Lactionnariat Salarie Dans Les Entreprises Famili
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Stéphane Trébucq
University of Bordeaux
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Correspondance :
Université Montesquieu – Bordeaux 4
Centre de Recherche en Contrôle et Comptabilité Internationale (CRECCI)
Avenue Léon Duguit 33 608 Pessac
Tél. : 05.56.07.68.80.
Email : [email protected]
* L'auteur exprime toute sa reconnaissance aux deux rapporteurs pour l'ensemble des
remarques et des conseils qu'ils ont bien voulu lui prodiguer.
1 Différentes possibilités s’offrent aux salariés souhaitant acquérir des actions de leur
entreprise (distribution directe d’actions dans le cadre de la participation, POA : plans
d’options sur actions, PEE : plans d’épargne d’entreprise, PAS : plans d’actionnariat
salarié, mécanisme de privatisation, achat direct d’actions par les salariés). Plus préci-
sément, le phénomène de l'actionnariat salarié recouvre l'ensemble des politiques me-
nées par les entreprises afin de permettre à leurs salariés de devenir détenteurs d'actions
de leur entreprise dans le cadre d'un processus organisé, généralisé et à caractère volon-
taire. On entend par organisé, un processus encadré par des règles précises, par généra-
lisé, un processus ouvert à l'ensemble des salariés non-dirigeants, et enfin par caractère
volontaire, un processus auquel les salariés adhèrent librement. C’est, aujourd’hui, par
le biais des FCPE (Fonds Commun de Placement d’Entreprise) que se réalise l’essentiel
de l’actionnariat salarié.
2 Observatoire de l'actionnariat salarié en Europe, « Réalité de l'actionnariat salarié
dans les sociétés françaises en 2000, Un inventaire inédit : données et dynamique », 20
juin 2001, p. 2.
3 Observatoire de l'actionnariat salarié en Europe, « Quel regard portent les analystes
financiers et les investisseurs européens sur l'actionnariat salarié ? », 30 novembre
2000.
4 Selon la société Oddo & Cie, une entreprise familiale est une firme dans laquelle le
contrôle est exercé par des personnes physiques (propriétaires), disposant au minimum
d’un pouvoir de nomination et de révocation des dirigeants, et dont les actions détenues
constituent l’essentiel de leur patrimoine. De plus, la pérennité de l’actionnariat doit y
être assurée, ce dernier point conduisant à exclure les cas de RES (Rachat de
l’Entreprise par les Salariés) ou les sociétés contrôlées par des holdings financiers.
Dans un domaine académique, Allouche et Amann (1998) considèrent que la définition
la plus satisfaisante pourrait être celle retenue par Davis et Tagiuri (1982), à savoir :
« … une organisation où deux ou plusieurs membres de la famille étendue influencent
la marche (la direction) de l'entreprise à travers l'exercice des liens de parenté, des
postes de management ou des droits de propriété sur le capital ».
Stéphane Trébucq 109
ciétés familiales d'Oddo & Cie, lancé en 1996), mais également, la sur-
performance boursière des entreprises dotées d'un « actionnariat salarié
significatif »5 (indice de l'actionnariat salarié de la Fédération des As-
sociations d'Actionnaires Salariés, adopté en 1999). Dès lors, comment
ne point légitimement s’interroger sur le niveau de surperformance en-
registré par les entreprises familiales lorsque celles-ci sont dotées d'un
actionnariat salarié ?
Les travaux de Desbrières (1997b, p. 417), ainsi que ceux d'Arcimo-
les et Brillet (2000), montrent que les relations entre la présence d’un
actionnariat salarié et la performance économique, bien que positives,
restent dans l'ensemble encore incertaines. Plus tranchés, les résultats
empiriques des recherches académiques menées en France par Char-
reaux (1991, p. 547) ou Allouche et Amann (1997) à propos du lien
existant entre propriété et performance confirment la performance su-
périeure des entreprises familiales.
Le présent article est essentiellement consacré à l'approfondisse-
ment de ces résultats émergents de la recherche en gestion. Il s'agira de
tester empiriquement les éventuels apports de l'actionnariat salarié en
termes de création de valeur actionnariale, notamment au sein des en-
treprises familiales. Dans cette perspective, une revue de la littérature
de gestion permettra d’énoncer des hypothèses relatives aux effets pré-
sumés de l'actionnariat salarié sur la création de valeur actionnariale au
sein des entreprises familiales. Ces hypothèses seront ensuite testées, à
partir d'un échantillon d'entreprises françaises appartenant à l'indice
SBF250.
6 Selon l'enquête menée en 1999 par la COB et le groupe Altédia auprès de 150 socié-
tés françaises cotées, « l'initiative de ces opérations [d'actionnariat salarié] revient à
la direction générale dans huit réponses sur dix. Le conseil d'administration est fai-
blement moteur et les représentants du personnel peu demandeurs ».
7 En effet, seules « trois entreprises sur dix estiment que la productivité s'est améliorée
chez elles depuis l'instauration de l'actionnariat salarié », Enquête COB-Altédia (1999).
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pas beaucoup non plus l'actionnaire représentant les salariés. Il est là pour transmet-
tre des informations, certes. Mais cela ne suffit pas. », L’actionnariat des salariés et le
renouveau du capitalisme, Fondact, 4 novembre 1999, p. 16.
11 Les entreprises familiales sont d'une performance supérieure en termes de rentabilité
financière, de ratio de Marris, et de Q de Tobin pour Charreaux (1991), d'EBE sur chif-
fre d'affaires, de résultat sur chiffre d'affaires et de marge bénéficiaire pour Allouche et
Amann (1995, 1997), de résultat d'exploitation sur chiffre d'affaires, de résultat d'ex-
ploitation sur actif économique, et de Q de Tobin pour Djelassi (1996), et enfin d'EBE
sur actif total et de rentabilité financière pour Romieu et Sassenou (1996).
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13 Ces 250 firmes totalisaient une valeur boursière de 4 770 milliards de francs au
31/08/98, soit 92 % de la capitalisation boursière d’août 1998 s’élevant selon le journal
Les Échos à 5 184 milliards de francs.
118 L’actionnariat salarié dans les entreprises familiales du SBF250…
18 Comme le note Albouy, « déjà en 1890, Alfred Marshall définissait le profit écono-
mique comme le bénéfice qui reste disponible pour les actionnaires après déduction de
la rémunération du capital employé. [...] ... la valeur de la firme peut être indifférem-
ment définie à partir de l’actualisation des free cash flows ou à partir de la somme du
capital initial investi et des EVA actualisées. Il faut noter que la Market Value Added
(MVA) n’est rien d’autre que la somme actualisée des EVA [futures] ». Albouy (1999,
p. 82 et 85).
19 On considère en effet qu'une EVA® négative équivaut à une destruction de valeur,
le résultat économique de l'année ne permettant pas alors de couvrir le coût du capital
employé.
120 L’actionnariat salarié dans les entreprises familiales du SBF250…
sion par les méthodes « pas à pas » et « descendante » ont été retenues
(Evrard et al. 1993, p. 452)20.
22 Les corrélations de Pearson entre les trois variables de création de valeur (MVA98,
Q98 et TEVAB) sont positives et significatives au seuil d'erreur de 2,5 %.
23 Ce résultat, non conforme à la théorie du free cash flow avancée par Jensen (1986),
est toutefois équivalent aux observations empiriques obtenues par Charreaux (1991) sur
le marché français.
122 L’actionnariat salarié dans les entreprises familiales du SBF250…
(*) parmi lesquelles 8 entreprises ont mis en place l’actionnariat salarié à la suite de
leur privatisation
Modèle 1 Modèle 2
(méthode pas à pas) (méthode descendante)
Coefficients t Signification Coefficients t Signification
standardisés de Student standardisés de Student
Variables Bêta Bêta
retenues :
(constante) -3,102 0,003 -3,559 0,001
TAILLE 0,428 3,281 0,000 0,454 4,147 0,000
SERV 0,197 1,208 0,076
R² = 0,184 ; R² ajusté = 0,171 N=69 R² = 0,222 ; R² ajusté = 0,198
F = 15,060 Signification = 0,000 F = 9,406 Signification = 0,000
VIF = 1,000 VIF < 1,017
Variables ASB, ASK, 1ACTK, IND, ENDT, CROISS
éliminées :
les salariés, dans l'éventualité d’une OPA, n'était pas totalement exclu
a priori. En fait, lors de la tentative de prise de contrôle initiée par
Vincent Bolloré en 1998, les salariés actionnaires ont joué un rôle clé
avec l'accord des dirigeants. Ils se sont opposés, non seulement au pro-
jet financier de Vincent Bolloré laissant craindre une revente de la fi-
liale Bouygues Télécom, mais également à la nomination de ce dernier
au poste d’administrateur qu'il avait brigué lors de l'assemblée générale
des actionnaires de 1998. Alors que la famille Bouygues détenait seu-
lement 29 % du capital avec trois autres actionnaires de référence, les
salariés actionnaires, détenteurs de 6,5 % du capital, assuraient la for-
mation d'une minorité de blocage interdisant ainsi à Vincent Bolloré
toute velléité d'OPA hostile. S'il en était besoin, cet épisode confirme-
rait le pouvoir dont disposent les salariés actionnaires lorsqu'il s'agit
d'écarter la menace d'une prise de contrôle hostile, de maintenir le
contrôle familial, et de renoncer à une logique strictement financière de
maximisation de la valeur actionnariale.
Conclusion
Bibliographie
Albouy M. (1999), « Théorie, applications et limites de la mesure de
création de valeur », Revue Française de Gestion, janvier-février, p. 81-
90.
Allouche J. et Amann B. (1995), « Le retour triomphant du capitalisme
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Allouche J. et Amann B. (1997), « Le retour triomphant du capitalisme
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Charreaux G. (1998a), « Le rôle de la confiance dans le système de
gouvernance », Économies et Sociétés, Sciences de Gestion, n° 8-9,
p. 47-65.
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