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LAARIBI ISMAIL & KHADDOUJ KARIM. Gouvernance d'entreprise et performance financière : Étude empirique sur les
liens entre les pratiques de gouvernance des sociétés françaises et leurs résultats financiers.
Résumé :
De nombreuses entreprises françaises de grande taille ont pris conscience de l'importance des dispositifs
organisationnels au sein de leurs organisations. En mettant en place ces pratiques, les entreprises produisent un
effet significatif vis-à-vis de leurs parties prenantes. Cet article présente une étude théorique couplée avec une
étude empirique, nous avons choisi d'utiliser une approche hypothético-déductive, conforme au paradigme positif,
afin d'explorer la question de recherche centrale. Nous utiliserons la méthode quantitative afin de pouvoir évaluer
l'impact des pratiques de gouvernance d'entreprise sur leurs performances financières. Les données ont été
collectées sur une période allant de 2015 à 2019 concernant un échantillon composé de 180 entreprises cotées sur
le marché boursier. Les résultats montrent que les entreprises qui appliquent des pratiques de gouvernance
d'entreprise efficaces ont enregistré des performances financières supérieures. Les entreprises qui ont des conseils
d'administration bien structurés, des comités d'audit indépendants et des mécanismes de contrôle internes solides
ont tendance à réaliser des performances financières supérieures. La relation entre la gouvernance d'entreprise et
la performance financière est plus forte pour les grandes entreprises que pour les petites entreprises. Les résultats
obtenus montrent l'importance des pratiques de gouvernance pour la performance financière des entreprises et
peuvent les aider à comprendre l'importance de la gouvernance pour améliorer leur performance financière.
Mots clés : Gouvernance, Valeur financière, parties prenantes, évolution, entreprises cotées, impact
Classification JEL : G34
Type de l’article : Article empirique.
Abstract:
Many large French companies have become aware of the importance of organizational arrangements within their
organizations. By implementing these practices, companies produce a significant effect on their stakeholders. This
article presents a theoretical study coupled with an empirical study. We will use the quantitative method in order
to assess the impact of corporate governance practices on their financial performance. The data were collected
over a period of time on publicly traded companies. The results show that companies with effective corporate
governance practices have superior financial performance. Companies with well-structured boards of directors,
independent audit committees and strong internal control mechanisms tend to achieve superior financial
performance. The relationship between corporate governance and financial performance is stronger for large
companies than for small companies. The results show the importance of corporate governance practices for
companies' financial performance and can help companies understand the importance of governance in improving
their financial performance.
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1. Introduction :
La gouvernance d'entreprise est l'ensemble des processus, des règles et des pratiques qui
régissent la manière dont une entreprise est dirigée, contrôlée et rend compte de ses
performances. La gouvernance d'entreprise vise à établir des mécanismes efficaces de
surveillance, de prise de décision et de responsabilité pour assurer la création de valeur à long
terme pour les actionnaires et les parties prenantes de l'entreprise. Nous pouvons aussi alimenter
ces définitions par les auteurs Jensen et Meckling qui définissent la gouvernance d'entreprise
comme "l'ensemble des relations entre les différents acteurs de l'entreprise, telles que les
actionnaires, les dirigeants et les parties prenantes externes, qui déterminent les objectifs de
l'entreprise et les moyens de les atteindre, ainsi que les mécanismes pour suivre les progrès
réalisés".
La performance financière, quant à elle, est une mesure de la rentabilité d'une entreprise qui se
reflète dans les états financiers tels que le bilan, le compte de résultat et le tableau des flux de
trésorerie. La performance financière est souvent mesurée en termes de bénéfices, de rendement
des actifs, de rendement des capitaux propres, de croissance des revenus.
Les entreprises sont considérées comme des républiques. L'autorité ultime appartient aux
électeurs (actionnaires). Ces différents électeurs élisent des représentants à savoir des
administrateurs qui délèguent la plupart des décisions aux bureaucrates, notamment les
gestionnaires. La répartition du pouvoir dans une république dépend des règles de gouvernance.
Les règles peuvent varier selon le niveau de démocratie ou de dictature : une gouvernance plus
démocratique donne peu de pouvoir à la direction et permet aux actionnaires de remplacer
facilement les administrateurs, tandis qu'une gouvernance plus dictatoriale donne des pouvoirs
étendus à la direction et restreint la capacité des actionnaires à remplacer les administrateurs.
Vraisemblablement, les actionnaires acceptent les diverses restrictions de leurs propres droits
de vote dans l'espoir de maximiser leur richesse, mais nous ne savons que peu de choses au
sujet de l'équilibre idéal des pouvoirs. D'un point de vue théorique, il n’existe pas de réponse
évidente. Dans le présent article scientifique empirique, nous allons-nous intéresse à la
problématique suivante : Y a-t-il un lien entre les droits des actionnaires et le rendement
des entreprises ? À titre de rappel, pour que les sociétés puissent bénéficier de soutiens
financiers d’actionnaires, il faut obligatoirement qu’elles soient cotées sur le marché boursier.
Au fil du temps, la recherche a suggéré un lien fort entre la gouvernance d'entreprise et la
performance financière d'une entreprise. Une gouvernance solide permet à une entreprise de
gérer les risques, de prendre des décisions stratégiques éclairées et d'entretenir de bonnes
relations avec les parties prenantes. Ces entreprises ont également tendance à être transparentes
dans leurs rapports financiers et à adopter des pratiques éthiques élevées, ce qui renforce la
confiance des investisseurs et du public.
Cet article scientifique examine les différents mécanismes utilisés dans ces systèmes de
gouvernance (tels que la concentration de l'actionnariat, les systèmes de rémunération des
dirigeants, les rachats d'entreprises, les participations croisées) et évalue les preuves pour
déterminer leur impact sur la performance de l'entreprise. Notre présent article se divise en deux
parties : la première fournit un cadre analytique et théorique pour comprendre la gouvernance
d'entreprise et la politique financière. Dans la seconde partie, une étude empirique est menée
en utilisant des données financières et des informations sur les pratiques de gouvernance des
entreprises cotées en bourse. Des méthodes statistiques sont utilisées pour analyser les données
et évaluer les liens entre les pratiques de gouvernance d'entreprise et la performance financière.
Nous profitons de cette introduction pour rappeler que notre travail peut présenter certaines
limites dont nous ferons abstraction, mais la plus principale est que la performance financière
d'une entreprise peut être influencée par des facteurs externes tels que la conjoncture
économique, les politiques gouvernementales, ou encore les fluctuations des marchés
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liens entre les pratiques de gouvernance des sociétés françaises et leurs résultats financiers.
financiers. Nous pouvons également rajouter une seconde limite qui est qu’il ne prend pas en
compte les "bénéfices privés du contrôle" obtenus par les actionnaires dominants. Ainsi, nous
négligeons le pouvoir qu'ils exercent en tant que principaux détenteurs de parts. Ces facteurs
externes peuvent biaiser les résultats de l'étude si leur influence n'est pas correctement
contrôlée.
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sociétés, dans certains cas par le biais de droits de vote différentiels ou de structures de propriété
et de contrôle complexes qui leur permettent de conserver le contrôle avec relativement peu de
capitaux propres. Le traitement équitable sous-entend la protection des actionnaires. Certains
types d'activités d'entreprise comportent des conflits d'intérêts inhérents entre les participants.
Ces activités devraient être menées en tenant dûment compte des intérêts de tous les
actionnaires et comprendre des méthodes efficaces pour obtenir réparation des griefs.
2.1.2. L’influence des actionnaires
Lucian Bebchuk a abordé l'influence des actionnaires dans plusieurs de ses travaux. L'une de
ses études les plus connues et influentes sur ce sujet est l'article intitulé "The Case for Increasing
Shareholder Power" (L'affirmation d'un plus grand pouvoir des actionnaires), publié en 2005
dans la Harvard Law Review. Son article aborde le pouvoir et l'influence des actionnaires,
notamment en mettant en avant le rôle des actionnaires institutionnels dans le contrôle et la
prise de décisions des entreprises. La participation aux assemblées générales des actionnaires
est un droit fondamental de tous les actionnaires, qui est essentiel à leur capacité d'influencer
l'entreprise. Les procédures de convocation des assemblées d'actionnaires et de vote devraient
être conçues de manière à faciliter et à encourager la participation. L'accès à l'information et la
fiabilité des procédures de procuration constituent un défi particulier dans le cas des
investisseurs étrangers qui détiennent leurs actions par l'intermédiaire de chaînes
d'intermédiaires.
2.1.3. Rôle du conseil d’administration et les droits des parties prenantes :
R. Edward Freeman à développer la théorie des parties prenantes dans les années 1980. Son
ouvrage majeur sur le sujet, intitulé "Strategic Management: A Stakeholder Approach" (Gestion
stratégique : une approche des parties prenantes), a été publié en 1984. Il définit la gouvernance
d'entreprise comme "la manière dont une entreprise prend des décisions et est tenue responsable
de ses actions vis-à-vis des parties prenantes". Il souligne que le conseil d'administration doit
considérer les intérêts et les droits de toutes les parties prenantes, en plus de ceux des
actionnaires, pour assurer une gouvernance équilibrée et responsable. Considéré comme un
acteur incontournable et central dans la gouvernance de l'entreprise. Le conseil d’administration
(CA) remplit les fonctions suivantes :
Guider la stratégie de l'entreprise-Surveiller le rendement des gestionnaires et remplacer les
gestionnaires au besoin - S’assurer que la société respecte les lois applicables - L’établissement
d'un code d'éthique d'entreprise - Superviser les systèmes afin d'obtenir un rendement adéquat
pour les actionnaires - Surveiller et gérer les conflits d'intérêts potentiels de la direction, des
membres du (CA) et des actionnaires
Cadbury Report : Ce rapport publié en 1992 au Royaume-Uni définit la gouvernance
d'entreprise comme "l'ensemble des processus par lesquels les entreprises sont dirigées et
contrôlées". Il met l'accent sur les responsabilités du conseil d'administration, la transparence
financière et la protection des droits des actionnaires.
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par le marché boursier, tandis que la nomination d'administrateurs internes supplémentaires n'a
pas d'impact significatif sur le cours des actions.
3.2. Composition des comités et qualités des administrateurs :
Une recommandation du rapport Cadbury était que toutes les sociétés cotées en bourse
établissent des comités de vérification internes pour superviser divers aspects du processus de
vérification. Les fonctions de ces comités comprenaient la nomination des auditeurs externes,
l'examen des états financiers de l'entreprise et la fourniture de conseils sur les constatations
importantes des audits internes. Selon Cadbury, ces comités devaient être composés d'au moins
trois membres, exclusivement d'administrateurs non dirigeants, dont la majorité devait être
indépendante. Des études ont été menées pour évaluer l'impact de ces comités de vérification
sur les performances des entreprises. Les résultats ont été mitigés : une étude a constaté une
réaction positive du marché aux rapports sur les bénéfices après la création d'un comité de
vérification, tandis qu'une autre étude n'a trouvé aucune incidence significative sur les mesures
comptables et de performance du marché. De plus, des changements dans la composition des
comités de vérification n'ont pas entraîné de rendements anormaux. Une autre étude n'a pas
trouvé de preuves soutenant l'idée que la structure des sous-comités du (CA) avait un impact
important sur la performance des entreprises.
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l'entreprise. Ils soutiennent que la gouvernance d'entreprise doit équilibrer les intérêts des
différentes parties prenantes pour assurer la durabilité et le succès à long terme de l'entreprise.
Figure 1 : Schéma reflétant le conflit d’intérêts entre le principal et l’agent
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(valeur comptable des actifs -valeur comptable des capitaux propres-impôts différés+ valeur de marché des capitaux)
Valeur des actifs
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dans de nombreuses études. Il est calculé comme le ratio d'endettement de l'entreprise et c'est
aussi la mesure qui sera adoptée dans cette étude. Le ROA est défini comme le rapport du
bénéfice net divisé par le total de l'actif. Le taux de croissance des ventes au cours des cinq
derniers exercices est également inclus ici afin de tenir compte des occasions d'investissement
des entreprises. Cette mesure est préférable à la croissance des bénéfices parce qu'elle ne tient
pas compte de la volatilité et de la manipulabilité des bénéfices. Les dépenses en
immobilisations sont également incluses dans cette étude et sont calculées en divisant les
dépenses en immobilisations par les ventes. Enfin, nous ajoutons une variable fictive pour
savoir si la société verse un dividende ou non. Afin de régler le problème potentiel des valeurs
aberrantes, on ne tient pas compte du RCP et des dépenses en immobilisations au 1er et au 99e
percentiles.
5.4. La relation empirique entre la gouvernance et la performance – Résultats
5.4 Méthodologie de recherche adoptée
La méthodologie de recherche constitue une approche concrète qui vise à confronter les
concepts théoriques avec la réalité sur le terrain. Elle joue un rôle essentiel dans la confirmation
ou la réfutation des hypothèses formulées concernant la problématique de la recherche.
5.4.1 Choix du positionnement épistémologique :
Dans cette recherche, nous avons décidé d'adopter une approche positiviste, conformément à la
proposition d'Essid (2009), selon laquelle les systèmes de gouvernance peuvent être étudiés à
travers différents cadres épistémologiques. L'auteur souligne que lorsqu'un objet de recherche
existe indépendamment du chercheur, il s'inscrit dans le paradigme positiviste. La posture
épistémologique de cette recherche est hypothético-déductive. Les hypothèses sont formulées
à partir de l'analyse des théories mobilisées, puis testées lors des phases empiriques pour
validation. Les réflexions sur la contribution du contrôle de gestion à la performance
environnementale ont conduit à préciser cette position épistémologique.
Ce choix nous a amenés à adopter une approche quantitative, qui est prédominante en sciences
de gestion. En effet, cette approche permet de quantifier les résultats, leur conférant ainsi une
signification plus précise. Elle nous aidera également à mieux comprendre comment le contrôle
de gestion et ses outils contribuent à la performance environnementale des entreprises étudiées.
L'avantage de cette approche réside également dans sa capacité à établir des relations entre les
variables à expliquer et les variables explicatives. Elle permet de recenser de nombreux cas, de
compter des unités, de décrire et d'étudier des objets, ainsi que de relever la fréquence
d'apparition d'un phénomène (Grawitz, 1993).
5.4.2 Hypothèses
Pour introduire efficacement la problématique, il est crucial de la délimiter en établissant un
cadre de recherche global. La problématique de recherche implique l'identification et la
description d'un problème spécifique qui a été relevé dans la littérature existante ou sur le terrain
d'étude.
Cela nécessite d'examiner les lacunes, les questions en suspens et les contradictions dans les
connaissances existantes afin de formuler une problématique de recherche précise et pertinente.
Une revue de la littérature permet d'identifier les domaines où des informations manquent ou
des perspectives divergentes nécessitent une enquête approfondie.
En définissant clairement la problématique, il devient possible de poser des questions de
recherche spécifiques et d'établir des objectifs d'étude cohérents. Cela guide les méthodologies
employées et facilite l'obtention de résultats pertinents pour résoudre le problème de recherche
identifié.
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Dans cette optique, la question de recherche à laquelle nous allons essayer d’apporter une
réponse se formule de la manière suivante : Y a-t-il un lien entre les droits des actionnaires
et le rendement des entreprises ?
Répondre à cette problématique nous amène à formuler les hypothèses suivantes :
L'hypothèse I est que la faiblesse des droits des actionnaires a entraîné des coûts d'agence
supplémentaires. Si le marché avait sous-estimé ces coûts supplémentaires, le rendement des
actions et le rendement d'exploitation d'une entreprise auraient été pires que prévu et la
valeur de l'entreprise au début de la période aurait été trop élevée.
Dans cet article scientifique empirique, l'hypothèse I affirme que la faiblesse des droits des
actionnaires entraîne des coûts d'agence supplémentaires. Selon cette hypothèse, si le marché
n'a pas pleinement pris en compte ces coûts, les rendements des actions et d'exploitation des
entreprises auraient été inférieurs aux attentes, et la valeur initiale de l'entreprise aurait été
surestimée. En d'autres termes, cette hypothèse suggère qu'une faible protection des droits des
actionnaires favorise une mauvaise allocation des ressources et crée des conflits d'intérêts entre
les actionnaires et les dirigeants. Ces conflits peuvent entraîner des coûts supplémentaires, tels
que des dépenses excessives, des décisions d'investissement inefficaces et une gouvernance
déficiente.
L'étude empirique menée dans cet article vise à tester cette hypothèse en analysant les données
financières et les caractéristiques de gouvernance d'un échantillon d'entreprises. Les résultats
de cette analyse permettront d'évaluer l'impact de la faiblesse des droits des actionnaires sur les
coûts d'agence supplémentaires et la performance financière des entreprises étudiées.
L'hypothèse II est que les mesures de gouvernance n'ont pas entraîné un mauvais rendement
(et n'ont pas besoin d'avoir un pouvoir de protection).
L'hypothèse II formulée dans cet article suggère que les mesures de gouvernance n'ont pas
entraîné de mauvais rendement et qu'elles n'ont pas besoin d'avoir un pouvoir de protection. En
d'autres termes, cette hypothèse remet en question l'idée selon laquelle des mesures de
gouvernance rigoureuses sont nécessaires pour garantir de bons résultats financiers.
L'étude empirique menée dans le cadre de cet article vise à tester cette hypothèse en analysant
les données financières et les mesures de gouvernance adoptées par un échantillon d'entreprises.
Les résultats de cette analyse permettront de déterminer si les mesures de gouvernance ont une
corrélation significative avec les rendements financiers, et si un pouvoir de protection
supplémentaire est nécessaire pour assurer de bons résultats.
L'objectif est d'apporter une contribution à la compréhension des mécanismes de gouvernance
et de leur relation avec la performance financière des entreprises étudiées.
5.4.2. Le modèle empirique
Sur la base du cadre théorique expliqué ci-dessus, l'effet de la gouvernance d'entreprise sur la
performance financière de l'entreprise (CFP), un panel de données sera utilisé pour effectuer
l'analyse. Cette méthode d'analyse est donc soigneusement choisie aux fins de la présente étude.
Toutefois, il convient également de noter que le panel est déséquilibré. Le modèle de régression
est construit comme suit :
L’hypothèse :
CFPit = β0 + β1.CGit + β2.SIZEit + β3.CAPEXit + β4.ROAit + β5.LEVit + β6.SG5it +
β7.DIVit + αi + Uit
Le rendement financier des entreprises est la mesure du rendement financier. CG est le score
global de gouvernance d'entreprise de l'entreprise.
Ces modèles sont suivis des variables de contrôle :
• Ventes (SIZE)
• Dépenses en immobilisations logarithmiques divisées par le chiffre d'affaires (CAPEX)
• Rendement de l'actif (ROA)
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6. Résultats
Le tableau 1 présente des statistiques synthétiques et des corrélations pour G (et les sous-
indices) avec un ensemble de caractéristiques des entreprises en septembre 2015 : ratio valeur
comptable au marché, taille de l'entreprise, cours de l'action, volume mensuel des transactions,
Q de Tobin, rendement boursier, cotation CAC 40, performance des actions depuis 5 ans,
progression du volume de ventes depuis 5 ans et part des actifs institutionnels en pourcentage.
La première colonne du tableau 4 donne la corrélation de chacune de ces caractéristiques avec
G, les deux colonnes suivantes donnent la valeur moyenne dans les portefeuilles Démocratie et
Dictature, et la dernière colonne donne la différence entre ces moyennes. Ces résultats sont
descriptifs et visent à fournir un certain contexte pour les analyses des sections suivantes.
La relation la plus forte se situe entre G et l'inclusion dans le CAC 40. La corrélation entre ces
variables est positive et significative : environ la moitié du portefeuille de la dictature provient
de sociétés du CAC 40, contre 15 % pour le portefeuille de la démocratie. Compte tenu de cette
constatation, Il n'est pas surprenant que G soit également corrélé positivement à la taille, au
cours de l'action, au volume des opérations et à la propriété institutionnelle. Les entreprises du
CAC 40 ont tendance à présenter des niveaux relativement élevés de toutes ces caractéristiques.
De plus, la corrélation entre le G et la croissance des ventes sur cinq ans est négative et
significative, ce qui donne à penser que la croissance des ventes des entreprises à fort G a été
relativement plus faible au cours de la deuxième moitié de l’année, période où plusieurs des
dispositions ont été adoptées pour la première fois.
Les corrélations à d'autres moments de la période d'échantillonnage sont semblables. Dans
l'ensemble, il apparaît que les entreprises dont les droits d'actionnaires sont les plus faibles sont
généralement de grandes entreprises du CAC 40 dont le cours des actions, la propriété
institutionnelle et le volume des transactions sont relativement élevés, la croissance des ventes
relativement faible et la performance boursière faible. L'année 2015 a été marquée par un regain
d'activisme de la part des investisseurs institutionnels et par une plus grande attention aux
dispositions en matière de gouvernance ; on peut donc s'attendre à une certaine réduction de la
participation institutionnelle des entreprises à fort potentiel de croissance. Dans les tests non
tabulés, nous ne trouvons aucune preuve d'une telle réduction, les corrélations par paires et
l'analyse multivariée ne suggérant aucune relation solide entre G et les changements dans la
propriété institutionnelle.
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de régression clé. Pour les trois modes de fonctionnement, le coefficient moyen de cette variable
muette était positif, mais non significatif. Ainsi, ces résultats concordent avec les données
probantes pour l'ensemble de l'échantillon, mais ils ne sont pas significatifs en soi. Dans les
résultats non détaillés, on a également régressé ces mêmes mesures sur les cinq sous-indices.
Les résultats ne montrent aucune tendance claire d'influence différentielle pour un sous-indice
particulier, la plupart des coefficients ayant le même signe que G.Dans l'ensemble, il existe des
preuves significatives que les entreprises plus démocratiques ont un meilleur rendement
d'exploitation et rien ne prouve que ce n'est pas le cas.
Tableau 4 : Rendement d’exploitation en corrélation avec la gouvernance
Marge nette du profit Rendement des capitaux propres Croissance des ventes
G Portefeuille G Portefeuille G Portefeuille
2015 -0,7 10,61 -1.19* 13,54 -2,3 -3,52
-0,39 -7,12 -0,6 -11,3 -1,38 -17,83
2016 -0,76 7,77 -0,34 2,51 -3.35** 18,55
-0,48 -9,98 -0,79 -10,98 -1,17 -17,71
2017 -0,72 7,56 -1,39 14,77 -0,89 7,91
-0,67 -8,3 -0,75 -9,88 -1,7 -19,67
2018 0,21 -9,61 0,66 -17,54 0,01 -4,28
-0,55 -9,99 -0,81 -9,83 -1,64 -26,61
2019 -1.27* 4,59 0,93 -15,53 -0,52 15,38
-0,58 -11,58 -0,85 -10,38 -1,92 -26,1
Moyenne -0.64** 3,91 -0,26 1,59 -1.68** 5,1
-0,13 -2,46 -0,33 -3,98 -0,37 -3,84
Source : Elaboré par nos soins avec le logiciel
8. Conclusion et résumé :
Avant de conclure sur la présenté étude rappelons que les anciens travaux la gouvernance
d'entreprise et la performance financière ont montré qu’il existe bel et bien une corrélation
positive entre une bonne gouvernance d'entreprise et une performance financière solide.
Comme nous l’avons également confirmé, les anciennes études ont démontré que les
entreprises, avec un conseil d'administration bien diversifié avec des membres indépendants et
expérimentés, sont plus susceptibles d'obtenir de meilleures performances financières.
Ces dernières ont en plus démontré que les entreprises qui adoptent des pratiques de
transparence et de divulgation d'informations financières et non financières ont généralement
une meilleure performance financière. Cela renforce la confiance des investisseurs et des parties
prenantes. Ce point a également été affirmé par notre étude.
Dans certaines études, il a été constaté que les entreprises avec une structure de propriété plus
concentrée, où les actionnaires de contrôle ont une participation importante, ont tendance à être
plus performantes financièrement. De nombreuses études ont également révélé qu'il existe une
corrélation entre une rémunération des dirigeants alignée sur la performance et de meilleures
performances financières de l'entreprise. Ces 2 points ont également matérialisé et confirmés
dans notre présente étude.
Nous pouvons conclure que la présente étude vise à approfondir notre compréhension de la
gouvernance d'entreprise et de ses effets sur le rendement de l'entreprise. Ce faisant, elle tient
compte de certains des facteurs sous-jacents qui promouvoir une gouvernance d'entreprise
efficace.
Les systèmes de gouvernance d'entreprise, qu'ils soient internes ou externes, ont leurs forces et
leurs faiblesses. Les mécanismes de gouvernance d'entreprise varient également selon les
secteurs industriels et le type d'activité productive. Par exemple, dans les industries
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caractérisées par une forte spécificité des actifs (comme de nombreuses industries de haute
technologie), la surveillance est plus difficile et différents mécanismes peuvent être nécessaires
pour améliorer le rendement de l'entreprise. Il est difficile de déterminer ce qui constitue une
bonne pratique de gouvernance d'entreprise et dans quelles circonstances. Cela s'explique en
partie par la structure des marchés de produits et de facteurs. Le défi consiste donc non
seulement à identifier les forces et les faiblesses de chaque système ou groupe de systèmes,
mais aussi à identifier les conditions sous-jacentes dont ces forces et faiblesses dépendent.
L'éparpillement de la propriété entraîne une augmentation de la liquidité, qui peut être vitale
pour le développement de l'activité innovante. D'autre part, elle n'encourage pas l'engagement
et les relations à long terme qui pourraient être nécessaires pour certains types
d'investissements. Par exemple, lorsque les sociétés sont détenues et contrôlées l'une par l'autre,
cela peut réduire les coûts de transaction et les incitations à adopter un comportement
opportuniste. Les parties prenantes sont donc davantage incitées à investir dans des relations
d'investissement spécifiques. D'autre part, cela peut également réduire le niveau de concurrence
sur le marché des produits. Les avantages de la concentration de la propriété sont les suivants
qu'il apporte un suivi plus efficace de la gestion et aide à surmonter les difficultés de l'agence
problèmes. Toutefois, les coûts associés à la concentration de la propriété sont peu liquides,
réduction des possibilités de diversification des risques et des obstacles à l'entrée des nouveaux
arrivants. L'un des principaux défis auxquels sont confrontés les décideurs politiques est de
savoir comment développer un bon cadre de gouvernance d'entreprise qui puisse garantir les
avantages associés au contrôle des actionnaires agissant en tant que contrôleurs directs, tout en
garantissant qu'ils n'exproprient pas les loyers excessifs au détriment des autres parties
prenantes. Les données empiriques à ce jour semblent indiquer qu'il s'agit effectivement d'un
problème et que la protection des actionnaires minoritaires est essentielle au développement
des marchés boursiers. Par conséquent, les décideurs politiques des systèmes d'initiés doivent
accorder une attention particulière au développement des systèmes d'entreprise.
Cette étude présentait également un modèle relativement simple qui montrait l'influence de la
gouvernance d'entreprise sur le rendement financier de l'entreprise. Les résultats sont en grande
partie conformes aux hypothèses faites au début du présent document. Il a été démontré que la
gouvernance d'entreprise et ses composantes ont des effets importants sur le rendement
financier des entreprises. De plus, il a été démontré que la moyenne et la médiane du Q de Tobin
sont significativement plus élevées dans les entreprises ayant un bon score de gouvernance
d'entreprise. La relation de partage du pouvoir entre les investisseurs et les gestionnaires est
définie par les règles de la gouvernance d'entreprise. En utilisant 24 dispositions distinctes en
matière de gouvernance d'entreprise pour un d'environ 200 entreprises françaises par an entre
2015 et 2019, nous construisons un Indice de Gouvernance, noté comme suit "G", en tant
qu'indicateur de l'équilibre des pouvoirs entre les dirigeants et les actionnaires de chaque
entreprise. On a passé par la suite à analyser la relation empirique de cet indice avec la
performance de l'entreprise. Ou il a été constaté que la gouvernance d'entreprise est fortement
corrélée aux rendements boursiers au cours de la période étudiée. Une stratégie d'investissement
qui a permis d'acheter des actions dans les entreprises avec le score CG est le plus bas
(Entreprises Démocratiques, les " Démocraties " avec de forts droits d'actionnaires), et vendre
des actions dans les sociétés avec de forts scores de CG (sociétés " dictatoriales " avec de faibles
droits des actionnaires), cette stratégie a généré des rendements anormaux de 8,5 % par an.
Au début de l'échantillon, il existe déjà une relation significative entre l'évaluation et la
gouvernance : chaque augmentation d'un point de pourcentage du CG est associée à une
diminution de 2,2 points de pourcentage du Q de Tobin. Les résultats des rendements boursiers
et de la valeur de l'entreprise sont économiquement importants et résistent à de nombreux
contrôles et autres caractéristiques de l'entreprise.
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LAARIBI ISMAIL & KHADDOUJ KARIM. Gouvernance d'entreprise et performance financière : Étude empirique sur les
liens entre les pratiques de gouvernance des sociétés françaises et leurs résultats financiers.
On considère plusieurs explications pour les résultats, mais les données ne permettent pas
d'obtenir de bons résultats des conclusions sur la causalité. Il existe certaines preuves, tant dans
notre échantillon que chez d'autres auteurs, que la faiblesse des droits des actionnaires a causé
une mauvaise performance. Il est également possible que les résultats soient déterminés par
certaines caractéristiques non observables de l'entreprise. Ces multiples explications causales
ont des implications politiques radicalement différentes et constituent un défi pour la recherche
future. Les données empiriques présentées dans le présent document établissent les enjeux
élevés de ce défi.
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ISSN: 2658-8455
Volume 4, Issue 3-2 (2023), pp. 677-697.
© Authors: CC BY-NC-ND
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