il tua
le pouvoir de repousser le demon. Dans le Finis- fut pendu huit jours apres sur la place publique
tere, quand on porle un enfant au bapteme, on de Riom. —
C'est un vieux conte renouvele. On
lui met au cou un morceau de pain noir, pour voit dans Delancre ^ que le pendu s'appelait
eloigner les sorts et les malefices que les vieilles Jean de dont I'anagramme est la meme.
Pruom ,

sorcieres pourraient jeter sur lui ^ Voij. Ales. J.-B. Rousseau qui ne voulait pas reconnaitre
,

Amy, grand president aux enfers, et I'un des son pere, parce que ce n'etait qu'un humble
princes de monarchie infernale. 11 parail la-
la cordonnier, avait pris le nom de Verniettes, dont
bas environne de flammes mais il affecte sur la I'anagramine fut faite on y trouva Tu te rentes.
, :


;

terre des traits humains. II enseigne les secrets On lit de Pierre de Ronsard rose de Pindare ,

de I'astrologie et des arts liberaux il donne de L'anagramme de monde est ddmon; I'anagramine
;

bons domestiques il decouvre a ses amis les d'Amiens, en amis; celle de Lamartine mal t'en
; ,

tresors gardes par les demons il est prefet de ira; celle de revolution frangaise, un Corse te
;

Irente-six legions. Des anges dechus et des puis- finira; en 18/|8, on a trouve insolemment dans
sances sont sous ses ordres. 11 espere qu'apres ces troisnoms: A. Thiers, Odilon Barrot,Cham-
deux cent mille ans il retournera dans le ciel bolle, trois AUhoron de la Chamhre.
On donna le nom de cabale a la ligue des fa-
1 Disp. de dwmoniac, pars III, cop. xlv. voris de Charles 11 d'Angleterre ,
qui etaienl
2 On lit dans les observations de Thomas Campbell Buckingham, Arlington Lau-
Clifford, Ashley, ,

sur Alger « 11 y a dans I'Algerie quelques Maures


:

derdale, parce que les initiates des noms de ces


et quelques Juifs qui se pretendent docteurs, et des
femmes qui se disent accoucheuses. Mais les medecins cinq ministres formaient le mot cabal.

et les chirurgiens du pays ne savenl pas un mot On voulut presenter comine une prophetie
d'anatomie ils ignorent jusqu'au nom des drogues
;
cette anagramme de Louis quatorzicme, roi de
qu'ils prennent a tort et a travers. En chirurgie, ils
France et de Navarre : ((Va, Dieu confondra I'ar-
ne savent pas meme manier la lancetle.Iin medeciiie,
ils viennent au secours d'une colique, de la pierre mee qui osera te resister... »

et de la pleuresie-, par I'application d'un fer rouge anagrammes donnent pourtant un


Parfois les
sur la partie souffrante ce traitement force souvent
:
sens qui etonne. Qu'est-ce que la verite ? Qtnd
le patient a crier qu'il est gueri afm qu'on cesse le
est Veritas? demande Pilate a I'Homme-Dieu; et
,

remede. lis saignent avec un rasoir, et arretent les


hemorrhagies avec de la poix! Le docteur Abernethy, il se leve sans attendre la reponse. Mais elle est
dans une lecon sur le goitre disait qu'il ne savait , dans la question, dont l'anagramme donne exac-
comment guerir cette maladie et que peut-etre la ,
tement Est vir qui adest, c'est celui qui est de-
:

meilleure ordonnance serait de siffler. II est possible,


vanl vous.
en verite que les amulettes donnees aux Algeriens
,

par leurs marabouts soient les rem^des les plus in- ' In Pseudomon. dcemonum.
nocents de leur pharmacie. » 2 L' incredulite et mecreance, etc., traite V.
,,
;

ANA 51 ANA
Les Juifs cabalistes ont fait des anagrammes la cloches a minuit, fait paraitre les spectres et
troisieme partie de leur cabale : leur but est de inspire les terreurs nocturnes.
trouver dans la transposition des lettres ou des Anatheme. Ce mot, tire du grec, signifie ex-
mots des sens caches ou raysterieux. Voy. Ono- pose, signaU , devoue. On donnait chez les paiens
MANCIE. le nom d'anatheraes aux filets qu'un pecheur de-

Anamelech ou Anamajech demon obscur, posait sur I'autel des nymphes de la mer, au
, ,

porteur de mauvaises nouvelles. II etait adore a miroir que Lais consacra a Venus aux offrandes ,

Sepharvaim, ville des Assyriens. II s'est montre de coupes, de vetements, d'instruments et de


sous la figure d'une caille. Son nom signifie, a figures diverses. On I'appliqua ensuite aux objets
ce qu'on dit, hon roi; et des doctes assurent odieux que Ton exposait dans un autre sens,
que ce demon est la lune, et Adramelecli le comme la tete ou les depouilles d'un coupable;
soleil. II joue un role dans le poeme oii Gessner et Ton appela anatheme la victime vouee aux
a chante la mort d'iVbel. dieux infernaux. Chez les Juifs I'anatheme a ete
Anancitide. Voy. Aglaophotis. generalement pris ainsi enmauvaise part; chez les
Anania ou Anagni (Jean d'), jurisconsulte du Chretiens c'est la malediction ou I'etre maudit.
quinzieme siecle, a qui on doit quatre livres De L'homme frappe d'anatheme est retranche^de la
la nature des demons et un traite De la magie communion des fideles.
et des malefices Ces ouvrages sont peu connus. II y a beaucoup d'exemples qui prouvent les

Anania mourut en Italie en l/i58. effets de I'anatheme; et comment expliquer ce

Ananisapta. Les cabalistes disent que ce mot, fait constant, que peu d'excommunies lont pro-
ecrit sur un parchemin vierge est un talisman
, spere? Foy. Excommunication. —
tres-elEcace contre les maladies. Les lettres qui Les magiciens et les devins emploient une sorte
le composent sont a leur avis les initiales des d'anatheme pour decouvrir les voleurs et les ma-
, ,

raols qui forment la priere suivante Antidotum lefices voici cette superstition. Nous prevenons
: :

Nazareni Auferat Necem Intoxicationis Sq,ncti.- ceux que les details pourraient scandaliser qu'ils
,

Jicet Alimenta Poculaque Trinitas Alma. sont extraits des grimoires. On prend de I'eau —
Anansie, C'est le nom de I'araignee gigan- limpide on rassemble autant de petites pierres ,

tesque et toute-puissante a qui les negres de la qu'il y a de personnes soupQonnees, on les fait
Cote-d'Or attribuent la creation de I'homme. bouillir dans cette eau, on les enterre sous le
Voy. Araignee. seuil de la porte par oia doit passer le voleur ou
Anarazel, I'un des demons charges de la la sorciere, en y joignant une lame d'etain sur
laquelle sont ecrits ces mots Christus vincit :

Chris tus regnat, Christus imperat. On a eu soin


de donner a chaque pierre le nom de I'une des
personnes qu'on a lieu de soupgonner. On ote —
le tout de dessus le seuil de la porte au lever du

soleil ; si la pierre qui represente le coupable est


brulante, c'est deja un indice. Mais, comme le
diable est sournois ne faut pas s'en con tenter
, il

on recite done les sept psaumes de la penitence


avec les litanies des saints on prononce ensuite ;

les prieres de I'exorcisme contre le voleur ou la


sorciere; on ecrit son nom dans un cercle, on
plante sur ce nom un clou d'airain de forme
triangulaire qu'il faut enfoncer avec un marteau
,

dont le manche soit de bois de cypres et on dit ,

quelques paroles prescrites a cet effet. Alors le


voleur se trahit par un grand cri.
S'il s'agit d'une sorciere, et qu'on veuille seu-
lement oter le maleficd pour le rejeter sur cells
qui on prend le samedi avant le lever,
I'a fait , , ,

du une branche de coudrier d'une annee


soleil ,

et on dit I'oraison suivante « Je te coupe, ra- :

garde des tresors souterrains qu'ils transportent


,
» meau de cette annee, au nom de celui que je
d'un lieu a un autre pour les derober aux recher-
» veux blesser comme je te blesse. » On met la
ches des homraes. Anarazel, avec ses compa-
branche sur la table en repetant trois fois une
,

gnons Gaziel et Fecor, ebranle les fondements


certaine priere * qui se termine par ces mots :
des raaisons excite les tempetes
, sonne les ,

1 On ajoute aux paroles saintes


du signe de la
1 Denaturadcemonum, lib. IV, in-l 2; Neapoli, 1 562. croix Droch, Mirroch, Esenaroth, Betubaroch,
:

2 De magia et maleficiis, in-4°; Lugduni, 1669. Assmaaroth, qu'on entremele de signes de croix
ANA — 32 — ANE
Que le sorcier ou la sorciere soit anatheme , el mal reglee, les mysterieuses allusions qui se re-
nous saufs!... marquent dans ses premiers ouvrages. Font fait
Anatolius philosophe platonicien
,
, maitre de regarder comme le fondaleur du fameux ordre
Jambliqiie, el aiileur d'un Iraile Des sijmpalhies des Rose -Croix. Plusieurs ecrivains allemands
ct des antipalhks , donl Fabriciiis a conserve lui atlribuenl au moins la reorganisation de cet

quelqiics fragments dans sa Bibliolheque grecqiie. ordre secret , afiilie depuis a celui des Francs-
Anaxilas, philosophe pythagoricien qui vivait Maqons, qui reverent encore la memoire d'An-

sous AugusLe. On I'accusa de magie, parce qu'il dreae. — Ses ouvrages, au nombre de cent, pre-
faisait de manvaises experiences de physique, el chent generalement la necessile des socieles

Augiiste le bannit. II ful Tinvenleur du Jlnmheau secretes , surloul la Repuhliqne ChrislianGpoli-


infernal, qui consiste a briiler du soufro dans un laiiic, la Tour de Babel, le Chaos des jitgcmeiits
lieu prive de lumiere ce qui rend les assistants
, portes sur la fraternite de la Rose-Croix, VIdee

fori laids. d'urie socicle chrcticnne , la Reforme gcnerale da

Andaine, fee suzeraine ou reine, qui chassait monde, el les Noccs chimiqucs de Chrelien Roscn-
avec sa suite dans les bois du chateau de Ras- creutz. —
On altribue a Andrece des voyages
nes, et qui en epousa le seigneur*. merveilleux, une existence pleine de mystere, et
Anderson (Alexandre). Voy. Vampires, a la des prodiges qu'on a copies recemment en
fin de I'arlicle. grande parlie dans la peinture qu'on nous a faite
Andrade, medecin qui eut des revelations en des lours de passe-passe de Caglioslro.
853. Elles sont peu curieuses cependant Du- ; Andriague, animal fabuleux, espece de che-
chesne les a recueillies dans sa collection des val ou de grillbn aile que les romans de chevn- ,

historiens franqais ^ lerie donnenl quelquefois aux magiciens, qu'iis

Andras, grand marquis aux enfers. On le voit pretent meme a leurs heros, et qu'on relrouve
avec le corps d'un ange, la tele d'un chat-huant. aussi dans des conies de fees.
Androalphus, puissant demon, marquis de
I'empire infernal ; il se montre sous la figure
d'un paon a la voix grave. Quand il parait avec
la forme humaine, on pent le contraindre a don-
ner des leqons de geometrie. II est astronome, et
il enseigne de plus a ergoter habilement. Il
donne aux hommes des figures d'oiseaux ce qui ;

pcrmet a ceux qui commercent avec lui d'eviler


la griffe des juges. Trente legions sonl sous ses
ordres K
Androgina. Bodin et Delancre content^ qu'en
1536, a Casale, en Piemont, on remarqtia qu'une
sorciere, nommee Androgina, enlrail dans les
maisons, et que bienlol apres on y mourait.
Elle ful prise el livree aux juges elle confessa ;

que quaranle sorcieres ses compagnes avaient


compose avec elle le malefice. C'elait un on-
guenl donl elles allaient graisser les loquets des
portes; ceux qui touchaient ces loquets niou-
a cheval sur un loup noir et porlant a la main raienl en peu de jours. « La meme chose ad- —
un sabre pointu. II apprend a ceux qu'il favorise
vinl a Geneve en 1563, ajoule Delancre, si
a tuer leurs ennemis, mailres et serviteurs; c'est peste, qui dura plus de
bien qu'elles y mirent la
lui qui eleve les discordes et les querelles; il
sept ans. Cent soixanle-dix sorcieres avaient ete
commando Irenle legions. executees a Rome pour cas semblable sous le ,

Andre (Tobie), auteur d'un livre Sur pou-


le
consulat de Claudius Marcellus et de Valerius
voir des mauvais anges, rare et peu recherche pos encore
Flaccus : mais la sorcellerie n'etant
Dix-seplieme siecle.
bien reconnue, on les prenait simplement alors
Andreae (Jean-Valentin), lulherien, ne dans pour ce qu'elles elaienl : des empoisonneu-
le duche de Wurtemberg en 1596, morl en ses »
165/i. Ses connaissances confuses, son aclivile Androides, automates a figure humaine. —
Voyez sa Icgende dans les Legendes des esprits
' Grand.
Voij. ALBr.iiT LK
etdemons. Ana. Les Egypliens traqaient son image sur
2 Excerpta libri revelationum Andradi medici, les galeaux qu'iis offraient a Typhon dicu du ,

anno 853, tonio II, Scriptorum And. DLicliesno.


3 TobicC Andreaj Exercitationes philosophicce de '
Wierus, in Pseudomon. dcemon.
angelorum maloruni potentia in corpora, in-'12; 2 Demonomanle , liv. IV, ch. iv. Tableau de I'in-
Amstel., 1691. constancc, etc., liv. II, disc. iv.
. ! ,

ANE — 33 — ANG
mal. Les Remains regardaient la rencontre de tier et la pierre. Aussitot l'ane se laissait tom-
I'ane comme un mauvais presage. Mais cet ani- ber, roidissait les jambes et fermait les yeux ,

mal etait lionore dans I'Arabie. corame s'il eut ete mort. Le bateleur se plaignait
Certains peuples trouvaient quelque chose de de la mort de son ane, et priait qu'on lui donnat
mysterieux dans cette innocente bete, et on pra- un peu d'argent pour en acheter un autre.
tiquait autrefois iine divination dans laquelle on Apres avoir recueilli quelque monnaie Ah :

employait one tete.d'ane. Foy. Kephalonomancie. disait-il il n'est pas mort


, mais il a fait sem- ,

Ce n'est pas ici le lieu de parler de la fete de blant de I'etre, parce qu'il sait que je n'ai pas le
I'Ane. Mais relevons une croyance populaire qui moyen de le nourrir. —
Leve-toi, ajoutait-il. —
fait de la croix noire qu'il porte sur le dos une L'ane n'en faisait rien. Ce que voyant, le maitre
distinction accordee a I'espece, a cause de I'a- annongait que le soudan avait fait crier a son de
nesse de Bethphage. C'est un fait assez singu'ier. trompe que le peuple eut a se trouver le lende-
main hors de la ville du Kaire pour y voir de
grandes magnificences.' —
II veut. poursuivait-il,

que les plus nobles dames soient montees sur


des anes. .

L'ane se levait a ces mots, dressant la tete et


les oreilles en signe de joie. II est vrai re- — ,

prenait le bateleur, que le gouverneur de mon


quartier m'a prie de lui preter le mien pour sa
femme qui est une vieille roupilleuse edentee.
,

L'ane baissait aussitot les oreilles, et commen-


Qait a clocher comme s'il eut ete boiteux ^
Ces anes merveiileux, disent les demonogra-
phes, etaient sinon des demons, au moins des
hommes metamorphoses comme Apulee qui ;
,

fut, ainsi qu'on


transmue en ane. L'auteur
sait,
du Speculum natures raconte la legende de deux
femmes qui tenaient une petite auberge aupres
Chez les Indiens du Madure, une des premie- de Rome, et qui allaient vendre leurs botes au
res castes, celle des cavaravadouks, pretend des- marche apres les avoir changes en pourceaux
cendre d'un ane ceux de cette caste traitent les
; en poulets, en moutons. Une d'eiles, ajoute-t-il,
anes en freres, prennent leur defense, poursui- transforma un comedien en ane, et comme il
vent en justice, et font condamner a I'amende conservait ses talents sous sa nouvelle peau, elle
quiconque les charge trop ou les bat et les ou- le menait dans les foires des environs, oij il lui
trage sans raison. Dans les temps de pluie, ils gagnait beaucoup d'argent. Un voisin acheta tres-
donneront le couvert a un ane avant de le don- cher cet ane savant. En le lui livrant, la sorciere
ner a son conducteur, s'il n'est pas de certaine se borna a lui recommander de ne pas le laisser
condition entrer dans I'eau, ce que le nouveau maitre de
Voici une vieille fable sur I'ane : Jupiter ve- l'ane observa quelque temps. Mais un jour le
nait prendre possession de I'empire
de les ;
pauvre animal ayant trouve moyen de rompre
,

hommes, a son avenement, lui demanderent un son licou se jeta dans un lac ou il reprit sa
, ,

printemps eternel, ce qu'il leur accorda; il char- forme naturelle, au grand etonnement de son
gea Fane de Silene de porter sur la terre ce pre- conducteur. L'affaire, dit le conte, fut portee au
sent. L'ane eut soif, et s'approcha d'une fon- juge, qui fit chatier les deux sorcieres.
taine; le serpent qui la gardait, pour lui permet- Les rabbins font tres-grand cas de I'anesse de
tre d'y boire, lui demanda le tresor dont il etait Balaam. C'est, disent-ils, un animal privilegie
porteur, et le pauvre animal troqua le don du que Dieu forma a la fin du sixieme jour, Abra-
ciel contre un peu d'eau. C'est depuis ce temps, ham se servit d'elle pour porter le bois destine
dit-on, que les vieux serpents changent de peau au sacrifice d'Isaac elle porta ensuite la femme
;

et rajeunissent perpetuellement, et le fils de Moise dans le desert. lis assurent que


Mais il y a des anes plus adroits que celui-la : cette anesse estsoigneusement nourrie, et reser-
a une demi-lieue du Kaire se trouvait, dans une vee dans un lieu secret jusqu'a I'avenement du
grande bourgade un bateleur qui avait un ane
,
Messie juif, qui doit la monter pour soumetlre
si instruit que les raanants le prenaient pour un
toute la terre. Votj. Borack.
demon deguise. Son maitre le faisait danser en- ;
Angada, roi des singes il aida le dieu Rama ;

suite il lui disait que le soudan voulait construire (septieme incarnation de Vichnou) dans son ex-
un bel edifice, et qu'il avait resolu d'employer pedition contre Ravana.
tous les anes du Kaire a porter la chaux, le mor-
1 Leon Africanus, part. VIII, della Africa, cite dans
* Saint-Foix, Essai sur Paris, tome II. Leloycr.
, ;
,

ANG ANG
Angat. Noin du diable a Madagascar, ou il est compter. Puisque Dieu veut la perfection dans
regarde comme un genie sanguinaire et cruel. ses ouvrages poursuit I'Ange de I'ecole
, plus ,

On lui donne la figure du serpent. une chose est parfaite, plus elle est multipliee;
Angelieri, Sicilien du dix-septieme siecle qui de sorte que les substances immaterielles sent
n'est connu que par un fatras dont il publia deux incoinparablement plus nombreuses que les sub-
volumes, il en promettait vingt-quatre
et dont stances materielles.
sous de Lumiere magique, ou origine,
le titre La theologie a donne des ailes aux anges, dit
ordre et gouvernement de toules les choses ce- saint Denis I'Areopagite, pour marquer la cele-
lestes, terrestres et infernales, etc. *. Mongitore rite de leur mouvement. Tertullien reprend lis :

en parle dans le tome I" de sa Bihliotheque sici- peuvent se transporter partout en un moment.
lienne. Albert le Grand signale quelques erreurs sur le
Angelique plante ,
qui passe pour un preser- mouvement angelique. « Les uns croient, dit-il,
de la magie. On la
vatif centre les fascinations que les anges se meuvent par la pensee. Opinion
mettait en nianiere d'amulelte au cou des petils fausse. Qii^iiid je me represente Constantinople,
enfanls pour les Calcutta Canton ,

garanlir des ma- ma pensee ne tra-


lefices. verse pas les re-
Angerbode ou gions de rOrient
Angurbode,fem- elle trouvela,dans

me gigantesque moii cerveau, les


qui se maria avec ideas qui fixent
Lock, selon I'opi- son regard. Si done
nion des Scandi- les esprits cdlestes

naves, et qui en- se mouvaient com-


fanta trois mons- me la pensee, ils
tres : le loup Fen- resteraient dans
ris, le serpent Jor- le meme lieu. >i

mungandur et la Albert le Grand


demone Hela, qui continue : « D'au-
garde le monde tres pensent que
souterrain. les anges se meu-

Anges. Saint vent par I'effet des


Augustin prouve vertus qui leur
que anges out
les obeissent. Cetle
ete crees dans opinion va droit
I'ceuvre des six a I'heresie : elle

ours, car ils ne estcontraireal'en-


I'ontpasete avant, seignement des
puisqa'il n'existait livres saints. Com-
alors aucune crea- mander a des for-
ture; ils ne I'ont Anges ces actives , leur
paseteapres,puis- donner I'impul-
que Dieu dans I'Ecriture « Quand les astres
dit : sion, les diriger en quelque sorte a travers
)>furent formes, tous mes anges me louerent a I'espace, ce. n'est passe mouvoir soi-meme.
» haute voix. » lis ont probablement rcQU I'exis- Or, I'Ecriture sainte attribue en mille endroits
tence quand le Createur dit : « Que la lumiere le mouvement personnel aux celestes intelli-

» soit ! » parole qui s'applique toujours tout en- gences. D'autres disent enfin que les anges
semble, suivant grand eveqiie d'Hippone, au
le se meuvent par la faculte qu'ils ont d'etre en
monde au monde invisible.
visible et meme temps dans plusieurs lieux, meme partout
Quel est leur nombre ? Daniel en vit mille mil- quand ils le desirent, Mais cette opinion merite
lions qui servaient le Seigneur, et dix mille mil- aussi la note d'heresie. L'etre qui est partout ne
lions qui etaient devant lui. Les bienheureuses se meut point, et un esprit superieur qui pour-
armees des esprits superieurs fonnent dit I'A-
, rait etre partout serait immense , infini : il serait
reopagite, une multitude que nous ne pouvons Dieu *.
Les Juifs, a I'exception des sadduceens, ad-
* Lux magica
academica, coelestium, terrestnum mettaient et honoraient les anges, en qui ils

et infernoruni origo, ordo et subordinatio cunctorutn, voyaient, comme nous, des substances spiri-
quoad esse, peri et operari, XXIV voluminibus di- tuelles, intelligentes , les premieres en dignile
visa. Pars I, Venise, 1686, sous le nom de Livio
Betani; pars II, Venise, 1687. Ces deux volumes 1 M. I'abbe Lachat, Analyse du livre de M. I' abbe
sent in-4°. Thibuudet sur les esprits.
,,

ANG — 35 — ANG
enlre les creatures, et qui, pour nous, n'ont sous leur garde fait une mauvaise action, ils le

au-dessus d'eux que la sainte Vierge. laissent dormir avant de I'enregistrer, esperant
Les rabbins, qui depuis la dispersion ont tout qu'il pourra se repentir a son reveil. Les Per-

allere, et qui placent la creation des anges au sans donnent a chaque homme cinq anges gar-
second jour, ajoutent qu'ayant ete appeles au diens, places : le premier a sa droile pour ecrire
conseil de Dieu, lorsqu'il voulut former
riiomme, ses bonnes actions le second a sa gauche pour
,

leurs avis furent parlages, etque Dieu fit Adam ecrire les mauvaises, le troisieme devant lui pour
a leur insu pour eviter leurs murmures. lis re-
,
le conduire, le quatrieme derriere pour le ga-
procherent neanmoins a Dieu d'avoir donne trop rantir des demons, et le cinquieme devant son
d'empire a Adam. Dieu soutint I'excellence de front pour tenir son esprit eleve vers le Pro-
son ouvrage parce que I'homme devait le louer
,
phete. D'autres eh ce pays portent le nombre
sur la terre, comme les anges le louaisnt dans le des anges gardiens de chaque homme jusqu'a
ciel. II leur demanda ensuite s'ils savaient le cent soixante; ce qui est une grande vanile.
nom de toules les creatures? lis repondirent que Les Siamois divisent les anges en sept ordres,
non; et Adam, qui parut aussitot, les recita et les chargent de la garde des planeles, des
tous sans hesiter, ce qui les confondit.
L'Ecriture sainte a conserve quelquefois aux
demons le nom d'anges, mais anges de tenebres,
anges dechus ou mauvais anges. Leur chef est
appele le grand dragon et I'ancien serpent, a
cause de la forme qu'il prit pour tenter la femme.
Zoroastre enseignait I'existence d'un nombre
infini d'anges ou d'esprits rnediateurs, auxquels
11 attribuait non-seulement un pouvoir d'inter-
cession subordonne a la providence continuelle
de Dieu mais un pouvoir aussi absolu que celui
,

que les paiens pretaient a leurs dieux C'est le


culte rendu a des dieux secondaires que saint
Paul a condamne
Les musulmans croient que les hommes ont

villes, des personnes. Ils disent que c'est pen-


dant qu'on eternue que les mauvais anges ecrivent
les fautes des hommes.
Les theologiens admettent neuf chceurs d'anges,
en trois hierarchies : les seraphins , les cheru-
bins , les trones ;
— les dominations , les princi-
pautes les vertus des cieux
, les puissances
; —
les archanges et les anges.
Parce que des anges en certaines occasions
,

ou Dieu I'a voulu , ont secouru les Juifs contra


leurs enneinis, les peuples modernes ont quel-
quefois attendu le meme prodige. Le jour de la
prise de Constantinople par Mahomet II, lesGrecs
schismatiques, comptant sur la prophetie d'un
de leurs moines, se persuadaient que les Turcs
n'entreraient pas dans la ville, mais qu'ils se-
raient arretes aux murailles par un ange arrae
d'un glaive, qui les chasserait et les repousserait
jusqu'aux frontieres de la Perse. Quand I'ennemi
parut sur la breche, le peuple et Tarniee se re-
fugierent dans le temple de Sainte-Sophie, sans
avoir perdu tout espoir mais I'ange n'arriva pas,
;

et la ville fut saccagee.


Cardan raconte qu'un jour qu'il etait a Milan
^hacun deux anges gardiens dont I'un ecrit le
,
repandit tout a coup qu'il y avait un
le bruit se
bien qu'ils font, et I'autre le raal. Ces anges sont
ange dans les airs au-dessus de la ville. II ac-
sibons, ajoutent-ils que, quand celui qui es^
,
courut et vit, ainsi que deux mille personnes
^ Bergier, Dictionnaire theologique. rassemblees.un ange qui planait dans les nuages,
2 Coloss., cap. II, vers. 4 8. anne d'une longue epee et les ailes etendues.
3.
,

ANG — 36 — ANI

Les habitants s'ecriaient que c'etail I'ange exter- Les Egyptiens adoraient I'anguille, que leurs
minateur et la consternation devenait generale
; ,
pretres .seals avaient droit de manger.
lorsqu'un ecclesiastique fit remarquer que ce On a beauconp parle , dans le dernier siecle
qu'on voyait n'etait que la representation dans des anguilles formees de farine ou de jus de mou-
les nuees d'un ange de marbre blanc place an ton ; c'etait une de ces plai'santeries qu'on appelle
haut du clocher de Saint-Gothard. aujourd'hui des canards.
Angeweiller (Le comte d') epoiise de la N'oublions pas le petit trait d'un avare, rap-
main gauche une fee qui Uii laisse des dons mer- porte par Guillaume de Malmesbury, doyen
veilleux. Voy. Fees d'Elgin, dans la province de Murray, en Ecosse,
Anguekkok, espece de sorciers auxquels les lequel avare fut, par magie, change en anguille
Groenlandais ont recours dans leurs embarras. et mis en matelote

Quand les veaux marins Animaux. lis jouent un grand role dans les
ne se inontrent pas en anciennes mythologies. Les paiens en adoraient
assez grand nombre, on plusieurs, ou par terreur, ou par reconnaissance,
va prier I'anguekkok d'al- ou par suite des doctrines de la metempsycose.
ler trouver la femme pro- Ghaque dieu avait un animal qui lui etait devoue.
digieuse qui, selon la Les anciens philosophes avaient parfois, au
tradition, a trainc la sujet des animaux, de singulieres idees. Celse,
grande de Disco
ile de qui a ele si bien battu par Origene, soutenaitque
la riviere de Baal ou , elle^ lesanimaux ont plus de raison plus de sagesse, ,

etait situee autrefois, plus de vertu que I'homme (peut-etre jugeail-il


pour la placer a plus de d'apres lui-meme), et qu'ils sont dans un com-
cent lieues de la , a I'en- merce plus intime avec la Divinite. Quelques-uns
droit ou elle se trouve ont cherche dans de telles idees I'origine du
aujourd'hui. D'apres la culte que les Egyptiens rendaient a plusieurs
legende , cette femme animaux. Mais d'autres mythologues vous diront
habite an fond de la que ces animaux etaient reveres, parce qu'ils
mer, dans une vaste mai- avaient prele leur peau au\ dieux egyptiens en
son gardee par les veaux deroute et obliges de se travestir. Voy. A me des
marins; des oiseaux de BETES.
mer nagent dans sa Divers animaux sont tres-reputes dans la sor-
lampe d'huile de pois- cellerie, comme le coq, le chat, le crapaud, le
son, et les habitants de bouc, le loup, le chien, ou parce qu'ils accom-
I'abime se reunissent au- pagnent les sorcieres au sabbat, ou pour les
tour d'elle, attires par son eclat, sans pouvoir presages qu'ils donnent, ou parce que les magi-
la quitter, jusqu'a ce que I'anguekkok la sai- ciens et les demons emprunlent leurs formes.
sisse par les cheveux, et, lui enlevant sa coif- Nous en parlerons a leurs articles particuliers.
fure ,
ronipe le charme qui les retenait aupres Dix animaux sont admis dans le paradis de
d'elle. Mahomet la baleine de Jonas, la fourmi de Sa-
:

Quand un Groenlandais lombe malade, c'est lomon, belier d'Ismael, le veau d'Abraham,
le
encore I'anguekkok qui lui sert de medecin il se ;
I'anessede Balaam la chamelle du propheto ,

charge egalemenl de guerir les maus du corps Saleh le boeuf de Moise, le chien des sept dor-
,

et ceux de I'ame Voy. Torngausuk. mants le coucou deBalkis, reine de Saba, el la


,

Anguille. Les livres de secrets merveilleux mule de Mahomet. Voy. Borack.


donnent a I'anguille des vertus surprenantes. Si Nous ne dirons qu'un mot d'une erreur popu-
on la laisse mourir hors de I'eau, qu'on metle laire qui, aujourd'hui, n'est plus tres-enracinee.
snsuite son corps entier dans de fort vinaigre On croyait autrefois que toutes les especes qui
mele avec du sang de vautour, et qu'on place le sontsui: la terre se trouvaient aussi dans la mer.
tout sous du fumier, cette composition » fera Le doc ten r Brown a prouve que cette opinion
ressusciter tout ce qui lui sera presente , et lui n'etaitpas fondee. « 11 serait bien dilTicile, dit-il,
redonnera la vie comme auparavant^ ». de trouver I'huitre sur la terre; et la panthere,
Des autorites de la meme force disent encore le chameau la taupe ne se rencontrent pas dans
,

que celui qui mange le coeur tout chaud d'une I'histoire naturelle des poissons. D'ailleurs le re-
anguille sera saisi d'un instinct prophelique, et nard, le chien, I'ane, le lievre de mer ne res-
predira les choses futures. semblent pas aux animaux terrestres qui portent
le meme nom. Le clveval marin n'est pas plus un
1 Voyez aussi la Fee d'Angeweiller dans les Le- ,
cheval qu'un aigle; le boeuf de mer n'est qu'une
gendcs des esprits et des demons. .

grosse raie le lion marin ; une espece d'ecre- ,


2 ExpMitioti du capitaine Graah dans le Groenland.
3 Admirables secrets d' Albert le Grand, liv. 11, ' Cite par M. Salgues, Des erreurs et des pre-
ch. III. jucjes.
;;

ANI — 37 — ANN
visse; et le chien marin ne represente pas plus gueur, et les jeunes mariees onl generalement
le chien de terre que celui-ci ne ressemble a soin de courber le doigt annulaire au moment
I'etoile Sirius, qii'on appelle aussi le chien'. » oil elles regoivent I'anneau, de raaniere a I'ar-
11 serait long et hors de propos de rapporler reter avant la seconde jointure.
ici toutes les bizarreries que I'esprit hiimain a Les Anglaises, qui observenL la meme supersti-
enfantees par rapport aux animaux. Voy. tion font le plus grand cas de I'anneau d'al-
,

BiiTES, etc. liance, a cause de ses proprietes. Elles croient


Aniran, gdnie musulman qui preside aux qu'en mettant un de ces anneaux dans un bonnet
noces. de nuit, et plagant le tout sous ieur chevet, elles
Anjorrand. Voy. Denis. verront en songe le mari qui leur est destine.
Anka. Voy. Simorgue. Les Orientaux reverent les anneaux et les
Annaberge, demon terrible parmi les de- bagues, et croient aux anneaux enchantes. Leurs
mons gardiens des mines. II lua un jour plu- contes sont pleins de prodiges operes par ces
sieiirs ouvriers dans la riche mine d'argent de anneaux. lis citent surtout, avec une admiration
I'Allemagne appelee Corona Rosacea. sans bornes, Vanneau de Salomon, par la force
L'annaberge se montrait sous la forme d'un
(( duquel ce prince commandait a toute la nature.
bouc avec des cornes d'or, et se precipilait sur Le grand nom de Dieu est grav^ sur cette bague,
les mineurs avec impeUiosile, ou sous la forme qui est gardee par des dragons, dans le tombeau
d'un cheval qui jetait la Ilamme et la peste par
, inconnu de Salomon. Celui qui s'emparerait de
ses naseaux. » Ce terrible annaberge pouvait cet anneau serait maitre du monde et aurait
bien n'etre qu'un esprit tres-connu aujourd'hui tous les genies a ses ordres. Voy. Sakhar. —A
des chimistes sous ie nom de feu
La grisou. d^faut de ce talisman prodigieux, ils achetent a
lampe de surete d'Humphrey-Davyiiurait ete un des magiciens des anneaux qui produisent aussi
talisman precieux aux mineurs de la Couronne des merveilles.
de roses ^ L'abominable Henri VIII benissait des anneaux
Annabry, I'un des sept princes de I'enfer qui d'or, qui avaient, disait-il, la propriete de guerir
se montrerent un jour a Faust. II etait en chien de crampe Les faiseursde secrets ont invente
la
noir el blanc,avec des oreilles longues de quatre des bagues magiques qui ont plusieurs vertus.
aunes Voy. Faost. Leurs livres parlent de Vanneau des voyageurs.
Anne l'Ecossaise. Voy. Auxonne. — Cet anneau , dont le secret n'est pas bien cer-
Anneau. 11 y avait autrefois beaucoup d'an- tain, donnait a celui qui le portait le moyen
neaux enchantes ou charges d'amulettes. Les d'aller sans fatigue de Paris a Orleans, et de
magiciens faisaient des anneaux constell6s avec revenir d'Orleans a Paris dans la meme journee.
lesquels on operaitdes merveilles. Voy. Eleazar. Anneau d'invisibilite. On n'a pas perdu le
— Cette croyance elait si repandue chez les secret de Vanneau d'invisibiliU. Les cabalistes
paiens, que leurs pretres ne pouvaient porter ont laisse la maniere de faire cet anneau, qui
d'anneaux, a moins qu'ils ne fussent si simples placa Gyges au trone de Lydie. 11 faut entre-
qu'il etait evident qu'ils ne contenaient pas prendre cette operation un mercredi de prin-
d'amulettes ^ lemps, sous les auspices de Mercure, lorsque
Les anneaux magiques devinrent aussi de cette planete se trouve en conjonction avec une
quelque usage chez les Chretiens, et meme beau- des autres planetes favorables, comme la Lune,
coup de superstitions se rattacherent au simple Jupiter, Venus et le Soleil. Que Ton ait de bon
anneau d'alliance. On croyait qu'il y avait dans mercure fixe et purifie on en formera une bague
;

le quatrieme doigt, qu'on appela" specialement oil du milieu


puisse entrer facilement le doigt
doigt annulaire ou doigt destine a I'anneau un , on enchassera dans le chaton une petite pierre
nerf qui repondait directement au coeur ; on re- que Ton trouve dans le nid de la huppe, et on
commanda done de mettre I'anneau d'alliance a gravera autour de la bague ces paroles Jesus :

ce seul doigt. Le moment oii le mari donne I'an- passant \ au milieu d'eux f s'en alia'''; puis,
neau a sa jeune epouse devant le pretre ce mo- , ayant pose le tout sur une plaque de mercure
ment, dit un vieux livre de secrets, est de la fixe, on fera le parfum de Mercure; on enve-
plus haute importance. Si le mari arrete I'anneau loppera I'anneau dans un taffetas de la couleur
a I'entree du doigt et ne passe pas la seconde convenable a la planete on le portera dans le
,

jointure, la femme sera maitresse; mais s'il en- nid de la huppe d'oii Ton a tire la pierre, on I'y
fonce I'anneau jusqa'a I'origine du doigt, il sera laissera neuf jours et quand on le retirera
; on ,

chef et souverain. Celte idee est encore en vi- fera encore le parfum comme la premiere fois
puis on le gardera dans une petite boite faite
1 Brown, Des errmrs populaires, liv. Ill, ch. xxiv.
avec du mercure fixe, pour s'en servir a I'occa-
2 Quarterly Review, Essai sur les superstitions
populaires.
3 M. Francois Hugo , le Faust anglais. 1 Misson Voyage d'ltalie, t. Ill p.
, ,
'1
6 , a la marge.
* Aulu-Geile, lib. X, cap. xxv. 2 Saint Luc, ch. iv, verset 30.
;

ANN — 38 — ANN
sion. Mors on niellra la bague a son doigt. En figure d'un cheval, avec un cou immense et des
tournant la pierre au dehors de la main, elle a yeux effroyables C'est le meme que I'anna-
la verlii de rendre invisible aux yeux des assis- berge.
tants celui qui la porte; et qaand on vent etre Annee. Plusieurs peuples ont celebre par des
vu, il sufiit de renLrer la pierre en dedans de la ceremonies plus ou moins singulieres le retour
main que Ton ferme en forme de poing.
,
du nouvel an. Chez les Perses, un jeune homme
Porphyre, Jamblique, Pierre d'Apone et Agrip- s'approchait du prince et lui faisait des offrandes,
pa, ou du moins les livres de secrets qui leur en disant qu'il lui apportait la nouvelle annee de
sont attribues soutiennent qu'un anneau fait de
, la part de Dieu. Chez nous, on se donne des

la maniere suivante a la meme propriete. II faut etrennes.


prendre des polls qui sont au-dessus de la tete Les Gaulois commengaient I'ann^e par la cere-
de I'hyene, et en faire de petites tresses avec monie du gui de chene, qu'iis appelaient le gui
lesquelles on fabrique un anneau qu'on porte ,
de ran neuf ou du nouvel an. Les druides, accom-
aussi dans le nid de la huppe. On le laisse la pagnes du peuple, allaient dans une foret, di'es-
neuf jours; on le passe ensuite dans des parfums saient autour du plus beau chene un autel trian-
prepares sous les auspices de Mercure (planele). gulaire de gazon, et gravaient sur le tronc et sur

On s'en sert comme de I'autre anneau, exceple les deux plus grosses branches de I'arbre revere

qu'on I'ote absolument du doigt quand on ne les noms des dieux qu'iis croyaient les plus puis-

veut plus etre invisible. sants: Tlieidates , Hesus, Taranis, Belenus. En-
Si, d'un autre cote, on veut se precaulionner suite I'un d'eux, vetu d'une blanche tunique,
contre I'effet de ces anneaux cabalistiques, on coupait le gui avec une serpe d'or deux autres
;

aura une bague faile de plomb raffine et purge druides etaient la pour le recevoir dans un linge
on enchassera dans le chaton un oeilde jeune et prendre garde qu'il ne touchat la terre. lis dis-
belette qui n'aura porte des petits qu'une fois; tribuaient I'eau ou ils faisaient tremper ce nou- '

sur le contour on gravera les paroles suivantes : veau gui et persuadaient au peuple qu'elle gue-
,

Apparuit Dominus Simoni. Cette bague se fera rissait plusieurs maladies et qu'elle etait efficace
un samedi ,
lorsqu'on connaitra que Saturne est centre les sortileges ^.

en opposition avec Mercure. On I'enveloppera Annee platonique. On appelle mmde plato-


dans un morceau de linceul mortuaire qui ait nique un espace de temps a la fin duquel lout doit
enveloppe un raort; on I'y laissera neuf jours; se retrouver a la meme place. Les uns comptent
puis I'ayant retiree, on fera trois fois le parfum
,
seize mille ans pour cette revolution, d'autres
de Salurne et on s'en servira., trente-six mille ^ II y en eut aussi qui croyaient
Ceux qui ont imagine ces anneaux ont rai- anciennement qu'au bout de cette periode le
sonne sur le principe de I'antipathie qu'iis sup- monde serait renouvele, et que les ames rentre-
posaient entre les matieres qui les composent. raient dans leurs corps pour commencer une
Rien n'est plus antipathique a la huppe que nouvelle vie semblableala precedente. On conte
I'hyene, et Saturne retrograde presque toujours la-dessus cette petite anecdote :

a Mercure; ou, lorsqu'ils se rencontrent dans le Des Allemands, arretes dans une auberge de
domicile de quelques signes du zodiaque, c'est Chalons-sur-Marne, amenerent la conversation
toujours un aspect funeste et de mauvaisaugure '. sur cette grande annee platonique ou toutes les
Nous parlous astrologie. choses doivent retourner a leur premier etat; ils
On peul faire d'autres anneaux sous I'influence voulurent persuader au maitre du logis qu'il n'y
des planetes , et leur donner des vertus au avait rien de si vrai que cette revolution « de ;

moyen de pierres et d'herbes merveilleuses. sorte, disaient-ils, que, dans seize mille ans
« Mais dans ces caracteres, herbes cueillies, d'ici, nous serons a boire chez vous a pareille
constellations et charmes le diable se coule » , , heure et dans cette meme chambre. »
comme dit Leloyer, quand ce n'est pas simple- La-dessus, ayant tres-peu d'argent, en vrais
ment le demon de la grossiere imposture. « Ceux Allemands qu'iis etaient, ils prierent I'hoLe de
qui observent les heures des astres, ajoute-t-il, leur faire credit j usque-la.
n'observent que les heures des demons qui pre- Le cabaretier charapenois leur repondit qu'il
sident aux pierres, aux herbes et aux astres le voulait bien, « Mais, ajouta-t-il, parce qu'il y
memes. » —Et de fait que ce ne sont ni des
il est a seize mille ans, jour pour jour, heure pour heure,
saints ni des coeurs honnetes qui se melent de que vous etiez pareillement a boire ici comme
ces superstitions.
'
Wierus, De prcest., lib. I, cap. xxii.
Anneberg, demon des mines; il tua un jour 2 Saint-Foix, Essais, etc., t. II.

de son souffle douze ouvriers qui travaillaient a Quelques-uns disaient que les corps celestes
3

une mine d'argent donl il avait la garde. C'est seulemenl se retrouvaient au meme point au bout de
la grande annee. Ciceron, dans un passage de son
un demon mechant, rancunier et terrible, II se
Hortensius, conserve par Servius, fait cette grande
montre surtout en AUemagne on dit qu'il a la ;
annee de douze mille neuf cent cinquante-quatre des
» Petit Albert. notres.
! ,,

ANN — 39 ANS
vous faites, et que vous vous etes retires sans lution complete. Quelques-uns disent meme qu'il
payer, acquiltez le passe, et je vous ferai credit se renouvelle entierement, D'autres pretendent
du present... » que ce renouvellement n'a lieu que tous les neuf
Annee climaterique. Le prejuge des annees
ans aussi les annees climateriques se comptent
:

climaUriques subsiste encore, quoiqu'on en ait a par sept et par neuf. Quarante-neuf et quatre-
peu pres demontre I'absurdite. Auguste ecrivait vingt-un sont des annees tres-importantes, disent
a son neveu Caius pour I'engager a celebrer le les partisans de cette doctrine; mais soixante-
'

jour de sa naissance attendu qu'il avait passe la trois est I'annee la plus fatale, parce que c'est la
,

soixante-troisieme annee —
qui est cette grande multiplication de sept par neuf. Un Normand di-
,

climaterique si redoutable pour les huraains. —


sait Encore un des miens pendu a quarante-neuf
:

Beaucoup de personnes craignent encore I'annee ans! et qu'on dise qu'il ne faut pas se mefier des
climaterique cependant une foule de relev^s annees climateriques
;

prouvent qu'il ne meurt pas plus d'horames dans « On ne doit pourtant pas porter trop loin dit ,

la soixante-troisieme annee que dans les annees. M. Salgues, le mepris de la periode septenaire,
qui la precedent. Mais un prejuge se detruit avec qui marque en effet les progres du developpe-
peine. Selon ces idees, que Pythagore fit naitre ment et de I'accroissement du corps humain.
par ses singulieres reveries sur les nombres notre Ainsi, generalement
, les dents de I'enfance ,

temperament eprouve tous les sept ans une revo- tombent a sept ans la puberte se manifesto a qua- ,

Allemands causant de I'annee plalonique.

torze, le corps cesse de croitre a vingt et un. » lypse. L'auteur peiise que Mahomet est I'Ante-
— Mais celte observation n'est pas completement christ, et que la fin du monde aura lieu quand le
exacte. peuple des saints (les Chretiens) aura soumis en-
Anninga, lalunechezlesGroenlandais. C'etait tierement les juifs et les mahometans.
au commencement un jeune garden qui aimait a Anocchiatura , fascination involontaire qui
courir les champs avec sa scEur Malina. Or lui s'exerce soit par les yeux par les paroles , soit
jour qu'il la poursuivait, elle se retourna tout a selon les croyances populaires des Corses, mais
coup et lui barbouilla de noir la figure. Apres quoi dans un sens tres-bizarre , les puissances myste-
Malina ,
perdant terre ,
s'elanga dans le ciel , oi\ rieuses qui president a I'anocchiatura ayant la
elle devint Anninga, qui n'a cesse de la
le soleil. singuliere habitude d'executer le contraire de ce
poursuivre devenu la lune.
, est qu'on souhaite. Aussi, dans la crainte de fasciner
Annius de Viterbe (Jean Nanni) savant eccle- , les enfants en leur adressant des benedictions
siastique, ne a Viterbe en l.Zi32. II a publie une ou des eloges le peuple qui leur veut du bien le
,

collection de manuscrits attribues a Berose, a leur prouve par des injures et des souhaits d'au-
Fabius Pictor, a Caton, a Archiloque, a Mane- tant plus favorables qu'ils sont plus affreusement
thon, etc., et connus sous le nom d Antiquites exprimes *.

d' Annius. Ce peu de credit. On pretend


recueil a Anpiel I'un des anges que les rabbins char-
,

qu'il contient beaucoup de fables mais plusieurs ; gent du gouvernement des oiseaux car ils mettent ;

de ces fables sont d'antiques legendes. chaque espece creee sous la protection d'un ou
On doit encore a Annius un Traite de I' empire de plusieurs anges.
des Turcs, et un livre des Futurs triomphes des Anselme de Fame ,
astrologue ne a Parme
Chretiens sur les Turcs et les Sarasins, etc, Ces ou il mourut en IkhO. II avait 6crit des Institu-
deux ouvrages sont des explications de I'Apoca- 1 M. P. Merimee, Colomba.
,;

ANS - - ANT
lions astrolo(jiqvcs , qui n'onl pas die imprimees. Antechrist. Par Antechrist on entend ordinai-
Wierus' demonographes le meltent
el quelques rement un tyran impie et cruel ennemi de Jesus- ,

au nombre des sorciers. Des charlatans qui gue- ,


Christ. 11 doit regner sur la terre lorsque le monde
rissaient las plaies au moyen de paroles mysle- approchera de sa fin. Les persecutions qu'il exer-
rieuses que Ton pretend inventees par lui ont , cera conlre les elus seront la derniere et la plus
pris le nom d'anselmistes et, pour mieux en ;
terrible epreuve qu'ils auront a subir; et meme
imposer, ils se vantaient de tenir leur verlu de Notre-Seigneur a declare que les elus y succom-
guerir non d'Anselnie de Parme, inais de saint beraient, si le temps n'en etait abrege en leur
Anselme de Canlorbery. Voy. Art de saint An- faveur ; car il se donnera pour le Messie et fera
selme. des prodiges ccipables d'induire en erreur les elus
menus.
Leloyer rapporte cette opinion populaire que ,

les demons souterrains ne gardent que pour lui


les tresors caches, au moyen desquels il pourra
seduire les peuples ; et sa persecution sera d'au-
lant plus redoutable, qu'il ne manquera d'aucun
moyen de seduire, et agira beaucoup plus par la

corruption que par la violence brutale. C'esl a


cause des miracles qu'il doit faire que plusieurs
I'appellent le singe de Dieu.
Le mot de passe des sectateurs de 1' Antechrist
sera dit Boguet
, Je renie le bapteme.
:

Ce qui est assez grotesque, assurement, c'esl


que les prolestants, ces precurseurs de I'Ante-
chrisl, donnent le nom d'Antechrist au pape,

Aniiocliialura. comme les larrons qui crient au voleur pour de-


tourner d'eux les recherches'. Voy. Abdi:i:l.
Ansuperomain , sorcier des environs de Saint- On a raille I'abbe Fiard, qui regardait Vollaire
Jean-de-Luz, qui, selon des informations prises et les encyclopedistes comme des precurseurs de
sous Henri IV par le conseiller Pierre De!ancre^ rAnlechrist. 11 est tres-possible que les railleurs
fut vu plusieurs fois au sabbat, a cheval sur un aient tort.
demon qui avail la forme de bouc, et jouant de Antesser, demon. Voy. Blokula.
la flutepour la danse des sorcieres. Anthropomancie, divination par I'inspeclion
Anthaeus. 11 y a, comme dit Boguet, des fa- des entrailles d'hommes ou de femmes evenLres.
milies oil il se trouve toujours quelqu'un qui de- Cel horrible usage elait tres-ancien. Herodote dit
vient loup-garou. Evanthes el apres lui Pline que Menelas, retenu en Egypte par les vents con-
rapportent que dans la race d'un certain Anthaeus traires, sacrifia a sa barbare curiosile deux en-
Arcadien , on choisissait par le sort un homme fanls du pays, et chercha a savoir ses deslinees
que Ton conduisail pres d'un etang. La, il se de- dans leurs entrailles. Heliogabale praliquait cette
pouillail,pendaitses habits a un chene et, apres ; divination. Julien I'Apostat, dans ses operations
avoir passe I'eau a la nage, s'enfuyait dans un magiques et dans ses sacrifices nocturnes, faisait
desert ou, transforme en loup, il vivait et con- tuer, dit-on, un grand nombre d'enfants pour
versait avec les loups pendant neuf ans, II fallait consulter leurs entrailles. Dans sa derniere expe-
que durant ce temps il ne vit point d'hommes dition, etant aCarra, en Mesopotamie, il s'en-
aulrement le cours des neuf ans eut recommence. ferma dans temple de la Lune; et, apres avoir
le
Au bout de ce terme il retournail vers le meme fail ce qu'il voulut avec les complices de son im-
etang, le traversait a la nage et rentrait chez lui, piete, il scella les portes, et y posa une garde
ou il ne se trouvait pas plus age que le jour de qui ne devait elre levee qu'a son retour. II fut lue
sa transmutation en loup le temps qu'il avail :
dans la balaille qu'il livra aux Perses et ceux qui ,

passe sous cette forme ne faisant pas compte dans entrerentdans le temple de Garra sous le regne
le nombre des annees de sa vie de Jovien, son successeur, y trouverent une
Antamtapp, enfer des Indiens, plein de chiens femme pendue par les cheveux, les mains eten-
enrages et d'insectes feroces. On y est couchd sur dues, le ventre ouvert et le foie arrache.
des branches d'epines et continuellement caresse Anthropophages. Le livre attribue a Enoch
par des corbeaux a bee de fer. Les Brahmes dit que les geants nes du commerce des anges
disenl que les supplices de eel enfer sent elernels. avec les tilles des hommes furent les premiers
anthropophages. Marc-Paul rapporte que de son
' hi Ubio apolofietico.
2 Tableau aa rinconstaiKe des demons, liv. Ill,
disc. IV. 1 Voyez la Legende de FAntechrist, a la fin des
"*
Diicours des speclrc, liv. IV, cli. xv. Legendes du Nouveau Testament.
. ,

ANT — /|1 - ANT


temps, dans la Tartarie, les magiciens avaient dame qui aimait beaucoup les tableaux et les gra-
le droit de manger la chair des criminels les ; vures s'evanouissait lorsqu'elle en trouvait dans
sorciers ont ete son vent convaincns d'anthropo- un en dit la raison elant encore pe-
livre; elle :

phagie, notamment les lonps-garous, et des ecri- son pere I'apergut un jour qui feuiiletait les
tite,

vains ont releve ce fait notable qu'il n'y a que volumes de sa bibliotheque pour y chercher des
les Chretiens qui n'aient pas ete anthropophages. images ; il les lui retira brusquement des mains,
Antide. Une vieille tradition populaire rap- et lui dit d'un ton terrible qu'il y avait dans ces
porte que saint Antide eveque de Besangon vit
,
, livres des diables qui I'etrangleraient si elle osait
un jour dans la campagne un demon fort maigre y toucher.... Ces menaces absurdes, ordinaires
et fort laid ,
qui se vantait d'avoir porte le trouble a certains parents, occasionnent toujours de fu-
dans I'Eglise de Rome. Le saint appela le demon nestes effets qu'on ne pent souvent plus detruire.
le fit mettre a quatre pattes lui sauta sur le dos
, Pline assure qu'il y a une telle antipathie entre
se fit par lui transporter a Rome, repara le degat le loup et le cheval, que si le cheval passo ou le
donL range dechu se montrait si fier, et s'en re- loup a passe, il sent aux jambes un engourdis-
vint en son diocese par la meme voiture. sement qui I'empeche de marcher. Un cheval
Antiochus, moine de Seba qui vivait an com- ,
sent le tigre en Amerique, et refuse obslinement
mencement du septieme siecle. Dans ses 190 ho- de traverser une foret ou. son odorat lui annonce
melies,intitulees Pandectes des divines Ecritures, la presence del'ennemi. Les chiens sentent aussi
la 84% De insomniis, roule sur les visions et les tres-bien les loups, avec lesquels ils" ne sympa-
songes * thisent pas ; et peut-etre serions-nous sages de
Antipathie. Les astrolognes prelendent que suivre jusqu'a un certain point, avec les gens
ce senliment d'opposition qu'on ressentpour une que nous voyons la premiere fois, I'impression
personne ou pour une chose est produit par les sympathique ou antipathique qu'ils nous font
astres. Ainsi deux personnes nees sous le meme eprouver, car I'instinct existe aussi chez les
aspect auront un desir mutue! de se rapprocher, hommes memes, qui le surmontent plus ou moins
et s'aimeront sans savoir pourquoi de meme que ; a propos par la raison.
d'autres se hairont sans motif, parce qu'elles se- Antipodes. L'existence des antipodes etait
ront nees sous des conjonctions opposees. Mais regardee naturellement comme un conte, dans le
comment expliqueront-ils les antipathies que les temps oil I'oir croyait que la terre etait plate,
grandshommes ont eues pour les choses les plus Mais il n'est pas vrai, comme on I'a perfidement
conimunes? On en cite un grand nombre aux- ecrit, que le pretre Virgile fut excommunie
quelles on ne pent rien comprendre. La Mothe- par le pape Zacharie pour avoir soutenu qu'il
le-Vayer ne pouvait souffrir le son d'aucun in- y avait des antipodes. Ce Virgile au conlraire, a
strument, et goutait le plus vif plaisir an bruit du cause de sa science, fut comble d'honneurs par
tonnerre. Cesar n'entendait pas le chant du coq le saint-siege et nomme a I'eveche de Salzbourg.

sans frissonner. Le chancelier Bacon tombait en D'ailleurs le pape Zacharie savait probablement
y avait une eclipse
defaillance toutes les fois qu'il qu'il y a des antipodes, puisque avant lui Ori-
de lune. Marie de Medicis ne pouvait supporter gene, le pape saint Clement et d'autres en avaient
la vue d'une rose, pas meme en peinture, et elle parle. Saint Basile, saint Gregoire de Nysse,
aimait toutes les auLres fleurs. Le cardinal Henri saint Athanase et la plupart des Peres n'igno-
de Cardonne eprouvait la meme aversion et tom- , raient pas la forme spherique de la terre. On en a
bait en syncope lorsqu'il sentait I'odeur des roses. le temoignagedanslelivre de la Crdationdu monde,
Le marechal d'Albret se trouvait mal dans un re- ecrit par Jean Philoponos au septieme siecle.
pas ou Ton servait un marcassin ou un cochon La plupart des hommes a qui I'education n'a
de lait. Henri III ne pouvait rester seul dans une pas etendu les bornes de I'esprit croient encore
chambre ou il y avait un chat. Le marechal de que la terre n'est qu'un grand plateau, et il se-
Schomberg avait la meme faiblesse. Ladislas , roi rait difficile de leur persuader qu'on trouve au-
de Pologne, se Iroublait et prenait la fuite quand dessous de nous des humains qui ont la lete en
il voyait des pommes. Scaliger fremissait a I'as- bas, et les pieds justement opposes aux notres
pect du cresson. Erasme ne pouvait sentir le pois- Les anciens mythologues citent, dans un autre
son sans avoir la fievre. Tycho-Brahe defaillait a sens, sous le nom d'Antipodes, des peuples fabu-
la rencontre d'un lievre ou d'un renard. Le due leux de la Libye, a qui on attribuait huit doigts
d'Epernon s'evanouissait a la vue d'un levraut. aux pieds, et les pieds tourn^s en arriere. On
Cardan ne pouvait souffrir les ceufs; le poete ajoute qu'avec cela ils couraient comme le vent.
Arioste, les bains; le de Crassus, le pain;
fils Antithees. Lespaiensdonnaientcenom a des
Jules Cesar Scaliger, le son de la vielle. esprils grossiers demons du dernier ordre, qui
,

On trouve souvent la cause de ces antipathies venaient souvent a la place des dieux evoques
dans les premieres sensations de I'enfance. Une par les magiciens etleur jouaientde vilains tours.
» Voyez t. XII de la Bibliotheca Patrum, ed. ' M. Salgues, Des erreurs et des prejuges, t 11,
Lugdun. p. 72.
, !

ANT - Z,2 — APO


Antoine. Saint Anloine est celebre par les gravial de Brandebourg. Son histoire a ete pu-
lentations qu'il eiit a subir de la part du diable. bliee par Sixte Agricola et Georges Witmer
Ceux qui ont mis leur esprit a la torture pour (Ingolstadt, Gorres
resumee dans le
ib%L\). I'a
donner a ces faits un cote plaisant n'ont pas tou- qiiatrieme volume de Nous I'em- sa Mystique.
jours eu autant d'esprit qu'ils ont voulu en mon- pruntons a ce grand ouvrage. Hans Geissel- —
trer. lis n'egalent certainement pas le bon legen- brecht etait un chenapan qui passait sa vie a
daire, quiconte qu'Antoine, ayant dompte Satan, boire, a jurer et a maltraiter sa femme, Un ma-
le contraignit a demeurer aupres de lui sous tin, les voisines reprocherent a
pauvre Apol- la
sa forme la plus convenable, qui etait celle d'un lonie le vacarme qui s'etait fait toute la nuit
chez
cochon. Foy. Ardents. elle. Furieuse de subir des reproches apres tout
Apantomancie, divination tiree des objets ce qu'elle endurait de son mari, elle s'ecria :

qui se presentent a I'improviste. Tels sont les Si le bon Dieu ne veut pas me delivrer de cet
presages que donne la rencontre d'un lievre ou homme violent, eh bien que le diable vienne a ,

d'un aigle, etc. mon aide. —


Le soir, lorsque le betail fut ren-
Aparctiens, peuples fabuleux que d'anciens tre, elle s'en alia traire ses
vaches. Alors elle vit
contours ont places dans le Septentrion. lis etaient voler autour de sa tele deux oiseaux qui seui-
transparents comme du cristal, et avaient les blaient des corbeaux, quoique a cette epoque il
pieds etroits et tranchants comnie des patins, ce n'y en eut plus dans le pays. Puis un homme de
ce qui les aidait merveilleusement a glisser sur haute parut a ses cotes et lui dit
taille Ah : —
leurs lacs geles. Leur longue barbe ne leur pen- ma pauvre femme, j'ai bien pitie de vous et de
dait pas au menton, mais au bout du nez. lis votre triste sort avec un affreux mari qui devo-
,

n'avaient point de langue, mais deux solides ra- rera tout ce que vous possedez. Si vous voulez
teliers de dents, qa'ils frappaient musicalement etre a moi, je vais vous conduire a I'inslant en
I'un contre I'autre pour s'exprimer. ne sor-
lis un lieu charmant
vous pouriez boire, man-
oii
taient que la nuit, et se reproduisaient par le ger, chanter, danser a votre aise, etmener une
moyen de la sueur, qui se congelait et formait vie comme vous n'en avez jamais mene jusqu'ici,
un petit. Leur dieu etait un ours blanc'. car le ciel n'est pas tel que vous le represen-
^
Apis, ou mieux Hapi. G'est le banif que les lent vos pretres; je vous ferai voir bien autre
EgypLiens adoraient. 11 devait etre noir et avoir chose. — Apollonie, sans plus reflechir, donna
une tache blanche carree sur le front. Des qu'il sa main al'inconnu en disant qu'elle voulaitbien
avait trone vingt-cinq ans dans ses deux etables, etre a lui. Aussitot elle fut possedee. Les voisins,
qui etaient deux temples, on le noyait, et on lui un instant apres, accoururent a ses cris, car elle
cherchait un rempIaQant. On croit que ce boeuf venait de se jeLer dans un egout situe pres de son
representait Osiris. etable, et elle pouvait s'y noyer. Comme on la
Apocalypse. Dans du
cette cloture redoulable remportait dans sa maison, elle s'ecriait :

saint livre qui commence par Genese, I'esprit
la Laissez-moi ne voyez-vous pas la vie delicieuse
!

de I'homme s'est souvent dgare. La manie de que je mene; je ne fais que boire, manger,
vouloir tout expliquer, quand nous sommes en- chanter et danser'... II parait que les exorcismes
toures de tant de mysteres que nous ne pouvons la guerirent, et nous n'avons pas la suite de son

comprendre ici-bas, a fourvoye bien des esprits. histoire.


Apres avoir trouve la bete a sept tetes et I'Ante- Apollonius de Tyane, philosophe pythago-
christ dans divers personnages, on
peu est aussi ricien, ne a Tyane en Cappadoce, peu de
avance que le premier jour. Newton a echoue temps apres Notre-Seigneur Jesus-Christ. C'etait
comme les autres, dans I'interpretalion de I'Apo- un de ces aventuriers qui s'occupaient de theur-
calypse. Ceux qui I'ont lue comme un poeme gie, et qui cherchaient aupres des magiciens et
hermetique ont leur excuse dans leur folie. Pour des jongleurs, si nombreux chez les paiens, ces
nous, attendons que Dieu leve les voiles. secrets mysterieux au moyen desquels ils eton-
11 y a eu plusieurs Apocalypses supposees, de naient la foule. 11 etait oublie lorsque I'impera-
saint Pierre, de saint Paul de saint Thomas
, de ,
trice Julie,femme de Septime Severe, princesse
saint Etienne, d'Esdras,de Moise, d'Elie, d' Abra- de moeurs dissolues et par consequent ennemie
,

ham, de Marie, femme de Noe, d'Adam meme. Por- de I'Evangile, pria Philostrate, autre ennemi des
phyre a cite encore une Apocalypse de Zoroastre. un heros que Ton
Chretiens, de faire d' Apollonius
Apollinaire, plante ainsi noramee chez les put opposer au Christ. Avec des maleriaux re-
paiens parce qu'elle etait consacree a Apollon. cueillis plus d'un siecle apres la mort de cet
Les Chretiens lui ont conserve ce nom a cause homme, dont on ne se souvenait plus, il composa

du grand saint qui I'a porte. un recit que Lactance compare a \'Ane d'or d'A-
Apollonie de Leuttershausen. Cette femme pulee, Apollonius de Tyane etait un magicien
vivait au temps ou s'etablit la reforme. Elle ha-
' La mystique divine, naturelle et diabolique,
bitait avec son mari, Hans Geisselbrecht, le mar-
par Gorres, traduit de Tallemand par M. Charles
^ Supplemerd d I'Histoire veritable de Lucien. Sainte-Foi.
,,

APO — Ii3 - APP


comme Faust, et, conime liii, on Fa enloure de Hierocles ,
qui ,
d'apres les recits de Philostrate
merveilles souvent imaginaires. Sa vie ,
qui a'est voulait faire sa cour a Domitien en vantant ce
ainsi qu'un roman , a eLe traduile ea fraiiQais faiseur de tours de passe-passe , eut le front de
par Vigenere, un volume in-i"'. dire qu'il avait ete enleve au ciel , tandis que de
Eusebe ne paiie d'Apollonius de Tyane que plus avises ont ecrit qu'il avait ete emporte par
comme d'un escamoteur. Leloyer dit que ce fut le diable dans un age avance.
Simon le magicien qui lui enseigna la magie Et il n'est pas le seul qui ait eu cette chance
noire ,Ammien Marcellin le met au nombre
et quoique vulgairedes philosophes n'y voie que
le

des hommes qui ont ete assistes d'un demon fa- du feu. On a dit aussi que, si Aurelien, qui ve-
milier, comme Socrate, Numa et une foule d'au- nait de prendre Tyane en Cappadoce, et qui avait
tres. On salt peu de choses sur|la tin d'Apollonius. jure do la delruire, I'epargnacependant, c'estque

pparitions. On ne peut pas tres-


bien preciser ce que c'est qu'une ap-
Dom
Calmet dit que si Ton
parition.
en songe, c'est une
voit quelqu'un
apparition. « Souvent, ajoute-t-il, il
le spectre d'Apollonius lui avait apparu et avait n'y a que I'imagination de frappee; ce n'en est
intercede pour sa ville. — Le croira qui voudra. pas moins quelquefois un fait surnaturel quand
II y a eu des gens qui ont trouve ApoUonius il a des relations. »
vivant au douzieme siecle. Voy. Artephius. Dansla rigueur du terme, une apparition est
Apomazar. Des significations et evenemenis lapresence subite d'une personne ou d'un objet
des somjes, selon la doctrine des Indiens, Perses contre les lois de la nature par exemple I'ap-
:
,

et Egyptiens, par Apomazar. Vol. in-8°; Paris, parition d'un mort, d'un ange, d'un demon, etc.
1580. Falras oublie, mais rare, Ceux qui nient absolument les apparitions sont
Apone. Voy. Pierre d'Apone. temeraires. Spinoza, malgre son materialisme,
1 Voyez I'abrege de cette vie dans les Legendes reconnaissait qu'il ne pouvait nier les appari-
infernales. tions ni les miracles.
APP - tih
— APP
On lie raisonne pas mieux lorsqu'on diL qiriine femme et mourut subilcment. On fut Ires-em-
chose qui est arrivee autrefois devrait arriver en- barrasse quaiid le maitre du depot vint le recla-

core. II y a bien des choses qui onL eu lieu jadis nier. Saint Macaire pria, dit la Idgende, et le
el qui ne se renouvellenl pas, dans le sysLeme defunt appariit a sa femme, a qui il declara que
iiieme des materialistes, coinme il y a bien des I'argent redemande elait enterre au pied de son
choses qui ont lieu aujourd'hui et que jadis on lit, ce qui fut Irouve vrai. Ces sortes d'appari-
u'a pas soupgonnees. tions ne peuvent pas etre repoussees ,
parce
Nous devons admetlre et croire les apparitions qu'elles ont devant Dieu un motif raisonnable.
rapportees dans les saintes Ecritures. INous ne Mais Dieu ne permet jamais les apparitions ridi-
sommes pas tenus a la meme foi dans les simples ne sont generalement que de mauvaises
cules, qui
histoires; et 11 y a des apparitions qui, reelles ou farces.Ce sont les apparitions des morts chez les
intellectuelles , sont fort surprenantes. On lit anciens qui ont donne naissance a la necroman-
dans la vie de saint Macaire qu'un homme ayant cie. Voij. Necromancu:.
regu un depot le cacha sans cn ricn dii'c a sa Nous ne songerons a nous occuper ici que des

apparitions illusoires ou duuLeuses, et


lo nouibre en 1726, accusee, a Londres, d'etre complice du
en est immense. Nous suivrons un moment les meurtre de son mari, niait le fait; on lui pre-
ecrivains qui ne doutent de rien et qui, dans , sente I'habit du mort, qu'on secoue devant elle;
leurs exces menies, sont encore moins stupides son imagination epouvantee lui fait voir son mari
el moins que ceux qui doutent de
a quatre pattes meme ; elle se jette a ses pieds et declare qu'elle
tout. Quelquefois, disent-ils, les apparitions ne voit son mari. Mais on trouvera des choses plus
sont que vocales c'est une voix qui appelle.
: inexplicables.
Mais dans les bonnes apparitions Tesprit se Les apparitions du diable, qui a si pen besoin
montre. — Quand les esprits se font voir a un de se montrer pour nous seduire faibles que ,

homme seul , ajoutent les cabalisles


ne pre- , ils nous sommes, ont donne lieu a une multitude de
sagent rien de bon quand ils apparaissent a deux
; recits merveilleux. Des sorciers brules a Paris
personnes a la fois, Hen de mauvais; ils ne se ont dit en justice que, quand le diable veut se
raontrent guere a trois personnes ensemble. faire un corps aerien pour se montrer aux hom-
II y a des apparitions imaginaires causees par mes, « il faut que le vent soit favorable et que
lesremords des meurtriers se sont crus harceies
; la lune soit pleine ». Et lorsqu'il apparait, c'est
ou poursuivis par leurs victimes. Une femme. toujours avec quelque defaut necessaire, ou trop
: ,

APP 45 — APU
noir, ou trop pale, ou trop rouge, ou Iropjr d, riques avec un imperceptible. Pendant la nuit,
fil

ou trop peLit, on le pied fourchu, ou les mains ils donnaient mouvenient et la direction qu'ils
le
en grilles, ou la queue an derriere et les cornes voulaient a leurs globes de feu et quand les cu- ,

en tete, etc., a moins qu'il ne prenne one forme rieux couraient apres une flamme elle devenait ,

bizarre. II parlait a Simon le Magicien , et a aussitot invisible; mais al'instant il en surgissait


d'autres, sous la figure d'un chien ; a Pythagore, une autre sur un point oppose pour detourner
sous celle d'un fleuve; a Apollonius, sous celle I'attention. Ce jeu s'effectuail ainsi pendant quel-
d'un orme , etc. ques instants successivement et puis siinultane- ,

Excepte les demons de midi , les demons et les ment, de maniere a produire plusieurs flammes
spectres apparaissent la nuit plutot.que le jour, a la fois. —
Cette jongierie trompa bien des in-
et la nuit du vendredi au samedi de preference a credutes effrayes mais enfin il se trouva un es-
;

toute autre, comme le declare Jean Bodin, d'a- prit rassis. Cache derriere une haie, il observa
pres un grand nombre de temoignages. attentivement la mise en scene et devina le secret
Les apparitions des esprits, dit Jamblique, sont de la comedie. Suflisamment edihe il alia querir ,

analogues a leur essence. L'aspect des habitants la gendarmerie et les cinq mystificateurs furent
,

des cieux est consolant, celui des archanges ter- arretes au moment ou ils donnaient une nouvelle
rible, cekii des anges moins severe, celui des representation. Quel etait leur but? On I'ignore.
demons epouvantable. II est assez difficile, Le plus cui ieux de Fhistoire, c'est qu'une com-
ajoute-t-ilde se reconnailre dans les apparitions
, mission scientifique avait deja prepare un rap-
des spectres car il y en a de mille sortes.
,
— port sur Fetonnant phenomene metdorologiquede
Delancre donne pourtant les moyens de ne point ces mauvais plaisants. »

s'y tromper. « On pent distinguer les ames des Maisne faut pas s'appuyer sur des farces de
il

demons, dit-il. Ordinairement les ames apparais- ce genre pour nier les apparitions. II y en a d'in-
sent en hommesportant barbe', en vieillards, en contestables comme on le verra en divers ar-
,

enfants ou en femmes, bien que ce soit en habit ticles de ce livre.


et en contenance funeste. Or les demons peuvent Apsaras. Les apsaras sont les fees de la my-
se montrer ainsi. Mais, ou c'est Fame d'une per- thulogie indienne.
sonne bienheureuse ou c'est I'ame d'un damne.
,

Si c'estI'ame d'un bienheureux, et qu'elle re-


vienne souvent, il faul tenir pour certain que
c'est un demon qui ayant manque son coup
, ,

de surprise revient plusieurs fois pour le tenter


,

encore. Car une ame ne revient plus quand elle


est satisfaite si ce n'est par aventure une seule
,

fois pour dire merci. Si c'est une ame qui se —


dise Fame d'un damne, il faut croire encore que
c'est un demon vu qu'a grand'peine laisse-t-on
,

jamais sortir Fame des damnes. » Voila les moyens


de se reconnaitre que Pierre Delancre donne
comme aises ^
II un pen plus loin que le spectre qui ap-
dit
parait sous une peau de chien ou sous toute autre
forme laide est un demon mais le diable est si ;

malin , qu'il vient aussi sous des'traits qui le font


prendre pour un ange, II faut done se defier, —
Voyez pour les anecdotes Visions Spectres, :
,

Fantomes, Hallucinations, Esprits, Lutins, Apulee. Philosophe platonicien, ne en Afri-


Vampires, Revenants, Songes, Armees prodi- que, connu par le livre de I'Ane d'or. 11 vecut
GiEUSES, etc. au deuxieme siecle sous les Antonins. On lui
,

Voici , sur les apparitions, un petit fait qui a attribue plusieurs prodiges auxquels sans doute
eu heu a la Rochelle, et que les journaux rap- il n'a jamais songe. II depensa tout son bien en

portaient en avril 18/i3 : « Depuis quelque temps, voyages, et mit tous ses soins a se faire initier
la population se preoccupait des revenants qui dans les mysteres des diverses religions paiennes;
apparaissaient tons les soirs sous la forme de apres quoi il s'apercut qu'il etait ruine. Comme
flammes phosphorescentes, bleuatres et myste- il etait bien fait, instruit et spirituel, il captiva
rieuses. Ces revenants ont ete pris au trebuchet I'affection d'une riche veuve de Carthage, nom-
c'etaient cinq gros rejouis de paysans des envi- inee Pudentilla, qu'il parvint a epouser. II etait
rons qui grimpes tous les soirs sur des arbres
, encore jeune, et sa femme avait cinquante ans.
tres-eleves, langaient des boulettes phospho- Cette disproportion d'age et la pauvrete connue
1 L' Inconstance des dimons, liv. V, disc. ii. d'Apulee tirent soupgonner qu'il avait employe,
AQU - /,6 — ARA
pour par\ enir a ce riche manage , la magie et Talmud font, avec Anpiel, princes et gouverneurs
les philtres. On disait nienie qu'il avail compose du peuple des oiseaux.
ces philtres avec des filets de poissons, des hui- Araignees. Les anciens regardaient comme
tres et des paltes d'ecrevisses. Les parents de la un presage funestc les loiles d'araignee qui
femme , a qui ce mariage ne con\ enait pas , I'ac- s'attachaient aux etendards el aux statues des
cuserent de sortilege il parut devant ses juges, ;
dieux. Chez nous, une araignee qui court ou qui
et quoique les prejuges sur la magie fiissentalors file promet de I'argenl; les uns pretendent que

en tres-grand credit, Apulee plaida si bien sa c'est de I'argentle matin, et le soir une nouvelle;

cause qu'il la gagna pleinement. d'autres, au contraire vous cileronl ce proverbe- ,

Boguet et d'autres demonographes disent axiome Araignee du matin petit chagrin arai-
:
, ;

qu'Apulee fut metamorphose en ane, comme gnee demidi, petit profit; araignee du soir, petit
quelques autres pelerins, par le moyen des sor- espoir. « Mais, comme dil M. Salgues*, si les

cieres de Larisse, qu'il etait alle voir pour es- araignees etaienl le signede la richesse, personne
sayer si la chose etait possible el faisable *. La ne serait plus riche que les pauvres. »

femme qui lui demontra que la chose etait pos- Quelques personnes croienl aussi qu'une arai-
sible en le changeant en ane le vendit ,
puis le gnee est toujours I'avanl-coureur d'une nouvelle
racheta. Par la suite grand magicien , il devint si heureuse, si on a le bonheur de I'ecraser. M. de
qu'il se metamorphosait lui-meme au besoin en T***, qui avail celte opinion, donna, en 1790,
cheval en ane, en oiseau. II se pergait le corps
, au theatre de Saint-Petersbourg une Iragedie ,

d'un coup d'epee sans se blesser. II se rendait inlilulee Abaco et Mo'ina. La null qui en preceda

invisible, elant Ires-bien servi par son demon !a representation au moment de se coucher, il
,

familier. C'est meme pour couvrir son asinisme, apercul une araignee a cote de son lit. La vue
dil encore Delancre, qu'il a compose son livre de I'insecte lui fit plaisir; il se hata d'assurer la
de I'Ane d'or. bonte du presage en I'ecrasant; il avail saisi sa
Taillepied pretend que tout cela est une con- panloufle, mais I'emotion qu'il eprouvait filman-
fusion , et que s'il y a un ane mele dans I'hisloire quer le coup, I'araignee disparul. II passa deux
d'Apulee, c'est qu'il avail un esprit familier qui heures a la chercher en vain ;
fatigue de ses ef-
lui apparaissait sous la forme d'un ane ^. Les forts inutiles, lit avec deses-
il se jela sur son
verilables anes sont peul-elre ici Delancre et poir :Le bonheur etait la, s'ecria-l-il el je I'ai
« ,

Boguet. Ceux qui veulenl jeter du merveilleux sur perdu Ah ma pauvre Iragedie » Le lendemain
! ! !

loutes les actions d'Apulee affirment que, par il fut tenle de retirer sa piece mais un de ses ,

nn de ses charmes, sa femme etait obligee


effet amis Ten empecha la piece alia aux nues, et ;

de lui tenir la chandelle pendant qu'il travaillait; I'auteur n'en demeura pas moins persuade qu'une
d'autres disent que cet office etait rempli par son araignee porle bonheur lorsqu'on I'ecrase
demon familier. Quoi qu'il en soit, il y avail de Dans le bon temps de la loterie, des femmes
la complaisance dans celte femme ou dans ce enfermaienl le soir une araignee dans une boile

demon. avec les qualre-vingl-dix numeros ecrits sur de


Outre son livre de I'Ane (Tor, on a encore petits carres de papier. L'araignee, en manoeu-

d'Apulee un pelil Iraite du demon de Socrate, vranl la null retournail quelques-uns de ces pa-
,

De deo Socralis , refute par saint Augustin il a ; piers. 'Ceux qui etaienl retournes de la sorle
ete traduit sous ce litre De I' esprit familier de 5o- : etaienl regardes le lendemain matin comme nu-
craic, avec des remarques, in-12. Paris, 1698. meros gagnants
Aquelare ou Bosquet du Bouc. C'est ainsi
, le Cependanl les loiles d'araignee sonl utiles :

qu'on appelail dans le pays Basque un plateau ou appliquees sur une blessure elles arretcnl le ,

se faisait le sabbat. sang et empechent que la plaie ne s'enflamme.


Aquiel, demon que Ton conjure le dimanche. Mais il ne faut peul-elre pas croire, avec I'auteur

l/oy. Conjurations. des Adinirables secrets d' Albert le Grand, que


Aquin ( Mardochee d' ), rabbin de Carpentras, l'araignee pilee el mise en cataplasme sur les
morl en 1650, qui se fit Chretien, el changea au lempes guerisse la fievre tierce.
hapteme son nom de Mardochee en celui de Phi- Avanl que Lalande eul fail voir qu'on pouvait
lippe, On recherche de lui I' Interpretation de manger des araignees, on les regardail generale-
I'arhre de la cahale des Hebreux; Paris, in-8°, ment comme un poison. Un religieux du Mans
sans date. disanl la messe, une araignee tomba dans le ca-
Arachula, mechant esprit de I'air el grand lice apres la consecration. Le moine, sans hesi-
ennemi de la lune, chez les Chinois voisins de la ler, avala I'insecte. On s'atlendait a le voir en-
Siberie. Voy. Lune. fler; ce qui n'eut pas lieu.
Arael, I'un des esprils que les rabbins du
1 Deserreurs et des prejuges, t. I, p. 510.
' Dobincre, Tableau derinconstancededemons, etc., - Annuks dramatiqncs ou Divlionnairc des thed-
,

liv. IV, ell. 1. ires, par une societe de gens de lettres, 1. 1, au mot
2 De I' apparition des esprits, ch. xv. Abaco.
! ,

ARB — 47 — ARD
II y a de vilaines histoires sur le compte des ne sais' ou Ton a vu en aura plus qua-
qu'il n'y

araignees. N'oublions pourtant pas que, dans son rante ans avant la du monde,
« parce que la
fin

cachot, Pellisson en avail apprivoise une que Delille secheresse qui precedera I'embrasement de I'u-
a celebree. Mais la tarentule est aussi une arai- nivers consumera la matiere de ce meleore »
gnee. Le marecbal de Saxe, Iraversant un village, C'est pourtant une opinion encore repandue chez
coucha dans une auberge infestee , disait-on , de ceux qui s'occupent de la fin du monde.
revenants qui etouiTaienl les voyageurs. On citait L'arc-en-ciel a son principe dans la nature; et
des exemples. II ordonna a son domestique de croire qu'il n'y eut point d'arc-en-ciel avant le
veiller la moitie de la nuit, promettant de lui ce- deluge, parce que Dieu en fit le signe de son al-
der ensuite son de faire alors sentinelle a
lit et liance , c'est comme si Ton disait qu'il n'y avpit
sa place. A deux heures du matin rien n'avait , point d'eau avant I'institution du bapleme. El puis,
encore paru. Le domestique sentant ses yeux , Dieu ne dil point, au cbapitre IX de la Genese,
s'appesanlir va eveiller son maitre, qui ne re-
, qu'il plaga son arc en ciel , mais son arc en si-
pond point il le croit assoupi et le secoue inutile-
; gne d'alliance; comment atlribuera-l-on a l'arc-
el
ment. Effraye, il prend la lumiere, ouvre les en-ciel ce passage d'Isaie J'ai mis mon air et
:

draps, et voit le marecbal baigne dans son sang. ma Jleche dans les nues
Une araignee monstrueuse lui sugait le sein Chez les Scandinaves, l'arc-en-ciel eslun pont
gauche. II court prendre des pincettes pour com- qui va de I'enfer au walhalla. Les enfanls croient
battre cet ennemi d'un uouveau genre, saisit en Alsace que toutes les fois qu'il y a dans le
I'araignee et la jette au feu. Ce ne fut qu'apres firmament un arc-en-ciel il tombe du ciel un
un long assoupissement que le marecbal reprit petit plat d'or qui ne pent etre Irouve que par
ses sens; et depuis lors on n'entendit plus parler un enfant ne le dimancbe.
de revenant dans I'auberge. — Nous ne garan- Ardents (maldes), appele aussi feu infernal.
tissons pourtant pas cette anecdote ; mais elle est C'etail au onzieme et au douzieme siecle une
conservee dans plusieurs recueils. maladie non expliquee, qui se manifestait comme
An reste I'araignee a de quoi se consoler de un feu inlerieur et devorait ceux qui en etaient
notre borreur et de nos mepris. Les negres de frappes. Les personnes qui voyaient la un effel
la cote d'Or attribuent la creation de Thomme a de la colere celeste I'appelaient feu sacre; d'au-
une grosse araignee qu'ils nomment Anansie, Ires le nommaient feu infernal; ceux qui I'attri-
et ils reverent les plus belles araignees comme buaient a I'influence des aslres le nommaient si-

des divinites puissantes. Lesreliquesde saint Antoine, que lecomte


c?era;/on.

Arbres. On que dans I'antiquite les arbres


sait Josselin apporta de la lerre sainle a la Molhe-
etaient consacres aux dieux le cypres a Plu-: Saint-Didier, ayant gueri plusieurs infortunes at-
ton, etc. Plusieurs arbres et plantes sont en- teints de ce mal, on le nomme encore feu de
core devoues aux esprits de I'enfer le poirier : saint Antoine.
sauvage, I'eglantier, le figuier, la verveine, la Le mal des Ardents, lorsqu'il
tomba sur Paris
fougere, etc. et sur Arras,douzieme siecle, etait une
au
Des arbres ont parle. Cbez les anciens dans , affreuse maladie epidemique une sorle de lepre ,

les forets sacrees,on a entendu des arbres gemir. brulante, plus terrible que le cholera. On en
Les oracles de Dodone etaient des chenes qui dut a Paris la guerison a sainle Genevieve. Le
parlaient. Voy. Dodone. meme bienfait est celebre a Arras, oh. quelques
On entendit dans une foret d' Angleterre un
, , gouttes d'un cierge miraculeux, apporle par la
arbre qui poussait des gemissements on le di- ; sainle Vierge^ distillees dans I'eau, enlevaient
sait encbante. Le proprietaire du terrain tira le mal des Ardents.
beaucoup d'argent de tous les curieux qui ve- On fetait a Paris sainte Genevieve des Ardents,
naient voir une chose aussi raerveilleuse. A la en souvenir des cures merveilleuses operees alors
fm, quelqu'un proposa de couper I'arbre; le par la chasse de la sainte sui* les infortunes at-
maitre du terrain s'y opposa non par un motif , leints de ce mal.
d'interet'propre, disait-il, mais de peur que celui Ardents, exhalaisons enflammees qui parais-
qui oserait y mettre la cognee n'en mourut su- sent sur les bords des lacs el des marais ordi- ,

bitement; on trouva un homme qui n'avait pas nairement en automne, el qu'on prend pour des
peur de la mort subite et qui abattit I'arbre a
, esprits follets, parce qu'elles sont a fleur de terre
coups de hache. Alors on decouvrit un tuyau et qu'on les voit quelquefois changer de place.
qui formait une communication a plusieurs Souvent on en est ebloui et on se perd. Leloyer
toises sous terre, et par le moyen duquel on pro- dit que lorsqu'on ne peut s'empecher de suivre
duisait les gemissements que Ton avail remar- les ardents, ce sont bien en verile des demons**
ques.
^ Brown, Erreurs populaires, liv. VII, ch. v.
Arc-en-ciel. Le cbapitre IX de la Genese
2 Voyez ce fait dans les Legendes de la sainte
semble dire, scion des commentateurs, qu'il n'y Vierge.
eut point d'arc-en-ciel avant le deluge mais je ;
3 Discours des spectres, liv. I, ch. vii.
ARD - ^8 - ARG
II y cut, sons Ic regnc de Louis Xlil, une his- Un avare, devenu riche a force d'usure , se
toire de revenant qui lit assez de bruit a Mar- sentant a I'arlicle de mort, pria sa femme de
la
seille; c'etailuneespece defcu ardentou d'liomme lui apporter sa bourse, afm qu'il put la voir en-

de feu. Le comle el la cointesse d'Alais voyaient core avanl de mourir. Quand il la lint, il la serra
toules les nuils un spectre enllamme se promener tendrement, et ordonna qu'on I'enterral avec
dans leur chanibre, et aucune force humaine ne lui ,
parce qu'il trouvait I'idee de s'en separer
pouvait le forcer a se retirer. La jeune dame dechirante. On ne lui promit rien precisement,
suppiia son mari de quitter une maison et une et il mourut en contemplant son
or. Alors on lui
ville oil ils ne pouvaient plus dormir. Le comte, arrachabourse des mains, ce qui ne se fit pas
la

qui se plaisait a Marseille voulut employer d'a- , sans peine; mais quelle fut la surprise de la fa-
bord lous les moyens pour I'expulsion du fan- mine assemblee lorsqu'en ouvrant le sac on
,
y
tome. Gassendi fut consulle il conclut que ce ; trouva, non pas des pieces d'or, mais deux cra-
fantome de feu qui se promenait toutes les nuits pauds!... Le diable etait venu, et en emportant
etait forme par des vapeurs enflammees que pro- Fame de I'usurier il avait emporte son or, comme
duisait le souffle du comte et de la comtesse deux choses inseparables et qui n'en faisaient
D'autres savants donnerent des reponses aussi qu'une.
salisfaisantes. On decouvrit enfin le secret. Une Voici autre chose Un homme qui n'avait que
:

femme de chambre, cachee sous le lit, faisait vingt sous pour toute fortune se mil a vendre du
paraitre un phosphore a qui la peiu' dunnait une vin aux passants. Pour gagner davantage, il
taille et des formes effrayanles; et
la comtesse mettait autant d'eau que de vin dans ce qu'il ven-
elle-meme faisait jouer celte farce pour obliger dait. Au bout d'un certain temps il amassa,
son mari a partir de Marseille, qu'elle n'aimait par cette voie injusle, la somme de cent livres.
pas... Ayant serre cet argent dans un sac de cuir, il
Ardibehecht, I'un des sept Amschaspands. II alia avec un de ses amis faire provision de vin

preside au feu. pour continuer son trafic mais, comme il elait ;

Argens (Boyer d'), marquis, ne en IVO/i, a pres d'une riviere, du sac de cuir une
il tira
Aix en Provence. On trouve, parmi beaucoup de piece de vingt sous pour une petite emplette; il
falras, des choses curieuses sur les gnomes les , lenait le sac dans la main gauche et la piece
sylphes , les ondins el les salamandres, dans ses dans la droite; incontinent un oiseau de proie
« Letlres cabalistiques ou Correspondance phi-
, fondit sur lui et lui enleva son sac, qu'il laissa
losophique ,
historique et critique entre deux tomber dans la riviere. Le pauvre homme, dont
cabalistes , divers esprits elemenlaires et le sei- toute la fortune se trouvait ainsi perdue , dit a
gneur Astaroth La meilleure edition est de
». son compagnon : — Dieu est equitable ; je n'a-
1769, 7 vol. in-12. Ce livre, d'un tres-mauvais vais qu'une piece de vingt sous quand j'ai com-
esprit, est infecte d'un philosophisme que I'au- mence a voler; il m'a laisse mon bien, et m'a
teur a desavoue ensuite. ote ce que j'avais acquis injuslement.
Argent. L'argent qui vient du diable est ordi- Un elranger bien velu, passant au mois de
nairement de mauvais aloi. Delrio conle qu'un septembre 1606 dans un village de la Franche-
homme ayant recu du demon une bourse pleine Comte, acheta une jument d'un paysan du lieu
d'or n'y trouva le lendemain que des charbons pour la somme de dix-huit ducatons. Comme il
et du fumier. n'en avait que douze dans sa bourse il laissa une ,

Un inconnu ,
passant par un village, renconlra chahie d'or en gage du reste, qu'il promit de
un jeune bomme de quinze ans d'une figure in- payer a son relour. Le vendeur serra le tout
teressante et d'un exlerieur fort simple. 11 lui dans du papier, et le lendemain trouva la chaine
demanda s'il voulait elre riche ; le jeune homme disparue, el douze plaques de plomb au lieu des
ayant repondu qu'il le desirait, I'inconnu lui ducatons *.
donna un papier plie , et lui dit qu'il en pourrait Terminons en rappelant un stupide usage de
faire sortir autant d'or qu'ils le soubailerait, tant quelques villageois qui croient que, quand on
qu'il ne le deplierait pas, et que s'il domptail sa fait des beignets avec des oeufs, de la farine et

curiosite, 11 connaitrait avant pen son bienfai- de I'eau pendant la messe de la Chandeleur, de
,

leur. Le jeune homme rentra cliez hii , secoua maniere qu'on en ait de fails apres la messe, oq
son Iresor mysterieux , il en tomba quelques a de l'argent pendant toute I'annee ^. On en a
pieces d'or.... Mais, n'ayant pu resisler a la len- toute I'annee aussi, quand on en porte sur soi le
tation de I'ouvrir,
il y vit des griffes de chat, des premier jour ou Ton enlend le chant du coucou,
ongles d'ours, des pattes de crapaud, et d'au- — et Lout le mois, si on en a dans sa poche la
tres figures si horribles ,
qu'il jela le papier au premiere fois qu'on voit la lune nouvelle.
feu ou il fut une demi-heure sans pouvoir se
, Argent potable. Si vous etes verse dans les
consumer. Les pieces d'or qu'il en avait tirees secrets de I'alchimie et que vous souhaitiez
disparurent et il reconnut qu'il avait eu affaire
, ' Boguet, Discours des sorciers,
au diable. 2 Thiers, Traitc des s\tperslifi'jns.
, ,

ARG ~ h9 - ARI

posseder ceLte panacee ,


prenez du soufre bleu Arimane, prince des enfers cbez les anciens
celeste , metlez-le dans un vase de verre , versez Perses, source du nial demon noir, engendre
,

dessus d'excellent esprit-de-vin faites digerer , dans les tenebres ennemi d'Oromaze ou Or-
au bain pendant vingt-quatro heures, et quand mouzd, principe du bien. Mais celui-ci est eler-
I'espril-de-vin aura atlire le soufre par distilla- nel , tandis qu'Arimane est cree et doit perir un
lion prenez une part de ce soufre versez des-
,
, jour.
sus trois fois son poids d'esprit blanc mercuriel Arimaspes, peuples fabuleux de la Scythie;
extrait du vitriol mineral, bouchez bien le vase, ils n'avaient qu'un ceil et passaient leur vie a
failes digerer au bain vaporeux jusqu'a ce que le detruire les dragons.
soufre soit reduit en liqueur; alors versez dessus Arioch demon de la vengeance selon quel-
, ,

de tres-bon esprit-de-vin a poids egal digerez- , ques demonographes; different d'Alastor, et oc-
les ensemble pendant quinze jours, passez le cupe seulement des vengeances particulieres de
tout par I'alambic, retirez I'esprit par le bain ceux qui I'emploient,
liede, el il restera une liqueur qui sera le vrai Ariolistes, devins de I'antiquite, dont le me-
argent potable ou soufre d'argent, qui ne peut
, tier se nommait ar/o/«^/o, parce qu'ils devinaient
plus etre remis en corps. Get elixir blanc est un par les autels {ab arts), lis consultaient les de-
remede a peu pres universel qui fait merveilles , mons sur leurs autels, dit Daugis ^ ; ils voyaien
en medecine fond I'hydropisie et guerit lous les
, ensuite si I'autel tremblait ou s'il s'y faisait quel-
maux interieurs que merveille, et predisaient ce que le diable
Argouges. Votj. Fees, a la fin. leur inspirait.
Aristee, charlatan de File de Proconese
qui vivait du temps de Cresus. disait que son II

ame de son corps quand il voulait, et


sortait
qu'elle y retournait ensuite. Les uns content
qu'elle s'echappait, a la vue de sa femme et de
ses enfants, sous la figure d'un cerf, Wierus dit
sous la figure d'un corbeau — Herodote rap-

porte, dans son quatrieme livre que cet Aris- ,

tee entrant un jour dans la boutique d'un


,

foulon, y tomba mort; que le foulon courut


Arioch.
avertir ses parents, qui arriverent pour le faire

Arignote. Lucien conte qu'a Corinthe, dans enterrer; mais on ne trouva plus le corps. Toute

le quartier de Cranaiis, personne n'osait habiter


la ville etaiten grande surprise, quand des gens
une maison qui etait visitee par un spectre. Un qui revenaient de quelque voyage assurerent

certain Arignote, s'elant muni de livres magiques qu'ils avaient rencontre Aristee sur le chemin de

egypliens, s'enferma dans cette maison pour y Crotone II parait que c'etait une espece de

passer la nuit, et se rait a lire tranquillement vampire. Herodote ajoute qu'il reparut au bout
dans la cour. Le spectre parut bientot: pour ef- de sept ans a Proconese, y composa un poeme
frayer Arignote, prit d'abord et mourut de nouveau.
il la figure d'un
chien , ensuite celles d'un taureau et d'un lion. Leloyer, qui regarde Aristee comme un sorcier
Mais, sans se troiibler, Arignote prononga dans a extases \ cite une autorile d'apres laquelle a ,

ses livres des conjurations qui obligerent le fan- I'heure meme oii ce vampire disparut pour la
tome a se retirer dans un coin de la cour, ou il seconde fois, il aurait ete transporte en Sicile,
disparut. Le lendemain on creusa a I'endroit oii et s'y serait fait maitre d'ecole.
le spectre s'etait enfonce on y trouva un sque- ;
11 se montra encore trois cent quarante ans
lette auquel on donna la sepulture, et rien ne apresdansla ville de Metaponte, etil y fitelever
parut plus dans la maison. — Cette anecdote des monuments qu'on voyait du temps d'Hero-
n'est autre chose que I'avenlure d'Athenodore ' Plutarque, Sur his et Osiris.
que Lucien avait lue dans Pline', et qu'il accom- 2 Traite sur la magie, etc., p. 66.
mode a sa maniere pour divertir ses lecteurs. 3 De prcBstigiis deem., lib. I, cap. xiv.
* Plutarque, dans la I'fe de Romulus.
1 Traitedechimie philosoph. et hermetique, p. 168. Discours des spectres, liv. IV, cli. xxiv,
4
,

ARi - 50 ARM
dole. Tant de prodiges engagerent les Siciliens a I
plus grande valeur remporterait la victoire. C'est
lui consacrcr un temple , ou ils I'lionoraient en vertu de celte science que quelques devins
comine un denii-dieu. avaient prevu qu'Hector devait etre vaincu par
Aristodeme , roi des Messeniens. Voy. Opiiio- Achille.

NEUS ct Ololygmancie. Les Chaldeens, qui pratiquaient aussi I'arith-

Aristolochie, ou paille de sarasin ou plu- , momancie, partageaient leur alphabet en trois


tot espece de planle appelee pistoloche, avec parties, chacune composee de sept lettres, qu'ils
laquello Apulee pretendait qu'on pouvait denouer attribuaient aux sept planeles, pour en tirer des
raiguillelle, sans doule en remployant a des presages. Les platoniciens et les pythagoriciens
fumigations. Voy. Ligatures. etaient fort adonnes a celte divination qui com- ,

Aristomene, general messenien, si liabile el prend aussi une partie de la cabale des Juifs'.
si adroit, que toutes les fois qu'il lombait au Arius, fameux heretique qui niait la divinite
pouvoir des Alheniens, ses ennemis, il trouvait de Jesus-Christ, Notre-Seigneur. Voici comment
moyen de s'echapper de leurs mains. Pour lui on raconte sa mort :

Saint Alexandre, eveque
6(er cette ressource, ils le firent niourir; apres de Byzance, voyant que les sectateurs d' Arius
quo! on I'ouvrit et on lui trouva le coeur lout voulaient le porter en triomphe, le lendemain di-
couvert de polls manche, dans le temple du Seigneur, pria Dieu
Aristote ,
que I'Arabe Averrhoes appelle le avec zele d'empecher ce scandale de peur que ,

conible de la perfection humaine. Sa philosophie si Arius entrait dans I'eglise, il ne semblat que

a ete en grande veneration, et son nom a tou- I'heresie y fut entree avec lui. Et le lendemain
jours de ne fallait pas se quereller
I'eclat. Mais il dimanche, au moment ou I'on s'altendait a voir

pour ses opinions et emprisonner dans un temps Arius, I'heretique ivrogne, sentant un certain
ceux qui ne les parlageaienl pas, pour empri- besoin quiaurait pu lui etre fort incommode dans
sonner dans un autre temps ceux qui les avaient laceremoniede son triomphe, futobliged'allerau\
adoptees. Ces querelles, au reste, n'ont ele ele- lieux secrets, ou il creva par le milieu du ventre
vees que par les heretiques. perdit les inteslins, et mourut d'une mort infame
Delancre semble dire qu' Aristote savait la raa- et malheureuse, frappe, selon quelques-uns, par

gie naturelle ^ mais il ne parle guere en homme


; le diable, qui dut en recevoir I'ordre, car Arius

superstitieux dans aucun de ses ecrits. Quant a etait de ses amis.

la vieilleopinion soutenue par Procope et quel-


,
Armanville. Une dame d'Armanville, a Amiens,
ques autres.qu'Aristole, ne pouvant comprendre fut battue dans son lit en 1746. Sa servante attesta

la raison du flux et du reflux de I'Euripe s'y ,


que le diable I'avait maltraitee. La cloche de la
precipita en faisant de desespoir ce mauvais maison sonna seule on entendit balayer le gre-
;

calembour —
Puisque je ne puis le saisir, sai-
: nier a minuit. 11 sembla meme que les demons qui
sis-moi ' —
cette opinion est aujourd'hui un
; prenaient cette peine avaient un tambour et fai-
conte meprise. saient ensuite des evolutions militaires. La dame,
Nous ne citerons ici des ouvrages d'Aristote effrayee, quitta Amiens pour retourner a Paris;
que ceux qui ont rapport aux matieres que nous c'est ce que voulait la femme de chambre. II n'y
traitons 1° De la divination par les songes; 2'^ Du
: eut plus de malefices des lors, et Ton a eu tort de
sommeil ct de la veille, imprimes dans ses oeuvres. voir la autre chose que de la malice.
On pent consulter aussi les Remarques de Michel Armees prodigieuses. Au siege de Jerusalem
d'Ephese sur le livre De la divination par les par Tilus, et dans plusieurs autres circonstances,
songes'*, et la Paraphrase de Themislius .sur di- on vit dans les airs des armees ou des troupes de
vers trailes d'Aristote, principalement sur ce fantomes, phenomenes non encore expliques, et
meme ouvrage qui jamais ne presagerent rien de bon.
Arithmancie ou Arithmomancie. Divina- Plutarque raconte, dans la Vie de Themistocle,
nombres. Les Grecs examinaient le
tion par les que pendant la bataille de Salamine on vit en
nombre dans les noms de
et la valeur des lettres I'air des armees prodigieuses el des figures
deux combattants, et en auguraient que celui d'hommes qui, de I'ile d'Egine, tendaient les
dont le nom renfermait plus de lettres et d'une mains au-devant des galeres grecques. On publia
que c'etaient les Eacides, qu'on avail invoques
* Valere-Maxime , liv. I, ch. viii, ext. n" IS. avant la bataille.
Tableau de I'lnconstance des mauvais anges, etc.,
^
Quelquefois aussi on a rencontre des troupes
liv. YI, disc. II.
Si quidem ego non capio te, tu capies me*
de revenants et de demons allant par bataillons
* Michaelis Ephesii Annotationes in Aristotdem et par bandes. Voy. Retz, etc.
de somno, id est, de divinatione per somnum, Ve- En 1123, dans comte de Worms, on vit
le
nise, in-S", 1527. pendant plusieurs jours une multitude de gens
Themistii Paraphrasis in Aristotelem de memoria
reminiscent id, de insomniis, de divinatione per
armes, a pied et a cheval, allant et venant avec
et
somnmn, laline, interprete Hermolao Barbaro. Bcile, 1 Delancre, tncredulite et mccreance du sortilege
in-S", 1530. pleinement convaincue, traile Vi
, ;,, : ;

ARM — 51 — ARN
grand bruit, et qui se rendaient tous les soirs, tiale, marcher tout le long du choeur et s'aller
vers I'heure de none , a iine montagne qui parais- asseoir a la place ou se met I'abbesse pendant
sait le lieu de leur reunion. Plusieurs personnes les vepres.
du voisinage s'approcherent de ces gens amies » Etant assise elle appela une religieuse qui ,

en les conjuranl, au nom de Dieu, de leur decla- se Irouvait au meme lieu, et lui ordonna d'aller
rer ce que signifiait cette troupe innombrable et chercher la soeur Dorothee, laquelle, ou du moins
quel etait leur projet. Un des soldats ou fantomes son esprit, vint se presenter devant la mere An-
repondit Nous ne sommes pas ce que vous vous gelique, qui lui parla quelque temps, sans qu'on
:

iraaginez ni de vrais fantomes ni de vrais sol- piit entendre ce qu'elle lui disait apres quoi tout
,
; ,

dats. Nous sommes les araes de ceux qui ont ete disparut.
tues en cet endroit dans la derniere bataille. Les » On ne douta point que la mere Angelique

amies et les chevaux que vous voyez sont les n'eut cite la sceur Dorothee devant Dieu et c'est ;

instruments de notre supplice, comme ils I'ont la maniere dont elle I'interpreta elle-meme lors- ,

ete de nos peches. Nous sommes tout en feu, que les deux religieuses qui avaient ete temoins
quoique vous n'aperceviez en nous rien qui pa- de cette apparition la lui rappor terent. Elle s'ecria
raisse enflamme. —
On dit qu'on remarqua en —
Ah je mourrai bientot. Et en effet elle mou- ! ,

leur compagnie le comte Enrico et plusieurs rut quinze jours ou trois semaines apres. » Voila!
autres seigneurs tues depuis peu d'annees, qui Arnauld de Bresse (Brescia) moine du dou- ,

declarerent qu'on pouvait les soulager par des zieme siecle, disciple d'Abeilard. Turbulent et
aumones et des prieres'. Voi/. Apparitions, Phi^- ambitieux il se fit chef de secte. II disait que les ,

NOMENES, Visions, Aurore bore^le, etc. bonnes oeuvres sont preferables au sacrifice de la
Armide. L'episode d'Armide, dans le Tasse, messe ce qui est absurde; car le sacrifice de la ,

est fonde sur une tradition populaire qui est rap- messe n'empeche pas les bonnes osuvres, il les
portee dans les chroniques de la premiere croi- ordonne au contraire. II avait jete le froc comme ,

sade et citee par Pierre Delancre ^ Cette habile tous les reformaleurs. Ayant excite de grands
enchanteresse etait fille d'Arbilan roi de Damas troubles et charge de noirs forfaits il fut pris
, , ,

elle fut elevee par Hidraote, son oncle, puissant et brule a Rome en 1155.
magicien qui en fit une grande sorciere- La na-
,
Cet homme est peint sous d'affreuses couleurs
ture I'avait si bien partagee qu'elle surpassait en dans une chronique conlemporaine intitulee le
,

altraits les plus belles femmes de I'Orient. Son Male/ice, attribuee a Hues de Braye-Selves et pu-
oncle I'envoya comme un redoutable ennemi bliee en style moderne par M. Leon Dussillet.
vers la puissante armee chretienne que le pape Chasse, maudit, traque partout, il s'est attache
Urbain 11 avait rassemblee sous la conduite de a Sibylle de Bourgogne, plus connue sous le nom
Godefroid de Bouillon et la, comme dit Delancre; de la Dame aux jambes d'or, qu'on lui donna dans
« elle charma en effet quelques chefs croises » les croisades, que par la violence de ses passions.
;

mais elle ne compromit pas I'espoir des Chre- Pendant qu'il prepare le malefice qui doit tuer
tiens et meme elle fat tuee par un projectile au
; une jeune fille dont Sibylle veut la mort, neuf
siege de Jerusalem ^ gouttes de sang jaillissent d'une cicatrice qu'il
Armomancie , divination qui se faisait par avait a la joue. — Deja! dit le sorcier d'une voix
I'inspection des epaules'. On juge encore au- creuse raaitre tu comptes bien
; , , et moi seul j'ou-
jourd'hui qu'un homme qui a les epaules larges bliais le terme. — Quel terme? s'ecria Sibylle
qu'un autre qui les a etroites.
est plus fort frappee de la paleur subile d'Arnauld de Bresse.
Arnauld (Angelique). Apparition de la mere Pour qui ce sang a-t-il conle? je n'avais point
Murie-Angelique Arnauld, abbesse de Port-Royal remarque ce terrible stigmate, qu'on croirait iin-
de Paris, peu avant la inort de la swur Maric- prime avec un sceau de feu. Ce sceau brule —
Dorothee Perderaux, abbesse intruse de ladite mai- en repliqua le moine, toujours plus trouble
effet,
son; rapportee dans une lettre ecrite en 1685, et plus pale; et celui qui I'a imprime ne souffre
par M. Dufosse', a la suite de ses mernoires sur jamais qu'il s'efface. Les genoux du sorcier ile-
Port-Royal. — « Deux religieuses de Port-Royal, chirent sous lui et ses membres fremirent d'une
,

etant a veiller le Saint -Sacrement pendant la horreur invincible II prevoyait que bientot
nuit , virent tout a coup la feue mere Angelique celui a qui il vendu
arriver il acheva
s'etait allait ;

leur ancienne abbesse, se lever du lieu ou elle I'envoulement qui amena la mort de la jeune fille
avait ete inhumee ayant en main sa crosse abba-
, et c'est sans doute apres ces abominations qu'il

1 Chronique d'Ursperg.
gagna Rome, on ne sait dans quel but. 11 y mou-
2 Tableau del' inconstance des mauvais anges etc., rut sur le bucher.
,

liv. I. Arnauld de Villeneuve, medecin, astro-


3 Voyez les Legendes des croisades. logue et alchimiste, qu'il ne faut pas confondre,
* Du mot latin armus, epaule. Les anciens appli-
quaient surtout cette divination aux animaux. Ils ju- comme on I'a fait quelquefois, avec Arnauld de
geaient par rarmomancie si la victime elalL bonne
pour les dieux. 1 Chapitre III du livre cite.
;

ARN — 52 — ART
metier d'espion. Apollon vengea la inort
Bresse. ne aupres do Montpellier; il mou-
II elait
faisail le
d'Arnus, qu'il inspirait, en mellanl la pesle dans
riU dans iin naiifrage en 131/i.
camp des Htlraclides. II fallut, pour faire
La cliimic hii doil beaiicoup de decouverles le

que pierrc philo- cesser le fleau , etablir des jeux en I'honneur du


il ne cherchail, a la verile, la

de For mais il defunt.


sophale el ne songeait qii'a faire ;

Arot. Voy. Map.ot.


trouva les trois acides sulfiirique marialique el ,

do Arphaxat, sorcier perse, qui ful tue d'un


nitrique. II composa le premier de I'alcool et
coup de foudre, en croil Abdias de Baby-
si I'on
ralafia; (U coniiaitre I'essence de lerebenthine,
il

vasles lone a I'heure nieme du marly re de saint Simon


regiiiarisa la dislillation etc. 11 nielait, a ses
connaissances en medecine des reveries asLrolo-
,

el de saint Jude. —
Dans la possession de Lou-
predil la fin da monde pour I'annee dun, on a vu un demon Arphaxat.
giqiies, el il

Art de saint Anselme moyen superslilieux ,


1335.
de magie. Franqois Pegna dil de guerir, employe par des imposleurs qui pre-
On I'accusa aiissi
an demon toul ce qu'il savait d'alchi- naient le nom d'anselmisles. lis se contentaient
qu'il devail
reproche d'avoir essaye de de toucher, avec cerlaines paroles, les linges
mie, et Mariana^ lui

avec de cerlaines drogues de- qu'on appliquait sur les blessures. lis devaienL le
former un homme
Mais Delrio juslilie secret de leur art, disaienl-ils a saint Anselme ,

posees dans une cilrouille.


de ces accusalions el le de Canlorbery. Aussi I'appelaienl-ils I'arl de saint
Arnauld de Villeneuve ;

V ne I'eul pas pris pour son mede- Anselme voulant de la sorte se donner un cer-
pape Clemen
,
I

cin s'il eut donne dans la magie.


L'inquisilion — tain vernis. Mais Delrio assure que leur veritable
bruler ses livres trois ans apres chef de fileest Anselme de Parme. Voyez ce
de Tarragone fit

sa mort, mais elle les fit bruler comme etant era- mot.

preinls de pUisieurs sentiments heretiques.


Art de saint Paul, moyen de predire les
choses futures, que des songe-creux onl pretendu
On recherche d' Arnauld de'Villeneuve un traite
^
mais on met sur son avoir ele enseigne a saint Paul dans son voyage
de I'explicalion des songes ;

beaucoup d'ouvrages d'alchimie ou de au troisieme ciel. Des charlatans onl eu le front


compte
magie auxquels il n'a pas eu la moindre part. Tels de s'en dire heritiers.
sonl le livre des L'njatures physiques %
:
qui est Art des Esprits, appele aussi art angcliqiie.
arabe et ceUii des 11 consisle dans le talent d'evoquer les esprits
une traduction d'un livre ;

du zodiaque''. On lui el de les obliger a decouvrir les choses cachees.


Talismans des douze signes
D'aulres disent que fart angtMique esl I'art de
altribae aussi faussemenl le livre slupide et in-
iinposteurs. s'arranger avec son ange gardien de maniere a ,
fame des Trois
recevoir de lui la revelation de lout ce qu'on
Arnold (Paul), vampire. Voy. Paul.
veul savoir. Get art superslilieux se pratique de
Arnoux, auleur d'un volume in-12 publie a
Rouen en 1630, sous le tilre des Merveilles de deux manieres: ou par des exlases, dans les-
ecril dans un goCit bizarre quelles on regoit des avis, ou par des entreliens
I' autre monde, ouvrage

propre a troubler les imaginations faibles par avec range que Ton evoque, qui apparait, et qui
et
en celle circonslance n'esl probablemenl pas un
des contes de visions et de revenants.
Arnuphis, sorcier egyptien. Voyant Marc- ange de himiere. Voy. Evocations.
Aurele et son armee engages dans des defiles Art notoire, espece d'encyclopedie inspiree.
Le superslilieux qui conlient les principes
dont les Quades fermaient Tissue, el mourant de
livre
de I'art notoire promel la connaissance de
soif sous un ciel brulant, il fit toniber, par le
de son art, une pluie prodigieuse qui per- toutes les sciences en quatorze jours. L'auleur du
moyen
livre dil effronlement que le Saint-Esprit le dicta
mit aux Remains de se desallerer, pendant que
a saint Jerome. assure encore que Salomon n'a
la grele et le tonnerre fondaient sur les Quades
II

oblenu la sagesse el la science universelle que


et les conlraignaienl a rendre les armes. C'est ce .

pour avoir lu en nne seule nuit ce merveilleux


que racontenl, dans un but inleresse, quelques
faudrait qu'il eCil deja ele dicle a quelque
auleurs paiens. D'aulres font honneur de ce pro- livre. II

enfant d'Israel car ce serail un prodige Irop


dige aux impuissanles prieres de Marc-Aurele.
;

grand que Salomon eiil manuscrit de saint


lu le
Les auleurs Chretiens, les seuls qui soienl ici
Jerome. Mais les faiseurs d'ecrils de ce genre ne
dans la verile raltribuent unanimemenl, el avec
,

reculent pas pour si peu.


toute raison, a la priere des soldals Chretiens qui
Gilles Bourdin a publie, au seizieme siecle, un
se trouvaienl dans I'armee romaine.
grimoire obscur sous le litre de I'Art notoire. 11
Arnus, devin tue par Hercule, parce qu'il
n'est pas probable que ce soil la bonne copie,
1 kispanar., lib. XIV, c. ix.
Rerum qui sans doule esl perdue.
Villanova libcUus de somniorum rn-
2 Artialdi de Delrio dit que de son temps les mailresde
terpretatione et somnia Danielis, in- 4". Ancieiine eel art ordonnaienl a leurs eleves une sorle de
edition Ircs-rare.
3 De physicis ligaturis.
dmdecim siynorum. 1 Certaminis apostolici, lib. VI.
4 De sigillis
,

ART — 53 — ART
confession generale, des jeunes, des prieres, des mier siecle sous ce nom, et mort au douzifeme
retrailes, puis leur faisaient entendre, a genoux, sous celui d'Artephius.
la lecture du livre de VArt notoire, et leur per- On lui altribue plusieurs livres extravagants ou
suadaient qu'ils etaient devenus aussi savants curieux : 1° VArt d'alloncjer sa vie [De vita pro-
que Salomon, les prophetes et lesapotres. II s'en paganda), qu'il dit dans sa preface avoir compose
trouvait qui le croyaient. a I'age de milie vingt-cinq ans; 2° la Clef de la
Ce livre a ete condamne par le pape Pie V. Sagesse supreme^; 3° un livre sur les caracteres
Melant les choses religieuses a ses illusions, I'au- des planetes, sur la signification da chant des
teiir recommande entre autres soins de reciter oiseaux, sur les choses passees et futures, et sur
tous les jours, pendant sept semaines, les sept la pierre philosophale ^ Cardan ,
qui parle de
psaumes de la penitence, et de chanter tous les ces ouvrages au seizieme livre de la Variiti des
matins au lever du soleil le Veni Creator, en choses, croit qu'ils ont ete composes parquelque
commencant un jour de nouvelle lune, pour se plaisant qui voulait se jouer de la credulite des
preparer ainsi a la connaissance de VArt notoire K partisans de I'alchimie.
Erasme, qui parle de ce dans un de ses livre Arthemia,fille de I'empereur Diocletien. Elle

colloques, dit qu'il n'y a rien compris; qu'il n'y fut possedee d'un demon qui resista aux exor-
a trouve que des figures de dragons, de lions, cismes paiens et ne ceda qu'a saint Cyriaque
, ,

de leopards des cercles des triangles des ca-


, , , diacre de I'figlise romaine.
racteres hebreux, grecs, latins, et qu'on n'a L'idee de rire et de plaisanter des possessions
jamais connu personne qui eut rien appris dans et des exorci.smes de I'figlise est venue quelque-
tout cela. ^ fois a eiit ete bon peut-
des esprits egares, qu'il
Des doctes pretendent que le veritable j4r5 710- eux-memes.
etre d'exorciser
toria n'a jamais ete ecrit et que I'esprit le revele , Arthus ou Artus, roi des Bretons, celebre
a chaque aspirant prepare. (Mais quel esprit?) dans les romans de la Table Ronde, et dont la
II leur en fait la lecture pendant leur sommeil, vie est enlouree de fables. On pretend qu'il n'est
s'ils ont sous I'oreiller le nom cabalistique de Sa- qu'assoupi aAvallon, et qu'il revient dans
la nuit

lomon ecrit sur une lame d'or ou sur un par-


, les forets de la Bretagne chasser a grand bruit,
chemin vierge. Mais d'autres erudits soutiennent avec des chiens, des chevaux et des piqueurs,
que \'Ars notoria existe ecrit, et qu'on le doit qui ne sont que des demons et des spectres, au
a Salomon. Le croira qui pourra. sentiment de Pierre Delancre Quand le grand
Art sacerdotal. C'est,selonquelquesadeples, veneur apparut a Henri IV dans la foret de Fon-
le nom que les Egyptiens donnaient a I'alchimie. tainebleau, quelques-uns dirent que c'elait la
Get art, dont le secret, recommande sous peine chasse du roi Arthus.
demort, etait ecrit en langue hieroglyphique, La tradition conserve , aux environs de Huel-
communique qu'aux pretres, a la suite de
n'etait goat, dans le Finistere, le souvenir curieux de
longues epreuves. I'enorme chateau d'Arthus. On montre des ro-
Arts du serpent. C'est le nom qu'on donne chers de granit entasses comme etant les debris
souvent aux arts magiques. de ses vastes muraiiles. 11 s'y trouve, dit-on,
Artemidore, Ephesien qui vecuL du temps des tresors gardes par des demons, qui souvent
d'Antonin le Pieux. On lui attribue le traite des traversent les airs sous la forme de feux follets
songes intitule Oneirocriticon,\)[ih]ie pour la pre- en poussant des hurlements repetes par les echos
miere en grec a Venise, 1518, in-8°. On re-
fois du voisinage ^ L'orfraie, la buse et le corbeau
cherche la traduction latine de Rigaut^, et quel- sont les botes sinistres qui frequentent ces ruines
ques traductions frangaises*. merveilleuses, ou de temps en temps apparait
Artephius, philosophe hermetique du dou- I'ame d'Arthus endormi avec sa cour enchantee
zieme siecle, que les alchimistes disent avoir dans son vieux manoir d'Avalon. Voy. Merlin.
v^cu plus de miile ans paries secrets de la pierre En Angleterre on a cru et dans plusieurs con-
philosophale. Frangois Pic rapporte le sentiment trees de ce pays on croit encore que le roi
de quelques savants qui affirment qu' Artephius
est le meme qu'ApoUonius de Tyane, ne au pre-
' Clavis majoris sapientiw, imprimd dans le Thea-
tre chimique. Francfort, 1614, in-8°, ou Strasbourg,
-1699, in-12.
' Franc. Torreblanca, cap, xiv, Epist. de mag. De characteribus planetarum, cantu et motibus
2 Artemidori Ephesii Oneirocrilica, seu de som- avium, rerum prceteritarum et futurarum, lapideque
niorum interpretatione , graec-lat. , cum notis Nic. philosophico. Le traite d'Artephius sur la pierre phi-
Rigaltii, in-4°, Paris, 1603. losophale a ete traduit en francais par P. Arnauld
^ Artemidore, De
explication des songes, avec le
I' et irnprimd avec ceux de Sinosius et de Flamel. Pa-
livre d'Augustin Nyptius, Des divinations, in-16. ris, 1612, 1659, 1682, in-4". On attribue encore a
Rouen, 1600; edition augmenlee, 1604. Epitome — Artephius le Miroir des miroirs, Speculum specu-
des cinq livres d'Artemidore traitant des songes, lorum, et le Livre secret, Liber secretus.
traduit du grec par Charles Fontaine avec un recueil ;
3 Tableau de V inconstance des mauvais songes,
de Valere-Maxime sur le meme sujet, traduit du liv. IV, disc. nr.
latin , in-8°. Lyon , 1 353. I
^ Cambry, Voyage dans le Finistere, t. I, p. 277
;,

ARU — t 4 — ASM
Arlhiis a ele par eiicliantemenl transfonne en prouver quo sa science elait vaine, le fit tuer
corbeau ; eL pour cela on respecte beaiicoiip les sur-le-champ et ordonna que son corps fut
corbeaux, car I'un d'eiix pourrait elre rheroj'qiic brule. Mais un grand orage qui survint eleignit
moiiar(]Lie. le bucher et mit les executeurs en fuite. Des
Arundel (Thomas). Comme il s'etait oppose chiens vinrent, mirent le corps en pieces et le
(qiialorzieme siecle) aux seditions des wicklef- mangerent. Suetone et Dion Cassias mentionnent
files, Cliassaignon, dans ses Grands et redou- ce singulier fait.
tahles juf/ements de Dieu, imprinies a Morges en Aselle. L'aselle aquatique, espece de cloporte,
1581, Chez Jean Lepreux, imprimeiir des tres- etait reveree des Lslandais, qui croyaient qu'en
piiissants seigneurs
de Berne, Chassaignon, re- tenant cet insecte dans la bouche, ou son ovaire
forme eL defenseur de tons les heretiques, dit desseche sur la langue, ils obtenaient tout ce
qu'il mourul cruellement, ia languc tellement qu'ils pouvaient desirer. Ils appelaient son ovaire
enOee qn'il ne pouvait plus parler, « lui qui avail sec pierre a souhails.
voulu empecher, dans la bouche des disciples de Ases. Divinitcs scandinaves. EUes sont au
WicklelT, le cours de la sainte parole » Mais nombre de trenle, dont douze dieux qui ont
il n'ose pas rechercher si Thomas Arundel fut, pour maitre Odin et dix-huit deesses a la tete
, ,

comme Wickleff, elrangle par le diable. desquelles domine Frigga.


Aruspices, devins dn paganisme, dont I'art Asgard. C'est la ville des ases ou dieux scan-
se nommait aruspicinc lis examinaient les en- dinaves, Odin habite cette ville somptueuse, si-
Irailles des victimes pour en tirer des presages; tuee en un lieu du monde d'oii il pent voir tous
il fallait etre de bonne maison
pourexercer cette les etres et tous les evenements.
espece de sacerdoce. lis predisaient l°par la sim- Ashmole (Elie), antiquaire et alchimisle an-
ple inspection des victimes vivanles; 2" par I'etat glais, ne en 1617. On lui doit quelques ouvrages
de leurs entrailles apres qu'elles etaient ouvertes utiles et le inusee aslimolecn d'Oxford. Mais il

3° par la flamme qui s'elevait de leurs


chairs
briilees. —
La victime qu'il fallait amener avec
violence, on qui s'echappait de I'autel, donnait
des presages sinistres; le coeur maigre, le foie
double ou enveloppe d'une double tunique, et
surtout I'absence du coeur ou du foie, annon-
Qaient de grands maux. On croirait que les arus-
pices etaient habiles dans I'art d'escamoter, car
le coeur manqua aux deux boeufs immoles le jour

OLi Ton assassina Cesar.


G'etaitmauvais signe quand la flamme ne
s'elevait pas avec force et n'elait pas transpa-
renle et pure; et si la queue de la bete se cour-
bait en brulant, elle menagait de grandes difii-
culles dans les affaires. Voy. Hi'PAtoscopie.
Arzels. Voy. Cheval. publia a Londres, en1652, un volume in-/j°,
Asaphins, devins ou sorciers chaldeens, qui Theatrum chemicum hrilnnnicum con-
intitule ,

expliquaient les songeset tiraient les horoscopes, tenant differents poemes des philosophes anglais
lis avaient pour divinite une idole nomme Asaph. qui ont ecrit sur les mysteres hermetiques. Six
Ascaroth. C'est le nom que donnent les de- ans apres, ilfit imprimer le Cliemin du honheur,

monographes a un demon peu connu qui pro- in-k", 1658. Ce traite, qui n'est pas de lui, mais
tege les espions et les delateurs. II depend du auquel il mit une preface, roule aussi sur la
demon Nergal. pierre philosophale. Voy. PiEiinE philosophale.
Ascese diabolique. L'ascese chretienne eleve Asile. Les lois qui accordaient droit d'asile
les ames a Dieu l'ascese diabolique les abaisse
; aux criminels dans les eglises exceptaient ordi-
et les enfonce jusqu'aux demons. nairement les sorciers, qui, d'ailleurs, ne cher-
Ascik-Pacha, demon turc, qui favorise les chaient pas trop la leur recours.
intrigues secretes, facilite les accouchements Asima, demon qui rit quand on fait le mal.
enseigne les moyens de rompre les charmes et 11 a ete adore a Emalh dans la tribu de Neph-
,

donne I'art d'en composer. tali, avant que les habitants de cette ville fussent

Ascletarion, astrologue qui se permit de transportes a Samarie.


faire des propheties dont I'empereur Domitien ne Aske, le premier homme dans les traditions
fut pas content. 11 le fit venir et lui dit : « Toi religieuses des Scandinaves.
qui sais le moment de ma mort, connais-tu le Asmodee, demon destructeur, le meme que
genre de la tienne? — Oui, repondit I'astrologue. Samael, suivant quelques rabbins. II est surin-
serai mange par les chiens. » Domitien pour tendant des maisons de jeu. II seme la dissipation
.

ASM — 55 — ASP
et I'erreiir. —
Les rabbins content qu'il ddtrona Asmund et Asweith, compagnons d'armes
un jour Salomon; niais que bienlot Salomon le danois. Lies d'une etroite aniitie, ils convinrent,
chargea de fers, et le forga de I'aider a batir le par un serment soleunel de ne s'abandonner ni
,

temple de Jerusalem. Tobie, suivant les — a la vie ni a la mort. Asweith mourut le premier
memes rabbins, I'ayant expulse, avec la fumee et, suivant leur accord, Asmund, aprfes avoir
dii fiel d'un poisson du corps de la jemie Sara
, enseveli son ami, avec son chien et son cheval,
qu'il possedait, I'ange Raphael I'emprisonna aux dans une grande caverne, y porta des provisions
extremiles de I'Egyple. Paul Lucas dit qu'il I'a pour une annee et s'enferma dans ce tombeau.
vu dans un de ses voyages. On s'est amusd de Mais le demon, qu'ils avaienl probablement assez
lui a ce sujet; cependant on a pu lire dans le bien servi tous deux etant entre dans le corps,

Courrier de I'Eyypte que le peuple de ce pays du mort le remit debout et se mit a tourmenter
,

adore encore le serpent Asmodee, lequel a un le fidele Asmund , le dechirant , lui defigurant
temple dans le desert de Ryanneh. Onajouteque le visage et lui arrachant meme une oreilie,
ce serpent se coupe par morceaux, et qu'un sans donner de raisons de sa fureur. Asmund,
lui

instant apres il n'y parait pas. Voy. Habidi. impatiente apres un siecle de lutte, coupa la
tete du mort, voyant bien enfm qu'il avait af-
faire ou au diable ou a un vampire. Sur ces —
entrefaites, precisement, le roi de Suede, Eric,
passant devant la caverne muree et entendant
du vacarme, crut qu'elle renfermait un tresor
garde par des esprits. II la fit ouvrir, et fut bien
surpris d'y trouver Asmund, pale, ensanglant^,
aupres d'un cadavre puant; il lui fit conter son
histoire, et le voyant mourir lui-meme, aussitot
apres son recit, il le fit percer d'un pieu et brula
son corps avec celui de son feroce compagnon';
car alors deja on connaissait les vampires, quoi-
qu'on ne leur donnat pas ce nom. Voy. Ghole.
Asmoug, I'un des demons qui sous les ordres ,

d'Arimane, sement en Perse les dissensions, les


proces et les querelles.
Asoors ou Asouras. C'est le nom que les
Indiens donnent a certains mauvais genies qui
font tomber les voyageurs dans des embuches.
i|£Cet Asmodee est , au jugement de quelques-
Aspame. « Zorobabel etait epris d'un si fol
uns, I'ancien serpent qui seduisit Eve. Les Juifs,
amour pour Aspame, qu'elle le soufiletait comme
qui I'appellent Asmodai, faisaient de lui le prince un esclave diademe pour en orner
et lui otait le
des demons, comme on dans la para- le voit
sa tete, indigne d'un
ornement, dit De- tel
phrase chaldaique. C'est aux enfers, dans Wierus, lancre; elle lefaisait rire et pleurer, quand bon
un roi fort et puissant, qui a trois tetes la pre- :
lui semblait, le tout par philtres et fascinations ^ »
miere ressemble a celle d'un taureau, la seconde Les belles dames font tous les jours d'aussi
a celle d'un homme, la troisieme a celle d'un
grands exces et produisent d'aussi enormes stu-
belier. II a une queue de serpent, des pieds
pidites , sans fascination et sans philtre.
d'oie, une haleine enflammee. II se montre a
Aspilcuetta (Marie
cheval sur un dragon portant en main un eten-
,
d'), sorciere d'Andaye,
dard et une lance. II est soumis cependant, par dans le pays de Labour,
la hierarchie infernale, au roi Amoymon*.
so us e regne de Hen ri V.
1 1

Lorsqu'on I'exorcise, il faut etre ferme sur ses Ellefutarreteeal'age de


pieds, et I'appeler par son nom. II donne des
dix-neuf ans, et avoua
anneaux conslelles; il apprend aux hommes ase qu'on I'avait menee au
rendre invisibles et leur enseigne la geometrie,
sabbat, que la elle avait
I'arithmetique, I'astronomie et les arts meca- baise le derriere du
niques. II connait aussi des tresors, qu'on pent
diable au-dessous d'une
le forcer a decouvrir; soixante-douze legions lui
grande queue, et que
obeissent. On le nomme encore Chammadai et ce derriere etait fait comme le museau d'un bouc '

Sydonai. Asmodee etait un des demons qui pos- Aspidomancie, divination peu connue qui
sedaient Madeleine Bavent.
se pratique aux Indes, selon quelques voyageurs.
Le Sage a fait d'Asmodee le heros d'un de ses
romans {le Diable hoiteux). • Saxo Grammat. Danicce hist., lib. V.
2 Incredulite et mecreance du sortilege, etc.
' Wierus , in Pseudomonarchia dcemon. 3 Incredulite et mecreance, etc., traitd V.
ASR _ 56 — AST
Uelancre dil' que devin ou sorcier trace uii
le morten 1711. II publia, en 1691, un petit ou-
ccrcle, s'y campe assis sur iin bouclier, mar- vrage peu recherche, intitule La possihilite des
nioUe des conjurations, devienl hideux, et ne apparitions.
sort de son exlase que pour annoncer les choses Astaroth, grand-due tres-puissant aux enfers.
qu'on veut savoir, et que le diable vient de lui a la figure d'un ange fort laid
II el se montre ,

reveler. chevauchaiit sur un dragon infernal ; il tient a la


Asrafil, ange terrible qui, selon les musul-
mans, doit sonner de la liouipelte et reveiller

main gauche une vipere. Quelques magiciens di-


sentqu'il preside a I'Occident, qu'il procure I'a-

mitie des grands seigneurs, et qu'il faut I'evo-


quer le mercredi. Les Sidoniens et les Philisiins
I'adorerent. II est, dit-on, grand tresorier aux en-

fers. Wierus nous apprend qu'il sait le passe et


I'avenir, qu'il repond volontiers aux questions
tons les morts pour le jugement dernier/ On le qu'on lui fait sur les choses les plus secretes , et
confond sou vent avec Azrae!. qu'il est facile de le faire cau.ser sur la creation,
Assa-foetida. Les Hollandais appellent celte les fautes et la chute des anges, dont il connait
planle ficnte da (liable (duivelsdrek). toule I'histoire. Mais dans ses conversations, il
Assassinat. Ce crime a son demon. soutient que pour lui il a ete puni injustement.
II enseigne a fond les arts liberaux, et commande
quaranle legions. Celui qui le fait venir doit
prendre garde de s'en laisser approcher, a cause
de son insupportable puanleur. C'est pourquoi il
est prudent de tenir sous ses narines un anneau
magique en argent, qui est un preservatif centre
les odeurs fetides des demons Astaroth a figure
dans plusieurs po.ssessions. II est cite comme I'un
des sept princes de I'enfer qui visiterent Fau.st,
selon la tradition anglaise il parut en serpent,
;

ayant queue coloree comme des briques


<( la

changeantcs, deux petils pieds fort courts, tout


jaunes, le ventre blanc el jaunatre, le cou cha-
tain roux, et une pointe en forme de trait,
comme ceux du herisson, qui avance de la lon-
Assassins, secte d'Ismaeliens qu'on enivrait gueur d'un doigt ^ ».
de hrachick eta qui Ton faisaitun dogme de tuer. Astarte, femelle d'Astarolli. On la represents
Le souverain des Assassins s'appelait le cheick avec une tete de genisse.
ou Vieux de la Montague. II est celebre dans Astiages, roi des Medes. Quand Cyrus eut
I'hisloire des croisades. Voy. Thuggismk. vaiiicu I'Asie, on publia qu'Asliages, son grand-
Assheton (Guillaume), theologien anglican, pere,[^avait songe [en dormant que dans le .sein .

' Delancre, Tableau de I'inconstance des mauvais ' Wipriis, in Pscudomo)}arcIua dcemon.
anges, etc., liv. II, disc. i. 2 M. Francois Hugo, le Faust anglais.
—;

AST — 57 — AST

de sa fille Mandane croissait une vigne qui de ils que le soleil avec son esquif traver-
disaient , ,

ses feuilles coiivrait I'Asie entiere : presage de sait rOcean toutes les nuits pour retourncr d'Oc-
lagrandeur de Cyrus, fds de Mandane. cident en Orient.
Astier, I'ua des propheles du Dauphine. Voij. D'aulresphysiciens ont prelendu que les etoiles
Prophetes. sont les yeux du ciel, et que les larmes qui en
Astragalomancie, divination par les des. tombent forment les pierres precieuses. C'est
Prenez deux des, marques comme d'usage des pour cela, ajoutent-ils, que chaque dtoil^ (ou
numeros 1,2, 3, k, 5, 6. On peut jeter a volonte plutot chaque planete) a sa pierre favorite.

un ou les deux des a la fois; on a ainsi


de seul AstrolalDe instrument dont on sc sert pour
,

la chance d'amener les chiffres 1 a 12. Vous vou- observer les astres et tirer les horoscopes. II est
lez deviner quelque affaire qui vous enibarrasse souvent semblable a une sphere armillaire. L'as-
ou penetrer les secrets de I'avenir, posez la ques- trologue, instruit du jour, de I'heure, du moment
tion sur un papier que vous aurez passe au-des- ou est ne celui qui le consulte ou pour lequel on
sus de la fumee du bois de genievre placez ce ;
le consulte, met les choses a la place qu'elles
papier renverse sur la table, et jetez les des. occupaient alors, et dresse son theme suivant la

Yous ecrirez mesure qu'elles se pre-


les letlres a position des planeLes et des constellations.

sentent. En se combinant, elles vous donneront 11 y a eu des gens autrefois qui faisaient le
la reponse 1 vaut la leltre A; 2 vaut E
: 3 vaut ;
metier de decouvrir les voleurs par le moyen
I ou Y; /( vaut 0; 5 vaut U-, 6 vaut B, P ou V;
7 vaut C K ou 0 8 vaut D ou T; 9 vaut F, S, X
, ;

ou Z 10 vaut G ou J 11 vaut L, M ou N 12
; ; ;

vaut R. —
reponse est obscure, il ne faut
Si la
pas s'en etonner: le sort est capricieux. Dans le
cas ou vous n'y pouvez rien comprendre, recou-
rez a d'autres divinations. — La leLtre H n'est
point marquee, parce qu'elle n'est pas uecessaire.
Les regies du destin se dispensent de celles de
I'orthographe.PH s'expriment fort bien par la
leltre F, et CH par la leltre X.
Les ancienspraliquaient I'astragalomancie avec
des osselets marques des leitres de I'alphabet, et
les lettres que le hasard amenait faisaient les
reponses. C'est par ce moyen que se rendaient
les oracles d'Hercule en Achaie. On metlait les
lettres dans une urne et on les tirait comme on,

tire les numeros des loteries.

Astres. La premiere idolatrie a commence


par le culte des astres. Tous les peuples four-
voyes les adoraient au temps de Moise. Lui seul
dit aux Hebreux « Lorsque vous elevez les yeux
:

vers que vous voyez le soleil la lune et


le ciel , ,

les autres astres, gardez-vous de tomber dans


I'erreur et de les adorer, car c'est Dieu qui les a
crees. » {Deuteronome , chap, k-)
Ceux qui ne croient pas a la revelation de-
vraient nous apprendre comment Moise a dte plus
eclaire que les sages de toutes les nations dont
il etait environne

Mahomet dit dans le Koran que les etoiles sonl


les senlinelles du ciel et qu'elles empechcnl les
, d'un astrolabe. « Le ciel, disaient-ils, est un
demons d'en approcher et de connaitre ainsi les livre dans lequel on voit le passe, le present et
secrets de Dieu. I'avenir; pourquoi ne pourrait-on pas lire les
11 y a des sectes qui pretendent que chaque evenemenls de ce monde dans un instrument qui
corps celeste est la demeure d'un ange. Les — represents la situation des corps celestes'?))
Arabes, avant Mahomet, adoraient les astres. Astrologie, artde dire la bonne aventure, de
Les anciens en faisaient des etres animes les ;
lirer les horoscopes et de predire les evenements,

Egypliens croyaient qu'ils voguaient dans des par I'aspect, les positions et les iniluences des
navires a travers les airs comme nos aeronautes
' Le pere Lebruri, Hist, des pratiques superst.,
* Bergier, Diet, theolog., au mot Astres. t. I, p. 220.
,,;,

AST — 58 — AST
corps cdlesles. — On croitque I'astrologie, qu'on ment. II y en a meme qui , sur la reponse des

appelle aiissi aslrologie judiciaire, parce qii'elle astres, se devouent et se tuent pour le bonheur
consiste cn jngemenls siir les personnes et siir de ceux qui doivent habiter la nouvelle maison '.
les choses,a pris naissance dans la Clialdee, d'ou Presque lous les anciens Hippocrate Virgile , ,

elle peuelra en Kgyple cn Grece et en Italic.


, Horace Tibere croyaient a I'astrologie. Le
, ,

Quelques antiqiiaires attribiient I'invention de moyen age en fut infecte. On lira I'horoscope
cette science a Cham fils de Noe. Le commis-
, de Louis XIII et de Louis XIV, et Boileau dit qu'un
saire de Lamarre, dans son Traite de police, Umeraire auteur n'atteint pas le Parnasse si son ,

litre VII, cliap. i", ne repousse pas les opinions aslre en naissanl ne I'a forme poete.
qui etablissent qu'elle lui a ele enseignee par le En astrologie, on ne connait dans le ciel que
demon. sept planetes et douze constellations dans le zo-
Diogene Laerce donne a entendre que les Egyp- diaque. Le nombre de celles-ci n'a pas change;
tiens connaissaient la rondeiir de la terre et la mais il y a aujourd'hui neuf foisplus de planetes.
canse des eclipses. On ne pent leur dispnter Nous ne parlerons pourtant que des sept vieilles
I'habilete en astronomic mais an lieu de se ; , employees seules par les astrologues. Nous
tenir aux regies droites de cette science, ils en n'avons, disent-ils, aucun membre que les corps
ajouterent d'autres qu'ils fonderent nniquemenl celestes ne gouvernent. Les sept planetes sont
sur leur imagination ; ce furent la les principes comme on sait, le Soleil, la Lune, Venus, Jupiter,
de I'art de deviner et de tirer les horoscopes. Mars, Mercure et Saturne. Le Soleil preside a la
Ce sont eux, dit Herodole, qui enseignerent a tete, la Lune au bras droit, Venus au bras gauche,
quel dieu chaque mois, chaque jour est consa- Jupiter a I'estomac, Mars aux parties sexuelles,
cre qui observerent les premiers sous quel as-
;
Mercure au pie'd droit et Saturne au pied gauche ,

cendant un homme est ne, pour predire sa —


ou bien Mars gouverne la tete Venus le bras ,

fortune, ce qui lui arriverait dans sa vie, et de droit, Jupiter le bras gauche, le Soleil I'estomac,
quelle mort il mourrait. la Lune les parties sexuelles, Mercure le pied
u J'ai lu dans les regislres du ciel tout ce qui droit, et Saturne le pied gauche.
doit vous arriver a vous et a votre fils » disait a , Parmi les constellations, le Belier gouverne la

•ses credules enfants Beius, prince de Baby'.one. tete , le Taureau le cou , les Gemeaux les bras et
Pompee, Cesar, Crassus, croyaient a I'astrologie. les epaules, I'Ecrevisse la poitrine et le coeur,
Pline en parle comme d'un art respectable. Cette le Lion I'estomac, la Vierge le ventre, la Ba-
science gouverne encore la Perse et une grande lance les reins et les fesses, le Scorpion les par-
partie de I'Asie. a Rien ne se fait ici , dit Taver- ties sexuelles, le Sagittaire les cuisses, le Capri-
nier dans sa relation d'Ispahan ,
que de I'avis des corne les genoux, le Verseau les jambes , et les
astrologues. lis sont plus puissants etplus redou- Poissons les pieds.
tes que le roi, qui en a toujours quatre attaches On a mis aussi le monde , c'est-a-dire les em-
a ses pas. II les consulte sans cesse , et ils I'a- pires et les villes sous I'influence des constel-
vertissent du temps il doit se promener, de
oii lations. Des astrologues allemanSs, au seizieme
I'heure ou il renfermer dans son palais,
doit se siecle , avaient declare Francfort sous I'influence
se purger, se vetir de ses habits royaux, prendre du Belier, Wurtzbourg sous celle du Taureau
ou quitter le sceptre, etc. lis sont si respecles Nuremberg sous les Gemeaux ,
Magdebourg sous
dans cette cour, que le roi Schah-Sophi etant I'Ecrevisse, Ulra sous le Lion, Heidelberg sous
accable depuis plusieurs annees d'infirmites que la Vienne sous la Balance Munich sous
Vierge , ,

I'art ne pouvait guerir, les medecins jugerent leScorpion, Stuttgard sous le Sagittaire, Augs-
qu'il n'etait tombe dans cet etalde deperissement bourg sous le Capricorne, Ingolstadt sous le Ver-
que par la faute des astrologues, qui avaient mal seau , et Ratisbonne sous les Poissons.
pris i'heure a laquelle il devait elre eleve sur le Hermes a dit que c'est parce qu'il y a sept
Irone. Les astrologues reconnurent leur erreur ;
trous a la tete qu'il y a aussi dans le ciel sept
ils s'assemblerentde nouveau avec les medecins, planetes pour presider a ces trous : Saturne et
chercherent de nouveau dans le ciel la veritable Jupiter aux deux oreilles, Mars et Venus aux
heure propice ne manquerent pas de ja trouver,
, deux narines, le Soleil et la Lune aux deux
et la ceremoniedu couronnementfutrenouvelee, yeux, et Mercure a la bouche. Leon I'Hebreu,
a la grande satisfaction de Schah-Sophi, qui dans sa Philosophie d' amour, Iraduile parle sieur
mourut quelques jours apres. » Duparc, Champenois, admet cette opinion, qu'il
11 en est de meme en Chine ou I'empereur , precise tres-bien « Le SiJeil preside a I'oeil :

n'ose rien entreprendre sans avoir consulte son droit, dit-il et la Lune a I'oeil gauche parce que
, ,

theme natal. tous les deux sont les yeux du ciel Jupiter gou- ;

La veneration des Japonais pour I'astrologie verne I'oreille gauche, Saturne la droite, Mars le
est plus profonde encore : chez eux personne
n'oserait construire un edifice sans avoir inter- ' Essai sur les erreurs et les superstitions, par
roge quelque astrologue sur la duree du bati- M. L. C, ch. V.
;;
, ;,,

AST — 59 — AST

pertiiis droit du nez, Venus le pertuis gauche, Quand ceux qui partagent le ciel par sixiemes

et Mercure la bouche parce qu'il preside a la


,
se rencontrent a I'heure de I'operation, comme
parole. » le Belier avec les Gemeaux, le Taureau avec
Ajoutons encore que Saturne domine sur la I'Ecrevisse, etc. , ils forment V aspect sexlil ,
qui
vie , les cliangements , les edifices et les sciences est mediocre.

Jupiter sur I'lionneur, les souhaits, les richesses Quand ceux qui partagent le ciel en quatre,
et la proprete des habits; Mars sur la guerre, comme le Belier avec I'Ecrevisse, le Taureau
les prisons les manages , les haines le Soleil , ; avec le Lion, les Gemeaux avec la Vierge, se ren-
sur I'esperance, le bonheur, le gain, les heri- contrent dans le ciel, ils forment Vaspect carve,
tages Venus sur les amities et les amours
;
qui est mauvais.
Mercure sur les maladies, les pertes, les dettes, Quand ceux qui se trouvent aux parties oppo-
le commerce et la crainte ; la Lune sur les plaies, sees du ciel comme le Belier avec la Balance
,

les songes et les larcins. Ainsi du moins, le , le Taureau avec le Scorpion les Gemeaux avec ,

decide le livre des Admirahlcs secrets d' Albert le Sagittaire ,


etc., se rencontrent a I'heure de la

le Grand. naissance, ils forment Vaspect contraire, qui est

En dominant de la sorte tout ce qui arrive a mechant et nuisible.


I'homme, les pianetes ramenent le meme cours Les astres sont en conjonction quand deux
de choses toutes les fois qu'elles se retrouvent pianetes se trouvent reunies dans le meme signe
dans au lieu de Thoroscope. Jupiter se
le ciel ou dans la .meme maison,
en opposition et
retrouve au bout de douze ans au meme lieu quand elles sont a deux points opposes.
les honneurs seront les memes; Venus, au bout Chaque signe du zodiaque occupe une place
de huit ans, les amours seront les memes, etc., qu'on appelle maison celeste ou maison du soleil
mais dans un autre individu. ces douze maisons du soleil coupent ainsi le zo-
N'oublions pas non plus que chaque planete diaque en douze parties. Chaque maison occupe
gouverne un jour de la semaine le Soleil le : trente degres, puisque le cercle en a trois cent
dimanche, la Lune le lundi. Mars le mardi, snixante. Les astrologues represenlent les mai-
Mercure le mercredi, Jupiter le jeudi, Venus le sons par de simples numeros, dans une figure
vendredi Saturne le samedi
, que le jaune ;
— ronde ou carree, divisee en douze cellules.
est la couleur du Soleil le blanc celle de la Lune,
,

le vert celle de Venus, le rouge celle de Mars, le

bleu celle de Jupiter, le noir celle de Saturne, le


melange celle de Mercure que le Soleil pre- ; —
side a I'or, la Lune a I'argent, Venus a I'etain,
Mars au fer, Jupiter a I'airain Saturne au plomb, ,

Mercure au vif-argent, etc.


Le Soleil est bienfaisant et favorable, Saturne
triste, -morose etfroid; Jupiter tempere et benin,
Mars ardent, Venus bienveillante, Mercure in-
constant, la Lune melancolique.
Dans le Belier, le Lion et
les constellations,
le chauds, sees et ardents; le
Sagittaire sont
Taureau, la Vierge et le Capricorne, lourds,
froids et sees; les Gemeaux, la Balance et le
Verseau, legers, chauds et humides; I'Ecrevisse,
le Scorpion et les Poissons, humides, mous et

froids.
Au moment de la naissance d'un enfant dont
on veut tirer Thoroscope, ou bien au jour de La premiere maison est celle du Belier, qu'on
I'evenement dont on cherche a presager les appelle I'angle oriental en argot astrologique.
suites, il fautd'abord voir sur I'astrolabe quelles C'est la maison de la vie ,
parce qiie ceux qui
sont les constellations et pianetes qui dominent naissent quand cette constellation domine peu-
dans le ciel et tirer les consequences qu'indi-
, vent vivre longteinps.
quent leurs vertus^ leurs qualites et leurs fonc- La seconde maison est celle du Taureau qu'on ,

lions. Si trois signes de la meme nature se ren- appelle la porte inferieure. C'est la maison des
contrent dans le ciel, comme, par exemple, le richesses et des moyens de fortune.
Belier, le Lion et le Sagittaire, ces trois signes La troisieme maison est celle des Gemeaux
forment le trin aspect , parce qu'ils partagent le appelee la demeure desfreres. C'est la maison
ciel en trois et qu'ils sont separes I'un de I'autre des heritages et des bonnes successions.
par trois autres constellations. Get aspect est La quatrieme maison est celle de I'Ecrevisse.
bon et favorable. On I'appelle le fond du ciel, I'angle de la terra,
,,
,

AST — 60 — AST
la deinenrc dcs parents. Cost la maison des tre- presque autant d'effet que Jupiter;
les inlluences
sors cl des biens de paLrinioine. mais descendant il presage des revers.
La cinquiome maison est, celle dii Lion dile , Ajoutons que les Gemeaux, la Balance et la
la demeurc des cnfanls. G'esl la maison dcs legs Vierge donnent la beaute par excellence; le Scor-

et des donations. pion, Capricorne et les Poissons donnent une


le
La sixieme maisonest celle de la Vierge; on beaute mediocre. Les autres constellations don-
I'appelle I'amour de Mars. C'est la maison des nent plus ou moins la laideur. La Vierge, la —
chagrins des revers et des maladies.
, Balance, le Verseau et les Gemeaux donnent une
La septieme maison est celle de la Balance belle voix; I'Ecrevisse, le Scorpion et les Pois-
qu'on appelle I'angle occidental. C'esL la maison sons donnent une voix nulle ou desagreable. Les
des mariages et des noces. autres constellations n'ont pas d'intluence sur la
La huilieme maison est celle dii Scorpion, ap- voix.
pelee la porta supcrienre. C'est la maison de Si les planetes et les constellations se trouvent
reffroi , des craintes et de la mort. a I'orient a I'heure de I'horoscope, on eprou-
La neuvieme maison est celle du Sagittaire, vera leur influence au commencement de la vie
appelee I'amour du soleil. C'est la maison de la ou de I'entreprise; on I'eprouvera au milieu si
piete de la religion
, des voyages et de la phi- , elles sont au haut du ciel , et a la fin si elles sont
losophie. a I'occident.
La dixieme maison est celle du Capricorne Afln que I'horoscope ne trompe point, il faut
dite le milieudu del. C'est la maison des charges, avoir soin d'en commencer les operations preci-
des dignites et des coiironnes. sement a la minute oii Tenfant est ne, ou a I'in-
La onzieme maison est celle du Verseau stant precis d'une affaire dont on veut savoir les
qu'on appelle I'amour de Jupiter. C'est la mai- suites. — Pour ceux qui n'exigent pas une exac-
son des amis, des bienfaits et de la fortune. titude si severe, il y a des horoscopes tout dres-
La douzieme maison est celle des Poissons, ses, d'apres les constellations de la naissance.
appelee I'amour de Saturne. C'est la plus mau- Voy. Horoscopes.
mai-
vaise de toutes et la plus funeste: c'est la Tels sont, en peu de mots, les principes de cet
son des empoisonnemenls des miseres de , , art, autrefois si vanle, si universellement re-
I'envie de I'humeur noire et de la mort vio-
, pandu, maintenant un peu tombe en desue-
et
lente. tude. Les astrologues conviennent que le globe
Le Belier et le Scorpion sont les maisons che- roule si rapidement, que la disposition des astres
riesde Mars; le Taureau et la Balance, celles de change en un moment. II faudra done, pour tirer
Venus les Gemeaux et la Vierge celles de Mer-
; , les horoscopes, que los sages-femmes aient soin
cure ; le Sagittaire
celles de et les Poissons, de regarder attentivement les horloges, de mar-
Jupiter Capricorne et le Verseau celles de
; le , quer exactement chaque point du jour, et de
Saturne; le Lion, celle du Soleil; I'Ecrevisse, conserver a celui qui nait ses etoiles comme son
celle de la Lune. patrimoine. « Mais combien de fois, dit Barclai,
II faut examiner avec soin les rencontres des le peril des meres empeche-t-il ceux qui sont

planetes avec les constellations. Si Mars, par autour d'elles de songer a cela! Et combien de
exemple, se rencontre avec le Belier a I'heure fois ne se trouve-t-il la personne qui soit assez

de la naissance, il donne du courage, de la tierte superstitieux pour s'en occuper! Supposez, ce-
et une longue vie s'il se trouve avec le Taureau
; pencUmt, qu'on y ait pris garde, si I'enfant est
richesses et courage. En un mot. Mars augmente longtenips a naitre, et si, ay ant monlre la tete,
rinlluence des constellations avec lesquelles il so le reste du corps ne parait pas de suite, comme

rencontre, et y ajoute la valeur et la force. — il arrive, quelle disposition des astres sera
Saturne, qui donne les peines, les miseres, les funeste ou favorable ? sera-ce celle qui aura
maladies, augmente les mauvaises influences et preside a I'apparition de la tete, ou celle qui se
gate les bonnes. Venus, au contraire, augmente sera rencontree quand I'enfant est entierement
les bonnes intluences et affaiblit les mauvaises. ne ?... ))

— Mercure augmente ou affaiblit les inlluences Astrologues. Voici quelques anecdoles sur le
suivanl ses conjonctions : s'il se rencontre avec complc des astrologues Un valet, ayant vule son
:

les Poissons, qui sont mauvais, il devient moins maitre, s'enfuit avec I'objet derobe. On mit des
bon; s'il se trouve avec le Capricorne, qui est gens a sa poursuile, et, comme on ne le trouvait
favorable, il devient meilleur. — La Lune joint pas, on consulla un astrologue. Celui-ci, habile
la melancolie aux constellations heureuses; elle a deviner les choses passees, repondit que le

ajoute la tristesse ou demence aux constella- la valet s'etait echappe parce que la lune s'etait
tions funestes. —
Jupiter, qui donne les richesses trouvee, a sa naissance, en conjonction avec
et les honneurs, augmente les bonnes influences Mercure, qui protege les voleurs, et que de plus
et dissipe a peu pres les mauvaises. — Le Soleil longues recherches seraient inutiles. Comme il
ascendant donne les favaurs des princes; il a sur disait ces mots, on amena le domestique, qu'on
AST — 61 — AST
venait de prendre enfin ,
malgre la proLeclion de temps qu'il croyait avoir a vivre. N'elant pas
Mercure. mort a I'heure que I'aslrologue lui avait assi-
Les aslrologiies tirent vanite de deux ou Irois gnee, il se vit oblige de demander Taumonc, cc
de leurs predictions accoinplies, quoique sou- qu'il faisait en disanl :

a Ayez pitie d'un homme

vent d'une maniere indirecte, entre mille qui qui a vecu plus longtemps qu'il ne croyait. »
n'ont pas eu de succes. L'lioroscope du poete Une dame pria un aslrologue de deviner un
Eschyle portait qu'il serait ecrase par la chule chagrin qu'elle avait dans I'espril. L'astrologue,
d"une niaison; il s'alla, dit-on, niellre en plein apres lui avoir demande I'annee, le mois, le jour
champ, pour eviter sa destinee ; mais un aigle, et I'heure de sa naissance, dressa la figure de
qui avait enleve una torlue, la lui laissa tomber
il en fut tue. Si ce conte n'a pas ete
sur la tete, et
faitapres coup, nous repondrons qu'un aveugle,
en jelant au hasard une muitilude de Heches,
peut alteindre le but une fois par hasard. Quand
ily avait en Europe des niilliers d'astrologues
qui faisaient tous les jours de nouvelles predic-
tions, il pouvait s'en trouver quelques-unes que
l eveneniient, par cas forluit, justifiait; et celles-
ci, quoique rares, entretenaient la credulile que
des millions de mensonges auraient du detruire.
L'empereur Frederic-Barberousse, etant sur le
point de quitter Vicence, qu'il venait de prendre
d'assaut, defia le plus fameux aslrologue de de-

son horoscope, et dit beaucoup de paroles qui


signiOaient peu de chose. La dame lui donna une
piece de quinze sous. —
« Madame dit alors I'as- ,

trologue, je decouvre encore dans voire horos-


— Gela vrai,
cope que vous n'etes pas riche. est
— Madame,
repondil-elle. en consi-
poursuivil-il
deraut de nouveau figures des aslres, n'avez-
les
vous rien perdu? — perdu,J'ai lui dit-elle, I'ar-

gent que je viens de vous donner. »

Darah, I'un des qualre fils du Grand Mogol


Schah-Gehan ajoutait beaucoup de foi aux pre-
,

viner par quelle porle il sortirait le lendemain. dictions des astrologues. In de ces docles lui
Le charlatan repondit au defi par un tour de son avait predit, au peril de sa tele, qu'il porlerait
metier il remit a Fi^ederic un billet cachete, lui
: la couronne. Darah complail la-dessus. Comme
recommandant de^ne I'ouvrir qu'apres sa sortie. on s'elonnait que eel aslrologue osat garanlir sur
L'empereur lit abaLtre pendant la nuit, quelques
,
sa vie un evenement aussi incerlain « II arri- : —
toises de mur, et sorlit par la breche. II ouvrit vera de deux choses I'une, repondit-il, ou Darah
ensuile le billet, et rie fut pas peu surpris d'y parviendra au trone, el ma fortune est faile ou ;

lire ces mots —


« L'empereur sortira par la
: il sera vaincudes lors sa mort est cerlaine, et
:

porte neuve. » C'en fut assez pour que I'astro- je ne redoule pas sa vengeance. »
logue et I'astrologie lui parussent infiniment res- Heggiage, general arabe sous le calife Valid,
pectables. consulla, dans sa derniere maladie, un aslro-
Un homme que les aslres avaient condamne logue qui lui predil une morl prochaine. « Je —
en naissant a elre tue par un cheval avait grand comple tenement sur voire habilele lui repondit ,

soin de s'eloigner des qu'il apercevait un de ces Heggiage, que je veux vous avoir avec moi dans
animaux. Or, un jour qu'il passait dans une rue, I'autre monde, el je vais vous y envoyer le pre-
une enseigne lui tomba sur la tete, et il mourut mier, alin que je puisse me servir de vous des
du coup c'elait, dit le conle, I'enseigne d'une
: mon arrivee. » 11 lui fit couper la tele, quoique le
auberge ou etait represente un cheval noir. temps fixe par les aslres ne fut pas encore arrive.
Mais il y a d'autres anecdotes Un bourgeois : L'empereur Manuel, qui avail aussi des pre-
de Lyon riche et creduie ayant fait dresser son
,
, tentions a la science de I'aslrologie, mit en mer,
horoscope, mangea tout son bien pendant le sur la foi des aslres, une floUe qui devail faire
,;,

AST — 62 — ATT
des merveilles et qui fut vaincue, brulee et cou- des ce moment, ajoute-t-on, la maison fut tran-
lee bas. quille'. Voy. Ayola et Arignoti-.
Henri VII, roi d'Angleterre, demandait a un Atinius. Tite-Live raconte que, le matin d'un
aslrologue s'il savait ou il passerait les fetes de jour ou Ton representait les grands jeux, un ci-
Noel. L'astrologue repondit qu'il n'en savait rien. toyen de Rome conduisit un de ses esclaves a
— done plus habile que toi repondit le
« Je suis ,
Iravers le cirque en le faisant battre de verges;
roi car je sais que tu les passeras dans la Tour
, ce qui divertit ce grand peuple romain. Les jeux
de Londres. » 11 I'y fit conduire en ineme temps. commencerent a la suite de cette parade mais ;

II est vrai que c'etait une mauvaise raison. quelques jours apres Jupiter Capitolin apparut la
Un astrologue regardant au visage Jean Galeas, nuit, en songe, a un homme du peuple nomme
due de Milan, lui dit « Seigneur, arrangez vos
: — Alinius ^ et lui ordonna d'aller dire de sa part
affaires car vous ne pouvez vivre longtemps.
,
— aux consuls qu'il n'avait pas 6l6 content de celui
Comment le sais-tu ? lui demanda le due. Par — qui menait la danse aux derniers jeux, et que
la connaissance des aslres. Et toi, combien — Ton recommengat la fete avec un autre danseur.
dois-tu vivre? —
Ma planete me promet une — Le Romain, a son reveil, craignit de se rendre
longue vie. —
Oh bien tu vas voir qu'il ne faut ! ridicule en publiant ce songe et le lendemain ,

pas se fier aux planetes; » et il le fit pendre sur- son fils, sans etre malade, mourut subitement.
le-champ. La nuit suivante, Jupiter lui apparut de nouveau
Astronomancie divination par les astres.
, et lui demanda s'il se trouvait bien d'avoir me-
C'est la nieme chose que I'astrologie. prise I'ordre des dieux ,
ajoulant que s'il n'obeis-
Astyle, devin fameux dans I'histoire des Cen- sait il lui arriverait pis. Atinius, ne s'elant pas
taures. On trouve dans Plutarque un autre devin encore decide a parler aux magistrals, fut frappe
nomme Astyphile. Voy. Cimon. d'une paralysie qui lui ota I'usage de ses mem-
Asuman, I'ange de la mort, chez les Mages, bres. Alors il se fit porter en chaise au senat, el
Asweith. Voy. Asmund. raconta tout ce qui s'etait passe, II n'eul pas plu-
Ate, iille de la Discorde, divinite funesle dans tol fini son recit, qu'il se leva, rendu a la sante.

la mythologie grecque. Toutes ces circonstances parurent miiaculeuses.


Athenagore, philosophe platonicien ,
qui em- On comprit que le mauvais danseur etait I'esclave
brassa le christianisme au deuxieme siecle. On battu. Le maitre de eel inforlune fut recherche
pent lire son Traile de la resurrection des morls, et puni on ordonna aussi de nouveaux jeux qui
;

traduit du grec en frangais par Gaussart, prieur furent celebres avec plus de pompe que'^'les pre-
de Sainle-Foy, Paris, 157/j, et par Duferrier, cedents. —
An de Rome 265.
Bordeaux, 1577, in-8». Atre, divinite ou plulot demon des Anglo-
Athenais, sihylle d'Erytbree. Elle propheti- Saxons, auxquels il ne faisait que du mal.
sait du temps d'Alexandre. Atropos, I'une des trois Parques; c'est elle
Athenodore, philosophe stoicien du siecle qui coupait le fil. Hesiode la peint comme Ires-
d'Auguste. On conte qu'il y avait a Athenes une feroce on lui donne un vetement noir, des traits
;

fort belle maison ou personne n'osait demeurer, rides et un maintien pen seduisant.
a cause d'un spectre qui s'y montrait la nuit. Attila, dit le Fleau de Dieu, que saint Loup,
Athenodore , elant arrive dans cette ville ne
, eveque de Troyes empecha de ravager la Cham-,

s'effraya point de ce qu'on disait de la maison pagne. Comme il s'avancait sur Rome pour la
decriee, et I'acheta. detruire, il eut une vision il vit en songe un :

La premiere nuit y passa, etant occupe a


qu'il vieillard venerable, vetu d'habils sacerdotaux,
ecrire, il entendit tout a coup un bruit de chaines, qui ,
nue au poing le menagait de le luer
I'epee ,

et il apergut un vieillard hideux, charge de fers s'il aux prieres du saint pape Leon. Le
resistait
qui s'approchait de lui a pas lenls. 11 continua lendemain quand le Pape vint lui demandcr
,

d'ecrirc.Le spectre, I'appelant du doigt, lui fit d'epargner Rome, il repondit qu'il le ferait, et

signe de le suivre. Athenodore repondit a I'es- ne passa pas plus avant. Paul Diacre dit, dans le
prit par un autre signe qu'il le priait d'atlendre
, , livre XV de son Histoire de la Lombardie, que ce
et continua son travail mais le spectre fit reten- ; vieillard merveilleux n'etait autre, selon I'opi-
tir ses chaines a ses oreilles, et I'obseda tene- nion generale, que saint Pierre, prince des
ment, que le philosophe, fatigue, se determina apolres. —
Des iegendaires ont ecrit qu'Atlila
a voir I'aventure. fantome, qui
11 marcha avec le etait du demon.
fils

disparut dans un coin de la cour. Athenodore Attouchement. Pline dit que Pyrrhus gueris-
etonne arracha une poignee de gazon pour re- sail les douleurs de rale en touchant les malades
connaitre le lieu, rentra dans sa chambre, et, le du gros doigt de son pied droit; el I'empereur
lendemain il fit part aux magistrals de ce qui lui
, Adrien, en touchant les hydropiques du bout de
etait arrive. On fouilla dans I'endroit indique
on trouva les os d'un cadavre avec des chaines, 1 Plin. junior, lib. vii, epist. 27.
on lui rendit les horineurs de la sepulture, et. - Plutarque le nomme Titus Latinus.
, ,

AUB — 63 — AUG
I'index, leur faisait sortir I'eau da ventre. Beau- des commissaires a Laon le nonce du pape y
;

coup de magiciens et de sorciers out su produire vint aussi. Les demons, voyant ce concours, en
egalement des cures merveilleuses par le simple devinrent plus insolents: ils insultaient les exor-

altoucliemenl. Voy. Charmes, Ecrouelles, etc. cistes et l'eveque lui-meme; mais ils ne mena-
Aubigne (Nathan d'), en latin Alhineus, fils geaient pas lesprolestants, qui demanderentqu'on
dii fameux huguenot d' Aubigne. II elait partisan emprisonnat la possedee. Un medecin de leur
de I'alchimie. II a publie, sous le titre de Biblio- secle ayant tente de I'empoisonner, on ne les
theque chimique, un recueil de divers trailes, ecouta point. Les demons, malgre eux probable-
recherche par ceux qui croient a la pierre phi- ment, turlupinaient la reforme par des sarcasmes
losophale'. si incisifs, qu'ils eurent pour resultat la conver-

Aubrey (Jean), Alberins, savant antiquaire sion d'un grand nombre de calvinistes, parmi
anglais, mort en 1700. II a donne, en 1696, un lesquels nous citerons Florimond de Remond,
livre intitule Melanges sur les sujets suivants : qui a laisse un nom dans les sciences historiques.
FataliU de jours ,
fatalite de lieux , presages, Les demons enfin furent vaincus et la jeune fille
songes, apparitions , merveilles et prodiges ; reim- delivree. On a dit qu'ils etaient au nombre de
prime en 1721, avec des additions. vingt-neuf en tete desquels etaient Belzebut, qui
,

Aubry (Nicole), jeune fille de Vervins, dont etait venuaelle sous la figure d'un taureau, Bal-
la possession a fait tres-grand bruit au treizieme tazo sous celle d'un mouton, Astaroth sous celle
siecle. A I'age de seize ans, etant allee prier sur d'un pore, les autres sous forme de chats gros
la tombe de son pere, I'esprit de cet homme lui comme des brebis. —
L'histoire de Nicole Aubry
apparut, sortant du tombeau, et lui prescrivit Sorbonne en frangais en latin
fut publiee par la , ,

coinbien elle devait faire dire de messes pour le en espagnol, en italien et en allemand. Elle avait
repos de son ame. Elle executa ponctuellement tant de retentissement que Charles IX en voulut
tout ce qui lui etait recommande mais, malgre ; voir riieroine, qui lui fut presentee le 27 aoiit
son exacte obeissance , elle n'en continua pas 1566.
moins a etre tous les jours visitee par cet esprit, Cette histoire a ete tellement denaturee par les
qui finit par lui avouer qu'il etait un demon. Ce protestants, qui ont falsifie aussi celle de Loudun
demon la transporta en divers lieux et I'enleva et quelques autres, qu'il est tres-rare chez nous
meme devant de nombreux temoins, ce qui fit de la trouver exacte. Gorres I'a donnee conscien-
reconnaitre evidemment qu'elle en etait posse- cieusement dans le tome IV de sa Mystique.
dee. L'eveque de Laon la lit exorciser, et ce fut Audumla. Une etincelle de la lumiere divine
pendant trois mois sans resultat. Dix hommes, ayant fondu une portion des glaces de la Scandi-
et quelquefois plus la tenaient durant les exor-
, navie, il naquit de cette goutte la genisse Au-
cismes, et elle leur etait arrachee a la vue de la dumla qui nourrit de son lait Imir, ne avec elle.
,

foule. Des notaires publics dressaient les proces- Puis elle lecha des glagons d'oix sortit Bor ou
verbaux de ces faits, qui se sont repetes deux Buri. {Mythologie scandinave.)
siecles plus tard sur la tombe du diacre Paris, et Augerot d'Armore, sorcier. Voy. Chorro-
qui dans I'une et I'autre affaire ont ete constates
, , PIQUE.
dans toutes les formes et avec toutes les garan- Augures. Les augures etaient, chez les Ro-
ties desirables. La science humaine a barbote mains, les inlerpretes des dieux. On les consultait
autour de ces monstrueux phenomenes sans pou- avant toutes les grandes entreprises : ils jugeaient
voir les expliquer. En meme temps que cette du succes par le vol , le chant et la fagon de man-
puissance qui dans une jeune fille rendait vains
, , ger des oiseaux. On ne pouvait elire un magis-
les efforts de quinze ou seize hommes robustes trat, ni donner une bataille, sans avoir consulte
Nicole Aubry parlait plusieurs langues, decou- I'appetit des poulets sacres ou les entrailles deg
vrait les choses les plus secretes et voyait ce qui victimes. Annibal pressant le roi Prusias de livfer
se passait a quelques lieues d'elle. bataille aux Remains, celui-ci s'en excusa en di-
Cette premiere periode des exorcismes avait sant que les victimes s'y opposaient. — « C'est-a^
eu lieu a Vervins l'eveque, etonne, fit venir la
;
dire, reprit Annibal, que vous preferez I'avis
jeune fille a Laon ou il I'exorcisa lui-meme dans
, d'un mouton a celui d'un vieux general. »

la cathedrale, remplie continuellement a ce sujet Les augures predisaient aussi I'avenir par le
de dix a douze mille spectaleurs. Ce n'etait plus moyen du tonnerre et des eclairs par les eclipses ,

un seul demon qui s'elait installe dans Nicole et par les presages qu'on tirait de I'apparition
Aubry. C'etait des lors, sans aucun doutei'^ar la des cometes. Les savants n'etaient pas dupes de
permission de Dieu, toute une legion d'esprits leurs ceremonies , et Ciceron disait qu'il ne con-
mauvais; el il y eut des scenes si etranges, que cevait pas que deux augures pussent se regarder
le Parlement de Paris et I'Universite envoyerent sans rire.

Quelques-uns mdpriserent, il est vrai, la science


* Bibliofheca chimica contracta ex delecfu et amen-
datione Nathanis Albijiei, in-8". Geneve, 1634 des augures; mais ils s'en trouverent mal, parce
et 1673. que le peuple la respectait. On vint dire a Clau-
AUG — 6'4 — AUG
diiis Pulchcr, pret a livrer bal<iille aiix Carlhagi- Si une corneille vole devant vous, dit Cardan,
nois, que les poulets sacres refusaient de inan- elle presage un mallieur futur; si elle vole a
ger. — « Qii'on les jeLte a la mer, repondil-il , s'ils un malheur present;
droite, si elle vole a gau-
ne mangent pas, ils boiront. » Mais Tarinee fiiL che, un malheur qu'on peut eviter par pru-
la
indignee de ce sacrilege, et Claudius perdit la dence: si elle vole sur votre tete, elle annonce
bataille la mort, pourvu toutefois qu'elle croasse; si
Les oiseaux ne sont pas, chez nos bonnes gens, elle garde le silence, elle ne presage rien...
depourvus du don de prophetie. Le cri de la On dit que la science des augures passa des
chouette annouce la mort; ic chanL du rossignol Chaldeens chez les Grecs, et ensuite chez les
promet de la joie le coucou donne de I'argent,
; Romains. Elle est defendue aux Juifs par le cha-
quand on poite sur soi quelque mounaie le pre- pitre XXIX du Levitique.
mier jour qu'on a le bonheur de Tenlendre, etc. Gaspard Peucer dit que les augures se pre-

naient de cinq choses : 1° du ciel ; 2° des oiseaux; tree d'un animal sauvage ou domestique dans une
3° des betes a deux pieds ; k" des betes a quatre maison ;
2° la rencontre d'un animal sur la route
pieds 5° de ce qui arrive au corps humain soil
; , ou dans la rue ;
3° la chute du tonnerre ; k" un
dans la maison soit hors de la maison.
, rat qui mange une savate, unrenard qui etrangle
Mais les anciens livres auguraux, approuves une poule, un loup qui emporte une brebis, etc.;
par Maggioli dans ledeuxiemecolloque du supple- 5° un bruit inconnu entendu dans la maison, et
ment a ses Jours caniculaires , portent les objels qu'on attribuait a quelque lutin 6" le cri de la ;

d'augures a douze cliefs principaux, selon le corneille ou du hibou, un oiseau qui tonibe sur
nombre des douze signes du zodiaque : 1° I'en- le cheuiin etc.; 7° un chat ou tout autre animal
,

qui entre par un trou dans la maison on le pre- :

' On que Livie, etant grosse, imagina de


salt
nait pour un mauvais genie 8° un flambeau qui;

couvcr et d'eclore un oeuf dans son sein voulant au- ,

s'eteint tout seul ce que Ton croyait une malice


,
gurer du sexe de son enfant par le sexe du poussin
qui viendrnit. Ce poussin fut nicile, et son enfont d'un demon 9" le feu qui petille. Les anciens
;

aussi. Les augures ne nianquerent pas de se pieva- pensaient que Vulcain leur parlait alors dans le
loir du fait pour montrer aux plus incredules la ve-
foyer; 10° ils tiraieut encore divers presages
rilede Icur art; niais ce qui reste le niieux prouve,
lorsquc la llamme etincelait d'une maniere ex-
c'estque la chaleiir humaine est sufTisante pour I'in-
cubation des ceufs. traordinaire; 11° lorsqu'elle bondissait, ils s'ima-
: '
, ,,

AUG — 65 — AUP
ginaient que les dieux Lares s'amiisaient a I'agi- aupres du d^mon, a qui il demanda
plies, et revint

1
ler; 12° enfiii, ils regardaient comme une seconde fois sa note. Elle se trouva
un motif de lire

d'augiire line tristesse qui leur survenait tout a effacee. —


Ah vous m'avez joue s'ecria le ! ,

coup. diable,.... mais on ne m'y reprendra plus.... En


; Nous avons conserve quelques traces de ces disant ces mots, il s'en alia peu content.
I
superstitions, qui ne sont pas sans poesie. Nous avons dit que saint Augustin avait refute
Les Grecs modernes tirent des augures du cri le petit livre du Demon de Socralc, d'Apulee. On
s J des pleureuses a gages. lis disent que si Ton en- pent lire aussi de ce Pere le Iraite de I'Antechrist
s tend braire un ane a jeun, on tombera infailli- et divers chapitres de son admirable ouvrage de
blement de cheval dans la journee, —
pourvu la Cite de Dieu qui ont rapport au genre de mer-
toutefois qu'on aille a cheval. Voy. Ornithoman- veilles dont nous nous occupons.
'

CIE, AtGLE, CORNEILLE, HlBOU ArUSPICES, elC.


, Aumdne. Le peuple croit, en Angleterre, que,
'
Augusts. Leloyer rapporte, apres quelques pour les voyageurs qui ne veulent pas s'egarer
anciens, que la mere de I'empereur Auguste, dans leur route, c'est une grande imprudence de
etant enceinte de lui, eut un songe oii il lui sem- passer aupres d'une vieille femme sans lui don-
bla que ses entrailles etaient portees dans le ciel ner I'aumone, surtout quand elle regarde en face
ce qui presageait la future grandeur de son fils. celui dont elle soUicite la pitie'. Celte opinion — ,

Ce nonobstant, d'autres demonographes disent nous n'aurons pas le courage de la condamner.


qu' Auguste elait enfant du diable. Les caba- —Aupetit (Pierre), pretre sorcier du village de
listes n'ont pas manque de faire de ce diable une Fossas, paroisse de Paias, pres la viile de Cha-
salaraandre. lus, en Limousin, execute a I'age de cinquante
Auguste etait superstitieux Suetone rapporte
; ans, le 25 mai 1598. II ne voulut pas d'abord —
que, comme on croyait de son temps que la peau repondre au juge civil il en fut refere au parle- ;

d'un veau marin preservait de la foudre, il elait ment de Bordeaux qui ordonna que le juge laique ,

toujours muni d'une peau de veau marin. II eut connaitrait de cetle affaire, sauf a s'adjoindre un
encore la faiblesse de croire qu'un poisson qui juge d'^glise. L'eveque de Limoges envoya un
sortait de la mer, sur le rivage d'Actium lui inembre de I'ofRcialite pour assister, avec le vice-
,

presageait le gain d'une bataille. Suetone ajoute senechal et le conseiller Pcyrat, a I'audition du
qu'ayant ensuite rencontre un anier, il lui de- sorcier. —
Interroge s'il n'a pas ete au sabbat de
manda le nom de son ane; que I'anier lui ayant Menciras, s'il n'a pas vu Antoine Dumons de
repondu que son ane s'appelait Nicolas, qui si- Saint-Laurent, charge de fournir des chandelles
gnifie vainqueur des pevples , il ne douta plus de pour I'adoration du diable; si lui, Pierre Aupetit,
la victoire et que, par la suile, il fit eriger des
; n'a pas tenu le fusil pour les allumer, etc. il a ;

statues d'airain a I'anier, a I'ane et au poisson repondu que non, et qu'a I'egard du diable, il
sautant. II dit meme que ces statues furent pla- priait Dieu de le garder de sa figure ce qui etait :

cees dans le Capitole. le langage ordinaire des sorciers. Interrog^ —


On sait qu'Auguste fut proclame dieu de son s'il ne se servait pas de graisses et si apres le ,
,

vivant et qu'il eut des temples et des pretres


, sabbat, il n'avait pas lu dans un livre pour faire
'
Augustin (saint), eveque d'Hippone, I'un venir une troupe de cochons qui criaient et lui
des plus illustres Peres de I'Eglise. On lit dans repondaient « Tiran, tiran ramassien, rama > :
,

Jacques de Varasc une gracieuse legende sur ce sien, nous reclamons cercles et cernes pour
))

grand saint » faire I'assemblee que nous t'avons promise » ;

Un jour qu'il etait plonge dans ses medila- il a repondu qu'il ne savait ce qu'on lui deman-
,j
tions, il vit passer devant lui un demon qui por- dait. —
Interroge s'll ne sait pas embarrer ou
tait un livre enorme sur ses epaules. II i'arrela desembarrer, et se rendre invisible etant prison-
et lui demanda a voir ce qUe contenait ce livre. nier, il repond que non. Interroge s'il sait dire —
Ij
— C'est le registre de tons les peches des hom- des messes pour obtenir la guerison des malades
mes, repond le demon je les ramasse oii je les il repond qu'il en sait dire en I'honneur des cinq
;

trouve, et je les ecris a leur place pour savoir plaies de Notre-Seigneur et de M. saint Come.

lj
plus aisement ce que chacun me doit. Mon- —
Pour tirer de lui la verite, selon les usages
trez-moi dit le pieux eveque d'flippone, quels d'alors, on le menaqa de la question. II avoua
,
ii,

peches j'ai faits depuis ma conversion?.... Le alors qu'il elait alle au sabbat; qu'il lisait dans
jl

demon ouvrit le livre, et chercha I'article de le grimoire que le diable en forme de mouton ; ,
J

saint Augustin, oi\ il ne trouva que cetle petile plus noir que blanc, se faisait baiser le derriere;

,j
note : — « II a oublie tel jour de dire les com- que Gratoulet, insigne sorcier, lui avait appris
plies. » Le prelat ordonna au diable de I'altendre le secret d'erabarrer, d'etancher et d'arreter le

un moment il se rendit a I'eglise recita les com- sang; que son demon ou esprit familier s'appe-
; ,
lj

lait Belzebut, et qu'il avait regu en cadeau son


es 1 In Augusto, cap. xc.
2 ji y a quelques legendes sur Auguste dans les petit doigl. II declara qu'il avait dit la messe en
s-

Legendes de I'Ancien Testament. • Fielding, Tom Jones, liv. XIV, ch. ii.

5
,

AUR - 66 — AUX
riionneiir de Belzebut, el qii'il savail embarrer Ausitif demon pen connu qui est cite dans
, ,

en invoqiiant le nom du diable et en uietlant un la possession de Loudun.


liard dans line aiguillette ; il dit, de plus, que le Auspices, augiu'es qui devinaient surtout par
diable parlait en langage vulgaire aux sorciers, le vol et le chant des oiseaux, l/oy. Augures,
et que ,
quand envoyer du mal a quel-
il voulait Arlspices, etc.
qu'un, il disait ces mots « Vach, vech, slet, sly, : Automates. On croyail autrefois que ces ou-
stu! » 11 persista jusqu'au supplies dans ces ridi- vrages de du demon. Voy.
I'art etaient I'oeuvre

cules revelations, melees d'indecentes grossiere- Aluert le Grand, Bacon, Enchantements, etc.
tds*. Pour comprendre ces choses, voy. Sabbat. Autopsie, espece d'extase ou des fous se
Aurinie, druidesse dont les Gcrmains vene- croyaienl en commerce avec les esprils.
raient grandement la memoire. Elle est ante- Autruche. II est bien vrai qu'elle avale du
rieure a Velleda. fer, car elle avale lout ce qu'elle rencontre ; mais
Aurore boreale espece de nuee ,
rare , trans- il n'est pas vrai qu'elle le digere , et I'experience
parenle, lumineuse, qui parait la nuit, du cote a delruit celte opinion erronee *. — Les traditions
du nord. On ne saurait croire, dit Saint-Foix, du moyen &ge donnaient pour pere a I'aulruche
sous conibien de formes I'ignorance et la supers- un cygne et pour mere une chamelle.
tition des siecles passes nous ont presenle I'au- Autun (Jacques Chevannes.
d'). I'oy.

rore boreale. Elle produisait des visions diffe- Auxonne. On Irouve dans le onzieme tome

rentes dans I'esprit des peuples, selon que ces des Causes celehres I'histoire d'une possession
apparitions etaienl plus ou moins frequentes qui eut lieu a Auxonne, au milieu du dix-sep-
c'est-a-dire selon qu'on habitait des pays plus tieme siecle; et Fatteslalion des fails a die si-
ou moins eloignes du pole. Elle fut d'abord un gnee par I'archeveque de Toulouse, I'eveque de
sujet d'alarmes pour les peuples du Nord; ils Rennes, I'eveque de Rodez I'eveque de Chalons- ,

crurent leurs campagnes en feu et I'ennemi a leur sur-Saone et par F. Morel , N. Cornet, Ph. Leroy,
porte. Mais ce phenomene devenant presque jour- N. Grandin, tous docleurs de Sorbonne. Dix-huit
nalier, ils s'y sont accoulumes. lis disent que ce femmes, les unes religieuses, les aulresdu monde,
sont des esprils qui se querellenl et qui combat- se sont trouvees possedees , comme le reconnais-
tent dans les airs. Cetle opinion est surtout tres- sent les venerables signalaires de I'acle que nous
accreditee en Siberie. cilons, lequel porte la dale du 20 Janvier 1652.
Les Groenlandais, lorsqu'ils voient une aurore La possession avail dure dix ans avec des ,

boreale, s'imaginent que ce sont les ames qui phases diverses. Toules ces filles elaienl pieuses
jouenl a la boule dans le ciel , avec une tele de et de moBurs pures. C'elait done une serie d'e-

baleine. — Les habitants des pays qui tiennent preuves. On nomme dans la declaration aulhen-
le milieu entre les lerres arcliques et I'exlremite tique des fails Anne I'Ecossaise, appelee sceur
meridionale de I'Europe n'y voient que des su- de Denise Parisol, servante du
la Purification;

jels trisles ou menagants, affreux ou terribles; lieutenant general d' Auxonne; la soeur M. Janini;
ce sont des armees en feu qui se livrent de san- la soeur Humberte de Saint-Frangois la soeur ;

glantes batailles, des teles hideuses separees de Marguerite de I'Enfant Jesus; la soeur L. Arivey.
leurs troncs, des chars enflammes , des cavaliers
qui se percent de leurs lances. On croil Voir des
pluies de sang ; on enlend le bruit de la mous-
quelerie , le son des trompeltes presages funestes ,

de guerre et de calamites publiques.


Voila ce que nos peres ont aussi vu et entenda
dans les aurores boreales. Faul-il s'etonner, apres
cela , des frayeurs aCfreuses que leur causaient
ces sortes de nuees quand elles paraissaienl? —
La Chronique de Louis XI rapporle qu'en 1/|65 Elles elaienl agilees de convulsions lorsqu'il leur
on aperqul a Paris une aurore boreale qui fil fallail se confessor; elles fremissaient a la vue
parailre toute la ville en feu. Les soldals qui fai- du Saint-Sacrement ; elles proferaient des blas-
saient le guel en furent epouvantes et un homme , phemes; elles se sentaient enlevees, courbees
en devint fou. On en porta la nouvelle au roi, en deux ; elles se frappaient le crime aux piliers
qui monta a cheval et courut sur les remparts. de I'eglise sans en rien souffrir. Elles elaienl in-
Le bruit se repandit que les ennemis qui etaienl sensibles aux piqures, aux brulures. Lorsque les
devant Paris se reliraient et meltaient le feu a la exorcismes eurenl obtenu leur delivrance, I'une
ville. Tout le monde se rassembla en desordre, d'ellesvomit un gros crapaud; Anne I'Ecossaise
et on Irouva que ce grand sujet de lerreur n'elail vomit un morceau de drap enveloppe d'un cercle
qu'un phenomene. de cuir une autre rejela un rouleau de taffetas
;

Delancrc, Tableau de I'inconstance des mauvais


* 1 Voyez Brown, Des erreurs populaires, liv III,

anges, liv. VI disc, iv. . ch. \xn.


,

AVA — 67 — AXI
sur lequel etaieat des caracteres. L'eveque de avoir dit que la religion de Mahomet etait une
Chalons-sur-Saone ayant ordonne au demon qui religion de pourceaux.
possedait Denise de sortir par une vitre qu'il lui
designa, la vitre se brisa aussitot. II se fit ainsi
de ces choses qui sont au-dessus des forces hu-
inaines et qui ne peuvent etre qu'oeuvres de
demons. —
Personne, jusqu'ici, n'a conteste ces
recits que nous ne donnons qu'en sommaire.
Avarice. Ce vice infame a souvent amene des

Averroes.

Aveux des
sorciers. Les ennemis de I'Eghse
possessions. Voy. Fischer eL les Legendcs des pe- que
disent aveux des sorciers ont ete d'or-
les
ches capitaux. dinaire obtenus par la torture; ce qui n'est pas
Avenar,
astrologue qui prorait aux Juifs, sur exact. Les aveux tacites sont sans nombre. Ceux
la foi des planetes, que leur Messie arriverait qui sont au diable, par possession ou pacte, ne
sans faute en ihik, ou, au plus tard, en ihM\. peuvent voir un pretre sans fremir, ni assister a
il^donnait pour ses garants Saturne, Jupiter, la messe ,supporter de ce qui est a Dieu.
ni rien
I'Ecrevisse et les Poissons.Tous les Juifs tinrent Ensuite la torture n'a
jamais ete exercee par
leurs fenetres ouvertes pour recevoir I'envoye de I'Eglise, mais seulement par la puissance civile.
Dieu, qui n'arriva pas, soil que I'Ecrevisse eut
Avicenne, celebre medecin arabe, mort vers
recule soit que les Poissons d'Avenar ne fussent
,
lemilieu du onzieme siecle, fameux par le grand
que des poissons d'avril *. nombre et I'etendue de ses ouvrages, et par sa
Avenir. G'est pour en penetrer les secrets vie aventureuse. On peut, en quelque sorte, le
qu'on a invenle tant de moyens de dire la bonne comparer a Agrippa. Les Arabes croient qu'il
avenLure. Toutes les divinations ont principale- maitrisait les esprits et qu'il se faisait servir par
ment pour objet de connaitre I'avenir. des genies. Comme il rechercha la pierre philo-
Averne, marais consacre a Pluton, pres de sophale, on encore, dans plusieurs contrees
dit
Bayes. en sortait des exhalaisons si infectes
II
de I'Arabie , pas mort mais que grace
qu'il n'est ;
,
qu'on croyait que c'etait I'entree des enfers. a I'elixir de longue vie et a I'or potable, il vit
Averroes, medecin arabe et le plus grand dans uue retraite ignoree avec une grande puis-
pbilosophe de sa nation ne a Cordoue dans le
,

douzieme siecle. II s'acquit une si belle reputa-


sance. — II a compose divers livres d'alchimie
recherches des songe-creux. Son traile de la
tion de justice, de vertu et de sagesse, que le Congdalion de la pierre et son Tractatulus de
roi de Maroc le fit juge de toute la Mauritanie. II alchimia se trouvent dans les deux premiers vo-
traduisit Aristote en arabe, et composa plusieurs lumes de VArs aurifera, Bale, 161 U. Son Ars
ouvrages sur la philosophie et la medecine. Quel- chimica a ete imprime a Berne, 1572. On lui
ques deraonographes ont voulu le mettre au
attribue encore deux opuscules hermetiques in-
nombre des magiciens et lui donner un demon sures dans Theatrum chimicum, et un volume
le
familier. Malheureusemeot, Averroes etait un epi- in-8°, publie a Bale, en 1572 sous le titre de la
,
curien, mahometan pour la forme, et ne croyait
pas a I'existence des demons ^ L'erapereur de
Porte des elements. Porta elementorum. Les —
de secrets merveilleux s'appuient souvent
livres
Maroc, un jour, lui fit faire amende honorable a
du nom d'Avicenne pour les plus absurdes re-
la porta d'une raosquee, otj tous les passants
cettes.
eurent permission de lui cracher au visage pour
, Axaphat, demon invoque dans les litanies du
^rreurs et des prejuges, sabbat.
t. I,
p 'so^' Axinomancie, divination par le moyen d'une
2 Magiam dcsmoniacampleno ore negarunt Aver- hache ou cognee de bucheron. Frangois de Torre-
roes et alii epicurei, qui, una cum Saducceis
dne-
mones esse negarunt. (Torre-Blanca,De7t'fs maqiques, Blanca qui en parle
, ne nous dit pas comment
liv. II, ch. V.) * Epist. delict., sive de niagia, liv. I, cap. xxiv.
,: ;

AYM — 68 — AZA

les devins maniaient la hache. Nous ne ferons tenant sa bougie en main, il attendit le spectre,
done connaitre que les deux moyens employes qui bienlot ouvrit la porte et parut. C'elait un
ouvertement dans I'antiquile et pratiques encore squelette qui n'avait que les os; il etait, avec
dans certains pays du Mord. cela, charge de chaines. Ayola lui demanda ce
1° Lorsqu'on veul decouvrir un Iresor, il faul qu'il souhailait. Le fantome selon I'usage, lui
,

se procurer une agate ronde faire rougir au feu , fit signe de le suivre. En descendant I'escalier,
le fer de la hache et la poser de inaniere que le
, la bougie s'eteignit. Ayola eut le courage d'ailer

iranchant soit bien perpendiculairemeiit en I'air. la rallumer, et marcha derriere le spectre, qui
On place la pierre d'agale sur le tranchant. Si le mena le long d'une cour ou il y avail un puits.
elle s'y lient , il n'y a pas de tresor ; si elle tombe 11 craignit qu'il ne voulut I'y precipiter, et s'ar-

elle roule avec rapidite. On la replace trois fois, rela. L'esprit lui fit signe de continuer a le suivre
et si elle roule trois fois vers le meme lieu c'est , ils entrerent dans le jardin, oli la vision disparut.

qu'il y aun tresor dans ce lieu meme si elle ;


— Le jeune homme arracha quelques poignees
prend a chaque fois une route differente, on peut d'herbe, pour reconnaitre I'endroit; il alia en-
cliercher ailleurs. suile raconter a ses compagnons ce qui lui etait

Lorsqu'on veut decouvrir des volenrs, on


2° arrive, et, le lendemain matin, il en donna avis
pose hache a terre le fer en has et le bout du
la , aux principaux de Bologne. Ils vinrent sur les
manche perpendiculairement en I'air; on danse lieux et y firent fouiller. On trouva un corps de-
en rond alenlour jusqu'a ce que le bout du charne, charge de chaines. On s'informa qui ce
manche s'ebranle et que la hache s'etende sur le pouvait etre mais on ne put rien decouvrir de
;

sol :bout du manche indique la direction qu'il


le certain. On fit faire au mort des obseques con-
faut prendre pour aller a la recherche des vo- venables; on I'enterra, temps la et depuis ce

leurs. Quelques-uns disent que pour cela il faut maison ne Ce fait est rapporte
fut plus inquietee.

que le fer de la hache soit fiche en un pot rond par Antoine de Torquemada dans son Hexameron. ,

« Ce qui absurde tout a fait, comme dit De-


est Ayperos, comte de I'empire infernal. C'est le
lancre ' car quel moyen de ficher une cognee
; meme qu'Ipes. Voy. ce mot.
dans un pot rond, non plus que coudre ou rapie- Azael, I'un des anges qui se revolterent contre
cer ce pot, si la cognee I'avait une fois mis en Dieu. Les rabbins disent qu'il est enchaine sur
pieces? » des pierres pointues, dans un endroit obscur du
Aym. Voy. Haborym. desert, en attendant le jugement dernier.
(Jacques), paysan ne a Saint- Veran,
Aymar Azariel, ange qui, selon les rabbins du Tal-
en Dauphine, le 8 septembre 1662 entre minuit , mud , a la surintendance des eaux de la terre.

et une heure. De magon qu'il etait, il se rendit Les pecheurs I'invoquent pour prendre de gros
celebre par I'usage de la baguette divinatoire. poissons.
Quelques-uns, qui donnaient dans I'astrologie, Azazel, demon du second ordre, gardien du
ont attribue son rare talerrt a I'epoque precise de bouc. A la fete de I'Expiation que les Juifs cele- ,

sa naissance ; car son frere , ne dans le meme braient le dixieme jour du septieme mois \ on
mois, deux ans plus tard, ne pouvait rien faire
avec la baguette. Voy. Baguette divinatoire.
Aymon (les quatre fils). Siecle de Charle-
magne, lis avaient un cheval merveilleux. Voy.
Bayard.
Aynas, mauvais demons, ennemis des Cou-
da'is, qui sont les dieux des Tartares.
Ayola (Vasques de). Vers 1570, un jeune
homme nomme Vasques de Ayola elant alle a
Bologne avec deux de ses compagnons pour y
, ,

etudier en droit, et n'ayant pas trouve de loge-


ment dans la ville, ils habiterent une grande et
belle maison abandonnee parce qu'il y revenait
,

un spectre qui epouvantait tous ceux qui osaieut


y loger mais ils se moquerent de tous ces recits
;

et s'y installerent.
Au bout d'un mois, Ayola veillant un soir seul
dans sa chambre, et ses compagnons dormant
tranquillement dans leurs lits, il entendit de loin
un bruit de chaines, qui s'approchait et qui sem- amenait au grand pretre deux boucs qu'il tirait
blait venir de I'escalier de la maison il se recom- ; au sort I'un pour le Seigneur, I'autre pour Aza-
:

manda a Dieu, prit un bouclier, une epee, et, »


Le septieme mois chez les Juifs repondait a sep-
' L'incredulite et micreance, etc., iraite V. tembre.
;

AZE — 69 — BAA
zel. Celui sur qui tombait le sort du Seigneiir Azourcheb, selon les traditions des mages de
elait immole, et son sang servait pour I'expia- la Perse, est le plus grand de tous les anges. 11

tion. Le grand prelre nieltait ensuite ses deux avait un temple a Balkh dans le Korassan. ,

mains sur la tete de I'aulre, confessait ses peches Azrael ou Azra'il, ange de la mort. On conte
et ceux du peuple en chargeait cet animal
, qui , que cet ange, passant un jour sous une forme
etait alors conduit dans le desert et mis en li- visible aupres de Salomon egarda fixement un , l

berie et le peuple, ayant laisse au bouc d'Aza-


; homme assis a cote de lui. Cet homme demanda
zel appele aussi le bouc emissaire, le soin de ses
,
qui le regardait ainsi, et, ayant appris de Salo-
iniquites, s'en retournailen silence. — Selon Milton, mon que c'etait I'ange de la mort: » 11 semble —
Azazel est premier porle-enseigne des armees
le m'en vouloir, dit-il; ordonnez, je vous prie, au
infernales. C'est aussi le nom- du demon dont se vent de m'emporter dans I'lnde. » Ce qui ful —
servait, pour ses prestiges, I'heretique Marc. fait aussitot. Alors I'ange dit a Salomon ((II : —
Azer, ange du feu eiementaire, selon les n'est pas etonnant que j'aie considere cet homme
Guebres. Azer est encore le nom du pere de avec tant d'attention J'ai ordre d'aller prendre
:

Zoroastre. son ame dans I'lnde, et j'etais surpris de le trou-


Aziel, I'un des demons evoques par Faust. ver pres de toi , en Palestine.. . » — Voy. Mort,
Azote. L'aspiration de I'oxyde d'azote fait sur Ame, etc. — Mahomet cilait cette histoire pour
les sens I'effet du haschisch sur le cerveau. Elle prouver que nul ne peut (3chapper a sa destinee.
amene des illusions. — Azrael est different d'Asralil.

—o&>-

B
Baal, grand-duo dont la domination est tres- et lui reconnaissaient
pouvoir d'empecher le
etendue aux enfers. Quelques demonomanes le leurs esclaves de s'enfuir.
Neanmoins, disent les
designent comme general en chef des armees rabbins, c'est pendant un sacrifice que Pharaon
infernales. II etait alors adore des Chananeens, faisait a cette idole que les
des Carthaginois, desChaldeens, des Babyloniens Hebreux passerent la raer
et des Sidoniens ; il le fut aussi des Israelites Rouge et on lit dans le Tar-
,

lorsqu'ils tomberent dans I'idolatrie. On lui of- gum que I'ange extermina-
frait des viclimes humaines. On voit dans Arnobe teur, ayant brise les statues
que ses adorateurs ne lui donnaient point de de tous les autres dieux ne ,

sexe determine. Souvent, en Asia, il a ete pris laissa debout que celle de
pour le soleil. Baalzephon.
Baalberith demon du second ordre maitre
, , Baaras, plante merveil-
ou seigneur de Valliance. II est selon quelques , leuse ,
que les Arabes appel-
demonomanes, secretaire general et conserva- lant herhe d'or, et qui croit
leur des archives de I'enfer. Les Pheniciens, qui sur le mont Liban. lis disent
I'adoraient, le prenaient a temoin de leurs ser- qu'elle parait aumois de mai,
ments. Beaucoup de ces idoles etaient des de- apres la fonte des neiges. La
mons dont le nom Baal signifiait dieu ou roi. II nuit, elle jette de la clarte
y avait Baalgad qui donnait la f(3rtune Baal-
,
; comme un petit flambeau ;

pharas, qui etait malfaisant; Baalsemen, qu'on mais elle est invisible le jour
disait tronant dans les cieux, ce qui n'etait et meme , ajoutent-ils , les
pas vrai; Baalzrepho, qu'on placait en senti- feuilles qu'on a enveloppees
nelle aux frontieres, aussi selon les demono- dans des mouchoirs dispa-
graphes. raissent, ce qui leur fait croire qu'elle est en-
Baaltein. Le voyageur Pennant dit qu'il rests sorcelee, d'autant transmue les
plus qu'elle
dans quelques pays du Nord un reste du culte metaux en or, qu'elle rompt les charmes et les
de Baal ou Bel il y vit la ceremonie du Baaltein
; sortileges, etc. —
Josephe, qui admet beaucoup
ou Beltane qui se fait le 1" mai. On fait cuire au d'autres contes parle de cette plante dans la
,

four, avec certaines ceremonies, un gateau que guerre des Juifs ((On ne la saurait toucher
Ton disLribue par portions eparses aux oiseaux sans mourir, dit-il si on n'a dans la main de la
,

de proie, afin qu'ils epargnent les troupeaux. > Liv. VII, ch. XXV, Elian, de Animal., liv. XIV,
Baalzephon est le capitaine des gardes ou oh. XXVII, accorde les memes vertus a la plante
sentinelles de I'enfer. Les Egyptien? I'adoraient aglaopholis. Voyez ce mot.
, ,

BAB — 70 — BAG
racine de la meme plante ; mais on a trouve un difforme , lantot de corne solide comme ceux du
moyen de la ciieillir sans peril on creiiso la
: cheval , lantot fendu comme ceux du boeuf \ »
tcrre tout alentour, on attache a la racine niise Les sorciers des temps modernes I'appellent
a nu un chien qui, voulanl suivre celui qui I'a plus generalement Leonard, ou Satan, ou le
attache, enleve la plante et meurt aussitot. Apres bouc, ou maitre Bigoux.
cela, on pent la manier sans danger. Les de- Ce qui sans doute appuie cette opinion que le
mons qui s'y logent, et qui sont les ames des demon du sabbat est le meme que Bacchus, c'est
mechants, tuent ceux qui s'en emparent autre- le souvenir des orgies qui avaient lieu aux bac-
ment que par le inoyen qu'on vient d'indiquer; chanales.
et, ce qui d'un autre cote n'est pas moins mer- Bacisdevin de Beotie. Plusieurs de ceux qui
,

veilleux, ajoute encore Josephe, c'est qu'on met se melerent de predire les choses futures por-
en fuite les demons des corps des possedes aus- lerent ce meme nom de Bacis''. Leloyer dit que
sitotqu'on approche d'eux la plante baaras. » les Alheniens reveraient les vers prophetiques

Babailanas. Voy. Gatalonos. de leurs hackles, » qui elaient trois insignes sor-
Babau, espece d'ogre ou de fantome dont les ciers tres-connus ' ».

nourrices menacenl les petits enfants dans les Bacon (Roger) parut dans le treizieme siecle.
provinces du midi de la France, comme on les C'etait un cordelier anglais. II passa pour magi-
el'fraye a Paris de Croqueniitaine, et en Flandre cien quoiqu'il ait ecrit conlre la magie
,
parce ,

de Pier-Jan Claes ,
qui est Polichinelle. Mais qu'il etudiait la physique et qu'il faisait des ex-

Babau ne se contente pas de fouelter, il mange periences naturelles. 11 est vrai pourtant qu'il y

en salade les enfants qui sont mechanls. a dans ses ecrils de singulieres choses, et qu'il

Babel. La lour de Babel fut elevee cent quinze vdulut elever I'aslrologie judiciaire a la dignile

ans apres le deluge universe!. On montre les de la science. On lui attribue I'invention de la
ruines ou les traces de cetle tour aupres de Bag- poudre. II paraUrail meme qu'on lui doit aussi

dad. — On que sa construction amena la


salt les telescopes et les lunettes a longue vue. II

confusion des langues. Le poete juif Emmanuel elait verse dans les beaux-arts, et surpassait

a propos de cette confusion, explique dans un tous ses contemporains par I'etendue de ses con-
de ses sonnets comment le mot sac est reste naissances et par la subtilile de son genie. Aussi
dans tons les idiomes. « Geux qui iravaillaient a on publia qu'il devait sa superiorite aux demons,
la lour de Babel avaient dit-il comme nos ma-, , avec qui il commergait.
noeuvres, chacun un sac pour ses petites provi- Gel homme savant croyait done a I'aslrologie
sions. Quand le Seigneur confondit leurs lan- et a la pierre philosophale. Delrio ,
qui n'en fait

gages, la peur les ayant pris, chacun voulut pas un magicien lui reproche seuleinent des
,

s'enfuir, et demanda son sac. On ne repetait superstitions. Par exemple, Francois Pic dit
parloul que.ce mot et c'est ce qui I'a fait passer
, avoir lu dans son livre des six sciences qu'un
dans loules Jes langues qui se formerent alors. » homme pouvait devenir prophele et predire des
Babinet (M.), I'un de nos savants les plus choses futures par le moyen d'un miroir, que
forts et les plus spirituels. Cependanl il s'est Bacon nomme almuchcfi compose suivant les ,

perrais quelques excenlricites. Par exemple, regies de perspective pourvu qu'il s'en serve ;

dans son admiration devant nos progres, il an- ajoute-t-il, une bonne constellation, et
sous
nonce qu'un jour I'homme actuel ne sera que le apres avoir tempere son corps par I'alchimie.
chien de I'homme plus perfectionne qui doit ve- Cependanl Wierus accuse Bacon de magie
nir. Ne soyons done pas trop fiers. goelique, et d'autres doctes assurent que I'Ante-
Bacchus. Nous ne rapporterons pas ici les christ se servira de ses miroirs magiques pour
fables dont I'ancienne mythologie a orne son faire des miracles.
histoire. Nous ne faisons mention de Bacchus que Bacon se fit, dit-on comme Albert le Grand, ,

parce que les demonographes le regardent un androide. C'etait, assurent les conteurs, une
comme I'ancien chef du sabbat fonde par Or- tete de bronze qui parlait distinctement, et
phee ils disent qu'il
; le presidait sous le nom de meme qui prophetisail. On ajoute que, I'ayant
Sabasms. c Bacchus , dil Leloyer, n'elait qu'un consultee pour savoir s'il serait bon d'entourer
demon epouvantable et nuisant, ayant cornes en I'Anglelerre d'un gros mur d'airain, elle repon-

lete et javelot en main. C'etait le maitre guide- dit : // est temps.


danse * et dieu des sorciers et des sorcieres
, ; Un savant de nos jours (M. E. J. Delecluze) a
c'est leur chevreau, c'est leur bouc cornu c'est , public sur Bacon une remarquable notice ,
qui le

le prince des bouquins, salyres et silenes. 11 ap- pose justement parmi les intelligences supe-
parait loujours aux sorciers ou sorcieres, dans rieures.
leurs sabbats, les cornes en tele; et hors des Les curieux recherchent, de Roger Bacon , le

sabbals, bien qu'il montre visage d'homme les


Discours des spectres, liv. VIII, ch. v.
,
'

sorcieres ont loujours confesse qulil a le pied 2 Cicero, Dc divin., lib. I, cap. xxxiv.
1 Discours des spectr:s , liv. YII, ch. iii.
3 Discours des spectres, liv. YII, ch. ni.
,

BAG — 71 — BAG
petit traite intitule Speculum alchimicB, Iraduit Baetiles pierres que les anciens consultaient
,

en francais par J. Girard de Toiirniis, sous le comme des oracles et qu'ils croyaient animees.
I

litre de Miroir d'alckimie, in-12 et in-8°, Lyon, C'etaient quelquefois des especes de talismans.
1557; Paris, 1612. Le menie a traduit I' Admi- Salurne , pensant avaler Jupiter, devora une de
rable puissance de I' art et de la nature, in-8°, ces pierres emmaillollee. II y en avail de petites,

'
Lyon, 1557; Paris, 1729. De potestate mirahili laillees en forme ronde, que Ton portait au cou;
^
artis etnature. on les trouvait sur des montagnes ou elles tom-
'

On ne confondra pas Roger Bacon avec Fran- baient avec le tonnerre.


cois Bacon, grand chancelier d'Angleterre, mort Souvent les baetiles etaient des statues ou
en 1626, que Walpole appelle « le prophete (un mandragores. On en cite de merveilleuses qui
I

peu aventureux) des verites que Newton est rendaient des oracles, et dont la voix sifflait
I

venu reveler aux hommes, » comme celle des jeunes Anglaises. On assure
'
Bacoti, nom commun aux devins et aux sor- meme que quelques baetiles tomberent directe-
f
ciers de Tonquin. On interroge surtout le bacoti ment du ciel telle etait la pierre noire de Phry-
;

pour savoir des nouvelles des morts. II bat le gieque Scipion Nasica amena a Rome en grande
tambour, appelle le mort a grands cris, se tait pompe.
I-
ensuite pendant que le defunt lui parle a I'oreille On reverait a Sparte dans le temple de Mi- ,

sans se laisser voir, et donne ordinairement de nerve Chalcidique des baetiles de la forme d'un
,

^ bonnes nouvelles, parce qu'on las pave mieux. casque qui dit-on s'elevaient sur I'eau au son
, , ,

Bad, gtjnie des vents et des tempetes chez de la trompette , et plongeaient des qu'on pro-
les Persans. 11 preside au vingt-deuxieme jour nonijait le nom des Alheniens, On disail ces
de la lune. pierres trouvees dans I'Eurotas *.

Baducke plante dont on pretend que le fruit


,
Bag, idole persane qui a donne son nom a
i
pris dans du lait, glace les sens. Les magiciens la ville de Bagdad.
I'ont quelquefois employe pour nouer I'aiguil- Bagoe, devineresse que quelques-uns croient
li
lette. II suffit, dit-on, d'en faire boire une infu- etre la sibylle Erytbree. pre- C'est , dit-on , la
I- sion a celui qu'on veut lier. miere femme qui ait rendu des oracles. Elle de-
; Badumna, fee ou elfe superieure qui domine vinait en Toscane et jugeait surtout des evene-
,

dans les forets: mylhologie scandinave. ments par le tonnerre. Voy. Bicois.
Bael, demon cile dans le Grand Grimoire, en Bague. Voy. Anneau.
f tete des puissances infernales. C'est aussi par lui Baguette divinatoire, rameau fourchu de
que Wierus commence I'inventaire de sa fa- coudrier, d'aune, de hetre ou de pommier, a
meuse Pseudomonarchia dcBmonum, II appelle I'aide duquel on decouvre les metaux, les sources
li! Bael le premier roi de I'enfer; ses Etats sont cacbees, les tresors, les malelices et les voleurs.
lOy dans la partie orientale. II se montre avec trois y a longtemps qu'une baguette est reputee
II

On en donne une
necessaire a certains prodiges.
aux fees et aux sorcieres puissantes. Medee,
Circe, Mercure, Bacchus, Zoroastre, Pythagore,
les sorciers de Pliaraon voulant singer la verge ,

de Mo'ise, avaient une baguette; Romulus pro-


phetisait avec un baton augural. Les Alains et
d'aulres peuples barbares consultaient leurs
dieux en fichant une baguette en terre. Quel-
ques devins de village pretendent encore deviner
beaucoup de choses avec la baguette. Mais c'esl
surtout a la fin du dix-septieme siecle qu'elle fit

le plus grand bruit : Jacques Aymar la mil en


vogue en 1692. Cependant, longtemps aupara-
vant, Delrio ^ avail indique, parmi les
pratiques
superstilieuses I'usage d'une baguette de cou-
,

drier pour d^convrir les voleurs mais Jacques ;

Aymar op6rait des prodiges si varies et qui sur-


prirent lellement, que le pere Lebrun ' et le sa-
le tetes , dont I'une a la figure d'un crapaud , I'autre
celle d'un homme , la troisieme celle d'un cliat. ' Tome III des Memoires de I'Academie des inscrip-
Sa voix est rauque; raais il se bat tres-bien. II tions.

le rend ceux qui I'invoquent fins et ruses , et leur


2 Disquisit. magic, lib. Ill, sect, ult,

apprend le moyen d'etre invisibles au besoin.


3 Dans
ses Lettres, qui decouvrent I'illusion des
philosophes sur la baguette el qui detruisent leurs
Soixante-six legions lui obeissent. — Est-ce le systemes (in-IS, Paris, 1693), et dans son Histoire
meme que Baal ? dts pratiques super stitieuses.
,

BAG — 72 — BAG
vant Malebranche les altribuerent au demon
'
s'arrela enfin devant la prison de Beaucaire et
pendant que d'autres les baptisaient du nom de assura qu'il y avait la im des criminels. Parmi
pbysique occiille ou d'eleclricite souterraine. les prisonniers qu'on amena, un bossu qu'on ve-
Ce lalent de tourner la baguette divinatoire nail d'enfermer ce jour meme
pour un larcin
n'est donne qu'a quelques etres privilegies. On commis que la baguette desi-
a la foire fut celui
pent eproiiver si on I'a rega de la nature rien ; gna. On conduisit ce bossu dans tous les lieux
n'est plus facile. Le coudrier est surtout I'arbre qu'Aymar avait visites partout il fut reconnu.
:

le phis propre. 11 ne s'agit que d'en couper une En arrivant a Bagnols, il finit par avouer que
branche fourchue et de tenir dans chaque main
, deux Provengaux I'avaient engage, comme leur
les deux bouts superieurs. En mettant le pied valet, a tremper dans ce crime; qu'il n'y avait
sur I'objet qu'on cherche ou sur les vestiges qui pris aucune part; que ses deux bourgeois avaient
peuvent indiquer cet objet la baguette tourne , fait le meurtre et le vol et lui avaient donne six
,

d'elle-meme dans la main et c'est un indice in-


, ecus et demi.
faillible. Ce qui sembla plus etonnant encore c'est que ,

Avant Jacques Aymar on n'avait employe la Jacques Aymar ne pouvait se trouver aupres du
baguette qu'a la recherche des metaux propres a bossu sans eprouver de grands maux de coeur,
I'alchimie. A I'aide de la sienne Aymar fit des , et qu'il ne passait pas sur un lieu oii il sentait
merveilles de tout genre. 11 decouvrait les eaux qu'un meurtre avait ete commis sans se sentir
souterraines, les bornes deplacees, les male- I'envie de vomir.
fices les voleurs et les assassins. Le bruit de
, Comme les revelations du bossu confirmaient
ses talents s'etant repandu il fut appele a Lyon,
, les decouvertes d'Aymar, les uns admiraient son
en 1672, pour devoiler un mystere qui embar- etoile et criaient au prodige, tandis que d'autres
rassait la justice. Le 5 juillet de celte meine an- publiaient qu'il etait sorcier. Cependant on ne
nee sur les dix heures du soir, un marchand de
, put trouver les deux assassins, et le bossu fut
via et sa femme avaient ete egorges a Lyon en- , rompu vif.

terres dans leur cave, et tout leur argent avait Des lors plusieurs personnes furent douees du
ete vole. Cela s'etait fait si adroitement qu'on ne talent de Jacques Aymar, talent ignore jusqu'a
soupQonnait pas meme les auteurs du crime. Un lui, Desfemmesmemesfirent tourner la baguette.
voisin fit venir Aymar. Le lieutenant criminel et El les avaient des convulsions et des maux de
le procureur du roi le conduisirent dans la cave. ccEur en passant sur un endroit ou un meurtre
II parut tres-emu en y entrant; son pouls s'eleva avait ete commis ce mal ne
; se dissipait qu'avec
comme dans une grosse lievre sa baguette, qu'il ; un verre de vin.
tenait a la main, tourna rapidement dans les Aymar faisait tant de bruit ,
qu'on publia bien-
deux endroits oii Ton avait trouve les cadavres lotdes livres sur sa baguette et ses operations.
du mari et de la femme. Apres quoi guide par , M. de Vagny, procureur du roi a Grenoble, fit
la baguette ou par un sentiment interieur, il sui- imprimer une relation inlitulee Histoirc mer-
vit les rues ou les assassins avaient passe entra , veilleused'un macon qui, conduit par la baguette
dans la cour de I'archeveche sortit de la vilie , divinatoire, a suivi un meurlrier pendant qua-
par le pont du Rhone, et prit a main droite le rante-cinq heurcs sur la terre, et plus de trente
long de ce fleuve. —
11 fut eclairci du nombre sur I'eau. Ce paysan devint le sujet de tous les
des assassins en arrivant a la maison d'un jardi- entretiens. Des philosophes ne virent dans les
nier, oia il soutint opiniatrement qu'ils elaient prodiges de la baguette qu'un effet des emana-
trois ,
qu'ils avaient entoure une table et vide tions des corpuscules, d'autres les attribuerent a
une bouteille sur laquelle la baguette tournait. Satan. Le pere Lebrun fut de ce nombre , ol Ma-
Ces circonslances furent confirmees par I'aveu lebranche adopta son avis.
de deux enfants de neuf a dix ans qui declare- , Le flls du grand Conde frappe du bruit de tant
,

rent qn'en effet trois hommes de mauvaise mine de merveilles, fit venir Aymar a Paris. On avait
etaient entres a la maison et avaient vide la bou- vole a mademoiselle de Conde deux petits flam-
teille designee par le paysan. On conlinua de beaux d'argent. Aymar parcourut quelques rues
poursuivre les meurtriers avec plus de confiance. de Paris en faisant tourner la baguette ; il s'ar-

La trace de leurs pas, indiques sur le sable par rela a la boutique d'un orfevre, qui nia le vol el
la baguette, montra qu'ils s'etaient embarques. se trouva tres-offense de I'accusation. Mais le len-
Aymar les suivit par eau s'arretant a tons les
, demain on remit a I'holel le prix des flambeaux;
endroits ou les scelerats avaient pris terre, re- quelques personnes direut que le paysan I'avail
connaissant les lits oii ils avaient couche, les envoye pour se donner du credit.
tables ou ils s'etaient assis, les vases ou ils Dans de nouvelles epreuves, la baguette prit
avaient bu. des pierres pour de I'argent, elle indiqua de I'ar-
Apres avoir longtemps etonne ses guides , il gent ou il n'y en avait point. En un mot, elle
* Dans ses r^ponses au pere Lebrun. On ecrivit opera avec si pea de succes, qu'elle perdit son
une multitude de brochures sur cetle matiere. renom. Dans d'aulres experiences, la baguette
BAG — 73 — BAG
resta immobile quand il lui fallait tourner. Ay mar, priant. La baguette ne tourna plus d'ou Ton con- :

unpeu confonda, avoua enfin qa'il n'etait qu'ua clut que c'etait le demon ou I'imagination trou-
charlatan adroit, que la baguette n'avait aucun blee qui I'agitait.

pouvoir, et qu'il avait cherche a gagner de I'ar- On douta un peu de la mediation du diable,
gent par ce petit procede... des que le fameux devin fut reconnu pour un im-
Pendant ses premiers succes, une demoiselle posLeur. On lui joua surtout un tour qui decredita
de Grenoble, a qui la reputation d'Aymar avait considerablement la baguette. Le procureur du
persuade qu'elle etaitdouee aussi du don de tour- roi au Chatelet de Parisfit conduire Ayniar dans

ner la baguette, craignant que ce don ne lui vint une rue oh Ton avait assassine un archer du guet.
de I'esprit malin alia consulter le pere Lebrun,
, Les meurtriers etaient arretes, on connaissait les
qui lui conseilla de prier Dieu en tenant la ba- rues qu'ils avaient suivies les lieux ou ils s'etaient ,

guette. La demoiselle jeuna et prit la baguette ea caches la baguette resta immobile.


:

On fit venir Aymar dans la rue de la Harpe, oii plus vivement. II passa le lieu oii I'ecu etait ca-
Ton avait saisi un voleur en flagrant delit; la per- che ; la baguette cessa de tourner. L'enfant revint
fide baguette trahit encore toutes les esperances. done sur ses pas; la baguette sembla reprendre
ISeanmoins la baguette divinatoire ne peril un mouvement tres-vif elle redoubla vers I'en- ;

point ; ceux qui prelendirent la faire Lourner se droit qu'on cherchait. Le devin se baissa cher- ,

multiplierent meme, et ce talent vint jusqu'en cha dans I'herbe et trouva le petit ecu, a I'admi-
Belgique. II y eut a Heigne, pres de Gosselies, ration de tons les spectateurs.
un jeune gargon qui decouvrit les objets caches Sur I'observation que fit, pour le bourgeois
ou perdus au moyen de la baguette de coudrier. essayer la baguette perdu encore
,
qu'il avait
Cette baguette disait-il
, ne pouvait pas avoir
, d'autre argent, le jeune garcon la reprit, mais
plus de deux ans de pousse. Un homme, vou- — elle ne tourna plus. —
On se crut convaincu de
lant eprouver I'art de I'enfant de Heigne, cacha la realite du talent de I'enfant. On lui demanda
un ecu au bord d'un fosse, le long d'un sentier qui I'avait instruit. « C'esl le hasard, dit-il; ayant
qu'on ne frequentait presque pas. II fit appeler un jour perdu mon couteau en gardant les trou-
le jeune gargon et lui promit un escalin s'il pou- peaux de mon pere, et sachant tout ce qu'on di-
vait relrouver I'argent perdu. Le gargon alia sait de la baguette de coudrier, j'en fis une qui
cueillirune branche de coudrier, et tenant dans tourna, qui me fit retrouver ce que je cherchais
ses deux mains les deux bouts de cette baguette, et ensuite beaucoup d'autres objets perdus. »
qui avait la forme d'un Y, apres avoir pris diffe- C'etait tres-bien. Malheureusement d'autres
rentes directions, il marcha devant lui et s'enga- epreuves, examinees de plus pres, ne reussirent
gea dans le petit sentier. La baguette s'agitait pas, et on reconnut que la baguette divinatoire
BAG - Ik — BAG
(?lait une peliLe siipercherie. Mais on y
la aiissi Le bon pfere Mdneslrier, dans ses inflexions
avail cm
mi sic'cle cldes savants avaieiU fait im- sur les indications de la baguette, Lyon, 169Z(,
primer cent voluines pour l'o\pliqiier. s'etonne du nombre de gens qui devinaient alors
« Faiil-ii rassembler des arguineiUs pour prou- par ce moyen a la mode. « A combien d'effets,
ver riinpuissanco de la baguette divinaloire? poursuil-il , s'etend aujourd'hui ce talent ! II n'a
ajoule M. Salgues'. Qwe. Ton disc quel rapport il point de limiles. On
pour juger de la
s'en sert
peut y avoir entre un voleur, une source d'eau, bonte des etoffes et de la difference de leurs prix,
une |)iece de metal et un baton de coudrier. On pour denieler les innocents des coupables, pour
pretend que la baguette tourne en vertu de I'at- specifier le crime. Tons les jours cette vertu fait
Icaclion. .Mais par quelle vertu d'altraction les de nouvelles decouvertes inconnues jusqu'a pre-
emanations (jui s'echappent d'unc Fontaine, d'une sent. »
])iL'ce d'argent ou du corps d'un meurtrier tor- II y eut meme en 1700, a Toulouse, un brave
dent-elles une branche de coudrier qu'un liomme homme qui devinait avec la baguette ce que fai-
robusle tient fortement entre ses mains? D'ail- saient des personnes absentes. 11 consullait la

leurs, pourquoi le meme homme trouve-t-il des baguette surle passe, le present et I'avenir; elle
fonlaines, des metaux, des assassins et des vo- s'abaissait pour repondre oui et s'elevait pour la
leurs quand ii est dans son pays, et ne trouve- negative. On pouvait faire sa demande de vive
t-il plus rien qnand il est a Paris? Tout cela n'est voix ou menlalement. « Ce qui serait bien pro-
que charlatanisme. Et ce qui detruit totalement digieux pere Lebrun si plusieurs reponses
, dit le ,

le merveilleux de la baguette, c'est que tout le ne s'elaient trouveesfausses*, »


(lisez la plupart)
monde, avec un peu d'adresse, peut la faire tour- Un fait qui n'est pas moins admirable, c'est
ner a volonle. 11 ne s'agit que de lenir les extre- que la baguette ne tourne que sur les objets oia
mites de la fourche un peu ecarlees, de maniere Ton a interieurement I'inlention de la faire tour-
a faire ressort. C'est alors la force d'elasticite qui ner.Ce serait done du magnetisme ? Ainsi quand
opere le prodige. » on cherche une source elle ne tournera pas sur ,

Cependant on croit encore a la baguette divi- autre chose, quoiqu'on passe sur des tresors en-
natoire dans le Dauphine et dans le Hainaut; les fouis ou sur des traces de meurtre.
paysans n'en negligent pas I'usage, et elle a Pour decouvrir une fontaine, il faut mettre sur
trouve des defenseurs serieux. Formey, dans la baguette un linge mouille si elle tourne alors, :

V Encyclopedie , explique ce phenomene par le c'est une preuve qu'il y a de I'eau a I'endroit
magnetisme. Bitter, professeur de Munich, s'au- qu'elle indique. Pour trouver les metaux souter-
torisait recemment du galvanisme pour soutenir rains, on enchasse successivement a la tele de
les merveilles de la baguette divinatoire; mais il la baguette diverses pieces de metal et c'est un ,

n'est pas niort sans abjurer son erreur. principe constant que la baguette indique la qua-
L'abbe de la Garde ecrivit au commencement lite du metal cache sous terre, en touchant pre-

avec beaucoup de foi I'histoire des prodiges de cisement ce meme metal.


Jacques Aymar en 1692 meme, Pierre Garnier,
; Nous repetons qu'on ne croit plus a la baguette,
docteur medecin de Montpellier, voulut prouver et que cependant on s'en sert encore dans quel-
que les operations de la baguette dependaient ques provinces. II fallait autrefois qu'elle ful de
d'une cause naturelle " cette cause naturelle ; coudrier ou de quelque autre bois special de- ;

n'etait, selon lui, que les corpuscules sorlis du puis on a employe toute sorte de bois et meme
, ,

corps du meurtrier dans les endroits ou il avait des cotes de baleine on n'a plus meme exige ;

fait le meurtre et dans ceux ou il avait passe. que la baguette fut en fourche.
Les galeux et les pestiferes, ajoute-l-il, ne trans- Voici le secret de la baguette divinatoire et le
pirent pas comme les gens sains, puisqu'ils sont moyen de la faire tourner, tire du Grand Gri~
conlagieux de meme les scelerats lachent des
; moire, page 87 ^ :

Emanations qui se reconnaissent, et si nous ne Des le moment que le soleil parait sur I'hori-
les sentons pas, c'est qu'il n'est pas donne a tons zon, vous prenez de la main gauche une baguette
les chiens d'avoir le nez fm. Ce sont la, dit-il vierge de noisetier sauvage et la coupez de la ,

page 23, des axiomes inconLestablos. « Or, ces droite en trois coups, en disant « Je te ramasse :

corpuscules qui entrent dans le corps de Fhomme au nom d'Eloi'm, Mutrathon, Adonai et Semipho-
muni de la baguette I'agitent tellement, que de ras, afin que tu aies la vertu de la verge de
ses mains la matiere subtile passe dans la ba- Moise et de Jacob pour decouvrir tout ce que je
guette meme, et, n'en pouvant sortir assez pronip- voudrai savoir. » Et pour la faire tourner, il faut
tement, la fait tourner ou la brise : ce qui me pa- dire, la tenant serree dans ses mains, par les
rait la chose du monde la plus facile a croire... » deux bouts qui font la fourche « Je te com- :

mando, au nom d'Eloim, Mutrathon, Adonai et


*Des erreurset des prejufjes, etc., t. I, p. 165.
2Dans sa Dissertation physique en forme de leUres 'Histoire des pratiques saperstitieuses, t. II,
^ M. de Sevrc, seigneur de Flecheres, etc., in-'12. p. 357.
Lyon, 1692. - Ce secret est aussi dans le Dragon rouge, p. 83.
;

BAG — 7, BAI

Semiphoras, de me reveler... » (On indique ce Woolwich, et, sous ses yeux, elle decouvrit une
qu'on vent savoir.) source d'eau dans un terrain ou il faisait con-
Mais void encore quelque chose siir cette ma- struire sa residence d'eLe. C'est ce memo terrain
liere, qui n'est pas Nous empruntons ce
epiiisee. que le docteur Hulton a vendu depuis au college
qui suit au Quarterly Magazine : de Woolwich, avec un benefice considerable a
« La baguette divinatoire n'est plus employee a cause de la source. Le docteur ne put resister a
la decouverle des tresors, mais on dit que, dans I'evidence lorsqu'il vit, a I'approche de I'eau, la-
les mains de certaines personnes, elle pent indi- baguette s'animer tout a coup, pour ainsi dire,
quer les y a cinquante ans
sources d'eau vive. II s'agiter, se ployer, et meme se briser dans les
environ que lady Newark Provence
se trouvait en doigts de lady Newark.
dans un chateau dont le propri(§taire ayant be- ,
On cite encore en Angleterre sir Charles H. et
soin d'une source pour I'usage de sa maison, miss Fenwik comme etant doues de la meme fa-
envoya chercher un paysan qui promettait d'en culte que lady Newark, et a un degre plus eleve
faire jaillir une avec une branche de coudrier encore. Cette faculte inexplicable a une grande
lady Newark rit beaucoup de I'idee de son bote analogie avec celle qui distingue les Zahoris
et de I'assurance du paysan; mais, non moins espagnols mais ceux-ci ne se servent pas de la
;

curieuse qu'incredule, elle voulut du moins assis- baguette de coudrier. Voij. Bletton et PARAMiiLE.
ter a I'experience, ainsi que d'autres voyageurs Baguette magique. On voit, comme on
anglais tout aussi philosophes qu'elle. Le paysan nous I'a dit, que toutes les fees ou sorcieres ont
ne se deconcerta pas des sourires moqueurs de une bagriette magique avec laquelle elles operent.
ces etrangers; il se mit en marche suivi de toute Boguet rapporte que Frangoise Secrelain et The-
la societe, puis tout a coup s'arretant, il declara venne Paget faisaient mourir les bestiaux en les
qu'on pouvait creuser la terre. On le fit; la source touchant de leur baguette et Cardan cile une
;

promise sortit, et elle coule encore. Get homme sorciere de Paris qui tua un enfant en le frap-
etait un vrai paysan sans education
, il ne pou- : pant doucement sur le dos avec sa baguette ma-
vait expliquer qu'elle etait la vertu dont il etait gique.
doue ni celle du talisman mais il assurait mo-
, ;
C'est aussi avec leur baguette que les sorciers

destement n'etre pas le seul a qui la nature avait tracent les cercles, font les conjurations et ope-
donne le pouvoir de s'en servir. Les Anglais pre- rent de toutes les manieres. Cette baguette doit
sents essayerent sans succes. Quand vint le tour etre de coudrier, de la pousse de I'annee. II faut
de lady Newark, elle fut bien surprise de se trou- la couper le premier mercredi de la lune, entre
ver tout aussi sorciere que paysan provencal.
le onze heures et minuit, en prononcant certaines
A son retour en Angleterre , usage
elle n'osa faire paroles. Le con lean doit etre neuf et retire en
de la baguette divinatoire qu'en secret, de peur haut quand on coupe. On benit ensuite la ba-
d'etre tournee en ridicule. Mais en 1803 lorsque ,
guette, disent les formulaires superstilieux on ;

le docteur Hulton publia les Rccherches d'Oza- ecrit au gros bout le au milieu On\;
mot Agla f,
nam, oh ce prodige est traite d'absurdite (t. IV, et Tetragammaton f au petit bout, et Ton dit :

p. 260), lady Newark lui ecrivit une lettre si- Conjuro te cito mihi obedire, etc.
gnee X. Y. Z. pour lui raconter les
,
faits qui Bahaman, genie qui, suivant les Persans,
etaient a sa connaissance. Le docteur repondit, apaise la colere, et, en consequence, gouverne
les boeufs, les moutons et tons les animaux sus-
ceptibles d'etre apprivoises.
Bahi (la). nom que donnent les Bohe-
C'est le
miens a de dire la bonne aventure dans la
I'art

main. Voy. Main.


Bahir, titre du plus ancien livre des rabbins,
ou, suivant Buxtorf, sont traites les plus pro-
fonds mysteres de la haute cabale des Juifs.
Bahman, deuxieme Amschaspand.
Baiian. Wierus et vingt autres demonographes
comptent que Baian ou Bajan fils de Simeon roi , ,

des Bulgares, etait si grand magicien, qu'il se


transformait en loup et en leopard pour 6pon-
vanter son peuple, qu'il pouvait prendre toute
autre figure de bete feroce, et meme se rendre
invisible ce qui n'est pas possible sans I'aide de
;

demandant de nouveaux renseignements a son puissants demons, comme dit Nynauld dans sa
correspondant anonyme. Lady Newark le satis- Lycanthropie.
fit, et alors le docteur desira etre mis en rapport Baier (Jean-Guillaume) professeur de theo-
,

direct avec elle. Lady Newark alia le voir a logie a Altorf, mort en 1729. II a laisse une
,

BAI — 76 — BAL
these iiilitiilee Dissertation sur Behemoth et Le- rendit a son camp. On sait que I'ange du Sei-
viathan, I' elephant et la Oaleine, d'apres le livre gneur arreta son anesse, qui lui parla. Balaam,
cle Job, chap, xl ct xli, avcc la riponse de Stie- apres s'elre irrite contre la bete, apercut I'ange,
hcr\ Baicr ne voyait que deux animaux nions-
trueux dai)s Beliemolh eL Leviallian.

se prosterna, promit que comniande-


de faire ce
rait le Dieu d'Israel au camp de Balac
, et parut
tres-embarrasse. Lorsqu'il fut devant I'armee des
Israelites, en presence de la cour de Balac fort
Baillement-I Les femmes espagnoles lors- ,

surprise, pendant qu'on s'attendait a entendre


qu'elles baillent,ne manquent pas de se signer
des maledictions, il se sen lit domine par un eu-
quatre fois la bouche avec le pouce, de peur que
thousiasme divin, et prononc^a, malgre lui, une
magnifique prophetie sur les destinees glorieuses
du peuple de Dieu. 11 annonga meme le Messie.
Balac, furieux, le chassa; par la suite, les H(5-

breux ayant vaincu


,
les Madianiles firent Balaam
,

prisonnier et le luerent.

Baladeva, troisieme Rama, ou troisieme in-


carnation de Vichnou.
Balai. Le manche a balai est la monlure or-
dinaire des sorcieres lorsqu'elles se rendent au
sabbat. Remi conte a ce sujet que la femme d'un
cordonnier allemand, ayant, sans le savoir, fourre
le bout de son manche a balai dans un pot qui
le diable n'y entre. Cetle supersliLion reraonte a contenait I'onguent des sorcieres, se mit maclii-
des temps recules, etchez beaucoup de peuples nalement aussitot a califourchon sur ce manche,
on a regarde le baillement coniine une crise pe- et se sentit transporlee a Bruck, ou se faisait le
rilleuse. Les Indiens font craquer leurs doigls sabbat. Elle profita de I'occasion, se fit sor-
quand quelqu'un bailie, pour eloigner les de- ciere, et peu apres fut arretee comme telle.
mons. II y a sur le balai d'autres croyances. Jamais,
Bailly (Pierre), medecin, auteur d'un livre dans le district de Lesneven
en Bretagne on ne , ,

publie a Paris en 163/|, in-8°, sous le tilre de balaye une maison on pretend que c'est
la nuit :

Songes de Phestion, paradoxes physiologiques, en eloigner le bonheur; que les ames s'y pro-
suivis d'un dialogue sur I'immortalite de I'ame. menent, et que les mouvements d'un balai les
Balaam, sorte de magicien madianite qui blessent et les ecartent. lis nomment cet usage
florissait vers I'an du monde 2515. Lorsque les proscrit balayement des morts. lis disent que la
Israelites errants dans le desert se disposaient a veille du jour des Trepasses (2 novembre) il y a
passer le Jourdain, Balac, roi de Moab, qui les plus d'ames dans chaque maison que de grains
redoutait, chargea Balaam de les maudire. Mais de sable dans la mer et sur le rivage.
le magicien, ayant consulte le Seigneur, qu'il Balan, roi grand et terrible dans les enfers.
connaissait, quoiqu'il servit d'autres dieux , et II a quelquefois trois teles : celle d'un taureau
que surtout il redoutait, regut une defense pre-
celle d'un homme, celle d'un belier. Joignez a
cisede ceder a cette invitation. Cependant, les cela une queue de serpent et des yeux qui jeltent
magnifiques presents du roi I'ayant seduit, il se de la llamme. Mais plus ordinairement il se
Disscrlatio de Behemotli el de Leviathan elephas
1
montre a cheval, nu ct cornu, sur un ours, et
,

et balwnn, e Job xl, xli. Respond. G. Steph. Slieber. porle un epervier au poing. Sa voix est rauque
In-4°, AUorf, 1708. et violente. II repond sur le passe, le present et
BAL — 77 — BAL
I'avenir. — Ge demon ,
qui etait autrefois de Balance ,
septieme signe du zodiaque. Ceux
I'ordre des doitiinalions , el qui commande au- qui naissent sous cette constellalion aiment ge-
jourd'hui quarante legions infernales, enseigne neralement I'equite. C'est, dit-on, pour etre
ne sous le signe de la balance qu'on donna a
Louis XIII le surnom de Juste.
Les Persans pretendent qu'il y aura au der-
nier jour une balance dont les bassins seront
plus grands et plus larges que la superficie des
cieux, et dans laquelle Dieu pesera les oeuvres
des hommes. Un des bassins de cette balance
s'appellera le bassin de lumiere, I'autre le bas-
sin de tenebres. Le livre des bonnes oeuvres sera
jete dans le bassin de lumiere, plus brillant que
les etoiles et le livre des mauvaises dans le
;

bassin de tenebres, plus horrible qu'une nuit


d'orage. Le fleau fera connaitre qui I'emportera,
et a quel degre. C'est apres cet examen que les
corps passerontle pont etendu siir le feu eternel.
Balcoin ou Balcon (Marie) sorciere du pays
,

de Labourd, qui allait au sabbat du temps de


Henri VI. On lui fit son proces, oii elle fut con-
vaincue d'avoir mange, dans une assemblee noc-
les ruses, la finesse et le moyen commode de turne, I'oreille d'un petit enfant. Elle fut sans
voir sans etre vu. doute brulee.,

Balder, dieu scandinave, fils d'Odin et de leine de Jonas. Pline et nos legendaires parlent
Frigga. Locke, son ennemi, le fit tuer par Ho- de baleines longues de neuf cents pieds remains
der; et, tout dieu qu'il etait, il descendit aux et de taille a avaler une barque.
enfers, oia il est reste. Bali, prince des demons et I'un des rois de
Baleine. Mahomet place dans le ciel la ba- I'enfer, selon les croyances indiennes. II se bat-
BAL — 78 - BAP

til aiilrefois avec Vichnou (lui Ic prucipila dans


,
Banshee, fee blanche chez les Irlandais. Elle
Tabime, d'ou il sort une fois par an pour faire a une robe blanche et une chevelure d'argent.
du ma] aiix hommes mais Vichnou y incl ordre.
; Attachee a plusieurs families les Kearney, les :

Les liidicns donncnl aussi le nom de Bali aux Butler, Ics Kealin ,
jes Trant, les Rices, elle vient

farfadets, a qui ils offrent du riz, que ces lutins


ne manqucnl pas de venir manger la nuit.
Balkis ou Belkis, reine de Saba, qui vint
honorer Salomon. On Irouve son histoire dans
les Ldgendes de I'Ancicn Testament.
Balles. On
a cru autrefois que certains guer-
riers avaient un charme contre les balles parce ,

qu'on lirait sur eux sans les atteindre. Pour les


tuer, on mettait dans les cartouches des pieces
d'argent, car rien dit-on, ne peut ensorceler la
,

monnaie.
Balsamo. Vojj. Cagliostro.
Baltazo, demons de la possession de
I'un des
Laon. Voy. Aubuy. On conte qu'un chenapan, se
faisant passer pour le demon alia souper dans ,

la maison de Nicole Aubry, la possedee, sous


pretexte de combiner sa delivrance, qu'il n'opcra
pas. On remarqua en soupant qu'il jjuvait tres-

sec; ce qui prouve, dit Leloyer, que I'eau est


contraire aux demons
Balthazar, dernier roi de Babylone, petit-fils
de Nabuchodonosor. Un soir qu'il profanait dans
ses orgies les vases sacres de Jerusalem , il aper- pleurcr et batti'e des mains sous leurs fenetres
QUt une main qui tracait sur la muraiile, en lorsqu'un membre de ces families doit mourir.
lettres de feu, ces trois mots : Mane, thenel, Voy. FeMMES BLANCHES.
phares. Ses devins et ses astrologues ne purent Bapteme. Dans le nord de I'Angleterre , lors-
expliquer ces caracteres ni en interpreter le sens. qu'on presente a la fois plusieurs eiifants pour
11 promit de grandes recompenses a qui lui en recevoir le bapteme anglican on veille altenti-,

donnerait I'interpretation. Ce fut Daniel qui, me- vement a ce que less.fiUes ne passent pas avant
prisant ses recompenses, lui apprit que les trois les gargons. On crbit que les garqons baptises
mots que ses annees etaient comp-
signifiaient apres les filles n'ont point de barbe. — Les sor-
tees, qu'il n'avait plus que quelqiies moments a cieres, dans leurs cereirionies abominables, bap-
vivre, etque son royaume allait elre divise. Tout tisent au .sabbat des crapAuds et de petits enfants.
se verilia peu d'inslants apres. Les crapauds sont habilles de velours rouge, les
Baltus (Jean-FranQois) savant jesuite, mort ,
petits enfants de velours noir. Pour cette opera-
en ilh'o. Reponses a I' Histoire des oracles de Fon- tion infernale le diable urine dans un trou
, on ;

tenelle, in-8", Strasbourg, 1709, ou il etablit prend de cette dejection avec un goupillon noir,
solidement que les oracles^ des anciens etaient on en jette sur la tele de I'enfant ou du crapaud,
I'ouvrage du demon, et qu'ils furent reduits au en faisant des signes de croix a rebours avec la
silence iors de la mission de Notre-Seigneur Je- main gauche, et disant In notnine Patrica, Ma-
:

sus-Christ sur la terre. trica, aracjuaco Petrica agora, ayorn Valcntia;


Bametrie, sorciere qui fut accusee en 1566 ce qui veut dire : « Au nom de Patrique, de Ma-
d'avoir ensorcele les orphelins d' Amsterdam. trique, Petrique d'Aragon, a cette heure, a cette
Voy, Orphklinats. heure, Valentia. » Cette stiipide impiete s'appelle
Banians, Indiens idolatres,^repandu3 surtout le bapteme du diable. Le diable, ou celui qui le
dans le Mogol. lis reconnaissent un Dieu crea- represente au sabbat, rebaplise aussi, avec du
teur; mais ils adorent le diable, qui est charge, soufre, du sel et de I'urine, les adultes des deux
disent-ils,de gouverner le monde. lis le repre- sexes qui se font recevoir a ses assemblees.
sentent sous, une horrible figure. Le pretre de ce Bapteme de la Ligne. Lorsqu'on traverse la
culle marque au front d'un signe jaune ceux Ligne, les matelots font subir aux personnes qui
qui ont adore le diable, qui des lors les recon- la premiere fois une ceremonie
passent pour la
nalt et n'esl plus si porte a leur faire du mal ^ bapteme de la Ligne. Ce bap-
qu'ils appellent le
teme consiste en une aspersion plus ou moins
1 Disc, et hist, des spectres, liv. Ill, ch. x.
2 Histoire de la religion des desagreable, dont on evite souvent les ennuis
Banians, tlree de leur
livre Shasler, etc., traduit de I'anglais. Paris, par une generosite. Les personnages qui font la
1667, in-i2. plaisanterie se travestissent; Ic Pcre la Ligne ar-
;,
;

BAR — 79 — BAR
rive dansun tonneau escorte par un diable un, , moi parler. Le coeur me dut trembler au venire,
courrier,un perruquier et un meunier. Le pas- comma fait la feuille au tremble , comme fait la

sager qui ne veut pas donner pour boire aux Loisonni quand elle voit qu'il faut venir sur une
matelots est arrose ou baigne, apres avoir ete petite planche ,
qui n'est plus grosse ni plus
poiidre et frise. On ne sait trop I'origine de cet membre que cheveux de femme grosse en-
Irois
usage ni pourquoi le diable y figure.
, semble. Ceux qui la Barhe-d-Dieu sauront, par-
Baraboule. Voy. Kacheu. dessus la planche passeront, el ceux qui ne la
Barat, maladie de langueur, ordinairement le sauront, au bout de la planche s'assiseronl, crie-
-resultat d'un sort jete, qui conduit infaillible- ront, braieront : Mon Dieu ! helas ! malheureux
ment a la mort , et qui , selon les opinions bre- etat ! Est comme petit enfant celui qui la Barle-
tonnes, est guerie par les eaux de la fontaine de d-Dieu n'apprend. »
Sainle-Candide, pres de Scaer, dans le Finistere. Barbe bleue. Voy. Rf.tz.
11 ne trempe dans cette
n'est pas d'enfant qu'on Barbe de Saint-Michel ,
religieuse de Lou-
fontaine quelques jours apres sa naissance on ; viers. Voy. Louviers.
croit qu'il vivra s'il etend les pieds, et qu'il Barbeloth. Des gnostiques, appeles barbeliots
mourra dans peu s'il les retire*. ou barboriens, disaient qu'un Eon immortel avail
Barbas, demon. Voy. Marbas. eu commerce avec un esprit vierge appele Bar-
Barbatos grand et puissant demon
,
comte- , beloth, a qui il avail successivement accorde la
duc aux enfers type de Robin des Bois il se
,
; prescience, rincorruptibilite et la vie eternelle

montre sous la figure d'un archer ou d'un chas- que Barbeloth un jour, plus gai qu'a I'ordinaire,
,

avail engendre la lumiere, qui, perfectionnee par


I'onction de I'esprit s'appela Christ que Christ
, ;

desira I'inlelligence el I'oblint; que I'intelligence,


la raison, I'incorruplibilite et Christ s'unirent;
que la raison el I'intelligence engendrerent Auto-
gene; qu'Autogene engendra Adamas, Thomme
parfail, et sa femme la connaissance parfaile;
qu'Adamas et sa femme engendrerent le bois
que le premier ange engendra le Sainl-Esprit,
sagesse ou Prunic que Prunic engendra Prolar-
;

chonle ou premier prince, qui fut insolent et


sot; que Prolarchonte el Arrogance engendrerent
les vices et loules leurs branches. Les barbeliots
debitaient ces merveilles en hebreu , et leurs ce-
remonies n'etaient pas moins abominables que
leur doctrine elait exlravaganle
Barbier. Pline le jeune ^ avail un affranchi
nomme Marc, homme quelque peu lettre, qui
seur; on le rencontre dans les forets. Quatre rois
couchait dans un meme lit avec son jeune frere.

sonnent du cor devant lui. 11 apprend a deviner Marc, dans le sommeil, crut voir une personne
assise au chevet de son lit, qui lui coupait les
par le chant des oiseaux, le mugissement des
taureaux, les aboiements des chiens el les cris cheveux du haul de la tele. A son reveil il se ,

des divers animaux. II connait les Iresors enfouis trouva rase, el ses cheveux jetes au milieu de

par les magiciens. 11 reconcilie les amis brouilies. la chambre. —


La meme chose arriva, dans le
Ce demon, qui etait autrefois de I'ordre des ver- meme temps, a un jeune gargon qui dormait
lus des cieux ou de celui des dominations, est
avec plusieurs autres dans une pension. II vit
reduit aujourd'hui a commander trente legions entrer par la fenelre deux hommes vetus de

infernales. II connait le passe et le futur ^. blanc, qui lui couperent les cheveux comme il

Barbe. Les Remains gardaient avec un soin dormait. A son reveil, on trouva ses cheveux

superstitieux leur premiere barbe. Neron faisait repandus sur le plancher. « A quoi cela peut-il
conserver la sienne dans une boite d'or enrichie etre attribue, dit D. Calmet', si ce n'est a des

de pierreries follels ? » —
ou aux compagnons de lit ?
II y a quelques lulins, du genre de ceux-la,
Barbe-a-Dieu. Thiers, dans son TraiU des
superstitions , rapporte la priere dite la Barhe- qui onl fait pareillemenl les fonclions de bar-
d-Dieu; c'est une priere superstitieuse encore biers. Les conies populaires de I'Allemagne vous

populaire, et qui se trouve dans divers recueils. apprendront que les revenants peuvent ainsi faire
La voici : « Pecheurs et pecheresses, venez a la barbe aux vivants.

'
Cambry, Voyage dans le Finistere, t. Ill, p. 457. ' Bergier, Dictionnaire theolog,, ViU mot Barbeliots •

2 Wierus, in Pseudomonarchia. dcsmon. 2 Lib. XVI., epist. xxvii.


3 M. Nisard, Stace. ^ Dissertation sut les apparitionsi
, ;

BAR — 80 — BAS
Barbieri. Dialogues sur la mort et sur les j
j
des autoriles imposantes. On peat lire celte his-
ames separees : Dialoghi dclla morte e dell' anime toire assez compliquee dans les Energumeni Koa-
separate, di Barbieri. In-S°. Bologna, 1600. gienscs. Lipsia;, 1695.

Barbu. On appelle demon barbu le demon qui Barthole, jurisconsulte, mort a Perouse en
enseigne le secret de la pierre philosophale on ; 1356. II commenca a mettre de I'ordre dans la

1r connail peu. Son nom semblerait indiquer que jurisprudence mais on retrouve les bizarreries
;

c'est le meme
que Barbatos, qui n'a rien d'un de son siecle dans quelques-uns de ses ouvrages.
demon philosophe. Ce n'est pas non plus Bar- Ainsi, pour faire connaitre la marche d'une pro-
bas, qui se meie de mecanique. On dit que le cedure il imagina un proces entre la sainte Vierge
,

demon barbu est ainsi appele a cause de sa barbe et le diable, juge par Notre -Seigneur Jesus-
remarquable. Christ Les parties plaident en personne. Le
*.

Barcabas et Barcoph. Voy. Basilide. diable demande que le genre humain rentre sous
Bareste (Eugene) auteur de la Fin des temps
, son obeissance il fait observer qu'il en a ete le
;

et de quelques propheties du moins tres-spiri- mailre depuis Adam ; il cite les lois qui elablis-
tuelles. II a dte quelques annees le redacleur de sent que celui qui a ete depouille d'une longue
Y Almanack prophelique , pittoresqve et utile, la possession a le droit d'y rentrer. La sainte Vierge

plus curieuse de ces legeres productions que lui repond qu'il est un possesseur de mauvaise
chaque annee ramene. foi, et que les lois qu'il cite ne le concernent
Barkokebas ou Barchochebas ,
imposteur pas. On epuise des deux cotes toutes les res-
qui se fit passer pour le Messie juif , sous I'em- sources de la chicane du quatorzieme siecle, et
pire d'Adrien. Apres avoir ete voleur de grand le diable est deboute de ses pretentions^.
chemin il changea son nom de Barkoziba fils
,
, Bartholin (Thomas), ne a Copenhague en
du mensonge , en celui de Barkokebas, fils de 1619. On recherche de lui le livre De unguento
I'dloile, et pretendit qu'il elait I'etoile annoncee armario. Ce traile de la poudre de synipalhie se
par Balaam. 11 se mit a faire des prodiges. Saint ressent du temps et de la crMulite de I'auteur
Jerome raconte qu'il vomissait du feu par la il conlient cependant des choses singulieres et

bouche, au moyen d'un morceau d'etoupes allu- qui ne sont pas indignes de quelque attention.
mees qu'il se mettait dans les dents, ce que font Barton (Elisabeth) religicuse de Kent qui , ,

maintenant les charlatans des foires. Les Juifs le previt et revela, en 1525, les exces oi!i tombe-
reconnurent pour leur Messie. 11 se fit couronner rait bientot le schisme qu'elle voyait naitre en
roi, rassembla une armee, et soutint contre les Angleterre. Les partisans de Henri VIII s'ecrierent
Remains une guerre assez longue mais enfin ;
qu'elle etait possedee du diable. La protection de
en I'annee 136 1'armee juive fut passee au fil de
,
Thomas Morus, loin de la sauver, la perdit en :

I'epee et Barkokebas tue. Les rabbins assurent 1533 cette pieuse et sainte fille fut mise a mort
,

que, lorsqu'on voulut enlever son corps pour le avec beaucoup d'autres, sous pretexte de sorcel-
porter a I'empereur Adrien nn serpent se pre- ,
lerie, par les reformes, qui se vantaient d'appor-
senta autour du cou de Barkokebas, et le fit res- ter la lumiere et la liberie.
pecter des porteurs et du prince lui-meme Bas. Qm a chausse un de ses bas a I'envers
Barnaud (Nicolas), medecin protestant du recevra dans la journee un conseil, probable- —
seizieme siecle, qui recbercha la pierre philoso- ment celui de le retourner.
phale. II a publie sur I'alchimie divers petils trai- Bascanie, sorle de fascination employee par
dans le troisieme volume du Tliea-
tes recueillis les magiciens grecs ; elle Iroublait telleraent les
trum chimicuin, compile par Zetzner. Strasbourg, yeux, qu'on voyait tous les objets a rebours :

1659. blanches les choses noires, rondes les choses


Barrabas. « Quand les sorcieres sont enlre pointues, laides les plus jolies figures, et jolies
les mains de la justice, dit Pierre Delancre ^ les plus laides.
elles font semblant d'avoir le diable leur maitre Basile. Michel Glycas' raconte que I'empe-
en horreur, et I'appellent par dedain Barrabas reur Basile, ayant perdu son fils bien-aime, ob-
ou Barrabam. » lint de peu apres sa mort, par le moyen
le re voir
Barron un des demons auxquels sacrifiait le
,
d'un moine magicien qu'il le vit en eflet et le
;

marechal de Retz. Voy. Retz. tint embrasse assez longtemps, jusqu'a ce qu'il
Barscher (Anne), femme de Koge, pres de disparut d'entre ses bras. « Ce n'etail done qu'un
Copenhague, qui subit en 1609 et plus tard un fantome qui disparut sous la forme de son Ills*. »
ensorcellement jete sur elle, sur son mari et ses
enfants. Elle a publie en danois le recit curieux
' Ce singulier oiivrage, intitule Processus Satanoe
contra Virgincm coram judice J esu , est imprim^dans
de ses souffrances, recit approuve et atteste par
le Processus juris jocoserius. In-8". Hanau, 1611.
- Voyez ce proces resume dans les Legendes du
' Voyez son histoire plus etendue dans hsLegendes Nouveau Testament.
del'Ancien Testament. 3 Annul., part. IV.
2 Tableau da I' inconstance des mauvais anges, etc., * D. Calmet, Dissertation des revenants en corps,
liv. YI, disc. III. Paris, 1612. Cll. XVI.
;

BAS — 81 — BAS

Basile-Valentin alchimiste qui est pour les


, ,
C'est une opinion encore repandue dans les

Alleraands ce que Nicolas Flamel est pour nous. campagnes que les vieux coqs pondent un oeuf
Sa vie est melee de fables qui ont fait croire a duquel nait un serpent. Ce petit oeuf, imparfait,
quelques-uns qu'il n'a jamais existe. On le fait n'est, comme on salt, que I'effet d'une maladie

vivre au douzieme, au treizieme, au quatorzieme chez les poules; et I'absurdite de ce conte bleu
et au quinzieme siecle; on ajoute meme sans la ,
n'a plus besoin d'etre demontree.

moindre preuve, qu'il etait benedictin a Erfurt.


C'est lui qui, dans ses experiences chimiques,
decouvrit Vantimoine, qui dut son nom a celte
circonstance que, des pourceaux s'etant prodi-
,

gieusement engraisses pour avoir avale ce residu


de metal, Basile en fit prendre a des religieux
qui en raoururent.
On raconte que, longtemps apres la mort de
Basile-Valenlin, une des colonnes de la cathe-
drale d'Erfurt s'ouvrit comme par miracle, et
qu'on y trouva ses livres sur I'alchimie. Les ou-
vrages de Basile, ou du moins ceux qui portent
son nom, ecrits en haut allemand, ont ete tra-
duits en lalin et quelques-uns du latin en fran-
,

gais. Les adeptes recherchent de lui VAzoth*,


les Douze clefs de la philosophic de frere Basile-

Valentin, traitant de la vraie medecine metal- II est possible que les anciens, dans leurs expe-
lique% a la suite de la traduction de VAzoth, riences , aient pris des oeufs de serpent pour des
in-12, 1660; in-8°, 1669; I' Apocalypse chimi- oeufs de coq. Voy. Coq. Quoi qu'il en soit, on —
que '
; la Revelation des mysteres des teintiires croit que le basilic tue de ses regards; et Ma-
metaux et de leurs vertus md-
essentielles des sept thiole demande comment on a su que le basilic
dicinales'', in-i", 1546; Du microcosme,
Paris, tuait par son regard s'il a tue tous ceux qui I'ont
,

du grand mystcre du monde et de la medecine de vu. On cite toutefois je ne sais quel hislorien qui

I'homme Traite chimico-philosophiquc des choses raconte qu'Alexandre le Grand ayantmis le siege
natiirelles et surnaturelles des mineraux et des devant une ville d'Asie un basilic se declara pour ,

metaux^; Haliographie , de la preparation, de les assieges , se campa dans un trou des remparts,
Vusage et des vertus de tous les sels mineraux, et lui tua jusqu'a deux cents soldats par jour. Une
animaux et vegctaux , recueillis par Antoine Sal- balterie de canons bien servie n'eut pas fait mieux.
mincius, dans les manuscrits do Basile-Valen- II est vrai, ajoute M. Salgues', que si le ba-
((

tin', etc. La plupart de ces ouvrages ont fait silic peut nous donner la mort, nous pouvons lui

faire des pas a la chimie utile. rendre la pareille en lui presentanl la surface po-
Basilic, petit serpent, long d'un demi-metre, lie d'un miroir : les vapeurs empoisonnees qu'il
qui n'a ete connu que des anciens. II avait deux lance de ses yeux iront frapper la glace, et, par
- ergots, une tete el une crete de coq, des ailes, rellexion , lui renverront la mort qu'il voudra
une queue de serpent "ordinaire, etc. Quelques- donner. C'est Aristote qui nous apprend celte
uns disent qu'il nait de I'oeuf d'un coq couve par particularile. »
un serpent ou par un crapaud. Boguet au cha- , Des savants ont regarde en face le serpent
pilre XIV de ses Discours des sorciers, le fait pro- qu'on appelle aujourd'hui basilic, et qui n'a pas
duire de I'accouplement du crapaud et du coq, les accessoires dont les anciens I'ont embelli
comme le mulet nait d'un ane et d'une juraent. malgre tous les vieux conies, ils sont sortis bien
portants de cette epreuve. Mais, nous le repe-
* Azoth, sive AurelicB philosophorum. Francfort,
1613. In-4", traduit en francais en 1660. tons, le reptile auquel les-modernes donnenl le
2 Practica, una cum duodecini clavibus et appen- nom de basilic n'est peut-etre pas le basilic des
dice. Francfort, 1618. In-4". anciens, car ily a des races perdues.
3 Apocahjpsis chimica. Erfurt, 1624. In-8°.
* Manifestatio artificiorum ,
Au moyen age, on donnait au basilic une cou-
etc. Erfurt, 1624.
In-4''. La traduction dent on indique le litre est de ronne native ornee d'une pierre precieuse, et on
J. Israel. voyait en lui le roi des serpents.
^ De microcosmo, deque magno mundi mysterio et
Basilide, herelique du deuxieme siecle, qui
medicina hominis. Marpurg, 1609. In-8°.
se fit un systeme en melant les principes de Py-
^ Tractalus chimico-philosophicus de rebus natu-
ralibus et prceternaturalibus metallorum et minera- thagore et de Simon, les dogmes des Chretiens
lium. Francfort, 1676. In-8°. et les croyances des Juifs. II pretendit que le
' Haliographia , de prceparatione , usu ac virtuti-
monde avail ete cree par les anges. <( Dieu (Abra-
bus omnium salium miner alium, animaliumac vege-
cax), disait-il, produisit I'lntelligence, laquelle
tabilium, ex manuscriptis Basilii Valentini collecta
ab Antonio Salmincio. Bologne, 1644. In-8o. ' Des erreurs et des prejuges , etc., t. I, p. 413.
6
;
, ,,

BAS . — 82 — BAS

produisit le Verbe, qui produisit la Prudence ; la Jesus, son premier Fils, ou la premiere intel-

Prudence eut deux filles : la Puissance et la Sa- ligence creee, pour sauver le monde. II prit la

gesse, lesquelles produisirent les verlus, les figure d'un homme, fit les miracles qu'on ra-
princes de I'air et les anges. Les anges etaient conte, et, pendant la donna son appa-
passion, il

de trois cent soixante-cinq ordres ils creerent ; rence a Simon le Cyreneen qui fut crucifie pour
,

trois cent soixante-cinq cieux; les anges du der- lui, pendant que, sous les traits de Simon, il se

nier ciel firent le monde sublunaire ; ils s'en par- moquait des Juifs apres quoi il remonta aux
;

lagerent I'empire. Celui auquel echurent les Juifs cieux sans avoir ete precisement connu. »
elant puissant, fit pour eux beaucoup de prodiges Basilide, a cole de ce systeme elrange, ensei-
mais, comine il voulait soumetlre les aulres na- gnait encore metempsycose et il donnail aux
la ,

tions, y eut des querelles et des guerres, et


il hommos deux anies, pour accorder les combats
le mal fit de grands progres. Dieu, ou I'Etre su- qui s'elevent sans cesse entre la raison et les
perieur, louche des miseres d'ici-bas, envoya passions.

Balcleurs.

11 etail Ires-habile, ajoule-t-on, dans la cabale montre, dit Delancre', que la sorcellerie n'est
des Juifs. C'est lui qui inventa le puissant talis- pas une tache de simple femmelelle ,
rustiques
man Abracadabra, dont nous avons parle, et et idiots. »
dont I'usage fut longtempsexlrememenl repandu. Bassantin (Jacques) aslrologue ,
ecossais qui
II fit un evangile apocryphe et des propheties en 1562, predil a sir Robert Melvil, si I'on en
qu'il publia sous les noms de Barcabas et de croil lesmemoires de Jacques Melvil son frere ,

Barcoph. II plagaiL Dieu dans le soleil et reve- , une partie des evenements arrives depuis a Marie
rait prodigieusement les trois cent soixante-cinq Stuart, alors refugiee en Anglelerre. II ne fallail
revolutions de eel aslre aulour de la lerre. Voy. pour cela que quelque connaissance du temps et
AbRACAX el ACHAMOTH. des homines, Les aulres predictions de Bassantin
Basilius. II y eut a Rome, du temps de saint ne se realiserent pas. Son grand TraiU d'aslro-
Gregoire, un senaleur de bonne et ancienne nomie, ou plutot d'astrologie, a ete publie en
famille, nomme Basilius, magicien, scelerat francais et en latin. On recherche I'edition latine
et sorcier, lequel, s'etant fait moine pour de Geneve, 1599, que les edileurs appellenl m-
eviter la peine de mort, fut enfin brule avec gens et doclum volumen. Tous ses ouvrages pre-
son compagnon Pretextatus, comme kii sena- 1 Delancre, De I'inconstance des demons, etc.,
leur remain et de maison illuslre. « Ce qui liv. IV, p. 416.
; ,,,

BAT — 83 BAX
sentent un melange d'heureuses observations et d'un jeune loup , la langue et le coeur d'un chien
d'idees superstitieuses*. trois lezards verts et trois coeurs d'hirondelles,
Bateleurs , faiseurs de tours en plain air, ava- le tout reduit en poudre par la chalear du soleil

leurs de couleuvres, d'etoupes et de baguettes; entre deux papiers saupoudres de salpetre pla-
;

ils passaient autrefois pour sorciers, comme les cez par-dessus, dans le ctEur du baton, sept
escamoteurs et meme les comediens. feuilles de verveine cueillies la veille de la Saint-
Bathym. Voy. Marthym, Jean-Baptiste, avec une pierre de diverses cou-
Baton du diable. On conserve, dit-on, a leurs qui se trouve dans le nid de la huppe; bou-
Tolentino, dans la marche d'Ancone, un baton chez ensuite le bout du baton avec une pomme
dont on pretend que le diable a fait usage. a votre fantaisie , et soyez assure que ce baton
Baton du bon voyageur. « Cueillez , le len- vous garantira des brigands, des chiens enrages,
demain de la Toussaint, une forte branche de des betes feroces, des animaux venimeux, des
sureau que vous aurez soin de ferrer par le bas
,
perils, et vous procurera la bienveillance
de tous
6tez-en la moelle mettez a la place les yeux
; ceux chez qui vous logerez... »

Le lecteur qui dedaigne de tels secrets ne Batscum-Bassa ou Batscum-Pacha, de-


doit pas oublier qu'ils ont eu grand credit, et mon turc que Ton invoque en Orient pour avoir
qu'on cherche encore, dans beaucoup de vil- du beau temps ou de la pluie. On se le rend favo-
lages, a se procurer le baton du bon voyageur, rable en lui offrant des tartines de pain grille
avec lequel on marche si vite, qu'on doit se dont il est tres-friand.
charger les pieds. Baume universal, elixir compose par les
Batrachyte, pierre qui, suivant que I'indique alchimistes : c'est, disent-ils, le remede souve-
son nom grec , se trouve dans le corps de la gre- rain et infaillible de toutes les maladies. II peut
nouille, et qui a, disent les bonnes gens, de meme, au besoin, ressusciter des morts.
grandes vertus contre les poisons et contra les Bavent (Madeleine), possedee de Louviers,
malefices. qui raconta en justice les orgies infames du sab-
bat, auxquelles, comme tant d'autres ames per-
Astronomia Jacobi Bassantini Scoti, etc. In-fol.
^
dues, elle avait pris part. Voy. Louviers.
Geneve, -1669. Paraphrase de I'astrolabe, avec une
explication de cet instrument. In-8°. Paris, 1617. Baxter, ecrivain anglais qui publia, a la fm
Super mathematica genethliaca; arithmetica; musica du dix-septieme siecle, un livre intitule Certi-
secundum Platonem; de mathesi in genere, etc. tude du monde des esprits.
6.
»

BAY - 84 - BAY
Bayard, cheval des qualre fils Aymon. II avail prit le vase oi!i etait le vin et I'avala d'un trait;
,

)a taille d'un cheval ordinaire lorsqu'il ne portait ilen demanda d'aulre qu'il but de meme. Apres
qu'un des freres, el s'allongeail lorsqu'il les fal- cela il se retira sans dire adieu et la servante,
;

lait porler Ions qualre. On conte beaucoup de qui le conduisait a la porte, lui ayanl demande '

merveilles sur celte inonlure celebre, qui se dis- son nom, il repondit : « Je suis ne a Rutsingue,
une vilesse incroyable, el
lingnait snrlout par et mon nom est Georges Raulin ; » ce qui elait
qui a laisse la trace d'un de ses pieds dans la faux encore.
forel de Soignes en Brabant. On Irouve aussi la
marque d'un de ses fers sur un rocher pres de
Dinanl.
Bayemon. Le grimoire altribue stupidemenl
au pape Honorius donne ce nom a un roi de I'oc-
cidenl infernal. On le conjure par celte priere :

« 0 roi Bayemon, Ires-forl, qui regne aux par-


lies occidentales, je I'appelle et invoque au nom
de la Divinite je le commande en verlu du
;
,

Tres-Haul, de m'envoyer presentemenl devant


ce cercle (on nomme I'esprit dont on veut se
servir, Passiel, Rosus, etc.) , el les aulres esprits

11 passa le resle du jour a se faire voir dans le


'

village, et revint, le soir a minuil, a la porle du ;

cure, en criant d'une voix terrible : Mynheer


'

Bayer, je vous montrerai qui je suis...


Pendant Irois ans, il revint tous les jours vers
qualre lieures apres midi, et loutes les nuits
avanl le point du jour. II paraissait encore sous

qui le sonl sujels, pour repondre a lout ce que diverses formes, tanlol sous la figure d'un chien
je leurdemanderai. Si tu ne le fais je le lour- ,
barbet, tanlol sous celle d'un lion ou d'un autre
menlerai du glaive du feu divin; j'augmenlerai animal terrible ;
quelquefois sous les traits d'un
tes peines et le brulerai. Obeis, roi Bayemon homme, sous ceux d'une femme ; certains jours ,

maison un fracas semblable a


''

Bayer. En 1726, un cure du diocese de Con- il faisait dans la


"
stance, nomme Bayer, pourvu de la cure de Ru- celui d'un lonnelier qui relie des tonneaux; d'au-
theim fut inquiete par un spectre ou mauvais
,
trefois on aurail dit qu'il voulail renverser le

genie qui se monlrait sous la forme d'un paysan logis par le grand bruit qu'il y causait. Le cure
mal vetu, de raauvaise mine el tres-puant. II vinl fit venir comme lemoins un grand nombre de per-

frapper a sa porte; elanl entre dans son poele, sonnes. Le spectre rcpandait par tout une odeur '

"

11 lui dit qu'il etait envoye par le prince de Con- insupportable, mais ne s'en allait pas. On eul re-
stance, son eveque, pour cerlaine commission cours aux exorcismes, qui ne produisirent aucun
|

qui se Irouva fausse. II demanda ensuile a man- effet; on resolul de se munir d'une branche be-

ger. On lui servil de la viande, du pain el du nile le dimanche des Rameaux, et d'une epee
'

vin. II prit la viande a deux mains et la devora aussi benite, el de s'en servir centre le spectre.
"
avec les os, disanl : « Voyez comme je mange la
On le fit deux fois, et depiiis ce temps il ne re-
chair el les os ; failes-vous de meme ^ ? » Puis il
vinl plus.

1 Grimoire dit du pape Honorius. Ces choses, rapportees par dom Calmet, peu- '

2 Dom Calmet, Traite sur les apparilions, etc., vent-elles s'expliquer, comme le proposenl les
t. II, Ch. XLVIII. esprits forts, par les frayeurs qu'un garnement f
BAY — 85 - BED
aura causees au cure, frayeurs qui ont du lui caracteriser les rois de cette premiere race ; et
donner des visions?... si la vision n'est qu'un conte, il est bien ima-
Bayer (Jean) ministre protestant, ne a Augs-
, gine
bourg ail seizieme siecle. On recherche de lui Beal. Voy. Berith.
une these sur cetle question : u Si I'existence des Beauchamp. Voij. Abdeel.
anges pent se demontrer par les seules lumieres Beauffort (ie comte Amedee de) a publie, en
naturelles' ? » 18/|0, un volume in-8° mtilale Ldgendes et tra-
Bayerin (Anne), servante qui fit pacte avec ditions populaires de la France recueil piquant ,

le diable a Salzbourg causa de grands de- ; elle ou les faits surnaturels ont grande part.
gats a un forgeron chez qui elle servait, et passa Beausoleil (Jean du Chatelet, baron de),
dans une autre maison oii elle mit pareillement le astrologue et alchimisle allemand, qui preceda
desordre. Interrogee sur ses mechancetes ou ma- Jacques Aymar dans la recherche des sources in-
lefices avoua sans en etre pressee qu'elle
, elle , ,
connues et des tresors souterrains. II avait epouse
s'etait donnee au demon et qu'elle avait assiste Martine Berthereau qui avait ou a qui il souITla
,

au sabbat on ne voit pas qu'elle ait ete brulee.


; les memos penchants qui le dominaient. lis furent
Bayle (Francois), professeur de medecine a les premiers qui firent profession de decouvrir
Toulouse, inort en 1709. Nous ne citerons de ses les sources cachees au moyen de baguettes mys-
ouvrages que la Relation de I'etat de quelques per- terieuses, lis cherchaient aussi les mines et an-
sonnes pretendiies possedees , faite de I'autorite du nongaient que, par I'aide d'instruments merveil-
parlement de Toulouse, in-12; Toulouse, 1682. leux , ils connaissaient tout ce que la terre recele
II veut prouver que les demoniaques, s'ils ne sont dans son sein. Ces instruments etaient I'astrolabe
pas des charlatans, sont tres-souvent des fous ou mineral , le rateau metallique , la boussole a sept
des malades. angles (a cause des sept planetes) , les verges
Bazine, celebre reine des Tongres, qui epousa hydrauliques , etc. Les baguettes , ou verges hy-
Childeric et qui fut mere de Clovis. Elle est re- drauliques et metalliques, etaient preparees, di-
presentee par les vieux historiens comme une saient-ils, sous I'influence des constellations qui
habile magicienne. On salt qu'elle etait femme dominaient I'art. On les accusa de magie ce qui ;

de Bising, roi des Tongres; que Childeric, chasse motiva ce jugement, c'est qu'en visitant les coffres
de ses Etats par une revolution et refugie a la de Martine Berthereau , on y trouva des grimoires
cour de Bising, plul a sa femme; que lorsqu'il et autres objets qui sentaient a plein la sorcelle-
fut retabli sur le Irone, Bazine quitta tout pour rie. Le baron de Beausoleil, heureux du bruit
venir le trouver. Childeric I'epousa. Le soir de qu'il faisait en Hongrie, etait venu exploiter la
ses noces, quand elle fut seule avec lui, elle le France. Le cardinal de Richelieu le fit enfermer
pria de passer la premiere nuit dans une curieuse a la Bastille (16/il) en meme temps qu'on dete-
observation. Elle I'envoya a la porte de son palais nait sa femme Martine a Vincennes. On ne sail
en lui enjoignant de venir lui rapporter ce qu'il pas autre chose de leurs exploits.
y aurait vu. —
Childeric connaissant le pouvoir , Beauvoys de Chauvincourt, gentilhomme
magique de Bazine, qui etait un peu druidesse, angevin, fit imprimer en 1599 un volume inti-
s'empressa d'obeir. II ne fut pas plutot dehors, tule Discours de la Lycanthropie ou de la trans-
qu'il vit d'enormes animaux se promener dans la mutation des hommes en loups.
cour : c'etaient des leopards, des licornes, des Bebal, prince de I'enfer, assez inconnu. II est
lions. Etonne de ce spectacle, il vint en rendre de la suite de Paymon. Voy. ce mot.
compte a son epouse; elle lui dit, du ton d'oracle Bechard, demon designe dans les Clavicules
qu'elle avait pris d'abord, de ne point s'effrayer, de Salomon comme ayant puissance sur les vents
et de retourner une deuxieme et meme une troi- et les tempetes. II fait greler, tonner et pleuvoir,
siemefois. II vit a la deuxieme fois des ours et au moyen d'un maleflce qu'il compose avec des
des loups , et a la troisieme des chiens et d'autres crapauds fricasses et autres drogues.
petitsanimaux qui s'entre-dechiraient. « Les — Bechet, demon que Ton conjure le vendredi.
prodiges que vous avez vus, lui dil-elle, sont une Voy. Conjurations.
image de I'avenir ils representent le caractere
; Bedargon, I'un des lieutenants de Samael,
de toute notre poslerite. Les lions et les licornes dans la cabale judaique.
designent le flls qui naitra de nous les loups et ;
Beds (le venerable), ne au septi^me siecle,
les ours sont ses enfants, princes vigoureux et dans le diocese de Durham , en Angleterre. II

avides de proie; et les chiens, c'est le peuple mourut a soixante-trois ans. On dit qu'il previt
indocile au joug de ses maitres, souleve centre
ses rois, livre aux passions des puissants et sou- et les licornes repr^sentaient Clovis , les loups et les
vent viclime '\ » —
Au reste on ne pouvait mieux
, ours ses enfahts ; et les chiens les derniers rois de la
race, qui seraient un jour renverses du troneparles
' An Angelorum existentia a solo lumine naturali grands et le peuple, dont les petits animaux Etaient
possit demonstrari? Iii-4°. Wittemberg 1658. . la figure.
2 Selon d'autres chroniques, elle dit que les lions ' Dreux du Radier, Tablettes des reines de France.
,
:

BEG — 86 — BEK
I'heure pr^'cise de sa mort. Un instant avant d'ex- que Behemoth mange du foin comme un boeuf,
pirer, il dictait quelques passages qu'il voulait les rabbins ont fait de lui le boeuf merveilleux re-
extraire des oeuvres de saint Isidore ; le jeiine serve pour le festin de leur Messie. Ce boeuf est
moine qui ecrivaiL le pria de se reposer parce si enorme, disent-ils, qu'il avale tous les jours le

qu'il paiiait avec peine : —


» Non repondit Bede ,
foin de mille montagnes immenses, dont il s'en-
prenez plume, et ^crivez le plus vite
iine autre graisse depuis le commencement du monde. II

que vous pourrez. » —


Lorsque le jeune eut dit ne quitte jamais ses mille montagnes, ou I'herbe
— C'esL fail. —
« Vous avez dit la verite, » repli- qu'il a mangee le jour repousse la nuit pour le

qua Bede et il expira.


;
lendemain. lis ajoutent que Dieu tua la femelle
Peu de temps apres sa mort, on dil qu'il se fit de ce boeuf au commencement car on ne pou- ;

voir a un moine nomme Gamele, a qui il temoi- vait laisser multiplier une telle race. Les Juifs se

gna le desir d'etre enterre a Durham, aupres de promettent bien de la joie au festin oii il fera
saint Cuthbert. On se hata de le satisfaire, car la piece de resistance, lis jurent par leur part du

on avait un grand respect pour sa memoire. boeuf Behemoth.


Beguins. Voy. Digonnet. Beherit, demon sur lequel on a peu de ren-
Behemoth, demon lourd et stupide, malgre seignements, a moins qu'il ne soit le meme que

ses digniles. Sa force est dans ses reins ; ses do- Berith. Voy. ce mot. II est cite dans la posses-

maines sont la gourmandise et les plaisirs du sion de Loudun. II avait meme promis d'enlever
la calotte du sieur commissaire , et de la tenir en
I'air a la hauteur de deux piques; ce qui n'eut

pas lieu , a sa honte


Remarquons pourtant que, sur cette posses-
sion de Loudun, le calviniste qui en fit I'histoire
a imagine beaucoup de quolibets, pour ecornifler
d'autant I'Eglise romaine, qu'il voulait, comme
tant d'autres, demolir un peu, — mais qu'on ne
demolit pas.
Bekker (Balthasar) docteur en theologie re- ,

formee, et ministre a Amsterdam, ne en 1634.


((Ce Balthasar Bekker, grand ennemi de. I'enfer
eternel et du diable, et encore plus de la preci-
sion, dit Voltaire, beaucoup de bruit en son
fit

temps par son gi'os livre du Monde cnchanti. »


Mors la sorcellerie, les possessions, etaient en
vogue depuis la reforme, qui livrait de I'espace
aux esprils malins c'est ce qui le determina a
;

combattre le diable. « On eut beau lui dire, en


ventre. Quelques" demonomaues disent qu'il 'est prose et en vers, qu'il avait tort de I'attaquer,
aux enfei'S grand echanson. Bodin
sommelier et altendu qu'il lui ressemblait beaucoup, etant
croit ' que Behemoth n'est autre chose que le d'une laideur horrible rien ne I'arreta il cuin- : ;

Pharaon d'Egypte qui persecuta les Hebreux. II men(;a par nier absolument le pouvoir de Satan,
est parle de Behemoth dans Job comme d'une et s'enhardit jusqu'a soutenir qu'il n'existe pas.
creature monstrueuse. Des commentateurs pre- (( S'il y avait un diable, disait-il, il se vengerait
tendenl que c'est la baleine et d'aulres que c'est
, de la guerre que je lui fais. » Le laid bonhomme
I'elephant mais il y eut d'autres monstres dont
;
se croyait important. « Les ministres, ses con-
les races ont disparu. On voit dans le proces freres, prirent le parti de Satan et deposerent
d'Urbain Grandier que Behemoth est bien un de- Bekker. »
mon. Delancre dit qu'on I'a pris pour un animal 11 avait deja fait I'esprit fort dans de prece-
monstrueux parce qu'il se donne la forme de
, dents ouvrages. Dans I'un de ses catechismes,
toutes les grosses betes. 11 ajoute que Behemoth le Mets de rareme ^ il reduisait les peines de I'en-
se deguise aussi avec perfection en chien, en ele- fer au desespoir des damnes , et il en bornait la
phant, en renard et en loup. duree. On I'accusa de socinianisme , et son cate-
Si Wierus, notre oracle en ce qui concerne les chisme fut condamne par un synode. II publia, a
demons, n'admet pas Behemoth dans son inven- I'occasion de lacomete de 1680 des recherches ,

taire de la monarchie infernale, il dit, livre I", sur les cometes, imprimees en flamand, in-8°,
des Prestiges des c?eV/io?is, chapitre xxi, que Behe- Leuwarde, 1683. —
II s'efforce de prouver que

moth ou I'elephant pourrait bien etre Satan lui-


meme , dont on designe ainsi la vaste puissance. Histoire des diables de Loudun.
'

publia deux especes de catechismes en langue


11
Enfm, parce qu'on lit, au chapitre xl de Job,
holiandaise Vaste spize (le mets de careme) , et Ge-
:

' Demonomanie des sorciers, liv. I, ch. i. schneden brood (le pain coupe).

I
: :

BEL — 87 — BEL

ces meteores ne sont pas des presages de mal- qu'en 1632 il entra dans le corps d'une-des pos-

heurs, et combat les idees superstitieuses que sedees de Loudun , avec Isaacarum et Behemoth
le peuple attache a leur apparition. Get ouvrage on le forga de deloger
fut regu sans opposition. II n'en fut pas de meme Belbach ou Belbog, le dieu blanc des vieux
de son livre De Belooverde wereld{Le monde en- Slavons. Voij. Belzkbuth.
sorcele), imprime plusieurs fois, et traduit en Belephantes, aslrologue chaldeSa qui predit
frangais sous ce titre « Le monde enchante, ou
:

examen des communs sentiments touchant les


esprits, leur nature, leur pouvoir, leur adminis-
tration et leurs operations , et touchant les effets

que les hommes sont capables de produire par


leur communication et leur vertu divise en quatre ;

livres » 4 forts volumes petit in-12 avec le por-


; ,

trait de I'auteur*, Amsterdam, 169/j.

L'auteur, dans cet ouvrage, qui lui fit perdre


sa place de ministre^, cherche a prouver qu'il
n'y a jamais eu ni possedes ni sorciers que tout ;

ce qu'on dit des esprits malins n'est que supers-


tition, etc. Un peu plus tard pourtant, dans une a Alexandre, selon Diodore de Sicile, que son
defense de ses opinions, 11 admit I'existence du entree a Babylone lui serait funeste : ce qui ad-
diable mais il ajouta qu'il le croyait enchaine
; vint, comme chacun salt.
dans les enfers et hors d'etat de nuire. Belette. Les anciens croyaient que la belette
11 ne fallait pas, pour des calvinistes qui se faisait ses petits par la gueule parce qu'elle les ,

disent si tolerants et qui le sont si peu, pour- porle souvent entre ses levres, comme font les
suivre si serieusement un livre que sa prolixite chattes. — Plutarque remarque que les Thebains
seule devait rendre inlisible. « II y a grande ap- honoraient la belette, tandis que les autres Grecs
parence, dit encore Voltaire, qu'on ne le con- regardaient sa rencontre comme un presage fu-
damna que par le depit d'avoir perdu son temps neste.
a le lire. ;> Voy. Chassen. On pretend que sa cendre, appliquee en cata-
Bel, divinite supreme des Chaldeens. Wierus plasme, guerit les migraines et les cataractes; et
dit que c'est un vieux demon dont la voix sonne le livre des Admirables secrets d' Albert le Grand

le creux Les peuples qui en firent un dieu con- assure que si on fait manger a un chien le coeur
taient qu'au commencement le monde n'etait et la langue d'une belette, il perdra incontinent
qu'un chaos habite par des monstres que Bel les ;
la voix. II ajoute imprudemment un secret qu'il
tua, arrangea I'univers, se couper la tete par fit dit eprouve et qu'il certifie infaillible
, c'est :

un de ses serviteurs, detrempa la terre avec son qu'un amateur n'a qu'a manger le coeur d'une
sang et en forma les animaux et les hommes. belette encore palpitant pour predire les choses
Belaam, demon dont on ne salt rien, sinon a venir^...
Belial, demon adore des Sidoniens. L'enfer
' Bekker etait si laid que la Monnoye fit sur lui
cette epigramme n'a pas regu d'esprit plus dissolu, plus crapu-

Qui, par toi, de Satan la puissance est bridee;


leux, plus epris du vice pour le vice meme. Si
Mais tu n'as cependant pas encore assez fait : son ame est hideuse et vile, son exterieur est
Pour nous 6ter du diable entieremeat I'idee,
Beliker, supprime ton portrait. seduisanL 11 a le maintien plein de grace et de
Pendant que les ministres d'Amsterdam pre-
2 dignite. II Sodome et dans d'autres
eut un culte a
naient le parti du diable, un ami de l'auteur le de- villes; mais jamais on n'osa trop lui eriger des
fenditdansun ouvrage intitule Le diable triomphant, autels. Delancre dit que son nom signifie rebelle
parlant sur le mont Parnasse; mais le synode qui
avait depose Bekker ne r^voqua pas sa sentence. On
ou desobeissant. —
Wierus, dans son inventaire
ecrivit centre lui une multitude de libelles. Benjamin de la monarchie de Satan lui consacre un grand ,

Binet I'a refute dans un volume intitule Traite his- article. « On croit, dit-il, que Belial, I'un des
torique des dieux du paganisme, avec des remarques
rois de l'enfer, a ete cree immediatement apres
critiques sur le systeme do Balthasar Bekker. Delft,
Lucifer, et qu'il entraina la plupart des anges
1696, in-ia. Ce volume se joint ordinairement aux
quatre de Bekker il a aussi etd imprime sous le titre
;
dans la revolte aussi il fut renverse du ciel un
:

d'Idee generale de la theologie pa'ienne , servant de des premiers. Lorsqu'on I'evoque, on I'oblige par
refutation au systeme de Balthasar Bekker, etc. Am- des offrandes a repondre avec sincerite aux ques-
sterdam et Trdvoux, 1699. Les autres refutations du
tions qu'on lui fait. Mais il conte bien vite des
Moiide enchante sont Melchioris Leydekkeri disser-
:

talio de vulgato nuper Bekkeri volumine, etc. In-S". mensonges, si on ne I'adjure pas, au nom de
Ultrajecti, 1693. Brevis meditaiio academica de spi- Dieu de ne dire que la verite. II se montre quel-
,

rituum actionibus in homines spiritualibus , cujus quefois sous la figure d'un ange plein de beaute,
doctrinae usus contra Bekker um et alios fanaticos ex-
hibetur a J. Zipellio. In-S". Francofurti, 1701, etc. 1 Histoire des diables de Loudun.
^ De prcBSiigiis dcemon., lib. I, Les admirables secrets d' Albert le Grand,
cap. v. liv. II.
,

BEL — 88 — BEL
assis dans uii char de feu; il parle avec amenile; les Gaulois employaient le sue pour empoisonner
il procure les dignites et les faveurs, fait vivre leurs fleches. lis lui attribuaient
la vertu de faire

les amis en bonne intelligence donne d'habiles , tomber la Lorsque le pays etait afilige
pluie.
servileurs. II commande qiiatre-vingls legions de d'une secheresse, on cueillait cetle herbe avec
de I'ordre dcs Vertus et de I'ordre des Anges. 11 de grandes ceremonies. Les femmes des druides
est exact a secourir ceux qui se soumetlent a choisissaient une jeune vierge suivie des autres ;

iui; s'il y nianquait, il est facile de le chatier, femmes, elle cherchait I'herbe sacree; quandelle
comme fit Salomon, qui I'enferma dans une bou- I'avait trouvee, elle la deracinait avec le petit
teille avec toutes ses legions, lesquelles font une doigt de la main droite; ses compagnes cou-
armee de cinq cent vingt-deux mille deux cent paienl des branches d'arbre et les porlaient a la
quatre-vingts demons. II fallait que la bouteille main en la suivant jusqu'au bord d'une riviere
fCit de grande taille. voisine; la, on plongeait dans I'eau I'herbe pre-
Mais Salomon elait si puissant que, dans une cieuse, ony trempaitaussi les branches, que Ton
autre occasion, il emprisonna pareillement six secouait sur le visage de la jeune fille. Apres
mille six cent soixante-six millions de diables cette ceremonie, chacun se retirait en sa mai-
qui ne purent lui resister. — Des doctes racon- son; seulement la* jeune vierge etait obligee de
tent encore que Salomon mit la bouteille ou elait faire a reculons le reste du chemin.
Belial dans un grand puits, qu'il referma d'une Belkis. Voy. Balkis,
pierre, pres de Babylone; que les Babyloniens Belladone, planle qui donne des vertiges et
descendirent dans ce puits, croyant y trouver un pent empoisonner. Les magiciens s'en servaient.
tresor; qu'ils casserent la bouteille, que tous les Belloc (Jeanne) , sorciere du pays de Labourd
diables s'en echapperent, etque Belial, qui avait prise a vingt-quatre ans, sous Henri IV. Pierre
peur d'etre repris, se campa dans une idole qu'il Delancre, qui I'interrogea, dit qu'elle commenga
trouva vide, et se mit a rendre des oracles; ce au sabbat dans I'hiver de 1609 qu'elle
d'aller ;

qui que les Babyloniens I'adqrerent.


fit fut presentee au diable dont elle baisa le der-
,

Bellas demon invoque comme prince des


, riere, car il n'y avait que les notables sorcieres
Vertus dans les litanies du sabbat. qui le baisassent au visage. Elle conta que le sab-
Beliche. C'est le nom qu'on donne au diable bat est une espece de bal masque ou les uns se
a Madagascar. Dans les sacrifices, on lui jette les promenent en leur forme naturelle, tandis que
premiers morceaux de la victime avec la per- , d'aulres sont transmues en chiens, en chats, en
suasion qu'il ne fait point de mal lant qu'il a de anes, en pourceaux et autres betes qu'ils se ra- ;

quoi meltre sous la dent. pelissent ou se grandissent a leur gre, par des
Belier. Le diable s'est quelquefois transmue nioyens qi'.'elle ignore... Voy. Sabbat,
en belier, et des maleficies ont subi cetle meta- Belmonte, du parlement de Pro-
conseiller
morphose. C'est meme sur une vieille tradition vence, qui eut au pied une petite plaie ou la gan-
populaire de cette espece qu'Flamilton a bati son grene se mit; le mal gagna vite, et il en mourut.
conte du Belier. Comme il avait poursuivi les sorciers prolestants
II parait que le belier a des proprietes ma- et les perturbateurs reformes , les ecrivains cal-
giques; car, lorsqu'on accusa Leonora Galigai, dans sa mort prompte un chati-
vinistes virenl
femme du marechal d'Ancre, d'avoir fait des sor- ment et un prodige'. C'etait au seizieme siecle.
celleries, on pretendit que, pendant qu'elle s'oc- Belomancie. Divination par le moyen des
cupait de malefices, elle ne mangeait que des fleches. On prenait plusieurs fleches, sur les-
creles de coq et des rognons de belier. quelles on ecrivait des reponses relatives a ce
Pour I'influence du belier, signe du zodiaque, qu'on voulait demander. On en mettait de favo-
voyez AsTROLOGiE et Horoscopes. rables et de contraires; ensuite on melait les
Belin (Albert) , benedictin
ne a Besangon en , fleches, et on les tirait au hasard. Celle que le
1610. On recherche parmi ses ouvrages 1° le : sort amenail etait regardee comme I'organe de
Traite dcs talismans, ou Figures aslrales , dans la volonte des dieux. —
C'etait surtoul avant les
lequel monlre que leurs effets ou vertus
il est expeditions militaires qu'on faisait usage de la
admirables sont nalurels, ensemble la maniere belojnancie. Les Chaldeens avaient grande foi a
de les faire et de s'en servir avec profit, in-12, cette divination.
Paris, 1671. On a joint a I'edition de 1709 un Les Arabes devinent encore par trois fleches
traite du meme auteur, de la Poudre de sijmpa- qu'ils enferment dans un sac. lis ecrivent sur
thie justifiee; 2° les Aventures da philosophe in- I'une Commandez-moi , Seigneur ; sur I'autre
: :

connu en la recherche et invention de la pierre Seigneur, empechez-nioi, et n'ecrivent rien sur


2ihilosoj)hale , divisees en quatre livres, au der- la troisieme. La premiere Heche qui sort du sac
nier desquels il est parlesi clairement de la ma- determine la resolution sur laquelle on delibere.
niere de la faire que jamais on en a traite avec Voy. Fleches.
tant de candeur. In-12 Paris, 166/; et 167/i.
; ' Chassanion , Des grands et redoutables jugemenls
Belinuncia, herbe consacree a Belenus, dont de Dieu. Merges, 1381 , p. 61.
; ,

BEL 89 — BEL

Belphegor, demon des decouvertes et des n'en voyait point dans son temple. C'etait la di-
prend souvenl un corps vinite la plus reveree des peuples de Chanaan
invenlions ingenieuses. II

de jeune femme. II donne des richesses, Les Moa- qui le representaient quelquefois sous la figure
d'une mouche, le plus souvent avec les altribuls
bites, qui I'appelaient Baalphegor, I'adoraienl sur
Phegor. Des rabbins disent qu'on lui ren-
le inonL de sonveraine puissance. II rendait des oracles,
la

dail hommage sur la chaise percee, et qu'on lui et le roi Ochozias le consulta sur une maladie qui
I'inquietait; il en fut sevcrement repris par le
prophete Elisee.

jM1f>ULT

oOVait de la digestion. C'etait


i'ignoble. residu
digne de pour
ui. C'est cela que certains doctes
^On lui attribuait le pouvoir de delivrer les
ne"voient dans Belphegor que le dieu Pet ou Cre- hommes des mouches qui ruinent les moissons.
pitus; d'autres savants soutiennent que c'est Presque tons les demonomanes le regardent
Priape. — Seiden ,par Banier, pretend qu'on
cite
comiBe le souverain du tenebreux empire; et
des victimes humaines, dont ses pre
-
lui offrait chacun le depeint au gre de son imagination.
tres mangeaient la chair. "Wierus remarque que Milton lui donne un aspect imposant, et une
c'est un demon qui a toujours la bouche ouverte; haute sagesse respire sur son visage. L'un le fait
observation qu'il doit sans doute au nom de Phe- haut comme une tour; I'autre d'une taille egale
gor, lequel signifie, selon Leloyer, crevasse ou a la notre quelques-uns se le figurent sous la
;

fendasse, parce qu'on I'adorait quelquefois dans forme d'un serpent; il en est qui le voient aussi
des cavernes, et qu'on lui jetait des offrandes
sous les traits d'une femme.
par un soupirail. Le monarque des enfers, dit Palingene in ,

Beltram, Genois, done Fame revint apres sa Zodiaeo vitw, est d'une taille prodigieuse, assis
mort et posseda une femme de Ponle-Nuovo sur un trone immense, ayant le front ceinl d'un
les parents de cette femme I'avaient vole. Quand bandeau de feu, la poitrine gonflee, le visage
on eut restitue, il se retira en fumee. bouffi les yeux etincelants, les sourcils eleves et
,

Belus, premier roi des Assyriens; on dit qu'il Fair menacant. II a les narines extremement
se fit adorer dans des temples de son vivant. II larges, et deux grandes cornes sur la tete; il est
etait grand astrologue « J'ai Ui dans les registres
:
noir comme un Maure deux vastes ailes de
:

du ciel tout ce qui doit vous arriver, disait-il a


chauve-souris sont attachees a ses epaules il a ;

sesenfanis, et je vous devoilerai les secrets de deux larges pattes de canard, une queue de lion,
vos destinees. » II rendit des oracles apres sa et de longs polls depuis la tete jusqu'aux pieds.
mort. Belus pourrait etre le meme que Bel.
Les uns disent de plus que Belzebuth est en-
Belzebuth ou Belzebub ou Beelzebuth, core Priape; d'autres, comme Porphyre, le con-
prince des demons, selon les Ecritures le pre ' ;
fondent avec Bacchus. On a cru le trouver dans
mier en pouvoir et en crime apres Satan selon ,
Belbog ou Belbach (dieu blanc) des Slavons,
le
Milton; chef supreme de I'empire infernal, selon
parce que son image ensanglantee etait toujours
la plupart des demonographes. Son nom si — couverte de mouches, comme celle de Belzebuth
gnifie seigneur des mouches. Bodin ^ pretend qu'on On dit aussi que c'est le meme
Chez les Syriens.
1 Notre-Seigneur Jesus-Christ meme luidonne ce que Pluton. II est plus vraisemblable de croire
nom (saint Matthieu, ch. xii, v. 24; saint Luc, que c'est Bael que Wierus fait empereur des
,

ch. XI, V. 15). Les scribes reprochaient au Seigneur enfers d'aulant mieux que Belzebuth ne figure
;

qu'il chassait les diables au nom de Belzebuth, prince


pas sous son nom dans I'inventaire de la monar-
des demons.
2 Demonomanie des sorciers y liv. IV, ch. in. chie infernale.
,

BEL — 90 — BEN

On voit dans les Claviculcs de Salomon que peu de jours apres on vit un homme kimineux
Belzdbutli apparaU qiielqiiefois sous de nions- entrer dans le cloitre, avec d'autres personnages
Iriieuses formes, comme celle d'un vean enorme babilles de blanc, et se mettre a genoux devant
on d'un bouc d'une longue queue; souvent,
siiivi saint Odilon. Un religieux demanda qui elait cet
nt'anmuins, il se monlrc sous la figure d'une bomme de si haute apparence qui faisait tant

mouclie d'une extreme grosseur. 11 s'est montre d'bonneur a I'abbe. 1! lui fut repondu que c'etait
a Fausl « habille en boeuf, avec deux oreilles lepape Benoit Vlll qui, par les prieres d'Odilon,
effroyables, des cheveux peints de toules cou- jouissait de la gloire des bienbeureux.
leurs et une queue de dragon ^ » Le marechal . Benoit IX, cent cinquantieme pape, elu en
de Retz I'a vu en leopard. Quand il est en colere, 1033, dans un temps de troubles, oii les partis
ajoute-t-on, il vomit des llammeset hurle comme se disputaient Rome. II eut a lutter con Ire des
un loup. Quelquefois enlin Astarolh apparait a antipapes qui I'ont fort noirci. On a dit qu'il etait
ses cotes, sous les trails d'un ane. magicien, et que, renverse du saint-siege par
ses ennemis, il y remonta deux fois par son pou-
voir magique. C'est un peu niais. On a dit encore
avec autant de bon sens qu'il predisait les choses
futures, et qu'il etait habile enchanteur : ce que
Naude a pulverise.
L'auteur calviniste des grands et redoulables
jugements de Dieu ajoute meme qu'il fut etrangle
par le diable, et qu'apres sa mort son ame fut
condamnee a errer dans les forets, sous la forme
d'une bete sauvage, avec un corps d'ours a longs
poils, une queue de chat et une tete d'ane. Un
ermite qui le rencontra lui demanda pourquoi il
avait cetle figure. « J'etais un monstre, repondit
Benoit, et vous voyez mon ame telle qu'elle a
toujours ete. » Voila qui est tres-gracieux. Mais
Benoit IX, au contraire, mourut dans la retraite,

sous pieusement et saintement, en 105/|.


le cilice,

figures de Bclzebulli.
C'est encore la une des victimes de la calomnie
Unc dcs
historique.
Benedict (Jean), medecin allemand du sei- Bensozia. Certains canonistes des douzieme
zieme siecle. On lui doit un livre Sur les visions et treizieme siecles s'elevent fortement contre
ct les revelations natvrellcs cl nirnaturelles , qui les femmes d'alors qui allaient a une espece de
n'est presque pas connu^. sabbat sur lequel ne nous est parvenu que tres-
il

Benoit VIII, cent quarante-buitieme pape, peu de notions. On disait que des fees ou des
elu en 1012, mort en 102/). On lit dans Platina, demons transformes en femmes s'associaient
cite par Leloyer et par WierusS que quelque toutes les dames qui voulaienl prendre part a
temps apres sa mort Benoit VllI apparut, monte lours plaisirs; et que toutes, dames et fees ou
sur un cbeval noir, a un saint eveque dans un demons, montees sur des betes ailees, elles
lieu solitaire et ecarte; que I'eveque lui demanda allaient de nuit des courses et des fetes dans
faire
comment il se faisait qu'etant mort il se mon- les airs. Elles avaient pour chef la fee Bensozia
Irat ainsi sur un cbeval noir. A quoi le pape re- a qui il fallait obeir aveuglement, avec une sou-
pondit que pendant sa vie il avait ete convoi- mission sans reserve. C'etait, dit-on, la Diane des
teux d'amasser des biens; qu'il etait en purga- anciens Gaulois; on I'appelail aussi Nocticula
toire; mais qu'il n'elait pas damne, parce qu'il Herodias ou la Lune.
avait fait des aumones. II revela ensuite le lieu On dans des manuscrits de I'egiise de
voit
ou il avait cacbe des richesses el pria le saint,
Couserans que des dames au quatorzieme siecle
eveque de les dislribuer aux pauvres. Apres — avaient le renom d'aller a cbeval aux courses
cela, le fantome (selon le recit) se monlra pa- nocturnes de Bensozia. Toutes, comme les sor-
reillement au Pape son successeur, et le supplia cieres au sabbat, faisaient inscrire leur nom sur
d'envoyer en diligence un courrier a Cluny, et un catalogue, et apres cela se croyaient fees. On
de recommander a saint Odilon de prier Dieu remarquait encore au dernier siecle a Montmo- ,

pour le repos de son ame. Saint Odilon le fit; et rillon en Poitou, sur le portique d'un ancien

' M. Franc-ois Hugo, le Faust anglais. temple une femme enlevee par deux serpents
,

-Juamiis Bmi'didi Ubellus de visionibus et revc- dans les airs. C'etait sans doute le modele de la
lationibus naluralibus et divinis. In-8'. Moguntise, contenance des sorcieres ou fees dans leurs courses
H'o'oQ.
de nuit
Leloyer, Discours des spectres, liv. VI, ch. xiii.
Wierus, Deprcest., lib. I, cap. xvi. < DomMarl'in^Religiondes Gaulois, t. II, p. 59 et 65.
. :; ;;

BEN — 91 — BER
Benthameleon. Titus, ayant pris Jerusalem, lure en 1796 par une sorciere d' Avignon, appe-
publia un edit qui defendait aux Juifs d'observer lee la Mansotte ,
qui se servait pour cela du jeu
le sabbat et de se circoncire, et qui leur ordon- de tarots, a Elle une ceremonie
y ajouta, dit-il,

nait de manger toute espece de viaude. Les Juifs, qui, sans doute, m'a mis entre les est ce qui
constenies, envoyerent a Titus le rabbin Simeon, mains des farfadets. Elles etaient deux disciples
qui passait pour un homme tres-habile. Simeon femelles de Satan elles se procurerent un tamis
;

s'etant mis en chemin avec le rabbin Eleazar, ils propre a passer de la farine, sur lequel on fixa
rencontrerent un demon nomme, dirent-ils, Ben- une paire de ciseaux par les pointes. Un papier
thameleon, qui demunda a les accompagner, leur blanc plie etait pose dans le tamis. La Mansotte
avouant quelle etait sa nature, mais se disant et moi nous tenions chacun un anneau des ci-
enclin a rendre service aux Juifs et leur promet- seaux, de maniere que le tamis etait, par ce
tant d'entrer dans le corps de la fille de Titus, et moyen, suspendu en I'air. Aux divers mouve-
d'en sortir aussitot qu'ils le lui commanderaient, ments du tamis, on me faisait des questions qui
afin qu'ils pussent gagner I'empereur par ce pro- devaient servir de renseignements a ceux qui
dige. Les deux rabbins accepterent sa proposi- voulaient me mettre en leur possession. Les sor-
tion avec empressement et, Benthameleon ayant
;
cieres demanderent trois pots dans I'un elles :

tenu sa parole, ils obtinrent en effet la revoca- enfermerent quelques-uns des tarots jetes sur la
tion de I'edit. table et preferablement les cartes a figures. Je
,

Berande, sorciere briilee a Maubec, pres les avals tirees du jeu les yeux bandes. Le se-

Beaumont de Lomaignie', en 1577. En allant au cond pot fut garni de sel de poivre et d'huile ,

supplice, elle accusa une demoiselle d'avoir ete le troisieme de laurier. Les trois pots, converts,

au sabbat ; la demoiselle le nia. Berande lui dit furent deposes dans une alcove , et les sorcieres
« Oublies-tu que la derniere fois que nous f imes pour attendre I'effet... Je rentrai
se retirerent
la danse, a la croix du pate, tu portals le pot de chez moi a dix heures du soir je trouvai mes ;

poison?... » Et la demoiselle fut reputee sor- trois croisees ouvertes, et j'entendis au-dessus
ciere parce qu'elle ne sut que repondre
,
^ de ma tete un bruit extraordinaire. J'allume mon
Berbiguier (Alexis- Vincent-CharlesBerbiguier flambeau je ne vols rien. Le bruit que j'enten-
;

de Terre-Neuve du Thym), ne a Carpentras, est dais ressemblait- au mugissement des betes fe-
un auteur qui vitpeut-etre encore et quiapublie roces il dura toute la nuit. Je souffris trois jours
;

en 1821 un ouvrage dont voici le titre les : diverses tortures, pendant lesquelles les deux
Farfadets, ou tons les demons ne sont pas de sorcieres preparaient leurs malefices. Elles ne
I' autre monde , 3 vol. in-8°, ornes de huit litho- cesserent, tant que dura leur manege, de me
graphies et du portrait de I'auteur, entoure demander de que je fusse
I'argent. II fallait aussi

d'emblemes, surmonte de cette devise Le jleau : la pour leur donner du sirop, des rafraichisse-
des farfadets. —
L'auteur debute par une dedi- ments et des comestibles; car leurs entrailles
cace a tous les empereurs, rois, princes- souve-- etaient devorees par le feu de I'enfer. Elles
rains des quatre parties du monde. « Reunissez — eurent besoin de rubans de differentes couleurs,
vos efforts aux miens leur dit-il pour detruire
,
,
qu'elles ne m'ont jamais rendus. Pendant huit
I'influence des demons , sorciefs et farfadets qui jours que dura leur magie je fus d'une tristesse ,

desolent les malheureux habitants de vos Etats. » accablante. Le quatri^me jour, elles se meta-
II ajoute qu'il est tourmente par le diable de- moi;phoserent en chats, venant sous mon lit pour
puis vingt-trois ans, et que les farfadets il dit me tourmenter. D'autres fois elles venaient en
se metamorphosent sous des formes humaines chiens j'etais accable par le miaulement des uns
:

pour vexer les hommes. Dans le chapitre II de et I'aboiement des autres. Que ces huit jours
son livre il nomme tous ses ennemis par leurs
, furent longs ! »

noms, en soutenant que ce sont des demons de- Berbiguier s'adressa a un tireur de cartes, qui
guises, des agents de Belzebuth qu'en les appe- ;
se chargea de combattre les deux sorcieres ; mais
lant infames et coquins, ce n'est pas eux qu'il il ne lui amena que de nouveaux tourments.
insulte, mais les demons qui se sont empares Dans les chapitres suivants, l'auteur se fait

d'eux. « On me fait passer pour fou s'ecrie-t-il , dire encore sa obsede


bonne aventure et se croit
mais si j'etais fou, mes ennemis ne seraient pas il entend sans cesse a ses oreilles des cris de
tourmentes comme ils le sont tous les jours par betes affreuses; il a des peurs et des visions. II
mes lardoires , mes epingles , mon soufre , mon vient a Paris pour un proces fait connaissance ,

sel , mon vinaigre et mes coeurs de boeuf. » d'une nouvelle magicienne, qui lui tire les cartes.
Les trois volumes sont en quelque sorte les « Je lui demandai, dit-il, si je serais toujours

Memoires de l'auteur, que le diable ne quitte pas. malheureux; elle me repondit que non; que, si
II etablit le pouvoir des farfadets; il conte, au je voulais, elle me guerirait des maux presents
chapitre IV, qu'il s'est fait dire la bonne aven- et a venir, et que je pouvais moi-meme faire le
* M. Jules Garinet, Histoirede la magie en France, remede. — II faut, me dit-elle, acheter une chan-

p. 132. delle de suif chez la premiere marchande dont la


BER — 92 — BER
boutique aura deux issues, eL lacher, en payant, » P. S. Dans huit jours tu seras en ma puis-

de vous fairo rendre deux deniers. « Eile me re- sance; malheur a toi, si tu fais parailre ton ou-
comrnauda de sorlir ensuite par la porle opposee vrage '
! »

a celle par laquelle je serais entru, el de jeler Berenger, heretique du onzieme siecle. Guil-
Ics deux deniers en I'air; ce que je fis. Je fus laume de Malmesbury raconte ^ qu'a I'heure de
prandemenL surpris d'enlendre le son de deux sa mort Berenger reQut la visite de son ancien
ecus au lieu de celui des deux deniei's. ami Fulbert, lequel recula devant le lit oii gisait

» L'usage qu'elle me dit de faire de la chandelie le nialade, disant qu'il n'en pouvait approcher,
fut d'alluiner d'abord mon feu, de jeter dedans parce qu'il voyait aupres de lui un horrible et
du sel d'ecrire sur un papier le nom de la pre-
, grand demon tres-puant. Les uns raconlent
miere personne qui m'a persecute, de piquer ce qu'on chassa ce demon; d'autres assureut qu'il
papier dans lous les sens, d'en envclopper la tordit le cou a I'herelique mal converli et qu'il
chandelie en I'y (ixant avec une epingle, et de la I'emporLa.
laisser bruler entierement ainsi. Beresith , branche de la cabale. C'est I'etude
» AussiLot que j'eus lout execute, ayant eu la des vertus occultes que le monde renferme.
precaution de ni'armer d'un couteau en cas d'at- Bergers. On est encore persuade dans beau-
taque, j'entendis un bruit effroyable dans le coup de villages que les bergers commercent
tuyau de ma cheminee; je m'imaginai que j'elais avec le diable, et qu'ils font des malefices. 11 est
au pouvoir du magicien Moreau que j'avais con- , dangereux assure-t-on de passer pres d'eux
, ,

sulle a Paris. Je passai la nuit a alimenter le ^ans les saluer ils fourvoient loin de sa route le
;

feu,en y jetant de grosses poignees de sel et voyageur qui les offense, font naitre des orages
de soufre pour prolonger le supplice de mes
,
devant ses pas et des precipices a ses pieds. On
ennemis. .. » conte la-dessus beaucoup d'histoires terribles.
M. Berbiguier fit neuf jours de suite la nieme Un voyageur passant a cheval a I'entree d'une
operation , sans se voir debarrasse des farfadets foret du Mans renversa un vieux berger qui
et des magiciens. croisait sa route, et ne s'arreta pas pour relever
Ses volumes sont partout de cette force,
trois le bonhomme. Le berger, se tournant vers le
etnousne dirons rien de trop en rangeanc cet voyageur, lui cria qu'il se souviendrait de lui.

ouvrage parmi les plus extravaganles produc- L'horame a cheval ne fit pas d'abord attention a
tions. L'auteur se croyait en correspondance avec cetle uienace mais bientot, refiechissant que le
;

des sorciers et des demons. II rapporte des letlres berger pouvait lui jeler un malefice, et tout au
faites par des plaisants assez malhabiles, el qu'il moins I'egarer, il eut regret de n'avoir pas ete
attribue a Lucifer, a Rolhomago et a d'autres plus honnete —
Gomme il s'occupait de ces pen-
dont elies portent les signatures. En voici une sees, il entendit marcher derriere lui; il se re-
qu'il a transcrite sc'rupuleusement : tourne et entrevoit un spectre nu, hideux, qui le
poursuif c'est surement un fantome envoye
A M. Berbiguier.
par le berger... 11 pique son cheval, qui ne pent
« Abomination de la detestation tremblemenl !

plus courir. Pour comble de frayeur, le spectre


de terre, deluge, tempete, vent, comele, pla-
saute sur la croupe de son cheval, enlace de ses
nete, Ocean, flux, retlux, genie, sylphe, faune,
deux longs bras le corps du cavalier, et se met a
salyre, sylvain, dryade et hamadryade!
hurler. Le voyageur fait de vains efforts pour se
» Le mandataire du grand genie du bien cL du
degager du monstre, qui continue de crier d'une
mal, allie de Belzebuth et de I'enfer, compagnon
voix rauque. Le cheval s'effraye, et cherche a
d'armes d'Astarolb, auteur du peche originel et
jeter a terre sa double charge enfin une ruade ;

ministre du Zodiaque, a droit de posseder et


de I'animal renverse le spectre, sur lequel le ca-
de tourmenter, de piquer, de purger, de rotir,
valier ose a peine jeter les yeux. 11 a une barbe
empoisonner, poignarder et liquefier le tres-
sale, le leint pale, les yeux hagards; il fait d'ef-
humble et tres-patient vassal Berbiguier, pour
froyables grimaces Le voyageur full au plus
avoir maudit la tres-honorable el indissoluble
vile : arrive au prochain village, il raconte sa
societemagique en : foi de quoi nous avons fait
mesaventure. On lui apprend que le spectre qui
apposer les armcs de la societe.
lui a cause tant de frayeur est un fou echappe
» Fait au soleil, en face de la lune, le grand
qu'on cherche depuis quelques heures
onicier, ministre plenipotentiairele 5818° jour ,

Les malefices de bergers ont eu quelquefois


et la105819' heure de nuit, grand-croix et tri-
des suites plus facheuses, et il a etc prouve, dans
bun de la societe magjique. Le present pouvoir
aura son effet sur son ami Coco (c'etait I'ecu- M. Champfleury, dans sa curieuse galerie des
'

reuil de M. Berbiguier). excenlriques, publiee en 1856, a ccril un remar-


quable portrait de M. Berbiguier, qu'il a vu dans sa
» Tui'SAUROCHRYSONICOCHRYSmfcS.
vieillesse toujours frappe des idees de ses farfadets.
» Par Son Excellence, le secretaire - In Hisloria Anglor. sub GuUielmo I.

» PiRICHlCHI-PlNCHI. 3 Madame Gabrielle de P***, Hisloire des fan-

» 30 mars 1818. t6mes, etc., p. 205.


,

BER — 9 BER
le passe, qu'ils composaient des poudres inyste- dans sa poche un berger du voisinage parvint
:

rieiisesavec lesquelles empoisonnaient certains


ils a le lui comme il lui en voulait
escamoter, et,
paturages et donnaient aux troupeaux des verti- depuis longtemps, il mit le sort en poudre, el
ges. Un boucher avail acheLe des moutons sans I'enterra dans une fourmiliere avec une taupe,
donner le pourboire an berger de la ferme. Ce- une grenouille verte et une queue de morue, en
lui-ci se vengea en passant le pont qui se trou-
; disant :Maudition, pcrdilion, desiruction! et au
vait sur leur route, les moutons se ruerent dans bout de neuf jours il delerra son malelke et le
,

I'eau la lete la premiere. sema dans rendroit ou devait paitre le troupeau


On conte aussi qu'un certain berger avait fait de son voisin, qui fut detruit.
D'autres bergers, avec trois caiiloux pris en
differents cimetieres et certaines paroles magi-
ques, donnent des dyssenteries, envoient la gale
a leurs ennemis, et font mourir autant .d'ani-
maux qu'ils souhaitent. C'est du moins I'opinion
hasardee des gens du village. Quoique les ber-
gers ne sachent pas lire, on craint si fort leur
savoir et leur puissance dans quelques ha- ,

meaux, qu'on a soin de recommander aux voya-


geurs de ne pas les insulter, et de passer aupres
d'eux sans leur demander quelle heure il est,
quel temps il fera ou telle autre chose sembla-
,

ble, si Ton ne veut avoir des nuees, etre noye


un sort avec corne des pieds de ses betes,
la par des orages, courir de grands perils, et se
comme cela se pratique parmi eux pour conser- perdre dans les chemins les plus ouverts.
ver les troupeaux en sante. II portait ce sort II est bon de remarquer que, dans tons leurs

malefices, les bergers emploient des Paler, des soldat habille de rouge des pieds a la tete
Ave, des neuvaines de chapelet. Mais ils out monte sur un cheval de meme couleur, portant
d'autres oraisons et des prieres pour la conser- la couronne au front; il repond sur le passe, le
vation des troupeaux. Voy. Troupeaux , et pour present et I'avenir. On le maitrise par la vertu
les bergers, voij. Hocque, etc. des anneaux magiques ; mais il ne faut pas ou-
Bergmaenlen, nains de la classe des esprils blier qu'il est souvent menteur. II a le talent de

follels, qui frequentent les fermiers de I'Ober- changer tous les metaux en or : aussi on le re-
land, et leur rendent de petits services. garde quelquefois comme le demon des alchi-
Berith due aux enfers grand et terrible. II
,
,
mistes. II donne des dignites et rend la voix des
est connu sous trois noms; quelques-uns le nom- chanteurs claire et deliee. Vingt-six legions sont
ment Beal, les Juifs Berith et les necromanciens a ses ordres.
Bolfri. II se montre sous les traits d'un jeune C'etait I'idole des Sichemites , et pent -etre
, ,

BER %— BER

memc que le Beruth de Sanchoniaton ayant a peine atteint la moitie de la taille qu'on
est-cc le
que des docles croient etre Pallas ou Diane. en altendait, s'eteignit epuisce a quinze ans.
L'auteur dii Solide Iresor du Petit Albert Berna (Benedetto), sorcier qui, au rapport
conte de Berilh aventure qui ferait croire
iine de Bodin et de quelques autres demonographes
que ce demon n'est plus qu'un follet ou lutin, si avoua a I'age de quatre-vingts ans qu'il avait
loulefois c'est le meme Berilh. eu des liaisons pendant quarante annees avec un
demon qu'il nommait Hermione ou Hermeline,
et qu'il menait parlout avec lui sans que per-
sonne I'aperQut il s'entretenait frequemment,
:

dit-on avec cet esprit qu'on ne voyait pas de


, ;

maniere qu'on le prenait pour un fou (et ce n'e-


tait pas autre chose). II confessa aussi avoir

hume le sang de divers petits enfants, et fait


plusieurs mechancetes execrables. Pour ces faits
atroces il fut brule.
Bernache ou Bernacle, voij. Macreuses.
Bernard. Cardan pense que la sorcellerie ne fut
souvent qu'une espece de maladie hypocondria-
que, causee par la mauvaise nourriture des pau-
vres diables que Ton poursuivait comme sor-
ciers. 11 raconte que son pere sauva un jour un
paysan nomme Bernard, que Ton allait condam-
ner a mort pour sorcellerie, en lui changeant sa
iaq,on ordinaire de vivre. II lui donna le matin
quatre oeufs frais et autant le soir avec de la
,

viande et du vin le bonhomme perdit son hu-


;

« Je me suis trouve, dil-il, dans un chateau meur noire, n'eut plus de visions et evita le
ou se manifeslait un esprit familier qui depuis bucher.
six ans avail pris soin de gouverner I'horloge el Bernard de Come, inquisiteur de la foi au
d'elriller les chevaux. Je fus curieux un matin quinzieme siecle, dit, dans son traite des stryges
d'examiner ce manege mon elonnement fut
:
ou sorciers, que la sorcellerie etait de son temps
grand de voir courir retrille sur la croupe du tres-repandue. C'etait la Vauderie.
cheval sans qu'elle parut conduite par aucune
, Bernard (Samuel). \'oy. Poule noire.
main visible. Le palefrenier me dit que, pour Bernard de Thuringe, ermite allemand qui
altirer ce farfadet a son service, il avait pris une vers le milieu du dixieme siecle annongait la fm
petite poule roire, qu'il I'avait saignee dans un du monde. II appuyait son sentiment sur un pas-
grand chemin croise; que de ce sang il avait sage de r Apocalypse qui porte qu'apres mille
ecrit sur un morceau de papier « Berith fera : ans I'ancien serpem sera delie. 11 pretendait que
ma besogne pendant vingt ans, et je le recom- ce serpent etait I'Antechrist; que par consequent
penserai ; » qu'ayant ensuite enterre la poule a I'annee 960 etant revolue la venue de I'Ante- ,

un pied de profondeur, le meme jour le farfadet christ etait prochaine. II disait aussi que, quand
chevaux et
avait pris soin de I'horloge et des , le jour de I'annonciation de la sainle Vierge se

que de temps en temps lui-meme faisait des rencontrerait avec le vendredi saint, ce serait
trouvailles qui lui valaient quelque chose... » une preuve certaine de la fin du monde; cette
L'hislorien semble croire que ce lutin etait prediction a eu vainement des occasions de se
une mandragore. Lcs cabalistes n'y voient autre verifier *.

chose qu'un sylphe. Bernard Trevisan, alchimiste du quin-


le
Berkeley, savant irlandais, suppose, nous — zieme que quelques-uns croient avoir ele
siecle,
I'esperons, —
que M. Michel Masson a repre- sorcier, ne a Padoue en 1/|06. II a beaucoup tra-
sente comme voulant usurper la puissance di- vaille sur le grand oeuvre et ses ouvrages inin- ,

vine et faire un geant haul, comme Og, de telligibles sont recherches des alchimisles; ils

quinze pieds; il sequestra pour cela un enfant, roulent tons sur la pierre philosophale ^
et au moyen d'un regime alimentaire habilement
1
Voyez, dans les Legendes des saintes images, I'Eii-
combine, il fit grandir cet enfant, qui, en crois-
fantde choeur de Notre-Dame du Puy.
sant prodigieusement, devint inerte et stupide. 2 De philosophia hermctica, lib. IV. Strasbourg,

Le savant n'y prenait pas garde il voulait un ; 1567, 1682; Nuremberg, 1643. Opus hislorico- —
geant, et il caressait I'espoir d'entendre dire un dogmaticum peri chymeias, cum J.-F. Pici Ubris
jour: Og, le roi de Bazan, est retrouve. Le geant
trihus de auro. Urseltis, 1B98. In-8°. Tractalus —
de sccretissimo philosophorum opere chimico, et reS'
de Berkeley a quinze pieds Mais ce que Dieu ne !
ponsio adThomamde B omnia. Bale, 1600. Opuscula —
veut pas n'a pas lieu. La victime du savant. chimica de lapide philosophorum, en francais. An-
, ,
,
;

BER — 95 —
Bernard! (Pierre), d'Areia, en Toscane, mor- respiration. Vers minuit il appela sa femme et
dait le nez et les oreilles de ceux qui I'appro- lui dit de faire promptement venir son confes-
chaieiit, hurlait sans cesse comme line bete fe- seur. Le pretre etait a peine dans la cour, que
roce et faisait la terreur de la contree. On Berthold dit : — Mettez ici un siege, car le pretre
I'exorcisa ; il declara qu'iletait possede et , vient. — Le confesseur, etant entre, recita quel-
qu'on ne le delivrerait qu'en otant un malefice ques prieres, auxquelles Berthold repondit puis ;

cache sous sa porLe. On ne voulut pas le faire il tomba dans une longue extase, et, quand il en

parce qu'on croyait que ces paroles elaient un sortit il raconta un voyage que son arae venait
,

mensonge da demon. Le savant Raggiolo, qui de faire en purgatoire, oii il avait vu le roi de-
s'occupait de lui, parvint a contraindre le de- funt et d'autres personnages. Apres son recit
mon qui fit en sortant des cris si effroyables
, il se remit a dormir et vecut encore quatorze

que I'eglise en fut ebranlee, Alors les parents ans *.


de Bernardi fouillerent sous le seuil de sa porte; Berthome du Lignon , dit Champagnat, sor-
ils y trouverent dans un linge un morceau de
, , cier juge aMontmorillon en Poitou dans I'an- , ,

peau d'ane charge de caracteres mysterieux, nee 1599. II avoua que son pere I'avait mene au
avec un os d'enfant et des cheveux de femme. sabbat des sa jeunesse qu'il avait promis au ;

lis brulerent le tout , et la possession ne reparut diable son ame et son corps qu'a la Saint-Jean ;

pas. derniere, vu un grand sabbat oi!i le dia-


il avait
Berne moines de). Voy. Jetzer.
(les ble faisait danser les gens en rond qu'il se met- ;

Bernold. Berthold. Voij. lait au milieu de la danse en forme de bouc

Berquin (Louis), gentilhomme artesien, con- noir, donnant a chacun une chandelle allumee,
seiller de Fratigois I" entraine par de mauvaises
; avec laquelle ils allaient lui baiser le derriere
moeurs, il se mit a declamer contre les moi- que le diable lui octroyait a chaque sabbat qua-
nes et a donner dans le lutheranisme. Ses livres rante sous en monnaie, et des poudres pour faire
furent brules et la protection du roi le sauva
, des malefices; que, quand il le voulait, il appelait
seule d'une abjuration pubiique; mais on le re- le diable, qui venait a lui comme un tourbillon
prit bientot. II se melait aux orgies des sorciers, que la nuit derniere il etait venu le visiter en sa
plus frequents que jamais depuis les exces de la prison et lui avait dit qu'il n'avait pas moyen de
reforme on le convainquit d'avoir adore le dia-
; le tirer d'oia il etait. 11 dit encore que le diable
ble et commis des actes abominables on produi- ; defendait a tous les siens de prier Dieu, d'aller a
sit contre lui de si tristes griefs, que le roi n'osa la messe, de faire leurs Paques, et que, pour lui,

plus le defendre, et il fut brule en place de il avait fait mourir plusieurs personnes et plu-
Greve le 17 avril 1529. sieurs betes au moyen des poudres qu'on lui
Berrid. Voy. Purgatoire. donnait au sabbat^.
Berson, docteur en theologie et predicateur Berthomee de la Bedouche. Voy. Bonne-
visionnaire de la cour, sous Henri III. II s'ima- vault (Malhurin).
ginait etre Enoch, et il voulait aller porter Beruth. Voy. Berith.
I'Evangile dans le Levant, avec un pretre fla- Bete-bigourne. Voy. Lycanthropie.
mand qui se vantait d'etre Elie. Taillepied dit Betes. 11 y a dans les choses prodigieuses de.
avoir entendu Berson precher cette bizarrerie ce monde beaucoup de betes qui figurent avec
devantle frere du roi, a Chateau-Thierry K distinction.Les betes ont ete longtemps des in-
Berthe. Voy. Robert, roi. struments a presages les sorciers et les demons
:

Berthereau (Martine). Voy. Beausoleil. ont emprunte leurs formes, et souvent on a


Berthier ( Guillaume-Frangois ) celebre je- , brule des chats et des chiens dans lesquels on
suite, mort en 1782. Voltaire a public la relation croyait reconoaitre un demon cache ou une sor-
de la maladie, de la mort et de I'apparition du ciere.
jesuite Berthier; mais ce n'est qu'une assez Dans campagnes, on effraye encore les en*
les
mauvaise plaisanterie. Le pere Berthier vivait fants avec la menace de la Bile a sept teles, dont
encore. I'imagination varie en tous lieux la laideur. L'o-
Berthold. Apres la mort de Charles le pinion de cette bete monstrueuse renionte a la
Chauve un bourgeois de Reims nomrae Ber-
, ,
Bete de I' Apocalypse. Selon quelques-uns les ,

thold ou Bernold, gravement malade, ayant regu sept tetes sont les sept peches capitaux,
lessacrements, fut quatre jours sans prendre au-
cune nourriture et se senlit alors si faible qu'a
' Voyez ce recit dans les Legendes de I'autre
,
monde; il a ete conserve par Hincmar, archeveque
peine lui trouvait-on un peu de palpitation et de de Reims, et reprodiiit par Leloyer, Disc, et hist,
des spectres, liv. VI, ch. xiii par dom Calmet,
vers, 1567. ~
Bernardus redivivus, vel opus dc chi- Traite sur les apparitions, ch. lxvi ; enfln par M. Ga-
;

mia, historico-dogmaticum, e gallico in latinum ver- rinet, Hisloire de la magie en France, p. 56.
sum. Francfort, 1625. Discours sommaire des sortileges et venepces
2
^ Psychologie ou Traite de I'apparition das espriis, tire desproces criminels juges au siege royal de Mont^
ch. III. morillon, en Poitou, en I'annee 1599, p. 29.
, .

BET — 96 — BEU
Dopiiis les troubles des Cevennes , on a aussi jardin situe pres d'un de ces puits. Tout a coup
clTraye les imaginations par I'image de la Bete il apercut une feuille blanche croissant sur une
du Givaudan, qui n'est autre chose que la som- plante de betterave. LesAllemandsregardent cetle
bre lierusie de cette contree, laquelle produisait rencontre comme un signe de malheur, et le su-

les exces des calvinistes, entes sur les abomina- perstitieux ouvrier en eut I'esprit extremement
tions des Albigeois. frappe. Enrentrant a la maison, il fit part a sa
Des personnes accoutumees aux visions extra- femme du nouveau presage et des sinistres pres-
ordinaires ont vu quelquefois des spectres de sentiments qui s'y rattachaient dans son esprit.
beles. On salt la petite anecdote de ce malade Celle-ci entraina aussilot son mari dans le petit
a qui son medecin disait Amendez-vous
: — enclos qui entourait leur demeure et lui montra

car je viens de voir le diable a votre porle. — une seconde feuille blanche de betterave qu'elle
Sous quelle forme? demanda le raoribond. — avait egalement trouvee dans la matinee. Les deux
Sous cellc d'un ane. —
Bon, repliqua le inaiade, epoux, de plus en plus convaincus qu'un affreux
vous avez eu peur de votre ombre. malheur allait fondre sur eux, rentrerent tout
Des doctes croienl encore que les animaux, a Iristes dans leur maison, et dinercnt silencieuse-
qui ils n'accordent point d'ame, peuvent reve- ment, livres aux plus sombres pcnsees.
nir, et on cite des spectres de ce genre. » Apres le repas, I'ouvrier retourna a son Ira-

Meyer, professeur a I'universile de Halle, vail. Au commencement de la soiree, quelques

dans son Essai sur les apparitions, § 17, dit que personnes passant par la remarquerent des vete-
les revenants et les spectres ne sont peut-etre ments au herd de I'eau. IN'apercevant pas de bai-
que les ames des betes, qui, ne pouvant aller ni gneur, ils supposerent qu'un malheur etait arrive.
dans le ciel ni dans les enfers, restent ici erran- L'eau fut draguee,etron retira le corps du mal-
tes et diversement conformees. Pour que celte heureux Allemand. On suppose qu'en se baignant
opinion efil quelque fondement il faudrail , il sera tonibe dans quelque trou profond, el que,

croire, avec les peripateticiens, que les betes ne sachant pas nager, il y aura trouve la niort.
ont une ame quelconque ce qui n'est pas facile.
; » Mais voici le fait le plus curieux de cette sin-

Les pythagoriciens sont alles plus loin ils ont ; guliere hisloire. Le malheureux noye avait une
cru que par la metempsycose les ames passaient .sa?ur a Brooklyn. Dans I'apres-midi de la fatale
successivemcnt du corps d'un bomme dans ce- journee, elle fut frappee tout a coup d'une espece
lui d'un animal. de sommeil somnambulique elle vit son frere ;

Le pere Bougcant, de compagnie de Jesus,


la hitter contre l'eau qui allait I'engloutir; elle I'en-
dans un petit ouvrage plein d'esprit, V Amuse- tenditappeler au secours. Quand elle se reveilla,
ment pliilosophiqne sur le lancjacje des betes, elle avait la figure brulanle et portail les signes
adopta par plaisanterie un systeme assez sin- de la plusgiande terreur. Elle raconla son reve a
gulier. 11 trouve aux betes trop d'esprit et de son mari elle lui dit qu'elle eLait decidee a aller
;

sentiment pour n'avoir pas un ame inais il pre- ; a Newark s'informer de son frere.
tend qu'elles sont animees par les demons les » Son mari tacha de retenir sa femme , dont
moins coupables, qui font penitence sous cetle I'etat d'excilation lui inspirait des inquietudes. II

enveloppe en attendant le jugement dernier,


, lui representa la folie de preter ainsi foi a un
epoque ou ils seront renvoyes en une contree songe et de s'alarmer sans sujet. Mais rien n'y
de Tenfer. Ce systeme est soutenu de la maniere fit. La soeur partit pour Newark et elle arriva ,

la plus ingenieuse ce n'etait qu'un amusement;


: precisement au moment ou le cadavre du pau-
on le prit trop au serieux. L'auteur fut grave- vre noye etait transporle dans sa demeure. Ses
meat refute, et oblige de desavouer publique- pressentinienls ne I'avaient point trompee! »
ment des opinions qu'il n'avait mises au jour que Beurre. On croit dans plusieurs villages em-
comme un delassement. pecher le beurre de se faire en recilant a rebours
Cepcndant le pere Gaston de Pardies, de la le psaume Nolite fieri K Bodin ajoute que, par
memo societe de Jesus, avait ecrit quelque temps un effet d'antipalhie naturelle, on oblient le meme
auparavant que les betes ont une certaineame resultat en mellant un pen de sucre dans la
et on ne I'avait pas repris. Mais on pensa qu'au- creme et il conte qu'etant a Chelles, en Valois,
;

pres de quelques esprits I'ingenieux amusement du il vit une chambriere qui voulait faire fouetter un

pere Bougeant pouvait faire naitre defausses idees. petit laquais, parce qu'il I'avait tellement male-
Betterave, plante potagere. Le Register de ficiee en recitant a rebours le psaume cite, que
Newark, a I'occasion de la mort d'un jeune depuis le matin elle ne pouvait faire son beurre.
homme noye dans les puits argileux d'Olivier- Le laquais recita alors naturellement le psaume,
street, raconte un fait qui s'est passe il y a quel- et le beurre se fit ^.

ques annees au meme endroit.


« Un manoeuvre allemand travaillait dans un
1 Thiers, Trait e des S'lperstilions t. I". II n'y a,

pas de psaume Nolite fieri. Ce n'est qu'une division


* Dans son Discours de la connaissance des betes. du psaume 31
Paris, 4« edilion, 1696. 2 Demonomanie des sorciers, liv- II, ch. I.
,

BEU — 97 — BIE

Dans le Finistere , dit-on , Ton ensorcelle en- Beyrevra, charge de le punir, lui coupa une tete
core le beurre. On croil aiissi dans ce pays que avec son ongle. Brahma, humiiie, demanda par-
si Ton offre du beiirre a saint Herve, les bestiaux don, et le dieu Eswara lui promit pour le consoler
qui ont fourni la creme n'ont rien a craindre des qu'il ne serait pas moinsrespecte avec les quatre
loups, parce que ce saint, etant aveugle, se faisail tetes qui lui restaient qu'il ne I'etait auparavant
guider par un loup avec cinq tetes.
Beurre des sorcieres. Le diable donnait aux Bezuel. Voy. Desfontaines.
sorcieres de Suede, en Ire autres animaux destines Bhargheist ou Bhar-geist, spectre errant
a les servir, des chats qu'elles appelaient empor- connu des Teutons. Les Anglais le voient encore
teurs, parce qu'elles les envoyaient voler dans le quelquefois dans le Yorkshire.
voisinage. Ces emporteurs, qui dtaient tres-gour- Bibesia. C'etait dans la mylhologie paienne
mands ,
profitaient de I'occasion pour se regaler que Boileau admirait si niaisement, la deesse pro-
aussi , et quelquefois ils s'emplissaient si fort le tectrice des buveurs et des ivrognes.
ventre, qu'ils etaient obliges en chemin de rendre Bible du diable. C'est sans doute le grimoire
gorge. Leur vomissement se trouve habituelle- ouquelque autre fatrasde ce genre. Mais Delancre
ment dans les jardins potagers. « II a une couleur dit que le diable fait croire aux sorciers qu'il a sa
aurore , et s'appelle le beurre des sorcieres >i Bible, sea cahiers sacres , sa theologie et ses pro-
Beverland (Adrien),avocathollandais de Mid- fesseurs un grand magicien avoua etant sur
; et ,

delbourg, auteur des Recherches philosophiques sur la sellette au parlement de Paris, qu'il y avait a
lepeche originel ^ pleines de grossieretes infames. Tolede soixante-treize maitres en la faculte de
Les protestanls memes, ses coreligionnaires, s'en magie, lesquels prenaient pour texte la Bible du
indignerent et mirent cet hoinme en prison a diable
Leyde ; il s'en echappa et mourut fou a Londres Bibliomancie, divination ou sorte d'epreuve
en 1712. Sa folie etait de se croire constaniment euiployee autrefois pour reconnailre les sorciers.
ponrsuivi par deux cents homines qui avaient jure Elle consistait a mettre dans un des coles d'une
sa niort balance personne soupgonnee de magie, etdans
la
Beyrevra ddmon , indien , chef des ames qui I'autre la Bible si la personne pesait moins elle
; ,

errent dans I'espace changees en demons aeriens. etait innocenle; si elle pesait plus, elle etait jugee
coupable: ce qui ne manquait guere d'arriver,
car bien peu d'in-folio pesent un sorcier.
On consultait encore la destinee ou le sort en
ouvrant la Bible avec une epingle d'or, et en tirant
presage du premier mot qui se presentait.
Bietka. II y avait en 1597 a Wilna, en Pologne,
une fille nommee Bietka, qui etait recherchee par
un jeune homme appele Zacharie. Les parents de
Zacharie ne consentant point a son mariage il ,

tomba dans la melancolie et s'etrangla. Peu de


temps apres sa mort il apparut a Bietka lui dit ,

qii'il venait s'unir a elle et tenir sa promesse de

mariage. Elle selaissa persuader le mort I'epousa ;

done, mais sans temoins. Cette singularite ne de-


meura pas longtemps secrete, on sut bien tot le
mariage de Bietka avec un esprit on accourut de ,

toutes parts pour voir la mariee et son aventure ;

lui rapporta beaucoup d'argent, car le revenant

se montrait et rendait des oracles mais il ne ;

On dit qu'il a de grands ongles tres-crochus. donnait ses reponses que du consentement de sa
Brahma ayant un jour insulte un dieu superieur, femme qu'il fallait gagner. II faisait aussi beau-
,

coup de tours; il connaissait tout le present, et


1 Cambry, Voyage dans le Finistere, t. I, p. 14
predisait un peu I'avenir.
et 15.
Bekker, Le monde enchante, liv. IV, ch. 29.
2 Au bout de trois ans, un magicien ilalien, ayant
Hadriani Beverlandi peccatum originale philolo-
^ laisse echapper depuis cette epoque un esprit qu'il
gice elucubratum, a Themidis alumno, EleulheropoU avait longtemps maitrise, vint en Pologne, sur le
in horto Hesperidum, typis Adami et Evoe, terras fil.
bruit des merveilles de I'epoux de Bietka; il re-
In-S", 1678. La Justa detestatio libelli sceleratissimi
Hadriani Beverlandi de peccalo originali, in-8°, Go- connutque le pretendu revenant etait le demon qui
rinchemii 1 680 est une refutation de cet ecrit de-
, , lui appartenait il le renferma de nouveau dans
;

testable, dont on a publie en 1734, in-12, une imi- une bague, et le remporta en Italic, en assurant
tation melee de contes aussi meprises,
* Gabriel Peignot, Dictionnaire des livres con- • Delancre, Incredulite et mecreance du sorti'
damnes au feu. lege, etc., traits VIL Voyez Universites occMltes.
7
!

BIF — 98 — BIR

qii'il eut cause de Ires-graiids maux en Pologne gres melancoliques deviennent quelquefois sor-
s'il I'y ecu laisse De sorte que la pauvre Bietka ciers ou billis le diable s'empare d'eux dgns leurs
;

en fut pour trois annees de mariage avec un acces de tristesse, et leur apprend alors, disent-
demon. ils, a faire des maleOces et a connaitre lesvertus

Le fait est raconte par un ecrivain qui croit fer- des plantes magiques.
mement ce prodige,et qui s'eLonne seuleinent
a Binet (Benjamin), auteur du petit volume inti-

de ce que ce demon etait assez materiel pour faire ddmons du paganisme,


tule Traite des dieux et des

tous les jours ses trois repas. Des critiques n'ont avec des remarques critiques sur le systems de
vu la qu'une suite de supercheries, a partir de Bekker. Delft, 1696, in-12.
la prelendite strangulation de riioaime qui lit en- Binet (Claude). On recberche de Claude Binet,
suite le revenant, avocat du seizieme siecle, les Oracles des douze
Bifrons, demon qui parait avec la figure d'un sihyllcs, extrails d'un livre antique, avec les figures

monstre. Lorsqu'il prend forme humaine, il rend des sihylles portraitcs an vif, par Jean Rabel, tra-

I'homme savant en astrologie, et lui enseigne a duit du latin de Jean Dorat en vers franqais. Pa-
connaitre les influences des planeles ; il excelle ris, 1586, in-folio.
Biragues (Flaminio de), auteur d'une facetie
intitulee I'Enfer de la mere Cardine traitant de ,

I'horrible bataille qui fut aux enfers aux noces


du portier Cerberus et de Cardine. In-8°, Paris/
1585 et 1597. G'est une satire qui ne tient que
si on le veut bien a la demonographie. P. Didot

Tareimprimee a cent exemplaires en 1793. L'au-


teur etait neveu du chancelier de France Rene
de Biragues.
Birck (Humbert), bourgeois d'Oppenheim
dontl'ame revint apres sa mort, en 1620, et se
dans la geomelrie; il connaitlesvortusdes licrbes,
manifesta, comme les esprits frappeurs, pour ob-
des pierres precieuses et des plantes il trans- ;

tenir des messes, ce qu'on lui accorda apres


porte les cadavres d'un lieu a un autre. On I'a vu ;

quoi il ne revint plus'.


aussi allumer des flambeaux sur les tombeaux des
Biron. Le marechal de Biron, que Henri IV
morls. 11 a vingt-six legions a ses ordres.
lit dccapiter pour traliison en 1602, croyait aux
Bifrost. L'Edda donne ce nom a un pent Iri-
predictions. Pendant le cours de son proces il ,
colore qui va de la terre aux cieux, et qui n'est
que I'arc-en-ciel ,
auquel les Scandinaves altri-

buaient la solidite. lis disaient qu'il est ardent


comme un brasier, sans quoi les demons I'escala-
deraient tous les jours. Ce pont sera mis en pieces
a la fm du monde apres que ,
les mauvais genies
sortis de I'enfer I'auront traverse a cheval. Voij.
SlJRTUR.
Bigois ou Bigotis, sorciere toscane qui, dit-
on, avait redige un savant livre sur la connais-
sance des pronostics donnes par les eclairs et le
tonnerre.Ge savant livre est perdu, et sans doute
Bigois est la meme que Bagoe.
Bigourne. Foy. Lycanthropie.
Bilis. Les Madecasses designent sous ce nom
certains demons qu'ils appellent aussi anges du
septieme ordre.
Billard (Pierre), ne dans le Maine en 1653,
tnort en 1726, auleur plat d'un volume in-12 in-
titule la Bcle d sept teles, qui a paru en 1693, Get
ouvragelourd, dirige contre les jesuites, esttres-
niais. Selon Pierre Billard , la bete a sept tetes
preditepar I'Apocalypse etait la societe de Jesus.
L'auteur mourut a Charenton.
Billis, sorciers redoutes en Afrique, ou demanda de quel pays elait le bourreau. On lui

empechent le riz de croitre et de murir. Les ne-


ils

repondit qu'il etait Parisien. — Bon, dit-il. —


Et il s'appelle Bourguignon. — Ah ! je suis perdu
1 Adrien Regenvolsius, Systerna historico-chrono-
logicum ecdesiarum sclavonicarnm. Utrecht, 1652, 1 Voyez son histoire dans les Legendes des esprits
p. 9o. et demons.
BIS — 99 — BLO
s'ecria le marechal ; on m'a predit que si je pou- Bitru, demon. Voy. Sytry.
vais e viler par derriere le coup d'un Bourgui- Blaise de Vilfracuria, femme qui magneii-
gnon ,
je serais roi. sait en Lorraine, avant que Ton connut le nom

M. Chabot de Bouin a ecrit tres-agreablement du magnetisme. Remi conle dans sa Demona-


ceLte legende, developpee dans I'Almanacli pro- Irie qu'en 1689 un homme qui venait lui faire

phelique de 18/)6. des reclamations fut invite par elle a manger des
Biscar (Jeannette), sorciere boiteuse du La- pommesqu'elle faisait cuire. La premiere pomme
bourd que le diable en forme de bouc , trans-
,
, qu'il prit, toute brulante, s'atlacha a sa main;
portait au sabbat, ou, pour le remercier, elle il voulut I'arracher de I'autre main ,
qui se trouva
faisait, au dire de Delancre des culbutes et des , prise aussi. II sortit en poussant des cris de dou-
cabrioles. leur. Les voisins lui dirent qu'il devait re-
Biscayens, vagabonds de I'espece des bohe- tourner a la femme qui lui avait donne sa pomme.
miens. lis disaient la bonne avenlure dans les Blaise se moqua de lui, el lui fit sur les
villages. bras des passes qui oterent la douleur en fai-
[' Bisclavaret. C'est le nom que donnent les sant tomber la pomme. Elle appelait sa malice
Bretons au loup-garou, C'est souvent un^renard une farce.
Blanc (M. Hippolyte), auteur d'un livre inti-
tuleDe I'inspiration des Camisards , recherches
nouvelles sur les phenomenes extraordinaires
observes parmi les protestants des Cevennes a
la fin du dix-septieme et au commencement du

dix-huitieme siecle, pour servir a I'intelligence


de certaines manifestations modernes. In-12,
1859. Henri Plon, editeur. Ce savant travail eta-
blit par d'incontestables faits la part demoniaque

de ces inspirations.
Blanc d'oeuf (Divination par le). Voijez
OOMANCIE.
J? Blanchard (Elisabeth), une des demoniaques
de Loudun. Elle se possedee de plusieurs
disait
et quelquefois un loup qui se jette devant les
,
demons : Astaroth Belzel)uth
, Perou et l\la- ,
chevaux des chasseurs et les effraye. On croit
rou, etc. Voij. Loudun.
que cet animal est un sorcier qui en a pris Ja
Blaspheme. Souvent il est arrive malheur
forme; et dans les temps passes, si une chate-
aux gens grossiers qui blasphemaient. On en a
laine inconnue venait offrir des raffraichissements
vu, dans des acces de colere, mourir subite-
ment. Etaient-ils etouffes par la colere ? ou frap-
pes d'un coup d'apoplexie? ou chaties par une
puissance supreme? ou, comme on
I'a dit quel-

quefois, etrangles par


diable? Torquemada
le
parle, dans la troisieme journee de son Hcxamc-
ron, d'un blasphemateur qui fut tue un jour par
le tonnerre, et Ton reconnut avec stupeur que

la foudre lui avait arrache la langue. Si c'est un


hasard, il est bien singulier.
Blendic. On exorcisa a Soissons, en 1582,
cinq energumenes. La relation de leurs rcponses
et de leurs convulsions a ele ecrite par Charles
Blendic, Artesien.
aux chasseurs a I'instant ou le Bisclavaret s'e- Bletton (Barthelemy) hydroscope qui vers ,
,

tait monlre, on la prenait pour une fee et on se la fin du siecle dernier, renouvela a Paris les
defiait d'elle. M, Edouard d'Anglemont a con-
prodiges de la baguette divinatoire appliquee a
sacre une de ses legendes poetiques au Bis- la recherche des sources et des metaux. Sa gloire
clavaret.
s'est promptement evanouie. Voy. Baguette di-
Bithies, sorcieres fameuses chez les Scythes. vinatoire et Beausoleil.
Pline dit qu'elles avaient le regard si dangereux,
Bloemardine, femme de Bruxelles qui, au
qu'elles pouvaienttuer ou ensorceler ceux qu'elles
commencement du quatorzieme siecle, troubla
fixaient. Elles avaient a I'un des yeux la prunelle
le Brabant, ou elle etablit une sorte de saint-
double I'autre prunelle etait marquee de la fi-
,
simonisme, abolissant le manage et les moeurs,
gure d'un cheval et donnant a ses disciples dissolus le nom de
< Pline, liv. VII, ch. ii. freres et de soeurs du libre espriL Elle avait un
7.
;

BLO — 100 — BLO


faiileiiil d'argent que ses adepLes regardaient furent arretees , et quinze enfants se trouverent

commc un talisman puissant en prodiges', meles dans ces debats.


Blokula. Vers I'annee 1670, il y eut en Suede, On disait que les sorcieres se rendaient de
au village de Mohra, dans la province d'Elfda- nuit dans un carrefour, qu'elles y evoquaient le
len, unc affaire de sorcellerie qui fit grand bruit. diable a I'entree d'une caverne en disant trois
On y envoya des juges. Soixanle-dix sorcieres fois « Antesser! viens, et nous porle a Blo-
:

furent condamnees a mort; une foule d'aulres kula! »

C'elait le lieu enchante et in- piqure au doigt eL si-


connu du vulgaire ou se faisait gnent de leur sang un
le sabbat. Le demon Antesser engagement ou pacte
leur apparaissait sous diverses on les baptise ensuile
formes, mais le plus souvent en justaucorps au nom du diable, qui leur donne des raclures
gris, avec des chausses rouges ornees de ru- de cloches. Ils les jettent dans I'eau en disant
bans des bas bleus une barbe rousse un cha-
, , , ces paroles abominables « De meme que cette
:

peau pointu. II les emportait a travers les airs a raclure ne retournera jamais aux cloches dont
Blokula, aide d'un nombre suffisant de demons, elle est venue, que mon ame ainsi ne puisse ja-
pour la plupart travestis en chevres; c{uelques mais enlrer dans le ciel!... »
sorcieres plus hardies accompagnaient le cortege La plus grande seduction que le diable emploie
a cheval sur des manches a balai. Celles qui est la bonne chere, et il donne a ces gens un
menaient des enfanls plantaient une pique dans superbe festin, qui se compose d'un potage aux
le derriere de leur clievre; tous les enfants s'y choux et au lard,de bouillie d'avoine,de beurre,
perchaient a califourchon a de la sor-
la sinte de lait et de fromage. Apres le repas ils jouent
,

ciere, et faisaient le voyage sans encombre. et se battent ; et si le diable est de bonne hu-
Quand ils sont arrives a Blokula, ajoute la re- mour, il les rosse tous avec une perche, « en-
lation on leur prepare une fete
, ; ils se donnent suite de quoi il se met a rire a plein ventre ».
au diable, qu'ils jurent de servir ; ils se font une D'autres fois il leur joue de la harpe.
* Voyez son histoire aux Legendes des femmes Les aveux que le tribunal obtint apprirent que
dans la vie reelle. les fruits qui naissaient du commerce des sor-
,
;

BOB — 101 — BOD


cieres avec les demons etaient des crapauds ou des trois jours qui precederent sa premiere messe
des serpents. Des sorcieres revelerent encore dans I'eglise de Sibour ou Siboro (carce malheu-
cette particularile, qa'elles avaient vu quelque- reux etait pretre) et comme on lui demandait
; ,

fois le diable inalade, et qu'alors il se faisait pourquoi il disait plutot la messe au sabbat qu'a
appliquer des ventouses par les sorciers de la I'eglise, il repondit que c'etait pour s'essayer et
compagnie. voirs'il ferait bien les ceremonies.Sur la deposi-
Le diable enfin leiir donnait des animaux tionde soixante-dix temoins, qui declaraient I'a-
qui les servaient et faisaient leiirs commissions : voirvu au sabbat chantant la messe du diable, il fut
a I'un un corbeau, a raiilre un chat, qu'ils ap- condamne a mort apres avoir ete degrade. Lors-
pelaient emporteur, parce qii'on I'envoyait voler execute (il n'avait que vingt-sept
qu'il allait etre
ce qa'on desirait et qu'il s'en acquittait habile- ans), tellement tcndu d rendre son dme au
il etait
ment. II leur enseignait a traire le lait par diable auquel il I'avail promise, que jamais il ne
charme, de cetle maniere le sorcier plante un : sut dire ses prieres au confesseur qui Ten pres-
couteau dans une muraille, attache a ce couteau sait Les temoins ont declare que la mere, les
un cordon qu'il tire comme le pis d'une vache, soeurs et tous les membres de la famille Bocal
et les beslianx qu'il designe dans sa pensee sont etaient sorciers, et que quand il tenait le bassin
traits aussitot jusqii'a epuiselnent. lis employaient des offrandes, au sabbat, il avait donne I'argent
le meme moyen pour nuire a leurs ennemis, qui desdites'offrandes a sa mere, en recompense,
souffraient desdouleurs incroyables pendant tout sans doute, de ce qu'elle I'avait des sa naissance
le temps qu'on tirait le cordon, lis tuaient meme voue au diable, comme font la plupartdes autres
ceux qui leur deplaisaient en frappant I'air avec meres sorcieres*. Migalena, nierede ce mallieu-
un couteau de bois. reux, agee de soixante et un ans, fut executee
Sur ces aveux on brula quelques centaines de avec lui.

sorciers sans que pour cela il y en eut moins en


, Bodeau (Jeanne), sorciere du meme pays de
Suede *; mais ce qui est surprenant, c'est que Labourd. Au rapport de Pierre Delancre, elle
les memes scenes de magie se reproduisent en raconta qu'a I'abaminable ceremonie appelee la
Suede de nos jours. Voij. Magie. messe du sabbat, on faisait I'elevation avec une
Bobin (Nicolas), sorcier juge a Montmorillon, hostie noire de forme Iriangulaire ^ et le salut de
en Poitou, dans I'annee 1599. II fit a peu pres cette elevation etait : Corbeau noir! corbeau
la meme confession que Berthome du Lignon. II noir ! crie trois fois.
etait alle comme lui au sabbat, et s'etait donne Bodilis. Cambry, dans son Voyage au Finis-
au diable, qui lui avait fait renier Dieu, le bap- lere, parle de la merveilleuse fontaine de Bodilis,
teme et ses parents. II conte qu'apres I'offrande a trois quarts de lieue de Landivisiau. Les habi-
le diable se mon'trait quelquefois en forme tants croient qu'elle a la propriete d'indiquer si
d'homme noir ayant la voix cassee d'un vieillard une jeune fille n'a pas fait de faute. II faut dero-
que, quand i! appelait le diable, il venait a lui ber a celle dont on veut apprecier ainsi la sagesse
en homme ou en bouc; que, lorsqu'il allait au I'epine qui attache sa collerett'e en guise d'epin-
sabbat, il y etait porte par un vent; qu'il y ren- gle, et la poser sur la surface de I'eau tout va :

daitcompte de I'lisage de ses poudres, qu'il avait bien si elle surnage mais si elle s'enfonce c'est
; ,

toujours fidelement employees a mal fairs; qu'il qu'il y a blame.


portait la marque du diable sur I'epaule que, ;
Bodin (Jean), savant jurisconsulte et demono-
quand il donnait des maladies il les donnait au , graphe angevin, mort de la peste en 1596. L'ou-
nom du diable et les guerissait au meme nom; vrage qui fit sa reputation fut sa Repuhlique, que
qu'il en avait fait mourir ainsi, et gueri plu- la Harpe appelle le germe de V Esprit des his. Sa
sieurs ^. .. Demonomanie lui donne ici une place. Mais il est
Bobou , I'un des grands elfs. II preside aux difficile de juger Bodin. On lui attribue un livre
vents tempetueux de I'automne, s'assied la nuit intitule Colloquium heptaplomeron de ahdilis re-
sur les tilleuls et en casse les branches. Lorsqu'on rum suUimium arcanis, dialogues en six livres, ou
voit en Ecosse une de ces branches cassee
, , sept interlocuteurs de diverses religions disputent
tordue, ou 6clatee d'une certaine maniere, on sur leurs croyances, de maniere que les Chretiens
dit : « C'est la branche a Bobou , » et on n'ose cedent souvent I'avantage aux musulmans, aux
pas la toucher. juifs, aux deistes. Aussi Ton a dit que Bodin etait
Bocal , sorcier qui fut arrete a vingt-sept ans a la fois protestant, deisle, sorcier, juif et athee.
I
dans le pays de Labourd sous Henri IV, comme , Pourtant, ces dialogues sont-ils vraiment de lui?
convaincu d'avoirete vu au sabbat, vetu en pretre On ne les connait que par des copies manus-
et servant de diacre ou de sous-diacre, les nuits crites, car ils n'ont jamais ete imprimes. — Sa
Demonomanie des sorciers parut in-4°, a Paris, en
Bekker, la Monde enclianU.
'

_
Discours sommaire des sortileges et vencfices,
2 • Delancre, Tableau de I'inconst. des demons, etc.,
tires des proces criminels juges au siege royal de liv. VI, p. 420.
Montmorillon, en Poitou, en I'annee 1599, p. 30. 2 Ibid., liv. VI, disc. iii.
,

BOD — 102 — BOE


1501; on en a fait des editions sous le litre de Boece, I'un des plus illustres Remains du
Fleau des ddnions el des sorciers (Niort, 1616). sixieme siecle , auteur des Consolations de la phi-
Get ouvi-age est divise en qiialre livres; tout ce losophic. II s'amusait , dans ses moments de loisir,

qu'ils contienuent de curieux est cite dans ce a faire des instruments de mathematiques, dont
dictionnaire. il envoya plusieurs pieces au roi Clotaire. 11 avait
L'autenr definit le sorcier celui qui se pousse construit des cadrans pour tous les aspects du
a qiiel(]ue chose par des moyens diaboliques. II soleil , quoique sans roues,
et des clepsydres qui ,

demontre que peuvent s'associer et


les esprits sans poids et sans ressorts, marquaient aussi le
commercer avec liommes. II trace la diffe-
les cours du soleil, de la lune et des astres, au moyen
rence d'liumeur et de formes qui distingue les d'une certaine quantite d'eau renfermee dans une
bons esprits des inauvais. II parle des divinations boule d'etain qui tournait sans cesse, entrainee,
que les demons operent, des predictions licites dit-on par sa propre pesanteur. G'etait done le
,

ou illicites. mouvement perpetuel. Theodoric avait fait pre-


Dans le livre II ,recherche ce que c'est que
il sent d'une de ces clepsydres a Gondebaud, roi
la in?gie; il fait voir qu'on pent evoquer les ma- des Bourguignons. Ges peuples s'imaginerent que
lins esprits, faire pacle avec le diable, etre porte quelque divinite, renfermee dans cette machine,
en corps au sabbat, avoir, au moyen des de- lui imprimait le mouvement c'est la sans doute :

mons, des revelations par extase, se changer en I'origine de I'erreur ou sont tombes ceux qui I'ont
loup-garou il termine par de longs recits qui
; accuse de magie. lis en donnent pour preuves ses

prouvent que les sorciers ont pouvoir d'envoyer automates car on assure qu'il avait fait des tau-
;

les maladies, sterililes, greles et tempetes, et de reaux qui mugissaient, des oiseaux qui criaient
tuer les betes et les hommes. et des serpents qui sifflaient. Mais Delrio dit' que
Si le livretraite des maux que peuvent faire
II ce n'est la que de la magie naturelle, c'est-a-dire
les sorciers, on voit dans le livre III qu'il y a de la mecanique.
maniere de les prevenir qu'on peut obvier aux : Boehm (Jacob), ne en 1575, dans la haute
charmes et aux sorcelleries que les magiciens ;
Lusace. De cordonnier qu'il etait il se fit alchi-
guerissent les malades frappes par d'autres ma- miste, homme a extases et chef d'une secle qui
giciens. II indique les moyens illicites d'empe- eut le nom de boehmistes. II publia, en
1612, un
cher les malelices. Rien ne lui est etranger. II livre de visions et de reveries, intitule I'Aurore
assure que, par des tours de leur metier, les 7iaissante , que Ton poursuivit. II expliquait le
magiciens peuvent obtenir les faveurs des grands systeme du monde par la philosophie herme-
et de la fortune, les dignites, la beaute et les tique, et presentait Dieu comme un alchimiste
honneurs. occupe a tout produire par distillation. Les ecrits
Dans le livre IV, il s'occupe de la maniere de de cet illumme, qui ferment plus de cinquante
poursuivre les sorciers de ce qui les fait recon- , volumes inintelligibles, ne sont pas connus en
naitre, des preuves qui etablissent le crime de France, excepte ce que Saint-Martin en a tra-
sorcellerie , des tOFlures , comme excellent moyen duit : I'Aurore naissante, les Trois principcs et
de faire avouer. Un long chapitre acheve I'oeuvre la Triple vie. Ce songe-creux etait anthropomor-
sur les peines que meritent les sorciers. II con- phite^ et manicheen; il admettait pour deuxieme
clut a la mort cruelle et il dit qu'il y en a tant,
; principe du monde la colore divine ou le mal,
que les juges ne suffiraient pas a les juger ni les qu'il faisait emaner du nez de Dieu. On re-
bourreaux a les executer, « Aussi, ajoute-t-il, cherche, parmi ses livres d'alchimie, son Miroir
pas que de dix crimes il y en ait un
n'advieiit-il tewporel de Celernile, ou de la Signature des
puni par les juges, et ordinairement on ne voit choses traduit en francais, in -8% Francfort,
,

que des helitres condamnds. Ceux qui ont des 1669 Ses doctrines philosophiques ont conser-
amis ou de I'argent echappent. » vee des partisans en Allemagnc.
L'auteur consacre ensuite une dissertation a Boeuf. Le boeuf de Mo'ise est un des dix ani-
refuter Jean Wierus, sur ce qu'il avait dit que maux que Mahomet place dans son paradis.
les sorciers sont le plus souvent des malades ou
des fous, et qu'il ne fallait pas les bruler. a Je —
lui repondrai, dit Bodin pour la defense des ,

juges, qu'il appelle bourreaux. »


L'auteur de la Dimonomanie avoue que ces"
horreurs lui font dresser le poil en la tete , et il

declare qu'il faut exterminer les sorciers et ceux


qui en ont pitie, et bruler les livres de Wierus'.
Bodry. Voy. Revenants.
' Disquisition, magic, p. 40.
* Joannis Bodini universal naturce theatrum, in Les anthropomorphites etaieiit des heretiques
2
quo rerum omnium effedrices causa} et fines contein- qui donnaieiU a Dieu la forme humaine.
plantur. In-8". Lugduni, Roussin, 1596. 3 On peut voir encore Jacobi Baehmi alias dicti .
BOG — 103 — BOG
On attache a Marseille quelques idees supers- ont eu I'h'onneur d'etre ense veils aux pieds du
titieuses au boeuf gras qu'on promene dans cetle , grand arbre-dieu. Ses feuilles sont un excellent
ville, ail son des flutes et des timbales, non pas, preservatif centre tout maleOce et sortilege. Un
comme partout, le jour du carnaval, mais la veille nombre considerable de huttes I'environnent pour
recevoir les pelerins; et les habitants plantent
partout de petits bogahas, sous lesquels ils pla-
cent des images et allument des lampes. Cet
arbre, au reste, ne porte aucun fruit et n'a de
recommandable que le culte qu'on lui rend.
Bogarmiles, Bogomiles et Bongomiles.
Sorte de manicheens qui parurent a Constanti-
nople au douzierae siecle. lis disaient que ce
n'est pas Dieu, mais un mauvais demon qui a
cree le monde. lis etaient iconoclastes.

Boggart, lutin pygraee de I'espece des Cluri-


caunes, souvent mechant. II est connu en Irlande.
Voyez la legende d'un de ces esprits dans les
jour de la Fele-Dieu. Des savants ont cru
et le Legendes des esprits et des ddmons.
voir la line trace dii
paganisms d'autres ont pre-
;
Bogles, lutins ecossais, de I'espece des Ko-
tendu que c'etait un usage qui remontait au bouc bolds et des Gobelins.
emissaire des Juifs. Mais Rufii dans son Histoire de
,
Boglia. Les indigenes de I'Australie donnent
Marseille, rapporte un acte du quatorzieme siecle le nom de Boglia a I'homme
endiable que nous
qui decouvre Torigine reelle de cette coutume. appelons un sorcier.
Les confreres du Saint-Sacrement, voulant rega- Boguet (Henri), grand juge de la terre de
ler les pauvres, achelerent un boBuf et en aver- Saint-Claude au comte de Bourgogne, mort
en
tirent le peuple en le proinenant par la ville.
Ce 1619, auteur d'un livre plein d'une credulite
feslin.nt tant de plaisir qu'il se renouvela souvent puerile et d'un zele outre centre la sor-
tous
les ans; depuis il s'y joignit de petites
croyances.
cellerie. Ce livre, publie au commencem.ent du
Les vieilles femmes crurent preserver les enfants
de maladie en leur faisant baiser ce boeuf; tout
le monde s'empressa d'avoir de
sa chair, et on
regarde encore aujourd'hui comme tres-heu-
reuses les maisons a la porte desquelles il veut
bien, dans sa marche, deposer ses dejections.
Parmi les betes qui ont parle on peut comp- ,

ter les bosufs. Fulgose rapporte qu'un peu avant


la mort de Cesar un boeuf 'dit a son raailre qui
pressait de labourer
ie —
« Les hommes man-
:

queront aux moissons, avant que la moisson


manque aux hommes. »
On voit dans Tite-Live et dans Valere-Maxime
que pendant la deuxieme guerre punique un boeuf
cria en place publique —
« Rome, prends garde
:

a toi ! » — Francois
de Torre-Blanca pense que
ces deux boeufs etaient possedes de quelque
de-
mon Le pere Engelgrave {Lux evancjelica,
page 286 des Dominicales) cite un autre boeuf
qui
a parle. Voy. Behemoth.
Bogaha, arbre-dieu de I'ile de Ceylan. On
conle que cet arbre tra versa les airs afin de
se
rendre d'un pays tres-eloigne dans cette ile
sainte; qu'il enfonga ses racines
dans le sol pour
servir d'abri au dieu
Bouddha, et qu'il le couvrit
de son ombrage lout le temps que ce dieu dix-septieme siecle, est intitule Discours des sor-
de-
meura sur la terre. Quatre-vingt-dix-neuf rois cicrs, avec six avis en fait de sorcellerie
et une
instruction pour un juge en semblable matiere^
teulonici philosophic clavis prcecipnarum r crura
quce
in reliquis suis scripds occurruntpro incipieniibus
ad ' Un
vol. in-S". Paris, -160.3; Lvon. 4
602, 1607
uUeriorem considerationem revelationis divinw con-
1608, 610; Rouen, 1606. Toutes ces 'editions sont
1
scripta, 1624, un vol. in-4°.
tres-rares, parce que la fareiille de Boguet
' Epit. deliclor. sive de magia, lib. II, cap. s'efforca
xv. d'en supprimer les exemplaires.
;
, *

BOG — 10^1 — BOH


C'cst une compilation des procedures aux- I'oeuvre du demon ; les blasphemes et impreca-
quelies, comme juge, rauteiir a generalement tions sont encore des indices. On peut poursuivre
preside. On y trouve I'histoire de Louise Maillat, enfin sur la clameur publique.
possedee de cinq demons a I'age de hiiit ans; de 6° Les fascinations, au moyen desquelles les
FraoQoise Secretain, sorciere, qui avail envoye sorciers eblouissent les yeux, faisant paraitre les
lesdits demons; des sorciers Gros-Jacques etWil- choses ce qu'elles ne sont pas, donnant des mon-
lermoz, dit le Baiilu de Claude Gaillard, de Ro-
; naies de corne ou de carton pour argent de bon
lande Duvernois et de quelques autres. L'auteur aloi, sont ouvrages du diable; et les fascina-

detaille les abominations qui se font au sabbat teurs, escamoteurs et autres magiciens doivent
il dit que les sorciers peuvent faire tomber la etre punis de mort.
grele, ce qui n'est pas; qu'ils ont une poudre Le volume de Boguet est termine par le code
avec laquelle empoisonnent, ce qui est vrai;
ils des sorciers. T oy. Codf..

qu'ils se graissent les jarrets avec un onguent Bogounskis, mauvaisespritsrusses, qui dan-
pour s'envoler au sabbat; qu'une sorciere tue sent la nuit sur le lac de Goplo et quelquefois sur
qui elle veut par son souffle seulement qu'elles ; la Vistule.

ont mille indices qui les feront reconnaitre par : Bohemiens. II n'y a personne qui n'ait en-
exemple que la croix de leur chapelet est cas-
,
tendu parler des Bohemiennes et de ces bandes
see ,
qu'elles ne pleurent pas en presence du juge vagabondes qui, sous les noms de Bohemiens, de
qu'elles crachenl a terre quand on les force a re- Biscaiens et d'Egyptiens ou Gitanos, se rt§pan-
noncer au diable, qu'elles ont des marques sous dirent au quatorzieme siecle sur I'Europe, dans
leur chevelure, lesquelles se decouvrent si on I'Allemagne surtout, la Hollande, la Belgique, la

les rase que les sorciers et les magiciens ont le


;
France et I'Espagne, avec la pretention de pos-
talent de se changer en loups; que sur le simple seder I'art de dire la bonne avenLure et d'aulres
soupcon mal lave d'avoir ele au sabbat, meme secrets merveilleux. Les Flamands les nommaient
sans autre malefice on doit les condamner que
, ;
heyden, c'est-a-dire paiens, parce qu'ils les re-
tous meritenl d'etre brules, et que ceux qui ne gardaient comme des gens sans religion. On leur
croient pas a la sorcellerie sont criminels, C'est donna divers autres sobriquets.
un peu trop violent mais , il faut remarquer qu'en Les historiens les ont fait venir, sur de simples
ces choses ce n'elait pas le clerge qui elail se- conjectures, de I'Assyrie, de la Cilicie du Cau-
,

vere c'elaient ces juges laiques qui se monlraient


; case, de la Nubie, de I'Abyssinie, de la Chaldee.
violenls et feroces. Bellon, incertain de leur origine, soutient qu'au
A la suite de ces discours viennentmoins ils n'etaient pas Egyptians; car il en ren-
les Six avis,
dont voici le sommaire :contra au Cairo, oii ils elaient regardes comme
1" Les devins doivent etre condamnes au feu,, eLrangers aussi bien qu'en Europe. II eul done

comme les sorciers et les hereliques, et celui qui ete plus nalurel de croire les Bohemiens eux-
a ete au sabbat est digne de mort. II faut done memes sur leur parole, et de dire avec eux que
arreter, sur la plus legere accusation la personne c'etait une race de Juifs, meles ensuile de Chre-
,

soupQonnee de sorcellerie quand meme I'accu- tiens vagabonds. Voici ce que nous pensons etre
,

sateur se retracterait ; et Ton pent admetlre en la verite sur ces mysterieux nomades.
temoignage centre les sorciers toutes sortes de Vers le milieu du quatorzieme siecle, I'Europe,
personnes. On brulera vifs, ajoute-t-il , les sor- et principalement les Pays-Bas, I'Allemngne et b
ciers opiniatres, et, par grace, on se contentera France, etant ravagee par la on accusa les
peste,
d'etrangler celui qui confesse. Juifs, on ne sait pourquoi, d'avoir empoisonne
Dans le crime de sorcellerie, on pent con-
2° les puils et les fontaines. Cetle accusation sou-
damner sur de simples indices, conjectures et leva la fureur publique contre eux. Beaucoup de
presomptions on n'a pas besoin pour de tels
; dans les forels. lis
Juifs s'cnfuirent et se jeterent
crimes de preuves tres-exactes. se reunirent pour etre plus en surete et se mena-
3° Le crime de sorcellerie est directement gerent des souterrains d'une grande etendue. On
contre Dieu (ce qui est vrai dans ce crime, quand croit que ce sont eux qui ont creuse ces vasles
il existe reellement, puisque c'est une negation cavernes qui se trouvent encore en Allemagne
de Dieu et un reniement) aussi il faut punir sans : et que les indigenes n'ont jamais eu interet a
menagement ni consideration quelconque... fouiller.
Les biens d'un sorcier condamne doivent
k" Cinquante ans apres, ces proscrits ou leurs
etre confisques comme ceux des heretiques car ; descendants ayant lieu do croire que ceux qui
sorcellerie est pire encore qu'heresie, en ce que les avaient tant hais etaient morts, quelques-uns
les sorciers renient Dieu. Aussi on remet quel- se hasarderent a sortir de leurs tanieres. Les
quefois la peine a I'herelique repenti; on ne doit Chretiens etaient alors occupes des guerres reli-
jamais pardonner au sorcier... gieuses suscitees parl'heresie deJeanHuss. C'etait
5° On juge qu'il y a sorcellerie quand la per- une diversion favorable. Sur le rapport de leurs
sonne accusec fait metier de deviner, ce qui est espions, ces Juifs caches quitlerent leurs ca-
BOH - 105 — BOH
vernes, sans aucune ressource, il est vrai, pour Ils se choisirent d'abord un capitaine, nomine
se garanLir de la inisere; mais pendant leur demi- Zundel. Puis, comme il fallait declarer ce qui les
siecle de solitude, ils avaient etudie les divina- amenait en Allemagne, qui ils etaient, d'oii ils
tions et particulierement I'art de dire la bonne venaient, et qu'on pouvait les questionner aussi
aventure par I'inspection de la main ce qui ne ; sur leiir religion pour ne pas se decouvrir trop
;

demande ni instrument, ni appareil, ni depense clairement, ni pourtant se renier, ils convinrent


aucune,; et ils compterent bien que la chiroman- de dire que leurs peres habilaient autrefois
cie leur procurerait quelque argent. I'Egypte ce qui est vrai des Juifs et que leurs
, ;

Bohemiens,

ancetres avaient ete chasses de leur pays pour lis s'elaientforme un argot ou un jargon de-
n'avoir pas voulu recevoir la Vierge Marie et son guise, mele d'hebreu et de mauvais aliemand,
fils Jesus. —
Le peuple comprit ce refus, du qu'ils prononqaient avec un accent etranger. Des
temps ou Joseph emmena le divin Enfant en savants, qui ne voyaient pas plus loin, furent
Egypte pour le soustraire aux recherches d'He- flattes de reconnaitre certains termes de la langue

rode; au lieu que les vagabonds juifs I'enten- allemande dans un patois qu'ils prenaient pour
daient de la persecution qu'ils avaient soufferte de I'egyptien. lis denaturaient aussi plusieurs
cinquante ans auparavant. De la vient le nom appellations; ils appelaient un enfant un criard,
d'Egyptiens qu'on leur donna et sous lequel I'em- un manteau un preneur de vent, un Soulier un
pereur Sigismond leur accorda un passe-port. marcheur, un oiseau un volant. Toutefois, la
,

BOH — 106 — BOH


multitude de mots hebreux qui est restee dans le son mari autant d'annees que le vase avait pro-
langage des Bohemiens suiiirait seule pour trahir duit de morceaux. Au bout de ce temps, les
leur origine juive. epoux etaient libres de se quitter ou de rompre
lis avaient des mcEurs particulieres et s'etaient ensemble un nouveau pot de terre. On citerait
respecLaient. Chaque bande se
fait (Ics lois qu'ils beaucoup de bizarreries de ce genre.
choisissait un chef, a qui tout le monde etait tenu Des que les nouveaux Egyptiens virent qu'ils
d'obdir. Quaiid parmi eux une femme se mariait, n'etaient pas repousses, ils implorerent la pitie
elle se bornait, pour toute ceremonie, a briser des AUemnnds. Pour ne pas paraitre a charge
un pot de terre devant Fhomme dont elle voulait ils assuraienl que, par une grace particuliure du
devenir la compagne ; etelle le respectait comme ciel, qui les protegeait encore en les punissant,

les maisons oi^i ils etaient une fois requs n'etaient des lignes de la main et des doigts. lis gueris-
plus sujettes a I'incendie. Ils se mirent aussi a dire saient les malades desesperes, par des remedes
que les Anglais ont conserves et qu'ils appellcnt
heroiques, parce qu'ils tuent net les apoplec-
tiques, s'ils ne les relevent pas.

Cependant la fureur contre les Juifs s'etait


apaisee ils furent admis de nouveau dans les
;

villages, puis dans les villes. Mais il resta lou-


jours de ces bandes vagabondes qui continuerent
!a vie nomade, decouvrant partout I'avenir, et
joignant a cette profession de nombreuses fri-
ponncries plus materielles. Bientot, quoique la

nation juive fut le noyau de ces bandes, il s'y (it

un tel melange de divers peuples ,


qu'il n'y eut
labonne aventure, sur I'inspection du visage, des pas plus entre eux de religion dominante qu'il
signes du corps, et principalement sur I'examen n'y avait de patrie. lis parcoururent les Pays-
BOH — 107 — BOI

Bas et passerent en France, ou on les appela Bohinum, idole des Armeniens, qui etait

les Bohemiens, parce qu'ils venaient de la Bo- faite d'un metal noir, symbole de la nuit. Son
heme. nom vient du mot hebreu holm, desolation, a ce
Pasquier, dans ses Recherches , raconte a peu que dit Leloyer. C'est le demon du mal.
pres ainsi leur apparition mysterieuse sur le sol Bohmius (Jean). Quelques-uns recherchent
frangais et leur arrivee aux porLes de Paris en sa Psijchologie, ou Traite des esprits, publiee en
l/t27 :— ils etaient au nombre de cent vingt; 1632, a Amsterdam *, livre qui ne manque pas
I'un de leiirs chefs portait le litre de due, un d'heresies.
autre celui de comte; ils avaient dix cavaliers Bohon-Hupas, arbre-poison qui croit dans
pour escorte. Ils disaient qu'ils venaient de la de Java, a trente lieues de Batavia. Les cri-
I'ile

basse Egypte, chasses de leur pays par les Sara- minels condamnes allaient autrefois recueillir une
sins, qu'ils etaient, alles a Rome confesser leurs gomme qui en decode, et qui est un poison si
peches au Pape, qui leur avait enjointpour peni- prompt et si violent, que les oiseaux qui tra-
tence d'errer sept ans par le monde sans cou- , versent Fair au-dessus de cet arbre tombent
cher suraucun lit. (Les gens eclaires n'ajouterent morts; du moins ces choses ont ete contees.
sans doule pas foi a ce conte.) —
On les logea Apres que leur sentence etait prononcee lesdits ,

au village de la Chapelle, pres Paris; et une criminels pouvaient choisir ou de perir de la


grande foule alia les voir. —
lis avaient les che- main du bourreau, ou de tenter de rapporter une
veux crepus le teint basane et portaient aux
, , boite de gomme de I'hupas. Foerssech rapporte
oreilles des anneaux d'argent. Comme leurs qu'ayant interroge un pretre malais qui habitait
femmes disaient la bonne aventure et se livraient ce lieu sauvage, cet homme lui dit qu'il avait vu
a des pratiques superstitieuses et mauvaises, passer environ sept cents criminels, sur lesquels
I'eveque de Paris les excommunia, defenditqu'on il n'en etait revenu que vingt-deux qu'il n'y ;

les allat consulter et obtint leur eloignement. avait pas plus de cent ans que ce pays etait ha-
Le seizieme siecle fut infeste de Bohemiens. bite par un peuple qui se livrait aux iniquites de
Les etats d'Orleans, en 1560, les condamnerent Sodome et de Gomorrhe; que Mahomet ne vou-
au bannissement, sous peine des galeres, s'ils lut pas souffrir plus longtenips leurs mceurs abo-
osaient reparaitre. Soiifferts dans quelques con- minables qu'il engagea Dieu a les punir et que
;
;

trees que en d'autres


divisait I'heresie, chasses Dieu fit sortir de la terre le bohon-hupas, qui
lieux comme descendants de Cham, inventeur de detruisit les coupables, et rendit a jamais le pays
la magie, ils ne paraissaient nulle part que inhabitable. Les Malais regardent cet arbre
comme une plaie. On disait en Flandre qu'ils comme I'instrument de la colere du Prophete;
etaient si experts en sorcellerie que des qu'on
,
et, toutefois, la mort qu'il procure passe chez
leur avait donne une piece de monnaie toutes , eux pour honorable voila pourquoi les criminels
;

celles qu'on avait en poche s'envolaient aussitot qui vont chercher le poison se revetent en ge-
et allaient rejoindre la premiere, opinion popu- neral de leurs plus beaux habits ^
laire qui peut se traduire en d'autres termes et Bois. Les anciens avaient une divination qui
qui veut dire que les Bohemiens etaient des se pratiquait par le moyen de quelques morceaux
escrocs. —
Leurs bandes diminuerent au dix- de bois. I'oy. Xylomancie.
septieme siecle. Pourtant on en voit encore quel- lis croyaient les forets habilees par des divinites
ques rares detachements. Sous les nouvelles lois bizarres; et dans les pays superstitieux, on y re-
de police des Etats europeens, les societes bo- doute encore les lutins. Les Kamstchadales disent
hemiennes sont dissoutes.. Mais il y a toujours ga que les bois sont pleins d'esprits malicieux. Ces es-
el la des individus qui disent la bonne aventure, prits ont des enfants qui pleurent sans cesse pour
et des imbeciles qui vont les consulter. Voy, Chi- attirer les voyageurs; ils les egarent ensuite, et
ROMANCIE ils leur otent quelquefois la raison. —
Enfln,

1Le fait suivant est caracteristique des moeurs c'est generalement dans les bois que les sorciers
des Bohemiens, dont il exists encore plusieurs com- font le sabbat. C'etait autrefois dans des bois
munautes dans la Lithuanie :
dits sacres qu'on honorait les faux dieux.
Un Bohemien demeurant a Melilanken, pres- de
Tilsitt, avait ete incarcere pour vol d'un cheval; il
Bois de vie. C'est le nom que les alchimistes
mourut avant que I'instruction fiit terminee. La com- donnent a ia pierre parfaite du grand ceuvre,
munaute a laquelie il appartenait, informee de son plus clairement appelee baume universel ou pa-
deces, arriva dans la ville au moment ou Ton allait i

proceder a I'inhumation. Aussilot les Boliemiennes


j
metiere en meme temps que le cercueil et obtinrent
supplierent ceux qui portaient le corps d'ouvrir I'autorisatioa de faire proceder a I'ouverture et de
|

le cercueil et de leur permettre de faire venir un !


raser le defunt.
barbier pour raser le deiunt; mais comme il y eut Quand cette operation fut terminee, elles en te-
impossibilite de trouver immedialement un barbier, moignerent la plus grande joie.
il fallut se rendre directement au cimetiere. <
Joannis Buhmii psychologia, cum vera applica-
Pendant ce temps les femmes bohemiennes avaient
, tione Joannis Angeli. ln-24. Amstel., 1632.
parcouru la ville pour chercher un barbier, et elles 2 Extrait des oijagcs de M. Foerssech, Hollandais,
!

avaient fini par en trouver un. Elles arriverent au ci- Melanges de Uiterature elrangere, t. I, p. 64,
BOI — 108 — BON
nacce, qui giicriL lous les maiix, et assure a ceux a toute force faire resilier son bail. La cause fut
qui la possedcnl une jeunesse inalldrable. portee devant le siege presidial a Tours, qui
cassa le bail. Le proprietaire en appela au parle-
ment de Paris son avocat, maitre Rene Chopin,
;

soutintque les visions d'esprits n'etaient autre


chose que des contes de vieilles, epouvantails de
petits enfants. Le parlement ne decida rien et
renvoya la cause au tribunal de la Tournelle,
qui par son arret maintint la resiliation du bail'.
Bolegueans, ou poulpiquets. Ce sont en
Bretagne des lutins du genre des Coboldes.
Voyez quelques details sur un de ces bons petits
lutins dans les Legendes des esprits et des de-
mons.
Bolfri. Voy. Bi':i!iTH.

Bolingbroke. Voy. Glockster.


Bolomaucie. C'est la Belomancii. Voy. ce
mot.
Bolotoo, ile imaginaire ou les naturels des
lies de Tonga placent leur paradis. lis croient
que les anies de leurs chefs y deviennent des di-
vinites du second ordre. Les arbres de Bolotoo
sont charges, disent-ils, des meilleurs fruits et
toujours couverts des plus belles Hours, qui re-
Lc'mon ties bois.
naissent touteslesfoisqu'on lescueille. Ce sejour
Les Juifs nomment bois de vie les deux batons divin est rempli d'animaux immortels, que Ton
qui Liennent la bande roulee sur laquelle est ecrit ne tue que pour la nourriture des dieux el des
de leur loi. lis sont persuades que I'aL-
le livre elus; mais aussitot qu'on en tue un, un autre le
toucheinent de ces batons affennit la vuc et rend remplace.
la sante. lis croient aussi qu'il n'y a pas de Bombast (Philippe). Voy. pARAciiLSii.
meilleur moyen de faciliter raccouchement des Bona (Jean), savant et pieux cardinal, mort
icmmes que de leur faire voir ces bois, qu'il ne en 167/(. On recherche de luiun Traite da dis~
Icur est pas permis de toucher. cernerncnt des esprits, in-12, publie en 1673 et
Boistuau ou Boaistuau (Pierre), dit Launay, traduit par I'abbeLeroy de Hautefontaine 1676. ,

Nantais, mort a Paris en 1566. On recherche de Le chapilre xx de cet ouvrage traite avec beau-
lui deux ouvrages rares et curieux 1" Histoires : coup de lumieres de ce qu'il y a de plus diflicile
prodiyieuses, extraites de divers auteurs, in-8°, dans la matiere des visions et des revelations
1561. Aux quaranle histoires de Boistuau, Tesse- particulieres ^
ranl en ajouta quinze. Belleforet, Hoyer et Ma- Bonasses. Voy. Gullets.
rionville les lirent reimprimer avec une nouvelle Bonati(Gui), astrologue florentin du treizieme
continuation , en 1575 , six vol. in-16. — 2" His- siecle. II vivait, dit-on, d'unemaniere originale,

toires tragiques, extraites des oeuvres italiennes et possedait I'art de predire I'avenir. Les troupes
de Bandel, et mises en langue francaise, 1568 et de Pvonie, sous le pontilkat de Martin IV, assie-
annees suivantes, 7 vol. ln-16. II n'y a que les geaient Forli, ville de la Romagne, defendue par
six premieres histoires du premier volume qui le comte de Montferrat. Bonati qui s'y etait retire,
,

aient ete Iraduites par Boistuau; les autres sont voyant la ville prete a faire une sortie, annonga
de la traduction de Belleforet, qui lui etait bien au comte qu'il serait blesse dans la melee.
inferieur. L'evenement justifia la prediction; et le comte
Bojani
(Michel). On peut lire de lui une His- de Montferrat, qui avait porte avec lui ce qu'il
toire dessonges\ publiee en 1587. Nous ne la fallait pour panser sa blessure, fit depuis le plus
connnissons que par le titre. grand cas de I'astrologie. Bonati, sur la fin de sa
Bolacre (Gilles), bonhornme qui habitait une vie, reconnut pourtant la vanite de sa science,
maison d'un faubourg de Tours ou il prelendit , se fit franciscain , et mourut penitent en 1300.
qu'il revenait des esprits qui I'empechaient de Ses ouvrages ont ete recueillis par Jacques Cau-
dormir. G'etait au seizieme siecle. II avait loue terus, sous le litre de Liber astronomicus , m-k",
cette maison; et comme il s'y faisait un bruit et rare. Augsbourg, l/i91.
un tiiitamarre d'esprits invisibles, sabbats et lu- Bongomiles. Voy. Bogarmiles.
tins, qui ne lui laissaient aucun repos, il voulut
1Leloyer, Discours des spectres, liv. VI, eh. xv.
Michaelis Bojani
1 Historia de somniis. In-S", 2Joannis cardinaiis Bona De discretione spiri-
Wittemberg, 1587. tuum. In-12, Paris, 1673.
BON — 109 — BON
Bonica, ile imaginaire de I'Amerique, ou Bonnet pointu, ou esprit au bonnet. Voy.
Deotatus, medecin spagirique, place une fon- Hekdeckin.
laine dont les eaux, plus delicieuses que le . Bonnevault (Pierre). Un sorcier poitevin du
nieilleur vin, ont la verlu de rajeunir. seizieme siecle, nomme Pierre Bonnevault, fut
Boniface VIII, pape, elu le 24 decembre arrete parce qu'il allait au sabbat. II confessa
1294. On a conle que, n'etant encore que car- que la premiere fois qu'il y-avait ete mene par
dinal il fit percer une muraille qui avoisinait le
,
ses parents il s'etait donne au diable , a qui il

liL du pape Celestin, et lui cria au moyen d'une avait permis de prendre ses os apres sa mort;
sarbacane, qu'il eut a deposer la tiare s'il vou- mais qu'il n'avait pas voulu donner son ame. Un
lait etre sauve; que le bon pape -Celestin obeit a jour, venant de Montmorillon, ou il avait achete

cette voix qu'il croyait venir du ciel et ceda la , deux charges d'avoine emportait sur deux
qu'il
place a Boniface. —
Mais ce recit n'est qu'une juments, il entendit des gens d'armes sur le
imposture entierement supposee par les protes- chemin craignant qu'ils ne lui p'rissent son
;

lants, qui ont imagine cette calomnie comme avoine, il invoqua le diable, qui vint a lui comme
tant d'autres. La verite est que le pape Celestin un tourbillon de vent, et le transporta avec ses
deposa la tiare pour s'occuper uniquement de deux juments a son logis. II avoua aussi qu'il
son ame. Le cardinal Cajetan (depuis Boni- avait fait mourir diverses personnes avec ses
face VIII) n'y fut pour rien poudres; enfin il fut condamne a mort. Voy.
Bonne aventure. Les diseurs de bonne aven- Tailletroux. C'etait sa femme.
ture et les inagiciens etaient devenus si nom- Bonnevault (Jean), frere de Pierre, fut aussi
breux a Rome du temps des premiers empereurs, accuse de sorcellerie; et le jour du proces, de-
qu'ils y avaient une confrerie. Pour I'art de dire vant I'assemblee, il invoqua le diable, qui I'enleva
de terre a une hauteur d'environ quatre ou cinq
pieds et le laissa retomber sur le carreau
,
,

comme un sac de laine, sans aucun bruit, quoi-


qu'ileut aux pieds des entraves. Etantreleve par
deux archers, on lui trouva la peau de couleur
bleue lirant sur le noir; il ecumait et souf-
frait beaucoup. Interroge la-dessus, il repondit

qu'ayant prie le diable de le tirer de peine, il


n'avait pu I'enlever, attendu que, comme il avait
prete serment a la justice , le diable n'avait plus
pouvoir sur lui.

Bonnevault (Mathurin), parent des deux pre-


cedents, accusecomme eux de sorcellerie, fut
par experts. On lui trouva sur I'epaule
visite
droite une marque de la figure d'une petite rose,
dans laquelle on planta une longue epingle sans
qu'il en ressentit aucune douleur, d'ou on le jugea
bien sorcier. II confessa qu'ayant epouse en pre-
mieres noces Berthomee de laBedouche, qui etait
sorciere comme ses pere et mere, il I'avait vue
faire secher au four des serpents et des crapauds
pour des malefices; qu'elle le mena alors au
sabbat, et qu'il y vit le diable, ayant des yeux
la bonne aventure, voy. Chiromancie, Cartoman- noirs, ardents comme une chandelle. II dit que
CIE, ASTROLOGIE, MeTOPOSCOPIE HOROSCOPES,
,
le sabbat se tenait quatre fois I'an la veille de :

Cranologie, etles cent autres manieres. la Saint-Jean-Baptiste la veille de Noel, le


,

Bonnes. On appelle bonnes, dans certaines mardi-gras et la veille de Paques. On le con-


provinces, des fees bienveillantes des especes , vainquit d'avoir mourir sept personnes par
fait
de farfadets femelles sans malice qui aiment les
,
malefices; se voyant condamne, il avoua qu'il
enfants et qui se plaisent a les bercer. On a sur etait sorcier depuis I'age de seize ans. II
y —
elles peu de details; mais c'est d'elles, dit-on, aurait de curieuses etudes a faire sur tons ces
que vient aux berceuses le nom de bonnes d'cn- proces, si nombreux pendant les troubles san-
fants. Habondia est leur reine. glants de la reforme.
Bonnet (Jeanne), sorciere deBoissy en Forez, Bonsovanis (Barthelemi de), brave homme
brulee le 15 Janvier 1583 pour s'etre vantee d'a- du diocese de Trevise, dont un demon appele
voir eu des liaisons abominables avec le diable. BelzeDut, quoique de rang inferieur dans son in-
' Voyez YHistoire du pape Boniface VIII, par fernale hierarchic parvint a s'emparer en le
,

M. I'abte Jorry. rendant jaloux de sa femme, qui etait pieuse et


,

BON — 110 — BOR


chaslc. II devinl si fiirieux qu'il falliit le lier, et ses entretiens sur V Astrologie judiciaire, qui sont
ne pouvanl phis tuer les antres. il se fut lue lui- curieux. Le plus connu de ses ouvrages (et il a
meme, si on ne I'eut delivre de son demon et ele reimprime plusieurs fois) est intitule « His-
de sa jalousie par I'exorcisme. toire des imaginallons exlravacjantes de vionsieur
Bonzes. Les bonzes cliinois fonL generalement OiiJIe, causees par la lecture des livres qui trai-

profession de predire I'avenir et d'exorciser les tent de la magie, du grimoire, des demoniaques,
demons; ils cherchent aussi la pierre philoso- sorciers, loups-garoux, incubes, succubes, et du
pliaie. Lorsqii'un bonze promet de faire pleu- sabbat, des fees, ogres, esprits, follets, genies,
voir, dans I'ospace de six jours il n'a pas tenu
si fanLomes et autres revenants; des songes, de la
sa promesse, on lui donne la baslonnade. pierre philosophale de I'astrologie judiciaire,
,

des horoscopes, jours heureux et


talismans,
malheureux, eclipses, cometes et almanachs;
en fin de toutes les sortes d'apparitions, de divi-
nations, de sortileges, d'enchantements et d'au-
tres superstitieuses pratiques. »
On voit par ce titre, que nous avons copie
lout en tier, que I'auteur avait pris un cadre
assez vasie. Dans ses deux volumes in-12, ornes
de figures , il s'est trouve a I'etroit , et son tra-
vail, qui semodele un peusurleZ)on Quichotte,
n'est recherche que pour les notes tres-nom- ,

breuses, lesquelles valent mieux que le texte.


Bordi ou Al-Bordi, montagne qui, selon les
Persans, est I'oeuf de la terre ; ils disent qu'elle
etaitd'abord tres-petile, qu'elle grossit au com-
meiicemennt, produisit le monde, et s'accrut tel-
lement, qu'elle supporte aujourd'hui le soleil sur
sa cime. lis la placent au milieu de noire globe,
lis disent encore qu'au bas de cette montagne
fourmillent quantite de dives ou mauvais genies,
et qu'au-dessous est un pont ou les ames pas-
sent pour aller dans I'autre monde, apres
qu'elles ont rendu compte de ce qu'elles ont fait
dans celui-ci.
Borgia (Cesar). On lui attribue rhonneur d'a-
voir eu un demon familier.
II existe des bonzes au Congo. On croit que Borri (Joseph-Francois), imposteur et alchi-
leurs ames sont errantes autour des lieux qu'ils miste du dix-septieme siecle, ne a Milan en
ont habites. Quand on voit un tourbillon balayer 1627. debuta par des actions qui I'obligerent
II

la plaine et faire lever la poussiere et le sable a chercher un refuge dans une eglise jouissant-
les naturels s'ecrient que c'est I'esprit des du droit d'asile. II parut depuis changer de con-
bonzes. duite; puis il se dit inspire du ciel, et pretendit
Bophomet. I'oij. Tete de Bophomet. que Dieu I'avait choisi pour reformer les hom-
Borak, juaient ou mule de Mahomet, qu'il a mes et pour retablir son regne ici-bas. II ne de-
mise dans son paradis. Elle avait une belle tete vait y avoir, disait-il, qu'une seule religion sou-
de femme, et s'allongeait a chaque pas aussi loin mise au pape, a qui il fallait des armees, dont
que la meilleure vue peut s'etendre. lui, Borri, serait le chef, pour exlerminer tous
Borax sorte de pierre qui se Irouve disent
, , les non catholiques. Il inontrait une epee mira-'
les doctes dans la tete des crapauds
, on lui at- ; culeuse que saint Michel lui avait donnee il di- ;

tribue divers effets merveilleux, comme celui sait avoir vu dans le ciel une palme lumineuse
d'endormir. II est rare qu'on la puisse recueillir, qu'on lui reservait. 11 soutenait que la saints
el il n'est pas sur qu'elle soit autre chose qu'un Vicrge etait de nature divine, congue par inspira-
OS durci. tion egale a son lils et presente comme lui dans
,

Borborites. Voy. Genies. I'Eucharistie, que le Saint-Esprit s'etait incarn^


Bordelon (Laurent), ne a Bourges en 1653, dans elle que la seconde et la iroisieme per-
,

murt en 1730; ecrivain mediocre, qui toutefois sonne de la Trinile sont inferieures au Pere; que
savait beaucoup de choses, et s'etait occupe de la chute de Lucifer entraina celle d'un grand
recherches sur les superstitions, les sciences oc- nombre d'anges qui habitaient les regions de
culles et les erreurs populaires. 11 est facheux Pair. II disait que c'est par le ministere de ces
qu'il ait ecrit si pesamment. On achele encore anges rebelles que Dieu a cree le monde et
. , ,;,

BOR — Ill — BOR


anime les brutes, mais que les hommes out une d'hui, il y a, au milieu de la table, un pivot
ame divine ;
que Dieu nous a fails malgre lui, eLc. surmonte d'une tige et d'un plus petit gueri-
II finit par se dire lui-raeme le Saint-Esprit in- don, sur lequel se trouvent, a la circonference
carne. les lettres de I'alphabet, puis du pied part une
II fut arrele apres la mort d'Innocent X , et le autre tige fixe, qui se replie de maniere a pre-
3 Janvier 1661, condamne comme heretique et senter sa pointe sur les lettres du petit gueri-
comme coupable de plusieurs raefaits. Mais il don et quand la table veut repondre, ce petit
,

parvint a fuir dans le Nord, et il fit depenser gueridon tourne de maniere que les lettres s'ar-
beaucoup d'argent a la reine Christine, en lui retent sous la tige. Avec les lettres on fait des
promettant la pierre philosophale. II ne lui de- mots, avec les mots des phrases, et avec des
couvrit cependant pas ses secrets. II voulait pas- phrases les revelations divines et mysterieuses.
ser en Turquie lorsqu'il fut arrete de nouveau
, Quand il s'agit d'un oui ou d'un non , la table se
dans un petit village comme conspirateur. Le penche ou frappe.
nonce du pape le reclama et il fut coriduit a , II y a plusieurs secretaires stenographes
Rome, oil il vecut en prison jusqu'au 10 aout ily a le secretaire qui redige le proces-verbal
I 1695, jour de sa mort. et un lecteur. Pour gagner du temps, lorsque la
II est I'auteur d'un livre intitule la Clef du table commence un mot, une ou deux lettres
cabinet du chevalier Borri, oil I' on trouve diver- suffisent a M. Bort pour le completer, sans at-
ges lettres s<:ientijiques , chi7?iiqucs et tres-curieu- tendre les interminabies tours du gueridon supe-
ses , ainsi que des instructions politique!, autres rieur. Lorsque c'est I'ange Gabriel qui parle par
beaucoup de beaux
chases dignes de curiosite, et la table les auditeurS sont assis; mais lorsque
,

Geneve, 1681, petit in-12


secrets. Ce livre est c'est Jesus-Christ, tout le monde se leve dans
un recueil de dix lettres dont les deux pre- , I'attitude et le sentiment du respect. Quand c'est
mieres roulent sur les esprits elemenlaires. range Gabriel qui repond, il commence ordinai-
L'abbe de Villars en a donne un abrege dans rement par ces mots « Au nom du Pere, du :

I'ouvragejntitule Comte de Gabalis.


2e ))Fils et du Saint-Esprit. Amen. » Jesus-Christ
Bortisme. Parmi les nouvelles religions qui s'ecrie « Pais mes agneaux
: Au nom du Pere !

s'etablissent a Geneve la plus curieuse est celle


, ))du Fils et du Saint-Esprit. Amen. » Dans le
deM. Bort, ministre du saint Evangile, qui s'est livredes Revelations divines et nnjsterieuses , ar-
ouvert un temple et n'a pas d'autre autel qu'une range par M. Bort, il n'y aurait absolument rien
table tournante. Les details que nous allons de lui. « La preface elle-meme aurait ete dictee
donner sont empruntes aux Annales catholiques » par le Sauveur. » Puis a la preface de I'ange

de Geneve. ))Gabriel, » puis « la declaration de I'ange Ga-


La reunion des fideles qui ont admis ce culte » briel a I'occasion de quelques propos lenus
,

est composee d'hommes de femmes et meme , , » par quelques personnes qui attribuaient a Satan,

de toutes jeunes personnes, ranges autour d'un » deguise^ en ange de lumiere, ces dictees qui

gueridon. La table est tenue par trois influents » etaient pour les auditeurs un sujet d'allegresse
dont M, Bort est le principal acteur. Autrefois, » et d'actions de graces... » Puis une oraison do-
minicale dictee par le Sauveur, differente de
celle puis les paroles de I'ange et
des Evangiles ;

du Sauveur, jour par jour; puis une preface,


toujours c( dictee par le Sauveur, pour I'ouvrage
» intitule Du
repentir envers Dieu, traduit de
)) par Gustave Petit-Pierre, et lu a la
I'anglais
))table du Sauveur »; puis les paroles du Sau-
veur a une maitresse de pension puis les his- ;

toires du Millenium, ou de la vallee sauvage de ;

Mon regne s'avance ou la cabane du pauvre ,

negre de la sanctification du Chretien par I'e-


;

preuve, ou de deux petits agneaux; de I'heu-


reuse famille, ou de la main paternelle de Jeho-
vah. Puis les prieres les actions de graces les
, ,

invocations, les supplications, receptions, odes,


la table repondait en frappant a mesure qu'on entretiens, psaumes, hymnes, magnificat, etc.

lui nommait une lettre de I'alphabet; aujour- Et tout absolument de Jesus-Christ, de


cela
I'ange Gabriel, de I'ange Luther, de I'ange Uriel,
La Chiave del gahinetto del cavagliere G. F. Borri,
'
de I'archange Michel de I'ange L. de I'ange
, .
. ,
col favor della quale si vedono varie letter e scienti-
M..., de range David, elc.
fice, chimice, e curiosissime , con varie instruzioni
politiche, ed altre cose degne di curiosita e molti se- Le tout imprime a Lausanne, chez Pache, cite
greti bellissimi. Cologne ((ieneve) 1 681 , Drapiere, n° 3,
! ! ! ;;

BOR — 112 — BOU


La preface diclee par le Sauveur fait Nolre- Bos (Francoise). Le 30 janvier 1606, le juge
Seigneur Jesus-Christ Genevois et calviniste ren- de Gueille proceda centre une femme de mau-
force. Remarqiiez bien que c'est le Sauveur lui- vaise vie que la clameur publique accusait d'a-
meme qui a parle de Geneve comme suit : voir un commerce abominable avec un demon
« Cette table n'est point a Bethleem. Tii ne la incube. Elle etait mariee et se nommait Fran-
trouvcras ni sur le Golgotha ni sur le Calvaire Qoise Bos. De plus elle avail seduit plusieurs de
non. CeLte table n'est point non plus a Jerusa- ses voisines et les avail engagees a se souiller
lem ; mais elle est a Geneve dans la petite ville , avec ce pretendu demon, qui avail I'audace de
que me prepara mon serviteur Calvin; oui, c'est se dire capitaine du Saint-Esprit mais qui, au ,

la fille de ce digne missionnaire qui regoit au- temoignage desdites voisines, etait fort puant.
jourd'hui les honneurs des cieux. Cette degoulante affaire se termina par la con-
» Bethleem mais Dieu regarde Ge-
fut benie ; damnation de Frangoise Bos, qui fut brulee le
neve. Le le pied de Jehovah
Sina'i treinbla sous Ik juillet 1606. —
On presume, par Texamen
mais Geneve chante sous son regard d'aniour. des pieces, que le seducteur etait un miserable
Le Calvaire se fendit a Touie de la voix de Dieu ;
vagabond
mais Geneve s'epanouit comme une lleur a I'ap- Bosc (Jean du), president de la cour des aides
pel de sa douce voix. La colere de Jehovah cou- de Rouen, decapite comme rebelle en 1562. On
vrit Jerusalem comme un deluge mais Geneve ; a de lui un livre intitule Traiti de la vertu et
va se couvrir de la rosee de son souffle paternel. des proprietes du nombre septenaire.
La foudre de Jehovah frappera la ville rebelle el Botanomancie , divination par le moyen des
maudite mais un bon pere sourit a Geneve.
; feuilles ou rameaux de verveine el de bruyere,
» Oui, Geneve! ville benie qui fus des ton en- sur lesquelles les anciens gravaient les noms et
fance couchee sur les bras de ton Dieu appelle ,
les demandes du consultant.
tes eaux et tes riantes campagnes pour benir le On devinail encore de cette maniere : lors-
jour de TEternel qu'ily avail eu un grand vent pendant la nuit,
» Un Dieu, jadis, fit la garde sur tes remparls, on allait voir de bon matin la disposition des
et tes enfants ecrivirent de leur sang sur tes feuillestombees, el des charlatans predisaient
murs : « La liberte et I'amour d'un Dieu et de ou declaraient la-dessus ce que le peuple voulail
leur pa trie ! » Geneve! releve-toi !... deboul!... savoir.
monte sur les cadavres de tes ennemis... et pro- Botis. I'oy. Otis.
clame encore la liberte de ton Dieu Geneve, tu ! Botris ou Botride, plante dont les feuilles
as encore des remparts... ne crains point! car sont velues et decoupees, et les fleurs en petites
ces remparts sont i'Eternel ton Dieu I'Eternel , grappes. Les gens a secrets lui attribuent des
des armees, le Dieu des combats, le maitre des vertus surprenantes, et parliculierement celle de
batailles... faire sorlir avec facilite les enfants morts du sein
Geneve, petite ville d'enire les villes, tu es
') de leur mere.
grande devant le Seigneur, parce que tu as garde Boubenhore (Michel-Louis de), jeune Alle-
la foi pour servir de flambeau aux nations de la mand de bonne famille qui, entraine par la pas-
terre sion du jeu, se donna au demon dans un mo-
Geneve, Geneve, 6 Geneve! Rome s'avance
» ment oil il avail tout perdu, fut possede aussitot
tenant a la main un joug de fer. Geneve, tu es el pousse au criine. Les exorcismes le delivre-
libre prends garde
, tu porteras la couronne de
! renl devant une foule immense de personnages
victoire, mais tes pieds ne seront jamais souilles considerables el son histoire ne peut elre con-
,

par les fers ennemis. Ton epee se rougira, mais testee on peut la lire dans les Legendes infer-
:

ton front restera pur comme le lis sous la nales.


rosee. Bouc. C'est sous la forme d'un grand bouc
Enfants de Geneve, reslez dans vos murs
" noir aux yeux elincelants que le diable se fait
pour defendre la mere qui vous cacha au jour du adorer au sabbat; il prend frequemment cette
danger. Tes portes, Geneve, c'est le brasde I'Eter- figure dans ses entrevues avec les sorcieres, et
nel, et sa voix est toncanon d'alarme. lemaitre des sabbats n'est pas autrement desi-
!) Ami un cceur patriotique,
lecteur, si tu as gne dans beaucoup de procedures que sous le
tu me pardonneras ma petite digression mais je ; nom de bouc noir ou grand bouc. Le bouc el le
n'ai pu retenir le torrent qui bouillonnait dans manche a balai sont aussi la raonture ordinaire
mon ame. Aimes-tu tapatrie? Oh! si tu I'aimes, des sorcieres, qui partenl par la cheminee pour
cours aux armes, car sa voix t'appelle, et tu leurs assemblees nocturnes.
pourrais un jour pleurer le sang qu'elle versa Le bouc , chez les Egyptiens ,
represenlait le
sous le feu ennemi. Oui, enfants libres d'un dieu Pan , demonographes disenl
et plusieurs
meme Dieu, prenez vos armes et courez a la que Pan est le demon du sabbat. Chez les Grecs,
frontiere ! Mais vos armes, 6 enfants de Geneve on immolait le bouc a Bacchus; d'aulres demo-
c'est la Bible de votre Roi. » M. Garinet, Histoire de
'
la magie en France.
,,

BOU 113 BOU


nomanes pensent que le demon du sabbat est peut procurer la meme surprise a des Strangers
le bouc emissaire des Juifs (Aza-
Bacchus. Enfin qu'on voudra troubler. Les villageois disent que
zel) hantait les forets et les lieux deserts consa- le diable se montre frequemment en forme de

cres au demon : voila encore, dans certaines bouc a ceux qui le font venir avec le Grimoire.
opinions, les motifs qui ont place le bouc au sab- Ce fut sous la figure d'un grand bouc qu'il em-
bat. Voy. Sabbat. porta Guillaume le Roux, roi d'Angleterre.
L'auteur des Admirables secrets d' Albert le Voici une aventure de bouc qui peut tenir ici
Grand dit, au chapitre iii du livre II, que si on se sa place. Un voyageur couche dans une cham-
frotte le visage de sang de bouc qui aura bouilli bre d'auberge avait pour voisinage, sans le sa-
avec du verre et du vinaigre, on aura inconti- voir, une compagnie de chevres et de boucs,

nent des visions horribles et epouvantables. On dont il n'etait separe que par une cloison de bois

fortmince ouverte en plusieurs endroits. II s'e-


,
ceder centre cette femme. Elle confessa que
taitcouche sans examiner son gite et dormait maitre Jehan cabaretier de Blois a I'enseigne
, ,

paisiblement lorsqu'il regut la visite d'un bouc du Cygne, chez qui elle ^tait servante, lui avait
son voisin : I'animal avait profite d'une ouver- fait gouverner trois mois cette marionnette ou

tnre pour venir le voir. Le bruit de ses sabots mandragore, qu'elle lui donnait a manger avec
eveilla Fetranger, qui le prit d'abord pour un frayeur d'abord car elle etait fort mechante
,

voleur. Le bouc s'approcha du lit et mit ses que quand son maitre allait aux champs, il lui
deux pieds dessus. Le voyageur, balangant entre disait : —
Je vous recommande ma bete, et que
le choix d'une prompte retraite ou d'une atla- personne ne s'en approche que vous.
que vigoureuse, prit le parti de se saisir du vo- Elle conta qu'une certaine fois Jehan etant alle
leur pretendu. Ses pieds, qui d'abord se presen- en voyage elle demeura trois jours sans donner
,

tent au bord du lit, commencent a I'intriguer; a manger a la bete, si bien qu'a son retour elle
son effroi augmente, lorsqu'il touche une face le frappa vivement au visage Elle avait la
pointue une longue barbe des cornes
, , Per- forme d'une guenon; et on la cachait bien, car
suade que ce ne peut etre que le diable, il saute elle etait si hideuse, que personne ne I'osait re-
de son lit tout trouble. Le jour vint seul le ras- garder. Sur ces depositions, le juge fit mettre
surer en lui faisant connaitre son pretendu de- la femme Bouchey a la question et plus tard le ,

mon. Voy. Grimoire. parlement de Paris la condamna comme sor-


Boucher. Ambroise Pare raconte, dans son ciere. II est assez probable que la marionnette
livre des Monstres , chapitre 28, qu'un valet etait simplement une vraie guenon.
nomme Boucher etant plonge dans des pensees Bouddha , dieu des Hindous. Mais ce dieu n'e-
impures un demon ou spectre lui apparut sous
, tait d'abord qu'unhomme, et c'est un parvenu.
la figure d'une femme. II suivit le tentateur; Bouillon du sabbat. Pierre Delancre assure
mais incontinent son ventre et ses cuisses s'en- dans I' Incriduliti et mdcriance du sortilege plei-
flammerent, tout son corps s'embrasa, et il en nement convaincue, traite dixieme, que les sor-
mourut miserablement. cieres, au sabbat, font bouillir des enfants morts
Bouchey (Marguerite Ragum), femme d'un et de la chair de pendu , qu'elles y joignent des
macon de Sologne, vers la fin du seizieme
la poudres ensorcelees, du millet noir, des gre-
siecle; elle monlrait une sorte de marionnette nouilles qu'elles tirent de tout cela un bouillon
,

animee, que les gens experts decouvrirent etre qu'elles boivent en disant « J'ai bu du tympa-
:

un lutin. En juin 1603, le juge ordinaire de Ro- non*, et me voila professe en sorcellerie. » On
morantin,homme avise, se mit en devoir de pro- • Le tympanon dtait le chaudron.
8
BOU lU BOU
ajoute qu'apres qu'elles ont bii ce bouillon , les servis d'une boule de cristal devant laquelle ils

sorcieres predisent I'avenir, volent dans les airs, plagaient un enfant qui voyait dans cette boule

et possedent le pouvoir de faire des sortileges. ce que Ton desirait apprendre. Voi/. Encre.
Boule de cristal. Plusieurs devins se sont Boules de Maroc. II existe a Maroc une tour

surmontee de trois boules d'or, si artistement Boulle (Thomas), vicaire de Picard, sorcier
fixees au monument, que I'nn a vainement IcnLe comme lui, et implique dans raffaire de Made-
de les en detacher. Le peuple croit qu'un esprit leine Bavent et de la possession de Louviers. On
garde ces boules et frappe de mort ceux qui le convainquit d'avoir none et denoue I'aiguil-
essayent de les enleverV lette, de s'etre mis sur des charbons ardents sans

Boundschesch,

se brfiler et d'avoir fait plusieurs abominations. avait le sort de taciturnite , comme I'observe Bois-
II souffrit la question sans rien dire, parce qu'il roger. Cependant, quoiqu'il n'eut rien avoue,
* H. Paillet, Histoire de I'cmpire de Maroc, p. 69. parce qu'il avait la marque des sorciers et qu'il
BOU — 115 — BUO
avait commis des actes infames en grand nombre, lequel Ormusd repandit la force eL la fraicheur
il fut, apres amende honorable, brule vif, a Rouen, d'un adolescent de quinze ans, en jetant sur lui
sur le Vieux-Marche , le 22 aoul 1647 Voy. Lou- une gouLLe iX'eau de sanU et u'ne goulte A'enu de
VIERS. vie. Ce premier homme s'appela Kaid-Mords il ;

Boullenc (Jacques) astrologue a Bologne, na-


,
vecut mille ans et en regna cinq cent soixante.
lif du diocese de Dol en Bretagne. 11 lit plusieurs II produisit un arbre, des fruits
duquel naquit le
traites d'astrologie que nous ne connaissons pas; genre humain. Arimane, ou le diable, sous la
il predit les troubles de Paris sous Charles VI, figure d'un serpent, seduisit le premier couple
ainsi que la prise de Tours par le Dauphin. II et le corrompit ; les premiers hommes dechus se
dressa aussi, dit-on, I'horoscope de Pothon de couvrirent alors de vetements noirs et attendirent
Sainlrailles, en quoi on assure qu'il rencontra tristement la resurrection car.ils avaient intro-
;

jusLe^. duit le peche dans le monde. On voit la une tra-


Boulvese, professeur d'hebreu au college de dition alteree de la Genese.
Montaigu. 11 a ecrit I'histoire de la possession de Bounsio, Japonaise que favorisaient les Ka-
Laon en 1556; de Nicole Aubry.
c'est I'avenlure mis, esprils familiers du Japon. Elle desirait avoir
Boundschesch
ou Livre de t'elernile, Ires-
, des eiifants. Par I'aide de ces esprits, elle pon-
revere des anciens Persans. C'est la qu'on voit dit cinq cents oeufs, d'ou sortirent cinq cents
qu'Orinusd est I'auteur du bien et du monde pur, enfants eclos au four.
Arimane I'auteur du mal et du monde impur. Un Bourget ou Burgot, sorcier compromis avec
jour qu'Ormnsd I'avait vaincu, Arimane, pour se Michel Verdung. Voy. Verdung.
venger, tua un breuf qu'Ormusd avait cree du : Bourignon (Antoinette), visionnaire, nee a
sang de ce boeuf naquit le premier homme, sur Lille en 1616, morle en 1680 dans la Frise. Elle

etait si laide, qu'a sa naissance on hesita si on ses nombreux ouvrages, qui furent tous imprimes
ne I'etoufferait pas comme un monstre. Elle se sous ses ycux, en francais, en flamand et en alle-
consola de I'aversion qu'elle inspirait par la lec- mand, combattent tout culte exlerieur et toute
ture mal digeree de livres qui enllammerent son en faveur d'une perfection mystique qui
liturgie,
imagination vive et ardente. Elle eut des visions ne vient pas de Dieu. Les plus celebres de ces
et des extases. Elle se mit a precher, se fit ecrits sont le traite du Nouveau del et du regnc
chasser de Lille, et se retira en Hollande. Elle de I'Antechrist, et son livre I)e I'aveugkment des
voyait partout des demons et des magiciens ; et hommes et de la lumierc nde en tenebres.
Bourreau. Le maitre des hautes oeuvres avait
* M. Jules Garinet, Hist, de la magic en France,
p. 246.
jadis diverses prerogatives. On lui attribuait
2 Extrait d'un manuscrit de la bibliotheque
du roi, meme, dans plusieurs provinces, le privilege de
rapporte a la fin des Remarques de Joly sur Bayle. guerircertaines malaplies, en les touchant de la
8.
,

BOU 116 BOV

main lorsqu'il revenait d'une execution de mort'. de ce fait Un soir du dernier siecle, le marquis
:

On disait autrefois a Paris qu'il etait dangereux de Lally, revenant d'un petit souper, s'avisa de
de se joLier avec le bourreau ,
peut-etre a cause vouloir s'introduire, avec deux de ses amis, dans

Bouiiyiion. — Ellc sc mil a pioclif

une maison ou Ton dansait. C'etait la maison du Bourru. Les Parisiens faisaient autrefois beau-
bourreau; et le bourreau, lui-meme, leur ouvrit coup de contes sur un fanlome imaginaire qu'ils
la porte en se faisant connaiLre. Vingt ans apres, appelaient le moine bourru. lis en effrayaient
le marquis de Lally mourait de la main de ce les enfants. Croque-mitaine lui a succdde.
bourreau. Boury, agent de sorcelterie. Voij. Flaqur.

Boarrean.

Bousanthropie, maladie d'esprit qui frappait seraient leurs succes aupres des jeunes lilies qu'ils
certains visionnaires , et leur persuadait qu'ils voulaient rechercher en mariage en portant dans
,

etaient changes en boeufs. Mais les bousanthropes leur poche une plante nommee bouton de bacbe-
sont bien moins communs que les loups-garous lier, de I'espece des lychnis et dont la fleur res-
,

ou lycanthropes dans les annales des egarements semble a un bouton d'habit. lis jugeaient s'il fal-
de I'esprit humain. lait esperer ou desesperer, selon que ces boutons
Bouton de bachelier. Les jeunes pay.sans an- s'epanouissaient ou non
glais pretendaient autrefois savoir d'avance quels Boville ou Bovelles 'Bovillus (Charles de)
,

* Smith, Notes aux joyeuses commeres de Shaks-


' Thiers, Traite des super slitions , t. I, p. 443. peare, acte IIL
, ,,

BOX 117 BRA


Picard, mortvers 1553. II veut etablir, dans son Brahma, dieu createur des Indians. lis lui re-
livre De sensu, cette opinion que le monde est connaissent neuf fils, qui sont autant de petits
on animal, opinion d'ailleurs ancienne, renoa- Brahmas Takin ne de: , I'orteil du dieu Poulaguin
;

velee plusieurs fois depuis el assez recemment de son nombril Poulatien de son oreille Pir- ; , ;

par Felix Nogaret'. On cite encore de Bovillus rougou, de son epaule; Meradou, de ses mains;
ses Leltres'^, sa Vie de Raymond Lulle , son TraiU Chanabadi, de son visage; Anguira, de son nez;
des douze nomhres et ses Trois dialogues sur I'im- Narissen, de son esprit, et Atri, de ses yeux.
mortalile de I'dme, la resurrection et la fin du Brahmanes, Brahmes et Brahmines, sectateurs
monde de Brahma dans I'lnde, lis croient que I'ame de
Boxhorn (Marc Zuerius), critique hollandais, Bi'ahma passa successivement dans quatre-vingt
ne a Berg-op-Zoom en 1612. On recherche de mills corps differents, et s'arreta un peu dans
hii un Traili des soncjes, qui passe pour un ou- celui d'un elephant blanc avec plus de complai-
vrage rare et curieux ''.
sance ; aussi reverent-ils I'elephanl blanc.
Braccesco (Jean) , alchimiste de Brescia ,
qui lis sont la premiere des quatre castes du peuple
florissait au seizieme siecle. II commenta I'ou- qui adore Brahma. Ces philosophes, dont on a
vrage arabe de Geber, dans un fatras aussi obs- cont6 tant de choses, vivaient autrefois en partie
cur que le livre commente. Le plus curieux de dans ou ils consultaient les astres et
les bois,
ses traites est Le hois de vie, oil I' on apprend la faisaient de la divination, et en partie dans les
mddecine au moyen de laquelle nos premiers peres villes pour enseigner la morale aux princes in-
ont vScu nenf cents ans ^ diens. Quand on allait les ecouter, dit Strabon,
Brag, lutin nocturne qui s'annonce chez les on devait le faire dans le plus grand silence. Celui
Anglais par un bruit de grelots si fort qu'on peut qui toussait ou crachait etait exclu.
le prendre pour un cheval de poste. On ne le Les Brahmanes croient a la metempsycose ne ,

volt pas d'abord, mais son plaisir est de poser mangent que des fruits ou du lait, et ne peuvent
ses deux pattes de devant sur les epaules du pas- toucher un animal sans se rendre immondes. lis
sager qu'il veut intriguer. Apres s'etre fait trai- disent que les betes sont animees par les ames
ner ainsi quelques pas il s'enfuit en poussant un
, des anges dechus systeme dont le pere Bougeant ,

joyeux hennissetnent. II a eu I'audace de se mon- a tire un parti ingenieux.


trer en 1809 dans la ville d'York. 11 y avail dans les environs de Goa une secte

Bragadini (Marc-Antoine) alchimiste, origi- ,


de brahmanes qui croyaient qu'il ne fallait pas
naire de Venise decapite dans la Baviere
,
en , attendre la mort pour aller dans le ciel. Lors-
1595, parce qu'il se vantait de faire de I'or, qu'il qu'ils se sentaient bien vieux, ils ordonnaient a
ne tenait que des liberalites d'un demon, comme leurs disciples de les enfermer dans un coffre et
disent les recits du temps. Son supplice eut lieu d'exposer le coffre sur un fleuve voisin qui de-
a Munich par I'ordre da due Guillaume II. On
,
vail les conduire en paradis. Mais le diable etait
arreta aussi deux chiens noirsqui accompagnaient la qui les guettait; aussitot qu'il les voyait
partout Bragadini et que Ton reconnut etre ses
, embarques, ilempoignait son
rompail le coffre,
demons familiers. On leur fit leur proces; ils homme et les habitants du pays, retrouvant la
;

furent tues en place publique a coups d'arque- boit'e vide s'ecriaient que le vieux brahmane
,

buse, etait alle aupres de Brahma.


Ce Brahma chef des brahmanes ou brahmes
,

* Dans un petit volume intitule La terre est un


ou brahmines, est, comme on sail, I'une des trois
animal.
2 Epistolce complures super mathematicum opus personnes de la Irinite indienne. II resta plusieurs
quadripartitum , recueillies avec les traites De duo- siecles, avant de naitre, a refiechir dans un oeuf
dccim numeris, De numeris perfectis, etc., a. la suite d'or, de la coquille duquel il fit le ciel et la lerre.
du Liher de intellectu, de sensu, etc. In-fol., rare.
II avail cinq tetes il en perdit une dans une ba- ;
Paris, H. Estienne, 1510.
Vita Raijmundi eremitce, a la suite du Commen- taille, et se mit ensuite a produire quatorze

tarius in primordiale Evangelium Joannis. In -4°. mondes, I'un de ses yeux,


de son cerveau, I'autre
Paris, 1514. —
Dialogi tres deanimce immortalitale le troisieme de sa bouche quatrieme de son , le
de resurrectione , de mundi excidio et illius instau-
oreille gauche, le cinquieme de son palais, le
ratione, In-8°. Lyon, Gryphius, 1552.
* Marci Zuerii Boxhornii Oratio de somniis. Liig- sixieme de son coeur, le septieme de son esto-
duni Batav., 1639, vol. in-40. mac, le huitieme de son ventre, le neuvieme de
^ Legno della vita, nel quale si dichiara la medi-
sa cuisse gauche, le dixieme de ses genoux, le
cina per la quale i nostri primi padri vivevano nave
cento anni. Rome, 1542 in-S". La esposizione di
,
— onzieme de son talon le douzieme de I'orteil de
son pied droit le treizieme de la plante de son
,

Geber filosofo, nella quale si dichiarano molti nobi- ,

lissimi secreti della nalura. In-S". Venise, 1544. — pied gauche et le dernier de Fair qui I'envi-
Ces deux ouvrages, traduits en latin, se trouvent ronnait. Les habitants de chacun de ces mondes
dans le recueil de Gratarole, Vera alchemice doctrina,
ont des qualites qui les dislinguent, analogues a
et dans le tome P'' de la bibliotheque chimique de
Mang'et; ils sont aussi publics separ^ment sous le leur origine ceux du monde sorti du cerveau d(;
;

litre De alchemia dialogi duo. In-4°. Lugd., 1548.


: Brahma sont sages el savants.
;

BRA — 118 — BRI

Les brahmines sont falalistes; ils disent qii'a ne pouvoir etre mis a mort pour quelque crime
la naissance de cliaque elre mortel, Bralima ecrit que ce soil. Un Indien qui aurait le malheur de
tout son horoscope qu'aucun pouvoir n'a plus le luer un brahmine ne peut expier ce crime que
raoyen de changer. par douze pnnees de pelerinage, en demandant
Les brahmines, toujours astrologues et magi- I'aumone et faisant ses repas dans le crane de sa
cicns, jouissent encore a present du privilege de victime.

Braliinaiie.

Les brahmanes de Siani croieat que la terre mec. Elle parcourt les appartements du chateau
perira par le feu , que de sa cendre il en
et habitd par la personne qui doit mourir, sans
renaitra une autre qui jouira d'ua printemps per- qu'on ose arreter sa marche. II y a longtemps
petuel. que celte apparition n'a lieu; et Ton conte qu'un
Le juge Boguot, qui futdans son temps !e fleau page ayant eu I'audace un jour de se placer de-
des sorciers regarde les brahmanes comme d'in-
, vant la grande femme blanclie elle le jeta a terre
,

signes magiciens, qui faisaient le beau temps et aVec tant de violence qu'il resta mort sur la
la pluie en ouvrant ou fermant deux tonneaux place.
qu'ils avaient en leur puissance. Leloyer assure, Bras de
fer, berger sorcier. Voy. Hocque.
page 337, que les brahmanes, ou brahmines, Brebis. Voy. Troupeaux.
vendent toujours les vents par le moyea du dia- Brennus, general gaulois. Apres qu'il se fut
ble; et il cite un pilote venitien qui leur en acheta empare de Delphes, et qu'il eut profane le temple
au seizieme siecle. d'ApoUon, il survint un tremblement de terre,
Brandebourg. On assure encore dans , les vil- accompagne de foudres et d'eclairs et d'une
lages de la Pomeranie et Marche electorale,
de la pluie de pierres qui tombait du mont Parnasse
que toutes les fois qu'il doit mourir quelqu'un de ce qui mit ses gens en tel desarroi qu'ils se lais-
la maison de Brandebourg, un esprit apparait serent vaincre; Brennus, deja blesse, se donna
dans les airs, sous I'apparence d'uae grande sta- la mort.
tue de marbre blanc. Mais c'est une femme ani- Brilfaut, demon peu connu, quoique chef de
:

BRI — 119 — BRO


legion. II loge dans le corps d'une posse-
s'etait gnons, qu'ils ouvrirent des yeux effrayes. De
dee de Beauvais, au commencement da dix-sep- memoire d'homme , on n'avait entendu parler
tieme siecle. dans le pays d'etres aussi petits aussi agiles et ,

Brigitte (sainte). II y a dans les Revelations aussi babillards que ceux-la. lis s'i\naginerent
de sainte Brigitte de terribles peintures de I'en- que ces petits hommes qui parlaient, dansaient,
fer. Les ennemis de la religion ont Lrouve dans se battaient et se disputaient si bien ne pou-
ces ecrits un theme a leurs declamations. Mais ce vaient etre qu'une troupe de lutins aux ordres
ne sont pas la des livres canoniques I'Eglise ;
de Brioche.
n'ordonne pas de les croire et ils ne s'adressent
, Cette idee se confirmant par les confidences
pas a toute sorte de lecteiirs. que les spectateurs se faisaient entre eux, quel-
Brinvilliers (Marie-Marguerite, marquise de), ques-uns coururent chez le juge, et lui denon-
cerent le magicien.
Le juge, epouvante, ordonna a ses archers
d'arreter le sorcier, et I'obligea a comparaitre
devant lui. On garrotta Brioche, on I'amena de-
vant le magistrat, qui voulut voir les pieces du
proces on apporta le theatre et les demons de
;

bois, auxquels on ne touchait qu'en fremissant;


et Brioche fut condamne a etre brule avec son at-
tirail. Cette sentence allait etre executee ,
lorsque
survint un nomme Dumont, capitaine des gardes
suisses au service du roi de France : curieux de
voir le magicien frangais, il reconnut le malheu-
reux Brioche qui I'avait tant fait rire a Paris. II

se rendit en toute hate chez le juge : apres avoir


fait suspendre d'un jour I'arret, il lui expliqua
I'affaire, lui fit comprendre le mecanisme des
femme qui, de 1666 a 1672, empoisonna, ou du marionnettes, et obtint I'ordre de mettre Brioche
moins fut accusee d'avoir empoisonne, sans mo- en liberie. Ce dernier revint a Paris, se promet-

tifs de haine, quelquefois meme sans inLeret, tant bien de ne plus songer a faire rire les Suisses

parents, amis, domesliques; elle allait jusque dans leur pays*.


dans les hopitaux donner du poison aux malades. Brizomantie, divination par I'inspiration de
II faut attribuer tous ces crimes a une horrible
Brizo, deesse du sommeil ; c'etait I'art de devi-
demence ou a cette depravation atroce dont on ner les choses futures ou cachees par les songes
ne voyait autrefois d'autre explication que la pos- naturels.

session du diable. Aussi a-t-on dit qu'elle s'etaiL Broceliande, foret enchantee des romans de
vendue a'Satan. chevalerie.
Des I'age de sept ans, la Brinvilliers com- Brognoli, savant religieux italien de I'ordre
menca, dit-on, sa carriere criminelle, et il a ete des freres mineurs, a exorcise et delivre plu-
permis a des esprits serieux de redouter en elle sieurs energumenes et laisse un livre curieux,
un affreux demon possesseur. Elle fut brulee en intitule Alexicacon, hoc est de malcjiciis ac mo-
1676. Les empoisonnements continuerent aprtJs ribus maleficis cognosccndis. Venise, 1714.
sa mort. Voy. Voism. Brohon (Jean), medecin de Cuutances, au
Dans V Almanack de 1842, M. Eu-
projyhetic/ue seizieme siecle. Des amateurs recherchent de lui
gene Bareste a tente de jusliiier la marquise de 1° Description d'une prodigieuse et merveilleuse

Brinvilliers. Mais il n'est pas possible qu'on Fail comete, avec un traite presagique des cometes;
noircie. — Gorres, dans sa Mystique, reconnait in-8°, Paris, 1568. —
2° Almanack, ou Journal•

dans fes crimes de cette femme I'influence sata- astrologique avec les jugements pronostiques
,

nique, comme oh a pu la voir de nos jours dans pour Pan 1572; Rouen, 1571, in-12.
un monstre appele Dumollard. Brolic (Corneille) jeune gargon du pays de
,

Brioche (Jean), arracheur de dents qui, vers Labourd, que Pierre Delancre interrogea co.nme
I'an 1650, se rendit fameux par son talent dans sorcier au commencement du dix-septieme siecle.
I'art de faire jouer les marionnettes. Apres avoir II avoua qu'il fut violente pour baiser le derriere

amuse Paris et les provinces,


il passa en Suisse du diable. « Je ne sais s'il dit cela par modestie,
et s'arreta a ou il donna une represen-
Soleure , ajoute Delancre ; car c'est un fort civil enfant.
tation en presence d'une assemblee nombreuse, Mais il ajoula qu'il soutint au diable qu'il aime-
qui ne se doutait pas de ce qu'elle allait voir, car rait mieux mourir que lui baiser le derriere, si

les Suisses ne connaissaient pas les marionnettes. bien qu'il ne le baisa qu'au visage ; etil eut beau-
A peine eurent-ils apergu Pantalon, le diable, le 1 Lettres de Saint- Andre sur la magie, Demoniana,
medecin, Polichinelle et leurs bizarres compa- Diclionnaire d'anecdotes suisses.
, ,

BRO — 120 — BRO


coup de peine a se tirer du sabbat , dont il n'ap- ame etait celle de saint Jacques le Mineur. II se
prouvait pas les abominations'. » proposait d'aller retablir le royaume d'Israel, et
Bronzet, lutin qui frequentait I'abbaye de il s'adressa dans ce but au roi et au parlemenL
Monlmajor, pres d' Aries. Voy. Puck, 11 avait beaucoup de disciples, a qui il promettait
Brossier (Marthe), lille d'un tisserand de Ro- an miracle eclatant. II devait changer son baton
moranlin, qui se dit possedee et convulsionnaire en serpent, au milieu du Strand a I'heure de ,

en 1569, a I'age de vingt-deux ans. Elle se fit midi ce qui echoua. II annonqait aussi un trem-
;

exorciser; les effets de la possession devinrent blement de terre; a propos de celte prophetie,
de plus en plus merveilleux, Elle parcourait les beaucoup de personnes deserterent Londres.
villes, et le diable, par sa bouche, parlait he- Mais le tremblement de terre n'eut pas lieu, et
breu, grec, latin, anglais, etc. On disait aussi le prophete fut mis en prison. Nous n'en savons

qu'elle decouvrait les secrets; on assure que pas plus sur le compte de cet homme,
dans ses cabrioles elle s'elevait quelquefois a Broucolaques. Voy. Vampires.
quatre pieds de terre. Brouette de la Mort. G'est une opinion ge-
L'official d'Orleans, qui se defiait d'elle, lui neralement regue parmi les paysans de la basse
dit qu'il allait I'exorciser, et conjugua, dans Des- Rretagne que, quand quelqu'un est destine a
pautere, les verbes nexo et texo. Le demon aus- rendre bientot le dernier soupir, la brouette de
sitot la renversa a terre, oii elle fit ses contor- la Mort passe dans le voisinage. Elle est cou-
sions. Charles Miron, eveque d' Angers, devant verle d'un drap blanc, et des spectres'la condui-
qui elle fut conduite, la fit garder dans une raai- sent; le moribond entend meme le bruit de sa
son de confiance. On mit a son insu de I'eau be- roue'. Dans certains cantons, cette brouette est
nite dans sa boisson qui n'opera pas plus d'ef-
,
le char de Mort, carrick an Nanhou, et le cri
la
fet que I'eau ordinaire on lui en presenta dans
; de annonce son passage ^
la fresaie
un benitier, qu'elle crut benite, et abssitot elle Brown (Thomas), medecin anglais, mort en
tomba par terre se debattit et fit les grimaces
, 1682. II combattit les erreurs dans un savant
accoutumees. L'eveque un Virgile a la main , ouvrage ' que I'abbe Souchay a traduit en fran-
feignit de vouloir I'exorciser, et prononca d'un cais sous le titre d'Essai sur les erreurs popu-
ton grave Arma virumque cano. Les convul-
: laires, ou examen de plusieurs opinions reques
sions de Marthe ne manquerent pas de redou- comme vraies et qui sont fausses ou douteuses.
bler. Certain alorsde I'imposture, Charles Miron 2 vol. in-12. Paris, 1733 et 17^2. Ce livre, utile
chassa pretendue possedee de son diocese,
la quand il parut. Test encore aujourd'hui, quoique
comme on I'avait chassee d'Orleans. beaucoup de ses erreurs soient dissipees. Les
A Paris, les medecins furent d'abord partages connaissances du docteur Brown sont vastes,
sur son etat; mais bientot ils prononcerent qu'il ses jugements souvent justes; quelquefois ce-
y avait beaucoup de fraude, pen de maladie, et pendant il remplace une erreur par une autre.
que le diable n'y etait pour rien Nihil a dee- : L'Essat sur les erreurs populaires est divise en
mone, mtdta ficta, a morho pauca. Le parlement sept livres. On recherche dans le premier la
prit connaissance de I'affaire, et condamna Mar- source des erreurs accreditees; elles doivent
the a s'en retourner a Romorantin, chez ses pa- naissance a la humain, a la
faiblesse de I'esprit
rents, avec defense d'en sortir, sous peine de curiosile, a I'amour de I'homme pour le merveil-
punition corporelle. leux, aux fausses idees, aux jugements preci-
Cependant elle se fit conduire quelque temps pites.
apres devant l'eveque de Clermont qu'elle espe- Dans le second livre on examine les erreurs
rait tromper ; mais un arret du parlement mit
la qui attribuent certaines vertus merveilleuses aux
en fuite. Elle se refugia a Rome, oii elle fut en- mineraux aux plantes telles sont les qualites
et :

fermee dans une communaute ; la finit sa posses- surnaturelles qu'ondonne a I'aimant et le privi-
sion. On pent voir sur cette affaire les lettres du lege de la rose de Jericho qui, dans I'opinion
cardinal d'Ossat et une brochure intitulee Dis- des bonnes gens, fleurit tous les ans la veille de
cours veritable sur le fait de Marthe Brossier, par Noel.
le medecin Marescot, qui assista aux exorcisnies Le troisieme livre est consacre aux animaux
(in-8°, Paris, 1599). etcombat les merveilles qu'on debite sur leur
Brothers (Richard), enthousiaste anglais qui, compte et les proprietes que des charlatans don-
au dix-seplieme siecle, se disait prophete et ne- nent a quelques-unes de leurs parties ou de leurs
veu de Dieu, a peu pres comme David-Georges. secretions.
II enseignait que loules les ames avaient ete Le quatrieme livre traite des erreurs relatives
creees en meme temps que celle d'Adam, et a rhomme. L'auteur detruit la vertu cordiale
avaient peche avec lui dans le paradis terrestre.
II croyait a la metempsycose
Voyage de M. Cambry dans le Finistere t. L
'
et disait que son ,
,

2
M. Keratry, Le dernier des Beaumanoir, ch. xxvi.
• Tableau de linconsiance des mauvais anges, etc., 3 Pseudodoxia epidemica or enquiries the vulgar
p. 75. errors, etc. In-fol. Londres, 1646.
; , .

BRO 121 BRU

accordee au doigt annulaire , le conte populaire sur le menton de ses concitoyens pendant les

qui fait remonter I'origine des eternuments a jours nefastes.


une epidemie dans laquelle on mourait en eter- Frangois Rapaert, medecin de Bruges , publia
nuant la puanteur speciale des Juifs les pyg-
, , contre Bruhesen le Grand et perpetuel almanack,
mees, les annees climateriques. on jliau des empiriqucs et des charlatans^. Mais
Le cinquieme livre est consacre aux erreurs Pierre Haschaert, chirurgien partisan de I'astro-
qui nous sont venues par la faule des peintres logie, defendit Bruhesen dans son Bouclier astro-

comme le nombril de nos premiers parents, le logique contre le fleau des astrologues de Frangois
sacrifice d'Abraham, oh son fils Isaac est repre- Rapaert % et depuis on a fait des almanachs sur
sents enfant, tandis qu'il avait quarante ans. le modele de Bruhesen et ils n'ont pas cesse
,

L'auteur dans le livre sixieme les


discute d'avoir un debit immense.
opinions erronees ou hasardees qui ont rapport Brulefer. C'est le noin que donnent les VM-
a la cosmographie et a I'histoire. II combat les tables clavicules de Salomon a un demon ou

jours heureux ou malheureux, les idees vulgaires esprit qu'on invoque quand on veut se faire
sur la couleur des negres. aimer.
Le septieme livre enfin est consacre a I'examen Brunehaut, reine d'Austrasie. Elle contracta

de certaines traditions regues, sur la mer Morte, avec Satan un marche en teneur duquel il devait
la tour de Babel les rois de I'Epiphanie, etc,
, lui faire en une nuit une route sur Tournay. Elle

Le savant ne se montre pas credule cepen- ;


devait etre flnie avant le chant du coq. Mais Bru-
dant il croyait comme tout chretien aux sor-
, , nehaut fit chanter son coq au moment ou le dia-
ciers et aux demons. Le docteur Hutchinson cite ble apportait la derniere pierre ce qui rompait ;

de lui un fait a ce sujet dans son Essai sur la le marche. Cette pierre enorme est encore visi-
sorcellerie. Eri 1664, deux personnes accusees de tee et s'appelle la pierre de Brunehaut ^
sorcellerie allaient etre jugees a Norwich; le Bruno (Giordano), ne a Nole dans le royaume
grand jury consul ta Brown, dont on reverait de Naples, au milieu du seizieme siecle. II quitta
I'opinion et le savoir. Brown signa une attesta- I'habit monastique pour se Jeter dans la philoso-
tion dont on a conserve I'original dans laquelle , phie hostile, et publifi a Londres, en 158/i, son
il reconnait I'existence de sorciers et I'influence livre de Y Expulsion de la bete triompkante Ce
du diable il y cite meme des faits analogues a
; livre fut supprime. C'etait une critique, stupide
ceux qui faisaient poursuivre les deux accuses, dans le fond, maligne dans les details, de toutes
et qu'il presente comm^ incontestables. Ce fut les religions, et specialement de la religion chre-
cette opinion qui determina la condamnation des tienne.
prevenus. Ayant voulu revoir sa patrie, il fut arrete a Ve-
Brownie, lutin ecossais. Le Jacques re-
roi nise en 1598, transfere a Rome, condamne et brule
gardait Brownie comme un agent de Satan; le 17 fevrierde I'an 1600, moins pour ses impie-
Kirck en fait un bon genie. Aux iles d'Arkney, tes flagrantesque pour ses doctrines effroyables
on repand encore des libations de lait dans la et ses raauvaises moeurs. II avait consume beau-
cavite d'une pierre appelee la pierre de Brow- coup de temps a I'etude des reveries hermeti-
nie, pour s'assurer sa protection. Le peuple ques; il a meme
laisse des ecrits sur I'alchimie
de ces iles croit Brownie doux et pacilique mais ; et d'autres ouvrages dont quelques-uns ont par-
si on I'offense, il ne reparait plus. Dans quelques tage son bucher ^ Si on s'etonne de cette ri-
chateaux de I'Ecosse, on croit avoir un Brownie, gueur, il faut songer que les crimes qu'on pour-
qui est un demon familier. suivait ainsi et qui troublaient la societe, la

Brudemort, demon noir qui est dans la Nor- corrompaient et hataient sa dissolution inspi- ,

mandie I'epouvante des campagnes. II est servi raient plus d'horreur alors que n'en inspire au-
par ses dix mille huarts, qui sont des lutins te- jourd'hui chez nous I'assassinat,
nebreux hurlant la nuit et mettant leur joie a
, Brunon. « L'empereur Henri III allait en ba-
faire peur aux bonnes gens. teau sur le Danube, en son duche de Baviere,
Bruhesen (Pierre Van) docteur et astrologue
,

de la Canipine, mort a Bruges en 1571. II publia


• 1 Magnum et perpetuum almanack, sen empirico-
rum et medicastrorum flagellum. In-lS, 1551.
dans cette ville, en 1550, son Grand et perpe 2 Clypeus astrologicus contra flagellum astrologo-
tuel almanack , ou il indique scrupuleusement rum Francisci Rapardi. In-1 2 , 1 551
d'apres les principes de I'astrologie judiciaire, 3 tradition dans \esLegendes infernales.
Voyez cette
* Spaccio de la beslia triomphanle, proposfo da
les jours propres a purger, baigner, raser, sai
Giove, effetuato dal conseglo, revelato da Mercurio,
gner, couper les cheveux et appliquer les ven-
recitato da Sofia, udito da Saulino, registrato dal
touses. Ce modele de I'almanach de Liege fit Nolano, diviso in tre dialogi, suhdivhi in ire parti.
d'autant plus de rumeur a Bruges, que le ma- In Parigi. Londres, -1584, in-8».
^ De compendiosa architectura et complemento artis
gistral, qui donnait dans I'astrologie, fit tres-
Lullii, etc. In-1 6. Paris, 1582, etc.
expresses defenses a quiconque exergait dans sa 6 Particuiierement La cena de le ceneri, descrita in
ville le metier de barberie de rien entreprendre cinque dialogi , etc. In-S". Londres, 1581.
; ,

BRU — 1 22 — BUG
accompagne de Brunon, 6veque de Wiirtzboiirg, signe de la croix, et apres qu'il eut conjure le

et de qiielques aiilres seigneurs. Comme il pas- diable, on ne sut ce qu'il devint. Mais bientot,
sait pres du chateau de Grein il se trouva en , comme I'empereur dinait a Ebersberg. avec sa
peril imminent de se noyer, liii et les siens, compagnie, les poutres et le plafond d'une cham-
dans un lieu dangereux cependant il se lira; hre basse ou ils etaient s'ecroulerent I'empe- ;

heiireusement de ce peril. Mais incontinent on reur tomba dans une cuve ou il ne se fit point
apergut au haut d'un rocher un homme noir qui de mal et Brunon eut en sa chute tout le corps
,

appela Brunon , lui disant : — fiveque , sache tenement brise qu'il en mourut. —
De ce Brunon
que je suis un diable, et qu'en quelque lieu que ou Bruno nous avons quelques commenlaires sur
tu sois, tu es a moi. Je ne puis aujourd'luii te les Psaumes'. » —
11 n'y a qu'un petit malheur

mal faire ; niais tu verras avant peu. dans ce conte rapporte par le Leloyer, c'est que
» Brunon ,
qui elait homme de bien , fit le tout en est faux.

Urun ihaut.

Brur, nom donne dans le Dauphine a cer- mais on dit qu'il se montra derechef au meur-
laines femmes qui sont, en quelque sorte, pos- trier de Cesar, la nuit qui preceda la bataille de
sedees. Voy. Kurgon. Philippes, oil Brutus se lua de sa main.
Brutus. Plutarque rapporte que, peu de temps Bucaille (Marie), jeune Normande de Va-
avant la bataille de Philippes, Brutus, elant seul lognes, qui, au dernier siecle, voulut se faire
et reveur dans sa lente, apergut un fantome passer pour beate. Mais bientot ses visions et
d'une taille demesuree, qui se presenta devant ses exlases devinrent suspectes; elle s'etait dile
lui en silence, mais avec un regard mcnacant. quelquefois assiegee par les demons; elle se fai-
Brutus lui demanda s'il etait dieu ou homme, et saitaccompagner d'unpretendu moine, qui dis-
ce qu'il voulait. Le spectre lui repondit Je : — parut des qu'on voulut examiner les fails elle ;

suis Ion mauvais genie, et je t'attends aux se proclama possedee. Pour s'assurer de la ve-
champs de Philippes. « Eh bien! nous nous
y Leloyer, Discours des spectres, liv. Ill
'
et histoire
verrons ! » repliqua Brutus. Le fantome disparut ch. XVI.
, !

BUG — 12 BUG
rite des prodiges qu'elle operait, on la fit en- joignit les menaces aux prieres, de sorte que
fermer au secret. On reconniit que les visions Parker se decida a lui obeir; mais il fut traile de
de Marie Bucaille n'etaient que fourberies; qu'elle fou, etBuckingham dedaigna son avis.
n'elail certainement pas en commerce avec les Le spectre reparul une troisieme fois, se plai-

anges. Elle fut fouellee et marquee, et tout fut gnit de I'endurcissement de son fils, et tirant un
fini poignard de dessous sa robe « Allez encore, :

Bucer (Martin), grand partisan de Luther, dit-il a Parker, annoncer a I'ingrat que vous avez

mort a Cambridge en 1551. On I'a peint suivi vu I'instrument qui doit lui donner la mort. »
d'lui demon qui le souftlait. « Comme H etait Et de peur qu'il ne rejetat ce nouvel avertis-
senient, le fantome revela a son ami un des plus
intimes secrets du due. —
Parker retourna a la
cour. Buckingham, d'abord frappe de le voir
inslruit de son secret reprit bientot le ton de la
,

raillerie, et conseilla au prophete d'aller se gue-


rir de sa demence. Neanmoins, quelques se-
maines apres le due de Buckingham fut assas-
,

sine.On ne dit pas si le couteau de Felton etait


ce meme poignard que Parker avail vu dans la
main du fantome.
Bucon, mauvais demon, cite dans les Cla-
vuulcs de Salomon. II seme la jalousie et la

haine.
Budas, heretique qui fut maitre de Manes, el
auteur de manicheenne. C'etait, dit
I'heresie
Pierre Delancre un magicien eleve des Brah-
manes, et en plein commerce avec les demons.
Un jour qu'il voulait faire je ne sais quel sacrifice
magique, le diable I'enleva de terre et lui lordit
le cou ^ digne recompense de la peine qu'il
:

avail prise de retablir par le manicheisme la


puissance de Satan
Buer, demon de seconde classe, president aux
enfers; il a la forme d'une eloile ou d'une roue

aux abois de la mort, assiste de ses amis, le a cinq branches, et s'avance en roulanl sur lui-

diable s'y trouva onssi, I'accueillant avec une


figure si hideuse, qu'il n'y eut personne qui de ,

frayeur, n'y perdit presque la vie, Icelui diable


I'empoigna rudement, lui creva le venire, le
tLia en lui tordant le cou, et emporta son ame,

qu'il poussa rudement devant aux enfers ^ »


lui

Buckingham (George due de), fa-


Villiers,
vori de Jacques I", mort a Portsmouth en 1628,
illustre surtout par sa fin tragique. — On salt

qu'il fut assassine par Felton , ollicier a qui il

Quelque temps avant sa


avail fait des injustices.
mort, Guillaume Parker, ancien ami de sa fa-
mille apercut a ses cotes en plein midi le fan-
,

tome du vieux sir George Villiers, pere du due,


qui depuis longtemps ne vivait plus. Parker prit
d'abord cette apparition pour une illusion de ses
sens mais bientot il reconnut la voix de son
;

vieil ami qui le pria d'avertir le due de' Buc-


,

kingham d'etre sur ses gardes, et disparut.


Parker, demeure seul , reflechil a cette commis- meme. II enseigne la philosophie , la logique et
sion, et, la trouvant difficile, il negligea de s'en les vertus des herbes medicinales. II se vante de
acquitter. Le fanlome revint une seconde fois et donner de bons domestiques et de rendre la sanle
aux malades. II commande cinquante legions.
*
Leltres du medecin Saint-Andre sur la mar/ie et
Bugnot (Etienne) gentilhomme de la cham-
,
sur les malefices, p. 188 et 431.
2 Delancre Tabl. de I'inconstance des demons, etc.
,
' Discours des spectres, liv. VIII, ch. v.
liv. I, disc. I. 2 Socrate, Histor. eccles., lib. I, cap. xxi.
,,

BUI — m— BUS

bre de Louis XIV , auteur d'lin livre rare intitule taine dose d'idees superslitieuses. Une autre
Hisloire recente pour servir de preuve a la ve- preuve qu'il n'elait pas magicien , mais seule-
rile du purgatoire , verifiee par proces-verbaux menl un peu mathemalicien c'esl qu'on I'elut ,

dresses en 1663 et I66/1, avec un Abrcgd de la provincial des franciscains en Anglelerre


vie d' Andre Bugnot, colonel d'infanterie, et le Bunis, demons tarlares. Voy. Bune.

recit de son apparition apres sa mort. In-12, Or- Buplage ou Buptage. « Apres la balaille don-

leans, 1665. Get Andre Bugnot etait le frere nee enlre le roi Antiochus et les Remains, un
d'Etiennc. Son apparition et ses revelations n'ont officier nomme Buplage, tue dans le combat, ou
rien d'original. il douze blessures morlelles se leva
avait regu ,

Buisson d'epines. Selon une coulume assez tout d'un coup au milieu de I'armee romaine
singiiliere, quand il y avait un malade dans une victorieuse, et cria d'une voix grele a I'homme
maison, chez les anciens Grecs, on attachait qui le pillait :

a la porle un buisson d'epines, pour eloigner


Cesse , soldat romain , de dt^pouiller ainsi
les esprits malfaisants.
Ceux qui sont descendus dans I'enfer obscurci...
Bullet ( Jean-Baptiste ) , academicien de Be-
sancon mort en 1775. On recherche ses Disser-
,
» 11 ajouta en vers que la cruaule des Remains
tations stir la mythologic francaise el sur plusieurs serail bienlol punie , et qu'un peuple sorli de

points curieux de I'histoire de France. In-12, I'Asie viendrail desoler I'Europe; ce qui pent
Paris, 1771. marquer I'irruplion des de Francs sur les terres

Bune, demon puissant, grand-due aux enfers. I'empire. Apres cela, bien que raorl, il monla
II a la forme d'un dragon avec trois teles, dont sur un chene el predil qu'il allail elre devore
,

la troisieme seulemenl est celle d'un homme. II par un loup; ce qui eul lieu, quoiqu'il ful sur un
'ne parle que par signes; il deplace les cadavres, chene. Quand le loup eul avale le corps, la tele

hante les cimelieres et rassemble les demons parla encore aux Remains de lui
el leur defendil

sur les sepulcres. II se vanle d'enrichir et de donner la sepulture. Tout cela parait tres-in-
rendre eloquents ceux qui le servent. Trenle le- croyable ^ Ge ne furent pas les peuples d'Asie,
gions lui obeissent *. mais ceux du Nord qui renverserenl I'empire
Les demons soumis a Bune , et appeles B^inis, romain mais on a cru longlemps que les Francs
;

sont redoules des Tarlares, qui les disent tres- venaienl de la Troade. »

malfaisants. II faut avoir la conscience nette pour Burgifer, demon ennemi de Brudemorl.
elre a I'abri de leur malice ; car leur puissance Burgot (Pierre), loup-garou brCde a Besan-
est grande et leur nombre est immense. Gepen- con en 1521 avec Michel Verdung.
dant les sorciers du pays les apprivoisent, et Burrough ( George ) ministre de la religion ,

c'esl par le moyen des Bunis qu'ils se vanlenl anglicane a Salem, dans la Nouvelle-Angleterre,
de decouvrir I'avenir. pendu comme sorcier en 1692. On I'accusait
Bungey (Thomas), moine anglais, eleve, d'avoir maleficie deux femmes qui venaienl de
ami et servileur de Roger Bacon avec qui les , mourir. La mauvaise habitude qu'il avait de se
demonographes I'accusent d'avoir travaille sept vanler sotlement qu'il savait tout ce qu'on disait
ans a la merveilleuse tele d'airain qui parla, de lui en son absence ful admise comme preuve
comme on sail ^ On ajoule qu'il etait magicien qu'il communiquail avec le diable \
et oji en donne pour preuve qu'il publia un livre Burton (Robert), auleur d'un ouvrage in-
de la magie nalurelle, De magia naturali, au- titule Analomie de la melancolie, par Democrile
jourd'hui peu connu. lejeune, in-k", 1624; mort en 1639. L'astrologie
Les bonnes gens racontent que I'illustre reli- elait de son temps tres-respectee en Anglelerre,
gieux ayant forme le projet d'entourer I'Angle-
, sa patrie. 11 y croyail et voulail qu'on ne doulat
terre d'un mur d'airain, avail fabrique une tele pas de ses horoscopes. Ayant predil publique-
de bronze, prodigieux androide qui devail averlir ment'lejour de sa mort, quand I'heure fut ve-
son servileur, le frere Bungey, du moment favo- nue il se tua pour la gloire de l'astrologie et
rable a I'ereclion de Un jour la tele
la muraille. pour ne pas avoir un dementi dans ses pronoslics.
dil : II esl temps. Bungey dormail. Un autre jour Gardan et quelques autres personnages habiles
elle repeta Bunger dormail en-
: II est temps. dans la science des astres ont fait la meme
core. Une troisieme bouche et fois elle ouvril la chose \
s'ecria 11 n'est plus temps. Aussilot la maison
: Busas, prince infernal. Voy. Pruflas.
ebranlee dans ses fondements ensevelit Bungey ,

sous ses mines. 1 Naudc, Apol. pour les grands personnages ,


etc.,

Delrio I'absout de I'accusation de magie et p. 495.


2 Traite dogmatique des apparitions , t. II, p. '183.
il avoue que son livre ne contient qu'une cer-
Leloyer, p. 233.
3 Godwin, Vie des necromanciens.
1 Wierus, in Pscudomonarchia dcemon.
4 Curiosites de la litterature, Iraduit de I'anglais
~ Yoyez Bacon.
^ Disquisit. magic, lib. I, cap. in, q. i. par Berlin, t. I, p. 51.
,

BUT — 125 — CAB


Butadieu, demon rousseau, cite dans des formule qui enchalne lesesprits, et Byleth arrive
procedures du dix-septieme siecle. dans le triangle avec souraission. S'il ne parait
Buxtorf (Jean), Westphalien savant dans , pas, c'est que I'exorciste est sans pouvoir, et
la litterature hebraique, mort en 1629. Les cu- que I'enfer meprise sa puissance. On dit aussi
son Abrdcje du Talmud, sa Bihlio-
rieiix lisent que quand on donne a Byleth un verre de vin
theque rabhiniquc et sa Synagogue judaique il faut le poser dans le triangle; il obeit plus
Get ouvrage, qui traite des dogmes et des cere- volontiers et sert bien celui qui le regale. On
monies des Juifs, estplein des reveries des rab- 'doit un
avoir soin, lorsqu'il parait, de lui faire
bins, a cote desquelles on trouve des recher- accueil de le complimenter sur sa
gracieux ,

ches curieuses. bonne mine, de montrer qu'on fait cas de lui et


Byleth demon
, fort et terrible , I'un des rois des autres rois ses freres : il est sensible a tout
de Pseudomonarchie de "Wierus.
I'enfer, selon la cela. On ne negligera pas non plus, tout le

II se montre assis sur un cheval blanc precede , temps qu'on passera avec lui, d'avoir au doigt
de chats qui sonneut du cor et de la trompe. du milieu de la main gauche un anneau d'argent
qu'on lui presentera devant la face. Si ces con-
ditions sont difficiles, en recompense celui qui
soumet Bylet devient le plus puissant des hom-
mes. —
II etait autrefois de I'ordre des puis-
sances; il espere un jour remonter dans le ciel
sur le septieme trone, ce qui n'est guere croyable.
II conimande quatre-vingts legions.

Byron. Le Vampire, nouvelle traduite de


I'anglais de lord Byron, par H. Faber; in-8°,
Paris, 1819. Cette nouvelle, publiee sous le nom
de lord Byron n'est pas I'ouvrage de ce poete,
,

qui I'a desavouee. L'auteur n'a pas suivi les idees


populaires sUr les vampires; il a beaucoup trop
releve le sien. C'est un spectre qui voyage dans
la Grece, qui frequente les societes d'Athenes,
qui parcourt le monde qui se marie pour sucer
,

sa femme. Les vampires de Moravie etaient


extremement redoutes; mais ils avaient moins
de puissance. Celui-ci, quoiqu'il ait I'oeil gris-
mort, fait des conquetes. C'est, dit-on,'une
L'adjurateur qui I'evoque a besoin de beaucoup historiette populaire de la Grece moderne que
de prudence, car il n'obeit qu'avec fureur. II lord Byron raconta dans un cercle et qu'un
faut pour le soumettre avoir a la main un ba- jeune medecin ecrivit a tort; car il remit a la

ton de coudrier et, se tournant vers le point qui


; mode, un instant, des horreurs qu'il fallait
separe I'orient du midi, tracer hers du cercle laisser dans I'oubli.
ou Ton s'est place un triangle; on lit ensuite la Bythies. Voy. Bithies.

-coo-

Caaba. Voy. Kaaba. I'homrae invisible et commande trente-six le-


Caacrinolaas, nomme aussi Caassimolav et gions Le Grand Grimoire le nomme Classy ala-
Glassialaholas , grand president aux enfers. II se holas , et n'en fait qu'une espece de sergent qui
presente sous la forme d'un chien et il en a la , sert quelquefois de monture a Nebiros ou Nabe-
demarche, avec des ailes de griffon. II donne rus. f^^/.•CERB^iRE.
la connaissance des arts liberaux, et, par un Gabades. Voy. Zoobdadeyer.
bizarre contraste , il inspire les homicides. On Gabale ou Cabbale. Pic de la Mirandole dit que
dit qu'il predit bien I'avenir. Ce demon rend ce mot dans son
, origine hebraique ,
signifie tra-
dition ^. L'ancienne cabale des Juifs est, selon
Operis talmudici brevis recensio et bibliotheca
'

rabbinica. In -8°. Bale, 1613. Synagoga judaica. 1 Wierus, in Pseudomonarchia dcemon.


In-8°. Bale, 4 603, en allemand et en latin. Hanau, 2 « Un critique ignorant voulait faire des affaires
1604; Bale, 1641. a Rome, au prince Pic de la Mirandole, parti culiere-
CAB 126 — CAB
quelqiies-uns, une sorle de maconnerie myste- citent plusieurs saints dont le nom ressuscita des
rieuse selon d'auLres, ce n'est que I'explication
;
morts.
mysliqiie de la Bible, I'arl de Irouver des sens La cabale grecque, invenlee, dit-on, par Py-
caches dans la decomposition des mots \ et la thagore et par Platon renouvelee par les Valen-
,

maniere d'operer des prodiges par la vertu de ces tiniens , tira sa force des lettres grecques com-
mots prononces d'une ccrlaine facon. Voyez Thk- binees et fit des miracles avec I'alphabet.
MURA et TmiOMAiNciE. Cette science nierveilleiise, La grande cabale ou la cabale dans le sens
,

si Ton en croit les rabbins affranchit ceux qui


, moderne proprement dite, est I'art de commercer
la possedent des faiblesses de I'humanile, leur avec les esprits elementaires ; elle tire parli pour
procure des biens surnaturels, leur communique cela de certains mots my.sterieux. Elle explique
le don de prophetic le pouvoir de faire des mi-
, les choses les plus obscures par les nombres,
racles, et I'art de transmuer les nietaux en or, par le changement de I'ordre des lettres et par
c'est-a-dire la pierre philosophale. Elle leur ap- des rapports dont les cabalistes se sunt formes
prend aussi que le monde sublunaire ne doit du- des regies. (3r, voici quels sont, selon les caba-
rer que sept mille ans, et que tout ce qui est su- listes, les divers esprits elementaires :

perieur a la lune en doit durer quaranle-neuf Les quatre elements sont habites chacun par
mille. des creatures particulieres, beaucoup plus par-
faites que I'homme, mais soumises comme lui
aux lois de la mort. L'air cet espace immense ,

qui est entre la terre et les cieux, a des botes


plus nobles que les oiseaux et les moucherons.
Ces mers si vastes ont d'autres habitants que les
dauphins et les baleines. Les profondeurs de la
terre ne sont pas destinees aux taupes seulement;
et I'element du feu, plus sublime encore que les
trois autres, n'a pas ete fait pour demeurer inu-
tile et vide.
Les salamandres habitent done la region du
feu; les sylphes, le vague de l'air; les gnomes,
de la lerre et les ondins ou nymphes,
I'interieur ;

le fond des eaux. Ces etres sont composes des


plus pures parties des elements qu'ils habitent.
Adam, plus parfait qu'eux tous, etait leur roi na-
turel ;
mais, depuis sa faute, etant devenu impur
et grossier, il n'eut plus de proportion avec ces
substances; il perdit tout I'empire qu'il avait sur
Caacrinolaas.
elles.

Les
Que Ton se console pourtant; on atrouve dans
Juifs conservent la cabale par tradition
la nature les moyens de ressaisir ce pouvoir
orale ils croient que Dieu I'a donnee a Moise
;
,
perdu. Pour recouvrer la souverainete sur les sa-
au pied du mont Sinai; que le roi Salomon, au-
lamandres, et les avoir a ses ordres, on attire le
teur d'une figure myslerieuse que Ton appelle
Varhrc de la cahalc des Juifs, y a ete tres-expcrt,
feu du par des miroirs concaves, dans un
soleil,
globe de verre il s'y forme une poudre solaire
;
et qu'il faisait des talismans uiicux
que personne.
qui se purifie elle-meme des autres elements, et
Tostat dit meme
que Muise ne faisail ses miracles
qui, avalee, est souverainement propre aexhaler
avec sa verge que parce que le grand nom de
le feu qui est en nous, et a nous faire devenir
Dieu y etait grave. Valderame remarque que les
apotres faisaient pareillement des miracles avec
pour ainsi dire de matiere ignee. Des lors, les
nom habitants de la sphere du feu deviennent nos in-
le de Jesus, et les partisans de ce systeme
ferieurs, et ont pour nous toute I'affection qu'ils
ont pour leurs semblables, tout le respect qu'ils
ment pour le nom de cabale qu'il trouvail dans les
ouvrages de ce prince. On denianda a ce critique ce doivent au lieutenant de leur createur.
qui rindignait si fort dans cc mot do cabale. Ne — De meme, pour commander aux sylphes aux ,

savez-vous pas, repondit le stupide, que ce Cabale


gnomes, aux nymphes on emplit d'air, de terre
,

etait un sceleral tout a fait diabolique, qui eut I'im-


piete d'ecrire beaucoup de choses contre Jesus-Christ
ou d'eau, un globe de verre; on le laissc, bien
meme, qui forma une lieresie detestable et dont les ferme, expose au soleil pendant un mois. Chacun
sectateurs s'appellent encore cabal isles? » (Gabriel de ces elements, ainsi purifie, est un aimant qui
Naude, Apolur/ie pour les grajids personnayes accuses attire les esprits qui lui sont propres.
de magie. Adricn Baillet, Jugements des savants.
Chap. XIII, § 2 des Jugements sur les livres en ge- on prend tons les jours, durant quelques
Si

neral.) mois, de la drogue elementaire, formee, ainsi


1 Voyez Abdeel. qu'on vient de le dire, dans le bocal ou globe de
;

CAB — 1 27 — CAB
verre , on voit bientol dans les airs la- republique et ils admirent entre Dieu et rhomme quatre
volante des sylphes, les nymphes venir en foule sortes d'etres intermediaires, dont on a fait plus
au rivage, les gnomes, gardiens des tresors et tard les salamandres, les sylphes, les ondins et
des mines , elaler leurs richesses. On ne risque lesgnomes. Les Chaldeens sont sans doute les
rien d'entrer en commerce avec eux on , les trou- premiers qui aient reveces etres; ilsdisaient que
vera honnetes, savants, bienfaisanls et craignant ces esprits etaient les ames des morts, qui, pour
Dieu. Leur ame est mortelie, et ils n'ont pas I'es- se montrer aux gens d'ici-bas, allaient prendre
perance de jouir un jour de I'etre supreme, qu'ils un corps solide dans la lune.
connaissent et qu'ils adorent. Ils vivent fort long- La cabale des Orientaux est encore I'art de
temps, et ne meurent qu'apres pkisieurs siecles. commercer avec les genies qu'on evoque par ,

Mais qu'est-ce que le temps aupres de I'eternite? des mots barbares. Au reste, toutes les cabales
lis gemissent done de leur condition. Pourtant, sont differentes pour les details mais elles se ;

il n'est pas impossible de trouver du remede a ce ressemblent beaucoup dans le fond. On conte sur
mal; car, de meme que I'homme, par I'alliance ces matieres une multitude d'anecdotes. On dit
qu'il a contractee avec Dieu a ete fait partici-
, qu'Homere, Virgile, Orphee furent de savants
pant de la Divinite, les sylphes, les gnomes, les cabalistes.
nymphes et les salamandres deviennent partici- Parmi les mots les plus puissants en cabale, le
pants de I'immortalite, en contractant alliance fameux mot Agla est surtout revere. Pour re-
avec I'homme. (Nous transcrivons toujours les trouver les choses perdues, pour apprendre par
docteurs cabalistes.) Ainsi I'ame d'une nymphe
, revelations les nouvelles des pays lointains, pour
ou d'une sylphide devient immortelle quand elle faire paraitre les absents, qu'on se tourne vers
est assez heureuse pour se marier a un sage un ; rOrient, et qu'on prononce a haute voix le grand
gnome ou un salamandre cesse d'etre mortel en nom opere toutes ces merveilles meme
Agla. II ,

son ame du moment qu'il epouse une fille des lorsqu'il est invoque par les ignjrants, s'ils sont
hommes. On congoit par la que ces etres se plai- convenablement disposes. I'oij. Agla.

sent avec nous quand nous les appelons. Les ca- Les rabbins definissent la cabale « Une science :

balistes assurent que les deesses de I'antiquite, qui eleve a la contemplation des choses celestes
et ces nymphes qui prenaient des epoux parmi et au commerce avec les esprits bienheureux;
les hommes et ces demons incubes et succubes
, elle faitconnaitre les vertus et les attributs de la
des temps barbares et ces fees qui
, dans le , divinite, les ordres et les fonctions des anges, le
moyen age, se montraient au clair de la lune, nombre des spheres , les proprietes des astres,
ne sont que des sylphes ou des salamandres, ou
, la proportion des elements, les vertus des plantes
des ondins. et des pierres, les sympathies, I'instinct des ani-
y a pourtant des gnomes qui aiment mieux
II maux, les pensees les plus secretes des hommes. »
mourir que risquer, en devenant immortels, d'etre Cinquante entrees differentes, d'apres les
»
aussi malheureux que les demons. C'est le diable rabbins, conduisent a la connaissance generale
(disent toujours nos auteurs) qui leur inspire ces des mysteres; c'est ce qui s'appelle les cinquante
sentiments il ne neglige rien pour empecher ces
; portes de I'intelligence. Dieu en fit connaitre
pauvres creatures d'immortaliser leur ame par quarante-neuf a Moise renferma toute
; celui-ci
notre alliance. cette doctrine, toute I'etendue de la science que
Les cabalistes sont obliges de renoncer a tout Dieu lui avait donnee dans les cinq livres du ,

commerce avec I'espece humaine, 5'ils veulent Pentateuque; elle y est contenue, ou dans le
ne pas offenser les sylphes et les nymphes dont sens litteral ou dans le sens allegorique, ou dans
ils recherchent I'alliance. Cependant, comme le la valeur et la combinaison arithmetiques des

nombre des sages cabalistes est fort petit, les leltres dans les figures geometriques des carac-
,

nymphes et les sylphides se montrent quelque- teres, dans les consonnances harmoniques des
fois moins delicates, et emploient toutes sortes sons. C'est a I'y decouvrir que travaillent tous
d'artificespour les retenir. Un jeune seigneur de ceux qui se sont occupes de la cabale. On com-
Baviere etait inconsolable de la mort de sa femme. prend par ce court expose que, s'il est cinquante
Une sylphide prit la figure de la defunte, et s'alla portes ouvertes a rintclligence, le nombre de
presenter au jeune homme desole, disant que celles qui sont ouvertes a I'erreur doit etre inQni.
Dieu I'avait ressuscitee pour le consoler de son » Quelques savants meme Chretiens se sont
extreme aOfliction. Ilsvecurent ensemble plusieurs occupes de la cabale, et ont voulu lui assignor
annees^ mais le jeune seigneur n'etait pas assez une place dans les etudes serieuses. Le fameux
homme de bien pour retenir la sage sylphide Pic de la Mirandole a compose un livre tout expres
elle disparut un jour, et ne lui laissa que ses jupes pour en faire sentir I'importance.
et le repentir de n'avoir pas voulu suivre ses » II y dit serieusement que celui qui connait la
bons conseils. vertu du nombre 10 et la nature du premier
,

Plusieurs heretiques des premiers siecles me- nombre spherique ,


qui est 5 , aura le secret des
lerent la cabale juive aux idees du christianisme, cinquante portes d'inlelligence , du grand jubile
;

CAB — 128 — CAD


de cinquante ans des Juifs , de la millieme gene- ils appelaient specialement ainsi un monstre ef-

ration de I'Apocalypse et du regne de lous les frayant, un spectre horrible, qui n'etait pasassez
siecles dont il est parle dans I'Evangile. II ensei- reconnaissable pour etre designe autrement. Cha-
gnait en outre que , pour son compte , il y avait que homme avait son bon et son mauvais demon,
trouve toute la doctrine de Moise, la religion eudemon et cacodemon. Les astrologues appelaient
chretienne, les mysteres de la Trinite et de la
Redemption, des anges, la chute
les hierarchies

des demons, de I'enfer, etc, Toutes


les peines

ces assertions forment les soixante-douze der-


nieres propositions des neuf cents qu'il soutint a
Rome, avec I'admiration generale, a I'age de
vingt-quatre ans *. »
Le savant juif Cahen, qui etait realiste, ne re-
gardait guere la cabale que comme un enchaine-
ment de superstitions. Voij. Ensoph.
On peut puiser sur les reveries de la cabale des
instructions plus etendues dans les divers ou-
vrages qui en traitent specialement mais qui ,

sontpeu recomrnandables 1° le Comte de Gahalis


:

ou Entrcliens sur les sciences secretes, par I'abbe


de Villars. La nieilleure edition est de 17/|2,
in-12; 2° les Genies assistants, suite du Comte dc
Gahalis, in-12, meme annee; 3" le Gnome irrd-
conciliahle, suite des Genies assistants-; k" Nou-
veaux enlretiens sur les sciences secretes, suite
nouvelle du Comte de Gahalis , meme annee aussi la douzieme maison du soleil qui est la plus ,

5" Lcttrcs cabalisliques, par le marquis d'Argens, mauvaise de toutes, cacodemon, parce que Sa-
la Haye, 17/|1, 6 volumes in-12. Get ouvrage turne y repand ses malignes influences et qu'on ,

estplein, beaucoup plus que les precedents, de n'en peut lirer que des pronostics redoutables.
passages condamnes. Voy. Zedechias. Cacoux. Voy. Caqueux.
Cabanda. Hideux demon de I'lnde il est gros ; Cactonite pierre merveilleuse qui
,
selon ,

comme un rocher n'a ni tete, ni janibes, mais


, quelques-uns, n'esl autre chose que la cornaline.
des bras longs d'une lieue et qui ont ete rac- On lui attribue de grandes proprietes. Les an-
courcis parRama. ciens en fr.isaienl des talismans qui assuraient la
Cabires, dieux des morls, adores tres-an- victoire.
ciennement en Egypte. Bochard pense qu'il faut Cacus, espece d'ogre de I'antiquite. II etait
entendre sous ce nom les trois divinites infer- fils de Vulcain et vomissait du feu par la guenle.
nales : Pluton, Proserpine et Mercure. Ce monsLrc, de laiile gigantesque, moitie homme
D'autres ont regarde les cabires comme des et moitiebouc mangeait les passants dans sa ca-
,

magiciens qui se melaient d'expier les crimes des verne, au pied du mont Aventin, et accrochait
hommes, et qui furent honores apres leur mort. leurs tetes a sa porte. Il fut Strangle par Hercule.
On les invoquait dans les perils et dans les in- — Cacus a ete point quelquefois avec une tete de
fortunes. 11 y a de grandes disputes sur leurs bete sur un corps d'homme.
noms, qu'on ne declarait qu'aux seuls inities ^ Cadavre. Selon la loi des Juifs, quiconque avait
Ce qui est certain, c'est que les cabires sent des touche un cadavre etait souille il devait se pu- ;

demons qui presidaient autrefois a une sorle de rifier avant de se presenter au tabernacle du Sei-
sabbat. Ces orgies, qu'on appelait fetes des Ca- gneur. Quelques censeurs des lois de Moise ont
bires,ne se celebraieat que la nuit I'initie, apres : juge que cette ordonnance etait superstitieuse. II
des epreuves effrayantes, elait ceint d'une cein- nous paralt au contraire, dit Bergier, qu'elle etait
ture de pourpre, couronne d'une branche d'oli- tres-sage. C'etait urie precaution centre la super-
vier et place sur un trone illumine, pour repre- stition des paiens qui interrogeaient les morts
,

senter le maitre du sabbat, pendant qu'on executait pour apprendre d'eux I'avenir ou les choses ca-
autour de lui des danses hieroglyphiques plus ou chees abus severemen t interdit aux Juifs, mais qui
:

moins infames. a regne chez la plupart des nations. Voy. Aimant,


Cacodemon mauvais demon. C'est le nom que
, Cercueil , etc.
lesanciens donnaient aux espritsjnalfaisants. Mais Cadiere. Voy. Giraud.
Cadmee ou Cadmie qu'on appelle plus ge- ,
1 31. Bonetty (qui cite
Reuchlin, De arte cabalistica),
Annates de philosophie chretienne, livraison du 30 no- neralementcalamine,fossile bitumineuxquidonne
vembre 1838. une teinte jaune au cuivre rouge, etque certains
2 Deiandine, VEnfer des peuples anciens, oh. xix. chiraistes emploient pour faire de Tor.
CAD — 129 —
Cadmus. M. Appert a etabli que I'^critiire nous Cadulus, pieux soldat dont la legende rap-
vient d'Adam, et que le Cadmus celebre par les porte qu'il etait obsede par le diable en forme
Grecs comme I'inventeur de I'ecriture n'est autre d'ours II s'en delivra par la priere.
qu'Adam , Adamus ,
qui a regu ce don en meme Caeculus petit demon ne d'une etincelle qui
,

temps que de la parole. On a altere


celui le nom vola de la forge de Vulcain dans le sein de Pre-
d' Adamus, en mettant une aspiration orientale nesta. 11 fut eleve parmi les betes sauvages. On
devant. la premiere lettre *, le reconnut a cette particularite, qu'il vivait dans

Caducee. C'est avec celte baguette, ornee de le feu comme dans son element; ses yeux, qui

deux serpents entrelaces que Mercure condui-


,
etaient fort petits etaient seulement un peu en-
,

sait les ames aux enfers et qu'il les en tirait au dommages par la furaee. Les cabalistes font de
besoin. lui un salamandre.

Cadavre.

Caf. Voy. Kaf. sophale, le magnetisme et diverses jongleries et


Cagliostro ( Joseph-Balsamo ) celebre aven- , intrigues ignobles.
turier du dix-huitieme siecle, connu sous le nom II se rendit a Strasbourg, oii il fut regu, en
d' Alexandre, comte de Cagliostro, naqnit, dit- 1780, avec une sorte de triomphe; il
y guerit
on, a Palermo en 17/(3, de parents obscurs. II certains malades qui I'attendaient , avec une ,

montra dans ses premieres annees un esprit adresse prompte que Ton a cru qu'ils etaient
si

porte a la friponnerie; lout jeune il escroqua , apostes et leur mal suppose, a moins que le
soixante onces d'or a un orfevre, en lui pro- diable ne fut aux ordres de Cagliostro comme ,

mettant de lui livrer un tresor enfoui dans une beaucoup Font dit, et comme le faisait penser
grotte, sous la garde des esprits infernaux ; il le sa physionomie patibulaire.
regarde Cagliostro comme un
'
conduisit dans cette grotte, ou le bonhouime fut Les uns ont
assomme de coups de baton. Cagliostro s'enfnit homme extraordinaire, un inspire; d'autres
alors et voyagea avec un alchimiste nomme Al-
, comme un charlatan; quelques-uns ont vu en
thotas, en Grece, en Egypte, en Arable, en luiun membre voyageur de la magonnerie tem-
Perse, a Rhodes, a Malte. Ayant perdu la son pliere,constamment opulent par les secours
compere, il passa en Angleterre et d'Angleterre nombreux qu'il recevait des diverses logos de
en France, vivant du produit de ses composi- I'ordre; mais le plus grand nombre s'accorde a
tions chimiques. II donnait dans la pierre philo- donner au faste qu'il etalait une source moins
honorable encore. II se vantait de converser
* Voyez les Legendes de I'Ancien Testament (le livre
d'Enoch). 1 Bollandi Acta sanctorum, 21 aprilis.
9
; ;

CAG — 130 — CAL

avec les anges, et


il faisait entendre en rase II a ecrit, dit-on, la relation de quelques ope-

campagne (par ventriloquie ) des voix venant rations pretendues magiques, ainsi que d'une
du ciel. II instilua une espece de cabale egyp- transmutation de metaux vils en or, faites a Var-
tienne. De jeunes gargons et de jeunes filles, sovie en 1780. —
On met sur son comple une
qu'il appelait ses pupilles on colombes, se pla- plate brochure qui apprenait aux vieilles femmes

Qaient dans I'etat d'innocence devant une boule a trouver les numeros de la loterie dans leurs
de cristal, et la, abrites d'lin paravent, ils ob- reves.On vendait tous les ans a Paris un grand
tenaient, par I'imposition des mains du grand nombre d'exemplaires de ce fatras dont voici le
cophte (c'etail lui qui etait le grand cophle), la titre : Le Vrai Cagliostro, ou le Regulateur des
faculle de communiquer avec les esprits. Ils actionnaires de la loterie, augmente de nouvelles
voyaient dans ceLte boule tout ce qu'ils vou- cabales faites par Cagliostro , etc. ,
in-S", avec
laient voir.— Les travaux de ces pupilles on co- le portrait de I'auteur, au bas duquel on a mis

lombes ne se bornaient pas a cette ceremonie ces treize syllabes : Pour savoir ce qu'il est, il

Caglioslro leur enseignait a decouvrir les choses faudrait etre lui-meme.

occulles, les evenements a venir et les matieres Cagots, individus des Pyrenees qui y sont des
curieuses. On ajoute qu'il aux a fait paraitre series de parias. Les autres habitants les evilent
grands seigneurs de Paris et de Versailles dans , comme gens maudits. Ce sont, dit-on des restes ,

des glaces sous des cloches de verre et dans


,
de la race des Goths, appeles Ca-Goths, eii
des bocaux, des spectres animes et mouvants, en abreviation de canes Gotid, chiens de Goths.
ainsi que des personnes mortes qu'on lui deman- Cain. Les niusulmans et les rabbins disent
dait a voir.— Un soir qu'il se trouvait a Versailles qu'Eve, ayant deux fils. Cam et Abel, et deux
avec plusieurs des seigneurs de la cour, ceux-ci filles, Aclima et Lebuda voulut unir Cain avec,

temoignerent I'envie de connaitre ce que faisait en Lebuda, et Aclima avec Abel. Or, Cain etait
ce moment une dame de leur societe, qui etait epris d'Aclima. Adam, pour mettre ses filsd'ac-
restee a Saint-Germain. Aussitot il forma sur le cord, leur proposa un sacrifice; et, comme on
parquet un carre passa la main dessus et Ton
,
, le salt, I'offrande de Cain fut rejetee. II ne vou-
vit se tracer la figure de la dame jouant aux lut pourtant pas ceder Aclima;
il resolut, pour
tressettes de ses amies, toules assises
avec trois I'avoir plus surement, de tuer son frere Abel
sur un tapis. On envoya au logis do celte dame, maisil ne savait comment s'y prendre. Le diable,
qu'on Irouva effectivement dans la meme atti- qui I'epiait, se chargea de lui donner une lecon.
tude, la meme occupation, et avec les memes II prit un oiseau qu'il posa sur une piiirre
,
ct, ,

personnes. avec une autre pierre, il lui ecrasa la tete. Cain,


On rapporte aussi que, dans des soupers qui bien instruit alors, epia le moment ou Abel dor-
ontfait grand bruit a Paris, il invoquait les morts mait, et lui laissa tomber une grosse pierre sur
illuslres, que Socrate, Platen, Corneille,
tels le front
d'Alembert, etc. Dans sa letlre au
Voltaire, Cainan. On attribue a Cainan fils d'Ar- ,

peuple francais, datee de Londres, le 20 juin phaxad la conservation d'un traite (yAslrono-
,

1786, il predit que la Bastille serait detruite. mie qu'il trouva grave sur deux colonnes par
Mais depuis longlemps on en avait le projet. les enfants de Setli ouvrage anlediluvien qu'il
,

Cagliostro etait tres-lie avec un joueur de go- Iranscrivit. On pretend aussi que Cainan decou-
belets qui se disait assiste d'un esprit, lequel vrit encore d'autres ouvrages ecrits par les

esprit, a ce que Ton pretend, etait I'ame d'un geants, lesqucls ouvrages ne sont pas venus jus-
juif cabaliste qui avait tue son pere par art ma- qu'a nous ^.

gique avant venue de Notre-Seigneur. 11 disait


la II y a eu
Cainites. dans le deuxieme siecle,
,

effronlement que les prodiges qu'il operaitetaient une .secte d'homnies effroyables qui glorifiaient
I'effet d'une protection speciale de Dieu sur lui...; le crime et qu'on a appeles cainites. Ces m\s6-

que I'Etre supreme, pour I'encourager, avait rables avnient une grande veneration pour Cain,
daigne lui accorder la vision bealifique, etc.; pour les horribles habitants de Sodome, pour
qu'il venait convertir les inqredules. II se vautait Judas et pour d'autres scelerats. lis avaient un
. d'avoir assiste aux noces de Cana...; etait par il evangile de Judas, et mettaient la perfection a
consequent contemporain de Notre-Seigneur. commettre sans honte les actions les plus in-
II est dit ailleurs que Cagliostro etait ne avant fames.
le deluge*. —
II fut arrete a Rome en 1789, et Caiumarath ou Kaid-Mords. Le premier
condamne comme pratiquant, a I'ombre de la homme selon les Persans. Voij. Boundschesch.
franc-magonnerie de criminels mysteres. II
, Gala (Charles), Calabrais qui ecrivait au dix-
s'elrangla dans sa prison en 1795. septieme siecle. On recherche son Memoire sur

1 Charlatans celebres , t. I", p. 245. Voyez la U- 1 Voyez la l^gende de Cain et d'Abel dans les
gende de Caglioslro dans les Legendes des societes Legendes de I'Ancien Testament.
secretes. 2 Syncelli chronographice p. 80. ,
: ; ,

CAL — 131 — CAL


r apparition des croix prodigieuses *, imprime a et de cent aulres recueils ou Ton voit exacte-
Naples en 1651. ment marques les jours ou il fait bon rogner ses

Calamites. On a souvent attribue anx demons ongles et prendre medecine; mais ces details
ou a la malice des sorciers les calamites pu- meneraient trop loin. Voy. Almanack *.
bliques. Pierre Delancre dit que les calamitds Call, reine des demons et saltans de I'enfer
des bonnes ames sont les joies et les festoie- indien. On la represente tout a fait noire, avec
ments des demons pipeurs
Calaya. Le troisieme des cinq paradis in-
diens. La reside Ixora ou Eswara toujours a ,

cheval sur un boeuf. Les morts fideles le ser-


vent les uns le rafraichissant avec des even-
;

tails, d'autres portant devant lui la chandelle

pour I'eclairer la nuit, II en est qui lui presen-


tent des crachoirs d'argent quand il veut ex-
pectorer.
Calcerand-Rochez. Pendant que' Hugues de
,
Moncade etait vice-roi de Siciie pour le roi Fer-
I
dinand d'Aragon, un gentilhomme espagnol,
I

nomme Calcerand-Rochez eut une vision. Sa ,

maison etait situee pres da port de Palerme.


Une nuit qu'il ne dormait pas, il crut entendre
des hommes qui cheminaient et faisaient grand
bruit dans sa basse-coiir; il se leva, ouvrit la
fenetre, et vit, a la clarte du crepuscule, des
soldats et des gens de pied en bon ordre suivis ,

de piqueurs; apres eux venaient des gens de


un collier de cranes d'or. On lui offrait autrefois
cheval di vises en escadrons, se dirigeant vers la
des victimes humaines,
maison du Le lendemain, Calcerand
vice-roi.
Calice du Sabbat. On voit dans Pierre De-
conta leMoncade, qui n'en tint compte;
tout a
lancre que, lorsque les pretres sorciers disentla
cependant, peu apres, le roi Ferdinand mourut,
messe au sabbat, ils se servent d'une hostie et
et ceux de Palerme se revolterent. Cette sedi-
d'un calice noirs et qu'a I'elevation ils disent
,

tion dont la vision susdite donnait clair presage,


,
ces mots Corbeau noir! corheau noir! invo-
:

ne fut apaisee que par les soins de Charles d'Au-


quant le diable.
triche (Charles-Quint)
Calice du Soupgon. Voy. Infideliti^.
Calchas, devin de I'antiquile, qui augiirait
Caligula. On pretend qu'il fat empoisonne ou
des choses sur le vol des oiseaux. II predit
assassine par sa femme. Suetone dit qu'il ap-
'

aux Grecs que le siege de Troie durerait dix ans,


parut plusieurs fois apres sa mort, et que sa
!

et il exigea le sacrifice d'Iphigenie. Apollon lui


maison fat infestee de monstres et de spectres
avait donne la connaissance du passe, du present
jusqa'a ce qu'on lui eut rendu les honneurs fu-
et de I'avenir. II serait curieux de savoir s'il au-
nebres ^.
rait predit aussi la prise de la Bastille.
Sa des-
Callo. Voy. Spes.
tinee etait de mourir lorsqu'il aurait trouve un
Calmet (Dom Augustin) , benedictin de la
devin plus sorcier que lui. II mourut en effet de
congregation de Saint- Vannes, Tun des sa-
depit, pour n'avoir pas su deviner les enigmes
vants les plus laborieux et les plus utiles du
* de Mopsus. Voij. Mopsus.
j

dernier siecle, mort en 1757, dans son abbaye


Calegueiers. Les plus redoutables d'entre les
de Senones. Voltaire meme mit ces quatre vers
i

genies chez les Indiens. lis sont de taille gigan-


au bas de son portrait
<
,
tesque, et habitent ordinairement le Patala, qui
li
est I'enfer des Indes. Des oracles sacres que Dieu daigna nous rendre
Galendrier. L'ancien calendrier des paiens Son travail assidu perga I'obscurite
II fit plus, il les crut avec simplicite,
se raltachait au culte des astres; et presque
Et fut, par ses vertus ,
digne de les entendre.
toujours il etait redige par des astrologaes.
Ce serait peut-elre ici I'occasion de parler du Nous le citons ici pour sa Dissertation sur les

Calendrier des bergers, de V Almanack du bon apparitions des anges, des demons et des espritS)
laboureur, du Messager boiteux de Bale en Suisse, et sur les revenants et vampires de Hongrie, de
Boheme, de Moravie et de Silesie, in-12, Paris,
Memorie historiche deW apparizione delle cTOci
'

prodigiose da Carlo Cala. In-4°. In Napoli, 4661. ' aussi les Legendes du calendrier.
Voyez
2 Tabl. de I'inconstance des mauvais anges, etc., Delandine, Enfer des peuples anciens, oh. Ii,
2

liv. I, p. 25. p. 34 6i Delancre, Y Inconstancc des demons > etc.,


Leloyer, Discours et histoire des spectres , p. 272. liv. VI, p. 461.
, ;

CAL - 132 — CAM


17/|6. La meilleure edition est de 1751; Paris, agi de telle sorte que personne ne lui refusait
2 vol. in-12. Ce livre est fait avec bonne foi I'aumone
I'auteur est peut-etre un pen credule; mais il Cameleon. Democrite, au rapport de Pline,
rapporte ce qui est contraire a sesidees avec au- avail fail un livre special sur les superstitions
tant de candeur que ce qui leur est favorable. auxquelles le cameleon a donne lieu. Un plaideur
Voy. Vampirks. etait sur de gagner son proces s'il portait avec
Calundronius, pierre magique dont on ne lui la langue d'un cameleon arrachee a I'animal

designe ni la couleiir ni la forme, mais qui a la pendant qu'il vivail. On faisait tonner et pleuvoir
vertu d'eloigner les esprits malins, de resister en brulant la tele el le gosier d'un cameleon sur

aux enchantements, de donner a celui qui la un feu de bois de chene, ou bien en rotissant
porte I'avantage sur ses ennemis, et de chasser son foie sur une tuile rouge. Boguet n'a pas
1 huineur noire. manque de remarquer celte merveille dans le
Calvin (Jean), I'un des chefs de la reforme chapitre xxiii de ses Discours des sorciers. L'oeil
pretendue, ne a Noyon en 1509. Ce fanatique, droit d'un cameleon vivanl arrache et mis dans
qui se vantait, comme les autres proteslants, du lait de chevre formait un cataplasme qui
d'apporter aux hommes la liberie d'examen, et faisait tomber les taies des yeux, Sa queue ar-

qui fit briiler Michel Servet, son ami, parce qu'il retait le cours des rivieres. On se guerissail de
differait d'opinion avec lui, n'etait pas seulement toute frayeur en portant sur soi sa machoire, etc.
heretique on I'accuse encore d'avoir ete magi-
; Des curieux assurent encore que cette espece
cian. « II faisait des prodiges a I'aide du diable, de lezard ne se nourril que de vent. Mais il est
qui quelquefois ne le servait pas bien car un ; constant qu'il mange des insecles; el comment
jour il voulut donner a croire qu'il ressusciterait aurait-il un estomac et tons les organes de la di-
un homme qui n'etait pas mort; et, apres qu'il gestion, s'il n'avait pas besoin de digerer? Com-
eut fait ses conjurations sur le compere, lorsqu'il ment encore, s'il ne mange pas, produit-il des
lui ordonna de se lever, celui-ci n'en fit rien et , excrements, donl les anciens faisaienl un on-
on trouva qu'icelui compere etait mort tout de guent magique pour nuire a leurs ennemis? La
bon pour avoir voulu jouer cette mauvaise co-
,
couleur du cameleon parait varier conlinuelle-
medie » Quelques-uns ajoutent que Calvin fut ment selon la reflexion des rayons du soleil et
,

elrangle par le diable il ne I'aurait pas vole. En


; la position ou I'animal se trouve par rapport a

son jeane age, Calvin avail joue la comedie et ceux qui le regardenl c'esl ce qui I'a fait com-
:

faitdes tours d'escamotage ^. parer a I'homme de cour. Delancre dil, d'un —


Cambions, enfants des demons. Delancre et autre cote que le cameleon est I'embleme des
,

Bodin pensent que les demons incubes peuvent sorciers, et qu'on en trouve toujours dans les
s'uniraux demons succubes, et qu'il nail de leur lieux ou s'est tenu le sabbal.
commerce des enfants hideux qu'on nomme cam- Camephis, le plus ancien des dieux de
lions, lesquels sont beaucoup plus pesants que I'Egypte il est triple
; aieul pere el fils. :
,

les autres, avalent tout sans elre plus gras, et Camerarius (Joachim), savant allemand du
tariraient trois nourrices qu'ils n'en profiteraient seizieme siecle. On recherche son traite De la
pas mieux'. Luther, qui etait tres-superstitieux nature et des affections des demons ^ et son Com-
dil dans ses Colloques que ces enfants-la ne menlaire sur les divinations \
vivent que sept ans; il raconte qu'il en vit un Nous indiquerons aussi de Barthelemi Came-
qui criait des qu'on le touchait, et qui ne riait rario, Benevenlin, mort en 156/i, un livre Sur
que quand il arrivait dans la maison quelque lefeu du purgatoire * les Centuries de Jean-Ro-
;

chose de sinistre. dolphc Camerarius, medecin allemand du dix-


Maiole rapporte qu'un mendiant galicien exci- seplieme siecle, Sur les horoscopes et I'astro-
tait la pitie publique avec un cambion qu'un ;
logie \ et le fa Iras du meme auleur Sur les

jour un cavalier, voyant ce gueux tres-embar- secrets merveillcux de la nature *.

rasse pour passer un fleuve, prit, par com- Enfm, Elie Camerarius, autre reveur de Tu-
passion , le pelit enfant sur son cheval , mais bingue, a ecrit, en faveur de la magie et des ap-
qu'il etait si lourd que
le cheval pliait sous
le poids. Peu
de temps apres, le mendiant * Boguet, Discours des sorciers, ch. xiv.
etant pris, avoua que c'etait un petit demon 2 Dc natura et affectionibus dcemonum libri duo.
qu'il portait ainsi, et que cet affreux marmot, Lipsiae, -1576. In-S".

depuis qu'il le trainait avec lui avail toujours Commentarius de generibus divinationum , ac
,
grcecis lalinisque earum vocabulis. Lipsise, \ .576. In-S".
^ De purgatorio igne. Roniae, 1557.
1 Boguet, Discoursdes sorciers, oh. xviii. ^ Horarum nalalium centurice II pro certitudine
- Voyez la legende de Calvin dans les Legendes in- 1607 et 1610.
astrologice. In-4". Francfort,
fernales. Sytloge memorabilium medicines et mirabilium
3 Delancre, Tableau de I'inconstance des demons, natures arcanorum centurice XII. In-12. Strasbourg,
liv. Ill, a la fm. Bodin, Demonomanie, liv. II, 1624. L'edition in-8o de Tubingue, 1683, est aug-
ch. VII. mentee et conlient vingt centuries.
,

CAM — 133 — CAN


paritions, des livres que nous ne connaissons metallique suspendue a un fil qu'il tenait a la

pas, main. Ses epreuves n'ont pas eu de suites.


Camisards. Votj. Dauphini':. Gamuz (Philippe), romancier espagnol du
Camnuz dans
(I'esprit de). Sigebert raconte seizieme siecle. On lui attribue la Vie de Robert
sa chronique les malices d'un esprit frappeur le Diahle^, qui fait maintenant partie de la Bi-

qui frequenta assez longtemps Camnuz pres de ,


bliotheque Bleue.
Bingen, faisant divers bruits insolites et jetant Canate, montagne d'Espagne, fameuse dans
des pierres sans se montrer. II en' arriva a de- lesanciennes chroniques; il y avait au pied une
rober divers objets et a denoncer comme vo- caverne oii les mauvais genies faisaient leur re-
leurs ceux a qui il en voulait et chez qui il por- sidence , et les chevaliers qui s'en approchaient
tait ses larcins. II mit le feu a des maisons et a etaient sCirs d'etre enchantes, s'il ne leur arrivait
des, reccltes, et vexa le pays assez longtemps. pas pis.'

On I'entendait parler sans le voir, C'etait a la lin Cancer ou I'Ecrevisse, I'un des signes du
du seizieme siecle. Enfm I'eveque de Mayeace ,
zodiaque. C'est I'Ecrevisse qui piqua Hercule au
envoya des exorcisLes qui le chasserent, talon pendant qu'il combattait I'hydre de Lerne.
Campanella (Thomas), homme d'esprit, Voij. Horoscopes.
mais de peu de jugement, ne dans un bourg de Candelier, demon invoque dans les litanies
la Calabre en 1568. Tout jeune il rencontra, dit- du sabbat.
on , un rabbin qui I'initia dans les secrets de Cang-Hy, dieu des cieux inferieurs , chez les
I'alchimie, et qui lui apprit toutes les sciences Chinois, II a pouvoir de vie et de mort, Trois es-
en quinze jours, au moyen de I'Art Notoire. prits subalternes sont ses ministres : Tankwam,
Avec ces connaissances, Campanella entre dans , qui preside a Pair, dispense la pluie ;
Tsuikvam,
I'ordre des dominicains, se mit a combattre la qui gouverne la mer et les eaux, envoieles venls
doctrine d'Aristote, alors en grande faveur, et les orages ; Teikwam qui preside a la terre,
,

Ceux qu'il attaqua I'accuserent de magie et il ; surveille I'agriculture et semele des batailles.
fut oblige de s'enfuir de Naples. On s'empara de Canicida. Voy. Zerinthe.
ses cahiers. L'inquisition , y trouvant des choses Canicule , constellation qui doit son nom a
reprehensibles condamna I'auteur
, a la retraite I'eloile Syrius ou domine dans le
le chien , et qui
dans un convent, Notez que c'etait l'inquisition temps des grandes chaleurs. Les Romains per- ,

d'Etat, et que la vraie cause qui lui


imposer fit suades de la malignite de ses influences, lui sa-
le silence dans une sorte de sequestration fut une crifiaient tous les ans un chien roux. Une vieille
juste critique qu'il avait faile dans son Traitd , opinion populaire exclut les remedes pendant cette
de la monarchie espagnole, des torts graves de saison , et remet a la nature la guerison de toutes
cette nation , un immense or-
dominee alors par les maladies. C'est aussi une croyance encore
gueil, II sorlit de sa retraite par ordre du pape repandue qu'il est dangereux de se baigner pen-
en 1626, et vint a Paris, oii il mourut chez les dant la canicule.
jacobins de la rue Saint-Honore, le 21 mai 1639. Canidia ,
magicienne dont parle Horace ; elle
— On a dit qu'il avait predit I'epoque de sa enchantait et envoutait avec des figures de cire,
mort et les gloires du regne de Louis XIV. Nous et, par ses conjurations magiques, elle forgait la
ne citerons de ses ouvrages que ses quatre livres lune a descendre du ciel.

Du sens des choses et de la magie ', et ses six Canigou, montagne de France dans le Rous-
livres d'aslrologie ^
;
I'auteur, qui faisait cas de sillon. Elle a aussi sa legende. Gervais de Tilbury
ceLte science , s'efforce d'accorder les idees as- nous apprend dans sa chronique qu'au sommet
,
,

Irologiques avec la doctrine de saant Thomas, presque inaccessible de cette montagne il y a un


Campbell (Gilbert). Son histoire. Voij. Es- lac d'eau noire dont on ne connait pas le fond,
PRITS FRAPPEURS. que les botes de I'enfer ont un palais au fond de
Campetti, hydroscope, qui renouvela, a la ce lac, et que si I'on y jette une pierre les de- ,

fin du dernier siecle, les merveilles de la ba- mons aussitot font surgirune tempete qui effraye
guette divinatoire. II etait ne dans le Tyrol, Mais la con tree.
il a fait moins de bruit que Jacques Aymar, Au Canterme nom que donnaient , les anciens a
lieu de baguette pour decouvrir les sources, les certains enchantements et malefices.
tresors caches et les traces de vol ou de meurtre, Cantwell (Andre-Samuel-Michel), mort bi-
il pendule forme d'un mor-
se servait d'un petit bliothecaire des Invalides le 9 juillet 1802. 11 est
ceau de pyrite, ou de quelque autre substance auteur d'un roman intitule le Chateau d' Albert

ou le Squelette ambulant. 1799, 2 vol. in-18.


' De sensu rerum et magia, libri IV, etc. ln-4°. Canwyll-Corph, chandelle du mort ou chan-
Francfort, 1620. delle de la mort. Superstition du pays de Galles,
2 Astrologicorum libri VI. In-4°. Lyon, 1629.
L'edition de Francfort,
mais bornee , dit-on , au diocese de Saint-David.
1630, est plus recherchee,
parce qu'elle contient un septieme livre intitule De 1 La vida de Roberto el Diablo, In-fol. Seville,
fato siderali vitando. 1629.
CAO — 134 — CAO
Les Gallois racontent que saint David en mou- , particulierement benite centre les revenants , la

rant, demanda au del une favenr speciale pour delivreraitde sa vision. Ce n'etait que de I'eau
ses diocesains et qu'il obtint qu'aucun d'eux ne
, ordinaire; mais I'imagination de la vieille femme
mourrait sans avoir regu d'avance un avis de sa se rassura par ce petit stratageine, qu'elle ne
fin prochaine. A eel effet une lumiere, qu'on ap- soupgonnait pas, et elle :ie vit plus rien. Voijez
pelle chandelle de la niort, sort de la maison Hallucinations.
dont un habitant doit mourir, se dirige vers le Capricorne. L'un des signes du zodiaque.
cimeliere et s'evanouit a la place que doit occuper C'est Pan qui, a I'assaut des Titans, eut peur et
,

le futur defunt; mais comme celte merveille a se changea en bouc. Voy. Horoscopes.
lieu la nuit, il est rare qu'on la voie. Capucin. Ce sont les protestants qui ont mis
Caous. Les Orientaux donnent ce nom a des a la mode ce slupide axiome superstitieux que
genies malfaisants qui habitent les cavernes du la rencontre d'un capucin etait un mauvais pre-

Caucase.
Capnomancie, divination par la fumee. Les
anciens en faisaient souvent usage : on brulait
de la verveine et d'autres plantes sacrees on :

observait la fumee de ce feu, les figures et la di-

rection qu'elieprenait, pour en lirerdes presages.


On distinguait deux sorLes de capnomancie : I'une
qui se pratiquait en jetant sur des charbons ar-
dents des grains de jasmin ou de pavot, et en
observant la fumee qui en sortait; I'aulre, qui
elait la plus usilee, se pratiquait par la melliodc
que nous avons indiquee d'abord. Elle consistait
aussi a examiner la fumee des sacrifices. Quand
cette fumee etait legere et peu epaisse c'etait ,

bon augure. On respirait meme cette fumee et sage. Un joiu' que I'abbe de Voisenon etait allu a
;

la chasse sur un terrain Ires-giboyeux, il apergut


Ton pensait qu'elle donnait des inspirations.
Cappautas grosse pierre brute qui, dans les un capucin. Desce moment il no lira plus un coup
,

croyances populaires guerissait de la frenesie jusle et comme on se moquait de lui


,
, « Vrai- :

ceux qui allaient s'y asseoir; elle se trouvait a nient, messieurs, dit-il, vousen parlez fort a voire
trois stades de GyLheum en Laconie. aise; vous n'avez pas rencontre un capucin \ »

Caperon, doyen de Sainl-Maixant. 11 publia, Caqueux ou Cacoux. Les cordiers, nomnies


dans le Mercure de 1726, une lettre sur les fausses caqucux od cacoux en Brelagne sont relegues , ,

apparitions; Lenglet-Dufresnoy I'a reimprimee dans certains cantons du pays comme desespeces
dans son recueil. II montre peu de creduliLe et de parias on les evite ils inspirent meme de ; ;

combat les fausses apparitions avec des raisons I'hurreur, parce qu'ils font des cordes, autrefois
assez bonnes. II conte qu'un jour il fut consullc instruments de mort et d'esclavage. lis ne s'al-
sur une femme qui disait voir cbaque jour liaienl jadis qu'entre eux, et I'entree des eglises
a ,

midi, un esprit en figure d'homme, vetu de gris, leur elait interdite. Ce prejuge commence a se
avec des boutons jaunes, lequel la maltraitait dissiper cependant ils passent encore pour sor- ;

fort, lui donnant meme de grands souffleLs; ce ciers. lis profitent de ce renom ils vendent des ;

qui paraissait d'autant plus certain qu'une voi- talismans qui rcndent invulnerable, des sachets
sine protestait qu'ayant mis sa main conlre la a I'aide desquels on est invincible a la lulte ils ;

joue de cetle femme dans le temps qu'elle se di- predisent I'avenir; on croit aussi qu'ils jeltent de
sait maltraitee, elle avait senti quelque chose mauvais vents. On les disait, au quinzieme sifecle,
d'invisible qui la repoussait. Ayanl reconnu que Juifs d'origine, et sdpares par la lepre du reste

cette femme etait fort sanguine Capperon con- des homines. Le due de Brelagne, Frangois II,
,

clut qu'il fallaitlui faire une saignec, avec la pre- leur avait enjoint de porter une marque de drap

caution de lui en cacher le motif; ce qui ayanl rouge sur un endroit apparent de leur robe. On
ete execute I'appariLion s'evanouiL a conle que le vendredi saint tous les caqueux
,

Tous les traits qu'il rapporte et tous ses rai- versent du sang par le nombril. Neanmoins on
sonnements prouvent que les vapours ou I'ima- ne fuit plus devant les cordiers mais on ne s'allie ;

gination troublee sont la cause de beaucoup de pas encore aisement avec leurs families
^. N'est-

visions. II admet les visions rapportees dans les ce pas ici la meme origine que celle des cagots?
livres saints mais il repousse les autres un peu
;
Voy. ce mot.
trop generalement. 11 parle encore d'une autre
1 M. Salgues, Des erreurs et des prejuges, etc.,
femme a qui un esprit venait tirer toules les nulls
t. I, p. 509.
la couverture. II lui donna de I'eau, en lui disant 2 Cambry, Voyage dans le Finistere, t. Ill, p. 146;
d'en asperger son lit, et ajoutant que cette eau, t. I, etc.
;

CAR — 135 — CAR


Carabia ou Decarabia, demon peu connu, Caradoc (Saint) ,
patron de Donzy en Niver-
quoiqu'il jouisse d'un grand pouvoir au sombre nais, sous le nom de saint Caradeu. Comme d'au-
empire. II est roi d'une parlie de I'enfer, etcomte tres saints, il fut obsede par le diable; mais sa
d'une autre province considerable. II se presente, verlu etait si vive que le diable ne put rien
comme Buer, sous d'une etoile a cinq
la figure centre lui.

rayons. II connait les vertus des plantes et des Cardan (Jerome) , medecin astrologue et vi-

pierres precieuses; il domine sur les ciseaux, sionnaire, ne a Pavie en 1501, mort a Rome en
qu'il rend familiers. Trente legions sont a ses II nous a laisse une histoire de sa vie
1576. ou ,

ordres *. avoue sans pudeur tout ce qui peut tourner a


il

Caracalla. L'empereur Caracalla venait d'etre sa honte. II se crea beaucoup d'ennemis par ses
tue par un soldat. Au moment ou Ton n'en savait moeurs; du reste, ce fut un des hommes habiles
encore rien a Rome, on vit un demon en forme de son temps. II fit faire des pas aux mathema-
humaine qui raenait un ane, tanlot au Capitole, tiques et il parait qu'il etait savant medecin ,

tantot au palais de l'empereur, en disant tout mais il avait une imagination presque toujours
haut qu'il cherchait un maitre. On lui demanda delirante, et on I'a souvent excuse en disant qu'il
si ce n'etait pas Caracalla qu'il cherchait? II re- etait fou. II rapporte, dans le livre De vita pro-
pundit que celiii-la elait mort. Sur quoi il fut pris pria, que quand la nature ne lui faisait pas sentir
pour etre envoye a l'empereur, et il ditces mots quelque douleur, il s'en procurait lui-meme en
:

« Je m'en vais done, puisqu'il le faut, non a se mordant les levres, ou en se tiraillant les doigts
l'empereur que vous pensez mais a un autre » jusqu'a ce qu'il en pleurat, parce que s'il lui ar-
, ;

cL la-dessus on le conduisit de Rome a Capoue, rivait d'etre sans douleur, il ressentait des saillies
ou il disparut sans qu'on ait jamais su ce qu'il et des impetuosites si violentesqu'elles luietaient
devint ^, plus insupportables que la douleur meme. D'ail-

Caract6res. La pluparL des talismans doivent leurs, il aimait le mal physique a cause du plaisir
leurs vertus a des caracteres mysterieux que les qu'il eprouvait ensuite quand ce mal cessait.
anciens regardaient comme de surs preservatifs. II dit dans le livre VIII de la Variele des choses,
,

Le fameux anneau qui soumit les genies a la vo- qu'iltombait en extase quand il voulait, et qu'alors
lonte de Salomon devait toute sa force a des ca- son ame voyageait hors de son corps, qui de-
racteres cabalistiqaes. Origene condamnait chez meurait impassible et comme inanime. II pre- —
quelques-uns des premiers chreliens I'usage de tendait avoir deux ames, I'une qui le portait au
certaines plaques de cuivre ou d'etain chargees bien et a la science, I'autre qui I'entrainait au
de caracteres qu'il appelle des restes de I'ido- mal et a I'abrutissement. II assure que, dans sa
latrie. L'£'nc/2m(//on,attribuestupidementaupape jeunesse , il voyait clair au milieu des tenebres;
Leon III, le Dragon rouge, les Claviculcs de Salo- que en lui cette faculte que cepen-
I'age affaiblit :

mon, indiquent dans tous leurs secrets magiques clant, quoique vieux, il voyait encore en s'eveil-
des caracteres incomprehensibles, traces dans lant au milieu de la nuit, mais moins parfailement
des triangles ou dans des cercles, comme des que dans son age tendre. II avait cela de commun,
moyens puissants et certains pour revocation des disait-il, avec l'empereur Tibere il aurait pu :

esprits. dire aussi avec les hiboux.


II donnait dans I'alchimie, et on reconnait dans

ses ouvrages qu'il croyait a la cabale et qu'il


faisait grand cas des secrets cabalistiques. II dit
quelque part que, dans la nuit du 13 au 14 aout
l/i91 sept demons ou esprits elementaires de
,

haute stature apparurent a Fazio Cardan son ,

pere (presque aussi fou que lui), ayant Fair de


gens de quarante ans, vetus de sole, avec des
capes a la grecque, des chaussures rouges et des
pourpoints cramoisis; qu'ils se dirent hommes
aeriens, assurant qu'ils naissaient et mouraient;
Souvent aussi des sorciers se sont servis de qu'ils vivaient trois cents ans ;
qu'ils approchaient
papiers sur lesquels
ils avaient ecrit avec du sang beaucoup plus de la nature divine que les habi-
des caracteres indechiffrables ; et ces pieces, pro- tants de la terre; mais qu'il y avait neanmoins
duites dans les procedures, ont ete admises en entre euxet Dieu une distance infinie. Ces hommes
preuves de malefices jetes. Nous avons dit quel aeriens etaient sans doute des sylphes.
etait le pouvoir des mots agla, abracadabra, etc. comme Socrate, d'avoir un demon
II se vantait,
Voy. Talismans. familier, qu'il plagaitentrelessubstanceshumaines
et la nature divine, et qui se communiquait a lui
* Wierus , in Pseudomonarchia dcemon.
2 Leloyer, Histoire et discours des spectres, liv. Ill,
par les songes. Ce demon etait encore un esprit
ch. XVI. elementaire ;
car, dans le dialogue intitule Tetim,
CAR — 136 — CAR

De libris propriis, que son


il dit des choses bizarres dans presque tous ses ou-
et dans le t'rait^
nature de Mercure et vrages, qui ont ete recueillis en dix volumes in-
demon familier tient de la
folio, p'rincipalement dans le livre
de la Variety
de celle de Salurne. On sent bien qu'il s'agit ici

qu'il doit tous ses des choses, de la Sublilite des demons, etc., el
des planetes. II avoue ensuite
plus heureuses dans son Traite des soncjes \ Voij. M^:toposcopie
talents, sa vasle erudition et ses
et Onguents.
idees a son demon. Tous ses panegyristes ont fait

demon familier ce qu'il est bon Carenus (Alexandre) auteur d'un TraiU des
,

la part de son ,

publie a Padoue eh 1575.


-
de remarquer pour I'honneur des esprils. Cardan
soiu/cs

Irente Carlostad (Andre Bodenstein de), archidiacre


assurait aussi que son pere avait ete servi
de Wurtemberg, d'abord partisan, ensuite en-
ans par un esprit familier.
Comme ses connaissances en aslrologie etaient nemi de Luther, mais toujours dissident comme
lui. Le jour ou il prononca
son dernier preche,
grandes, il predit a Edouard VI roi d'Angleterre, ,

regies un grand homme noir a la figure triste et de-


,

plus de cinquante ans de regne, d'apres les


Mais par mallieur Edouard VI mourut a
composee, monta derriere lui I'escalier de la
de I'art.

memes regies avaient fait voir chaire et lui annonga qu'il irait le voir dans Irois
seize ans. Ces lui

clairement ne vivrait que quarante-cinq ans.


qu'il

II regla sa fortune en consequence,


ce qui I'in-

commoda fort le reste de sa vie. Quand il dut


avouer qu'il s'etait trompe dans ses calculs il re- ,

fit son Iheme, et trouva qu'au


moins il ne passe-
rait pas la soixante-quinzieme annee.
La nature
Alors,
s'obslina encore a demenlir I'astrologie.
pour soutenir sa reputation, el ne pas supporter

davantage honte d'un dementi (car il pensail


la

que que lui seul avait pu se


I'art est infaillible et

tromper), on assure que Cardan se laissa mounr


de faim.
as-
« De tous les evenements annonces par les

trologues, je n'en trouve qu'un seul qui soil reel- jours. D'autres disent que I'homme noir se tint

lement arrive tel qu'il avait ete prevu, dit un ensuite devant lui le regardant d'un ceil fixe, a

dcrivain du dernier siecle * c'est la mort^ de chaire et parmi les auditeurs.


,
quelques pas de la
Cardan, qu'il avait Uii-meme predile el fixee a Carlostad se troubla; il depechason preche, et,
un jour marque. Ce grand jour arriva Cardan se :
au sorlir de la chaire, il demanda si Ton coti-
portait bien mais il failait mourir ou avouer I'in-
;
naissait I'homme noir qui en ce moment sorlait

suinsance et la vanite de son art; il ne balanga du temple. Mais personne que lui ne I'avait yu.—
pas; et, se sacrifiant a la gloire des astres, 11 se Cependant le meme fantome noir etait alle a la
tua lui-meme 11 n'avait pas explique s'il peri-
;
maison de Carlostad et avait dit au plus jeune de
rait par une maladie ou par un suicide. » ses Ills Souviens-toi d'averlir ton pere que je
: (1

II laut rappeler, parmi les


extravagances astro- tienne
reviendrai dans trois jours, el qu'il se
logiques de Cardan, qu'il avait dresse 1' horoscope pret. )) Quand I'archidiacre renlra
son fils lui ,

de Notre-Seigneur Jesus-Chrisl : il le publia en raconta celle autre circonstance. Carlostad


epou-
Italie eten France. II trouvait dans la conjonc- vanle se mitau lit, et Irois jours apres, le 25 de-
lion de Mars avec la lune au signe de la Balance cembre I5iil, qui etait la fete de Noel, on le

le genre de mort de I'Honune-Dieu et il voyail


trouva mort, le cou tordu. L'evenement eut
; lieu

le mahomelisme dans la rencontre de Salurne


a Bale \
avec le Sagitlaire a I'epoque de la naissance du tut^laires des enfants chez
,
Carmentes, deesses
Sauveur. les anciens. Elles ont ele
remplacees par nos
En somme, Jerome Cardan fut un homme su-
presidaient a la naissance, chanlaient
fees; elles
perstitieux qui avait plus d'imagination que de lui faisaient un don,
, I'horoscope du nouvcau-ne,
jugement. Ce qui est bizarre c'est que croyant en Bretagne de et recevaient
, ,
comme les fees ,

a tout, croyail mal aux seules merveilles vraies, part des meres. Elles ne se
il
petils presents de la
celles que I'figlise admet. On le poursuivit a la B^le, 4585,
1 Hieronymus Cardanus De somniis.
fois comme magicien et comme impie. Delancre
,

bien instruil en la magie par


dit qu'il avait ele hex. Carenus, De somniis, in-i". Patavii, 1575.
les ecnts
son pere, lequel avait eu trenle ans un demon 3Celle anecdote se trouve encore dans
siecle, inti-
enferme dans une cassette et discourait avec ce ,
de Luther, el dans un livre du dernier
tule La Babylone demnsquee, ou
Entreliens de deux
demon sur toules ses affaires ^ On trouve done
:

ro-
dames hollandaises sur la religion catholique
maine, etc., p. 226, edition de Pepie, rue
Sainj-
1 Essai sur
2 L'incredulite et
les superstitions
mecreance,
, par M. L. C. ln-12.
p. 43,
etc., traite I,
Jacques, a Paris, 1727. —
Voyez la legende de
Carlostad dans les Legendes infernales.
etc.
.

CAR — 137 — CAR

raontraient pas; cependant on leur servait a diner des corps que parce qu'elles avaient oublie Dieu.
dans une chambre isolee pendant les couches. Carpocrate pretendait que tout ce que nous ap-
On donnait aussi, chez les Romains, le noin de prenons n'est que reminiscence. II regardait les
carmentes ou [charmeuses) aux devineresses cele- anges comme nous les demons il les disait en-
;

bres; et Tune des plus fameuses prophetesses de nemis de I'homme, et croyait leur plaire en se
I'Arcadie s'est nommee Carmentia. On I'a mise livrant a toutes ses passions et aux plaisirs les

dans le ci-devant Olympe. plus honteux. Ses disciples cultivaient la magie,


Carnaval. Voy. Mascarades. faisaient des enchantements et avaient des secrets
Carniveau , demon invoque dans les litanies merveiileux. lis marquaient leurs secLateurs a

I du sabbat. Toreille et commettaient beaucoup d'abomina-


'

Carnoet. Voy. Troo du chateau. tions. Cette secte ne subsista pas longtemps.

Carnus, devin d'Acarnanie, qui ayantpredit ,


Carra (Jean -Louis) aventurier du dernier
,

de grands malheurs sous le regne de Codrus, fut siecle, qui se lit girondin, et fut guillotine en 1793.
II a laisse eritre autres ouvrages un Examen phy-
tae a coups de Heches comme magicien. Apollon
j
envoya la paste pour venger sa mort. sique du magnetisme animal, in-8°, 1785.
Caron. La fable du batelier des enfers vint, Carreau demon invoque comme prince des
,

dit-on, de Memphis, en Grece. Fils de I'Erebe puissances dans les litanies du sabbat.
et de la Nuit, il traversait le Cocyte et I'Acheron Carrefours, lieux oii qualre chemins abou-
dans une barque etroite. Vieux et avare , il n'y tissent. G'est aux carrefours que les sorciers se
recevaitque les ombres de ceux qui avaient regu reunissent ordinairement pour faire le sabbat. On
la sepulture et qui lui payaient le passage. Nul montre encore dans plusieurs provinces quel-
, ,

mortel pendant sa vie ne pouvait y entrer, a ques-uns de ces carrefours redoutes, au milieu
moins qu'un rameau d'or consacre a Proserpine desquels elaient places des poteaux que les sor-
ne lui servit de sanf-conduit; et le pieux Enee ciers ou les demons entouraient de lanternes
eut besoin que la sibylle lui fit present de cette pendant la fete nocturne. On fait remarquer aussi
passe lorsqu'il voulut penetrer dans le royaume sur le sol un large rond oii les demons dansaient;
de Plulon. Longtemps avanl le passage de ce et Ton pretend que I'herbe ne peut y croitre. C'est

prince le nocher infernal avait ete exile pendant


, aussi dans un carrefour que Ton tue la poule
un an dans un lieu obscur du Tartare, pour avoir noire pour evoquer le diable.
recu dans son bateau Hercule, qui ne s'etait pas Cartagra, region du purgatoire. Voy. Gamygyn.
muni du rameau. Cartes. Voy. Cartomancie. Mais, outre I'art de
Mahomet, dans le Koran, chap. 28, a con- tirer les cartes, qui est expose plus bas, on pra-

fondu Caron avec Core que la terre engloutit ,


tique avec ce jeu d'autres divinations. Les jour-
lorsqu'il outrageait Moise. L'Arabe Mutardi, dans naux de Janvier 1862 contenaient a ce sujet
son ouvrage sur I'Egypte, fait de Caron un oncle une anecdote que nous croyons devoir repro-
du legislateur des Hebreux et comme il soutint , duire :

toujours son neveu avec zele, ce dernier lui ap- «Le 6 janvier, jour des Rois, trois jeunesgens,
prit I'alchimie et le secret du grand oeuvre, au deux freres et un de leurs amis, jouaient, le soir,
moyen duquel il amassa des sommes immenses. aux cartes au coin du feu, dans la maison de I'un
Rien ici n'est conforme aux saintes Ecritures. d'eux, aPignicourt (Aisne). Apres quelques par-
Selon Herodote, Caron d'abord simple pretre , ties, il vint a un des joueurs la bizarre fantaisie

deVulcain, usurpalesouverainpouvoiren Egypte. d'inlerroger le sort par la voie des carles, et de


Devenu roi, il imposa sur les inhumations un gros jouer a I'ecarte et au dernier reslant quel serait
tribut; et de Tor qu'il en tira il fit batir le cdlebre celui des trois qui mourrait le premier. Le plus
labyrinlhe d'Egypte. jeune s'opposait vivement a ce que Ton tentat
Carpentier (Richard), benedictin anglais du ainsi le hasard; mais, malgre lui les deux autres
,

dix-septieme siecle. On recherche de lui : 1° la s'attablerent et commencerent leur jeu de mort.


Ruine de I' Antechrist , in-8°, 16^8; 2° Preuves que La premiere par tie fut perdue par le plus age,
I'astrologie est innocente , utile et precise , in-k" ,
qui est mort le 16 fevrier. Le plus jeune celui ,

Londres, 1653. II a publie une autre singularite qui avait d'abord refuse de jouer, perdit la se-
intitulee « la Loi parfaitc de Dieu , sermon qui conde et mourul dix jours apres son frere, c'est-a-
n'est pas sermon qui a ete preche et n'a pas Hi
,
dire le 26 fevrier. Le dernier restant a I'ecarte,
preche, 1652 » celui qui aurait du, ce semble, survivre, frappe
Carpocratiens heresiarques du deuxieme
,
peut-etre plus vivement que les autres de la fa-
siecle qui reconnaissaient pour chef Carpocrate, tale prediction, est mort le premier de lous, le
professeur de magie selon I'expression de saint, 26 janvier. lis etaient ages de vingt, vingt-huit
Irenee. lis conlaient que les anges venaient de et trente-trois ans, {Journal de I' Aisne.)

Dieu par une suite de generations infmies, que Carticeya, divinite indienne qui cornmande
lesdits anges s'etaient avises un jour de creer le les armees des genies et des anges; elle a six
monde et les ames , lesquelles n'etaient unies a faces, une multitude d'yeux et un grand nombre de
CAR 138 — CAR
bras armes de massues, de sabres et de fleches. perfectionne cette science merveilleuse. On s'est

Elle se prelasse a cheval sur un paon. servi de tablettes peintes; et quand Jacquemin
Cartomancie , divination par les cartes, plus Gringoneur offrit les cartes au roi Charles le Bien-
connuo sous le noin d'art de tirer les cartes. On Aime , il n'avait eu que la peine de transporter
dit que les carles ont ete inventees pour amuser sur des cartons ce qui etait connti des plus habiles
la folie de Charles VI mais Allielte qui ecrivit
;
,
devins sur des planchettes. II est facheux que
sous le nom d'Etteilla nous assure que la carto-
, cetle assertion ne soil appuyee d'aucune preuve.
mancie qui est I'art de tirer les cartes est bien
, , Cependant les carles a jouer sont plusanciennes
plus ancienne. II fait remonter cette divination au que Charles VI. Boissonade a remarque que le
jeu des batons d'Alpha (nom d'un Grec fameux petit Jehan de Sainlre ne fut honore de la faveur
exile en Espagne dit-il). 11 ajouLe qu'on a depuis
,
de Charles V que parce qu'il ne jouail ni aux

cartes ni aux des. II fallait bien aussi qu'ellesfus- loyales intentions.La dame de coeur est une femme
sent connues en Espagne lorsque Alphnnse XI les honnele et genereuse de qui vous pouvez at-
prohiba en 1332, dans les slatuts de I'ordre de tendre des services; si elle est renversee, c'est
la Bande. Quoi qu'il en soil, les cartes, d'abord le presage d'un retard dans vos esperances. Le

tolerees, furent ensuitecondamnees; et c'estune valet de coeur est un brave jeune homme sou- ,

opinion encore subsistante dans I'esprit de quel- vent un militaire, qui doit entrer dans voire fa-
ques personnes que qui tient les carles tient le mille el cherche a vous etre utile; il en sera em-
diable. C'esl souvent vrai au ligurc. « Ceux qui , peche s'il est renverse. L'as de coeur annonce
font des tours de cartes sont sorciers le plus sou- une nouvelle agreable il represente un festin ou
;

vent, » dit Boguet. 11 cite un comle ilalien qui un repas d'amis quand il se trouve entoure de
vous niettait en main un dix de pique, el vous figures. Le dix de ccEur est une surprise qui fera
trouviez que c'elait un roi de ca'ur ^ Que pen- grande joie ; le neuf promet une reconciliation,
serail-il des presLidigitaleurs actuels? il resserre les liens entre les personnes qu'on
II n'est pas besoin de dire qu'on a trouve tout veut brouiller. Le huit promet de la satisfaction

dans les cartes histoire, sabeisme sorcellerie.


, , de la part des enfanls. Le sept annonce un bon
II y a meme eu des doctes qui out vu tuule I'al- mariage.
chimie dans les figures; et certains cabalistesont Les huit carreaux, —
Le roi de carreau est un
prelendu y reconnaitre les esprilsdesquatre ele- homme assez important qui pense a vous nuire,
ments. Les carreaux sont les salamandres, les el qui vous nuira s'il est renverse. La dame est
cceurs sonl les sylphes, les trefles les ondins, et une mechante femme qui dit du mal de vous, et
les piques gnomes.
les qui vous fera du mal si elle est renversee. Le
Arrivons a I'art de tirer les cartes. On se sert valet de carreau est un militaire ou un messager
presque toujours, pour la cartomancie, d'un jeu qui vous apporle des nouvelles desagreables et ;

de piquet de trente-deux cartes, ou les figures s'il est renverse, des nouvelles facheuses. L'as

n'ont qu'une tele. Les coeurs et les trefles sont de carreau annonce une lettre ledrx de carreau, ;

gerieralement bons et heureux les carreaux el ; un voyage necessaire et imprevu; le neuf, un


les piques, generalement mauvais et malheureux. retard d'argent; le huit, des demarches qui sur-
Les figures en coeur et en carreau annoncent des prendrontde la part d'un jeune homme; lesept,
personnes blondes ou chatain-blond; les figures un gain de lolerie; s'il se trouve avec l'as de
en pique ou en trefie annoncent des personnes carreau assez bonnes nouvelles.
,

brunes ou chalain-brun. Voici ce que signifie Les huit piques. —


Le roi represente un com-
chaque carte Les huit coeurs.
: Le roi de cneur — missaire, un juge, un homme de robe avec qui
est un homme honorable qui cherche a vous faire on aura des disgraces; s'il est renverse, perte
du bien s'il estrenverse, il sera arrete dans ses
; d'un proces. La dame est une veuve qui cherche
' Discours des sorciers, oh. lhi. a vous tromper : si elle est renversee elle vous
,
; ;

CAR — 139 — CAR


trompera. Le valet est un jeune homme qui vous pour qui on opere ne se trouve pas dans les douze
causera des desagrements ; s'il est renverse, pre- cartes que le hasard vientd'amener, onlacherche
sage de trahison. L'as, grande tristesse; Je dix, dans le reste du jeu, et on la place simplement a
emprisonnement le neuf, retard dansles affaires;
; la fin des douze cartes sorties. Si au contraire, ,

le huit, maiivaise nouvelle; du sept s'il est suivi elle s'y trouve, on fait tirer a la personne pour

de carreau, pleurs et discordes. Le sept, que- qui on travaille (ou Ton lire soi-meme si c'est
relles et tourments, a moins qu'il ne soit accom- pour soi que Ton consul te) une treizieme carte a
pagne de coeurs. jeu ouvert. On la place pareillement a la fin des
Les huit trefles. —
Le roi est un homme juste, douze cartes etalees, parce qu'il est reconnu qu'U
qui vous rendra service; s'il est renverse, ses in- faut ireize cartes. Alors, on explique sommaire-
tentions honnetes eprouveront du retard. La dame ment I'ensemble du jeu. lilnsuite, en partant de
est une femme qui vous aime; ime femme ja- la carte qui represente la personne pour qui on

louse si elle est renversee. Le valet promet un


, interroge le sort, on compte sept et on s'arrete on ;

mariage, qui ne se fera pas sans embarras preli- inlerprete la valeur intrinseque et relative de la
minaires, s'il est renverse, L'as, gain, profit, ar- carle sur laquelle on fail station on compte sept ;

gent a recevoir ; le dix , succes ; s'il est suivi du de nouveau et de nouveau on explique, parcou-
,

neuf de carreau, retard d'argent; perte s'il se rant ainsi tout le jeu a plusieurs reprises jusqu'a
trouve a cote du neuf de pique. Le neuf, reus- ce qu'on revienne precisement a la carte de la-
site; le huit, esperances fondees: le vu bien
sept, fai- quelle on est parti. On doit deja avoir
blesse, el s'il est suivi d'un neuf, heritage. une operation im- des choses, II reste cependant
Quatre rois de suite, honneurs; trois de suite, porlante. On releve les treize cartes, on les mele,
succes dans le commerce; deux rois de suite, on fait a nouveau couper de la main gauche,
bons conseils. Quatre dames de suite, grands ca- Apres quoi on dispose les cartes a convert sur dix
quets; trois dames de suite, tromperies deux paquets 1° pour la personne; 2" pour la maison
; :

dames de suite, amitie, Quatre valets de suite, ouson interieur; 3° pourcequ'elle attend; 4°pour
maladie contagieuse; trois valets de suite, pa- cequ'ellen'attendpas; 5°poursa surprise 6° pour ;

resse deux valets de suite, dispute. Quatre as sa consolation ou sa pensee.


; Les six premieres —
de suite, une mort; trois as de suite, libertinage cartes ainsi rangees sur la table il en reste sept ,

deux as de suite, inimitie. Quatre dix de suite, dans la main. On fait un second tour, mais on ne
evenemen ts desagrdables; trois dix de suite, chan- met une carle que sur chacun des cinq premiers
gement d'etat; deux dix de suite, perte. Quatre paquets. Au trqisieme tour, on pose les deux der-
neuf de suite, bonnes actions trois neuf de suite, nieres cartes sur les numeros 1 et 2. On decouvre
;

imprudence deux neuf de suite, argent. Quatre ensuite successivement chaque paquet et on
; ,

huit de suite, revers; trois huit de suite, ma- I'explique en commenganl par le premier qui a ,

nage; deux huit de suite, desagrements. Qualre trois cartes ainsi que le deuxieme, en finissant
sept de suite, intrigues; trois sept de suite, di- par le dernier qui n'en a qu'une. Voila tout en- —
vertissements; deux sept de suite petites nou- tier I'art de tirer les cartes; les melhodes va-
,

'
velles. rient ainsi que la valeur des cartes, auxquelles on
yaplusieurs manieres de tirer les cartes. La
II donne dans les livres speciaux des sens tres-di-
plus sure methode est de les tirer par sept, comme vers et tres-arbi tr aires ; mais les resultats ne va-
il suit Apres avoir mele le jeu, on le fait couper
: rient pas.
de la main gauche par la personne pour qui on Nous terminerons en indiquant la maniere de
opere on compte les cartes de sept en sept, met-
; faire cequ'on appelle la reussite. Prenez ega- —
tant de cole la seplieme de chaque paquet. On lement un jeu de piquet de trente-deux cartes.
repete I'operation jusqu'a ce qu'on ait produit Faites huit paquets a convert de quatre cartes
douze cartes. Vous elendez ces douze cartes sur chacun et les rangez sur la table retournez la
, ;

la table les unes a cote des autres selon I'ordre , premiere carte de chaque paquet; prenez les
dans lequel elles sent venues; ensuite vous cher- cartes de la meme valeur deux par deux comme ,

chez ce qu'elles signifient d'apres la valeur et la , deux dix, deux rois, deux as, etc., en retour-
position de chaque carte, ainsi qu'on I'a explique. nant toujours a decouvert sur chaque paquet la
Mais avant de tirer les cartes, il ne faut pas ou- carte qui suit celle que vous enlevez. Pour que
blier de voir si la personne pour laquelle on les la reussite soitassuree, il faut que vous retiriez
tire est sortie du jeu. On prend ordinairement le de la sorte toutes les cartes du jeu deux par ,

roi de coeur pour un homme blond marie le roi ; deux, jusqu'aux dernieres. —
On fait ces reus-
de trefle pour un homme brun marie la dame de ; sites pour savoir si un projet ou une affaire aura
coeur pour une dame ou une demoiselle blonde du succes ou si une chose dont on doute a eu
,

la dame de trefle pour une dame ou une demoi- lieu.


selle brune le valet de coeur pour un jeune homme
; Alliette, sous le nom d'Etteilla, a publie un
blond; le valet de trefle pour un jeune homme long traite sur cette matiere. Citons encore VO-
brun. —
Si la carte qui represenle la personne racle parfait, ou nouvelle maniere de tirer les
;

CAS — uo — CAS

cartes au moyen de laquelle chacun peut faire


,
titule Angelographie *. II a laissd un autre ou-

son horoscope. Jn-12, Paris, 1802. Ce petit livre, vrage que quelques personnes recherchent, sur
,

de 92 pages, est dedie au beau sexe par Albert les mysleres de la naUire

d'Alby. L'editeur est M. de Valembert, qui fait Cassandre. Fille de Priam a qui Apollon ,

observer que I'Oracle par/ait devait paraitre en accorda le don de prophetie pour la seduire;
1788; que la censure I'arreta, et qu'on n'a pu mais quand elle eut le don , elle ne voulut pas
qu'en 1802 en gralifier le public. La methode de repondre a la lendresse du dieu , et le dieu dis-

ce livre est embrouillee ; I'auteur veut qu'on em- credita ses pronostics. Aussi, quoique grande
de cette
ploie vingt carles disposees en cinq tas , magicienne et sorciere, comme dit Delancre
maniere un au milieu, un au-dessus, un au-
: elle ne put pas empecher la ruine de Troie, ni se

dessous, et un de chaque cote; ce qui fait une garanlir elle-meuie des violences d'Ajax.
croix. Les cartes d'en haut signifient ce qui doit Cassius de Parme. Aiitoine venait de perdre
arriver bientot, les cartes de droite ce qui ar- la batailled'Aclium Gassius de Parme, qui avait
;

rivera dans un temps plus eloigne; les cartes suivi son parti, se retira dans Athenes la, au :

d'en bas sont pour le passe les cartes de gau- ; milieu de la nuit, pendant que son esprit s'aban-
che pour les obstacles; les carles du milieu donnait aux inquietudes, il vit paraitre devant
pour le present. On explique ensuite d'apres les lui un homme noir qui lui parla avec agitation.

principes. Cassius lui demanda qui il etait. Je suis ton —


Nous
Mais e'en est assez sur la cartomancie. demon — repondit le fantome. Ge mauvais de-
n'avons voulu rien laisser ignorer du fondement mon etait la peur. A cette parole, Gassius s'ef-
de cette science aux dames qui consultent leurs fraya et appela ses esclaves; mais le demon dis-
cartes et qui doutenl de Dieu. Cependant nous parut sans se laisser voir a d'autres yeux. Persuade
les prierons d'observer que ce grand nioyen de qu'il revait, Cassius serecoucha et chercha a se
lever le nous cache I'avenir s'est
rideau qui rendormir; aussilot qu'il fut seul le demon re- ,

Irouve quelquefois en defaut. Line des plus fa- parut avec les memes circonstances. Le Romain
meuses tireuses de cartes fit le jeu pour un jeune n'eut pas plus de force que d'abord; il se fit ap-
homrae sans barbe qui s'etait dcguise en fille. porler des lumieres, passa le reste de la nuit au
EUe lui promit un epoux riche et bien fait, trois milieu de ses esclaves, et n'osa plus rester seul.
gargons, une flUe, des couches laburieuses, mais 11fut tue peu de jours apres par I'ordre du vain-
sans danger. —
Une dame qui commeuQait a he- queur d'Aclium ^
siter dans sa confiance aux cartes se fit un jour Casso ou Alouette. On assure que celui qui
une reussite pour savoir si elle avait dejeune. porlera sur soi les pieds de cet oiseau ne sera
Elle etait encore a table devant les plats vides; jamais persecute; au contraire, il aura toujours
elle avait i'estoinac bien garni ; toulefois les cartes ravantage sur ses ennemis. Si on enveloppe I'oeil
lui apprirent qu'elle etait a jeun , car la reussite droit de Talouette dans un morceau de la peau
ne put avoir lieu. d'un loup, I'homme qui le portera sera doux,
Casaubon (Mederic), (ils d'Isaac Casaubon, ne agreable et plaisant; et si on le met dans du vin,
a Geneve en 1599. On a de lui un Trailede I'En- on se fera cherir de la persoiuie qui le boira *.
thousiasmc, publie en 1655, in-8". Get ouvrage Cassotide. Fontaine de Delphes, dont la vertu
est dirige centre ceux qui attribuent I'enlhou- prophetiquc inspirait des femmes qui y rendaient
siasme a une inspiration du ciel ou a une inspi- des oracles.
ration du demon. On lui doit de plus un TraiU Castaigne (Gabriel de),aum6nierde LouisXlII,
dc la credulili et de I'incredulile dans les choses cordelier et alchimisle. On lui doit V Or potable
spirituelles in-8°, Londres, 1670. 11 y elablit la
, qui (juerit de tons maux, in-8°, rare, Paris, 1611
realite des esprits des merveilles surnaturelles
, le Paradis terrestre, Ton trouve la guerison
oil

et des sorciers'. Nousciterons aussi sa Veritable detoute maladie, in-8°, Paris, 1615; « le Grand
et Jidele relation de ce qui s'est passe entre Jean y>Miracle de nature inetallique que en imitant ,

Dee et certains esprits, 1659, in-fol. » icelle sans sophisliqueries, tous les metauxim-
Casi. C'esl le nom
d'une pagode fameuse » parfaits se rendront en or fin , et les maladies
sur les bords du Gange. Les Indiens recherchent
le privilege car Esvvara ne manque
d'y mourir ; 1 Angelographia, 2 vol. in-S". Francfort, 1597 et
pas de venirdans leur oreille droite
souffler 160o.
au dernier instant pour les purifier aussi ont- :
Nucleus mtjsteriorum natures enucleatus, 1603,
in-8".
ils grand soin de mourir couches sur le cote
3 Tableau de 1' inconstance des mauvais anges, etc.,
gauche. liv. I, disc. III.

Casmann (Olhon) , savant Allemand du sei- * porte cacodaimon, mauvais demon.


L'original
zieme siecle , auteur d'un livre sur les anges in- Chez Grecs daimon, simplement, signifiail un
les
genie, 'une bonne intelligence, comme le demon de
1 Get ouvrage est connu aussi sous le litre de Socrate et quelques autres.
Traite des esprits des sorciers et des operations sur-
,
^ Valere-Maxime, el d'autres anciens.

naturelles, en anglais, Londres, <672, in-S". ' Admirubles secrets d' Albert le Grand.
, .

CAS — m— CAS
» incurables se gueriront, » in-8°, Paris, 1615. droits qu'il leur plaisait, d'avoir fait mourir plu-
Castalie. Fontaine d'Antioche, au faubourg sieurs personnes et bestiaux , et qu'ils etaient
de Daphne; ses eaux etaient prophetiques et il , resolus de faire plusieurs maux du cote de Bor-
y avail aupres un oracle ceiebre qui predit I'em- deaux. La cour leur fit leur proces extraordi-
pire a Adrian. Quand cet oracle fut accompli, naire, qui fut prononc^ le l" mars 1610, et

Adrien boucher la fontaine avec de grosses


fit condamna Diego Castalin, Francisco Ferdillo,
pierres, de peur qu'un autre n'y allat cliercher Vincentio Torrados etCataUna Fiosela a elre pris
la meme faveur qu'il avait obtenue. et menes par I'executeur de la haute justice en la

Castalin (Diego). Discours prodirjieux et epou- place du marche aux pores, et etre conduits sur
: vantable de trois Espagnols et une Espagnole un bucher, pour la etre brules tout vifs, et leui^
magiciens et sorciers qui se faisaient porter par corps etre mis en cendres, avec leurs livres, ca-
;
les diables de ville en ville avec leurs declara- , racteres, couteaux, parchemins, billets et autres
tions d'avoir fait mourir plusieurs personnes et choses propres servant a la magie.

betail par leurs sortileges, et aussi d'avoir fait L'Espagnolequi les servait, nommee Catalina
»

plusieurs degats aux biens de la terre. Ensemble, Fiosela, confessa une infinite de mechancetes par
'
I'arret prononce contre eux par la cour du par- elle exercees, entre autres que, par ses sortileges,

lement de Bordeaux, in-8°, rare. Paris, 1626. elle avait infecte, avec certains poisons, plusieurs
« Trois Espagnols, accompagnes d'une femme fontaines ,
puits et ruisseaux , et aussi qu'elle avait
espagnole, aussi sorciere et magicienne, se sont fait mourir plusieurs betails, et fait, par ses
promenes par I'ltalie, Piemont, Provence, Fran- charmes tomber pierres et greles sur les biens
,

che-Comte, Flandre, et ont, par plusieurs fois, et fruits de la terre.


traverse la France, et tout aussitot qu'ils avaient n Voila qui doit servir d'exemple a plusieurs

recu quelque deplaisir de quelques-uns, en quel- personnes qui s'eludient a la magie; d'autres,
ques villes, ilsne manquaient, par le moyen de sitot qu'ils ont perdu quelque chose, s'en vont

leurs pernicieux charmes, de faire secher les au devin et sorcier, et ne considerent pas qu'al-
bles et les vignes; et pour le regard du betail, il lant vers eux, ils vont vers le diable, prince des
languissait quelques trois semaines, puis demeu- tenebres. »

rait mort, tellement qu'une partie du Piemont On ne pent voir dans ce recit que I'histoire
a senli ce que c'etait que leurs maudites fagons d'une bande de malfaiteurs.
de faire. Castellini (Luc), frere precheur du dix-sep-
» Quand ils avaient fait jouer leurs charmes tieme siecle. On rencontre des prodiges infernaux
en quelques lieux par leurs arts pernicieux, ils dans son Traite des miracles *

se faisaient porter par les diables dans les nuees, Castor. C'est une opinion tres-ancienne et
de ville en ville, et quelquefois faisaient cent tres-commune que le castor se mutile pour se
lieues le jour. Mais comme la justice divine he derober a la poursuite des chasseurs. On la trouve
veut pas longuement souffrir les malfaiteurs, Dieu dans les hieroglyphes des Egyptiens, dans les
permit qu'un cure, nomme messire Benoit la fables d'Esope, dans Pline, dans Aristote, dans
Fave, passant pres de Dole, rencontrat ces Es- £lien mais cette opinion n'en est pas moins une
;

pagnols avec leur servante, lesquels se mirent en erreur aujourd'hui reconnue ^


compagnie avec lui et lui demanderent ou il Castor et Pollux, fils de Jupiter et de Leda.
allait.Apres leur avoir declare et conte une partie On en fit des dieux marins et dans I'antiquite,; ,

de son ennui pour la longueur du chemin, un de les matelots appelaient feux de Castor et Pollux
j
ces Espagnols nomme Diego Castalin lui dit
, , : ce que nos marins appellent feux Saint-Elme.
— Ne vous deconfortez nullement, il est pres Les histoires grecques et.romaines sont remplies
de midi mais je veux que nous allions aujour-
; d'apparitions de Castor et Pollux. Pendant que
d'hui coucher a Bordeaux. Paul-Emilefaisait la guerre en Macedoine, Publius
» Le cure ne repliqua rien, croyant qu'il le di- Vatinius, revenant a Rome, vit subitement de-
sait par risee, vu qu'il y avait pres de cent lieues. vant deux jeunes gens beaux et bien faits,
lui

Neanmoins, apres s'etre assis tons ensemble, ils montes sur des chevaux blancs, qui luiannonce-
se mirent a sommeiller. Au reveil du cure il se , rent que le roi Persee avait ete fait prisonnier la
trouve aux portes de Bordeaux avec ces Espa- veille. Vatinius se hata de porter au senat cette
gnols. Un conseiller de Bordeaux fut averti de nouvelle; mais les senateurs, croyant deroger a
cette merveille; il voulut savoir comment cela la majeste de leur caractere en s'arrelant a des
s'etait passe : il denonce les trois Espagnols et puerilites, firent meltre cet homme en prison.
lafemme. On fouille leurs bagages oii se trou- , Cependant, apres qu'on eut reconnupar les lettres
vent plusieurs livres, caracteres, billets, cires, du consul que le roi de Macedoine avait ete ef-
couteaux , parchemins et autres denrees servant fectivement pris ce jour-la, on tira Vatinius de
a. la magie. Ils sont examines ils confessent le
; sa prison on le gratifia de plusieurs arpents de
;

tout, disant, entre autres choses, d'avoir fait, par 1 Tractatus de miraculis. Rome, 1629.
leurs ceuvres, perir les fruits de la terre aux en- 2 Brown, Des erreurs populaireS) liv. Ill, eh. iv.
;
:

CAS — U2 CAT
terre, et le senat reconnul que Castor et Pollux saisit un jour de son compere Djilbeguenn, dit
etaicnt les protecteurs de la republique. le trompeur, le fit bouillir et le mangea. 11 pos-
Pausnnias explique cette apparition « C'etaient, : sede une fleche qui lui revient toujours qiiand
dit-il des jeunes gens revetus du costume des
,
elle a accompli sa mission. Elle a percd un jour

Tyndarides et apostes pour frapper les esprits une montagne de cuivre et lui est revenue apres
credules. » avoir fait le tour de la terre. Un serpent aux
On salt que Castor et Pollux sont devenus la ecailles d'or qui avait sur sa tete une corne d'ar-
,

constellation des Gemeaux. gent et des yeux d'escarboucle, distants de douze


Castro (Alphonse de) celebre predicateur ne , arpents I'un de I'autre, avec une queue sans fin,
au Perou,et I'un des plus savants tlieologiens du devora son enfant. Catai lui ddcocba sa fieche au
seizieme siecle, auteur d'un livre centre les ma- front, qu'elle separa en deux. Le prince de la
giciens mer trouva son enfant dans le ventre du ser-
Cataboliques. « Ceux qui ont lu les anciens pent; I'enfant vivait encore la, en compagnie de
savent que demons cataboliques sont des de-
les quelques h^ros, vivants encore aussi, avec leurs
mons qui emporlent les hommes, les tuent, bri- cbevaux. Alors le cheval de Catai dit a son maitre
sent et fracassent, ayant cette puissance sur eux. « Enleve la couverture qui est sous ma selle; et

De ces demons cataboliques, Fulgence raconte je donnerai a I'enfant le peu de lait qui me reste

qu'un certain Campester avait ecrit un livre par- du temps on je tetais ma mere » et I'enfant vecut;

ticulier, quinous servirait bien, si nous I'avions, et plus tard il mangea aussi son pere Ce sont
pour apprendre au juste comment ces diables trai- la des traditions tarlares.
taient leurs suppols les magiciens et les sor-
, Catalde, evequc de Tarente au sixieme siecle.
ciers ^. » on raconte qu'il semontra
Miile ans apres sa mort,
Cathai-Khann prince de la mer choz les Tar-
,
une nuit, en vision, a un jeune Tarentin du sei-
tares.Ce demon est un affreux cannibale qui se zieme siecle et le chargea de creuser en un lieu
,

iii

OESilLLES

qu'il lui designa , oil il avait cache et enterre un rore, comme il elait en priere, il apergut Catalde
livre ecrit de sa main pendant qu'il etait au monde, vetu de I'habit episcopal, lequel avec une lui dit

lui disant qu'incontinent qu'il aurait recouvrd ce contenance severe : —


Tu n'as pas tenu compte
livre, ne manquat point de le faire tenir a P'er-
il de cbercber le livre que je t'avais enseigne et de
dinand, roi d'Aragon et de Naples, qui regnait I'envoyer au roi Ferdinand sois assure cette
; ,

alors. Le jeune homme n'ajouta point foi d'abord fois pour toutes, que si tu n'ex6cutes ce que je
a cette vision, quoique Catalde lui apparut pres- t'ai commande, il I'en adviendra mal.

que tons les jours pour I'exhorter a faire ce qu'il Le jouvenceau intimide de ces menaces, pu-
,

lui avait ordonne. Enfin, un matin, avant I'au- blia sa vision le peuple emu s'assembla pour
;

I'accompagner au lieu marque. On y arriva on ;


1 De sortilegis ac maleficis, eorumque punitione.
Lyon, 1568. 1 M. Elie Reclus, Li'gendcs tarlares, extraites
2 Leloyer, Hist, et discours des spectres, liv. VII, d'A. Scheifner. (Revue germanique , livraison d'aout
ch. IV. 1860, p. 421 et427.)
CAT U3 CAT
creusa la terre; on trouva un petit coffre de qu'on peut lire dans la Mystique de Gorres,
plomb, si bien clos et cimente que Fair n'y pou- chap. 11 et 111 du livre V.
vait penelrer , etan fond dii coffret se vit le livre Catharin (Ambroise), dominicain de Florence,
ou toiUes les miseres qui devaient arriver an mort a Rome en 1553, auteur d'une refutation de
royaunie de Naples, au roi Ferdinand et a ses ladoctrine et des prophelies de Savonarole ' , et
enfants, elaient decrites en formes de propheLie, d'un Traitc de la mortet de la resurrection.
lesquelles ont eu lieu ; car Ferdinand fut tue au Catherine Voij. Revenants.
premier conflit ; son fils Alphonse , a peine maitre Catherine (Sainte). Voy. Incombdstibles.
du trone, mis en deroute par ses ennemis, et
fut Catherinede Medicis celebre reine de ,

inourut en exil. Ferdinand,le puine, perit mi- France, singulieremont maltraitee dans I'histoire,
serablement a la fleur de son age, accable de oil I'esprit de la reforme n'a pas menage les
guerres , et Frederic, petit-fils du ddfunt Ferdi- princes catholiques: nee a Florence en 1519,
nand, "vit bruler, saccager et ruiner son pays morte en 1589. Elle avait foi a I'aslrologie judi-

Catalepsie, semblance d'apoplexie, eiatd'oii ciaire et, s'il faut en croire les protestants, a la
resulte, dit M. Lecouturier, « une insensibilite
capable de faire supporter sans douleur I'opera-
tion chirurgicale la plus cruelle. La catalepsie est
causee par I'obstrucLion des agents nerveux. II
en nait une singuliere combinaison de roideur el
de souplesse dans les muscles, qui fait que les
cataleptiques, complelement immobiles par eux-
memes, se laissent aller a tons les mouvements
reguliers qu'on leur imprime et restent fixes dans
toutes les attitudes normales qu'on leur commu-
nique. On pent meme leur faire prendre des atti-
tudes penibles dans lesquelles il serai t impossible
a I'horamele plus robuste de se maintenir. »
~ Cette maladie, qui explique quelques pheno-
raenes de est provoquee ou spon-
la sorcellerie ,

tanee. Voij.Hvpnotisme et Sommeil magnktique.


Catalonos ou Babailanas, pretresses des In-
diensdes iles Philippines. Files lisentdansl'avenir
et predisent ce qui doit arriver. Quand elles ont
annonce le bien ou le mal a ceux qui les consul-
tent, elles font le sacrifice d'un cochon, qu'elles
tuent d'un coup de lance et qu'elles offrent en
dansant aux mauvais genies et aux ames des an-
cetres, lesquelles, dans I'opinion des Indiens,
ilxent leurs demeures sous de grands arbres.
Catanancee plante que les femmes de Thes-
, niagie; ils faccusaient meme d'avoir porte sur
salieemployaient dans leurs philtres. On en trouve I'estomac une peau de velin peut-etre d'un en-
,

la description dans Dioscoride.


fant egorge (voyez I'effet de ce peut-etre en his-
Cataramonachia anatheme que fulminenl,
toire), laquelle peau, setnee de figures, de lettres
les popes grecs. Dans quelques iles de la Moree, et de caracteres de differentes couleurs, devait la
on dit que cet anatheme donne une fievre lente garantir de toute entreprise contre sa personne.
dont on meurt en six semaines. Elle fit faire la colonne de I'hotel de Soissons ^,
Catalan (Laurent), pharmacien de Montpel- dans lefut de laquelle il y avait un escalier avis
lier au dix-septieme si6cle, 11 a laisse une His- pour monter a la sphere armillaire qui est au
toire de la nature, chasse , verlus , proprietes el haut. Elle allait y consulter les astres avec ses
usages de la licorne, Montpellier, in-8", 162/i, el astrologues.
un rare et curieux discours de la plante appelee Cette princesse, que Ton a fort noircie, eut
mnndragore, Paris, in-12, 1639. beaucoup d'ennemis , surtout les huguenots, qui
CathareSjheretiquesabominablesqui devaient
leur nom a un chat, Calto, donl ils baisaienl le Discorso contra la dotirina e le profetie dt Giro-
derriere dans leurs reunions secretes persuades , lamo Savonarola, da Ambrosio Calarino polito. ln-8 ',

qu'ils etaient que Satan lui-meme recevait ainsi Venise^ ISdS. Thomas Neri combattit cet ouvrage
dans en livre intitule Apologia di Tomaso Neri, in
leurs hommages sous cette forme. lis immolaient
difesa della dottrina di Girolamo Savonarola. In- 8°.
des enfants et commettaient d'autres horreurs, Florence, 1564.
2 Cette colonne existe encore a Paris, elle est
Histoires prodigieuses de Boistuaux, t. I. adossee a la halle au ble.
, ;

CAT — Ihh — CAT


alors ne reculaient devant aucune calomnie. lis » Plus lard, Catiau elargit le cercle de ses
la represenlent comme ayant ete tres-versee operations ce ne sera plus le sort jele sur les
:

dans I'arld'evoquer les esprits; ils ajoutent que, animaux qu'il conjurera c'est aux maladies hu- ,

sur la peau d'enfant qii'elle porlait an cou maines qu'il va s'atlaquer. Charles Delhaye,
etaient representees pUisieurs divinlles paiennes. age de soixante-huit ans rentier a Richebourg- ,

Etant tombee gravement malade, elle remit, I'Avoue est atteint d'une hernie
, il va voir ;

disent-ils, a M. de Mesmes une boite herine- Catiau chez son gendre. Caliau lui dit qu'il a
tiquement fermee, en lui faisant promettre de regu des missionnaires d'Amiens le pouvoir de
ne jamais I'ouvrir et de la lui rendre si elle re- guerir les hernies; pour cela il faut boire de
venait a la vie. Longleraps apres, les enfants I'eau que Caliau a heureusement chez lui et qui
du depositaire, ayant ouvert la boite, dans I'es- vient d'une fontaine de Rome ou Vange va se
poir d'y Irouver des pierreries ou un tresor, baigner une fois par an. Cette consultation mer-
n'y decouvrirent qu'une niedaille de forme an- veilleuse coule 150 fr. au pere Delhaye. II prend
tique, large et ovale, ou Catherine de Medicis encore plusieurs bouleilles d'eau toutes lui sont ;

etait representee a genoux , adorant les Furies cedees genereusement au prix de 10 fr. chacune.
et leur presentant une offrande. » Comme on le voit, la matiere exploitable

Ce conle absurde donne la mesure de vingt etait bonne. Catiau ne se fait pas faule d'en

autres. Catherine de Medicis survecut a M. de user il fait croire a Delhaye que ses intelli-
;

Mesmes , et elle n'aurait pas manque de relirer gences avec les puissances surnaturelles lui font
la cassette. entrevoir que la guerre de Crimde reviendra
Elle avait attache a sa personne , suivant I'u- envahir la France; qu'il faut se hater de faire
sage du temps, qnelqiies astrologues, parmi les- des provisions de ble, parce que tout va etre
quelsilnefautpasoublier I'illustreLuc Gauric. lis pille, et que ceux qui seront pris au depourvu

lui predirent que Saint-Germain la verraitmourir. mourront de faim. Pour arriver a ce but, il fauL
Des lors elle ne voulut plus demeurer a Saint- que Delhaye retire des mains d'un notaire (car
Germain en Laye et n'alla plus a I'eglise de Saint- les notaires vont disparaitrc avec tout le reste,

Germain d'Auxerre. Mais I'eveque de Nazareth sort fatal!) tout I'argent qu'il lui a donne en depot
I'ayant assistee a I'heure de sa mort, on rcgarda avec cet argent, qu'il achete de grandes quan-
la prediction comme accomplie, attendu que ce tiles de ble qu'il meltra dans des sacs tissus par

prelat s'appelait Nicolas de Saint-Germain. la main do lilies vierges, et que Catiau a seul

Catho (Angelo), savant habile dans I'astro- le bonheur de posseder, mais qu'il cedera au

logie, qui predit a Charles le Temeraire sa niort prix modesle de 9 fr. la piece. Delhaye retire
funesle. Le due de Bourgogne n'en tint comple, en effet un peu d'argent, pas trop, car le
et perdit tout, comme on sait. Malheureusemeiit, paysnn commence a se reveiller et a retrouver
rien ne prouve que la prediction ait ele faite en sa malice; il achele un peu de ble qu'il met
temps utile. dans des sacs immacules. Mais le ble ne se
Louis XI estimait tant Angelo Calho, a cause conserve pas; et puis Catiau s'avise de decou-
de sa science, qu'il lui donna I'archeveche de vrir qu'outre sa hernie, Delhaye est atteint de
Vienne en Dauphine. C'est peut-etre pour cela
, la picrre. Pour le coup e'en est trop Catiau
, ;

que les prolestants en ont fait un aslrologue. lui a pris plus de 1,200 fr., il veut encore le

Catiau sorcier conlemporain condamne par


, , gralifier d'une souffrauce qu'il est sur de ne pas
le tribunal de Belhune, le 30 juillet 1850. Voici avoir. II porta sa plainte, et c'est ainsi que les
le resume des faits a cette date : hauls fails du sorcier arrivent a la connaissance
« Salvien-Eduuard-Joseph Catiau ,
aujourd'hui du public, et malheureusement pour lui a celle
&ge de soixante ans, lisserand, demeurant a de la justice, qui poursuit ses investigations,
Loos, pres Lens, vivait peniblement de son tra- decouvre une ^norme serie de faits et con-
vail lorsqu'il eut il y a cinq ans environ la
, , , damne le sorcier a cinq ans de prison. »
pensee de vivre aux depens de la sotlise Im- Catillus. Voij. Gn.BEiiT.
maine. Bien des gens de la campagne, beaucoup Catoblepas, serpent qui donne la mort a

de nos villesaussi, sont disposes lor.sque plu- ,


ceux qu'il regarde , si on en veut bien croire
sieurs accidents ou malheurs leur arrivent, a Pline.Mais la nature lui a fait la tele fort basse,
les attribuer aune influence secrete et maligne. de maniere qu'il de fixer quel-
lui est difficile

On leur a jele un sort c'est ce sort que Catiau


; qu'un. On ajouie que cet animal habile pres de
va entreprendre de conjurer. Sa clientele, la fontaine Nigris, en filhiopie que Ton pre- ,

d'abord restreinle, s'augmenle peu a peu. Nous tend etre la source du Nil.
voyons une femme de Douvrin la dame Cappe, , Caton le Censeur. Dans son livre De re
qui perd successivement ses poulets et sa basse- ruslira, il enseigne, parmi divers reniedes, la
cour; Catiau lui fait faire une neuvaine; des maniere de remellre les membres demis, el
Pater, des Ave Maria recites journellement en- donne raeme les paroles enchantees dont il faut
leveront le sort. se servir.
CAT — H5 — CAU
Catoptromancie , divination par le moyen mais derriere la tete d'un enfant a qui Ton avail
d'lin miroir. On trouve encore dans beaucoup bande les yeux...
de villages des devins qui emploient cette di- Pausanias parle d'un autre effet de la catop-
vination, autrefois fort repandue. Quand on a tromancie. « II y avail a Patras dit-il devant
, ,

fait une perte essuye un vol ou regu quelques


,
, le temple de Ceres, une fontaine separee du
temple par une muraille la on consultait un
;

I \
oracle, non pour tous les evenements, mais
seulement pour les maladies. Le malade descen-
dait dans la fontaine un miroir suspendu a un
fil
, en sorte qu'il ne touchat la surface de I'eau
que par sa base. Apres avoir prie la deesse et
brule des parfums, il se regardait dans ce mi-
roir, et, selon qu'il se trouvait le visage have et
defigure ou gras et vermeil en concluait tres-
, il

certainemenl que la maladie etait mortelle ou


qu'il en rechapperait. »

Cattani ( Frangois ) eveque de Fiesole


, ,

mort en 1595, auteur d'un livre sur les supers-


titions de la magie

coups clandeslins dont on veut connaitre I'au-


leiir, on va trouver on devin qui in-
le sorcier ,

Iroduit le consultant dans une chauibre a demi


eclairee. On n'y pent entrer qu'avec un bandeau
sur les yeux. Le devin fait les evocations, el le
diable montre dans un iniroir le passe le pre- ,

sent et le futur. Malgre le bandeau les credules ,

villageois, dans de telles occasions, ont la tete


tenement inontee qu'ils ne manquent pas de voir
quelque chose.
On se servait autrefois pour cette divination Catteri, demon du Malabar, qui possede
d'un miroir que Ton presentait, non devant, surtout les femmes et les rend folles ou fu-

rieuses. Si elles sont belles et bien faites, il leur culte de respirer qui surviennent pendant le
donne des difformites. sommeil, causent des reves fatigants, et ne
Cauchemar. On appelle ainsi un embarras 1 Sopra la superstitione dell' arte magica. Flo-
dans la poitrine, une oppression etune diffi- rence, 1562.
40
CAU — U6 — CAY

cessent que quand on se reveille. On ne savai.t vais au quinzieme siecle, poursuivit Jeanne
pas Irop autrefois, et encore au quinzieme siecle, d'Arc comme sorciere et la tit bruler a Rouen.
ce que c'elait que le cauchemar, qu'on appelait II mourut subitement en Ikk^. Le pape Ca-
aussi alors chauche-poulet. On en fit un monstre; ll xte 111 excommunia apres sa mort ce prelat
c'etait un moyen prompt de resoudre la difii- deshonore, dont le corps fut deterre et jete a la

culte. Les uns imaginaient dans cet accident une voirie.Ce qui est assez curieux, c'est que son
sorciere ou un spectre qui pressait le ventre des nom a ete donne depuis a I'animal immonde
gens endonnis, leur derobait la parole et la qu'on n'appelait auparavant que pore ou pour-
respiration, et les empecliait de crier et de ceau.
s'eveiiler pour demander du secours; les aulres, Causathan, demon ou mauvais genie que
un demon qui etouffait les gens. Les medecins Porphyre se vanlait d'avoir chasse d'un bain pu-
n'y voyaient guere plus clair. On jie savait blic.

d'autre remede pour se garantir du cauchemar Causimomancie, divination par le feu, em-
que de suspendre une pierre creuse dans I'ecurie ployee chez les anciens mages. C'etait un heu-
de sa maison; etDelrio, embarrasse crut de- , reux presage quand les objets combustibles jetes
cider la question en disant que Cauchemar etait dans le feu venaient a n'y pas bruler.
un suppot de Belzebuth; il I'appelle aitleurs m- Cautzer, flcuve du huitieme ciel dans le pa-
cnhus morhus. radis de Mahomet. Son cours est d'un mois de
Dans les guerres derepublique frangaise
la chemin; ses rivages d'or; son lit, odoriferant
en Italic, on caserna en une eglise profanee un comme le muse, est seme de rubis et de perles;
de nos regiments. Les paysans avaient averti son eau douce comme le lait; son ecume brillante
les soldals que on se senlait presque
la nuit comme les etoiles. Qui en boit une fois n'a plus
suffoque dans ce lieu-la que Ton voyait pas-
, et jamais soif.

ser un gros chien sur sa poitrine. Les soldats Cayet ( Pierre- Victor-Palma)., savant ecrivain
en riaient; ils se coucherent apres mille plai- tourangeau du seizieme siecle. Outre la Chrono-
sanleries. Minuit arrive, lous se sentent op- loyic novcnnaivc et la Chronoloyie scplcnnaire, il

presses, ne respirent plus et voient, chacun a laisse VHisloirc j^rodhjlcusc ct lamenlahh du


sur son estomac un chien noir qui disparut en-
, docleur Faust ^
grand magicien , traduite de I'al-
fm, et leur laissa reprendre leurs sens, lis rap- Icmand en francais. Paris, 1603, in-12; et VHis-
porterent le fait a leurs officiers qui vinrent y toire vcrilahle romment l ame de I'cnipereur Tra-
,

coucher eux-memes la nuit suivante, et furcnt jan a ete delivree des tourinents de I'enfer par les
tourmentes du meme fantome. —
Comment ex- prieres de saint Gregoire le Grand, traduile du
pliquer ce fait? —
« Mangez peu, tenez-vous le latin d'Alphonse Chacon; in- 8°, rare. Paris,

1607.
Cayet rechercha la pierre philosophale ,
qu'il
n'eut pas le talent de trouver; on debila aussi
qu'il etait magicien; mais on peut voir qu'il ne
pensait guere a se meler de magie dans I'epilre ,

dedicatoire qu'il a mise en tute de I'hisloire de


Faust. Ce sonl les huguenots, dont il avait aban-
donne le parti ,
qui I'accuserent d'avoir fait pacte
avec pour qu'il lui apprit les langues.
le diable,
C'etait alorsune grande injure; Cayet s'en ven-
gea vivement dans un livre oil il defendit centre
eux la doctrine du purgatoire
Caym, demon de classe superieure, grand
ventre libre, ne couchez point sur le dos, et president aux enfers il se montre habituelle-
;

votre cauchemar vous quitlera sans grimoire, » mcnt sous la figure d'un merle. Lorsqu'il parait
dit M. Salgues 11 est certain que dans les pays en forme humaine, il repond du milieu d'un
ou Ton ne soupe plus, on a moins de cauche- brasier ardent; il porte a la main un sabre
mars. effile. C'est, dit-on, le plus habile sophiste de
Bodin conte qu'au pays de Valois, en Pi-
^
I'enfer; et il peut, parl'astuce de .ses arguments,
cardie, il y avait de son temps une sorte de desesperer le logicien le plus aguerri. C'est avec
sorciers et de sorcieres qu'on appelait cauchc-
' La fournaise ardente et le four du reverbere pour
mares, qu'on ne pouvait chasser qu'a force de evaporer les pretendues eaux de Siloe, et pour corro-
prieres. borer le purgatoire conlre les heresies, calornnies,
Cauchon (Pierre), eveque intrus de Beau- faussetes et cavillations ineptes du pretendu ministre
Dumoulin. Paris, 1603, in-S". Dumoulin vcnait de
' M. Salgues, Des erreurs ct des prejuges, t. I, publier les Eaux de Siloe, pour eteindre le feu du
p. 332. purgatoire, centre les raisons d'un cordelier portu-
2 Demonomanie des sorciers, liv. II, ch. vii. gais. In-8", 1603.
CAY — 147 — CEC
luique Luther eut celte fameuse dispute dont il croire au fait que le paysan raconte et reclame ,

nous a conserve les circonslances. Caym donne les douze cents francs en justice. Le paysan fut
rintelligence du chant des oiseaux, du mugis- condamne a payer une seconde fois. Mais la nuit
qui suivit cette sentence, M. Cayol apparut a
son tils bien eveille, et lui reprocha sa conduite.
— J'ai ete paye, ajouta-l-il; regarde derriere
<(.

le miroir qui est sur la cheminee de ma chambre,

tu y trouveras mon regu. »


Le jeune homme se leve tremblant, met la
main siu' la quittance de son pere et se hate de
payer les frais qu'il avait fails au pauvre fer-
mier, en reconnaissanl ses torts
Gazette (Jacques), ne a Dijon en 1720, guil-
lotine en 1793, auteur du poeme A' Olivier, ou
beaucoup d'episodes roulent sur les merveilles
magiqiies. Le succes qu'obtint cette production
singuliere le decida a faire paraitre le DiaUe
amoureux. Comme
y a dans cet ouvrage des
il

conjurations et autres propos de grimoire, un


etranger alia un jour le prier de lui apprendre
a conjurer le diable, science que Cazolle ne
possedait pas.
sement des boeufs, de raboiement des chiens
Ce qui lui obtient encore place dans ce re-
et du bruit des ondes. II connait I'avenir. Quel-
cueii c'est sa prophetic rapportee par la Harpe;
quefois il s'est montre en homine coiffe d'une
,

ou il avail pronostique la revolution dans la plu-


aigrette et orne d'une queue de paon. Ce de-
part de ses details. Mais on n'avail imprime,
dit-on, qu'un fragment de cette piece. On I'a
plus lard decouverte plus entiere, et quelques-
uns disent a present que celte prophetic a ete
supposee, ce qui n'est pas prouve. On a public
en I'an VI, a Paris, une Correspondance mys-
tique de Cazotte, saisie par le tribunal revolu-
tionnaire, et ou brille un certain esprit prophe-
lique inexplicable.
Cebus ou Cephus, monslre adore des Egyp-
tiens. C'etait une espece de satyre ou singe qui
avait, selon Pline, les pieds et les mains sem-
blables a ceux de I'homme. Diodore lui donne
une tele de lion, le corps d'une panthere et la
taille d'une chevre. On ajoute que Pompee en
fit venir un a Rome, et qu'on n'en a jamais vu
que cette fois-la.
Cecco d'Ascoli ( Frangois Stabili , ,
p™-
fesseur d'aslrologie , ne dans la Marche d'An-
cone au treizieme siecle. II se
, melait aussi de
magie et d'heresie. On dit ce qui n'est pas ,

certain, qu'il fut brule en 1327, avec son livre


d'aslrologie, qui est, k ce qu'on croil, le com-
mentaire sur la sphere de Sacrobosco ^
mon, qui fut autrefois de I'ordre des anges, II disail qu'il se formait dans les cieux des
'

commande a present trente legioils aux enfers*. esprits malins qu'on obligeait par le moyen des ,

Cayol ,
proprietaire a Marseille , mort au constellations a faire des choses merveilleuses.
,

commencement de ce siecle. Un de ses fermiers 11 assurait que I'influence des astres etait ab-
lui apporta un jour douze cents francs; il les solue, el reconnaissait le fatalisme. Selon sa
requt et promit la quittance pour le leudemain, doctrine Notre-Seigneur Jesus-Christ n'avait ete
,

parce qu'il etait alors occupe. Le paysan ne re- pauvre et n'avait souffert une morl ignomi-
vint qu'au bout de quelques jours. M. Cayol ve- nieuse que parce qu'il etait ne sous une constel-
nait subitement de mourir d'apoplexie. Son fils
' Infermliana, p. 226.
avail pris possession de ses biens; il refuse de 2 Commentarii in sphceram Joannis de Sacrohoaco.
* Wierus, in Pseudomonarchia dwmon. In-fol. Bale, USS.
40.
,

CEC — 1 h% — 'CEN

lalion qui caiisait necessairement cet effet....; Ceintures magiques. Plusieurs livres de
au conlxaire, I'Anlechrist sera riche et puis- secrets vous apprendront qu'on guerit toutes
sant, parce qu'il nalLra sous une constellation sortes de maladies interieures en faisant porter
favorable. Cette doctrine stupide fut condamnee au malade une ceinture de fougere cueillie la
en 1327. veille de la Saint-Jean, a midi, et tressee de
maniere a former le caractere magique HVTY.
Le synode tenu a Bordeaux en 1600 a con-
damne ce remede, et la raison, d'accord avec
I'Eglise, le condamne tous les jours.
Celse, philosophe eclectique du deuxieme
siecle, ennemi des Chretiens. En avouant les
miracles de Jesus-Christ , il disait qu'ils avaient

ete operes par la magie, et que les Chretiens


etaient des magiciens. II a ete refute par Ori-
gene.
Celsius (Andre), Suedois, mort en Mhh,
auteur d'une Leltre sur les cometes, publiee a
Upsal I'annee de sa mort.
Cenchroboles, nation imaginaire dont parlc
Lucien.II dit que les Cenchroboles allaient au
combat montes sur de grands oiseaux, couverts
d'herbes vivaces au lieu de plumes.
Cendres. On soulenail dans le dix-seplieme-
siecle, entre autres erreurs, qu'il y avait des
semences de reproduction dans les cadavres,
dans les cendres des animaux et meme des
« Une preuve que Cecco etait fou , disent planles brulees; qu'une grenouilic, par exemple,
INaude et Delrio, c'est : 1° qu'il interprete le en se pourrissanl, engendrait des grenouilles,
livre de Sacrobosco dans le sens des aslrolo- et que les cendres de roses avaient produit d'au-
gues, necroinanciens et chiroscopistes 2" qu'il ; tres roses. Voy. V kumtm?,\\-..
cite un grand nonibre d'auLeurs falsifies, commo Lc Grand Albert dit que les cendres de bois
les Ombres des idees de Salomon, le Livre des astringent resserrent, el qu'on se relache avec
esprils d'Hipparc/ius , les Aspects des Hoiles des cendres de bois conlraire. « Et, ajoute-l-il,
d'Hippocrate , etc. » Dioscoride assure que la Icssive de cendres de
On demandait un jour a Cecco ce que c'elaiL sarments, hue avec du un remede sou-
sel, est
que la lune ; il repondit : (( C'est une terrc verain conlre la Quant
suffocation de poitrine.
Comme la notre , ut terra terra est. » a moi, ajoule-t-il, j'ai gueri plusieurs personnes
On a beaucoup dispute sur cet astrologue, de la pesle en leur faisanl boire une quanlile
Connu aussi sous le nom de Ceeus Asculan, el d'euu ou j'avais faitamorlir de la cendre chaude,
plus generalement sous celui de Cliieus Mscu- et leur ordonnant de suer apres I'avoir hue »

lanus. Delrio ne voit en lui qu'un hoinme su- Cene. Au sabbat, les meneurs qui veulent
perstitieux qui avait la tetemal timbree. Naude,
, singer ou conlrefaire tout ce qui est du culle
ainsi que nous I'avons note, le regarde comme divin font meme la cene ou communion c'est- ,

un fou savant. Quelques auteurs, qui le mettent a-dire qu'ils donnent ce nom a une horrible sce-
au nombre des necromanciens, lui pretent un leratesse. On lit ceci dans les declarations de
esprit familier, nomme Floron, de I'ordre des Madeleine Bavent. « J'ai vu faire une fois la
Cherubins, lequel Floron I'aidait dans ses Ira- cene .au sabbat, la nuit du jeudi saint. On ap-
vaux et lui donnait de bons conseils; ce qui ne porta un enfant tout roti, et les assistants en
TeiDpecha pas de faire des livres ridicules. mangerent. Pendant ce repas horrible, un de-
Cecile. Vers le milieu du seizieme siecle une ,
mon circulait en disant a tous Aucun de vous :

femme nommee Cecile se montrait en spectacle ne me trahira. » Et ces horreurs ne sont pas des
a Lisbonne; elle possedait I'art de si bien varier conies. Voy. Sabbat.
sa voix qu'elle la faisait partir tantot de son Cenethus , second roi d'ficosse. Desirant
CoUde, tantot de son pied, tantot de son ventre. venger mort de son pere, tue par les Fides,
la
Elle liait conversation avec un etre invisible il exhorlait les seigneurs du pays a reprendre
qu'elle nommait Pierre-Jean, et qui repondait a les armes; mais, parce qu'ils avaient ete mal-
loutes ses questions. Cette femme ventriloque heureux aux precedenles batailles, les seigneurs
fut reputee sorciere et bannie dans I'ile Saint- hesitaient. Cenethus, sous pretexle de les en-
Thomas Grand,
' Les admirables secrets d' Albert le liv. Ill,
* M. Salgues, Des erreurs, etc., t. II, p. 227. ch. I.
;

CEP — U9 — CER
tretenir des affaires du pays, manda les plus on s'accorde generalement a ne lui en recon-
braves chefs a un conseil. II les fit loger dans naitre que trois. Ses dents etaient noires et tran-
son chateau ou il avait cache dans un lieu se-
, chantes, etsa morsure causait une prompte mort.
cret quelques soldats accoutres de vetements On croit que la fable de Cerbere remonte aux
horribles faits de grandes peaux de loups ma- Egyptiens ,
qui faisaient garder les tombeaux par
rins, qui sont tres-frequents dans le pays, voisin
de la mer. lis avaient a la main gauche des ba-
tons de ce vieux bois qui luit la nuit, et dans la
droite des cornes de bceuf percees par le bout,
lis se tinrent reclus jusqu'a ce que les seigneurs

fussent ensevelis dans leur premier sommeil :

alors ils commencerent a se niontrer avec leurs


bois qui eclairaient, et firent resonner leurs
cornes de boeuf, disant qu'ils etaient envoyes
pour leur annoncer la guerre centre les Pictes.
— Leur victoire, ajoutaient-ils elait ecrite dans ,

Ces fantomes jouerent bien leur role, et


le ciel.

s'evaderent sans etre decouverts. Les chefs


emus vinrent trouver le roi, auquel ils com-
miiniquerent leur vision ; et ils assailiirent si

vivement les Pictes qu'ils ne les defirent pas


seulement en bataille, mais qu'ils en ex'ter-
minerent la race *.
Cephalonomancie. Voy. Kephalonomancie.
Ceram I'une des iles Moluques. On y remar-
, des dogues. Mais c'est principalement ici du de-
qiie, sur la cole meridionale, une monlagne ou mon Cerberus qu'il afallu nousoccuper. En 1586,
resident, dit-on, les mauvais genies. Les navi- il fit alliance avec une Picarde nommee Marie
gateurs de Tile d'Amboine, qui sont tous tres- Martin. Voy. Martin.
siiperstitieux ne passent guere en vue de cette
, Cercles magiques. On ne pent guere evoquer
montagne sans faire une offrande a ces mauvais les demons avec surete sans s'etre place dans un
genies, qu'ils empechent ainsi de leur susciler cercle qui garantisse de leur atteinte, parce que
des tempetes. Le jour, ils deposent des fleurs et leur premier mouvement serait d'empoigner, si
une petite piece de monnaie dans une coque de Ton n'y mettait ordre. Voici ce qu'on lit a ce
coco; la nuit, ils y mettent de I'huile avec de propos dans le fatras intitule Grimoire du pape
petites meches allumees, et ils laissent flotter Honor ius : « Les cercles se doivent faire avec du
cette coque au gre des vagues. charbon, de I'eau benite aspergee, ou du bois
Cerambe, habitant de la terre, qui se retira d'une croix benile... Quand ils seront faits de la
sur une montagne au moment du deluge de Deu- sorte et quelques paroles de I'Evangile ecrites
,

calion etqui fut change en cette espece d'escargot autour du cercle, sur le sol, on jettera de I'eau
qui a des cornes. II en est la tige ou la souche, benite en disant une priere superstitieuse dont
dans I'ancienne mythologie. nous devons citer quelques mots « Alpha
: — ,

Ceraunoscopie. Divination qui se pratiquait, sOm^ga, Ely, l5lohe, Zebahot, Elion, Saday.
chez les anciens ,
par I'observation de la foudre » Voila le lion qui est vainqueur de la tribu de
et des eclairs, et par I'examen des phenomenes » Juda, racine de David. J'ouvrirai le livre et
de I'air. » ses sept signets... » facheux que I'auteur
11 est
Cerbere. Cerberus ou Naberus est chez nous de ces belles oraisons ne soit pas connu, on
un demon. Wierus le met au nombre des marquis pourrait lui faire des compliments.
de I'empire infernal. II est fort et puissant ; il se On recite cela apres quelque formule de con-
monlre, quand il n'a pas ses trois tetes de chien, juration, et les esprits paraissent. Voy. Conjura-
sous la forme d'un corbeau; sa voix est rauque : tion. Le Grand Grimoire ajoute qu'en entrant
neanmoins il donne I'eloquence et I'amabilite il ; dans le cercle, il faut n'avoir sur soi aucun metal
enseigne les beaux -arts. Dix-neuf legions lui impur, mais seulement de I'or ou de I'argent,
obeissent. pour jeler la piece a I'esprit. On plie cette piece
On voit que ce n'est plus la le Cerbere des an- dans un papier blanc, sur lequel on n'a rien ecrit
ciens, ce redoutable chien, portier incorruptible on I'envoie a I'esprit pour I'empecher de nuire
des enfers ,
appele aussi la bele aux cent tetes, et, pendant qu'il se baisse pour la ramasser de-
centiccps hellua, a cause de la multitude de ser- vant le cercle, on prononce la conjuration qui le
i
pents dont ses trois crinieres etaient ornees. He- soumet. Le Dragon rouge recommande les memes
j
siode lui donne cinquante tetes de chien 'mais; precautions.

j
1 Boistuaux, Histoires prodigieuses , t. I. II nous reste a parler des cercles que les sor-
»
;

CER — 15 0 — CER
ciers font au sabbat pour leiirs danses. On en ment, Cela pour exciter parmi les ministres
suffit

montre encore dans les campagnes; on les ap- et les baillis lesoupcon qu'elle n'y etait peut-
pelle cercles du sal)bat ou cercles des fees, parce etre pas etrangere. En consequence, ils lui or-
qu'on croyait que les fees tragaient de ces cercles donnerent de se rendre pres du defunt et de
magiqnes dans leurs danses au clair de la lune. placer la main sur son cadavre. Elle y consenlit
lis ont quelquefois douze ou quinze toises de dia- mais avant de le faire , elle s'ecria d'une voix
metre et contiennent un gazon pele a la ronde de solennelle : Je souhaite humblement que le Dieu
la largeur d'un pied avec un gazon vert au mi-
, puissant qui a ordonne au soleil d'eclairer I'uni-
lieu. Quelquefois aussi tout le milieu est aride, des- vers fasse jaillir de celte plaie un rayon de lu-

seche, et bordure lapissee d'un gazon vert.


la miere dont le rellet designera le coupable. Des
Jessorp et Walker, dans /cs Transactions philoso- que ces paroles furent achevees, elle s'approcha,
phiques, attribuent ce phenomene au tonnerre : posa legerement un de ses doigtssurla blessure.
ils en donnent pour raison que c'est le plus sou- et le sang coula immediatement. Les magistrals
vent apres des orages qu'on apercoit ces cercles. crurent y voir une revelation du ciel et Fanny, ;

D'autres savants ont pretendu que les cercles condamnee, fut executee le jour meme.
niagiques etaient I'ouvrage des fourmis, parce On voit dans la vie de Charles le Ron par ,

qu'on trouve souvent cas insectes qui y travail- Gualbert, que les meurtriers en Flandre, au dou-
lent en foule. On regarde encore aujourd'hui, zieme siecle apres avoir lue leur victima man-
,
,

dans les campagnes peu eclairees, les places ari- geaient et buvaient sur le cadavre dans la per- ,

des comme le rond du sabbat. Dans la Lorraine, suasion qu'ils paralysaient par cette ceremonie
les traces que forment sur le gazon les tourbil- toute poursuite contre eux a I'occasion du meur-
lons des vents et les sillons de la foudre passent tre. Les assassins de Charles le Bon avaient pris
toujours pour les vestiges de la danse des fees, cette precaution ce qui ne les empecha pas d'etre
;

et les paysans ne s'en approchent qu'avec ter- tous mis au supplice.


reur ^ Cercopes, demons mechants et impies, dont
Cercueil. L'epreuve ou jugement de Dieu par Hercule reprima les brigandages.
le cercueil a ete longtemps en usage.' Lorsqu'un Cerdon,heretiquedu deuxieme siecle, chef des
assassin, malgre les informations, restait inconnu, cerdoniens. 11 enseignait que le monde avait ete
on depouiilait entierement le corps de la victime; cree par le demon et admettait deux principes
,

on le meltait dans un cercueil ceux qui , et tous egaux en puissance.


etaient soupconnes d'avoir eu part au meurlre Ceres. « Qi^i'etaient-ce que les mysteres de
etaient obliges de le toucher. Si Ton remarquait Ceres a Eleusis, sinon les symboles de la sorcel-
un mouvement, un changement dans les yeux, lerie, de la magie et du sabbat? A ces orgies, on
dans la bouche ou dans toute autre partie du dansait au son du clairon comme au sabbat des

, i

mort, si la plaie saignait, celui qui touchait sorcieres; et il s'y passait des choses abomina-
le cadavre dans ce mouvement extraordinaire bles, qu'il etait defendu aux profes de reveler
etait regarde et poursuivi comme coupable. Ri- On voit dans Pausanias que les Arcadiens re-
chard Goeur de lion s'etait revolte contre Henri II presentaient Ceres avec un corps de femme et
son pere, a qui il succeda. On rapporte qu'apres une tete de cheval. On a donne le nom de Ceres
la mort de Henri II Richard s'etant rendu a
,
a une planete decouverte par Piazzi en 1801.
Fontevrault, oh le feu roi avait ordonne sa se- Cette planete n'a encore aucune influence sur les
pulture, a I'approche du fils rebelle, le corps du horoscopes. Voy. Astp.ologie.
malheureux pere jela du sang par la bouche et Cerf. L'opinion qui donne une tres-longue vie |

par le nez, et que ce sang jaillit sur le nouveau a certains animaux et principalement aux cerfs,
,

souverain. On cite plusieurs exemples sembla- est fort ancienne. Hesiodedilque lavie de I'homme
bles, dont la terrible morale n'etait pas trop forte finit a quatre-vingt- seize ans, que celle de la
dans les temps barbares :
corneille est neuf fois plus longue, et que la vie
Voici un petit fait qui s'est passe en Ecosse :
du cerf est quatre fois plus longue que celle de la
— Un fermier nomme John Mac Intos, avait eu
,
corneille. Suivant ce calcul, la vie du cerf est de
quelques contestations avec sa soeur Fanny Mac- trois mille quatre cent cinquante-six ans. tit

.AUan. Peu de jours apres il mourut subitement, Pline rapporte que, cent ans apres la mort sli

Les magistrals se rendirent chez lui et remar- d' Alexandre, on prit dans les forets plusieurs cerfs [

querent qu'il avait sur le visage une large bles- auxquels ce prince avait attache lui-meme des i
sure, de laquelle aucune goutte de sang ne s'e- colliers. On trouva en 1037, dans la foret de
, i
chappait. Les voisins de John accoururent en Senlis, un cerf avec un collier portant ces mots : liey

foule pour deplorer sa perte; mais, quoique la CcBsar hoc me donavit. « C'est Cesar qui me I'a
maison de sa soeur fut proche de la sienne elle , donne ; mais quel Cesar? Ces circonstances ont
y
'

n'y entra pas et parut peu affectee de cet evene- fortifie toutefois le conte d'Hesiode. Les cerfs ne

' Madame Elise Voiart, notes au livre I" de la vivent pourtant que trente-cmq a quarante ans. ;

Vierge d'Arduene. I ' Leloyer, Disc, et hist, des spectres, p. 689, 768. I**!

i
»
, ,

CER — 151 — CES

Ce que Ton a debile de leur longiie vie ajoute ,


man a parfaitement etabli et prouv^ qu'il n'existe
Biiffon n'est appnye sur aucun fonderaent; ce
, aucune difference appreciable dans le poids moyen
n'est qu'un prejuge populaire dont Aristote lui- , et les dimensions moyennes du cerveau du negre
meme a revele I'absurdite. Le collier du cerf de et de I'Europeen. La legere difference qu'on re^
la foret de Senlis ne peut presenter iine enigme marque dans sa forme exterieure disparait dans
qn'aiix.personnes qui ignorent que tous les em- la structure interne,
pereurs d'Allemagne ont ete designes par le nom Cervelle.On fait merveille avec la cervelle
de Cesar. de certaines betes. L'auteur des Admirables se-
j
Une autre tradition touchant le cerf, c'est que crets d' Albert le Grand dit, au liv. Ill, que la
la partie destinee a la generation Uii tombe cha- cervelle de lievre fait sortir les dents aux enfants,

;
que annee. Apres avoir ainsi observe ce qui a lorsqu'on leur en frotte les gencives. II ajoute
lieupar rapport a son bois, on s'est persuade que personnes qui ont peur des revenants sg
les
que la meme chose arrivait a la partie en ques- guerissent de leurs terreurs paniques si elles ,

tion. L'experience et la raison detruisenl egale- mangent souvent de la cervelle de lifevre. La


ment une opinion si absurde cervelle de chat ou de chatte, si on s'en frotte
Cerinthe, heretique du temps des apotres. 11 les dehors du gosier guerit en moins de deux
,

disait que Dieu avait cree des genies charges de jours les inflammations qui s'y font sentir, mais
gouverner lemonde; qu'un de ces genies avait apres une crise de fievre violente, Les premiers
fait tous les miracles de I'histoire des Juifs; que hommes ne mangeaient la cervelle d'aucun ani-
!es enfants de ces esprits etaient devenus des de- mal ,
par respect pour la tete ,
qu'ils regardaient
mons, et que le Fils de Dieu n'etait descendu comme le du sentiment.
siege de la vie et
j
sur la terre que pour ruiner le pouvoir des mau- Cesaire ou Cesarius d'Heisterbach (Pierre)
vais anges. II avait ecrit des revelations qu'il moine de Citeaux, mort en 12/|0. On lui doit un
pretendait lui avoir ele faites par un ange de recueil de miracles ou les demons figurent tres-
bien, avec qui il se vantait de converser familie- souvent'. Ce recueil, nous ne saurions trop en
rement. « Mais cet ange , comme dit Leloyer, dire la raison , a ete mis a I'index en Espagne. II

etaitun chenapant de demon, et pas autre chose. est cite plusieurs fois dans ce dictionnaire.
Cerne, mot vieilli. C'etait autrefois le nom Cesaire (Saint). Voy. Mirabilis liber.
qu'on donnait au cercle que les niagiciens ti'a- Cesalpin (Andre), medecin du seizieme siecle,
caient avec leur baguette pour evoquer les de- ne a Arezzo en Toscane, auteur de Recherches sur
mons. les Demons, ou Ton explique le passage d'Hip-

Ceromancie ou Giromancie. Divination par pocrate, relatif aux causes surnaturelles de cer-
le moyen de la cire, qu'on faisait fondre et qu'on taines maladies ^ Ce traite compose a la priere ,

versait goutte a goutte dans un vase d'eau, pour de I'archeveque de Pise, parut au moment ou les
en tirer, selon les figures que formaient ces religieuses d'un convent de cette ville etaient
gouttes, des presages heureux ou malheureux. obsedees du demon. L'archeveque demandait a
Les Turcs cherchaient surtout a decouvrir ainsi tous les savants si les contorsions de ces pauvres
les crimes et les lareins. lis faisaient fondre un filles avaient une cause naturelle ou surnatu-

morceau de cire a petit feu, en raarrnottant quel- relle. Cesalpin, particulierement consult^, re-
ques paroles; puis ils otaient cette cire fondue pondit par le livre que nous citons. 11 commence
de dessus le brasier, et y trouvaient des figures par exposer une immense multitude de fails at-
qui indiquaient le voleur, sa maison et sa re- tribues aux demons et a la magie, Ensuite il diS'
traite. Dans I'AIsace, au seizieme siecle, et peut- cute ces faits il avoue qu'il y a des
; demons,
etre encore aujourd'hui, lorsque quelqu'un est mais ne peuvent guere communiquer ma'
qu'ils
malade et que les bonnes femmes veulent de- teriellement avec I'homme il termine sn se sou-
;

couvrir qui lui a envoye sa maladie , elles pren- mettant a la croyance de I'Eglise, 11 declare que
nent autant de cierges d'un poids egal qu'elles la possession des religieuses de Pise est surnatU'
soupconnent d'etres ou de personnes elles les ; relle ;
que les secours de la medecine y sont in-
allument, et celui dont le cierge est le premier suffisants, et qu'il est bon de recourir au pouvoir
consume passe dans leur esprit pour I'auteur du des exorcistes,
malefice ^.
Cesar (Caius Julius). On a raconte de cet
Cerveau. Les quarterons de savants qui ont hommefameux quelquesmerveilles surprenantes.
attaque le dogme de I'unite de I'espfece humaine Suetone rapporte que, Cesar etant avec son
ont avance que le cerveau des nfegres etait infe-
rieur au cerveau des blancs. Mais le savant Tied- ^ Illustrium miraculorum et historiarum memora-

bilium libri XII, a Ccesario Heisterbachensi, ordinis


^ Brown, Essais sur erreurs, etc., 1. 1, liv. Ill,
les cisterciensis , etc. In-8°. Antverpiae, 1605. Nurem-
ch. X. M. Salgues Des erreurs
et des prejuges, t. II
, berg, U81. In-foL Cologne, 1599. In-8°. Douai, 1 604.
p. 215. Buffon, Histoire naturelle, etc. 2 Dcemonum investigatio peripatetica , in qua ex-
2 Delancre, Incredulite et mecreance du sortilege plicatur locus Hippocratis : si quid divinum in morbis
pleinement convaincue, traite V. Delrio, liv. IV. habeatur. In-4p. Florence, 1580.
;;

CES — 152 — CHA


armee sur bords du Rubicon que ses soldats
les Paris, en 1611, que I'enchanteur Cesar et un
hesitaient a traverser, il apparut un inconnu de autre sorcierdesesamisavaienlete etranglesparle
taille extraordinaire qui s'avanga en sifilant vers diable. publia meme, dans un petit imprime,
On

le general. Les soldats uccoururent pour le voir; les detailsde cette aventure infernale. Ce qu'il y
aussitot le faiitome saisit la trompette de I'un a de certain c'est que Cesar cessa tout a coup
,

d'eux, Sonne la charge, passe le fleuve et Cesar ; de se montrer. II n'etait cependant pas mort; il
s'ecrie ,sans deliberer davantage Aliens ou : — n'avait meme pas quitte Paris. Mais il etait de-
les presages des dieux et I'injustice de nos en- venu invisible, comme quelques autres que I'Etat
nemis nous appellent. —
L'armee le suivit avec se charge de loger Voy. RuGGi^ni.
ardeur. Cesara. Les Irlandais croient remonter a Ce-
Lorsqu'il debarqua en Afrique pour faire la sara, petite-fiile de Noe, disent-ils, qui se re-
guerre a Juba , il Les Remains se
tomba a terre. fugia dans leur ile ou, par grace speciale, elle
,

troublerent de ce presage; mais Cesar rassura fut a I'abri des eaux du deluge.
les esprits en einbrassant le sol'et en s'ecriant, Cesonie, femme de Caligula. SueLone conte
comme si sa chute eiit ete volontaire: « Afrique, que, pour s'assurer le coeur.de son auguste
tu es a moi, car je te tiens dans mes bras. » epoux elle lui fit boire un philtre qui acheva
,

On a vante I'etonnanle force de ses regards de lui faire perdre I'esprit. On pretend qu'il y
on a dit que des cotes des Gaules , il voyait ce avait dans ce philtre de I'hippomane, qui est un
qui se passait dansl'ile des Bretons. Roger Bacon, morceau de chair qu'on trouve quelquefois dit- ,

qui ne doute pas de ce fait, dit que Jules Cesar on au front du poulain nouveau ne. Voy. Hip-
,

n'exaniinait ainsi tout ce qui se faisait dans le? pom an k.


camps et dans les villes d' Anglelerre qu'au moyen Ceurawats, sectaires indiens, qui ont si

de grands miroirs destines a cet usage. grande peur de detruire des animaux qu'ils se ,

On assure que plusieurs astrologues predirent couvrent la bouche d'un linge pour ne pas ava-
a Cesar sa mort funeste que sa femme Cal- ; ler d'insectes. lis admettent un bon et un mau-
<
purnie de se defier des ides de mars
lui conseilla vais principe , et croient a des transmigrations
qu'un devin celebre tacha egalement de I'effrayer perpetuelles dans differents corps d'hommes ou
par de sinistres presages lorsqu'il se rendait au de betes.
senat, ou il devait etre assassine toutes choses : Cevennes. Voy. Dauphine.
conlees apres I'evenement. Ceylan. Les habitants croient que cette ile
On ajoute qu'une comete parut a I'instant de fut le lieu qu'Adam et Eve habiterent, apres

sa mort. On dit encore qu'un spectre poursuivit avoir ete chasses du jardin de delices.
Brutus, son meurtrier, a la bataille de Philippes; Chabbalach. Voy. Malache.
"
que, dans la meme journee, Cassius crut voirau Chacon (Alphonse) , en latin Ciaconius , do-
fort de la melee Cesar accourir alui a toute bride, minicain espagnol du seizieme siecle auteur du ,

avec un regard foudroyant, et qu'effraye de cette traite traduit par Cayet Comment I'dmc de Tra-
:

vision terrible, de sonepee.


il se perga jan fut delivrie de I'enfer ^.
Quoi qu'il en soit, Jules Cesar fut mis au rang Chacran, tonnerre de Wishnou. Les Indiens
des dieux par ordre d'Auguste, qui prelendit que le representent sous la figure d'un cercle qui
Venus avait emporte son ame au ciel. On le re- vomit du feu de tons cotes, comme nos soleils
presentait dans ses temples avec une etoile sur d'artifice.
la tete, a cause de la comete qui parut au moment Chahriver, amschaspand qui preside aux
de sa mort. richesses metalliques enfouies dans le sein de la
Cesar, charlatan qui vivait a Paris sous Henri IV, terre.
etqui etait astrologue, necromancien, chiroman- Chaine du diable. C'est une tradition parmi
cien, physicien, devin, faiseur de tours magi- les vieilles femmes de la Suisse que saint Ber-

ques. 11 disait la bonne aventure par I'inspection nard tient le diable enchaine dans quelqu'une
des lignes de la main. II guerissait en pronon- des montagnes qui environnent I'abbaye de
gant des paroles et par des attouchements, II ar- Clairvaux. Sur cette tradition est fondee la cou-
rachait les dents sans douleur, vendait assez cher tume des marechaux du pays de frapper tons les
de petits joncs d'or emailles de noir, comme ta- lundis, avant de se mettre en besogne, trois
lismans qui avaient des proprietes merveilleuses coups de marteau sur I'enclume pour resserrer
centre toutes les maladies. II escamotait admira- la chaine du diable, afin qu'il ne puisse s'e-

blement et faisait voir le diable avec ses cornes. chapper.


Quant a cette derniere operation , il semble qu'il Chaire salee. On donnait ce nom en Cham-
voulait punir les curieux d'y avoir cru ; car ils pagne a une monsLrueuse efligie de dragon que
en revenaient toujours si bien rosses par les su- Ton promenait a Troyes dans les processions
jelsde Belzebuth, que le magicien lui-meme etait 1 Charlatans celebres, t. I, p. 202.
oblige de leur avouer qu'il etait fort imprudent 2 Tractatus de liberatione animw Trajani impera-
de chercher a les connaitre. Le bruit courut a tons a poenis inferni, etc. Rome, 1576. Reggio, 158.5.
CHA — 153 — CHA
pierres des mains des ouvriers. Ce prodige se
des Rogations. C'etait un
symbols de I'herfeie
repeta tant de fois renoncer a re-
qu'il fallut
domptee par saint Loup. Le jansenisme a sup- ,

qui attiraient construire la ville , si bien que I'empereur alia


prime de nos fetes ces accessoires,
balir Constantinople....
la foule et qui
rappelaient des souvenirs utiles.
Chald6ens. On pretend qu'ils trouverent I'as-
Chaires de magie. 11 y a eu de ces chaires
Salamanque, irologie ou du moins qu'ils la perfectionnerent.
tenues secretement a I'universite de
en d'autres lieux, lis etaient aussi habiles magiciens.
a Tolfede au pays de Naples et
,
inventeur ou
Cham, troisieme fils de Noe
en a encore ,

au moyen age et assurement il y


;

perfeclionna
conservateur de la magie noire. 11
aujourd'hui. ^ ^
divinations et les sciences superstilieuses.
Chais (Pierre), ministre proteslant, ne a les

intitule le Sens Cecco d'Ascoli dit, dans le chapitre iv de son


Geneve en 1701. Dans son livre
traduit de I'an- Commentaire sur la Sphere de Sacrobosco, avoir
littdml de I'Ecrilure sainte, etc.,
vu un livre de magie compose par Cham, et
glais,de Stackhouse, 3 volumes in-8°, 1738, il de la n6-
contenant les Elements et la pratUpie
a mis une curieuse dissertation,
dont il est I'au-
cromancie. II enseigna cette science redoutable
teur, sur les deraoniaques.
qu'apres que les a son fils Misraim qui poui' les merveilles qu'il
Chalcedoine. On conte , ,

Bos- faisait, Zoroastre, et composa, sur


fut appele
Parses eurent ruine Chalcedoine, sur le
rebatir, cet art diabolique, cent mille vers, selon Suidas,
Grand voulut la
phore Constantin
, le

en aimait le sejour. Mais des aigles et trois cent mille, selon d'autres.
Les mons- —
parce qu'il
un cha-
Iriiositesde Cham lui atlirerent dit-on , ,
les
vinrent qui, avec leurs serres, enleverent

Cliamcau.

le diable a Chamans, pretres sorciers des Yacouts. Voy.


timent terrible; il fut emporte par
Mang-Taar.
lavue de ses disciples.
Chambresinfestees. Voy. Chat, Deshou-
Berose pretend que Cham est le memo que
Cham LiERES, Despilliers, Ath^;nagore Ayola, etc.
Zoroastre. Annius de Viterbe pense que
,
_

pourrait bien etre le type du Pan des anciens


Ghameau. Les musulmans onl pour cet ani-
mal une espece de veneration iis croient que ;

parens K Kircher dit que c'est leur Saturne


et
c'est un peche de le trop charger
ou de le faire
leur Osiris. D'autres pretendent que c'est Cham
raison de ce
travailler plus qu'un cheval. La
ou Chamos qui fut adore sous le nom de Ju-
respect qu'ils ont pour le chameau c'est qu'il
piter-Ammon. On dit encore que Cham a in- ,

commun dans les lieux sacres de


une pro-
et q«'il avait laisse est surtout
vente I'alchimie ,
Koran,
Arabic, et que c'est lui qui porte le
phetic dont I'heretique Isidore se servait pour
r
quand on va en pelcrinage a la Mccque.
faire des proselytes. Nous ne la connaissons
pas
autrement que par un passage de Christophe Mahomet a mis dans son paradis la chamelle
Sand, qui dit que Cham, dans cette prophetic, du prophete Saleh^
apres les
^ Les conducteurs des chameaux,
annongait I'immortalite de I'ame I'ecume
avoir fait boire dans un bassin, prennent
1 Comment, ad Berosi lib. III. Wierus, De pras- de cette chamelle dans les Le-
1 Voyez I'histoire
tigiis, dit que Pan est le prince des demons incubes.
de origine anima p. 99. gendes de I'Ancien Testament..
2 Christop. Sandii lib. ,
CHA — 15/i
— CHA

qui decoule de leur bouche et s'en froUent de- Chandelle. Cardan pretend que pour savoir ,

volemcnt la barbe, en disant « 0 pere pelerin! :


si un tresor est enfoui dans un souterrain oij
6 pere pelerin ! » llscroient que cette ceremonie Ton creuse dans ce but, il faut avoir une grosse
lespreserve de mechef dans leur voyage. Les — chandelle, faite de suif humain, enclavee dans
Turcs croienL aussi que la peau du chanieau a un morceau de coudrier en forme de croissant,
dcs verLus propres aux operalions magiques. de maniere a figurer avec les deux branches
On voit dans les Admirables Secrets d'Alberl une fourche a trois rameaux. Si la chandelle,
le Grand, livre II, chap, iii, que « si le sang elant allumee dans le lieu souterrain, y fait
du chameau est mis dans la peau d'un taureau beaucoup de bruit en petillant avec eclat, c'est
pendant que les etoiles brillent, la fumee qui en une marque qu'il y a un tresor. Plus on appro-
sortira feraqu'on croira voir un geant dont la chera du tresor, plus la chandelle pelillera;
tete semblera toucher le ciel. Hermes assure enfin elle s'eteindra quand elle en sera tout a
I'avoir eprouve lui-meme. Si qnelqu'un mange fait voisine.

de ce sang, il deviendra bientot fou; et si Ton Ainsi il d'autres chandelles dans


faut avoir

allunieune lampe qui aura ete frotlee de ce des lanternes, afin de ne pas demeurer sans
menie sang, on s'imaginera que tous ceux qui lumiere. Quand on a des raisons solides pour
seront presents auront des tetes de chameau, croire que ce sont les esprits des hommes de-
pourvu cependant qu'il n'y ait point d'autre funts qui gardent les tresors, il est bon de tenir
lampe qui eclaire la chambre. » Voy. Jt: an-Bap- des cierges benits au lieu de chandelles com-
Tisri-,. munes; et on les conjure de la part de Dieu de
Chammadai , le meme din' Asmodee. declarer si Ton pent faire quelque chose pour
Chamos, demon de la llallerie, membre du les mettre en lieu de repos; il ne faudra jamais

conseil infernal. Les Ammonites et les Moabiles manquer d'executer demande '.
ce qu'ils auront
adoraient le soleil , sous le nom de Chamos, Ka- Les chandelles servent a plus d'un usage. On
mosch ou Kemosch ; et Milton I'appelle Vobscene voit dans tous les demonographes que les sor-
tcrrenr des en/ants de Moab. D'autres le con- cieres, au sabbat, vont baiser le derriere du
fondenl avec Jupiter-Ammon. Vossius a cru que diable avec une chandelle noire a la main. Bo-
c'ctait le Comus des Grecs et des Remains, qui guet dit qu'elles allument ces chandelles a un
elait le dieu des jeux des danses et des bals., flambeau qui est sur la tete de bouc du diable,
Ceux qui derivent ce mot de I'hebreu Kamos entre ses deux cornes, et qu'elles s'eteignent et
pretendent qu'il signifie le dieu cache, c'esl-a- s'evanouissent des qu'on les lui a offertes ^
dire Pluton, dont la demeure est aux enfers. IN'oublions pas que trois chandelles ou trois

Chamouillard , noaeur d'aiguillette et co- bougies sur ime table sont de mauvais augure;
quin coupable de plusieurs mefaits, qui fut et que quand de petits charbons se detachent de
condamne, par arret du parlement de Paris, en la lumiere d'une chandelle, ils annoncent, scion
1597, a el re pendu et brijle, pour avoir male- quelques-uns, une visite ' ;
mais, selon le sen-
ficie une demoiselle de la Barriere. Voy. Liga- timent plus general , une nouvelle, agreable s'ils

tures. augmentent la himiere , facheuse s'ils I'affai-

Champ du rire. Annibal ,


lorsqu'il faisait le blissent.
siege de Rome, se retira, dit-on, de devant cette Chandelle de la mort. Voy. Canwvll-couph.
ville, epouvanle de vaines terreurs et de fan- Chant. Le chant des possedes est toujours
tomes qui troublerent ses esprits. Les Remains, altere de maniere que les femmes ont une voix
,

le voyant lever le siege, pousserent de tels d'homme et les hommes une voix de femnie.
oris de joie et firent de si grands eclats de rire, Chant du coq. 11 dissipe le sabbat.
que le lieu d'ou il decampa s'appela le Champ Chaomancie, art de predire les choses fu-
du rire. tures par le moyen des observations qu'on fait
Champier (Symphorien) Lyonnais du quin- , sur I'air. Cette divination est employee par quel-
zieme siecle, qui a publie en 1503 la Nef des ques alchimistes, qui ne nous en ont pas donne
dames verlueuses, en quatre livres melesde prose le secret.

et de vers, dont le iroisieme contient les pro- Chapeau venteux. Voy. Eric.
pheties des sibylles. On I'a soupgonne a tort Chapelet. On a remarque pertinemment que
d'etre I'auteur du traile des Trois Imposteurs; tous les chapelets de sorcieres avaient une croix
mais il a laisse un petit livre intitule De Tri- cassee ou endommagee : c'etait meme un indice
plici disciplhia. In-8°, Lyon, 1508. On lui doit do sorcellerie qu'une croix de chapelet qui
aussi des dialogues sur la necessite de pour- n'etait pas enliere.
suivre les magiciens '
Chapelle du damne. Raymond Diocres,
Champignon.Les Hollandais appellent le chanoine de Notre-Dame de Paris , mourut en
champignon /)am du diablc (duivels-brood), ' Le solide tresor du Petit Albert.
Dialogus in magicaruin artium destrudionem.
1 - Discours des sorciers, ch. xxii.
la-i°. Lyon, Balsarin, sans date (vers 1507). 3 Brown, liv. V, ch. xxiii.
,
; ,

CHA — 155 — CHA


repulation de saintele vers Fan IO8/1. Son corps « y avait au Bengale un charlatan qui, en
II

ayant ete porte dans le choeur de la calhedrale, faisant plusieurs tours de souplesse, prit una
il leva la tete hors dii cercueil a ces graves pa- canne longue de vingt pieds, au bout de la-
roles de Toffice des morts : — Repondez-moi quelle etait une petite planche large de trois ou
quelles sont mes imquites? Responde mihi quantas quatre pouces il mit cette canne a sa ceinture
;

haheo iniquitatcs? etc., et qu'il dit : Justo ju- apres quoi une fille de vingt-deux ans lui vint
dicio Dei accusatus sum. (J'ai ete cite devant le sauter legerement par derriere sur les epaules,
juste jugement de Dieu.) Les assistants effrayes et, grimpant au haut de la canne, s'assit dessus,
suspendirent le service et le remirent an lende- les jambes croisees et les bras e.tendus. Apres
main. En attendant, le corps dii chanoine resta cela I'homme ayant les deux bras balances
,

depose dans iine chapelle de Notre-Dame, la commenca a marcher a grands pas, porlant
meme qu'on appelle depuis la Chapelle du toujours cette fille sur le bout de la canne, ten-
damne. Le lendemain on recommenca I'office dant le ventre pour I'appuyer, et regardant sans
lorsqu'on fiit au meme verset, le mort parla de cesse en haut pour tenir la machine en equi-
nouveau et dit —
Justo Dei judicio judicatus
: libre. La fille descendit adroitement, remonta

sum. (J'ai ete jiige au juste jugement de Dieu.) derechef et se pencha le ventre sur le baton,
On remit encore au jour suivant, et au
I'office en frappant des mains et des pieds les uns
meme verset le mort s'ecria —
Justo Dei ju-
: centre les autres. Le charlatan ayant mis alors
dicio condemnatus sum. (J'ai ete condamne au le baton sur sa tete sans le tenir ni des mains
,

juste jugement de Dieu.) La-dessus, dit la chro- ni des bras cette meme fille et une autre petite
,

nique, on jeta le corps a la voirie; et ce miracle Mauresque de quinze ans monterent dessus I'une
effrayant fut cause, selon quelques-uns de la , apres I'autre; I'homme les porta ainsi autour de
retraite de saint Bruno, qui s'y trouvait present. la place en courant et se penchant, sans qu'il
Quoique cette anecdote soit contestee, elle est leur arrivat le moindi'"e mal. Ces deux memes
consacree par des monuments." La peinture s'en filles marcherent sur la corde la tete en bas, et

est emparee el le Sueur en a tire parti dans sa


, flrent une multitude d'autres tours de force tres-
belle galerie de Saint-Bruno. merveilleux. Mais quoique plusieurs d'entre nous
Chapuis (Gabriel), ne a Amboise en 15^6. crussent que tons ces tours de souplesse fussent
Nous citerons de ses ouvrages celui qui porte ce faits par art diabolique, il me semble qu'ils pou-
titre : les Mondes celestes, terreslres et infernaux, vaient se faire naturellement; car ces filles, qui
etc., tire des Mondes de Doni; in-S", Lyon, 1583. etaient tres-adroites, subtiles, et dont les mem-
C'est un ouvrage satirique. bres etaient grandement agiles, faisaient tout
Char de la mort. Voy. Brouette. cela a force de s'y etre accoutumees et exer-
Charadrius, oiseau imraonde que nous ne cees. »
connaissons pas les rabbins disent qu'il est mer-
; II y a eu des charlatans de toutes les especes :

veilleux, et que son regard guerit la jaunisse. II en 1728, du temps de Law, un certain Villars
faut pour cela que le malade et I'oiseau se re- confia a quelques amis que son oncle qui avait ,

gardent fixement; car si I'oiseau detoiwnait la vecu pres de cent ans , et qui n'etait mort que
vue malade mourrait aussitot.
, le par accident, lui avait laisse le secret d'une eau
Charbon d'impurete, I'un des demons de la qui pouvait aisement prolonger la vie jusqu'a
possession de Loudun. Voy. Loudun. cent cinquante annees, pourvu qu'on fut sobre.
Charite. Les offenses a la charite sont quel- Lorsqu'il voyait passer un enterrement, il levait
quefois punies par la justice divine. On lit dans les epaules de pitie. « Si le def unt , disait-il
les Acta sanctorum * « qu'un Espagnol connu avait bu de mon eau , il ne serait pas oii il est. »
sous le nom de Michel de Fontarabie, ayant Ses amis ,
auxquels il en donna g^nereusement,
crache dans la main d'un pauvre mendiant qui et qui observerent un peu le regime prescrit,
lui demandait I'aumone, fut aussitot renverse s'en trouverent bien et le pronerent ; alors il

par terre, et, devenu furieux et possede, se de- vendit la bouteille six francs; le debit en fut
mena en criant que saint Yves et d'autres per- prodigieux. C'etait de I'eau de Seine avec un
sonnages vetus de blanc le rouaient de coups. » peu de nitre. Ceux qui en prirent et qui s'as-
— On cite beaucoup d'autres hommes durs aux treignirent au regime, surtout s'ils etaient nes
pauvres qui ont ete pbssedes des demons. avec un bon temperament, recouvrerent en peu
Charlatans. On attribuait souvent autrefois de jours une sante parfaite. II disait aux autres :

aux sorciers ou au diable ce qui n'etait que I'ou- — C'est votre faute si vous n'etes pas entiere-
vrage des charlatans. Si nous pensions comme ment gueris. —
On sut enfin que I'eau de Villars
au seizieme siecle,tous nos escamoteurs seraient n'etait que de I'eau de riviere on n'en voulut ;

des sorciers. plus et on alia a d'autres charlatans. Mais celui-


Voici ce qu'on lit pourtant dans le Voyage de la avait fait sa fortune. Voy. Ane, Chevre,
Schouten aux Indes orientates : Alexandre de Paphlagonie, etc.
' 49 mai, Vie de saint Yves de Kermartin. Charles-Martel. On attribue a saint Eucher,
,

CHA - 156 — *
CHA
eveqiie une vision dans laquelle,
d'Orleans, avaient charge des assassins de tuer la princesse

transporle par un ange dans le purgatoire, il vit dans la foret des Ardennes. Ayant emu leur
Charles-Martel qui expiait les pillages qu'il avait pitie, en obtint la
elle vie, a condition de se

soiifferls centre les biens de I'figlise. A cette vi- laisser passerpour morte. Elle se refugia chez
sion, on ajoiite ce conte que le lombeau de un nieunier, oh elle vecut plusieurs annees.
Charles-Martel fut ouvert, et qu'on y trouva un Un jour Pepin, egare a la chasse, vint chez
serpent, lequel n'etaitqu'un demon. Etia-dessus ce nieunier. Son astrologue lui annonga qu'il se

trouvait la une fille destince d quelque chose de


les pliilosophes, s'en prenant au clerge. Font ac-
cuse de fraudes. Mais le tombeau de Charles- grand. Berthe fut reconnue, retablie dans ses
Martel n'a ete ouvert a Saint-Denis que par les droits; elle devint mere de Charlemagne. La —
profanateurs de 1793 legende ajoute que premiere epouse de Pd-
la

pin avait donne le jour a un fds, lequel, par


Charlemagne. On lit dans la legende de
Berlhe au grand pied que, Pepin le Bref voutant la suite, elu pape sous le nom de Leon HI, cou-

epouser Berthe fille du comte de Laon qu'il


, ,
ronna Charlemagne empereur d'Occident'.
11 serait long de rapporter ici tons les prodiges
ne connaissait pas, ceux qui la lui amenaient lui
substituerent une autre femme qu'il epousa. lis que Ton raconte de Charlemagne. Son regne est

Charlemagne. Berlhc.

I'epoque cherie de nos romans chevaleresques. de sorte qu'il continua d'aimer son cadavre
On voit loujours aupres de lui des enchanteurs, dont il ne voulait pas se separer. L'archeveque
des geants, des fees. On a meme dit qu'il ne Turpin, ayant appris la duree de cette effroyable
porta la en Espagne que parce que
guerre passion, alia un jour, pendant I'absence du
saint Jacques lui avait apparu pour I'avertir qu'il prince , dans lachambre ou elait le cadavre,
retirat son corps des mains des Sarrasins. afin de voir s'il n'y trouverait pas quelque sort
Ses guerres de Saxe ne sont pas moins fe- ou rnalefice qui fut la cause de ce deregle-
condes en merveilles, et les circonstances de sa ment. II visita exactemenl le corps mort, et
vie privee sont rapportees egalement d'une ma- trouva en effel sous la laugue un anneau qu'il
niere extraordinaire par les chroniqueurs. emporta. Le meme jour Charlemagne, ^tant
On dit qu'en sa vieillesse il devint si eper- rentre dans son palais, fut fort etonne d'y
dument epris d'une Allemande, qu'il en negligea trouver une carca.sse si puante; et, se reveillant
non-seulement de son royaume, mais
les affaires comme d'un profond sommeil, il la lit ensevelir
meme le de sa propre personne. Cette
soin promptement.
femme etant morte, sa passion ne s'eteignit pas; Mais la passion qu'il avait eue pour le ca-
1 Voyez Charles-Martel dans les Legendes de I'his- * Voyez dans les legendes de I'histoire de France
toire de France. la legende de la reine Berthe au grand pied.
CHA — 1 57 — CHA
davre, il pour I'archeveque Turpin,
I'eiit alors resteront en prison jusqu'a ce que, par I'aide de
qui portait I'anneau il !e suivait partoiit el ne
: Dieu, ils se montrent disposes a se convertir. »

pouvait le quilter. Le prelat, effraye de cette Voy. OLDliNBF.RG, Vl':TIN, ctc.

nouvelle folie, et craignant que I'anneau ne lom- Charles le Chauve, deuxieme du nom de
bat en des mains qui en pussent abuser, le jeta Charles parmi les rois des Francs. II eut une vi-
dans un lac afin que personne n'en put faire
, sion qui le transporta au purgatoire el en enfer : il

usage a Favenir. Des lors Charlemagne devint y vitbeaucoup depersonnages qu'il avail connus,
amoureux dulac, ne voulut plus s'en eloigner, y entre autres son pere, Louis le Debonnaire. De
batit aupres un palais et un monastere, et y plusieurs il regut des conseils et des predictions;
fonda la ville d'Aix-la-Chapelle, ou il vouluL etre et il ecrivit lui-meme la relation de ce voyage,
enseveli. On sent que tout ce recit n'est qu'un relation qui a quelque peu I'air d'une brochure
conte, mais il est fort repandu. Charlemagne, pSlitiqiie *.

dans ses Capitulaires, consigna contre les sor- Charles VI, roi de France. Ce prince, chez
ciers des mesures qui meritent d'etre raention- qui on avail deja remarque une raison affaiblie,
nees. Nous citerons specialement ce passage : allant faire la guerre en Bretagne , fut saisi en
((Quant aux conjurateurs, aux- augures, aux chemin d'une frayeur qui acheva de Uii deranger
devins, a ceux qui troublent le temps ou com- entierement le cerveau. II y vit sortir d'un buis-
mettent d'aulres malefices, I'archiprelre du dio- son , dans la foret du Mans, un inconnu d'une
cese lesfera interroger soigneusement et lesame- figure hideuse, vetu d'une robe blanche, ayant
nera a avouer le mal qu'ils auront fait. Alors ils la tele et les pieds nus, qui saisit la bride de son

cheval et lui cria d'une voix rauque


, Roi, : — (( tilege. Quoi qu'il en soil, le roi devint tout a fait
ne chevauche pas plus avant; retourne, tu es fou. Un medecin de Laon Guillaume de Harsely,
,

trahi » Le monarque
! hors de lui-meme tira , , fut appele au chateau de Creil, et, apres six
son epee et ota la fife aux quatre premieres per- mois de soins et de menagements, la sante du
sonnes qu'il rencontra, encriant « En avant : — roi se trouva retablie. —
Mais en 1393 son etat
Siir les traitres! » devint desespere, a la suite d'une autre impru-
Son epee s'etant rompue et ses forces epui- dence. La reine a I'occasion du mariage d'une
,

sees on le placa sur un chariot et on le ramena


, de ses femmes, donnait un bal masque. Le roi
au Mans. y vint d(3guise en sauvage, conduisant avec lui
Le fantome de la foret est encore aujourd'hui de jeunes seigneurs dans le meme costume, atta-
un probleme difficile a resoudre. Etait-ce un in- ches par une chaine de fer. Leur vete*nent etait
sense qui se trouvoit la par hasard? elail-ce un
1 Visio Caroli Calvi de locis pcenarum et felicitate
emissaire du due de Bretagne contre lequel
justorum. Manuscripta bibl. imper., n° 2247, p. 188.
Charles marchait? Tous les raisonnements du Voyez ce \oyage de Charles le Chauve dans les
temps aboutissaient au merveilleax ou au sor- Legetides de I'autre monde.
. ! »

CHA — 158 ~ CHA


fait d'une toile enduite de poix-resine, siir la- tourner de fois sur soji talon dans I'espace d'une
qiielle on avail applique des etoiipes. Le due heure, il se livrait tons les matins a cet exercice

d'Orleans, voulant connaitre les masques, ap- solennel, et que les principaux ofiiciers de I'Etat,
procha iin flambeau la flamme se communiqua
: lesgeneraux, le chancelier, les vieux juges pi-
avec rapidile, quatre des seigneurs furentbrules; rouettaient tous sur un seul pied pour iiniter le
mais un cri s'etant fait entendre : <( Sauvez prince el lui faire leur cour '
le roi, » Charles dut la vie a la presence d'esprit On assure qu'apres le massacre politique de la
de la duchesse de Berri ,
qui le couvrit de son Sainl-Bartheleini, par suite surtoutde I'effroi que
manteau et arreta la flamme. lui causaient les conspiraleurs, Charles IX vitdes
L'etal du roi empira de cette frayeur et s'ag- corbeaux sanglants, eut des visions effroyables
grava de jour en jour le due d'Orleans fut soup-
; el regut par divers tourments le presage de sa

qonne de I'avoir ensorcele. Jordan de Mejer, De mort prematuree. On ajoule qu'il mourut au
divin., cap. xlu, ecrilque ce due, voulant exter- moyen d'images de cire faites a sa ressemblance,
miner la race royale, coniia ses armes et son an- et maudiles par art magique que ses ennemis, ,

neau a un aposlat, pour les consacrer au diable les magiciens prolestants, faisaienl fondre tous

et les enchanter par des prestiges; qu'une ma- les jours par les ceremonies de renvoutement,
irone evoqua le demon dans la tour de Montjoie, el qui eleignaient la vie du roi a mesure qu'elles
pres de Ligny; qu'ensuile le due se servit des se consumaient ^ En ces temps-la qiiand quel- ,

armes ensorcelees pour oter la raison au roi Char- qu'un mourait de consomption ou de chagrin, on
les, son frere, si subtilement qu'on ne s'enapergut publiait que les sorciers I'avaient eiivoute. Les

pas d'abord. medecins rendaient les sorciers responsables des


Le premier enchantement, selon cette version, malades qu'ils ne guerissaient pas a nioins ; —
se fit pres de Beauvais; il fut si violent que les qu'il n'y ail, dans ce credit universel des sor-

ongles et les eheveux en tomberent au roi. Le ciers, un niystere qui n'est pas encore explicjue.
second, qui eut lieu dans le Maine, fut plus fort Charles II, due de Lorraine. Voy. Sabbat.
encore personne ne pouvait assurer si le roi
;
Charles le Temeraire, due de Bourgogne.
vivaitou non. Aussitot qu'il revint a lui Je : — Jl disparut aprcs la balaille de Morat; el, parmi
vous supplie dit-il, enlevez-moi cette epee, qui
,
les chroiiiqueurs, il en est qui disent qu'il fut

me perce le corps par le pouvoir de mon frere emporte par le diable, comme Roderik d'autres ;

d'Orleans. — C'est toujours Mejer qui parlc. Le croient qu'il se refugia en une solitude et se fit
medecin qui avait gueri le roi n'existait plus; on ermite. Cette tradition a fait le sujel du romande
fitvenir du fond de la Guienne un charlatan qui M. d'Arlincourt in[\ln]e le So lUai re.
se disait sorcier, et qui s'etait vanle de guerir le Charles II roi d'Angleterre. Quoique assez
,

roi d'une seule parole : il apportait avec lui un jnslruit, Charles 11 etait, comme son pere, plein
grimoire qu'il appelait Slmac/orad, par le moyen de confiance dans I'aslrologie judiciaire. 11 re-
duquel il etait maitre de la nature. Les courti- cherchait aussi la pieiTephiloso])hale.
sans lui demanderent de qui il tenait ce livre ; il Charme, enchantement, sortilege, certain ar-
repondit effrontement que pour consoler « Dieu , rangement de paroles, en vers ou en prose, dont
Adam de la mort d'Abel le lui avait donne et , , on se sen pour produire des effets merveilleux.
que ce livre, par succession, etait venu jusqu'a Une femmc de je ne sals quelle contree ayanl ,

lui ». 11 traita le roi pendant six mois et ne fit grand mal aux yeux s'en alia a une ecole pu-
,

qu'irriter la maladie. —
Dans ses intervalles lu- blique el demanda a un ecolier quelques mots
cides, le raalheureux prince commandait qu'on magiques qui pussenl charmer son mal el le
enleval tousles instruments dont il pourrait frap- guerir, lui promettant recompense. L'ecolier lui
per. — J'aime mieux mourir que de ,
disait-il, donna un billet enveloppe dans un chiffon el
faire du mal. —
II se croyait de bonne foi ensor- lui defendit de I'ouvrir. Elle le porta et guerit.
cele. Deux moines empiriques, a qui on eut Tim- Une des voisines ayant eu la meme maladie porta
prudence de I'abandonner lui donnerent des , le billet el guerit pareillement. Ce double inci-
breuvages desagreables lui firent des scarifica-
, dent excita leur curiosite ; elles developpent le

tions magiques; puis ils furent pendus, comme chiffon et lisent : « Que le diable I'ecarquille les
lis s'y etaient obliges en cas que la sanle du roi deux yeux el te les bouche avec de la boue »

ne fut pas retablie au bout de six mois de Iraite- Delriociteun sorcier qui, enallumanl unecer-
ment. Au resle, la mode de ce temps-la etait taine lampe charmee, excitail toutes les personnes
d'avoirpres de soi des sorciersou des charlatans, qui etaient dans la chambre, quelque graves et
comme depuis les grands eurent des fous des , reservees qu'elles fussenl, a danser devanl lui.

nains et des guenons «Ces sortes de charmes, dil-il, s'operent ordi-


Charles IX, roi de France. Croirait-on qu'un nairement par des paroles qui font agir le diable.
des medecins astrologues de Charles IX lui ayant ' Curiosites de la littetatufe, traduit de I'anglais
assure qu'il vivrait autant de jours qu'il pourrait par Berlin, t. 249.
I, p.
* M. Garinet, Hhloivedelamagie en France, p. 81
'^
Delrio, Disquisit. mag., lib. Ill, quaest. lu.
:

CHA - 159 CHA


Toute I'antiquite a remarque que les sorciers arretait lesang des plaies, on remettait les mem-
charmaienL les serpents, qui quelquefois tuent le bres disloques on guerissait la goutte, on empe-
,

charmeur. Un sorcier de Salzbourg devant tout , chait un char de verser, etc. Tous les anciens —
le peuple, assembler en une fosse tous les ser-
fit croyaient fermement aux charmes dont la for- ,

pents d'une lieue a la ronde, et la les fit tous mule consistait ordinairement en certains vers
niourir, hormis le dernier, qui etait grand, lequel, grecs ou latins.
sautant furieusement contre le sorcier, le tua. Bodin rapporte, au chap, v du liv. Ill de la
(( En quoiappert que ce n'est pas le mot hi-
il Demonomanie , qu'en Allemagne les sorcieres ta-
poliindo, comme dit Paracelse ni autres mots , rissent par charme le lait des vaches, et qu'on
semblables, ni certaines paroles du psaume 9"= s'en venge par un contre-charme qui est tel :

qui font seuls ces prodiges ; car comment les On met bouillir dans un pot du lait de la vache
serpents eussent-ils oui la voix d'un homme d'une tarie, en recitant certaines paroles (Bodin ne les
lieue a la ronde, si le diable ne s'en fut mele indique pas) et frappant sur le pot avec un baton.
Nicetas indique a ce propos un charme qui
s'opere sans le secours des paroles : « On tue un
serpent, une vipere et tout animal porlant ai-
en crachant dessus avant dejeu-
guillon, dit-il,
ner... » Figuierpretend qu'il a tue diverses fois
des serpents de cette maniere, « mouillant de sa
salive un baton ou une pierre, et ea donnant un
coup sur la tete du serpent...))
On cite un grand nombre d'autres charmes
dont les effets sont 'moins vrais qu'etonnanls.
Dans quelques villages du Finistere on emploie ,

celui-ci on place secretement sur I'autel quatre


:

pieces de six liards qu'on pulverise apres la


,

messe; et cette poussiere, avalee dans un verre


de vin, de cidre ou d'eau-de-vie, rend invulne-
rable a la course et a la lutte ^. Ces charmes se
font au reste a I'insu du cure ; car I'Eglise a tou- En meme temps le diable frappe la sorciere d'au-

jours severement interdit ces superstitions. charme.


tant de coups, jusqu'a ce qu'elle ait ote le

Lq Grand Grimoire donne un inoyen de char- On dit lendemain du jour ou


encore que si, le

mer les amies a feu et d'en rendre I'effet infail- Ton est mis en prison, on a vale a jeun une croute
iible; il faut dire en les chargeant « Dieu y ait :
de pain sur laquelle on aura ecrit Senozam, Go- ;

part, et le diable la sortie; » et, lorsqu'on met zoza, Goher, Dom, et qu'on dorrae ensuite sur
en joue , il faut dire en croisant la jambe gauche le cote droit , on sortira avant trois jours.

sur ladroite : Non tradas... Mathon. Amen, etc. On arrete les voilures en mettant au milieu
du
La plupart des charmes se font ainsi par des chemiu'Un baton sur lequel sont ecrits ces mots
paroles dites ou tracees dans ce sens. Charme Jerusalem, omnipolcns etc. convertis-toi, arrete-
,
,

vient du mot latin carmen, qui signifie non-seu- toi Id. 11 faut ensuite traverser le chemin par ou

lemeht des vers et de la poesie, mais uneformule Ton voit arriver les chevaux.
de paroles delerminees dont on ne doit point s'e- On donne a un pistolet la portee de cent pas,
carter. On nommaitcamiHales lois,les formules en enveloppant la l3alle dans un papier oi\ Ton a
des jurisconsultes, les declarations de guerre, les inscrit le nom des trois rois. On aura soin , en
clauses d'un traite, les evocations des dieux ajustant, de retirer son haleine, et de dire : « Je
Tite-Live appelle lex horrendi carminis la loi qui te conjure d'aller droit ou je veux tirer. »

condamnait a mort Horace meurtrier de sa sceur. Un soldat pent se garantir de I'atteinte des
Quand lesTurcs ont perdu un esclave qui s'est armes a feu avec un morceau de peau de loup ou
enfui, ils ecrivent une conjuration sur un papier de bouc sur lequel on ^crira quand le soleil
,
,

qu'ils attachent a la porte de la hutle ou de la entre dans le signe dubelier « Arquebuse, pis- :

cellule de cet esclave et il est force de revenir


,
tolet, canon ou autre arme a feu, je te commande

au plus vite, devant une main invisible qui le que tu ne puisses tirer, de par I'homme etc, » ,

poursuit a grands coups de baton On guerit un cheval encloud en mettant trois


Pline dit que de son temps par le moyen de fois les pouces en croix sur son pied, en pronon-
,

certains charmes, on eteignait les incendies, on gant le nom du dernier assassin mis a mort, en
recitant trois fois certaines prieres
* Bodin, Bemonomanie ) etc., livi II, ch. ii. y a une infinite d'autres charmes.
II
2 Cambry, Voyage dans le Finistere, t. Ill, p. '193.
On
distingue le charme de I'enchantement, en
^ BergiQr^Dictionnaire theologique, au mot Charme.
Leloyer, Histoire et discours des spectres , liv. IV, ce que celui-ci sefaisait par des chants. Souvent
ch. XXI. ' Thiers, Traite des superstitions.
CHA — 160 — CHA

on les a confondus. Voy. Contre-Charmes En- ,


oracles et predisaient I'avenir par divers moyens.

CHANTEMENTS, MaLEFICES, TaLISMANS PaROLES,


,
Chassanion (Jean de), ecrivain protestant du
Philacteres, Ligatures, Chasse, Philtres, etc. seizieme siecle. On kii doit le livre « des Grands
et redoutahles jurjemcnts et punitions de Dieu ad-
Chartier (Alain), poete du commencement du
quinzieme siecle. On lui altribue un traile sur la venus au monde, principalement sur les grands,
Nature du feu de Vcvfer, que nous ne sommes a cause de leurs mefaits. » In-8% Merges, 1581.

pas CLirieux de connaUre. Dans cet ouvrage tres-partial, il se fait de grands


Chartumins, sorciers clialdeens, qui etaient miracles en faveur des protestanls ce qui est ;

en grand credit du temps du prophete Daniel. prodigieux. Chassanion a ecrit aussi un volume

Chasdins astrologiies de la Chaldee. lis ti- sur les geants


,

raient riioroscope expliquaient les songes et les


,
Chasse. — Secrets merveillevx pour la chasse.

— Melez le sue de jusquiame avec le sang et la suppose habiler les mines du vieux chateau go-
peau d'un jeunelievre; cette composition attirera ihique de Rodenstein. 11 traversa les airs dans la
tons les lievres des environs. —
Pendez le gui de nuit, avec un grand fracas de meutes, de cors
chene avec une aile d'liirondelle a un arbre ; tous de chasse, de roulements de voitures, ce qui in-
les oiseaux s'y rassembleront de deux lieues et failliblement annonce la guerre, selon le prejug^
demie. — On dit aussi qu'un crane d'homme ca- du pouple ^
che dans un colombier y attire Lous les pigeons Chassen (Nicolas) ,
petit sorcier de Franeker,
d'alentour. — Faites tremper une graine celle , au dix-seplieme siecle ; il se distingua des I'age
que vous voudrez dans la lie de vin puis jetez-la
, ,
de seize ans. Ce jeune homme, Hollandais et cal-
aux oiseaux; ceux qui en taleront s'enivreront, viniste, etant a I'ecole, faisait des grimaces etran-

et se laisseront prendre a la main. ges, roulait les yeux et se contournait tout le

Et le Petit Albert ajoute « Ayez un hibou que


: corps; il montrait a ses camarades des cerises
vous altacherez a un arbre allumez tout pres
: mures au milieu de I'hiver; puis, quand il les

un gros flambeau faites du bruit avec un tam-


, leur avait offerles, il les retirait vivement et les

bour; tous les oiseaux viendront en foule pour mangeait.


faire laguerre au hibou, et on en tuera autant Dans le precho, ou les ecoliers avaient une
qu'on voudra avec du menu plomb. »
1 De gigantibus eorumque reliquiis aique Us quae
Pour la chasse de Sa'ml-Huhert , Voy. Veneur.
ante annas aliquot nostra cetaie in Gallia reperta sunt.
Voy. aussi Arthus, M. de la Foret, Ecureuils, etc.
In-8°. Bale, 1580.
En 1832, on vit a Francfort, aux premiers jours 2 Voyez, dans les Legendes de I'autre monde, le

du printemps, un chasseur surnaturel qui est chevalier Hakelberg, seigneur de Rodenstein.


CHA — 161 ~ CHA
place a part, il faisait sortir de I'argent da banc quine respectent rien, indiquent des potions qui,
ou il etait assis. II assurait qu'il operait tous ces selon eux, ont pour effet de reveler la chastete,
tours par le moyen d'un esprit nialin qu'il appe- mais qui, selon I'experience , nerevelent riendu
j
lait Serug. — Balthazar Bekker dil dans le Monde tout.
enchants * qu'etant a celte ecole , il vit sur le Chat. Le chat tient sa place dans I'histoire de
plancher un cercle de craie dans lequel on
fait , la superstition. Un soldat remain ayant tue par
avait trace des signes dont I'un ressembiait a la megarde un chat en Egypte , toule la ville se
tete d'un coq; quelqueschiffres etaientau milieu. souleva ce fut en vain que le
; pour roi interceda
II remarqua aussi une ligne courbe comme la lui ne put le sauver de la fureur du peuple.
, il

poignee d'un moulin a bras; tout cela etait a Observons que les rois d'Egypte avaient rassem-
demi efface. Les ecoliers avaient vu Chassen faire ble dans Alexandrie une bibliotheque immense,
ces caracteres magiques. Lorsqu'on lui demanda et qu'eile etait publique les Egyptiens cultivaient
:

ce qu'ils signifiaient, il se tut d'abord; il dit en- les sciences et n'en adoraient pas moins les
,

suite qu'ils les avait faits pour jouer. On voulut chats


savoir comment il avait des cerises et de I'ar-
gent; il repondit que I'esprit les lui donnait.
j

—Qui est cet esprit?


— Beelzebuth, repondit-il.
II ajouta que le diable lui apparaissait sous,
forme humaine quand il avait envie de lui faire
du bien d'autres fois sous forme de bOuc ou de
;

i veau qu'il avait toujours un pied contrefait, etc.


;

1 ((Mais dit Bekker on finit par reconnaitre que


, ,

tout cela n'etait qu'un jeu que Chassen avait es-


saye pour se rendre considerable parmi les en-
fants de son age; on s'etonne seulement qu'il ait
pu le soutenir devant tant de personnes d' esprit
pendant plus d'une annee. »
Chassi, demon auquel les habitants des lies
Mariannes altribuent le pouvoir de tourmenter
ceux qui tombent dans ses mains. L'enfer est
pour eux la inaison de Chassi.
Ghastenet (Leonarde) vieille femme de qnatre- ,

vingts ans, mendiante en Poitou, vers 1591 et ,

sorciere. Confronlee avec Mathurin Bonnevault,


qui soutenait I'avoir vue au sabbat, elle confessa
qu'eile y etait allee avec son mari que le diable, ;

qui s'y montrait en forme de bouc, elait une


bete fort puante. Elle nia qu'eile eut fait aucun
malefice. Cependant elle fut convaincue, par dix-
neuf temoins, d'avoir fait mourir cinq laboureurs Mahomet avait beaucoup d'egards pour son
et plusieurs bestiaux. Quand elle se vit condam- chat. L'animal s'etait uu jour couche sur la man-
nee, pour ses crimes reconnus, elle confessa qu'eile che pendante de la veste du prophete et sem- ,

avait fait pacte avec le diable, lui avaitdonne de blait y mediter si profondement que Mahomet, ,

ses cheveux,promis de faire tout le mal qu'eile


et presse de se rendre a la priere, etn'osantle tirer
pourrait; elle ajouta que la nuit, dans sa prison, de son extase coupa, dit-on, la manche de sa
,

le diable etait venu a elle en forme de chat, ,


veste. A son relour, il trouva son chat qui reve-
((auquel ayant dit qu'eile voudrait etre morte, nait de son assoupissement, et qui, s'apercevant
icelui diable lui avail presente deux morceaux de I'attention deson maltre, seleva pour lui faire
de cire, lui disant qu'eile en mangeat, et qu'eile la reverence et plia le dos en arc. Mahomet
mourrait; ce qu'eile n'avait voulu faire. Elle avait comprit ce que cela signifiait; il assura au chat
ces morceaux de cire ; on les visita , et on ne qui faisait le gros dos une place dans son paradis.
I

I put juger de quelle matiere ils etaient composes. Ensuite, passant trois fois la main sur l'animal,
Cette sorciere fut done condamnee , et ces mor- il lui imprima, par cet attouchement, la vertu de

ceaux de cire brules avec elle ^ » ne jamais tomber que sur ses pattes. Ce conte
Chastete. Les livres de secrets merveilleux, n'est pas ridicule chez les Turcs ^

Tome IV, p. 154.


1 ' Saint-Foix, Essai sur Paris, t. II, p. 300.
Discours sommaire des sortileges et venefices , ti-
2 2 Quelquefois ils laissent a leiir chat par testament
res des proces criminels juges au siege royal de Mont- une rente viagere. II exisle au Caire, pres de Bab-el-
morillon, en Poitou, en I' annee 4599, p. 4 9. Naza (porta de la Victoire), un hopital de ces ani-
11
;

CHA — 162 — CHA


Void une anecdote ou le chat joue un mau- fache de lier connaissance avec lui qu'on fasse ;

vais role il est vrai que c'est un chat sauvage.


;
mon dans la chambre en question, je me
lit

Un aide de camp du marechal de Luxembourg charge du resle.


vint loger dans une anberge dont !a reputation Vers minuit, I'officier vit descendre le diable
n'etait pas rassurante. Le diable, disait-on, arri- par la cheminee, sous la figure d'une bete fu-
vail toutes les nuits dans une certaine charabre, rieuse, contre laquelle il fallut se defendre. 11
y
tordait le cou a ceux qui osaient y coucher et les eut un combat acharne, a coups de sabre de la

laissait etrangles dans leur lit. Un grand nombre part du militaire, a coups de griffes et de dents
devoyageurs remplissaient I'auberge quand I'aide de la part de la bete; cette lutte dura une heure.
de camp y entra; on lui dit qu'il n'y avait mal- Mais le diable finit par rester sur la place ; I'aide

heureusement de vide que la chambrefrequentee de camp appela du monde on reconnut un:

par le diable, oiipersonne ne voulait prendre gite. enorme chat sauvage, qui, selon le rapport de
— Oh bien, moi, repondit-il, je ne serai pas I'hote, avait deja etrangle quinze personnes *.

On lit dans la Demonomanie de Bodin ' que prennent volontiers la figure de cet animal. On
des sorciers de Vernon, auxquels on fit le proces lit dans Boguet qu'un laboureur pres de Stras-

en 1566, s'assemblaient ordinairement en grand bourg fut assailli par trois gros chats, et qu'en se
nombre dans un vieux chateau sous la forme de defendant il les blessa serieusement. Une heure
chats. Quatre hommes qui avaient resolu d'y apres, le juge fit mander le laboureur et le mit
coucher se trouverent assaillis par celte multi- en prison pour avoir maltraite trois dames de la
tude de chats ; I'un de ces hommes y fut tue , les ville. Le Iai)oureur etonne assura qu'il n'avait

autres blesses; neanmoins ils blesserent aussi plu- maltraite que des chats et en donna les preuves
sieurs chattes, qui se trouverent apres en forme les plus evidentes il en avait garde de la peau.
:

de femmes, mais bien reellement mutilees... On le relacha, parce qu'on vit que le diable etait
On sait que les chats assistent au sabbat, qu'ils coupable en cette affaire.
accompagnent les sorcieres, et que lesdites sor- On ne finirait pas si on rappelait tout ce que
cieres, aussi bien que le diable leur maitre, les demonomanes ont reve sur les chats. Boguet
dit encore que la chatte etant frottee d'une herbe
maux on y
; recueille les chats malades et sans asile
les fen^tres sont souvent encombrdes d'hommes et appelee nepeta conc^oit sur-le-champ, cette herbe
de femmes qui leur donnent a manger a travers les
barreaux. * Gabrielle de P*** , Histoire des fantdmes et des
1 Chap. IV, liv. II, p. 257. demons, etc., p. 203.
,

CHA — 163 — CHE


suppleant au defaut du male^ Les sorciers se comme raffirment les demonographes. — Ledit
servent aussi de la cervelle des chats pour don- diable ordonna a Michelle Chaudron d'ensorceler
ner la mort ; car c'est un poison , selon Bodin et deux filles elle obeit les parents I'accuserent
: ;

quelques autres^ de magie les filles interrogees attesterent qu'elles


;

Les matelots americains croient que si d'un etaient possedees. On appela ceux qui passaient
navire on jelte un chat vivant dans la ixier, on pour medecins ils chercherent sur Michelle Chau-
;

ne manque jamais d'exciter une furieuse tem- dron le sceau du diable, que le proces-verbal ap-
p^te. Voy. Blokula, BEURRfi des sorcieres, Me- pelle les marques sataniques; ils y enfoncerent
tamorphoses, VOLTIGEUR HOLLANDAIS, etC. une aiguille. Michelle fit connaitre par ses cris
Chateau du diable. Plusieurs vieux manoirs que les marques sataniques ne rendent point in-
portent ce nom dans des traditions et des contes sensible. —
Les juges protestants, ne voyant pas
populaires. de preuve complete, lui firent donner la ques-
Chat-Huant. Voij. Chevesche, Chouette, tion. Cette malheureuse cedant a la violence des,

HiBOU. tourments, confessa tout ce qu'on voulut. Elle fut


Chatrab. nom que donnent les Arabes
C'est le brulee apres avoir ete pendue et etranglee chez
, ;

a I'etre mysterieuxque nous appeions loup-garou. les catholiques, on I'eut admise a penitence.
Chauche-Poulet. Voy. Cauchemar. Chaudron du diable, gouffre qui se trouve
Chaudiere. C'est ordinairement dans une chau- au sjmmet du pic de Teneriffe. Les Espagnols
diere de fer que, de temps immemorial, les sor- ont donne le nom de Chaudron du diable a ce
cieres composent leurs malefices, qu'elles font gouffre, a cause du bruit que Ton entend lors-
bouiOir sur un feu de verveine et d'autres plantes qu'on y jette une pierre elle y retentit comme ;

magiques. fait un vaisseau creux de cuivre centre lequel on

Chaudron (Madeleine-Michelle), Genevoise, frapperait avec un marteau d'une prodigieuse


accusee d'etre sorciere en 1652. On dit qu'ayaat grosseur. Les naturels de I'ile sont persuades que
rencontre le diable en sortant de la ville refor- c'est I'enfer, et que les ames des mechants y font
mee, elle lui rendit hommage, et que le diable lui leur sejour ^
imprima sur la levre superieure son seing ou Chauve-Souris. Les Caraibes regardent les
marque. Ce petit seing rend la peau insensible chauves-souris comme de bons anges qui veillent

a la siirete des maisons durant la nuit ; les tuer, Cheke professeur de grec a Cambridge mort
, ,

chez eux, est un sacrilege : chez nous, c'est un eh 1557. II a ecrit un livre^ qu'il adressa au roi
des animaux qui figurent au sabbat. Henri VIII et qu'il plaga a la tete de sa traduc-
,

Chavigny (Jean-Aime de), astrologue, dis- tion latine du traite de Plutarque De la supersti-
ciple de Nostradamus, mourut en 160/i. 11 a com- tion. II avait des connaissances en astrologie et
pose la Premiere face du Janus frangais, conte-
: croyait fermement a
I'influence des astres, quoi-
nant les troubles de France depuis XbZh jusqu'en promissent du bonheur, tout juste a des
qu'ils lui

1589; Fin de la maison valesienne, extraite et epoques on il devenait le plus malheureux. ,

colliyee des Centuries et commentaires de Michel Chemens, genies ou espi'its que les Caraibes
Nostradamus (en latin et en francais), Lyon, supposent charges de veiller sur les hommes. lis
1594, in-S"; et nouvelle edition, augmentee, leur offrent les premiers fruits et placent ces of-
sous le titre de Commentaires sur les Centuries et frandes dans un coin de leur hutte sur une table ,

pronostications de Nostradamus , Paris, in -8", faitede nattes, oh ils pretendent que les genies
rare ; les Pleiades, divisees en sept livres, prises se rassemblent pour boire et manger; ils en don-
des anciennes propheties, et conferees avec les nent pour preuve le mouvement des vases et le
oracles de Nostradamus, Lyon, 1603; la plus bruit qu'ils se persuadent que font ces divinites
ample edition est de 1606. C'est un recueil de en soupant.
predictions dans lesquelles I'autsur promet a Chemim
est chez les Caraibes le grand esprit
Henri VI I'empire de I'univers. Voy. Nostra- ou supreme, comme on disait en 1793.
I'etre
damus. Chemise de necessite. Les sorcieres alle-
Chax ou Scox, demon. Voy. Scox. mandes portaient autrefois une chemise faite

Discours des sorciers, ch. xiv, p. 81.


* - 1 La Harpe, Abrege de I'histoire generate des
Bodin, Demonomanie des sorciers , liv. HI, ch. n,
2 voyages, t. I.
p. 326. ^ De super stitione , ad regem Henricum.

41.
:

CHE — m— CHE
d'line fagon detestable, etcharg^e de croix me- quelques idees snperstitieuses sur les chemises
lees a des caracteres diaboliques, par la vertu des jennes enfants. lis croient que si elles en-
de laquelle elles se croyaient garanties de tons foncent dans I'eau de certaines fontaines, I'en-
maux'. On I'appelait la chemise de necessite. — fant meurt dans I'annee il vit longtemps, au
;

Les habitants du Finistere conservent encore contraire, si ce velement surnage.

Cheriour, ange terrible, charge de piinir le Cheval. Mahomet, voulant ennoblirce bel ani-
crime et de poiirsuivre les criminels, selon la mal raconte que, quand Dieu se decida a creer
,

le cheval il appela le vent du niidi et lui dit


doctrine des guebres. , :

Chesnaye des Bois (Frangois-Alexandre-Au- « Je veux de ton sein un nouvel etre con-
tirer ;

berl de la), capucin mort en I18h- On a de kii


,
dense-loi en te depouillant de ta nuidile. » Et il
lAslrologne dam le puits, 17/tO, in-12 ; et Lettres fntobei. Alors il prit une poignec de eel element,
criliques, avec des songes moraux sur , les songes souffla dessus, et le cheval parut.

philosophiques de I'auteiir des Lettres juives (le Le cheval etait chez les anciens un instru-
marquis d'Argens) in-12, 17/|5.
,
ment a presages pour la guerre. Les Sueves, qui
Cheteb ou Chereb, Voy. Dr.BEU. habitaient la Germanie, nourrissaienl a frais com-

niuns, dans des bois sacres, des chevaux dont ils les laisser vivre en liberie dans les prairies voi-
liraient des augures. Le grand pretre el le chef sines, apres les avoir devoues. Jules Cesar, avant
de la nation etaient les seuls qui pouvaient les de passer le Rubicon, voua a ce fleuve un grand
toucher : ils les atlachaient aux chariots sacres nombre de chevaux qu'il abandonna dans les
et observaientavec attention leurs hennissements palurages des environs.
et leurs fremissements. 11 n'y avail pas de pre- Une superstitieuse portait qu'une
tradition
sages auxquels les pretres el les principaux de la espece chevaux, qu'on nommail arzels,
de
nation ajoulassent plus de foi. On volt encore et qui ont une marque blanche au pied de der-
que chez certains peuples on se rendait les riere du cole droit, etait malheureusc et fu-
diviniles favorables en precipitant des chevaux neste dans les combats. Anciennement on —
dans les fleuves. Quelquefois on se contenlail de croyait aussi que les chevaux n'avaient pas de
' Bodin, Demonomanie, liv. I, ch. iii. fiel mais c'esl une erreur aujourd'hui presque
;
; '

CHE — 165 — CHE


g^neralement reconnue. Voy. Drap^, Bayard, On Bretagne qu'en soufflant des che-
croit en
Troupeaux, etc. veux en les metamorphose en animaux;
I'air on
Chevalier (Guillaume) gentilhomme bear- ,
les petits gargons de Plougasnou qui font des

nais, auteur d'un recueil de quatrains moraux, echanges entre eux confirment la cession en
J intitule Ddces ou Fin du monde, divisee en trots soufflant au vent un cheveu, parce que ce che-

I visions, in-8°, 158/i. veu etait autrefois Tembleme de la propriete. Des


Chevalier imperial. Voy. Espagnet, a la note. cheveux dans les temps modernes ont meme
Chevaliers de I'enfer. Ce sont des demons ete trouves sous des sceaux : ils tenaient lieu de
plus puissants que ceux qui n'ont aucun litre, signatures'.
. mais moins puissants que les comtes, les mar- Enfm il y a des personnes qui croient qu'il faut
quis et les dues. On peut les evoquer depuis le observer les temps pour se couper les cheveux
I

lever de I'aurore jusqu'au lever du soleil, et de- et se rogner les ongles. —


Autrefois on venerait
puis le coucher du soleil jusqu'a !a nuit'. le toupet, par lequel les Romains juraient, et
Chevanes (Jacques), capucin plus connu ,
qu'on offrait aux dieux. 11 parait qu'ils etaient

j
sous le nom de Jacques d'Aiitun, du lieu de sa sensibles a ces presents, puisque,quand Bere-
naissance, mort a Dijon en 1678. On a de lui nice eut offert sa chevelure, en firent une ils

j
I' Incredulile savante et la crddulite ignoranle, au constellation. —
Chez les Francs, c'elait une
1
sujet des magiciens et des sorcicrs. Lyon, 1671, politesse de donner un de ses cheveux, et les
\x\-k°. Ce recueil plein d'excentricites curieuses,
,
families royales avaient seules le privilege de les
dont nous rapportons en leur lieu les passages laisserpousser dans tout leur developpement.
remarquables, est une reponse a I'apologie de En Hollande, beaucoup de gens croient qu'en
Naude pour tons les grands personnages soup- vendant leurs cheveux a un perruquier, ils auront
I

I Qonnes de niagie. Heureusement pour I'auteur, par sympathie les maux de tete de ceux qui les
dit I'abbe Papiilon, I'irascible Naude etnit mort porteront. Une dameagee, il y apeu de temps, se
depuis longtemps quand ce livre parut. faisait couper a la Haye de beaux cheveux blancs

Chevesche, espece de chouette, que Torque- d'argent, tres-abondants et tres-longs. Le ton-


mada definit un oiseau nocturne fort bruyant, deur lui en offrit 20 florins (42 francs). Elle aima
1
lequel lache d'entrer ou sont les enfants; et, mieux les bruler. — J'aurais, dit-elle, toutes les
quand il y. est, il leur suce le sang du corps et douleurs que mes cheveux couvriraient.
le boit. Les demonographes ont donne le nom Chevillement, sorte de malefice employe par
de chevesche aux sorcieres, parce que, semblables les sorciers et surtout par les bergers. 11 empeche
a cet oiseau , elles sucent le sang de ceux qu'elles d'uriner. Le nom de ce maleflce lui vient de ce
peuvent saisir, et principalenient des petits en- que pour le faire on so sert d'une cheville de hois,
fants ^ mere des vam-
G'est sans doute la I'idee ou de fer qu'on plante dans la muraille, en fai-
pires.Les sorcieres qui sucent le sang ont aussi sant des conjurations, u J'ai connu une personne,
quelque analogic avec les gholes des Arabes. dit Wecker, qui mourut du chevillement il est :

Voy. Lamies et Gholes. vrai qu'elle avait la pierre. » Et le diable, qui


Cheveux. « Prenez des cheveux d'une femme parfois aime a se divertir, chevilla un jour la se-
dans ses jours de maladie mettez-les sous une
; ringue d'lm apothicaire en fourrant sa queue dans
terre engraissee de fumier, au commencement le piston. Voy. Noals. —
Pour empecher I'effet
du printemps, et, lorsqu'ils seront echauffes par de ce charme, il faut cracher sur son Soulier
la chaleur du soleil, il s'en formera des ser- du pied droit avant de s'en chausser. Ce qui
pents )) approche de ce qu'on lit dans Tibulle, que les
Quelques conteurs assurent que les mauvais anciens crachaient dans leur sein par trois fois
anges elaient amoureux des cheveux des femmes, pour se desensorceler ou empecher le sortilege.
et que les demons incubes s'attachent de prefe- On voit dans un livre intitule I' Urotopegnie ou
rence aux femmes qui ont de beaux cheveux. — chevillement, que les tonneaux les fers, les ,

Les sorcieres donnent de leurs cheveux au dia- fours, les lessives, les moulins a vent et ceux
ble, comme arrhes du conlrat qu'elles font avec qui sont sur les ruisseaux et rivieres, peuvent
lui; le demon les coupe tres-menus, puis les mele etre pareillement lies et maleficies. Voy. Liga-
avec certaines poudres il les remet aux
: sor- tures.
ciers, qui s'en servent pour faire tomber la grele Chevres. Ces animaux etaient fort reveres a
d'ou vient qu'on trouve ordinairement dans la Mendes en Egypte. II etait defendu d'en tuer,
grele de petits poils, qui n'ont pas une autre en- parce qu'on croyait que Pan, la grande divinite
gine... On fait encore avec ces memes cheveux, de cette ville, s'etait cache sous la figure d'une
divers malefices^ chevre ou plutot d'un bouc aussi le represen- ;

lait-on avec une face de bouc, et on lui iinmolait


* Wierus, in Pseudomonarchia daemon., ad finem.
2 Torquemada, Hexameron, troisieme journee. des brebis. Voy. Capricorne.
3 Secrets d' Albert le Grand, p. 27. 1 M. Cambry, Voyage dans le Finistere, I. I, p. 4 74
* Boguet, Discours des sorciers, ch. xv, p, 456.
CHI — 166 — CHI

Souvent des demons el des sorciers ont pris de la compagnie ce qu'elles faisaient dextre-
:

la forme de chevre. Claude Chappuis de Saint- ment, entre quatre a cinq mille personnes, et
Amour, qui suivit I'ambassadeur de Henri 111 pres avec une fagon telle, qu'il semblait qu'elles vou-
la sublime Porte, conte qu'il vit sur une place lussent parler. Or, qui ne voit clairenient que ces
publique de Constantinople des bateleurs qui fai- chevres etaient hommes ou femnies ainsi trans-
saient faire a des chevres plusieurs tours d'agi- mues, ou demons deguises ?.,. Voij. Bouc. ^

Chibados, secte de sorciers qui font merveille


au royaume d' Angola.
Chicota, oiseau des iles Tonga, qui a I'habi-
tude de descendre du haut des airs en poussant
de grands cris. Les naturels sont persuades qu'il
a le don de predire I'avenir. Quand il s'abaisse
pres d'un passant, on croib que c'est pour lui

lite do posse-passc tout a fait adniirables;


et annoncer quelque malheur.
apres quoi, leur mettant une ecuelle a la bouche, Chicus ^sculanus. Voy. Cecco d'Ascoli.

lis leur commandaient d'aller demander la piece, Chien. Les chiens etaient quelquefois les com-
pour leur entretien, tantot au plus beau ou au pagnons des magiciens. C'etait le diable qui les'
plus laid, tantot au plus riche ou au plus vieux suivait sous cette forme, pour donner moins a

soupconner. Mais on le rcconnaissait malgre ses travcsli en cliien noir vint annoncer a Cimon
deguisements. Leon de Chypreecrit que le diable qu'ilmourrait bientot.
sortit un jour d'un possede sous la figure d'un Un charlatan, du vivant de Justinien, avait un
chien noir. — C'est surtout la couleur noire que le chien si habile que, quand toutes les personnes
diable prend sous une peau de cliien. De bonnes d'une assemblee avaient mis a terre leurs an-
gens se noient assez frequemment a Qui'uper. neaux, il les rendait sans se tromper, Fun apres
Les vieilles et les enfanls assurent que c'est le I'autre, a qui lis apparlenaient. Ce chien distin-
diable, en forme de gros chien noir qui preci- guait aussi dans la foule, lorsque son maitre le
pite les passants dans la riviere'. II y a beau- lui ordonnait, les riches et les pauvres, les gens
coup de superstitions qui tiennent au chien dans honnetes et les fripous : « Ce qui fait voir, dit
le Finistere, ou les idees druidiques ne sont pas Leloyer, qu'il y avait la de la magie, et que ce
toutes eteintes. On croit encore dans le canton chien etait un demon*. »
sauvage de Saint-Ronal que I'ame des scelerats Delancre conte qu'en 1530 le demon, par le
passe dans le corps d'un chien noir. Les anciens moyen d'un rairoir, decouvrit, a un pasteur de
mages croyaient aussi que les demons se mon-
1 Delancre , Incredulite et mecreance du sortilege
traient en forme de chiens et Plutarque, dans
;
pleineinent convaincues, traite VI, p. 348.
la vie de Cimon, raconte qu'un raauvais genie 2 Leloyer, Hisloire el discours des spectres, liv. I,

1 Cambry, Voyage dans le Finistere, t. HI, p. 22. chi VIII.


:

CHI — 167 — CHI

Nuremberg, des tresors caches dans une caverne les chiens. En Bretagne surtout les hurlements ,

pres de la ville et enfermes dans des vases de d'un chien egare annoncent la mort. II faut que
cristal. Le pasteur prit avec liii un de ses anfiis le chien de la mort soit noir ; et s'il aboie triste-
pour lui servir de compagnon ils se mirent a ; ment une mort inevitable qu'il
a minuit, c'est
fouiller et decouvrirent une espece de coffre, au- annonce a quelqu'un de la famille pour la per-
pres duquel etait couche un enorme chien noir. sonrie qui I'entend. Wierus dit qu'on chasse a
Le pasteur s'avanga avec empressement pour se jamais les demons en frotlant les murs de la
saisir du tresor mais a peine fut-il entre dans la
; chambre qu'ils infestent avec le liel ou le sang
caverne qu'elle s'enfonQa sous ses pieds et I'en- d'un chien noir'. Voy. Adranos, Agrippa, Braga-
gloutit Notez que c'est un conle et que per- DiNi , Dorm ANTS, etc.

sonne n'a vu le grand chien. Mais on peut juger M. Menechet;, dans sa spirituelle description des
par ces traits quelle idee avaient des chiens les superstitions du pays de Galles, parle d'une espece
peuples mal civilises. Chez les anciens on appe- , de chiens assez merveilleux pour meriter ici une
lait les furies les chiennes de I'enfer; on ,sacri- mention: « Les ewes anmon (chiens d'enfer)", que
fiait des chiens noirs aux divinitds infernales. Chez Ton appelle aussi quelquefois ewes wyloir (chiens
nos peres on pendait entre deux chiens les plus du ciel), forment, dit-il, une meute fort extraordi-
grands criminels. naire. Les personnes qui ont I'oui'e assez fine
Quelques peuples pensaient pourtant autre- pour cela les entendent souvent courir la chasse
ment on a meme honore le chien d'une maniere
;
dans les airs quoique Ton ne dise pas quel est
,

distinguee. filien parle d'un pays d'Ethiopie dont le gibier qu'ils poursuivent. On assure qu'ils sont
les habitants avaient pour roi un chien; ils pre- surtout bruyants peu de temps avant la mort des
naient ses caresses et ses aboiements pour des personnes tres-perverses. Les uns disent que ces
marques de sa bienveillance ou de sa colere. Les animaux sont blancs et ont les oreilles rouges;
guebres ont une grande veneration pour les chiens. d'autres pretendent, au contraire, qu'ils sont tout
On litdans Tavernier que, lorsqu'un guebre est a noirs. lis sont peut-etre de la nature du came-
I'agonie, les parents prennent un chien dont ils leon ,
qui se nourrit d'air comme eux. »

appliquent la gueule sur la bouche du mourant, chanoine de Tournay ne a


Chifflet (Jean) , ,

a fin qu'il recbive son ame avec son dernier sou- Besangon vers 1611. II a publie Joannis Ma~ :

pir. Le chien leur sert encore a faire connaitre si earii Abraxas, seu Apistopistus, quce est antiqua-
le defunt est parmi les elus. Avant d'ensevelir le ria de gemmis hasilidianis disquisilio, eommenlariis
corps, on le pose a terre on amene un chien
: illust., Anvers, 1657, \n-lx°. Cette dissertation
^qui n'ait pas connu le mort, et, au nioyen d'un traite des pierres gravees portant le nom caba-
morceau de pain on I'attire le plus prfes du corps
, lislique Abraxas par lequel Basilide heretique
, ,

qu'il est possible. Plus le chien en approche plus ,


du deuxieme siecle,designait le Dieu createur et
le defunt est heureux. S'il vient jusqu'a monter conservateur. Elle est curieuse, et les commen-
sur lui et a lui arracher de la bouche un morceau tairesque Chifflet y a joints sont estimes.
de pain qu'on y a mis, c'est une marque assuree Chija ou Chaja (Abraham Ben), rabbin espa-
que le defunt est dans le paradis des guebres. Mais gnol du onzieme siecle. II a ecrit en hebreu le
I'eloignement du chien est un prdjuge qui fait Volume du Revelateur ; il y traite de I'epoque oil
desesperer du bonheur du mort. viendra le Messie et de celle ou se fera la resur-
II y a aussi des gens qui tiennent a honneur de rection generale. Pic de la Mirandole cite cet ou-
descendre d'un chien. Les royaumes de Pegu et vrage dans son traite contre les astrologues.
de Siam reconnaissent un chien pour chef de Childeric 1". Voy. Bazine et Cristallomancie.
leur race. A Pegu et a Siam on a done grand res- Childeric III, flls de Chilperic II, et dernier
pect pour les chiens, si maltraites ailleurs ^. La des rois de la premiere race. II publia, en 742,
population du Liban qui s'eleve a quatre cent
,
un edit contre les sorciers, oii il ordonne que
mille ames, est composee de trois races, les Aq- chaque eveque aide du magistrat defenseur des
,

saries les Druses et les Maronites. Les Ansaries


, eglises mette tous ses soins a empecher le peuple
,

sont idolatres. Les uns parmi eux professent le de son diocese de tomber dans les superstitions
culte du soleil; les autres celui du chien On a paiennes. II defend les sacrifices aux manes les ,

toutefois honore quelques individus de cette race sortileges les philtres les augures, les enchan-
, ,

tel est le dogue espagnol Berecillo, qui devorait tements les divinations, etc.
,

les Indiens a Saint-Domingue et qui avait par


, Chilperic I", roi de France, fils de Clotaire I''.
jour la paye de trois soldats... Saint Gregoire de Tours rapporte, sur le temoi-
II y aurait encore bien des choses a dire sur gnage de Gontrand, frere de Chilperic, cette vi-
sion merveilleuse. Gontrand vit I'ame de son frere
1 Madame Gabrielle de P***, Histoire des fantdmes, Chilperic liee et chargee de chaines, qui lui fut
p. 27.
presentee par trois eveques. L'un elait Tetricus,
2 Hexameron de Torquemada, traduit par G. Chap-
puis, premiere journ^e. I'autre Agricola, le troisieme Nicetius de Lyon.
3 Voyages du due de Raguse. * De prcest. deem., lib. V, cap. xxi,
,

CHI — 168 — CHO


Agricola et Nicetius ,
plus humains que I'autre, ment aussi Belial; il a I'orient pour district, et
disaient : — Nous vous prions de le detacher, et, commando aux demons des prestiges.
apres I'avoir puni de permettre qu'il s'en aille.
, Choquet (Louis) auteur d'un mystere, tres-
L'eveque Tetricus repondit avec ainertume de rare intitule Apocalypse de saint Jean Zdbedee,
1'

coeur : —
II ii'en sera pas ainsi mais il sera chatie
; oil sont comprises les visions et revelations
a cause de ses crimes. —
Enfin, dit Gontrand, qu'icelui saint Jean eut en I'ile de Patmos ; ih-fol.
le resultat fut de precipiLer cetle pauvre ame Paris, 15/tl.
dans une chaudiere bouillante que j'apercus Chorropique (Marie) , sorciere bordelaise du
de loin. Je ne pus retenir mes larmes lorsque temps de Henri IV, qui confessa s'etre donnee
de Chilperic, jete dans la
je vis le miseraljle etat au diable par le moyen d'un nomme Augerot
chaudiere, ou tout a coup il parut fondu et dis- d'Armore, lequel la raena dans unelande oi^i elle
sous *. trouva un grand seigneur vetu de noir, avec la
Chimere monstre imaginaire ne en Lycie,
, , figure voilee. 11 etait entoure d'une infinite de
que les poetes disent avoir ete vaincu par Belle- gens richement habilles. Marie Chorropique ayant
rophon; il avaitla tete et I'estomac d'un lion, le prononce le nom de Jesus tout disparut incon- ,

ventre d'une chevre et la queue d'un dragon. Sa tinent. Son guide ne vint la reprendre que trois
gueule beante vomissait desflammes. Les demo- heures apres la tanga d'avoir prononce le nom
,

nographes disent que c'etait un demon.. de Notre-Seigneur, et la conduisit au sabbat pres


Chimie. On la confondait autrefois avec I'al- d'un moulin, oil elle retrouva le meme seigneur
chimie. La chimie, selon les Persans, est une noir avec un nomme Menjoin qui portait un
,
,

science superstitieuse qui tire ce qu'il y a de plus pot de terre plein de grosses araignees enflees
subtil dans les corps terrestres pour s'en servir d'une drogue blanche et deux crapauds qu'on ,

aux usages magiques. lis font Caron (le Core du tua a coups de gaule et qu'on chargea Marie
,

Pentateuque) inventeur de cette noire science d'ecorcher.


qu'il apprit, disent-ils,de Moise. Louis de Fonte- Ensuite, Augerot pila ces araignees dans un
nettes, dans I'epitre dedicatoire de son Hippo- morlier avec les crapauds. On jeta celte compo-
crate depayse , dll que ((d'aucuns pretendent que sition sur des paturagcs pour faire mourir les
» la chimie ,
qui est iin art diabolique , a ete in- bestiaux. Apres quoi, ces gens s'en allerenl au
» veniee par Cham. » bourg d'lrauris, ou ils prirent sans bruit un en-
China, idole de la Senegambie. Elle a une tete fant au berceau. Augerot et Menjoin I'etrangle-
de veau on lui offre en sacrifice du miel qu'on rent et le mirent enlre son pere et sa mere qui
;

fait bruler, pour obtenir de bonnes recolles. doi'maient, afin que le pere crut que sa femme
Chion, pJiilosophe d'Heraclee, disciple de Pla- I'avait ^touffe, et que la mere a son tour accusat
ton. 11 fut averti en songe de tuer Clearque tyran son mari. lis en empoisonnerent d'autres. Dans
,

d'Heraclee, qui etait son ami. II lui sembia voir toutes ces executions Marie Chorropique atten- ,

une femme qui lui mit devant les yeux la bonne dait les deux bandits a la porte. Que penser de
renommee qu'il acquerrait par le meurtre du ces recits ?
tyran; et, pousse par cette vision, il le tua, Mais Elle dit encore que, dans un sabbat, elle vit
ce qui prouve que c'etait une vision diabolique, deux sorcieres qui apporterent le coeur d'un en-
c'est que Clearque tyran tolerable ayant ete fant dont la mere s'elait fait avorter, et qu'elles
, ,

tue, fut remplace par Satyre son frere bien plus le garderent pour en faire un sacrifice au diable.
, ,

cruel que lui, et que rien ne pouvait adoucir. Cette horrible sorciere fut brulee le 2 octobre
Chiorgaur. Voy. Gaurie. 1576
Chiridirelles, demon qui secourl les voyageurs Chouette, espece de hibou de la grosseur
dans leurs besoins, etqui leur enseigue leur chemin d'un pigeon. La chouette ne parait qu'au point
lorsqu'ils sunt egares. On dit qu'il se montre a du jour ou a I'approche de la nuit. Chez les Athe-
ceux qui I'invoquent sous la forme d'un passant a niens et les Sicilieus cet oiseau etait d'un bon ,

cheval. augure partout ailleurs la rencontre d'une ;


,

Chiromancie ou Chiroscopie art de dire la chouette est d'un mauvais presage. Cetle super-
,

bonne aventure par I'inspeclion des lignes de la stition vit encore dans plusieurs contrees. Voy.
main. Cetle science, que les bohemiens ont ren- Cheveschil .

due celebre, est, dit-on, tres-ancienne. Nous Choun divinite adoree chez les Peruviens, ,

en exposons les principes a I'article Main. qui raconlaient ainsi son histoire II vint des : —
Chiron, non pas centaure, mais Hippocen- parties septentrionales un homme qui avail un
taure, car, fils de Saturne, il elait moilie Dieu corps sans os et sans muscles, et qui s'appelait
et moitie cheval. Choun; il abaissait les montagne?, comblait les
Chodar, demon que les necromanciens nom- vallees et se frayail un chemin dans les lieux in-
1 Greg. Tiiron., Hist, franc, lib. VIII, cap. v. —
accessibles. Ce Choun crea les premiers habi-

Lenglet-Dufresnoy Recueil de dissertations sur


, les ' Delancre, Tabl. de I'inconstance des demons, etc.,
apparitions, p. 72 de la preface. p. 107.
CHO - 169 — CIE

tants du Perou; il leur apprit a se nourrir des C'est la coutume du diable de begayer dans les
herbes et des fruits saiivages. Mais un jour of- , choses futures*. » Ciceron devint en effet cequ'on

fense par quelques Peruviensjl converlit en sa- sait. C'est lui qui disait qu'il ne concevait pas
bles arides une parlie de la terra auparavant ,
que deux augures pussent se regarder sans rire.
tres-fertile partout: il arreta la pluie dessecha , 11 a combattu quelques idees superstitieuses dans

les plantes; et ensuite, emu de compassion, il plusieurs de ses ouvrages, surtout dans les trois
ouvrit les fontaines et fit couler les rivieres, pour livres de la Nature des dieiix , et dans les Tuscu-
reparer le mal qu'il avait cause... C'est un sys- lanes. Dans ses deux livres dc la Divination il re- ,

teixie qui n'est pas plus bete que celui des philo- connaitaux hommes le don de lire dans I'avenir.
sophes modernes. Valere-Maxime conte que Ciceron, ayant ete
Choux. Une croyance qui n'est pas extreme- proscrit paries triumvirs, se retiradans sa maison
men t rare c'est qu'on ne doit pas manger de
, de Formies ou les satellites des lyrans ne tarde-
,

chouK le jour de saint Elienne, parce qu'il s'etait rent pas a le poursuivre. Dans ces moments de
cache dans un carre de choux pour eviter le mar- trouble, il vit un corbeau arracher I'aiguille d'un
tyre Gonte tres-stupide et superstition tres- cadran c'etait lui annoncer que sa carriere etait
:

absurde. finie. Le corbeau s'approcha ensuite de lui, comme

Chretiens. Dans les persecutions on les ac- , pour lui faire sentir qu'il allait bienlot etre sa
cusait de inagie. proie, et le prit par le bas de sa robe, qu'il ne
Christolytes, heretiques du sixieme siecle, cessa de tirer que quand un esclave vint dire a
qui disaient que Notre-Seigneur avait laisse son I'orateur roinain que des soldats arrivaient pour
corps et son ame aux enfers, et qu'il n'etait re- lui donner la mort. Les corbeaux d'aujourd'hui
monle aux cieux qu'avec sa divinile. sont plus sauvages.
Christophe. Autrefois, d'apres une opinion CieLUn tel article nepeut entrer dans cedic-
expriniee par ce vers : tionnairequ'a proposdequelquesfolles croyances.
Les musulmans admeltent neuf cieux. 11 y eut
Christophorum videas. postea tutus eas,
parmi les Chretiens des heretiques qui en an-
on croyait que celui qui avait vu quelque image noncaient trois cent soixante-cinq, avec desanges
de saint Christophe le matin etaiten sCirete toute specialement maitres de chaque ciel. Voy. Ba-
la journee. SILIDE.
Christoval de la Garrade. Voy. Marissane. Bodin assure qu'il y a dix cieux, qui sont
Chrysolithe, pierre precieuse qu'AIbert le marques par les dix courtines du tabernacle et
Grand regarde comme un preservatif contre la par ces mots Les cieux sont les oeuvres de tes
: «
folie. EUe a encore dit-il la vertu de mettre le
, ,
doigts, » qui sont au nonibre de dix Les
repentir dans le ccEur de I'homme qui a fait des rabbins pretendent que le ciel tourne sans cesse,
fautes... et qu'il y a au bout du monde un lieu ou le ciel
Chrysomallon, nom du fameux belier qui touche la terre. On lit dans le Talmud que le
portait la toison d'or. On dit qu'il volail dans les rabbin Bar-Ghana, s'etant arrete en cet endroit
airs, en perfection, qu'il courait
qu'il nageait pour se reposer mit son chapeau sur une des
,

avec la legerete d'un cerf et que Neptune, dont ,


fenetres du ciel, et que, I'ayant voulu reprendre
il etait fils, I'avait convert de soie d'or au lieu un moment apres, il ne le retrouva plus, les
de laine. II avait aussi I'usage de la parole et cieux I'ayant emporte dans leur course de sorte
, :

donnait de bons avis. II est le premier signe du qu'il fallut qu'il attendit la revolution des mondes
zodiaque. pour le rattraper.
Chrysopee, oeuvre d'or. C'est le nom grec Cienga, C'est chez quelques peuples de I'O-
que les alchimisles donnent a la pierre philoso- ceanie le mauvais esprit, le demon,
phale, ou a I'art de transmuer tons les metaux Cierges. On allume deux cierges a Scaer, en
en or pur, Bretagne, au moment du mariage; on en place
Chrysopole, demon. Voy. Olive. un devant le mari, I'autre devant la femme la :

Chrysoprase, pierre precieuse a laquelle la lumiere la moins brillante indique celui des deux
superstition attachait la propriete de fortifier la qui doit mourir le premier. L'eau et le feu,
vue, de rejouir I'esprit et de rendre rhomme comme chez les anciens jouent un grand role ,

liberal et joyeux. chez les Bretons, Du cote de Guingamp et ail- ,

Ciaconius. Voy. Chacon, leurs quand on ne pent decouvrir le corps d'un ,

Ciceron (Marcus Tuliius). Leloyer dit qu'un noye, on met un cierge allume sur un pain qu'on
spectre apparut a la nourrice de Ciceron c'etait abandonne au cours de I'eaa on Irouve, dit-on,
:
:

un demon de ceux qu'on appelle gdnies fami- le cadavre dans I'endroit ou le pain s'arrete ^
liers. II lui predit qu'elle allaitait un enfant qui,
1 Leloyer, Hisloire et discours des spectres/Ai\. II,
un jour, ferait grand bien a I'Etat. « Mais d'ou
ch. v; liv. Ill, ch. xvii.
tenait-il tout cela? me dira-t-on. Je repondrai :
2 Preface de la Demonomanie des sorciers.
' Thiers, Traite des superstitions, t. I. ^ Voyage de Cambry dans le Finistere, t. Ill , p. 1 59.
;

CIG — 170 — CIP

Cigogne. On croiL que les cigognes preservent reviennent dans les cimetieres; on dit memeque
des incendies les maisons ou elles se retirent. les demons aiment a s'y montrer, et que c'est
Cette erreur n'est plus tres-repandue. On a dit pour qu'on y plante des croix. On
les ecarter

aussi que les cigognes ne s'etablissaient que dans conte des anecdotes effrayantes. Peu de villageois
les Etats libres; mais les Egyptiens, qui eurent traverseraient le cimetiere a minuit : ils ont tou-
toujours des rois, leur rendaient un culte; et jours I'histoire de I'un d'entre eux rosse par une
c'etait un crime capital en Thessalie, qui etait ame (ou plutot par un mauvais plaisant) qui lui
monarchique, de tuer une cigogne, parce que le a reproche de troubler sa penitence. Henri Es-
pays est plein de serpents, et que les cigognes tienne et les ennemis du catliolicisme ont forge
les detruisent. Elles sent enfin tres-communes et des aventures facelieuses, ou ils attribuent de
tres-protegeesen Turquie, en figypteeten Perse, petites fraudes aux gens d'eglise pour maintenir
oilTon ne songe guere aux idees republicaines. cette croyance ; maisces historiettes sont des in-
Cilano (George-Chretien-Ma ternus de) Hon- , ventions calomnieuses. a vu quelquefois, dansOn
grois du dix-huitieme siecle qui a ecrit un liyre
,
lesgrandes chaleurs, des exhalaisons entlammees
de I'OrUjine et de la Celebration des Saturnales sortir des cimetieres on salt aujourd'hui qu'elles
;

clicz les Romains ^, et (sous le nom d'Antoine ont une cause naturelle.
Signatelli) des Rccherches sur les cjeants ^. Cimmeriens, peuples qui habilaient autour
Cimeries, grand et puissant demon, marquis des Palus-Meotides, et dont les Cimbres sont les
de Tempire infernal. II commande aux parties descendants. Beaucoiip de savants ont place
africaines. II enseigne la grammaire, la logique dans ce pays I'antre par lequel on allait aux en-
etla rhetorique; il decouvre les tresors et revele fers. Leloyer dit que les Cimmeriens etaient de
les choses cachees; il rend Thomme leger a la grands sorciers, et qu'Ulysse ne les alia trouver
course ,donne aux bourgeois la tournure frin-
et que pour interroger par leur moyen les esprits
gante des militaires. Le marquis Cimerifes, capi- de I'enfer.
taine de vingt legions, est loujours a cheval sur Cimon, general athenien, fils de Miltiade.
un grand palefroi noir Ayant vu en songe une chienne irritee qui
Cimetiere. II n'etait pas permis en Espagne, aboyait contre lui et qui lui disait d'une voix
ail quatrieme siecle, d'aliumer des ciergos en humaine : — « Viens , tu me feras plaisir a moi
plein jour dans les cimetieres, depeur d'inquieter et a mes petits, » il alia consulter un devin
les esprits. On ci'oyait que les ames des trepasses nomme Astyphile, qui interpreta sa vision de
frequentaient les cimetieres ou leurs corps etaient cette maniere : — « Le chien est ennemi de
celui contre lequel il aboie; or, on ne pourrait
faire ason ennemi un plus grand plaisir que de
mourir; et ce melange de la voix humaine avec
I'aboi denote un Mede qui vous luera. » Les
Grecs etaient en guerre avec les Perses et les
Medes il y avait done chance. Malheureusement
:

pour le devin, le songe ne s'accomplit pas, et


Cimon ne mourut que de maladie.
Cincinnatulus ou Cincinnatus ( le petit
frisi), esprit qui, au rapport de Rhodiginus,
parlaitpar la bouche d'une femme nommee Jo-
caba, laquelle etait ventriloque.
Cinq. Les Grecs modernes se demandent ex-
cuse en pronongant le nombre cinq, qui est du
plus mauvais augure, parce qu'il exprime un
nombre indefini reprouve par les cabalistes.
,

Clones. Voy. Kiones.


Cippus Venelius, chef d'une partie de I'ltalie,
qui pour avoir assiste a un combat de taureaux
,

et avoireu toute la nuit I'imagination occupee


enterres et le clerge
eutjquelque peine a de-
decornes, se trouva un front cornu le lende-
truire cette opinion. On croit encore aujourd'hui
main, D'autres disent que ce prince, entrant
dans les campagnes que les ames du purgatoire
victorieux a Rome, s'aper(;ut, en se penchant
1 De Saturnalium origine et
celebrandi ritu apud au-dessus des eaux du Tibre, car il n'avait pas
Bomanos, 1759. de miroir, qu'il lui etait pouss6 des cornes. II
2 De gigantibus nova disquisitio historica
et cri- consulta les devins pour savoir ce que lui pre-
tica, 1756.
sageait une circonstance si extraordinaire. On
3-jWierus, in Pseudomonarchia dcemon.
Dom Calmet, Traite sur les apparitions, etc., pouvait expliquer ce prodige de plusieurs fagons
ch. XI. on lui dit seulement que c'etait une marque qu'il
,,

cm — 171 — CLA
regnerait dans Rome; mais il n'y voulut plus trophes ,
pour la plupart imaginees par les ecri-
entrer. moderation est plus merveilleuse
Cet.Le vains protestants, qui ont si souvent fabrique
que les comes. des remans et des historiettes, dans le but de

Circe, fameuse magicienne qui changea les faire lire leurs ecrits. On classe cette vie prodi-
compagnons d'Ulysse en pourceaux. Elle savait gieuse dans les impostures historiques.
composer des potions magiques et des enchan- Clairon ( Claire-Josephe-Leyris de Latude
tements par lesquels elle troublait Fair, exci- connue sous le nom d'Hippolyte) tragedienne ,

tait les greles et les tempetes, et donnait aux frangaise, morte en 1803. Dans ses Mdmoires,
hommes maladies de corps et d'esprit.
des publies en 1799, elle raconte I'histoire d'un're-
Saint Jean Chrysostome regarde la metamor- venant qu'elle croit 6tre I'ame de M. de S....,
phose des compagnons d'Ulysse comme une vive fils d'un negociant de Bretagne dont elle avait ,

allegorie. rejete les voeux il en mourut de chagrin


; et ;

Circoncellions fanatiques du quatrieme


,
des lors mademoiselle Clairon entendit loules les
siecle, de la secte des donatistes. lis parurent nuits, vers les onze heures du soir, pendant
en Afrique. Armes d'abord de batons qu'ils ap- plusieurs mois, un cri aigu. Ses gens, ses amis,
pelaient batons d'Israel, ils commettaient tons ses voisins, la police meme, entendirent ce
les brigandages, sous pretexte de retablir I'ega- bruit, toujours a la meme heure, toujours par-
lite. lis prirent bientot des armes plus offensives tant sous ses fenetres, et ne paraissant sortir
pour tuer les catholiques. On les appelait aussi que du vague de Pair.
scotopetes. lis grand cas du diable et
faisaient Ces cris cesserent quelque temps puis ils fu- ,

I'honoraient encoupant la gorge


se en se , rent remplaces a la meme heure par un coup
,
,

noyant, en se jetant, eux et leurs femmes, dans de fusil tire dans ses fenetres, sans qu'il en re-
les precipices. A la suite de Frederic Barbe- sultat aucun dommage.

rousse, au treizieme siecle, on vit reparaitre La rue fut remplie d'espions et ce bruit fut ,

des circoncellions qui damnaient les catholiques. entendu sans que jamais personne put voir de
,

Ces violenls sectaires, qui praliquaient le meurtre quel endroit il partait. A ces explosions succeda
centre eux-memes et centre les autres, a I'une un claquement de mains, puis des sons melo-
et I'autre epoque, ne dur^rent pas longtemps. dieux. Enfin, tout cessa apres un peu plus de
Cire. G'est avec de la cire que les sorcieres deux ans et demi *. Voila ce que disent des me-
composaient les petites figures magiques qu'elles moires publies par mademoiselle Raucourt. C'etait
faisaient fondre lorsqu'elles voulaient envouter sans doute une mystification qui eut fait un peu ,

et faire perir ceux qu'elles avaientpour ennemis. plus de bruit a Paris si c'eut ete autre chose.
On decapita a Paris, en 157/t, un gentilhomme Clairvoyance. On exprime par ce mot le don
chez qui Ton trouva une petite image de cire que possedent quelques personnes de deviner
ayant la place du coeur percee d'un poignard. des choses obscures a peu pres comme ceux qui
;

Voy. Envoutement et Ceromancie. decouvrent des sources ou le commun des hom-


Ciruelo (Pierre), savfint aragonais du quin- mes n'en soupQonne pas.
zieme siecle a qui Ton doit un livre d'astro-
, Clarus. Saint Augustin rapporte qu'un jeune
logie*, ou il defend les astrologues et leur science homme de condition norame Clarus s'etant ,

contre les raisonnements de Pic de la Mirandole. donne a Dieu dans un monastere d'Hippone, se
Citation, formule employee pour appeler les persuada qu'il avait commerce avec les anges.
esprits et les forcer a paraitre. Voy. Evocation. II en parla dans le couvent. Comme les freres
Cites. Saint Augustin a parfaitement decrit ce refusaient de le croire, il predit que la nuit sui-
bas monde en le divisant en deux cites
, la cite : vante Dieu lui enverrait une robe blanche avec
de Dieu, peuplee des hommes attaches a I'Egiise, laquelle il paraitrait au milieu d'eux. En effet

et la cite du diable, composee de tous les autres. vers minuit, le monastere fut ebranle, la cellule

Citu, fete au Perou, dans laquelle tous les du jeune homme parut brillante de lumiere; on
habitants se frottaient d'une pate oii ils avaient entendit le bruit de plusieurs personnes qui al-
raele un peu de sang tire de I'entre-deux des laient, venaient et parlaient entre elles, sans
sourcilsde leurs enfants. Ils pensaient par la se qu'on put les voir. Clarus sortit de sa cellule et
preserver pour tout le mois de tout malaise. Les montra aux freres la tunique dont il etait vetu :
-

pretres idolatres faisaient ensuite des conjura- c'etait une etoffe d'une blancheur admirable et

tions afin d'eloigner les maladies, et les Peru- d'une finesse si extraordinaire, qu'on n'avait ja-
viens croyaient que toutes les fievres etaient mais rien vu de semblable. On passa le reste de
chassees des lors a cinq ou six lieues de leurs la nuit a chanter des psaumes en actions de

habitations. graces ensuite on voulut conduire le jeune


;

Civile (FranQois de) ,


gentilhomme normand, homme a saint Augustin mais il s'y opposa, di- ;

ne en 1536, dont la vie fut remplie de catas- sant que les anges le lui avaient detendu. Ce-
* Apotolesmata astrologies humance, hoc est de mu- t Memoires d'Hippolyte Clairon, edit, de Buisson,
tationibus temporum. Alcala, 4521. p. 467.
, :

CLA 172 — CLE

pendant on ne I'ecouta point; et, comme on I'y nature. II a laisse dans les Memoires de cette

societe divers opuscules singuliers. Jels sont


conduisait malgre sa resistance, la tunique dis-
parut aiix yeux des assistants ;,ce qui fit jiiger <( le Hemede diabolique du delire » et « les
que le tout n'etait qu'une illusion de I'esprit de Vingt-cinq ans de sejour d'un demon sur la
tenebr^s. terre '. »

Classyalabolas. Voy. Caacrinolaas. Son neveu, Frederic-Guillaume Clauder, a


Claude, prieur de Laval, fit imprimer a la donne dans les Ephemerides de la meme aca-
lin du seizieme siecle un livre intitule Dialogues demie un traile sur les nains ^
de la Lycantliropic. Clauneck, demon turc qui a puissance sur les

Clauder (Gabriel), savant saxon, mort en biens, sur les richesses; il fait irouver des tre-

1691, membre de I'Academie des Curieux de la sors a ceUii qu'il sert en vertu d'un pacte. II est

aime de Lucifer, qui le laisse maitro de prodi- les spectateurs. Le parlemenl de Toulouse pro-
guer I'argent. II rend complaisance pour com- clama la fraude ot dissipa cette ridicule affaire.
plaisance a qui I'appelle Clavicules de Salomon. Voy. Salomon.
Clauzette. Sur la fin de 1681, une fille in- Clay (Jean), litterateur allemand, mort en
sensee, Marie Clauzette, se mit a courir les 1592. On recherche son Alkumisfira, petit poeme
champs aux environs de Toulouse, en se recla- en vers allemands centre la folie des alchimistes
mant du nom de Robert qu'elle disait elre Ic
, et faiseurs d'or.
maitre de tous les diables. On la crut possedee Cledonismancie, divination tiree de cerlaines
el tout le monde voulut la voir. Q^iatre jeunes paroles qui, entendues ou prononcees en di-
fiUes, qui assisterent aux premiers exorcismes, verses rencontres , etaient regardees comme
se Le vicaire
crurent possedees pareillement. bons ou mauvais presages. Cette divination elait

general de Toulouse, voulant eprouver si la pos- surtout en usage a Smyrne;


y avait la jadis un il

session etait vraie, fit employer d'aburd des temple ou c'etait ainsi qu'on rendait les oracles.
exorcismes feints; et I'eau commune, la lecture Un nom seul offrait quelquefois I'augure d'un
d'un livre profane, le minislere d'un laique ha- bon succes. Leotychide ,
presse par un Samien
bill6 en pretre agiterent aussi violemment les d'entreprendre la guerre contre les Perses, de-
pretendues possedees qui n'etaient pas preve-
, manda a ce Samien son nom ; et , en apprenant
nues, que si un pretre eiJt lu le Riluel avec des qu'il s'appelait Hegesistrate , mot qui signifie
aspersions d'eau benite. Les medecins decla- conducteur d'armee , il r^pondit : « J'accepte
rerent que le diable n'etait pour rien dans cette I'augure d'Hegesistrate. » Ce qu'il y avait de
affaire. Les possedees vomissaient des epingles commode en lout ceci, c'est qu'on elail libre
crochues; mais on remarqua qu'elles les ca-
chaient dans leur bouche pour les rejeter devant
1 De diabolico delirii remedio. — Be diabolo per
viginli quinque annos frequentante cum muliere, nulla
' Obedias ilH, el obediet. Clavicules de Salomon, veneficii opera.
2 De nanorum generatione.
p. 14.
,,

CLE — 1 73 — CLE
d'accepter ou de refuser le mot a presage. S'il de cette divination pour decouvrir les tresors.
etait saisi par celiii qui I'sntendait et qu'il frap- On les a vus plusieurs fois en France recourir a
pat son imagination, il avait toute son influence; cet oracle de la clef sur I'Evangile de saint Jean
niais si I'auditeur le laissaittomber, ou n'y fai- durant I'invasion de ISlk-
sait pas une promple attenlion, I'augure etait Clement, pretre ecossais, contemporain de
sans force. Charlemagne. II soutenait qu'en descendant aux
Clef d'or. On a publie,"sous le tilre de la enfers Jesus-Christ en avait delivre tous les dam-
Clef d'or, plusieurs petits volumes stupides qui nes, sans exception. Cette doctrine a ete con-
I

enseignent les moyens infaillibles de faire for- dam nee.


tune avec la loterie, et qui, quand la loterie Cleonice. Pausanias, general lacedemonien
existait, ne faisaient que des dupes. La Clef d'or ayant tue a Vicence une, vertueuse jeune fille,
ou le Veritable trisor de la fortune, qui se reim- nommee Cleonice, qui lui avait resiste, vecut
primait de temps en temps a Lille, chez Cas- dans un effroi continuel et ne cessa de voir, jus-
tiaux, n'est pas autre chose que la decouverte qu'a sa mort, le spectre de cetle jeune fille a ses
des nombres sympathiques, que I'auteur se vanle cotes. — Ton connaissait ce qui a precede les
Si
d'avoir trouves ; « ce qui lui a valu trois cent visions, on en trouverait souvent la source dans
)) mille francs en deux ans
demi ». II est affreux
et les remords.
de mentir aussi impunement pour engager les Cleopatre. C'est, dit-on, une erreur que
pauvres gens a se ruiner dans les loteries. Or, I'opinion ou nous sommes que Cleopatre se fit
les cinq nombres sympathiques ne manqiient pas mourir avec deux aspics. Plutarque dit, dans la
desortir, dit-il effrontement, dans les cinq tirages vie de Marc-Antoine, que personne n'a jamais
qui suivent la sortie du numero indicateur. II su comment elle etait morte. Quelques-uns as-
faut done les suivre pendant cinq tirages seule- surent qu'elle prit un poison qu'elle avait cou-
ment pour faire fortune. Par exemple les nom- , tume de porter dans ses cheveux. On ne trouva
bres sympathiques de h sont 30, /jO, 50, 70, 76. point d'aspic dansle lieu ou elle etait morte on ;

Ces cinq numeros sortiront dans les cinq tirages dit seulement qu'on lui remarqua au bras droit
qui suivront la sortie de k non pas tous a la fois , deux piqures imperceptibles c'est la-dessus ;

peut-etre, mais au moins deux ou trois ensemble. qu'Augusle hasarda devenue popu-
I'idee qui est
Du reste, les nombres sympathiques sont ima- laire sur
genre de sa mort. II est probable
le
ginaires, et chacun les dispose a son gre. qu'elle se piqua avec une aiguille empoisonnee'.
Cleidomancie ou Cleidonomancie, divina- Cleromancie, art de dire la bonne a venture
tion par le moyen d'une clef. On voit dans Delrio par le sort jete, c'est-a-dire avec des des, des
et Delancre qu'on employait cette divination osselets, des feves noires ou blanches. On les
pour decouvrir I'auteur d'un vol ou d'un meurtre. agilait dans un vase, et, apres avoir prie les
On tortillait autour d'une clef un billet contenant dieux , on les renversait sur une table et Ton pre-
le nom de celui qu'on soupgonnait; puis on at- disait I'avenir d'apres la disposition des objets.
tachait cette clef a une Bible, qu'une fille vierge 11y avait a Bura, en Achaie, un oracle d'Hercule
soutenait de ses mains. Le devin marmollait en- qui se rendait sur un lablier avec des des. Le
suile tout bas le nom des personnes soupgon- pelerin, apres avoir prie, jetait quatre des, dont
nees; et on voyait le papier tourner et se mou- le pretre d'Hercule considerait les points, et il
voir sensiblement. On devine encore d'une autre en tirait la conjecture de ce qui devait arriver.
maniere par la cleidomancie. On attache elroi- 11 fallait que ces des fussent faits d'os de betes
tementune premiere page d'un livre;
clef sur la sacrifiees^ Le plus souvent on ecrivait sur des
on ferme le livre avec une corde de faqon que , osseletsou sur de petites tablettes qu'on melait
I'anneau de la clef soit dehors; la personne qui dans une urne; ensuite on faisait tirer un lot par
a quelque secret a decouvrir par ce moyen pose le premier jeune gargon qui se rencontrait et si ;

le doigt dans I'anneau de la clef, en pronongant I'inscription qui sortait avaitdu rapport avec ce
tout bas le nom qu'elle soupgonne. S'il est in- qu'on voulait savoir, c etait une prophetie cer-
nocent, la clef resle immobile; s'il est coupable, taine. Celte divination etait commune en Egypte
elle tourne avec une telle violence qu'elle rompt et chez les Remains; et Ton trouvait frequem-
la corde qui attache le livre ^ ment des cleromanciens dans les rues et sur les
Les Cosaques et les Russes emploient souvent places publiques, comme on trouve dans nos
cette divination mais ils metlent la clef en tra-
; fetes des cartomanciens. lay. Astuagalomancii;.
vers et non a plat, de maniere que la compres- Cleves. On dit que le diable est chef de cette
sion lui fait faire le quart de tour. lis croient sa- noble maison et pere des comtes de Cleves. Les
voir par la si la maison ou ils sont est riche, si cabalistes pretendent que ce fut un sylphe qui
leur famille se porte bien en leur absence, si vint a Cleves par les airs, sur un navire merveil-
leur pere vit encore , etc. lis font usage surtout
1 Voyez Brown, Des erreurs populaires , liv. V,
Delancre, Incredulite et mecreance du sortilege
'
ch. XII.
-
pleinement convaincues , traite V. 2 Delancre, Incredulite et mecreance, etc., traite V.
cu - 174 - CLO
leux traine par des cygnes, et qui repartit un bour sur un lieu eleve ferait peut-etre le mSme
jour, en plein midi, a la vue de tout le monde, effet d'atlirer la foudre.

sur son navire aerien. « Qu'a-t-il fait aux doc- On a cru encore, dans certains pays, qu'on se
teurs qui les oblige a I'eriger en demon? » dit mettait a I'abri de toute atteinte des orages en
I'abbe de Villars^ C'est en niemoire de cette ori- portant sur soi un morceau de la corde attachee
gine merveilleuse, diversement expliquee, qu'on a la cloche au moment de son bapteme.
avait fonde au pays de Cleves I'ordre des che- Cloche du diable. 11 nous reste a dire un
valiers du Cygne. mot de cette cloche. Dusaulx visitant les Pyre-
Climaterique. Voij. Annee. nees a pied, son guide, qui etait un franc mon-
Clistheret, demon qui fait paraitre la nuit au tagnard le conduisit dans un marecage comme
,

milieu du jour, et le jour au milieu de la nuit, pour montrer quelque chose de curieux. 11
lui

quand c'est son caprice, si vous en croyez les pretendit qu'une cloche avait jadis ete enfoncee
Clavicuks de Salomon. dans cet endroit; que cent ans apres le diable,
Cloches. Les anciens connaissaient les cloches, a qui appartenaient alors tons les metaux souter-
dont on attribue I'invention aux Egyptiens. Elles rains, s'etait empare de cette cloche, et qu'un
etaient en usage a Athenes et chez les Romains. patre depuis pen de temps I'avait entendu son-
Les musulmans n'ont point de cloches dans lenrs ner pendant la nuit de Noel dans I'inLerieur de
minarets ils croient que le son des cloches ef-
; la montagne. —
Fort bien dit Dusaulx ce qu'on , ;

frayerait les ames des bienheureux dans le para- a pris pour le son d'une cloche ne viendrait-il
dis. Les cloches ne furent generalement em- pas plutot des eaux souterraines qui s'engouf-
ployees dans les eglises chretiennes que vers frent dans quelque cavite ? Oh que non re- — ! ,

le septieme siecle. On voit dans Alcuin que la pliqua le guide.


ceremonie dii bapteme qui les consacre avait lieu Cloche du jugement dernier. 11 y a des
deja du temps de Charlemagne. cloches celebres.On respecCe beaucoup dans les
C'est, dit-on, parce qu'elles sont baptisees Pyrenees la cloche de la vallee on lui donne ;

que les cloches sont odieuses a Satan. On assure toutes sortes d'origines merveilleuses : la plus
que quand le diable porte ses suppots au sabbat, commune , c'est qu'elle a ete fondue par les
il est force de les laisser tomber s'il entend lo anges. On I'entend, ou peut-etre on croit I'en-
son des cloches. Torquemada raconle, dans son tendre quelquefois : mais on ne salt pas ou elle
Hexamcron, qu'une femme revenant du sabbat, est suspendue. C'est cette cloche qui doit, a ce
portee dans les airs par I'esprit malin entendit , que disent les montagnards, reveiller leurs pa-
la cloche qui sonnait VAtujelus. Aussitot le diable triarches endormis dans les creux des rochers,
I'ayant lachee, elle tomba dans une haie d'epines, et appeler les hommes au dernier jugement.
au bord d'une riviere. Elie apercut un jeune Lorsque Ferdinand le Catholique fut attaque de
honime a qui elle demanda secours, ct qui, a la maladie dont il mourut, la fameuse cloche de
force de prieres, se decida a la reconduire en la Villela (qui a dix brasses de tour) sonna, dit-on,

sa maison. 11 la pressa tellement de lui avoiier d'elle-meme; ce qui arrive quand I'Espagne est
les circonslaiicesde son aventure, qu'ell3 la lui menacee de quelque malheur. On publia aussitot
apprit; elle lui lit ensuite de petits presents, qu'elle annongait la mort du roi, qui mourut ef-
pour 'engager a ne rien dire mais la chose nc
1
; fectivement peu apres'.
manqua pourlant pas de se repandre. Clofye, oiseau d'Afrique, noir et gros comme
On croit dans quelques contrees que c'est le un etourneau. C'est pour les negres un oiseau de
diable qui excite les tempetes, et que, par con- presage. 11 predit les bons evenements, lorsque en
sequent, les cloches conjurent les orages. Les chantant il s'eleve dans les airs; il en pronostique
paysans sonnent done les cloches des qu'ils en- de mauvais s'il s'abaisse. Pour annoncer a quel-
tendent le tpnnerre, ce qui maintcnant est re- qu'un une mort funeste, on lui dit que le Clofye
connu pour une imprudence. Citons a ce sujet a chanle sur lui.
un fait consigne dans les Mcmoircs dc I'Acade- Clotho. L'mie des trois Parques et la plus
mie des sciences : u En 1718, le 15 aout, un jeune. C'est elle qui file les destinees ; on lui
vaste orage s'etendit sur la basse Bretagne, le donne une quenouille d'une hauteur prodigieuse.
tonnerre tomba sur vingt-quatre eglises situees La plupart des mylhologues la placent avec ses
entre Landernau et Saint-Pol de Leon c'etaitpre- ; soeurs a la porte du repaire de Pluton. Lucien la
cisement celles ou I'on sonnait pour ecarter la met dans la barque a Garon mais Plutarque dit ;

foudre celles ou Ton ne sonna pas furent epar-


; qu'elle est dans la lune, dunt elle dirige les mou-
gnees. » M. Salgues pense cependant que le son vements.
des cloches n'altire pas le tonnerre, parce que Clou. II y a sur les clous quelques petites
leur mouvement a pen d'intensite ; mais le bruit superstitions dont on fera son profit. Les Grecs
seul agite Fair avec violence, et le son du tam- modernes sont persuades qu'en fichant le clou

Voyez, dans les Legendes d' Allemagne , de Raoul


'

• L'abbe de Villars, dans le Comte de Gabalis. de Navery, La cloche du prieur.


»

CLO — 175 — COG


d'un cercneil a la porte d'une maison infestee, heure, vous les verrez becher dans les veihes
on en ecarte a jamais les revenants et les fan- d'or ou d'argent, amasser ce qu'ils auront be-
tomes. Bogiiet parle d'nne sorciere qui, pour che, el le meltre en des corbeilles et autres vais-
im cheval blesse, disait certains mots en forme seaux pour cet effet prepares, tourner la corde
d'oraison et plantait en terre un clou qu'elle ne et la poulie afin d'avertir ceux d'en haut de tirer
retirait jamais. Les Remains, pour chasser la le metal, et fort rarement voit-on qu'ils offensent
peste, fichaient un clou dans une pierre qui etait ne sont grandement provoques
les ouvriers, s'ils
au cote droit du temple de Jupiter ils en faisaient ; de brocards, injures et risees dont ils sont im-
autant contre les charmes et sortileges, et pour patients. Mors ils jetteront premierement de la
apaiser les discordes qui survenaient entre les terre et de petits cailloux aux yeux des pion-
citoyens. « 11 y en a pareillement qui, se voulant niers, et quelquefois les blesseront'. »
prevaloir contre leurs ennemis, plantent un clou
dans un arbre. Or, quelle force peut avoir ce
clou ainsi plante* ?

Clovis, fils II ne restait a


de CTiilperic I".
Chilperic que ce de sa premiere femme. Le
fils

jeune homme fut assez indiscret pour s'expliquer


sans menageraent sur Fredegonde qu'il regar- ,

dait comme son enneinie. Elle resolut de se de-


barrasser de lui. Clovis aimait une jeune fille de
basse extraction un emissaire de Fredegonde
;

vint dire au roi que c'etait la fille d'une magi-


cienne que Clovis avait employe les artifices de
;

cette femme pour se defaire de ses deux freres


(empoisonnes a ce qu'on croit) et qu'il tramait
, ,
Les Allemands appellent ces memes demons
la mort de la reine. La vieille femme, mise a la familiers Kohold. Voij. ce mot.

question, fut forcee d'avouer qu'elle etait sor- Coboli, genies ou demons reveres par les an-
ciere. Clovis, convaincu, se vit depouille de ses ciens Sarmates. lis croyaient que ces esprits ha-

riches vetements et conduit dans une prison ou ,


bitaient les parties les plus secretes des maisons,

des assassins le poignarderent si les historiens ,


et meme les fentes du bois. On leur offrait les

disent vrai et on fit accroire au monarque qu'il


;
mets les plus delicats. Lorsqu'ils avaient I'inten-
s'etait tue lui-meme. La magicienne, dont la fille tion de se fixer dans une habitation ils en pre- ,

venait aussi d'etre mise a mort, fut epouvantee venaient ainsi pere de famille la nuit ils as-
le :

de ses aveux qu'elle retracta mais on se hata ;


semblaient des tas de copeaux et repandaient de
,

de lui imposer silence en la conduisant au bu- la fienle de divers animaux dans les vases de

cher. C'est du moins ainsi que racontent les lait: gracieuses manieres de s'annoncer. Si le

choses des chroniqueurs peu favorables, il est lendemain le maitre de la maison laissait ces co-
vrai a Fredegonde ^
,
peaux en un tas, et faisait boire a sa famille le
Cluricaunes, esprits familiers un peu lutins lait ainsi souille alors les cobolis se rendaient
,

en Irlande. On en compte beaucoup d'histoires'. visibles et habilaient desormais avec lui mais ;

s'il dispersait les copeaux et jetait le lait, ils al-


Cobales, genies malins et trompeurs de la
suitede Bacchus, dont ils etaient a la fois les laient chercher un autre gite.

gardes et les bouffons. Selon Leloyer, les co- Les cobolis sont de I'essence des gobelins, des
bales,connus des Grecs, etaient des demons cobales du kobold des Allemands des boggards
, ,

doux et paisibles, nommes par quelques-uns et des cluricaunes.

bonhomets ou petits bonshommes des mon- Cocconas. Voij. Alexandre de Paphlagonie.


tagnes, parce qu'ils se raonlrent en vieux nains Cochon. Est-il vrai, comme le croit lepeuple,
de basse stature; ils sont vetus court, demi-nus,
la manche retroussee sur I'epaule, et portent un
tablier de cuir sur le§ reins,
"Cette sorte de demons est presentement assez
plaisante, car tantot vous les verrez rire, tantot
se gaudir, tantot sauter de joie, et faire mille
tours de singe ; ils contreferont et imiteront les
singes, et feront tant et plus les embesognes,
combien qu'ils ne fassent rien du tout. A cette
que de tous les animaux le cochon soit celui dont
Boguet, Discours des sorciers, ch. lx.
1
I'organisation ait le plus de ressemblance avec
2 Sur le roi Clovis P"", voyez ses legendes, dans
les Legendes de I'hisloire de France. ' Leloyer, Histoire et discours des spectres, etc.,
3 Voyez les Legendes des esprits et demons. Wierum, De
p. 345, post prast., lib. I, cap. xxii.
coc — 176 — COD
celle de I'homme? Sur ce poinL, dil M. Salgues, connaissant le sort qui le menaqait, il portait de-
on saurait inieux faire que de s'en rapporter
lie puis quelque temps une calotte de fer, el qu'il ne
a Cuvier. Or, void ce que lui out revele ses re- sortait qu'arme d'une epee a deux mains. On dit

cherches. L'estomac de rhomme et celui du co- encore que celui qui devait I'assassiner etant venu
clion n'oiit aucune ressemblance dans riiomnie, : le consulter peu auparavant, il lui predit qu'avant

ce viscere a la forme d'une cornemuse dans le ;


vingt-quatre heures il se rendrait coupable d'un
coclion, il dans I'homme, le foie
esl globuleux; meurtre. II est plus que probable que ces pro-
est divise en trois lobes; dans le cochon, il est pheties n'ont etc faites qu'apres coup.
divise en quatre dans I'liomme la rate est
: ,

courle et ramassee- dans le cochon, elle est lon-


gue et plale; dans Thomme, le canal intestinal
egale sept a huit fois la longueur du corps; dans
lecochon il egale quinze a dix-huit fois la meme
,

longueur. Son coeur presente des differences no-


tables aveccekii de pour
I'homme; et j'ajouterai,

la beaux esprils,
satisfaction des savants et des
que le volume de son cerveau est aussi beaucoup
moins considerable, ce qui prouve que ses fa-
cultes intellectuelles sont inferieures a celles de
nos academiciens.
II y aurait bien des choses a dire sur le cochon.

Le diable s'est soiivent montre sous sa figure; et


elle est digne de lui. On conte a Naples qu'au-
trefois il apparaissait souvent avec cetle forme Codes a ecrit sur la physiognomonie etla chi-
dans le lien meme
de Sainte-Marie-
oi^i I'eglisc romancie, mais son livre a subi des modifica-
Majeure a depuis ete batie, ce qui rejouissait peu tions. L'edition originale est : Physioynomonice ac
les Napolitains. Des que I'eglise fut commencee, rhiromancioe anastaus , sive compendium cx plu-
la singuliere apparition ne se montra plus. C'est pene Vifinilis auclo. thus, cum approhalione
ribiis ct

en memoire de cet evenement que I'eveque Pom- Alcxandri Achillini. Bologne, 150^, in-fol. La
ponius fit faire le pourceau de bronze qui est en- preface est d'Achillini.
core sur le portail de cette eglise. Cam^rarius Cocoto, demon succube, adore aux Indes oc-
raconte que, dans une ville d'Allemagne un juif , cidentales, et menlionne par Bodin
malade etant venu chez une vieille, et lui ayant Cocyte,run desfieuves de I'enfer desanciens.
demande du lait de femme, qu'il croyait proprc II entourait le Tartare, et n'etait forme que des
a le guerir , la sorciere s'avisa de traire une truie larmes des mediants.
et en porta le lait au juif, qui le but. Celaitcom- Code des sorciers. Boguet, qui avait tant de
mcuQant a operer, le juif s'aperc^'ut qu'il grogiiait zelc pour rextinclion de la sorcellerie, amis a
et devina la ruse de la sorciere, qui voulait sans la Ihi de son Discours des sorciers une instruction

doute luimetamorphose des com-


faire subir la pour un juge en fait de sorcellerie. Cette piece
pagnons d'Ulysse. du lait sans le
II jeta le resle curieuse, publiee en 1601 est divisee en quatre- ,

boire et incontinent tous les cochons du voisi-


, vingt-onze articles. On la connait plus generale-
nage moururent ment sous le litre de Code des sorciers. En voici
Codes (Barthelemy) chiromancien du sei- , le precis :

zieme siecle. II avait aussi des connaissances en Le juge du ressort instruit I'affaire et la juge,
asLrologie et en physiognomonie. II predit a Luc sans suivre en cas pareil les formes ordinaires.
Gauric, celebre astrologue du meme temps, qu'il La presomption de sorcellerie suffil pour faire ar-

une peine douloureuse etin-


subirait iiijustement reier le suspect; I'inlerrogatoire doit suivre I'ar-
famante; et Luc Gauric fut en effet condamne au restation, parce que le diable assiste les sorciers
supplice de I'estrapade par Jean Bentivoglio, en prison. Le juge doit faire altenlion a la conte-
tyran de Bologne, dentil avait pronostique I'ex- nance de I'accuse, voir s'il ne jette point delarmes,
pulsion prochaine. s'il regarde a terre, s'il barbole a part, s'il blas-
Codes prophetisa qu'il serait lui-meme as- pheme ; tout cela est indice.
sassine, et qu'il perirait d'un coup sur la tete. Souvent la honte empeche le sorcier d'avouer;
Son horoscope s'accomplit ponctuellement, car c'est pourquoi il est bon que le juge soit seul, et
Hermes de Bentivoglio fils du tyran ayant , ,
que le greOTier soit cache pour ecrire les reponses.
appris qu'il se melait aussi de predire sa chute, Si le sorcier a devant lui un compagnon du sab-
le assassiner par un brigand nomme Caponi,
fit bat, il se trouble. On doit le raser, afin de mettre
le 2h septembre 1504 ^ On assure meme que, a decouvert le sort de taciturnite. II faut le visiter
* Camerarius, De nat. el affect, dcemon., inprooemio. avec un chirurgien pour chercher les marques.
2 M. Salgues, Des erreurs et des prejuges. ' Demonomanie, liv. II, ch. vii.
COD — 177 — COL
Si I'accuse n'avoue pas il faut le mettre dans , quoique la pointe s'etende vers la circonference
une dure prison et avoir gens affides qui tirent du cadran.
de lui la verite. II y a des juges qui veulentqu'on Nous rappellerons que quelques hommes ont
promette le pardon, et qui ne laissent pas de eu le coeur velu. Voy. Aristomene.
passer a I'execution mais cette coutume me pa-
; Cohoba herbe dont les vapeurs enivraient
,

rait barbare. les Indiens d'Hispaniola jusqu'a les plonger dans


Le juge doit eviter la torture, elle ne fait rien I'extase.
sur le sorcier; neanmoins il est permis d'en Coiffe. On s'est forme differentes idees sur la
user. membrane appelee cOiffe, qui couvre quelquefois
Si le prevenu se trouve saisi de graisses, si le la tele des enfants lorsqu'ils sorlent du sein de

bruit public I'accuse de sorcellerie , ce sont de leur mere. Les personnes superstilieuses la con-
grandes presomptions qu'il est sorcier. Les in- servent avec soin, comme un moyen de bon-
dices legers sont les variations dans lesreponses, heur, et on dit d'un homme heureux qu'il est ne
les yeux fixes en terre , le regard effare. Les in- coiffe. On a meme
avance que cette coiffe etend
dices graves sont la naissance, comme si, par ses effets favorables j usque sur ceux qui ia por-
example, prevenu est enfant de sorcier, s'il
le '
tent avec eux. Spartien parle de celle superstition
est marque s'il blaspheme. Le fils en tel cas
, dans la vie d'Antonin. II dit que les sages-femmes
est admis a deposer contre son pere. Les te- vendaient ordinairement ces coiffes naturelles a
mo ins reprochablesdoi vent etre entendus comme des jurisconsultes credules, qui en attendaient
les autres; on doit aussi entendre les enfants. d'heureux resultats pour leurs affaires. lis etaient
Les variations dans les reponses du temoin ne persuades que ce talisman leurferaitgagner toutes
peuvent faire presumer en faveur de I'innocence les causes On se le disputait chez nous au
du prevenu, si tout I'accuse d'etre sorcier. seizieme siecle. Dans quelques provinces on ,

La peine est le supplice du feu on doit etran- : croyait que la coiffe revelail une vocation a la vie
gler les sorciers et les bruler apres; les loups- monastique ^ Les sages-femraes predisaient aussi
garous doivent etre brules vifs. On condamne jus- chez nos peres le sort de I'enfant qui apportait
tement sur des conjectures et presomptions mais ;
la coiffe sur la tete. Voy. Amniomancie. Avant
alorson ne brule pas, on pend. Le juge doit as- qufe I'erapereur Macrin montat sur le trone, sa
sister aux executions, suivi de son greffier, pour femme lui donna un fils qui naquit coiffe. On
recueillir les depositions... predit qu'il s'eleverait au rang supreme, et on le
Ce chef-d'oeuvre de jurisprudence et d'huma- surnorama Diadematus. Mais quand Macrin fut
nite, ouvrage d'un avocat, regut dans le temps tue il arriva de Diadematus qu'il fut proscrit et
,

les suffrages des barreaux frangais. Boguet le dedia lue comme son pere.
a Daniel Romanez, avocat a Salins'. Coirieres (Claude) sorciere du seizieme sie-,

Codronchi (Baptiste) medecin d'Imola au , ,


cle. Pendant qu'elle etait detenue en prison elle ,

seizieme siecle. II a laisse un traite des annees donna une certaine graisse a un nomme Frangois
climateriques de la maniere d'en eviter le dan-
,
Gaillard, pareillement prisonnier, lequel, s'en
ger, et des moyens d'allongersa vie ^. etant frotte les mains , fut enleve de sa prison
Ccfilicoles, secte juive qui adoraitles astres et par I'assistance du diable , qui toutefois le laissa
lesanges gardiens des astres. reprendre ^
CcBur. Des raisonneurs modernes ont critique Colarbase ,
heretique valentinien ,
qui pre-
ce qui est dit dans V Ecclesiaste , que le cceur du chait la cabale et I'astrologie comme sciences re-
sage est au cole droit, et celui de I'insense au ligieuses. II etait disciple de Valentin. II disait que

cote gauche. Mais il faut entendre cette maxime la generation et la vie des hommes dependaient
comme le mot de Jonas a propos de ceux des des sept planetes, et que toute la perfection et la

Ninivites qui ne savaient pas faire la difference plenitude de la verite etait dans I'alphabet grec,
entre leur main droite et leur gauche, c'est-a-dire puisque Jesus -Christ etait nomme Alpha et

entre lebien et le mal. Que le coeur de I'homme Omega


soit situe au cole gauche de la poitrine, c'est un Colas (Antide) , sorciere du seizieme sifecle,

sentiment qui, a la rigueur, peut etre refute par qui, faisant commerce avec le diable, qu'elle
inspection seule dit le docteur Brovi^n car il
, ;
nommait Lizabet, fut apprehendee et mise en
est evident que la base et le centre du coeur sont prison sur I'avis de Nicolas Milliere, chirurgien.
exactement places au milieu. La pointe, a la ve- Elle confessa qu'etant detenue a Betoncourt, le

rite, incline ducole gauche; mais on dit de I'ai- diable s'etait apparu a elle en forme d'homme
guille d'un cadran qu'elle est situee au centre, noir et I'avait sollicilee a se jeter par une fenetre
ou bien a se pendre ; une autre voix Ten avait
1 M. Jules Garinet Histoire de , la magie en France,
p. 320. * Brown, Bes err eurs populaires, t. II, p. 88.
2 De annis climatericis, nec non de ratione vitandi 2 Salgues, Des err eurs et des prejuges.
eorum pericula, itemque de modis vitam producendi 3 Boguet, Discours des sorciers, ch. Lii, p. 327.
commentarius, In-S". Bologne, 4 620. * Bergier, Dictionnaire theologique. .

12
COL — 178 — COM
dissuadee. Convaincue d'etre sorciere, mais aussi soigneusement elles repondaient d'une voix hu-
;

d'avoir commis beaucoup de turpitudes, cette maine lorsqu'elles elaient consultees. Mais on lit
femme fat brCilee a Dole en 1599 * ; et c'est ainsi dans Pausanias que c'etaient des femmes pre-
que se terminent ordinairement les histoires ra- tresses qu'on appelait colombes dodoniennes. Les

contees par Boguet.


Colere bien des gens ont ele possedes plus
,

ou moins grievement dans un acces de colere.


Coleti (Etienne), auteur d'un livre intitule
Manure de reconnaitre et de dclivrer les energu-
menes ^.

Coley (Henry), astrologue anglais, mort en


1690. On a de lui la Clef des elements de I'astro-
logie. Londres, 1675, in-8°. C'est un traite com-

plet de cette science fantastique. On y trouve


Perses, persuades que le soleil avait en horreur
I'artde dresser toutes sortes de themes d'horos-
les colombes blanches, les regardaient comme
copes, avec des exemples de nalivites calculees.
des oiseaux de mauvais augure, et n'en souf-
Collanges (Gabriel de),mathemaiicien, ne en
fraient point dans leur pays.
Auvergne en 152/j. II n'employa ses connais-
Colma, chateau fort sur le Danube, qui, se-
sances qu'a la recherche des secrets de la cabale
lon la tradition, est sorti de terre tout construit,
et des nombres. II est traducteur de la Polygra-
par une puissance magique comme autrefois ,

phie et universe.lle ccriture cabalistique de Tri-


dans la mythologie grecque Pegase sous le pied
theme, Paris, 1561, in-k"- On cite plusieurs ou-
de Minerve. Des savants disent qu'en realite il a
vrages de lui, dent aucun n'a ete imprime, non
ete bati en une nuit par la puissante armee sar-
plus que sa version de la Philosophie occultc
mate du roi Deucaos.
d'Agrippa. II a laisse en manuscrit un TraiU de
I'heur et mal/ieur du mariage.
Collehites, pierre que Ton assure etre propre
a chasser les demons et a prevenir les charmes ';
mais on aurait du la designer.
Colleman (Jean), astrologue, ne a Orleans;
le roiCharles VII en faisait grand cas. Louis XI,
dit-on, lui donna des pensions, parce qu'il lui
apprit a supputer des almanachs. On dit que
Colleman etudiait si assidumenl le cours de la

lune, qu'a force d'application il en devint le-

preux
Collyre. On voit dans la Lycanthropie de
Nynauld qu'un sorcier composait un certain col-
lyre avec le fiel d'un homme, les yeux d'un chat
noir et quelques autres choses que I'ecrivain ne Ruincs de Colm:i.
nomme pas « lequel collyre applique aux yeux
;

faisait voir et apparaitre en I'air ou ailleurs les


Colonne du diable. On conserve a Prague
trois pierres d'une colonne que le diable apporta
ombres des demons. »
Colokyntho-Pirates, pirates nains fabuleux, de Rome pour ecraser un pretre avec lequel il
avait fait pacte, et Ic tuer pendant qu'il disait la
qui dans I'histoire veritable de Lucien
, navi- ,

messe. Mais saint Pierre, s'il faut en cruire la le-


guaient sur de grandes citrouilles ou coloquintes,
gende populaire , elant survenu jeta trois fois
longues de six coudees (trois metres). Lors- ,

de suite le diable et sa colonne dans la mer, et


qu'elles elaient seches, ils les creusaient; les
cette diversion donna au pretre le temps de se
grains leur servaient de pierres dans les combats,
repentir. Le diable en fut si desole qu'il rompit
et les feuilles de voiles, qu'ils altachaient a un
la colonne et se sauva
mat de roseau.
Coltreni, lutins italiens, de I'espece de nos
Colombes. y avait dans le temple de Ju-
11
Gobelins.
piter, a Dodone, des colombes que Ton gardait
Combadaxus, divinite dorniante des Japo-
nais. C'etait un bonze dont ils racontent I'anec-
1Boguet, Discours des sorciers, ch. xiii, p. 323.
dote suivante. « A huit ans il fit conslruire un
2Energumenos dignoscendi et liberandi ratio. Ve-
rone, 1746. temple magnifique, et, pretendant etre las de la
Delancre, Tablea:'. del'inconst. des demons, etc., vie il annonca qu'il
, voulait se retirer dans une
liv. IV, p. 297.
caverne et y dormir dix mille ans : en conse-
* Ancien manuscrit de la bibliotheque royale. Voyez
Joly, Remarques sur Bayle, a la fin. ^ Voyages du docteur Patin.
,

COM — 179 — COM


qnence il y entra; Tissue fut scellee sur-le- rendent I'air plus subtil et moins dense dit-il ,

chnmp. Les Japonais le croient encore vivant. » en I'echauffant plus qu'a I'ordinaire les per- :

Combourg. « Les gens etaient persuades (au sonnes qui vivent au sein de la mollesse, qui ne
sombre chateau de Combourg, en Brelagne) donnent aucun exercice a leur corps, qui se
qu'un certain comte de Combourg, a jambe de nourrissent trop delicatement, qui sont d'une
bois, mort depuis trois siecles, apparaissait a sante faible, d'un age avance et d'un sommeil
certaines epoqnes et qu'on I'avait rencontre
, peu tranquille, souffrent dans un air moins
dans I'escalier de la tourelle. Sa jambe de bois anime et meurent souvent par excesde faiblesse.
se promenait aussi quelquefois, seule, avec un Cela arrive plutot aux princes qu'a d'autres, a
chat noir ^ » cause du genre de vie qu'ils menent; et il suffit
Comediens. « 11 serait bon comme dit Bo- , que la superstition ou I'ignorance aient attache
giiet de chasser nos comediens et nos jongleurs,
, aux cometes un pouvoir funeste pour qu'on re-
attendu qu'ils sont pour la plupart sorciers el marque, quand elles paraissent, des accidents
i raagiciens, n'ayant d'aulre but que de vider nos qui eussent ete fort naturels en tout autre temps.
j
bourses et de nous debaucher. « Boguet n'est — On ne devrait pas non plus s'etonner de voir
pas tout a fait dans son tort. a leur suite
la secheresse et la peste, puisqu'elles

Comenius (Jean-Amos), philologue du dix- dessechent Fair et ne lui laissent pas la force
septieme siecle. II a laisse la Ltimiere dans les. d'empecher les exhalaisons pestiferees. Enlin les
tenebres , Hollande
1657, m-h"; idem, aug-
,
cometes produisent les seditions et les guerres
mentee de nouveaux rayons, 1665, 2 vol. in-k", en echauffant le coeur de I'homme et en chan-
fig. C'est une traduction latine des pretendues geant les humeurs en bile noire. » On a dit de
-propheties et visions de Kolter, de Dabricius et Cardan qu'il avait deux ames, I'une qui disait
de Christine Poniatowska, habiies gens que nous des choses raisonnables, I'autre qui ne savait
ne connaissons point. que deraisonner. Apres avoir parle comme on
Cometes. On a toujours vu dans les cometes vient de voir, I'astrologue retombe dans ses vi-
les signes avant-coureurs des plus tristes cala- sions. Quand une comete parait aupres de Sa-
mites. Due com^te parut quandjXerxes vint en turne, dit-il, elle presage la peste, la mort des
souverains pontifes et les revolution? dans les
gouvernements; aupres de Mars, les guerres;
aupres du soleil de grandes calamites sur tout
,

le globe; aupres de
la lune, des inondations et

quelquefois des secheresses; aupres de Venus,


la mort des princes et des nobles; aupres de

Mercure, divers malheurs en fort grand nombrc.


Wiston a fait de grands calculs algebriques
pour demontrer que les eaux extraordinaires du
deluge furent amenees par une comete, et que
Europe avoc dix-liuil cent niille hommes (nous quand Dieu decidera la fin du monde ce sera ,

ne les avons pas comptes); elle predisait la de- une comete qui le brulera...,
faite de Salamine. 11 en parut une avant la guerre Comiers (Claude), docteur en theologie,
du Peloponnese; une avant la defaite des Athe- mort en 1693. 11 est auleur d'un TraiU de pro-
niens en Sicile une avant la victoire que les
; pheties, vaticinations , predictions et prognosti-
Thebains remporterent sur les Lacedemoniens; cations. II a ecrit aussi sur la baguette divina-
une quand Philippe vainquit les Atheniens; une toire et sur les sibylles.
avant la prise de Carthage par Scipion une ;
Communisme, le peche ori-
doctrine qui nie
avant la guerre civile de Cesar et de Pompee; ginel, et par consequent demons; qui de-
les
une a la mort de Cesar; une a la prise de Jeru- clare, d'apres Jean-Jacques Rousseau, I'homme ne
salem par Titus; une avant la dispersion de parfait; qui met tout en commun, qui donne a
I'empire romain par les Goths; une avant I'in- I'homme et a la femme tous les droits. C'est le
vasion de Mahomet, etc.; une enfin avant la resume d'une foule d'heresies et le precede le
chute du premier Empire. plus sur pour ramener I'homme a I'etat sauvage.
Tous les peuples regardent egalement les co- Les apotactiles, les bezards, les vaudois, les
metes comme un mauvais presage cependant, ; hussites et une foule d'autres secies ont preche
si le presage est funeste pour les uns il est heu- ,
cette doctrine sans pouvoir I'etablir.
reux pour les autres, puisque enaccablant ceux- Compitales, fetes des dieux lares ou lulins
ci d'une grande defaite, il donne a ceux-la une du foyer, chez les anciens Remains. On leur sa-
grande victoire. criiiait, dans I'origine, des enfanls, auxquels
Cardan explique ainsi les causes de I'influence Brutus substitua des tetes de pavots.
des cometes sur I'economie du globe. « Elles Comtes de I'enfer, demons d'un ordre su-
' Chateaubriand , Memoires , tome 1='. perieur dans la hierarchie infernale, et quicom-
12.
.

CON — 180 — CON


mandent de nombreuses legions. On les evoque mot et nomment conjuration leurs sortileges

a toute heure dii jour, pourvu que ce soil dans impies. Dans ce sens la conjuration est un com-

un lieu sauvage que les homines n'aienl pas cou- pose de paroles souvent sacrileges et de cere-
tume de frequenter monies delestables ou absurdes, adoptees par
Conclamation, ceremonie romaine du temps les sorciers pour evoquer les demons.

du paganisme. Elle consistait a appeler a grands


cris I'individu qui venait de mourir, afm d'ar-
reter I'ame fugitive et de lui indiquer son che-
min ou de la reveiller si elle etait encore Irop
attacliee au corps.
Conde. On lit dans une lettre de madame de
Sevigne au president du Monceau que, trois se-
maines avant la morl du grand Conde, pendant
qu'on I'attendait a Fontainebleau M. de Ver-,

nillon, I'un de ses gentilshommes, revenanl de


la chasse sur les Irois heures, et approchant du

chateau de Chantilly (sejour ordinaire du prince),


vil, a une fenetre de son cabinet, un fantome
revelu d'une armure qui semblait garder un
homme enseveli il descendit de cheval et s'ap-
;
Conjuration des sorciires.
procha, le voyant toujours; son valet vit la
meme chose et Ten avertit. lis demanderent la On commence par se placer dans le cercle

clef du cabinet au concierge mais ils en trou-


;
magique {Voy. Cercle) ;
puis on recite les for-
verent les fenetres fermees et un silence qui mules. Voici quelque idee de ces precedes. Nous
n'avait pas ete trouble depuis six mois. On conta les empruntons aux Grimoires.
cela au prince, qui en fut un peu frappe, qui Conjuration universelle pour les esprits. « Moi —
s'en moqua cependant ou parut s'en moquer; (on se nomme), je te conjure, esprit (on nomme
mais tout le monde sut cette histoire et tremola I'esprit qu'on veut evoquer), au nom du grand
pour ce prince, qui mourut trois semaines apres. .
Dieu vivant, de m'apparaitre en telle forme (on
Condormants, sectaires qui parurent en Alle- I'indique); sinon saint Michel archange, in-
magne au treizieme et au seizieme siecle, et qui visible, te foudroiera dans le plus profond des
durent leur nom a I'usage qu'ils avaient de cou- enfers; viens done (on nomine I'esprit), viens,
cher tous ensemble, sous prelexte de charite. lis viens, viens pour faire ma volonte. »
adoraient une image de Lucifer et ils en tiraient Conjuration d'un livre magique. « Je vous —
des oracles, dans un bois voisin de Cologne. Les conjure et ordonne, esprits tous et autant que (

recits conlemporains nous apprennent qu'un vous etes de recevoir ce livre en bonne part
, ,
.

pretre ayant apporte dans cette assemblee la afin que toutes que nous lironsledit livre,
les fois
sainte Eucharistie, I'idole se brisa en mille pieces. ou qu'on le lira etant approuve et reconnu etre
Conferentes dieux des anciens dont parle
, en forme et en valeur, vous ayez a paraitre en
Arnobe et qui etaient dit Leloyer, des demons
, , belle forme humaine lorsqu'on vous appellera,
incubes. selon que le lecteur le jugera, dans toutes cir-
Confucius. On sait que ce philosophe est re- constances. Je vous conjure de venir aussitot
vere comme un dieu a la Chine. On lui offre sur- la conjuration faite, afin d'executer sans retar-
tout en sacrifice de la soie dont les restes sont dement tout ce qui est ecrit et mentionne en
distribues aux jeunes filles, dans la persuasion son lieu dans cedit livre vous obeirez vous : ,

ou Ton est que, tanl qu'elles conservent ces pre- servirez enseignerez
,
donnerez ferez tout ce
, ,

cieuses amuleltes, elles sont a I'abri de tous dan- qui est en votre puissance en utilite de ceux ,

gers. qui vous ordonneront, le tout sans illusion.— Et


Conjurateurs, magiciens qui s'attribuent le si par hasard quelqu'un des esprits appeles
pouvoir de conjurer les demons et les tempetes. parmi vous ne pouvait venir ou paraitre lors-
Conjuration, exorcismes, paroles et cere- qu'il serait requis, il sera tenu d'en envoyer
monies par lesquelles on chasse les demons. d'autres revetus de son pouvoir, qui jureront
Dans I'Eglise romaine, pour faire sortir le demon solennellement d'executer tout ce que le lecteur
du corps des possedes, on emploie certaines for- pourra demander, en vous conjurant tous par
mules ou exorcismes, des aspersions d'eau be- les tres-saints noms du tout-puissant Dieu vi-

nite, des prieres et des ceremonies insliluees a vant, etc ))

ce dessein 'K — Les personnes superstilieuses et Conjuration des demons. — « Alerte , venez
crimiuelles qui s'occupent de magie abusent du tous, esprits. Par la vertu et pouvoir de votre
le

Pseudomonarchia daemon. roi, et par les sept couronnes et chaines de vos


* Wierus, in
2 Bergier, Diclionnaire theologiquc. rois , tous esprits des enfers sont obliges d'ap-
; «,

CON — 181 — CON


paraitre a moi devant ce cercle quand je les ,
! tera la conjuration suivante : « Je te conjure,
appellerai. Venez tous a mes ordres pour faire Nabam , au nom de Satan au nom de Belz6buth,
,

tout ce qui est en votre pouvoir, etant reconi- au nom d' Astaroth et au nom de tous les es-
mandes venez done de I'orient, midi, Occident
; prits, etc. »
et septentrion; je vous conjure et ordonne, par Pour le dimanche, a Aquiel. Cette experience
la vertu et puissance de celui qui est Dieu , etc. » se fait la nuit, de minuit aune heure; il deman-
Conjuration pour chaque jour de la semaine. — dera un poil de votre tete il lui faut donner un ;

Pour le lundi a Lucifer. Cette experience se , poil de renard; il le prendra. On ecrira dans le
fait souvent depuis onze heures jusqu'a douze, cercle Viens Aquiel viens Aquiel viens
: <(
,
;
, ;

et depuis trois heures jusqu'a quatre. II faudra Aquiel. » Ensuite on recitera la conjuration sui-
du charbon, de la craie benite pour faire le vante : « Je te conjure, Aquiel, par tous les
cercle, autour duquel on ecrira « Je te defends, : noms ecrits dans ce livre ,
que sans ddlai tu sois
Lucifer, par le nom que tu crains d'entrer dans , ici tout pret a m'obeir, etc. »
ce cercle. » Ensuite on recite la formula sui- Conjuration tres -forte, pour tous les jours et d
vante « Je te conjure, Lucifer, par les noms
: toute heure dujour et de la pour les trSsors
nuit,
ineffables On, Alpha, Ya, Rey, Sol, Messias, caches tant par les hommes que par les esprits. —
Ingodum, que tu aies a faire, sans me
etc., (( vous commande, demons qui residez en ces
Je
nuire (on designe sa demande). » lieux, ou en quelque partie du monde que vous
Pour le mardi a Nambroth. Celts experience , soyez, et quelque puissance qui vous ait ete don-
se fait la nuit ,
depuis neuf heures jusqu'a dix nee de Dieu et des saints anges sur ce lieu merae,
on doit donner a Nambroth la premiere pierre je vous envoie au plus profond des abimes infer-
que Ton trouve, pour etre regu de lui en dignite naux. Ainsi, allez tous, maudits esprits et dam-
et honneur. On procedera de la fagon du lundi; nes, au feu eternel qui vous est prepare et a tous
on fera un cercle autour duquel on ecrira :
vos compagnons. Si vous m'eles rebelles et des-
« Obeis-moi, Nambroth, obeis-moi, par le nom obeissants, je vous contrains et commande par
que tu crains. On rdcite a la suite cette for->>
toutes les puissances de vos superieurs demons
mule Je te conjure, Nambroth, et te com-
: (( de venir, obeir et repondre positivement a ce
mande par tous les noms par lesquels tu peux que je vous ordonnerai au nom de J.-C, etc.
etre contraint et lie de faire telle chose. » Voy. Pierre d'Apone, etc.
Pour le mercredi, a Astaroth. Cette experience Nous n'avons fait qu'indiquer ces stupidites
se fait la nuit, depuis dix heures jusqu'a onze; inconcevables. Les commentaires sont inu tiles.
on le conjure pour avoir les bonnes graces du Voy. Evocations.
prince et des autres. On ecrira dans le cercle :
Conjureurs de tempetes. Les marins su-
<( Viens Astaroth viens Astaroth viens As-
, ; , ; , perstitieux donnent ce nom a certains etres, ma-
taroth » ensuite on recitera cette formule
; « Je :
rins comme eux, mais en commerce avec le
te conjure, Astaroth, mechant esprit, par les diable de qui ils obtiennent le pouvoir de com-
,

paroles et les vertus de Dieu, etc. » mander aux vents. Ce pouvoir reside dans un
Pour le jeudi, a Acham. Cette experience se anneau de fer qu'ils portent au petit doigt de la
'

fait la nuit, de trois heures a quatre; il parait main droite, et il les soumet a certaines condi-
en forme de roi. II faut lui donner un morceau tions, comme
de faire des voyages qui ne depas-
de pain lorsqu'on veut qu'il parte. On ecrira au- sent pasun mois lunaire,de n'etre jamais a terre
tour du cercle : « Par le Dieu saint — , Nasim, plus de trois jours. Si ces conditions n'ont pas
7, 7, H. M. A. ; » ensuite on recitera la formule ete observees, on n'apaise J'esprit maitre de
'

qui suit : « Je te conjure , Acham ;


je te com- I'anneau qu'en luttant avec lui ce qui est pe- ,

mande par tous les royaumes de Dieu, agis, je rilleux, ou en jetant un homme a la mer.
t' adjure , etc. » Constantin. Tout le monde sait que, frappe
\
Pour le vendredi, a Bechet. Cette experience de I'apparition d'une croix miraculeuse et de
se fait la nuit, de onze heures a douze; il lui I'avis qui lui etait donne qu'il vaincrait par ce
faut donner une noix. On ecrira dans le cercle : signe Constantin le Grand se convertit et mit la
,

I
((
"Viens, Bechet; viens, Bechet viens, Bechet; » ; croix sur ses etendards.
'
i
et ensuite on dira cette conjuration « Je te con- : Jusqu'au seizieme siecle, aucun ecrivain n'a-
jure, Bechet, et te contrains de venir a moi je ; vait attaque la vision de Constantin; tous les
te conjure derechef de faire au plus tot ce que je monuments contemporains altestent ce miracle.
veux qui est etc. »
, , Mais les proteslants ,
voyant qu'il pouvait servir
Pour le samedi, a Nabam. Cette experience se a autoriser le culte de la croix, ont entrepris
fait de nuit, de onze heures a douze, et sitot d'en faire une ruse rnilitaire Les philosophes
qu'il parait il faut lui donner du pain brule et lui du dernier siecle n'ont pas manque de copier
demander ce qui lui fait plaisir. On ecrira dans leurs deraisonnements.
son cercle : « N'entre pas Nabam; n'entre pas,
, J.-B. Duvoisin, eveque de Nantes, et I'abbe
Nabam; n'entre pas Nabam » et puis on reci-
; de I'Estocq, docteurs en Sorbonne, ont public
: »,
,

CON ~ 182 — CON


des dissertations sur la vision de Constantin qui ,
Ton dit que nos campagnes sont en progres, de-
a au moins cela pour elle qu'elle n'a ete con- puis qu'on y lit des journaux demolisseurs.

testee qu'apres plus de douze siecles par des Convulsions. Au neuvieme siecle, des per-
gens inleresses a tout nier. sonnes suspectes deposerent dans une eglise de
« Combien de remarques ne pourrait-on pas Dijon des reliques qu'elles avaient , disaient-elles
ajouter, dit Lenglet-Dufresnoy dans son Traite apportees de Rome, el qui elaient d'un saint dont
On peul voir ce qa'ont dit de celle-ci
des visions. elles avaient oublie le nom. L'eveque Theobald
le savant pere Pagi sur Baronius, et Tillemont refusa de recevoir ces reliques sur une allegation
dans son histoire. Ces temoignages rendus a la aussi vague. Neanmoins, elles faisaient des pro-
verite par de tels ecrivains doivent I'eniporter sur diges. Ces prodiges elaient des convulsions dans
les doutes des critiques a qui rien ne plait que ceux qui venaient les reverer. L'opposition de
ce qui part de leur incrddule imagination. Vo- l'eveque fit bientot de ces convulsions une epide-
lonliers pour se distinguer du commun, ils adop- mie les femmes surtout s'empressaient de leur
;

tent des fables qui peuvent prejudicier a quelque donner de la vogue. Theobald consulta Amolon
doctrine gendralement avouee mais ils se gar- ; archeveque de Lyon dont il etait sulfragant. ,

dent bien de croire des points d'histoire, appuyes (( Proscrivez, lui repondit l'eveque, ces fictions
sur les preuves coinmunenient regues dans la infernales, ces hideuses merveilles, qui ne peu-
discussion des faits historiques. » vent elre que des prediges et des impostures.
Constantin Copronyme ,
empereur icono- Vit-on jamais, aux tombeaux des martyrs, ces
claste de Constantinople. II elait, dit-on, magi- funestes prodiges qui , loin de guerir les malades,
cien; il conjurait habileinent les demons, ditLe- font souffrir les corps et troublent les esprits?. ..

loyer ; il evoquait les morts et faisait des sacri- Celte espece de manie fanatique se renouvela
fices dotestables et invocations du diable. 11 mou- quelquefois ; elle fit grand bruit au commence-

rul d'un feu qui le saisit par tout le corps, el ment du dix-huitieme siecle; et on prit encore
dont la violence elait telle qu'il ne faisait que pour des miracles les convulsions, les conlor-
crier*. sions et les grimaces d'une foule d'insenses. Les
Constellations. I! y en a douze, qui sont les gens melancoliques et atrabilaires ont beaucoup
douze signes du zodiaque et que les astrologues
,

appellent les douze maisons du soleil savoir le , :

belier, le taureau, les gemeaux, I'ecrevisse, le


lion, la vierge, la balance, le scorpion, le sagil-
laire, le capricorne, le verseau et les poissons.
On les designe tres-bien dans ces deux vers tech-
niques, que tout le monde connail

Sunt aries, taurus, geinini, cancer, leo, viigo,


Libraque, scorpius, arcitenens, caper, anipliora, pisces.

On dit la bonne aventure par le moyen de ces


constellations. Voy. Horoscopes et Astrologie.
Contre - Charmes charmes qu'on emploie
,

pour detruire I'effet d'autres charmes. Quand les


charmeurs operent sur des animaux ensorceles,
ils font des jets de sel prepares dans une ecuelle

avec du sang tire d'un des animaux maleficies.


Ensuite ils recilent pendant neuf jours certaines
formules. Voy. Gratianne, Amulettes, Sort,
Convulsioniiaiics du cimclieie Sainl-Medard.
Mal^fices, Ligatures, etc,
Contre -Sorciers, nom que prennent des de dispositions a ces jongleries. Si, dans le temps
charlatans d'un genre special ,
qui se donnent surtout ou leur esprit est derange, ils s'appli-
pour maitres en fait de sorcellerie et se presen- quent a rever fortement, ils linissent toujours
tent comme ayant le pouvoir d'aneantir les ma- par tomber en extase, et se persuadent qu'ils
lehces. Deux hommes de ce genre ont exploite peuvent ainsi prophetiser. Celle maladie se com-
tout recemment une commune de I'Aube ou ils munique aux esprits faibles, et le corps s'en res-
prelendaient que I'epizootie qui y regnait n'etait sent. De la vient, ajoule Brueys', que, dans le
qu'un ensorcellement. Ils ne guerirent aucune fort de leurs acces, les convulsionnaires se jeltent
bete et tirerent des bonnes gens beaucoup d'ecus. par terre, ou ils demeurent quelquefois assoupis.
Le tribunal d'Arcis-sur-Aube les a conclamnes a D'autres fois, ils s'agitent extraordinairement; et
dix-huit mois de prison, le 3 juillel 1857. Et — c'est en ces differents elats qu'on les enlend par-
ler d'une voix etouffee et debitor toutes les
1 Leloyer, Hisloire des spectres et des apparitions
des esprits, liv. IV, ch vi, p. 302. 1 Preface de VHisloire du fanatisine.
: , ; ,

COP — 18 3 — COR
extravagances dont leur folle imagination est turnes, les sorciers, instruits par le diable, ont
remplie. Tout le monde a entendu parler des soin de lui frotter la tele et le front d'huile d'olive,
convulsions et des merveilles absurdes qui eurent ou de lui mettre au cou un collier de sarment.
lieu, dans la capitale de la Finance, siir le tom- Beaucoup d'idees superstitieuses se rattachenta
beau du diacre Paris, homme inconnu pendant cet oiseau, symbole du courage et de la vigilance,
sa vie, et trop celebre apres sa mort'. La fre- vieil embleme des Gaulois. On dit qu'un jour

nesie fanatique alia si loin ,


que le gouvernement Vitellius rendant la justice a Vienne en Dauphine,

fut oblige, en 1732 de fermer, le cimetiere Saint- un coq vint se percher sur son epaule ses de- ;

I Medard, oii Paris etait enterre, Sur quoi un plai- vins deciderent aussitot que I'empereur tombe-
saut fit ces deux vers rait surement sous un Gaulois; et, en effet, il fut
vaincu par un Gaulois de Toulouse.
De par le roi defense a Dieu ,
On devinait les choses futures par le moyen
D'operer miracle en ce lieu,
du coq. Voy. Alectryomancie. On dit aussi qu'il
Des lors les convulsionnaires tinrent leurs se forme dans I'estomac des coqs une pierre
seances dans des lieux particuliers et se don- qu'on nomme pierre alectorienne, du nom grec
nerent en spectacle certains jours du inois. On de I'animal. Les anciens accordaienta cette pierre
accourait pour les voir, et leur reputation sur- la propriete de donner le courage et la force :

passa bientot celle des bohemiens ;


puis elle c'est a sa vertu qu'ils attribuaient la force pro-
tomba tuee par I'exces et le ridicule.
, digieuse de Milon de Crotone. On lui supposait
Copernic, astronome celebre, mort en 15/|3. encore don d'enrichir, et quelques-uns la re-
le

On dit communement que son sysleme fut con- gardaient comme un philtre qui moderait la soif.
damne par la cour de Rome : ce qui est faux et On pensait autrefois qu'il y avail dans le coq des
controuve. II vivait a Rome d'un bon canonicat vertus propres a la sorcellerie. On disait qu'avant

et y professait librement I'astronoraie. Mais voyez d'executer ses Leonora Galigai ne


malefices,
a ce sujet Tarticle Galilei:. mangeait que des cretes de coq et des rognons
Coq. Le coq a, dit-on, le pouvoir de mettre de belier qu'elle avait fait charmer. On voit dans
en fuite les puissances infernales ; et comme on les accusations portees centre elle qu'elle sacri-
a remarque que le demon qu'on ,
appelle le lion fiait des coqs aux demons*.
d'enfer, disparait des qu'il voit ou entend le coq, Certains juifs, la veille du chipur ou jour du
on a repandu aussi cette opinion que le chant ou pardon, chargent de leurs peches un coq blanc
la vue du coq epouvante et fait fuir le lion. C'est qu'ils elranglent ensuite, qu'ils font rotir, que
du moins le sentiment de Pierre Delancre. « Mais personne ne veut manger, et dont ils exposent
il faut repondre a ces savants, dit M. Salgues^ les entrailles sur le toit de leur maison. On sacri-
que nous avons des lions dans nos menageries fiait, dans certaines localites superstitieuses, un

qu'on leur a presente des coqs ;


que ces coqs ont coq a saint Ghristophe pour en obtenir des gue-
,

chanle, et qu'au lieu d'en avoir peur, les lions risons. On croyait enfin que les coqs pondaient
n'ont temoigne que le desir de croquer I'oiseau des oeufs et que ces oeufs etant maudits il en
, , ,

chanteur; que toutes les fois qu'on a mis un coq sortait un serpent ou un basilic. « Cette supers-
dans la cage d'un lion, loin que le coq ait lue le tition fut tres-repandue en Suisse ; et dans une
lion , c'est au contraire le lion qui a mange le petite chronique de Bale, Gross raconte serieu-
coq. » On
que tout disparait au sabbat aussi-
sait sement qu'au mois d'aout 147i un coq de cette
tot que le On cite plusieurs exemples
coq cliante. ville ayant ete accuse et convaincu de ce crime
,

d'assemblees de demons et de sorcieres que le fut condamne a mort. Le bourgeois le brula pu-
premier chant du coq a mises en deroute on dit ; bliquement avec son ceuf, dans un endroit nomme
meme que ce son, qui est pour nous, par une Kablenberg, a la vue d'une grande multitude de
sorte de miracle perpetuel, une horloge vivante, personnes^. » Voy. Basilic, Mariage, etc.
force les demons dans les airs a laisser tomber
, , Corail. Quelques auteurs ont 6crit que le co-
ce qu'ils portent c'est a peu pres la vertu qu'on
: rail a la vertu d'arreter le sang et d'ecarter les
attribue au son des cloches. Pour empecher le mauvais genies. Marsile Ficin pretend que le co-
coq de chanter pendant leurs assemblies noc- rail eloigne les terreurs paniques et preserve de

la foudre et de la grele. Luceti en donne cette


Carre de Mongeron a recueilli ces merveilles en
1
raison, que le corail exhale une vapeur chaude
troisgros volumes in-4°, avec figures, Yoici un de
ces miracles rapporte dans une chanson de madame qui, s'elevant en Fair, dissipe tout ce qui peut
j

I
la duchesse du Maine : causer la grele ou le tonnerre. Brown , dans ses
Essais sur les erreurs populaires, dit qu'il est
Un decroteur k la royale ,

Du talon gauche estropie, tenle de croire que I'usage de mettre des colliers
Obtint, par giace speciale,
D'etre boiteux de Tautre pie. de corail au cou des enfants, dans I'esperance
de leur faire sortir les dents, a une origine su-
Voyez le cimetiere de Saint-Medard , dans les
Legendes infernales. 1 M. Garinet, Hist, de lamagie en France, p. 100
2 Bes erreurs et des prejuges, etc., preface. 2 Dictionnaire d' anecdotes suisses, p. 114.
COR — m— COR
perstitieuse, et que Ton se servait autrefois du corbeau , ^tait par ce moyen instruit des choses

corailcomine d'aneamuleUe oupreservatif contre les plus cachees,


les sortileges. Hesiode avance que la corneille vit huit cent
Corbeau, oiseau de mauvais augure, qui, soixante-quatre ans, tandis que rhomnie ne doit
vivre que quatre-vingt-seize ans, el il assure
que le corbeau vit trois fois plus que la cor-
deux mille cinq cent quatre-
neille, ce qui fait
vingt-douze ans. On croit dans la Bretagne
que deux corbeaux president a chaque maison,
et qu'ils annoncent la vie et la mort. Les habi-
tants du Finislere assurent encore que Ton voit
sur un rocher eloigne du rivage les ames de
leur roi Gralon et de sa fille Dahut qui leur ap-
paraissent sous la forme de deux corbeaux elles ;

disparaissenta I'oeil deceux qui s'en approchent*.


I'oy. Odin, Cici!;noN, Auguhes, Arthus, etc.

Corbeau noir. Voy. Calige du sabbat.


Corde de pendu. Les gens credules preten-
daient autrefois qu'avec de la corde de pendu on
echappait a tons les dangers et qu'on elait heu-
reux au jeu. On n'avait qu'a se serrer les tempes
avec une corde de pendu pour se guerir de la
migraine. On portait un morceau de cette corde
dans sa poche pour se garantir du mal de dents.
Enlin, on se sert de cette expression prover-
biale, avoir de la corde de pendu, pour indiquer
un bonheur constant, et les Anglais du menu
peuple courent encore apres la corde de pendu ^
Cordeliers d'Orleans. On a fait grand bruit
de Taffaire des cordeliers d'Orleans, qui eut lieu
sous FranQois I". Les protestants s'en empa-
rerent; et d'un tort qui est assez mal etabli, on
fit un crime aux moines. C'etait peut-etre faire

leur eloge que de s'etonner qu'ils ne fussent pas


lous des anges. Voici I'histoire. Le seigneur de
dans les idees superstilieuses, annoiice des ma!- Saint - Mesmin prevot d'Orleans, qui donnait
,

heurs et quelquefois la mort. II a pourlant des dans les erreurs de Luther, devint veuf. Sa
qualites nierveilleuses. Le livre des Admirahles feinme elait comme lui lulherienne en secret. 11
secrets d' Albert le Grand dit que, si Ton fait ciiire la fit enlerrer sans fiambeaux et sans ceremo-

ses oeufs, et qu'ensuite on les remelte dans le nies. EUe n'avait pas re^u les derniers sacre-
nid ou on les aura pris, aussitot le corbeau s'en menls. Le gardien et le custode des cordeliers
ira dans une Alogricus, autrement appele
ile 01^1 d'Orleans, indignes dece scandale, firentcacher,
Alruy, a ete enseveli, et il en apportera une dit-on un de leurs novices dans les voutes de
,

pierre avec laquelle, touchant ses oeufs, il les I'eglise, avec des instructions. Aux matines, ce
fera revenir dans leur premier etat ; « ce qui est novice fit du bruit sous les voutes. L'exorciste,
tout a fait surprenant ». Cetle pierre se nomme qui pouvait bien n'etre pas dans le secret, prit
pierre indienne, parce qu'elle se trouve ordinai- le rituel, el croyant que c'etait un esprit, lui de-
rement aux Indes. On a devine, par le chant du manda qui il etail? Point de reponse. S'il elait —
corbeau, son croassement peut s'appeler chant.
si muet? — 11 frappa trois coups.
M. Bory de Saint-Vincent trouve que c'est un On n'alla pas plus loin ce jour-la. Le lende-
langage. On en Islande pour la con-
I'interpretait main et le surlendemain ; le meme incident se
naissance des affaires d'Etat. Les Islandais croient repela. — Fanlome ou esprit, dit alors l'exor-
le corbeau instruit de tout ce qui se passe au ciste, es-tu I'ame d'un tel? — Point de reponse.
loin il annonce I'avenir,
; disent-ils il prevoit ;
— D'un tel. — Point de reponse. — On nomma
surtout les morls qui doivent frapper une fa- successivement plusieurs personnes enlerrees
miile alors il vient se percher sur le toit de la
: dans I'eglise. Au nom de Louise de Mareau,
maison d'ou il part pour faire le tour du cime-
, femme de Frangois de Saint - Mesmin prevot ,

tiere, avec un cri continu et des inflexions de d'Orleans, I'esprit frappa trois coups. Es-tu —
voix. Les Islandais disent encore qu'un de leurs Cambry, Voyage dans
1 leFinistere, t. II , p. 261 .
1

savants, qui avait le don d'entendre I'idionfie du 2 Salgues, Des erreurs et des prejuges, t. I, p. 433. '
,, ,

COR — 185 — COS

dans les flammes. —


Trois coups. Es-tu dam- — de Lavardin amena au roi un homrae sauvage
nee pour avoir partage les erreurs de Luther? qui portait des cornes. On montrait a Paris, en
— Trois grands coups... 1699, un Frangais, nomme Trouillon dont le ,

Les assistants 6taient dans I'effroi. On se dis- front etait arme d'une corne de belier*. Voyez
posait a signifier an seigneur de Saint- Mesmin Cippus.
I'ordre d'enlever de I'eglise sa lutherienne; mais Dans le royaurae de Naples et dans d'autres
11 ne se deconcerta pas. II courut a Paris et ob- conlrees , les cornes passent pour un preservatif
tintdes commissaires du conseil d'Etat un arret contre les sortileges. On a dans les maisons des
qui condamnait huit cordeliers d'Orleans a faire cornes orn^es et dans la rue ou dans les con-
;

amende honorable pour avoir suppose de fausses versations, lorsqu'on soupgonne un sorcier, on
apparitions (1534). lui fail discretement des cornes avec les doigts

Celte faute (s'il y a eu faute) etait individuelle pour paralyser ses intentions magiques. On pend
et les huit condamnes, dont deux seulement au cou des enfants, comme ornement, unc paire
etaient coupables, le gardien et le custode, de petites cornes.
furent bannis sans que personne appelat ni re- Cornet d'Oldenbourg. Voy. Oldenbourg.
clamat. Cornouailles. Les habitants de ce comte disent
Core, compagnon de Dathan et d'Abiron. Les qu'il doit son nom au petit chevalier Corineus,
mahometans, qui le confondent avec le batelier qui a tue Gog et Magog, aupres de Plymouth.
Charon, le font cousin germain de Moise, qui, le Corsned, sorte d'epreuve chez les Anglo-
voyant pauvre, lui enseigna I'alchimie, par le Saxons, qui consistait a faire manger par I'accuse
moyen de laquelle il acquit de si grandes richesses a jeun une once de pain ou de fromage consacre
qu'il lui fallait quarante chameaux pour porter avec beaucoup de ceremonies. Si I'accuse etait
son or et son argent. II y en a qui pretendent coupable, cette nourriture devait I'etouffer en
meme que plusieurs chameaux etaient charges s'arretant dans le gosier; mais si elle passait
seulement des clefs de ses coffres-forts. aisement, I'accuse etait declare innocent.
Moise ayant ordonne aux Israelites de payer la Corybantiasme espece de frenesie. Ceux
,

dime de tous leurs biens (nous suivons toujours qui en etaient attaques s'imaginaient voir des
les auteurs musulmans) Core refusa d'obeir, se
, fantomes et entendre continuellement des sif-
souleva meme contre son bienfaiteur jusqu'a re- flements. lis ouvraient les yeux lorsqu'ils dor-
pandre sur lui des calomnies qui compromet- maient. Ce d^lire sanguin a ete souvent juge
taient son autorite parmi le peuple, si Moise ne possession du diable par les demonomanes.
s'en fut plaint a Dieu, qui punit I'ingrat; la terre Cosingas prince des Cerrheniens peuples
, ,

I'engloutit, comme
on sait, avec ses adherents. de Thrace, et pretre de Junon. II s'avisa d'un
Corneille. Le chant de la corneille ^tait re- singulier expedient pour reduire ses sujets re-
garde par les anciens comme un tres-mauvais belles. 11 ordonna d'atlacher plusieurs longues
presage pour celui qui commencai t una entreprise. echelles les unes aux autres, et fit courir le bruit
lis I'invoquaient cependant avant le mariage, monter au
qu'il allait ciel , vers Junon ,
pour lui

parce qu'ils croyaient que les corneilles, apres demander raison de la desobeissance de son
la mort de Fun ou de I'autre dans chaque couple peliple. Alors les Thraces, superstitieux et gros-
observaient une sorte de veuvage. Voy. Corbeau, siers, se soumirent a Cosingas et s'engagerent
AuGURES, etc. Les sorcieres out eu quelquefois par serment a lui rester fideles.
des corneilles a leur service, comme on le voit Cosmas, voyageur du sixieme siecle, sur-
dans plusieurs legendes*. nomme Indicopleustes , parce qu'il avait beau-
Cornelius pretre paien de Padoue dont parle
,
, coup navigue danS I'lnde, a laisse une bizarre
Aulu-Gelle. II avait des extases et son ame voya- topographic ou il etablit que la terre est un carre
geait hors de son corps le jour de la bataille de
; long, le firmament un cintre supporle par des
Pharsale, 11 dit en presence de plusieurs assis- vofiles immenses. II pose la terre sur une mon-
tants qu'il voyait une forte melee designant les , tagne renversee qui n'est visitee que par les
vainqueurs et les fuyards; et a la fin il s'ecria astres, dans leur tour journalier. Mabillon a pu-
tout a coup que Cesar avait vaincu ^. blie ce livre curieux en 1707.
Cornes. Tous les habitants du tenebreux em- Dans ce livre, ou le monde est compare a un
pire portent des cornes ; c'est une partie essen- grand coffre, Cosmas dit, entre autres faits singu-
tieliede I'uniforme infernal. liers, que le soleil, la lune et les autres astres
On a vu des enfants avec des cornes, et Bar- sont conduits chacun par un ange et que ce sont ,

tholin cite un religieux du monastere de Saint- d'autres anges qui preparent la pluie et les orages,
Justin qui en avait deux a la tete. Le marechal qui distribuent le chaud, le froid, la neige, la

rosee, les brouillards, etc. — Ne nous etonnons


^ Voyez, dans les Legendes infernales,\3i Corneille
pas de ces opinions. Sous Philippe Auguste le
de Barklay.
2
Leloyer, Histoire des spectres, ou Apparitions ' M. Salgues , Des erreurs et des prejuges , t. Ill
des esprits , liv. IV, ch. xxv, p. 456. p. 128.
! ,
,
;

COS — 186 — COU

vulsaire croyait encore que la terre etait carree. maladies. Leur corps est a I'epreuve du poison
Cosquinomancie on Coscinomancie, sorte et de tous les accidents.
(le divination qui au inoyen d'un
se pratique Coudais, dieux des Tartares de 1' Altai en Si-
crihie, d'un sas, ou d'un tamis. On met un crible berie. lis .sont au nombre de sept, tous geants de

sur des tenailies qu'on prend avec deux doigts;


,
forme humaine, assez pen puissants et assez pea
ensuite on nomine les personnes soupgonnees de honores.
larcin ou de quelquc crime secret, et on juge Coudrier. Les branches de cet arbre ont servi
coupable celie au nom de qui le crible tourne ou a quelques divinations. Voj. Baguette divin.\-
tremble, coinme si celui qui lient les tenailies TOIRi:.

ne pouvait pas remuer le crible a sa volonte Couleurs. Pline le naluralisle nous apprend
Au lieu da crible on met aussi (car ces divi-
,
que les anciens tiraient des augures et des pre-
nations se pratiquent encore) un larais sur un sages de la couleur des rayons du soleil de la ,

pivot pour connaitre I'auteur d'un vol


,
on ; lune, des planetes, de Fair, etc. Le noir est le
nomme de meme les personnes soupconnees, et signe du deuil, dit Rabelais, parce que c'est la
le tamis tourne au nom du voleur. G'esl ce qu'on couleur des tenebres, qui sont tristes, et I'oppose
appelle dans les campagnes tonrner le sas. Cette du blanc, qui est la couleur de la lumiere et de
superstition est surtout tres-repandue dans la la joie.

Bretagne'. Toy. Criblk. Coumbhacarna, geant de la mythologie in-

Cossen, rocher du Fichtelberg, que les Alle- dienne, qui etait si vorace qu'on craignait qu'il

mands disent etre le sommet du haut duquel le ne devorat la terre. 11 fut tue par Rama.
diable monlra a Notre-Seigneur tons les royaumes Coupe (divination par la), tres-usitee en
de la terre. Egyple des le temps de Joseph, employee encore
Cote. Dieu prit une cote d'Adam pour en faire aujourd'luii. Voij. Hydromwcie.

notre mere Eve. Mais il ne faut pas croire pour Coups. En 1582, dit Pierre Delancre ' , il ar-
cela, comme fait le vulgaire, que dans les des- riva qu'a Constantinople, a Rome el a Paris, cer-
cendants d'Adam les liommes ont une cote de tains demons el mauvais esprits frappaient des
mollisque les femmes. coups aux ])oi'les des moisons c'etait un indice ;

Cou. On regardait chez les anciens comme un de la morl d'autant de personnes qu'il y avail
augure favorable une palpitation dans la partie de coups.
gauche du cou, et comme funesle celle qui avail Cour infernale. Wierus et d'aulres demono-
lieu dans la partie droite. manes, verses dans I'inlime connaissance des
Couberen, idole de I'lnde, qui donne les ri- enfers, ont decouvert qu'il y avail lades princes,
chesses. des nobles des , olliciers, etc. lis ont meme compte
Couches. On pretendait en certains pays faire le nombre des demons , et distingud leurs em-
accoucher aisement les femmes en liant leur cein- plois, leurs digniles el leur puissance. Suivanl ce
ture a la cloche de I'eglise , et en sonnant trois qu'ils onlecrit, Satan n'est plus trop le souverain
coups. Ailleurs, la femme en couches metlait la de I'enfer ; Belzebuth regno a sa place. Voici
culotte de son mari. I'oij. Aktite. relalacluel du gouvei'nement infernal :

Coucou. On croiL en Bretagne qu'en com^- Princes et grands di(juitaires. Belzebuth, chef
tant le chant du coucou, on y trouve I'annonce supreme de I'empire infernal, fondateurde I'ordre
de I'annee precise ou Ton doit se marier^. S'il de la Mouche Satan, chef du parti de I'opposi-
;

chante trois fois, on se mariera dans trois lion. Eurynome, prince de la morl, commandeur

ans, etc. de I'ordre de la Mouche; Moloch, prince du pays


On croit aussi, dans la plupart des provinces, des larmes, commandeur de I'ordre; Pluton
que si on a de I'argent avec soi la premiere fois prince du feu Leonard grand mailre des sab-
; ,

qu'on entend le chant du coucou , on en aura bats, chevalier de la Mouche; Baalberith, mailre
toute I'annee. — Le coucou
de Balkis, probable- des alliances; Proserpine, archidiablesse, souve-
ment la reine de Saba, est un des dix animanx raine princesse des esprits malins.
que Mahomet place dans son paradis. Ministeres. Adrameleck, grand cliancelier, com-
Coucoulampons anges du deuxieme ordre, ,
mandeur de I'ordre de la Mouclie ;
Aslaroth, grand
qui, quoique materiels, selon les habitants de tresorier; Nergal, chef de la police secrete ;
Baal,
Madagascar, sont invisibles et ne se decouvrent general en chef des armees infernales, comman-
qu'a ceux qu'ils honorent d'une protection spe- deur de I'ordre de Leviathan grand
la Mouche ; ,

ciaje.11 y en a des deux sexes; ils contractent amiral, chevalier de Mouche. la

mariage entre eux et sont sujets a la morl; mais Ambassadeurs. Belphegor ambassadeur en ,

leur vie est bien plus longue que celle des horn- France Mammon ambassadeur en Angleterre
; ,

mes, et leur sante ii'est jamais troublee par les Belial, ambassadeur en Turquie; Rimmon, am-
bassadeur en Russie Thamuz ambassadeur en; ,
' M. Cambry, Voyage dans le Finislere, t. Ill,

p. 48. 'Incredulite et mecreance du sorlilege, etc.


- M. Cambry, Voyage dans le Finislere , t.I, p. 175. traite VII, p. 37.
:

cou — 187 — COU


Espagne Hutgin, ambassadeuren
;
Italie ;
Martinet, du feu est, dit-on, de mauvais augure pour les
ambassadeiir en Suisse, etc. nouveaux maries.
Justice. Lucifer, grand justiciar ;
Alaslor, exe- Courroie de Soulier. C'etait un mauvais pre-
ciileur des hautes oeuvres. sage chez les Romains de rompre la courroie de
Maison des princes. Verdelet, maitre des cere- son Soulier en sortant de chez sol. Celui qui avait
nionies Succor-Benoth, chef des eunuques Cha-
;
; ce malheur croyait ne pouvoir terminer une af-
mos, grand chambellan chevalier de laMouche; , faire commencee et ajournait celles qu'il s'etait
Melchom, tresorier payeur; Nisroch chef de la , propose d'entreprendre.
cuisine Behemoth, grand echanson Dagon, grand
; ; Court de Gebelin,ecrivain extravagant, venu
panetier; Mnllin premier valet de chambre.,
de Lausanne a Paris au dernier siecle; il fit, sous
Menus plaisirs. Kobal, directeur des spectacles; le titre de Monde primitif, un roman philoso-

Asmodee, surintendant des maisons de jeu Nyb- ; phique en neuf volumes in-k° que la livree de ,

bas, grand paradiste. Antechrist, escamoteur et Voltaire prona parce qu'il attaquait la verite reli-
necromancien. Boguet I'appelle le singe de Dieu. gieuse, et qui est descendu chez les epiciers. II
On voit que les demonomanes se montrent se passionna pour le magnetisme, et le 13 mai
assez gracieux envers les habitants du noir se- 1784 il se magnetisa si bien lui-meme qu'il en
jour. Dieu veuille qu'apres lant de reveries ils tomba roide mort. On lui fit cette epigraphe :

n'aient pas merite d'aller en leur societe!


M. Berbiguier a ecrit en 1821, apres avoir Ci-git ce pauvre Gebelin,
Qui parlait grec, hebreu,' latin.
transcrit cette liste des princes de la cour infer-
Admirez tons son heroisme :

nale : « Cetle cour a aussi ses representants sur II fut martyr du magnetisme.
la terre : Moreau ,
magicien et sorcier a Paris,
representant de Belzebuth ; Pinel pere, medecin Gourtiniere. Un gentiihomme breton, nomme
a la Salpetriere, representant de Satan; Bonnet, M. de la Gourtiniere, ayant regu un jour dans
employe a Versailles, representant d'Eurynome; son chateau plusieurs seigneurs ses voisins, les
Bouge, associe de Nicolas, representant de Plu- traita bien pendant quelques jours. Apres leur

ton; Nicolas, medecin a Avignon, representant depart il se plaignit


, a sa femme de ce qu'elle
de Moloch; Baptiste Prieur, de Moulins, repre- ne leur avait pas fait assez bon visage; il fit sans
sentant de Pan Prieur aine, son frere, marchand
; doute ces remontrances avec des paroles peu
droguiste, representant de Lilith; Etienne Prieur, honnetes la femme, d'une humeur hautaine, ne
:

de Moulins, representant de Leonard; Papon- repondit rien, mais elle resolut interieurement
Lominy, cousin des Prieur, representant de Baal- de se venger. M. de la Gourtiniere s'etant couche
berith; Jeanneton Lavalette, la Mansotte et la et dormant profondement, la dame, apres avoir
Vandeval, representant I'archidiablesse Proser- corrompu deux de ses domestiques, leur fit egor-
pine, qui -a voulu meltre trois diablesses a mes ger son niari, dont ils porterent le corps dans un
trousses » Toy. Berbiguier cellier. lis y firent une fosse I'enterrerent et , ,

Courils, petits demons malins, corfompus et ils placerent sur la fosse un tonneau plein de
danseurs, dont M. Cambry a trouve la croyance pore sale. La dame,
lendemain annonga que le ,

etablie sur les cotes du Finistere. On les rencontre son mari etait un voyage. Peu apres,
alle faire
au clair de la lune, sautant autour des pierres elle dit qu'il avait ete tue dansun bois, en porta
consacrdes ou des monuments druidiques. S'iis le deuil montra du chagrin et fit faire des ser-
,

vous saisissent par la main, il faut suivre leurs vices dans les paroisses voisines.
mouvements; ils vous laissent extenues sur la Mais ce crime ne resta pourtant pas impuni
place quand ils la quittent. Aussi , les Bretons, le du defunt, qui venait consoler sa belle-
frere
dans la nuit , evitent-ils avec soin les lieux ha- promenant un
soeur et veiller a ses affaires, se
bites par cette espece de demons, genre des co- jour dans le jardin du chiiteau, et conteinplant
bales. un parterre de tleurs en songeant a son frere,
On ajoute que les courils perdirent une grande fut pris d'un saigneinent de nez qui I'etonna,
partie de leur puissance a I'arrivee des apotres n'ayant jamais eprouve cet accident. Au meme
du Catholicisme dans le pays. I'oy. Willis. instant sembla voir I'ombre de M. de la
il lui

Courma-Vataram. Les Indiens adorent sous Gourtiniere qui lui faisait signe de le suivre. 11
ce nom leur dieu Vichnou dans sa seconde in- , suivit le spectre jusqu'au ceHier, ou il le vit dis-
carnation ,
qui est celle d'une tortue. paraitre. Ge prodige lui ayant donne des soup-
Couronne nuptiale. Chez les habitants de Qons il en paria a la veuve qui se montra epou-
, ,

rEnllebuch, en Suisse, le jour des noces, apres vantee. Les soupgons du frere se fortifiant de ce
le festin et les danses, une femme vetue de jaune trouble il fit creuser dans le lieu ou il avait vu
,

demande a la jeune epousee sa couronne virgi- disparaitre le fantome. On decouvrit le cadavre,


nale, qu'elle brule en ceremonie. Le petillement qui fut leve et reconnu par le juge de Qi-iiinper-
Gorentin. Les coupables arretes, furent con- ,

1 Les farfadets, etc., t. I, p. 4 et 5. damnes la veuve (Marie de Sornin) a ayoir la


, ,
,

cou — 188 — CRA

tete tranchee et tous les membres de son corps fois dans leur sein pour se preserver de tous
disperses, pour etre ensuite brules et les cendres charmes et fascinations.

jetees au vent; les deux doinesLiques, a avoir la Gracher sur soi : mauvais presage. Voy. Ghe-
main droite coupee , et apres etre penduset etran- VILLF.MENT.
gles, leurs corps aussi brules — Get evene- Crachat de la lune. Les alchimistes appel-
ment eut lieu vers la fin du seizieme siecle. lenl ainsi la matiere de la pierre philosophale
Courtisanes. Les Chretiens sont bien etonnes avant sa preparation. G'est une espece d'eau con-
de voirdes courtisanes servir de pretresses dans gelee sans odeur et sans saveur de couleur
, ,

les Indes. Ces filles justement deshonorees chez


,
verte ,
qui sort de terre pendant la nuit ou apres
nous, sont privilegiees la depuis I'aventure de un orage. Sa substance aqueuse est tres-volatile
I'une d'elles. Devendiren, dieu du pays, alia trou- et s'evapore a la moindre chaleur, a travers une
ver un jour ceLte courtisane sous la figure d'un peau extremement mince qui la contient. Elle ne
homme et lui promit une haute recompense si
, se dissnut ni dans le vinaigre, ni dans I'eau, ni
elle etait fidele ;
pour I'eprouver le dieu fit le dans I'esprit-de-vin mais si on la renferme dans
;

mort. La courtisane, le croyant verilablement un vase bien scelle, elle s'y dissout d'elle-meme
mort, se resoku a mourir aussi dans les flammes en une eau puante. Les philosophes hermeliques
qui allaient consumer le cadavre, nialgre les re- la recueillent avant le lever du soleil dans du

presentations qu'on lui faisait de ce qu'eile n'etait verre ou du bois et en tirent une espece de
pas mariee. Elle allait se mettre sur le bucher poudre blanche semblable a I'amidon, qui pro-
deja enilamme, lorsque Devendiren se reveilla, duit ensuite ou ne produit pas la pierre philoso-
avoua sa supercherie ,
prit la courtisane pour sa phale.
femme remmenadans son paradis...
et Crampe. Les morsesont sur les babines, comme
Coutellier, demon invoque dans les litanies au-dessous, plusieurs soies creuses. 11 n'y a point
du sabbat. de matelot qui ne se fasse une bague de ces soies,
Couv6ra, dieu des richesses dans I'lnde, ar- dans ropiniunqu'elles garantissentde la crampe'.
riere-pelit-fils de Brahma. C'est un lepreux dif- Crane d'enfant. La cour d'assisesde la Haute-
forme il a trois jambes. Sa bouche ne possede
; Marne ajuge, en fdvrier 1857, une affaire qui

que huit dents et une piece d'or couvre un de


, puise sa cause premiere dans une horrible super-
ses yeux. stition. ((Descultivateursde la commune d'Heuil-
Crabangon (Jacques de). Voy. Images. lez-le-Grand, dit I'acle d'accusation , vivaient
Crabes. Ces hideux petits habitants de la mer dans une ferme isolee, et devaient a cet isolement
sont attaches par quelque lien aux demons des meme une tranquillite que rien ne semblait vou-
eaux, et, suivant le dire des Ecossais riverains, loir troubler, lorsque le 21 janvier dernier un
crime horrible, unique peul-etre dans les annales
judiciaires vint les jeter dans le deuil et la deso-
,

lation. Le mari, Jean-Baptiste Pinot, etait parti


des le matin pour le travail, et sa femme I'avait
bienlot rejoint apr^s s'elre assuree toulefois que
son enfant, age de onze mois, qui etait couche
dans son berceau dormait profondement.Gomme
,

la grange ou elle allait travailler n'etait qu'a

quelques pas de la maison d'habitation, elle n'a-


vait pas pensd en sortant a fermer les portes a
la clef.

» Le dura quelque temps la femme Pinot


travail ;

lisdansent au sabbat des sorcieres, lorsqu'il se rentra premiere pour s'assurer si I'enfant dor-
la
rassemble sur la plage. mait encore. Quel ne fut pas son effroi lorsqu'elle
Craca, magicienne qui, au rapport de Saxon s'aperQut que le berceau etait vide. On fit imme-
le Grammairien changeait les viandes en pierres
, diatement de vaines recherches. Ce ne fut que le
ou autres objets, aussitot qu'eile les voyait posees lendemain, dans I'apres-midi, que Ton ddcouvrit,
sur une table. cache sous des gerbes de paille, dans une ecurie
Crachat. Lorsque les sorciers renoncent au de la ferme, le corps de I'enfant entierement nu,
diable , ils crachent trois fois a terre. lis assurent affreusement mutile. La tete en avait ete detachee
que le diable n'a plus alors aucun pouvoir sur au moyen d'un instrument tranchant et ne put ,

eux. lis crachent encore lorsqu'ils guerissent des etre retrouvee. De profondes entailles, failes sur
ecrouelles et font de leur salive un remede. I'une des epaules, indiquaient qu'on avait eu la
Les anciens avaient I'habitude de cracher trois pensee de couper le corps en morceaux pour le
faire disparaitre. Le crime etait constant, mais
* Arr^t du parlement de Bretagne t. II des Dis- ,

sertations de Lenglet-Dufresnoy ; et Leloyer, liv. Ill * H. Lebrun, Abrege des voyages au p6le nord,
ch. IV. ch. I.
CRA — 189 — CRA
quel etait I'assassin et quel interet_avait pu
, d'un enfant assassine avait la propriete de rendre
armer son bras? La pauvre viclime etait agee de invisible celui qui le portait et de permettre a
,

onze mois a peine; les soupQons ne tarderent un voleur qui s'en ferail une lanterne, de pene-
pas a se porter sur un homme qui etait au ser- trer impunement dans les habitations. Vautrin
vice de la ferme. Ses antecedents etaient faits croyaita cette odieuse superstition; ainsi s'expli-
pour les eveiller. Voleur d'habitude depuis son quaient I'interet du crime et la mutilation. Vautrin
enfance, il avait ete condamne pour vol a deux fut arrete , et I'interrogatoire qui suivit ne vint
ans de prison et pour se soustraire aux reclier-
, que trop confirmer les soupqons qu'on avait eus
ches de la justice, il avait change de nom; il sur lui. Les investigations ont d'aiileurs fait de-

avait substitue a son nom de Vautrin celui de Mo- couvrir derriere des buissons des debris de che-
risot. Cethommeest age devingt-quatreans. II elait mise et un pantalon souilles de sang et de boue
taciturne, recherchait I'isolement, et avait plu- appartenant a Vautrin et reconnus par lui la tete ;

sieursfoisdonne despreuvesd'unefroide cruaiUe. de la victime a ete egalement retrouvee dans un


A la la disparition de I'enfant, Vautrin
nouvelle de bois voisin et a quelques metres un vieux bonnet
,

avait pali au lieu de se livrer comme tous a


; et raye ayant appartenu a I'inculpe. A I'audience,
des recherches actives, on I'avait vu morne et comme dans I'instruction Vautrin se renferma
,

preoccupe, cherchant a diriger les soupQons siir dans un systeme complet de denegations. Mais
un ancien domestique de son maitre , qui aurait les depositions des temoins etaient si accablantes,
pris I'enfant pour liii couper la tete et aller avec que le verdict du jury fut alTirmatif sans circon-
cette tete dans les chateaux. stances attenuantes. En consequence, Vautrin fut
» Mais cet etrange propos, emis avant que condamne a la peine de mort. »
personne siit si la tete de I'enfant avait ete mu- Cranologie. Voy. Gall.
tilee etait une revelation. II indiquait le mobile
, Crapaud. Les crapauds tiennent une grande
et I'interet du crime. Vautrin avouait en effe't le place dans lasorcellerie. Les sorcieres les aiment et
lendemain qu'il avait cntendu dire que le crane les choient. EUes ont toujours soin d'en avoir

Crapaud se rendant au sabbat.

quelques-uns, qu'elles soignent, qu'elles nourris- coup sur une sorciere qui I'avait mis la pour
sent et qu'elles accoutrent de livrees de velours quelque raalefice.
vert rouge ou noir. Pierre Delancre dit que les
,

grandes sorcieres sont ordinairement assistees de


quelque demon ,
qui est toojours sur leur epaule
gauche en forme de crapaud ayant deux petites ,

cornes en tete il ne pent etre vu que de ceux


;

qui sont ou qui ont ete sorciers. Le diable baptise


ces crapauds au sabbat. Jeannette Abadie et d'au-
tres femmes ont revele qu'elles avaient vu de
ces crapauds habilles de velours rouge et quel- ,

ques-uns de velours noir; ils portaient une son-


nette au cou et une autre aux pattes de derriere.
Au mois de septembre 1610, un homme se
promenant dans la campagne, pres de Bazas, vit
un chien qui se tourmentait devant un trou;
ayant fait creuser, il y trouva deux grands pots
renverses I'un sur I'autre, lies ensemble a leur
ouverture et enveloppes de toile le chien ne se ;

calmant pas, on ouvrit les pots, qui se trouve-


Crapauds dansant au sabbat.
rent pleins de son, au dedans duquel reposait un
gros crapaud vetu de taffetas vert*. C'etait a Nous rions de ces choses a present, mais c'e-
taient choses serieuses au seizieme siecle, et
* Delancre, Tableau de I'mconst. des demons, etc.,
liv. II, discours iv, p. 133. choses dont I'esprit ne nous est pas explique.
CRA — 190 — CRI

Le peuple csL persuade, dil M. Salgiics', dernier moment et I'avait etrangle', ce qui est

que le crapaud a la faculle de faire evanouir un meusonge niais. Voy. Carlostad et Luther.
ceux qu'il regarde fixemenl, et celle assertion Crespet (Pierre), religieux celeslin, morl en
est accreditee par un certain abbe Rousseau, qui 159/i, auteur d'un traite contre la magie intitule
a publie, dans le cours da dernier siecle, quel- Deitx livres de la hciine de Satan el des malins
ques observations d'histoire nalurelle: il pretend csprils contre I'homme, etc. Paris, 1590, in-8°.

que la vue seule du crapaud provoque des spas- Get ouvrage est rare et curieux.
mes, des convulsions, la niort meme. II rapporte Cretinisme, inlirmite qui dispose quelquefois,
qu'un gros crapaud qu'il tenait renferine sous
,
dit-on, au vampirisme.

un bocal, I'ayaut regarde fixement, il se sentit Crible. Parler au crible est un ancien pro-
aussitot saisi de palpitations, d'angoisses de , verbe qui signifiait faire danser un taniis par le
mouvements convulsifs, et qu'il serait mort in- inoyeu de paroles mysterieuses. Theocrile nom-
failliblement si Ton n'etait venu a son secours... mait les gens qui avaient ce pouvoir crible-sor-
Ellen, Dioscoride, Nicandre ^Etius, Gesner, ,
ciers ou sorciers du crible. Je me suis trouve, <(

ont encore ecrit que I'lialeine du crapaud elail dit Bodin ^ il y a vingl ans, dans une niaison a
mortelle, et qu'elle infectait les lieux ou il res- Paris ou un jeune homme fit mouvoir un tamis
pire. On a cite I'exemple de deux amants qui, sans y toucher, par la vertu de certaines paroles
ayant pris de la sauge sur laquelle un crapaud frangaises, et cela devant une societe, et la
s'etait promene, moururent aussitot'. Mais ce preuve, dit-il, que c'etait par le pouvoir de I'es-
sont la souvent des contes. Cependant le cra- prit malin c'est qu'en I'absence de ce jeune
,

paud est en horreur chez lous les peuples, ex- homme on essaya vainement d'operer en pro-
cepte sur les bords de I'Orenoque, oil, pour nongant les memes paroles. » Voy. Gosouino-
le consoler de nos mepris , des Indiens lui ren- MANCIE.
daient les honneurs d'un culte; ils gardaient soi- Grieriens, fantomes des naufrages, que les
gneusement crapauds sous des vases, pour
les habitants de Pile de Sein en Bretagne croient , ,

en obtenir de la pluie ou du beau temps, selon entendre demander la sepulture a travers ce ,

leurs besoins, et ils etaient tellement persuades bruit sourd qui precede les orages. Les ancieus
qu'il dependait de ces animaux dc I'accorder, Bretons disaient « Eermons les porles, on en-
:

qu'on les fouettait chaque fois que la priere n'e- tend les crieriens; le tourbillon les suit. »

tait pas exaucee Crimes. Voy. Possessions.


Crapaudine, pierre qui se trouve dans la tete Cristalomancie, divination par le moyen du
des crapauds ; les sorcieres la recherchent pour cristal. On tirait des presages des miroirs et des
leurs malefices. Plusieurs ecrivains assurent que vases de cristal, dans lesquels le demon faisait,

c'est un objet tres-rare, et si rare, que quelques- dit-on demeure. Le roi Ghilderic cherchait
, sa
uns nient I'e'xistence de cette pierre. Cependant I'avenir dans les prismes d'un petit globe de
Thomas Bro\^n ne croit pas le fait impossible, crislal.

puisque, dit-il, tous les jours on trouve des sub- Les devins actuels predisent encore par le mi-
stances pierreuses dans la tete des morues, des roir.L'anecdote suivanle fera coniiaiLre leur me-
carpes, des gros limacons sans coquilles. II en est thode. —
Un pauvre laboureur des environs de
qui pensent que ces crapaudines sont des con- Sezanne, a qui on avail vole six cents francs,
cretions minerales que les crapauds rejettent alia le dcvin
consulter c'etait en 1807. Le de-
;

apres les avoir avalees, pour nuire a rhomme'*. vin lui donner douze francs, lui mil trois
lit

Mais ce ne sont la encore que des conies. mouchoirs sur les yeux, un blanc, un noir el un
Crapoulet. Voy. Zozo. bleu, lui dit de regarder dans un iniroir ou il
Crateis deesse des sorciers et des enchan-
, faisait venir le diable et tous ceux qu'il voulait
teurs, mere de la fameuse Scylla. evoquer. — Que voyez-vous? lui demanda-l-il.
Credulite. Elle a ses exces, qui pourtant sont — Rien ,
repondil le paysan. La-dessus le sor-
moins funestes que ceux de I'incredulite. cier parla fort et longtemps; il recommanda au
Crescence cardinal legat du saint-siege au
, ,
bonbomme de songer a celui qu'il croyail capa-
concile de Trente qui mourut paisiblement en
. ble de I'avoir vole, de se represenler les choses
1552. Jean de Chassanion, huguenot, n'aimant et les personnes. Le paysan se monta la tete, et,
pas ce prince de I'Eglise, parce qu'il s'etait eleve a travers les trois mouchoirs qui lui serraient les
-centre les protestants, a ecrit que le diable, en yeux, il crut voir passer dans le miroir un
forme de chien noir, etait venu le voir a son homme qui avail un sarrau bleu, un chapeau a
grands bords et des sabots. Un moment apres il

Dps erreurs et des prejuges, etc., t. I, p. 423.


1 crut le reconnailre, et il s'ecria qu'il voyait son
2 C'esl un conte du Decameron.
^ Pons, Voyage a la partie orienlale de la terre
voleur. — Eh bien , dit le devin , vous prendrez

ferine de rAinerique meridionale t. I. ,


• Des grands et redoutables jugements de Dieu,
* Thomas Brown Essai sur les erreurs populaires,
, p. 66.
I. I, liv. Ill, ch. XIII, p. .312. Demonomanie des sorciers, liv. II, p. ^55.
,,,

CRI — 191 — C.RO

iin coeur de boeuf , et soixante-trois clous a lat- ture aux rois. Les Ombites poussaient meme la

tesque vous planterez en croix dans ledit coeur; superstition jusqu'a se rejouir de voir leurs en-
vous le ferez bouillir dans un pot neuf avec un fants enleves par les crocodiles. Mais ces ani-
crapaud et une feuille d'oseille trois jours ; maux etaient en horreur dans le reste de
apres, le voleur, s'il n'est pas raort, viendra I'Egypte, excepte a T.entiris ou Denderah, dont
vous rapporler votre argent, ou bien il sera en- les habitants ne les redoutaient pas. Ceux qui
sorcele. les adoraient que, pendant les sept
disaient
Le paysan fit tout ce qui lui etait recom- jours consacres aux fetes de la naissance d'Apis,
mande. Mais son argent ne revinl pas d'ou il ; ils oubliaient leur ferocite naturelle et ne fai-

conclut que son voleur etait ensorcele, et il s'en saient aucun mal mais que le huiLieme jour,
;

frotta les mains. apres midi, ils redevenaient furieux.


Cristoval de Garalde. Voij. Marissane. Croft (Elisabeth)'. Quand les Anglais apprirent
Critomancie, divination qui se pratiquait par que leur reine Marie Tudor, que Ton a si lache-
le raoyen des viandes et des gateaux. On consi- ment calomniee, allait epouser le roi d'Espagne
derait la pate des gateaux qu'on offrait en sacri- Philippe II, ce fut parmi les reformes un grand
fice , et la farine d'orge qu'on repandait sur les effroi et plusieurs intrigues surgirent pour em-
,

victimes, pour en tirer des presages. pecher cette union. Un certain Drack obtint
Crocodiles. Les Egyptiens modernes assurent d'une jeune fille nommee Elisabeth Croft
que jadis les crocodiles etaient des animaux moyennant une somme d'argent, qu'elle se lais-
doux et ils racontent de la maniere suivante
, serait enferraer entredeux murs, et qu'au moyen
I'origine de leur ferociLe. Humeth, gouverneur de tuyaux dissimules elle pourrait dire les pa-
d'Egyple sous Gisar Al-Mutacil calife de Bag- , roles qu'on lui mettrait a I'oreille, ce qui se fit.
dad ayant fait meltre en pieces I'image de
,
Bientot done on apprit dans Londres qu'on en-
plomb d'un grand crocodile (figure talismani- tendait des voix qui venaient certainement du
que) que Ton avait trouvee en creusant les fonde- ciel, puisqu'on ne voyait absolument personne.

ments d'un ancien temple de paiens, a I'heure La multitude accourut. La voix menacait I'An-
nieme de cette execution les crocodiles sortirent gleterre des plus affreux desastres si la reine se
du Nil et ne cesserent depuis ce temps de
,
, , mariait avec I'Espagnol avec fu-
; elle s'elevait
nuire par leur voracite'. Voij. Etoiles. Pline reur contre le Pape el contre I'Eglise romaine
et Plularque temoignent que les Egyptiens con- et les reformes se pamaient d'aise. Cette impos-
naissent, par I'endroit ou les crocodiles pondent ture dura plusieurs jours sans qu'on en soupQon-
nat le procede, et il n'elait bruit dans Londres
que de I'ange qui parlait. Mais parmi les magis-
trats, quelques-uns etaient encore catholiques;
ils soupconnerent un stratageme on demolit le ;

mur d'oi^i on decouvrit Elisa-


sortait la voix, et
beth Croft. 11 ne parait pas qu'on I'ait punie
non plus que son suborneur, parce qu'ils avaient
dans la foule de nombreux partisans.
Croix. Ce saint nom, qui est la terreur de
I'enfer, ne devrait pas non plus figurer ici. Mais
la superstition, qui abuse de tout, ne I'a pas res-

pecte. II y a des croix dans toutes les formules


des grimoires, et aucun sorcier ne s'est jamais
vante de commander au moindre demon sans ce
leurs oeufs, jusqu'od ira le. debordement du Nil. signe.
Mais il serait difficile , dit Thomas Br.ovi'n , de Les croix que les sorcieres portent au cou et a
comprendre comment ces animaux ont pu devi- leurs chapelets, se trouvent aux
et celles qui
ner un effet qui dans ces circonstances, depend
, lieux oil se fait le sabbat,ne sont jamais entie-
de causes extremement eloignees c'est-a-dire , res, comme on le voit par celles que Ton decou-
de la mesure des rivages dans I'Ethiopie. Les vre dans les cimetieres infestes de sorciers et
habitants de Thebes et du lac Moeris rendaient dans les lieux ou les sabbats se tiennent. La rai-
un culte particulier aux crocodiles. lis leur met- son en est, disent les demonomanes, que le dia-
taient aux oreilles des pierres precieuses et des ble ne peut approcher d'une croix intacte.
ornements d'or, et les nourrissaient de viandes Croix (Epreuve de la). Voy. Epreuves.
consacrees. Apres leur mort, ils les embau- Croix (Magdeleine de la). Voy. Magdeleine.
maient et les deposaient en des urnes que Ton Cromeruach, idole principale des Irlandais,
portait dans le labyrinthe qui servait de sepul- avant I'arrivee de saint Patrice en leur pays.
* Leloyer, Histoire et discours des spectres, etc., L'approche du saint la fit tomber, disent les le-
liv. IV, ch. XXI p. 417. ,
gendes, tandis que les divinites inferieures s'en-
,

CRO — 192 — CUR


foncerent dans la terre jasqu'au menton, Suivant noire a la main , et a commettre ensuite tout le

certains recits en memoire de ce prodige on


, , contraire de ce que present I'Eglise.
voit encore leiirs teles a fleiir de terre dans une Certains peuples de I'Afrique ne rendent au-
plaine qui ne se trouve plus. cun culte a Dieu, qu'ils croient bon, et font des
Cromniomancie, divination par les oignons. sacrifices au diable pour la raison contraire. Voy.
Ceux qui la praliquaienl mettaient, la veille de KURDES.
Noel, des oignons sur un autel. lis ecrivaient sur Cunegonde, femme de Henri II, empereur
les oignons le nom
des personnes dont on vou- d'Allemagne. Elle fut accusee d'adultere par des
lait avoir nouvelle. L'oignon qui germait le plus calomniateurs et se purgea de I'accusation en
,

vite annonQait que la personne dont il portait le marchant pieds nus, sans accident, sur des sees
nom jouissait d'une bonne sante. de charrue roiigis au feu. Voy. Epreuves.
Cette divination est encore en usage dans plu- Cupai. Voy. Kupay.
sieurs cantons de I'Allemagne, parmi les jeunes Curdes. Voy. Kurdes.
filles, qui cherchent a savoir ainsi qui elles au- Cureau de la Chambre, habile medecin,
ront pour epoux murt en 1669. On a de lui un Discours sur les
Croque - Mitaine espece d'ogre dont on ,
prinripes de In chiromancie et de la metoposco-
epouvante a Paris les pelits enfanls indociles. pie. Paris, 1653, in-8". On I'a aussi imprime
Aujourd'hui que ses dents sont tonibees il se , sous le titre de VArt de connaitre les hommes.
conlente de les mettre au cachot et de leur don- Curko, divinite des Prussiens avant leur con-
ner le fouet, malgre les lumieres du siecle. Voy. version au christianisme. Elle etait leur pour-
Babaq. voyeuse, et ils rendaient quelques honneurs a
Crucifixion au sabbat. On lif, dans les de- son image. Or cette image etait une peau de che-
clarations de Madeleine Bavent, de la possession vre elevee sur une perche de trois metres et cou-
de Louviers, qu'au sabbat, oii elle a assiste long- ronnee d'epis.
temps, elle a vu cruciQcr plusieurs fois des hosties Curma. Du temps de saint Augustin, un pay-
consacrees, attachees a une croix et dont quel- san des environs d'Hippone, nomme Curma,
ques-unes ont saigne. Une certaine nuit, celle du mourut un matin et denieura deux ou trois jours
vendredi saint au samedi saint, elle vit une sor- sans sentiment. Comme on allait I'enterrer, il
ciere apporLer un enfant nouveau-ne, que Ton rouvrit les yeux et demanda ce qui se passait
crucifia en lui clouant a une croix noire les pieds chez un autre paysan du voisinage qui comme ,

et les mains. On lui enfonga ensuite des clous lui, se nommait Curma. On lui repondit que ce
autour de la tele en forme de couronne, et on lui dernier venait de mourir a I'instant ou lui-meme
perga le cote. Elle ajoutait que deux hommes etait ressuscite. —
Cela ne me surprend pas
qui elaient venus au sabbat en novices, ayant a dit-il on s'etait trompe sur les noms on vient
; :

ce sujet temoigne quelque sentiment d'horreur, de me dire que ce n'etait pas Curma le jardi-
furent crucifies eux-memes et mis a mort. Voy. nier, mais Curma le marechal qui devait mou-
Louviers. rir. —II raconta en meme temps qu'il avait
Crusembourg (Guy de), alchimiste, Voy. entrevu les enfers et il mena depuis meilleure
,

Pierre philosophale. vie.


Cubomancie , divination par le moyen des Curson. Voy. Pursan.
des. Auguste et Tibere avaient grande confiance Curtius, fils d'un gladiateur romain. On dit
en cetle maniere de consulter le sort. Les Grecs qu'un spectre lui annonga ainsi sa mort il avait :

s'en servaient aussi. C'est a peu pres la meme accompagne en Afrique un lieutenant du gouver-
chose que I'aslragalomancie. Voy. ce mot. neur de ce pays conquis. II vit un jour dans une
Cuivre. Theocrite assure que le cuivre pur a galerie le spectre d'unc femme de haute sta-
naturellement la vertu de chasser les spectres et ture, qui lui dit qu'elle etait I'Afrique, et qu'elle
les fantomes c'est pourquoi les Lacedemoniens
; venait lui annoncer le bonheur. Elle I'assura qu'il
frappaient sur un chaudron toutes les fois qu'un aurait de grands honneurs a Rome ;
qu'il revien-
de leurs rois venait a mourir. drail encore sur le sol africain, non plus comme
Culte. Les demons recevaient un culte par valet, mais avec la qualite de commandant en
tout I'univers avant le christianisme. Jupiter et chef, et qu'il y mourrait. Cette prediction s'ac-
les autres dieux n'elaient veritablement que des complit entierement Curtius fat qiiesteur, puis
;

demons mais le diable a recu un culte plus spe-


; preteur; il eut les privileges du consulat, et fut
cial de gens qui savaient bien qu'ils s'adressaient envoye comme gouverneur en Afrique; mais en
a lui et non a un dieu. Ainsi les sorciers au sab- debarquant il se sentit frappe d'une maladie dont
bat adorent le diable par son nom. Le culte il mourut'. II est tres-probable que ce conte a
qu'ils lui rendent consiste principalement a liii ete fait apres coup. Pour un autre Curtius, voy.
baiser le derriere, a genoux , avec une chandelle Devouement.
' Leloyer, Hisloire des spectres ou apparitions des
* Delancre /ncreduiife
, ef me'cre'once, etc., traite V. esprits, liv. Ill, ch. xvi, p. 268.
. ,

CWE — 193 — DAG


Cwes. Voy. Chien. rissaient dans leurs temples pour connaitre le
Cyclopes, personnages fabuleux qui habi- temps de la conjonction du soleil et de la lune.

|taient la Sicile dans la partie qui entoure I'Etna. On etait persuade que, dans cette circonstance
jlls etaient forgerons; geanLs rudes et grossiers, I'animaldevenu aveugle refusait toute nourri-
'anthropophages, ils n'avaient qu'un oeil au milieu ture.Son image, placee sur les clepsydres, etait
du front. Voy. l'Odyssi^e. purement hieroglyphique. On pretendait qu'a
Cylindres, sortes d'amulettes circulaires que chaque heure du jour le cynocephale criait tres-
les Perses et les Egyptiens portaient au cou et , exactement. Voy. Loups-gap.ous.
qui etaient ornees de figures et d'hieroglyphes. Cyprien (saint). Avant de se convertir au
Cymbale c'est le nom que les sorciers don-
, christianisme, saint Cyprien s'occupait de ma-
nent au chaudron dans lequel ils mangent leur gic. On voit dans ses Actes , ecrits par Simeon
soupe au lard parmi les fetes du sabbat. Metaphraste, qu'il evoquait les demons, et que
Cynanthropie. Ceux qui sont atlaques de ce furent les epreuves qu'il fit de leur impuis-
cette espece de frenesie se persuadent qu'ils sont sance contre le simple signe de la croix qui I'a-
changes en chiens. C'est, comme la bousanthro- menerent a la foi chretienne.
pie, une nuance de I'etat de loup-garou. Voy. Cyrano de Bergerac,ecrivain remarquable du
LoilPS-GAROUS. dix-septieme siecle. On trouve dans ses ceuvres
Cynobalanes, nation imaginaire que Lucien deux lettres tres-originales sur les sorciers. Nous
represente avec des museaux de chien et montes n'avons pas besoin d'indiquer ses histoiies des
sur des glands ailes. empires da soleil et de la lune. II a fait aussi un
Cynocephale, singe que les Egyptiens nour- voyage aux enfers; c'est une pure plaisanterie

-o&o--

Dabaida. Les naturels de Panama ont une Jean qui ,


s'etait retire dans une petite ile voisine
idole de ce nom, qui elait nee de race mortelle des cotes de en songe, sur la mer,
la Sicile, vit
et qu'on deifia apres sa morl. Quand il tonne ou I'ame du roi Dagobert enchainee dans une bar-
qu'il fait des eclairs, c'est Dabaida qui est fachee ;
que, et des demons qui la maltraitaient en la
alors on brule des esclaves en son honneur. conduisant vers I'Etna, ou ils devaient la preci-
Dactyles, genies phrygiens du genre des ca- piter. On croyait autrefois que le cratere de ce
bires ils enseignerent aux hommes Fart de for-
; volcan etait une des entrees de I'enfer, etil n'est
ger le fer, si on veut bien en croire la mytholo- pas encore verifie que ce soit une erreur. L'ame
gie grecque. appelait a son secours saint Denis, saint Maurice
Dactylomancie, divination qui se pratiquait et saint Martin, que le roi, en son vivant, avait
au moyen de bagues ou anneaux fondiis sous fort honores, parce qu'un jour qu'il avait offense
I'aspect de certaines constellations, et auxquels son pere ils lui avaient promis leur appui dans ,

sLaient attaches des charmes et des caracteres une vision. Les trois saints descendirent, re-
magiques. C'est, dit-on, avec un de ces anneaux vetus d'habits lumineux, assis sur un nuage brii-
5ue Gyges se rendait invisible en tournant le lant. lis arreterent lesmalins esprits, leur enle-
:haton dans sa main. Clement d'Alexandrie parle verent pauvre ame et I'emporterent ^ Un
la
le deux anneaux que possedaient de les lyrans monument curieux, le tombeau de Dagobert,
la Phocide, et qui par un son,
les avertissaient, sculpte au temps de saint Louis, retrace naive-
3u temps propre a certaines affaires ce qui ne ; ment ces circonstances. La principale facade est
les empecha pas de tomber dans les griffes du divisee en trois bandes. Dans la premiere on voit
iemon ,
lequel leur tendait un piege par ses arti- quatre demons (deux ont des oreilles d'ane) qui
kes*. emmenent Fame du roi dans une barque la se- ;

Dadjal ou Deggial,nom de rAntechrist chez conde represente saint Denis, saint Maurice et
es Chaldeens et chez les mahometans il signifie ; saint Martin accompagnes de deux anges, avec
,

ians leur langue le menteur et I'iinposteur par un benitier ils chassent les demons. Sur la troi-
;

jxcellence. sieme bande, on voit Fame qui s'enleve, et une


Dagobert I", roi de France, mort en 638, a main genereuse sort d'un nuage pour I'accueil-
'age de irente-sept ans. Une vieille legende eta- lir. Les farceurs ont glose sur cette poesie du

)lit qu'apres qu'il fut mortun bon ermite, nomme moyen age, sur cette legende et sur le naonu-
Delancre, IncreduUte et mecreance du sortilege
' ' Voyez les Legendes de V autre monde.
)hinement convaincues , traits V, p. 261 2 Gesta Dagoberii regis, etc.
13
DAG 19/, — DAN
ment, qui est loujours dans I'eglise de Saint- au moins des fleurs? Ce qu'il y a de mal, c'est

Denis. Mais quel mal y a-t-il done dans ces recits que ces fleurs lombent quelquefois devant des
que I'Eglise n'a jamais imposes, et qui sont pourcoaux.

,|/'„l'i'i?i'i^'«'""Whi

Vision de Tagdhcrt

Dagon, demon de second ordre, boulanger et Dahut. Voy. Is.

grand panetier de la cour infernale. On le trouve Damnetus ou Damachus, loup-garou de


figurant dans la possession d'Auxonne. Les Phi- I'anliquile. On conte qu'ayant mange le venire
listins I'adoraient sous la forme d'un monstre d'un petit enfant sacrifie a Jupiter Lycien en Ar-
reunissant le buste de I'liomme a la queue du cadie il fut change en loup. Mais il reprit sa
,

poisson. lis lui attribuaient I'invention de I'agri- premiere forme au bout de dix ans. II remporla
cullure, qu'on a atLribuee a tant d'autres. On lit mcme, depuis, le prix de la lutlc aux jeux Olym-
dans premier livre des Rois que, les Philistins
le piques ^
s'etant rendus maitres de I'arche du Seigneur, Danake. C'est le nom
de I'obole ([ue Ton pla-
et I'ayant placee a Azot dans leur temple, ou se cait chez les pa'iens langue des morts, et
sous la

trouvait I'idole de Dagon, on vit le lendemain qu'ils donnaient a Charon pour leur passage dans
celte idole mutilee, et sa tete avec ses deux mains sa barque.
sur le seuil de la porte. « Depuis lors, dit I'au- Daniel, I'un desquatre grands prophetes. On
teur sacre, les sacriiicateurs de Dagon et tous lui attribue im traite apocryphe de VArt des
ceuxquientraient dans son temple ne marchaient songes. Les Orientaux le regardent aussi comme
plus sur le seuil de cette porte, » Au Pegu on I'invenleur de la geomancie.
regarde Dagon comme le Dieu createur, et on Danis, sorcier du dernier siecle, qui fut ac-
croit la que, quand les kiakias auront detruit ce cuse d'avoir ensorcele un jeune horame de Noisy
monde, Dagon ou Dagoun en fera paraitre un le Grand, en 1705. Ce fait est rapporle longue-
autre qui sera bien plus beau et beaucoup plus ment dans VHisloire des pratiques supersliticuses
agreable. du pere Lebrun, qui pense qu'il pourrail bien y.
Dahman est chez les Persans le genie qui avoir la de la sorcellerie. D'autres croienl que le
recoit et protege les ames des morts , et il les 1 Delancre, Tableau de I'mconst. des demons, etc.,
place comme elles I'ont merite. liv. IV, disc. Ill, p. 267.
DAN — 195 — DAN
jeiine homme ensorcele n'avait que des halluci- nuit, au son de toutes sortes d'instruments de
nations. Le magnelisme, dont on commence a musique. Cette danse est appelee par les gens
comprendre la puissance, pourrait donner raison du pays chorea elvancm (danse des elfes). Saxon
a'l pere Lebrun, comma il explique maintenant le Grammairien fait mention de ces danses fan-
beaucoup de nialefices qii'on niait, contre tous tastiques dans son Histoire de Danemark. Pom-
les temoignages, il n'y a pas encore trente ans ponius Mela, dans sa description de I'Ethiopie,
Danse de saint Guy, danse epidemique qui dit qu'on a vu quelquefois, au dela du mont At-
gagnait au moyen age des populations tout en- las, des flambeaux, et entendu des flutes et clo-
tieres, et que les uns attribuaient a un chaliment cheltes, et que le jour venu on n'y trouvait plus
de Dieu , les autres a I'obsession des demons ; et rien On ajoutait que lesfantomes faisaient dan-
cela a propos d'un menetrier qu'on voulait ser ceux qu'ils renconlraient sur leur chemin ,

mettre a mort injuslement, et qui amena sa lesquels ne manquaient pas de se tenir pour
delivrance en faisant danser les masses On avertis qu'ils mourraient bientot. On ne rencontre
plus guere de ces choses-la.
Danse des fees. On pretendaitchez nos peres
que les fees habitaient les forets desertes, et
qu'elles venaient danser sur la gazon au clairde
lune. I'oy. Fijes.
Danse des geants. Merlin, voulant faire une
galanterie de courtisan, fit venir, dit-on, d'lr-
lande en Angleterre, des rochers qui prirent la
figure de geants et s'en allerent en dansant for-
,

mer un trophee pour le roi Ambrosius. C'est ce


qu'on appela danse des geants. Des ecrivains
la

soutenaient, il n'y a pas longtemps, que ces ro-


chers dansaient encore a I'avenement des rois
d' Angleterre.

Danse des morts. L'origine des danses des


morts, dont on fit de tant de peintures,
le sujet
dale du moyen age; elles ont ete longtemps en
vogue. D'abord on voyait frequemment ,
pendant

Le menelricr d'Eclilernacli.
le temps du carnaval, des masques qui represen-
mort ils avaient le privilege de danser
taient la ;

en cherclia la guerison a Echternacli, en Luxem- avec lousceux qu'ils rencontraient en lesprenant


bourg, devant les reliques venerees de saint par la main, et I'effroi des personnes qu'ils for-
Willibrord , et le souvenir de ce singulier phe- caient de danser avec eux amusait le public.
nomene y est toujours vivant. Ces danses eurent Bientot ces masques eurent I'idee d'aller dans les
lieu au quatorzieme siecle surtout. On croyait ces cimetieres executer leur danse en I'honneur de?
danseurs possedes parce qu'ils dansaient malgre
,
trepasses. Ces danses devinrent ainsi un effrayant
eux et qu'ils se disaient frappes souvent de vi- exercice de devotion elles etaient accompagnees
;

sions merveilleuses. Au reste on ne les guerit de sentences lugubres, et Ton ne sait pourquoi
que par des exorcismes. alors elles prirent le nom de danses macahres.
Danse des Esprits. Olaiis Magnus, au troi- On fit des images de ces danses qui furent reve-
sieme livre de son Histoire des peiiplcs scpten- rees par le peuple. Ces danses macahres se mul-
trionaux, Gcrit qu'on voyait encore de son temps, tiplierent a I'infini au quinzieme et au seizieme
en beaucoup de ces pays-la des esprits et fan- ,
siecle les artistes les plus habiles furent em-
:

tomes dansant et sautant, principalement de ployes a les peindre dans les vestibules des cou-
vents et sur les murs des cimetieres. La danse
^ Voyez les Legendes infernales.
des morts de Bale fut d'abord executee dans cette
2 Voyez dans les Legendes des Commandements de
Dieu le Menetrier d'Echtcrnach. ^ Taillepied, Psijchologie, p. M'6.
13.
DAN — 196 — DAN
villeen 1^35 par I'ordre du concile qui y etait temps M. Saint-Marc Girardin. Ce monde-ci est
rasseiiible.Ce qui I'a rendue celebre, c'estqii'elle un grand bal ou la mort donne le branle. On
fut ensuile refaite par Holbein. « L'idee de cette danse plus ou moins de contredanses., avec plus
danse est juste eL vraie disait il y a quelque
, ou moins de joie; mais cette danse enfin, c'est

toujours la mort qui la mene et ces danseurs : le meme ecrivain : I'une a Dresde, dans le ci-
de tous rangs et de tons etats, que sont-ils? Des '

metiere au dela de I'Elbe; I'autre en Auvergne,


mourants a plus ou moins long terme. j
dans I'admirable egiise 'de la Chaise-Dieu. Cette
» Je connais deux danses des morts, poursuit 1
derniere est une fresque que Thumidite ronge

Danse des lees.

chaque jour. Dans ces deux danses des morts, la I vieillard et le jeune homme, et la mort les en-
mort est en tete d'un choeur d'hommes d'ages et traine lousapres elle. Ces deux danses des morts
d'etats divers : il y a le roi et le mendiant, le expriment l'idee populaire de la maniere la plus
|
DAN — 197 - DAN

simple. Le genie d'Holbein a feconde cette idee mort que dans leur vie, et que, comme nous
dans sa fameuse Danse des morts dii cloitre des vivons tous a notre maniere ,nous avons tous
dominicains a Bale; c'etait une fresque, et elle aussi noire maniere de mourir.

a peri conime perissent pea a pen les fresques.


II en reste au musee de Bale quelques debris et
des minialures coloriees. La danse d'Holbein
n'est pas,comme celles de Dresde eL de la Chaise-
Dieu, une chaine continue de danseurs menes
par la mort; chaque danseur a sa'mort costumee
d'une fagon differente, selon I'etat du mourant.
De cette maniere, la danse d'Holbein est une
suite d'episodes reunis dans le nieme cadre. II y
a quarante et une scenes dans le drame d'Hol-
bein et dans ces quarante et une scenes une
,

variete infinie. Dans aucun de ces tableaux vous


ne trouverez la meme pose, la meme attitude,
la meme expression : Holbein a compris que les » Holbein costume le laid et vilain squelette

hommes ne se ressemblent pas plus dans leur sous lequel nous nous iigurons la mort, et il le

costume de la fagon du mondela plus bouffonne, » Holbein avait ajoute a I'idee populaire de la

exprimant, par les attributs qu'il lui donne, le Danse des morts: le peintre inconnu du pont de
caractere et les habitudes du personnage qu'il Lucerne a ajoute aussi a la danse d'Holbein. Ce
veut representer. Chacun de ses tableaux est un ne sont pas des peintures de prix que les pein-
chef-d'oeuvre d'invention. — II est incroyable tures du pont de Lucerne mais elles ont un me-
;

avec quel art il donne I'expression de la vie et rite d'invention fort remarquable. Le peintre a

du sentiment a ces squelettes hideux, a ces represenLe, dans les triangles que forment les
figures decharnees, Tous ses morts vivent, poutres qui soutiennent le toit du pont, les scenes
pensent, respirent; tous ont le geste, la phy- ordinaires de la vie, et comment la mort Jes in-
sionomie, j'allais presque dire les regards et les terrompt brusquement.
couleurs de la vie. » Dans Holbein , la mort prend le costume et
DAN — 198 — DAN
les atti'ibiits de tous les elats, montrant par la cocher, fait claquer son fouel ; les enfants rient
que nous sommes tous soumis a sa necessiLe. Au et petillent : la mere seule se plaint que la voi-
ture va Irop vite. Qi\e vouiez-vous 1 c'est la mort
qui conduit, elle a hate d'arriver. Allez-vous au
bal void la mort qui enlre en coiffeur, le peigne
,

a la main, u Hatez-vous dit la jeune fdle, lialez-


,

vons ! je ne veux pas arriver trop tard. Je —


ferai vite! » Elle fait vile; car a peine a-t-elle
touche du bout de son doigt decharne le front
de la danseuse, que ce front de dix-sept ans se
desseche aussi bien que les lleurs qui devaient
le parer.
Le pont de Lucerne nous montre la mort a
»

nos cotds et partout a table, oii elle a la ser-:

viette autour du cou le verre a la main et porte


, ,

des santes; dans I'atelier du peintre, oii, en


garcon barbouilleur, elle tient la palette et broie
les couleurs; dans le jardin, ou, vetue en jardi-

poijtde Lucerne, la niorlvitavec nous. Faisons- nier, I'arrosoir a la main , elle mene le maitre
nous une pai Lie de campagne, elle s'habille en i;oir si ses tulipessonticloses; dans la boutique,

oilen garcon marchand, assise sur des ballots se moquait des jiiges durant son proces, et leur
engageant et appelle les pra-
d'eloffe, elle al'air protestait qu'ils iie pourraient la faire mourir;
tiques; dans le corps de garde, ou, le tambour mais elle dechanla
en main, elle bat le rappel ; dans le carrefour,
oil, fln faiseur de tours, elle rassemble les ba-
dauds au ; barreau, oi!i, vetue en avocat, elle
prend des conclusions : le seul avocat (dit la

legendeen mauvais vers allemands places au bas


de chaque tableau) qui aille vite et qui gagne
toutes ses causes; dans ranliclianibre du minis-
tre, oil, en solliciteur, I'air humble et le dos
courbe, elle presente une petition qui sera ecou-
tee; dans le combat, enfin, ou elle court en tele'
des balaillons, et pour se faire suivre elle s'esl
none le drapeau autour du cou... d
Danse des tables. Tables TOURWANTiiP.
Voi/.
Danse du sabbat. Delancre assure
Pierre
que les danses du sabbat rendent les homines
furieux et font avorler les femmes. Le diable,
dit-on apprenait dilTerentes sortes dc danses aux
,

sorciers de Geneve. Ces danses elaient fort rudes,


puisqu'il se servait de verges et de batonscomme
ceux qui font danserles animaux. 11 y avait dans Les demons^ dansent avec les sorcieres, en
ce pays une jeune femme a qui le diable avail
1 Delancre, Tableau de I'incomt, des demons, etc.,
donne une baguette de fer qui avait la vertu de
liv. Ill, disc. IV, p. 204.
faire danser les personnes qu'elle touchait. Elle - Bodin, Demonomariie , liv. I. ch. iv.
,

DAN — 199 — DAV


fonnede bouc ou de tout autre animal. On danse fondde cette vieille croyance populaire que ,
le
generalement en rond au sabbat, dos a dos, ra- dauphin est I'ami de I'homme. Les anciens le
rement soul ou a deux. II y_a trois branles: le connaissaient si imparfaitement, qu'on I'a presque
premier se nomme le branle a la bohemienne ;
toujours represente avec le dos courbe en arc,
le second s'e.xecute comme celui de nos artisans tandis qu'il a le dos plat comme les autres pois-
dans les campagnes, c'est-a-dire en sautanl tou- sons , nom de
a moins que nous ne donnions le
jours le dos tourne dans le troisieme branle, on
; dauphin a un poisson qui ne serait pas celui des
se place tous en long, se tenant par les mains anciens. II y a des races perdues. On trouve dans
et avec certaine cadence, a peu pres comme dans Elien et dans d'autres naturalistes des enfants
ce qu'on appelle aujourd'hui le galop. On exe- qui se promenent en mer a cheval sur des dau-
cute ces danses au son d'un pelit tambourin phins apprivoises ce sont de ces merveilles qui
;

d'une flute, d'un violon ou d'un autre instrument ne sont plus faites pour nous. On salt que le —
(|ueTon frappe avec un baton. C'est laseulemu- dauphin est le symbole de la rapidite et c'est :

'

sique du sabbat. Cependant des sorciers ont as- dans un sens emblematique pour rappeler qu'il ,

sure qu'il n'y avait pas de concerts au monde faut se hater avec prudence qu'on a peint le ,

mieux executes... dauphin enlortille a une ancre car il est faux que ;

Danse du soleil. C'est une croyance encore par affection pour I'homme il la conduise au fond
repandae dans beaucoup de villages que le soleil de la mer, comme le contaient nos peres
danse le jour de Paques. Mais cette gracieuse Dauphine, ancienne province de France qui,
tradition populaire n'est que de la poesie, comme des le quatorzieme siecle attaquee dans sa foi, ,

les trois soleils qui se levent sur Thorizon le ma- ainsi que les Cevennes, par diverses bandes he-
tin de la Trinite. retiques, accueillit rapidement le calvinisme, et
Dante, le plus grand poete de I'ltalie, mort lors de la revocation de I'edit de Nantes, devint
en 1321, dans sa Divina Comcdia une des-
a fait le theatre de phenomenes extraordinaires ou se
:
eription prodigieuse, en Irente-trois chants, de glissa vite la magie. 11 s'eleva la des ecoles de
I'enfer et une autre du pnrgatoire. Mais il ne faut prophetes, qui, dans des extases etdes transports,
chercher la qu'une grande poesie. M. E. Aroux, disaient etfaisaient des choses tout a fait excen-
dans son livre intitule VHcrhie du Dante, a triques. Un nomme Serre ou Duserre etait le gou-
voulu demontrer que Dante etait attache a I'he- verneur et le maitre de I'ecole de prophetie.
resie vaudoise, qui entraina tant d'imaginations Quelques-uns de ses eleves se firent un nom,
au Ireizieme siecle; c'est douteux. entre autres Gabriel Astier et une jeune fille
Daphnephages, devinsqui, avantde repondre (car il y avait prophetes et prophetesses) nom-
aux questions qu'on leur faisait, mangeaient des mee Isabelle, connue sous le nom de la belle
feuilles de laurier, parce que, cet arbre etantcon- Isabeau. Des rainistres protestants se melaient a
sacre a Apollon, ils se croyaient de la sorte in- cet ebranlement Jurieu lui-meme prophetisa. II
;

spires de ce dieu. fallutenvoyer des troupes pour abattre cette tem-


Daphnomancie, divination par le laurier. On pete qui devenait menagante. Isabeau se con-
en une branche dans le feu si elle petil-
jetait ;
vertit; et la repression, que les reformes ont fort
lait en brulant, c'etait un heureux presage mais ;
noircie, se fit avec moderation ^On a appele ces
si elle brulait sans faire de bruit, le pronostic singuliers rebelles camisards , a cause de leur
^tait facheux. maniere de se reconnaitre dans leurs reunions
Dards magiques. Les Lapons, qui passaient secretes ils se mettaient une chemise par-dessus
:

autrefois pour de grands sorciers et qui le sont a leurs habits.


present bien peu, langaient, dit-on, des dards de David. Selon les Orientaux, ce prophete-roi
plomb longs d'un doigt centre leurs ennemis se faisait obeir des poissons, des oiseaux et des
absents, et croyaient leur envoyer avec ces dards pierres; ils ajoutent que le fer qu'il tenait dans
enchanles des maladies et des douleurs violentes. ses mains s'amollissait , et que les larmes qu'il
VoiJ. TVRE. versa pendant les quarante jours qu'il pleura son
Daroudji. C'est le nom que les Persans don- peche faisaient naitre des plantes. Adam , disent
nent a la troisieme classe de leurs mauvais genies. les musulmans , avait donne soixante ans de la
Darvands', mauvais genies en Perse, opposes duree de sa vie pour prolonger celle de David,
aux amschaspands. dont il prevoyait le regne glorieux.
Daugis auteur peu connu d'un livre contre
,
David, pretre apostat, mele a la possession de
les sorciers intitule Traite sur la macjie, le sor-
tilege, les possessions , obsessions et malejices , oil

Ton endemontre la verite etlarealite; avec une ' Brown, Bes erreurs populaires liv. V, oh. ii. ,

methode sure et facile pour les discerner et les ,


Voyez, dans les Legendes i7ifernales, les Prophetes
2

reglements contre les devins, sorciers, magi- du Dauphine. M. Hippolyte Blanc a donne recemment
line curieuse et tres-interessante histoire de ces fails,
ciens, etc. Paris, in-12, 1732.
sous ce titre : De I' inspiration des 'camisards , in-12,
Dauphin. On ne salt pas trop sur quoi est 1860, a Paris, chez Henri Plon.
DAY — 200 — DEL

Louviers par ses relations avec Madeleine Ba- Dedshail, le diablechez plusieurs tribusarabes.
vent. II eut iine mort subite. Dee
(Jean), savant fou, ne a Loudres en 1527.

David Georges, vitrier de Gand, qui en 1525 11 s'occupa de cabale, d'alchiniie et d'astrologie.

se mil a courir les Pays-Bas, en disant qu'il etait La reine Elisabeth le tira de sa misere el I'appela
le Messie envoye siir la terre pour remplir le son philosophe. II a laisse quelques ecrits que Ca-
ciel, qui avail beaucoup trop de vide. On le si- saubon a publies. Morten 1607.
gnala coinme un fou dangereux mais il changeait ; Deification. Vespasien, se voyantsur le point
de nom pour se mettre a couvert des poursuites. de mourir, dit a ses amis, par une assez fine
II ensorcelait les espriLs, dit Delancre, tandis que raillerie de I'adulation des Romains qui deifiaient ,

les autres sorciers ensorcelaient les corps. Au leurs empereurs apres la mort « Je sens que je :

bouL de treize ans qu'il sejourna a Bale, il mou- deviens dieu. »

rut. Ses disciples furent etonnes de sa mort, car Deiphobe, sibylle de Cumes. Voy. Sibylles.
ils le croyaienL immorlel : cependant il leur avait Deisme. Le deisine n'est autre chose que la
predit qu'il ressucilerait trois jours apres son religion de la nature materielle, mais en niant
trepas. Ce qui n'eut pas lieu * et ses resles fu- ; tout dans le surnaturel: cetle triste et froide doc-
rent brules en 1559. trine n'explique rien ne produit rien, ne mene ,

David Jones. Les matelots anglais appellent a rien.


de ce nom le mauvais genie qui preside a tous Dejections. Le medecin de Haen, dans le der-
les esprils malfaisanls de lamer. 11 est dans tous nier chapilre de son Traitc de la magie , dit que
les ouragans; oil I'a vu quelquefois d'une taille siTon voit sortir de quelques parties que ce soit
gigantesque montrant irois rangs de dents ai-
, du corps humain sans lesion considerable des
, ,

gues dans sa bouche enorme, ouvrant de grands choses qui naturellement ne peuvent y enlrer,
yeux effrayants et de larges narines d'ou sor- , comine des couleaux des morceaux de verre, ,

taient des flammes bleues. du fer, de la poix, des touffes de crin des os, ,

Deber. Des theolugiens hebreux disent que des insectes de grosses epingles tordues des
, ,

Deber signifie le demon qui offense la nuit; et charbons, etc. on doit atiribuer tout cela au de-
,

Cheteb ou Chereb, celui qui offense en pleinmidi. mon el a la magie. Voij. Excrements.
Decarabia. Voy. Carabia. Delancre (Pierre) ,
demonographe renonime,
Decius (Publius). Pendant la guerre des Ro- no a Bordeaux dans le seizieme siecle. 11 fut
mains contre les Latins, les consuls Publius De- charge d'instruire le proces de quantites de vau-
cius et Manlius Torquatus, campes pres du Ve- riens accuses de sortileges. Dans ces travaux il
suve, eurent tous deux le meme songe dans la demeura convaincu de toutes les abominations
meme nuit ils virent en dormant un liomme
: du sabbal el des sorciers. II mourul a Paris vers

d'une figure haute, qui leur dit que I'une des 1630. On a de lui deux ouvrages recherches sur
deux armees devait descendre chez les ombres, ces matieres.
et que celle-la serait victorieuse dont le general 1° L'inrredidiU et mdcrdance du sortilege pleir

se devouerait aux puissances de la mort. nement convaincues ou il est amplement et cu- ,

Le lendemain les consuls, s'etant raconte leur rieusement traite de la verite ou illusion du sor-
songe, firent un sacrifice pour s'assurer encore tilege, de la fascination, de I'attouchement du ,

de la volonte des dieux et les entrailles des vic-


, scopelisme, de la divination de la ligature ou ,

times confirmerent ce qu'ils avaient vu. lis con- liaison magique, des apparitions et d'une infi-
vinrent done entre eux que premier qui ver-
le nite d'autres rareset nouveaux sujels, par P. De-
rait plier ses bataillons s'immolerait au salut de lancre, conseiller du roi en son conseil d'Elat.
la patrie. Paris, Nicolas Buon, 1612, in-i" de pres de 900
Quand le combat fut engage, Decius, qui vit pages, assez rare , dedie au rpi Louis XIII divise ,

fl^chir I'aile qu'il commandait, se devoua, et en dix trailes.


avec lui toute I'armee ennemie aux dieux infer- Dans premier Iraile, I'auteur prouve que
le
naux, et se precipita dans les rangs des Latins, Le se-
tout ce qu'on dil des sorciers est veritable.
ou il regut la mort en assurant a Rome une vic- cond, intitule de la Fascination , deinontre que
toire eclatante ^.
les sorcieres ne fascinent, en ensorcelant, qu'au
Si ce double songe des consuls et les presages moyen du diable. Par le troisieme traite, consacre
des victimes publics dans deux armees n'e-
les a \' attouchement , on voit ce que peuvent faire
taientqu'un coup de politique, le devouement de les sorciers par le toucher, bien plus puissant
Decius etait un acte de patriotisme bien grand, que le regard. Le traite quatrieme, oii il s'agit
meme chez les Romains. du scopelisme, nous apprend que par cette science
Decremps, escamoteur du dernier siecle, qui secrete on maleficie les gens en jelant simple-
publia un Traitc de la magie blanche. ment des pierres charmees dans leur jardin. Le
magnetisme explique aujourd'hui la plupart de
1 Voyez I'histoire de David Georges, dans les Le-
gendes in females. ces prodiges. Le traite suivant detaille toutes les
2 Tite-Live et Valere-Maxime. divinations. Au sixieme traite on s'instruit de ,
DEL — 201 — DEM
tout qui tientaux ligatures. Le seplieme roule sur II arriva un jour que des chevres s'6tant appro-

les apparitions. L'auleur, qui ne doute peut-eLre chees sur le Parnasse d'un trou d'oh sortait une
pas assez, en rapporte beaucoup. II tombs, dans le exhalaisun forte, elles se rairenta danser. La nou-
huitieme traite, sur les juifs, les apostats et les veaute de la chose et I'ignorance oii Ton etait de

athees. Dans le neuvieme , il s'eleve centre les la vertu nalurelle de ces vapeurs firent croire
heretiques, dont TappariLion dans tous les temps qu'il y avait la-dessous du merveilleux et que ,

a produit en effet des fanatismes plus ou moins sans doute ce trou etait la demeure de quelque
absurdes ou abominables. II se recrie, dans le dieu (ou demon), dont on ne devait pas negliger
dernier traite centre I'incredulite et mecreance
, les inspirations. II n'en fallut pas plus on y batit :

des juges en fait de sorcelierie. Le tout est suivi un temple, on y instilua un oracle, des pretres,
d'un recueil A' arrets notables centre les serciers. une pythie, des ceremonies. L'exhalaisen qui
2° Tableau de I'mconstance des mauvais anges montait a la tete de la pretresse I'agitait violem-
et dimons , ou il est amplement traite de la sor- ment c'etait, comme le remarque Benjamin
:

celierie et des serciers ; livre tres-curieux et tres- Binet, I'inspiration du dieu qui la saisissait. Elle'
ulile , avec un discours contenant la procedure parlait sans se faire cemprendre c'etait le dieu :

faite par les inquisiteurs d'Espagne et de Na- qui combattait ses facultes. Elle revenait a elle-
varre a cinquante-trois magiciens, apostats, juifs meme et prenongait I'eracle : c'etait le dieu qui,
et serciers, en de Logrogne, en Castille, le
la ville devenu le mailre, parlait par son organe. La force
9 novembre 1610; en laquelle on voit combien de l'exhalaisen etait quelquefeis si vielentequ'elle
I'exercice de la justice en France est plus juridi- faisait mourir la pythie. Plutarque en cite un
quement traite et avec de plus belles formes qu'en exemple.
tous autres empires, royaumes, republiques et Delrio (Marlin-Anteine), ne a Anversen 1551,
Etats, par P. Delancre, conseiller du roi au par- savant jesuite auteur d'un livre intitule Be-
,

lement de Bordeaux; Paris, Nicolas Buon, 1612, cherches magiques * , en six livres oii il est traite ,

in-4° d'environ 800 pages % tres-recherche, sur- soigneusement des arts curieux et des vaines su-
tout lorsqu'il est accompagne de I'eslampe qui perstitions; in-i° Louvain 1599, souvent re-
,
,

represente les ceremonies du sabbat. imprime. Ce livre celebre, qui eut dans son temps
Get euvrage est divise en six livres le premier ;,
beaucoup de vogue a ete abrege et traduit en
,

contient trois discours sur I'inconstance des de- francais par Andre Duchesne, Paris, in-4° in-8°,

mons, le grand nombre des serciers et lepenchant 2 vol., 1611, tres-recherche. L'auteur se montre
des femraes du pays de Labourd pour la sorcelierie. generalement pluseclaire que la plupart des ecri-
Le second livre traite du sabbat en cinq discours. vains de son siecle. Son euvrage est divise en
Le troisieme roule sur la meme matiere et sur six livres; le premier traite de la magie en ge-
les pactes des serciers avec le diable, pareille- neral nalurelle et arLificielle et des prestiges;
, ,

ment en cinq discours. Le qualrieme livre qui ,


le second, de la magie infernale le troisiem.e, des ;

contient quatre discours, est consacre aux leups- malefjces; le quatrieme, des divinations el pre-
garous; le livre cinquieme en treis discours, , dictions; le cinquieme, des devoirs du juge et
aux superstitions et apparitions et le sixieme, ; de la maniere de proceder en fait de sorcelierie;
aux pretres sorciers en cinq discours., le sixieme, des devoirs du cenfesseur et des re-

Tout ce que ces ouvrages presentent de cu- medes permis ou prohibes centre la sorcelierie.
rieux tient sa place dans ce dictionnaire. En general, ces disquisitions magiques sent un
Delangle (Louis), medecin espagnol et grand recueil de faits bizarres meles de raisonnements ,

astrologue. On raconte qu'il predit au roi de France et de citations savantes.


Charles VII la journee de Freraigny en 1Z|5U; il Deluge. Voij. Is ^

predit aussi, selon quelques auteurs, Temprison- Demence. Voy. Possession.


nement du petit prince de Piemont, ainsi que la Democrite, philosophe celebre qui flerissait
peste de Lyon I'annee suivante. On I'accusa de en Grece environ treis cents ans apres la fonda-
superstition ,
quoiqu'il ne se dit qu'astrolegue. Le tioii de Rome. Les ecrivains du quinzieme et du

rei le retint a quatre cents livres de pension et seizieme siecle I'ont accuse de magie quelques- ;

I'envoya pratiquer sa science a Lyon. II fit plu- uns lui ont meme attribue un traite d'alchimie.
sieurs livres et traduisit d'espagnol en latin les Psellus pretend qu'il ne s'etait creve les yeux
Nativitis, de Jean de Seville. On ajoute qu'il pre- qu'apres sen bien a la recherche
diVOvc souffle tout

vit le jour de sa morL II fit faire, dit-on, quinze de la pierre philosophale. La cecite de Democrite
jours d'avance son service que Ton continua
,
a embarrasse bien des personnes. Tertullien dit
jusqu'a I'heure marquee ou en effet il mourut ^ qu'il se priva de la vue parce qu'elle etait pour
Delphes (I'oracle de) Diodore deSicile nous ap-
. lui une occasion de mauvaises cenveitises. PIu-
prend I'origine des merveilles qu'on en a contees.
1 Disquisitionum magicarum libri sex, etc., auc-
'
y a une preface de Jean d'Espagnet.
II tore Marlino Delrio , etc.
2 Ancien manuscrit de la bibliotheque du roi, rap- ^ Pour le deluge universal, voyez les Legendes de
porte a la fin des Remarques de Joly sur Bayle. r Ancien Testament.
— 202 — DEM
tarqiie pour philosopher plus a
pense que c'elait lise lessavanles pages de la Mi/sti'^/uc divine, na-
son aise, et c'est le plus repandu,
le sentiment turelle et diabolirjnede Gorres, on y verra qu'au-
qiioiqu'il soit aussi denue de fondemcnt que les jourd'htii, au moment ou ces lignes se lisent, il
autres. Ddniocrite ne fut point aveugle, si Ton en y a sur noire sol, dans les bas-fonds de la society,
cj'oit Hippocrate, qui raconte qu'appele paries une foule de demonolatres ou adorateurs du d6-
Abderilains pour guerir la folie pretendue de ce mon qui lui rendent un culte (enebreux qui se
, ,

philosophe, il le trouva occupe a la lecture de donnent et se livrent a lui el qui agissent en con-
certains livres et a la dissection de quelques ani- sequence. C'esl du resle la suile logique et con-
*
iiiaux , ce qu'il n'eut point fait s'il eut ete aveugle. stanle de toutes les eres philosophiques.
De jeunes
-Abderitains, sachant que Democrile Demonologie, discours el Iraites sur les de-
s'dtait enfenne dans un sepulcre ecarte de la ville mons. Pour la demonologie du roi Jacques, voij.

pour philosopher, s'habillerent un jour en de- ce nom. I'oi/. aussi Waltkr Scott.
mons avec de longues robes noires et des mas- Demonomancie, divination par le moyen des
ques hideux; puis ils I'allerenl trouver el se mi- demons. Cello divination a lieu par les oracles
rent a danser autour de lui Democriie n'en parul ;
qu'ils rendenl ou par les reponses qu'ils font a
pas effraye; il ne leva pas meme les yeux do ceux qui les evoquent.
dessus son livre et continua d'ecrire 11 riait de Demonomanie, manie de ceux qui croient sans
lout, nous dit-on, mais son rire ctait moral, et I'dscrve a lout ce qu'on raconte sur les demons
il voyait autrement que les hommes dont il se et les sorciers, comme Boguet, Leloyer, Delan-
moquail. Croyons done, avec Scaliger, qu'il etail cre, Wierus, etc. Un ouvrage de Bodin porte le
aveugle moralenient, (juod alioruin more oculis lilre de Dhnonomnnic des sorciers ; mais la ce mot
non utcretur. signifie diablerie. Voij. Bobin.
On a dit qu'il entendait le chant des oiseaux, Demons. Ce que nous .savons d'exact sur les
procure cette facullo merveilleuse
et qu'il s'etait (lemons se borne a ce que nous en enseigne I'E-
en mangeant un serpent engcndre du sang me- glise: (|ue ce sonl des anges loinbes, qui prives ,

lange de certains oisillons; mais que n'a-t-on pas do vue de Dieu depuis leur revolle, ne respi-
la

dit On a dit aussi qu'il commerqait avec le diable,


I renl plus (pie le mal et ne cherchent qu'a nuire.
parce qu'il vivail solitaire. Ils onl c()mmenc(; leur ivgne sinislre par la se-

Demogorgon, adore en Arcadic, a laisse une dueiion de nos premiers p(ires; ils continuent de
curieuse histoire. II elait enfoni au milieu de la lulter contre les anges fideles qui nous prolegent,
terre, alorsinerte, el il s'y ennuyait, car il n'a- et ils triomphent do nous quand nous ne leur re-
vail pour compagnon que le chaos. 11 s'avisa done sislons pas avec courage oubliant de nous ap-
,

de se faii-e une pelile voiture en foi'ine de sphere;

il la lanca ct se mil dessus. Comme elle tournait


loujours circulairemenl, son excursion forma le
ciel. Ayant rencontre le feu en chemin, il en Hi
le soleil, et piece apiece il construisit ce monde.
Voila un des dogmes des pai'ens.
Demon barbu. Voij. Baubu.
Demoniaques. I'oij. Poss^des.
Demonocratie ,
gouvernement des demons,
inlluence immediate des esprits malfaisanls , re-
ligion de quehiucs i)euplades americaines, afri-
caines ,
asiatiquos , sibcriennes , kamtschada-
les, etc., qui reverent le diable avant tout, comme
par exemple les Kurdes.
Demonographie, histoire et description de ce
qui regarde les demons. On appelle demonogra-
phes les auteursqui ecriventsur ce sujet, comme
Boguet, Delancre Leloyer, Wierus, etc.
,

Demonolatrie, culle des demons. On a public


a Lyon vers 1819 un volume in -12 intitule
Superstilions ct demonoldlrie des philosophes. Ce
livre a ete un pen bafoue, quoiqu'il contienne de
Ires-bonnes choses et de serieuses veriles. II est
certain que chez nous-memes, qui sommes si fiers
puyer sur la grace de Dieu. On ne pent nier leur
de nos kimieres et de nos progres le demon existence sans lomber dans I'absurde et dans
,

comple encore d'innombrables servileurs. Qu'on I'inexplicable. Lock, Clarke, Leibniz, Newton,
^ Leloyer, Histoire des spectres ou Apparition des toutes les tetes soUdes ont compris I'impossibilite
esprits, liv. I. cli. ix, p. 80. de celle negation.
DEM — 203 — DEM
Nous ne pouvons faire ici un traiLe dogma tique le soleil d'autres les ont relegues dans la lune.
;

sur les demons. Nous devons nous borner a rap- Boriions-nous a savoir qu'ils sont dans les lieux
porler les opinions bizarres et siiigulieres aiix- infcricurs, et que Dieu leur permel de lenter les
quelles ces elres maudils ont donne de I'inleret. hommes et de les eprouver. Nous connaissons la
Les paiens adinettaient trois sortes de demons, dure et incontestable hisloire du peche originel,
lesbons, les mauvais et les neutres. Mais lis ap- repare, dans ses el'fels eternels, par la redemp-
pelaient demon tout esprit. Nous entendons par tion. Depuis, le pouvoir des demons, resserre

demon un ange de tenebres, un esprit mauvais. dans de plus etroites limiles, se borne a un role
Presque toutes les traditions font remonter I'exis- vil el tenebreux qui a produit pourtant de lamen-
tence des demons plus loin que la creation do tables fails.
rhomme. La chute des anges a eu lieu en effet On n'a aucune donnee du nombre des dem.ons.
auparavant. Parmi les Juifs, Aben-Esra pretend Wierus, comme les avail comples, dit qu'ils
s'il

qu'on doit fixer cette chute au second jour de la se divisent en six mille six cent soixanle-six le-
creation. Menasse Ben-Israel ,
qui suit la meme gions, composees cliacune de six mille six cents
opinion, ajoute qu'apres lear chule, Dieu les placa soixanle-six anges noirs; il en reduit ainsi le
dans les nuages et leur donna le pouvoir d'ha- nombre a quarante-cinq millions,
ou a peu pres,
biter I'air inferieur ^ mais ilen a bien davantage. 11 leur donne
y
Origene et quelques philosophes soutiennent soixanle-douze princes, dues, marquis ou comtes.
que les bons et les mauvais esprits sunt beau- lis ont leur large part dans le mal qui se fait ici-
coup plus vieux que noire monde; qu'il n'est pns bas", puisque les mauvaises inspirations viennent
probable que Dieu se soit avise lout d'un coup, d'eux seuls.
il y a seulement six ou sept mille ans ^, de tout

creer pour la premiere fois que les anges et les


;

demons elaient restes immortels apres la mine'


des mondes qui ont precede le notre, etc. Manes,
ceux qu'il a copies et ceux qui ont adople son
systeme font le diabl& presque eternel et le rc-
gardentcomme leprincipe du mal,ainsi que Dieu
est le principe du bien. Qiioique faux a i'exces,.
ce systeme a encore trop de partisans. Pour nous, ;

nous devons nous en lenir sur les demons au


sentiment de I'Eglise catliolique. Dieu avail cree
|

les choeurs des anges. Toiite cetle niiiice celeste I

Fiyiiie (run dt'iDoii.


etait pure et non portee au mal. Ouekiues-uns so
laisserent aller a rorgtieil; iis oserent se croire- Selon Michel Psellus, les demons se divisent
aussi grands que leur Crealeur, et eotrainerenl en six grandes sections. Les premiers sont les
dans leur revoke une parlie de I'armee des anges. demons du. feu, qui en habitent les regions; les
Satan, le premier des seraphins el le plus grand seconds sont les demons de Fair, qui volent au-
de tons les elres crees^ , s'elait mis a la lete des tour de nous et ont le pouvoir d'exciler les
rebelles. 11 jouissaitdans le ciel d'une gloire inal- orages ; les Iroisiemes sont les demons de la

terable et ne reconnaissait d'aulre maitre que terre, qui se melon t avec les hommes et s'oc-
FEternel. Une folle ambition causa sa perle; il cupent de les tenter; les qualriemes sont les
voulut regner sur la moilie du ciel, el sieger sur demons des eaux, qui habitent la mer et les ri-
un irone aussi eleve que celui du Createur. L'ar- vieres, pour y elever des lempeles et causer des
change Michel et les anges restes dans le devoir naufrages; les cinquiemes sont les demons sou-
lui livrerent combat. Satan fut vaincu ct precipile terrains, qui preparent les tremblements de lerre,
avec tons ceux de son parti ' loin du ciel, dans
, souillenl les volcans, font ecrouler les puits et
un lieu que nous nommons I'cnfev ou I'abimc, et lourmenlent les mineurs; les sixiemes sont les
que plusieurs opinions placentau centre enllamme demons tenebreux , ainsi nommes parce qu'ils
de notre globe. Mais les demons habilent aussi vivent loin du ne se n)ontrent que peu
soleil et
I'air, qu'ils remplissent. Nous le lisons dans sainl sur la terre. On ne sail trop ou Michel Psellus a
Paul. Saint Prosper les place dans les brouillards. trouve ces details; mais c'est dans ce systeme
Swinden a voulu demontrer qu'ils logeaicnl dans que les cabalistes ont imagine les salamandres,
qu'ils placenl dans les regions du feu les sylplics ;
1 Da resurreclione moriuoruni, lib. Ill, cap. vi.
2 La version des Septante donne au nionde qiiinze qui remplissent I'air; les ondins, ou nymphes,
ou dix-liuit cents ans de plus que nous. Les Grecs qui vivent dans I'eau, et les gnomes, qui sont
modernes ont siiivi ce calcul, et le P. Pezron I'a un loges dans I'interieur de la lerre.
peu reveille dans VAyitiquite retablie.
3 Quique creaturce prcBfulsit in ordine primus....
Des docles ont prelendu que les demons mul-
Ale. Activi poem., lib. IL tiplient enlre eux comme les hommes; ainsi, leur
* Apocalypse, ch. v, vers. 7 et 9. nombre doit s'accroitre, surlout si Ton considere
,,
,, ,

DEM — 204 — DEN

la duree de leur vie, que quelques savants out mons, nous citerons encore Bayle, qu'on n'ac-

bien voulu suppiiter; car il en est qui ne les font cusera pas de credulite excessive. II reconnait
pas iinmortels. Hesiode leur donne une vie de lui-meme demons el les faits que
I'existence des

six cent quatre-vingt mille quatre cents ans. Plu- I'Egiise leur attribueavec fondements. « II se
tarque, qui ne congoit pas bien qu'on ait pu faire Irouve dans les regions de I'air, dil-il des etres ,

I'experience d'une si longue vie, la reduit a neuf pensants, qui etendenl leur empire aussi bien
mille sept cent vingt ans... que Iciu's connaissances sur notre monde. Et
Ajoutons ici une remarque de Benjamin Binet, comme on ne pent nier I'exislence sur la terre
dans son Traile des dieux et des demons du pa- d'elres mechants qui font le mal et s'en re-
ganisme : u Les anciens s'etaient imagine quo jouissent, on serait ridicule on osait nier qu'ilsi

Dieu etant esprit, il fallait que les anges et les y ait, outre ceux-la qui ont des corps, plusieurs
demons fussent des corps, a cause de la clistance autres qu'on ne voit pas et qui sont encore plus
infinie qui eloigne le Createur de la creature. » malins et plus habiles que I'homme'. »

(t 11 est certain, dit Tertullien, que les anges Demons blancs. Voy. Femmes blanches.
n'ont pas eu une chair qui leur fut personnelle Demons familiers, demons qui s'apprivoi-
etant spirituels de leur nature; et s'ils ont un senl el se plaisent a vivre avec les hommes qu'ils

corps, il convient a leur nature. (Tert. , De came aiment assez a obliger.


Chrisli, cap. 6.))) Saint Macaire I'ancien pousse Un hislorien Suisse rapporte qu'un baron de
encore la chose plus loin en ce passage « Cha- : Regensberg s'elait relire dans une tour de son
cun est corps selon sa propre nature en ce sens ; chateau de Bale pour s'y adonner avec plus de
range el I'ame et le demon sont corps. » (Mac. soin a I'elude de I'Ecriture sainte et aux belles-
horn. /).) lettres. Le peuple etait d'autant plus surpris du

Plutarque compare la nature des demons a choix de cette retraite, que la tour etait liabilee
celle des hommes. 11 les represente sujets aux par un demon. Jusqu'alors le demon n'en avail
memes ^jesoins, aux memes infirmiles, se nour- permis I'entree a personne mais le baron etait ;

rissant de la fumee, de la graisse el du sang des au-dessus d'une telle crainte. Au milieu de ses
sacrifices... Iravaux, le demon lui apparaissail, dil--on, en
y a bien des choses a dire sur les demons el
II liabit seculier, s'asseyait a ses cotes, lui faisait

sur les diverses opinions qu'on s'esl failes d'eux. ,des queslions sur ses recherches el s'enlrele-
On trouvera generalement ces choses ix leurs ar- nait avec lui de divers objets, sans jamais lui
dans ce diclionnaire.
ticles faire aucun mal. L'historien credule ajoule que,
Les Moluquois s'imaginenl que les demons si baron eul voulu exploiter melhodiquement
le

s'inlroduisent dans leurs maisons par I'ouver- ce il en eul tire beaucoup d'eclaircisse-
demon,
ture du toil et apportent un air infect qui donne menls utiles. Voy. Berith Cardan Esimuts , , ,

la petite verole. Pour prevenir ce malheur, ils LuTiNS, Farfadets, Kobold, Socuate, etc.
placenl a I'endroit ou passent ces demons cer- Demons de midi. On parlail beaucoup chez
taines petitcs stalues de bois pour les epouvan- les anciens de certains demons qui se monlraienl
ter, comme nous hissons des hommes de pailie parliculierement vers midi a ceux avec lesquels
sur nos cerisiers pour ecarter les oiseaux. Lorsque ilsavaient conlracte familiarite. Voy. Agathion.
ces insulaires sortent le soir ou la nuit, temps Ces demons visilent ceux a qui ils s'alLachenl,
atlrisle par les excursions des esprits malfaisants, en forme d'hommes ou de beles, ou en se lais-
ilsportent loujours sur eux comme sauvegarde saul enclorc en un caraclere, chill're, fiole, ou
un oignon ou une gousse d'ail un couteau , bien en un anneau vide et creux au dedans. « lis
quelques morceaux de bois; et quand les meres sonl connus ajoule Leloyer, des magiciens qui
,

meltent leurs enfanls au lit, elles ne manquenl s'en servenl, et, a mon grand regret, je suis
pas de meltre I'un ou I'aulre de ces preservatifs conlraint de dire que I'usage n'en esl que Irop
sous leur tete. commun^. Voy. Empuse.
»

Les Chingulais pour empecher que leurs fruits Demons obsesseurs. Voy. Obsessions.
ne soient voles annoncent qu'ils les ont donnes Demons possesseurs. Voy. Possessions.
aux demons. Des lors, personne n'ose plus y Denis Anjorand, docteur de Paris, medecin
toucher. el astrologue au qualorzieme siecle. Ce ful lui
Les Siamois ne connaissenl point d'autres de- qui predit la venue du prince de Galles, et qui

mons que les ames des mechants qui, sorlant configura d'avance par astrologie du roi la prise
des enfers ou elles etaient detenues, errent un Jean a Poitiers. Mais on n'en tint pas compte.
certain remps dans ce monde et font aux hommes Neanmoins, apres que la chose ful advenue, il
tout le mal qu'elles peuvent. De ce nombre sont ful grandemenl estime a la cour\
encore les criminels executes, les enfants mort-
Diclionnaire critique. Art. Spinoza et Ruggeri.
'

nes, les femmes morles en couches et ceux qui Histoire des spectres, liv. Ill, eh. iv, p. 198.
~

ont ele tues en duel. 3 Ancien manuscril de la bibliotheque du roi, cit^

A ceux qui sont assez obtus pour nier les de- par Joly, fiemarques sur Bayle.
;

DEN — 205 — DES

Denis le ecrivain pieux du quin-


Chartreux , argumentateur inconnu, lui dit, sur le point de se
zieme ne dans le pays de Liege. Nous ne
siecle, rendre « Tu es le diable, ou tu es Derodon. »
:

citerons que son ouvrage Des quatre dernieres Ce savant a laisse un Discours contre I'astrologie
fins de I'homme, ou il traite du purgatoire et de judiciaire, in-S", 1663.

I'enfer. Voij. Enfer. Dersail ou Detsail, sorcier du pays de La-


Denis de Vincennes, medecin de la faculte bourd, qui portait le bassin au sabbat, vers I'an

de Montpellier et grand astrologue. Appele au 1610. Plusieurs sorcieres ont avoue I'y avoir vu

service du due Louis d'Anjou, il fut fort expert recevant les offrandes a la messe du
sabbat;

en ses jugements particuliers, entre lesquels il elles ont assure de plus qu'il employait cet ar-

un audit due, qui gouverneur du petit gent pour les affaires des sorciers et pour les
en fit etait

roi- Charles VI au moyen duquel il trouva le tre- siennes'.


,

sor du roi Charles V, qui etait seulement a la Desbarolles (M. Adolphe), auteur d'un livre
connaissance d'un norame Errart de Serreuze, intitule les Mysleres de la main, chiromancie
homme vertueux, discret et sage. II y avait dans nouvelle, assez fantaslique. Un vol. in-12 de
ce tresor, que Denis de Vincennes decouvrit par 62i pages.
son art, dix-huit millions d'or. Aucuns (attendu Desbordes, valet de chambre du due de Lor-
que ce roi avait toujours eu la guerre) disent que raine Charles IV. Ce valet fut accuse, en 1628,
Jean de Meung, auleur du roman de la Rose, lui d'avoir avance mort de la princesse Christine,
la

avait amasse ce tresor par la vertu de la pierre mere du due, cause diverses maladies que les
et

philosophale medecins attribuaient a des malelices. Charles IV


avait concu de violents soupgons contre Des-
Dents. II y a aussi quelques histoires merveil-
leuses sur les dents ; et d'abord on a vu des en- bordes depuis une partie de chasse ou il avait
,

fants naitre avec des dents ; Louis XIV en avait servi un grand diner au due, sans autres prepa-
deux lorsqu'il vint au inonde. Pyrrhus^ roi des ratifs qu'une petite boite a trois etages, dans la-

; Epirotes, avait au lieu de dents un os continu en quelle se trouvait un repas exquis. C'etait peut-
haut de machoire et un os pareil en bas. II y
la etre un autoclave. Dans une autre occasion, il
avait meme
en Perse une race d'hommes qui s'etait permis de ranimer trois pendus (car il

apportaient ces os-la en naissant^. La republique faisait toujours tout par trois) qui, depuis trois
jours, elaient attaches a trois gibets et leur
des Gorgones devait etre bien laide, comme dit ; il

M. Salgues, s'il est vrai que ces feinmes n'avaient avait ordonne de rendre hominage au due apres ,

pour elles toutes qu'un oeil et qu'une dent, qu'elles quoi il les avait renvoyes a leurs potences. On
se pretaienl I'une a I'autre. verifia encore qu'il avait ordonne aux person-

En 1691, le bruit courut en Silesie que les nages d'une tapisserie de s'en detacher et de
dents etant toinbees a un enfant de sept ans, il venir danser dans le salon... Charles IV, effraye
lui en etait venu une d'or. On pretendait qu'elle de ces prodiges, voulut qu'on informat contre
^tait en partie naturelle et en partie merveil- Desbordes. On lui fit son proces et il fut con-
leuse, et qu'elle avait ete envoyee du ciel a cet damne au mais soyez assure qu'il y avait
feu^
enfant pour consoler les Chretiens affliges par les a la homme autre chose que des
charge de cet
Turcs, quoiqu'il n'y eut pas grand rapport entre tours de gibeciere et des lours de passe-passe.
cette dent et les Turcs, et qu'on ne voie pas Descartes (Rene), I'un des hommes celebres
quelle consolation les Chretiens en pouvaient du dix-septieme siecle. II fut persecute en Hol-
tirer. Cette nouvelle occupa plusieurs savants lande lorsqu'il publia pour la premiere fois ses
elle eleva plus d'une dispute entre les grands opinions. Voet (FoefiMs) qui jouissait de beau-
,

homines du temps, jusqu'a ce qu'un orfevre coup de credit a Utrecht, I'accusa d'atheisme; il
ayant examine la dent, il se trouva que c'etait congut meme le dessein de provoquer sa con-
une dent ordinaire a laquelle on avait applique damnation, sans lui permettre de se defendre,
une feuille d'or avec beaucoup d'adresse mais : et, avec la mansuetude protestante, de le faire
on commenca par disputer et faire des livres, bruler a Utrecht sur un bucher tres-eleve, dont
puis on consulta I'orfevre. la fiamme serait apercue de toutes les
Provinces-
On voit dans les Admirables secrets d' Albert Unies'..., pays assez plat pour une telle tenta-

le Grand qu'on calme le mal de dents en deman- tive. —


A cote de ces fureurs peu chretiennes,
'
dant I'aumone en I'honneur de saint Laurent. comparez I'Eglise romaine, qui s'est contentee de
C'est une superstition. —
Les racines d'asperges signaler les quelques erreurs de Descartes parce
sont, dit-on, un tres-bon specifique sechees et :

appliquees sur les dents malades elles les arra- ,


'
Delancre, Tableau de I'inconst. des demons, etc.,
chent sans douleur. Nous ne I'avons pas eprouve. P-90- , ,. ,

2 M. Salgues, Des erreurs et des prejuges, et


Derodon (David), dialecticien du dix-septieme magie en France,
M. Jules Garinet, Histoire de la
siecle. On conte qu'un professeur, presse par un
p. 204.
^ Torquemada, Hexameron , 3 Ciiriosites de la littprature, trad, de I'anglais par
p. 29.
2 Saint-Foix, Essais , t. I. Berlin, 1. I, p. 52.
DES — 206 — DES
qu'elles sont dangereiises , et que ce danger est Desfontaines. En 1695, un certain M. Bezuel
reconnii bien reel ,
puisque les pliilosophes sepa- (qui depuis ful cure de Valognes), etant alors
rcs s'en appiiieiit. ecolier de quinze ans , fit la connaissance des
Deserts. C'est surtoiit dans les lieux deserts enfants d'un procureur nomme d'Abaquene, eco-
et abaiidonnes que les sorciers font leur sabbat liers comme lui. L'aine etait de son age; le ca-
et les demons leurs orgies. C'est dans de tels det, un peu plus jeune, s'appelait Desfontaines;
lieux que le diable se monlre a ceux qu'il veut c'etait celui des deux freres que Bezuel aimait
acheter ou servir. C'est la aussi qu'on a peur et davantage. Se promenant tons deux, en 1696,
qu'on voit des fantomes. Voij. Cap.uicfolt.s. ils s'entrolonaient d'une lecture qu'ils avaient

Ueslxjidcs.

faite de I'histoire de deux amis, Icsquels s'elaient ensuite avec son frere, el les deux amis entre-
promis que celui qui mourrail le premier vien- linrent correspondance.
drait dire des nouvelles de son etat au survivdnt. 11 y avail six semaines que Bezuel n'avait regu

Le mort revinl, disait-on et conta a son ami des


, de lettres lorsque, le 31 juillet 1697, se trou-
choses surpronantes. Le jeune Desfontaines pro- vant dans une prairie, a deux heures apres midi,
posa a Bezuel de se faire nnUuellement une pa- il se senlil tout d'un coup etourdi et pris d'une
reille proinesse. Bezuel ne le voulut pas d'abord; faiblesse, laquelleneanmoins se dissipa le len- ;

niais quelques mois apres il y consentit, au mo- demain a , il eprouva le


pareille heure, meme
ment ou son ami allait partir pour Caen. Des- symplome; le surlcndemain il vit pendant son
fontaines lira de sa poche deux petils papiers affaiblissement son ami Desfontaines qui lui fai-
qu'il tenait lout prets, I'un signe de son sang, sait signe de venir a lui Comme il ^lait assis,
ou promellait, en cas de mort, de venir voir
il il se recula sur son siege. Les assistants remar-
Bezuel; I'autre, ou la meme promesse etait querent ce mouvement. Desfontaines n'avancant
ecrile , fut signee par Bezuel. Desfontaines partit pas, Bezuel se leva enfin pour aller a sa ren-
DES — 207 — DES
conlre; le spectre s'approcha, le prit par le bras assez fort. Elle parla d'un ton tres-decide ; car
gauche et le conduisit a trente pas de la dans elle n'avait pas peur. On ne lui repondit point.
un lieu ecarte. —
« Je vous ai promis lui dit-il, , L'esprit fit tomber un vieux paravent et lira les
que si je mourais avant vous je viendrais vous rideaux avec bruit. Elle harangua encore I'ame,
le dire je me suis noye avant-hier dans la ri-
: qui, s'avangant toujours lentement et sans mot
viere, aCaen, vers cette heure-ci. J'etais a la dire, passa dans la ruelle du lit, renversa le

promenade il faisait si chaud qu'il nous


; prit gueridon et s'appuya sur la couverlure. Ce fut la
envie de nous baigner. 11 me vint une faiblesse que madame Deshoulieres fit paraitre toute sa
dans I'eau et je coulai. L'abbe de Menil-Jean, fermete. — «Ah! dit-elle, je saurai qui vous
mon camarade, plongea; je saisis son pied; etes!.... » Mors, etendant ses deux mains vers
mais, soic qu'il crut que c'etait un saumon, soit I'endroit ou elle entendait le spectre, elle saisit

qu'il voulut promptement remonter sur I'eau, il deux oreilles velues qu'elle eut la Constance de
secoua si rudement le jarret qu'il me donna un tenir jusqu'au matin. Aussitot qu'il fut jour, les
grand coup dans la poitrine et me jeta au fond gens du chateau vinrent voir si elle n'etait pas
de la riviere, qui est la tres-profonde. » Desfon- morte. II se trouva que le prelendu revenant
taines raconta ensuite a son ami beaucoup d'au- etait un gros chien, qui trouvait plus commode
tres choses. Bezuel voulut I'erabrasser, mais il de coucher dans cette chambre deserte que dans
ne trouva qu'une ombre. Cependant son bras la basse-cour.
etait si fortement tenu qu'il en conserva une Despilliers. Le comle
Despilliers le pere,
douleur. 11 voyait continuellement le fantome, qui mourut avecgrade de marechal de camp
le

un peu plus grand que de son vivant, a demi de I'empereur Charles VI, n'etait encore que
nu portant entortille dans ses cheveux blonds
,
capitaine de cuirassiers lorsque se trouvant en
,

un ecriteau ou il ne pouvait lire que le mot in quartier d'hiver en Flandre un de ses cavaliers
,

II avait le meme son de voix; il ne paraissait ni vint un jour le prier de le changer de logement,
gai ni triste, mais dans une tranquillite parfaite. disant que toutes les nuits il revenait dans sa
11 pria son ami survivant, quand son frere serait chambre un esprit qui ne le laissait pas dormir.
revenu de le charger de dire certaines choses
, Despilliers se moqua de sa simplicite et le ren-
a son pere et a sa mere; il lui demanda de re- voya. Mais le militaire revint au bout de quel-
citer pour lui les sept psaumes qu'il avait eus en ques jours et repeta la meme priere ; il fut en-
penitence le dimanche precedent et qu'il n'avait core moque. Enfin il revint une troisieme fois
pas encore recites ; ensuite il s'eloigna en di- et assura a son capitaine qu'il serait oblige de
sant : jusqii'au revoir, qui etait le terme ordi- deserter si on ne le changeait pas de logis. Des-
naire dont il se servait quand il quitlait ses ca- pilliers, qui connaissait cet homme pour bon
inarades. Cette apparition se renouvela plusieurs soldat, lui dit en jurant : — « Je veux aller cette
fois. Quelques-uns I'expliqueront par les pres- null coucher avec toi et voir ce qui en est. »

sentiments, la sympathie, etc. L'abbe Bezuel en Sur les dix heures du soir, le capitaine se rend
raconta les details dans un dhier, en 1708, de- au logis de son cavalier. Ayant mis ses pistolets
vant l'abbe de Saint-Pierre, qui en fait une longue armes sur la table, il se couche tout vetu, son
mention dans le tome IV de ses oeuvres poli- epee a cote de lui. Vers minuit il entend quel-
tiques. qu'un qui entre dans la chambre, qui, en un
Desforges (Pierre- Jean-Bap liste Choudard), instant, met le lit sens dessus dessous, et en-
ne a Paris en 17/|6 auteur plus que frivole. , ferme le capitaine et le soldat sous le matelas
Dans les Milk ct un souvenirs, ou Vcillees conju- etia paillasse. Apres s'etre degage de son mieux,
gales, livre immoral qu'on lui attribue, il raconte le comte Despilliers, qui etait cependant tres-
plusieurs histoires de spectres qui ont ete re- brave , s'en retourna tout confus et fit deloger le
produites par divers recueils. cavalier, II raconta depuis son aventure, pen-
Deshoulieres. Madame Deshoulieres etant sant bien qu'il avait eu affaire avec quelque de-
allee passer quelques mois dans une terre, a mon. Neanmoins il se trouva , dit-on ,
que le
quatre lieues de Paris, on lui permit de choisir hiLin n'etait qu'un grand singe.
la plus belle charabre du chateau mais on lui ; Desrues, empoisonneur, rompu et brule a
en interdisait une qu'un revenant visitait toutes Paris en 1777, a I'age de irenle-deux an?. 11 avait
les nuits. Depuis longtemps madame Deshou- ete execute depuis quinze jours lorsque tout a
lieres desirait voir des revenants; et, malgre les coup le bruit se repandit qu'il revenait toutes
representations qu'on lui fit, elle se logea pre- les place de Greve. On voyait un
nuits sur la
cisement dans la chambre infeslee. La nuit ve- homme en robe de chambre, tenant un crucifix
nue, elle se mit au lit, prit un Hvre selon sa a la main, so promenant lentement autour de
coutume; et, sa lecture finie, elle eteignit sa lu- I'espace qu'avaient occupe son echafaud et son
miere et s'endormil, Elle fut bientot eveillee par bucher, et s'ecriant d'une voix lugubre : — « Je

un bruit qui se fit a la porle laquelle se fermait ,


viens chercher ma chair et mes Quelques os. »
raal ; on I'ouvrit ,
quelqu'un entra qui marchail nuits se passerent ainsi, sans que personne osat
, ;

DES — 208 — DEV


s'approcher assez pour savoir quel pouvait etre des enfants, des oncles et des tantes. lis n'osent,
I'auleur de celle farce unpeu sombre. Pkisieurs pendant ce temps, ni se laver, ni se parfumer,
soldats de patrouille et de garde en avaient ete ni se raser la barbe, ni raeme se couper les on-
epouvantes. Mais enfin la terreur cessa un in- : gles ils ne mangent point en famille. Le petit
;

trepide eiit le courage de s'avancer sur la place; deuil dure une semaine il a lieu a la mort du
:

il empoigna le spectre et le conduisit au corps mari ou de la femme. En rentrant des funerailles,


de garde, ou I'on reconnut que ce revenant etait I'epoux en deuil se lave les mains, dechausse ses
le frere de Desrues , riche aubergisle de Senlis souliers et s'assied a terre , se tenant toujours
qui elait devenu fou de desespoir. en cette posture, et ne faisant que gemir et
Destinee. Voy. Fatalism r. pleurer, sans travailler a quoi que ce soit jus-
Desvigues, Parisienne qui avail, au com- qu'au septieme jour. Ces usages n'ont lieu que
mencemenl du dix-septieine siecle, des attaques chez les Juifs pur sang.
Les Chinois en deuil
de nerfs dont elle voulut lirer parti pour se faire s'habillent de grosse toile blanchecoupent leur ,

une ressource. Les uns la disaient sorciere ou queue et pleurent pendant troia mois. Le ma-
possedee, les autres la croyaient prophetesse. gistral n'exerce pas ses fonctions; le plaideur
Le pere Lebrun qui parle d'elle dans son His-
,
suspend ses proces. Les jeunes gens vivent dans
toire des superstitions, les me-
reconnut, comme la retraite, ne peuvent se marier qu'apres trois

decins, qu'il y avait dans son une grande fait annees et n'ecrivent qu'a I'encre bleue pendant
fourberie. Le bruit qu'elle avait fait tomba su- un an. Le deuil des Caraibes consiste a se couper
bitement. les cheveux et a jeuner rigoureusement jusqu'a
DetsaiL Voi/. Dersail, ce que le corps du defunt qu'ils pleurent soit
Deuil. Les pi'emiers poetes disaient que les pourri; apres quoi ils font la debauche pour
anies, apres la mort, allaient dans le sombre chasser toute tristesse de leur esprit. Chez cer-
empire ; c'est peul-etre conformement a ces tains peuples de I'Amerique le deuil etait con-
,

idees, dit Saint-Foix, qu'ils crurent que le noir forme a I'age du mort. On elait inconsolable a la
etait la couleur du deuil. Les Chinois et les Sia- mort des enfants et on ne pleurait presque pas
mois choisissent le blanc, croyant que les morts les vieillards. Le deuil des enfants, outre sa du-
deviennent des genies bienfaisants. En Turquie, ree, etait commun, et ils etaient regrettes de
on porte le deuil en bleu ou en violet; en gris tout le canton ou ils etaient nes. Le jour de leur
chez les Elhiopiens; on le portait en gris de mort, on n'osait pas approcher des parents, qui
souris au Perou quand les Espagnols y entrerenU faisaient un bruit effroyable dans leur maison,
Le blanc, chez les Japonais, est la marque du se livraient a des acces de fureur, hurlaient
deuil, et le noir est ceile de la joie. En Castille, comme des desesperes s'arrachaient les che-
,

les vetements de deuil etaient autrefois de serge veux, se mordaient, s'egratignaient tout le corps.
blanche. Les Parses s'habillaient de brun et se Le lendemain ils se renversaient sur un lit qu'ils
rasaient avec toute leur famille et tous leurs ani- treinpaient de leurs larmes. Le troisieme jour ils
raaux. Dans la Lycie, les hommes portaient des commencaient les gemissements qui duraient
habits de femme pendant tout le temps du . toute I'annee, pendant laquelle le pere et la
deuil. Chez nous, Anne de Bretagne, femme de mere ne se lavaient jamais. Le reste de la ville,
Louis XII, changea en noir le deuil, qui jusque- pour compatir a leur affliction ,
pleurait trois
la avait ete porte en blanc a la cour. A Argos fois le jour, jusqu'a ce qu'on eut porte le corps
on s'habillait de blanc et on faisait de grands a la sepulture Voy. Funerailles.
I'estins. A Uelos on se coupait les cheveux, qu'on Deumus ou Deumo, divinite des habitants
mettait sur la sepulture du mort. Les Egyptiens de Calicut, au Malabar. Cette divinite, qui n'est
se meurtrissaient la poitrine et se couvraient le qu'un diable adore sous le nom de Deumus, a
visage de boue. lis portaient des vetements jaunes une couronne, quatre cornes a la tete et quatre
ou feuille-morte. Chez Remains, les femmes
les dents crochues a la bouche, qui est fort grande
etaient obligees de pleurer la mort de leurs ma- nez pointu et crochu, les piedsen pattes
elle a le
ris, et les enfants celle de leur pere, pendant de coq, et tient entre ses griffes une ame qu'elle
une annee entieie, Les maris ne pouvaient pleu- semble prele a devorer ^.
rer leurs femmes; et les peres n'avaienl droit Devadi, penitent hindou de noble race, qui
de pleurer leurs enfants que s'ils avaient au avait regu de ses dieux le privilege de rajeunir
moins trois ans. Le grand deuil des Juifs dure les vieillards.
un an; il a lieu a la mort des parents. Les en- Devaux, sorcier du seizieme siecle, a qui
fants ne s'habillent pas de-noir; mais ils sont Ton trouva une marque sur le dos, de la forme
obliges de porter toute I'annee les habits qu'ils d'un chien noir, Lorsqu'on lui enfongait une
avaient a la mort de leur pere,- sans qu'il leur epingle dedans, il n'en eprouvait aucune dou-
soit permis d'en changer, quelque dechires qu'ils
' Muret, Des ceremonies funebres, etc.
soient. lis jeunent tous les ans a pared jour. Le 2 Leloyer, Histoire des spectres ou Apparitions des
deuil moyen dure un mois il a lieu a la mort
; esprits, liv. Ill, ch. iv, p. 207.
DEV — 209 — DEV
leur; mais lorsqu'on se disposait a y planter remporter le prix. Saisi d'horreur pour les sa-
I'aigLiille il se plaignait beaucoup
, quoiqu'il ne ,
crifices abominables que les gens de cette pro-
vit pas celai qui portait les doigts au-dessus de fession offraient aux demons je le renvoyai au
,

la marque K plus loin et lui fis dire que, quand la couronne


Devendiren. Voy. Courtisanes. dont il s'agissait ne se devrait jamais fletrir,
quand meme ce serait une couronne d'or, je ne
consentirais jamais que, pour me la procurer,
il en coutat la vie a une mouche. >•

Deumus.
Devin.
Devins, gens qui devinent et predisent les
choses futures. Dans un siecle aussi eclaire que Aujourd'hui, chez nous, dans beaucoup de
le notre pretend I'etre , il est encore des per- departements encore les jeunes villageois que
,

sonnes qui croient aux devins souvent meme ; le recrutement militaire menace dans la plus

ces personnes si credules ont regu une education sainte des libertes vont trouver les devins pour
qui devrait les elever au-dessus de ces prejuges obtenir un heureux numero au tirage. L'Irlande
vulgaires, lln plat d'argent ayant ete derobe a toujours des devineresses. Elles font la mede-
dans maison d'un grand seigneur, celui qui
la cine et disent surtout la bonne aventure ; elles
,

avail la charge de la vaissselle s'en alia avec un tordent pour cela un echeveau mystique qu'il
de ses compagnons trouver une vieille qui ga- faut descendre dans la carriere a chaux, au bord
gnait sa vie a deviner. Croyant deja avoir de laquelle la curieuse demande « Qui tient? »
:

decouverl le voleur et recouvre le plat , ils arri- Elle attend la reponse avec grande inquietude.
verent de bon matin a la maison de la devine- La devineresse explique si c'est un pretendant
resse, qui, remarquant en ouvrant sa porte ou un demon. Ces femmes connaissent le lieu ou
qu'on I'avait salie de boue et d'ordure, s'ecria quatre sources se reunissent. C'est la qu'a une
tout en colere —
« Si je connaissais le gredin
: epoque mysterieuse de I'annee elles trempent la
qui a mis ceci a ma porte pendant la nuit, je chemise qui doit ensuite etre deployee devant le
lui rejetterais tout au nez. » Celui qui la venait feu, a minuit, au nom de Belzebuth, pour etre
consulter regardant son compagnon « Pour- : — retournee avant le matin par I'image de i'epoux
quoi, lui dit-il, allons-nous perdre de I'argent? destine a celle qui consulte cette voix du sort.
cette vieille nous pourra-t-elle dire qui nous a Elles font tenir le peigne de la main gauche a
voles quand elle ne sait pas les choses qui la
,
une jeune fille qui porte en meme temps de la
touchent ^ ? » droite une pomme a sa bouche, pour voir son
Un passage des Confessions de saint Augustin futur adjure dans une glace. On ote pendant
(liv. IV, chap,nous donne une idee de ce
n ) cette operation tout instrument de fer de la mai-
que faisaient les devins de son temps. « J'ai — son; car sans cela, au lieu d'un beau jeune
un souvenir bien distinct, dit-il, quoiqu'il y ait homme avec une bague au doigt, la curieuse
longteraps que la chose soit arrivee, qu'ayant eu verrait un corps sans tete venir a elle arme
dessein de disputer un prix de poesie qui se d'une broche ou d'un fourgon.
donnait publiquement a celui qui avait le mieux Voy. Cartomancie, Main, Predictions, et cent
reussi, un certain homme qui faisait le metier autres moyens de deviner.
de devin voulut traiter avec moi pour me faire Devouement, mouvement de ceux qui se d^-
vouent ou sort de ceux qu'on devoue. Les his-
'
Delancre, Tableau de I'inconst. des demons, etc.,
Hv. Ill, p. 185.
toires grecque et romaine fournissent beaucoup
2 Barclay, dansYArgenis. de traits de devouement. Nous ne rappellerons
,,

DIA — 2 10 - DIA

pas ici le devouement de Decius {Voy. ce mot) Un chartrcux elant en prieres dans sa cham-
ni celui de Codrus, ni lant d'autres. II y avait bre sent tout a coup une faim non accoutumee,
aussi des villes ou Ton donnait des maledictions et aussitol il voit entrer une femme laquelle ,

a un homme pour lui faire porter tons les maux n'etailqu'un diable. Elle s'approche de la che-
publics que le people avait merites. Valere- minee, allume le feu et, trouvant des pois qu'on
Maxime rapporte I'exemple d'un chevalier ro- avait donnes au religieux pour son diner, les fri-
main, nomme Curtius, qui voulut attirer sur casse, les met dans I'ecuelle et disparait. Le
lui-meme tous les malheurs dont Rome etait me- chartreux continue ses prieres, puis il demands
nacee. La terre s'etait epouvanlablemeut entr'- au superieur s'il peut manger les pois que le
ouverte au milieu du marche on crut qu'elle ne; diable a prepares. Celui-ci repond qu'il ne faut
reprendrait son premier etat que lorsqu'on ver- jeler aucune chose creee de Dieu, pourvu qu'on
rait quelque action de devouement extraordi- la recoive avec actions de graces. Le religieux
naire. Le jeune chevalier monte a cheval, fait le mangea les pois, et assura qu'il n'avait jamais
tour de la ville a toute bride, et se jelte dans le rien mange qui fut mieux prepare.
precipice que Touverture de la terre avait pro- Nous ne dirons rien de ce petit trait, qui est
duit, et qu'on vit se reformer ensuite presque en rapporte sans doute en maniere de rire par le
un moment. On lit dans Servius, sur Virgile, cardinal Jacques de Vitry. Mais voici d'autres'
qu'a Marseille, avant le christianisme, des qu'on histoires qui font voir qu'on a pris quelquefois
apercevait quelque commencement de pesle, on pour le diable des gens qui n'etaient pas de
nourrissait un pauvre homme des meilleurs ali- 1 autre monde. Un raarchand breton s'embarqua
ments; on le faisaiL promener par toute la ville pour le commerce des hides, et laissa a sa
en le chargeant hautement de maledictions, et femme de sa maison. Cette femme etait
le soin

on le chassait ensuite, afin que la peste et lous sage ; le mari ne craignit pas de prolonger le
les maux sortissent avec lui'. Les Juifs de- cours de son voyage et d'etre absent plusicurs
vouaient un bouc pour la remission de leurs pe- annees. Or, un jour de carnaval, la dame, vou-

ches. Voy. Azazel. lant pourtant s'egayer un peu , donna a ses pa-
modernes
Voici des traits plus un inquisi- : rents et a ses amis une petite fete qui devait ctre
teur,en Lorraine, ayant visite un village devenu suivie d'une collation. Lorsqu'on se mil au jeu,
presque desert par une mortalile, apprit qu'on un masque habille en procureur, ayant des
attribuait ce lleau aune femme ensevelie, qui sacs de proces a la main, entra et proposa a la

avalait pen a peu le drap morluaire dont elle dame de jouer quelques pistoles avec elle ; elle
etait enveloppee. On lui dit encore que le lleau accepta le deli et gagna; le masque presenla en-
de la mortalite cesserait lorsque la morlc, qui core plusieurs pieces d'or qu'il perdit sans dire
avait devoue le village, aurait avale tout son mot. Quelques personnes ayant vouUi jouer con-
drap. L'inquisiteur, ayant rassemble le conseil tre lui perdirenl iJ ne se laissait gagner que
;

fit creuser la tombe. On trouva que le suaire lorsque la dame jouait. On lit d'injurieux soup-
etait deja avale el digere. A ce spectacle, un ar- cons sur la cause qui I'engageait a perJre. — Je
cher lira son sabre, coupa la leLe au cadavre, le suis le demon des richesses, dit alors le masque
jeta horsde la tombe et la peste cessa. Apres une en sortant de ses poches plusieurs bourses plei-
enquete exacte, on decouvrit que cette femme nes de louis. Je joue tout cela, madame, contre
avait ete adonnee a la magie et aux sortileges ^ lout ce que vous avez gagne. La dame trembla a
Au reste, cette anecdote convient au vampi- cetle proposition et refusa le defi en femme pru-
risme. Voy. Envoutement et Vampires. dente. Le masque lui offrit cet or sans le jouer;
Dia. Les anciens peuples de la Siberie ado- mais elle ne voulut pas I'accepter. Cette aven-
raient une divinite appelee Dia, qu'ils croyaient lure commengait a devenir extraordinaire. Une
triple et une. Ses images la representaient avec dame agee, qui se Irouvait presente, vint a s'i-

trois tetes et six bras. Elle tenait un sceptre, un maginer que ce masque pouvait bien etre le dia-
miroir et un coeur entlamme. ble. Cette idee se communiqua a I'assemblee , et
Diable. C'est le nom general que nous don- comme ademi-voix ce qu'on pensait, le
on disait
nons a toute espece de demons. 11 vient d'un masque, qui I'entendit, se mil a parler plusieurs
mot grec qui designe Satan, prccipitc da ciel. langues pour les confirmer dans cette opinion;
Mais on dit le diable lorsqu'on parle d'un esprit puis il s'ecria tout a coup qu'il etait venu de
malin, sans le dislinguer particulierement. On I'aulre monde pour venir prendre une dame qui
pour
dit le diable nommer specialement I'ennemi s'etait donnee a lui, et qu'il ne quitterait point la

des hommes. place qu'il ne se fut empare d'elle, quelque ob-


On a fait mille contes sur le diable. Citons-en un. stacle qu'on voulut y apporler... Tous les yeux se
fixerent sur la maltresse du logis. Les gens cre-
* Lebrun, Hisloire des superstitions, t. I, ch. iv,
dules etaient saisis de frayeur, les autres a demi
p. 413.
2 Sprenger, Malleus malefic., pari. I qu£Est. xv. epouvantes; la dame de la maison se mit a rire.
,

Voyez aussi Envoulement. Enfm le faux diable leva son masque , et se fit
,
:

DIA — 21 1 — DIA

reconnaitre pour le mari. Sa femme jela un cri Un vieux negociant des Etats-Unis retire du ,

de joie en le reconnaissant. J'apporte avec — commerce, vivait paisiblement de quelques ren-


moi Topulence, dit-il. Puis se tournant vers les tes acquises par le travail. II sortit un soir pour
joueiirs Vous eles des dupes, ajouLa-t-il; ap-
: toucher douze cents dollars qui lui etaient dus.
prenez a jouer. II leur rendit leur argent, et la Son debiteur, n'ayant pas davantage pour le mo-
fete devint plus vive et plus complete. ment, ne lui paya que la moitie de la somme.

En rentrant chez lui, 11 se mit a compter ce qu'il Eh bien , ajouta le diablo en prenant les six
venait de recevoir. Mais, pendant qu'il s'occupait cents dollars, apres un moment de reflexion, j'y
de ce soin enlend quelque bruit, leve les
, il consens; mais que demain, a dix heures du soir,
yeux, et volt descendre de'sa cheminee dans sa je trouve ici les six cents autres, on je t'entraine
chambre le diable en personne. 11 etait en cos- sans misericorde. Sur Lout que personne, si tu
tume tout son corps convert de poils rudes et
: , tiens a la vie, ne de notre enlrevue.
soit instruit
noirs, avait six pieds de haut. De grandes cornes — Apres avoir dit ces mots, le diable sortit par
surmontaient son front, accompagnees d'oreilles la porte. —
Le lendemain matin, le negociant,
pendantes 11 avait des pieds fourchus, des grif-
; qui etait un methodiste calme alia trouver un ,

fes au lieu de mains une queue un museau , , vieil ami, et le pria de lui preler six cents dol-

comme on n'en voit point, et des yeux comme lars. Son ami lui demanda s'il en etait bien

on n'en voit guere, presse. — Oh ! oui ,


tres-presse ; il me les faut
A la vue de ce personnage, le vieux marchand avant la nuit. II y va de ma parole et peut-etre
eut le frisson. Le diable s'approcha et lui dit d'autre chose. — Mais n'avez-vous pas regu hier
— Mes affaires vont mal , je suis le diable ; il une somme? —
J'en ai dispose. —
Cependant je
faut que tu me donnes sur I'heure douze cents ne vous connais aucune affaire qui ndcessite ab-
dollars , si tu ne veux pas que je t'emporte en sokiment de I'argent. —
Je vous dis qu'il y va
enfer. — Helas ! repondit le negociant ,
je n'ai de ma vie... Le vieil ami, etonne, demande I'e-
pas ce que vous me demandez — Tu mens claircissement d'un pareil mystere. On lui re-
interrompit brusquement le diable;
que
je sais pond que le secret ne pent se trahir. — Gonsi-
tu viens de les recevoir a I'instant. — Dites que derez, dit-il au negociant effare, que personne
je devais mais on ne m'en a pu
les recevoir ; ne nous ecoule dites-moi votre affaire je vous
; :

donner que six cents. Si vous voulez me laisser prelerai les six cents dollars. — Sachez done
jusqu'a demain , je promets de vous compter la que le diable est venu me voir ;
qu'il faut que je
somme... lui donne douze cents dollars; que je n'ai pu
;

DIA 212 — DIA

hier lui en remeltre que six cents, et qu'il me ves, elle les avait economises sou par sou. Le
faut les six cents autres. L'ami ne repliqua — bon cure lui demanda si elle n'avait dit a per-

plus; il savait I'imagination de ce pauvre ami sonne qu'elle possedat les cent florins; elle lui

facile a effrayer. II tira de son coffre 1 a somme repondit qu'elle n'avait confie ce secret qu'a sa
qu'on lui demandait, et la preta de bonne grace sage-femme. « Alors, dit le cure, il y a peut-etre
mais a huit heures du soir il se rendit chez le un moyen d'arracher au diable votre argent.
vieux marchand. —
Je viens vous faire societe, Voici ce que vous devez faire : racontez votre
lui dit-il et attendre avec vous le diable que je
, aventure de la nuit a votre sage-femme, et dites-
ne serais pas fache de voir. Le negociant repon- heureux que le diable ignorat
lui qu'il est fort

dit que c'etait impossible, ou qu'ils s'expose- que vous eussiez encore cinquante florins en
raient a etre emportes tous les deux. Apres des bonne monnaie blanche, car autrement il vous
debats, il permit que son ami attendit I'evene- aurait force a les lui livrer aussi. Si le diable re-
ment dans un cabinet voisin. A dix heures pre- vient -chez vous, ne craignez rien; je placerai
cises, un bruit se fit entendre dans la cheminee, dans le voisinage de votre maison un exorciste
le diable parait dans son costume de la veille. Le qui I'empechera de faire le moindre mal a vous
vieillard se met en tremblant a compter les et aux votres. » Ce conseil, Marie Hert le suivit.

ecus. En meme temps, Thomme du cabinet en- Elle fit la communication dont il s'agissait a la
tra. — Es-tu bien le diable? dit-il a celui qui de- sage-femme. Dans la meme nuit, le diable lui fit
mandait de I'argent... — Puis,
voyant qu'il ne une nouvelle visite, mais cette fois il n'eut pas le
se pressait pas de repondre, et que son ami fris- temps de lui demander de I'argent, car, au mo-
sonnait, grelottait et tremblolait, il lira de sa ment ou il ouvrait la porte de la chambre,
poche deux longs pistolets, et, les presentant a I'exorciste, c'est-a-dire un des gendarmes, le
la gorge du diable, il s'ecria Je veux savoir : — saisit par le collet. Ce pretendu diable etai't le

si tu es a I'epreuve du feu Le diable recula, mari de la sage-femme.


cherchant a gagner la porte, Fais-toi bien — Encore une historiette sur les idees qu'on se
vite connaitre ou tu es mort... Le demon se — fait du diable :

hata de se demasquer et de mettre bas son cos- Rich celebre arlequin de Londres sortant un
, ,

tume infernal. On trouya sous ce deguisement soir de la comedie, appela un fiacre, et lui dit
un voisin du bon marchand, qui faisait quelque- de le conduire a la taverne du Soleil, sur le mar-
fois des dupes et qu'on n'avait pas encore soup- che de Clarri. A I'instant ou le fiacre etait pres
Qonne. II fut juge comme escroc, et le negociant de s'arreter, Rich s'apergut qu'une fenetre de
apprit par que le diable n'est pas le seul qui
la la taverne etait ouverte, et ne lit qu'un saut de la

soit dispose a nous nuire. portiere dans la chambre. Le cocher descend,


Yoici une autre aventure ou la coquinerie a ouvre son carrosse, et est bien surpris de n'y
voulu se cacber sous le masque du diable. Eile a trouver personne. Apres avoir bien jure, suivant
eu lieu il n'y a que quelques annees. Toute la I'usage, centre celui qui I'avait ainsi escroque,
ville de Brunn etait en emoi les rues etaient en- ; il remonte sur son siege, tourne et s'en va. Rich
combrees. Les jeunes gens riaient; les vieillards epie I'instant ou la voiture repassait vis-a-vis la

et les femmes pleuraient, se signaient et appe- fenetre, et d'un saut se reinet dedans. Alors il

laient a leur aide tous les saints. Cinq gendar- crie au cocher qu'il se trompe et qu'il a passe la
mes conduisaient a la prison le diable meme. taverne. Le cocher, tremblant, retourne de nou-
Tete surmontee de deux cornes, et flanquee d'o- veau, et s'arrete encore a la porte. Rich descend
reilles de bouc, corps velu, a jambes de cheval, de voilure, gronde beaucoup cet homme, tire sa
a pieds fourchus, et ce Lucifer penaud se laissait bourse et veut le payer. « A d'autres! monsieur
conduire a Voici dans quelles circon-
la geole. le diable, s'ecria le cocher, je vous connais
stances. Au de Demon, une paysanne,
village bien vous voudriez m'empaumer; gardez votre
:

Marie Hert, venait d'accoucher; pendant qu'elle argent. » A ces mots, il fouette et se sauve a
se Irouvait seule dans sa chambre, elle entendit toute bride.
un bruit semblable a un cliquetis de chaines, Nous nous representons souvent le diable
puis a I'instant meme s'approcha de son lit le comme un monstre noir : les negres lui attri-

diable que nous venons de decrire et qui lui , buent la couleur blanche. Au Japon, les parti-
dit « Donnez-raoi votre enfant nouveau-ne ou
: sans de la secte de Sintos sont persuades que le
les cent florins que vous avez en pieces neuves diable n'est que le renard. En Afrique le diable
de vingt-quatre kreutzersi » La pauvre femme est generalement respecte. Les negres de la
intimidee indiqua au diable I'endroit ou se trou- Cote-d'Or n'oublient jamais, avant de prendre
vait cette somme ; le diable s'en empara et dis- leur repas, de jeter a terre un morceau de pain
parut. qui est destine pour le mauvais genie. Dans le

Le jour venu, Marie Hert fit appeler son cure, canton d'Aute, ils se le representent comme un
et lui raconta ce qui lui etait arrive ; elle ajouta geant d'une prodigieuse grosseur, dont la moitie
que les cent florins que le diable lui avait enle- du corps est pourrie, et qui cause infailliblement
,

DIA 213 DIA


la mort par son attouchement; ils n'oublient rien Les habitants des iles Philippines se vantent
de ce qui peut detourner la colore de ce mons- d'avoir des entreliens avec le diable. lis racon-
tre. Ils exposent de tous cotes des mets pour lui. tent quequelques-uns d'entre eux, ayanthasarde
Presque tous les habitants pratiquent une cere- de parler seuls avec lui avaient ete tues par ce
,

monie bizarre et extravagante ,


par laquelle ils genie malfaisant aussi se rassemblent - ils en
;

pretendent chasser le diable de leurs villages; grand nombre lorsqu'ils veulent conferer avec le
huit jours avant cette ceremonie, on s'y prepare diable. Les insulaires des Maldives mettent tout
par des danses et des festins il est permis d'in- ; en usage lorsqu'ils sont malades pour se rendre
sulter impunementpersonnes meme les plus
les le diable favorable. lis lui sacrifient des coqs et

distinguees, Le jour de la ceremonie arrive, le des poules.


peuple commence des le matin a pousser des Le diable nous est singulierement depeint par
oris horribles; les habitants courent de tous co- le pape saint Gregoire dans sa Vie de saint Be-
,

tes comme des furieux, jetant devant eux des noit. Un jour que le saint allait dire ses prieres a

pierres et tout ce qu'ils trouvent sous leurs I'oratoire de Saint-Jean , sur le mont Cassin , il

mains ; les femmes furetent dans tous les coins rencontra le diable sous la forme d'un veteri-
de la raaison , et recurent toute la vaisselle , de naire, avec une hole d'une main et un licou
peur que le diable ne se soit fourre dans une de I'autre. Le lexte disait In mulo medici
:

marmite ou dans quelque autre uslensile. La ce- specie; par I'introduction d'une virgule qui de-
remonie se termine.quand on a bien cherche et compose le sens In mulo, medici specie, un co-
:

qu'on s'est bien fatigue; alors on est persuade fit du diable ainsi deguise un docteur monte
piste
que le diable est loin. sur sa mule, comme cheminaient les docteurs en

medecine avant I'invention des carrosses, et un interrompit ses devoirs et sortit de la chapelle
tableau de cet episode ayant ete execute d'apres le saint vitun petit diable noir qui le tirait de
ce texte corrompu, Satan a ete souvent repre- toutes ses forces par le pan de sa robe.
sente avec la robe doctorale et les instruments Parmi les innombrables episodes de I'hisloire
de la profession en croupe sur sa monture. du diable dans les Vies des Saints quelques-uns ,

Une autre fois, on denonca a saint Benoit la sont plus bizarres, quelques autres plus effrayants.
conduite legere d'un jeune frere appartenant a Saint Antoine vit Satan dresser sa tete de geant
I'un des douze monasteres affilies a la regie du au-dessus des nuages, et etendre ses larges mains
reformateur. Ce moine ne voulait ou ne pouvait pour intercepter les ames des morts qui pre-
prier avec assiduite mis a ge-
; a peine s'etait-il naient leur vol vers le ciel. Parfois le diable est
noux, promener. Saint
qu'il se levait et allait se un veritable singe, ne s'exerce qu'en
et sa malice
feenoit ordonna qu'on le lui amenat au mont Gas- espiegleries. G'est ainsi que, pendant des an-
sin, et la, lorsque le moine, selon son habitude, nees, il se tint aux aguets pour troubler la piet^
DIA — 21 DIB

de sainte Gudule. Toutes ses ruses avaient ele ilfaul I'avoir. Aussitot tout s'est reveille, tout a
vaines, lorsqne enfin il se resolut a iin dernier pris les armes. On ne voyait que piques, harpons
effort. C'etait la coutume de celLe noble et et mousquets; j'ai couru moi-meme pour voir le
chaste vierge de se lever au chant du coq et diable, et j'aivu un grand poisson qui ressemble
d'aller prier a I'eglise,precedee de sa servante a une raie, hors qu'il a deux cornes comme un
portant une lanterne. Que
fit le pere de toule laureau. 11 a fail quelques caracoles, loujours ac-
malice? il ^teignit la lanterne en sonfflant des- compagne d'un poisson blanc qui, de temps en
siis. La sainte ent recours a Dieu, et, a sa. temps, va a la petite guerre et vient se remettre
priere la meche se ralluma miracle de la foi
, ; sous Enlre ses deux cornes, il porle ua
le diable.

qui sufiit pour renvoyer le malin honteux et petit poisson qu'on appelle le pilote du
gris,
confus. diable parce qu'il le conduit et le pique quand
,

11 n'est pas sans exemple que le diable se il voit du poisson et alors le diable part comme
;

laissetromper par les plus simples artifices, et un trait. Je vous conte tout ce que je viens de
une equivoque sufiit souvent pour le rendre voir *. »

dupe dans ses marches avec les sorciers coumie ; Diablerets, monlagnes de Suisse qui ont
lorsque Nostradamus obtint son secours a condi- recu ce nom parce que dans la conlree on les
tion qu'il lui apparliendrait tout enlier apres sa croit habitecs inldrieurement par des diables.
mort, dans une eglise, soit
soil qu'il fut enterre Les bonnes gens disent que c'est un faubourg de
qu'il fut enterre dehors. Mais Nostradamus ayant I'enfer.
ordonne par testament que son cercueil fuL de- Diables bleus. On appelle ainsi les hallucina-
pose dans la muraille de la sacrislie, son corps tions. I'oy. ce mot.
y repose encore, el il n'est ni dans I'eglise ni Diamant. La superstition lui allribuait des ver-
dehors. lus merveilleuses contra le poison , la peste, les
Le vieil Heywood a redige en vers une no- lerreurs paniques , les insomnies , les prestiges et
menclature curieuse de tous les petils demons de les cncliantemenls.il calmait lacolere etentrete-
la superstition y comprend les far-
populaire ; il nail I'union enlre les epoux , ce qui lui avait fait

fadels, les ou elfs, les Robin


follets, les alfs donner le nom do pierre de reconciliation. II avait
Goodfellows, et ces lutins que Shakspeare a don- en outre celte propriete talismanique de rendie
nes pour sujets a Oberon et a Titania. On a invincible cclui qui le porlait, pourvu que, sous
prouve que le roi ou la reine de feerie n'est au- la planete de Mars, la figure de ce dieu ou celle
tre que Satan lui-meme, n'importe son deguise- d'Hercule surmonlant J'hydre y fut gravee. On
ment. I'oy. Puck et tous les lutins. a ele jusqu'a pretendre que les diamanls en en-
On trouvera peut-elre un peu de frivolite dans gondraient d'autres ; et Ruerus parle serieuse-
tout ce qui vient d'etre dit ici sur le diable. Mais menl d'luie princesse de Luxemboiu'gqui en avait
ce livre n'est pas un livre de theologie. Les lec- d'hereditaires, lesquelsen produisaient d'autres en
tears Chretiens savent que ce diable , dont saint certains temps 'K — Enfin les savants du seizieme
Louis ne prononQait jamais le nom et qui est a siecle croyaient qu'on pouvait amollir le diamant
tout propos bouche de nous tous, cet
dans la avec du sang de bouc
esprit de malice noire, que nous citons souvent Diambiliche, nom du diable dans I'lle de
pour avoir Fair de nous en jouer, est le plus per- Madagascar. y est plus revere que les dieux
11

fide le plus cruel et le plus implacable de nos


, memes : les pretres lui oflVenl les pr^mices de
ennemis « qu'il rode autour de nous chorchant
; tous les sacrifices.
qui devorern.Si nous I'avons traite ici d'une Diave. C'est diable dans les iles
le nom du
maniere trop legere, c'est par mepris; ce qui Maldives. On
voyage de Pyrard de
lit dans le

I'offense, comme I'a remarque saint Frangois de Laval imprime en 1615, que les habitants de ces
,

Sales, et ce meme saint conseille a ceux qui se iles se figuraient alors la terre comme un grand
trouvent circonvenus de lui ou des siens de re- plateau ilollant dans I'espace enloure d'un im- ,

pousser ces miserables en les nommant de sobri- mense remparl de cuivre qui le protege contre
quets qui les humilient. fenvahissement des eaux. lis croyaient que toutes
On a a Amsterdam une Hisloire du
publit§ les nulls le diable cherchait a percer ce rempart,
diable, 2 volumes in-12, qui est une espece de et que quand y serait parvenu ce serait le der-
il

mauvais roman, ou les aventures du diable sont nier deluge et la fin du monde. Aussi tous ces ha-
plusquemediocrement accommodeesala fanlaisie bitants se levaient avant le jour pour prier Dieu
de I'auteur. M. Frederic Soulie a prodigue dans d'empecher le diable.

les Mdmoires du diable beaucoup de talent a faire Dibasson, sorciere arretee a vingt-cinq ans,
un livre, qui aurait pu etre fort singulier et fort
piquant si I'auteur avait respecte les moeurs. Voy.
'
L'abbe de Gtioisy, Relation de I'amhassade de
Siam.
D^IMONS.
2 Incredulite. et mecreance, du sortilege, etc., tr. V,
Diable de mer. » Grand bruit parmi les ma- p. 37.
telots; on a crie tout d'un coup Voild le diable. : ^ Erastne, Discours sur 1' Enfant Jesus.
»;, ,

Die — 215 — DIG

avec Marie de la Ralde. Elle allait au sabbat et donna ses travaux et se livra au vagabondage.
j

I disait que le sabbat est un vrai paradis. Arrete en 18/)5, conduit dans les prisons de Mou-
lins puis rendu a la liberte il continua sa vie
Dicke (Alice) jeune Anglaise de Wiocauton,
,
,

. dont parle Glanvill. Elle avait un esprit familier errante pendant plusieurs raois. Arrete de nou-
qui kii suqait un peu de sang tous les soirs. veau I'annee suivante, il fut incarcere dans la
Didier, imposteur bordelais du sixieme siecle, maison d'arret de Saint-Etienne, ou se trouvait
dans la ville de Tours.
qui parut vers ce temps-la un jeune beguin de Saint-Jean-Bonnefond qui,
U se vantait de communiquer avec saint Pierre I'entendant citer a tout propos des passages de
et saint Paul il assurait meme qu'il etait plus
;
la Bible, lui confia que depuis longtemps les ha-

puissant que saint Martin et se disait egal aux bitants de cette commune attendaient le Dieu
apotres. Comme il avait su gagner le peuple, on predit par les Ecritures.
lui amenait de tous cotes des malades a guerir » Digonnet se promit de tirer parti de cette
i

et voici,par exemple, comment il traitait les pa- confidence. Peu de temps apres, ayant recouvre
ralytiques, II ordonnait qu'on etendit le malade sa liberie , il se rendit a Saint-Jean-Bonnefond
a terre, puis il lui faisait tirer les membres si oiiil executa son projet. Les beguins crurent asa
fort que quelquefois il en mourait; s'il guerissait, surnommerent leur petit bon dieu.
divinite et le
c'etait un miracle. Didier n'elait pourtant qu'un A de cette epoque, de frequentes reunions
partir
magicien et un sorcier, comme dit Pierre Delan- de beguins eurent lieu dans cette commune. Dans
cre; car si quelqa'un disait du mal de lui en se- ces reunions Digonnet prechait la religion a sa
cret, il le lui reprochait lorsqu'il le voyait; « ce maniere, et par suite de son ascendant sur les
qu'il ne pouvait savoir que par le moyen du de- hommes et surtout sur les femmes , se livrait a
I

mon qui lui allait reveler tout ce (jui se passait. des actes d'une immoralite si profonde que la
Pour mieux tromper le public, il avait un capu- decence ne per met pas de les raconter. Arrete
chon et une robe de poll de chevre. 11 etait sobre au milieu de ses fideles, il subit di verses condam-
devant le monde; mais lorsqu'il se retrouvait nations et fut detenu plusieurs fois dans des
en son parliculier mangeait tellement qu'un, il maisons d'alienes. S'etant evade de celle d'Au-
,
homme n'aurait pu supporter
la viande qu'il ava- rillac le 7 juillet 18Zi8, il revint a Saint-Jean-

lait, Enfin ses fourberies ayant ete decouvertes, Bonnefond ou la gendarmerie le saisit de nou-
,

il fut arrete et chasse de la ville de Tours; et on veau pour Tem-prisonner a Montbrison.


n'enlendit plus parler de lui. » Ce fut dans cette derniere ville que je le vis.

Didron, savant archeologue qui a public re- Digonnet est de petite taille il a le regard terne ;

cemmenl une curieuse Histoii c du diahle.


Didyme. Voy, Posskdes de Flandre.
Diemats. Petites images chargees de carac-
teres que les guerriers de I'ile de Java portent
comme des talismans, et avec lesquelles ils se
croient invulnerables persuasion qui ajoute a :
I

i leur intrepidite.
'

Dieux. On lit dans Tite-Live (iV, 30) : « Les


ediles sont charges de veiller a ce qu'aucun dieu
ne soit recu a Rome, s'il n'cst Romain et adore a
la romaine.. . »

I
Digby (Le chevalier) ,
original anglais du dix-
!
septieme siecle, connu sous le nom du Docteursijm-
pathique. 11 avait le secret d'une poudre sympa-
thique avec laquelle il guerissait les malades sans
les voir et donnait la fievre aux arbres. Cette et sansaucune expression'; son front ne presente
poudre, composee de rognures d'ongles, d'urine aucun indice d'intelligence ses joues et le des-
;

ou de cheveux du malade et placee dans un arbre, sous de ses yeux sont colores d'une teinte bleuatre
communiquait, disait-il, la maladie a I'arbre. et par endroits legerement violacee un lie ner- ;

Digonnet. C'est, de nos jours, le dieu d'une veux balance continuellement sa tete sur ses
secte de beguins qui descend des manicheens et epaules, et lorsqu'il debite ses lamentations ri-

des anabaptistes. Ce dieu est vivant et M. Daniel dicules, on voit de temps a autre passer entre les
Wurlh a donne de lui dans le journal la Palrie , trois dents jaunes qui lui restent une petite chi-
une notice si curieuse que nous croyons devoir que, qu'il parait sucer avec un sentiment de
la rapporter ici : delicieuse volupte.
« Jean-Raptiste Digonnet est ne a Tence (Haule- n Ce fut un de mes amis
greffier au , commis
j
Loire); successivement magon, scieur de
il fut tribunal de Montbrison procura I'avan-
,
qui me
long et sabotier. Un chef de la secte des momiers tage de voir ce divin vieillard et qui voulut bien
lui ayant rempli la tete d'idees mystiques, il aban- le prior de me faire connaitre les diverses con-
DIG — 216 — DIN
damnations qu'il avait dejasubies. N'ayant ja- — I'etre qu'a soixante mais le Pere m'a avance de
,

mais passe en jugement, repondit-il, je n'ai pan cinq annees, a cause des iniquites qui se com-
encore subi de condamnation. Des brigands, il est mettent sur la terre.
vrai, m'ont fait emprisonner pour etouffer ma — Comme dieu, comme prophete vous devez ,

parole; mais je n'ai point ete juge et ne le serai avoir don des miracles? — Oui —
le ! Ainsi, si

jamais en ce monde, parce que ne relevant que du vous vous


le vouliez, a de sortiriez I'instant cette
Pere, la justice des hommes ne peut arriver jus- prison? — Non pas! Descendu sur terre pour' la
qu'a moi !...
y accomplir un sacrifice, je dois tout souffrir
— O^i'appelez-vous done Pere? deman- le lui sans me plaindre. Les portes de cette prison se-
entendu prononcer ce mot
dai-je, apreslui avoir raient ouvertes que je n'en sortirais pas avant
pour seconde
la — Le Pere! s'ecria-t-il,
fois. I'ordre du Pere. Oh je suis d'une garde facile
!

c'est Dieu!... c'est le Tout-Puissant qui m'a en- mainlenant; mais qnand le moment sera venu,
voye sur la terre pour annoncer aux hommes que les geoliers auront beau fermer leurs portes, tirer
les temps sont proches et que le chutiment sera ter- leurs verrous, je m'ouvrirai un passage invisible
rible! — Mais, murmura en souriant men com- dans les murs ^pais qui m'entourent, et quittant
pagnon, vous n'etes done que prophete?... Je la laide carcasse dans laquelle je suis incarne,
croyais que vous eliez dieu ? —
Je suis dieu et j'irai rejoindre le Pere.
prophete toal a la fois, me repondit-il d'une voix — On
que vous fabriquez une
dit, je crois,
lente. Je suis le premier des sept elus qui sont echelle pour vous facililer cette ascension. Ce —
repandus sur la terre. 11 m'a mis au-dessus d'eux sont les brigands qui disent ces absurdiles. Est-ce . .

parce que j 'avals une foi plus forte que leur foi, que la puissance du Pere ne suffira pas pour me
et en ceci il a agi comme un pere de famille, qui faire traverser I'espace et m'y soutenir?... Est-ce
ayant sept enfants en aimerait un plus que les que le soleil, est-ce que la lune, est-ce que les
autres, parce que dans celui-la il aurait reconnu etoiles out eu besoin d'une echelle pour monter
des qualitesdont les autres seraientdepourvus. » au firmament? Est-ce que la puissance du Pere
» En ce moment, j'avoue que j'eprouvais un n'est pas infinie? Est-ce que je ne puis pas ceque
certain plaisir a ccouter ce vieillard, fou pour les je veux moi! » Le petit dieu des beguins pro-
,

uns, fripon pour les autres. Le voyant assez bien nonga ces dernieres paroles avec un ton d'ani-
dispose a me repondre je me preparais a I'iq- malion qui, malgresa mauvaise prononcialion et
,

terrogcr longuernent mais j'avais comple sans quelques liaisons hasardees


; ne manquait pas ,

mon hole, c'est-a-dire sans mon ami, qui, voulant d'une certaine poesie. Son visage s'etait forte-
taquiner un pen sonprophete, comme il I'appelait, ment empourpre, et ne voulant pas sans doute
s'Jcria tout a coup —
Mais, pere Digonnet, dites- s'entretenir plus longlemps avec nous, il rentra
:

moi done pourquoi vous etes si bien vetu, vous dans sa chambre sans ajouter un seul mot.
qui defendez le luxe a vos lideles?... Savez-vous » Mainlenant si, abandonnant le cote comique
qu'il n'y a pas a Paris de plus beaux par-dessus dc ce monomane, on se prend a penser qu'au
que le votre; qu'on n'y voit rien d'aussi coquet dix-neuvieme siecle il peut encore se rencontrer
que cette calotte de velours brodde d'or qui orne des populations assez credules pour se laisser
votre tele que ce superbe gilet noir brode comme prendre aux absurdes predications d'un individu
;

votre calotte que celte chemise si fine si blan- sans intelligence, sans apparence meme, on est
; ,

che... si... saisi d'un sentiment de tristesse amere, et Ton


— Je sais tout cela, interrompit Digonnet sans se demande en tremblant s'il est vrai que la ci-
se facher du ton railleur de mon compagnon; je vilisation ait chasse le fanatisme et I'ignorance
porte ces velements parce que pour me les donner du fond de nos campagnes? »
les beguins s'appauvrissent, ce qui les empeche Dindarte (Marie), jeune sorciere de Sare,
de penser au superflu... Pour moi, je vous assure dans les Basses-Pyrenees. Elle confessa avoir et6
que je ne tiens pas a ces beaux habits. J'en ai de souvent au sabbat. Qnand elle se trouvait seule
toutes les fagons. Mes beguins m'ont donne une et que ses vuisines elaient absenles, le diable lui
culotte ou il y a pour plus de douze millc francs donnait un onguent dont elle se frottait, et sur-
d'or en hroderies. Tenez voyez ces attaches , con-
,

tinua-t-il en deboutonnant son gilet pour me


montrer de superbes bretelles marquees a ses
initiales eh bien j'en ai encore de plus belles...
; ,

Mais, ajouta-t-il en faisant un geste des plus co-


miques, <;ame coupe horriblement les epaules...
j'aimerais mieux n'en pas avoir. » le-champ elle se transportait par les airs. Elle
» Mon ami se mordit les levres pour ne pas voyageait ainsi la nuit du 27 septembre 1609;
rire; quant a moi, je me hatai de demander a on I'apercut et on la prit le lendemain. Elle
Digonnet a quel ageil avait ete inspire. —
A'cin- confessa aussi avoir mene des enfants au sabbat,
quante-cinq ans, me repondit-il; je ne devais lesquels se trouverent marques de la marque du
, ,

DIN — 217 — DIV

diable '.On lui demanda si on pouvait faire Dion de Syracuse, fitant une nuit couche sur
eveiUe voyage du sabbat. Elle repondit qu'on
le son lit, eveille et pensif, il entendit un grand
n'y allait qu'apres avoir dormi, et que quelque- bruit, et se leva pour voir ce qui pouvait le pro-
fois il suliisait d'avoir ferme un oeil pour s' en- duire. apercut au bout d'une galerie une femme
II

lever. de haute taille hideuse comme les Furies qui


, ,

Dinscops, sorciere et sibylle du pays de Clo- balayait sa maison. 11 fit appeler aussitot ses amis
ves, dont parle Bodin en son quatrieme livre. et les pria de passer la nuit aupres de lui. Mais
Elle ensorcelait et maleficiait tous ceux vers qui le spectre ne reparut plus. — Quelques jours
elle etendait la main. On la brula; et quand sa apres de Dion se precipita d'une fenetre et
le flls

main sorciere et endiablee fut bien cuite, tous se tua. Sa famille fut detruite en pen de temps,
ceux qu'elle avait frappes de quelque mal revin- et, « par maniere de dire, ajoute Leloyer, balayee

rent en sante... et exterminee de Syracuse, comme la Furie, qui


Diocletien. N'etant encore que dans les grades n'etait qu'un diable, avait semble Ten avertir par
inferieurs de I'armee, il reglait un jour ses comples le balai ».

avec une cabaretiere de Tongres, dans la Gaule Dionysio dal Borgo, astrologue italien qui

Belgique, Comme cette femme, qui etait drui- professait la theologie a I'universite de Paris au
desse, lui reprochait d'etre avare : « Je serai plus treizieme siecle. Villani conte (livre X) qu'il

genereux, lui dit-il en riant, quand je serai em- predit juste la mort de Castruccio ,
tyran de
pereur. — Tu le seras, repliqua la druidesse, Pistoie.

quand tu auras tue le sanglier. » Diocletien Diopite, bateleur, ne aLocres, qui, apres avoir
etonne , sentit I'ambition s'eveiller dans son ame parcouru la Grece se presenta sur le theatre de
,

et chercha serieusement a presser I'accomplisse- Thebes pour y faire des tours. Il avait sur le corps
ment de cette prediction, qui nous a ete conservee deux peaux de bouc, I'une remplie de vin et
par Yupiscus. II se livra particulierement a la I'autre de lait, par le moyen desquelles il faisait
chasse du sanglier. Cependant il vit plusieurs sortir de ces liqueurs par sa bouche, si bien
princes arriver au trone sans qu'on songeat a I'y qu'on I'a mis au rang des sorciers.
elever; et il disait sans cesse : « Je tue bien les Discours. Discours des esprits follets, publie
sangliers; mais les autres en ont le profit. » 11 dans le Mercure galant de 1680. Discours epou- —
avait ete consul et il occupait des fonctions im- vantahle d'une ^Irancje apparition de demons en la
portantes. Quand Numerien eut ete tue par son maison d'un geniilliomme en Silcsie, in-8", Lyon
beau-pere, Arius Aper, toutes les esperances de par Jean Gazeau, 1609, brochure de 7 pages. —
Diocletien se reveillerent : I'armee le porta au Discours sur la vanitS des songes^ et sur I'opinion
trone. Le premier usage qu'il fit de son pouvoir de ceux qui croient que ce sent des pressentiments.
fut de tuer lui-meme de son epee le perfide Aper, Voy. SoNGES, etc.
dont le nom est celui du sanglier en s'ecriant , Disputes. L'abominable Henri YIII avait une
qu'il venait enfin de tuer le sanglier fatal. On — telle passion pour I'argumentation qu'il ne de- ,

sait que Diocletien fut ensuite un des plus cruels daigna pas d'argumenter avec un pauvre argu-
persecuteurs de I'Eglise. II elaitphilosophe. mentateur nomme Lambert. Une assemblee ex-
Diocres. Voy. Chapelle du damn6. traordinaire avait ete convoquee a Westminster
Diodore de Catane, magiciendont le peuple pour juger des coups. Le roi, voyant qu'il avait
de Catane garda longtemps le souvenir. C'etait affaire a forte partie et ne voulant pas avoir le
,

le plus grand sorcier de son temps; il fascinait dernier, donna a Lambert le choix d'etre de son
tenement les personnes qu'elles se persuadaient avis ou d'etre pendu. C'est ainsi qu'un dey d' Al-
etre changees en betes il faisait voir en un in-
:
ger, faisant un cent de piquet avec son vizir, lui
stant aux curieux ce qui se passait dans les pays disait « Joue ccEur, ou je t'etrangle. » Lambert
:

les plus eloignes. Comme on I'eut arrete en qua- ne joua pas coeur; il fut etrangle. Nous citons
lite de magicien il voulut se faire passer pour
,
cette anecdote parce que l'abominable Henri VIII
faiseur de miracles. II se fit done transporter par etait assurement possede du diable.
le diable de Catane a Constantinople, et de Con- Diti, et son oeuf. Voy. Garuda.
stantinople a Catane en un jour, ce qui lui acquit Dives. Les Persans nomment ainsi les mauvais
tout d'un coup parmi le peuple une grande re- genies ; ils en admettent de males et de femelles
putation mais ayant ete pris malgre son habi-
; et disent qu'avant la creation d'Adam Dieu crea
lete et sa puissance on le jeta en un feu ardent
, les Dives ou genies males et leur confia le gou-
ou il fut brule Le peuple de Catane, qui ne I'a vernement du monde pendant sept mille ans;
pas oublie, I'appelle Liodore. apres quoi les Peris ou genies femelles leur suc-
,

cederent et prirent possession de I'univers pour


Delancre, Tableau de I'inconst. des demons, etc.,
*
deux autres mille ans, sous I'empire de Gian-
liv.IV, p. I'l?.
ben-Gian leur souverain , mais ces creatures ;
2 Leloyer. Histoire des spectres et apparitions des
esprits, fiv. Ill, eh. viii, p. 316. Apres Thomas Fa- etant tombees en disgrace pour leur desobeis-
zelli, De rebus siculis, decas I, lib. III. sance Dieu envoya centre eux Eblis qui etant
,
,
,
DIV — 21 8 — DOJ
forme de I'element
d'luie plus noble nature, eL oracles de Dodone. Deux colombes noires, selon
du feu, avail parmi les anges, Eblis,
ete eleve les habitants de la contree, vinrenl dans le pays;

charge des ordres divins, descendit du ciel et I'une s'abattit sur un chene et dit d'une voix
fit la guerre contre les Dives et les Peris, qui se humaine qu'il fallait balir sous ce chene un
reunirent pour se defendre ; Eblis les defit el temple a Jupiter : ce qui eul lieu ; el le chene
prit possession de ce globe, lequel n'etail encore rendit des oracles. Herodole explique ensuite
habile que par des genies. Eblis ne fut pas plus que ces deux colombes etaient deux pretress?s
sage que ses predecesseurs Dieu pour abaltre ;
,
egypliennes. La seconde de ces colombes se ren-
son orgueil, fil Fhomme
ordonna a lous les el dit en Libye, ou elle instilua le culle de Jupiter
anges de lui rendre hommage. Sur le refus Ammon.
d'Eblis, Dieu le depouilla de sa souverainele el Dogdo, ou Dodo, et encore Dodu. Voij. Zo-
le maudil. Ce ne sont la, conune on voil, que ROASTRE.
des alterations de TEcrilure sainte. Doigt. Dans le royaume de Macassar, si un
Divinations. II y en a plus de cent series. malade est a I'agonie le pretre idolatre lui prend
,

Voij. AlectryomancU': Alphitomancie , Astuaga- , la main et lui frotle doucement le doigt du mi-

LOMANCIF, ASTROLOGIE BOTANOMANCIE GaRTOMAN-


, , , lieu, afin de favoriser par celte friction un che-
ciE, Catoptromancie,Chiuomancie, Cristalloman- min a Fame, c|ui sort loujours, selon eux, par
ciE, Cranologie, Daphnomancie Gastromancie , ,
par le bout du doigt.
HVDROMANCIE LaMPADOMANCIE
, MeTOPOSCOPIE , ,
Les Turcs mangenl habituellement le riz avec
MiMiQUE, Necromangie, Onomancie, Ornithoman- les doigls ils n'emploienl pour cela que le pouce,
;

ciE, Physiognomonie, Pyromancie, Rabdomancie, I'index et le medius ils sont persuades que le;

Theomancie, etc., etc., etc. Ciceron reduil toute diable mange avec les deux autros doigls.
la divination a deux especes, donl I'une elail na- Dans certaines conlrees de la Grece moderne,
Uirelle el I'autre artiiicielle (Cicero , De divin., on so croit ensorcele quand on voil quelqu'un
lib. i). La premiere se faisait par une emotion etendre la main en presentant les cinq doigls.
de Tesprit qui , etant saisi d'une espece de fureur, Doigt annulaire. C'est une opinion regue
predisail les choses a venir. Tel etait I'esprit qui que le ({uatrieme doigt de la main gauci)e a une
animail la Pylhie sur le trepied. La divination vertu cordiale; que celte vertu vient d'un vais-
artificielle se faisait par I'observation de signes seau, d'un ncrf ou d'une veine qui lui est com-
etde circonstances naturelles dans les sujels que numiquee par le copur, et, par cetle raison, qu'il
Ton savait destines u predire I'avenir. A celte merile preferablement aux autres doigls I'hon-
seconde espece apparlenait I'astrologie, les au- neur de porter I'anneau. Levinus Lemnius assure
gures, les auspices, les sortileges el les prodiges. que ce vaisseau singulier est une artere, et non
Djilbeguenn, magicien larlare dont le souve- pas un ncrf, ni une veine, ainsi que le pretendent
nir est vivace encore en Siberie. U brillail
dans les anciens. II ajoute que les anneaux qui sont
les temps hero'iques; et on raconle de lui de portes a ce doigt influent sur le coeur. Dans les
grandes merveilles. 11 se montrait quelquefois evanouissements, il avail coutume de frotler ce
sousla figure d'un monstre a neuf teles. II etait doigt, pour lout medicament. II dit encore que
monte sur un boeuf a Irenle cornes lorsqu'il la goutte rattaquc rarement, mais toujours plus

coupa la tele de Comda'i-Mirguenn. II entendait lard que les autres doigls, et que la fin est bien
le langage de toutes les betes. A de beau-
la suite proclie quand il vient a se nouer.
coup d'actions alroces, il est alle en enfer el n'en Dojartzabal, jeune sorciere de quinze a seize
est pas revenu. ans qui confessa, vers 1609, avoir ete menee au
Dobie, esprit familier dans le comte d'York sabbal par une autre sorciere, laquelle etait de-
en Angleterre. On donne cet esprit a toute famille lenuc en prison*; ce que celle-ci niail, disant
qui porte le nom de Dobie. C'est, dit-on, le qu'etanl altachee a de grosses chaines de fer et
spectre d'un ancetre qui s'attache a quelques-uns surveillee, elle ne pouvail etre sortie de son ca-
de ses descendants. chol ; et que, si elle en etait sortie, elle n'y
Docetes, heretiques du premier siecle qui serail pas renlree. La jeune personne expliqua
niaient I'incarnation el qui soulenaienlque Nolre- loutefois que, comme elle etail couchee pres de
Seigneur pur pour avoir pris une chair
etait trop sa mere
celte sorciere I'etait venue chercher
,

humaine. Saint Jerome ecrit a ce sujet que le sang sous forme d'un chat..., pour la transporter
la

du Sauveur fumait encore dans la Judee, lors- au sabbal, et que, malgre leurs fers, les sor-
qu'on se mil a enseigner que son corps n'avait cieres peuvent aller a ces as?emblees, bien que
ete qu'un fanlome. lis doivent leur nom de do- le diable n'ait pas moyen de les delivrer des

cetes a un mot grec qui signifie appare7ice et qui mains de la justice. Elle assura encore que le
explique leur sysleme que Jesus avail simple- diable qui la faisait enlever ainsi d'aupres de sa
,

menl paru un homme. mere, mettait en sa place une figure qui lui res-
Docks. Voy. Alfares. ' Delancre, Tableau de I'inconst. des demons, etc.,
Dodone. Herodole raconle ainsi I'origine des liv. II, p. 101.
DOL — 219 — DOR
semblait. CetLe pretendiie sorciere, qui n'exer- dura une centaine d'annees. Les precedes
siecle,
cait probablement qu'une petite vengeance, si des donatistes ont ete renouveles par les Albi-
elle n'etait pas en proie a quelque illusion, ne geois, puis par les hussites, par les lutheriens et
tut pas chatiee. par Les camisars entraient dans
les calvinistes.

Dolers, demon invoque dans les litanies du cette voie, on ne les eut pas arretes.
si

sabbat. Doni (Antoine-Francois) Florentin, ne en ,

Domfront (Guerin de) de Guillaume de


, fils 1503 il y a des choses bizarres dans ses Mondes
;

Belleme, seigneur de Domfront, ayant traitreu- cdlesles , terrestres et infernaux , volume in-k°,

sement fait couper la tete a son ennemi endormi dont on a une vieille traduction francaise.
chez lui, fut, dit-on, etouffe par le diable Doppet (Frangois-Amedee) membre du con- ,

Domingina-Maletana, sorciere qui, dans seil des Cinq-Cents, auteur d'un Traite theoriqne
une joute qu'elle fit avec une autre sorciere, et pratique du magnetisme animal ; Turin 1784 , ,

sauta sans se blesserdu haut de la montagne un d'uhe Oraison funehre de Mesmer,


vol. in-8°;
de la Rhune, qui borne les trois royaumes de avec son testament, Geneve, 1785, iii-8°; d'une
France, d'Espagne at de Navarre, et gagna le Medecine occulte ou Traite de la macjie naturelle
prix ^ et medicinale , 1786, in-Zi".

Dominique. Voy. Hallucinat[ons. Dorach-y-Rhibyn , fee sinistre du pays de


Domitien. Un jour qu'il donnait un festin aux Galles. Elle vient frotter ses ailes de cuir centre
senateurs de Rome, a I'occasion de son triomphe les vitres pour annoncer la mort de quelqu'un.
sur les Daces, Domitien, qui avait de singuliers Elle appelle le malade par un long cri lamen-
caprices, les fit entrer dans une salle qu'il avait table.
fait tendre en noir, et qui etait eclairee par des Doree (Catherine) , sorciere du dix-septieme
lampes sepalcrales. Chaque convive se trouva siecle, qui fut brulee vive pour avoir tue son en-
place vis-a-vis d'un cercueil, sur lequel il vit fant par ordre du diable elle jelait des poudres
;

son nom ecrit. .. Une troupe d'enfants barbouilles et guerissait les ensorceles en leur mettant un
de noir representait une danse des ombres infer- pigeon sur I'estomac. Barbe Doree, autre sor-
nales. La dause finie, ils se disperserent, chacun ciere, etait parente de Catherine.
aupres du convive qu'il devait servir. Les mets Dormants. L'bistoire des sept Dormants est
furent les raemes que ceux que I'on offrait aux encore plus fameuse chez les Arabes que chez
morts dans les ceremonies funebres. Un morne les Chretiens. Mahomet I'a inseree dans son Ko-
silence regnait dans cette asseniblee. Domitien ran, et les Turcs I'ont embellie.
parlait seul il ne raconlait que des histoires san-
; Sous I'empire de Decius, I'an de notre ere
glantes et n'entretenait les senateurs que de mort. 250, il y eut une grande persecution centre.les

Les convives sorlirent enfin de la salle du festin Chretiens. Sept jeunes gens, attaches au service
et furent accompagnes chacun a leur maison par de I'empereur, ne voulant pas desavouer leur
des hommes vetus de noir, armes et silencieux. croyance et craignant les supplices, se refu-
— A peine respiraient-ils, que I'empereur les fit gierent dans une caverne situee a quelque dis-
redemander; mais c'etait pour leur donner la tance d'Ephese. Par une grace particuliere ils y ,

vaisselle qu'on avait servie devant eux et a cha- dormirent d'un sommeil profond pendant deux
cun celui de ces petits esclaves qui les avaient cents ans. Les mahometans assurent que durant ,

servis. C'etait bien la mi plaisir de tyran, ce sommeil, ils eurent des revelations surpre-
Domoivoi, esprils de tenebres chez les Russes. nantes, et qu'ils apprirent en songe tout ce que
On les chasse par I'eau de la Neva, benite le pourraient savoir des hommes qui auraient em-
jour de I'Jipiphanie. ploye un pareil espace de temps a etudier assi-
Donatistes, sectateurs de Donat, qui domi- dument.
naient et ne pardonnaient rien. Dans leurs fureurs Leur chien, ou du moins celui d'un d'entre
centre les catholiques, qui admettent a la recon- eux, les avait suivis dans leur retraite; il mit a
ciliation ceux qui sont tombes les donatistes , profit, aussi bien qu'eux, le temps de son som-
atiaquaient partout les fideles enfants de I'Eglise, meil. 11 devint le chien le plus inslruit du monde.
les assommaient, brulaient leurs maisons et leurs Sous le regne de Theodose le jeune, I'an de
eglises, « Ils commencent leurs massacres au iNotre-Seigneur Zi50 les sept Dormants se reveil-
,

)) chant de V Alleluia, disent les recits contem- lerent et entrerent dans la ville d'Ephese, croyant
» porains; ni I'age, ni I'innocence n'obtiennent n'avoir fait qu'un bon somme mais ils trouverent ;

» grace a leurs yeux; quand ils veulent bien faire tout bien change. 11 y avait longtempsque les per-
» misericorde , ils tuent d'un sfeul coup. » Leur secutions centre le christianisme etaient linres;
schisme, eleve au commencement du quatrieme des empereurs Chretiens occupaient les deux
trones imperiaux d'Orient et d'Occident. Les
1 Memoires de Thebaut de Champassais sur la ville
questions des freres et I'etonnement qu'ils temoi-
de Domfront.
2 Delancre, Tableau de I'mconst. des demons, etc.,
gnerent aux reponses qu'on leur fit surprirent
liv. m, p. 210. tout le monde. lis conterent naivement leur his-
;

DOS — 220 — DRA

Loire. Le peiiple, frappe d'admiration , les con- etre double, c'esl-a-dire qu'il peut etre vu a la

duisit a I'eveque, cekii-ci aa patriarche et le fois en deux lieux differents, qu'il peut lui-meme,
patriarche a I'empereur. Ges sepl Dormaiits reve- en certaines occasions, voir sa doublure devant
lerent les choses du monde les plus singalieres, lui. Cette doublure n'est qu'une ombre, a la ve-

et en predirent qui ne I'etaient pas moins. lis rite. Eh bien, nous pouvons avoir le meme avan-
annoncerent entre autres I'avenement de Maho- lage en nous plagant devant une glace. — Voy.
met, I'elablissement et les succes de sa religion, Flaxbindf.r.
comme devant avoir lieu deux cents ans apres Dourga monstrueuse divinite des Indiens.
,

son re veil. Voij. Fktes religieuses de l'Inde.


Quand ils eurent satisfait la curiosite de I'em- Dourlet (Simone). Voy. Poss^id^ies de Flandre.
pereur, ils nouveau dans leur
se retirerent de Douze c'est un nombre heureux. Les apolres
,

caverne et y moururent tout de bon on monlre : elaient douze, dit Cesaire d'liesterbach, parce
encore cetle grolte aupres d'Ephese. que le nombre douze est compose de quatre fois
Quant a leur chien Kratim ou Kalmir, il acheva Irois, ou de trois fois quatre. lis ont ete elus

sa carriere et vecut autant qu'un chien peut douze ajoute-t-il, pour annoncer aux quatre
vivre, en ne comptant pour rien les deux cents coins du monde la foi de la sainte Trinite. Les
ans qu'il avait dormien compagnie de ses maitres. douze apolres, dil-il encore, sont les douze
C'etait un animal dont les connaissances surpas- signes du zodiaque, les douze mois de I'annee,
saient celles de tous les pbilosophes, les savants les douze heures du jour, les douze etoiies de la

et les beaux esprits de son siecle aussi s'em- ; couronne de I'epouse. Les douze apolres sont
pressait-on de le feter et de le regaler et les mu- ; encore les douze fils de Jacob, les douze fon-
sulmans le placent dans le paradis de Mahomet, taines du desert, les douze pierres du Jourdain,
entre I'ane de Balaam et celui qui portait Notre- les douze boeufs de la mer d'airain, les douze

Seigneur le jour des Rameaux. fondemenls de la Jerusalem celeste.


Cette historielte a tout Fair d'une contre-parlie Drac demon du rang des princes de I'enfer.
,

de la fable d'Epimenides de Crete, qui, s'etant II se montra a Faust en maniere de flamme bleue,

endormi sur le midi dans une caverne en cher- avec une queue rougealre.
chant une de ses brebis egai'ee, ne se reveilla Brack, lutin du midi de la France. Dans cer-
que quatre-vingt-sept ans apres, et se remit a taines contrees, ce n'est qu'un follet malin qui
chercher ses brebis comme s'il n'eut dormi qu'un prend loules sortes de formes et fait toules sorles
peu de temps. d'espiegleries. Dans d'autres c'est un ogre.,

Delrio parle d'un paysan qui dorniil un automne l ay. Ogres.

el un hiver sans se reveiller*. Draconites ou Dracontia. Pierre fabuleuse


bosithee, magicien de Samarie, contempo- ([ue Pline et quelques naturalisles anciens ont
rain de Simon le Magicien il se presentait comme
; placee dans la letedu dragon. Pour se la procu-
etant le vraie Messie, et il parvint a seduire la rer, il fallait I'endormir avant de
cooper la tete. lui

foule par des prestiges, des enchantements el Dragon. Les dragons ont beaucoup de fait

des tours d'adresse. 11 menait avec lui trente bruit; el, parce que nous n'en voyons plus, les
disciples, autant qu'il y avait de jours dans le sceptiques les ont nies mais Cuvier et les geo-
:

mois, et n'en voulait pas plus. 11 avait admis a logues modernes ont reconnu que les dragons
sa suite une femme qu'il appelait la Lune. 11 ju- avaient exists. G'est seulement une race perdue.
daisait, et le point capital de sa doctrine consis- C'etaient des sortes de serpents ailes. Philoslrate
tait, pour ceux qu'il enlrainait, a passer le jour dil que, pour devenir sorciers et devins, les

du sabbat dans I'immobilite la plus complete. Arabes mangeaient le coeur ou le foie d'un dra-
Double. On croiten Ecosse qu'un homme peut gon volant. On monlre aupres de Beyrouth le

lieu ou Georges tua un monslrueux dragon


saint de saint Georges, une eglise qui ne subsiste plus*.
11 est fait mention de plusieurs dragons dans les
il y avail sur ces lieux, consacres par le courage
* Dans les Disquisitions magiques. <
Voyage deMonconis.deThevenotetdu P.Goujon.
,

DRA — 221 — DRE


legendes; quelques-uns peuvent etre des alle- qui devastait le Hainaut*, lorsqu'il fut tue par le
gories ou par le dragon il faut entendre le de- vaillant Gillesde Chin, en 1132. Et que direz-
mon que les saints ont vaincu. Le diable en effet, , vous du dragon de Rhodes, qui n'est certainement
porte soiivent le nom d'ancien dragon, et quel- pas un conte^? Voy. Trou du chateau de Car-
quefois il a pris la forme de cet animal merveil- NOET.
leux c'est ainsi qu'il se montra a sainte Margue-
: Dragon rouge. Le dragon rouge ou I'art de ,

rite. On dit que le dragon dont parle Possidonius commander les esprits celestes aeriens ter- , ,

couvrait un arpent de terre, et qu'il avalait, restres, infernaux, avec le vrai secret de faire
comme une pilule un cavalier tout arme mais
, ; parler les morts, de gagner toutes les fois qu'on
ce n'elait encore qu'un petit dragon en compa- met aux loteries, de decouvrir les tresors ca-
raison de celui qu'on decouvrit dans I'lnde, et ches, etc., etc., in-18, 1521.
qui suivant Maxime de Tyr, occupait cinq ar-
, On a reimprime tres-frequemment ce fatras
pents de terrain. absurde, dont on trouvera les plus curieuses elu-
Les Chinois rendent une espece de culte au cubrations a leur place, dans ce dictionnaire.
dragon. On en voit sur leurs vetements, dans Drames. Le theatre n'a pas neglige les mer-
leurs livres, dans leurs tableaux. lis le regardent veilleuses ressources que lui offraient les demons,
comme le principe de leur bonheur ; ils s'ima- les follets, les revenants, la magie et les sciences
ginent qu'il dispose des saisons et fait a son gre occultes.De nos jours on a fait les Sept chateaux
tomber la pkiie et gronder le tonnerre. lis sont du Diable, les Pilules du Diable, la Part du
persuades que tous les biens de la terre- ont ele Diable; on a meme mis en vaudeville les Me-
confies a sa garde, et qu'il fait son sejour ordi- moires du Diable, de M. Soulie. L'Esprit follet,
naire sur les montagnes elevees. de Colle; le Spectre, de Seraminis; celui d'Ham-
Le dragon etait aussi tres-important chez nos let; les Sorcieres, de Macbeth; la Sylphide, le

aieux ; nos contes de dragons doivent re-


et tous Magicien du Pied de mouton, et une foule d'au-
mon ter a une haute antiquite. Voici la chronique du tres donnees sont prises, comme Robin des bois,
dragon de Niort'. Un soldat avait ete condamne le Chasseur rouge, Trilby, le Vampire, les IVi-
a mort pour crime de desertion il apprit qu'a ; lis, etc., etc., du vaste repertoire de prodiges
Niort, sa patrie, un enorme dragon faisait depuis qui aliraentent les livres de demonologie.
trois mois des ravages, et qu'on promettait bonne Drape. On donne a Aigues-Mortes le nom de
recompense a celui qui pourrait en delivrer la Lou Drape a un cheval fabuleux qui ,
est la ter-
conlree, II se presente on I'admet a combaltre
; reur des enfants, qui les retient un peu sous
le monstre, et on lui promet sa grace s'il par- I'aile de leurs parents et reprime la negligence
,

vient a le detruire. Convert d'un masque de verre des meres. On assure que quand Lou Drape vient
et arme de toutes pieces, I'inlrepide soldat va a a passer, il ramasse sur son dos, I'un apres
I'anlre obscur ou se tient le monstre aile, qu'il I'autre, tous les enfants egares; et que sa croupe,
trouve endormi. Reveille par une premiere bles- d'abord de taille ordinaire ,
s'allonge, au besoin
sure, il se leve, prend son essor et vole contre jusqu'a contenir cinquante et cent enfants qu'il
I'agresseur. Tous les spectateurs se retirent, lui emporte on ne sait oii.
seul reste et I'attend de pied ferme. Le dragon Drawcansir, lutin matamore qui, chez les
tombe sur lui et le terrasse de son poids mais ; Anglais, gourmande les rois, disperse les arraees
au moment qu'il ouvre la gueule pour le devo- et seme le desordre partout. C'est probablement
rer, le soldat saisit I'instant de lui enfoncer son ce que les anciens appelaient la terreur panique.
poignard dans la gorge. Le monstre tombe a ses Drepano. Drepano a aussi sa ce-
L'esprit de
pieds. Le brave soldat allait recueillir les fruits lebrite : il grand bruit, jetait des pierres
faisait
de sa victoire, lorsque, pousse par une fatale qui ne blessaient pas lancait en I'air les usten-
,

curiosite il ota son masque pour considerer a


, siles de menage sans rien briser, et chantait des
son aise le redoutable ennemi dont il venait de chansons scandaleuses le tout sans se montrer.
,

triompher. Deja il en avait fait le tour, quand le Quand le maitre de la maison ou il hantait reve-
monstre, blesse mortellement, et nageant dans nait de quelque course trempe par la pluie il ,

son sang, recueille des forces qui paraissaient I'annongait avant que personne le vit, et pres-
epuisees, s'elance subitement au cou de son vain- sait la famille d'alluraer un grand feu. C'etait un
queur et communique un venin si maifaisant
lui

au milieu de son triomphe.


qu'il perit On voyait — 1 Voyez cette legende dans Les douze convives du
chanoine de Tours.
encore, il y a peu de temps, dans le cimetiere
2 « Les divers insectes carnivores vus au micro- ,

de Ihopital de Niort, un ancien tombeau d'un scope, sont des animaux forniidables ils etaient peut- ;

homme tue par le venin du serpent. Est-ce aussi ^Lre ces dragons ailes dont on retrouve les anatomies;
une allegorie ? diminues de taille a mesure que la matiere diminuait
d'energie, ces hydros, griffons et autres se trouve-
A Mons, on vous contera I'histoire du dragon
raient aujourd'hui a I'etat d'insectes. Les geants ante-
diluvians sont les petits hommes d'aujourd'hui. »
1 Voyage dans le Finistere, t. Ill, p. 1 12. (Chateaubriand, Memoires, tome IL)
DRl — 2: I - DRU
demon obsesseiir qui ne reussit pas; car les ha- Druidesses. Dans la petite ile de Sena, au-
bitants de la maison se condiiisirent en Chre- jourd'hui Sein, vis-a-vis la cote de Quimper, il
tiens, ce qui suffit souvent'. y avail un college de druidesses que les Gaulois
Driff, nom donne a la pierre de Buttler, a la- appellent Sencs (prophetesses). Elles etaienl au
quelle on attribuait la propriele d'attirer le ve- nombre de neuf, gardaienl une perpeUielle vir-
nin ; elle etait , dit-on ,
composee de mousse for- ginite, rendaienl des oracles et avaient le pou-
mee sur des teles de mort, de sel niarin, de voir de retenir les vents et d'exciler les tem-
vitriolcuivreux empate avec de la colle de pois- peles; elles pouvaient aussi prendre la forme de
son. On a pousse le merveilleux jusqu'a pre- toule espece d'animaux, guerir les maladies les
tendre qu'il suffisait de toucher cette pierre du plus inveterees et predire I'avenir. Elles exer-
bout de la langue pour elre gueri des maladies gaient un sacerdoce. II y avail d'autres drui-
les plus redoutables. Van Helmont en fail de desses qui se mariaient; mais elles ne sortaient
grands eloges. qu'une fois dans I'annee, el ne passaient qu'un
Drolles. Les droiles sont des demons ou lu- seul jour avec leurs maris'. Voy. aussi Dio-
tins qui, dans certains pays du Nord, prennenl CLl'n iHN , Vl:LLl-DA , CtC.
soin de panser les chevaux font tout ce qu'on ,

leur commande et avertissent des dangers. Voy.


Farfadets , BiiRrrn , Kobold , etc.

Drouva, roidel'Hindoustan, qui regna vingl-


six millc aiis, on ne sait ou , et qui laissa Irois

L)i uitlc.

enfants : Kai pagaLarou ,


Kouraga ct Kourkala;
ce qui est pen pour une longue vie. si
Druses, peuplade feroce qui habite le Liban.

Drows. C'est le nom qu'on donne aux duer- Elle adore un veau el n'est ni chretienne ni

gars dans les iles Orcades. musulmane.


Drude (la), cauchemar femclle qui, en forme Drusus. Charge par I'empereur Auguste du
d'une vieille furie, parait serrer la gorge d'une commandement de I'armec romainc qui faisait
personne endormie. Pline I'appelle Malum dce- la guerre en Mkmagne Drusus se preparait a ,

moniacnm. passer I'Elbe, apres avoir deja remporte plu-


Druides, pretres des Gaulois. lis enseignaient sieurs vicloires, lorsqu'une femme majestueuse
la sagesse et la morale aux principaux person- luiapparul el lui dit : —
« Ou cours-tu si vite,

nages de la nation, lis disaient que les araes cir- Drusus? Ne seras-lu jamais las de vaincre? Ap-
culaient monde-ci dans
eternellemenl de ce prends que les jours touchenl a leur lerme... »
I'autre c'est-a-dire que ce qu'on appelle la mort
;
Drusus trouble lourna bride, fit sonner la re-
traile el mourut au bord du Rhin. On vil en
est I'entree dans I'aulre monde, et ce qu'on ap-
pelle la vie en est la sortie pour revenir dans mcme temps deux chevaliers inconnus qui fai-

ce monde-ci ^ chevaux autour des Iran-


saienl caracoler leurs

Les druides d'Autun attribuaient une grande chees du camp remain, et on entendit aux en-
vertu a I'oeuf de serpent; ils avaient pour ar- virons des plaintes et des gemissements de

moiries dans leurs bannieres cou- : d'azur a la femmes ^ ce qui n'est pas merveille dans une
;

chee de serpents d'argent, surmontee d'un gui derou'.e.

de chene garni de ses glands de sinople. Le chef Drutes. Les drutes sont des sorcieres qui
des druides avail une clef pour symbole K suivent Holda avec leurs quenouilles. Voy.
HOLDA.
1 Delrio, Disquisit., lib. VI, cap. ii.
- Diodore de Sicile. '
Sainl-Foix, Essais sur Paris, t. Ill, p. 384.
3 Saint-Foix, Essais, etc., t. IL 2 Dion Cassius.
; ,

DRY — 223 — DUE


Dryden (Jean.), celebre poele anglais, inort corps des animaux plus nobles, jusqu'a ce
On
en 1707. rapporle qu'il aux des le jour
tirait qu'elles rentrent dans des corps humains, ou
. de !a naissance de ses enfants, pour deviner s'il elles peuvent meriler ou demeriter sur nouveaux
aurait un gargon ou une iille; et sa prediction frais.

relative au sexe de son fils Charles se realisa ' Dualisme. II y a des tremblements de terre
ce qui n'est pas fort etonnant, Voij. Astraga- des tempetes , des debordements
des ouragans ,

LOMANCIE. de des maladies pestiientielles


rivieres, des ,

Dsigofk, partie de I'enfer japonais ou les betes venimeuses, des animaux feroces, des
mediants sont lounnentes suivant le noinbre ou hommes naturellement mechants, perfides et
la qualite de leurs crimes. Leurs supplices ne cruels. Or, un etre bienfaisant, disaient les dua-
durent qu'un certain temps, au bout duquel leurs listes,ne pent elre I'auteur du nial. Done il y a
ames sont renvoyeesdanscemonde, pour animer deux etres, deux principes, I'un bon, I'autre
les animaux impurs dont les vices s'accordent mauvais, egalement puissants, coeternels, et qui
avec ceux dont ces ames s'etaient souillees. ne cessent point de se coinbattre. Si Ton refle-
De la elles passent successivement dans les chit sur le dualisme, dit Saint-Foix, je crois

Duergars.

qu'on le trouvera encore plus absurde que I'ido- le moral que dans le physique, venait unique-
latrie. ment de leur mesintelligence , I'une se plaisant
Les Lapons disent que Dieu, avant de pro- a gater, a changer ou a detruire tout ce que fai-
duire la terre, se consulta avec I'esprit malin, sait I'autre. Les manicheens ont adopte le sys-
aflu de determiner comment il arrangerait chaque teme des deux principes. Bardesane, les Ap-
chose. Dieu se proposa done de remplir les ar- pellistes et une foule d'autres chefs de secte les
bres de moelle , les lacs de lait , et de charger ont dans cette voie precedes ou suivis. La ve-
les plantes et les arbres de tous les plus beaux rite et le sens commun ont toujours repousse
fruits. Par malheur, un plan si convenable a ces absurdes suppositions. Les luttes du bien et
I'homme deplut a I'esprit malin, qui fit toutes du mal nous sont exposees dans leur realite par
sortes de niches; et il en resulta que Dieu n'ela- la doctrine de I'Eglise catholique.
blit pas les choses aussi bien qu'il I'aurait voulu. .. Duende. Le Dmnde, lutin espagnol, cor-
Un certain Ptolomee soutenait que le grand Etre respond au Gobelin normand et au Tomte-
avait deux femmes; que, par jalousie, elles se gobbe suedois. Duende, selon Cobaruvias, est
contrariaient sans cesse, et que le mal, tant dans une contraction de ducno de casa, maitre de la
' Berlin, Curiosites de la Utterature, t. I, p. 248. maison. Ce farfadet espagnol a ete cite de tout
,

DUF — 224 — DUR


temps pour la facilile de ses metamorphoses. dans lequel le dernier vers de la premiere stance
Duergars. Les diables nains ou diiergars de termine toules les autres.
la Scandinavie sent de la meme famille que les Dufay (Charles-Jerome de Cisternay), al-
elfs de la nuit. lis assistent a la mort de la chimiste, quoique homme de guerre. II s'oc-
dame de la maison qu'ils hantent et la gardent cupait du grand oeuvre; et il depensa beaucoiip
la nuit. Les doctrines scandinaves disent que d'argent a la recherche de la pierre philoso-
leurs dieux les ont fait naitre en foule du phale. II mourut en 1723.
cadavre d'Imer, et leur ont infuse toutes les Duffo ou Duffus, roi d'Ecosse. Pendant une
sciences et tous les arts. Les Norvegiens attri- maladie de ce prince, on arreta plusieurs sor-
buent la forme reguliere et le pjli des pierres ciers de son royaume qui rotissaient, aupres
cristallisees aux travaux de ces petits habitants d'un petit feu, une image faite' a la ressem-
de la montagne dont I'echo n'est autre chose blance du roi, sortilege qui, selon leurs confes-
que leur voix. Cetle personnification poetique a sions, causait le mal du monarque. En effet,
donne naissance a un metre particulier en Is- apres leur arrestation la sante de Duffus se re-
,

lande, appele le galdralag, ou le lai diabolique, tablit ^

Dulot (Jacques), magicien^ Voy. Marigny. d'neuvre ou son pinceau , son crayon et son bu-
Dumons ( Antoinc), sorcier du dix-septieme rin n'ont jamais offense en rien la religion ni les

siecle, accusede fournir des chandelles au sab- moGurs. On raconte de lui une vision que nous
bat pour I'adoralion du diable. rapporterons ici :

Duncanius, abbe de Liebenthal, qui, au « pieux artiste, revait quelque nou-


Albert, le
douzieme siecle, lit un pacte avec le diable pour veau chef-d'oeuvre; il voulait se surpasser lui-
I'erection d'un immense edifice et crut jouer le meme; mais le genie de I'homme a ses limites
malin. Mais le diable lui avait laisse un livre de que jamais il ne peut franchir sans se perdr'e
conjurations au moyen duquel tout etait pos- dans les abimes du monde inlellectuel. Pendant
sible. L'abbe osa s'en servir; il fit des choses une belle nuit d'ete, il avait commence et re-
prodigieuses enlra dans les voies de I'orgueil
, commence I'esquisse des quatre evangelistes. II
tomba dans les vices, et, au bout de quinze ans, voulait retracer les traits de ces hommes inspires
devint la proie de Satan ,
qui I'emporta. Sa le- qui furent trouves dignes de devenir les histo-
gende a ete ecrite par Henry Zschokke. riens de I'Homme-Dieu. Mais rien de ce que sa
Dupleix (Scipion), conseiller d'Etat et his- main produisail ne rendait a son gre les traits
toriographe de France, mort en 1661. Parmi ses qui se peignaient dans son ame. C'etait a Nu-
ouvrages tres-remarquables, on peut voir la remberg. La nuit etait superbe, la lune eclairait
Cause de laveilleet du sommeil, des songes, de la de sa magique lumiere les eglises de Saint-Se-
vie et de la mort. Paris, 1615, in-12; Lyon, bald et de Saint-Laurent. Des milliers d'etoiles
1620, in-S". brillaient a la voute celeste au-dessus de cette
Durandal,epee merveilleuse de Charlemagne. de ses rues desertes. « Dieu,
ville silencieuse et
romans de chevalerie, un ou-
C'etait, selon les s'ecria Albert , hommes de trans-
a permis a des
vrage des fees. former ici des debris de rochers en batiments
Durer (Albert), peintre illustre, ne a Nu- magnifiques, pleins d'harmonie dans leur en-
remberg en U71 , mort en 1528 avec la gloire
,
' Leloyer, Histoire et discours des spectres, etc.,
assez rare d'avoir laisse beaucoup de chefs- liv. IV, ch. XV, p. 369.
DUS — 225 — EAU
semble et dans toutes leurs parties elevant ma- , sur ses traces echouerent souvent, non parce
jeslueusement leurs tours vers le ciel et il ne , que le talent leur manquait , mais parce qu'ils
me perinettrait pas a moi de I'endre sur la toile n'avaienl pas sa foi naive et forte. Le ciel et ses
et en son honneur les portraits de ses saints en- merveilles resterent caches pour eux, derriere
voyes portraits que cependant je porte en mon
,
lessombres nuages du monde materiel »

ame! » Albert se sent emu;


mains se re-
ses Buses, demons de la nuit qui effrayent les
joignent pour prier et en ce moment I'eglise de
; Allemands par une sorte de cauchemar.
Saint-Sebald se colore de feu et de flamme des ; Duvernois. Voy. Rolande.
nuages bleus forment le fond sur lequel se des- Dysers, deesses des anciens Celtes, que Ton
sinent les figures imposanles des quatre evange- supposait employees a conduire les ames des
listes. Oh voila, dit-il, les trails que j'ai en vain
(( ! heros au palais d'Odin ou ces ames buvaient ,

cherches, qui echappaicnt a mon art debile! » de la biere dans des coupes faites des cranes de
11 court a sa toile abandonnee , il saisil ses pin- leurs ennemis.
ceaux et bientot I'esquisse est terminee. II ne Dythican, demon prince qui se montra au
sera pas difficile au grand artiste d'achever di- docteur Faust sous forme d'une perdrix co-
la

gnement son oeuvre. lossale, avec le cou mouchete de vert.


» Durer croijait et pourquoi il
voyait. Voila Dzivogeon, femmes etranges, du genre des
sut creer des chefs-d'oeuvre pure spiri-
d'une si esprits elementaires. Elles habilent plusieurs
tualite. Beaucoup de ceux qui voulurent marcher montagnes de la Russie.

-c&o-

E '

Eatuas ou Atouas,dieux subalternes desOlai- de peur d'en renverser quelques gouttes.


bouillir,

liens,enfants de leur divinile supreme, Taroa- Les cabalisles peuplent I'eau d'ondins et de
taihetoomoo el du rocher Lepapa. Les Eatuas,
,
nymphes. Voy. ces mots.
dil-on engendrerenl le premier homme.
,
Eau amere (Epreuve de 1'). Elle avail lieu
Ces dieux sont des deux sexes les hommes : ainsi chez les anciens Juifs : lorsqu'un homme
adorent les dieux males, et les femmes les dieux soupgonnait sa femme en mal , il demandait qu'elle
femelles. lis ont des temples ou les personnes se purgeat selon la loi. Le juge envoyait les par-
d'un sexe different ne sont pas adraises, quoiqu'ils ties a Jerusalem, au grand consistoire, compose
en aient aussi d'autres ou les hommes et les de soixante vieillards. La femme etait exhortee a
femmes peuvent enlrer. bien regarder sa conscience, avant de se sou-
Le nom iVEatua ou 'Atotta est aussi donne a meltre au hasard de boire les eaux ameres. Si
des oiseaux lels que le heron et
, le marlin-pe- a dire qu'elle etait nette de peche,
elle persistait

cheur. Les Ola'iiiens et les insulaires leurs voi- on la menait a la porte du Saint des saints, et on

sins honorent ces oiseaux d'une attention parti- la promenait afin de la faliguer et de lui laisser
culiere lis ne les tuenl point et ne leur font
; le loisir de songer en elle-meme. On lui donnait

aucun mal mais ils ne leur rendent pourtanl


; alors un vetement noir. Un pretre elait charge
aucune espece de culle, et paraissent n'avoir a d'ecrire son nom et toutes les paroles qu'elle avait
leur egard que des idees superstitieuses relatives dites puis se faisant apporter un pot de terre,
;

a la bonne ou mauvaise fortune ainsi le peuple ; il versait dedans avec une coquille la valeur d'un

a demi degrossi en a chez nous sur le rouge- grand verre d'eau il prenait de la poudre du ta-
;

gorge, sur I'hirondelle et sur quelques autres bernacle, avec du jus d'herbes ameres, raclait le
oiseaux. nom dcrit sur le parchemin et le donnait a boire
Les Otaitiens croient que le grand Eatua lui- a la femme, qui , si elle etait coupable, aussitot
meme soumis en certains cas aux genies in-
est blemissait yeux lui tournaient et elle ne tar-
; les
ferieurs a qui il a donne I'existence, qu'ils le de- dait pas a mourir ^ mais il ne lui arrivait rien
;

vorent souvent, mais qu'il a toujours le pouvoir si elle etait innocente.


de se recreer. Eau ardente, renommee chez les sorciers
Eau. Presque tous les anciens peuples ont fait d'autrefois. Elle prenait feu au contact d'une al-
une divinite de eel element, qui, suivant certains lumetle enflammee : ce que fait I'eau-de-vie a
philosophes, etaitle principe de toutes choses. Les present.
Guebres le respectent; un de leurs livres sacres Eau benite. C'est une couturae aussi ancienne
leur defend d'employer I'eau la nuit et de jamais < Nouvelle revue de Bruxelles. F^vrier 1844.
emplir tout a fait un vase d'eau pour la faire 2 Leloyer, Histoire des spectres, liv. IV, ch. xxl.

15
:

EAU — 226 — EAU


que I'Eglise et de tradition apostolique',de benir "dent tire du foyer des sacrifices. Quand il y avail
par des prieres, des exorcismes et des ceremo- un mort dans une maison, on mettait a la porte
nies, I'eau dont on fait des aspersions SLir les fi- un grand vase rempli d'eau lustrale, apporlee de
deles et sur les choses qui sont aleur usage. Par quelque maison ou il n'y avail point de mort.
cette benediction, I'Eglise demande a Dieu de Tous ceux qui venaient a la maison en deuil s'as-
purifier du peche ceux qui s'en serviront, d'e- pergeaient de cette eau en sortant. Les druides —
carter d'eux les embiaches de Tennemi du salut employaient I'eau lustrale a chasser les malefices.
et les fleaux de ce monde ^. Dans les constitutions Eau verte. On lit dans Delancre que les sor-
apostoliques, I'eau benite est appelee un moyen ciers composaient de son temps une eau verte,
d'expier le peche et de nieltre en fuite le demon. dont le contact donnait la mort. Voy. Poisons.
On se sert aussi au sabbat d'une eau particu- Eberard, archeveque de Treves, mort en
liere, que Ton ose appeler eau benite. Le sorcier 1067. Ayanl menace les Juifs de les chasser de
qui fait les fonctions sacrileges qu'on appelle la sa ville, si dans un certain temps qu'il leur ac-
messe du sabbat est charge d'en asperger les corda pour se faire inslruire, ils n'embrassaient
assistants pas le chrislianisme, ces miserables, qui se di-
Eau bouillante (Epreuve de 1'). On I'em- saienl reduits au desespoir, subornerent un
ployait autrefois pour dccouvrir la verite dans les sorcier qui, pour de I'argent, leur baptisa du nom
tortures qu'on appelait temerairemcnt jugements de I'eveque une image de cire, a laquelle ils at-
de Dieu. L'accuse plongeait la main dans un vase tacherent des meches el des bougies ils les al- ;

plein d'eau bouillante, pour y prendre un anneau lumerent le samedi saint comme le prelat allait,

suspendu plus ou moins profondement. Ensuite donner le bapteme. Pendant qu'il etait occupe a
on enveloppait la main du ])alieiit avec un linge cette sainle fonclion, la statue etant a moitie
sur lequel le juge et la partie adverse apposaicnt consumee, Eberard se sentit extrememeiit mal;
leurs sceaux. Au bout de trois jours on les levait; on le cohduisit dans la sacristie, oii (dit la chro-
s'il ne paraissait point de marque de brulure, nique) il expira bientot apres
l'accuse etait renvoye absous. Eblis, nom que les mahometans donnent au
Eau d'ange. Pour faire de bonne eau d'ange, diable. lis disent qu'au moment de la naissance
ayez un grand alambic dans lequel vous metlez de leur prophete, le Irone d'Eblis fut precipite
les drogues suivantes benjoin, quatre onces;
: au fond de I'enfer el que les idoles des genlils
slyrax deux onces; sandal citrin, une once;
, furent renvers^es.
clous de girofle, deux drachmes; deux ou trois Ebroin. On lit ceci dans Ic B. Jacques de Va-
morceaux d'iris de Florence la moitie d'une ; rasc (legenda cxiv) : — Une petite troupe de
ecorce de citron deux noix muscades; cannelle,
; pieux cenobiles regagnait de nuit le monaslere.
demi-once; deux pinles de bonne eau de roche; lis arriverenl au bord d'un grand fleuve et s'ar-
chopine d'eau de fleurs d'orange; chopine d'eau
de melilot; vous metlez le tout dans un alambic
bien scelle et vous distillez au bain-marie. Cette
distillation sera une eau d'ange exquise ' ainsi ,

nommee parce que la receltc en fut enseignee


par un ange... Elleguerit beaucoup de maladies,
disent ses proneurs.
Eau froide (Epreuve de 1'). Elle etait fort en
usage au neuvieme siecle et s'etendait non-seu-
lemeut aux sorciers elnux heretiques, mais encore
Le
a tout accuse dont le crime n'etait pas evident.
coupable ou pretendu lei main droite
6lait jete, la

liee au pied gauche et la main gauche liee au


,

pied droit dans un bassin ou dans une grande


,

cuve pleine d'eau sur laquelle on priait pour


,

qu'elle ne piat supporter un criminel de fagon :

que celui qui n'enfoncait pas etait declare in-


nocent,
Eau lustrale. Eau commune dans laquelle,
chez les peuples paiens, on eteignait un tison ar- reterent sur le gazon pour se reposer un instant.
Bientot ils entendirenlplusieurs rameurs qui des-
' LeV. Lehvnn, Explicaiiondes cerem., t. I, p. 76. cpndaient avec une grande impetuosite.
le fleuve
2 Bergier, Dictionnaire theologique. L'un des moines leur deraanda qui ils etaient
3 Boguet, Discours des sorciers, ch. xxii, p. 141,
((Nous sommes des demons, repondirent \es ra-
etDelancre, Tableau de I' inconstance des demons, etc.,
meurs, el nous emportons aux enfers I'ame d'E-
liv. IV, disc. Ill, p. 437.
* Secrets du Petit Albert, p. 162. 1 Histoire des archeviques de Treves, ch. LVii.
EBR — 227 — ECL
broin maire du palais qui tyrannisa la France
, ,
sant le combla de faveurs et lui donna le nom de
et qui abandonna le monastere de Saint-Gal pour fidele que la tradition lui maintient. Mais les cour-
rentrer dans le monde. » tisans, jaloux de son influence, parvinrent a le
fibron demon honore a Tournay du temps
, , faire tomber en disgrace. Le due de Bourgogne

de Clovis. On ne voyait que sa tete, qui se re- le bannit et lui enleva ses deux fils, dont il n'eut

muait pour repondre a ses devots. II est cite plus de nouvelles qu'au bout de plusieurs an-
parmi les demons dans le roman de Godefroid de nees. Alors il apprit que I'ingrat prince avait fait
Bouillon, vieux poerae dont I'auteur etait du perir ses deux fils voulant aneantir sa race, et
,

Hainaut. qu'il etait lui-meme en danger. Or il y avait dans

Echo. Presque tous les physiciens ont attribue un canton de I'Helvetie, qui reconnaissait alors
la formation de I'echo a une repercursion de son, I'autorite de ce due, une montagne dite la Mon-

semblable a celle qu'eprouve la lumiere quand tagne de Freya (la Venus des Germains). Un mys-
elle tombe sur un corps poli, L'echo est done terieux joueur de guitare en sortait de temps en
produit par. le moyen d'un ou de plusieurs ob- temps et il tirait de sa guitare des sons d'une
,

stacles qui interceptent le son et le font rebrousser magie si puissante qu'ils entrainaient les passants
en arriere. y a des echos simples et des echos
II dans une caverne dont on ne les voyait plus
composes. Dans les premiers, on entend une sortir. Le fidele Eckart s'elait retire non loin de

simple repetition da son, dans.les autres on I'en- la et connaissait ce sortilege. Un jour le due de

tencl une, deux, trois, quatre fois et davantage. Bourgogne, egare a la chasse oia il avait perdu son
II en est qui repetent plusieurs mots de suite les cheval, se trainait epuise dans le bois qui servait
uns apres les autres ; ce phenomene a lieu toutes de refuge au fidele Eckart. Le vieux serviteur eut
les foisqu'on se trouve a une distance de l'echo pitie de son prince malgre son crime il le porta
;

telle qu'on ait le temps de prononcer plusieurs sur ses epaules a une cabane ou il regut des
mots avant que la repetition du premier soit par- soins la il fut reconnu par le due, qui lui rendit
;

venue a I'oreille. Dans la grande avenue du cha- ses bonnes graces et le nomma tuteur de ses fils.
teau de Villebertain, a deux lieues de Troyes, on 11 s'acquitta dignement de ses devoirs sans quitter

entend un echo qui repete deux fois un vers de sa retraite. Un soir qu'il se promenait avec eux,
douze syllabes. Quelques echos ont acquis une le joueur de guitare parut et les entraina. Mais

sorte de celebrite. On cite celui de la vigne de Eckart etait avec eux il combattit et mit en
:

Simonetta, qui repetait quarante fois le meme fuite les mauvais genies qui voulaient s'emparer
mot. A Woodstock, en il y en avait Angleterre, des jeunes princes, les ecarta de la caverne de
un qui repetait meme
son jusqu'a cinquante
le Freya, et craignant que ce danger se renouvelat
fois. A quelques lieues de Glascow, en Ecosse, pour eux il se devoua a rester devant I'entree
,

il se trouve un echo encore plus singulier, Un du repaire infernal pour en repousser tous ceux
homme joue un air de trompette de huit a dix qui y seraient attires il y est encore, mais on ne
;

notes; l'echo les repete fidelement, mais une le voit pas.

tierce plus bas et cela jusqu'a trois fois, inter- flclairs. On rendait autrefois une espece de
rompues par un petit silence. culte aux eclairs, en faisant du bruit avec la
II y eut des gens assez simples pour chercher bouche et les Remains honoraient sous le nom
;

des oracles dans les echos. Les ecrivains du der- de Papysma une divinite champetre, pour qu'elle
nier siecle nous ont conserve quelques dialogues en preservat les biens de la terre. Les Grecs de
de mauvais gout sur ce sujet : — Un amant : Dis- rOrient les redoutent beaucoup.
moi, cruel amour, mon bonheur est-il evanoui? Eclipses. C'etait une opinion generale chez
L'icho : Oui. — L'amant : Tu ne paries pas ainsi les paiens que les eclipses de lune procedaient
quand tu seduis nos coeurs, et que tes promesses de la vertu magique de certaines paroles par les-
les entralnent dans de funestes engagements. quelles on arrachait la lune du ciel et on I'atti-
,

L'Mio : Je mens. — L'amant : Par pitie, ne ris rait vers la terre pour la contraindre a jeter sur
pas de ma peine. Reponds-moi, me reste-t-il les herbes une ecume qui les rendait plus propres
quelque espoir ou non 1 L'echo .-Non. — L'amant: aux sortileges des enchanteurs. Pour delivrer la
Eh bien e'en est fait, tu veux ma mort, j'y cours.
, lune de son tourment et pour eluder la force du
Vecho : Cours. —
L'amant : La contree, instruite charme , on empechait qu'elle n'en entendit les
de tes rigueurs, ne sera plus assez insensee pour paroles en faisant un bruit horrible.
dire de toi un mot d'eloges. L'icho : Deloge. Une eclipse annoncait ordinairement de grands
Les anciens Ecossais croyaient que l'echo etait raalheurs et on voit souvent dans I'antiquite des
,

un esprit qui se plaisait a repeter les sons. Les armees refuser de se battre a cause d'une eclipse.
paiens en avaient fait une nymphe. Voy. Lavisaru Au Perou quand le soleil s'eclipsait, les gens da
,

Eckart (Le Ce heros d'une tradition


fidele). pays disaient qu'il etait fache centre eux et se
allemande vivait a la cour d'un due de Bourgogne croyaient menaces d'un grand malheur. lis avaient
de la premiere dynastie. Dans un combat il sauva encore plus de crainte dans I'eclipse de lune. lis
ce due en exposant sa vie. Le prince reconnais- la croyaient malade lorsqu'elle paraissait noire;
15.
— 228 — ECR

ils comptaient qu'elle mourrait infailliblement Dans les Indes on est persuade, quand le soleil

si elle achevait de s'obscurcir qu'alors elle Lom-


;
ou la lune s'eclipse, qu'un certain demon aux
berait du ciel, qu'ils periraient tous et que la fin etend sur I'astre dont il veut se
griffes noires les

dii monde arriverait. Ils cn avaient une telle saisir pendant ce temps on voit les rivieres cou-
;

frayeur, qu'aussitoL qu'elle comiiiencait a s'e- vertes de tetes d'Indiens qui croient soulager
clipser ils faisaient un bruit terrible avec des I'astre menace en se tenant dans I'eau jusqu'au

trompettes , des cornets et des tambours ; ils cou et jetant sans relacbe avec leurs mains de
,

foueltaient des chiens pour lesfaire aboyer, dans I'eau au nez du soleil ou de la lune. Les Lapons

I'espoir que la lune qui avail de I'affection pour


,
sont convaincus aussi que les eclipses de lune
ces animaux, aurait pitie de leurs cris et s'eveil- sont I'ouvrage des demons. Les Chinois preten-
lerait de I'assoupissement que sa maladie lui cau- daient, avant I'arrivee des missionnaires jesuites,
|

sait. En meirie temps, les bommes, les femmes qui les eclairerent, que les eclipses etaient occa- ,

et les enfants la suppliaient, les larmesaux yeux sionnees par un mauvais genie, lequel cacbaitle
et avec de grands cris, de ne point se laisser soleil de sa main druite et la lune de sa main
mourir, de peur que sa niort ne fut cause de leur gauche. Cependant cette opinion n'elait pas ge-
perte universelle. Tout ce bruit ne cessait que nerale, puisque quelques-uns d'entre eux disaient
quand la lune reparaissant ramenail ie calme qu'ily avait au milieu du soleil un grand trou, el
dans les esprits epouvantes. que, quand la lune se rencontrait vis-a-vis, elle
devait naturellement etre privee delumiere. Dieu,
discnt les Persans tienl le soleil enferme dans
,

un tuyau qui s'ouvre et se ferme au bout par un


volet. Ce bel ceil du monde eclaire I'univers et
rechauffe par ce trou; et quand Dieu veut punir
les bommes par la privation de la lumiere, il en-
voie range Gabriel I'ermer le volet, ce qui produit
les eclipses. Mais Dieu esl si bon qu'il n'est ja-

mais fache longtemps.


Les Mandingues, negres mahometans de I'in-

terieur de I'Afrique, atlribuent les eclipses de


lune a un chat gigantesque qui met sa patte entre
la lune et la terre; et pendant tout le temps que

dure I'eclipse, ils ne cessent de chanter et de


danser en I'honneur de Mahomet. Les Mexicains
effrayes jeunaient pendant les eclipses. Les fem-
mes se maltraitaient et les lilies se liraient du
,

sang des bras. Us s'imaginaient que la lune avait


Les Talapoins prelendent que quand la lune ete blessee par le soleil pour quelque querelle
s'eclipse, c'estun dragon qui la devore; et que de menage.
quand elle reparait, c'est le dragon qui rend son On racontait des habitants de I'Arcadie qu'ils
diner. Dans les vieilles mythologies germaniques, etaient tellement ignoranls qu'au moment d'une
deux loups poursuivaient sans cesse le soleil et eclipse ils eventrerent un ane qu'ils accusaient
lalune les eclipses etaient des luttes centre ces
; d'avoir mange la lune, parce que I'image de la

monstres. Les Europeens, credules aussi, regar- lune avait disparu dans I'eau oii I'ane buvait a
daient autrefois les eclipses comme des signes I'instanl oii I'eclipse avait eu lieu.

facheux une eclipse de soleil qui eut lieu le


; Ecregores, peres des geants, suivant un livre
13 aout i 66/j fut annoncee comme I'avant-coureur apocryphe d'Enoch. Les anges qu'il nomme ainsi
d'un deluge semblable a ceUii qui etait arrive du s'assemblerent sur le mont Hemon, du temps du
temps de Noe ou plutot d'un deluge de feu qui patriarche Jared, ec s'engagerent par des ana-
devait amener du monde. Celte prediction
la lin themes a ne se point separer qu'ils n'eussent en-
epouvanta tellement les masses qu'un cure de leve les lilies des bommes.
campagne (c'est un petit conte que nous rappor- Ecriture. Art de juger les homines par I'ecri-
tons) ne pouvant sufiire a confesser tous ses lure, d'apres Lavater. Tous les mouvements de
paroissiens, qui craignaient de monrir dans cetle notre corps regoivent leurs modilicaiions du tem-
circonslance et sachant que tout ce qu'il pour-
, perament etdu caraclere. Le mouvement du sage
rait leur dire de raisonnable a cet egard ne pre- n'est pas celui de I'idiot, le port et la demarche
vaudrait pas contre les predictions facbeuses, fut different sensiblement du colerique au flegmati-
contraint de leur annoncer au prone qu'ils ne se que, du sanguin au inelancolique.
pressassent pas tant, et que I'eclipse avait ete De tous les mouvemenls du corps, il n'en est
remise a quinzaine *.
point d'aussi varies que ceux de main et des
la

* Legal!., Calend. veritable, p. 4C. doigts, et de tous les mouvements de la main et


ECR 229 — ECR
des doigls, les plus diversifies sont ceux que nous ront distinguer. Si Ton est oblige d'admettre une
faisons en ecrivant. Le moindre mot jete sur le expression caracteristique pour les ouvrages de
papier, combien de points, corabien de courbes peinture pourquoi voudrait-on qu'elle disparut
,

ne renferme-t-il point!... II est evident encore, entierement dans, les dessins et dans les figures
poursuit Lavaler, que chaque tableau, que chaque que nous traqons sur le papier? Ghacun de nous
figure detachee, et aux yeux de I'observateur et a son ecriture propre, individuelle et inimitable,
du connaisseur, chaque trait conservent et rap- ou qui du moins ne saurait etre conlrefaite que
pellent I'idee du peintre. —
Que cent peintres, tres-difficilement et tres-imparfaitement. Les ex-
que tous les ecoliers d'un meme maitre dessinent ceptions sont en trop petit nombre pour detruire
la meme figure, que toutes ces copies ressem- la regie. Cette diversite incontestalDle des ecri-
blent a Foriginal de la maniere la plus frappante, tures ne serait-elle point fondee sur la difference
elles n'en auront pas moinschacune un caractere reelle du caractere moral ?

particulier une teinte et une louche qui les fe-


, On objectera que le meme horame, qui pour-

tant n'a qu'un seul et meme caractere, peut di- autrement son ecriture quand il Iraite une affaire
versifier son ecriture. Mais cet homrae malgre , desagreable, ou quand il s'enlretienl cordiale-
son egalite de caractere, agit ou du moins parait ment avec son ami. Chaque nation, chaque pays,
agir souvent de mille manieres differentes. De chaque ville a son ecriture particuliere , tout
meme qu'un esprit doux se livre quelquefois a comme ont une physionomie el une forme qui
ils

des emportements, de meme aussi la plus belle leur sont propres'. Tous ceux qui ont un com-
main se perniet dans I'occasion une ecriture ne- merce de un peu etendu pourront verifier
lettres
gligee ;niais alors encore celle-ci aura un ca- la justesse de cette remarque. L'observateur in-
ractere tout a fait different du griffonnage d'un telligent ira plus loin et il jugera deja du carac-
,

homme qui ecrit toujours mal. On reconnaitra la tere de son correspondant sur la seule adresse
bellemain du premier jusque dans sa plus mau- {f mtends V ecriture de I' adresse,
carle style fournit
que I'ecriture la plus soi-
vaise ecriture, landis des indices plus posiLifs encore), a peu pres
gnee du second se ressentira toujours de son comme le litre d'un livre nous fait connaitre sou-
barbouillage. Cette diversile de I'ecriture d'une vent la tournure d'esprit de I'auteur. Une belle
seule et memepersonne ne fait que confirmer ecriture suppose necessairemenl une certaine jus-
la these; il resulte de la que la disposition d'es- tesse d'esprit, et en particulier I'amour de I'ordre.
prit oii nous nous trouvons influe sur noire ecri-
1 Quand Lavaler ecrivait, on n'avait pas encore
ture. Avec la meme encre, avec la meme plume introduit I'ecriture mecanique, dite ecriture anglaise
el sur le meme papier, I'homme fagonnera tout ou americaine.
fiCR — 23 0 — EDR
Pour ecrire avec Line belle main, il faut avoir du Sonne. On attribua aussi aux rois de France le
moins une veine d'energie d'industrie de pre- , , don d'enlever les ecrouelles par I'imposition
cision et de gout, chaque effet supposant une des mains, accompagnee du signe de la croix.
cause qui lui est analogue. Mais ces gens dont Louis XIII en 1639 toucha a Fontainebleau douze
I'ecriture est si belle et si elegante , la peindraient cents scrofuleux, et les memoires du temps at-
peut-etre encore mieux, si leur esprit etaitplus cul- testent que plusieurs furent gueris. On fait re-
tive et plus orne. On distingue clans I'ecriture la montercette prerogative jusqu'aClovis, Voy. Lan-
substance et le corps des lettres, leur forme et leur CINI'T ,
GrEATRAKES etC.
Cf'iACHAT, ,

arrondissement, leur hauteur et leur longueur, Ecume. On remarque que beaucoup de pos-
a
leur position leur liaison I'intervalle qui les se-
, , sedes ecument de la bouche comme les chiens
pare, I'intervalle qui est entre les lignes, la net- enrages. Une jeune fille que Ton amena a saint
tete de Tecriture, sa legerete ou sa pesanteur. Vincent Ferrier, rendait par la bouche et par le
Si toutcela se trouve dans une parfaite harmonie, nez une ecume qui prenait successivement plu-
il n'est nullement diOicilede decouvrir quelque sieurs nuances
chose d'assez precis dansle caractere fondamental Ecureuils.Les chasseurs des moots Ourals
de I'ecrivain. ont pour chasse de I'ecureil une superstitieuse
la

Une ecriture de travers annonce un esprit faux, idee qu'on ne pent deraciner. lis ne cherchent
dissimule, inegal. II y a la plupart du temps une dans toute la journee les ecureuils qu'au haut des
analogic admirable entre le langage, la demarche sapins rouges, premier tue le matin s'est
si le

et I'ecriture. Des lettres inegales mal jointes, , trouve sur un arbre de cette espece et ils sont ;

mal separees, mal alignees, et jetees en quelque fermement convaincus qu'ils en chercheraient en
sorte separement sur le papier, denolent un na- vain ailleurs. Si c'est au contraire sur un sapin
lurel llegmatique, lent, peu ami de I'ordre et sylvestris ({w'Ws oni aperqu leur premier ecureuil,
de la proprete. Une ecriture plus liee plus sui- ,
ils ne porteront leurs regards que sur cette sorte

vie, plus energique et plus ferme accuse plus de d'arbres pendant tout le jour de la chasse.
vie, plus de chaleur, plus de gout. 11 y a des Edda, livre des origines scandinaves. II est
ecritures qui signalent la lenteur d'un homme plein de rudes merveilles,
lourd et d'un esprit pesant. Une ecriture bien Edeline ou Adeline (Guillaume), docteur
formee bien arrondie promet de I'ordre de la
,
, , en theologie du quinzieme siecle, prieur des
precision et du gout. Une ecriture extraordinai- Cannes de Saint-Germain en Laye. II fut expose
rement soignee annonce plus de precision et de et admoneste publiquement a Evreux pour s'etre
fermete, mais peut-etre moins d'esprit. Une ecri- donne au diable, alin de satisfaire ses passions
ture lache dans quelques-unes de ses parties, mondaines. II avoua, sans y etre pousse par la
serree dans quelques autres, puis longue, puis torture, qu'il s'etait transports au sabbat acheval
etroite, puis soignee, puis negligee, laisse entre- sur un balai ^ que de sa bonne volonte il avait
;

voir un caractere leger, incertain et ilottant. Une fait hommage a I'ennemi, qui elait la sous la forme

ecriture lancee, des lettres jetecs pour ainsi dire d'un mouton qu'il lui avait alors baise brutale-
;

d'un seul trait, et qui denotent la vivacite de ment sous la queue son derriere en signe de re-
un esprit ardent, du feu et
I'ecrivain, designent verence et d'hommage Ce sabbat n'etait com-
des caprices. Une ecriture un peu penchee sur pose que de Vaudois. Le jour du jugeraent etant
la droite et bien cuulante annonce de I'activite arrive, il fut conduit en place publique, ayant une
et de la penetration. Une ecriture bien liee, cou- mitre de papier sur la tete; I'inquisiteur I'en-
lante et presque perpendiculaire ,
promet de la gagea a se repentiret lut la sentence qui le con-
finesse et du gout. Une ecriture originale et ha- domnait a la prison au pain et a I'eau. « Lors ,

sardee d'une certaine facon sans methode, mais , ledit maitre Guillaume commenqa a gemir et a
belle et agreable, porte I'empreinte du genie, etc. condouloir de son mefait, criant merci a Dieu, a
II est inutile d'observer combien, avec quelques I'eveque et a justice*. » Quinzieme siecle,
remarques judicieuses, ce systeme est plein de Edris, nom que les musulmans donnent a
temerites et d'exagerations. Voy. Mimique et Phy- Enoch ou Henoch sur lequel ils ont forge di-,

SIOGNOMONIE. verses traditions. Dans les guerres continuelles


Ecrouelles. Delancre dit que ceux qui nais- que se faisaient les enfants de Seth et de Cain,
sent legitimement septiemes males, sans melanges Henoch, disent-ils, fut le premier qui introduisit
de filles, ont le don inne de guerir les ecrouelles
en les touchant. Les anciens rois d'Angleterre, ' Gbrres, Mystique, liv. VII, ch. xi, d'apres la
suivant certains auteurs, avaient ce pouvoir*, Demonomania de Georges Seiler.
mais d'une autre source. Quand Jacques II fut 2 Edodus scopam sumere, et inter femora equitis

reconduit de Rochester a White-Hall, on proposa instar ponere , quo volebat brevi momento, etc. Ga-
guin, liv. X.
de lui laisser faire quelque acte de royaute, comme
3 Monstrelet, Alain Chartier, a I'annee 1453.
de toucher les ecrouelles. II ne se presenta per- * Monstrelet, cite par M. Garinet, Histoire de la
1 Polydore Virgile. magie en France, p. 107.
EFF 231 ELE

la coutume de faire des esclaves. II avait regu da coin, est elastique De telles raretes ont pass6
del, avec le don de science et de sagesse, trente autrefois pour oeuvres de feerie.
voluines remplis des connaissances les plus ab- Eleazar, magicien Juif de nation qui atta-
, ,

straites;lui-meme en composa beaucoup d'aiitres, chait au nez des possedes un anneau ou etait en-
aussi pen connus que les premiers. Dieu I'envoya chassee une racine dont Salomon se servait, et
aux Cainites pour les ramener dans la bonne voie. que Ton presume etre la squille ^. A peine le
Mais ceux-ci ayant refuse de I'ecouter, il leur fit demon I'avait-il flairee qu'il jetait le possede par
laguerre et reduisit leurs femmes et leurs enfants terre et I'abandonnait. Le magicien recitait en-

en esclavage. Les Orientaux lui attribaent I'in- suite des paroles que Salomon avait laissees par

vention de la couture et de I'ecriture de I'as- *


,
ecrit; et, au nom de ce prince, il defendait au

tronomie, de Tarithmetique, et encore plus par- demon de revenir dans le meme corps; apres
ticulierement de la de plus
geomancie. On dit quoi il remplissait une cruche d'eau et com-
qu'il fut la cause innocente de Un de I'idolatrie. mandait audit demon de la renverser. L'esprit
ses amis, afilige de son enlevement, forma de malin obeissait; ce signe etait la preuve qu'il
lui par I'instigation du demon une representa-
,
, avait quitte son gite.
tion si vivement exprimee, qu'il s'entretenait des Eleazar de Garniza, auteur hebreu qui a
jours entiers avec elle, et lui rendait des hom- laisse divers ouvrages dont plusieurs ont ete im-
mages particuliers ,
qui pen a peu degenererent primes et d'autres sont restes manuscrits. On
en superstition. Voy. Henoch. distingue de lui un Traite de I'ume, cite par Pic
EfFrontes, heretiques qui parurent dans la de la Mirandole dans son livre contre les astro-
premiere moitie du seizierae siecle. lis niaient le logues, et un Commentaire cabalistique sur le

Saint-Esprit, pratiquaient diverses superstitions, Pentateuque.


rejetaient le bapteme et le remplagaient par une Elements. Les elements sont peuples de sub-
ceremonie qui consistait a se racier le front avec stances spirituelles, selon les cabalistes. Le feu
un clou jusqu'a effusion de sang, puis a le panser est lademeure des salamandres fair, celle des ;

avec de I'huile. C'est cette marque qui leur res- sylphes; les eaux, celle des ondins ou nymphes,
tait au front qui leur a fait donner leur nom des gnomes. II est certain que
et la terre, celle

d'effrontes. les elements, Fair surtout, sont abondamment


Egerie, nymphe qui seconda Numa Pompi- peuples de demons et d'esprits, et que les puis-
lius dans son projet de civiliser les Remains. Les sances de I' air ne le laissent pas vide.
demonomanes en ont fait un demon succube, et On a dit des choses merveilleuses
filephant.
les cabalistes un esprit elementaire, une ondine de I'elephant. On lit encore dans de vieux livres
selon les uns, une salamandre selon les autres, qu'il n'a pas de jointures, et que, par cette rai-

qui la disent fille de Vesta. Voy. Zoroastre et son, il est oblige de dormir debout, appuye
Noma. contre un arbre ou contre un mur; que s'il
Egipans , demons que
les paiens disaient ha- tombe ne pent se relever. Cette erreur a ete
, il

biter les bois montagnes, et qu'ils re-


et les accreditee par Diodore de Sicile par Strabon et ,

presentaient comme de pelils homines velus, par d'autres ecrivains. Pline conte aussi que
avec des comes et des pieds de chevre. Les an- I'elephant prend la fuite lorsqu'il entend un co-
ciens parlent de certains monstres de Libye, chon et, en effet, on a vu en 1769 qu'un co-
:

auxquels on donnait le meme nom ils avaient ; chon ayant ete introduit dans la menagerie de
un museau de chevre avec une queue de pois- Versailles, son grognement causa une agitation
son :, c'est ainsi qu'on represente \e capricorne. si violente a un elephant qui s'y trouvait qu'il

On trouve cette meme figure


dans plusieurs mo- eut rompu ses barreaux si Ton n'eut retire aus-
numents egypliens et remains, sitot I'animal immonde. iElien assure qu'on a vu

Egithe, sorte d'epervier boiteux, dont une un elephant qui avait ecrit des sentences entieres
idee bizarre avait repandu I'opinion chez les an- avec sa trompe et meme qui avait parle. Chris-
,

ciens que sa rencontre etait du plus heureux tophe Acosta assure la meme chose Dion Cas-
presage pour les nouveaux maries. sius prete a cet animal des sentiments religieux.
Egiise (1') et les Sorciers. Les pauvres Le matin, dit-il, il salue le soleil de sa trompe;
etres accuses de sorcellerie n'ont jamais ete le soir il s'agenouille et quand la nouvelle lune
;

traites par I'Eglise avec les cruautes des juges parait sur I'horizon, il rassemble des fleurs pour
laiques. Voy. I'article Sorciers, a la fin. luien composer un bouquet. On salt que les ele-
£lais, une des filles d'Anios, d'Elee, magi- phants ont beaucoup de gout pour la musique;
cienne qui changeait en huile tout ce qu'elle tou- Arrien rapporte qu'il y en a eu un qui faisait
chait. danser ses camarades au son des cymbales. On
Elasticite. 11 y a des pierres elastiques et des
1 Monthly Magazine, oct. 1825, p. 224.
gres flexibles. Une poutre en marbre qui fait ,
2 Bodin, Demonomanie, liv. I, ch. in, p. 88.
I'etonnement des curieux a la cathedrale de Lin- 3 Thomas Brown Essai sur les erreurs populai-
,

1 Voyez Cadmus. res, liv. Ill, ch. i, p. 241.


— ELE

vit a Rome des elephants danser la pyrrhique Au Bengale I'elephant blanc


a les honneurs

et execLiter des sauls perilleux siir la corde... de la ne mange jamais que dans la
divinite; 11

Enfin, avant les feles donndes par Germanicus, vaisselle de vermeil. Lorsqu'on le conduit a la

doiize elephants en costume dramatique exe- promenade dix personnes de distinction por-
,

cuterent im ballet en action. On leiir servit en- tent ua dais sur sa tete. Sa marche est une es-

suite Line collation ; ils prirent place avec de- pece de triomphe, et tous les instruments du
cence siir des lits qui leur avaient ete prepares. pays I'accompagnent. Les memes ceremonies
Les elephants males elaient revetus de la toge; s'observent lorsqu'on le mene boire. Au sortir

les femelles de la tunique. lis se comporterent de la riviere, un seigneur de la cour lui lave les

avec toute I'urbanite de convives bien eleves, pieds dans un bassin d'argent.
choisirent les mets avec discernement et ne se Voici sur I'elephant blanc des details plus
firent pas moins remarquer par leur sobriete que etendus : « Un Europeen, elabli a Calcutta de-

par leur politesse puis deux ans, ecrivait dernierement au Sema-

phore de Marseille une leltre dont le passage sui- I'entendant lui declarer qu'il allait chercher un
vant rappelle une des plus etranges superstitions elephant blanc, et qu'il etait decide a mourir
des peuples de I'lnde : s'ilne trouvait pas I'animal sacre. Tungug-Poura
vous envoie le recit que vient de me faire
« Je ne pas sur M. Smithson I'effet d'un chas-
faisait

M. Smithson, voyageur anglais, arrive tout re- seur bien habile les Elephants blancs se trou-
:

cemment de Juthia, capitale du royaume de vent en tres-petit nombre dans des retraites
Siam. M. Smithson m'a beaucoup amuse aux de- d'eaux et de bois d'un acces difficile. Mais rien
pens de ces Siamois qui continuent toujours a ne put changer la resolution de Tungug, qui,
adorer leurs elephants blancs. Depuis plusieurs serrant avec reconnaissance une petite somme
mois, la tristesse etait a la cour et parmi tous d'argent dont son nialtre le gratifia, parlit avec
les habitants de Juthia un seul elephant blanc
: un arc, des Heches et une mauvaise paire de
avait survecu a une espece de contagion qui pistolets. —
M. Smithson, que je vais luisser
s'etait glissee dans les ecuries sacrees. Le roi parler, me disait done I'autre soir « Cinq mois :

fit publier a son de trompe qu'il donnerait dix apres je me reveillai au bruit de tous les tam-
,

esclaves, autant d'arpents de terre qu'un ele- bours de I'armee du roi; un tintamarre affreiix
phant pourrait en parcourir dans un jour, et une remplissait la ville. Je m'habille et descends dans
de ses filles en mariage a I'heureux Siamois qui la rue, ou des hommes, des femmes, des en-
trouverait un autre elephant blanc. M. Smith- — fants couraient en poussant des cris de joie. Je
son avait pris a son service, pour lui faire quel- m'informai de la cause de tous ces bruits; on
ques commissions dans la ville un pauvre here , me repondit que I'elephant blanc arrivait. Cu-
borgne, bossu, tout extenue de misere, qui rieux d'assister a la reception de ce grand et
s'appelle Tungug-Poura. Ce Tungug-Poura avait haut personnage, je me rendis a la porte de la
louche le coeur compatissant du voyageur an- ville que precede une place immense entouree
nour-
glais, qui I'avait fait laver, habiller, et le d'arbres et de canaux; la foule la remplissait.
rissait dans sa cuisine, Tungug, nialgre sa che- Sous un vaste dais,des officiers richement vetus
tive et stupide apparence, nourrissait une vasle attendaient le monarque, qui a bientot paru avec
ambition dans sa chemise de toile, son unique tous ses ministres et ses esclaves. On agitait de-
vetement; il entendit la proclamation de I'em- vant lui un vaste eventail de plume. — L'ele-
pereur de Siam et vint, d'un air recueilli, se phant sacre, arrive la veille, avait passe la nuit
presenter a M. Smithson, qui rit beaucoup en sous une lenle magnifique dont j'apercevais les
1 M. Salgues, Des erreurs, etc., t. Ill, p. 196. banderoles. Peu apres les gongs, les tambours.
— 233 ELF
les cymbales retentirent avec leurs sons aigres marais ou il couche, abattu par une fievre
etait

et pergants. J'etais assez commodement place. a laquelle les animaux de


cetle espece sont su-
Un cortege de talapoins cominenga a defiler ; ces jets; car leur couleur blanche est, comme on
preLres avaient I'air grave et s'avangaient lente- salt, le resultat d'une maladie. Tungug-Poura
ment. Una triple rangee de soldats entourait le s'approcha de l'elephant, le nettoya, versa de
noble animal ,
qui avait un air maladif et mar- I'eau sur les plaies et les boutons du dos, et pro-
chait difiicilement. — On cria a mes cotes : digua tellement ses soins et ses caresses a I'in-

Voila celui qui I'a pris. — Je regardai et vis un telligente bete que celle-ci lecha Tungug de sa
petit hommeborgne et bossu qui tenait un des trompe et se mit a le suivre avec la docilite d'un
nombreux rubans dores passes au cou de I'ele- petit chien. Tungug est ainsi parvenu, favorise
phant; cet homme etait mon domestique, Tun- d'abord par un hasard presque inespere, a s'em-
gug-Poura. Le voila done gendre du roi. II vint parer d'un elephant blanc. Le pauvre bossu a
me voir un jour en palanquin et me parul fort maintenant des esclaves et possede la princesse
content de sa noiivelle position. L'elephant blanc dont le nom signifie en langue siamoise les yeux
qui a fait sa fortune se presenta a lui a cin- de la mill. »

quante journees de marche de JiUhia, dans un Elephant-Dieu. Voy. Kosaks.

La reiiie des ElCcs.

Elfdal, vallee des Elfes dans la Suede. La on mer est toute noire. une grande armee
Ce roi a

des epreuves aux enfants qu'on vou-


faisait subir a ses ordres ;
que
ses soldats ne sont autre chose
lait an sabbat. On les menagait de les
inilier les grands chenes qui parsement I'ile. Le jour
jeter dans des fondrieres s'ils refusaient de re- ils sont condamnes a vivre sous une ecorce
noncer a Dieu. Dans les procedures qui eurent d'arbre; mais la nuit ils reprennent leur casque
lieu contre eux, plusieurs de ces enfants decla- et leur epee et se promenent fierement au clair
rerent que souvent un ange blanc s'en venait au de la lune. Dans les temps de guerre, le roi les
devant d'eux et leur defendait de faire ce que le assemble autour de lui. On les voit errer au-
demon leur demandait. dessus de la cotemalheur a celui qui
, et alors
Elfes, genies scandinaves. On croit aux tenterait d'envahir le pays * La tradition des !

bords de la Baltique qu'il y a un roi des Elfes, bons et des mauvais anges est sensible dans les
lequel regne a la fois sur I'ile de Stern sur celle , fictions de I'Edda. Snorro Sterlason nous ap-
de Moe et sur celle de Rugen. II a un char attele prend que les elfs de la lumiere, dont Ben John-
de quatre etalons noirs. II s'en va d'une ile a son a fait les esprits blancs de ses masques, se-
I'autre en traversant les airs; alors on distingue journent dans Alf-Heim (demeure des Elfs), le
tres-bien le hennissement de ses chevaux et la , 1 M. Marmier, Traditiom de la Baltique.
.

ELF 234 EL
palais du ciel, tandis que les swart el/s, elfs de Elf-Roi le roi des Elfes, Voy. Nain-Laurin.
,

ianuit, habitent les entrailles de la terre. Les Elie. Les musulmans et la plupart des Orien-
premiers ne seront pas sujets a la mort; car les taux font de ce grand prophete un puissant ma-
flainmes de Siirtur ne les consumeront pas, et gicien * : ils I'appellent Khizzer.
leur derniere demeure sera Vid-Blain, le plus Elie de Worms, rabbin juif allemand, qui
haul ciel des bienheureiu ; mais les swart, clfs passait au treizieme siecle pour un magicien tres-
sont mortels et sujets a toutes les maladies, habile.
quels que soient d'ailleurs leurs attributs. — Les Eligor, demon, le meme qu'Abigor. Voy.
Islandais modernes considerent aussi le peuple Abigor.
elf comme formant une monarchie, ou du moins Elinas, roi d'Albanie, pere de Melusine.
ils le un vice-roi absolu qui,
font gouverner par Voy. Melusine.
tous les ans se rend en Norvege avec une de-
, filingsor. Dans le poeme de Percival, c'est
putation de pucks (latins), pour y renouveler un magicien qui descend de la famille de Virgile.
son sennent d'bommage-lige au souverain sei- II est ne dans la Calabre il est initie a la magie
;

gneur qui reside dans la mere patrie. 11 est evi- par des Juifs. 11 batit sur une montagne un palais
dent que les Islandais croient que les elfs sont, enchante ou Ton voit un lit qui fuit devant celui
comme eux une colonic transplantee dans I'ile
,
*
qui veut y monter et qui lui lance des fleches
Voy. Danses des esprits. s'il
y parvient. C'est un vieux conte populaire
Elfland, le pays, I'ile, le royaume des fees qui remonte au temps oix les Sarasins occu-
et des Elfes, Les fees et les Elfes, qui sont les paient la Sicile et une partie du pays de Naples.
fees du Nord, enlevent quelquefois les enfants Elixir de vie, L'elixir de vie n'est autre
et les emportent dans FEllland pour le peupler. chose selon le Trevisan que la reduction de la
,
,

Quelques hommes faits y ont ete transportes pierre philosophale en eau mercurielle on I'ap- ;

aussi, lorsqu'ils s'etaient endormis sur quelque pelle aussi or potable. II guerit toutes sortes de
montagne hantee par les fees ou les Elfes. Voy. maladies et prolonge la vie bien au dela des
Erceldoune. bornes ordinaires. L'elixir par/ait au rouge

change le cuivre, le plomb, le fer et tous les pee par tranches dans ^trois chopines de vin '

metaux en or plus pur que celui des mines. blanc, sur des cendres chaudes, agitant de
L'elixir par/ait au hlanc, qu'on appelle encore temps en temps vous passerez ce vin dans un
;

huile de talc , change tous les melaux en argent linge sans I'exprimer; mettez cette colature dans
t res-fin. lesdils sues avec le miel, faisant bouillir douce-
Voici la recette d'un autre Mixir de vie. Pour ment le tout en consistance de sirop;
et cuire
faire cet elixir, prenez huit hvres de sue mer- vous le ferez une terrine ver-
rafraichir dans
curiel deux livres de sue de bourrache
; tiges , nissee, ensuite le deposerez dans des bouteilles
et feuilles; douze livres de miel de Narbonne ou que vous conserverez en un lieu tempere pour ,

autre, le meilleur du pays; mettez le tout a vous en servir, en en prenant tous les matins
bouillir ensemble un bouillon pour I'ecumer; une cuilleree. Ce sirop prolonge la vie retablit ,

passez-le par la chausse a hypocras et clarifiez- la sante centre toutes sortes de maladies, meme
le. Mettez a part infuser, pendant vingt-quatre la goutte, dissipe la chaleur des entrailles; et
heures, quatre onces de racine de gentiane cou- ' Voyez sa legende dans les Legendes de I'Ancien
1 Traditions populaires , d&ns\a Quarterly Review. Testament.
, ,,

— 235 —
qiiand il ne resterait dans le corps qii'un petit cette hardiesse , condamna a mort le mandarin
morceau de poumon et que le resle serait gate qui lui dit d'un air tranquille : « Si ce breuvage
il maintiendrait le boa et relablirait le mauvais; donne I'immortalite vous ferez de vains efforts
,

il giierit les douleurs d'estomac, la sciatique, les pour me faire mourir; et s'il ne la donne pas,
vertiges, la migraine et generalement les dou- auriez-vous I'injustice de me faire mourir pour
leurs internes. Ce secret a ete donne par un pau- un si frivole larcin ? » Ce discours calma I'empe-
vre paysan de Calabre a celui qui fut nomme reur, qui loua la sagesse et la prudence de son

j
par Charles-Quint pour general de cette armee ministre.

I
navale qu'il envoya en Barbarie, Le bonhoinine Eloge de I'enfer, ouvrage critique, histo-
^tait age de cent trente-deux ans, a ce qu'il as- rique et moral ; nouvelle edition ; la Haye, 1759,
I

sura a ce general lequel etait alle loger chez


,
2 vol. in-12 ,
fig. — G'est un livre satirique tres-

lui, et, levoyant d'un si grand age, s'etait in- pesamment dans un esprit tres-mediocre.
ecrit,

forme de sa maniere de vivre et de celle de plu- Elossite, pierre qui a la vertu de guerir les
sieurs de ses voisins, qui etaient presque tous maux de tete. On ne salt pas trop ou elle se
ages coinme lui \ trouve.
On conte qu'un medecin charlatan apporta Elpide, medecin qui vivait sous Theodoric,

j
un jour a I'empereur de la Chine Li-kon-pan roi des Ostrogoths. Sa maison etait hantee par
un elixir merveilleux et Texhorta a le boire, des lutins qui lui jetaient souvent des pierres.
ea lui promettant que ce breuvage le rendrait Saint Cesaire , d' Aries, etant venu a Ravenne,
immortel. Un ministre qui etait present, ayant purifia cette .maison avec de I'eau benite, et des
j
tente inutilement de desabuser le souverain ,
prit lors elle ne fut plus infestee.
la coupe et but la liqueur. Li-kon-pan, irrite de Elspeth-Rule , sorciere ecossaise qui floris-
I

sait en 1708. Elle etait signalee comme faisant Embungala, pretre idolatre du Congo. II

mourir ceux qui la priaient et guerissant ceux passe, chez les noirs de ces contrees, pour un si

qui la maltraitaient. grand sorcier, qu'il peut d'un coup de sifflet

Elxai ou Elcesai chef des elcesaites here-


, ,
faire venir devant lui qui bon lui semble, s'en
tique du deuxieme siecle qui faisait du Saint-
,
servir comme d'un esclave et le vendre meme
Esprit une femme, et qui proposait une liturgie s'il le juge a propos.
dont les prieres etaient des jurements absurdes. fimeraude. La superstition a longtemps at-

£maguinquilliers,race de geants, serviteurs tribue a cette pierre des vertus miraculeuses


d'lamen dieu de la mort chez les Indiens. lis
,
telles entre autres d'empecher lesque celle

sont charges de tourraenter les mechants dans symptomes du mal caduc, de se briser lorsque et

les enfers. la crise est trop violente pour qu'elle puisse la

Embarrer. Voy. Ligatures. vaincre. La poudre de franche emeraude arre-


tait, disait-on, la dyssenterie et guerissait la
1 Admirables secrets du Petit Albert, p. 165. morsure des animaux veneneux, Les peuples de
EMM — 236 — ENC
la vallee de Manta, au Peroii, adoraient une veuve et rompent les bras a ceux qui osent les
emeraude grosse coinine iin CEuf d'autruche et regarder en face. Le moyen de conjurer I'Empuse
lui offraient d'aiitres emeraudes. et de s'en faire obeirchez les anciens, c'etait de
Emma, fille de Richard II due de Normandie. , lui dire les plus grandes injures. Chacun a ses
Cette princesse epoiisa Elhelred , roi d'Angle- go 11 Is.
lerre ,en eut deux fils dont I'un regna apres
et Vasco de Gama cite par Leloyer , rapporle
la de son pere
inort c'est saint Edouard. Ce
: qu'il y a dans la ville de Calicut un temple con-
prince ecoulait avec deference les pieux avis de .sacre a des demons qui sont des especes d'Em-
sa mere; mais un ambitieux que I'histoire peinl puses. Personne n'ose enlrer dans ces temples,
sous d'assez laides couleurs, Godwin, comte de surlout le mercredi qu'apres que le midi est
,

Kent, qui etait son ministre, et qui voyaitavcc passe; car si on y entrail a cetle heure-la, on
peine son autorile partagee avec Emma, cher- mourrait a I'instant memo.
cha a perdre cette princesse; il I'accusa de Enarque. 11 revint de I'autre monde (oud'une
differenls crimes, et il eut I'adresse de faire syncope) apres avoir passe plusieurs jours en
appuyer son accusation par plusieurs seigneurs, enfer, et raconla a Plutarque lui-meme lout ce
mecon tents comme lui du pouvoir d'Emma. Le qui concernait Plulon, Minos, Eaque, les Par-
roi depouilla sa mere de toutes ses richesses. La ques etc. ^
,

princesse eut recours a Ahvin eveque de Win- ,


Encelade, geant de la mylhologie grecque. II

chester, son parent. Le comte de Kent, voulant avail cent bras el donnail de grandes inquietudes
ecarter un protecteur aussi puissant, el ne re- a Jupiter. Minerve, qui n'avait que deux bras,
culant pas devant les moyens les plus infames, mais longs etsolides, jela surle geant I'ile de la
accusa la princesse d'un commerce coupable Sicile; et il est retenu sous I'Etna, ou il soupire
avec ce prelat : cette odieuse accusation ap- ,
loujours. C'est la cette mylhologie que Boileau
puyee impudemment par les ennemis de la prin- admirail.
cesse et du saint eveque, fit impression sur I'es- Encens. En la region Sachalite, qui n'est
«
prit d'Edouard il eul la faiblesse
; de mettre sa autre que royaume de Tarlas, I'encensqui s'y
le
mere en jugement; elle fut condamnee a se recueillail se metlait a grands monceaux en cer-
purger par I'epreuve du feu. La coulume de ce taine place non loin du purl oii les marchands
,

temps-la en Angleterre voulait que I'accuse pas- abordaient. Gel encens n'etail garde de personne,
sat nu-pieds sur neuf coulres de charrue rougis parce que le lieu etait assez garde des demons;
au feu; et la condamnalion portait qu'Emma et ceux qui abordaient pres de la place n'eussent
ferait sur ces coulres neuf pas pour elle-nieme ose, encachelle ni ouverlement, prendre un seul
et cinq pour I'eveque de Winchesler. Elle em- grain d'encens et le meltre en leur navire sans la
ploya en prieres la nuit qui preceda celte pe- licence el permission expresse du prince; autre-
rilleuse epreuve; puis ral'fermie, elle marclia ment leurs navires etaient relenus par la puissance
sur les neuf coulres, au milieu de deux eveques, secrete des demons ,
gardiens de I'encens et ne
habillee comme
une simple bourgeoise et les pouvaient se mouvoir ni partir du port *. »

jambes nues jusqu'aux genoux. Le feu ne lui fit Enchantements. On enlend par enchante-
aucun mal; de sorte que son innocence fut re- ment I'art d'operer des prodiges par des paroles
connue. chanlees; mais on a beaucoup etendu le sens de
Emodes, I'un des demons qui possedaient Ma- ce mot.
deleine de la Palud. On voyait, au rapport de Leon I'Africain, tout
Emole, genie que les basilidiens invoquaient au haul des principales tours de la citadelle de
dans leurs ceremonies magiques. Maroc, trois pommes d'ord'un prix inestimable,
Empuse, demon de midi. Arislophane, dans si bien gardecs par enchanlement, que les rois

sa comedie des Grenouilles, le represente comme de Fez n'y ont jamais pu toucher, quelques ef-
un spectre horrible, qui prend diverses formes, forts qu'ils aient fails. Ces pommes d'or ne sont
de chien de femme de boeuf, de vipere qui a
, ,
,
plus.
le regard alroce un pied d'ane et un pied d'ai-
, Marc Paul conle que lesTartares, ayant pris
rain, une flamme autour de la tele, et qui ne huit insulaires de Zipangu, avec qui ils etaient en
cherche qu'a faire du mal. Les paysans grecs et guerre, se disposaient a les decapiler ; mais ils

russes on I conserve des idees populaires alta- n'cn purenl venir a bout, parce que ces insu-
chees a ce monstre ils tremblent au temps des
; laires portaientau bras droit, enlre cuir et chair,
foins et des moissons a la seule pensee de I'Em- une petite pierre enchanleo qui les rendait in-
puse, qui, dit-on, rompt bras et jambes aux fau- sensibles au tranchanl du cimelerre de sorte :

cheurs et aux moissonneurs, s'ils ne se jettent la qu'il fallut les assommer pour les faire niourir.
face en lerre lorsqu'ilsl'apercoivent. On dit meme
en Russie que I'Empuse et les demons de midi, Histoire des spectres, liv. Ill, cli. xiv.
1

Jil. Sal^ues: Des


2 errcurs et des prejuges, t. I,
qui sont soumis a cet horrible fanlome, parcou-
p. 313.
rent quelquefois les rues a midi en habils de Lelnyor. Diet, et hii^t. des spectres, p. 413.
ENC — 237 — ENE
Voij. Paroles magiques, Charmes, Fascination, le dome. — Vous voyez, nous dit-il, tout ce que
Tour enchantee etc. , j'ai pii rassembler de piquant et de curieux en
On enlend souvent par enchanLeraent quelque mecaniques. —
Cependant nous n'apercevions de
chose de nierveilleiix. Les arts ont aussi produit tons cotes que des tapisseriessurlesquelles etaient
des enchantements mais natiirels, et regardes
, representees des machines utiles, telles que des
comme oeuvre de magie par ceiix-la seals qui horloges, des pompes des pressoirs, des moulins
,

attribuent a lamagie tout ce qui est extraordi- a vent, des vis d'Archimede, etc.
naire. —
M. Van Estin, dit Decremps dans sa —Toutes ces pieces ont apparemment beau-
Magie blanche devoilee nous fit voir son cabinet
, coup de valeur, dit en riant M. Hill; elles peu-
de machines. Nous enlrames dans une salle bien vent recreer un instant la vue mais il parait ;

eclairee par de grandes fenetres pratiquees dans qu'elles ne produiront jamais de grands effets

Enfant vole par une Teo. — Page 23S.

par leurs mouvemenls. M. Van Eslin repondit elait un arbre. Plusieurs serpents rampaient au-
par un coup de sifilet. Aussitot les quatre tapis- tour du tronc et allaient successivement se ca-
series so levent et disparaissent ; la salle s'agrandit cher dans les feuillages. Dans une cage voisine
et nos yeux eblouis voient ce que I'industrie hu- etaientdeux serins qui chantaient en s'accompa-
maine a invente de plus etonnant. D'un cole des gnant, un homrne qui jpuait de la flute, un autre
serpents qui rampent des fleurs qui s'epanouis-
, qui dansait un petit chasseur et un sauteur chi-
,

sent, des oiseaux qui chantent; de I'autre, des nois, tous arlificiels et obeissant au commande-
cygnes qui nagent des canards qui mangent et
, ment. Voij. Brioche, elc.
qui digerent des orgues jouant d'elles-memes,
, Enchiridion. Voij. Leon III.
et des automates qui touchent du clavecin. Encre. Divination par la goutte d'encre, Voy.
M. Van Eslin donna un second coup de sifflet, Hauvis.
et tous les mouvements furent suspendus, Endor (Pylhonisse d'). Voy. Pythonisse.
Un vimes un canard nageant
instant apres nous Energumene. On appslle energumenes ceux
et barbotant dans un vase, au milieu duquel qui sont possedes du demon. Voy. Possession.
EINF — 238 - ENG
Enfants. Croirait-on que des savants en de- Les anciens et la plupart des modernes pla-
mence et des medecins sans clientele ont re- cent les enfers au centre de la terre. Le docteur
cherche les moyens de s'assurer du sexe d'an Swinden dans ses recherches sur le feu de I'enfer,
,

enfant qui n'etait pas ne, et qu'on a fait autour pretend que I'enfer est dans le soleil parce que ,

de ce theme absurde des livres niais qui trou- le soleil est le feu perpetuel. Quelques-uns ont

vent de niais lecteurs? Voy. SiiXE. ajoute que. les damnes eiitretiennent ce feu dans
Enfants du diable. Voij. Cambions. une activite continuelle, et que les taches qui
Enfants voles par les fees. On pretend dans paraissent dans disque du
apres les
le soleil

le Nord que les fees enlevent quelquefois les en- grandes catastrophes ne sont produiles que par
fants qui leur plaisent et leur snbstituent de petits I'encombrement.
monstres nes Pour les forcer a rendre
d'elles. II serait tres-long de rapporter les sentiments
I'enfant qu'elles ont pris, on expose I'enfant sub- des differenls peuples sur I'enfer *. Les Druses
stitue sur une pelle et on le tourmente cruelle- discnt que tout ce qu'on mangera dans les enfers
inent. En Danemark la mere chauffe le four et aura un gout de fiel et d'amertume et que les ,

met I'enfant sur la pelle en menaqant de le lancer damnes porteront sur la en signe d'une
tete ,

dans flamme, ou bien elle le foueite avec des


la eternelle reprobation , un bonnet de poll de co-
verges, elle le jetle dans la riviere. Eu Suede et chon d'un pied et demi de long.
en Irlande on I'expose a la porte sur une pelle. Ce que nous savons positivement c'est que ,

Quelquefois on lui fait boire une potion de co- I'enfer a ete fait pour les demons et pour ceux
quilles d'oeufs. Dans le Glossaire provincial de qui les suivent.
Grose, on voil la mere d'lm enfant vole casser Enflure. L'enflure du corps est un symptome
une douzaine d'oeufs et placer les vingt-quatre de la possession. Un inoine fut possede au cou-

demi-coquilles devant I'enfant substitue, qui s'e- vent de I'abbe Baithin, successeur de saint Co-
crie « J'avais sept ans quand on me mit ennour-
: lomban en Ecosse. II etait tout enfle. L'abbe of-
,

rice, quatre ans se sent passes depuis, et je n'ai frit pour lui le saint sacrifice, le fit amener dans

jamais vu de petits pots aussi blancs. » Le clian- I'eglise et chassa le demon. Au moment ou le
gement d'un enfant est toujours fait avant le bap- demon sortit, I'enllure disparut tout a coup et la
teme. Le moyen de prdvenir ce nialheur est de peau parut collee sur les os. Souvent I'enllure est
faire une croix sur la poile el sur le berceau, de mobile et passe d'une partie du corps a une
meltre un morceau de fer aupres de I'enfant, de autre, affeclant diverses formes ^
laisserune lumiere aliumee. En Thuringe on sus- Engagements du sabbat. L'initie s'oblige par
pend au mur les culottes du pere d'horribles serments a faire tout le contraire de
En Ecosse on attribue le meme crime de rapt ce que present I'Eglise, adetruire tout ce qui est
aux elfes, et quand un enfant est sourd, muet, sacre , a seduirc au moins une fois par mois un
aveugle ou ccntrefait, ou le croit substitue. Chretien pour I'attacher au demon , a lui amener
Les sorcieres, ce que les procedures ont etabli, des enfants, en un mot a reculer devant lout ce
enlevaient aussi des enfants, ou pour les aflilier qui est bien et a faire avec zele tout ce qui est
au diable ou pour les lui sacrilier. Voij. Elfdal., reprouve. Ces exces ont 6ie avoues danspresque
toutes les procedures.
Engastrimisme, art des ventriloques. On I'at-

tribuait autrefois a la magie.


Engastrimithes ou Engastrimandres, de-
vins qui faisaient entendre leurs reponses dans
leur ventre. Voij. Ventriloque, Cecile, etc.
Engelbrecht (Jean), visionnaire allemand,
mort en 16/)2. II etait protestant et d'un naturel
Enfanls au sabbal. si melancolique qu'il tenia souvent de s'oter la
vie. Un soir, vers minuit, il lui sembla que son
Enfants dans la divination. Votj. Harvis.
corps etait Iransporte, et il arriva a la porle de
Enfers, lieux inferieurs ou les mechants su-
une obscurite profonde et d'ou
I'enfer oil regnait ,

bissent apres leur mort le chaliment du a leurs s'exhalaitune puanteur a laquelle il n'y a rien a
crimes. ISier qu'il y ait des peines et des recom-
comparer sur la terre. De la il fut conduit en pa-
penses apres le trepas c'est nier I'existence de
radis. Quand il en eut goule les delices, un ange
,

Dieu, puisqu'il ne peut etre que necessairement


le renvoya sur la terre, et il raconta sa vision, II
juste. Mais les tableaux que certains poetes et
en eut d'autres il entendit pendant quarante
;

d'autres ecrivains nous ont faits des enfers ont ete


nuits une musique celeste si harinonieuse qu'il
souventles fruits de I'imagination. On doitcroire
ce que I'Eglise enseigne, sans s'egarer dans des de- 1 Voyez les Legendes de I'autre monde, pour servir
a I'histoire du paradis, du purgatoire etde I'enfer.
tails que Dieu n'a pas juge a propos de reveler.
2 Gtirres, Mystique, liv. VII, ch. xxii, exlrait des
* M. Dufau , Contes irlandais. Acta Sanctorum, 9 mai. S. Dunstan.
'1
— 230 — ENL
ne put s'empecher d'y joindre sa voix. Parcourant celeste, Breme, 1625, \x\-k°\ cet ecrit manque
la basse Saxe, il prechait, disait-il comme il en , dans OEuvres, visions et reve-
le recueil intitule
avait regu I'ordre d'en haut. Un jour qu'il racon- lations de Jean Engelhrecht , Amsterdam, 1680,
tait ses extases, il dit qu'il avait vu les ames des \n-h°.
bienheiireux voltiger autour dc lui, sous la forme Enigme. On dans de vieilles histoires de
lit

d'etincelles, et que voulant se meler a leur danse, Naples que , regne de Robert Guiscard, on
sous le

/ / trouva une statue qui avait eu la tete doree, et


sur laquelle etail ecrit Aux calendes de mai,
:

qiiand le soleil se levera, j'aurai la tele toute d'or.


Robert chercha longtemps a deviner le sens de
cette enigme mais ni lui ni les savants de son
;

royaume ne purent la resoudre. Un prisonnier de


guerre sarasin promit de I'interpreter si on lui
jccordait la liberie sans rangon. II avertit done
le prince d'observer aux premiers jours de mai
I'ombre de la tete de la statue au lever du soleil,
et de faire becher la terre a I'endroit oii tombe-

rait cetteombre. Robert suivit ce conseil et trouva


de grands tresors, qui lui servirent dans ses
guerres d'ltalie. II recompensa le Sarasin, non-
seulement en lui accordant la liberte, mais en lui
donnant de bonnes sommes.
11 y a beaucoup d'enigmes dans les divina-
tions. On peut voir le traite des enigmes du pere
Menestrier de la compagnie de Jesus, intitule
,

il avait pris le soleil d'une main et la lune de la Philosophie des images enigmatiques oil il est ,

I'autre. Ces absurdites ne I'empecherent pas de traite des enigmes hi^roglyphes


, oracles, pro- ,

faire des proselytes parmi les reformes. 11 a laisse phelies, sorts, divinations, loteries ,
talismans,
divers volumes : 1° Veritable vue et histoire du songes, centuries de Nostradamus, et de la ba-
del, Amsterdam, 1690 , \n-k° • c'est le recit de guette. Lyon, 169/j, in-12.
son excursion en enfer et en paradis ;
2° Mandat Enlevement. Nous ne parlons ici que de ceux
et ordre divin et cilestc delivris par la cliancellerie qui ont ete enleves par le diable. Une Allemande

avait eontract6 I'habitudede jurer et de dire des beaucoup de livresqu'un certain comte de Macon,
mots de corps de garde, Elle fut bientot prise homme violent et impie exergait une espece de,

pour modele par quelques femmes de son pays, tyrannie centre les ecclesiastiques et contre ce
et il fallut un exemple qui arretat le desordre. qui leur appartenait, sans se mettre en peine de
Un jour qu'elle pronongait avec energie ces pa- cacher de colorer ses violences. Un jour qu'il
ni
roles qui sent tristes, surtout dans la bouche etait assisdans son palais, bien accompagne, on
d'une femme : Que le diable rrCemporte!... le y vit entrer un inconnu a cheval qui s'avanca ,

diable arriva en hussard et I'emporta*. On lit en jusqu'aupres du comte, etlui dit Suivez-moi, : —
'
Wierus De prast. dam.,
, lib. II ; Bodin , Demo- j'ai a vous parler : — Le comte suit I'etranger,

nomanie, liv. Ill, ch. i. entraine par un pouvoir surnaturel. Lorsqu'il ar-
; ,

ENN — 240 — EON


rive a la porle , il trouve un cheval prepare , le Ensorcellement. Bien des gens se sont crus

iTionte et il est transporLe dans les airs , criant ensorceles, qui n'etaient que le jouel de quelque
d'une voix terrible a ceux qui elaient presents: hallucinalion. On lisait ce fait dans le Journal des
— A moi au secours!... On le perdtt de vue, et
! Debuts du 5 mars 1841. « II y a trois jours, —
on ne put douter que le diable no Teut em- M. Jacques Coquelin, demeurant rue du Marche
porte Dans la meme ville, il y eut un bailli Saint-Jean, n" 21, a Paris, loge au troisieme etage,
qui fut aussi enleve par le diable a I'heure de son renLrait chez lui vers onze heures du soir, la lete

diner et porte trois fois autour de Macon, a la echaulfee par le vin. Arrive sur le palier du
vue de tous les habitants, qui assurent ne I'avoir deuxieme etage, il se croit dans son domicile; il

pas vu revenir ^ Ce fait est raconte par un pro- se deshabille Iranquillement, jette une a une ses
testant. Voij. Agrippa Carlostad Gabrielle , , liardes par une large fenelre donnant sur la cour
d'Estrees, Luther, etc, etc. et que dans son ivresse il prend pour son alcove;
Ennoia, la supreme intelligence chez quel- puis il se fait un bonnet de nuit avec sa cravale,
ques disciples de Simon Ic Magicien. Voij. Me- el n'ayant plus que sa chemise sur le corps il se
nandre. lance kii-meme par la fenelre, croyant se jeler sur
Enoch. Voy. Henoch. son lit... Ce ne fut que le lendemain vers six heures
Enrico, comte allemand qui reparut en fan- du matin que les autres habitants de la maison
tome. I'OIJ. ArME i:S PKODIGIEL'SES. s'apergurent de ce malheureux evenement. Le
Enroleurs de Satan. Ceux qui s'engagent au corps de Tinforlune Coquelin etail elendu sans
diable s'obligcnL a lui amener des recrues raouvement sur les dalles de la cour. Pourtanl cet
comme il se fait au resle dans toutc socieLe se- homme, age sculement de vingt-sept ans et doue
crete. Voy. Engagements. d'une grande force physique, n'etait pas mort,
Ensalmadores. Voy. Saludadores. quoique son corps fut borriblement mulile. Trans-
Ensoph, dieu supreme de la cabale juive. 11 porle chez lui, il vecut deux jours encore; mais
est cache dans les plus profonds abimes de I'etre. son etat etail desespere, el il expira apres soixanle
11 est lout, et pourtanl il n'est rien de ce qui est. heures des plus cruelles souffrances, » Dans —
C'est lui qui a tout cree par Menra, qui est son d'autres temps ou dans d'autres pays, on eijt v«
verbe. Et Menra a produit les trois grands sephi- la un ensorcellement. Voy. loulefois Sortileges,

rotbs ; de ces trois sonl sortis les sephirollis in- Paroles, Bergers, etc., etc.
ferieurs. Ensoph s'est manifesle dans les dix Enterres vivants. Voy. Vampire, a la fin.

spheres qui composent I'univers; ses emanations Enthousiastes. On donne ce nom a cerlains
a
s'etendent sur les quatre mondes, depuis les es- seclaires qui, elant agiles du demon, se croyaient
prils les plus hauls jusqu'a la matiere la plus in- inspires.
iime. Dans ces emanations se Iruuvent diverses invLS. Voy. GuNEM.
series d'esprits ou demons que Ton rencontre Envie (L') ,
peche capital qui rejouit le de-
parlout ; des esprils parliculiers sent charges de mon, i)orce qu'il offense Dieu.
surveiller les soixanle-dix peuples. De ces esprits, Envoutement. Les sorcicrs font, dil-on, la

les uns sont des esprits de lumiere qui ont pour figure en cire de leurs ennemis , la piquenl, la

chef supreme Jezer-Job; les autres sonl des es- lourmenlent, la fondent devant le feu, afin que
prits de tenebres qui obeissent a Jezer-Hara. Trois les originaux vivanls ct animes ressenlenl les
intelligences superieures, Metratun, Sandalphon memes douleurs. Cost ce que Ton appelle en-
ct Acalries, president les phalanges des bons es- voulcr, du nom do la figure, vols ou voult. Voy.
prits, qui se parlagent en dix choeurs et ont pour Vols.
sejours les trois cieux et les sept planeles. Le £on de I'Etoile. Dans le douzieme siecle, un
chef des esprits mauvais est Samael ou Satan, I'Eloile gentilhomme breton certain Eon de ,

qui a pour lieutenants Asmodee


Bedargon, et abusant de la maniere dont on pronon^ail ces pa-
et
pour ministres les Schedim, les Sayrim les Ma- roles Per eum qui venturns est (on prononQait
, :

lache-Chabbalah. Ces mauvais esprils ou demons per Eon) pr^lendit qu'il etail le fils de Dieu qui ,

ont domicile dans les sept regions de I'enfer. Les doit venir juger les vivanls et les morls, se donna
esprits de la nature (sans doule les fees, les elfes, pour lei, eut des adherents qu'on appela Eoniens,
les follels et toutes les especes dece genre), sunt et qui se mirent, comme lous les novaleurs, a
disperses enlre les bons et les mauvais esprits piller les eglises et les monasteres.
des sejours invisibles, lis pullulent dans notre flons. Selon les gnostiques, les Eons seniles
atmosphere et se montrent a I'occasion *.
elres vivants et intelligents que nous appelons
des esprils. Les Grecs les nommaient demons;
1 C'est I'histoire du comle Guillaume III, qu'on ce mot a le meme sens. Ces Eons prelendus
peutvoir, detaillee, dans les Lcgendes infernales. ou
etaienl ou des attributs de Dieu personnifies ,
2 Jean de Chassanion huguenot, Des grands etre-
,

doutables jugements de Dieu, advenus au nionde, toire, doctrine et noms de


toutes les sectes juives
p. 116. qui ont existe autrefois et existent encore aujour-
3 Gorres, Mystique, liv. V, ch. ii. Tire de I'his- d'hui par Beer.
,
.

EPA 2/jl — EPI

des mots hebreux de I'Ecriture, ou des mots


tires mands prirent a la conquete de I'Angleterre par
barbares forges a discretion. Ainsi de Pleroma, les Normands , dil que les Flamands qui vinrent
la plenitude ou la divinite sortaient -So/;/t/a, la
, en Angleterre connaissaient I'avenir et le passe
sagesse; Nous, I'intelligence ;
Sige, le silence; par I'inspection de I'epaule droite d'un mouton,
Logos, le verbe; Achamoth , la prudence, etc. depouillee de la viande non rotie, mais cuite a
L'un de ces Eons avait forme le monde, I'autre I'eau « Par un art admirable et vraiment pro-
:

avait gouverne les Juifs et fabrique leur loi , un phetique, ajoute le meme ecrivain,ils savent les
troisieme etait venu parmi les hommes sous le choses qui dans le moment meme se passentloin
nom de Fils de Dieu ou de Jesus-Christ. II n'en d'eux ils annoncent avec
; plus grande certi- la
coLitait rien pour les multiplier les uns etaient ; tude, d'apres certains signes, la guerre et la
males et les autres femelles, et de leurs ma- paix, les massacres et les incendies, la raaladie et
nages il etait sorti une nombreuse famille. Les la mort du point qu'ils previrent un
roi. G'est a tel

Eons etaient issus de Dieu par emanation et par an auparavant bouleversement de I'Etat apres
le

j
necessite de nature, Les inventeurs de ces la mort de Henri J" vendirent tous leurs biens
,

'
reveries disaient encore que I'homme a deux et echapperent a la ruine enquittant le royaume
ames, I'une sensitive qu'il a regue des Eons, et avec leurs richesses. » Pourtant on voit dans —
I'autre intelligente et raisonnable que Dieu lui a les historiens du temps que ce fait avance par
donnee pour reparer les bevues des Eons mal- Giraud n'est pas exact, et qu'il arriva au con-
*.
adroits traire a ces Flamands beaucoup de choses qu'ils
Epaule de mouton. Giraud, cite par M. Gau- n'avaient pasprevues.
irel, dans son memoire sur la part que les Fla- Ephialtes ou Hyphialtes, Epheles, nom grec

du cauchemar. Les Eoliens donnaient ce nom a c'est que Ton a mal pris sa doctrine; en effet,
une sorte de demons incubes qui etouffent' il ne faisait la felicite dans les
pas consister
Epicure. Qui pourrait ne pas deplorer le
« plaisirsdu corps, mais dans ceux de I'ame, et
sort d'Epicure, qui a le malheur de passer pour dans la tranquillite que selon lui on ne pent ob-
avoir attache le souverain bien aux plaisirs des tenir que de la sagesse et de la vertu *. » Voila
sens, etdont a cette occasion on a fletri la me- ce que disent quelques critiques combattus par
moire ? Si Ton fait reflexion qu'il a vecu soixante- d'autres.
dix ans, qu'il a compose plus d'ouvragesqu'aucun flpidemies demoniaques. Voy. Bourignon,
des autres philosophes, qu'il se contentait de Orphrlines d' Amsterdam, Kentoiip, etc.
pain et d'eau, et que quand il voulait diner avec Epilepsie. Les rois d' Angleterre ne gueris-
Jupiter, il n'y faisait ajouter qu'un peu de fro- saientpas seulement les ecrouelles ils benissaient ;

mage on reviendra bientot de cette fausse pre-


, encore des anneaux qui preservaient de la crampe
vention. Que Ton consulte Diogene Laerce on , et du mal caduc. Cette ceremonie se faisait le
trouvera dans ses ecrits la vie d'Epicure, ses vendredi saint. Le roi pour communiquer aux ,

lettres, son testament, et Ton se convaincra que anneaux leur vertu salutaire les frottait entre ,

les faits que Ton avance centre lui sont ca- ses mains. Ces anneaux, qui etaient d'or ou d'ar-
lomnieux. Ce qui a donne lieu a cette erreur, gent, etaient envoyes dans toute I'Europe comme

^ Bergier, Bid. thcologique, au mot Gnostiques.


des preservatifs infaillibles ; il en est fait mention
2 Leloyer, Hist, des spectres, ou Apparitions des es- * Brown, Essai sur les erreurs, etc., liv. VII,
prits, liv. II, ch. v, p. 497. ch. XXVII, p. 329.
,,

EPO — 2li2 — ERG


dans differents monumenLs anciens II y a d'au- cites des premiers anabaplistes el ailleurs, une

tres nioyens naifs de trailer I'epilepsie qui n'o- ,


de ces epoques. La guerre de trente ans, dont
bligent pas a passer la rner. On croyait en guerir le heros elail un manicheen aflilie aux socieles

chez nos aieux en altachant au bras du malade infernales, a failli jeter I'Europe dans la barbarie.
un clou tire d'un crucifix. La meme cure s'ope- Les Iriomphes de la philosophie separee se sonl
rait en lui ou dans la poche
meltant sur la poitrine presque loujours clos par un retour aux choses
les noms des trois mages Caspar, Balthazar, , de Salan. Les Etats-Unis sont aujourd'hui avec
Melchior. Cette recette est indiquee dans des li- leur spiritisme a une de ces epoques que nous
vres anciens: signalons.
Caspar fert myrrham, Melchior, Balthazar aurum,
fluis Epreuves. L'epreuve golhique qui servail a
Haec tria qui secum portabit nomina regum reconnaitre les sorciers a beaucoup de rapporl
Solvitur a morbo, Christi a pietate, caduco.
avec la maniere judicieuse que le peuple emploie
Mais il y a encore bien d'autres remedes. Le pour s'assurer si un chien est enrage ou ne I'esl
Journal du Cateau publiait dernierement sous , pas. La foule se rassemble et tourraenle aulant
le litre d'une tradition suedoise les fails que , que possible le chien qu'on accuse de rage. Si
voici Dans ce pays de Suede que j 'habile de-
: (( I'animal devoue se defend et mord, il est con-
puis peu , la peine de niort consisle en la decol- damne d'une voix unanime d'apres ce principe,
lation par le moyen d'une hache, el a eel effet la qu'un chien enrage mord tout ce qu'il rencontre.
tele du patient est posee sur un billol devant le- S'il tache au contraire de s'echapper el de fuir a

quel on creuse une fosse oii la lele tombe apres toules jambes, I'esperance de salut est perdue
avoir ete coupee el ou Ton jelte aussi le corps
,
sans ressource on salt de reste qu'un chien en-
;

du supplicie apres quoi on la remplit de ma-


; rage court avec force el tout droit devanl lui
niere qu'il n'en reste aucune trace a la surface sans se delourner. La sorciere soupgonnee elail
du sol. Or, il exisle parmi le peuple suedois une plongee dans I'eau les mains el les pieds forle-
,

croyance deplorable a savoir, que le sang d'une ;


ment lies ensemble. Surnageait-elle on I'enlevait ,

personne decapitee, pris comme medicament in- aussilolpour la precipiler dans un bucher comme
terne, gueril radicalemenl I'epilepsie; el ce qui convaincue d'etre criminelle puisque I'eau des ,

est encore plus deplorable que rantorile, , c'esl epreuves la rejetait de son sein. Enfongait-elle,
d'apres un usage immemorial, permelte outolere son innocence etail des lors irreprochable; mais
que les speclateurs des executions recueillent ce celle juslificalion lui coutait la vie *.

sang. Dans une execution qui a eu lieu ces jours- II y avail bien d'aulres epreuves. Celle de la
ci, apres que la tele du criminel eul ete separee croix consislait generalemenl, pour les deux ad-
du corps, une paysanne d'un age mur, atteinle versaires, a demeurer les bras etendus devanl
du haul mal se precipita vers le lieu du sup-
,
une croix , celui qui s'y tenait le plus longlemps
plice avec un morceau de pain a la main,pourle gagnait sa cause. Mais le plus souvent les epreu-
tremper dans le sang qui jaillissail du cadavre; ves judiciaires se faisaient autrefois par I'eau ou
mais au moment ou elle allait consommer eel lefeu. Voy. Eau bouillante, Cercueil, Ferchaud,
acte, elle ful frappee d'une atlaque de sa cruelle Ordalie etc. ,

maladie, el elle tomba roide morle dans la fosse fipreuves du Sabbat. Voij. Elfdal.
ou venail de rouler la tele ensanglanlee. Get effel firard, vieillard de Cesaree, dont la fdle fut
a produit sur I'opinion egaree un grand mouve- ensorcelee par un valet lui-meme possede. Saint
menl. La foule semblait frappee de lerreui-. Basile les delivra^.
Mors profitanl de cetle epouvanle
I'aulorile ,
Erceldoune. Les avenlures merveilleuses de
s'est empressee de faire comprendre au public, Thomas d'Erceldoune sonl I'une des plus vieilles
par des afliches qui defendent a I'avenir un pa- legendes de fees que Ton connaisse. Thomas
reil usage, combien Dieu le reprouvait, puisqu'il d'Erceldoune dans le Lauderdale surnomme le
, ,

le punissait de morl subite el faisail lomber les Rimeur, parce qu'il avail compose un roman
deux cadavres dans la meme fosse. » poelique sur Trislrem et Yseult, roman curieux
Epona deesse des ecuries chez les Romains.
,
comme de vers anglais le plus an-
I'echantillon
Son image elail honoree dans les etables. Elle cien qu'on sache exisler florissait sous le regne
,

avail eu pour pere Fulvius Stellus el pour mere d' Alexandre III d'Ecosse. Ainsi que d'aulres hom-
une jument. mes de talent a cette epoque, Thomas fut soup-
Epoques diaboliques. On donna ce nom aux gonne de magie. On disait aussi qu'il avait le don
temps deplorables ou la recrudescence des sor- de prophetiser, parce qu'il elail enlre un jour
ciers a produit le plus d'horreurs. Les manicheens dans le royaume des fees
albigeois ont presente au treizieme siecle une de
ces epoques sinislres. Le seizieme siecle a vu re- 1 Goldsmith Essai sur les mceurs.
,

2 Voyez celle histoire Un pacie a, Cesaree, dans


naitre dans la guerre des paysans , dans les atro-
:

les Legendes infernales.


* Lebrun, Histoire des pratiques superstitieuses 3 Voyez sa legende dans les Legendes des esprits
,

t. II, p. 128. (lutins, fees et demons).


;,

ERE — 2i3 — ERL


£rebe, fleuve des enfers. On le prend aussi donner exterieurement la plus grande ressem-
pour une partie de I'enfer et pour I'enfer meme, blance avec lui; il monte son cheval favori, con-
II y avail chez les paiens un sacerdoce particulier vert d'une selle brillante et aux sons guerriers ;

pour les ames qui etaient dans I'Erebe, de la trompette et d'autres instruments escorte ,

Ergenna, devin d'Etrurie dans I'antiquite. par le peuple et les guelongs qui font les prieres
j
Eric au chapeau venteux. On lit dans Hector prescrites pour un tel cas, il est conduit autour
de Boece que le roi de Suede Eric ou Henri, sur- de I'houroul (temple de I'idole) et puis on le ,

nomme le Chapeau venteux, faisait changer les poursuit grands cris comme un andyne (exclu).
a

vents, en tournant son bonnet ou chapeau sur sa L'andyne pent cependant se naturaliser dans un
tete pour montrer au demon avec qui il avait
,
autre oulousse (village) il pent meme s'y ma- ;

fait pacte de quel cote il lesvoulait; et le demon rier; mais il conserve le nom d'andyne et le
etait si exact a donner le vent que demandait le transmet a ses enfants. Toutefois cet usage se
signal du bonnet, qu'on aurait pu en toute siirete perd, et on substitue des andynes d'argile ou de
prendre le couvre-chef royal pour une gi- farine aux andynes vivants. Independamment —
rouelte. de ces artifices, les gueloungs se servent d'autres
Erichtho sorciere qui
, , dans la guerre entre expedients. Dans le but de satisfaire leuravidite,
Cesar et Porapee, evoqua un mort lequel predit ils reussissent quelquefois a persuader au malade

I
toutes les circonstances de la bataille de Phar- que son ame s'est deja separee du corps, et qu'il
! sale faut altribuer aux derniers efforts de sa force vi-
Erles, esprits ou genies qui donnent la peur tale ce qui lui resLe encore de connaissance et de
en Allemagne. Goethe' a fait sur eux une bal- respiration. Cependant ils lui laissentl'espoir qu'il
lade. est possible de reunir son ame a son corps, alors
Erleursortok , le diable au Greenland. II est que I'infortune offre toutce qu'il possede pour pro-
toujours aux aguets, et il se jette sur toute ame longer ses jours. Le gueloung semble faire des
qui s'echappe de sa prison mortelle ; habituelle- effortspour rappeler I'ame, d'abord en faisant
ment il la devore, car il a toujours faim. entendre le son d'instruments a vent puis il sort ;

Erlik ou Erlig. Les Kalmouks croient que tout de la kibithe (tente) , fait des signes a I'ame qui
desastre leur est cause par un mauvais genie s'enfuit et I'invite en lui criant « Reviens sur tes
:

nomme Erlik ou le diable, qui, avec son nez en pas, si tu ne veux etre devoree par les loups. » Le
malade , flottant entre la crainte et I'esperance
demande de ces efforts, et le gueloung
le resultat

repond : Tout va bien; I'ame se montre deja


«
dans le lointain et semble disposee a revenir. »
IIcontinue ainsi a flatter son malade jusqu'a sa
mort ou jusqu'a son retablissement. Dans ce der-
nier cas il le felicite de I'heureux retour de son
ame mais si I'evenement est contraire, il assure
;

aux parents du defunt que I'ame etait sur le point


de revenir, quand le mechant Erlik employa un
artifice inattendu qu'il raconte en detail.
Si dans une maladie grave un homme tombe
dans le delire et prononce des paroles inintelli-
trompe, flaire les mourants. Des qu'un malade
gibles les assistants ne manquent pas de croire
,
n'offre plusd'espoir, les gueloungs (leurs pretres)
que I'Erlik le tourmente et veut lui ravir son
ont recours a I'expedient du rachat, en presen-
ame. Alors ils font non-seulement dans la kibi-
tant a I'Erlik, qui s'obstine a ne pas se montrer,
the mais aussi au dehors un bruit effroyable
, ,
une poupee d'argile comme offrande. Pour con-
ceux qui se trouvent aupres du malade s'arment
server la vie d'un kan ou de quelque autre chef
de tout ce qui leur tombe sous les mains, courent
important , si de la maladie prouve
I'opiniatrete
de tous les coles en jetant de grands cris, frap-
clairement que I'Erlik est decide a s'emparer du
pent I'air el s'efforcent de chasser le mauvais ge-
malade on cherche parmi ses subordonnes un
,
nie, encourages d'ailleurs par I'exemple et les
individu qui, par atlachement, soil dispose a se
exhortations des gueloungs'.
sacrifier pour lui. Des exemples d'un pareil de-
Erlik-Khan prince des enfers il a une tete ;
vouement ne sont pas rares chez les Kalmouks. ,

de bufile ornee de cornes et un collier de cranes


Celui qui se determine a sauver des griffes de
autour du cou. Quelquefois il prend une tete
I'Erlik un chef atteint d'une affection mortelle
d'homme, car il en a deux a son usage. Quand il
recoit le nom , les habillements les plus riches et
fait I'homme, il tient dans I'une de ses quatre
I'armure complete du malade ; on tache de lui

1 Extrait d'un voyage fait en 1832 et


1833 au pays
' Wierus, De prcBstigiis, lib. II, cap. ix. des Kalmouks par Nesedieff. ,

16.
ERO — 2M - ESC

mains un sceptre surmonte d'line tele de mort. Erus ou Er,


his de Zoroaslre. Platen assure
Sa femme s'appelle Samorindo ou Samoiindo. de son tombeau douze jours apres
qu'il sortit

flroconopes, peuples imaginaires que Liicien avoir ele brule sur un bucher, el qu'il conta
represenle comme d'habilcs archers, monies sur bcaucoup de choses sur le sort des bons et des
des moucherons monslres. mechants dans I'aulre monde.
Erocordaces, autre peuple imaginaire que le Escalibor, epee merveilleuse du roi Arlhus.

meme auleur represenle comballant avec des Escamotage. On I'a pris quelquefois pour la

raves en guise de fleches. sorcellerie; le diable, dit Leloyer, s'en est sou-
Eromantie, une des six especes de divina- venl mele. Delrio (liv. 11, quest. 2) rapporle
tions pratiquees chez les Perses par le moyen de qu'on punit du dernier supplice, a Treves, une
I'air. lis s'enveloppaient la tele d'une serviette, sorciere tres-connue qui faisail venir le lail de
exposaient a I'air un vase rempli d'eau el pro- loutes les vaches du voisinage en un vase place
feraient a voix basse I'objet de leurs voeux. Si dans mur. Sprenger assure pareillement que
le

I'eau venail a bouillonner, c'elait un pronostic cerlaines sorcieres se postent la nuit dans un
lieureux. coin de leur maison, tenant un vase devanlelles;
Erotylos, pierre fabuleuse dent Democrite el qu'elles planlent un couleau ou tout autre in-
Pline apres lui vantenl la propriete pour la di- strument dans le mur; qu'elles tendent la main
vination. pour traire, en invoquant le diable, qui Iravaille
Erouniakcha. Dans la mythologie hindoue, avec elles a Iraire telle ou telle vache qui parail
c'estun fils de Dili mere des genies malfaisants.
, la plus grasse el la mieux fournie de lail; que le

Un jour il prit le monde et le jela dans la mcr. demon s'cmpresse de presser les mamelles de la
Nous ne chargeons pas, nous copions. Vichnou vache el de porter
dans I'endroil ou se
le lail

irrite revetit pour le combaltre la forme d'un Irouve la Dans nos


sorciere, qui I'escamole aussi.
sanglier; ce qui est sa troisieme incarnation. II villages, les escamoteurs out encore le nom de
eventra le fils de Dili et remit le monde a sa sorciers. Mais il y a mieux qu'eux :

dogmes!
place. Voila des Foisanl route de Bombay a Pounah (en 1839),-
((

Erreurs populaires. Lorsque le Danle publia dil M. Theodore Pavie *, je m'arrelai a Karli
son Enfcr, la simplicile de son siecle lo regul pour visiter le temple soulerrain creuse dans la
comme une veritable narration de sa descente coUine qui fait face au village; el pendant la
dans les sombres manoirs. A I'epoque ou I'utopie chaleur du jour je me reposais sous I'ombrage
de Thomas Morus parol pour la premiere fois, des cocoliers, si beaux en ce lieu quand je vis ,

elle occasionna une plaisante meprise. Ce roman s'avancer, au bruit d'instrumenls discordanls,
poetique donne le modele d'une republique ima- unc bande d'Hindous. L'un d'eux tenait dans
ginaire dans une qui est supposee avoir cle
ile chaque main une cohra-capella la plus terrible ,

nouvellemenl decouverte en Amerique. Comme espece de serpents donl I'lnde puisse se vanler,
c'elait le siecle, dit Granger, Buddee et d'au- et en outre il porlail en sautoir un enorme hoa.
tres ecrivains prirent le conle pour une hisloire Arrive pres de moi ]e jongleur jela ses serpents
,

veritable el regarderent comme une chose im- a lerre, les lit courir, irrita les cobras, qui de-
porlante qu'on envoyat des missionnaires dans roulaienl leurs anneaux d'une maniere effrayanle,
celle ile. —
Ce ne fut que longlemps apres la embrassa son boa; puis il se prit a lesfaire dan-
publication des Voyages dc Gulliver, par Swift, ser tous les Irois au son d'un flageolet singulier
qu'wn grand nombre de ses lecteursdemeurerenL comme une vielle, bien qu'il
qui se louchait fill

convaincus qu'ils elaient fabuleux forme d'une calebasse. Pendant ce temps, ses
Les erreurs populaires sonlen si grand nombi-e acolytes avaient dispose tout leur etablissement
qu'elles ne liendraienl pas loutes dans ce livre. sur la poussiere; le tambourin rassemblait les

Nous ne parlerons pas des erreurs physiques ou enfanls du village , el bienlot se forma un cercle
des erreurs d'ignorance nous ne nous eleve-
: considerable de speclaleurs de dix ans et au-
rons ici que contre les erreurs enfantees par les dessous les plus pelils nus, les autres portant
:

savants. Ainsi Cardan eut des parlisans lorsqu'il une ceinlure, el tous accroupis dans raltente des
debila que, dans le nouveau monde, les goutles grandes choses qui se preparaienl.
d'eau se changenl en petiles grenouilles verles. » Ce jongleur avail toule la volubilile d'ex-

Cedrenus a ecrit tres-merveilleusement que tous pres.sions d'un saltimbanque europeen. 11 s'ex-
les rois francs de la premiere race naissaienl primail tres-clairemenl en bon hindoustani, ,

avec I'epine du dos couverle et herissee d'un h'len qu'il se trouval en pays mahratle; mais le
poil de sanglier. Le peuple croit fermemenl, public semblait n'y rien perdre, tanl ses gesles
dans cerlaines provinces, que la louve enfante, et ses gambades elaienl ininlelligibles. D'abord
avec ses louveleaux, un petit chien qu'elle de- il posa par lerre une marionnelte, soldal portant
vore aussilol qu'il voil le jour, Voij. la plu- — ' Les harvis et les jongleurs, ccrit dale de Pounah,
parl des articles de ce dictjonnaire.
chez les Mahralles, le 25 decembre 1839, publie p^r
' Berlin, Curiosites de la litterature, t. I, p. 304. la Revue des Deux-Mondes.
ESC — 2h5 — ESC

le sabre et Tare, A I'entendrc, c'elait iin sipaki, de la porle! Le jongleur


prit une poignee de ble

un grand chasseur, un Liieur de lions, de ligres, noir Idjouari) mit dans un itianteau; puis,
, la

de gazelles... Bientot, a son coinmandement, la quand. on eut bien secoue le inanteau, bien
marionnette lanca une fleche et renversa le but vanne le grain il se trouva change en un beau
,

dispose devant elle, non pas une fois, mais a riz blanc, pur, pret a faire un harry. Je n'y

pUisieurs reprises, a la satisfaction evidente de avals rien compris, et je commenqais a rentrer


la jeune assemblee. dansmes habitudes de credulite lorsque I'esca-
» Ce n'etait la qu'un preambule, les bagatelles inoteur ambulant etala une seconde marionnette

Escamolour indien.

longue de six pouces au plus et de la grosseur magiques) et traqait des cercles avec sa ba-
du poignet. Celte informe poup^e epouvanta guette. Mais il avait sur ses confreres d'Europe
grandement la partie la plus naive du public; un avantage, ou plutot une superiorite bien mar-
mais quelle ne fut pas la surprise generale quand quee; car il operait sur le sol, sans table ni go-
de ce morceau de bois cache sous un mouchoir belets, et completement nu, sauf le turban et la
sortirent successivement jusqu'a quatre gros pi- ceinture que les Hindous ne quiltent jamais:
geons! lis devaient y 6tre contenus d'avance, a done, pas de manches, pas de gibeciere. Son
moins de sortilege... Quant a moi ,
j'aurais eu cabinet consistait en quelques mauvais paniers
peine a y introduire quatre moineaux. Notre jon- de bambou , destines a porter les serpents qu'il
gleur accompagnait ses tours de mantras (prieres escamotait aussi et faisait paraitre et disparaitre
! , ;; ! ! ;

ESC — 246 — ESC


avec une telle adresse que le plus fin n'y eut tachaient le jeune Hindou;
1 puis le panier se
rien compris. Ainsi d'un mouchoir deroule se- , ferma de lui-meme, et une voix qui semblait
1

coue et mis au vent comme un pavilion je le ,


sortir des nues cria
:
Adieu : —
vis faire sortir une de ces cobras laissee dans » —
II est parti pour Ahmed-Nagar, il est en-

un panier pres de moi, a une tres-grande dis- vole ;


Our-Gaya! Our-Gaya! repeta le jongleur
tance du lieu ou il se trouvail en sorte que ; avec transport il ne saurait tenir dans un aussi
;

voyant le nid de I'animal entierement vide je ,


petit espace (et cela paraissait physiquement
soupQonnai qu'il s'etait fraye un chemin sous impossible). Je vais done attacher le panier et

terre. prendre conge de I'assemblee.


)) Cependant les tours de magie continuaient » Le paquet fut ficele il ne restait plus qu'a ;

sans interruption. Le jongleur tenait a la main le mettre sur le dos du bufile destine a porter les
une cruche aussi impossible a vider que le ton- bagages de la troupe. —
Un instant! reprit su-
neau des Danaides I'etait a remplir il versait : bitement le jongleur; si pourtant il etait dans le
I'eau a terre, la jetait dans son oreille et la ren- panier Qui salt? !

Et la-dessus, tirant un long
dait par la bouche, s'administrait des douches sabre il traversa le panier presque par le mi-
,

sur la tete, et toujours le vase etait plein jus- lieu...Le sang coula en abondance... I'anxiele
qu'au bord. Ensuite de son sac une paire
il tira etait ason comble... lorsque tout a coup le cou-
de pantoufles de bois plus larges que la plante vercle sc leve de nouveau, et d'un bond le grand
de ses pieds. Apres bien des discours et des gar£on saute hors de sa niche frais et dispos,
charges, il finit par faire adherer a ses talons sans la moindre egratignure
nus ces semelles Ires-polies, et fit plus de gam- » Ce tour est simple tres-simple dira-t-on,
,

bades avec de telles chaussures que n'en pour- mais se debarrasser des cordes et du filet, se
raient faire a I'Opera de jolis petits pieds chaus- cacher dans un si petit espace, y rester un quart
ses d'elegants escarpins. Tan tot il s'elevait en d'heure sans broncher, et de telle facon que le
I'air; tantot il frappait la pantoufle sur la terre, sabre ne puisse rencontrer quelque membre a
de maniere a la faire tomber; mais jamais elle entamer, ce sont la des prodiges de dexterite,
ne glissait. Ce fut encore la une chose inexpli- de souplesse et de patience que Ton ne peut
cable pour moi car il n'avail applique a ses pieds
;
concevoir, surtout quand on les a vus.
aucune substance collante, et il pouvait a vo- » Apres ce nec plus ultra de la science, les
lonte lacher ces pantoufles unies comme la glace. jongleurs firent leurs paquets et se mirent en
» Enfin la seance se termina par une expe- marche vers Nagapour, leur patrie. Je les vis se
rience plus surpreuante encore que, par ceLte perdre dans la foule de boeufs charges que des
raison sans doute, noLre magicien gardait pour troupes de mahrattes, tribus ambuiantes trainant
la derniere. L'un des joueurs de tambourins, avec eux armes et bagages, femmes et enfants,
grand gargon d'une belle taille, se laissa atla- conduisent dans I'interieur. La foule se dispersa
cher les pieds, lier les mains derriere le cou et pen a peu *. »

enfermer dans un filet a poissons bien serre par


une douzaine de noeuds. Dans cet etat, apres Voici une anecdote d'escamotage rapportde par
1

la Chronique de Courtrai du 25 avril 1843.


I'avoir promene autour du cercle des specta-
« Dans une des baraques, sur la Grand'Place, hier,
teurs, on le conduisit pres d'un panier de deux pendant qu'un escamoleiir executait ses tours, il vit
pieds de haut sur quatorze pouces de large. un des assistants derober fort adroitement le mou-
«— Voulez-vous que je le jelte dans I'elang? choir de son voisin et s'en ecarter aussitot en allant
se placer d'un autre cote. 11 trouva la une occasion
demanda le chef de bande. G'est un vaurien le ;
superbe de se donner du relief. Monsieur, dit I'es- —
voila bien lie; I'occasion est bonne j'ai envie : camoteur titulaire a la victime du larcin, pretez-moi,
de m'en defaire » ! s'i! vous plait, voire foulard, je vais faire un tour

» Et I'auditoire credule se tournait deja du


des plus surprenants. Celui-ci s'empressa de mettre
la main dans sa poclie, et tout ebahi s'ecria qu'il ^tait
cote de cette piece d'eau ombragee d'arbres ma- vole, en dirigeant ses regards accusaleurs sur ceux
gnifiques et creusee au bas de la pagode pour les qui I'entouralent. —
Vole! s'ecria I'escamoteur tout
ablutions et les besoins du village. Non, dil — etonne; eh bien, tant mieux! mon tour en sera plus
beau. —
De quelle couleur est votre foulard? Rouge —
en s'interrompant le jongleur, apres une minute
et jaune. —
Bon, soyeztranquille, s'il est encore dans
de reflexion; je vais 1 escamoter, fenvoyer. .. ou la salle, il vous reviendra. Et faisant tourner sa
vous voudrez a Pounah a Dehli a Ahmed-
: , , baguette sur le bout de ses doigts, il en arreta le
Nagar, a Benares mouvement dans la direction de I'escamoteur de con-
» Et sur-le-champ il enleva le patient , tou-
trebande, et luidit : —
Le foulard est dans ta poche,
rends-le. Cette apostrophe consterna le voleur, qui
jours incarcere dans son filet, et le plaga au fond cependant se remit aussitot, affecta une grande sur-
du panier, en rabatlant le couvercle sur sa tele prise et passa le mouchoir a son proprietaire aux
il s'en fallait de plus detrois pieds que les bords ;
acclamations des spectateurs saisis d'admiration. La
police ful avertie, le filou mis en prison et I'art du
se joignissent. On jeta un manteau sur le tout. devin prone par toutes les bouches ne cessa d'at- ,
,

» Insensiblement le volume diminua, s'affaissa i


tirer une foule considerable a sa baraque pendant
on vit voler en I'air le filet et les cordes qui at- toute la journ^e. »
ESC — 2Z|7 — ESC

Escargots. On ne voit nuUe part que ces hon- la boussole pnsilalinique - sympathique . Si vous
netes creatures aient jamais figure au sabbat. trouvez ce nom bizarre, I'agent de cette boussole
Mais il parait qu'elles ont aussi leur cole myste- ne Test pas moins ; c'est I'escargot. Deux amis
rieux, et qu'elles pourraient, quand les etudes separes par de grandes distances se seront munis
dont s'occupent les savants auront abouti, faire chacun d'un escargot de meme esp^ce , les au-
concurrence au telegraphe electrique. On a done ront magnetises ensemble pour etablir la sym-
propose en 1850 un precede qui se murit, c'est pathie ;
puis I'ami reste a Paris chargera son es-

cargot des nouvelles qu'il veut transmettre a son ront, ou bien un esprit, de ceux qui tiennent
ami Pekin et ce dernier repondra de la
installe a , aux tables pourra parler pour eux.
,

meme maniere; par quels moyens faciles? nous Eschyle tragique grec a qui on avail pr^dit
,

I'ignorons mais en mars de la presente annee,


; qu'il mourrait de la chute d'une maison, ce qui
les journaux disaient qu'on etait a la veille de re- fit qu'il s'alla loger en pleine campagne mais le ;

sultats satisfaisants, et les spiriles affirment que conte ajoute qu'un aigle qui portait une tortue
cette decouverte se rattache a ce que nos peres entreses griffesla laissa tombersur la tete chauve
appelaient la magie naturelle. Un Americain pre- du poete, pensant que ce fut un rocher, et la
tend meme que les escargots magnetises parle- prediction s'accomplit.
ESD — 248 — ESP

Esdras, pour ]es ecrits cabalistiques qu'on liii ditWecker sont les seigneurs de Pair ils peu-
, ;

altribue, voij. Mirandole


Pic de la vent exciter les tempetes, rompre les nues el les
Eskthirnir, daim monstrueux des mytholo- transporter ou ils veulent avec de grands tour-
gies scandinaves. C'est de ses cornes que s'echap- billons, enlever I'eau de la mer, en former la
pent les fleuves qui circulent sur la terre. grele et tout ce que bon leur semble. »
Espagnet (Jean d'), philosoplie hermelique, 11 y a dans I'interieur de I'Amerique septen-
qui a fait deux trailes inlilules, I'un Enchiridion trionale des j>euplades sauvages qui croienl que
dc la physique retablie, I'aulre Secret de la philo- lorsqu'un homme est enterre sans qu'on place
sophie hermHicjue'^ \ encore lui conteste-t-on ce aupres de lui tout ce qui lui a appartenu, son es-
dernier, que Ton altribue a un inconnu qui se prit revient sous forme humaine, et se montre
faisait appeler le Chevalier Imperial ^ Le Secret sur les arbres les plus pres de sa maison anne
de la philosophie renferme la pratique du grand d'un fusil; on ajoute
ne pent jouir du repos
qu'il

a?uvre , et V Enchiridion la Iheorie


physique sur qu'apres que reclame ont ete
les objels qu'il

laquelle repose la Iransmulabiiile des metaux. deposes dans sa tombe. Les Siamois admettent
D'Espagnel est encore auteur de la preface qui une multitude d'esprits repandus dans I'air; leur
l^recede le Traitd de I'lnconstance des demons de puissance est fort grande et ils sont tres-malfai-
Pierre Delancre. On lit dans cette preface que les sants. On trace certaines paroles magiques sur

sorcieres ont coutume de voler les pelits enfants des feuilles de papier pour se premunir centre
pour les consacrer au demon. leur malice. Lorsqu'on prepare une medecine,

Espagnol (Jean 1'), docteur en Iheologie, on garnit le bord du vase d'un grand nombre
grand prieur de Saint-Remi de Picims, auteur de ces papiers, de peur que les esprits n'em-
d'un livre intitule Hisloirc notable de la conver- poilent la vertu des remedes. Les auteurs caba-
sion des Anglais, etc., in-8°, Douai , 161Z|. La listiques pretendent que les esprits sont des

vingtieme annotation, qui commence a la page creatures materielles, composeesde la substance


200 page 306, est un traite sur
et va jusqu'a la la plus pure des elements; que plus cette nia-
les apparitions des esprits, oii avec des choses tiere est subtile, plus ils ont de pouvoir et d'ac-
passables et mediocres on trouve de bonnes ob- tion. Ces auteurs en distinguent de deux sorles,
servations *. de superieurs et d'inferieurs : les superieurs sont

Esprits. Les anciens ont cru que les esprits, ou celestes ou aeriens; les inferieurs sont ou
qu'ils appelaient demons ou genies, etaient des aquatiques ou terrestres. Ceux qui ont cru que
demi-dieux. Chaque nation, dit Apulee, meme ces esprits etaient des creatures materielles les
chaque famille et chaque homme , a son esprit ont assujellis a la morl comme les hommes.
qui le guide et qui veille sur sa conduite. Tous Cardan dit que les esprits qui apparurenl a son
les peuples avaienl du respect pour eux et les pere lui firenl connailre qu'ils naissaient el qu'ils
Romainsles reveraient. lis n'assiegeaientlesvilles mouraienl comme nous mais que leur vie etait
;

et n'entreprenaient leurs guerres qu'apres que plus longue et plus heureuse que la noire.
leurs prelres avaient invoque le genie du pays. Voici de pelits traits d'esprits Guillaume de :

Caligula meme fit punir publiquement quelques- Paris ecrit que, I'an ikhl, il y avail un espril a

uns de ceux qui les avaient raaudits Des pliilo- Poitiers dans la paroisse de Saint-Paul, lequel

sophes se sont imagine que les ames des morts ,


rompait vitres et verrieres et frappait a coups de
des qu'elles etaient separees de leurs corps, er- pierres sans blesser personne'. Ca^sarius raconte

raient incessamment sur la terre. Ce sentiment que la fille d'un prevot de Cologne etait si tour-
leur paraissait d'autantplus vraisemblable, qu'ils mentfe d'un esprit malin qu'elle en devinl frene-
tom- lique. Le pere fnl averti defaire alier sa fdle au
se vantaient de voir des spectres aupres des
beaux, dans les cimetieres et dans les lieux oii Ton dela du Rhin el de la changer de lieu, ce qu'il

avail tue quelques personnes. « Les esprits, fit. L'esprit fut oblige d'abandonner la fille,
mais il batlit lanl le pere qu'il en mourut Irois
jours apres Cet esprit pouvait bien etre un
1 Voyez, dans les Legendes de I'Ancien Testament,
la legende d'Esdras. corps. —
Au commencement du regne de Char-
2 Enchiridon phijsicce restituce. Arcanum philoso- les IV, dit le Bel , l'esprit d'un bourgeois mort
phice hernieticce. depuis (juelques annees parut sur la place pu-
3 Ce chevalier, tres-rev^re des alchimisles, est
blique d'Arles en Provence il rapportait des;

mentionne souvent dans la Trompette franQaise, petit


choses merveilleuses de I'aulre monde. Le prieur
volume contenant une Prophctie de Bombart sur la
naissance de Louis XIV. On a du Chevalier impe- des jacobins d'Arles, homme de bien pensa que ,

rial \e Miroir des alchimistes avec inslructions aux


, eel esprit pouvait etre un demon deguise. 11 .se

dames pour dordnavant etre belles sans plus user rendil sur la place ; soudain I'espril decouvrit
de fards venimeux, 1609. In-16.
qui il etait el pria qu'on le Ural du purgatoire.
* Lenglet-Dufresnoy, Catalogue des auteurs qui ont
(?crit sur les apparitions.
^ Discours sur les esprits follets, Mercure galant, 1 Bodin, Demonornanie des sorciers, liv. Ill, p. 393.
1680. - Bodin, Demonomanie des sorciers, liv. Ill, p. 393.
ESP — 249 ~ ESP

Ayant ainsi parle, il disparuL, et comme on pria contre I'ordinaire de ceux de son espece. Voy.
pour son ame il ne fut oncques vu depuis
, Hecdekin.
En 1750 un officier du prince de Conti, etant Sur la fin de I'annee 17/i6 on entendit comme
couche dans le chateau de I'lle-Adam, sentit tout des soupirs qui partaient d'un coin de I'impri-
a coup enlever sa couverture. II la retire on re- ;
merie du sieur Lahard I'un des conseillers de la
,

nouvelle le manege tant qu'a la fin roliicier en- ville de Constance. Les garcons de I'imprimerie

nuye jure d'exterminer le mauvais plaisant, met n'en firent que rire d'abord. Mais dans les pre-
I'epee a la main cherche dans tons les coins et
, miers jours de janvier on distingua plus de bruit
ne trouve rien. Etonne.mais brave, il veut avant qu'auparavant. On frappait rudement contre la
de conter son aventure eprouver encore le len- muraille, vers le meme coin oil Ton avait d'abord
demain si Timporlun reviendra. II s'enferme avec entendu des soupirs; on en vint jusqu'a donner
soin, se couche, ecoute longtemps et finit par des soufllets aux imprimeurs et a jeter leurs cha-
s'endormir. Mors on lui joue le meme tour que peaux par terre. L'esprit continua son manege
la veille. II s'elance du lit renouvelle ses mena- , pendant plusieurs jours, donna'nt des soufflets
ces et perd son temps en recherches. La crainte aux uns, jetant des pierres aux autres; en sorte
s'empare de lui il appelle un frotteur qu'il prie
; que les compositeurs furent obliges d'abandonner
de coucher dans sa chambre, sans lui dire pour ce coin de I'imprimerie. II se fit alors beaucoup
quel motif. Maisl'esprit, qui avait fait son tour, ne d'autres tours, dans lesquels les experiences de
paralt plus. La nuit suivante il se fait accompa- la physique amusante entrerent probablement

gnor du frotteur, a qui il raconle ce qui lui est pour beaucoup , et enfin cette farce cessa sans
arrive, et ils se couchent tous deux. Le fantome explication. Voy. Revenants, Appakitions, Dro-
vient bientot , eteint la chandelle qu'ils avaient LES, etc.
laissee allumee , les decouvre et s'enfuit. Comme Voici I'histoire d'un esprit qui fut cite en jus-
ils avaient enlrevu cependant un monstre dif- tice : —
En 1761 un fermier de Soulhams, dans
forme, hideux et gambadant, le frotteur s'ecria le comte de Warwick (Angleterre) fut assassine ,

que c'etait le diable et courut chercher de I'eau en revenant chez lui. Le lendemain un voisin
benite. Mais au moment qu'il levait le goupillon vint trouver la femme de ce fermier et lui de-
pour asperger la chambre I'esprit le lui enleve ,
manda si son mari etait rentre elle repondit que ;

et disparait... Les deux champions poussent des non et qu'elle en etait dans de grandes inquie-
cris on accourt, on passe la nuit en alarmes, et le
;
tudes. —
Vos inquietudes repliqua cet homme, ,

matin on apercoit sur le toit de la maison un ne peuvent egaler les miennes, car comme j'etais
gros singe qui, arme du goupillon, le plongeait couche cette nuit sans elre encore endormi, votre
dans I'eau de la gouttiere et en arrosait les pas- mari m'est apparu convert de blessures et m'a
,

sants. dit qu'il avait ete assassine par son ami John

En 1210 un bourgeois d'Epinal, nomme Hu- Dick et que son cadavre avait ele jete dans une
gues, fut visile par un esprit qui faisait des choses marniere. La fermiere alaruiee fit des perquisi-

merveilleuses, et qui parlait sans se montrer. On tions. On decouvrit dans la marniere le corps
lui demanda son nom et de quel lieu il venait. 11 blesse aux endroits que le voisin avait designes.

l epondit qu'il etait I'esprit d'un jeune de homme CeUii que le revenant avait accuse fut saisi et

Clerentine, village a sept lieues d'Epinal et que , mis enlre les mains des juges, comme violemment
sa femme vivait encore. Un jour Hugues ayant soupconne de meurtre. Son proces fut instruit a
ordonne a son valet de seller son cheval et de Warwick; les jures I'auraient condamne aussi
lui donner a manger, le valet differa de faire ce teinerairement que le juge de paix I'avait arrete,
qu'on lui commandait; I'esprit fit son ouvrage si lord Raymond, le principal juge, n'avait sus-
au grand etonnement de tout le monde. Un autre pendu I'arret. — Messieurs,
aux jures, je dit-il

jour Hugues, voulant se faire saigner, dit a sa fille crois que vous donnez plus de poids au temoi-
de preparer des bandeleltes. L'espritalla prendre gnage d'un revenant qu'il n'en merite. Quelque
une chemise neuve dans une autre chambre la , cas qu'on fasse de ces sortes d'histoires, nous
dechira par bandes et vint la presenter au maitre n'avons aucun droit de suivre nos inclinations par-
en lui disant de choisir les meilleures. Un autre ticulieres sur ce point. Nous formons un tribunal
jour la servante du logis ayant etendu du linge de justice, et nous devons nous regler sur la loi;
dans le jardin pour le faire secher, I'esprit le or je ne connais aucune loi existante qui admette
porta au grenier et le plia plus proprement que le temoignage d'un revenant, et quand il y en au-
n'aurait pu faire la plus habile blanchisseuse. Ce rait une qui I'admettrait le revenant ne parait
,

qui est remarquable, c'est que pendant six mois pas pour faire sa deposition. Huissier, ajouta-t-il,
qu'il frequenta cette maison, il n'y fit aucun mal appelez le revenant. Ce que I'huissier fit par trois
a personne et ne rendit que de bons offices, fois sans que le revenant parut. Messieurs, —
continua lord Raymond, le prisonnier qui est a
* Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des la barre est, suivant le temoignage de gens irre-

esprits. prochables, d'une reputation sans tache, et il n'a


;

ESP — 2, 50 — ESP
point para dans le cours des informations qu'il donnent quelquefois pour de bons anges ou pour
y ait aucune espece de querelle entre lui et
eii des ames d'honnetes defunts, il ne faut pas.s'y
le mort. Je le crois absolument innocent, et comme tromper. On voit dans saint Thomas que souvent
ii n'y a aucune preuve centre lui ni directe ni , les esprits se font passer pour des ames dont ils
indirecte, il doitetre renvoye. Mais par plusieurs prennent frauduleusement le nom, afin de ne pas
circonstances qui m'ont frappe dans le proces, je effrayer tout d'abord Aussi I'Eglise catholique
soupQonne fortement la personne qui a vu le re- a-t-elle partout defendu ces coupables tentatives
venant d'etre le meurtrier, auqael cas il n'est qui appellent les demons.
pas difficile de concevoir qu'il ait pu designer la Sur ces faits nouveaux qui deconcertent la
place, les blessures, la marniere et le reste sans science humaine, voici le jugement d'un savant
aucun secours surnaturel en consequence de ces
; medecin, publie dans la Revue medicale :
soupQons, je me crois en droit de la faire arreter « En ma qualite.de Chretien, je crois sur la
jusqu'a ce que Ton fasse de plus amples infor- parole de I'fivangile que la foi, cette force de
mations. — Get homme fut effectivement arrete I'homme par excellence, peut faire qu'un murier
on fit des perquisitions dans sa maison ; on trouva plante sur une rive du fleuve, aille se planter sur
les preuves de son crime qu'il avoua lui-meme ,
I'autre rive. Je crois, sur la parole de saint Paul,
a la fin, et il fut execute aux assises suivantes. qu'il y a des puissances repandues dans I'air,

Esprits elementaires.Lescabalistes,quis'ob- des esprits, des intelligences intermediaires dont


stinent a ne reconnaitre que quatre elements : Dieu, le diable et I'homme peuvent provoquer
I'air, le feu, peuplent ces ele-
I'eau et la lerre, intervention pour produire dans le monde phy-
,

ments d'esprits divers. Les salamandres habitent sique des phenomenes dont le physicien aura le
le feu; les sylphes, I'air; les gnomes, la terre"; droit d'etre fort etonne... Quant a la question
I'eau est le sejour des ondins ou nymphes. Voij. speciale du fait realise, la quantite, et dans cette
ces mots. Les cabalistes, cherchant les mysleres du quantite la qualite des temoins qui I'attestent,
grand ceuvre dans toutes les figures, les trouvent me parait suffisante pour obligor a I'admettre.
jusque dans les cartes. Suivant ces doctes, les Les tables ont done tourni et parU. Mais apres
carreaux sont les salamandres; les coeurs, les la question de realite vient pour moi la question

sylphes ; les trefles, les ondins, et les piques, les de X'utiliU des tables tournantes au beau milieu
gnomes. du dix-neuvieme siecle. Selon moi, si un fait
Esprits familiers. Scaliger, Cecco d'Ascoli, comme celui-la n'etait pas utile, il aurait beau etre
Cardan et plusieurs autres visionnaires ont eu, possible, il ne se serait pas realise. Je crois done
comme Socrate, des esprits familiers. Bodin dit qu'a I'epoque ou des corps bruts et inertes ont
avoir connu un homme qui etait toujours accom- execute des mouvements et reproduit des signes
pagne d'un esprit familier, lequel lui donnait un d'intelligence, il y avait utilite a ce que cela eut
petit coup sur I'oreille gauche quand il faisait lieu ainsi. Je ne sais pas, ignorant que je suis,
bien et le tirait par I'oreille droile quand il faisait tout ce a quoi pouvaient servir ces manifesta-
mal. Get homme etait averti de la memo fagon si tions mais je sais que lorsqu'elles ont paru la
; , ,

08 qu'il voulait manger etait bon ou mauvais, s'il science selon nos savants n'existait que pour et
se trouvait avec un honnete homme ou avec un par Vobservation : la science etait I'observation
coquin, etc. G'etait Ires-avantageux. meme et I'observation sensuelle la plus gros-
Esprits foUets. Voy. Feux follets. siere ! L'intelligence avait failli, dans ces temps de
Esprits frappeurs. Depuis les precedenles lumiere menteuse, devenir inutile et superflue...
editions de ce livre, des faits nouveaux sont venus Je connais des savants de la veille qui n'osent
jeter de grandes lumieres sur les esprits. Tout le plus prononcer le mot olservation depuis qu'ils
monde sait aujourd'hui qu'on peut les evoquer ont observe des tables tournantes. Le fait etait
par divers precedes, et notamment au moyen de done utile pour le retablissement des droits de
tables qu'ils animent. Ces tables des lors frap- l'intelligence. En un mot, je crois que les tables
pent, tournent, s'agilent, marchent, gesticulent ont tourne pour la mystification des savants, qui
et repondent aux questions. G'est aux Etats-Unis avaient degrade la science jusqu'a la reduire a ce
que Dieu a permis d'abord ces manifestations. qu'ils ap^e\menl Vobservation sensuelle... »
Ellesont eclate bientotpartout, comme pour con- Voici un fait tres-singulier et en meme temps
firmer ces paroles de saint Paul, que nous vivons assez remarquable pour donner a reflechir au
enteures des puissances de I'air contre lesquelles Iccteur; il est raconte par M, de Mirville dans
nous avons a lutler. Les consciencieux ouvrages son livre sur la Question des esprits : « M. le baron
de M. Eudes de Mirville et de M. des Mousseaux de N*** occupant une position offlcielle et con-
,

ont parfaitement donne I'histoire de ces nou-


veaux prodiges. Mais leurs savants ecrits ne peu-
1 Pour mieux venir a bout de leurs mauvais des-
seins, les demons, dit saint Thomas, feignent sou-
vent pas etre mis indifferemment dans toutes les vent d'etre les ames des morts Frequenter dcemones
:

mains. II y a danger a se jouer avec les demons, simulant se esse animas mortuorum. [Summa, p. 1,
et quoique les esprits frappeurs et parleurs se quest, cxvii, art. 4.)
— , ,

ESP — 251 — ETA


siderable dans un des -ministeres de Paris, en parce que I'etre est le seul bien que je tienne en-
nous permettant a M. des Mousseaux et a nous
, core de lui, et qu'alors, ne lui devant plus 7'ien,
de raconter les fails qui vontsuivre, a bien voulu je serais quilte envers lui. Quant a I'autre Non : —
y joindre la permission de le nommer verbalement. je n' accepterais pas , dit-il, parce que je n'aurais
Nous rappelant parfaitement ses expressions, nous phis la consolation de le hair. Tu hais done —
croyons pouvoir les reproduire avec la plus grande bien!... Sii je hais! Mais mon nom est ; la —
fidelite. —
Nourri, nous dit-il, ou plutot sature haine. Je hais tout; je me hais moi-meme...
de tout le scepticisme du dix-huitieme siecle, Quant a rauthenticite du recil, nous ferons re-
double au dix-.neuvieme de celui que je tenais de marquer pour la derniere fois que la permission
ma propre nature, j'avais et j'aurais defie tous de nommer equivaut a I'acte de signer. »
les predicateurs du monde de pratiquer la moindre Ce qui doit sembler prodigieux a tout esprit qui
breche a une pareille forteresse... Mais arrive- n'est pas delraque, c'est que les pays proleslants
rent les tables; les manier,les ecouter etdeviner voient s'eiever dans leur sein le culte des esprits
tout le mystere ne fut pas long pour moi. Vous a la hauteur d'une religion. Les demons, qui ont
dire quelle revolution cette conviction nouvelle deja des temples a Geneve, a New- York et ail-
opera dans mon esprit serait une chose impos- leurs se flatle sans doule de ramener le paga- ,

sible. Des le premier instant, j'entrevis a quelles nisme au sein des societes que les philosophes
extrdmites tout cela devait infailliblement me con- ont egarees. C'est du reste la fin et la cloture de
duire, et je ne le cachai pas a ces convertisseurs toutes les epoques de philosophie.
d'un nouveau genre. Savez-vous bien, leur — Citons encore un petit trait fort original rap- ,

disais-je, que vous travaillez contra vous? Savez- porte dans le journal frangais de Nev\^-York :

vous que vous me menerez lout droit a confesse? « Un jeune homme, fiance a une jeune fille de
— Non non repondirent-ils.
, Mais si si. —
Bordentown, oia il demeurait mourut vendredi
,
— ,

Non. —

Si. —
,

Non je t'en empecherai bien.


,

dernier. Les deux promis el leurs families etaient
Et comment pensez-vous vous y prendre? —
Tu les uns et les autres de fermes croyants dans
le verras. Le fait est que je remportai la vic- I'existence et les manifestations des esprits ce ,

toire et que j'allai tout droit a ce qui les revoltait qui leur suggera I'idee la plus bizarre dont on
tanl. Mais a partir de ce moment, leur vengeance ait entendu parler. II futresolu d'un commun ac-
fut atroce je devins leur table a mon tour
: Us cord que le mariage ne serait pas suspendu par
;

s'emparerent de moi et Y identification fut com- la mort du futur, mais que son esprit degage de ,

plete. Je ne pensais plus par moi-meme ; ce n'e- I'enveloppe terrestre, serait neanmoins uni a
tait plus moi qui parlais ;
je souffrais tous les I'esprit incarne dans le corps de la fiancee.

tourments de I'enfer et litteralement j'etais fou » Dimanche, en ceremonie a ete ce-


effet, la

ou plutot possede. Mon desespoir etait extreme, leb ree en tre la jeune fille, pleine de vie et de
et je ne sais ce que tout cela Kit devenu sans , jeunesse, elle cadavre inanime de son adoraleur,
la grande et prudente verlu du directeur que je dont I'esprit avail guide ces absurdes prescrip-
ni'etais donne. Grace a lui a la paix, a I'obeis- , tions.
sance, au redoublement de priere el de con- » Heureusement cette momerie impie ne sau-
fiance dans lesquels il avail su me maintenir, la rail avoir d'effet qu'aulant que la survivanle le

possession disparut, et le dernier de ces cruels trouvera bon , car il n'est pas de loi au monde
holes me quilla en me disant Adieu, tu I'em- : — qui reconnaisse un pareil mariage. Lors done que
portes mais nous te retrouverons sur ton lit et
, lapremiere exaltation sera calmee, elle sera libre
a I'heure de la mort c'est la que nous sommes ; encore de reconnaitre efficacement que, si I'union
tout-puissants. Depuis lors, messieurs, je me des esprits a quelque chose de seduisant, c'est
regarde comme sauve et suis le plus heureux , surlout lorsqu'ils ont des corps animes pour leur
des homraes. Neanmoins, un jour, je voulus en- servir d'intermediaires. » Voy. Drepano, Hude-
core essayer de tirer d'eux quelques veriles et MULLEN, SpIRITISME, TaBLES TOURNANTES, WeSLEY,
peut-elre quelque bien. Donnez-nous, leur di- — BoRTiSME, etc.
sais-je, quelque idee de la bonte divine. Com- — Esseniens, secte celebre parmi les Juifs. Les
ment le —
voudrais-lu, puisqu'elle est infmie? Esseniens avaient des superstitions parliculieres.
Elle est infmie, cependanl souffres, mal-
et tu Leurs devins pretendaient connailre I'avenir par
heureux! — Cruellement... — Et toujours? — I'etude des livres saints faite avec cerlaines
Toujours... — Mais, miserable comme parais tu preparations. y trouvaient meme la mede-
lis

I'etre Dieu etant bon comme tu


, et le dis , si tu cine et toutes les sciences par des combinai- ,

essayaisde Qui —Tu demandes


le flechir!... sail? sons cabalistiques.
encore une chose absolument impossible. —
la Esterelle, fee. Voy. Fees.
Et pourquoi? — ne saurail me pardonner,/?ttis-
11 Etang de la vie. Au sortir du pont oii se fait
queje ne veux pas? — Et le proposait s'il te I'a- la separation des elus et des reprouves, les doc-
neantissement complet, accepterais-tu? Apres teurs persans font descendre les bienheureux
quelque hesitation, I'un des esprits r^pond Oui, :
dans eel etang dont les eaux sont blanches et
ETE — 252 — ETE
douces comine le miel. Pour la commodile des eut en Italie une sorle de peste qui se manifeslait
ames, il y a tout le long de I'etang des cruches par des eternuments tous les pesliferes eter-
;

en forme d'etoiles, toujoiirs pleines de cetle nuaient; on se recommnnda a Dieu, et c'est de


eau; les fideles en boiront avant d'entrer dans le la qu'est venue I'opinion populaire que la cou-
paradis, pares que c'est I'eau de la vie eter-
nelle, et que si Ton en boit seulement une
goutle, on n'a plus rien a desirer.
Eternite. Botice definit Teternite I'enliere, :

parfaite et complete possession d'une maniere


d'exisler, sans commencement, sans fm, sans
aucune succession. Le latin est plus rapide : In-
terminahilis vitce tola simul et perfecta possessio.
L'eternite n'a point de parties qui se succedent;
elle ne va point par
le present du passe au fu-
tur, comme temps; elle est un present
fait le
continuel. Voila pourquoi, comnie le reniar-
quent les theologiens, Dieu diten parlant de lui-
meme Ego sum qui sum. L'eternite n'appar-
:

tient qu'a Dieu; elle ne pent etre communiquee


a aucune creature, puisque ce qui est cree a un
commencement. Mais pourtant on dit YctcrniU,
pour designer la vie future des intelligences
creees, vie qui n'aura point de fin. Dans ce sens
il y aura dans le ciel I'eternile de bonheur pour

les justes et dans I'enfer Teternite de peines


tume do se saluer tire son origine d'une maladie
pour les reprouves. C'est un dognie que les cer-
epidemique qui emportait ceux dont la mem-
veaux impies ont combattu, mais qu'ils n'ont
brane pituitaire elail sliinuk'o trop vivemenl.
pu ebranler; et saint Thomas d'Aquin en a de-
montre la necessile ('quitable.

l^^^gH^ Eternument. 0[i

— ^'^^'^ quand vous


^1^7^*^^^: eternuez pour vous
,

marquer, dit Aristote,


/z^^ qu'on honore votre cer-
siege du bon
1 All
ill
' '

^^"^ I'esprit. Cette


r 'iMalr
I ^wMggg^jSijp, politesse s'etend jusque

A
^1 ^^^^tSteB^I^ iii"'**™'**!^'
cliez les
Irailons
peuples que nous
de bai'bares.
Quand i'umpereur du Monomotapa elernuait, ses
sujcts en etaient avertis par un signal convenu,
el il se faisait des acclamations generalesdans tous
ses fitats. Le pere Famien Strada pretend que,
pour trouver I'origine de ces salutations, il faul
remonter jusqu'a Promethee que cet illusLre ;

contrefacteur de Jupiter, ayant derobe un rayon


solaire dans une petite boite pour animer sa En general reternuiiient cliez les anciens etait
statue, le lui insinua dans les narines comme pris tantot en bonne, tantot en mauvaise part,
une prise de tabac, ce qui la fit eternuer aus- suivant les temps, les lieux et les circonstances.
sitot. Les rabbins soutiennent que c'est a Adam Un bon eternument etait celui qui arrivait depuis
qu'il faut faire honneur du premier eternument. midi jusqu'a minuit, et quand la lune etait dans
Dans I'origine des temps, c'etait, dit-on, un les signes du Taureau du Lion, de la Balance,
,

mauvais pronostic et le presage de la mort. Cet du Capricorne et des Poissons; mais s'il venait
etat conlinua jusqu'a Jacob, qui, ne voulant pas de minuit a midi, si la lune etait dans le signe
mourir pour cause aussi legere, pria Dieu de de la Vierge, du Verseau, de I'Ecrevisse, du
changer cet ordre de choses; et c'est de la qu'est Scorpion; si vous sortiez du lit ou de la table,
venu, selon ces docteurs, I'usage de faire des c'etait alors le cas de se recornmander a Dieu \
souhails heureux quand on eternue. On a trouve
^ M. Salgues, Des erreurs et des prejuges. Quel-
une autre raison de cette politesse; c'est que, ques savants, entre aiitres Perkains et Voet, ont
sous le ponlificat de saint Gregoire le Grand, il y blamd la coutume de saluer reternument parce ,
;,

ETI — 253 — EUR


L'eternutnent, quand on I'entendait a sa droite, et tout son peuple de demons qui hurlaient de
etait regarde Grecs et les Remains
chez les desespoir et redemandaient a grands cris les
comrae un heureiix presage. Les Grecs, en par- ames que la nouvelle foi venait de leur ravir
lant d'lme belle personne disaient que les , Ethnophrones, heretiques du septieme siecle,
amours avaient elernue a sa naissance. Les Sia- qui joignaient au christianisme les superstitions
mois admettent un enfer. lis disent que, dans pa'iennes, I'astrologie, les augures, les expia-
cet affreux sejour, ii y a des juges qui ecrivent tions, les jours heureux et malheureux, les di-

sur un grand livre tous les peches des hommes, vinations diverses.
que leur chef est continuellement occupe a par- Etoiles. Mahomet dit que les etoiles stables

courir ce recueil et que les personnes dont il


,
et les etoiles qui filent sont les sentinelles du
lit I'article ne manquent jamais d'eternuer au
ciel ; elles empechent approcher
les diables d'en

meme instant. De la, disent-ils, est veuue la et de connaitre les secrets de Dieu. Les Romains

coutume de souhaiter une longue vie ou I'as- voyaient des divinites dans les etoiles. Les
sistance divine a ceux qui eternuent. Lorsque Eteens observaient, un certain jour de I'annee,
le roi de Sennaar eternuait, ses courtisans lui le lever de I'etoile Sirius si elle paraissait obs-
:

tournaient le dos, eii se donnant de la main une cure ils croyaient qu'elle annonqait la peste.
,

claque sur la fesse droite. Etraphill, I'un des anges des musulmans. U
Etienne. Un homme qui s'appelait Etienne se tient toujours debout c'est lui qui embou-
:

avait la mauvaise habitude de parler a ses gens chera la trompette pour annoncer le jour du ju-
comme s'il eut parle au diable, ayant toujours gement.
le diable a la bouche. Un jour qu'il revenait de Etrennes. Dans les temps recules, chez nos
voyage, il appela son valet en ces termes :
— peres, loin de se rien donner mutuellement dans
Viens ca, bon diable, lire-moi mes chausses. les families le premier jour de I'an, on n'osait

A peine eut-ii prononce ces paroles qu'une griffe meme rien preter a son voisin. Mais chacun met-
invisible deba ses caleqons, fit tomber ses jar- tait a sa porte des tables chargees de viandes

retieres et descendit ses chausses jusqu'aux ta- pour les passants. On y plagait aussi des pre-
lons. Etienne, effraye, s'ecria : — Retire- toi, sents superstitieux pour les esprits. Peut-etre
Satan, ce n'est pas toi, mais bien mon domes- etait-ce un reste de ce culte que les Romains
tique que j'appelle. Le diable se retira sans se rendaient, le premier jour de I'annee, aux di-
monlrer, et maitre Etienne n'invoqua plus ce vinites qui presidaient aux petits cadeaux d'amis.
nom Quoi qu'il en soit, I'Eglise fut obligee, sous
Pour un autre Etienne, Voy. Guido. Charlemagne, d'interdire les presents supersti-
Etna. Le christianisme chassa de I'Etna et tieux que nos ancetres deposaient sur leurs
des lies de Lipari Vulcain les Cyclopes et , les tables. Les canons donnent a ces presents le
Qeants. Mais les demons se mirent a leur place nom d'efrennes du diable.
et quand on institua la fete des morts, afin d'en- Etteilla. On a publie sous ce nom deguise,
lever au purgatoire et de rendre au paradis une qui est I'anagramme d'Alliette, plusieurs traites
foule d'ames souffrantes, on entendit, comme le de cartomanck.
raconte un saint ennite, des bruits affreux dans Eubius, auteur d'un livre intitule Apparitions
I'Etna et des detonations etourdissantes dans les d' Apollonius , ou Demonstration des apparitions
lies voisines. C'etait Satan et toute sa cour, Satan d'aujourd'hui, in-4", Amsterdam, 1735 (en latin).
Eucharistie. « L'epreuve par I'Eucharistie
que celte coutume nous est venue des Juifs et des
gentils, comme si nous devions rejeter tous les usages se faisait en recevant la communion.
Ainsi Lo-
honneles qui nous sont venus des uns et des autres. taire, roi de Lotharingie, jura, en recevant la
lis ajoutent qu'elles doivent passer pour criminelles,
communion de la main du pape Adrien II qu'il ,
puisque les Peres de I'Eglise les ont condamnees.
avait renvoye Valdrade, sa concubine; ce qui
Mais, ajoute Chevreau, « lis n'onl condamne que la
superstition et les augures que I'on tirait d'dternuer etait faux. Comme Lothaire mourut un mois
le soir, le matin ou a minuit, k certaines heures, a apres, en 868, sa mort fnt attribuee a ce par-
droite ou a gauche, une fois ou deux sous le signe ,
jure sacrilege. Cette epreuve fut supprimee par
du Belier, du Taureau, du Sagittaire, du Capri-
le pape Alexandre II ^ »
corne, etc.; et 11 ne faut que le sens commun pour
etre assure que cela ne presage ni bien ni mal. Mais Euchites. Voij. Satanaki.
si nous souliaitons bonlicur et sante a nos parents et Eumeces, caillou fabuleux, ainsi nomme de
a nos amis quand ils s'embarquent pour un long sa forme oblongue, et que Ton disait se trouver
voyage, ou qu'ils entreprennent une grande affaire,
oil est le mal de leur dire
dans la Bactriane. On lui attribuait la vertu d'ap-
Dieu vous soit en aide!
:

quand ils eternuent, puisque I'eternument est une prendre a une personne endormie ce qui s'etait
espece de convulsion et d'epilepsie de courte duree; passe pendant son sommeil si elle avait dormi ,

qu'il est nuisible quand il est violent et redouble; avec cette pierre posee sur sa tete.
que nous savons, des liistoriens et des medecins,
qu'il a etc suivi de la mort en quelques rencontres
Eurynome, demon superieur, prince de la

et qu'il en est meme quelquefois un signe? » ' M. DidronHistoire du diable.


,

* Gregorii Magni Dialog., lib. Ill cap. xx. ,


2 Bergier, Dictionnaire theologique.
EVA — 254 — EXC
mort, selon quelques demonomanes. II a de d'une poule, a condition que ces trois animaux
grandes el longues dents, un corps effroyable soient sa propriete. II jure ensuite fidelite et
tout rempli de plaies, et pour vetement una peau obeissance eternelles et regoit une marque au
moyen de laquelle il jouit d'une puissance ab-
solue sur trois esprils infernaux, I'un de la terre,
I'autre de la mer, le troisieme de Pair*. On se
tlatte de faire venir le diable en lisant certaines
forinules duGrimoire. Voy. Conjurations. —Deux
chevaliers de Malte avaient un esclave qui se
vanlait de posseder le secret d'evoquer les de-
mons et de les obliger a decouvrir les choses
cachees. On le conduisit dans un vieux chateau
ou Ton soupqonnait des tresors enfouis. L'es-
clave desceiidit dans un souterrain, fit ses evo-
cations un rocher s'ouvrit, et il en sorlit un
:

coffre. II tenta plusieurs fois de s'en emparer;


mais il n'en put venir a bout, parce que le coffre
renlrail dans le rocher des qu'il s'en approchait.
11 vint dire aux chevaliers ce qui lui arrivait et

demanda un peu de vin pour reprendre des


forces. On lui en donna. Quelque temps apres,
comme il ne revenait point, on alia voir ce qu'il
de renard. Les paiiens le connaissaient. Pausa- faisait; on le trouva etendu mort, ayant sur

nias dit qu'il se repalt de charognes et de corps toute sa chair des coups de canif representant
morts. 11 avait dans le temple de Delphes une des croix. Les chevaliers porterent son corps au
statue qui le representait avec un teint noir, bord de la mer precipiterent avec une
et I'y
montrant ses grandes dents comine un loup af- pierre au cou^ —
Sur revocation des ames,
fame et assis sur une peau de vautour. voy. NliCROMANCIE, TABLES TOURNANTES, CtC.

Evangile de saint Jean. On croit dans les Exael le dixieme des premiers anges. II ap-
,

campagnes que celui qui porte sur soi I'Evangile prit aux hommes, selon le livre d'Enoch, Part

de saint Jean, In principio erat I'erbum , ecnl de fabriquer les armes et les machines de guerre,
sur du parchemin vierge et renferme dans un
,
les ouvrages d'or et d'argent qui plaisent aux

tuyau de plume d'oie, le premier dimanche de femmes; il leur enseigna Pusage des pierres pre-
I'annee, une heure avant le lever du soleii, sera cieuses et du fard.
invulnerable et se garantira de quanlite de Exageration. II y en a beaucoup dans la

niaux Voy. Cleiuomancie. plupart des juges laiques qui ont ecrit sur les sor-
Eve. Les musuimans et les talmudistes lui ciers et qui ont vu trop gencralement des crimes
donnent, comme a notre premier pere, une ou il n'y avait souvent que demence ou maladie.
taille d'une lieue ^. Voy. Adam et une singuliere Cependant le mal diabolique, malum dcemoniacum,
facetie au mot Pamers. elait si repandu a cerlaines epoques qu'il est

Eveque marin. On lit dans la Grande Chro- permis de leur trouver la des excuses. Les juges
nique des Pays-lias, sous I'annee 1/|33, qu'on ecclesiastiques ont pourtant toujours ete beau-
pecha cette annee-la dans la mer du Nord un coup plus indulgents. Voy,, a la fin de Particle
poisson qui avait la forme d'un homme mal de- SoRciEus, les prescriptions de la cour romaine,
grossi, une mitre en tete formee d'ecailles, et et comparez-les au code des sorciers de Boguet.
les nageoires disposees de maniere a presenter Excommunication. II y a eu quelquefois des
la ressemblance des autres ornemenls d'un abus de la part des hommes dans Pusage des
eveque qui oflicie. On ajoute qu'il se pouvait excommunications,; et on est parti de la pour

dresser sur ses pieds, qu'il se laissait toucher crier centre excommunications, qui ont
ces
sans temoigner d'effroi mais qu'il manifestait
; rendu cependant de si grands services a la so-
un extreme desir de retourner a la mer. Aldo- ciete dans des siecles barbares. Mais on ne trou-
vrandus, dans son livre des poissons, decrit un verait pas facilement dans toute I'histoire un ex-
etre tout semblable a celui que la Grande Chro- communie frappe regulierement par le saint-siege

nique des Pays-Has appelle Veveque marin. Est-ce qui ait prospere jusqu'au bout On lit dans les

un conte? est-ce un phenomene?


Evocations. Celui qui veut evoquer le diable DancBus Fortianis.
^

lui doit le sacrifice d'un chien d'un chat ou


,
D. Calmet et Guyot-Delamarre.
2
^ Voyez dans les Legendes des commandements de
,

1 Thiers, Traite des super slitions t. I.^


Dieu, \a Legende du chanoine de Liege, et dans les
2 Voyez la legende d'Eve et d'Adam, dans les Le- Legendes des commandements de I'Eglise, le para-
gendes de I'Ancien Testament. I graphe intitule Ne touchez pas au Pape.
, :

EXC — 255 — EXO


Mendes des Grecs, au 16 octobre, « qu'un reli- Jean Bromton raconte dans sa chronique que
gieux du desert de Scele, ayant ete excomraunie saint Augustin, apotre de I'Angleterre, ayant dit
par son superieur pour quelqiie desobeissance, devant tout le peuple, avant de commencer la
sortit du desert et vint a Alexandrie, ou il fat messe « Que: nul excommunie n'assiste au
arrete par le gouverneinent de la ville, depouille saint sacrifice! » on vit sortir aussitot de I'eglise
du saint habit, puis vivement sollicite de sacri- un mort qui etait enterre depuis longues annees.
fier aux faux dieux. Le solitaire resista gene- Apres la messe, saint Augustin, precede de la
reusement; il fut tourmente en .diverses ma- croix alia demander a ce mort pourquoi il etait
,

nieres, jusqu'a ce qu'enfin on lui tranchat la sorti. Le defunt repondit qu'il etait mort dans

tete; on jeta son corps hors de la ville. Les I'excommunication. Le saint pria cet excom-
Chretiens I'enleverent la nuit, et I'ayant enve- munie de lui dire ou etait enterre le pretre qui
loppe de linceuls I'enterrerent dans I'eglise avait porte contre lui la sentence. On s'y trans-
comme martyr. Mais pendant le saint sacrifice porta. Augustin conjura le pretre de se lever
de la messe le diacre ayant crie tout haut a I'or- il le fit; saint eveque, il donna
a la demande du
dinaire : « Que
catechumenes et ceux qui ne
les I'absolution aI'excommunie et les deux morts ,

cominunient pas se retirent », on vit tout a coup retournerent dans leurs tombeaux. » Les Grecs
le tombeau s'ouvrir de lui-meme et le corps du schismatiques croient que les corps excommunies
martyr se retirer dans le vestibule de I'eglise. ne pourrissent pas en terre mais qu'ils s'y con- ,

Apres la messe il rentra de lui-meme dans son servent noirs et puants.


sepulcre, Un pieux vieillard ayant prie pendant En Angleterre, le tribunal des doctors com-
irois jours apprit par revelation que ce religieux mons excommunie encore; et, en 1837, il a
avait encouru I'excommunication pour avoir des- frappe de cette peine un marchand de pain
obei a son superieur, et qu'il demeurait lie jus- d'epices, nomme Sludberry, pour avoir dit une
qu'a ce que ce meme superieur lui eut donne parole injurieuse a un autre paroissien, dans
I'absolution. On alia done au desert on en ; une sacristie anglicane. Voy. Interdit.
amena le superieur, qui fit ouvrir le cercueil du Excrements. On sail que le dalai-lama, chef
martyr et lui donna I'absolution; apres quoi il de la religion des Tartares independants, est
demeura en paix dans son tombeau » C'est la regarde comme un dieu. Ses excrements sont
un fait merveilleux que nous ne pretendons pas conserves comme des choses venerables. Apres
donner comrae frequent. qu'on les a fait secher et reduire en poudre on ,

Dans le second concile de Limoges, tenu en les renferme dans des boites d'or enrichies de

1031, I'eveque de Gahors raconte une aventure pierreries, et on les envoie aux plus grands
qui lui etait particuliere et qu'il presenta comme princes. Son urine est un elixir propre a guerir
toute recente : « Un chevalier de notre diocese toute espece de maladie. Dans le royaurae de
dit ce prelat, ayant ete tue dans I'excommuni- Boutan on fait secher egalement les plus gros-
,

cation, je ne voulus pas ceder aux prieres de sieres dejectionsdu roi et apres les avoir ren-
,

ses amis, qui me suppliaient vivement de lui fermees dans de petites boites, on les vend dans
donner I'absolution je voulais en faire un : les marches pour saupoudrer les viandes. Voy.BE-
exemple a fin que les autres fussent touches de
, jECTioNS, FiENTE, Tanchelm Vache etc. , ,

crainte 11 ;fut enterre par quelques gentils- Exorcisme, conjuration, priere a Dieu et
hommes sans ceremonies ecclesiastiques et sans
, commandement fait au demon de sortir du corps
I'assistance des pretres, dans une eglise dediee des personnes possedees. Souvent il est seule-
a saint Pierre. Le lendemain matin on trouva ment destine a les preserver du danger. On re-
son corps hors de terre et jete au loin de son garde quelquefois exorcisme et conjuration comme
tombeau, qui etait demeure entier, et sans au- synonymes; cependant la conjuration n'est que
cune marque qui prouvat qu'on y eut touche. la formule par laquelle on commande au demon
Les gentilshommes qui I'avaient enterre n'y trou- de s'eloigner; I'exorcisme est la ceremonie en-
verent que les linges oii il avait ete enveloppe; tiere *. — Les gens qui s'occupent de magie ont
ils I'enterrerent une seconde fois et couvrirent aussi leurs exorcismes pour evoquer et ren-
la fosse d'une enorme quantite de terre el de voyer. Voy. Conjurations.
pierres. Le lendemain ils trouverent de nouveau Voici une legende bizarre sur un exorcisme :

le corps hors du tombeau sans qu'il parut qu'on , on lit dans Cesaire d'Hesterbach ^ que « Guil-
y eut travaille. La meme chose arriva jusqu'a laume, abbe de Sainte-Agathe, au diocese de
cinq fois. Enfin ils enterrerent I'excommunie Liege, etant alle a Cologne avec deux de ses
comme ils purent loin du cimetiere dans une , , raoines, fut oblige de tenir tete a une possedee.
terre profane ; ce qui remplit les seigneurs voi- II fit a I'esprit malin des questions auxquelles
sins d'une si grande terreur qu'ils vinrent tous celui-ci repondit comme il lui plut. Le diable fai-

demander la paix ^. »
Bergier, Dictionnaire theologique.
1

' D. Calmet, Dissertation sur les reuenanis, p. 329. 2 CcBsarii Heisterbach miracul., liv. V, ch. xxix,
2 ConciL, t. IX, p. 902. et Schellen, De diabol., liv. VIL
EXP — 256 — EXT
sant aiitant de mensonges que de reponses, I'abbe port en esprit seulement , parce qu'iis recon-
s'en aperQUt et le conjura de dire la verite; il naissent le transport en chair et en os, par
obeit. II apprit au bon abbe comment se por- I'aide et assistance du diable. Une sorciere se
taient plusieurs defunts dont il voulait savoir frotta de graisse ,
puis tomba pamee sans aucun
des noiivelles. Un des freres qui I'accompa- sentiment; et trois heures apres elle retourna en
gnaienl voulut Her conversation avec le diable. son corps, disant nouvelles de plusieurs pays
— Tais-toi, lui dit I'esprit malin, tu as vole hier qu'elle ne connaissait point, lesquelles nouvelles
douze sous a ton abbe ces douze sous sont ;
furent par la suite averees Le magnetisme fait

maintenant dans ta ceinfure. L'abbe, ayanten- — tout ceia.


tendu ces choses, voulut bien en donner I'abso-
lution a son moine; apres quoi il ordonna au
diable de quitter la possedee.
» — Ou voulez-vous que j'aille? demanda le

demon. — ouvrir ma
Je vais bouche ,
repondit
l'abbe , tu entreras dedans , si tu peux. — II y
fait trop chaud ,
repliqua le diable ; vous avez
communie. — Eh
.
bien! mets-loi ici. Et l'abbe,
qui etait gai, tendait son pouce. — Merci, vos
doigts sont sanctifies. — En ce cas, vas ou tu
voudras, mais pars. si vite, repliqua le — Pas
diable; j'ai permission de rester ici deux ans
encore.. ..

» L'abbe dit alors au diable : — Montre-toi


a nos yeux dans ta forme naturelle. — Vous le

voulez? — Oui. — Voyez. Cardan dit avoir connu un homme d'eglise


» En meme temps possedee commen(;a de la qui tombait sans vie et sans haleine toutes les
grandir et de grossir d'une maniere effroyable. fois qu'il le voulait. Cet etat durait ordinaire-
En deux minutes elle etait deja haute comme ment quelques heures , on le
; on le tourmentait
une tour de trois cents pieds; ses yeux devinrent frappait, on lui brulait les chairs sans qu'il
ardents comme des fournaises et ses traits epou- eprouvat aucune douleur. Mais il entendait con-'
vantables. Les deux moines tomberent evanouis; fusement, et comme a une distance tres-eloi-
l'abbe, qui seul avait conserve du courage, ad- gnee, le bruit qu'on faisait autour de lui. Cardan
jura le diable de rendre a la possedee la taille assure encore qu'il tombait lui-meme en extase
et la forme qu'elle avait d'abord. II obeit encore a sa volonte ;
qu'il entendait alors les voix sans
et dit a Guillaume Vous failes bien d'etre
: — y rien comprendre, et qu'il ne sentait aucune-
pur: car nul homme ne pent, sans mourir, me ment les douleurs.
voir tel que je suis, s'il est souille. » I'oij. Pactks, Le pere de Prestantius, apres avoir mange
Possessions, etc. un fromage maleficie, crut qu'etant devenu che-
Expiation. Les anciens Arabes coupaienl val il avait porle de tres-pesantes charges,
quelque animal et le lachaient au Ira-
I'oreille a quoique son corps n'eut pas quitte le lit et Ton ;

vers des champs en expiation de leurs peches. regarda comme une extase produite par sor-
— Un juif, dit Saint-Foix, s'arme d'un couteau, tilege ce qui n'etait qu'un cauchemar cause par
prend un coq le tourne trois fois autour de sa
, une indigestion.
tete et lui coupe la gorge en lui disant Je : — « Saint Auguslin distingue deux sortes d'ex-

te charge de mes peches ils sont a present a ; tases ^, I'une naturelle et I'autre surnaturelle, et
toi tu vas a la mort, et moi je suis rentre dans
: cite comme appartenant a premiere I'exemple
la

le chemin de la vie eternelle d'un pretre nomme Restitut, de I'eglise de


Extases. L'extase (consideree comme crise Talama. Toutes les fois qu'on imitait devant
materielle) est un ravissement d'esprit, une lui la voix d'un homme qui se plaint, il perdait
suspension des sens causee par une forte con- I'usage de ses sens et devenait semblable a un
templation de quelque objet extraordinaire et mort; de sorte qu'on pouvait le piquer, le pin-
surnaturel. Les melancoliques peuvent avoir des cer ou meme le bruler sans qu'il le sentit. Sa
extases. Saint Augustin fait mention d'un pretre respiration s'arretait. Cependant, si on lui par-
qui paraissait mort a volonte et qui resta mort, lait sur un ton eleve, il lui semblait, disait-il,
tres-involontairement sans doule, dans une de entendre des voix lointaines'. » Les extases
ses experiences. S'il fit le mort, il le fit bien. naturelles sont generalement periodiques ou
Ce pretre se nommait Pretexlat; ne sentait
il amenees par des causes speciales. L'extase sur-
rien de ce qu'on lui faisait souffrir pendant son
' Bodin , dans la Demonomanie.
extase. 2 La Cite de Dieu, liv. XIV, ch. xxiv.

Les demonomanes appellent l'extase un trans- 3 Gorres, Mystique, liv. IV, ch. v.
, — ,,,

— 257 — FAK
naturelle est a son tour de deux sortes : I'extase tomba comma morte. Le magistral ne la quitta

j
chretienne et I'extase diabolique. De la premiere point. Elle revint a elle au bout de cinq heures
on peut voir beaucoup de faits dans la vie des et raconta beaucoup de choses toutes actuelles
saints- L'autre est souvent exposee dans les des lieux qu'elle avait parcourus. On fit prendre
procedures de ces malheureux qui ont aban- sur-le-champ des informations, et les declara-
donne la cite de Dieu pour entrer dans la cite tions de la sorciere furent trouvees verilables.
I

du diable. C'etait souvent dans des extases que Les ames des somnambules magnetises font la
I les sorcieres assistaient au sabbat. Bodin raconte meme chose. Ce qui est la preuve de I'existence
j
dans sa Demonomanie qu'en 1571 une sorciere des ames, a part des corps qu'elles occupent.
!
emprisonnee a Bordeaux ayant avoue qu'elle Vo]^. Elfdal.
allait au sabbat touLes les semaines, le magis- Ezechiel. Les. musulmans disent que les os-
trat Belot la pria d'y aller devant lui. Elle re- sements desseches que ranima le prophete lize-
I

pondit qu'elle n'en avait pas le pouvoir. II la chiel etaient les restes de la ville de Davardan
mil done en liberte. Aussitot elle s'oignit tout le que la peste avait detruite et qu'il releva par
corps d'un onguent dont I'effet fut tel qu'elle une simple priere *.

—o©o-

Faal, nom que les habitants de Saint- Jean des horoscopes et des previsions surprenantes
d'Acre donnent a un recueil d'observations astro- si elles.sont vraies. II est certain que sa prudence
logiques ,
qu'ils consultent dans beaucoup d'oc- habile tira souvent son maitre d'embarras
casions. Faim diabolique. y a des possedes chez
II

Faber (Albert-Othon) , medecin de Hambourg lesquels le demon a produire une faim


s'est plu
au dix-septieme siecle ; il a ecrit quelques reve- insatiable. Brognoli delivra un enfant qui man-
ries sur I'or potable. geait sans s'arreter du matin au soir et ne pou-
Faber (Abraham); de simple soldat, il devint vait se rassasier. Gorres, au chap, xx du livre VII
marechal de France, et il s'illustra sous Louis XIV. de sa. Mystique, cite beaucoup d'exemples de cette
C'etait alors si extraordinaire qu'on I'accusa de faim enragee entre autres un enfant qui buvait
,

devoir ses succes a un commerce avec le diable. d'un seul coup un seau d'eau. Ce qui est digne de
Ce qui a pu donner lieu a cette prevention, c'est remarque c'est que ces affreuses maladies n'ont
,

qu'il croyait a I'astrologie judiciaire. jamais ete gueries que par I'exorcisme.
Fabre (Pierre-Jean) , medecin de Montpellier, Fairfax (Edouard), poete anglais du seizi^me
qui fit faire des pas a la chimie au commence- siecle, auteur d'un livre intitule la Demonologie
ment du dix-septieme siecle. II y melait un peu ou il parle de la sorcellerie avec assez de cre-
d'alchimie. II a ecrit sur cette matiere et sur la dulite.
medecine spagyrique. Son plus curieux ouvrage Fairfolks, espece de farfadets qui se mon-
est VAlchimiste chretien {Alchimista christianus) trent en ficosse , et qui sont a peu pres nos fees.
in-S"; Toulouse, 1632. II a publie aussi \ Hercules Fairies. C'est le nom qu'on donne aux fees
piockymicus, Toulouse, 165k, in-8°, livre ou il en Angleterre.
soutient que les travaux d'HercuIe ne sont que Fakir. Voy. Faquir.
des emblemes qui couvrent les secrets de la phi- Fakone, lac du Japon, oil les habitants pla-
losophie herinetique. cent une espece de limbes habites par tous les
Fabricius ( Jean- Albert ) bibliographe alle- ,
enfants morts avant I'age de sept ans. lis sont
mand, ne a Leipzig en 1668. Il y a des choses persuades que les ames de ces enfants souffrent
curieuses sur les superstitions et les contes popu- quelques supplices dans ce lieu-la, et qu'elles y
laires de I'Orient dans son recueil des livres apo- sont tourmenteesjusqu'a ce qu'elles en soientra-
cryphes que I'figlise a repousses de VAncien et chetees par les passants. Les bonzes vendent
du Nouveau Testament *. des papiers sur lesquels sont ecrils les noms de
Fadhel-ben-Sahal, vizir du kalife Almamon, Dieu. Gomme
assurent que les enfants eprou-
ils

^tait aussi grand astrologue, et on cite de lui vent allegement lorsqu'on jette ces papiers sur
I'eau , on en voit les bords du lac converts. — II
' Codex pseudepigraphus Veteris Testamenti, col-
lectus, castigatus, testimoniisque censuris et ani~ 1 Voyez cette legends dans les Legendes de I'An-
madversionibus illustratus. In-8". Hambourg et Leip- cien Testament.
zig, 1715. —
Codex apocriphus Novi Testamenti, etc. 2 Voyez son histoire, dans les Legendes de I' esprit
Hambourg, 1719. In-80. prophetique.
<7
,

FAL — 258 — FAN


est aise de reconnaitre dans ces usages des tra- » puis trente ans est celebre dans les annales ca-
ditions allerees de I'Eglise.. I)
balistiques. 11 se nomme Ca'in Chenul Falk, et il

Falcon. L'annalisle allemand Archenolz, mort 1) est connnu generalement sous le nom de doc-
I) teur Falcon. Un certain cornte de Ranzow
i)
mort depuis peu au service de France comme
I)
marechal de camp assure dans ses memoires
,

I)
cabalistiques, magiques, etc., avoir vu ce Falk
i)
dans le pays de Brunswick, sur une des terres
') de son pere, en presence de beaucoup de per-
I)
sonnes connues, qu'il nomme toutes et qu'il
) prend a temoin de la verite de ce qu'il avance.
i)
(II evoquait les esprits.) Falk s'est-il servi dans
') cette operation de la methode de Schropfer?
) Je n'en sais rien, ce qu'il y a de certain, c'est
) que cet homme vit actuellement a Londres.
> Lorsqu'il sort, ce qui arrive tres-rarement, il

) est toujours revetu d'un long talar, qui va tres-


) bien avec sa longue barbe et sa figure se-
) rieuse et interessante. 11 est actuellement age de

Lc docteur Falcoo.
) soixante-dix ans a peu pres. Je ne me donnerai
) pas la peine de rapporter ici toutes les choses
en 1812, raconte ce qui suit, dans son Tableau ) incroyal)les et extraordinaires qu'on raconte de
de I'Angleterre, publie a Paris en 1788 « II y a : ) ce vieillard... » Voy. Schopfer.
» a Londres un homme extraordinaire qui de- Falconet (Noel), medecin, mort en 173^.

Fadhel-ben-Sahal.

Nous ue citerons de ses ouvrages que ses Lettres souvent appele fanatisme ce qui ne I'etait pas. lis
etses remarques sur I'or pretendu joo^ai/eyelles se sont trompes ou ils ont trompe lorsque, par
sent assez curieuses. exemple, ils ont attribue le massacre politique
Fanatisme. L'Eglise I'a toujours condamne, de la Saint-Bartheiemi a la religion, qui y fut
comme elle condamne tous les exces. Les actes etrangere lorsqu'ils ont defendu les fanatiques
;

de fanatisme des conquerants du nouveau monde des Cevennes, qui exterminaient tout autour
etaient commis par des scelerats, contre lesquels d'eux, etc.
le clerge s'^levait de toutes ses forces. On peut y a eu tres-souvent du fanatisme outre dans
II

le voir dans la vie et dans les ecrits de Barthe- meme dans la sorcellerie. Sous le
les heresies et

lemi de Las Casas. Les ecrivains philosophes ont regno de Louis XII, un ecolier de I'universite de
; '

FAN — 259 — FAN


Paris persuade que la religion d'Homere etait la
,
tombe, que I'ombre puisse la voir et la pour-
afin

bonne, arracha la sainte hostie des mains d'un suivre. Des fan tomes sont venus quelquefois an-
pretre qui la consacrait et la foula aux pieds. noncer la mort; un spectre se presenta pour cela
Yoila du fanatisme. Les Juifs en ont fourni de aux noces du roi d'Ecosse, Alexandre III, qui
nombreux exemples et un tres-grand fanatisme
,

mourut peu apres. Camerarius rapporte que de


son temps on voyait quelquefois dans les eglises

Falconet.

distingue beaucoup de philosophes modernes.


« y a un fanatisme politique, un fanatisme lit-
11

teraire, un fanatisme guerrier, un fanatisme phi-


losophique » On a nomme d'abord fanatiques

lespretendus devins qui rendaient leurs oracles


dans les temples /aw«. Aujourd'hui on entend
,

par fanatisme tout zele aveugle.


Fannius (Caius), historien qui mourut de peur
en composant un ouvrage contre Neron. II en
avait termine trois livres, et il commengait le
quatrieme, lorsque Neron, dont il avait I'imagi- des fantomes sans tele, vetus en moines et en
nation remplie, lui apparut en songe, et, apres religieuses, assis dans les stalles des vrais moines
avoir parcouru les trois premiers livres de son et des soeurs qui devaient bientot mourir. — Un
ouvrage, se retira sans toucher au quatrieme chevalier espagnol avait ose concevoir une pas-
qui etait en train. Ce revefrappa Fannius; il crut sion criminelle pour une religieuse. Une nuit
y voir que son ouvrage ne serait pas acheve et , qu'il traversait I'eglise du convent dont il s'etait
il mourut en effet peu apres. procure la clef, il vit des cierges allumes et des
Fantasmagoriana, titred'un recueilde contes pretres, qui lui etaient inconnus, occupes a ce-
populaires ou les apparitions et les spectres
, lebrer I'office des morts autour d'un tombeau. II

jouent les premiers roles. Ces contes prolixes s'approcha de I'un d'eux et demanda pour qui
sont, pour la plupart, traduits de I'allemand, on faisait le service. « Pour vous, » lui dit le
2 vol. in-12; Paris, 1812. pretre. Tous les autres lui firent la meme re-
Fantasmagorie, spectacle d'optique, du genre ponse ; il sorlit effraye ,monta a cheval s'en re-
,

des lanternes magiques perfectionnees , et qui, tourna a sa maison , et deux chiens I'etranglerent
aux yeux des ignorants ,
peut paraitre de la sor- a sa porte ^
cellerie. Une dame voyageant dans une chaise de poste
Fant6mes, ou revenants de mauvais
esprits fut surprise par la nuit pres d'un village ou I'es-
augure, qui effrayaient fort nos peres quoiqu'ils ,
sieu de sa voiture s'etait brise. On etait en au-
sussent bien qu'on n'a aucunement peur des fan- tomne, I'air etait froid et pluvieux; il n'y avait
tomes, si Ton tient dans sa main de I'ortie avec point d'auberge dans le village; on lui indiqua
du millefeuille ^ Les Juifs pretendent que le fan- le chateau. Comme elle en connaissait le maitre,
tome qui apparait ne peut reconnaitre la personne elle n'hesita pas a s'y rendre. Le concierge alia
qu'il doit effrayer, si elle a un voile sur le visage la recevoir, et lui dit qu'il y avait au chateau dans
mais quand cette personne est coupable, ils ce moment beaucoup de monde qui etait venu
croient, au rapport de Buxtorf, que le masque celebrer une noce, et qu'il allait informer le sei-
gneur de son arrivee. La fatigue, le desordre de
^ Bergier, Dictionnaire theologique.
' Les admirahles secrets d' Albert le Grand. 1 Torquemada, Hexameron.
17.
, .

FAN — 260 — FAQ


sa toilelte et le desir de continuer son voyage suit dans I'ouvrage de M. Osborne, intitule la
engagerent la voyageuse a prier le concierge de Cour el le camp de Rundjet-Sing : « A la cour de
ne point deranger son maitre, Elle lui demanda ce prince indien , la mission anglaise eut I'occa-
seulement une chambre. Toutes etaient occupees, sion de voir un personnage appele specialement
al'exception d'une seule, dans un coin ecarte du le Fakir, homme enterre et ressuscite , dont les
chateau, qu'il n'osait lui proposer a cause de son prouesses avaient fail du bruit dans les provinces
delabrement; mais elle lui dit qu'elle s'en con- du Punjaub. Ce Fakir est en grande veneration
tenterait, pourvu qu'on lui fit un bon lit et un parmi les Sihks, a cause de la faculte qu'il a de
bon Apres qu'on eut fait ce qu'elle desirait,
feu. s'enlerrer tout vivant pendant un temps donne.
elle soupa legerement, et s'etant bien rechauf- Nous avions oui raconler de lui lant d'histoires,
fee, elle se mit au lit. Elle commenQait a s'en- que notre curiosite etait excilee. Depuis plusieurs
dormir, lorsqu'un bruit de chaines et des sons annees, il fail le metier de se laisser enterrer.
lugubres la reveillerent en sursaut. Le bruit ap- Le capilaine Wade me dit avoir ele temoin d'une
proche, la porte s'ouvre, elle voit, a la clarte de ses resurrections, apres un enlerrement de
de son feu entrer un fantome couvert de lam-
, quelques mois. La ceremonie preliminaire avail
beaux blanchatres; sa figure pale et maigre, sa eu lieu en presence de Rundjet-Sing, du general
barbe longueet touffue, les chaines qu'il portait Ventura et des principaux sirdars. Les prepara-
aulour du corps, tout annongait un habitant d'un avaient dure plusieurs jours, on avail arrange
tifs

autre monde, Le fantome s'approche du feu se , un caveau tout expres. Le Fakir termina ses
couche aupres tout de son long, se tourne de dispositions finales en presence du souverain il ;

tous coles en gemissant, puis, a un leger mouve- se boucha avec de la cire les oreilles le nez et ,

ment qu'il entend pres du lit, il se releve promp- tous les autres orifices par lesquels I'air aurait
tement et s'en approche. Quelle amazone eut pu entrer dans son corps. II n'excepta que la

brave un tel adversaire? Quoique notre voya- bouche. Cela fait, il fut deshabille et mis dans
geuse ne manquat pas de courage, elle n'osa I'at- un sac de toile, apres qu'il se fut retourne la
tendre, se glissa dans la ruelle du lit, et, avec langue pour fermer le passage de la gorge, et
une agilite dont la frayeur rend capables les qu'il se fut pose dans une espece de lethargic;

moins legeres, elle se sauve en chemise a toutes le sac fut ferme et cachete du sceau de Rundjet-

jambes, enfile de longs et obscurs corridors, Sing el depose dans une boile de sapin, qui,
toujours poursuivie par le terrible fantome, dont fermee et scellee egalement, fut descendue dans
elle entend- le frottement des chaines contre la le caveau. Par-dessus on repandil el on foula de

muraille. Elle apercoit enfin une faible clarte, la lerre, on sema de I'orge el on plaga des sen-
et, porte du concierge, elle y
reconnaissant la tinelles permanentes.
frappe et tombe evanouie sur le seuil. II vient )) 11 parait que le maha-rajah, Ires-sceptique
Guvrir, la fait transporter sur son lit et lui pro- sur cette morl, envoya deux fois des gens fouil-
digue tous les secours qui sont en son pouvoir. ler la terre, ouvrir le caveau et visiter le cer-
Elle raconta ce qui lui etait arrive. Helas! s'e- cueil. On trouva chaque fois le Fakir dans la
cria le concierge, notre fou aura brise sa chaine meme position et avec tous les signes d'une sus-
el se sera echappe! Ce fou etait un parent du pension de vie. Au bout de dix mois, terme fixe,

maitre du chateau, qu'on gardaitdepuisplusieurs le capilaine Wade accompagna


maha-rajah le

annees. 11 avail effectivement profile de I'absence pour assister a rexhumation il examina allen- :

de ses gardiens, qui etaient a la noce, pour de- tivemenl par lui-meme I'interieur de la tombe;
tacher ses chaines, et le hasard avail conduit ses il vil ouvrir les serrures, briser les sceaux el
pas a la chambre de la voyageuse, qui en fut porter la boile ou cercueil au grand air. Quand
quilte pour une grande peur Voy. Appap.itions, on en lira le Fakir, les doigts poses sur son ar-
Visions, Hallucinations, Esprits, Revenants, tere et sur son coeur ne purent percevoir au-
Spectres, Deshoulieres, etc., etc. cune pulsation. La premiere cho.se qui ful faite
Fantome volant. On croit, dans la Basse- pour le rappeler a la vie et la chose ne se fit ,

Brelagne, entendre dans les airs, lorsqu'il fait un pas sans peine , fut de ramener sa langue a sa
orage un fantome volant qu'on accuse de dera-
, place nalurelle. Le capilaine Wade remarqua
ciner les arbres et de renverser les chaumieres. que I'occiput etait brulant, mais le reste du corps
Voy. VOLTIGEUR HOLLANDAIS. tres-frais et tres-sain. On I'arrosa d'eau chaude,
Fapisia, herbe fameuse chez les Portugais, — au bout de deux heures le ressuscite etait
et
qui I'employaient comme un excellent specifique aussi bien que dix mois auparavanl,
pour chasser les demons ^. » II pretend faire dans -son caveau les reves

Faquir ou Fakir. II y a dans I'lnde des fa- les plus delicieux : aussi redoule-t-il d'etre re-
kirs qui sont d'habiles jongleurs. On lit ce qui veille de sa lethargic. Ses ongles et ses cheveux
cessenl de croilre sa seule crainte est d'etre
:
1 Spectriana, p. 79,
2 Delanc.re , Tableau de I' inconstance de demons, etc.
enlame par des vers ou des insecles c'esl pour ;

liv. IV, p. 297. s'en preserver qu'il fail suspendre au centre du


,

FAR — 261 — FAS


caveau la repose. Ce Fakir eat la
boite ou il Farmer (Hugdes), theologien anglican, mort
maladroite fantaisie de faire I'epreuve de sa en 1787. On a de lui un Essai sur les dimonia-
mort et de sa resurrection devant la mission an- ques du Nouveau Testament, 1775, oia il cherche
glaise, lorsqu'elle arriva a Lahore. Mais les An- a prouver, assez gauchement, que les maladies
glais, avec une cruelle mefiance, proposerent de attribuees a des possessions du demon sont I'ef-
lui imposer quelques precautions de plus ils : fetde causes naturelles, et non I'effet de Taction
montrerent des cadenas a eux apparlenant, et de quelque malin esprit.
parlerent de mettre au tombeau des factionnaires Fascination, espece de charme qui fait qu'on
europeens. Le Fakir fit d'abord de la diploma- ne voit pas les choses telles qu'elles sont. Un
tie; il se troubla et finalement refusa de se sou- bohemien sorcier, cite par Boguet, changeait
mettre aux conditions britanniques. Rundjet-Sing des bottes de foin en pourceaux, et les vendait
sefacha. —
Je vois bien, dit le Fakir au capitaine comme tels, en avertissant toutefois I'acheteur
Osborne, que vous voulez me perdre, et que je de ne laver ce betail dans aucune eau. Un acque-
ne sortirai pas vivant de mon tombeau. Le ca- reur de la denree du bohemien n'ayant pas ,

pitaine, ne desirant pas du tout avoir a se re- suivi ce conseil, vit, au lieu de pourceaux, des
procher la mort du pauvre charlatan, renonga a bottes de foin nager sur I'eau ou il voulait de-
I'epreuve. » Voy. Jamambuxes. crasser ses betes.
Farfadets, esprits, lutins ou demons fami- Delrio conte qu'un certain magicien, au moyen
liers, que les personnes simples croient voir ou d'un certain arc et d'une certaine corde tendue
entendre la nuit. Quelqaes-uns se liiontrent sous a cet arc, tirait une certaine fleche, faite d'un
des figures d'animaux; le plus grand nombre certain bois , et faisait tout d'un coup paraitre
resteat invisibles. lis passent generalement pour devant lui un fleuve aussi large que le jet de
rendre de bons Des voyageurs content
offices. cette fleche. Etd'autres rapporlent qu'un sorcier
que les Indes sont pleines de ces esprits bons ou juif,par fascination devorait des hommes et des
,

mauvais, et qu'ils ont un commerce habituel avec charreties de foin, coupait des tetes et demem-
les hommes du pays. brait des personnes vivanles, puis remettait tout
Voici I'bistoire d'un farfadet : En I'annee 1221, en bon etat.
vers le temps des vendanges, le frere cuisinier Dans guerre du due Vladislas centre Gremo-
la
d'un monastere de Giteaux chargea deux servi- zislas due de Boheme une vieille sorciere dit
, ,

teurs de garder les vignespendant la nuit. Un soir, a son beau-fils qui suivait ie parti de Vladislas
,

I'un de ces deux hommes, ayant grande envie de que son maitre mourrait dans la bataille, avec
dormir, appela le diable a haute voix et promit la plus grande partie de son armee et que, ,

de le bien payer s'il voulait garder la vigne a sa pour lui il pouvait se sauver du carnage en fai-
,

place. II achevait a peine ces mots, qu'un far- sant cequ'ellelui conseillerait; c'est-a-dire, qu'il
fadet parut. — Me pret, a
voici dil-il celui qui tuat le premier qu'il rencontrerait dans la me-
demande. Que me donneras-tu
I'avait remplis si je lee qu'il lui coupat les deux oreilles , et les mit
charge? —
;

ta donnerai un panier de
Je te rai-
sin,repondit du bon, a condition
le serviteur, et
que jusqu'au matin. — Le
tu veilleras farfadet
accepta I'offre ;domestique rentra a la mai-
et le
son pour s'y reposer. Le frere cuisinier, qui etait
encore debout, lui demanda pourquoi il avait
quitte la vigne? —
Mon compagnon la garde, re-
pondit-il, et il la gardera bien. Va, va, repril —
le cuisinier, qui n'en savait pas davantage ton ,

compagnon pent avoir besoin de toi. Le valet —


n'osa repliquer et sortit; mais il se garda bien de
paraitre dans la vigne. 11 appela I'autre valet,
lui conta le procede dont il s'etait avise et tous ;

deux, se reposant sur la bonne garde du lutin,


entrerent dans une petite grotte qui etait pres
de la et s'y endormirent. Les choses se passe- Le bonnet magique.
rent aussi bien qu'on pouvait I'esperer le farfa- ;

det fut fidele a son poste jusqu'au matin, et on dans sa poche; puis qu'il fit, avec la pointe de
lui donna le panier de raisin promis. Ainsi — son epee, une croix sur la terre entre les pieds
flnitle conte \ Voy. Berbiguier, Berith, Esprits, de devant de son cheval et qu'apres avoir baise ,

Feux follets, Hegdekin, Orthon, etc. cette croix il se hatat de fuir. Le jeune homme,
Farfarelli. C'est le nom qu'on donne aux far- ayant accompli toutes ces choses singulieres,
fadets en Itahe. revint sain et sauf de la bataille ou perirent Vla-
' Ccesarius Heisterbacheensis ill. miracul., lib. V. dislas et le plus grand nombre de ses troupes.
.,,

FAT — 262 — FAU


Mais en rentrant dans la maison de sa maratre 11 joua un autre tour semblable en payant un
ce jeune guerrier trouva sa femine qu'il cheris- ,
festin, au moyen de son chapeau, qu'il disait
sait uniqiiement, percee d'un coup d'epee, ex- magique et qu'il faisait pirouetler sur son doigt
pirante et sans oreilles.... pour solder I'addition. Le diner pareillement se
Mais beaucoup et la pluparl des fascinations ne trouvait paye d'avance.
sent generalement que des tours d'adresse. On Les femmes maures s'imaginent qu'il y a des
lit dans les Aventiires de Til I'espiegle des fas- sorciers qui fascinent par leur seul regard, et
cinations de ce genre. Un jour, dans une foire, tuent les enfants. Cette idee leur est commune
il paria avec un grand seigneur que, sur un signe avec les anciens Romains ,
qui honoraient le

magique qu'il allait faire , une marchande de dieu Fascinus, a qui I'on attribuait le pouvoir de
faience briserait toute sa boutique, ce qui eul garantir les enfants des fascinations et malefi-
lieu. Mais il avait paye d'avance les pots casses. ces. Voij. Yr.ux, Zilon, Prestiges, etc.

Lej faiences brisees

Fatalisme, doctrine de ceux qui reconnais- L'bomme vertueux, qui parvient par de grands
sent une destinee inevitable. Si quelqu'un ren- efforts a vaincre ses passions, n'a done plus be-
contre un voleur, les fatalistes disent que c'etait soin de s'etudier a bien faire ,
puisqu'il ne peut
sa destinee d'etre tue par un voleur. Ainsi cetLe etre vicieux?... C'est un peu la detestable doc-
falalile a assujetli levoyageur au fer du voleur, trine de Calvin.
et a donne longtemps auparavant au voleur I'in- Faunas dieux rustiques inconnus aux
, Grecs.
tenlion et la force afin qu'il eut au temps mar-
, , On les distingue des satyres et sylvains , quoi-
que, la volonte et le pouvoir de tuer celui-ci. qu'ils aient aussi des cornes de chevre ou de
Et si quelqu'un est ecrase par la chute d'un bouc , forme d'un bouc depuis la ceinture
et la
batiment, lemur est tombe parceque cethomme jusqu'en bas. Mais ils ont les traits moins hideux,

etait destine a elre enseveli sous les ruines de sa une figure plus gaie que celle des satyres el ,

maison Dites plutot qu'il a ete enfoui sous moins de brutalite. D'anciens Peres les regardent
les ruines parce que le mur est tombe Ou comme des demons incubes * ; et voici I'histoire
serait la liberte des hommes, s'il leur etait im- qu'en donnent les docteurs juifs : « Dieu avait
possible de se sousliaire a une falalite aveugle deja cree les ames des faunes et des satyres,
a une destinee inevitable ? Est-il rien de plus lorsqu'il fut interrompu par le jour du sabbat, en
libre que de se marier, de suivre tel ou tel sorte qu'il ne put les unir a des corps , et qu'ils
genre de vie? Est-il rien de plus fortuit que de resterent ainsi de purs esprits et des creatures
perir par le fer, de se noyer, d'etre malade ?. .
* Delancre, Tableaudel'inconstance des demons, elc,
' Barclai, dans r^rp'ems. p. 214.
FAU — 263 FAU
imparfailes. Aussi, ajoutent-ils , ces esprilscrai- indomptable , un immense desir de savoir, telles
gnent le jour du sabbat , et se cachent dans les etaient, disent ses panegyristes , ses qualites
tenebres jiisqu'a ce qu'il soit passe; ils prennent prononcees. II apprit la medecine, la jurispru-
quelquefois des corps pour epouvanter les hom- dence, la theologie ; il approfondit la science des
mes, Mais ils sont sujets a la mort. Cependanl astrologues; quand il eut epuise les connais-
ils peuvent approcher si prfes des intelligences sances naturelles, il se jeta dans la magie. On —
celestes qu'ils leur derobent quelquefois la con-
,
I'a confondu souvent avec Faust, I'associe de
naissance de certains evenements futurs, ce qui Guttenberg dans I'invention de rimprimerie; on
leur a fait produire des propheties, au grand sait que quand les premiers livres imprimes pa-

etonnement des amateurs. » rurent, on cria a la sorcellerie on soulint qu'ils ;

Faust (Jean), celdbrite allemande dans la etaient I'ouvrage du diable et sans la protection
;

magie. II brilla au commencement du seizieme de Louis Xt et de la Sorbonne rimprimerie en ,

siecle. Un genie plein d'audace, une curiosite naissant etait etouffee a Paris.

Faust et M^phisloph^les.

Mais I'histoire de Faust ne sera jamais bien le chef des necromanciens, le premier astrologue,

connue dans ses details intimes. Geux qui I'ont le second dans la magie ,dans la chiromancie et
vu poetiquement le font naitre a Weimar, ou les autres divinations. Ayant herite alors des
a Anhalt, ou dans la Souabe ou dans la Marche
, biens considerables que laissait un oncle qu'il
de Brandebourg. On ne peut guere Irouver rien avait a Wittemberg, il se livra sans frein a lade-

de positif sur cet homme que dans Tritheme et bauche et s'adonna entierement a revocation des
dans Melanchthon. II etait ne a Gundling, dans le esprits et aux sortileges. II se procura tous les
Wurtemberg, a la fin du quinzieme siecle. Son livres magiques, prit des leQons d'un celebre
pere etait un paysan; il avait des parents riches cristallomancien (Christophe Kayllinger), et re-
a Wittemberg il y alia y fit ses etudes et con-
;
,
chercha tous les arts defendus. On dit qu'il se
nut la Luther, Melanchthon et plusieurs autres vanta de faire d'aussi grands miracles que le
philosophes avances. On volt, dit Philippe Camera- Christ. Ge qui parait incontestable, c'est qu'a
rius, qu'il alia, a dix-neuf ans, etudier la magie vingt-sept ans il conjura le demon et fit avec lui

a Cracovie, ou Ton donnait alors des legons de un pacte qui devait durer vingt-quatre ans au ,

sciences occultes. II reparut ensuite, se disant bout desquels il s'obligeait a livrer son ame. 11
FEC — 264 —
rcQut pour serviteur assidu le demon Mephisto- la femme produite par la seule
fecondite d'une
pheles, et des lors il fit tout ce qu'il voulut. De puissance de I'imagination. Cet arret suppose
graves hisloriens rapportent les fascinations n'est qu'une assez mauvaise plaisanterie.
etonnantes qu'il produisit a la cour de I'empe- Fecor, compagnon d'Anarazel. Voy. ce mot.
reur Maximilien et a lacour de Charles-Quint. Fees. Si les histoires des genies sont anciennes
II pretendait que les armees iniperiales lui de- dans rOrient, la Bretagne a peut-etre le droit
vaient toutes leurs victoires. Melanclithon, qui le de reclamer les fees et les ogres. Nos fees ou
counaissait personnellennent, le peint corame la fades (fatidicce) sont assurement les druidesses
bete la plus immonde, le cloaque des botes de de nos peres. Chez les Bretons de temps imme- ,

I'enfer, chasse de partout par les magistrals, II morial et dans tout le reste des Gaules pen-
,
,

raconte qu'ayant tente de voler, corame Simon dant la premiere race des rois francs, on croyait
lemagicien, il fut a demi ecrase en tombant. Au generalement que les druidesses penetraient les
terme de son pacte, il fut etrangle par le demon, secrets de la nature, et disparaissaient du monde
aupres de Rimlich et I'ecrivain que nous citons
, visible. Elles ressemblaient en puissance aux
parle de cette fm horrible comme d'un fait magiciennes des Orientaux. On en a fait des
notoire. fees. On au fond des
disait qu'elles habitaient

Dans I'etude publiee par M. Francois Hugo sur puits au bord des torrents dans des cavernes
, ,

le Faust anglais {Revuefrancaise du 10 inai 1858) ,


sombres. Elles avaient le pouvoir de donner aux
Faust est Timprimeur. Le Parlement de Paris le hommes des formes d'animaux et faisaient quel- ,

tient emprisonne mais il s'evade et gagne


, quefois dans les forets les memos fonctions que
Mayence. II evoque le diable, qui parait sous di- les nymphes du paganisme. Elles avaient une
verses formes, de dragon, de griffon, d'etoile, reine qui les convoquait tous les ans en assera-
de poutre de feu enfin de nioine gris. II s'ac-
, blee generale pour punir celles qui avaient
,

corde avec lui et va le visiter en enfer. Sa visite abuse de leur puissance et recompenser celles
lui est rendue assez vite, et sept princes de qui avaient fait du bien.
I'enfer arrivent chez lui: Belzebub, habille en Dans certaines contrees de I'Ecosse, on dit
boeuf Lucifer en homme couleur des glands du que les fees sont chargees de conduire au ciel
;

chene rouge; Astaroth en serpent, avec deux les ames des enfants nouveau-nes, et qu'elles
petits pieds jaunes; Satan en ane, avec une aidenl ceux qui les invoquent a rompre les ma-
queue de chat; Anabry en chien noir et blanc, lefices de Satan. On voit dans tous les contes et
avec des oreilles de quatre aunes; Dythican en dans les vieux romans de chevalerie ou les fees ,

perdrix Drac en flamme bleue avec une queue jouent un tres-grand role, que, quoique im-
; ,

rouge; Belial en elephant, riche d'une trompe mortelles , elles etaient assujetties a une loi qui
demesuree. les forfait a prendre tous les ans, pendant quel-
On a recueilli sous le nom de triple ban de ques jours, la forme d'un animal, et les expo-
,

I'enfer de Faust, une sorte de rituel infernal qui sait sous cette metamorphose a tous les ha-, ,

donne des formules de la derniere stupidile pour sards, meme a la mort, qu'elles ne pouvaient
evoquer toute espece de demons. On y voit qu'il recevoir que violente. On les distinguait en
faut ecrire des sommations a comparaitre sur du bonnes et mechantes fees on etait persuade que ;

papier noir avec du sang de corbeau. Voij. Pactes. leur amitie ou leur haine decidait du bonheur
— Wagner, disciple de Faust, Videman et plu- ou du malheur des families. A la naissance de
sieurs-autres, ontecrit I'histoire de Faust. Goelhe leurs enfants, les Bretons avaient grand soin de
en a fait un poeme singulier *. dresser dans une chambre ecartee une table
Fechner (Jean), auteur d'un traite latin sur abondamment servie, avec trois converts, afin
la pneumatique ou doctrine des esprits selon les
, d'engager les meres ou fees a leur etre favo-
plus celebres philosophes de son temps. Bres- rables, a les honorer de leur visite, et a douer
lau, in-12, 1698. le nouveau-ne de quelques qualites heureuses.
Fecondite. De graves ecrivains afRrment que Us avaient pour ces etres mysterieux le meme
le vent produit des poulains et des perdrix. respect que les premiers Romains pour les car-
Varron dit qu'en certaines saisons le vent rend rnentes, deesses tutelaires des enfants, qui pre-
fecondes les juments et les poules de Lusitanie. sidaient a leur naissance chantaient leur horos- ,

Virgile, Pline, Columelle, ont adopte ceconte, cope et recevaient des parents un culte.
et le mettent au nombre des faits constamment On Irouve des fees chez tous les anciens peu-
vrais, quoiqu'on n'en puisse dire la raison. On ples du Nord, et c'etait une opinion parlout
a soutenu autrefois beaucoup d'impertinences de adoptee que la grele et les tempetes ne gataient
ce genre, qui aujourd'hui sont reconnues des pas les fruits dans les lieux qu'elles habitaient.

erreurs. On a publie un arret donne en 1537 Elles venaient le soir, au clair de la lune, danser
par le parlement de Grenoble, qui aurait reconnu dans les prairies ecartees ; elles se transportaient
aussi vile que la pensee partout ou elles souhai-
' la legende de Faust et de M^phistophel^s,
Voyez
dans les Legendes infernales. taient, a cheval sur un griffon, ou sur un chat
;,

FEE — 265 — FEE


d'Espagne, ou sur un niiage. On assuraitque, tude de ces esprits que les legendaires
,

par un caprice de leur destin, les fees etaient appelerent des demons, les cabalistes des sylphes,
aveugles chez elles et avaient cent yeux dehors. et nos chroniqueurs des fees. Corneille de Kem-
Frey remarque qu'il y avait entre les fees, pen assure que du temps de Lothaire
, il y avait
,

comme parmi les hommes inegalite de moyens


,
en Frise quantite de fees qui sejournaient dans
et de puissance. Dans les romans de chevalerie les grottes, autour des montagnes, et qui ne
et dans les contes on voit souvent une bonne sortaient qu'au clair de la lune. Olaiis Magnus
fee vaincue par une mechante qui a plus de dit qu'on en voyait beaucoup en Suede de son
pouvoir. temps, Elles ont pour demeure, ajoute-t-il,
((

Les cabalistes ont aussi adopte I'existence des des antres obscurs dans le plus profond des fo-
fees mais lis pretendent qu'elles sont des sijl-
, rets; elles se montrent quelquefois, parlent a
phides , ou esprits de I'air. On vit sous Charle-
, ceux qui les consultent, et s'evanouissent subi-
magne et sous Louis le Debonnaire, une multi- tement. » On voit dans Froissart qu'il y avait

Fee des cavernes.

egalement une multitude de fees dans File de de la croyance aux fees telles sont ces grotles
:

Cephalonie; qu'elles protegeaient le pays contre du Chablais qu'on appelle les grottes des fies. On
tout mechef et qu'elles s'entretenaient familie-
, n'y aborde qu'avec peine. Chacune des trois
rement avec les femmes de File. Les femmes grottes a, dans le fond, un bassin dont I'eau
blanches de FAlleipagne sont encore des fees passe pour avoir des vertus miraculeuses. L'eau
mais celles-la etaient presque toujours dange- qui distille dans la grotte superieure a travers ,

reuses. le rocher, a forme, sous la voute, la figure

Leloyer conte que les Ecossais avaient des d'une poule qui couve ses poussins. A cot^ du
fees ou fairs ou fairfolks qui venaient la nuit
, , ,
bassin on voit un rouet, ou tour a filer, avec la
dans les prairies. Ces fees paraissent etre les quenouille, Les femmes des environs, dit un
striges , ou magiciennes , dont parle Ausone. ecrivain du dernier siecle pretendent avoir vu
,

Hector de Boece dans ses Annales d'Ecosse, dit


, autrefois dans I'enfoncement une femme petri-
, ,

que de ces fees prophetiserent a Banquo


trois fiee au-dessus du rouet. Aussi on n'osait guere

chef des Stuarts la grandeur future de sa mai-


, approcher de ces grottes mais depuis que la
;

son. Skakspeare dans son Macbeth


, en a fait, figure de la femme a disparu on est devenu moins
trois sorcieres. II reste beaucoup de monuments tiraide. Aupres de Ganges, en Languedoc, on
: ,

FfiE — 266 — FEL


montre une autre groLte des fees ou grottes des , une fee ; il y avait dans son destin cette parlicu-
demoiselles, dont on fait des contes merveilleiix. larite ,
qu'elle etait obligee tous les samedis de
On voit a Merlingen en Suisse une citerne
, , prendre forme d'un serpent dans la parlie in-
la

noire qu'on appelle le puits de la fie. INon loin ferieure de son corps. La fee qui |epousa le sei-
de Bord-Saint-Georges a deux lieues de Cham-
, gneur d'Argouges au commencement du quin-
,

bon, on respecte encore les debris d'un vieux zieme siecle I'avait dit-on averti de ne jamais
, , ,

puits qu'on appelle aussi le puits des fees ou parler de la mort devant elle; mais un jour
fades, et sept bassins qu'on a nornmes les creux qu'elle s'etait fait longlemps attendre son mari, ,

des fades. On voit pres de la sur la roche de , impatiente, lui dit qu'elle serait bonne a aller
Beaune, deux empreintes de pied humain I'une : chercher la mort. Aussitot la fee disparut en
est celle du pied de saint Martial I'autre appar- , laissant les traces de ses mains sur les murs,
lient, suivant la tradition, a la reine des fees, contre lesquels elle frappa plusieurs fois de depit.
qui, dans un moment de fureur, frappa si forle- G'est depuis ce temps que la noble maison d'Ar-
ment le rocher de son pied droit qu'elle en laissa gouges porte dans ses armes trois mains posees
la marque. On ajoute que, mecontente des habi- en pal et une fee pour cimier. L'epoux de Me-
,

tants du canton elle tarit les sources minerales


, lusine la vit egalement disparaitre pour n'avofr
qui remplissaient les creux des fees, et les fit pu vaincre la curiosite de la regarder a travers
couler a Evaux, oi!i elles sont encore. On voyait la porte dans sa metamorphose du samedi

pres de Domremy Varhre des fees : Jeanne d'Arc La reine des fees est Titania, epouse du roi
fut meme accusee d'avoir eu des relations avec Oberon qui a inspire a Wieland un poeme ce-
,

les fees qui venaient danser sous cet arbre. lebre en Allemagne.
On remarque dans la petite ile de Concourie, Felgenhaver ( Paul ) visionnaire allemand ,

a une lieue de SainLes, une haute butte de terre du dix-septieme siecle. 11 se vantait d'avoir
qu'on appelle le Mont des fees. La Bretagne est reQu de Dieu la connaissance du present, du
pleine de vestiges semblables; plusieursfontaines passe et de I'avenir; il prechait un esprit astral,
y sont encore consacrees a des fees ,
lesquelles soumis aux regeneres ( ses disciples) lequel ,

metaniorphosent en or, en diamant, main des la esprit astral est celui qui a donne, dit-il, aux
indiscrets qui souillent I'eau de leurs sources ^ propheles et aux apotres le pouvoir d'operer
Le mail d'Amiens, appele aujourd'hui prome- des prodiges et de chasser les demons. Ayanl ete
nade de la Hautoye, elait autrefois le mail des mis en prison a cause de quelque scandale qu'il
fees. avait cause, il composa un livre ou il prouvait
Lecomte d'Angeweiller epousa une fee, comme la divinile de sa mission par ses souffrances. II

le rapporte Tallemant des Reaux elle lui donna ; y raconle une revelation dont le Seigneur, a
un gobelet, une cuiller et une bague, Irois mer- ce qu'il disait, I'avait favorise. Ses principaux
veilleux objels qui dans sa familie
resterenl ouvrages sont
comme gages de bonheur. On lit aussi dans la 1° C/tronolof/ie ou efficaciU des annees du
legende de saint Armentaire ecrite en Fan 1300, , monde, sans designation du lieu d'impression
quelques details sur la fee Esleretle , qui vivait 1620, pretend y demontrer que le
in-k".
II

aupres d'une fontaine ou les Provencaux lui ap- monde de deux cent trente-cinq ans plus
est
portaient des offrandes. Elle donnail des breu- vieux qu'on ne le croit que Jesus-Christ est n^ ;

vages enchantes aux femmes. Le monastere de I'an /|235 de la creation; et il trouve de grands
Notre-Dame de I'Esterel 6lait bati sur le lieu mysteres dans ce nombre parce que le double ,

qu'avait habitd cette fee. Melusine elait encore septenaire y est conlenu ^. Or, le monde ne
pouvant pas subsisler plus de six mille ans, il
' Le Quimperois racontait il y a quinze ans une
, ,
n'avait plus, en 1620, a compter que sur une
singuliere aventure arrivee aupres de Chateaulin :
« Le bateau a vapeur le Parisien, revenant du
1 Voyez les legendes de Melusine et de quelques
pardon de Sainte-Pliilomene a Landevenec, coula
autres, dans les Legendes des esprits et demons.
dans la riviere de Chateaulin. II faisait nuit les dames ;

qui se trouvaient a Lord furent debarquees comme


'^
C'est de la cabale comme en a fait dans I'alma-
:

nach prophetique M. Eug. Bareste 4,235 se compo- :

les autres passagers sur la plage. Elles se dirigerent


sent de quatre chiffres qu'on additionne :
vers une metairie situee a quelque distance pour y
demander I'hospitalite. Le fermier, qui etait couche, 4
vint a leur appel ouvrir sa porte. Mais aussitot qu'il 2
les eut vues dans leurs elegantes et blanches parures, 3
il ferma vivement son huis et refusa obstinement de 5
les rerevoir, les prenant pour des fees ou pour des
< 4 ou deux fois 7.
fantomes. Le jour, toute la ferme eut ete a leur
disposition, elles y eussent ^te recues comme des Mais 4,136 donnent le meme resultat, aussi bien
reines; la nuit, elles en furent chassees comme des qu'une foule d'autres combinaisons de quatre chif-
esprits malfaisants. Si pareille aventure arrivail a tel fres, par exemple, 3,245, 2,453, etc., a moins qu'on
de nos poetes ou antiquaires celtiques, on les verrait ne veuille prendre le premier et le Iroisieme chiffre
sans doute moins epris des naYves et toucliantes su- qui font 7, comme le second avec le quatrieme ce ;

perstitions de la Bretagne. » qui ne fait que diminuerle nombre des combinaisons.


FEM — 267 — FEM
duree de cent quaranle-cinq ans. Le jugement meme on les voit dans les ecuries tenant des ,

dernier etait tres-proche et Dieu liii en avait


, chandelles de cire aliumees dont elles laissent
|. revele I'epoque, qui etail 1765. 2° Miroir des tomber des goutles sur le toupet et le crin des
i
temps, dans lequel , independamment des admo- chevaux, qu'elles peignent et qu'elles tressent
monde, on expose axtx
nitions adressees d tout le ensuite fort proprement; ces femmes blanches,
yeux ce' qui a ele et ce qui est parmi tous les ajoute le m6me auteur, sont aussi nommees
Etats icrit par la grace de' Dieu et par ['inspi- sibylles et fees. des femmes blan-
En Bretagne ,

ration du Saint-Esprit..., 1620, in-Zi"; 3° Pos- ches, qu'on appelle lavandieres ou chanteuses de
tilionou Nouveau calendrier et pronosticon-as- nuit, lavent leur linge en chantant, au clair de
trologico-propheticum , presente a tout I'univers la lune, dans les fontaines ecart^es; elles re-
et d toutes les creatures, 1636, in-12 (en alle- clament I'aide des passants pour tordre leur

maiid). Felgenhaver, en resume, nous parait linge et cassent le bras a qui les aide de mau-
avoir ete un rival de Matlhieu Laensberg. vaise grace.
Femmes. II y eut une doctrine adoptee par Erasme parle d'une femme blanche celebre
quelques heretiques, que les femmes etaient des en Allemagne et dont voici le conte « La : —
brutes, mulieres non esse homines. Les prelats, chose qui est presque la plus remarquable dans
au second concile de Macon ,
foudroyerent cette notre Allemagne, dit-il est la femme blanche,
,
i

extravagance, qui venait des rabbins. Nous ne qui se fait voir quand la mort est prete a frapper
j

rapporterons pas ici toutes les mille et une er- a la porte de quelque prince, et non-seulement
reurs qu'on a debitees centre les femmes. De- en Allemagne, mais aussi en Boheme. En effet,
lancre et Bodin assurent qu'elles sont bien plus ce spectre s'est montre a la mort de la plupart
aptes que les hommes a la sorcellerie, et que c'est des grands de Neuhaus eL de Rosemberg, et il
une terrible chose qu'une femme qui s'entend se montre encore aujourd'hui. Guiliaume Sla-

I
avec le diable. D'anciens philosophes disent aussi vata, chancelier de ce royaume, declare que
que la presence des femmes en certains jours cette femme ne pent etre retiree du purgatoire

fait tourner le lait, ternit les miroirs, desseche tant que le chateau de Neuhaus sera debout,
les campagnes, engendre des serpents et rend Elle y apparait non-seulement quand quelqu'un

les chiens enrages. Les philosophes sont bien doit mourir, mais aussi quand il se doit faire

niais.
un mariage ou un enfant; avec
qu'il doit naitre
cetle difference que apparait avec
quand elle
Femmes blanches. Quelques-uns donnent le
nom de femmes blanches aux sylphides aux ,
des vetements noirs, c'est signe de mort; et,
au conlraire, un temoignage de joie quand on
la voit lout en blanc. Gerlanius temoigne aussi

avoir oui dire au baron d'Ungenaden, ambas-


sadeur de I'empereur a la Porte, que cette
femme blanche apparait toujours en habit noir
lorsqu'elle predit en Boheme la mort de quel-
qu'un de la famille de Rosemberg. Le seigneur
Guiliaume de Rosemberg s'etant allie aux quatre
maisons souveraines de Bruhswick de Brande- ,

bourg, de Bade de Pernslein, I'une apres


et
I'aulre, et ayant fait pour cela de grands frais,
surtout aux noces de la princesse de Brande-
bourg , la femme blanche s'est rendue familiere
a ces quatre maisons el a quelques aulres qui
leur sont alliees. A I'egard de ses manieres d'agir,
elle passe quelquefois tres-vite de chambre en
charabre, ayant a sa ceinture un grand trous-
seau de clefs dont elle ouvre el ferme les portes
aussi bien de jour que de nuit. S'il arrive que
quelqu'un pourvu qu'on la laisse faire,
la salue ,

elle prend un ton de voix de femme veuve une ,

gravite de personne noble, et, apres avoir fait


nymphes et a des fees qui se montraient en une honnete reverence de la tele, elle s'en va.
Allemagne, protegeant les enfants et s'interessant Elle n'adresse jamais de mauvaises paroles a
a quelques families. D'autres entendent par la cer- personne; au conlraire, elle regarde tout le
tains fantomes qui causent plus de peur que de monde avec modeslie el avec pudeur. II esl vrai
mal. II y a une sorLe de spectres peu dangereux, que souvent elle s'est fachee, et que meme elle
dit Delrio, qui apparaissent en femmes toutes a jele des pierres a ceux a qui elle a enlendu le-
blanches dans les bois et les prairies quelquefois ;
nir des discours inconvenants tant contre Dieu
FEM — 268 — FER
que contre son service elle se montre bonne en-
; fois le tour d'une chaise ,
I'ayant toujours a la

vers les paavres et se tourmente fort quand on main ; et le mari fut pleinement rassure. Ce trait

ne les ^ide pas a sa fanlaisie. Elle en donna des eut lieu sous Jean Cantacuzene.
marques Idrsque, apres que les Suedois eurent Sur la cote du Malabar, I'epreuve du fer chaud
pris le chateau, ils oublierent de donner aux etait aussi en usage. On couvrait la main du
pauvres le repas de bouillie qu'elle a institue de criminel d'une feuille de bananier, et Ton y ap-
son vivant, Elle mena si grand charivari que les pliquait un fer rouge; apres quoi le surinten-
soldats qui y faisaient la garde ne savaient ou dant des blanchisseurs du roi enveloppait la
se cacher. Les generaux memes ne furent pas main de I'accuse avec une serviette trempee
exempts de ses importunites, jusqu'a ce qu'enfm dans de I'eau de riz; il la liait avec des cor-
un d'eux rappelat aux autres qu'il fallait faire dons ;
puis le roi appliquait lui-meme son cachet
de la bouillie et la distribuer aux pauvres; ce sur le noeud. Trois jours apres on deliaitla main

qui ayant ete accompli, tout fut tranquille. » et on declarait le prevenu innocent, s'il ne res-
Voy. Fees. tait aucune marque de brulure; mais s'il en

Femmes-cygnes. 11 y a des femmes-cygnes etait autrement, il etait envoye au supplice.—


dans les legendes scandinaves : ce sont des on- Au reste, I'epreuve du fer chaud est fort an-
dines; mais elles ont quelque chose d'humain, cienne; car il en est question dans VKlectre de
quoiqu'elles ne soient pas de I'espece, tandis Sophocle.
que chez les Tartares de 1' Altai ce sont probable- Ferdinand IV, dit rAjourne, roi de Castille
ment des demons. On en voit une se deguiser et de Leon, ne en 1285. Ayant condamne a
en renard noir pour egarer les heros, II parait mort deux freres que Ton accusait d'avoir as-
qu'elles sont au nombre de quarante. Un jour sassine un seigneur castillan au sortir du palais,
trenle de ces femmes se metamorphoserent en il voulut que la sentence fut executee quoique ,

un seul loup-garou. Quelquefois elles concen- les accuses protestassent de leur innocence et
trent leur quarante perfidies pour constituer une quoiqu'il n'y eut aucune preuve solide centre
seule femme-cygne dont la malice est alors ef- eux. Alors, disent les historiens de ce temps,
froyable. Pour se defatiguer, elle avale du sang les deux freres en montant le rocher du haut
,

trois fois plein sa main, apres quoi elle pent duquel devaient etre precipites, ajournerent
ils

courir quarante ans sans desemparer \ Ferdinand a comparaitre dans trente jours au
Femmes vertes. Les Ecossais donnent ce tribunal du juge desrois; et, precisement trente
nom a des fees qui paraissent, aux lieux deserts, jours apres, le roi, s'etant retire apres le diner
habillees de robes vertes eclatantes. pour dormir, fut trouve mort dans son lit. Voy.
Fenris. Le loup Fenris est un des monslres Ajournement.
de I'enfer scandinave, ne de Loke et de la geante Fernand (Antoine), jesuite espagnol, au-
Angerbode. 11 est assez fort pour ebxanler la teur d'un commentaire assez curieux sur les vi-
terre. 11 doit, a la fin du monde, devorer Odin. sions et revelations de VAncien Testament, publie
J usque-la il est enchaine. en 1617.
Far chaud (epreuvedu). Celui qui voulait Ferragus geant dont parle la Chronique de
,

sejustifier d'une accusation, ou prouver la ve- I'archeveque Turpin. 11 avait douze pieds de
rite d'un fait conteste, et que Ton condamnait haut et la peau si dure qu'aucune lance ou epee
pour cela a I'epreuve du fer chaud, etait oblige ne la pouvait percer. II fut vaincu par I'un des
de porter a neuf ou douze pas une barre de preux de Charlemagne.
fer rouge pesant environ trois livres. Cette Farrier (Auger), medecin et astrologue,
epreuve se faisait aussi en mettant la main dans auteur d'un livre peu connu intitule Jugements
un gantelet de fer sortant de la fournaise, ou d' astronomic sur les nativith, ou horoscopes,

en marchant sur du fer rougi. Voy. Emma. Un in-16, qu'il dedia a la reine Catherine de Me-
mari de Didymoteque, soupconnant la fidelite de dicis.— Auger Ferrier a laisse encore un petit
sa femme, lui proposa d'avouer son crime ou traite latin, De somniis, imprime a Lyon en 15/t9,

de prouver son innocence par I'attouchement avec le traite d'Hippocrate sur les insomnies.
d'un fer chaud. Si elle avouait, elle etait morte ; Fery (Jeanne), jeune fille de Sore, sur la

si elle tenlait I'epreuve, elle craignait d'etre Sambre, qui, ayant ete maudite par son pere,
brulee. Elle eut recours a I'eveque de Didymo- fut obsedee d'un demon des I'age de quatre ans.
teque ,
prelat recommandable ; elle lui avoua sa II donnait du pain blanc et des pommes et
lui

faute en pleurant et promit de la reparer. faisait qu'elle ne sentait pas les coups qu'on lui

L'eveque, assure de son repentir, et sachant appliquait comrae chatiment. Lorsqu'elle fut
que le repentir vrai restitue I'innocence lui dil , grande, demoralisa peu a peu
il la il lui fit ;

qu'elle pouvait sans crainte se soumettre a signer un papier ou elle renonqait a son bap-
I'epreuve. Elle prit un fer rougi au feu, fit trois leme, a I'Eglise et au Christ. Elle avala ensuite
ce papier dans une orange, et, livree au demon,
1 M. Elie Reclus, Legendes tartares , dans la Re-
vue germanique , 31 aout 1860. elle commit tous les peches imaginables, pro-
,
,
r

FES — 269 — FET


fanations blasphemes, abominations.
,
sacrileges, aux images de la deesse et des divinites qui
Elle etait transportee aux reunions diaboliques, I'entourent. Les ceremonies et les sacrifices qui
. oil elle adora plusieurs demons elle en nomma ; s'accomplissent le deuxieme et le troisieme jour
I
quelques-uns dans sa confession Fun s'appelait : sont presque semblables a ceux du premier. A
Charme, un autre Ninus, un autre Esprit de la fin, lorsque tous les animaux ont ele im-

I Sang un autre Beleal etc. Lorsqu'elle eut vingt-


, , moles, la multitude se couvre de boue et de
cinq ans, on remarqua a beaucpup de signes sang coagule puis danse avec frenesie au lieu
,

;
qu'elle etait possedee. L'archeveque de Cam- meme oh elle s'est prosternee. Le lendemain
i
brai Louis de Berlaimont la fit exorciser. Mais
, , des fetes, I'idole est depouillee de ses pouvoirs
I
ces exorcismes ou de grandes horreurs furent
, par le meme brahme qui Ten ayait revetue.
revelees, durerent pres de deux ans; et une Cette statue, I'une des plus revoltantes qu'on
foule de teraoignages tres-graves ne permettent puisse imaginer, repi^esente Dourga ou Cali,
pas de contester cette histoire, dont les details personnifiant la mort : c'est une horrible femme
nombreux sontreproduitspar Gorres au livre VIII tres-noire, quelquefois bleue, qui tient d'une de
de sa Mystique, chap. xii. La malheureuse ses quatre mains un cimeterre, de I'autre une
Jeanne fut delivree enfm par la protection spe- tete de geant qu'elle a saisie par les cheveux;
cialede sainte Marie Madeleine qu'elle invoquait de etendue tout ouverte, elle semble
la troisieme,

j
ardemment. benir, el de la quatrieme elle defend d'avoir
i Festins du sabbat. Le sel n'y parait jamais, peur. Ses boucles d'oreilles sont deux squelettes;
j
Le pain n'est pas fait de farine de ble, mais de son collier une rangee de cranes. Sa langue
farine de pois. Les viandes sont de la chair de tombe jusqu'au bas de son menton, en teraoi-
chien ou de chat vole. Si elle est en putrefac- gnage de la honte qu'elle eprouve en s'aperce-
tion ,c'est un regal. On mange des cadavres vant que, dans sa fureur indomptable, elle a
d'enfants. En quelques heux, les habitues du foule aux pieds son mari Siva. Des tetes de
sabbat ont deterre le corps d'un des leurs de- geants coupees entourent sa d'une cein- taille
cede et I'ont mange a toutes sauces. Dans les ture, et ses nattes tombent jusque sur ses ta-
proces des sorciers on voit des sorcieres con-
, lons. Comme elle a bu le sang des geants qu'elle
vaincues d'avoir mis a la broche des enfants de- a tues pendant le combat, ses sourcils ont pris
robes. On ne boit que des liqueurs. Le vin, la couleur du breuvage qui I'a desalteree, et un
I'huile , le sel et tout ce que I'Eglise benit est ruisseau vermeil , de la meme nature, s'echappe
exclu dans ces hideuses fetes. de sa poitrine; ses yeux sont rouges comme
Fetes dans I'lnde. Nous donnons ici une ceux d'un ivrogne; elle est debout, un pied sur
idee du culte public en un pays oh les Anglais, la poitrine de son mari, I'autre sur sa cuisse.

depuis cent ans, auraient porte la lumiere s'ils Cette statue est placee par les pretres sur une
etaient restes catholiques : c'est la fete que les estrade de bambous et transportee, accompagnee
Hindous celebrent au commencement d'octobre d'une foule immense au bruit des tambours, des
,

en I'honn'eur de la deesse Dourga, epouse de cornets et d'autres instruments hindous, sur la rive
Siva appelee aussi Bhavani et de sa fille Cali
,
, du fleuve sacre on la precipite dans les flots, en
;

nee de son ceil, appelee encore Mohakali, la presence d'un concours de tous rangs et de toutes
noire, la grande noire, et Boudrani, la mere conditions, tandis que les pretres invoquent la
des larmes. Cette fete est I'une des plus magni- deesse et lui demandent la vie, la sante et la
fiques des plus couteuses et des plus populaires
, prosperite, la suppliant, elle, leur mere univer-
du cuUe hindou. Voici les details que donne, a selle, comme ils disent, de retourner momenta-
propos de ces ceremonies religieuses, V India, de nement dans ses domaines, pour revenir plus
J.-Th. Stocqueler ; tard au milieu d'eux.
Les preliminaires seuls prennent plus de temps Pendant ces trois jours di! adoration , les mai-
que I'adoration qui dure cependant trois jours.
,
sons des riches Hindous sont splendidement illu-
Pendant toute cette periode, les affaires sont minees la nuit, et ouvertes le jour a tout venant.
suspendues, et chacun se livre sans mesure au Mais tout n'est pas fini le jour suivant on t

plaisir et a la gaiete. Le premier jour on donne apporte des villages, souvent fort eloignes du
la vue
et I'existence a I'idole destinee a devenir fleuve, des idoles que Ton vient y jeter, et le
I'objetde la veneration generale. Un brahme s'en tumulte , confusion qui regnent alors sont in-
la

acquitle en touchant les joues, les yeux la poi- , descriptibles. Les statues exhibees en pareille
trine et le front de la .divinite, en disant : occasion sont faites de foin, de morceaux de

j
« Puisse I'ame de Dourga etre longtemps heu- bois, d'argile, et quelques-unes atteignent dix a

j
reuse dans ce corps » D'aulres ceremonies, I douze pieds de haut.
I
ainsi que I'immolation d'un grand nombre de Ces fetes absorbent des sommes immenses;
bestiaux tels que des bisons des moutons, des
, , une partie, et c'est la plus considerable, est dis-
chevres etc. succedent a celle-la. La chair et
, , tribuee en aumones, employees a nourrir et a
le sang des victimes sont offerts en holocauste vetir les pretres et les mendiants; le reste est
,

— 270 — FEU
consacrc aux rejouissances publiques et a enri- Feu, Flusieurs nations ont adore cet element.
chir les bayaderes qui dansent devant la deesse. En Perse, on faisait des enclos fermes de mu-
Les Anglais n'ont jamais porte la lamiere dans rallies el sans toit, ou Ton entretenait du feu. Les
ces hideiises tenebres et ils n'ont rien ; fait pour grands y jetaient des es.sences et des parfums.
empccher ces abominations. Quand un roi de Perse etait a I'agonie, on elei-
Fetiches, diviniles des negres de Guinee. Ces gnait le feu dans les villes principales du royaume,
divinites varient ce sont des animaux desse-
: pour ne le rallumer qu'au couronnement de son
ches des branches d'arbres des arbres memes
, , successeur. Certains Tartares n'abordent jamais
des montagnes, ou toute autre chose. lis en ont les etrangers qu'ils n'aient passe entre deux feux
de petits qu'ils portent au cou ou au bras, sou- pour se purifier; ils ont bien soin de boire la face

vent des coquillages. lis honorent un arbre qu'ils tournee vers midi, en I'honneur du feu. Les
le

appellent V arbre des fetiches ; ils placent au pied Jagous, peuple de Siberie, croient qu'il existe
une table couverte de vin de palmier, de riz et dans le feu un etre qui dispense le bien et le

de millet. —
Get arbre est un oracle que Ton mal ; ils lui offrent des sacrifices perpetuels.
consulte dans les occasions importantes il ne ; On sait que, selon les cabalisles, le feu est
manque jamais de faire connaitre sa reponse par I'element des Salamandres. 1/oy. ce mot.
I'organe d'un chien noir, qui est le diable, selon Parmi les epreuves superstitieuses qu'on ap-
nos demonographes. —
Un enorme rocher nomme pelait jugements de Dieu, I'epreuve du feu ne
Tabra, qui s'avance dans la mer en forme de doit pas etre oubliee. Voy. Fur chaud, Eau bouil-
presqu'ile est le grand fetiche du cap Corse, On
, LANTR, etc.

lui rend des honneurs particuliers, comme au Feu de


la Saint-Jean. En 163Z|, a Quimper,
plus puissant des fetiches. — Au Congo, personne en Bretagne, les habitants mettaient encore des
ne boit sans faire une oblation a son principal sieges aupres des feux de joie de la Saint-Jean,
fetiche, qui est souvent une defense d'elephant. pour que leurs parents morts pussent en jouir a
Nous empruntons ce qui suit a la lievue coloniale : leur aise. —
On reserve, en ce pays, un tison
« Dans les deux Guinees regne partout un af- du feu de la Saint-Jean pour se preserver du ton-
freux fetichisme, avec un cortege de supersti- nerre. Les jeunes filles, pour etre sures de se
tions ridicules, degradantes et parfois cruelles. marier dans I'annee, sont obligees de danser au-
La metempsycose polygamie, le divorce, les
, la tour de neuf feux de joie dans cette meme nuit :

humains
sacrifices et meme
souvent I'anthropo- ce qui n'est pas difficile, car ces feux sont tene-
phagie sont consacres par la religion. ment multiplies dans la campagne qu'elle parait
» Pour comprendre la force et I'influence des illuminde. On conserve ailleurs la meme opinion
idees et des pratiques superstitieuses de ces peu- qu'il faut garder des tisons du feu de Saint-Jean
ples, il est bon de faire observer qu'elles font comme d'excellents preparatifs qui, de plus,
partie integrante de leur etat social, et que les portenl bonheur. —A Paris, autrefois, on jelait
fetichistes, pas plus que les mahometans, n'eta- deux douzaines de petits chats (emblemes du
blissent de distinction enlre I'ordre politique et diable sans doute) dans le feu de la Saint-Jean',
I'ordre religieux. Chez eux les idees et les pra parce qu'on etait persuade que les sorciers fai-
tiques religieuses sont I'essence de leur etat saient leur grand sabbat cette nuit-la. — On di-
social. Aussi le culte de leurs fetiches ou genies sait aussique la nuit de la Saint-Jean etait la
prolecleurs se revele partout, dans la vie pu- plus propre aux malefices, et qu'il fallait recueil-
blique comme dans la vie individuelle. Ainsi il y lir alors le tfefle a quatre feuilles, et toutes les
a le fetiche du royaume, celui du village, celui autres herbes dont on avail besoin pour les sor-
de la famille, celui de I'individu. tileges.
» G'est au nom du fetiche que les chefs gou- Feu gregeois. Du terrible feu gregeois et de
vernent, qu'ils jugent les litiges, qu'ils reglent la maniere de le composer, u Ce feu est si vio-
le commerce et meme 1' usage des aliments. C'est lent qu'il brule lout ce qu'il louche, sans pou-
au nom du que le maitre exerce sur son
fetiche voir etre eteinl, si ce n'est avec de I'urine, de
esclave son droit de vie et de mort, et que la fort vinaigre ou du sable. On le compose avec
chair humaine devient I'aliment de I'homme. du soufre vif, du lartre, de la sarcocole, de la
G'est au fetiche suppose irrite qu'on immole des picole, du sel commun recuit, du pentreole et
viclimes humaines pour I'apaiser. de I'huile commune; on fail bien bouillir le tout,
» Les formes sous lesquelles le fetiche est ho- jusqu'a ce qu'un morceau de toile qu'on aura
nore varient selon les pays. Tantot c'est sous la jele dedans soil consume; on le remue avec
figure d'un animal, tel que le lezard, le cheval, une spatule de fer, II ne faut pas s'exposer a
I'hyene, le tigre, le vautour et plus souvent le faire cette composition dans une chambre, mais
serpent; tantot c'est sous la forme d'un arbre ou dans une cour parce que si le feu prenait on
;
,

d'une plante dont I'espece devient sacree ; tan lot, serail tres-embarrasse pour I'eteindre ^ »
enfin, c'est sous I'image d'une statuette de bois • Voyez I'article Chat.
a figure humaine. » 2 Admirables secrets du Petit Albert, p. 88.
, ,,

FEU — 2'
71 - FEV
Ce n'est sans doute pas la le feu gregeois d'Ar- de course il arriva en se recommandant a Dieu
, ,

chimede. de toutes ses forces, a la porte d'une eglise ou


Feu Saint-Elme, ou Feu Saint-Germain, tout s'engloutit. Cette vision, ajoute Cardan, etait
ou Feu Saint-Anselme. Le prince de Radzivill le presage d'une grande peste qui ne tarda pas a

i
dans son Voyage de Jemsalem, parle d'lin feu se faire sentir, accorapagnee de plusieurs autres
qui parut plusieurs fois au haut du grand mat fleaux. Cardan etait enfant lorsqu'on lui raconta
du vaisseau sur lequel il etait monte ; 11 le nom- cette histoire de sorte qu'il pent aisement I'avoir
,

inaitfeu Saint -Germain; d'autres, feu Saint- denaturee. Le jeune homme qui eut la vision
Elme, et feu Saint-Anselme. Les paiens attri- n'avait que vingt ans il etait seal, il avait eprouve
;

buaient ce prodige a Castor et Pollux parce que , une grande frayeur. Quant a la peste qui suivit
quelquefois il parait double. Les physiciens disent elle etaitoccasionnee, aussi bien que I'exhalai-
que ce n'est qu'une exhalaison entlammee. Mais son par une annee de chaleurs extraordinaires.
,

les anciens croyaient y voir quelque chose de Voy. Elfs, Jack of Lantern, etc.
surnaturel et de divin'. Un des habitants de Cardigan, en ficosse, eut
Faux follets. On appelle feux follets, on es- une vision de follets qui ne parait pas tant une
prits follets, ces exhalaisons enflammees que la illusion. Elle est rapportee par Barter, dans son
terre, echauffee par les ardeurs de I'ete, laisse livre De la certitude des esprits. S'etant reveille
echapper de son sein, principalement dans les une nuit apres minuit Sonne, il vit entrer succes-
longues nuits de I'Avent; et, comme ces flammes sivement, un a un, dans sa chambre, douze feux
roulent natnrelleraent vers les lieux bas et les follets qui avaient forme de femmes porlant de
petits enfants. Sa chambre en etait parfaitement
eclairee. Les follets, apres avoir danse, s'assirent
autour d'un tapis et parurent se disposer a sou-
per. lis I'inviterent meme
a venir manger avec
eux ; et comme pendant cette vision une
il priait ,

voix lui dit de n'avoir'pas peur. Au bout de quatre


heures la vision disparut. Celui qui I'avait eue
jura qu'il etait bien eveille et qu'il n'etait pas le
jouet d'une illusion. G'etait un homme de bon
sens et qui meritait confiance.
Feval (Paul) , auteur de la belle legende inti-
tulee la Femme blanche des marais, de la Fee des
greves et Du fils du diable. I8/16. Ce dernier ou-
vrage est moins recommandable.
Feves. Pythagore defendait a ses eleves de
manger des feves, legume pour lequel il avait
une veneration particuliere, parce qu'elles ser-
vaient a ses operations magiques et qu'il savail
marecages, les paysans, qui les prennent pour bien qu'elles etaient animees. On dit qu'il les
de malins esprits, s'imaginent qu'ils conduisent faisait bouillir ;
qu'il les exposait ensuite quelques
au precipice Ic voyageur egare que leur eclat nuits a la lune, jusqu'a ce qu'elles vinssent a se
eblouit , prend pour guide leur trompeuse
et qui convertir en sang, dont il se servait pour ecrire
lumiere. Olaiis Magnus dit que les voyageurs et sur un miroir convexe ce que bon lui semblait.
les bergers de son temps rencontraient des es- Alors, opposant ces lettres a la face de la lune
prits follels qui brulaient tellement I'endroit ou quand elle etait pleine, il faisait voir a ses amis
ils passaient qu'on n'y voyait plus croitre ni eloignes, dans le disque de cet astre, tout ce
herbe ni verdure ^. Chez les Russes et chez les qu'il avait ecrit sur son miroir... Pythagore avait
Polonais , les feux follets sont les ames des morts. puise ses idees sur les feves chez les Egyptiens
Un jeune homme, revenant de Milan pendant qui ne touchaient pas a ce legume, s'imaginant
une nuit fort noire, fut surpris en cheinin par qu'il servait de refuge a certaines ames comme ,

un orage bientot il crut apercevoir dans le loin-


; les oignons servaient de logement a certains
tain une lumiere et entendre plusieurs voix a sa dieux. On conte qu'il aima mieux se laisser tuer
gauche pen apres il distingua un char enflamme
; par ceux qui le poursuivaient que de se sauver a
qui accourait a lui, conduit par des bouviers dont travers un champ de feves. C'est du moins une
les cris repetes laissaient entendre ces mots : legende borgne tr^s-repandue. Quoi qu'il en soit,
Prends garde a toi! Le jeune homme epouvante on offrait chez les anciens des feves noires aux
pressa son cheval mais plus il courait, plus le
; divinites infernales.
char le serrait de pres. Enfin apres une heure , Il y avait en Egypte, aux bords du Nil, de pe-
^ DomCalmet, Dissert, sur les apparitions, p. 88. tites pierres faites comme des feves, lesquelles
2 Dom Calmet, Dissert, sur les apparitions, p. 109. mettaient en fuite les demons. N'etaient-ce pas
FEY — 272 — FIE

des feves petrifiees ? Festus pretend que la fleur la tete d'une femme qui dort, on connait si elle

de la feve a quelque chose de lugubre et que le , est fidele ou infidele ;


parce que, si elle est infi-

fruit ressemble exactement aux portes de I'en- dele , elle s'eveille en sursaut et de mauvaise hu- t

'

fer... Dans I' Incrcdulite et mecrcance dn sortilege m.eur ; si , au contraire , elle est fidele , elle a un
pleinement convaincue, page 263, Delancre dit reveil gracieux. Le Petit Albert dit qu'on peut
qu'en promenant une feve noire avec les mains , etre bien sur d'une femme, quand
de la fidelite

nettes, par une maison infestee, et la jetant en- on lui a fait manger de la moelle de I'epine du
suite derriere le dos en faisant du bruit avec un dos d'un loup*.
pot de cuivre et priant neuf fois les fantomes de Fien (Thomas), Anversois, auteur d'un livre
fuir, on les force de vider le terrain. Les jeunes curieux sur les effets prodigieux de I'imagina-
filled de Venise pratiquaient avec des feves noires tion, De virihus imaginalionis , Londres, 1657.
une divination qui n'est pas encore passee de Fientes. Des vertus et proprietes de plusieurs

mode. Quand on veut savoir de plusieurs coeurs sortes de fientes. — « Comme I'homme est la plus
quel sera le plus fidele, on prend des feves noires, noble creature, ses excrements ont aussi une
on leur donne a chacune le nom d'un des Jeunes propriete particuliere pour guerir plusieurs ma-
gens par qui on est recherchee, on les jette ladies. Dioscoride et Galien en font cas et assu-
ensuite sur le carreau la feve, qui se fixe en
: rent qu'ils enlevent les maux de gosier ou esqui- .

tombant, annonce le cceur certain; celles qui nancies. Voici la maniere de les preparer. On
s'ecartent avec bruit sont des poursuivants vo- donnera a manger a un jeune homme de bon
lages. temperament des lupins pendant trois jours et
Fey, nom que Ton donne en Ecosse a toute du pain bien cuit, ou il y aura du levain et du
personne que Ton croit ensorcelee. sel; on lui fera boire du vin clairet, et on gar-

Fian, docteur en medecine, qui, selon les dera les excrements qu'il rendra apres trois jours
procedures, etait associe ou affilie aux sorcieres de ce regime. On les melera avec autant de miel,
du temps du roi Jacques. Foy. Jacques. et on les fera boire et avaler comme de I'opiat,
Fiard (I'abbe), auteur de Lettres philoso- ou bien si le malade n'est pas ragoCite d'un tel
,

phiques sur la magie, du livre intitule la France condiment, on les appliquera comme un cata-
trompee par les dernonoldtres , d'un autre intitule plasme le remede est infaillible. » Nous ne di-
:

les Prkurseurs de I' Antcchrist , d'un autre inti- rons pas s'il est agreable.
tule Superstitions et prestiges des philosophes ou Fiente de chien. —Si on enferme un chien
((

les dernonoldtres du siecle de lumieres, mort a et qu'on ne lui donne pendant trois jours que
Paris en 1818. On I'a beaucoup critique, parce des OS a ronger, on ramassera sa fiente, qui,
qu'il voyait dans les ennemis de Dieu des servi- sechee et reduite en poudre, est un admirable
teurs du diable. G'est pourtant conforme a I'adage remede contre la dyssenterie. On prendra des
divin : qui n'est pas pour moi est contre moi. II cailloux de riviere qu'on fera chauffer; ensuite
disait que Voltaire etait un demon; mais Thomas on dans un vaisseau plein d'urine,
les jeltera
I'a dit avant lui. dans lequel on mettra un peu de cette fiente de
Ficino (Marsile) ,
philosophe florentin , ne en chien reduite en poudre on en donnera a boire ;

lZi33. jour qu'il disputait avec Michel Mer-


Un au malade deux fois la journee, pendant trois
cati, son disciple, sur I'immortalite de I'ame, jours, sans qu'il sache ce qu'on lui donne... Cette
comme ils ne s'entendaient pas, ils convinrent fiente est aussi un des meilleurs dessiccatifs pour
que premier qui partirait du monde en vien-
le les vieux ulceres malins et inveteres... »

drait donner des nouvelles a I'autre. Peu apres Fiente de loup. — « Comme on salt que cet

ils se separerent. Un soir que Michel Mercati, animal devore souvent les os avec la chair de sa ,

bien eVeille, s'occupait de ses etudes, il entendit proie on prendra les os que Ton trouvera parmi
,

le bruit d'un cheval qui venait en toute hate a sa fiente, parce que, piles bien menus, bus dans
sa porte, et en meme temps la voix de Marsile du vin un specifique contre
, c'est la colique. »

Ficino qui lui criait : — Michel , rien n'est plus Fiente de hceuf et de mche. — « La fiente de

vrai que ce qu'on dit de I'autre vie. — Michel b(Euf et de vache, recente et nouvelle, envelop-
Mercati ouvrit la fenetre et vit son maitre Fi- pee dans des feuilles de vigne ou de chou, et

cino, monte sur un cheval blanc, qui s'eloignait chauffee dans les cendres, guerit les inflamma-
au galop. II lui cria de s'arreter; mais Marsile tions causees par les plaies. La meme fiente

Ficino continua sa course jusqu'a ce qu'on ne le apaise la sciatique. Si on la mele avec du vi-
vit plus. Le jeune homme, stupefait, envoya aus- naigre elle a la propriete de faire suppurer les
,

sitot chez Ficino et apprit qu'il venait d'expirer. glandes scrofuleuses et ecrouelles. Galien dit
Marsile Ficino a pubhe sur I'astrologie sur , qu'un medecin de Mysie guerissait toutes sortes
Talchimie, sur les apparitions et sur les songes, d'hydropisies en mettant sur I'enflure de la fiente
divers ouvrages devenus rares. chaude de vache. Cette fiente aussi appliquee sur
Fidelite. On lit dans Les admirables secrets
Grand qu'en mettant un diamant sur 1
Le soUde tresor du Petit Albert, p. 24.
d' Albert le

1
,

FIE — 273 — FIG

la piqure des mouches a miel, frelons et autres, corne de cerf du corail blanc et de la farine de
,

en enleve aussitot la douleur. » riz, autant de I'un que de I'autre; on broiera le


Fiente de pore. — (( Cette fiente guerit les cra- tout dans un mortier, bien menu, on le fera
cliements de sang. On la fricasse avec aulant de tremper ensuite dans de I'eau distillee d'une sem-
crachats de sang du malade, y ajoutant du beurre blable quantite d'amandes, de limaces de vigne
frais, et on la lui donne a avaler (s'il en a le cou- ou de jardin, et de fieurs de bouillon-blanc, apres
rage). » cela on y melera autant de miel blanc, et Ton
Fiente de cJievre. — « La lienle de chevre a la broiera encore le tout ensemble. Cette composi-
vertu de faire suppiirer toutes sortes de tumeurs. tion doit etre conservee dans un vase d'argent
Galien guerissail fort souvent ces turaeurs et les ou de verre, et Ton s'en servira pour se frotter
dureles des genoux melant cette fiente avec de, le visage et lesmains*... » Voila, convenez-en,
la farine d'orge et de I'oxycrat, et I'appliquant une singuliere pharmacopee.
en forme de cataplasme sur la durete; elle est Fievre. Quelques personnes croient encore
admirable pour les oreillons, melee avec du se guerir de la fievre en buvant de I'eau benite
beurre frais et de la lie d'huile de noix. Ce secret la veille de Paques ou la veille de la Pentecote.

serablera ridicule mais il est veritable car on


; , En Flandre, on croyait autrefois que ceux qui
a gueri plus de vingt personnes de la jaunisse, sont nes un vendredi ont recu de Dieu le pou-
leur faisant boire tous les matins, pendant huit voir de guerir la fievre ^.
jours, a jeun cinq petites crottes de chevre dans
, Figuier (M. Louis), auteur d' etudes curieuses
du vin blanc. .. » sur le merveilleiix dans les temps modernes,
Fiente de brebis. —
II ne faut jamais prendre (( Trop sceptique.
cette fiente par la bouche comme celle des autres Figures du diable. Le diable change sou-
animaux, mais I'appliquer exterieurement sur le vent de formes , selon le temoignage de quan-
mal elle a les memes proprietes que la fiente
: tityde sorcieres. Marie d'Aguerre confessa qu'il
de chevre. Elle guerit toutes sortes de verrues, sortaiten figure de bouc d'une cruche placee au
de furoncles durs et de clous, si on la detrempe milieu du sabbat. Frangoise Secretain declara
avec du vinaigre, et qu'on I'applique sur la dou- qu'il avait la mine d'un grand cadavre. D'autres
leur. )) sorcieres ont dit qu'il se faisait voir sous les
Fiente des pigeons ramiers et des pigeons do-
mestiques. — « Pour les douleurs de I'os ischion
des pigeons ramiers ou domestiques est
la fiente

admirable etant melee avec de la graine de cres-


,

son d'eau et lorsqu'on veut faire murir une


;

tumeur ou une fluxion on peut user d'un cata- ,

plasme dans lequel entre une once de cette fiente,


deux drachmes de graine de moutarde et de cres-
son une once d'huile distillee de vieilles tuiles.
,

II est sur que plusieurs personnes ont ete gueries

par cette fiente, melee avec de I'huile de noyaux


de peches. » Galien dit que la Jie7ite d'oie est inu-
tile a cause de son acrete mais on est certain ;
Une des figures du diable.
qu'elle guerit aussi de la jaunisse, lorsqu'on la
detrempe dans du vin blanc et qu'on en boit pen- traits d'un tronc d'arbre, sans bras et sans

dant neuf jours. « Dioscoride dit que la fiente de pieds , dans une chaire ayant cependant
assis ,

poule ne peut etre efficace que pour guerir de la quelque forme de visage humain. Mais plus ge-
brulure, lorsqu'elle est melee avec de I'huile ro- neralement c'est un bouc ayant deux cornes par
sat; mais Galien et Eginette assurent que, jointe
devant et deux par derriere. Lorsqu'il n'a que
trois cornes, on voit une espece de lumiere dans
avec de I'oxymel cette fiente apaise la suffoca-
,

celle du milieu laquelle sert a allumer les bou-


tion et soulage ceux qui ont mange des champi- ,

gies noires du sabbat. II a encore une maniere de


gnons, car elle fait voniir tout ce qui embarrasse
le coeur. Un medecin du temps de bonnet ou chapeau au-dessus des cornes. II s'est
Galien gueris-
colique avec cette fiente
montre aussi en squelelte.
sait la ,detrempee d'hy-
pocras fait de miel et de vin. La fiente de souris, On a pretendu que le diable se presente sou-
melee avec du miel fait revenir le poll lorsqu'il ,
vent sous I'accoutrement d'un homme qui ne
est tombe, pourvu qu'on en frotte I'endroit avec
veut pas se laisser voir clairement et qui a le ,

cette mixtion... » visage rouge de feu ^ D'autres disent qu'il a

(( Pour conserver la beaute, voici un secret 1 Secrets d' Albert le Grand, p. 167.
tres-important au beau sexe c'est une maniere :
2 Delancre, Incredulite et mecreance du sortilege
pleinement convaincue , p. 157.
de faire le fard. On prendra de la fiente de petits 3 Delancre, Tall, de I'inconstance des demons, etc.,
lezards, du tartre de vin blanc, de la raclure de liv. II, p. 70.
18
, ' '

FIL — 27Z| — FIN

deux visages a la tete comme Janus. Delancre


, lards dissipes, et en quelque sorte reduits et
rapporte que dans les procedures de la Tour-
, condenses par Taction des rayons solaires, « de
nelle, on I'a represente en grand levrier noir, et sorte qu'il ne nous faudrait qu'une certaine suite
parfois ressemblant a un boeuf d'airain couche a de beaux soleils et de brouillards sees pour
terre. II prend encore la forme d'un dragon ou , approvisionner nos manufactures et nous fournir i

bien c'est un gueux qui porte les livrees de la un coton tout file beaucoup plus beau que celui
,

misere, dit Leloyer. D'autres fois il abuse de la que nous tirons des pays chauds *. » i

figure des prophetes et du temps de Theodose,


; , Filiat-Chout-Chi, dieu des Kamtschadales, i

il prit celle de Moise pour noyer les Juifs de pere de Touita. j

Candie, qui comptaient, selon ses promesses, Filles du diable. Voy. Mariage du diable.
traverser la mer a pied sec *. Le commentaleur Fin du monde. Herodote a predit que le
de Thomas Valsingham rapporte que le diable monde durerait 10,800 ans; Dion, qu'il dure-
sortitdu corps d'un diacre schismatique sous la rait 13,98i ans; Orphee, 120,000; Cassander,
figure d'un ane, et qu'un ivrogne du comte de 1,800,000. II serait peut-etre mieux de croire a
Warwick fut longtemps poursuivi par un esprit ces gens-la, dont les predictions ne sont pas en-
malin deguise en grenouille. Leloyer cite quelque core dementies, qu'a une foule de prophetes,
part un demon qui se montra a Laon sous la maintenant reputes sots dans les annales astro-
figure d'une mouche ordinaire. Ces metamor- logiques. Tels furent Aristarque, qui predisait la i

phoses diverses que se donnent les demons pour debacle generale du genre humain en I'an du I

se faire voir aux hommes sont mullipliees a monde 3384; Daretes en I'an 5552; Arnauld de
'

rinfini. Quand ils apparaissent avec un corps Villeneuve, en I'an de Notre-Seigneur 1395 Jean ;

d'homme on les reconnait a leurs pieds de bouc Hilten, AUemand, en 1651, L'Anglais Wistons,
,

ou de canard a leurs griffes et a leurs comes


, explicateur de I'Apocalypse, qu'il voulait eclair-
qu'ilspeuvent bien cacher en partie, mais qu'ils cir par la geometrie et I'algebre, avait conclu,
ne deposent jamais entierement. apres bien des supputations, que le jugemenl
Caesarius d'Heisterbach ajoute a ce signale- dernier aurait lieu en 1715, ou au plus tard en
ment qu'en prenant forme humaine, le diable
la 1716. On nous a donne depuis bien d'autres
n'a ni dos ni derriere de sorte qu'il se garde
, frayeurs. Le ISjuillet 1816 devait etre le der-
de montrer ses talons. {MiracuL, lib. III.) Les nier jour. M. de Krudener I'avait remis a 1819,
Europeens representent ordinairement le diable M. de Libenstein a 1823, M. de Sallmard-Mont-
avec un teint noir et brule; les negres au con- fort a 1836, et d'autres prophetes, sans plus de
traire soutiennent que le diable a la peau blanche. succes, au 6 janvier 18/jO. Attendons; mais si
Un ofiicier frangais se trouvant au dix-seplieme nous sommes sages tenons-nous prets.
,

siecle dans royaume d'Ardra, en Afrique, alia


le Non loin d'Avignonet, village qui est aupres
faire une visite au chef des pretres du pays. II de Villefranche en Languedoc, est un petit mon-
aperQut dans la charabre du pontife une grande ticule situe au milieu d'une des plus fertiles

poupee blanche et demanda ce qu'elle represen- plaines de I'Europe; au haut de ce monticule


tait. On lui repondit que c'etait le diable. — sont placees les pierres de Naurause, c'est-a-
Vous vous trompez, dit bonnement le Frangais, dire deux enormes blocs de granit qui doivent
le diable est noir. — C'est
vous qui etes dans avoir ete transportes la du temps des druides.
I'erreur, repliqua le vieux pretre vous ne pou- ; Or, il faut que vous sachiez (tous les gens du
vez pas savoir aussi bien que moi quelle est la pays vous le diront) que quand ces deux pierres
couleur du diable je le vois tons les jours, et je
: viendront a se baiser, ce sera le signal de la fin
vous assure qu'il est blanc comme vous Voy. du monde. Les vieilles gens disent que depuis
k leurs articles particuliers les principaux de- un siecle elles se sont tellement rapprochees
mons. Voy, aussi Formes. qu'un gros homme a tout au plus entre elles le
Fil de la Vierge. Les bonnes gens croient passage libre, tandis qu'il y a cent ans un homme
que ces flocons blancs cotonneux qui nagent a cheval y passait sans difiiculte. Voy. Bernard
dans I'atmosphere et descendent du ciel sont des DE Thuringe, Felgenhaver, Eclipses, etc.
presents que la sainte Vierge nous fait, et que Finnes. On lit dans Albert Krantz ^ que les
c'est de sa quenouille celeste qu'elle les detache. Finnes ou Finlandais sont sorciers qu'ils ont le
,

lis annoncent le beau temps. Le physicien La- pouvoir de connaitre I'avenir et les choses ca-
marck pretend que ce ne sont pas des toiles chees; qu'ils tombent en extase; que, dans est
d'araignees ni d'autres insectes fileurs, mais des etat, ils font de longs voyages sans que leur
filaments atmospheriques qui se remarquent corps se deplace,et qu'a leur reveil ils racontent
dans les jours qui n'ont pas offert de brouillard. ce qu'ils ont vu, apportant en temoignage de la

Selon le resultat des observations de ce savant,


M. Salgues, Des erreurs et des prejuges, t. Ill,
le fil de la Vierge n'est qu'un residu des brouil-
p. -184.
* Socrate , ffjsi. eccl., liv. VII, ch. xxviii. - Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des
2 Anecdotes africaines de la c6te des Esclaves,i). 57. esprits, liv. lY, p. 450.
;;

FIN — 2' 3 — FLA


verite une bague un bijou que leur ame
, a pris dit — De grandes richesses seront donnees
: te

en voyageant dans les pays eloignes. Delancre Gertrude obeit


leve-toi. devant un et voit elle

dit que ces sorciers du Nord vendent les vents, homme qui — veux etre mon
lui dit : Si tu es^

dans des outres aux naviga tears lesquels se


, ,
clave , tu possederas tons mes tresors qui sont
dirigent alors comme ils veulent. Mais un jour dans la terre. Elle avait eu I'imprudence de re-
un maladroit, qui ne savait ce que contenaient pondre, poussee par I'avarice Qui que tu : —
ces outres, les ayant crevees, il en sortit une si sois, tu es mon m.aitre. Tout a coup I'appa- —
furieuse tempete que le vaisseau y perit. Olaiis rition avait pris une forme- terrible et Gertrude ,

Magnus rapporte que certains de ces magiciens etait possedee. L'histoire de cette fille offre des

vendaient aux navigateurs trois noeuds magiques circonstances bizarres qu'il est inutile de ra-
serres avec une courroie. En denouant le pre- conter ^ Qu'on sache seulement qu'avant que le
mier de ces noeuds, on avait des vents doux et demon chasse de son corps par les prieres de
,

favorables; le second en elevait de plus vehe- I'Eglise I'eut defmitivement quittee


, elle exer- ,

ments; le troisieme excitait les plus furieux ou- gait sur les metaux une attraction inimaginable.

ragans. Gardons-nous done de I'avarice, qui, corroboree


Finskgalden, espece de magie en usage chez par des influences sataniques, peut nous attirer
les Islandais; elle a ete apportee en Islande par le meme sort. »

un magicien du pays, qui avait fait a ce dessein Flade, recteur de I'universite de Treves,
un voyage en Laponie. Elle consiste a maitriser grand ennemi des sorciers, en fit bruler plu-
un esprit, qui suit le sorcier sous la forme d'un sieurs; apres quoi, reconnu sorcier lui-meme et
ver ou d'une raouche, et lui fait operer des mer- vendu aux demons que ses cruautes servaient,
veilles. il fut brule publiquement lui-meme dans sa ville,

Fioravanti (Leonard), medecin, chirurgien en I'an 1586. Temps et pays de reforme!


et alchiraiste du seizierae siecle. On remarque Flaga fee malfaisante des Scandinaves. Quel-
,

parmi ses ouvrages, qui sont norabreux, le Re-


sumi des secrets qui regardent la medecine, la chi-
rurgie et Valchimie K Venise, 1571, in-8°, 1666 ;

Turin, 1580.
Fiorina. Voy. Flokine.
Fischer (Gertrude). M. I'abbe David, du
diocese de Liege, a conte I'histoire de cette fiUe,
a la suite d'un recit tres-remarquable intitule le
Million de Vusuriere : « L'histoire d'une per-
sonne nommee
Gertrude, fille de Fischer, bour-
geois de Lubus, qui vivail au seizieme siecle,
prouve que I'amour de I'argent nous dispose
quelquefois a recevoir les influences du demon.
Gertrude n'avait qu'a prendre quelqu'un par son
habit, ou par sa manche, ou par sa barbe, pour
etre sure d'attraper toujours de I'argent; puis
elle le mettait aussitot dans sa bouche, le ma-

chait et I'avalait, si on ne Ten empechait. Plu-


sieurs habitants de sa ville natale ont conserve
longtemps des pieces de monnaie qui leur etaient ques-uns disent que ce n'etait qu'une magicienne
venues d'elle. Son contemporain le trop fameux , qui avait un aigle pour monture.
docteur Martin Luther, fut consulte sur I'etat de Flambeaux. Trois flambeaux allumes dans la
Gertrude. II conseilla de la conduire au sermon meme chambre sont un presage de mort, Ayez
et de prier Dieu pour elle. Les pasteurs protes- done soin d'en avoir deux ou quatre.
tants n'ayant rien pu pour la soulager, le pere Flamel (Nicolas), celebrite du quatorzieme
de Gertrude Fischer s'adressa a un pretre ca- siecle. On ne salt precisement ni la date ni le
tholique, qui reconnut en elle une veritable pos- lieu de sa naissance, que Ton suppose avoir eu
session du demon de I'avarice, et la delivra lieu a Paris ou a Pontoise. II fut ecrivain public
par I'exorcisme. Gertrude servit, apres sa gue- aux charniers des Innocents, poele, peintre,
rison comme domestique dans une maison ou
, architecte. De pauvre qu'il etait il devint extre- ,

Ton n'eut qu'a se louer de sa conduite. mement riche, et on attribua sa fortune au


» Voici comment Gertrude avait ete seduite bonheur qu'il avait eu de trouver la pierre phi-
par le demon. Elle etait tounnentee du desir losophale. Les uns disent qu'elle lui fut revelee
de posseder de Tor et de I'argent. Une nuit elle par un esprit dont on ne declare pas I'espece
entend pendant son sommeil une voix qui lui 1 Gtirres dans sa Mystique, en rapporte quelques-
,

' Compendia dei secreti, etc. unes, t. V, p. 284.


, ;

FLA — 2 76 — FLA
les autres qu'il la dut a une certaine priere ca- les arts celestes et occultes, qui possede la
balistique que plusieurs curieux ont recitee sans science et I'intelligence de toutes choses. Faites
profit, et qu'il parvint a changer le cuivre en or. qu'elle m'accompagne dans toutes mes oeuvres
Dans un livre que M. Aug. Vallet, de I'Ecole que par son esprit j'aie la veritable intelligence;
des chartes, a analyse, Flamel conte qu'il trouva, que je precede infailliblement dans I'art noble
a force d'aides et d'application le secret du , auquel je me suis consacre, dans la recherche
grand ceuvre. II devint riche a cinq millions de la miraculeuse pierre des sages que vous avez
qui en valaient plus de cinquante d'aujourd'hui. cachee au monde mais que vous avez coutume
,

Mais ce ne sont la que des fables. L'abbe Vilain au moins de decouvrir a vos elus; que ce grand
a demontre que Flamel etait un simple bour- cEuvre que j'ai a faire ici-bas je le commence, je
geois qui devint riche par le travail opinialre, le poursuive et je I'acheve heureusement que, ;

et qui de bonnes oeuvres. Toutefois bien des


fit content, j'en jouisse a toujours. Je vous le de-
amateurs voient encore en lui le plus habile des mande par Jesus-Christ, la pierre celeste, an-
philosophes herraetiques et il se trouve des ;
gulaire, miraculeuse etfondee de toute eternile,
gens, meme de nos jours, qui croient que, qui commande et regne avec vous *, etc. »

grace a la pierre philosophale qui est aussi ,


Cette priere eut tout son effet
puisque Flamel ,

I'elixir de vie, Nicolas Flamel n'est pas mort. convertit d'abord du mercure en argent, et
Voici toutefois sa legende : <i Une nuit ,
dit-on, bientot du cuivre en or. II ne se vit pas plutot
pendant son sommeil, un ange lui apparut, te- en possession de la pierre philosophale qu'il
nant un livre assez remarquable, couvert de voulut que des monuments publics altestassent
cuivre bien ouvrage les feuilles d'ecorce deliee,
, sa piete et sa prosperite. II n'oublia pas aussi
gravees d'une tres-grande industrie, et ecrites de faire metlre partout ses statues et son image,
avec une pointe de fer. Une inscription en grosses sculptees, accompagnees d'un ecusson ou une
lettres dorees contenait une dedicace faite d la main tenait une ecritoire en forme d'armoirie.
gent des Juifs , par Abraham le Juif, prince, II fit graver, de plus, le portrait de sa femme,

pretre astrologue et philosophe.


,

Flamel dit. Pernelle qui I'accompagna dans ses travaux , , al-

I'ange, vois ce livre auquel tu ne comprends chimiques.


rien pour bien d'autres que toi il resterait inin-
: Flamel fut enterre dans I'eglise de Saint-Jac-
telligible;mais tu y verras un jour ce que tout ques dela Boucherie, a Paris. Apres samort, plu-
autre n'y pourrait voir, A ces mots Flamel tend — sieurs personnes se sont imagine que toutes lesi
les mains pour saisir ce present precieux mais ; sculptures allegoriques de cette eglise etaient au-
range et le livre disparaissent, et il voit des (lots tant de symboles cabalistiques qui renfermaient
d'or rouler sur leur trace. II se reveilla; et le un sens qu'on pouvait mettre a profit. Sa maison,
songe tarda longtemps a s'accomplir, que son
si vieille rue de Marivaux, n° 16, passa dans leuri

imagination beaucoup refroidie, lorsqu'un


s'etait imagination pour un lieu ou Ton devait trouverj
jour, dans un livre qu'il venait d'acheter en des tresors enfouis un ami du defunt s'enga-
:

bouquinant il reconnut I'inscripLion du meme


, gea, dans cet espoir, a la reslaurer gratis; il

livre qu'il avait vu en songe la meme couver- , brisa tout et ne trouva rien.
ture , la meme dedicace et le meme nom d'au- D'autres ont pretendu que Flamel n'etait pas \

teur. Ce livre avait pour objet la transmutation mort, et qu'il avait encore mille ans a vivre il J :

metallique, et les feuillets etaient au nombre de pourrait meme vivre plus, en vertu du baume'
vingt et un ,
qui font la mysterieuse combinaison universel qu'il avait decouvert. Quoi qu'il en |

cabalistique de trois fois sept. Nicolas se mit a soit, le voyageur Paul Lucas afiirme, dans unej
6tudier; et, ne pouvant comprendre les figures, de ses relations, avoir parle a un derviche ou]
11 fit un voeu, disent les conteurs hermetiques, moine turc, qui avait rencontre Nicolas Flamel
pour posseder I'interpretalion d'icelles, qu'il n'ob- et sa femme s'embarquant pour les Indes.
tintpourtant que d'un rabbin. Le pelerinage a On ne s'est pas contente de faire de Flamel un
Saint-Jacques qui elait son voeu eut lieu aus-
,
, adepte, on en a fait un auteur. En 1561, cent
sitot; Flamel en revint tout a fait illumine. Et quarante-trois ans apres sa mort, Jacques Gohorry
voici, selon les memes conteurs, la priere qu'il publia in-18, sous le litre de Transformation
,

avait faite pour oblenir rintelligence : — « Dieu mdtallique, trois trailes en rhythmefrangaise la :

tout-puissant, eternel, pere de la lumiere, de Fontaine des amoureux des sciences les Remon- •

qui viennent lous les biens et tous les dons par- trances de nature d I'alchimiste errant, avec la:
faits, j 'implore votre misericorde inlinie; laissez- reponse, par Jean de Meung, et le Sommaire
moi connaitre votre eternelle sagesse; c'est elle pkilosophique attribue a Nicolas Flamel. On met
qui environne votre trone, qui a cree et fait, qui aussi sur son compte le Desir desird ou Trdsor ,

conduit et conserve tout. Daignez me I'envoyer de philosophic autrement le Livre des six pa-
,

du ciel , votre sanctuaire , et du trone de votre roles, qui se trouve avec le Traile du sou/re, du
gloire, afin qu'elle soil et qu'elle travaille en Hydrolicus sophicus seu aquarium sapient.
i Bibl.
moi; car c'est elle qui est la maitresse de tous chim. de Manget, t. II, p. 557.
, ,

FLA — 277 — FLA


Cosmopolite, et I'oeuvre royale de Charles VI, de Mirvaux ; n'etant pas toujours heureux dans
Paris, 1618, 1629, in-8°. On le fait encore au- ses cures, persuadait a ses malades que Ton
il

teur du Grand iclaircissement de la pierre pJii- avait jete un sort sur eux il leur conseillait de ;

losophale pour la transmutation de tons metaux, chercher un devin plus savant que lui cepen- ;


in-8°, 1628. L'editeur prometlait la Joie
Paris, dant il se faisait payer et se retirait. Ces escro-
parfaite de moi, Nicolas Flamel, et de Pcrnelle, queries n'etaient que le prelude de faceties plus
ma femme , ce qui n'a point paru. On a donne graves. En 1820, le charron Louis P&que, ayant
enfin la Musique chimiqiie, opuscule tres-rare, et besoin d'argent, se rendit a Amiens; la il en em-
I
d'autres fatras qu'on ne recherche plus. prunta a un menuisier. Boury, qui sut la chose
Au resume, Flamel etait un homme laborieux dit qu'il procurerait de I'argent a meilleur compte,

qui sut acquerir de la fortune en travaillant avec moyennant quelques avances. Le charron alia le
las juifs, et comme il en fit mystere, on I'attrl- trouver; Boury lui declara que le meilleur raoyen
bua a des moyens merveilleux. L'abbe de Villars d'avoir des fonds etait de se vendre au diable et ;

metamorphose Flamel dans le Comte de Gabalis,


, voyant que Paque ne reculait pas a une telle pro-
en un chirurgien qui commergait avec les esprits position il lui demanda deux cents francs pour
,

elementaires. On a debite sur lui mille contes assembler le conseil infernal Louis Paque les ;

singuliers ;de nos jours un chercheur de


et donna. Boury s'arrangea de fagon a toucher ainsi
dupes, ou peut-etre un plaisant, repandit en pour frais preliminaires sept a huit mille francs.
mai 1818, dans les cafes de Paris, une espece Enfin il fut convenu qu'en donnant encore quatre
d'avertissement ou il declarait qu'il etait le fa- louis Paque obtiendrait cent mille francs
,
mal- ;

meux Nicolas Flamel qui recherchait la pierre heureusement il s'etait fort depouille il n'en put ;

philosophale au coin de la rue Marivaux, a Paris, donner que deux. II partit neanmoins avec Boury,
il y a plus de quatre cents ans qu'il avait voyage ;
Flaque, le chef sorcier, et un sieur de Noyen-
dans tous les pays du monde et qu'il prolon- , court, pour le bois de Saint-Gervais. Boury tira
geait sa carriere depuis quatre siecles par le d'une de ses poches un papier ecrit qu'il fit tenir
moyen de Velixir de vie qu'il avait le bonheur aux assistants, chacun par un coin. II etait mi-
de posseder. Quatre siecles de recherches I'a- nuit. Flaque fit aussitot trois conjurations. Le
vaient rendu , disait-il , tres-savant et le plus diable ne parut pas. Noyencourt et Boury dirent
savant des alchimistes. II faisait de I'or a volonte. alors que le diable etait occupe ce jour-la on ;

Les curieux pouvaient se presenter chez lui, rue prit un autre rendez-vous au bois de Naours.
de Clery, n° 22, et y prendre une inscription Paque a cet autre rendez-vous mena sa fille avec
qui coutait trois cent mille francs , moyennant lui; pauvre fille! Mais Boury lui avait dit qu'il
quoi ils seraient inities aux secrets du maitre, fallait que son premier-ne assistat a I'operation.

et se feraient sans peine un million huit cent Flaque et Boury appelerent le diable en latin. Le
mille francs de rente. diable enfin parut. II avait une redingote rouge-
Flaque (Louis-Eugene) , sorcier juge a Amiens bleudlre, un chapeau galonne. II portait un
en 1825. On I'accusa d'escroqueries a I'aide d'ope- sabre. Sa taille etait d'environ cinq pieds six
rations magiques et cabalistiques , de complicite pouces. Le nom de ce demon etait Robert, et
avec Boury, teinturier, loge rue des Hautes- celui du valet qui I'accompagnait Saday. Boury
Cornes , audit Amiens , et encore avec Francois dit au diable : —
Voici un homme que je te pre-
Russe, laboureur de Conti. — Au mois de mars sente; il desire avoir quatre cent mille francs
1825, la cour royale d'Amiens confirma un juge- pour quatre louis, peux-tu les lui donner? — Le
ment par lequel il appert que les trois individus diable repondit : — II les aura. — Paque lui pre-
susnommes ont, par des manoeuvres fraudu- senta I'argent ; et le diable lui fit faire le tour du
leuses, persuade a des particuliers I'existence bois en quarante-cinq minutes, avec Boury et
d'un pouvoir mysterieux surnaturel sur quoi ; Flaque, avant de bailler les quatre cent mille
et pour en user, I'un de ces credules particuliers francs. L'un des sorciers perdit meme un de ses
remit a Boury la somme de cent quatre-vingt- souliers dans la course. Paque, a son detour,
douze francs Boury presenta le consultant a un
; apercut une table et des chandelles dessus; il

individu deguise en demon, dans le bois de poussa un cri : — Tais-toi, lui dit Flaque, ton
Naours. Le demon promit au parliculier huit cri a tout perdu ; I'affaire est manquee. — Le
cent mille francs, qui n'arriverent jamais. Boury, stupide charron s'enfuit a travers le bois; puis
Flaque et Russe n'en garderent pas moins les reprenant courage, il revint devant le diable, qui
cent quatre-vingt-douze francs; mais le bailleur lui dit : — Scelerat, tu as traverse le bois au lieu
les poursuivit.Boury fut condamne a quinze mois d'en faire le tour. Retire-toi sans te retourner,
de prison, Flaque et Russe aune annee, a I'amende ou je te tords le cou...
de cinquante francs, et au remboursement des Mais ce n'etait pas fini. Une autre operation
frais, etc. eut encore lieu dans le meme bois quand Paque ;

Voici ce qu'on apprit dans les debats. Boury cette fois demanda I'argent, le diable lui dit : —
exergait I'etat de chirurgien dans la commune Adresse-toi au bureau. — C'etait un buisson...
: ,

FLA — 278 — FLO


Comme n'y avait rien dans ce buisson
il , le de- Ce spectre etait assis pres d'un bureau couvert
mon promit que la somme se trouverait le len- de livres, et paraissait profondement occupe a
demain dans la cave raeme du charron Paque ;
mediter et a lire tour a tour. Persuadee qu'elle
s'y rendit le leademain avec sa femme et celle
, voyait son fils, et agreablement surprise, elle se
du bonhomme qui avait donne les cent qualre- livrait a la joie que lui donnait ce changemenl

vingt-douze francs pour premiere affaire. Mais


la inattendu ,
lorsqu'elle entendit dans la rue la voix
neant encore; et pour surcroit, Boury, qu'ils de ce meme Flaxbinder, qui lui semblait etre
prenaient a partie, les menaga de se plaindre au dans la chambre. Elle fut horriblement efl'rayee.
procureur du roi... Paque reconnut qu'il etait On le serait a moins. Cependant ayant observe
trompe, et se retira avec son argent perdu... que celui qui jouait le role de son fils ne parlait
Nous sommes cependant dans le dix-neuvieme pas, qu'il avait I'air sombre, hagard et taciturne,
siecle, et nous avons les lumieres du dix-hui- elle conclut que ce devait etre un spectre; et,

tieme !... cette consequence redoublant sa terreur, elle se


Flauros ,
grand general aux enfers. II se fait hata de faire ouvrir la porte au veritable Flax-
voir sous la figure d'un terrible leopard. Lors- binder. 11 entre, il approche; le spectre ne se
qu'il prend la forme humaine , il porte un visage derange pas. Flaxbinder, petrifie a ce spectacle,
forme, en tremblant, la resolution de s'eloigner
du vice, de renoncer a ses desordres, d'etudier
enfin et d'imiter le fanlome. A peine a-t-il congu
ce louable dessein que le spectre sourit d'une
maniere un peu farouche, comme font les sa-
vants, ferme les livres et s'envole... n
Fleches. Voici une divination qui se pratique
chez les Turcs par le moyen des fleches. S'ils
doivent aller a la guerre, entreprendre un voyage,
ou acheter quelque marchandise, ils prennent
quatre Heches qu'ils dressent en pointe I'une
contre I'autre, et qu'ils font tenir par deux per-
sonnes, c'est-a-dire par quatre mains; puis ils
mettent sur un coussin une epee nue devant eux,
et lisent un certain chapitre du Koran. Alors les
fleches se battent durant quelque temps, et enfin
les unes montent sur les autres. Si, par exemple,
les victorieuses out ete nominees chretiennes (car
dans les divinations relatives a la guerre ils ap-
affreux, avec des yeux enflanimes. II coiuiait le pellent deux de ces fleches les Turcs, et dounent
passe, le present et I'avenir, souleve tous les aux deux autres le nom de leur ennemi) c'est ,

demons ou esprits contre ses ennemis les exor- signe que les Chretiens vaincront; si autrement,
cistes, et commande vingt legions'. c'est une marque du contraire*.... Voy. Bi^lo-
Flavia-Veneria-Bessa, femme qui fit batir MANCIE.
une chapelle en I'honneur des anciens monarques Fleurs. On a eu aussi des idees mysterieuses
de I'enfer, Pluton et Proserpine, par suite d'un sur les lleurs. On donnait des vertus a leurs pe-
avertissement qu'elle avait eu en songe ^ tales, surtout quand ils sont au nombre de
Flavin, auteur d'un ouvrage intitule I'Etat cinq. On croyait gu6rir la fievre quotidienne
des dmes trdpassces, in-8°, Paris, 1579. avec un petale, la fievre tierce avec trois, la
Flaxbinder. Le professeur Hanov, bibliothe- fievre quarte avec quatre.
caire a Danlzig, apres avoir combaltu les ap- Flins. Les anciens Vandales adoraient sous ce
paritions et les erreurs des differents peuples nom une grosse pierre qui representait la Mort
touchant les revenants et les spectres, raconte couverle d'un long drap, tenant un baton a la

toutefois le fait suivant main une peau de lion sur les epaules.
et portant
« Flaxbinder, plus connu sous le nom de Ces peuples croyaient que cette divinite, lors-
Johannes de Cnriis, passa les annees de sa jeu- qu'elle etait de bonne humeur, pouvait les res-
nesse dans I'intemperance et la debauche. Un susciter apres leur trepas.
soir, tandis qu'il se plongeait dans I'ivresse des Florent de Villiers. Voy. Villiers.
plus sales plaisirs, sa mere vit un spectre qui Florimond de Remond, conseiller au parle-
ressemblait si fort, par la figure et la conte- ment de Bordeaux, mort en 1602. II s'elait jele

nance, a son fils qu'elle le prit pour lui-meme. dans la reforme de Calvin. Les revelations d'une
possedee qu'il vit exorciser le flrent rentrer dans
* Wierus, DeprcBstigiis dcemon.,p. 929.
2 Leloyer, Hist, des spectres ou apparitions, t. IV, '
Lebrun, Histoire des pratiques superstitieuses
p. 439. t. II, p. 405.
, ,

FLO — 279 — FON


I'Eglise. 11 a 6crit sur I'Antechrist et sur les he- Foi. Un ministre Suisse de la secte des dissi-
resies ,
ouvrages presentent de precieuses
et ses dents methodistes persuade que tout est possible
,

irecherches. Mais les protestants qu'il avait de- a la foi et a I'esprit de Dieu, deux graces qu'il se
serles se sont efforces de ramoindrir. vaniteusement de posseder, se vanta en
flattait

Florine , Fiorina et Florinde , nom d'un de- 1832 qu'il marcherait sur le lac de Constance.
mon familier qui , au rapport de Pic de la Miran- Le resultat de cette epreuve insensee a ete ce
dole, frequenta longtemps un sorcier nomine Pinet. qu'on pouvait prevoir, sans que cette etrange
Floron, demon familier de Cecco d'Ascoli. 11 confiance ait pu s'ebranler dans
le coeur de celui

est de I'ordre des cherubins damnes. qui s'y livrait. II en


consequence que sa
tira la
Flotilde. Ce personnage est inconnu mais ses ; foi etait trop faible, que son coeur n'avait pas

Visions ont ete conservees. On les trouve dans assez ressenti I'efRcacite de I'esprit de Dieu et ;

I
le Recueil de Duchesne ^ il remit a I'annee suivante de recommencer sa

Flots. Cambry parle d'un genre de divination tentative. Cette seconde epreuve faite en 1833
assez curieux qui se pratique dans les environs
,
s'est terminee comme la premiere. Le ministre a

de Plougasnou des devins interpretent les mou-


: pris un bain * et il a pu apprendre la 1" que la
;

:
vements de la mer, les flots mourants sur la plage, foi vraie ne s'amuse pas a tenter Dieu 2° qu'il ;

J et predisent I'avenir d'apres cette inspection ne se fait pas de miracles dans les branches se-
Fluide. « Cette force souveraine et simple ou , parees de I'Eglise. Voy. Raison.
composee que le vulgaire nomme fluidique elle
, , Folgar, fete des negres du Senegal avec les ,

est nommee done elle existe, cette force elle


; ! ames de leurs parents. Voy. Lizards.
fonctionne elle est connue de toute antiquite.
; Folie. Voy. Possession.
I Verrons-nous se former et naitre d'elle, on — FoUet, Voy. Feux follets, Lutins, Farfa-
nous le dit , —
le lien qui noue le magnetisme DETs, etc.
a la magie, Tame au corps, notre personne a Fong-Chwi ,
operation mysterieuse qui se pra-
d'autres esprits que le notre, nos ames et ces tique en Chine dans la disposition des edifices,
esprits enfm aux etres divers de la creation et surtoutdes tombeaux. Si quelqu'un batit par
I avec lesquels je ne sais quelle necessite de na- hasard dans une position contraire a ses voisins,
ture les oblige a communiquer ' ? » Des hommes et qu'un coin de sa maison soit oppose au cote
serieux pensent que le fluide nerveux est I'agent de celle d'un autre, c'est assez pour faire croire
qui met les hommes en communication avec les que tout est perdu. II en resulte des haines qui
-
esprits. Voy. Magnetisme, PanthEisme, Esprits durent aussi longtemps que I'edifice, Le remede
FRAPPEURS, SpIRITISME, etC. consiste a placer dans une chambre un dragon
Fo ou Foe, I'un des principaux dieux des Chi- ou quelque autre monstre de terre cuite, qui
nois. II naquit dans les Indes , environ mille ans jette un regard terrible sur le coin de la fatale
avant notre ere. Sa mere, etant enceinte de lui, maison, et qui repousse ainsi toutes les influences
songea qu'elle avalait un elephant blanc, conte qu'on en pent apprehender. Les voisins qui
qui peut-etre a donne lieu aux honneurs que les prennent cette precaution centre le danger ne
rois indiens rendent aux elephants de cette cou- manquent pas chaque jour de visiter plusieurs
'
leur. 11 finit ses jours a soixante-dix-neuf ans. magot charge de veiller a leur defense. lis
fois le
I Les bonzes assurent qu'il est ne huit mille fois, brulent de I'encens devant lui , ou plutot devant
'
et qu'il a passe successivement dans le corps gouverne, et
I'esprit qui le qu'ils croient sans
d'un grand nombre d'animaux avant de s'elever cesse occupe de ce soin.
a la divinite. Aussi est-il represente dans les pa- Fong-Onhang, oiseau fabuleux auquel les

j
godes sous la forme d'un dragon, d'un elephant, Chinois attribuent a peu pres les memes proprie-
d'un singe, etc. Ses sectateurs I'adorent comme tes qu'au phenix. Les femmes se parent d'une
le legislateur du genre humain. figure de cet oiseau, qu'elles portent en or, en
Focalor, general aux enfers. II se monlre sous argent ou en cuivre, suivant leurs richesses et
I

les traits d'un homme ayant des ailes de griffon. leurs qualites.
Sous cette forme il tue les bourgeois et les jette Fonseca (le P. Pierre de). Dans sa metaphy-
I dans les flots. II commande a la mer, aux vents, sique estimee il etablit que les ames des saints
et renverse les vaisseaux de guerre. 11 espere qui reviennent en ce monde, peuvent prendre
rentrer au ciel dans mille ans; mais il se trompe. un corps et le rendre visible.
II commande a trente legions et obeit en rechi- , Fontaines. On pretend encore dans la Bre-
gnant a I'exorciste tagne que les fontaines bouillonnent quand le
pretre chante la preface le jour de la Sainte-Tri-
* FlotildcB visiones , in t. II Script. Hist franc, nite^. Voy. Hydromancie. II y avait au chateau
And. Duchesne, 1836.
de Coucy,en Picardie, une fontaine appelee Fan-
2 Voyage dans le Finistere, t. I,
p. -195.
^ M. le chevalier Gougenpt des Mousseaux,
La
magie au dix-neuvieme siecle, p. 199. 1 Le libre examen, journal protestant. Janvier 1 834.
* Wierus, De prcestigiis deem., Cambry, Voyage dans le Finistere, t. II, p. 15.
p. 926. 2
FON — 280 — FOR
tnine de la Mori, parce qu'elle se tarissait lors- armees frangaises, emporta un jour, devanii
qu'nn seigneur de Coucy devail mourir. Louis XIV, un cheval charge de son cavalier. IL
Fontenelle. Son Hisloire des oracles est loin alia trouver une autre fois un marechal ferrant;j
d'etie exacle. File a ele refulee par le P. Baltus. il lui donna un fer de cheval a forger. Celui-ci:

Ses Entretiens sur la pluralitc des mondes sont s'etant un pen eloigne, Barsabas prit I'enclume
iin jeu d'esprit. et la cacha sous son manteau. Le marechal se
Fontenettes (Charles), auLeur d'unc Disser- retourne bienlot pour battre le fer; il est tout
tation sur une/iUe de Grenoble qui depuis quatre etonne de ne plus trouver son enclume, et bien-
ans ne hoit ni mange , 1737, in-4", prodige qu'on plus surpris encore de voir cet ofTicier la remettre
altribiiait au diable, et dont Fontenettes explique sans difiiculte a sa place. Un Gascon que Barsa- ,

les causes moins tenebreuses. bas avait offense dans une compagnie, lui pro-
Foray ou Morax. Voy. Morax. posa un duel : —
Tres-volontiers lui repondit ,

Forcas, Forras on Furcas, chevalier, grand Barsabas touchez la.


; —
II prit la main da Gas-

president des enfers il apparait sous la forme


; con et la lui serra si fort que tous les doigts en
,

d'un homme vigonreux, avec une longue barbe furent ecrases. II le mit ainsi hors d'etat de se
et des cheveux blancs; il est monte sur un grand battre. Le marechal de Saxe etait de meme ca-
libre. — Dans les anciens jours, on regardait
comme favorises par le diable les gens doiies
d'une force extraordinaire.
Forets. Les forets sombres sont des lieux ou,
comme dit Leloyer\ les diables se melent avec
les sorciers. Ces diables y font leurs orgies com-
modement sous la feuillee et il n'y a pas de
,

lieux ou ils se rendent plus volontiers visibles.


Formes du diable. Le demon quand il
'(
,

veut approcher de I'homme, prend diverses for-

cheval et tient un dard aigu. 11 connait les vertus


des h3rbes et des pierres precieuses; il enseigne
la logique, I'esllietique , la chiromancie, la pyro-
mancie et la rhetorique. II rend I'homnie invi-
sible, ingenieux et beau parleur. 11 fait retrouver
leschoses perdues il decouvre les tresors, et il
;

a sous ses ordres vingt-neuf legions de demons'.


Force. Milon de Crotone n'eut pas seal une
force prodigieuse. Louis de Boufflers, suinomme
le Fort, au quatorzieme siecle, possedait une
force et une agilite extraordinaires, s'il faut en mes, a I'exception de celles de I'agneau et de la
croire les recits du temps. Quand il avait croise colombe que Dieu semble lui avoir interdites. II
ses deux pieds, il elait impossible de le faire prend souvent la forme du bouc. S'il veut se
avancer ou reculer d'un pas. 11 brisait sans peine
un fer a cheval et lorsqu'il saisissait un taureau
;

par la queue, il I'entrainait ou il voulait. II enle-


vait un cheval et I'emportait sur ses epaules. On
I'a vu souvent, arme de toutes pieces, sauter a

cheval sans s'appuyer et sans meltre le pied dans


I'dtrier. Sa vitesse a la course n'etait pas moins rendre familier, il prend cellc d'un chat ou d'un
remarquable, puisqu'il depassait le cheval d'Es- chien; celle d'un cheval, s'il veut emporter quel-
pagne le plus leger, dans un espace de deux qu'un; celle d'une souris ou d'une fouine, s'il"
cents pas. Un certain Barsabas, qui servait au faut passer par un lieu etroit; celle d'un bour-
comniencement du dix-huitieme siecle dans les ' Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions,
'
Wierus, De prcestigiis , p. 921. ch. IV, p. 344.
,

FOR — 281 - FOR


don, s'il veut empecher de parler; celles d'lin trefacon ne pent jamais etre parfaite; il est
loup, d'un vaiitour, d'un renard , d'un hibou done toujours sale, piiant, laid; son nez est in-

d'une araignee, d'un dragon, s'il pretend ef- correct; ses yeux sont enfonces, ses mains et

frayer. Quelquefois il prend una tete d'homme ses pieds ont des griffes; il boile d'une jambe
siir un corps de bete. Les coqs alors le devinent quand ilne boite pas des deux. Sa voix semble
et s'en effrayent. Sil parait en hoinme la con- , sortir d'une pierre creuse ou d'un tonneau'... »

M. Didron, en tele de sa curieuse Histoirc du des demons est Satan; il est represenle par saint
diable [Hisloire archeologique), fait remarquer Jean avec sepl tetes, dix cornes, sept couronnes
que ctdans I'lnde le diable, avec ses formes mons- et une queue immense. II a deux lieutenants :

I'un, qui regno sur les mers, a pareillement sept


tetes, dix cornes et dix couronnes, trois de plus

trueuses, ne se compose que de niembres con- que le maitre, avec un corps de leopard, des
fus d'animanx feroces ou perfides; il a genera- pieds d'ours et une queue de lion; I'autre, qui
regne sur la terre, est une bete a deux cornes
qui n'a que le nom de la Bete. Les demons su-
balternes ont d'autres formes de betes mons-
trueuses. Vorj. Figures.
Forneus, marquis infernal, semblable a un
monstre marin. II instruit I'homme dans les plus
hautes affaires, fait du bien a ses amis et du mal
a ses ennemis; il a sous son pouvoir vingt-neuf
legions de Trones et d'Anges ^
Forras. Voy. Forcas.
Fortes-epaules. Le peuple de Dijon croit a
I'existence d'une espece de lutin de ce nom
qui porte des fardeaux, et qui rappelle le Forte-
lement plusieurs tetes et plusieurs bras. En echine de madame d'Aulnoy, dans le conte du
Occident, le diable a le plus souvent la forme Chevalier Fortune.
humaine, mais laide et repoussante. » Le savant 1 Gbrres, Mystique, liv. VII, ch. xxvi.
archeologue induit de 1' Apocalypse que le chef 2 Wierus, De prcestigiis.
FOS — 282 — FOU
Fosite. Saint Willibrord, au septieme siecle, que leur dieu Fosite ne pouvait rien centre eux.
apotre des Frisons, jete par une tempete dans Le roi frison, Radbod, furieux de I'audace des
uno petite ile des cotes de la Frise, Tile d'Ale- missionnaires, ordonna de tirerau sort trois jours
mand, appelee alors Fositeland\ vit avec dou- de suite et trois fois chaque jour, declarant qu'il
leur que ces pauvres peoples adoraient la le de- ferait perir celui sur qui le sort tomberait. 11

mon Fosite, qui donnait son nom au pays. 11 y tomba sur un compagnon du saint, qui fut sacri-
recevait un culte etendu. On regardait comme fie a la superstition, et mourut martyr de la ve-

impie et sacrilege quiconque aurait ose tuer les rite. Mais il ne tomba jamais sur saint Wil-
animaux qui y vivaient, manger quelque chose librord.
de ce qu'elle produisait, et parler en puisant de Fossiles. Ce qu'on a decouvert des fossiles,
I'eau a une fontaine qui y etait. Le saint voulut dans ce premier feuillet de la geologie, que nous
detromper ces peuples, aveugles d'une supersti- n'avons encore tourne qu'a demi, est venu de-
tion si grossiere. 11 fit tuer quelques animaux molir toutes Jes tours de Babel que dressaient
que lui et ses compagnons mangerent et il bap- ; les philosophes du dernier siecle. Et Cuvier, qui
tisa trois enfanls dans la fontaine en pronon-
, n'est pas alle loin , a deja fait voir aux pauvres
cant a haute voix les paroles prescrites par teles etroites, qui n'ont pas place pour loger un
I'Eglise. Les insulaires s'atlendaient a voir les peu de foi, que Moise ne pouvait pas etre atta-
saints punisde mort; mais ils durent reconnaitre que. — Attendons.

Fossoyeur des calacombes.

Fossoyeur. Dans beaucoup de villages peu nuit; les ames des corps qu'il a mis en terre
avances,les bonnes gens ont une certaine peur pourraient vaguer autour de sa demeure. — On
oublie trop que la fonction de fossoyeur doit etre
enLouree, quand elle est dignement remplie, de
respect et non de crainte, et que dans les cala-
combes elle etait un des ordres mineurs etablis
par I'Eglise. Les fossoyeurs preparaient les tora-
bes ; ilsprenaient soin des vases ou Ton recueil-
lait le sang des martyrs, et des lampes qui eclai-
raient les saintes funerailles.
Foudre. L'empereur Auguste gardait soigneu-
sement une peau de veau marin pour se mettre
a I'abri de la foudre. —
Tibere portait dans la
du fossoyeur; on le croit en com.munication avec meme vue une couronne de laurier. Quand la —
les morts; et on n'ose pas trop Taller visiter la foudre partait de I'orient, etque, n'ayant fait
1 Land, dans I'ldiome neerlandais, veut dire pays. qu'eflleurer quelqu'un, elle retournait du meme
, —
FOU — 283 — FRA

cote, c'etait le signe d'unbonheur parfait. Les tendaient avoir un secret par lequel, au moyen
Grecs modernes chassent les chiens et les chats de la graine de fougere, ils se rendaient invi-

quand il tonne, parce qae leur presence est cen- sibles.

see atlirer la foudre sur les maisons. Foulques. Au temps de la guerre des Albi-
un mechant comte Foulques, lequel
geois, vivait
avait la coutume detestable de jurer et mau-
greer. Un jour qu'etant a cheval, il blasphemait
farieusemant, il fut jete a bas de sa monture et
ne S8 releva point. On pensa qu'il avait ete as-
somme par le diable, son grand ami.
Fourberies. Voy. Sorciers, Sabbat, etc.
Voy. aussi les divers imposteurs.
Fourmis. Les Thessaliens honoraient ces ani-
maux, dont ils croyaient tirer leur origine. Les
Grecs etaient si sottement vains qu'ils aimaient
raieux descendre des fourmis de la foret d'Egine,
que de reconnaitre qu'ils etaient des colonies de
peuples etrangers. —
La fourmi etait un attribut
de Ceres elle fournissait matiere aux observa-
;

tions des augures.


Fourner (Catherine). Voy. Poss6di!;es de
Flandre.
Fous. On sait le respect superstitieux que les
musulmans ont pour les fous. lis les croient des
saints. Voy. Possession.
Francs-magons. Les francs-macons font re-
monter leur origine jusqu'au temps de Salomon
Lampe eclairaiit les funerailics.
et I'entourent de contes merveilleux. C'est un

Fougere. Personne n'ignore [les mauvaises


«;
ordre qui parait avoir pris naissance en Angle-
el diaboliques fagons dont on se sert pour cueil- terre et qui avait pour but dans le principe la
,

'
lir la fougere aux malelices. Le 23 juin, veille de construction des eglises. Maintenant ce gout de
la Saint-Jean-Baptiste, apres un jeune de qua- magonnerie est purement allegorique, et il a bien
rante jours, plusieurs sorciers, conduits par Sa- change de destination former le coeur, regler :

tan, recueillent pendant cette nuit la graine de I'esprit, rappeler le bon ordre voila disent les , ,

cette herbe, qui n'a ni tige, ni lleur, ni semence, magons ce qu'on entend par le compas et V6-
,

et qui renait de la meme racine ;


qui plus est, le querre. Mais la verite est que la franc-magonne-
malin se joue de ces miserables sorciers en leur rie, comme societe secrete, creee au commen-
apparaissant cette nuit-la au milieu des tenipe-
, cement du dernier siecle par un Anglais, lord
tes,sous quelques formes monstrueuses, pour les Montague n'est autre chose que le protestan-
,

epouvanter davantage. lis croient s'en defendre tisme parvenu a I'etat d'indifference et une ,

par leurs exorcismes, par les cercles et carac teres sourde conspiration contre le Catholicisme. —
qu'ils font sur la terre autour d'eux ; ensuite ils Quand la franc-magonnerie ,
qui detruit a pre-
mettent une nappe neuve de fin lin ou de chan- sent, construisait, il n'y avait qu'un seul grand
vre sous la fougere qu'ils croient voir fleurir en maitre, qui residait en Angleterre; aujourd'hui

j
une heure, pour en recevoir la graine. lis la chaque pays a le sien. Les assemblies des ma-
'

plient dans un taffetas ou dans un parchemin gons se nomment communement loges. Une loge'
vierge, et la gardent soigneusement pour devi- doit etre au moins composee de sept membres.
ner les songes et faire paraitre les esprits. Le Le president de la loge porte le nom de venera-
demon, par ses malices et menteries, leur per- ble. l\ a au-dessous de lui deux surveillants , qui

suade que cette semence n'est pas seulement font executer les reglements de I'ordre. Dans —
propre a deviner, et que si on met de Tor ou de les assemblies solennelles, chaque frere a un ta-
I'argent dans la bourse oii Ton doit garder la blier de peau ou de sole blanche dont les cor- ,

semence de fougere, le nombre en sera double dons sont blancs aussi et d'etoffe pareille a celle
le jour suivant. Si I'evenement n'a pas lieu, les du tablier; les apprentis le portent tout uni, les
magiciens vous accuseront de mauvaise foi, ou compagnons I'entourent des couleurs de la loge,
ils diront que vous avez coramis quelque crime les maitres y font broder une equerre un com- ,

tant nous nous laissons aller a ces abominables pas, deux colonnes et les divers ornements de
impostures de Satan » Des sorciers anglais pre- I'ordre. Les maitres portent aussi un cordon

* Delancre, Tab. de V Inconstance des demons, etc., bleu, auquel pendent une equerre et un compas.
p. 151. — Dans les repas les lumieres doivent etre en
,
FRA — 28/, — FRA
triangle; la table servie a trois, cinq, sept, neuf caractere de maqon a Salomon, qui se fit hon-
converts et phis, suivant le nombre des convives, neur de le porter.

mais toujours en nombre impair. Tons les ter- Adoniram que Salomon avait charge de diri-
,

mes qu'on y emploie sont empruntes de I'artille- ger les travaux de son temple avait un si grand ,

rie, comma ceux qu'on emploie dans les travaux nombre d'ouvriers a payer, qu'il ne pouvait les
sont empruntes de I'architecture. On porte la connaitre tous. Pour ne pas risquer de payer
premiere sante au prince a qui on obeit, la se- I'apprenti comme le compagnon, et le compa-
conde au grand maitre, la troisieme au venerable gnon comme le maitre , il convint avec les mai-
de la loge. On boit ensuite aux surveillants aux , tres de mots et d'attouchements qui serviraient
nouveaux re^us et a tous les freres. Le fils — a les distinguer de leurs subalternes, et donna
d'un franc-macon est Lou/ton il pent etre regu ' ; pareillement aux compagnons des signes de re-
a quatorze ans. Le fils d'un profane (celui qui connaissance qui n'etaient point connus des ap-
n'est pas franc-magon) ne peut I'etre qu'a vingt prentis. — Trois compagnons, peu satisfaits de
et un ans. Entre phisieurs signes mysterieux qui leur paye, formerent le dessein de demander le

se voient dans les loges, on remarque au milieu mot de maitre a Adoniram des qu'ils pourraient ,

de Vetoile Jiamhoijante, un G, premiere lettre de le trouver seul ou de I'assassiner s'il ne voulait


,

God (en anglais Dieu). —


II y a dans la maconne- pas le leur dire, lis I'attendirent un soir dans le
rie trois principaux grades. II faut etre apprenti temple, et se posterent, I'un au nord, I'autre au
avant d'etre compagnon, et compagnon avant midi, le troisieme a I'orient. Adoniram etant en-
d'etre maitre. Les maitres n'entrenl en loge qu'a- tre seul par la porte de I'occident, et voulant
vec le gesle de I'borreur \ et cela en memoire sortir par celle du midi, un des trois compagnons
de la mort iXAdoniram ou Hiram, dont on ra- lui demanda le mot de maitre, en levant sur lui

conte diversement I'histoire. — Cette histoire ou le marteau qu'il tenait a la main. Adoniram lui
ce conte n'est que pour amuser les niais. On dil qu'il n'avait pas regu le mot de maitre de
peut appeler ainsi ceux qui se parent des trois cetle fagon-la. Aussitot le compagnon lui porta
grades dont nous venons de parler, et qui ne sur un coup de marteau. Le coup n'ayant
la tete

sont pas inities aux grands secrets reserves aux pas ete assez violent pour le renverser, Adoni-
dignitaires superieurs. —
Les uns vous diront ram s'enfuit vers la porte du nord, oi^i il trouva
que dans ce recit de Hiram, roi de Tyr,
il s'agit le second, qui lui en fit autant Cependant ce se-
qui fit alliance avec Salomon, et lui fut d'un cond coup lui laissant encore quelques forces, il
grand secours pour la construction du temple. tenta de sortir par la porte de I'orient, oii le
— D'autres content que ce Hiram etait un ex- troisieme, apres lui avoir fait la meme demands
cellent ouvrier en or, en argent et en cuivre; que deux premiers, acheva de I'assommer.
les
qu'il etait fils d'un Tyrien et d'une femme de la Les assassins enfouirent le corps sous un las de
Iribu de Nephtali ' que Salomon le fit venir de
;
pierres, et quand la nuit fut venue, ils le trans-
Tyr pour travailler aux ornements du temple, porterent sur un monticule ou ils I'enterrerent;
comme on le voit au quatrieme livre des Rois; et, afin de pouvoir reconnaitre I'endroit, ils
qu'entre autres ouvrages, il construisit, a I'en- planlerent une branche d'acacia sur la fosse. —
tree du temple, deux colonnes de cuivre, qui Salomon ayant ete sept jours sans voir Adoni-
,

avaient chacune dix-huit coudees de haul et qua- ram, ordonna a neuf maitres de le chercher.
tre de diametre qu'il donna le nom de Jakin a
; Ces neuf maitres execulerent fidelement I'ordre.
I'une, pres de laquelle on payait les apprentis, Apres de longues et vaines recherches, trois
et le nom de Booz a I'autre, pres de laquelle on d'entre eux, qui se trouvaient fatigues, s'etant
payait les compagnons, etc. Mais voici I'histoire assis par hasard a I'endroit ou Adoniram avait
d'Adoniram ' ou de Hiram, suivant I'opinion la ete enterre, I'un des trois arracha machinale-
plus commune chez les francs-magons. lis pre- ment la branche d'acacia, et s'apergut que la
tendent qu'elle a ete puisee dans le Talmud, ou terre , en cet endroit , avait ete remuee depuis
on lit que le venerable Hiram donna I'habit et le peu. Les maitres, curieux d'en savoir la
trois
cause, se mirent a fouiller et trouverent le corps
1 La plupart des Frangais disent improprement d'Adoniram. Alors ils appelerent les autres, et
Louveteau. ayant tous reconnu leur chef, dans la pensee
^ Les lamentations des maitres sur la mort de
que quelques compagnons pouvaient bien avoir
Hiram decede il y a bientot trois mille ans rappel- crime, et qu'ils avaient peut-etre tire
, ,
commis le
lent en quelque sorte , les Ktes funebres d' Adonis
,

d'Adoniram le mot de maitre, ils le changerent


chez les pai'ens.
3 Salomon tulit Hiram de Tyro, filium muHeris sur-le-champ \ et allerent rendre compte a Sa-
viduae de tribu NephlaU, artificem asrarium, etc. lomon de cette avenlure. Ce prince en fut tou-
(fie^., lib. IV.)

* apprend que celui qui condui-


L'ficriture nous
1
Le mot de maitre etait Jehovah.. Celui qu'on a
sait les travaux du temple de Salomon s'appelait Ado-
pris depuis signifie, selon les francs-macons, le corps
. niram. Josephe, dans son Histoire des Juifs, le
est corrompu.
nomme Adoram.
, ,

FRA — 285 - FRA


che il ordonna a tous les maitres de transporter
; Frank (Christian) , visionnaire qui mourut en
le corps d'Adonirara dans le temple, ou on I'en- 1590 ; il changea souvenl de religion , ce qui le
. ,terra en grande pompe. Pendant la ceremonie fit surnommer la Girouette. Il croyail la religion
tous les maitres portaient des tabliers et des japonaise meilleure que les aulres, parce qu'il
gants de peau blanche, pour marquer qu'aucun avail luque ses ministres avaienl des extases.
d'eux n'avait souille ses mains du sang de leur Frank(Sebastien), autre visionnaire du sei-
chef. zieme siecle sur la vie duquel on a peu de don-
,

— L'ordre des
!

Telle est I'histoire d'Adonirara. nees positives, quoiqu'il ait dans son temps excite
francs-magons a des pretentions a la gravite, Tatlention du public. 11 donna en 1531 un Iraite
quoiqu'il soit petri el nourri de ridicules. Ce se- de I'Arbre de la science du hien et du mat, dont
rait peu s'il n'avait pas en religion de perni- Adam a mange la marl, el dont encore aujour-
j
cieuses tendances. Aussi le saint-siege, par qua- d'hui tous les hommes la mangent. Le peche
I
tre actes differents, a-t-il formellement condamne d'Adara n'esl selon lui qu'une allegorie, et I'arbre
la franc-maconnerie. Les mysterieuses jongleries que la personne, la volonle, la science, la vie
de leurs loges leur ont donne la reputation de d'Adam. Frank mourul en 1545.
sorciers dans les campagnes. — Outre les ordres On a encore de lui une traduction allemande
de Qhevalerie qu'ils ont crees pour leur amu- de I'Eloge de la folic, par Erasme; le Traili de
sement, il y a chez eiix plusieurs schismes, el la vanile des sciences, et I'Eloge de I'dne, traduits
on citerait beaucoup de socieles secretes de ce d'Agrippa en allemand ; Paradoxa ou Deux cent
genre plus ou moins absurdes. Les mopses, en qualre-vingts discours miraculeux, tire de I'Ecri-
Allemagne, etaient des francs-magons qui avaienl ture sainte, Ulm, 1533, in-8°. Temoignage de
pour embleme un bouledogue. Une autre secle I'Ecriture sur les bans et lesmauvais anges, 1535,
s'appelle Vordre de la liberie, el ceux-la regar- in-8°, etc. N'elail-il pas le pere du precedent?
dent Moise comme leur fondateur. Les cheva- Franzotius auleur d'un ouvrage intitule
, :

liers prussiens font remonter leur origine a la De la divination des anges, in-4°, Francfort ou
tour de Babel ; d'autres a Noe. Venise, 1632.
On ne regoit lesfemmes chez les francs-magons Frappeurs. On cite dans le pays de Galles
que dans les loges diles d'adoplion ,
loges oii Ton des esprits dits frappeurs qui habilent les mines.
fait bals et festins. On change alors les mots et Louis Merris a ecrit deux lettres sur ces esprits
les signes d'argot, pour ne pas exposer les se- dans le troisieme volume du Gentleman's maga-
crets de l'ordre. — femmes*.
Insulte de plus aux zine. Ces esprits ont peu de rapports avec ceux
qui parlenl aujourd'hui par les tables. Voy. Es-
1 Voyez le livre intitule Jacquemin le franc-magon,
prits FRAPPEURS.
legendes des societ^s secretes.
Fratricelles, ramas de vagabonds qui for-
Le Journal de Bruxelks a obtenu d'un illustre
franc-macon communication d'un diplome a lui de- maienl au treizieme et au quatorzieme siecle une
li vre par les puissants et souverains grands inspec- societe occulte, opposee a I'Eglise, mais alliee a
teurs generaux trente-troisieme degre et dernier du ceux qu'on appelail vaudois ou sorciers. lis avaienl
rite ecossais. En voici la description
« L'immense parchemin deroule sous nos regards
:

des orgies, ou hommes et femmes se jelaienl de

nous a presque eblouis par son luxe. De doubles ai- main en main un enfant jusqu'a ce qu'il fiit mort.
gles deployees portant une epee dans les serres, un Celui entre les mains duquel il expirail, on le
drapeau parseme de petits carres autour du lion proclamail grand prelre. II brulait I'enfant mort;
neerlandais avec la devise Je maintiendrai , trois
:
quand il etait reduit en cendres, il noyail ces
sceaux suspendus par des cordons de couleurs diffe-
rentes tout cela etait de nature a inspirer le res-
,
cendres dans du vin el faisail boire celte potion
pect. On y remarque trois mots en majuscules : a tous ceux qui voulaient etre initios.
Sante, Stabilite, Pouvoir. Les signataires declarent
^crire sous lavoute celeste du zenith; ils se qualifient — maitre des neuf, —
Israel, des
elu illustre elu
de « puissants, souverains grands inspecteurs gene- — sublime chevalier
quinze, — grand maitre elu,
raux, membres du supreme conseil. Et les lettres de — royale arche — grand
architecte — grand elu
— sublime maQon, — chevalier de
, , ,

creance sont adressees « A nos tres-illustres , tres- ecossais, I'Orient


ou de r^pee, — prince de Jerusalem, — chef des
:

» vaillants et sublimes Princes du royal secret, Che-


» valiers K.\ H.'. Illustres princes et chevaliers loges — chevalier d'Orient d'Occident.
regulieres, et
» grands, ineffables et sublimes, libres et acceptes ma- — chevalier du Pelican de Saint-Andre — sou- et
— su-
,

» Qons de tous grades anciens et modernes sur la sur- verain prince rose-croix, — grand pontife,
» face des deux hemispheres. » blime ecossais — venerable grand maitre des loges
,

M. Verhaegen, chef de VUniversit'e libre de Bruxel- symboliques — grand maitre ad vitam, — Noachite,
,

les, et I'auteur du manifesto centre les eveques, a — chevalier prussien — royale hache — grand pa- ,

triarche — prince du Liban — chef du tabernacle


,

obtenu un diplome tout semblable oii lesdits puis-


— prince de Mercy, — chevalier du Serpent
, , ,

sants et souverains grands inspecteurs declarent ce d'ai-


qui suit — grand commandeur du Temple, — chevaher
rain,
— prince adepte — grand
:

« Nous certifions et proclamons qu'il est maitre de du I'Aigle et Soleil , ,

Andr^, — patriarche des croisades,


:

des loges symboliques, —


maitre secret, maitre — ecossais de Saint-
parfait, —
secretaire intime, —
maitre anglais, — — grand — chevalier de elu, blanc — I'Aigle et noir,
maitre par curiosite, —
prevot et juge, maitre — chevalier Kadosch — grand inspecteur , inquisiteur,
irlandais, —
intendant des bailments, maitre en — I
commandeur chevalier de Saint-Andre. »
; ,
!

FRA — 286 — FRA


Frayeur. Piron racontait soiivent qu'il avait de sa maladie : — Vous voyez , mon cher voisin
environ dix ans lorsqu'un soir d'hiver, soupant repondit le tonnelier, I'homme le plus miserable
en famille cliez son pere, on entendit des cris Ah maudite femme on
! I m'avait bien dit que ses
affreux qui partaient de chez un tonnelier voisin liaisons avec la plus detestable sorciere de la
on alia voir ce que c'etait. Un petit gargon transi
, Boorgogne ne tarderaient guere a m'etre fa-
de peur, condiiisit les curieux dans la chambre tales... —
Ces propos faisant soupgonner que la
d'ou venaient les cris, qui redoublerent bientot. tete de cet homme etait derangee, on attendit
— Ah! messieurs, dit le tonnelier tremblant, que le chirurgien fCit arrive. Monsieur, s'ecria —
couche en travers sur son lit, daignez au plus le tonnelier lorsqu'il le vit entrer, j'implore votre
tot faire appeler un chirurgien car je sens que
, secours, je suis un homme mort !
— Sachons
je n'ai pas longtemps a vivre. —
Le pere de d'abord, lui dit le chirurgien, de quoi il s'agit.
Piron apres avoir charge un domestique de rem-
,
— Ah! faut-il que en vous disant
je sois force,
plir les intentions du pretendu malade, s'etant d'ou partent mes douleurs, de deshonorer ma
approche de lui et I'ayant interroge sur la cause
, femme meme repondit le pauvre homme. Mais
!

elle le merile, et, dans mon etat, je n'ai plus si toute autre main que celle de Lucifer meme

rien a menager. Apprenez done qu'en rentrant put jamais appliquer une pareille claque! Au pre-
chez moi ce soir, apres avoir passe deux heures mier aspect de la plaie, de sa noirceur et des
au plus chez le marchand de vin du coin, ma griffes qui semblaient y etre imprimees, la plu-
femme, qui me croit toujours ivre, m'ayant trop part des assistants furent saisis, et le petit Piron
pousse a bout, je me suis vu force, pour pouvoir voulut se sauver. Mais on rassura le malade sur
me coucher en paix d'etre un pen rude a son
, congues, tant contre sa femme
les idees qu'il avait
egard; sur quoi, apres m'avoir menace de sa que contre la pretendue sorciere le chirurgien ;

vengeance, elle s'est sauvee du logis; je me suis lui appliqua les remedes convenableson le laissa :

deshabille pour gagner mon lit; mais au moment un peu dans son effroi ce qui le corrigea legere-
,

d'y monler... Dieu! la mechanic creature! une ment de son ivrognerie. Ce remede avait ete em-
main, pour ne pas dire une barre de fer, plus ploye par la femme (au moyen d'un parent qu'elle
brulante qu'un tison, est tombee sur ma fesse avait fait cacher dans la maison) pour corriger
droite, et la douleur que j'en ai ressentie, jointe I'intemperance du tonnelier.
a la peur qui m'a saisi m'a fait manquer le coeur,
, Voici une autre anecdote assez connue :

au point que je ne crois pas y survivre !... Mais Un homme couche dans une
, hotellerie , avait
vous en riez, je crois? Eh bien, messieurs, voyez pour voisinage, sans qu'il le sut, une compagnie
, ,

FRE — 287 — FRO


de chevres et de boucs une cloison fort mince ; avoir une vertu qui eloigne les esprits malfai-
et oiiverte par plusieurs trous les separait de son sants.
appartement. Notre homme, tres-fatigue, s'etait Fribourg. M. Lucien Brun, dans un piquant
couche sans examiner son gite et dormait de- recit, a conte comment un jour le vieux Conrad
puis deux heures d'un sommeil tranquille, lors de Blumenthal, alors bourgmestre de Fribourg
qu'il fut trouble par la visite d'un bouc , son voi- en Brisgaw, ayant dit a propos des privileges de
sin, qui avait protite d'une grande ouverture sa ville que Ton entamait, cette imprudente pa-
pour le venir voir. Le bruit de ses sabots eveilia role : —
Je veux que Satan nous emporte et avec
aisement notre voyageur, qui fut fort inquiet et nous la moitie de notre bonne cite si des hier ,

prit Taniraal pour un voleur de nuit; le bouc, je n'y ai mis quelque ordre C'etait une bra- ! —
apres plusieurs tours de charabre, vint au lit et vade. Deux demons, qui I'entendaient sans etre
mit les deux pieds dessus. Le pauvre homme vus, enleverent aussitot la moitie de Fribourg
en ce moment, balangant entre le choix d'une en Brisgaw et s'en allerent la poser sur le flanc
prompte retraite ou d'une attaque vigoureuse, d'une montagne de la vieille Helvetie. Telle —
prit le parti de se saisir du voleur pretendu. Ses est I'origine de Fribourg en Suisse
pieds, qui les premiers se presentent a lui, I'in- Frisson des cheveux. On disait autrefois,
triguent; mais il est bien plus surpris, lorsque dans certaines provinces que le frisson des che-
,

mettant sa main sur la face pointue de cet ani- veux annoncait la presence ou le passage d'un
mal il y trouve une grande barbe et plus haut
, , demon.
des cornes. Persuade alors que ce ne pouvait etre Front. Divination par les rides du front. C'est
que le diable, il sauta de son lit tout trouble, et la metoposcopie.
passa le reste de la nuit a genoux, en prieres et Cardan publia au seizieme siecle un traite de
dans une continuelle frayeur. Le jour, qui dissipa Mctoposcopie , dans lequel il fait connaitre au pu-
enfm les tenebres, fit voir a cet homme son pre- blic une foule de decouvertes curieuses. Le front,
tendu diable. dit-il est de toutes les parties du visage la plus
,

Frederic Barberousse. On en Alle- croit importante et la plus caracteristique un .physio- ;

magne qu'il n'est pas raort, mais endormi dans nomiste habile peut, sur I'inspection du front
un souterrain du vieux chateau de Kiffhausen, seul deviner les moindres nuances du caractere
,

devant une table de marbre, que sa barbe, qui d'un homme. En general, un front tres-eleve,
pousse toujours, a deja enveloppee de trois tours. avec un visage long et un men ton qui se termine
II apparait quelquefois sur sa montagne , et il en pointe, est I'indice de la nuilite des moyens.
est I'objet de beaucoup de legendes^ Un front tres-osseux annonce un naturel opi-
Frene. Cet arbre passe, dans le Nord, pour niatre et querelleur. Si ce front est aussi tres-

charnu, il de la grossierele. Un front


est le signe rieure, et sans rides dans sa moitie inferieure,
carre ,
avec un ceil franc sans effronterie
large , serait I'indicede quelque stupidite. Les rides ne
indique du courage uni a la sagesse. Un front ar- se prononcent qu'avec les annees. Mais avant de
rondi et saillant par le haut, qui descend ensuite paraitre, elles existent dans la conformation du
perpendiculairement sur I'oeil, et qui parait plus front le travail quelquefois les marque dans I'age
;

•large qu'eleve, annonce du jugement, de la me- tendre. II y a au front sept rides ou lignes prin-
moire de la vivacite mais un coeur froid. Des
, , cipales qui le traversent d'une tempo a I'autre,
rides obliques au front, surtout si elles se trou- La planete de Saturne preside a la premiere,
vent paralleles, annoncent un esprit soupQon- c'est-a-dire la plus haute ;
Jupiter preside a la
neux. Si ces rides paralleles sont presque droites seconde Mars preside a la troisieme le Soleil a
; ;

regulieres, pas tres-profondes , elles promettent la quatrieme Venus a la cinquieme Mercure a


; ;

du jugement, de la sagesse, un esprit net. Un la sixieme la Lune a la septieme qui est la der-
;
,

front qui serait bien ride dans sa moitie supe- niere , la plus basse et la plus voisine des sour-
* Voyez-en quelques - unes dans les Legendes de cils. Si ces lignes sont petites, tortueuses , faibles
V autre monde. ' Voyez les Legendes des esprits et demons.
;

FRO — 288 — FRO


elles annoncent un homme debile el dont la vie ment prononcee, elle contient de I'audace, de la

sera coiirle. Si elles sonl interrompues, brisees, colere de I'emportement. Quand la ligne da So-
,

inegales, elles ainenenl des maladies, des cha- leil manque tout a fait, c'est le signe de I'avarice.

grins, des miseres; egalement marquees, dispo- Rrisee et inegale, elle denote un bourru maus-
sees avec grace ou prononcees fortement, c'est sade et avare mais qui a de meilleurs moments.
,

d'une vie
I'indicc d'lin esprit juste et I'assiu'ance Fortement prononcee, elle annonce de la mode-
lougiie et heureuse. Remarquons cependant que du savoir-vivre un pen-
ration, de I'urbanite, ,

chez un homme a qui le travail ou des revers ont chant a magnificence. La ride de Venus forte-
la

sillonne le front de rides profondes, on ne peut ment prononcee est le signe d'un homme porte
plus tirer de ce signe les memes consequences aux plaisirs. Brisee et inegale, cette ride promet
des retours sur soi-meme. Si elle n'est presque
pas marquee, la complexion est froide. La ride

de Mercure bien prononcee donne de I'imagina-


tion, les inspirations poetiques, I'eloquence. Bri-
see, elle n'amene plus que de conversa-
I'esprit
tion, le ton de la societe. ne parait pas
Si elle
du tout, caractere nul. Enfin la ride de la Lune,
lorsqu'elle est tres-apparente, indique un tempe-
rament froid, melancolique. Inegale et brisee,
elle promet des moments de gaiele entremeles
de tristesse. Si elle manque tout a fait, c'est I'en-
jouement et la bonne humeur. L'homme qui a
une croix sur la ride de Mercure se consacrera
aux lettres et aux sciences. Deux lignes paralleles
et perpendiculaires sur le front annoncent qu'on
se mariera deux fois trois fois si ces hgnes sont
,

au nombre de trois, quatre fois si elles sont au


nombre de quatre, et toujours ainsi. Une figure
car alors ces lignes etant forcees, ce n'est plus qui aura la forme d'un C placee au haut du fi-ont
,

que de la Constance. O^iand la ligne de


I'indice sur la ligne de Saturne, annonce une grande me-
Saturne n'est pas marquee on peut s'atlendre a
, moire. Ce signe etait evident sur le front d'un
des malheurs que Ton s'atlirera par imprudence. jeune Corse dont parle Muret, qui pouvait rete-
au milieu du front, c'est une vie
Si elle se brise nir en un jour et repeter sans effort dix-huit
Prononcee fortement, c'est une heureuse
agitee. mille mots barbares qu'il n'entendait pas. Un C
memoire, une patience sage. La ride de Jupiter, sur la ligne de Mars presage la force du corps.
Ce signe etait remarquable sur le front du mare-
chal de Saxe, qui etait si robuste qu'il cassait
des barres de fer aussi aisement qu'un paysan
ordinaire casse une branche d'arbre ou un baton
de bois blanc. Un C sur la ligne de Venus promet
de mauvaises affaires. Un C sur la ligne de Mer-
cure annonce un esprit mal fait, un jugement
timbre. Un C entre les deux sourcils, au-des-
sous de la ride de la Lune, annonce un naturel
prompt a s'emporter, une humeur vindicative.
Les hommes qui portent cette figure sont ordi-
nairement des duellistes, des boxeurs. Les epoux
qui ont le front charge de ce signe se battent en
mena«ge...
Ces aphorismes sont bien hardis. Celui qui
aura enlre les deux sourcils, surla ligne de la
Lune, la figure d'un X, est expose a mourir au
champ d'honneur dans une grande balaille. Celui
quand elle est brisee ,
presage qu'on fera des sot- qui porte au milieu du front, sur la ligne du So-
pas marquee, esprit faible, in-
tises. Si elle n'est leil, une petite figure carree ou un triangle, fera
consequent, qui restera dans la mediocrite. Si fortune sans peine. Si ce signe est a droite, il

elle se prononce bien, on peut esperer les hon- promet une succession. S'il est a gauche, il an-
neurs et la fortune. La ligne de Mars brisee pro- nonce des biens mal acquis. Deux lignes partant
met un caractere inegal. Si elle ne parait point, du nez et se recourbant des deux cotes sur le
c'est un homme doux, timide el modeste. Forte- front, au-dessus des yeux, annoncent des proces.
,

FRO — 289 — FUM


a ces lignes sont an nombre de quatre et qii'elles Fruit defendu. Voy. Tabac, Pommk d'Adam,
p recourbent, deiix a deux sur le front, on pent etc.

praindre d'etre un jour prisonnier de guerre et Fruitier. Celui qui fait le fromage et le beurre
Me gemir captif sur un sol etranger... Les figures dans le Jura est le docteur du canton. On I'ap-
ondes sur la ligne de la Lune annoncent des pelle le fruitier ; il est sorcier, comme de juste.
naladies aux yeux. Si vous avez dans la partie La richesse publique est dans ses mains il peul ;

Jroite du front, sur la ligne de Mars, quelque a volonte faire avorter les fromages en accu- , et
igure qui ressemble a un V, vous aurez des ser les elements. Son autorite sufiit pour ouvrir
liumatismes. Si cette figure est au milieu du ou fermer en ce pays les sources du Pactole on ;

root, craignez la goutte. Si elle est a gauche, sent quelle consideration ce pouvoir doit lui don-
:oujours sur la ligne de Mars, vous pourrez bien ner, et quels menagements on a pour lui! Si vous
mourir d'une goutte remontee. La figure du ajoulez a cela qu'il est nourri dans I'abondance,
chiffre 3 sur la ligne de Saturne annonce des et qu'une moitie du jour il n'a rien a faire qu'a
:oups de baton sur la ligne de Jupiter, un em-
; songer au moyen d'accaparer encore plus de con-
ploi lucratif; sur la ligne de Mars, commande- fiance; qu'il voit tour a tour, en particulier, les
inenL d'un corps d'armee dans une bataille, mais personnes de chaque maison, qui viennent faire
!e commandant sera fait prisonnier dans le com- le beurre a la fruiterie; qu'il passe avec elles une
ibat. Sur la ligne du Soleil, ce signe annonce matinee tout entiere qu'il pent les faire jaser ;

Iquelque accident qui vous fera perdre le tiers sans peine, et par elles apprendre, sans meme
de votre fortune. Sur la ride de Venus, disgraces qu'elles s'en doutent, les plus intimes secrets de
lans le menage. Sur In ligne de Mercure, elle leurs families ou de leurs voisins ; si vous pesez
ait un avocat. Enfin sur la ligne de la Lune, la
, bien toutes ces circonstances vous ne serez point ,

igure du chiffre 3 annonce a celui qui la porte etonne d'apprendre qu'il est presque toujours sor-
lu'il mourra maiheureusement, s'il ne reprime cier, au moins devin qu'il est consulte quand on ;

sa passion pour le vol. La figure d'un V sur la a perdu quelque chose, qu'il predit I'avenir, qu'il
ligne de Mars annonce qu'on sera soldat et qu'on jouit enfin dans le canton d'un credit tres-grand,
mourra caporal. La figure d'un H sur la ligne du et que c'est I'homme qu'on apprehende le plus
Soleil ou sur
de Saturne est le presage qu'on
celle d'offenser
sera persecute pour des opinions politiques. La Fume-Bouche demon invoque nous ne sa-
, ,

Figure d'un P est le signe, partoul ou elle parait, vons a quel titredu sabbat.
, dans les litanies
d'un penchant a la gourmandise qui pourra faire- Fumee. Dans toutes les communes du Finis-
faire de grandes fautes. Nous terminerons ce petit tere, on voit a chaque pas, dit Cambry, des
traite par la revelation du signe le plus flatteur usages anterieurs a la religion catholique. Quand
:

c'est celui qui a une ressemblance plus ou moins un individu va cesser d'etre, on consulte la fu-
marquee avec la lettre M. En quelque partie du mee. S'eleve-t-elle avec facilite, le mourant doit
front, sur quelque ride que cette figure paraisse, habiter la demeure des bienheureux. Est-elle
elle annonce le bonheur, les talents, une con- epaisse, il descendre dans les antres du de-
doit
science calme, la paix du coeur, une heureuse sespoir, dans les cavernes de I'enfer. C'est —
aisance, Teslime generale et une bonne mort. une espece de proverbe en Angleterre que la
Toutes benedictions que je vous souhaite. fumee s'adresse toujours a la plus belle per-
Frothon. On lit dans Albert Krantz que Fro- sonne. Et quoique cette opinion ne semble avoir
Lhon, roi de Danemark, fut tue par une sorciere aucun fondement dans la nature elle est pour- ,

transformee en vache, Ce roi croyait a la magie tan t fort ancienne. Victorin et Casaubon en ont
et entretenait a sa cour une insigne sorciere qui fait la remarque, a I'occasion d'un personnage

prenait a son gre la forme des animaux. Elle d'Athenee, ou un parasite se depeint ainsi :

avait un fils aussi mechant qu'elle, avec qui elle Je suis toujours le premier arrive aux bonnes
((

deroba les tresors du roi et se retira ensuite.


, tables, d'oii quelques-uns se sont avises de m'ap-
Frothon, s'etant apergu du larcin et ayant appris peler soupe. II n'y a point de porte que je n'ouvre
que la sorciere et son fils s'etaient absentes, ne comme un belier; semblable a un fouet, je m'at-
douta plus qu'ils n'en fussent coupables. II re- tache a tout, et, comme la fumee, je me lie tou-
solut d'aller dans la maison de la vieille. La sor- jours a la plus belle » On dit en Champagne que

ciere ,
voyant entrer le roi chez elle eut recours
, lafumee du foyer, quand elle s'echappe, s'adresse
aussilot a son art, se changea en vache et son aux plus gourmands.
Ills en boeuf. Le roi s'etant baisse pour conlem- Fumee (Martin) , sieur de Genill^ ; il a public
pler la vache plus a son aise, pensant bien que comme traduit d'Athenagore, un roman dont il
c'etait la sorciere, la vache se rua avec irapetuo- est I'auteur, intitule Du vrai et parfait amour.
site sur lui et lui donna un si grand coup dans Tout insipide qu'est ce roman , Fumee trouva le
les flancs qu'elle le tua sur-le-champ
1 Lequinio, Voyage dans le Jura, t. II, p. 366.
2 Thomas Brown, Essai sur les erreurs, etc.,
' Leloyer, Des spectres, etc., p. -142. ch. XXII , p. 80.
49
,
:

FUM — 290 — GAB


moyen de le faire rechercher des adeptes alclii- ilI'a prouve par plusieurs tableaux la Dcscen ,

mistes, par diverses allusions, et surtout par un d'Odin au Nastrund ; Loek dieu des jours noir ,

passage curieux ou sons le voile de I'allegorie


,
ddvorant des victimes hnmaines, elc. Fusely avfi
11 peint la confection du grand oeuvre. Ce pas- taut de predilection pour son Thor eombaltant
sage, devena celebre chez les enfants de I'art, serpent, qu'il le presenta a I'Academie royak
se trouve a la de 1612,
page 3/t5 de I'edition comme son tableau d'admission. II etait embai;

moins rare que la premiere que dans YHar- , ainsi rasse quand il avait a peindre la beauLe tranquil

monie mystique de David Laigneau, Paris, 1636,


in-S".
Fumigations. Quelques doctes pensent que
les bonnes odeurs chassent les demons gens qui ,

puent et qui ne peuvent aimer, comme a dit une


grande sainte. Les exorcistes emploient diverses
fumigations pour chasser les demons les magi- ;

ciens les appellent egalement par des fumigations


de fougere et de verveine mais ce ne sont que ;

des ceremonies accessoires.


Funerailles. Voy. Deuil.
Furcas (le meme que Foveas). Voy. ce nom.
Furfur, comte aux enfers. II se fait voir sous
la forme d'un cerf avec une queue enllammee; ii

ne dit que des mensonges, a moins qn'il ne soil


enferme dans un triangle. II prend souvent la
figure d'un ange parle d'une voix rauque et en-
,

tretient I'union entre les maris et les femmes. II


fait tomber la foudre luire les eclairs et gronder
,
Furfur.
le tonnerre dans les lieux oh il en regoit I'ordre.

II repond sur les choses abstraites. Vingt-six le- ou les graces paisibles. Dans les sujets Chretiens
gions sont sous ses ordres'. il introduisait toujours Satan ou Lucifer. Songoft
Furies, diviniles infernales chez les anciens, pour les sujets effi'ayants etait si connu de se
minislres de la vengeance des dieux , et chargees confreres qu'ils I'avaieut surnomme le peintr
d'executer les sentences des juges de I'enfer. ordinaire du diahle. 11 en riait lui-meme en cau
Fusely (Henri) , celebre artiste anglais. II res- sant avpc eux. — C'est vrai, disait-il, le diabl
semblait un peu a nos peintres de I'ecole roman- a souvent pose pour moi , et si j 'avals pu le rendr
tique : il affectionnait les sujets hideux et sau- comme je I'ai vu, j'aurais surpasse Michel-Ange
vages. C'est pour cela, sans doute, qu'il aimait et vous seriez tous morts de peur et d'admira
beaucoup la mythologie barbare des Scandinaves tion.

— coo-

G
Gaap (autrement dit Tap). Voy. Tap. gaient
( Rome; apres quoi elle se tut, a ce qu
Gabinius ou Gabienus. Dans la guerre de disent Pline et Valere Maxime.
(

Sicile, entre Octave et Sextus Pompee, un des Si ce trait a quelque fondement, c'elait san
gens d'Octave, nomme Gabinius, ayant ete fait doute une fourberie executee au
( moyen d'un ven
prisonnier, eut la tele coupee. Un loup emporta triloque, et imaginee
1 pour relever le courage des
cette tete ; on I'arracha au loup, et sur le soir on troupes. Mais elle n'eut point de succes
1 Sextus
:

'

entendit ladite tele qui vse plaignait et demandait Pompee, vaincu et sans ressource,
en s'enfuit
a parler a quelqu'un. On s'assembla autour ; alors Asie, oh
. il gens de Marc-Antoine
fut tue par les
la bouche -ie cette tete dit aux assistants qu'elle Gabino demon de I'espece de Kleudde il se
, ;

etait revenue des enfers pour reveler a Pompee montre le plus souvent sous la peau du cheval
:

des choses importantes. Pompee envoya aussilot sauvage, tres-redoute dans le pays de Vannes
i

uti de ses lieutenants, a qui le mort declara que Gabkar. Les Oricntaux croient a une ville fa
ledit Pompee serait vainqueur. La tete chanta buleuse appelee Gabkar, qu'ils disent situee dans
ensuite dans un poeme les malheurs qui mena- les deserts habites par les genies.
1 Wierus , in Pseudomonarchia deem. Gabriel (Gilles) a ecrit au dix-septieme
;

GAB — 291 — GAL


siecle on essai de la morale chrelienne comparee en presence du peuple, qui applauditavec trans-
1
I

a la morale dii diable Specinmia moralis c/iri-


: port. —
C'etait une singerie qu'on faisait pour
\sliance et moralis diaboHcoe in praxi. Bruxelles, balancer les miracles reels du christianisme.
1675, in-12. Galachide ou Garachide, pierre noiratre, a
I

Gabrielle. Dans le Vexin francais, le bourgeois laquelle des auteurs ont attribue plusieurs vertus
qui a quatre fllles et veut avoir un gargon nomme merveilleuses, celle entre autres de garantir celui
la derniere Gabrielle ; charms qu'il croit de na- qui la tenait des mouches et autres insectes.

i
ture a lui amener infailliblement un fils. Pour en faire epreuve, on frottait un homme de
Gabrielle d'Estrees, maitresse de Henri IV, miel pendant Fete et on lui faisait porter cette
,

i
morte en 1599. Elle cherchait a epouser le roi pierre dans la main droite quand cette epreuve :

et se trouvait logee dans la maison de Zamet, reussissait, on reconnaissait que la pierre etait

riche financier de ce temps. Comme elle se pro- veritable.On pretendait aussi qu'en la portant
menait dans les jardins, elle fut frappee d'une dans sa bouche, on decouvrait les secrets des
apoplexie foudroyante. On la porta chez sa tante, autres.
madarae de Sourdis. Elle eut une mauvaise nuit; Galanta, sorciere du seizieme siecle. Elle
le lendemain elle eprouva des convulsions qui la donna un jour une pomme a gouter a la fille du
firent devenir toute noire sa bouche se con- : Suisse de I'eglise du Saint-Esprit a Bayonne, qui

;
tourna, et elle expira horribleraeiit defiguree. On desirait avoir trois paniers de ces pommes. Cette
I
parla diversement de sa mort; plusieurs en char- fdle n'eut pas plutot mordu la pomme, qu'elle
gerentle diable; on publia qu'il i'avait etranglee tomba du haut mal ; et la force du malefice fut
et au fait il en etait bien capable. telle, qu'elle en fut tourmentee toute sa vie.
Gabrielle de P., auteur de VHistoire des fan- Aussitot qu'elle voyait la sorciere , les acces lui
tomes et des demons qui se sont montrds parmi prenaient tres-violemment : « ce qui a ete con-
Ics hommes, in-12, 1819, et du Demoniana, ou firme devant nos yeux, » comme dit Delancre.
Anecdotes sur les apparitions de demons, de lu- De nos on n'attribuerait peut-etre pas cela
jours,
tins etde spectres, in-18, 1820. au sortilege mais alors on poursuivit la sor-
;

Gaetch,fds de Touita, diea des morts chez ciere.


les Kamtschadales. Voij. Lizards. Galdarkraftigans, sorciers des Anglo-Saxons,
:
Gaffarel (Jacques), hebraisant et orientaliste, qui liaient ou deliaient par des chants magiques
ne aMannes en Provence en 1601, mort en 1681. appeles Galdra. Ce chant vient d'Odin.
Ses principaux ouvrages sont Mysteres secrets : Galien, Le plus grand medecin des temps
dela cahale divine, defend us contre les paradoxes passes apres Hippocrate. On lui attribue- un
dessophistes, Paris, 1625, m-lx°. Cvriosites inoines Traits des enchantements, et les medecins empi-
sur la sculpture talismanique des Persans, I'ho- riques ont souvent abuse de son nom.
roscope des patriarches et la Lecture des Etoiles. Galigai ( Leonora ) epouse du marechal
,

Paris, 1629, in-8°. Index de cahiers cabalis- d'Ancre Concino Concini qui fut tue par la po- ,

tiques dont s'est servi Jean' Pic de la Mirandole. pulace en 1617. On la crut sorciere; et en effet
Paris, 1651, in-S". Histoire universelle du monde elle s'occupait de sciences occultes et de charmes.
souterrain, contenant la description des plus beaux On publia que par ses malefices elle avait ensor-
antrcs et des plus rares qrottes, caves, voutes, ca- cele la reine; surtout lorsqu'on eut trouve chez
vernes et spelonques de la terre. Le prospectus de elle trois volumes pleins de caracteres magiques,
ce dernier ouvrage fut imprime a Paris, 1666, cinq rouleaux de velours destines a dominer les
in-folio de 8 feuillets il est tres-rare. Quant au
: esprits des grands, des amulettes qu'elle se met-
livre, il ne parut pas, a cause de la mort de I'au- tait au cou, des agnus que Ton prit pour des ta-
teur. On dit que c'etait un monument de folie et lismans, car elle melait les choses saintes aux
d'erudition. II voyait des grottes jusque dans abominations magiques, et une lettre que Leo-
I'homme, dont le corps presente mille cavites il ; nora avait ordonne d'ecrire a une sorciere nom-
parcourait les cavernes de I'enfer, du purgatoire mee Isabelle. II fut etabli au proces que
le mare-
et des limbes, etc. Ce savant avait ete bibliothe- chal et sa femme se servaient pour envouter
caire du cardinal de Richelieu. d'images de cire qu'ils gardaient dans de petits
Ga'ilan. Les Arabes appellent ainsi une es- cercueils ;
qu'ils consul taient des magiciens, des
pece de demon des forets qui tue les hommes astrologues et des sorciers ;
qu'ils en avaient fait
et lesanimaux. venir de Nancy pour des coqs aux de-
sacrifier
Gaillard (Francois). Voy. Coirieres. mons, et que dans ces ceremonies Galigai ne
Gaius, aveiigle gueri par un prodige, du temps mangeait que des cretes de coqs et des rognons
d'Antonin. Esculape I'avertit, dans un songe, de de belier qu'elle faisait charmer auparavant. Elle
venir devant son autel, de s'y prosterner, de pas- fut encore convaincue de s'etre fait exerciser par
ser ensuile de la droite a la gauche, de poser ses un certain Matthieu de Montanay, charlatan sor-
cinq doigts sur I'autel, de lever la main, et de la cier. Sur ses propres aveux, dit -on, elle eut la
mettre sur ses yeux. II ob^it et recouvra la vue tete tranchee en place de Greve a Paris et fut
, ,

19.
» !

GAL — 292 — GAL


brulee eii 1617. Cependant le president Coiirtin I teurs I'ont ecrit, mais dans I'apparlement du fis-
lui demandant par quel charme elle avail ensor- cal. Au bout de dix-huit mois, s'etant retracle,
cele la reine, elie repondit fieremenl : « Mon c'est-a-dire ayant renonce a sa conciliation de
sortilege a ete le poiivoir que les ames fortes ont Copernic et de la sainte Bible, seule question qui
sur les ames faibles. fut en cause, il s'en retourna dans sa patrie.
Galilee. Les proteslants ,
copies par les jan- Voici ce qu'il ecrivait en 1633, au P. Receneri,
senistes, ont beaiicoupdeclame centre la preten- son disciple : — « Le pape me croyait digne de son
due persecution qu'essuya Galilee a cause de ses estime. Je fus loge dans le delicieux palais de la
decouverles astronomiques On a fait fracas de ce . Trinite-du-Mont. Quand j'arrivai au saint-oflice,
qu'on appelle sa condamnation au tribunal de deux peres dominicains m'inviterent tres-honne-
I'inquisition romaine. Mais il est prouve, il est tement a faire mon apologie. J'ai ete oblige de
constant, il est avere, il est etabli, depuis long- retracter mon opinion en bon catholique. Pour
temps deja, qu'on en impose effrontement dans me punir, on m'a defendu les dialogues et con- ,

ces recits infideles : ce qui n'empeche pas les gedie apres cinq mois de sejour a Rome. Comme
ecrivailleurs de les repeter toujours, et les peintres la peste regnait a Florence, on m'a assure pour
ignorants de desbonorer leurs pinceaux par ces demeure le palais de mon meilleur ami, monsei-
mensonges. Galilee ne fut pas censure comme gneur Piccolomini, archeveque de Sienne; j'y ai
astronome, mais cumme mauvais theologien. II joui d'une pleine tranquillite. Aujourd'hui je suis
voulail expliquer la Bible. — Ses decouvertes, a a ma campagne d'Arcetre, oii je respire un air
I'appui du systeme de Copernic, ne lui eussent pur aupres de ma chere patrie » Neanmoins
pas fait plus d'ennemis qu'a cet autre savant. Ce les philosophes rebelles continueront a faire de
fut son entetement a vouloir concilier, a sa ma- Galilee une viclime de la superstition et du fana-
niere, la Bible et Copernic, qui le fit rechercher tisme. On citera le conte de Galilee en prison,
par I'inquisition. En meme temps que lui, vivaient ecrivant sur la muraille, autour d'un cercle, e

a Borne un grand nombre d'hommes celebres, et pur muove; « etpourtantelle tourne! » Comme
si
le saint-siege n'etait pas entoure d'ignorants. En si jamais on lui eut interdit d'avancer cela. On

1611, pendant son premier voyage dans la capi- consacrera cette malice absurde par la peinture
tale du monde cbretien Galilee fut admire et , et la gravure et on citera avec emphase la meme
;

comble d'honneurs par les cardinaux et les grands faussete malveillante illustree par les beaux vers
seigneurs auxquels il monlra ses decouvertes. de Louis Racine, dans le pueme de la Religion :
Lorsqu'il y retourna, en 1615, le cardinal Del- Tant il est difficile de deraciner une erreur pas-
monte lui traga le cercle savant dans lequel il sionnee Dans tout cela, nous ne jugeons pas le
!

devait se renfermer. Mais son ardeur et sa vanite systeme de Galilee, sur lequel il n'est pas impos-
I'emporterent. « Ilexigeait, dit Guichardin, que sible que le dernier mot ne soit pas dit. On vient
le Pape et le saint-ofiice declarassent le systeme de retrouver les manuscrits de Galilee, que Ton
de Copernic fonde sur la Bible. » 11 ecrivit a ce avait dit brules par I'inquisilion. Que ne peut-on
sujet memoires sur memoires. Paul V, fatigue de retrouver, a I'usage des ennemis de I'Eglise, la
ses instances, accorda que cette controverse fut bonne foi
jugee dans une congregation. Malgre tout I'em- Gall (Jean-Joseph) ne vers 1775 dans le Wur-,

portement qu'y mit Galilee il ne fut point inte- , temberg, mortaMontrouge, pres Paris, en 1828,
resse dans le decret rendu par la congregation, inventeur d'une science qui juge le caractere et
qui declara seulement que le systeme de Coper- les dispositions des hommes sur I'inspection des
nic ne paraissait pas s'accorder avec les expres- protuberances du crane. Cette science etait chez
sions de la Bible. Avant son depart, il eut une lui le resultat de longues etudes sur un grand
audience tres-gracieuse du Pape et Bellarmin se ; nombre de cranes d'hommes et d'animaux. On
borna, sans lui interdire aucune hypothese aslro- I'appelle cranologie et phrenologie. Comme Gall
nomique, a lui interdire ses pretentions tbeolo- est mort apres cinq jours d'idiotisme, ou il ne
giques. put temoigner d'aucun sentiment religieux, on
Quinze ans apres, en 1632, sous le pontiiicat i'a et on a jelc cette
accuse de materialisme ;

d'Urbain VIU Galilee imprima ses celebres dia-


, meme un peu aventureux.
injure a son systeme,
logues Delle due massime systeme del mondo, avec Nous ne voyons pas cependant, comme quel-
une permission et une approbation supposees. ques-uns Font dit, que la cranologie consacre le
Personne ne reclama. II fit reparaitre ses me- materialisme, ni qu'elle consolide les funestes
moires ecrits en 1616, ou il s'efforqait d'eriger principes de la fatalite. Nous sommes persuade
la rotation du globe sur son axe en question de au contraire que les dispositions pretendues in-
doyme. Ses bravades le firent citer a Rome. 11 y nees se modifient par I'education religieuse, sur-
arriva le 3 fevrier 1633.
II ne fut point loge a tout par rapport aux moeurs. Dans les arts on dit
I'inquisition mais au palais de I'envoye de Tos-
, bien que le genie est inne : c'est peut-etre vrai
cane. Un mois apres, il fut mis, non dans les — en par tie seulement, car il n'y a pas de genie
prisons de I'inquisition, comme tant de men- — ^ Bergier, Did. de theologie, au mot Scienxes.
,,

GAL — 293 — GAL


brut qui ait produit des chefs-d'oeuvre. Les hommes qui, des leur tendre jeunesse, ont eu
grands poetes et les grands peinlres ne sont un penchant decide pour tel art ou telle science.
pourtant devenus grands qu'a force de travail. La plupart des grands peintres et des poeles dis-
Le genie, a dit BufTon, c'est la patience; et So- tingues se sont livres aux beaux-arts par cetle
crate, ne vicieux, est devenu homme de bien. inclination et sont devenus fameux quelquefois
Avant Gall et Spurzheim, son eleve, les vieux malgre leurs parents. Ces dispositions peuvent
physiologistes n'avaient jete que des idees vagues etre developpees et perfectionnees par I'educa-
sur la cranologie, ou cranoscopie, ou phrenolo- tion mais elle n'en donne pas le germe, car les
;

gie, qui est I'art de juger les hoinmes au moral premiers indices de ces talents commencent a se
montrer quand les enfants ne sont pas encore
propres a une education proprement dite.
Dans le regne animal, toutes les especes ont
des inclinations qui leur sont particulieres la :

cruaute du tigre, I'industrie du castor, I'adresse


de I'elephant, sont dans chaque individu de ces
especes, sauf quelques variations accidentelles.
L'homme n'est pas ainsi restreint dans une spe-
cialite.

De meme done qu'il y a des dispositions in-


nees, de meme il existe autant d'organes ras-
sembles et places uns pres des autres dans le
les
cerveau, qui est mobile des fonctions supe-
le

rieures de la vie. Ces organes s'expriment sur la


surface du cerveau par des protuberances. Plus
ces protuberances sont grandes, plus on doit
s'atlendre a de grandes dispositions. Ces organes
exprimes a la surface du cerveau produisent ne- ,

cessairement des protuberances a la surface exte-


rieure du crane enveloppe du cerveau depuis sa
,

premiere existence dans le sein maternel. Cette


these au reste n'est applicable qu'aux cerveaux
sains en general les maladies pouvant faire des
,

exceptions. Mais il ne faut pas, comme a fait


par la conformation du crane et ses protube- Gall, I'appliquer aux vertus et aux vices, qui se-
rances. Gall et Spurzheinn en firent un systerae raient sans merite si les bosses du crane les don-

qui, a son apparition, divisa le public en deux naient. Ce admettre une fatalite materielle.
serait
I camps, comme c'est I'usage les uns admirerent ;
S'il est vrai qu'un voleur ait la protuberance du

j
et applaudirent les autres douterent et firent de
;
vol c'est son mauvais penchant qui peu a peu
,
,

I'opposition. Peu a peu on reconnut des verites a fait croitre la protuberance en agissant sur le
dans les inductions cranologiques des deux Alle- cerveau. Mais la protuberance anterieure n'est
mands. Le systeme devint une science; la mede- pas vraie.
cine legale y recourut; aujourd'hui il y a des Voici une notice rapide de tout ce systeme :

chaires de cranologie, et peut-etre que cette L'instinct de propagation se manifeste par deux
science, dont on avait commence par rire, de- eminences placees derriere I'oreille immediate-
viendra un auxiliaire de procedure criminelle.
la ment au-dessus du cou. Cet organe est plus for-
On a soutenu frequemment que I'ame a son tement developpe chez les males que chez les
siege dans le cerveau. Dans toute I'echelle de la femelles. V amour des enfants est dans la plus
creation la masse du cerveau et des nerfs aug-
, elroite union avec ces organes. Aussi la protube-
mente en raison de la capacite pour une educa- rance qui le donne est-elle placee aupres de celle
tion plus elevee. La gradation pour ne parler ,
qui indique l'instinct de la propagation. Elle s'an-
ici que materiellement, a lieu jusqu'a I'homme, nonce par deux eminences sensibles derriere la
qui parmi tous les etres crees roi de la crea-
, , tete, au-dessus de la nuque, a I'endroit ou se
tion est susceptible du plus haut degre d'enno-
, termine la fosse du cou. Elle est plus forte chez
blissement, et a qui Dieu a donne le cerveau le les femelles que chez les males et si on com- ;

plus parfait et proportionnellement le plus grand. pare les cranes des animaux, on le trouvera plus
II y a dans certains animaux cerlaines disposi- prononce dans celui du singe que dans tout autre.
tions innees. II y a immensement de ces disposi- L'organe de Vamilie et de la fidelile est plac^
tions dans Thomme, que
peut-etre on n'aurait dans la proximite de celui des enfants il se pre- ;

jamais du comparer a ce qui n'a pas comme lui sente des deux cotes par deux protuberances ar-
la raison. L'histoire nous offre plusieurs grands rondies, dirigees vers I'oreille. On le trouve dans
,

GAL — 294 — GAL


dans le barbet et le basset.
les chiens, surtout migrations. II est tres-sensible au crane de la ci-

L'organe de VImmeur querelleuse se manifeste de gogne. C'est par la disposition de cet organe que
chaque cole par une protuberance demi-globu- la cigogne retrouve I'endroit ou elle s'esl arretee

laire, derrierc et aii-dessus de I'oreille. On le I'annee precedenle, et que, comme I'hirondelle,


trouve bien prononce chez les duellistes. L'or- elle balit tous les ans son nid sur la meme che-
gane du meurtre s'annonce de chaque cote par minee. L'organe du sens des couleurs forme de
une protuberance placee au-dessns de l'organe chaque cote une protuberance au milieu de I'arc
de I'humeur querelleuse, en se rapprochant vers des sourcils, immediatement a cole du sens des
les tempes. On le trouve chez les animaux car- lieux. Lorsqu'il est porte a un haul degre, il
nivores et chez les assassins. L'organe de la ruse forme une voute parliculiere. C'est pour cela que
|

est indique de chaque cote par une eminence qui les peintres ont toujours le visage plus jovial,
s'eieve au-dessus du conduit exterieur de I'ouie, plus rejoui, que les autres hommes, parce que
entre les tempes et l'organe du meurtre. On le leurs sourcils sont plus arques vers le haul. Get
rencontre chez les fripons, chez les hypocrites, organe donne la manie des tleurs et le penchant
chez les gens dissimules. On le voit aussi chez a rejouir I'oeil par la diversite des couleurs qu'elles
de sages generaux, d'habiles ministres et chez offrent. S'il est lie avec l'organe du sens des
des auteurs de romans ou de comedies, qui con- lieux, il forme le paysagiste. II parait que ce
duisent finement les intrigues de leurs fictions. sens manque aux animaux et que leur sensibi- ,

L'organe du vol se manifeste de chaque cole par lite a regard de certaines couleurs ne provient
une protuberance placee au haul de la tempe, ((ue de I'irritation des yeux. L'organe du sens des
de maniere a former un triangle avec le coin de nombres est place egalement au-dessus de la ca-
I'oeil et le has de I'oreille. On le remarque dans vite des yeux, a cote du sens des couleurs, dans
les voleurs et dans quelques animaux. II est tres- Tangle exterieur de I'os des yeux. Quandil existe
prononce au crane de la pie. L'organe des arts a un haul degre, il s'eieve vers les tempes un
forme une voCile arrondie a cole de I'os frontal gonflement qui donne a la tete une apparence
au-dessous de l'organe du vol; il est proeminent carree. Cet organe est fortement exprime sur un
sur les cranes de Raphael de Michel-Ange et de buste de Newton, et, en general, il est visible
,

Rubens. L'organe des tons et de la musique s'ex- chez les grands mathematiciens. II est ordinaire-
prime par une protuberance a chaque angle du ment lie aux teles des aslronomes avec l'organe
front, au-dessous de l'organe des arts. On trouve du sens des lieux. L'organe de la mimoire a son
ces deux protuberances aux cranes du perroquet, siege au-dessus de la partie superieure el posle-
de la pivoine, du corbeau et de tous les oiseaux rieure de la cavile des yeux. 11 presse les yeux
males chantants on ne les rencontre ni chez les en bas et en avant. Beaucoup de comediens ce-
;

oiseaux et les animaux a qui ce sens manque, ni lebres onl les yeux saillanls par la disposition de
meme chez les hommes qui entendent la musique cet organe. Le sens de la meditation se manifeste
avec repugnance. Get organe est d'une grandeur par un renllement du crane, environ un demi-
sensible chez les grands musiciens, tels que Mo- pouce sous le bord superieur du front. On le
zart, Gluck, Haydn, Viotti, Roieldieu, Rossini, trouve au buste de Socrate el a plusieurs pen-
Meyerbeer, etc. L'organe de Veducalion se mani- seurs. L'organe de la sagacite se manifeste par
feste par une protuberance au bas du front, sur un renflemenl oblong au milieu du front. L'or-
la racine du nez, entre les deux sourcils. Les gane de la/o/re de I'esprit se manifeste par deux
animaux qui onl le crane droit depuis I'occiput protuberances demi-circulaires, placees au-des-
,

jusqu'aux yeux, comme le blaireau, sont inca- sous du renflemenl de la meditation et separees
pables d'aucune education el cet organe se de- par l'organe de la sagacite. On le trouve dans
;

veloppe de plus en plus dans le renard, le levrier, Lesage, Boileau, Cervantes, etc. L'organe de la
le caniche, I'elephant et I'orang-outang, donl le bonhomie se manifesto par une elevation oblongue
crane approche un peu des teles humaines mal partant de la courbure du front vers le sommet

organisees. L'organe du sens des lieux se mani- de la tete, au-dessus de l'organe de la sagacite.
feste exlerieurement par deux protuberances pla- On le trouve au mouton au chevreuil et a plu-
,

cees au-dessus de la racine du nez, a I'os inte- sieurs races de chiens. L'organe de la piet^ vraie
rieur des sourcils. II indique en general la capacite ou fausse se manifeste par un gonflement au-
de concevoir les distances , le penchant pour dessus de l'organe de la bonhomie. L'organe de
toutes les sciences et arts oii il faut observer, Von/tieil et de la Jiertc se manifeste par une pro-
mesurer et etablir des rapports d'espace par : tuberance ovale au haul de I'occiput. L'organe
exemple, le gout pour la geographie. Tous les de Vambition et de la vanile se manifeste par
voyageurs distingues ont cet organe, comme le deux protuberances placees au sommet de la tete
prouvent les busies de Cook, de Colomb et d'au- et separees par l'organe de la fierte. L'organe
tres. On le trouve aussi chez les animaux er- de la prudence se manifeste par deux protube-
rants. Les oiseaux de passage I'ont plus ou moins, rances placees a cole des protuberances de I'ani-
selon le terme plus ou moins eloigne de leurs bition, sur les angles posterieursdu crane. Enfin,
;

GAM — 295 — GAN

I'organe de la Constance et de ia fermete se ma- corps, ou de quelques plantes, et qui ont des
nifeste par une protuberance placee derriere la vertus merveilleuses; ainsi celles qui represen-
LeLe, au-dessous de I'organe de la fierle. tent du sang arretent les pertes, etc.

Ce systeme da docteur Gall a eu , comme on Gamoulis, esprits qui, selon les habitants du
I'a dit, de nombreux partisans, mais il n'a guere Kamtschatka, produisent les Eclairs, en se langant
eu moins d'ennerais. Quelques-uns I'ont compare dans leurs querelles les tisons a demi consumes

aux reveries de certains physionomistes, quoi- qui ont chauffe leurs huttes. Lorsqu'il tombe de
qu'il ait, en apparence du moins, un fondement la pluie, ce sont les Gamoulis qui rejettent le

moins chimerique. On a vu cent fois le grand superllu de la boisson.


liomme et Thomme ordinaire se ressembler par Gamygyn, grand marquis des enfers. C'est
les traits du visage, et jamais, dit-on, le crane un puissant demon. On le voit sous la forme d'un
i du genie ne ressemble a celui de Fidiot. Peut- petit cheval. Mais des qu'il prend celle d'un
'
etre le docteur Gall a-t-il voulu pousser trop loin homme il a une voix rauque et discourt sur les
,

sa doctrine, et on peut s'abuser en donnant des arts liberaux. II fait paraitre aussi devant I'exor-

regies invariables sur des choses qui ne sont pas ciste les ames qui ont peri dans la mer, et celles

toujours constantes, Un savant de nos jours a qui souffrent dans cette par tie du purgatoire qui
soulenu, contre le sentiment du docteur Gall, estappelee Cartagra ( c'est-a-dire affliction des
que les inclinations innees n'existaient pas dans ames). II repond clairement a toutes les ques-

les protuberances du crane, puisqu'il dependrait tions qu'on lui fait il reste aupres de I'exorciste
;

alors du bon plaisir des sages-femmes de de- jusqu'a ce qu'il ait execute tout ce qu'on lui
former les enfants, et de les modeler, des leur ordonne; cependant la-bas, trente legions lui
naissance, en idiots ou en genies; mais le doc- sont soumises *.
teur Gall trouve cette objection risible parce ,
Gandillon (Pierre), sorcier de la Franche-
([ue, quand meme on enfoncerait le crane par Comte, qui fut brule vers 1610, pour avoir couru
exemple a un endroit oii se trouve un organe la nuit en forme de lievre ^.
precieux, cet organe comprime se retablirait Gandreid sorte de magie en usage chez les
,

pcu a peu de lui-meme, et parce que le cer- Islandais, laquelle magie donne la faculte de voya-

veau resiste a toute pression exterieure par ger dans les airs; elle est, dit-on, d'inveniion
I'elasticite des tendres filets, et qu'aussi long- nouvelle quoique le nom en soit connu depuis
,

temps qu'il n'a pas ete ecrase ou totalement de- des temps recules. Mais on attribuait autrefois les
truit, il fait une repression suffisante. Cependant cavalcades aeriennes au diable et a de certains
Blumenbach ecrit que les Caraibes pressent le esprits. Les Islandais pretendent aujourd'hui que
ce sont des sorcieres montees sur des cotes de
I

i
crane de leurs enfants avec une certaine ma-
chine et donnent a la tete la forme propre a ce
,
cheval et des tibias, en guise de manche a balais,

peuple. Les naturalistes placent aussi les qualites qui se promenent par les airs. Les sorcieres de
de non dans les protuberances, mais
I'esprit, basse Saxe et du duche de Brunswick se mettent
dans conformation du crane, et plusieurs pre-
la a calif ourchon sur la meme monture et tous les ;

tendent qu'un soufflet ou une pression au crane autres ossements qui se trouvent dans la cam-
de Corneille venant de naitre en eut pu faire un pagne se pulverisent a I'approche de I'un de ces
imbecile. On voit d'ailleurs des gens qui perdent cavaliers nocturnes. L'art de preparer leur equi-

la raison ou la memoire par un coup regu a la page consiste dans une courroie d'une espece de
tete.Au surplus, le docteur Fodere parle, dans cuir qu'ils appellent Gandreid- Jaum, sur laquelle

sa MMecine legate, de voleurs et de fous sur le ils impriment leurs runes ou caracteres ma-
crane desquels on n'a point remarque les protu- giques
berances du vol ni celles de la folie. Ajoutons Ganelon. Voy. Guinefort.
I
que le crane de Napoleon I" avait des bosses qui Ganga-Gramma demon , femelle que les In-

out fort intrigue les phrenologistes. diens craignent beaucoup, et par consequent
j

1
Gamahe ou Camaieu, espece de talisman qui auquel rendent de grands honneurs. II a une
ils

consiste dans des images ou des caracteres na- seule tete et quatre bras; il tient dans la main

turellement graves sur certaines pierres, aux- gauche une petite jatte, et dans la droite une
quels la superstition a fait attribuer de grandes fourchette a trois pointes. On le mene en pro-
vertus, parce qu'elle les croit produits par I'in- cession sur un char avec beaucoup de pompe

fluence des esprits. Gaffarel dit qu' Albert le Grand quelquefois il se trouve des fanatiques qui se font

avait une de ces pierres, sur laquelle etait un ecraser par devotion sous ses roues. Les boucs
serpent qui possedait cette admirable vertu d'at- sont les victimes ordinaires qu'on lui immole,
tirer les autres serpents lorsqu'on la plagait dans Dans les maladies ou dans quelque autre danger,
le lieu oil ils venaient. D'autres pierres, ajoute- il se trouve des Indiens qui font vceu, s'ils en
t-il, guerissent les morsures et chassent les ve- 1 Wierus, De prcest. deem., p. 926.
nins.Georges Agricola rapporte qu'on voit des 2 M. Garinet, Hist, de la magie en France, p. 166.
Gamahes de la forme de quelques parties du 3 Voyage en Islande, traduit du danois, etc., 1802.
GAN — 296 — GAR
recliappent, de praliqueren I'honneiir de Ganga- Garcia (Marie), femme de Madrileschos, pres
Gramnia la ceremonie suivaule. On leur enfonce de Toledo, qui, ayant mange une orange qu'une
dans la peau du dos des crochets, par le moyen autre femme lui avait donnee, devint possedee
desquels on les eleve en I'air; la ils font quel- et flit tourmentee sept ans par une legion de de-
ques tours d'adresse, comme des entrechats, en mons. Elle flit exorcisee enfln; le demon qui la
presence des spectateurs. II se Irouve des fetnmes dominait, soinme de dire son nom repondit ,

simples et credules, a qui Ton persuade que cette qu'il s'appelait Asmodee, et qu'il etait loge chez
ceremonie est agreable a Ganga- Gramma, et cettefemme avec plusieurs autres. On leur de-
manda un signe de leur soumission; ils repondirent
que la veille ils avaientenleve quelques pieces de
monnaie d'argent chez la soeur du pretre qui les
forcait a sortir, parce que cette femme, ne les
ayant pas retrouvees, les avait donnees au diable.
On signifia aux demons de rapporter immediale-
ment ces pieces; aussitot la possedee tendit le
cou et les vomit.
Ces faits eurent lieu le oc- U
tobre 1609, devant une foule d'assistants.
Garde des troupeaux. Voy. Troupeaux.
Gardemain (Marie). Voy. Glocester.
Gargantua, heros populaire de taille gigan-
tesque, dont legende ne s'accorde pas avec le
la

roman de Rabelais. Quoique son histoire ne soit


qu'un conte bleu, on montre aux environs d'Ai-
gues-Mortes la vieille tour de Gargantua; et on
n'ose en approcher la nuit, de peur d'etre happe
par un bras de vingt-cinq metres,
Gargouille. « Que vous dire de la gargouille
qu'ellene cause aucune douleur. Lorsqu'elles la de Rouen? II est certain que tous les ans le cha-
sentent, il n'est plus temps de s'en dedire, elles pitre metropolilain de cette ville presentait au
sont deja en I'air, et les cris des assistants etouf- parlement, jour de I'Ascension, un criminel
le
fenl leurs plaintes. line sorte de penitence, tou- qui obtenait sa grace, en I'honneur de saint Re-
jours en I'honneur du meme demon, consiste a main et de la gargouille. La tradition porlait
se laisser passer une ficelle dans la chair, et a qu'a I'epoque ou saint Roinain occupait le siege
danser pendant que d'autres personnes tirent episcopal de Rouen, un dragon, embusque a quel-
celte ficelle. La nuit qui suit la fete de Ganga- que distance de la ville, s'elangait sur les pas-
Gramma, on kii sacrifie un buffle dont on re- sants et les devorait. C'est ce dragon qu'on ap-
cueille le sang dans un vase; on le place devant pelle la gargouille. Saint Romain, accompagne
I'idole, et Ton assure que le lendemain il se trouve d'un criminel condamne a mort, alia attaquer le
vide. Des auteurs disent qu'autrefois, au lieu d'un monstre jusque dans sa caverne; il I'enchaiiia et
bufile, on immolait une viclime humaine. le conduisit sur la place publique, ou il fut brule,

Ganguy (Simone), dite la petite mere, sor- a la grande satisfaction des diocesains'. » On a
ciere, amie de Madeleine Bavent. 11 ne parait pas conteste cette legende en niant les dragons, dont
qu'elle ait ete brCilee. les geologues actuels reconnaissent pourtant que
Ganipotes, loups-garons de la Saintonge. I'existence a ete reelle. II se pent toutefois que
Voij. Lycanthropie. ce dragon soit une allegorie, Des historiens
ici

Ganna, devineresse germaine; elle avait suc- rapporlent que, du temps de saint Romain, la
cede a Velleda elle fit un voyage a Rome, ou
; ville de Rouen fut menacee d'une inondation;

elle regut de grands honneurs de Domitien', que ce saint prelat eut le bonheur de I'arreter
Gantiere, sorciere. En 1582, le paiiement par ses soins et par ses prieres. Voila I'explica-
de Paris confirma la sentence de mort du bailli tion toute simple du miracle de la gargouille. Ce
de la Ferte centre la femme Gantiere. Elle avouait mot, dans notre vieille langue, signifie irruption,
que la Lofarde I'avait transportee au sabbat; que l)ouillonnement de I'eau, Des savants auront
le diable I'avait marquee; qu'il etait vetu d'un rendu le mot hydra par celui de dragon.
habit jaune qu'il lui avait donne huit sous pour
;
Garibaut (Jeanne), sorciere, Voy. Grenier et
payer sa taille; mais que, de retour dans son lo- Pierre Labourant,
gis, elle ne les avait plus trouves dans son mou- Garinet(Jules), auteur de V Histoire de la ma-
choir. gie cn France, Paris, 1818, in-8". On trouve a la
Garandier, demon invoque dans les litanies tete de cet ouvrage curieux une description du
du sabbat, sabbat, une dissertation sur les demons, un dis-
* Tacite, Annales, 55. 1 M, Salgues, Des erreurs, t. Ill, p. 370.
GAR — 297 — GAU
cours sur les siiperslitions qui se rattachent a la Gastrocnemie ,
pays imaginaire dont parle
inagie chez les anciens et chez les modernes. Liicien, oii les enfants etaient portes dans le gras
Beaucoiip de fails inleressants meriteraient a ce de la jambe; ils en etaient extraits au moyen
livre line nouvelle edition ; mais raiiteiir, fort d'une incision.
jeune lorsqu'ii le publia, liii a donne iine teinte Gastromancie ou Garosmancie, divination
philosophique et pen morale que son esprit eleve qui se pratiquait en plagant entre pUisieurs bou-
et ses vastes etudes doivent lui faire desapprou- gies allumees des vases de verre ronds et pleins
ver aujourd'hui. Une nouvelle edition serai t done d'eau claire; apres avoir invoque et interroge
recherchee. les demons a voix basse , on faisait regarder
Garnier (Gilles), loup-garou, condamne a attentivetnent la superficie de ces vases par un
Dole, sous Louis Xlll, comme
ayant devore plu- jeune gargon ou par une jeune femme; puis on
sieurs enfants. On le son corps, re-
brula vif, et lisait la reponse sur des images tracees par la

duit en cendres, fut disperse au vent. Henri Ca- refraction de la luraiere dans les verres. Ca-
mus, docteur en droit et conseiller du roi, exposa gliostro employait cette divination.
que « Gilles Garnier avait pris dans une vigne Une autre espece de gastromancie se prati-
une jeune fille de dix ans, I'avait tuee et occise, remuer les
quait par le devin qui repondait sans
I'avait trainee jusqu'au bois de la Serre, el que, levres, en sorle qu'on croyait entendre une voix
non content d'en manger, il en avait apporte a aerienne. Le nom de cette divination signifie di-
sa femme; qu'un autre jour etant en forme de vination par le ventre; aussi, pour I'exercer, il

loup (Iraveslissemenl horrible qu'il prenait sans faut etre ventriloque, ou possede, on sorcier.
doute pour sa cbasse), il avait egaleinent lue et Dans le dernier cas, on a Hume des flambeaux
devore un jeune gargon, a une lieue deDole, autour de quelques verres d'eau limpide, puis on
enlre Gredisans et Monolee qu'en sa forme ; agile I'eau en invoquant un esprit qui ne tarde
d'homme (.1 non de loup il avait pris un autre pas a repondre d'une voix grele dans le ventre
jeune gargon de I'age de douze a treize ans, et du sorcier en fonction. Les charlatans tronvant
qu'il I'avait emporte dans le bois pour I'etran- dans les moindres choses des moyens surs d'en
gler...^ )) G'est sans doute le meme que Ger- imposer au peuple et de reussir dans leurs four-
mar. beries, la ventriloquie doit etre pour eux d'un
Garniza. Voij. Eleazar. grand avanlage. Un marchand de Lyon, etant un
Garosmancie. Voy. Gastromancie. jour a la campagne avec son valet, entendit une
Garuda, oiseau fabuleux qu'on represenle voix qui lui ordonnait, de la part du ciel, de
souvent avec la tete d'un beau jeune homme, un donner une partie de ses biens aux pauvres et ,

collier blanc et le corps d'un aigle. 11 sert de de recompenser son serviteur. II obeit et re-
monture a Wishnou, comme I'aigle servait de garda comme miraculeuses les paroles qui sor-
laient du ventre de son domestique. On savait
si peu autrefois ce que c'etait qu'un ventri-
loque, que les plus grands personnages atlri-
buaienl toujours ce talent a la presence des
demons. Photius, patriarche de Constantinople,
dit dans une de ses lettres « On a enlendu :

le malin esprit parler dans le ventre d'une per-


sonne, et il merite bien d'avoir I'ordure pour
logis. »
Gateau des rois. La pari des absents quand ,

on partage le gateau des rois se garde precieu-


,

sement; dans certaines maisons superstitieuses,


elle indique I'etat de la sante de ces personnes
absentes par sa bonne conservation une mala- ;

die, par des laches ou des ruptures.


Gateau triangulaire de Saint-Loup. Les
personnes superstitieuses font ce gateau le 29 juil-
let, avant le lever du soleil; il est compose de

pure farine de froment, de seigle et d'orge pe- ,

vehicule a Jupiter. Les Indiens racontent qu'il trie avec trois oeufs el trois cuillerees de sel en ,

naquit d'un oeuf que sa mere Dili avait pondu et forme triangulaire. On le donne, par aumone, au
qu'ellecouva cinq ans. premier pauvre qu'on rencontre, pour rompre
Gaspard, demon qui servait Heliodore. Voyez les malefices.
ce mot. Gauchelin, pretre du onzieme siecle, qui eut
• M. Jules Garinet, Hist, de la magie en France, une vision celebre. C'etait une immense troupe
p. 129. de defunls faisant leur penitence et conduits par
;

GAU — 298 — GAY


des demons. Elle a ete conservee par Ordcric 1575, 3 vol. in-fol. On y trouve aussi un Elo(je

Vital de l'aslrolo(jie. On attribue a son frere Pompo-


Gaufridi (Louis-Jean-Baptisle) care de Mar- nius Gauric un livre dans lequel on traite de la
,

seille (|ui, infidele tomba dans le p/ii/siognomonie , de I'astrologie nutureUe, etc.


a ses devoirs, '

desordre et se fit sorcier vers la fin du seizieine mais il ne parait pas que cet ouvrage soil de
sifecle. On raconte que le diable lui apparuL iin Pomponius, il serait plutot de Luc. Le TraiU
jour, pendant qii'il lisait un livre de magie; ils astrologique de Luc Gauric^ est un livre assez
enlrerent en conversation et firent connaissance, curieux. Pour prouver la verite de I'aslrologie,
Le prelre se an diable par un pacte en re-
livra il dresse I'horoscope de tous les personnages
gie, a condition qu'il lui donnerait le pouvoir de ilkistres, dont
il a pu decouvrir I'heure de la
suborner et de seduire en soufflant au visage. naissance; demontre que tout ce qui leur est
il

Le diable y consentit d'aulant plus volontiers, arrive se trouvait predit dans leur horoscope, —
qu'il trouvait dans ce marche un double avan- comme si on n'y trouvait pas tout ce qu'on vent!
tage. L'apostat s'eprit de la lille d'un gentil- Gaurie, genie ou lutin que la superstition des
bomme, Madeleine de la PaUid, dont I'histoire villageois bas bretons croit voir danser autour
est devenue celebre. Mais bientot la demoiselle des amas de pierres, ou monuments druidiques,
effrayee se retira dans un couvent d'ursulines. designds dans la langue des anciens insulaires
Gaufridi furieux y envoya, disent les relations du par le mot chiorgaur, que Ton a traduit par
temps une legion de demons la sorcellerie du
, ; ceux-ci : chorea gigantuvi, ou danse des geants,
pretre fut prouvee. Un arret du parlement de mais qu'il serait peut-etre plus exact d'entendre
Provence le condamna au feu, en avril 1611. chorea Gauriorum, danse des Gauries.
Gauric (Luc), astrologue napolitain, ne en Gauthier (Jean), alchimiste. Charles IX,
l/i76. Selon Mezeray et le president de Tbou, il trompe par ses promesses, lui fit donner, pour
annonga positivement que le roi Henri II serait faire de for, cent vingt mille livres, et I'adepte

tue dans un duel et mourrait d'une blessure a se mit a I'ouvrage. Mais apres avoir travaille huit
I'oeil ; ce qui fut vrai. Catherine de Medicis avait jours, il se sauva avec I'argent du monarque :

on courut a sa poursuite, on fattrapa, et il fut


pendu.
Gauthier, conspirateur ecossais. Voy. Wal-
TEK.
Gauthier de Bruges. On conte que ce cor-
delier, nonime eveque par le pape Nicolas III,
et depose par Clement V, appela a Dieu de cette
deposition et demanda qu'en I'inhumant on lui
mit son acte d'appel a la main. Quelque temps
apres sa mort, le pape Clement V, etant venu a
Poitiers, et se trouvant loge au couvent des cor-
deliers, desira visiter les restes de celui qu'il
avait depose; on ajoute qu'il se fit ouvrir le
tombeau et qu'il fut effraye en voyant Gauthier
,

de Bruges agitant son acte d'appel d'une main


dessechee \ Conte imagine par les ennemis du
>>

Pape.
Gayot de Pitaval, Lyonnais, auteur de la

compilation des Causes celehrcs, ouvrage indi-


geste. Mort en 11 hi- Nous ne le citons que pour
faireremarquer I'esprit leger, mais hostile, dans
lequel, a propos de la possession de Loudun, il
a adrnis tous les mensonges de Saint-Aubin.
en Luc Gauric la confiance la plus entiere. Ben- Voy. ce nom.
tivoglio, seigneur de Bologne, le condamna a
cinq tours d'estrapade pour avoir eu la bar-
, ' Pomponii Gaurici Neapolitani tractatus de sijm-
diesse de lui predire qu'il serait chasse de ses metriis, iinearnentis et physiognonionia , ejusque spe-
vu ciebus, etc., Argentor., 4630, avec la Chiromancle
Etats; ce qui n'etait pas difficile a prevoir, la
de Jean Ab Indagine.
disposition des esprits qui detestaient ce sei- 2 LuccB Gaurici geophonensis episcopi civitatensis
gneur. Gauric mourut en 1558, age de quatre- tractalus astrologicus , in quo agitur de prceteritis
vingt-deux ans. On a de lui une Description de la multoruin hominum accidentibus per proprias eorum
genituras. ad unguem examinatis. Venetiis. In-4°,
sphere celeste, publiee dans ses oeuvres. Bale,
1532.
1Voyez cette vision dans les Legendes de I'autre ^ M. de Marchangy, Tristan le voijageur, ou la
monde. France au quatorzieme siecle, t. P"", ch. iv, p. 63.
GAZ — 299 —
Gazardiel, ange qui, selon leTalmud, pre- Baastrausee, pecheur de son metier, qui avait
side a rOrient , afin d'avoir soin que le soleil se huit pieds du Rhin de hauteur et qui pesait cinq
leve et de I'eveiller s'il ne se levait pas. cents livres. Pour la force nous citerons Milon
,

Gaze (Theodore de), proprietaire d'une ferme de Crotone, tant de fois vainqueur aux jeux Olym-
dans la Cainpanie, au seizieme siecle; il la fai- piques ce Suedois qui, sans armes, tua dix sol-
;

sait cultiver par im fermier. Comma ce bon- dats armes; ce Milanais qui portait un cheval
homme travaillait un jour dans un champ, il charge de ble; ce Barsabas qui, du temps de
decouvrit un vase rond ou etaient enfermees les Louis XIV, enlevait un cavalier avec son equipage
I cendres d'un mort. Aussitot il lui apparut un et sa rnonture; ces geants et ces hercules qu'on
spectre qui lui commanda de remettre en terre montre tous les jours au public. Mais la difference
le meme vase avec ce qu'il contenait, sinon qu'il qu'il y a entre eux et le resle des hommes est
ferait mourir son fds aine. Le fermier ne tint petite , si on compare leur taille reelle a la taille

compte de ces menaces, et peu de jours apres prodigieuse que les traditions donnent aux an-
son fils aine fut trouve mort dans son lit. Quel- cle ns geants.

que lemps plus tard le meme spectre lui appa- , Geber, roi des Indes et grand magicien , au-
rut, lui reiterant le meme commandement, et le quel on attribue un traite absurde du rapport
menaca de faire mourir son second fils. Le la- des sept planetes aux sept noms de Dieu, et
boureur avertit de tout cela Theodore de Gaze, quelques autres opuscules inconnus*.
qui vint lui-meme a sa metairie et fit remettre Gedi ,
pierre merveilleuse qui , dans I'opinion
le tout a sa place sachant bien\ dit Leloyer,
: des Getes, avait la vertu, lorsqu'on la trempait
I

I qu'il fait mauvais jouer avec les morts dans I'eau, de changer Fair et d'exciter des vents

Gazxel, demon charge de garde des tresors


la et des pluies orageuses. On ne connait plus la
souterrains, qu'il transporte d'un lieu a un autre forme de cette pierre.
pour les soustraire aux hommes. C'est lui qui Geilana,duchesse deFranconie, ay ant ordonne
ebranle les fondements des maisons et fait souf- le meurtre de saint Kilian fut, aussitot apres le
,

fler des vents accompagnes de flamraes. Quel- crime, possedee d'un demon.
quefois forme des danses qui disparaissent tout
il Geillis Duncane, sorciere anglaise qui gue-
a coup inspire la terreur par un grand bruit
; il rissait cerlaines maladies par I'aide d'un demon,
I

j
de cloches et de cloche ttes il ranime les cada- ;
comme elleledeclara. Le roi Jacques la fit arreter.
vres, mais pour un moment. Anarazel est son Geiralda, sorciere, Voy. Kalta.
compagnon. Gello ou Gilo c'etait une fille qui avait la
,

Geants. Les geants de la fable avaient le re- manie d'enlever les petits enfants. On dit meme
gard farouche et effrayant, de longs cheveux, que parfois elle les mangeait et qu'elle emporla ,

une grande barbe des jambes et des pieds de


,
un jour le petit empereur Maurice mais qu'elle ;

serpent, et quelques-uns cent bras et cinquante- ne put lui faire aucun mal parce qu'il avait sur
,

tetes. Horaere represente les Abides, geants re- lui des amulettes. Son fantome errait dans I'ile

marquables, comme etant d'une taille si prodi- de Lesbos, oii, comme elle etait jalouse de toutes
j

gieuse qu'a I'age de neuf ans ils avaient neuf les meres, elle faisait mourir dans leur sein les

coudees de grosseur, trente-six de hauteur, et enfants qu'elles portaient, un peu avant qu'ils
croissaient chaque annee d'une coudee de cir- fussent a terme ^ On voit que c'etait I'epouvan-
conference et d'un metre de haut. Les talmiidistes tail du sixieme siecle. Elle n'elait pas seule.

assurent qu'il y avait des geants dans I'arche. Gellons, compagnons de Gello en Grece. Ces
Comme ils y tenaient beaucoup de place, on fut esprits penetrent dans les appartements quoique

oblige, disent-ils, de faire sortir le rhinoceros, les portes en soient fermees et y enlevent les

qui suivit I'arche a la nage. Aux noces de Charles enfants. Foycz aussi Gi5lu des.

le Bel, roi de France, on vit une femme de Ze- Gellone (vallee de). Voy. Pie.
lande d'une taille extraordinaire, aupres de qui Geloscopie. Espece de divination qui se tire
les hommes les plus hauts paraissaient des en- du rire. On pretend acquerir ainsi la con-
fants elle etait si forte, qu'elle enlevait de chaque
;
naissance du caractere d'une personne et de ,

main deux tonneaux de biere, et portait aisement ses penchants bons ou mauvais. Un rire franc

hull hommes sur une poutre *. 11 est certain qu'il n'annonce certainement pas une ame fausse, et
y a eu de tout temps des hommes d'une taille on pent se defler quelquefois d'un rire force.
et d'une force au-dessus de I'ordinaire. On troava Voy. Physiognomonie.
au Mexique des os d'hommes trois fois aussi Geludes, sorcieres-vampires de I'Orient. Saint

grands que nous, et, dit-on, dans I'ile de Crete Jean Damascene parle de ces monstres qui en-
un cadavre de quarante-cinq pieds... Hector de traient dans les maisons maigre serrures et ver-

Boece dit avoir vu les restes d'un honnne qui


1 Naude, Apologie pour tous les grands person-
avait quatorze pieds. En 1693,
y avait a Le-il
nages soupQonnes de magie, ch. xiv, p. 360.
kerke un homme assez maigre, nomme Guerrit ^ Delrio, Disquisitions magiques; Wierus, De
1 Jonsthoni thaumatographia. prcest., p. 466.
;

GEM — 300 —
roiis ,
sugaient le sang des enfants ou les eiile- I'auteur du mal que, pour gouverner le cours
;

vaient pour manger leur foie. Mais il cile ces du soleil des etoiles et des planetes, il a cre6
,

propos comtne croyances erronees. une multitude innombrable de genies, qui ont
Gematrie. C'est une des divisions de la cabale ete qui sont et seront toujours bons et bienfai-
,

chez les Juifs. Elle consisle a prendre les leltres sants; qu'il crea I'homme indifferemment avec
d'un mot hebren pour des cliiOVes ou nombres tous les autres anin)aux, et que i'homme n'avait
arithmeliques, et a expliqucr chaque mot par la que des pattes comme les chiens; que la paix el
valeur arithmetique des lettres qui le composent. la Concorde regnerenl sur la terre pendant pUi-

Selon d'autres, c'est une interpretation qui se fait sieurs siecles, et qu'il ne s'y commettail aucun
par la transposition des lettres. desordre que mallieureusement un genie prit
;

Gemma (Cornelius), savant professeur de I'espece humaine en affection, lui donna des
Louvain, auteur d'un livre intitule Des carac.tet es mains, et que voila I'origine et I'epoque du mal.
divins et des clioses admirabk's \ public a Anvers, L'hoinme alors se procura des forces arlificielles,
chez Christophe Plantin, architypographe du roi se fabriqua des amies attaqua les autres ani- ,

1575, in-12. C'est un tableau des merveilles de maux, lit des ouvrages surprenants; et I'adresse
la nature dont I'auteur a profondement saisi la de ses mains le rendit orgueilleux; I'orgueil lui
marche etle but. II y a des reflexions admirables, inspira le desir de la propriete et la vanite de
exprimees avec un langage de sentiment qui posseder certaines choses a I'exclusion des autres;
louche autant qu'il instruit le lecteur. les querelles et les guerres commencerent ; la
Generation. I/oy. Enfants. victoire des lyrans et des esclaves, des riches
fit

Gengues, devins japonais qui font profession et des pauvres. 11 est vrai, ajoutent les borbo-
de decouvrir les choses cachees et de retrouver rites, que si I'homme n'avait jamais eu que des
les choses perdues. lis habilent des huttes per- pattes, il n'aurait pas bati des villes, ni des pa-
chees sur le sommet des niontagnes et sont tous lais, ni des vaisseaux ;
qu'il n'aurait pas courules
extremement laids. 11 leur est permis de se ma- mers; qu'il n'aurait pas invente I'ecriture, ni
rier, mais seulement avec des femmes de leur compose des livres ; et qu'ainsi les connaissances
caste et de leur secte. Un voyageur pretend que de son esprit ne se seraient point etendues. Mais
le signe caracteristique de ces devins est une aussi il n'aurait eprouve que les maux physiques
corne qui leur pousse sur la tele. II ajoute qu'ils et corporels, qui ne sont pas comparables a ceux
sont tous vendus au diable qui leur souffle leurs d'une ame agitee par I'ambition, I'orgueil, I'ava-
oracles; quand leur bail est fini, le diable leur rice, par les inquietudes et les soins qu'on se
ordonne de I'attendre sur une certaine roche. A donne pour elever une famille et par la crainte ,

midi, ou plus souvent vers le soir, il passe au de I'opprobre, du deshonneur, de la miscre et


milieu de I'assemblee; sa presence cause une des chatiments. Aristote observe que Thomme
vive emotion. Une force irresistible entraine alors n'est pas superieur aux animaux parce qu'il a
ces malheureux, qui sont precipiles a sa suite et une main, mais qu'il a une main parce qu'il est
ne reparaissent plus superieur aux animaux.
Geniane, pierre fabuleuse a laquelle on attri- Les Arabes ne croient pas qu'Adam ait ete le
buait la vertu de chagriner les ennemis de ceux premier etre raisonnable qui ait habile la terre,
qui la portaienl. On pouvait de (res-loin, en frot- mais seulement le pere de tous les hommes ac-
lant sa pierre, vexer de toute fagon les amis tuellement existants. lis pensenl que la terre
dont on avail a se plaindre, et se vengersans se etait peuplee avant la creation d'Adam par des
compromettre. Les doctes n'indiquent pas ou se etres d'une espece superieure a la noire que ;

Irouve cette pierre curieuse. dans la composition de ces etres, crees de Dieu
Genies. La tradition des anges, parvenue comme nous, il entrait plus de feu divin et moins
alteree chez les paiens, en a fait des genies. de limon. Ces etres, qui ont habile la terre pen-
Chacun avait son genie. Un magicien d'Egypte dant plusieurs milliers de .siecles, sont les genies,
avertit Marc-Antoine que son genie etait vaincu qui ensuite furent renvoyes dans une region par-
par celui d'Octave; et Antoine intimide se retira liculiere, mais d'ou il n'est pas impossible de les
vers Cleopatre^ Neron, dans Britannicus, dit en evoqaer et de les voir parailre encore quelque-
parlant de sa mere :
fois, par la force des paroles magiques el des
talismans. II y a deux sortes de genies, ajoutent-
Mon genie etonne tremble devant le sien.
iis, ou genies bienfaisants, et les dives,
les peris,

Les borborites, heretiques des premiers siecles ou genies malfaisants. Gian-ben-gian, du nom de
de I'Eglise, enseignaient que Dieu ne pent etre qui ils furent appeles ginnes ou genies, est le
plus fameux de leurs rois. Le Ginnistan est un
^ De naturcB divinis char act er i smis sen raris et
,
pays de delices et de merveilles, ou ils ont ete
admirandis spectactdis, causis, indiciis, jyroprietatibus
relegues par Taymural, I'un des plus anciens rois
rerum in partibus singulis universi libri II, auctore
Cornelio Gemma, etc.
de Perse, Ce sont encore la des vestiges alteres
- Plutarque , Vie de Marc-Antoine. de I'ancienne tradition.
; .

GEN — 301 — GER


Les Chinois ont des genies qui president aux procede que celui du marc de cafe. Selon d'autres
eaux aux montagnes et chacun d'eux est honore
, ; docteurs, la geomancie se pratique tantot en
par des sacrifices solennels. — Voy. Fees, Anges, traganl par lerre ou sur un globe des lignes et des
EspRiTs, etc. cercles, sur lesquels on veut deviner ce qu'on a
Genirade, niedecin materialiste, amide saint
Augustin et tres-connu a Carthage pour sa grande
capacite. II doutait qu'il y eut un autre monde

que celui-ci. Mais una nuit il vit en songe un


jeune homme qui lui dit Suivez-moi. II le : — —
suivit et se trouva dans une viile oil il entendit
une melodie admirable. Une autre fois il vit le
merae jeune homme qui lui dit — Me connais- :

sez-vous? — Fort bien, — Et lui repondit-il. d'oia


me connaissez-vous — Gerinade raconla ce
? lui
qu'il avaitlui voir dans ou
fait la ville il I'avait
conduit. Le jeune homme ajouta — Est-ce en :

songe ou que vous avez vu tout


eveille — cela ?
C'est en songe, repondit medecin. Le jeune le
homme — Ou a present votre corps? —
dit : est
Dans mon lit. —
Savez-vous bien que vous ne
voyez rien a present des yeux du corps? Je —
le sais. —
Quels sont done les yeux par lesquels envie d'apprendre tantot en faisantau hasard, par
;

vous me voyez?... Comme le medecin hesitait terre ou sur le papier, plusieurs points sans gar-
et ne savait que repondre, le jeune homme lui der aucun ordre; les figures que le hasard forme
dit encore : —
De meme que vous me voyez et alors fondent un jugement sur I'avenir; tantot
m'entendez, a present que vos yeux sont fermes enfin en observant les fentes et les crevasses qui
et vos sens engourdis, ainsi apres votre mort se font naturellement a la surface de la terre,
vous vivrez, vous verrez vous enlendrez, mais , d'ou sortent, dit -on, des exhalaisons propheti-
des yeux de I'esprit. Ne doutez done plus. — ques, comme de I'antre de Delphes.
Genirade conclut que si I'ame pouvait voyager Gerard. C'est le nom, a ce qu'on croit, de
ainsi dans le sommeil, elle n'etait done pas liee I'architecte qui entreprit la somptueuse basilique
a la matiere ; et il se convertit. de Cologne. Plusieurs traditions se rattachent a
Gennadius patriarche de Constantinople. Al-
,
cet immense edifice. Selon les unes, le diable en
lant a son eglise, il rencontra un spectre hideux, aurait fait le plan et I'aurait offert a Gerard,
II reconnut que c'etait le diable, le conjura et moyeunant un pacte qui lui eut livre son ame.
entendit une voix qui lui dit : — Je t'avertis, L'architecte aurait d'une main saisi le plan, et
Gennadius, que durant ta vie je ne pourrai nuire de I'autre, armee d'une relique de sainte Ursule,
plus que toi a I'Eglise grecque; mais apres ta il aurait mis le diable en fuite. Mais en se retirant

mort je la ruinerai. Le patriarche se mit a — violemment le diable avait arrache du plan la


genoux, pria pour son Eglise, et mourut peu portion la plus importante ce qui fit que le mo-
;

apres'. Ceci se passait tandis que Mahomet II nument n'a pu etre acheve. Selon d'autres tra-
faisait laeonquele de I'erapire. ditions, Gerard avance dans I'erection de sa
etait
Geoffroi d'Iden, chevalier du treizieme siecle, cathedrale au point oh nous la voyons lorsqu'il ,

qui ful tue dans une guerre injuste au diocese paria orgueilleusement avec le diable qu'il au-
de
Macon, et qui revint, deux mois apres, reclamer rait acheve sa grande tour avant que lui, Satan,
des prieres. II se montra deux fois a deux eut termine le grand aqueduc de Treves a Co-
per-
sonnes differentes, portant encore saignante logne, qu'il avait entrepris. Mais le diable gagna
renorme blessure qui lui avait donne la mort le pari, et Gerard humilie se precipita du haut de
et il obtint ce qu'il demandait, sa tour, dont personne jusqu'ici n'a entrepris
dont Ces faits,
touie la contree ne put douter, sont rapportes I'achevement.
par Pierre Venerable ^
le Gerard le Diable,
garnement du treizieme
Geomancie ou Geomance, divination par la siecle, enfant de grande maison a Gand. La si-
terre. Elle consiste a jefer une nistre histoire de ce possede de son fils Gerard
poignee de pous- ,

siere ou de terre au hasard sur


une table, pour le Maure et de la tour rouge est etablie dans les

juger des eveneraents futurs par les lignes Legendes infernales


et les
figures qui en resullent c'est a peu pres Gerardine (Rose) pauvre femme de la Lor-
le meme : ,

Leloyer, Histoire des spectres


1
raine qui fut arretee comme sorciere en 1856.
et apparitions des
espnls, p. 270. Elle confessa qu'on I'avait emmenee au sabbat
2 Voyez cette histoire dans les Legendes de I'autre malgre elle, qu'on I'avait cruellement battue
trionde (legendes du purgatoirej. parce qu'elle se refusait a faire le mal qui lui
;

GER — 302 — GHI

etait prescrit ; el elle montrail les traces des Prexliac en Gascogne, qui confessa vers 1608
plaies qti'elle avait regues. Elle ne fut pas punie. que, lorsqu'une sorciere revenant du sabbal etait
Gerbert. Voy. Sylvestrf. II. tuee dans le chemin, le diable avait I'habitude
Gereahs. Les habitants de Ceylan croient les de prendre sa figure et de la faire reparaUre et
,

planeles occupees par des esprits qui sont les mourir dans son logis pour la tenir en bonne re-
arbitres de leur sort. lis leur attribuent le pou- putation. Mais si celui qui I'a tuee a quelque
voir de rendre leurs favoris heureux en depit bougie ou chandelle de cire sur lui, et qu'il en
des demons. lis forment autant d'images d'argile fasse une croix sur la mprte, le dialjle ne pent,
appelees Gereahs qu'ils supposent d'esprits mal malgre toute sa puissance la tirer de la et par , ,

disposes; ils leiirdonnentdes figures monstrueuses consequent est force de I'y laisser *.
et les honorent en mangeant et buvant le festin ; Gervais archeveque de Reims, mort en 1067,
,

est accompagne de tambours et de danses jus- dont on conte cette aventure. Un chevalier nor-
qu'au point du jour: les images sont jelees alors mand qui le connaissait, voulant,pour le besoin
sur les grands chemins, on elles regoivent les de son ame, aller a Rome visiter les tombeaux
coups et epuisent la colere des demons malin- des saints apotres, passa par Reims, ou il de-
tenlionnes. manda a I'archeveque sa benediction ,
puis il

Germanicus, general romain qui fut empoi- reprit son chemin, dont il s'etait ecarte. II arriva
sonne par Plancine. On ne dit pas si ce fut par a Rome et fit ses oraisons. 11 voulut ensuite aller
des parfums ou par un poison plus direct, on par au mont Saint-Ange. Dans son chemin, il ren-
des malefices; mais ce qui est certain, dit Tacite, contra un ermite qui lui demanda s'il connaissait
c'est que Ton trouva dans sa demeure des osse- Gervais, archevfique de Reims; a quoi le voya-
ments et des cendres de morls arraches aux tom- geur repondit qu'il le connaissait. — Gervais est
beaux, et le nom de Germanicus ecrit sur une mort, reprit Termite. —
Lc Normand demeura
lame de plomb qu'on avait devouee a I'enfer'. stupefait; il pria Tinconnu de lui dire comment
Germar (Gilles), infame coquin, ne a Lyon il savait cette nouvelle. L'ermite lui repondit,
et arrete a Dole pour ses crimes a travers les , qu'ayant passe la nuit en priere dans sa cellule,
guerres de la reforme. II avoua, sans y etre con- ilavait entendu le bruit d'une foule de gens qui
traint, qu'un jour, habille en loup-garou, il avait, marchaient le long de son corridor en faisant
dans le bois de la Serre pres de Dole etrangle ,
beaucoup de bruit qu'il avait ouvert sa fenetre,
;

une jeune fille et qu'apres avoir mange la chair et demande ou ils allaient que I'un d'eux lui ;

de ses bras et de ses jambes, il en avait porte a avait repondu Nous sommes les anges de Sa-
:

sa femme qui partageait ses gouts; qu'un mois tan; nous venons de Reims. Nous emportions
apres il avait sous la ineme forme de loup-ga-
, I'ame de Gervais mais a cause de ses bonnes
;

rou, tue une jeune fille pour la manger pareille- ceuvres, on vient de nous I'enlever, ce qui nous
ment, mais qii'il en avait ete einpechee par I'ar- fache rudement. Le pelerin remarqua le temps
rivee de trois persovmes a I'aspect desquelles il
, et le jour ou il avait appris tout cela, etde retour
s'etait enfui; que quinze jours plus tard, dans la a Reims, il trouva que I'archeveque Gervais etait

vigne de Gredisans, il avait tue un enfant et en mort a la meme heure ^.


avait mange aussi la chair des bras et des jambes Geyseric, demoniaque goth, dont Fame fut
enfin que, cette fois en sa forme d'homrae et non emportee par le diable en enfer apres que son
plus en loup-garou, il avait tue un enfant de douze corps eut creve, comme ceux de Bucer et d'Arius,
a treize ans dans le bois de Perouze et qu'il se pendant qu'il etait au lit
disposait a le manger lorsqu'on I'avait arrete. Ghilcul ou Gilgoul. Chez les Juifs modernes
Get anlhropophage fut condamne au feu^, c'est la melempsycose ou transmigration des
Geroldseck I'un des vieux manoirs des bords
, ames en d'autres corps, doctrine recue dans quel-
du Rhin. Sous ses ruines sont ensevelis Wittich ,
ques-unes de leurs sectes. Selon une do leurs
Siegfried et d'autres chevaliers bandits des plus traditions, le prophete Elie avait ete anparavant
mauvais jours du moyen age, attendant le juge- Phinees, fils d' Aaron.
ment dernier, Ghirardelli (Corneille), franciscain ne a ,

Gerson (Jean Charlier de) ,


chancelicr, pieux Bologne vers la fin du seizieme siecle. II eludia
et savant, de I'universite de Paris, mort en 1/|29, I'astrologie et la metoposcopie on connait de ;

auteur de VExamen des esprits, ou Ton trouve lui des discours astrologiques des almanachs ,

des regies pour discerner les fausses revelations comme celui de Matthieu Lsensberg, enfin la Ce-
des veritables auteur aussi de YAstrologie rr/or-
;
phalonie physionomique , avec cent tetes dessi-
mee, qui eut un grand succes. Nous ne parlous
pas ici de ses ouvrages de piete. 1
Delancre, Tahl. de I' inconstance des demons, etc.,

p. 455.
Gert (Berthomine de), sorciere de la ville de 2 Manuscrit de la bibliolheque imperiale, rapporte

^ Leloyer, Hisloire des spectres et apparitions des par Lenglet-Dufresnoy, Dissertations , t. I""".
3 Delancre, Tabl. del' inconstance des demons, etc.,
esprits, p. 370.
* Bodin, Demonomanie , liv. II. p. 5.
GHO — 30 GIR

neeset des jugements sur chaque figure, lesquels I'abbaye de Saint -Guislain I'epitaphe de Gilles
jugements sont renfermes en un sonnel rehausse de Chin ; mais elle a disparu avec la vieille
eglise *.
m-k°, 1630.
d'lin distique;
Gholes. La croyance aux vampires aux gho- , Gilles de Vailladoros. Voy. Vailladoros.
les, aux lamies, qui sont a peu pres le meme Gilo. Voy. Gello.
genre de spectres, est repandue de temps imme- Gimi ou Gimin, genies que les musulmans
morial chez les Arabes, chez les Perses, dans la croient d'une nature mitoyenne entre I'ange et
Grece moderne et dans tout I'Orient. Les Milk et I'homme. Ce sont nos esprits follets.
une Nuits et plusieurs autres contes arabes rou- Ginguerers, cinquieme tribu des geants ou
lent sur celte matiere et maintenant encore cette
, genies malfaisants chez les Orientaux.
terrible superstition porte I'epouvante dans plu- Ginnes, genies femelles chez les Persans, qui
sieurs contrees de la Grece moderne et de I'Ara- les disent maudiles par Salomon, et formees
bie. Les gholes sont du sexe feminin. On en cite d'un feu liquide et bouilionnant avant la creation
des histoires qui remontent jusqu'au dixieme de I'homme.
siecLe et meme jusqu'au regne d'Haroim al Ras- Ginnistan, pays imaginaire ou les genies mal-
chid. Elles mangent la chair humaine el boivent faisants font leur residence, selon les opinions
le sang, comme les loups-garous plutot que comme popuiaires des Persans. Voy. Genies.
les vampires, car elles n'ont pas toujours besoin Ginnungagap , nom de I'aWme, partie de
d'etre morles pour se livrer a leurs festins fu- I'enfer chez les Scandinaves.
nebres. Quand la chair vivante leur manque, Gioerninca-Vedur. Les Islandais appellent
elles vont dans les cimetieres deterrer les cada- de ce nom le pouvoir magique d'exciter des orages
vres frais. Ces traditions doivent etre fondees sur et des tempetes, et de faire perir des barques et
des faits sinistres. des batiments en mer. Cette idee superstitieuse
On voit aussi dans les contes orientaux une appartient autant a la magie moderne qu'a I'an-
espece de vampire qui ne peat conserver son cienne. Les ustensiles que les inities emploient
odieuse vie qu'en avalant de temps en temps le sont tres-simples par exemple une bajoue de
:

coeur d'un jeune homme : ces contes prouvent tete de poisson sur laquelle ils peignent ou .gra-
que les horribles idees du vampirisme sont an- vent differents caracteres magiques, entre autres
ciennesen Arable. la tete du dieu Thor, de qui ils ont emprunte cette

Ghoolee-Beenban, vampire, on lamie ou espece de magie. Le grand art consiste a n'em-


ghole. Les Afghans croient que chaque solilude, ployer qu'un ou deux caracteres, et tout leur se-
chaque desert de leur pays est habite par un cret est que les mots T/ior hafot ou hafut puis-
demon, qu'ils appellent le Ghoulee-Beenban ou sent etre lus devant eux ou en leur absence sans ,

le spectre de la solitude. lis designent souvent la etre compris de ceux qui ne sont pas admis a la
ferocite d'une tribu en disant qu'elle est sauvage connaissance de ces mysleres.
comme le demon du desert. Giourtasch, pierre mysterieuse que les Turcs
Giall, fleuve des enfers scandinaves; on le orientaux croient avoir regue de main en main
passe sur un pont appele Giallar. de leurs ancetres en remontant jusqu'a Japhet,
Gian-ben-Gian. Voy. Genies. fils de Noe, et qu'ils pretendent avoir la vertu de

Gibel, c'est I'Etna, montagne volcaniciue au leur procurer de la pluie cpand ils en ont besoin.
sommet de laquelle se trouve un cratere d'oul'on Girard (Jean-Bap liste) jesuite ne a Dole en
,

entend lorsqu'on prete I'oreille des gemissements 1680. Les ennemis de la societe de Jesus n'ont
et un bouillonnement effroyable. Les Grecs je- neglige aucun effort pour le presenter comme un
taient dans ce soupirail des vases d'or et d'argent, homme de scandale. lis Font accuse d'avoir se-
et regardaient comme un bon presage que la duit une fiUe nommee Catherine Cadiere, et sur
flamme ne les repoussatpas ;
ilspensaientapaiser ce theme ils ont bati tons les plus hideux ro-
par la les dieux de I'enfer, dont ils croyaient que mans. Cette fille, folle ou malade, sembla pos-
cette ouverture etait une des entrees sedee dans les idees du temps ou le fut peut-
Gilbert, demon dont parle Olaiis Magnus. 11 etre, et on dut I'enfermer aux Ursulines de Brest,

se montrait chez les Ostrogoths et il avait en- Sur quelques divagations qu'elle debita,un proces
chaine dans une caverne le savant Catillus, ne- fut intente par le parlement d'Aix. Mais toutes

cromancien suedois qui I'avait insulte ^ choses examinees et pesees il fallut se borner a ,

Gilles de Chin, chevalier celebre par sa force rendre Catherine Cadiere a sa famille. On ne put
et son courage est regarde comme le vainqueur
,
pas meme trouver moyen d'impliquer le pere
d'un dragon terrible qui desolait les environs de Girard dans cette affaire comme coupable, quoi-
Mons dans le Hainaut. On montre la tete du dra- qu'on eut ameute trois partis violents contre lui,
gon a rholel de ville de Mons, et on voyait a les jansenistes le parlement et les philosophes.
,

' Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des 1 Voyez riiisloire de Gilles de Chin , dans les Le-
esprits, p. 50. gendes des douze convives du diamine de Tours, nou-
2 Wierus, Deprmst., p. 466. veile edition.
,

GIR — 30/j — cm
— Ce qui n'a pas empeche les ecrivains anlireli- duchesse de Glocester, voulant la pcrdre, I'accu-
gieiixde faire revivre sur sjn comple des calom- serent d'etre sorciere. On pretendit qu'elle avait
nies condamnees. On a rassemble ces calomnies eu desentretiens secrets avec Roger Bolingbroke
en six gros volumes. L'avocat janseniste Francois soupgonne de necromancie, et Marie Gardemain,
Richer les a concentrees dans ses Causes celebres reputee sorciere. On declara que ces Irois per-
avec uneferocite haineuse qui fait peine. Freron,
dans I'Annee UUcraire 1772, t. II, p. 250, a pul-
verise, preuves enmain cet echafaudage d'odieux
,

mensonges. Ce qui n'a pas empeche une tele


obtuse dans son liel de les republier de nos jours
en une brochure in-S" intilulee Details hisloriques
sur Ic pare Girard,jesuite, et mademoiselle Cadiere
de Toulon, imprimee a Nimes, chez Ballivet et
Fabre, IShh- Au resume, la Cadiere etait une
coquine, le pere Girard un saint et ses calomnia-
leurs des faussaires ^
Girtanner, docteur de Goettingue qui a an-
nonce que, dans le dix-neuvienie siecle, lout le
monde aurait le secret de la transmutation des
metaux; que chaque chimiste saurait faire de La duclicssc de Glocester.
I'or; que les instruments de cuisine scraient d'or
et d'argent, ce qui contribuera beaucoup, dit-il, sonnes reunies avaient, a I'aide de ceremonies
a prolonger la vie, qui se trouve aujourd hui com- diaboliques, place sur un feu lent une elligie du
promise par lesoxydes de cuivre, de plomb et de roi faite en cire, dans I'idee que les forces de ce
fer que nous avalons avec notre nourrilure \ Les prince s'epuiseraient a mesure que la cire fon-
bons chimisles actuels partagenl cet avis. drail, et qu'a sa totale dissolution la vie de
Gitanos, mot espagnol, qui veut dire Egyp- Henri VI serait terminee. Cette accusation s'ac-
tiens. Voy. Bohemiens. credila sans Tons trois furent declares
peine.
Giwon, esprit japonais. Les habitants croient coupables, et ni rang ni I'innocence ne purent
le

qu'il veille particulierement a la conservation de les sauver. La duchesse fut condamnee a un


leur vie, et qu'il peut les preserver de tout acci- emprisonnement perpetuel Roger Bolingbroke
,

dent facheux, comme des chutes, des mauvaises pendu et Marie. Gardemain brulee dans Smith-
rencontres, des maladies et surtout de la petite field
verolc. Aussi ont-ils coulume de placer sur la Glubbdubdrib.lledessorciersdansles voyages
porte de leurs maisons I'image de Giwon. de Gulliver. Swift y fait des contes tres-piquants.
Glanvil cure anglican d'Abbey- Church a
, Gnomes, esprils elementaires amisde I'homme,
Bath, mort en 1680. On lui attribue un traite des composes des plus subtiles parties de la terre,

Visions et apparitions, in-8° Londres, 1700; dont ils habiLent les entrailles, selon les caba-

,

mais il est certainement auteur d'un ouvrage in- listes. La terre, disenl-ils, est presque jus-
titule Considerations philosophiques louchant I' exis- qu'au centre remplie de gnomes, gens de petite
tence des sorriers et la sorcellcrie,
1666, in-/j°.
Glaphyra, epouse d'Alexandre, decetef- fils

froyable Herode, qu'on a appele Herode le Grand.


Cette princesse, ayant perdu Alexandre, se maria
avec Archelai'is son beau-frere et mourut la
, ,

nuit meme de ses noces, I'imagination troublee


par la vision de son premier epoux, qui seniblait
lui reprocher ses secondes noces avec son frere

Glasialabolas. Voy. Caacrinolaas.


Gleditch. Voy. Hallucinations.
Glocester. Sous Henri VI les ennemis de la ,

Nous ajouterons avec regret que dans le tome IV


* ,

de sa Mystique, Giirres expose assez mal, pages 176


a 179, I'afTaire de la Cadiere; il est vrai qu'un pen
plus loin, page 182, il defend le pere Girard. II est
facheux qu'il n'ait pas lu la judicicuse dissertation de
Freron, que nous avons citee. stature, gardiens des tresors, des mines et des
2 Philosophie magiquc, t. VI, p. 383, citee dans pierreries. lis aiment les hommes, sont ingenieux
les Curiosites de la litteraturc, I. F'', p. 2G2. et faciles a gouverner. Ils fournissent aux caba-
3 Leloyer, Histoire des spectres et des apparitions
des esprits^ ch. xxiii, p. 436. 1 Goldsmith, Histoire d'Angleterre.
; ,

GNO — 305 — GOB


listes tout I'argent qui leur est necessaire et ne les bons genies des campagnes. S'ils sont irrites
demandent guere, pour prix de leurs services, cependant, ils entrent dans les maisons et chan-
que la gloire d'etre commandes. Les gnomides, gent les enfanls, meltant le fils d'un prince dans
leurs femmes, sont petites, mais agreables, et le berceau d'un Ills de mendiant et celui-ci dans

veLues d'une maniere fort curieuse^ Les gnomes le berceau royal.

vivent et meurent a peu pres comme les homines On demon d'Evreux que
appelait Gobelin ce
ils out des villes et se rassemblent en societes. saint Taurin expulsa, mais qui, ayant montre un
Les cabalistes pretendent que ces bruits qu'on respect particulier au saint exorciste, oblint la
entendait, au rapport d'Aristote, dans certaines permission de ne pas retourner en enfer, et con-
lies, ou pourtant on ne voyait personne, n'etaient tinua de hanter la ville sous diverses formes, a
autre chose que les rejouissances et les fetes de condition qu'il se contenterait de jouer des tours
noces de quelque gnome. Ils ont une ame mor- innocents aux bons Chretiens de I'Eure. Mais le
! telle ; mais ils peuvent se procurer rimmorlalile Gobelin d'Evreux semble s'etre ennuye de ses es-
j
en contractant des alliances avec les hommes. piegleries depuis quelques annees, el il a rompu

j
Voy. Lncubo, Cabalk, Pygmees, Nains, Gobe- son ban pour aller tourmenter les habitants de
lins, KoBOLD, etc. Caen. L'un de ces derniers hivers, les bourgeois
Gnostiques, heretiques qui admetlent une de la bonne ville de Guillaume le Balard furent
foule de genies producteurs de tout le monde. souvent effrayes de ses apparitions. II s'etait affu-
Leur no'm signifie illumines; ils I'avaient pris ble d'une armure blanche et se grandissait jus-
parce qu'ils se croyaient plus eclaires que les qu'a pouvoir regarder a travers les fenetres des
autres hommes. Ils parurent au premier et au elages les plus eleves. Un vieux general rencon-
deuxieme siecle, principalement dans TOrient. Ils tra ce diable importun dans une impasse et le
lionoraient, parmi les genies, ceux qu'ils croyaient defia mais Gobelin lui repondit
, Ce n'est pas : —
avoir rendu au genre humain
bons offices les les de que j'ai regu ma mission, ce n'est pas a
toi
plus importants. lis disaient que le genie qui toi que je dois en rendre coinple. Le general
avait appris aux hommes a manger le fruit de ayanl insiste six diables blancs de la meme taille
,

I'arbre de la science du bien el du mal avait fait sorlirent tout a coup de terre et le general jugea
,

pour nous quelque chose de tres-signale... lis prudent de batlre en relraite devant le nombre.
I'honoraient sous la figure qu'il avait prise, et Le journal du departement rendit justice a son
tenaient un serpent enferme dans une cage : lors- courage mais le general n'eut pas moins besoin
;

qu'ils celebraient leurs mysleres, ils ouvraient la de se faire saigner par le docleur Vastel. Voy. Lu-
cage et appelaient le serpent, qui montait sur tins, FOLLETS, KOBOLD, etC.
une table oii etaient les pains, et s'entortillait Gobineau de Montluisant, genlilhomme
alentour. C'est ce qu'ils appelaient leur eucharis- chartrain qui cherchait la pierre philosophale. II
tie... Les gnostiques, auxquels se rattachaient voyait toule la science hermetique exposee dans
les basilidiens, les ophites, les simoniens, les les sculptures qui decorent le portail de Nolre-
carpocra liens, etc., tenterent centre le Catholi- Dame de Le Pere eternel et les deux anges
Paris.
cisme de grands^efforts. Leur serpent, non plus qui sont aupres de lui represenlent, dit-il, le
que les autres, n'y put faire qu'user ses dents, Createur tirant du neant le souffre incombustible
Voy. Tv.TE DE BoPHOMET, EoNS , etc. et le mercure de vie figures par ces deux anges.
,

Goap, roi des demons de midi. On peut I'evo- Une figure a sous ses pieds un dragon volant qui
quer de trois heures du matin a midi , et de neuf mort sa queue elle n'est pas autre chose que
;

heures du soir a minuit^ la pierre philosophale, composee de deux sub-


Gobbino. Voy. Imagination. stances, la fixe et la volatile. La gueule du dra-
Gobelins, espece de lutins domestiques qui se gon denote le sel fixe qui, par sa siccite, devore
retirent dans les endroits caches de la maison, le volatile que designe la queue glissante de I'ani-
sous des tas de bois. On les nourrit des mets les mal. Une autre figure a sous ses pieds un chien
plus delicats ,
parce qu'ils apportent a leurs et une chienne qui s'entremordent. C'est encore
maitres du ble vole dans les greniers d'autrui. la lutle de I'humide et du sec, etc. Le savant
lis sont de I'espece des cobales. On dit que la abbe Leboeuf a vu ces figures avec d'aulres yeux.
manufacture des Gobelins a Paris doit son nom a La slalue qui foule aux pieds le dragon est Jesus-
quelques follels qui, dans I'origine, venaient tra- Christ vainqueur du demon; I'autre, qui a au-
vailler avec les ouvriers et leur apprendre a faire dessous d'elle un chien el une chienne, repre-
de beaux tapis. C'est d'eux, ajoute-t-on, qu'on sent le meme Jesus-Christ ecrasant le peche et
tient le secret des riches couleurs. I'heresie, etc.
Les Normands regardent les Gobelins comme Gobs, lutins ecossais du genre des Gobelins.
Gobes. On appelle gobes dans la cainpagne,

1 II y a apparence que ces contes de gnomes doi- des boules spheriques que Ton trouve quelque-
vent leur origine aux relations de quelques anciens
voyageurs en Laponie. fois dans I'estomac des animaux ruminants, et
^ Wierus, in Pseudomonarchia dcemon. qui sont formees de polls avales spontanement,
20
,

GOD — 306 — GOL


meles de foiirrages et aggliitines par les sues gas- qui so raillait des Croises et dii saint sepalcre,
triqiies. persuaderait diilicileinent a la plupart
On et qui ful emporle par le dial)le

des gens de la campagne que ces boules no sont Godwin, cointe de Kent. Voij. Emma.
pas I'effet d'lin sort Godwin, ecrivain anglais qui a publie la Vie
Godeslas, meunier dii diocese de Maestricht, des necromancicns , ou hisfoire des personnages

Goilcslas.

les plus celebres auxquels on a attribue, dans les nouissement au point du jour, loute joyeuse de
difTerents ages, une puissance surnaturelle. les avoir rcvus et ce qui est siugulier, c'est que
;

Goethe, auteur du drame de Faust, qui a fait la bonne qui gardait les enfants avait vu avec

un si grand bruit. M. Francois Hugo a demontre surprise leur mere assise en silence sur leur lit a
que le fond de ce poeme appartient a Marlowe, I'heure meme ou elle etait evanouie, a quatre
poete anglais anterieur a Goethe de deux siecles.
, lieues de la. La pauvre mere mourut ce meme

Goetie. La goetie est une phase de la magie, jour.


qui consiste a s'adresser aux esprits de rabime Goguis, demons de forme humaine qui ac-
pour se rendre favorables et arracher leurs
les compagnent les pelerins du Japon dans leurs
secrets par des enchantements, des formules mys- voyages, les font entrer dans une balance et les

terieuses, des conjurations, des amulettes et des contraignent de dire leurs peches. Si les pelerins
talismans. taisent une de leurs fautes dans cet examen, les

Quand on s'adresse aux puissances de la lu- diables font penclier la balance, de sorte qu'ils
miere, c'est la theurgie. ne peuvent eviter de tomber dans un precipice
II y a dans le magnetisme des faits qui tien- oil ils se rompent tous les membres''.

nent de la goetie et d'autres qui sont de la theur- Gohorry (Jacques) , ecrivain alchimiste assez
gie. — La goetie magie noire des temps
est la ignore.
antiques, et la theurgie leur magie blanche. Goitres. Les Arabes prelendent guerir cette
Goffe (Marie), femme de Rochester, qui se sen- infirmite avec des amulettes. Le docteur Aber-
tant mourir temoigna un ardent desir de revoir nethy, que Ton consultait sur la maniere de dis-
ses enfants, dont elle etait eloignee de quelques siper un goitre, repondit : « Je crois que le meil-
lieues. G'etait le 3 juin 1691. On lui fit com- leur topique serait de sifiler... n
prendre qu'elle ne pouvait etre transportee; ce Goldner. On lit dans la Chroniquc de Thorn,
qui I'affligea vivement. A deux heures du matin en Prusse, que le fils d'un marchand de cette
le h juin, elle eut une sorte d'extase qui la mit
aupres de ses enfants. Elle sortit de son eva- 1 Voyez son histoire dans les Ugendes infernales.
2 Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
* Salgues, Des erreur'i etdes prejuges j t. II, p. 14. esprits, ch. ii, p. 336.
;,

GOM — 30 7 — GOU

ville, nomme Goldner, avait un enfant obsede par ceux qui I'accompagnaient, et qui etaient eveil-
les, virent sorlir de sa bouche une bete blanche
iin esprit frappeur. Get esprit se montrait quel-

cf'iefois en forme de bouc, de chevreuil on semblable a une petite belette, qui s'en alia droit
d'autre animal, battait I'enfant et le tom-mentail a un ruisseau assez pres de la. Un homme d'armes,
la voyant monter et descendre le bord du ruis-
de plusieurs manieres; ce qui dura Irois mois de
I'annee 1665. seau pour trouver un passage, tira son epee et
Gomory, puissant due des cnfers ; il apparait en fit un petit pont sur lequel elle passa et courut
sous la forme d'une femme; il a une couronne plus loin... Peu apres, on la vit revenir, et le

ducale sur ta tete, et il est monle sur un cha- meme homme d'armes lui fit de nouveau un pont
de son epee. La bete passa une seconde fois et
s'en retourna a la bouche du dormeur, ou elle
rentra... II se reveilla alors et comme on lui ;

demandait s'il n'avait point reve pendant son


sommei! il repondit qu'il se trouvait fatigue et
,

pesant, ayantfait une longue course et passe deux


fois sur un pont de fer. Mais ce qui est plus mer-
veilleux, c'est qu'il alia par le chemin qu'avait
suivi la belette qu'il becha au pied d'une petite
;

colline et qu'il deterra un tresor que son ame


avait vu en songe. Le diable dit Wierus se sert , ,

souvent de ces machinations pour tromper les


hommes et leur faire croire que i'ame quoique ,

invisible est corporelle et meurt avec le corps


,

car beaucoup de gens ont cru que cetle bete


blanche etait I'ame de ce soldat, tandis que
c'elait une imposture du diable...

Goo, epreuve par le moyen de pilules de pa-


pier que les jammabos , fakirs du Japon, font
meau. II repond sur le present, le passe et I'ave- avaler aux personnes soupgonnees d'un vol ou
nir ; il fait decouvrir les tresors caches ; il com- de quelque autre delit. Ce papier est rempli de
mande a vingt-six legions ^ caracteres magiques et de representations d'oi-
Gonderic, roi des Vandales, qui fut, a I'exemple seaux noirs; le jammabos y met ordinairement
de Geyseric et de Bucer, eventre par le diable, et son cachet. Le peuple est persuade que si celui
dont I'ame, selon les chroniqueurs, fut conduite qui prend cette pilule est coupable, il ne pent la
en enfer ^ digerer et souffre cruellement jusqu'a ce qu'il
Gonin. Les Frangais d'autrefois donnaient le confesse son crime. Voy. Khomano-Goo.
nom de maitre gonin a leurs petits sorciers, Goodwin. Voxj. Parris.
Gcerres, auteur contemporain d'un tres-sa-
vant livre, qui a pourtant quelques erreurs La :

Mystique divine, naturelle et diaholique. Get ou-


vrage a ete traduit en frangais par M. Ch. Sainte-
Foi. 5 vol. in-8°, 1855.
Gorson , I'un des principaux demons roi de ,

rOccident; il est visible lematin a neuf heures ^


Gouffres.On en a souvent fait des objets d'ef-
froi. Sur une montagne voisine de Villefranche
on trouve trois gouffres ou etangs considera-
bles, qui sont toujours le theatre des orages; les
habitants du pays croient que le diable est au
fond, et qu'il ne faut qu'y jeter une pierre pour
qu'il s'eleve aussitot sur ces etangs une tempete.
charmeurs, escamoteurs et faiseurs de tours de
passe-passe*. Gougou. « Ghamplain a la fin de son pre-,

Gontran. Helinand conte qu'un soldat nomme mier voyage au Ganada, en 1603, raconte que
Gontran, de la suite de Henry, archeveque de ((proche de la baie des Chaleurs, tirant au sud,
» est une ile oii fait residence un monstre epou-
Reims, s'etant endormi en pleine campagne apres
le diner, comme il dormait la bouche ouverte, » vantable que les sauvages appellent Gougou. »

Le Canada avait son geant, comme le cap des


* Wierus, in Pseudomon. dcBmonum. Tempetes avait le sien. Homere est le veritable
2 Delancre, Tabl. de I'inconstance des demons, etc.,
pere de ces inventions; ce sont toujours les
p. 5.
^ Bodin, Demonomanie, p. 148. 1 Wierus, Pseudom. deem.; p. 931.

20.
!

GOU — 308 — GRA


Cyclopes ,
Charybde et Scylla ,
ogres on gou- de France croient qu'en se mettant un balai
gous » entre les jambes, elles sent transportees sans
Goul, espece de larves on sorcieres vampires graisse ni onguent. Celles d'ltalie ont toujours
qui repondent aux empuses des anciens. C'esl la un bouc a la porte pour les transporter.
rneme chose que ghole. Gralon. Voij. Is.
Goule (la grande). C'est un enorme dragon Grandier (Urbain). L'histoire de cet homme
que Ton promenait a Poitiers aux processions n'est guere connuc du public que par le livre du
des Rogations. On I'appelait la bonne sainte ver- calviniste Saint-Aubin, qui I'a ecrite sous le tilre
mine; ce qui est assez singulier; car elle repre- d'Hisloire des diahles de Loudun, et qui avait in-
sentail le demon, que la foi chretienne avail terct, dans I'esprit de sa secte, a travestir les
detrone. 11 en de la Chair Salee de
etait ainsi faits. Son livre, on le reconnait aujourd'hui,
Troyes, de de Metz, de la Gargouille
la Graouilli n'est qu'un pamphlet menleur et calomnieux.
de Rouen, du Dragon de saint Marcel a Paris, de Grandier malheureusement un pretre plus
etait

la Tarasque a Tarascon. dissipe, comme le disent les recits du temps, -que


Gouleho genie de la mort chez les habitants
,
sa condition ne le comportait. II avait done la un
des lies des Amis. 11 gouverne un royaume som- titre aux sympathies des ennemis de I'Eglise

bre ou se rendent les ames. romaine. 11 y avait depuis sept ans a Loudun
Gourmandise (la), peche capital, odieux au un couvent d'ursulines, que Grandier voulut se-
Ciel et a la terre, et qui envoie aux enfers beau- duire. II ensorcela les religieuses, comme on
coup de recrues. Elle a un autre effet, qui sulTi- disait alors; on dirait aujourd'hui il les magne-
rait peut-etre aux materialistes pour les faire hesi- tisa, au nioyen de fleurs charmees qu'il leur fit
terdevant elle: c'est qu'elle amene brusquenient parvenir; et ces saintes filles devinrent posse-
le triomphe de cet apre squelette que nous ap- dees et frenetiques. Les phenomenes que pro-
pelons la mort. duit le magnetisme sous nos yeux expliquent
Goyon. l ay. Matignon. bien des faits que les dissidents et les philoso-

Graa, sorle d'immortelle (plante) que les Is- phes ont traites d'absurdes, et qu'on ne peut
landais employaient autrefois a la magie, et qui plus revoquer en doute. Une procedure fut enta-
servait aussi a ecarter les sorciers. mee, suivie avec beaucoup d'ordre, de lenteur
Grains benits. On se sert encore dans les et de sagesse. Grandier, en prison', composait ou
campagnes (et celte coutume est desapprouvee fredonnait des chansons. 11 futcondamne a mort.
par I'Eglise comme de certains
superstitieuse) On s'est recrie centre cette sentence et on a
grains dits benits qui ont la propriete de delivrer gemi a propos de son execution. Mais le magne-
les possedes par I'attouchement d'eteindre les , tisme et les tables tournantes ont produit ou pro-
incendies et les embrasements, de garantir du duiront des crimes, qui seront, aussi bien que
tonnerre, d'apaiser les tempetes, de guerir la ceux de Grandier, du ressort des cours prevota-
peste, la lievre, la paralysie; de delivrer des les ou des cours d'assises. Voy. Loudun
scrupules, des inquietudes d'esprit, des lenta- Grando. Une legende citee par Gorres' parle
tions centre la foi , du desespoir, des magiciens d'un vampire nomme Grando, qui inquieta assez
et des sorciers ^. longtemps les habitants de la Carniole. On le
Grains de ble, divination du jour de Noel. trouva tout rouge, longlemps apres sa mort. Son
Dans plusieurs pays du Nord, on fait, le jour de visage fit les mouvements du rire lorsqu'on le

Noel, une ceremonie qui ne doit pas manquer decouvrit, et il bailla comme pour respirer I'air

d'apprendre au juste combien on aura de peine frais. On lui un crucifix


presenla aussitot il ;

a vivre dans le courant de I'annee. Les paysans versa des larmes. Apres qu'on eut prie pour le
surtoul pratiquent cette divination. On se ras- repos de son ame, on eut recours a I'expedient
semble aupres d'un grand feu, on fait rougir une qui delivre des vampires, on lui coupa la tele; il
plaque defer ronde, et, lorsqu'elle estbrulante, poussa un cri , se lourna et se tordit comme s'il

on y place douze grains de ble sur douze points eut ele vivant et remplit tout le cercueil de son
marques a la craie, auxquels on a donne les sang...
noms des douze mois de I'annee. Chaque grain Grange du diable. On voit encore a la ferme
qui brule annonce disette et cherte dans le mois d'Hamelghem, qui appartient a M. d'Hoogsvorth,
qu'il designe; et si tons les grains disparaissent, et qui est tenue par M. Sterckx, frere de I'arche-
c'est le signe assure d'une annee de miseres. veque de Malines, ferme dependante de la com-
Triste divination mune d'Osselt, enlre Meysse et Ophem, a une
Graisse des sorciers. On assure que le dia- bonne lieue de Vilvorde, a trois lieues de Bruxel-
ble se sert de graisse humaine pour ses male- les; en allant par Laeken, on voit, dis-je, dans
fices. Les sorcieres se frottent de celte graisse cette ferme une grange, qui passe pour la plus
pour aller au sabbat par la cheminee mais celles ;
' Voyez aussi l'histoire de Grandier, dans les Le-
1 Chateaubriand, Mcmoifes , tome II. gendes m
females.
2 Lebrun, Histoire dus superstilions , t. I", p. 397. ~ Livre V de sa Mystique, ch. xiv.
GRA 309 — GRA
vaste da pays, mais qui en est assiirement la qui manque a toutes ces granges. On en cite

plus reinarquable, et qu'on appelle la Grange da plusieurs qui sont fameuses


Diable {Duyvd's dak). Granson. Paul Diacre {Hist. Longoh.) raconte
II n'y a presque pasde province oii Ton ne ceci Deux seigneurs lombards, nommes Aldon
:

nionlre, dans quelqae ferme ecarlee, ane grange et Granson, ayant deplu a Cunibert, roi de Lorn-
mal famee qu'on appelle la Grange da diable. bardie, ce prince resolut de les faire mourir. 11
Par suite d'un pacle avec un paysan dans I'em- s'enlretenait de ce projet avec son favori, lors-
barras, c'est loujours le diable qui I'a batie en qu'une grosse mouche vint se planter sur son front
une nuit, et partout le chant du coq I'a fail fuir et le piqua vivement; Cunibert chassa I'insecte,
avant qa'il eul gagne son pari; car il y a un Irou qui revint a la charge, et qui I'importuna jusqu'a
qui n'est pas convert, ou qaelque autre chose le mettre dans une grande colere. Le favori,

ssiiiiiiiiiiii

Grandier Cn prison.

voyant son maitre irrite,ferma la fenetrepour em- monde de ses sifflements dans lesi tempetes.
le
pecher I'enneini de sortir et se mit a poursuivre Gratarole (Guillaume), medecin du seizieme
la nnouche ,
pendant que le roi tira son poignard siecle, mort en 1568. II est auteur d'un ouvrage
pour la tuer. Apres avoir sue bien longtemps, intitule Observations des differentes parties du
Cunibert joignit I'insecte fugitif, le frappa; mais corps de I'homme pour juger de ses faculty mo-
il ne lui coupa qu'une patte, et la mouche dispa- rales ^ Bale, 155^, in-8. II a compose aussi sur
ruL. — Au meme instant Aldon et Granson, qui I'Antechrist un ouvrage que nous ne connaissons
etaient ensemble, virent apparaitre devant eux pas; enfin, des traites sur I'alchimie et sur I'art

une espece d'homme qui semblait epuise de fa- de faire des almanachs.
tigue et qui avait une jambe de bois. Get homme Gratianne (Jeannette) habitante de Sibour
,

les avertit du projet du roi Cunibert, leur con- ou Siboro, au commencement du dix-septienie
seilia de fuir et s'evanouit tout aussitot. Les siecle. Accusee de sorcellerie a I'age de seize ans,
deux seigneurs rendirent graces a I'esprit de ce
1 Voyez la Grange du diable, dans les Legendes
qu'il faisait pour eux; apres quoi ils s'eloignerent
infernales.
comme I'exigeaient les circonstances. 2 De prcedictione morum naturarumque hominum
Grasvitnir, dragon scandinave qui epouvante facili ex inspectiom partium corporis.
GRA 310 — ORE
elle depc-ja qu'elle avail eLe nienee au sabbat; Evremont ecrivil centre la folle confiance qu'on
qu'un jour le diable lui avail arrache un bijou de lui accordail. Mais Greatrakes a eu des defen-
ciiivre qu'elle porLailau cou ce bijou avail la ; seurs, et Deleuze, dans son Histoire du magne-
forme d'un poing serre, le pouce passe enlre les tismc animal, I'a presente sous un jour qui fait
doigts, ce que les femmes du pays regardaienl voir que c'etait en effel un magnetiseur.
comine un preservaLif conLre touLe fascinalion el Green du dix-septieme
(Christine), Anglaise
sorlilege. Aussi le diable ne le put emporler, siecle, citee par Glanvil. Elle avail un esprit fa-
mais le laissa pres de la porte. Elle assura aussi milier qui vivait avec elle sous la forme d'un ht*-
qu'en revenant un jour du sabbal, elle avail vu risson et lui sucail tons' les matins un peu de
,

le diable en forme d'homme noir, avec six cornes sang pour lui donner des extases.
sur la tele une queue au derriere deux vi-
, , Gregoire le Thaumaturge (saint). Voij,
sages, elc; que, lui ayant ete presenlee, elle Idoles.
en avail requ une grosse poignee d'or; qu'il Gregoire VII ( saint ) I'un des plus grands ,

I'avail fail renorxer a son Createur, a la sainte papes, sauva I'Europe au onzieme siecle. Comme
Vierge, a lous les saints el a tous ses pa- ilfit de grandes choses pour I'unite, il eul des

rents ennemis dans tous les heretiques et en dernier ,

lieu dans les protestants, qui I'accuserent de


magie et meme de commerce avec le diable.
Leurs mensonges furenl stupidemenl repetes par
les calholiques. Ce saint pape vienl d'etre bien
venge; car I'hisloire, qui lui rend justice enfin,
est ecrile par un protestanl (Voigt)
Greillmeil, sorcier. Voij. Jacques I".
Grele. Chez les Romains, lorsqu'une nuee pa-
raissail disposee a se resoudre en grele, on im-
molait des agneaux; ou, par quelque incision a
un doigl, on en faisail sortir du sang dont la
vapour, montant jusqu'a la nuee, Tecartail ou
Gr.ilarole.
la dissipait entierement ce que Seneque refute
:

Gratidia, devineresse qui Irompa Pompee, comme une folie ^


comme le rapporle Horace car lui ayant de- : Grenier (Jean), loup-garou qui florissait vers
mande Tissue de la guerre de Pharsale, elle I'an mange des enfants,
1600. Accuse d'avoir
I'assura qu'il serait victorieux ; neanmoins il fut par Jeanne Garibaut et par d'aulres, quoiqu'il
vaincu ^. eut a peine quinze ans, il avoua qu'il etail fils

Gratoulet, insigne sorcier qui apprenail le d'un pretre noir (pretre du sabbat ) ,
qui portait
secret d'embarrer ou nouer I'aiguillette, et qui une peau de loup el qui lui avail appris le

s'etait vendu a Belzebulh. II donna des legons metier. On le condamna a servir loute sa vie
de sorcellerie a Pierre Aupetil, condarane en dans un convent, ou il se convertit. Voy. Poi-
1598. RiER el Pierre Labourant.
Greatrakes (Valentin), empirique qui fit du Grenouille. On n'ignore pas eel admirable
bruit en Angleterre dans le dix-septienie siecle; secret des paysans, que la grenouille des buis-
il etait ne en Irlande en 1628. On ignore la date sons, coupee et mise sur les reins, fail tene-
de sa morl. II remplit de brillants emplois, mais ment uriner, que les hydropiques en sonl gue-
il avail la tele derangee. En 1662, il lui sembla ris Voy. Messie des Juifs, Tremblement de
entendre une voix lui dire qu'il avail le don de TERRE elc. ,

guerir les ecrouelles; il voulut en user et se crut Des philosophes allemands ont pretendu, a
memo appele a traitor toutes les maladies ce : force de profondes recherches, etablir que nous
qui lui atlira une grande celebrile. Cependant descendons de la grenouille, qui, peu a peu,
une sentence de la cour de I'eveque de Lismore s'esl perfectionnee ce qu'elle ne fait pourtant
:

lui defendit de guerir. Sa methode consistait a plus. Et Lavater a fail graver un tableau pour
appliquer les mains sur la partie malade el a montrer qu'au raoyen d'une vingtaine de transi-
faire de legeres frictions de haul en bas; etait- tions legeres, une tele de crapaud devient une
ce du magnetisme? II touchail meme les pos- tele d'Apollon....
sedes, qui tombaient dans des convulsions aus- Gresili , I'un des demons qui possedaient
sitol qu'ils le voyaient ou I'entendaient parler. Louise Capelle ,
compagne de Madeleine de la ,

Plusieurs ecrivains se moquerenl de lui. Saint- Palud.

1 Delancre, Tabl. de I' inconstance des demons, etc., ' Voyez I'abrege de cette histoire par M. I'abbe
liv. IV, p. 132. Jorrv.
2 Delancre, TaW. del' inconstance des demons, elc, - Lebrun t. I", p. 376.
,

liv. II, p. 53. M. Jules Garinet, Histoire de la magie en France.


;

GRI — 311 — GRI

Grey-Meil, Anglaise qui remplissait an sab- Grimaldi. Sous le regne de Louis le Debon-
bat les fonctions de portiere, dans la procedure naire y eut dans toule I'Europe une maladie
, il

d' Agnes Sampson dirigee par le roi Jacques.


,
epidemique qui s'etendit sur les troupeaux. Le
Griifon. Brown assure qu'il y a des griffons, bruit se repandit dans le peiiple que Grimaldi,
c'est-a-dire des animaux mixtes qui par devant due de Benevent, ennemi de Charlemagne, avait
ressemblent a par dcrriere au lion, avec
I'aigle et occasionne ce degat en faisant repandre de tous
des oreilles droites, quatre pieds el une large cotes une poudre meurtriere par ses affides. On
queue. Des traditions du moyen age donnaient au arrela un grand nombre de malheureux soup-
pour pere et la iouve pour mere.
griffon I'aigle qonnes de ce crime; la crainte et la torture leur
Grigri, demon familier que Ton voit chez les firent confesser qu'ils avaient en effet repandu
Americains, et surlout dans les forets du Ca- cette poudre qui faisait rnourir les troupeaux.
nada et de la Guinee. Saint Agobard archeveque de Lyon prit leur
, ,

Grillandus (Paul), Castillan, auteur d'un defense et deraontra que nulle poudre n'avait la
traite des Malefices {Dc maleficiis), publie a vertu d'infecter Fair ; et qu'en supposant meme
Lyon en 1555; de traites des sortileges, des que tous les habitants de Benevent, hommes,
lamies, de la torture, etc.; Lyon, 1536, et de femmes, jeunesgens, vieillards et enfants, se
quelques autres ouvrages de ce genre. II conte fussent disperses dans toute I'Europe, chacun
quelque part qu'un avocat, ayant ele noue par suivi de trois chariots de cette poudre lis n'au-
,

un puissant malefice que nul art de medecine ne raient jamais pu causer le mal qu'on leur attri-

pouvait secourir, eut recours a un magicien qui buait


lui fitprendre, avant de dormir, une certaine Grimalkin. C'est le nom que les sorcieres
])otion , et lui ditde ne s'effrayer de rien. A anglaises donnent au demon lorsqu'il vient au
onze heures et demie de la nuit, survint un vio- sabbat sous la figure d'un chat.
lent orage accompagne d'eclairs; I'avocat crut Grimoire. Tout le monde sait qu'on fait venir
d'abord que la maison lui tombait surie dos; il le diable en lisant le Grimoire; mais il faut avoir
entendit bientot de grands oris, des gemisse- soin, des qu'il parait, de
lui jeter quelque chose

ments, et vit dans sa chambre une multitude de a la une savate, une souris, un chiffon,
tete,
personnes qui se meurtrissaient a coups de poing autrement on risque d'avoir le cou tordu. Le
et a coups de pied et se dechiraient avec les on-
, terrible petit volume connu sous le nom de
gles et les dents il reconnut une certaine femme
; Grimoire, autrefois tenu secret, etait brule tres-
d'un village voisin, qui avait la reputation de sor- justement des qu'il etait saisi. Nous donnerons
ciere, et qu'il soupconnait de lui avoir donne son ici quelques notes sur les trois Grimoires les
mal ; elle se plaignait plus que tous et s'elait elle- plus connus.
meme dechire la face et arrache les cheveux. Ce Gremoire (sic) du pape Honorius, avec un re-
mystere dura jusqu'a minuit, apres quoi le mai- cueil des plus rares secrets ; sous la rubrique de
Ire sorcier entra; tout disparut; il declara au Rome, 1670 in-16, orne de figures et de cer-
,

malade qu'il etait gueri: ce qui fut vrai cles. Les cinquante premieres pages ne con-
Grillon. Dans beaucoup de villages, et surtout tiennent que des conjurations. Voy. Conjurations
en Angleterre, on regarde les grillons qui ani- et —
Dans le liecueil des plus rares
Evocations.
ment le foyer a la campagne, et qui chantent si secrets, on trouve celui qui force trois demoi-
joyeusement la nuit, comme de pelits esprits selles a venir danser le soir dans une chambre.
familiers d'une nature bienveillante, qui em- 11 faut que tout soit lave dans cette chambre;
pruntent leur forme exigue pour echapper aux qu'on n'y remarque rien d'accroche ni de pendu
malices humaines, Beaucoup de villageois se qu'on mette sur la table une nappe blanche,
figurent que leur presence porte bonheur dans trois pains de froment, trois sieges, trois verres
la famille et qu'on ne les tue pas impunement. d'eau on recite ensuite une certaine formule de
;

Aussi, en general, ne voit-on pas d'un bon ceil conjuration 2, et les trois personnes qu'on veut
le pied brutal qui les ecrase. Toute la tribu des ((
voir viennent, se mettent a table et dansent;
grillons se compose de puissants esprits, bien mais au coup de minuit tout disparait. On trouve
que cela soit ignore des gens qui ont affaire a dans le meme livre beaucoup de betises de ce
eux et il n'est pas dans le monde invisible de
; genre que nous rapportons en leur lieu.
voix plus gentilles et plus sinceres a qui on Grimorium verum, vel jjrobatissimw Salomonis
puisse se fier dayantage ou dont les conseils claviculce rabhini Hebraici, in quibus turn na-
soient plus devoues et plus siirs que les voix
qu'erapruntent ces esprits de I'atre et du foyer 1 M. Salgues, Des erreurs et des prejuges, t. I,
pour s'adresser a I'espece humaine ^. » p. 298.
' Voici les paroles de cette conjuration « Besti- :

* Delancre, Tabl. de I' inconstance des demons, etc., cirum! consolation, viens a moi. Vertu creon creon, ,

p. 356. creon... Je ne mens pas; je suis maitre du parche-


- M. Ch. Dyckens, Le grillon du foyer, conte de min; par ta louange prince de la montagne, fais
,

Noel. taire mes ennemis et donne-moi ce que tu sals. »


:

GRI 312 GRI


turalia, turn sxipernaturalia secrcta , licet abdi- Iresors caches et se faire obeir a tous les es-
tissima, inpromplu apparent, modo operator prits; siiivis de tous les arts magiques, in-18,
perneccssariu et contenta facial; sciat tamen sans date ni nom de lieu. Ces deux grimoires
opporlet dcBinoimnipotentia duntaxat peracjantur contiennent, comme I'aulre, des secrets que
traduit de I'hebrea, par Plaingicre, avec iin re- nous donnons ici aux divers articles qu'ils cou-
cueilde secrets curieux. A. Memphis chez Ali- , cernent.
beck I'Egyplien, 1517, in-16 {sic omnia) et \ Voici une anecdote sur
le Grimoire Un : —
sur le revers da titre Lcs vevilahles clavicules
: petit de village venait d'emprunter
seigneur
de Salomon, a Memphis, chez AHbeck I'Egyp- a son berger le livre du Grimoire avec lequel
tieii, 1517. celui-ci se vantait de forcer le diable a paraltre.
Le grand Grimoire avec la cjrande clavicule de Le seigneur, curieux de voir le diable, se re-
Salomon, et la magie noire on les forces in- tiradans sa chambre et se mit a lire les paroles
fernales dii grand Agrippa, pour decouvrir les qui obligent I'esprit de tenebres a se montrer.

IP

Grimalkin.

Au moment oii il prononcait avec agitation ces si bien represente le diable. II avait vu dans le

syllabes niaises qu'il croyait puissantes, la porte, miroir un bouc semblable a lui et avait brise la

qui etait mal fermee, s'ouvre brusquement : le glace en voulant combatlre son ombre K
diable parait, arme de ses longues cornes et Grisgris, nom de certains fetiches chez les

tout couvert de polls noirs... Le curieux sei- Maures d'Afrique, qui les regardent comme des
gneur perd connaissance et tombe mourant de puissances subalternes. Ce sont de petits billets

peur sur le carreau, en faisant le signe de la sur lesquels sont tracees des figures magiques
croix. II resta longtemps sans que personne vint ou des pages du Koran en caracteres arabes ces ;

le relever. Enfin il rouvrit les yeux et se re- vendus assez cher, et les habitants
billets sont

Irouva avec surprise dans sa chambre. 11 visita les croient des preservatifs assures centre tous
les meubles pour voir s'il n'y avait rien de de- les maux. Chaque grisgris a sa forme et sa pro-
grade :un grand miroir qui etait sur une chaise priele. Voij. Goo.
se trouvait brise; c'etait I'oe.uvre du diable. Mal- Grisou. Le feu grisou est un gaz qui s'en-
heureusement pour la beaute du conte, on vint ilamme spontanement ou par occasion dans les
dire un instant apres a ce pauvre seigneur que mines de houille, et qui produit souvent de
son bouc s'etait echappe et qu'on I'avait repris grands desastres. —
Beaucoup de mineurs re-
devant la porte de cette meme piece oii il avait ' Histoire des fantdnies et des demons, p. 214.
,
;,

GRO — 313 — GUA


gardent le grisou comine iin lutin de mechante ete renouvelee, dans son temps, par I'ange de
espece. la face de I'Eternel , notre Seigneur Jesus-Christ.
y a sur les cotes de la Bal-
Groenjette. 11 J'attesle et je confesse devant Dieu et devant
tique, comme dans la plupart des contrees inon- I'univers qu'en accomplissant ce devoir qui
tagneiises de I'Europe, des chasseurs defunts, in'est commande ne fais rien de moi-meme
,
je
condamnes pour leurs mefaits a courir eternel- mais que je suis guide par I'auge du Tout-Puis-
lement a travers les marais et les taillis. Les sant, qui me parle visiblement en esprit et en
habitants du Sternsklint entendent souvent le verite. J'atteste et je confesse encore que cet
soir les aboiements des de Groenjette; ils
chieiis ange est celui qui m'a dicte et fait ecrire la
le voient passer dans la le chasseur re-
vallee , Doctrine celeste. »

prouve, la pique a la main; et ils deposent de- Or, cette doctrine celeste , dictee par un ange
vant ieur porte un peu d'avoine pour son cheval, au due de Normandie, n'est autre chose que la

afin que dans ses courses il ne foule pas aux negation de lout I'Ancien Testament, pour eta-
pieds leurs moissons Voij. Veneur. blir I'eternite de la matiere et un stupide pan-

Gros-Jacques, sorcier. Voy. Boguet. theisme tire des plus absurdes ecarts de Pigault-
Grospetter. Voy. Laghernard. Lebrun, de Dupuis, de d'Holbach et de Voltaire.
Grossesse. On a cru longtemps a Paris qu'une Ce livre a ete publie a Paris par le docteur
femme enceinte qui se regarde dans un miroir Charles de Cosson seuleraent en sa premiere ,

croit voir le diable fable autorisee par la peur partie. En 18/|1, une deuxieme et une troisieme
:

qu'eut de son ombre une femme grosse, dans partie ont paru reunies en un autre volume in-12
le temps qu'elle s'y mirait, et persuadee par son sous le titre de Salomon le Sage fils de David ,

accoucheur qui lui dit qu'il etait toujours dan- sa renaissance sur cette terre et revelation cileste,
gereux de se regarder enceinte. On assure aussi publie par M. Gruau de la Barre, ancien pro-
qu'une femme grosse qui regarde un cadavre cureur du roi. Deuxieme et troisieme partie , fai-
aura un enfant pale et livide^Dans certains can- sant suite a la premiere , intitulee Rcvilations
tons duBresil, aucun mari ne tue d'animal durant sur les erreurs de I'Ancien Testament. Si le due
la grossesse de sa femme, dans Topinion que le de Normandie a demoli I'histoire de nos en-
fruit qu'elle porte s'en ressentirait. Voy. Imagi- gines, M. Gruau de la Barre la reconstruit. II
nation. On ignore encore le motif pour lequel fait creer le monde avec cent soixante-douze pa-
certaines eglises particulieres refuserent long- radis, par I'eternel Espril-Saint. La terre subit
temps la sepulture aux femmes qui mouraient six revolutions avant d'etre propre a recevoir
enceintes ; c'etait sans doute pour engager les des hommes pourhabitants. Aiors l>'eternel Es-
femmes a redoubler de soins envers leurs en- prit-Saintforme Lilhamana, son premier ne, et
fants. Un concile tenu a Rouen en 107i a or- cree toutes les ames leur donnant la connais-
,

donne que la sepulture en terre sainte ne fut sance du bien et du mal. II cree aussi les anges,
nuUe part refusee aux femmes enceintes ou parmi lesquels il y a bientot un seditieux qu'on
mortes pendant I'accoucheinent. appelle Lisathama. L'eternel Esprit-Saint met
Grosse-Tete (Robert), eveque de Lincoln, les ames creees dans des corps qui peuplent la
auquel Gouverus donne une androide comme terre il chasse du ciel Lisathama et ses adhe-
;

celle d'Albert le Grand. rents, qui vont tenter les hommes et les font
Gruau de la Barre, un des nombreux pre- tomber. Cain tue Abel; mais pourtant Cain est
tendants que nous avons vus reclamer le trone bon au fond et fait une grande penitence. Toute
de Louis XVI, en preiiant sans peur le nora I'histoire sainte est travestie ensuite. de la ma-
de Louis XVII, a fait imprimer en 1840 un niere la plus prolixe et dans un but que nous ne
volume in-12 intitule Revelations sur les erreurs pouvons apercevoir.
de I'Ancien Testament. II debute ainsi : Guacharo. Dans montagne de Tumere-
la

quiri, situee a quelque distance de Cumana, se


« Londres, 1840, le mercredi 5 fevrier. Irouve la caverne de Guacharo, fameuse parmi
les Indiens. Elle est immense et sert d'habitation
» Moi, Charles-Louis, due de Normandie, qui
6cris ceci j'ai reconnu que la sainte volonte de
a des miUiers d'oiseaux nocturnes dont la graisse
,

Tout-Puissant,
donne de guacharo. 11 en sort une assez
I'huile
I'Eternel, le est infaillible ; et
grande riviere on entend dans I'int^rieur le cri
;
que Dieu , selon son incomparable sagesse , dans
lugubre de ces oiseaux cri que les Inuiens attri-
I'iuteret du salut des mortels de cette terre, a ,

buent aux ames qu'ils croient forcees d'entrer


voulu se servir de Torphelin du Temple, fils du
dans cette caverne pour passer dans I'autre
roi-martyr de France et de Marie-Antoinette,
monde. Ce sejour lenebreux, disent-ils, leur ar-
pour repandre dans le monde entier la lumiere
rache les gemissements plaintifs qu'on entend
de la veritable doctrine celeste qui deja avait
au dehors. Les Indiens du gouvernement de Cu-
1 Marmier, Trad, de la Baltique. mana, non convertis a la fui, ont encore du
2 Brown, Essai sur les erreurs populaires , p. 101. respect pour cette opinion. Parmi ces peuples,
,

GUA — 31 GUI

jusqu'a deux cents lieues de la caverne, des- Gueldre, On trouve ce recit dans les histo-
cendrc au Guacliaro est synonyme de mourir. riens hollandais « Un monstre affreux, d'une
:

Guayotta, mauvais genie que les habitants grandeur prodigieuse, ravageait la canipagne,
de Tile Teneriffe opposent a Achgnaya-Xerac devorant les bestiaux et les homines memes il ;

qui est cliez eiix le principe du bien. empoisonnait le pays de son souffle empeste.
Gudeman (bon homme). C'est le nom d'un Deux braves gens Wichard et Lupoid cnlre-
, ,

esprit redoule en £cosse, auqiiel les laboureurs prirent de delivrer la contree d'un tleau si ter-.
croient devoir laisser un de leurs champs qu'ils rible, et y reussirent. Le monstre, en mou.rant,
ne cultivent jamais. jela plusieurs fois un soupir qui semblait ex-
Guecuba, esprit du mal chez les Araucans. primer le mot (jhclre. Les deux vainqueurs vou-
Voij. ToQui. lurent qu'en memoire de leur trioniphe, la ville

Entree du Guacliaio

qu'ils batirent pritle nom de Ghelre, dont nous On croyait que I'eau charmee ainsi par le gui

avons fait Gueldre. de chene elait tres-efficace centre le sortilege et

Guerin (Pierre). Voij. Illumlnls. guerissait de plusieurs maladies. Voy. Gurni-yL.


Gui de chene plante ,
parasite qui s'attache Dans plusieurs provinces on est persuade que si
au chene, et qui etait regardee comme sacree on pend le gui de chene a un arbre avec une
chez les druides. Au mois de decembre, qu'on aile d'hirondelle tous les oiseaux s'y rassem-
,

appelait le mois sacre , lis allaient la cueillir en bleront de deux lieues et demie.
grande ceremonie. Les devins marchaient les Guibert de Nogent, abbe de Nogent-sous-
premiers en chanlant, puis le heraut venait, Coucy, au diocese de Laon (onzieme siecle),

suivi de trois druides portant les choses neces- homme savant, qui a ecrit, sous lenom de Gesta
saires pour le sacriflce. Enfin paraissait le chef Dei per Francos , I'histoire des premieres croi-
des druides, accompagne de tout le peuple; il sades. II y a dans ses ecrils plusieurs petits faits

montait sur le chene, coupait le gui avec une qui etablissent les relations des vivants avec les
faucille d'or, le plongeait dans I'eau lustrale et morls.
criait : « Au gui de I'an neuf (ou du nouvel an). » Guido. Un seigneur nomme Guide, blesse a
;, ,
;

GUI — 31 5 — '
GUL
mort dans un combat, apparut autrefois tout de son regne), il fut lue d'une flfeche lanc^e
arme a un pretre nornme. Etienne ou Stephane, par une main invisible. Pendant qu'il rendail le
ot le chargea de connnissions qui devaient, en dernier soupir, le comte de Cornouailles qui ,

ix'parant quelques-unes de ses fautes, abreger s'etait un peu ecarle de la chasse vit un grand ,

son purga'.oire. Cette histoire est rapport^e par bouc noir et velu, qui emportait un homme de-
Pierre le Venerable ^ figure et perce d'un trait de part en part.... Le
Guillaume, domestique de Mynheer Clatz, comte, trouble de ce spectacle, cria pourtant au
gentilliomme du duche de Juliers, au quinzieme bouc de s'arreter, et lui demanda qui il elait,
Ce Guillaume fut possede du diable et
siecle. qui il portait, oii il allait? Le bouc repondit :

demanda pour exorciste un pasteur heretique (i Je suis le diable; j'emporte Guillaume le Roux,
nomme Bartholomee Panen homme qui se fai- , et je vais le presenter au tribunal de Dieu ou ,

sait payer pour chasser le diable , et qui , dans il sera condainne pour sa tyrannie et il viendra ;

cette circonstance , fut penaud. Comme le de- avec nous \ »


moniaque palissait ,
que son gosier enflait et Guillaume de Paris. II est cite par les de-
qu'on craignait qu'il ne fut suffoque entierement, monographes pour avoir fait des statues par-
I'epouse du seigneur Clatz, dame pieuse, ainsi lanles, a I'exemple de Roger Bacon, chose qui
que toute sa famille se mit a reciter la priere
, ne peut avoir lieu que par les operations dia-
de Judith. Guillaume alors se prit a vomir, entre boliques ^ Naude a refute cette imputation.
autres debris, la ceinture d'un bouvier, des Guillaume III, comte de la comte de Bour-
pierres, des pelotons de fil du sel des aiguilles, , , gogne. C'etait un bandit sans vergogne et un
des lambeaux de I'habit d'un enfant, des plumes bourreau sans pitie. Un jour que, charge ,de
de paon que huit jours auparavant il avail arra- crimes et de sacrileges, en orgie, un in- il etait
chees de la queue du paon meine. On lui de- connu le fit demander pour lui offrir un beau
manda la cause de son mal. II repondit que, cheval. Des qu'il I'eut monte, il fut emporte et
passant sur un chemin il avait rencontre, une , disparut. L'inconnu etait le diable qui venait
femme inconnue qui lui avait souffle au visage, prendre son bien
et que tout son mal.datait de ce moment. Ge- Guillemin, esprit familier de Michel Ver-
pendant, lorsqu'il fut retabU, il nia le fait, et dung avec I'aide duquel il pouvait courir aussi
,

ajouta que le demon I'avait foi'ce a faire cet aveu, vitc qu'il le voulait.
et que toutes ces matieres n'etaient pas dans son le nom d'un chien que les
Guinefort. C'est
corps; mais qu'a mesure qu'il vomissait, le de- fabliauxdu moyen age ont illustre. Ce chien,
mon changeait ce qui sorlait de sa bouche ayant sauve un enfant qu'un serpent voulait de-
Guillaume de Garpentras, astrologue qui vorer, fut tue par son maitre, qui lui voyant la ,

fit, pour le roi Rene de Sicile et pour le due de gueule ensanglantee, crut qu'il avail etrangle
Milan, des spheres astrologiques sur lesquelles son enfant; suivant une autre version, il peril
on tirait les horoscopes. II en fit une pour le dans le combat avec le serpent. Le mailre
roi Charles VIII a qui elle couta douze cents ecus eclaire lui fit un petit tombeau; ce qui etait im-

cette sphere, conlenant plusieurs utililes, etait prudent ;


car, dans la suite , des paysans Irom-
fabriquee de maniere que tous les mouve-
telle pes prirent ce tombeau pour celui d'un saint et
inenls des planetes, a toute heure de jour et de invoquerent saint Guineforl. Le P. Bourbon,
nuit, s'y pouvaient trouver; il I'a, depuis, re- dans une mission qu'il fit au pays de Lyon et
digee par ecrit en tables astrologiques en Auvergne fit tomber cette superstition qui
, ,

Guillaume le Roux, fils de Guillaume le certainement n'elaitqu'une suggestion du diable.


Conquerant, et tyran de I'Angleterre dans le Ce chien appele Guinefort dans le Lyonnais
,

onzieme siecle. C'etait un prince abominable s'appelait Ganelon en Auvergne'.


sans fdi, sans moeurs, blasphemateur et cruel. Guivre monstre qu'on ne trouve que dans
,

II fit beaucoup de mal a I'Eghse chassa I'arche- , les besliaires du moyen age et que les artistes
veque de Cantorbery et ne voulut point que ce ont reproduit. M. Paulin Paris a etabli qu'il ne
siege fut rempli de son vivant, afin de profiler faut pas confondre la Guivre avec la Vouivre
des revenus qui y elaient attaches. 11 laissa les la Guivre n'est qu'un griffon ou une hydre que
pretres dans la misere et condamna les moines Ton voit figurer sur quelques vieux monuments.
a la derniere pauvrete. II entrepril des guerres Gullets ou Bonasses, demons qui servent
injusles et se fit generalement detester. Un jour les hommes dans la Norvege, et qui se louent
qu'il etait a la chasse (en I'annee 1100 dans la ,

quarante-quatrieme de son age et la treizieme *


Matlhcei Tympii prcemia virtuturn. — Matthieu
Paris, Historia major, t. II.

Voyez-la dans les Legendes de I' autre monde


* :
2 Naude, Apologie pour les grands personnages ac-

Legendes du purgatoire. cuses de magie, ch. xvii, p. 493.


2 Wierus, De prcest., lib. Ill, cap. vi. 3 Voyez sa legende dans les Legendes infernales.
3 Extraif d'un ancien manuscrit, cite a la fin des ^ Voyez Fabliaux du moyen age ,
les recueillis par
Remarques de Joly sur Bayle. J. Loyseau, 1846, p. 26.
: »

GUN — 316 — HAB


pour pen de chose. lis pansenL les chevaux, les quels il lancait une fleche. C'est a cause de ces
etrillent, les froUent, les brident, les selieiit, vertus magiques, altribuees au gui de chene,
dressent leurs crins et leurs queues, comme le qu'on I'appelle en Alsace Marentahein , c'est-ii-

meilleur palefrenier : ils font meme les plus dire arbrisseau des spectres.
viles fonctions de la maison. Voy. Berith, Hec- Guymond
de la Touche, poete dramaLique
DEKiN, etc. et philosopbe du dernier siecle. II etait alle le
Gunem, appele aussi /Enus, soldat anglais 11 fevrier 1760 chez une sorciere, a Paris, dans
qui, apres avoir servi sous le roi Etienne, se le dessein de rire, car
il ne croyait a rien. II
trouvant charge de bien des crimes, s'en alia fut frappe pourtant de I'appareil mysterieux qui
en Irlande, decide a faire sa penitence dans le entourait la sorciere el de FaLlenlion grave que
purgaloire de Saint-Patrice. II y subit diverses lui prelaient les assistants. Sa curiosile fut pi-

douleurs qu'il accepta en expiation, s'en revint quee. Dans I'instant ou un pen trouble, il s'ap- ,

soulage et mena depuis une vie exemplaire, prochait d'une jeune fille a qui on enfonqait des
Gurme, chien redoutable, espece de Cerbere epingles dans la gorge « Vous etes bien em-
: —
de I'enfer des CeUes. Pendant I'existence du presse, lui dit la sorciere, a vous eclairer de ce
monde, ce chien est attache a I'entree d'une ca- qu'on fait ici. Puisque vous etes si curieux, ap-
verne; mais au dernier jour il doit etre lache, prenez que vous mourrez dans trois jours. » —
attaquer le dieu Tyr ou Thor, et le tuer. C'est le Ces paroles dites avec solennile firent sur Guy-
meme que le loup Fenris. mond de la Touche, qui ne croyait a rim, une
Gusandal (vallee de lumiere). En Suede, ou impression telle qu'il se relira chez lui boule-
la magie est en plein mouvement, de nos jours, verse, se mit au lit et mourut en effet trois jours
on donne ce nom au carrefour ou se fait le apres, le \h fevrier 1760
sabbat. Gymnosophistes, philosophes ainsi nommes
Gusoyn, grand-due aux enfers. II apparait parce qu'ils aliaient nus ou sans habits. Chez les
sous la forme d'un chameau. 11 repond sur le demonomanes, les gymnosophistes sont des ma-
present, le passe, I'avenir, et decouvre les choses giciens qui obligeaient les arbres a s'incliner et
cachees. 11 augniente les dignites et affermit les a parler aux gens comme des creatures raison-
honneurs. 11 commando a quarante-cinq legions. nables. Tespesion , I'un de ces sages, ayant com-
Gustaph. I'oij. ZiinoASTRi:. mando a un arbre de saluer Apollonius, il s'in-
Gutheyl ou Guthyl, nom sous lequel les clina ,
el, rabaissant le sommet de sa tele et ses
Germains veneraient le gui de chene. lis lui at- branches les plushaules, il lui lit des compli-
tribuaient des vertus merveilieuses ,
particulie- ments d'une voix distincle, mais feminine, « ce
rement contre I'epiiepsie, et le cueillaient avec qui surpasse la magie nalurelle
les memos ceremonies que les Gaulois. Dans Gyromancie, sorte de divination qui se pra-
certains endroils de la haute Allemagne, cetle tiquait en marchant en rond, ou en tournant au-
superstition s'est conservee, et les liabilanls sont lour d'un cercle, sur la circonference duquel
encore aujourd'hui dans I'usage de courir de etaient tracees des letlres. A force de tourner
maison en maison et de villo en ville, en criant on s'etourdissait jusqu'a se laisser tomber, et de
« Gutliey! Guthey » Des SeptenLrionaux
! — I'assemblage des caracteres qui se rencontraient
s'imaginaient qu'un homme muni du gui de aux divers endroits ou Ton avait fait des chutes,
chene non-seulement ne pouvait etre blesse, on tirait des presages pour I'avenir. Voy. Aleg-
mais etait sur de blesser tous ceux contre les- TRYOMANCIE.

—o&o-

H
Haagenti ,
grand president aux enfers. II furies et des harpies, comme I'assure Pierre De-
parait sous la figure d'un taureau avec des ailes lancre en son livre de I'lnconstance des demons.
de griffon. Lorsqu'il se monlre portant face hu- Haborym, demon des incendies, appele aussi
maine, il rend I'homme habile a toutes choses; Aym. II porte aux enfers le titre de due; il se
il enseigne en perfection I'art de transmuer tous montre a cheval sur une vipere, avec trois teles,
les metaux en or, et de faire d'excellent vin I'une de serpent, I'autre d'homme, la troisieme
avec de I'eau claire. II commando trente-trois
' Voyez celle histoire dans les Legendes de I'autre
legions.
monde.
Habondia, reine des fees, des femmes blan- 2 Delaiicre, IticreduUte et mecreance du sortileye
ches, des bonnes, des sorcieres, des larves, des pleinement convaincues . p. 33.
HAC — 31 7 — HAL
de chat. II tient, a la main une torche alkimee. de sa tombe pour chasser avec fureur.
a minuit

U coinmande vingt-six legions. Quelques-uns un signe de guerre


Lorsqu'il se laisse voir, c'est
disenl que c'est le meme que Raum ; ce qui prochaine. Lorsqu'on I'evoque, ii se montre;
nous parait au moins douteux. mais a son aspect effroyable et au bruit de sa
suite, le curieux tombe a demi mort de peur et ;

aussilot la vision s'evanouit


Hakkims medecins qui gu^rissent par
, cliar-
mes, en Perse.
Hakkin. Voy. Haquin.
Haleine. Une haleine forte et violente est la
marque d'un grand esprit, dit un savant, et au
-conlraire ,
ajoute-t-il, une haleine faible est la

marque d'un temperament use et d'un esprit


debile...
Hallucination. Waller Scott, dans sa Demo-
nologie, voil la plupart des apparitions comme
de veritables hallucinations. II a raison quelque-

Haceldama ou Hakeldama, qui signifie he-


ritageou portion de sang. Ce mot est devenu
comiiiua a toutes les langues du Christianisme,
depuis le recit sacre qui nous apprend qu'apres
que Judas se fut pendu, les pretres juifs ache-
lerent, des trente pieces d'argent qu'ils lui

avaient donnees pour trahir Notre-Seigneur, un


champ qui fut destine a la sepulture des etran-
gers, et qui le nom
d'Haceldama. On
porta
montre encore ce champ aux etrangers. II est
petit et couvert d'une voute sous laquelle on
pretend que les corps qu'on y depose sont con-
sumes dans I'espace de trois a qualre heures. fois. Mais il ne faut pas faire de celte explication
Hack, demon cite dans les Clavicules dites de un systeme, a la maniere des esprits qui veulent
Salomon, comrae un des plus puissants chefs de tout comprendre, dans un monde ou nous sommes
I'enfer. environnes de tant de choses que nous ne com-
Hakelberg. « L'origine du nom de Woden ou prenons pas. C'est une hallucination epidemique
Odin se revele par la racine etymologique de ou un singulier mirage, que I'exemple qu'il cite
I'anglo-saxon Woodin, qui signifie le ferocc ou le de I'Ecossais Patrick Walker, si, en effet, il n'y
furieux. Aussi I'appelle-t-on dans le Nord le avait la que les phenomenes d'une aurore bo-
chasseur feroce, et en Allemagne Groden'sheer ou reale. —
« En I'annee 1686, aux mois de juin et
Woden sheer. Woden, dans le duche de Bruns- de juillet, dit I'honnele Walker, plusieurs per-
wick, se retrouve sous le nom du chasseur Ha- sonnages encore vivants peuvent attester que,
kelberg^. » pres le bac de Crosford, a deux milles au-dessous
II etait seigneur de Rodenstein, et a vait renonce de Lanark, et particulierement aux Mains, sur la
a sa part de paradis pour qu'il lui fut permis de riviere de la Clyde, une grande foule de curieux
chasser toujours. Le diable, avec qui il faisait le se rassembla plusieurs fois apres midi pour voir
pacte, lui avait promis qu'il chasserait jusqu'au une pluie de bonnets, de chapeaux, de fusils et
jour du jugement dernier. II mourut, el on montre d'epees; les arbres et le terrain en etaient cou-
dans la foret d'Usslar une pierre brute qui est, verts des compagnies d'liommes armes mar-
;

dit-on, son tombeau, parmi les ruines de son chaient en Fair le long de la riviere, se ruaient
chateau de Rodenstein. Les savants pensent que les unescontre les aulres, et disparaissaient pour
cette pierre est un monument druidique. Mais les faire place a d'autres bandes aeriennes. Je suis
voisins racontent qu'elle est gardee par les chiens alle la trois fois consecutivement dans I'apres-
de I'enfer, et que le chasseur indomptable sort
1 Voyez le chevalier Hakelberg, dans les Legencles
' Traditions populaires. Quarterly Rewiev. infernales.
,

HAL — 318 — HAL


midi, et j'ai observe que les deux tiers des te- ne se bornait pas a vendre des livres, c'etail
moiiis avaient vu, el que I'autre tiers n'avait rien encore un litterateur; il eut le courage moral
vu. Quoique je n'eusse rien vu mui-meme, ceux d'exposer a la Societe philosophique de Berlin le
qui voyaient avaient une telle frayeur et un tel recitde ses souffrances, et d'avouer qu'il etait
tremblenient, que ceux qui ne voyaient pas s'en sujet aune suite d'illusiuns fantastiques. Les cir-
apercevaient bien. Un gentilliomnie, toutpres de constances de ce fait peuvent etre expo:-ees tres-
nioi, disait : — Ces damnes sorciers ont une brievement, comme elles Font ete au public,
seconde vue; car le diable m'emporte si je vois attestees par les docteurs Ferrinr , Hibbert et

quelque chose ! — Et, sur-le-cliamp , il s'opera autres qui ont ecrit sur la demonologie. Nicolai
un changement danssa physionomie. llvoyait... fait remonter sa maladie a une serie de desagre-

— Plus effraye que les autres, il s'ecria : — Vous ments qui lui arriverent au commencement de
tous qui ne voyez rien, ne dites rien ; car je vous 1791. L'affaissement d'esprit occasionne par ces
assure que c'est un fait visible pour tous ceux evenements fut encore aggrave par ce fait, qu'il
qui ne sont pas aveugles, —
Ceux qui voyaient negligea Fusage de saignees periodicjues aux-
ces choses-la pouvaient decrire les especes de quelles il etait accoutume un tel etat de sante
;

batterie des fusils, leur longueur et leur largeur, crea en lui a voir des groupes de
la disposition

et la poignee des epees, les ganses des bon- fantomes qui se mouvaient et agissaient dovant
nets, etc. » Uii^ et quelquefois meme liri parlaient. Ces fan-

Ce phenomena singulier, auquel la multitude tomes n'olTi aienl rien de desagreable a son ima-
croit, bien que seulement les deux tiers eussent gination, soit par leur forme, soit par leurs ac-
vu, peut se comparer, ajoule Waller Scolt, a tions; et le visionnaire possedait trop de force
Faction de ce plaisant qui, se posant dans Fatti- d'ame pour etre saisi, a leur presence, d'un sen-
tude de Fetonnement, les yeux fixes sur le lion timent autre que celui de la curiosite, convaincu
de bronze bien connu qui orne la facade de Flio- qu'il etait, pendant toute la duree de Faeces, que

tel de Northumberland dans le Strand a (Londres) ce singulier effet n'etait que la consequence de
attira Fatlention de ceux qui le regardaienl en sa mauvaise sante, et no devait sous aucun autre
disant : —
Par le ciel, il remue!... il remue de rapport etre considere comme sujet de frayeur.
nouveau !—
ct reussit ainsi, en peu de minutes, Au bout d'un certain temps, les fantomes parurent
a faire obstruer la rue par une foulc immense : moins distincls dans leurs formes, prirent des
les uns s'imaginanl avoir effeclivement apergu le couleurs moins vivos, s'affaiblirent aux yeux du
lion de Percy remiier la queue, les autres atten- malade, et finirent par disparaitre entierement.
dant pour admirer la meme merveille. Un malade du docteur Gregory d'Edimbourg,
De veritables hallucinations sont enfantees par I'ayant fait appeler lui raconta dans les terraes
,

une funeste maladie, que diverses causes peuvent suivants ses singulieres souffrances : — J'ai I'ba-

faire naitre. Leur source la plusfrequcnle est pro- bitude, dit-il, de diner a cinq heures; et lorsquc
duite par les habitudes d'intemperance de ceux six heures precises arrivent, je suis sujet a une
qui , a la suite d'exces de boisson contractent , visile fantastique.La porte de la chambre, meme
ce que le peuple nomme les diahles hlcus, sorte lorsque j'ai eu la faiblesse de la verrouiller, ce
de spleen oudesorganisation mentale. Lesjoyeuses qui m'est arrive souvent, s'ouvre tout a coup :

illusions que, dans les commencements, enfanle une vieille sorciere semblable a celles qui han-
,

Fivresse, s'evanouissent avec le temps et dege- laient les bruyeres de Forres, entre d'un air
nerent en impressions d'effroi. Le fait qui va menacant, s'approche, se pose devant moi, mais si
suivre ful raconte a I'auteur par un ami du pa- brusquement, que je ne puisl'eviter, elalors me
tient. Linjeune homme riche, qui avait mene une donne un violent coup de sa bequillc je tombc ;

vie de nature a compromellre a la fois sa sante de ma


chaise sans connaissance, et je reste ainsi
et sa fortune, se vit oblige de consul ter un mede- plus ou moins longtemps. Je suis tous les jours
cin. Une des choses dont il se plaignait le plus sous la puissance de cette apparition. Quelque-
etait presence habituelle d'une suite de fan-
la fois la vieille est une dame qui , en parure de
tomes habilles de vert, executant dans sa chambre bal, me des mines.
fait Le docteur dcmanda —
une danse bizarre, dont il etait force de suppor- au malade s'il avait jamais invite quelqu'un a
ter la vue, quoique bien convaincu que lout le etre avec lui temoin d'une semblable visile. 11
corps de ballet n'existait que dans son cerveau. repondit que non. Son mal etait si parliculier,
— Le medecin lui prescrivit un regime il lui ; on devait si naturellement Fimputer a un de-
recommanda de campagne, d'y
se retirer a la rangement mental qu'il lui avait loujours re-

observer une diete calmante, de se lever de pugne d'en parlcr a qui que ce fut. — Si vous
bonne heure, de faire un exercice modere, d'evi- le permeltez, dit docteur, je chnerai avec vous
le

ter une trop grande fatigue. Le malade se con- aujourd'hui tete a tele, et nous verrons si voire
forma a cette prescription et se retablit. mechanle vieille viendra troubler notre societe.
Le malade accepta avec gratitude. duierent,
Un autre exemple d'hallucinations est celui de lis

M. Nicolai, celebre libraire de Berlin. Get homme elle docteur, qui supposait Fexistence de c^uel-
!

HAL — 319 — HAL


que maladie nerveiise, employa le charme de sa plexie. Le fantome a la bequille ctait simplement
brillante conversation a captiver I'alLenLion de une sorte de combinaison analogue a celle donl
son hole, pour I'empecher de penser a I'heure lafantaisieproduitle derangement appeleephialle,
fatalequ'il avail coutume d'atlendre avec ler- ou cauchemar ou toute autre impression exte-
,

reur. II reussit d'abord. Six heures arriverenl rieure exercee sm' nos organes pendant le som-
sans qn'on y fil atlenlion. Mais a peine quelques meil.

minutes elaient-elles [ecoulees que le monomane Un autre exemple encore me fut cile, dit
s'ecria d'une voix troublee —
Voici la sorciere
: Walter Scott, par le medecin qui avail ele dans
— el, se renversant sur sa chaise, il perdit con- le cas de I'observer. Le malade etait un hono-

naissance. Le medecin lui lira un peu de sang, el rable magistral, lequel avail conserve entiere sa
se cohvainquil que eel accident periodique, dont reputation d'integrite, d'assiduite el de bon sens.
se plaignait le malade, etait une tendance a I'apo- — Au moment des visiles du medecin, il en etait

Une dame en paruro de bal. — I'aye 318.

reduit a garder la chambre, quelquefois le lit; caractere. Le medecin eul done recours avec le
cependant, de temps a autre, applique aux af- monomane a une explication; il lui parla de la

faires de maniere que rien n'indiquait a un


, folie qu'il y avail a se vouer a une mort Iriste el
observateur superficiel la moindre alteration dans lente, plutot que de devoiler la douleur qui le
ses facultes morales; aucun symptome ne faisait minait. II insista sur I'atteinte qu'il portait a sa
craindre une maladie aigue ou alarmante mais ; reputation, en laissant soupconner que son abat-
la faiblesse du pouls, I'absence de I'appetit, le tement put provenir d'une cause scandaleuse,
constant affaiblissement des esprits, semblaient meme trop deshonoranle pour etre pe-
peut-etre
prendre leur origine dans une cause cachee que netree ; il lui fit voir qu'ainsi il leguerait a sa fa-
le malade etait resolu a taire. Le sens obscur des milleun nom suspect el terni. Le malade frappe
paroles de eel infortune, la brievete el la con- exprima de s'expliquer franchemenl avec
le desir
trainte de ses reponses aux questions du mede- le docteur, et, porte de la chambre fermee, il
la
cin, le delerminerent a une sorte d'enquele. II entrepril sa confession en ces termes :

eul recours a la famille personne ne devinait


: « Vous ne pouvez comprendre la nature de
la cause du mal. L'etat des affaires du patient mes souffrances , et votre zele ni voire habilete
etait prospere aucune perte n'avait pu lui oc- ne peu vent m'apporler de soulagement. La
;
si-
casionner un chagrin aucun desappointement
; tuation me
trouve n'est pourtant pas nou-
oil je
dans ses affections ne pouvait se supposer a son velle, puisqn'on la retrouve dans le celebre ro-
age; aucune idee de remords ne s'alliait a son man de Lesage. Yous vous souvenez sans doule
»

HAL — 320 — HAL


de la y est dit que mourut !e due
maladie dont il II est present a I'instant meme. — Et dans quelle
d'Olivares : par utie ap-
I'idee qu'il etait visile partie de voire chanibre le voyez-vous? — Au
parition, a I'existence de laquelle il n'ajoutait pied de mon lit ;
lorsque les rideaux sent entr'ou-
aucuneinent foi mais il en mourul neanmoins,
; verts, il se place entre eux et remplit I'espace
vaincu et terrasse par son imagination. Jc suis —
dans la meme position la vision acliarnee qui ;

me poursuit est si penible et si odieuse, que ma


raison ne sufTit pas a combattre
cerveau af- mon
fecte : href, je suis victime d'une maladie iraagi-
naire. »

Le medecin ecoutail avec anxiete.


« Mes visions, reprit le malade, ont com-

mence il y a deux ou trois ans. Je me trouvais


de temps en temps trouble par la presence d'un
gros chat qui entrait et sortait sans que je pusse
dire comment, jusqu'a ce qu'enfin la verile me
fut demontree, et que je me visse force ane plus
le regarder comme un animal domestique mais ,

bien comme un jeu, qui n'avait d'existence que


dans mes organes visuels en desordre, ou dans
mon imagination dereglee. Jusque-la je n'avais
nuliement pour cet animal I'aversion absolue de
ce brave chef ecossais qu'on a vu passer par les vide. — Aurez-vous assez de courage pour vous
differentes couleurs do sun plaid lorsque par lever et pour vous placer a I'endroit qui vous
hasard un chat se trouvait dans un appartement semble occupe, afin de vous convaincre de la

avec lui. Au contraire, je suis ami des chats, et dece[)tion? »

je supportais avec tranquillite la presence de Le pauvre homme soupira et secoua la lete


mon visiteur imaginaire, lorsqu'un spectre d'une d'une nianiere negative. « Eh bien dit , le docr-

grande importance lui succeda. Ce n'etait autre teur nous ferons I'experience une autre fois. »
,

chose que I'apparition d'un huissier de la cour. il quitta sa chaise aux coles du lit; et se
Alors
Ce personnage avec la bourse et I'epee, une
,
plagant entre les deux rideaux entr'ouverts, in-
veste brodee et le chapeau sous le bras se glis- ,
diques comme la place occupee par le fantome,
sait a mes coles, et, chez moi ou chez les autres, il demanda si le spectre etait encore visible.
montail I'escalier devant moi, comme pourm'an- (( Non enlieremenl, dit le malade, parce que voire
noncer dans un salon, puis se melail a la sociele, personne est entre lui et moi; mais j'aperQois sa
quoiqu'il fut evident que personne ne remarquait tele par-dessus vos epaules. »

sa presence, et que seul je fusse sensible aux Le docteur Iressaillit un moment malgre sa ,

chimeriques honneurs qu'il me voulait rend re. philosophic, a une reponse qui aflirmait d'une
Cette bizarrerie ne produisit pas beaucoupd'effet maniere si precise que le spectre le touchait de
sur moi cependant elle m'alarma a cause de
: si pres. II recourul a d'autres moyens d'investi-
I'influence qu'elle pouvait avoir sur mesfacultes. gation mais sans sucees. Le malade tomba dans
,

Apres quelques mois, je n'aperqus plus le fan- un marasme encore plus profond; il en mourut,
tome de I'huissier. II fut remplace par un autre, et son hisloire laissa un douloureux exemple du

horrible a la vue, puisque ce n'est autre chose pouvoir que le moral a sur le physique, lors
que I'image de la mort elle-meme, un squelette. meme que les lerreurs fantastiques ne parvien-
Seul ou en compagnie, la presence de ce fantome nent pas a absorber I'intelligence de la personne
ne m'abandonne jamais. En vain je me suis re- qu'elles lourmentent.
pete cent fois que ce n'est qu'une image equi- Rapportons encore, comme failattribue a I'hal-
voque et I'effet d'un derangement dans I'organe lucinatiou, la celebre apparition de Maupertuis a
de ma vue; lorsque je me vols, en idee a la ve- un de ses confreres ,
professeur de Berlin. Elle
rile, le compagnon d'un lei fantome, rien n'a de est decrite dans les Ades de la Sociele roijalc de
pouvoir centre un pareil malheur, et je sens que Berlin, et se trouve rapportee par M. Thiebaut
je dois mourir victime d'une affection aussi me- dans ses Souvenirs de Frederic le Grand. II est
lancolique bien que je ne croie pas a la realite
, essentiel de prevenir que M. Glediteh, a qui elle
du spectre qui est devant mes yeux. est arrivee, etait un botaniste distingue, profes-

Le medecin alTlige fit au malade, alors au lit, seur de philosophic naturelle, et regarde comme
plusieurs questions. «Ce squelelle, dit-il, semble un homme d'un earactere serieux simple et ,

done toujours la ? —
Mon malheureux destin est Iranquille. Peu de temps apres la mort de Mau-
de le voir toujours. Je comprends; il est, a — pertuis, M. Glediteh, oblige de traverser la salle
I'instant meme, present a voire imagination? — dans laquelle I'academie lenail ses seances, ayant
HAL — 321 — HAQ
quelques arrangements a faire dans le cabinet geance dont il se chargea. Shakspeare a illustre
de son ressort, apergut
d'histoire naturelle qui elail cette sombre histoire. On montre toujours sur une
^en entrant dans I'ombre de M. de Mau-
la salle colline voisine d'Elseneur la tombe d'Hamlet,
l|l")erluis , deboiit et fixe dans le premier angle a que des croyances peureuses entourent et pro-
jlmain gauche et ses yeux braques sur lui. II etait tegent.
Itrois heures de I'apres-midi. Le professeur dc Hammerlein. C'est le nom que donnait au
phiiosophie en savait trop sur sa physique pour demon qui le dominait un possede cite par Bro-
Isupposer que son president, mort a Bale dans la gnoli dans son Alexiacon. Cet homme ne put etre
Ifamille de Bernouilli, serait revenu a Berlin en delivre.
Ipersonne. 11 ne regarda la chose que comme une Handel, celebre musicien saxon. Se trouvant
illusion provenant du derangement de ses or- en 1700 a Venise, dans le temps du carnaval, il
Iganes. II continua de s'occuper de ses affaires joua de la harpe dans une mascarade. II n'avait
I sans s'arreler plus longtemps a cet objet. Mais il alors que seize ans mais son nom dans la mu-
,

Iraconta cette vision a ses confreres, les assurant sique etait deja tres-connu. Dominique Scarlati,
Iqu'il avait vu une figure aussi bien formee et habile musicien d'alors sur cet instrument, I'en-
aussi parfaile que M. de Maupertuis lui-meme tendit et s'ecria : « II n'y a que le Saxon Handel
aurait pu la presenter. ou le diable qui puisse jouer ainsi...))
Voici un autre petit fait Un prince, s'eLant : Hanneton. II y a dans la Cafrerie une sorte
imagine qu'il etait mort, ne voulut plus prendre de hanneton qui porte bonheur quand il entre
de nourriture quelque chose qu'on lui dit pour
,
dans une hutte. On lui sacrifie des brebis. S'il se
lui persuader qu'il vivait. Cette diele hors de pose sur un negre, le negre en devient tout fier.
raison faisait craindre avec justice des suites fa- Hannon, general carthaginois ,
distingue par
cheuses, et Ton commengait a perdre toute es- cetle fourberie : il nourrissait des oiseaux a qui
perance, lorsqu'un des principaux offlciers s'avisa il apprenait a dire : Hannon est un dieu; puis il

de faire habiller trois valets de chambre en se- leur donnait la liberte.


nateurs romains , tels qu'on les voit represenler Hantise,frequentation. Le mot hanler est tou-
sur les theatres, et les fit placer a une table jours pris en mauvaise part « Dis-moi qui tu :

garnie d'excellenls mets, qu'il fit dresser dans la hantes, je te dirai qui tu es. » Les maisons ou
chambre oh le prince etait couche le prince : paraissent des demons s'appellent des maisons
voyant cet appareil demanda qui etaient ces hantees. Sous le titre de la Maison hantee, le
etrangers ? « Ce sont, dit roflicier, Alexandre, comte Yermolof a ecrit avec beaucoup de charme
Cesar et Pompee. —
Comment! repliqua le prince, une tradition de Moscou. Cette maison avait ete
ils sont morts, et les morts ne mangent point. — habitee par un alchimiste qui evoquait les esprits
II est vrai, repondit-il, qu'ils sont morts, raais elementaires. Une salamandre la hantait, et on
ils mangent de bon appetit. — Si cela est, dit le disait que depuis qu'elle avait brule quelques-
prince, qu'on me metle mon couvert, je veux uns des evocateurs, elle gemissait tous les jours
manger avec eux. » Ce mort d'imagination se a minuit, sans qu'on vit jamais rien et sans qu'on
leva, mangea avec ses illustres convives, et cette put rien decouvrir dans la chambre oii I'alchi-
invention de son officier lui fit recouvrer la sante miste avait opere.
du corps et de I'esprit qui etait en grand danger*. Hapi. Voy. Apis.
Halphas, grand comte des enfers. II parait Haquart. Remi, dans sa Demonolocjie , rap-
sous la forme d'une cigogne, avec une voix porle qu'une sorciere nommee Francoise Ha-
bruyante. 11 batit des villes, ordonne les guerres quart, condamnee au feu en 1587, avait livre sa
et commande vingt-six legions ^ G'est peut-etre fille Jeanne au demon lorsqu'elle n'avait encore
le meme que Malphas. que sept ans. Une femme chretienne se chargea
Haltias. Les Lapons donnenl ce nom aux va- de cette enfant, et pour la prot^ger contre le de-
peurs qui s'elevent des lacs, et qu'ils prennent mon elle la mit coucher entre deux pieuses
,

pour les esprits auxquels est commise la garde servantes. Mais, a la vue de tous les voisins, elle
des montagnes. fut enlevee et resta longtemps suspendue en I'air,
Hamlet, prince de Danemark, a qui apparut pendant que les servantes criaient « Seigneur :

le spectre de son pere pour demander une ven- Jesus, sauvez-nous. » Elle resta huit jours sans
prendre aucun aliment, et on ne la delivra que
1 Un
tableau de Restout, peintre c^lebre, mort par I'exorcisme.
en 1768, donna lieu a une aventure assez plaisante.
Le tableau representait la destruction du palais d'Ar- Haquin. Les anciennes histoires scandinaves
mide. Un Suisse, qui etait dans le vin, se passionna font mention d'un vieux roi de Suede, nomme
pour ce palais, a peu pres comme don Quichotte pour Haquin, qui commenga a regner au Iroisieme
don Galiferos et la belle Melissande. II prit son sabre, siecle et ne mourut qu'au cinquieme, age de deux
et frappant a grands coups sur les demons qui demo-
cent dix ans, dont cent quatre-vingt-dix de regne.
lissaient cet edifice, il detruisit I'effet magique du
tableau et le tableau lui-meme. 11 avait deja cent ans lorsque , ses sujets s'etant
Wierus, in Pseudomonarchia deem.
'^
\
revoltes contre lui , il consulla I'oracle d'Odin
21
HAR — 322 — HAR
qu'on reverait aupres d'Upsa]. II Ini fut repondu troldman (niagicien) espionner le pays apres
que s'il voulait sacrifier le seul flls qui lui reslait, avoir etudie ses abordages. Le troldman, pour
il vivraii et regnerait encore soixante ans. II y con- n'etre pas devine se changea en baleine
, et ,

sentit, et ses dieux lui tinrent parole. Bien plus, sa nagea vers I'lslande. II vit venir a lui dans une
vigueur se ranima a I'age de cent cinquante ans; nacelle un Islandais qui etant aussi magicien le
, ,

il eut un Ills a nouveau et successivement cinq reconnut sous son deguisement; le pretendu ba-
autres, depuis cent cinquanle ans jusqu'a cent telier sifila ; et les ladwaiturs, genies protecleurs
soixante. Se voyant pres d'arriver a son terme, de I'lslande, dCanent avertis, s'elancerent en
il tacha encore de le prolonger; et les oracles formes de dragons et flrent tomber sur la ba-
lui repondirent que de ses en-
s'il sacriiiait I'aine leine une trombe de venin. Le troldman deguise
fants, il le fit. Le
regnerait encore dix ans; il s'echappa et courut dans un autre site sous la
second lui valut dix autres annees de regno, et forme d'un enorme oiseau. Le magicien islandais
ainsi de suite jusqu'au cinquieme. Enfin il ne lui I'attaqua avec une pique; I'oiseau blesse tomba;
restart plus que celui-la il etait d'une caducite ; le troldman en sortit encore et se metamorphosa

extreme, mais il vivait toujours; ayant voulu en un taureau monstrueux c'etait aupres de Bri-
;

sacrifier encore ce dernier rejeton de sa race, le dafort; echouantde nouveau, il reparut en geant;
peuple lasse du monarque et de sa barbarie le
, , mais toujours sans succes et Harold-Germson ;

chassa du trone ; il niourut, et son fils lui succeda. ne put avoir les renseignemenls qu'il voulait.
Delancre dit que ce monarque etait grand sor- Tout ce recit nous vient d'une saga due a un
cier et qu'il combaltait ses ennemis a I'aide des
, vieux barde idolatre, et c'est une alteration de
Elements. Par exeniple il leur envoyaitde la pluie la verile. II s'agit la des efforts que firent les rois

ou de la grele. scandinaves Olof Triggvason et llarald ou Ha-


Haridi,serpenthonoreaAkhmin, villed'Egypte. rold-Germson pour convertir I'lslande au chris-
II y a quelques siecles qu'un derviclie nomme tianisme. Ce ne furent pas des magiciens, mais
Haridi y mourut; on lui eleva un tonibeau, sur- des missionnaires qu'ils y envoyerent; et il fal-
monte d'une coupole au pied de la niontagne ,
; lut des efforts immenses pour etablir dans celte

les peuples vinrent lui adresser des prieres, Un lie sauvage un peu de christianisme, qui depuis

autre derviche profita de la credulile des bonnes est tombe avec celui des autres pays du Nord,
,

gens, et leur dit que Dieu avait fait passer I'es- dans le lutheranisme, tout en conservant ses ma-
prit du defunt dans le corps d'un serpent. 11 en giciens ou sorciers, qui florissent encore de nos
avait apprivoise un de ceux qui sont communs jours *.

dans la Theba'ide et qui ne font pas de mal ce ; Harpe. Chez les Caledoniens, lorsqu'un guer-
reptile obeissaita sa voix. Le derviche mit a I'ap- expose a un grand peril, les
rier cclebre etait
parition de son serpent tout I'appareil du cliarla- harpes rendaient d'elles-memes un son lugubre
tanisme; il eblouit le vulgaire et pretendit guerir et prophetique; souvent les ombres des aieux du
toutes les maladies. Quelques succes lui donne- guerrieren pincaientles cordes. Lesbardes alors
rent la vogue. Ses successeurs n'eurent pas de commenqaient un chant de mort, sans lequel au-
peine a soutenir une imposture lucrative ils s'en- ; cun guerrier n'etait admis dans le palais de
richirent en donnant a leur serpent I'immortalite nuages, et dont I'effet etait si salutaire que les
et pousserent I'impudence jusqu'a en faire un fantomes retournaient dans leur demeure pour y
essai public ; le serpent fut coupe en morceaux recevoir avec empressement et revetir de ses
en presence de I'emir, et depose sous un vase armes fantastiques le heros decede.
pendant deux heures. A I'instant oii le vase fut Harppe. Thomas Bartholin, qui ecrivait au
leve les serviteurs du derviche eurent sans doute dix-septieme siecle, raconte, apres une ancienne
,

I'adresse d'en substituer un semblable; on cria magicienne nommee Landela, dont I'ouvrage n'a
au prodige, et I'immortel Haridi acquit un nou- jamais ele imprime, un trait qui doit etre du trei-
veau degre de consideration. zieme siecle ou du quatorzieme. Un homme du —
Paul Lucas raconte que voulant s'assurer des Nord qui se nommait Harppe, etant a I'article de
,
,

choses merveilleuses que Ton racontait de cet la mort, ordonna a sa femme de le faire enterrer
animal il fit pour le voir le voyage d'Akhmin
, tout debout devant la porte de sa cuisine, alin ;

qu'il s'adressa a Assan-Bey, lequel fit venir le qu'il ne perdit pas tout a fait I'odeurdes ragouts

derviche avec le serpent ou I'ange, car tel est le qui lui etaient chers et qu'il put voir a son aise ,

nom qu'on lui donnait, et que ce derviche tira de ce qui se passerait dans sa maison. La veuve
son sein en sa presence I'animal merveilleux. executa docilement et fidelenient ce que son inari
C'etait, ajoute-t-il, une couleuvre de mediocre lui avait commande. Quelques semaines apres la

grosseur et qui paraissait fort douce. mort de Harppe, on le vit souvent apparaitre,
Haro, amille noble d'Espagne, qui pretend sous la forme d'un fantome hideux, qui luait les
descendre d'une fee. 1 Voyez la belle et savante introduction de
Harold-Germson, roi de Norvege qui, vou- M. Leouzon-le-Duc a sa traduction du Glaive runique
lant chalier I'lslande ,
envoya un habile et savant de Nicander.
HAR — 323 — HAR
ouvriers et molestait tellement les voisins, que Le corps de Harppe, dit ici
<( Dom Calmet (si
personne n'osait plus demeurer dans le village. Ton adniet la verite de ce fait), etait done reel-
Un paysan, nomme Olaiis Pa, fut assez hardi pour lement sorli de terre lorsqu'il apparaissait. Ce
attaquer ce vampire, car e'en etait un il lui porta
; corps ^vait etre palpable et vulnerable, puisqu'on
un grand coup de lance et laissa la lance dans
, trouva la lance dans la plaie. Comment sortit-il

Ja plaie. Le spectre disparut. Le lendemain, Olaiis de son tombeau, et comment y rentra-t-il? C'est
fit ouvrir le tombeau du mort; il trouva sa lance la difiieulte ; car qu'on ait trouve la lance et la
dans le corps de Harppe, au meme endroit ou il blessure sur son corps, cela ne doit pas sur-
avait frappe le fantome. Le cadavre n'etait pas prendre, puisqu'on assure que les sorciers, qui
corrompu; on le tira de terre; on le brula, on se metamorphosent en chiens, en loups-garous,
jeta ses cendres a la mer, et on fut delivre de ses en chats, etc. ,
portent dans leurs corps humains
funestes apparitions les blessures qu'ils ont recues aux meraes parties

des corps dont ils se sont revetus, et dans les- La" mere de Jeanne avait ete brulee comme sor-
quels ils apparaissent. » Le plus croyable sur cette ciere. Elle, qui du reste avait commis d'autres
histoire peu averee est probablement qu'elle est crimes, fut egalement brulee, a I'age de cinquante
fort alleree. Voy. Vampires. 1578
ans, le dernier jour d'avril de I'annee
Harvilliers (Jeanne), sorciere des environs Harvis. C'est le nom qu'on donne aux sor-
de Compiegne, au commencement du seizieme ciers de I'Egypte moderne.
siecle. Dans son proces, elle raconta que sa mere De tout temps, dit M. Theodore Pavie,
((

I'avait presentee au diable des I'age de douze I'Egypte a eu des sorciers. Les devins qui lul-
ans; que c'etait un grand negre vetu de noir; terent contre Moise firent tant de prodiges, qu'il
qu'il arrivait, quand elle le voulait, botte, epe- fallut au legislateur des Hebreux la puissance
ronne et ceint d'une epee qu'elle seule le voyait, invincible dont Jehovah I'avait doue pour triom-
;

ainsi que son cheval, qu'il laissait a la porle. — pher de ses ennemis. La cabalistique , la magie,
* Bartholini, De causa contemptus mortis, etc., ' M. Jules Garinet, Hist, de la magie en France,
lib. IL p. 133.
21.
HAR — 3 2k — HAR
les sciences occultes imporlees par les Arabes
, lui accorder puis tout a coup il lira de sa poche
;

en Espagne, puis dans toute I'Europe, ou deja un calam (sorte de plume) etde I'encre, demaada
elles avaient paru sous d'auLres formes a la suite un rechaud, et se mil a ecrire ligne a ligne, sur
des barbares venus d'Orient par le Nord, n'etaienl un long morceau de papier, de mysterieuses sen-
que des tentalives pour retrouver ces pouvoirs tences. Des qu'il eut jete dans le feu quelques- i

surnaturels, premier apanage de I'homme, alors unes de ces lignes, dechirees successivement, le i

qu'il commandait aux choses de la creation en charme commencant a operer, un enfant fut in-
les appelant du nom que la voix de I'Eternel leur Iroduil. C'etail un Nubien de sept a huit ans,
avail impose. Desormais, soit que les lumieres de esclave au service de I'un de nos convives re- ,

la verite, plus repandues, rendent moins faciles cemment arrive de son pays, noir comme I'encre
les experiences des sorciers degeneres, soit que du harvi, el affuble du plus simple costume lure.
rhomme en avangant dans les siecles perde peu
a peu ce reste d'empire sur la matiere, qu'il
cherche aujourd'hui a dompter par I'analyse des
lois auxquelles elle obeit, toujours est-il que la
magie est une science perdue ou consideree
comme telle. L'Egypte cc,;cndant pretend en
avoir conserve la tradition et les devins du Caire
;

jouissent encore, sur les bords du Mil, d'une re-


putation colossale. II ne s'agit pas pour eux pre-
cisement de jeter des sorts de predire des mal-
,

heurs ils n'ont pas la seconde vue du Tyrol ou


;

de I'Ecosse leur science consiste a evoquer, dans


;

le creux de la main d'un enfant pris au liasard,


telle personne eloignee dont le nom est prononce
dans I'assemblee, el de la faire depeindre par ce
meme enfant, sans qu'il I'ait jamais vue, sous
des trails impossibles a meconnailre. Le plus ce-
lebre des harvis a eu I'honneur de travailler de- L'Alj^rion ct son Nubieii.

vant plusieurs voyageurs europeens , dont les


ecrits onl ele lus avec avidite, el il a generale- Le sorcier prit la main de I'enfanl, y laissa tom-
menl assez bien reussi pour que sa gloire n'ait ber une goutte du liquide magique, I'etenditavec
eu rien a souffrir de ces rencontres perilleuses. sa plume de roseau et abaissant la lete du pa-
,

Voir cet homme, assister a une seance de magie, tient sur ses doigts, de maniere qu'il ne put
juger par mes propres yeux de I'etat de la sor- rien voir, il le plaga dans un coin de I'apparle-
cellerie en Orient, ces Irois desirs me lenlaient ment, pres de dos tourne a I'assemblee.
lui, le

violemmenl I'occasion s'en presenla.


: — Lady K... le plus impetueux des
! s'ecria
» C'etail au Caire, dans une des hotelleries de spectaleurs. —
Et I'enfanl, apres avoir hesile
cette capitale de I'Egyple. A la suite de quelques quelques instants, prit la parole d'une voix faible.
discussions qui s'etaient elevees entre nous au — One vois-tu ? lui denianda son mailre, tandis
sujet du grand harvi, il fut unanimemenl resolu que le harvi, de plus en plus serieux, marmollait
de le faire appeler. La table etail presque loule des vers magiques tout en brulant ses papiers,
,

composee d' Anglais. Vers la lin du diner, le sor- dont il une grande poignee de dessous sa
lira

cier arriva. 11 entre, fait un leger signe de tele, robe. —


Je vois, repondil le petit Nubien; je
et va s'asseoir au coin du divan, dans le fond du vois des bannieres, des mosquees, des chevaux,
salon. Bienlol, apres avoir acceple le cafe et la des cavaliers, des musiciens, des chameaux...
pipe, comme chose due a son importance, il se — Toutes choses qui n'ont rien a faire avec
recueille, tout en parcourant I'assemblee d'un Lady K..., me dit lout bas un esprit fort. —
regard scrulateur. Le devin est ne a Alger; sa S/mif la ib ! S/ionf ta ib ! regarde bien ! criail

physionomie n'a rien de gracieux, son oeil est le spectateur qui voulail evoquer lady K... L'en-
perqant et peu ouvert sa barbe grisonnante
; fant se taisail, balbuliail; puis il declara qu'il
laisse voir une bouche petite, a levres minces et voyail une personne. — Est-ce une dame, un
serrees; ses traits, plus fins que ceux d'un Egyp- monsieur ? — Une dame — Le ! harvi s'apergut
tien, n'ont pas non plus le calme impassible et a nos regards qu'il avail deja convert! a moitie
sauvage du Bedouin; il est grand, fier, dedai- les plus incredules.—El comment est celte dame?
gneux, et se pose en homme superieur. Tandis — Elle est belle, reprit I'enfant, bien vetue et
que nous achevions de fumer, celui-ci son chi- bien blanche un bouquet a la main elle
; elle a ;

bouk, celui-la son narguile le harvi, immobile , est pres d'un balcon, el regarde un beau jardin.
dans son coin, cherchait a lire sur nos visages le — On dirait que ce negrilion a vu quelquefois
d"gre de croyance que nous etions disposes a les portraits de Lawrence, dit le mailre de I'es-
, ,;

HAR — 325 — HAR


clave a son voisin; il a devine juste, et pourtant ne fut pas heureux ou ne fut pas adroit'. M. Leon
jjamais riei) de semblable ne s'est presente a ses de Laborde avait ete plus favorise car voici un
— Et puis
;

iyeiix. ,
reprit I'enfant apres quelques fragment curieux qu'il a publie en 1833 dans la
^econdes, car il parlait lentement et par mots Revue des deux mondes, et qu'on retrouve dans
^ntrecoupes, cette belle dame a trots jambes! ses Commentaires geographiques sur la Genese.
L'effort que fit le harvi pour ne pas aneantir le « L'Orient, cet antique pays, ce vieux ber-
pegrillon d'un coup de poing se trabit par un ceau de tons les arts et de toutes les sciences,
pourire force. II lui repeta avec une douceur con- fut aussi et de tout temps le domaine du savoir
- jtrainte, une grace pleine de rage: Shonf ta — occulte et des secrets puissants qui frappent I'ima-
\h! regarde bien ! L'enfant trerablait ; toutelbis il gination des peuples. J'etais etabli au Caire de-
iffirma que le personnage evoque dans le creux puis plusieurs mois (1827), quand je fus averti
Je sa main avait trois jambes. un matin par lord Prudhoe qu'un Algerien^ sor-
Aucun de nous ne put se rendre compte de
)) cier de son metier, devait venir chez lui pour lui
'illusion; mais on fit retirer le petit negre qui montrer un tour de magie qu'on disait extraor-
,

lit remplace par un autre en tout semblable. dinaire. Bien que j'eusse alors peu de confiance
i)urant cette interruption, le sorcier avait mar- dans la magie orientale, j'acceptai I'invitation
notte bon nombre de phrases magiques et brule c'etait d'ailleurs une occasion de me trouver en
orce papiers. L'assemblee fumait, le cafe circu- compagnie fort agreable. Lord Prudhoe me regut
aitsans cesse I'animation allait croissant. On
: avec sa bonte ordinaire et cette humeur enjouee
onvint d'evoquer cette fois sir F. S... facile a , qu'il avait su conserver au milieu de ses connais-
econnaitre, puisqu'il a perdu un bras. Le nou- sances si varices et de ses recherches assidues
'eau negrillon prit la place du premier, abaissa dans les contrees les plus difficiles a parcourir.
le meme sa tete sur la goutte d'encre, et Ton fit Un homme grand et beau, portant turban vert
ilence. Sir F. S... —dit une voix dans I'as- ! et benisch de meme couleur, entra c'etait I'Al- :

;emblee, et l'enfant repeta, syllabe par syllabe, gerien. 11 laissa ses souliers sur le bout du tapis,
;e nom tout a fait barbare pour lui. Ainsi que son alia s'asseoir sur un divan et nous salua tous, a
)redecesseur , il declara voir des chevaux
des ,
tour de role, de la formule en usage en Egypte.
hameaux, des bannieres de mu- et des troupes 11 avait une physionomie douce et affable, un
;iciens c'est le prelude ordinaire, le chaos qui
: regard vif, pergant, je dirai meme accablant, et
;e debrouille avant que la lumiere magique de la qu'il semblait eviter de fixer, dirigeant ses yeux
^oulte d'encre eclaire le personnage demande. a droite et a gauche plutot que sur la personne a
.e harvi ne comprend ni le frangais, ni I'anglais, laquelle il parlait; du reste, n'ayant rien de ces

^\ I'italien ;
mais, habitue a lire dans les regards airs etranges qui denotent des talents surnaturels
lupublic, il devina qu'on lui proposait un sujct et le metier de magicien. Habille comme les ecri-
narque par quelque signe particulier. Jadis on vains ou les hommes de loi, il parlait fort sim-
iii avait demanddde faire paraitre Nelson, a qui, plement de toutes choses et meme de sa science
omme chacun sait , il manquait un bras et une sans emphase ni mystere surloul de ses expe-
, -

ainbe, et il avait rencontre juste, grace a la riences qu'il faisait ainsi en public et qui sem-
,

i:elebrite du heros. Cette fois, il eut vent de blaient a ses yeux plutot un jeu, a cote de ses
j^iielque tour de ce genre; aussi, apres bien autres secrets qu'il ne faisait qu'indiquer dans la
des reponses confuses, I'enfant s'ecria : — Je conversation. On lui apporta la pipe et le cafe,
\'ois un monsieur ! c'est un Chretien , il n'a pas et pendant qu'il parlait, on fit venir deux enfants
Je turban: son habit est vert Je ne vols sur lesquels il devait operer.
iqu'un bras! A ces mots, nous echangeames Le spectacle alors commenga. Toule la so-
))

pn sourire, comme des gens qui s'avouent vain- ciete se rangea en cercle autour de I'Algerien,
icus : il fallait croire a la magie... Mais mon qui fit asseoir un des enfants pres de lui, lui prit
voisin I'esprit fort , apres avoir fait bouillonner la main et sembla le regarder attentivement. Cet
I'eau de son narguile avec un bruit effroyable enfant, fils d'un Europeen, etait age de onze ans
regarda le harvi. Je remarquai que notre pensee et parlait parfaiLement I'arabe. Achmed, voyant
javait ete mal interpretee par le devin, et qu'il son inquietude au moment ou il tirait de son
Ichancelait dans son affirmation, supposant que ecritoire sa plume de jonc, lui dit N'aie pas : —
jnous avions ri de pitie. II demanda done a I'en- peur, enfant, je vais t'ecrire quelques mots dans
{fant: —
Tu ne vois qu'un bras? Et I'autre? la main tu y regarderas, et voila tout. L'enfant
,

L'enfant ne repondit pas et il se fit un grand , se remit de sa frayeur, et I'Algerien lui traga
isilence. On entendit les petits papiers s'enflam- dans la main un carre, entremele bizarrement
mer pins vivement sur le rechaud. — L'autre de lettres et de chiffres, versa au milieu une
jbras, reprit le negrillon... je le vois: ce mon- encre epaisse et lui dit de chercher le reflet de
sieur le met devant son dos, et il tient un gant
1 L'extrait qu'on vient de lire de M. Theodore
de cette main !.,. »
Pavie a vu lejour en 1839.
Ainsi le harvi qui opera devant M. Th. Pavie 2 Ce n'otait pas celui que vit plus tard M. Pavie.
;
, i1

HAR — 326 — HAR


son visage. L'enfant repondit qu'il le voyait. Le enfin le major Felix, compagnon de voyage de
magicien deraanda un rechaud qui fut apporte lord Prudhoe. — Ordonnez au soldat d'amener
siir-le-champ puis il deroula trois petits cornels
;
Shakspeare, dit I'Algerien. — Amene Shaks-
de papier qui conlenaienl differents ingredients, peare ! cria l'enfant d'une voix de maitre. — Le
qu'il jeta en proportion calculee sur le feu. II voila ! ajouta-t-il apres le temps necessaire pour
I'engagea de nouveau a chercher dans I'encre le ecouler quelques-unes des formules inintelligibles
reflet de ses yeux a regarder bien altentive-
, du sorcier. Notre elonnement serait difficile a d6-
ment, et a I'averlir des qu'il verrait paraitre un crire, aussi bien que la fixite de notre attention
soldat lure balayant une place. L'enfant baissa aux reponses de l'enfant. Comment est-il ? — —
la tele; les parfums petillerent au milieu des II porte un benisch noir; il est tout habille de

charbons : et le magicien, d'abord a voix basse, noir, il a une barbe. Est-ce lui? nous demanda —
puis relevant davantage, prononca une kyrielle le magicien d'un air fort naturel, vous pouvez

de mots dont a peine quelques-uns arriverent d'ailleurs vous informer de son pays de son age. ,

distinclemenl a nos oreilles. Le silence elait — — Eh bien, ou est-il ne? dis-je. Dans un pays —
profond l'enfant avail les yeux fixes sur sa main
; tout entoure d'eau. Cette reponse nous elonna
la fumees'eleva en larges ilocons, repandanl une encore davantage. — Faites venir Cradock, ajouta
odeur forte et aromalique. Achmed, impassible, lord Prudhoe avec cette impatience d'un homme
semblait vouloir stimuler de sa voix, qui de douce qui craint de se fier trop facilement a une super-
devenait saccadee, une apparition trop tardive, cherie. Le caouas (soldat lure) I'amena. Com- —
quand tout a coup jetant sa tele en arriere pous-
, ,
ment est-il habille? — II a un habit rouge, sur
sant des cris et pleurant amerement, I'enfaul sa tele un grand tarbousch noir, et quelles droles
nous dil , a travers les sanglols qui le suffoquaient, de bottes! je n'en ai jamais vu de pareilles :

qu'il ne voulait plus regarder, qu'il avail vu une elles sont noires et lui viennenl par-dessus les

figure affreuse; il semblait terrifie. L'Algerien jambes.


n'en parut point etonne, simplemenl il dil :
— » Toutes ces reponses dont on retrouvait la

Get enfant a eu peur, laissez-le; en le forgant, on verile sous un embarras naturel d'expressions
pourrait lui frapper trop vivement Tiraagination. qu'il aurait ele impossible de feindre, etaient
» On amena un petit Arabe au service de la mai- d'autant plus extraordinaires qu'elles indiquaient
son el qui n'avail jamais vu ni rencontre le ma- d'une maniere evidente que l'enfant avait sous
gicien peu intimide de tout ce qui venait de se
;
lesyeux des choses entierement neuves pour lui.
passer, il se prela gaiemenl aux preparatifs el Ainsi, Shakspeare avait le petit manleau noir
fixa bientot ses regards dans le creux de sa main de I'epoque qu'on appelail benisch et l0(*l le
, ,

sur le reflet de sa figure qu'on apercevail meme costume de couleur noire qui ne pouvait se rap-

,

de cole, vacillant dans I'encre. Les parfums porter qu'a un Europeen, puisque le noir ne se
recommencerent a s'elancer en fumee epaisse, el porte pas en Orient, et en y ajoutant une barbe
les formules parlees en un chant monotone, se que les Europeens ne portent pas avec le cos-
renforganl et diminuant par intervalles, sein- tume franc, c'elait une nouveaute aux yeux de
blaient devoir soutenir son attention Le voila, : — l'enfant. Le lieu de sa naissance explique par ,

s'ecria-l-il , el nous remarquames I'emotion sou- un pays tout entoure d'eau est a lui seul sur- ,

daine avec laquelle il porta ses regards sur le prenant. Quant a I'apparilion de M. Cradock,
centre des signes magiques. — Comment est-il qui elait alors en mission diplomatique pres du
habille? — une veste rouge brodee d'argent,
II a pacha elle est encore plus singuliere car le
a sa ceiuture. — Que
, ;

un turban des et pislolets grand tarbousch noir, qui est le chapeau mill-
— balaye une place devant une grande
fait-il ? 11 taire a trois cornes, et ces bottes noires qui se i

tente riche rayee de rouge


et belle ; elle est et portent par-dessus la culotte, etaient des choses
de vert avec des boules d'or en haul. — Regarde que l'enfant avouait n'avoir jamais vues aupara-
qui vienl a present? — C'est le sultan suivi de vant ; et pourtanl elles lui apparaissaienl.
j
'

tout son monde. Oh ! que c'est beau !... El l'en- » Nous fimes encore apparaitre plusieurs per- j

comtne dans
fant regardait a droite el a gauche, sonnes; et chaque reponse, au milieu de son
lesverresd'une optique dont on cherche aelendre irregularite, nous laissait toujours une profonde
I'espace. — Comment est son cheval ? — Blanc, impression. Enfin le magicien nous avertit que

i

avec des plumes sur la tele. Et le sultan ? — l'enfant se fatiguait; il lui releva la tele, en lui

II a une barbe noire, un benisch vert. appliquant ses pouces sur les yeux et en pronon-
» Ensuitel'Algerien nous dil Maintenant, mes- : gant des paroles mysterieuses ;
puis il le laissa.

sieurs, nommezpersonne que vous desirez


la L'enfant elait comme ivre : ses yeux n'avaieht
faire paraitre ayant soin seulemcnt do bien arti-
; point une direction fixe , son front elait convert
culer les noms, afin qu'il ne puisse pas y avoir de sueur tout son etre semblait violemment at-
;

d'erreur. Nous nous regardames tous, et, comme laque. Cependant il se remit peu a peu, devint
toujours, dans ce moment personne ne retrouva gai , content de ce qu'il avait vu ; il se plaisait a
un nom dans sa memoire. Shakspeare, dit — le raconter , a en rappeier toutes les circon-
,

HAR — 327 HAS


stances, ety ajoutaitdes details commea un evene- » L'Algerien opera sur son enfant devant moi.
meiit qui se serait reellement passe sous ses yeiix. Ce petit garcon en avait une telle habitude que
» Mon etonoement avait siirpasse mon at- les apparitions se succMaient sans difficulte. II
tente; mais j'y joignais line apprehension plus nous raconta des choses fort extraordinaires et ,

grande encore je craignais une mystification, el


;
dans lesquelles on remarquait une originalite qui
je rfeolus d'examiner par moi-meme ce qui otait toute crainte de supercherie. J'operai le
dans ces apparitions, en apparence si reelles et lendemain devant Achmed avec beaucoup de
cerlainement si faciles a obtenir, appartenait an succes et avec toute I'eraotion que pent donner
,

metier de charlatan, et ce qui pouvait resulter le pouvoir etrange qu'il venait de me comrau-

d'une influence magnetique quelconque. Je me niquer. A Alexandrie je fis de nouvelles expe-


retirai dans chambre, et j'appelai
le fond de la riences pensant bien qu'avec cette distance je
,

Bellier, mon drogman. Je lui dis de prendre a ne pourrais avoir de doute sur I'absence d'intel-
part Achmed et de lui demander si pour une , ligence entre le magicien et les enfants que j'em-
somme d'argent, qu'il fixerait, il voulait mede- ployais, et, pour en etre encore plus sur, je les
voiler son secret ; a la condition , bien entendu , allai chercher dans les quartiers les plus recules

que je m'engagerais a le tenir cache de son vi- ou sur les routes, au moment oii ils arrivaient
vant. — Le spectacle termine Achmed tout en , , de la campagne. J'obtins des revelations surpre-
fumant mis a causer avec quelques-uns
, s'etait nantes qui toutes avaient un caractere d'origi-
,

des spectateurs, encore surpris de son talent; nalite encore plus extraordinaire que ne I'eut ^te
puis apres il partit. J'etais a peine seul avec Bel- celui d'une verite abstraite. Une fois entre autres,
lier, que je m'informai de la reponse qu'il avait je fis apparaitre lord Prudhoe, qui etaitau Caire,
obtenue. Achmed lui avait dit qu'il consentait a et I'enfant, dans la description de son costume,
m'apprendre son secret. se mit a dire : — Tiens , c'est fort drole , il a un
)>Le lendemain nous arrivames a la grande sabre d'argent. Or, lord Prudhoe etait le seul
mosquee El-Ahzar, pres de laquelle demeurait peut-etre en Egypte qui portat un sabre avec un
Achmed I'Algerien. Le magicien nous regut po- fourreau de ce metal. De retour au Caire, je sus
liment et avec une gaiete affable-; un enfant jouait qu'on pariait deja de ma science, et un matin,
pres de lui c'etait son fils. Peu d'instants apres,
: a mon grand etonnement, les domestiques de
un petit noir d'une bizarre tournure nous ap- M. Msarra, drogman du consulat de France, vin-
porta les pipes. La conversation s'engagea. rent chez moi pour me prier de leur faire re-
Achmed nous apprit qu'il tenait sa science de trouver un manteau qui avait ete vole a I'un
deux cheicks celebres de son pays' el ajouta commengai cette operation qu'avec
d'eux. Je ne
qu'il ne nous avait raontre que bien peu de ce une certaine crainte. J'etais aussi inquiet des re-
qu'il pouvait faire. Je puis, dit-il, endormir — ponses de I'enfant que les Arabes qui atten-
quelqu'un sur-le-champ le faire tomber, rouler, , daient le recouvrement de leur bien. Pour comble
entrer en rage et au milieu de ses acces le for-
, de malheur, le caouas ne voulait pas paraitre,
cer de repondre a mes demandes et de me de- malgre force parfums que je precipitais dans le
voiler tons ses secrets. Quand je le veux aussi, je feu, et les violentes aspirations de mes invoca-
fais asseoir la personne sur un tabouret isole , et tions aux genies les plus favorables ; enfin il ar-
tournant autour avec des gestes particuliers , je riva et, apres les preliminaires necessaires, nous
Tenders immediatement mais elle reste les ; evoquames le voleur. II parut. II fallait voir les
yeux ou verts, parle et gesticule comme dans teles tendues, lesbouches ouvertes, les yeux fixes
I'etat de veille. de mes spectateurs, attendant la reponse de I'ora-
» Nous reglames nos conditions; il demanda cle, qui en effet nous donna une description de
quarante piastres d'Espagne et le serment sur le sa figure, de son turban, de sa barbe C'est : —
Koran de ne reveler ce secret a personne. La Ibrahim , oui , c'est lui , bien sur !
— s'^cria-t-on

somme fut reduite a trenle piastres; et le ser- de tons cotes; et je vis que je n'avais plus qu'a
ment ou plulot chante il fit raonter son
fait , appuyer mes pouces sur les yeux de mon patient,
petit garQon et prepara pendant que nous fu- ,
car ils m'avaient tons quilte pour courir apres
mions tons les ingredients necessaires a son
, Ibrahim. Je souhaite qu'il ait ete coupable, car
operation. Apres avoir coupe dans un grand rou- j'ai entendu vaguement parler de quelques coups

leau un petit morceau de papier, il traca dessus de baton qu'il regut a cette occasion.... »

les signes a dessiner dans la main et les lettres Hasard. Le hasard que les pa'iens appelaient,

qui y ont rapport; puis, apres un moment d'he- la Fortune, a toujours eu un culte etendu, quoi-
sitation, il me le donna. J'ecrivis la priere que qu'il ne soit rien par lui-meme. Les joueurs, les

voici sous sa dictee : « Anzilou-Aiouha-el-Djenni- guerriers.les coureursd'aventures, ceux qui cher-


Aiouha-el-Djennoun-Anzilou-Bettakki-Matalahou- chent la fortune dans les roues de la loterie, dans
touhou-Aleikoum-Taricki-Anzilou-Taricky. » — I'ordre des cartes, dans la chute des des, dans
Les trois parfums sont « Takeh-Mabachi : ,
— un tour de roulette, ne soupirent qu'apres le
Ambar-Indi. —
Kousombra-Djaou. » hasard! Qu'est-ce done que le hasard? Un ev6-
HAS — 328 — HEC
neinenl fortuit amene par I'occasion on par des bizarrerie el la rencontre du nom, du saul eldu
causes qu'on n'a pas sii prevoir, heiireux pour sauteur, dit gravement Delancre Un Allemand :

les uns, malheureux pour les anlres. » Un Alle- saute au saut de I' Allemand , et la mort an troi- ,

mand saulant en la ville d'Agen sur le gravier, sieme saut, lui faitfaire le saut de la mort... » On
I'an 1597, au saut de I'Allemand, mourut tout voilqa'au seizieme siecle meme on trouvait aussi
roide au troisieme sauL Admirez le liasard, la des hasards merveilleux dans les jeux de mots.

Le HasarJ ou li Forlime. V

Hasparius-Eubedi. Saint Augustin cite cet Haussy (Marie de) , sorcierc du seizieme sie-
hoirime de son diocese coninfie ayant eu sa niaison cle qu'une autre sorciere declara dans sa con-
,

infeslee par les esprits inalins. Un pretre qu'il fession avoir vue danser au sabbal avec un sor-
envoya i'en delivra *. cier de la paroisse de Faks, leqnel adorait le
Hatchy. I'oij. HnAcmcii. dial)le
Hatton II, surnomme Bonose, usurpateur Hecate, diablesse qui preside aux rues et aux

du siege archiepiscopal de Mayence il vivait ; carrefours. Eile est chargee, aux enfers, de la

en 107/|. 11 avail refuse de nourrir les pauvres police des cliemins el de la voie publique. Elle a
dans un temps de famine, el avail meme fait trois visages le droit de cbeval, le gauche de
:

bruler une grange pleine de gens qui lui deman- chien , le miloyen de femme. Delrio dit « Sa :

daienl du pain il peril miserablement. On rap-


: presence fait trembler la terre, eclaler les fenx

porte que eel inlrus, elant tombe malade dans el aboyer les chiens. ;> Hecate, chez les anciens,
une tour qui est situee en une pelite ile sur les etait aussi la triple Hecate : Diane sur la terre,

bords du Rhin, y avail ete visile de tant de rats, Proserpine aux enfers, la lune dans le ciel . Ce sont,

qu'il fut impossible de les chasser. II se fit trans- au dire des aslronomes, les trois phases de la lune.
porter ailleurs, dans I'espoir d'en etre delivre, Hecatonchires. Ce sonl les geants marins qui
mais les rats, s'etant multiplies, le suivirent a la se revolterenl conlre Jupiter avec les Tilans. lis

nage, le joignirent el le devorerent. Poppiel II, doivent leur nom a celle circonstance qu'ils

roi de Pologne, souille de crimes, fut pareillement avaient cent bras el cinquante letes.
d^vore par les rats.
1 Delancre, Tableau de V inconslance des demons,
* La Cite de Dieu, liv. XXII, ch. viii. p. 44.
.

Etc 329 HEL


Hecla. Les Islandais prelendaient autrefois que ouvert, ne se remplissait jamais. Elle avait le
I'enfer etait dans leur ile, et ils le placaient dans meme nom que I'enfer. La mythologie scandi-
le goufre du mont Hecla. lis croyaient aussi que nave donne le pouvoir de la mort a Hela, qui
le bruit produit par les glaces, quand elles se gouverne les neuf mondes du Niflheim. Ce nom
choquentet s'amoncellent sur leurs rivages, vient signifie mystere, seci'et, abime. Selon la croyance
des cris des damncs tourmenles par un froid populaire des paysans de Tantique Cimbrie, Hela
excessif, et qu'il y a des ames condamnees a repand au loin la peste et laisse tomber tous les
geler eternellement , comme il y en a qui bru- ileaux de ses terribles mains en voyageant la
lent dans des feux eternels. nuit sur le cheval a trois pieds de I'enfer (Hel-
Cardan dit que cette raontagne est celebre par hest). Hela et les loups de la guerre ont long-
I'apparition des spectres et des esprits. II pense temps exerce leur empire en Normandie. Cepen-
avec Leloyer ' que dans celte monlagne
c'est dant, lorsque les hommes (hi Nord de Hastings
de I'Hecla que les ames des sorc'ers sont punies devinrent les Normands de Rollon, ils semblent
apres leur mort. n'avoir pas perdu le souvenir de leurs vieilles su-
Hecdekin ou Hodeken. En I'annee 1130, un perstitions aussi rapidement que celui de leur
demon que les Saxons appelaient Hecdekin ou langue niaternelle. D'Hela naquit Hellequin, nom
Hodeken, c'est-a-dire V esprit an bonnet, a cause dans Ie([uel il de reconnaitre Hela-
est facile
du bonnet dont il etait coiffe vint passer quel- , Kion, la race d'Hela deguisee sous I'orthographe
ques mois dans la ville d'Hildesheim en basse ,
romaine. Ce fut le tils d'Hela que Richard Sans
Saxe. L'eveque d'Hildesheim en etait aussi le peur, (ils de Robeit le Diable, due de Normandie,
souverain. En raison de ces deux litres, le de- rencontra chassant dans la foret. Le roman ra-
mon crut devoir s'attacher a sa maison. 11 se conte qu'Hellequin etait un cavalier qui avait
posta done dans le palais et s'y tit bientot con- depense toute sa fortune dans les guerres de
naitre avantageusement, soil en se montrant avec Charles -Martel contre les Sarasins pai'ens. La
complaisance a ceux qui avaient besoin de lui, guerre (inie, Hellequin et ses fils, n'ayant plus
soit en disparaissant avec prudence lorsqu'il de- de quoi soutenir leur rang, se jeterent dans de
venait imporlun, soit en faisant des choses re- mauvaises voies. Devenus de vrais bandits, ils
marquables et difficiles. II donnait de bons— n'epargnaient rien leurs viclimes demanderent
;

conseils dans les affaires diplomatiques portait ,


vengeance au ciel et leurs cris furent entendus.
,

de I'eau a la cuisine et servait les cuisiniers. Hellequin tomba malade et mourut; ses peches
La chose s'est passee dans le douzieme siecle les :
I'avaient mis en danger de damnation eternelle :

moeurs 6laient alors plus simples qu'aujourd'hui. heureusement ses merites comme champion de
11 frdquentait done la cuisine et le salon ; et la foi contre les paiens lui servirent. Son bon

les marmitons,voyant de jour en jour plus


le ange plaida pour lui, et obtintqu'en expiation de
familier, se divertissaient en sa compagnie. — ses derniers crimes, la famille d'Hellequin erre-
Mais un soir un d'eux se porta centre lui aux rait apres sa mort ,
gemissante et malheureuse,
injures, quelques-uns disent meme aux voies de une foret, tantot dans une autre,
tantot dans

fait. Le demon en colere s'alla plaindreau maitre n'ayant d'autres distractions que la chasse au
d'hotel, de qui il ne recut aucune satisfaction; sanglier, m.ais souvent poursuivie elle-meme par

alors il crut pouvoir se venger. 11 etouffa le mar-une meute d'enfer punition qui durera jusqu'au ,

miton, en assomma quelques autres, rossa le jugement dernier.


maitre d'hotel et sortit de la maison pour n'y
,
Helene ou Oleine, reine des Adiabenites,
plus reparaitre ^ dont le tombeau se voyait a Jerusalem, non sans
Hehugaste, sylphide qui se familiarisait avec artifice, car on ne pouvait I'ouvrir et le fermer
I'empereur Auguste. Les cabalistes disent qu'Ovide qu'a certain jour de I'annee. Si on I'essayait dans
fut relegue a Tomes pour avoir surpris Auguste un autre temps tout etait rompu ^ ,

en tete-a-tete avec elle; que la sylphide fut si Helene ou Selene, compagne mysterieuse de
piquee de ce que ce prince n'avait pas donne. Simon le magicien ^
d'assez bons ordres pour qu'on ne la vit point, Heleneion, plante que Pline fait naitre des
qu'elle I'abandonna pour toujours larmes d'Helene aupres du chene ou elle fut
Hekacontalithos. Pierre qui en renferiyie pendue et qui avait la verlu d'embellir les fem- ,

soixante autres diverses, que les troglodytes of- mes et de rendre gais ceux qui en mettaient dans
fraient au diabledans leurs sorcelleries leur vin.
Hela, fdle d'Angerbode et reine des trepasses Helgafell, montagne et canton d'Islande, qui
chez les anciens Germains. Son gosier, toujours a joui longtemps d'une grande reputation dans

Hisloire des spectres, p. 519.


1 Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des
1

Trith^me, Chronique d'Hirsauge.


2 Voyez sur cette reine les Legendes du
esprits, p. 61.
3 Lettres cabal i stiques , t. \", p. 64. Nouveau Testament.
^ Delancre, Tabl. de I'inconstance des demons, etc. ~ Voyez, dans les Legendes infernales, celle de

p. 18. Simon le magicien.


HEL — 330 — HEN
I'esprit des Islandais. Lorsque des parties plai- lias lui dit : —
Vous n'etes pas mon maitre, car
daient sur des objels doiileux, etqu'elles nepou- il porta une fraisa blanche et du clinquant a ses
vaient s'accorder, elles s'en allaient a Helgafell habits. Au mama instant, il fit le signe de la
pour y prendre conseil on s'imaginait que tout
: croix et le diable incontinent disparut... »
ce qui s'y decidait devait avoir una pleine reus- Etait-ce une hallucination?
site. Certaines families avaientaussi la persuasion Heliodore, magicien qui se donna au demon
qu'apres leur mort elles devaient revenir habiter et que quelques-uns croiant etre le meme que
ce canton. La montagne passait pour un lieu Diodore; il fit a Catane des prodiges qua la Si-
saint. Personne n'osait la regarder qu'il ne se fut cile raconte encore. On le compare a Simon le
lave le visage et les mains. magicien a Virgile et aux plus celebres enchan-
,

Helhest , cheval a trois pieds de I'enfer. teurs. Comma Faust etait servi par Mephisto-
I'oy. Hela. pheles, Heliodore etait servi par un autre demon
Helias. « Apparition admirable et prodigieuse nomme Gaspard. II faisait accepter des pierres
arrivee a Jean Helias, le premier jour de I'an 1623, pour da I'or. II voyageait sur un cheval qui etait
au faubourg Saint-Germain a Paris. » — Cast un un demon. II fascinait ceux qui voulaiant I'arretar
gentilhomme qui conta « Etant alia le di- ' : an prenant une figure et des formes qui n'etaient
mancha, premier jour de I'annee 1623, sur les pas las siennes. On lit dans la vie de saint Leon,
quatre heures apres midi a Notra-Dame, pour tradiiite du grec en 1826, qu'un jour I'impudent
parler aM. le grand penitencier sur la conversion magicien, entrant dans la basilique ou saint Leon
de Jean Helias, men laquais, ayant decide d'une celebrait las saints mysteras annonga que par, ,

heure pour le faire instruire, parce qu'il quittait son charme, il allait le faire danser avec tons ses
son heresie pour embrasser la vraie religion, je pretres. Mais le saint descendit de I'autel le lia ,

m'en fus passer du jour cbez M. de


le raste de son etole et le conduisit a un biicher prepare,
Sainte-Foi, docteur an Sorbonne, et me retirai ou il resta avec lui jusqu'a ce que cet homme
sur las six heures. Lorsque je rentrai, j'appalai vendu au diable fut reduit en candras.
mon laquais avant da monter dans ma chambre; Heliogabale, empereur de Rome il s'occupait ;

il ne me repondit point. Je demandai s'il n'etait de necromancie quoiqu'il meprisat toute reli-
,

pas a I'ecurie on ne m'en sut rien dire. Ja mon-


; gion. Bodin assure qu'il allait au sabbat et qu'il
tai, eclaire d'une servante; ja trouvai les deux y adorait le diable.
portes fermees, les clefs sur les serrures. En Heliotrope. On donnait ce nom a une pierre
entrant dans la premiere chambre, j'appelai en- precieuse, verte et tachetee ou vainee de rouge,
core mon laquais, qui ne repondit point; je le alaquellelesanciensontattribue un grand nombre
trouvai a demi couche aupres du feu la teta ap- , de vertus fabuleusas, comme de rendre invisibles
puyea contre la rauraille, las yaux at la bouche ceux qui la portaient.
ouverts; je crus qu'il avail du vin dans la teta; L'heliotrope, plante qui suit, dit-on, le cours du
at, le poussantdu pied, je luidis: Lavez-vous, — soleil, a ete aussi I'objet de plusieurs contes
ivrogne! —
Lui, tournant las yeux sur moi — : populaires.
Monsieur, me perdu;
dit-il mort;
,
ja suis je suis Hellequin, fils d'Hela. Pour sa legende,
le diable tout a I'haure voulait m'emporter. — II voy. IIkla.
poursuivit qu'etant entre dans la chambre, ayant Helsingeland, contree de la Suede qui a une
ferme les portes sur lui et allame la feu, il s'assit femme blanche. On dit qu'elle ne fait que du
aupres tira son chapelat da sa pocha et vit
, bien. On I'appelle la dame de I'Helsingeland \
tomber de la cheminee un gros charbon ardent Hennisseur (Le),lutin flamand, ainsi nomme
entre les chenets. Aussitot on lui dit Eh bien, : — a cause de son cri qui est celui d'un cheval en
vous voulez done me quitter? Croyant d'abord — hilarile.
que c'etait moi qui parlais, il repondit Par- : — Henoch. Les rabbins croient qu'Henoch, trans-
donnez-moi, monsieur, qui vous a dit cela? — ports au ciel, fut requ au nombre des anges, et
Je I'ai bien vu dit le diable vous etes alle tantot
, ; que c'est lui qui est connu sous les noms de Me-
a I'eglise. Pourquoi voulez-vous me quitter? je traton et de Michel, I'un des premiers princes du
suis bon maitre; tenez, voilade I'argent prenez- ; ciel lequel tient registre des merites et des pe-
en tant qu'il vous plaira. Ja n'en veux point, — ches des
,

Israelites. lis ajoutent qu'il aut Dieu et


repondit Helias. Le diable voyant qu'il rafusait , Adam pour maitres. Saint Jude, dans son Epitre,
son argent, voulut lui faire donner son chapelet. parlant de plusieurs Chretiens mal convartis, dit
— Donnez-moi ces grains que vous avez dans la (( C'est d'eux qu'Henoch qui a ete le saptieme
main dit-il on bien jeiez-les au fau. Mon la-
, , depuis Adam ,
,

a prophetise en ces termes :



quais repondit : —
Dieu ne commande point cela; Voila le seigneur qui va venir avec la multitude
ja ne veux pas vous obeir. Alors le diable se de ses saints pour exercer son jugement sur tons
montra a lui at voyant qu'il etait tout noir He-
; , les hommes, et pour convaincre tons les impies. »

1 Recueil de dissertations de Lenglet-Dufresnoy, 1 Voyez HodMdis, dans les Legendes des esprits
t. II, p. 459. et demons.
;

HEN — 331 — HEN


Le Livre d'Hinoch, tel que nous I'avons, passe vailler a eteindre la simonie ,
frequente surtout
pour apocryphe et n'est probablement pas celui en Allemagne. Henri devint empereur en 1139;
que cite saint Jude. il se souvint de sa parole et I'executa. Maisil ne

Henri III fils de Catherine de Medicis il


, ; tarda guere a tomber dans une facheuse mala-
etait infatuede superstitions. Ses contemporains die ; il fut trois jours a I'extremite sans aucun
le representent comme sorcier. Dans un des pam- sentiment. Un faible mouvement du pouls fit juger
phlets qu'on repandit contre lui, on lui reproche seulement y avait encore quelque lueur
qu'il
d'avoir tenu au Louvre des ecoles de magie et d'esperance de le ramener a la vie. Le prince
d'avoir regu en present des raagiciens un es- recouvra en effet la sante. Aussitot il fit appeler
prit familier nomme Terragon {voyez ce mot), du ce prelat, qu'il avait fait si precipitamment eve-
nombre des soixante esprits nourris a I'ecole de que, et, de I'avis de son conseil il le deposa. ,

Sohman. Cette accusation de sorcellerie est, dit- Afin de justifierun jugement aussi bizarre, il as-
on, ce'qui mit le poignard dans les mains de sura que, pendant les trois jours de sa lethargie,
Jacques Clement. Les ennemis de ce mauvais les demons se servaient de cette meme canule
prince avaient tente auparavant de le faire mourir d'argent, qui avait ete le prix de I'eveche pour ,

en piquant ses images en cire , ce qui s'appelait lui souffler un feu si violent que notre feu ele-
envouter. mentaire ne saurait lui etre compare. Ce fait
pamphlet intitule les Sor-
Voici I'extrait d'un singulier est rapporte par Guillaume de Malmes-
cclleries de Henri de Valois et les oblations qu'il bury, historien du douzieme siecle.
faisait au diable dans le hois de Vincennes, Didier- Henri IV, empereur d'Allemagne, I'un des
Millot, 1589, pamphlet qui parut quelques mois monstres de I'histoire. Excommunie, il eut une
avant I'assassinat de Henri III « Henri de "Valois,
: mort miserable*. Son fils, Henri V, marcha sur
d'Epernon et les autres mignons faisaient quasi ses traces.
publiquement profession de sorcellerie, etant Henri IV , roi d'Angleterre. II poursuivit les
commune a la cour entre iceux et plusieurs per- sorciers mais encouragea d'autres philosophes.
; il

sonnes devoyees de la religion catholique; on a Au rapport d'Evelyn, dans ses Numismata,


trouve chez d'Epernon un coffre plein de papiers Henri IV fut reduit a un tel degre de besoin par
de sorcellerie, auxquels il y avait divers mots ses folles depenses qu'il chercha a remplir ses
,

hebreux chaldaiques latins et plusieurs carac-


,
, coffres avec les secours de I'alchimie. L'enregis-
teres inconnus, des rondeaux ou cernes, desquels trement de ce singulier projet contient les pro-
alentour y avait diverses figures et ecritures
il testations les plus solennelles et les plus serieuses
meme des miroirs, onguents ou drogues, avec de I'existence et des vertus de la pierre philoso-
des verges blanches, lesquels semblaient etre de phale, avec des encouragements a ceux qui s'oc-
coudrier, que Ton a incontinent brules pour I'hor- cuperont de sa recherche et leur affranchisse- ,

reur qu'on en avait. On a encore trouve dernie- ment de toute espece de contrarietes de la part
rement au bois de Vincennes deux satyres d'ar- des statuts et prohibitions anterieures. On avait
gent, de la hauteur de quatre pieds. lis etaient predit a ce roi Henri IV qu'il mourrait a Jerusa-
au-devant d'une croix d'or, au milieu de laquelle lem. II se garda bien d'y aller. Mais il tomba ma-
on avait enchasse du bois de la vraie croix de lade subitement dans I'abbaye de Westminster et
Notre Seigneur Jesus-Christ, Lespolitiquesdisent y mourut dans une chambre appelee Jerusalem.
que c'etaient des chandeliers. Ce qui fait croire Henri VIII. Le Neron de I'Anglelerre servait
le contraire , c'est que dans ces vases, il n'y le diable, aussi bien que Luther, Calvin et con-

avait point d'aiguille qui passat pour y mettre un sorts.


cierge ou une petite chandelle. Ces monstres Henri IV , roi de France. On fit une recherche
diaboliques ont ete vus par messieurs de la ville. assez curieuse sur le nombre quatorze relative-
Outre ces deux diables, on a trouve une peau ment a Henri IV. IInaquit quatorze siecles, qua-
d'enfant, laquelle avait ete corroyee, et suricelle torze decades , et quatorze ans apres I'ere chre-

y avait aussi plusieurs mots de sorcellerie et di- tienne. monde le li decembre et mourut
II vint au
vers caracteres... » Le fait est que les Valois le 14 mai. II a vecu quatre fois quatorze ans,
s'occupaient de sciences occultes. On fit I'ana- quatorze semaines, quatorze jours. Enfin, dans
gramme du nom de Henri III Henri de Valois, : son nom de Henri de Bourbon, il y a quatorze
oil Ton trouve Vilain Hirode. leltres.
Henri III, empereur d'Allemagne. Elant en- Henri le Lion. C'est le due Henri de Bruns-
core tres-jeune, Henri II! obtint d'un clerc une wick, qui partit a la croisade vers la fin du dou-
petite canule d'argent avec laquelle les enfants zieme siecle, et fut jete en revenant dans une ile

s'amusent a jeter de I'eau. Pour I'engager a lui deserte, ou un lion s'attachaa lui. II y avait sept
faire ce modique present, il avait promis a ce ans qu'il soupirait la apres sa patrie, lorsque le
clerc que des qu'il serait monte sur le trone, il
, diable se presenta a ses regards, offrant de le

ne manquerait pas de le faire eveque. C'etait a


^ une epoque oi'i le saint-siege ne cessait de tra- '
Voyez a ce sujet les Legendes des croisades.
HEP _ 332 — HER
remettre dans son palais, s'il voiilait lui vendre Mais on ajoute qu'il disparut en 1195, emporte
son ame marche qii'il accepta. II fat done re-
porte Chez
, par la nieme voie qui Favait tire dii desert. —
lui en un clin d'neil ,
lui et son lion. C'est line calomnie, et le lion un conte*.

Hepatoscopie ou Hieroscopie, divination vices des Romains. lis provoqueront le courroux


qui avait lieu par I'inspection du foie des victimes
dans les sacrifices, cliez les Romains. Quelques
sorciers modernes cherchaientaussi I'avenirdans
les entraillesdes animaux. Ces animaux etaient
ordinairement ou un chat, ou une taupe ou un ,

lezard, ou une chauve-souris, ou un crapaud, ou


une poule noire. Voij. Aruspiges.
Hera. C'est en Westphalie une bonne fee qui
parcourt les airs entre Noel et I'Epiphanie, re-
pandant sur la terre I'abondance el le bonheur.
Heraide. Voij. Hermaphrodites.
Herbadilla. Autrefois, 11 y avait a la place du
lac de Grand-Lieu en Bretagne un vallon deli-
cieux et fertile qu'ombrageait laforet de Vertou.
Ce fut la que se refugierent les plus riches citoyens
de Nantes, et qu'ils sauviVent leurs tresors de la
rapacite des legions de Cesar. lisy batirent une Hera.
cite qu'on nomma Herbadilla, a cause de la beauLe du ciel. Un jour que saint Martin de Verton, fati-
des prairies qui I'environnaient. Le commerce gue de ses courses apostoliques, se reposait pres
cenlupla leurs richesses mais en meme temps
;
Voyez
' cette aventiire dans les TJgendes infer-
le luxe charria jusqu'au sein de leurs murs les nales.
HER 33 — HER
d'Herbadilla, a I'oinbre d'un chene, une voix lui Herbourt, famille de la grande Pologne dont
cria : Fidele confesseur de la foi, eloicjne-loi de la on a cru (|ue les membres sont changes en oi-
cite pecheresse. Saint Martin s'eloigne, et soudain seaux lorsqu'ils meurent.
jaillissent,avec un bruit affreiix des eaiix jns- , Heresies. Celui qui etudiera un peu attentive-
qu'alors inapercues, et qui faisaient eruption vement I'origine des diverses heresies recoii-
d'une caverne profonde. Le vallon ou s'elevait la naitra que tons les rebelles qui les ont fondees
Babylone des Bretons fut tout a coup submerge. etaientevidemment possedes, d'une maniere plus
A la surface de cetle onde sepulcrale vinrent ou moins patente, par quelqu'un de ces anges in-
aboutir par milliers des bulles d'air, derniers surges qui sont devenus les demons. Ajoutons
soupirs de ceux qui expiraient dans I'abiine. Pour qu'aucun de ces pervers n'a quitte ce monde par
perpetuerle souvenir du chatiment, Dieu permet une mort douce.
que Ton entende encore au fond de cet abime Herenberg (Jean - Christophe) , auteur de
les cloches de la ville engloutie, et que I'orage y Pensecs p/iilosophiques et chritiennes sur les vani-
vive familierement. Aupres est une ile au milieu ,pires, 1733.
de laquelle s'eleve une pierre en forme d'obe- Hermaphrodites. Longtempsavant Antoinette
lisque. Cette pierre ferme I'entree du gouffre qui Bourignon, qui soutint cette singuliere the.se au
a vomi les eaux du lac et ce gouffre est la pri- , dix-septieme siecle il s'etait eleve, sous le pon-
,

son d'un geant formidable qui puusse d'horribles tificat d'Innocent III, une secte de novateurs qui

rugissements. C'est une legende. enseignait qu'Adam etait a sa naissance homme


A quatre lieues de cet endroit, vers4'est, on et femme tout a la fois. Pline assure qu'il existait
trouve une grande pierre qu'on appelle la vieilk de en Afrique, au dela du desert de Zara, un peuple
Saint-Martin ; car il est bon de savoir que cette d'raidrogynes. —
Les lois romaines mettaient les
pierre, qui pour bonne raison garde figure hu- hermaphrodites au nombre des monstres, et les
maine, fut jadis une femme veritable, laquelle, condamnaient a mort. Tite-Live et Eutrope rap-
s'etant retournee malgre la defense en sortant de portent qu'il naquit aupres de Rome, sous le
la ville d'Herbadilla, fut Iransformee en statue'. consulat de Claudius Neron, un enfant pourvu des
Voy. Is. deux sexes ;
que le senat, effraye de ce prodige,
Herbe de coq. Les habitants de Panama decreta qu'il fallait le On enferma I'enfant
noyer.
vantent beaucoup une herbe qu'ils appellent dans un coffre on I'embarqua sur un batiment
;

herbe de coq, et dont ils pretendent que I'appli- et on le jeta en pleine mer. Leloyer parle lon-
cation est capable de guerir sur-le-champ un guement d'une femme de Macedoine, nommee
poulet a qui Ton aurait coupe la tete, en respec- Heraide, qui se maria comme femme, et devint
tant une seule vertebre du cou. Des voyageurs homme ensuite dans une absence de son mari.
solliciterent en vain ceux qui faisaient ce recit de C'etait, dans les vieilles opinions, un hermaphro-
leur montrer Therbe ils ne purent I'obtenir,
; dite. Mais on ne voit plus d'hermaphrodites au-
quoiqu'on leur assurat qu'elle etait commune : jourd'hui. Les hermaphrodites, dans les contes
d'oili Ton doit conclure que ce n'est qu'un conte plus anciens, avaient les deux sexes, deux tetes
populaire ^. quatre bras et quatre pieds. Les dieux dit Pla- ,

Herbe d'or. Voy. Baauas. ton, avaient d'abord forme Thomme avec deux
Herbe maudite. Les paysans normands croient corps et les deux sexes. Ces hommes doubles
qu'il exisle une fleur qu'on appelle V/ierbe mau- etaient d'une force si extraordinaire qu'ils reso-
dite : celui qui marche dessus ne cesse de tour- lurent de faire la guerre aux dieux. Jupiter irrite
ner dans un.meme cercle, et il s'imagine qu'il lesparlagea pour les affaiblir et Apollon seconda ;

continue son cherain, sans avancer d'un pas au lepere des dieux dans I'execution de ses volontes.
dela du lieu oia I'herbe magique I'a enchaine. Voy. POLYCRITE.
Herbe qui egare. II y a, dit-on aussi, dans le Hermeline, demon familier qui s'appelait
Pjerigord, une certaine herbe qu'on ne peut fou- aussi Hermione et Hermelinde , et qui frequenta
ler sans s'egarer ensuite de maniere a ne plus quarante ans Benedetto Berna, dont Frangois Pic
retrouver son chemin. Cette herbe, qui n'est pas de la Mirandole rapporte lui-meme I'histoire.
connue se trouvait aboudamment aux environs
, (( Cet homme, dit-il, buvait, mangeait, parlait
du chateau de Lusignan, bati par Melusine ceux ; avec son demon, qui I'accompagnait partout sans
qui marchaient dessus erraient dans de longs qu'on le vit; de sorle que le vulgaire, ne pouvant
circuits, s'efforgaient en vain de s'eloigner, et se comprendre le mysteredeceschoses, se persua-
retrouvaient dans I'enceinte redoutee jusqu'a ce dait qu'il etait fou. » Le vulgaire n'avait peut-
qu'un guide preserve de I'enchantement les remit etre pas tort.
dans la bonne voie. Hermes. On vous dira qu'il a laisse beaucoup
de livres merveilleux ,
qu'il a ecrit sur les demons
' M. de Marchangv, Tristan le voyagcur, t.
et sur I'astrologie. C'est lui qui a decide que,
1,
p. 1 13. comme il y a sept trous a la tete, il y a aussi sept

- La Harpe, Hisioire abregee des voyages. planetes qui presidentaces trous, savoir Saturne :
; ; '

HER — 53k — HIB

et Jupiter aux deux oreilles Mars et Venus aux , hommes a tete de chien, poissons a face hu-
deux narines, le soleil et la lane aux deux yeux, maine ,
pygmeessauvages qui n'ont qu'un
,

et Mercure a la l)ouche. M. de Reiffenberg a donne une curieuse


oeil, etc.

Hermialites ou Hermiens, disciples d'un analyse de ce voyage singulier, dans le Recueil


heretique du deuxieme siecle, nomme Hermas encyclojK' clique beige.

ils honoraient I'Univers-Dieu, disant a la fois que Heure. I'oy. Minuit. Anges ou demons des
ce monde est Dieu et que ce monde est I'enfer. heures. Voy. Pierre d'Apone.
Hermione. Voy. Hermeline. Hexagone, habitant de File de Chypre, qui
Hermolao Barbaro savant du quinzieme
, vivait tres-bieu avec les serpents. II en donna la

siecle, qu'on accusa, selon Bodin, d'avoir invoque preuve en se faisant jeter dans une cuve pleine
le diable pour obtenir I'intelligence de quelques de serpents, lesquels, loin de lui faire aucun mal,
passages difiiciles d'Aristote. I'enlacaient d'une maniere caressante el le le-
Hermotime. On sait que Cardan et une foule chaient de leurs langues en lui faisant de bons
d'autres se vantaient de faire voyager leur ame yeux.
sans que le corps fut de la partie. L'ame d'Her- Hibou, oiseau de mauvais augure. On le re-
motime de Clazomene s'absentait de son corps garde vulgairement comme le messager de la
pays eloignes,
lorsqu'il le voulait, parcourait les
et racontait a sonretourdes choses surprenanles.
Apparennnent que Hermotime eut des ennemis.
Un jour que son ame elait allee en course, et que
son corps elait comme de coutume semblable a
un cadavre ses ennemis le brulerent et olerent
,

ainsi a Fame le moyen de renlrer dans son etui.


Mais, dans d'autres versions, Hermotime est un
vampire. Voy. Huet.
Herodiade. On dit en Catalogue que la dan-
seuse homicide d'Herode Finiame Salome fille, ,

d'Herodiade, ayant longtemps couru le monde, se


noya dans le Segre. lleuve qui passe a Lerida, et
cause de temps en temps des devastations. Les
bonnes femmes ajoutcnt qu'Herode y est enseveli
avec elle.
D'autres traditions noient Salome dans un lac
glace sur lequel elle dansait; ce qu'ellc n'avait
cesse de faire depuis son affreuse aventure. La
glace se creva sous ses pieds, et, se refermanl
pendant qu'elle s'enfoncait, lui tranclia la tele.
Ce lac est en Suisse, et cette tete danse tou-
jours. Mais peu de gens la peuvent voir. D'autres
font noyer cette malheureuse dans le Rhone. mort; et les personnes superstitieuses qui per-
Heron, ermite qui, apres avoir passe plus de dent quelque parent ou quelque ami se ressou-
cinquante ans dans les deserts de la Thebaide, viennent toujours d'avoir entendu le cri du hibou.
se laissa persuader par le diable, sous la figure Sa presence, selon Pline, presage la sterilite. Son
d'un ange, de se jeter dans un puits, attendu oeuf, mange en omelette, guerit, dit-on, de
que, comme il etait en bonne grace avec Dieu, il I'ivrognerie.
ne se ferait point de mal. II ajouta foi, dit Le- Get oiseau est mysterieux, parce qu'il recherche
loyer, aux paroles du diable, et, se precipitant la solitude ,
qu'il hante les clochers, les tours et
d'un lieu eleve, dans la persuasion que les anges les cimetieres. On parce qu'on
redoute son cri ,

le soutiendraient, il tombadans le puits, d'oii on ne I'entend que dans les tenebres; et, si on I'a
le retira disloque; il mourut trois jours apres*. vu quelquefois sur la maison d'un mourant, il y
Hertha femme blanche honoree dans la Po-
,
etait peut-elre attire par Fodeur cadavereuse, ou
meranie, ou elle fait croitre Fherbe dans les prai- par le silence qui regnait dans cette maison. Un
ries et remplit les greniers. philosophe arabe, se promenant dans la campagne
Hervilliers (Jeanne). C'est la merae que avec un de ses disciples, entendit une voix de-
Jeanne Harvilliers. testable qui chantait un air plus detestable encore.
Hese (Jeande), voyageurdu quinzieme siecle, — Les gens superstilieux, dit-il, pretendent que
qui a parcouru I'Asie et vu des merveilles, le chant du hibou annonce la homme
mort d'un
si cela etait vrai, le chant de cet homme annon-
Lenglet-Dufresnoy, Dissertations sur les appari-
1

tions, t. I, p. '159, et Bodin, Demonomanie des sor-


cerait la mort d'un hibou. Cependanl si le hibou
ciers, p. 279. est regarde comme un mauvais presage chez les
,

HIE — 335 — HIP

gens de la campagne quand on le voit perche,


avait neuf hierarchies de bons et neuf de mau-
sur le haut d'une maison, il est aussi regarde Wierus son disciple a fait I'inventaire de
vais. , ,

comme d'un bon augure quand il vient se refu- la monarchie de Satan, avec les noms et surnoms
gierdans un colombier. Les anciens Francs con- de soixante-douze princes et de plusieurs millions
damnaient a una forte amende quiconque tuait de diables, nombres fantastiques, qui ne sont ap-
ou volait le hibou qui s'etait refugie dans le co- puyes sur d'autres raisons que sur la revelation
lombier de son voisin ^ II y detruisait les souris de Satan meme. Voij. Cour infernale.
et les rats et c'est une grande maladresse aux
; Hieroglyphes. Les Egyptiens avaient beau-
laboureurs de tuer le hibou. coup d'idees superstitieuses s'il faut les juger ,

On ne peut passer sous silence ses vertus. par leurs hieroglyphes. Us expriment le sexe
Si Ton met son coeur avec son pied droit sur masculin par un vautour, dit un ancien, parce
une personne endormie, elle dira aussitot ce que tous les vautours sont femelles, et que le
qu'elle aura fait et repondra aux demandes qu'on vent seul feconde leurs oeufs ils representaient ;

lui adressera de plus, si on met les memes par- le coeur par deux drachmes, parce que le coeur
;

ties de cet oiseaii sous les aisselles, les chiens ne d'un enfant d'un an ne pese que deux gros. Une
pourront aboyer apres la personne qui les por- femme qui n'avait qu'un enfant, ils la figuraient
tera; et enfm si on pend son foie a un arbre,
, par une lionne, parce que cet animal ne fait
tous les oiseaux se rassembleront dessus^ qu'un petit (du moins ils le croyaient de la sorte).
Hierarchie. Agrippa disait qu'il y avail au- lis indiquaient I'avortement par un cheval qui
tant de mauvais anges que de bons, qu'il y en donne un coup de pied a un loup^ parce que,

disaient-iis, une cavale avorte si elle marche sur de celles qu'elles attribuent a Virgile'. On met
les traces d'un loup etc. M. Champollion donne sous son nom un Traile des songes dont on re-
d'autres explications. cherche les editions accompagnees des Commen-
Hieromnenon ,
pierre que les anciens em- taires de Jules-Cesar Scaliger; in-8°, Gnesne,
ployaient dans leurs divinations, mais dont ils 1610 ; et un autre livre intitule les Aspects des
ne nous ont laisse aucune description. etoiles.

Hieroscopie. Voy. HiiPAToscopiE. Hippogriffe, animal fabuleux compose du


,

Himmemberg , contree du paradis d'Odin. cheval et du griffon que I'Arioste et les autres
,

On y arrivait par un pont lumineux, qui est I'arc- romanciers donnent quelquefois pour monture
en-ciel. aux heros des romans de chevalerie.
Hipokindo mot , qui ,
prononce d'une certaine Hippomane, excroissance charnue que les
fagon, charme les serpents et les empeche de poulains apportent a la tete en naissant et que ,

nuire. Paracelse en parle. la mere mange aussitot. Les anciens donnaient le


Hipparchus. On lui attribue un ouvrage in- nom d'Aipj90»i«ne a certains philtres, parce qu'on
titule le Livre des esprits. pretend y entrait de cette excroissance.
qu'il
Hippocrate, pere de la medecine. Les le- Hippomane est aussi le nom d'une herbe qui
gendes du moyen age font de lui un grand ma- fait entrer les chevaux en fureur lorsqu'ils la
gicien, et lui pretent des aventures dans le genre broutent ^—
On raconte qu'une cavale de bronze,
placee aupres du temple de Jupiter Olympien,
1 M. Salgues, Des erreurs et des prejuoes, etc., faisait hennir les chevaux comme si elle eut ete
t. I, p. 439.
2 Des admirables secrets d' Albert le Grand, p. '107.
3 Brown Essai sur les erreurs ponulaires, t. II
,
1 Voyez ces legendes, dans les Legendes infernales.
p. 69. 2 Manuel lexique de I'abbe Prevost.
;

HIP — 336 — HOC


vivanle, vertu qui lui elait communiquee par sans nom d'auleur. Nous n'en citerons que quel-
I'hippomane qu'on avail melee avec le cuivre en ques-unes : « Histoire d'une apparition, avec des
la fondant. I'oy. Philtres. rellexions qui prouvent la diiiiculte de savoir la
Hippomancie, divination des Celtes. lis for- verite sur le retour des esprils; in-S"; Pai'is,
maient leurs pronostics sur le hennissement et chez Saugrin, 1722, brochure de 2k pages. —
le tremoussenient de certains chevaux blancs, Histoire prodigieuse nouvellement arrivee u Pa-
nourris aux depens du public dans des forels ris , d'une jeime fille agitee d'un esprit fantas-
consacrees ou ils n'avaient d'autre convert que
, du diable, in-12 Amster-
tique, in-S".— Histoire ;

les arbres. On lesfaisait marcher immediatenienl dam, 1729 , Rouon, 1730 2 vol.
2 vol. ; et ,

apres le char sacre. Le pretre et le roi ou chef Histoire miraculeuse advenue en la Rochette,
du canton observaienl tous leurs mouvements, ville de Maurienne en Savoie, d'une jeune fille
et en tiraient des augures auxquels ils donnaient ayant ete enlerree dans un jardin en temps de
une ferme coniiance persuades que ces animaux , pesle, I'espace de quinze ans, par lequel son
etaient confidenls du secret des dieux landis ,
esprit est venu rechercher ses os par plusieurs
qu'ils n'etaient eux-memes que leurs ministres. evidents signes miraculeux; in-8°, Lyon. — His-
Les Saxons tiraient aussi des pronostics d'un toire remarquable d'une femme decedee depuis
cheval sacre, nourri dans le temple de leurs cinq ans, laquelle est revenue trouver son mari,
dieux et qu'ils en faisaient sortir avant de de-
,
et parlcr a lui au faubourg Saint-Marcel; Paris,
clarer la guerre a leurs ennemis. Quand Ic cheval 1618, etc. » Vol/. Apparitions.
avanqait le pied droit, I'augure etait favorable; Hocque. Apres I'edit de 1682 pour lapunition
sinon, le presage etait mauvais, et ils renon- des malelices, la race des sorciers malfaisanls
caient a leur entreprise. diminua sensiblement en France. Mais il restait
Hippomyrmeces, peuple imaginaire, place encore dans la Brie, aux environs de Paris,
par Lucicn dans le globe du soleil. C'etaient des une cabale de bergers qui faisaient mourir les
hommes montes sur desfourmis ailees, qui cou- bestiaux, attentaienl a la vie des hommes, cum-
vraienl deux arpenls de leur ombre, et qui com- uicttaient plusieurs autres crimes et s'elaienl
battaient de leurs cornes. rendus formidables a la province. 11 y en eut
Hippopodes, peuple fabuleux qui avait des enfin d'arretes; le juge de Pacy instruisit le pro-
pieds de cheval , et que les anciens geographes ces, et par lespreuvesil parut evident que tous
placent au nord de I'Europe. ces maux etaient commis par malefices et sor-
Hirigoyen , sorcier du commencement du tileges.
dix-septieme siecle, que Ton a vu danser au Les soils et les poisons dont ces bandits se
sabbat avec le diable ,
qu'il adorait ^ servaient pour faire mourir les bestiaux consis-
Hirondelles. Plularque cite I'hisloire d'un taicnt dans une composition qu'ils avouerent au
nomme Bessus qui avait tue son pere et dont on proces, et qui est rapportee dans les factums,
ignorait le crime. Etant un jour pres d'aller aun mais remplie de sacrileges, d'impietes, d'abo-
souper, une perche avec laquelle ilabatlit
il prit
ininalions et d'horreurs, en meme temps que de
un nid d'hirondelles. Ceux qui le virent en fu- poisons. lis mettaient cette composition dans un
rent indignes et lui demanderent pourquoi il
pot de terre, et I'enterraient ou sous le seuil de
maltraitrait ainsi ces pauvres oiseaux. II lour
la porte des etablcs aux bestiaux, ou dans le
repondit qu'il y avait assez longLemps qu'elles chemin par passaient; et tant que ce sort
oii ils
lui criaient qu'il avait tue son pere. Toutes s(u-
demeurait en son lieu, ou que celui qui I'avait
pefaites de cette reponse, ces personnes la rap-
pose etait en vie, la morlalite ne cessait point
porterent au juge qui ordonna de prendre Bes-
,
c'est ainsi qu'ils s'en expliquerent dans leurs in-
sus et de le mettre a la torture. 11 avoua son
terrogatoires.
crime pcndu ^ Brown, dans son Essaisxir
et fut
Une circonstance singuliere de leur proces fit
les crreurs populaires , dit que Ton craint de
croire qu'il y avait un vrai pacte entre eux et le
tuer les hirondelles, quoiqu'elles soient incom- diable pour commettre tous ces malefices. lis
modes, parce qu'on est persuade qu'il en resul- avouerent qu'ils avaient jete des sorts sur les
terait quel([ue malheur. Elien nous apprend que bestiaux du fermier de la terre de Pacy, pres de
les hirondelles etaient consacrees aux dieux Pe- Brie-Comte-Robert, pour venger I'un d'eux que
nates, et que par cette raison on s'abstenait ce fermier avait chasse et mis hors de son .ser-
de les tuer. On les honorait, dit-il , comme les
vice. Ils firent le recit exact de leur composition ;

herauts du printemps , et a Rhodes on avait mais jamais aucun d'eux ne voulut decouvrir le
une espece de chant pour celebrer le retour des lieu ou ils avaient enterre le sort, et on ne savait,
hirondelles. apres de semblables aveux, d'ou pouvait venir
Histoire. 11 y a dans la bibliographie infer- leur reticence sur ce dernier fait. Le juge les
nale beaucoup d'histoires prodigieuses publiees pressa de s'en expliquer ; ils dirent que s'ils de-

1 De I'tnconstaiice des demons, etc., p. 144.


couvraient ce lieu, et qu'on levat le sort, celui

2 Taillepied, Apparitions des esprits, p. 40. qui I'avait pose mourrait a I'instant.
,

HOC — 337 HOG


L'un de complices nonime ELienne
leurs , Pacy avaitfait tenir de I'argent, fit un jour tant
,Hocque, moins -coupable que les autres, et qui boire Hocque qu'il I'enivra, et en cet etat le mit
'avail ete condamiie qu'aiix galeres, etait a la sur le chapitre du sort de Pacy. U tira de lui le
chaine dans les prisons de On ga- la Tournelle. secret qu'il n'y avait qu'un berger nomme Bras-
gna an autre forgat noinme Beatrix, qui elait de-Fer, qui demeurait pres de Sens qui put le- ,

attache avec lui. Ce dernier, a qui le seigneur de ver le sort par ses conjurations.

Beatrix profilant de ce coraniencement de


,
Irouva effectivement le sort qui avait ete jete
confidence engagea le vieux berger a ecrire a
,
sur les chevaux et sur les vaches; il le leva et
son fils une lettre par laquelleil luimandait d'al- le jetaau feu en presence du fermier et de ses
,

ler trouver Bras-de-Fer, pour le prier de lever domestiques. Mais a I'instant il parut chagrin
le sort, et lui defendait surtout de dire a Bras- temoigna du regret de ce qu'il venait de faire et
de-Fer qu'il flit condamne
emprisonne, ni que
et dit que le diable lui avait revele que c'etait
c'etait lui, Hocque, qui avait pose ce sort. Hocque, son ami, qui avait pose le sort en cet
Cette lettre ecrite, Hocque s'endormit. Mais a endroit, et qu'il etait mort a six lieues de Pacy,
son reveil fumees du vin etant dissipees, et
, les au moment oia ce sort venait d'etre leve....
rellechissant sur ce qu'il avait fait, il poussa des En par les observations qui furent failes
effet,
cris et des hurlements epouvantables, se plai- au chateau de la Tournelle, il y a prcuve qu'au
gnant que Beatrix I'avait trompe et qu'il serait meme jour et a la meme heure ou Bras-de-Fer
cause de sa mort. 11 se jela en meme lennps sur avait commence a lever le sort, Hocque, qui
lui et voulut I'etrangler, ce qui excila les autres etait un homme des plus forts et des plus ro-
forgats centre Beatrix , en sorte qu'il fallut que bustes, etait mort en un instant dans des con-
le commandant de la Tournelle vint avec ses vulsions elranges, et se tourmentant comme un
gardes pour apaiser ce desordre et tirer Beatrix possede, sans vouloir entendre parler de Dieu ni
de leurs mains. de confession,...
Cependant envoyee au seigneur,
la lettre fut Bras-de-Fer avait ete presse de lever aussi le
qui la fit remettre a son adresse. Bras-de-Fer sort jele sur les moutons, mais il dit qu'il n'en
vint a Pacy, entra dans les ecuries, et, apres ferait rien ,
parce
qu'il venait d'apprendre que
avoir fait des figures et des imprccalions, il ce sort avail ete pose par les enfantsde Hocque,
22
HOD 38 — HOL
et qu'il ne voulait pas les faire moiirir comnie horrible forfait. La peste s'y declai'a , et les cou-
leur pere. Sur ce refiis, le fermier eut reconrs pables errerent vainement de port en port, of-'
aux juges du lieu. Bras-de-Fer, les deux fils et frant leur riche cargaison pour prix d'nn asile.
la fille fie Hocque furent arretes avec deux au- On les repoussail partout,
de peur de la conta-
tres bergers, leurs complices, nomines Jardin el gion. Les matelots disent que la Providence,
le Pelit-Pierre ; leur proces instrnit, Bras-de- pour perpe(.uer le souvenir de ce chatiment,
Fer, Jardin et le Petit-Pierre furent condamnes a permet que le Hollaiidais errant apparaisse en-
etrependus et brules, et les trois enfants de core dans ces mers ou la catastrophe eut lieu.
Hocque bannis pour neuf ans Cette apparition est considi'ree comme un mau-
vais augure par les navigateurs K
Le Hollandais errant, sujet de beaucoup de
traditions s'appelle aussi le VolUgair hollandais,
,

Hollere, magicien danois qui s'elait acquis,


au treizieme siecle, la reputation d'un homme a
miracles, et qui n'etait qu'un sorcier adroit.
Pour passer la mer, il se servait d'un os gigan-
tesque, marque de quelques charmes et carac-
teres magiques. Surce singulier esquif , il traver-
sait rOcean comme s'il eiil ele aide de voiles et
pousse par les vents. 11 fut maltraite par les
autres sorciers, ses envieux, qui I'obligcrent a
quitter Ic pays ^
Holzhauser (Barthelemy) pieux allemand, ,

ne en IGlo, celebre par des visions sur les-


quelles nous ne saurions nous prononcer et
qui sont admises comme respectables. Sa vie 3'
etc publiue, en 1836, par M. I'abbe Tresvaux,
qui I'avait traduite de I'ltalien,
Homme. 11 parait qu'il n'y a que I'homme h
qui la nature ait donne une figure droite et la

faculte dc contcmpler les cieux. Seul parmi les


Bras-(Ie-Fcr animaux il a I'epine dii dos et I'os de In cuisse
en ligne droite. C'est un fait, dit Aristole, que
Hodeken. Voy. Hecdkkin. si I'homme est le seul a qui il arrive des illusions
Hoffmann. Celebre auleur allemand de con- nocturnes, c'est parce qu'il n'y a proprement
tes nocturnes ou.fantastiques etd'aulres ecrits,
,
que lui qui se couche sur le dos, c'est-a-dire de
DU le surnaturel a une place tres-originale.
maniere que I'epine et la cuisse fassenl une
Holda. La holda etait, chez les anciens Gau- ligne droite, et quel'une et I'autre, avec les bras,
lois, une espece de sabbat nocturne, oii des soicnt paralleles a I'horizon.Or, les animaux ne
sorciers faisaient leurs orgies avec des demons peuvent pas se coucher ainsi : quoique leur
transformes en danseuses. Voy. Bk.nsozia. On opine soit parallelc a I'horizon, leurs epaules
parle encore en Allemagne de holda, la bonne sont detournees et forment deux angles.
Jilcnse (sorte de fee qui remplace dans les opi- ,
Plutarque
Lisez Herodote, et autres histo-
nions une divinile antique). Elle
populaires,
riens, vous verrez qu'il existe des contrees fa-
visite sans etre vue la maison du laboureur, elle
buleuses oh les hommes ont une tete de doguc
charge de laine les fuseaux des menageres dili- ou de bichon , des pays ou ils n'ont qu'un ceil,
gentes et repand I'abondance autour d'elle ^ d'autres ou ils n'ont qu'un pied, sur lequel ils
Mais dans d'autres contrees holda est la reine ,
sautent, de que quand ils veulent courir,
sorte
des sorcieres. ils sont obliges de se metlre deux et de se tenir
Hollandais errant. C'est un vaisseau fantas-
par le bras; d'autres enfln on ils n'ont point de
tique qui apparalt, dit-on, dans les parages du tete, etc.
cap de Bonne-Esperance. Ce vaisseau deploie
Loutes ses voiles lorsque aucun navire n'osorait 1 Walter Scott, Mathilde de Bokeby, chant n'.
en risquer une seule. On est partage d'opinions - Jugements de Dieu, de Cliassanion, p. 114.
3 Biographia venerabilis scrvi Dei Bartholomm
sur la cause de ce prodige; d'apres la version la
Holzhauser, etc., Bambergae, 1784, in-S". Accedunt
plus repandue, c'etait, dans I'origine, un navire ejusdem in Apocahjpsini cominenlarii plane admira-
richement charge a bord duquel se commit un biles. —
Visiones venerabilis servi Dei BartholomcBi
Holzhauser, etc., digna cevi nostri memoria ad ejus
^ Le commissairo Delamarre, Traife de Ja police. Biographiam appendix, Bambergt'E 1793, in-8". ,

- M. Oznnam, Dc relablissement du christianisme M. Salgiies Des erreurs et des prejuges, I. I,


,

en Allemarjne. p. 10.
, ,

HOM — 339 — HOM


Homme noir. L'homme noir qui promet aux fails? Je t'avais prie de m'amener ta femme, et
pauvres de les faire riches s'ils veulent se don- tu viens ici avec la mere ne Dieu, qui va me
ner a lui , n'est autre que le diable. — On ce lit renvoyer aux enfers » Le diable dut en effet se
!

qui suit dans la Lecjende doree: — Un chevalier retirer. Le chevalier eperdu se jeta a genoux de-
qui depensait sa fortune en liberalites, devint vant Notre-Dame, et retourna a I'eglise oi\ sa
pauvre et toniba dans une grande tristesse; Oc- femme dormait encore. Les deux epoux ren-
cupe de ses chagrins il s'egara dans une soli- , trerent chez eux ils se depouillerent des ri-
;

tude il y vit un homme noir, d'une taille haute,


; chesses qu'ils tenaient du diable mais ils n'en ;

monte sur un beau cheval. Ce cavalier lui de- furent pas plus pauvres parce qu'ils reconnu- ,

inanda la cause de sa douleur, et quand il I'eut rent que les biens materiels ne sont pas les vraies
apprise il lui dit
, « Si vous voulez me rendre : richesses
bommage vous donnerai plus de richesses
,
je Le pere Abram rapporte 1' anecdote suivante,
que vous n'en avez perdu. » Le chevalier promit dans son histoire manuscrite de I'universite de
a I'etranger de faire ce qu'on exigerait. « Eh Pont-a-Mousson « Un jeune garQon de bonne
:

bien ! reprit le diable (car c'etait lui) , retournez famille, mais peu fourni d'argent, se mit a servir
a votre maison , vous trouverez dans tel endroit dans I'armee parmi les valets. De la ses parents
de grandes sommes d'or et une quantite de I'envoyerent aux ecoles; mais ne s'accommodant
pierres precieuses. Quant a Fhominage que j 'at- pas de I'assujettissement que demandent les
tends de vous, c'est que vous ameniez votre etudes, il resolut de retourner a son premier
femme ici dans un an.)) Le chevalier s'engagea, genre de vie. En chemin il rencontra un homme
regagna sa maison, trouva les tresors indiques, vetii de soie noire mais de mauvaise mine qui
,
,

reprit son habitude de largesses et a la fin de , lui demanda oii il allait et pourquoi il avait I'air
I'annee, il songea a tenir ce qu'il avait promis. triste?-^ Je suis, ajouta-t-il, en etat de vous
11 appela sa femme. Vous allez monter a che- «. mettre a votre aise, si vous voulez vous donner
val et venir avec moi lui dit-il, nous avons un , a moi. Le jeune homme, croyant qu'il parlait de
voyage a faire. C'etait une dame pieuse, qui
)) I'engager a son service demanda un moment , lui

avait grande devotion a la sainte Vierge. EUe fit pour y penser. Mais, commengant a se defier
sa priere et suivit son mari sans demander ou des magnifiques promesses que I'etranger lui
il la conduisait. Apres avoir marche une heure, faisait, il le considera de plus pres, et ayant re-
les deux epoux rencontrerent une eglise. La marque qu'il avait le pied gauche fendu comme
dame voulant y entrer, descendit de cheval son ; celui d'un boeuf, il fut saisi de frayeur, fit le
mari I'attendit a la porte. A peine fut-elle dans signe de la croix et invoqua le nom de Jesus. Le
I'eglise qu'elle s'endormit la sainte Vierge ayant ; spectre s'evanouit. Trois jours apres, la memo
pris sa figure ,
rejoignit le chevalier et partit figure lui apparut de nouveau et lui demanda
avec au rendez-vous. Lorsqu'ils arriverentau
lui s'il avait pris sa resolution? Le jeune homme
lieu le demon y parut avec fracas. Mais
designe , repondit qu'il n'avait pas besoin de maitre.
en apercevant la dame que le chevalier lui ame- L'homme noir jeta a ses pieds une bourse pleine
d'ecus, dont quelques-uns paraissaient d'or et
nouvellement frappes. Dans la meme bourse il y
avait une poudre que le spectre disait tres-sub-
tile. II lui donna ensuite des conseils abomina-

bles et I'exhorta a renoncer a I'usage de I'eau


benite et a I'adoration de I'hostie. Le jeune
homme eut horreur de ces propositions; il fit le

signe de la croix sur son coeur, et en meme


temps il se sentit jete si rudement centre terre
qu'il y demeura une demi-heure. S'etant releve
il retourna chez ses parents, fit penitence et
changea de conduite. Les pieces qui paraissaient
d'or et nouvellement frappees ayant ete raises ,

au feu ne se trouverent etre que du cuivre. »


,

Ainsi, bonnes gens, defiez-vous de l'homme noir.


Homme rouge, demon des tempetes. « La —
nuit dans les affreux deserts des cotes de la
,

Bretagne, pres Saint-Paul-de-Leon ^ des fan-'


tomes hurlants parcourent le rivage. L'homme
rouge en fureur commande aux elements et pre-
* Voyez, datis \es Legendes infernaJes, la legende
nait, il trembla. c Homme perfide, s'ecria-t-il du Sire de Champ-Fleurij.
est-ce ainsi que tu devais reconnaitre mes bien- 2 Cambry, Voyage dans le FinisUre, t. L
22
;

HON — 340 — HOR


cipite dansvoyageur qui trouble ses
les ondes le quent jamais d'etre accompagnees des mugisse-
» On a cru un
secrets ct la solitude qu'il aime. ments du Horey. Ge bruit ressemble au son le
moment dans le peuple qu'un petit hommc rouge plus bas de la voix humaine. 11 se fait entendre
mysterieux avait apparu a Napoleon I" pour lui a peu de distance et cause une frayeur extreme
annoncer ses revers. aux jeunes gens. Des qu'il commence, les negres
Hongrois. Voy. Ogres. preparent des aliments pour le diable et les lui
Honorius. Voy. GnniomE. portent sous un arbre. Toul ce qu'on lui pre-
Hopkins, juge anglais qui, du temps de Char- sente est devore dit-on, sur-le-champ
, sans ,

les 1", fit niourir one multitude de mallieureuses qu'il en reste un os. Si la provision ne lui sullit

accusees de sorcellerie, II continua ses fonclions pas, il moyen d'enlever quelque jeune
trouve le
sous le long parlement, et Grey rapporte qu'il homme non encore circoncis. Les negres pre-
possedait une de trois mille personnes sup-
liste lendent qu'il garde sa proie dans son ventre, et
pliciees en ce temps-la, le plus grand nombre par que plusieurs jeunes gens y ont passe jusqu'a
ce juge qui se croyait done d'un talent sans pared dix ou douze jours. Apres sa deiivrance, la vic-
pour deviner les sorcieres. Jamais I'Eglise ca- lime qui a ete avalee demeure muette autant de
tholique n'eiit souffert ces abominations. Get jours qu'elle en a passe dans ventre du diable.
le

homme faisait avouer, par des tortures de Les negres parlent avec de cet esprit ma-
effroi

cinq a six jours, tout ce qu'il voulait. lin ,et Ton ne pent qu'elre surpris de la con-

Nous empruntons quelques details sur lui a de fiance avec laquelle ils assurent avoir ete non-
curieuses recherches publiees par le Droit : seulement enleves, mais avales par ce monstre.
« Un certain Mattliew Hopkins fut nomme Hornock docleur suedois qui raconte avec
,
,

rechercheur de sorcieres {witc/i finder) pour complaisance le supplice de soixante-deux fem-


quatre comtes et dans I'espace d'un an dans la
, , mes et de quinze enfants, accuses d'avoir ete au
seule viile d'Essex, 11 ne fit pas pendre moinsde sabbat et d'y avoir soigne le diable ,
qui s'y trou-
soixante malheureusesfemmes. Ge miserable pre- vait malade.... Ce spectacle, car il donne ce
tendait avoir acquis une experience infailliblc nom a I'execulion d'une pareille sentence , eut
pour les reconnaitre a de certaines taches sur la lieu le 25 aoutl672, « par un temps superbe. »
peau , certains signes , certaines veines qu'il re- Horoscopes. Un marechal ferrant de Beau-
gardait comme autant de tetines pour allaiter de vais avait fait tirer I'horoscope de son fils. L'as-
petils demons. Son epreuve favorite etait celle Irologue ,
apres avoir examine les divers aspects
de I'eau. Si les sorcieres pretendues revenaient
a la surface de I'eau et nageaient , il les declarait
coupables, les faisait retirer de I'eau et bruler;
si au conlraire elles enfon^aient elles etaient ,

simplement noyees, mais leur innocence elail


reconnue. Gette epreuve venait peut-etre d'une
parole fort sage que sa Tres-Sacree Majeste le
roi Jacques avait souvent a la bouche, a savoir
que comme quelques personnes avaient renonce
,

aux avantages de leur bapteme par I'eau de ,

meme I'eau refusait a son tour de les recevoir


dans son sein.
« A la fin Hopkins, ce qui est assez original,

devint lui-meme suspect de sorcellerie on lui ;

fit subir I'epreuve qu'il avait souvent fait subir

aux autres il eut la maladresse de nager il fut


; ;

tout naturellement declare coupable pendu et , des aslres, decouvrit que I'enfant etait menace
brule vif. de mourir a quinze ans d'un coup de Lonnerre.
(( 11 ne fut pas le seul rechercheur de sorcieres II designa en meme temps le mois, le jour et
bien d'autres se melerent de ce metier, qui ne I'heure ou I'evenement devait avoir lieu; mais il
laissait pas que d'etre lucratif, puisqu'il leur ajouta qu'une cage de fer sauverait le jeune
procurait vingtschellings (25 francs) par chaque homme. Quand le temps arriva le pere chercha ,

execution. » comment la cage de fer pourrait eviterason fils


Hoppo, maitre sorcier et vrai coquin, qui fut une mort si prematuree il pensa que le sens de
;

poursuivi a Berne. II etait de la secLe des Lol- I'oracle etait probablement d'enfermer ce jour-la

lards et faisait des disciples. Nousignorons sa fin. son enfant dans une cage de fer bien fermee. II
Horey nom que les negres de la cote occi-
, se mit a travailler a la construction de cette cage
dentale d'Afrique donnent au diable, qui n'est sans en parler a personne. Le moment arriva.
sans doute qu'un negre aposLe par les mara- Une nuee paraissait se former dans le ciel et ,

bouts. Les ceremonies de la circoncision ne man- justifiait jusqu'alors le dire de I'astrologue. II


;;

HOR — Zki — HOR


appella done son annonqa que son etoile
fils et lui forme et tout differents pour les presages. Les
,

le condainnait a etre du tonnerre, un peu


tiie personnes qui se trouvent ici nees avec le plus
avant midi, s'il n'avait heufeusement trouve le heureux naturel seront ailleurs des etres abo-
,

moyen de le soiistraire a sa mauvaise planete il ; minables. Les astrologues ont fonde leurs oracles
le pria d'entrer dans la cage de fer. Le fils, un sur le caprice de leur imagination, et chacun
peu plus inslruii que son pere, pensa que, d'eux nous a donne les passions qui se sent ren-
loin de le garantir du tonnerre, cette cage ne contrees sous sa plume au moment ou il ecri-
servirait au contraire qu'a Fattirer ; il s'obstina vait. Qui croira aux presages de sa constellation,
a resler dans sa chainbre, ou il se mit a reciter (levra croire aussi a tous les pronostics de I'al-

I'Evangile de saint Jean. Cependant les nuages manach journalier, et avec plus de raison encore,
s'amoncellent ,temps se couvre, le tonnerre
le puisque les astres ont sur la temperature une
gronde, la foudre tombe sur la
I'eclair brille, influence qu'ils n'ont pas tant sur nous. Enfm,
cage de fer et la reduit en poudre. Le marechal si la divination qu'on va lire etait fondee, il n'y
surpris benit pour la premiere fois le ciel d'avoir aurait dans les hommes
dans les femmes que
et
rendu son fils desobeissant et vit toutefois I'ora-
, douze sortes de naturels, des lors que tous ceux
cle accompli. Du moins tel est le conte. Voy. qui naissent sous le meme signe ont les memes
ASTROLOGUES. passions et doivent subir les memes accidents
Horoscopes tout faits , ou moyen de con- et tout le monde sail si dans les millions de mor-
nailre sa destinee par les constellations de la tels qui habitent la surface du globe, il s'en
naissance. Nous empruntons ces plaisanteries, trouve souvent deux dont les deslinees et les
qui ont ele si serieuses pour nos peres , et que caracteres se ressemblent.
I'Eglise a toujours combattues, aux divers livres 1° La Balance. (C'est la balance de Themis
sur la matiere , par Jacques de Hagen et
traitee qu'on a mise au nombre des constellations. Elle
par cent autres du ton le plus grave. Les au-
, donne les proces.) La Balance domine dans le
teurs qui ont ecrit sur les horoscopes ont etabli ciel depuis le 22 septembre jusqu'au 21 octobre.
plusieurs syslemes semblables a celui-ci pour la — Les hommes qui naissent dans cet espace de

temps naissent sous le signe de la Balance. — lis des incendies et de I'eau chaude. — La femme
sont ordinairement querelleurs. lis aiment les qui nait sous cette constellation sera aimable,
plaisirs, reussissent dans le commerce, princi- gaie, agreable, enjou^e, assez heureuse. Elle
palement sur les mers, et feront de grands voya- aimera les fleurs elle aura de bonnes manieres
;

ges, lis ont en partage la beaute, des manieres la douce persuasion coulera de ses levres. Elle

aisees, des talents pour la parole; cependant ils sera cependant susceptible et querelleuse. Elle —
manquent a leurs promesses et ont plus de bon- se mariera a dix-sept ou a vingt-trois ans. Qu'elle
heur que de soin. Ilsauront de grands heritages, se defie du feu et de I'eau chaude.
lis seront veufs de leur premiere femme et n'au- 2° Le Scorpion. (C'est Orion que Diane chan-
,

ront pas beaucoup d'enfanls. Qu'ils se defient gea en cet animal, et qu'on a mis au nombre des
,;

HOR ,— 342 — HOR


constellations. donne
la malice et la fourberie.)
II ques qualites tant de I'esprit que du coeur. —
Le Scorpion doraine dans le ciel du 22 octobre Elle se mariera a dix-neuf ou a vingt-quaLre ans.

au 21 novembre. —
Ceux qui naissentsous cette Elle sera bonne mere.

constellation seront hardis, effrontes, flatteiirs, k" Le Caprkorne. (C'est la chevre Amalthee

foiirbes et mechancete sous one ai-


cachant la qui allaila Jupiter, et qui fut mise au nombre des
mable apparence. On les entendra dire une chose, constellations. Elle donne I'etourderie.) Le Ca-
tandis qu'ils en penseront une autre. lis seront pricorne domine dans le ciel du 22 decembre au
generaleinent secrets et dissimules. Leur naturel 21 Janvier. Celui qui nait sous cette constellation
eniporte les rendra inconstants. lis jugeront mal sera d'un naturel irascible, leger, soupQonneux,

des autres, conserveront rancune, parleront ami des proces et des querelles; il aimera le tra-
beaucoup et auront des acces de melancolie. Hs vail, mais il hanlera de mauvaises societes. Ses

n'aimeront a rire qu'aux depens d'autrui , auronl exces rendront malade. Rien n'est plus incon-
le

quelquos amis et I'emporteront sur lenrs enne- stant que cet homme, s'il est ne dans la nuit. 11

niis.— lis seront sujets aux coliques et peuvenl sera enjoue, aclif et fera quelquefois du bien. Son
etoile le rendra heureux sur mer. II parlera mo-
derement, aura la tete petite et les yeux enfonces,
II deviendra riche et avare dans les dernieres
annees de sa vie. Les bains, dans ses maladies,
pourront lui rendre la sante. —
La femme qui
nait sous cette constellation seravive, gaie, et
cependant tellement timide dans ses jeunes an-
nees, qu'un rien pourra la faire rougir. Mais son
caractere deviendra plus ferme et plus hardi dans
I'agc plus avance. Elle se montrera toujours
bonne, avec un peu de jalousie. Elle parlera sa-
gement, evitera les inconsequences, sera bonne
fille et bonne mere; elle aimera a voyager, etsera

d'une beanie moyenne.


5" Le Vcrscau. (C'est Ganymede, fils de Tros,

s altendre a de grands heritages. — La femme que Jupiter enleva pour verser le nectar aux
qui nait sous cette constellation sera adroite et dieux, et qu'on a mis au nombre des conslella-
Irompeuse. Elle se conduira moins bien avec son tions. II donne la gaiete.) Le Verseau domine
premier mari qu'avec son second. Eile aura les dans le ciel du 22 janvier au 21 fevrier. —
paroles plus douces que le cocur. Elle sera en- L'homme qui nait sous cetle constellation sera
jouee gaie aimant a rire mais aussi aux ddpens
,
, , aimable, spiriliiel, ami de la joie, curieux, sujet
des autres. Elle fera des inconsequences, par- a la fievre, facile aux projets, pauvre dans la

lera beaucoup, pensera mal de tout le monde. premiere parlie de sa vie, riche ensuile, mais
Elle deviendra melancolique avec I'age. Elle — moderement. II sera bavard et leger, quoique
aura un cautere aux epaiiles a la suite d'une ma- discret. II fera des maladies, courra des dangers.
ladie d'humeurs. II aimera la gloire, vivra longtemps, et aura peu
3° Le Sacjiltaire. (C'est Chiron le Centaure d'cnfants. — La femme qui nait sous celte con-
qui apprit a Achille a tirer de Tare, et qui fut stellation sera constante, genereuse, sincere et
mis au nombre des constellations. 11 donne liberale. Elle aura des chagrins, sera en bulle
I'amour de la chasse et des voyages.) Le Sagit- aux adversites, et fera de longs voyages. Elle sera
taire domine dans le ciel du 22 novembre au 21 sage et enjouee.
decembre. —
L'homme qui nait sous cette con- 6° Les Poissons. (Les dauphins qui amenerent

stellation aimera les voyages et s'enrichira sur Amphitrile a Neplune furent mis au nombre des
les mers. 11 sera d'un temperament robuste, aura constellations. lis donnent la douceur.) Les Pois-
de I'agilite et se montrera d'un esprit attentif. sons dominent dans le ciel du 22 fevrier au
II se fera des amis dont il depensera I'argent. 11 22 mars. —
Celui qui nait sous celte constellation
aura un gout determine pour I'equitation, la sera officieux, gai, aimanl a jouer, d'un bon na-
chasse, les courses, les jeux de force el d'adresse, turel, heureux hors de sa maison. 11 ne sera pas

et les combats. II sera juste, secret, fidele, la- riche dans sa jeunesse. Devenu plus aise, il

borieux , sociable , et aura autant d'amour-propre prendra peu de soin de sa fortune, etne profitera
que d'esprit. — La femme qui nait sous cette pas des logons de I'experience. Des paroles in-
remuant
constellation sera d'un esprit inquiet et discreles lui atlireront quelques desagrements. II
elle aimera leSon ame s'ouvrira
travail. aise- sera presomplueux. — La femme qui nait sous
ment a la pitie elle aura du gout pour les voya-
; cetle constellation sera belle. Elle eprouvera des
ges et ne pourfa rester longtemps dans le meme ennuis et des peines dans sa jeunesse. Elle aimera
pays. Elle sera presomptueuse et douee de quel- a faire du bien. Elle sera sensee, discrete, eco-
)
;

HOR — 3^3 — HOR


nome, mediocrement sensible, et fuira le monde. irascibles, prompts, vifs, eloquents, sludieux,
Sasante, faible jDsqu'a vingt-huit ans, devieadra violents, menteurs, enclins a I'inconstance. lis

alors plus robuste. Elle aura cependant de temps tiennent rarement leur parole et oubiient leurs
en temps des coliques. promesses. lis courront des dangers avec les che-

7" Le Belier. (C'est le belier qui portait la toi- vaux. lis aimeront la peche et la chasse. La —
son d'or, et qui ful mis au nombre des constel- femme qui nalt sous cette constellation sera jolie,
lations. Jl donne les emportements. ) Le belier vive et curieuse. Elle aimera les nouvelles, aura
doimine dans le ciel du 23 mars au 21 avril. — un grand penchant pour le mensonge, et ne sera
Geux qui naissent sous cette constellation sont pas ennemie de la bonne chere. Elle aura des

coleres, sera medisante dans sa vieillesse et ju- les courses et les voyages et ne cherchera pas
,

gera severement les femmes. Elle se mariera de beaucoup a augmenter sa fortune cependant il ;

bonne heure et aura beaucoup d'enfants. ne s'appauvrira point. II sera ruse, gai, enjoue
8° Le Taureau. (C'est le taureau dont Jupiter il aura des dispositions pour les arts. La femme —
prit la forme pour enlever Europe, et qui fut mis qui nait sous cette constellation est aimante et
au nombre des constellations. II donne la har- belle. Elle aura le coeur doux et simple. Elle
diesse et la force.) Le Taureau domine dans le negligera peut-etre un peu trop ses affaires. Les
ciel du 22 avril au 21 mai. —
L'homme qui nait beaux-arts, principalement le dessin et la mu-
sous cette constellation est audacieux; il aura des sique, auront beaucoup de charmes pour elle.

ennemis qu'il saura mettre hors d'etat de lui 10° L'Ecrevisse. (C'est le cancer ou I'ecrevisse
nuire. Le bonheur ne lui sera pas etranger. II qui piqua Hercule tandis qu'il tuait I'hydre du
voyagera dans des pays loin tains. Sa vie sera marais de Lerne, et qui fut raise au nombre des
longue et peu sujette aux maladies. —
La femme constellations. Elle donne les desagrements.
qui nait sous cette constellation est douee de force L'Ecrevisse domine dans le ciel du 22 juin au
j
et d'energie. Elle aura du courage; mais elle sera 21 juillet. — Les hommes qui naissent sous cette
violente et emportee. Neanmoins elle saura se constellation sont sensuels. lis auront des proces
plier a son devoir et obeir a son mari. On trou- et des querelles,dont ils sortiront souvent a leur
vera dans cette femme un fonds de raison et de avantage eprouveront de grands perils sur
; ils

bon sens. Elle parlera pourtant un peu Irop. Elle mer. Get horoscope donne ordinairement un pen-
sera plusieurs fois veuve et aura quelques en- chant a la gourmandise quelquefois aussi de la
;

fants, a qui elle laissera des richesses. prudence de I'esprit, une certaine dose de mo-
,

9° Les Gemeaux. (Les Gemeaux sont Castor et destie, —


La femme qui nait sous cette constel-
Pollux qu'on a mis au nombre des constellations, lation est assez belle, active, emportee, mais
lis donnent I'amitie. ) Les Gemeaux dominent facile a apaiser. Elle ne deviendra jamais tres-
dans le ciel du 22 mai au 21 juin. —
Celui qui grasse elle aimera a rendre service, sera timide
;

nait sous cette constellation aura un bon coeur, etun peu trompeuse.
une bella figure de I'esprit de la prudence et
, , 11° Le Lion. (C'est le lion de la foret de N^-
I
de la generosite. II sera presomptueux aimera , mee, qu'Hercule parvint a etouffer, et qui fut
HOR — m- HOR
mis an nombre des constellations. II donne le vant il les aura chercbes longtemps. 11 aura de
courage.) Le Lion domine dans le ciel du 22 jiiillet gros iTiolIets. —
La femme qui nait sous cetlei
au 21 aout. — Celiii qui nait sous celle constel- constellation sera vive, colere et bardie. Elle(
lation est brave, hardi, niagnanime, fier, eloquent gardera rancune. Elie parlera beaucoup, et ses
et orgueilleux. II aime la raillerie. 11 sera souvent paroles seront souvent ameres. Au reste elle ,

entoLire de dangers; ses enfants feront sa conso- sera belle; elle aura la tete grosse. — Qu'elle se
lation el son bonheur. 11 s'abandonnera a sa co- tienne en garde centre I'eau bouillante et le feu.
lere et s'en repenlira toujours. Les honneurs et Elle sera sujetle aux coliques d'estomac. Elle
les dignites viendront le trouver; mais aupara- aura peu d'enfants.

Le dessin auia <lu rliarmc pour elle. — Pa^e 213.

12° La Viercje. (C'est Aslree qu'on a mise au livre intitule Bihliolheque macjique, ou la magie,
nombre des constellations. Elle donne la pudeur.) la necromancie,
theurgie , la etc. Nous y avons
La Vierge domine dans le ciel du 22 aout au trouve quelques fails.
21 septembre. —
L'homme qui nait sous cetle Hortensius (Martin), celebre professeur de
constellation est bien fait, sincere, genereux, malhematiqiies a Amsterdam, donnail dans les
spirituel, aimant les bonneurs. 11 sera vole. II ne pelitesses de I'astrologie. Dans un voyage qu'il
saura garder le secret des autres ni le sien. II fit en Ilalie, il voulut se meler de faire son ho-
aura de I'orgueil, sei-a decent dans son maintien, roscope, el dit a deux jeunes HoUandais de sa
dans son langage, et fera du bien a ses amis. 11 compagnie qu'il mourrail en 1639, el que pour
sera compatissant aux maux des autres. 11 aimera eux ils ne lui survivraient pas longtemps. II mou-
la proprete et la toilette. —
La femme qui nait rul en effel I'ete de cetle annee-la. Les HoUan-
sous cette constellation sera chaste, honnete, ti- dais en furenl si frappes, que I'un d'eux mourut
mide, prevoyante et spirituelle. Elle aimera a bientot apres, et que I'aulre qui etait fils de Da-
faire eta dire du bien. Elle rendra service toutes niel Heinsius, etait devenu si languissanl, qu'au
les fois qu'elle le pourra mais elle sera un peu
; rapport de Descartes, qui fait mention de cette
irascible. Cependant sa colere ne sera ni dange- aventure, il semblait faire tout son possible pour
reuse ni de longue duree... ne pas dementirl'astrologue*.
On peut esperer que ne s'arretera a
le lecteur Hortilopits (Jeanne) sorciere du pays de ,

cette ridicule prescience, que pour se divertir un Labour, arrelee comme telle en 1603, des I'age
instant. de quatorze ans, et chatiee pour avoir ete an
Horst (Conrad), conseiller ecclesiastique du sabbaL
grand duche de Hesse, a public en allemand un 1 Baillet , Vie de Descartes.
;

HOU — 3^5 — HRA


Houille. Le charbon de terre qui se trouve Qoive distinctement en se permettant cette de-
dans le Hainaut et dans le pays de Liege, et que bauche, est celle-ci un grand coup de baton
:

que Ton y brule communement, porle le nom de qu'on vous assene sur la nuque c'est I'initiation, ;

houille a cause d'un certain marechal nomine


, et il faut convenir qu'elle est parfaitement turque.
Prudhomme-le-Houilleiix , qui, dit-on, en fit la Mais la transition de I'etat normal a I'extase con-
premiere decouverte an onzieme siecle et des ; sisLe a sentir sa tete sedetacher doucement du
doctes assurent qu'un fantome, sous la figure corps et prendre une vie joyeusement separee de
d'un vieillard habille de blanc, ou sous celle ce grossier amas de matieres qu'elle n'a plus be-
d'un ange, lui montra la premiere mine et dis- soin de gouverner. La tete se soutient en Fair
parut. d'une fagon fantastique, comme celle des cheru-
D'aulres contes populaires font intervenir un bins dans les eglises au milieu des nuages apres ;

gnome on un gobelin dans la decouverte de la quoi tout est bouleverse, et le desordre s'empare
houille, qui eut lieu au douzieme siecle, selon de I'esprit, plus ou moins, selon les tempera-
les iins, au onzieme, selon d'autres, mais qui est ments et en raison de I'habitude.
beaucoup plus ancienne' ; car il en est question » A la bastide de M. B..., eut lieu une scene
dans Job. comique et douloureuse a la fois sitot que ces
;

Houmani ,
genie femelle qui gouverne la re- messieurs arriverent a cette periode de I'influence
gion des astres chez les Orientaux. f^oy. Schada- du hrachich, M. B...lui-meme,jeunehommeconnu
SCHIVAOUN. par sa gaiete expansive et tranche , et par une
Houris, vierges merveilleuses du paradis de organisation ardente, se prit a pleurer et a san-
Mahomet; elles naitront des pepinsde toutes les gloter dans d'effrayantesconvulsions; M. V...
oranges servies aux fideles croyants dans ce se- d'une complexion delicate et nerveuse, se crut
jour fabuleux. II y en aura de blanches, de jaunes, inort; il s'etendit sur le plancher et croisa ses
de vertes et de rouges. Leur crachat sera neces- mains sur sa poitrine il lui semblait qu'on I'avait
;

sairement parfume. place sur un catafalque noir dans une chapelle


Hrachich, matiere enivrante qui produit des ardente; il entendait les chants des moines, et a
hallucinations singulieres. Sa preparation n'est travers cela les coups de marteau qui clouaient
pas un secret; les Arabes nous ont appris que ce le cercueildans lequel il etait renferme. Un autre
qui causait I'ivresse n'etait autre chose que de la se persuada qu'il avait des ailes, il s'elanga hors
graine et de la racine de chanvre i'nfusees, qu'on de la chambre, et franchissant les degres comme
fait bouillirdans du beurre, et dont on forme une un oiseau il alia se poser sur la table du salon
,

friandise en la melant avec du Sucre, des amandes au rez-de-chaussee. A cette table dinaient plu-
ou des pistaches. On le vend en tablettes grandes sieurs dames de la famille de M. B..., qu'on
comine la main, et la moitie sufTit pour procurer n'avait pas voulu, par convenance, rendre te-
I'ivresse. On le prend aussi en liqueur. Voici une moins des effets du hrachich. Qu'on se figure le
anecdote qui a ete racontee dans le Semaphore desastre !... les plats, les cristaux, les bouteilles
de Marseille : renverses etbrises, et Teffroi de ces dames!...
(( Quatre jeunes gens de notre ville ont voulu Force fut d'aller chercher du secours dans le
ces jours derniers, a leursrisques et perils, s'ex- voisinage. Les amis arriverent de tous cotes et
perimenter sur le hrachich mais leur curiosite a
;
on parvint, a grand'peine, a mailriser les plus
failli On s'etait reuni dans une
leur etre funeste. furieux.
bastide des environs de Sain t- Loup M. B..., ; ))serait trop long d'entrer dans le recit de-
II
negociant d'Alexandrie fournissait le hrachich,
,
tailledu drame qui se deroula bien avant dans la
et aidait de ses conseils I'inexperience de ses nuit chez M. B... II sufiit de savoir que ces mes-
Irois compagnons. Avant toute chose on prit ,
sieurs furent livi'es durant leur longue excitation,
du cafe, du cafe ordinaire, et on mitdanschaque aux conceptions les plus folles, aux fantaisies les
tasse deux ou trois morceaux desucreraffinetout plus bizarres, aux feeries les plus etincelantes.
simplement puis on passa au hrachich. Chaque
;
A les voir dans I'etat ou ils elaient, tous les as-
convive avala courageusement sa cuilleree le ;
sistants consternes les croyaient pour jamais pri-
poison n'etait pas mauvais au goiit, au contraire, ves de la raison. Lejeune negociant d'Alexandrie,
il fut trouve fort agreable; immediatement apres
qui avait une mince lueur de perception au sein
on se mit a table, et ce ne fut que vers la fin du du desordre general, gemissait au fond de I'ame
repas que se manifesterent chez nos ainis de du triste resultat de la partie, et craignait de les
vrais symptomes de desorganisation cerebrale, avoir empoisonnes tout de bon. Cependant deux
precurseurs des hallucinations etranges qui al- d'entre eux en ont ete quittes pour cinq ou six
laient bienlot les assaillir. jours de douleurs de tete, sans compter I'atonie
» La premiere impression physique qu'on re- morale qu'ils n'ont pas encore tout a fait secouee
M. V... seul se trouva beaucoup plus fatigue que
1 Voyez la legende du houilleur, dans
les Legendes
les autres. Une veritable congestion cerebrale a
des esprils et des demons. mis ses jours en danger, et il ne s'en est tire que
:

HUA — 3/i6 — HUE


graces aux soins empresses du docteur Cauviere, Hudemuhlen chateau de Lunebourg, qui ful
,

qui I'a tout de suite saigne abondamment, » infeste au temps de la reforme par un lutin qui
Qaand on
est dans des dispositions de gaiete se disait Chretien, mais qui paraissait peu catho-
et de bonheur, dit M. Granal, le hrachicli pris, lique. 11 chantait sans se montrer, et frappait
en dose raisonnabie vous promene a travers les , comaie les esprits de nos jours.
niille et miile caprices de I'imaginalion la plus Huet (Pierre-Daniel), celebre eveque d'A-
riche; je crois qu'on y acqoiert la perception vranches, mort en 1721. On trouve ce qui —
d'un monde invisible, de ce inonde de fees et suit dans le Hueliana, ou Pensees diver.ses de
de genies que nos yeux ne peuvent voir dans M. Huet eveque d'Avranches
,
touchaut les ' ,

I'eLat nature!. On ne connait pas I'auteur des broucolaques et les tympanites des iles de I'Ar-
Milk cl line Nttits , je crois le tenir; c'est, j'en chipel. « C'est une chose assez elrange que ce
suis sur, le hrachich en personne. J'ai vu pen de qu'on rapporte des broucolaques des iles de
cas de sombre fureur; quelqucfois des acces de I'Archipel. On dit que ceux qui, apres une me-
colere tres-passagers , le plus souvenl la gaiete chante vie, sont morts dans le peclie, paraissent
la folle. J'ai retenu une seule fois, un hra-
plus en divers lieux avec la meme figure qu'ils por-
cliach (preneur de hrachich) qui, se croyant oi- taient pendant leur vie; qu'ils font souvent du
seau, voulait s'envoler de la fenetre sur un arbre desordre parmi les vivants, frappant les uns,
du jardin. II avait denoue les deux bouts de sa tuant les autres ; rendant quelquefois des services
ceinture de sole, et, les tenant dans ses mains, il utiles, et donnant toujours beaiicoup d'effroi. Ms
s'ecriait : « Je suis oiseau de paradis je vais ,
croient que ces corps sont abaiidonnes a la puis-
m'envoler. » Heureusement, on mit I'oiseau en sance du demon qui les conserve les anime et
,
,

cage; un autre entendail le langage des serpents, s'en sert pour la vexation des hommes. Le Pere
et, ce qui est plus fort, il le parlait; je n'en Puchard, jesuite, employe aux missions de ces
compris pas un mot, bien que je fusse monte a iles, il y a environ cinquante ans, donna au public
son diapason. II paraitra extraordinaire que les une relation de Pile de Saint-Erini ou de Sainte-
individus dans cetle situation ne se meprennenl Irene, qui etait la Thera des anciens, donl la
pas sur le compte les uns des autres ils se trai- ; fameuse Gyrene fut une colonic. II a fait un grand
tent de fous sans fagon mais si une personne ; , chapitre de I'histoire des broucolaques. II dit
dans son etat de bon sens se moque d'eux et les que, lor.sque le pcuple est iiifesle de cos appari-
contrarie, ils se fachent, s'irritent, entrent en tions, on va deterrer le corps qu'on trouve en- ,

fureur ou lombent dans la tristesse. Sentirsa tete tier et sans corruption ,


qu'on le brule, ou qu'on
se detacherdu corps est encore un des effets du le met en pieces, principalemcnt le cfcur; apres
hrachich, mais ce n'est pas un effet necessaire; quoi les apparitions cessent et le corps se cor-
il en est qui sentent toujours leur tele sur leurs rompt ^. Le mot de Brouroluqiws vient du Grec
epaules. Dans une de ces ])arties, j'ai vu un cas moderne Bourcos qui signiOc de la houcj et de
a pen pres semblable. Un de mes amis s'dcriait Lancos qui signific fosse, cloaqiic, j)arcc qu'on
((Ne me louchez pas, je suis statue, vous allez trouve ordinairemenl, comnie on I'assuro, los
me briser et, quelqu'un I'ayant touclie
; Voila ; <i
tombeaux oh mis ces corps, pleins de boue.
I'on a
» qui est bien, dit-il ma tete roule par ici, mes ; Je n'examine point si les faits que Ton rapporte
» bras par la mes jambes s'en vont chacune de
, sont verilables, ou si c'est une erreur populaire;
)) leur cole. » mais il est certain qu'ils sont rapportes par lant
« J'ajouterai, dit encore M. Granal, que le d'auteurs habiles et dignes de foi, et par tant de
Vieux de la Montagne exallait ses sectaires par temoins oculaires qu'on ne doit pas prendre
,

I'emploi de cette drogue de la le nom de hra- :


parti sans heaucoup d'attention. II fest certain
chachin, qui est le pluriel de hrachach qui vent , aussi que cetle opinion, vraie ou fausse, est fort
dire preneur de hrachich, d'oi!i vient le nom fran- ancienne, et les auteurs en sont pleins. Lorsqu'on
gais 6! assassins. Auriez-vous pense que ces mots avait tue quelqu'un frauduleusement el par sur-
assassiner, assassin, avaient une parente quel- prise, les anciens habitants croyaient oter au mort
conque avec le hrachich ? C'est pourtant la ve- le moyen de s'en venger en lui coupant les pieds,
rite. » les mains, le nez et les oreilles. Gela s'appelait
Huarts, lutins desforets de Normandie qui , Acroteriazein. Ils pendaient tout cela au cou des
ont le cri du chat-huant, et qui huerent Richard defunts, ou ils le plagaient sous leurs aisselles,
sans Peur, croyant I'effrayer. Ils sent de la suite d'oii s'est forme le mot Mascalizein qui signiOe
du demon Brudemort. la meme chose. On en
un temoignage expres
lit

Hubner (Etienne), revenant de Boheme. dans les Scholies grecques' de Sophocle. C'est
Plusieurs auteurs ont dit qu'il parut, quelque
lemps apres sa mort, dans sa ville, et qu'il em- In-12, Paris, 1722.
1

Relation de I' Ue Santerini, par le P. Richard,


2
brassa meme quelques-uns de ses amis qu'il ren-
ch. xvin.
contra \ ' Vide Elect., v. 448 Meursiurn in Lycophronem,
;

1 Lenglel-Dufrcsnoy, Disser'tations , t. 1. p. 309 Stanlcium in /Eschil. Cwph. v. 437.


;
8

HUG 347 — HUG


ainsi que fut traite par Menelas Deiphobe , mari gulierement a son corps les derniers devoirs.
d'Helene, et ce fut en cet elat qu'il fut vu d'Enee Servius * marque expressement que les ames des
dans les enfers. morts (dans I'opinion des anciens) ne trouvaient
le lieu de leur repos qu'apres que le corps etait
Atque hie Priamidem laniatum corpore toto
Deiphobum vidit, lacerum crudeliter ora, entiereraent consume. Les Grecs aujourd'hui sont
Ora, manusque ambas, populataque tempora raptis encore persuades que les corps des excommu-
Auribus, et truncas inhonesto vulnere nares.
nies ne se corrompent point mais s'entlent ,

Suetone ecrit qu'apres la raort violente de


« comme un tambour et en expriment le bruit
Caligula son corps n'ayant ete brule qu'a moitie
,
quand on les frappe ou qu'on les roule sur le
et enterre fort super ficiellement, la maison ou pave. C'est ce qui les fait appeler toupi ou tijin-
on I'avait tue et les jardins ou il etait mis en panites. »

terre furent de spectres toutes les


inquieles Hugon ,
espece de mauvais fantome , a I'exis-
nuits, jusqu'a ce que ceLle maison futbrulee, et tence duquel le peuple de Tours croit tres-fer-
que les soeurs du defunt eussent rendu plus re- mement. 11 servait d'epouvantail aux petits

enfants, pour qui il etait une maniere de Cro- presentant a lui le plus apparent lui dit
, Me :

quemitaine. C'est de lui, dit-on, que les rc/orwie* connais-tu?— Non, repondit Hugues; quipeux-tu
sont appeles huguenots, a cause du mal qu'ils etre? — Je suis, dit I'homme noir, le puissant

faisaient et de I'effroi que semait leur passage au des puissants , le si tu veux


riche des riches ;

seizieme siecle ,
qu'ils ont ensanglante et con- croire en moi ,
Quoique ce ca-
je te ferai vivre.

vert de debris. pitaine eut ete assez derange dans sa vie, il fit
Hugues, bourgeois d'Epinal. Voy. Esprits. le signe de la croix. Aussitot cette bande de dia--

Hugues le Grand, chef des Franqais, pere bles se dissipa en fumee ^


de Hugues Capet. Gualbert Radulphe rapporte 1 In jEnekl., liv. IV, vers. 41
qu'il etait guelte par le diable a I'heure de la ' Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
mort, Une grande troupe d'hommes noirs se esprits, liv. Ill, p. 273.
HUI HUT
parul apres sa mort pour reclamer des prieres *.

Huile bouillante. Les habitants de Ceylan


et des cotes du Malabar emploient I'huile bouil- Humma dieu souverain des Cafres qui fait
, ,

lante comme epreuve. Les premiers n'y recou- lomber la pluie, soufiler les vents, et qui donne
rent que dans les de grande importance, afifaires le froid et le chaud. lis ne croienlpas qu'on soil

comme pour leurs ter-


lorsqu'ils ont des proces oblige de lui rendre hommage, parce que, di-

res et qu'il n'y a point de temoins. On se ser-


, sent-ils , de chaleur et de secheresse
il les brule

vait autrefois en Europe de I'epreuve par I'huilc sans garder la moindre proportion.
bouillante pour les causes obscures. L'accuse Huneric. Avant la persecution d'Huneric, fils
mettait le poing dans la chaudiere s'il le reti- ;
de Genseric roi des Vandales qui fut si vio-
, ,

rait sans brulure, il etait acquitte. lenleconlre les calholiques d'Afrique, plusieurs
Huile de baume. « L'huile de baunie, extraite signes annoncerenl, dil-on, cet orage. On aper-
du marc de I'eau celeste, dissipera la surdite, Qut sur le mont Ziquen un homme de haute sta-
si on en met dans les oreilles trois goultes de ture, qui criait a droite el a gauche a Sortez, :

temps en temps, en bouchant lesdiles oreilles sortez. » On vit aussi a Carthage dans I'eglise
,

avec du colon imbibe de ce baume. 11 gueril de Saint-Fauste , une grande troupe d'Elhiopiens
toule sorte de gale et de teigne les plus invele- qui chassaienl les saints comme le berger chasse
rees, apostemes, plaies, cicatrices, ulceres ses brebis. II n'y eut guere de persecution d'he-
vieux et nouveaux, morsures venimeusesde ser- retiques centre les calholiques plus forte que

pents, de scorpions, etc., fislules, crampes el celle-la ^


eresypeles palpitation de coeur el des au:res
,
Huns. Les anciens hisloriens donnent a ces
membres, le tout par fomentation et eniplatre. peuples I'origine la plus monstrueuse. Jornandes
Crollius en fait tant d'estime, qu'il le nomme raconle ' que Philimer, roi des Goths , entrant
par excellence huile mere de baume » dans les terres geliques, n'y trouva que des sor-
Huile de talc. Le talc est la pierre philoso- cieres d'une laideur affreuse ;
qu'il les repoussa
phale lixee au blanc. Nos anciens ont beaucouj) loin de son armee qu'elles errerent seules dans ;

parle de l'huile de talc, a laquelle ilsattribuaient les deserts, oii des demons s'unirent avec elles.
tant de vertus que presque tous les alchimistes C'est de ce commerce infernal que naquirent les
ont mis en oeuvre tout leur savoir pour la com- Huns, si souvent appeles les enfants du diable.
poser, lis ont calcine, purifie, sublime le talc et lis elaient d'une difl'ormile horrible. Les hislo-
n'en ont jamais pu extraire cetle huile precieuse. riens disenl qu'a leurs yeux louches et sauvages,
— Quelques-uns enlendcnt, souscenom, I'elixir a leur iigiire torse, a leur barbe de bouc, on ne
des philosophes hermetiques. pouvait s'empecher de les reconnaitre pour en--
Hu-Jum-Sin , cclebre alchimisle chinois qui fants de demons. Besoldus pretend, apres Ser-
trouva, (lil-on , la pierre philosopliale. Ayaiil lue vin que le nom de Huns vient d'un mot tu-
,

un horrible dragon qui ravageait le pays, Hu- desque, ou cellique ou barbare, qui signifie ,

Jum-Sin attacha ce monstre a une colonne qui se puissants grands magiciens. Bon-
par la macjie ,

voit encore aujourd'hui,- et s'eleva ensuite dans naire dit, dans son Histoire de France, que les
le ciel. Les Chinois, par reconnaissance, lui eri- Huns, venanl faire la guerre a Cherebert, ou
gerent un temple dans I'endroit meme ou il avail Caribert , furent attaques pres de la riviere d'Elbe
tue le dragon. par Sigeberl, roi de Melz et que les Francs fu- ,

Hulin, petit marchand de bois d'Orleans. rent obliges de combatlre contre les Huns et
Etant ensorcele a mort, envoya chercher un il centre les spectres don I ces barbares avaient
sorcier qui se vantail d'enlever ton les les mala- rempli I'air, par un effet de la magie ce qui ren- ;

dies. Le sorcier repondit qu'il ne pouvait le gue- ditleur vicloire plus distinguee. Voij. Ocniis.
rir, s'il ne donnait la maladie a son fils qui elail Huppe, oiseau commun, nomme paries Chal-
encore a la mamelle. Le pere y consentit. La deens Bori , et par les Grecs Isan. Celui qui le
nourrice ayant entendu cela, s'enfuil avec I'en-
, regarde devient gros ; si on porle les yeux de la
fant pendant que le sorcier touchail le pere pour huppe sur I'estomac, on se reconciliera avec
lui oler le mal. Quand il eul fail, il demanda ou tous ses ennemis. Enfin, c'est de peur d'etre
etait I'enfant. INe le trouvant pas , il commenc;,a trorape par quelque marchand qu'un homme de
a s'ecrier ;
— Je suis mort, oii est I'enfant? — precaution a sa tele dans une bourse
''.

Puis il s'en alia tres-pileux ; mais il n'eut pas Hus, I'un des precurseurs de Luther. II fit
plutol mis les pieds hors la porle que le diable , faire des progres a la confrerie occulte des sor-
le tua soudain. II devinl aussi noir que si on I'eul ciers.

noirci de propos deUbere car la maladie elail ; Hutgin , demon qui trouve du plaisir a obli-
'\
reslee sur lui
Voyez cette legende du purgatoire dans les ie-
Humbert de Beaujeu. Geoffroi d'Iden Uii ap-
'

gendes de I'autre monde.


2 Leloyer, Histoire des spectres, p. 272.
^ De rebus gothicis.
1 Le Petit 'Albert, p. 1i2.
^ Secrets d' Albert le Grand, p. 111.
2 Bodin Demonomanie , p. 330.
,
;

HVE — 3/i9
— HYD
ger les homines, se plaisant en leur societe, dait au con pour se defendre de la peste. De
repondant a leurs questions, et leur rendaiit ser- plus, elle fortifiait le cceur, garantissait de la
vice quand il ]e peut selon les traditions de la , fondre et augmentait les richesses et les hon-
Saxe. Voici une des nombreuses complaisances neurs.
qu'on lui — Un Saxon partant pour un
attribue : Hydraoth magicien celebre par le Tasse il
,
:

voyage, se trouvant et inquiet sur con- fort la etait pere du soudan de Damas et oncle d'Armide,
duite de femme, Hutgin — Compa-
sa dit a ; qu'il instruisitdans les arts magiques
gnon, recommande ma femme
je te soin de ; aie Hydromancieou Hydroscopie art de pre- ,

lagarder jusqu'a mon — La femme, aus- retour. dire I'avenir par le moyen de I'eau on en attri- ;

sitot que son mari fut parti, voulut se donner bue I'invention aux Perses. Les docles en distin-
des licences; mais le demon Ten empecha. Enfm guentplusieurs especes 1" Lorsqu'a la suite des
:

le mari revint; Hutgin coiirut au devant de lui et invocations et aulres ceremonies magiques, on
lui dit :

Tu fais bien de revenir, car je com- voyait ecrits sur I'eau les noms des personnes,
mence a me lasser de la commission que tu m'as ou des choses qu'on desirait connaitre; et ces
donnee. Je I'ai remplie avec toutes les peinesdu noms se trouvaient ecrits a rebours on se ; 2"
monde et je te prie de ne plus t'absenter, parce
; se servait d'un vase plein d'eau et d'un anneau
que j'aimerais mieux garder tons les pourceaux suspendu a un fil, avec lequel on frappait un
de la Saxe que ta femme On voit que ce de- certain nombre de fois les cotes du vase; 3° on
mon ne ressemble guere aux autres. jetait successivement et a de courts intervalles,
,

Irois petites pierres dans une eau tranquille et


dormante, et, des cercles qu'en formait la sur-
face, ainsi que de leur intersection, on tirait des
presages 4° on examinait attentivement les di-
;

vers mouvements et I'agilation des flots de la


mer. Les Siciliens et les Eubeens etaient fort,
adonnes a cetle superstition 5" on tirait des pre- ;

sages de la couleur de I'eau et des figures qu'on


croyait y voir. C'est ainsi, selon Varron, qu'on
apprit a Rome quelle serait Tissue de la guerre
contre Mithridate. Cerlaines rivieres ou fontaines
passaient chez les anciens pour etre plus pro-
pres que d'autres a ces operations; 6° c'etait en-
La Iluppe.
core par une espece d'hydromancie que nos
Hvergelmer, fontaine infernale. Voy, Nif- peres les Gaulois eclaircissaient leurs soupcons
LHEIM. . sur la fidelite des femmes ils jetaient dans le :

Hyacinthe ,
pierre precieuse quo Ton pen- Rbin, sur un bouclier, les enfants dont elles ve-

Hy.ene.

naient d'accoucher; s'ils surnageaient , ils les coupe ou une tasse, et ,


apres avoir prononce
enaient pour legitimes, et pour batards s'il al- dessus certaines paroles on examinait si I'eau
,

laient au fond ^
;
7° on remplissait d'eau une bouillonnait et se repandait par-dessus les bords
8" on mettait de I'eau dans un bassin de verre
' Wierus, De prccstigiis dwm., etc.
- Voyez, dans leslegendes de I'histoire de France, < Delancre, Tabl. de I'inconstance des demons, etc.,
Une famille gauloise avant Cesar. liv. I, p. 57.
;

HYE — 350 — ICH

ou de crislal ;
puis on y jelail une goutte d'hiiile, leur sejour, elle apergut, attache avec des chai-
et I'on s'imaginait voir dans cette eaii , comme nes de fer, sous le trone de Jupiter, un homme
dans un miroir, ce dont on desirait d'etre instruit ;
'

robuste d'un teint roux le visage tachete de


, ,

9" les femmes des Germains pratiqiiaient une lentilles. Elle demanda a son guide quel etait cet
neiivieme sorle d'hydromancie en examinant, , homme enchaine? II lui fut repondu que
ainsi
pour y deviner I'avenir, les tours et detours et \
mauvais destin de I'ltalie et de la Sicile,
c'etait le
le bruit que faisaient les eaux des tleuves dans et que, lorsqu'il serait delivre de ses fers, il
les gouffres ou tourbillons qu'ils formaient causerait de grands maux. Hymera s'eveilla
10° enfin on peut rapporter a I'hydromancie
, la-dessus, et le lendemain elle divulgua son
une superstition qui a longtemps ete en usage en reve.
Italic. Lorsqu'on soupconnait des personnes d'un Quelque temps apres, quand Denys le Tyran
vol on ecrivait leurs noms sur autant de petits
j

, se fut empare du trone de la Sicile, Hymera le


'

cailloux qu'on jetait dans I'eau. Le nom du voleur vit entrer a Syracuse et s'ecria que c'etait ,

ne s'effacait pas. Voij. Oomangie. Cagliostro, etc. I'homme qu'elle avait remarque si bien enchaine
Hyene. Les Egyptiens croyaient que la hyene dans le ciel. Le tyran ayant appris cette singu-
cliangeail de sexe cliaque annee. On donnait le liere circonstance fit raourir la songeuse ,

nom de pierres de la hyene a des pierres qui, au Hynerfanger (Isaac), juif cabaliste du trei-
rapport de Pline, se trouvent dans le corps de zieiiie siecle qui fut considere comme un puis-
,

la hyene, lesquelles, placees sous la langue, at- sant magicien.


Iribuaient a celui qui les portait le don de pre- Hypnotisme. G'est le nom qu'on a donne a
dire I'avenir. un procede du docteur Braid (Anglais), lequel
Hymera. — Une femme de Syracuse , nom-
j

consiste au moyen du sommeil nerveux ou ma-


,

inee Hymera, eut un songe, pendant lequel elle gnelique a produire un etat de catalepsie arti-
,

crut monter au ciel conduite par un jeune


, ficielle, et permet ainsi de faire des operations

homme qu'elle ne connaissait point. Apres qu'elle chirurgicales sans douleur actuelle. On pourrait
eut vu tous les dieux et admire les beautes de cxpliquer par la quelques faits de sorcellerie.

cso-

lalysiens, peuple dont parle Ovide, ct dont pour ceux qui (uaient un ibis, memo par megnrde.

les regards avaient la vertu magique de gater De nos jours Egyptiens regardent encore
, les
tout ce qu'ils fixaient. Jupiter les changea en ro- comme sacrilege celui qui lue I'ibis blanc, dont
chers exposa aux fureurs des flots.
et les la presence benit, disent-ils, les travaux cham-

lamen, la mort chez les Indiens.


dieu de petres, et qu'ils reverent comme un symbolc
Ibis, oiseau d'Egypte, qui ressemble a la ci- d 'innocence.
gogne, sauf le bee qui est un pen courbe. Quand Iblis , le meme qu'Eblis. Voy. Ce mot.
Ichneumon , rat du Nil ,
auquel les Egyptiens
rendaient un culte particulier ; il avait ses pretres
et ses autels. Buffon dit qu'il vit dans I'etat de
domesticite , et qu'il sert comme les chats a
prendre les souris. II est plus fort que le chat,
s'accommode de tout, chasse aux oiseaux, aux
quadrupedes, aux serpents el aux lezards. Pline
conle qu'il fait la guerre au crocodile, qu'il I'epie

pendant son sommeil, et que, si ce vaste reptile


est assez imprudent pour dormir la gueuie ou-
verte, I'ichneumon s'introduit dans son estomac
et lui ronge les entrailles. M. Denon assure que
c'est une fable. Ces deux animaux n'ont jamais
rien a demeler ensemble ajoute-t-il puisqu'ils
il met sa tele et son cou sous ses ailes, dit Elien, , ,

n'habitent pas les memes parages. On ne voit pas


sa figure est a peu pres celle du coeur humain.
de crocodiles dans la basse Egypte on ne voit
On dit que cet oiseau a introduit I'usage des la- :

reclame aussi par pas non plus d'ichneumons dans la haute


vements, honneur qui est les

cigognes. Les Egyptiens autrefois lui rendaiont * Valere-Maxime.


les honneurs divins, et il y avait peine de mort
2 M. Salgues, Des erreurs, etc., t. Ill, p. 361.
)

ICH — 351 — IDO


Ichthyomancie , divination tres-ancienne qui qui veulcnL passer pour des dieux et se faire
se pratique par Tinspection des entrailles des adorer par les hommes il faut les apaiser, de ;

poissons. Polydamas, pendant la guerre de Troie, ptur qu'ils ne nous nuisent. Les uns, gais et.en-
et Tiresias s'en sont servis. — On dit que les joues, se laissent gagner par des spectacles et
poissons de la fontaine d'Apollon a Mire, etaient des jeux I'humeur sombre des autres veut I'odeur
;

prophetes, et Apulee fut aussi accuse de les avoir de la graisse et se repait des sacrifices san-
consultes^ glants. »
Ida. On voit dans la legende de la bienheureuse Ce qui est bien singulier, c'est qu'aujourd'hui
Ida de Louvain quelques apparitions du diable, il a, a Birmingham, une fabrique d'idoles pour
y
qui cherche a la troubler et qui n'y parvient les payens de I'lnde et de la Chine. Voici un ex-
pas. {Bollandistes , 13 avril. trait de son curieux catalogue Yamen, dieu : — ((

Iden (Geoffroid). Voy. Geoffroid. » de la mort, en cuivre fin, fabrique avec beau-
Idiot. En Ecosse, les gens dii peupie ne voienl » coup de goCU. —
Nirondi, roi des demons;
pas comme un malheiir un enfant idiot dans une » modeles Ires-varies. Le geant qu'il monte est
famille. lis voient la, an contraire, un signe de » du plus hardi dessin et son sabre de modele,

benediction. Cette opinion est partagee par plu- » moderne. —


Varonnin, dieu du soleil, plein d(3
sieurs peuples de I'Orient. Nous nous bornons a » vie; son crocodile est en airain et son fouet en
la menLionner sans la juger. » argent. —
Couberen, dieu des richesses; ce
Idoles. L'idole est une image, une figure, une » dieu est d'un travail admirable; le fabricant y
representation d'un etre imaginaire ou reel. Le » a mis tout son art et tout son talent. On trouve
culte d'adoralion rendu a quelque idole s'appelle » des demi-dieux et des demons inferieurs de
idolatrie. —
Si les idoles ont fait chez les payens )) toute espece. —
On ne fait pas de credit, es-
des choses que Ton pouvait appeler prodiges, » compte sur payement comptant. »
ces prodiges n'ont eu lieu que par le pouvoir Mais, les Indiens respectent leurs stupides
des demons ou par le charlatanisme. Saint Gre- idoles, tandis que les payens de I'antiquite trai-
goire le thaumaturge, se rendant a Neocesaree, taient assez cavalierement les Benjamin leurs.
fut surpris par la nuit et par une pluie violente Binet, dans son Traile des dieux et des demons du
qui I'obligea d'entrer dans un temple d'idoles, paganisme, nous en fournit quelques exeiriples :

fameux dans la contree a cause des oracles qui « On ne peut rien concevoir, dit-il, de plus

s'y rendaient. II invoqua le nom de Jesus-Christ, indigne que la maniere dont ils traitaient leurs
fit le signe de la croix pour purifier le temple, et Idoles. Je ne parle point d'Ochus, roi des Perses,
passa une partie de la nuit a chanter les louanges qui tua le boeuf Apis ec le mangea avec ses amis
de Dieu, suivant son habitude. Apres qu'il fut {Pint., de hid. et Osid.), mvce que Ton pourrait
parti, le pretre des idoles vint au temple, se dis- demander si ce boeuf etait ou un simple hiero-
posant a faire les ceremonies de son culle. Les glyphe, ou le dieu meme des Perses. Quoi qu'il
demons apparurent aussitot
lui et lui dirent , en soit, c'^tait une extreme profanation de faire
qu'ils ne pouvaient plus habiter ce lieu, depuis d'un animal si sacre un repas a ses amis. Denis,
qu'un saint eveque y avait sejourne. II promit roi de Sicile, n'etait pas plus favorablement pre-
bien des sacrifices pour les engager a tenir ferme venu en faveur des dieux de la Grece et de leurs
sur leurs autels; mais la puissance de Satan s'etait images. Comme il ne manquait pas d'esprit, il
eclipsee devant Gregoire. Le pretre, furieux, apostropha agreablement Jupiter Olympien pour
poursuivit I'eveque de Neocesaree, et le menaga s'approprier ses riches depouilles : « Je te plains,
de le faire punir juridiquement s'il ne reparait le lui dit-il, d'etre toujours charge d'un habit d'or;
mal qu'il venait de causer. Gregoire, qui I'ecou- il trop pesant en ete, et trop leger en hi-
t'est
tait sans s'emouvoir, lui repondit : — Avec I'aide ver prends plutot cet habit de laine qui te
; ,

de Dien, qui chasse les demons, ils pourront re- sera commode en I'une et I'autre saison (/lr?i.,
venir s'il le permet. 'II prit alors un papier sur lib. VI, et Lact., lib. ii, cap. k)- » Ce fut ce
lequel il ecrivit : — Gregoire a Satan : Renlre. meme prince qui, ne pouvant souffrir qu'Escu-
Le sacrificateur etonne porta ce billet dans son lape, fils d'Apollon, portat une barbe d'or longue
temple, fit ses sacrifices, et les demons y revin- et epaisse,pendant que son pere paraissait comme
rent Reflechissant alors a la puissance de Gre- un jeune homme
sans barbe la lui arracha di- , ,

goire, il relourna vers lui a la hate, se fit instruire sant a Que peut-on voir de plus malseant qu'Es-
:

dans la religion chretienne et convaincu par un , culape, fils d'Apollon, aitlemenlon charge d'une
nouveau miracle du saint thaumaturge, il devint barbe philosophique et qu'Apollon ne paraisse
,

son disciple. —
Porphyre avoue que les demons que comme un jouvenceau sans barbe {Am. et
s'enfermaient dans les idoles pour recevoir le Lact., ib.)? » II poussa encore la profanation
culte des gentils. « Parmi les idoles, dit-il, il
y jusqu'a prendre des mains des idoles des coupes
a des esprits irapurs ,
tronipeurs et malfaisants, et des ornements d'or et d'argent, puree que,
disait-il il ne faut rien refuser de la main des
,

' Delancre, Incredulite cf mocreance , etc, p. 207. dieux. Nous lisons aussi que Caligula oulragea les
,

IFU — 352 — ILE

dieux de la Grece de la inaniere la plus cnielle : de leurs empereurs, les massacrer quand ils fou-
(( car, dil Siielone, ilconimanda que Ton appor- lent aux pieds leurs privileges; ici au conlraire
tat de Grece les images des dieux celebres par ils denieurent tranquilles, lorsque Ton detruit
leur culte et par leur art, entre lesquelles etait leur religion, la chose du monde a laquelle les
celle de Jupiler Olyinpien, et il les fit decapiter iiommes sont le plus attaches. Mais choisissons
pour y metlre sa tete {Suet., lib. iv, cap. 22). » un exemple decisif, c'est celui de Cesar. Les ar-
Vous direz apparemment qu'il ne faut pas s'eton- mees navales de Sextus Pompee et les tempetes
ner que ces princes, qui etaient des tyrans, aient ay ant dissipe ses deux flottes, il s'ecria Je vain-
:

en si peu de veneration pour les dieux qu'etant ;


crai, en dipit de Neptune! et afin de monlrer
les oppresseurs de la liberie et de la religion, combien il meprisait les dieux, il jeta par terre
leur exemple ne prouve rien. Mais il est etrange I' image de ce dieu pendant la celebration dcsjeux

que le seaat, les pretres, les peuples ne se soicnt circulnircs oil I'on portait en pompe les images
pas souleves contre cette impiete. Vous les voyez des dieux pour les rendre temoins de cet honneur
lous se liguer contre la tyrannic de leurs rois et {Suelon., lib. u, cap. 16). »

Illumines allcmands.

Ifurinn , cnfcr des Gaulois. C'etait une region les marees etaient faites pour conduire nos vais-
sombre et terrible, inaccessible aux rayons du seaux dans les ports, ne savaient surement pas
soleil , infeclee d'insectes venimeux , de reptiles, que la Medilerranee a des ports et point de reflux.
de lions rugissants et de loups carnassiers. Les Voij. Errei'rs, Mf,rveilli:s, Prodiges, etc., etc.

grands criminels tlaienl la cnchaines dans des He fantome. C'est file de Saint-
Brandan
cavernes encore plus horribles, plonges dans un riche de sept belles ciles, que beaucoup de voya-
elang plein de couleuvres et brules par les poi- geurs out cru voir do loin, mais qu'ils n'ont ja-
sons qui dislillaicnt fans cesse de la voule. Les mais abordee, parce qu'elle disparait a mesure
gens inutiles, ceux qui n'avaient fait ni bien ni que Ton croit s'en approcher. Ce n'est qu'un
mal, residaient au milieu des vapeurs epaisses el mirage.
penelrantes, elevees au-dessus de ces hideuses lies. II y a, dans la Baltique, des iles rappro-
prisons. Le plus grand supplice elait un froid chees que les pechcurs croient avoir ete faites
tres-rigoureux. par des enchanleurs, qui voulaient s'en aller pins

Ignorance. Ceux qui enseignerenl que I'Ocean facilement d'un lieu a un autre, et qui etablis-
elait sale de peur qu'il ne se corrompit , et que saient ainsi des stations sur leur route. C'est une
;
,, ,

ILL — 35S — IMA

tradition des riverains de la mer Baltique , men- cheveux blancs, parce qu'il avait reve qu'il etait
tionnee par M. Marmier. condamne a un supplice cruel et infamant. Dans
Illumines, sorte de francs -magons d'Alle- le Dictionnaire de police de des Essarts, on trouve

magne, qui croient avoir la seconde vue et qui I'histoire d'une jeune fille a qui une sorciere

prophelisent. On connait peu leur doctrine qui ,


predit qu'elle serait pendue ce qui produisit un
;

est vague et libre mais ils ont eu des predeces-


; tel effet sur son esprit, qu'elle mourut suffoquee

seurs. En 1575 Jean de Villalpando et une car-


,
la nuit suivante. Athenee raconte que quelques

melite, nominee Catherine de Jesus, etablirent jeunes gens d'Agrigente etant ivres, dans une
une secte d'illumines que I'inquisition de Cor-
,
chambre de cabaret, se crurent sur une galere,
doue dispersa. Pierre Guerin les ramena en au milieu de la mer en furie, et jeterent par les
France en 1634. lis pretendaient que Dieu avait fenetrestous les meubles de lamaison, pour sou-
revele a Tun d'entre eux le frere Antoine Boc- , lager le batiment. II' y avait a Athenes un fou
quet, une pratique de vie et de foi sureminente qui se croyait maitre de tons les navires qui en-
au moyen de laquelle on devenait tellement saint, traient dans le Piree et il donnait ses ordres en
,

qu'on ne faisait plus qu'un avec Dieu, et qu'alors consequence. Horace parle d'un autre fou qui
on pouvait sans peche se livrer a toutes ses pas- croyait toujours assister a un spectacle, et qiii,
sions, lis se flattaient d'en remontrer aux apotres, suivi d'une troupe de comediens imaginaires
a lous les saints et a toute I'Eglise. Louis XIII portait un theatre dans sa tete, ou il etait tout a
dissipa cette secte de fous. Voy. Saint Martin. la fois et I'acteur et le spectateur. On voit chez
Images de cire. Ceux qui faisaient des images les maniaques des choses aussi singulieres tel ;

de cire pour I'envoutement les baptisaient au s'imagine etre un moineau, un vase de terre, un
nom de Beelzebub puis ils les pergaieni de coups
;
serpent; tel autre se croit un dieu, un orateur,
de stylet ou les brCilaient, dans la pensee que un Hercule. Et parini les gens qu'on dit senses,
la personne dont I'image portait le nom subissait en est-il beaucoup qui maitrisent leur imagina-
le traitement de I'image. Cette sorcellerie etait tion, et se montrent exempts de faiblesses et
connue des aiiciens. Voy. Envoutement, Dufeus, d'erreurs ? Plusieurs personnes mordues par des
Eberard Henri III etc.
, , chiens ont ete tres-malades parce que, les sup-
Imagination. Les reves, les songes les chi- , posant atteints de la rage, elles se croyaient
meres, les terreurs paniques, les superstitions, menacees oii deja affectees du meme mal. La
les prejuges, les prodiges, les chateaux en Es- Societe royale des sciences de Montpellier rap-
pagne, le bonheur, la gloire et plusieurs contes porte," dans un memoire publie en 1730, que, deux
d'esprits et de revenants, de sorciers et de diables,
sont ordinairement les enfantements de I'imagina-
tion. Son domaine est immense, son empire est
despotique une grande force d'esprit pent seule
;

en reprimer les ecarts. Un Athenien, ayant reve


qu'il etait devenu fou, en eut I'imagination telle-
ment frappee, qu'a son reveil il fit des folies
conlme il croyait devoir en faire , et perdit en
effet la raison. On connait I'origine de la flevre
de Saint- Vallier. A cette occasion, Pasquierpaiie
de la mort d'un bouffon du marquis de Ferrare
nomme Gonelle, qui, ayant entendu dire qu'une
grande peur guerissait de la fievre, voulut guerir
de la fievre quarte le prince son maitre ,
qui en
etait tourmente. Pour cet effet ,
passant avec lui

sur un pont assez etroit, il le poussa et le fit freres ayant ete mordus par un chien enrage,
tomber dans de sa vie. On repecha
I'eau au peril I'un d'eux partit pour la Hollande, d'oij il ne
le souverain et il fut gueri. Mais jugeant que
,
, revint qu'au bout dix ans. Ayant appris, a son
I'indiscretion de Gonelle meritait quelque puni- retour, que son frere, depuis longtemps, etait
tion, il le condamna a avoir la tete coupee, bien mort hydrophobe, il se sentit malade et mourut
resolu cependant a ne pas le faire mourir. Le lui-meme enrage par la crainte de I'etre.
jour de I'execution, il lui fit bander les yeux, et Voici un fait qui n'est pas moins extraordi-
ordonna qu'au lieu d'un coup de sabre on ne lui naire :un jardinier reva qu'un grand chien noir
donn&t qu'un petit coup de serviette mouillee I'avait mordu. II ne pouvait montrer aucune trace
I'ordre fut execute et Gonelle delie aussitot apres de morsure; sa femme, qui s'etait levee au pre-
anais le malheureux bouffon etait mort de peur. mier cri lui assura que toutes les portes etaient
,

Est-ce vrai? Mais Pasquier a de contes! fait tant bien fermeeset qu'aucun chien n'avaitpu entrer.
Hequet paiie d'un homme qui, s'etant couche Ce fut en vain I'idee du gros chien noir restait
;

avec les cheveux noirs, se leva le matin avec les toujours presenle a son imagination ; ilcroyait
23
;

IMA — 55k — IMA

le voir sans cesse : il en perdit le sommeil et lui dit-il avec anxiete, si elle avail fait des petits?
I'appeLit, devint triste, nsveur, .langiiissant. Sa — Impossible! c'est un male. »

femme, qui, raisonnable au commencement, avail On attribue ordinairement a I'imagination des


fait tons ses efforts pour le calmer et le guerir femmes la production des foetus monslrueux.
de son illusion, par s'imaginer que puis-
finit ,
M. Salgues a voulu prouver que I'imagination n'y
qu'elle n'avait il y avail quelque
pas reussi, avail aucunc part en cilant quelques aniniaux
,

chose de reel dans I'idee de son mari, el qu'ayant qui ontproduit des monstres, et d'autres preuves
ete couchee a cote de lui, il etait fort possible pourtant insuffisantes. Plessman, dans sa Me-
qu'elle eCit ete aussi mordue. Celte disposition di'cinc pucrpcralc ; Harting, dans une these
d'esprit developpa chez elle les memes symp- Demangeon, dans ses Considerations p/iijsiologi-
tomes que chez son mari, abattemenl, lassitude, ques sur le poiivoir de 1' imaginalion matcrnetle
frayeur, insomnie. Le medecin, voyant echouer dans la (jrossesse, soutiennenl I'opinion generale.

toules les ressources ordinaires de son art centre Les femmes enceintes defigurent leurs enfanls,
celle maladie de I'imagination , leur conseilla quoique deja formes, lorsque leur imagination
d'aller en pelerinage a Saint-Hubert. Des ce mo- est violemment frappee. Malebranche parle d'une

ment les deux malades furent plus Iranquilles : femme qui, ayanl assiste a I'execution d'un mal-
ils allerent a Saint-Hubert, y subirent le Iraite- heureux condamne a la roue, en fut si affectee,'
ment usite, el revinrent gueris^ qu'elle mil au monde un enfant dont les bras, les
Un homme pauvre et malheureux s'elait tene- cuisses et les jambes elaient rompus a I'endroit
ment frappe Timagination de I'idee des ricliesses, oia la barre de I'execuleur avail frappe le con-
qu'il avail fmi par se croire dans la plus grande damne. Le peintre Jean-Baptisle Rossi fut sur-
opulence. Un medecin le guerit, et 11 regretta sa nomme Gobbino parce qu'il etait agreablement
folic. On a vu, en Anglelerre, un homme qui gohho, c'est-a-dire bossu. Sa mere etait enceinte
voulait absolumenl dans ce
que rien ne I'affligeat de lui lorsque son pere sculplait le gobbo, beni-
monde. En vain on lui annonqait un evencnient tier devenu celebre, et qui a fart le pendant du
facheux; il s'obstinail a le nier. Sa femme elant pasquino, autre benilier de Gabriel Cagliari.
morte, il n'en voulut rien croire. II faisail mettre Une femme enceinte jouait aux cartes. En re-

a table le convert de la defunte, et s'entretenait levant son jeu, elle voit que, pour faire un grand
avec elle , comme si elle eut ete presente ; il en coup, il lui manque I'as de pique. La derniere
agissail de meme lorsque son fils etait absent. carte qui lui renlre etait effectivement celie qu'elle
Pres de sa derniere heure, il soutint qu'il n'etait altendaiL Une joie immoderee s'empare de son
pas malade, et mourut avant d'en avoir eu le esprit, se communique, comme un choc elec-
dementi. trique, a loute son existence; et I'enfant qu'elle
Voici une autre anecdote : Un magon , sous mit au monde porta dans la prunelle de I'oeil la
I'empire d'une monomanie qui pouvait degenerer forme d'un as de pique, sans que I'organe de la
en folic absolue, croyait avoir avale une cou- vue fut d'ailleurs offensd par cette conformation
leuvre ; il disait la sentir remuer dans son venire. extraordinaire. Le trait suivant est encore plus
M. Jules Cloquet, chirurgien de I'hopital Saint- etonnant, dil Lavater. « Un de mes amis m'en a
Louis, a qui il fut amene, pensa que le meilleur, garanti raulhenticite. Une dame de condition du
peul-etre le seal nioyen pour guerir ce mono- Rhinthal voulut assister, dans sa grossesse au ,

mane, de se preter a sa folic. II offrit en


elait supplice d'un criminel qui avail ete condamne a
consequence d'extraire la couleuvre par une ope- avoir la tele tranchee et la main droite coupee.
ration chirurgicale. Le magon y consent; une Le coup qui abattit la main effraya tellement la
incision longue, mais superficielle, est faite a la femme enceinte, qu'elle detourna la tele avec un
region de I'estomac, des linges, des compresses, mouvement d'horreur, et seretira sans alt'endre
des bandages rougis par le sang sont appliques. la fin de I'execution. Elle accoucha d'une (ille

La tete d'une couleuvre dont on s'etait precau- qui n'eut qu'une main, et qui vivait encore lors-
tionne est passee avec adresse entre les bandes que mon ami me fit part de celte anecdote
el la plaie. « Nous la tenons enfin, s'ecria I'adroii I'autre main sortit separement, apres I'enfante

chirurgien ; la voici. » En meme temps, le p.itient ment. »


arrache son bandeau : 11 veul voir le reptile qu'il II y a du reste, sur les accouchements prodi
,

a nourri dans son sein. Quelque temps apres, une gieux bien des contes « J'ai lu dans un recuei
:

nouvelle melanculie s'empare de lui il gemit, il ; de fails merveilleux, dil M. Salgues, Des ei reur
soupire; le medecin est rappele : » Monsieur, et despre/ugcs repandus dans la soeiMe, qu'en 1778
un chali ne a Stap en Normandie, devint epris
,

d'une poule du voisinage et qu'il lui fit une cour


* Cette anecdote ne doit infirmer en rien la jusle
assidue. La fermiere ayanl mis sous les ailes d
reputation du pelerinage de Saint-Hubert, oil il est
la poule des oeufs de cane qu'elle voulait fair
avere (comme il est facile aux curieux de s'en con-
vaincre) qu'aucun malade n'est alle sans trouver la couver, le chat s'associa a ses travaux maternels
guerison. II detourna une parlie des oeufs et les couva s
IMA — 355 — IMA
Lendrement, qu'au boat de vingl-cinq jours il en d'un chat puisse denaturer le germe renferm6

sortit de petits etres ainphibies, participant de dans I'oeuf? Alors pourquoi I'incubation de la
la cane et du chat, tandis que ceux de la poule poule aurait-elle ele nioins efficace et n'aurait-
elaient des canards ordinaires. Le docteur Vi- elle pas produit des elres moilie poules et moitie

mond atteste qu'il a vu, connu, tenu le pere et canards? »


la mere de cette singuliere famille, et les petits On rit aujourd'hui de ccs contes, on n'oserait
eux-raeraes. Mais on dit au docLeur Vimond :
— plus ecrire ce que publiaient les journaux de
Aviez-vous la vue bien netLe quand vous avez Paris y a soixante ans, qu'une chienne da
il

examine vos canards amphibies? vous avez trouve faubourg Saint Honore venait de meltre au jour
I'animal velu d'unpoil noiratre, touffu et soyeux; quatre chals et trois chiens. — Elien, dans le

mais ne savez-vous pas que c'est le preiYiier vieux temps , a pu parler d'une truie qui mit
duvet des canards? Croyez-vous que I'incubation has un cochon ayant une tete d'elephant, et

Le coup qui aballil la main cffiaya lellrmoiil la I'einme eiiccinle. . .


— Page 354,

d'une brebis qu mit has un lion. Nous le ran^^c- trologues d'lUilic I'heure de la naissance de cetle
rons a cote de Torqueniada, qui rapporte, dans bete, les priant de lui faire I'lioroscope d'un ba-
la sixieme joiirnee de son Hexamcron, qu'en un tard ne dans son palais sous les conditions qu'il
lieu qu'il ne nomme pas, une jument
d'Espagne, indiquait. prit bien soin qu'ils ne su.ssent pas
II

dlait tenement pleine, qu'au temps de meltre que d'un mulet qu'il voulait parler. Les
c'elait
bas son fruit, elle creva et qu'il sortit d'elle une devins fircnt de leur mieux pour Hatter le prince,
mule qui mourut incontinent, ayant conime sa ne doulant pas que ce batard ne fiit de lui. Les
mere le ventre si gros et si enfle, que le niaitrc uns dirent qu'il scrait general d'armee; les au-
voulut voir ce qui etait dedans. On rouvrit et on tres en firent mieux encore et tons le comblerent

y trouva une autre mule de laquelle elle etait de dignites. —


Mais renlrons dans les accouche-
pleine... ments prodigieux. On publia au seizieme sieclc
Autre anecdote : Un due de Mantoue avait dans qu'une fennne ensorcelee venait d'enfanter plu-
ses ecuries une cavale pleine qui mit bas un sieurs grenouillcs. De telles nouveaules etaicnt
mulet. II envoya aussitot aux plus ctilebres as- rccues alors sans opposition. Au commencement
23.
;

IMA — 356 — 1MB

du dix-huitieme siecle les gazettes d'Angleterre crochus, deux bouches, deux langues et seule-
annoncerent d'apres le certificat du chirurgien
,
ment deux oreilles. L'interieur renfermait deux
accoucheur, appuye de I'anatomiste du roi, qu'une cerveaux, deux cervelets et trois coeurs les autres ;

paysanne venait d'accoucher de beaucoup de la- visceres etaient simples. Ce garcon vecut une
pins; et le public le crut jusqu'au moment oil heure et peut-etre eut-il vecu plus longtemps si
;

i'anatomiste avoua qu'il s'etait prete a une mys- la sage-femme, qui en avait pertr, ne I'eut laisse

tification. On fit courir le bruit, en 1471, qu'une tomber. —


Le phenomene des etres bicephales
femme a Pavie , un chien on cita
avail mis bas ; est moins rare que celui des acephales. On pre-
la Suissesse qui, en 1278, avait donne le jour a senta en 1779, al'Academie des sciencesde Paris,
un lion, et la femme que Pline dit avoir ete mere un lezard a deux tetes, qui se servait egalement
d'un elephant. —
On voit dans d'autres conteurs bien de toutes les deux. Le Journal de mddccine
anciens qu'une autre Suissesse se delivra d'un du mois de fevrier 1808 donne des details curieux
lievre; une Thuringienne d'un crapaud; que, sur un enfant ne avec deux tetes, mais placees
d'autres femmes mirent bas des poulets Am- I'une au-dessus de I'autre, de sorte que la pre-
broise Pare cite, sur oui-dire, un jeune cochon miere en portait une seconde; cet enfant etait ne
napolitain qui portait une tete d'homme sur son au Bengale. A son entree dans le monde, il ef-
corps de cochon. Boguet assure, dans ses Dis- fraya lellement la sage-femme que, croyanttenir
cours dcs exicrahles sorcicrs, qu'une femme ma- le diable dans les mains, elle le jeta au feu. On

leficieemit au jour a la fois, en 1531 une tete , se hata de Ten relirer, mais il eut les oreilles
d'homme un serpent a deux pieds et un petit
, endommagees. Ce qui rendait le cas encore plus
pourceau. Bayle parte d'une femnje qui passa singulier, c'est que la seconde tete etait ren-
pour etre accouchee d'un chat noir; le chat fut versee, le front en bas et le menton en haut.
iDrulecomme produit d'un demon ^ Volaterranus Lorsque I'enfant eut atteint I'age de six mois, les
se preoccupe d'un enfant qui naquit homine jus- deux tetes se couvrirent d'une quantite a pea
qu'a la ceinture et chien dans la partie infe-
, pres egale de cheveux noirs. On remarqua que la
rieure du corps. Un autre enfant monslrueux vint tete superieure ne s'accordait pas avec I'infe-
au monde, sous le regne de Constance, avec deux rieure; qu'elle fermait les yeux quand I'autre les
bouches, quatre yeux, deux petites oreilles et de ouvrait, et s'eveillait quand la tele principale
la barbe. Un savant professeur de Louvain, Cor- etait endorraie; elles avaient alternativement des
nelius Gemma ecrivant a une epoque ou I'on ad-
, mouvements independants et des mouvements
mettait beaucoup de choses, rapporte qu'en 15/i5 sympathiques. Le rire de la bonne tete s'epa-
une dame de noble lignee mit au monde, dans nouissait sur la tete d'en haut mais la douleur
;

la Belgique, un gargon qui avait, au dire des de cette derniere ne passait pas a I'autre; de
experts, la tete d'un demon avec une trompe sorte qu'on pouvaitla pincer sans occasionner la
d' elephant au lieu de nez des pattes d'oie au
, moindre sensation a la tete d'en bas. Cet enfant
lieu de mains, des yeux de chat au milieu du mourut d'un accident a sa quatrieme annee.
ventre, une tete de chien a chaque genou deux , Ce que nous venons de rapporter n'est peut-
visages de singe sur I'estomac et une queue de etre pas impossible. Mais remarquez que ces mer-
scorpion longue d'une demi-aane de Biabant veilles viennent toujours de tres-loin. Cependant

(trente-cinq centimetres). Ce petit monslre ne nous avons vu de nos jours Ritta-Christina, cette
vecut que quatre heures, et poussa des cris en jeune fille a deux tetes, ou plutot ces deux jeunes

mourant par les deux gueules de chien qu'il avait filles accouplees. Nous avons vu aussi les jumeaux

aux genoux Siamois deux hommes qu'une partie du ventre


,

Nous pourrions multiplier ces contes, fondes rendait inseparables et semblait reunir en un seul
sur quelques phenomenes naturels que I'imagi- etre. Pour le reste, le plus sur est de rejeter en

nation des femmes enceintes a produits. Arre- ces matieres ce qui n'est pas certifie par de siif-
lons-nous un moment aux prodigieux plus faits fisanls temoignages. Dans ce genre de faits, on

reels. Tels sent les enfants nes sans tete, ou atlribuait autrefois au diable tout ce qui sortait

plutot donl la tete n'est pas distincte des epaules. du cours ordinaire de la nature , et il est certain

Un de ces enfants vint au monde au village de qu'on exagere ordinairement ces phenomenes.
Schmechten, pres de Paderborn, le 16 mai 1565 On a vu des foetus monstrueux, a qui on donnait
il avait la bouche a I'epaule gauche et une.
seule gratuiteraent la forme d'un mouton, et qui etaient

oreille a I'epaule droite. Mais en compensation aussi bien un chien, un cochon, un lievre, etc.,

de ces enfants sans tete, une Normande accoucha, puisqu'ils n'avaientaucune figure distincte. On
le 20 juillet 168/i, d'un enfant male dont la
tete prend souvent pour une cerise ou pour une ,

semblait double. II avait quatre yeux deux nez ,


fraise, ou pour un bouton de rose, ce qui n'est
qu'un seing plus large et plus colore qu'ils ne le
Bayle, Republique des leAlres, -1684, Ill, p. 472,
sent ordinairement. Voy. Frayeurs, Hallucina-
' t.

cild par M. Salgues.


2 Bayle, Republique des lettres, 168G, t. Ill, p. 1018.
tions, etc.
3 Cornclii Gemmce cosmocriticcB , lib. I, cap. viii. Imberta Voy. Possedles de Flandre.
IME — 357 — IMP

Imer ou Imir. Voy. Y.mer. s'affaisseen poussant un profond soupir, et le


Immortalite. Menandre, disciple de Simon coffre de chene se referme sur elle^
le magicien se vantait de donner un bapteme
,
Impair. Une credulite superstitieuse aattribue,
qui rendait iinmortel. On fut bien vile detrompe. dans tous les temps bien des prerogatives au
,

Les Ciiinois sont persuades qu'il y a quelqae part nombre impair \ Le nombre pair passait chez
les Remains pour mauvais, parce que ce nombre,
pouvant elre divise egalement, est le symbole de
la mortalile et de la destruction c'est pourquoi ;

Numa, corrigeant I'annee de Romulus, y ajouta


un jour, afm de rendre impair le nombre de ceux
qu'elle contenait. C'est en nombre impair que les
livres m.agiques prescrivent leurs operations les
plus mysterieuses. L'alchimiste d'Espagnet, dans
sa Description dujardin des sages, place a I'entree
une fontaine qui a sept sources. « 11 faut, dit-il,
y faire boire le dragon par le nombre magique
de trois fois sept et I'on doit y chercher trois
,

sortes de fleurs, qu'il faut y trouver necessaire-


ment pour reussir au grand oeuvre. » Le credit du
nombre impair s'est etabli j usque dans la mede-
cine : I'annee climalerique est, dans la vie hu-
maine une annee impaire.
,

Impostures. On lit dans Leloyer ciu'un valet,


par le moyen d'une sarbacane, engagea une veuve
une eau qui empeche de mourir, et ils cherchent d' Angers a I'epouser, en le lui conseillant de la

toujours ce breuvage d'immorlalite, qui n'est pas part de son mari defunt. Plus d'un imposteur a
trouve encore. employe ce stratageme. Un roi d'Ecosse, voyant
Les Strulldbrugges ou iramorLels de Gulliver, que ses troupes ne voulaient pas combattre centre
sont fort malheureux. de leur imrnortalile. La les Pictes, suborna des gens habilles d'ecailles

meme pensee se retrouve dans cette legende des brillantes ayant en main des batons de bois lui-
,

bords de la Baltique —
A Falster, il y avait au-
: sant, qui, se presentant comrae des anges, les
trefois une femme fort riche qui n'avait point exciterent a combattre, ce qui eut le succes qu'il
d'enfants. Elle voulut faire un pieux usage de sa souhaitait'. Nous aurions un gros volume a faire,
fortune, et elle batit une eglise. L'edifice acheve, si nous voulions citer ici toutes les impostures de
elle le trouva si bien qu'elle se crut en droit de I'histoire. On y pourrait joindre maints strata-
demander a Dieu une recompense. Elle le pria gemes et ruses de guerre. Voy. Apparitions,
done de longtemps que son
la laisser vivre aussi Fantomes, Bohemiens, Jetzer, etc.
eglise subsisterait. Son voeu fut exauce. La mort Imprecations. Ce qui va suivre est de Chas-
passa devant sa porte sans entrer la mort frappa ; sanion huguenot en ses Grands Jugements de
,
,

autour d'elle voisins parents, amis et ne lui


,
Dieu : « Quant a ceux qui sont adonnes a mau-
montra pas seulement le bout de sa faux. Elle greer et qui, comme des gueules d'enfer, a tout
vecut au milieu de toutes les guerres, de toutes propos depitent Dieu par d'horribles execrations,
les pesles de lous les fleaux qui traverserent le
, et sont si forcenes que de le renier pour se donner
pays. Elle vecut si longtemps qu'elle ne trouva au diable, ils meritent bien d'etre abandonnes
plus un ami avec qui elle put s'entretenir. Elle de Dieu et d'etre livres entre les mains de Satan
parlait toujours d'une epoque si ancienne que pour aller avec lui en perdition ce qui est ad- :

personne ne la comprenait. Elle avait bien de- venu visiblement a certains malheureux de notre
mande une vie perpetuelle mais elle avait ou-
; temps, qui ont ete emportes par le diable, au-
blie de demander aussi la jeunesse le ciel ne ; quel ils y a quelque temps
s'etaient donnes. II

lui donna que juste ce qu'elle voulait avoir, et la qu'en Allemagne un homme
de mauvaise vie
pauvre femme vieillit; elle perdit ses forces, etait si mal embouche que jamais il ne parlait
,

puis la vue et I'ome et la parole. Alors elle se


, sans nommer les diables. Si en cheminant il lui
fit enfermer dans une caisse de chene et porter advenait de faire quelque faux pas ou de se
dans I'eglise. Chaque annee, a Noel; elle recou- heurler aussitot il avait les diables dans sa gueule.
,

vre, pendant une heure I'usage de ses sens; et


, De quoi, combien que plusieurs fois il eut ele
chaque annee a cette heure-la le pretre s'ap-
, , repris par ses voisins, et admoneste de se chatier
proche d'elle pour prendre ses ordres. La mal- d'un si mechant et detestable vice, toutefois ce
heureuse se leve a demi dans son cercueil et
s'ecrie :« Mon eglise subsiste-t-elle encore? — 1

2
Marmier, Traditions de la Baltique.
Numero Deus impare gaudet.
Oui, repond le pretre, •— Helas! » dit-elle. Et elle 3 Hertor de Boece.
IMP — 358 — INC
fut en vain. Conliiiuanl dans ceLte mauvaise ct dam- Imprimerie (L'), inventde, comme on sait, au
nable coutume, il advint im jour qu'en passant quinzieme siecle. Nuus ne citons ici cette admi-
suriin pont iltrebucha et,etant tombe du haiit en rable decouverte, instrument si prodigieux pour
bas, profera ces paroles : « Leve-loi par tons les le bien, si terrible dans le mal, que dans la ne-
cenldiables. » Soudain, voici celui qn'il avaitlanl cessile de remarquer I'elonnement qu'il fit nailre
de fois appele qui le vint elrangler et I'einporta.- a sa naissance, et I'humilite du parlement do
L'an mil cinq cent cinquante et un, pres
» Paris. Ce corps si vanle ne croyait pas les pro-
Megalopole, joignant Voilstadt, il advint encore, duits de I'imprimerie possibles au genie humaiu;
durant les fetes de la Pentccote, ainsi que le
peuple s'amusait a boire, qu'une fcmme, qui etait
dela campagne, nommaitordinairement le diable
parmi ses jurements, lequel, a cette heure, en la
presence d'un chacun, I'enleva par la porle de
la maison et I'emporla en Fair. Ceux qui etaient

presents sortirent incontinent, loutetonnes, pour


voir oh cette femme etait ainsi transportee la- :

quelle iis virent, hors du


pendue quelquevillage,
temps en I'air bien haut, dont elle tomba en bas,
et la trouverent a pen pres morte au milieu d'un
champ. Environ ce temps-la il y eut un grand il en attribuait les oeuvres au diable , et il eut
jureur en une ville de Savoie, homme fort vicieux fait bruler les premiers imprimeurs comme sor-
et qui donnait beaucoup de peine aux gens de ciers, si Louis XI et la Sorbonne, plus lucides,
bien, qui, pour le devoir de leur charge, s'em- ne les eussent pas proteges.
ployerent a le reprendre et Tadmonestercnt bien Incendie. En 1807, un professeur de Rnms-
souvent, atui qu'il s'amendat: a quoi il ne voulut wick annonca qu'il vendait de la poudre aux
oncques entendre. Or, advint que la peste etant incendies comme un apothicaire vend de la
,

dans la ville, il en fut frappe et se retira en un poudre aux vers; il ne s'agissait, pour sauverun
sien jardin avec sa femme et quelques parents. edifice, que de le saupoudrer de quelques pin-
La, les ministres de I'Eglise ne cesserent de cees de cetle poudre; deux onces sutfisaient par
I'exhorter a repentance lui remontrant ses fautes
, pied carre : et comme la livre ne coutait que
et peches pour le reduire au bon chemin. Mais sept a huit sous, et qu'un homme n'a que qua-
de bonnes
tant s'en fallut qu'il fut touche par lant torze pieds de superficie, on pouvait, pourdix-
et sainlesremontrances, qu'au contraire il ne fit sept sous six dcniers (vieux style), se rendrc
que s'endurcir davantage en ses peches. Avan- incombustible. Quelques gens credules achete-
gant done son malheur, un jour, comme ce me- rent la poudre du docteur. Les gens rai.sonnables
chant reniait Dieu, et se donnait au diable et jugerent qu'il voulait attraper le public, et se

I'appelait tant qu'il pouvait, voila le diable qui mo([uerent de \ lui

le ravit soudainement et I'emporta en I'air; sa Incombustibles. II y avail jadis en Espagne

femme et sa parente le virent passer par-dessus des hommes d'unc trempe superieure qu'on ap-
leurs teles. Etant ainsi transporte, son bonnet lui pelait Saludadores, Santicjuadores, Ensalinadores.

tomba du chef trouve aupres du Rhone. Le


et fut lis avaient non-seulement la vertu de guerir
magistral, averti de cela, vint sur le lieu et s'in- toutes les maladies avec leur salive, mais i!s

forma du fait, prenant attestation de ces deux maniaient impunement ils pouvaient ava-
le feu ;

femmes de ce qu'elles avaient vu. Voila des eve- ler de I'huile bouillanle, marcher sur les char-

nements lerribles, epouvantables, pour donner bons ardents, se promencr a I'aise au milieu des
crainte et frayeur a tels ou semblables jureurs et buchers enflammes. lis se disaient parents de

renieurs de Dieu, desquels le monde n'est que sainte Callierinc montraient sur leur chair
et

trop rempli aujourd'hui. Refrenez done misera- I'empreinte d'unc roue, signe manifesto de leur
bles que vous etes vos langues infernales de-
,
,

;
glorieuse origine. Il existe aujourd'hui en—
partez-vous de toutes mechantes paroles et exe- France, en Allemagne etdans presque toute I'Eu-
crations, et vous accoutumez a louer et glorifier rope , des hommes qui ont les memes privileges,

Dieu, tant de bouche que de fait et qui pourtant cvitent avec soin I'examen des
Quand les femmes grecques enteiidcnt des im- savants et des docteurs. Leonard Vair conto

precations comme il s'en fait dans les chaudes


,
qu'un de ces hommes incombustibles ayant ete
coleres de leur pays, ellcs se halent de mouiller serieuscraent enferme dans un four tres-chaud,
leurs seins avec leur salive de peur qu'une par- ,
on le trouva calcine quand on rouvrit le four. II

lie de ces maledictions ne tombenl sur elles^. y a quelques annees qu'on vit a Paris un Espa-
Voy. JUREMF.NTS, gnol marcher pieds nus sur des barres dc fer

* Chassanion, Jurjemenis de Dieu, p. 169. ' M. Salgues, Des erreurs et des prejuges. l". Ill,
^ Mac-Ferlane Souvenirs du Levant.
, p. 213.
;, :

INC — 359 — INC

rougies au feu, promener des lames ardenles mais il ne se decouragea point. II congut que ses
sur ses bras et sur sa langiie , se laver les mains chairs ne pouvaient acquerir subitement les me-
avec du plomb fondu, etc.; on piiblia ces mer- mes facultes que celles du fameux Lionelti ,
qui
veilles. Dans un autre temps I'Espagnol eiit »
etait alors incombustible; qu'il etait necessaire
passe pour un homme qui avail des relations de repeter longtemps les memes tentalives, et
avec le demon alors on se contenta de citer
; que, pour obtenir les resultats qu'il cherchait,
Virgile, qui dit que les pretres d'Apollon, au il fallait beaucoup de Constance. A force de soins,

mont Soracte, marchaient sur des charbons ar- il reussit. II se fit sur le corps des frictions sul-
dents; on cita Varron, qui affirme que ces pre- fureuses et les repeta si souvent, qu'enfin il put
tres avaient le secret d'une composition qui les y promener impunement une lame de fer rouge.
rcndait pour quelques instants inaccessibles a II essaya de produire le meme effet avec une
Taction Le P. Regnault, qui a fait quel-
du feu. dissolution d'alun, I'une des substances les plus
ques recherches pour decouvrir les secrets de propres a repousser Taction du feu le succes :

ces precedes, en apublie un dans ses Entretiens futencore plus complet. Mais quand M. Semen-
snr la physique experimcntale. Ceux qui font me- tini avail lave la partie incombustible, il perdait
tier, dit-il de manier le feu et d'en tenir a la
, aussilot tous ses avantages, el devenait aussi pe-
bouche emploient quelquefois un melange egal rissable que le commun des morlels, II fallut
d'esprit de soufre, de sel ammoniac, d'essence done tenter de nouvelles experiences.
de romarin et de sue d'oignon. L'oignon est, en Le hasard servit a souhait M. Sementini. En
effet regarde par les gens de la campagne comme cherchant jusqu'a quel point I'energie du speci-
un preservatif centre la brulure. fique qu'il avail employe pouvait se conserver,
Dans le temps ou le P. Regnault s'occupait de il passa sur la partie frollee un morceau de sa-

ces recherches, un chimiste anglais, nomme Ri- \on dur, el I'essuya avec un linge il y porta :

chardson ,
remplissait toute I'Europe du bruit de ensuile une lame de fer. Quel fut son etonne-
ses experiences merveilleuses. II machait des ment de voir que sa peau avail non-seulement
charbons ardents sans se bruler ; il fondre
faisait conserve sa premiere insensibilite, mais qu'elle
du soufre, le plagait tout anime sur sa main , et en avail acquis une bien plus grande encore !

le reportait sur sa langue ,oii il achevait de se Quand on est heureux, on devient entreprenant
consunfier; il mettait aussi sur sa langue des M. Sementini lenta sur sa langue ce qu'il venait
charbons embrases y faisait cuire un morceau
,
d'eprouver sur son bras et sa langue repondit ,

de viande ou une huitre et souffrait, sans sour-


, parfaitement a son atlente elle soulint I'epreuve ;

ciller, qu'on excitat le feu avec un soufilet; il sans murmurer un fer etincelant n'y laissa pas
;

tenait un fer rouge dans ses mains, sans qu'il y la moindre empreinte de brulure Voila done —
restat aucune trace debriilure, prenait ce fer les prodiges de I'incombustibilite reduits a des
dans ses dents, et le langait au loin avec une acles nalurels et vulgaires K Mais ces dccouverles
force etonnante il avalait de la poix et du verre
; ne peuvenl attenuer la protection toute divine
fondus du soufre et de la cire meles ensemble
, des saints qui ont resiste a Faction dufeu,en
et tout ardents, de sorte que la flamme sortait des temps ou aucune des decouvertes qu'on vient
de sa bouche comme d'une fournaise. Jamais, de lire n'avait eu lieu.
dans toutes ces epreuves, il ne donnait le moin- Incredules. On a remarque, par de tristes
dre signe de douleur. Depuis le chimiste Ri- experiences, que les incredules, qui nient les
chardson, plusieurs hommes ont essaye comme fails de la religion croient aux fables supersti-
,

lui de manier le feu impunement. En 1774, on tieuses, aux songes, aux carles, aux presages,
vit a la forge de Laune un homme qui marchait, aux plus vains pronostics, comme pour mon- —
sans se bruler, sur des barres de fer ardentes trer que I'esprit fort est surtout un esprit faible,
tenait sur sa main des charbons et les soufflait et que suivant eel axiome que les extremes se
,

avec sa bouche: sa peau etait epaisse et enduite touchent les incredules, devanl les verites eter-
,

d'une sueur grasse, onctueuse, mais il n'em- nelles, sont les plus credules devanl les men-
ployait aucun specifique. Tant d'exemples prou- songes.
vent qu'il n'est pas necessaire d'etre parent de Incubes. Demons qui seduisaient les femmes.
sainte Catherine pour braver les effets du feu. ServiusTullius, qui fut roi des Remains, etait le
Mais il fallait que quelqu'un prit la peine de fils d'une esclave et de Vulcain , selon d'anciens

prouver, par des experiences decisives, qu'on auteurs; d'une salamandre, selon les cabalistes;
pent aisement operer tous les prodiges dont I'l^.s- d'un demon incube, selon les demonographes.
pagnol incombustible a grossi sa reputation ; ce Incubo genie gardien des tresors de la terre.
,

physicien s'est trouve a Naples. Le petit peuple de I'ancienne Rome croyait que
premier professeur de chimie a
M. Sementini ,
les tresors caches dans les entrailles de la terre
de cette ville, a publie a ce sujetdes
I'liniversite etaient gardes par des esprits nommes Incuhones,
recherches qui ne laissent rien a desirer. Ses ' M. Salgues, Des erreurs et des prejugis, t. II,
premieres tentalives ne furent pas heureuses p. 186 et suiv.
,

INF] — 360 — INO


qui avaient de chapeaiix dont il fallait
petits les dannines souffrent, y avait et^ tounnenlee,
d'abord se on avail ce bonhtiir, on de-
saisir. Si avec ces malheureux *.

venait leur maitre, et on les contraignait a de- Infidelity. Qi^iand les homines de certaines
clarer et a decoLivrir oii etaient ces tresors. Ces peuplades d'Egypte soupconnaient leurs femmes
esprits sont nos gnomes et nos lutins. d'infidelile, ils leur faisaient avaler de I'eau sou-
Infernaux. On nomma ainsi, dans le sei- free, dans laquelle ils mettaient de la poussiere

zieme siecle, les partisans de Nicolas Galius et et de de lampe, pretendant que, si elles
riiuile
de Jacques Smidelin qui soulenaient que pen- , ,
etaient coupables, ce breuvage leur ferait soiif-
dant les trois jours de la sepulture de Notre- frir des douleurs insupportables espece d'e-
;

Seigneur, son ame, descendue dans le lieu ou preuve connue sous le nom de calice da soiipron.

I A

Calicc du souproii.

Influence des astres. Le Taureau domine quatrieme siecle, devait les faire regner partout
sur le cou ; les Gemeaux sur les epaules ; I'Ecre- placee au milieu d'eux.
oil elle serait

visse sur les bras et sur les mains le Lion sur ; Initiations. Voij. Sagbat.
la poitrine, le coeur et diaphragme; la Vierge
le Inquisition. Ce fat vers Fan 1200 que le
sur I'estomac , les intestins, les cotes et les mus- pape Innocent III etablit le tribunal de I'inquisi-
cles ; la Balance sur les reins ; le Scorpion sur tion pour proceder centre les Albigeois, here-
les parties secretes; le Sagiltaire sur le nez et tiques perfides ,
qui bouleversaient la societe et
les excrements; le Capricorne sur les genoux le ; ramenaient les hommes a I'etat sauvage. Deja,
Verseau sur les cuisses; le Poisson sur les pieds. en lis/) , de Verone avait ordonne aux
le concile

Voila en peu de mots ce qui regarde les douze t'veques de Lombardie de rechercher ces here-
signes du zodiaque touchant les diffcrentes par- tiques rebelles et de livrer au magistral civil
ties du corps. !1 est done tres-dangereux d'offen- ceux qui seraient opiniatres. Le comte de Tou-
ser quelque membra lorsque la lune est dans le louse adopla ce tribunal en 1229 Gregoire IX, ;

signe qui domine, parce que la lune en aug- en 1233 , le confia aux dominicaius. Les ecri-
menle I'humidite comme on le verra si on ex-
, vains qui ont dit que saint Dominique futle pre-
pose de la chair fraiche pendant la nuit aux mier inquisiteur general ont dit la une chose qui
rayons de la lune il s'y engendrera des vers,
: n'est pas. Saint Dominique ne fut jamais inqui-
etsurtout dansla pleinelune^ Voy. Astrologie. siteur; il etait mort en 1221. Le premier inqui-
Inis-Fail, nom d'une pierre fameuse atta- siteur general fut le pieux legat Pierre de Castel-
chee encore aujourd'hui sous le siege ou Ton nau, que les Albigeois assassinerent. Le pape
couronnait dans I'eglise de Westminster, les rois
, Innocent IV etendit I'inquisition dans toute I'lta-
de la Grande-Bretagne. Cette pierre du destin lie, al'exception de Naples. L'Espagne y futsou-

que dans la legende heroique de ces peuples les mise de 1480 a 1/|84, sous le regno de Ferdi-
anciens Ecossais avaient apportee d'Irlande, au nand et d'Isabelle le Portugal I'eLablit en 1557.
;

1 Admirables secrets d' Albert le Grand, p. 18. 1 Bergier, Didionnaire theoloyique.


: ;

INQ .
— 361 — INQ

L'inquisition parut depuis dans les pays ou ces gouvernement ecclesiastique sevirait-il en Es-
puissances dominerent mais elle ne s'est exer-
; pagne, au milieu d'une nation eminemment noble
cee dans auciin royaume que du consentement et genereuse ? Dans I'examen de toutes les ques-
et le plus souvent a la demande des souverains ^ tions possibles, il n'y a rien de si essentiel que
II faudrait plus d'espace que nous ne pouvons d'eviter la confusion des idees. Separons done
en occuper ici pour renverser lous les mensonges et distinguons bien exactement, lorsque nous
calomnieux que les ennemis de I'Eglise proLes- ,
raisonnons sur l'inquisition la part du gouver- ,

Lants, jansenistes et philosophes, ont accumules nement de celle de I'Eglise. T6ut ce que le tri-
a I'envi centre l'inquisition. Dans les deux pre- bunal montre de severe et d'effrayant, et la
mieres editions de ce livre I'auteur, jeune et , peine de mort surlout, appartient au gouverne-
sLupidement egare, a reproduit les hostiles et ment ; c'est son affaire ; c'est a lui , et c'est a lui
detestables quolibets de Voltaire sur ce grave seul en demander compte. Toute la
qu'il faut

sujet, les plates suppositions de Gilles de Witte , clemence, au contraire, qui joue un si grand role
la fable de Montesquieu d'une jeune juive brulee a dans le tribunal de l'inquisition, est Taction de
Lisbonne, uniquement parce qu'elle etait nee I'Eglise qui ne se mele de supplices que pour
,

juive, et d'autres contes pareils. Depuis, on a les supprimer ou les adoucir. Ce caractere in-

fait paraitre, mais surchargee a dessein, VHis- delebile n'a jamais varie. Aujourd'hui , ce n'est
toire de l'inquisition de Llorente; et plus recem- plus une erreur, c'est un crime de soutenir,
ment on a publie sous le titre de , Mijsteres de d'imaginer seulement que des pretres puissent
r inquisition, un enorme roman qui est un arse- prononcer des jugeraents de mort. 11 y a dans
nal d'imputations fausses. On a meme illustre de i'histoire de France un grand fait qui n'est pas
gravures ces divers pamphlets, et on a traduit assez observe, c'est celui des terapliers; ces
pour de ceux qui ne savent
les yeiix, a I'usage infortunes, coupables ou non (ce n'est point
pas lire, des mensonges souvent impurs a la de quoi il s'agit ici) , demanderent expresse-
charge de l'inquisition. Nous reproduisons ici une ment d'etre juges par le tribunal de l'inquisition ;

de ces planches d'imposture; elle represente des- car ils savaient bien, disent les historiens, que
faits imaginaires dont I'Espagne et le Portugal s'ils obtenaient de lels juges, ils ne pouvaient plus
n'ont jamais eu le spectacle. A la place des ar- etre condamnfe a mort.... Le tribunal de l'inquisi-
chers on a mis des moines bien plus un de
, ; , tion etait compose d'un chef nomme grand inqui-
ces religieux, arme d'une torche, met le feu au siteur, qui etait toujours archeveque ou eveque
bucher; ce qui ne Les moines
s'est jamais fait. de huitconseillers ecclesiastiques, dont six etaient
n'etaient aux auto-da-fe que pour donner aux toujours seculiers, et de deux reguliers, dont I'un
condamnes les consolations supremes. etait toujours dominicain, en vertu d'un privilege
Apres Joseph de Maistre I'abbe Jules Morel et , accorde par le roi Philippe III K »
I'abbe Leon Godard ont fait pleine justice de ces Ainsi les dominicains ne dirigeaient done pas
tristes licencesde la presse. l'inquisition, puisquel'un d'eux seulement en fai-
((Si Ton excepte un tres-petit nombre d'hom- sait partie pcir privilege.
mes instruits, dit Joseph de Maistre, il ne vous On ne voit pas bien precisement dit encore (( ,

arrivera guere de parler de l'inquisition sans Joseph de Maistre a quelle epoque le tribunal de ,

rencontrer dans chaque tete trois erreurs capi- l'inquisition commenga a prononcer la peine de
tales plantees et comme rivees dans les esprits,' mort. Mais peu nous importe
, il nous suffit de ;

au point qu'elles cedent a peine aux demonstra- savoir, ce qui est incontestable, qu'il ne put ac-
tions les plus evidentes. On croit que l'inquisi- querir ce droit qu'en devenant royal et que ,

tion un tribunal purement ecclesiastique


est tout jugement de mort demeure par sa nature, ,

cela est faux. On croit que les ecclesiastiques etranger au sacerdoce. La teneur des jugements
qui siegent dans ce tribunal condamnent certains etablit ensuile que les confiscations etaient faites
accuses a la peine de mort cela est faux. On : au profit de la chambre royale et du fisc de Sa
croit qu'ils les condamnent pour de simples opi- Majesle. Ainsi, encore un coup, ce tribunal etait
nions cela est faux. Le tribunal espagnol de
: purement royal, malgre la fiction ecclesiastique;
l'inquisition etait purement royal. C'etait le roi et toutes les belles phrases sur I'avidite sacer-
qui designait I'inquisiteur general, et celui-ci dotale tombent a terre. Ainsi l'inquisition reli-
nommait a son tour les inquisiteurs parliculiers, gieuse n'etait , dans le fond , comme dit Garnier,
avec I'agrement du roi. Le reglement constitutif qu'nne inquisition pohtique ^. Le rapport des
de ce tribunal fut publie en I'annee 1/(84 par le Cortes de 1812 appuie ce jugement. Philippe II,
cardinal Torquemada de concert avec le roi
,
^. le plus absolu des princes , dit ce rapport, fut le

Doux, tolerant, charitable, dans consolaleur veritable fondateur de l'inquisition. Ce fut sa po-
tous les pays du monde, par quelle magie le litique raffinee qui la porta a ce point de hauteur
' Bergier, Dictionnaire theologique. Joseph de Maistre, Leilres d un gentilhomme
*

2 Voyez le rapport officiel en verlu duquel l'inqui- russe sur l'inquisition espagnole.
sition fut supprimee par les Cortes de 1812. 2 Histoire de Francois /"", t. II, ch. in.
INO -- 362 INO
oil elle etait montee. Les rois ont toujours re- renvoyer les inquisiteurs, ct qu'ils n'ont, d'ail-
pousse les avis qui leur etaient adresses conlre leurs, rien a craindre de rinquisilion ,
qui n'est
ce tribunal, parce qu'ils sont, dans tousles cas, terrible que pour leurs tombent
sujeLs.... » Ainai
inaitres absoUis de nommer, de suspendre ou de ces conies bleus de rois d'Espagne qui s'api-

L'uiiu (ic's giavurcs mculeuses imajinct'S conlrc I'uiquisiliou.

loyaient sur des condamnes sans pouvoir leur On ferait un volume effrayant du catalogue des
faire grace, quand il est demontre que c'etaient mensonges qui ont ete prodigues dans ce sens
ces rois eux-memes qui condamnaient. par les historicns. La plupart viennent de la re-
On a dit quedepuis trois siecles I'histoire etait forrae; mais les ecrivains catholiques lescopient
une vaste conspiration contre le Catholicisine. tous les jours sans reflexion. Cast la reforms
,

INQ — 3 3 — INQ
qui la premiere a ecrit I'histoire de rinquisiLion ;
lement la guerre aux francs-macons et aux sor-
on a trouve commode de Iranscrire son odieux ciers. A lafin du dernier siecle, un artisan fut
roman, qui epargnait des rccherches. Vous trou- arrete au nom du saint-office pour avoir dit dans
verez done partout des faits inventes qui se pre- quelques entretiens qu'il n'y avait ni diables, ni
sentent avec une effronterie incroyable. Nous en aucune autre espece d'esprils infernaux capables
citcrons deux ou trois. « Si I'on en croiL quel- de se rendre raaitres des ames humaines. II
ques historiens, Pliilippe III, roi d'Espagne, avoua, dans la premiere audience, tout ce qui
oblige d'assister a on auto-da-fe (c'esl le nom impute, ajouta
lui etait qu'il en etait alors per-
qu'on donne aux executions des inquisiteurs) suade pour les raisons qu'il exposa el declara
,

fremit et ne put retenir ses larmes en voyant qu'il etait pret a detesler de bonne foi son er-
une jeune juive et une jeune Maure de quinze a reur, a en recevoir I'absolution , et a faire la pe-
seize ans qu'on livrait aux flainmes, et qui n'e- nitence qui lui serait imposee. J'avais vu (dit-il
taient coupables que d'avoir ete elevees dans la en se justifiant) un si grand nombre de mal-
religion de leurs peres et d'y croire. Ces histo- heurs, dans ma personne, ma famille, mes biens
riens ajoutent que I'inquisition fit un crime a ce et mes affaires, que j'en perdis patience, et que,
prince d'une compassion si naturelle; que le dans un moment de desespoir, j'appelai le diable
grand inquisiteur osa lui dire que pour I'expier a mon secours : je lui offris en retour ma per-
il fallait qu'il lui en coutat du sang; que Phi- sonne et mon anie. Je renouvelai plusieurs fois
lippe III S'e laissa saigner, et que le sang qu'on mon invocation dans I'espace de quelques jours,
lui tira fut brule par la main du bourreau.... » mais inutilement, car le diable ne vint point. Je
C'est Saint-Foix qui rapporte ce tissu de fausse- m'adressai a un pauvre homme qui passait pour
tcs, dans ses Essais sur Paris, sans songer sorcier; je lui fis part de ma situation. 11 me
qu'aucun historien n'est la pour appuyer ces conduisit chez une femme, beaucoup
qu'il disait
fuits; qu'ils ont ete imagines quatre-vingts ans plus habile que lui dans les, operations de la sor-
apres la mort de Philippe III; que Philippe III cellerie. Cette fomme me conseillade me rendre,
clait mailre de faire grace etde condaniner que ; trois nuits de suite, sur la colline des Vistillas
I'inquisition ne brulait pas les juifs et les Maures de saint FranQois, et d'appeler a grands cris
coupables seulement d'avoir ete eleves dans la Lucifer, sous le nom d'mige de lumiire, en re-
religion de leurs peres et d'y croire; qu'elle se niant Dieu et la religion chretienne et en lui
contentait de les bannir pour raisons politi- offrant mon ame. Je fis tout ce que cette femme
ques, etc. m'avait conseille-, mais je ne vis rien : alors elle
Vous lirez ailleurs que le cardinal Torquemada, me dit de quitter le rosaire, le scapulaire el les
f[ai remplit dix-huit ans les fonctions de grand autres signes de Chretien que j'avais coulume de
inquisiteur, condamnait dix mille viclimes par porter sur moi , et de renoncer franchement et
an , ce qui ferait cent qualre-vingt mille victimes. de toute mon ame a la foi de Dieu pour em- ,

Mais vous verrez pourtant ensuite qu'il niourut brasser le parti de Lucifer, en declarant que je
ayant fait dans sa vie six mille poursuiles, ce reconnaissais sa divinile et sa puissance comme
qui n'est pas cent quatre-vingt mille; que le pape superieures a celles de Dieu meme ; et apres
lui fit trois fois des representations pour arreter m'etre assure que j'clais veritablement dans ces
sa severite; vous trouverez dans les jugements dispositions, de repeter, pendant trois autres
assez peu de condamnations a mort. Les auto- nuits, ce que j'avais fait la premiere fois. J'exe-
da-fe ne se faisaient que tons les deux ans les ; cutai ponctuellement ce que cette femme venait
condamnes a mort attendaient longuement leur de me prescrire cependant Vange de limiera
;

execution, parce qu'on esperait toujours leur ne m'apparul point. La vieille me recommanda
conversion et vous regretterez de rencontrer si
; de prendre de mon sang et de m'en servir pour
rarement la verite dans les livres. Un gros ou- ecrire sur du papier C[.ue j'engageais mon ame a
vrage qui vient de paraitre {le Dictionnairc Lucifer, comme a son maitre et a son souverain ;

universel de la cjiographie el de I'histoire, par de porter cet ecrit au lieu ou j'avais fail mes in-
M. Bouillet) porte a cinq millions le nombre des vocations, et, pendant que je le tiendrais a la
personnes que I'inquisition a fait perir en Es- main de repeter mes anciennes paroles je fis
, :

pagne.... C'est, de plus de quatre millions etneuf tout ce qui m'avait ete recommande, mais tou-
cent qaatre-vingt-dix mille, une erreur, pour — jours sans resultat. Me rappelant alors tout ce
ne pas dire plus. qui venait de se passer, je raisonnai ainsi : S'il

Rapportons maintenant quelque procedure de y avait des diables, et s'il etait vrai qu'ils desi-
I'inquisition.Le fait qui va suivre est tire de rassent de s'emparer des ames humaines , il se-
I'histoirede I'inquisition d'Espagne, faite a Paris rait impossible de leur en offrir une plus belle
sur les materiaux fournis par D. Llorente mate- , occasion que celle-ci, puisque j'ai veritablement
riaux qu'on n'a pas toujours employes comme desire de leur donner la mienne. 11 n'est done
Llorente I'eut voulu ; car on a fait de son livre pas vrai qu'il y ait des demons; le sorcier et la
un pamphlet. — « L'inquisition faisait naturel- sorciere n'ont done fait aucun pacte avec le dia-
INO — 36/( INT
ble , et ils ne peuvent etre que des fourbes et des severe) , il prononcait quelques paroles de ne-
charlatans I'un et I'autre. » croraancie. II fut bien constate que la poudre
Telles etaient en substance les raisons qui avait ele administree a des personnes de tout
avaient fait apostasier Partisan Jean Perez. II les rang. Rodriguez fut condamne a elre conduit
exposa, en confessant sincerement son peche. dans les rues de Madrid, monle sur un ane, el a
On entreprit de lui prouver que lout ce qui s'etait elre fouelle. On lui imposa de plus quelques pra-
passe ne prouvait rien centre I'existence des de- tiques de religion et I'exil de la capitale pour
mons, mais faisait voir seulement que le diable cinq ans. La lecture de la sentence fut sauvent
avait manque de se rendre a I'appel, Dieu le lui interrompue par de grands eclats de rire au\- ,

defendant quelquefois pour recompenser le cou-


, quels se joignait le mendiant lui-meme. Le cou-
pable de quelques bonnes oeuvres qu'il a pu faire pable fut en effet promene par les rues mais
,
, ,

avant de tomber dans Tapostasie. II se soumit, non fouelte; et pendant la route, on lui offrait
recut I'absoluLion et fut condamne a une annce du vin et des biscuits pour se rafraichir.... »
de prison, a se confesser et a communier aux Nous pourrions rassembler beaucoup de trails
fetes de Noel, de Paques et de la Pentecote, pen- pareils, qui peindraient I'inquisilion tout autre-
dant le reste de ses jours, sous la conduite d'un ment que ne la montrent des livres infininieut
pretre qui donne pour directeur spiri-
lui serait trop menteurs. Bornons-nous a ciler encore le
tuel ; a reciter une partie du rosaire et a faire lemoignage d'un homme qui n'esl pas suspect
tous les jours des actes de foi, d'esperance, de aux ennemis de I'Eglise catholique :

cliarite, de contrition, etc. Tel fut son chatiment. « Depuis le seizieme siecle, dit le protestant
Voici maintenant I'histoire d'un autre epou- Ranke, I'inquisition n'elait qu'un tribunal royal
vantable auto-da-fe, extraite du Voijaye fait en muni d'armes spirituelles. » Les inquisileurs
ICspagnc pendant les amines 1786 el 1787, par n'etaient en effet que des fonctionnaires royaux,
Joseph Fownsend , rccteiir de Pewscy : « Cn en pai'tie laiques, soumis aux inspections royales,
nommes et destitues par le roi relevant d'un ,

conseil qui siegeait a la cour. Tout le benefice


des confiscations prononcees pareux revenaitau
roi; aucune grandesse, aucun prelat ne pouvait
se soustraire a ce tribunal, toujours docile. C'est
par lui que Charles-Quint fit juger les eveques
partisans des communes ; c'est a lui que Phi-
lippe 11 livra son ex-favori Perez. II en elendit la
jiu'idiclion aux arts, au commerce, aux impols
et a la Ce tribunal, ajoute Ranke, fait
marine. «

partie de ces depouilles du pouvoir ecclesias-


tique, dont le gouvernement s'est enrichi. » Le
nonce Visconli ecrivait en 1563 que I'inquisilion
espognole avait diminue grandement I'autorite
du saint-siege. Saint Charles Borromee en em-
pecha I'elablissement a Milan pendant sa vie le ;

clcrge de Sicile la combatlit, et elle ne put elre


loule-puissanle ni en Ilalie ni dans les provinces
basques. » Voy. Tribunal secrilt.
Iiisensibilite. On a expose souvenl que le

diable rendait les sorciers insensibles a la ques-


tion ou torture , et ce fait s'est vu souvent avec
certitude, nolamment dans les possedes.
Institor (Henri) ,
auteur, avec Sprenger, du
Malleits maleficorum ; Lyon, l/|8/i.

Interdit, censure de I'Eglise qui suspend les


ecclesiastiques de leurs fonctions et qui prive le
peuple de I'usage des sacrements, du service
divin et de la sepulture en lerre sainle. L'objet
de I'interdit n'elait, dans son origine, que de
mendiant, nomme Ignazio Rodriguez, fut mis en punir ceux qui avaient cause quelque scandale
jugement au tribunal de I'inquisilion pour avoir public , et de les ramener au devoir en les obli-
distribue des philtres amoureux, dont les ingre- geant a demander la levee de I'interdit. Ordi-
dients elaient tels que I'honnctetc ne permet pas nairement I'interdit arretait les dereglements des
de les designer. En adminislranl le ridicule re- monasteres empecliail les heresies de s'etendre,
,

mede (il parait que le predicant anglais n'est pas meltail un frein aux exces des seigneurs tyran-
; ,

INT — 365 INV


niques, descriminelspuissants, desperturbaleurs I'humanite, qui sans lui perissaitde toiites parts.
de la paix publique. Ainsi ,
apres
massacre des le — L'interdit doit etre pi'ononce dans les raemes
vepres siciliennes, le pape Martin IV mit en in- formes que rexcommunication ,
par ecrit , nom-
terdit la Sicile et les Etals de Pierre d'Aragon. mement, avec I'expression de la cause et apres
Gregoire VII, qui fit grand usage de I'interdit, trois monitions. La peine de ceux qui violent
sauva plus d'une fois par celte mesure la cause de l'interdit est de tomber dans I'excommunication.

Le pape lan^.inl I'inlerdit,

Intersignes. Avis mysterieux et sympathique servant d'aller prendre de I'eau au coup de mi-
qui arrive d'une maniere inexplicable. Dans le nuit a une fontaine apres quoi allumez voire
;

beau recit de M. Hippolyte Violeau intitule une , feu , niettez le chat dans le pot, et tenez-le con-
Passion funeste, une mere „ inquiete de son fils, vert de la main gauche sans jamais bouger ni
I'entend qui I'appelle a son secours. II etait a une regardor derriere vous quelque bruit que vous
,

lieue d'elle cependant elle Ten tend, court en


;
entendiez; et apres I'avoir fait bouillir vingt-
hate et le sauve d'une mort affreuse. Les Bre- quatre heures toujours sans bouger, sans regar-
,

tons croient aux intersignes qu'on appelle aussi


,
der derriere vous, sans boire ni manger, mettez-
quelquefois des pressentiments. le dans un plat neuf, prenez la viande etla jetez
Invisibilite, Pour etre invisible, il ne faut par-dessus I'epaule gauche, en disant ces pa-
que meltre devant soi le contraire de la lumiere roles : Accipc quod tibi do amplius ; puis
et nihil
un mur, par exemple ^ Mais le Petit Albert et mettez les os I'un apres I'autre sous vos dents,
les Clavicules de Salomon nous decouvrent des du cote gauche, en vous regardant dans le mi-
secrets plus rares et plus importants pour I'invi- roir et si I'os que vous tenez n'est pas le bon
;

sibilite. On se rend invisible par exemple en


,
, jetez-le successivement, en disant les memes
portant sous son bras droit le coeur d'une chauve- paroles jusqu'a ce que vous I'ayez trouve sitot ;

souris, celui d'une poule noire ou celui d'une que Vous ne vous yerrez plus dans le miroir,
grenouille. Ou bien, disent ces infames petits retirez-vous a reculons. La possession de cet os
livres de secrets stupides, volez un chat noir, vous rendra invisible toutes les fois que vous le
achetez un pot neuf, un miroir, un briquet, une prendrez entre les dents.
pierre d'agate du charbon et de I'amadou ob-
, , On pent encore, pour se rendre invisible, faire
* Le comte de Gabaiis. cette operation que Ton commence un mercredi
:

INV — 366 — IPE

avaiiL le soleil leve. On se miinit de sopL feves voulez pas. U vous la demandera encore; vous'
noires : puis on prend une tele de niorl; on met la lui refuserez jusqu'a ce qu'il tendemain, la

dans la bouche deiix dans


line ft3ve , les nai ines, ou vous verrez une figure semblable a ccUe que
deux dans les yeux. et deux dans les oreilles; on vous avez faite sur la tete vous devez elre as-
;

fait ensuite sur celte tele la ligure d'un Iriangic, sure des lors que c'est rcsprit veritable de la Lete.

puis on I'enterre la face vei's le del ; on I'arrose — N'ayant plus de surprise a craindre, vous lui

pendant neuf jours avec d'excellente eau-de-vie, donnerez voire fiole, il arrosera lui-meme, ot
de bjn malin, avant le soleil leve. Au huilieme vous vous en irez. —
Le lendemain, qui est le
jour, vous y trouverez un esprit ou demon (}ui neuvieme jour, vous y relournerez; vous y trou-
vous demandera One fais-lu la?
: — Vous lui — verez vos feves mures, vous les prendrez vous ,

repondrez : —
J'arrose ma planle. 11 vous dira — en meltiez une dans voire bouche, puis vous
— Donne-moi celte bouteille je I'arroserai moi- ,
regarderez dans un miroir si vous ne vous y :

men)c. —
Vous lui repondrez que vous ne le voyez pas, elle sera bonne. Vous en ferez de

Uii (I .s liois se rciiJ invisible.

nicme de loutes les autres celles qui ne vau- ; pcu court; il connait Ic passe et I'avenir, donne
dront rien doivent elre enlerrees au lieu oii esL
la tete. —
Pour celte experience, ayez loutes les
choses bien preparees avec diligence et avec
toules les solennites requises. ...

11 y a encore de malheureux niais qui croienl


a ces procedes. Voij. Anneau.
Invocations. Agrippa dit que pour invoquer ,

le diable et I'obliger a parailreon se sert des ,

paroles magiques Dies mies jesquct hencdo e.Jd


:

donvema enilemaiis ! Mais Pierre Leloyer dit que


ceux qui ont des rousseurs au visage ne peuvenl
faire venir les demons, quoiqu'ils les invoquenl.
Voij. Evocations et Conjurations.
lo. Celtefemme que Junon changea en gcnisse
est trailce de sorciere dans les demonographes.
Delancre assure que c'elait une magicienne qui
se faisait voir lanlot sous les trails d'une femme,
tantot sous ceux d'une vache avec ses cornes.
Ipes ou Ayperos, prince et comle de I'enfer;
il appai-ail sous la forme d'un ange, quelquefois
sous celle d'un lion, avec la tele et les palLes du genie et de I'audace aux hommes, et com-
d'une oie et une queue de lievre , ce qui est un mande trenle-six legions.
» ;

IRL — 367 — IVO


Irlande. Parmi beaucoup d'opinions poeliques va disparaitre : partons. » Gralon monte aussitol
qu'une personne
el bizarres, les Irlandais croient a cheval et s'eloigne a toute bride sa fille Dahut ;

qui doit mourlr naturellement ou par accident le suit en croupe. La main de I'Eternel s'abaisse
se raoatre la nuit a quelqu'un, ou plutot son les plus hautes tours de la ville sont englouties,
image, enveloppee d'un drap mortuaire. Cette lesflots pressenten grondant le coursier du saint
apparition a lieu dans les trois jours qui prece- roi qui ne peut s'en degager
, une voix terrible ;

» dent la mort annoncee. se fait entendre « Prince, si lu veux tc sauver,


:

Irle-Khane. Voij. Khane. renvoie le diablc qui te suit en croupe. » La belle


Irmentrude. Une demoiselle provengale nom- Dahut perdit la vie elle se noya pres du lieu
;

mee Irmentrude, ayant epouse Isambard, comte qu'on nomme Poul-Dahut. La tempete cessa, I'air
i d'AUorf, accoucha un jour de douze gargons, en devint calme le ciel serein
, mais depuis ce ;

I I'absence de son mari. Comme elle n'en voulait moment le vaste bassin sur lequel s'etendait une
nourrir qu'un, elle ordonna a sa servante d'aller partie de la ville d'ls fut convert d'eau. C'est
, jeter lesonze auLres a la riviere. Mais le comte maintenant la baie de Douarnenez *.
Isambard, ayant rencontre la femme qui les avait Isaacarum, I'uu des adjoints de Leviathan,
I

'
dans son tablier, lui demanda ce qu'elle portait la. dans la possession de Loudun.
(iCe sont de petits chiens que je vais aller noyer, Isabella ou Isabeau, prophetesse. Voy. Dau-
! dit-elle. Isambard voulut les voir : decouvrant I'HINE.
bientot tout le mystere, il prit les onze enfants, Isis avait un temple a Isemberg (montagne
les fit elever en secret et ne les presenla a sa d'Isis) au canton de Zurich. On croit qu'elle a eti
femme que lorsqu'ils furent devenus grands. lis aussi un culte a Paris.
prirent, en memoire de cette aventure, le nom Islandais. " si experts dans
Les Islandais sont
I de Welf, qui en allemand signifiait chien, et I'art magique,
un voyageur du dernier siecle,
dit
que leurs descendants garden t encore. Voy. Tiu- qu'ils font voir aux etrangers ce qui se passe
ZliGNIES. dans leurs maisons, meme leurs peres, meres,
gouvernee par le roi Gra-
Is, ville bretonne, parents et amis, vivants ou morts ^. » Les Islan-
lon,Toute espece de luxe et de debauche regnait dais prelendent encore avoir la seconde vue et
dans cette opulente cite. Les plus saints person- voir les esprits.
nages y prechaient en vain les mosurs et la re- Isle en Jourdain (Mainfroy de 1'), habile
forme. La princesse Dahut, fille du roi, oubliant devin qui decouvrit par I'astrologie I'horrible
la pudeur et la moderation naturelles a son sexe, conduite de deux chevaliers, Philippe et Gauthier
y donnait I'exemple de tout genre de deprava- d'Aunoy, lesquels elaient amants, I'un de Mar-
tion. L'lieure de la vengeance approchait le : guerite de Navarre, femme de Louis le Rutin, et
calme qui precede les plus horribles tempetes, I'autre de Blanche, femme de Charles le Bel on ;

les chants, la musique, le vin, toute espece de prouva encore qu'ils envoutaient les maris de ces
spectacle et de debauche enivraient, endormaient deux dames. C'etaient les deux freres de Phi-
les habitants endurcis de la grande ville. Le roi lippe de Valois. Le roi Philippe en fit justice :

Gralon seul n'elait pas insensible a la voix du les deux chevaliers furent ecorches vifs et pendus,
ciel. Un jour le prophete Guenole prononca d'une et les deux dames perirent en prison.
Isparetta, idole principale des habitants de
la cote du Malabar. Anterieurement a toute crea-

tion, Isparetta se changea en un oeuf d'oii sor-


lirent le ciel et la lerre et tout ce qu'ils contien-
nent. On le represente avec trois yeux et huit
mains, une sonnette pendue au cou, une demi-
lune et des serpents sur le front.
Israfil ou Asrafil. Voy. Ashafil.
Ithyphalle nom d'une espece d'amulette
,

que Ton pendait au cou des enfants et des ves-


tales; on lui attribuait de grandes vertus. Pline
dit que c'etait un preservatif pour les empereurs
memos ,
qu'il protegeait centre les effets de
I'envie.
Ivo le noir. Au pied de la tour d'Obod un ,

des plus vieux monuments du Montenegro dans ,

une sombre et profonde cavei'ne dort Ivo le ,

noir, le heros, le fondateur ou plutot I'organisa-


voix sombre ces liiots devant le roi Gralon :

« Prince , le desordre est au comble le bras de , 1 Cambry, Voijage dans le Finistere, t. II.
I'Eternel se leve , la mer se gonlle , la cM d'ls 2 Nouueau voijaye au, seplenirion, 1708, p. 66.
IWA — 368 — JAC

teur sauvage de la nation on penplade qni habite Iwan Basilowitz. Voy. Jean.
leMonlenegro. Quand la mor Bleue el Kataro se- Iwangis, sorciers des iles Moliiques, qui font
ronl rendiis aux Montenegrins, alors Ivo^sortira aussi le metier d'empoisonneurs. On pretend
de son sonnmeil magique et se mettra de nouveau qn'ils deterrent les corps morts et s'en noiir-
a la tete de scs descendants pour renvoyer les rissent, ce qui oblige les Moluquois a nionter
Anlrichiens dans leurs humides et nuageuses la garde aupres des sepultures, jusqu'a ce que
con trees les cadavres soient pourris.

-C©0-

Jabamiah, mot puissant de la cabale elemen- bleualres pendant la nuit, et font meme entendre
taire ,
lequel ,
prononce par un sage cabaliste, de legeres detonations.
restitue les membres tronques. Le plus terrible de ces demons est celui qui
Jacob. Eternhment.
Voij. fond son essence vivante dans les liqueurs fer-
Jacobins de Berne. Voy. Jetzer. mentees, qui s'introduit sous cette forme liquide
Jack. Parmi les demons inferieurs de la spbere dans les veines d'un buveur, et y allume a la
du feu, nous ne saurions oublier le feu follet ap- longue un incendie qui le devore en fournissant ,

pele vulgairenient en Angleterre Jack with the aux medecins tin exemple de plus de ce qu'ils
lantern, Jack a la lanterne, que Milton nomme appellent scientiliquement une combustion span-
aussi le inoine des mnrais. Selon la chroniciue de tance
I'abbaye de Corwey, ce moine en seduisit un Jacques I". Le roi d'Angleterre Jacques \"y
autre, frere Sebastien, qui, revcnanl de precher que Henri IV appelait si plaisamment maitre
la fete de saint Jean, se laissa conduire a Iravers Jacques, ne se contentait pas de faire bruler les
champs par la fatale lanterne jusqu'au bord d'un sorciers; il a produit encore, sous le litre de
precipice oij il peiit. C'etait en I'annee 103'i; Deinonologie un gros volume pour prouver que
,

nous ne saurions verifier le fait. les sorciers entretiennent un commerce execrable

Les paysans allemands regardent ce diable de avec le diable. Aujourd'hui on ne pent nier I'in-
feu comnie tres-irritable; pourtant ils ont quel- tervention des esprits dans les choses de la vie
quefois la malice de lui chanter un couplet qui commune. Mais le roi Jacques mit peut-etre a

le met en fu,reur. —
II n'y a pas trent^; ans qu'une poursuivre ces debts une ferocite un pen grande.
fiUe du village de Lorsch eut I'imprudence de Elle etait de son temps el de sa secte. En 1591,
chanter ce refrain, au moment oti le follet dan- un attentat centre la vie du roi Jacques et de la

sait sur une prairie marecagense aussitot il : reine fut atlribue a la magie. Voici comment on
poursuivit la chanteuse celle-ei se mit a courir
; parvint a le decouvrir : Une domestique nominee
de toute la vitesse de ses jambes elle se croyait ; Gellis Duncan avail attire les soupgons de son
deja sauvee en apercevant sa maison mais a , maitre par certaines cures extraordinaires. Le
peine franchissait-elle le seuil que Jack a la lan- bailli de Tranent, pour les eclaircir, la fit ap-
terne la francliit aussi et frappa si violemment pliquer a la question. On lui serra les doigls
de ses ailes tons ceux qui et^ient presents qu'ils dans des pouceltes el on lui comprima la tele a
en furent eblouis. Quant a la pauvre fille, elle en I'aide d'une corde mais sans en tirer aucun
;

perdit la vue elle ne chanta plus que sur le banc


; aveu. On conclul de son silence qu'elle portait
de sa ^)orte, lorsqu'on lui assurait que le ciel une marque du diable et on n'en douta plus ,

etait pur. Telle est du moins la legende. quand on eut remarque un signe sur sa gorge.
II ne faut pas etre un tres-fort chimiste pour A cette vue le charme lomba; elle avoua
deviner la nature de ce demon electrique mais ; n'avoir fail de cure extraordinaire qu'avec I'aide
on pent le classer avec les demons du feu qui de Satan; elle revela des malelices inouis jus-
denoncent les tresors caches par les flanimes li- qu'alors, commis avec I'assislance d'une foule de
vides qu'ils font exhaler de la terre, et avec ceux complices qu'elle signala, el dont Irenle ou qua-
qui parcourent les cimetieres par un temps rante furent arretes. Dans ce nombre figuraient
d'orage. Mainlcs fuis, autour des sources sulfu- de grandes dames, entre aulres Euphemie Ma-
reuses ou les petites maitresses vont chaque an- calzean, sccur de lord Clislonhall, I'un des mem-
nee reconforter leurs poitrines delicates, lemon- bres du senat judiciaire d'Edinbourg. Jacques
tagnard des Pyrenees voit voltiger des gobelins devait se faire un point d'honneur de suivre as-
de la meme famille : ils agitent leurs aigrettes sidument les fils de ce dedale de mysteres dia^

'
M. Edmond Texier, Leprince de Montenegro, 1 8b4. ' Emprunte a la Quarterly Review,
JAG — 369 —
boliques. Chaque jour il etait present a I'examen II assista a la danse du sabbat, executes par
des accuses et nianifestait son etonnement a Gellis Duncan, dont la faraeuse Agnes Sampson,
chaque trait horrible ou grotesque de leur con- nommee la femme sage de Keith , avail la pre-
fession. miere reconnu le talent. Le personnage le plus

Quclqucs-uncs des sorcicrcs du loi Jarques.

important de ce drame est le nomme Cuuingliam, croyance, c'est I'aplomb avec lequel les deux
que I'instruction designe sous le nom du docteur accuses revelerent les incidents le plus horrible-
Fian , maitre d'ecole pres de Tranent. 11 subit la ment grotesques; aussi Jacques s'ecria-t-il apres
torture avec une energie physique et un courage les avoir entendus « Voila de grands impos-
:

moral extraordinaires. On commenca par lui ser- teurs. »

rer fortement une corde autour de la tete. Cetle


premiere epreuve ne lui arracha aucunaveu. On
essaya la persuasion pour I'engager a confesser
sa folic. Ce procede fut egalement inutile. Enfin
on le soumit a un instrument de torture nomme
Us holies. Apres avoir eu les jambes ecrasees a
la troisieme application du fatal instrument, il

revela des details qui atteslaient une profonde


immoralite et embrassaient toutes les circon-
slances du crime de haulc trahison a I'aide de
inalefices. Ramene dans sa prison et mis au se-
cret pendant deux ou Irois jours, Fian parvint a
s'echapper. Repris apres son evasion, il relracta
ses aveux, au grand desappoinlement du roi,
qui, pour lui rendre la memoire, le fit remettre
a la question. On lui ecrasa les ongles a I'aide
d'une pince, Bt, entre les ongles et la chair, on
enfonga jusqu'a la tete des clous garnis de deux
pointes.
II neanmoins a garder le silence.
persista
On soumit encore au supplice des botles, et
le
cette horrible epreuve dura si longtemps qu'a la
fin ses jambes n'etaient plus qu'une plaie, et que

ses OS brises se faisaient jour a Iravers des lam-


beaux de chair d'ou le sang ruisselait a flots.
Enfin, vaincu par la douleur, le docteur rompit
le silence, et ses reponses offrirent avec les On que la monomanie superstitieuse de
salt
aveux que la torture arracha a Agnes Sampson Jacques de guerroyer contre Satan et ses
etait
une coincidence qui frappa de douleur et de stu- agents terreslres. Les chroniques du temps as-
peur I'esprit du roi. Mais ce qui passe loute surent meme qu'un jour, desappointe du mauvais
24
:

JAC — 370 — JAD

succes d'un attentat contre sa personne, le diable sentir qu'il avait dit une soltise. II recommanda
s'ecria en frangais. « Je n'ai aucun pouvoir sur ensuite expressement a ses disciples de faire au
lui, il est rhomme de Dieu... » Un voyage que Sa roi tout le mal qu'ils pourraient; apres quoi il

Majeste fit a Norway, pour y voir la reine et la quitta la chaire et regut en partant leurs hom-
ramener a Edimbourg, offritaux instruments de mages , accompagnes de ceremonies qu'il serait
Satan une occasion favorable. Le comite diabo- trop long de decrire ici.

lique resolut de soulever une tempete pour en- Le sort des insenses qui firent de tels aveux
gloutir son plus terrible ennemi. Les preparatifs ne pouvait etre un instant douteux dans ce siecle
en furent solennels. Le prince des tenebres pro- de superstition. Fian, dont la vie n'etait plus
posa d'elever un brouillard qui ferait echouer le d'aucun prix apres tant de souffrances fut etran- ,

roi sur la cote d'Angleterre , et le docteur Fian, gle et livre aux flammes. Agnes Sampson subit
en sa qualite de secretaire de Sa Majeste Infer- le meme sort.

nale, ecrivit a Marion Linkup et a quelques au- Barbara Napier, designee comme I'un des ac-
tres associes pour les inviter a se rendre dans teurs dans la scene de Northberwick acquittee ,

cinq jours sur I'Ocean a la rencontre de leur , surce chef, fut condamnee pour d'autres faitsde
maitre, dans le dessein de faire perir le roi. sorcellerie.La victime la plus digne d'interet
Le ban et I'arriere-ban, ainsi convoques, se dans ce drame epouvantable etait Euphemie Mac
mirent en route au nombre de deux cents, et Alzean fille de lord Glistonhall douee d'un es-
, ,

chaque sorciere s'embarqua sur un crible ou un prit ferme, aniniee de passions ardentes, zelee

tamis. On ne dit pas a quelle latitude elles ren- catholique, ennemie juree de Jacques et de la

contrerent le diable. reforme.


Des qu'il leur apparut, il expedia a Robert On etablit necessairement qu'elle avait eu des
Wierson un chat qui avait ete pendu neuf fois a rapports intimes avec des sorciers, et qu'elle
une cremaillere et en meme temps il profera ces
, avaitemploye leur assistance pour se defaire des
mots Jette-le dans la mer, hola » Le charme
: (( ! personnes qui contrariaient sa perversUe. Son
produisit son effet, car Jacques, dont la ilotte acte d'accusation la charge d'un tissu de male-
n'avait apergu la terre qu'en vue du Danemark, fices ou de tentatives de crime. Acquittee sur
declara que son vaisseau etait le seul qui eut le quelques chefs par le jury, elle fut convaincue

vent contraire. d'avoir participe a d'anciens meurtres et d'avoir ,

Le premier acte de ce drame termine , les sor- assiste a la convention de Northberwick et a


cieres prirent terre, toujours sur leurs cribles, d'autres assemblees de sorciers conjures contre
qui leur servirent de coupes dans les nombreuses la vie du roi. La peine de crimes semblables etait

libations qu'elles firent apres le debarquement. d'etre elrangle a un poteau et ensuite livre aux
Elles se rendirent en procession a I'eglise de flammes : elle fut condamnee a etre brulee vive,
Northberwick second rendez-vous que
(c'etait le supplice qu'elle subit avec un grand courage
leur maitre leur avait assigne). La bande etait de le 25 juin 1591. Telle fut I'impression produite
plus de cent (Agnes Sampson en designe trente- par ces scenes sur I'esprit du Salomon ecossais
deux dans sa revelation) elle etait precedee par ; qu'elles lui inspirerent un projet de statut amen-
Gellis Duncan, qui chantait en s'accompagnant dant la procedure contre les sorciers et son

de la harpe. bizarre Tiaitc de demonologie


La, leur maitre leur apparut sous la forme Jade. Pierre a laquelle les Indiens attribuaient,

d'un predicateur. Le docteur Fian joua le role entre autres proprietes merveilleuses, celles de
de maitre des ceremonies. D'un souffle il fit crier soulager les douleurs de reins quand on I'y ap- ,

les portes de I'eglise sur leurs gonds rouilles, et pliquait, et de faire ecoulerle sable de la vessie.

convertit en charbons allumes les cierges qui lis la regardaient aussi comme un remede sou-
bordaient la chaire. Greillmeil remplit I'office de verain contre I'epilepsie, et s'etaient persuade
portier. Soudain le diable en personne apparut que, portee en amuletle, elle etait un preservatif
en chaire, couvert d'une robe et d'un chapeau contre les morsures des betes venimeuses. Ces
noirs. Voici son portrait, crayonne a la fagon du pretendues proprietes lui avaient donne la vogue
Dante, dans les Memoires de James Melville : a Paris il y a quelques annees mais cette pierre ;

Son corps etait comme le fer sa figure ter-


dur , prodigieuse a perdu sa reputation, et ses grandes
rible, son nez comme le bee de I'aigle, ses yeux vertus sont mises au rang des fables.
comme un brasier ardent, ses mains et ses pieds Jagghernat, horrible idole de I'lnde; nous
armes de griffes et sa voix entrecoupee. 11 fit alliens dire imprudemment divinite, car on abuse

d'abord I'appel de sa congregation. 11 demanda des mots. Mais ce n'est qu'un demon et des pires.
ensuite a chacun s'il I'avait fidelement servi, ce Le sang et la mort sont ses delices et quand les ;

qu'il avait fait depuis la derniere assemblee pour Anglais se disent effrontement les civilisateurs du
le succes degrande conjuration contre le roi.
la monde, Jagghernat regne encore. Voici ce qu'on
ayantetourdiment repondu
Greillmeil, le portier, 1 Exlrait de la Foreign Quarterly Revietv, juillet
Rien encore, Dieu merci! Lucifer lui fit rudement 1830.
,

JAK 371 — JAN


a pu peu de temps dans tous Jes jour-
lire il y a Jamambuxes ou Jammabos, espece de fa-
naux (18/t7) La grande procession de Jag-
: « natiques japonais du genre des fakirs, lis errent
ghernat, qui a lieu tous les ans dans I'lnde, a ele dans les carapagnes et pretendent converser fa-
inauguree le 5 aouL dernier par le renouvellement milierement avec le diable. Quand ils vont aux
de ces sacrifices volontaires qu'inspire le fana- enterrements, ils enlevent, dit-on,le corps, sans
tisme, et auxquels les Anglais se vantaient d'avoir qu'on s'en apergoive, et ressuscitent le mort.
mis Cinq devots exaltes se posterent aupres
fin. Apres s'etre meurtris de coups de baton pendant
de pagode de Bali, sans donner le moindre
la trois mois, ils entrent en iiombre dans une bar-

soupQon de leur projet aux agents de I'autorite que, s'avancent en pleine mer, font un trou
St, au moment ou le char gigantesque de I'idole a la barque et se noient en I'honneur de leurs
venait de sortir, ils se precipiterent sous les roues, dieux.
m invoquant Visshnou, et resterent litteralement Cette sorte de fakirs fait sa profession, a ce
broyes sur la place. A la vue d'une ferveur si qu'on assure, entre les mains do diable meme,
ardente, I'enthousiasme de la multitude fut excite qui se montre a eux sous une forme terrible, Ils
a tel point que, sans I'intervention de la force decouvrent les objets perdus ou derobes; pour
armee, le char sacre eut ecrase une centaine de cela, ils font asseoir un petit gargon a terre, les
victimes dans son parcours. Le moyen qui a le deux pieds croises ; ensuite ils conjurent le diable
mieux reussi a contenir les devots, g'a ete la d'entrer dans le corps du jeune homme, qui

menace de supprimer la procession pour toujours, ecume, tourne les yeux, et fait des contorsions
3i de nouveaux suicides venaient ensanglanter la effrayantes. Le jamambuxe apres I'avoir laisse ,

fete. » se debattre , lui recommande de s'arreter et de


Jakises, esprits malins repandus dans Fair dire ou est ce qu'on cherche; le jeune homme
:hez les Japonais. On celebre des fetes pour ob- obeit : il prononce d'une voix enrouee le noni du
tenir leurs bonnes graces. voleur, le lieu oii il a mis I'objet vole, le temps

Jaldabaoth une des ddites des Ophites. Ce


, oil il I'a pris, et la maniere dont on pent le faire
p'ersonnage avait pour mere Sophie ou la Sagesse rendre. Voij. Goo.
et pour pere le Chaos. Jamblique, philosophe platonicien du qua-

Jannes ct Alambres faisaieiit paraiire des grenouilles, des serpents.

trieme siecle, ne en Syrie sous le regno de Con- toute la populace. Leloyer dit* encore que c'est
stantin le Grand. II fut disciple d'Anatole et de Jamblique et Maximus qui ont perdu Julien I'Apos-
Porphyre. II admettait I'existence d'une classe de tal. — On recherche de Jamblique le traite des
demons ou esprits d'un ordre inferieur, media- Mijslercs des Egyptiens, des C/ialdeem et des As-
teurs entre Dieu et les hommes. II s'occupait des sijriens'^. II s'y montre cr^dule pour toutes les

divinations, et on a "vu, a I'article Alectrijomanck, reveries des astrologues.


que c'est lui qui predit par cette divination I'ave- Jamma-Loka, apres un
enfer indien d'oii,
nement au trone de Theodose. On ignore oi\, certain de souffrances, les
temps de peines et

quand et comment il mourut mais Bodin assure ; ames reviennent en ce monde pour y animer le
qu'il s'empoisonna lui-meme pour eviter le sup- premier corps ou elles peuvent entrer.
plice que Valens reservait aux magiciens. On Jannes et Mambres magiciens d'Egypte, les ,

conle qu'etantmi jour dans la ville de Gadare en plus anciens que les saints livres nous fassent
Syrie, pour faire voir sa science magique, 11 fit connaitre par leur nom, apres Cham. Ils faisaient
sortir en presence du peuple deux genies ou de- apparailre des grenouilles, des serpents ils chan- ;

mons d'une fontaine ; il les nommait Amour et geaient I'eau du Nil en sang, et tachaient d'anean-
Contre-Amour' ; I'Amour avait les cheveux dores,
tresses et flotlants sur les epaules ; ils paraissaient Histoire des spectres ou apparitions des esprits,
'

liv.IV, p. 312.
eclatants comme les rayons du soleil; I'autre
2 Janiblicus, De mysteriis jEgtjptiorum, Chal-
etait moins brillant ; ce qui attira I'admiration de dceorum, Assyriorum, avec d'autres opuscules. In-
^ Eros et Anteros. 16, 1607.
24.
» :

JAR — 372 — JAY


tir par leurs prestiges
la \ erite des miracles que la meme credulite. Heureusement tout cela
ont
Dieu par I'organe de Moise
faisait depourvu le plus souvent de malice et d'arti-
est
Jarretiere. Secret de la jarreticre pour les fice mais quelquefois leur aveuglement, excite
;

voyageurs. Voiis cueillerez de I'herbe que Ton par des motifs puissants, les pousse aux exces
appelle armoise, dans le temps oii le soleil fait les plus coupables et les plus dangereux.
son entree au premier signe du Capricorne; vous Entre les pratiques les moins a redouter, je
la laisserez un peu secher a I'ombre, et en ferez citerai la suivante. II est d'usage parmi les vo-
des jarretieres avec la peau d'un jeune lievre, leurs, a Java, d'exorciser, pour ainsi dire, la
c'est-a-dire qu'ayant coupe la peau du lievre en maison qu'ils ont dessein de piller; a cet effet,
courroie de la largeur de deux pouces vous en , ils murs, et meme, s'il est pos-
jettent centre les
ferez un redouble danslequel vous coudrcz ladite sible, lit des habitants, une cer-
jusque dans le
herbe, et les porterez aux jambes. 11 n'y a point taine quantite de terre tiree d'une fosse nouvel-
de cheval qui puisse suivre longtemps un homme lement creusee, afin d'y introduire un sommeil
de pied qui est muni de ces jarretieres. lethargique apres quoi ils volent avec la plus
:

Ou bien vous prendrez un morceau de cuir de parfaite securite. Gette croyance n'est point bor-
la peau d'un jeune loup, dont vous ferez deux nee aux seuls larrons; leurs victimes la partagent
jarretieres; sur lesquelles vous ecrirez avec votre egalement. lis mettenl precieusement en reserve

sang les paroles suivantes Ahumalith cados;


: de la terre preparee pour cette operation, et
vous serez etonne de la vitesse avec laquelle vous souvent, dans les tournees que mes fonctions
cheminerez, etant muni de ces jarretieres a vos me forgaient de faire pour reprimer les depre-
jambes. De peur que les caracteres ecrits ne s'ef- dations, les voleurs que j'ai interroges m'ont
facent, il sera bon de doubler la jarretiere d'un explique comment ils s'en servaient.
padoue de fd blanc du cote de Tecrilure. L'ancien code de Java, encore en vigueur a
« II y a encore une maniere de faire la jarre- Bali, est rempli de lois centre la sorcellerie et ,

tiere, que j'ai hie dans un vieux nianuscrit en prouve jusqu'a I'evidence lesfunestes effetsde la
lettres gothiques. En voici la recette. Vous aurez superstition sur I'esprit d'un peuple ignorant et
les cheveux d'un larron pendu, desquels vous entete. En voici quelques extraits « Si Ton :

ferez des tresses dont vous formerez des jarre- ecrit le nom d'un individu quelconque sur un
)>

tieres que vous coudrez entre deux loiles de telle » drop mortuaire, une biere, une figure de pate,

couleur qu'il vous plaira; vous les altacherez aux » ou une feuille, et ensuite si Ton enterre cet

jambes de derriere d'un jeune poulain puis vous ;


» objet si on le suspend a un arbre
, si on I'ex- ,

laisserez echapper le poulain, le ferez courir a » po ic sur la voie publique, ou au milieu de deux

perle d'haleine et vous vous servirez ensuite


,
» chemins qui se croisent, il y a sorcellerie. —
avec plaisir de ces jarretieres » Si Ton ecrit le nom d'un individu quelconque

On prelendait autrefois que les magiciens pou- )) sur un ossement, soit de la tete soit de toute ,

vaient donner une jarretiere enchanlee, avec » autre partie du corps, et qu'apres avoir em-
laquelle on faisait beaucoup de chemin en peu » ploye pour cette operation un melange de sang
de temps. C'est la peut-etre I'origine des bottes n et de charbon, on le place sur le seuil d'une
dc sept lieues. )) porle, il y a sorcellerie. — Quiconque use de
Jaunisse. Les rois de Hongrie croyaient avoir !) sortileges, sera condamne
mort par le juge, a
le privilege de guerir la jaunisse par I'attouche- » et si la chose est prouvee d'une maniere evi-
ment » denle, la peine de mort s'6tendra sur les pa-
Javanais. Nous empruntons aux Etudes sur » rents, les enfanls, les petits-enfants du cou-
les Indes d'un resident neerlandais quelques de- 1) pabfe, sans qu'aucun puisse en etre excepte.
tails sur les superstitions des Javanais idolatres » — Qu'il ne soit point permis aux criminels
lis ont une foi ent.ere aux songes, aux presages, n convaincus d'une telle abomination de souillcr
divisent les jours en heureux et nialheureux, » plus longtemps la terre par leur presence que ;

jettent le sort a la naissance, croient aux dons » leurs proprietes de toute espece soient conlis-
surnaturels, a I'invulnerabilite , a la sorcellerie, » quees; que les parents et enfants du sorcier
aux enchantements, aux charmes, aux philtres. » soient relegues dans la partie la plus recul^e
Rocs, forets, montagnes, cavites, abimes, tout » du pays, et s'ils preunent la fuite, qu'ils soient

est, selon eux, habite par des etres invisibles; » punis de mort; que leurs biens soient, dans
et, ne sebornant point aux reves de leur cerveau » tous les cas, recherches et confisques. »
malade, ils ont adopte tout ce que le continent Jayet d'Islande. Les anciens Islandais attri-
de rinde, I'Arabie la Perse, presenlent d'etres
, buaient des vertus surnaturelles a ce jayet, qu'ils
merveilleux. Grands et petits, princes et paysans, regardaient comme un ambre noir. Sa principale
de preserver de tout sortilege celui
qualite etait
* Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
qui en portait sur lui. En second lieu, ils le
esprits, liv. II, p. 129.
2 Secrets du Petit Albert, p. 90. croyaient un antidote contre le poison. Sa troi-
3 Salgues, Des erreurs et des prejugcs, 1. 1, p. 272. sieme propriele etait de chasser les esprits et
, . ,

— 373 — JEA

fantomes, lorsqu'on en brulait dans une mai- lieu obscur, pour avoir tenu au cachot des pri-
'les
preserver de maladies sonniers innocents dans la seconde excursion
ison; la quatrieme, de
;

appartements qui en elaient par- il fut encore plus tourmente pour avoir accable
iepidemiques les
le penple d'impots et son successeur Theodore
fumes. La plupart de ces idees superstilieuses ;

eut soin de Ten decharger en partie. Iwan mou-


isubsistent encore.
rut a son troisieme voyage; son corps jeta une
'

Jean (Evangile de saint). Voy. Bibliomancie.


puanteur infecte qu'on ne pouvait I'approcher;
Jean, magicien sectateur d'Apollonius de si

ce qui penser que son ame avait ete emportee


Tyane. U courait de ville en ville, faisant le me-
fit

une chaine de fer au par le diable d'autant plus que son cadavre
tier de charlatan, et portait
;

avait disparu quand vint le jour fixe pour I'en-


cou. Apres avoir sejourne quelque temps a Lyon, ,

si grande celebrite par ses cures


terrement'.
lil acquit une

merveilleuses, que le souverain du pays I'admit Jean-Baptiste. II y a despaysans qui croient,


on ne salt sur quelle autorite que saint Jean-
en sa presence. Jean donna a ce prince une su- ,

Baptiste est ne dans un chameau. ..


perbe epee enchantee elle s'entourait merveil-
;

ieusement, dans le combat, de cent quatre-vingts


Jean d'Arras, ecrivain frangais du quator-
couteaux tires. II lui donna aussi un bouclier zieme siecle qui compila le roman de Mdlusine.
,

qu'il disait avoir la vertu de Voy. CE MOT.


portant un miroir ,

divulguerles plus grands secrets. Ces armes dis-


Jean d'Estampes. D'anciennes chroniques
rapportent que Jean d'Estampes, I'un des gardes
iparurent un jour ou furent volees; sur quoi De-
lancre conclut' que de France dres-
si les rois de Charlemagne, mourut en 1139, apres avoir
saient, comme les duesdes arsenaux de
d'ltalie, vecu 336 ans mais d'autres disent qu'il ne ve-
;

on y trou- cut que 250 ans: malheureuseraent son secret


vieilleries (ce qu'ils font a present) ,

verait de ces armes enchantees et fabriquees par


de longevite n'est connu de personnel.
quelque magicien ou sorcier. Jean de Leyde ou Jean Bockelson, chef des
anabaptistes de Miinster, qu'il constitua en repu-
Jean, patriarche schismatique de Constanti-
nople. Zonaras conte que I'empereur grec Theo-
pliile, se voyant oblige de mettre a la raison une
i
province revoltee sous la conduile de trois capi-
laines, consulta le patriarche Jean, habile en-

1
chanteur. Celui-ci fit faire trois gros marteaux
d'airain, les mit entre les mains de trois hommes
robustes, et conduisit ces hommes au milieu du
une statue de bronze a trois tetes.
cirque, devant
lis deux de ces tetes avec leurs mar-
abattirent
teaux, et firent pencher le cou a la troisieme
1
sans I'abattre. Peu apres une bataille se donna ,

Ientre Theophile et les rebelles deux des capi- :

Uaines furent tues, le troisieme fut blesse et mis


'

hors de combat et tout renlra dans I'ordre.


,

Jean XXII, pape, mort en 1334, apres un


,
pontificat de dix-huit ans. On lui attribue les
i Taxes de la chambre apostoliquc , traduites en ^OHAN\BQCi^LS0HN KQNIG
DEf^y/lEDEHJAUFFEl^ZU MUNSTE[\,
francais sous le tilre de Taxes des parties casuelles
IN WESTPHALEN
de la boutique du pape. Ce texte presque par- ,

tout, est une supposition d'un proteslant faus- blique communiste et sociale il s'y posa en in-
;

I
saire. On donne encore a Jean XXII V Elixir des spire, fit une constitution ^bouriffante et une reli-
philosophes ou VArt transmutatoire des metaux gion speciale. II etait tailleur a Leyde il se ;

livre qu'il n'a Ce livre a ete traduit du


pas fait. proclama roi a Miinster, prit la couronne et bat-
latin enfranqais; in-12, Lyon, 1557. tit monnaie. II disait qu'il ramenait le regno de

On dit enfin que Jean XXII ou Jean XXI s'oc- Salomon. Dans sa liturgie commode, on dansait,
cupait d'astrologie et s'amusait a supputer les puis on communiait en plein air avec des gateaux
I changements de temps. On a fait la-dessus de et du vin le gateau et la coupe etaient presentes
;

petits contes assez depourvus de sel. aux hommes par des femmes et aux femmes par
Jean ou Iwan Basilowitz, grand -due de des hommes. Devenu roi, Jean, que possedaient
Moscovie, au quatorzieme siecle, tyran cruel. A evidemment plusieurs demons dont il servait les
I'arlicle de la mort, il tomba, dit- on, dans des desirs ,
epousa seize femmes qu'il appela toutes
pamoisons terribles, et son ame fit de penibles reines ; il tua en memo temps tous ceux qui lui

voyages. Dans le premier, il fut tourmente en un 1 Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
1 Tableau de I'inconstancedes demons, etc., liv. V, esprils, liv. IV, p. 301
p. 343. 2 Legall, Calend, vMtab., p. 140.
JEA — 37Zi — JEA

paraissaient suspects de ne pas le venerer. II en Jean de Meung, astrologue qui composa le


venait a se faire adorer, quand les princes qu'il roman de la Rose, ou il monlra bien son savoir,
quoiqn'il ne fut age que de dix-neuf ans lorsqu'il

le fit. II est aussi I'auteur d'un livre intitule

Traite svr la d'ireclion dcs nativiUs et revohitions


des ans; il traduisit le livre des Merveillcs d'lr-
lande. On pretend que c'est lui qui a predit les
'

hauts fails d'armes du connelable de France Ber-


trand du Guesclin'.
I
Jean de Milan ,
astrologue du quinzieme
siecle, qui predit a Velasquez, gouverneur d'His-
paniola ou Saint-Domingue, I'heureuse issue dela
guerre du Perou, entreprise parFernand Cortez.
Jean de Sicile , habile astrologue et theolo-
gien (jui predit le couronnement de I'enipereur
Sigismond. C'est encore lui qui annonga a Bou-
cicault ce qui lui devait advenir, et qui I'avertit
de la trahison que firent aux Francais le marquis
Lc <ia(eau el la coupe elaieiil presonles aux liommcs par dcs
de Montferrat et le comte Francisque, trahison
fcmmes ct aux femmes par dcs homraes. — Page 373.
qu'il evita en fuyant ^.
depossedait I'assiegerent dans Mi'inster, le prirent Jean le Chasseur. Voy. Kojosf.d.
et le mirent a mort siir iin echafaud Jean Mullin. Voy. Mulliiv.

Le supplice de .lean do Leyde el de si's complices.

Jeanne d'Arc, dite la Pucelle d' Orleans , nee France ne fut accablee de calamites aussi grandes
en Champagne a Domremi pres de Vaucouleurs,
,
'
Manuscritde la bibliothequeimperiale, cite dans
sur la lisiere de la Lorraine, en 1/jlO. Jamais la les Remarques de Joly sur Baijle.
1 Voyez, dans la legende du Juif errant et des seize - Manuscrit de la bibliotheque imp^riale, extrait

reines de Miinster, toute I'histoire de Jean de Leyde. du livre de Joly.


,

JEA — 375 JEA

jque diirant le demi-siecle qui preceda I'annee dans le jardin de son pere Tarchange Michel,

memorable ou Ton courage abattu de ses


vit le range Gabriel, sainte Catherine et sainte Mar-
guerriers, pres de subir completement le joiig de guerite, resplendissants de lumiere. Ces saints,
I'etranger, se ranimer a la voix d'une jeune fille depuis, la guiderent dans ses actions. Les voix
de dix-hnit ans. Charles VII etait sur le point de (car elle s'exprimait ainsi) lui ordonnerent d'aller
ceder a I'enneini Chinon, sa derniere place, en aide au roi de France , et de faire lever le

lorsque Jeanne d'Arc parut, vers la fin de fevrier siege d'Orleans. Malgre les avis contraires , elle

1429. Ce n'etait qu'une simple paysanne. Son obeit aux voix et se rendit d'abord a Vaucouleurs.
pere se nommait Jacques d'Arc sa mere, Isabelle
; Jean de Metz, frappe de ce qu'elle lui dit, se
Romee. Des sa plus tendre enfance elle avail chargea de la presenter au roi. lis arriverent tous
montre une timidite sans exemple et fayait le deux, le 2k fevrier a Chinon, oii Charles
U29,
plaisir pour se livrer tout entiere a Dieu; elle lenait sa petite cour. Jeanne s'agenouilla devant
avait seize ans, lorsqu'un jour, a niidi, elle vit lui. L'elonnemeiit fut grand et on hesita d'abord
;

avait donne trop de preuves de sa vaillance et ,

armee avait trop de confiance en elle, pour


qu'on lui accordat sitot sa liberie, Ce fut la cause
de ses malheurs elle les previt, les annonga en
:

pleurant; et bientot, s'etant jetee dans Compiegne


pour defendre cette place contre le due de Bour-
^ogne, elle fut prise par un gentilhomme picard
qui la vendit a Jean de Luxembourg, lequel la
revendit aux Anglais.
Pour se venger de ce qu'elle les avait trop
souvent vaincus, ceux-ci I'accuserent d'avoir
employe les sortileges et la magie a ses triomphes.
On la traduisit devant un tribunal corrompu, qui
a declara fanatique el sorciere. Ce qui n'est pas
moins horrible c'est que I'ingrat monarque qui
,

ui devait sa couronne I'abandonna il crut n'avoir ;

plus besoin d'elle. Le proces se poursuivit avec


devant une mission si merveilleuse ; mais apres activite. Durantl'instruction, Ligny- Luxembourg

un examen serieux et de savantes consultations vint la voir, accompagne de Warwick et de Straf-


on donna a la jeune fille des chevaux et des fort : — Je sais bien, leur dit- elle que ces An- ,

hommes; on I'arma d'une epee que, sur sa reve- glais me feront mourir, croyant qu'apres ma
lation, on Irouva enterree dans I'eglise de Sainte- mort ils gagneront le royaume de France, Mais,
Catherine de Fierbois. Elle se rendit aussitot sous seraient-ils cent mille, avec ce qu'ils sont a pre-
les murs d'Orleans et combattit des le premier
,
sent, ils n'auront pas ce royaume, Fatiguee —
jour avec un courage qui eclipsa celui des grands de mauvais traitements, elle tomba dangereuse-
capitaines. Elle chassa les Anglais d'Orleans, fit mentmalade. Bedfort, Wincester, Warwick char-
ensuite, selon I'ordre qu'elle avait regu , sacrer gerent deux medecins d'avoir soin d'elle, et leur
son roi a Reims, lui rendit Troyes, Chalons, enjoignirent de prendre bien garde qu'elle ne
Auxerre, et la plus grande partie de son royaume. mourut de sa mort naturelle « le roi d'Angleterre ;

Apres quoi, elle voulut se retirer, disant formel- I'avait trop cher achetee pour etre prive de la

lement que sa mission etait accomplie. Mais elle joie de la faire bruler. »
:

JEA 376

Enfin on la conduisit a la place du cimetiere idolatre. Deux peres dominicains la soutenaient


de I'abbaye de Rouen. L'execiiteur I'attendait la elle s'ecriait sur la route : Ah ! Rouen, Rouen,
avec une charrette, pour la mener au buclier tu seras ma derniere demeure !

sous I'escorte de cent vingt homines. On I'avait On avait eleve deux echafauds sur la place du
revetue d'un habit de femme sa tele etait char-
; Vieux-Marche. Les jnges altendaient leur victin €
gee d'une mitre en carton, sur laquelle etaient chargee de fers. Son visage etait baigne de pleurs
ecrits ces mots: Heretique, relap.se, apostate, on la fit monter sur le bucher, qui etait fort eleve,

pour que le peuple entier piit la voir. Lorsqu'elle de vingt-neuf ans. On I'avait vue plusieurs fois
sentit que la flamme approchait, elle avertit les danser au sabbat elle disait que ceux qui y vont
;

deux religieux de se retirer. Tant qu'elle conserva trouvent le temps si court qu'ils n'en peuvent
un reste de vie, an milieu des gemissements que sortir sans regret. II ne parait pas qu'elle ait 6i6
lui arrachait la douleur, on I'entendit repeter brulee
le nom de Jesus, en baisant une croix de bois Jeanne du Hard, sorciere, .saisie a I'age de
qu'elle tenait de ses mains enchainees. Un der- On
cinquante-six ans. la trouve impliquee dans
nier soupir, longiiement prolonge, avertit qu'elle I'affaire de Marie Chorropique, pour lui avoir
venait d'expirer. Alors le cardinal de Wincester touche le bras, lequel devint mort. Nousne dirons
fit rassembler ces cendres, et ordonna qu'elles pas si elle fut brulee ^
fus.sent jetees dans la Seine. Son coeur, dit-on, Jeanne (Mere). Une vieille fille venitienne,
fut respecle par les flammes on le trouva sain
: connue sous le nom de mere Jeanne, infatua
et entier. En face du bucher, s'elevait un ta- tenement Guillaume Postel de ses reveries qu'il
bleau portant une inscription qui qualifiait Jeanne soutint, dans un livre ecrit a son sujet, que la
de meurderesse, invocatrice des demons, apo- redemption des femmes n'avait pas encore ete
state et mal creante de la foi de Jesus-Christ. achevee, et que cette Venitienne devait accom-
Louis XI fit rehabiliter la memoire de Jeanne plir ce grand ouvrage. C'etait la mere que cher-
d'Arc. Deux de ses juges furent brules vifs, deux chent aujourd'hui les saints-simoniens et qu'ils
autres exhumes pour expier aussi dans les
,
ne retrouvent plus.
flammes leur jugement inique. Mais le proces de Jeanne Southcote, Voy. Southcote.
la Pucelle n'en sera pas moins a jamais un sujet Jechiel, rabbin et cabaliste. Voy. Lampe mer-
d'opprobre pour les Anglais et aussi pour le roi VElLLliUSE.
Charles VII
Jeanne Dibisson, sorciere, arretee a I'age
1 Delancre. Tabl. del'mconstance des demons, etc,,

liv. Ill, p. 127.


' Voyez, dans les Legendes des femmes, la vie de 2 Delancre, Tabl.de I'inconstance des demons, etc.,

Jeanne d'Arc. liv. II, p. 107.


;

— 377 — JET
Jedai, divinite peu precise des Tartares de sortait mais sans pousser une seule plainte, sans
;

I'Altai. lis lui donnent cependant le titre de roi, repondre un seul mot sans donner le moindre ,

et ils racontent qu'il possedait un briquet duqiiel temoignage de souffrance, il criait toujours et
il faisait jaillir des guerriers par centaines il en ; sans relache Malheur a toi Jerusalem »
: (( , !

tirait aussi des ponts pour traverser les fleuves, Enfin, un jour qu'il se trouvait sur le rempart,
et des vents qui lui frayaient une route atravers il s'ecria Malheur a moi-meme » et un in-
: (( !

deserts *.
les stant apres il fut ecrase par une des pierres que
Jehovah. Ce nora auguste est employe soiivent langaient les assiegeants \
chez les cabalistes juifs. On le tfQuve dans les Jesabel reine des Israelites, que Jehu fit
,

odieuses et absurdes conjurations "Me la magie manger aux chiens apres I'avoir fait precipiter
noire. du haul d'une tour, et que Bodin met au nonibre
Jenounes. Quelques Arabes nomment ainsi des sorcieres. Elle merite cet opprobre , car elle
une sorte de genies intermediaires entre les anges adorait les demons.
et les diables ils frequentent les bosquets et les
: Jetzer. L'affaire des jacobins de Berne a fait
fontaines, caches sous la forme de divers rep- un grand bruit et les ennemis de la religion
;

tiles, exposes a etre foules sous les pieds des I'ont travestie avec une insigne mauvaise foi.
passanls. La plupart des maladies sont le re- Voici toute I'histoire :

Les dominicains ou jacobins ne s'accordaient


pas entierement avec les cordeliers sur le fait
auguste de I'immaculee conception de la tres-
sainte Vierge. Les dominicains ne I'admettaient
pas absolument. Or, au commencement du sei-
zieme siecle, il y avait au couvent des domini-
cains de Berne alors fort relache quatre mau-
,
,

vaismoines, quiimaginerentune affreusejonglerie


pour faire croire que la sainte Vierge se pronon-
qait contre les cordeliers, qui defendaient une de
sultatde leurs vengeances. Lorsqu'un Arabe est ses plus belles et de ses plus incontestables pre-
indispose, il s'imagine avoir outrage un de ces rogatives. Ils avaient parmi eux un jeune moine,
agents invisibles; il a aussitot recours a une ma- simple et credule, nomme Jetzer; ils lui firent
gicienne qui se rend a quelque source voisine y ,
apparaitre pendant la nuit des ames du purga-
brule de I'encens et sacrifie un coq ou une toire et lui persuaderent qu'il les delivrerait en
poule, un belier ou une brebis, suivant le sexe, restant couche en croix dans une chapelle pen- ,

la qualile du malade ou la nature de la maladie. dant temps qu'on celebrerail la sainte messe.
le

Jerome (Saint). On a eu le front de lui at- On lui fit voir ensuite sainte Barbe a laquelle il ,

tribuer des livres de necromancie , et parliculie- avait beaucoup de devotion, et qui lui annonga
rement I' Art notoire. Voy. ce mot. qu'il etait destine a de grandes choses. Par une
Jerome, habitant de Plaisance au quinzieme nouvelle imposture sacrilege, le sous-prieur, qui
siecle. Seduit par une magicienne, il se frotta etait un des quatre moines criminels fit le per- ,

d'un obguent qu'elle lui donna et fit certains si- sonnage de la sainte Vierge, s'approcha la nuit
gnes qu'elle lui indiquait. 11 se sentit aussi en- de Jetzer et lui donna trois gouttes de sang di- ,

leve , comme s'il eiit ete sur un cheval , et era- sant que c'etaient trois larmes que Jesus-Christ
porte au sabbat, autour du noyer de Benevent. avaient r^pandues sur Jerusalem. Ces trois larmes
ficlaire ainsi il renonga a Satan et entra dans
, signifiaient que la sainte Vierge etait restee trois
I'ordre de Saint-Benoit, oia il mourut chretien. heures dans le peche originel... Cette explication
Jerusalem. Avant la destruction de Jerusalem etait rehaussee de diatribes contre les cordeliers.
par Titus, de Vespasien, on distingua, dit-on,
fils Jetzer, qui etait de bonne foi et qui avait I'ame
une eclipse de lune qui se repeta douze nuits de droite, s'inquietait de la passion qui pergait dans
suite. Un soir, vers le coucher du soleil, on cette affaire^ et se troublait surtout de reconnaitre
aperqut dans des chariots de guerre des
I'air , la voix du sous-prieur dans la voix de la sainte
cavaliers, des cohortes de gensarmes, qui, meles Vierge. Pour le raffermir , on I'endormit avec un
aux nuages couvraient toute la ville et I'envi-
, breuvage et on voulut le stigmatiser puis, comme ;

ronnaient de leurs bataillons. Pendant le siege, il ne repondait pas a I'espoir qu'on avait mis en
et peu de jours avant la mine de la ville on vit , lui, on chercha, dit-on, a I'empoisonner et on
tout a coup parailre un homme absolument in- I'enferma mais il trouva moyen de s'echapper
;

connu, qui se mit a parcourir les rues et les il s'enfuit a Rome, ou ii revela toute I'intrigue. Le

places publiques, criant sans cesse « Malheur


: saint-siege fit poursuivre les moines scelerats et
a toi, Jerusalem ! » On le fit baltre de verges on ;
' Voyez Josephe, Hisloire de la guerre de Judee;
le dechira de coups, pour lui faire dire d'ou il
Bossuet Discours sur I'histoire universelle, deuxi^me
,

* Revue germanique, aoiit i860, p. 449. partie, ch. viii.


»

JEU — 378 — JOS

les fit livrer au bras seculier. Les quatre domini- minuit sonnant, il recevrait son prix. Le mar-
cains coupables furent brules le 31 mars 1509, a cband y alia , son argent lui fut paye en pieces
la porle de Berne. Mais malheur de ces grandes le antiques, et I'acheteur I'invita a visiter sa resi-
profanations, c'est que les ennemis de I'Eglise dence. II suivit avec etonnement plusieurs lon-

oublient la reparation ou la taisent, et n'en gar- gues rangees de stalles, dans chacune desquelles
dent que le scandale, un cheval se tenait immobile, tandis qu'un soldat
Jeu. Prenez uneanguiile morteparfaute d'eau ;
arme de toutes pieces etait couche aussi sans ,

prenez le liel d'un taureau qui aura ete lue par mouvement, aux pieds de chaque noble animal,
la fureur des chiens; mettez-le dans la peau de u Tons ces hommes , dit a voix basse le maitre
cette anguille, joignez-y une drachme de sang de du lieu, s'eveilleront a de Sheriffmoor.
la bataille

vautour liez la peau d'anguille par les deux


; A I'extremite etaient suspendus une epee et
bouts avec de la corde de pendu et cachez cela , un cor qui devait rompre le charme. Le jockey
dans du fuinier chaud I'espace de quinze jours; prit le cor et essaya d'en donner. Les chevaux
puis vous le ferez secher dans un four chauffe tressaillirent aussitot dans leurs stalles; les sol-
avec de la fougere cueiilie la veille de la Saint- dats se leverent et firent retentir leurs armes.
Jean et vous en ferez un bracelet sur lequel
, , Une voix forte prononga ces mots : « Malheur au
vous ecrirez avec une plume de corbeau et de lache qui ne saisit pas le glaive avant d'enfler le

votre propre sang ces quatre lettres HVTV, et, cor. » Un tourbillon de vent chassa I'acheteur
portant ce bracelet autour de votre bras, vous de la caverne , dont il ne put jamais retrouver
ferez fortune dans tons lesjeux'. Voy. Roitelet. I'enlree
Jeudi. Les sorciers font ce jour-la un de leurs Jogonnata. Voy. Jagghernat.
plus abominables sabbats, s'il faut en croire les Johannes de Gurus. Voy. Flaxbinber.
demonomanes. Johnson (Samuel). Johnson, incredule pour
Jezer-Tob, Jezer-Hara. Suivant I'ancienne lout ce qui n'etait qu'extraordinaire, adoptait
cabale des Juifs monde des esprits est par-
, le avec plus de con fiance lout ce qui senlait le mi-
tage, comme notre monde en deux categories , : racle, traitant do fable, par exemple, un pheno-
les esprits de lumierede tenebres. et les esprits mene de la nature, et ecoutant volontiers le recit
Jezer-Tob est le chef ou president des esprits d'un songe; doulant du tremblement de terre de
de lumiere, et Jezer-Hara le chef des esprits de Lisbonne pendant six mois, et allanl a la chasse
tenebres ou demons. du revenant de Cock-Lane; rejetant les genealo-
Joachim, abbe de Flore, en Calabre, passa gies et les poemes celliques, et se declarant pret
pour prophete pendant sa vie et laissa des livres a ajouter foi a la scconde vue des montagnards
de predictions qui out et^ condamnes en 1215 d'Ecossc. En religion, plusieurs de ses opinions
par le concile de Latran. On lui attribue aussi etaient plus que libres, et en me-ne temps il vi-
I'ouvrage intitule I'Evangile elernel. vait sous la J,yrannie de cerlaincs praliques su-
Job. Des alchimistes disenl que Job, apres son perstitieuses ^.

affliction, connut le .secret de la pierre philoso- Joli-Bois. Voy. Verdelet.


phale, et devint si puis.sant qu'i! pleuvait chez Jongleurs. Voy. Escamoteuhs, Harvis, Char-
lui du sel d'or : idee analogue a celle des Arabcs, latans, etc.

qui tiennent que la neige et les pluies qui tom- Jormungandur, serpent monsirueux de I'en-
baient chez lui elaient precieuses.
Isidore place dans I'ldumee la fontaine de Job,
claire trois mois de I'annee , trouble trois mois,
verte trois mois et rouge trois autres mois. C'est
peut-etre cette fontaine que , selon les musul-
mans, I'ange Gabriel fit sortir en frappant du
pied, et dont il lava Job et le guerit.
Jobard, savant tres-spiriluel, mort a Bruxelles
en 1861. Les spirites de Paris Font evoque; il a
repondu au moins on I'assure et les journaux
: ;

annoncaient, au commencement de 1862, que sa


verve etait tres-comprometlante pour beaucoup
de savants restes en vogue.
Jocaba. Voy. Cincinnatui.us.
fer scandinave, ne du diable et de la geante
Jockey des Fees. On a souvent repete, en
Angerbode.
Ecosse, I'histoire d'un audacieux jockey, lequel
Josefsdal (Vallee de Josef). De nos jours en-
vendit un cheval a un vieillard Ires-venerable
d'exterieur, qui lui indiqua, dans les montagnes
d'Eildon, Lucken-Hare comme I'endroit ou, a
' W alter ScottDemonologie.
,

contempo-
2 J. Macaulay, Samuel Johnson et ses

1 Admirables secrets du Petit Albert, p. 25. rains.


JOS — 379 — JUI

core, on donne ce notn, en Suede, au lieu ou se Judas eut vendu son maitre, Ahasverus abandonna
fait le sabbat des sorciers. aussi celui qu'on trahissait.
Joseph. On croit dans plusieurs pays que les
magiciens et sorciers n'ont aucun pouvoir sur
ceux qui ont recu au bapteme le nom de Joseph
Josue Ben -Levi, rabbin si ruse et si sage
qu'il trorapa le ciel et I'enfer tout ensemble.
Comme il etait pres de trepasser, il gagna si
bien le diable qu'il lui fit promettre de le porter
jusqu'a I'entree du paradis, lui disant qu'il ne
voulait que voir le lieu de I'habitation divine, et
qu'il sorliraitdu monde plus content. Le diable,
ne voulant pas lui refuser cette satisfaction, le

porta jusqu'au guichet du paradis; mais Josue,


s'en voyant si pres, se jeta dedans avec vitesse,
laissant le diable derriere, et jura par le Dieu
vivant qu'il n'en sortirait point. Dieu, disent les
rabbins, fit conscience que le rabbin se parjurat Comme on conduisait Jesus au Calvaire charge
et consentit a ce qu'il demeurat avec les justes^. de I'instrument de sa mort, le bon Sauveur voulut
Jours. Les magiciens et sorciers ne peuvent se reposer un instant devant la boutique du cor-
rien deviner le vendredi ni le dimanche. Qae\- donnier, qui ,
craignant de se compromettre , lui

ques-uns disent meme que le diable ne fait pas dit : (( ne veux pas qu'un cri-
Allez plus loin ,
je

ordinairement ses orgies et ses assemblees ces minel se repose a ma porle. » Jesus le regarda
jours-la mais ce sentiment n'est pas general. Si on
;
et lui repondit « Je vais et reposerai; mais
:

rogne ses ongles les jours de la semaine qui ont vous marcherez et vous ne reposerez pas vous ;

un r, comme le mardi, le mercredi et le vendredi, marcherez tant que le monde durera et au juge- ,

il viendra des envies aux doigls. II n'est pas facile ment dernier vous me verrez assis a la droile
d'en donner la raison. Suivant une autre croyance de mon Pere, » Le cordonnier prit aussitot un
repandue en Hollande, en ne coupant ses ongles baton a la main et se mit a marcher sans pouvoir
que le vendredi, on n'a jamais mal aux dents. On s'arreter nulle part. Depuis dix-huit siecles il a

a fait des tables des jours heureuxet malheureux parcouru toutes les contrees du globe sous le
pour chaque mois; mais comme elles varient nom de Juif errant. II a affronte les combats les ,

toutes, le jour heureux de I'une etant malheureux naufrages, les incendies. II a cherche partout la
dans I'autre nous laissons aux amateurs le soin
,
mort et ne I'a pas trouvee. II a toujours cinq sous
de dresser ces tables a leur gre pour leur usage'. dans sa bourse. Personne ne pent se vanter de
Judas Iscariote. Apres sa trahison inl'ame, I'avoir vu; mais nos grands-peres nous disent

il fut possede du diable et se pendit a un sureau. que leurs grands-peres I'ont connu, et qu'il a
Les Flamands appellent encore les excroissances paru, il y a plus de cent ans, dans cerlaines
parasites de I'ecorce du sureau sueur de Judas \ villes. Les aieux de nos grands-peres en disaient

Jugement de Dieu. Voij. fipREUVES, Orda- aulant, et les bonnes gens croient a I'existence
LiE , etc. personnelle du Juif errant.
Jugement dernier. Les musulmans disent Ce n'est pourtant qu'une allegorie ingenleuse,

que le jour du jugement dernier durera cinquante qui represente toute la nation juive, errante et
mille ans. Mais chacun y sera si occupe qu'on ne dispersee depuis I'anatheme tombe sur elle. Leur
s'en apercevra pas. race ne se perd point, quoique confondue avec
Juif errant. On voit dans la legende du Juif les nations diverses, et leurs richesses sont a
errant que ce personnage etait cordonnier de sa peu pres les memes dans tous les temps aussi
profession, et qu'il se nommait Ahasverus; mais bien que leurs forces. M. Edgar Quinet a fait sur
la complainte I'appelle Isaac Laquedem. A I'age Ahasverus un poeme humanitaire M. le baron ;

de dix ans, avait entendu dire que trois rois


il de Reiffenberg une chronique *.
cherchaient nouveau roi d'Israel; il les suivit
le Juifs. Independamment de ce coup de foudre
et visita avec eux la sainte elable de Bethleem. II qui marque partout les juifs et les fait partout

allail souvent entendre Notre-Seigneur. Lorsque reconnailre y a sur eux plusieurs signes d'a-
, il

bandon. Tant qu'ils ont ete le peuple fidele, ils


' L'aUiance de saint Joseph, Bruxelles, 1695. ont conserve intact le depot des saintes Ecritures.
p. 16. Depuis leur crime les enseignements de Moise
,

2 Voyez aussi, dans Legendes infernales,


les le et des proph^tes se sont etouffes chez eux sous
marechal de Tamine.
les incroyables absurdites du Talmud ; et le sens
^ Voyez sur les jours les Legendes du calendrier.
^ Voj^ez les traditions sur Judas dans les Legendes ' Voyez les Legendes du Juif errant et des seize
du Nouveau Testament. reines de Munster.
JUI — 380 — JUI

n'est plus avec eux. La terre sainte, qui elait le Parmi les moyens que Ton employait pour les
plus fertile et le plus beau pays du monde, inau- decouvrir, en est un singulier que rapporte
il

dile depuis dix-huit siecles, est devenue si mi- Tostat dans son livre des Demons : c'etait une
serable qu'elle ne nourrit plus ses rares habi- tete d'airain, une androide, qui, en Espagne,
tants. Partout les juifs se sont vus ma! toleres. dil-il, revelait les juifs caches...
Souvent on les poursuivit pour des crimes ima- Ilsfaisaient I'usure et depouillaient les Chretiens
ginaires mais leur histoire est souvent chargee
; dans les contrees ou ils etaient soufferts; puis,
de crimes trop reels. On les chassade I'Espagne, quandils avaienttout ravi, les princes qui avaient
qu'ils voulaient dominer et sans cette mesure
; besoin d'argent les faisaient regorger avec vio-
la Peninsule serait aujourd'hui la proie des juifs lence. Dans de tels cas, ils essuyerent surtout de
et desMaures. Souvent, sans doute, on mit peu grandes vexations chez les Anglais. Le roi Jean
d'humanite dans les poursuites exercees contre lit un jour emprisonner les riches juifs de son

eux mais on ne les bannissait pas sans leur


; royaume pour les forcer a lui' donner de I'ar-
donner trois mois pour s'expatrier, et ils s'obsti- gent; un d'eux, a qui on arracha sept dents
naient a demeurer dans les pays ou leurs tetes I'une apres I'autre, en I'engageant de la sorte a
etaient proscrites. contribuer, paya mille marcs d'argent a la hui-

Des Juifs, & Coiislanlinople, dircnl qu'ils seraicnt les seuls qui cnlreraient au paradis — Page 381.

tieme. Henri 111 tira d'Aaron, juif d'York, qua- ront maries ; et leurs jours seront heureux ; et
ranle mille marcs d'argent et dix mille pour la vous jouirez longtemps de leur bonheur.
reine. II vendit les autres Juifs de son pays a son » Le bois que sollicitent ces enfants est destine
frere Richard pour le terme d'une annee, aiin a hruler C'est le soir du jeudi saint des
les juifs.

que ce comte eventrat ceux qu'il avait deja Grecs qu'on allume les feux chaque petite troupe ;

ecorches , comme dit Matthieu Paris... En ge- aliumelesien. Onfabrique unhonimedepailleavec


neral, lorsqu'on tolerait les juifs, on les dislin- le costume juif et la victime en efTigie estainsi
,

guait des autres habitants par des marques in- conduite devant le feu, au milieu des clamours
famantes. et des huees. Lesenfanlsdeliberentgravement sur
Avant de quitter Jaffa, dit un illustre voya-
« le genre de supplice auquel il faut condamner
geur, je ne vous parlerai pas d'une coutume que risraelite les uns disent
; Crucifions-le, il a cru-
:

vous ignorez peut-elre et qui est etablie chez les cifie Jesus- Christ; les autres Coupons-lui la :

Grecs de cette ville. Chaque soir, pendant le ca- barbe et les bras; puis la tete; d'autres enfin :

reme, les petits enfants des families grecques Fendons-le, dechirons-lui les entrailles, car il a
vont a la porle des maisons chretiennes et de- tue noire Dieu. Le chef de la troupe, prenant
mandent avec des cris monotones, qu'on pren- alors la parole : — Qi-i'sst-il besoin, dit-il , de re-
drait pour une complainte, du bois ou des paras courir a tous ces supplices? II y a la un feu tout
(liards) pour acheter du bois. Donnez, don- — allume ; brulons le juif. — Et le juif est jete dans
nez, disent-ils; et I'an prochain yds enfants se- les flammes. — Feu, feu, s'ecrient les enfants,
: ;

JUI — 381 — JUI

ne I'epargne pas, devore-le il a soufflete Jesus- ; oblige de faire descendre du toit mon fils qui est
Christ; il lui a cloue les pieds et les mains. — en danger; quand je I'aurai sauve, je vous re-
Les enfants enumerent ainsi loutes les souffran- mettrai I'echelle. Et ainsi des autres circon-
ces que les juifs firent endurer au Sauveur. stances. »

Quand la victime est consumee, on jette au vent Ce passage n'est qu'une paraphrase du texte
»

ses cendres avec des imprecations; et puis cha- talmudique de VAvoda-Sara, chap, n, qui pres-
cun se retire, satisfait d'avoir puni le bourreau ent les memes manoeuvres pour faire perir les
du Christ. —
De semblables coulumes portent heretiques. II ajoute un autre expedient, celui
avec elles leiir caractere, et n'ont pas besoin de fermer le puits de au moyen d'une pierre , et
d'etre accompagnees de reflexions » dire qu'on convert de crainte que le betail
I'a

Les diverses religions sont plus ou moins to- n'y tombat. L'objet de ces homicides est moins
lerees dans les Etais des Turcs et des Persans. determine dans le Talmud que dans le passage de
Des juifs, a Constantinople, s'aviserent de dire, Maimonides ; il laisse plus de latitude aux coups
en conversation qu'ils seraient les seuls qui en- meurtriers. Tons les minim sont designes au fer

,

treraient dans le paradis. Oii serons-nous done, assassin ; que les Chretiens sont
et il est notoire
nous autres ? leur demanderent quelques Turcs appeles de ce nom. Le Talmud appelle les Evan-
avec qui ils s'entretenaient. — Les juifs, n'osant giles le livre des minim. Maimonides compLe
pas leur dire ouvertement qu'ils en seraient ex- parmi les heretiques [minim) ceux qui pretendent
clus, leur repondirent qu'ils seraient dans les que Dieu a pris un corps et qui adorent, outre le
cours. Le grand vizir, informe de cette dispute, Seigneur, un mediateur entre lui et nous, c'est-
envoya chercher les chefs de la synagogue et a-dire les Chretiens.
leur dit que puisqu'ils plagaient les- musulmans
,
)) La haine des juifs contre les Chretiens est
dans les cours du paradis il etait juste qu'ils leur , ancienne. Sans remonter au premier siecle , tout
fournissent des tentes, afin qu'ils ne fussent pas plein d'exemples sanglants, Khosroes, roi de
eternellement exposes aux injures de Pair. On Perse, fit, en 615, une irruption sur la Pales-
pretend que c'est depuis ce temps-la que les tine il comptait sur les juifs pour se defaire des
;

juifs, outre le tribut ordinaire, payentune somme Chretiens. II prit Jerusalem et (it une multitude
considerable pour les tentes du grand seigneur et de prisonniers Chretiens qu'il vendit aux juifs.
de toute sa maison quand il va a I'armee ^. ,
Leur empressement fut tel que chacun consa-
Nous ne reveillerons pas ici les accusations crait une partie de son patrimoine a I'achat des
portees contre les juifs a propos de I'assassinat prisonniers Chretiens, qu'il massacrait aussitot.
commis a Damas le 5 fevrier 18/(0, contre
, le Mais est-ce vrai? Basnage, dans son Histoire des
pere Thomas et son domestique. Cgux qui ont lu juifs, raconte ces massacres sans elever le
les pieces olTicielles proces savent ce de ce triste moindre doute sur leur authenlicite. Des Juifs
qu'ils doivent en penser. Mais nous extrairons converlis ont avoue plusieurs fois que cliez eux
du savant Journal hislorique et litteraire de Liege on massacrait des enfants voles ou achetes, sous
(Janvier 18/(1) un passage relatif a la doctrine pretexte qu'en les tuant on empechait toute une
des juifs sur meurtrele : race idolatre de naitre. On peut aller loin avec
« Le celebre rabbin Maimonides, morten 1205, ce principe.
ecrivait a I'epoque ou les juifs furent le plus ac- » le precepte du De-
Leurs rabbins disent que
cuses de meurtres sur les Chretiens. Un de ses calogue : Non
vous ne tuerez point, occides,
principaux ouvrages est le Jad Cliazakah ou la n'oblige qu'a I'egard des Israelites. Levi ben
Main forte, qui est un abrege substautiel du Gersom, dans son commentaire sur le Penta-
Talmud. Voici ce qu'il dit teuque, dit « Les paroles Vous ne tuerez point
:

« II nous est ordonne de tuer les heretiques signifient : vous ne tuerez point parmi les Isi'ae-
[minim) c'est-a-dire ceux des Israelites qui se
,
liles ; nous est permis de tuer les animaux
car il

livrent a I'idolatrie, ou celui qui peche pour irri- il nous est aussi ordonne de tuer une partie des
ter le Seigneur, et les epicuriens, c'est-a-dire nations, comme Amalech et les autres nations a
ceux des Israelites qui ri'ajoulent pas foi a la loi qui nous est commande de ne pas laisser la
il

et a la prophetie. Si quelqu'un a la puissance de vie. II est done clair que le commandement


les tuer publiqueraent par le duel, qu'il les tue defend seulement de tuer les Israelites. »
de cetle maniere. S'il ne peut faire ainsi, qu'il » Maimonides dit aussi qu'on viole ce comman-

tache de les circonvenir par fraude jusqu'a ce dement lorsqu'on tue un Israelite, laissanl assez
qu'il leur aitdonne la mort. Mais de quelle ma- entendre qu'on ne le viole pas en tuant un Chre-
niere? Je reponds : S'il voit I'un d'eux tombe au tien ou un gentil. Un Israelite qui a tue un <(

fond d'un puits dans lequel une echelle avait ete etranger habitant parmi nous, dit-il ailleurs, ne
placee auparavant, qu'il la retire et dise Je suis : peut d'aucune maniere etre condamne a mort. »
Dans le Bava mezia, il est encore dit que les
* Michaud et Poujoulat, Correspondance del' Orient. des hommes et que les autres peuples
juifs sont
2 Saint-Foix, Essais, t. IL du monde sont des brutes. Les rabbins ensei-
! ,;

JUL — 382 — JUR


gnent que les autres peoples du monde n'ont pas Apres sa mort, on trouva dans le palais qu'il
d'ame humaine; et ils les traitent, surtoiil les habitait des charniers et des cercueils pleins de
Chretiens, de pores, de boeiifs, de chiens, d'anes tetes et de corps morts. En la ville de Carres de
et de sangliers. Des lors le precepte Vous ne : Mesopotamie dans un temple d'idoles, on trouva
,

tuerez point, n'obligeant point envers les ani- une femme morte pendue par les cheveux, les
maux ,
n'oblige pas envers les Chretiens. bras etendus, le ventre ouvert et vide. On pre-
» Ces doctrines ne sont de Moise, ni
ni celles tend que Julien I'avait immolee pour apaiser les
celles des autres livres saints, Ce sont les doc- dieux infernaux auxquels il s'etait voue et pour ,

trines des talmudistes rabbins ou scribes. Mais


, apprendre par I'inspection du foie de cette femme
Buxtorf assure {in Synagoga Juddica) que cet le resultat de la guerre qu'il faisait alors centre
axiome est vulgaire Mon fils, faites plus atten-
: les Perses.

tion aux paroles des scribes (ou rabbins) qu'a La mort de I'Apostat fut signifiee, dit-on, dans
celles de la loi. Salomon Jarchi, un des plus fa- plusieurs lieux a la fois, et au meme moment
meux docleurs juifs, ecrit dans ses commen- qu'elle advint. Un de ses domestiques, qui allait
taires sur le Deu teronome « Vous ne vous ecar-
: le trouver en Perse , ayant ete surpris par Igi

terez pas des paroles des rabbins, quand meine nuit et oblige de s'arreter dans une eglise, faute
ils vous diraient que votre main droite est votre d'auberge, vit en songe des aputres et des pro-
main gauche, ou que votre gauche est votre pheles assembles qui deploraient lescalamitesde
droite. Vous le ferez done bien moins lorsqu'ils I'Eglise sous un prince aussi impie que Julien
appelleront votre droite, droite, et votre gauche, et un d'entre eux, s'etant lev^, assura les autres
gauche. » qu'il allait y porler remede. La nuit suivante,

Cependant, de nos jours et chez nous, les ce valet, ayant vu dans son sommeil la meme
juifs, non plus toleres seulement, mais devenus assemblee, vit venir I'homme de la veille qui
citoyens ne s'occupent plus de la magie comme
, annonga la mort de Julien. Le philosophe Di-
autrefois et abandonnent completement les doc- dyme d'AIexandrie vit aussi en songe des hom-
trines desolantesde leursvieux talmudistes. Nous mes montes sur des chsvaux blancs, et courant
pourrions en citer plusieurs parmi les notables dans les airs en disant » Annoncez a Didyme ;

qui comprennent le lien des deux testaments et qu'a cette heure Julien I'Apostat est tue. »
qui sont beaucoup plus pres du catholicisme que Jung, auteur allemand, vivant encore peut-
les philosophes et quelques protestants. Dieu etre. 11 a ecrit sur les esprits un ouvrage inti-
veuille qu'ils deviennent tous bien tot nos freres tule Tliiorie de Gclsler - Kunder, Nuremberg,
en Jesus-Christ 1808, in-8°.
Julian I'Apostat, ne en 331, empereur ro- Junier, demon invoque comme prince des
main morten 363. Variable dans sa philosophic,
,
anges dans les litanies du sabbat.
inconstant dans sa maniere de penser, apres Jupiter- Ammon. Les Egyptiens portaient sur
avoir ete chretien il retomba dans le paganisnie.
, le canir, comme un puissant preservatif, une

Les ennemis seuls de I'Eglise ont Irouve dans amulette ou philactere, qui etail une lame sur
quelques qualites apparentes des pretextes pour laquelle ils ecrivaient le nom de Jupiter-Ammon.
faire son eloge. Ce sage consultait Apollon el Ce nom etait si grand dans leur esprit, et meme
sacrifiait aux dieux de pierre, quoiqu'il connut chez les Remains, qu'on en croyait I'invocation
la verile. Les demonomanes Font mis au nombre suflisante pour obtenir toutes sortes de biens.
des magiciens; et il est vrai qu'il croyait ferme- On salt que Jupiter-Ammon avait des cornes de
ment a la magie, qu'il attribuait a cette puis- beiier. Sa statue, adoree a Thebes, dans la haute
sance les miracles de Notre-Seigneur, dont il Egyple, etait un automate qui faisait des signes
ii'elait pas assez stupide pour nier I'evidence, et de tete.
il expliquait de la meme maniere les prodiges Jurement. « C'est une chose honteuse dit ,

que Dieu accordait alors encore a la foi ferme un bon legendaire, que d'entendre si souvent
des Chretiens. Eniin avec Maximus et Jamblique,
, repeter le nom du diable sans necessite. Un pere
ilevoquait les esprits, consultait les entrailles en colere dit a ses enfants Venez ici, mau- : —
des victimes et cherchait I'avenir par la necro- vais diables Un autre s'ecrie
! Te voila bon : — ,

mancie. II avait des visions Aramien Marcellin : diable! Celui-ci qui a froid vous' I'apprend en
rapporte que peu avant sa mort comme il ecri- , disant : — Diable ! le temps est rude. Celui-la

vait dans sa tente a I'imilation de Jules Cesar,


, qui soupire apres la table dit qu'il a une faim
il vit parailre devant lui le genie de Rome avec de diable. Un autre qui s'impatiente souhaite
un visage bleme. que le diable I'emporte. Un savant de societe
Il fut tue par un trait que personne ne vit ve- quand il a propose une enigme s'ecrie brave- ,

nir, a I'agede trente-deux ans. Ennemi acharne men t : —


Je me donne au diable si vous devinez
de Jesus-Christ, il recueillit, dit-on, en tombant, cela. Une chose parait-elle embrouillee, on vous

un peu de son sang dans sa main et le langa vers avertit que le diable s'en mele. Une bagatelle

le ciel en disant « Tu as vaincu, Galileen


: » !
est-elle perdue on dit qu'elle est a tous les dia-
,
,

JUR — 383 — KAA


bies. Un honime laborieux prend-il quelques mo- au Mans. Le jour venu l'avocat gascon, ayant
,

ments de sommeil, un plaisant vient vous dire que longuement reflechi sur les moyens qu'il avait a
le diable le berce. —
Ce qu'il y a de pis, c'esL que prendre pour ne courir aucun peril s'avanga ,

des gens emploient le nom du diable en bonne devant les juges et demanda qu'avant de re-
part ainsi on vous dira d'une chose mediocre
; : courir a une plus violente ordalie on lui permit
— Ce n'est pas le diable. Un homme fait-il plus d'abord d'essayer celle-ci c'est-a-dire qu'il se
,

qu'on ne deraande, on dit qu'il travaille comma le donnait hautement et fermement au diable, lui
valet du diable. Que Ton voie passer un grenadier et sa partie, s'ils avaient touche I'argent dont ils

de cinq pieds dix pouces , on s'ecrie :


—Quel grand niaient la dette. Les juges, etonnes de I'audace
diable! D'un homme qui vous etonne par son du Gascon se persuaderent la-dessus qu'il etait
,

esprit ,
par son adresse ou par ses talents vous , necessairement fort de son innocence et se dis-
dites : — Quel diable d'homme On dit encore ! : posaient a I'absoudre mais auparavant ils or-
;

Une force de diable un esprit de diable un cou-


, , donnerent a l'avocat de la partie adverse de pro-
rage de diable un homme franc est un bon
; noncer le meme devouement que venait de faire
diable; un homme qu'on plaint, un pauvre l'avocat gascon. —
II n'en est pas besoin s'ecria ,

diable; un homme divertissanl a de I'esprit en aussitot du fond de la salle une voix rauque.
diable, etc. et une foule de mots semblables.
, En meme temps on vit paraitre un monstre
Ce sont de grandes aberrations. » noir, hideux ayant des cornes au front, des ailes

,

Un pere en colere dit un jour a son fils : de chauve-souris aux epaules, et avancant les
Va-t'en au diable Le fils, etant sorti peu apres,
! griffes sur l'avocat gascon Le champion,
rencontra le diable qui I'emmena et on ne le, , tremblant, se hata de revoquer sa parole, en
revit plus Un autre homme, irrite contre sa suppliant les juges et les assistants de le tirer des
fille qui mangeait trop avidement une ecuelle de griffes de I'ange des tenebres. —
Je ne cederai
lait, eut I'imprudence de lui dire : — Puisses-lu repondit le diable, que quand le crime sera
avaler le diable dans ton ventre ! La jeune lille revele
presence du demon et elle fut
sentit aussitot la , Disant ces mots, il s'avanca encore sur le plai-
possedee plusieurs mois ^. Un mari de mauvaise deur manceau et sur l'avocat gascon.... Les deux
humeur donna sa femme au diable ; au meme menteurs, inlerdils, se haterent d'avouer, I'un,
instant, comme bouche de
s'il fut sorti de la qu'il devait la somme qu'on lui demandait,
I'epoux, le demon entra par I'oreille dans le I'autre qu'il soutenait sciemment une mauvaise
,

corps decette pauvre dame'. Ces contes vous font cause. Alors le diable se retira; mais on sut par
rire puissent-ils vous corriger
; ! la suite que le second avocat, sachant combien
Un avocat gascon avait recours aux grandes le Gascon etait peureux, avait ete instruit deson
'figures pour emouvoir ses juges. II plaidait au idee qu'il avait en consequence affuble son do-
;

quinzieme siecle, dans ces temps ou les juge- mestique d'un habit noir bizarrement taille et
ments de Dieu etaient encore en usage. Un jour I'avait equipe d'ailes et de cornes pour decouvrir
qu'il defendait la cause d'un Manceau cite en la verite par ce ministere. Voi/. Imprecations.
justice pour une somme d'argent dont il niait la Jurieu, ministreprotestant, ne en 1637, mort
dette, comme il n'y avait aucun temoin pour en 1713. 11 prit ses desirs pour des inspirations
qu'on au-
eclaircir I'affaire, les juges declarerent et se fit prophete. Dans son livre De I'accom- ,

rait recours a une epreuve judiciaire. L'avocat plissement des propheties , il annongait en 1685,
de la partie adverse, connaissant I'humeur peu avec la ferme assurance d'un oracle, que dans
belliqueuse du Gascon demanda que les avocals , cinq ans le calvinisme triompherait par toute la
subissent I'epreuve, aussi bien que leurs clients; France. Mais 1690 arriva et n'eut pas la com-
le Gascon n'y consentit qu'a condition que I'e- plaisance de lui donner raison. Ce qui I'aplatit
preuve fiat a son choix. — La chose se passait un peu.

K
Kaaba. Ce lieu celebre a la Mecque dans , selon les croyances musulmanes. Le seuil est un
I'enceinte du temple ou plutot de la mosquee, bloc de pierre qui a ete , disent les Arabes, la
est, dit-on, la maison d'Abraham, batie par lui, statue de Saturne , autrefois elevee sur la Kaaba
meme, renversee par un prodige, ainsi que
et
' Ccesarii Heisterb. miracul., lib. V, cap. xn.
2 Ejusdem, cap. ii, ibid.
toutes les autres idoles du lieu, au moment de la
3 Ejusdem, cap. ii, ibid. naissance de Mahomet.
» ,

KAB — m— KAH
La Kaaba est un petit edifice d'une quinzaine ne pent faire que sous la conduite d'un etre su-
de pieds. Les musiilmans I'appellent la rnaison perieur. C'est, dil-on, lademeure des genies. II
|

carree et la maison de Dieu dans le Koran elle ; est souvent parle de cette montagne dans les
est designee comme le lieu le plus saint de la conies orientaux. Voy. Sakhrat.
terre aussi les bons musulmans se tournent-ils
: Kaha, malefice employe aux iles Marquises.
toujours dans leurs prieres vers la Kaaba et il ; Les habitants attribuent au Kaha la plupart de
faut etre peu devot pour n'en pas faire au moins leurs maladies. Voici comment il se pratique :
|
une fois en sa vie le pelerinage. On y revere la « Quelque sorcier aura attrape de Voire salive
fameuse pierre noire qui servait d'echafaud a et puis il vous a lie du terrible Kaha ou malefice
Abraham lorsqu'il magonnait la maison carree. du pays en enveloppant cette salive dans un
,

On conte qu'elle se haussait et se baissait d'elie- morceau de feuille d'arbre et la conservant en sa


meme, selon les desirs du patriarche. Elle lui puissance. II tient la voire ame et votre vie en-
avait ele apportee par I'ange Gabriel ; et on chainees. — A ce mal remede ceux qui
voici le :

ajoute que cette pierre, se voyant abandonnee ont eu le pouvoir de vous jeter le charme ont
apres qu'on n'eut plus besoin d'elle, se mit a aussi le pouvoir de vous I'oler, moyennant quel-
pleurer; Abraham la consola en lui promettant que present. Le sorcier vient done se coucher
qu'elle serait exlremement veneree des musul- pres de vous; il voit ou il entend le genie da
mans ; et il la plaga en efTet pres de la porle, ou mal ou de la maladie quand il enlre en vous et
par tous les pelerins.
elle est baisee quand il en sort, car il parail que ces genies se
Kabiresdieux des morts, adores tres-an-
,
promenent souvent; etil Tattrape comme au vol,.
|

ciennement en Egypte. Bochard pense qu'il faut ou bien il en vous frotlant le bras et il
le saisit , I

entendre sous ce nom les trois divinites infer- I'enferme a son tour dans une feuille, ou il peut
nales : Pluton, Proserpine et Mercure. le delruire
D'autres ont regarde les Cabires comme des Kahlhammer (Marie), Bavaroise, qui a fait

magiciens qui se melaient d'expier les crimes des recemment beaucoup de bruit a Munich, a pro-
hommes et qui furent honores apres leur mort.
,
pos de ses communications avec les esprits au
On les invoquait dans les perils et dans les infor- moyen des tables tournantes. Un livre d'elle, 1

tunes. y a de grandes disputes sur leurs noms,


II

qu'on ne declarait qu'aux seuls inities*. Ce qui


est certain, c'est que les Cabires sont des demons
qui presidaient autrefois a une sorte de sabbat.
Ces orgies ,
qu'on appelait feles des Cabires , ne
se celebraient que la nuit : I'initie, apres des
epreuves effrayantes, etait ceint d'une ceinture
de pourpre, couronne de branches d'olivier el
place sur un trone illumine, pour representer le
maitre du sabbat, pendant (ju'on execulait autour
de lui des danses hieroglyphiques plus ou moins
infames.
Kaboutermannekens ,
petits lutins flamands
qui font des niches aux femmes de la campagne,
surtout en ce qui louche le laitage et le beurre.
Kacher, vieux raagicien qui, dans I'histoire
fabuleuse des anciens rois de Kachemire , trans-
forma le lac qui occupait ce beau pays en un
vallon delicieux, et donna aux eaux une issue
miraculeuse en coupant une monlagne nommee
Baraboule. inliluleComnninkalions des hknhcurciix csprils
Kaf montagne prodigieuse qui entoure I'hori- el de I'archnnfje Raphael, parla main de Marie
,

zon de tous coles, a ce que disent les musul- Kahlhammer et par la bouche de Cressence Wolff,
mans. La terre se Irouve au milieu de cette mon- a ele condamne comme superslilieux et dauge-
tagne, ajoulent-ils, comme le doigt au milieu de reux, el les deux heroines excommuniees.
I'anneau. Elle a pour fondement la pierre Sakhrat, Kaidmords. Chez les Perses, c'est le nom du
dont le moindre fragment opere les plus grands premier homme; il sorlit de la jambe de devaut
miracles. C'est cette pierre, faite d'une seule d'un taureau, selon la doctrine des mages; il fut
emeraude, qui excite les tremblements de terre, tue par les Dives; mais il ressuscitera le jour du
en s'agilant selon que Dieu le lui ordonne. jugement. On invoque son ame chez les Guebres.
Pour arriver a la montagne de Kaf, il faut tra- Voy. BOUNDSCHESCH.
verser de vastes regions tenebreuses, ce qu'on ' Letlres du P. Mathias Gracia sur les iles Mar-
' Delandine, I'Enfer des peuples anciens, ch. xix. quises, lellre sixieme.
kAi — 385 — KAL
Kaiomers , le premier roi de I'antique dynastie sont dans les attributions des geljunes, prctres et
des Pichadiens; il etait, suivant les historiens devins. Pendant la nuit qui precede le nouvel an,
persans, le petit-fils de Noe. C'est lui qui vainquit chaque Kalmouk allume une lampe devant son
! ies Dives ou mauvais genies a la puissance des- idole et, quand ses moyens le lui perraettent, va
quels le pays etait soumis, Irouver le geljune pour se faire predire ce qui
Kakos, demon invoque dans les litanies du arrivera dans I'annee. Le geljune, assis grave-
sabbat. ment sur un tabouret, examine les entrailles d'un
Kalmouk's. Les Kalnibuks rendent hommage agneau parcourt ses tables astrologiques et re-
,

a deux etres puissants au genie du bien et


: pond aux questions qui lui sont posees par des
au genie du mal sacriflant sur le sommet des
, paroles a double sens. La ne se bornent point ses
fonctions. II doit annoncer aussi quel temps il fera
pendant I'annee, si les recoltesseront bonnes, etc.
Au reste, il faut avouer que les Kalmouks sont
d'excellents prophetes en ce qui concerne' le
temps. II y a quelques annees, un Kalmouk qui
passait par la ville de Stawropol predit deux ou
trois semaines" avant Paques que ce jour-la il
tomberait de la neige.
C'etait dans les derniers jours du mois de mars
(ancien style) le temps etait superbe les pres
; ,

commencaienta verdir, les afbres a bourgeonner.


On le traita de fou; et comme il s'en allait dans
le bazar criant
, A Paques de la neige de la
: , !

montagnes , sur les bords des rivieres ou dans , neige a Paques on I'arreta en lui promettant
! ,

I'interieur des cabanes, a I'un comme a I'autre, que, s'il on lui compterait 25 roubles;
disait vrai,
mais le plus souvent a la divinite malf^isante, mais que dans le cas contraire, on lui adminis-
,

parce qu'ils jugent necessaire de la flechir et trerait une correction exemplaire. Le temps resta
d'apaiser son courroux. Le soleil, ou, comme iis comme il etait; mais le dimanche de Paques,
I'appellent, de Dieu, est pour eux I'objet
I'oeil vers dix lieures, voila tout a coup qu'un leger
d'un culte particulier. Quelque degeneree que vent nord-ouest se met a souffler, devient plus
soit cette fausse religion, on reconnait cependant intense et a onze heures eclate une veritable
, , ,

le rapport qui existe entre elle et I'une des plus tempete de neige, qui forca les habitants de
anciennes, celle des disciples de Zoroastre, qui Stawropol a s'envelopper de leurs plus chaudes
avait etendu son influence non-seulement sur pelisses. Au lieu de 25 roubles le Kalmouk en ,

rinde et la Perse, mais encore sur les peuples regut 75.


nomades des steppes mongoles et nous voyons ; Aujourd'hui, comme au moyen
age, les Kal-
encore de nos jours des tribus, telles que les mouks ont des schamanes abusant de leur
qui ,

Kalmouks qui en out conserve le souvenir pen-


, credulite, leur persuadent qu'ils possedent un
dant une suite de siecles. empire magique sur une foule de genies invisibles
Les Kalmouks, dans le departement de Staw- dont ils se disent accompagnes et qui leur reve-
ropol (Russie) celebrent I'entree de la nouvelle
, lent I'avenir et les choses secretes. Comme au
annee par des sacrifices et des predictions qui moyen age, le mort et meme le malade leur in-
25
KAL — 386 — KAN
Hpirenl Line liorreiir qu'ils n'onl garde de cacher. main a sa bru. Ceux que Geiralda avail envoyes
Apres avoir place pres de liii touL ce donl il pe'ut tuer Oddo s'en revinrent deconcertes. lis n'avaienl
avoir besoin a leur avis, ils s'eloignent da ma- rencontre que Kalta, filant du lin a une grande
lade, fut-ce learpere; la coiiche du mourant, quenouille. — Fous, leur dit Geiralda, cette que-
s'il riche, est gardee lout au plus par un
est nouille etaitOddo. — lis retournerent sur leurs
schamane la famille se contente d'eiivoyer de
; pas, s'emparerent de la quenouille et la brulerent.
temps en temps domander de ses nouvelles. Cette Mais alors Kalta avait cache son fds sous la forme
indifference inhiunaine ne les empeche pas de d'un chevreau. Une troisieme fois, elle le chan-
rendre apres la niort tons les honneurs possibles gea en pourceau. Les emissaires, furieux de ne
a celui qu'ils viennent de perdre. Ledefunt, vetu pouvoirmettrelamainsurcelui qu'ils cherchaient,
de ses plus beaux habits, est quelquefois enterre voulurent se dedommagerde leurs peines, s'em-
au fond des bois, avec son arc et ses fleches, sa parerent du pore, le tuerent, et ne furenl qu'a
pipe , sa selle et son fouet. D'autres suspendent
leurs morts dans des couvertures de feutre au
haut des arbres les plus eleves; d'autres enfin
en brulent les restes morlels surun biicherpour
garder leurs cendres. Dans ce cas le cheval fa-
vori du defunt est brule avec lui. Ce sont encore
les moeurs dont parlent les chroniques et les
voyageurs du moyen age. En general cette peu-
plade offre jusqu'a piesenl I'image fidele de ce
qu'etaient les Mongols a une epoque malheureu-
sement trop glorieuse pour cette nation, lorsque,
conduits par Tcliinguis-Klian ils porterent de
,

victoire en victoire la terreur et la desolation


jusqu'au centre de I'Europe, jusque dans les
j)laines riantes de la Silesie. —
Voyez Kosaks.
Kalpa-Tarou , arbre fabuleux sur lequel les demi sntisfails quand, le charme detruit, ils re-
connurent qu'au lieu d'un cochon gras, ils n'a-
vaienl que le cadavrc du fils de Kalta.
Kamis, esprils familiers au Japon,
Kamlat, operation magique en usage chez
les Tarlares de Siberie, et qui consiste a evoquer
le diable au moi^eii d'un tambour magique ayant
!a forme d'un lamis ou plutot d'un tambour de
basque. Le sorcier qui fait le kamlat marmolte
quelques mots tartares, court de cote el d'aulre,
s'assied, se releve, fait d'epouvantables grimaces
et d'horribles contorsions, roulant les yeux , les
fermanl, el gesticulant comme un insense. Au
bout d'un quart d'heure il fait croire que par ,
,

ses conjurations, il evoque le diable, qui vienl


toujours du cote de I'occident en forme d'ours,
pour lui reveler ce qu'il doit repondre ; il fait

entendre qu'il est quelquefois nialtraite cruelle-


ment par le demon, et tourmente jusque dans le
sommeil. Pour en convaincre ses auditeurs, il
fi'int de s'eveiller en sursaut en criant comme un

possede.
Kamosch el Kemosch. Voij. Ghamos.
Kantius le Silesien. L'histoire de Jean Kan-
Indiens d'autrefois cueillaient tout ce qu'ils pou- lius, racontee au docteur More par un medecia
vaient desirer. de la Silesie un des exemples les plus frap-
, est
Kalstrara. C'est le nom que donnaient les pants de croyance aux vampires, qui a
cette
anciens Bavarois aux sorciers charmeurs. regne en souveraine sur certains esprils au der-
Kalta. On trouve dans I'Eyrbiggia Saga I'his- nier siecle, —
On dit que Kantius, echevin de la
toire curieuse d'une lutte enlre deux sorcieres ville de Pesth, sortantdu tombeau, apparut dans

du Nord. L'une d'elles, Geiralda, etait resolue a la ville qui I'avait vu naitre
mais ce qui est po- ;

faire mourir Oddo, le fils de I'autre, nommee sitif, que de nombreuses rumeurs, relatives
c'est
Kalta, qui dans une qiierelle avait coupe une a ce meme fait, jeterent une agitation violente
KAN — 387 — KAR
^tonnant. On ne put tirer le corps de la fosse,
tant il etait pesant.
Enfia ]es citoyens de Pesth, bien inspires,
cherclierent et decouvrirent ]e cheval dont la
made avait tue Kantius; ce cheval parvint a
grand'peine a amener hors de terre les restes de
son ancien maitre. Lorsqu'il s'agit d'aneantir ces
restes, une autre difficulte se presenta. On mit
le corps sur un bucher alUime, et ne se con-
il

suma pas... On fut oblige de le couper en mor-


ceaux que Ton reduisit partiellement en cendres,
et depuis lors I'echevin Jean Kantius cessa de
faire des apparitions dans sa ville natale.
Karajamea. Les Persans ont un livre myste-
rieux appele Karajamea (recueil des revolutions
futures ) il est pour eux ce qu'etaient autrefois
;

les oracles des sibylles pour le peuple romain.


Kanlius le Silcsien,
On consulte dans les affaires importantes, et
le
surtout avant d'entreprendre une guerre; on le
damna son cadavre a etre briile comme vam- dit compose de neuf mille vers, chaque vers
pire... Mais I'execution rencontra un obstacle formant une ligne do cinquante lettres. Son au-

Le (liable lient toujours en forme d'ours, — Page 386.

du prince
teur est le celebre cheik Sephy, I'aieul rouge , a I'adepte ou sorcier qui parle avec les
qui regnait au temps du voyageur Chardin; et esprits.
Ton croyait fortement en Perse qu'il contenait Kardec (Allan), ecrivain contemporain , qui
une partie des principales revolutions d'Asie, s'occupe du spiritisme et s'est mis en rapport
jusqu'a la fm du monde. II etait alors garde avec avec les esprits. II a publie quelques ouvrages
soin dans le tresor royal, comme un original dont le plus important est intitule « Le Livre des
dont il n'y a point de double ni de copie, car la )) esprits , contenant les principes de la doctrine

connaissance en etait inlerdite au peuple. )) spirile sur la nature des esprits, leur manifes-
Karcist, nom qu'on donne, dans \e Dragon » tation et leurs rapports avec les homines, les
25.
;

KAR — 388 — KEL


» lois morales, la vie presente, la vie future et Compere, ne faut pas que tu t'en allies; reste
il

» I'avenir de I'humanite; ecrit sous la dictee et assis la des affaires dont il est necessaire
; j'ai

» public par Tordre d'esprits superieurs par ,


que je m'occupe; mais je reviendrai dans une
» Allan Kardec.» Paris, 1857, chez Dentu. D'a- heure, et je te dirai quelque chose.
pres le systeme de ce livre, qui n'est pas d' accord » Le berger done attendit le katakhanes s'en ;

avec notre nos ames vivaient a I'elat d'es-


foi , alia a environ dix milles de la, oil vivaient deux
prits avant de s'incarner en nous et elles revi- , jeunes epoux nouvellement maries; il lesegorgea
vront esprits en nous quittant. Voij. Spiritisme. tous deux. A son retour, le berger s'apergut que
Karra-Kalf le plus haut degre de la magie
, les mains du vampire etaient souillees de sang,
en Islande. Dans les temps modernes lorsqu'on ,
et qu'il rapporlait un foie dans lequel il soulflait,
pratiquait le kara-kalf, le diable paraissait sous comme font les bouchers, pour le faire paraitre
la forme d'un veau nouvellement ne et non en- plus grand. —
Asseyons-nous, compere, lui dit
core nettoye par sa mere. Celui qui desirait d'etre le katakhanes, et mangeons le foie que j'apporte.

initieparmi les magiciens etait oblige de nettoyer — Mais le berger fit semblant de manger; il
le veau avec sa langue par ce moyen, il parve- ;
n'avalait que le pain et laissait tomber les mor-
nait a la connaissance des plus grands mysteres. ceaux de foie sur ses genoux.
Katakhanes. C'est le nom que les habitants Or, quand le moment de se separer fut venu,
))

de I'ile de Candle donnent a leurs vampires. En le katakhanes dit au berger Compere, ce que : —
aucune contree du Levant la croyance aux vam- tu as vu, il ne faut point en parler; car, si tu le
pires ou katakhanes n'est aussi generale que dans fais,mes vingt ongles se fixeront dans ta figure
cette Ton croit aussi aux demons des
lie, oii etdans celles de tes enfants. Malgre cela le — ,

montagnes, de I'air et des eaux, Voici un fait berger ne perdit point de temps; il alia sur-le-
raconte il n'y a pas longtemps a un voyageur champ tout declarer a des pretres et a d'autres
anglais* : personnes; on se rendit au tombeau, dans
et
« Un jour, le village de Kalikrati, dans le dis- lequel on trouva le corps du katakhanes precise-
trict de Sfakia, fut visite par un katakhanes ; les ment dans I'etat oh il etait quand on I'avait en-
habitants s'efforcerent de dccouvrir qui il etait et terre tout le monde fut convaincu que c'etait
:

d'ou il Ce katakhanes tuaitnon-seulement


venait. lui qui etait cause des maux qui pesaient sur le
les enfants, mais encore les aduUes, et il eten- pays. On rassembla une grande quantite de bois
dait ses ravages jusqu'aux villages des environs. que I'on jeta dans la tombe, et on brula le ca-

11 avait ete enterre dans le cimeliere de I'eglise davre. Le berger n'etait pas present ;
mais, quand
de Saint-Georges a Kalikrati, et une arcade avait le katakhanes fut a moitie consume, il arriva pour
ete construite au-dessus de sa tombe. Un garQon, voir la fin de la ceremonie, et alors le vampire
gardant ses moutons et ses chevres aupres de langa un crachat : c'etait une goutte de sang qui
I'eglise, fut surpris par une averse et vint se re- tomba sur le pied du berger ; ce pied se dessecha
fugier sous cette arcade. Apres avoir ote ses comme s'il eut ete consume par le feu. Quand on
armes pour prendre du repos, il les posa en vit cela, on fouiila avec soin dans les cendres
croix a cote de la pierre qui lui servaitd'oreiller. on y trouva encore I'ongle du petit doigt du ka-
La nuit etait venue. Le katakhanes, sentant alors takhanes et on le reduisit en poussiere. » —Telle
;

le besoin de sortir, dit au berger : — Compere, est la terrible histoire du vampire de Kalikrati.
leve-toi de la ; car il fautque j'aille ames affaires. C'est sans douLe au gout qu'on suppose a ces
Le berger ne repondit ni la premiere fois, ni la etres malfaisants pour le foie humain qu'il faut
deuxieme, ni la troisieme. II supposa que le mort attribuer cette exclamation que Tavernier attribue
inhume dans cette tombe etait le katakhanes, au- a une femme candiote J'aimerais mieux man- : —
leur de tous les meurlres commis dans la contree. ger le foie de mon enfant Voy. Vampires. !

En consequence, la quatrieme fois qu'il lui adressa Katmir. Chien des sept Dormauts. Voy. Dor-
la parole, le berger repondit : — Je ne me leverai MANTS.
point de la, compere , car je crains que tu ne Kaybora, esprit des forets, a I'existence du-.
vaillespas grand'chose et tu pourrais me faire ; quel croient encore les Americains; ils disentque
du mal mais s'il faut que je me leve, jure par
; cet esprit enleve les enfants, les cache dans le

ton linceul que tu ne me toucheras pas; alors je creux des arbres et les y nourrit
me leverai. Kayllinger,fameux cristalomancien allemand,
» Le katakhanes ne prononga pas d'abord les de qui Faust prit des legons pendant deux ans.
paroles qu'on lui demandait; mais le berger per- Kelby, esprit qu'une superstition ecossaise
sistant ane point se lever, il linit par faire le suppose habiter les rivieres sous differentes for-
serment exige. Sur cela le berger se leva et ota mes mais plus frequemment sous celle du che-
,

ses armes du tombeau le katakhanes sortit aus- ; val. 11 est regarde comme malfaisant et porte

silot ;
apres avoir salue le berger , il lui dit :

1 Voyage au Bresil, par le P. Neuwied, t. II,
1 M. Pashley, Revue hritannique, mars -1837. ch. XII.
,

KEL — 389 — KIR


qiielquefois une torche. On attribue aussi a ses Japon. On appelle goo un petit papier rempli de
regards un pouvoir de fascination. caracteres magiques, de figures de corbeau et
Kelen et Nysrock , demons que les demono- d'autres oiseaux noirs. On pretend que ce pa-
grapliesfontpresider aux debauches, aux danses, pier est un preservatif assure contrela puissance
aux orgies. des esprits raalins ; et les Japonais ont soin d'en
Kelpie cheval-diable. Voy. Nickar.
,

Kemosch. Voy. Chamos.


!Kenne, pierre fabuleuse qui se forme dans
I'oeil d'un cerf, et a laquelle on attribue des ver-

tus centre les venins.


Kentorp couvent non loin de Hamm dont
, ,

furent possedees au seizieme siecle


les religieuses
I

par des malefices que leur cuisiniere melait,


'
comme elle I'avoua a leurs aliments. Leur pos-
,

session consistait en demences et en epilepsies.


Wieriis parle de ces faits.

Kephalonomancie, divination qui se prati-

acheter pour les exposer a I'entree de leurs mai-


sons. Mais parmi ces goos, ceux qui ont la plus
grande vertu viennent d'un certain endroit nomme
Khumano ce qui fait qu'on les appelle Khumano-
;

goos. Lorsque quelqu'un est accuse d'un crime


et qu'il n'y a pas de preuves suffisantes pour le
condamner, on le force a boire une certaine
quantite d'eau dans laquelle on met un morceau
de khumano-goo. Si I'accuse est innocent, cette
quait en faisant diverses ceremonies sur la tete boisson ne produit sur lui aucun effet mais s'il ;

aux Germains.
cuite d'un ane. Elle etait familiere est coupable, il se sent'attaque de coliques qui le
Les Lombards y substituerent une tete de chevre. forcent a avouer. Quelquefois on fait avaler le
Delrio soupQonne que ce genre de divination, en goo. Voy. CE MOT.
usage chez les juifs infideles, donna lieu a I'im- Kiakiak, le demon au Pegu. II a son temple
putation qui leur fut faite d'adorer un ane. Les au sommet d'une montagne, et les bonzes seuls
anciens la pratiquaient en mettant sur des char- osent y entrer. Kiakiak doit un jour detruire le
bons allumes la tete d'un ane, en r^citant des monde. Mais alors Dagoun, le dieu supreme, qui
I
prieres superstitieuses en pronongant les noms
, s'y attend et qui se prepare , en creera un autre
i de ceux qu'on soupconnait d'un crime, et en ob- bien plus parfait.
servant le moment oii les machoires se rappro- Kijoun, nom d'une idole que les Israelites
chaient avec un Mger craquement. Le nom pro- honorerent dans le desert, et qui parait avoir ete
nonce en cet instant designait le coupable. Le le soleil.Le prophete Amos en parle au chap, v,
j
diable arrivait aussi quelquefois sans se montrer Kiones, idoles communes en Grece. C'etaient
I pour repondre aux questions qu'on avait a lui des pierres oblongues en forme de colonnes, d'ou
faire. vient leur nom.
Kericoff , demon des
lacs, tres-redoute en Kirghis. Les Kirghis voisins des Kalmouks
,

Russie, 11 bat les de ses pieds de cheval a


flots sont mahometans ils ont un grand pretre appele
;

travers les tempetes eleve des trombes et de


, , Achoun, qui reside pres du khan ignorants et ;

ses grandes mains noires fait sombrer les bar- , superstitieux ils croient aux sortileges et posse-
,

ques. II poursuit ensuite le marin qui cherche a dent cinq classes de magiciens : les uns font leurs
se sauver sur une planche ou sur un tonneau, et predictions avec des livres , d'autres se servent
si I'infortune se retourne, 11 volt la grosse tete de I'omoplate d'une brebis depouillee avec un ,

humaine du mauvais esprit. couteau, car elle serait sans vertu si quelqu'un y
Khizzer. Les Orientaux donnent ce nom au, avait porte les dents; une troisieme classe, pour
prophete Elie, dont ilsfontun grand enchanteur, lire dans I'avenir, sacrifie un cheval, un mouton
attache a Alexandre le Grand. ou un bouc sans defaut; la quatrieme consulte la
Khumano - Goo sorte d'epreuve en usage au flamme qui s'eleve du beurre ou de la graisse
,
KIS 390 KIS

jetes dans le feu. Enfin il y a des sorcieres qui genieusement invent^ Un parti de Kirghis se
:

ensorcelent les esclaves, persuadent aux inaitres mil im jour en campagne avec un des devins de
que si I'esclave ensorcele venait a deserter, il la seconde classe pour attaquer les Kalniouks;
s'egarerait indubitablement dans sa fuite et re- ceux-ci avaient egalement un devin qui, em-
tomberait dans les mains de son maitre; que s'il ployant toute sa science, avertit ses compatriotes
s'echappait, il renlrerait au moins dans I'escla- de I'arrivde des Kirghis, et les engagea a s'eloi-
vage du meme peuple. gner a mesure que ceux-ci avanq.aient. Le devin
Pallas rapporte, d'apres le recit meme qu'il en kirghis, voyant que son frere le Kalmouk allait
a entendu faire par les Kirghis, un fail assez in- faire echouer I'enlreprise, employa la ruse; il

Kerikoff, demon des lacs. — Page 389.

dit aux Kirghis de seller leurs chevaux a recu- officiersdu tribunal de Belgrade, lesquels ont fait
lons et de monler dessus. Le Kalmouk, ainsi une descente sur les lieux, et par un ofiicier des
induit en erreur, vit sur son os que les Kirghis troupes de I'empereur, a Gradisch celui-ci a ete :

retrogradaient; il conseilla done a son parti de temoin oculaire des procedures. Au commence-
revenir sur ses pas. Les Kirghis joignirent par ce ment de septcmbre mourut, dans le village de
moyen les Kalmouks et les firent prisonniers^ Kisilova, un vieillard age de soixante-deux ans.
Kisilova (le vampire de). Le marquis d'Ar- Trois jours apres qu'il i'ut enterre , il apparul a
gens, qui n'etait pas un horame credule, raconte, son fils pendant la nuit et iui demanda a manger.
dans sa cent trente-septieme lettre juive, une Celui-ci I'ayant satisfait, le spectre mangea;
histoire de vampire qui eut lieu au village de apres quoi il disparut. Le lendemain , le fils ra-

Kisilova, a trois lieues de Gradisch. Ce qui doit conta a ses voisins ce qui Le lui etait arrive.
le plus etonner dans ce recit, c'est que d'Argens, fantume ne se montra pas ce jour-la mais trois ;

alors incredule, ne met pas en doute cette aven- nuits apres, il revint demander encore a souper.
ture : On ne sait pas si son fils lui obeit encore ou
On vient d'avoir en Hongrie, dit-il, une scene lion mais on le trouva le lendemain mort dans
;

de varapirisme qui est dument attestee par deux son lit. Le meme jour, cinq ou six personnes
1 La Russie pittoresque. tomberent subitement malades dans le village, et
: ;

KIS 391 — KLE


moururent I'une apres I'autre en peu de temps. Le bourreau lui enfonga un pieu dans le coeur
Le bailli du lieu, informe de ce qui se passait, on fit un bucher et Ton reduisit en cendres son
en fit presenter une relation au tribunal de Bel- cadavre. On ne trouva aucune marque de vam-
grade, qui envoya a ce village deux de ses agents, pirisme ni dans le corps du fils, ni dans celui
des autres morts.
« Graces a Dieu, ajoule le marquis d'Argens,
nous ne sommes rien moins que cr^dule; nous
avouons que toutes les lumieres de la physique
que nous pouvons approcher de cefait ne decou-
vrent rien de ses causes cependant nous ne
:

pouvons refuser de croire veritable un fait attest^


juridiquement et par des gens de probite. »
Klabber ou Kab-Outer, latins de petite taille
qui, I'hiver, en Ecosse, quand il n'y a pas de
clair de lune, descendent par les cheminees
dans les maisons des paysans, s'assoient tran-
quillementdevant le foyer, qu'ils rallument,mais
qu'on ne voit pas briiler, et se chauffent. Le ma-
Le vampire de Kisilova.
tin ,
quand la menagere se leve elle voit que ,

avec un bourreau, pour examiner I'affaire. Un tout le bois qu'elle avait laisse dans I'atre est
officier imperial s'y rendit de Gradisch, pour consume, except^ quelques menus brins. Si elle
etre temoin d'un fait dont souvent oui
il avait si les rallume, ils font autant de chaleur et de profit
parler. On ouvrit les tombeaux de tous ceux qui que de grosses buches. Si elle fait le signe de la
etaient morts depuis six semaines. Quand on en croix ou si elle maudit le klabber, le charme est
vint a celui du vieiilard, on le trouva les yeux rompu, et le lutin se venge par quelque malice.
ouverts, d'une couleur vermeille, ayant une res- Les klabbers sont vetus de rouge et ont la peau
piration naturelle, cependant immobile et mort verte.
d'oia Ton concUit que c'etait un insigne vampire. Kleudde. Kleudde, tout barbare, tout caco-

epouvante sont, dit-on, le seal bonheur de


cet affreux lutin; il se plait au milieu des ruines
couvertes de mousse ; il fuit les saints lieux ou
reposent des Chretiens ;
I'aspect d'une croix
I'eblouit et le torture; il ne boit qu'une eau verte
croupissant au fond d'un etang desseche : le pain
n'approche jamais de ses levres, la lumiere du
grand jour lui brule les yeux il n'apparait qu'aux
;

heures ou le hibou gemit dans la tour abandon-


phonique que doive vous paraitre ce nom, est un nee; une caverne souterraine est sa demeure;
lutin, et un lutin vivant des brouillards de la ses pieds n'ont jamais souille le seuil d'une ha-
Flandre, un lutin malfaisant, qui a les regards bitation humaine; le mystere et I'horreur en-
du basilic et labouche du vampire I'agilile du ,
tourent son existence maudite. Vagues comme les
follet et la hideur du griffon.II aime les nuits atomes de I'air, ses formes echappent aux doigts
froides et brumeuses les prairies desertes et
,
et ne laisseut aux mains de I'imprudent qui
arides et les champs incultes. Nuire et semer essayerait de les etreindre qu'une ligne noire et
!

KLI — 392 KOJ


douloureiise comme une brulure. Son rire est nieres de I'Allemagne, il leur rend de bons of-
semblable a celiii des damnes ; son
rauque cri , fices ; il chevaux
etrille leurs , il lave la maison,
et indefinissable, fait tressaillir jiisqu'au fond des tient la cuisine en bon ordre et veille a tout.
entrailles Kleudde a du sang de demon dans les
;

veines. Malheur a qui, le soir, dans sa route,


rencontre Kleudde, le lutin noir *

Klinger (Frederic-Maximilien de), militaire


allemand, ne a Francfort-sur-le-Mein en 1753,
mort a Saint-Petersbourg en 1831, auteur de
quelques ouvrages singnliers, entre autres la :

Vie, les fails et gestes de Faust et sa Dcscente aux


enfers, publie a Ka3nigsberg, en 1819.
Knipperdolinck, I'un des associes de Jean de
Leyde. Voyez ce mot.

Qu'on ne s'avise pas de le negliger. Si c'est une


cuisiniere, rien ne lui reussit elle se brOle dans
;

I'eau bouillante ; elle brise la vaisselle ; elle ren-


verse ou gate les sauces; et quand le maitre du
logis la gronde, elle entend le Kobold rire aux
eclats derriere elle. S'il a regu quelque insulte,
la scene devient plus tragique,
il verse dans les

plats du poison ou du sang de vipere quelque- ;

fois meme il tord le cou a I'imprudent valet qui


'a harcele' II est de la famille des Cobales

etdes Coio/<ypeut-eLre leurtige. Voy. ces mots.


Kojozed. « Le levrier du seigneur de Kojozed

BEFxNHARDl^lPPEl\DOLLINCt^
STADTVOGTZUMUIVSTEPJNWESTPHALEN
1535.

Knox (Jean), apostat ecossais et Tun des plus


feroces brigands de la reforme ne en 1505, ,

mort en 1572. II etait chapelain d'Edouard Viet


se fit chasser pour ses moeurs immondes. II alia
se redresser a Geneve revint dans son pays re-
,

former en abattant les eglises, en assommant les


pretres; car il marchait suivi d'une bande. II
conLribua par ses diatribes a la perte de Marie
Stuart. II s'occupait aussi de magie, et dans le
proces qu'il dut subir sur cetle accusation, on
etablit qu'il avait fait des evocations dans le
cimetiere de Saint- Andre, qu'il y avait fait pa-
raitre le diable sous une forme epouvantable, et
que cette apparition terrible avait frappe son
secretaire present a cette scene d'un tel effroi
,
,

qu'il en etait mort,..


Kobal, demon perfide qui mord en riant, di-
recteur general des farces de I'enfer, peu joyeuses
sans doute patron des comediens.
;

KoLold esprit de la classe des lutins. « C'est


,

un petit nain etrange de forme rabougrie avec


, ,

des habits barioles, un bonnet rouge sur la tete,


Honore par les valets, les servantes et les cuisi- parcourt les bois et les plaines ,
leger comme le

souffle du vent; c'est le favori de son maitre. Le


'
M. le baron Jules de Saint-Genois. Voyez la Id-
gende de Claude dans les Legendes des esprits et
,
' Article sign^ XX, dans YAmi de la religion, oc-
demons. tobre 1844.
:! ;

KOR — 393 — KRA


hautain seigneur, qui hait les hommes, donne De miraculis mortuorum , imprime in-S" I'annee
toute son affection al'animal, compagnon de ses de sa mort et devenu tres-rare.
courses vagabondes par les forets el les campa- Kosaks. Les Kosaks, ainsi que les Kalmouks
gnes. Mais il a disparu le beau levrier, I'aini de leur voisinage, ne sont generalement ni Chre-
constant du seigneur. Le front assombri , le re- tiens ni musulmans. lis ont tire de I'Asie une
gard menagant, environne des vassaux qui le cosmogonie ou se retrouvent, comme partout,
redoutent, Kojozed revient de la chasse. II veut quelques souvenirs de I'Ancien Testament, en-
qu'on retrouve son chien sa menace epouvante ; fouis sous des monceaux de folles croyances. De
ceux qui I'entourent. Vingt chasseurs s'elancent leurs bourkans ou dieux celui qui protege spe-
,

et battent les bois du voisinage. Mais le levrier cialement la terre est un elephant blanc comme
ne revient pas. Une femrae, accablee par I'age, la neige, long de deux lieues, riche de trente-

hideuse comme la mort, arrete la bride du cheval trois tetes rouges, chacune desquelles se joue de
de Kojozed. —
Que veux-tu? dit le seigneur. — six trompes qui lancent six fontaines. Ce dieu
Te rendre I'ami que tu as perdu. Ou est-il? — principal est peut-etre unique dans les mytho-
— Seule je le sais il va depasser les frontieres
; logies.
de la Boheme. — Vieille, comment le sais-tu? Mais les Kalmouks content, ainsi que quelques
— Je suis mais puissante. Regarde-moi. »
vieille, hordes de Kosaks que les hommes au commen-
,
,

La vieille se redressa I'oeil etincelant de som- , cement, vivaient plusieurs siecles qu'ils etaient ;

bres feux; une clarte sinistre brillait sur sa tete; heureux que Fun d'eux mangea d'un fruit qu'il
;

le cheval, averti par son instinct, hennissait et n'etait pas permis de manger, que tous les autres
voulait fuir le seigneur de Kojozed reconnut la
: I'imiterent et qu'alors I'espece humaine perdit
sorciere. sa saintete et le privilege qu'elle avait de prendre
« Si tu me donnes Jean le Chasseur, ton son vol et d'aller dans les cieux qu'elle vecut ;

vassal , je te rendrai ton levrier. Tu sais que la longuement dans les tenebres et dans la misere
magicienne ne peut recouvrer sa jeunesse perdue que la terre, maudite a cause de leur peche,
qu'en baignant ses membres fletris dans le sang devint sterile, etc. lis attendent un reparaleur et
d'un jeune homme. croient a un enfer les mechants souffriront
oii
— Que cela soit ! » repondit Kojozed. deux cents millions d'annees.
Jean fremit et tomba aux genoux de son maitre Kotter, visionnaire. Voy. Comenius.
« Mes peres, s'ecrie-t-il ont servi vos peres , Koughas demons ou esprits malfaisants re-
, ,

pendant deux cents ans ma mere vous a nourri ; doutes des Aleotes insulaires voisins du Kamt-
,

de son lait et vous voulez me donner la mort


, schatka. lis attribuent leur etat d'asservissement
Oh ne donnez pas le sang de Jean le Chasseur
! et leur detresse a la superiorite des koughas
pour un levrier » ! russes sur les leurs ; ils s'imaginent aussi que les
Mais il prie en vain le pacte s'accomplit. Quand
: etrangers, qui paraissent curieux de voir leurs
la sorciere ramenera le levrier a son maitre, elle ceremonies, n'ont d'autre intention que d'insulter
emmenera le jeune homme. Elle temoigne de sa a leurs koughas et de les engager a retirer leur
,

joie par un affreux sourire, et bientot elle revient protection aux gens du pays.
tenant en laisse le chien favori. Jean le Chasseur Koupais. Ce sont les dieux des Tarlares de
est livre comme payement de la dette contractee I'Altai. lis sont sept et peu puissants; ils laissent
par son seigneur, et bientot, parmi les rites ma- faire.
giques, le sang du vassal coule dans une urne Kourrigans, lutins redoutes qui se prome-
d'airain, et la sorciere se plonge dans ce bain nent a cheval sur des juments blanches dans les
effroyable. La noire caverne retentitdes derniers forets de la Bretagne.
soupirs de Jean et des accents de joie de la ma- Kraken. « C'est une tradition repandue dans
gicienne ,
qui a retrouve les forces et les graces les mers du Nord et sur les cotes de Norvege
de la jeunesse. qu'on voit souvent des iles flottantes surgir au
Tout etait Chasseur venait d'ex-
fmi : Jean le sein des vagues avec des arbres tout formes,
pirer, quand le levrier cheri, auquel Kojozed aux rameaux desquels pendent des coquillages
avait sacrifie son serviteur, mourut sous les yeux au lieu de feuilles, mais qui disparaissent au
de son maitre *. bout de quelques heures. Deber y fait allusion
Kolfi. C'est aussi sous ce nom qu'on designe dans son livre intitule Feroa reserata,el Harpelius
les kobolds. dans son Mundus mirahilis, Torfoeus dans son
Koran, livre et code des musulmans ecrit par Histoire de la Norvege. Les gens du peuple et les
Mahomet, plein de fables, de singularites et de matelots regardent ces iles comme les habitations
prodiges. Voyez Maoridath. sous-marines d'esprits malins, qui ne les font
Kornmann (Henri) ,
jurisconsulte allemand, ainsi surnager que pour railler les navigateurs,
mort en 1620. II a laisse un livre curieux intitule confondre leurs calculs et multiplier les embarras
' Legende de Snaider, poete boheme, publiee avec de leur voyage. Le geographe Burosus avait
plus d'^tendue par le Dimanche des families. place sur sa carte une de ces iles merveilleuses
KRA — 394 — KRA
qu'on appelait Gommer's-Ore , et qui apparait qui couvre un espace d'un mille et demi de la

Le baron
parini les recifs en vue de SLokholm. partie superieure de son dos.
Charles de Grippenheim raconte qu'il avail vai- » Les poissons surpris par son ascension, sau-
nement cherche celte ile en sondant la cote, lillentun moment dans les creux humides formes
lorsqu'im jour, tournant la tete par hasard, il par les protuberances inegales de son enveloppe
disLingua comme de terre qui s'e-
trois points exterieure; puis de cette masse flottante sorlent
taient tout a coup eleves sur la surface des flots. des especes de pointes ou de cornes luisantes,
((Voila sans doute la Gummer's-Ore de Buroeus? qui se deploient et se dressent, semblables a des
demanda-t-il au pilote qui gouvernait sa cha- mats armes de leurs vergues ce sont les bras du:

loupe. —
Je ne sais, repondit celui-ci; mais kraken et telle est leur vigueur que s'ils sai-
,

soyez certain que ce que nous voyons pronos- sissaient les cordages d'un vaisseau de ligne, ils
tique une tempete ou une grande abondance de le feraient infailliblement sombrer. Apres etre

poisson. » Gummer's-Ore n'est qu'un amas de reste quelque temps sur les fiots, le kraken re-
recifs a fleur d'eau, ou se tient volontiers le descend avec la meme lenteur, et le danger n'est
Sae-lrolden ou plutoL c'est le Sw-trolden lui- guere moindre pour le navire qui serait a sa
raeme. » portee, car en s'affaissant il deplace un tel vo-
En citant cette conversation , le savant baron lume d'eau, qu'il occasionne des lourbillons et
ajoute que I'opinion du pilote lui parut plus vrai- des courants aussi terribles que ceux de la fa-
semblable que celle du geographe et il I'adopta.
, meuse riviere Male.
Les pecheurs norvegiens,
(( dit Pontoppidan, » C'est evidemment du kraken que parle Olaiis
aflirment lous, et sans la moindre contradiction Wormius sous nom
de hafgufe. Cet auleur dit
le
dans leurs recits, que, lorsqu'ils poussent au large aussi que son apparition sur I'eau ressemble plutot
a plusieurs milles, particulierement pendant les a celle d'une ile qu'a celle d'un animal, similiorem
jours les plus chauds de I'annee, la mer semble insula; quam beslice, et il ajoute qu'on n'a jamais
tout a coup diminuer sous leurs barques, et s'ils trouve son cadavre, parce que le kraken doit
jettent la sonde, au lieu de trouver quatre-vingts vivre aussi longtemps que le monde, et qu'il

ou cent brasses de profondeur, il arrive souvent n'est pas probable qu'aucun pouvoir ou instru-
qu'ils en mesurent a peine trente c'est un kra- : ment soit capable d'abreger violemment la vie
ken qui s'interpose entre les bas-fonds et I'onde d'un animal si monstrueux. Cependant, en 1680,
superieure. Accoutumes a ce phenomene, les un jeune kraken vint s'engager dans les eaux
pecheurs disposent leurs lignes, certains que la qui courent entre les recifs d'Altstahong; il
y
abonde le poisson, surtout la morue et la lingue, perit miserablement. Comme ce corps immense
et ils les retirent richement chargees; mais si la remplissait a peu pres tout le chenal , la putre-
profondeur de I'eau va toujours diminuant, et faction fut telle qu'on eut une crainle assez fon-
si ce bas-fond accidentel et mobile remonte les , dee que la pesle ne vint desoler le pays. L'as-

pecheurs n'ont pas de temps a perdre c'est le : sesseur consistorial de Bodoen, M. Friis, dressa
kraken qui se reveille, qui se meut, qui vient un rapport de cet evenement.
» Olaiis Magnus, dans son ouvrage De piscibiis

monstruosis ; Paulinus, dans ses Ephemerides des


curiositis de la nature, et Bartholin, dans son
Histoire analomique, admettent egalement I'exis-
lence du kraken et le decrivent a peu pres dans
les memes termes que M. Wormius. Bartholin
ajoute que I'eveque de Nidros, voyant cette ile
tlottante apparailre sur les eaux, eut la pieuse
idee de la consacrer immediatement a Dieu, en
y celebrant le sacrifice de la messe. II y fit trans-

porter et dresser un autel et offlcia lui-meme.


Soit hasard, soit miracle, le kraken resta immo-
bile soleil tout le temps que dura la cere-
au
monie mais a peine I'eveque eut-il regagne le
;

rivage, on vit I'ile supposee se submerger elle-


meme et disparaitre. Selon le meme Barlholin,
il n'y aurait que deux krakens, qui dateraientdu

commencement du monde et ne pourraient se


multiplier. De peur que I'eau la nourriture- et ,

respirer I'air et etendre ses larges bras au soleil. I'espace ne vinssent a manquer a une race de

Les pecheurs font alors force de rames, et quand, pareils geants Dieu, dans sa prevoyance, aurait
,

a une distance raisonnable, ils peuvent enfin se mesure avec une sage lenteur tons les mouve-
reposer avec securite, ils voient en effet le raonstre ments du kraken, qui n'eprouverait les senli-
— ;

KRA — 395 — LAB


ments de la faim qu'une fois dans I'annee. Sa cinq cents personnes, parmi lesquelles les femmes
digestion achevee, le monstre, dit encore- Bar- elaient en grande majorite.
tholin , echapper ses excrements, qui re-
laisse Kuhlmann (Quirinus) , I'un des visionnaires
pandent odeur si suave que les poissons
line du dix-septieme siecle, ne a Breslau en 1651. 11
accourent pour s'en repaUre; maislui, ouvrant etait doue d'un esprit vif etant tombe malade a
;

une effroyable gueule, semblable a un golfe ou I'age de huit ans, il eprouva un derangement
detroit, instar simis aut freli, y aspire tous dans ses organes et crul avoir des visions. Une
les malheureux poissons affriandes et pris au fois il s'imagina voir le diable, escorte d'une
piege » foule de demons subalternes
un autre jour il se
:

Kratim ou Katmir. G'est le nom qu'on donne persuada que Dieu lui avait apparu des ce mo- ;

au chien des sept Dormants. Voy. Dormants. ment, il ne cessa de voir a cole de lui une au-
reole eclatante de lumiere. II parcourut le Nord
escorte d'une tres-mauvaise reputation. II e.scro-
quait de I'argent a ceux qui lui monlraient quelque
confiance, et I'employait , disait-il , a I'avance-
ment du royaume de Dieu. II fut chasse de Hol-
lande au commencement de I'annee 1675 et
voulut se lier avec Antoinette Bourignon, qui
rejeta ses avances.II fut arrete en Russie pour ,

des predictions seditieuses, et brule a Moscou le


3 octobre 1689. II a publie a Lubeck un Traile
de la sagesse infuse d'Adam et de Salomon * on ;

lui doit une quarantaine d'opuscules qui n'ont


d'autre merile que leur rarete.
Kupay, nom qui, chez les Peruviens, designait
le diable. Quand ils pronongaient ce nom, ils

crachaient par terre en signe d'execration. On


I'ecrit aussi Cupai, et c'est encore le nom que
les Floridiens donnent au souverain de I'enfer.
Kurdes, habitants de I'Asie qui adorent le
diable.
Krechting, I'un des seides de Jean de Leyde. Kurgon nom que Ton
, donnait en Gascogne
Voi/CZ CE MOT. et en Dauphine aux sorcieres qui allaient adorer
Krodo, vieux dieu scandinave qui vit acheval le diable en forme de bouc au sabbat.
sur un poisson giganlesque, et autour duquel on Kutuktus, Les Tarlares Kalkas croient que
sent I'odeur du sang melee au parfum des fleurs. leur souverain pontife, le kutuktus, est immortel
Kuffa (Catherine), sorciere lorraine qui vi- et, dans le dernier siecle, leurs fakirs firent de-
vait sous Henri 111. Elle confessa qu'elle avait terrer et jeter a la voirie le corps d'un savant
liante le sabbat et qu'un jour elle y avait comple qui, dans ses ecrils, avait paru en douter.

COo^

Labadie (Jean), faiiatique du dix-septieme fut mourut en 167/i.


qu'un detestable hypocrite. II

siecle, ne en 1610 a Bourg sur la Dordogne. II Voici quelques-unes de ses productions Le He- :

se crut un nouveau Jean-Baptiste envoye pour ,


raulddu grand roi Jesus, Amsterdam, 1667, in-12.
annoncer la seconds venue du Messie et il s'ima- , Le Veritable exorcisme, ou I'unique moyen de
gina qu'il avait des revelations. II assurait que chasser le diable du monde chrHien. Le Chant —
Jesus-Christ lui avait declare qu'il I'envoyait sur royal du roi Jesus -Christ. Ces ouvrages sont
la terre comme son propheLe. II poussa bientot condamnes.
la suffisance jusqu'a se dire revelu de la divinile Labitte, dit VahU de peu de sens, peintre,
et participant du nom et de la substance de Notre-
Seigneur. Mais il joignit a I'ambition d'un sec- 1 De sapienlia infusa Adamea Salomoneaque. —
taire le gout des plaisirs ; il faisait servir a ses
Arcanum microcosmicum ; Paris, -1681. Prodromus
quinquennii mirabilis. In-8"; Leyde, 1674. On n'a
odieux projets le masque de la religion , et il ne qu'un volume de cet ouvrage, qui devait en avoir
* M. Ferdinand Denis, Le monde enchante. trois et contenir cent mille inventions curieuses, etc.
LAB - 396 — LAC
poete et pretre d'Arras au milieu du quinzieme a Toulouse un lac celebre , consacre au dieu du
siecle. II etait tres-excentrique, ce qui lui fit jour, et dans lequel les Tectosages jetaient en
donner le surnom que nous venons de citer et , offrandes de Tor et de I'argent a profusion tanl ,

11recherchait un peu les socieLes de ce que nous en lingots et monnaye que mis en oeuvre et
appelons aujourd'hui le demi-monde. 11 se fit fagonne.
vauderie, heresie descendue bien bas,
initier a la On dans la Vie de saint Sidpice, eveque de
lit

puisqu'on y adorait le diable que ses fetes etaient


, Bourges, qu'il y avait de son temps dans le Berry
le sabbat, et qu'elle reconnaissait pour son maitre un lac de mauvaise renommee qu'on appelait le ,

et seigneur Lucifer, le prince ou I'un des princes lac des Demons. Voy. Pilate, Herbadilla, Is, etc.
des anges dechus. Les Vaudois vivaient en union Lacaille (Denyse de). En 1612, la ville de
apparente avec les Chretiens fideles. Dans les Beauvaisfut le theatre d'un exorcisme sur lequel
causeries ou Ton disait du bien de la sainte Vierge, on n'a ecrit que des faceties sans autorite. La
des bienheureux et des choses saintes, ils ren- possedee etait une vieille nommee Denyse de
cherissaient, mais ils ajoutaient toujours cette Lacaille. Nous donnons de cette affaire la piece
conclusion « N'en deplaise a mon maitre, ou
: suivante en resume elle a ete evidemment. sup-
:

n'en deplaise a mon Seigneur.)) Au moyen de posee par quelque farceur.


cette restriction, toute parole chretienne leur Extrait de la sentence donnee contre les demons
etait permise par leur maitre que nous avons qui sont sortis du corps de Denyse de Lacaille :
nomme. Get ihomme fut arrete comme ha- « Nous etant dument informes que plusieurs
bitue du sabbat. Dans sa prison, il se coupa la demons et malins esprits vexaient et tourmen-
langue avec un canif pour ne rien reveler. Mais taient une certaine femme nommee Denyse de
il fut condamne au feu et brule en 1/(59. Jacques Lacaille, de la Landelle, nous avons donne a Lau-
du Clerq raconte au long cette triste histoire dans rent Lepot toute -puissance de conjurer lesdits
ses memoires. Louis Tieck en a fait, sous le litre malins esprits. Ledit Lepot, ayant pris la charge,
de Sabbat des sorcieres, un roman hostile aux a fait plusieurs exorcismes et conjurations, des-
catholiques, qu'on a traduit en francais. quels plusieurs demons sont sortis, comme le
Labourd, pays de Gascogne dont les habitants proces-verbal le demontre. Voyant que, de jour
s'adonnaient au commerce et |entreprenaient de en jour, plusieurs diables se presentaient; comme
longs voyages, oi^i ils croyaient que le diable les il est certain qu'un certain demon nomme Lissi

protegeait. Pendant que les hommes etaient ab- a dit posseder ladite Denyse, nous commandons,
sents, Delancre dit que les femmes devenaient voulons, raandons, ordonnons audit Lissi de
d'habiles sorcieres. Henri IV envoya en 1609 un descendre aux enfers sortir hors du corps de
,

conseiller au parlement de Bordeaux, Pierre De- ladite Denyse, sans jamais y rentrer; et, pour
lancre, que nous avons souvent cite, pour purger obvier a la venue des autres demons, nous com-
le pays de ces sorcieres. Instruites de son arri- mandons, voulons, mandons et ordonnons que
vee, elles s'enfuirent en Espagne. II en fit toute- Belzebuth Satan Motelu et Briffault les quatre
, , ,

fois bruler quelques-unes qui etaient d'affreuses chefs, et aussi les quatre legions qui sont sous
coquines. leur puissance, et tous les autres, lant ceux qui
Labourant. Voy. Piebre Labourant. sont de I'air , de I'eau , du feu , de la terre et au-
Labrosse. Le medecin Labrosse se melait de tres lieux, qui ont encore quelque puissance de
lire aux astres. Le jeune due de Vendome , qui ladite Denyse de Lacaille, comparaissent main-
avait grande confiance en cet astrologue, vintuh tenant et sans delai, qu'ils aient a parler les uns
matin conter a Henri IV que Labrosse recom- apres les autres, a dire leurs noms de fagon
mandait au roi de se tenir sur ses gardes ce qu'on puisse les entendre, pour les faire mettre
jour-la. Henri IV repondit « Labrosse est un
: par ecrit.
vieux fou d'etudier I'astrologie, et Vendome un » Et a defaut de comparoir nous les mettons ,

jeune fou d'y croire. )) et les jetons en la puissance de I'enfer, pour


Lac. Gregoire de Tours rapporte que dans le etre tourmentes davantage que de coutume ;
et,

Gevaudan y avait une montagne appelee He-


il faute de nous obeir, apres les avoir appeles par
lanie au pied de laquelle etait un grand lac
, a , trois fois, commandons, voulons, mandons que

certaines ^poques de I'annee les villageois s'y chacun d'eux receive les peines imposees ci-
rendaient de toutes parts pour y faire des festins, dessus, defendant au meme Lissi, et a tous ceux
offrir des sacrifices et jeter dans le lac, pendant qui auraient possede le corps de ladite Denyse
trois jours, une infinite d'offrandes de toute es- de Lacaille, d'entrer jamais dans aucun corps,
pece, Quand ce temps etait expire , selon la tra- tant de creatures raisonnables que d'autres.
dition que rapporte Gregoire de Tours, un orage )) Suivant quoi ledit Lessi, malin esprit, pret
mele d'eclairs et de tonnerre s'elevait; il etait a sortir, a signe ces presentes. Belzebuth parais-
suivi d'un deluge d'eau et de pierres. Ces scenes sanl, Lissi s'est retire au bras droit; lequel Bel-
durerent jusqu'a la fin du quatrieme siecle. zebuth a signe ;
pareillement Belzebuth s'etant
Cent ans avant I'ere chretienne il y avait aussi retire, Satan apparut, et a signe pour sa legion.
LAC — 397 — LAM
se retirant au bras gauche; Motelu, paraissant, Lamies, demons mauvais, qu'on trouve dans
a signe poui' toute la sienne, s'etant retire a les desertssous des figures de femmes, ayant
I'oreille droite ; incontinent Briffault est comparu des tetes de dragon au bout des pieds. EUcs
et a signe ces presentes. — Sig7ie : Lissi, Belze-
BUTH Satan Motelu Briffault.
, , ,

» Le signe et la marque de ces cinq demons

sent apposes a I'original du proces-verbal. Beau-


vais, le 12 decembre 1612. »
Nous le repetons, c'est une farce de huguenot
sur un objet serieux, mais qui a fait peu de bruit.
Lachanopteres, animaux imaginaires que Lu-
cien place dans le globe de la lune. C'etaient de
grands oiseaux converts d'herbes au heu de
plumes.
Lachus, genie celeste, dont les Basilidiens
gravaient le nbm sur leurs pierres d'aimant ma-
gique; ce talisman preservait desenchantements.
Laci (Jean), auteur d'un ouvrage intitule Aver-
tissements prophetiques , publie en 1708, un vo-
lume in-8° ; il parut differents ouvrages de cette
sorte a I'occasion des pretendus prophetes des
Cevennes, qui t§taient des foux furieux.
Ladwaiturs, genies propices chez les Scan-
dinaves. Voy. Harold. hantent aussi les cimetieres, y deterrent les ca-
Laensbergh (Matthieu). Voy. Matthieu L/ens- davres, les mangent el ne laissent des morts que
BERGH. les ossements. A la suite d'une longue guerre,
Lafin (Jacques) sorcier qui fut accuse d'en-
,
on apergut dans la Syrie, pendant plusieurs nuits,
voutement sous Henri IV; on ditqu'on trouva sur des troupes de lamies qui devoraient les cadavrcs
lui des images de cire qu'il faisait parler *. des soldats inhumes a fleur de terre. On s'avisa
Laghernhard (Nicole) femme du pays de , de leur donner la chasse, et quelques jeunes
Labourd qui, au mois d'aout 1590 vit sur la li- , gens en tuerent ^^lusieurs a coups d'arquebuse ;

siere d'une foret, a I'heure de midi, des hommes il se trouva que le lendemain ces lamies n'etaient

et des femmes dansant une ronde en se tournant plus que des loups et des hyenes.
le dos. Elle remarqua quelques-uns de ces per- II se rencontre des lamies, tres-agiles a la
sonnages qui avaient des pieds de chevre, et, course dans I'ancienne Libye leur voix est un
, ;

presumant que c'etait le sabbat elle fit le signe , sifilement de serpent. Quelle que soit leur de-
de la croix en invoquant le nom de Jesus. Aus- meure, il est certain, ajoute Leloyer, qu'il en
sitot tout disparut, Un certain Grospetter s'en- existe, « puisque cette croyance etait en vigueur
leva dans les airs en laissant echapper une brosse chez les anciens ». Le philosophe Menippe fut
a neUoyer les fours. Un berger qui, assis sur les epris d'une lamie. Elle I'attirait a elle; heureu-
branches d'un chene jouait de la flute avec sa ,
sement qu'il fut averti de s'en defier, sans quoi
houlette dont il tirait des sons fut enleve pareil- , il eut ete devore. Semblables aux sorcieres,
((

lement; et Nicole Laghernhard se sentit rem- ditencore Leloyer * ces demons sont tres-friands
,

portee par un tourbillon dans sa maisonnette, oii du sang des petits enfants. »
elle dut garder le lit huit jours... Tous les demonomanes ne sont pas d'accord
Lagneau ou Laigneau (David) ,
adepte mort sur la forme des lamies Torquemada, dans son
:

au dix-septieme siecle. II a traduit les Douze Hexameron, dit qu'elles ont une figure de femme
clefs de la philosophie (hermetique), de Basile Va- et des pieds de cheval ;
qu'on les noinme aussi

lentin ; et Ton voit dans son Harmonie mystique, chevesches a cause du cri et de la friandise de
,

publiee a Paris en 1636, qu'il s'occupait d'al- ces oiseaux pour la chair fraiche. Ce sont des es-
chimie. peces de sirenes selon les uns; d'autres les corn-
Laica^ Nom
de fees chez les Peruviens. Les parent aux gholes de I'Arabie. On a dit bien des
laicas etaient ordinairement bienfaisantes au , bizarreries sur ces femmes singulieres. Quelques-
lieu que la plupart des autres magiciennes met- uns pretendent qu'elles ne voient qu'a travers
taient leur plaisir a faire du mal. une lunette ^ Wierus parle beaucoup de ces
Lamia j reine de Libye, qui fendait le ventre monstres dans le iroisieme livre de son ouvrage
des femmes grosses pour devorer leurs fruits.
1 Histoire des spectres ou appaYilions des eSpHtS)
Elle a donne son nom aux lamies.
liv. Ill, p. 199.
2 Naude, Apol. pout les grands personnages, etc.,
1 M. Garlnet, Hist, de la magie en France ,
p. 173. ! ch. VIII.
LAM — 398 — LAM
sur les Prestiges. II a meme consacre aux lamics lieu de la chambre; aussilol la lerre s'enlr'ouvrait
un traile particiilier et engloutissait lesmauvais plaisants
« Les lainies ecossaises, dit un ecrivain que Les miracles de la lampe inextinguible elon-
nous croyons a ses initiales etre M. Alfred Mi- naienl tout Paris. Saint Louis, en ayant. enleudu
chiels, enlevent surlout des enfants, et c'est ce parler, fit venir Jechiel afin de le voir; il fut
qui a rendu les fees en general si redoutables en content, disenl les juifs, de la science etonnanle
nos contrees. II y en avail en Flandre qui en- de ce rabbin, qui pent- etre avail decouvert
voyaient de toules parts des esprits inferieurs, quelque gaz.
conduisanl des voitures peintes en rouge, cou- Lampes perpetuelles. En ouvranl d'anciens
vertes de loiles rouges, atlelees d'un cheval noir. lombeaux lels que celui do la fille de Ciceron,
Les enfants qu'ils Irouvaient isoles, ceux qu'iis on Irouva des lampes qui repandirenl un peu de
pouvaient altirer par des promesses, ou en leur lumiere pendant' quelques moments el menie ,

monLrant des dragees et des joujoux etaient , pendant quelques heures; d'ou Ton a prelendu
emmenes par eux, el ils les jelaienl dans la voi- que ces lampes avaient toujours brule dans les
ture avec an baillon dans la bouche. Selon d'au- tombeaux. "Mais comment le prouver? dit le
Ires, ils les massacraienl aus;-it6l; c'est pour que pere Lebrun on n'a vu paraitre des lueurs
;

le sang ne se vit pas qu'ils avaient adopte la cou- qu'apres que les sepulcres ont eLe ouverls et
leur rouge pour leurs voitures. Ges voitures s'ap- qu'on leur a donne de Fair. Or, il n'est pas sur-
pelaient bloed-chies et ceux qui les menaient prenanl que dans les urnes qu'on a prises pour
bloed-elven. Des qu'on les poursuivail ils dispa- des lampes il y cut une matiere qui etant expo- ,

raissaienl, et Ton ne trouvait plus que de grandes see a Fair, devinl lumineuse comme les phos-
taupinieresau beau milieu du pave. Cetlecroyance phores. On sail qu'il s'excile quelquefois des
causait un effroi grand aux enfants que, des
si flammes dans les caves dans les cimetieres el
,

qu'une voiture de couleur rouge venait a passer, dans tous les endroits ou il y a beaucoup de sel
tous se sauvaienten grande hate, Je me rappelle et de salpetre. L'eau de la mer, I'urine et cer-
fort bien avoir partage la terreur generate. » tains bois produisent de la lumiere el meme des
Lamotte le Vayer (Frangois), litterateur, Ilammes el Ton ne doute pas que eel effet ne
,

ne a Paris en 1588 et mort en 1672. G'elait, vienne des sels qui sont en abondance dans ces
selon Naude le Plutarque de la France ressem-
, ,
sortes de corps.
blanl aux anciens parses opinions et ses moeurs. Ferrari a voulu demonlrer, dans une savanle
11 a laisse des Opuscules sur le sommeil et les dissertation ,
que ce qu'on debilait sur ces lampes
sonc/es, in-8°, Paris, 16/) 3. eternelles n'etail appuye que sur des conies et
Lampadomancie, divination dans laquelle on des histoires fabuleuses ^
observait forme, la couleur et les divers mou-
la Lampon, devin d'Athenes. On apporta un jour
vemenls de la lumiere d'une lampe, afin d'en a Pericles, de sa maison de campagne un belier ,

tirer des presages pour I'avenir. qui n'avait qu'une corne tres-forte au milieu du
Lampe merveilleuse. II y avail a Paris du front; surquoi Lampon pronostiqua (ce que tout
temps de saint Louis un rabbin fameux, nomme le monde prevoyait) que la puissance, jusqu'alors
Jechicl, grand faiseur de prodiges, et si habile partagee en deux factions, celle de Thucydide et
a fasciner les yeux par les illusions de la magie celle de Pericles, se reunirait dans la personne
ou de la physique que les juifs le regardaienl de celui chez qui ce prodige elait arrive.
comme un de leurs saints, et les Parisiens comme
un sorcier. La nuil, quand lout le monde elait ' Sauval ,
Antiquites de Paris , etc.

couche, il travaillait a la clarle d'une lampe mer- 2 Vers 1750 cependant, on fit, a Naples, la de-
veilleuse qui repandail dans sa chambre uno
,
couverte d'un phosphore que Ton dut egalement au
liasard. Le prince de San-Severo travaillail a un pro-
liuniere aussi pure que celle du jour. II n'y met-
cede chimique. 11 ouvrit, a une heure apres minuil,
lait point d'huile; elle eclairait conlinuellement, qualrc cuciirbites de verre. En voulant les examiner
sans jamais s'eteindre et sans avoir besoin de trop pres avec une bougie, la maliere contenue
d'aucun aliment. On disait que le diable entre- dans un de ces vases prit feu sur-ie-champ et donna
lampe el venait passer la nuil avec une flamme jaune tres-vive. U laissa bruler pendant
tenait celle
environ six heures la matiere renfermce dans ce vase.
Jechiel. Aussi lous les passanls heurtaienl a sa La flamme, au bout de cet espace de temps, s'etant
porte pour I'interrompre. Quand des seigneurs trouvee aussi belle el aussi forte qu'au premier in-
stant, le prince San-Severo relouHa mais ayant
ou d'honneles gens frappaienl, la lampe jetail ;

voulu la raviver le lendemain, il n'y put parvenir


une lueur eclatanle, el le rabbin allait ouvrir;
qu'en ajoutant dans le meme vase un quart d'once de
mais loutes les fois que des importuns faisaient la memo matiere, quoiqu'elle ne fut pas sensiblemenl
du bruit pour le troubler dans son travail, la diminuee de poids. Une fois rallumee, ellc brula six
lampe palissail; le rabbin, averti, donnail un mois de suite, sans mouvement, sans alteration de
clarte, et sans deperdition apparente. Cette decou-
coup de marteau sur un grand clou fiche au mi-
verte justifia, jusqu'a un certain point, la verile des
lampes sepulcrales dont ont parle les anciens, et que
1
/. Wieri de Lamiis liber. In 4". Bale, 1577. des savants modernes ont traitees de fables.
LAM — 399 — LAP

j
Lamproies, poissons auxquels on a donne neuf facililait le plaisir de parler a deux personnes en
yeux mais on a reconnu que c'etait line erreur
; meme temps K Mahomet vit dans son paradis

!
populaire, fondee %ur ce que les lamproies ont des anges bien plus merveilleux; car ils avaient
sur le cote de la tete des cavites, qui n'ont au- chacun soixante-dix mille tetes, a chaque lete
pune communication avec le cerveau ^ soixante-dix mille bouches, et dans chaque bouche
Lancinet. Les rois de France ont de temps soixante-dix mille langues qui parlaient chacune
immemorial revendique I'honneur de guerir les soixante-dix mille idiomes diff(3rents.
ecrouelles. Le premier qui fut gueri fut un che- Les sorcieres prcitendaient avoir le don de
valier nomme Lancinet. Voici comment le fait parler toutes les langues ce qui ne s'est pas ve-
:

est conte : rifie, sinondans quelques possedees.

((11 etait un chevalier nomme Lancinet, de Langue primitive. On a cru autrefois que si
Tavis duquel le roi Clovis se servait ordinaire- on abandonnait des enfants a la nature, ils ap-
ment de faire la guerre a
lorsqu'il (Jtait question prendraient d'eux-memes la langue primitive,
ses ennemis. Etant afiligci de cetle maladie des c'est-a-dire celle que parlait Adam, que Ton
ecrouelles, et s'etant voulu servir de la recette croit elre I'hebreu. Mais malheureusement I'ex-
dont parle Cornelius Celsus qui dit que les ,
perience a prouv(§ que cette assertion n'etait
ecrouelles se guerissentsi I'on mange un serpent, qu'une erreur populaire ^ Les enfants eleves par
I'ayant essayee par deux fois, et ce remede ne des chevres parlent I'idiome des boucs et il est ,

lui ayant point reussi, un jour, comme le roi impossible d'etablir que le langage n'a pas ete
Clovis sommeillait, il lui fiit avis qu'il touchait revele.
doucement cou a Lancinet, et qu'au meme
le Languet, cure de un
Saint-Sulpice, qui avait
instant ledit Lancinet se trouvait gueri sans que talent tout particulier pour I'expulsion de cer-
meme il parut aucune cicatrice. tains esprits malins. Quand on lui amenait une
Le roi, s'etant leve plus joyeux qu'a I'ordi-
)) de ces pretendues possed<3es que les convulsion-
naire, tout aussitot qu'il lit jour, manda Lancinet naires ont produites, et qui ont donne maticre a
et essaya de le guerir en le touchant, ce qui fut tant de scandales, il accourait avec un grand
fait; et toujours depuis, cette vertu et faculte a benitier plein d'eau commune, qu'il lui versait
ete comme hereditaire aux rois de France, et sur la tete en disant : (( Je t'adjure de te rendre
s'est transmise a leur poslerite ^ » tout a I'heure a la Salpetriere, sans quoi je t'y
Voila, sans contredit,
un prodige mais on re- ; ferai conduire a I'instant. » La possed(5e ne re-
presentera que personne ne se nommait Lancinet paraissait plus.
du temps de Clovis; que ni Clovis, ni Clotaire, Lanthila, nom que les habitants des Moluques
ni le roi Dagobert, ni aucun des Merovingiens ne donnent a un etre superieur qui commande a
se vantaient de guerir les humeurs froides; que lous les Netos ou genies malfaisants.
ce secret fut egalement inconnu aux Carlovin- Lapalud, Voy. Palud.
giens, et qu'il faut descendre aux Capetiens pour Lapons. Les Lapons se dislinguent un peu
en trouver I'origine des aulres peuples la hauteur des plus grands
:

Landat ou Landalde (Catherine), paysanne n'excede pas un metre et demi; ils ont la tete
des frontieres de I'Espagne. Delancre dil qu'in- grosse, le visage plat, le nez ecrase, les yeux
lerrogee sur ses voyages au sabbat, elle diiclara pelits, la bouche large, une barbe epaisse qui
qu'elle dormir pour s'y
n'avait pas besoin de leur pend sur I'estomac. Leur habit d'hiver est
rendre; que des qu'elle s'asseyait pres de son une peau de renne, taillee comme un sac, des-
feu si elle sentait un grand d(3sir d'aller au sab-
, cendant sur les genoux et rehaussee sur les
,

bat, elle s'y trouvait aussitot transportee. Cette hanches d'une ceinture ornee de plaques d'ar-
femme avait trente ans. gcnt; ce qui a donne lieu a plusieurs historiens
Landela, magicienne. Voy. Harppe. de dire qu'il y avait des hommes vers le Nord
Langeac, ministre de France, qui employait velus comme des betes, et qui ne se servaient
beaucoup d'espions et qui fut souvent accuse
, point d'autres habits que ceux que la nature leur
de communiquer avec le diable *. avait donnes.
Langue. On lit dans Diodore de Sicile que les On dit qu'il y a chez eux une ecole de magie
anciens peuples de la Taprobane avaient une ou les peres envoient leurs enfants, persuades
langue double, fenduo jusqu'a la racine, ce qui que la magie leur est necessaire pour eviter les
animait singulierement leur conversation et leur enibuches de leurs ennemis, quisonteux-memes
grands magiciens. Ils font passer les demons fa-
Brown, Des erreurs populaires, t. I, liv. Ill,
* miliers dont ils se servent en h(3ritage a leurs
p. 349.
^ Delancre, Traitede 1' altouchement 4 59; For-
, p.
cadel, De imper. et philosop. gall. ' M. Salgues, Des erreurs et des prejuges, t. Ill,
^ M. Salgues, Des erreurs et des prejuges, etc., p. 119.
t. I, p. 273. - Thomas Brown, Essai sur les erreurs, I. II,
* Berlin, Curiosites de la litterature. t. I, p. 51. ch. xxm ,
p. 9!3.
, ,

LAR — m LAR
enfants , afin qu'ils les emploient a surmonter ilne donne plus signe de vie les assistants con-
;

les demons des autres families qui leur sont con- tinuent de chanter jusqu'a ce qu'il soit revenu a
traires. lis se serventsouvent d'un Lamboiir pour lui, car on cesse de chanter, I'homme meurt,
si

les operations de leur magie. Quand ils ont en- disent-ils ce qui lui arrive egalemenl si quel-
,

vie d'apprendre ce qui se passe en pays etran- qu'un essaye de I'eveiller en le louchant de la
ger, un d'entre eux bat le tambour, meltant main ou du pied. On eloigne meme de lui les
dessus, a Tendroit ou I'iraage du soleil est des- mouches et les autres animaux. Quand il reprend
sinee des anneaux de laiton attaches ensemble
, ses sens de lui-meme, il repond aux questions
par une chaine de meme metal. II frappe sur ce qu'on lui fait sur le lieu ou il a ete envoye. Quel-
tambour avec un marteau fourchu fait d'lui os; quefois il ne se reveille qu'au bout de vingt-
de telle sorte que ces anneaux se remuent. Le quatre heures selon que le chemin qu'il lui a
,

curieux chante en meme temps d'une voix dis- fallu parcourir a ete long ou court. Pour ne lais-
lincte une chanson que les Lapons nomment ser aucun doule sur la verite de ce qu'il raconte,
jonk tous ceux qui sent presents hommes et
; , il se vante d'avoir rapporte du pays ou il a ete

femmes, y ajoutent chacun son couplet, expri- la marque qu'on lui a demandee, comme un cou-
mant de temps en temps le nom du lieu dont ils teau, un anneau, un Soulier ou quelque autre
desirent savoir quelque chose. Le Lapon qui chose. Les Lapons se servent aussi du meme tam-
frappe le tambour le met ensuite sur sa tete d'une bour pour savoir la cause d'une malad'ie, ou pour
certaine fagon el tombe aussitot par terre oia , faire perdre la vie ou la sante a leurs ennemis.

Lapans.

Parmi ces peuples, certains magiciens ont une toils et des maisons. Apulee dit que les lares

espece de gibeciere de cuir, dans laquelle ils n'etaient autre chose que les ames de ceux qui

tiennent des mouches magiques ou des demons, avaienl bien vecu et bien rempli leur carricre.
qu'ils lachent de temps en lemps centre leurs Au contraire, ceux qui avaienl mal vecu erraient
ennemis, ou contre le betail, ou simplement vagabonds et dpouvantaient les hommes. Selon
pour exciter des tempetes et fau'e lever des vents Servius, le culte des dieux lares est venu de ce
orageux. lis ont aussi une sorte de dard qu'ils qu'on avail coutume autrefois d'enterrer les

jettent en Fair, et qui dans leur opinion cause


, , corps dans les maisons, ce qui donna occasion
la mort a tout ce qu'il rencontre, lis se servent au peuple credule de s'imaginer que leurs ames
pour cemeine effet, d'une pelote nommee tyre, y demeiiraient aussi comme des genies secou-
,

de la grosseur d'une noix, fort legere, presque rables et propices, et de les honorer en cette
ronde qu'ils envoient contre leurs ennemis pour
,
qualite.
les faire perir; si par malheur cette pelote ren- La coulume s'etant introduite plus lard d'in-
contre en chemin quelque autre personne ou humer les morts sur les grands chemins, on en

quelque animal, elle ne manque pas de leur causer pril occasion de les regarder comme les dieux
la mort ^ Voy. Finnes, Tyre, etc. des chemins. C'etait le sentiment des platoni-
Lares. Les lares etaient, chez les anciens, des ciens, qui des ames des bons faisaient des lares,
demons ou des genies gardiens du foyer. Cice- et les lemures des ames des mechants. On pla-
ron, traduisant le Ti77i^e dePlaton, appelle lares gait les statuettes des lares dans un oratoire que

ce que Platon nomrae demons. Festus les ap- Ton avail soin de tenir proprement. Gependant
pelle dieux ou demons inferieurs, gardiens des quelquefois on perdait le respect a leur egard
1 Dom Calmet, Sur les vampifes. comme a la mort de quelques personnes cheresi
LAR LAZ
in les accusait de n'avoir pas bien veille a Jeur Lavater (Louis), theologien protestant, ne a
onservation, et de s'etre laisse surprendre par Kibourg en 1527, auleur d'un traite sur les spec-
es esprits malfaisants. Caligula fit jeler les siens tres, les lemures \ etc.; Zurich, 1570, in-12,
lai la fenetre, parce que, disait-il , il etait plusieurs fois reimprime.
necontent de leurs services. Lavater (Jean-Gaspard), ne a Zurich en 17/|1,
Quand lesjeunes gargons etaient devenus assez
;rands pour quitter les buUes qu'on ne portait
[Lie dans la premiere jeunesse ils les pendalent ,

jiu cou des dieux lares. Les esclaves y pendaient


knssi leurs chaines ,
lorsqu'ils recevaient la

iberte.

!
Larmes. Les femmes accusees de sorcellerie
Haient regardees comme veritablement sorcieres
1
orsqu'elles voulaient pleurer et qu'elles ne le

)Ouvaient. Une sorciere dont parle Boguet dans


non Premier avis ne put jeter aucune larme, bien
."[u'elle se fut plusiears fois efforcee devant son

juge il a ete reconnu par experience que


: « Car
les ne jettent point de larmes ce qui a
sorciers : mort en 1801, auteur celebre de VArt dcjuger les
donne occasion a Spranger, Grilland et Bodia de liommes par laphijsionomie. Voy. Physiognomonu: .

Jire que I'une des plus fortes presomptions que Lavisari. Cardan ecrit qu'un Italien nomme
I'on puisse elever centre le sorcier est qu'il ne Lavisari, conseiller et secretaire d'un prince, se
larmoie point'. » trouvant une nuit seul dans un sentier, le long
Larrivey poete dramatique du sei-
(Pierre), d'une riviere, et ne sachant oii etait le gue pour
zieme siecle, ne a Troyes en 1596. II s'est fait la passer, poussa un cri dans I'espoir d'etre en-

connaitre par un Almanack avec grandes predic- tendu des environs. Son cri ayant ete repete par
tions, le tout diligemment calcule, qu'il publia une voix de I'autre cote de I'eau il se persuada ,

de 1618 a 1647. Ilpreceda ainsi Matthieu Laens- que quelqu'un lui repondait et demanda , :

•bergh. 11 rie mangeait point de poisson parce , Dois-je passer ici ? —
La voix lui repondit Ici. : —
iqiie, selon son horoscope, il devait raourir II vit alors qu'il etait sur le bord d'un gouffre

letrangle par une arete, prediction qui ne fut pas ou I'eau se jetait en tournoyant. Epouvante du
accomplie. Les almanachs qui continuent de danger que ce gouffre lui presentait, il s'ecrie
porter son nom sont encore tres-estimes dans le encore une fois —
Faut-il que je passe ici?
: —
midi de la France, comma ceux de Matthieu La voix lui repondit Passe ici.
: —Il n'osa s'y —
Laensbergh dans le Nord. hasarder, et, prenant I'echo pour le diable, il
Larves ames des mechants que Ton dit error
, crut qu'il voulait le faire perir et retourna sur
ga et la pour epouvanter les vivants; on les con- ses pas ^.

fond souvent avec les lemures mais les larves , Layra , nom d'une maladie que donnaient les
ont quelque chose de plus effrayant. sorciers dans une pomme ou dans un autre ali-
Lorsque Caligula fut assassine, on dit que son ment, et qui produisait le besoin indomptable
palais devint inhabitable, a cause des larves qui d'aboyer. Delancre en a eu les Les
preuves.
I'occupaient, jusqu'a ce qu'on lui eut decerne memos coquins infusaient aussi par le memo
une pompe funebre. precede de violentes epilepsies.
Launoy (Jean), celebre docteur de Sorbonne, Lazare tzar des Serviens dans leurs temps
,

ne le 21 decembre 1603 a Valderic, diocese de hero'iques. On lit sur ce prince, dans les chants
Coutances. II a laisse une dissertation pedan- populaires des Serviens de singulieres legendes.
,

tesque sur la vision de saintSimon Stock, qu'il Leur grand cycle poetique c'est I'ere fatale ,

n'a pas su comprendre, etant un peu trop janse- de la conquete c'est la bataille de Kossowo oii
, ,

iiiste. Un volume in-8° 1653 et 1663. ; perit le roi Lazare trahi par son gendre Wuk et
,

Laurier, arbre qu'Apulee met au rang des parses douze mille guerriers. A cette bataille,
planles qui preservent les hommes
des esprits le poete fait intervenir le prophete Elio, qui
malins. On croyait aussi chez les anciens qu'il annonce au roi la volonte de Dieu et I'avertit
garantissait de la foudre. qu'il est temps de choisir entre le royaume du
Lauthu, magicien tunquinois ,
qui pretendait ciel et celui de la terre. Lazare mande le pa-
avoir ete porle soixante-dix ans dans le sein de triarche de Servie et les douze grands archeve-
sa mere. Ses disciples le regardaient cumme le ques, pour qu'ils donnent la sainte communion
cre'ateur de toules choses. Sa morale est tres-
relachee; c'est celle que suit le peuple, tandis
^
Be spectris, lemuribus el mcujnis atque insoliiis
fragoribus et prcesagitionibus quce obitum hominum,
que la cour suit celle de Confucius. clades mutalionesque imperiorum prcecedunt, etc.
' Boguet, Premier avis, n'^GO, p. 26. 2 Lenglet-Dufresnoy, Dissertalions, t. I, p. 169.

26
. ;
, ,
;
,

LAZ — 402 — LEG


a ses braves et que purifies ils se preparent a
, ele placees dans des communautes religieuses,
la mort Au moment ou les troupes defilent se trouverent immediatement paisibles.
en bon ordre la Izarine Militza demande a son
, Lebrun (Charles) , celebre peintre, ne a Paris
noble epoux qu'au moins un de ses freres reste en 1619, mort en 1690. On lui doit un Traitd
avec dans la forteresse de Kruschwatz. Ils
elle sur la physionomie humaine comparee avec cellc

refusent tous. Golabun, le serviteur, reste seul. des animaux , 1 vol. in-folio.
Des que I'aube du matin parait, deux corbeaux Lebruu (Pierre), oratorien, ne a Brignolles
messagers arrivent aupres de la tzarine qui se en 1661, mort en 1729. On a de lui : i" Lcl-
trouble; puis le guerrier Milutine, convert de Ires qui dicouvrent I'illusion des p/iihsophes sur
dix-sept blessures et portant sa main gauche la baguette, et qui detruisent leurs systemes,
dans sa droite vient lui conter comment I'illustre
, 1693, in-12; 2° Histoire critique des pratiques
tzar, son epoux, esttombe, comment est tombe supcrstiticuses qui ont scduit les peuples et emhar-
le vieux lug, son pere, comment sont tombes rassi les savants^ 1702, 3 vol. in-12, avec un
les neuf lugowitz *, et comment est tombe Milosch supplement, 1737, in-12.
le waiwode. Nous avons occasion de le citer souvent.
« On n'avaitpuretrouversurlasanglante plaine Lecanomancie divination par le moyen de ,

la tetede Lazare. Un jeune Turc ne d'une Ser- , I'eau. On ecrivait des paroles magiques sur des
vienne, I'avait jetee dans une source d'eauvive; lames de cuivre, qu'on mettait dans un vase
elle yresta quarante ans, et elle brillait comme plein d'eau, et une vierge qui regardait dans
la lune sur I'eau. Tiree de la enfm et deposee sur cette eau y voyait ce qu'on voulait savoir, ou ce
le gazon, elle alia rejoindre son corps, qui fut qu'elle voulait y voir. Ou bien on remplissait d'eau
depose par les douze grands archeveques dans un vase d'argent pendant un beau clair de lune;
le beau monastere de Rawanilza en Macedoine, ensuite on reflechissait la lumiere d'une clian-
« fonde par Lazare de son propre argent sans , delle dans le vase avec la lame d'un couteau et ,

qu'il en coutat un para ou une larme a son Ton y voyait ce qu'on cherchait a connaitre. —
pauvre peuple ^ » C'est encore par la lecanomancie que chez les

Lazare (Denys), prince de Servie, qui vivail anciens on mettait dans un bassin plein d'eau
en I'annee de I'hegire 788. II est auteur d'un ou- des pierres precieuses et des lames d'or et d'ar-
vrage intitule les Songes, public en 1686; 1 vol. gent, gravees de certains caracteres, dont on
in-B". II pretend avoir eu des visions nocturnes faisait offrande aux demons. Apres les avoir con-
dans les royaumes de Stephan de Melisch et de , jures par certaines paroles, on leur proposait la
Prague. question a laquelle on desirait une reponse. Alors
Leaupartie, seigneur normand d'un esprit ilsortait du fond de I'eau une voix basse sem- ,

epais, qui fit paraitre en 1735 un memoire pour blable a un sifilement de serpent ,
qui donnait la

etablir la possession et I'obsession de ses enfants solution desiree. Glycas rapporte que Nectane-
etde quelques autres filles qui avaient copie les bus, roi d'Egypte, connut par ce moyen qu'il
extravagances de ces jeunes demoiselles. 11 — serait detrone et Delrio ajoute que de son temps
;

envoya a la Sorbonne et a la faculte de medecine cette divination etait encore en vogue parmi les
de Paris des observations pour savoir si I'etat Turcs. Elle etait anciennement familiere aux
des possedees pouvait s'expliquer naturelleraent. Chaldeens, aux Assyriens et aux Egypliens.
11 exposa que les possedees entendaient le latin; Vigenere dit qu'on jelait aussi du plomb fondu
qu'elles elaient malicieuses; qu'elles parlaienten tout bouillant dans un bassin plein d'eau et par ;

heretiques; qu'elles n'aimaient pas le son des les figures qui s'en formaient on avait reponse a
cloches qu'elles aboyaient comme des chiennes
; ce qu'on demandait*.
que I'aboiement de I'une d'elles ressemblait a Lecanu (M. I'abbe), du clerge de Paris, au-
celui d'un dogue que leur servante Anne Neel
; teur d'un livre intitule « Histoire de Satan , sa
quoique fortement liee s'etait degagee pour se
,
chute, son culte, ses manifestations, ses oeu-
jeter dans le puits ce qu'elle ne put executer,
:
vres , la guerre qu'il fait a Dieu et aux homines
parce qu'une personne la suivait; mais que, pour magie ,
possessions , illuminisme ,
magnetisine
echapper a cette poursuite, elle s'elanqa contre esprits frappeurs, spirites, etc. » In-8°, Paris,

une porte fermee et passa au travers etc. Le , — 1862.


bruit s'etant repandu que les demoiselles de Lechies demons des bois especes de satyres
, ,

Leaupartie etaient possedees, un cure nomme chez les Russes, qui leur donnent un corps hu-
Heurtin, faibie ou intrigant, s'empara de I'af- main ,
depuis la partie superieure jusqu'a la cein-
faire causa du scandale
, fit des extravagances.
, ture , avec des cornes des oreilles une barbe
, ,

Mgr de Luynes, eveque de Bayeux, le fit renfer- de chevre et de la ceinture en bas des formes
; , ,

mer dans un seminaire; et les demoiselles, ayant de bouc. Quand ils marchent dans les champs

lugowitz, enfants de lug.


1

Extrait de coniptes rendus par


2 la presse perio- '
Delancre IncreduUte et mecreance du sortilege
,

dique sur les legendes de la Servie. pleinement convaincues, p. 268.


, ,,
;

LEG — /t03 — LEN


Is se rapetissent au niveau des herbages mais ; des Erreurs el des prdjuges rcpandus dans la
orsqu'ils courent dans les forets ils egalent en
, societe.

lauteurs les arbres les plus eleves. Leurs cris Legions. 11 y a aux enfers six mille six cent
ont effroyables. Ils errent sans cesse autour des soixante-six legionsde demons. Chaque le-
)romeneurs empruntent une voix qui leur est
,
gion de I'enfer se compose de six mille six cent
onnue, et les egarent vers leurs cavernes, ou soixante-six diables , ce qui porte le nombre de
Is prennent plaisir a les chaLouiller jusqu'a la tous ces demons a quarante-quatre millions quatre
nort. cent trente-cinq mille cinq cent cinquante-six , a
la tete desquels se trouvent soixante-douze chefs,
selon le calcul de Wierus. Mais d'autres doctes
mieux informes eleventbien plus haut le nombre
des demons.
Leleu (Augustin), controleur des droits du
due de Chaulnes sur la chaine de Piquigny, qui
demeurait a Amiens rue de 1' Aventure et dont
, ,

la maison fut infestee de demons pendant qua-

torze ans. Apres s'etre plaint, il avait obtenu


qu'on fit la benediction des chambres infestees
ce qui forga les diables a detaler *.

Leloyer. Voy. Loyer (le).


Lemia, sorciere d'Athenes, qui. fut punie du
dernier suppliee, au rapport de Demosthene,
pour avoir enchante charme et fait perir le be-
,

tail car dans cette republique on avait etabli une


;

ehambre de justice pour poursuivre les sorciers^.


Lemnus ou Lemmens (Lievin), ne en 1505
a Ziriczee en Zelande , medeein et theologien
Lccbies.
publia un livre sur ee qu'il y a de vrai et de faux
en astrologie et un autre sur les merveilles
,

Lecoq , Saumur, au
sorcier qui fut execute a oceultes de la nature ^
seizieme siecle, pour avoir compose des vene- Lemures, genies malfaisants ou ames des
[fices et poisons centre les enfants. Le bruit cou-
morts damnes qui ( selon les croyanees supersti-
rait dans ce temps-la que lui et d'autres sorciers
tieuses) reviennent tourmenter les vivants, et
ayant jete leurs sorts diaboliques sur les lits de dans la elasse desquels il faut mettre les vam-
;
plume il devait s'y engendrer certains serpents
,
pires. On pretend que le nom de Lemure est une
I qui piqueraient et tueraient les bonnes gens en- corruption de Remure qui vient a son tour du ,

i
dormis ; si bien qu'on n'osait plus se coucher. nom de Remus tue par Romulus fondateur de
, ,

'

On attrapa Lecoq et on le brula ,


apres quoi on Rome ; car apres sa mort les esprits malfaisants
alia dormir * , ce que vous pouvez faire aussi. se repandirent dans Rome ^ Voy. Lares , Lar-
Ledoux (Mademoiselle), tireuse de cartes, VES, Spectres, Vampires, etc.
dent on fit le proces a Paris le 14 juillet 1818. Lenglet-Dufresnoy (Nicolas) ne a Beauvais ,

Eile fut condamnee a deux ans d'emprisonnement en 1674 et mort en 1755. On lui doit 1° une :

et a douze francs d'amende, pour avoir present Histoire de la philosophie hermetique aecompa- ,

a une jeune demoiselle d'aller la nuit en peleri- gnee d'un catalogue raisonne des ecrivains de
nage au Calvaire du mont Valerien pres Paris , cette science, avec le veritable Philalete, revu
et d'y porter quatre queues de morue envelop- sur les originaux, 1742, 3 vol. in-12; 2° un
'
pees dans quatre morceaux d'un drap coupe en Traiti historique et dogmatique sur les appari-
; quatre, afin de detacher, par ce moyen cabalis- tions, visions et revdlations particulieres avec ,

I tique, le coeur d'un jeune homme riche , de neuf des observations sur les dissertations du R. P.
j veuves et demoiselles qui le poursuivaient en dom Calmet sur les apparitions et les revenants
j
mariage ^
Legendre (Gilbert-Charles), marquis de Saint- 1 Lenglet-Dufresnoy , Dissertations sur les appari-
I

Aubin-sur-Loire ne a Paris en 1688, mort en


, tions, t. Ill, p. 21 3.
2 Hist, de la magie en France, p. 44.
M. Garinet,
J 1746. On a de lui un Traite de I'opinion, ou
3 Astrologia liber unus, in quo obiter indicatur
De
I Menioires pour servir a I'histoire de I'esprit hu-
quid ilia veri, quid ficli falsique habeat, et quatenuS
I
main, Paris, 1733, 6 vol. in-12 ; ouvrage dont arti sit habenda fides; Anvers, 4 554, in-8o. De —
I M. Salgues a tire tres-grand parti pour son livre occultisnaturw miraculis libri II; Anvers 4 559 ,
^

in-12. Reimprime chez Plan tin en quatre livres ;

Delancre, Incredulite , etc., p. 268.


' Anvers, 4 564.
M. Garinet, Histoire de la magie en France,
2 * Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des

p. 291. esprits, ch. v.


26.
LEN - kOk — LEO
1751, 2 voL in-12; 3° \m Rcrueit dc dissertations oraisons pour conjurer le diable. Voy. Conjura-
anciennes et noayelles siir les apparitions, les tions, etc.
visions et les songes, avec une preface hislo- Leonard, demon des premiers ordres, grand
rique et un catalogue des aiiteurs qui ont ecrit maitre des sabbats, chef des demons subalternes,
sur les esprits , les visions, les apparitions, les inspecteur general de la sorcellerie, de la magie
songes et les sortileges; 1752, h vol. in-12. noire et des sorciers. On I'appelle souvent le
Nous avons puise frequemment dans ces ou-
vrages.
Lenormand (Mademoiselle), fenime qui, sous
I'Empire et la Restauration ,
exergait a Paris le

metier de sibylle. Elle prenait le nom de sibylle


du faubourg Saint-Germain tirait les cartes ct ,

disait labonne aventure par le marc de cafe. On


pretend qu'elle etait un des organes de la police.
Elle a laisse des memoires et des souvenirs sibyl-
lins. Morte en 1843. Ce qui estcurieux, c'est

que de notre temps les grandes dames allaient


,
,

la consulter.
Le Normant ( Martin ) ,
astrologue qui fut

apprecie par le roi Jean ,


auquel il predit la vic-
gagna contre les Flamands \
toire qu'il
Leon elu pape en 795. On a eu I'effron-
III ,

terie de lui attribuer un recueil de platitudes,


embrouillees dans des figures et des mols inin-

Grand Negre. II preside au sabbat sous la figure


d'un bouc de haute taiile; il a trois cornes sur la
tete, deux oreilles de renard, les cheveux heris-
ses, les yeux ronds enilammes et fort ouverts,
,

une barbe de chevre et un visage au derriere.


Les sorciers I'adorent en lui baisant ce visage
inferieur avec une chandelle verte a la main.
Quelquefois ressemble a un levrier ou a un
il

boeuf, ou a un grand oiseau noir, ou a un tronc


d'arbre surmontd d'un visage tenebreux. Ses
pieds, quand il en porte au sabbat, sont tou-
jours des pattes d'oie. Cependant, les experts
qui ont vu le diable au sabbat observent qu'il

n'a pas de pieds quand il prend la forme d'un


tronc d'arbre et dans d'autres circonstances ex-
traordinaires. Leonard est taciturne et melan-
colique mais dans toutes les assemblees de sor-
;

telligibles, compose par un visionnaire plus de ciers et de diables oii il est oblige de figurer, il
trois cents ans apres lui, sous le titre CC Enchiri- se montre avantageusement et deploie une gra-
dion Lconis papa ^. On a ajoute qu'il avait en- vite superbe
voye ce livre a Charlemagne. Voici le titre exact Leopold, tils naturel de I'empereur Rodol-
de ce ridicule fatras Enchiridion du pape Leon,
:
phe IL 11 embrassa la magie et etudia les arts du
donne comme un present precieux an serenis- diable, qui lui apparut plus d'une fois. 11 arriva
sime empereur Charlemagne recemment purge ,
que son frere Frederic fut pris en bataillc en
de loutes ses fautes. Rome, 1670, in-12 long, combattant contre Louis de Baviere. Leopold,
avec nn cercle coupe d'un triangle pour vignette, voulant lui envoyer un magicien pour le delivrer
et a I'entour ces mots en legende Formatioii^ :
de la prison de Louis sans payer rangon s'en- ,

reformation , transfornialion. Apres un avis aux ferma avec ce magicien dans une chambre, en
sages cabalistes, le livre commence par I'Evan- conjurant et appelant le diable, qui j-e presenla
gile de saint Jean, que suivent les secrets et a eux sous forme et costume d'un messager dc
pied ayant ses souliers uses et rompus, le cha-
,

' Manuscril cite a la fin des remarques de Jolv sur peron en tete; quant au visage, il avait les yeux
Bayle.
^ Enchiridion Lconis papas serenissimo imperalori
chassieux. 11 leur promit, sans que le magicien
Carolo Magna in munus pretiosum datum, nuperrime
'

mendis omnibus purgatum,, etc. ' Delrio, Delancre, Bodin, elc.


;

LEP — ^|05 — LEU


;
jse derangeat, de tirer Frederic d'embarras, au derriere ayant chacun une chandelle a la

pourvu qu'il y consentit. II se transporta de main *.


suite dans la prison changea d'habit el de forme,
, Lescot, devin de Parme, qui disait indiffe-
prit celle d'un ecolier, avec une nappe autour du remment a tout homme qui en voulait faire I'es-
cou, et invita Frederic a entrer dans la nappe, sai :Pensez ce que vous voudrez et je devi-
(( ,

ce qu'il refusa en faisant le signe de la croix. Le nerai ce que vous pensez » parce qu'il etait ,

;
diable s'en retourna confus chez Leopold qui ,
servi par un demon ^,

I
ne le quitta point pour cela car pendant la ma- ; Lespece, Italien qui fut avale pendant le se-
I ladie a la suite de laquelle il mourut, s'etant leve jour de la flotte frangaise au port de Zanle, sous
un jour sur son seant il commanda a son magi- , le regne de Louis XIL II etait dans le brigantin

cien, qu'il tenait a gages, d'appeler le diable, de Frangois de Grammont. Un jour, apres avoir
i
lequel se montra sous la forme d'un homme noir bien bu, il se mit a jouer aux des et perdit tout
et hideux Leopold ne I'eut pas plutot vu qu'il
;
son argent. II maugrea Dieu les saints, la bien- ,

dife C'est assez; et il demanda qu'on le recou-


: heureuse Vierge Marie mere de Dieu et invo-, ,

. chat dans son lit, oii il trepassa qiia le diable a son aide. La nuit venue, comme

Lepapa rocher mystique. Voij. Eatuas.


, I'impie commengait
a ronfler, un gros et horrible
Leprechan. C'est le nom qu'on donne au clu- monstre, aux yeux etincelants approcha du ,

ricaune dans quelques comtes de I'lrlande. Voyez brigantin. Quelques matelots prirent cette bete
Cluricaune. pour un monstre marin et voulurent I'eloigner
Leriche (M. I'abbe), pretre du diocese de mais elle aborda le navire et alia droit a I'here-
Poitiers, auleur d'un savant livre intitule Etudes tique, qui fuyait de tous cotes. Dans sa fuite il ,

sur les possessions en gendral et sur la possession trebucha et tomba dans la gueule de eel horrible
de Loudun en particulier, precedees d'une lettre serpent ^
du P. Ventura. 1 vol. in-12, 1859. Dans cet ou- Lethe , fleuve qui arrosait une partie du Tar-
vrage, parfaitement ecrit et solidement appuye tare et allait jusqu'a I'Elysee. Ses ondes fai-
de preuves, I'auteur a mis au neant tous les saient oublier aux ombres, forcees d'enboire,
mensonges du calviniste Saint-Aubin. peines de la vie qu'elles avaient
les plaisirs et les

Leroux de Lincy, auteur vivant de travaux quittee. On surnommait le Lethe le fleuve d'Huile,
curieux intitules Le Livre des Ugendes, 1836. parce que son cours etait paisible et par la meme ,

Lesage. Voy. Luxembourg. raison Lucain I'appelle deus tacitus, dieu silen-
Lescoriere (Marie), vieille sorciere arretee il ne faisait entendre aucun murmure.
cieux, car
au seizieme siecle a I'age de quatre-vingt-dix Les ames des mechants apres avoir expie leurs ,

ans. Elle repondit dans son interrogatoire qu'elle crimes par de longs tourments, venaient aux
passait pour sorciere sans I'etre qu'elle croyait ;
bords du Lethe perdre le souvenir de leurs
en Dieu , I'avait prie journellement , et avait maux une nouvelle vie. Sur ses rives,
et puiser
quitte le diable depuis longtemps; qu'il y avait comme sur du Oocyte on voyait une porte
celles ,

quarante ans qu'elle n'avait ete au sabbat. Inter- qui communiquait au Tartare *.
rogee sur le sabbat, elle dit qu'elle avait vu le Lettres de I'alphabet. Leur mystere, Voyez
diable en forme d'homme et de bouc, qu'elle lui Marc l'hi':retique.
avait cede les galons dont elle liait ses cheveux ,
Lettres infernales ou Lettres des campagnes
,

que le diable les lui avait payes un ecu qu'elle infernalcs, publiees en 173Z|. Ce n'est qu'une sa-
avait mis dans sa bourse ; qu'41 lui avait surtout tire centre les fermiers generaux. .

recommande de ne pas prier Dieu de nuire aux ,


Lettres sur les diverses apparitions d'un idne-
gens de bien , et qu'il lui avait remis pour cela dictin de Toulouse, in-4°, 1679. Ces apparitions
de poudre dans une boile qu'il etait venu la
la ;
etaient, dit-on, des supercheries de quelques
trouver en forme de chat et que parce qu'elle ,
,
novices de la congregation de Saint-Maur, qui
avait cesse d'aller au sabbat, il I'avait meurtrie voulaient tromjoer leurs superieurs. On les fit

a coups de pierres que quand elle appelait le ;


sortir de I'ordre.
diable, il venait a elle en figure de chien pen- Leuce-Carin, heretique du second siecle,
dant le jour et en figure de chat pendant la nuit; auteur apocryphe d'un livre intitiM Voyages des
qu'une fois elle I'avait prie de faire mourir une apotres. II y conte des absurdites.
voisine, ce qu'il avait fait; qu'une autre fois, Leucophylle plante fabuleuse qui
,
, selon les
passant par un village les chiens I'avaient suivie , anciens, croissait dans le Phase, fleuve de la
et mordue que dans I'instant elle avait appele
;

le diable, qui les avait tues. Elle dit aussi qu'il * Discours des sortileges et venefices, tires despro-
ne se faisait autre chose au sabbat sinon hon- ces criminels.
neur au diable, qui promettait ce qu'on lui de- 2 Delancre , Incredulite et mecreance de la divina-
tion, du sortilege, p. 304.
mandait; qu'on lui faisait offrande en le baisant 3 D'Auton, Histoire de Louis XII, cil6 par M. Jules
Gariiiet, dans son Histoire de la Magie en France.
' Leloyer, Histoire des spectres, p. 304. Delandine, VEnferdes anciens, p. SSI.
,,

LfiV — /)06 — LIE

Colchide. On lui attribuait la verlu d'empecher les ceremonies que les anciens pratiquaient dans
les infidelites ; mais il fallait la cueillir avec de la libanomancie. On prend, dit-il, de I'encens,
certaines precautions, et on ne la trouvait qu'au et, apres' avoir fait des prieres relatives aux
point du jour, vers le commencement du prin- choses que Ton demande, on jetle cet encens
temps, lorsqu'on celebrait les mysteres d'He- dans le feu , afin que sa fumee porte les prieres
cale, jusqu'au ciel. Si ce qu'on souhaite doit arriver,
Levi de Moravia, rabbin juif, repute grand I'encens s'allume sur-le-champ ,
quand meme il

magicien au xvi' siecle. serait tombe hors du feu ; le feu serable Taller
Leviathan, grand amiral de I'enfer, selon les chercher pour le consumer. Mais si les voeux
demonomanes. Wierus I'appelle le grand men- qu'on a formes ne doivent pas etre remplis ou ,

teur, II s'est mele de posseder, de tons temps I'encens ne tombe pas dans le feu ou le feu s'en ,

les gens qui courent le monde. II leur apprend a eloigne et ne le consume pas. Cet oracle, ajoute-
mentir et a en imposer. II est tenace ferme a , t-il, predit tout, excepte ce qui regarde la mort
son poste et difficile a exerciser. On donne aussi et le mariage.
le nom de Leviathan a un poisson immense que Libertins, fanatiques qui s'eleverent en Flan-
les rabbins disent destine au repas du Messie. Ce dre au milieu du seizieme siecle et qui se repan-
poisson est si monstrueux qu'il en avale d'un dirent en France, ou ils eurent pour chef un
coup un autre lequel pour etre moins grand
, ,
tailleur picard nomme Quintin. lis professaient
que lui ne laisse pas d'avoir trois lieues de long.
, exactement le pantheisrae des philosophes de nos
Toute la masse -des eaux est portee sur Levia- jours ; et les reveurs allemands les copient. lis
than. Dieu, au commencement, en crea"deux, regardaient le paradis et I'enfer comme des illu*
I'un male et I'autre femelle mais de peur qu'ils ; sions et se livraient a leurs sens. Le nom qu'ils
ne renversassent la terre et qu'ils ne remplissent se donnaient, comme affranchis, est devenu une
I'univers de leurs semblables, Dieu, disent en- injure.
core les rabbins tua la femelle et la sala pour
, Libres penseurs, personnages qui se posent
le repas du Messie qui doit venir. En hebreu de nos jours en esprits forts et qui ont toutes les
Leviathan veut dire monstre des eaux. 11 parait doctrines des heretiques dont on vient de parler.
que c'est le nom de la baleine dans le livre de Licorne. On croyait chez nos peres que la
Job, chap. Lxi. Samuel Bochard croit que c'est corne de licorne preservait des sortileges. Les
aussi le nom du crocodile. Voy. Kraken. licornes du cap de Bonne-Esperance sont decrites
Lewis (Matthieu-Gregoire) auteur de romans , avec des tetes de cheval , d'autres avec des tetes
et de pieces de theatre ne en 1773 et mort en
,
de cerf. On dit que le puits du palais de Saint-
1818. On a de lui [eMoine, 1795, 3 vol. in-12, Marc ne peut etre empoisonne, parce qu'on y a
production effroyable et dangereuse, qui fit plus jete des cornes de licornes. On est d'ailleurs in-

de bruit qu'elle ne merite le Spectre du chateau,


;
decis sur ce qui concerne ces animaux, dont la

opera ou drame en musique, etc. race semble perdue, quoiqne, dit-on, elle exists
Lezards. Les Kamtschadales en ontune crainte encore en Chine. Voy. Cornes.
superstitieuse. Ge sont, disent-ils, lesespionsde Lierre. Nous ne savons pourquoi les Flamands
Gaeth (dieu des morts) qui viennent leur pre- appellent le lierre Jil du diable (Duivels-Naai-
dire la fin de leurs jours. Si on les attrape, on garen).
les coupe en petits morceaux pour qu'ils n'aillent Lieder (Madeleine) femme de Lewenburg en
,

rien dire au dieu des morts. Si un lezard echappe, Saxe, qui fut possedee en 1605, avec des crises
I'homme qui I'a vu tombe dans la tristesse et singulieres. Quelquefois son demon I'enroulait
uieurt quelquefois de la peur qu'il a de mourir. comme une pelote, de sorte que sa tete touchait
Les negres qui habitent les deux bords du ses genoux; et, dans cette situation, elle etait
Senegal ne veulent pas souffrir, au contraire, lancee en I'air. D'autres fois sa taille grandissait
qu'on tue les lezards autour de leurs maisons. lis au point que sa tete touchait le plafond. D'autres
sont persuades que ce sont les ames de leurs
peres , de leurs meres et de leurs proches pa-
rents qui viennent faire le folgar, c'est-a-dire se
rejouir avec eux
Libanius, magicien ne en Asie, qui pendant ,

le siegede Ravenne par Constance, employait


des moyens magiques pour vaincre les ennemis
Libanomancie divination qui se faisait par
,

le moyen de I'encens. Voici, selon Dion Cassius,


1 Abrige des voyages, par de la Harpe, t. II,
p. 431.
-
Leloyer, Histoire et discours des spectres, etc.,
fois ses yeux sortaient de sa tete gros comme des
p. 726. oeufs de poule, ou sa langue pendait noire et
Lit — 407 — LIG

ongue d'lm pied hors de sa bouche*. On I'exor- conduit et empechait par exemple les dejections
;isa, et le demon qui la possedait dit, par sa On appelait embarrer I'empechement
naturelles.

louche, que ses meilleurs amis etaient Judas, magique qui s'opposait a un mouvement.On appe-
lerode, Pilate et Faust. lait plus specialement ligature le malefice qui af-
Lievre. On raconte des clioses merveilleuses fectait d'impuissance un bras, un pied ou tout
Ui lievre. Evax et Aaron disent que si Ton joint autre membre.
es pieds avec la tete d'un merle, ils rendront Le plus fameux de ces sortileges est celui qui

'liomme qui les portera si hardi qu'il ne crain- est appele dans tous les livres ou il s'agit de su-
Ira pas meme la mort. Celui qui se les attachera perstitions, dans le cure Thiers, dans le pere

;u bras ira partout ou il voudra, et s'en retour- Lebrun et dans tous les autres, le nouement de
lera sans danger. —
Si on en fait manger a un I'aiguillette ou I'aiguillette nouee, designation

:hien avec le coeur d'une belette, il est sur qu'il


,
honnete d'une chose honteuse. C'est au reste le
I'obeira jamais, quand meme on le tuerait
'^ terme populaire. Cette matiere si delicate, que
Si des vieillards apergoivent un lievre traver- nous aurions voulu pouvoir eviter, tient trop de
iant un chemin , ils ne manquent guere d'en au- place dans les abominations superstitieuses pour
etre passee sous silence.
Les rabbins attribuent a Cham I'invention du
nouement de Taiguillette. Les Grecs connaissaient
ce malefice. Platon conseille a ceux qui se ma-
rient de prendre garde a ces charmes ou ligatures
qui troublent la paix des menages*. On nouait
aussi I'aiguillette chez les Romains; cet usage
passa des magiciens du paganisme aux sorciers
;urer quelque mal. Ce n'est pourtant, au fond, modernes. On nouait surtout beaucoup au moyen
[u'une menace des anciens augures exprimee en age. Plusieurs conciles frapperent d'anatheme les
es termes Inauspicatum dat iter oblatus lepus.
: noueurs d'aiguillette le cardinal du Perron fit
;,

lette idee n'avait apparemment d'autre fonde- meme inserer dans le rituel d'Evreux des prieres
nent, si ce n'est que nous devons craindre quand centre I'aiguillette noude car jamais ce malefice
;

inanimal timide passe devant nous; comma un ne fut plus frequent qu'au seizieme siecle. Le
enard, s'il y passe aussi, nous presage quelque im- nouement de I'aiguillette devient si commun, dit
losture. Ces observations superstitieuses etaient Pierre Delancre, qu'il n'y a guere d'hommes qui
iefendues aux Juifs. Chez les Grecs modernes, si osent se marier, sinon a la derobee. On se trouve
in lievre croise le chemin d'une caravane, elle lie sans savoir par quide tant de facons que
, et
era halte jusqu'a ce qu'un passant qui ne Fail le plus ruse n'y comprend rien. Tan tot le male-
las vu coupe le charme en traversant la meme fice est pour Fhomme tantot pour la femme
, ou ,

cute ^ —
Les Romains croyaient que celui qui pour tous les deux. II dure un jour, un mois, un
nangeait du lievre pendant sept jours etait par la an. L'un aime et n'est pas aime; les epoux se
3rt embelli; et on conte qu' Alexandre-Severe, mordent s'egratignent et se repoussent ou bien
, ;

[ui apparemment avait on grain de coquetterie, le diable interpose entre eux un fantome, etc.
aangeait du lievre a tous ses repas. Le demonologue expose tous les cas bizarres et
A I'honneur des lievres ,
voy. Sakimouni. embarrassants d'une si facheuse circonstance.
Lievre (Le Grand). Les Chipouyans, peuplade Mais imagination frappee de la peur du sor-
,

auvage qui habite I'interieur de I'Amerique sep- tilege, faisait le plus souvent tout le mal. On
entrionale, croient que le Grand Lievre, nom attribuait aux sorciers les accidents qu'on ne
[u'ils donnent a I'Etre supreme, etant porte sur comprenait point, sans se donner la peine d'en
es eaux avec tous les quadrupedes qui compo- chercher la veritable cause. L'impuissance n'etait
aient sa cour, forma la terre d'un grain de sable done generalement occasionnee que par la peur
ire de I'Ocean et tira les hommes des corps des du malefice, qui frappait les esprits et affaiblis-
mimaux. Mais le Grand Tigre, dieu des eaux, sait les organes et cet etat ne cessait que lorsque
;

;'opposa aux desseins du Grand Lievre. Voila, la sorciere soupgonnee voulait bien guerir I'ima-
iuivant eux les principes qui se combattent per-
,
gination du malade en lui disant qu'elle le resti-
letuellement. tuait. Une nouvelle epousee de Niort, dit Rodin*,
Ligature. On donne ce nom a un malefice spe- accusa sa voisine de I'avoir liee. Le juge fit mettre
;ial par lequel on liait et on paralysait quelque
, la voisine au cachot. Au bout de deux jours, elle
aculte physique de I'homme ou de la femme. On commenQa a s'y ennuyer et s'avisa de faire dire
ippelait chevillement le sortilege qui fermait un aux maries qu'ils etaient defies et des lors ils ;

furent defies. —
Les details de ce desordre sont
* Demonomania de Tobie Seller, cit^ par Gorres,
. rv, p. 360 de sa Mystique.
2 Secrets d' Albert le Grand, p. 108. 1 Platon, Des lois, liv. IL
^ Brown, Erreurs populaires. 2 Demonomanie des sorciers, liv. IV, ch. v.
;, ;

LIG — m— LIG

presque toujours si ignobles qu'on ne peut meltre On trouve dans Ovide et dans Virgile les pro-
sous les yeux d'lin lecteur honnete eel enchenil- cedes employes par les noueurs d'aiguillelle de
lement, comme I'appelle Delancre*. leur temps. lis prenaient une petite figure de
Les manages ont rareraent lieu en Russie sans ciie qu'ils entouraientde rubans ou de cordons
quelque frayeur de ce genre. « J'ai vu un jeune ilsprononcaient sur sa tete des conjurations, en
homnie, dit un voyageur^, sortir comme un fu- serrant les cordons I'un apres I'autre ils lui en- ;

rieux de la cliambre de sa femme , s'arracher Ics foncaient ensuile , a la place du foie , des aiguilles
cheveux et crier qu'il etait ensorcele. On eut re- ou des clous, et le charme etait acheve.
cours an remede employe chez les Russes, qui Bodin assure qu'il y a plus de cinquanle moyens
est de s'adresser a des magiciennes blanches, les- de nouer Taiguillelte. Le cure Thiers rapporle
quelles poor un peu d'argent, rompent le charme avec blame plusieurs de ces sorles de moyens,
el denouent Faiguillelte ce qui etait la cause de
; qui sont encore usites dans les villages.
I'etat oh je vis ce jeune homme. » Contre I'aiguillette nouie. On previent ce —
malefice en portant un anneau dans lequel est
enchasse I'oeil droit d'une belette; ou en mettant
du sel dans sa poche, ou des sous marques dans
ses souliers, lorsqu'on sort du lit; ou , selon
Pline, en frottant de graisse de loup le seuil el
les la porte qui ferme la chambre a
poteaux de
coucher. —
Hincmar de Reims conseille avec
raison aux epoux qui se croienl malehcies du
nouement de I'aiguillette la pratique des sacre-
ments comme un remede eflicace d'aulres or- ;

donnaient jeune et I'aumone.


le
Le Petit Albert conseille contre I'aiguilleLle
nouee de manger un piverl roli avec du sel be-
nit, ou de respirer la fumee de la dent d'un mort
jetee dans un rechaud. — Dans qualques pays on
se flalte de denouer Faiguillelte en metlanl deux
chemises a I'envers I'une sur I'autre. Ailleurs,
on perce un tonneau de vin blanc, donl on fait
passer le premier jet par la bague de la mariee.
Ou bien pendant neuf jours avanl le soleil leve
,
,

on ecrit sur du parchemin vierge le mot aviga-


zirtor. II n'y a, comme on voit, aucune extrava-
gance qui n'ail ete imaginee.
Voici avanl de Ihiir, un exemple curieux d'une
,

maniere peu usit^e de nouer Taiguillette « Une :

sorciere, voulant exciter une haine morlelle entre


deux futurs epoux, ecrivit sur deux billets des ca-
Desaccord. racteres inconnus et les leur fit porter sur eux.
Comme ce charme ne produisait pas assez vile
Nouement de I'aiyuillette. — Nous croyons de- Teflel qu'elle desirait, elle ecrivit les memes ca-
voir rapporter, comme specimen des betises de racleres sur du fromage qu'elle leur fit manger
I'homme, la slupide formule suivanLe, qu'on lit puis elle prit un poulel noir qu'elle coupa par le
au chapitre premier des Admirahles secrets du milieu, en une partie au diable el leur
offril
Petit Albert :
donna I'autre, donl ils firent leur souper. Cela
« Qu'on prenne verge d'un loup nouvelle-
la les anima tellemenl qu'ils ne pouvaient plus se
nient tue ;
qu'on a la porte de ceiui qu'on
aille regarder I'un I'autre. —Y a-t-il rien de si ridi-
veut lier, et qu'on I'appelle par son propre nom. cule, ajoule Delancre, persuade pourtant de la
Aussitol qu'il aura repondu, on liera la verge verite du peut-on reconnaitre en cela
fait, et
avsc un lacet de fil blanc, el le pauvre homme quelque chose qui puisse forcer deux personnes
sera impuissant aussitol. » qui s'entr'aiment a se hair a mort ? »
Ce qui est surprenant, c'est que les gens de On dit que les sorciers onl coutume d'enlerrer
village croient a de telles formules, qu'ils les des teles el des peaux de serpents sous le seuil de
emploient, et qu'on laisse vendre publiquemenl la porte des maries, ou dans les coins de leur
des livres qui les donnenl avec de scandaleux maison, afin d'y semer la haine el les dissen-
delails. sions. Mais ce ne sont que les marques visibles
1 L'incredulile el mecreance, etc., Iraite VI.
des conventions qu'ils onl failes avec Satan le- ,

2 Nouveau voyage vers le septentrion , ch. ii. quel est le mailre et I'auleur du malefice de la
, ,;,

LIM LIN

haine. Parfois, continue Delancre, le (liable ne dans les villes mais on noue encore Taiguillette
;

va pas si avant, et se conlente, au lieu de la dans les villages; bien plus, on se sert encore
haine, d'apporter seulement de I'oubli, meltant des procedes que nous rapportons ici car la su- ,

les maris en tel oubli de leurs femmes qu'ils en perstition n'est pas progressive. El tandis qu'on
perdent tout a fait la memoire, comme s'ils ne nous vante u grand bruit I'avancement des lu-
s'etaient jamais connus. Unjeunehorame d'Etru- mieres, nous vivons a quelques lieues de pauvres
rie devint si epris d'une sorciere, qu'il aban- paysans qui ont leurs devins, leurs sorciers, leurs
donna sa femme et ses enfants pour venir de- qui ne se marient qu'en tremblant et
presages ,
,

meurer avec elle, et il conLinua ce triste genre qui ont la tele obsedee de terreurs infernales.
de vie jusqu'a ce que sa femme, avertie du male- Lilith. "Wierus et plusieurs autres demono-
fice, I'etant venue trouver, fureta si exactement manes font de Lilith le prince ou la princesse
dans la maison de la sorciere, qu'elle decouvrit des demons succubes. Les demons soumis a —
sous son lit le sortilege, qui etait un crapaud Lilith portent le meme nom que leur chef, et,
enferme dans un pot, ayant les yeux cousus et comme Lamies, cherchent a faire perir les
les
bouches; elle le prit, et, lui ayant ouvert les nouveau-nes; ce qui fait que les juifs, pour les
yeux, elle le brula. Aussitot Tamoiir et I'affection ecarter, ont coutume d'ecrire aux quatre coins
qu'il avait autrefois pour sa femme et ses enfants de la chambre d'une femme nouvellement accou-
revinrent tout a coup dans la memoire du jeune chee : « Adam, Eve; hors d'ici Lilith^ 1 »

homme, qui s'en retourna chez lui honteux et Lilly (William), astr.ologue anglais du dix-
repentant et passa dans de bons sentiments le septieme siecle qui se fit une reputation en pu-
reste de ses jours. — Delancre cite d'autres bliant I'horoscope de Charles I". 11 mourut en
exemples bizarres des effets de ce charme 1681. Sa Vie, ecrite par lui-meme, contient des
comme des epoux qui se deteslaient de pres et details si naifs et en monie temps une imposture
qui se cherissaient de loin. Ce sont de ces choses si palpable qu'il est impossible de distinguer ce
qui se voient aussi de nos jours, sans qu'on pense qu'il croit vrai de ce qu'il croit faux. C'est lui qui
a y trouver du sortilege. a fourni la partie la plus considerable de I'ou-
Le P. Lebrun ne semble pas croire aux noueurs vrage intitule Folie des astrologues. Les opinions
d'aiguillette cependant il rapporte le trait de
;
de Lilly et sa pretendue science avaieut tant de
I'abbe Guibert de Nogent, qui raconte* que son vogue dans son sifecle que Galaker, theologien
pere et sa mere avaient eu I'aiguillette nouee anglican , se crut oblige d'ecrire con Ire, cette
pendant sept ans, et qu'apres cet intervalle pe- deceptioh populaire. Parmi un grand nombre
nible une vieille femme rompit le malefice et leur d'ecrils ridicules dont le titre indique assez le
rendit I'usage du mariage. —
Nous le repetons, sujet, nous citerons de Lilly : 1° le Jeune Anglais
la peur de ce mal, qui n'a guere pu exister que Merlin, Londres, 1664; 1° le Messager des eloiles

dans les imaginations faibles, etait autrefois tres- 1645; 3° Recueil de propMties, l&li6.
repandue. Personne aujourd'hui ne s'en plaint Limagons. Les limaqons ont de grandes pro-

prietes pour le corps humain, dit I'autear des nue de Jesus-Christ. On donnait aussi le nom de
Secrets d' Albert Grand, et il indique de suite
le Limbes aux lieux oii vont les ames des enfants
quelques jocrissades. —
De nos jours, on a es- morls sans bapteme.
saye de les doner de sympathies telles qu'ils Limyre, fontaine de Lycie qui rendait des
remplaceraient le telegraphe electrique. Mais on oracles par le moyen de ses poissons. Les con-
a reconnu dans cette donnee une mystification. sultants leur presentaient a manger : si les pois-
VoiJ. ESCAKGOT. sons se jetaient dessus, le presage etait favorable
Beaucoup de personnes doutent si les limacons s'ils le refusaient, surtout s'ils le rejetaient avec
out des yeux. On s'est gueri de ce doute par le leurs queues, c'etait un raauvais indice.
secours des microscopes; les points ronds et Linkup ou Linkop (Marion) , sorciere. Voyez
noirs de leurs cornes sont leurs yeux, et il est Jacques I".
certain qu'ils en ont quatre. Linurgus, pierre fabuleuse qui se trouvait,
Limbes. mot consacre parmi les theo-
C'est le dit-on , dans le fleuve Acheloiis. Les anciens I'ap-
logiens pour signifier le lieu ou les ames des saints pelaient lapis linens. On I'enveloppait dans un
patriarches etaient detenues en attendant la ve-
1 Dom Calmet, Dissertation sur les apparilions
1 De vita sua, lib. I, cap. xj. t. II, p. 74.
;
,
;

LIO 0 — LOA
linge, et lorsqu'elle devenait blanche, on se pro- quarte Si vous portez les yeux de cet animal
meltait bon succes dans ses projeLs de mariage. sous I'aisselle, toutes les betes s'enfuiront devant
Lion. Si on fait des courroies de sa peau, celui vous en baissant la tete ^
qui s'en ceindra ne craindra point ses ennemis Le lion est un des signes du zodiaque. Voij. Ho-
si on mange de sa chair, ou qu'on boive de son roscopes. — Le diable s'est montre quelquefois
urine pendant trois jours, on guerira de la fievre sous la forme d'un lion, disent les demono-

graphes. Un des demons qui ipossederent Elisa- mant, elle repondra aux questions qu'on lui fera,
beth Blanchard est design sous le nom du lion mais d'une voixfaible comme celle d'unenfant^..
d'cnfer. Voy. Messie des juifs. Lituus, baguette d'augure, recourbee dans
Lios. Voij. Alfades. le bout le plus fort et le plus epais. Le lituus

Lisathama. Voij. Gruau de la Barre. dont on fit usage a I'election de Numa, second
Lissi, demon peu connu qui posseda Denise roi de Rome, etait conserve dans le temple de
de la Caille et signa le proces-verbal d'expul- Mars. On conte qu'il fut trouve entier apres I'in-
sion ,
qui n'est qu'une farce. cendie general de Rome
Litanies du sabbat. Les mercredis et ven- Livres. Presque tous les livres qui contiennent
dredis on chantait au sabbat les litanies sui- les secrets merveilleux et les manieres d'evoquer
vantes, s'il faut en croire les relations : le diable ont ete altribues a de grands person-
Lucifer, Belzebuth, Leviathan, prenez pitie de nages. Abel, Adam, Alexandre, Albert le Grand,
nous. Baal, prince des seraphins; Baalberith Daniel, Hippocrate, Galien, Leon III, Hermes,
prince des cherubins Astaroth prince des
; ,
Platen, saint Thomas, saint Jerome, passent,
Trones Rosier, prince des Dominations
; Car- ; dans I'idee des imbeciles pour auteurs de hvres
,

reau prince des Puissances Bellas prince des


, ;
,
magiques. La plupart de ces livres sent inintel-
Vertus; Perrier, prince des Principautes; 01i^'ier, ligibles et d'autant plus admires des sots qu'ils
prince des Archanges ;
Anges
Junier, prince des en sont moins entendus. Yoyez a leurs noms les
Sarcueil, Fume-Bouche, Pierre-de-Feu Carni- , grands hommes auxquels on attribue les livres
veau. Terrier, Coutellier, Candelier, Behemoth, magiques. Le Livre des prodiges, ou Histoires et
Oilette, Belphegor, Sabathan, Garandier, Dolers, aventurcs merveiileuses et reinarcfiahles de spec-
Pierre-Fort, Axaphat, Prisier, Kakos, Lucesme, tres, revenants, esprits , fantomes , demons, etc.,
priez pour nous^ —
II faut remarquer que Satan rapportecs par des personnes dignes de foi. 1 vo-
n'est pas invoque dans ces litanies, non plus lume in-12, cinquieme edition, Paris, 1821 ;

qu'une foule d'autres. compilation sans objet, Voy. Mirabilis Liber.
Lithomana. Voij. Gruau de la Barre. Lizabet, demon. Foy. Colas.
Lithomancie, divination par les pierres. Elle Loannocks (Susanna), Anglaise qui, en 1659,
se faisait au moyen de plusieurs cailloux qu'on fut accusee par une de ses voisines de lui avoir
poussait I'un contre I'autre , et dont le son plus ensorcele son rouet, en sorte qu'elle ne pou-
ou moins ou aigu donnait a connaitre la
clair vait plus le faire tourner. Elle offrit de soutenir
volonte des dieux. On rapporte encore a cette son dire par serment. Le mari de I'accusee nia
divination la superstition de ceux qui croient que la culpabilitede sa femme, sans nier la possibi-
I'amethyste a la vertu de faire connaitre a ceux litydu crime; et, pour la discuiper, il demanda
qui la possedent les evenements futurs par les qu'elle fut soumise a Vepreuve de la Bible. Les
songes. On disait aussi que si on arrose I'ame-
Ihysle avec de I'eau et qu'on I'approche de I'ai-
' Admirables secrets d' Albert le Grand, p. 109.
2 Brown, Erreurs populaires , t. I, p. 162.
'
M. Garinet , Histoire de la magie en France. ^ Lebrun , Traite des superstitions , t. II, p. 394.
LOG — Wl — LOT
magistrats y consentirent , et c'est probablement Cagliostro. II disail la bonne aventure avec beau-

la derniere fois que cette singuliere epreuve eut coup de ceremonies qui en imposaient.
lieu. L'accusee fut conduite en chemise a I'eglise Longevite. On a vu, surtout dans les pays
de paroisse et placee dans un plateau de la
la du Nord des hommes qui ont prolonge leur vie
,

balance, tandis qu'on mit dans I'autre la grande au dela des termes ordinaires. Cette longevite ne
Bible de I'Eglise. La femme fat plus lourde que pent s'attribuer qu'a une constitution robuste,
le livre , et en consequence honorablement ac- a une vie sobre et active a un air vif et pur. II
,

quittee; car c'etait un fait incontestable et in- n'y a pas cinquante ans que Kotzebue rencontra
conteste jusqu'alors chez les anglicans qu'une en Siberie nn vieillard bien portant, marcliant et
sorciere deshabillee ne pesaifpas une Bible d'e- travaillant encore, dans sacentquarante-deuxieme

glise annee. Des voyageurs dans le Nord trouverent


Lock. Chez les Scandinaves, les tremblements au coin d'un bois un vieillard a barbe grise qui
de terre etaient personnifies dans un dieu, un pleurait a chaudes larmes. lis lui demanderent le
dieu mauvais, un demon nomme Lock. Apres sujet de sa douleur le vieillard repondit que
:

avoir repandu le mal dans toute la Scandinavie, son pere I'avait battu. Les voyageurs surpris le
comme un semeur sa graine, Lock fut a la fin reconduisirent a la maison paternelle et interce-
enchaine sur des roches aigues. Lorsqu'il se re- derent pour lui. Apres quoi, ils demanderent au
tourne, ainsi que le ferait un malade, sur son lit pere le motif de la punition infligee a son fils.
« II a manque de respect a son grand-pere, »
de pierres coupantes la terre tremble lorsqu'il , ;

ecume et repand sa have qui est un poison ses ,


repondit le vieux bonhomme.
,

nerfs entrent en convulsion et la terre s'agite ^. Les chercheurs de merveilles ont ajoute les
Lofarde, sorciere qui fut accusee, en 1582, leurs a celles de la nature. Torquemada conte

par sa compagne la ferame Gantiere, de I'avoir


,
qu'en 1531 un vieillard de Trente, age de cent
menee au sabbat, ou le diable I'avait marquee, ans, rajeunit et vecut encore cinquante ans; et
lequel etait vetu d'un hilaret jaune'. Langius dit que les habitants de I'ile de Bonica
Logherys. Voy. Luricaunes. en Amerique peuvent aisement s'empecher de
Lohen (Nephtali), rabbin de Francfort, repute vieillir, parce qu'il y a dans cette ile une fon-

au treizieme siecle grand magicien. taine qui rajeunit pleinement. Voy. Haquin. Lors-

Loki, demon farceur des Scandinaves. G'est que I'empereur Charles-Quint envoya une armee
lui qui egaye les dieux et les heros de Walhalla.
navale en Barbaric, le general qui commandait
Lokman , fabuliste celebre de TOrient. 11 vi- cette expedition passa par un village de la Ca-

vait , dit-on , vers le temps de David , ce qui labre oii presque tous les paysans etaient ages de

n'est pas certain ; il fut surnomme le Sage. Les cent trente-deux ans, et tousaussi sains et dispos
Perses disent qu'il trouva le secret de faire re- que s'ils n'en avaient eu que trente. C'etait, di-
vivre les morts, et qu'il usa de ce secret pour un sorcier qui les rajeunis-
sent les relations,

lui-merae. lis lui accordent une longevite de trois sait. En 1773 mourut,
pres de Copenhague, un
cents ans quelques-uns pretendent qu'il en matelot nomme Drakenberg, age de cent quarante-
;

vecut mille. six ans : la derniere fois qu'il se maria il avait

II a laisse, ou du moins on a mis sous son cent onze ans, et en avait cent trente quand
il

nom , des apologues qui jouissent d'une grande sa femme mourut. II devint epris d'une jeune

celebrite. Les ecrivains de I'Asie reclament pour fdle de dix-huit ans qui le refusa de depit il
;

lui la plupart des faits et gestes que les Grecs jura devivre garcon desormais, et il tint parole.

attribuent a Esope En 1670, sous Charles II, mourut dans 1 York-


Lollard (Gauthier) heretique qui commenca shire Henri Jenkins, ne en 1501, sous Henri VII.
,

II se rappelait a merveille d'avoir ele de I'exp^-


en 1315 a semer ses erreurs; il les avait prises
desAlbigeois. II enseignait que les demons avaient dition de Flandre sous Henri VIII, en 1513. II

ete chasses du ciel injustement, qu'ils y seraient mourut a cent soixante-neuf ans revolus apres ,

im jour retablis, et que saint Michel et les autres avoir vecu sous huit rois sans compter le regne
,

anges seraient alors damnes a leur tour. II pre- de Cromwell. Son dernier metier 6tait celui de
chait des moeurs corrompues, et ses disciples pecheur. Age de plus de cent ans, il traversait
beaucoup de mal. Brule a Gologne en 1322.
firent la riviere a la nage. Sa petite-fille mourut a Cork

Lomelli (Battista) mystique italien qui pre- a cent treize ans. Voy. Arthephius Dormants, ,
,

ceda a Paris, sous Louis XIII, les prestiges de Flamel, Jeand'Estampes, Lokman, Zoroastre, etc.
Loota, oiseau qui, dans I'opinion des habitants
1 Recherches curieuses sur la sorcellerie publiees ,
des lies des Amis, mange, a I'instant de la mort,
dans le Droit en 1845. les ames des gens du peuple, et qui, pour cet
2 Didron, Histoire du diable.
effet, se promene sur leurs tombes. {Voyages
3 Hilaret, espece de jaquette, qui s'appelle aujour-
de Cook.)
d'hui coachmann.
^ Voyez sur Lokman les Legendes de I'Ancien Tes- Loray. Voy. Gray.
tament. Loterie. La loterie doit son origine a un Ge-
LOU — 612 — LOU
nois. Elle fut etablie a Genes en 1720, en France le reraplacer. La superieure le refusa. Bientot des
elle a ele siipprimee de nos jours. phenomenes singuliers se produisirent dans le
Entre plusieurs moyens imagines par les vi- couvent les quatorze religieuses se trouverent
:

sionnaires pour gagner a la loterie, le plus coni- possedees el, chose surprenanle, toules voyaient
;

mun elait celui des songes. Un reve, sans que la nuit Grandier, pour qui elles ressenlaienl une

Ton en sache la raison, indiquait a celui qui grande repulsion se presenter a elles et les,

numeros qui devaient sorlir au


I'avait fait les pousser a mal faire. Ce fut un grand bruit dans
prochain tour de roue. Si Ton voit en songe un la ville ; les parents avaient retire leurs enfants,
aigle, disent les livres qui enseignent celte science, et les une epouvante,
ursulines vivaienl dans
il donne 8, 20, un ange, 20, 46, 56; un
/|6; dans des crises el des convulsions contre les-
bouc, 10, 13, 90; des brigands, 4, 19, 33; un quelles les medecins ne pouvaient rien. Un con-
champignon, 70, 80, 90; un chat-huant, 13, 85; seiller du roi Louis XllI fut envoye a Loudun pour

un crapaud, h, 46; le diable, 4, 70, 80; un connaitre de ce myslere on exorcisa les reli- ;

dindon, 80, 40, 66; un dragon, 8, 12, 43, 60; gieuses, el les mauvais esprits qui les posse-
les fantomes, 1, 22, 52; une femnie, 4, 9, 22; daienl, contraints par les conjurations ecclesias-
une OUe, 20, 35, 58; une grenouille, 3, 19, 27; liques, declarerenl que c'etait Grandier qui les
la lune, 9, 46, 79, 80; un moulin, 15, 49, 62; avail envoyes et les relenait dans les corps de
un ours, 21, 50, 63; un pendu 17, 71; des ,
ces femmes.
puces, 45, 57, 83. Des rats, 9, 40, 56 uu spectre, ; Une grande
affluence de curieux el de savants
31 43, 74, etc. Or, dans cent mille personnes
,
assistaitaux exorcismes. On parlait a ces simples
qui raettaient a il y avail cent
la loterie, mille fdles en latin en grec en hebreu en lure et
, , ,

reves differents, el ne sortait que cinq nu-


il dans d'autres idiomes de I'ancien et du nouveau
meros; de plus, aucun systeme ne ressemblait a monde. Elles comprenaient tout et repondaienl
un autre. Si Cagliostro donnait pour tel reve les a tout si exactement qu'un savant s'ecria « II :

numerns 11 27 82, un autre indiquait des nu-


, ,
faudrait elre fou ou athee pour nier ici la posses-
meros tout diflerents. —
Croirait-un que les livres sion » el que plusieurs hereliques, entre autres
,

de secrets merveilleux donnent gravement ce lord Montagu, plusieurs hommes dissolus, entre
precede pour gagner a la loterie? II faut avant : aulres Keriolel, se converlirent publiquement.
de vous coucbcr, reciter trois fois la formule qui Un eminent ecrivain du diocese de Poitiers,
va suivre; apres quoi vous la mettrez sous voire M. I'abbe Leriche, a publie tout recemment, en
oreiller, ecrile sur un parchemin vierge et pen- ; un livre plein d'inlerel ' , I'hisloire de celte pos-
dant voire sommeil le genie de voire planete session, el ses preuves meltenl a neant les pas-
viendra vous dire I'heure ou vous devez prendre quinades du prolestant Saint-Aubin et des aulres
voire billet, el vous reveler en songe les nu- esprits avaries qui onl voulu ne pas voir. Nous em-
meros. Voici la formule « Seigneur : montrez- , prunlerons a ce livre quelques renseignements
moi done un mort mangeant de bonnes viandes, utiles. Voici les noms des religieuses madame de :

un beau pomniier ou de I'eau courante, tons Belciel lille du baron de Cose en Sainlonge en
, ,

bons signes; et envoyez-moi les anges Uriel, religion soeur Jeanne des Anges, superieure;
Rubiel ou Barachiel qui m'instruisenl des nom-
,
madame de Zazilli en religion sneur Claire de ,

bres que je dois prendre pour gagner; par celui Saint-Jean; madame de
la Molle, fille du mar-

qui viendra juger les vivanls et les morts et le quis de la Motte-Barace en religion soeur Agnes ,

siecle par le feu. » Dites alors trois Pater el trois de Saint-Jean les deux dames de Barbeziers en
; ,

Ave pour les ames du purgatoire. .. religion soeur Louise de Jesus et soeur Catherine
Loudun, ville de France dans le departement dela Presentation, toules deux de I'illustre maison
de la Vicnne, celebre par une possession qui fit de Nogeret; madame d'Escoubleau de Sourdis,
grand bruit dans le premier tiers du dix-sep- en religion soeur Jeanne du Saint-Esprit; trois
tieme siecle. Un convent d'ursulines, qui s'oc- aulres donl les noms de famille ne sonl pas con-
cupaient de I'educalion des jeunes fiUes, avail nus, soeur Elisabeth de la Croix, soeur Monique
ele elabli a Loudun en 1626. II elait tenu par de Sainle-Marlhe el soeur Seraphique Archer,
quatorze religieuses, toules de bonnes et honnetes enOn huit soeurs en tout dix-sepl religieuses.
laies,

families et toules d'une vie irreprochable. y II aux exorcismes, ex-


S'interessaient, presents
avail en meme temps dans Loudun un pretre ceple le cardinal de Richelieu I'eveque de Poi- :

nomme Urbain Grandier, d'une conduile si le- tiers, I'archeveque de Tours, I'archeveque de

gere que I'eveque de Poitiers I'avait interdil a Toulouse, I'eveque de Nimes, huit pretres pieux
divinis le 3 Janvier 1630. On savait qu'il faisait el savants cinq docleurs de Sorbonne
,
onze ,

des chansons, des pamphlets et qu'il ecrivait peres de la compagnie de Jesus, deux percs car-
contre le celibat des prelres. Peu apres la sen-
* Etudes sur les possessioiis en general et sur cellc
tence de I'eveque qui devait le ramener a des
de Loudun en parliculier , \ vol. in-'12, precede d'une
moeurs plus recueillies, le direcleur des ursu- Ictlie du P. Ventura. Paris, 1859, chez Henri Pion,
lincs etant mort, Grandier osa se presenter pour editeur.
LOU — Z(13 — LOU
nies, six capucins, un dominicain un recollet, , roi de France du nom de Loys. Anne d'Autriche
deux oratoriens, eLc, et panni les laiqnes, outi'e avail aussi treize leltres en son nom son age
;

le roi Louis XIII, la reine Anne d'Autriche, Lau- etait de treize ans, et treize infantes du meme
bardemont, cbnseiller da roi, inlendant de la nom se trouvaient dans la maison d'Espagne.
Touraine du Maine et de I'Anjou les sieurs
, , Anne et Loys elaient de la meme taiile; leur con-
Roalin, Chevallier, Richard et Hoiisnain, magis- dition elail egale ; ils etaienl nes la meme annee
trals de Poitiers, Cottreau, Burges, Peguineau, el le meme mois.
Texier, Dreux, Delabarre, Lapicherie, Riverain,
Constant, Deniau, magislrats de Tours, de Chi-
non, de Saint-Maxent de Lalleche. Outre huit
,

docteurs en medecine, douze medecins appeles


de tons les environs; enfln, douze personnages
cminents, entre autres lord Montagu, lord Kille-
grew, Keriolet, etc., etc., etc.
C'est une pareille assistance, dont nous ne
nornmons que les sommites, que les niais, qui
nient taut, ont ose accuser de fourberie, ou de
connivence ou de stupidile. Or, le crime de
Grandier, apres deux annees d'etudes et d'examen
consciencieux, fut reconnu; Grandier fut empri-
sonne; il s'occupait la a ecrire sa defense. Mais
un arret, rendu le 18 aout 1634, le condamna
au feu, comme reconnu coupable de magie eL
d'autres mefails
Louis I", surnomme le Pieux et le Dehon-
naire, fils de Charlemagne, ne en 778, mort

en 840. Les astrologues jouirent, dit-on, de Louis XIV. Voij. Anagrammes.


quelque favour a sa cour. A I'article de la moit, Louis de Hongrie. Pen de temps avant la
on raconte qu'au moment oii il recevait la der- mort de ce prince, arrivee en 1526, comme il
niere benediction, il se tourna du cote gauche, dinait enferme dans la ciladclle de Bude, on vit
roula les yeux comme une personne fachee et paraitre a sa porte un boiteux mal vetu, qui de-
profera ces mots allemands : Hutz, hutz (dehors, mandail avec instance a parler au roi. II assurail
dehors) Ce qui fit conclure qu'il s'adressait au
! qu'il avail des choses de la derniere importance

diable, dont il redoutait les approches ^ a lui communiquer. On le meprisa d'abord et ,

Louis XI, roi de France, ne en 1/|23, mort en Ton ne daigna pas I'annoncer. II cria plus haul el
l/i83. Un aslrologue ayant predit la mort d'une protesta qu'il ne pouvait decouvrir qu'au roi seul
personne qu'if aimait, et cetle personne etant
morte en effet, il crut que la prediction de I'as-
trologue en etait la cause. 11 le fit venir devant
lui avec le dessein de le faire jeter par la fenetre.
<i Toi, qui pretends etre si habile homme, lui
dit-il,apprends-moi quel sera ton sort?)) Le
prophete, qui se' doutait du projet du prince, lui
repondit « Sire, je prevois que je mourrai trois
:

jours avant Votre Majeste. Le roi le crut et se


)>

garda bien de le faire mourir. Du moins tel est


le conle, et on en a prele beaucoup a ce roi si

partialement juge.
Louis XIII, roi de France, ne en 1601 mort ,

en 1641, surnomme le Juste, parce qu'il etait


ne sous le signe de la Balance mais il merita ce ;

sumom. Lorsqu'il epousa I'infante Anne d'Au-


triche, on prouva, dil Sainte-Foix, qu'il y avail
entre eux une merveilleuse et tres-heroique cor-
respondance. Le nom de Loijs de Bourbon con-
tient treize leltres. Ce prince avail treize ans
quand le manage fut resolu il etait le li^eizieme;

' Voyez riiistoirc d'Urbain Grandier, dans


les Le-
goidrs in females. ce dont il etail charge. On alia dire a Louis ce
2 Garinct, Histoire de la magie en France,
p. 41. qui se passait. Le prince envoya le plus apparent
LOU — 4U — LOU
des seigneurs qui etaient aiipres cle lui et qui fei- lite; refermez une comele qui
la fenetre. C'est
gnil d'etre leroi ; il demanda a eel homme ce qu'il m'annonc'e la morl;
done s'y preparer. »
il faul
avail a lui dire. II repondit : « Je sais que vous Les medecins I'assuraient neanmoins qu'elle n'en
n'eles pas le roi ;
mais, puisqu'il meprise de m' en- pas la. aSi je n'avais vu, dit-elle, le signe
elail
tendre, diles-lui qu'il mourra cerlainemenl bien- de morl, je le croirais car je ne me sens point ,

tol. »Ayanl dit cela, il disparut, el le roi mourut si bas. »


en effel peu apres Cette comele n'est pas la seule qui ait epou-
Louise de Savoie duchesse d'Angouleme, , vante Louise de Savoie. Comme elle se prome-
mere de Francois 1", niorte en 1532. Elle avail nait dans le bois de Romorantin, la nuit du
quelques prejuges superstilieux el redoutait sur- 28 aoul 1514 elle en vil une vers I'occident, et
,

tout les comeles. Branlome raconte que, Irois s'ecria : —


Les Suisses les Suisses Elle resta
! ! —
jours avant sa morl, ayant apergu pendanl la persuades que c'etait un avertissement que le
nuit une grande clarle dans sa chambre, elle lil roi serait en grande affaire centre eux *.
tirer son rideau el fut frappee de
la vue d'une Loup. Chez les anciens Germains et chez les
comele. « Ah! un signe qui
dil-elle alors, voila Scandinaves, ou le mauvais principe
le diable
ne parail pas pour une personne de basse qua- elail represenle par un loup enorme et beanl.

C'est Lock. A Quimper, en BreLagne, les habi- pendre un coeur de loup au cou d'un mouton,
tants mettent dans leurs champs un trepied ou un et le pacifique animal n'en a pas moins broute
couleau fourchu, pour garanlir le belail des loups I'herbe^. Voy. Oraison du loup.
et autres betes feroces ^. Pline dit que si un loup Un journal anglais de I'lnde dit qu'il a ete pu-
apergoit un homme avant
en soit vu, cet qu'il blie un elrange document constatant qu'en un
homme deviendra enroue et perdra la voix fable ; Ires-court espace de temps il a ele devore 600 en-
qui est restee en vigueur dans toute I'llalie. En fants par les loups dans le Penjaub (royaume
Espagne, on parle souvent des sorciers qui vont de Lahore). 11 y a vingt ans, pres de 1,000 en-
faire des courses a cheval sur des loups le dos , fants ont ete devores de la meme maniere dans
tourne vers la tele de la bete ,
parce qu'ils ne le voisinage d'Agra. On retrouve les vetements
sauraient aller autrement, a cause de la rapidile. de ces pauvres petites viclimes dans les antres
lisfont cent lieues par heure car ces loups sonl ; oil se tiennent ces animaux. Les miserables qui

des demons. La queue de ces loups est roide font le metier de recueillir les habillements ou
comme un baton, et il y a au bout une chandelle parures des victimes ont eu I'habilete d'accredi-
qui eclaire la route. ler parmi le peuple le bruit que tout village oii
11 n'y a pas un homme a la campagne qui ne Ton tue un loup doit etre infailliblement ruine;
vous assure que les moutons devinent a I'odorat de la cette superstitieuse veneration pour ces
la presence du loup qu'un troupeau ne franchira
; animaux feroces. Quand on en prend, on s'em-
jamais le lieu ou Ton aura enterre quelque por- presse de les relacher en se contentant de leur
tion des entrailles d'un loup; qu'un violon monte altacher une sonnette au cou.
avec des cordes tirees des intestins d'un loup Lou-pecat, nom du diable en Gascogne.
metlrait en fuite tout le bercail. Des hommes Loup-garou (le). C'est le nom du demon de
instruits et sans prejuges ont verifie toutes ces la nuit a Blois. II est de mauvaise rencontre.
croyances en ont reconnu I'absurdite. Kirker
el Loups- garous. On appelle loups-garous en
a repete a ce sujet des experiences demonstra- sorcellerie les hommes el les femmes qui ont
tives; il a meme pousse I'epreuve jusqu'a sus- ete metamorphoses ou qui ,se melamorphosent

^ Leundayius. Pandedce hist, turcicce, etc.,]). 59. ' M. Weiss Biographic universelle.
,

^ Voyage au Finistcre, t. Ill, p. 35. 2 Salgues, Des erreurs et des prejuges, t. I, p. 9.


,

LOU - hi 5 — LOU
et se transinuent eux-memes ea loiips, ou qui se qui lui demanda s'il avait fait bonne chasse. II

travestissent pour feindre cette transmutation, tira de sa gibeciere la patte coupee au pretendu
ou qui,s'imaginant,par une demence abominable, loup, mais il fut bien etonne de la voir con-
qu'ils sonl changes en loups prennent des habi- , vertie en main de femme et a I'un des doigts ,

tudes et des moeurs de loups. Lenom de loups- un anneau d'or que le gentilhomme reconnut
garous veut dire loups dont il faut se garer. etre celui de son epouse. II alia aussitot la trou-
Les loups-garous ont ete bien longtemps la ver. Elle etait aupres du feu, cachant son bras
terreur des campagnes, parce qu'on savait que droit sous son tablier. Comme elle refusait de
les sorciers ne pouvaient se faire loups que par Ten tirer, il lui montra la main que le chasseur
le secours du diable. Dans les idees des demono- avait rapportee cette malheureuse, eperdue,
;

graphes, un loup-garou est un sorcier que le avoua que c'etaitelle, en effet, qu'on avait pour-
diable lui-meme transmue en loup, et qu'il oblige suivie sous la figure d'un loup-garou ; ce qui se
a errerdans les campagnes en poussant d'affreux verifiaencore en confrontant la main avec le
hurlements. L'existence de loups-garous est at- bras dont elle faisait partie. Le mari courrouce
testee parVirgile, Solin, Strabon, Pomponius livra sa femme a la justice ; elle fut brulee.
Mela, Dionysius Afer, Varron, et par tous les Que penser d'une raconlee par
telle histoire,
jurisconsultes et aussi par des demonomanes des Boguet comme etant de son temps ? Etait-ce une
derniers siecles.A peine commencait-on a en trame d'un mari qui voulait, comme disent les
douter sous Louis XIV. L'empereur Sigismond fit Wallons, etre quitte de sa femme ?
debattre devant lui la question des loups-garous, Daniel Sennert, inedecin celebre qu'on a appele
unanimement resolu que la transformation
et il^fut le Galien de TAlleraagne, au chap, v de ses Ma-
des loups-garous etait un fait positif et constant. ladies occultcs , rapporte des faits d'ou il resul-
Un garnement qui voulait faire des friponneries lerait que I'habitude pour certains maniaques
mettait aisement les gens en fuite en se faisant endiables de courir le loup - garou aurait de I'ana-
•passer pour loup-garou. II n'avait pas besoin logie avec la mysterieuse puissance qui trans-
pour cela d'avoir la figure d'un loup, puisque portait au sabbat certaines personnes dont le
les loups-garous de reputation etaient arretes corps pendant cette excursion restait en syn-
,
,

'comme tels quoique sous leur figure humaine.


,
cope. Une femme accusee d'avoir couru le loup-
On croyait alors qu'ils portaient le poil de loup- garou, rassuree par la promesse de son juge,
garou entre cuir et chair. qui lui assurait la vie sauve si elle voulait donner
Peucer conte qu'en Livonie, sur la fin du mois la preuve de ce qu'elle faisait dans ses courses,

de decembre, il se trouve tous les ans un belitre se frotta le corps d'un onguent particulier et
qui va sommer les sorciers de se rendre en cer- tomba aussitot endormie. Elle ne se reveilla
tain lieu; et, s'ils y manquent, le diable les y qu'au bout de trois heures. Elle raconta alors
mene de force a coups si rudement appliques
, qu'etant changee en loup, elle avait eventre une
que les marques y demeurent. Leur chef passe brebis pres d'un bourg qu'elle nomma on y en- ;

devant, et quelques milliers le suivent, traver- voya aussitot, et on trouva qu'en effet la brebis
sant une riviere laquelle passee ils changent
, , qu'elle avait designee, etait dechiree et mou-
leur figure en celle d'un loup se jettent sur les , rante. Comment expliquer cela ?

hommes et sur les troupeaux et font mille dom- Les loups-garous etaient fort communs dans
mages. Douze jours apres, ils retournent au le Poitoa on les y appelait la bete bigourne qui
;

nieme fleuve redeviennent hommes.


et court la galipode. Quand les bonnes gens enten-
On attrapa un jour un loup-garou qui courait dent les hurlements du loup-garou, ce qui n'ar-
dans les rues de Padoue on lui coupa ses pattes ; rive qu'au milieu de la nuit, ils se gardent de
de loup , et il reprit au meme instant la forme mettre la tete a la fenetre , parce qu'ils auraient
d'homme, mais avec les bras et les pieds coupes, le cou tordu. On assure dans cette province
,

a ce que dit Fincel. qu'on peut forcer le loup - garou a quitter sa


L'an 1 588, en un village distant de deux lieues forme d'eraprunt, en lui donnant un coup de
d'Apchon, dans les montagnes d'Auvergne, un fourche entre les deux yeux.
gentilhomme etant sur le soir a sa fenetre
^ ,
On sait que la qualite distinctive des loups-
apergut un chasseur de sa connaissance et le garous est un grand gout pour la chair fraiche.
pria de lui rapporter de sa chasse. Le chasseur Delancre assure qu'ils etranglent les chiens et
promit, et, s'etant avance dans la plaine, il vit les enfants; qu'ils les mangent de bon appetit;
un gros loup qui venait a sa rencontre. II lui qu'ilsmarchent a quatre pattes; qu'ils hurlent
lacha un coup d'arquebuse et le manqua. Le loup comme de vrais loups, avec de grandes gueules,
se jeta sur lui et I'attaqua vivement. Mais I'autre, des yeux etincelants et des dents crochues.
en se defendant, lui ayant coupe la patte droite On dit, dans la Saintonge, que la peau des
avec son couteau de chasse, le loup estropie loups-garous est d'une durete telle qu'elle est a
s'enfuit et ne revint plus. Comme la nuit appro- I'epreuve des balles ordinaires ; mais il n'en est
chait, le chasseur gagna la maison de son ami. plus de meme si ces balles ont ete benites a
,

LOU — 416 — LOY


cerlaines heures mysterieuses de la nuit, dans dans plusieurs villages des loups-garous ou de ,

une chapelle dediee a saint Hubert alors le sor- : mauvais garnements qui passent pour tels. On se
cier peat etre tue, et la forme de bete qu'il avait demandera comment il se pent qu'un sorcier ou

prise s'evanoiiit et disparait. Or, les ceremonies un loup-garou trouble ou epouvante une contree
de la benediction desbalies sont d'lm accomplis- pendant trois ou quatre ans sans que la justice ,

sement diflicile; il faut avoir sm' soi tant de I'arrete. C'est encore une des miseres de nos
choses precieuses du trefle a quatre feuilles
,
paysans. Comme il y a chez eux beaucoup de
surtout, que la peau coriace des loups-garous mechants, ils se craignent entre eux; ils ont un
echappe le plus souvent aux embuches et c'est ; discernement et une experience qui leur appren-
ce qui fait que nul ne peat etre assure avoir vu nent que la justice n'est pas toujours juste et ils ;

un sorcier autrement que sous la forme natu- disent Si nous denongons un coupable et qu'il
:

relle de bete bipede. Les croyances sainton- ne soit pas hors d'etat de nuire, c'est un enneini
geoi'^es, au reste, ne s'eloignent en rien de celles implacable que nous aliens nousfaire. Les paysans
des peuples du Nord, et sont nees aux monies sont vindicalifs. Apres dix ans de galeres, ils
sources que la fable de Robin des Bois des char- reviennent se venger de leurs denoncialeurs. 11
bonniers allemands. Le nom des loups-garous a faudrait peut-etre qu'un coupable qui sort des
ete connu dans loutes les provinces de France galeres n'eut pas le droit de reparaitre dans le
au moyen age, bien que souvent travesti en pays qui a ete le Ibeatre de ses mefaits. Voy. Cy-
loups-beroux. NANTIinOPIE BoUSANTHHOPIE RaOLLET, BlSCLAVA-
, ,

Bodin raconte sans rougir qu'en 15/)2 on vit RET, etc.


un matin cent cinquante loups-garous sur une Louviers (possession de). Un prelre, nomme
place de Constantinople. —
On trouve dans le David, deserteur de Dieu, se trouvant confesseur
roman de Persilcs el Siijismonde, dernier ouvrage des religieuses franciscaines de Louviers, perver-
de Cervantes, des lies de loups-garous et des til ces jcunes .soeurs et les mit sur les voies qui
sorcieres qui se cliangent en loaves pour enlever menent aux demons. En-mourant, apres avoir,
leur proie, comme on trouve dans Gulliver une entanie son oeuvre infernale, il eut pour succes-
ile de sorciers. IMais au moins ces livres sont des seur son ami Mathurin Picard qui etait comme

,

romans. Delancre propose * comnic un bel lui lie a Satan et qui se faisait seconder par
exemple ce trait d'un due de Russie. Averti qu'un Boule , son vicaire. C'en pour amener etait assez
sien sujet se cbangeait en toutes sortes de betes, une possession cbez de Lou-
les franciscaines
il I'envoya chercher, le fit encbainer et lui viers. Cette possession devint effroyable. Made-
comnianda de donner une preuve de son art ce ; leine Bavent, qui etait venue la innocente et
qu'il fit, se transformant en loup mais ce due, ; devouee a saint Frangois, declara comment on
ayant prepare deux dogues, les fit lancer contre i'avait entraincie a profaner la sainte liostie et a

ce miserable qui aussitot fut mis en pieces.


,
— commettre d'autres sacrileges. Elle raconta com-
On amena au medecin Pomponace un paysan ment elle avait ete emmenee a ces orgies exe-
alleint de lycanthropie, qui criait a ses voisins crables qu'on appelle le sabbat. Elle y trouvait
de s'enfuir s'ils ne voulaientpasqa'illesmangeat. Picard, Boule, son vicaire, ses soeurs Catberinc
Comme ce pauvre homme n'avait rien de la de la Anne Ban e, Elisabeth dela Nativite,
Croix,
forme d'un loup les villageois persuades pour-
,
,
Catherine de sainte Genevieve, une nommee
tant qu'il I'etait, avaient commence a I'ccorcher, Simonette et plusieurs autres personnes qui fai-
pour voir s'il ne portait pas le poil .sous la peau. ^^aient sans horreur des abominations affreuses.

Pomponace le guerit ; ce n'etait qu'un bypo- C'est toule une monstrueuse histoire. Les posses-
condre. sions de cette maison se manifesterent si violem-
J. de Nynauld a public en 1615 un traite ment qu'on dut exerciser les religieuses. La plus
complel de la Lycanlhropic, qu'il appelle aussi saillante etait Madeleine Bavent. Apres la deli-
Folic louviere et lycaonic, mais dont il admet vrance du couvent, on no la condamna qu'a une
incontestablement la realile. —
Un sieur de Beau- penitence qu'elle lit genereuscment toute sa vie.
voys de Chauvincourt gentilhomme angevin a
, , Mais Boule fut condamne au feu par le parlement
fait imprimer en 1599 (Paris, petit in-12) un de Rouen et il le meritait. On deterra le corps
;

volume intitule Discours de la bjcantJirojyie , oti de Picard pour lui faire subir le meme supplice;
de la transmutalioii des Jiommes en loups. — ce miserable etait mort, un peu avant la sentence.
Claude, prieur de Laval , avait public queiques On publia qu'il s'etait suicide, peut-etre aide par
annees auparavant un autre livre sur la meme Satan.
maliere, intitule Dialogue de la lycanthropie. Loyer Pierre le ) sieur de la Brosse, con-
( ,

lis affirment tous qu'il y a certainement des seillerdu roi au siege presidial d'Angers, et
loups-garous. demonographe, ne a Huilledans I'Anjou, en 1550,
Ce qui est plus singulier, c'est qu'il y a encore auteur d'un ouvrage intitule Discours el histoircs
des speclrcs , visions et apparilions des esprits
' Inconstance cks mautnis anges, liv. IV, p. 304. anges, demons et dmes se montrant visibles aux
.

LOY LUC
I hommes ; divise en huit livres, desquels, par les Lubin. C'esL le poisson dont le fiel servit au
visions merveilleuses et prodigieuses apparitions jeune Tobie pour rendre -la vue a son pere. On
avenues en tons les siecles , lirees et recueillies dit qu'il a contre I'ophthalmie une grande puis-

des plus celebres auteurs tant sacres que profanes, sance, et que son coeur sert a chasser les demons '

est inanifeslee la certitude des spectres et visions Lucesme demon invoque dans
, du
les litanies
des esprits, et sont baillees les causes d'iceux, sabbat.
leurs effets, leurs differences, les moyens pour Lucien, ecrivain grecdonton ignore I'epoque
reconnaitre les bons et les mauvais et chasser de la vie et de la mort. On a dit qu'il fut change
les demons; aussi est traite des extases et ravis- en ane, ainsi qu'Apulee, par les sorciers de La-
sements; de I'essence nature et origine des
, risse, qu'il etait alle voir pour essayer si leur
ames, et de leur etat apres le deces de leurs art magique etait veritable; de sorte qu'il devint
corps; plus des magiciens et sorciers; de leurs sorcier.
communications avec les malins esprits ensemble ; Lucifer, nom de I'esprit qui preside a I'orient,
des remedes pour se preserver des illusions et selon I'opinion des magiciens. Lucifer etait evo-
impostures diaboliques. Paris, chez Nicolas Buon, que le lundi , dans un cercle au milieu duquel
1605, 1 vol. in-4°. etait son nom. 11 se contentait d'une souris pour

Ce volume singulier est dedie Deo optimo


maximo; il est divise en huit livres, comme
I'annonce le titre qu'on vient de lire. Le premier
contient la definition du spectre, la refutation
"des saduceens, qui nient les apparitions et les
esprits ; la refutation des epicuriens, qui tiennent
les esprits cor porels, etc. Le deuxieme livre traite,
avec physique du temps des illusions de nos
la ,

sens, des prestiges, des extases et metamorphoses


des sorciers, des philtres. Le troisieme livre eta-
blit les degres, charges grades et honneurs des
,

esprits les histoires de Philinnion et de Poly-


;

crite, et diverses aventures de spectres et de


demons.
Dans le livre suivant, on apprend a quelles
personnes les spectres apparaissent on,y parle ;

des demoniaques, des pays ou les spectres et


demons se montrent plus volontiers. Le demon
de Socrate, les voix prodigieuses les signes ,

merveilleux, les songes diaboliques; les voyages


de certaines ames hors de leur corps tiennent prix de ses complaisances. On le prend souveut
place dans ce livre. Le cinquieme traite de I'es- pour le roi des enfers, et, selon quelques demo-
sence de I'ame, de son origine, de sa nature, de noniames il est superieur a Satan. On dit qu'il ,

son etat apres la mort, des revenants. Le livre est parfois facetieux, et qu'un de ses tours est
sixieme roule lout enticr sur I'apparilion des de retirer les balais sur lesquels les sorcieies
ames; on y demontre que les ahies des damnes vont au sabbat et de leur en donner sur les
et des bienheureux ne reviennent pas mais seu- epaules ce que les sorcieres de Moira, en Suede,
; ;

lement les ames qui souffrent en purgatoire. ont atteste en 1672. Les memes sorcieres ont
Dans le septieme livre, on etablit que la pytho- affirme qn'elles avaient vu au sabbat le meme
nisse d'Endor fit paraitre un demon sous la figure Lucifer en habit gris, avec des bas bleus etdes
de Fame de Samuel. II est traite en ce livre de culottes rouges, ornees de rubans. Lucifer ci m-
la magie, de revocation des demons, des sor- mande aux Europeens et aux Asiatiques. 11 ap-
ciers, etc. Le dernier livre est employe a I'indi- parait sous la forme et la figure du plus bel
cation des exorcismes, fumigations, prieres et enfant. Quand il est en colere, il a le visage en-
autres moyens anlidiaboliques. L'auteur qui a flamme, mais cependant rien de monstrueux.
,

rempli son ouvrage de recherches et de science C'est, selon quelques demonographes, le grand
indigeree, combat le sentiment ordinaire qu'il justicier des enfers. II est invoque le premier
faut donner quelque chose au diable pour le ren- dans les litanies du sabbat.
voyer. Luciferiens, nom donne aux partisans de
« Quant a ce qui est de donner quelque chose Lucifer, eveque schismatique de Cagliari, au qua-
au diable, dit-il, I'exorciste ne le peut faire, non trieme siecle.
pas jusqu'a un cheveu de la tete, non pas jus-
qu'a un brin d'herbe d'un pre; car la tBrre et 1 Leloyer, Hisioire des spectres ou apparUtons des
tout ce qui habite en elle appartient a Dieu, » esprits, liv. VHI, p. 833.
27
, , ,:

LUC — /tl8 — LUN


Lucumoriens, da czar de Moscovic,
sujets tants pour avoir ri de Tattention avec laquelle
qui , a I'instar marmotle depiiis le mois
de la ,
ils ecoulaient le cri de cet oiseau. — Tais-toi, lui

d'octobre jusqu'a la fin du mois d'avril suivant dit rudement un ne nous empeche pas
vieillard,
demeurent comme morts, an dire de Leloyer^ d'entendre les nouvelles que nos grands-peres
Ludlam , sorciere , fee ou magicienne tres- nous envoient.
fameuse, dont les habitants du comte de Surrey, Lulls (Raymond), I'un des maitres le plus
en Angleterre, placent I'liabitation dans une souvent cites de la philosophic hermetique, et
caverne voisine du chateau de Farnham connu , I'un des savants les moins connus du moyen
dans le pays sous le nom de Ludlam's Hole, age. II etait ne a Palma, dans I'ile de Majorque
caverne de la mere Ludlam. La tra^lition popu- en 1235.
laire porte que cette sorciere n'etait point un de C'etait un saint plus encore qu'un savant. II
ces etres malfaisants qui tiennent une place dis- consacra presque toute sa vie missionnaire de- ,

tinguee dans la demonologie; au contraire, elle voue a la conversion des Maures. II recut le
,

faisait du bien a tous ceux qui imploraient sa martyre pres de Bougie a I'age de quatre-vingts
,

protection d'une maniere convenable. Les pau- ans, tue a coups de pierre par les sectateurs de
vres habitants du voisinage, manquant d'usten- Mahomet, le 29 juin 1315 jour de Saint-Pierre. ,

siles de cuisine ou d'instruments de labourage, Toutefois, il etait savant chimiste; et les an-
nales de son temps soutiennent, avec preuves,
qu'il fitde I'or. M. E.-J, Delecluse termine ainsi.
une belle notice qu'il a publiee sur cet homme
« Les chimistes des onzieme douzieme et' ,

treizieme siecles etaient-ils des fous, et la trans-


mutation des metaux est-elle une operation im-
possible?
» II ne m'appartient pas de traiter une pareille
question , et je me bornerai a rapporter a ce su-
jet les paroles d'un des chimistes les plus eclaires
de nos jours :

S'il ne sort de ces rapproche-

ments, dit M. Dumas, aucune preuve de la pos-


sibilite d'operer des transmutations dans les corps
n'avaient qu'a lui manifester leurs besoins, ils la
simples, du moins s'opposent-ils a ce qu'on re-
trouvaient disposee a leur preter ce qui leur etait
pousse cette idee comme une absurdite qui
necessaire. L'homme qui voulait avoir un de ces
serait demontree par I'etatactuel denos connais-
ineubles se rendait a la caverne a minuit, en
faisait trois fois le tour et disait ensuite :
— sanccs. »

Lumiere merveilleuse. — Prenez quatre


Bonne mere Ludlam ayez la bonte de m'envoycr
,
onces d'herbe appelee serpentinette, mettez-la
un chaudron ou telle chose je vous promets de
, ;
dans un pot de terre bouche, puis faites-la dige-
vous le rendre dans deux jours, rer au ventre de cheval c'est-a-dire dans le fu-
,

Cette priere faite, on seretirait; le lendemain, mier chaud quinze jours elle se changera en ;
,

de grand malin on retournait a la caverne a


, ,
de petits vers rouges, desquels vous tirerez une
I'entree de laquelle on trouvait la chose deman- huile selon les principes de I'art; de cette. huile
dee. Mais ceux qui invoquaient la mere Ludlam vous garnirez une lampe, et lorsqu'elle sera al-
ne se montrerent pas toujours aussi honnetes lumee dans une chambre, elle provoquera au
qu'elle un paysan vint la prier une fois de lui
:
sommeil ct endormira si profondement ceux qui
preter une grande chaudiere et la garda plus seront dans ladite chambre, que Ton ne pourra
longtemps qu'il ne I'avait promis. La mere en eveiller aucun tant que la lampe brCilera.
Ludlam, offensee de ce manque d'exactitude Lune, la plus grande divinite du sabeisme
refusa de recevoir sa chaudiere lorsqu'on la lui apres le soleil. Pindare I'appelle I'oeil de la nuit,
rapporta et depuis ce temps elle se venge en ne
,
et Horace la reine du silence. Une partie des
se pretant plus a aucune des demandes qu'on Orientaux Thonoraient sous le titre d'Uranie.
lui fait \ C'est risis des Egyptiens, I'Astarte des Pheni-
Lugubre , oiseau du Bresil , dont le cri fu- ciens, la Mylitta desPerses, I'Alilatdes Arabes,
nebre ne se fait entendre que la nuit; ce qui le la Selene des Grecs, et la Diane, la Venus, la
fait respecter des naturels ,
qui sont persuades Junon des Romains. Cesar ne donne point d'au-
qu'il estcharge de leur apporter des nouvelles tres divinites aux peuples du Nord et aux an-
des morts. Lery, voyageur francais, raconteque, ciens Germains que le feu, le soleil et la lune.
traversant un village il en scandalisa les habi-,
Le culte de la lune passa dans les Gaules, ou la
lune avait un oracle desservi par des druidesses
Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
1
dans I'ile de Sein, sur la cote meridionale de la
esprits , liv. IV, p. 4o5.
2 Noel Diclionnaire de la Fable.
,
basse Bretagne. Elle avait un autel a Ailon [Ara
, ,

LUN — 419 — LUN


LuncB). Lesrnagiciennes de Thessalie se vantaient que la lune influe sur le corps humain , comme
d'avoir un grand commerce avec la lune et de , sur bien d'autres choses \
pouvoir, par leurs enchantements, la delivrer La plupart des peuples ont cru encore que le
du dragon qui voulait la devorer (lorsqu'elle lever de la lune etait un signal mysterieux auquel

etait eclipsee) ou la faire a leur gre descendre


, les spectres sortaient de leurs tombeaux. Les
siir la terre. Orientaux content que les lamies et les gholes
L'idee que cet astre pouvait etre habile a deterrent les raorls dans les cimetieres et font
donne lieu a des fictions ingenieuses : telles sont, leurs festins au clair de la lune. Dans certains
entre autres, les voyages de Lucien, de Cyrano cantons de I'orient de I'Allemagne, on prelen-
de Bergerac , de I'Arioste qui place
et la fable ,
dait que les vampires ne commengaient leurs
dans la lune un vaste magasin rerapli de fioles infestations qu'au lever de la lune, et qu'ils
etiquetees, ou le bon sens de chaque individu est etaient obliges de rentrer en terre au chant du
renferme. On a publie en 1835, sous le chaperon coq.
du savant astronome Herschell, qui sans doute L'idee la plus extraordinaire, adoptee dans
ne soupgonnait pas Thonneur qu'on lui faisait, quelques villages, c'est que lune ranimait les la
une plaisante description des habitants de la lune, vampires. Lorsqu'un de ces spectres, poursuivi
canard qui venait des Etats-Unis. dans ses courses nocturnes , etait frappe d'une
Les Peruviens regardaient la lune comme la
1 Ceux qui ont observe les ph^nomenes que pre-
soeur et la femme du soleil, et la mere de leurs
sente le climat des regions intertropicales n'ont pas
Incas; ilsl'appelaient mere universelle, et avaient prete une assez grande attention a I'influence que la
pour elle la plus grande veneration. Cependant lune y exerce. Si Ton s'accorde a reconnaitre que la
ils ne lui avaient point eleve de temple a part et
pression ou rattraction lunaire agit fortement sur les
marees on ne doit pas craindre d'affirmer que I'at-
,
ne lui offraient point de sacrifices. lis preten-
mosphere est soumise a une action semblable. Ce
daient que les marques noires qu'on apergoit qu'il y a de certain, c'est que, dans les basses terres
dans la lune avaient ete faites par un renard qui des regions intertropicales, un observateur attentif
ayant monte au ciel, I'avait embrassee si etroi- de la nature est frappe du pouvoir que la lune exerce
sur les saisons aussi bien que sur le regno animal et
tement qu'il lui avail fait ces laches a force de sur le vegetal. A Dera^rara, il y a cheque annee treize
la serrer. printemps et treize automnes; car il est constate que
Suivant les Taitiens, les taches que nous la seve des arbres y monte aux branches et redescend
aux racines treize fois alternativement.
voyons a la^ lune sont des bosquets d'une espece
Le vallaba, arbre resineux assez commun dans
d'arbres qui croissaient autrefois a Taiti ; un acci-
les bois de Demdrara et qui ressemble a Facajou
,

dent ayant detruit ces arbres, les graines fu- fournit un exemple Ires-curieux en ce genre. Si on
rent portees par des pigeons a la lune, ou elles le coupe la nuit, quelques jours avant la nouvelle
lune, son bois est excellent pour les charpentes et
ont prospere
toute espece de constructions, et la durete en est
Les mahometans ont une grande veneration telle qu'on ne peut le fendre qu'avec beaucoup de
pour la lune; ils la saluent des qu'elle parait, lui peine, et encore inegalement. Abattez-le pendant la
presentent leurs bourses ouvertes et la prient pleine lune, vous le partagez en une infinite de plan-
ches aussi minces et aussi droites qu'il vous plait avec
d'y faire multiplier les especes a mesure qu'elle
la plus grande facilite mais alors il ne vaut rien pour
;

croitra. les constructions et se deteriore bientot. Faites des


-La lune est la divinite des Nicaborins, habi- pieux avec des bambous de la grosseur du bras si ;

tants de Java. Lorsqu'il arrive une eclipse de vous les avez coupes a la nouvelle lune, ils dureront
dix a douze annees mais si c'est pendant qu'elle etait
;
lune, les Chinois idolalres, voisinsde la Siberie,
dans son plein ils seront pourris en moins de deux
,

poussent des cris et des hurlements horribles, ans.


sonnent les cloches frappent contre du bois ou
,
Les de la lune sur la vie animale sont prouves
effets

des cliaudrons et touchent a coups redoubles aussi par un grand nombre d'exemples. On a vu en
Afrique des animaux nouveau-nds perir en quelques
sur les timballes de la grande pagode. lis croient
heures aupres de leur mere pour etre restes exposes
que lemechant esprit de I'air Arachula attaque aux rayons de la pleine lune. S'ils en sont frappes,
la lune, et que leurs clameurs doivent I'effrayer. les poissonsfraichement peches se corrompent, et la
II y a des gens qui pretendent que la lune est viande ne se peut plus conserver, meme au moyen
du sel.
douee d'un appetit extraordinaire; que son esto-
Le marinier qui dort sans precaution la nuit sur
mac , comme de Tautruche
celui digere des , le tillac, laface tournee vers la lune , est atteint de
pierres. En voyant un batiment vermoulu, ils nyctalopie ou cecitd nocturne et quelquefois sa tele
,

disent que la lune I'a mulile et qu'elle peut ron- entle d'une maniere prodigieuse. Les paroxysmes des
fous redoublent d'une maniere effrayante a la nou-
ger le marbre, ce qui est vrai dans certains
velle et a la pleine lune les frissons humides de la
;

climats. fievre intermittente se font sentir au lever de cet


Combien de personnes n'osent couper leurs astre, dont la douce lueur semble a peine efHeurer
cheveux dans le decours de la lune dit M, Sal- !
la terre.Mais, qu'on ne s'y meprenne pas, ses effets
sont puissants, et, parmi les agents qui regnent sur
gues ^. Mais les medecins sont convenus enfin
Tatmosphere, on peut affirmer qu'elle ne tient pas le
' Voyages de Cook. dernier rang.
2 Des erreurs et'des prejuges, etc., t. I, p. 240. (Martin's history of the British colonies.)
27.
LUN /t20
— LUT
ballc ou d'liii coup de lance, on pensait qii'il la partagent pas s'y soumet par egard pour I'opi-
pouvait moLirir iine seconde fois inais qu'expose
, nion publique.
aux rayons de la lune il reprcnait ses forces el Lure (Guillaunie), docteur en theologie, qui
pouvait sucer de nonveau les vivants. futcondamne comme sorcier, a Poitiers, en 1453,
Lundi. En Russie le lundi passe pour un jour
, convaincu par son propreaveu, par ternoins, et
malheureux. Parmi le peuple et les personnes pour avoir ete Irouve saisi d'nn pacte fait avec
supersliLienses, la repugnance a euLreprendre ce le diable, par lequel il renongait a Dieu et se
jour-la qnelque cliose surtouL un voyage, esl si
, donnaiL a icelui diable ^
universeile que le petit nombre des gens qui ne Luricaunes , lutins pygtnees de la race des

fees. On les appelle en Irlande luricaunes el Nous ne pouvons ici faire sa vie ^ mais sa
cluricaunes, lurigadaunes a Tipperari, logherys mort nous revient. Ses ennemis ont assure que
dans ruister. lis connaissent les tresors cacbes. le diable I'avait etrangle d'aulres qu'il mourut
;

Luridan, puissant esprit de I'air en Norvege subilement en allant a la garde-robe, comme


et en Laponie. Voy. Harold. Arius ,
que son tombeau
apres avoir trop soupe ;
,

Lusignan. On pretend que la maison de Lu- ayant ele ouvert le lendemain de son enlerre-
signan descend en ligne directe de Melusine. menl, on n'y avail pu trouver son corps, et qu'il
VoiJ. MELUSINE. en etait sorli uue odeur de soufre insupportable.
Lusmore. Les Irlandais donnent ce nom a la — Georges Lapdlre le dit fils d'un demon el d'une
dicjitalis pwpurea, qu'ils appellent aussi plus sorciere.
communement bonnet de fie, a cause de la res- A la mort de Luther, disent les relations rd-
semblance supposee de ses clocbettes avec celle pandues chez ses contemporains les demons en ,

partie de Tbabilleinent des fees. On pretend deuil habilles en corbeaux vinrent chercher cet
, ,

qu'elle salue les etres surnaturels en pliant de- ami de I'enfer. lis assislerent invisiblement aux
vant eux sa longue tige en signe de reconnais-
, funerailles; et Thyraeus ajoute qu'ils I'emporte-
sance renl ensiu'le loin de ce monde , ou il ne devait
Luther (Martin), le plus fameux novateur re- que passer. — On conte encore que jourde sa le

ligieuxdu seizieme siecle, ne en Ik^k en Saxe, mort tons les demons qui se Irouvaient en une
mort en 15/i6. II dut son education a la cbarite cerlaine ville de Brabant (a Malines) sorlirenldes
des moines et entra chez les auguslins d'Erfurt. corps qu'ils possedaient et y revinrent le lende-
Devenu professeur de tbeologie il s'irrila de ne , main el comme on leur demandait oii ilsavaient
;

pas etre le Judas des indulgences, c'est-a-dire de passe la journee precedenle, ils repondirent que,

n'en pas lenir la bourse; il ecrivil centre le Pape par I'ordre de leur prince ils s'etaient rendus a ,

et precha conlre I'Eglise romaine. Devenu epris I'enterrement de Luther. Le valet de Luther, qui
de Catherine Bore, religieuse, il I'enleva de son I'assislait a sa mort, declara, ce qui est tres-

convent avec huit autres soeurs, se hata de singulier, en conformile de ceci, qu'ayant mis la
I'epouser et publia un ecrit ou il comparait ce UHe a la fenetre pour prendre I'air au moment
rapt a celui que Jesus-Christ fit, le jour de la du trepas de son maitre, il avail vu plusieurs
Passion lorsqu'il arracha les ames de la tyrannie
,
' Dolancre, Inconstance des d'rmons , t. YI p. 4h5.
de Satan ,

2 On trouvera cette vie de Lutlier dans les Legcndcs


1 M. Dufau , Contes irlandais. infernales.
. , ,

LUT — Z|21 LUT


esprits horribles qui dansaient autour de la mai- syllogismes tres-embarrassants. Luther, offens^
son , et ensLiite des corbeaux maigres qui accorn- brusquement
lui dit : —
Vos questions sont trop
pagnerent le corps en croassant jusqu'a Wit- embrouillees; j'ai pour le moment autre chose a

temberg. . . faire que de vous repondre. Cependant il se le-


La dispute de LuLher avec le diable a fait beau- vait pour argumenter encore, lorsqu'il remarqua
coup de bruit. Un religieux vint un jour frapper que le religieux avait le pied fendu et les mains
rudement a sa porte en demandant a lui parler. ,
armees de griffes. —
N'es-tu pas, lui dit-il, celui
Le renegat ouvre; le prelendu moine regardc un dont la naissance du Christ a du briser la tete?
moment le refonnateur et lui dit J'ai d^cou- : — Etle diable, qui s'attendait avec son ami aun
vert dans vos opinions cerlaines erreurs papis- combat d'esprit et nun a un assaut d'injures,
tiques sur lesquelles je voudrais conferer avec regut dans la figure I'encrier de Luther, qui etait
vous. —
Parlez, repond Luther. L'inconnu pro- de plomb il dut en rire a pleine gorge. On
' :

posa d'abord quelques discussions assez simples, montre encore sur la muraille, a Wittemberg,
que Luther resolut aisement. Mais chaque ques- les eclaboussures de I'encre. On trouve ce fait

tion nouvelle etait plus difficile que la prece- rapporte, avec quelque difference de details,
dente , et le moine suppose exposa bientot des dans le livre de Luther lui-meme sur la messe

Lulher

privee , sous le titre de Conference de Luther avec Lutins. Leslutins sont du nombre des demons
le diable^. II conte que, s'etant eveille un jour, qui ont plus de malice que de m^chancete. llsse
vers minuit, Satan disputa avec lui, I'dclaira sur plaisent a tourmenter les gens et se contentent
les erreurs du Catholicisme et I'engagea a se de faire plus de peur que de mal. Cardan parle
separer da Pape. C'est donner a sa secte une d'un de ses amis qui, couchant dans une chambre
assez triste origine. L'abbe Cordemoy pense que hantaient les lutins, sentit une main froide
avec beaucoup d'apparence de raison que cer- ,
et molle comme du coton passer sur son cou et
tains critiques ont tort de prctendre que cette son visage, et chercher a lui ouvrir la bouche.
piece n'est pas de Luther. II est constant qu'il II se garda bien de bailler; mais, s'eveillant en
etait M. Michelet I'a reconnu
tres-visionnaire ; sursaut, il entendit de grands eclats derire sans
positivement, ce qui doit suffire aux incredules; rien voir autour de lui. Leloyer raconte que de
pourjes croyants, il etait tres en etat de voir le son temps y avait de mauvais garnements qui
il

diable. II est meme possible que la bravade de faisaient leurs sabbats dans les cimetieres pour
I'encrier soit une vanterie. etablir leur reputation et se faiije craindre , et
que, quand ils y etaient parvenus, ils allaient
* Colloquium Lutherum inter et diabolum, ah ipso dans les maisons buffeter le bon vin.
Luthero conscriptum , in ejus libro de Missa pri-
vata, etc. ' M^lanchthon, De examin. theolog. operum, t. I.
;

LUT — 422 — LYN


Les latins s'appelaient ainsi parce qu'ils pre- lemps, et auquel elle etait attachee. Ce vieillard
naient quelquefois plaisir aliitter avec les hom- tomba tout a coup dangereusement malade. La
mes. II y en avail un a Thennesse qui se battaiL marechale etait dans I'inquietude. Elle ne cessait
avec tous ceux qui arrivaient dans cette ville. Au d'envoyer demander des nouvelles de eel homme,
reste, disent les bons legendaires les lutins ne
, et souvent allail elle-meme en savoir. Se portant
metlent ni durete ni violence dans leurs jeux.... tres-bien elle s'eveille au milieu de la nuit avec
,

Voy. Elfes, etc. une agitation singuliere elle veut sonner pour ;

Lutschin. Au pied de Lutschin, rocher gigan- demander ce que fait son valet de chambre; elle
tesque de la Suisse, coule un torrent oii se noya ouvre les rideaux de son lit; a I'instant, I'imagi-
un fratricide en voulant laver son poignard en- nation fortement frappee, elle croit apercevoir
sanglanle. La nuit, a I'heure ou le meurtre fut dans son appartement un fantome convert d'un
commis, on entend encore pres du torrent des linceul blanc; elle croit entendre ces paroles:
soupirs et comrae le rale d'un homme qui se — Ne vous inquietez point de moi, je ne suis
meurt. On se dit aussi que I'ame du meurtrier plus de ce monde, el avant la Penlecole vous
rode dans les environs cherchant un repos
, viendrez me rejoindre. « La fievre s'empara
qu'elle ne peut trouver. d'elle ; elle fut bientot a toute extremite. Ce qui
Lutteurs, demons qui aiment la lutte et les contribua le plus a augmenter sa terreur, c'est
petits jeux de mains. G'est de leur nom qu'on a qu'a I'inslant meme ou elle fut frappee de cette
nomme les lutins. vision riiomme en question venait effectivement
,

Luxembourg (Frangois de Montmorency), d'expirer. La marechale a cependant survecu a


marechal de France, ne en 1628, mort en 1695. la prediction du fantome imaginaire, el cette re-
On I'accusa de s'etre donne au diable. Un de ses surrection fait furieusement de tort aux spectres
gens nomme Bonard voulant retrouver des pa-
, , pour choses de I'avenir'. »
les
piers qui etaient egares s'adressa a un certain
, Lycanthropie transformation d'un
, homme
Lesage pour les retrouver. Ce Lesage etait un en loup. Le lycanthrope s'appelle communemeat
homme derange, qui se melait de sorcellerie et loup-garou. Voy. Loups-garous.
de divination. 11 lui ordonna d'aller visiter les Lycaon, fils de Phorenee, roi d'Arcadie, a
eglises, de reciter des psaumes; Bonard'se sou- laquelle il donna le nom de Lycaonie. II batil sur

mit a tout ce qu'on exigeait de lui, et les papiers les montagnes la ville de Lycosure, la plus an-
,ne se retrouverent pas. Une iille, nommee la cienne de toute Grece, et y eleva un aulel a
la

Dupin, les retenait. Bonard, sous les yeux de Jupiter Lycaeus, auquel il commenga a sacrifier
Lesage, fit une conjuration au nom du marechal des victimes humaines. 11 faisait mourir, pour
de Luxembourg la Dupin ne rendit rien. Deses-
; les manger, tous les etrangers qui passaient dans
pere Bonard fit signer un pacte au marechal qui
, ses Etats. Jupiter etant alle loger chez lui, Ly-
se donnait au diable. A la suite de ces menees, caon se prepara a oler la vie a son hole pendant
la Dupin fut trouvee assassinee. On en accusa le qu'il serait endormi mais auparavanl il voulut
;

marechal. Le pacte fut produit au proces. Lesage s'assurer si ce n'etait pas un dieu et lui fit ser-
deposa que le marechal s'etait adresse au diable vir a souper les membres d'un de ses botes,
el a lui pour faire mourir la Dupin. Les assassins d'autres disent d'un eselave. Un feu vengeur,
de cette fille avouerent qu'ils I'avaient decoupee allume par I'ordre de Jupiter, consuma bientot
en quartiers et jetee dans la riviere par les ordres le palais, et Lycaon fut change en loup. C'est
le

du marechal. La cour des pairs devait le juger plus ancien loup-garou.


mais on mit de la negligence a instruire son pro- Suivant quelques traditions, il reprenait la
ces; enfin on lui confronta Lesage el un autre figure d'homme au bout de dix ans, si, dans ces
sorcier, nomme Davaux, avec lesquels on I'ac- dix ans, il s'etait abstenu de chair humaine.
cusa d'avoir fait des sortileges pour faire mourir Lycas, demon de Themese, chasse par le
plus d'une personne. —
Parmi les imputations champion Euthymius, et qui fut en grande re-
horribles qui faisaient la base du proces, Lesage nommee chez les Grecs. 11 etait tres-noir, avail
dit que le marechal avail fait un pacte avec le le visage et tout le corps hideux, et porlail une
diable, pour pouvoir allier un de ses lils avec la peau de loup pour vetement^.
famille de Louvois. Le proces dura quatorze Lychnomancie, divination qui se faisait par
mois. II n'y eut de jugement ni pour ni contre. I'inspection de la ilamme d'une lampe; il en reste
La Voisin, la Vigoureux et Lesage, compromis quelques traces. Lorsqu'une etincelle se delache
dans ces crimes, furent brules a la Greve. Le de la meche, elle annonce une nouvelle et la di-
marechal de Luxembourg fut elargi passa quel- , rection de cette nouvelle. Voy. Lampadomancie.
ques jours a la campagne, puis revint a la cour Lynx. Les anciens disent des merveilles du
et repril ses fonctions de capitaine des gardes... lynx. ISon-seulement ils lui attribuenl la faculle

Luxembourg (la marechale de). Madame la 1 Histoire des revemnts ou pretendus tcls, t. I,
marechale de Luxembourg avail pour valet de p. 174.
chambre un vieillard qui la servait depuis !ong- 2 Leloyer, Histoire des spectres, p. 198.
: ;

LYS — 423 — MAC


de voir a travers les murs, mais encore la vertu Mais il ajoute que, par un sentiment de jalousie,
cet animal avare a soin de nous derober ces
richesses en couvrant de terre ses precieuses
evacuations. Sans cela nous aurions pour rien
I'ambre, les rubis et les escarboucles*.
Lysimachie, plante ainsi nommee parce que,
posee sur le joug auquel les boeufs et autres ani-
maux etaient atteles, elle avail la vertu de les
empecher de se battre.
Lysimaque, devin dont
parle Demetrius de
Lynx. Phalere dans son livre de Socrate. II gagnait sa
vie a interpreter des songes au moyen de cer-
serieusement que les filets de son urine se trans- laines tables astrologiques. II se tenait aupres du
fonnent en ambre, en rubis et en escarboucles. temple de Bacchus ^,

—ooo—

M
Ma nom japonais de I'esprit malin on le
, ; rieux sur I'autre monde. Etait-ce une lethargie
donne au renard, qui cause de grands ravages avec reve ou une grace speciale? C'est ce que
au Japon, ou des sectaires n'admettent qu'une nous ne decidons pas.
]
espece de demons, qui sont les ames des me- Mac-Donald (Archibald) voyant celebre. II ,

'

chants, lesquelles, apres la mort, sont unique- voyait a dix lieues un homme qui passait, et le
ment destinees a animer les renards. decrivait avec toutes les singularites qui pou-
Mab. C'est en Irlande la reine des fees ,
appe- vaient le faire reconnaitre'.
lee aussi Titania. Macha-Halla ou Messa-Hala, astrologue
Maberthe. On lit dans YHistoire des possedes arabe du huitieme siecle de notre ere. On a de
de Flandre, tome II, page 275, qu'il y avait, en lui plusieurs ouvrages dont on trouve la liste dans

quelque royaume de I'Europe, une jeune fiUe Casiri. Les principaux ont ete traduits en latin :

nommee Maberthe, menant une vie qui semblait Un TraiU des eUments et des choses cdestes

celeste qu'elle fut recue en pitie dans la maison 2" un autre De la revolution des annees du monde; ,
;

du seigneur de Swert, I'an 1618. Elle se faisait 3° un troisieme, De la signification des planetes
passer pour sainte et se vantait que son Dieu lui pour les nativitis, Nuremberg, 1549. La biblio-
parlait souvent. Mais elle refusa de conferer de theque Bodleienne a parmi ses rnanuscrits une
ces merveilles avec un eveque , ce qui parut sus- traduction hebraique de ses Problemes astrolo-
pect ; et comme on
disait qu'un jour le diable giques, faile par Aben-Ezra,
I'avait prise par la main et s'etait promene avec Machines. Des savants ont produit par la me-
elle, le seigneur de Swert insista pour qu'elle en canique des machines compliquees oia de bonnes
parlat audit eveque ce qu'enfln elle accorda.
, gens ont vu de la magie, parce qu'ils ne savaient
Apres la conference, qui embarrassa tout le pas. Voy. Albert le Grand,
monde sans rien eclaircir, elle s'en alia de la Descartes avait fait, dit-on, avec beaucoup
maison en disant « S'ils savaient que je sais ce
: d'industrie, une machine automate pour prou-
que je sais, ils diraient que je suis une sorciere. » ver demons trativement que les betes n'ont point
On Unit par decouvrir de grandes abominations d'ame, et que ce ne sont que des machines bien
dans cette fille. Mais elle etait effrontee et lors- ;
compos^es qui se remuent a Foccasion des corps
qu'on lui parlait de se convertir, elle repondait etrangers qui les frappent et leur communiquent
« J'y pen.serai; il y a vingt-quatre heures au une partie de leur mouvement. Ce philosophe
On croit qu'elle finit par etre brulee.
jour. » ayant mis cette machine sur un vaisseau, le ca-
Mac-Allan (Fanny). Voy. Cekcueil. pitaine eut la curiosile d'ouvrir la caisse dans
Mac-Alzean (Euphemie), accusee de sorcelle- laquelle elle etait enfermee ;
surpris des mouve-
rie parce qu'elle etait catholique. Voxj. Jacques I". ments qu'il remarqua dans machine, qui
cette
Mac-Carthy. Les legendes irlandaises racon- agissait comme si elle eut ete animee, il la jeta
tent I'histoire d'un certain Charles Mac-Carthy
qui, apres une jeunesse tres-dissipee, mourut un M. Salgues, Des erreurs, etc., t. 11, p. 103.
1

Plutarque Vie d'Aristote, § 66.


2 ,
jour et ressuscita au moment ou on allait I'enle- 3 Cite, a propos de la seconde vue, dans le t. Ill
ver pour le cimetiere. II raconta des details cu- de la Mystique de Gorres.
,

MAC - m— MAG
dans la mer, croyant que c'elait le diable. Au encore tout rouges. Ce phenomene parut si eton-
reste, la raison que donnait Descartes pour eta- nant, que Ton deposa la piece de bois dans
blir que les betes n'ont point d'anies, c'est qu'elles I'eglise voisine ou elle fut conservee. Boece
,

sont a jamais incapables de progres. Ce qui est ajoute a ce conle, et pour le faire lenir debout,
proiive depuis le commencement du monde. qu'il fut lui -meme lemoin d'un prodige sem-

Machlyes peuple fabuleux d'Afrique


,
que ,
blable que le ministre d'une paroisse voisine
;

Pline pretend avoir eu les deux sexes et deux ma- des bords de la mer ayanl peche une grande
melles, la droite semblable a celle d'un homme, quanlite d'algues et de roseaux, il apergul a

et lagauche a celle d'une femme. I'exlremite de leurs racines des coquillages sin-
Mac-Intos. Voy. Cercueil. guliers, qu'il les ouvrit et y Irouva au lieu de
Macreuses, oiseaux de la famille des canards poissons des oiseaux. L'auteur assure que le pas-

qui sont tres-communs sur les cotes d'Angleterre teur lui fit part de cette merveille, et il repete
d'Ecosse et d'lrlande. lis ont ele le sujet de bien qu'il fut lui-meme lemoin de la veril6 du fail....
des contes. Plusieurs auleurs ont assure que ces Mac-Rodor, medecin ecossais donl voici
oiseaux sont produits sans oeufs les uns les font : I'avenlure « En I'annee 157/4, un nomme Trois-
:

venir des coquilles qui se trouvent dans la mer; Rieux s'obligea envers un medecin ecossais,
d'autres ont avance qu'il y a des arbres sem- nomme Mac-Rodor (tons deux habitants de Bor-
blables a des saules, dont le fruit se change en deaux) de lui servir de demon apres sa mort
,
;

macreuses, et que les feuilles de ces arbres qui c'esl-a-dire que son esprit viendrail lui obeir en
tombent sur la terre produisent des oiseaux pen- ,
loules choses et lui faire connailre ce qui elail
dant que celles qui tombent dans I'eau deviennenl cache aux hommes. Pour parvenir a ces fins, ils
des poissons. II est surprenant, dit le P. Lebrun, signerenl un pacte en lellres de sang sur un par-
que ces pauvreles aient ete si souvent repetees, chemin vierge. — Ce Mac-Rodor elail regarde
quoique divers auteurs aient remarque et assure comme sorcier et magicien ; il eul une fin mise-
que les macreuses elaient engendrees de la meme rable, ainsi que toule sa famille. On surprit chez
maniere que les autres oiseaux. Albert le Grand lui I'obligation que nous venons de mentionner,

I'avait declare en termes precis; et depuis, un avec une platine de cuivre ronde, de mediocre
voyageur a truuve au nord de I'Ecosse de'
, ,
grandeur, sur laquelle Elaient graves les sept
grandes troupes de macreuses el les oeufs qu'elles noms de Dieu ,
sept anges ,
sept planetes el plu-
devaient couver, dont il mangea. sieurs autres figures, caracteres, lignes, points,
« 11 n'y a pas longtemps qu'un journal de Nor- tons inconnus'. »

mandie nous racontait serieusement, dit M. Sal- Maczocha, gouffre celebre en Pologne par
gues qu'on venait de pecher, sur les cotes de
' ,
I'avenlure d'un condamne du temps
qui, jete la
Granville, un mat de vaisseau qui dormait depuis des hussiles, en fut tire par un monslrueux dra-
plus de vingt ans sous les eaux que Ton fut fort ;
gon sur , le dos duquel il se glissa. Voi/. Obesslik.
etonne de le trouver enveloppe d'une espece de Madeleine de la Croix, religieuse de Gor-
poisson fori singulier, que les Normands nomment doue, qui mena mauvaise vie au seizieme siecle,
hernack ou bernache. Or, ce bernache ou ber- se disant sorciere et se vanlanl d'avoir pour
nacle est un long boyau rempli d'eau jaunalre, familier un demon. Frangois de Torre-Blanca ra-

au bout duquel se trouve une coquille qui ren- conte qu'elle avail a volonte des roses en hiver,
ferme un oiseau, lequel produit une macreuse. de la neige dans le mois d'aout, el qu'elle pas-
Celle absurde nouvelle se repandil, et les Pari- sait a travers les murs, qui s'ouvraienl devanl
siens, ajoute M. Salgues, furenl bien etonnes elle. Elle fut arretee par I'inquisition; mais ayanl
d'apprendre qu'il y avail des oies qui naissaienl lout confesse, elle fut adniise a penitence; car
au bout d'un boyau, dans une petite coquille. » les inquisileurs n'ont jamais eu la ferocile que
Johnston dans sa Taumalographie naturelle,
,
leur pretenl cerlains livres ullra-menteurs.
rapporle que les macreuses se forment dans le Magares, sorciers de Mingrelie, fort redoutes
bois pourri ;
que le bois pourri se change en ver des gens du pays, parce qu'ils nouaient I'aiguil-
el le ver en oiseau... Hector deBoece esll'homme lelte. Aussi la ceremonie du mariage en ce pays, ,

donl I'autorite lui parail la plus imposante. Or, ce se faisait loujours en secret, et sans qu'on en
savant rapporle qu'en H90 on pecha sur les cotes jour, de peur que ces prelendus sorciers
sill le

d'Ecosse une piece de bois pourri qu'on I'ouvril ;


ne jelassenl quelques sortileges facheux sur les
en la presence du seigneur du lieu, el qu'on y epoux. Voy. Ligatures.
Irouva une quanlite enorme de vers; mais ce qui Mages, sectaleurs de Zoroastre, adorateurs

surprit singulieremenl I'honorable baronnet el les du feu grands magiciens. C'est d'eux, disent
et

speclaleurs, c'est que plusieurs de ces vers com- les demonomanes, que la magie ou science des

menqaienl a prendre la forme d'oiseau, que les mages lire son nom. Ils prechaienl la metempsy-
uns avaient des plumes, el que les autres elaient cose astronomique c'est-a-dire que, selon leur;

1 Delancre, Tabl. de I'inconslance des demons, etc.,


> Des erreurs et des prejuges, t. I, p. 448. liv. II, p. 174.
, ;:

MAG — Z|25 — MAG


doctrine, les kmes, au sortir de ce monde, al- diable, et pratiquee sous son influence, est I'art
laient habiter siiccessivement ton les les planete? de commercer avec les demons, en consequence
avant de revenir sur la lerre. d'un pacte fait avec eux, et de se servir de leur
Magie et Magiciens. La magie est I'art de ministere pour operer des effets au-dessus de la
produire dans la nature des choses aii-dessns du nature. C'est de cette magie que sont accuses
poll voirdes homines, par le secours desxlemons, ceux qu'on appelle proprement magiciens. Cham
ou en einployant cerlaines ceremonies que la re- en a ete, dit-on, I'inventeur ou plutot le conser-
ligion interdit. Celui qui exerce cet art est appele vateur; car Dieu n'envoya le deluge, disent les
raagicien. On distingue la magie noire, la magie demonomanes, que pour nettoyer la terre des
naturelle, la cwlesUalis, qui est I'astrologie judi- magiciens et des sorciers qui la souillaient. Cham
ciaire, et la coeremonialis. Cette derniere consiste enseigna la magie et la sorcellerie a son (ils Mis-
dans I'invocation des demons, en consequence raim qui pour les grandes merveilles qn'il
, ,

I
d'un pacte formel ou tacile fait avec les puis- faisait, fut appele Zoroastre. On a dit qu'il avait
sances infernales. Ses diverses branches sont la compose cent mille vers sur ce sujet, et qu'il fut
cabale, I'enchantement, le sortilege, revocation emporte par le diable en presence de ses dis-
des morts et des esprits malfaisants, la decou- ciples.
verte des tresors caches et des plus grands se- En fait, la magie existe; et I'Eglise n'a pa se
crets, la divination don de prophetie, celui
, le tromper en la considerant comme une aposlasie
de guerir par des termes magiques et par des et un enrolement dans les phalanges de Satan.
pratiques mysterieuses les maladies les plus opi- II n'est pas necessaire d'etablir ici la verite des

niatres, de preserver de lous maux, de. tons faits rapportes dans I'Ecriture sainte sur la magie

dangers, au moyen d'amulettes, de talismans; la et les magiciens. lis ne sont contestes que par la
frequentation du sabbat, etc. '
mauvaise foi des incredules qui ont leur parti
La magie naturelle, selon les demonographes pris de nier. Mais tous les peuples ont reconnu
est I'artde connailre i'avenir et de produire des I'existence de la magie; et les plus forts des esprits
effets merveilleux par des nioyens naturels, mais forts ne la nieront pas, s'ils ont vu quelques-unes
au-dessus de la portee du commun des hommes. des merveilles du magnetisme. Nous ne parlons
La magie artificielle est I'art de fasciner les yeux ici que des faits et non de la maniere de les in-

etd'etonner les spectateurs,ou par des automates, terpreter. Disons toutefois qu'on a atlribue a cet
ou par des escamotages ou par des tours de
, art noir bien des accidents qui n'en ont pas ete
physique. La magie blanche est I'art de faire des les produits. 11 est constant que les ecrivains des
operations siirprenantes par revocation des bons siecles passes ont entoure les histoires de faits
anges, ou simplement par adresse et sans aucune magiques d'une credulite trop etendue. La ma-
evocation. Dans le premier cas, on pretend que gie, disent-ils, donne a ceux qui la possedent
Salomon en est I'inventeur; dans le second, la une puissance a laquelle rien ne pent resister
magie blanche est la mSme chose que la magie d'un coup de baguette, d'un mot, d'un signe, ils
naturelle, confondue avec la magie artificielle. bouleversent les elements, changent I'ordre im-
La magie noire ou diabolique enseignee par le ,
muable de la nature, livrent le monde aux puis-
sances infernales, dechainent les tempeles, les
* «Je ne sais si je dois vous dire que Ton compte vents et les orages; en un mot, font le froid et
d'ordinaire six especes principales de magie la ne- :
lechaud. Les magiciens et sorciers, dit Vecker,
cromancie, la pyromancie, raeromancie, I'hydro-
mancie, la geomancie et la chiromancie. Mais peut- sont portes par I'air d'un tres-leger mouvement,
etre ne serez-vous pas fache que j'observe que ces vont oil ils veulent, et cheminent sur les eaux,
diverses especes de divination elaient bien sacrees en comme Oddon le pirate, lequel voltigeait ga et
substance, quand les lois les autorisaient comme au-
la en haule mer, sans esquif ni navire
tant de mysteres mais qu'elles etaient abominables
,

lorsque d'autres que le college des pretres s'en me- Onconte qu'un magicien coupa la tete d'un
laient; parce que Ton s'imaginait qu'il n'y avait valet en presence de plusieurs personnes qu'il
que les pretres qui eussent le droit, en vertu des voulait divertir ; toutefois il coupait cette tete
lois, de consulter les bons demons; et que, par con-
avec le dessein de la remettre; mais pendant
sequent, les magiciens, qui n'etaient que des per-
sonnes particulieres sans vocation n'agissaienl que qu'il se disposait a la retablir, il vit un autre ma-
,

par illusion, ou tout au plus par le commerce des gicien qui s'obslinait a le contre-carrer, quelque
mauvais demons, qui ne demandaient pas mieux que prifere qu'il lui adressat; il fit naitre tout d'un
de donner par leur ministere des marques de leur
coup un Us sur une table, et en ayant abattu la
malignite.
» G'estpourquoi les paiens, qui avaient en horreur tete son ennemi tomba par terre sans tete .et
,

le seul nom de magie, donnerent a leurs mysteres sans vie. Puis il retablit celle du valet et s'en-
celui de divination et afm d'y mettre une difference des contes. Or, ces contes sur
,
fuit. Ce sont la
plus r^elle, lis en changerent, autant qu'ils le pa-
chargent sans I'aneantir.
I'histoire la
rent, les divers sujets, et en augmenterent les es-
peces. » Un autre magicien, en 128/j, delivra la ville
(BiNET, Traite historique des dieux et des demons d'Hameln des rats innombrables qui I'infeslaient
du paganisme, lettre troisieme.) il opera cette merveille au moyen d'une flute en-
MAG — /|26 — MAG
chantee dont les sons alliraient iiivinciblement tissent quatre rues; attends debout et en silence
apres ce service rendu, les magis-
les rats. Mais, ce que le hasard t'amenera. Tu n'y seras pas
trals d'Hanieln refuserent au magicien le prix longtemps sans voir passer plusieurs personnages,
convenu. II s'en vengea, au moyen d'une autre chevaliers, pietons, gentilshommes les uns ar- :

flute qui, par ses vibrations, entraina lous les mes, les autres sans amies les uns tristes, les ;

enfants de la ville. On ne les revit plus; et des aulres gais. Quoi que tu voiesel que tu entendes,
documents etabiissent qu'ils furent transportes garde-toi de parler ni de remuer. Apres cette
|
en Transylvanie. Des monuments appuient ce troupe, suivra un certain, puissant de taille,
trait d'histoire*, dont Guslave Nieritz a fait un assis sur un char; tu lui remettras la leltre, sans
conte de fantaisie ^. dire un mot, et tout ce que tu desires arrivera. »
Mouchemberg, dans la suite de I'Argenis, Le jeune homme fit ce qui lui etait present et
va plus loin. 11 raconte les aventures bizarres du vit passer un grand cortege. Le mailre de la
magicien Lexilis. Ce magicien ayant ete mis en compagnie venait le dernier monte sur un char ,

prison par ordre du souverain de Tunis (le fait triomphal. II passa devant le fils du geolier, et,
a eu lieu quelque temps avant la splendeur de je;ant sur lui des regards lerribles, il lui demanda
Rome) il arriva dans ces entrefailes une chose
, de quel front il osail se trouver a sa rencontre ?
dtrange au fds du geolier de la prison otj Lexilis Le jeune homme, mourant de peur, eut pourlant
etait detenu. Co jeune homme venait de se ma- le courage d'avancer la main et de presenter sa
rier, et les parents celebraient les noces hors de leltre. L'esprit, reconnaissant le cachet, la lut
la Le soir venu, on joua au ballon. Pour
ville. aussitot el s'ecria « Ce Lexilis sera-t-il long-
:

avoir main plus libre le jeune marie Ota de


la , lemps encore sur la terre!... » Un instant apres,
son doigt I'anneau nuptial 11 le mit au doigt d'une ;
il envoya un de ses gens oter I'anneau du doigt

statue qui etait pres de la. Apres avoir bien joue, de la statue, et le jeune epoux cessa d'etre
il retourne vers la statue pour reprendre son trouble!
anneau; mais la main s'eLait fermee, et il lui ful Cependanl le geolier fit annoncer au souverain
impossible de le retirer. Ce fait se retrouve dans de Tunis que Lexilis s'etail echappe. Tandis qu'on
plusieurslegendesdu moyen age. Le jeune homme le cherchait de toutes parts le magicien enlra ,

ne dit rien d'un tel prodige; mais quand tout le dans le palais, suivi d'une vingtaine de jeunes
monde ful renlre dans la ville, il revint seul de- lilies qui portaient des mets choisis pour le prince.

vant la statue, trouva la main ouverte et etendue Mais, tout en avouant qu'il n'avait rien mange
comma auparavant, toutefois sans la baguequ'il de si delicieux le roi de Tunis n'en renouvela
,

y avail laissee. Ce second evenement dans


le jeta pas moins 'ordre d'arreler Lexilis. Les gardes,
1

une grande surprise. 11 n'en alia pas moins re- voulant s'iiinparer de lui, ne trouverent a sa place
joindre sa famille. Mais il vouUit inuLilemenl se qu'un chien mort, sur le venire duquel ils avaient
rapprocher de sa femme. Un corps solide se pla- lous la main,... prestige qui excila la risee ge-
gail continuellement devant lui. « C'est moi que nerale. Apres qu'on se ful calme, on alia a la

tu dois embrasser, lui dil-on enfin, puisque tu maison du magicien; il etait a sa fenelre, regar-
m'as epousee aujourd'hui je suis la statue au :
dant venir son monde. Aussitot que les soldats le
doigt de laquelle tu as mis ton anneau. » Le jeune virent, ils coururent a sa porle, qui se ferma in-

epoux effraye revela la chose a ses parents. Son continent. De par le roi, le capilaine des gardes

pere lui con.seilla d'aller trouver Lexilis dans son lui commanda de se rendre, le menacant d'en-

cachol; il lui en remit la clef. Le jeune homme foncer la porle s'il refusait d'obeir. « Et si je me
s'y rendit et trouva le magicien endormi sur la rends , dit Lexilis ,
que ferez-vous de moi ? —
table. Apres avoir atlendu longlemps qu'il s'e- Nous vous conduirons courloisement au prince.
veillat, il le lira doucement par le pied le pied :
— Je vous remercie de voire courtoisie; mais
avec la jambe lui demeura dans les mains... par oil irons-nous au palais? Par cette rue, » —
Lexilis, s'eveillanl alors, poussa un cri :1a porle reprit le monlrant du doigt.
capilaine en la

du cachol se referma d'elle-meme. Le marie En meme temps il apergut un grand lleuve qui
tremblant se jeta aux genoux du magicien, lui venait a lui en grossissant ses eaux el remplis-
demanda pardon de sa maladresse et implora son sait la rue qu'il venait de designer tellement ,

assistance. Le magicien promit de le debarrasser qu'en moins de rien ils en eurent jusqu'a la
gorge. Lexilis, riant, leur criait « Retournez
de la statue moyennant qu'on le mit en liberie.
,
:

Le marche fait, il rajusta sa jambe a sa place et au palais, car pour moi je ne me soucie pas d'y
sortil. O^iand il ful libre, Lexilis ecrivit une leltre aller en barbet. »

qu'il donna au jeune homme « Va-t'en a mi- :


Le prince, ayant appris ceci,resolul de perdre
nuit, lui dil-il, dans le carrefour voisin ou abou- sa couronne plulot que de laisser le magicien
impuni il s'arma lui-meme pour aller a sa pour-
:

Voyez cette curieuse tradition dans les Legendes


1
suite et le trouva dans la campagne qui se pro-
des Coinmandements de Dieu.
2 Le sifflet magique, Iraduit de I'allemand en fran- menait paisiblement. Les soldals I'entourerent
Qais, par J. B. J. Champagnac. \ vol. 'm-\%. pour le saisir; mais Lexilis faisant un geste,
:

MAG — 427 — MAG


chaqiie soldat se Irouva la tete engagee entre d'esprit. Des lors le remede tomba ; mais il y en
deux piquets, avec deux cornes de cerf qui I'em- eut beaucoup qui ne voulurent point se dedire
pechaient de se retirer, lis resterent longtemps de la confiance qu'ils y avaient ajout^e. Les ma-
dans cette posture, pendant que des enfants leur ladies n'existent souvent que dans I'imagination
donnaient de grands coups de houssine sur les tellepersonne guerira avec un charlatan en qui
cornes... Le magician sautait d'aise a ce spec- elle aconfiance telle autre ne guerira point avec
;

tacle, et le prince etait furieux. Ayant apergu a un excellent medecin de qui elle se defie.
terre aux pieds de Lexilis
, , un morceau de par- La magie a reparu en Suede en 1859 avec une
chemin carre sur lequel etaient traces des ca- sorte d'epidemie diabolique. Voici ce qu'on ecri-
racteres le roi de Tunis se baissa et le ramassa
, vait alors :

sans etre vu du magicien. Des qu'il eut ces ca- (( Une superstition Strange, qui a pris la forme
racteres dans la main les soldats perdirent leurs , d'une veritable epidemie, a sevi pendant I'ete
cornes, les piquets s'evanouirent, Lexilis futpris, dernier dans quelques contrees de la Suede. Le
enchaine , mene en prison , et de la sur I'echa- prevot du chapitre de Leksand le docteur Hva- ,

faud pour y etre rompu. Mais ici il joua encore ser, charge de faire une enquete, a consigne
un tour de son metier car comme le bourreau ; , dans son rapport les faits suivants :

dechargeait la barre de fer sur lui, le coup tomba » Cette superstition a beaucoup de ressem-

sur un tambour plein de vin, qui se repandit sur blance avec celles des sorcieres du moyen age
la place, et Lexilis ne reparut plus a Tunis... qui croyaient avoir assiste au sabbat du diable,
Voici une autre histoire contee par Wierus : ce qui s'appelait en Suede aller a Blokulla. Mais
« Un magicien de Magdebourg gagnait sa vie en cette fois et c'est ce qu'il y a de plus curieux,
,

faisant des tours de son metier, des enchante- ce ne sont presque que des enfants qui sont en
ments , des fascinations et des prestiges sur un prole a ces hallucinations. En outre, ce n'est
theatre public, Un jour qu'il montrait, pour quel- plus a Blokulla qu'on est cense aller , mais a Jo-
que monnaie, un petit cheval auquel il faisait exe- sefsdal, qui doit etre pres de Stockholm.
cuter, par la force de sa magie, des choses in- » Voici ce que les enfants racontent sur leurs
croyables apres qu'il eut fini son jeu , il s'ecria peregrinations. D'abord ils sont changes en vers,
,

qu'il gagnait trop peu d'argent avec les hommes et ils s'echappent au dehors a travers un trou
et qu'il allait monter au ciel... Ayant done jete pratique dans la fenetre ensuite ils prennent la
;

son fouet en I'air, ce fouet commenga de s'en- forme de pies, et, quand ils se sont rassembles,
lever. Le petit cheval ayant saisi avec sa ma- ils redeviennent enfants. Alors ils montent sur

choire I'extremite du fouet, s'enleva pareillement. des peaux de veaux ou de vaches a travers les
L'enchanteur, comme s'il eut voulu retenir son airs vers un clocher, oi!i ils se vouent au diable.
bidet, le prit par la queue et fut emporte de » Anciennement on enlevait des parcelles du

meme. La femme de cet habile magicien em- metal de la cloche en pronongant ces mots « Que :

poigna a son tour les jambes de son mari qu'elle » mon ame n'arrive jamais au regne de Dieuavant

suivit; enfm la servante s'accrocha aux pieds de )) que ce metal redevienne une cloche. » Aujour-
sa maitresse , le valet aux jupes de la servante, d'hui la farine a remplace le metal, et arrive a
et bientot le fouet, le petit cheval, le sorcier, la Josefsdal, on en prepare une bouillie appelee
femme, la cuisiniere, le laquais, s'enleverent si welling, qu'on mange en societe avec le malin
haut qu'on ne les vit plus. Pendant que tous les esprit, qui s'appelle A^orisj/M&ft (le vieux duNord).
assistants demeuraient stupefaits d'admiralion il , » En dansant, il porte des bottes fourrees dont

survint un homme qui leur demanda pourquoi il se debarrasse quand il s'est echauffe. Presque

ils bayaient aux corneilles, et quand il le sut : tous les enfants des deux communes de Gagnef
« Sdyez en paix, leur dit-il, votre sorcier n'est et de Mockjards sont affectes de ces hallucina-
n pas perdu je viens de le voir a I'autre bout de
,
tions.Quelques-uns en souffrent, d'autres restent
)) la ville, qui descendait a son auberge avec tout bien portants. Les parents qui croient leurs en-
,

» son monde » Voij. Harvis. fants perdus et vendus au prince des tenebres,
On raconte qu'Hemmingius ,
theologien ce- s'en desolent. D'autres, et ce ne sont pas les
lebre, cita un jour deux vers barbares dans une moins superstitieux, quand leurs enfants ne veu-
de ses lecons, et ajouta, pour se divertir, qu'ils lent pas faire des aveux, les tourmentent d'une
pouvaient chasser la fievre ,
parce qu'ils etaient maniere incroyable.
magiques. L'un de ses auditeurs en fit I'essai sur » Un petit gargon nomme Grabo Pehr, qui af-
son valet et le guerit. Puis apres on fit courir le firmait avoir ete plusieurs fois a Josefsdal ,
pre-
remede, et il arriva que plusieurs febricitants tendait y avoir vu une petite fille, et lorsque la

s'en trouverent Men. Hemmingius, apres cela, mere de celle-ci interrogeait Grabo Pehr, il indi-
se crut oblige de dire qu'il n'avait parle de la quait pour preuve qu'en mangeant a Josefsdal,
sorte qu'en riant, et que ce n'etait qu'un jeu la petite fille s'etait eclaboussee a la figure, d'oii

il une blessure qui ne pourrait ja-


serait resulte
1 Wierus, De prcest., lib. II, cap. vii. mais guerir. La petite fille, en effet, souffrait,
;

MAG — 428 — MAG


tout pres de I'oeil , d'une plaie de mauvaise nature diaboHque, de Gorres, est aussi un livre que les
et dont on ignorait I'origine. On peut croire negations ne tueront pas. Voy. Bodin, Delrio,
quelle impression faclieuse une telle coincidence Delancre, Leloyer BoGUET, WiERus, etc.
,

apparenle faisait sur sa pauvre mere. La petite Magie islandaise. La premiere magie de ces
fiile, cependant, n'avait aucune idee de Josefs- peuples, devenus aujourd'hui plus senses, con-
dal, ni du welling, et par consequent ne put sistait autrefois a evoquer des esprits aeriens,

jamais faire aucune revelation. et a les faire descendre sur la terre pour s'en
Heureusement cette epidemic, dans ces deux
» servir. Elle etaitregardee comme la magie des
villages, s'est calmee un peu au bout de quelques grands. Cependant ces derniers en avaient une
mois; mais les esprits de la population n'en sont seconde, qui consistait a interpreter le chant des
pas moins extremement agiles, et des symptomes oiseaux, surtout des corneilles, les oiseaux les
alarmantssemontrent dans les contrees voisines. » plus instruits dans la connaissance des affaires
II y a eu de tout temps, chez tous les peu- d'Etat et les plus capables de predire I'avenir.
ples peu eclaires, grand nombre de magiciens, Mais comme il n'en existe point en Islande, les
et on a beaucoup ecrit contre eux. Nous citerons corbeaux remplissaient cet office les rois ne
:

ici quelques-uns des mille et un volumes qui trai- faisaient pas meme scrupule de se servir de cette
tent de cette maliere ex pvofesso : 1° le Traite magie.
de la magic blanche, ou de I' escamotagc , de De- Magnetisme science longtemps occulte. Ce-
,

cremps 2° la Magic naturclle , de Porta 3° la


; ; pendant elle a ete pratiquee par I'heretique Marc,
Veritable magie noire, ou le Secret des secrets, plus recemment par Mesmer et Cagliostro. Voici
manuscrit trouve a Jerusalem dans le sepulcre ce qu'ecrivait a Bruxelles, en 1839, dans un re-
de Salomon contenant quarante-cinq talismans,
, cueil periodique intitule le Magnetophile, un ecri-
avec la maniere de s'en servir et leurs merveil- vain qui pouvait etre M. Jobard ou M. Victor
leuses proprietes; plus, tous les caracteres ma- Idgiez :

giques connus jusqu'a cejour, traduit du mage Le nom de magnetiseurs ne designait autre-
(c

Iroe-Grego, Rome, 1750. Cetouvrage stupide est fois que quelques mesmeriens ou illumines et
donne comnie un ecrit de Salomon. On y trouve quelques songe-creux. Aujourd'hui le magne-
surtout des conjurations. h° Trinum magicum, tisme a fraternise avec les sciences physiques,
ou Traite des secrets magiqucs, contenant des re- qui seules pouvaient eclairer ses donnees il forme
;

cherches sur la magie naturelle, arlificielle et la souche principale dont les autres sciences ne

superstitieuse ; les talismans, les oracles de Zo- sont que les rameaux... Ses progres sont lies
roastre , les mysleres des Egyptiens ,
Hebreux, plus immediatement au profit de la societe qu'elle
Chaldeens, etc., in-8°, Francfort, 1673; 5° Lcttres ne semble le penser, dans la preoccupation de
de Saint-Andre conseiller niedecin ordinaire du
, ses mesquines passions de sa vie tumultueuse
,

roi, a quelques-uns de ses amis, au sujet de la et agitee. Sous quelque point de vue qu'on le
magie, des malefices et des sorciers, etc., Paris, considere, son importance eclate et grandit chaque
in-12, 1725; 6° Traits sur la magic, le sortilege, jour; mais son immensite nuit encore a ses pro-
les possessions, obsessions et malefices, etc.; gres, parce que personne, isolement, n'a encore
par M. Daugis; Paris, in-12, 1732. De nos jours le pouvoir d'embrasser son etendue. Le magne-

on a vu paraitre sur ces matieres quelques ou- tisme est un probleme qui se debat depuis pres
vrages d'esprit divers. M. Jules Garinet a donne d'un siecle en Europe, dont I'Academie de me-
en 1818 une Histoire de la magie en France, decine, en France, a ranime I'energie sans en
pleine de faits curieux, mais trop sceptiques. donner la solution et qui se complique, au con-
,

Plus recemment, M. Alfred Maury a ecrit sur la Iraire, chaque jour davantage par des pheno-
magie pour la nier. M. Louis Figuier a voulu menes plus merveilleux. On I'a vu concentre
ainsi expliquer le merveilleux sans trop I'ad- d'abord entre les mains de quelques adeptes
mettre. L'abbe Fiard, dont on s'est raille, a ete ignorants ou fanatiques de grandes experiences
;

peut-etre un peu credule aux yeux du vulgaire; ont ete faites ensuite, appuyees sur des noms
mais il n'a pas toujours vu faux. M. Eudes de qui ont porte la conviction dans quelques esprits.
Mirville a parfaitement demontre I'existence pal- Aujourd'hui des savants le rejettent encore, il
pable des esprits. M. le chevalier Gougenot des est vrai mais un savant se decide si difficilement
;

Mousseaux, dans son savant livre intitule la Magic a desapprendre! Une innovation I'epouvanle, car
au dix-neuvieme siecle, a solidement etabli les elle I'humilie et le detrone. Les doctrines carte-
faitsmagiques, dans le passe et de nos jours, siennes ont lutte longtemps en France contre
ainsique le concours actif des demons autour de les vieilles universites avant d'oblenir leur droit
nous Enlin la Mystique divine , naturelle et
, de cite; plus tard elles repousserentelles-memes
les principes de la philosophie newtonienne
' La magie au dix-neuvieme siecle, ses agents, ses
celle-ci rejetait les decouvertes d'Huygens
verites mensonges, par le chevalier Gougenot des
, ses
Mousseaux, etc. Beau vol. in-8°, Henri Plon, edi- Beaume et Lesage niaient les belles theories de
teur, 1861. la chimie moderne; Rome-Delisle persitlait I'in-
; ,

I
MAG — Li 9 — '
MAI
i

iterprele des phenomenes electro -magnetiques. naitre impartialement le magnetisme sont les li-
iD'ailleiirs, le tabac, le cafe, I'einetique, la vac- vres speciaux de M. Aubin Gauthier, surtout son
cine et jusqu'aux pommes de terre, n'ont-ils pas Traite pratique du magnetisme, in-8°, Paris, 18/(5.
hprouve leur temps de persecution? L'Academie On pent voir aussi le livre de M. I'abbe Loubers
ie medecine ne se constitua-t-elle pas formelle- et le remarquable ouvrage de M. de Mirville sur
'•nent opposee a ce que la chimie, cette corne les esprits.
i'abondance des societes modernes, fut enseignee Magoa, I'un des plus puissants demons roi ,

! Jans Paris comme elant , pour lonnes causes et


, de I'Orient. On I'evoque par I'oraison suivante
considerations , defendue et censuree par arret du prononcee au milieu d'un cercle. Elle pent servir
parlenmit? L'etablissementdes banqnes, des eco- tous les jours et a toute heure, dit un grimoire :

les, des voi tares publiques, ne rencontra-t-il « Je te conjure et invoque , 6 puissant Magoa
pas egalement una opposition formidable dansce roi de I'Orient je te fais commandement d'obeir
;

meme parlement? Jacquart ne vit-il.pas bruler a ce que tu aies a venir ou m'envoyer sans re-
en place publique, par ordre des prud'hommes tardement Massayel Asiel, Satiel Arduel Aco- , , ,

jdeLyon, ses metiers, qui devaient faire cepen- rib et sans aucun delai
, pour repondre a tout ,

dant la prosperite et la fortune de cette seconde ce que je veux savoir et faire. »


capilaledela France? Franklin nefut-ilpas tourne Magog. Schraderus dans son lexique scan- ,

en ridicule quand il apprit aux campagnards I'art dinave, fait le geant Magog chef des anciens
de fertiliser les champs avec du platre? Chris- Scythes, inventenr des runes, especes d'hiero-
tophe Colomb ne fut-il pas chasse de toules les glyphes ou caracteres dont se sont servis les
cours quand son genie lui fit apparaitre un monde peuples seplenlrionaux et dont I'usage a pre- ,

dont il voulaitdoter sa palrie'?... Pitheas, Wedel, cede en Europe celui des lettres grecques. Voy. Og.
Cook, Billinghausen, Biscoe et autres voyageurs Mahomet, imposteur suffisamment connu. On
celebres, ne furent-ils pas taxes d'imposture? peut voir le plus curieux de ses faits extraordi-
Averrhoes, Volta, Fullon, Salomon de Cans, Davy, naires, son voyage au paradis, dans les Legendes
Arkwriglit, Gall, Lavater et lous ceux qui se de I' autre monde.
sont presentes, une decouverle a la main, a la Maillat ( Louise ) petite demoniaque qui
, ,

porte de ce vaste Charcnton qu'on appelle le vivait en 1598; elle perdit I'usage de ses mem-
monde, n'ont-ils pas ele regus a coups de sif- bres on la trouva possedee de cinq demons qui
;

flets?... hup, chat, chien joly , griffon.


s'appelaient ,

» Cependant le magnetisme voit aussi son Deux de ces demons sortirent d'abord par sa
triomphe. Deja il a detruit les doctrines impies de bouche en forme de pelotes de la grosseur du
I'ecolemedicale physiologique de Broussais, qui poing la premiere rouge comme du feu
; la ;

pretendait ramener aux seuls organes materiels deuxieme, qui etait le chat, sortit toule noire; les
du corps les nobles facultes de I'inteliigence autres partirent avec moins de violence. Tous
mission d'autant plus grande que la sonl les ces demons, etant hors du corps de jeune per- la

bases de toute societe , la clef de voute et le ci- sonne firent plusieurs tours devant le foyer et
,

ment de Le premier et le plus


tout edifice social. disparurent. On a su que c'etait Francoise Secre-
bel apanage du magnetisme est done de devenir tain qui avait fait avaler ces diables a cette pe-
une arme toute-puissante contre les partisans de tite fllle dans une croi^ite de pain de couleur de
la matiere, une preuve irresistible, irrefragable, fumier *

evidente, palpable, de I'existence de I'ame inde- Maimon chef de la neuvieme hierarchie des
,

pendante du secours des sens... » demons, capitaine de ceux qui sont tenlateurs,
Sans o?er juger ici le magnetisme, et sans insidiateurs , dresseurs de pieges, lesquels se
pouvoir nier ses effets, qui sont evidents, bor- tortillent autour de chaque personne pour contre-
nons-nous a dire que le magnetisme exisle; que carrer le bon ange ^.

c'est une nouvelle branclie de merveilles plus Main. On s'est moque avec raison des bor-
incomprehensible encore que le galvanisme; borites, secte heretique des premiers siecles de
qu'on n'en pourra jamais sans doute etablir les I'Eglise, qui avaient des idees absurdes en theo-
elements, mais qu'on en doit tirer un immense logie, et qui disaient main est toute la que la
parti en medecine. L'Academie des sciences, qui civilisation que sans la main
de I'homme ;

s'obslinait a le nier lorsqu'elle n'etait composee I'homme ne serait qu'un cheval ou un boeuf;
en majorite que de materialistes, le reconnait que I'esprit ne serait bon a rien avec des pieds
aujourd'hui. Les juges religieux n'ont condamne fourclius ou des mains de corne ou des pattes a
que ses abus. Voy. Somnambulisme. Voy. aussi longues griffes. lis faisaient un systeme d'ori-
Mesmer. gines; ils contaient que I'homme, dans le com-
Les plus surs ouvrages a consul ter pour con-
' M. Garinet, Hisioire de la magie en France,
p. -162.
* Cet ecrivain, se trompant commo tant d'autres. - Dclancre, Tabl. del'inconstance desdemons, etc.,
cite Galilee. Voyez Galilee. liv. I, p. 22.
,
;
,

MAI — /|30 — MAI


mencement, que des paltes comme les
n'avait accordaient aux bohemiennes; el voici les prin-
chiens ;
n'eurent que 'des paLtes
que lant qii'ils cipcs de Vart de dire la honne avcnture dans la
les hommes, comme des brutes, vecurent dans main , science celebre parmi les sciences mysle-
la paix I'heureuse ignorance et la concorde
, rieuses, appelee par les adeples chiromancie,
mais, ajoutaient-ils, un genie prit les hommes xeiromancie et chiroscopie.
en affection et leiir donna des mains. Des lors II y a dans la main plusieurs parties qu'il est

nos peres se trouverent adroits; ils se firent des important de distinguer : la paunie ou dedans de
armes, ils subjuguerent les autres animaux, ils
imaginerent, ils produisirent avec leurs mains
des choses surprenantes, batirent desmaisons,
taillerent des habits et firent des peintures. Otez
a I'homme ses mains, disaient-ils, et, avec tout
son esprit vous verrez ce qu'il deviendra.
,

Mais nous avons les mains, et c'est Dieu qui


nous les a donnees. Quoique nous n'en posse-
dions que deux, la loi de I'egalite si vanlee
celte loi echoue aussi dans nos
impossible, a
mains. II y a de La main
I'aristocratie jusque-la.
droite se croit bien au-dessus de la main gauche;
c'est un vieux prejuge qu'elle a de temps imme-
morial. Aristote cite I'ecrevisse comme un etre
privilegie parce qu'il a la patte droite beaucoup
,

plus grosse que la gauche. Dans les temps an-


ciens, les Perses et les Medes faisaient comme
nous leurs serments de la main droile. Les ne-
gres regardent la main gauche comme la ser-
vante de I'autre; elle est, disent-ils, faite pour
le travail et la droite seule a le droit de porter
,

les morceaux a la bouche et de toucher le vi-


sage. Un habitant du Malabar ne mangerait pas
d'aliments que quelqu'un aurait touches de la
main gauche. Les Romains donnaient une si haute
preference a la droite que lorsqu'ils se mettaient
,

a table, ils se couchaienl toujours sur le cole la main, le poing ou dehors de la main lors-
gauche pour avoir I'autre entierement libre. Ils qu'elle est fermee, les doigts, les ongles, les
se deliaient tellement de la main gauche ,
qu'ils jointures, les lignes et les montagnes. —
H y a
ne representaient jamais I'amitie qu'en la figurant cinq doigts : le pouce, I'index, le doigt du mi-
par deux mains droites reunies. Chez nous, lieu, I'annulaire, I'auriculaire ou petit doigt. 11
y
toutes ces opinions ont survecu. Les gens su- a quinze jointures : trois au petit doigt, trois a
perstitieux pretendent meme qu'un signe de croix I'annulaire au doigt du milieu trois a I'in-
, trois ,

fait de la main gauche n'a aucune valeur. Aussi dex, deux au pouce et une entre la main et le
on habitue les enfants a tout faire de la main bras. II y a quatre lignes principales. La ligne de
droite et a regarder la gauche comme nulle, la vie, qui est la plus importante, commence au

tandis que pent- etre il y aurait avanlage a se haul de la main, entre le pouce et I'index, et se
servir egalement des deux mains. prolonge au bas de la racine du pouce jusqu'au
Puisqu'on attache a la main une si juste im- milieu de la jointtu^e qui separe la main du bras;

portance, on doit voir sans surprise que des sa- la de la sante etde I'esprit, qui a la meme
ligne
vants y aient cherche tout le sort des hojnmes. origine que la ligne de vie, entre le pouce et
On a ecrit d'enormes volumes sous le litre de I'index coupe la main en deux et iinit au milieu
,

cMromancie ou divination par la main. Celle de la base de la main entre la jointure du poi-,

science bizarre presente une foule d'indices qui gnet et I'origine du petit doigt la ligne de la ;

sont au moins curieux c'est toute la science des


; fortune ou du bonheur, qui commence a I'ori-
bohemiennes, que nos peres regardaient ordinai- gine de I'index, finit sous la base de la main,
rement comme des prophetesses et que Ton en dega de la racine du petit doigt; enfin la ligne
ecoule encore dans les campagnes. De tout temps, de la jointure, qui est la moins importante, se
dit-on, I'homme fut de glace pour les verites et trouve sous le bras, dans le passage du bras a
de feu pour les mensonges; il estsurlout ami du la main; c'est plutot un pli qu'une ligae. On re-

merveilleux. Si Pcau d'Ane m'elait conle, a dit marque une cinquieme ligne qui ne se trouve pas
la Fontaine, j'y prendrais un plaisir extreme. dans toutes les mains; elle se nomme ligne du
Voila la cause de la credulile que nos bons aieux triangle, parce que, commengant au milieu de
,,

MAI - hi 1 — MAI
la jointure, la racine du ponce, elle finit
sous I qu'elle porte en largeur la longueur du doigt du
^ous la racine da petit doigt. 11 y a aiissi sept milieu. Si la ligne de la jointure, qui est quel-
ituberosites on monlagnes, qui portent le noin quefois double est vive et coloree elle annonce
, ,

'des sept planetes. Nous les designerons tout a un heureux temperament. Si elle est droite ega- ,

I'heure. Pour la chiromancie, on se sert toujours lement marquee dans toute sa longueur, elle
Je la main gauche, parce que la droite, etant promet des richesses et du bonheur. Si la join-
ture presentait quatre lignes visibles ,
egales et
droites , on peut s'attendre a des honneurs, a
des dignites, a de riches successions. Si elle est
traversee de trois petites lignes perpendiculaires
ou marquee de quelques points bien visibles
c'est le signe certain Des lignes qu'on sera trahi.
qui partent de la jointure et se perdent le long
du bras annoncent qu'on sera exile. Si ces lignes
se perdent dans la paume de la main, elles pre-
sagent de longs voyages sur terre et sur raer.
Une femme qui porte la figure d'une croix sur la
ligne de la jointure est chaste douce remplie ,
,

d'honneur et de sagesse elle fera le bonheur de ;

son epoux. Si la ligne de vie, qui se nomme aussi


hgne du coeur, est longue, marquee, egale, vive-
ment coloree elle presage une vie exempte de
,

maux et une belle vieillesse. Si cette ligne est


sans couleur, tortueuse, courte peu apparente, ,

separee par de petites lignes transversales, elle


annonce une vie courte, une mauvaise sante. Si
cette ligne est etroite, mais longue et bien co-
loree , elle designe la sagesse ,
I'esprit ingenieux.
Si elle est large et pale, c'est le signe quelquefois
de la sottise. Si elle est profonde et d'une cou-
leur inegale , elle denote la malice le babil la , ,

jalousie, la presomption. Lorsqu'a son origine,


entre le pouce et I'index la ligne de vie se se- ,

plus faliguee, quoique plus noble ,


presents quel- pare en deux de maniere a former la fourche
,

quefois dans les lignes des irregularites qui ne c'est le signe de I'inconstance. Si cette ligne est
sent point naturelles. On prend done la main coupee vers le milieu par deux petites lignes
gauche lorsqu'elle est reposee un peu fraiche
, transversales bien apparentes c'est le signe ,

et sans aucune agitation, pour voir an juste la d'une mort prochaine. de vie est en- Si la ligne
couleur des lignes et la forme des traits qui s'y touree de petites rides qui donnent la forme lui

Irouvent. La figure de la main peut deja donner d'une branche chargee de rameaux, pourvu que
une idee, sinon du sort futur des personnes, au ces rides s'elevent vers le haut de la main, c'est
nioins de leur naturel et de leur esprit. En gene- le presage des richesses. Si ces rides sont tour-
ral, une grosse main annonce un esprit bouche, nees vers le bas de la main, elles annoncent la
a moins que les doigts ne soient longs et un peu pauvrete. Toutes les fois que la ligne de vie est
delies. Une main potelee, avec des doigts qui se interrompue brisee , , c'est autant de maladies.
terminent en fuseau, comme on se plait a en La ligne de la sante et de I'esprit est aussi ap-
souhaiter aux femmes, n'annonce pas un esprit pelee ligne du milieu. Lorsqu'elle est droite, bien
tres-etendu. Des doigts qui rentrent dans la main marquee, d'une couleur naturelle, elle donne
sont le signe non equivoque d'un esprit lent, la sante et I'esprit, le jugement sain, une heu-
quelquefois d'un naturel enclin a la fourberie. reuse memoire et une conception vive. Si elle
Des doigts qui se relevent au-dessus de la main est longue on jouira d'une sante parfaite. Si
,

annoncent des qualites contraires. Des doigts elle est tellement courte qu'elle n'occupe que la
aussi gros a I'extremite qu'a la racine n'annon- moitie de la main elle denote la timidite la , ,

cent rien de mauvais. Des doigts plus gros a la faiblesse, I'avarice. Si la ligne de sante est tor-
jointure du milieu qu'a la racine n'annoncent tueuse elle donne le gout du vol; droite, au
,

rien que de bon. contraire c'est la marque d'une conscience pure


,

Nous donnons serieusement ces details, ne et d'un coeur juste. Si cette ligne s'interrompt
pensant pas qu'il soit necessaire de les refuter. vers le milieu pour former une espece de demi-
Une main large vaut mieux qu'une main trop cercle, c'est le presage qu'on sera expose a de
etroite. Pour qu'une main soit belle, il faut grands perils avec les beles f^roces. La ligne de
,,

MAI — ko 2 — MAI

la forlune ou du honhcur coniinence comme , dans beaucoup de mains, ;ans qu'on en soil plus
nous Tavonsdit sous la racine de I'index et se
, ,
malheureux. Si la ligne du triangle est droite,
lermine a la base de la main en dcga de la ra- , apparente (car ordinairement elle parait peu) et
cine du petit doigt elle est presque parallele a
: qu'elle s'avance jusqu'a la ligne de la sante, elle

la ligiie de sante. Si la ligne de la fortune est promet de grandes richesses. Si elle se prolongs
egale droite
, assez longue et bien marquee
, jusque vers la racine du doigt du milieu, elle
elie annonce un excellent naturel la force la , ,
donne les plus heureux succes. Mais si elle se
modestie et la Constance dans le bien. Si au lieu , perd au-dessous de la racine du petit doigt, vers
de commencer sous la racine de I'index, entre le bas de la main elle amene des rivalites. Si
,

I'index et le doigt du milieu, elle commence elle est tortueuse inegale, de quelque cote qu'elle
,

presque au haut de la main c'est le signe de , se dirige elle annonce qu'on ne sortira pas de la
,

p;uivrcte.

I'orgueil. Si elle dans sa partie


est tres-rouge
superieure, elle denote I'envie. Si la ligne de la L'eminence ou gonllement charnu qui se trouve
fortune est chargee de petites lignes formant des a la racine du pouce et s'etend jusqu'a la ligne
rameaux qui s'elevent vers le haut de la main de la vie se nomme la montagne de Vimis. Quand
el!e presage des digniles, le bonheur, la puis- cette tuberosite est douce, unie, sans rides, c'est
sance et les richesses; niais si cetle ligne est I'indice d'un heureux temperament. Si cette mon-
absolument nue, unie, sans rameaux, elle pre- tagne est ornee d'une petite ligne parallele a la

pare la misere et I'infortune. S'il se trouve une ligne de vie et voisine de cette ligne , c'est le
petite croix sur la ligne de la fortune, c'est la presage des richesses. Si le pouce est traverse
marque d'un copur liberal, ami de laveracite, dans sa longueur de petites lignes qui se rendent
bon affable orne de toutes les vertus. Si la
, , de I'ongle a la jointure ces lignes prometlent un
,

ligne du bonhem' ou de la fortune, au lieu de grand heritage. Mais si le pouce est coupe de
naitre oia nous I'avons dit, prend racine entre lignes transversales, comme le pli des jointures,
le pouce et I'index au meme lieu que la ligne
, c'est le signe qu'on fera des voyages longs et
de sante de facon que les deux lignes forment
, perilleux. Si le pouce ou la racine du pouce pre-
ensemble un angle aigu, on doit s'attendre a de sente des points ou des etoiles, c'est la gaiele,

grands perils, a des chagrins. Si la ligne de sante L'eminence qui se trouve a la racine de I'index
ne se trouvait pas au milieu de la main, et qu'il se nomme la montagne de Jiipiler. Qimnd cette
n'y cut que la ligne de vie et la ligne de la for- tuberosite est unie et agreablement coloree, c'est
tune et du bonheur reunies a leur origine, de le signe d'un heureux naturel et d'un coeurporte
maniere a former un angle c'est le presage , a la vertu. Si elle est chargee de petites lignes'
qu'on pcrdra la tete a la bataille ou qu'on sera doucemcnt marquees, on recevra des honneurs
blesse morlellement dans quclque affaire. Si la et des dignites imporlanles. La tuberosite qui
ligne de la fortune est droite et deliee dans sa s'eleve dans la paume de la main, a la racine du
partie superieure , elle donne le talent de gou- doigt du milieu se nomme la montagne de Sa-
,

verner sa maison et de faire face honnetement a turne. Si celte eminence est unie et naturelle-

ses affaires. Si celte ligne est interrompue vers ment coloree, elle marque la simplicite et I'a-
le milieu par de petites lignes transversales, elle mour du travail mais si elle est chargee de pe-
;

indique la dnplicite. Si la ligne de la forlune est tites rides, c'est le signe de I'inquietude, c'est
pale dans toute sa longueur, elle promet la pu- prompt a se chagriner. Si la
I'indice d'un esprit
deur et la chastete. La ligne du triangle manque jointure qui separe la main du doigt du milieu
,,

MAI — /|33 MAI

presente des plis tortueux, elle designe un juge- portera sur ses rivaux. L'eminence qui s'eleve
ment lent, un esprit paresseux, une conception dans ia main a la racine du petit doigt se nomme
dure. Une femnie qui aurait sous le doigt du mi- la monlagnc de Mercure. Si celte eminence est
lieu, entre la seconde jointure et la jointure voi- unie sans rides on aura un heureux tempera-
, ,

sine de I'ongle, la figure d'une petite croix, por- ment, de la Constance dans I'esprit et dans le
terait la un signe heureux pour I'avenir. coeur; pour les liommes, de la modestie; pour
La tuberosile qui se trouve a la racine du doigt les femmes, de la pudeur. Si cette eminence est
annulaire se nomme la montagne du Soldi. Si traversee par deux lignes legeres qui se dirigent
cettemontagne est chargee de petites lignes na- vers le petit doigt, c'est la marque de la libera-

turellement marquees, elle annoiice un esprit Hte.


vif etheureux, de I'eloquence, des talents pour L'espace qui se trouve sur le bord inferieur
les empiois", un peu d'orgueil. Si ces lignes ne de la main au-dessous de la montagne de Mer-
sent qu'au nombre de deux elles donnent moins
, cure depuis la ligne du bonheur jusqu'a I'extre-
,

d'eloquence, mais aussi plus de modestie. Si la mite de la ligne de I'esprit, se nomme la mon-
racine du doigt annulaire est chargee de lignes tagne de la Lune. Quand cet espace est uni
croisees les unes sur les autres, celui qui porte doux net il indique la paix de I'ame et un es-
, ,

ce signe sera -victorieux sur ses enneinis et I'em- prit naturellement tranquille. Lorsqu'il est fort

colore, c'cst le signe de la tristcsse, d'un esprit crainles; s'ils sont noirs, ils annonci'iit des
chagrin et morose, et d'un temperament mcian- frayeurs et des dangers ; s'ils sont rouges , ce
colique. Si cet espace est charge de rides , il an- qui est plus rare, des malheurs et des injustices;
nunce des voyages et des dangers sur mer. sont d'un blanc pur, des esperances et du
s'ils

L'espace qui se trouve au bord inferieur de la bonheur. Quand ces signes se trouvent a la ra-
main en dega de la montagne de la Lune depuis
,
,
cine de I'ongle, I'accomplissement de ce qu'ils
I'extremile de la ligne dc I'esprit jusqu'a I'extre- presagent est eloigne. lis se rapprochent avec le
mite inferieure de de la jointure, se
la ligne temps, el se trouvent a la sommite de I'ongle
nomme la montagne de Mars. Quund cet es- quand les crainles et les esperances se justifient
pace est uni, doux et net, il est le caractere du par I'evenement.
vrai courage et de cette bravoure que la pru- Pour qu'une main d'homme ou de femme soit
dence accompagne toujours. S'il est fortement tres-heurcuse il faut qu'elle ne soit pas trop
,

colore, il designe I'audace, la temerite. Lorsque potelee qu'elle soit un peu longue
,
que les ,

la montagne de Mars est chargee de grosses ri- doigts ne soient pas trop arrondis que Ton dis- ,

des, ces rides sont aulant de dangers plus ou tingue les noeuds des jointures. La couleur en
moins grands suivant leur profondeur et leur
, sera fraiche et douce, les ongles plus longs que
longueur c'est aussi le presage d'une mort
; larges la ligne de la vie bien marquee egale
; , ,

possible entre les mains des brigands, si les fraiche, ne sera point interrompue et s'eleindra
lignes sont livides ; elles sont I'indice d'un dans la ligne de la jointure. La ligne de la sante
trepas funeste si elles sont fort rouges, d'une occupera les trois quarts de I'etendue de la main.
mort glorieuse au champ de balaille si elles sont La ligne de la fortune sera chargee de rameaux
droites. Des croix sur la montagne de Mars pro- et vivement coloree.
mettent des dignites et des commandements. On voit, dans tons les livres qui traitent de la
IN'oublions pas les signes des ongles. De petits chiromancie, que les doctes en cette matiere
signes blanchatres sur les ongles presagent des renconnaissaient deux sortes de divinations par
28
;

MAI — m - MAI

le moyen de la main : la chiromancie physique, ment de son index (comme le disent les maitres

qui, par la simple inspection de la main, devine en chiromancie astrologique ) ? que Venus a soin
le caractere et les destinees des personnes et la ; de son pouce et Mercure de son petit doigt ?
,

chiromancie astrolocjique , qui examine les in- Quoi Jupiter est eloigne de vous immensemenl;
!

fluences des planeles sur les lignes de la main, il est quatorze cents fois plus gros que le petit

et croit pouvoir determiner le caractere et pre- globe que vous habitez et decrit dans son or- ,

dire ce qui doit arriver en calculant ces in- bite des annees de douze ans, et vous voulez

fluences. Nous nous sommes plus appesanti sur qu'il s'occupe de votre doigt medius !... »

les principes de la chiromancie physique parce ,


Le docteur Bruhier, dans son ouvrage des
que c'est la seule qui soit encore en usage. G'est Caprices de /'mrtj/inaijon, rapporte qu'un homme
aussi la plus claire et la plus ancienne. de quaranle ans, d'une humeur vive et enjouee,
Aristote regarde la chiromancie comme une rencontra en societe une femme qu'on avail fait
science certaine; Auguste disait lui-meme la venir pour tirer des horoscopes. 11 presenle sa
bonne aventure dans la main. Mais les demono- main ; la vieille le regarde en soupirant :
— Quel
manes pensent qu'on ne peut pas etre chiroman- dommage qu'un homme si aimable n'ait plus
cien sans avoir aussi un peu de necromancie, el qu'un mois a vivre 1
— Quelque temps apres, il

que ceux qui devinent juste en vertu de cette s'echauffe a la chasse, la fievre le saisit, son ima-
science sont inspires souvent par quel que mau- gination s'allume , et la prediction de la bohe-
vais esprit*. mienne s'accomplit a la leltre. »
« Gardez-vous, en chiromancie, dit M. Sal- Un personnage important du dernier siecle,

gues * ,des lignes circulaires qui embrasseraient M. Raillon , raconlait souvent que, dans sa jeu-
la totalite du pouce ; les cabalistes les nomment nesse, s'etant fait dire sa bonne aventure par une
I'anneau de Gyges, et Adrien Sicler nous pre- bohemienne , elle Uii avail surtout conseille de
vient que ceux qui les portent courent risque prendre garde a I'echafaud, qui lui serait funeste.
qu'un jour un lacet fatal ne leur serre la jugu- Son etal et sa conduite le mettaient certainemenl
laire.Pourle prouver, il cite Jacquin Gaumont, a I'abri de toute crainte a eel egard. Gependant,
enseigne de vaisseau, qui fut pendu, ne s'etant le triste horoscope s'est malheureusemenl ac-

pas assez mefie de ceLle funeste figure. Ge serait compli quoique d'une maniere bien differente
,

bien pis si ce cercle etait double en dehors et du sens que Ton attribue a ce mot pris en mau-
simple en dedans alors nul doute que votre
: vaise part. Elanl a Paris, et se faisant batir un
triste carriere ne se lerminat sur une roue. Le hotel, il voulut voir par lui-meme si les ouvriers
meme Adrien Sicler a connu a Nimes un fameux executaient bien ses ordres. Monte sur un echa-
impie qui fut roue en 1559, et qui portait ce faud mal construit qui cassa sous lui il tomba
,
,

signe mortel a la premiere phalange. de trente pieds de hauteur et resla mort sur le ,

» II n'est pas possible de vous tracer toules les coup.


lignes decrites et indiquees par les plus illustres Main de gloire. Ge que les sorciers appellent
chiromanciens pourdecouvrir la destinee et fixer ?«am de gloire est la main d'un pendu, qu'on
I'horoscope de chaque individu mais il est bon ; prepare de la sorte : on I'enveloppe dans un
que vous sachiez qu'Isaac Kim-Ker a donne morceau de drap mortuaire, en la pressant bien,
soixante-dix figures de mains au public; le docle pour lui faire rendre le peu de sang qui pourrait
Melampus, douze; le profond Gompotus, huit; y etre reste puis on la met dans un vase de
;

Jean de Hagen, trente-sept; le subtil Romphilius, terre, avec du sel du salpelre du zimat et du
, ,

six; I'erudit Gorvaeus, cent cinquante; Jean Gi- poivre long , le tout bien pulverise. On la laisse
rus, vingt; Patrice Tricassus, quatre-vingts ; Jean dans ce pot I'espace de quinze jours apres quoi ;

Belot, quatre; Traisnerus, quaranle, etPerrucho, on I'expose au grand soleil de la canicule, jus-
six; ce qui fait de bon compte quatre cent vingt- qu'a ce qu'elle soit parfaitement dessechee si le :

trois mains sur lesquelles votre sagacite peut soleil ne suffil pas, on la met dans un four
s'exercer. Mais, dites-vous, I'experience et les chauffe de fougere et de verveine. On compose
failsparlent en faveur de la chiromancie. Un ensuite une espece de chandelle avec de la
Grec predit a Alexandre de Medicis, due de Tos- graisse de pendu, de la cire vierge et du sesame
cane, sur I'inspection de sa main, qu'il mourrail de Laponie et on se sert de la main de gloire,
;

d'une mort violenle; et il fut en effet assassine comme d'un chandelier, pour tenir cette mer-
par Laurent de Medicis, son cousin. De tels fails veilleuse chandelle allumee. Dans tous les lieux
ne prouvent rien car si un chiromancien ren-
; , ou Ton va avec ce funeste instrument ceux qui ,

contra juste une fois ou deux, il se trompa mille y sont demeurent immobiles, et ne peuvent non
fois. A quel homme raisonnable persuadera-t-on plus remuer que s'ils etaient morts.
en effet que le soleil se mele de regler le mouve- II y a diverses manieres de se servir de la

main de gloire les scelerats les connaissent bien


;
1 Fexameron de Torquemada quatrieme journ^e. ,

2 Des erreurs et des prejuges, etc., t. 11, p. 49 et mais depuis qu'on ne pend plus chez nous ce
,
,

suivantes. doit etre chose rare.


,

MAI — Zi35 — MAI


Deux magiciens, etant venus loger dans un d'un sac la main
faisaient. Elle vit qu'ils tiraient
cabaret pour y voler, demanderent a passer la d'un corps mort, qu'ils en oignaient les doigts de
nuit aupres du feu, ce qu'ils obtinrent. Lorsque je ne sais quel onguent, et les allumaient, a
tout le monde fut couche , la servante, qui se I'exception d'un seul qu'ils ne purent allumer,
defiait de mine des deux voyageurs alia re-
la , quelques efforts qu'ils lissent, et cela parce que,
garder par un trou de la porle pour voirce qu'ils comma elle le comprit, il n'y avait qu'elle des

Malgr^ les secours qu'il rerut des Sarasins, ses allids , il fut tue dans le combat. — Page 436.

gens de la maison qui ne dormit point ; car les deux voleurs commengaient a faire leur coup
autres doigts etaient allumes pour plonger dans dans une chambre voisine. Les deux magiciens
le plus profond sorameil ceux qui etaient deja se voyant decouverts, s'enfuirent au plus vite, et
endormis. Elle alia aussitot a son maitre pour on ne les trouva plus
reveiller, mais elle ne put en venir a bout, non Les voleurs ne peuvent se servir de la main
plus que des autres personnes du logis, qu'apres
avoir eteint les doigts allumes pendant que les ' Delrio ,
Disquisitions magiques.
,
, ,

MA! — /i36
— MAL
de gloire, quand on a eu la precaution de frotter la manufacture du diable et que cette aventure ,

le seuil de la porte avec un onguent compose de ne pouvait etre que I'ouvrage des sorciers ou
fiel de chat noir, de graisse de poule blanche et des revenanls les personnes plus inslruites, tout
;

de sang de chouette, lequel onguent doit etre fait aussi credules ne surent que penser. La police
,

dans la canicule decouvrit enfin que ces revenanls n'etaient que


Main Gaspard Schott, dans sa
invisible. des habitants de la maison voisine, aides d'un
Magie universelle ,page /i07, rapporle
livre IV, physicien de leurs amis, qui, au moyen de I'elec-
le fail suivant, dont il a ete temoin dans son en- tricite et d'un trou imperceptible pratique dans
fance, et qu'il a entendu raconter a des temoins le mur, parvenait a faire mouvoir a leur gre
plus ages que lui. Deux compagnons sortaient les meubles de la maison prelendue ensorcelee.

d'une ville, armes et portant leur bagage, pour Ils avaient pour objet d'empecher le nouveau

aller travailler dans une contree. L'un d'eux proprietaire de la vendre ils se vengeaient en ;

ayant trop bu altaque I'autre, qui refuse de se meme temps d'une personne dont ils croyaienl
ballre avec un homme ivre; niais il reqoit un avoir a se plaindre'. Voy. Alessandro, Atheno-

coup a la tete. Voyant couler son sang, il riposte Dor.E, Ayola, Bolacre, Chambres infestees, Re-

et perce de part en part le malheureux ivrogne. VENANTS etc. ,

On accourt aussitot de la ville, et parmi les as- Malache-Chabbalah. On nomme ainsi, dans
sistants se trouve la ferame raeme du mort. Dans la cabale juive, les demons qui sont aux ordres

le moment qu'elle donnait des solas a son epoux, de Samael. lis remphssent « les sept regions de

le meurtrier, qui s'enfuyait, se sentit saisi par une r enfer ».

main invisible et fut entraine aupres du magis- Malades. « Divers sont les jugements qui se
trat, lequel le fit metlre en prison. Qu'elait-ce font d'aucuns, un malade doit vivre ou mourir;
si

que celte main invisible ? Celle du mort qui reve- mais je publierai ce present signe infaillible
nail degrise. duquel se pourra servir un chacun, et en faire
Mainfroi ou Manfred roi de Naples, qui , un fermc jugement Prenez une ortie et la met- :

regna dans les Deux-Siciles de I25k a 1206, fiis tez dans I'urine du malade, incontinent apres que
nalurel de I'empereur Frederic II. Lorsqu'il fut le malade I'aura faite, et avant qu'elle soil cor-

excommunie pour ses crimes, il s'occupa, dit-on, rompue laissez I'ortie dans ladile urine I'espace
;

de magie. Pic de la Mirandole conte que Main- de vingl-qaatre heures; el apres, si I'ortie se
froi, etant en guerre contre Charles d'Anjou, trouve verte, c'esl un signe de vie ^. »
voulut savoir des demons I'evenement de la ba- Delancre ' nous conseille de ne pas admettre
laille qu'il allait lui livrer, et que le demon, pour I'opinion des gnostiques, qui disent que chaque
le tromper ne lui repondit qu'en paroles ambi-
, maladie a son demon et d'eviter I'erreur popu- ,

gues, quoique cependant il lui predit samort; et laire qui pretend que tous ceux qui tombenl du

en effet, malgr6 les secours qu'il requt des Sara- haul mal sont possedes. Les maladies ont sou-
sins, ses allies, il fut tue dans le combat. On vent cause de grands desordres. Le P. LeLrun
remarque que Charles d'Anjou ecrivit a Mainfroi, rapporte I'exemple d'une femme attaquee d'une
avant la bataille, ces singuheres paroles « Au- : maladie de I'oeil qui lui faisait voir une foule
jourd'hui je t'enverrai en enfer si tu ne m'en-
,
d'images bizarres et effrayantes elle se crut en- ;

voies pas en paradis. » On a attribue a Manfred sorcelee un habile oculisle I'opera, et guerit en
:

un livre latin intitule la Pomme philosophique meme temps son oeil et son imagination. Plu-
ou il de la science de I'alchimie qu'il dit
traite , sieurs des sorciers ,
loups-garous et possedes
etre la soeur germaine de la magie ^ n'etaient que des malades mais il est des cas ;

Maison ensorcelee. A la fin de nivose an xni ou les maladies sont des elTets de possessions.
(1805) il s'est passe a Paris, rue Notre-Dame-
, Voy. Hallucination.
de-Nazarelh, dans une ancienne maison dont on Malafar. Voy. Valafar.
avail depouille des religieuses cordelieres une , Malaingha nom general des anges du pre- ,

scene qui fit quelque bruit. On vit tout a coop mier ordre chez les habitants de Madagascar.
voler en I'air des bouteilles depuis la cave jus- Cos anges font mouvoir les cieux, les eloiles, les
qu'au grenier; plusieurs personnes furent bles- planetes, el sont charges du gouvernemenl des
sees ; les debris de bouteilles resterent entasses saisons : les hommes sont confies a leur garde,
dans le jardin, des curieux put
sans que la foule ils veillenl sur leurs jours , delournent les dan-
decouvrir d'ou provenail ce phenomene. On con- gers qui les menacent el ecartent les demons.^
sulta des physiciens el des chimistes, ils ne Malatasca. C'esl le nom que sainle Calheritie
purenl pas meme dire de quelle manufacture ve- de Sienne donnait au diable.
naient les bouteilles qu'on leur montra. Les gens Mal caduc. Pour gu^rir ce mal, on se sert d'un
du quartier se persuaderent qu'elles venaieut de
* Salgues Des erreurs et des prejuges.
,

1 Le sdlide ttesor du Petit Albert. 2 Le Petit Albert.


2 Leloyer, Histoire des spectres et apparitions des : 3 Tableau de I'inconstance des demons, sorciers et

isprils, liv. lY, p. 303. magiciens, liv. IV, p. 284.


MAL MAL
anneau dont voici la recette « Vous ferez un : a Salamanque et antra chez les jesuites de Rome
anneau de pur argent, dans le chaton duquel en 1562, Deux ans aprfes, il ouvrit, au college de
vous enchasserez un morceau de corne de pied Clermont, a Paris, un cours de philosophie, dans
d'elan puis vous choisirez un lundi du printemps
; lequel il obtint les plus brillants succes, quoiqu'il
auquel la lune sera en aspect benin ou en con- n'eut encore que trente ans. Ayant form6 le des-
jonction avec Jupiter ou Venus, et a I'heure fa- sein de travailler a un commentaire sur les qualre
vorable de la constellation vous graverez en
, evangelistes, il crut voir, pendant quelques nulls,
dedans de I'anneau ce qui suit hf^Dabi, hj^Habi, : un homme qui I'exhortait a fmir promptement cet
i^Haber, Habi. Soyez assure qu'en portant ouvrage, et qui I'assurait qu'il I'acheverait, mais
habituellement cet anneau au doigt du milieu de qu'il survivrait peu de jours a sa conclusion; cet
lamain, il vous garantira du mal caduc*. » Si homme lui marquait en meme temps un certain
vous n'y croyez pas, moi non plus. endroit du ventre, qui fut le meme ou Maldonat
Maldonat, celebre jesuite, ne en 153^, a sentit les vivos douleurs dont il mourut en 1583,
Casas de la Reina dans I'Estramadure. II etudia peu de temps apres avoir acheve son ouvrage.

Si I'orlie se Irouve vcrle, c'esf un signe de vie. — Page 436.


Male-Bete, monstre qui passait autrefois, qu'en faisant semblant de couper Ic gigot avec un
dans I'opinion du peuple de Toulouse, pour cou- rasoir : c'est du moins ce qui a 6le raconte'.
rir les rues la nuit. La superstition avait fait Voy. Mallebranche.
croire que tous ceux qui renconlraient ou envi- Malefices. On appelle malefices toutes pra-
sageaient la male -bete mouraient le lendemain. tiques superstitieuses employees dans le dessein
Malebranche (Nicolas), savant pretre de de nuire aux hommes, aux animaux ou aux fruits
rOratoire, ne a Paris en 1638, mort en 1715. On de la terre. On appelle encore malefices les ma-
trouve dans sa Recherche de la verity d'assez ladies et autres accidents malheureux causes par
bonnes choses sur la sorcellerie qu'il regarde ,
un art infernal et qui ne peuvent s'enlever que
,

comme une maladie d'imagination ce qui est : par un pouvoir surnaturel. II y a sept principales
vrai assez souvent. On dit qu'en un certain temps sorles de malefices employes par les sorciers :

il n'osait pas se moucher parce qu'il etait per-


,
l" ils mettent dans le coeur une passion crimi-
suade qu'il lui pendaitun gigotde moulon au bout nelle; 2° ils inspirent des sentiments de haine
du nez. On ne le guerit de cette hallucination
1 M. I'abb^ Blampignon dans la remarquable vie
,

de Malebranche qu'il a mise en avant de sa pr^-


,

1 Le Petit Albert, p. 456. cieuse etude sur ce grand homme, n'a pas cite ce fait.
:

MAL — 7i38 — MAL


ou d'envie a une personne contre une autre; les chevaux, de faQon qu'on aurait pu la prendre
3" ils jettent des ligatures; h" ils donnent des pour une basse-cour ambulante.
maladies 5° ils font mourir les gens 6" ils otent
; ; Une sorciere avait rendu un maqon impotent
I'usage de la raison 7" ils nuisent dans les biens
; et tellement courbe qu'il avait presque la tete
,

et appauvrissent leurs ennemis. Les anciens se entre les jambes. II accusa la sorciere du male-
preservaient des malefices a venir en crachant fice qu'il eprouvait; on I'arreta, et le juge lui dit

dans leur sein. En Allemagne, quand une sor- qu'elle ne se sauverait qu'en guerissant le ma-

ciere avait rendu un homme ou un cheval impo- Qon. Elle se fit apporter par sa fille un peli^
tent et maleficie on prenait les boyaux d'un
,
paquet de sa maison, et, apres avoir adore le
autre homme ou d'un cheval mort, on les Irai- diable, la face en terre, en marmottant quelques

nait jusqu'a quelque logis, sans entrer par la charmes, elle donna le paquet au magon, lui
porte commune, mais par le soupirail de la cave, commanda de se baigner et de le mettre dans
ou par-dessous terre, et on y brulait ces intes- son bain, en disant Va de par le diahle! Le
:

tins. Alors la sorciere qui avait jete le malefice magon le fit, et guerit. Avant de mettre le paquet
sentait dans ses une violente douleur,
entrailles dans le bain, on voulut savoirce qu'il contenait;
maison ou Ton brulait les
et s'en allait droit a la on y trouva trois petits lezards vifs; et quand le
intestins pour y prendre un charbon ardent, ce magon fut dans le bain, il sentit sous lui comme
qui faisait cesser le mal. Si on ne lui ouvrait Irois grosses carpes qu'on chercha un moment
,

promptement la porte, la maison se remplissait apres sans rien trouver


de tenebres avec un tonnerre effroyable, et ceux Les sorciers mettent parfois le diable dans des
qui etaient dedans etaient conlraints d'ouvrir noix, et les donnent aux petits enfants, qui de-
pour conserver leur vie'. Les sorciers, en otant viennent maleficies. Un de nos demonographes
un sort ou malefice sont obliges de le donner a
,
pense, Boguet) rapporte que, dans je
(c'est, je

quelque chose de plus considerable que I'etre ne un sorcier avait mis sur le
sais quelle ville ,

ou I'objet a qui ils I'otent sinon, le malefice :


parapet d'un pont une poinme maleficiee pour ,

retombe sur eux. Mais un sorcier ne peut oter un de ses ennemis qui etait gourmand de tout
,

un malefice s'il est entre les mains de la justice ce qu'il pouvait trouver sans desserrer la bourse.

il faut pour cela qu'il soit pleinement libre.


Heureusement le sorcier fut apergu par des gens
On a regarde souvent les epidemics comme experimentes, qui defendirent prudemment a qui
des malefices. Les sorciers, disait-on, mettent que ce fut d'oser porter la main a la pomme,
quelquefois sous le seuil de la bergerie ou de sous peine d'avaler le diable. II fallait pourtant

I'etable qu'ils veulent ruiner une touffe de che- I'oter, a moins qu'on ne voulut lui donner des

veux ou un crapaud, avec trois maudissons, pour gardes. On fut longtemps a deliberer, sans trou-
faire mourir etiques les moutons et les bestiaux ver aucun moyen de s'en defaire; enfin il se

qui passent dessus on n'arrete le mal qu'en


:
presenta un champion qui, muni d'une perche,
otant le malefice. Delancre dit qu'un boulanger s'avanga a distance de .la pomme et la poussa

de Limoges voulant faire du pain blanc suivant dans la riviere, ou etant tonibee , on en vit sor-

sa coutume, sa pate fut tellement charmee et tir plusieurs petits diables en forme de poissons.
Les spectateurs prirent des pierres et les jeterent
maleficiee par une sorciere, qu'il fit du pain noir,
insipide et infect. Une magicienne ou sorciere, a la tete de ces petits demons, qui ne se mon-
pour gagner le cceur d'un jeune homme marie ,
trerent plus... Boguet conte encore qu'une jeune
fille ensorcelee rendit de petits lezards, lesquels
mit sous son lit, dans un pot bien bouche, un
crapaud qui avait les yeux ferm^s; le jeune s'envolerent par un trou qui se fit au plancher.
homme quilla sa femme et ses enfants pour s'at- Voy. Charmes, Enchantements, Magiciens, Sor-
tacher a la sorciere mais la femme trouva le
;
ciEKS, etc.

malefice, le fit brCiler, et son mari revint a elle Maletena (Domingina) femme des environs ,

Un pauvre jeune homme ayant quitte ses sabots de Fontarabie, qui allait au sabbat et qui fit un
pour monter a une echelle, une sorciere y mit jour le pari de sauter plus loin que ses com-
quelque poison sans qu'il s'en apergut, et le jeune pagnes elle le gagna en montant sur le mont de
;

la Rhune et de la executant, devant temoins, un


homme., en descendant, s'etant donne une en-
saut qui I'emporta a deux lieues ^
tbrse fut boiteux toute sa vie \ Une femme en-
,

sorcelee devint si grasse dit Delrio que c'etait


, ,
Malheur. En beaucoup de lieux detruire le ,

nid d'une hirondelle, tuer un roitelet, un grillon


une boule dont on ne voyait plus le visage ce ,

qui nelaissait pas que d'etre considerable. De plus, du foyer, un chien devenu caduc au service de
la famille, et quelques autres faits de ce genre
on entendail dans ses entrailles le memo bruit
portent malheur. Et pourquoi pas puisque ce
que font les poules, les coqs, les canards, les ,

sont des actions mauvaises ?


moutons, les bceufs, les chiens les cochons et ,

Malices des demons. On trouve sur cc cha-


1 Bodin, Demonomanie , liv. IV.
2 Delrio Disquisitions magiques. • Bodin, Demonomanie.
,

3 Delancre, Dc 1' inconstance etc. ,


2 Rapporte par Pierre Delancre.
;

MAL — 439 — MAM


pitre des legendes bien naives. II y avait a Bonn, inexpugnables renverse les remparts ennemis,
,

dit Cesaire d'Heisterbach, un pretre remarquable fait trouver de bons ouvriers donne des esprits ,

par sa purete, sa bonte et sa devotion. Le diable familiers, re^oit des sacrifices et trompe les sa-
se plaisait a lui jouer de petits tours de laquais crificateurs : quarante legions lui obeissent.
lorsqu'il lisait son breviaire, I'esprit malin s'ap-
prochait sans se laisser voir, mettait sa griffe sur
la lecon du bon cure et I'empechait de finir ; une
1
autre fois il fermait le livre, ou tournait le feuillet

1 a centre- temps. Si c'etait la nuit, il soufflait la


'
chandelle. Le diable esperait se donner la joie

de rnettre sa victime en colere; mais le bon


pretre Tecevait tout cela si bien et resistait si

constamment a I'impatience que I'importun es- ,

prit fut oblige de chercher une autre dupe


Cassien parle de plusieurs esprits ou demons
de la meme trempe qui se plaisaient a tromper
les passants, a les detourner de leur chemin et a
leur indiquer de fausses routes, le tout par ma-
licieux divertissement
Un baladin avait un demon familier qui jouait
avec lui et se plaisait a lui faire des espiegleries.
I
'
Le matin il le reveillait en tirant les couvertures,
quelque froid qu'il fit et quand le baladin dor-
;

Malphas.
j
mait profondement, son demon I'emportait hors
I du lit et le deposait au milieu de la chambre Mambres, celebre enchanteur de I'Egypte,
Pline parle de quelques jeunes gens qui furent
un de ceux que Moise confondit par ses miracles.
tondus par le diable. Pendant que ces jeunes gens
Mammon demon de I'avarice c'est lui dit
, : ,

dormaient, des esprits familiers, vetus de blanc,


Milton, qui, le premier, apprit aux hommes h
i entraient dans leurs chambres, se posaient sur
ddchirer le sein de la terre pour en arracher les
j leur lit, leur coupaient les cheveux proprement,
tresors.
et s'en allaient apres les avoir repandus sur le
plancher
Malin. C'est une des epithetes qu'on donne
volontiers au demon, appele souvent I'esprit ma-
lin elle est prise dans son plus maiivais sens.
:

Malina. Voy. Anninga.


Mallebranche, marqueur du jeu de paume,
deraeurant en la rue Sainte-Genevieve a Paris, ,

lequel fut, le 11 decembre 1618, visite par un


revenant. C'etait sa femme morte depuis cinq ,

ans. Elle lui donna de bons conseils qui redres-


serent sa mauvaise vie mais parla sans se mon-
,

trer. On a fait la-dessus une brochure in-12,


intitulee Histoire nouvelle et remarquable de
I'esprit d'une femme qui s'est apparue au fau-

I
bourg Saint-Marcel, apres quelle a demeurd cinq
ans entiers ensevelie : elle a parU d son mari, lui
a commande de faire prier pour elle, ayant com-
mend de parlerle mardi 11 ddcenbre 1618. Paris,
in-12, 1618 \ Mammon.
Malphas, grand president des enfers, qui
apparait sous la forme d'un corbeau. Quand il se Mammouth , animal dont la race est perdue.

j
montre avec la figure humaine, le son de sa voix Voici sur ce monstre une tradition des indigenes
est rauque il batit des citadelles
; et des tours de I'Amerique du Nord :

« y a dix mille lunes que cette terre etait


II

1 Ccesarii Heisterb. miracul., lib. V, cap, uii. couverte de forets epaisses. Des bandes de betes
2 Cassiani collat. VII cap. xxxii.
, feroces et des hommes aussi libres qu'elles
3 Guillelmi Parisiensis partis II princip., cap. viii.
^ Plin., lib. XVI, epist. xxvii.
du pays. II existait une
etaient les seuls maitres
^ Voyez cette aventure resumee dans les Legendes race d'animaux grands comme un precipice, cruels
des esprits et demons. comme des pantheres, legers comme I'aigle; les
MAN MAN
chenes craquaient sous leurs pieds, et le lac dimi- teur de cet ouvrage fut invite par un de ses amis
nuaitquand ils venaient y eteindre leur soif. C'est a I'accompagner chez une vieille femme qui pas-
en vain qu'on tirait contre eux le fort javelot la ; sait pour une grande devineresse , et dont il de-
fleche aigue eLait egaleinent inutile. Les forets couvrit la fourberie. Cette vieille conduisit le;,

etaient devastees et reduites en farine. On en- deux amis dans un cabinet obscur eclaire seu- ,

tendait de tons cotes les gemissements des ani- lement par une lampe, a la lueur de laquelle on
maiix expirants, et des contrees entieres habitees voyait, sur une table couverte d'une nappe, une
par des hommes etaient detraites. Les clameiirs espece de petite statue ou mandragore, assise
qu'excitait cette desolation s'etendaient de tons sur un trepied, ayant la main gauche etendue el
cotes, jiisque dans la region de la paix, qui est a tenant de cette main un cordon de soie tres-d^-
I'ouest. lie, au bout duquel pendait une petite mouche
» L'esprit bon s'interposa pour sauver les mal- de fer bien poli. On avait place au-dessous un
heureux un eclair fourchu brilla et un tres-
: verre de cristal, en sorteque la mouche se trou-
grand coup de tonnerre ebrania le monde les ; vait suspendue au-dessus de ce verre. Le mys-
feux du ciel furent lances seulement contre les lere de la vieille consistait a commander a la
cruels destructeurs et les echos des montagnes
, mandragore de frapper la mouche contre le verre,
relentirent des mugissemenls de la mort. Tous pour rendre K^moignagne de ce que Ton voulait
furent tues, excepte un male, le plus feroce de savoir. Ainsi elle disait, en s'adressant a la sta-
la race, contre lequel les traits du ciel frapperent tue : « Je t'ordonne, mandragore, au nom de
en vain. L'animal monta sur le sommet le plus celui a qui tu dois obeir, que si monsieur doit
bleu d'ou sort la source du Monangohela, et par etre heureux dans le voyage qu'il va faire, lu
ses terribles rugissements il bravait toute ven- , fasses frapper trois fois la mouche contre le

geance la foudre rouge cassa un Ires-gros chene


: verre. La mouche frappait aussitot les trois
»
et lanQa contre lui les eclats de cet arbre mais ; coups demandes, quoique la vieille ne touchat
a peine eflleurerent-ils la peau du monstre en- aucunement ni au verre ni au cordon de soie,
,

rage. A la fin la fureur le rendit fou


, il fit un ; ni a la mouche, ni a la statue; ce qui surprenait
grand saut par-dessus les vagues de I'ouest, et il les spectateurs. Et afinde mieux duper les gens
regne niaintenant monarque absolu du desert; il par de ses oracles, la vieille faisait
la diversile
regne rnalgre la toule-puissance divine*.)) de nouvelles questions a la mandragore et lui
Man,ennemi de Sommona-Kodom. LesSiamois defendait de frapper si telle ou telle chose devait
le representent coinnie une espece de monstre, ou ne devait pas arriver; alors la mouche restait
avec une tete herissee de serpents un visage , immobile. Voici en quoi consistait tout I'artifice
fort large et des dents horriblement grandes. de la vieille la mouche de fer, qui etait suspen-
:

Mancanas, imposteur qui, dans les iles Ma-, due dans le verre etant fort legere et bien ai-
,

riannes, s'attribuait le pouvoir de commander mantee, quand la vieille voulait qu'elle frappat
aux elements, de rendre la sanle aux malades, contre le verre, elle mettait a un de ses doigts
de changer les saisons et de procurer une recolLe une bague dans laquelle etait enchasse un gros
abondante ou d'heureuses peches. I|| morceau d'aimant. On salt que la pierre d'ai-
Manche a balai. Qamd les
II-/ mant a la vertu d'attirer le fer I'anneau de la :

sorciers et les demons faisaient le vieille mettait en mouvement la mouche ai-


sabbat, les sorcieres s'y rendaient Wr^ manlee et la faisait frapper autant de fois
,

souvent a cheval sur un manche qu'elle voulait contre le verre. Lorsqu'elle desi-
rait que la mouche ne frappat point, elle otait
Mandragores , demons fami- la bague de son doigt, sans qu'on s'en aperQut.
liers assez debonnaires ; ils appa- IIIW Ceux qui etaient d'intelligence avec elle avaient
raissent sous la figure de petits ^HKji soin de s'informer des affaires de ceux qu'ils lui
hommes sans barbe, avec les che- menaient, et c'est ainsi que tant de personnes
veux epars, Un jour qu'une man- furent trompees.
dragore osa se montrer a la re- Les Germains avaient aussi des mandragores
quete d'un sorcier qu'on tenait en WjJm qu'ils nommaient Alrunes c'etaient des figures
:

justice, le jugene craignit pas de J|F de bois qu'ils reveraient, comme les Romains
leurs dieux lares et comme les negres leurs fe-
lui arracher les bras et de les jeter B^m ,

dans le Ce qui explique ce


feu. tiches.Ces figures prenaient soin des maisons et
fait, c'est qu'on appelle aussi man- -JH^raL des personnes qui les habitaient. On les faisait
dragores de petites poupees dans des racines les plus dures, surtout de la man-
lesquelles le diable se lege, et dragore. On les habillait proprement, onlescou-
que les sorciers consul tent en cas chait mollement dans de pelits coffrets; toutes
d'embarras. On
dans le Petit Albert que,
lit les semaines on les lavait avec du vin et de I'eau,

voyageant en Flandre et passant par Lille, I'au- et a chaque repas on leur servait a boire et a

Le monde enchante. manger, sans quoi elles auraient jete des cris
' M. Ferdinand Denis ,
,,

MAN — khl — MAN


comme des enfants qui souffriraient la faim et se lever de leurs tombeaux et errer dans la ville
la soif, ce qui eut atlire des malhenrs; enfin on et les champs en jetant des hurlements affreux.
les tenait renfermees dans un lieu secret d'oii Ces apparitions ne cesserent avec la peste sui-
,
,

on ne les retirait que pour les consulter. Des vant ce poete que quand on eut retabli les fetes ,

qu'on avait le bonheur d'avoir chez soi de pa- ferales, elablies par Numa et qu'on eut rendu ,

reilles figures (hautes dehuit a neuf ponces), on aux ombres le culte ordinaire qu'on avait depuis
se croyait heureux, on ne craignait plus aucun quelque temps interrompu. Lorsque les manes
danger, on en attendait to]jtes sortes de biens, etaient nommes Lemures ou Remures, on les
surlout la sante et la guerison des maladies les regardait comme des genies irrites, malfaisants
plus rebelles. Mais ce qui ^lait encore plus admi- el ardents a nuire. Leloyer ' dit que les manes
rable, c'est qu'elles faisaient connaitre I'avenir : n'etaient que des demons noirs et hideux, comme
on pour cela, et on croyait attraper
les agilait les diables et les ombres infernales. Voy. Lt-
leurs reponses dans des hochements de tete que MURES.
le mouvement leur imprimait. On dit que cette Manfred. Voy. Mainfroi.
superstition des anciens Germains subsiste en- Mang-Taar, espece d'enfer des Yakouts, ha-
core aujourd'hui parmi le peuple de la basse bite par huit tribus d'esprits malfaisants; ces
Allemagne, du Danemark et de la Suede. esprits ont un chef, dont le nom est Achardi
Les anciens attribuaient de grandes vertus a Rioho, le puissant. Le betail dont le poll est en-
la plante appelee mandragore. Les plus merveil- tierement blanc est sacre pour les Yakouts,
leuses de ces racines etaient celles qui avaient comme devoue au grand Acharai. Les Yakouts
pu etre arrosees de I'urine d'un pendu; mais on croientque, des que leurs schamanes meurent,
ne pouvait I'arracher sans mourir. Pour eviter ils se reunissent a ces esprits. Ces schamanes

ce malheur, on creusait la terre tout autour, on sont des sorciers, ou pretendus tels, qui font au-
y fixait une corde atlachee par I'autre extremite pres de leurs idoles roffice de pretres.
au cou d'un chien ensuite ce chien
; etant , Manicheens, sectateurs;_ de I'hesesiarque Ma-
chasse, arrachait la racine en s'enfuyant; il suc- nes, ne dans la Perse en 240. Ilsreconnaissaient
combait a I'operation mais I'heureux mortel qui
, deux principes egalement puissants, egalement
ramassait alors cetle racine ne courait plus le eternels, Dieu, auleur du bien, et le diable, au-
raoindre danger et possedaitun tresor inestimable teur du mal.
contre les malefices. Voy. Bouchey, Brioche, etc. Manie. II y a des manies feroces qu'on n'ex-
Mane-Raja. C'est le Noe de la mythologie plique plus. Nos peres y voyaient une possession,
indienne, qui n'est qu'une tradition horriblemenl et peut-etre n'avaient-ils pas si tort. Le 24 oc-
alteree de I'Ecriture sainte. 11 fut sauve au jour tobre 1833, un fermier de Habershausen (Ba-
du deluge universe! en recompense des vertus
, viere), nomme Joseph Raas, sans doute possede,
qu'il avait seul pratiquees au milieu de la cor- tua sa femme par fanatisme il la croyait elle-
;

ruption de son temps. Un jour qu'il se baignait meme possedee du demon il voulait le chasser ,

Dieu se presenta a lui sous la forme d'un petit du corps de celte malheureuse a cet effet il la ;

poisson et lui dit de le prendre Mane I'ayant : frappa a coups redoubles d'une croix de metal
fait, et le voyant grossir dans sa main, le mit qui lui oLa la vie. Pendant cette affreuse opera-
dans un vase oii il grossit encore avec tant de tion, quatre de ses enfants Etaient presents et
promptitude, que le r-aja fut contraint de le por- priaient, par son ordre, pour I'heureuse deli-
ter dans un grand bassin de la dans un etang
, vrance de leur mere. Aux cris de la victime les ,

puis dans le Gange et enfm dans la mer. Alors


, voisins accoururent; mais malheureusement il
le poisson lui apprit que tous les hommes al- etait trop tard : I'infortunee venait d'expirer.
laient etre noyes dans les eaux du deluge, a Dernierement , a Paris , un homme d'une qua-
I'exception de lui Mane. II lui ordonna en con-
, rantaine d'annees, ayant une visite a faire dans
sequence de prendre une barque qui se trouvait le quartier Saint-Marcel
s'apergut que sa barbe
,

attachee au rivage, de I'amarrera ses nageoires, etait plus longue ne convenait, et entra,
qu'il
et de se meltre dedans a sa remorque. Mane pour se faire raser, chez le sieur R. perruquier ,

ayant obei, fut sauve de la sorte, et le poisson dans une petite rue du quartier Mouffetard. Le
disparut quand les eaux se retirerent. Le deluge barbier silencieux barbouilla de mousse de savon
indien ne dura que sept jours. le visage de sa pratique et commenga son office.

Manes, dieux des morts qui presidaient aux ,


Quand il en fut arrive au cou du patient, il s'ar-
lombeaux chez les anciens. Plus souvent encore rela tout a coup et alia fermer a double tour la
les manes sont les ames des morts. Le nom de porte d'entree, dont il mit la clef dans sa poche.
manes en Italie etait parliculierement attribue 11 revint alors vers son homme qui I'avait re- ,

aux genieshienfaisants et secourables. Les manes garde avec etonnement, et lui mettant le rasoir
pouvaienl sortir des enfers, avec la permission sur la gorge « Monsieur, lui dit-il
: je suis sous ,

de Summanus leur souverain. Ovide rapporte


, la dependance d'un esprit qui est toujours invi-
que dans une peste violente on vit les manes
, , * Histoire des spectres, etc.
MAN — W2 - MAR
siblepres de moi et qui vient de m'ordonner de Manitou. C'est le nom que les negres don-
vous couper le cou. » Troiivant la plaisanterie nent au diable. Votj. Matchi-Manitou.
assez deplacee, le monsieur regarda le perru- Manto, sibylle thessalienne , a qui on attribue
quier et remarqua que ses yeux brillaient d'un cette prophelie, appliquee a Notre-Seigiieur Je-
eclat extraordinaire.Quoique cominengant a s'ef- sus-Christ : (( Celui qui est grand viendra ; il

frayer, ne perdit pas son sang-froid, et d'un


il Iraversera les monlagnes et les eaux du ciel; il

air degage il repondit « Vous me laisserez au


: regnera dans pauvrete et dominera dans
la le

moins le temps de fairema priere. —


C'est juste, silence, et il naitra d'une vierge *. »
repond le barbier, et pour que ma presence ne Mansote (La). Voij. Beubiguier.
vous derange pas je vais me retirer. » 11 entra
, Many, faux propliete etpeintre celebre parmi
en effet dans rarriere-boutique et en ferma la lesOrientaux, qui fonda en Perse une sects,
porte sur kii. Le monsieur courut alors a la de- dont I'existence des deux principes eternels du
vanture, Brisa un carreau et appela du monde. bien et du mal , la metempsycose , I'abstinence
La porte ayant ete enfoncee on penetra dans
, des viandes, la prohibition du meurtre de tout
Tarriere-boutique, et on trouva le perruquier animal, sont les dogmes principaux. C'est, dit-
etendu sanglant sur le parquet; il s'etait a lui- on, le meme que Manes.
meme coupe la gorge avea le rasoir. Depuis Maoun, troisieme ciel des musulmans, peu-
quelques jours cet homme donnait des signes ple d'anges qui ont la figure du vautour.
d'alienation mentale ;
mais on etait loin de sup- Maoridath, preservatif centre les enchante-
poser qu'il atteindrait d'luie maniere si subite le ments. C'est le nom que
les musulmans donnent

paroxysme de la folie. aux deux derniers chapitres du Koran qu'ils re- ,

Manifestations fluidiques. Foy. Tables citent souvent pour se garantir des sortileges et
TOURNANTES. de toutes autres mauvaises rencontres.
Manipa, idole adoree dans les royaumes de Marais. Dans le Pallene contree du Septen- ,

Tangut de Barantola en Tartarie. Elle a neuf


et , trion que nous ne connaissons pas, les conteurs
tetes, qui s'elevent en pyramide. Tous les ans, anciens signalent un marais non moins ignore,
des jeunes gens armes, saisis d'une rage enlhou- ou ceux qui se baignaient neuf fois recevaient le
siaste ,courent la ville et luent tout ce qu'ils plumage d'un cygne et la faculle de voler.
rencontrent, en I'honneur de Manipa, croyant se Marat, monstre qui eclata chez nous en 1793
fairs ainsi de grands droits a ses faveurs. et qui etait sans doute un demon incarne, pro-

bablement le demon du massacre; au moins il tant a genoux devant sa figure. De plus , on lui
en etait possede et il etait Prussien. A sa mort,
,
eleva une chapelle dans son club , et on se re-
on lui rendit un culte a Paris. Son buste etait sur '
Magnus veniet, et transibit montes et aquas coeli,
une sorte d'autel a la place du Carrousel et les , regnabit in paupertate et in silentio dominabitiir,
passants devaient lui faire hommage en se met- nasceturque ex ulero virginis.
: ;
,

MAR W3 - MAR
commandait en ce lieu au coeur de Marat II Marbas ou Barbas ,
grand president des en-
est vrai que, pen dejours apres on jeta son buste , fers ; il se montre sous la forme d'un lion furieux,
et ce qui restait de lui dans I'egout de la rue Lorsqu'il est en presence d'un exorciste, il prend
Montmartre la figure humaine et repond sur les choses ca-

chees. Il envoie les maladies donne la con-


; il Vous I'agiterez en tous sens, avec legerete, pen-
naissance des arts mecaniques change I'homme
; il dant une minute ensuite vous repandrez douce-
;
I

I
en differentes metamorphoses; il commande ment un autre vase. Par ce
tout le liquide dans
trente-six legions ^. moyen ne reste dans I'assiette que des parti-
il

Marc. L'heresiarque Valentin eut entre aulres cules de marc de cafe disposees de mille ma-
disciples un nomme Marc qui exercait une es- ,
nieres, et formant une foule de dessins hidro-
pece de magnetisme par lequel il pretendait glyphiques. Si ces dessins sont trop brouilles,
communiquer le don de prophetie. Quand une que le marc
trop epais, que I'assiette ne
soit_

femme a qui il avait promis ce don lui disait ressemble a rien vous recommencerez I'opera-
,

Maisje ne suis pas prophetesse, il faisait sur elle tion. On ne peut lire les secrets de la destinee
des invocations afln de I'etonner, et il ajoutait que si les dessins de I'assiette sont clairs et dis-
Ouvre la bouche a present et dis tout ce qui te tincts quoique presses. Les bords sont ordinaire-
,

viendra , tu prophetiseras. La pauvre femme se ment plus epais il y a meme souvent des parties
;

hasardait et se croyait prophetesse. II donnait embrouillees dans le milieu mais on ne s'en in- ;

dans la cabale ; et sans doute ses sectateurs te- quiete point; on peut deviner quand la majeure
naient de lui cette doctrine que les vingt-quatre partie de I'assiette est dechiffrable. Des sibylles
lettres de I'alphabet sont vingt-quatre eons ou pretendent qu'on doit dire certaines paroles mys-
esprits qui dirigent toutes choses. On ajoute que terieuses * en versant I'eau dans la cafetiere en ,

dans ses prestiges car il faisait aussi de la ma-


, rerauant le marc avec la cuiller devant le feu-,
gie, il etait seconde par le demon Azazel. en le repandant sur I'assiette. C'est peut-etre une
Marc de cafe (Art de dire la bonne aventure supercherie. Les paroles n'ont pas ici de vertu. Si
par le). Les preparatifs de Vart de lire les choses on les ajoute ce n'est que pour donner a I'oeuvre
,

futures dans le marc de cafi sont fort simples. quelque solenniU et pour contenter les gens qui
Vous laisserez dans la cafetiere le marc que le veulent que tout se fasse en ceremonie.
cafe y a depose qu'il soit vieux ou frais il a des
;
,
Le marc, de cafe apres qu'on I'a verse dans ,

Tesultats, pourvu qu'il soit a peu pres sec quand I'assiette, y laisse done diverses figures. II s'agit
vous voudrez I'employer. Vous jetterez un verre de les demeler car 11 y a des courbes des on-
; ,

d'eau sur ce marc vous le ferez chauffer jusqu'a


;
dulations des ronds des ovales des carres
, , ,

ce qu'il se delaye. Vous aurez une assiette blan- des triangles, etc., etc. Si le nombre des ron^
che, sans tache, essuyee et sechee. Vous re-
muerez d'abord le marc avec une cuiller, vous * Les void. En jetant I'eau sur le marc Aqua :

le verserez sur I'assiette mais en petite quantite, boraxit venias carajos; en remnant le marc avec la
et de fagon qu'il n'emplisse I'assiette qu'a moitie. cuiller Fixatur et patricam explinabit tornare
:

en repandant le marc sur I'assiette Hax verlica- :

1 Voyez la legende de Sylvain Mareschal dans les line, pax fantas marobum, max destinatus, vcida
Legendes de I'autre monde. porol. Ces paroles ne signifiant rien ne s'adressanl ,

2 Wierus, in Pseudomonarchia dcemon. a personne, pourraient bien 6tre sans utilite.


I

MAR kkli — MAR


ou cercles, plus ou moins parfaits, I'einporle sur val ou sur tout autre quadrupede, un homme|
la quantite des aiitres figures ce signe annonce
, estimable fait pour vous de grandes demarches.
|

qu'on recevra de I'argent. S'il y a peu de ronds ,


Quand vous apercevez trois figures I'une aupres;
il y a de la gene dans les finances de la personne de I'autre, attendez quelque emploi honorable.
qui consulle. Des figures carrees annoncent des Si vous distinguiez une couronne de croix, un'
desagrements en raison de leur noinbre. Des
, homme de vos parents mourrait dans I'annee.
figures ovales promettenl du succes dans les af- Une couronne de triangles ou de carres annonce.
faires, quand elles sont nombreuses ou distinc- la mort d'une de vos parentes egalement dans
tement marquees. Des lignes grandes ou petites, I'annee qui court. Un bouquet compose de quatre
pourvu qu'elles soieiit saillantes ou miiltipliees, fleurs ou d'un plus grand nombre est le plus
presagent une vieillesse heureuse. Les ondula- heureux de tons les presages. Voila. —
tions ou lignes qui serpentent annoncent des Marceau, I'un des generaux les plus renom-
revers et des succes entremeles. Une croix au mes de la premiere republique frauQaise. La
milieu des dessins de I'assielte promet une morl Gazelle de Cologne a publie recemment I'histoire
douce. Trois croix presagent des honneurs. S'il suivante, qui lui a ete communiquee par son
se trouve dans I'assiette un grand nonibre de correspondant de Coblentz, et qui forme encore
croix on reviendra a Dieu apres la fougue des
, dans cette ville le sujet de toutes les conver-
passions il eut ete mieux de ne pas le quitter.
: sations.
Un triangle promet un emploi honorable. Trois On sait qu'au-dessous du fort Empereur-Fran-
triangles k peu de distance I'un de I'autre sont Qois ,
aupres de la route de Cologne , se trouve
un signe heureux; en general, cette figure est le monument du general frangais republicain
de bon presage. Une figure qui aurait la forme Marceau, qui tomba a Altenkirchen et fut ense-
d'un H annonce un empoisonnement. Un carre veli a Coblentz, sur le mont Saint-Pierre, ou se
long bien distinct promet des discordes dans le trouve maintenant la partie principale du fort
menage. Si vous apercevez au milieu des dessins sus-mentionne. Le monument du general, qui
de I'assiette une raie degagee c'est un chemin
, est une pyramide tronquee, fut plustardenleve,
qui annonce un voyage. 11 sera long si ce che- , lorsqu'on commenga les fortifications de Coblentz.
min s'etend facile si le chemin est net embar-
; ; Toutefois, surl'ordre expres du feu roi Frederic-
rasse si le chemin est charge de points ou de Guillaume III, il fut reconstruit a la place ou il

petites lignes. Un rond dans lequel on trouve se trouve maintenant.


quatre points promet un enfant. Deux ronds de M. de Stramberg, qui, dans son Rheinnischen
cette sorle en promettent deux et ainsi de suite.
, antiquarius , donne une biographie tres-detaillee
Vous decouvrez dans I'assiette la figure d'une de Marceau raconte en faisant mention du mo-
, ,

maison a cote d'un cercle? Attendez-vous a pos- nument de ce dernier, que des personnes pre-
seder cette maison. Elle sera a la ville, car vous lendent avoir vu le general, de nuit, a diffe-
voyez un X dans le voisiriage. Elle serait a la rentes reprises, apr^s sa mort, monte sur un
campagne si vous distinguiez aupres de ce signe cheval blanc et convert d'un manteau de meme
la forme d'un arbre d'un arbuste ou d'une plante
, couleur (des chasseurs franqais), se dirigeant
quelconque. Cetle maison vous sera donnee, ou vers le mont Saint-Pierre.
du moins vous I'aurez par heritage lorsqu'elle ,
Dernierement, un soldat qui elait en faction a
est accompagnee de triangles. Vous y mourrez si minuit sur ce mont dit avoir vu venir a lui un
elle est surmonlee d'une croix. Vous trouverez spectre blanc monte sur un cheval gris. N'ayant
peut-etre la forme d'une couronne elle vous ; regu aucune reponse a son interpellation , le sol-

promet des succes a la cour. On rencontre sou- dat a fait feu trois fois. Une patrouille, elant
vent la figure d'un ou de plusieurs petits pois- arrivee au bruit de ces decharges, a trouve la
sons ils annoncent qu'on sera invite a quelque
; sentinelle etendue sur le sol ,
presque evanouie
bon diner. La figure d'un animal a quatre pattes et dans un affreux paroxysme de fievre. Elle a
promet des peines. La figure d'un oiseau presage ete transportee a I'hopitai, ou elle est tombee
un coup de bonheur. Si I'oiseau semble pris dans dangereusement malade, et ou, au milieu du
un filet, c'est un proces. La figure d'un reptile delire, elle n'a parle que de I'apparilion sus-
annonce unetrahison. La figure d'une rose donne mentionnee.
la sante la forme d'un saule pleureur, une me-
; Marcellus, medecin enPamphylie, contem-
lancolie; la figure d'un buisson, des retards. La porain de I'empereur Marc-Aurele, a compose un
forme d'une roue est le signe d'un accident. Une poeme sur lalycanthropie, melancolie diabolique
fenetre ou plusieurs carres joints ensemble de qui frappe ceux qui en sontatleints del'ideequ'ils
maniere a former une espece de croisee vous sont changes en loups. Des fragments de ce
avertissent que vous serez vole. C'est bon a sa- poeme sont conserves dans le Corpus poelarum
voir. Si vous voyez une tete ou une forme de deMaittaire. Londres, 1713 a 1722, 27 v. in-12.

chien a cote d'une figure humaine, vousavez un Marchocias ,


grand marquis des enfers. II se
ami. Si vous voyez un homme monte sur un che- montre sous la figure d'une louve feroce avec ,
MAR — A/i5 - MAR
des ailes de griffon et une queue de serpent; toujours a Loosduynen ,
Haye ou
pres de la ,

';ous ce gracieux aspect le marquis vomit des cette histoire n'esl pas mise en doule. Avec les
lammes. Lorsqu'il prend la figure humaine, on deux plats bien conserves, onmontre le tombeau
des trois cent soixante-cinq enfants, morls tous
aussitot apres leur bapteme *.

Marguerite, Ilalienne qui avait un esprit fami-


lier. Lenglet-Dufresnoy rapporte ainsi son histoire

croit voir un grand soldaL. 11 obeit aux exor-


cistes , est de I'ordre des Dominations et com-
mande Irente legions ^
Marcionites heretiques,
dii cinquieme siecle
qui avaient pour chef Marcion. lis etaient dua-
listes et disaient que Dieu avait cree nos ames, sur le temoignage de Cardan « 11 y avait a Milan :

mais que le diable, jaloux, avait aussitot cree une femme nommee Marguerite, qui publiait
nos corps, danslesquels il avait emprisonne les- partout qu'elle avait un demon ou esprit familier
dites ames. qui la suivait et I'accompagnait partout, mais
Mardi. Si on rogne ses ongles les jours de la qui pourtant s'absentait deux ou trois mois de
semaine qui ont un R conune le mardi le mer-
, , I'annee. Elle trafiquait de cet esprit; car souvent
credi et le vendredi, les bonnes gens diseiit qu'il elle etait appelee en beaucoup de maisons, et
viendra des envies aux d.)igls. incontinent qu'on lui avait fait commandement
Marechal de salon. I'oy. Micniir,. d'evoquer son esprit, elle courbait la tete ou
Marentakein arbrisseau des spectres. Voy.
, I'enveloppait de son tablier et commengait a
GUTHEYL. I'appeler et adjurer en sa langue ilalienne. 11 se
Margaritomancie divination par les perles.
, presentait soudain a elle et repondait a son evo-
On en pose une aupres du feu; on la couvre cation la voix de eel esprit ne s'entendait pas
;

d'un vase renverse, on I'enchante en recitantles aupres d'elle mais loin comme si elle fut sor-
, ,

noms de ceux qui sont suspects. Si quelque chose tie de quelque Irou de muraille et si quelqu'un ;

a ete derobe au moment ou le nom du larron


, se voulait approcher du lieu oii la voix de cet
est prononce la perle bondit en haut et perce le
, esprit resonnait, il elait etonne qu'il ne I'enten-
fond du vase pour sortir; c'est ainsi qu'on re- daitplus en cet endroit, mais en quelque autre
connait le coupable ^. coin de la maison.
Marguerite, Hollandaise qui vivait au trei- » Quant a la voix de I'esprit, elle n'etait point

zieme siecle. Ayant refuse brutalement I'aumone articulee ni formee de maniere qu'on la put bien
a une pauvre femme qui avait plusieurs enfants, entendre; elle etait de sorle
grele et faible,

et lui ayant reproche sa fecondite cette pau- , qu'elle se pouvait dire pkilot un munnure qu'un
vresse lui predit qu'elle-meme auraitautantd'en- son de voix. Apres que cet esprit avait siffle ainsi
fanls qu'il y a de jours dans I'an. Elle accoucha el murmure la vieille lui servait de truchement
,

en effet de trois cent soixante-cinq enfants, qui et faisait entendre aux autres ce qu'il avait dit.
furent presenles au bapteme tons les gargons, , Elle a demeure en quelques maisons ou les fem-
gros comme le doigt, avec le nom de Jean, et mes, qui ont observe ses fagons de faire, disent
toutes les filles aussi mignonnes avec le nom
, ,
qu'elle enferme quelquefois cet esprit en un lin-
de Marie, sur deux grands plats que Ton garde ceul et qu'il a coulume de lui mordre la bouche
,

tenement qu'elle a presque toujours les levres


' Wierus,
in Pseudomonarchia drnmon.
2Delancre, IncredulUe el mecreance du sortilege 1 Voyez cette legeude dans les Legendes des verlus
pleinement convaincues p. 270. ,
theologales.
,

MAR - kk6 — MAR


ulcerees. Cette miserable femme est en si grande Ceux qui desirent apprendre ( toujours chez
horreur a tout le monde, a cause de eel esprit, les Russes) une jeune fille se mariera bientot
si

qu'elle ne trouve personne qui la veuille loger ni font un treillage en forme de pont avec de petites
qui consente a frequenter avec elle'.)) Nous branches entrelacees, et le mettent sous son
n'avons pas besoin d'ajouler que c'etait la un chevet sans qu'elle s'en apergoive. Le lendemain !

tour de ventriloquie. on demande ce qu'elle a vu en songe si elle ;


i

Marguerite de Navarre. Cette reine, ma- raconte avoir passe un pont avec un jeune homme, J

lade , une grande kuniere, et, appre-


vit la nuit c'est un signe infaillible qu'elle lui sera unie la
|

nant que une comete, elle regarda cette


c'etait meme annee. Cette divination s'appelle en russe
apparition comme I'annonce de sa mort. 0"oi- most mastite *,

qu'elle ne se sentit pas trop mal elle s'y pre- , On lit dans les Admirablcs secrets du Petit
para, frappee, et mourut en effet Irois jours Albert cette maniere de connaitre avec qui on
apres. s'unira. II faut avoir du corail pulverise et de la

Mariacho de Moleres, insigne sorciere qui poudre d'aimant, les delayer ensemble avec dtt
fut accusee par une jeune fille nommee Marie sang de pigeon blanc on fera un petit peloton
;

Aspiculette, agee de dix-neuf ans, de I'avoir de pale qu'on enveloppera dans un morceau de
menee au sabbat, I'emportant sur son cou apres taffetas bleu on se le pendra au cou on mettra
; ;

s'etre frottee d'une eau epaisse et verdatre, dont sous son chevet une branche de myrte vert, et
elle se graissait les mains, les handles et les on verra en songe la personne qu'on doit epou- '

genoux ^ ser. Les filles ou veuves obtiennenl le memere-


Mariage. On a plusieurs moyens de connaitre sultat en liant une branche de peuplier avec leurs
quand et avec qui on se mariera. M. Chopin chausses sous leur chevet et se frottant les ,
|

conle qu'en Russie les jeunes filles curieuses de tempes, avant de dormir, d'un peu de sang de '

connaitre si elles seront mariees dans I'annee huppe. i

fornient un cercle dans lequel chacune repand On dans plusieurs provinces, et on


croit aussi
devant soi une pincee de grains d'avoine. Cela le croit sur nombre d'exemples, que les epoux

fait,une femme placee au centre, et tenant un qui mangent ou boivent avant la cdlebration de
coq enveloppe tourne plusieurs fois sur elle-
, leur mariage ont des enfants muots.
meme en fermant les yeux et iache I'animal Les coutunies superstitieuses qui en Ecosse
qu'on a eu soin d'affamer; il ne manque pas precedent et suivent les manages sont innom-
dont I'avoine a 6l6
d'aller picoter le grain. Celle brables le peuple croit que les evocations ac-
; ,

lapremiere entaraee peut compter sur un pro- compagnees de certaines paroles magiques ont ,

chain mariage. Plus le coq y met d'avidite, et la puissance de faire apparaitre I'ombre des fu-

plus promptement I'union pronostiquee doit se turs epoux, et que des noisettes jetees au feu in-
conclure. diquent, par les divers petillements de la flamme,
nature! a une jeune fille russe de de-
S'il est si leur union sera heureuse. Un savant regrette

sirer le mariage il ne Test pas moins qu'elle


, de n'avoir pu decouvrir I'origine certaine et la
souhaite de connaitre celui qui sera son epoux. signification des presents echanges entre les fian-
Le moyen suivant satisfait sa curiosity. Elle se ces. L'anneau est le symbole de I'esclavage qui
rend a minuit dans une chambre ecartee ou sont pese sur la femme, et on a cru qu'il etait plac^
prepares deux miroirs places parallelement vis- au quatrieme doigt de la main gauche, parce
a-vis I'un de I'autre et eclaires de deux flam- qu'une veine conduit de ce doigt au coeur. Cette
beaux. Elle s'assied et prononce par trois fois ' opinion etait repandue chez les Egyptiens et chez
ces mots Kto inoy soujnoy kto moy riajnoy tot
:
,
les Grecs. Un anneau de mariage avec un dia-
pokajetsia mnie. « Que celui qui sera mon epoux mant presageait une union malheureuse, parce
m'apparaisse ! » Apres quoi elle porte ses regards que interruption du cercle annongait quel'atta-
sur I'un des miroirs, et la reflexion lui presente chement des epoux ne serait pas de duree on a ,

une longue suite de glaces sa vue doit se fixer ; done adopte un cercle d'or.
sur un espace eloigne et plus obscur, oil Ton On entend dire encore de nos jours que quand
pretend que se fait rapparition. On conQoit que deux manages se font a la meme messe, I'un des
plus observe parait eloigne, plus il est fa-
le lieu deux n'est pas heureux.
cile a I'imaginalion deja preoccupee de se faire Mariage du diable. Gorres, dans le chapi-
une illusion. On se sert du meme precede pour tre XIV de la sixieme partie de sa Mystique ,
rap-
savoir ce que font des personnes absentes. porte une allegorie que voici : « L'idee vint un
jour au diable de prendre femme afin de pro- ,
Recueil de dissertations de Lenglet-Dufresnoy,
'

t. I, p. 156. pager sa race. II s'adressa done al'lmpiete,


- Delancre, Tabl. del'inconstance des demons, etc., et apres I'avoir epousee il en eut sept filles.
iiv. II, p. 416.
II les maria bientot, I'Orgueil aux puissants de
^ Les Russes supposent au nombre trois une vertu

particuliere. Bog tionbit Iroilzon est un diclon popu- 1 M. Chopin, De I'elat actuel de la Russie, ou
laire qui signifie Dicu aime le nombre ti'ois.
: coup d'ail sur Saint-Petersbourg , p. 82.
,

MAR — khl — MAR


la rAvarice aux marchands, I'Avidite de-
terre, Marie (Thomas de), comte d'Amiens et sire
loyale aux mercenaires, I'Hypocrisie aux fourbes, de Coucy, dont on peut lire les crimes dans les
I'Envie aux artistes, la Vanile aux effemines. chroniques du regne de Louis le Gros. A sa mort,
L'Impurete lui restait; car, reflexion faite, il se- il recula sur ses forfaits et voulut se reconci-
tait decide a la garder chez lui pour que ceux lier avec Dieu mais comme il refusait de reparer
;

qui desireraient I'avoir vinssent la chercher. II une des plus sombres actions de sa vie *, lors-
comptait sur un grand nombre de visiles, et il qu'il se souleva pour recevoir la sainte commu-
ne fat pas trompe dans ses previsions. nion qu'il avait demandee Suger atteste qu'une ,

Mariagrane (Marie) , sorciere qui dit avoir main invisible lui tordit le cou.
vu souvent le diable , et qui se trouve citee dans Marlowe poete anglais de la fin du seizieme
,

JDelancre. siecle, ne en fevrier 1563, tue en duel le 15 juin


Marigny ( Enguerrand de ) , ministre de 1593 a I'age de trente ans. C'etait un debauche,
Louis X, roi de France. Alix de Mons, femme si on s'en rapporte a son epitaphe. II a laisse un

d'Enguerrand, et la dame de Canteleu, sa soeur, poeme de Faust, anterieur de deux siecles a


furent accusees d'avoir eu recours aux sortileges celui de Goethe ^.
pour envouter le roi, messire Charles son frere, , Marot. Mahomet cite I'histoire des deux anges
et autres barons, et d'avoir fait des malefices Arot et Marot pour justifier la defense qu'il fait
pour faire evader Enguerrand qui etait empri- ,
de boire du vin. « Dieu dit-il, chargea Arot et
,

sonne. On fit arreter .les deux daines. Jacques Marot d'une commission sur la terre. Une jeune
Dulot, magicien qui etait cense les avoir ai-
,
dame les invita a diner, et ils trouverent le vin si
dees de ses sortileges, fut mis en prison sa ; bon qu'ils s'enivrerent. lis remarquerent alors
femme fut brulee et son valet pendu. Tous ces que leur hotesse etait belle, s'eprirent d'amour et
gens etaient des bandits. Dulot craignant pareil ,
se declarerent. Cette dame qui etait sage re- ,
,

supplice se tua dans son cachot. Le comte de


, pondit qu'elle ne les ecouterait que quand ils lui
Valois oncle du roi fit considerer a ce prince
, , auraient appris les mots dont ils se servaient
que la raort volontaire du magicien etait une pour monter au Des qu'elle les sut, elle s'e-
ciel.

grande preuve contre Marigny. On montra au leva jusqu'au trone de Dieu, qui la transforma,
monarque les images de cire il se laissa persuader ; pour prix de sa vertu, en une etoile brillante
et declara qu'il otait sa main de Marigny et qu'il (c'est I'etoile du matin), et qui condamna les
I'abandonnait a son oncle. On assembla aussitot deux anges ivrognes a demeurer jusqu'au jour
quelques juges; la deliberation ne fut pas longue : du jugement suspendus par les pieds dans le
Marigny fut condarane, malgre sa' qualite de puits de Babel que les pelerins musulmans vont
,

gentilhomme, a etre pendu comme sorcier. L'ar- visiter encore aupres de Bagdad.
ret fut execute la veille de I'Ascension, et son Marque du diable. On salt que les sorcieres
corps fut attache au gibet de Montfaucon qu'il ,
qui vont au sabbat sont marquees par le diable
avait fait relever durant son ministere. Le peu- et ont particulierement un endroit insensible que
ple, que I'insolence du ministre avait irrite, se les juges ont fait quelquefois sonder avec de lon-
montra touche de son malheur. Les juges n'ose- gues epingles. Lorsque les prevenues ne jettent
rent condamner sa femme et sa soeur ; le roi lui- aucun cri et ne laissent voir aucune souffrance
ineme se repentit d'avoir abandonne Marigny a elles sont reputees sorcieres et condamnees
ses ennemis. Dans son testament il laissa une comme telles parce que c'est une preuve evi-
,

somme considerable a sa famille en considera- , dente de leur transport au sabbat. Delancre '
tion, dit-il, de la grande infortune qui lui etait ajoute que toutes celles qui ont passe par ses
arrivee *. mains ont avoue toutes ces choses lorsqu'elles
Marionnettes. On croyait autrefois que dans furent jetees au feu. Bodin pretend que le diable
les marionnettes logeaient de petits demons. ne marque point celles qui se donnent a lui vo-
Voy. Brioche, BouGHEY, Mandragores, etc. lontairement et qu'il croit fideles mais Delancre ;

Marissane. Un jeune de quinze ou homme refute cette assertion en disant que toutes les
,

seize ans nomme Chr-istoval de la Garrade fut


, , plus grandes sorcieres qu'il a vues avaient une
enleve, sans graisse ni onguent, par Marissane ou plusieurs marques, soit a I'oeil, soit ailleurs.
de Tartras, sorciere, laquelle le porta si loin et Ces marques ont d'ordinaire la forme d'un petit
si haut a travers les airs, qu'il ne put recon- croissant ou d'une griffe ou d'une paire de ,

naitre le lieu du sabbat; mais


avoua qu'il avait il cornes qui font la fourche.
ele bien etrille pour n'avoir pas voulu prendre Marquis de I'enfer. Les marquis de I'enfer,
part audit sabbat, et sa deposition fut une des
preuves qui firent bruler la sorciere. Pourtant il • II tenait sa belle-mere enfermee dans un cachot

pouvait n'avoir fait qu'unreve. Voij. Ralde. ignore de tous connu de lui seul il s'obstina en
, ;

mourant a ne pas reveler son affreux secret. ...


Marius. II menait avec lui une sorciere scythe
^ M. FranQois Hugo nous a fait connaitre le poeme
qui lui pronostiquait le succes de ses entreprises.
de Marlowe, dans la Revue frauQaise, mai 1858.
3 Tableau de V inconstance des demons, p. 103.
< M. Garinet, Histoire de la magie en France.
MAR MAR
commc Pha;nix, Cimeries, Aiulras, soiit, ainsi diocese de Soissons au quinzieme siecle. Des le-
que chez nous un peu supcrieurs aux comles.
, moins declarerent I'avoir vue danser an sabbat
On les evoque avec fruit (dans le sens diaboli- avec qnalre crapauds habilles, I'un siir son epaule
que) depuis trois heures du soir jusqu'a la chuLe gauche, I'autre sur son epaule droile, et les deux
du jour *. aulres sur ses deux poings ou lis se tenaient
,

Marsay. Voij. Ocureit. comme les faucons ou les eperviers sur le poing
Martibel (Sarena ou Serena), sorciere du du chasseur.

Martin (Sainl). Un juur que saint Martin de a prendre, il mit le parchemin entre ses dents et

Tours disait la messe, le diable entra dans I'eglise le tira de toutes ses forces pour I'allonger mais ;

avec I'espoir de le distraire. C'est une naive his- la feuille se dechira, et la tete du diable alia
torielte de la Legcnde dorce ; elle est representee frapper centre un pilier qui se trouvait derriere
dans une eglise de Brest, Elle paruta Grosnet un lui. Saint Martin, qui se retournait alors pour le

trait si joli qu'il le mit en vers. Le diable elait, Dominns vobiscum , se mit a rire de la grimace
selon cet ancien poete dans un coin de I'eglise
, du diable et perdit ainsi le merile de sa messe,
ecrivant sur un parchemin les caquets des fem- aujugementdu moins de I'espritmalin, quitoute-
mes propos inconvenants qu'on tenaita ses
et les fois se hata de fuir...

oreilles pendant les saints offices. Quand sa feuille Martin (Marie), sorciere du bourg de la Neuf-
fut remplie comme il avait encore bien des notes
, ville-le-Roi, en Picardie, qui fut arretee pour
avoir fail mourir des betes et des hommes par
1 Wierus , in Pseudomonarchia doemon. sortilege ou plutol par malefice , car au moins ce
,

MAR MAS
motveut dire mauvaise action. Un magicien qui Martinet demon familier, qui accompagnait
,

passait par la la reconnut, et, siir son avis, la les magiciens el leur defendait de rien entre-
sorciere fut rasee. On lui Irouva la marque du prendre sans sa permission, ni de sortir d'un
diable, ayant I'empreinte d'une paLte de chat. lieu sans le conge de maitre Martinet. Quelque-

Elle dit au juge qu'elle se reconnaissait cou- fois aussi il rendait service aux voyageurs, en

pable. Traduite a la prevote, elle avoua qu'elle leur indiquant les chemins les plus courts, ce
etait sorciere qu'elle jetait des sorts au moyen
,
qui etait de la complaisance.
d'une poudre composee d'ossements de trepas- Martre. On croit, en Russie, que la peau de
ses ;
que le diable Cerberus lui parlait ordinaire- martre est un preservatif assure centre les char-
ment. Elle nomma les personnes qu'elle avait mes, sortileges et malefices.
ensorcelees et les chevaux qu'elle avait raale- Martym ou Batym, due aux enfers, grand
ficies. Elle dit encore que, pour plairc a Cerbe- et fort il a I'apparence d'un homme
:
robuste,
i
rus, elle n'allait pas a la messe deux jours avant et au derriere une queue de serpent. II monte
'

de jeler ses sorts; elle conta qu'elle etait allee un cheval d'une blancheur livide. II connait les
au chapitre tenu par Cerberus, ef qu'elle y avait vertus des herbes et des pierres precieuses. II
et(§ conduite la premiere fois par Louise Morel transporte les hommes d'un pays dans un autre
sa tante. Dans son second interrogatoire,- elle avec une vitesse incroyable. Trente legions lui
declara que la derniere fois qu'elle etait allee au obeissent.
sabbat c'etait a Varipon, pres Noyon; que Cer- Mascarades. Les Gaulois croyaient que My-
berus, vetu d'une courte robe noire, ayant une thras presidait aux constellations ; ils I'adoraient
barbe noire, ceiffe d'un chapeau a forme haute, comme le principe de la chaleur, de la fecondite
tenait son chapitre pres des haies dudit Varipon, et des bonnes et mauvaises influences. Les inities
et qu'il appelait la par leurs noms les sorciers a ses mysteres etaient partages en plusieurs con-
et les sorcieres. Elle fut condamnee par le con- freries, dont chacune avait pour symbole une
seil de la ville de Montdidier a etre pendue le , constellation ; les confreres celebraient leurs fetes
2 juin 1586. Elle en appela au parlement de Paris, et faisaient leurs processions et leurs festins degui-

qui rejela le pourvoi. Son execution eut lieu le ses en lions, en beliers, en ours, en chiens, etc.,
25 juillet meme annde c'est-a-dire sous les figures qu'on suppose a ces
Martin (Thomas) laboureur de , Gaillardon en constellations. Voila sans doute, selon Saint-Foix,
Beauce, qui eut, dans un de ses champs, le 15 I'origine de nos mascarades.
Janvier 1816, vers deux heures de I'apres-midi On sur les mascarades, cette plaisanlerie
lit,

une vision d'un personnage vetu de blanc, le- ingenieuse dans Montesquieu :

quel le chargea d'une mission pour le roi On demandait a un Turc, revenu d'Europe,
Louis XVIII. 11 eut beau s'en defendre, la vision ce qu'il y avait vu de remarquable. « A Venise,
se represenla tant de fois qu'on le fit parlir pour repondit-il, ils deviennenl fous pendant un temps
de I'annee; ils courent deguises par les rues, et
cette extravagance augmente au point que les
ecclesiastiques sent obliges de I'arreter de sa- ;

vants exorcistes font venir les malades un cer-


tain jour (le mercredi des Cendres), et, aussitot
qu'ils leur ont repandu un peu de cendre sur la
tete, le bon sens leur revient, et ils retournent
a leurs affaires. »
Massaliens ou Messaliens, illumines des
premiers siecles qui croyaient que chaque homme
tire de ses parents et apporte en lui un demon
qui ne le quilte pas. lis faisaient de longues prieres
pour le dompter; dpres quoi ils dansaient et se
livraient a des contorsions et a des gambades en
disant qu'ils sautaient sur le diable. Une autre
secte de massaliens, au dixieme siecle , admettait
Paris, ou, apres avoir ete minutieusement exa- deux dieux nes d-un premier etre; le plus jeune
mine par les plus habiles medecms il fut admis ,
gouvernait le ciel, I'aine presidait a la terre;
devant le roi, avec qui il s'entretint seul a seul ilsnommaient le dernier Sathan et supposaient ,

pendant une heure. Quelques-uns ont cru que que les deux freres se faisaient une guerre con-
Martin etait un hallucine , ce qui n'a pu etre eta- tinuelle, mais qu'un jour ils devaient se recon-
bli. On a publie cette aventure plusieurs fois. La cilier
meilleure relation est celle qui a ele editee chez Mastication. Les anciens croyaient que les
Hivert, a Paris, en 1831, petit in-8''. morts mangeaient dans leurs tombeaux. On ne
1 M. Garinet, Hist, de la magie en France ,
p. i 46. 1 Bergier, Dictionnaire theologique.
29
»,

MAS — /|50 — MAU


sail pas s'ils les entendaient niacher; mais il esl prince des demons, dans un livre apocryphe cite
certain qu'il faut attribuer a I'idee qui conservail par Cedrenus et qui a pour litre la Petite Gc- :

aux morts de manger I'habitude des


la faculte nese.

repas funebres qu'on servait de temps immemo- Matchi-Manitou, esprit malfaisant, auquel
rial et Chez tous les peuples
,
sur la tombe du , les sauvages de I'Amerique septentrionale altri-
defunt. buent tous les maux qui leur arrivent. Ce mau-
L'opinion que les spectres se nourrissent esl vais genie n'est autre que la lune. Plusieurs de
encore repandue dans le Levant. 11 y a longtemps ces sauvages s'imaginent que les orages sont
que les Allemands sont persuades que les morts causes par I'esprit de la lune. lis jellent a la mer
mdchent comme des pores dans leurs tombeaux, ce qu'ils ont de plus precieux dans leurs canots,
et qu'il est facile de les entendre grogner en esperant apaiser par ces offrandes I'esprit irrite.

broyantce qu'ils devorent. Philippe Rherius, au Matiere. C'est le culte de la matiere qui a
dix-septieme siecle, et Michel Raufft, au com- donne naissance a la cabale et a toutes les sciences
mencement du dix-huitieme ont meme publie , occultes.
des Traites sur les morts qui mdchent dans leurs Matignon (Jacques Goyon de) genlilhomme, ,

sdpulcres *. lis disent qu'en quelques endroits de qui servit Henri III et Henri IV. Ses envieux,
I'AIlemagne, pour empecher les morts de ma- apparemment pour le decrier, disaient que I'es-
cher, on leur met dans le cercueil une motte de prit, I'habilele, la prudence, le courage n'etaient

terre sous le menton ailleurs on leur fourre dans


; point naturellement en lui, mais qu'ils lui venaient
la bouche une petite piece d'argent, et d'autres d'un pacte qu'il avait fait avec le diable. II fallait
leur serrent forteraent la gorge avec un mou- que ce diable fut une bonne creature, dit Saint-
choir. lis citent ensuite plusieurs morts qui ont Foix, puisque Matignon donna, dans toutes les
devore leur propre chair dans leur sepulcre. On occasions , des marques d'un caractere plein de
doit s'etonner de voir des savants trouver quelque douceur et d'humanite*.
chose de prodigieux dans des faits aussi naturels. Matignon (le P. A. de), de la compagnie de
Pendant la nuit qui suivit les funerailles du comte Jesus, a publie en 1861 la Question du surna-
Henri de Sahn on entendit dans I'eglise de I'ab-
, turel , vol. in-12, qui traite du merveilleux et
baye de Haute-Seille, ou il etait enterre, des notamment du spiritisme, et, en 1862, les Morts
cris sourds que les Allemands auraient sans doute et les Vivants, entretiens sur les communications
pris pour le grognenient d'une personne qui ma- d'oulre-tombe, vol. in-12, qui se ratlache au
che; et le lendemain, le tombeau du comle ayant precedent.
ele ouvert, on le trouva mort, mais renverse et Matthieu Laensberg, Liegeois celebre qui
le visage en bas au lieu qu'il avait ete inhume
, passe parmi le peuple pour le plus granU mathe-
sur le dos. On I'avait enterre vivant comme on , maticien ,
astrologue et prophete des temps mo-
en a enterre tant d'autres. dernes. G'etait un bon chanoine, qui donnait dans
On doit attribuer a une cause semblable I'his- I'astrologie. Ses predictions trouvent encore
toire, rapportee par Raufft, d'une femme de Bo- dans les campagnes , de bonnes gens qui se fe-
heme, qui, en 13^5, mangea, dans sa fosse, la raient scrupule d'en douter, et qui, quand son
moiti^ de son linceul sepulcral, Dans le dernier almanach predit de la pluie pour un jour de beau
siecle, un pauvre homme ayant ete inhume temps, se contenlent de dire : « II pleul ailleurs.
precipitamment au cimetiere, on entendit pen- Le premier almanach de Malthieu Laensberg a
dant la nuit du bruit dans son tombeau on : paru en 1636 ^
I'ouvrit le lendemain, et on trouva qu'il s'etait Matzou, divinite chinoise. G'etait, suivant
mange les chairs des bras. Get homme, ayant bu quelques auleurs, une magicienne.
de I'eau-de-vie avec exces, avait ete enterre Maupertuis. Voy. Hallucination.
vivant. Une demoiselle d'Augsbourg etant tom- Maurice, empereur, couronne en 582. On lit

bee en lethargic, on la crut morte, et son corps dans sa vie qu'etant petit enfant, il fut enleve et
fut mis dans un caveau profond, sans etre con- emporle plusieurs fois, par les esprits appeles
vert de terre. On entendit bientot quelque bruit Gellons; mais qu'ils ne lui purenl faire aucun
dans son tombeau mais on n'y fit pas attention.
; mal, a cause de son bapteme.
Deux ou trois ans apres, quelqu'un de la famille Maury (Alfred), savant de notre temps qui
mouruL on ouvrit le caveau , et Ton trouva le
: a ecrit avec une grande erudition sur la magie et
corps de la demoiselle aupres de la pierre qui en I'astrologie mais pour nier la magie, malgre ses
,

fermait I'entree. Elle avait inutilement tente de evidences. Nous n'entenduns ici par la magie que
deranger cette pierre, et elle n'avait plus de les relations avec les mauvais esprits qui nous

doigts a la main droite, qu'elle s'etait devoree entourent.


de desespoir. Voy. Vampires. Maury (Jean- Siffrein). Un colporteur, en
Mastiphal. C'est le nom qu'on donne au '
Histoire de I'ordre du Saint-Esprit ,
promotion
de 1579.
* De masticatione mortuorum in tumulis. 2 Voyez sa legende dans les Lcgendes du calendrier.
MfiC — h.51 — MED
1792 pour mieux piquer la curiosite da peuple
,
Autrefois, nous le repetons, on ne voyait dans
de Paris, criait, en vendant ses pamphlets Mort : lesandroides que 1' oeuvre d'une science occulte.
de I'ahbi Maury ! L'abbe passe, s'en approche ,
Aujourd'hui, par un revirement inconcevable,
luidonne un soufflet et lui dit c Tiens, si je suis : on semble faire peu de cas de ces efforts du ge-
mort, an moins tu croiras aux revenants. » nie de la mecanique. On a laisse perir tous les
Mecanique. Ainsi que toutes les sciences automates celebres, et nos musees et nos conser-
compliquees, la mecanique a produit des combi- vatoires, qui sontencombres de tant de futilites,
naisons surprenantes qui ont ete regues autrefois ne possedent pas d'androides.
comme des prodiges. Ce qui a
le plus etonne les Mecasphins, sorciers chaldeens qui usaient
esprits, c'est Tautomate qu'on appelait aussi an- d'herbes, de drogues particulieres et d'os de
droi'de. Nous avons parle de Tandroide d'Albert morts pour leurs operations superstitieuses.
,

le Grand qui passa aux yeux de ses contempo-


,
Mechant. Le diable est appele souvent le me-
rains pour une oeuvre de magie. Jean Muller, chant , le mauvais et le malin. II est le principe
savant du quinzieme siecle plus connu sous le ,
en effet et le pere de la mechancete.
nom de Regiomontanus fit, dit-on, un aigle au-
,
Mechtilde (sainte). Elle parut environ cent
tomate qui avait la faculle de se diriger dans les ans apres sainte Hildegarde. Elle etait soeur de
airs il devangait le canard automate de Vaucan-
; sainte Gertrude. Ses visions et revelations ont
son ,
qui barbotait ,
vpltigeait, cancanait et dige- ete imprimees en 1513. C'est un recueil assez
rait. Aulu-Gelle rapporte qu'Architas, dans I'an- curieux et assez rare, qui contient le livre du
un pigeon qui prenait son
tiquite, avait construit Pasteur elles Visionsdu moineVetin,reimprimees
vol , une certaine hauteur et revenait
s'elevait a depuis par le pere Mabillon, au quatrieme livre de
a sa place. On attribue a Roger Bacon une tete ses Actes de I'ordre de saint Benoit, partie pre-
qui pronongait quelques paroles. Vaucanson fit miere. On y trouve aussi les revelations de sainte
Elisabeth de Schonav\^, qui contiennent cinq
livres, aussi bien que celles de sainte Mechtilde.
Celles de sainte Gertrude viennent ensuile, et
sont suivies des visions du frere Robert, domini-
cain, qui vivait en 1330. Sainte Mechtilde est
morte en I'an 128i ou 1286. On trouve dans ce
recueil beaucoup de descriptions de I'enfer.
Medecine. Si la medecine et la chirurgie ont
fait quelque progres en Turquie el en Egypte,

lisait-on, il y a six ou sept ans, dans la Revue


britannique , c'est grace aux efforts de quelques
Europeens actifs et eclaires les Persans en sont
;

encore reduits dans toutes les maladies graves,


,

aux predictions des astrologues et aux incanta-


tions mystiques de leurs hakkims; souvent I'in-
fortune patient meurt faute de soins, lorsque
I'emploi des moyens convenables lui aurait faci-
lement conserve la vie. Celui qui ferait en ce
pays des experiences chimiques passerait pour
etre en correspondance avec le diable et serait
ina-nediatement regarde comme un magicien;
ainsi les prejuges des Persans s'opposent a toute
espece de progres.
un joueur de flute qui executait plusieurs airs. Medee, enchanteresse de Colchide qui ren-
Jacques Droz, son contemporain au dernier , fit dit Jason victorieux de tous les monstres et gue-
siecle un automate qui dessinait et un autre qui rit Hercule de sa fureur par certains remedes
jouait du clavecin. Dans le meme temps, l'abbe magiques. Elle n'est pas moins celebre par ses
Mical construisit deux tetes de bronze qui, comme vastes connaissances en magie que parle meurtre
I'androide de Roger Bacon pronongaient des ,
de ses enfants (recit qui, selon Elien, est une
paroles. Mais ce qui fit plus d'effet encore, ce fut calomnie). Les demonographesremarquentqu'elle
le joueur d'echecs du baron de Kempelen. G'6tait pouvaitbien eire grande magicienne, parce qu'elle
tin automate mu par des ressorts, qui jouait aux avait appris la sorcellerie de sa mere, Hecate.
echecs centre les plus forts joueurs et les gagnait Les songe-creux lui attribuent un livre de con-
quelquefois. On ignorait, il est vrai , que le me- juration qui porte en effet son nom. Vorj. Mijlye.
canisme etait dirige par un homme cache dans Media. On trouvait, dit-on, chez les Medes,
I'armoire a laquelle I'automate etait adosse. Mais des pierres merveilleuses, noires ou vertes, qui
ce n'en etait pas moins un travail admirable. rendaient la vue aux aveugles et guerissaient la
29.
MEE — h52 - MEL
goiilte, appliquees sur le mal dans Line compresse pez leurs regards que de beaux anges et de sujetsi
de lait de brebis. gracieux; evitez de les conduire aux spectacles'
Meerman homme , de mer. Les habitants des de monstres, etc. A Paris, ou les salons de pein-i
bords de la mer Baltique croient a I'existence de ture occupentles dames, les enfants ont ete long-|
ces hommes de mer ou esprits des eaux, qui ont temps plus jolis que dans les villages, ou Ton'
la barbe verte et cheveux tombants sur les
les voit rarement des choses qui puissent donner
epaules comma de nenuphar'. lis
des tiges une idee de beaute. Si aujourd'hui la popu-
la

chantent le soir parmi les vagues appelant les ,


lation parisienne est generalement laide, on le
pecheurs. Mais malheur a qui se laisse seduire doit aux caricatures qui s'etalent partout et s'ap-
par eux leur chant precede les tempetes.
; pliquent a tout. C'est un gout qui nous vient des
Megalanthropogenesie moyen d'avoir de ,
Anglais; mais les Anglais ne font pas autant de'
beaux enfants et des enfants d'esprit. On sait — laideurs que nous. Chez les Cosaques , ou tout
quels sont les effets de I'imagination sur les in- est grossier, tous les enfants sont hidenx comme
telligences qui s'y laissent emporLer; ces effets leurs peres. Pour obtenir des enfants d'espril, il
sont surtout remarquables dans les femmes en- n'est pas necessaire que les parents en aient,
ceintes, puisque souvent I'enfant qu'elles portent mais qu'ils en desirent, qu'ils admirent ceux qui
dans leur sein est marque de quelqu'un des ob- en ont, qu'ils lisent de bons livres, que la mere I

jets dont leur imagination a ete fortement occu- se frappe des avantages que donnent I'esprit, la i

pee pendant la grossesse. Quand Jacob voulut science, le genie; qu'on parle souvent de ces i

avoir des moutons de diverses couleurs, il pre- choses, qu'on s'occupe pen de sottises. Voy. Ima-
senta aux yeux des brebis des choses bigarrees, gination.
qui les frapperent assez pour amener le resultat On a publie il y a quelques annees un traite de
qu'il en esperait. L'effet que Timagination d'une Majalantliropogcnesie qui est un peu oublie , et
brebis a pu produire doit agir plus surement en- qui merile de I'etre davanLage, 2 vol. in-S".
core sur I'imagination incomparablement plus Mehdi. Les journaux d'avril 18^1 annongaient i

vive d'une femme. Aussi voyons-nous bien plus I'apparition en Arable d'un nouveau prophete i

de variete dans les enfants des hommes que dans appele Mehdi. « Ceux qui croient en lui (disaient
les petits des animaux. On a vu des femmes ces journaux) et ils sont nombreux
, comptent ,
i

'

mettre au monde des enfants noirs et velus; et la nouvelle ere mahometane du jour de son ap-

lorsque Ton a cherche la cause de ces effets, on parilion. Ils disent qu'il entrera a la Mecque dans
a decouvert que, pendant sa grossesse, la femme sa quarantifeme annee que de la il ira a Jerusa-
,

avait I'esprit occupe de quelque tableau mons- lem et regnera avec puissance et grandeur jus-
trueux. Les statues de marbre et d'albatre sont qu'a ce que Dcdschail, le demon du mal, se soil
quelquefois dangereuses. Une jeune epouse ad- leve conlre lui et I'ait vaincu. Alors Jesus, le
mira une petite statue de I'Amour de marbre prophete des Chretiens, viendra a son secours
blanc. Get Amour
gracieux, qu'elle en
elait si avec soixanle-dix mille anges. Toute la terre
demeura frappee conserva plusieurs jours
; elle reconnaitra Mehdi, et apres la conversion des
les memos impressions, et accoucha d'un enfant pai'ens des juifs et des Chretiens a I'islamisme,
,

plein de graces, parfaitement semblable a I'Amour commencera I'empire des mille et mille annees.
de marbre , mais pale et blanc comme lui. Tor- Ce prophete a fait battre des monnaies, surles-
quemada rapporle qu'une Italienne des environs quelles il s'intitule Imam de.s deux continents et
de Florence s'etant frappe I'esprit d'une image
, des deux mers. » Toutefois on ne parla de ce ,

de Moise, mit au monde un fils qui avait une Mehdi qu'un moment. C'etait ce qu'on appelle un
longue barbe blanche. On peut se rappeler, sur canard de journal et voici I'origine de celui-la
; :

le meme sujet, une foule d'anecdotes non moins LesPersans disent qu'il y a eu douze grands imams
singulieres peut-elre quelques-unes sont-elles
; ou guides. Ali fut le premier; ses successeurs
exagerees. Voy. Accouchements. furent les enfants qu'il eut de Fatime, sa glorieuse
En 1802, une paysanne enceinte, arrivant a epouse, fdle de Mahomet. Le dernier a ete retire
Paris pour la premiere fois fut menee au spec- , par Dieu de ce monde corrompu; et les hommes
tacle par une soeur qu'elle avait dans la capitale. sontresles sans imam visible. 11 s'appelle IcMehdi,
Un acteur qui jouait le role d'un 7iiais la frappa c'est-a-dire ceUii qui est conduit et dirige par
si fortement, que son fils fut idiot, stupide et Dicu. II doit reparaitre sur ia terre a la fin du
semblable au personnage force que la mere avait monde.
vu avec trop d'attention. Meigmalloch ,
esprit de I'espece des Brow-
Puisque I'imaginalion des femmes est si puis- nies. II parait toujours sous la forme d'une jeune
sante sur leur fruit, c'est de cette puissance qu'il fille et semble se plaire en Ecosse.
faut profiter, disent les professeurs de megalan- Melampus, auteur d'un Traite de I'art de ju-

thropogenesie. Ornez la chambre des femmes de ger les inclinations et le sort futur des hommes
belles peintures durant toute la grossesse n'occu-
; par I'inspeclion des seings ou grains de beauts.
'
M. Marmier, Traditions de la Baltique. Voy. Seings.
i53 —
Melanchthon, disciple de Luther, mort en fit signe au franciscain de passer un moment
1568. II croyait aux revenanls comme son maitre, dans la piece voisine , en attendant qu'il eut fait
et ne croyait pas a I'Eglise. II rapporte, dans un connaitre ses volontes a sa femme; alors il la
de ses ecrits, que sa tante, ayant perdu son mari pria de lui faire dire des messes et I'engagea a
lorsqu'elle etait enceinte vit un soir
, etant as- , luidonner la main sans crainte elle donna done ;

siseaupres de son feu, deux personnes entrer la main a son mari et elle la retira sans dou-
,

dans sa chambre, I'une ayant la figure de son leur, mais brulee, de sor te qu'elle en demeura
epoux defunt, I'autre celle d'un franciscain de la noire tout le reste de ses jours. Apres cela, le
ville. D'abord elle en fut effrayee inais son de-
; spectre rappela le franciscain et tous deux dis-,

funt mari la rassura et lui dit qu'il avait quelque parurent...


chose d'important a lui communiquer. Ensuite il Melancolie. Les anciens appelaient la melan-

^^^^ . .

1^,^

Mehdi.

colie le baindu diable, a ce que disent quel- Melissa. Voy. Abeilles.


ques demonomanes. Les personnes melancoliques Meleze, arbre maudit chez les Tartares.
etaient au moins maleficiees, quand elles n'etaient
pas demoniaques; et les choses qui dissipaient
1 humeur melancolique, comme faisait la musique

sur I'esprit de Saiil passaient pour des moyens


,

Stirs de soulager les possedes.


Melchisedech. Plusieurs sectes d'heretiques,
qu'on appela melchisedechiens tomberent dans
,

de singulieres erreurs a propos de ce patriarche,


Les uns crurent qu'il n'etait pas un homme, mais
la grande vertu de Dieu et superieur a Jesus-

Christ; les autres dirent qu'il etait le Saint-Es-


prit. II y en eut qui soutinrent qu'il etait Jesus-

Christ meme. Une de ces sectes avait soin de ne


toucher personne , de peur de se souiller.
Melchom demon , qui porte la bourse ; il est
aux enfers payeurdes employes publics.
le
Melek-al-Mout. C'est le nom que les anciens
Persans donnent a I'ange de la mort. Les Per-
sans modernes I'appellent aussi I'ange aux vingt Melchom.
mains, pour faire entendre comment il pent suf-
fire a expedier toutes les ames. II parait etre Melusine, fee celebre qui epousa le chef de
I'ange Azrael des Juifs et le Mordad des mages, la maison de Lusignan , a condition qu'il n'entre-
appele encore Asuman. rait jamais, le samedi, dans la chambre ou elle
,

MEL - h5k — MfiP

se retirait, C'est qu'elle etait obligee tous les sa- ne vers 1604. H a beaucoup ecrit sur le Thalmud.
medis de passer ce jour dans sa forme naturelle II y a quelques faits merveilleux dans ses Trois

moitiefemmeetmoilie serpent. II vecutlongtemps livres de la resurrection des maris ^. Son ouvrage

avec elle et en eut plusieurs enfants, sunnontant de I'Esperance d' Israel^ est curieux. Un juif con-
j
usque -la sa curiosite. Mais un jour, qu'il n'en verti de Villaflor en Portugal, Antoine Monte-
fut pas le maitre, c'etait un samedi, il alia, par sini, etant venu a Amsterdam vers 16Zi9, publia
une fente de la porfe, epier sa femme, el il la vit qu'il vu dans I'Amerique meridionale de
avait
telle qu'elle etait. La fee s'apergut de I'indiscre- nombreuses traces des anciens Israelites. Menas-
tion s'envola et ne se remontra plus a son mari.
, seh ben Israel s'imagina la-dessus (avait-il tort?)
On dit, dans le Poitou, qu'elle vient la nuit que les dix tribus enlevees par Salmanasar etaient
baltre des mains et pousser des cris autour du allees s'etablir dans ce pays-la et que telle etait ,

chateau de Lusignan toutes les fois qu'un de ses


, I'origine des habitants de I'Amerique; il publia
descendants doit mourir*. son Spes Israelis pour le prouver Dans la troisieme .

Melye. II y avait chez les fees comrae chez , partie de son livre. Souffle de vie il traite des

les hommes, une inegalite de moyens et de puis- esprits et des demons, selon les idees des rab-
sance. On voit dans les romans de chevalerie et bins de son temps et, dans la quatrieme partie,
,

dans les contes merveilleux que souvent une de la metempsycose, qui est pour beaucoup de
fee bienfaisante etait genee dans ses bonnes in- juifs une croyance. II avait commence un traits

tentions par une mechante fee dont le pouvoir de la science des thalmudistes et un autre de la

etait plus etendu. philosophie rabbinique, qui n'ont pas ele acheves.
Melye etait une mechante fee. Voy. Urgande. Menestrier (Claude-Francois), jesnite, auteur

Menah. C'est une vallee mysterieuse a quatre d'un livre intitule la Philosophie des images inig-
lieues de la Mecque. Les pelerins qui la par- matiques, ou il traite des enigmes, hieroglyphes,
courent doivent y jeter sept pierres par-dessus oracles, propheties, sorts, divinations, loteries,
leur epaule. On en trouve trois raisons chez les talismans, songes, centuries de Nostradamus et
docteurs musulmans c'est, selon les uns, pour
: baguette divinatoire, in-12, Lyon, 169/j.
renoncer an diable et le rejeter, a riuiitation Meneurs de loups. Pres du chateau de Lu-
d'Ismael ,
qu'il voulut tenter au moment ou son signan ancienne demeure de Melusine on ren-
, ,

pere Abraham allait le sacrifier (car ils confon- contre de vieuxbergers, maigres et hideux comme
dent Ismael avec Isaac). Ismael, disent-ils, fit des spectres on dit qu'ils menent des troupeaux
:

fuir le demon en lui jetant des pierres. de loups. Cette superstition est encore accreditee
Mais d'autres docteurs disent que le diable dans quelques pays, entre autres dans le Ni-
tenta Abraham lui-meme, voulant I'empecher vernais ^.

d'egorger Ismael. II ne put rien gagner, ni sur Menippe, compagnon d'Apollonius de Tyane.
le patriarche, ni sur Ismael, ni meme sur Agar : Visile d'une lamie ou demon succube, il en fut

ces trois personnages I'eloignerent a coups de delivre par ApoUonius ^


pierres. Le troisieme sentiment differe cette : Menjoin, sorcier. Voy. Chorropique.
ceremonie aurait lieu en memoire des pierres Menra ou le Verbs. C'est le Createur dans
qu'Adam jeta au diable lorsqu'il vint I'aborder la doctrine des cabalistes.
effrontement apres lui avoir fait commettre le Mensonge. Le diable est appele dans I'fivan-
peche originel. gile le pere du mensonge.
Menandre, disciple de Simon le Magicien; il Mephistopheles , demon de Faust; on le re-
profita des legons de son maitre et enseigna la connait a sa froide mechancete , a ce rire amer
meme doctrine que lui. II professait la magie, qui insulte aux larmes, a la joie feroce que lui
Simon se faisait appeler la Grande Verlu. Me- cause I'aspect des douleurs. C'est lui qui, par la
nandre dit que, quant a lui, il etait envoye sur raillerie ,
attaque les vertus , abreuve de mepris
la terre par les puissances invisibles pour operer les talents, fait mordre sur I'eclatde la gloire la
le salutdes hommes. Ainsi Menandre et Simon rouille de la calomnie. II n'etait pas inconnu a

doivent etre mis au rang des faux messies plutot Voltaire, Parny et a quelques autres. C'est,
a

qu'au rang des heretiques. L'un et I'auLre ensei- apres Satan le plus redoutable meneur de I'en-
,

gnaient que supreme intelligence, qu'ils nom-


la fer*. Voy. Faust.

maient Ennoia, avait donne I'etre a un grand


* Libri ires de resurrectione mortuorum. Amster-
nombre de genies qui avaient forme le monde et
dam, 1636, in-8°. Typis sumptibus auctoris.
la race des hommes. Valentin, qui vint plus tard, Spes Israelis, Amsterdam, 1630, in-12.
2
trouva la ses eons 'K Menandre donnait un bap- 3 En hebreu. Amsterdam, 5412 (1652), in-4<'.
* M. de Marchangy, Tristan le voyageur, ou la
teme qui devait rendre immortel...
France au qualorzieme siecle, t. I"".
Menasseh ben Israel, savant juif portugais,
5 Leloyer, Histoire des spectres et des apparitions
1 Voyez sa l^gende dans les Legmdes des esprits et des esprits, liv. IV, p. 310.
e MM. Desaur et de Saint-Genies , les Aventures
demons.
2 Bergier, Diclionnaire theologique. de Faust, t. I".
MER — Z|55 — MER
Mercana , branche de la cabale qui donne la rep^ta tant de fois que le roi assembla les ma-
science des choses suriiaturelles. giciens pour les consultar. Ceux-ci declarerent
Mercati (Michel). Voy. Ficino. qu'il fallait affermir les fondements de la tour
Mercier, auteiir d'un Tableau de Paris, qui avec sang d'un petit enfant qui fut ne sans
le

a fait quelque bruit, at de Songes philosophiques, pare. Apres baaucoup de recherches, dans le
oil Ton trouve deux ou trois songes qui roulent pays et hors du pays on apprit qu'il venait de
,

sur les vampires et les revenants. naitre dans I'ile da Sein un petit enfant d'une
Mercredi. Ce jour est celui ou les sorciers druidesse, qui n'avait point da pare connu. C'etait
I jouent au sabbat leurs mysteres et chantent leurs Merlin. II presentait les qualites raquisas par les
litanies. Voy. Litanies du sabbat. Les Persans magiciens on I'enleva et on I'amana davant le
;

regardent le mercredi comma un jour blanc, roi Wortigern. Merlin n'avait qua seize jours.
c'est-a-dire heuraux, parce qua la lumiere fut Cependant il n'aut pas plutoL antandu la decision
creea ce jour-la pourtant ils exceptant le dernier
;
das magiciens qu'il se mit a disputer contre aux
mercredi du mois de sephar qui repond a fe- ,
avec une sagesse qui consterna tout I'auditoire.
vrier ils appellent calui-la le mercredi du inal-
; II annonga ensuite que, sous les fondements de

heur c'est la plus redoute de leurs jours noirs.


; la tour que Ton voulait batir, il y avait un grand

Mercure. II est charge dans I'ancienne my- , lac, at dans ce lac deux dragons furieux. On

I
thologie, de conduire les ames des morts a leur creusa; les deux dragons parurent I'un, qui :

destination derniere. etait rouge, rapresentait les Anglais ; I'autre ,


qui
Meres. G'est le nom qu'on donne souvent aux etaitblanc, rapresentait les Saxons. Ces deux
fees en Bretagna ; et comme on croit qu'alles sa peuples etaiant alors an guerre , et las deux dra-
changent frequemmant en oies on appalle quel- , gons etaiant leurs genies protectaurs. lis com-
quefois les contes de fees Contes de via mere I'oie. , mancerent, a la vue du roi at da sa cour, un
Merle oiseau commun dont la vartu est ad-
, , combat terrible sur lequel Merlin se mit a pro-
,

mirable. plumes da son aile


Si I'on pend les phetiser I'avenir des Anglais. On pansa bien
droite avec un fil rouge au milieu d'une maison qu'apres ce qui venait de sa passer, il ne fut plus
ou Ton n'aura pas encore habite, personne n'y question de tuer le petit enfant. On se disposa a
pourra sommeiller tant qu'elles y seront pandues. leraconduire dans son pays et on I'invita a visiter
Si Ton met son coeur sous la tete d'une personne quelquefois I'Angletarre. Merlin pria qu'on ne
endormie et qu'on I'intarroge, elle dira tout haut s'occupat point de lui il frappa la terre, at il an
;

ce qu'alle aura fait dans la journee. Si on le jette sortit un grand oiseau sur lequel il se plaga il ;

dans I'eau da puits, avac le sang d'una huppa, fut en moins d'une heure dans les bras de sa
et qu'on frotte de ce melange las tampas de mere, qui I'attandait sans inquietude, parce qu'alle
quelqu'un, il tombera malade et an danger de savait ce qui se passait. Merlin fut done elave
mort. On se sert da cas secrets sous una planfete dans les sciences et dans I'art des prodiges par
favorable et propre, comma celles de Jupiter at son pere at par les consails de sa mere, qui etait-
da Venus at quand on vaut faira du mal celles
, , prophetesse; on croit meme qu'elle etait fee.
de Saturne et de Mars Le diable s'ast quelque- . . Quand il fut devenu grand , il se lia d'amitie avec
fois montre sous la forme de cot oiseau. On salt Ambrosius, autre roi des Anglais. Pour randre plus
aussi qu'il y a das merles blancs. solennelle I'antree de ce prince dans sa capitale, il
Merlin. Merlin n'est pas ne en Angletarre, fit venir d'Irlande en Angleterre plusiaurs rochers

comme on le dit communement mais en basse , qui accompagnerent en dansant le cortege royal,
Bretagna, dans I'ile de Sein. II etait fils d'un de- et formerent an s'arretant une espece de trophee
mon et fille d'un roi des bas
d'une druidassa, a la gloire du monarque. On voit encore ces ro-
Bretons. Las cabaUstas disant qua la pera de chers a quelquas lieues da Londres, et on assure
Merlin etait un sylphe. Que ce fut un sylphe ou qu'il y a des temps oii ils s'agitent par suite du

un demon, il eleva son fils dans toutes las sciences prodiga de Merlin; on dit meme que pour ce
et la randit habile a operer das prodiges. Ca qui roi , son ami un palais de fees en moins
, il batit

a fait croire a quelques-uns que Merlin etait An- da temps qua Satan ne construisit le Pandemo-
glais , c'est qu'il fut porte dans ca pays quelquas nium des enfers.
jours apres sa naissance. Voici I'occasion da ce Apres una foule de chosas semblables, Merlin,
voyage : jouissant da la reputation la plus etendue et de
Wortigern, roi d'Anglaterre avait resolu de , I'admiration universelle, pouvait etonner la monde
faire batir une tour inexpugnable ou il put se et s'abandonner aux douceurs de la gloire; il

inettre en surety contre les bandes de pirates aima mieux agrandir ses connaissances at sa sa-
qui devastaient ses ELats. Lorsqu'on an jeta les gesse. II se retira dans une foret de la Bretagne,
fondements, la terre engloutit pendant la nuit s'enferma dans une grotte et s'appliqua sans re-
tous las travaux de la journee. Ce phenomene se lache a I'etude des sciences mysterieuses. Son
pare la visitait tous les sept jours et sa mere plus
1 Albert le Grand, Admirables secrets, p. 116. frequemmant encore ; il fit, sous eux, des progr^s
, ;

MER — ^56 — MfiR

etonnanls et les surpassa bientot I'un et I'aiUre. Quelques-uns ont dit que Merlin mourut dans
On a dans les histoires de la chevalerie he-
111 une extreme vieillesse d'autre , qu'il ful emporte
;

ro'iqiie les innombrables aventiires de Merlin. II par le diable mais I'opinion la plus repandue
;

purgea I'Europe de plusieiirs tyrans; il protegea aiijourd'hui en Bretagne c'est que Merlin n'est
,

les dames, et bien souvent les chevaliers erranLs pas mort; qu'il a su se mettre a I'abri de la fa-
benirent ses heiireiix secours. Las de parcourir talitecommune, et qu'il est loujours plein de vie
le monde, il se condamna a passer sept ans dans dans une foret du Finistere nominee Broceliande,
I'ile de Sein. C'esl la qii'il composa ses prophe- ou il est enclos et invisible a I'ombre d'un bois
ties, dont quelques-unes ont ete publiees. On d'aubepine. On assure que niessire Gauvain et
sait qu'il avail donne a I'lin des chevaliers er- quelques chevaliers de la Table-Ronde cherche-
rants qui firent la gloire de la France une epee rent vainement partout ce magicien colebre
enchanlee avec laqiielle on etaiL invincible; un Gauvain seul I'enteiidit, mais ne put le voir,
autre avaiLreguun cheval indompLablealacourse. dans la foret de Broceliande.
Le sage enchanleur avait aussi compose pour le La science donne a Merlin le nora de Myr-
roi Arthus mie chambre magique, ou ne poii- dhinn
vaient entVerque les braves, une couronne trans- Merovee, troisieme roi des Francs, dont la
parente qui se troublait sur la tete d'unc co- naissance doit etre placee vers Fan il monta ;

quette, et une epee qui jetait des etincelles dans sur le trone en l\k^ et mourut en Zi58. 11 siegeait
les mains des guerriers iiitrepides. dans les provinces bclgiques. Des chroniqueurs

L'dp^e d'Artbus

rapportent ainsi sa naissance : <; La femme de conte qu'il y avaitaCambaya, dans I'Hindoustan,
Clodion Chevelu, se promenant un jour an
le un roi qui se nourrissait de venin et qui devint ,

bord de la mer, fut surprise par un raonstre qui si parfaitement veneneux ,


qu'il tuait de son ha-
sortit des tlots elle en eut im fils qui fut nornme
; leine ceux qu'il voulait faire mourir.
Merovee, etquisucceda a Clodion. » Sauvalcroit On dans Pausanias que quatre cents ans
lit ,

que cette fable fut inventee par Merovee lui- apres de Marathon on entendaittoutes
la balaille ,

meme, pour imprimer du respect dans I'esprit les nuits dans I'endroit oii cette grande lutte

des siens en s'attribuant une origine si extraor- avait eu lieu des hennissements de chevaux et
dinaire, Des chroniqueurs ont dit que son nom des bruits de gens d'armes qui se battaient. Et
Meer-Wech signifie veau marin.... ce qui est admirable c'est que ceu'x qui y ve-
,

Merveilles. Pline assure que les insulaires de


Minorque demanderent un secours de troupes a 1 M. le vicomte de la Villemarque vient de publier
I'empereur Auguste contre les lapins qui renver- sur ce personnage un iivrc tres-remarquable et tres-
curieux, intitule Myrdhinn, ou I'enchanteur Merlin,
saient leurs maisons et leurs arbres. Aujourd'hui
son hisloire, ses ceuvres, son influence. In-S". Paris,
dit un critique moderne, on demanderait apeine 1862. Nous ne devions donner ici que les traditions
un secours de chiens. Un vieux chroniqueur populaires.
;

MES — 457 — MET


naient expres n'entendaient rien de ces briiils : de dire les saintes paroles de la consecration,
ils n'etaient entendus que de ceux que le hasard on dit au sabbat Belzdbuth, Belzebut/i, Belz6-
:

conduisait la. huth. Le diable vole sous la forme d'un papillon


Albert le Grand assure qu'il y avait en Alle- autour de celui qui dit la messe et qui mange
magne deux enfants jumeaux dont I'un ouvrait une hostie noire, qu'il fautmacher pour I'avaler*.
les portes les mieux fermees en les louchant avec Voy. Sabbat.
son bras droit; I'autre lesfermait en les touchanl Messie des juifs. Comrae ils n'ont pas re-
avec son bras gauche. connu le vrai plusieurs faux messies se sont
,

Paracelse dit qu'il a vu beaucoup de sages offerts a eux Dosithee Andre Bar-Kokebas, le
: , ,

passer vingl annees sans manger quoi que ce fut. faux Moise, Julien, Alruy, Sabatai'-Zevi, etc.
Si on veut se donner cetle satisfaction, qu'on Pour prevenir de nouvelles tentatives d'impos-
enferme, dit-il, de la terre dans un globe de teurs vulgaires, les rabbins ont represents le
verre, qu'on I'expose au soleil jusqu'a ce qu'elle messie qu'ils attendent avec une apparence et des
soit petrifiee, qu'on se I'applique sur le nomtril, entourages si gigantesques qu'on ne pent les
et qu'on la renouvelle quand elle sera seche, on simuler. Ainsi pour son festin, ou
se prepare
se passera de manger et de boire sans aucune seront appeles tous les juifs un boeuf qui mange,

peine. Paracelse assure intrepidement avoir fait chaque jour le foin de mille montagnes, un pois-
lui-meme cette experience pendant six mois. son qui occupe de sa masse tout un ocean et un ,

Voy. la plupart des articles de ce Dictionnaire. oiseau qui couvrirait Paris de sa queue ^.
Mesmer (Antoine), medecin allemand, fa- Metamorphoses. La mylhologie des paiens
meux par la doctrine du magnetisme animal ne , avait ses metamorphoses variees nous avons ;

a Mesburg en 1734, mort en 1815. II a laisse aussi les transformations gracieuses des fees et
plusieurs ouvrages dans lesquels il soutient que les transformations plus brutales des sorciers.
jes corps celestes en vertu de la meme force
, Les sorciers qu'on brula a Vernon, en 1566,
qui produit leurs attractions mutuelles, exercent s'assemblaient dans un vieux chateau, sous des
une influence sur les corps animes, et principa- formes de chats. Quatre ou cinq hommes, un
lement sur le systems nerveux par I'interme- ,
peu plus hardis qu'on ne I'etait alors, resolurent
diaire d'un fluide subtil qui penelre tous les corps d'y passer la nuit; mais ils se trouverent assaillis
et remplit tout I'univers. 11 alia s'etablir a Vienne, d'un si grand nombre de chats que I'un d'eux
et tenta de guerir par le magnetisme mineral en fut tue et les autres grievement blesses. Les
appliquant des aimants sur les parties malades. chats, de leur cote, n'etaient pas invulnerables
Ayant trouve un rival dans cet art, il se restrei- et on en vit plusieurs le lendemain qui, ayant
gnit au magnetisme animal c'est-a-dire a I'ap-
, repris leur figure d'hommes et de femmes por- ,

plication des mains seuleraent sur le corps, ce taient les marques du combat qu'ils avaient sou-
qui le fit regarder a tort comme un fou et un tenu. Voy. Loups-garous.
viBionnaire par les differenles academies de me- Spranger conte qu'un jeune homme de I'ile de
decine ou il presenta ses decouvertes. Mais les Chypre fut change en ane par une sorciere, parce
academies nous prouvent tous les jours qu'elles qu'il avait un penchant pour I'indiscretion. Si
ne sont pas infaillibles. II vint a Paris le peuple : les sorcieres etaient encore puissantes bien des ,

et la cour furent surpris de ce nouveau genre de jeunes gens d'aujourd'hui auraient les oreilles
cures. On nomma des docteurs pour examiner longues. On dit quelque part qu'une sorciere
le magnetisme animal et on publia des ecrits si
, metamorphosa en grenouille un cabaretier qui
violents centre Mesmer qu'il fut contraint de mettait de I'eau dans son vin. Voy. Fees, Ur-
quitter la France. II alia vivre incognito en An- GANDE, Sorciers, etc.
gleterre ensuite en Allemagne oh il mourut. 11
, , Metatron, une des trois intelligences de la
reste de lui 1" De I'injluence des planetes,
: cabale les deux autres sont Acatriel et San-
;

Vienne, 1766, in-12 2" Mdmoire sur la decou-


; dalphon.
verte du magnetisme animal, Paris 1779, in-12 , ;
Metemfsycose. La mort, suivant cette doc-
3° Precis historique des fails relalijs au magne- trine , n'etait autre chose que
passage de I'ame le
tisme animal , jusqu' en avril il8i Londres, 1781, ,
dans un autre corps. Ceux qui croyaient a la
in-8° k° Histoire abregde du magnetisme animal,
; metempsycose disaient que les ames , etant sor-
Paris, 1783, in-8°; 5" Mdmoire deF.-A. Mesmer ties des corps , s'envolaient , sous la conduite de
sur ses decouvertes, Paris, an vii (1799), in-S". Mercure, dans un lieu souterrain ou etaient d'un
Voy. Magnetisme. cote le Tartare et de I'autre les champs filysees.
Messa-Hala. Voy. Macha-Halla. La, celles qui avaient mene une vie pure etaient
Messe du diable. On a vu par differentes ,
heureuses tandis que les ames des mechants se
,

confessions de sorciers que le diable fait aussi


, voyaient tourmentees par des furies. Mais, apres
dire des messes au sabbat. Pierre Aupetit, pretre
* Delancre, Incredulite et mecreance, etc., p. 506.
aposlat du village de Fossas, en Limousin ,' fut 2 Voyez, sur le Messie des Juifs, les Legendes de
brule pour y avoir celebre les mysteres. Au lieu I'Ancien Testament, a la fin.
, ,

MEY
un cerLain temps, les unes et les autres quil- par punition, de laisser passer son ame dans le
pour habiter de nouveaux corps,
taient ce sejour corps d'un rat ou d'une mouche. L'elat ou Ton
meme ceux des animaux et afin d'oublier en-
; sera misapres sa mort sera pareillement oppose
tierement tout le passe , elles buvaient de I'eau a l'elat ou Ton est pendant la vie : celui qui est
du fleuve Lethe, On peat regarder les figyptiens riche sera pauvre , pauvre de-
et celui qui est
comme les premiers auteurs de celte ancienne viendra riche. C'est cette derniere croyance qui
opinion de la metempsycose, que Pythagore a dans les temps, mulliplia un peu le parti des
repandue dans la suite. Les manicheens croient manicheens. I'oij. Ghilcul et Transmigration.
a la metempsycose, tellement que les ames, Metoposcopie. Art de connaitre les hommes
selon eux, passent dans les corps de I'espece par les rides du front. Voy. Front.
qu'elles ont le plus aimee dans leur vie prece- Meurtre. « Dans la nuit qui suivit I'enseve-
dente ou qu'elles ont le plus maltraitee. Celui lissement du comte de Flandre Charles le Bon,
qui a tue un rat ou une mouche sera contraint ses meurlriers, selon la coutume des paiens et

des sorciers, firent apporter du pain un vase


el "Supposons, dit-il, un homme dont la me-
plein de cervoise. lis s'assirent aulour du ca- moire est remplie d'histoires de revenants car ;

davre, placerent la boisson et le pain surle lin- les nourrices, les vieilles et les premiers mai-
ceul, comme sur une table, buveantetmangeant tres ne manquent pas de nous en apprendre;
sur le mort, dans la confiance que par cette que cet homme pendant la nuit soil couche seul
action ils empecheraient qui que ce fut de ven- dans sa chambre, s'il entend devant sa porte
ger meurtre commis
le « Annee 1127. une demarche mesuree, lourde et trainante,
Meyer, professeur de philosophie a I'univer- ce qui marche est peut-etre un chien mais ,

sile de Halle, auleur d'un Essai sur les appari- il est loin d'y songer, et il a entendu un reve-
tions, traduit de I'allemand par F.-Ch. de Baer, nant, qu'il pourra meme avoir vu dans un
1748, in-12. L'auteur convient qu'on est sur un moment de trouble. » L'auteur termine en don-
mauvais terrain lorsqu'on ecrit sur les spectres. nant cette recette contre les apparitions :

II avoue qu'il n'en a jamais vu et n'a pas grande 1° qu'on tache d'ameliorer son imagination et
envie d'en voir. II observe ensuite que I'imagi- d'eviter ce qui pourrait la faire extravaguer;
nation est pour beaucoup dans les aventures 2° qu'on ne lise point d'histoires de spectres;
d'apparitions. car un homme qui n'en a jamais lu ni entendu
n'a guere d'apparitions. a Qu'un spectre soit ce
* Gualbert, Vie de Charles le Bon, ch. xviii, dans
la collection des boUandisles, 2 mars. qu'il voudra, ajoute Meyer, Dieu est le maitre.
; ,,;

MIC — 459 — MIC

et il nous sera toujours plus favorable que' con- senter au premier ministre du roi. Le ministre
traire. » voulut savoir les motifs qui engageaient ce bon-
Michael (Eliacim). Jean Desmarels, sieur de homme a parler au prince en secret. Michel, a
Saint-Sorlin , avait publie des Avis du Saint-Es- qui le spectre apparut de nouveau a Versailles
prit au roi. Mais le plus eclatant et le plus im-
portant des avis de cette sorte est celui qui fut
apporte un peu plus tard par le grand prophete

filiacim Michael. nous avertissait ditBaillet,


II ,

que dans peu de temps on verrait une armee de


cent quarante mille homraes de troupes sacrees
sous les ordres du roi qui aurait pour lieute- ,

nants les quatre princes des anges. II ajoutait


que Louis XIV, avec cette armee, exterminerait
absolument tous les hereliques et tous les maho-
metans, mais que tous ses soldats merveilleux
seraient immoles ^
Michaelis (Sebastien), dominicain, neau dio-
cese de Marseille en 1543. II a ecrit VHisloire
veritable de ce qui s'est passi dans I'exorcisme de
trois Jilles possedSes au pays de Flandre, avec un
TraiU des sorciers et des magiciens , 2 vol. in-12,
tres-rares, imprimes a Paris en 1623, cinq ans
apres la mort de I'auteur, II dit dans cet ou-
vrage que les tribunaux senses ne consideraient Le spcclre.
la confession de magie et d'assistance au sabbat

que comme preuves chimeriques, et qu'ils ne assura qu'au risque de sa vie ne pouvait rien
il

condamnaient la magie que si elle etait aggravee divulguer, et, comme il neanmoins presse
etait
par la circonstance d'un attentat contre les hom- de parler, il dit au ministre que, pour lui prouver
mes ou contre leurs biens. qu'il ne s'agissait pas de chimeres, il pouvait de-
Michel (Mont Saint-). II y a sur leraont Saint- mander a Sa Majeste si a sa derniere chasse de
,

Michel , en Bretagne , cette croyance que de-


les Fontainebleau, elle-meme n'avait pas vu un fan-
mons chasses du corps des hommes sont en- tome? si son cheval n'en avait pas ete trouble?
chaines dans un cercle magique au haut de cette s'il n'avait pas pris un ecart ? et si Sa Majeste

montagne. Ceux qui mettent le pied dans ce persuadee que ce n'etait qu'une illusion, n'avait
cercle courent toute la niiit sans pouvoir s'arre- pas evite d'en parler a personne? Le marquis et
ter aussi la nuit on n'ose traverser le mont
: le ministre ayant informe le roi de ces particula-
Saint-Michel \ rites, Louis XIV voulut voir secretement Michel
Michel, marechal ferrant de Salon en Pro- le jour meme. Per'sonne n'a jamais pu savoir ce
vence, eut une singuliere aventure en 1697. Un qui eut lieu dans cette entrevue. Mais Michel,
spectre disait-on s'etait montre a un bourgeois
, , apres avoir passe trois jours a la cour, s'en revint
de la ville et lui avait ordonne d'aller parler a dans sa province, charge d'une bonne somme
Louis XIV, qui etait alors a Versailles en lui re- , d'argent que lui avait donnee Louis XIV, avec
commandant le secret envers tout autre que Fin- I'ordre de garder le secret le plus rigoureux sur
tendant de la province, sous peine de mort. Ce le sujet de sa mission. On ajoute que le roi etant ,

bourgeois effraye conta sa vision a sa femme et un jour a la chasse, le due de Duras, capitaine
paya son indiscretion de sa vie. Quelque temps des gardes du corps, ayant dit qu'il n'aurait ja-
apres, la meme apparition s'etant adressee a un mais laisse approcher Michel de la personne du
autre habitant de Salon , il eut I'imprudence a son roi, s'il n'en avait recu I'ordre, Louis XIV repon-
tour d'en faire part a son pere, et il mourut dit: II n'est pas fou
(( comme vous le pensez et
, ,

comme Tous les alenlours furent


le premier. voila comme on juge mal. » Mais on n'a pu de-
epouvantes de ces deux tragedies. Le spectre se couvrir autre chose de ce mysterej
montra alors a Michel le marechal ferrant , Michel de Sahourspe, sorcier du pays de
celui-ci se rendit aussitot chez I'intendanl, ou il Saxe, qui declara qu'il avait vu au sabbat un
fut d'abord traite de fou; mais ensuite on lui grand et un petit diable que le grand se servait
;

accorda des depeches pour le marquis de Barbe- du petit comme d'un aide de camp et que le ;

zieux, lequel lui facihta les moyens de se pre- derriere du grand maitre des sabbats etait un
visage.
* P. Nicolle, sous le nom de Damvilliers, Lettres
Michel I'Ecossais, astrologue du seizieme
des visiorinaires ; Baillet, Jugements des savants,
siecle. II predit qu'il mourrait dans une eglise
Prejuges des titres des livres.
2 Cambry, Voyage dans leFinistere, 1. 1, p. 242.
ce qui arriva, dit Granger. Comme il etait un
:

MIC — ^60 — MIL


jour a I'office , il kii tomba sur la tele une pierre deserts ; les dieux n'y residant plus ,
personne
de la voute qui le tua. ne vient en troubler la solitude.
Michel le Bohemien, medecin empirique du Le mikado ne louche jamais la terre de son
seizieme siecle, accuse d'avoir eu des relations pied sacre ; noire planele est indigne d'un lei

avec le diable. On le cite souvent sous le nom de honneur. Toujours porte sur les epaules de ses
Michel Boemius valets, ce monarque ne sort jamais de sa de-
Midas. Lorsque Midas, qui fut depuis roi de raeure nul regard profane ne saurait venir le
;

Phrygie, etait encore enfant, un jour qu'il dor- souiller. Tout ce qui pourrait ressembler a une
mutilation de sa personne augusle est defendu;
c'est lorsqu'il dorl qu'on lui coupe les cheveux,
que Ton rogne ses ongles. 11 peut epouser neuf
fois neuf femmes, mais habituellement il juge
que neuf c'est bien assez pour un dieu japonais.
On ne I'approche qu'a genoux on le consulte ,

sur toules les affaires importanles, mais on ne


lui accorde, apres lout, qu'un vain litre el de
riches revenus. Sa race est imperissable ; s'il ad-
vient cependant qu'il ne devienne point pere, le
ciel y pourvoil on trouve un matin sous un arbre
;

du jardin un bel enfant que des mains surnalu-


relles y onl depose duranl la nuit c'est le mikado :

presomplif. Le mikado actuel est le cent dix-


septieme de la Iroisieme dynastie , et la premiere
dynaslie monta sur le Irone, suivanl les chrono-
logisles japonais les plus exacts, 83679/i ans
avant noire ere, C'est une date qu'on peut de-
mait dans son berceau, dcs fourmis eniplirent sa batlre.
bouche de grains de froment. Ses parents vou- C'est dans le corps du mikado que s'est incarne
lurent savoir ce que signiflait ce prodige les : le dieu Ama-lerasu-oo-Kami, I'arbilre souverain
devins consultes repondirent que ce prince serait des hommes el des choses ; il s'occupe a fixer les
le plus riche des liommes. Ce qui n'a ete ecrit jours auxquels doivenl se celebrer certaines fetes
qu'apres qu'il I'etail devenu. mobiles ; il determine les couleurs propres a ef-
Midi. Voy. Demon de midi. frayer les mauvaisesprits; il passe, cliaque vingt-
Migalena sorciere du pays de Labourd, qui
, qualre heures, un assez long espace de temps
fut arrelee a I'age de soixante et un ans et Ira- assis sur son Irone, dans une immobilile com-
duite devant les tribunaux, en meme temps que plete, S'il faisail, de droile ou de gauche, le
Bocal, son fils, sorcier du meme terroir. Miga- moindre mouvement, on ne doute point qu'il
lena avoua qu'elle avail ete au sabbat, qu'elle y n'amenat d'affreuses catastrophes sur ce cole r^-
avail fait des cboses abominables, qu'elle y avail prouve de I'empire. Lorsqu'il est demeure ainsi
assiste aux mysteres en presence de deux cents comme petrifie durant Irois heures, il se leve et
sorciers. Pressee par son confesseur de prier s'en va. Le reste du temps, la couronne impe-
Dieu elle ne put reciter une priere courammenl
, riale occupe sa place; elle doit se conforiiier au
elle commenQail le Pater et VAve, sans les ache- meme principe d'immobilite absolue durant vingt
ver, comme si le diable, qu'elle servait, Ten eut heures.
empechee formellemenl^ Le mikado ne porte jamais deux fois le meme
Mikado, I'un des deux empereurs du Japon. vetemenl lout ce qui a louch6 sa personne sa-
;

II est specialement charge du spirituel. Aux yeux cree est brule aussitot qu'il s'en depouille; les
de ses sujels, disenl les voyageurs, le mikado verres, les plats, les assieltes, qui paraissenl sur
n'esl pas un homme, c'est un dieu; c'est meme sa table sont brises immedialement apres le des-
bien plus qu'un dieu, car lous les aulres dieux sert ; nul profane ne pourra s'en servir.
de la mylhologie japonaise, lous les kamis (ainsi L'empereur temporel s'appelle le Taicoun.
lesnomme-l-on) sont d'un rang inferieur au mi- Milan, oiseau qui a des proprietes admirables,
kado; ils le craignent, ils lui obeissenl, et ils Albert le Grand dil que, si !'on prend sa lete et
viennenl, lous les ans, passer un raois a sa cour. qu'on la porte devant son eslomac, on se fera
II est vrai qu'ils ne sont visibles qu'a I'ceil du aimer de tout le monde. Si on I'altache au cou
mikado. Pendant ce mois, les temples reslent d'une poule, elle courra sans relache jusqu'a ce
qu'elle Taildeposee si on frotte de son sang la;

1 M. Ch. Rabou
a donne sur lui des details curieux
Crete d'un coq, il ne chantera plus. II se trouve
dans le Chdtiment des pipeurs et charlatans.
2 Delancre, Tableau de I'inconstance des demons, dans ses rognons une pierre qui, mise dans la
liv. YI, p. 423. casserole ou cuit la viande que doivenl manger
. ,
,

MIL — 461 — MIM


deux ennemis, les rend bons amis et les fait vivre siecle. Une jeune fille, nommee Stanoska, s'elant
en bonne intelligence. . couchee un soir en parfaite sante, se reveilla au
Millenaires. On a donne ce nom 1" a des : milieu de la nuit toute tremblante, jetant des cris
gens qui croyaient que Notre -Seigneur, a la fin affreux, et disant que le jeune Millo, enterre de-
du raonde, regnera mille ans sur la terre; 2° a puis neuf semaines, avait failli I'etrangler. Cette
d'autres qui pensaient que la fin-du monde arri- fille mourut au bout de neuf jours. On pensa que

verait en I'an mil 3° a d'aucuns encore qui


; Millo pouvait etre un vampire; il fut deterre, re-
avaient imaging que, de mille ans en mille ans, connu pour tel et decapite apres avoir eu le coeur
il y avait pour les damnes une cessation des perce d'un clou. Ses restes furent brules et jetes
peines de I'enfer. dans la riviere. Voy. Vampires.
Milon, athlete grec, dont on a beaucoup vante
la force prodigieuse. Galien , Mercurialis et d'au-
tres disent qu'il se tenaitferme sur une planche
si

huilee que trois hommes ne pouvaient la lui faire


,

abandonner. Athenee ajoute qu'aux jeux Oiym-


piques il porta longtemps sur ses epaules un boeuf
de quatre ans, qu'il niangea le meme jour tout
enlier fait aussi vrai que le trait de Gargantua,
;

lequel avala six pelerins dans une bouchee de


salade'.
Milton. Dans son beau poeme du Paradis
perdu, il a pompeusement peint les demons. Sa-
tan figure aussi dans son Paradis recoiiquis.
Mimer. En face de Kullan on apergoit une col-
,

line couverle de verdure, qu'on appelle la colline


d'Odin. C'est la, dit-on, que le dieu scandinave
Milan.
a ete enterre. Mais on n'y voit que le tombeau
Miller. Le prophete americain Miller, qui avait du conseiller a'Etat Schimmelmann, qui etait un
commence en 1833 ses predictions de la fin pro- homme fort paisible . tres-peu soucieux , je crois,
chaine du monde, et qui les a continiiees pen- de monter au Valhalla et de boire le miced avec
dant dix ans sans que les dementis qu'il recevait les Valkyries. Gependant une enceinte d'arbres
periodiquement parussent alterer sa confiance im- protege I'endroit oii les restes du dieu supreme
perturbable, est mortle 20 decembre iSkk a ont ete deposes une source d'eau limpide y coule
;

Hampton dans
, comte de Washington (Etat de
le avec un doux murmure. Lgs jeunes flUes des en-
New-York), a I'age de 68 ans. Ses calculs du virons, qui connaissent leur mythologie, disent
millmium elaient fondes sur I'interpretation d'un que c'est la vraie source de la sagesse, la source
passage de I'Apocalypse qui a deja occasionne les de Mimer, pour laquelle Odin sacrifia un de ses
commentaires les plus extravagants. Get illumine yeux. Dans les beaux jours d'ete, elles y viennent
ne complait pas moins de 30 ou /tO,000 disciples. boire ^.

Leurs reveries ont donnt§ lieu a plusieurs contes- Mimi. Voy. Zozo.
tations judiciaires , dont les journaux americains Mimique, art de connaitre les hommes par
ont rendu compte. leurs gestes, leurs habitudes. G'est la partie la
Les milUnaires, persuades qu'ils n'avaient plus moins douteuse peut-etre de la physiognomonie.
que peu de temps a vivre, s'empressaient de La figure est souvent trompeuse, mais les gestes
vendre leurs biens, et surtout croyaient pouvoir et les mouvements d'une personne qui ne se croit
se dispenser de payer leurs dettes. Le dernier pas observee peuvent donner une idee plus ou
delai de rigueur irrevocable et sans remise fixe , moins parfaite de son caractere. Rien n'est plus
a un certain jour de I'annee 1843, s'est ecoule significatif, dit Lavater, que les gestes qui ac-
sans autre phenomene qu'une eclipse totale de compagnent I'atlitude et la demarche. Naturel ou
lune annoncee dans tous les almanachs. Depuis affecte, rapide ou lent, passionne ou froid, uni-
ce temps, la credulite des adeptes du prophete a forme ou varie grave ou badin aise ou force
,
,

ete fort ebranlee, et, s'il reste encore des illu- degage ou roide, noble ou bas, fier ou humble,
sions a quelques-uns d'entre eux, la mort meme hardi ou timide, decent ou ridicule, agreable,
du prophete a du les faire evanouir. II avait an- gracieux, imposant, menagant, le gesle est dif-
nonce que lui et un tres-petit nombre d'elus ferencie de mille manieres, L'harmonie etonnante
devaient survivre a la catastrophe, afin de pro- qui existe entre la demarche la voix et le geste ,

noncer I'oraison funebre du genre humain et de se dement rarement. Mais pour demeler le fourbe,
solliciter la clemence celeste lors du jugement 1 Brown, Essai sur les erreurs populaires, liv. VII,
dernier, que Miller appelait le jour de I'epreuve. ch, XVIII p. 334.
,

Millo, vampire de Hongrie au dix-huitieme 2 Marmier, Souvenirs danois.


MIM — h62 M.1M

il faudrait le surprendre aii moment ou, se croyant honnete un apergu de malhonnetete. Souvent
seul, il encore liii-meme et n'a pas eu le
est c'est parce qu'il est timide, et non point parce

temps de faire prendre a son visage I'expression qu'il est faux, que celui qui vous fait un recit ou

qu'il sait lui donner. Decouvrir I'liypocrisie est la une confidence n'ose vous regarder en face. N'at-
chose la plus difficile et en mcnie temps la plus tendez jamais une humeur douce et tranquille
aisee : difficile tant que I'hypocrite se croit ob- d'un homme qui s'agite sans cesse avec violence;
serve, facile des qu'il oublie qu'on I'observe. et en general ne craignez ni emportement ni exces

Cependant on voit tous les jours que la gravite de quelqu'un dont le maintien est toujours sage
et la limidite donnent a la physionomie la plus et pose.

Avec une demarche alerte , on ne peut guere homme sense. L'attitude du sage annonce la md-
elre lentet paresseux; et celui qui se traine non- diLalion, le recueillement ou le repos. L'imbecile
chalamment a pas comptes n'annonce pas cet reste sur sa chaise sans savoir pourquoi ; il semble
esprit d'activile qui ne craint ni dangers ni ob- fixer quelque chose, son regard ne porle sur
et
stacles pour arriver au but. Une bouche beante et rien son assiette est isolee comme lui-meme. La
;

fanee, une attitude insipide, les bras pendants et pretention suppose un fond de sotlise. Attendez-
la main gauche tournee en dehors, sans qu'on en vous a rencontrer I'une et I'autre dans toute phy-
devine le motif, annoncent la slupidile naturelie, sionomie disproportionnee et grossiere, qui af-
la nullite, levide, une curiosile hebetee. fecte un air de solennite et d'autorite, Jamais
La demarche d'un sage est differente de celle I'homme sense ne se donnera des airs, ni ne
d'un idiot, et un idiot est assis autrement qu'un prendra l'attitude d'une tele eventee. Si son at-
MIM /i63

iention excilee I'oblige a lever la LeLe, il ne croi- sionomie qui n'a rien de desagreable, mais qui
era pourtant pas les bras sur le dos ce maintien
; n'est pas celle d'un penseur. Un air d'incerdtude

uppose de I'affectation surtout avec uue phy-


, dans I'ensemlile, un visage qui, dans son iiximo-

La crainte d'etre distrait se remarque dans la


biliLe, ne dit rien da tout, ne sont pas des signes
bouche. Dans I'attention elle n'ose respirer.
de sagesse. Un homme qui reduit a son neant,
,

s'applaudit encore lui-meme avec joie qui rit ,

eomrae un sot sans savoir pourquoi ne parvien-,


Un homme vide de sens qui veut se donner des
airs met la main droite dans son sein et la gauche
dra jamais a former ou a suivre une idee raison-
dans la poche de sa pulotte, avec un maintien
nable.
MIM - h^k - MIM
Une personne qui est toujours
affecle et theaLral. Si la demarche d'une femme estsinistre, non-

aux ecoutes ne promet rien de bien distingue. seulement desagreable mais gauche
, impe- ,

Quiconque sourit sans sujet avec une levre de tueuse, sans dignite, se precipitant en avant el
de cole d'un air dedaigneux, soyez sur vos gardes.
Ne vous laissez eblouir ni par le charme de la
beaule, ni par les graces de son esprit, ni meme
par I'attrait de la confiance qu'elle pourra vous
temoigner sa bouche aura les memes caracleres
;

que sa demarche et ses precedes seront durs et


,

faux comme sa bouche; elle sera peu touchee de


tout ce que vous ferez pour elle et se vengera
de la moindre chose que vous aurez negligee.
Comparez sa demarche avec les lignes de son
front et les plis qui se trouvent autour de sa
bouche vous serez etonne du nierveilleux accord
,

de tons ces signes caracteristiques.


Ayez le plus de reserve possible en presence
de I'homme gras et d'un temperament colere qui
semblc toujours macher, roule sans cesse les
yeux autour de soi, ne parle jamais de sens rassis,
s'est donne cependant I'habitude d'une polilesse
travel's, quiconque se tient souvent isole sans alTcctec inais traite tout avec une espece de
,

aucune direction sans aucune tendance deler-


, desordrc et d'improprcte. Dans son nez rond,
minee, quiconque salue le corps roidc, n'in- court, retrousse, dans sa bouche beante, dans
clinant que la tete en"av"anl,est un fou. les mouvemenls irrdguliers de sa levre inferieure.

de son front saillant et plein d'excroissances, levre inferieure se pousse cn avant, dont les

dans sa demarche, qui se fait entendre de loin, mains se tournent en poings, mais qui se calme
vous reconnaitrez I'expression du mepris et de tout a coup qui rcprend le Ion d'une politesse
,

la durete, des demi-talents avec la pretention froide, qui fait rentrer dans un calme apparent
d'un talent accompli de la mechancete sous
, ses yeux et ses levres, s'il est interrompu par
une gauche apparence de bonhomie. la presence imprevue d'un personnage important

Fuyez I'homme dont la voix tendue toujours


,
qui se trouve etre votre ami. — L'homme dont les

montee, toujours haute et sonore, ne cesse de traits et la couleur du visage changent subite-
decider; dont les yeux, tandis qu'il decide, s'a- ment, qui cherche avec soin a cacher cette alte-
grandissent, sortent de leur orbite; dont les ration soudaine et sait reprendre aussitot un air
sourcils se herissent, les veines se gonflent, la calme ; celui qui possede I'art de tendre et d6-
MIM — 465 —
tendre les muscles de sa bouche, de les Lenir ne marchent, qui reculent en a'avanqant, qui
pour ainsi dire ea bride, particulierement lorsque disent des grossieretes d'une voix basse et d'un
I'oeil observateur se dirige sur lui cet homme
: air timide qui vous fixent hardiment des que
,

a moins de probite que de prudence; il est plus vous ne les voyez plus et n'osent jamais vous
courtisan que sage et modere. regarder tranquillement en face, qui ne disent
Rappelez-vous les gens qui glissent plulot qu'ils du bien de personne, sinon des mechants, qui

trouvent des exceptions a tout-et paraissent avoir porle en arriere (que cetle tete soit grosse ou
toujours conlre I'assertion la plus simple une singulierement petite) ; celui qui se mire dans
contradiction toute pr6te; fuyez I'atmosphere oii ses pieds mignons da maniere a les faire remar-
ces gens respirent. Celui qui releve la tete et la quer; celui qui, voulant monlrer de grands yeux

encore plus grands qu'ils ne sont, les tourne moment qu'il apergoit la replique sur vos le-
expres de cote comme pour regarder tout par- vres ,
prend un air sourcilleux et murmure tout
dessus I'epaule; celui qui, apres vous avoir prete bas d'un ton propre a vous ordonner le silence :

longlemps un silence orgueilleux vous fait en-


, cet homme a pour le moins trois qualites haissa-

suite une reponse courte, seche et tranchante, bles, avec tous leurs symptomes, I'entetement,
qu'il accompagne d'un froid sourire-, qui, du I'orgueil , la durete ;
tres-probablement il
y joint
30
;

MIM — ^66 — MIM

encore la faussete la fourberie et I'avarice. Le


, forte oufaible, claire ou sourde, douce ou rude,
corps penche en avant annonce un homme pru- juste ou fausse. Le son de la voix, son articula-
dent et laborieux. Le corps penche en arriere tion sa faiblesse et son etendue
, ses inflexions
,

annonce un homme vain, mediocre et orgueil- dans le haut et dans le has, la volubilite et I'em-
leux. barras de la langue tout cela est infiniment ca-
,

racteristique. Le cri des animaux les plus cou-


rageux est simple, dit Aristote, et ils le poussenl
sans effort marque. Celui des animaux timides
estbeaucoup plus per^ant. Comparez a cet egard
le lion, le boeuf, lecoq qui chante son triomphe,
avec le cerf et le lievre ceci peut s'appliquer
;

aux hommes. La voix grosse et forte annonce un


homme robuste la voix faible un homme timide.
;

La voix claire et sonnante denote quelquefois un


menteur; la voix habituellement tremblante in-
dique souvent un nalurel soupconneux. L'effronte
et I'insolent ont la voix haute. La voix rude est
un signe de grossierete. La voix douce et pleine,
agreable a I'oreille, annonce un heureux naturel.

Les borgnes , les boiteux et surtout les bos-


sus, dit Grand, sont rus^s, spiri-
Albert le

tuels un peu malins et passablement m^chants.


,

L'homme sage ne rit aux eclats que rarement

Un homme raisonnable se met tout autrement


qu'un fat; une femme pieuse, autrement qu'une
coquette. La proprete et la negligence, la sim-
plicity et la le bon et le mauvais
magnificence ,

gout, presomption et la decence, la modeslie


la

et la fausse honte voila autant de choses qu'on


:

distingue a I'habillement seul. La couleur, la


coupe, la fagon, I'assortiment d'un habit, tout
cela est expressif encore et nous caracterise. Le
sage est simple et uni dans son exterieur; la
simplicite lui est naturelle. On reconnait bientot
et peu. II se contente ordinairement de sourire. un homme qui s'est pare dans I'intention de
Quelle difference entre le rire affectueux de I'hu- plaire, celui qui ne cherche qu'a briller et celui
manite et le rire infernal qui se rejouit du mal qui se neglige, soit pour insulter a la decence,
d'autrui II estdes larmes qui penetrent les cieux
1 soit pour se singulariser.
il en est d'autres qui pi'ovoquent I'indignation et y aurait aussi des remarques a faire sur le
II

le mepris. choix et I'arrangeraent des meubles , dit Lavater.


Reraarquez aussi la voix (comme les Italiens le Souvent d'apres ces bagatelles on peut juger
font dans leurs passe-ports et dans leurs signale- I'esprit et le caractere du proprietaire mais on ;

ments); distinguez si elle est haute ou basse, ne doit pas tout dire. Voy. Physiognomonie.
, ,

MIN — /i67
— MIR
Mineurs (Demon). II y a de malins esprits Bernard, un paquet enveloppe d'une serviette;
qui, sous les formes de satyres, de boucs et de I'ayant emporte chez lui il le delia et y trouva ,

jchevres vont toarmenter les mineurs


, on dit ; un peu d'or, qu'il donna a Augier, lui en pro-
Iqu'ils apparaissent souvent aux mines metalli- mettant davantage et le priant de lui preter qua-
Iques et battent ceux qui tirent les metaux. Ce- rante francs; ce qui doit sembler assez singulier.
pendant ces demons ne sont pas tous mauvais, L'ami lui preta cette somme, lui passa un billet
puisqu'on en cite qui au contraire aident les , , par lequel il reconnaissait lui devoir vingt mille
ouvriers. Olaiis Magnus dit que ces derniers se livres, et lui remettait les quarante francs. Le
laissent voir sous la forme de nains, grands d'un billet fut signe le 27 septembre 1726. Quelque
demi-metre qu'ils aident a scier les pierres a
;
, temps apres , Mirabel demanda le payement du
creuser la terre mais que malgre cela ils ont
;

toujours une tendance aux tours malicieux, et


que les malheureux mineurs sont souvent vic-
times de leurs mauvais traitements. Au reste, on
a distingue six sorles d'esprits qui frequentent
les mines ou moins mediants. Quel-
et sont plus
ques-uns disent en ont vu dans les mines
qu'ils
d'AUemagne pays ou les demons semblent assez
,

se complaire et que ces malins esprits ne lais-


,

saient aucun repos aux iravailleurs, tellement


qu'ils etaient contraints d'abandonner le metier.
Entre autres exemples qu'ils donnent de la ma-
lignite de cette engeance infernale, nous ne si-
gnalerons qu'un demon mineur qui tua douze
artisans a la fois ce qui fit delaisser une mine
:

d'argent Voy. Anneberg


tres- productive ,
I
'

MONTAGNARDS etC. ,
billet; comme on
le refusa, parce que le sorcier

Mingrelie. Le christianisme dans ce pays de n'avaitdonne que des esperances qui ne s'etaient
schisme grec est tres-corrompu. On y voit des pas realisees il eut la hardiesse d'intenter un
,

pretres baptiser les enfants distingues avec du proces; mais, en fin de cause, il se vit, comme

vin. Lorsqu'un malade demande des secoursspi- on I'a dit, condamne aux galeres, par messieurs
rituels, le pretre ne lui parle pas de confession; du parlement d'Aix
mais il cherche dans un livre la cause de sa ma- Mirabilis liber. On attribue la plus grande
ladie et Tattribue a la colere de quelqu'une de part de ce livre a saint Cesaire. C'est un recueil
leurs images, qu'il faut apaiser par des offrandes. de predictions dues a des saints etadessibylles.
Minoson, demon qui fait gagner a toutes Ce qui peut surprendre les esprits forts, c'est
sortes de jeux il depend de Bael
; I'un des plus ,
que dans I'edition de 1522 on voit annonces les
puissants chefs de I'enfer ^. evenements qui ont clos si tragiquement le der-
Minuit. C'est a cette heure-la que se fait ge- nier siecle, I'expulsion et I'abolition de la no-
neralement le sabbat des sorciers, et que les blesse , les persecutions contre le clerge
la sup- ,

spectres et les demons apparaissent. Cependant pression des couvents mariage des pretres
, le

le diable n'aime pas uniquement I'heure de mi- le pillage des eglises, la mort violente du roi

nuit, car il peut tenir sabbat a midi, comme et de la reine etc. On y lit ensuite que I'aigle
,

I'ont avoue plusieurs sorcieres, telles que Jean- venant des pays lointains retablira I'ordre en
nette d'Abadie et Catherine Naguille France
Mirabel (Honore) ,
fripon qui fut condamne Miracles. Un certain enchanteur abattit une
aux galeres perpetuelles, apres avoir ete appli- bosse en y passant la main; on cria au mi-
que a la question, par arret du 18 fevrier 1729. racle !.... La bosse etait une vessie enflee Tels
II avait promis a un de ses amis, nomme Au- sont les^ miracles des charlatans. Mais parce que
guier, de lui faire trouver des tresors par le les charlatans font des tours de passe-passe qui
moyen du diable. Ufouilla, apres maintes con- singent les faits surnaturels proprement appeles
jurations, dans des mines pres de Marseille, et miracles (et il n'y a de miracles que ceux qui
dit qu'il y avait la un sac de pieces portugaises viennent de Dieu) il est absurde de les nier.
,

que lui avait indique un spectre. II tira en pre- , Nous vivons entoures de miracles qui ne se peU-
sence de plusieurs personnes et d'un valet nomme
1Dom Calmet, Dissert, sur les apparitions, p. U5.
* Lenglet-Dufresnoy, Recueil de dissertations, t. I 2Mirabilis liber qui prophetias revelationesque,
p. 162. necnonres mirandas, prwterilas, prcesenles etfuluras
^ Clavicules de Salomon, p. 20. aperte demonstrat. In-4°. Paris, 4522.
3 Delancre, Tabl. de I'inconstance des demons, etc., * Voyez, dans les Legendes des sept peches capi-
liv. II, p. 66. taux I'a legende de Tachelin.
,

30,
;;

MIR — /i68
— MIR
vent expliquer, qiioiqn'ils soient constants. Nous autre gratification, sous la condition de ne point
ne pouvons parler ici que des faux miracles, employer leur talent a la resurrection d'un vieux
ORUvre de Satan, ou fourberies des imposteurs qui parent dontils venaient d'heriter. Ceux-ci furent

servent ainsi la cause de I'esprit du mal. Ce qui suivispar d'autres, qui apporterent aussi leur
est adiigeant, c'est que les jongleries ont sou- argent pour de pareilles craintes, en faisant la
vent plus de credit chez les honimes fourvoyes meme supplication. Enfin le juge du lieu vinl
que les faits extraordinaires dont la verite est lui-meme dire aux deux charlatans qu'il ne dou-
etablie, comme les superstitions ont plus de ra- tait nutlement de leur pouvoir miraculeux, qu'ils
cines que les croyances religieuses dans les tetes en avaient donne des preuves par une foule de
detraquees guerisons; mais que I'experience qu'ils devaient
On raconte I'anecdote suivante pour prouver faire le lendemain dans le cimetiere avait mis
que les plus grandes absurdites trouvent des par- d'avance toute la ville en combustion que Ton ;

tisans. Deux charlatans debutaient dans une craignait de un mort dont le


voir ressusciler
petite ville de province, au temps ou Cagliostro retour pourrait causer des revolutions dans les
et d'autres personnages importants venaient de fortunes qu'il les priait de partir, et qu'il allait
;

se presenter a Paris a titre de docleurs qui gue- leur donner une attestation comme quoi ils res-
rissaient toules les maladies. lis penserent qu'ils suscitaient reellement les morts. Le certificat fut
fallait quelque chose de plus releve pour accre- signe, paraphe, legalise, dit le conte; et les
diter leur savoir-faire, lis s'annoncerent done deux compagnons parcoururent les provinces,
comme ayant le pouvoir de ressusciter les morts montrant partout la preuve legale de leur talent
et, afin qu'on n'en put douter, ils declarerent surnalurel....
qu'au bout de trois semaines jour pour jour, ils
,
Mirage, deception des sens, causeepar cer-
rappelleraient a la vie, publiqucment dans le , tains phenomenes de I'almosphere qui fait ,
voir
cimetiere indique le mort dont on leur montre-
, des aspects enchanteurs, soil sur les mers, soil

rait la sepulture, fut-il enlerre depuis dix ans. sur les deserts de sables, tandis qu'il n'y a rien.
lis demandent au juge du lieu qu'on les garde a Cerlains voyageurs ont cru voir la des charmes
vue pour s'assurer qu'ils ne s'echapperont pas, magiques.
mais qu'on leurpermette en attendant de vendre Mirak. Votj. AcRAFiiNA.
des drogues et d'exercer leurs talents. La pro- Miroir. Lorsque Frangois 1" faisait la guerre
position paraU si belle qu'on n'hesite pas a les a Charles-Quint on conte qu'un magicien ap-
,

consulter. Tout le monde assiege leur maison prenait aux Parisiens ce qui se passait a Milan
tout le monde trouve de I'argent pour payer de en ecrivant sur un miroir les nouvelles de cette
tels medecins. Le grand jour approchait. Le plus ville el I'exposant a la lune de sorte que les
,

jeune des deux charlatans, qui avaitmoins d'au- Parisiens lisaient dans cet astre ce que portait le
dace, temoigna ses craintes a I'autre, et lui dit: miroir. Ce secret est perdu comme tant d'autres.
— Malgre toute votre habilete je crois que vous
,
Voy. Pythagorf.. Pour la divination par le mi-
nous exposez a etre lapides; car enlin vous roir, wy. Cristallomancie. En Bretagne se re- ,

n'avez pas le talent de ressusciler les morts. — garder la nuit dans un miroir, c'est le moyen de
Vous ne connaissez pas les hommes, lui repliqua devenir laide ou d'etre ornee d'un visage de loup.
le docteur, je suis tranquille.
L'evenement justifia sa presomption. II recut
d'abord une lettre d'un gentilhomme du lieu ;

elle etait ainsi congue : « Monsieur, j'ai appris


que vous deviez faire une grande operation qui
me fait trembler. J'avais une mechante femnie ;

Dieu m'en a delivre; et je serais le plusmalheu-


reux des hommes si vous la ressusciLiez. Je vous
conjure done de ne point faire usage de voire
secret dans notre ville, et d'accepter un petit
dedommagement que je vous envoie, etc. » Une
heure apres les charlatans virent arriver chez
,

eux deux jeunes gens qui leur presenterent une

1 On contait devant M. Mayran qu'il y avail une


boucherie a Troyes ou jamais la viande ne se gatait,
quelque clialeur qu'il fit. II demanda si dans le pays
on n'attribuait pas cette conservation a quelque chose
de particulier. On lui dit qu'on I'attribuail a la puis-
sance d'un saint revere dans fhistoire. « Eh bien,
Mirville (J. Eudes de), auteur de travaux
dit M. Mayran, je me range du cote du miracle,
pour ne pas compromettre ma physique. » Ce saint remarquables sur les Esprits, leurs fails incontes-
est saint Loup. tables et leur realite.
;
, ;,
;,

MIS — ^69 ~ MOI


Miscaun-Marry. On donne ce nom , en Ir- core contr^e qu'ils habitaient le pays des Mogs.
la

lande, an feufollet, ignis fatmis. Les Mogols viendraient-ils des Mogs?


Misraim fils de Cham. Voy. Magie.
, Mogol. Delancre dit qu'un empereur mogol
Moensklint. Les riverains de la mer Baltique guerissait certaines maladies avec I'eau dans la-
voiis montrent avec orgueil iine grande masse de quelle il lavait ses pieds.
roc toute blanche taillee a pic
, surmontee de , Mohra bourg , celebre dans la Suede pour les
quelques fleches aigues eL couronnee d'arbustes. sorciers qu'il a produits. En 1559, pendant les
Mais voyez ce que le geologue appelle pierre
, debuts de la reforme , on y arreta soixante-dix
calcaire ce n'est pas la pierre calcaire
, et ce , sorcieres qui avaient seduit trois cents enfants.
qui s'eleve au haiit de cette montagne sous la Moine bourru. Voy. Bourru.
forme d'un massif d'arbres, ce n'est pas un - Moines. On lit parlout ce petit conte. Un
massif d'arbres. II y a la one jeune fee tres-belle moine qu'une trop longue abstinence faisait
qui regne sur les eaux et sur I'ile. Ce roc nu souffrir s'avisa un jour, dans sa cellule, de faire
c'est sa robe blanche qui tombe a grands replis cuire un oeuf a la lumiere de sa lampe. L'abbe,
dans les vagues et se diapre aux rayons du soleil qui faisait sa ronde, ayant vu le moine occupe a
cette pyramide a,igue qui le surmonte, c'est son sa petite cuisine, Ten reprit; le bon religieux
sceptre et ces rameaux de chene, c'est sa cou-
; pour s'excuser, que c'etait le diable qui
dit
ronne. Elle est assise au haut du pic qu'on ap- I'avait tente et lui avait inspire cette ruse. Tout
pelle le Dronnings Stol (le siege de la Reine). De aussitot parut le diable lui-meme, lequel etait
la elle veille sur son empire elle protege la bar- , cache sous la table, et s'ecria en s'adressant au
que du pecheur et le navire du marchand. Sou- moine « Tu en as menti par ta barbe ce tour
: ;

vent la nuit on a entendu sur cette cote des voix n'est pas de mon invention , et c'est toi qui viens
[larmonieuses des voix etranges qui ne ressem-
, de me I'apprendre. » Cesaire d'Heisterbach donne
blent pas a celles qu'on entend dans le monde. cet autre petit fait. « Le moine Herman, compa-
Ge sont les jeunes fees qui chantent et dan- rant la rigoureuse abstinence de son ordre aux
sent aulour de leur reine et la reine est la , bons ragouts que Ton mange dans le monde , vit
qui les regarde et leur sourit. Oh le peuple ! entrer dans sa cellule un inconnu de bonne mine
3st le plus grand de tous les poetes. La oi^i la qui lui offrit un plat de poisson. II regut ce pre-
science analyse et discute, il invente, il donne sent, et lorsqu'il voulut accommoder son pois-
la vie a la nature animee, il ne trouva plus sous sa main qu'un plat de
spiritualise les etres son , il

que le physicien regarde comme une matiere fiente de cheval. II comprit qu'il venait de rece-
brute. II passe le long d'un lac, et il y voit des voir une legon, et fut plus sobre *.
jsprits; il passe au pied d'un roc de craie, il y Mois. Diviniles de chague mois chez les patens.
i'oit une reine et il I'appelle le Mcensklint (le —
Junon presidait au mois de Janvier; Neptune,
'ocher de la Jeune Fille) K a fevrier Mars, au mois qui porteson nom; Ve- ;

Mog. De ce nom peut-etre est venu le mot nus, au mois d'avril; Phebus, au mois de mai:
nagus magicien. On retrouve encore dans I'Ar- Mercure, au mois de juin; Jupiter, a juillet; Ce-
,

nenie I'ancienne region des Mogs. « Le nom de res, au mois d'aout; Vulcain, aseptembre; Pal-
Mog, dit M. Eugene Bore ^ est un mot zend et las, au mois d'octobre; Diane, a novembre
3ehlvi qui a passe dans la langue chaldeenne a Vesta, a decembre.
'epoque oi!i le symbole religieux de la Perse fut Anges de chaque mois. Selon les cabalistes
idople par le peuple de Babylone. II represenlait Janvier est le mois de Gabriel; fevrier, le mois
a classe ponlificale initiee sans doute a des doc- de Barchiel; mars, le mois de Machidiel; avril,
,

;rines secretes dont I'abus et I'imposture firent le mois d'Asmodel mai, le mois d'Ambriel Juin, ; ;

;omber ensuite ce litre en discredit. Les pretres le mois de Muriel; Juillet, le mois de Verchiel;
diisi designees etaient ces anciens desservants aout, le mois d'Hamaliel; septembre, le mois
iu temple de Belus, qu'avait visites et entrete- d'Uriel; octobre, le mois de Barbiel; novembre,
lus Herodote, et qu'il nomme Chaldeens aussi le mois d'Adrachiel; decembre, le mois d'Ha-
Dien que le prophete Daniel. lis avaient encore nael.
e nom de sages ou philosophes, de voyants et Demons de chaque mois. Janvier est le mois de
i'astronomes. Lorsqu'ils melerent aux principes Belial; fevrier, le mois de Leviathan mars le ; ,

Aleves de la science et de la sagesse les super- mois de Satan; avril, le' mois d'Astarte; mai, le
stitions de I'idolatrie et toutes les erreurs de mois de Lucifer; Juin, le mois de Baalberith
'astrologie et de la divination, ils furent appeles Juillet, le mois de Belzebuth; aout, le mois d'As-
jnchanteurs, inLerpretes de songes, sorciers, en taroth; septembre, le moisdeThamuz; octobre,
an mot rnagiciens. » Mais, audixieme siecle, Tho- le mois de Baal; novembre, le mois d'Hecate;
mas Ardzdrouni cite par M. Bore appelle en- decembre, le mois de Moloch,
,
,

i
Marmier, Traditions de la mer Baltique. ' CaesariiHeistei'bach.,Z)eie?Jia*., lib. l\;Miracul.,
- De la Chaldee et des Chaldeens. cap. Lxxxvii.
,

MOI — hlO — MOM


Animaux de chaque mois. La brebis est consa- oiseaux. On leur offre des voeux et des sacrifices
cree au mois de janvier au mois de
; le cheval , pour les apaiser. Voy. F^tichks.
fevrier; la chevre, au mois de mars; le bouc, au Molitor (Ulrich), auteur d'un livre rare inti-
mois d'avril: le taureau, au mois de mai; le tule Traite des lamies et des pythonisses : Trac-
chien, au mois de juin; le cerf, au mois de juil- tatus de lamiis et pythonicis ,
Constance, H89,
let; le sanglier, au mois d'aout; I'ane, au mois in-^". Paris, 1561, in-8°. On y voit des choses
de septembre; le loup, au mois d'oct.obre; la singulieres, qui ne sont pourtant pas des fables,
biche, au mois de novembre; le lion, au mois car I'auteur est circonspect et critique serieux.
de decembre. Moloch, prince du pays des larmes, membre
Oiseaux de chaque mois. Le paon est consacre du conseil infernal. II etait adore par les Ammo-
au mois de janvier; le cygne, au mois de fevrier; nites sous la figure d'une statue de bronze assise
le pivert, au mois de mars; la colombe, au mois
d'avril; le coq, au mois de mai; I'ibis, au mois
de juin I'aigle, au mois de juillet; le moineau,
;

au mois d'aout; I'oie, au mois de septembre; la


chouette, au mois d'octobre; la corneille, au
mois de novembre ; I'hirondelle , au mois de de-
decembre.
Arbres de chaque Le peuplier est I'arbre
mois.
de janvier; I'orme, de fevrier; le noisetier, de
mars le myrthe d'avril le laurier, de mai le
; , ; ;

coudrier, de juin; le chene, de juillet; le pom-


mier, d'aout; le buis, de septembre; I'olivier,
d'octobre le palmier, de novembre le pin de
; ; ,

decembre.
Moise. Les talmudistes et les Orientaux ont
surcharge I'histoire de Moise de beaucoup de le-
gendes et de contes prodigieux'. En kik, un im-
posteur, selonles uns, le diable lui-meme, selon
les autres, se presenta aux Israelites de Candie
en leur disant qu'il etait Mouse ressuscite pour ,

les ramener en Palestine., La multitude se laissa dans un trone de meme metal ayant une tete de ,

seduire et suivit son pretendu chef jusqu'a la veau surmontee d'une couronne royale. Ses bras
mer, comptant bien qu'elle allait s'ouvrir de nou- etaient etendus pour recevoir les victimes hu-
veau pour lui livrer passage mais il n'y eut pas ; maines on lui sacrifiait des enfants. Dans Mil-
:

de miracle. La mer furieuse engloutit vingt mille ton Moloch est un demon affreux et terrible con-
,

Juifs,s'il faut en croire les historiens, et le faux vert des p leurs des meres et du sang des enfants.
Moise ne se retrouva plus. Les rabbins pretendent que dans I'interieur ,

Moiset. C'est le nom que prit le demon ou le de la statue du fameux Moloch dieu des Ammo- ,

fourbe qui se donnait pour tel, et qui engagea nites, on avait menage sept especes d'armoires.
pour le sabbat et la sorcellerie Pierre Bourget et On en ouvrait une pour la farine une autre pour ,

Michel Verdung. les tourterelles une troisieme pour une brebis,


,

Mokissos genies reveres des habitants de


, une quatrieme pour un belier, la cinquieme pour
Loango, mais subordonnes au Dieu supreme. lis un veau, la sixieme pour un boeuf, la septiem'e
pensent que ces genies peuvent les chatier et pour un enfant. C'est ce qui a donne lieu de con-
meme leur oter la vie s'ils ne sont pas fideles a fondre Moloch avec Mithras, et ses sept portes
leurs obligations. Lorsqu'un honime est heureux mysterieuses avec les sept chambres. Lorsqu'on
et bien portant, il est dans les bonnes graces de voulait sacrifier des enfants a Moloch, on allu-
son mokisso. Est-i! malade ou eprouve-t-il des mait un grand feu dans I'interieur de cette sta-
revers, il attribue cette calamite a la colere de tue. Mais afin qu'on n'entendit pas leurs cris
'son genie. Ces peuples donnent le meme nom a plaintifs , les pretres faisaient un grand bruit de
leur souverain auquel ils croient une puissance
, tambours et d'autres instruments autour de I'i-

divine et surnalurelle , comme


de pouvoir faire dole. Voy. MrsxiiRES.
tomber la pluie et d'exterminer en un instant des Momies. Le prince de Radzivill, dans son
milliers d'hommes, etc. Les mokissos sont des Voyage de Jerusalem raconte une chose singu-
,

figures de bois qui representent ou des hommes liere dont il a ete le temoin. 11 avait achete en
grossierement faits, ou des quadrupedes , ou des Egypte deux momies I'une d'homme et I'autre
,

de femme, et les avait enfermees secretement


1 Voyez ces excentricites dans les Legendes de I'An- en des caisses qu'il fit mettre dans son vaisseau
cien Testament. lorsqu'il partit d'Alexandrie pour revenir en Eu-
,
, ;

MON — till — MON


I
rope. II n'y avait que lui et ses deux domesti- circonstance ; le prince et sa suite y r^pondaient.
ques qui sussent ce que contenaient les caisses, Mais le pretre etait tourmente, disait-il, par deux
pares que les Turcs alors permettaient difflcile- spectres (un homme et une femme) noirs et
! ment qu'on emporlat croyant que les momies ,
hideux , qui le harcelaient et le menagaient. On
les Chretiens s'en servaient pour des operations erut d'abord que la frayeur et le danger du nau-
j
magiques. Lorsqu'on fut en mer, il s'eleva une frage lui avaient trouble I'imagination. Le calme
tempete qui revint a plusieurs reprises avec tant etant revenu,il parut tranquille mais le tumulte ;

de violence, que le pilote desesperait de sauver des elements reparut bientot; alors ces fantomes
'

le navire. Tout le nionde etait dans I'attente d'un le tourmenterent plus fort qu'auparavant, et il
naufrage prochain et inevitable, Un bon pretre n'en fut delivre que quand on eut jete les deux
polonais, qui accompagnait le prince de Radzi- morales a la mer, ce qui fit en meme temps ces-
vill , recitait les prieres convenables a une telle ser la tempete *. »

'

Ajoutons que de nos jours les marins du Le- qu'il est dans le sepulcre , et commencent leur
vant conservent cette opinion que les momies interrogatoire par cette demande Qui est
: —
i attirent les tempetes, et on ne peut les embar- votre seigneur, et qui est votre prophete? —
'
quer qu'a leur insu. Leurs fonctions sont aussi de tourmenter les re-
Monarchie infernale. Elle se compose, selon prouves. Ces anges ont un aspect hideux et une
Wierus, d'un empereur, qui est Belzebuth; de voix aussi terrible que le tonnerre. Apres qu'ils
sept rois qui regnent aux quatre points cardi-
,
ont reconnu que le mort est devoue a I'enfer, ils
naux, et qui sont Bael, Pursan, Byleth, Paymon, le fouettent avec un fouet moitie fer et moitie
Belial, Asmoday, Zapan; de vingt-trois dues, feu. Les mahometans ont tire cette idee du
savoir : Agares, Busas, Gusoyn, Bathym, Eligor, Talmud.
Valefar, Zepar, Sytry, Bune ,
Berith, Astaroth, Monsieur de Laforet. G'est le nom qu'on
Vepar, Chax, Pricel, Murmur, Focalor, Gomory, donnait autrefois au fantome plus connu sous le
Amduscias Aym Orobas Vapula Hauros
, , , , titre de grand Veneur de la foret de Fontaine-

Alocer de treize marquis Aamon Loray, Na-


; , ,
bleau. Voy. Veneur.
berus Forneus Roneve Marehocias Sabnae
, , , , Sa residence ordinaire etait dans cette foret
Gamigyn, Arias, Andras, Androalphus, Cime- mais il s'en ecartait quelquefois. Delancre rap-
ries. Phoenix; de dix comtes, Barbatos, Botis, porte qu'un enfant qui vivait en AUemagne fut
Morax Ipes Furfur, Raym Halphas
, ,
Vine , , trouve vetu d'une peau deloup et courant comme
Decarabia, Zaleos; de onze presidents, Marbas, un petit loup-garou il dit que c'etait M. de La-
;

Buer, Glasialabolas Forcas, Malphas Gaap , , ,


foret qui lui avait donne sa peau que son pere ;

Caym, Volac, Oze Amy, Haagenti, et de plu- ,


s'en servait aussi. Dans un interrogatoire, cet
sieurs chevaliers , comme Furcas, Bifrons, etc. enfant avoua que si M. de Laforet lui apparais-
Les forces de la monarchie infernale se compo- sait il pouvait le mettre en fuite par des signes
,

sent de 6666 legions, chacune de 6666 demons; de croix. II ajouta que M. de Laforet lui deman-
ce qui nefait que 44,635,566 combattants. Mais dait quelquefois s'il voulait etre a lui, et qu'il lui
chacun de ces demons a sous lui des bandes. pour cela de grandes riehesses.
offrait
Voy. CouR. Monstres. Mery, celebre anatomiste et chi-"
Monde. Votj. Origines. rurgien-major des Invalides, vit.et diss^qua, en
Monkir et Nekir, anges qui, selon la croyance
des musulmans, interrogent le mort aussitot ' Dom Calmet, Dissertation sur les apparitions.
MON /t72 MON
1720, un petit monstre ne a six mois de terme, organisee qui tenait au petit monstre par un
,

sanstete, sans bras, sans coeur, sans poumons, cordon ombilical commun. Son observation est
sans estomac, sans reins, sans foie, sans rate, consignee dans les Memoires de V Academic des
sans pancreas, et pourtant ne vivant. Cette pro- sciences. Comment la circulation du sang s'op6-
duction extraordinaire fnt suivie d'une fille bien rait-elle dans cet individu depourvu de coeur?

Mery essaya de I'expliquer dans une disserta-


tion En d'autres temps, on eut tout mis sur
le compte du diable, et qui sait? Voy. Imagina- des teles de chiens et aboyaient comme eux;
tion, cc qui ne se voit de nos jours que dans les
caricatures. II dit aussi que certains habitants
1 Salgues, Bes errnirs et des prejuges, etc.,
t. Ill, p. -lie du monfiVlilo avaient huit doigts aux pieds et les
,

MON — /|73 — MOR


pieds toiirnes en arriere, ce qui rendait ces Montalembert (Adrien de), aumonier de
hommes extremement legers a ]a course. Francois I", auteur d'un ouvrage intitule La
On voit dans de vieilles, chroniques qu'il y merveilkuse Histoire de I' esprit qui depuis nacjuere
avait au nord des homines qui n'avaient qu'un s'est apparuau monastere des religieuses de Saint-
ojil au milieu du front en Albanie des hommes ; , Pierre de Lxjon. Paris, 1528, \n-k°\ Rouen, 1529;
dont les cheveux devenaient blancs des I'enfance, Paris, 1580, in-12. C'est I'histoire d' Alice de
et qui voyaient mieux la nuit que le jour (conte Telieux.
produit par les Albinos) des hidiens qui avaient ; Montan, chef des heretiques montanisles au
j
des tetes de chien d'autres sans cou et sans tete,
; onzieme siecle. C'etait un eunuque phrygien, II

I ayant les yeux aux epaules, et, ce qui surpasse avait des attaques d'epilepsie , et il les fit passer
I tou!e admiration un peuple dont le corps etait
; pour des exlases oii il s'entretenait avec Dieu. 11

velu et convert de plumes, comme lesoiseaux, reconnaissait que le Saint-Esprit etait venu , mais
et qui se noarrissait seulement de I'odeur des il le distinguait du Paraclet, et il disait : C'est
fleurs. On a pourtant ajoute foi a ces fables. moi qui suis le Paraclet. Les monlanistes ad-
N'oublions pas celles qui se trouvent consi- meltaient les femmes a la pretrise.
gnees dans Journal des voyages de Jean Struys,
le Montanay, sorcier. Voy. Galigai".
qi>i dit avoir vu de ses propres yeux les habi- Montezuma. Voy. Presages.
tants de I'ile de Formose ayant une queue au Monture des esprits. Dans les idees de I'lr-

derriere, comme les bcEufs. II parle aussi d'une lande et de plusieurs autres peuplades du Nord,
espece de concombre, qui se nourrit, dit-on, les esprits, fees ou lutins, qui ont a voyager en-
des plantes voisines. Get auteur ajoute que ce fourchent un jonc, un brin d'herbe un Ironc de ,

fruit surprenant a la figure d'un agneau , avec les

pieds , la tete et la queue Be cet animal distinc-


tement formes d'ou on I'appelle, en langagedu
;

pays, hanaret ou honarez , qui signifie agneau.


Sa peau est couverte d'un duvet fond blanc,
aussi delie que la soie. Les Tartares en font
grand cas, et la plupart le gardent avec soin dans
leurs maisons ou eel auteur en a vu plusieurs.
,

II croit sur une tige d'environ trois pieds de


haut, L'endroit par ou il tient a sa tige est une
espece de nombril sur lequel il se tourne et se
,

baisse vers les herbes qui lui servent de nourri-


ture, se sechant et se fletrissant aussitot que ces
herbes lui manquent. Les loups I'aiment et le
devorent avec avidite parce qu'il a le gout de , choux, et toule aulre chose; sur cetle monture
la chair d'agneau et I'auteur ajoute qu' on lui a
; ils parcourent des distances incroyables en un

assure que cette plante a elTectivement des os quart d'heure.


du sang et de la chair d'oii vient qu'on I'appelle
:
Mopsus, devin de I'anliquile, qui se montra
encore dans le pays zoaphUe, c'est-a-dire plante plus habile que Galchas ec le fit mourir de ja-
animale *. lousie.
Montagnards, demons qui font leur sejour Morail, demon qui a la puissance de rendre
dans les mines sous tourmen-
les montagnes, et invisible, selon les Clavicules deSalomon.
tent les minewrs. lis ont trois pieds de haut, un Moraxou Forai, capitaine, comte et presi-
visage horrible un air de vieillesse une cami-
, , dent de plusieurs bandes infernales; il se fait
sole et un tablier de cuir, comme les ouvriers dont voir sous la forme d'un taureau. Lorsqu'il prend
ils prennent souvent la figure, lis sont soumis a la figure humaine il instruit I'homme dans f as-
,

un esprit geant ce qui fait contraste. On dit que


; tronomie et dans tons les arts liberaux. II est le
ces demons autrefois n'elaient pas malfaisants, prince des esprits familiers qui sont doux et
qu'iis entendaient meme la plaisanlerie ; mais sages.
une insulte leur etait sensible, et ils la souffraient 11 a sous ses ordres trente-six legions.
rarement sans se venger. Un mineur eut I'audace Mordad, I'ange de la mort chez les mages.
de dire des injures a un de ces demons. Le de- Moreau, chiromancien du dix-neuxieme sie-
mon indigne sauta sur le mineur et lui tordit le cle, qui, dit-on, predit a Napoleon sa chute et
cou. L'infoi tune n'en mourut pas, mais il eut le ses malheurs. Bien d'autres furent aussi sorciers
cou I'enverse et le visage tourne par derriere tout que lui. II exergait a Paris, ou il est mort en 1825.
le reste de sa vie. II y a eu des gens qui font vu Morel (Louise), sorciere , tante de Marie
en cet etat, dit le narrateur.... lis avaient de Martin. Voy. Martin.
bons yeux. Voy. Mineurs. Morgane, soeur du Arlhus, dlevede Mer-
roi
1 Lebrun, Histoire des superstitions , t. I, p. 112. lin, qui lui enseigna la magie; elle est fameuse
, , ;

MOR - hlh — MOR


dans les romans de chevalerie par ses enchan- sortant du tombeau, se presentait a son ami, ku
tetnents el par les tours qu'elle joua a Genievre, recommandait de dire des prieres pour le rache-
sa belle-soeur. C'est dans la Brelagne une grande ter des flammes et le conduire a la felicite des
fee , I'une des prophetesses de I'ile de Sein et , elus *. »

la plus puissante des neuf soeurs druidesses. Les De tons les spectres de ce monde, la mort
Bretons I'appellent Chanteuse des raers et il
la , est le Dans une annee d'indi-
plus effrayant.
y a dans ce pays des pecheurs qui pretendent gence, un paysan se trouve au milieu de quatre
descendre d'elle. petils enfants qui portent leurs mains a leur
Pour pUisieurs, Morgane est un mirage; Mor- boucbe, qui demandent du pain, et a qui il n'a
giane chez les Orientaux
, est une peri qu'ils , rien a donner. ... La demence s'empare de lui
appellent aussi Mergiann. il saisit un couteau il egorge les trois aines; le
;

Morin medecin de mademoi-


(Jean-Baptiste), plus jeune ,
qu'il aliait frapper aussi , se jette a
selle de Guise, ne au Mans en 1615, et mort en ses pieds et lui crie : — Ne me tuez pas, je n'ai
1705. II pronostiquait comme Luc Gauric. On plus faim.
dit qu'il annonca le sort de Gustave-Adolplie et Dans
armees des Perses quand un simple
les ,

du jeune Cinq-Mars, et qu'il lixa, a quelques soldat etaitmalade a I'extremite on le portait ,

legeres differences pres, le jour et I'heure oii en quelque foret prochaine avec un morceau de ,

moururent le cardinal de Richelieu et le conne- pain, un pen d'eau et un baton pourse defendre.
table de Lesdiguieres. On lui altribue a tort la contre les betes sauvages, tant qu'il en aurait la

reponse adroite de cet astrologue qui interroge ,


force. Ces malheureux etaient ordinairement de-
par Louis XI s'il connaissait lui-meme I'epoque vores. S'il en echappait quelqu'un qui revint
de sa propre mort ,
repondit :
— Oui ,
prince chez lui, tout le monde le fuyait comme si c'eut
trois jours avant la votre. ete un demon on un fantome on ne lui permet- ;

Sous le regne de Louis Xlll, on etait tres-in- tait de communiquer avec personne qu'il n'efit
fatue de I'astrologie judiciaire. Morin ayant pre- ete purifie. On etait persuade qu'il devait avoir
dit que tel jour le roi etait menace de quelque eu de grandes liaisons avec les demons puisqiie ,

malheur, on respecta assez sa prediction pour les betes ne I'avaient pas mange, et qu'il avait
recommander au roi de ne pas sortir. II garda recouvre ses forces sans aucun secours.
effectivement I'appartement toute la matinee; Les anciens altachaienl tant d'importance aux
mais s'ennuyant I'apres-midi il voulut prendre , ceremonies funebres, qu'ils inventerent les dieux
I'air et tomba. —
Qu'on ne parle pas de cela a manes pour veiller aux sepultures. On trouve
Morin dit le prince cet accident le rendrait trop
, ; dans la plupart de leurs ecrits des traits frap-
glorieux. pants qui nous prouvent combien etait sacre
Morin (Simon), visionnaire fanatique du dix- parmi eux ce dernier devoir que I'homme puisse
seplieme siecle, ne vers 1623, qui voulut rela- rendre a I'homme. Pausanias conte que cer- ,

blir la secte des illumines, et qui annongait que tains peuples de I'Arcadie ayant tue inhumaine-
Notre-Seigneur Jesus-Christ s'etait incarne en ment quelques jcunes gargons qui ne leur fai-
lui. 11 fit quelques proselytes ; mais a la suite de saient aucun mal, sans leur donner d'autre
plusieurs detentions a la Bastille, futcondamne
il sepulture que les pierres avec lesquelles ils les
a etre brule, apres avoir fait amende honorable avaient assommes, et leurs femmes, quelque
comme accuse de conspiration contre le roi ; il temps apres, se trouvant atteintes d'une maladie
monta sur le bCicher le l/j mars 1663. C'etait un qui les faisait toutes avorler, on consulta les ora-
agitateur fanatique qui eijt bien voulu une petite cles, qui commanderent d'enterrer au plus vita
revolution. les enfanls si cruellement prives de fimerailles.
Mort. « La mort, si poetique parce qu'elle Les Egyptiens rendaient de grands hon-
touche aux choses immortelles, si mysterieuse a neurs aux morts. Un de leurs rois, se voyant
cause de son silence, devait avoir mille ma- prive d'heritiers par la mort de sa fille unique,
nieres de s'enoncer pour le peuple. Tantot un n'epargna rien pour lui rendre les derniers de-
trepas se faisait prevoir par le tintement d'une voirs et tacha d'immortaliser son nom par la
cloche qui sonnait d'elle-meme , tantot I'homme plus riche sepulture qu'il put imaginer. Au lieu
qui devait mourir entendait frapper trois coups d'un mausolee il lui fit batir un palais; et on
,

sur le plancherde sa chambre. Une religieuse de ensevelit le corps de la jeune princesse dans un
Saint-Benoit, pres de quitter la terre, trouvait. bois incorruptible, qui represenlait une genisse
une couronne d'epines blanches sur le seuil de wuverte de lames d'or et revetue de pourpre.
sa cellule. Une mere perdait-elle son fils dans un Cette figure etait a genoux, portant entre ses
pays lointain, elle en etait instruite a Tinstant cornes un soleil d'or massif, au milieu d'une
par ses songes. Ceux quinientlespressentiments salle magnifique et entouree de cassolettes oil
ne connaitront jamais les routes secretes par oia bruiaient continuellement des parfums odorife-
deux coeurs qui s'aiment communiquent d'un rants.
bout du monde a I'autre. Souvent le mort cheri M. de Chateaubriand ' , Genie du christianisme.
,
;

MOR 475 MOR


j
Les Egyptiens einbaumaient les corps et les ils avaient un soin extreme. lis se faisaient a u-
Iconservaient precieusement les Grecs et les
;
tant de gloire de les nourrir grassement qae les
Romains les brulaient. Cette coutiime de bruler autres peuples de se batir de superbestombeaux.
les morts est fort ancienne. Les Egyptiens, avant Un Bactrien faisait beaucoup d'eslime du chien
de rendre a leurs rois les honneurs>funebres , les qui avait mange son perc. Les Barceens faisaient
jugeaient devant le peuple et les privaient de consister le plus grand honneur de la sepulture
. sepulture s'ils en tyrans.
s'etaient conduits a etre devores par les vautours ; de sorte que
Quand le roi des Tartares mourait, on mettait Louies les personnes de merite et ceux qui mou-
son corps embaume dans un chariot, et on le raient en combattant pour la patrie etaient aus-
promenait dans loutes ses provinces. II etait- sitot exposes dans ou les vautours pou-
les lieux
permis a chaque gouverneur de lui faire quelque vaient en faire curee. Quant a la populace on ,

outrage, pour se venger du tort qu'il en avait I'enfermait dans des tombeaux ne la jugeant ,

regu. Par exemple, ceux qui n'avaient pu obte- pas digne d'avoir pour sepulture le ventre des
nir audience maltraitaient les oreilles, qui leiir oiseaux sacres.
avaient ete fermees ceux qui avaient ete indi-
; Plusieurs peuples de I'Asie eussent cru se ren-
gnes de ses debauches s'en prenaient aux che- dre coupables d'une grande impiete en, laissant
veux, qui etaient sa principale beaute, et lui pourrir les corps c'est pourquoi
; aussitot que ,

faisaient mille huees, apres I'avoir rase, pour le quelqu'un etait mort parmi eux, ils le mettaient
rendre laid et ridicule. Ceux qui se plaignaient en pieces et le mangeaient en grande devotion
de sa trop grande delicatesse lui dechiraient le avec les parents et les amis. C'etait lui rendre
nez, croyant qu'il n'elait devenu effemine que honorablement les derniers devoirs. Pythagore
parce qu'il avait trop aime les parfums. Ceux enseigna la metempsycose des ames; ceux-ci
qui decriaient son gouvernement lui brisaient le pratiquaient la metempsycose des corps en fai- ,

front, d'ou etaient sorties toutes ses ordonnances sant passer le corps des morts dans celui des
tyranniques ; ceux qui en avaient regu quelque vivants. D'autres peuples, tels que les anciens

violence lui mettaient les bras en pieces. Apres Hiberniens, les Bretons et quelques nations asia-
qu'on I'avait ramene an lieu ou il etait mort, on tiques, faisaient encore plus pour les vieiliards :

le brulait avec une de ses femmes un echan- , ils les egorgeaient des qu'ils etaient septuage-
son, un cuisinier, un ecuyer, un palefrenier, naires et en faisaient pareillement un festin.
quelques chevaux et cinquante esolaves ^ C'est ce qui se pratique encore chez quelques
Quand un Romain mourait, on lui fermait les peuplades sauvages.
yeux pour qu'il ne vit point Tainiction de ceux Les Chinois font publier le convoi pour que ,

qui I'entouraient. Lorsqu'ii etait sur le bucher, le concours du peuple soit plus nombreux. On
on les lui rouvrait pour qu'il put voir la beaute fait marcher devant le mort des drapeaux et des

des cieux qu'on lui souhaitait pour demeure. On bannieres puis des joueurs d'instruments sui-
,
,

faisait faire ordinairement la figure du mort ou , vis de danseurs revetus d'habits fort bizarres
en cire ou en marbre ou
, , en pierre et cette
; qui sautent lout le long du chemin avec des
figure accompagnait le cortege funebre, entouree gestes ridicules. Apres cette troupe viennent des
de pleureuses a gages. Chez plusieurs peuples de gens armes de boucliers et de sabres ou de ,

I'Asie et de I'Afrique, aux funerailles d'un homme gros batons noueux. Derriere eux, d'autres por-
riche et de quelque distinction, on egorge et on tent des armes a feu dont ils font incessamment
enlerre avec lui cinq ou six de ses esclaves. des decharges. Enfin, les pretres, criant de
Chez les Romains, on egorgeait
dit Saint-Foix, toutes leurs forces, marchent avec les parents,
aussi des vivants pour honorer les morts; on qui melent a ces cris des lamentations epouvan-
faisait combattre des gladiateurs devant le bu- tables le cortege est ferme par le peuple. Cette
;

cher, et on donnait a ces massacres le nom de musique enragee et ce melange burlesque de


jeux funeraires. En Egypte et au Mexique, dit le joueurs, de danseurs, de soldats, dechanteuses
meme auteur, on faisait toujours marcher un et de pleureurs donnent beaucoup de gravite a
chien a la lete du convoi funebre. En Europe, la ceremonie. On ensevelit le mort dans un cer-
sur les anciens fombeaux des princes et des che- cueil precieux et on enterre avec lui entre plu-
, ,

valiers, on voitcommunement des chiens a leurs sieurs objets, de petites figures horribles, pour
pieds. faire sentinelle pres de lui et effrayer les demons
Les Parlhes , les Medes et les Iberiens expo- apres quoi on celebre le festin funebre, ou Ton
saient les corps, ainsi que chez les Perses, pour invite de temps en temps le defunt a manger et
qu'ils fussent au plus tot devores par les betes a boire avec les convives. Les Chinois croient
sauvages, ne trouvant rien de plus indigne de que les morts reviennent en leur maison une fois

I'homme que Les Bactriens nour-


la putrefaction. tous les ans, la derniere nuit de I'annee. Pen-
rissaient, pour ce sujet, de grands chiens dont dant toute cette nuit, ils laissent leur porte ou-
verte, afin que les ames de leurs parents tre-
* Muret, Des ceremonies funebres. passes puissant entrer ; ils leur pr^parent des lits
'

MOR — /|76 MOR


et mettent dans la chambre on bassin plein d'eau que d'honneur que souvent on ne I'accordait
pour qu'ils puissent se laver les pieds. lis atlcn- qu'aux grands seigneurs et aux souverains. Les
dent jusqu'a minuit. Mors, siipposant les morls Tibareniens, les Suedois, les Goths suspendaient
arrives, ils leiir font compliment, alUimcnt des les corps a des arbres et les laissaient se defi-
cierges ,
odenrs et les prient, en
briijent des gurer ainsi peu a peu, et servir de jouet aux
leur faisant de profondes reverences, de ne pas vents. D'autres emportaient dans leurs maisons
OLiblier leiirs enfants et de leiir obtenir des dieiix ces corps desseches et les pendaient au plancher
la force, la sante, les biens et una longue vie. comme des pieces de cabinet Les Groenlan-
Les Siamois brCilent les corps et mettent aiitour dais, habitant le pays du monde le plus froid,
dii biicher beaucoup de papiers on sont peints ne prennent pas d'autres soins des morts que de
des jardins, des maisons, des aniinaux, des les exposer nus a I'air, ou ils se g^lent et se dur-
fruits,en un mot, tout ce qui peut etre utile et cissent aussitot comme des pierres puis de peur
; ,

agreable dans Tautre vie. lis croient que ces pa- qu'en les laissant au milieu des champs ils ne
piers brules deviennent reellement ce qu'ils re- soient devores par les ours, les parents les en-
prdsentent. lis croient aussi que tout elre, dans ferment dansde grands paniers qu'ils suspendent
la nature, quel qu'il soil, un habit, une fleche, aux arbres. Les Troglodytes exposaient les corps
une hache un cbaudron etc. a une ame et
, , , , mcft'ts sur une eminence le derriere tourne vers
,

que cet ame suit dans I'autre monde le mailre a les assistants; de sorte qu'excitant, par cette
qui la chose appartenait dans ce monde-ci. On posture, le rire de loule I'asseniblee, on se mo-
aurait dit serieusement pour eu\ ccs vers bur- quait du mort au lieu de le pleurer; chacun lui
lesques : jetait des pierres, el quand il en etait couvert,
on plantait au-dessus une corne de chevre et on
J'aporcus I'ombre d'un coclier
se retirait. Les habitants des iles Baleares depe-
Qui, tenant I'oinbre d une brosse,
Qaient le corps en pelits morceaux el croyaient
Kn froltait I'ombre d'un carrosse
honorer infiniment le defunt en I'ensevelissant
Le gibet, qui nous inspire tant d'horreur, a dans une cruche. Dans certains pays de I'lnde,
passe chez quelques peuples pour une telle mar- la femme se brule sur le bucher de son mari.

Lorsqu'elle a dit adieu a sa famille, on lui apporlc personnes riches, de remplir la bouche du mort
des leltres pour le defunt, des pieces do toile, de pieces d'oret d'argenl, pour ses besoins dans
des bonnets, des souliers, etc. Quand les presents I'autre monde. On revet I'homme de sept de ses
cessenl de venir , elle demande jusqu'a trois fois meilleurs habits el la femme de neuf robes. Les
a I'assembleesi Ton n'a plus rien a lui apporler Galates metlaient dans la main du mort un cer-
recommander, ensuite elle fait un paquel
et a lui de bonne conduite.
tificat

de tout et Ton met le feu au bucher. Dans le Chez les Turcs, on loue des pleureuses qui
royaume de Tonquin, il est d'usage, parmi les accompagnenl le convoi, et on porte des rafrai-
* De Ch. Perraull, attribaes mal apropos a Scarron. '
Murct, Des ceremonu'S funcbres , etc
;

MOR 77 — MOR
Khissements aupres du tombeau pour regaler les tant hommes que femmes, et parmi eux quel-
pousser des
jpassants, qii'on invite a pleiirer et a ques nains quelques bouffons pour son diver-
et
cris lamenlables. Les Gaulois enterraient avec le tissement. ,Le lendemain, on enfermait les cen-
corps mort ses arines, ses habits, sesanimaux, dres dans une petite grotte voutee, toute peinte
it memeceux de ses esclaves qu'il avait paru en dedans, et on mettait au-dessus la figure du
le Quand on decouvrit le tombeau
plus cherir. prince, a qui Ton faisait encore de temps en
de Childeric, pere de Clovis, a Tournay, on y temps de pareils sacrifices, car le qualrieme jour
trouva des pieces d'or et d'argent des boucles, , apres qu'il avait ete brule, on lui envoyait quinze
des agrafes, des filaments d'habits, la poignee esclaves en I'honneur des quatre saisons, afin
d'une 6pee le tout d'or
, la figure en or d'une
; qu'il les eut toujours belles; on en sacrifiait cinq
lete de boeuf, qui etait, dit-oo, I'idole qu'il ado- le vingtieme jour, afm qu'il eut, toute I'eternite,
Irait; les os, le mors, un fer et quelques restes une vigueur pareille a celle de vingt ans; le
du harnais d'un cheval un globe de cristal dont
, soixantieme, on en immolait trois autres, afin,
!il pour deviner, une pique, une hache
se servait qu'il ne sentit aucune des principales incommo-
d'armes, un squelelte d'homme en entier, une dites de la vieillesse qui sont la langueur le
,
,

autre tete moins grosse qui paraissait avoir ete


,
froid et I'humidite. Enfin au bout de Tannine, ,

celle d'un jeune homme, et apparemment de on lui en sacrifiait encore neuf, qui est le nombre
I
I'ecuyer qu'on avait tue, selon la coutuine, pour le plus propre a exprimer reternil(3, pour lui

accompagner et aller servir la-^bas son maitre. souhaiter une eternite de plaisir.
On voit qu'on avait eu soin d'enterrer avec lui Quand les Indiens supposent qu'un de let^irs
ses habits, ses arnies, de I'argent, un cheval, un chefs est pres de rendre le dernier soupir, les
domestique, des tablettes pour ecrire, en un mot savants de la nation se rassemblent. Le grand
lout ce qu'on croyait devoir lui etre necessaire pretre et le medecin apportent et consullent
dans I'autre monde. Quelquefois ineme on en- chacun la figure de la divinite, c'esl-a-dire de
terrait avec les grands personnages leur raedecin. I'esprit bienfaisant de Fair et de celui du feu.
La belle Auslregilde oblint en mourant, du roi Ces figures sont en bois, artistement taillees, et
Gontran son mari, qu'il ferait tuer et enterrer
, representent un cheval, un cerf, un castor, un
I
avec elle les deux medecins qui I'avaient soignee cygne, un poisson, etc. Tout autour sont sus-
I
pendant sa maladie. ((Ce sont, je crois, les seuls, pendues des dents de castor, des griffes d'ours
dit Saint-Foix, qu'on ait inhumes dans le tom- et d'aigle. Leurs mailres se placent avec elles
I

beau des rois mais je ne doute pas que phisieurs


; dans un coin ecarte de la cabane pour les con-
autres n'aient merite le meme honneur. » suiter; il exisle ordinairement entre eux une ri-
On observait anciennement en France une valite de reputation, d'autorite, de credit; s'ils
coutume singuliere aux enterremenls des nobles : ne tombent pas d'accord sur la nature de la ma-
on faisait coucher dans le lit de parade qui se ladie, ils frappent violemment ces idoles les unes
portait aux enterrements un homme arme de contre les autres, jusqu'a ce qu'une dent ou une
pied en cap pour representer le defunt, On trouva griffe en tombe. Celte perle prouve la defaite de
dans les comples de la maison de Polignac : I'idole qui I'a eprouvee et assure par consequent
Donne cinq sous a Blaise , pour avoir fait le che- une obeissance formelle a I'ordonnance de son
valier mort, a la sepulture de Jean fils de Ran- ,
competiteur.
donnet-Armand vicomte de , Policjnac. Aux funerailles du roi de Mechoacan, le corps
Quelques peuples de I'Amerique enterraient etait porte par le prince que le defunt avait choisi
leurs morts assis et entoures de pain d'eau de , , pour son successeur; la noblesse et le peuple le
fruits et d'armes. A Panuco, dans le Mexique, on suivaient avec de grandes lamentations. Le con-
regardail les medecins comme de petites divi- voi ne se mettait en marche qu'a minuit, a la
nites, a cause qu'ils procuraient la sante qui est ,
lueur des torches. Quand il etait arrive au temple,
le plus precieux de tous les biens. Quand ils on faisait qualre fois le tour du bucher ;
apres
mouraient, on ne les enterrait pas comme les quoi on y deposait le corps et on amenait les of-
autres on les brulait avec des rejouissances pu-
; ficiers destines a le servir dans I'autre monde
bliques; les hommes et les femmes dansaient entre autres, sept jeunes filles, I'une pour serrer
pele-raele autour du bucher. Des que les os ses bijoux, I'autre pour lui presenter sa coupe,
etaient reduils en cendres, chacun tachait d'en la troisieme pour lui la quatrieme
laver les mains,
emporter dans sa maison et les buvait ensuile pour lui donner cinquieme pour
la serviette, la

avec du vin, comme un preservatif contre toutes lui faire sa cuisine, la sixieme pour mettre son
sorles de maux. Quand on brulait le corps de convert, la septieme pour laver son linge. On
quelque empereur du Mexique, on egorgeait d'a- mettait le leu au bucher, et toulcs ces malheu-
bord sur son bucher I'esclave qui avait eu soin, reuses victimes, couronnees de fleurs, etaient
pendant sa vie, d'allumer ses lampes, afin qu'il assommt^es a grands coups de massue et jetees
lui allat rendre les memes devoirs dans I'autre dans les flammes.
monde. Ensuite on sacrifiait deux cents esclaves. Chez les sauvages de la Louisiane, apres les
» ;

MOR — 478 - MOR


ceremonies des obseques, quelque homme no- sans I'enterrer; ses compagnons lui apportent
table de la nalion, mais qui doit n'etre pas de la tons les matins a manger et a boire ; mais enfin,
faniille du inort, fait son eloge fiinebre. Quand il voyanl qu'il ne veut point revenir a la vie, ni
a lini , les assistants vont tout nus , les uns apres toucher a ces viandes, ils les lui jeltent sur la
lesautres, se presenter devant I'orateur, qui leur tete, et,comblant la fosse, ils font un grand
applique a chacun d'un bras vigoureux, trois
, feu, autour duquel ils dansent avec des hur-
coups d'une laniere large de deux doigts, en di- lements.
sant « Souvenez- vous que pour etre un bon
: Les Turcs en enterrant les morts leur lais-
guerrier comme I'etait le defunt, il faut savoir sent les jambes libres, pour qu'ils puissent se
souffrir. mettre a genoux quand les anges viendront les
Les protestants lutheriens n'ont point de ci- examiner; ils croient qu'aussitot que le mort est
metiere et enterrent indistinctement les morts dans la fosse, son ame revient dans son corps et
dans un champ dans an bois dans un jardin.
, , que deux anges horribles se presentent a lui et
« Parmi nous, dit Simon de Paul I'un de leurs , lui demandent « Quel est ton dieu, la religion
:

predicants, il est fort indifferent d'etre enlerre et ton prophete? » S'il a bien vecu il repond , :

dans les cimelieres ou dans les lieux ou Ton « Mon dieu est le vrai Dieu, ma religion est la
ecorche les anes. —
Helas, disait un vieillard du vraie religion , et mon 'prophete est Mahomet. »

Palatinat faudra-t-il done qu'apres avoir vecu


, Alors on lui amene une belle figure, qui n'est
avec honneur, j'aille demeurer apres ma mort autre chose que ses bonnes actions, pour le di-
parmi les raves, pour en etre eternellement le vertir jusqu'au jour du jugement, oi\ il entre en
gardien? » paradis. Mais si le defunt est coupable, il tremble
Les Circassiens lavent les corps des morts a , de peur et ne pent repondre juste. Les anges
moins que le defunt ne soit mort loyalement noirs le frappent aussitot avec une massue de
dans une balaille pour la defense du pays, au- feu et I'enfoncent si rudement dans la terre
quel cas on I'enterre dans son harnais, sans le que tout le sang qu'il a pris de sa nourriee s'e-
laver, supposant qu'il sera re(;.u d'emblee en pa- coule par le nez. La-dessus vient une figure tres-
radis vilaine (ses mauvaises actions) qui le tourmente
Les Japonais temoignent la plus grande Iris- jusqu'au jour du jugement, ou il entre en enfer.
tesse pendant la maladie d'un des leurs, et la G'est pour- delivrer le mort de ces anges noirs
plus grande joie a sa mort. lis s'imaginent que que les parents lui crient sans cesse « N'ayez :

lesmaladies sont des demons invisibles, et sou- pas peur et repondez tovement. » lis font une
vent ils presentenl requete contre elles dans les autre distinction des bons et des meehanls qui ,

temples. Ces memes Japonais poussent quelque- n'est pas moins absurde. Jls disent qu'au jour du
vengeance, qu'ils ne se contentent
fois si loin la jugement Mahomet viendra dans la vallee de Jo-
pas de faire perir leur ennemi mais ils se don- ; saphat, pour voir si Jesus-Christ jugera bien les
nent encore la mort pour aller I'accuser devant hommes qu'apres le jugement il prendra la
;

leur dieu et le prier d'embrasser leur querelle forme d'un mouton blanc; que tons les Turcs se
on conte meme que des veuves, non contentes cacheront dans sa toison, changes en petite ver-
d'avoir bien tourmente leurs maris pendant leur mine, qu'il se secouera alors, et que tous ceux
vie, se poignardent pour avoir le plaisir de les qui tomberont seront damnes, tandis que tous
faireenrager apres leur mort. ceux qui resteront seront sauves, parce qu'il leg
Quand un Caraibe est mort, ses compagnons meneraen paradis. Des docteursmusulmans expo-
viennent visiter le corps et lui font mille ques- sent encore autrement la chose Au jugement :

tions, bizarres, accompagnees de reproches sur dernier, Mahomet se trouvera a cole de Dieu,
ce qu'il s'est laisse mourir, comme s'il eut de- monte sur le Borak et convert d'un manteau fait
pendu de de vivre plus longtenips
lui « Tu : des peaux de lous les chameaux qui aurontporte
pouvais faire si bonne chere! il ne te manquaiL a la Meeque le present que chaque sultan y en-
ni manioc, ni patates, ni ananas; d'ou vient done voie a son avenement a I'empire. Les ames des
que tu es mort? Tu etais si considere! chacun bienheureux nnisulmans se transformeront en
avait de I'estime pour toi, chacun t'honorait, puces, qui s'attacheront aux poils du manleau du
pourquoi done es-tu mort?... Tes parents t'ac- prophete, et Mahomet les emportera dans son
cablaient de caresses; ils ne te laissaient man- paradis avec une rapidite prodigieuse il ne sera ;

quer de rien; dis-nous done pourquoi tu es plus question alors que de se bien tenir, car les
mort? Tu etais si necessaire au pays! tu t'elais ames qui s'echapperont, soit par la rapidite du
signale dans tant de combats tu nous mettais a ! vol soit autrement tomberont dans la mer, ou
, ,

convert des insultes de nos ennemis d'ou vient ; elles nageront eternellement.

done que tu es mort? » Ensuite on I'assied dans Parmi les juifs modernes, aussitot que le ma-
une fosse ronde on I'y laisse pendant dix jours
; lade est abandonne des medecins, on fait venir
un rabbin, accompagne, pour le moins, de dix
* Stanislas Bell ,
Voyage en Circassie. personnes. Le juif repare le mal qu'il a pu faire;
MOR /i79 MOR
puis il change de nom, pour que I'ange de la ferme pas un des plus proches parents est me-
,

mort, qui doit le punir, ne le reconnaisse plus; nace sous peu de cesser d'etre K On dit ailieurs
ensuite il donne sa benediction a ses enfants, s'il que tout le monde voit les demons en mourant,
,en a, et regoit celle de son pere, s'il ne I'a pas etque la sainte Vierge fut seule exempte de cette
I encore perdu. De ce moment on n'ose plus le vision. Le jour de la Commemoration des tre-
laisser seul, de peur que I'ange de la mort, qui passes, les Bretons ne balayenl pas leurs maisons
^
est dans sa chambre, ne lui fasse quelque violence. pour ne pas troubler les morts, qui y reviennent
Ce mechant esprit, disent-ils, avec I'epee qu'il a ce jour-la en grandes troupes.
dans sa main parait si effroyable que le malade
,
Les Anneniens frottent les morts d'huile, parce
en est tout epouvante. De cette epee qu'il tient ,
qu'ils s'imaginent qu'ils doivent lutter corps a
toujours nue sur lui, decoulent trois gouttes d'une corps avec de mauvais genies. Chez les Chretiens
liqueur funeste la premiere qui tombe lui donne
: schismatiques de I'archipel Grec, si le corps d'un
la mort, la seconde le rend pale et difforme, la mort n'est pas bien roide, c'est un signe que le
derniere le corrompt et le fait devenir puant et diable y est entre et on le met en pieces pour
,

infect. Aussitot que le malade expire, les assis- empecher ses fredaines. Les Tonquinois de la
tants jettent par la fenetre toute I'eau qui se secte des lettres rendent un culte religieux a ceux
trouve dans la maison croient empoison-
; ils la qui sont morts de faim les premiers jours de
;

iiee, parce que I'ange de mort, apres avoir


la chaque semaine ils leurs presentent du riz cuit
,

tue le malade, y a trempe son epee pour en oter qu'ils ont ete mendier par la ville.
le sang. Tous les voisins, dans la meme crainte, Chez les anciens, celui qui rencontrait un ca-
en font autant. Les juifs racontent que cet ange davre etait oblige de jeter sur lui, par trois fois,
de la mort etait bien -plus mechant autrefois; de la poussiere, sous peine d'immoler a Ceres
mais que, par la force du grand nom de Dieu, la victime que Ton nommait porca prmcidanea;

des rabbins le lierent un jour et lui creverent on regardait meme comme maudits ceux qui
I'oeilgauche; d'ou vient que, ne voyant plus si passaient deyant un cadavre sans lui rendre ce
clair, il ne saurait plus faire tant de mal. Dans dernier devoir.
leurs ceremonies funebres, les juifs sont per- Yoici sur les morts des anecdotes d'un autre
suades que, si on omettait une seule des observa- genre. Mehemet Almedi, roi de Fez, prince am-
tions et des prieres prescrites I'ame ne saurait , bitieux , ruse ,
hypocrite , eut une longue guerre
elre portee par les anges jusqu'au lit de Dieu, a soutenir centre des peuples voisins qui refu-
pour s'y reposer eternellement; mais que, tris- saient de se soumettre a lui. II remporta sur eux
tement obligee d'errer ga et la, elle serait ren- quelques victoires mais ayant perdu une ba-
;

contree par des troupes de demons qui lui fe- taille, ou il avait expose ses troupes avec
une
raient souffrir mille peines. lis disent qu'avant fureur aveugle elles refuserent de retourner a
,

d'entrer en paradis ou en enfer, I'arae revient I'ennemi. Pour les ranimer, il employa un strata-
pour la derniere fois dans le corps et le fait lever geme. II offrit a un certain nombre de ses offi-
sur ses pieds; qu'alors I'ange de la mort s'ap- ciers, ceux qui lui etaient le plus affectionnes,
proche avec une chaine, dont la moitie est de fer des recompenses considerables, s'ils voulaient se
et I'autre moitie de feu, et lui en donne trois laisser enfermer quelques heures dans des tom-
coups au premier, il disjoint tous les os et les
: beaux, comme s'ils fussent morts a la bataille.
fait tomber confusement a terre; au second, il — J'ai fait pratiquer a ces tombeaux, leur dit-il,

les brise et les eparpille; et au dernier, il les re- des ouvertures par lesquelles vous pourrez respi-
duit en poudre. Les bons anges viennent ensuite rer et vous faire entendre car je disposerai les ;

et ensevelissent les cendres. Les juifs croient que esprits, et, quand I'armee passera, je vous inter-
ceux qui ne sont point enterres dans la terre rogerai ;vous repondrez que vous avez trouve
promise ne pourront point ressusciter; mais que ce que je vous avals promis c'est-a-dire une ,

toute la grace que Dieu leur fera, ce sera de leur felicite entiere et parfaite recompense de votre ,

ouvrir de petites fentes au.travers desquelles ils devouement, bonheur reserve a tous ceux qui
verront le sejour des bienheureux. Cependant le combattront avec vaillance. Le tout s'executa
rabbin Juda, pour consoler les vrais israelites, comme I'avait propose Mehemet Almedi. 11 cacha
assure que les ames des justes enterrees loin du parmi les morts ses plus fideles serviteurs, les
pays de Chanaan rouleront par de profondes ca- couvrit de terre, leur laissant un petit soupirail
vernes, qui leur seront pratiquees sous terre, pour respirer et se faire entendre. Ensuite il ren-
jusqu'a la montagne des Oliviers d'oii elles tra au camp, et faisant assembler les principaux

,

entreront en paradis. chefs au milieu de la nuit Vous etes, leur :

En Bretagne, on croit que tous les morts ou- dit-il, les soldats de Dieu, les defenseurs de la
vrent la paupiere a minuit Et a Plouerden, loi et les protecteurs de la verite. Disposez-vous

pres Landernau, si I'oeil gauche d'un mort ne se a exterminer nos ennemis, qui sont aussi ceux

Cambry, Voyage dans le Finistere , t. II, p. 15. ' Cambry, Voyage dans leFinistere, t. II, p. 170.
:,

MOR — ^80 — MOU


du Tres-HaiiL complez que vous ne retroiiverez
;
se donner a Le mari, dit-on, y consentit; la
lui.

jamais line occasion aussi certaine de liii plaire. femme revecul. Mais un jour qu'on prononqa de-
Mais comme il poiirrait se troiiver parmi vous vant elle le nom
de Jesus, elle retomba morte,
des cneurs pusilianimes qui ne s'en rapporteraient et ce fut lout de bon.
pas a ities parolss, je veux les convaincre par iin Most-Mastite. Voij. Mariage.
grand prodige. Allez an champ de bataille inler- ; Motelu, demon que Ton trouve cite dans le
rogez ceux de nos freres qui ont ete tues aujour- proces inlenle a Denise de Lacaille.
d'liui; ils vous assureront qu'ils jouissent du plus Motogon, le dieu createuren Australie. « Les
parfait bonheur, pour avoir perdu la vie dans la Australiens disent que le Mologon, qu'ils croient
guerre sainte. 11 conduisit alors ses guerriers sur un homme tres-fort, tres-grand, Ires-sage, de
le champ de bataille, oii il cria de toute sa force : leur couleur et de leur pays, quand il crea le
— Assemblce des fideles martyrs, failes-nous sa- soleil ,la terre, les arbres, le kangarou, etc.,

voir ce que vous avez vu des merveilles du Dieu usa de celLe parole « Terre, parais dehors!
: et <>

Tres-Haut. Les comperes enfouis repondirent il soufTla, et la terre fut creee. « Eau, parais de-

— Nous avons regu du Tout-Puissant des recom- hors! » il souffla, et I'eau fut crede. Ainsi de tous
penses infinies et qui ne peuvent etre comprises les aulres etres. C'est une tradition assurement

par des vivants. Les chefs, surpris du prodige de laformule de la Genese » Chez ces peuples,

de cette reponse, coururent la publier dans I'ar- ledemon se nomme Cienga.


mee et reveillerent le courage dans le coeur de Mouche. Le diable apparait quelquefois en
tons les soldats. Pendant que le camp s'agitait, forme de mouche ou de papillon. On le vit sorlir
le roi feignant une extase occasionnee par le
,
sous celle forme de la bouche d'un demoniaque
miracle qui venait d'avoir lieu , etait demeure de Laon ^ Les demonomanes appellent Belze-
pres des tombeaux oi^i ses serviteurs ensevelis bulh seigneur des mouches ; les habitants de Cey-
attendaient leur delivrance. Mais il boucha les lan appellent le diable Aclior, qui signifie'^n leur
soupiraux par lesquels ils respiraient et les en- langue dieu des mouches ou chasse- mouches;
voya recueillir, par ce barbarc stratageme, les ils lui offrent des sacrifices pour etre delivres

recompenses qu'il venait d'annoncer a leurs de ces insecles qui causent quelquefois dans
,

freres. leur pays des maladies contagieuses ils disent


;

Disons un mot ne peur que tous les hommes


la qu'elles meurenl aussitol qu'on a sacrifie a Achor
ont pour les morts. Trois mauvais sujets de mu- M. Emeric David a propos de Jupiter, dit que
,

siciens, au retour d'une parlie de debauche, pas- les ailes de mouches qui dans quelques monu-
,

saient devant un cimetiere; ils y entrent; apres ments, forrnenl (a ce qu'on pretend) la barbe
s'elre permis, pour s'encourager, de mauvaises de Jupiter, sont un hommage au feu generateur,
plaisanteries sur les morls qui habitaient la, une les mouches elant produites par la canicule
idee folle leur vint. lis porlaient avec eux leurs Voij. Granson, Myiagorus, etc.

instruments de musique. Ils Irouvent original de Moult (Thomas-Joseph), astrologue napoli-


donner un concert a un tas d'ossements rassem- lain, inferieur a Matthieu Laensberg; il a laisse
bles en faisceau dans I'une des extremites de ce des predictions populaires.
champ du repos. Ils n'ont pas plutot commence Mouni, esprils que reconnaissenl les Indiens,
leur affreuse serenade, qu'un cri part du fond de quoique aucun de leurs livres sacres n'en fasse
I'ossuaire tous les ossements qui le composent
; mention; ils leur attribuent les qualites que les
se meuvent, s'agitent, s'entrechoquentavec bruit, Europeens accordenl aux esprits follets. Ces es-
semblent se reunir et se ranimer pour punir les prils n'ont point de corps, mais ils prennent la
audacieux qui bravent ainsi I'empire de la mort. forme qui leur plait ils rodent la nuit pour faire
,

Les concertanls sont tellement effrayes que deux mal aux hommes, tachent de conduire les voya-
d'entre eux tombent morls a I'instant, et I'autre geurs egares dans des precipices, des puits ou
a deini ecrase reste longtemps sans connais-
, des rivieres, se transformanl en lumiere et ca-
sance. En reprenant ses sens il demeura si vive-
ment frappe qu'il se fit ermite. Voici le secret— • Voyage en Australie, par le R. P. Salvado, tra-
duit par M. Charles Auberive.
de I'aventure. Un pauvre mendiant, qui n'avait 2 Leloyer, Histoire et discours des spectres.
pas d'asile, s'elait refugie derriere le monceau 3 Les Acliatiques etaient des fetes qui se cele-
d'ossements, pour y passer la nuit; cette musique braient tous les trois ans en Thonneur d'Apollon.
inattendue lui avait fait une telle frayeur, en le Elles avaient pris leur nom du promontoire d'Actium.
Ces fetes consistaient en jeux et danses on y tuait;

reveillant en sursaut, qu'il s'etait enfui et qu'en


un boeuf qu'on abandonnait aux mouches, dans la
se sauvantil avail fait crouler la pyramide falale.
persuasion oii Ton elait que, rassasiees de son sang,
Nkcromancie, Vampirf.s, Revf.nants, etc.
Voij. elles s'envolaient et ne revenaient plus. Augusle,
Mortemart. Un seigneur de celle famille ce- vainqueur de Marc-Antoine, renouvela les jeux Ac-
liatiques; on ne les celebra d'abord qua Actium, et
lebre perdit sa femme qu'il cherissait. Tandis
tous les trois ans; mais ce prince en transporta la
qu'il se livrait a son desespoir, le diable lui appa- celebration a Rome et en fixa le retour tous les cinq
rut et lui offrit de ranimer la defunte s'il voulait ans.
,

MOU — /|81 - MUM


chant le peril ou ils les entrainent. C'est pour se Mulet. C'est sous cette forme que se montre
les rendre propices que les Indians elevent en le lutin Odet.
leur honneur de grossieres statues colossales Muller (Jean) astronome et astrologue plus
,
,

auxquelles ils vont adresser des prieres. connu sous le nom de Regiomontanus ne en ,

Mouton. Le diable s'est montre plusieurs fois 1436, en Franconie, mort a Rome en l/i76. II
parait qu'il prophetisait aussi, puisqu'on dit qu'il
annonga la fin du monde en meme temps que
Stoffler. Ces deux hommes firent tant de bruit
que les esprits faibles crurent que le monde lini-
rait infailliblement en 1588. On dit qu'il con-
struisit deux automates merveilleux 1° un aigle :

qui volait et qui alia au-devant de I'Empereur,


lors de son entree a Ratisbonne 2° une mouche;

de fer, qui faisait le tour d'une table en bourdon-


nant a I'oreille de chaque convive, et revenait se
poser sur sa main. Ses contemporains voyaient
sous la forme d'un moulon. Le sorcier AupeLit,
dans ces deux o'bjets, dont on exagere la perfec-
qui ful condamne a elre brule vif, avoua qu'il
tion , des oeuvres de raagie.
s'elait presente a kii sous la figure d'un mouton
plus noir que blanc, et qu'il lui avait dit que
toutes les fois qu'il -verrait dans les nuages un
mouton, ce du sabbat'. Quand
serait le signal
vous rencontrez dans un voyage des moutons
qui viennent a vous, c'est un signe que vous
serez bien regu s'ils fuient devant vous, ils
;

presagent un triste accueil. Voij. Morts.


Mouzouko nom que les habitants du Mono-
,

raotapa donnent au diable qu'ils representent


,

comme fort mediants II n'est bon nulle part.


Mozart. Tout le monde salt les circonstances
singulieres de la raort de ce celebre compositeur.
Un inconnu vint lui deraander, a haut prix, une
messe de Requiem pour un grand personnage
qu'il ne voulut pas lui nommer. Le mystere dont,
s'entourait cet inconnu, sa figure peut-etre, I'ira-

possibilite de decouvrir qui il etait, troublerent


i'esprit de Mozart. II Iraina assez longtemps le
travail promis, se figurant que ce serait sa der-
niere oeuvre. II mourut apres I'avoir termine.
Salieri son rival, qu'il ne connaissait pas,
,

avoua en mouranl a son tour, que c'etait lui


,

qui avait joue le personnage de I'inconnu et il ;

s'accusa ainsi de la mort de Mozart, dont il elait


envieux.
Mugeta d'Essen sorciere lorraine qui fut
,

condamnee au bucher. Avant d'y monter, elle


declara que I'espriL impur defend a ses adherents
de se laver le matin et qu'il a la proprele en hor-
reur. En consequence, elle conseilla a son mari,
s'il voulait faire reculer les demons, de se laver

tous les matins les mains et la figure et de se re-


commander a Dieu des son reveil ^
Mozart.
Muhazimim, uom que donnent les Africains
a leurs possedes. Ils font des cercles, impriment
des caracteres sur le front de ces muhazimim, et
Mullin, demon d'un ordre inferieur, premier
le diable qui les possede deloge aussitot*.
valetde chambre de Belzebuth. II y a aussi dans
quelques proces de sorciers un certain maitre
1 Delancre, Tableau de I'inconst. des demons, etc., Jean Mullin, qui est le lieutenant du grand maitre
p. 503. des sabbats.
2 Abrege des Voyages, par la Harpe.
3 Remi, Demonologie.
Mummol. En 578 ,
Fredegonde perdit un de
* Bodin, Demonomanie , p. 396. I
ses fils, qui mourut de la dyssenterie. On accusa
31
MUN — Zt82 MUN
le. general Mummol, qu'elle haissait, de I'avoir gonde partit pour Compiegne et accusa Mummol
fait perir par des charmes et des malefices. II aupres da roi*. Ce prince le fit venir on lui lia ;

avait eu I'imprudence de dire a quelques per- les mains derriere le dos on lui demanda quel
;

sonnes qu'il connaissait una herbe d'une eflica- malefice il avait employe pour tuer le prince il ;

citeabsolue centre la dyssenlerie*. 11 n'en fallut ne voulut rien avouer de ce qu'avaient depose
pas davantage pour qu'il fut soupgonne d'etre les sorcieres mais il convint qu'il avait souvent
;

sorcier. La reine fit arreter plusieurs femmes de charme des onguents et des breuvages, pour ga-
Paris, qui confesserent qu'elles etaient sorcieres, gner la favour du roi et de la reine. Qi^iand il fut
qu'elles avaient tue plusieurs personnes ,
que retire de la torture, il appela un sergent et lui

Munimol devait perir, et que le prince avait ele commanda d'aller dire au roi qu'il n'avait eprouve

sacrilie pour sauver Mummol. De ces sorcieres, aucun mal. Chilperic, entendant ce rapport,
qui etaient coupablesde meurtres, les unes furent s'ecria :II faut vraiment qu'il soil sorcier pour
'<

brulees d'autres noyees


, quelques-unes expi-;
n'avoir pas souffert de la question!... » En meme
rerent sur la roue. Apres ces executions, Frede- temps il fit reprendre Mummol on I'appliqua de ;

Munccr (Thomas).

nouveau a mais quand on se preparait


la torture ; masses qu'il rassembla une armee de quarante
a lui trancher la tele la reine lui fit grace de la
, mille hommes. Comme il saccageait non-seule-
vie, se contentant de prendre ses biens. On le ment les eglises et les objets sacres, mais les

plaga sur una charrette attelee pour le conduire chateaux des princes, ceux-ci s'armerent contre
a Bordeaux ou il etait ne
, il ne devait point
y; lui. II marcha a la balaille en annongant que
mourir, tout son sang se perdit pendant la route, I'esprit qui I'inspirait lui assurait pleine victoire
et il expira d'epuisement. On brula tout ce qui et qu'il recevrait dans sa manche tous les bou-
avait apparlenu au jeune prince, autant a cause lets qu'on allait lancer contre ses fideles. Mais il
des tristes souvenirs qui s'y attachaient, que pour s'en tint si loin qu'il n'en put recevoir aucun.
aneantir tout ce qui portait avec soi I'idee du sor- Cependant on lui tua sept mille hommes et on
tilege^. dispersa ses bandes. Lui-mome, pris a Mulhouse,
Muncer (Thomas), d'abord disciple de Luther, monta sur I'echafaud en 1525 et alia rejoindre
puis son rival. II se donna comme inspire de I'Es- I'esprit qui le possedait.
prit-Saintpour renverser tons les trones et rendre Munnings, vieille Anglaise qu'on amena aux
tous les hommes egaux. 11 pratiquait la prophe- juges, comme sorciere, en 1694. Un temoin jura
tie, racontait ses visions ; et il charma si bien les que, sorlant du cabaret vers neuf heures du soir,

et regardant chez elle par sa fenetre, il I'avait


1 C'est I'herbe que les paysans appellent I'herbe demons, I'un
vue tirer de son panier deux pelits
a cochon.
2 Gregoire de Tours, livre IV de VHistoire des blanc et I'autre noir. La pauvre femme eut beau
Francs. Cite par M. Garinet Histoire de la magie en
,

France. 1 Chilperic
MUN MUft

protester que le demon blanc etait un fuseau de leurs maisons ,


pour leur communiquer la meme
laine blanche qu'elle allait filer, et qne le demon solidite. Elle a et^ batie par I'empereur Adrien.
noir n'en etait que I'ombre, elle n'en fut pas Un jardinier ecossais ouvrant la terre dans son
,

moins pendue. G'etait la justice laique. L'Eglise jardin , trouva une pierre d'une grosseur consi-
roraaine, qui n'envoyait les vrais sorciers ni a la derable sur laquelle on lisait en caracteres du
, ,

potence ni au feu, el qui se contentait de les exer- pays, qu'elle etait la pour la surete des murs du
ciser avec I'eau benite et la priere, n'a jamais vu chateau et du jardin, et qu'elle y avait ete ap-
ces barbaries qu'avec horreur. portee de la grande muraille dont elle avait fait
Munster. « Si Ton en croit le teraoignagede autrefois partie; mais qu'il serait aussi dange-
quelques contemporains , des signes precurseurs reux de la remuer
y aurait d'avantage a la
qu'il
avaient annonce les calamites qui frapperent laisser a sa place. Le seigneur de
la maison,
Munster (de 1531 a 1535 sous la domination , moins credule que ses ancetres voulut la faire ,

des anabaptistes). Des 1517, la veille des ides de transporter dans un autre endroit, pour I'exposer
janvier, on vit trois soleils a la fois, que pergaient a la vue, comrae un ancien monument. On entre-
d'outre en outre des glaives lumineux. Quelques prit de Ici de terre a force de ma-
faire sortir
jours apres, trois lunes; on ne dit pas qu'elles chines et on en vint a bout, comme on I'aurait
,

aient ete traitees aussi- cruellement que les so- fait d'une pierre ordinaire. Elle demeura sur le

leils. Mais les etoiles ne forent point epargnees. bord du trou, pendant que la curiosite y fit des-
De petites epees qu'on apercevait ga et la dans cendre le jardinier, plusieurs domestiques , les
les nues semblaient les poignarder In nubibus : deux du gentilhomme, qui s'amuserent quel-
fils

sparsim gladioli, quasi stellas transjigentes .N'ou- ques moments a creuser encore le fond. La pierre
blions point un bras qui ne tenait a rien , etendu fatale, qu'on avait neglige apparemment de pla-
arme d'un sabre nu, ni des eclipses
vers le nord et cer dans un juste equilibre, prit ce temps pour
de de lune ni une comete, ni des feux
soleil et , retomber au fond da trou et ecrasa tous ceux ,

errants pendant la nuit. Ajoutons a ces prodiges qui s'y trouvaient. Ce n'etait la que le prelude
des enfantements monstrueux. En plein jour, un des malheurs que devait causer cette pierre. La
liomme celeste tra'versa les airs; il avait une jeune epouse de I'aine des deux freres apprit ce
couronne d'or sur la tete, un glaive dans une qui venait d'arriver. Elle courut au jardin elle ;

main, une verge dans I'autre. Mais qu'etait-ce, y arriva dans le temps que les ouvriers s'empres-
en comparaison d'un spectre hideux vu pareil- , saient de lever la pierre, avec quelque esperance
lement en I'air, tenant dans ses mains decharnees de trouver un reste de vie aux infortunes qu'elle
des entrailles palpitantes, qu'il comprimait si couvrait. lis I'avaient levee a demi et Ton s'a- ,

reellement, que le sang en degoutta sur le toit pergut en effet qu'ils respiraient encore, lorsque
de plusieurs maisons ? I'imprudente epouse, perdant tout soin d'elle-
« L'auteur que je suis est trop sage pour ga- meme, se jeta si rapidement sur le corps de
rantir ces tristes merveilles, et je me borne son mari, que les ouvriers, saisis de son action,
comme lui a les donner pour ce qu'elles valent. lacherent malheureuseraent les machines qui sou-
II en est une cependant qui merite plus d'atten- tenaient la pierre et I'ensevelirent ainsi avec les
tion, parce que I'historien assure qu'il en fut te- autres. Get accident confirma plus que jamais la
moin, prwsente me, dit-il. La fille d'un lailleur, superstitieuse opinion des Ecossais : on ne man-
nomme Tomberg, agee de quinze a seize ans, qua pas de I'attribuer a quelque pouvoir etabli
timide et parlant difflcilement fut tout a coup , pour la conservation du mur d'Ecosse et de toutes
saisie d'un enthousiasme terrible, parla trois les pierres qui en sent detachees.
heures de suite avec une sorte de fureur, annon- Murmur, grand-due et comte de I'empire
gant a la ville les malheurs dont elle etait mena- infernal, demon de
la musique. II parait sous la

cee. Sa prediction finie, elle tomba morte. Ce forme d'un soldat monte sur un vautour et ac-
trait ressemble assez au juif du siege de Jerusa- compagne d'une multitude de trompettes; sa tete
lem*. » Voy. Ji;an de Leyde. est ceinte d'une couronne ducale; il marche pre-
Muraille du diable. C'est cette fameuse mu- cede du bruit des clairons. II est de I'ordre des
raille qui separait autrefois I'Angleterre de I'E- Anges et de celui des Trones
cosse et dont il subsiste encore diverses parties
, Murzanti. Une jeune Italienne de Poncini etait
que le temps n'a pas trop alterees. La force du possedee d'un esprit qui se donnait pour I'ame
ciment et la durete des pierres t)nt persuade aux d'un homm.e appele Murzanti lequel avait ete ,

habitants des lieux voisins qu'elle a ete faite de assassine dans une partie de jeu. L'esprit, inter-
la main du diable et les plus superstitieux ont
; pell^, d^clara qu'il quitterait le corps de cette
grand soin d'en recueillir jusqu'aux moindres jeune fille lorsqu'on aurait fait dire des prieres
debris, qu'ils melent dans les fondements de et des messes pour le repos de son ame. On le fit,

et la possedee fut guerie.


1 M. Baston , Jean Bockelson. Fragment historique
tired'un manuscrit contemporain de la prevote de
Varlard. 1 Wierus, in Pseudomonarchia dmmon.
31.
MUS — m MYR
Muschat. En Ecosse, presd'Edimbourget des de grosses mouches viendraient infester leur pays
rochers de Salisbury, on remarque une elevation sur la fin de I'ete et semer la peste. Voy. Achor,
appelee « la biUte de Muschat » ainsi nommee , Belzebuth.
parce que la meme un scelerat nomme Muschat
coupa la gorge a sa femme. Les temoins indignes
le lapiderent sur le lieu meme oii il venait de
commettre son crime et la butte s'est formee,
;

dit-on de I'immense quantite de pierres amon-


,

celees sur I'assassin et sa victime. Or, on pre-


tend dans la con tree que Muschat et sa femme
sont toujours la-dessous, que la femme a recousu
son gosier et qu'ils se querellent encore.
Musique celeste. Entre plusieurs decouvertes
surprenantes que lit Pythagore, on admire sur-
tout celte musique celeste que lui soul entendait.
II trouvait les sept tons de la musique dans la
distance qui est entre les planetes de la terre a :

la lune, un ton; de la lune a Mercure, un demi-

ton de Mercure a Venus, un demi-ton de Ve-


; ;

nus au soleil, un ton et demi; du soleil a Mars,


un ton de Mars a Jupiler un demi-ton de Ju-
; , ;

piter a Saturne, un demi-ton et de Saturne au


,

Mycale.
zodiaque, un ton et demi. C'est a celte musique
des corps celestes qu'est attachee rharmonie de Myoam genie invoque par les basilidiens.,

toutes les parties qui composent I'univers. Nous


Myomancie divination par les rats ou les ,

autres dit Leon I'Hebreu nous ne pouvons en- souris on


, ,
tii'ait des presages malheureux ou de
;

tendre cette musique, parce que nous en sommes leur cri, ou de Icur voracite.
Elien raconte que
trop eloignes, ou bien parce que I'habitude con- le cri aigu d'lme souris
suffit a Fabius Maximus
tinueile de I'entendre fait que nous ne nous en
apercevons point, comme ceux qui habitent
pres de la mer ne s'apergoivent plusdu bruit des
vagues, parce qu'ils y sont accoutumes.
Muspelheim. Les Scandinaves nomment ainsi
un monde lumineux ardent inhabitable aux
, ,

etrangers. Surtur le Noir y tient son empire dans ;

ses mains brille une epee flamboyante. II viendra


a la fin du monde, vaincra tous les dieux et livrera
I'univers aux flammes.
Musucca nom du diablfe chez quelques peu-
,

ples de I'Afrique. lis en ont une tres-grande peur


et le regardent comme I'ennemi du genre hu-
main mais ils ne lui rendent aucun hommage.
;

C'est le meme que Mouzouko.


Mutisme. Souvent les possedes sont prives
passagerement ou longtemps de I'usage de la pa-
role; dans le cas surlout ou reside en eux I'es-
prit qu'on appelle le demon muet. On exorcisa a
Laon, en 1566, une femme par la bouche de la- pour I'engager a se duaietlre de la dictalure; et,
quelle le demon parlait, tandis que la langue de selon Varron Cassius Flaminius
, , sur un pareil
la possedee etait retiree dans sa gorge. presage, quitta la charge de general de cavalerie.
Mycale magicienne qui faisait descendre la
,
Plutarque dit qu'on augura mal de la derniere
lune par la force de ses charmes. Elle fut mere campagnede Marcellus, parce que des rats avaient
de deux celeb res Lapithes, Broteas et Orion. ronge quelques dorures du temple de Jupiter. Un
Myagorus, genie imaginaire auquel on altri- Romain vint un jour, fort effraye cor.sulter Ga-
,

buait la vertu de chasser les mouches pendant lon parce que les rats avaient ronge un de ses
,

les sacrifices. Les Arcadiens avaient des jours souliers. Caton lui repondit que c'eut ete un tout
d'assemblee et commencaient par invoquer ce
, autre prodige si le Soulier avait ronge un rat.
dieu et le prier de les preserver des mouches. Myricaeus surnom donne a Apollon comme
, ,

Les Eleens encensaient avec Constance les autels presidant a la divination par les tiges de bruyere,
de Myagorus, persuades qu'autrement des essaims a laquelle on donnait I'epithete de prophetique.
; ,,

MYS — 485 — MYT


On lui mettait alors a la main une tige de cette dieux, prenait d'etranges formes ponr seduire et
plante. ravir les femmes : il se changeait tantot en pluie
Mysteres. Nonnus que chez les Remains dit d'or, tantot en cygne, tantot en taureau.
fallait passer par quatre-vingts epreuves diffe-
^il
» Pour ce qui est des fonctions des dieux, Ar-

rentes pour etre initie dans les mysteres de nobe reproche aux paiens qu'ils en avaient dont
iMithras ou du Soleil. D'abord on faisait baigner les uns etaient drapiers les autres matelots, ,

lie candidal, puis on I'obligeait a se jeter dans le menetriers, gardes du betail que I'un 6tait mu- ;

feu ensuile on le releguait dans un desert, ou


;
sicien, I'autre servaitde sage-femme, I'autre sa-
il etait soumis a un jeune rigoureux de cinquante vait I'art de deviner, I'un etait medecin, I'autre

jours apres quoi on le fusLigeait durant deux


;
presidait a I'eloquence, I'un se melait des armes,
jours; on le mettait vingt autres jours dans la I'autre etait forgeron. » Enfin, saint Augustin,
neige. Ce n'etait qu'apres ces epreuves, sur parlant des charges que les paiens attribuaient a
I'observalion rigoureuse desquelles veillait un leurs dieux, conclut que « cela sent plutot la
jpretre, et dans lesquelles le recipiendiaire suc- bouffonnerie de theatre que la majeste de Dieu
|combait souvent qu'on etait admis aux mys-
,
{De Civit. Dei, lib. Ill, cap. v ».)
I
teres. II y avait d'autces ceremonies tres-bizarres « Mais afin de vous montrer combien la theo-
,'aux mysteres d'Eleusis, de Trophonius, de la logie des paiens etait grossiere , il faut vous en
igrande deesse , etc. donner un petit abrege plus exact. Evhemerus
Mythologie. Contentons - nous de citer ici de Messine, qui a recueilli Thistoire de Jupiter et
quelques fragments de Benjamin Binet dans son des autres dieux avec leurs titres, leurs epitaphes
Traits des dieux et des dimons du paganisme : et leurs inscriptions, trouvees dans les temples
« Si Ton fixait la theologie paienne a ce que les plus anciens et particulierement dans celui
,

les poetes nous en debitent et a ce que le vul- , de Jupiter Triphilin, qui possedait une colonne
gaire a cru,il y aurait d'abord de quoi s'etonner ou Jupiter avait lui-meme grave ses actions; cet
en voyant comment I'homme, qui a conserve Evhemerus dit en substance que Saturne prit
quelques lineaments de I'image de Dieu et qui en Ops pour femme que Titan, qui etait I'aine de
;

'
a une idee naturelle, s'est abandonne. a des su- ses enfants, voulut regner mais que Vesta, :

perstitions si absurdes. Les paiens, qui n'avaient leur mere, et Ceres et Ops, leurs soeurs, conseil-
point d'autre guide que la meche fumante de leur lerent a Saturne de ne point ceder I'empire. Ce
raison, sont tombes dans une espece de delire en que voyant Titan qui se sentait le plus faible
,
,

faisant autant de monstres de dieux qu'il y avait de s'accorda avec Saturne, a condition que s'il en- ,

creatures. II est juste, avantd'examinerlacroyance gendrait des enfants males, il ne les eleverait
des philosophes, de vous decrire succinctement point, afin que I'empire revuit a ses enfants :

combien la croyance du vulgaire etait grossiere. ainsi ils tuerent le premier fils qui naquit a Sa-
» Leurs dieux les plus veneres, tels que les turne qu'ensuite naquirent Jupiter et Junon, dont
;

poetes nous les depeignent, etaient plus propres ils ne montrerent que Junon et donnerent Jupi- ,

a faire rire qu'a exciter la devotion, lis en avaient ter a Vesta pour le nourrir en cachette qu'apres ;

de ronds, de carres, de triangulaires, d'informes, vint Neptune, que Ton cacha aussi, et enfin Plu-
de boiteux, de borgnes, d'aveugles. Combien ton et Glauca que Ton montra Glauca, qui mou-
;

d'extravagances ne leur attribuait-on pas! Les rut bientot apres, et que Pluton fut nourri, comme
poetes nous parlent d'une maniere bouffonne des Jupiter, en cachette. Or, cela etant parvenu aux
amours d'un Anubis impudique et de la Lune; oreilles de titan, il assembla ses enfants , et mit
nous apprennent que Diane avait ete fouettee
ils ;
Saturne et Ops au cachot. Mais Jupiter, etant
nous y lisons la precaution pieuse d'un Jupiter devenu grand, combattit contre les Titans, les
qui , etant sur le point de mourir , fit son testa- vainquit, et mit son pere et sa mere hors de pri-

ment nous y voyons; les dieux en guerre au siege son. Cependant, ayant decouvert que son pere,
de Troie , I'attentat des Titans centre Jupiter, la qu'il avait retabU , 6tait jaloux de lui et attentait

terreur qu'ils donnerent a tons les dieux, terreur a sa vie, il s'empara de I'Etat et le relegua en
qui leur fit quitter leur domicile et interrompre Italie. {Lactant., lib. I, cap. xiv.)
leurs fonctions pour aller se 'cacher en Egypte, » Les paiens distinguaient leurs dieux en divers
et s'ymetamorphoser en crocodiles et en oignons. ordres; les uns etaient majores ou communes,
lis nous depeignent la faim pressante des trois comme Virgile les appelle {/Eneid., lib. xn),
Hercules, les accents lugubres du Soleil deplorant parce qu'ils etaient reconnus et servis pour tels
le malheur de son fils foudroye par Jupiter, les par toutes les nations sujettes a I'empire remain.
soupirs d'une Cybele lascive qui se plaint de Tin- On les nommait auSsi wviterni. Ces grands dieux
difference d'un berger insensible a i;es flammes. composaient une espece de cour souveraine et
Hercule vidait du furaier. Apollon etait bouvier etaient au noml^re de douze compris en ces deux ,

Neptune se loua aLaomedon pour batir les murs vers d'Ennius :

de Troie, et fut en cela d'autant plus malheureux Juno Vesta Minerva Ceres Diana Venus Mars , ,
, , , ,

qu'iln'en fut pas paye. Jupiter, le plus grand des Mercurius, Jupiter, Neptunus, Vulcanus, Apollo.
; ,:

NAB — 486 — NAC


)) Les autres dieux passaient pour des divinites Assent point de mal (Aul. Gell., lib. v). Ces
moyennes, celestes, terrestres, aquatiques et divinites hautes, moyennes et basses, n'etaienl
infernales, auxquelles on confiait le gouverne- pas toutes egalement venerees: on rendait a
ment de certaines parties de I'linivers. II y en celles du premier ordre un culte supreme et uni-'
avail d'autres que Tonne reconnaissait que pour versel , a celles du second un service subalterne.
des dieux nouveaux qui avaient ete ou engendres Que I'on adore , dit Ciceron , les dieux et ceux
des homines et des dieux ou deifies par I'apo- , qui ont toujour s etS es times celestes, et ceux que
theose, a cause des bienfaits que Ton en avait leurs merites ont deves au ciel {De leg. , lib. u).

regus. Ces dieux s'appelaient indigetes, semidei. Mais pour les dieux inferieurs ,
etrangers , incer-
Tels etaient Hercule, Castor, Pollux, Esculape, tains et particuliers, on ne leur deferait qu'un
et tous ceux que leurs merites avaient eleves au honneur arbitraire , ou proportionne a leur faible
ciel. Sur quoi Ciceron dit agreablement que le pouvoir, qui ne s'etendait que sur certaines par-
del est penpU du genre humain. 11 y en avait en- lies du monde dont on leur avail donne le gou-
,

core d'autres que Ton ne considerait que comme vernement.


des dieux ou barbares et etrangers ou incer- , » Je ne dirai rien de celle multitude de divi-
tains-et inconnus, que Ton invoquait d'une ma- nites pa'iennes dont le nom seul est ridicule tels :

niere douteuse , si tu es dieu , si tu es d^esse , ou etaient les dieux Vagitonus, Robigus, Picus,
en general, sans les nommer, comme fait le Tiherinus, Pilumnus, Consus ; telles etaient les
bouffon comique de Plaule : Fassetit, dit-il, tous deesses Cloacina, Educa, Potina, Volupia
les dieux grands ou petits, et les dieux des pots Febris, Fessonia, Flora vous en rap- , etc. Je ne
(Plant., Cist., act. ii),etc. Ge sont ces divinites porterai point mille hisloires absurdes pour vous
qu'Ovideappelle la populace desdieux,\es Faunes, prouver que ce que Ton contait des dieux ne
les Satyres, les Lares, les Nymphes. venail que des fictions des poetes, que le peu-
» De tous ces dieux, il y en avait de bons et ple, nalurellement superstitieux, avait adoptees
de mauvais auxquels on sacrifiait afin qu'ils ne
,
comme conforlnes a ses prejuges. »

N
Nabam, demon que Ton conjure le samedi. vreau , ont cru certaine la reprobation de Nebu-
Voy. Conjurations. chadnetzar, les autres n'ont doute nuUement de
aussi N^biros, marquis du
Nab6rus, appele son salut. On
encore des questions assez
a fait

sombre empire marechal de camp et inspec-


, de Daniel, oia il est dit que
inutiles sur le texte
teur general des armees. 11 se monlre sous « Nabuchodonosor fut banni sept ans de la com-

la figure d'un corbeau; sa voix est rauque; pagnie des homnies; qu'il demeurait avec les
il donne I'eloquence , famabilile et enseigne les betes des champs qu'il mangeait I'herbe comme
;

arts liberaux. II fait Irouver la main de gloire les boeufs; que son poil devint long comme les
il indique les qualites des melaux, des vdgelaux plumes des aigles , et ses ongles comme ceux des
et de tous les animaux purs et impurs; I'un des oiseaux. » Saint Cyrille de Jerusalem , Cedrenus
chefs des necromanciens, il predit I'avenir. II et d'autres ont ele persuades qu'il avait ete
commande a dix-neuf legions ^ change en bceuf; et notre Bodin y auraitsous-
"Nabuchodonosor, roi de Babylone, crut pou- crit, lui qui a cru a la lycanthropie. Je ne pous-
voir exiger des peuples le culle et les hom- serai point cette question , et je me contente de
mages qui ne sont dus qu'a Dieu, et il fut dire ici, apres beaucoup d'autres, qu'il perdit
pendant sept ans change en boeuf, Les paradisles I'usage de la raison ;
qu'il fut tellement change
croient faire une grande plaisanlerie en annon- par de I'air, par la longueur de son
les injures
Qant qu'on verra chez eux I'ongle de Nabuchodo- poil et de ses ongles et par sa manifere de vivre
,

nosor ^ parmi d'autres bagatelles; mais I'ongle avec les betes, qu'il s'imagina qu'il en etait une,
de Nabuchodonosor est dans le cabinet de curio- Tertullien dit qu'en cet etat il fut frenetique;
sites du roi de Danemark.... saint Thomas, qu'il eut I'imagination blessee;
« Entre les Peres de I'Eglise, les uns, ditChe- et les paroles de saint Jerome sont remarquables
Quando autem dixit sensuni sibi redditurn , osten-

' Wierus, in Pseudomonarchia doernonuni. ditnon formam se amisisse , sed mentem '
. »

Et plus exactement Nebuchadnetzar, nom qui


2 Nachtmaneken, ou petit homme de nuit,
signifie Nebo le dieu prince, et Nebo serait le nom nom que les Flamands donnent aux incubes.
chald^en de la planete de Mercure (M. Eugene Bore,
De la Chaldee et des Chaldeens }. 1 Chevrceana, t. I, p* 249.
NAG — 487 — NAI

Nachtvrouwtje, ou petite femme de nuit, qures, et ce culte subsistait encore dans des ca^
nom que Flamands donnent aux succubes.
les vernes il n'y a pas longtemps

Nagates, astrologues de Ceylan. Des voya- Naguille (Catherine) petite sorciere &gee de
,

geurs credules vantent beaucoup le savoir de ces onze ans qui , f ut accusee d'aller au sabbat en
plein midi ^.
Naguille (Marie), jeune sorciere, soeur de la
precedente. Arretee a seize ans , elle avoua que
sa mere I'avait conduite au sabbat. Lorsqu'elles
devaient y aller ensemble , le diable venait ou-
vrir la fenetre de leur chambre et les attendait a
la porta. La mere tirait un pen de graisse d'un
pot, s'en oignait la tete, excepte la figure, pre-
nait sa fille sous le bras et elles s'en allaient en
,

I'air au sabbat. Pour revenir a la maison, le


(liable leur servait de porteur. Elle avoua encore
que le sabbat se tenait a Pagole, pres d'un petit
bois
Nahama, soeur de Tubalcain. On lit dans le
Talmud que une des quatre raferes des
c'est
diables. Elle est devenue elle-meme, selon les
deraonomanes un demon succube.
,

devins, qui, disent-ils, font souvent des predic- Nain-Laurin ou I'Elf-roi. C'est le roi des
tions que I'evenement accomplit. lis decident du
qu'un astre malin
sort des enfants. S'ils declarent
a pr-eside a leur naissance les peres en qui la
, ,

superstition etouffe la nature leur otent une vie ,

qui doit etre raalheureuse. Cependant, si I'en-


fant qui voit le jour sous I'aspect d'une planete
contraire est un premier-ne , le pere le garde , en
d^pit des predictions; ce qui prouve que I'as-
trologie n'est qu'uri pretexte dont les peres trop
charges d'enfants se servent pour en debarrasser
leur maison. Ces nagates se vantent encore de
predire ,
par I'inspection des astres si un ma- ,

i^iage sera heureux, si une maladie est mor-


telle , etc.
Naglefare, vaisseau fatal chez les Celtes. II

est fait des ongles deshommes morts; il ne doit


etre acheve qu'a la fin du monde et son appa- ,

rition fera trembler les hommes et les dieux.


C'est sur ce vaisseau que I'armee des mauvais
genies doit arriver d'Orient.
Nagual. C'est le nom que donnent les Mexi-
cains a leur esprit familier.Chaque nouveau-ne
a le sien. Les peuplades ont le leur collectif. Le
nagual de chaque nouveau-ne est vivant sous la
forme d'un animal, d'un poisson d'unoiseau, ,

qui est signale le jour de sa naissance par son


horoscope. C'est un tigre, un chat, un perro-
quet, un insecte. Dans le culte du Mexique, avant
la conquete, on offrait souvent du sang aux

dieux et aussi aux esprits familiers; on tirait a


I'enfant qui venait de naitre une goutte de sang petils elfs , des kobolds et d'autres esprits nains.
sous I'oreille ou sous la langue pour I'offrir avant
1 Voyez sur ces fails de curieux details dans I'in-
tout a Chalchinhlicue , la deesse des eaux et la
teressant voyage de M. I'abbdBrasseur de Bourbourg,
protectrice des enfants. sur I'isthme de Tehuantepec, I'Etat de Chiapos et la
L'ara, gros perroquet, recevait un culte pro- republique de Guatemala.
2 Delancre, Tableau de I'inconst. des demons, etc.,
vincial dans quelques lieux du Mexique. II avait
liv. 11, p. 66.
ses pretres, qui lui presentaient goutte par 3 Delancre, Tableau de I'inconst. des demons, etc.,
goutte leur propre sang en se tatouant de pi- liv. II, p. 418.
NAI — Zi88 — NAP
II joue un grand role dans le poeme de Nibe- soleil, avail vu de pelits nains /)a* plus hauls que \

lungs. le police.

Nains. Presque tous les esprits de I'espece Les Celtes pensaient que les nains etaient des
des fees sont nains en Irlande. especes de creatures formees du corps du geant
Aiix noces d'un certain roi de Baviere, on vit Ime, c'est-a-dire de la poudre de la terre. Ils
un nain si petit qu'on I'enferma dans un pate, n'etaient d'abord que des vers; mais, parl'ordre
arme d'line lance et d'une epee. II en sortit au des dieux ils participerent a la raison el a la
,

milieu du repas , sauta sur la table , la lance en figure humaines, habitant toujours cependanl
arret, et excita radmiralion de toutle monde*. entre la terre et les rochers. « On a decouvert
La fable dit que les pygmees n'avaient pas sur les bords de la riviere Merrimak , a vingl
deux pieds de haut et qu'ils etaient toujours en milles de I'ile Saint-Louis, dans les Etats-Unis,
guerre avec les grues. Les Grecs, qui reconnais- des tombeaux en pierre, construits avec une
saient des geants, pour faire le contraste parfait, sorte d'art et ranges enordre symetrique mais ,

imaginerent ces petitshonimes, qu'ils appelerent dont aucun n'avait plus de quaLre pieds de long.
pygmees. L'idee leur en vint peiit-etre de cer- Les squelettes humains n'excedent pas trois
tains peuples d'Ethiopie, appeles Pechinics ,
qui pieds en longueur. Cependanl les dents proa-
etaient d'une petite laille. Et comme les grues vent que c'etaient des individus d'un age mur.
se retiraient tous dans leur pays, ils
les hivers Les cranes sont hors de proportion avec le reste
s'assemblaient pour leur faire peur et les empe- du corps. Voila done les pygmees retrouves*. »

cher de s'arreter dans leurs champs voila le :


Voy. Pygmi^e.
combat des pygmees contre les grues. Laissons passer une anecdote de nain.
On montre dans chateau d'Umbres, a une
le

lieue d'lnspruck, le tombeau d'Haymon, geant


ne dans le Tyrol au quinzieme siecle. II avail
seize pieds de haut et assez de force, dit-on,
pour porter un boeuf d'une main. A cote du sque-
iette d'Haymon est celui d'un nain qui fut cause
de sa morl. Ce nain ayanl delie cordon du Sou- le

lier du geant, pour le renouer;


celui-ci se baissa
le nain profita de ce moment pour lui donner un

souillet. Cetle scene se passa devant I'archiduc


Ferdinand et sa cour on en rit ce qui fit lant
; :

de peine au geant que pen de jours apres il en


mourul de chagrin.
C'etait un luxe, autrefois, d'avoir a la cour
des nains on des fous.
Nairancie. Espece de divination usitee parmi
les Arabes et fondee sur plusieurs phenomenes
du soleil et de la lune.
Nakaronkir, esprit que Mahomet envoie dans
leur sommeil aux musulmans coupables, pour les
pousser au repentir.
Nambroth, demon que Ton conjure le mardi.
Voy. Conjurations.
Nan, mouches assez communes en Laponie.
Les Lapons les regardent comme des esprits et
les portent avec eux dans des sacs de cuir, bien
persuades que par ce moyen ils seront preserves
de toute espece de maladies.
Napier (Barbara). Voy. Jacques I".
Napoleon P', empereur des Frangais. On a
pretendu un genie familier, comme
qu'il avail
Socrate el lous les grands hommes dont les ac-
tions ont excite I'admiration de leurs contempo-
rains. On I'a fait visiter par un petit homme
rouge, espece de genie mysterieux. Des esprits
Swift fait trouver a son Gulliver des hommes hostiles onl vu aussi dans Napoleon un des pre-
hauls d'un demi-pied dans de Lilliput. Avant
I'ile
curseurs de FAntechrist; ce qui est absurde.
lui, Cyrano de Bergerac, dans son Voyage au
* Johnston ,
Thaumatographia naturalis. 1 Journal des Debats du 23 janvier 1819.
:

NAR 489 NAU


Narac, enfer des Indiens; on y sera tour- poisonne, dans les ondes rapides duquel flotte-

inente par des serpents. ront les parjures, les assassins et les adulteres.
Nastrande ou Nastrund, partie de I'enfer Dans une autre region , la condition des damnes
des Scandinaves. La sera un batiment vasle et sera pire encore ; car un loup devorant y dechi-
infame; la porte, touriiee vers le nord, ne sera rera sans cesse les corps qui y seront envoyes.
construite que de cadavres ef de serpents , dont Nathan de Gaza juif visionnaire qui se pre-
,

toutes les tetes, tendues a I'interieur, voiniront senta en precurseur du faux messie Sabathai-
des flots de venin. 11 s'en forinera un fleuve em- Zevi.

Napol(5oii I'^', cmpereur di IS I'rancais. — Paye 488.

Natona (Berthe), Genoise qui fut possedee en si on lui objecte que le diablo
se demanda-t-il. Et
1217 de trois demons. lis I'enlevaient en I'air a du serpent, il repond qu'un es-
a pris la figure
huit ou neuf pieds. Elle fut delivree devant les prit n'a pas non plus les organes qui parlent. II
reliques de saint Ubald, dont ses exorcistes im- en tire done cette conclusion « Cela ne se peut :

ploraient I'intercession. naturellement; done cela n'est pas. » Mais Ben-


Naturel et Surnaturel. Ce qui a fourvoye jamin Binet lui a replique « Ce que vous repon-:

beaucoup d'esprits qui se sont crus forts parce dez, c'est ne rien dire, puisqu'il s'agit la d'un
qu'ils etaient faibles et qu'ils ne s'en doutaient fait surnaturel. »
pas c'est qu'ils ont confondu ces deux essences
, Les naturalistes, les rationalistes, les realistes
le naturel et le surnaturel. Ainsi Balthasar Bec- (carnous avons ces sectes autour de nous) rai-
ker, dans son Monde enchanle, veut aneantir les sonnent comme Becker et ainsi ils deraisonnent.
;

demons, parce que sa laideur faisait dire qu'il Naude (Gabriel) , I'un des savants distingues
etait I'un d'eux. II voulait s'escrimer sur la chute de son temps, ne a Paris en 1600. II fut d'abord
de I'homme or, il s'insurgea centre ces paroles bibliothecaire du cardinal Mazarin, ensuite de la
de Moise & Le serpent dit a la femme. » Est-ce que
: reine Christine, et mourut a Abbeville en 1653.
le serpent a les organes qu'il faut pour parler? II a laisse une Instruction a la France sur la vi-
; : ,

NAU — /j90 — NEC


rile de I'histoire des frcres de la Rose-Croix , 1623, de precher ceux de sa secle jusqu'a sa mort.
m-k" et in-S"; rare. Naude y prouve que les pre- Naxac, sejour de peines oii les habitants du
tendus freres de Rose-Croix n'etaient que des
la Pegu font arriver les ames apres plusieurs trans-
fourbes qui cherchaient a trouver des dupes, en migrations.
se vantant d'enseigner I'arL de faire de Tor, et Nebiros. Voy. Naberus.
d'autres secrets non inoins merveilleux. Ce cu- Necato
sorciere d'Andaye qui allait au sabbat
,

rieux opuscule est ordinairement reuni a una avec d'autres, quoique emprisonnee; ce qui eta-
autre brochure intitulee Avertissement au sujet blit que, comme plusieurs de ces malheureuses,
des freres de la Rose-Croix. On a encore de lui ella n'y allait qu'en esprit. Delancre depeint cette
Apologie pour les grands hommes faussement soup- sorciere comme un monstre de laideur. Elle avait
connis de magic, 1625, in-S". Get ouvrage, peut- une barbe de salyre, des yeux de chat sauvage,
etre un peu trop systeinatique a eu plusieurs , une voix rauque. Son regard affrayait meme ses
editions. II y prend la defense des sages, anciens compagnes.
et modernes, accuses d'avoir eu des genies fami- Necromancie,
art d'evoquer les morts ou de
liers, tels que Socrate, Aristote, Plotin, etc., deviner choses futures par I'inspection des
les
ou d'avoir acquis par la magie des connaissances cadavres. Voy. Anthhopomancie Eiuchtho, etc. ,

au-dessus du vulgaire. II y avait a Seville , a Tolede et a Salamanque


Naurause (Pierres de). Voy. Fin du monde. des ecoles publiques de necromancie dans de
Navius (Accius). Ce Navius, etant jeune, dit profondes cavernes, dont la grande Isabelle fit
Ciceron, fut reduit par la pauvrete a garder les murer les entrees. Pour prevenir les superstitions
pourceaux. En ayant perdu un, il fit voeu que, de revocation des manes et de tout ce qui a pris
s'il le retrouvait, aux dieux la plus
il offrirait le nom de necromancie, Moise avait fait de sages

belle grappe de raisin qu'il y aurait dans I'annee. defenses aux Juifs. Isaie condamne egalement
Lorsqu'il eut retrouve son pourceau, il se tourna ceux qui demandent aux morts ce qui interesse
vers le midi , s'arreta au milieu d'une vigne ,
par- les vivants et ceux qui dorment sur les tombeaux
tagea I'horizon en quatre parties ; et apres avoir pour avoir des reves. C'est meme pour obvier
eu dans les trois premieres des presages con- aux abus de la necromancie repandue en Orient
traires, trouva une grappe de raisin d'une
il que Chez le peuple Israelite celui qui avait tou-
admirable grosseur. Ce fut le recit de cette aven- che un mort etait impur. Cette divination etait
ture qui donna a Tarquin de mettre la curiosity en usage chez les Grecs et surtout chez les Thes-
a I'epreuve son talent de divination.coupa un I! saliens; ils arrosaient de sang cliaud un cadavre
jour un caillou avec un rasoir, pour prouver et ilspretendaient ensuite en recevoir des re-
qu'il devinait bien. ponses certaines sur I'avenir. Ceux qui consul-
Naylor (James), imposteur du seizieme siecle, taient le mort devaient auparavant avoir fait les

ne dans le diocese d'York, en Angleterre. Apres expiations prescrites par le magicien qui presi-
avoir servi quelque temps en qualite de marechal dait a cette ceremonie, et surtout avoir apaise
des lugis dans regiment du colonel Lambert,
le par quelques sacrifices les manes du defunt :

iJ se retira parmi les trembleurs et s'acquit tant sans ces preparalifs, le defunt demeurait sourd
de reputation par ses discours, qu'on le regardait a toutes les questions. Les Syriens se servaient
comma un saint homma. Voulant profiter de la aussi de cette divination, et voici comment ils

bonne opinion qu'on avait de lui et se donner s'y prenaient : lis tuaient de jeunes enfants en
en quelque sorte pour un dieu, il resolut, en leur tordant le cou, leur coupaient la tete, qu'ils
1656, d'entrer dans Bristol en plein jour, monte salaient et embauniaient, puis gravaient sur une
sur un cheval dont un homme et une femme lame ou sur une plaque d'or le nom de I'esprit
tenaient les renes, suivi de quelques autres qui malin pour lequel ils avaient fait ce sacrifice ; ils

chantaient tous : Saint, saint, saint, le Dieu de plagaient la tele sur cette plaque, I'entouraient
sabaoth *. Les magistrals I'arreterent et I'en- de cierges, adoraient cette sorte d'idole et en
voyerent au parlement, ou, son proces ayant ete tiraient des reponses^ Voy. Magie.
instruit, il fut condamne, la 25 janvier 1657, Les rois idolatres d'Israel et de Juda se livre-
comme blasphemateur et seducteur du peuple, a rent a 'la necromancie. Saiil y eut recours lors-
avoir la langue percee avec un fer chaud et le qu'il voulut consulter I'ombre de Samuel. L'Eglise
front marque de la lettre B (blasphemateur) a ,
a toujours condamne ces abominations. Lorsque
etra ensuite reconduit a Bristol , ou il rentrerait Constantin , devenu Chretien ,
permit encore aux
a cheval ayant la visage tourne vers la queue
,
:
paiens de consulter leurs augures, pourvu que
ce qui fut execute a la lettre, quoique ce fou ce fut au grand jour, il na lolera ni la magie
miserable eut desire paraitre sur un ane. Naylor noire ni la necromancie. Julien se livrait a cette
fut ensuite enferme pour le reste de ses jours pratique execrable.
mais on I'elargit un peu plus tard et il ne cessa ,
II restait, au moyen age, quelques traces

1 Nous traduisons le Dieu des armees; mais Deus ' Leloyer. Histoire des spectres ou apparitions des
sabaoth veut dire le Dieu des phalanges celestes. esprits, liv. V, p. 544.
. ,, ,

NEF - Lm —
de la necromancie dans I'epreuve du cercueil. de Babel, et voyant, disent les auteurs arabes,
Neffesoliens secte de mahometans qui pre-
, que cette tour, a quelque hauteur qu'il I'eut fait
tendent etre nes du Saint-Esprit c'est-a-dire , elever, etait encore loin d'atteindre au ciel, il

sans operation d'iiomme ce qui les fait tene-


: imagina de s'y faire transporter dans un panier
ment venerer qu'on ne s'approche d'eux qu'avec par quatre enormes vautours. Les oiseaux I'em-
reserve. On pretend qu'un malade guerit pour porterent en effet lui et son panier, mais si haut
peu qu'il puisse toucher un de leurs cheveux. et si loin que depuis on n'entendit plus parler
Mais Delancre dit que ces saints homines sont au de lui.
contraire des enfants du diable, qui tachent de Nenufar, plante aquatique froide, dont voici
lui faire des proselytes* et c'est le plus pro-
; un effet Un couvreur travaillait en ete sur une
:

bable. maison, a I'une des fenetres de laquelle le maitre


Nega. « Tu as fait un voeu a sainte Nega. » uvait un flacon d'eau de fleurs de nenufar a puri-
Expression des bandits corses. Cette sainte n'est fier au Le couvreur, etant echauffe et altere,
soleil.

pas dans le calendrier mais chez ces bandits


; , prit le flacon etbut de cette eau il s'en retourna ;

1
se vouer a sainte Nega , c'est nier tout de parti chez lui avec les sens glaces. Au bout de quel-
pris^. ques jours, surpris de son refroidissement, il se
N6gation. La preiniere negation a ^te faite crut ensorcele. II se plaint du maleflce qu'on lui
par Satan, qui a donne un insolent dementi a a fait. Le maitre de la maison examine son flacon
'
Dieu ineme. La plus affreuse negation dans ce et le trouve vide. II reconnait aussitot d'ou vient
monde est celle des insenses qui nient Dieu. La le malefice , console le couvreur en lui faisant

mort les eclairera malheureusement trop tard. boire du vin de gingembre conflt et toutes choses
Negres. II est demontre que les negres ne propres a le rechauffer. II le retablit enfin et fit
sont pas d'une race differente des blancs comme , cesser ses plaintes*.
I'ont voulu dire quelques songe-creux; qu'ils ne Nephelim, nom qui signifie egalement geants
sont pas non plus la posterite de Cain, laquelle ou brigands. Aussi est-ce celui que I'Ecriture
a peri dans le deluge. Les hommes, cuivres en donne aux enfants nes du commerce des anges
Asie, sont devenus noirs en Afrique et blancs avec les fiUes des hommes. Selon I'auteur du
dans le Septentrion et tous descendent d'un
; livre d'Enoch, les nephelim etaient fils des geants.
seul couple. Les erreurs, plus ou moins inno- Nequam pretendu prince des magiciens a
,
,

centes, des philosophes a ce sujet ne sont plus qui les chroniques mayengaises attribuent la fon-
admises que par les ignorants. Les sorciers ap- dation de Mayence.
pelaient quelquefois le diable le grand negre. Un Ner ou Nere. C'est le nom que Ton donne en
jurisconsulte dont on n'a conserve ni le nom ni Perse aux genies males de la race des Dives. lis

le pays, ayant envie de voir le diable, se fit con- sont tres-mechants. Les plus renommes de ces
duire par un magicien dans un carrefour peu fre- dives pour leur ferocite sont Demrousch-Nere
quente, ou les demons avaient.coutume de se Sehelan-Nere ,
Mordach-Nere, Cahamerage-Nere.
reunir. II apergut un grand negre sur un trone lis ont fait la guerre aux premiers monarques de
eleve, entoure de plusieurs soldats noirs amies rOrient (dans les temps fabuleux). Tahmuras les
de lances et de batons. Le grand negre, qui etait a vaincus et enchaines dans des cavernes bien
le diable, demanda au magicien qui il lui arae- closes^.
nait. —
Seigneur, repondit le magicien, c'est un Nergal, demon du second ordre, chef de la
serviteur fidele. —
Si tu veux me servir et m'ado- police du tenebreux empire, premier espion de
rer, dit le diable au jurisconsulte, je te ferai as- Belzebuth, sous la surveillance du grand justi-
seoir a ma droite. Mais le proselyte, irouvant la cier Lucifer. Ainsi le disent les demonomanes.
cour infernale plus triste qu'il ne I'avait espere Toutefois Nergal ou Nergel fut une idole des
fit le signe de la croix, et les demons s'eva- Assyriens il parait que dans cette idole ils ado-
;

nouirent^ raient le feu.


Les negres font le diable blanc. Neron, empereur remain, dont le nom odieux
Nekir. Voy. Monkir. est devenu la plus cruelle injure pour les mau-
Nembroth un des esprits que les .magiciens
, vais princes. II portait avec lui une petite statue
consultent. Le mardi lui est consacre et on I'e voque ou mandragore qui lui predisait I'avenir. On rap-
ce jour-la il faut, pour le renvoyer, lui jeter une
:
porte qu'en ordonnant aux magiciens de quitter
pierre ; ce qui est facile. I'ltalie il comprit sous le nom de magiciens les
,

Nemrod, roi d'Assyrie. Ayant fait batir la tour philosophes parce que disait-il la philosophie
,
, ,

favorisait I'art magique. Cependant il est cer-


Delancre, Tableau de I'inconst. des demons, etc.,
1 tain, disent les demonomanes, qu'il evoqua lui-
liv. Illp. 231
, meme les manes de sa mere Agrippine ^
^ P. Merimee, Colomba.

3 Legenda aurea Jacobi de Voragine, leg. lxiv. 1Saint- Andre, Lettres sur la magie.
Voyez sur les negres les Legendes de I'Ancien Tes- 2 D'Herbelot, Bibliotheque orientale , art. Div.
tament, Pi 84i 3 Suetone, Vie de NerOn, ch. xxiv.
,

NET — 4 32 — NIF

Netla. Voij. OrtTiE. I


et les rivieres de la Scandinavie ou il souleve ,
j

Netos, genies malfaisants aux Moluques. lis des lempetes et des ouragans. II y a dans I'ile
onl pour chef Lanthila. de Rugen un lac sombre dont les eaux sont
Neuf. Ce nombre est sacre chez differents troubles et les rives couvertes de bois epais. C'est !

peiiples. Les Chinois se prosLernent neiif fois aime a tourmenter les pecheurs en faisant
la qu'il

devant leur empereur. En Afrique, on a vu des chavirer leurs bateaux et en les langant quelque-
princes, superieurs aux autres en puissance, exi- fois jusqu'au sommet des plus hauls sapins. Du
ger des rois leurs vassaux de baiser neuf fois la Nickar scandinave sont provenus les hommes
poussiere avant de leur parler. Pallas observe d'eau et les femmes d'eau, les nixes des Teutons.
que les Mogols regardent aussi ce nombre comme II n'en est pas de plus celebres que les nymphes
tres-auguste , et I'Europe n'est pas exempte de de I'Elbe et Avant I'etablissement du
de la Gaal.

cette idee. Christianisme, les Saxons qui habitaient le voisi-


Neuhaus (Femme blanche de). Voij. Femmi'S nage de ces deux Ileuves adoraient une divinite
BLANCHES. du sexe feminin, dont le temple etait dans la
Neures ou Neuriens, peuples de la Sannatie ville de Magdebourg ou Megdeburch (ville de la

europeenne qui pretendaient avoir le pouvoir de jeune fille) et qui inspira toujours depuis une
,

se meiainorphoser en loups une fois tons les ans," certaine crainte comme la naiade de I'Elbe. Elle
et de reprendre ensuite leur premiere forme. apparaissait a Magdebourg, ou elle avait cou-
New-Haven. La barque de la fee de New- lume d'aller au marche avec un panier sous le
Haven apparait, dil-on, sur les mers avant les
naufrages au nouveau monde. Cette tradition
prend sa source dans une de ces apparitions
merveilleuses et inexplicables qu'on suppose
etre occasionnees par la refraction de I'atmo-
sphere, cumme le palais de la fee Morgane, qui
brillc au-dessus des eaux dans la bale de Mcssine.
Niais est un adjectif qui vient de nier et ceux ;

qui nient n'en doivent pas etre bien fiers.


Nibrianes. Les nibrianes sont les fees des
Napolitains. II y en a une attachee a chaque mai-

son; et ceux qui I'occupent offensent la n^briane


s'ils se plaignent de lour logis. C'est la sans doute

une invention de proprietaires.


Nickar ou Nick. D'apres la mythologie scan-
dinave source principale de toutes les croyances
,

populaires de I'AUemagne et de I'Anglelerre


bras elle etait pleine de grace, propre, et au
:

premier abord on I'aurait prise pour la fille d'un


bon bourgeois mais les malins la reconnais-
;

saient a un petit coin de son tablief, toujours


humide, en souvenir de son origine aquatique*.
Chez les Anglais, les matelots appellent le

diable le vieiix Nick.


Nicksa. Voy. Nixas.
Nicolai. Voy. Hallucination.
Niddegre superieur de magie que les Islan-
,

dais comparaient a leur seidur ou magie noire.


Cette espece de magie consistait a chanter un
charme de maledictions contre un ennemi.
Nider (Jean), savant dominicain mort en
IWO. Son Formkarium contient sur les posses-
sions des faits curieux.
Niflheim (Abime), nom d'un double enfer
chez les Scandinaves. lis le plagaient dans le

neuvieme monde ; suivant eux , la formation en


avait precede de quelques hivers celle de la

Odin prend nom de Nickar ou Hnickar lors- terre. Au milieu de cet enfer, dit I'Edda,
le y a il

qu'il agit comme principe destructeur ou mau- une fontaine nommee Hvergelmer. De .la coulent
vais genie. Sous ce nom et sous la forme de Traditions populaires du Nord. {Revue britan-
1

Mpic, cheval-diable d'Ecosse, il habite les lacs nique, 1837.)


; ,,

NIG — 493 — NOM


les fleuves suivants I'AngoissG, rEnnenii de la
: et possede une grande portion de sa puissance.
Joie, le Sejour de la Mort, la Perdition, le Gouf- Le malelot anglais, qui semble ne rien craindre,
fre, la Tempete, le Tourbillon le Rugissement, , avoue la terreur que lui inspire cet etre redou-
* le Huiieinent, le Vaste; celui qui s'appelle le table, qu'il rcgarde comme I'auteur des diffe-
Bruyant coule pres des grilles du Sejour de la rentes calamiles auxquelles sa vie precaire est
'"I
Mort. Get enfer est une espece d'hotellerie ou •conlinuellement en butte. ,

* si Ton veut, une prison dans laquelle sont dele- Noals (Jeanne) , sorciere qui fut brulee par
nus les homines laches ou paciliques qui ne peu- arret du parlement de Bordeaux, le 20 mars
")
vent defendre les dieux inferieurs en cas d'atta- 1619, pour avoir cheville le moulin de Las-Cou-
que imprevue. Mais les habitants doivent en dourleiras, de la paroisse de Vegenne. Ayant
s ;
sortir au dernier jour pour etre condamnes ou porte un jour du ble a moudre a ce moulin avec
111
absous. C'est une idee tres-imparfaite du purga- deux autres femmes, le meunier, Jean Destrade,
i-
toire. les pria d'attendre que le ble qu'il avait deja
« Nigromancie , art de connaitre les choses depuis plusieurs jours fut moulu; mais elles s'en
'
cachees dans les endroits noirs , tenebreux allerent mecontentes, et aussilot le m.oulin se
I
comme les mines, les petrifications souterrai- trouva cheville de fagon que le meunier ni sa
,

'j nes, etc. Ceux qui faisaient des decouvertes de femme n'en surent trouver le deiaut. Le mailre
ce genre evoquaient les demons et leur comman- du moulin ayant ete appele, il s'avisa d'y amener
dment d'apporter les tresors caches. La nuit etait ladite sorciere, qui, s'etant mise a genoux sur
particulierement destinee a ces evocations, et i'engin avec lequel le meunier avait coutume

!
c'est aussi durant ce temps que les demons exe- d'arreter I'eau, fit en sorte qu'un quart d'heure
cutaient les commissions dont ils etaient charges. apres le moulin se remit a moudre avec plus de
Ninon de Lenclos. On conte qu'elle dut de Vitesse qu'il n'avaiL jamais fait ^
conserver une certaine beaute, trop vantee, jus- Nodier (Charles), spirituel auteur de Trilby
"
qu'a I'age de quatre-vingts ans, a certain pacte ou le luUii d'Argail (Argyle), et de beaucoup
qu'elle fit avec le diable ,
lequel lui avait apparu, d'ecrits charmants oi^i les fees et les follets tien-
dans un moment de vanite, sous les traits d'un nent poetiquement leur personnage.
nain vetu de noir. On ajoute qu'a I'heure de sa Noe. Les Orientaux ont charge de legendes
mort elle vit aux pieds de son lit le nain qui merveilleuses I'histoire de ce patriarche ^.
I'attendait Noel (Jacques) pretendu possede et peut-
,

Nirudy ou Nirondy, roi des demons malfai- etre obsede, qui fit quelque bruit en 1667. 11
sants chez les Indiens. On le represente porte etait neveu d'un professeur de philosophie au

s'ur les epaules d'un geant et tenant un sabre a college d'Harcourt, a Paris. 11 s'imaginait sans
la main. cesse voir des spectres. II etait sujet aux convul-
Nis et Nisgodreng, lutins danois de I'espece sions epileptiques, faisait des grimaces, des con-
des Cluricaunes. t^oy. ce mot. torsions, des cris et des mouvements extraordi-
Nisses, petites fees en Ecosse. naires. On le crut demoniaque, on I'examina ; il

Nitoes demons ou genies que les habitants


,
pretendit qu'on I'avait maleficie, parce qu'il n'a-
des lies Moluques consul tent dans les affaires vait pas voulu aller au sabbat. II assura avoir vu
importantes. On se rassemble, on appelle' les le diable plusieurs fois en differentes formes
demons au son d'un petit tambour, on allume On finit par decouvrir qu'il etait fou.
des flambeaux, et I'esprit parait, ou plutot un de Noh, nom du premier homme selon les Hot-

ses ministres; on I'invite a boire et a manger, et, tentots. pretendent que leurs premiers pa-
Ils

sa reponse faite, I'asserablee devore les restes du rents entrerent dans le pays par une porte ou
festin. par une fenetre; qu'ils furent envoyes de Dieu
Nixas ou Nicksa dieu d'une riviere ou de ,
meme et qu'ils comrauniquerent a leurs enfants
,

rOcean, adore sur les bords de la Baltique, pa- I'art de nourrir les bestiaux, avec quantite d'au-
rait incontestablement avoir tons les attribnts tres connaissances.

de Neptune. Parmi les vents brumeux et les Noix. Un grand secret est renferme dans les
epouvantables tempetes de ces sombres contrees, noix car si on les fait bruler, qu'on les pile et
;

ce n'est pas sans raison qu'on I'a comme


choisi qu'on les mele avec du vin et de I'huile, elles
la puissance la plus contraire a rhomme, et le entretiennent les cheveux et les empechent de
caraclere surnaturel qu'on lui a attribue est tomber ^
parvenu jusqu'a nous sous deux aspects bien dif- Nomancie, divination par lesnoms et par les
ferents. La Nixa des Germciins est une de ces
aimables fees noramees Naiades par les anciens
,
1 Delancre, Incredulite et mecreance de la divina-
le vieux Nick (le diaWe en Angleterre) est un
tion,, du sortilege, etc., tr. VI, p. 3'18.
2 Voyez ces legendes dans les Legendes de I'Ancien
veritable descendant du-dieu de la mer du Nord,
Testament.
3 Lettres de Saint-Andre sur la magic , etc.
^ Voyez son aventure dans les Legendes infernales. * Albert le Grand, p. 199.
NOM — m— NOY
lettres qui les composent. C'est la meme science regarderent comme un visionnaire, les aulres
que I'onoinancie. Voy. ce mot. imaginerent qu'il avait commerce avec le diable,
Nombre deux. Depuis PyLhagore qui avail ,
d'autres qu'il etait veritablement prophete. Le
regards le nombre deux comma representant le plus grand nombre des gens senses ne vit en
mauvais principe, ce nombre etaitaux yeux de lui qu'un charlatan qui n'ayant pas fait fortune ,

ritalie le plus malheureux de tous; Platon, imbu a son metier de medecin cherchait a mettre a ,

de cette doctrine comparait le nombre deux a


,
profit la credulite du peuple. La meilleure de ses
Diane, toujours sterile, et partant peu honoree. visions est celle qui lui annonga qu'il s'enrichi-
Cost d'apres le meme principe que les Romains rait a ce metier. 11 fut comble de biens et d'hon-
avaient dedie a PhUon le deiixieme mois de I'an- neurs par Catherine de Medicis, par Charles IX
nee et le deuxieme jour du mois; parce que tout et par le peuple des petits esprits. Le poete Jo-
ce qui etait de mauvais augure lui etait speciale- delle fit ce jeu de mots sur son nom :

ment consacre.
Nostra damns cum falsa damus, nam fallere nostrum est;
Diverses croyances s'attachaient a quelques Et cum falsa damus, nil nisi nostra damus.
autres n ombres. Voy. Neuf, etc.
Nonos ,
genies malfaisants, que les Indiens des Ce n'est point merveille, ditNaude, si, panni
lies Philippines placent dans des sites extraordi- le nombre de mille quatrains , dont chacun parle
naires entoures d'eau ; ils ne passent jamais dans toujours de cinq ou six choses differenles, et
ces lieux ,
qui remplissent leur imagination d'ef- surtout de celles qui arrivent ordinairement, on
froi , sans leur en demander permission. Quand rencontre quelquefois un hemistiche qui fera
ils sont attaques de quelque infirmite ou mala- mention d'une ville prise en France, de la mort
die-, ils'portenta ces genies, en forme d'offrande, d'un grand en Italie, d'une peste en Espagne,
du riz du vin du coco et le cochon qu'on
, ,
, d'un raonstre, d'un embrasement, d'une victoire
donne ensuite a manger aux malades. ou de quelque chose semblable. Ces propheties
Nornes, fees ou parques chez les Celtes. Elles ne ressemblent a rien mieux qu'a ce Soulier de
dispensaient les ages des hommes , et se nom- Theramene ,
qui se chaussait indifferemment par
maient Urda (le passe), Verandi (le present) et toutes sortes de personnes. Et quoique Chavi-
Skalda (I'avenir). gny, qui a tant reve la-dessus, ait prouve, dans
Norsgubb, le Vieux du Nord ou des Norses. son Jamts franrais, que la plupart des predic-
C'est le noni populaire du diable en Suede. tions deNostradamus etaient accomplies au com-
Nostradamus (Michel), medecin et astro- mencement du dix-septieme siecle on ne laisse ,

logue, ne en 1503 a Saint-Remi en Provence ,


pas neanmoins de les remettre encore sur le
mort a Salon en 1566. Les talents qu'il deploya lapis. II en est des propheties comme des alma-
pour la guerison de plusieurs maladies qui afili- nachs; les idiots croient a tout ce qu'ils y lisent,
geaient la Provence lui attirerent la jalousie de parce que sur mille mensonges ils ont rencontre
ses collegues; il se retira de la societe. Vivant une fois la verile. Nostradamus est enterre a
seul avec ses livres, son esprit s'exalta au point Salon ; il avait predit de son vivant que son lorn-
qu'il crut avoir le donj'de connaitre I'avenir. II beau changerait de place apres sa mort. On I'en-
terra dans I'eglise des Cordeliers, qui fut de-
truite. Mors le tombeau se trouva dans un champ,
et le peuple est persuade plus que jamais qu'un
homme qui predit si juste merite au moins qu'on
le croie
Notarique , une des trois divisions de la ca-

bale chez les Juifs. Elle consiste a prendre ou


chaque letlre d'un mot pour en faire une phrase
enliere ou les premieres lettres d'une sentence
,

pour en former un seul mot.


Noyes. Lesmarins anglais etamericains croient
que retirer un noye et I'amener sur le pont d'un

' De Thou rapporte que le fils de Nostradamus se


disait herilier du don de son pere, et se melait de
predire comme lui. Lorsqu'on assiegeait le Poussin,
en Dauphine interroge par Saint-Luc sur le sort qui
ecrivit ses predictions dans un style enigmati-
,

attendait le Poussin, il lui repondit « II perira : —


que; pour leur donner plus de poids, il les
et par le feu. » —
Pendant que les soldats pillaienl la
mit en vers. II en composa autant de quatrains, place, continue rhistorien, le fils du prophete y mil
lui-meme le feu en plusieurs endroits, afin que sa
dont il publia sept centuries a Lyon en 1555. Ce
prediction fut accomplie. Mais Saint-Luc, irrite de
recueil eut une vogue inconcevable on prit parti ;
cette action poussa son cheval centre le jeune astro-
,

pour le nouveau devin les plus raisonnables le


; logue qui en fut foule aux pieds.
NUI — 495 — NUM
navire qui va appareiller, c'est, si le noye y perstitieuse des Flamands ait entoure de plus
meurt, on mauvais presage, qui aniionce des grandes terreurs que le I" novembre. Les morts
j
maltieurs et le danger de perir. Superstition in- sortent a minuit de leurs tombes pour venir, en
! humaine. Aussi laissent-ils les noyes a I'eau. longs suaires, rappeler les prieres dont ils ont
Void une legende qui a ete racontee par le besoin aux vivants qui les oublient. La sorciere
poete OEhlenschloesger. Ce n'est point une le- et le vieux berger choisissent cette soiree pour
gende, c'est un drame de la vie reelle. Un pauvre exercer leurs redoutables maleOces. L'ange Ga-
juatelot a perdu un fils dans un naufrage et la , briel souleve alors pour douze heures le pied
,
douleur I'a rendu fou. Chaque jour il monte sur sous lequel il demon caplif, et rend a
retient le
cet infernal ennemi des hommes le pouvoir mo-
mentane de les faire souffrir. D'ordinaire , la de-
solation de la nature vient encore ajouter aux
terreurs de ces croyances; la tempete mugit, la
neige tombe avec abondance, les torrents se
gonflent et debordent enfin la souffrance et la
;

mort menacent de toutes parts le voyageur K


Numa-Pompilius second roi de Rome. II
,

donna a son peuple des lois assez sages, qu'il


disait tenir de la nympbe Egerie. II marqua les
jours heureux et les jours malheureux etc. ^ ,

Les demonomanes font de Numa un insigne


enchanteur et un profond magicien. Cette nym-
phe, qui se nommait Egerie, n'etait autre chose
qu'un demon qu'il s'etait rendu familier, comme
e'tant un des plus verses et mieux entendus qui
aient jamais existe en revocation des diables.
Aussi tient-on pour certain dit Leioyer, que ce ,

ful par I'assistance et I'industrie de ce demon

barque et s'en va en pleine mer; la; il frappe qu'il fit beaucoup de choses curieuses pour se
I
sa
a grands coups sur un tambour, et il appelle son mettre en credit parmi le peuple de Rome qu'il ,

nis a haute voix : — Viens, lui dit-il , viens ! sors


voulait gouverner a sa fantaisie. A ce propos,
de ta relraite, nage jusqu'ici, je te placerai a Denys d'Hahcarnasse raconte qu'un jour, ayant
cote demoi dans mon bateau et si tu es mort, ;
souper bon nombre de citoyens il leur
invite a ,

je te donnerai une tombe dans le ciinetiere, une


fit servir des viandes simples et communes en
tombe entre des fleurs et des arbustes; tu dor- peu somptueuse mais des qu'il eut
vaisselle ; dit

miras raieux la que dans les vagues. Mais le mal- un mot, sa diablesse le vint trouver, et tout in-

heureux appelle en vain et regarde en vain. continent la salle devint pleine de raeubles pre-

Quand nuit descend cieux, et les tables furenl couvertes de toutes


la , il s'en retourne en di-
sant : — J'irai demain plus loin , mon pauvre fils
sortes de viandes exquises et delicieuses. II etait

ne m'a pas enlendu ^ si habile dans ses conjurations ,


qu'il forgait Jupi-

Nuit des trepasses. De tous ter a quitter son sejour el a venir causer avec
les jours de
lui. Numa-Pompilius grand sorcier et'
fut le plus
le plus fort magicien detous ceux qui ont porte
couronne, dit Delancre; il avait encore plus de

H. Berthould La nuit de la Toussaint.


^ ,

Entre autres choses, 11 presenta aux Remains,


2

un jour, un certain bouclier (qu'on nomma ancile ou


ancilie) et qu'il dit etre tombe du ciel pendant une
peste qui ravageait I'ltalie il pretendit qu'a la con-
;

servation de ce bouclier etaient attachees les des-


tinees de I'empire romain important secret qui lui
,

avait ete revele par Egerie et les Bluses. De peur


qu'on n'enlevat ce bouclier sacre, il en fit faire onze
autres, si parfaitement semblables, qu'il etait impos-
sible de les distinguer du veritable, et que Numa
lui-meme fut dans I'impossibilite de le reconiiaitre.
Les douze boucliers etaient echancres des deux cotes.
Numa en confia la garde a douze pretres qu'il in-
stitua pour cet efTet, et qu'il nomma Saliens -ou
Agonaux. Mammurius, qui avait fait les onze copies
I'annee , il n'en est point que I'imagination su- si habilement, ne voulut d'autre recompense de son
travail que la gloire de I'avoir convenablement exe-
1 Marmier, Traditions des herds de la BaUique. cute.
NUR 496 NYM
dines ou nixes, le principe diabolique fait lou-
poiivoir sur les diables que sur les hommes. 11
jours partie de leur essence : I'esprit du mal n'est
composa des livres de magie qa'on brula qiialre
cenis ans apres sa inort... Voij. Egerie.
Nursie, au royaume de Naples. La etait la
grolLe de la Sibylle, remplacee au moyen age
par des sorcieres qu'on allait consiilter.
Nybbas, demon d'un ordre inferiour, grand

paradiste de la cour infernale, II a aussi TinLen-


dance des visions et des songes. On le traile avec
assez pen d'egards le regardant comme bateleiir
,

et charlatan.
Nymphes, demons femelles. Leur nom vient
de la beauLe des formes sous lesquelles ils se Kymplics.

montrent. Chez les Grecs, les nymphes, tres-ho-


oouvert que d'un voile plus ou moius transpa-
norees, elaient partagees en pkisieurs classes :

rent, et tot ou tard la parente de ces beautes


les melies suivaient les personnes qu'elles vou-
mysterieuses avec Satan devient manifeste. Une
laient favoriser ou troraper; elles couraient avec
une Vitesse inconcevable. Les nymphes genetyl-
lides presidaient a la naissance, assistaient les
enfants au berceau, faisaient les fonclions de
sages-femmes , et leur donnaientmeme la nour-
riture. Ainsi Jupiter fut nourri par la nymphe
Melisse, etc. Ce qui prouve que ce sont bien des
demons, que les Grecs disaient qu'une per-
c'est
sonne remplie de nymphes pour dire qu'elle
etait

etait possedee des demons. Du reste, les caba-


listes pensenl que ces demons habilent les eaux,
ainsi que les salamandres habitent le feu, les
sylphes Fair, et les gnomes ou pygmees la terre.
Voij. Ondins.
Nymphe de I'Elbe. Pretorius, auleur esti-
mable du seizieme siecle, raconte que la nymphe
de I'Elbe s'assied quelquefois sur les bords du
fleuve, peignant ses cheveux a la maniere des
sirenes. Une tradition semblable a celle *que
Walter Scott a mise en scene dans la Fiancee de
Lamermoor avait cours au sujet de la sirene de
I'Elbe elle est rapportee tout au long par les
;
mort inevitable est le partage de quiconque se
freres Grimm, dans leur Recueil de legendes ger- laisse seduire par Des auteurs pretendent
elles.

maniques. Quelque belles que paraissent les on- que les dernieres inoiidations du Valais furent
. ,

NYIN — 407 — OBE


caiisees par des demons qui , s'ils ne sont. pas donne audit diable, sous promesse qu'il aurait
des nickars on des nixes, sont du moins de na- des richesses et serait bien heureux au monde
ture amphibie. II y a pres de la vallee de Bagnes « et lui baiila pour gage sa ceinture partie de ,

une montagne ou les demons font le sab-


fatale ses cheveux et apres sa mort un de ses pouces.
,

bat. En I'annee 1818, deux freres mendiants de Ensuite le diable le marqua sur I'epaule; il lui
Sion, prevenus de cette assemblee illegale, gra- commanda de donner des maladies, de faire
virent la campagne pour verifier le nombre et mourir les honimes et les bestiaux de faire perir ,

les intentions des delinquanls. Un diable , I'ora- les fruits au nom


par des poudres qu'il jetterait
teur de la troupe ,
s'avanga. — Reverends freres, de Satan. II avoua encore que le diable I'avait
dit-il , nous sommes ici une armee telle que, si fait danser au sabbat avec les autres sorciers

on divisait entre nous a parts egales tous les gla- ayant chacun une chandelle, et que quand le
ciers et tous les rochers des Alpes, nous n'en diable se retirait enfin eux lous se trouvaient ,

aurions pas chacun une livre pesant * transportes dans leurs maisons. » Vingt-huit te-
Nynauld (Jean de) , auteur d'un livre intitule moins confrontes soutinrent que le vicomte de
De la Lycanthropie , transformation et extases des Brosse avait la reputation de sorcier, et qu'il
sorciers. Paris, 1615, in-B". avait fait mourir quatre hommes et beaucoup de
Nyol, vicomte de Brosse, poursuivi comme bestiaux 11 fut condamne.

sorcier a la fin du seizieme siecle. II confessa Nypho ou Nyphus (Augustin), sorcier italien,
qu'ayant entendu dire qu'on brulait les sorciers, qui avait un demon familier et barbu dit Delan- ,

il avait quitte sa maison et en etait demeure cre ^, lequel demon lui apprenait toutes choses.
longlemps absent. Ses voisins, I'ayant suivi, I'a- II a fait un livre Des divinations imprime a la ,

vaient trouve dans une etable de pourceaux ils ; suite de I'explication des songes par Artemidore.
I'interrogerent sur differents maleflces dont il Voij. Arti;;midore.

etait accuse; il reconnut qu'il etait alle une fois Nysrock, demon du second ordre, chef de
au sabbat, a la croix de la Motte ou il avait vu , cuisine de Belzebuth ,
seigneur de la delicate len-

le diable en forme de chevre noire qu'il s'etait ;


tation et des plaisirs de la table.

-ooo-

0
Oannes ou Oes, monstre moitie homme et mystique, ne en 1725, a Arbon en Suisse, et
i

moitie poisson, dans les vieilies mythologies de mort en 1798. Son pere avait eu le meme gout
i

rOrient; venu de la mer egyptienne, il sortait pour I'alchimie, qu'il appelait I'art de perfec-
]

de I'cEuf primitif, d'oi^i tous les autres etres avaient tionner les
I metaux par la grace de Dieu. Le lils

ete tires. II parut, dit Berose ,


pres d'un lieu voulut profiler des legons que
'

lui avait laissees


voisin de Babylone. II avait une tete d'homme le vieillard;
1 comme sa familie etait reduite a I'in-
sous une tete de poisson. A sa queue etaient digence
( , il dans son labo-
travailla sans relache
joints des pieds d'homme et il en avait la voix
, ratoire
i mais I'autorile vint le former, comme
;

et la parole. Ce monstre demeurait parmi les dangereux pour la surele publique. Cependant il
(

hommes sans manger, leur donnait la connais- reussit a prouver que ses operations ne pouvaient
i

sance des leltres et des sciences, leur enseignait nuire, et il s'elablit chez un frere de Lavater.
i

les arts, I'arithmetique, I'agriculture; en un mot, Depuis dix-huit ans, Jacques (qui etait fou),
i

tout ce qui pouvait contribuer a adoucir les connaissait, disait-il, une personne -qu'il nomme
i

moeurs. Au soleil couchant , il se retirait dans la Thettntis, bergere seraphiqiie ; il I'epousa dans
mer sous les eaux. C'etait un
et passait la nuit un chateau, sur une montagne entouree de nua-
poisson comme
on n'en voit guere. ges. « Notre mariage, dit-il, n'etait ni platonique
i

Ob, demon des Syriens, qui etait, a ce qu'il ni epicurien, c'etait un etat dont le monde n'a
parait, ventriloque. II donnait ses oracles par le aucune idee. » Elle mourut au bout de trente-
.

derriere, organe qui n'est pas ordinairement des- six jours et le veuf se souvenant que Marsay,
, ,

tine a la parole et toujours d'une voix basse et


, grand mystique de ce temps, avait entonne un
;

sepulcrale, en sorte que celui qui le consultait cantique de reconnaissance a la mort de sa femme,
ne I'entendait souvent pas du tout, ou plutot chanta a gorge deployee durant toule la nuit
>

enlendait tout ce qu'il voulait.


Obereit (Jacques Hermann), alchimiste el 1 Rikius, Discours sommaire des sortilegeS) vend'
/ices, idolatries, etc.
1 Traditions populaires du Nord. {Revue hritan- 2 Tableau de I'inconstance des mauvais anqes, etc.,
nique, 1837.) liv. V, p. /*14.
32
OBE — /t98
— OBE
du deces de la sienne. 11 a publie, en 1776, a de quinze livres, parlies le plussouvent de I'in-
Augsbourg, un traile de la Connexion originaire terieur de la maison ou ces pierres ne se troii-
des esprils et des corps, d'apres les principes de vaient pas, qui brisaient la vaisselle, cassaienL
Newton. On Ini doit aussi les Promenades de Ga- les pots et jetaienl rudement a la lete des assis-

maliel, juif philosophe , 1780. en fer, lesquelles arrivaient


tants les cuillers a pot
Obergemeiner, proprietaire a Munchhof, pres violemment a leur but, mais sans causer le moindre
de Gratz d'une maison qui fut infeslee en jan-
, , mal , au conlraire des pierres qui brisaient les
vier 1821, de mains invisibles ou de precedes vitres. Le seau plein d'eau s'enlevait tout seul
inexplicables qui, malgre la surveillance de trente au plafond; les plats volaient et faisaient des
hommes arines langaient aux fenelres des pierres
,
courbes. On n'a pu avoir explication de ces phe-

Oberon, roi des fees et desfanLomes aeriens.


II joue un grand role dans la poesie anglaise;

c'est I'epoux de Titania. lis habilent I'lnde; la

nuit, franchissent les mers et viennenl dans


ils

nos climats danser au clair de la lune; ils re-


doutent grand jour et fuient au premier rayon
le

nomenes, mentionnes et decrils longuement dans du soleilou se cachent dans les bourgeons des
,

la Mystique de Gorres *. arbres jusqu'au retour de robscurite. Oberon est


le sujet d'un poeme celebre de Wieland.

1 Chapitre xx du livre V. Obesdik. Du temps des hussites, un brigand


,

OBS — 499 — ODl


norameObesslikserendil a la justice, qui le pour- Obsequens (Julius). 11 a laisse un livre des
suivait depuis longLemps; mais i! se rendit a prodiges dont une partie est perdue.
,

condition qu'on epargnat son sang. II fut done Occultes. On appelle sciences occultes la
condanine a mourir de faiin et descendu dans le magie , la necromancie , la cabale , I'alchimie et
gouffre de Maczocha avec une cruche d'eau et un toutes les sciences secretes.
seul pain. Le pain fut bientot devore, la cruche Ochosias, roi d'Israel, mort 896 ans avant
d'eau bientot videe. Mors commenga pour lui notre ere. II s'occupait de magie et consultait
cette horrible agonie dont on pent se faire une Belzebuth, honore a Accaron. 11 eut une fm
idee apres avoir lu I'episode d'Ugolin dans le miserable.
Dante. La mort lente s'approchait avec le deses- Oculomancie, divination dont le but etait de
poir, lorsque tout a coup le condamne entendit decouvrir un larron, en examinant la maniere
un sifllement etrange dans I'air et vit en levant , dont il tournait I'oeil, apres cerlaines ceremonies
les yeux, un dragon aile qui plongea a grands superstitieuses.
coups d'aile dans le precipice. Obesslik, qu'e- Oddo. Voy. Kalta.
pouvanlait I'idee que ce dragon le devorerait, Oddon, pirate flamand des temps anciens,
ramassa le reste de ses forces se recula dans , qui voguait en haute mer par magie sans esquif ,

une crevasse de la paroi prit une pierre et la ni navire.


jeta vers le dragon, qui fut atteint sous le ventre, Od-esprit. M. Gagne, qui est un des adeptes
seul endroit qui n'etait pas protege par des du spiritisme, croit avoir decouvert dans I'at-
ecailles comme tout le resie de son corps. Un mosphere un agent imponderable ou flottent les
sang noir sortit de la blessure du monstre, qui esprits qui nous circonviennent, et avec qui les
s'nbattit sur unedu cratere, oiiil se reposa
saillie habiles se mettent en communication. II appelle
quelque temps; une demi-heure s'ecoula ainsi, cet agent I'Od-esprit.
et, quand 11 eut repris quelques forces par le Odet, demon de la nuit, qui se montre a Or-
repos, il se releva et sortit. Ainsi delivre de son leans sous la forme d'un mulet et fait de mauvais
bote monstrueux Obesslik pensa ceci
, : tours a ceux qu'il rencontre. II est de I'espece de
« Ne pourrais-jc pas me sauver par son se- kleudde.
cours , s'il revenait ? Odeur. On voit dans tous les proces de sor-
Le lendemain, a la meme heure, le dragon cellerieque I'odeur des sorciers est abominable
redescendit dans le gouffre et se mit afouiller la ce qui ne pent surprendre, puisque leurs chefs
vase avec son bee immense pour y chercher des leur defendent de se laver. Plusieurs possedes —
viperes d'eau dont il se nourrissait. Obesslik se sont aussi tres-puants.
glissa derriere lui et se placa sur son dos ecaille. Odin, dieu des Scandinaves. Deux corbeaux
Quand le monstre se fut bien repu , il reprit son sont souvent places sur ses epaules et lui disent
vol, sans s'apercevoir qu'un homme etait sur a I'oreille tout ce qu'ils ont vu ou entendu de
lui, et sorlit du precipice. li s'eleva bien haut neuf. Odin les lache tous les jours; et, apres
dans I'air ,
portant toujours son cavalier, qui at- qu'ils ont parcouru le monde, ils reviennent le
tendait un moment tavorable pour descendre soir a I'heure du repas. C'est pour cela que ce
de son etrange coursier. Ses ailes bruissaient dieu sait tant de choses, et qu'on I'appelle le
dans le vent, et il s'abattit dans une foret voi- dieu des corbeaux. A la fin des siecles, il sera
sine, oil il se coucha sous un grand chene et mange par le loup Fenris. Les savants vous di-
s'endormit. ront que I'un de ces corbeaux est I'embleme de
Obesslik sauve reprit son ancien metier de de- la pensee; quelle pensee! et I'autre le symbole
valiseur, et plus d'une fois I'effroi se repandit de la memoire. Les deux loups qui se tiennent aux

dans la contree au recit des crimes de celui que pieds d'Odin figuraient la puissance. II y a des

Ton croyait mort dans la Maczocha. Les monta- gens qui ont admire ce mythe.
gnes de Hradi etaient surtout le theatre de ses Odin a la fois pontife conquerant monarque,
,
, ,

sanguinaires exploits. Mais il fut repris et deca- orateur et poete, parut dans le Nord, environ
pite a Olmiitz. soixante-dix ans avant Notre-Seigneur selon les
Obole, piece de monnaie que les Romains et uns plus tard selon d'autres. Le theatre de ses
,

les Grecs mettaient dans la bouche des morts, exploits fut principalement le Danemark. II avait
pour payer leur passage dans la barque a Caron. la reputation de predire I'avenir et de ressusciter
Obsedes. Dom Calmet fait cette distinction les morts. Quand il eut fini ses expeditions glo-
entre les possedes et les obsddes. Dans les posses- rieuses, retourna en Suede, et, se sentant
il

sions, dit-il, le diable parle, pense, agit pour le pres du tombeau il ne voulut pas que la ma-
,

possede. Dans les obsessions il se tient au de- , ladie tranchat le fil de ses jours, apres avoir si
hors, il assiege, il tourmente, il harcele. Saiil souvent brave la mort dans les combats. II con-
elait possdde , le diable le rendit sombre; Sara, voqua tous ses amis les compagnons de
, ses ex-
qui epousa le jeune Tobie, n'etait qw'ohsedee, le ploits; il se fit, sous leurs yeux, avec
pointc la
diable n'agissait qu'autour d'elle. Voy. Possedes. d'une lance, neuf blessures en forme de cercle;
32.
ODO — 500 — OEUF
et, au moment d'expirer, il declara qu'il allail Odontotyrannus. Voy. Serpent de mer.
dans la Scythie prendre place parmi les dieux, Odorat. Cardan ditau livre XIII de la SubtiUie
promeltant d'accueiilir un jour avec honneur dans qu'un odorat excellent est une marque d'esprit,
son paradis tous ceux qui s'exposeraient cou- parce que la qualite chaude et seclie du cerveau
rageusement dans les batailles, ou qui mour- est propre a rendre I'odorat plus subtil, et que
raient les armes a la main. Toute la mythologie ces memes qualites rendent Timagination plus
des Islandais a Odin pour principe, comme le vive et plus feconde. Rien n'est moins sur que
prouve I'Edda, traduit par Mallet, a la tete de celte assertion il n'y a point de peuple qui ait
;

son Histoire de Danemark^. Voy. Woden, Ha- si bon nez que les habitants de Nicaragua, les
KELBERG ClC. , Abaquis, les Iroquois; et on salt qu'ils n'en sont

--

Odct, d(*mon de la uuit, sous la forme d'un mulct. — I'age 499.

pas plus spirituels. Mamurra , selon Martial , ne qui n'ont pas coutume d'en agir ainsi. Quoi qu'il
consultait que son nez pour savoir si le cuivre en remonte a une tres-haute anti-
soit, cette loi
qu'on lui presentait etait de Corinthe. quite. On un passage de Pline, que les
voit, par
Les gorgones avaient un seul ceil, dont
(Eil. Remains y attachaient une grande importance.
elles se servaient tour a tour pour changer en L'oeuf etait regarde comme I'embleme de la na-
pierres tous ceux qui les regardaient. Les anciens ture, comme une substance mysterieuseet sacree.
font mention des Arimaspes, comme de peuples On etait persuade que les magiciens s'en ser-
qui n'avaient qu'un ceil , et qui etaient souvent vaient dans leurs conjurations, qu'ils le vidaient
aux prises avec les griffons, pour ravir I'or confie et tracaient dans I'inlerieur des caracteres ma-
a la garde de ces monstres. Pour le mauvais ceil, giques dont la puissance pouvait operer beaucoup
Voy. Yeux. de mal. On en brisait les coques pour detruire
(Enomancie, divination par le vin, dont on les charmes. Les anciens se contentaient quel-
considere la couleur en le buvant, et dont on re- quefuis de les percer avec un couteau et dans ,

marque les moindres circonstances pour en tirer d'autres moments de frapper trois coups dessus.
des presages. Les Perses etaient fort attaches a Les ceufs leur servaient aussi d'augure. Julie,
celte divination. filled'Auguste, etant grosse de Tibere, desirait
CEnothere, geant de I'armee de Charlemagne, ardemment un fils. Pour savoir si ses voeux se-
qui, d'unrevers de son epee, fauchait des batail- raient accomplis, elle prit un oeuf, le mit dans
lons ennemis comme on fauche I'herbe d'un pre ^ son sein, I'echauffa; quand elle etait oblige de
(Eonistice, divination par le vol des oiseaux. le quitter, elle le donnait a une nourrice pour lui
Voy. AUGURES. conserver sa chaleur. L'augure fut heureux dit ,

Oes. Voy. OANNiis. Pline elle eut un coq de son oeuf et mit au
:

(Eufs. On doit briser


coque des oeufs frais,
la monde un garcon ^
quand on les a manges
par pure civilite aussi
, ; Les druides pratiquaient , dit-on , cette super-
cet usage est-il pratique par les gens bien eleves,
dit M. Salgues'; cependant il y a des personnes ' Ciceron rapporte qu'un homme ayant r^ve qu'il
mangeait un oeuf frais alia consuiter I'interprete des
* Le livre unique, numero 9. songes, qui lui dit que le blanc d'oeuf signifiait qu'il
2 M. Salgues, Des erreurs et des prejuges, etc., aurait bientot de I'argent, et le jaune, de For. II eut
t. I, p. 416. efTectivement peu apres une succession oii il y avait
2 Des erreurs et des prejuges, t. I, p. 392. de I'un et de I'autre. II alia remercier I'interprete, et
; ,,.

OGI — 501 — OGR


stition etrange; ils vantaient fort une espece tombe, comme Frederic-Barberousse et d'autres '
d'oeuf inconnu a tout le nionde, forme en ete par Ogres. Sauf le nom, ces monstres etaient con-
une quantite prodigieuse de serpents en tor Lilies nus des anciens. Polypheme, dans VOdyssee,
ensemble qui y contribuaient tous de leur bave
,
n'est autre chose qu'un ogre on trouve des ogres ;

et de Tecume qui sortait de leur corps; Aux sif- dans les Voyages de Sindbadle marin; et un autre
fiements des serpents, I'oeuf s'elevait en I'air; il passage des Mille et une nuits prouve que les
fallait s'en emparer alors, avant qu'il touchat ogres ne sont pas etrangers aux Orientaux. Dans
la terre celui qui I'avait regu devait fuir; les
: le conte du Vizir puni, un jeune prince egare

serpents couraient tous apres lui jusqu'a ce qu'ils rencontre une dame qui le conduit a sa masure :

fussent arretes par une riviere qui coupat leur elle dit en entrant : —
Rejouissez-vous mes fils ,

chemin Ils faisaient ensuite des prodiges avec je vous amene un gargon bien fait et fort gras.
cet oeuf. — Ma man, repondent les enfants, ou est-il, que
Aujourd'hui on n'est pas exempt de bien des nous le mangions ? car nous avons bon appetil.
superstitions sur I'oeuf. Celui qui en mange tous — Le prince reconnait alors que la femme ,
qui
les matins sans boire meurt, dit-on, au bout de se disait lille du roi des hides, est une ogresse,
I'an. II ne faut pas bruler les coques des oeufs, femme de ces demons sauvages qui se retirent
suivant une croyance populaire superstitieuse, dans les lieux abandonnes et se servent de mille
de peur de bruler une seconde fois saint Lau- ruses pour surprendre et devorer les passanls,
rent, qui a ete brule sur un feu nourri de pareils comme les sirenes, qui, selon quelques mytho-
aliments ^ Albert le Grand nous apprend, dans logues , etaient certainement des ogresses. C'est
ses Secrets, que la coque d'oeuf, broyee avec du a peu pres I'idee que nous nous faisons de ces
vin blanc et bue, rompt les pierres tant des etres effroyables; les ogres, dans nos opinions,
reinsque de la vessie. tenaient des trois natures : humaine, animale et
Pour la divination par les Wanes d'ceufs, voijez infernale. lis n'aiment rien tant que la chair
OOiMANCIE, GaRUDA, OtC. fraiche ; et les petits enfants etaient leur plus de-
Og, roi de Basan. Og, selon les rabbins, etait licieuse pature. Le Drac , si redoute dans le Midi
un de ces geants qui ont vecu avant le deluge. II etaitun ogre qui avait son repaire aux bords du
s'en sauva en raontant sur le toit de I'arche ou Rhone, ou il se nourrissait de chair humaine. II
etaient Noe et ses fils. II etait si pesant, qu'on parait que cette anthropophagie est ancienne dans
fut oblige de mettre dehors le rhinoceros, qui nos contrees, car le chapitre lxvii de la loi sa-
suivit I'arche a la nage. Noe cependant fournit a lique prononce une amende de deux cents ecus
Og de quoi se nourrir, non par compassion, mais contre tout sorcier ou stryge qui aura mange un
pour faire voir aux hommes qui viendraient apres homme.
le deluge quelle avait ete la puissance du Dieu Quelques- uns font remonter I'existence des
qui avait extermine de pareils monstres. Les ogres jusqu'a Lycaon ou du moins a la croyance
,

geants vivaient longtemps. Og etait encore du oil Ton etait que certains sorciers se changeaient

monde quand les Israelites, sous la conduite de en loups dans les orgies nocturnes, et mangeaient
Moise, camperent dans le desert. Le roi de Basan au sabbat la chair des petits enfants qu'ils pou-
leur fit la guerre. Voulant d'un seul coup detruire vaient y conduire. On ajoutait que, quand ils en
le camp d'Israel, il enleva une montagne large de avaient mange une fois ils en devenaient extre- ,

six mille pas, avec laquelle il se proposait d'ecra- mement friands et saisissaient ardemment toutes
ser I'armee de Moise. Mais Dieu permit que des les occasions de s'en repaitre : ce qui est bien le
fourmis crevassent la montagne, a I'endroit oii naturel qu'on donne a I'ogre. On voit une multi-
elle posait sur la tete du geant de sorte qu'elle , tude d'horreurs de ce genre dans les proces des
tomba sur son cou en maniere de collier. Ensuite sorciers on appelait ces ogres des loups-garous
;

ses dents s'etant accrues extraordinairement, s'en- et le loup du petit Chaperon -Rouge n'est pas
foncerent dans le roc et I'empecherent de s'en autre chose. Quant a I'origine du nom des ogres,
debarrasser. Moise alors le tua, mais non sans I'auteur des Letlres sur les contes des fees de
peine ; car le roi Og etait d'une si enorrae sta- Ch. Perrault I'a trouvee sans doute. Ce sont les
ture, que Moise, qui lui-meme etait haut de feroces Huns ou Hongrois du moyen age, qu'on
six aunes, prit une hache de la meme hauteur; appelait Hunnigours, Oigours, et ensuite par cor-
et encore fallut-il qu'il fit un saut de aunes
six ruption Ogres. Les Hongrois, disait-on, buvaientle
pour parvenir a frapper la cheville du pied sang de leurs ennemis ils leur coupaient le coeur;

d'Og. par morceaux et le devoraient en maniere de


Ogier le Danois. On croit qu'il vit dans sa remede contre toute maladie. lis mangeaient
de la chair humaine, et les meres hongroises,
luidonna une piece d'argent. L'interprete, en le re- pour donner a leurs enfants I'habitude de la dou-
conduisant, lui dit : —
Et pour le jaune n'y a-t-il
rien? Nihilne de vitello?
1 Pline, liv. XXIX, ch. in. 1 Voyez sa legende dans les Ligendes de I'autre
2 Thiers, Traite des superstitions, etc. monde.
OIA — 502 — OLD
leur, les raordaientau visage dfes leiir naissance. ques prelats; car il entendit un petit moineau
C'etait en un terrible peuple que ces
effet qui avertissait les autres par son chant qu'un
paiens, dont les hordes innombrables, accou- chariot de ble venait de verser a la porte Ma-
rues des extremiles septentrionales de I'Asie, de- jeure , et qu'iis trouveraient la de quoi faire leur

vasterent pendant deux tiers de siecle I'llalie, profit'.

I'Allemagne el la France. lis incendiaient les villes A la cole du Croizic, en Brelagne, sur un ro-
el les villages, egorgeaient les habitants ou les cher au fond de la mer, les femmes du pays vont,
emmenaient prisonniers. La pitie leur etait in- parees avec recherche, les cheveux epars, or-
nees d'un beau bouquet de fleurs nou-
velles ; eiles se placenl sur le rocher, les

yeux eleves vers le ciel, et demandent


avec un chant sentimental aux oiseaux
de leur ramener leurs epoux et leurs
fiances^. Voy. Auguiies, Couneille, Hi-
Bou, elc.
Okkisiks, nom sous lequel les Hu-
ronsdesignenldes geniesou esprils, bien-
faisants ou malfaisants, attaches a chaque
homme.
Oldenberg, montagne de rAllemagne
S:-'^" sous laquelle Charlemagne vit loujonrs
avec ses douze pairs el son armee. Tra-
dition locale.
Oldenbourg. « Je ne puis m'empecher, dil

Balthasar Bekker, dans le tome IV, chapitre xvii,


du Monde enchante, de rapporter une fable dont
j'aicherche aussi exaclemenl les details qu'il m'a
ele possible c'est celle du fameux cornet d'Ol-
:

denbourg. « On dit que le comte Otlon d'Olden-


bourg, elant alle un jour a la chasse sur la mon-
tagne d'Ossemberg, fut alteint d'une soif qu'il ne
pouvait etancher ; il se mil a jurer d'une inaniere
indigne , en disant qu'il ne se souciait pas de ce
qui pourrait lui arriver, pourvu que quelqu'un
ui donnat a boire. Le diable lui apparut aussitot

Hongrois.

connue, car ils croyaient que les guerriers etaienl


servis dans I'autre monde par les ennemis qu'iis
avaient lues dans cekii-ci. Une defaile signalee
que leur lit eprouver Olhon,. empereur d'AUe-
magne, delivra pour jamais de leurs ravages
I'Europe occidentale. La terreur profonde qu'iis
avaient inspiree se propagea longtemps encore
apres leur disparilion ^ et les meres se servirenl
du nom des Hoiigrois, ogres, pour epouvanter
leurs petits enfanls. Voy. Yt?s, Omestes, etc.
Oiarou, objel du culte des Iroquois. C'esl la
premiere bagatelle qu'iis auront vue en songe,
un calumet, une peau d'ours, un couleau, une
plante, un animal, etc. lis croient pouvoir, par
la vertu de cet objet, operer ce qui leur plait,

meme se transporter et se metamorphoser.


Oigours. Voij. Ogres.
Oilette , demon sans renommee invoque dans
,
sous la forme d'une femme ; elle semblait sorlir

les litanies du sabbat. de terre ; elle lui presenta a boire dans un cornet
Oiseaux. Naude conte que I'archeveque Lau- ^ Apologie pour les grands personnages accuses de
rent expliquait chant des oiseaux, comme il
le magic.
en lit en jour Texperience a Rome devanl quel- 2 C ambry, Voyage dans le Finistere.
;,

OLD — 503 — OND


fort riche , d'une maliere inconnue et qui ressem- sante, a I'air refrogne. 11 joue un role dans la
blaitau vermeiL Le coirite, se doutant de quelque Boucle de cheveux enlevee de Pope.
chose, ne voulut pas boire et renversa ce qui Omestes , surnom de Bacchus , considere
etaitdans le cornet sur la croupe de son cbeval. comme chef des ogres •ou loups-garous qui man-
La force de ce breuvage einporta tout le poil aux gent la chair fraiche.
endroits qu'il avait touches. Le comte fremit; Omomancie, divination par les epaules chez
mais il garda le cornet, qui subsiste encore, dit-on, les rabbins. Les Arabes devinent par les epaules
j
et que plusieurs se sont vantes d'avoir vu. On le da mouton lesquelles au moyen de certains
,
,

j trouve represents dans plusieurs hotelleries :


points dont elles sont marquees, representent
c'est un grand cornet recourbe, conime un cor- diverses figures de geomancie.
net a bouquin et charge d'ornements bizarres. »
, Omphalomancie, divination par le nombril.
Old Gentleman. Le peuple en Angleterre ap- Les sages-femmes, par les noeuds inherents au
pelle le diable le vieux gentleman. nombril de I'enfant premier-n6, devinaient com-
Olive (Robert) sorcier qui fut brule a Falaise
, bien la mere en aurait encore apres celui-la.
en 1556. On etablit a son proces que le diable le Omphalophysiques fanatiques de Bulgarie
,

transportait d'un lieu a un autre que ce diable ; que Ton trouve du onzieme au quatorzieme siecle,
s'appelait Chrysopole, et que c'etait a I'instiga- et qui, par une singuliere illusion, croyaient voir
; tion dudit Chrysopole que Robert Olive tuait les la lumiere du Thabor a leur nombril.

j
petits enfants et les jetait au feu*. On, mot magiqiie, comme tetragrammaton
Olivier, ddmon invoque comme prince des dont on se sert dans les formules de conjurations.
archanges dans les litanies du sabbat. Ondins ou Nymphes, esprits elementaires,
Ololygmancie, divination tiree du hurlement composes des plus subtiles parties de I'eau qu'ils
des chiens. Dans la guerre de Messenie, le roi habitent. Les mers et les fleuves sont peuples,
Aristodeme apprit que les chiens hurlaient comme disent les cabalistes de meme que le feu I'air
, ,

des loups, el que du chiendent avait pousse au- et la terre. Les anciens sages ont nomme Ondins
I

I
tour d'un autel. Desesperant du succfes, d'apres
cet indice et d'autres encore {Voij. Ophioneus) ,

quoiqu'il eiit deja immole sa fille pour apaiser les


I

I
dieux, il se tua sur la foi des devins, qui virent
'

dans ces signes de sinislres presages.


Olys talisman que les pretres de Madagascar
,

donnent aux peuples pour les preserver de plu-


sieurs malheurs, et notamment pour enchainer
la puissance du diable.

Ombre. Dans le systeme de la mythologie


paienne ce qu'on nommait ombre n'appartenait
,

ni au corps ni a I'ame, mais a un etat mitoyen.


C'etait cetle ombre qui descendail aux enters.
On croyait que les animaux voyaient les ombres
des morts. Aujourd'hui meme, dans les mon-
tagnes d'Ecosse, lorsqu'un animal tressaille subi-
tement, sans aucune cause apparenle, le peuple
allribuecemouvemenlarapparitiond'unfantome.
En Bretagne les portes des maisons ne se
,

ferment qu'aux approches de la tempete. Des


feux follets, des sifflemenls I'annoncent. Quand
on entendait ce murmure eloigne qui precede
I'orage, les anciens s'ecriaient :
— Fermons les
portes , ecoutez les crieriens le tourbillon les
suit. Ces crieriens sont les ombres, les ossements
des naufrages qui demandent la sepulture, de-
sesperes d'etre depuis leur mort ballottes par les
elements^. On dit encore que celui qui vend son
ame au diable n'a plus d'ombre au soleil ; cette
tradition ,
tres-repandue en AUemagne , est le fon-
dement de plusieurs legendes. Voy. Revenants.
Ombriel genie vieux et rechigne a I'aile pe-
,
,

ou Nymphes cette espece de peuple. II y a peu de


* Bodin, Demonomanie , p. 108. males, mais les femmes y sont en grand nombre
2 Cambry, Voyage dans le Finistere, t. II, p. 253. leur beaute est extreme, et les filles des hommes
»

ONE — 50k — OOM


n'ont rien de comparable', Voy. Cab ale, Nic- que en compose de differentes fagons,
le diable
KAR, etc. et qu'il lesemploie a nuire au genre humain. Pour
En Ailemagne, le peuple croit encore aux endormir, on en fait un avec de la racine de bel-
Ondines, esprits des eg-ux, qui ont une assez ladone, de la morelle furieuse, du sang de chauve-
mauvaise reputation. Du fond de leurs humides souris, du sang de huppe, de I'aconit, de la suie,
demeures, elles epient le pecheur qui reve au du persil, de I'opium et de la cigue. Voy. Graisse.
bord des ondes et I'attirent dans on gouffre oii Onomancie ou Onomatomancie, divination
il disparait pour toiijours. par les noms, Elle etait fort en usage chez les
On croit en Suede a I'esprit des eaux, Chaque anciens. Les pythagoriciens pretendaient que les \

riviere a le sien tous sont soumis a un chef. De


; esprits, les actions et les succes des hommes
|

meme que ceux des montagnes, ils sont invi- etaient conformes a leur destin , a leur genie et
'

sibles leur main seule ne Test pas suivant la


: , a leur nom. On remarquait qu'Hippolyte avait
tradition en vogue le long du lac Miaesen. Un pe- et6 dechire par ses chevaux, comme son nom le
cheur qui demeurait sur ses bords, desirant pre- portait.De meme, on disait d'Agamemnon que,
senter un gateau de Noel a I'esprit des eaux le , suivant son nom, il devait rester longtemps de-
porta au rivage; I'eau etait gelee, ne voulut il vant Troie ; et de Priam, qu'il devait etre rachete
pas poser le gateau sur la glace, pour ne pas don- d'esclavage. Une des regies del'onomancie, parmi
ner au demon la peine de la casser il retourna ; les pythagoriciens etait qu'un nombre pair de
,

chez lui pour y prendre une pioche, puis frappa voyelles dans le nom
d'une personne signifiait
de toute sa force pour briser la glace, mais ne quelque imperfection au cote gauche et un ,

reussit qu'a faire un trou trop petit pour que le nombre impair quelque imperfection au cole
gateau put y passer. Dans son desespoir, ne sa- encore pour adage que de deux
droit. lis avaient
chant plus que faire, il plaga son gateau sur la personnes, celle-la etaitla plus heureuse dans ie
glace aussitot une tres-petite main, aussi blanche
: nom de laquelle les letlres numerales jointes en-
que la neige, sortit du trou, et le gateau se re- semble formaient la plus grande somme. Ainsi,
duisant a une dimension proportionnee, la main disaient-ils, Achille devait vaincre Hector, parce
put s'en saisir et I'emporter. que numerales comprises dans le nom
les leltres
Les habitants du bord du lac ont profile de cet d' Achille formaient une somme plus grande que
exemple pour epargner leur farine et leurs rai- celles du nom d'Hector. C'etait sans doule d'apres
sins sees. Afin d'eviter au genie du Miaesen la un principe semblable que, dans les parties de
peine de changer la dimension du gateau, celui plaisir, les Remains buvaient a la sanle de leurs
qu'ils lui offrent est toujours de taille a pouvoir belles autant de coups qu'il y avait de leltres
penetrer par la plus petite ouverture que Ton dans leur nom. Enfin, on peut rapporter a I'ono-
puisse faire dans la glace. Cette tradition a forme mancie tous les presages qu'on pretendait tirer
matiere a un compliment pour les dames on dit : des noms soit consideres dans leur ordre natu-
,

habituellement de celles donton veut faire I'eloge: rel, soit decomposes et reduits en anagrammes;
« Elle a la main comme celle de I'esprit du lac. folie trop souvent renouvelee chez les moderncs.
Voy. Nymphes, Nictar, etc. Voy. Anagrammes.
Oneirocritique, art d'expliquer les songes. Coelius Rhodiginus a donne la description d'une
Voy. SONGES. singuliere espece d'onomancie; Theodat, roi des
Ongles. Les Madecasses ont grand soin de se Goths, voulant connaitre le succes de la guerre
couper les ongles une ou deux fois la semaine; qu'il projetait centre les Remains, un devin juif
ils s'imaginent que le diable s'y cache quand ils lui conseilla de faire enfermer un certain nombi-e

sont longs, C'etait une impiete chez les Remains de pores dans de pelites etables, de donner aux
que de se couper les ongles tous les neufs jours. uns des noms goths, avec des marques pour les
Cardan assure, dans son traite De varietate rerum, distinguer, et de les garder jusqu'a un certain
qu'il avait prevu par les taches de ses ongles jour. Ce jour elant arrive, on ouvrit les elables,
tout ce qui lui etait arrive de singulier, Voy. Cin- et Ton trouva morts les cochons designes par des
ROMANCIE. noms goths, ce qui fit predire au juif que les
On sait qu'il pousse des envies aux doigts Remains seraient vainqueurs*.
quand on coupe ses ongles les jours qui ont un R, Onychomancie divination par les ongles.
,

comme mardi, mercredi et vendredi..,. Enfin, Elle se praliquait en frottant avec de la suie les
quelques personnes croient en Hollande qu'on ongles d'un jeune gargon, qui les presentait an
se met a I abri du-mal de dents en coupant re- soleil, et Ton s'imaginait y voir des figures qui

gulierement ses ongles le vendredi. Voy. Ony- faisaient connaitre ce qu'on souhaitait de savoir.
CHOMANCIE, On se servait aussi d'huile et de cire.
Onguents. 11 y a plusieurs especes d'onguents, Oomancie ou Ooscopie, divination par es
qui ont tous leur propriete particuliere. On sait ceufs. Les devins des anciens jours voyaient dans

' L'abbe de Villars , dans le Cornte de Gabalis. • M. Noel, Dictionnaire de la Fable.

1
: ,
,

OPA — 505 — OPT


la forme exterieiire et dans les figures interieures qu'alors, et, d'apres leurreponse, predisait ce
d'lin oeuf les secrets les plus impenetrables de qui leur devait arriver. Ce n'etait pas si bete.
I'avenir. Snidas pretend que cette divination fut Aristodeme, roi des Messeniens, ayant consulle
inventee par Orphee. I'oracle de Delphes sur le succes de la guerre
On devine a present par I'inspection des hlancs centre les Lacedemoniens, il lui fut repondu quo
d'wufs; et des sibylles modernes (entre autres quand deux yeux s'ouvriraient a la lumiere et so
mademoiselle Lenormand) ont rendu cette divi- refermeraient peu apres, e'en serait fait des Mes-

nation celebre. II faut prendre pour cela un verre seniens. Ophioneus de violents maux
se plaignit
d'eau, casser dessus un neuf frais et I'y laisser de tete qui durerent quelques jours, au bout des-
tomber doucement. On voit paries figures que le quels ses yeux s'ouvrirent pourse refermerbien-
blanc forme dans I'eau divers presages. Quel- tot. Aristodeme, en apprenant cette double nou-

ques-uns cassenl I'ceuf dans de I'eau bouillante ;


velle, desespera du succes et se tua pour ne pas
on explique alors les signes comme pour le marc survivre a sa defaite. Voy. Ololygmancik.
de cafe. Au reste, cette divination n'est pas nou- Ophites ,
heretiques du deuxieme siecle qui
velle elle est meme indiquee par le Grimoire.
; rendaient un culte superstitieux au serpent. lis

(( L'operation de I'ceuf, dit ce livre, est pour sa- enseignaient que le serpent avait rendu un grand
voir ce qui doit arriver a quelqu'un qui est pre- service aux hommes en leur faisant connailre le
sent lors de l'operation. On prend un ceuf d'une bien et le mal ; ils maudissaient Jesus-Christ,
poule noire, pondu du jour; on le casse, on en parce qu'il est ecrit qu'il est venu dans le monde
tire le germe ; il faut avoir un grand verre bien pour ecraser la tete du serpent. Aussi Orig^ne ne
fin et bien net , y mettre
I'emplir d'eau claire et les regardait-il pas comme Chretiens. Leur secte
le germe de on met ce verre au soleil de
I'ceuf; etait peu nombreuse.
midi dans I'ete, en recitant des oraisons et des Ophthalmius, pierre fabuleuse qui rendait,,
conjurations, et avec le doigt on remue I'eau du disait-on, invisible celui qui la portait.
verre pour faire tourner le germe on le laisse ; Ophthalmoscopie , art de connaitre le carac-
ensuile reposer un instant, et on regarde sans tere ou le temperament d'une personne par I'in-

toucher. On voit ce qui aura rapport a celui ou spection de ses yeux. Voy. Physiognomonie.
a celle pour qui l'operation se fait. II faut tacher Optimisme. On parle d'une secte de philoso-
que ce soit un jour de travail, parce qu'alors les phes optimistes qui existaient jadis dans I'Arabie
objets s'y presentent dans leurs occupations or- et qui employaient tout leur esprit a ne rien
dinaires ^ Voy. OEufs. trouver de mal. Un docteur de cette secte avait
Opale. Cette pierre recree le coeur, preserve une femme acarialre qu'il supporta longtemps
,

de tout venin et contagion de Fair, chasse la tris- mais qu'enfm il etrangla de son mieux et il ;

tesse, empeche les syncopes, les maux de coeur trouva que tout etait bien. Le calife fit empaler
et les affections malignes... le coupable, qui souffrit sans se plaindre. Comme
Opalski , chaudes dans le
sources d'eaux les assistants s'etonnaient de sa tranquillile :

Karatschalka. Les habitants s'imaginent que c'est Eh mais! leur dit-il, ne suis-je pas bien empale?
la demeure de quelque demon et ont soin de lui On fait aussi ce conte Le diable emportait un:

apporter de legeres offrandes pour apaiser sa philosophe de la meme secte, et celui-ci se lais-
colere. Sans cela, disent-ils, il souleverait centre sait emporter tranquillement, II faut bien que —
eux de terribles tempetes. nous arrivions quelque part, disait-il, et tout est
Ophiogenes, charmeurs qui, dans I'Helles- pour le mieux*.
pont, guerissaient par le simple toucher les mor-
sures des serpents. Varron cite quelques-uns de 1 Un jeune homme etait bossu; il se consacrait
ces habiles qui faisaient la meme chose avec leur aux arts et ne revait que la gloire. Un savant chirur-
glen redressa; devenu un homme bien fait, il se
le
salive.
jeta le monde et y fut englouti sans y laisser de
dans
Ophiomancie , divination par les serpents, nom. M. Eugene Guinot, qui cite ce fait, ajoute
Elle etait fort usitee chez les anciens, et consis- « Esope n'aurait peut-etre pas compose ses fables,
tait a tirer presage des divers mouvements qu'on si I'orthopedie avait ete inventee de son temps. Le

voyait faire aux serpents. On avait tant de foi a


meme ecrivain cite d'autres victimes de la science.
Un homme du monde etait begue, on lui trouvait de
ces oracles, qu'on nourrissaitexpres des serpents
I'esprit; I'hesitation pretait de Foriginahte a ses dis-
pour connaitre ainsi I'avenir. Voy. SeRriiNTS. cours; il avait le temps de reflechir en parlant; il
Ophionee, chef des demons ou mauvais ge- s'arretait quelquefois d'une maniere heureuse au mi-
lieu d'une phrase; il avait des demi-mots qui faisaient
nies qui se revolterent centre Jupiter, selon Phe-
fortune. Un operateur lui rend le libre exercice de sa
recyde le Syrien.
languc il parle net, et on trouve qu'il n'est plus qu'un
;

Ophioneus, celebre devin de Messenie, aveugle sot. Un pauvre aveugle, commodement installe sur
de naissance. 11 demandait a ceux qui venaient le pont Neuf, recevait d'abondantes aumones. Un

le consul Ler comment savant docteur lui rend la vue. 11 retourne a son
ils s'etaient conduits jus-
poste; mais bientdt un sergent de ville le prend au
collet en vertudes ordonnances qui regissent la men-
* Les trois grimoires, p. 55. dicite. —Je suis en regie, dit le mendiant, voici
; ;

ORA — 506 — ORA


Oracles. Les oracles etaienl chez les anciens les interpretes des dieiix, et que les sorciers ne
ce que soiit les devins parmi nous. Toute la dil'- peuvent relever que du diable. On honorait les
ference qu'il y a enlre ces deux especes c'est ,
premiers on meprise les seconds,
;

que les gens qui rendaienl les oracles se disaient Le P. Kirker, dans le dessein de detroniper les

Un doctear de celte secle avail une femme acaridtrc. . — Page 503.


gens superstitieux sur les prodiges attribues a letait sans cesse ; elle ne ressentait rien que rage
roracle de Delphes, avail imagine un tuyau adapte elie remuait la tete, faisait la roue du cou, pour
avec tant d'art a une figure automate, que quand
quelqu'un parlait un autre entendait dans une
chambre eloignee ce qu'on venait de dire et re- ,

pondait par ce meme tuyau, qui faisait ouvrir la


bouche et remuer les levres de I'automate. 11 sup-
posa en consequence que les pretres du paga-
nisme, en se servant de ces tuyaux, faisaient
accroire aux sots que I'ldole satisfaisait a leurs
questions.
L'oracle de Delphes est le plus fameux de tous.
II etait situe sur un cole du Parnasse, coupe de
sentiers tallies dans le roc, entoure de rochers
qui repetaient plusieurs fois le son d'une seiile
trompette. Un berger le decouvrit en remarqiianl
que ses chevres etaienl enivrees de la vapeur
que produisait une grotte autour de laquelle elles
paissaient. La pretresse rendait ses oracles, as-
sise sur un trepied d'or, au-dessus de cetle cavite
la vapeur qui en sortail la faisait entrer dans une

sorte de delire effrayant, qu'on prenait pour un


enthousiasme divin.
Les oracles de la Pythie n'etaienl autre chose
qu'une inspiration demoniaque, dit Leloyer, et
ne procedaient point d'une voix humaine. Dtis
qu'elle entrait en fonction, son visage s'alterait,
sa gorge s'enflait , « sa poitrine pantoisait et ha-
Devin.

mon aulorisation. —
Vous vous moquez, reprit le parler comme le poete Stace, agitait tout le corps
sergeiit de ville celte permission est pour un aveu-
,

et rendait ainsi ses reponses. »


gle, etvous jouissez d'une fort bonne vue. Vous irez
en prison. » Les pretres de Dodone disaient que deux co-
; »,

ORA — 507 — ORA


lombes etaient venues d'figypte dans leiir foret, toute la con tree. Euchidas se chargea d'aller
parlant le langage des homines, et qu'elles avaient chercher celui de Delphes avec toute la diligence
j
commande d'y batir un temple a Jupiter, qui possible. En effet, il partit en courant et revint
'

promettait de s'y trouver et d'y rendre des ora- de meme, apres avoir fait mille stades dans un
cles. Pausanias conte que des filles merveilleuses jour. En arrivant, il salua ses compatriotes, leur
se changeaient en colombes, et sous cette forme remit le feu sacre et tomba mort de lassitude.
rendaient les celeb res oracles de Dodone. Les Les Plateens lui eleverent un tombeau avec
chenes parlaient dans cette foret enchantee cette epitaphe « Ci-git Euchidas, mort pour
:

{Voy. Arbres), et on y voyait une statue qui re- etre alle a Delphes et en etre revenu en un seul
pondait a tous ceux qui la consultaient, en frap- jour. »
pant avec une verge sur des chaudrons d'airain, Philippe, roi de Macedoine , par
fut' averti

laissant a ses pretres le soin d'expliquer les sons l'oracle d'Apollon qu'il serait tue par une char-
prophetiques qu'elle produisait. rette : c'est pourquoi il commanda aussitot qu'on
Le boeuf Apis, dans lequel I'ame du grand fit sortir toutes les charretles et tous les chariots
Osiris sletait retiree, etait regarde chez les Egyp- de son royaume. Toutefois il ne put echapper au
tiens comme un oracle. En le consultant, on se sort qiie l'oracle avait si bien prevu Pausanias, :

mettait les mains sur les oreilles et on les tenait qui lui mort, portait une charrette gra-
donna la

bouchees jusqu'a ce qu'on fut sorti de I'enceinte vee a la garde de I'epee dont il le perga. Ce
du temple alors on prenait pour reponse du dieu
;
menie Philippe desirantsavoir s'il pourraitvaincre
la premiere parole qu'on entendait. les Atheniens, l'oracle qu'il consultait lui repondit
Ceux qui allaient consulter en Achaie I'oracle
Avec lances d'argent quand tii feras la guerre,
d'Hercule, aprfes avoir fait leur priere dans le Tu pourras terrasser les peuples de la terre;
temple jetaient au hasard quatre des
, sur les ,

faces desquels elaient gravees quelques figures Ce moyen lui reussit merveilleusement, et il di-
ils un tableau ou ces hieroglyphes
allaient ensuite a sait quelquefois qu'il etait maitre d'une place s'il
etaient expliques et prenaient pour la reponse pouvait y faire entrer un mulet charge d'or.
du dieu I'interpretation qui repondait a la chance L'ambiguite etait un des caracteres les plus
qu'ils avaient amenee. ordinaires des oracles, et le double sens ne pou-
Les oracles presentaient ordinairement un vait que leuretre favorable. Ainsi, quand la Pythie
double sens, qui sauvait I'honneur du dieu et leur dit aNeron « Garde- toi des soixante-treize ans,
:

donnait un air de verite, mais de verite cachee ce prince crut que les dieux lui annoncaient par
au milieu du mensonge, que peu de gens avaient la une longue vie. Mais il fut bien etonne quand
I'esprit de voir. ilvit que cette reponse indiquait Galba, vieillard
Theagene de Thase avail remporte quatorze de soixante-treize ans, qui le detrona.
cents couronnes en differents jeux de sorte , Quelquefois les oracles ont dit des verites.
qu'apres sa mort on lui eleva une statue en me- Qui les y contraignait ? On est surpris de lire
moire de ses victoires. Un de ses ennemis allait dans Porphyre que l'oracle de Delphes repondit
souvent insulter cette statue, qui tomba sur lui un jour a des gens qui lui demandaient ce que
et I'ecrasa. Ses enfants conformement aux lois
, c'etait que Dieu « Dieu est la source de la vie
:

de Dracon, qui permetlaient d'avoir action meme le principe de toutes choses, le conservateur de

centre les choses inanimees, quand il s'agissait tous les etres. Tout est plein de Dieu il est par- :

de punir I'homicide, poursuivirent la statue de tout. Personne ne I'a engendre il est sans mere. :

Theagene pour le meurtre de leur pere elle fut ; II on ne peut rien lui apprendre. II
sait tout, et
condamnee a etre jetee dans la mer. Les Thasiens est inebranlable dans ses desseins, et son nora
furent peu apres affliges d'une peste. L'oracle est ineffable. Voila ce que je sais de Dieu, ne
consulte repondit : Rappekz vos exiles. Ils rap- cherche pas a en savoir davantage ta raison ne :

pelerent en consequence quelques-uns de leurs saurait le comprendre, quelque sage que tu sois.
concitoyens; mais la calamite ne cessant point, Le mechant et ['in juste ne peuvent se cacher
ils renvoyerent a l'oracle, qui leur dit alors plus devant lui I'adresse et I'excuse ne peuvent rien
;

clairement : honneurs du
Voiis avcz detriiit les deguiser a ses regards pergants. »
cjrand TMagene!... La statue fat remise a sa Dans Suidas , l'oracle de Serapis dit a Thulis
place; on lui sacrifia comme a un dieu, et la roi d'Egyple : « Dieu, le Verbe, et I'Esprit qui
peste s'apaisa. les unit, tous ces trois ne sont qu'un : c'est le
On consultait l'oracle sur toutes choses. Eu- Dieu dont la force est eternelle. Mortel, adore et
chidas, jeune Plateen perit victime de son zele
,
tremble, ou tu es plus a plaindre que I'animal
pour son pays. Apres la bataille de Platee, l'oracle depourvu de raison. »
de Delphes ordonna a ses compatriotes d'eteindre Le comte de Gabalis, en attribuant les oracles
tout le feu qui etait dans le pays, parce qu'il avait aux esprits elementaires ajoule qu'avant Jesus- ,

ete profane paries barbares, etd'en venir prendre Christ ces esprits prenaient plaisir a expliquer
un plus pur a Delphes. Le feu fut eteint dans aux hommes ce qu'ils savaient de Dieu et a leur
,;;

ORA 508 — ORI

donner de sages conseils mais qu'ils se relirerent ; Orias, demon des astrologues et des devins,
quand Dieii viiU lui-meme instruire les homines, grand marquis de I'empire infernal. II se montre
et que des lors les oracles se Uirent. sous les traits d'un lion furieux , assis sur un
On pensera des oracles des paiens ce que
(( cheval qui a queue d'un serpent. 11 porte dans
la

Ton voudra, dit dom Calmet dans ses Disserta- chaque main une vipere. 11 connait Tastronomie
tions sur les apparitions, je n'ai nul interet a les et enseigne I'astrologie. II metamorphose les

defendre, je ne ferai pas raeme difficuUe d'avoiier hommes a leur volonte, leur fait obtenir des di-

qu'il y a eu de la part des pretres et des pre- gnites et des titres , et commande trente legions.
tresses qui rendaient ces oracles beaucoup de Originel (Peche) , la source detous les maux
superclieries et d'illusions. Mais s'ensuit-il que le qui allligent I'humanite, repare par le bapteme
demon ne s'en soit jamais mele? On ne pent dis- dans ses consequences elernelles. Ceux qui nient
convenir que, depuis le Christianisme, les oracles le peche originel n'ont pourtant jamais pu expli-

ne soient tombes insensiblement daus le mepris quer leur negation. Voy. Peche.
et n'aient ete reduits au silence, et que les pretres, Origines du monde. Tout s'accorde pour
qui se melaient de predire les choses cachees et reconnaitre au monde une origine peu eloignee,
futures, n'aient ete souvent forces d'avouer que L'hisloire, aussi bien que la sainte Bible, ne nous
la presence des Chretiens leurimposait silence. » permet guere de donner au monde plus de six
Orages. Voy. Crierif.ns, Tonnkrre, etc. mille ans; et rien dans les arts, dans les monu-
Oraison du loup. Qi^iand on I'a prononcee ments dans la civilisation des anciens peuples,
,

pendant cinq jours au soleil levant, on peut de- ne contredit I'Ecriture sainte. Raconlons toute-
iier les loups les plus affames et mettre les chiens fois les reveries des conteurs paiens. Sanchonia-

a la porte. La void, cette oraison fameuse : ton presente ainsi I'origine du monde. Le Tres-
(( Viens, bete a laine, c'est I'agneau d'humilite Haut et sa femme habitaient le sein de la lumiere.
je te garde. Va droit, bete grise, a gris agripeuse lis eurent un lils beau comme le Ciel dont il ,

va chercher ta proie, loups et louves et louve- porta le nom, etune fille belle comme la Terre,
teaux : tu n'as point a venir a cette viande qui dont elle porta le nom. Le Tres-Haut mourut,
estici. Fade retro, o Satana! » Voy. Gardes. tue par des betes feroces et ses enfants ledeifie- ,

Oray ou Loray grand marquis des ,


enfers ,
qui rent. Le Ciel, maitre de I'empire de son pere,
se montresous la forme d'un superbe archer por- epousa alors la Terre, sa soeur, et en eut plu-
tant un arc et des fleches; il anime les combats, sieurs enfants, enlre autres Hus ou Saturne. II

empire les blessures faites par les archers, lance prit encore soin de sa posterite avec qiielques
les javelines les plus meurtrieres. Trente legions autres femmes; mais la Terre en temoigna tant
le reconnaissent pour dominaleur et souverain*. de jalousie qu'ils se separerent. Neanmoins le

Orcavelle magicienne ceiebre dans les ro-


, Ciel revenait quelquefois a elle et I'abandonnait
mans de chevalerie. Elle operait des enchante- ensuite de nouveau , ou cherchait a detruire les

nients extraordinaires. enfants qu'elle lui avait donnes. Quand Saturne


Ordalie. On donnait le nom d'ordalie a une fut grand, il prit le parli de sa mere et la pro-
serie d'epreuves par les elements. Elles consis- legea centre son pere avec le secours d'Hermes,
,

taient a marcher
yeux bandes parmi des socs
les son secretaire. Saturne chassa son pere et regna
de charrue rougis au feu a traverser des bra- , en sa place. Ensuite il batit une ville, et se de-
siers enflammes, a plonger le bras dans I'eau hant de Sadid, I'un de ses fils, il le tua etcoupa
bouillante, a tenir a la main une barre de fer la tete a sa (ille, au grand etonnement des dieux.

rouge, a avaler un morceau de pain myste- Cependant le Ciel, toujours fugitif envoya trois ,

rieux a etre plonge les mains liees aux jambes


, , de ses filles a Saturne pour le faire perir; ce
dans une grande cuve d'eau, enfin a etendre pen- prince les fit prisonnieres et les epousa. A cette
dant assez longtemps les bras devant une croix. nouvelle, le pere en detacha deux autres que
Voy. Croix, Eau, Feu, etc. Saturne epousa pareillement. Quelque temps apres
Oreille. On dit que nos amis parlent de nous Saturne, ayant tendu des embuches a son pere,
quand I'oreille gauche nous tinte, et nos ennemis I'estropia et I'honora ensuite comme un dieu.
quand c'est la droite. Tels sont les divins exploits de Saturne , tel fut

Oresme (Guiilaume), astrologue du quator- I'age d'or. Astarte la Grande regna alors dans le
zieme siecle dont on salt peu de chose.
, pays par le consentement dc Saturne; elle porta
Orfa. Le lac d'Orfa, pres d'Edesse, pullnle de sur sa tete une tete de taureau pour marque de
poissons reputes sacres. 11 est expressement de- sa royaute, etc.
fendu, en memoire d' Abraham d'y jamais tendre
,
1 L'auteur du Monde primitif trouve la clef de ce
un filet ou d'y jeter une amorce. morceau dans I'agriculture..... d'aiitres en cher- ;

Orgueil, le pechequi ouvre la phalange odieuse client I'explication dans I'aslronomie, ce qui n'est
des sept peches capitaux. C'est le peche d'Adam, pas moins ingenieux; ceux-ci n'y voient que les opi-
nions religieuses des Plieniciens touchant I'origine du
et il nous est reste.
monde, ceux-la y croient voir I'histoire denaturee
' Wierus, in Pseudom. deem. des premiers princes du pays, etc.
,

Ofll — 609 —
All commencement, ditHesiode, etaitle Chaos, d'une grandeur demesuree et donnerent leur nom
eiisnite la Terre, le Tartare, I'Amour, le plus aux montagnes du pays; que bientot ils adore-
beau des dieux. Le Chaos engendra I'Erebe et la rent deux pierres, I'une consacree au Vent, I'au-
Nuit, de I'union desquels naquirent le Jour et la tre au F.eu, et leur immolerent des victimes.
Lumiere. La Terre produisit alors les etoiles, les Mais le Soleil fut toujours le premier et le plus
montagnes el la mer. Bientot, unie au Ciel, elle grand de leurs dieux.
enfanta I'Ocean, Hyperion, Japhet, Rhea, Phoebe, Tons les peuples anciens faisaient ainsi remon-
Thetis, Mnemosyne, Themis et Saturne, ainsi ter tres-haut leur origine, et chaque nation se

i
que les Cyclopes et les geants Briaree et Gyges, croyait la premiere sur la terre. Quelques nations
qui avaient cinquante tetes et cent bras. A mesure modernes ont la meme ambition : les Chinois se
que ses enfants naissaient le Ciel les enfer- , disent anterieurs au deluge de quelques centaines

j
mait dans le sein de la Terre. La Terr.e, irritee, de mille ans. lis croient la matiere eternelle; ils
I fabriqua une faux qu'elle donna a Saturne. Ce- lui fontproduire un jour le dragon, la tortue, le

lui-ci en frappa son pere, et du sang qui sortit dragon-cheval des oiseaux singuliers, et un
,

de cetle blessure naquirent les geants et les fu- homme que les chroniques chinoises appellent
ries. Saturne eut de Rhea, son epouse et sa soeur, Pan-kou; quand il s'est tate et reconnu dans le
Vesta, Ceres, Junon, Pluton, Neptune et Jupiter. chaos, Pan-kou, qui n'est ni cree ni createur, se
Ce dernier, sauve de la dent de son pere . qui fait un ciseau et un maillet avec quoi il debrouille

mangeait ses enlants , dans une caverne,


fut eleve
et par la suite lit rendro a Saturne ses oncles
qu jl lenait en prison , ses freres qu il- avait a va-
les , le chassa du ciel ,
et, la foudre a la main
devint le maltre des dicux et des hommes.

les elements divers. Les Japonais soutiennent


que dieux dont ils sont descendus ont habite
les
leur pays plusieurs millions d'annees avant le
regne de Sin-Mu, fondateur de leur monarchie.
Les Egyptiens faisaient naitre Thomme et les C'est ainsi que les vieux chroniqueurs francais f on t
animaux du limon echauffe par le Soleil. Les remonter la genealogie de nos rois plus loin que
Pheniciens disaient que le Soleil, la Lune et les Noe. Une seule decouverte dans ces pretentions
astres ayant paru, le Limon, fils de I'Air et du explique toutes les autres. Nos chroniqueurs ont
Feu, enfanta tons les animaux; que les premiers mis a la file soixante petils rois qui regnaient
hommes habitaient la Phenicie ;
qu'ils furent ensemble, dans le meme temps, chacun en sa
ORN — 510 — ORP
ville. Telle est la verite des dynasties chinoises, de I'essence divine. Gonsulte, il donne des re-
egypliennes et japonaises. ponses sur le passe, le present et I'avenir. 11
l.es Parsis on Giiebres pretendent que ,
pour
peiipler plus promptement le monde nouvelle-
ment cree, Dieu permit qu'Eve, notre mere
commune, mit au monde chaque jour deux en-
fants jumeaux ils ajoutent que durant mille ans
;

la mort respecta les hommes et leur laissa le


temps de se multiplier. Les Lapons, qui ne sont
pas tres-forts, s'imaginent que le monde existe
de toule eternile et qu'il n'aura jamais de fin.
Disons un mot de quelques autres origines.
Les hommes tirent plus de vanite d'une noble
souche ou d'une souche singuliere que d'un
cceur noble et d'un merite personnel. Les peu-
ples de la Cote-d'Or, en Afriquc croient que le ,

premier homme fut produit par une araignee.


Les Atheniens se disaient descendus des fourmis
d'une foret de I'Attique. Parmi les sauvages du
Canada, il y a trois families principales I'une :

pretend descendre d'un lievre, I'aulre dil qu'elle


descend d'une Ires-belle et tres-courageuse fern me decuUVi'o le mensonge, accorde des dignites et
qui eut pour mere une carpe, dont I'oeuf fut des emplois, reconcilie les ennemis, et a sous

echauffe par les rayons^du soleil la troisieme ; ses ordres vingt legions.
famille se donne pour premier ancetre un ours. Oromasis, salamandre distingue que les ca-
Les rois des Goths etaient pareillement nes d'un balisLes donnent pour compagnon de Noe dans
ours. Les Pegusiens sont nes d'un cliien. Les I'arche.
Suedois et les Lapons sont issus de deux freres, Oromaze, Ormos, Ormuzd. La mylhologie
dont Ic courage etait bien different, s'il faul en persane dit que le dieu Oromaze fit vingl-quatre
croire les Lapons. Un jour qu'il s'etait eleve une dieux, et les mit lous dans un ceuf. Ahrimane,
tempete horrible, I'un des deux freres (ils se son ennemi , en nyant aussi fait un pared nom-
trouvaient ensemble) fut si epouvante qu'il se bre , ceux-ci percerenl I'ceuf et le mal se trouva
,

glissa sous une planche que Dieu, par pitie, ,


alors mele avec le bien. Voy. Ahrimane.
converlit en maison. De ce poltron sont ncs tous Oronte. Pausanias raconle qu'un. empereur
les Suedois. L'autre, plus courageux, brava la remain voulant transporter ses troupes depuis
,

furie de la tempete sans chercher meme a se


, la mer jusqu'a Antioche, entrepril de rendre
cacher ce brave fut le pere des Lapons, qui
: I'Oronle navigable, afin que rien n'arretat ses
vivent encore aujourd'hui sans s'abriter. vaisscaux. Ayant done fait creuser un canal avec
Les Syriens disent que notre planele n'etait beaucoup de peines et de frais, il delourna le
pas faile pour etre habitee originairemeuLpar des fleuve el lui fit changer de lit. Quand le premier
gens raisonnables, mais que, parmi les citoyens canal fut a sec on y trouva un tombeau de bri-
,

du ciel, il se trouva deux gourmands, le mari et ques long de onze coudees, qui refermait un
la femme, qui s'aviserent de manger une galette. cadavre de pareille grandeur et de figure hu-
Presses ensuite d'un besoin qui est la suite de la maine dans toutes ses parlies. Les Syriens ayant
gourmandise ils demanderent a un des princi-
, consulle I'oracle d'Apollon, a Claros, pour savoir
paux domestiques de I'empire ou etait la garde- ce que c'elait, il leur fut repondu que c'etait
robe. Celui-ci leur repondit : Voyez-vous la Oronte, hidien de nation.
terre , ce petit globe qui est a mille millions de Orphee, epoux d'Eurydice, qu'il perdit le
lieues de nous? C'est la. lis y allerent, el on les jour de ses uoces, qu'il pleura si longtemps, et
y laissa pour les en punir. qu'il alia enfin redemander aux enfers. Pluton la

Selon les Indiens, huit elephants soutiennent lui rendit, a condition qu'il ne regarderait point

le monde; ils les appellent Achtequedjams. derriere lui jusqu'a ce qu'il fut hors du sombre
On peul voir, pour plus de details, le pream- empire. Orphee ne put resister a son impatience;
bule des Lcgendcs de I'Ancien Testament. il se retourna et perdit Eurydice une seconde
Ornithomancie, divination qu'on tirait de la fois et sans retour. 11 s'enfonga alors dans un de-

langue du vol, , du cri et du chant des oiseaux. sert, jura de ne plus aimer, et chanta ses dou-
Voy. AUGURES. leurs d'un ton si touchant qu'il attendrit les betes
Orobas ,
grand prince du sombre empire. On feroces. Les bacchantes furent moins sensibles,
le voit sous la forme d'un beau cheval. Quand il car sa trislesse le fit mettre en pieces par ces
parait sous la figure d'un homme, il parle furieuses. Les anciens voyaient dans Orphee un
,

ORP — 511 — OUR


musicien habile a qui rien ne pouvait resister. d'Amsterdam. Hooft, dans son Histoire des Pays-
Les compilateurs dii moyen age I'ont regarde Bas, rapporte que soixante-dix de ces pauvres
comme un magicien insigne, et ont attribue aux enfants elaient evidemment possedes par de niau-
charmes de la magie les merveilles que la my- vais esprits. lis grimpaient aux murs les plus
Ihologie attribue au channe de sa voix. eleves et couraient sur les toits comme des chats.
Orphee fut le plus grand sorcier et le plus Si on les fachait, leurs figures devenaient hor-
igrand necroinancien qui jamais ait vecu, dit ribles, lis parlaient des langues qu'ils n'avaient
Pierre Leloyer. Ses ecrits ne sonL farcis que des jamais apprises et racontaient dans leur petite
louanges des diables. II savait les evoquer. II chambre ce qui se passait et ce qui se disait a
institua I'ordre des Orpheotclestes ,
espece de I'hotel de ville, au moment meme oii ils parlaient.
parmi lesquels Bacchus tenait ancien-
sorciers, G'etait done une epidemic diabolique et nous ne ;

nement lieu que le diable tient aujour-


pareil saurions dire comment elle fut calmee.
d'hni aux assemblies du sabbat. Bacchus, qui Orpheotelestes, gens qui faisaient le sabbat,
n'etait qu'un diable deguise, s'y nommait Saba- c'est-a-dire les mysteres d'Orphee.
sius : c'est de la que le sabbat a tire son nom. Or portable, Or artificiel. Voi/. Alchimie.
Apres la morl d'Oi'phee, sa tele rendit des ora- Orr (John). G'etait un Americain, en corres-
cles dans I'ile de Lesbos. Tzetzes dit qu'Orphee pondance sans doute avec les esprits. II prechait
lapprit en Egypte la funeste science de la magie le spiritisme dans les rues, se disant I'ange Ga-
qui y etait en grand credit et surtout I'art de , briel, et par consequent a I'abri de la mort. 11
charmer les serpents. Pausanias explique sa des- avait des adeptes qui furent done bien surpris de
cente aux enfers par un voyage en Thesprotie, le voir mourir comme un homme, au commence-
ou Ton evoquait par des enchantements les ames ment de I'annee 1857, a Demerara.
des morts. L'epoux d'Eurydice trompe par un , Orthon lutin ou esprit familier qui s'attacha
,

fantome qu'on lui fit voir pendant quelques in- au comte de Foix. Le bon Froissart en a parle'.
jslants, mourut de regret, ou du moins renonga Ortie brulante. Les Islandais, qui appellent
I
pour jamais a la societe des hommes et se retira cette plante netla, croient qu'elle a une vertu
jsur les mdntagnes de Thrace. Leclerc pretend singuliere pour ecarter les sortileges. Selon eux,
qu'Orphee elait un grand magicien que ses ;
il faut en faire des poignees de verges et en
hymnes sont des evocations infernales , et que, fouetter les sorciers a nu.
si Ton en croit Apollodore et Lucien, c'est lui Os des morts. Certains habitants de la Mau-
qui a mis en vogue dans la Grece la magie, I'art ritanie ne' mettent jamais deux corps dans la
de lire dans les astres et revocation des manes. meme sepulture de peur qu'ils ne s'escamotent
,

Orphelinats. Plusieurs fois ces etablissements mutuellement leurs os au jour de la resurrection.


de charite ont ete obsedes par les malins esprits. Othon. Suetone dit que le spectre de Galba
Dans la maison d'orphelines fondee a Lille au mi- poursuivait sans relache Othon, son meurtrier,
lieu du dix-septieme siecle par Antoinette Bouri- le tiraillait hors du lit, I'epouvantait et lui causait
gnon la fondatrice crut voir un jour une nuec
, mi lie tourments. G'etait peut-etre le remords.
de petits demons voltigeant autour des tetes de Otis ou Botis, grand president des enfers. 11
ses jeunes filles. Elle les entoura de surveillance. apparait sous la forme d'une vipere; quand il
Un jour, une d'elles s'etant echappee d'unc prend la figure humaine, il a de grandes dents,
chambre bien close oia on I'avait enfermee on , deux cornes sur la tete et un glaive a la main il ;

lui demanda qui I'avait mise en liberte elle re- ; repond effrontement sur le present, le passe et
pondit : delivree par un esprit auquel
« J'ai ete I'avenir. II a autant d'amis que d'ennemis. II
je me suis vouee des I'enfance. » Des lors cin- commando soixante legions ^.

quante orphelines se declarerent possedees; elles Ouahiche, genie ou demon dont les jon-
disaient qu'elles etaient emportees au sabbat gleurs iroquois se pretendent inspires. G'est lui
toutes les nuits. On accusa la Bourignon d'avoir qui leur revele les choses futures.
enflamme les imaginations de ces pauvres jeunes Ouikka, mauvais genie qui, chez les Esqui-
filles, et la peur qu'elle eut d'etre poursuivie maux, fait naitre les tempetes et renverse les
I'engagea a s'enfuir. barques.
En 1669, de I'hospice de Horn
les orphelins Oulon-Toyon, chef des vingl-sept tribus d' es-
furent pareillement atteints de convulsions et de prits malfaisants,que les Yakouts supposent re-
delire. G'etait un pays de protestants et les , pandus dans I'air et acharnes a leur nuire. II a
demons avaient beau jeu car les ministres qui;
,
une femme et beaucoup d'enfants.
Chez eux remplacaient nos pretres, ne pouvaient Oupires. Voy. Vampires.
exerciser. Gependant, ces orphelins hurlaient et Ouran ou Ouran-Soangue, homme endiuble,
aboyaient comme des chiens. lis se jelaient par sorte de magiqiens de File Gromboccanore dans ,

terre et se heurtaient a se briser centre des corps


1 Voyez son histoire dans les Legendes des esprits
durs. Un auparavant, en 1566, la meme
siecle
et demons.
crise avait eu lieu dans la maison des orphelins 2 Wierus, in Pseudom. dcemon.
OUR — 512 — OZE
les hides orienlales. lis ont la reputation de se Le diable prend quelquefois la forme de cet
rendre invisibles quand il leur plait, et de se animal. II s'est presente un jour sous cette peau

Iransporler oii ils veiilent, Le peiiple les craint a une Allemande; il entrainait a sa suite quel-

et les hait mortellement; quand on peut en at- ques petits, qui n'etaient que des cobolds. L'Alle-
traper quelqu'un, on le tue sans misericorde. mande se defia et le mit en fuite par le signe de
Ourisk, lutin du genre des sylvains et des la croix. Un choriste de Citeaux, s'etant legere-

satyres du paganisme. ment endormi aux matines, s'eveilla en sursaut


Ours. Quand les Osliacks ont tue un ours, ils et apercut un ours qui sorlait du choeur. Celte

I'ecorclient et nietlent sa peau sur un arbre au- vision commenga a I'effrayer, quand il vit I'ours

pres d'une de leurs idoles; apres quoi ils lui ren- reparaitre et considerer attenlivement tons les

dent leurs hommages, lui font de tres-hunibles novices , comme un ofTicier de police qui fait sa
excuses de lui avoir donne la mort et lui repre- ronde... Enfin , le monstre de nouveau en
sortit

sentent que dans le fond ce n'est pas a eux qu'il disant : « lis sont bien eveilles; je reviendrai

doit s'en prendre, puisqu'ils n'ont pas forge le tout a I'heure voir s'ils dorment... » Le naif le-

fer qui I'a perce et que la plume qui a hate le


, gendaire ajoute que c'etait le diable, qu'on avait
vol de la tleche appartient a un oiseau etranger. envoye pour contenir les freres dans leur devoir'.
Au Canada, lorsque des chasseurs luent un ours, On croyait autrefois que ceux qui avaient mange
un d'eux s'en approche, lui met entre les dents la cervelle d'un ours etaient frappes de vertiges,

le tuyau de sa pipe, souffle dans le fourneau, et, durant lesquels ils se croyaient transformes en
lui remplissant ainsi de fumee la gueule et le ours et eu prenaient les manieres.
gosier, il conjure I'esprit de cet animal de ne pas Ovide. On lui attribue un ouvrage de magie
s'offenserde sa mort. Mais comme I'esprit ne fait intitule le Livre de la vieille, que nous ne con-
aucune reponse, le chasseur, pour savoir si sa naissons pas.
priere est exaucee, coupe le filet qui est sous la Oxyones, peuples imaginaires de Germanic,
langue de Tours et le garde jusqu'a la fin de la qui avaient, dit-on, la tete d'un homme el le

chasse. Mors on fait un grand feu dans toute la reste du corps d'une bete. C'est une fable et
bourgade, et toute la troupe y jetle ces filets avec une farce. Les faiseurs de caricatures ont sou-
ceremonie y petillent et se retirent, comme
: s'ils vent pris ce theme, notamment en 1791, pour le
il doit naturellement arriver, c'est une marque general Lafayette, qui etait toujours a cheval.
certaine que les esprits des ours sont apaises;

Oze, grand president desenfers. II se presente


sous la forme d'un leopard ou sous celle d'un

homme. II rend ses adeptes habiles dans les arts


liberaux. 11 repond sur les choses divines et abs-
traites, metamorphose I'homnie,
rend insense le

au point de lui ou em-


faire croire qu'il est roi

autrement on se persuade qu'ils sont irrites et pereur. Oze porte une couronne; mais son regne
que la chasse ne sera point heureuse I'annee ne dure qu'une heure par jour ^.
d'apres a moins qu'on ne prenne soin de se les
,

reconcilier par des presents et des invocations \ '


(;o3sarii Hcisterb. Miracul. illustrium, lib. V,
cap. XLix.
'
La Ilarpe, Hist, des voyages, t. XVIII, p. 396. 2 Wierus, in Pseudomon. daemon.
PA — 513 — PAC

Pa Voy. Harppe.
(Olaiis). Donnons ici une piece curieuse des grimoires.
Facte. y a plusieurs inanieres de faire pacte C'est ce qu'ils appellent le Sanctum regmim de
II <(

avec le diable. Les gens qui donnent dans les la Ciavicule, ou" la veritable maniere de faire les
croyances siiperstitieuses pensent le faire venir pactes; avec les noms, puissances et talents de
en lisant le Grimoire a I'endroit des evocations, tous les grands esprits supirieurs , comme aussi la
en recitant les formules de conjuration rappor- maniere de les faire paraitre par la force de la
tees dans ce dictionnaire, ou bien en saignant grande appellation du chapitre des pactes de la
une poule noire dans iin grand chemin croise et grande Ciavicule, qui les force d'ohcir a quelque
,

I'enterrant avec des paroles magiques. Quand le operation que I'on souhaite ».
diable veut bien se montrer on fait alors le mar-
,

che que Ton signe de son sang. Au reste on dit


,
,

range des lenebres accommodant, sauf la con-


dition accoutumee de se donner a lui.
Le comte de Gabalis qui ote aux demons leur
,

antique pouvoir pretend que ces pactes se font


,

avec les gnomes, qui achetent I'ame des hommes


pour les tresors qu'ils donnent largement; en
cela, cependant, conseilles par les botes du sombre
empire.
Un pacte, dit Bergier, est une convention,
expresse ou tacite, faite avec le demon, dans

I'esperance par son entremise des


d'obtenir
« Le veritable sanctum regnum de la grande
Glioses qui passent les forces de la nature. Un
Ciavicule, aalvemenl dil]es pacta conventa dcemo-
pacte peut done etre expres et formel ou tacite ,
I
niorum, dont on parle depuis si longtemps, sont
et equivalent. II est cense expres et formel l°lors- :

une chose fort necessaire a etablir ici pour I'in-


que par soi-meme on invoque expressement le
telligence de ceux qui, voulant forcer les esprits,
demon et que Ton demande son secours, soit que
n'ont point la qualite requise pour composer la
Ton voie reellement cet esprit de tenebres, soit
verge foudroyante et le cercle cabalistique. lis ne
que Ton croie le voir; 2" quand on I'invoque par
le ministere de ceux que Ton croit etre en rela-

tion et en commerce avec lui 3" quand on fait


;

quelque chose dont on attend I'effet de lui. Le


pacte est seulement tacite ou equivalent, lorsque
I'on se borne a faire une chose de laquelle on
espere un effet qu'elle ne peut produire naturel-
lement, ni surnaturellement et par I'operation de
Dieu, parce qu'alors on ne peut esperer cet effet
que par I'intervention du demon. Ceux par ,

exemple, qui pretendent guerir les maladies par


des paroles doivent comprendre que les paroles
n'ont pas naturellement cette vertu. Dieu n'y a
pas attache non plus cetle efficacite. Si done elles peuvent venir a bout de forcer aucun esprit de
produisaient cet effet, ce ne pourrait etre que par paraitre, s'ils n'executent de point en point tout
I'operation de I'esprit infernal. De la, les theolo- ce qui est decrit ci-apres touchant la maniere de
giens concluent que non-seulement toute espece faire des pactes avec quelque esprit que ce puisse
de magie mais encore toute espece de supersti-
, etre, soit pour avoir des tresors, soit pour de-
tion, renferme un pacte au moins tacite ou equi- couvrir les secrets les plus caches, soit pour faire
valent avec le demon, puisque aucune pratique travailler un esprit pendant la nuit a son ouvrage,
superstitieuse ne peut rien produire, a moins ou pour faire tomber une grele ou la tempete
qu'il ne s'en mele. C'esl le sentiment de saint partout ou Ton souhaite soit pour se rendre in-
;

Augustin de saint Thomas et de tous ceux qui


, visible, pour se faire transporter partout oii Ton
ont traite cette maliere veut, pour ouvrir toutes les serrures, voir tout
ce qui se passe dans les maisons et apprendre
* Bergier, Dictionnaire theologique. Voyez les dif-

f^rents pactes les plus c^lebres, dans les Legendes tous les tours et finesses des bergers; soit pour
in females.
"
acquerir la main de gloire et pour connaitre les
33
:

PAC — 5U — PAC
qualites et les vertus des metaux et des mineraux, chacun des talents des six esprits superieurs ce
des vegelaux et de tous les animaux purs et iin- dont 11 aura besoin.
purs; pour faire, en un mot, des choses si mer- » Le premier est le grand Lucifuge Rofocale,
veilleuses, qu'il n'y a aucun homme qui n'en soit premier ministre infernal il a la puissance que ;

dans la derniere surprise. C'est pargrande la Lucifer donnee sur toutes les richesses et
lui a
Clavicule de Salomon que Ton a decouvert la ve- sur tous les tresors du monde.
ritable maniere de faire les pactes; il s'en est » Le second est Satanachia, grand general il a ;

servi lui-meme pour acquerir de grandes ri- lapuissance de soumettre toutes les femmes el
chesses, et pour connaitre les plus impenetrables commande la grande legion des esprits.
secrets de la nature. » Agaliarept aussi general, a la puissance de
,

« Nous commencerons par decrire les nomsdes decouvrir les secrets les plus caches dans toutes
principaux esprits avec leur puissance et pouvoir, les cours et dans tous les cabinets du monde il ;

et ensuite nous expliquerons les pacta dcemonio- devoile les plus grands mysteres ; il commande
rtim, ou la veritable maniere de faire les pactes la seconde legion des esprits.
avec quelque esprit que ce soit. Voici les noms »Fleurety, lieutenant general , a la puissance
des principaux : de faire lei ouvrage que Ton souhaite pendant la

» Lucifer, empereur. — Belzkbut, prince. — nuit; il fait aussi tomber la grele partout ou il

AsTAROT, grand-due. veut. II commande un corps tres-considerable


» Ensuite viennent les esprits superieurs qui d'esprils.
sont Subordonnes aux trois nommes ci-devant Sargatanas, brigadier, a la puissance de vous
))

» LuciruGE, premier ministre. — Satanachia, rendre invisible, de vous transporter partout,


grand general. Fleurety, — lieutenant gene- d'ouvrir toutes les serrures, de vous faire voir
ral. — Nebirosmarechal de , camp. — Agalia- tout ce qui se passe dans les maisons de vous ,

REPT, grand senechal. Sargatanas, brigadier — apprendrc tous les tours et linesses des bergersj
chef. il commande plusieurs brigades d'esprits.
Les six grands esprits que je viens denommer
» » marechal de camp et inspecteur
Nebiros,
ci-devant dirigent, par leur pouvoir, toute la general , donner du mal a
a la puissance de
puissance infernale qui est donnee aux autres qui il veut; il fait trouver la main de gloire, il
esprits. lis ont a leur service dix-huit autres es- enseigne toutes les qualites des metaux, des
prits qui leur sont subordonnes, savoir : mineraux des vegetaux et de tous les animaux
,

» Bael, Agares, Marbas, Pruflas, Aamon, Barba- purs et impurs; c'est lui qui a aussi I'art de
tos, Buer, Gusoyn, Bolis, Bathim, Pursan, Abigar, predire I'avenir, elant un des plus grands ne-
Loray, Valafar, Foray, Ayperos, Naberus, Glas- cromanciens de tous les esprits iufernaux il :

syalabolas. va partout; il a inspection sur toules les malices


» Apres vous avoir indique les noms des dix- infernales.
huit esprits ci-devant, qui sont inferieurs aux six " Quand vous voudrez faire votre pacte avec un

premiers, il est bon de vous prevenir de ce qui des principaux esprits que je viens de nommer,
suit, savoir : I'avant-veilledu pacle, vous irez couper, avec un
>' Que LuciFUGE commande sur les trois pre- couteau neuf qui n'ait jamais servi, une baguette
miers, qui se nomment Bael, Agares et Marbas; de noisetier sauvage, qui n'ait jamais porle et
Satanachia sur Pruflas, Aamon etBarbatos; Aga- qui soit semblable a la verge foudroyante ; vous
liarept sur Buer, Gusoyn et Botis; Fleurety sur la couperez positivement au moment ou le soleil
Bathim, Pursan et Abigar; Sargatanas sur Loray, parait sur I'liorizon. Celafait, vous vous munirez
Valafar et Foray Nebiros sur Ayperos Naberus
; , d'une pierre ematille et de deux cierges benils,
et Glassyalabolas. et vous choisirez ensuite pour I'execution un
)) Et, quoiqu'il y ait encore des millions d'es- endroit ou personne ne vous incommode. Vous
prits qui sont tous subordonnes a ceux-Ia il est , pouvez memo faire le pacte dans une chambre
tres-inutile de les nommer, a cause que Ton ne ecarlee ou dans quelque masure de vieux chateau
s'en sort que quand il plait aux esprits superieurs ruine, parce que I'esprit a le pouvoir d'y trans-
de les faire travailler a leur place, parce qu'ils porter tel tresor qui lui plait. Vous tracerez un
se servent de tous ces esprits inferieurs comme triangle avec votre pierre ematille, et cela seule-
s'ils etaient leurs esclaves. Ainsi , en faisant le ment la premiere fois quo vous faites le pacle;
pacte avec un des six principaux dont vous avez ensuite vous placerez les deux cierges benits a
besoin, il n'importe quel esprit vous serve; nean- cote ; le saint nom de Jesus,
vous ecrirez aulour
moins demandez toujours a I'esprit avec lequel afm que ne vous puissent faire aucun
les esprits
vous faites votre pacte que ce soit un des trois mal. Ensuite vous vous poserez au milieu du
principaux qui lui sont subordonnees. triangle, ayant en main la baguette mysterieuse,
» Voici precisement les puissances ,
sciences, avec la grande appellation a I'esprit, la demande
arts et talents des esprits susnommes, que afin que vous voulez lui faire le pacte , et le renvoi
celui qui veut faire un pacte puisse trouver dans de I'esprit.
»

PAC — 515 — PAI


» Vous commencerez a reciter I'appellation sui- qu'a condition que tu te donnes a raoi dans vingl
vante avec fermete. ans, pour faire de ton corps et de ton ame ce
qu'il me plaira. »
» Alors vous
lui jetterez votre pacte, qui doit
etre ecrit de votre propre main sur un petit mor-
ceau de parchemin vierge il consiste en ce peu ;

de mots auxquels vous mettrez votre signature


avec votre veritable sang. « Je promets au grand
Lucifuge de le recompenser dans vingt ans de
tous les tresors qu'il me donnera. En foi de quoi
je me suis signe. »
» L'espritvous repondra « Je ne puis accorder :

ta demande. »
» Alors, pour le forcer a vous obeir, vousrelirez

la grande interpellation avec les terribles paroles


de la Glavicule, jusqu'a ce que l'esprit reparaisse
et vous dise ce qui suit « Pourquoi me tour- :

mentes-tu davantage ? Si tu me laisses en repos,


je te donnerai le plus prochain tresor, a condition
que tu me consacreras une piece tous les pre-
miers lundis de chaque mois, et que tu ne m'ap-
pelleras qu'un jour de chaque semaine de dix ,

heures du soir a deux heures apres minuit. Ra-


raasse ton pacte, je et si tu ne tiens
I'ai signe ; ,

pas ta parole , moi dans vingt ans.


tu seras a —
» J 'acquiesce a ta demande, a condition que tu

(( Empereur Lucifer maitre de, tons les esprils me feras paraitre le plus prochain tresor que je
rebelles, je te priede m'etre favorable dans I'ap- pourrai emporter tout de suite. »
pellation que jefais a ton grand ministre Lucifuge » L'esprit dira : « Suis-moi et prends le tresor
I RorocALE, ayant envie de faire pacte avec liii. Je que je vais te montrer. »
I te prie aussi, prince Belzebut, de me proteger » Vous le suivrez sans vous epouvanter; vous
dans raon entreprise. Comte Astarot sois-moi , jetterez votre pacte tout signe sur le tresor, en
propice, et fais que dans cette nuit le grand le touchant avec votre baguette vous en pren- ;

(
Lucifuge m'apparaisse sous une forme humaine, drez tant que vous pourrez, et vous vous en
sans aucune mauvaise odeur, et qu'il m'accorde, retournerez dans le triangle en marchant a recu-
par le moyen dii pacte que je vais lui presenter, lons; vous y poserez votre tresor devant vous,
toutes les richesses dont j'ai besoin. 0 grand et vous commencerez tout de suite a lire le ren-
Lucifuge! je te prie de quitter ta demeure, dans voi de l'esprit.
quelque partie du monde qu'elle soit, pour venir Voici maintenant la conjuration et renvoi de
))

me parter; sinon je t'y contraindrai par la force l'esprit avec lequel on a fait pacte :

du grand Dieu vivant, de son cher Fils et du « 0 grand Lucifuge je suis content de toi
I

Saint-Esprit; obeis promptement, ou tu vas etre pour le present; je te laisse en repos et te per-
eternellement tourmente par la force des puis- mets de te retirer oii bon te semblera, sans faire
santes paroles de la grande Glavicule de Salomon, aucun bruit ni laisser aucune mauvaise odeur.
paroles dont il se servait pour obliger les esprits Pense aussi a ton engagement de mon pacte, car,
rebelles a recevoir son pacte. Ainsi, parais au si tu y manques d'un instant, tu peux etre sur
plus tot, ou je te vais continuellement tourmen- que je te tourmenterai eternellement avec les
ter par la force de ces puissantes paroles de la grandes et puissantes paroles de la Glavicule de
Glavicule : Agion, tetagram,vaycheonstimulama- Salomon, par lequel on force tous les esprits
ton y ezpares tetragrammaton oryoram irion esy- rebelles a obeir * »
tion existioneryona onera brasim moym messias Pain (l5preuve du). C'etait un pain de fa- fait
soler Emanuel SabaotAdonay, te adoro et invoco. rine d'orge, b^nit ou plutot maudit par les im-
» Vous eles sur que d'abord que vous aurez lu
, precations d'un pr^tre. Les Anglo-Saxons le
ces puissantes paroles, I'esprit paraitra et vous faisaient manger a un accuse non convaincu,
dira ce qiji suit « Me voici: que me demandes-
: persuades que s'il etait innocent ce pain ne lui
tu Pourquoi troubles - tu mon repos ? Reponds-
? ferait pointde mal; que s'il etait coupable il ne
moi. —
Je te demande pour faire pacte avec toi, pourrait I'avaler, ou que s'il I'avalait, il elouffe-
et enfin que tu m'enrichisses au plus tot; sinon
je te tourmenterai par les puissantes paroles de 1 Voyez sur les pactes plusieurs legendes dans les
la Glavicule. — Je ne puis t'accorder ta demande j
Legendes infermles.
33.
,,

PAI — 516 ~ PAL


rait. Le jiige qui fais5it cette ceretnonie deman- Palingenesie. Ce mot veut dire renaissance.
dait, par une priere composee expres, que les Duchene dit avoir vu a Cracovie un medecin

machoires du crirninel reslassent roides, que son polonais qui conservait dans des holes la cendre
gosier se relrecit, qu'il ne put avaler, qu'il reje- de plusieurs plantes lorsqu'on voulait voir une
;

tat le pain de sa bouche. C'elait une profanation rose dans ces holes 11 prenait celle ou se trou-
,

des prieres de I'Eglise'. La seule chose qui fut vait la cendre du rosier et la mettait sur une ,

reelle dans cette epreuve, qu'on appelait souvent chandelle allumee apres qu'elle avait un peu
:

Yepreuvc du jmin conjure, c'est que, de toutes les senti la chaleur, on commengait a voir remuer la

especes de pain, le pain d'orge moulue un pen cendre; puis on remarquait comme une petite
gros est le plus difficile a avaler. Voy. Corsned, nue obscure qui, se divisant en plusieurs parties,
Alphttomancie, etc. venait enhn a representer une rose si belle, si
Pain benit. Du cote de Guingamp en Bretagne, fraiche et si parfaite, qu'on I'eiit jugee palpable
et dans beaucoup d'autres lieux, quand on ne et odorante comme celle qui vient du rosier.
peut decouvrir le corps d'un noye, on met un Cette nouveaute fut poussee plus loin. On assura

petit cierge allume sur un pain que Ton a fait que les morts pouvaient revivre naturellement,
benir et qu'on abandonne au cours de I'eau on ; et qu'on avait des moyens de les faire ressusciter

trouve le cadavre dans I'endroit ou le pain s'ar- en quelquefagon. Van der Beken, surtout, a donne
rete^, et ce qui peut surprendre les curieux, ces opinions pour des verites incontestables; et
c'est que ce prodige s'est vu tres-souvent. Com- dans le systeme qu'il a compose pour expliquer
ment I'expliquer ? On a le meme usage en Cham- de si etranges merveilles, il pretend qu'il y a
pagne et ailleurs. dans le sang des idees seminales, c'esl-a-dire des
Pajot (Marguerite) sorciere qui fut executee
,
corpuscules qui contiennent en petit tout I'ani-
a Tonnerre en 1576, pour avoir ete aux assem- mal. Quelques personnes, dit-il, ont distille du
blees nocturnes des demons et des sorciers. Elle sang humain nouvellement tire, et elles y ont
composait des malefices et faisait mourir les vu, an grand etonnement des assistants saisis de
hommes et les animaux. Elle avait de plus tue frayeur, un spectre humain qui poussait des ge-
un sorcier qui n'avait pas voulu hii prefer un lo- missemcnts. C'est pour ces causes, ajoute-t-il
pin de bois avec lequel il faisait des sortileges. que Dieu a defendu aux Juifs de manger le sang
des animaux de peur que les esprits ou idees de
,

leurs especes qui y sont contenues ne produisis-


sent de funestes effets. Ainsi en conservant les ,

cendres de nos ancetres nous pourrons en tirer ,

des fantomes qui nous en representeront la hgure.


Quelle consolation, dit le P. Lebrun ,
que de re-
passer en revue son pere et ses aieux , sans le
secours du demon
une necromancie tres-
et par
permise Quelle satisfaction pour les savants que
!

de ressusciter en quelque maniere les Romains


les Grecs les Hebreux et toute I'antiquite
, Rien !

d'impossible a cela , il sufht d'avoir les cendres


de ceux qu'on veut Ce systeme faire paraitre.
eut, comme beaucoup de
toutes les reveries,
partisans. On pretendait qu'apres avoir mis un
moineau en cendres et en avoir extrait le sel, on
avait obtenu, par une chaleur moderee, le resul-
L'academie royale d'Angleterre essaya,
tat desire.

dit-on, sur un homme. Je ne


cette experience
sache pas qu'elle ait reussi. Mais cette decou-
verte, qui n'aurait pas du occuper un seul instant
les esprits, ne tomba que quand un grand nora-
bre de tenlatives inutiles eurent prouve que ce
n'etait non plus qu'une ridicule chimere. Voy.
Cendres. Lsl palingenesie philosophir/ue de Bonnet
est un systeme public au dernier siecle et con-
damne il est plus du ressort des theologiens que
;

Une remarque singuliere qu'on avait notee, c'est du notre.


qu'elle revenait du sabbat toujours toute froide'. Palmoscopie, augure qui s'appelait aussi pal-
micum, et qui se tirait de la palpitation des
^ Bergier, Didionnaire tkeologique.
2 Cambry, Voyage dans le Finistere , t. Ill, p. i59.
parties du corps de la victime, calculees a la
3 Bodin, Demonomanie. main.
; ,

PAL — 517 — PAN


Palud (Madeleine de Mendoz de la), fille Gaufridi, vieille et n'ayant qu'un chien pour
d'an gentilhomme de Marseille, et soeur da cou- compagnie, voulut se meler encore de sorcel-
vent des Ursulinesqui fat ensorcelee par Gau-
,
lerie, elle fut condaranee, par arret du par-
fridi ade dix-neuf ans. Voy. Gaufridi.
I'age lement de Provence a la prison perpetuelle
,

Cette femme, quarante ans apres le proces de en 1653.

Pamilius. Pamilius de Pheres, tue dans un compagnie qui n'en fut effraye. Ce Thamus ne
combat, resta dix jours aa nombre des morts repondit qu'a la troisieme fois, lorsque la voix,
on I'enleva ensuite du champ de bataille pour le se renforgant, lui cria que quand 11 serait arrive
porter sur le bucher mais il revint a la vie et
; en un certain lieu qu'elle designait, il annongat
conta des histoires surprenantes de ce qu'il avait que le grand Pan etait mort. On delibera pour
vu pendant que son corps etait reste sans senti- savoir si on obeirait, et la conclusion fut que si
ment ^ le ventn'etait pas assez fort pour outre-passer le

Pan I'an des huit grands dieax ou dieux de


, lieu indique , il fallait executer I'ordre. C'est
la premiere classe chez les Egyptiens. On le re- pourquoi, lecalme les arretant, Thamus cria de
I presentait sous les traits d'an homme dans la toute sa force Le grand Pan est mort. II n'eat
:

partie superieure de son corps et sous la forme, pas plutot acheve que Ton entendit de tous cotes
d'un bouc dans la partie inferieure. Dans les — des plaintes et des gemissements. L'empereur
demonographies c'est le prince des demons
, Tibere, informe de I'aventure, envoya querir
incubes. Quelques-uns entendent par le grand Thamus, et assembla a ce sujet les savants. Sur
I
Pan le regne des demons qui fut brise par la
, quoi Demetrius pour confirmer cette pensee de
,

I
mort de Jesus-Christ sur la croix. Plutarque ra- la mort des demons, ajouta une autre histoire :

conte qu'a cette epoqae solennelle, fipitherse il dit qu'ayant ete lui-meme envoye par l'empe-

s'etant embarque sur un vaiss'eau avec plusieurs reur pour reconnaitre certaines iles steriies si-
aiilres pour aller en Italie, le vent leur manqua tuees vers I'Angleterre, il aborda a une decelles
pres de cerlaines iles de la mer Egee que ;
qui sont habitees que pea apres il s'eleva une
;

comme la plupart des passagers veillaient et tempete effroyable qui fit dire aux insulaires que
buvaient apres souper. Ton enlendit tout d'un c'etait quelqu'un des demons ou des demi-dieux
coup une voix venant de I'une de ces iles, qa'il qui etait mort *.
appelle Paxes, et qui appelait si fort Thamus, Pandaemonium, capitale de I'empire infer-
pilote egyptien, qu'il n'y eut personne de la nal, selon Milton.

* Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des ' Benjamin Binet, Traite des dieux et devions du
esprils. paganisme.
,

PAN — 51 ? — PAP
Panen (Barlholomee) , exorcisle protestant. les remet dans le drap de sole consacre pour s'en
Voy. GUILLAUME. servir au besoin.
Paneros. Pline cite une pierre precieuse de On ne peut faire aucune operation magique
ce nom qui rendait les femmes fecondes. pour exorciser les esprits sans avoir ce sceau,
Paniers. Les rabbins racontent une fable assez qui contient les noms de Dieu. Le pantacle n'est
plaisante sur retymologie du mot Eve. Eve, di- parfait qu'apres qu'on a renferme un triangle
sent-ils, derive du mot qui signifie causer; la dans les^ cercles ; on lit dans le triangle ces trois
premiere femme prit ce nom parce que lorsque ,
mois : /t 'iialio ,
reformatio, transformalio. A
Dieu crea le monde, il tomba du ciel douze pa- cole du triangle est le mot acjla ,
qui est trfes-

niers remplis de caquets, et qu'elle en ramassa puissanl pour arreter la malice des esprits. 11 faut
neuf tandis que son mari n'eut le temps de ra-
, que peau sur laquelle on applique le sceau soit
la

masser que les trois autres. exorcisee et benite on exorcise aussi I'encre et
;

Panjacartaguel. Ce mot, qui chez les In- la plume dont on se sert pour ecrire les mots

diens designe les cinq dieux


exprimait aussi ,
que Ton vient de citer.
les cinq elements qui, engendres par le Crea- Pantarbe, pierre fabuleuse a laquelle quel-
teur, concoururent a la formation de I'univers. ques docteurs ont altribue la propriete d'attirer
Dieu, disent-ils, lira I'air du neant. L'action I'or, comme I'aimant attire le fer. Philostrate,
de I'air forma le vent. Du choc de I'air et du dans la Vie d' Apollonius , en raconle des mer-
vent naquit le feu. A sa retraite celui-ci laissa veilles. L'eclat en est si vif, dil-il, qu'elle ra-
une humidite, d'ou I'eau tire son origine. De mene jour au milieu de la nuit; mais, ce qui
le
I'union de ces' puissances resulta une ecume; la est le plus etonnant encore, celle lumiere est un
chaleur du feu en composa une masse qui fut esprit qui se repand dans la terre et allire insen-
la terre. siblement les pierres precieuses; plus cette vertu
Panjangam almanach des brahmines, ou
, sont s'etend ,
plus elle a de force ; et toutes ces pierres
marques les jours heureux et les jours malheu- dont la pantarbe se fait une ceinture ressemblent
reux, et les heures du jour et de la nnit heu- a un essaim d'abeilles qui environnent leur roi.

reuses ou malheureuses. De peur qu'un si riche tresor ne devint trop vii

Pantacles, especes de talismans magiques. non-seulement la nature I'a cache dans la terre
Toute la science de la Clavicule ddpend de I'usage profonde, mais elle lui a donne la faculte de s'e-
des pantacles qui contiennent les noms ineffa-
, ch'apper des mains de ceux qui voudraient la
bles de Dieu. Les pantacles doivent etre faits le prendre sans precaution. On la Irouve dans cette
mercredi au premier quartier de la lune, a trois
, partie des hides ou s'engendre I'or. Suivaat I'au-
heures du matin, dans une chambre aeree, nou- teur des Amours de Tliiacjene et de Clmriclee:
vellement blanchie, ou Ton habile seul. On y elle garantitdu feu ceux qui la portent.
bride des plantes odoriferanles. On a du parche- Paouaouci, enchantements ou conjurations
au moyen desquels les nalurels de la Virginia

prelendent faire paraitre des nuages et tomber


de la pluie.

Pape. Les huguenots onl dit que le pape etait


I'Anlechrist. C'est ainsi que les filous orient au
voleur pour detourner raltenlion.
Le conte absurde de la papesse Jeanne, invenle
par les precurseurs de Luther, est maintenant
reconnu si evidemment faux qu'il ne peut nous
arreler un instant

min vierge, sur lequel on decrit trois cercles


I'un dans I'autre , avec les trois principales cou-
leurs : or, cinabre et vert; la plume et les cou-
leurs doivent etre exorcicees. On ecrit alors les
noms sacres, puis on met le tout dans un drap de
sole. On prend un pot de terre, ou Ton allume
du charbon neuf, de I'encens male et du bois Papillon. L'image malerielle de I'ame la plus
d'aloes, le tout exorcise et purifie; puis, la face generalemenl adoptee est le papillon. Les arlisles
tournee vers I'orient, on parfume encore les ' Voyez Bergier, Dictionnaire theologique , au mot
pantacles avec les especes odoriferantes , et on Papesse Jeanne.
, ,

PAR — 519 — PAR


inciens donnent a Platon une teLe avec des ailes vient, la terre est fouillee, et une belle source
le que c'est le premier philo-
papillon, parce jaillit a tous les yeux. Le riche proprietaire se
ophe grec qui ait ecrit dignement sur Timmor- prepare enfin a jouir du fruit de son stratageme
alile de Fame. et de la confusion de Fabbe. II retourne sur ses
Paracelse (Philippe Bombast, dit), ne dans pas, accompagne de la foule il veut lui montrer ;

e canton de Zurich en 1/|93. II voyagea, vil les la riche fontaine qu'il avait dissimulee. Qui fut

nedecins de presque touts I'Europe et "'^nfera , surpris? La source a disparu. L'hydroscope Fa-
wee eux. II se donnait pour le i-eformateur de vait arretee dans sa course au milieu du champ
a medecine; et voulant en arracher le sceptre a du cultivateur. Notre homme jura, mais un peu
Hippocrate et a Galien , il decria leurs principes tard, qu'on ne Fy prendrait plus.
at methode. On
leur lui doit la ddcouverte de Parchemin vierge. 11 est employe dans la
I'opium et du mercure , il enseigna I'usage.
dont magie en plusieurs manieres. On appelle parche-
'Paracelse est surLout le heros de ceux qui croient min vierge celui qui est fait de peaux de betes
I la pierre philosophale, et qui lui attribiient n'ayant jamais engendre. Pour le faire on met ,

Jiautement I'avantage de I'avoir possedee ,


s'ap- Fanimal qui doit le fournir dans un lieu secret
puyant en cela de sa propre autorile. C'etait ou personne n'habite on prend un baton vierge
;

quelquefois un homme etonnant et un grand ou de la seve de I'annee on le taille en forme de


;

charlatan. Quand il
« etait ivre, dit Wettern, couteau puis on ecorche Fanimal avec ce cou-
,

qui a demeure vingt-sept mois avec lui , il me- teau de bois, et avec le sel on sale ladite peau,
nagait de faire venir un million de diables ,
pour que I'on met au soleil pendant quinze jours. On
raontrer quel empire et quelle puissance il avait prendra alors un pot de terre vernisse, autour
sur eux ; mais il ne disait pas de si grandes extra- duquel on ecrira des caracteres magiques dans ;

vagances quand il etait a jeun. » II avait, selon les ce pot on mettra une grosse pierre de chaux
demonomanes, un demon familier renferme dans vive avec de I'eau benile et ladite peau on Fy ;

le pommeau de son epee. II disait que Dieu lui laissera neuf jours entiers. On la tirera enfin, et
avait revele le secret de faire de For, et il se avec le couteau de bois, on la ratissera pour en
vantait depouvoir, soit par lemoyen de la pierre oter le poil on la mettra secher pendant huit
;

philosophale, soit par la vertu de ses remedes, jours a I'ombre apres I'avoir aspergee on la ser-
,
;

conserver la vie aux hommes pendant plusieurs rera ensuite dans un drap de soie avec tous les
siecles. Neanmoins il mourut a quarante-huit instruments de Fart. Qu'aucune femme ne voie
ans, en 15Zjl, a Salzbourg. ce parchemin, parce qu'il perdrait sa vertu.
Les medecins , ses rivaux , n'ont pas peu con- C'est sur ce parchemin qu'on ecrit ensuite les
tribue a le decrier. « Ce fut le diable, dit le doc- pantacles, talismans, figures magiques pactes ,

teur Louis de Fontenettes, dans la preface de son et autres pieces.


Hippocrate depaijse ,
qui suscita Paracelse, auteur Parfums. On que si I'on se parfume avec
dit
de la plus damnable neresie qui ait jamais ete de la semence de de psellium, ou avec les
lin et
tramee centre le corps humain. » racines de violette et d'ache on connaitra les ,

Paramelle. Tout le monde a connu de repu- choses futures et que pour chasser les mau-
,
,

tation I'abbe Paramelle qui decouvrait a coup ,


vais esprits et fantomes nuisibles, il faut faire un
sur les sources cachees, sans baguette divinatoire. parfum avec calament, pivoine, menthe et palma-
Voici une de ses anecdotes : christi. On pent assembler les serpents par le
Un riche proprietaire du Jura voulut se mo- parfum des os de I'exlremite du gosier de cerf
quer un peu de la science de I'hydroscope. II et, au contraire on les pent chasser et mettra
,

possedait dans son jardin une source abondante; en fuite si on allume la corne du meme cerf. La
il la cacha soigneusement aux yeux. « Aurai-je corne du pied droit d'un cheval ou d'une mule
le bonheur de trouver de I'eau sur cette pro- allumee dans une maison, chasse les souris, et
priete? » Telle est la question qui fut adressee celle du pied gauche les mouches. Si on fait un
a I'abbe Paramelle. — Non ,
repondit-il rdsolu- parfum avec du fiel de seiche, du thymiamas,
ment. —
Mais enfin monsieur I'abbe voyez ,
,
des roses et du bois d'aloes et qu'on jette sur ,

cherchez bien il est impossible qu'il n'y ait pas


; ce parfum allume de I'eau ou du sang, la maison
ici quelque source. Non, vous dis-je, il n'y — semblera pleine d'eau ou de sang, et si on
aura pas de source ici. Le financier rit sous jette dessus de la terre labouree , il semblera
cape son bote n'a pas Fair de s'en apercevoir,
; que le sol tremble ^
et se dirige jusqu'aun champ eloigne de quel- Paris. Une prediction avait annonce que Paris
ques centaines de pas. C'etait F unique richesse serait detruit parune pluie de feu le 6 janvier
d'un pauvre paysan." « Seriez-vous bien aise, 1840. Mais la catastrophe a ete remise au cin-
lui dit I'abbe de posseder une source dans votre
, quieme mois de I'annee 1900.
champ? —
He monsieur Fabbe repond Fautre,
!
,
Parker (Guillaume). Voy. Buckingham.
je n'ai pas le moyen de souscrire. — Vous Fau-
rez gratis. Apportez une pioche. » La pioche * Nynauld , p. 72 de la Lycanthropie.
PAR — 520 — PAU
Parkes (Thomas), Anglais qui, en voulant se connaitre presence ou I'absence de la virgi-
la
mettre en relation avec les esprits , se vit pour- nite. On mesurait
le cou d'une fille avec un fil,
siiivi de visions dpouvantables. et en repelant I'epreuve avec le meme fil, on
Parlements. Le clerge n'a jamais demande tiraitmauvais presage du grossissement du ecu.
la mort des sorciers. Ce sont les parlements qui Pasetes, magicien qui achetait les choses
les ont toujours poursuivis avec chaleur. A la fin sans les marchander mais I'argent qu'il avait
;

du dix-septieme siecle, le clerge reclamaitcontre donne n'enrichissait que les yeux car il retour- ,

I'execution de plusieurs sorcieres convaincues nait toujours dans sa bourse. Voy. Pistole vo-
d'avoir fait le sabbat avec maitre Verdelel; le LANTE,
parlement de Rouen pria tres-humblement le roi Passalorynchithes ,
heretiques des premiers
de permettre qu'on brulat incontinent toutes les siecles , ainsi nommes de deux mots grecs qui
sorcieres. On citerait mille exemples pareils. veulent dire pieu dans le nez. lis croyaient qu'on
Paroles magiques. On pent charmer les des ne pouvaient prier convenablement qu'en se
ou les carles de maniere a gagner continuelle- mettant deux doigts comme deux pieux dans
,
,

ment au jeu, en les benissant en meme temps les deux narines.


que Ton recite ces paroles Contra me ad incarle
: Patala, nom de I'enfer des Indiens.
cla, a filii a Eniol, Lieber, Braija, Braguesca. On Patiniac superstition particuliere aux Indiens
,

n'est point mordu des puces si Ton dit en se des lies Philippines. C'est un sortilege qu'ils
couchant Och, och. On fait lomber les verrues
: pretendent attacher au fruit d'une femme, donl
des mains en les saluant d'un bonsoir le matin et I'effet est de prolonger les douleurs de I'enfante-
d'un bonjour le soir. On fait filer le diable avec ment et meme de I'empecher. Pour lever le
ces mots Per ipsum, et cum ipso, et in ipso.
: charme, le mari ferme bien la porte de sa case,
Qu'on dise Sista, pista, risla, xista, pour n'a-
: fait un grand feu tout a Ten tour, quitte le peu de
voirplus^mal a la cuisse. Qu'on prononce trois velements dont il est ordinairement convert,
fois Onasacjes, pour guerir le mal de dents. On
: prend une lance ou un sabre, et s'en escrirae
previent les suites funestes de la morsure des avec fureur contre les esprits invisibles jusqu'a
chiens enrages en disant Hax , pax , max. : ce que sa femme soil delivree.
Voy. Beurre, Charmes, Sabbat, Eleazar Ana- , Patris .(Pierre) poete, ne a Caen en 1583,
,

NISAPTA, AmOLETTES, CtC. II fut premier marechal des logis de Gaston de

Parque (Marie de la), compagne au sabbat France, due d'Orleans. L'esprit de plaisanterie
de Domingina Maletena. Voy. ce mot. lui valut sa fortune et la confiance dont il jouis-
Parques, divinites que les anciens croyaient saitaupres du prince. 11 mourut a Paris en 1671.
presider a la vie et a la mort; maitressesdu sort On raconte qu'etant au chateau d'Egmond, dans
des hommes, elles en reglaient les destinees. La une chambre ou un esprit venait de se montrer,
vie etait un fil qu'elles filaient : I'une tenait la il ouvrit la porte de cette^ chambre, qui donnait

quenouille, I'autre lefuseau, la troisieme, avec sur une longue galerie au bout de laquelle se
,

ses grands ciseaux, coupait le fil. On les nomme trouvait une grande chaise de bois si pesanle
Clot/to, Lachesis et Atropos. On les fait naitre de que deux hommes avaient peine a la soulever.
la Nuit, sans le secours d'aucun dieu. Orphee, 11 vit celte chaise malerielle se remuer, quitter
dans I'hymne qu'il leur adresse, les appelle les sa place et venir a lui comme soutenue en I'air.
fille de I'Erebe. II s'ecria : —
Monsieur le diable les interets de ,

Parris, famille protestante etablie a Salem, Dieu a part je suis bien votre serviteur mais
,
;

dans la Nouvelle-Angleterre. Plusieurs jeunes je vous prie de ne pas me faire peur davantage.
filles de cette famille, dont le pere etait ministre, , La chaise s'en retourna a sa place comme elle
furent obsedees en 1692, et tomberent dans un etait venue. Cette vision, dit-on, fit une forte
etat extraordinaire. Elles se glissaient dans des impression sur l'esprit de PaLris, et ne contribua
trous, sous les bancs, sous les meubles, et fai- pas peu a le faire rentrer dans son devoir.
saient des contorsions etranges. En ce meme Patroiis. Jupiter avait, sous le nom de Patroiis,
temps une jeune fille d'un nomme Goodwin, a Argos une statue de bois qui le representait
, ,

dans la meme ville, avait des hallucinations, avec trois yeux pour marquer qu'il voyait ce
,

voyait a tout moment un cheval devant elle se , qui se passait dans le ciel, sur la lerre etdans les
meltait a califourchon sur une chaise et prenait enfcrs. Les Argiens disaient que c'etait le Jupiter
le galop. On crut que ces jeunes filles etaient Patroiis qui etait dans le palais de Priam, et que
ensorcelees, d'autant plus qu'elles accusaient ce fut au pied de son autel que ce prince fut tue
certainesfemmes de les avoir maleficiees. On par Pyrrhus.
mitces femmes en prison, et les obsedees respi- Pauana. C'est le nom qu'on donnait en Flandre
rerent. Tout cela est un peu obscur; mais ce qui a la danse infernale, violente, dehanchee, excen-
est clair, c'est que I'esprit malin etait la pour trique, que dansaient les sorcieres au sabbat.
quel que chose. Paul (Arnold), paysan de Medroiga, village de
Parthenomancie , divination ridicule pour Hongrie, qui fut ecrase par la chute d'un chariot
;

PAU — 521 — PEC


charge de foin, vers I'an 1728. Trente jours montre aux exorcistes , c'est sous la forme d'un
apres sa mort, quatre personnes moururent su- homme a cheval sur un dromadaire, couronne
bitement et de la meme maniere que meurent d'un diademe etincelant de pierreries avec un ,

ceux qui sont molestes des vampires. On se res- visage de femme. Deux cents legions, partie de
soLivint alors qu'Arnold avait souvent raconte
qu'aux environs de Cassova sur les frontieres ,

de la Turquie il avait ete tourmente longLemps


,

par un vampire turc; mais que, sachant que


ceux qui etaient victimes d'un vampire le deve-
naient apres leur mort, il avait trouve le raoyen

de se guerir en mangeant de la terre du tombeau


du defunt et en se frottaxit de son sang. On pre-
suma qite si ce remede avait gueri Arnold (Paul),
il ne I'avait pas empeche de devenir vampire a
son tour en consequence on le deterra pour s'en
;

assurer, et, quoiqu'il fut inhume depuis quarante


jours, on lui trouva le corps vermeil on s'aper- ;

cut que ses cheveux, ses ongles, sa barbe, s'e-


laient renouveles, et que ses veines etaient rem-
plies d'un sang fluide. Le bailli du lieu en ,

presence de qui se fit I'exhumation, et qui etait


un homme expert , ordonna d'enfoncer dans le
coeur de ce cadavre un pieu fort aigu et de le
percer de part en part ce qui fut execute sur-
; I'ordre des Anges, partie de I'ordre des Puis-
le-champ. Le corps du vampire jeta un cri et fit sances , lui Paymon est evoque par
obeissent. Si
des mouvements apres quoi on lui coupa la tete
;
quelque sacrifice ou libation, il parait accompa-
et on le brula dans un grand bucher. On fit subir gne des deux grands princes Bebal et Abalam*.
ensuite le meme traitement aux quatre morts Peanite, pierre fabuleuse, que les anciens
qu'Arnold (Paul) avait tues, de peur qu'ils ne croyaient douee du privilege de faciliter les ac-
devinssent vampires a leur tour, et il y eut un couchements.
peu de calme. Voy. Vampires. Peau. Pour guerir les taches de la peau et les
Paul (Saint). Voy. Art de saint Paul. verrues, il suffit, selon certaines croyances popu-
Pauls. Il au convent des cordeliers
y avait laires, de toucher un cadavre ou de se frotter les
de Toulouse un caveau qui servait de catacom- mains au clair de laiune. Voy. Verrues ^
bes les morts s'y conservaient. Dans ce caveau
; Peche chemin de I'enfer.
,

etait enterree depuis la fin du seizieme siecle,


,
Peche originel. « Un enfant, dites-vous, ne
une femme celebre dans le pays, sous le nom de peut naitre responsable de la faute d'un pere.
la belle Paule. II etait d'usage de visiter son tom- En etes-vous bien sur? Au sein de I'humanite un
beau le jour anniversaire de sa mort. Un jeune sentiment universel se manifesto la vie de tous
;

cordelier, la tete un peu echauffee, s'etait un jour les peuples exprime par les faits les plus signi-
engage a descendre dans ces catacombes sans ficatifs I'existence d'une loi terrible et myste-

lumiere et sans temoin et a enfoncer un clou , rieuse, de la loi d'heredite et de solidarite pour
dans le cercueil de Paule. II y descendit en effet le crime et la peine entre les hommes. Interro-

mais il attacha par megarde au cercueil un pan gez les nations qui furent les plus voisines des
de sa robe. Lorsqu'il voulut remonter, il se crut traditions primitives. En Chine, le fils est puni
retenu par la defunte ce qui lui causa une telle pour le pere une famille et meme une ville en-
; ;

frayeur qu'il tomba mort sur la place. tiere repondent pour le crime d'un seul. Dans
Pausanias. Quelques ecrivains ont pretendu rinde, les parents, I'instituteur, I'ami du cou-
que les Lacedemoniens n'avaient point de sor- pable, doivent etre punis. Tout I'Orient jugeait
ciers, parce que, quand ils voulurent apaiser les ainsi. II en est de meme encore parmi les peu-

manes de Pausanias, qu'on avait laisse mourirde plades sauvages. De la aussi ces chants lugubres
faim dans un temple, et qui s'etait montre depuis des poetes qui voyant Rome desolee par les ,

a certaines personnes, on fut oblige de faire venir guerres civiles, en donnent instinctivement pour
des sorciers d'ltalie pour chasser le spectre du raison qu'elle expiait les parjures de Laomedon,
defunt. Mais ce trait ne pro'uve rien sinon que les parjures des Troyens, le parricide de Romu-
,

les sorciers de Lacedemone n'etaient pas aussi lus, c'est-a-dire les crimes commis par ses aieux.
habiles que ceux de Fltalie, * Alexandre meurt au milieu de ses plus belles
Pavanis (Les). C'est le nom qu'on donne aux annees apres lui de sanglantes divisions se de- ;

magiciens'et devins dans I'isthme de Dari. ' Wierus, in Pseudomon. dcemon.


Paymon I'un des rois de I'enfer. S'il se
, 2 Brown, Erreurs populaires , t. IL
PED — 522 — PEN
clarent; des maux sans nonibre accablent les sans etre remarque, courut devant, se mit en
parents dii conqiierant; les historians paiens at- chemise et se cacha sous son manteau au pied
tribuent sans hesitertous ces malheurs a la ven- de la polence en attendant les autres. Quand ils
geance divine ,
qui punissait les impietes et les furent arrives, le plus hardi de la bande monta
parjures du pere d' Alexandre sur sa famille. a I'echelle et se mit a couper la corde pour faire
Thesee, dans Euripide, trouble de I'attentat dont tomber le corps mais aussilot le camarade cach^
;

11 croit son fils coupable, s'ecrie « Quel est done : se montra et dit « Qui eles-vous ? et pourquoi
:

» celui de nos peres qui a commis un crime digne venez-vous enlever mon corps? » A ces mots,
» de m'attirer un tel opprobre ? » J'omets a des- et a la vue du fantome blanc qui gardait la po-
sein une foule d'autres monuments, et je m'abs- tence, les jeunes gens prennent la fuite epou-
tiens meme de citer les livres de I'Ancien Tes- vanles; celui qui etait sur I'echelle saute a has
tament, fort explicites sur ce point. Mais parmi sans compter les echelons, pensant que I'esprit
ces temoignages et ces fails, une loi est ecrite du pendu Et ne furent ce»pauvres
le tenait deja. «

evidemment elle est ecrite en caracteres de sang


; chiriu'giens de longtemps rassures\ »
dans les annales de tous les peuples c'est la loi :

de I'heredite du crime et de la peine. Un senti-


ment profond et universel la proclame. Ce cri des
peuples ne saurait etre ni la faussete ni I'injus-
tice*. »
Pedasiens. Chez Pedasiens, peuples de
les

Carie, qu'eux ou leurs voisins


toutes les fois
etaient menaces de quelque malheur, une longue
barbe poussait a la prelresse de Minerve. Hero-
dote remarque que ce prodige arriva trois fO».
Pedegache. Voy. Yeux.
Pegomancie , divination par les sources. Elle
se praliquait soil en y jetant un certain nombre
de pierres dont on observail les divers mouve-
inents, soit en y plongeant des vases de verre,
et en examinant les efforts que faisait I'eau pour
y entrer et chasser I'air qui les remplissail. La
plus celebre des pegomancies est la divination On lisait dernlerement ce Jqul suit dans le
par le sort des des, qui se praliquait a la fontaine Mo7utenr du Calvados : —
« Voici un deplorable
d'Abano, pres de Padoue; on jelail les des dans exemple d'aberralion causee par la ridicule
I'eau pour voir s'ils surnageaient ou s'ils s'enfon- croyance aux erreurs et aux prejuges populalres,
gaient, et quels numeros ils donnaient; sur quoi malheureusement enracines encore profondement
un devin expliquait I'avenir. dans I'esprit de nos populations des campagnes.
Pegu. Kiak-Kiak, dieu des dieux, ou plutot Un magon, honnete ouvrierd'une petite commune
demon des demons, idole principale du Pegu, est du departement de I'Orne, arrivait a grand'peine,
represente sous une figure humaine, qui a vingt a I'aide d'un travail oplniatre, a nourrir sa nom-
aunes de longueur, couchee dans I'attitude d'un breuse famille; aussi, la tete troublee par les
homme endormi. Cette idole est placee dans un superstitions et la lecture du Petit-Albert, reso-
temple magnifique, dont les portes et les fenetres lut-ilde se sacrifier pour le bonheur des siens.
sont toujours ouvertes et dont I'entree est per- II se pendit, en laissant un billet ainsl concu :

mise a tout le monde. « Adieu, ma femme et mes enfants Gomme je !

Peigne. Trouver un peigne, presage de bon- » n'ai pas de fortune a vous donner, je veux
heur. » vous laisser de quoi reussir dans tout ce que
Pendus. On sail qu'on gagne a tous les jeux, » vous entreprendrez Partagez-vons ma corde. »
:

quand on a dans sa poche de la corde de pendu. Penitence. Le Kari-Chang est le temps de


— Un soldat de belle corpulence ayant ete pendu, penitence des idolatres de I'ile Formose et chez ;

quelques jeunes chirurgiens demanderent la per- les peuples que les tenebres couvrent encore,
mission d'anatomiser son corps. On la leur ac- les penitences sont bien autrement dures que
corda, et ils allerent, a dix heures du soir, prier chez les Chretiens. Le Kari-Chang les oblige a
le bourreau de le leur remeltre. Le bourreau etait vingt-sept articles qu'ils doivent observer exac-
deja couche ; 11 leur repondit qu'il ne se souciait tement, sous peine d'etre severement chaties.
pas de se lever, et qu'ils pouvaient aller eux- Entre autres choses, 11 leur est defendu, pendant
memes dependre le mort. Pendant qu'ils s'y de- ce temps, de conslruire des huttes, de se marier,
cidalent, le plus eveille d'entre eux se delacha de vendre des peaux de senier de forger des
, ,

>Le P. de Ravignan ,
Conferences de 1 843 a Notre-
Dame de Paris. ' Leloyer, Histoire des spectres.
;
! ,

PEN — 523 — PER


annes, de faire rien de neuf de tuer des cochons, , ricles par son nom , et lui commanda de com-
de noinmer un enfant noiiveau-ne, etc. battre, I'assurant que
dieux donnaient la
les
Les Formosans pretendent que ces lois leur victoireaux Atheniens. Cette voix fut entendue
ont ete imposees par iin de leurs compatriotes, des ennemis, comme venant de Pluton et ils en ,

qui se voyant expose au mepris


, parce qu'il ,
eurent une telle peur qu'ils s'enfuirent sans tirer
etait difforme et hideux, conjura les dieux de I'epee,
Tadinettre dans le ciel, la premiere fois qu'il Peris, genies femelles des Persans, d'une
recevrait quelque insulte. Ses voeux furent en- beaute extraordinaire; elles sont bienfaisantes
tendus. Ce Formosan qui avait a peine figure ,
habitent le Ginnistan se nourrissent d'odeurs
,

d'homme, devint done un dieu, et, comme il exquises ,ressemblent un peu a nos fee's. Elles
et
etait laid un dieu redoutable. II ne tarda pas a
, ont pour ennemis les dives. Voy. Dives.
se venger des railleries de ses compatriotes il : Perithe pierre jaune qui avait, dit- on, la
,

descendit dans Tile de Formose et leur apporta vertu de guerir la goutte et qui brulait la main
les vingt-sept articles du Kari-Chang, leurfaisant quand on la serrait fortement.
les plus terribles menaces, s'ils en negligeaient Peroun, genie ou dieu du tonnerre chez les
un seul. anciens Slaves; il etait tres-redoute ; et son cuUe
Penote, Un alchimiste, reduit a I'hopital (c'etait avait lieu encore au sixieme siecle.
Penote) avait coutume de dire qu'il ne souhai-
, Perrier, demon invoque comme prince des
tait rien a ses plus mortels ennemis'qu'un peu de principautes dans les litanies du sabbat.
,

gout pour I'alchimie. Persil (Maitre). Voy. Verdelet.


Penteman. Le peintre Penteman ne a Rot- , Perteman. Une jeune fille de la commune
terdam, vers I'an 1650, fut charge de representer d'Uccle (pres de Bruxelles) avait dit a plusieurs
dans un tableau des tetes de morts et plusieurs personnes qu'elle etait ensorcelee; que la nuit
autres objets capables d'inspirer du mepris pour des spectres et des revenants vetus de longues ,

les amusements et du siecle. Afin


les vanites robes jaunes, se presentaient devant son lit et
d'avoir sous les yeux des modeles il entra dans
, venaient lui causer dfe grandes frayeurs, au point
un cabinet d'anatomie, qui devait lui servir d'ate- que sa sante en etait alteree. Les freres de cette
lier. En dessinant les tristes objets qui I'entou- jeune fille croyant que leur soeur etait reellement
,

malgre lui etcedabien-


raient, I'artiste s'assoupit ensorcelee, eurent recours a un individu de la
tot aux charmes du sommeil. II en goutait a peine commune surnomme le perteman (le joueur de
les douceurs qu'il fut reveille par un bruit ex-
,
mauvais tours) qui avait la reputation de pos-
,

traordinaire. Quelle dutetre safrayeur, en voyant seder le moyen de conjurer les spectres et les es-
remuer les tetes des squeleltes qui I'environ- prits malins. Get homme s'attendait probablement,
naient et en apercevant les corps suspendus au
, et pour cause, a etre consulte par les parents
plancher s'agiter et se heurter avec violence de la jeune fille il se mit done en devoir d'em-
;

Saisi d'effroi Penteman sort de ce lieu terrible,


, ployer, moyennant salaire, bien entendu, ses ta-
se precipite du haut de I'escalier et tombe dans lents surnaturels, comme il les appelait, pour
la rue a demi mort. Lorsqu'il eut repris connais- combattre les ceuvres des nombreuses sorcieres
sance, il fut facile de s'assurer que le spectacle dont il pretendait que la jeune fille etait la vic-
dont il venait d'etre epouvante n'etait que trop time. Presque tous les soirs il se rendait, muni
naturel, puisqu'il avait ete occasionne par un d'un gros livre, au domicile de la fille, y allumait
tremblement de terre. Mais la terreur avait tene- des chandelles et restait souvent la toute la nuit;
ment glace son sang qu'il mourut peu de jours cependant le revenant reparaissait toujours lors-
apres. que I'exorciseur ne venait pas enfin le perte- ; ,

Peratoscopie divination par inspection des


, man vint annoncer qu'il etait parvenu a recon-
phenomenes et choses extraordinaires qui appa- naitre la cause du malheur et le remede a
raissent dans les airs. employer ce remede etait une soinme de 15 fr.
;

Perdrix. 'On dit qu'un malade ne peut mou- a repartir entre les trente sorcieres qui assie-
rir lorsqu'il est couche sur un lit de plumes d'ailes geaient la malheureuse jeune fille on les calmait ;

de perdrix done a raison de 50 centimes par tete.


Perez (Juan). Voy. Inquisition. Le frere de cette infortunee, ne possedant pas
Pericles, general athenien qui, se defiant de la somme de quinze francs alia consulter le
,

Tissue d'une bataille, pour rassurer les siens, fit bourgmestre, et Ton concoit qu'il n'en faliut pas
entrer dans un bois consacre a Pluton un homme davantage pour meltre un terrae aux manoeuvres
d'une taille haute, chausse de longs brodequins, du sorcier. L'autorite communale envoya, le soir
ayant les cheveux epars, vetu de pourpre, etassis meme ou le perteman devait venir operer le de-
sur un char traine par quatre chevaux blancs senchantement d^finitif, deux gardes forestiers
il parut au moment de la bataille, appela Pe- charges de verifier ce qui se passait; ceux-ci
trouverent le perteman dans la maison. 11 s'oc-
^ Thiers, Traite des superstitions. cupait a feuilleter son gros volume a jeter de ,
; »

PER — 52Zi — PEU


I'eau benite et a marmotter certaines paroles ils detruisaient les edilices sacres et brulaient les
vers minuit, ils virent approcher de la maison croix et les images.
une femme habillee de jauiie, qui alia ecouLer a Pettimancie , divination par le jet des des.
la porte; un instant apres, \e pcrtcman sortit, VoiJ. ASTRAGALOMANCIE et CUBOMANCIE.
dispose a lier conversation avec le revenant il ; Peucer (Gaspard), medecin, ne a Bautzen
apergut alors les gardes, prit la fuite ainsi que , en 1525. 11 etait gendre de Melanchthon et comme
la femme et dans son trouble il laissa tomber
, lui separe de I'Eglise. II a laisse un livre sur les

son volume myslerieux qui, verification faite, fut divinations : De prwcipuis divinationum generi-
trouv6 etre un ouvrage de Mirabeau, intitule De bus, traduit en francais par Simon Goulard. An-
la monarchic priissiemie sous FrMerk le Grand. vers, 158/|.
Le pcrtcman fut arrete et depuis le revenant n'a
, Peuplier. Les"anciens regardaient le peuplier
plus ete vu ni par la jeune fille ni par personne. comme un arbre dedie aux enters et aux demons.
Ce fait s'est passe il y a moins de trente ans. Peur. On pretend que pour se preserver de
Pertinax. Trois ou quatre jours avant que la peur il faut porter sur soi une epingle qui ait

I'empereur Pertinax fut massacre par les soldats ete fichee dans le linceul d'un mort,
de sa garde, on conte qu'il vit dans un etang je Un oftficier loge en chambre garnie, et sur le
ne sais quelle figure qui le menaqait I'epee au point de rejoindre son regiment, etait encore
poing. dans son lit au petit point du jour, lorsqu'un
Peste. Les rois de Hongrie se vantaient de menuisier, porteur d'un cercueil pour un homme
guerir la jaunisse comme les rois de France
, qui venaitde mourir dans la piece voisine, entra,
guerissaient les ecrouelles, et comme ceux de croyant ouvrir la porte de la chambre du mort.
Bourgogne dissipaient la peste. « Voila, dit-il, une bonne redingote pour I'hiver.

Dans pays de Reuss on attribue les pestes


le , L'oflicier ne douta pas qu'on ne vint pourle vo-
epidemies a une grande diablesse
et les diverses ler. Aussitot il saute a bas du lit et s'elance contra

maigre, et remarquable par ses grands cheveux le pretendu voleur. ... Le menuisier, voyantquel-
noirs et sordides. EUe parc'ourt les airs sur un que chose de blanc, laisse tomber son cercueil,
chariot noir et marche, suivie de nombreuses et s'enfuit a toutes jambes, criant que le mort
fillesde I'enfer, qui repandent partout des germes etait a ses trousses.... On dit qu'il en fut malade.
de mort. Un marchand de la rue Saint-Victor, a Paris,
Pet. Qui pete en mangeant voit le diable en donnant un grand souper, la servante de la mai-
mourant. Axiome populaire, repandu pour ensei- son fut obligee de descendre a la cave a dix
gner la bienseance aux enfants dans les contrees heures du soir. Elle etait peureuse elle ne fut ;

oil Ton mange beaucoup de choux et de navets. pas plutot descendue qu'elle remonta tout epou-
,

Petchimancie divination par les brosses ou


, vantee, en criant qu'il y avait un fantome entre
vergettes.Quand un habit ne peut pas se verge- deux tonneaux!... L'effroi se repandit dans la
ter, c'estun signe qu'il y aura de la pluie. maison les domestiques les plus hardis descen-
,

Petit monde. On appelait petit mondc une dirent a la cave, les maitres suivirent, et Ton
societe secrete qui conspirait en Angleterre au reconnut que le spectre etait un mort qui y avait
dernier siecle pour le retablissement des Stuarts. glisse de la charrelte de I'Hotel-Dieu, et etait
On debitait beaucoup de contes sur cette societe : torabe dans la cave par le soupirail.
par exemple, on disait que le diable en personne, Un provincial venu a Paris dans le temps dii
assis dans un grand fauteuil presidait aux as-
,
carnaval fit la partie, comme tant d'autres idiots,
semblees. G'etaient des francs-macons. d'aller au bal masque avec un de ses amis, et il
Petit-Pierre. Les contes populaires de I'Alle- se deguisa en diable c'etait tres-ingenieux. Les
;

magne donnent ce nom au demon qui achete les deux amis se retirerent avant le jour. Comme le
ames et avec qui on fait pacte. II
vient au lit de carrosse qui les remmenait passait dans le quar-
mort, sous la forme d'un nain chercher ceux , tier ou logeait le provincial, il fut le premier qui
qu'il a achetes. descendit, et son ami le laissa devant sa porte,

Petpayatons. Les Siamois appellent ainsi les oil frappa vivement, parce qu'il faisait grand
il

mauvais esprits repandus dans I'air. S'ils prepa- froid. II fut oblige de redoubler les coups avant
rent une medecine, ils attachent au vase plusieurs depouvoireveiller une vieille servante de sonau-
papiers, oij sont ecrites des paroles mysLerieuses berge qui vint enfin a moitie endormie lui ouvrir,
,

pour empecher que les Petpayatons n'emportent mais qui, des qu'elle le vit, referma sa porte au
la vertu du remede. plus vite et s'enfuit en criant. Le provincial ne
Petrobusiens, disciples de Pierre de Bruys, pensait pas a son costume; et, ne sachant ce
heretique du Dauphine contemporain de la pre-
,
que pouvait avoir la servante, il se remit a trap-
miere croisade. lis reconnaissent deux createurs : per; mais inulilement, personne nerevint. Mou-
Dieu et le diable. lis disaient que les prieres sont rant de froid, il prit le parti de chercher gite
aussi bonnes dans un cabaret que dans une eglise, ailleurs. En marchant le long de la rue, il aper-

dans une etable que sur un autel en consequence, ; Qut de la lumiere dans une maison ;
pour comble
PHA — 525 — PHE
de bonlieur, la porle n'elait pas fermee tout a fut tout effraye, croyant de son cote voir le defunt
en entrant un cercueil avec des cierges
fait. II vit a ses trousses. Quandrevenu de safrayeur,
il fut
autour, et un bon homine qui, en gardant le il fit que
reflexion sur son habilleinent et comprit
mort, s'etait endormi aupres d'un bon brasier. c'etait ce qui avait cause ses embarras. Comme
Le provincial sans faire de bruit, s'approcha le
, le jour commengait a paraitre, il alia changer de
plus qu'il put du brasier, s'y installa et s'endor- mise dans une friperie et retourna a son au-
mit aussifort tranquillement sur un siege. Cepen- berge, oii il n'eut pas de peine cette fois a se
dant le gardien s'eveilla; voyant la figure qui lui faire ouvrir la porte. II apprit en entrant que la
faisaitcompagnie avec ses cornes et le reste, il
, servante etait malade, et que c'etait une visite
ne douta pas que ce ne fut le diable qui venait que le diable lui avait rendue qui causait son
prendre le mort. II poussa des cris si epouvan- mal. II n'eut garde de dire que lui-meme etait le
tables que le provincial, s'eveillant en sursaut. diable. II sut ensuite que Ton publiait dans le

ppucer (GaspardJ

quartier que le diable elait venu pour enlever un fant; avant de se montrer a I'exorcisle, il rend
voisin. La servante atlestait la chose; et ce qui des sons melodieux. II faut au contraire se bou-

y donnait le plus de vraiseinblance, c'est que le cher les oreilles quand on lui commande de
'

pauvre defunt avait ele usurier. Voij. Appari- prendre la forme humaine. II repond sur toutes
tions, Revenants, Fannius, Visions, etc. les sciences. C'est un bon poete, qui satisfait en

j
Phara-Ildis, ou simp\emenl Phara , bonne et vers a toutes les demandes. Apres mille ans, il
bienfaisante fee en Norvege. espere retourner au septieme ordre des Trones.
Pharmacie, divination employee par les ma- Vingt legions lui obeissent*.
giciens et enchanleurs, lesquels devinent, a I'aide Phenix. Herodole, un oiseau sacre
II y a, dit
du commerce qu'ils ont avec les demons, qu'ils qu'on appelle phenix. Je ne I'ai jamais vu qu'en

evoquent pour cela au moyen de fumigations peinlure. II est grand comme un aigle; son plu-
j

I faites sur un rechaud. mage est dore et entremele de rouge. II se nour-


Phenix, grand marquis des enfers. II parait
sous la forme d'un phenix avec la voix d'un en- 1 Wierus, in Pseudomomrchia doemon.
;, ,

PHE — 526 — PHE


rit d'aromates et vient tous les cinq cents ans en raraide dans le milieu du front, la nature y avait
Egypte, charge du cadavre de son pere enve- place une tache noire qui dominait le reste du
loppe de myrrhe, qu'il enterre dans le temple visage. Une autre pyramide blanche, s'appuyant
du Soleil. Solin dit que le phenix nait en Arable; sur la parlie inferieure du cou, s'elevait avec
que sa gorge est entouree d'aigretles, son ecu proportion et , partageant le menton
, venait ,

brillant comme Tor, son corps pourpre sa queue , aboutir au-dessus de la levre inferieure. Depuis
melee d'azur et de rose qu'il vit cinq cent qua-
;
I'extremite des doigts jusqu'au -dessus du poi-
rante ans. Certains historiens lui ont doniie jus- gnet, et depuis les pieds jusqu'a la moilie des
qu'a douze mille neuf cent cinquante-quatre ans jambes, la jeune lille paraissait avoir des hotlines

de vie. et des ganls nalurels, d'un noir clair, tirant sur


Saint Clement le Remain rapporte qu'on croit le cendre, mais parsemees d'un grand nombre
que le phenix nait en Arable, qu'il est unique de mouches aussi noires que du jais. De I'extre-
dans son espece, qu'il vit cinq ans; que, lors- mite inferieure du cou descendait une espece de
qu'il est pres de mourir, il se fait, avec de I'en- pelerine noire sur la poilrine et les epaules ; elle

cens, de la myrrhe et d'autres aromates, un cer- se terminait en trois pointes, dont deux elaient
cueil ou 11 entre a temps marque, et il y meurt; placees sur les gros muscles des bras; la troi-
que sa chair corrompue produit un ver qui se sieme, qui etait la plus large, sur la poitrine.
nourrit de I'humeur de I'animal mort et se revet Les epaules etaient d'un noir clair, tachete comme
de plumes qu'ensuite devenu plus fort il prend
;
, , celui des pieds et des mains. Les autres parties
le cercueil de son pere et le porte en Egypte sur , du corps etaient tachetees de blanc et de noir
I'autel du Soleil a Heliopohs.
, dans une agreable variete deux laches noires
;

Outre que tous ceux qui parlent de cet oiseau couvraient les deux genoux. Toutes les personnes
myslerieux ne Font point vu et n'en parlent que du pays voulurent voir ce phenomene, com-
par oui-dire, qui peut etre sur qu'il a vecu cinq blerent celte petite fiUe de presents et on offrit
;

cents ans? qui peut assurer qu'il soil seul de son de I'acheter a grand prix.
espece? L'auteur a qui nous emprunlons celte descrip-
Le P. Martini rapporte, dans son Histoire de la tion assure que la mere avait une petite chienne
Chine, qu'au commencement du regne de I'em- noire et blanche qui ne la quiltait jamais, el
pereur Xao-Hao IV, on vit paraUre I'oiseau du so- qu'ayant examine en detail les taches de sa (ille
leil, donl les Chinois regardent I'arrivee comme et de la chienne, il y trouva une ressemblance
un heureux presage pour le royaume. Sa forme lotale, non-seulement par la forme des couleurs,
dit-il, le ferait prendre pour un aigle, sans la mais encore par rapport aux lieux ou les nuances
beaute et la variete de son plumage. 11 ajouLe etaient placees. II en conclul que la vue conli-
que sa rarete lui fait croire que cet oiseau est le nuelle de cet animal avail ele plus que suflisanle
meme que le phenix*. pour tracer dans I'imagination de la mere celte
Phenomenes. Une negresse de Carthagene, variete de leinles el I'iniprimer a la fdle qu'elle
dans le nouveau royaume de Grenade, mit au porlait dans son sein.
monde un enfant tel qu'on n'en a jamais vu On dit que le peuple anglais est un peuple de
c'etait une fille qui naquit en 1738 et vecut en- philosophes; ce qui n'empecha pas, en 1726,
viron six mois. Elle etait lachelee de blanc et de une fenime de Londres d'accoucher, disail-elle,
noir, depuisle sommetde la tele jusqu'aux pieds, d'un lapereau chaque jour; le chirurgien qui I'ac-
avec tant de symetrie et de variete qu'il semblait couchait, nomme Saint-Andre, assurail que rien
que ce fut I'ouvrage du compas et du pinceau. n'elait plus positif, et le peuple philosophe le
Sa tete etait couverte de cheveux noirs boucles, croyait. —
Marguerite Daniel, femme de Rene
d'entre lesquels s'elevait une pyramide de poll Rondeau du bourg du Plesse dependant du mar-
, ,

crepu, qui du sommet de la tele descendait, en quisat de Blin, devinl grosse en 1685, vers la
elargissant ses deux lignes laterales, jusqu'au mi- mi-oclobre. Elle sentil remuer son enfant le jour
lieu des sourcils, avec tant de regularile dans la de la Chandeleur el entendit le vendredi saint
division des couleurs que les deux moilies des suivant Irois cris sortir de son venire. Depuis,
sourcils qui servaient de base aux deux angles son enfant conlinua de faire les memes cris trois
de la pyramide elaient d'un poll blanc et bou- ou qualre fois le jour, a chaque fois qualre, cinq
cle, au lieu que les deux autres nioities, du cole cris, etmeme jusqu'a huit ct neuf fort distincls,
des oreilles, etaient d'un poll noir et crepu. Pour semblables a ceUx d'un enfant nouvellement ne;
relever encore I'espace blanc que formait la py- mais quelquefois avec de lels efforts, qu'on voyait
I'eslomac de celle femme s'enfler comme si elle

' Des critiques pensent que le phenix etait le syrri' eCil dCi elouffer...
bole de la chastete et de la temperance chez les En oclobre 18/|2, a Bruxelles, une femme ac-
paiens; ils comptaient qualre apparitions de cet oi-
coucha, dans I'hospice de la Maternile, d'une
seau merveilleux, la premiere sous le roi Sesostris,
la seconde sous Amasis, la troisieme sous le troi- petite fille qui avait une queue de cheval. Son
sieme des Ptolemees la quatrieme sous Tibere.
, pere etait un cocher. L'operalion qui I'a delivree
,

PHI — 5 7 - PHI

sans la comprometlre auciinement, de cet orne- avait faite ; elle jeta des cris epouvantables e
ment singulier, a ete faite par le docteur Seulin, supplia Machates de I'averlir quand sa liMe re-
et le phenomene fut aussitot regulierement con- viendrait, ce qu'il executa.Le pere et la mere la
state Voy. Imagination, etc. virent et coururent a elle pour I'embrasser. Mais
Philinnion. Voici un trait rapporte par Phle- Philinnion, baissant les yeux, leur dit avec une
gon, et qu'on presume etre arrive a Hypate en contenance morne : —
Helas mon pere et vous ! ,

Thessalie. Philinnion fille unique de Democrate


, ma mere vous detruisez ma felicite en ni'em-
, ,

et de Charito mourut en age nubile ses parents


, ; pechant par voire presence importune de vivre
, ,

inconsolables flrent enterrer avec le corps mort seulement trois jours. Votre curiosite vous sera
les bijoux et les alours que la jeune fille avait le funeste, car je m'en retourne au sejour de la
plus aimes pendant sa vie. Quelque temps apres, mort, et vous me pleurerez autant que qnand je
un jeune seigneur, nomme Machates, vint loger fus portee en terre pour la premiere fois. Mais je

chez Democrate ,
qui etait son ami. Le soir, vous avertis que je ne suis pas venue ici sans la
volonte des dieux. Apres ces mots, elle retomba
morte, et son corps fut expose sur un lit a la vue
de tous ceux de la maison. On alia visiter le tom-
beau, qu'on trouvavide etne contenant seulement
que I'anneau de fer et la coupe que Machates lui
avait donnes
Philosophie hermetique. Voy. Pierre phi-
LOSOPHALE.
Philotanus, demon d'ordre inferieur, soymis
a Belial.
Philtre, breuvage ou drogue dont Teffet pre-
tendu est de donner I'amour. Les anciens, qui en
connaissaient I'usage, invoquaient dans la con-
fection des philtres les divinites infernales. II y
entrait differents animaux, herbes ou matieres,
tels que le poisson appele remore, certains os de
grenouilles, la pierre astroite et surtout I'hippo-
mane. Delrio, qui met les philtres au rang des
malefices, ajoute qu'on s'est aussi servi pour les
composer de rognures d'ongles, de limailles de
metaux, de reptiles, d'intestins de poissons et
d'oiseaux, et qu'on y a mele quelquefois des
fragments d'ornements d'eglise.
Les philtres s'expliquent comme les poisons, ,

par la pharmacie. L'hipporaane est le plus fa-


comme il etait dans sa chambre, Philinnion lui meux de tous les philtres ; c'est un morceau de
apparait, lui declare qu'elle I'aime ;
ignorant sa chair noiratre et de forme ronde, de la grosseur
mort, il l'epouse en secret. Machates, pour gage d'une figue seche, que le poulain apporte quel-

de son amour, donne a Philinnion jjne coupe d'or quefois sur le front en naissant. Suivant les livres
et se laisse tirer un anneau de fer qu'il avait au de secrets magiques ce mysterieux morceau de
,

doigt. Philinnion, de son cote, lui fait present chair fait naitre une passion ardente, quand,
de son collier et d'un anneau d'or, et se retire etant mis en poudre , il est pris avec le sang de
avant le jour. Le lendemain elle revint a la meme
, celui qui veut se faire aimer. Jean-Baptiste Porta
heure. Pendant qu'ils etaient ensemble, Charito detaille au long les surprenantes propriet^s de
envoya une vieille servante dans la chambre de I'hippomane; il estfacheux qu'on n'ait jamais pu
Machates pour voir s'il ne lui manquait rien. le trouver tel qu'il le decrit, ni au front du pou-

Cette femme retourna bientot eperdue vers sa lain naissant, ni ailleurs. Voy. Hippomane.
maitresse et lui annonga que Philinnion etait avec Les philtres sont en grand nombre et plus ri-
Machates. On la traita de visionnaire mais ; dicules les uns que les autres. Les anciens les
comme elle s'obstinait a soutenir ce qu'elle disait, connaissaient autant que nous, et chez eux on
quand le matin fut venu, Charito alia trouver son rejetait sur les charmes magiques les causes
bote et lui demanda si la vieille ne I'avait point d'une passion violente, un amour dispropor-
trompee. Machates avoua qu'elle n'avait pas fait tionne, le rapprochement de deux coeurs entre
un mensonge, raconta les circonstances de ce qui qui la fortune avait mis une barriere, ou que les
lui etait arrive, et montra le collier et I'anneau parents ne voulaient point unir.
d'or que la mere reconnut pour ceux de sa fille. II y a de certains toniques qui enflamment les

Cette vue reveilla la douleur de la perte qu'elle intestins, causent la demence ou la mort et in-
PHL — 528 — PHY
Spirent une ardeur qu'on a prise pour de I'ainour. ecrites ou gravees comme de phylacteres et pre-
mouches canlharides avalees dans
Telies sont les servatifs. L'Eglise a toujours condamne cet abus.
un breuvage. Un Lyonnais, voulant se faire ai- Voy. Amulettes.
mer de sa femme qui le repoussait, lui lit avaler Phyllorhodomancie, divination parlesfeuilles
qiialre de ces inscctes pulverises dans un verre de roses. Les Grecs faisaient claquer sur la main
de vin du Rhone; il s'atlendait a un succcs, il une feuille de rose et jugaient par le son du suc-
fut veuf le lendemain. A ces moyens violents on ces de leurs vceux.
a donne le nom de philtres. Physiognomonie, art de juger les hommes
Rien n'est plus curieux, dit un conlemporain, par les traits du visage, ou talent de connaitre
que la superstition qui en Ecosse preside aux I'interieur de I'homme par son exterieur.
moyens employes pour faire naitre I'amour ou Cette science a eu plus d'ennemis que de par-
vaincre la resistance de I'objet aime. Sir John tisans; elle ne parait pourtant ridicule que quand
Colquhoun avait epouse depuis peu de mois lady on veut la loin. Tous les visages,
pousser trop
Liha Graham , fille ainee de Jean ,
quatrieme toutes les formes, tous les etres crees different
comte de Montrose, lorsque lady Catherine, sa entre eux, non-seulement dans leurs classes,
belle-soeur, vint passer quelque temps chez lui. dans leurs genres, dans leurs especes, mais aussi
Bientot il en devint epris, et, pour vaincre I'in- dans leur individualite. Pourquoi cette diversite
difference qu'elle lui temoignait, il eut recours de formes ne serait-elle pas la consequence de la
a un necromancien habile ,
qui composa un bou- diversite des caracleres, ou pourquoi la diversite
quet forme de diamants , de rubis et de saphirs des caracteres ne serait-elle pas liee a cette di-
monies en or, et le doua de la propriete de livrer versite de forme? Chaque passion, chaque sens,
a la personne qui le donnait le corps et I'ame de chaque qualite prend sa place dans le corps de
celle' qui le recevait. 11 parait que sir John fit un tout etre cree la colere enfle les muscles
; les :

usage immediat de ce talisman. Les chroniques muscles enfles sont done un signe de colere?....
de celte epoque disent qu'il parlit avec lady Ca- Des yeux pleins de feu, un regard aussi prompt
therine pour Londres, apres qu'il eut criminel- que I'eclair et un esprit vif et penetrant se re-
leraent abandonne son epouse, et qu'il fut oblige trouvent cent fois ensemble. Un oeil ouvert et
' d'y rester cache pour echapper a la sentence de serein se rencontre mille fois avec un coeur franc
mort qui avait ete prononcee contre lui dans sa et honnete. Pourquoi ne pas chercher a con-
patrie. naitre les hommes par leur physionomie ? On
Mais on comprend Ires-bien I'effet sur une juge tous les jours le ciel sur sa physionomie. Un
femme mondaine et vaniteuse d'un philtre com- marchand apprecie ce qu'il achete par son exte-
pose de riches diamants. rieur, par sa physionomie Tels sont les rai-
Phlegeton, fleuve d'enfer qui roulait des tor- sonnements des physionomistes pour prouver la
rents de llamme et environnait de toutes parts la surete de leur science. 11 est vrai, ajoutent-ils,
prison des mechants. On lui attribuait les quali- qu'on peut quelquefois s'y tromper mais une
;

tes les plus nuisibles. Apres un cours assez long exception ne doit pas nuire aux regies.
en sens contraire du Cocyte, il se jetait comme J'ai vu, dit Lavater, un criminel condamne a

lui dans 1' Acheron. la roue pour avoir assassine son bienfaiteur, et

Phooka, mauvais esprit qui parait en Irlande ce monstre avait le visage ouvert et gracieux
sous la forme d'un poulain sauvage, charge de comme I'ange du Guide. II ne serait pas impos-
chaines pendantes, ou sous I'apparence d'une sible de trouver aux galeres des teles de Regulus
vache farouche, d'un oiseau de proie, d'un che- et des physionomies de vestales dans une maison
val maigre. II parle et son plus grand plaisir est
; de force, Cependanl le physionomiste habile dis-
d'inquieter les voyageurs egares pendant la nuit. tinguera les traits, souvent presque impercep-
Phosphore. Voy. Lampes peupetuelles, Stra- tibles, qui annoncent le vice et la degradation.
TAGEMES, etc. Quoi c[u'il en soil de la physiognomonie, en
Phrenologie ou Cranologie, art ou science voici les principes, tantot raisonnables, tanlot
qui donne les moyens de juger les hommes par forces ; le lecleur saura choisir. -

les protuberances du crane. Voy. Gall. La beaule morale est ordinairement en harmo-
Phylacteres, preservatifs. Les Juifs portaienl nie avec la beaute physique. (Socrate et milie et
a leurs nianches et a leur bonnet des bandes de mille aulres prouvent le contraire.) Beaucoup de
parchemin, sur lesquelles etaient ecrits des pas- personnes gagnent a mesure qu'on apprend a les
sages de la loi ce que Notre-Seigneur leur re-
; connaitre, quoiqu'elles vous aient deplu au pre-
proche dans saint Matthieu, chap, xxiii. Leurs mier aspect. II faut qu'il y ait entre elles et vous
descendants suivent la meme pratique et se per- quelque point de dissonance, puisque, du pre-
suadent que ces bandes ou phylacteres sont des mier abord, ce qui devait vous rapprocher ne
amulettes qui les preservent de tout danger, et vous a point frappe. 11 faut aussi qu'il y ait entre
surtout qui les gardent contre I'esprit malin. vous quelque rapport secret, puisque plus vous
Des Chretiens ont fait usage aussi de paroles vous voyez, plus vous vous convenez. Cepen-
PHY — 529 — PHY
tlant faites attentionau premier mouvemenl d'in- jusqu'a I'extremite de I'os da menton. Plus ces
stinct que vous inspire une nouvelle liaison. Tout trois etages sont symetriques, plus on peat comp-
I
homme dont la figure, dont la bouclie, dont la ter sur la justesse de I'esprit et sur la regularite

i
demarche dont TecriLure est de travers aura
, , du caractere en general. Quand il s'agit d'un vi-
: dans sa facon de penser, dans son caractere, sage dont I'organisation est extremement forte
dans ses precedes du louche de I'inconse-
, , ou extremement delicate le caractere peut etre ,

quence, de la partialite, du sophistique, de la apprecie plus facilement par le profil que par la
t
faussete, de la ruse, du caprice, des contradic- face. Sans compter que le profil se prete moins
tions, de la fourberie, une imbecillite dure et a la dissimulation , il offre des lignes plus vigou-
froide. Voij. Mimique, Ecriture, etc. reusement prononcees ,
plus precises ,
plus sim-
La tete est la plus noble partie du corps hu- ples, plus pares ;
par consequent la signification

niain, le siege de I'esprit et des facultes intellec- en est aisee a saisir au lieu que souvent les
;

tuelles. (Le docteur Van Helmont placait les fa- lignes de la face en plein sont assez difficiles a
culles intellectuelles dans reslomac.) Une tete demeler.
qui est en proportion avec le reste du corps qui ,
Un beau profil suppose toujours I'analogie d'un
parait telle au premier abord qui n'est ni trop
,
caractere distingue. Mais on trouve mille profils
grande ni trop petite annonce un caractere d'es-
, qui, sans etre beaux, peuvent admettre la supe-
prit plus parfait qu'on n'en oserait attendre d'une riorite du caractere. Un visage charnu annonce
tete disproportionnee. Trop volumineuse, elle une personne timide enjouee credule et pre-
,
,

indique presque toujours la grossierete trop pe- ;


somptueuse. Un homme laborieux a souvent le
tite, elle est un signe de faiblesse. Quelque pro- visage maigre. Un visage qui sue a la moindre
portionnee que soit la tete au corps, il faut encore agitation annonce un temperament chaud, un
qu'elle ne soit ni trop arrondie ni trop allongee : esprit vain et grossier, un penchant a la gour-
mandise.
Les cheveux offrent des indices multiplies du
temperament de I'homme, de son energie, de sa
fagon de sentir, et aussi de ses facultes spiri-
tuelles. lis n'admettent pas la moindre dissimu-
lation repondent a notre constitution phy-
; lis

sique , comme
les plantes et les fruits repondent
au terroir qui les produit. Je suis siir, dit Lava-
ter, que par I'elasticite des cheveux on pourrait
juger de I'elasticite du caractere. Les cheveux
longs, plats, disgracieux n'annoncent rien que
d'ordinaire.

plus elle est reguliere, et plus elle est parfaite.


On peat appeler bien organisee celle dont la hau-
teur perpendiculaire ,
prise depuis I'extremite de
I'occiput jusqu'a la pointe du nez, est egale a sa
largeur horizontale. Une tete trop longue an- Les chevelures d'un jaune dore, ou d'un blond
nonce un homme de peu de sens, vain, curieux, tirant sur lebrun, qui reluisent doucement, qui
envieux et credule. La tete penchee vers la terre se roulent facilement et agreablement, sont les
est lamarque d'un homme sage, constant dans chevelures nobles (en Suisse, patrie de Lavater).
Une tete qui tourne de tous cotes
ses en trep rises. Des cheveux noirs, plats, epais et gros de-
annonce la presomption la mediocrite le men-
, , notent peu d'esprit, mais de I'assiduite et de
songe, un esprit pervers, leger, et un jugement I'amour de I'ordre. Les cheveux blonds annon-
faible. cent generalement un temperament delicat, san-
On pentdiviser le visage en trois parties, dont guin-Oegmatique. Les cheveux roux caracte-
la premiere s'etend depuis le front jusqu'aux un homme souverainement bon,
risent, dit-on,
sourcils; la seconde depuis les sourcils jusqu'au ou souverainement mechant. Les cheveux fins
bas du nez la troisierae depuis le bas du nez
; marquent la timidite rudes, lis annoncent le
;

31
PHY — 530 — PHY
courage (Napoleon les avait fins, dit-on) : ce gination, de I'esprit et de la delicatesse. Une
signe caracteristique est du nombre de ceiix qui perpendicularite complete, depuis les cheveux
sont commiins a rhomme et aiix animaux. Parmi jusqu'aux sourcils,est le signe d'un manque
les quadriipedes, le cerf , !e lievre, la brebis, qui total d'esprit. Une forme perpendiculaire, qui se
sont au rang des plus timides , se distinguent par-
ticulierement des autres par douceur de leur
la

poil, tandis que la rudesse de celui du lion et


dii sanglier repond au courage qui fait leur ca-
ractere.
Mais que dire du chat et du tigre ,
qui ont le
poil fin?

voute insensiblement par le haul, annonce un


esprit capable de beaucoup de reflexion, un
penseur rassis et profond. Les fronts proemi-
nents appartiennent a des esprits faibles et bor-
nes el qui ne parviendront jamais a une certaine
maturite. Plus le front est allonge, plus I'esprit
est depourvu d'energie et manque de ressort.
En |appliquant ces reniarqucs Fespccc liu- ;i
Plus il est serre, court et cjnipacte, plus le ca-
maine, les habitants du INord sont onlinaircnicnt ractere est concentre, ferme et solide Pour
tres-courageux, et ils ont la chevelure rude les ;

Orienlaux sont beaucouj) plus timides, el leurs


cheveux sont plus doux.
Les chevoux crepus marquent un homme de
dure conception. Ceux qui ont beaucoup de ciie-
veux sur les lempes el sur le front sont grossiers
et orgueilleux. Alexandre Dumas est crepu.
Une barbe fournie et bien rangee annonce un
homme d'un bon naturel et d'un temperament
raisonnable. Celui qui a la barbe claire et mal
disposee tient plus du naturel et des inclinations
de la femme que de celles de I'homme. Si la cou-
leur de la barbe differe de celle des cheveux,
elle n'annonce rien de bon. De meme, un con-
Iraste frappant entre la couleur de la chevelure
et la couleur des sourcils pent inspirer quelque
defiance
Le front, de toutes les parties du visage, est la
plus importante et la plus caracterislique. Les
fronts, vus de profil, peuvent se reduire a trois qu'un front soil heureux, parfailement beau et
classes generales. lis sont ou penc/ies en arriere, d'une expression qui annonce a la fois la richesse
ou perpendimlaires , ou proeminents. Les fronts du jugement et la noblesse du caractere, il doit
penches en arriere indiquent en general de I'ima- se trouver dans la plus exacle proportion avec le
,

PHY — 631 — PHY


reste du visage. Exempt de toiite espece d'iiie- anciens physionomistes y altachaient I'idee d'un
galites et de rides permanentes, il doit pourtant caractere sournois. La premiere de ces deux opi-
I

I
en etre susceptible. Mais alors il ne se plissera nions est fausse, la seconde exageree, car on
que dans les momente d'une meditation serieuse, trouve souvent ces sortes de sourcils aux physio-
dans un raouvement de douleur ou d'indignation. nomies les plus honneLes et les plus aimables.
II doit reculer par le haut. La couleur de la peau Les sourcils minces sont une marque infaillible
,
doit en etre plus claire que cells des autres par- de flegme et de faiblesse ils diminuent la force ;

I
ties du visage. et la vivacite du caractere dans un homme ener-
Si I'os de I'oeil est un peu saillant, c'est gique. Anguleux et entrecoupes, les sourcils de-
le signe d'une aptitude singuliere aux travaux de notent I'activite d'un esprit productif. Plus les
I'esprit, d'une sagacite extraordinaire pour les sourcils s'approchent des yeux, plus le caractere
I grandes entreprises. Mais sans cet angle saillant, est serieux ,
profond et solide. Une grande dis-
j
il y a des tetes excellentes, qui n'en ont que tance de I'un a I'autre annonce une ame calme et
plus de solidite lorsque le bas du front s'affaisse, tranquille. Le mouvement des sourcils est d'une
comme un raur perpendiculaire , sur des sourcils expression infmie ; il sert principalement a mar-
places horizontalement, et qu'il s'arrondit et se quer les passions ignobles, I'orgueil, la colere,
voute imperceptiblement des deux cotes, vers
, le dedain. Un homme sourcilleux est un etre
j
les tempes. Les fronts courts, rides, noueux, meprisant et souventes fois meprisable.
irreguliers, enfonces d'un cote, echancres, ou C'est surtout dans les yeux, dit Buffon, que se
qui se plissent toujours differemment, ne sont peignent les images de nos secretes agitations,
pas une bonne recommandation et ne doivent , et qu'on peut les reconnaitre. L'oeil appartient a
pas inspirer beaucoup de confiance. Les fronts I'ame plus qu'aucun autre organe; il semble
y
carrds, dont les marges laterales sont encore toucher et participer a tous ses mouvements il ;

assez spacieuses , dont


de Tceil est en
et I'os en exprime les passions les plus vives et les
meme temps bien solide, supposent un grand emotions les plus tumullueuses , comme les sen-
fond de sagesse et de courage. Tous les physio- timents les plus delicats. II les rend dans toute
nomistes s'accordent sur ce point. Un front tres- leur force, dans toute leur purete, tels qu'ils
I osseux et garni de beaucoup de peau annonce un viennent de naitre il les transmet par des traits
;

j
nalurel acariatre et querelleur. Un front eleve, rapides. Les yeux bleus annoncent plus de fai-
}
avec un visage long et pointu vers le menton, blesse que les yeux bruns ou noirs. Ce n'est pas
est un signe de faiblesse. Des fronts allonges qu'il n'y ait des gens tres-energiques avec des

avec une peau fortement tendue et tres-unie, yeux bleus; mais, sur la totalite, les yeux bruns
sur lesquels on n'apergoit, meme a I'occasion sont I'indice plus ordinaire d'un esprit male ; tout
d'une joie peu commune, aucun pli doucement comme genie, proprement dit, s'associe pres-
le

anime, sont toujours I'indice d'un caractere que toujours des yeux d'un jaune tirant sur le
froid, soupconneux, caustique, opiniatre, fa- brun. Les gens coleres ont des yeux de diffe-
cheux, rempli de pretentions, rampant et vindi- rentes couleurs, rarement bleus, plus souvent
catif. Un front qui, du haut, penche en avant et brans ou verdatres. Les yeux de cette derniere
s'enfonce vers I'oeil est, dans un horame fait, nuance sont en quelque sorte un signe distinctif
I'indice d'une irabecillite sans ressource. Voy. Me- de vivacite et de courage. On ne voit presque ja-
TOPOSCOPIE. mais des yeux bleu clair a des personnes coleres.
Au-dessous du front commence sa belle fron- Des yeux qui forment un angle allonge aigu et ,

de paix dans sa dou-


tiere, le sourcil, arc-en-ciel pointu vers le nez, appartiennent a des per-
ceur, arc tendu de la discorde lorsqu'il exprime sonnes ou tres-judicieuses ou tres-fines. Lors-
I

I
le courroux. Des sourcils doucement arques s'ac- que la paupiere d'en haut decrit un plein cintre,

!
cordent avec la modestie et la simplicite. Places c'est la marque d'un bon naturel et de beaucoup
en ligne droite et horizontalement, ils se rap- de delicatesse, quelquefois aussi d'un caractere
portent a un caractere male et vigoureux. Lors- timide. Quand la paupiere se dessine presque
que leur forme est moitie horizontale et moitie horizontalement sur I'oeil et coupe diametrale-

courbee la force de I'esprit se trouve reunie a


, ment annonce souvent un homme
la prunelle, elle

j
une bonte ingenue. tres-adroit , mais il n'est pas dit pour
tres-ruse ;

Des sourcils rudes et en desordre sont tou- cela que cette forme de I'oeil detruise la droiture
jours le signe d'une vivacite intraitable; mais du coeur. Des yeux tres-grands, d'un bleu fort
cette meme confusion annonce un feu modere, si clair, et vus de profil presque transparents, an-
le poll est fin. Lorsqu'ils sont epais et compactes, noncent toujours une conception facile, etendue,
que les polls sont coupes parallelement et pour , mais en meme temps un caractere extremement
ainsi dire tires au cordeau, ils promettent un sensible, difficile a manier, soupgonneux, jaloux,
jugement mur et solide, un sens droit et rassis. susceptible de prevention. De petits yeux noirs,
Des sourcils qui se joignent passaient pour un ^tincelants, sous des sourcils noirs et touffus, qui
trait de beaute chez les Arabes, tandis que les paraissent s'enfoncer lorsqu'ils sourient maligne-
34.
,,

PHY — '06. PHV


ment, annoncent de la rase, des aperqus pro- dessous. Les gens tins el ruses ont coulume de
fonds, un esprit d'intrigue el de chicane. Si de tenir un oeil et quelquefois les deux yeux a demi
pareils yeux ne sont pas accompagnes d'une fermes. C'esl un signe de faiblesse. En effet on ,

boLiche moqiieuse , ils designent un espriL froid voit bien rarement un homme bien energique qui
et penetrant, beaiicoup de gout, de I'elegance, soil ruse : noire mefiance envers les aulres nalt
de la precision, plus de penchant a I'avarice qu'a du peu de confiance que nous avons en nous.
la generosite. Des yeux grands, ouverts, d'une Les anciens avaient raison d'appeler le nez
clarte transparente, et dont le feubrille avecune /toneslameiitum faciei.Un beau nez ne s'associe
mobilite rapide dans les paupieres paralleles, jamais avec un visage ditYorme. On peut etre
peu larges et forteraent dessinees, reunissent ces laid et avoir de beaux yeux; mais un nez regu-

caracteres : une penetration vive, de, I'elegance lier exige necessairement une heureuse analogic
et du gout, un temperament colere, de I'orgueil. des aulres traits; aussi voit-on mille beaux yeux
Des yeux quilaissent voir la prunelle entiere, centre un seul nez parfait en beaute, et la ou il

et sous la prunelle encore plus ou moins deblanc, se trouve suppose toujours un caraclere dis-
, il

sont dans un etat de tension qui n'est pas natu- tingue No7i cuiquam datum est habere nasum,
:

rel, ou n'appartiennent qu'a des hommes in- Voici d'apres les physionomisles
,
ce qu'il ,

quiets, passionnes, a nioitie fous, jamais a des faut pour la conformation d'un nez parfaitement
hommes d'un jugement sain, mur, precis, et qui beau : sa longueur doit etre egale a celle du
meritent confiance. Certains yeux sont tres-ou- front ; il une legere cavile aupres de
doit y avoir
verts, tres-luisants, avec des physionomies sa racine. Vue par-devant, I'epine du nez doit
fades; ils annoncent de I'entetement, de la be- etre large et presque parallele des deux cotes;
tiseunie a des pretentions. mais il faut que celte largeur soil un peu plus
Les gens soupgonneux, emportes, violents, sensible vers le milieu. Le bout ou la pomnie du
ont souvent les yeux enfonces dans la tete et la nez ne sera ni dure ni charnue. De face il faut ,

que les ailes du nez se presentent dislinctement


el que les narines se raccourcissent agreable-
ment au-dessous. Dans le profil le bas du nez ,

n'aura d'elendue qu'un tiers de sa hauteur. Vers


le haul il joindra de pres Tare de I'os de I'oeil
,

el sa largeur, du cote de I'oGil, doit etre au moins


d'un ^demi-pouce. Un nez qui rassemble toutes
ces perfections exprime tout ce qui pent s'expri-
mer. Cependant nombre de gens du plus grand
merite ont le nez difforme; mais il faut diffe-
rencier aussi I'espece de merite qui les distingue,
Un petit nez, echancre en profii n'empeche pas ,

d'etre honnele etjudicieux, mais ne donne point


Ic genie. Des nez qui se courbent au haul de la

racine conviennent a des caracteres imperieux


appeles a commander, a operer de grandes
choses fermes dans leurs projets et ardents a
,

les poursuivre. Les nez perpendiculaires (c'est-


a-dire qui approchenl de celte forme, car, dans
toutes ses productions, la nature abhorre les
lignes complelement droites) tiennenl le milieu
entre les nez echancres et les nez arques ; ils

supposent une ame qui sail agir et soiiffrir Iran-


qtiillement et avec cneryie. Un nez dont I'epine
est large, n'importe qu'il soil droit ou courbe,
annonce toujours des faculles superieures. Mais
cette forme est tres-rare. La narine petite est le
signe certain d'un esprit timide, incapable de
hasarder la moindre enlreprise. Lorsque les ailes

du nez sont bien degagees, bien mobiles, elles


denolent une grande delicalesse de sentiment,
qui peut degenerer en sensualile. Ou vous ne
trouverez pas une petite inclinaison une espece ,
Olicier Ic Daim.
d'enfoncement dans le passage du front au nez,
souvent les yeux hors de la tete. Le fourbe a, en a moins que le nez ne soil fortemenl recourbe,
parlant, les paupieres penchees et le regard en n'esperez pas decouvrir le moindre caraclere de
PHY — 53 PHY
'

grandeur. Les hommes dont le nez penche ex- n'admet pas moindre deguisement elle a ses
le ;

tremement vers la bouche ne sont jamais ni vrai- convenances une analogic particuliere avec
et

nient bons ni vraiment gais , ni grands ni , , I'individu auquel elle apparlient. Quand le bout de
nobles leur pensee s'aLtache toujours aux cboses
: l'oreille est degage c'est un bon augure pour
,

de la terra ; ils sont reserves, froids, insensibles, les facultes intellectuelles. Les oreilles larges et
pen cominunicatifs i!s ont ordinairement I'esprit
;
depliees annoncent I'effronterie , la vanile , la

malin; ils sont hypocondres ou melancoliqiies. faiblessedu jiigement. Les oreilles grandes et
Les peuples tartares ont generalement le nez grosses marqaent un homme simple, grossier,
plat e.t enfonce; les negres d'Afrique I'ont ca- stupide. Les oreilles petites denotent la timidity.

mard; les Juifs, pour la plupart, aquilin; les Les oreilles trop repliees et entourees d'un
Anglais, cartilagineux et rarement pointu. S'il bourrelet mal dessine n'annoncent rien de bon
faut en juger par les tableaux et les portraits, les quant a I'esprit et aux talents.

beaux nez ne sont pas coininuns parmi les Hol- Une oreille moyenne, d'un contour bien ar-

landais. Chez les Italiens, au contraire, ce trait rondi, ni trop epaisse, ni excessivement mince.
est distinctif. Enfin , il est absolument caracteris-
tique pour les hommes celebres de la France et

de la Belgique.

!
Des joues charnues indiquent I'humidite du ne se trouve guere que chez des personnes spi-
temperament. Maigres et retrecies, elles an- rituelles, judicieuses, sages et distinguees.
noncent la secheresse des humeurs. Le chagrin La bouche de I'esprit et du
est I'interprete

I
les creuse la rudesse et la betisse leur imprnnent
; coeur; elle reunit, dans son etat de repos et
'

des sillons grossiers; la sagesse, I'experience et dans la variele infinie de ses mouvements, un
la finesse d'esprit les entrecoupent de traces le- monde de caracteres. Elle est eloquente jusque
geres et doucement ondulees. Certains enfonce- dans son silence. On remarque un parfait rap-
ments,pkisou moins triangulaires, qui se re- port entre les levres et le naturel. Qu'elles soient
marquent quelquefois dans les joues, sont le fermes, qu'elles soient molles et mobiles, le ca-
signe infaillible de I'envie ou de la jalousie. Une ractere est toujours d'une trempe analogue. De
joue naturellement gracieuse, agitee par un doux grosses levres bien prononcees et bien propor-
tressaillement qui la releve vers les yeux, est le tionnees, qui presenteht des deux cotes la ligne
garant d'un coeur sensible. Si, sur la joue qui du milieu egalement bien serpentee et facile a
sourit, on voit se former trois lignes paralleles reproduire au dessin de telles levres sont in-
,

et circulaires, comptez dans ce caractere sur un compatibles avec la bassesse, elles repugnent
fond de folie. aussi a la faussete et a la m^chancete. La levre
L'oreille aussi bien que les autres parties du
, superieure caracterise le gout. L'orgueil et la co-
corps humain, a sa signification determinee; elle lere la courbent; la finesse I'aiguise; la bont^

i
PHY — 53Zi — PHY
I'arrondit; le libertinage I'enerve et la flelrit. est toujours peureuse, timide a I'exces, d'une
L'lisage de la levre inferieure est de lui servir de vanite puerile, et s'enonce avec difliculte. S'il se
support. joint a cette bouche de grands yeux saillants,
Une bouche resserree, dont la fente court en
ligne droite, el ou le bord des levres ne parait
pas, est I'indice certain du sang-froid, d'un es-
prit applique, de I'exactitude et de la proprete,
mais aussi de la secheresse de coeur. Si elle re-
monte en meme temps aux deux extremites, elle
suppose un fond d'affectation et de vanile. Des
levres rognees inclinent a la timidite et a I'ava-
rice. Une levre de dessus qui deborde un peu
est la marque distinctive de la bonte non qu'on ;

puisse refuser absolument cette qualite a la levre


d'en bas qui avance mais, dans ce cas, on doit
;

s'attendre plutot a une froide et sincere bonho-


mie qu'au sentiment d'une vive tendresse. Une
levre inferieure qui se creuse au milieu n'ap-
partient qu'aux esprits enjoues. Regardez atten-
tivement un homme gai dans le moment ou il va
produire une saillie , le centre de sa levre ne
manquera jamais de se baisser et de se creuser
un peu.
Une bouche bien close , si toutefois elle n'est
pas affectee et pointue, annonce le courage;
et dans les occasions ou il s'agit d'en faire
preuve, les personnes memos qui ont i'habi-
tude de tenir bouche ouverte la ferment ordi-
la

nairement. Une bouche beanie est plaintive; une


bouche fermee souffre avec patience, dit le Brun,
dans son TraiU des passions , et c'est la partie
qui, de tout levisage, marque le plus particu-
lierement les mouvements du coeur. Lorsqu'il se
bouche s'abaisse par les cotes; lorsqu'il
plaint, la
est content, les coins de labouche s'elevent en
haut; lorsqu'il a de I'aversion, la bouche se
pousse en avant et s'eleve par le milieu. Toule
bouche qui a deux fois la largeur de I'oeil est la troubles, un menton osseux, oblong, et surtout
bouche d'un sot; j'entends la largeur de I'oeil si la bouche se tient habituellement ouverte
prise de son extremite vers le nez jusqu'au bout
interieur de son orbite les deux largeurs mesu-
,

rees sur le meme plan. Si la levre inferieure,


avec les dents, depasse horizontalement la moitie
de la largeur de la bouche vue de profil, comptez,
suivant I'indication des autres nuances de phy-
sionomie sur un de ces quatre caracteres isoles,
,

ou sur lous les quatre reunis, betise, rudesse,


avarice, malignite. De trop grandes levres,
quoique bien proportionnees, annoncent toujours
un homme peu delicat, sordide ou sensuel, quel-
quefois meme un homme stupide ou mechant.
Une bouche, pour ainsi dire, sans levres, dont
la ligne du milieu est fortement tracee, qui se
retire vers le haut, aux deux extremites, et dont
la levre superieure, vue de profil depuis le nez,
parait arquee; une pareille bouche ne se voit
guere qu'a des avares ruses, actifs, industrieux, soyez encore plus sur de rirab^cillile d'une pa-
froids, durs, flatteurs et polis, mais atterrants reille tete.
dans leurs refus. Une petite bouche, etroite, Les dents petites et courtes sont regardees
sous de petites narines, et un front elliplique, par les anciens physionomistes, comme le signe
PHY — 535 — PHY
d'une constitution faible. De longues dents sont I
jours soupgonner quelque cote faible. Les men-
un indice de Les dents blanches, pro-
timidite. tons de la seconde classe inspirent la confiance.
pres et bien rangees, qui, au moment ou la bouche Ceux de la troisieme denotent un esprit actif
S'ouvre ,
paraissent s'avancer sans deborder , et et delie, pourvu qu'ils ne fassent pas anse, car
cette forme exageree conduit ordinairement a
la pusillanimite et a I'avarice. Une forte incision
au milieu du menton semble indiquer un homme
judicieux rassis et resolu, a moins que ce trait
,

ne soit dementi par d'autres traits contradictoires.


Un menton pointu passe ordinairement pour le
signe de la ruse. Cependant on trouve cette forme
chez les personnes les plus honnetes; la ruse
n'est alors qu'une bonte rafTmee.
Get entre-deux de la tete et de la poitrine, qui
tient de Fune et de I'autre, est significatif comme
tout ce qui a rapport a I'homme. Nous connais-
sons certaines especes de goitres qui sont le signe
infaillible de la stupidite, tandis qu'un cou bien
proportionne est une recommandation irrecusable
pour la solidite du caractere. Le cou long et la
tete haute sont quelquefois le signe de I'orgueil
et de la vanite. Un cou raisonnablement epais et

qui ne se montrent pas toujours entierement a


decouvert, annoncent dans I'homme fait un esprit
doux et poli , un coeur bon et honnete. Ge n'est
pas qu'on ne puisse avoir un caractere tres-es-
timable avec des dents galees, laides ou inegales;
mais ce derangement physique provient, la plu-
part du temps, de maladie ou de quelque me-
lange morale. Celui qui a les dents
d' imperfection

inegales est envieux. Les dents grosses, larges et


fortes sont la marque d'un temperament fort,
et promettent une longue vie, si Ton en croit
Aristote.
Pour etre en belle proportion, dit Herder, le
menton ne doit etre ni pointu, ni creux, mais
uni. Un menton avance annonce toujours quelque

chose de positif , au lieu que la signification du


menton recule est toujours negative. Souvent le
I

'
caractere de I'energie ou de la non-energie de
I'individu se manifesteuniquement par le menton.
II y a de raentons les
trois principales sortes :

mentons qui reculent, ceux qui, dans le profil,


j
sont en perpendicularite avec la levre inferieure, uh peu court ne s'associe guere a la tete d'un fat
!
et ceux qui debordent la levre d'en bas ou en , , ou d'un soL Ceux qui ont le cou mince, delicat
d'autres termes, les mentons pointus. Le menton et allonge sont timides comme le cerf , au senti-
recule, qu'on pourrait appeler hardiment le men- ment d'Aristote, et ceux qui ont le cou epais et
ton feminin puisqu'on le retrouve presque a
,
court ont de I'analogie avec le taureau irrite. Mais
toutes les personnes de I'autre sexe, fait tou- les analogies sont fausses pour la plupart, dit
I
;

PHY — 536 — PHY

Lavater , et jetees sur le papier sans que I'esprit Le singe , le cheval et I'elephant sont les ani-
d'observation les ait dictees. maux qui ressemblent le plus a I'esp&ce humaine,
de diversite et de dissemblance par le contour de leurs profils et de leur face.
II y a aiitant
entre les formes des mains qu'il y en a entre les Les plus belles ressemblances sont celles du che-
physionomies. Deux visages parfaitement ressem- val, du lion, du chien, de I'elephant et de I'aigle.

blants n'existent nulle part de meme vous ne ;


Ceux qui ressemblent au singe sont habiles, ac-
rencontrerez pas chez deux personnes differentes adroits, ruses, malins, avares et quelqaefoif
tifs,

deux mains qui se resserablent. mechants. La ressemblance du cheval donne le


Chaque main dans son etat naturel
, , c'est-a- courage et la noblesse de Tame. Un front comnie
dire abstraction faite des accidents extraordi- celui de I'elephant annonce prudence et I'e-
la

naires , se trouve en parfaite analogic avec les nergie. Un homme qui par nez et le frontle

corps dont Les os, les nerfs, les


elle fait partie,
resseniblerait au profil du lion ne serait certai-

muscles , le peau de la main ne sont


sang et la nement pas un homme ordinaire (la face du lion
que la continuation des os, des nerfs, des mus- porte I'empreinte de I'energie, du calme et de la

cles, du sang et de la peau du reste du corps. Le


force) mais il est bien rare que ce caractere
;

meme sang circule dans le coeur dans la tete et ,


puisse se frouver en plein sur une face humaine.

dans la main. La main contribue done, pour sa


part, a faire connaitre le caractere de I'individu
elle est, aussi bien que les autres membres du
corps, un objet de physiognomonie, objetd'au-
lant plus significatif et d'autant plus frappant, que
la main ne pent pas dissimuler, et que sa mobilite

la trahit a chaque instant. Sa position la plus

Iranquille indique nos dispositions naturelles; ses


llexions, nos actions et nos passions. Dans tous
ses mouvements, elle suit impulsion que lui
donne le reste du corps. Voy. Main.
Tout le monde sait que des epaules larges, qui
descendent insensiblement et qui ne remontent
pas en pointe sont un signe de sante et de force.
Des epaules de travers influent ordinairement
aussi sur la delicatesse de la complexion mais ;

on diraitqu'elles favorisent la finesse et I'aclivite


de I'esprit, I'amour de I'exactitude et de I'ordre.
Une poitrine large et carree, ni trop convexe, ni
trop concave, suppose toujours des epaules bien
constituees et fournit les memes indices. Une
poitrine plate, etpour ainsi dire creuse, denote
la faiblesse du temperament. Un ventre gros et

preeminent incline bien plus a la sensualite et a


la paresse qii'un ventre plat et retreci.
On doit atlendre plus d'energie et d'activite,
plus de flexibilite d'esprit et de finesse, d'un tem-
perament sec que d'un corps surcharge d'em-
bonpoint. II se trouve cependant des gens d'une La ressemblance du chien annonce la fidelile, la

taille eflilee qui sont excessivement lents et pa- droiture et un grand appetit ^ ; celle du loup, qui
resseux ; mais alors le caractere de leur indolence en differe si peu, denote un homme violent, dur,

reparait dans le bas du visage. Les gens d'un lache, feroce, passionne, traitre et sanguinaire;
celle du renard indique la petilesse, la faiblesse,
merite superieur ont ordinairement les cuisses
maigres. Les pieds plats s'associent rarement avec la La ligne qui partage le
ruse et la violence.

le genie.
museau de I'hyene porte le caractere d'une du-
Quoiqu'il n'y ait aucune ressemblance propre- rete inexorable. La ressemblance du tigre an-

ment dite entre I'homme et les animaux selon ,


nonce une ferocite gloutonne. Dans les yeux et
remarque d'Aristote, il peut arriver neanmoins le mufle du tigre, quelle expression de perfidie!
la
que certains traits du visage humain nous r'ap- La ligne que forme la bouche du lynx et du tigre
pellent I'idee de quelque animal. y est I'expression de la cruaute. Le chat hypo-
crisie, attention et friandise. Les chats sont des
:

Porta a ete plus loin, puisqu'il, a trouve dans


tigres en petit, apprivoises par une education
chaque figure humaine la figure d'un animal' bu
d'un oiseau, et qu'il juge les hommes par le na- 1 Dans la Physiognomonie de Porta, Platon res-

turel de I'animal dentils simulent unpen les traits. semble a un chien de chasse.
,

PHY — 537 — PHY


domestique. La ressemblance de Tours indiqiie parce que son naturel est affreux, que son visage
la fureur, le pouvoir de dechirer, une hiimeur I'annonce et que le signe en est certain, im-
misanthrope celle dii sanglier ou du cochon
'
; muable, la physiognomonie sera une science
annonce un naturel lourd, vorace et brutal. .Le abominable qui etablit le fatalisme.
blaireau est ignoble, mefiant et glouton. Le boeuf On a vu des gens assez infatues de cette science
est patient, opiniatre, pesant, d'un appetit gros- pour se donner les defauts que leur visage por-
sier. La ligne que forme la bouche de la vache tait necessairement, et devenir vicieux, en quelque

et du boeuf est I'expression de Tinsouciance de , sorte, parce que la fataliti de leur physionomie
la stupidite et de I'entetement. Le cerf et la bi- les y condaitmait, semblables a ceux-la qui aban-
che : timidite craintive, agilite, attention, douce donnaient la vertu parce que la fatalile de letir
et paisibleinnocence. La ressemblance de I'aigle etoile les empechait d'etre vertueux.
annonce une force victorieuse son oeil etince- ; Les pensees suivantes publiees par le Journal
,

lant a tout le feu de I'eclair, Le vautour a plus de sante, sont extraites d'un petit Traite de la
de souplesse, et en memo temps quelque chose physiognomonie , par M. Bourdon :

de moins noble. Le hibou est plus faible, plus « La douleur physique les souffrances don-, ,

Limide que le vautour. Le perroquet affectation : nent souvent a la physionomie une expression
de force, aigreur et babil, etc. Toutes ces sortes analogue a celle du genie. J'ai vu une femme du
de ressemblances varient a I'infini, mais elles peuple, affectee d'un cancer, qui ressemblait par-
sont difficiles a trouver. faitement amadame de Stael quant a I'expression
Tels sont les principes de la physiognomonie, profonde de la physionomie. Je dis la meme chose
d'apres Aristote, Albert le Grand, Porta, etc., des passions contrariees, des violents chagrins,
mais principalement d'apres Lavater, qui a le des fatigues de I'esprit et de I'abus des jouis-
plus ecrit sur cette matiere, et qui du moins a sances tout ce qui remue vivement notre ame,
:

mis quelquefois un grain de bon sens dans ses tout ce qui porte coup a la sensibilite, a des ef-
essais. II parle avec sagesse lorsqu'il traile des fets apeu pres semblables sur la figure.
mouvements du corps et du visage, des gestes » Une grosse
tete annonce de I'imagination par
et des parties mobiles qui expriment, sur la figure instants, de la pesanteur par habitude, de I'en-
de I'homme, ce qu'il sent interieurement et au thousiasme par eclairs, beaucoup de volonte et
moment ou il le sent. Mais combien il extra vague souvent du genie. Un front etroit indique de la
aussi lorsqu'il veut decidement trouver du genie vivacite un front rond de la colere.
;

dans la main II juge les femmes avec une injus-


! » Chaque homme a beaucoup de peine a se faire
tice extreme. une juste idee de ses propres traits; les femmes
Tant quela physiognomonie apprendra a elles-memes n'y parviennent que tres-dillicile-
I'homme a connaitre la dignite de I'etre que Dieu ment. Cela vient de ce qu'on ne peut voir les mou-
lui a donne cette science quoique en grande
,
, vements des yeux, par c[ui la physionomie recoit
parlie hasardeuse , meritera pourtant quelques sa principale expression.
eloges, puisqu'elle aura un but utile et louable. » On peut, jusqu'a un certain point, juger de la
Mais lorsqu'elle dira qu'une personne constituee respiration d'une personne d'apres son style,
de telle sorte estvicieiise de sa nature; qu'il faut d'apres la coupe de ses phrases et sa ponctuation.
la fuir et s'en defier ;
que, quoique cette personne Assurement J. J. Rousseau ne ponctuait pas
presente un exterieur seduisant et un air plein de comme ni Bossuet comme Fenelon.
Voltaire,
bonte et de candour, il faut toujours I'eviter, Quand qu'on peut a I'aide du style ap-
je dis

1 Beaucoup d'ecrivains se sont exerces dans ces


precier la respiration d'un individu, c'est dire
donnees. M. Alexis Dumesnil , dans ses Mceurs poli- qu'on peut aussi juger des passions qui I'agitent,
tiques, divise les hommes en deux especes sociales, de I'emotion c[u'il eprouve car les vivos pen- ;

I'espece conservatrice et I'espece destructive. Le mot


sees ont pour effet de remuer le coeur, et les
n'est pas correct. Pour etre consequent en langage,
I'auteur auraitdu dire I'espece destructrice. Destruc-
:
palpitations du cceur accelerent la respiration et

tif non plus ne s'applique pas rigoureusement aux rendent la voix tremblante. Voila d'oi!i vient le
§tres animes et nous le sommes nous que M. Du-
; ,
pouvoir qu'une voix emue est toujours sure
mesnil, detracteur du present, juge en dernier res-
d'exercer sur nous elle attire I'attention
: elle ,
sort espece destructive. Ce sont les anciens qui con-
servaient si on veut Fen croire eux qui n'ont cesse
, ,
indique un orateur ou inspire, ou timide, ou
de saccager et de renverser. II va plus loin ; il pre- consciencieux. Les orateurs froids et mediocres
tend qu'on pent reconnaitre par la mimique et la simulent cette emotion vraie, qui vient du coeur,
physiognomonie les individus destructifs. « L'espece
a I'aide de I'agitation oscillatoire et saccadee des
destructive dit-il a sa forme de tete particuliere
, ,

courts ordinairement et etroite du haut, quelquefois bras.


meme terminee en pain de sucre, mais toujours re- » La meme emotion morale qui hate la respira-
marquable par un tris-grand developpement du crane tion, qui fait palpiter le coeur et rend la voix
vers les oreilles ce qui lui donne I'apparence d'une
;

poire. » Voila qui passe la plaisanterie; une tete au


tremblante, rend de meme tous les mouvements
contraire qui a la tournure d'un pain de sucre ren- du corps vacillants et incertains , tant que dure
verse ou d'un navet denote I'espece conservatrice I'inspiration morale , et quelquefois meme long-
PHY — 538 — PIC

temps apres que I'agitation de I'esprit a cesse. a quelle place et a quels emplois chacun d'eux
Voila pourquoi I'ecriture de nos grands ecrivains pouvait etre propre, que ce prince ne se deter-
est generalement si illisible et comme il est ecrit ; minait, soit en bien, soil en mal, sur les choix
que toujours I'incapacite singera jusqu'aux de- qu'il avait a faire qu'apres avoir consulte ce sin-
fauts inseparables du vrai merite, voiia pourquoi gulier oracle. « Si je meurs avant Sa Majeste,
beaucoup d'hommes mediocres se sent crus en- disait Lachambre elle court grand risque de
,

gages d'honneur a graver en caracteres inde- faire a I'avenir beaucoup de mauvais choix. » La-
cbiffrables les steriles pensees qu'une verve en- chambre mourut en effet avant le roi, et sa pre-
gourdie leur suggerait. diction parut plus d'lme fois justiflee. Ce me- —
L'extreme laideur est presque toujours un
)) decin a laisse des ouvrages dont le genre denote
signe d'esclavage de souffrances morales ou de
, assez le penchant qu'il avait a etudier les phy-
durs travaux. 11 est certain que I'oisivete, qu'une sionomies. I'oy. Mimique.
douce incurie sont favorables a la beaute corpo- Places, pretres magiciens de I'lle d'Hispaniola,
relle il y avait done plus de vrai qu'on ne pense
: au moment de la conquete ou decouverte de cette
dans ce titre de gentilhomme dont on gratifiait lie. On voit dans YHisloire des Indes de Ferdi-

jadis tout heureux faineant. nand d'Oviedo ami de Christophe Colomb des
, ,

» 11 n'est pas d'homme peut-etre qui ne consentU fails qui etablissent serieusement I'intervention

tres-volon tiers a echanger, a son choix et selon des demons dans les paroles des piaces qui re-
son gout, quelque trait de sa physionomie, une velaient exactement ce qui se faisait au loin a ;

partie quelconque de son corps. On n'est jamais moins que ce ne fut du magnetisme.
aussi complelement satisfait de sa figure que de Piaches, pretres idolatres de la cole de Cu-
son esprit. Jugez combien la perfection corporelle mana, aussi en Amerique. Pour etre admis dans
doit etre rare chez les peuples actuels de I'Eu- leur ordre, il fallait passer par une espece de
rope, puisque la Venus de Tornwaldsen lui a ne- noviciat qui consistait a errer deux ans dans les
cessite trente differenls modeles J'observe tou-
! forets. lis persuadaient au peuple qu'ils rece-
tefois que la demoralisation des villes capiiales, vaient la des instructions de certains esprits en
mais surtout les bienfaits recents de la vaccine, forme humaine. lis disaient que le soleil et la
sont des causes qui doivent puissamment seconder lune etaient le mari et la femme. Pendant les
le genie des peintres et des scuipteurs de nos eclipses , les femmes se tiraient du .sang et s'e-
jours. gratignaient les bras; elles croyaient la lune en
» Un liomme qui a le malheur de loucher doit querelle avec son mari.
se montrer beaucoup plus reserve qu'un autre Ces piaches, qui ressemblent aux piaces
dans ses actions et ses discours; car la malignite d'Hispaniola, donnaient un talisman en forme
humaine est naturelleinent disposee a augurer de X comme preservatif centre les fantomes. lis
mal de la symelrie de tout edifice dont les issues disaient que lesechos sont les voix des trepasses.
sont desordonnees. Picard (Mathurin), direcleur d'un couvent de
» De profondes aux cotes de la bouche font
rides Louviers, qui fut accuse d'etre sorcieret d'avoir
cunjecturer qu'on est ou moqueur, ou naturelle- conduit au sabbat Madeleine Bavent, touriere de
ment gai ou soumis aux caprices d'un maitre
, ce couvent. Comme il etait mort lorsqu'on arreta
mauvais plaisant. Madeleine, et qu'on lui fit son proces, ou il fut
» Le rire (je ne parle pas du sourire) est un ca- condamne ainsi qu'elle, son corps fut delivre a
ractere d'ineptie plutot que d'intelligence les : I'executeur des sentences criminelles, traine sur
hommes superieurs sont generalement graves. des claies par les rues et lieux publics, puis con-
L'habitudedes grandes pensees rend presque tou- duit en la place du Vieux-Marche ; la briile et les

jours indifferent aux petites choses qui sont en cendres jetees au vent; 16/j7.
possession d'exciter le rire. Picatrix, medecin ou charlatan arabe, qui
» Plus sont profondes celles des rides qui de- vivail en Espagne vers le treizieme siecle. II se
pendent des muscles et plus il est permis de , livra de bonne heure a I'astrologie, et se rendit
croire a une longue vie, a une sanle durable. En si recommandable dans cette science, que ses
effet, I'energie des muscles indique toujours une ecrits devinrent celebres parmi les amateurs des
heureuse organisation, des fonctions regulieres. sciences occultes. On dit qu'Agrippa, etant alle

Voila sur quel principe vrai I'art de la chiromancie en Espagne , eut connaissance de ses ouvrages
est fonde s'il ne conduit si souvent qu'a des
: et y prit beaucoup d'idees creuses, notamment
mensonges cela vient de ce qu'on lui fait dire
, dans le traiLe que Picatrix avait laisse De laphi-
autre chose que ce qu'il dit en effet... » losophie occulte.
Terminons ce long article par une anecdote : Pic de la Mirandole (Jean), I'un des hom-
Louis XIV etait si persuade du talent que Lacham- mes les plus celebres par la precocite et I'eten-
bre, medecin et academicien frangais, s'attribuait due de I'etude, ne le 24 fevrier l/(63. II avait
de juger, sur la seule physionomie des gens, quel une memoire prodigieuse et un esprit tres-pene-
elait non-seulement leur caractere, mais encore trant. Cependant un imposteur I'abusa en lui
PIC — 539 — PIE

faisant voir soixante manuscrits qu'il assurait M. Berbiguier dit que la pie voleuse, dont on a
avoir etecomposes par I'ordre d'Esdras, et qvA fait un melodrame etait un farfadet. ,

ne contenaient que les plus ridicules reveries


cabalistiques. L'obstinalion qu'il mil a les lire
lui fitperdre un temps plus precieux que I'ar-
gent qu'il en avait donne el le remplit d'idees
chimeriques dont il ne fut jamais entierement
desabuse. II mourut en Ik^k- On a recueilli de
ses ouvrages des Conclusions philosophiques de
cabale et de thcolocjie, Rome, Silbert, in-folio
extremement rare; c'est la le seul inerite de ce
livre. Car, de I'aveu meme de Tiraboschi on ne ,
Pied. Les Romains distingues avaient dans
peut que gdmir en le parcourant, de voir qu'un leur vestibule un esclave qui avertissait les visi-

si beau genie, un esprit si etendu et si laborieux,


leurs d'entrer du pied droit. On tenait a mauvais

se soit occupe de questions si' frivoles. On a dit augure d'entrer du pied gauche chez les dieux
qu'il avait un demon familier. et chez les grands. On entrait du pied gauche

Pichacha, nom coUectif des esprits follets lorsqu'on etait dansle deuil ou dans le chagrin K

chez les Indiens. Les anciens avaient pour regie de religion de


Picollus, demon revere par les anciens habi- construire en nombre impair les degres des

tants de la Prusse, qui lui consacraient la tete temples d'ou il resultait qu'apres les avoir
;

montes, on entrait necessairement dans I'edifice


auquel ces degres conduisaientparle pied droit;
ce que les paiens regardaient comme un point
essentiel et d'un augure aussi favorable que le
contraire eut ete funeste.
Pied fourchu. Le diable a toujours un pied
fourchu quand il se niontre en forme d'homme,
Pierre a souhaits. Voij. Aseli.e.
Pierre d'aigle ainsi nommee parce qu'on a
,

suppose qu'elle se trouvait dans les nids d'aigle.


Voy. ArrriE, et a leur nom les autres pierres
precieuses. Sakhrat.
Voi/. aussi Rugner et
Pierre du diable. 11 y a dans la vallee de
Schellenen en Suisse, des fragments de rocher
,

debeau granit, qu'on appelle la jo/erre du diable.


Dans un demele qu'il y eut entre les gens du
pays et le diable, celui-ci les apportala pour ren-
verserun ouvrage qu'il avait- eu, quelque temps
auparavant, la complaisance de leur construire.

homme mort brulaient du suif en son


Pierre philosophale. On regarde la pierre
d'un et
philosophale comme une chimere. Un mepris si
honneur. Ce demon se faisait voir aux derniers
mal raisonne, disent les philosophes hermetiques,
jours des personriages importants. Si on ne I'a-
est un effet du juste jugement de Dieu, qui ne
paisait pas , il se presentait une seconde fois ; et
permet pas qu'un secret si precieux soit connu
lorsqu'on lui donnait la peine de paraitre une
des mechants et des ignorants. La science de la
troisieme, on ne pouvait plus I'adoucir que par
pierre philosophale ou la philosophie hermetique
I'effusiondu sang humain.
fait partie de la cabale, et ne s'enseigne que de
Lorsque Picollus 6tait content, on I'entendait
rire dans son temple car il avait un temple.
;
bouche a bouche. —
Les alchimistes donnent une
foule de noms a la pierre philosophale c'est la :
Pie, oiseau de mauvais augure. En Bretagne,
fille du grand secret; le soleil est son pere, la
lestailleurs sont les enlremetleurs des manages;
lime est sa mere, le vent I'a portee dans son ven-
ils se font nommer, dans cetle fonction , has-
tre , etc.
vanals ;ces basvanals, pour reussir dans leurs
demandes, portent un bas rouge et un bas bleu, Le secret plus ou moins chimerique de faire
rentrent chez eux
de Tor a ete en vogue parmi les Chinois long-
et ils s'ils voient une pie, qu'ils
regardent comme un funeste presage
temps avant qu'on n'en eut les premieres notions
en Europe. Ils parlent dans leurs livres, en ter-
Plusieurs vieilles sorcieres ont eu leur d^mon
familier en forme de pie ou de corbeau. Les pies mes magiques, de la semence d'or et de la pou-
dre de projection. lis promettent de tirer de leurs
sont le symbole des caquetages.
creusets non-seulement de I'or, mais encore un
* Cambry, Voyage dans le Finistere, t. Ill, p. il. 1 M. Nisard, Stace.
: ,;

PIE — 5ZiO — PIE

remede specifique et universel qui procure a ceux il faut de I'or, du plomb, du fer, de I'antimoine,

qui prennent une espece d'immortalile.


le du vitriol, du sublime, de I'arsenic, du tartre,
Zosime, qui vivait au commencement du cin- du mercure, de la terre et de I'air, auxquels on
qiiieme siecle est un des premiers parmi nous
, joint un oeuf de coq, du crachat, de I'urine et
qui aient ecrit sur I'art de faire de I'oret de I'ar- des excrements humains. Aussi un philosophe a
gent ou la maniere de fabriquer la pierre philo-
, dit avec raison que la pierre philosophale elait
sophale. Cette pierre est une poudre ou une une saiade, et qu'il y fallait du sel, de I'huile et
liqueur formee de divers metaux en fusion sous du vinaigre.
une constellation favorable. Nous donnerons uue plus ample idee de la
Gibbon remarque que les anciens ne connais- matiore et du raisonnement des adeptes en pre-
saient pas I'alchimie, Cependant on voit dans sentant au lecteur quelques passages du Traili
Pline que I'empereur Caligula entreprit de faire de chimie philosophique et hermetique, publie a
de Tor avec une preparation d'arsenic, et qu'il Paris en 1725 *. « Au commencement, dit I'au-
abandonna son projet, parce que les depenses teur, les sages, ayantbien considere, ontreconnu
I'emportaient sur le profit. que engendre I'or et I'argent, et qu'ils peu-
I'or

Des partisans de cette science pretendent que vent se multiplier dans leurs especes.
les Egyptiens en connaissaient tons les mysteres. » Les anciens philosophes, travaillant par la

Cette precieuse pierre philosophale, qu'on appelle voie seche, ont rendu une partie de leuror volatil,
aussi elixir universel , eau du soleil ,
poudre de et I'ont reduit en sublime blanc comme neige et
projection ,
qu'on a tant cherchee , et que sans luisant comme cristal; ils ont convert! I'autre
doute on n'a jamais pu decouvrir*, procurerait partie en sel fixe ; et de la conjonction du volatil
a cekii qui aurait le bonheur de la posseder des avec le fixe, ils ont fait leur elixir. Les philoso-

richesses incomprehensibles, une sante toujours phes modernes ont extrait de I'interieurdu mer-
florissante,une vie exempte de toutes sortes de cure un esprit igne, mineral, vegetal et multi-
maladies, et meme, au sentiment de plus d'un plicalif, dans la concavite humide duquel est
cabaliste, I'immortalite... II ne trouverait rien cache le mercure primilif on quintessence univer-
qui put lui resistor, et serait sur la terre le plus selle. Par le moyen de cet esprit, ils ont altire
glorieux, le plus puissant, le plus riche et le plus la semence spirituelle contenue en I'or; et par
heureux des mortels il convertirait a son gre
; cette voie ,
qu'ils ont appelee voie humide leur ,

tout en or, et jouirait de tous les agrements. soufre et leur mercure ont et6 faits : c'est le

L'empereur Rodolphe n'avait rien plus a coeur mercure des philosophes, qui n'est pas solide
que cette recherche. Leroi d'Espagne Philippe II comme le metal, ni mou comme le vif-argent,
employa, dit-on de grandes sommes a faire
, mais entre les deux. lis ont tenu longtemps ce
travailler les chimistes aux conversions des me- secret cache, parce que c'est le commencement,
taux. Tous ceux qui ont marche sur leurs traces le milieu et la fin de I'oeuvre ; nous I'allons de-
n'ont pas ea de grands succes. Quelques-uns couvrir pour le done pour
bien de tous. II faut
donnent cette recelle comme le veritable secret faire I'oeuvre 1° purger le mercure avec du sel
:

de faire Toeuvre hermetique Mettez dans une : et du vinaigre (saiade) 2° le subhmer avec du ;

fiole de verre fort, au feu de sable, de I'elixir vitriol et du salpetre 3° le dissoudre dans I'eau-
;

d'Arislee, avec du baume de mercure et une forte; 4" le sublimer derechef; 5° le calciner et
pareille pesanteur du plus pur or de vie ou pre- le fixer; 6°en dissoudre une partie par defail-
cipite d'or, et la calcination qui restera au fond lance a la cave, oii il se resoudra en liqueur ou

de la cent mille fois. Que si


fiole se multipliera huile (saiade) 7° distiller cette liqueur pour en
;

I'on ne saitcomment se procurer de I'elixir d'A- separer I'eau spirituelle, I'air et le feu 8° mettre ;

ristee et du baume de mercure, on pent implo- de ce corps mercuriel calcine et fixe dans I'eau
rer les esprits cabalistiques , ou meme , si on spirituelle ou esprit liquide mercuriel distille
I'aime mieux, le demon barbu, dont nous avons 9" les putrefier ensemble jusqu'a la noirceur;
parle. puis il s'elcvera en superficie de I'esprit un sou-
On a dit aussi que saint Jean I'evangeliste avait fre blanc non odorant, qui est aussi appele sel
enseigne le secret de faire de I'or; et en effet, on ammo7iiac ; 10° dissoudre ce sel ammoniac dans
chantait autrefois dans quelques eglises une I'esprit mercuriel liquide, puis le distiller jusqu'a
hymne en son honneur, ou se trouve une alle- ce que tout passe en liqueur, et alors sera fait
goric que les alchimistes s'appliquent le vinaigre des sages; 11° cela paracheve, il fau-
dra passer de I'or a I'antimoine par trois fois
Inexhauslum fert tliesaurum
Qui de virgis facit aurum, et apres le reduire enchaux; 12° mettre cette
Gemmas de lapidibus.
Traite de chimie philosopkique et hermetique,
1

D'autres disent que, pour faire le grand oeuvre, enriclii des operations les plus curieuses de I'art,
sans nom d'auteur. Paris, 1725, in-12, avec appro-
1 Voyez pourlant Raymond Lulle, quant a ce qui bation signt^c Audry, docteur en medecine, et privi-
concerne Tor. lege du roi.
; ;

PIE — 5/il — PIE


cliaux d'ordans ce vinaigre ires-aigre les lais- , tique qu'ils attribuent a Marie, soeur de Moise, a
ser putrefier; et en superflcie du vinaigre, il Hermes Trismegiste, a Democrite, a Aristote, a
s'elevera una terra feuillee de la couleiir das saint Thomas d'Aquin La boite de Pandore,
, etc.
paries orientales ; i! faiit sublimer de nouveau la toison d'or de Jason de Sisyphe la
, le caillou ,

jusqu'a ce que cette lerre soit tres-pura; alors cuisse d'or de Pythagore, ne sont selon eux que
vous auraz fait la premiere operation da grand le grand oeuvre '. lis trouvent tous leurs mysteres

cEuvre. dans la Genese, dans V Apocalypse surtout, dont


» Pour le second travail prenez au nom de ,
, ils font un poeme a la louange de I'alchimie

Dieu une part de cette chaux d'or et deux parts


, dans VOdyssee, dans les Metamorphoses d'Ovide.
del'eau spirituelle chargee da son sal ammoniac Les dragons qui veillent les taureaux qui souf-
,

mettez cette noble confection dans un vase de flent du feu, sont les emblemes des travaux her-
cristal de la forme d'un oeuf scellez le tout du , metiques.
sceau d'Hermes entretenez un feu doux et con-
;
Gobineau de Montluisant, gentilhomme char-
tinue! I'eau ignee dissoudra peu a peu la chaux
: train, a meme donne une explication extrava-
d'or il se formera une liqueur qui est I'eau des
; gante des figures bizarras qui ornent la fagade
sages et leur vrai chaos, contenant les qualites de Notre-Dame de Paris; il y voyait une histoire
elementaires chaud sec froid et huraide. Lais-
, , , complete de la pierre philosophale. Le Pere eter-
sez putrefier cette composition jusqu'a ce qu'elle nel etendant les bras et tenant un ange dans
devienne noire : cette noirceur, qui est appelee chacune de ses mains annonce assez , dit-il , la
la tete de corbeau et le saturne des sacjes, fait perfection de I'oeuvre achevee.
connoitre a I'arliste qu'il est en bon chemin. D'autres assurent qu'on ne peut posseder le
Mais pour oter cette noirceur puante, qu'on ap- grand secret que par le secours de la magie ils ;

pelle aussi terre noire , il faut faire bouillir de nomment demon barbu le demon qui se charge
nouveau jusqu'a ce que le vase ne presente plus
,
de I'enseigner; c'est, disent-ils, un tres-vieux
qu'une substance blanche comme la neige. Ce demon.
degre de I'oeuvre s'appelle le cijgne. II faut enfm On trouve a I'appui de cette opinion , dans
fixer par le feu cette liqueur blanche, qui se plusieurs livres de conjurations magiquas, des
calcine et se divise en deux parts, I'une blanche formules qui evoquent les demons hermetiques.
pour I'argent, I'autre rouge pour I'or alors vous ; Cedrenus, qui donnait dans cette croyance, ra-
aurez accompli les travaux et vous possederez la conte qu'un alchimisle presenta a Fempereur
pierre philosophale, Anastase,. comme I'ouvrage de son art, un frein
» Dans les divarses operations, on paut tirer d'or et de pierreries pour son cheval. L'empe-
divers produits : d'abord la lion vert, qui est un reur accepta le present et fit mettre I'alchimiste
liquide epais, qu'on nomme aussi Yazot, et qui dans une prison, mourut; apres quoi le
oii il

fait sortir I'or cache dans les matieres ignobles ;


frein devint noir, et on reconnut que I'or des
le lion rouge, qui convertit les metaux en or : alchimistesn'etait qu'un prestige du diable. Beau-
c'est une poudre d'un rouge vif la tete de corbeau, ; coup d'anecdotes prouvent que ce n'est qu'une
dite encore la voile noire du navire de Thesce, friponnerie ordinaire.
depot noir qui precede le lion vert, et dont I'ap- Un rose-croix, passant a Sedan, donna a
parition au bout de quarante jours promet le
succes de I'oeuvre il sert a la decomposition et
:

putrefaction des objets dont on veut tirer I'or;


\3l poudre blanche, qui Lransmue les metaux blancs

en argent fin; V elixir au rouge, avec lequel on


fait de For et on guerit toutes les plaies Y elixir ;

aublanc, avec lequel on fait de I'argent at on


se procure une vie extremement longue on :

I'appelle aussi la Jille blanche des ijhilosophes.


Toutes ces varietes de la pierre philosophale
vegetent et se multiplient... » Le resle du livre
est sur le meme ton. II contienl tous les secrets
de I'alchimie. Voy, Baume universel. Elixir de
VIE, Or potable, etc.
Les adeptes pretendent que Dieu enseigna I'al-
chimie a Adam qui en apprit le secret a He-
,

noch, duquel il descendit par degres a Abraham,


a Mo'ise, a Job, qui multiplia ses biens au septu-
ple par le moyen de la pierre philosophale, a
Paracelse, et surtout a Nicolas Flamel. lis cilent
Henri I", prince de Bouillon , le secret de faire

avec respect des livres de philosophie herrae- 1 Naude, Apol. pour les grands personnages, etc.
PIE — 5/|2 — PIE

de For, qui coiisistait a I'aire foiidre dans un mille onces d'or. Le philosophe etait presse de
creuset un grain d'une poudre rouge qu'il lui re- partir; il allait a Venise tenir la grande assem-
mit, avec quelques onces de litharge. Le prince blee des philosophes hermetiques il ne lui res- ;

fit I'operation devant le charlatan et lira Irois


, tait plusrien, mais ne demandait que vingt
il

onces d'or pour trois grains de cette poudre; il mille ecus. Le due de Bouillon les lui donna et le
fut encore plus ravi qu'etonne; et I'adepte, pour renvoya avec honneur. Comme en arrivant a
achever de le seduire, lui fit present de toute sa Sedan le charlatan avait fait acheter toute la
poudre Iransmutanle. II y en avait trois cent lilharge qui se trouvait chez les apothicaires de
mille grains. Le prince crut posseder trois cent celte ville, et I'avait fait revendre ensuite char-

Le baron dc Pluniorollcs |ircsciilc a Cliailcs IX,

gee de quelques onces d'or, quand celle litharge la plerre philosophale fameuse Elisabeth la
; la
futepuisee, le prince ne fit plus d'or, ne vit cherclia longtemps. Gaulhier, baron de
Jean
plus le rose-croix et en fut pour ses vingt mille Plumerolles, se vanlait de savoir faire de I'or;
cus. Charles IX, trompe par ses promesses, lui lit
Jeremie Mederus, cile par Delrio raconte un donner cent vingt mille hvres, et I'adepte se
lour absohiment semblable qu'un autre adepte mit a I'ouvrage. Mais apres avoir travaille huit
joua au marquis Ernest de Bade, jours, il se sauva avec I'argent du monarque.
Tons les souverains s'occupaient autrefois de On courut a sa poursuite, on I'allrapa, et il fut

1 Disquisit. mag., lib. I, cap. v, quaest. 3. pendu : mauvaise fin , meme pour un alchimiste!
» ,,

PIE — 5 ^13 — PIE

En 1616, la reine Marie de Medicis donna a Les alchimistes etait appeles autrefois multi-
Gui de Crasemboiirg vingt mille ecus pour tra- plicateurs; on le voit par un statut de Henri IV
vailler dans la Bastille a faire de I'or. II s'evada d'Angleterre, qui ne croyait pas a I'alchimie. Ce
aa bout de trois mois avec les vingt mille ecus, statut se trouve rapporte dans la patente de
etne reparut plus en France. Charles II. Comme il est fort court, nous le cite-
Le pape Leon X fut moins dupe. Un homme rons. (!Nul dorenavant ne s'avisera de multiplier
qui se vantait de posseder le secret de la pierre I'or et I'argent, ou d'employer la supercherie de
I

philosophale lui demandait une recompense. Le la multiplication , sous peine d'etre traite et puni
protecteur des arts le pria de revenir le lende- comme felon.
main, et il lui fit donner un grand sac, en lui di- On lit dans les Curiosites de la lUterature,
sant que, puisqu'il savait faire de Tor, il lui offrait ouvrage traduit de I'anglais par Th. Berlin
de quoi le Mais il y eut des alchimistes
contenir qu'une princesse de la Grande-Bretagne, eprise
plus fiers. L'empereur Rodolplie II, ayant en-
tendu parler d'un chimiste franc -comtois qui
passait pour etre certainement un adepte lui ,

envoya un homme de confiance pour I'engager


a venir le trouver a Prague. Le commissionnaire
n'epargna ni persuasion, ni promesses pour s'ac-
quitter de sa commission mais le Franc-Comtois ;

fut inebranlable et se tint constamment a cette


,

reponse Ou je suis adepte ou je ne le suis pas;


:

si je le suis, je n'ai pas besoin de l'empereur, et

si je ne le suis pas l'empereur n'a que faire de


,

moi.
Un alchimiste anglais vint un jour rendre visite
au peintre Rubens, auquel il proposa de partager
avec lui les tresors du grand oeuvre s'il voulail ,

construire un laboratoire et payer quelques petits


Rubens, apres avoir ecoute patiemment les
frais.

extravagances du souffleur, le mena dans son


atelier. Vous etes venu, lui dit-ii, vingt ans trop
tard, car depuis ce temps j'ai trouve la pierre
philosophale avec cette palette et ces pinceaux,
Le
roi d'Angleterre Henri VI fut reduit a un
tel degre de besoin que an rapport d'Evelyn ,

(dans ses Numismala) il chercha a remplir ses ,

coffres avec le secours de I'alchimie. L'enregis-


trement de ce singulier projet contient les pro- de i'alchimie, fit rencontre d'un homme qui pre-
testations les plus solennelleset les plus serieuses changer le plomb tendait avoir la puissance de
de I'exislence et des vertus de la pierre philoso- en or. II ne demandait que les materiaux et le
phale, avec des encouragements a ceux qui s'en temps necessaires pour executer la conversion.
occuperont. II annule et condamne toutes les II fut emmene a la campagne de sa protectrice
prohibitions anterieures. Aussitot que cette pa- ou Ton construisit un vaste laboratoire, et, afin
tente royale fut publiee il y eut lant de gens qu'il ne fCit pas trouble, on defendit que per-
,

qui s'engagerent a faire de I'or, selon I'attente sonne n'y entrat II avait imagine de faire tour-
du roi, que I'annee suivante Henri VI publia un ner sa porte sur un pivot, et recevait a manger
autre edit dans lequel il annongait que I'heure sans voir, sans etre vu sans que rien put le dis- ,

etait prochaine ou par le moyen de la pierre traire. Pendant deux ans il ne condescendit a
,

philosophale il allait payer les detles de I'Etat parier a qui que ce fut, pas meme a la princesse.
,

en or et en argent monnayes. Lorsqu'elle fut introduite enfin dans son labora-


Charles II d'Angleterre s'occupait aussi d'al- toire, elle vit des alambics, des chaudieres, de
chimie. Les personnes qu'il choisit pour operer longs tuyaux des forges, des fourneaux, et trois ,

le grand ceuvre formaient un assemblage aussi ou quatre feux d'enfer allumes; elle ne contem-
singulier que leur patente etait ridicule. C'etait pla pas avec moins de veneration la figure enfu-
une reunion d'epiciers de merciers et de mar- mee de I'alchimiste, pale, decharne, affaibli par
,

chands de poisson. Leur patente fut accordee ses veilles, qui lui revela, dans un jargon inin-
authoritate parliainenti. telligible, les succes oblenus; elle vit ou crut

* Le comte d'Oxenstiern attribue ce trait au pape voir des monceaux d'or encore imparfait repan-
Urbain VIII a qui un adepte dediait un traitd d'al- dus dans le laboratoire. Cependant I'alchimiste
,

chimie. Pensees, t. I, p. 172. demandait souvent un nouvel alambic et des |


PIE — 5U — PIE

quantitea de charbon. La p^inces^5e,


enorines dure et susceptible d'un beau poll. On taille ces
inalgre son zele, voyant qu'elle avail depense pyrites en faceltes comme le cristal, el Ton en
une grande parlie de sa fortune a founiir aux fait des bagues , des boucles et d'autres orne-
besoinsdu phiIosophe,commenca a regler I'essor ments. Sa couleur est a peu pres la meme que
de son imagination sur les conseils de la sa- celle de I'acier poli. On donne
lui le nom de
gesse. Elledecouvritsa facon depenser an physi- sante d'apres le prejuge ou Ton est qu'elle palit
,

cien : celui-ci avoiia qu'il etaitsurprisde la lenteur lorsque la sante de la personne qui la porle est
de ses progres mais il allait redoubler d'efforts
;
sur le point de s'allerer.
et hasarder une operation de laqiielle, jiisque- Pierre-de-feu, demon inconnu qui est iu-
la, il avait cru pouvoir se passer. La protectrice voque dans les litanies du sabbat.
se retira les visions dorees reprirent leur pre-
;
Pierre-fort, demon invoque dans les litanies
mier empire. Un jour qu'elle etait a diner, un cri du sabbat. Nous ne le connaissons pas aulrement,
affreux, suivi d'une explosion semblable a celle et il se peut aussi que ce soil un des plus affreux
d'un coup de canon, se fit entendre; elle se saints des sorciers.
rendit avec ses gens aupres du chimiste. On Pierre d'Apone, philosophe, astrologue et
trouva deux larges retortes brisees une grande ,
medecin, ne dans le village d'Abano ou Apono
partie du laboratoire en flamme et le physicicn ,
pres de Padoue, en 1250. C'etail le plus habile
grille depuis les pieds jusqu'a la tete. magicien de son temps, disent les demonomanes;
Elie Ashmole ecrit dans sa Quotidictme du 13 il s'acquit la connaissance des sept arts liberaux,
mai 1655 «Mon pere Backouse (astrologue qui
:
par le moyen de sept espritsfamiliers qu'il lenait
I'appelait son methode pratiquee par les
fils,

gens de cette espece) etant malade dans Fleet-


Street, pres de I'eglise de Saint-Dunstan et se ,

trouvant , sur les onze heures du soir, a Tarlicle


de la mort , me revela le secret de la pierre phi-
losophale , me le legua un instant avant d'ex-
et
pirer. »
Nous apprenons par la qu'un malheureux qui
connaissait I'art de faire de I'or vivait cependant
de charites, et qu'Ashmole croyait fermenient
etre en possession d'une pareille recette.
Ashmole a neanmoius eleve un monument cu-
rieux des savantes folies de son siecle, dans son
Theatrum chimicuvi hritannkum , vol. in-/t°,dans
lequel il a reuni les trailes desalchimistes anglais.
Ge recueil presente divers ecliantillons des mys-
teres de la secte des roses-croix et Ashmole ,

raconte des anecdotes dont le merveilleux sur-


passe toutes les chimeres des inventions arabes.
IIdit de la pierre philosophale qu'il en sail assez
pour se taire et qu'il n'en salt pas assez pour enfermes dans des bouteilles ou dans des boiles
en parler. de cristal. II avait de plus I'industrie de faire
La chimie moderne n'est pourtant pas sans revenir dans sa bourse tout I'argent qu'il avait
avoir I'esperance, pour ne pas dire la certitude, depense. II fut poursuivi comme heretique et
de voir un jour verifies les reves dores des alchi- magicien ;vecu jusqu'a la iin du proces,
et s'il eCit

mistes. Le docteur Girtanner de Goettingue a der- il y a beaucoup d'apparence qu'il eut ele brule
nierement hasarde celte prophetie que, dans le vivant, comme il le fut en efiigie apres sa mort.
dix-neuvieme siecle, la transmutation des nietaux 11 mourut a I'age de soixante-six ans. Get homme

sera generalement connue; que chaque chimiste avait, dit-on, une telle antipalhie pour le lait
saura faire de I'or; que les instruments de cui- qu'il n'en pouvait senlir le gout ni I'odeur. Tho-
sine seront d'or et d'argent , ce qui contribucra mazo Garsoni dit, entre autres contes merveilleux
beaucoup a prolonger la vie, qui sctrouve au- sur Pierre d'Apone, que, n'ayant point dc puils
jourd'hui compromise par les oxydes de cuivrc, dans sa maison, il commanda au diable de porter
de fer et de plonib que nous avalons avec noire dans la rue le puils de son voisin parce qu'il ,

nourriture \ G'est ce que surtout le galvanismc refusait de I'eau a sa servante. Malheureusement


amenera.
Pierre de sante. A Geneve et en Savoie on ,
II y
'
a dans le village d'Abone, aujourd'hui
appelle ainsi une espece de pyrite martiale tres- Abauo, une fontaine qui pretait autrefois la parole
aux muets et qui donnail a ceux qui y buvalent le
,

lalent de dire la bonne aventure. Yoyez le sej)tieme


' Philosophie magique, v. VI, p. 383. chant de la Pharsale de Lucain.
»,;, ,

PIE — 5kB — PIE

pour ces belles histoires, il parait prouve que Majeste nous t'exorcisons et si tu ne parais
; ;

i Pierre d'Apone etait une sorte de pauvre esprit pas aussitot ici, devant ce cercle, pour nous

fort qui ne croyait pas au diable du reste homme , obeir en toutes choses, nous te maudissons et
de raauvais renom. Les amateurs de livres su- te privons de tout office, bien et joie; nous te

persLitieux recherchcnt sa Geomancie Mais ne condamnons a bruler sans aucun relache dans
lui attribuons pas un petit livre qu'on met sur I'etang de feu et de soufre, etc. » Cela dit, on
son compte et dont voici le titre Ics OEmres : verra plusieurs fantomes qui rempliront Fair de
I maqiques de Henri-Corneille Agrippa, par Pierre clameurs. On ne s'en epouvantera point, et on
d'Ahan, latin etfrancais, avec des secrets occultes, aura soin surtout de ne point sortir du cercle.
in-24 reimprime a Liege, 1788. On dit dans ce
,
On apercevra des spectres qui paraitront mena-
livre que Pierre d'Aban etait disciple d'Agrippa gants et armes de fleches mais ils n'auront pas;

qui vecut trois siecles apres lui... puissance de nuire. On soufilera ensuite vers les
La partie principale est intitulee Heptameron quatre parties du monde et on dira « Pourquoi :

ou les Elements magiques. On y trouve les surs tardez-vous? soumettez-vous a votre maitre. »
inoyens d'evoquer les esprits et de faire venir le Alors paraitra I'esprit en belle forme qui dira :

diable. Pour cela, il faut tracer trois cercles I'un « Ordonnez et demandez , me voici pret a vous
dans I'autre, dont le plus grand ait neuf pieds de obeir en toutes choses. » Vous lui demanderez ce
circonference et se tenir dans le plus petit, ou
, que vous voudrez il vous satisfera et apres que
, ,

Ton ecrit le nom des anges qui president a I'heure, vous n'aurez plus besoin de lui vous le renver- ,

au jour, au mois, alasaison, etc, rez en disant « Ailez en paix chez vous, et
:

Voici les anges qui president aux heures. Notez soyez pret a venir quand je vous appellerai. »
que les heures sont indiquees ici dans la langue Voila ce que presentent de plus curieux les OEu-
infernale. Yayn ou premiere heure I'ange Mi- ,
vres magiques. Et le lecteur qui s'y fiera sera du
chael; lanor ou deuxieme heure, Anael; Nasnia moins mystifie *.
ou troisieme heure Raphael Salla ou quatrieme ,
; Pierre Labourant, nom que des sorciers
heure Gabriel , Sadedali ou cinquieme heure
;.
donnerenl au diable du sabbat. Jeanne Garibaut
Cassiel Thamus ou sixieme heure
; Sachiel , sorciere, declara que Pierre Labourant porte une
Ourer ou septieme heure, Samael; Thanir ou chaine de fer qu'il ronge continuellement, qu'il
huitieme heure, Arael Neron ou neuvieme heure, ; habile une chambre enflammee ou se trouvent
Cambiel Jaya ou dixieme heure Uriel Abai ou
; , ; des chaudieres dans lesquelles on fait cuire des
onzieine heure Azael Natalon ou douzieme
, ; personnes, pendant que .d'autres rotissent sur de
heure, Sambael. —
Les anges du printemps, caba- larges chenets , etc.
listiquementnommes Talvi,sont Spugliguel, Cara- Pierre le Brabangon, charlatan, ne dans les
casa Commissoros et Amatiel le nom de la
, ; Pays-Ras. M. Salgues rapporle de lui le fait sui-
terre est alors Amadai, le nom du soleil Abraiim, vant. Etant devenu epris d'une Parisienne, riche
celui de la lune Agusita. Les anges de I'ete, heritiere, le Rrabangon contrefit aussitot la voix
nommes Gasmaran, sont Tubiel, Gargatiel, Tariel du pere defunt et lui lit pousser, du fond de sa
et Gaviel. La terre s'appelle alors Festativi, le tombe, de longs gemissements le mort se plai- ;

soleil Athemai, et la lune Armatas. Les anges de gnit des maux qu'il endurait au purgaloire , et
Tautomne, qui se nommera Ardarael, sont Tor- reprocha a sa femme le de refus qu'elle faisait
quaret, Tarquam et Guabarel. La terre s'appelle donner sa fiUe a un si galant homme. La femme,
Rahimara le soleil Abragini , la lune Matafi- , effrayee, n'hesita plus le Rrabancon obtint la
:

gnais. Les anges de I'hiver, appeles Fallas, sont main de la demoiselle, mangea la dot, s'evada
AUarib, Amabael Crarari. La terre se nomme
, de Paris et courut se refugier a Lyon. Un gros
I

I
Gerenia le soleil Comrautat et la lune Affaterim.
, financier venait d'y mourir, et son fils se trou-

j
Pour les anges des mois et des jours, voy. Mois vait possesseur d'une fortune opulenle. Le Rra-
et Jouns. bangon va le irouver, lieconnaissance avec lui,
Apres avoir ecrit tous les noms dans le cer- et le mene dans un lieu couvert et silencieux; la,
cle, mettez les parfums dans un vase de terre il entendre la voix plaintive du pere qui se
fait ,

neuf, et dites parfum, pour


: « Je I'exorcice ,
reproche les malversations qu'il a commises dans

que tout fantome nuisible s'eloigne de moi. ce monde et conjure son fils de les expier par
,

Ayez une feuille de parchemin vierge sur la- des prieres et des aumones; il I'exhorte d'un
quelle vous ecrirez des croix; puis appelez des tonpressant etpathetique a donner six mille francs
quatre coins du monde les anges qui president a au Rrabangon pour raclieter des captifs. Le fils
I'air, les sommant de vous aider sur-le-champ, hesile et I'emet I'affaire au lendemain. Mais le
et dites « Nous t'exorcisons par la mer flottante
: lendemain la meme voix se fait entendre et le ,

et transparente, par les quatre divins animaux pere declare nettement a son fils qu'il sera damne
qui vont et viennent devant le trone de la divine lui-meme s'il tarde da vantage a donner les six

' Geomantia, m-S°, Venise, -1649. * Des erreurs et des prejuges, t. I, p. SIS.
35
;

PIE - 5//t6 — PIQ

mille francs a ce brave homnie que le ciel lui a Pilate (Mont), monlagne de Suisse, au som-
cnvoye. Le jeune traitant ne se le lit pas dire met de laquelle est un lac ou un etang celebre
irois fois; il compta les six mille francs an ven- dans les legendes. On disait que Pilate s'y etail
Iriloqiie, qui alia boire eL rire a ses depens. jete, que les diables y paraissaient souvent, que
Pierre le Venerably, savant abbe de Cluny, Pilate, en robe de juge, s'y faisait voir tous les
niort en 1156. 11 a laisse un livre de miracles ans une fois, et que celui qui avait le malheur
qui contient plusieurs legendes oii les demons ne d'avoir cette vision mourait dans I'annee. De
jouent pas le beau role. plus, il passait pour certain que, quand on lan-
Pierres d'anatheme. « Non loin de Patras, cait quelque cbose dans ce lac cette imprudence ,

je vis des tas de pierres au milieu d'un cbamp excitait des tempetes terribles qui causaient de
j'appris que c'etait ce que les Grecs appellenL grands ravages dans le pays en sorte que meme ; ,

pierres d'anaLbeme, espece de trophees qu'ils au seizieme siecle, on ne pouvait monter sur
eleven t a la barbarie de leurs oppresseurs. En cette montagne, ni aller voir ce lac, sans une
devouanL leurs lyrans aux genies infernaux, ils les permission expresse du magistral de Lucerne, et
maudissent dans leurs ancetres dans leur ame et , il defendu, sous de fortes peines, d'y rien
etait
dans leurs enfants ; car tel est le formulaire de jeler. La meme tradition se rattache au lac de
leurs imprecations. lis se rendent dans le cbamp Pilate, voisin de Vienne en Dauphine^
qu'ils veulent vouer a I'anatbeme, et cbacun Piletski puissante famille polonaise dont les
,
,

jette sur le meme coin de terre la pierre de re- lilies, apres leur mort, se cbangeaient en co-

probation. Les passants ne manquant pas dans la lombes si elles n'etaient pas mariees; et, si elles
suite d'y joindre leur suffrage , il s'eleve bientot etaient mariees, en papillons de nuit. Elles al-
dans le lieu voue a
malediction un tas de
la

pierres assez semblable aux monceaux de cail-


loux qu'on rencontre sur le bord de nosgrandes
I'outes, ce qui du reste nettoie les cbamps'. »
Pigeons. G'est une opinion accreditee dans le
peuple que le pigeon n'a point de fiel. Cependanl
Aristote et de nos jours I'anatbmie ont prouve
qu'il en avait un, sans compter que la fiente de
cet oiseau contient un sel intlammable qui ne peut
exister sans le fiel. On conte que le crane d'un
bom me cacbe dans un colombier y attire tons les
pigeons des environs.
Le marechal de Mouchy pretendait que la cbair
du pigeon a une vertu consolante. Lorsque ce sei- laient, sous ce.s formes, anooncor leur mort a
gneur avait perdu un ami, un parent, il disait a tous leurs parents. G'est une de ces traditions
son cuisinier « Vous me servirez a diner des pi-
: qu'il suflit de mentionner et qui est probable-
geons rolis. J'ai remarque, ajoutail-il, qu'apres ment I'oeuvre de quelque poete legendaire.
avoir mange deux pigeons, je me leve de table Pinet. Pic de la Mirandole parle d'un sorcier
beaucoup moins chagrin. » nomme Pinet, lequel eut commerce trente ans
Pij, nom que les Siamois donnenl aux lieux avec le demon Fiorina ^
ou les ames des coupables sont punies elles^y ;
Pipi (Marie) , sorciere qui sert d'ecbanson au
doivent renaiire avant de revenir en ce monde. sabbat ; elle verse a boire dans le repas non-

Pilal-Karras, exorcistes ou devins du Mala- seulement au roi de I'enfer, mais encore a ses
bar, aux conjurations desquels les pecheurs de officiers et a ses disciples, qui sont les sorciers
pedes ont recours pour se mettre a I'abri des et magicieus'.
attaques du requin, lorsqu'ils plongent dans la Piqueur. A Marsanne, village du Dauphine,
mer. Ces conjuraleurs se tiennent sur la cole, pres de iMontelimart, on entend loutes les nuits,
marmottent continuellement des prieres et font vers les onze heures, un bruit singulier que les
mille contorsions bizarres. gens du pays appellent le piqueii7- : il semble, en
Pilapiens, peuples qui habitent une prcs- effet, que Ton donne plusieurs coups sous terre''.
qu'ile sur les bords de la mer Glaciale, et qui M. Berbiguier, dans son tome III des Farfadets,
boivent, mangent et conversent familierement nous apprend qu'en 1821 les piqueurs qui pi-
avec les ombres. On allait autrefois les consulter. quaient les femmes dans les rues de Paris n'etaient
Leloyer rapporte que, quand unetranger voulait LegeilHes da Nouveau
* Voyez, dans \es Ti-fifainent,
savoir des nouvelles de son pays, il s'adressait a les legendes de Pilate.
un Pilapien, qui tombait aussitot en extase et in- - Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des

voquait le diable lequel lui revelait les choses esprits, liv. Ill p. 215. ,
,
3 Deiancre, Tableau de I'inconst. des demons, etc.,
cach^es.
liv. II , p. U3.
1 M. Mangeart, Souvenirs de la Moree, iSSO. * Bibliutheque de societe , t. III.
, ,

PIR — 567 — PLA


ni des filoiis, ni des mediants, niais des farfadets Mercure Venus Mars Jupiter et Saturne. Chaque
, , ,

OLi demons. « J'etais plus savant, dit-il, que le planete gouverne un certain nombre d'annees'.
viilgaire ,
qui ignore que les farfadets ne font le Les annees ou Mercure preside sont bonnes au
iiial que par plaisir. » commerce, etc. la connaissance de cette parlie
;

Piripiris, talismans en usage chez certains de I'astrologie judiciaire s'appelle Alfridarie.


Indiens du Perou. lis sont composes de diverses Plante-bornes. Le plante-homes est une des
plantes ; ils doivent faire reussir la chasse, assu- plus poetiques et des plus morales traditions. Les
rer les moissons, amener de la pluie, provoquer Auvergnats ont la passion de la propriete con- :

des inondations et defaire les armees ennemies. server et surtout agrandir Fherilage, c'est le but
Pison. Apres
mort de Germanicus, le bruit
la principal de leur vie, I'lionneur d'un nom; et
courut qu'il avait ete empoisonne par les male- Ton dit : « Ce champ est dans ma famille de-
lices de Pison. On fondait les soupQons sur les puis un siecle, » avec I'orgueil que Ton peut
indices suivants on trouva dans la demeure de
: avoir ailleurs en montrant un parchemin etablis-
Germanicus des ossements de mort, des charmes sant que son ancetre etait cousin de saint Louis
et des imprecations contre les parois des murs, ou frere d'armes de Frangois I". A cet amour de
le nom de Germanicus grave sur des lames de la propriete, il fallait un frein car la tentation ;

plomb, des cendres souillees de sang, et plu- etait dangereuse dans un pays ou Ton ne connais-
sieurs autres malelices par lesquels on croyait sait pas de clotures. La religion fut ce frein salu-
les hommes devoues aux dieux infernaux*. taire et longtemps encore apres la revolution
;

Pistole volante. Quoique les sorciers de pro- ce n'etaient ni les juges, ni les experts qui re-
fession aient toujours vecu dans la misere, on glaient les differends entre proprie:taires, mais
pretendait qu'ils avaient cent moyens d'eviter bien le Le pretre avait done du placer le
cure.
I'indigence et le besoin. On cite entre autres la champs au rang des choses
respect des limites des
pistole volante, qui, lorsqu'elle etait enchantee les plus sacrees, et menacer souvent des ven-
par certains charmes et paroles magiques , reve- geances eternelles ceux qui failliraient a ce res-
nait toujours dans la poche de celui qui I'em- pect. II n'est done pas etonnant que des ima-
ployait, au grand profit des magiciens qui ache- ginations frappees si vivement aient congu la
taient, et au grand detriment des bonnes qui pensee div plante-bornes, c'est-a-dire de I'esprit,
vendaient ainsi en' pure perle. Voij. Agrippa, ou plutot de I'arae de I'homme injuste revenant
Faust Pasetk s etc.
, , apres sa mort expier son crime, en reparant ou
Pithon, demon qui etait familier avec Made- faisant reparer le dommage cause a ses voisins.
leine de la Croix. Le plante-bornes est d'un effet autrement puissant
Pivert. Nos anciens, dit le Petit Albert, as- que la loi elle est terrible mais aveugle sou-
; , ;

surent que le pivert est un souverain remede vent, avec de certaines precautions, on peut lui
contre le sortilege de I'aiguillette nouee
si on le , echapper; tandis qu'avec le monde des esprits,
mange jeun avec du sel benit c'etait un
roti a ; il n'est ni ruses, ni chicanes, ni secret possible.
oiseau d'augure. Elius, preteur remain, rendait L'amour de la famille meme, le desir si naturel,

la justice sur son tribunal, lorsqu'un pivert vint a tous les coeurs d'enrichir ses enfants, de les
se reposer sur sa tete. Les augures, consultes sur rendre heureux, conduisent le proprietaire a se
ce fait, repondirent que tant qu'Elius prendrait surveiller scrupuleusement, a ne commettre ja-
soin de I'oiseau, sa famille prospererait, mais mais la plus legere infraction aux regies de la
que la republique serait malheureuse; qu'au con- probite. Quel pere voudrait leguer a ses fils des
traire, lorsque le pivert perirait, la republique tourments perpetuels, la honte publique, avec le
prospererait et la famille d'Klius serait aplaindre. soin de reparer ses fautes, sous peine de la mort
Ce dernier, preferant I'inleret public au sien, tua la plus affreuse?
sur-le-champ I'oiseaa en presence du senat et ;
Car le plante-bornes ne s'en tient pas a une
quelque temps apres, dix-sept jeunes guerriers course vague, desordonnee, a travers les vil-
de sa maison furent tues a la bataille de Cannes. lages melee de douloureux gemissements il
, ;

Mais cette bataille n'accomplit que la moitie de finitpar arriver a sa destination, frappe trois
la prediction et dementit I'autre, puisqu'elle fut grands coups a I'etroite fenetre de sa chaumiere,
la plus desastreuse de toutes celles que perdit la en repetant par trois fois : « Plante-bornes!!! »
republique. Si les habitants, sous I'empire de la terreur, res-
Planetes. II y a maintenant plus de soixanle tent muets, on entend autour de la maison des
planetes. Les anciens n'en connaissaient que sept
cn comptant la lune, qui n'est qu'un satellite de 1 Les sept vieilles planetes president aussi
aux sept
la terre ; ainsi les nouvelles decouvertes de- jours de la semaine. Jarchas, brachmane, avec le-
Iruisent tout le systeme de I'astrologie judiciaire. quel Apollonius de Tyane philosopha secretement,
regut de lui en present sept anneaux portant les noms
Les vieilles planetes sont : le soleil, la lune,
des sept planetes il les mettait a ses doigts les jours
;

ou eiles regnaient et chacun avait une vertu parti-


,

1 Tacite. cuiiere.

35.
, ,

PLA — 548 PLU

pas lourds et des battements d'ailes ; et le plante- blie de lui une prop/ielic contre les francs-
bornes revient gemir tous les soirs, sans se lasser maqons des doctes ; I'ont expliquee comme eelles
jamais, jusqu'a ce qu'enfin Ton se decide a liii de Nostradamus.
repondre. Plats. Divination par les plats. Quinte-Curce
11 se tronipe quelquefois, s'adresse a iine fa- dit que les pretres egyptiens mettaient Jupiter
mille pure de toiites fraudes, et qui peuL hardi- Ammon sur une nacelle d'or d'ou pendaient des
inent repondre pour ses aieux mais c'est pour ; plats d'argent, par le mouvement desquels iis

lui menager un triomphe car, sur de sa con- ;


jugeaient de la volonte du dieu, et repondaient
science et de celles de ses peres le chef de fa- , a ceux qui les consultaient.
niilieouvre la fenetre, crie trois fois Plante-les : (( Pline. Les Orienlaux en font un geomelre pro-
loi-meme! » Mors tout est fini la paroisse est en ; digieux il est lie chez eux a I'histoire d'Alexan-
; , ,

admiration devant ceux qui ont pu chasser les dre le Grand.


plante-bornes. C'est comme une consecration de Plogojowits (Pierre) ,
vampire qui repandit
I'antique probite de la famille; chasser un plante- la terreur au dernier siecle dans le village de Ki-

bornes, c'est plus honorable que faire ses preuves solova en Hongrie, ou il etait enterre depuis dix
de cent ans de noblesse devant Cherin. semaines. II apparut la nuit a quelques-uns des
Mais si, se mentant a luj-meine, le fils d'un habitants pendant leur sommeil et leur serra tel-

coupable osait prononcer la formule sacramen- lement le gosier qu'en vingt-quatre heures ils en
telle, malheur a lui! Un homme injuste mourut moururent, II fit perir ainsi neuf personnes taut ,

subitement; il avait bien souvent dit a son fds, vieilles que jeunes, dans I'espace de huit jours.

en se raillant des croyances superstitieuses « Si : La veuve de Plogojowits declara elle-meme que


» jamais je reviens vous tourmenter pour le bor- son mari lui etait venu demander ses souliers;
))nage, n'ayez pas peur; chassez-nioi. » ce qui I'effraya tellement qu'elle quitta le village

Cependant une vieille femme I'avait ajourne de Kisolova. Ces circonstances delerminerent les
devant ce meme his « Vous avez plante des : habitants du village a tirer de terre le corps de
» arbres sur le champ qui m'appartenait vous ; Plogojowits et a le bruler pour se delivrer de ses
» ne voulez pas vous arranger avec moi pendant infesLations. lis trouverent que son corps n'exha-
))que vous etes vivant prenez garde il en coute : , lait aucune mauvaise odeur qu'il elait entier et ;

n aux morts de se lever de leurs tombes » ! comme vivant, a I'exception du nez, qui parais-
Des semaines, des mois s'ecoulerent, le fils sait tletri que ses cheveux et sa barbe avaient
;

commengait a rire des plante-bornes; mais un pousse , de ses ongles, qui etaient
et qu'a la place

soir, tout le monde Taffirme, la paroisse etait en tombes, en etait venu de nouveaux que
il lui ;

emoi on frappa a la porte de sa chaumiere. Rien


; sous la premiere peau, qui paraissait comme
ne bougea a I'interieur; alors, ce qui n'etait plus morte et blanchatre il en croissait uue nouvelle ,

jamais arrive arriva le plante-bornes appela son


: saine et de couleur naturelle. Ils remarquerent
his par son nom. Furieux celui-ci s'elancja vers , aussi dans sa bouche du sang tout frais, que le
la fenetre, I'ouvril, etauxcrisde/?/an<e-&orncs/... vampire avait certainement suce aux gens qu'il
qui se repercutaient dans les montagnes, il re- avait fait mourir. On envoya chercher un pieu
pondit effronlement « Plante-les toi-meme! » : pointu, qu'on lui enfonga dans la poitrine, d'ou
puis il voulut reformer le volet mais une invi- ; il sortit quantite de sang frais et vermeil, de

sible main gorge, et Ton entendit


le saisit a la meme que par le nez et par la bouche. Ensuite
de tres-pres crier d'une voix desolee » Plante- : les paysans mirent le corps sur un bucher, le re-

bornes! plante-bornes! » L'infortune, demi-mort duisirent en cendres*, et il ne suga plus.


de frayeur, refusant encore de croire au surnatu- Plotin philosophe de I'ecole d'Alexandrie, au
,

rel, essaya de se defendre au meme instant, sa ; troisieme siecle. II se vantait d'avoir un esprit
femme , ses enfants , sa vieille mere le virent dis- familier de haut rang et de la race des dieux ; ce
paraitre dans I'espace; puis, la chute d'un corps qui parait peu dans ses ecrits, qui n'ont rien de
les fit frisonner ;
puis un cri divin. II se croyait bien au-dessus de I'humanite,
dechirant remplit la contree; et il eut ete flatte d'esperer I'apotheose. Lorsqu'il
et le lendemain on trouva le mourut, a soixante-six ans, il disait Je m'oc- :

corps de I'esprit fort etendu cupe de reunir le dieu qui est en moi a la divi-
mort sur le pave du chemin nite qui occupe I'univers. Au meme instant on
les levres sanglantes et les vit un serpent sortir de dessous son lit et s'echap-

mains crispees*. per par un trou qui existait dans la muraille. Les
Platon, celebre philosophe assistants pretendirent que ce serpent elait le
grec, ne I'an 430 avant Jesus- dieu qui possedait Plotin ou du moins qui habi- ,

Christ. On lui attribue un livre tait en lui.

de necromancie. II y a vingt-cinq ans qu'on a pu Pluies merveilleuses. Le peuple met les

* Hermann Les , provinces. Truite des visions et apparitions , t. II, {h 216.


; ;!

PLU — 5i9 — POI


pluies de crapauds et de grenouilles au nombre times devaient to u jours s'interpr^ter en bonne
des phenomenes de mauvais augure ; et il n'y a part.
pas encore longtemps qu'on les attribuait aux Pnigalion. C'est le nom que quelques mede-
malefices des sorciers. Elles ne sont pourtant pas
difliciles a concevoir : les grenouilles et les cra-
pauds deposent leur frai en grande quantite dans
les eaux inarecageuses. Si ce frai vient a etre
enleve avec les vapeurs que la terre exhale, et
qu'il reste longtemps expose aux rayons du so-

leil il en nait ces reptiles que nous voyons tom-


,

ber avec la pluie. Les pluies de feu ne sont autre


chose que la succession tres-rapide des eclairs et
des coups de tonnerre dans un temps orageux.
Des savants ont avance que les pluies de pierres
nous venaient de la lune; etcette opinion a grossi
la masse enorme des erreurs populaires. Ces
,

pluies ne sont ordinairement que les raatieres cins ont donne au| caucheraar, parce que , au
volcaniques, les ponces, les sables et les terres moyen de visions efTrayantes, il etouffe la voix
brulees qui sont portes par les vents impetueux et I'estomac.
a une tres-grande distance. On a vu les cendres Pocel, roi de I'enfer chez les Prussiens. lis
du Vesuve tomber j usque sur les cotes d'Afrique. nomraent aussi Pocol le chef des hordes d'esprits
La quantite de ces matieres, la maniere dont elles aeriens et Porquet celui qui garde les forets. Ce
,

se repandent dans les campagnes, souvent si loin dernier est le Pan des anciens*. Voy. Picollus et
de leur origine, et les desastres qu'elles occa- PUGEL.
sionnent quelquefois, les ont fait mettre au rang Pochwist, divinite de I'hiver et du mauvais
des pluies les plus formidables. Mais, de toutes temps chez les Polonais, avant qu'ils fussent Chre-
les pluies prodigieuses, la pluie de sang a lou- tiens.
jours ete la plus effrayante aux yeux du peuple Pogoda, chez les memes, a la meme epoque,
etcependant elle est chimerique. 11 n'y a jamais divinite du beau temps.
eu de vraie pluie de sang. Toutes celles qui ont Points de cote. De bonnes gens dans les Ar-
paru rouges ou approchant de cette couleur ont dennes croient guerir les points de cote au moyen
ete teintes par des terres des poussieres de mi-
, de cette singuliere priere « Pointe Pointe sur
: !

neraux ou d'autres matieres emportees par les pointe que Dieu te guerisse de cette pointe
!

vents dans I'atmosphere, ou elles se sont melees comme saint Come et saint Damien ont gu6ri
avec I'eau qui tombait des nuages. Plus souvent les plaies de Notre-Seigneur dans le jardin des
encore ce phenomene en apparence si extraor-
, Olives.... »
dinaire, a ete occasionne par une grande quan- Poirier (Marguerite), petite fiUe de treize ans
tite de petits papillons qui repandent des gouttes qui deposa comme temoin centre Jean Grenier,
d'un sue rouge sur les endroits ou ils passent '. jeune loup-garou. Elle declara qu'un jour qu'elle
Plutarque le plus sage des philosophes mort
, , gardait ses moutons dans la prairie, Grenier s'etait
a Rome I'an 140 de notre ere. II etait initie et jete sur elle en forme de loup et I'eut mangee
pretre d'Apollon a Delphes. Cependant il a merite si elle ne se fut defendue avec un baton, dont

par ses ecrits les eloges meme des Chretiens. Ses elle lui donna un coup sur I'echine. Elle avoua
recits de la Cessation des oracles j son Histoire de qu'il lui avait dit qu'il se changeait en loup a vo-
Thespesius et ses Livres de morale, comme ses lonte, qu'il aimait a boire du sang et a manger
Vies des hommes illustres , etablissent sa probite. la chair des petits garcons et des pelites filles

11 du connaitre les Chretiens.


a cependant qu'il ne mangeait pas les bras ni les
Pluton, roi des enfers, selon les pai'ens, et, epaules^
selon les demonomanes, archidiable, prince du Poisons. On a souvent attribue a la magie des
feu, gouverneur general des pays enflammes, forfaits qui n'etaieiit dus qu'a la connaissance de

surintendant des travaux forces du tenebreux I'art des poisons. « IIque pendant le
est certain ,

empire. seizieme siecle, dans les annees qui le prec^-

Plutus, dieu des richesses. II etait mis au derent et le suivirent, I'empoisonnement etait
nombre des dieux infernaux, parce que les ri- arrive a une perfection inconnue a la chimie nio-
chesses se tirent du sein de la terre. Dans les derne et que I'histoire a constatee. L'ltalie, ber-
sacrifices en son honneur, les signes ordinaire- ceau des sciences modernes, fut a cette epoque
ment funestes qu'offraient les entrailles des vic-
* Leloyer, Histoire des spectres, etc., liv. Ill,
p. 212.
' Voyez Y Histoire naturelle de I'air etdes meteores, 2 Delancre, Tableau de I' inconst. des demons, etc.,
par I'abbd Richard. liv. IX, p. 237.
,;

POL — 550 — POL


inventrice et mailresse de ces secrets, dont plu- avec une femme de Locres. Mais il mourut la
sieiirs se perdirent. De la vint cette reputation quatrieme nuit de ses noces et la laissa enceinte
qui pesa, durant les deux siecles suivants, sur d'un hermaphrodite dont elle accoucha neiif,

les Italiens.Les romanciers en ont si fort abuse, mois apres. Lespretres et les augures, ayant ete
que partout on ils introduisent des Italiens, ils consultes sur ce prodige, conjecturerent que les
leur font jouer des roles d'assassins et d'empoi- Etoliens et les Locriens auraient guerre ensemble
sonneurs. Si I'ltalie avait alors I'entreprise des parce que ce monstre avait les deux sexes. On
poisons subtils dont parlent quelqaes historiens, conclut enfin qu'il fallait mener la mere et I'en-
il faudrait seulement reconnaitre sa suprematie fant hors des limites d'Etolie et les bruler tous
en toxicologie comme dans d'autres connais- deux. Comme on elait pres de faire cette abomi-
sances, Elle servait les passions du siecle, comine nable execution, le spectre de Polycrite apparut
d'admirables edifices, comniandait
elle batissait et se mit aupres de son enfant. II etait vetu d'lin
lesannees, peignait de belles fresques, chantait habit noir. Les assistants, effrayes, voulaient s'en-
des romances, dessinait des fetes ou des ballets fuir; il les rappela, leur dit de ne rien craindre
etrafflnait la politique. A Florence, I'art des poi- et fit ensuite, d'une voix grele et basse, un beau
sons etait a un si haut point, qu'une femme par- discours par lequel il leur monlra que, s'ils bru-
tageant une peche avec un due, en se servant laient sa femme et son fils, tomberaient dans
ils

d'une lame d'or dont un cote seulement etait em- des calami tes extremes. Mais, voyant que, mal-
poisonne, mangeait la moitie saine et donnait la gre ses remontrances, les Etoliens etaient decides
mort avec I'autre. Une paire de gants parfunies a faire ce qu'ils avaient resolu , il prit son enfant,
infiltrait pores une maladie mortelle. On
par les le mit en pieces et le devora. Le peuple poussa
meltait le poison dans un bouquet de roses natu- des huees contre lui et lui jeta des pierres pour
relles, dont la seule senteur, uiie fois respiree, le chasser il fit peu d'attention a ces insultes et
;

donnait la mort. Don Juan d'Autriche fut, dit-on, continua de manger son fils dont il ne laissa ,

empoisonne par une paire de bottes*. » que la tete, apres quoi il disparut. Ce prodige
Polkan, centaure des Slavons, auquei on at- sembia si effroyable qu'on prit le dessein d'aller
tribuait une force une vitesse extraordinaires.
et consulter I'oracle de Delphes. Mais la tete de
Dans les anciens contes russes, on le ddpeint I'enfant, s'etant mise a parler, leur predit, en
homme depuis la tete jusqu'a la ceinture, et cbe- vers, tous les malheurs qui devaient leur arriver
val ou cbien depuis la ceinture. En cheval, ses dans la suite, et, disent les anciens conteurs, la
ruades gracieuses ont donne naissance a la danse prediction s'accomplit. La tete de I'enfant de Po-
bete qu'on nomme polka. lycrite, se trouvant exposee sur un marche pu-
Pollier (Abraham). C'etait un Suisse qui ser- blic, predit encore aux Etoliens, alors en guerre
vait comme dragon chez le comte de Hohenlohe- contre les Acarnaniens, qu'ils perdraient la ba-
Pfedelbach, au commencement de I'an 168^. Le taille. — Le Polycrite de ce conte etait un vampire
h avril il annonga qu'il allait etre congedie
, et ; ou un ogre.
comme on s'en etonnait, il ajouta qu'il etait au Polyglossos, nom que les anciens donnaiQut
service du diable que le diable en prenant hy-
; , a un chene prophetique de la foret de Dodone
potheque sur son ame, lui avait avance de I'ar- ce chene extraordinaire rendait des oracles daus
gent mais que toutes les fois qu'il avait voulu
; la langue de ceux qui venaient le consulter.
le rembourser, comme il s'en etait reserve le Polyphage. On a publie a Wittemberg, il y a
droit dans le pacte conclu entre eux, il manquait vingt ou trente ans, une dissertation sous ce
toujours un thaler, et enfin qu'on ne le reverrait titre : De polijphayo et alio triophago Willeniher-
plus le lendemain. 11 disparut en effet le soir. Et, (jcnsis d'mertatio , in-Zj". C'est I'histoire d'un des
durant cette soiree, on I'entendit dans plusieurs plus grands mangeurs qui aient jamais existe. Get
hameaux implorer du secours, sans que personne homme, si distingue dans son espece, devorait
osal ailer a son aide. On trouva, au matin qui quand il voulait (ce qu'il ne faisait toutefois que

suivit, ses armes du village


et ses habits pres pour de I'argent) un mouton entier, ou un co-
qu'il avait quitte. Huit jours apres, un pecheur chon, ou deux boisseaux de cerises avec leurs
repecha son haut-de-chausse et sa chemise, et noyaux; il brisait avec les dents, machait el ava-
peu apr^;s son corps, ou Ton constata qifil avait lait des vases de terre et de verre, et meme des

eu le cou tordu. On I'enterra sous la potence^ pierres tres-dures; il engloutissait des animaux
Polycrite. 11 y avait en Etolie un citoyen ve- vivants, oiseaux, souris, chenilles, etc. Enfin,
nerable, nomme
Polycrite, que le peuple avait ce qui surpasse toute croyance, on presenta un
dlu gouverneur du pays, a cause de son rare me- jour a cet avale-iout une ecritoire couverte de
rite et de sa probite. Sa dignite lui fut prorogee plaques de fer; il la mangea avec les plumes, le

jusqu'a trois ans, au bout desquels il se maria canif , I'encre et le sable. Ce fait si singuiier, qui,

doit consterner nos hommes sauvages, nos man-


1 M. de Balzac , le Secret des Ruggteri. geurs de cailloux et nos jongleurs de places pu-
2 Gbrres, Mystique, liv. VI, cli. xvii. bliques a ete atteste par sept temoins oculaires.
,
;

POL — 551 — POP


devant le senat de Wittemberg. Quoi qu'il en Ceylan , ou les indigenes placent le paradis ter-

soit, ce terrible estomac jouissait d'une sante restre. C'est, selon les Chingulais, le chemin par
vigoureuse il termina ses prouesses a I'age de
; lequel Adam, chasse du paradis, se rendit sur le
soixante ans. Alors il commenga- a mener une continent. Les Indiens disent que le golfe se
vie sobre et regime, et vecut jusqu'a I'age de referma pour empecher son retour,
soixante-dix-neuf ans. Son cadavre fiit ouvert Pont du diable. Dans la vallee de Schellenen,
on le troiiva rempli de choses extraordinaires, en Suisse, I'imagination croit voir partout les
dont I'auteur donne la description*. La seconde traces d'un agent surnalurel. Le diable n'est
partie de la dissertation renferme I'histoire de point aux yeux de ces montagnards un ennemi
, ,

quelques hommes detrempe et I'explica-


cette rnalfaisant; il s'est meme montre assez bonne
tion de ces singularites. Mais le tout nous semble personne, en pergant des rochers en jetant des ,

un pen farci de ce que Ton appelle, en termes ponts sur les precipices, etc. ce que lui seal, selon
,

de journalisme, des canards ; et il y en a beau- les habitants, pouvait execuler. On ne peut rien

coup dans les recits de merveilles. imaginer de plus hardi que la route qui parcourt
I Polypheme, geant qui n'avait qu'un oeil au la vallee de Schellenen. Apres avoir suivi quel-

milieu du front, celebre dans I'Odyssee, type que temps les detours capricieux de ceLte route
affray ant de nos ogres. terrible, on arrive a cette oeuvre de Satan, qu'on
Polyphidee, devin d'flypcresie, pays d'Argos. appelle le Pont du diable. Cette construction im-
Polytheisme. Un brahme de Calcutta a publie, posante est moins merveilleuse encore que le site
ces dernieres annees, une defense theologique da ou elle est placee. Le pont est jete entre deux
sysleme des Hindous, qui admettent trois cent cia- montagnes droites et elevees, sur un torrent fu-
quante millions de dieux et de deesses. rieux, dont les eaux tombent par cascades sur
Pomme d'Adam.La legere protuberance qu'on des rocs brises et remplissent I'air de leur fracas
appelle pomme d'Adam a la gorge des hommes et de leur ecume'.
vient, dans les opinions populaires, d'un pepin Le pont de Jouy-aux-Arches, pres Metz, etait
qui s'arreta la quand notre premier pere mangea aussi I'ouvrage du diable, aussi bien que I'ancien
si desaslreusement le fruit defendu.

Pomponace, professeur de philosophie sou-


vent hasardee; ne a Mantoue en 1462, mort
en 1525. Dans son TraiU des enchantements , il

pretend que les demons ne sont pour rien dans


la magie et les phenomenes occultes; mais que

tout ce qu'on leur attribue est I'oeuvre des astres,


dont il fait des demons.
Poniatowska (Catherine) , visionnaire du
Nord. Voy. Comenius.
Pont. Les anciens Scandinaves disaient que
les dieux avaient fait un pont qui communiquail
du ciel a la terre, et qu'ils le montaient a che- pont de Saint-Cloud, qui s'ebranla au seizieme
val. Quand Satan se revolla contre Dieu, il fit siecle, au passage d'un enfant qu'on venait de

batir un fameux pont qui allait de I'abime au pa- baptiser, et s'ecroula ensuite. Plusieurs autres
radis. II est rompu. ponts ont le meme nom.
Pont d'Adam. On appelle Pont d'Adam une Popoguno , enfers des Virginiens, dont le sup-

suite de bancs de sable qui s'etendent presque en plice consiste a etre suspendu entre le ciel et la

ligne directe entre File de Manar et celle de terre.

1 Extrait de VAlmanach historique de Van xi. 1


Voyage en Suisse d'Helene-Marie Williams.
; ;

POP — 552 — POS


Poppiel I", roi de Pologne au neuvieme siecle. Porriciae, entrailles de la victime que les
On rapporte qu'il jurait souvent et que son ser- pretres jetaient dans le feu, apres les avoir con-
ment ordinaire ^tait Que les rats me puisscnt
: siderees peur en tirer de bens ou de mauvais
manger! Si ce serment ne lui fut pas fiineste, il presages.
le fut du moins a sa posterite, coinme on va le Porta (Jean-Baptiste)
physicien celebre, qui ,

voir. II mourut de maladie, dans un age peu des pas a la science et qui a prepare
a'fait faire
avance. Poppiel II, son fils, fut comme lui un les decouvertes photographiques dent nous jouis-
tyran. On lui avait donne pour tuteurs ses oncles, sens aujourd'hui, ne a Naples vers 1550. On dit
guerriers braves et experimentes, qu'il n'ecouta qu'ilcemposa a quinze ans les premiers livres de
paint. epousa une princesse qui s'empara de
II sa Magie naturelle, qui sent gates par les preju-
son esprit, lui rendit d'abord ses oncles suspects, ges du siecle ou il vecut. 11 croyait a I'aslrolegie
ensuite odieux et ses conseils le deciderent a les
, judiciaire, a la puissance independante des es-
faire empoisonner. La cour fremit et le peuple prits, etc. On cite, comme le meilleur de ses ou-
s'indigna a cette nouvelle. Poppiel, avec I'audace vrages, \'A Physiognomonie celeste, 1661, in-/|°; il

qui est le propre des grands criminels, accusa ses s'y declare centre les chimeres de I'astrologie;
oncles de trahison et defendit qu'on leur accordat mais il continue neanmoins a attribuer une grande
ni bucher, ni sepulture. LesPolonais, qui aimaient influence aux corps celestes. On lui doit encore
ces princes si lachement assassines, murinurerent un de Phijsiognomonie , ou il compare les
traite
de nouveau mais on n'eut fait que les plaindre,
; figures humaines aux figures des animaux, pour
si le ciel ne leur eut envoye des vengeurs. Du en tirer des inductions systematiques. Voy. Phy-
milieu de leurs restes tombes en pourriture, il siognomonie, a la fin.
sortit une armee de rats , destines a punir Pop- Porte. Les Tartares mantchoux reverent un
piel. L'horreur qu'avait inspiree son crime avait esprit gnrdien de la porte, sorte de divinite do-
fait fuir laplus grande partie de sa cour; elle mestique qui ecarte le malheur de leurs maisons.
etait presque reduite a la reine eta lui seul, lors- Portes des Songes. Dans Virgile, I'une estde
que ces betes les assiegerent et vinrent a bout de corne, I'autre est d'iveire. Par la porte de corne
les devorer. Voy. Hatton. passent les Songes veritables, et par la porte
Pores (Divination par les). Nous ne pouvons d'iveire, les vaines illusions et les Songes trom-
citer qu'un exemple de ce singulier precede pour peurs.
la connaissance de I'avenir. Juslinien ayant de- Possedes. Le bourg de Teilly a trois lieues ,

clare la guerre a Theodat ce roi des Goths fut , d'Amiens, denna en 1816 le spectacle d'une fille
vaincu par Belisaire ou plutot par la peur. Pro- qui voulait se faire passer peur pessedee. Elle
cope explique ainsi le fait Ce pauvre prince : etait, disait-elie, au pouveir de trois demons,
ayant consuUe un juif qui passait pour un devin Mimi, Zozo et Crapoulet. Un honnete ecclesiastique
tres-habile, afin de savoir d'avance le resultat de prevint I'autorite, qui reconnut que cette fille
la guerre , enferma trente pores dix par
le Juif , etait malade. On la fit entrer dans un hopital, et
dix, dans trois etables. On les tint un certain il ne fut plus parle de la possession. On trouve
temps sans manger. Le terme de 'experience 1
de la sorte dans le passe quelques supercheries
etant expire le pfince et le juif entrerent dans
, que la bonne
foi de nos peres a su reprimer
les etables on avait donne aux pores de la pre-
; souvent. y eut jadis bien moins de scandales
II

miere le nom de Goths a ceux de la seconde le , qu'en ne le conte, et les possessions n'etaieut
nom de Remains et aux pores de la troisieme le pas de si libre allure qu'on le croit. Une demo-
nom de Grecs. Les pores qui representaient les niaque commencait a faire du bruit sous Henri III
Goths se trouverent morts, a I'exception de deux le roi aussilot envoya son chirurgien Pigray,

cinq des pores remains restaient debout; mais avec deux autres medecins pour examiner I'af- ,

les pores grecs se mentrerent tousvivants. Theo- faire. Quand la possedee fut amenee devant ces
dat vit la que la victoire serait a I'empereur, et decteurs, on I'interregea, et elle debita des
subit en consequence une defaite. Les Goths, in- sornettes. Le prieur des capucins lui fit des
struits de ces details chasserent leur roi Theodat
, demandes en latin auxquelles elle repondit fort
et proclamerent a sa place Vitiges son ecuyer. , mal; et enfin en trouva, dans certains papiers,
Porom-Houngse, sorle de fakirs chez les qu'elle avait ete deja, quelques annees precedem-
Indiens. lis se vantent d'etre descendus du ciel ment, feuettee en place publique pour avoir voulu
et de vivre des milliers d'annees sans jamais se faire passer peur demoniaque on la condamna ;

prendre la moindre nourriture. Ce qu'il y a de a une reclusien perpetuelle. Du temps da meme


vrai, c'est qu'on ne voit jamais un porom-houngse Henri III, une Picarde se disait pessedee du
manger ou boire en pubHc. diable apparemment peur se rendre formidable.
,

Porphyre , visionnaire grec et philesophe L'eveque d'Amiens, soupconnant quelque impos-


creux du troisieme siecle ,
que quelques-uns de ture, la fit exerciser par un laique deguise en
ses ouvrages ont fait raeltre au rang desserciers. pretre et lisant les epitres de Ciceron. La demo-
II donnait dans les arts magiques. niaque savait sen role par cceur; elle se tour-
, ,,

POS — 553 — POS


menta, fit des grimaces effroyables, des cabrioles mobilite ; 5° les clameurs du ventre ;
6° le regard

et des cris, absolument comme si le diable, qu'elle fixe ;


7° des reponses en francais a des mots la-
disait chez elle, eut ete en face d'un pretre lisant tins ;
8° les piqures de lancette sans effusion de

le livre sacred demasquee.


Elle fut ainsi sang, etc. Mais, dit-on, les saltimbanques et les
Mais ii y a les vrais possedes ou deihoniaqiies. grimaciers font des contorsions, sans pour cela
Ce sont ceux dont le diable s'est empare. Plusieurs etre possedes du diable; et qu'en savez-vous?
aujourd'hui pretendent que les possessions sont L'enflure du visage, de la gorge, de la langue,
des monomanies, des folies plus ou moins fu- est souvent causee par des vapeurs ou par la
rieuses, plus ou moins bizarres. Mais comment respiration retenue. L'insensibilite peut bien etre
expliquer ce fait qu'a Gheel en Belgique, ou Ton la suite de quelque maladie ou n'etre que fac-
iraile les fous colonises, on guerit les fous fu- tice, si la personne insensible a beaucoup de

rieux en les exorcisant?... force. Un jeone Lacedemonien se laissa ronger


Le savant docteur Moreau dans la visite of- le flanc par un renard qu'il venait de voler, sans
,

ficielle qu'il a faite a Gheel en 18/(2, et qu'il a donner le moindre signe de douleur un enfant ;

publiee, a reconnu ce fait, qui ne peut etre con- se laissa bruler la main dans un sacrifice que
teste, Le diable serait-il done pour quelque faisait Alexandre, sans faire aucun mouvement;

chose dans certaines folies ? et connaissons-nous du moins les historiens le disent. lis en content
bien tous les mysteres au milieu desquels nous bien d'autres. Ceux qui se faisaient fouetter de-
vivons ? Dans tous les cas si plusieurs posses- vant I'autel de Diane ne' frongaient pas le sour-
,

sions ont ete soupQonnees de charlatanisme nous cil On vous" dira meme que l"immobilite est
,

croyons que le soupcon a ete fonde moins sou- volontaire, aussi bien dans les gestes que dans
vent qu'on ne le dit. les regards, qu'on est libre de se mouvoir ou
On a beaucoup ecrit sur les demoniaques qui de ne pas se mouvoir, pour peu qu'on ait de
,

sont, disent les experts, plus ou moins agites, fermete dans les nerfs que les clameurs et jap- ;

suivant le cours de la lune. L'historien Josephe pements que les possedes faisaient entendre dans
dit que ce ne sont pas les demons, mais les ames leur ventre sont expliques par nos ventriloques.
des mechants, qui entrent dans les corps des On explique aussi les piqures d'aiguille ou de
possedes et les tourmentent. lancette sans effusion de sang; dans les melan-
On a vu des demoniaques a qui • les diables coliques, dit-on le sang qui est epais et grossier
,

arrachaient les ongles des pieds sans leur faire ne peut souvent sortir par une petite ouverture
de mal. On en a vu marcher a quatre pattes, se et certairles personnes ^iquees de la lancette ne
trainer sur le dos, ramper sur le ventre, marcher saignent point. On exclura des possedes les gens
sur la tete. II y en eut qui se sentaient cha- d'un estomac qui ne digerant point, rendent les
,

touiller les piedssans savoir par qui d'autres ; choses telles qu'ils les ont avalees, ainsi que les
parlaient des langues qu'ils n'avaient jamais ap- fous et les maniaques. Les symptomes de la
prises. Comment expliquera-t-on les convulsion- manie sont si affreux* que nos ancetres Font
naires jansenistes du dernier siecle, si on en mise sur le compte des esprits malins. Et qui
exclut le diable 2? En I'an 1556, il se trouva a pourra etablir qu'ils se trompaient?
Amsterdam une phalange d'enfants demoniaques, On a pubiie un traite sur ce sujet , intitule

que les exorcismes ordinaires ne purent delivrer; Recherches sur ce qu'il faut entendre par les de-
on publia qu'ils n'etaient en cet etat que parma- moniaques dont il est parle dans le Nouveau Tes-
leflces et sortileges; lis vomissaient des ferre- tament , par T. P. A. P. 0. A. B. J. T. C. 0. S.
ments des lopins de verre des cheveux des
, , , in-12, 1738, livre oii la question n'est pas du
aiguilles et autreschoses semblables. On conte tout decidee.
qu'a Rome, dans un hopital, soixante-dix filles II y a sur quelques possessions pretend ues
devinrent folies ou demoniaques en une seule des explications nalurelles, comme dans cette
nuit; deux ans se passerent sans qu'on les put anecdote :

guerir. Cela peut etre arrive, dit Cardan, ou par


le mauvais air du lieu, ou par la mauvaise eau,
1 La manie universelle est le spectacle le plus hi-
deux et le plus terrible qu'on puisse voir. Le maniaque
ou par la fourberie ou par suite de mauvais de-
a les yeux fixes, sanglants, tantot hors de I'orbite,
,

portements. C'est que la suite de mauvais de- tantot enfonces , le visage rouge les vaisseaux en-
,

portements entraine souvent les mauvais esprits gorges, les traits alteres, tout le corps en contrac-
tion; il ne reconnait plus ni amis, ni parents, ni en-
contre lesquels nous luttons tous et sans cesse
fants, niepouse. Sombre, furieux, reveur, cherchant
si nous ne sommes a eux. On croyait reconnaitre la terre nue et I'obscurite, il s'irrite du contact de
autrefois qu'une personne etait demoniaque a ses vetements, qu'il decliire avec les ongles et avec
plusieurs signes : 1° les contorsions ;
2° I'enflure les dents, meme de celui de I'air et de la lumiere,
contre lesquels il s'epuise en sputations et en vocife-
du visage; 3° I'insensibilite et la ladrerie ; k° I'im-
devien-
rations. La faim, la soif, le chaud, le froid ,

1 Pigray, Traite de chirurgie. nent souvent, pour le maniaque, des sensations in-
2 Voye^ dans les Legenrtes infernales cimefiere connues, d'autres fois exaltees. (Le docteur Fodere,
de saint Medard. Medecine legale.)
POS — 55k — POS
Dans une petite ville du Piemont, un abbe qui que faite par EUe confessa avoir ete a
le diable.
s'en revenait de la promenade etant tout a coup la synagogue nommait le sab-
(c'est ainsi qu'elle
tombe dans la rue , la population I'environne , le bat) y avoir eu commerce avec le diable et y
,

porte dans une maison voisine , oii tons les se- avoir recu ses marques. EUe s'accusa d'avoir fait
cours ordinaires ne peuvent le rappeler a la vie. des malefices, d'avoir regu du diable des poudres
Arrive un distillateur, qui lui remplit sans succes pour nuire, de les avoir employees avec certaine
la bouche d'une liqueur tres-spiritueuse. Quel- formule de paroles terribles. Elle avait, disait-
ques - uns des assistants courent done a la pa- elle, un demon familier de I'ordre de Belzebuth.
roisse la plus voisine et reviennent avec un, EUe dit encore qu'elle avait entrepris d'oter la
vicaire, qu'on prie, a tout basard, de lui admi- devotion a sa communaute pour la perdre; que,
nistrer les sacrements. Le jeune pretre desire pour elle ,
elle avait mieux aime le diable que son
s'assurer d'abord de I'etaL du inalade; c'etait le Dieu. Elle avait renonce a Dieu, se livrant corps
soir il demande
: une lumiere et la porte a la , et ame au demon ce qu'elle avait confirme ei>
;

bouche du patient. Un hoquet du pretendu mort donnant au diable quatre epinglcs convention :

en sort aussitot, et cette vapeur s'enflamme a la qu'elle avait signee de son sang, tire de sa veine
chandelle; les assistants fuient en criant que avec une petite lancette que le diable lui avait
I'abbe a un demon dans le corps; ils vont sup- fournie. Elle se confessa encore de plusieurs
plier le cure de venir I'exorciser. Pendant ce abominations, et dit qu'elle avait entendu parler
temps, leboquet, autenr de I'esclandre, ayant au sabbat d'un certain grand miracle par lequel
^te suivi d'une explosion d'humeurs qui etouf- Dieu exlerminera la synagogue et alors ce sera ;

faient le pauvre abbe, les exorcistes, en arrivant, fait de Belzebuth, qui sera plus puni que les

.sont surpris de le trouver debout; le distillateur autres. Elle parla de grands combats que lui
rentre et eclaircit le prodige ayant ete force de : livraient le diable et la princesse des enfers pour
quitter pour quelques instants le malade apres ,
empecber sa confession. Puis elle desavoua tout
lui avoir rempli la boucbe de son elixir, il n'avait ce qu'elle avait confesse, s'ecriant que le diable
pu expliquer que le hoquet, en repoussant au la perdait. Etait-ce folie ? dans tous les cas cette

dehors la liqueur spiritueuse, avait naturellement folie etait affreuse. Marie de Sains disait de son
produit la flamme dont I'assemblee avait 6l6 si cote qu'elle s'etait aussi donnee au diable, qu'elle
vivement electrisee. avait assiste au sabbat ,
qu'elle y avait adore le

Mais ces petits fails n'attenuent pas I'incontes- diable une chandelle noire a la main. Elle pre-
,

table veracite des possessions reelles,* qui ne tendit que I'Antechrist etait venu, et elle expli-
peuvent etre repoussees que par I'Eglise. Voij. quait I'Apocalypse. Simone Dourlet avait aussi
Grandier, Bavent, Picard, Bodl6, etc. frequente le sabbat. Mais comme elle temoignait
Possedees de Flandre. L'affaire des posse- du repentir, on la mit en liberie, car elle etait
dees de F'landre au dix-septieme siecle a fait
, , arretee comme sorciere. Un jeune homme de Va-
trop de bruit pour que nous puissions nous dis- lenciennes, de ces jeunes gens donl la race n'esl
penser d'en parler. Leur bistoire a ete ecrite en pas perdue, pour qui le scandale est un attrait,
deux volumes in-S" par les Peres Domptius et
,
s'eprit alors de .Simone Dourlet et voulut I'epou-
Michaelis. Ces possedees etaient trois sorcieres, ser. L'ex- sorciere y consenlit. Mais le comle
qu'on exorcisa a Douai. L'une etait Didyme, qui d'Estaires la lit remettre en prison, ou elle fut
repondait en vers et en prose en latin et en , retenue longtemps avec Marie de Sains. Didyme
hebreu. C'etait une pauvre religieuse infectee fut brulee. Voy. Sabbat.
d'heresie et convaincue des mauvaises moeurs Postel (Guillaume) visionnaire du seizieme ,

qui sont les compagnes de I'apostasie, La seconde siecle ne au diocese d'Avranches. 11 fut si pre-
,

etait une fille appelee Simone Dourlet qui ne


, ,
coce qu'a I'age de quatorze ans on le fit maitre
,

repugnait pas a passer pour sorciere. La troi- d'ecole. 11 ne devint absurde que dans I'age mur.
sieme etait Marie de Sains, qui allait au sabbat et On dit qu'une lecture trop approfondie des ou-
prophetisait par I'esprit de Satan... La presse du vrages des rabbins et la vivacite de son imagina-
temps a publie un factum curieux intitule les , tion le precipilerent dans des ecarts qui semerent
Confessions de Didyme, sorciere penitente , avec sa vie de troubles, el lui causerent de cuisants
les choses quelle a deposdes touchant la synacjorjue chagrins. 11 crut qu'il etait appele de Dieu a
de Satan. Plus, les instances que cette complice reunir tous les hommes sous une meme loi par ,

{qui depuis est recliutee) a faites pour rendre nullcs la parole ou par le glaive voulant toutefois les ,

ses premieres confessions : veritable recit de tout soumettre a I'autorite du Pape et du roi de
passe en cette affaire; Paris, 1623. On
ce qui s' est France a qui la monarchie universelle apparte-
,

voit dans cette piece que « Didyme n'elait pas nait de droit, comme descendant en ligne directe
en reputation de saintete mais suspecte au con- , du Ills aine de Moe. S'etant done fail nommer
traire , a cause de ses moeurs facheuses » . On la aumonier de I'bopilal de Venise, il se lia avec
reconnut possedee et sorciere; on decouvrit, le une femme limbree connue sous le nom de ,

29 mars 1617, qu'elle avait sur le dos une mar- mire Jeanne, dont les visions acheverent de lui
;

POT — 555 — POU


LOLirner la t6te. Postel se pretendit capable d'in- qu'avec peine cet esprit malin ,
qui faisait des
struire et de convertir le monde entier. A la tours de physique amusante
nouvelle des reveries qii'il debitait, il fut denonce Poudres. Les sorciers composaient pour leurs
comme heretique ; mais on le mit hors de cause malefices des poudres qui , comme leurs on-
en considdrant qu'il etait fou. Apres avoir par- guents , etaient des poisons.
couru rOrient et fait paraitre plusieurs ouvrages Poule noire. C'est en'sacrifiant une poule
dans lesqnels il parle des visions de la mere noire a minuit, dans un carrefour isole qu'on ,

engage le diable a venir faire pacte. II faut pro-


noncer une conjuration, ne se point retourner,
faire un trou en terre,
y repandre le sang de la

poule et I'y enterrer. Le meme jour, et plus or-


dinairement neuf jours apres, le diable vient et
donne de I'argent; ou bien il fait present a cekii
qui a sacrifie d'une autre poule noire qui est une
poule aux oeufs d'or. Les doctes croient que ces
sortes de poules donnees par le diable sont de
, ,

vrais demons. Le juif Samuel Bernard, banquier


de la cour de France mort a quatre-vingt-dix
,

ans en 1739, et dont on voyait la maison a la


place des Yictoires, a Paris, avait, disait-on, une
poule noire qu'il soignait extremement; il mou-
rut peu de jours apres sa poule laissant trente- ,

Jeanne, il rentra dans de meilleurs sentiments, trois millions. La superstition dejla poule noire
se retira au prieure de Saint-Martin des Champs, est encore tres-repandue. On dit en Bretagne
a Paris, et y mourut en Chretien a quatre-vingt- qu'on vend la poule noire au diable, qui I'achete
seize ans, le 6 septembre 1581. On lui attri- a minuit, et paye le prix qu'on lui en demande ^
bue a tort le livre des Trois Imposleurs. Voy. II y a un mauvais et sot petit livre dont voici le
Jr.ANNE. titre « La Poule Noire, ou la poule aux oeufs
:

Pot beurre. Un certain exorciste avait en-


ci d'or, avec la science des talismans et des anneaux
ferme plusieurs demons dans un pot a beurre magiques, I'art de la necromancie et de la cabale,
apres sa mort, comme les demons faisaient du pour conjurer les esprits infernaux les sylphes, ,

bruit dans le pot, les heritiers le casserent, per- les ondins, les gnomes, acquerir la connaissance
suades qu'ils allaient y surprendre quelque tre- des sciences secretes, decouvrir les tresors et
sor; mais ils n'y trouverent que le diable assez obtenir le pouvoir de commander a tous les etres
mal loge. II s'envola avec ses compagnons ec et dejouer tous les malefices et sortileges, etc. »
laissa le pot vide Conte populaire. En Egypte, 7/i0, 1 vol. in-18. — Ce n'est qu'un
Pou d'argent. G'est la decoration que le fatras niais et incomprehensible.
diable donne aux sorciers. Poulets. Voy. Augures.
Poudot, savetier de Toulouse, dans la maison Poulpiquets. Voy. Bolegueans.
duquel le diable se cacha en 1557. Le malin je- Poupart. Voy. Appahitions.
tait des pierres qu'il tenait enfermees dans un Pourang, nom du premier homme, selon les
coffre que Ton trouva ferme a clef, et que Ton Japonais ,
lequel sortit d'une citrouille echauffee
enfonca mais malgre qu'on le vidat il se rem-
;
, , par I'haleine d'un boeuf, apres qu'il eut casse
plissait toujours. Cette circonstance beaucoup
fit I'oeuf d'ou le monde etait i^-su.

de bruit dans la ville et le , president de la cour Pou-Sha dieu de la porcelaine chez les Chi-
,

de justice, M. Latomy, vint voir cette merveille. nois.Des ouvriers, dit-on, ne pouvant executor
Le diable fit sauter son bonnet d'un coup de un dessin donne par un empereur, I'un d'eux,
pierre, au moment ou il entrait dans la chambre nomme Pou-Sha, dans un moment de desespoir,
au coffre; il s'enfuit effraye , et on ne delogea 1 M. Gariiiet, Histoire de la magie en France,
p. -124.
* Legenda aurea Sac. de Voragine,
. leg. lxxxviii. 2 Cambry, Voyage dvns le Finisterc, t. Ill, p. 16.
:

POU — 556 — PRfi

s'elanQa clans le fourneau tout ardent. II fiit a gistral s'appuya de cette stupidite pour obtenir la

I'instant consume, et la porcelaine prit la forme grace du malheureux.


que souhaitait le prince. Ce malheureux acquit Pra-Ariaseria, personnage fameux qui vivait
a ce prix I'honneur de presider, en qualite de dans le royaume de Siam du temps de Som-

dieu, aux ouvrages de porcelaine. mona-Godom. Les Siamois en font un colosse de


Poussiere. Un nuage de poussiere souleve par quarante brasses demie de circonference et
et ,

le vent est toujours suppose, par les basses classes de trois brasses et demie de diametre, ce qui
du peuple irlandais, etre occasionne par la marche parait peu comprehensible. 11 est vrai que nous
d'une troupe de fees changeant de domicile, el ne savons pas quelle etait sa forme.
Ton observe scrupuleusement envers ces cava- Preadamites. En 1655, Isaac de la Perreyre
lieres invisibles les memes politesses que si la fit imprimer, en Hollande, un livre^dans lequel
poussiere etait causee par une societe de per- il voulait etablir qu'il y a eu des hommes avant
sonnes du pays. En
les plus considerables ficosse, Adam. Quoiqu'il n'eut pour appui que les fables
le bruit des brides retentissant dans les airs ac- des figyptiens et des Chaldeens, ce paradoxe eut
compagne toujours le tourbillon qui marque la un moment des sectateurs, comme en ont toutes
marche des fees. les absurdites. Desmarais, qui professait a Gro-
Powel, chief-justice anglais, en 1711. On lui ningue, le combattit, et plus tard I'auteur meme
amena un charlatan accuse de relations avec le se retracta.
diable. Le miserable avoua que I'accusation ^lait Precy. Voy. Rambouh.let.
vraie, et il confessa que le diable s'etait montre Predictions. D'habiles astrologues avaient as-
a lui sous diverses formes. Powel ne vit la qu'un sure a Pompee, a Gesar et a Crassus qu'ils mour- -

homme, ou imposteur par necessile, ou afflige raient chez eux combles de gloire de biens et ,

d'hallucinations, ou fou; et comme les jures, qui d'annees, et tons trois perirent miserablement.
voyaient partout des sorciers, voulaient le con- Gharles-Quint, Francois I" et Henri VIII, tons trois
damner au feu , il leur demanda s'ils le decla- contemporains, furent menaces de mort violente,
raient coupable sur le chef d'accusation portant et leur mort ne fut que naturelle. Le Grand Sei-
qu'il etait entre en communication avec le diable, gneur Osman voulant declarer la guerre a la Po-
sous la forme d'un chat. Le chef du jury repon- logne en 1621 malgre les remontrances de ses
,

dil : (( Oui, il est coupable sur ce chef, » Le ma- ministres, un santon aborda ce sultan et lui dit

« Dieu m'a revelela nuit derniere dans une vi- ,


pendant Osman reussit mal dans son entreprise
sion, que si Ta Hautesse va plus loin, elle est en. contra la Pologne, et perdit, peu de temps apres,
danger de perdre son empire ton epee ne peut ; la vie avec I'empire.
cette annee faire de mal a qui que ce soil. » On encore le fait suivant, comme exemple
cite

« Voyons dit Osman , si la prediction est cer-


, de prediction accomplie Un ancien coureur,
:

tainc. Et donnant son cimeterre a un janissaire,


)) nomme Languille s'etait retire sur ses vieux
,

il lui commanda de couper la tele a ce pretendu jours a Aubagne, pres de Marseille. II se prit de
prophete ce qui fut execute sur-le-champ. Ge-
,
querelle avec le bedeau de la paroisse, qui etait
, ,

PRE — 557 — PRE


en menie lemps fossoyeur ; cette dispute avail garder comme des indices de I'avenir les evene-
produit une haine si vive, que Languille avait ments les plus simples et les plus naturels, est
signilie au bedeau qu'il ne mourrait jamais que I'une des branches les plus considerables de la
par lui ; de sorte que le pauvre bedeau, effraye, superstition. remarquer qu'on distinguait
11 est a
i'evitail comma un ennemi formidable. Peu de autrefois les presages des augures, en ce que
temps apres ,
Languille mourut, age de soixante- ceux-ci s'entendaient des augures recherches ou
quinze ans. II dans une espece de chainbre
logeait inlerpretes selon les regies de I'art augural et ,

haute, oil Ton montait par un escalier etroit et que les presagesqui s'offraient fortuitementetaient
tres-roide. Quand il fut question de I'enterrer, le interpretes par chaque particulier d'une maniere
bedeau, bien joyeux, alia le chereher el chargea plus vague et plus arbitraire. De nos jours on
-sur ses epaules la biere dans laquelle etait le regarde comme d'un tres-mauvais augure de de-
corps de Languille ,
qui etait devenu assez gros. chirer trois fois se^ manchettes, de trouver sur
Mais, en le descendant d'un air triomphal il fit , une table des couteaux en croix d'y voir des ,

un faux pas, glissa en avant; la biere, tombant salieres renversees, etc. Quand nous rencontrons
sur lui, I'ecrasa. Ainsi s'accomplit la menace de en chemin quelqu'un qui nous demande ou nous
Languille, autrement sans doute qu'il ne I'avait allons, il faut, selon les enseignements supersti-
entendu. tieux, retourner sur nos pas, de peur que mal ne
On un due de Choiseul qu'il
avait predit a nous arrive. Si une personne a jeun raconte un
perirait dans une sedition. On a pretendu que mauvais songe a une personne qui ait dejeune
cette prediction s'etait accomplie quoique le due , le songe sera funeste a la premiere. II sera fu-
soil mort de maladie parce qu'il expira dans le , neste a la seconde si elle est a jeun et que la , ,

moment oii douze medecins, rassembles pour une premiere ait dejeune. Il sera funeste a toutes les
consultation a son sujet, se battaient a propos deux., si toutes les deux sont a jeun. II serait sans
des moyens divers proposes-pour le guerir. consequence si toutes les deux avait I'estomac
Alvaro de Luna, favori de Jean II, roi de Cas- garni.., Malheureux generalement qui rencontre
tille fut mis a mort pour avoir gouverne I'Elat
, le matin, ou un lievre, ou un serpent, ou un le-

en despote. Apres avoir consulte un astrologue zard ou un cerf ou un chevreuil ou un sah-


, ,

sur sa destinee , il lui avait ete repondu qu'il eut glier Heureux qui rencontre un loup, une cigale,
!

a se garder de Cadahalso. II crut que c'etait d'un une chevre, un crapaud Voy. AnAicNiiE, Chasse, !

village pres de Tolede, qui portait ce nom ; il Pie, Hibou, etc., etc., etc. CeciUa, femme de
s'abstint d'y aller. Mais ayant ete condamne a Metellus, consultait les dieux sur I'etablissement
perdre la tete sur un echafaud, que les Espagnols de sa niece, qui etait nubile. Cette jeune fiUe,
appellent aussi cadahalso , on dit qu'il s'etait lasse de se tenir deboul devant I'autel sans rece-
trompe sur le sens du mot. voir de reponse pria sa tante de lui preter la
,

En 1382, uu astrologue anglais fit crier par la moitie de son siege. « De bon coeur, lui dit Ce-
ville de Londres que la veille de I'Ascension cilia, je vous cede ma place tout entiere. » Sa
personne ne sorlit de sa maison sans avoir dit bonte lui inspira ces mots, qui furent pourtant,
cinq fois le Pater noster , et sans avoir dejeune ,
dit Valere-Maxime, un presage de ce qui devait
a cause du brouillard pestilentiel qui arriverait arriver car Cecilia mourut quelque temps apres,
;

ce jour-la; parce que ceux qui ne le feraient pas et Metellus epousa sa niece. Lorsque Paul-fimile
raourraient infailliblement. Plusieurs, se fiant a faisait la guere au roi Persee, il lui arriva quel-
cette prediction , firent ce que I'astrologue avait que chose de remarquable. Un jour rentrant a ,

prescrit; mais, comme on


reconnut apres qu'il sa maison, il embrassa, selon sa coutume, la plus
avait trompe le peuple, on le mit sur un cheval jeune de ses filles nommee Tertia et la voyant
, ,

a reculons tenant la queue en place de bride


, plus triste qu'a I'ordinaire, il lui demanda le su-
avec deux marmites au cou, et on le promena jetde son chagrin. Cette petite fille lui r^pondit
ainsi par toute la ville. que Tersee etait mort (un petit chien que I'enfant
Wecker, dans les Secrets mervcilleux , donne ce nommait ainsi venait de mourir ) Paul saisit le .

procede comme infaillible pourpredire I'avenir : presage et en effet, peu de temps apres, il vain-
;

Qu'on brule de la graine de lin, des racines de quit le roi Persee et entra triomphant dans ,

persil et de violette qu'on se mette dans cette ; Rome


fumee, on predira les choses futures. Voy. Astro- Un peu avant I'invasion des Espagnols au
LOGIE, PrOPH^TIES BOHEMIENS etC. , , Mexique on prit au lac de Mexico un oiseau de
,

Prejuge. Maniere banale , absurde ou irretle- la forme d'une griie, qu'on porta a I'empereur

chie d'apprecier les choses. Les sujets du Grand Montezuma comme une chose prodigieuse. Get
,

Mogol sont dans I'usage de peser leur prince oiseau, dit le conte, avait au haut de la tete une
tous les ans, et c'est toujours en raison de ce espece de miroir ou Montezuma vit les cieux
qu'il pese qu'ils I'estiment valoir plus ou moins, parsemes d'etoiles de quoi il s'etonna grande- ,

Prelati charlatan de magie. Voy. Raiz.


,

Presages. Cette faiblesse qui consiste a re- ,


1 Valere-Maxime.
,, ,

PRE — 558 — PRE


meiit. Puis, levant les yeux an ciel, el n'y voyant tel ,
qui que tu sois, examine el pese tanl que
plus d'eloiles , il regarda une seconde fois dans lu voudras; nul sur la terre ne sail quelle fin
le miroir, et apercut un peuple qui venail de Tallend. »
rOrienl, armd, combattant et tuant. Ses devins Preservatifs. Voy. Amulettes, Cornes, Phy-
etant venus pour lui expliquer ce presage , I'oi- LAcxi'RES, TnoupEAUx etc. ,

seau disparut en grand trouble.


, les laissant Pressentiment. Suetone assure que Calpur-
« C'etail, a mon avis, dit Delancre, son mauvais nie fut lourmentee de noirs pressenlimenls peu
demon qui venait lui annoncer sa fin, laquelle d'heures avant la mort de Cesar. Mais que sont

lui arriva bienlot. » Dans le royaume de Loango, les pressenliments? Est-ce une voix secrete et
en Afrique, on regarde comme le presage le phis inlerieure? Est-ce une inspiration celeste ? Est-ce
funeste pour le roi que quelqu'un le voie boire la presence d'un genie invisible qui veille sur nos
et manger : ainsi il est alDsolument seul et sans destinees ? Les anciens avaient fait du pressenti-
domestiques quand il prend ses repas. Les voya- ment une sorte de religion, et de nos jours on y
geurs, en parlant de cette superstition, rappor- ajoule foi. M. C. de R..., apres s'etre beaucoup
tent un trait barbare d'un roi de Loango Un de : amuse au bal de I'Opera mourut d'un coup de
,

ses fils, age de huit on neuf ans, etant enLre im- sang en rentranl chez lui. Madame de V..., sa
prudemment dans la salle o\i il mangeait, el dans scEur, qui I'avait quitte assez lard, fut tourmenlee
le moment qu'il buvait, il se leva de table, ap- toule la nuit de songes affreux qui lui represen-
pela le grand prelre qui saisil eel enfant, le fit
,
laient son frere dans un grand danger, I'appelant
egorger el frolta de son sang les bras du pere
, a son secours. Souvent reveillee en sursaul, el
pour detourner les malheurs dont ce pi'esage dans des agitations continuelles quoiqu'elle sut ,

semblail le menacer. Un autre roi de Loango fit que son frere etail au bal de I'Opera elle n'eut ,

assommer un chien qu'il aimail beaucoup, el qui, riende plus presse, des que le jour parul, que
I'ayant un jour suivi, avail assiste a son diner'. de demander sa voiture et de courir chez lui.
Les hurlemenls des betes sauvages, les oris des Elle arriva aumoment oii le Suisse avail regu
cerfs et des singes sont des presages sinistres ordre de ne laisser enlrer personne el de dire
pour les Siamois. S'ils rencontrent tin serpent que M. C. de R. .. avail besoin de repos. Elle
qui leur barre le chemin, c'esl poureux une rai- s'en relourna consolee et riant de sa frayeur. Ce
son suflisanle de s'en relourner sur leurs pas ne fut que dans I'apres-midi qu'elle appril que
persuades que I'affaire pour laquelle ils sont sor- ses noirs pressenliments ne I'avaienl point Irom-
lis ne peul pas reussir. La chute de quelque pee. Voy. Songes.
meuble que le basard renverse est aussi d'un On lisait dans le journal la Patrie , en sep-
Ires-mauvais aug-ure. Que le tonnerre vienne a lembre 1857 :

tomber, par un elTet naturel et commun voila , « M. de S... neveu de la comlesse


, K... , ha-
de quoi gater la meilleure affaire. Plusieurs pous- bile I'Anglelerre. Un soir, il rentre chez lui, I'espril

sent encore plus loin la superstition el I'extrava- fort tranquille. A peine a-t-il allume sa bougie
gance dans une circonslance critique et embar-
: qu'il enlend un bruit etrange. II se delourne et ,

r^ssante, ils prendront pour regie de leur con- voil sur sa table une main qui trace rapidement
duile les premieres paroles qui echapperont au quelques lellres sur le papier el disparait. 11
basard a un passant, et qu'ils inlerpreteront a s'approche el lit Godefroy. C'esl le nom d'un
:

leur maniere. Dans le royaume de Benin en , de ses amis qui voyageail alors dans I'Amerique
Afrique, on regarde comme un augure Ires-favo- du Nord.
rable qu'une femme accouche de deux enfants » M. de S... a pris note precise du jour et de

jumeaux le roi ne manque pas d'etre aussilol


: I'heure de cette apparition quelque temps apres, ;

informe de celle importante nouvelle, el Ton ce- il a su oniciellemenl que ce meme jour, a la
lebre par des concerts el des feslins un evene- meme heure, son ami etail mort au Canada.
ment si hcureux. Le meme presage est regarde L'impression que eel evenemenl a produite sur
comme Ires - sinislre dans le village d'Arebo, lui a ele si vive, qu'il vienl de renoncer au

quoiqu'il soil silue dans le meme royaume de monde et d'entrer aux oratoriens de Londres. »

Benin. Pressine. Voy. Melusine.


Un serpenl s'elait enlorlille aulour d'une clef Prestantius. Voy. Extases.
Prestiges. 11 y a eu de nos jours, dil Gas-
a la porLe d'une maison, el les devins annongaienl <(

que c'etail un presage. « Je ne le crois pas, dil pard Peucer, en ses commenlaires De divina-
un philosoplie, mais e'en pourrait bien etre un si tione, une vierge bateleuse a Bologne, laquelle,

la clef s'elait enlortillee aulour du serpent. » pour I'excellence de son art, etail fort renommee
Prescience, connaissance certaine el infail- par toule I'llalie; neanmoins elle ne sut, avec
liblede I'avenir. EUe n'appartient qu'a Dieu. toule sa science, si bien prolonger sa vie, qu'en-
Rappelons-nous ici la maxime d'Hervey « Mor- :
fin, surprise de maladie, elle ne mourut. Quelque
autre magicien, qui I'avait toujours accompagnee
' Saint-Foix, Essais historiques. sachanl le profit qu'elle retirail de son art pen-
, ,

PRE — 559 PRO


dant sa vie, lui mil, par le secoiirs des esprits, Pour toutes les blessures : Dieu me benisse et
quelque charme ou poison sous les aisselles de : me guerisse, moi pauvre creature, de toute es-
sorle qu'il semblait qu'elle eut vie et elle com- ; pece deblessure, quelle qu'elle soit, en I'honneur
menca a se retrouver aux assemblees, jouant de de Dieu et de la Vierge Marie, et de MM. saint
la guilare, chantaiit, sautant et dansant, comnie Cosme et saint Damien. Amen.
Pour les maladies des yeux : M. saint Jean pas- ,

sant par ici, trouva trois vierges en son chemin.


11 leur dit : Vierges, que faites-vous ici? Nous
guerissons de la maille. — Oh ! guerissez, vierges,
guerissez cet ceil.

Pour arreter le sang du nez : Jesus-Christ est


ne en Bethleem et a souffert en Jerusalem. Son
sang s'est trouble je le dis et te commande
;

sang, que tu t'arretes par la puissance de Dieu,


par I'aide de saint Fiacre et de tons les saints,
tout ainsi que le Jourdain dans lequel saint Jean-
,

Bapliste baptisa Notre-Seigneur, s'est arrele. Au


nom du Pere et du Fils et du Saint-Esprit.
Centre la hrulure : Feu de Dieu, perds ta cha-
leur, comme Judas perdit sa couleur, quand il

vendit Notre-Seigneur au jardin des Olives. Voyez


Point de cote, Oraison du loup, Gardes, Barbe-
A-DiEU, etc,
Prierio (Sylvestre Mozzolino de) , savant do-
minicain , a publie un livre curieux sur les faits
etranges des sorcieres et des demons De strigi-
:

elle avait de sorLe qu'elle iie diffe-


accouLuuie : magaruin demonumque prestigiis. Rome, 1521;
rait d'uiie personne vivante que par la couleur, in-i".
qui elait excessivement pale. Peu de jours apres, Prisier, demon invoque dans les litanies du
il se trouva a Bologne un autre magicien lequel ,
sabbat.
averti de rexcellence de I'art de cette fille, la Prodiges, eveneinents surprenants dont on
voulut voir jouer comme les autres. Mais a peine ignore la cause et que Ton est tente de regarder
,

I'eut-il vue, qu'il s'ecria : Que faites-vous ici, comme surnaturels. C'est la definition de Bergier.
messieurs? celle que vous voyez devant vos yeux Sous le consulat de Volumnius, on entendit par-
quifait de si jolis soubresauts, n'est autre qu'une ler un boeuf. II tomba du ciel, en forme de pluie,
charogne morte. Et a I'instant elle tomba morte des morceaux de chair, que les oiseaux devo-
a terre au moyen de quoi le prestige et I'en-
: rerent en grande partie le reste fut quelques
;

chanteur furent decouverts. » jours sur la terre sans rendfe de mauvaise odeur.
Une jeune femme de la ville de Laon vit le Dans d'autres temps, on rapporta des evene-
diable sous la forme de son grand-pere, puis inents aussi extraordinaires, qui ont neanmoins
sous celles d'une bete velue , d'un chat , d'un trouve creance parmi les hommes. Un enfant de
escarbot, d'une guepe et d'une jeune fille*. six mois cria victoire dans un marche de bneufs.
Ce sont plulot des hallucinations que des pres- 11 plut des pierres a Picenna. Dans les Gaules,
tiges. Voy. Apparitions, Enchantements, Sici- un luup s'approcha d'une sentinelle, lui tira I'epee
DiTES, M^:tamorphoses, Charmes, etc. du fourreau et I'emporta. 11 parut en Sicile une
Pretres noirs. C'est le nom que donnent les sueur de sang sur deux boucliers, et, pendant la
sorciers aux pretres du sabbat. seconde guerre punique, un taureau dit, en pre-
Prieres superstitieuses. Nous empruntons sence de Cneus Domitius Ro?ne, prends garde a :

a Tabbe Thiers et a quelques autres ces petits


chefs-d'oeuvre de niaiserie ou de naivete.
Pour le mal de dents : Sainte Apolline, qui etes
assise sur la pierre; sainte Apolline, que faites-
vous la? — Je suis venue ici pour le mal de
dents. Si c'est un ver, qa s'otera ; si c'est une

goutte, Qa s'en ira.


Centre le tonnerre : Sainte Barbe, sainte Fleur,
la vraie croix de Notre-Seigneur. Partout oii celte
oraison se dira, jamais le tonnerre ne tombera. lei ' Dans la ville de (Jalena, sous le consulat de

^ Cornelii gemmce cosmocriticm, lib. II, cap. ii. ' Yalere-Mcixime.


; ; ,

Pm — 560 — PRO
Lepide, on enleiidit parler un coq d'Inde, qui ne a I'ombre et se rafraichissait au soleil. II s'est

s'appelait pas alorsun coq d'Inde; car c'elait line trouve une Athenienne qui a vecu de cigue jus-
pin Lade. Voila des prodiges. qu'a la vieillesse et un certain Mahomet, roi de
;

Delancre parle d'une sorciere qui, de son Cambaye s'accoutuma si bien aux viandes em-
,

temps, sauta du haul d'une inontagne sur un ro- poisonnees, dans la peur qu'il eut de perir par le
clier eloigne de deux lieues. Quel saut!.... Un poison, qu'il n'en eut plus d'autres dansses repas.
liotnme ayant bu du lait, Schenck dit qu'il vomit II devint venimeux qu'une mouche qui le tou-
si

deux petits chiens blancs aveugles. Vers la fin du chait tombait morte dans le meme instant; il
mois d'aout 1682, on montrait a Charenton une tuait de son haleine ceux qui passaient une heure
fille qui vomissait des chenilles, des limacons, avec lui. Pyrrhus, roi d'Epire, comme le disent

des araignees et beaucoup d'autres insectes. Les Pline et Plutarque, guerissait avec le pouce de
docteurs de Paris etaient emerveilles. Le fait sem- son pied droit tous les maux de rate, et, selon
blait constant. Ce n'etait pas en secret : c'etait d'autres, tous les ulceres qui s'etaient formes
devant des assemblees nombreuses que ces sin- dans la bouche mais ce qui n'est pas moins
;

guliers vomissements avaient lieu. Deja on pre- etonnant, c'est que, le corps de Pyrrhus etant
parait de toutes parts des dissertations pour brule et reduit en cendre on trouva tout entier ,

expliquer ce phenomene, lorsque le lieutenant le meme pouce qui fut porte en cereraonie dans
,

criminel entreprit de s'immiscer dans ral'faire. 11 un temple, et la enchasse comme une relique.
interrogea la maleficiee, peur du fouet et
lui fit C'en est assez pour justifier qu'il y a des choses
du carcan, et elle avoua que depiiis sept ou huit historiques qui ne sont presque jamais vraisem-
mois elle s'etait accoutuinee a avaler des che- blables*.
nilles, des araignees et des insectes; qu'elle desi- Promethee. Atlas et Promethee, tous deux
rait depuis longtemps avaler des crapauds mais , grands astrologues vivaient du temps de Joseph. ,

qu'elle n'avait pu s'en procurer d'assez petits*. Quand Jupiter delivra Promethee de I'aigle ou du
On a pu lire, i! y a vingt ans, un fait pared rap- vautour qui devait lui devorer les entrailles pen-
porte dans les journaux une femme vomissait
: dant trente mille ans, le dieu, qui avait jure de
des grenouilles et des crapauds un medecin peu ; ne le point detacher du Caucase, ne voulut pas
credule, appele pour verifier le fait, pressa de fausser son serment, et lui ordonna de porter a
questions la malade et parviut a lui faire avouer son doigt un anneau ou. serait enchasse un frag-
qu'elle avait eu recours a cette jonglerie pour ment de ce rocher. C'est la, selon Pline, I'origine
gagner un peu d'argent^. des bagues enchantees.
« 11 y a, dit Chevreau, des choses historiques Pronostics populaires. Quand les chenes
et qui ne sont presque pas vraisemblables. 11 plut portent beaucoup de glands, ils pronostiquent
du sang sous I'empereur Louis II de la laine sous ; un hiver long et rigoureux. Tel vendredi, tel di-
I'enipereur Jovinien; des poissons, dont on ne manche. Le peuple croit qu'un vendredi pluvieux
put approcher pour leur puanleur, sous Olhon III ne peut etre suivi d'un dimanche serein. Racine
et Yalere-Maxime dans le chapitre des Prodiges,
, a dit au contraire :

de son premier livre, a parle d'une piuie de


Ma foi, sur I'avenir bien fou qui se fiera :
pierres et d'une autre de pieces sanglantes de
Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.
chair, qui furent mangees par les oiseaux. Louis,
ills de Ladislas, roi de Hongrie et de Boheine, Si la huppe chante avant que les vignes ger-
pour etre venu avant terrae, naquit sans peau, ment, c'est un signe d'abondance de vin :

et les medecins trouverent moyen de lui en faire


De saint Paul la claire journee
une. Une femme dans le Peloponnese comme le
, ,

Nous denote une bonne annee.


dit Pline, eut en quatre couches vingt enfanls, Si Ton voit epais les brouillards,
cinq a la fois, dont la plupart vecurent; et selon Mortalite de toutes parts.
Trogus, une autre, en Egypte, eut sept enfants vent, nous aurons la guerre;
S'il fait
S'ilneige ou pleut, cherte sur terre;
d'une ineme couche. Saint Augustin dans le cha- ,

Si beaucoup d'eau tombe en ce mois


pitre xxiii du livre XIV de la Cite de Dieu, dit Lors peu de vin croilre tu vois.
qu'il avu un homme qui suait quand il voulait,
sans faire aucun exercice violent, et qu'il y pre- Des etoiles en plein jour pronostiquent des in-
nait un fort grand plaisir. Le bras d'un des capi- cendies et des guerres. Sous le regne de Con-

taines de Brutus sua de I'huile rosat en telle stance, il y eut un jour de tenebres pendant
abondance, que toute la peine qu'on se donna lequel on vit les etoiles; le soleil a son lever
pour I'essuyer et pour le secher fut inutile. De- etait aussi pale que la lune : ce qui presageait la

mophon, maitre d'hotel d'Alexandre, s'echauffait famine et la pestc.

1 Dictionnaire des mervcilles de la nalurc, article Du jour de saint Medard, en juin,


Estomac. Le laboureur se donne soin
2 M. Salgues, Des erreurs et des prejuges, t. 11 ^

p. 94.

Chevraeanay t. I ,
p. 257.
.
;

PRO — 561 — PRO


Car les anciens disent S'il pleut,
: Trois soleils pronostiquent un triumvirat. On vit
Quarante jours pleuvoir il peut. trois soleils , dit Cardan apres lamort de Jules
,
Et s'il fait beau, sois tout certain
D'avoir abondamment de grain.
Cesar; la meme
chose eut lieu un pen avant le
regne de Frangois I", Charles-Quint et Henri VIII.
On lit dans les 'Melanges lives d'une grande Si le soleil luit avant la messe le jour de la

\uhliotheque que, les habitants de Salency ayant, Chandeleur, c'est un signe que I'hiver sera en-

I
dans un temps de secheresse ,
invoque particu- core bien long. —
Qui se couche avec les chiens
I
liereinent saint Medard eveqae de Noyon
,
pour,
se leve avec les puces,
i obtenir de la pluie, il arriva qu'en effet cette Les paysans ont mille signes que nous n'avons
secheresse fut suivie d'une pluie de quarante pas pour prevoir le beau ou le mauvais temps
jours. C'est la, dit-on, I'origine du pronostic at- leurs barometres naturels sont souvent plus in-
tribue a saint Medard. On dit encore que : que les notres leurs signes, en effet,
faillibles ;

sont fondes sur une constante observation. New-


S'il pleut le jour de saint Gervais,
ton,' sepromenant a la campagne avec un livre
II pleuvra quinze jours apres.
a la main passa devant un patre a qui il enten-
, ,

Les tonnerres du soir amenent un orage les ;


dit marmotter : —
Ce gentleman ne lira pas tout
tonnerres du matin promettent des vents ceux ;
le long de sa promenade ou bien son livre sera ,

qu'on entend vers midi annonceot la pluie. Les mouille ; philosophe ne tarda pas a voir lom-
et le

pluies de pierres pronostiquent des charges et ber la pluie. II repasse et demande au patre :

des surcroits d'impots. — A quoi, mon ami


avez-vous done juge qu'il
,

allait pleuvoir? C'est, repondit-il que mes vaches ,

Quiconque en aout dormira


fourraient leurs museaux dans les haies*.
Sur midi s'en repentira.
Bref, en tout temps je te predi Prophetes. Les Turcs reconnaissent plus de
Qu'il ne faut dormir a midi. cent quarante mille prophetes les seuls que nous ;

Un groupe des cent quarante mille prophetes turcs.

devions reverer comme vrais prophetes sont ceux parce que milord etait malade. Dites a milord —
des saintes Ecritures. Toutes les fausses religions que je viens de la part de Dieu repliqua le vi- ,

en ont eu de faux comme elles. siteur. Le domestique se rendit aupres de son


Voici quelques mots sur un prophete moderne, maitre, qui lui donna ordre de faire entrei\ —
comme il Le lord juge Holt avait
s'en voit encore. Qu'y a-t-il pour votre service? lui demanda le
envoye en prison un soi-disant prophete qui se juge. — Je viens, lui dit I'aventurier, de la part
donnait a Londres les airs de passer pour un en- du Seigneur, qui m'a envoye vers toi pour t'or-
voye du ciel. Un particulier, partisan de cet in-
spire, se rendit chez milord et demanda a lui 1 Voyez les pronostics populaires plus etendus
parler. On lui dit qu'il ne pouvait pas entrer. dans les Legendes du Calendrier.
36
PRO — 562 — PSE
donner de meltre en liberie John Atkins, son qui a elabli que la propriete est le vol. Le diable
fidele serviteur, que tu as fait meltre en prison. a du bien rire.
— Vous etes un faux prophete el un insigne men- Pruflas ou Busas grand prince ,
et grand-due
teur, lui repondit le juge, car si le Seigneur vous de I'empire infernal. 11 regna dans Babylone;
avail charge do cette mission, il vous aurait et la il avail la tete d'un hibou. 11 excite les dis-
adresse au procureur general. II sail qu'il n'est cordes, allume les guerres, les querelles et
pas en mon pouvoir d'ordonner I'elargissement reduit les gens a la mendicite ; il repond avec
d'un prisonnier; mais je puis lancer un decret profusion a tout ce qu'on lui demande; il a
de prise de corps contre vous, pour que vous vingt-six legions sous ses ordres*.
lui teniez compagnie, el c'esl ce que je vais faire. Psellus (Michel), auteur du livre De opera-
La rebellion centre connue sous le
I'Eglise done dicmomim. Paris, 1623; in-8°. II a ele Ira-
nom de la reforme a eu ses prophetes donl les , duit en francais par Gaulmin. II est fort curieux.
plus celebres sonl Astier, Isabeau et Jurieu ,
qui On y voit que les demons promeltaient
a ceux
a prophetise si bien a rebours. Voyez Ics Pro- qu'ilspouvaient enroler sous leurs bannieres des
phetes du Dauphine, dans les Ldgendes infernales. honneurs, de I'or et des richesses; mais qu'ils
Comme le diable cherche loujours a singer n'accomplissaient pas leurs promesses; qu'ils
Dieu, done aussi ses prophetes. Mais ils sonl
il a trompaient habiluellement leurs inities par une
menleurs. Tous les oracles des faux dieux pas- certaine fantasmagorie el par des apparitions lu-
saienl pour propheties. Mais sur cent de ces mineuses qu'ils appelaient theopsies ou visions
oracles, quatre-vingt-dix-neuf n'etaienl que des divines mais que les amateurs ne pouvaient y
;

enigmes qu'il fallait deviner. Voy. Psellus. arriver qu'apres avoir commis des actions abo-
Proprete. Saint Bernard met la proprete au minables. Psellus parle aussi d'excrements hu-
nombre des vertus; car Dieu aime ce qui est pur. mains solides et fluides que les sorciers devaient
,
,

Les demons, naturellement opposes, font de la gouter pour se rendre les demons favorables. II
proprete un vice dans leurs adeptes, qui sonl raconte une aventure qui lui fut personnelle et
obliges de I'eviter. que nous empruntons a la traduction de Gorres
Proserpine, epouse de Plulon selon les paiens, par M. de Sainte-Foi, -
el reine de I'empire infernal. Selon les demono- Psellus, qui etail puissant a la cour de Constan-

manes, Proserpine est archiduchesse et souve- tinople, fit meltre en prison un sorcier mani-
raine princesse des esprils malins. Son nom vient
de proserpere , ramper, serpenter; les interpretes
voient en elle le serpent funeste.
Prostrophies, esprils malfaisants qu'il fallait
supplier avec ferveur, chez les anciens, pour evi-
ter leur colere.

cheen qui prophetisait. « Comme je lui deman-


dais, dit-il, d'oii il tenait le don de prophetie, il
Pruflas.
refusa d'abord de repondre. Mais, force de parler,
il me dit qu'il avail appris son art d'un vagabond
Proudhon, ecrivain contemporain qui a eu la de Libye. — Celui-ci, me poursuivit-il, m'ayant
stupide grossierete d'ecrire que Dieu est le diable, mene la null sur une montagne, me fit gouter
el de pour gouverner mieux que lui les
s'offrir

choses de ce monde. C'esl cet ennemi de Dieu ' Wierus, in Pseudom. dosmonum.
. , ,

PSE — 563 — PUC

d'une certaine herbe , me cracha dans la bouche ou art d'evoquer les morts. Voy. N^cromancie.
in'oignit les yeux d'un certain onguent et me fit Psylles, peuples de Libye, dont la presence
'voir une multitude de demons, parmi lesquels seule charmait le poison le plus subtil des ser-
j'en aperqus un qui volait vers moi sous la forme pents les plus redoutables. lis pretendaient aussi
d'un corbeau et, entrant par ma bouche, il pe-
;
guerir la morsure des serpents avec leur salive
netra jusqu'au fond de mes enlrailles. A partir ou par leur simple attouchement. Herodote pre-
de ce moment jusqu'aujourd'hui ,
j'ai pu lire dans tend que les anciens Psylles perirent dans la

I'avenir toutes les fois que mdn demon I'a bien guerre insensee qu'ils entreprirent centre le vent
i voulu. n'y a que quelques jours dans I'annee
II du midi, indignes qu'ils etaient de voir leurs
ou je ne puis obtenir de lui qu'il me revele quoi sources dessechees.
que ce soit c'est aux fetes de la Croix, aux jours
: Psylotoxotes, peuples imaginaires de Lucien.
de la Passion et de la Resurrection. — II me dit lis etaient monies sur des puces grosses comme
ensuite Vous aurez beaucoup a souffrir dans
: des elephants.
votre corps les demons vous en veulent, parce
; Publius, Voy. TkTE.
que vous abolissez leur culte et ils vous ont ; Pucel, grand et puissant due de I'enfer. II
prepare des dangers auxquels vous n'echapperez parait sous la forme d'un ange obscur il repond ;

pas si une puissance superieure a la leur ne vous


, sur les sciences occultes; il apprend la geome-
arrache de leurs mains. — Tout arriva comme il trie et les arts liberaux il cause de grands bruits
;

I'-avait predit, ajonte Psellus, et je serais mort et fait entendre le mugisseraent des eaux dans
au milieu des dangers de toutes sortes dont j'ai les lieux od il n'y en a pas. II commande qua-

ete environne, si Dieu ne m'en avait inopine- rante-huit legions. II pourrait bien etre le meme
ment delivre * que Pocel.
Pucelle d'Orleans. Voy. Jeanne d'Arc.
Puces. L'abbe Thiers parmi les super- ,

stitions qu'il a recueillies ,


rapporte celle-
ci qu'on pent se premunir centre la mor-
:

sure des puces en disant Och och. : ,

Puck. C'etait un demon familier que ce


Puck qui eut longtemps son domicile chez
,

les dominicains de Schwerin dans le Mec-


klembourg. Malgre les tours qu'il jouait aux
etrangers qui venaient visiter le monaslere,
™ Puck soumis aux moines avait I'air d'etre
, ,

pour eux un bon serviteur. Sous la forme


d'un singe, il tournait la broche, tirait le
vin ,
balayait la cuisine. Cependant ,
malgre tous
ces services, le religieux a qui nous devons la
Veridica relatio de dcemonio Puck ne reconnait

en lui qu'un esprit malin. Le Puck de Schwerin


recevait pour ses gages deux pots d'etain et une
veste bariolee de grelots en guise de boutons.
TJn ppylle pliarmeur.
Le moine Rusch , de la legende suedoise , et

Psephos, Ton faisait


sorte de divination oil Bronzet, de I'abbaye de Monlmajor, pres d' Ar-
usage depetitscaillouxqu'on cachait dans du sable. ies , sont encore Puck sous d'autres noms. On le
Psychomancie , divination par les esprits, retrouve en Angleterre sous la forme de Robin
1 Mystique de Gorres, liv VIII, ch. iii. Goodfellow ou de Robin Hood (Robin des bois)
36.
,

PUN — 5(jk — PYG


le fameux bandit de la foret de Sherwood ayant indiquedans saint Matthieu, chap, xn, ou Nolre-
reQu ce surnom a cause de sa ressemblance avec Seigneur parle de peches qui ne sont remis ni
ce diable populaire. Enfin Robin Hood est aussi dans le siecle present, ni dans le siecle futur.
le Red Cap d'Ecosse et le diable saxon Hodeken Or, les peches qui peuvent etre remis dans le
ainsi appele de I'hoodiwen, ou petit chaperon siecle futur ne le seront ni dans le ciel, ou rien
rouge qu'ilporte en Suede lorsqu'il y apparait de souille ne peut entrer, ni dans I'enfer, ou il
sous la forme du Nisse on Nissegodreng. Puck, n'y a plus de remission. Done ils seront expies
en Suede, se nomme Nissegodreng (ou Nisse le dans un lieu intermediaire; et ce lieu est le pur-
bon enfant), et vit en bonne intelligence avec gatoire.
Tomtegobhe ou , le Vieux du Grenier, qui est un Purrikeh, epreuve par le moyen de I'eau et
diable de la meme classe. On trouve Nissego- du feu en usage chez les Indiens pour decou-
,

dreng et Tomtegobbe dans presque toutes les vrir les choses cachees.
fermes, complaisants et dociles si on les traite Pursan ou Curson , grand roi de I'enfer. 11

avec douceur, mais irascibles et capricieux si on


les offense.
Dans le royaume voisin en Danemark les , ,

Pucks ont un rare talent comme musiciens. II


existe une certaine danse appelee la gigue du
roi des Elfes bien connue des mene triers de
,

campagne et qu'aucun d'eux n'oserait executer.


L'air seul produit le meme effet quo le cor d'O-
beron a peine la premiere note se fait-elle en-
:

tendre, vieux et jeunes sont forces de sauter en


mesure; les tables, les chaises et les tabourets
de la maison commencent a se briser, et le mu-
sicien imprudent ne peut rompre le charme
qu'en jouant la meme danse a rebours sans de-
placer une seule note, ou bien en laissant appro-
cher un des danseurs involontaires assez adroit
pour passer derriere lui et couper toutes les apparait sous la forme humaine, en costume du
cordes du violon par-dessus son epaule *. temps, avec une tete qui rappelle le lion; il

Punaises. Si on les boit avec de bon vinai- porte une couleuvre; il monte
est quelquefois

gre eiles font sortir du corps les sangsues que


, sur un ours et precede continuellement du son
Ton a avalees sans y prendre garde en buvant
, , de la trompette. II connait a fond le present , le

de I'eau de marais ^ passe, I'avenir, decouvre les choses enfouies,


Purgatoire. Les juifs reconnaissent une sorle comme les tresors. En prenant la forme d'un
de purgatoire il dure pendant toute la premiere
; homme, il est aerien; il est le pere des bons
annee qui suit la mort de la personne decedee. esprits familiers. Vingt-deux legions regoivent
L'ame, durant ces douze mois, a la liberte de ses ordres *.

venir visiter son corps et revoir les lieux et les Puteorites, secte juive donl la superstition
personnes pour lesquels elle a eu quelque affec- consistait a rendre des honneurs particuliers aux
tion particuliere.Le jour du sabbat est pour elle puils el aux fontaines.
un jour de relache. Les Kalmouks croient que Pygmees ,
peuple fabuleux qu'on disait avoir
les Berrids, qui sont les habitants de leur purga- exisle en Thrace. C'etaient des hommes qui n'a-
toire, ressemblent a des lisons ardents et souf- vaient qu'une coudee de haut leurs femmes ;

frent surtout de la faim et de la soif. Veulent-ils accouchaient a trois ans et etaient vieilles a huit.
boire, a I'instant ils se voient environnes de Leurs villes et leurs maisons n'etaient baties que
sabres, de lances, de couteaux; a I'aspectdes de coquilles d'oeufs; a la campagne, ils se reti-
aliments, leur bouche se retrecit comme un trou raient dans des trous qu'ils faisaienl sous terre.
d'aiguille, leur gosier ne conserve que le dia- lis coupaient leurs bles avec des cognees, comme

metre d'un fil, et leur ventre s'elargit et se de- s'il eut ele question d'abattre une foret. Une
ploie sur leurs cuisses comme un paquet d'allu- armee de ces petits hommes attaqua Hercule,
mettes. Leur nourriture ordinaire se compose qui s'etait endormi apres la defaite du geant
d'etincelles. Ceux qui ont dit que le purgatoire Antee, et prit pour le vaincre les memos precau-
n'est separe de I'enfer que par une grande toile tions qu'on prendrait pour former un siege. Les
d'araignee ou par des murs de papier qui en deux ailes de celte petite armee fondent sur la
ferment I'enceinte et la voute ont dit des choses , main droite dn heros et, pendant que le corps
,

que les vivants ne savent pas. Le purgatoire est de bataille s'attache a la gauche et que les ar-
1 Quarterly Revieiv.
2 Albert le Grand, p. 187. * Wicriis , Fseudom. dcemon.
,, ,

PYR — 565 — PYT


chers tiennent ses pieds assieges, la reine, avec il passa a Crotone , oii il eleva une ecole de phi-
ses plus braves sujets un assaut a la tete.
, livre losophie dans la maison du fameux athlete Milon.
I

Herciile se reveille, et, riant du projet de ces C'etait vers le regne de Tarquin le Superbe. II

i fourmilieres les enveloppe toutes dans sa peau


, enseignait la morale ,
I'arithmetique , la geome-
de lion et les porte a Euryslhee. trie et la musique. On le fait inventeur de la
Les Pygmees avaient guerre permanente contre metempsycose. II parait que pour etendre I'em- ,

lies grues, qui venaient de la Scythie les alta- pire qu'il exergait sur les esprits, il ne dedaigna
quer. Montes sur des perdrix ou , selon d'autres, pas d'ajouter le secours des prestiges aux avan-
I sur des chevres d'une taille proportionnee a tages que lui donnaient ses connaissances et ses
}
s'armaient de toutes pieces pour aller
la leur, ils lumieres. Porphyre et Jamblique lui attribuent
'

combattre leurs ennemis. des prodiges; il se faisaiL entendre et obeir des


Pres de Morlaix, il existe, dit-on, de petits betes memes. Une ourse
de grands ravages faisait
;
hommes d'un pied de haut , vivant sous terre dans le ordonna de se
pays des Dauniens ; il lui

marchant et frappant sur des bassins. Ils etalent retirer elle disparut. 11 se montra avec une
:
I

. leur or et le font secher au soleil. L'homme qui cuisse d'or aux jeux olympiques il se fit saluer ;

tend la main modestement deux poignees regoit par le fleuve Nessus il arreta le vol d'un aigle
;
;

de ce metal celui qui vient avec un sac dans


; mourir un serpent il se fit voir, le meme
il fit ;

I'intention de le remplir est econduit et mal- jour et a la meme heure, a Crotone et a Meta-
traite, legon de moderation qui tient a des temps ponte. II vit un jour, a Tarente, un boeuf qui
recules *. Foy. Nains, Gnomes, etc.
Pyramides. Les Arabes pretendent que les
pyramides ont ete baties longtemps avant le de-
luge par une nation de geants. Chacun d'eux
apportait sous son bras une pierre de vingt-cinq
aunes.
Pyromancie , divination par le feu. On jetait

i
dans le feu quelques poignees de poix broyee, et,

! si promptement, on en tirait un
elle s'allumait
bon augure; ou bien on briUait une victime, et broutait un champ de feves ; il lui dit a I'oreille
on predisait I'avenir sur la couleur et la figure de quelques paroles mysterieuses qui le firent cesser
la flamme. Les demonomanes regardent le devin pour toujours de manger des feves On n'ap-
Amphiaraus comme I'inventeur de cette divina- pelait plus ce boeuf que le boeuf sacre et, dans ,

tion. 11 y avait a Athenes un temple .de Minerve sa vieillesse il ne se nourrissait que de ce que
,

Poliade ou se trouvaient des vierges occupees a les passants lui donnaient. Enfin, Pythagore pre-
examiner les mouvements de la tlamme d'une disait I'avenir et les tremblements de terre avec
lampe continuellement allumee. Delrio rapporte une adresse merveilleuse ; il apaisait les tem-
que, de son temps, les Lithuaniens pratiquaient petes, dissipait la peste, guerissait les maladies
une espece de pyromancie qui consistait a mettre d'un seul mot ou par I'attouchement. II fit un
un malade devant un grand feu et si I'ombre ; voyage aux enfers, oii il vit I'ame d'Hesiode atta-
formee par le corps etait droite et directement chee avec des chaines a une colonne d'airain et ,

opposee au feu c'etait signe de guerison


, si ;
celle d'Homere pendue a un arbre au milieu
I'ombre etait de cote c'etait signe de mort.,
d'une legion de serpents pour toutes les fictions ,

Pyrrhus, roi d'Epire avait force les Locriens ,


injurieuses ^ la Divinite dont leurs poeraes sont
a remettre entre ses mains les tresors de Proser- remplis. Pythagore interessa les femmes au suc-
pine. cbargea ses vaisseaux de ce butin sacri-
II ces de ses visions, en assurant qu'il avait vu
lege et mit a la voile mais il fut surpris par une
; dans les enfers beaucoup de maris tres-rigou-
tempele si furieuse qu'il echoua sur la cote voi- reusement punis pour avoir maltraite leurs fem-
sine du temple. On retrouva sur le rivage tout mes et que c'etait le genre de coupables le moins
,

I'argent qui avait ete enleve, et on le remit dans menage dans I'autre vie. Les femmes furent con-
le depot sacre ^.
tentes, les maris eurent peur, et tout fut regu. II
Pythagore , fils d'un sculpteur de Samos. II
y eut encore une circonstance qui reussit mer-
voyagea pour s'instruire : les pretres d'Egypte I'i- veilleusement c'est que Pythagore au moment
: ,

nitierent a leurs mysteres , les mages de Chaldee de son retour des enfers et portant encore sur ,

lui communiquerent leurs sciences : les sages de le visage la paleur et I'effroi qu'avait du lui cau-
Crete leurs lumieres. rapporta dans Samos tout
II ser la vue de tant de supplices , savait parfaite-
ce que les peuples les plus instruits possedaient
de sagesse et de connaissances utiles; mais trou- Les pythagoriciens respectaient tellement les
1

vant sa patrie sous le joug du tyran Polycrate feves que non-seulement ils n'en mangeaient point
,

mais meme il ne leur elait pas permis de passer dans


1 Cambry, Voyage dans le Finislere, en 1794. un champ de f6ves de peur d'ecraser quelque parent
,

2 Valere-Maxime. dont eiles pouvaient loger fame.


PYT — 566 — PYT
ment tout ce qui etait arrivd sur la terre pendant eux-memes bienheureux , ils n'envient point la fe-
son absence. de leurs semblables, et ne pourront pas les
licite

Pythonisse d'Endor. L'histoire de la pytho- rendre sujels au pouvoir pretendu d'une pytho-
nisse dont dans le vingt-huitieme cha-
11 est parle nisse. Quidam dicunt Samuelem vere rcvocatum
pitre da premier livre des Rois a exerce beau- esse , dit Procope de Gaza sur le versel J'ai vu un
:

coup de savants, et leurs opinions sont partagees. grand homme qui montait : Quid magis impium
Les uns croient que cette femme evoqua verita- est, quam si dicamus dwmones incantamenlis curio-
blement I'ame de Samuel, et les aut'^es n'en sorum, in animus potestatem habere, in quas, quo-
sont nullement persuades. Le cardinal Bellarmin, ad homines vixerunt , potestatem nullum habue-
qui est de la premiere opinion appuie fort sur ,
runt? On peut cependantremarquer ici que Saiil,
les paroles de la pythonisse, qui dit « qu'elle a vu qui auparavanl avail tache d'exlerminer tous les
un homme haut avec sa robe, et que par la Saul devins, etait persuade du contraire, puisqu'il de-
connut que ce devait etre Samuel. » II y a dans mande a cette femme qu'elle lui fasse voir Sa-
I'hebreu Elohini, qui, par quelques-uns a ete muel et c'est de la qu'elle eut une occasion de
;

traduit des dicux , un dieu , un homme divin ,


un le tromper, comme I'a remarque Van Dale dans
grand homme; par Jonathan Yange du Seigneur; ,
son livre des Oracles, qu'il a donne au public.
el ceux qui sont faits au style de I'Ecriture se En elTet, quoiqu'elle feignil de ne point con-
souviendront du vingt-deuxieme chapitre de naitre ce premier roi des Israelites qui s'etait
I'Exode Tu ne mddiras point d'Elohim ou de
: deguise et avail change d'habit, il ne pouvailpas
I'ange du Seigneur, c'est-a-dire des magis- lui etre inconnu; son palais ne devait pas elre

trals des juges du peuple et des propheles.


, fort eloigne de la maison de la pylhonisse et il ;

Dans le versel douzieme elle dil qu'elle a vu , etait assez remarquable par sa beaute, puisqu'il
Samuel, et c'esl une maniere de parler dans etait le plus beau des Israelites, el par sa laille,
toutes les langues ou Ton appelle du nom des , puisqu'il surpassait les aulres hommes de toute
choses la plupart de celles qui les representent. la tele. Ajoutez que toute cetle piece fut jouee
Nicolas de Lyre dit a ce propos : Rerum simili- par la pylhonisse que Saiil inlerrogea sans avoir
tudines in sacra Scriptura frequenter nominantur rien vu; il y avail peut-elre quelque muraille
nominihus ipsarum. Quand Pharaon vit sept va- ou quelque autre separation enlre lui el elle.
ches grasses et sept vaches maigres sept epis ,
Comme elle connaissait le trouble d'esprit oil

de ble qui etaint sorlis d'un tuyau et sept aulres etait le roi pour ce que Samuel lui avail predit,
qui elaient flelris , il ne vit ni ces epis ni ces va- et que les annees des Israelites el des Phiiislins
ches, puisqu'il songea seulement qu'il les voyait. elaient en presence, elle put lui dire fort sure-
Ou il esl dit que Saiil connut que ce devait etre ment « Toi et ton fils serez domain avec moi,
:

Samuel , le mot hebreu a ele rendu par crut^ s'i- ou vous ne serez plus au monde. » Pour ne pas
magina, se mitdans I' esprit; et I'opinion de saint porter son coup a faux, elle se servit du mot
Auguslin est que Satan, qui se transforme quel- muchar, demain, qui signifie un temps a venir
quefois en ange de lumiere, apparulsous la forme indefini, bientot, comme on le peut voir dans le
de Samuel a la pythonisse. Deuteronome, chap, vi, vers. 20, et dans Josue,
Rabby Menasse Ben Israel, qui, dans le deuxieme chap. IV, vers, 6. Objicere aliquis posset, ajoule
livre de la Resurrection des morts, chap, vi ne , Procope de Gaza ignorantiam mortis Saulis;
,

trouve point de fondement dans I'opinion de non enim poster a die, sed diebus aliquot interjeclis,
saint Auguslin elablit pour une maxirae indubi-
, videtur obiisse. Nisi dicamus, etc. Ainsi la scene
table qu'il y a certains esprils qui peuvent se a pu se passer nalurellement , sans le secours de
meltre dans le corps les ames de ceux qui n'onl la magie, par la seule adresse d'une femme qui
plus de vie, parce que I'ame n'est pas tout a fait devait etre assez bien instruite dans son metier'.
absenle du corps la premiere annee qui suit la Pythons. Les Grecs noramaient ainsi, du nom
mort ' que dans ce temps-la elle y peut rentrer
;
d'Apollon Pylhien, les esprils qui aidaienl a pr^-
et en sortir, et qu'apres ce temps elle ne depend dire les choses futures, el les personnes qui en
plus de ces esprils. Mais il raisonne sur une elaient possedees. La Vulgate se sert souvent de
faussele, qu'il suppose comme une verile indu- ce terme pour exprimer les devins, les magiciens,
bitable avec la plupart des talmudistes. Quoique les necromanciens. La sorciere qui fit apparaitre
Saiil soil mort sept mois apres Samuel comme , devanl Saiil I'ombre de Samuel est appelee la
le croient quelques-uns cela ne fait rien pour , Pylhonisse d'Endor. Voij. I'article precedent. On

Menasse, qui ne s'en rapporte qu'a ses rabbins, dil aussi espritde python pour esprit de devin.
fort persuades, avec I'auleur du Juchasin qu'il y ,
Les pretresses de Delphes s'appelaient pylho-
a eu deux annees entieres enlre la mort de I'un nisses ou pylhees. Python, dans la mythologie
et de I'autre. Si ces esprils dont il parle sont des grecque est un serpent qui naquil du limon de
,

demons, les ames des bienheureux ne peuvent la terre apres le deluge. 11 fut tue par Apollon,

etre de leur dependance; et si ces esprils sont pour cela surnomme Pylhien.
* VoyezPuRGATOiRE. * ChevrcEuna, t. I, p. 284.
QUA — 567 — QUE

Q
Quakerisms, seete fondee chez les Anglais ; raent, mais jusqu'a ce que I'esprit vienne in-
en 1647, par un cordonnier nomme Fox. II exposa L spirer quelqu'un de la corapagnie. Cette inspira^
I

sa doctrine qui consists en raison de ce que


,
, ! tion s'annonce par des convulsions et par un
i
tous les hommes sent egaux, a tutoyer tout le ! certain tremblement; ce qui n'est pas trop la
monde, a ne saluer personne, a ne porter ni i maniere du Saint-Esprit. Ce tremblement a con-
boutons, ni dentelles, ni aucune autre superfliiite, stitue le nom des quakers, qui veut dire trem-
a precher, qu'on soit homme ou femme, enfant , bleurs. Aussitot que I'un ou Tune des danseurs
ou vieillard, dfes qu'on se sent inspire par I'es- sent I'Esprit, il ou elle se met a precher.
jprit, a n'avoir ni culte, ni pretres, etc. Cette Queiran (Isaac) , sorcier de Nerac , arrets a
,
doctrine grossiere fut fardee par deux savants, Bordeaux, oii il etait domestique depuis vingt-
Guiilaume Penn et Robert Barklay, a qui cette cinq ans, Interroge comment ii avait appris le
I
intervention ne fait pas tres-grand honneur. La metier de sorcier avoua qu'a un age encore
, il

! secte s'^tendit en Angleterre et en Ameriqiie. jeune, etant au service d'un habitant de la Bas-
!
Son culte consiste a se reiinir pour danser grave- tide d'Armagnac, un jour qu'il allait chercher

du feu chez une vieille voisine , elle lui dit de se senti I'odeur , il fut enleve et porte dans les airs
bien garder de renverser des pots qui etaient jusqu'au lieu oii se tenait le sabbat, Des hommes
devant la cheminee ils etaient pleins de poison
: et des femmes y criaient et y dansaient; ce qui
que Satan lui avait ordonne de faire. Cette cir- I'ayant epouvante, il s'en retourna.
constance ayant pique sa curiosite, apres plu- Le lendemain, comme il passait par la metairie
sieurs questions, la vieille lui demanda s'ilvoulait de son maitre, un grand homme maigre se presenta
voir le grand maitre des sabbats et son assemblee. a lui et lui demanda pourquoi il avait quitte I'as-
Elle le suborna de telle sorte qu' apres I'avoir oint semblee ou il avait promis a la vieille de rester.
d'une graisse dont il n'a pas vu la couleur ni II s'excusa sur ce qu'il n'y avait la rien a faire
QUE — 568 — QUI
pour lui; et il voulut continiier son chemin. Mais sonnes. On appela quintillianites les abomina-
l'homme maigre lui dechargea un coup de gaule sur bles sectateurs qu'elle forma. II parait qu'elle
I'epaule, en lui disant « Demeure, je te baillerai
: ajoutait encore d'horribles pratiques aux infamies
bien chose qui t'y fera venir. » Ce coup lui fit mal des cainites. Voy. Cain.
pendant deux jours, et il s'apergut que ce grand Quirim ,
pierre raerveilleuse qui , suivant les
homme noir I'avait marque sur le bras aupres de demonographes, placee sur la tete d'un homme da-
la main la peau en cet endroit paraissait noire
; rant son sommeil, lui fait dire toutce qu'il a dans
et tannee. I'esprit. — On I'appelle aussi pierre des traitres.
Un autre jour, comme il traversait le pont de la Quivogne (femrae) sorciere contemporaine.
,

riviere qui est pres de la Bastide, le meme homme Les pretendus sorciers et sorcieres, ou devine-
maigre lui apparut de nouveau, lui demanda resses, trouvent encore tons les jours, dans notre
s'il se ressouvenait des coups qu'il lui avait don- siecle si eclaire le moyen de faire des dupes,
,

nes, et s'il voulait le suivre. II refusa. Le diable quelle que soit la grossierete des pieges qu'ils
aussitot, I'ayant charge sur son cou, voulut le tendent a la credulite et a I'ignorance. Tout re-
noyer; mais le pauvre gargon cria si fort, que cemment une fille Rupt, de Vesoul, s'etait laisse
les gens d'un moulin voisin de la etant accourus,
le vilain noir fut oblige de fuir. Enfm le diable
I'enleva un soir dans une vigne qui appartenait a
son maitre, et le conduisit, quoi qu'il en eut, au
sabbat; il y dansa et mangea comme les autres.
Un petit demon frappait sur un tambour pendant
les danses, jusqu'a ce que le diable, ayant en-
tendu les coqs chanter, renvoya tout son monde.

persuader par la femme Quivogne qu'a I'aide


d'un char aerien sonfutur, qui etait au service,
L'homme maigre.
allait lui etre ramene pour 1 epouser. Elle avait
Interroge s'il n'avait pas fait quelques male- exige pour cela douze francs qu'elle devait em-
,

fices, Queiran repondit qu'il avait maleficie un ployer, assurait-elle, a faire dire des messes, puis
enfant dans la maison ou il avait servi qu'il lui ;
.elle avait recu du linge et d'autres objets. Tout
avait mis dans la bouche une boulette que le cela etait passe dans lesmains de la femme Qui-
diable lui avaitdonnee laquelle avait rendu cet
,
vogne mais il fallait encore, pour faire le corps
;

enfant muet pendant trois mois. Apres avoir ete de la machine, quinze aunes de toile; et c'est
entendu en la chambre de la Tournelle, ou il fut lorsque la pauvre jeune fille delaissee cherchait
reconnu pour un bandit qui faisait I'ingenu, Quei- a se les procurer qu'elle avoua a la marchande
ran fut condamne au supplice le 8 mai 1609 a qui elle s'adressait I'emploi qui devait en etre
Question. Foy. Insensibilitii. fail. — Tout etant decouvert ainsi, la sorciere fut
Quays, mauvais genies chez les Chinois. arretee, jugee et convaincue de bien d'autres es-
Quintillianites. Une femme de la secte des croqueries encore. Enfin elle a ete condamnee a
cainites, nommee Quintille, vint en Afrique du un an de prison, probablement son art ne I'a
d'oii

temps de Tertullien et y pervertit plusieurs per- de sa peine.


tiree qu'a I'expiration Autrefois —
on eut ete plus serieux; on eut sequestre cette
1 Delancre, Incredulite et mecreance, etc., p. 278. voleuse infame de la societe. Aurait-on eu tort?
;

RAB — 569 — RAL

R
Rabbats, lutins qui font dii vacarme dans les pent quelquefois pour venir au secours des mal-
maisons et empechent gens de dormir. On les les heureux. Mais elles ne sont pas toutes bonnes;
nomme rabbats parce qu'ils portent une bavette c'estcomme chez nous.
a leiir cravate, comme les gens qu'on appe|le en Raguse (George de), theologien, medecin et
Hollande consolateurs des malades, et qui ne con- professeur a I'universite de Padoue a publie un ,

solent personne. livre rare sur les divinations, ou il traite specia-


Rabbins, docteurs juifs qui, rebelles a la ve- lement de I'astrologie de la chiromancie de la
, ,

rite , furent longtemps soupgonnes d'etre magi- physiognomonie de la geomancie de la no-


, ,

commerce avec les demons ^


ciens et d'avoir mancie, de la cabale, de la magie, etc. Paris, 1623,
Rabdomancie, divination par les batons. C'est in-8°.

une des plus aiiciennes superstitions. Ezechiel et Rahouart, demon que nous ne connaissons
O.see reprochent aux Juifs de s'y laisser tromper. pas.Dans la Moralite du mauvais riche et du ladre,
On depouillait, d'un cote et dans toute sa lon- iraprimee a Rouen, sans date, chez Durzel, et
gueur, une baguette choisie; on la jetait en I'air
si , en retombant , elle presentait la- partie de-
pouillee, et qu'en la jetant une seconde fois elle
presentat le cote revelu de I'ecorce on en tirait ,

un heureux presage. Si, au contraire, elle torn-


bait une seconde fois du cote pele, c'etait un au-
gure facheux. Cette divination etait connue chez
les Perses, chez les Tartares et chez les Romains.
La baguette divinatoire, qui a fait grand bruit
sur la fin du dix-septieme siecle, tient a la rab-
domancie. Voy. Baguette. Bodin dit qu'une sorte
de rabdomancie etait de son temps en vigueur a
Toulouse; qu'on marmottait quelques paroles;
qu'on faisait baiser les deux parties d'un certain
baton fendu et qu'on en prenait deux parcelles
,

qu'on pendait au cou pour guerir la fievre quarte.

Rachaders, genies malfaisants des Indiens.


Radcliffe (Anne) Anglaise qui publia, il y a ,

cinquante ans, des romans pleins de visions, de


spectres et de terreurs, comme les Mysleres jouee a la fin du quinzieme siecle, Satan a pour
d'Udolphe, etc. compagnon le demon Rahouart. C'est dans sa
Ragalomancie divination qui se faisait avec
, hotte que Rahouart emporte I'ame du mauvais
des bassinets, des osselets, de petites balles, riche quand il est mort.
des tablettes peintes, et que nul auteur n'a pu Raiz. Voy. Retz.
bien expliquer ^. Ralde (Marie de la) , sorciere qu'on arreta a
Rage. Pour etre gueri de la rage, des ecrivains I'age de dix-huit ans, au commencement du dix-
superstitieux donnent ce conseil : On mangera septieme siecle. Elle avail debute dans le metier
une pomrae ou un morceau de pain dans lequel a dix ans, conduite au sabbat pour la premiere
onenfermera ces mots Zioni, Kirioni, Ezzeza; : fois par la sorciere Marissane. Apres la mort de
ou bien on briilera les poils d'un chien enrage, cette femme le diable selon la procedure la
, , ,

on en boira la cendre dans du vin et on guerira , mena lui-meme avoua


a son assemblee , ou elle

Le seul moyen sur de guerir la rage et qui n'a qii'il se tenait en forme de tronc d'arbre. II sem-

jamais manque, c'est d'aller a Saint- Hubert, blait etre dans une chaire et avait quelque ombre,

comme I'attestent les noms de plus de trois cent humaine fort tendhreuse. Cependant elle I'a vu
mille pelerins qui y sont enregistres. sous d'un homme ordinaire, tantot rouge,
la figure
Raginis espece de fees chez les Kalmouks. Elles
, tantot noir. s'approchait souvent des enfants,
II

habitent le sejour de la joie, d'ou elles s'echap- tenant un fer chaud a la main mais elle ignore ;

s'il les marquait. Elle n'avait jamais baise le


Leloyer, Histoire des spectres ou apparitions des
'
diable; mais elle avait vu comment on s'y pre-
, p. 291.
esprits
nait : le diable presentait sa figure ou son der-
^^.Delancre Incredulite et mecreance du sortilege
,

pleinement convaincues, p. 278. riere, le tout d sa discretion et comme il lui plaisait.

3 Lemnius, Elle ajouta qu'elle aimait tellement le sabbat


» »

RAL — 570 — RAN


qu'il lui semblait aller a la noce , « non pas tant Cette dame
etait une femme de grande vertu;
par la liberie et licence qn'on y a, mais parce elle avail fonde un refuge pour les malheureux
que le diable tenait tellement lies leiir coeur et que le monde abandonne a cause de leurs fautes.
leurs volontes qii'a peine y laissait-il entrer nul Les demons, a qui elle ravissait leur proie, du-
autre desir ». En outre les sorcieres y entendaient rent se rejouir de la posseder. On I'amena a
une musique harmonieuse, et le diable leur per- Nancy ou les eveques de Nancy el de Toul la
,

suadait que I'enfer n'est qu'une niaiserie, que le firent exerciser par les plus saints prelres et les
feu qui brule conlinuellement n'est qu'artiliciel. plus habiles theologiens. On la queslionnait, ou
Elle dit encore qu'elle ne croyait pas faire mal plulot le demon qui etait en elle, en latin, en
d'aller an sabbat, etque meme elle avail bien du grec et en hebreu ; et quoiqu'elle sut a peine lire
plaisir a la celebration messe qui s'y disait,
de la le lalin et qu'elle ne comprit d'autre idiome que
oi!i le diable se faisait passer pour le vrai Dieu. sa langue, elle repondait avec une exactitude
Cependant elle voyait a Televation I'hostie noire \ extreme. Le demon, qui parlait par sa bouche,
II ne parait pas que Marie de la Ralde ait ele relevait meme les solecismes et les autres fautes
brulee mais on ignore ce que les Iribunaux en
; qui echappaient a ses inlerrogateurs. L'histoire
firent. de ces exorcismes est assez longue. lis se faisaient
Raleigh (Walter), courlisan de la reine celebi-e devant le due de Lorraine Henri II et devant une
filisabeth. II se vante d'avoir vu, dans I'Aineri- assemblee immense, que les grandes douleurs de
que du Sud, des sauvages trois fois aussi grands cette pauvre dame interessaient vivement. Elle
que des hommes ordinaires, des Cyclopes qui fut delivree enfin, en meme temps que le cou-
avaient les yeux aux epaules, la bouche sur la pable qui avail cause ces horreurs avoua son
poitrine et la chevelure au milieu du dos. crime el ful condamne a mort par la cour de jus-
Rambouillet. Le marquis de Rambouillet, lice de Nancy. {La Magic au dix-neuviemc siecle.)
partanl avec Louis XIV pour la guerre de Flandre, Rani-Razal femme de Bava-Coumba chez
, ,

et le marquis de Precy retenu au lit par la fievre, les Indiens dd Satpoura. Les jeunes maries lui
s'elaienl promis que celui des deux qui monrrail rendent un culle et font des ofirandes a son idole
le premier viendrait donner a I'autre des nou- sous un arbre qui lui est consacre.
velles de I'autre monde. Six semaines apres, a Rannou. C'est une legende bretonne qui a ele
six heures du matin, Rambouillet vint eveiiler publiee, il y a vingt ans, dans une feuille calho-
son ami, lui annoncer qu'il avail ele tue la veilie, lique et signee : Un Glaneur.
lui montrer sa blessure, lui declarer que lui- «La mere de Rannou etait une pauvre femme
meme Precy serail tue a la premiere balaille a qui en se promenant un jour au bord de la mer
,

laquelle prendrait part, et disparut. Precy aus-


il pour chercher des coquillages apercut une si- ,

sitot reveilla sa maison, raconta ce qui venail rene que les eaux, en se retiranl, avaient laissee
d'arriver et fut pris pour un visionnaire donl la a sec. La pauvre femme, tout effrayee, allait fuir
fievre avail trouble les sens. Huit jours apres la lorsque le monstre la rappela de sa voix la plus
poste de Flandre apporta la nouvelle de la mort douce. Venez done a mon aide disait la sirene;
c( ,

de Rambouillet, avec les details donnespar Precy, ne laissez pas une pauvre mere mourir ici sans
Cependant on est si difficile a croire I'extraordi- secours. Je suis une creature inoffensive, qui ne
naire qu'on persuada a Precy que son avenlure fais jamais de mal a personne; bien plus, sou-
n'elait qu'un pressentiment produit par la sym- vent par mes chants j'averlis les matelots de la
pathie. Sans doute qu'il en vint a le croire lui- presence des ecueils. »
meme, puisqu'il alia peu apres au combat du La mere de Rannou avail I'ame bonne elle ;

faubourg Saint-Anloine, et il y fut tue ce qui dut


: fut tellement touchee par les prieres de la sirene
le faire reflechir. qu'elle I'aida a regagner la mer. Alors celle-ci
Ranfaing (Marie de). M. le cbevalierGougenot lui dit « Que veux-tu que je fasse pour loi? de-
:

des Mousseaux raconle I'liisloire de cette dame : mande et tu es sure d'obtenir. Je ne suis —
« Une veuve illustre a refuse la main d'un me- qu'une pauvre femme; Dieu m'a fail la grace
decin, dont I'amour n'excila en elle qu'un insur- d'etre contente de mon sort. Je ne veux rien
monlable degout; et ce miserable, qui croyait a pour moi. Mais j'ai un fils encore tout enfant; je
lamagie, parvient a lui faire boire un philtre pre- voudrais bien qu'il eCit de Tesprit et de la vail-
pare par son art. Cette femme ,tombe aussitot lance.
dans un lamentable Les medicaments que
elat. La sirene plongea dans la mer et revint un
lui administrent les plus habilesmedecins, reunis instant apres avec une coquille pleine d'un breu-
en consultation, ont perdu toute efficacite. La vage semblable a du lait. « Voici dit-elle un , ,

science est a bout de voies et declare enfin que phillre que tu feras prendre a ton enfant. Mais
les accidents eprouves par la patienle nepeuvent fais attention a ce qu'il le boive tout enlier et
avoir d'autre cause qu'une possession diabolique. » sans qu'une seule goulte soil perdue. Adieu, et
fais poncluellement ce que je le recommande.
1 M. J. Garinet, Hisioire de la magic en France. La pauvre femme s'en revint avec le present
,
; ;

RAO — 571 - REI

de la sirene; mais, craignant les tromperies de un evenement funeste, et la guerre des Marses,
quelque fee malicieuse, elle n'osa pas donner le qui survint bientot apres, donna un nouveau
philtre a son enfant avant d'en avoir fait I'expe- credit a cette superstition. Le voile de Proser-
rience. Elle commenga done par en faire boire pine etait parseme de rats brodes.
line Quelques jours apres,
partie a son chat.
comme elle se promenait encore au bord de la
mer, elle revit la sirene, qui lui dit « Vous avez :

manque de for, malheur a vous car vous serez ,

la cause de grandes infortunes. » Puis elle dis-


parut sous les flots.

La prediction ne tarda pas a s'accomplir. Le


chat et I'enfant dela pauvre femme ressentirent Les peuples de Bassora et de Cambaie se fe-
bientot, mais d'une fagon differente, les effets du raient un cas de conscience de nuire a ces ani-

mysterieux breuvage. Rannou devint si fort et maux, qu'ils reverent.

si robuste qu'a I'age de huit ans il jouait au palet Les matelots donnent aux rats une prescience
avec des meules de moulin. Le chat, de son remarquable. « Nous sommes condamnes, disent-
cote acquit une intelligence surhumaine; mais ils, a un calme plat ou a quelque autre accident

comme ces animaux qui hantent les sabbals il n'y a pas un seul rat a bord... » lis croient
, ,

sont d'une nature mechante et infernale, ne se il


que les rats abandonnent un batiment qui est
servit de son esprit que pour faire du mal. La destine a perir. Voij. Hatton, Poppiel, Sifflet
MAGIQUE.
chose en vint au point que la population du can-
ton se souleva en masse pour le tuer.
« Les Indiens jadis menaient un grand deuil
Quant a Rannou, il resta tellement depourvu lorsqu'ils avaient immole par megarde quelques
de toule intelligence, qu'il ne savait pas faire
rats musques, la femelle du rat musque etant,
usage de sa force prodigieuse. Par desoeuvrement
comme chacun sait, la mere du genre humain.
Les Chinois meilleurs observateurs
, tiennent ,
il arrachait les vergers et abattait les maisons
sans penser a mal. II tua meme. sa mere, avec
pour certain que le rat se change en caille et la
laquelle il voulait plaisanter, et qu'il s'amusait a
taupe en loriot »

lancer en I'air comme un jouet. On forma aussi


Raum grand comte du sombre empire il
,
;

se presente sous la forme d'un corbeau lorsqu'il


une ligue contre lui , et une mort malheureuse
est conjurd. II detruit des villes, donne des di-
mit fin a cette existence funeste.
gnites. II est de I'ordre des Trones et commande
Que d'existences manquees ainsi parce que
Ton a neglige quelques gouttes du breuvage de trente legions ^
la sirene, c'est-a-dire de la religion!
Realisms , la plus aplatie de toutes les philo-
sophies exposees par les songe-creux. Selon cette
Raollet (Jacques), loup-garou de la paroisse
de Maumusson pres de Nanles, qui fut arrete
doctrine, tout s'est cree soi-meme, comme I'e-
,

et condamne a mort par le parlement d' Angers.


tablilM. Michelet dans son livre de La Mer, et tout
est une portion de Dieu, un chou, un navet, un
Durant son interrogatoire il demanda a un gen- ,

cloporte aussi bien que M. Comte, M. Michelet


,
tilhomme qui etait present s'il ne se souvenait
pas d'avoir tire deson arquebuse sur trois blips lui-meme el M. Sue.
celui-ci ayant repondu affirmativement il avoua ,
Red-cap , lutin ecossais, Voy. Puck.

qu'il etait I'un des trois loups, et que, sans I'ob-


Regard. Voy. Yeux.
stacle qu'il avait eu en cette occasion il aurait ,
Regensberg. Voy. D^imons familiers.
devore une femme qui etait pres du lieu. Rickius Regiomontanus. Voy. Muller.
dit que, lorsque Raollet fut pris, il avait les che-
Reid (Thomas), Ecossais qui eut commerce
assez long avec les fees
veux flottants sur les epaules les yeux enfonces ,

dans la tete, les sourcils refrognes, les ongles Reine Guetet, dite la Possedee de Riel-les-
exlremement longs; qu'il puait tellement qu'on Eaux. M. Roze des Ordons a public dans les jour-
ne pouvait I'approcher. Quand il se vit con- naux, en 1853, de curieux details sur cette
femme, connue dans la Cote-d'Or sous le nom
damner par la cour d' Angers, il ajouta a ses
aveux qu'il avait mange des charrettes ferrees de la Possedee de Riel-les-Eaux (dans I'arrondis-
des moulins a vent, des avocats, procureurs et sement de Chatillon-sur-Seine). Se trouvant a ce
village, le 8 mai 1853, qui etait un dimanche,
sergents, disant que cette derniere viande etait
tellement dure et assaisonnee qu'il n'avait pu la comme on lui disait que le demon ne tourmen-
tait la pauvre Reine que le dimanche ou les jours
digerer '

Rat. Pline dit que de son temps la rencontre


, ,
de fete, il eut le desir de la voir, quoiqu'on lui
attestat que, sous la possession de son demon,
d'un rat blanc etait de bon augure. Les boucliers
de Lavinium ronges par les rats presagerent 1 Chateaubriand, Memoires, t. IT.
2 Wierus in Pseudom. dcBm.
,

* Rickius, Discours de la lycanthropie , p. 18. 3 Voyez les Legendes des esprits et demons.
: ;; ,;

REI 572 REI

cette sage et pieuse fille n'etait plus « une crea- fait encore couler mes larmes ! A peine I'inno-
ture humaine, mais un monstre hideux , qui hur- cente creature a-t-elle touche la possedee que
lait, qui beuglait, qui jappait, qui grinqait des le corps de Reine, comme frappe de la foudre,
dents, qui rugissait; que son oeil fauve alors ne s'affaisse sur lui-meme sans mouvement, sans
pouvait plus voir le ciel ni supporter la douce , voix. Le calme succedea la tempete, le tumulte
lumiere du jour; qu'elle se tenait enfermee dans a fait place a un silence profond!
I'ombre et se cachait a tous les regards enfin ; » Alors je vois une tete humaine une figure ,

que le malheur de cette infortunee etail impene- angelique, un doux regard fixe sur moi... Je vois
trable. » la pauvre Reine! Tout le monde rassure, en- ,

M. Roze des Ordons obtint assez difficileinent vahit la demeure; on approche du lit, dont on
la permission de voir cette calami te affreuse repare le desordre. On tend la main a Reine. Ma
mais enfin il I'obtint il fut bientot accompagne
: bonne Reine, lui dit-on, c'est M. Roze qui vient
d'un notaire du voisinage et du cure de Riel. Les vous voir et qui ne voulait pas s'en aller sans
habitants, qui le savaient dispose a voir la pos- vous faire ses adieux et vous dire un mot d'a-
sedee dans sa crise le suivaienl de I'oeil comme
, , mitie.
on un insense qui parle de se jeter a la ri-
suit » — Ah ! monsieur, que je suis reconnaissante,
viere. Quand la parente de Reine prit sa grosse dit alors la pauvre affiigee je savais bien que ;

clef pour ouvrir la porte dulieu oii se renfermaitla vous, vous vous etes nomme en entrant;
c'etait
possedee, les curieux s'arrelerent pour entrevoir vous m'avez dit de me calmer, de me contenir
de loin ce qui allait se passer. Mais laissons le — un peu pour vous entendre je vous entendais ;

narrateur raconter lui-meme. « Tout cela n'etait parfaitement, ne poavais pas vous re-
mais je
pas rassurant, dit-il. Je recommandai a notre in- pondre je n'avais plus I'usage de ma parole,
:

troductrice de ne pas fermer la porte sur nous car ce n'est pas moi qui blaspheme le saint nom
je lui dis que la porte, restee ouverle, nous per- de Dieu croyez-Ie bien mon cher monsieur
,
,

mettrait raieux de voir au fond du sombre appar- j'aimerais mieux mourir ! Mon corps seul est cou-
tement; mais c'etait, en realite, pour me me- pable, puisqu'il sert au demon mais mon ame ;

nager une retraite en cas d'accident. D'un tour n'est pas en son pouvoir ; il ne I'aura jamais
de clef la porte nous est ouverte; j'entre hardi- elle n'appartient qu'a Dieu.
ment, je vais droit au lit et je souleve le rideau. » — Et c'est done ce petit enfant, ma bonne
Un cri afTreux s'est fait entendre; j'avance en Reine, qui calme vos tourments et chasse le

m'ecriant : Reine, ma bonne Reine, ecoutez- demon?


moi. » Oh! — oui, monsieur; tant que cette inno-
))Des hurlements de bete feroce, d'horribles cente creature est dans mes bras, je suis comme
imprecations, des vociferations assourdissanles inviolable, et le demon n'oserait pas profaner ce
couvrent ma voix. Je vois tourbillonner devant qu'il touche; mais je retomberai sous sa puis-
moi quelque chose qui rugit, qui souffle, qui sance des que mon ange
m'abandonnera.
rale Une tete qui bat sur ses ^paules avec » Et la nous regardait avec un
pauvre fille

une telle violence que je ne puis en distinguer doux sourire; elle semblait toute heureuse de
les traits... Un corps qui roule comme un ser- I'interet que nous lui temoignions et du bien-etre,
pent et bondit par soubresauts terribles a se bri- helas! de si courte duree qu'elle goutait avec
ser centre les murailles. Plus j'insiste pour elre nous. Elle comblait de caresses son petit ange
entendu, plus la rage redouble, plus la tempete gardien. L'enfant tendait toujours ses bras a sa
devient furieuse. On criait au dehors Retirez- : mere, qui amusait son impatience pour prolonger
vous, monsieur, retirez-vous elle va se tuer. ; le plus longtemps possible cette touchante en-
Le notaire etait deja bien
M. le cure que loin. , trevue. Mais enfin il fallut bien ceder a ses in-
des personnes charitables avaient fait prevenir, stances reiterees. La pauvre Reine s'en apergut,
accourait avec une jeune femme tenant un enfant et je la vis palir. Le charme allait cesser, et nous
dans ses bras. Cette femme, pale et emue, etait louchions acet instant terrible dont I'attente ser-
arretee devant la porte; elle semblait vouloir me rait tous les coeurs.
parler et me roontrait son enfant. On me criait "»
A peine la jeune femme eut-elle enleve son
((Prenez I'enfant, ne craignez rien; prenez done enfant des bras de I'infortunee, que Ton vit ses
vite et le portez sur Reine. » Je regardais, j'e- bras se tordre et s'agiter de desespoir, comme
coutais et je ne comprenais point. s'ils eussent ressenti les llammes de I'enfer.
» Enfin, la jeune femme, surmontant sa frayeur, Bientot la rage du demon, si merveilleusement

entre precipitamment, va droit au lit et pose son enchainee, si longtemps comprimee, eclalait en
enfant sur le corps enrage. 0 prodige inoui et affreux rugissements. Un spectre echevele se
incomprehensible marque eclatante de la puis-
, dressait devant nos yeux. II fallut fuir. En un
sance du ciel sur celle de I'enfer! 0 spectacle instant la chambre fut deserte. Je sortis le der-
admirable et que je n'oublierai de ma vie! 6 nier; mais je restai clone derriere cette porte,
science attendrissante et digne des anges, qui ecoutant, dans une muette terreur, ces cris
REI — 573 — REI

sinistres, ces plaintes lamentables , ces voix ago- a I'evidence? Pouvons-nous mettre en doute un
nisantes inelees a de rage, a de
des accents fait public qui se renouvelle depuis trente ans et
sourds gemissements, tels qu'on en peut entendre sans interruption a la face de tout un pays? Ce
dans une lulte acharnee entre un bourreau et sa fait resulte-t-il d'un prejuge de notre part, d'une
victime. J'attendais avec anxiet6 la fin de ce erreur populaire ou du charlatanisme d'une co-
penible drame, qui ne devait se denouer que medienne? Unefemme peut jouer la comedie et
dansles ombres de la nuit et quand la vie serait des dupes; elle peut en imposer quelques
faire
eteinte ou les forces de la martyre epuisees. Je jours et meme quelques annees ; mais elle ne
ne pouvais m'arracher de ces lieux etranges oii , saurait continuer toute sa vie ce jeu terrible dont
m'enchainait le charme du prodige dont je venais la consequence est la mort. Voyez I'etat de la
d'etre temoin. Cen'etait point unreve, une vaine pauvre Reine; elle ne marche plus, elle se
illusion. Ce fait, je n'en pouvais douter je I'avais ;
tralne son corps est disloque
, c'est un spectre ;

vu de ines yeux et touche de mes mains. Je ren- ambulant qui n'a que le souffle de la vie, et,
dais graces a Dieu. en effet, apres les crises affreuses dont vous
» Oui ,
m'ecriais-je dans le transport de mon avez ete temoin et qui se renouvellent si sou-
admiration , la religion a ses lois ^ternelles qu'il vent, son existence tient du prodige. Mais ce
n'est pas permis de mettre en doute Oui il y a ! , qui fait I'objet de notre admiration c'est le ,

des jours saints, consacres pour elle, que le moyen si extraordinaire et si simple que le Ciel,
genie du mal s'efforce de profaner Oui le de-
! , dans sa misericorde vient de nous reveler pour
,

mon existe, I'enfer existe! Mais au-dessus de calmer les tourments de la pauvre Reine; c'est
I'enfer est le ciel ! Au-dessus de I'ange des tene- celui que vous avez vu et dont nous nous ser-
bres, range de lumiere et de I'innocence dont vons maintenant pour lui administrer la com-
j'ai vu
triomphe! Dieu tout-puissant! donnez-
le munion. Des qu'elle est preparee a cette action,
moi, comme
a vos apotres, I'esprit divin de la elle se couche; on lui apporte un jeune enfant,
parole, et je publierai vos merveilles, vos mise- on le pose sur son coeur, et elle regoit avec bon-
ricordes infuiies. Labia mea aperies et os meum heur le pain des forts. Reine avec I'enfant est , ,

annunliabit laudeni luam ! invincible. Assis sur sa poitrine comme sur iin

n Et impii ad te convertentur, ajoule M. le trone inebranlable , le petit ange defie I'enfer. En


cure en me frappant doucementsur I'epaule, car vain Satan releve la tete, il terrasse le monstre,
il elait la depuis une heure , ce digne et bon il le tient ecras6 sous ses pieds. Super aspidem
pasteur. «Eh bien mon cher monsieur, me dit-il
, et basiliscum ambulabis et conculcabis leoneni et
en me main vous voila done converli
serrant la , draconem! Vous voyez done que le :bon Dieu
aux contes de bonne femme. Ces bons habitants fait encore, quand il lui plait, des choses exlra-

de Riel-les-Eaux, les trouvez-vous toujours bien ordinaires el vous pouvez en rendre lemoi-
,

simples de croire a possedee? Monsieur le


la — gnage. —
Si je le puis, monsieur le cure! mais
cure, je suis aneanti. Mais il y a done encore c'est un devoir sacre pour moi. Je monlerai sur
despossedes? —
Eh qu'y voyez-vous d'impos-
! les toils pour publier ce que j'ai vu et pour ren-
sible? qu'y a-t-il d'impossible a Dieu ? S'il permet dre hommage a la verite. Ne montez pas si —
au demon d'eprouver les ames, ne peut-il lui haul contenlez-vous de gloriiier Dieu en racon-
;

perraettre d'eprouver nos corps? Ce qu'il a voulu tant tout simplement et sans emphase le fait dont
jadis, ne peut-il le vouloir aujourd'hui? Nelisez- vous avez ele temoin. La verite parle d'elie-
vous pas dans I'Evangile que Notre-Seigneur a meme et n'a pas besoin de recommandation.
chasse les demons qui tourmentaient les posse- Failes mieux adressez-moi vos incredules; qu'ils
,

des? Dieu voulut qu'au temps de Jesus-Christ il viennent comme vous s'assurer du fait par eux-
y en eut un plus grand nombre, sans doute pour memes. Je sers un Dieu de charite; envoyez-moi
lui fournir plus d'occasions de signaler sa puis- lous vos amis : ils sont deja les miens; mes bras
sance et nous donner plus de preuves de sa mis- leur sont ouverts, je les accueillerai avec joie.
sion et de sa divinite. Qui me dira que Dieu n'a Mon presbylere ne sera jamais trop elroit pour
pas eu ses desseins en permettant, dans noire les recevoir, ni mon coeur pour les benir! »
humble village, le phenomene etrange que nous » Lecleurs, entendez cette voix, si vous dou-
avons en ce moment devant yeux? Saint Je- les tez encore. Hatez-vousd'aller voir cette terre ou
rome et saint Hilaire assurent que Ton voyait de vous attendent, non les jouissances d'une frivole
leur temps des personnes extraordinairement curiosite,mais un grand enseignement, de vivos
tourmentees par les demons sur les tombeaux et salutaires emotions, I'occasion si heureuse
des saints martyrs. De nos jours, Reine Guetet d'affermir voire foi et de glorifier Dieu.
ne peut entrer dans une eglise ni passer un seul " ROZE DES OrDONS. ))

jour de dimanche ou de fete sans etre elle-meme


extraordinairement tourmentee. INous croyons Riel-les-Eaux, le 11 juin1853.

ce que nous voyons; comment faire autrement? Le journal Chretien qui contenait ce recit
Peut-on fermer ses yeux a la lumiere et resister ajoutait « Conformement aux desirs et aux re-
:
, :

REI — — REM
cominandations de M. Roze des Ordons, nous charges grotesques dont le type est Noe; ses
avons pris des renseignements. Nous rapportons, trois fils sont les trois grands dieux Jupiter, Nep-

pour degager notre responsabilite, la lettre sui- tune et Pluton. Ce n'est pas ici le lieu de le de-
vante : montrer; la these a ete savamment etablie.
» J'apprends que M, Roze des Ordons vous a Le diable s'est un peu mele de la chose; et

transniisla relation d'unfait extraordinaire, dont comme des lunes, des semaines et des jours on
lui, un notaire et moi avons ete temoins, lequel a fait des annees et des siecles, pour donner a
faitse repete depuis environ trente-cinq ans dans ces mythologies quelque antiquite granitique, on
la personne de Reine Guetet, ma paroissienne. les a fortifiees dans leur essence qui est I'erreur. ,

Tons les faits donnes par M. Roze sont exacts. La religion de Bouddha, par exemple, est une
M. Roze est fabricien de la cathedrale de Sens, singerie tres-singuliere du christianisme. Seule-
honnete pere d'une nombreuse famille, et sur- ment nee au deuxieme ou au troisieme siecle, les
tout homme de foi, catholique pratiquant. Ce savants doublent son age et la font remonler au
temoignage d'un pretre qui le connait depuis dix voisinage du deluge ; assertion aussi fondee que
ans me semble suffisant pour mettre voire res- les genealogies merveilleuses de nos vieux chro-
ponsabilite a couvert, niqueurs, qui posent a la tete des Francs qualre-
» Agreez , etc. Bergerot, vingts rois successifs avant Pharamond.
cure de Kiel- les -Eaux. «
Remi (Nicolas) ,
magistral qui s'occupa beau-
Reines du sabbat. On voit dans la plupart coup des sorciers de la Lorraine au commencement
des relations qui nous reniettent sous les yeux du seizieme siecle. Son livre De la demonoldtrie
ces monstrueuses assemblees que la plus jeune contient un grand nombre de faits et de details
et la plus belle des sorcieres presentes etait invi- singuliers.

tee par le demon president a s'asseoir aupres de Remmon. Voy. Rimmon.


lui comme reine du sabbat. Remords. Voici sur ce sujet, qui a produit
Religion. Toules les erreurs sont lilies de la bien des spectres, une ballade populaire alle-
verite mais des filles perdues qui ne savent
, ,
mande dont nous
, regrettons de ne pouvoir nom-
plus reconnaitre leur mere. Toutes les fausses mer le traducteur
religions ainsi n'ont d'autre source que la vraie « La duchesse d'Orlamunde a deux enfants

religion. Brahma est Abraham prodigieusement de son premier mari qui I'a laissee veuve. Elle
,

travesti. Bacchus Janus Saturne


, sont des
, , s'eprend du comte de Nuremberg; ce dernier lui

(lit qu'il ne peut I'epouser : il y a dans sa maison delaclie de son voile de veuve les epingles que
enfoncer dans cervelle des en-
qualre yeux qui Ten empechenl; ces yeux fu- I'assassiii doit la

nestes sont ceux des enfants de la veuve. Poussee fants, lorsqu'ils seront a jouer. Ainsi arme, il

au crime par sa passion, elle charge un de ses s'avance vers eux ; il les trouve jouant dans la

gens, nomme dans le conte le chasseur farouche grande salle du chateau. Aujourd'hui meme on a
de tucr les pauvres petits. La mauvaise mere conserve le souvenir des rimes pueriles qqe pro'
! ,; ,

RfiM — 575 — RfiS

noncent les enfants de la duchesse au milieu de animaux qui font beaucoup de ravages en ce
leiirs jeux; elles sont encore repetees par les pe- pays. Voy. Lune et Ma.
tits garcons dans la haute Lusace. La scene de
I'assassinat des enfants est aussi touchante que
celle oilShakspeare montre le jeune Arthur priant
Hubert de ne pas crever ses petits yeux.
» Le garcon proraet au meurtrier son duche

s'il veut lui laisser la vie. La petite fille lui offre

toutes ses poupees, et enfin son oiseau favori. II


refuse. L'oiseau, devenu le persecuteur du meur-
trier, le suit partout en lui repetant le noni de
,

I'enfant qu'il a egorgee. « Mon Dieu mon Dieu !

s'ecrie-t-il ou fuirai-je cet oiseau qui me pour-


,

suit de tous cotes? II ne cesse de me redire le


nom de cette enfant! 0 mon Dieu! oii aller
mourir? »
Dans son desespoir, il se brise le crane, et
»
les deux enfants tues, ditla ballade, restent dans
leurs cercueils de marbre, sans que la corrup-
tion defigure leurs petits corps innocents, dont nomme
Repare, homme qui, avec un soldat
la purete defle la mort. » Etienne, eut une vision du purgatoire, de I'enfer
L'auteur de
la ballade allemande n'a pas acheve et du paradis , vers le douzieme siecle.
le recit. Le due egoiste et la duchesse denaturee Repas du mort, ceremonie funeraire en usage
voyaient partout devant eux leurs deux petites vic- chez les anciens Hebreux et chez d'autres peu-
times. lis se noyerenl tous deux dans I'Orla, apres ples. Dans I'origine, c'etait simplement la cou-
quelques annees d'une vie miserable, croyant evi- tume de faire un repas sur le tombeau de celui
ter les deux spectres.... qu'on venait d'inhumer. Plus tard on y laissa des
RemOre, poisson sur lequel on a fait bien des vivres, dans I'opinion que les morts venaient les
contes. « Les remores, dit Cyrano de Bergerac, manger.
qui etait un plaisant, habitent vers I'extremite Repas du sabbat. D'apres les relations des
du pole au plus profond de la mer Glaciale et
, ;
doctes , les festins du sabbat s'ouvrent par cette
c'est la froideur evaporee de ces poissons a tra- ,
formule : « Au nom de Belzebuth notre grand ,

vers leurs ecailles, qui fait geler en ces quar- maitre, souverain commandeur et seigneur, nos
tiers-la I'eau de la La remore
mer, quoique salee. viandes , boire et manger, soient garnis et munis
contient si eminemment tous les principes de la pour nos refections, plaisirs et voluptes. » Sur
froidure que passant par-dessous un vaisseau
, , quoi tous orient en choeur Ainsi soit-il. Apres :

le vaisseau se trouve saisi de froid, en sorte qu'il le repas, on dit « De notre refection salutaire,
:

en demeure tout engourdi jusqu'a ne pouvoir de- prise et rendue, notre commandeur, seigneur et
marrer de sa place. La remore repand autour maitre Belzebuth soit loue, gracie et remercie,
d'elle tous les frissons de I'hiver. Sa sueur forme a son exaltation et commun bien. Ainsi soit-il*. »
un verglas glissant. C'est un preservatif contre Voy. PSELLUS.
la brulure.... » Rien n'est plus singulier, dit le Resurrection. Les Parsis ou Guebres pensent
P. Lebrun ,
que ce qu'on raconte de la remore. que les gens de bien apres avoir joui des delices
,

Aristote, jElien, Pline, assurent qu'elle arrete do I'aulre monde pendant un certain nombre de
tout court un vaisseau voguant a pleines voiles. siecles, rentreroht dans leurs corps et revien-
Mais ce absurde et n'a jamais eu lieu
fait est dront habiter la meme terre oii ils avaient fait
cependant plusieurs auteurs I'ont soutenu et ont ,
leur sejour pendant leur premiere vie mais cette ;

donne pour cause de cette merveille une qua- terre, purifiee et embeliie, sera pour eux un nou-
lite occuke. Ce poisson qu'on nomme a present , veau paradis. Les habitants du royaume d'Ardra
succet, est grand de deux ou trois pieds. Sa peau sur la cote occidentale d'Afrique, s'imaginent que
est gluante et visqueuse. II s'attache et se colle ceux qui sont tues a la guerre sortent de leurs
aux requins aux chiens de mer il s'attache
, ;
tombeaux au bout de quelques jours et repren-
aussi aux corps inanimes; de sorte que, s'il s'en nent une vie nouvelle. Cette opinion est une in-
trouve un grand nombre colles a un navire, ils vention de la politique pour animer le courage
peuvent bien I'empecher de couler legerement des soldats. Les amantas, docteurs et philosophes
sur les eaux, mais non I'arreter. du pays, croyaient la resurrection universelle,
Remures. Voy. Li^mures et Manes. sans pourtant que leur esprit s'elevat plus haul
Renards. Les sintoistes, secte du Japon, ne que cette vie animale pour laquelle ils disaient
reconnaissent d'autres diables que les auies des
mechants qu'ils logent dans le corps des renards. 1 Gorres, Mystique, liv. VIII, ch. xxi. •
, ;

RET — 576 — RET


que nous devious ressusciter, et sans attendre ni « Comme j'elais a I'une des portieres avec made-
gloire ni supplice. lis avaient un soin extraordi- moiselle deVendome, dit le cardinal dans ses
naire de mettre en lieu de surete les rognures de Memoires, je demandai au cocher pourquoi il
leurs ongles et de leurs cheveux et de les cacher
, s'arrelait? II me repondit, avec une voix trem-
dans les fentes ou dans les trous de muraiile. Si blante : — Voulez-vous que je passe par-dessus
par liasard, ces cheveux et ces ongles venaient a tons les diables qui sont la devant moi? Je mis la

toinber a terre avec le temps, et qu'un Indien tele hors de la portiere, et, comme j'ai toujours
s'en apergut, il ne manquait pas de les relever eu la vue fort basse, je ne vis rien. Madame de
de suite et de les serrer de nouveau. Savez- — Choisy, qui elait a I'aulre portiere avec M. de
vous bien, disaient-ils a ceux qui les question- Turenne, fut la premiere qui apergut du carrosse
naient sur cette singularite, que nous devons re- ia cause de la frayeur du cocher ;
je dis du car-
vivre dans ce monde, et que les ames sortiront rosse, car cinq ou six laquais, qui elaient der-
des tombeaux avec tout ce qu'elles auront de riere, criaienlJesus, Maria! el Iremblaient deja
:

leurs corps? Pour empecher done que les notres de peur. M. de Turenne se jeta en bas aux cris
ne soient en peine de chercher leurs ongles el de madame de Choisy. Je crus que c'elaient des
leurs cheveux (car il y aura ce jour-la bien de la voleurs je sautai aussitot hors du carrosse
: je ;

presse et du tuinulte), nous les meltons ici en- pris I'epee d'un laquais et j'allai joindre M. de
semble, afin qu'on les trouve plus facilement. Turenne, que je trouvai regardant lixemenl quel-
Gaguin, dans sa description de la Moscovie, que chose que je ne voyais point. Je lui demandai
dit que, dans le nord de la Russie, les peuples ce qu'il regardait, el il me repondit, en me pous-
meurent le 27 novembre a cause du grand froid,
, sant du bras et assez bas : Je vous le dirai
el ressuscilent le 2k avril : ce qui est, a I'instar mais il ne faut pas epouvanter ces dames, qui,
des marmoltes, une maniere commode de passer a la vcrite, hurlaient plutot qu'elles ne criaienl.
I'hiver. Voy. Gabinius, Pamilius de Pheres, Thes- Voilure commenga un oremus; madame de Choisy
PESius, Vampires, etc. poussait des cris aigus ; mademoiselle de Ven-
Retz ou Raiz de Laval de) marechal
(Gilles , dome disait son chapelet; madame de Vendome
de France qui fut convaincu de forfaits mons- voulait se confesser a M. de Lisieux ,
qui lui di-

Irueux au quinzieme siecle. Pour d'affreux de- sait : — Ma fille ,


n'ayez point de peur, vous etes
bordements il s'elait vendu au diable, qu'il vou- en la main de Dieu. Le comte de Brion avail en-
lait servir en egorgeant des enfants et se souillant tonue bien tristement les litanies de la sainte
des plus odieuses infamies. II elait dirige par un Vicrge. Tout cela se passa, comme on peut se
escroc italien nomme Prelali, qui se disait magi- I'imaginer, en memo temps et en moins de rien.
cien et qui disparul apres I'avoir vole. M. de Turenne, qui avail une petite epee a son
Le diable ne repondit pas aux esperances du cote, I'avait aussi tiree, et, apres avoir un peu
marechal de Retz; et il fut condamne a mort. regarde, comme je I'ai deja dit, il se tourna vers
Comme le president Pierre de I'Hopital le pres- moi de I'air dont il eut donne une bataille , et me
sait de dire par quel motif il avail fait perir lant dit ces paroles : — Allans voir ces (jens-ld! —
d'innocenls, et brule ensuile leurs corps; le ma- Quelles gens? lui repartis-je; —
dans la ve-
et
rechal impatienle lui dit: —
Helas! monseigneur, rite, je croyais que tout le monde avail perdu le
vous vous lourmenlez el moi avec je vous en
,
; sens. 11 me repondit : — Effeclivement je crois
ai dit assez pour faire mourir dix mille hommes. que ce pourraient bien elre des diables. Comme
Le lendemain le marechal en audience publique
, nous avions deja fait cinq ou six pas du cote de
reilera ses aveux. II fut condamne a elre brule la Savonnerie el que nous etions par consequent
,

vif le 25 octobre Ikkd- L'arret fut execute dans


, plus proches du speclacle, je commengai a entre-
le pre de la Madeleine, pres de Nantes'. voir quelque chose, et ce qui m'en parut fut une
Retz. Le cardinal de Retz, n'etant encore longue procession de fantomes noirs, qui me
qu'abbe avail fait la parlie de passer une soiree
,
donna d'abord plus d'eraotion qu'elle n'en avail
a Saint-Cloud, dans la maison de I'archeveque de donne a M. de Turenne. mais qui, par la reflexion
Paris, son oncle, avec madame et mademoiselle que je fis que j'avais longtemps cherche des es-
de Vendome, madame de Choisy, le vicomle de prits, et qu'apparemmenl j'en trouverais en ce
Turenne, I'eveque de Lisieux, el MM. Brion et lieu me fit faire deux ou Irois sauts vers la pro-
,

Voiture. On s'amusa tant, que la corapagnie ne cession. Les pauvres augustins dechausses, que
put s'en relourner que tres-tard a Paris. La petite Ton appelle capucins noirs et qui elaient nos pre-
poinle du jour commenqait a paraitre (on elait tehdus diables, voyant venir a eux deux hommes
alors dans les plus grands jours d'ele) quand on qui avaient I'epee a la main eurent encore plus ,

fut au bas de la descente des Bons-Hommes. Jus- peur. L'un d'eux, se delachantde la troupe, nous
tement au pied, le carrosse s'arreta tout court. cria : — Messieurs, nous sommes de pauvres re-
de mal a personne, el qui
ligieux, qui ne faisons
* M. Garinet, Histoire de la magie en France.
Voyez I'hisLoire du marechal de Retz dans les Le- venous nous rafraichir un peu dans la riviere
gendes in females. pour noire sante. Nous relournames au carrosse,
;, !

REV — 577 — REV



M. de Turenne et moi, avec des eclats de rire Un Italien , retournant a Rome apres avoir fait
que Ton peut s'imaginer. » enterrer son ami de voyage , s'arreta le soir dans
Reve. Au bon temps de la loterie royale, les une hotellerie ou il coucha. Etant seul et bien
bonnes femmes croyaient que, quand on dor- eveille, il lui sembla que son ami mort, tout pale
mait le petit doigt de la main gauche dans la et decharne, lui apparaissait et s'approchait de
main droite on etait assure de voir en reve une
, lui. II leva la tete pour le regarder et lui de-

multitude d'ambes, de ternes et de quaternes. manda en tremblant qui il etait. Le mort ne re-
Unhommerevaitqii'ilmangeaitlalune. Ce reve pond rien, se depouille, se met au lit et se serre
le frappe il se leve encore a raoitie endormi, il
; contre le vivant, comme pour se rechauffer.
Gourt a sa fenetre regardant au ciel, il ne voit L'autre, ne sachant de quel cote se tourner,
;

plus que la moi tie de cet astre.... il s'ecrie ; :


— s'agite et repousse
le defunt. Celui-ci, se voyant

Mon Dieu vous avez bien fait de me reveiller


! ainsi rebute, regarde de travers son ancien com-
car, avec I'appetit que j 'avals, la pauvre lune, pagnon, se leve du lit, se rhabille, chausse ses
je I'aurais mangee tout entiere. Voy. Songes. souliers et sort de la chambre, sans plus appa-
Reveille-matin. Les Flamands appellent cette raitre. Le vivant a rapporte qu'ayant touche dans

plante le lait du diahle (Duivelsmelk). le lit un des pieds du mort, il I'avait trouve plus

Revelations. Un citoyen d'Alexandrie vit sur , froidque la glace. —


Cette anecdocte peut n'etre
le minuit, des statues d'airain se remuer et crier qu'un conte. En voici une autre qui est plus
a haute voix que Ton massacrait a Constantinople claire :'

I'empereur Maurice et ses enfants ce qui se ; Un aubergiste d'ltalie qui venait de perdre sa
trouva vrai. Mais la revelation ne fut publiee mere, etant monte le soir dans la chambre de la
qu'apres que I'evenement fut connu. L'arche- defunte, en sortit hors d'haleine, en criant a tous
veque Angelo-Calto (Philippe de Comines I'at- ceux qui logeaient chez lui que sa mere etait re-
teste) connut la mort de Charles le Teaieraire, venue et couchee dans son lit; qu'il I'avait vue,
qu'il annonga au roi Louis XI a la meme heure mais qu'il n'avait pas eu le courage de lui parler.
qu'elle etait arrivee. — Les prodiges faux sont Un ecclesiastique qui se trouvait la voulut y mon-
toujours des singeries de vrais miracles, Pareille- ter ;toule la maison se mit de la parlie. On entra
ment une foule de revelations supposees ont dans la chambre; on tira les rideaux du lit, et
trouve le moyen de se faire admettre, parce on apercut la figure d'une vieille femme, noire
qu'il y a eu des revelations vraies. et ridee, coiffee d'un bonnet de nuit et qui faisait
Nous ne parlons pas ici de la Revelation qui des grimaces ridicules. On demanda au maitre
est un des fondements de notre foi, et sarts la- de la maison si c'etait bien la sa mere? Oui, —
quelle rien ne peut s'expliquer dans I'homme. s'ecria-t-il , ah ma pauvre mere
oui , c'est elle ; !

Revenants. On debite, comme une chose as- Les valets la reconnurent de meme. Alors le
suree, qu'un revenant se trouve toujours froid pretre lui jeta de I'eau benite sur le visage, L'es-
quand on le touche. Cardan et Alessandro-Ales- prit, se sentant mouille, sauta a
la figure de I'abbe.
sandri sont des temoins qui I'affirment. Cajetan Tout le monde en poussant des cris.
prit la fuite
en donne la raison qu'il a apprise de la bouche
,
Mais la coiffure tomba et on reconnut que la
d'un esprit, lequel, interroge a ce sujet par une vieille femme n'etait qu'un singe. Cet animal

sorciere, lui repondit qu'i/ fallait que la chose avait vu sa maitresse se coiffer, il I'avait imitee,
La reponse est satisfaisante. Elle nous
fiit ainsi. L'auteur de Paris, Versailles et les provinces au
apprend au moins que le diable se sauve quel- dix-huitieme siecle raconte une histoire de reve-
quefois par le pont aux anes. nant assez originale, M. Rodry, fils d'un riche
Dom Calmet a rapporte I'histoire d'un revenant negociant de Lyon fut envoye a I'age de vingt-
, ,

du Perou qui se manifestait en esprit frappeur. deux ans a Paris avec des lettres de recomman-
, ,

Plusieurs autres en ont fait autant; et de nos dation de ses parents pour leur correspondant,
jours on en a de frequents exemples. dont il n'etait pas personnellement connu. Muni
Walter-Scott, dans Peveril du Pic, raconte d'une somme assez forte pourpouvoirvivre agrea-
qu'un brasseur de Chesterfield, mort du spleen, blement quelque temps dans la capitale, il s'as-
dans un domaine voisin qui lui avait appartenu socia pour ce voyage un de ses amis, extreme-
revenait a la connaissance de tons et se pro- ment gai. Mais, en arrivant, M. Rodry fut attaqud
raenait dans une allee solitaire accompagne du ,
d'une fievre violente; son ami, qui resta pres de
gros dogue qui, lorsqu'il etait vivant , etait son lui la premiere journee, ne voulait pas le quitter,
favori. et se refusait d'autant plus aux instances qu'il lui
I! y a des revenants, quoi qu'en disent ceux qui faisait pour I'engager a se dissiper, que n'ayant ,

doutent de tout, des revenants reels. Mais les fait ce voyage que par complaisance pour lui, il
revenants supposes, ou par la supercherie, ou n'avait aucune connaissance a Paris. M. Rodry
par un raal entendu, ou par le hasard, ou par la I'engagea a se presenter sous son nom chez le
peur, sont mille fois plus nombreux que les reve- correspondant de sa famille, et a lui remettre ses
nants veri tables. lettres de recommandation, sauf aeclaircircomme
37
REV — 578 REV

il le poLirraiL I'imbroglio qui resiilterait de celLe s'en revenant, apercoit un paysan qui chemi-
il

siipposilion ,
lorsqu'il se porterait mieiix. nait a petils pas. Ce bonhomme portait une veste
Une proposilioii aiissi singuliere ne pouvaiL que donl la poche etait entrebaillee. Le pecheur trouva
plaire au jeune homme ; elle fut acceptee : sous plaisanl de prendre une de ses grenouilles et de
le noin de M. Bodry il se rend chez ie corres- , la glisser dans la poche de la vesle du paysan.

pondant, lui presente les lettres apporlees de Ce dernier, nomme Joachim Jacquemin, rentre
Lyon joue tres-bien son role et se voit parfai-
,
chez lui et se couche, apres avoir mis sa vesle
lement accueilli. Cependant, de retour au logis, sur son lit. Au milieu de la nuit, il est reveille

il trouve son ami dans I'elat le plusalarmant et, ; par un corps etranger qu'il sent sur sa figure, et
nonobstanl lous les secours qu'il lui prodigue, il qui s'agitailen poussant de petits cris inarticules.
a le malheur de le perdre dans la nuil. Malgre le C'ctait la grenouille qui avail quitte sa retraite,
trouble que lui occasionnait ce cruel evenement,
il sentit qu'il n'etait pas possible de le laire au
correspondant de la maison Bodry mais com- ;

ment avouer une mauvaise plaisanlerie dans une


si Iriste circonslance ? IS'ayanlrplus aucun moyen

de la juslilier, ne serait-ce pas s'exposer volon-


tairement aux soupcons les plus injurieux , sans
avoir, pour les ecarler, que sa bjnnc foi , a la-
quelle on ne voudrait pas croire?... Cependanl
ilne pouvail se dispenser de rosier pour rendre
les derniers devoirs a son ami cL il elail impos- ;

sible de ne pas inviler le correspondant a cette


lugubre cereiiionie. Ces differenles reflexions, se et qui, cherchant sans doule une issue pour se
melant avec le sentiment de la doiileur, le tinrent sauver, etait arrivee jusque sur le visage du dor-
dans la plus grande perplexite mais une idee ; meur et s'etaitmise a coasser. Le paysan n'ose
originale vint lout a coup fixer son incertitude. remuer, nocturne dispa-
et bientot sa visiteuse
Pale, defail paries fatigues, accable de tris- rail. Mais le pauvre homme, donl I'esprit etait

tesse, il se presente a dix heures du soirchez le d'une grande faiblesse ne doute pas qu'il n'ait
,

correspondant ,
qu'il trouve au niilieu de sa fa- eu affaire a un revenanL Sur ces enlrefailes, un
mille , et qui, frappe de cette visile a une heure de ses amis, voulant lui jouer un tour, vient le
indue, ainsi que du changemenl de sa figure, lui prevenir qu'un de ses oncles, qui habile Sens,
demande ce qu'il a, s'ii lui est arrive quelque est mort il y a peu de jours, et il I'engage a se
malheur... « Helas! monsieur, le plus grand de rendre sur les lieux pour recueillir I'herilage.
lous, repond le jeune homme d'un ton solennel; » Jacquemin fait faire des vetements de deuil

je suis mort ce malin, et je viens vous prior pour lui et pour sa femme, et se met en route
d'assisler a mon enlerrement qui se fera demain. d pour le chef-lieu du departement de I'Yonne,
Profitant de la slupeur de la societe, il s'echappe distant de son domicile de huit lieues. II se pre-
sans que personne fasse un mouvement pour sente a la maison du defunt; la premiere per-
I'arreter; on veut lui repondre; il a disparu. On sonne qu'il apergoit en entrant, c'est son oncle,
decide que le jeune homme est devenu fou, el le Iranquillement assis dans un fauteuil, et qui te-
correspondant se charged'aller le lendemain, avec moigne a sen neveu la surprise qu'il eprouve de
son fils, lui porter les secours qu'exige sa situa- le voir. Jacquemin saisit le bras de sa femme el

tion. Arrives en effet a son logement, ils sent se sauve ,en proie a une terreur qu'il ne peut
troubles d'abord par les preparalifs funeraires; dissimuler et sans donner a son oncle etonne
,

demandent M. Bodry on leur repond qu'il est


ils ; aucune explication. Cependanl lagrenouillen'avait
mort la veille el qu'il va etre enterre ce malin... pas abandonne la demeure du paysan elle avail :

A ces mots, frappes de la plus grande terreur, ils trouve une retraile dans une fenle de plancher,
ne douterent plus que ce ne fut I'ame du defunt et la elle poussait frequemment des coassements
qui leur avail apparu et revinrent communiquer qui jelaient Jacquemin dans des angoisses epou-
leur effroi a toule la famille ,
qui n'a jamais voulu vanlables, surloutdepuis qu'il avail vu son oncle.
revenir de celle idee. II etait convaincu que c'elait I'ombre de ce pa-

On a pu lire ce qui suit dans plusieurs jour- rent qu'il avait apergue, et que les cris qu'il en-
naux : « Une superstition incroyable a cause re- lendait etaient pousses par lui, qui revenait
cemment un double suicide dans la commune de chaque nuit pour I'effrayer. Pour conjurer le ma-
Bussy-en-Oth departement de I'Aube. Voici les
,
lefice, Jacquemin fit faire des conjurations, qui

circonstances de ce singulier et deplorable' eve- restaient inefTicaces car les coassements n'en
;

nement (1841) un jeune homme des environs


: continuaient pas moins. Chaque nuit le malheu-
elait alle a la peche aux grenouilles et en avail reux se relevait, prenaitsa couverlure, qu'il met-
mis plusieurs toutes vi van les dans un sac. En tait sur sa tele en guise de capuce, el chanlait
!

REV — 579 — REV

1
devant un balml qii'il avail transforme en aiitel. ne se troubla point. II proposa a son futur beau-
!
Les coassemenls continuaient toujours !... Enfm, pere de passer chambre, Hervias
la nuit dans sa
n'y pouvant plus tenir, le pauvre Jacquemin fit y consentil. Le jeune cousin feignit done de par-
i
part a quelques personnes de I'intention ou il tir le soir pour la ville et renlra dans la ferme ,

etait de se donner la mort, et les pria naivement apres la chute du jour. 11 resta sur une chaise
de I'y aider; il acheta un collier en fer, se le mit aupres du lit d'Hervias, et tous deux attendirent
au cou et un de ses amis voulut bien serrer la
, patierament le spectre. La fenetre s'ouvrit vers
I vis pour I'etrangler; niais il s'arreta quand il minuit; comme la veille, on vit paraitre le fan-
crut que la douleur aurait fait renoncer Jacque- tome dans le meme accoutrement, il repeta le
min a son projet. Le paysan clioisit un autre raeme ordre. Hervias tremblail, le jeune cousin,
inoyen et pria une autre personne de I'etouffer qui ne craignail pas les apparitions, se leva et
I

I
entre deux matelas cette personne feignit d'y
; dit : Voyons qui nous fait des menaces si pre-
((

consenlir et s'arreta quand elle pensa que Jac-


, cises. » En meme temps il sauta sur le spectre
quemin avail assez souffert et que ce serait pour qui voulait fuir ; il le saisit, et, senlanl entre ses
lui une legon. Mais Tesprit de Jacquemin elait bras un corps solide, il s'ecria : « Ce n'esl pas
trop vivement impressionne et un mallieur etait , un esprit. » II jela le fantome par la fenetre, qui
imminent. En effet, un jour, on fut elonne de ne elait elevee de douze pieds. On enlendit un cri
pas I'apercevoir; on fit des reclierches dans la plainlif. « Le revenanl n'osant plus revenir, dit
I

'

maison, el on le trouva pendu dans son grenier. le jeune cousin , allons voir s'il se porte bien. »
Le lendemain, sa femme, au desespoir de la perte Le fermier ranima son courage autant qu'il put,
de son mari, se jela dans une mare ou elle trouva el descendit avec son gendre futur. On trouva
aussi la mort. » que le pretendu demon etait le valet de la mai-
Et voila les suites d'une de ces stupides plai- son,.. On n'eut pas besoin de lui donner des
santeries comrae
jeunes etourdis en font tant
les soins; sa chute I'avait assomme, et il mourut au
On y avail dans un village du Poi-
conle qu'il bout de quelques heures sort facheux dans tous :

tou un fermier nomme Hervias. Le valet de eel les cas.


liomme pensa qu'il lui serait avantageux d'epou- Dans le chateau d' Ardivilliers ,
pres de Rre-
ser la fille de la maison, qui s'appelait Catherine leuil, en Picardie, au temps de jeunesse de la

et qui etait riche. Comme il ne possedait rien, Louis XV, un esprit faisait un bruit effroyable.
et que pour surcroit la main de la jeune fille etait C'etaient toute la nuit des flammes qui faisaient
promise a un cousin qu'elle aimait, le valet ima- paraitre le chateau en feu, c'etaient des hurle-
gina un stratageme. Un mois avant la noce, ments epouvanlables. Mais cela n'arrivail qu'en
comme le fermier se irouvait une certaine nuit certain temps de I'annee, vers la Toussainl. Per-
plonge dans son meilleur sommeil, il en fut tire sonne n'osail y demeurer que le fermier, avec
en sursaut par un bruit etrange qui se fit aupres qui I'esprit etait apprivoise. Si quelque malheu-
de lui. Une main agita les rideaux de son lit; et reux passant y couchait une nuit, il elait si bien
il vit au fond de sa chambre un fanlome couvert etrille qu'il en portail longtemps les marques.
d'un drap noir sur une longue robe blanche. Le Les paysans d'alentour voyaient mille fanlomes
fanlome tenail une torche a demi eteinte a la qui ajoutaient a I'effroi. Tanlot quelqu'un avail

main droite et une fourche a la gauche. II trai- apergu en I'air une douzaine d'esprits au-dessus
nait des chaines; il avail une tele de cheval lu- du chateau ils etaienl tous de feu el dansaient
;

mineuse. Hervias poussa un gemissement, son un branle a la paysanne un autre avail irouve ;

sang se glaga et il eut a peine la force de deman-


; dans une prairie je ne sais combien de presi-
der au fantome ce qu'il voulait. dents et de conseillers en robe rouge, assis el ju-
« Tu mourras dans Irois jours, repondil bru- geanl a mort un gentilhomme du pays, qui avail
lalement I'esprit, si tu songes encore au mariage eu la tete tranchee il y avail bien cent ans. Plu-
projele entre la fille et son jeune cousin tu dois ; sieurs autres avaient vu ou lout au moins oui ,

la raarier, dans la maison, avec le premier homme dire, des merveilles du chateau d'Ardivilliers.
que tu verras demain a ton lever. Garde le si- Cette farce dura quatre ou cinq ans, et fit grand
lence je viendrai la nuit prochaine savoir la
;
tort au maitre du chateau, qui 6tait oblige d'af-
reponse. » En achevanl ces mots, le fantome fermer sa terre a Ires-vil prix. II resolut enfin de

disparul, faire cesser la lulinerie, persuade par beaucoup


Hervias passa la nuit sans dormir. Au point du de circonslances qu'il y avail de rartifice en lout
jour quelqu'un entra pour lui demander des
,
cela. II se rend a sa terre vers la Toussaint, cou-
ordres; c'etait le valet. Le fermier fut conslerne che dans son chateau el fait demeurer dans sa
de la pensee qu'il fallait lui donner sa fille mais ; chambre deux genlilshommes de ses amis, bien
ilne lemoigna rien se leva alia trouver Cathe-
, , resolus, au premier bruit ou a la premiere appa-
rine et finit par lui raconter le tout. Catherine, rition, de tirer sur les esprils avec de bons pis-
desolee, ne sut que repondre. Son jeune cousin lolets. Les esprits, qui savent tout, surent appa-
vint ce jour-la; elle lui appril la chose, mais il remment ces preparatifs ;
pas un ne parut. Ils se
37.
REV — 580 — RHA
contenterent de trainer des chaines dans une ou du droit de le frequenter , ne se defendaient
chambre du haut, an bruit desquelles la femme et pas centre les hommes, mais devenaienl fort

les enfants da fermier vinrent an secours de leur traitables a lamenace d'une procedure legale.
seigneur, en se jetant a ses genoiix pour I'empe- L'Eyrbiggia-Saga nous apprend que la maison :

cher de monter dans cette chambre. d'un respectable proprietaire en Islande se trouva,
« Ah monseigneur, lui criaient-ils, qu'esl-ce
! peu apres que I'ile fut habitee exposee a une ,

que la force humaine centre des gens de I'aulre infestation de cette nature. Vers le commence-
monde Tons ceux qui ont tente avant vous la
? ment de I'hiver, il se manifesta au sein d'une ,

meme entreprise en sont revenus disloques. » lis famille nombreuse, une nialadie contagieuse qui,
(irent lant d'histoires au maitre du chateau que ,
emportant quelques individus de tout age, sem-
ses amis ne voulurent pas qu'il s'exposat; mais bla menacer tous les autres d'une mort precoce.
lis monterent tous deux a cette grandc et vaste Le trepas de ces malades eut le singulier resultat
chambre ou se faisait le bruit, le pistolet dans de faire roder leurs ombres autour de la maison,
une main, la chandelle dans I'autre. lis ne virent en terriliant les vivants qui en sortaient. Comme
d'abord qu'une epaisse fumee que quclqucs ,
le nombre des morts dans cette famille surpassa

llammes redoublaicnt par intervalles. Un instant bienlot celui des vivants, les esprits resolurent
apres, elle s'eclaircit et i'esprit parut confuse- d'cntrcr dans la maison et de monlrer leurs for-
ment au milieu. C'etait un grand diable tout noir mes vaporeuses et leur affi'euse physionomie
qui faisait des gambades, et qu'un autre melange jusque dans la chambre ou se faisait le feu pour
de flammes et de fumee deroba une scconde fois I'usage general des habitants, chambre qui pen-
a la vue. 11 avait des curnes, une longue queue. dant I'hiver, en Islande, est la seule ou puisse se
Son aspect epouvautable diminua un peu I'audace reuiiir une famille. Les survivants elTrayes se re-
de I'un des deux champions. « II y a la quelque tirercnt a I'autre exlremile de la maison et aban-
chose de surnalurel, dit-il a son conipagiion; donnerent la place aux fan tomes. Des plaintes
retirons-nous. — Non, non, repondit I'aulre; ce furcnt portees au pontife du dieu Thor, qui
n'est que de la fumee de poudre a canon... ct jouissait d'uneinduence considerable dans I'ile.
I'esprit ne salt son metier qu'a demi de n'avoir Par son conseil, le proprietaire de la maison

pas encore souffle nos chandelles. » II avance a ces hanlee assembla un jury compose de ses voisins,,
mots, poursuit le spectre, lui lache un coup de constitue en forme, comuie pour juger en ma-
pistolet, ne le manque pas mais au lieu de tom-; tiere civile , et cita individuellement les divers
ber, le spectre se retourne et le fixe. 11 com- fantomes et ressemblances des membres morts
mence alors a s'effrayer a son tour. U se rassure de la famille, pour qu'ils eussent a prouver en
toutefois, persuade que ce ne peut etre un es- vertu de quel droit iis disputaient a lui et a ses
prit; et, voyant que le spectre evite de I'appro- serviteurs la paisible possession de sa propriete,
cher, il se resout a le saisir, pour voir s'il sera et quelle raison ils pouvaient avoir de venirainsi
palpable ou s'il fondra entre ses mains. L'esprit, troubler et deranger les vivants. Les manes pa-
trop presse, sort de la chambre et s'enfuit par rurent dans I'ordre oi^i ils etaient appeles; apres
un petit escalier. Le gentilhomme descend apres avoir murmure quelques regrets d'abandonner
lui , ne le perd point de vue traverse cours ct
, leur toit, ils s'evanouirent aux yeux des jures
jardins, et fait autant de tours qu'en fait le spectre, e tonnes.
tant qu'enfin le fantome, etant parvenu a une Un jugement fut done rendu alors par defaut
grange qu'il trouve ouverte se dedans et , jette centre les esprits; et I'epreuve par jury, dont
fond centre un mur au moment ou le gentilhomme nous trouvons ici I'origine, obtint un triomphe
pensait I'arreter. Celui-ci appelle du monde; et inconnu a quelques-uns de ces grands ecrivains,
dans I'endroit ou le spectre s'etait evanoui, il qui en ont fait le siijet d'une eulogie.
decouvre une trappe qui se fermait d'un verrou Le singulier fait que nous vsnons d'exposcr
apres qu'on y etait passe. II descend, trouve le est emprunte a la Demonologie de Walter Scolt.
fantome sur de bons matelas, qui I'empechaient Dans la Guinee, on croit que les ames des
de se blesser quand il s'y jetait la tete la pre- trepasses reviennent sur la terre et qu'elles ,

miere. 11 Ten fait sortir, et Ton reconnait sous le prennent dans les maisons les choses dont elles
masque du diable le malin fermier, qui avoua ont besoin; de sorte que, quand on a fait quel-
toutes ses souplesses et en fut quitte pour payer que perte, on en accuse les revenants; opinion
a son maitre les redevances de cinq annees sur tres-favorable aux voleurs. Voy. Apparitions,
le pied de ce que la terre etait affermee avant Fantomes, Spectres, Athi^nagore, etc.
les apparitions. Le caractere qui le rendait a Rhapsodomancie , divination qui se faisait
I'epreuve du pistolet etait une peau de buffle en ouvrant au hasard les ouvrages d'un poctCt
ajustee a tout son corps... et preuant I'endroit sur lequel on tombait pour

Mais retournons aux revenants serieux. Les une prediction de ce qu'on voulait savoir. C'etait
peuples du Nord reconnaissaient une espece de ordinairement Homere et Virgile que Ton choi-
revenants qui, lorsqu'ils s'emparaient d'un edifice sissait. D'autres fois on ecrivait des sentences ou
, .

RHO — 5 81 — RIB

des vers detaches dii poete ; on les remuait dans cas qu'on entend dans le glacier de la Fourche
line urne ; la sentence on le vers qu'on en tirait qui produit le Rhin est I'effet des cris et des
declarait le sort. Onencore des des sur
jetait gemissements des ames qui ont mal vecu sur
line planche ou des vers etaient ecrits. et ceux

sur lesqiielles s'arretaient les des passaient pour


contenir la prediction. Chez les modernes, on

la terre et qui sont condamnees la a travailler


dans les glaces souterraines, pour alimenter sans
relache le cours violent du fleuve.
Rhotomago, magicien fameux au theatre des

ouvrait le livre avec une epingle, et on interpre-


lait le vers que Tephigle marquait.
Rhombus , instrument magique des Grecs
espece de toupie dont on se servait dans les sor-
tileges. On I'enlourait de laniferes tressees, a I'aide
desquelles on la faisait pirouetter. Les magiciens
pretendaient que le mouvement de cette toupie
avait la vertu de donner aux hommes les pas-
sions et les mouvements qu'ils voulaient leur
iuspirer; quand on I'avait fait tourner dans un ombres chinoises. M. Berbiguier en fait serieuse-
sens, si Ton voiilait corriger I'effet qu'elle avait mcnt une espece de demon, qui serait le grand
produit et lui en donner un contraire le magi- , maitre des sorciers '

cien la reprenait et lui faisait decrire un cercle Rhune, montagne du pays basque, appelee le

oppose a celui qu'elle avait deja parcouru. Les bosquet du Bouc parce que les sorciers se sont
,

amants malheureux la faisait tourner en adres- longtemps reunis la pour faire leur sabbat.

sanl a Nemesis des imprecations contre I'objet de Ribadin (Jeannette), jeune personne de dix-
leur amour, s'ils en etaient dedaignes. huit ans, dont I'histoire a fait du bruit au sei-
Rhone. Ce fleuve est honore de quelques petits zieme siecle. Elle etait de la paroisse de Jouin de
contes. De temps immemorial quand les glaciers ,
Cernes aux environs de Bordeaux. Cueillant un
,

se fondent, on voit le diable descendre le Rhone dimanche des herbes dans la campagne elle fut ,

a la nage une epee nue d'une main un globe


, , saisie de convulsions et reprimandee par un de
d'or de I'autre. Mors il est en homme. D'autres ses parents ,
qui voulut qu'elle publiat sa faute
fois il le descend travesti en femme sur un ra- en pleine assemblee ; il la conduisit a la paroisse
deau grossier. II s'arreta un jour devant la ville apres lui avoir donne ses instructions. Un grand
de Martigny, et cria en patois Aigou, haoussou! : concours arriva; la jeune fille annon^a au peuple
(Fleuve, souleve-toi!) Aussitot le Rhone obeit en assemble qu'elle avait eu grand mal pour avoir
franchissant ses rives, et detruisit une partie de dimanche; ce qu'il fallait eviter pour
travaille le
la ville qui est encore en ruines.
On croit, dans I'Oberland (Suisse) ,
que le fra- 1 Les Farfadets, I. I, p. 275.
,

RIB — 582 — RIM

ne pas s'attirer les inemes maux; ensuite elle romans de chevalerie le presentent comme ayant
des extases se roula par terre et pro-
feignit , , epouse un demon succube. Voy. aussi Hkla.
nonga d'un ton prophetique que Dieii ne voiilaiL
pas que les femmes portassent des manches
froncees, ni les homines des bonnets rouges.
L'aflaire parvint aux oreilles de rarcheveque
de Bordeaux, qui la fit arreter avec son com-
plice, reconnut la fraude et fit avouer a la
nile que I'argent que les fideles lui donnaient
pour ses pretendues revelations etait partage
entre trois suburneurs qui Tavaieat engagee a
contrefaire la sainte. Le juge ecclesiastique la
condamna a faire amende honorable en I'eglise
nietropolitaine de Saint - Andre , la torche au
poing , ct Id demander pardon a Dieu. Cette
sentence fut executee; mais elle fut encore ren-
voyee en la cour, ou, par arret donne a la Tour-
nelle , elle fut condamnee , comme criminelle
d'imposture, de seduction, d'impiete, d'abus et
de scandale public (1587 ). Ses complices furent
condamnes avec elle a la reclusion , comme
convaincus de seductions en vers cette malheu-
reuse fille. Ce qui fait voir que.' les fraudes
pieuses n'etaient pas encouragees autrefois
comme le disent les menteurs qui attaquent la
religion.
Ribesal, spectre dont le peuple en Silesie
place la demeure au sommeL du Risemberg. C'est

Ricliard Cceur de lion.

Richelieu. Le marechal de Richelieu, etant


ambassadeur a Vienne, se fit initier dans la so-
ciete de quelques necromanciens, qui lui promi-
rent de lui montrer Belzebuth, le prince des de-
mons. II donna dans cette chimere. 11 y eut une
assembloe nocturne, des evocations en sorte :

que I'affaire eclata. Un jour que le marechal


disait a Louis XV que les Bourbons avaient peur
du diable, le roi lui rdpondit « C'est qu'ils ne
:

I'ont pas vu comme vous. »


Rickius (Jacques) auteur d'une defense des
,

eprcuves par I'eau froide publiee en latin ;


a ' ,

Cologne, 1597.
Rigoux (maitre) , nom donne quelquefois au
lui, dans leur idee, qui couvre subitement cette demon qui preside le sabbat.
montagne de nuages et qui excite les tempetes. Rimmon, demon d'un ordre inferieur, pea
C'est le meme que Rubezal. Voij. ce mot. considere la-bas, quoique premier medecin de
Richard CcEur de lion. On a accuse ce prince I'empereur infernal. II etait adore a Damas sous
orgueilleux de certain commerce avec le diable. le nom de Remmon ou Remnon, qui, selon les
Les protestants Font maltraite, comme ils font en uns, est Saturne, et, selon les autres, le soleil.

general de tons les heros du catholicisme et ;


On lui attribuait le pouvoir de guerir la lepre.
Walter Scott I'a sacrifie dans uu de ses romans'.
' Defensio compendiosa certisque modis aslricta
Richard Sans peur, selon les uns, frere
fils
probe ut loquuntur aquce frigidce qua examina- m
selon les autres de Robert le Diable. Quelques tione maleficorum judices hodie ulmitur, omnibus
scitu perquam necessaria, quatuor distincia capi-
1 Voyez cependaiit sur lui un conte singulier, dans tibus; auctore Jacobo Rickio, in-12. Coloiiiae Agrip-
\esLege7idL'S des croisades .Yoyezausi^i i'articleSa/af/ui. pinae,
RIV — 583 — ROD
Riviere (Roch le Baillif, sieurde la) medecin , en 1331, au bannissement et a la confiscation de
empirique et aslrologiie, ne a Falaise, dans le ses biens. II avait forme le dessein d'envouter le
seizieme siecle. U devint premier medecin de roi, la reine et le due de Kormandie. Il avait
Henri IV, fiit comble des faveurs de la cour, et montre a un pretre une petite figure de cire
mouriit le 5 novembrel605. On dit que Henri euL mysterieusement enveloppee dans un 6crin. Celte
la faiblesse de liii faire tirer I'horoscope de son figure representait Jean, due de Normandie, fits
depuis LonisXIlI. II s'en defendit longtemps;
fils, du roi
mais enfin force par le roi dent sa resistance
, , roi de France. Ce monarque avait
Robert,
avait excite la curiosite, il lui preditquece jeune epouse Berlhe, sa cousine issue de germain. Le
prince s'attacherait a ses opinions, et que cepen- pape Gregoire V examina Taffaire dans un con-
dant il s'abandonnerait a celles des autres qu'il ; cile. Suivant la discipline du temps, le manage

aurail beaucoup a souffrir des huguenots; qu'il fut declare incestueux , et le concile decreta que
ferait de grandes choses et vivrait age d'homme. les^poux seraient tonus de se separer et de faire
Henri IV fut afflige de celte prediction, dont il penitence. Le roi Robert, hesitant a se sou-
aurait pu deviner aussi une partie. La Riviere a mettre fut excommunie et son royaume mis en
,

passe, de son temps, pour un grand amateur de interdit. Un jour qu'il etait alle faire sa priere a

philosophie naturelle et curieux des secrets de


, la pnrte d'une eglise, on lui presenta un petit
celte science. On a de lui Discours sur la signi-
: monstre qui avait le cou et la tete d'un canard.
ficaiion de la comete apparue en Occident au signe Mais c'est un conte des historiens. La reine etait
du Sagiltaire le 10 noveinhre. Rennes, 1577,
, aeeouchee d'un enfant mort. Le roi, frappe, se
in- 4°, rare. separa de Berthe, et I'excommunication fut levee.
Robert. C'est le nom que la petite demoniaque C'est a cause de cette fable que la reine Berthe,
Marie Clauzelte donnait au maitre des sabbats. femme de Robert, fut represented dans quelques-
C'est aussi le nom du demon evoque par Flaque. unes de ses statues avec un pied d'oie.
Robert le Diable, frere aiue selon les uns, Robin Hood ou Robin des bois. Voy. Puck.
.pere selon d'aulres, de Richard Sans peur. On dil Robinet de Vaulx, faux ermite, affilie a la

vauderie et condamne a Anas, avec Labitle, dit


I'abbe de peu de sens quinzieme siecle.
:

Rocaya (Marie de) sorciere fameuse par ses


,

crimes, qui fut condamnee au feu dans le pays


basque, a la fin du seizieme siecle.
Rodenstein. Voy. Hakelberg.
Roderik ou Rodrigue. Roderik dernier roi ,

des Goths en Espagne, se rendit fameux par ses


crimes et ses debauches au commencement du ,

huitieme siecle ;imais y eut une fin. II etait de-


il

qu'il elait fils d'un demon. Ce fut un effroyable venu epris de du comte Julien, I'un des
la fille

bandit. Apres les exces les plus horribles, il se grands seigneurs de I'Espagne; il la deshonora
convertit, fitune longue penitence et mourut et la renvoya ensuite de sa cour. Le eomte Julien

ermite. On croit en Normandie que son spectre se vengea en ouvrant aux Maures les portes do
errant doit expier jusqu'au jugement dernier. I'Espagne. Dans une grande bataille qui dura sept
Voy., dans les Legendes mfernales et dans les jours, Roderik fut lue, et comme on ne put re-
Legendes de I' autre monde , la chronique de Ro- trouver son corps, on publia qu'il avait et6 enleve
bert le Diable, avant et apres sa mort.
Robert, sorcier de I'Artois, qui fut condamne, '
M. Garinet, Hist, dela magie en France, p. 87.
ROD — 5Hk — RUB
par le demon, que ses mefaits avaient rendu son Rosemberg. Voy. Femmes blanches.
maitre \ Rosendal. Les Suedois de nos jours donnent
Rodriguez (Ignazio). Voij. Inquisition. ce noin (vallee des roses) au lieu ou se fait le

Rois de I'enfer. Les rois de I'enfer sont an sabbat.


nombre de sept. On peat les Her depuis trois Rosier, demon invoque comme prince des
heures jusqu'a midi, et depuis neuf heures jus- Dominations dans les litanies du sabbat.
qu'au soir. Voy. Monarchib infernale. Roskolnicks, sectaires russes qui proscrivent
Rois de France. II est rapporle dansquelques le tabac, qu'ils appellent I'arbre du diable.
chroniques que les premiers rois de France por- Rounfl. C'est le nom que les Bretons donnent
taient une queue comme les singes; qu'ils avaient aux ogres.
du poil de sanglier tout le long de I'epine du Roussalkis, ondines des Russes, chez qui elles
dos, etc. peuplent les etangs et les rivieres.
Roitelet. Une plume de cet oiseau portee en Roustem ou Rustam, heros si fameux dans
secretfait gagner a tons les jeux. On le croit au la Perse qu'il y est devenu presque fabuleux. II

moins dans les villages. vivait au sixieme siecle. On lui prete des actions
Rolande du Vernois. Boguet citecette femme surnaturelles, comme d'avoir tue mille Tartares
comme sorciere. Elle fut convaincue, au seizieme d'un seul coup, d'avoir vaincu des dragons et
siecle, tout a la fois d'etre possedee, voleuse et des diables blancs, d'avoir pris des villes a lui

ventriloque, et fut pendue et brulee. seul. C'est I'Hercule des Persans


Rome, siege et domains de I'Egiise, a qui
Notre-Seigneur a dit que « les puissances de I'en-
fer ne prevaudront jamais contre elle » Satan .

et ceux qu'il entraine savent bien que Rome et


tous ses monuments appartiennent au Pape; que
Constantin se sentant amoindri en face du seul
,

pouvoir incontestablement divin, ceda Rome et


ses Ktats au Saint-Siege et se fit une autre capi-
tale; que Charlemagne conlirma et agrandit cetle
donation que tous ceux qui ont honore ou de-
;

fendu I'Egiise Romaine ont ele benis et ontpro-


spere que, depuis saint Pierre jusqu'a nos jours,
;

par la violence ou par les sophismes, tous ceux


qui ont attaque le Pape, ou dans sa personne, ou
dans son pouvoir, ou dans son domaine, ont
subiles coups de la justice divine. Mais Satan, le
pere des heresies des schismes et des deser-
,

tions, ne desarme pas.


Romulus, celui qui eleva la ville de Rome.
Ronwe.
Romulus etait enfant du diable selon quelques-
uns, et grand magicien selon tous les demono- Roux. II y a chez les modernes une antipathic
manes. Mars, au fait, qui fuL son pere n'elait assez generale contre les roux. On expliquait au-
qu'un demon. Apres qu'il eut bien elabli son em- trefois ainsi I'origine desbarbes rousses. Lorsque
pire, un jour qu'il faisait la revue de son armee, Moise surprit les Israelites adorant le veau d'or,
il fut enleve par im tourbillon, devant la mul- il le fit mettre en poudre, mela cette poudre
titude, et Bodia observe que le diable, a qui il
dans de I'eau et la fit boire au peuple. L'or s'ar-
devait le jour, I'emporta dans un autre royaume. reta sur les barbes de ceux qui avaient adore
Ronwe, marquis et comte de I'enfer, qui ap- I'idole et les fit reconnaitre; car toujours depuis
parait sous la forme d'un monstre ; il donne a ses ils barbe doree ^
eurent la
adeptes la connaissance des langues et la bien- Rubezal, prince des gnomes, fameux chez
veillance de tout le monde. Dix-neuf cohortes les habitants des monts Sudetes. II est extreme-
infernales sont sous ses ordres ^.
ment malin, comme tous les etres de son espece,
Rose-croix. Les rose-croix sont maintenant et joue mille tours aux montagnards. On a ecrit
de hauts officiers dans les grades ridicules de la des volumes sur son compte; il est meme le
maqonnerie. Autrefois c'etaient les conservateurs heros de quelques romans Musoeus a conte lon-
;

des secrets de la cabale. guement ses prouesses. Et toutefois on n'a pas


Naude a ecrit sur les rose-croix un petit livre encore suffisamment eclairci ce qui concerne ce
curieux. Voy. Naud^; ,
Andre^e, etc. lutin, qui probablement est un personnage de
Rose de Jericho. Voy. Brown.
M. Eugene Fiandin, Voyage en Perse.
1

1 Voyez son histoire dans les Legendes infernales. Jeremie de Pours, la Divine melodie du saint
2
^ Wierus, in Pseudomon. deem. Psalmiste, p. 829.
;

RUB — 585 — RUN


I'ancfenne mylhologie slave, II parait encore, et la remirent a sa place ou elle se rejoignit com-
dit-on dans quelque coin eloigne
, mais chaque ; pletement; un d'entre eux avala, sans en rien
annee il perd de sa renommee et de sa conside- souffrir, de grandes quantites d'arsenic, pen-

ration. —
C'est le meme que Ribenzal. dant qu'un autre devorait les bracelets et les
Rubis. Les anciens attribuaient a ceLte pierre pendants d'oreilles comme les enfants devorent
,

precieuse la propriete de resister au venin, de les friandises.

preserver de la peste, de bannir la tristesse et » Tout cela s'operait a un pied de moi, au mi-
de delourner les mauvaises pensees. S'il venait a lieudes lampes de maniere que je ne pouvais
,

changer de couleur, il annoncait des malheurs supposer aucune supercherie. Mais ce spectacle
qui devaient arriver; il reprenait sa teinte aus- me faisait mal, et je ne savais qu'en penser. Le
sitot qa'ils elaient subis. colonel m'assurait que tout ce que je voyais etait
Rue d'Enfer. Voij. Vauvert. reel, et que si quelque imposture s'y melait, il
Ruffais, magiciens musulmans qui font leurs I'aurait decouverte depuis longtemps. Cependant
prestiges "publiquement dans I'lnde, ou toule j'hesitais, et comme je disais que j'aurais plus de
magie parait avoir les coudees franches. Voici confiancesi ces fails extraordinaires se passaient

ce qu'on lit a ce sujet, et c'est tres-remarquable, au grand jour, sans tambours et sans bruit, le
dans le Macjasin naval et militaire, public par des lendemain, un peu apres midi, jelisais un jour-
Anglais serieux, 1838, n° 116 : nal, etendu sur mon lit, lorsque le chef des ruf-
« Depuis que nous sommes dansl'Inde, j'avais fais vim a moi, portdnt sous son bras toutes sortes
entendu parler tres-souvent d'une secte de mu- d'instruments qu'il jeta a terre. une lame II prit

sulmans qu'on appelle les ruffais. lis prechent de poignard, se I'enfonga dans la joue gauche,
I'islamisme et croient le prouver en s'enfongant en planta une autre dans la joue droite, se perga
des epees dans les chairs, en se coupant la langue la langue d'une troisieme el d'une quatrieme la

qu'ils font rotir et qu'ils replacent ensuite , et ils gorge puis il plongea dans son corps trois pouces
;

offrent pouvoir d'operer ces pro-


de donner le d'une lame de couleau tres-affilee; tout cela sans
diges a leurs disciples en ajoutant qu'avec leur
, qu'une goutte de sang sortit. II allait se couper
foi on pent faire de son corps tout ce que Ton la langue, je Ten empeclmi avec horreur, car il

veut, jusqu'a s'arracher les yeux et se couper se tailladait le visage, et ses regards, egares par
la tele. une sorte de fureur, me faisaient fremir. II avala
» Le colonel G. avait ete temoin de ces expe- trois onces d'arsenic; puis il relira toutes les
riences, en compagnie d'un grave ecclesiastique, lames qui le lardaient, et il ne sortit de son corps
qui, s'en trouvantmai, s'etait enfui en disantque aucune goutte de sang... »
c'etait la I'oeuvre de Satan. Le colonel s'ecriait qu'il L'officier qui a ecrit ce compte rendu declare

n'y voyait que magie; ce qui se ressemble assez. en finissant qu'il ne sail que croire de tout cela,
J'eus grand'peine a croire que ces recits fussent mais qu'il alteste avoir vu positivement tout ce
autre chose qu'une mystification ; et quand plu- qu'il expose.
sieurs temoignages m'eurent ebranle, j'exprimai Ruggieri (Cosme) sorcier florentin et cour-
,

le desir de voir de mes propres yeux ce que j'ap- tisan de Catherine de Medicis il fut appliqu6 a ;

pelais des jongleries. Le jour fixe pour I'epreuve, la question en 1574, comme prevenu d'avoir at-

on dressa une large tente; on y apporta cin- tente par ses charmes aux jours de Charles IX,
quante lampes des plats pleins d'arsenic et des
, qu'il voulait envoiiter *.

plants d'une sorte de cactus qui fournit un sue Rugner, geant scandinave, dont la lance

laiteux dont une seule goutte produit des am-


, enorme etait faite de pierre a aiguiser. Dans un
poules sur la peau. On se procura aussi de vieux duel, Thor la lui brisa d'un coup de sa massue,
pendants d'oreilles, de vieux bracelets, despoi- grosse comme un dome, et en fit sauter les eclats
gnards, des epees, des broches de fer, el quand si loin que c'est de la que viennent toutes les
,

tout fut pret, nous entrames, cinq officiers et pierres a aiguiser que Ton trouve dans le monde,
moi avec une centaine de curieux. Vingt ruffais
, et qui paraissent evidemment rompues par quel-

se trouvaient la, battant du tambour. Aussitot que effort.

que nous fumes assis, les ruffais chanterent des Rule (Elspet) , Ecossais convaincu de sorcel-
paroles lirees de leurs livres saints, accompa- en 1708. Les cours de justice devenant alors
lerie
gnees des tambours qui alors battaient en me- moins rigoureuses contre ces crimes, 11 ne futcon-
sure. Ce vacarme alia crescendo jusqu'a ce que damne qu'au bannissement avec une joue brulee.
tous se sentissent en une sorte d'extase : leurs Runes, lettres ou caracteres magiques que
corps etaient secoues par des tressaillements con- lespeuples du Nord croyaient d'une grande vertu
tinuels. lis saisirent les instruments qu'on avait dans les enchanlemenls. II y en avait de nuisi-

apportes ; les uns se percerent les joues , la lan- bles, que Ton nommait runes ameres; on les
gue, la gorge avec des broches et des poignards employait lorsqu'on voulait faire du mal, Les
les autres se traverserent le corps avec des epees
quelques-uns se couperent la langue , la rotirent 1 M. Garinet, Hist, de la magie en France, p.iSI.
RUS — 586 — SAB
runes secourables detournaient les accidents ; les en cercle , en ligne serpenlanle soil en
soit ,

rimes victorienscs procuraient la ceux


vicLoire a triangle, etc. On
trouve encore plusieurs de ces
qui on faisaient usage; les runes medicinales gue- caracleres traces sur les rochersdesmersdu Nord.
rissaient des maladies; on les gravait sur des Rush, lulin suedois. Voy. Puck.
feuilles d'arbre. Enfin, il y avail des runes pour Ryence, roi fabuleux de la partie seplenlrio-
eviter les naufrages ,
pour soulager les femines nale du pays de Galles; magicien el por-
il etail
en travail pour preserver desempoisonnemenls.
,
tait un manteau borde de vingl-qualre barbes de

Ces runes differaient par les ceremonies qu'on ob- rois. 11 ful tue par le roi Arlhus.

servait en les ecrivant, par la matiere sur laquelle Rymer, geanl, ennemi des dieux chez les

on les tragait, par I'endroit oia on les exposait, Scandinaves; il du monde etre
doit a la fin le

par la facon dont on arrangeait les lignes, soit pilole du vaisseau Naglefare. Voy. ce mot.

Sabaoth. Les archonliques, secte du deuxieme lieu qui sert a ce rassemblement regoil une telle

de Sabaoth un ange douteux qui


siecle, faisaient malediction qu'il n'y peut croitre ni herbe nl
etait pour quelque chose dans les alTaires de ce autre chose. Slrozzi dit avoir vu autour d'un
monde. Les inemes disaient que la femme etait chfitaignier,dans un champ du terriloire de Vi-
I'ouvrage de Satan, galanLerie digne des here- cence, un cercle dont la terre etait aussi aride
liques. que les sables de la Libye, parce que les sorciers
Sabasius, chef du sabbat, selon certains de- y dansaient et y faisaient le sabbat. Les nulls
monographes. C'elait autrefois I'lm des surnoms ordinaires de la convocation du sabbat sont celles
de Bacchus, grand mailre des sorciers dans I'an- du mercredi au jeudi et du vendredi au samedi.
tiquile paienne. C'est un gnome chez les caba- Qiielquefois le sabbat se fail en plein midi, mais
listes. c'est fort rare, Les sorciers et les sorcieres por-
Sabathan, demon invoque dans les litanies du tent une marque qui leur est imprimee par le
sabbat. diable; celle marque, par un certain mouvement
Sabba, devineresse mise au nombre des si- inlerieur qu'elle leur cause, les averlit de I'heure
bylles.On croit que c'etait celle de Cunies. du ralliemenl. En cas d'urgence, le diable fait
Sabbat. C'est I'assemblee des demons, des paraitre un mouton dans une nuee (lequel mou-
sorciers et des sorcieres dans leurs orgies noc- lon n'esl-vii que des sorciers), pour rassembler
turnes. Nous devons donner ici les relations des son monde en un instant
demonomanes sur ce sujet. On s'occupe au sab- Dans les circonstances ordinaires lorsque ,

bat, disent-ils, a faire ou a mediter mal, u le I'heure du depart est arrivee apres que les sor- ,

donner des craintes et des frayeurs a preparer


, ciers onl dormi ou du moins ferme un ceil ce
, ,

les malefices, a accomplir des mysteres abomi- qui est d'obligation , ils se rendent au sabbat
nables. Le sabbat se fait dans un carrefour ou monies sur des batons ou sur des manches a
dans quelque lieu desert et sauvage, aupres d'un balai oints de graisse d'enfant; ou bien des dia-
bles suballernes les transporlenl sous des formes
de boucs, de chevaux, d'imes ou d'autres ani-
maux. Ce voyage se fait toujours en Fair. 0»and

les sorcieres s'oignenl pour monter sur le manche


a balai qui doit les porter au sabbat, elles repe-

lac, d'un elang, d'un marais, parce qu'on y pro- tent plusieurs fois ces mols : Emen-hdlan! emen-
duit la grele et qu'on y fabrique des orages. Le hetan! qui signifienl, dil Delancre : Icietld! ici
,,; :

SAB — 587 — SAB


et Id! IIy avait cependant en France des sor- yeux ronds, grands, fort ouverts, enflammes et
cieres qui allaient au sabbat sans baton, ni hideux; une barbe de chevre, les mains comme
graisse , ni monture , seulement en prononcant celles d'un homme excepte que les doigts sont
,

qiielques paroles. Mais celles d'ltalie ont toujours tous egaux, courbes comme les griffes d'un oi-
un bouc qui les attend pour les emporter. Elles seau de proie, et termines en pointe ; Jes pieds
ont coutume , commede sortir gene-
les notres,
ralement par la cheminee. Ceux ou celles qui
manquent au rendez-vous payent une amende
le diable aime la discipline.

Les sorcieres raenent souvent au sabbat, pour


differents usages, des enfants qu'elles derobent.
Si une sorciere promet de presenter au diable,
dans le sabbat prochain le fils ou la fille de
,

quelque gueux du voisinage et qu'elle ne puisse


venir a bout de I'attraper, elle est obligee de
presenter son propre fils ou quelque autre en-
fant d'aussi haut prix. Les enfants qui plaisent
au diable sont admis parmi ses sujets de cette
maniere Maitre Leonard le grand negre pre-
: , ,

sident des sabbats, et le petit diable, maitre Jean en pattes d'oie , la queue longue comme celle
Mullin, son lieutenant,donnent d'abord un par- d'un &ne ; il a la voix effroyable et monotone ,

rain et une marraine a I'enfant ( Voy. Bapteme tient une gravite superbe, et porte toujours sous
DU diable); puis on le fait renoncer Dieu, la la queue un visage d'homme noir, visage que
Vierge et les saints, et, apres qu'ii a renie sur le tous les sorciers baisenl en arrivant au sabbat
grand livre, Leonard le marque d'une de ses c'est la ce qu'on appelle I'hommage. II donne
cornes dans I'oeil gauche. IL porte cette marque ensuite un pou d'argent a tous ses adeptes; puis
pendant tout son temps d'epreuves, a la suite il se leve pour le festin ou le maitre des cere-
,

duquel, s'il s'en est bien tire, le diable lui admi- monies place tout le monde, chacun selon son
nistre un autre signe qui a la figure d'un petit rang, mais toujours un diable a cote d'un sorcier.
lievre, ou d'une patte de crapaud, ou d'un chat Quelques sorciferes ont dit que la nappe du
noir. sabbat est doree, et qu'on y sert toutes sorles de
Durant leur noviciat, on charge les enfants bons mets, avec du pain et du vin delicieux.
admis de garder les crapauds, avec une gaule Mais le plus grand nombre do ces femmes ont
blanche, sur le bord du lac, tous les jours de declare, au contraire, qu'on n'y sert que des cra-
sabbat; quand ils ont recu la seconde marque pauds, de la chair de pendus, de pelits enfants
qui est pour eux un brevet de sorciers, ils sont non baptises et mille autres horreurs, et que le
admis a la danse et au festin. Les sorciers, inities pain du diable est fait de millet noir. On chante
aux mysteres du sabbat, ont coutume de dire : pendant le repas des choses abominables et ;

J'ai bu du tahourin j'ai mange du cymbale


,
apres qu'on a mange, on se leve de table, on
et je suis fait profes. Ce que Leloyer explique de adore le maitre, puis chacun se divertit. Les uns
la sorte « Par le tabourin, on entend la peau
: dansent en rond, ayant chacun un chat pendu
de bouc enflee de laquelle ils tirent le jus et con- auderriere; d'autres rendent compte des maux
somme pour boire, et par le cymbale le chau- qu'ils ont faits, et ceux qui n'en ont pas fait assez
dron ou bassin dont ils usent pour cuire leurs sont punis. Des sorcieres repondent aux accusa-
ragouts. » Les petits qui ne promettent rien de tions des crapauds qui les servent; quand' ils se
convenable sont condamnes a etre fricasses. II y plaignent de n'etre pas bien nourris par leurs
a la des sorcieres qui les depecent et les font maitresses les maitresses subissent un chali-
,

cuire pour le banquet. ment.


Lorsqu'on est arrive au sabbat, le premier de- Les correcteurs du sabbat sont de petits de-
voir est d'aller rendre hommage au maitre. II est mons sans bras, qui allument un grand feu, y
assis sur un trone ordinairement il affecle la
; jettent les coupables, et les en retirent quand il
figure d'un grand bouc ayant trois cornes, dont le faut.
celle du milieu jette une lumiere qui eclaire I'as- Ici, on fait honneur a des crapauds, habilles

semblee; quelquefois il prend la forme d'un oi- de velours rouge ou noir, portant une sonnetle
seau, ou d'un boeuf, ou d'un tronc d'arbre sans au cou et une autre au pied droit. On les donne
pied, avec une face humaine fort lenebreuse; ou comme d'uLiles serviteurs aux sorcieres qui ont
bien il parait en oiseau noir ou en homme lantot bien merite des legions infernales. La, une ma-
noir, tantot rouge. Mais sa figure favorite est gicienne dit messe du diable pour ceux qui
la
celle d'un bouc. 11 porte une couronne noire , les veulent I'entendre. Ailleurs se commettent les
cheveux herisses , le visage pale et trouble , les plus revoltantes et les plus honteuses horreurs.
, ,

SAB — 588 — SAB


Ceux et celles qui voiit baiser le visage inferieiir malgrd son prix et sa rarete, le vase est sans doute
du niaitre tiennent une chandelle sombre a la retourne a son premier maitre. Pareillement, un
main. II en est qui forment des quadrilles avec boucher allemand entendit, en passant de nuit
des crapauds vetus de velours et charges de par une foret, le bruit des danses du sabbat; il
sonnettes. Ges divertissements durent jusqu'au eut la hardiesse de s'en approcher, et tout s'eva-
chant du coq. Aussitot qu'il se fait entendre, nouit. II prit des coupes d'argent qu'il porta au
tout est force de disparaitre. Alors le grand negre magistrat, lequel fit arreter et pendre toutes les
leur donne conge, et chacun s'en retourne chez personnes dont les coupes portaient le nom
soi Un sorcier mena son voisin au sabbat en lui pro-
On conte qu'un charbonnier, ayant ete averti mettant qu'il serait I'homme le plus heureux du
que sa femme au sabbat, resolut de I'epier.
allait monde. II le transporta fort loin, dans un lieu ou
Une semblant de dormir, elle
nuit qu'il faisait se trouvait rassemblee une nombreuse compa-
se leva, se frolta d'une drogue et disparut. Le gnie, au milieu de laquelle etait un grand bouc.
charbonnier, qui I'avait bien examinee, prit le Le nouvel opprenti sorcier appela Dieu a son se-
pot a la graisse, s'en frotta comme elle, etful cours. Alors vint un tourbillon impctueux tout :

aussitot transporte, par la cheminee, dans la disparut; il demeura seul et fut trois ans a re-
cave d'un comte, homme considere au pays; tourner dans son pays ^
il trouva la sa femme et tout le sabbat
rassemble « Le sabbat se fait, disent les cabalistes, quand
pour une seance secrete. Le souper descendait les sages rassemblent les gnomes pour les enga-
la par cine poulie. La femme du charbonnier, ger a epouser les fiUes des hommes. Le grand
I'ayant apergu, fit un signe au meme instant : Orphee premier qui convoqua ces peuples
fut le
lout s'envola et il ne resta dans la cave que le
, souterrains. A sa premi&i^e semonce, Sabasius, le
pauvre charbonnier, qui, se voyaut pris pourun plus ancien des gnomes, contracta alliance avec
voleur, avoua ce qui s'etait passe a son egard et une femme. C'est de ce Sabasius qu'a pris son
ce qu'il avait vu dans cette cave nom cette assemblee, sur laquelle on a fait mille
contes impertinents. Les demonomanes preten-
dent aussi qu'Orphee fut le fondateur du sabbat,
et que les premiers sorciers qui se rassemblerent
de la sorte se nommaient orphdolelcstes. La veri-
table source de ces orgies sinistres a pu prendre
naissance dans les bacchanales ou Ton invo- ,

quait Bacchus en criant Sabod ! » :

Dans I'affaire de la possession de Louviers,


Madeleine Bavent, touriere du couvent de cette
ville , confessa des choses singulieres sur le sab-
bat. Elle avoua qu'elant a Rouen, chez une cou-
turiere, un magicien I'avait engagee et conduite
au sabbat qu'elle fut mariee la a Dagon diable
;
,

d,'enfer; que Mathurin Picard I'eleva a la dignite


de princesse du sabbat, quand elle eut promis
d'ensorceler toute sa communaute; qu'elle com-
posa des malefices en se servant d'hosties consa-
crees que dans une maladie qu'elle eprouva
;
,

Picard lui fit signer un pacte de grimoire qu'elle ;

vit accoucher quatre magiciennes au sabbat;


qu'elle aida a egorger et a manger leurs enfants;
que le jeudi saint on y fit la cene en y mangeant
un petit enfant; que, dans la nuit du vendredi,
Picard et Boule avaient perce une hostie par le
Un paysan se rencontrant de nuit dans un lieu milieu, etque I'hostie avait jete du sang. De plus,
ou Ton faisait le sabbat, on lui offrit a boire, 11 elle confessa avoir assiste a revocation de I'ame

jeta la liqueur a terre et s'enfuit, emportant le de Picard faite par Thomas Boule dans une
,

vase, qui etait d'une matiere et d'une couleur grange pour confirmer les malefices du diocese
,

inconnues. II fut donne a Henri le Vieux, roi d'Evreux. Elle ajouta a ces depositions, devant
d'Angleterre, si Ton en croit le conte Mais leparlement de Rouen que David premier di- , ,

recteur du monastere etait magicien qu'il avait , ;

• M. Jules Garinet, apres Delancre, Bodin, Delrio, donne a Picard une cassette pleine de sorcelle-
Maiol, Leloyer, Danaeus, Boguet, Monstrelet, Tor- ries , et qu'il lui avait delegue tous ses pouvoirs
quemada, etc.
2 Delrio, Disquisitions magiques, et Bodin, p. 30. 1 Joachim de Cambrai.
3 Trinum magicum. • Torquemada, dans VHexameron.
SAB — 589 — SAB
diaboliqaes qu'un jour, dans le jardin s'etant
; , dans des fermes peu eloignees. —
Et payent-ils
assise sous un murier, un horrible chat noir el cequ'ils prennent? demanda Charles. Loin de —
puant kii avail mis ses pattes sur ses epaules et payer, repondit le fermier, ils emportent encore
avait approche sa gueule de sa bouche c'etait ; ce qui leur convient et s'ils ne se trouvent pas
,

un demon. Elle dit en outre qu'on faisail au sab- bien regus, nous en passons de dures; mais que
bat la procession que le diable moitie homme
;
, voulez-vous qu'on fasse contre des sorciers et
et moitie bouc assistait a ces ceremonies execra-
, des demons? » Le prince, etonne, voulut appro-
bles, et que sur I'autel il y avait des chandelles fondir ce mystere; il dit quelques mots a I'oreille
allumees qui etaient toutes noires. On trouve ge- d'un de ses ecuyers et celui-ci partit au grand
,

neralement le secret de ces horreurs dans les galop pour la ville de Toul, qui n'etait qu'a trois
moeurs abominables de la fin du seizierae siecle. lieues. Vers deux heures du matin, une trentaine

Dans le Limbourg, il n'y a pas cent ans, on de sorciers, de sorcieres et de demons entrerent;
i comptait encore beaucoup de bohemiens et de les uns ressemblaient a des ours les autres
,

! bandits qui faisaient le sabbat. Leurs initiations avaient des cornes et des griffes. A peine etaient-
avaient lieu dans un carrefour solitaire, oii vege- ils a table que I'ecuyer de Charles II reparut,

. tait une masure qu'on appelait la Chapelle des suivi d'une troupe de gens d'annes. Le prince,

j
boucs. Celui qu'on recevait sorcier etait enivre, escorte entra dans la salle du souper
, Des : —
puis mis a califourchon sur un bouc de bois dia'oles ne mangent pas, dit-il; ainsi vous vou-

qu'on agitait au moyen d'un pivot; on lui disait drez bien permettre que mes gens d'armes se
qu'il voyageait par les airs. II le croyait d'aulant meltent a table a votre place... Les sorciers vou-
plus qu'on le descendait de sa monture pour le lurent repliquer, et les demons profererent des
jeter dans une orgie qui etait pour lui le sabbat menaces. Vous n'etes point des demons, leur
On sail, dit Malebranche que cette erreur du ,
cria Charles : les habitants de I'enfer agissent

sabbat n'a quelquefois aucun fondement; que le plus qu'ilsne parlent, et si vous en sortiez, nous
pretendu sabbat des sorciers est quelquefois I'ef- serious deja tous fascines par vos prestiges.
fet d'un delire et d'un dereglement de I'imagina- Voyant ensuite que la bande infernale ne s'eva-
tion, cause par certaines drogues desquelles se nouissait pas, il ordonna a ses gens de faire
servent les malheureux qui veulent se procurer main basse sur les sorciers et leurs patrons. On
ce delire. Ce qui entretient la credulite populaire, arreta pareillement les autres membres du sab-
ajoute Bergier, ce sont les recits de quelques bat, et le matin Charles II se vit maitre de plus
I
peureux qui, se trouvant egares la nuit dans les decent vingt personnes. On les depouilla, et on
forets, ont pris pour le sabbat des feux allumes trouva des paysans, qui, sous ces accoutrements,
par bucherons et les charbonniers ou qui,
les , se rassemblaient de nuit dans la foret pour y
s'etant endormis dans la peur, ont cm entendre faire des orgies abominables, et piller ensuite les
et voir le sabbat dont ils avaient I'imagination
, riches fermiers. Le due de Lorraine (qui avait
frappee. II n'y a aucune notion du sabbat chez genereusement paye son souper avant de quitter
les anciens Peres de I'Eglise. II est probable que la ferme) fit punir ces pretendus sorciers et de-

c'est une imagination qui a pris naissance chez mons comme des coquins et des miserables. Le
les barbares du Nord que ce sont eux qui I'ont ;
voisinage fut delivre pour le moment de ces
apportee dans nos climats, et qu'elle s'y est accre- craintes; mais la peur du sabbat ne s'affaiblit
ditee par des faits comrae celui de la Chapelle, pas pour cela dans la Lorraine.
des boucs au milieu de I'ignorance dont leur
, Duluc, dans ses Lettres sur I'histoire dc la terre
irruption fut suivie. et de I' homme, tome IV, lettre 91 rapporte en-
,

Charles due de Lorraine, voyageant inco-


II , core ce qui suit « II y a environ dix ans
: vers ,

gnito dans ses Etats, arriva un soir dans une 1769 qu'il s'etait forme dans la Lorraine alle-
,

ferme, oii il se decida a passer la nuit. 11 fut sur- mande et dans I'electorat de Treves une associa-
pris de voir qu'apres son souper on preparait un tion de gens de la cainpagne qui avaient secoue
second repas plus delicat que le sien, et servi tout principe de religion et de morale. Ils s'e-
avec un soin et une proprete admirables. II de- taient persuade qu'en se mettant a I'abri des lois
manda au fermier s'il attendait de la compagnie. ils pouvaient satisfaire sans scrupule toutes
« Non monsieur, repondit le paysan mais c'est
,
; leurs passions. Pour se soustraire aux poursuites
aujourd'hui jeudi et toutes les semaines, a pa-
, de la justice, ils se comportaient dans leurs vil-
reille heure, les demons se rassemblent dans la lages avec la plus grande circonspection Ton :

foret voisine avec les sorciers des environs pour n'y voyait aucun desordre mais ils s'assem-
;

y faire leur sabbat. Apres qu'on a danse le branle blaient la nuit en grandes bandes, allaient a force
du diable ils se divisent en quatre bandes. La
, ouverle depouiller les habitations ecartees, com-
premiere vient souper ici les autres se rendent ; mettaient d'abominables exces, et employaient
les menaces les plus terribles pour forcer au si-
1Voyez, aux Legendes infernales, I'histoire de la
Chapelle des boucSj ins^ree dahs le chapitre des sor-
lence les victimes de leur brutalite. Un de leurs
ciers i complices ayant ete saisi par hasard pour quel-
,

SAB — 590 — SAD


aie delit isole, on decouvrit la trame de cette les lumieres de la revelation, s'est fait des dieux
confederation detestable, et Ton comple par cen- cruels, alleres de sang, avides de carnage. He-
taines les scelerals qu'il a falhi faire perir sur rodote dil que les Scythes immolaient la cin-
I'echafaiid. » Voy. Blokula, Litanies du sab- quieme parlie de leurs prisonniers a Mars Exler-
bat, etc. minateur. Autrefois les Siberiens se dispulaienl
Sabbathai Zevi faux messie des , juifs au dix- I'honneur de perir sous le couteau de leurs pre-
septieme siecle Ires. — Tout cela est un myslere, sur lequel on
Sabeisme , culte que Ton rend aux elements doit lire ce qu'en a ecrit Joseph de Maistre.
et aux astres, el qui, selon quelques-uns, est To- II y avait un temple chez les Thraces ou
rigine de I'astrologie judiciaire. Ton n'immolait que des viclimes humaines; les
Sabellicus (Georges), farceur allemand qui pretres de ce temple porlaient un poignard pendii
parcourait TAlIemagne au commencement du au cou, pour marquer qu'ils etaient toujours
dix-septieme siecle, en se disant chef des necro- prets a tuer. Dans le temple de Bacchus, en
inanciens astrolo^ues
,
magiciens chiroman- , , Arcadie, et dans celui de Minerve, a Lacedemone,
ciens pyromanciens etc. II gagna ainsi beau-
, , on croyait honorer ces divinites en dechirant im-
coup d'argent, et fut tres-revere des vieilles pitoyablement a coups de verges
, de jeunes ,

feninies et des petits enfants lilies sur leurs autels. Les Germains et les Cim-

Sabienus. Dans la guerre de Sicile entre bres ne sacrifiaient les hommes qu'apres leur
Cesar et Pompee, Sabienus, commandant la flotte avoir fait endurer les plus cruels supplices. II y
de Cesar, a

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