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Revue Française d’Economie et de Gestion

ISSN : 2728- 0128


Volume 3 : Numéro 12

Motifs de divulgation volontaire d’informations sur le capital


immateriel: cas des entreprises cotées à la BRVM1

Reasons for voluntary disclosure of information on intangible


capital: case of companies listed on the BRVM

OSSONON Ahou Claudine


Docteur en Sciences de Gestion
Assistant, Enseignant- Chercheur
Laboratoire des Sciences des Organisations (LSO)
Université Felix Houphouët-Boigny Cocody/Abidjan –Côte d’Ivoire
UFR des Sciences Économiques et de Gestion – Département de Gestion
[email protected]

Date de soumission : 04/09/2022


Date d’acceptation : 11/12/2022
Pour citer cet article :
OSSONON.A.C. (2022) « Motifs de divulgation volontaire d’informations sur le capital immateriel: cas des
entreprises cotées à la BRVM», Revue Française d’Economie et de Gestion « Volume 3 : Numéro 12 »
pp : 208- 235.

Author(s) agree that this article remain permanently open access under the terms of the Creative Commons
Attribution License 4.0 International License

1
Bourse Régionale des Valeurs Mobilières. Cette bourse est commune aux pays membres de l’Union
Economique et Monétaire Ouest Africaine.

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Résumé
Cette étude examine les motifs de divulgation volontaire d’informations sur le capital
immatériel par les entreprises cotées à la BRVM. A partir d’une analyse de contenu des rapports
annuels, les résultats indiquent que les entreprises sur le marché financier régional
communiquent davantage sur le capital humain. Quant aux motifs de communication volontaire
d’informations sur le capital immatériel, l’analyse de la régression prouve que les entreprises
les plus endettées communiquent de plus en plus et de façon volontaire sur le capital immatériel
pour réduire les coûts d’agence afin de rassurer les prêteurs. Par ailleurs, les entreprises les plus
performantes publient de manière volontaire plus d’informations sur le capital immatériel. Puis,
cette divulgation délibérée d’informations sur le capital immatériel augmente la liquidité de
leurs titres. En revanche, ces entreprises, en communiquant davantage sur le capital immatériel,
sont exposées à une augmentation du risque de leurs titres ainsi qu’à une hausse du coût des
capitaux propres en raison de l’irrationalité, du mimétisme et des biais cognitifs des
investisseurs sur le marché financier régional. En définitive, la divulgation volontaire
d’informations sur le capital immatériel par les entreprises cotées à la BRVM est motivée par
l’argument de l’utilité financière.
Mots clés : divulgation volontaire ; capital immatériel ; motifs ; analyse de contenu ; utilité
financière
Abstract
This study examines the reasons for voluntary disclosure of information on intangible capital
by companies listed on the BRVM. From a content analysis of annual reports, the results
indicate that companies in the regional financial market communicate more about human
capital. As for the reasons for voluntary publication of information on intangible capital, the
regression analysis proves that the most indebted companies communicate more and more and
voluntarily on intangible capital to reduce agency costs in order to reassure lenders. In addition,
the most successful companies voluntarily publish more information on intangible capital.
Then, this deliberate disclosure of information on intangible capital increases the liquidity of
their securities. On the other hand, these companies, by communicating more about intangible
capital, are exposed to an increase in the risk of their securities as well as to an increase in the
cost of equity due to the irrationality, mimicry and cognitive biases of investors. in the regional
financial market. Ultimately, the voluntary disclosure of information on intangible capital by
companies listed on the BRVM is motivated by the argument of financial utility.
Keywords: voluntary disclosure; intangible capital; patterns; content analysis; financial utility

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Introduction
La globalisation de l’économie, l’évolution ainsi que la complexité de l’environnement des
entreprises et l’intensité de la concurrence ont fait naître un nouveau moteur de création de
richesse qui est le capital immatériel. En effet, l’optimisation des moyens de production n’est
plus la source de création de richesse. Les processus de création de valeur traditionnels sont
alors modifiés par les actifs immatériels que sont les brevets, les licences,…Ces actifs appelés
également actifs incorporels sont source d’avantage concurrentiel (Cazavan, 2007). Ceux-ci
sont reconnus par la littérature comptable et financière comme étant des composantes du
capital immatériel.
Le concept de capital immatériel a fait l’objet de débats théoriques sans admettre une définition
consensuelle (Beattie & Thomson, 2007). Dupuis (2008) désigne le capital immatériel comme :
« l’ensemble des ressources qui restent pour en très grande partie invisible comptablement. Ce
n’est pas lié au fait qu’elles soient incorporelles et encore moins intangibles. Prenons l’exemple
des Ressources Humaines (RH), elles sont en rien incorporelles et encore moins intangibles.
Cependant, les RH sont des ressources immatérielles car elles sont invisibles comptablement.
On pourrait avoir la même réflexion pour la formation, la connaissance, etc. ». Dans le même
sens, selon Futec & Marois (2006), le capital immatériel est composé de tous les constituants
de l'entreprise qui ont de la valeur mais qui ne figurent pas dans son bilan : les clients, les
brevets, les marques, le capital humain, le système d'informations, les partenaires...
Toutefois, la présente étude s’appuiera sur les recommandations européennes (Ricardis et
Meritum, 2006) qui décomposent le capital immatériel en trois catégories d’actifs : «
❖ le Capital Humain, « l’Homme dans l’entreprise » : expérience, formation,
compétence, capacité de direction, relations interpersonnelles, motivation…
❖ le Capital Structurel, « tout ce qui reste dans l’entreprise à la fin de la journée »:la
culture de l’entreprise, la communication interne, l’organisation, l’innovation…
❖ le Capital relationnel, « tout ce qui relie l’entreprise à son environnement » : les
relations avec les actionnaires, les partenaires, les clients, les fournisseurs, la
société… ».
Selon la théorie du management par les ressources ou Resource-Based-View (RBV) de Barney
(1991), la combinaison judicieuse de ces ressources immatérielles productives et la capacité
dynamique des entreprises à les combiner, les renouveler, les développer contribueront à
accroître leur valeur. Ce postulat de la RBV a été soutenu par des études qui dénotent la relation
entre le capital immatériel et la création de valeur des entreprises. En effet, selon Abbey (2017),

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la logique d’investissement des entreprises doit être guidée par des leviers de création de valeur
tels que les actifs immatériels permettant aux entreprises d’avoir un avantage concurrentiel
pouvant créer de la richesse de façon perenne. Pour cette auteure, le capital immatériel constitue
le socle d’une création de valeur durable. Par conséquent, toute entreprise devrait communiquer
sur son capital immatériel afin de fournir aux investisseurs les informations pertinentes pour
une prise de décision optimale. A cet effet, Chen, Gavious & Lev (2017) soutiennent que la
divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel peut impacter positivement les
cours boursiers.
Par ailleurs, la tertiarisation de l’ économie amplifiée par l’explosion des services liés à l’arrivée
d’internet a mis en lumière les déficiences structurelles des normes comptables dans la
captation de la valeur globale de l’entreprise. Ainsi, une montée en puissance des
réglémentaires visant à renforcer la communication financière, consécutives aux banqueroutes
d’entreprises aux Etats-Unis et en Europe au début des années 2000, a été observée. Toutefois,
le modèle traditionnel de comptabilité a du mal à se conformer aux mutations dans le processus
de production des entreprises qui bouleversent l’environnement des entreprises. Selon les
recommandations de la Commission Européenne (2004), les mesures comptables ayant un
caractère historique sont déficientes pour mesurer la performance future en ce sens qu’elles
n’intègrent pas les éléments immatériels de la valeur d’une entreprise. Assurément, la
comptabilisation insuffisante des éléments immatériels et leur rôle de plus en plus croissant
dans la création de valeur font que les états financiers ne recèlent pas de contenu informationnel
pertinent pouvant permettre aux investisseurs de prendre des décisions sur le marché
financier (OCDE2, 2006). Par conséquent, si d’autres informations ne comblent pas cette
lacune, l’allocation des ressources risque d’être faussée sur les marchés financiers. D’ailleurs,
avec un motif légitime, Mezghani, Ellouze & Eskander (2007) postulent que la non divulgation
d’informations sur le capital immatériel par les entreprises risque de générer une sous-
estimation de la valeur de ces dernières. Cette sous évaluation de l’entreprise peut être
préjudiciable dans le cadre d’une levée de fonds, d’une réponse à un appel d’offre ou d’une
demande de crédit de long terme. Ainsi, selon l’OCDE (2006), la publication des informations
non financières suffisantes et significatives sur les actifs immatériels permet aux actionnaires
de mieux exercer les droits de propriété et d’imposer certaines règles du jeu aux organes de
direction et d’administration des entreprises. Dans ce contexte, la finalité de la communication

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Organisation pour la Coopération et le Développement économique

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d’informations sur le capital immatériel est de mettre à la disposition des partenaires de


l’entreprise une information pertinente, crédible et convenable afin de prendre des décisions
inhérentes à leurs relations avec l’entreprise (Rylander, Jacobsen & Roos, 2000). Dans la même
optique, Mezghani, et al., (2007) soutiennent cette divulgation pourrait contribuer à une
meilleure appréhension de la valeur réelle de l’entreprise par les investisseurs et justifier la
différence entre la valeur comptable et la valeur boursière .
Poursuivant le même objectif, la divulgation d’informations en temps opportun est une politique
fondamentale de la bourse régionale des valeurs mobilières de l’UEMOA. Eu égard l’intérêt de
la plublication de l’information financière pour les investisseurs intervenants sur le marché
financier régional, le régulateur du marché financier, le Conseil Régional de l’Epargne Publique
et des Marchés financiers a défini le cadre réglémentaire de la publication de l’information
financière ( Instruction n°29/2001 et Circulaire 004/2010 du CREPMF). En effet, selon les
articles 1,2 et 3 de cette instruction, le régulateur oblige les sociétés ayant procédé à une
émission de titres par appel public à l’épargne sur le marché financier régional à mettre à la
disposition des investisseurs les informations financières dans les meilleurs délais, pouvant leur
permettre de prendre des décisions en temps opportun. Ces informations à publier sont relatives
à la tenue des Assemblées Générales, au paiement des dividendes et aux états financiers de
synthèse et aux opérations d’ingénierie financière. En outre, ces sociétés sont astreintes à
informer le Conseil régional de tout projet de modification de leurs statuts.
Cependant, la réglémentation en matière de divulgation de l’information n’est pas exhaustive
en raison de la synthèse des informations dans les états financiers d’une part, et du caractère
non obligatoire du complément d’informations contenues dans les annexes d’autre part.
D’ailleurs, le régulateur dans sa circulaire N°004-2010 en décrivant le contenu ainsi que le
format de présentation de l’information financière dans les rapports semestriels et annuels, n’a
aucunement fait allusion à la diffusion de l’information sur le capital immatériel.
Contrairement à certains pays européens, comme soutiennent Mezghani, Ellouze & Eskander
(2007), il n’y a pas de réglemention qui contraint les sociétés faisant appel public à l’épargne,
surtout sur le marché financier régional, à communiquer sur leur capital immatériel afin que
leurs titres soient mieux valorisés par les investisseurs. Cette lacune de la réglémentation
pourrait justifier les résultats des travaux d’Ossonon (2017) qui montrent que, sur le marché
financier régional, l’information inhérente aux immatériels n’est pas pertinente pour les
investisseurs. Pour ce faire, les sociétés intensives en immatériels sont sanctionnées par ceux-
ci. Toutefois, la seule observation par les entreprises des normes reglémentaires en matière de

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diffusion d’informations financières sur le marché financier ne permet pas de répondre à leurs
besoins financiers et à leur besoin de legitimation de la diffusion d’informations financières
(Dammak, Triki & Boudjelbene, 2009). C’est pourquoi, le régulateur sur le marché financier
régional exige des sociétés faisant appel public à l’épargne de diffuser aux investisseurs toute
autre information pertinente pouvant leur permettre d’exercer leurs droits.
En conséquence, pour éviter la sous-évaluation des titres, il importe pour les entreprises de
communiquer davantage et de façon volontaire sur leur capital immatériel. Celles-ci devraient
développer des stratégies de gestion de la connaissance et de communication stratégique sur le
capital immatériel. Cet état de fait suscite la question suivante : quels sont les motifs de
divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel ? Ainsi, l’objectif de cette étude
est d’analyser les motifs de divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel par
les entreprises.
Pour ce faire, cette étude est organisée comme suit : la première section est consacrée à la revue
de littérature. Une deuxième section aborde la formulation des hypothèses et la méthodologie
de l’étude. La dernière section est reservée aux résultats et à la discussion.
1.Revue de la litterature
1.1 La divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel au prisme des
théories financières
Depuis plusieurs années, la création de richesse au truchement du capital technique est desuète.
Le capital immatériel est fortement intégré dans le processus productif. La combinaison
judicieuse des élements immatériels est source de création de richesse et de performance
durable pour les entreprises intensives en immatériel. Cependant, en vertu du caractère secret
et confidentiel du capital immatériel, les entreprises sont amenées necessairement à
communiquer volontairement aux partenaires sur celui-ci pour une meilleure évaluation de
leurs actifs.
Ainsi, la divulgation d’informations sur l’immatériel s’inscrit dans le cadre de l’offre volontaire
d’information comptable et financière car il n’existe pas de cadre reglementaire qui oblige les
entreprises à communiquer sur leur capital immatériel (Mezghani, Ellouze & Eskander, 2007).
Eu égard à la déficience de la communciation d’informations sur le capital immatériel, les
chercheurs ont élaboré les fondements théoriques de la divulgation volontaire d’informations
sur l’immatériel. A ce titre, les études relatives à la divulgation d’informations ont
principalement pour socles théoriques, selon une optique actionnariale, la théorie de l’agence

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et la théorie du signal, d’une part et, selon une optique partenariale la théorie de la légitimité ,
d’autre part (Kateb, Matoussi & Bounfour, 2009).
1.1.1 Théorie de l’agence et divulgation volontaire d’informations sur le Capital
Immatériel
La théorie de l’agence de Jensen & Meckling (1976) s’inscrit dans le cadre de la théorie
contractuelle des entreprises (Aamoum & Nakri, 2021). Cette théorie considère l’entreprise
comme un nœud de contrats. Celle-ci établit un contrat entre le principal ou mandant, et l’agent
ou mandataire afin d’agir en son nom. Cette relation d’agence entre le principal et l’agent génère
des conflits d’agence en raison des intérêts divergents. Ainsi, pour orienter le comportement de
l’agent et maximiser sa propre fonction d’utilité, le principal doit mettre en place des
mécanismes d’incitation et de gouvernance qui génèrent des coûts d’agence. Parmi ces
mécanismes d’équilibrage, il faut citer la divulgation d’information. L’objectif de l’entreprise
est de maximiser la création de richesse pour ses apporteurs de capitaux. Pour se faire, il est
nécessaire qu’elle fournisse des informations aidant à la maximisation des cash flows attendus
pour la détermination des cours et la réduction du coût du capital. L’absence d’information
pertinente constitue un handicap à la juste évaluation des titres des sociétés. En raison de
l’asymétrie informationnelle entre le dirigeant et les apporteurs de capitaux ainsi que du
caractère confidentiel que revêt le capital immatériel, leur communication volontaire par les
entreprises s’avère nécessaire pour éviter une sous-évaluation des titres. Outre la théorie de
l’agence, la théorie du signal a également contribué à l’explication des motifs de divulgation
volontaire d’informations sur le capital immatériel.
1.1.2 Théorie du signal et divulgation volontaire d’informations sur le capital
immatériel
Le capital immatériel represente tous les composants de l’entreprise qui sont pas visibles au
bilan mais qui ont de la valeur. Cette partie invisible du bilan répresente la valeur gazeuse de
l’entreprise. Celle-ci incarne les deux tiers de la valeur totale de l’entreprise tandis que le bilan
n’en traduit que le tiers (Taouab, Benazzou & babouina, 2006). En vertu du caractère implicite
du capital immatériel, les dirigeants d’entreprise sont astreintes à fournir aux investisseurs sur
le marché financier des informations pertinentes sur le capital immatériel pouvant les renseigner
sur les perspectives futures de rentabilité. Ce qui contribuerait à réduire l’asymétrie
informationnelle ainsi que le coût du capital. En effet, la connaissance du capital immatériel par
les investisseurs sur le marché est un véritable enjeu pour l’évaluation des titres des entreprises.

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1.1.3 Théorie de la légitimité et divulgation volontaire d’informations sur le capital


Immatériel
Il existe un contrat social entre l’entreprise et la société. D’après la théorie de la légitimité, pour
perenniser ce contrat social, l’entreprise a pour obligation de respecter un ensemble de règles,
de valeurs et de normes acceptées par la société. Toutefois, au-delà de cette légitimité objective,
il importe pour l’entreprise de gérer sa légitimité en donnant l’impression partagée que les
actions de l’organisation sont souhaitables, convenables ou appropriées par rapport au système
socialement construit de normes, valeurs et croyances (Schuman, 1995).
Ainsi, les entreprises sont astreintes à justifier leurs activités et adoptent des stratégies de
légitimation, entre autres, la communication volontaire sur l’information non financière pour
combler un éventuel déficit perçu entre les objectifs économiques et les objectifs de réponse
aux attentes de la société. L’offre volontaire d’information sur le capital immatériel est donc un
outil de légitamation auprès des composantes pertinentes de la société (Kateb, Matoussi &
Bounfour (2009),).
1.1.4 Théorie des parties prenantes et divulgation volontaire d’informations sur le
capital immatériel
La théorie des parties prenantes ou Stakeholder Theory dont le père fondateur est Freeman en
1984 propose une analyse des relations nouées entre l’entreprise et son environnement entendu
au sens large. Toutefois, l’approche Stakeholder trouve réellement ses fondements à travers les
travaux de Berle & Means (1932), qui observent l’amplification d’une pression sociale exercée
sur les dirigeants en vue d’une reconnaissance de leur responsabilité auprès de toutes les parties
prenantes dont le bien-être peut être affecté par les décisions de l’entreprise (Gond & Mercier,
2006). Spécifiquement, cette théorie prône l’intégration des intérêts des partenaires de
l’entreprise à la stratégie. Cette théorie propose un modèle de gouvernance négocié, donc
participatif (Fernandez, 2018). Par ailleurs, l’élément majeur qui permet à l’entreprise de
prendre en compte l’intérêt des parties prenantes et gérer ses relations afin d’éviter les
oppositions et de gagner l’adhésion de ses parties prenantes est l’information (Damak-Ayadi &
Pesqueux, 2017). En effet, pour assurer sa survie, l’entreprise doit montrer à ses parties
prenantes qu’elle prend en compte leurs intérêts dans sa politique générale en leur fournissant
des informations pertinentes sur sa stratégie, ses objectifs, ses actions menées et ses
performances afin de réduire l’asymétrie informationnelle.
Sous cet angle, la divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel est un
mécanisme de communication par lequel les entreprises essaient de montrer qu’elles intègrent

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dans leurs stratégies les intérêts des parties prenantes afin de répondre aux pressions exercées
par ces dernières.
1.2 Revue de littérature empirique et formulation des hypothèses
Le tour de la littérature empirique inhérente à la divulgation d’informations sur le capital
immatériel a permis à Beldi, Damak-Ayadi et Elleuch (2014) de deceller deux catégories
d’études que sont :
-la prémière catégorie de type descriptif a pour objet d’analyser les composantes du capital
immatériel les plus divulguées par les entreprises.
-la deuxième catégorie de type explicatif cherche à mettre en évidence les facteurs explicatifs
de la communication volontaire d’informations sur le capital immatériel.
1.2.1 Les études descriptives relatives à la divulgation d’informations sur le capital
immatériel
En raison du besoin d’informations pertinentes pour les investisseurs pour une meilleure
prévisions des cash flows futurs des entreprises, celles-ci se doivent de communiquer davantage
les informations sur leur capital immatériel , même en l’absence de réglémentation.
Bozzolan, Favotto & Ricceri (2003), sur un échantillon de 30 entreprises italiennes cotées
observées en 2001, soutiennent que les entreprises communiquent davantage sur le capital
relationnel. Dans la même veine, Striukova, Unerman & Guthrie (2008), dans le contexte
britannique, sur un échantillon de 15 entreprises, après consultation de tous les supports (sites
web, rapports annuels), prouvent que plus de 80% des informations sur le capital immatériel
sont narratives et 61% des données sur le capital immatériel concernent le capital relationnel.
En outre, leur étude montre également que les entreprises communiquent moins sur le capital
structurel. Comme les deux auteurs cités ci-dessus, Whiting & Woodcock (2011), à partir d’un
échantillon de 70 entreprises australiennes cotées observées en 2006, confirment le capital
relationnel est le plus présent dans les reporting sur le capital immatériel. Ce résultat est
conforme à celui de Campbell & Abdul (2010) qui indique une croissance importante du
capital relationnel dans les rapports annuels analysés sur une longue période d’une seule
entreprise. Contrairement aux travaux de Striukova, Unerman & Guthrie (2008), Whiting et
Miller (2008, cités par Beldi, Damak-Ayadi & Elleuch, 2014) démontrent que le capital
structurel constitue la composante du capital immatériel la plus communiquée tandis que le
capital humain est moins divulgué dans les rapports annuels. Cette conclusion est validée par
l’étude de Singhal, Gupta & Kumar (2022) réalisée en Inde. A partir d’un échantillon de 30
entreprises non financières cotées sur le Bombay Stock Exchange pour l’année 2019-2020,

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l’analyse de contenu éffectuée par ces chercheurs, à partir des rapports annuels, indique que les
entreprises indiennes communiquent davantage sur le capital structurel. A contrario, Kateb,
Matoussi & Bounfour (2009), en utilisant la méthode d’analyse de contenu sur un échantillon
d’entreprises françaises appartenant à l’indice SBF 120 observées en 2006, montrent que les
sociétés privilégient la forme narrative et descriptive et communiquent plus d’informations sur
le capital structurel et le capital relationnel.
Par ailleurs, Beldi, Damak-Ayadi & Elleuch (2014), dans une étude comparative entre les
entreprises non familiales et familiales, indiquent que les entreprises familiales divulguent
davantage d’informations sur le capital relationnel et le capital humain, mais moins sur le
capital structurel, à l’opposé des travaux de Whiting & Miller (2008). En revanche, dans le
contexte marocain, Aâmoum (2011) montrent que les entreprises marocaines cotées à la Bourse
Régionale des Valeurs de Casablanca développent davantage des stratégies de communication
sur le capital humain. Ce résultat est corroboré par les travaux d’Aâmoum & Guati (2016) dans
le contexte marocain.
1.2.2 Les études explicatives de la divulgation volontaire d’informations sur le capital
immatériel et formulation des hypothèses de recherche
Les motifs de divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel que sont l’utilité
financière et la légimité ont été largement documentés dans la littérature. Les travaux portant
sur le sujet ont mis en évidence des facteurs explicatifs de l’offre volontaire d’informations sur
le capital immatériel, entre autres, la performance, l’endettement, la taille, le coût du capital, la
liquidité, le risque, la pression des parties prenantes.
❖ La performance de l’entreprise
La relation entre la divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel et la
performance de l’entreprise a été testée empiriquement dans plusieurs contextes sans aboutir à
un consensus. En effet, les résultats sont en contradiction avec les stipulations théoriques de la
théorie de l’agence. Cette théorie postule qu’en raison de l’asymétrie informationnelle entre les
actionnaires et les dirigeants, ces derniers publient délibérement les informations sur le capital
immatériel en vue de minimiser les coûts d’agence et maximiser la valeur de l’entreprise. Par
ailleurs, la théorie du signal présume que la divulgation volontaire est un mécanisme de
signalisation permettant aux dirigeants de réduire l’asymétrie d’information et de signaler les
performances futures des entreprises aux investisseurs en vue d’une meilleure valorisation de
leurs titres. Dans la même veine, Agbodjo (2015) dans le contexte français, sur un échantillon
de 81 entreprises du SBF 120 en 2010, démontre que les dirigeants des entreprises qui créent

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plus de valeur pour l’actionnaire communiquent volontairement davantage sur leur capital
immatériel. Ce résultat confirme les travaux de Williams & Firer (2003) qui ont montré un effet
positif de la rentabilité des firmes Singapouriennes sur l’étendue de la divulgation sur le capital
immatériel. Ce résulat est soutenu par les études de Lippai-Makra, Radoczi & Kovacs (2019)
portant sur les entreprises hongroises et tchèques. Dans la même veine, Dammak, Triki &
Boudjelbene (2009), dans le contexe tunisien, à partir de données de rapports annuels de l’année
2005 de 71 multinationales, affichent une relation positive entre la divulgation volontaire
d’informations sur le capital immatériel et la performance boursière. Similairement, Maaloul &
Zéghal (2015), sur un échantillon de 126 entreprises cotées américaines, attestent que les
informations divulguées sur le capital immatériel sont associées positivement à une valorisation
boursière plus importante, suggérant un contenu informatif additionnel pour les investisseurs.
Ce résultat est conforme à celui de Aâmoum & Guati (2016) qui apportent, dans le contexte
marocain, la preuve de l’association positive entre la communication sur le capital immatériel
et la rentabilité financière. Toutefois, Beldi, Damak-Ayadi & Elleuch (2014) analysent l’impact
de la performance sur l’étendue de la divulgation sur le capital immatériel en distinguant les
entreprises non familiales et familiales dans le contexte français. A partir d’une analyse de
contenu de 201 documents de référence analysés, les résultats montrent que les entreprises les
plus performantes n’offrent pas volontairement d’informations sur le capital immatériel. Les
dirigeants de ces entreprises n’appréhendent pas l’intérêt de communiquer volontairement sur
ce type d’informations. Une recherche similaire a eté effectuée dans le même contexte par
Kateb (2014) à partir d’une étude longitudinale sur la période de 2006 à 2010. Les résultats de
l’analyse dénotent une association négative entre le volume des informations divulguées sur le
le capital humain et la performance boursière. D’autres études antérieures témoignent de
l’absence de relation significative entre la divulgation volontaire sur le capital immatériel et la
performance (Ferreira et Branco, 2012, dans le contexte portugais ; Kateb, Matoussi &
Bounfour, 2009, dans le contexte français).

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Conformément aux stipulations théoriques de la théorie d’agence et de la théorie du signal, nous


postulons :
H1-Les entreprises les plus performantes divulguent volontairement plus d’informations
sur le capital immatériel
❖ L’endettement
L’endettement, en tant que motif de la divulgation volontaire d’informations sur le capital
immatériel, a fait l’objet de débats théoriques et empiriques. Jensen (1986) perçoit la politique
d’endettement comme un moyen de réduction des coûts d’agence dans les sociétés qui génèrent
des « free cash flows ». La même idée est soutenue par Prencipe (2004) qui affirme que la
relation contractuelle entre les actionnaires et les créanciers incite les entreprises à adopter une
politique de communication extensive ayant pour but de réduire l’asymétrie informationnelle,
et par conséquent les coûts d’agence associés à la dette. Cette idée est soutenue par Saada (1994,
cité par Kateb, Matoussi & Bounfour, 2009) qui avance que l’offre volontaire d’informations
est un outil efficace susceptible de minimiser les coûts générés par les conflits d’agence et
supportés par les dirigeants et les actionnaires. D’où la divulgation volontaire d’informations
sur le capital immatériel est un instrument pour rassurer les prêteurs et de ce fait, minimiser les
coûts d’agence associés à l’endettement.
Cette présomption de la théorie d’agence a été testée dans plusieurs contextes. Toutefois, les
contributions des études empiriques sur ce sujet sont discutables et divergentes. En effet, White,
Lee & Tower (2007), dans le contexte australien, trouvent une association positive entre
l’endettement et la communication volontaire sur le capital immatériel. Cette conclusion sera
contestée par les études de Beldi, Damak-Ayadi & Elleuch (2014) qui trouvent une corrélation
négative et significative entre le niveau d’endettement et la divulgation volontaire
d’informations sur le capital immatériel. Ce résultat amène ces auteurs à conclure que les
entreprises très endettées communiquent moins d’informations sur le capital immatériel. Par
ailleurs, ils ajoutent que ces entreprises sont portées sur la résolution des problèmes d’agence
à travers d’autres moyens. Un résultat similaire a été trouvé par Kang & Gray (2011, cités par
Kateb, 2014) qui ont prouvé une association négative entre l’endettement et la divulgation
volontaire d’informations sur le capital immatériel. Toutefois, Ferreira & Branco (2012), Loukil
& Triki (2008), Kateb (2014), Kateb, Matoussi & Bounfour (2009), Whiting & Woodcock (
2011) ne découvrent pas de relation entre l’endettement et la communication volontaire
d’informations sur le capital immatériel. D’où en raison des résultats mitigés, selon les

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stipulations de la théorie d’agence et les travaux de White, Lee & Tower (2007), nous formulons
l’hypothèse suivante :
H2 : les entreprises les plus endettées communiquent volontairement plus d’informations
sur le capital immatériel.
❖ Le risque, le coût du capital et la liquidité
Le coût du capital, le risque et la liquidité, comme déterminants de l’offre volontaire
d’informations sur le capital immatériel, ont été beaucoup étudiés dernièrement dans plusieurs
travaux théoriques et empiriques (Maaloul & Zéghal, 2015). L’asymétrie d’information entre
les dirigeants et les investisseurs crée un besoin de publication volontaire d’informations et
génère une incitation à informer pour réduire l’asymétrie informationnelle, par conséquent, la
réduction des coûts des sources de financement. Ce qui aura pour effets de réduire le risque et
augmenter la liquidité des titres et augmenter la valeur boursière (Diamond et Verrecchia,
1991). Spécifiquement, l’application de cette théorie à la divulgation d’informations a incité
des chercheurs à appréhender le lien entre la divulgation volontaire d’informations sur le capital
immatériel avec le coût du capital, le risque et la liquidité des titres.
Hail (2002), à partir d’un échantillon de 73 entreprises suisses, démontre une association
négative entre la communication volontaire sur le capital immatériel et le coût du capital. Dans
la même veine, Orens, Aerts et Lybaert (2009) sur la base d’un échantillon de 267 entreprises
européennes non financières, examinent empiriquement la relation entre la divulgation
d’informations sur le capital immatériel, le coût du capital et la liquidité des titres. L’analyse
montre que d’une part, l’offre importante d’informations sur le capital immatériel réduit
l’asymétrie informationnelle. D’autre part, cette réduction d’asymétrie d’informations favorise
la baisse du coût des capitaux propres et du taux d’intérêt. Selon ces chercheurs, une meilleure
transparence est supposée entraîner une liquidité plus accrue du titre succeptible de favoriser
une réduction du coût des capitaux. Ce résultat est conforme à celui de Botosan (2006) obtenu
dans le contexte suisse. Dans le même ordre d’idées, Boujelbene & Affes (2013) examinent
empiriquement, dans le contexte français, l’effet de la divulgation d’informations liées au
capital immatériel sur le coût du capital-actions des sociétés de l’indice boursier SBF 120. Les
résultats confirment qu’il existe une association significative et négative entre la divulgation du
capital humain et du capital structurel avec le coût des fonds propres. Cependant, le lien négatif
de la divulgation du capital relationnel avec le coût des fonds propres n’est pas validé.

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En accord avec la théorie de l’agence qui postule que la divulgation volontaire d’informations
apparaît comme un dédouanement permettant de réduire l’asymétrie d’information entre les
dirigeants et les actionnaires, nous soutenons que :
H3 : Les entreprises offrent volontairement plus d’informations sur le capital immateriel
pour réduire le risque ;
H4 : les entreprises communiquent davantage et de façon volontaire sur le capital
immatériel pour réduire le coût des capitaux propres ;
H5 : Il existe une association positive entre le niveau d’informations divulgées sur le capital
immatériel et la liquidité des titres.
2. La méthodologie de recherche
Après une revue succinte des fondements théoriques et empiriques de la divulgation volontaire
d’informations sur le capital immatériel, pour tester nos hypothèses, nous aborderons dans ce
paragraphe la demarche méthodologique suivante : la sélection de l’échantillon et la collecte
des données, les variables de l’étude et leurs mesures, le modèle d’étude ainsi que les méthodes
d’analyse.
2.1La sélection de l’échantillon et la période de l’étude
Cette étude utilise un échantillon de sociétés cotées à la BRVM, car elles sont plus susceptibles
de divulguer des informations sur le capital immatériel parce que ces entreprises ont besoin de
publier plus d’informations volontaires afin de lever des fonds à moindres coûts et de répondre
à un besoin d’informations (Bessieux-Ollier, 2002). Pour être incluses dans l'échantillon de
cette étude, les entreprises devaient:
❖ faire inscrire leurs actions à la BRVM avant la fin de 2018,
❖ disposer du rapport annuel 2018 pour examen,
❖ évoquer le capital immatériel et ses composantes dans son rapport annuel,
❖ être des entreprises non financières en raison du caractère atypique de la comptabilité
des sociétés financières.
❖ pour éviter des effets de corrélation spécifique à un secteur particulier, tous les secteurs
(industrie, agriculture, services publics, distribution) ont été pris en compte à
l’exception du secteur finance.
L'échantillon initial comprenait toutes les sociétés cotées à la BRVM au 31 décembre 2018.
Parmi les 45 sociétés cotées, un échantillon final de 16 sociétés non financières a été retenu
après avoir extrait les sociétés financières, les societés ne produisant pas de rapport annuels
ainsi que celles ne communiquant pas sur leur capital immatériel dans les rapports annuels. Ces

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16 sociétés non financières representent celles qui communiquent sur leur capital immatériel.
Par ailleurs, les rapports annuels des entreprises de l’échantillon proviennent du site web de la
BRVM. En outre, la période de l’étude se rapporte à l’exercice comptable 2018. Les rapports
annuels collectés concernent ceux de l’année 2018. L’observation du niveau de divulgation
volontaire sur le capital immatériel s’est fondée sur l’analyse d’une seule année en raison de la
stabilité de la politique de communication des entreprises dans le temps (Aâmoum & Guati,
2016; Ding & Stolowy, 2002 ; Gandia, 2003 ; Kateb, Matoussi & Bounfour, 2009).
Selon la classification de la BRVM des sociétés cotées, la répartition sectorielle de notre
échantillon se présente comme suit :
Tableau n°1- Répartition sectorielle des entreprises de l’échantillon
Secteur d’activité Effectif Proportion
Distribution 4 25%

Industrie 3 19%
Agriculture 4 25%

Transport 1 6%
Secteurs publics 4 25%

TOTAL 16 100%

Source : Ossonon (2022)


2.2 Variables et instruments de mesure
2.2.1 La variable à expliquer : le niveau de la divulgation d’information sur le Capital
immatériel
Dans cette étude, le rapport annuel est utilisé comme source principale de données afin de
mesurer le niveau de divulgation du capital immatériel car c’est le principal canal par lequel les
entreprises communiquent avec les investisseurs et autres parties prenantes (Bozzolan, Favotto
& Ricceri, 2003). Les entreprises l’utilisent comme un document de relations publiques. Par
ailleurs, cette étude utilise l’analyse de contenu qui est une méthode couramment empruntée
dans les travaux portant sur la divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel
(Aâmoum, 2011 ; Aâmoum & Guati, 2016 ; Beldi, Damak-Ayadi & Elleuch, 2014; Campbell
& Rahman, 2010 ; Kateb, Matoussi & Bounfour, 2009; Kateb, 2014 ; Whiting & Woodcock,
2011). Le recours à cette méthode necessite la classification des informations par catégories qui
representent les composantes du capital immatériel. Gurthrie, Petty, Yongvanish & Ricceri
(2004, cités par Kateb, Matoussi & Bounfour, 2009) soutiennent que cette méthode nécessite
le codage d’informations qualitatives et quantitatives dans des catégories prédéfinies et le choix
de l’unité de mesure adéquate. En s’inspirant de la classification suggérée par Campbell &
Rahman (2010) et en examinant les rapports annuels des entreprises de notre échantillon comme

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Escaffre (2003), une liste de 25 items a été retenue par catégorie (capital structurel, capital
relationnel et capital humain) (tableau n°2).
Tableau n°2-Décomposition du capital immatériel par items
Catégories Items
Brevet, marque déposée, droit d’auteur, , droit de propriété,
Le capital structurel vision, mission, fonctionnement, manuel de procédures, guide, informatique, procédure,
processus, système d’information, système de management de la qualité, organisation,
Recherche & Développement, gestion des risques, approvisionnement, processus de
gouvernance, suivi budgétaire, contrôle interne, audit interne, infrastructure, information,
matériel
fournisseurs, relations avec les actionnaires, banquiers, fournisseurs de fonds, crédits,
Le capital relationnel investissements, clients, part de marché, consommateurs, confiance, étude de marché, catalogue,
publicité, franchise, marketing, étude de marché, coopération
réputation, partenaires d’affaires, secteurs d’activité, concurrence, système de livraison, chaîne
de distribution, bureau de liaison, vente en ligne.
Employés, personnel, salariés, effectif, emploi, bonus, sécurité du personnel, rémunération,
bien-être, récompense, , motivation, recrutement, embauche, carrière, recrutement, stage,
Le capital humain formation continue, formation professionnelle, éducation, cadres,
ancienneté, expérience, compétence, savoir-faire, social
Source : Campbell et Rahman (2010)
Pour déterminer le score de divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel,
nous nous réfererons au volume d’informations divulgées sur le capital immatériel dans les
documents de référence des entreprises de notre échantillon. Par ailleurs, dans cette étude, le
nombre de mots a été utilisé comme unité d’analyse (Agbodjo, 2015). Pour chaque document
de référence, nous avons identifié les mots liés au capital immatériel. Les mots concernés
proviennent de la grille d’analyse retenue. Le nombre total de mots inhérents au capital
immatériel est déterminé en additionnant le nombre de mots par catégorie du capital immatériel
(Aâmoum & Guati, 2016).
Le nombre total de mots communiqués sur le Capital immatériel est calculé de la manière
suivante :
Nombre total de mots sur le Capital immatériel= Score capital structurel +Score capital
relationnel +Score capital humain
Avec :
Score capital structurel = somme des mots publiés sur chacun des items du capital structurel
Score capital relationnel = somme des mots publiés sur chacun des items du capital relationnel
Score capital humain = somme des mots publiés sur chacun des items du capital humain

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2.2.2 Les variables explicatives et indicateurs de mesure


Le choix des variables explicatives (performance économique, endettement, risque et coût du
capital, liquidité du titre ) et des instruments de mesure est resumé dans le tableau suivant :
Tableau n°3- Variables, codages et intruments de mesure
Variables Codage Indicateurs de mesure Auteurs Signes attendus

Variable à expliquer
Divulgation Etendue de CAPIM Nombre de mots publiés sur le Beldi et al. (2014)
d’informations l’information capital immatériel Kateb (2014)
sur le capital divulguée sur le
immatériel capital immatériel
Variables explicatives
Rentabilité des actifs Résultat d’exploitation / Total Kateb (2014) +
Performance ROA actif Aâmoum et Guati
financière (2016)
Rentabilité des ROE Résultat Net / Capitaux propres Aâmoum et Guati +
capitaux propres (2016)
Endettement Levier financier LEV Dettes financières / Capitaux Kateb (2014) +
propres Aâmoum et Guati
(2016) ;Loukil et
Triki (2008)
Risque Risque systématique RISQ Covariance ( Rentabilité du titre Maaloul et Zéghal -
et rentabilité du marché) / (2015), Orens,Aerts
Variance de la rentabilité du & Lybaert ( 2009)
marché
Coût des fonds CFP Equation du MEDAF : Rt=Taux Boujelbene et Affes -
propres sans risque + Prime de risque (2013) ;
(Rentabilité du marché – taux Orens,Aerts &
sans risque) × Bêta Lybaert( 2009)
Liquidité du titre LIQ Spread=(Meilleur cours vendeur- Orens, Aerts & +
meilleur cours acheteur) Lybaert (2009).
Variables de contrôle
Taille Le logarithme du total de l’Actif Kateb (2014) +
comptable Kateb, Matoussi et
Bounfour (2009)
Ferreira & Branco
(2012)
Age de AGE Nombre d’années écoulées entre Kateb (2014) +
l’entreprise la date de création et l’année 2018

Source : Ossonon (2022)

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2.3 Modèle de l’étude


Dans cette étude, l’étendue de niveau de divulgation volontaire d’informations sur le capital
immatériel est mesurée par le nombre de mots relatifs au capital immatériel dans les rapports
annuels. Notre variable à expliquer est donc une variable discrète de comptage (Aâmoum,
2011 ; Aâmoum et Guati, 2016 ; kateb, 2014 ). En conséquence, les modèles traditionnels de
régression linéaire présumant la continuité et la normalité de la variable à expliquer se revèlent
inadaptés et peuvent aboutir à des estimations biasées (Long et Freese, 2003). Littéralement,
les données de type comptage ne sont pas distribuées selon une loi normale. Pour leur analyse,
il faut recourir aux modèles de comptage. Toutefois, le modèle de poisson est le cadre
probabiliste le plus couramment utilisé dans ce type de recherche à condition que la moyenne
de la variable de comptage soit égale à sa variance pour éviter la surdispersion. S’il y a présence
de surdispersion, le modèle de poisson est inadapté. De ce fait, il faut absolument recourir à une
autre structure d’erreur alternative de comptage dans le modèle de poisson, entre autres, le
modèle binomial négatif qui prend en considération la surdispersion.
En conséquence, pour appréhender les arguments qui militent en faveur de la communication
volontaire d’informations sur le capital immatériel, nous proposons de tester empiriquement le
modèle suivant :
CAPIM= α0 + α1ROA + α2ROE + α3LEV + α4CFP + α5RISQ + α6LIQ + α7TAIL +
α8AGE + ε.
3.Méthodes d’analyse
Pour examiner les facteurs explicatifs de l’offre volontaire d’informations sur le capital
immatériel par les entreprises de notre échantillon, nous dégagerons les statistiques descriptives
relatives à la nature ainsi qu’à l’étendue des informations communiquées délibérément dans les
rapports annuels sur le capital immatériel. Ensuite, nous verifierons la relation entre les
variables financières desdites entreprises en recourant à la matrice de corrélation de Pearson.
Enfin, nous utiliserons une régression de poisson par la methode de maximum de vraisemblance
afin de mettre en exergue les motifs qui incitent les entreprises cotées sur le marché financier
régional à divulguer volontairement des informations sur le capital immatériel.
4.Résultats et discussion
4.1 Résultats de l’analyse descriptive
L’examen des rapports annuels des entreprises de l’échantillon indique la nature et l’étendue
de l’offre volontaire d’informations sur le capital immatériel des entreprises. Il ressort des
statistiques descriptives que les entreprises issues de notre échantillon communiquent en

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moyenne 102 mots et divulgent volontairement des informations sur les trois composantes du
capital immatériel que sont le capital structurel (24,26%), le capital humain (51,18%) et le
capital relationnel (24,56%). Par ailleurs, les entreprises de notre échantillon communiquent au
minimum 24 mots sur le capital immatériel et au maximum 2779 mots (tableau n°4). Toutefois,
celles-ci communiquent davantage de façon volontaire plus d’informations sur le capital
humain. Cette conclusion pourrait se justifier par le fait que les entreprises étudiées placent le
capital humain au centre de la création de richesse. D’ailleurs, cette stratégie de communication
volontaire axée sur le capital humain pourrait également être perçue comme un outil pour
attester de la légitimité de ces entreprises soumises à de fortes pressions sociales (Loukil &
Triki, 2008). Ce résultat est similaire aux conclusions des travaux de Aâmoum (2011) ainsi que
de ceux d’Aâmoum & Guati (2016) obtenues dans le contexte marocain, de Beldi, Damak-
Ayadi & Elleuch (2014) dans le contexte tunisien. En revanche, cette recherche contredit les
études de Bozzolan, Favotto & Ricceri (2003) dans le contexte italien, de Striukova, Unerman
& Guthrie (2008) dans le contexte britannique ainsi que les travaux de Whiting & Woodcock
(2011) dans le contexte australien. Ces auteurs soutiennent que les entreprises offrent
volontairement plus d’informations sur le capital relationnel. Notre conclusion s’oppose à celle
de Singhal, Gupta & Kumar (2022) obtenue dans le contexte indien qui soutient que les
entreprises indiennes divulguent plus d’informations sur le capital structurel par rapport au
capital humain.
Tableau n°4- L’étendue de la divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel
Source :
Composantes du capital Observations Min Max Moyenne Ecart-type
immatériel
Capital structurel 16 2 364 102,125 107,564
Capital relationnel 16 8 743 103,375 189,977
Capital humain 16 2 1672 215,438 411,746
Capital immatériel 16 24 2779 420,938 690,461
Ossonon (2022)
4.2 L’analyse bivariée
Afin d’éviter les problèmes de multicolinéarité entre les variables explicatives pouvant biaiser
les résultats des estimations, nous testons la liaison entre les variables explicatives avec la
matrice de correlation de Pearson.
Il ressort de l’analyse de la matrice de corrélation des variables explicatives (Tableau n°5) que
la correlation entre les variables est faible (les coefficients sont inférieurs à 0,8).

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Tableau n°5: Matrice de correlation des variables explivatives


CPI AGE TAIL RISQ LIQ CFP LEV ROE ROA
CAPIM 1
AGE -0.010 1
TAIL -0.138 0.018 1
RISQ -0.238 0.019 -0.162 1
LIQ 0.491 0.507 0.140 -0.162 1
CFP 0.256 0.012 0.2 -0.491 0.2 1
LEV 0.221 0.106 0.282 0.026 0.282 -0.041 1
ROE -0.068 0.383 0.247 0.409 0.247 -0.471 0.359 1
ROA 0.021 0.406 0.176 0.459 0.176 -0.391 0.068 0.085 1

Source : Ossonon (2022)


4.3 Résultats de l’analyse multivariée
Avant d’estimer le modèle de poisson par la méthode du maximum de vraisemblance, nous
allons tester l’hypothèse nulle du test de Shapiro et Wilk (1965) selon laquelle un échantillon
est issu d’une population normalement distribuée.
4.3.1 Le test de normalité de Shapiro-Wilk
Le test de normalité (tableau n°6) permettra de confirmer le choix du modèle de poisson pour
expliquer les pratiques de divulgation volontaire d’informations par les entreprises de
l’échantillon sur le capital immatériel, d’autant plus que la condition nécessaire de recours à la
régression de poisson est la non-normalité de l’échantillon dont provient la variable à expliquer,
le capital immatériel.
Tableau n°6 : Test de normalité de la variable à expliquer le capital immatériel
Variable Statistique W P-value Alpha
CAPIM 0,78451 0,001709 0,05
Source :Ossonon (2022)
Interprétation du test :
H0 : P-value supérieure à 5%, la variable dont procède l’échantillon suit une loi normale
H1 : P-value inférieure à 5%, la variable dont procède l’échantillon ne suit pas une loi normale
Nous constatons que la P-value calculée est inférieure au niveau de signification (seuil
alpha=5%). De ce fait, l’hypothèse nulle H0 est rejétée. Nous acceptons l’hypothèse alternative
H1 qui confirme que l’échantillon dont provient la variable capital immatériel ne suit pas la loi
normale. Par conséquent, la variable à expliquer suit donc la loi de poisson.

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4.2.2 Résultats d’estimation du modèle par la régression de poisson et le test de


surdispersion
En raison de la non-normalité de la distribution de la variable de comptage discrète qu’est le
capital immatériel, le modèle sera estimé par la régression de poisson. Celui-ci se présente
comme suit :
Ln [ E(CAPIM)] = α0 + α1ROA + α2ROE + α3LEV + α4RISQ + α5CFP + α6LIQ + α7TAIL + α8AGE + ε.
Après l’estimation du modèle de poisson par la méthode du maximum de vraisemblance, nous
ferons le test de surdispersion (le test de déviance) sur le modèle estimé en vue de la validation
des coefficients de la regression de poisson. Le tableau suivant présente les résultats
d’estimation du modèle de poisson.
Tableau n°7-Estimation du modèle par la regression de poisson
Coefficient Standard Error Z-Statistic P-value
Constante 2.561e+00 8.375e-01 3.058 0.00223**
ROA 1.402e-11 1.408e-12 9.956 0,00000***
ROE -2.326e+00 8.716e-02 -26.684 0,00000***
LEV 1.134e-01 4.920e-03 23.043 0,00000***
RISQ 6.900e+02 2.389e+01 28.878 0,00000***
CFP 4.746e+01 2.388e+00 19.871 0,00000***
LIQ 6.826e-04 2.036e-05 33.520 0,00000***
TAIL 1.679e-01 7.614e-02 2.205 0.02743 *
AGE -1.467e-02 1.102e-03 -13.305 0,00000***
Signif. codes: 0 ‘***’ 0.001 ‘**’ 0.01 ‘*’ 0.05 ‘.’ 0.1

Source : Ossonon (2022)


Les résultats de la régression de poisson (tableau n°7) indiquent que la performance
économique mesurée par la rentabilité économique (ROA), l’endettement mesuré le levier
financier (LEV), le risque (RISQ), le coût des fonds propres (CFP), la liquidité du titre (LIQ)
et la taille (TAIL) expliquent positivement et significativement la divulgation volontaire
d’informations sur le capital immatériel par les entreprises de notre échantillon. En revanche,
la rentabilité financière (ROE) et l’âge affectent négativement et significativement la
communicatition volontaire d’informations sur le catipal immatériel.
Pour valider les résultats obtenus par la regression de poisson, nous testons la surdispersion en
estimant le paramètre de dispersion ϕ. Si ϕ est inférieur à 1, il y a une sous-dispersion des
observations. Afin de détecter la présence de surdispersion ou de sous-dispersion, nous
utiliserons la statistique du x2, cette statistique est calculée à partir des écarts carrés entre les

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valeurs observées y et attendues ŷ, normalisés par la valeur attendue ŷ, pour chacun des n points
du jeu de données.
x2 = Somme (yk - ŷk)2 / ŷk avec k = 1, ………n

Si les données suivent la distribution de Poisson, la valeur moyenne du x2 est égale au nombre
de degrés de liberté résiduels du modèle: dfres = n − p, où p est le nombre de paramètres estimés.
Pour estimer le paramètre de dispersion ϕ, nous utiliserons donc l’estimateur: ĉ= x2/ dfres.
L’estimé du paramètre de dispersion de la régression de poisson est égal à 1,4. Lorsque ĉ n’est
trop élevé (typiquement, on suggère ĉ inférieure à 4), les estimés des coefficients de la
régression de poisson demeurent valides. En conséquence, le recours au modèle binomial
négatif n’est plus adapté.
4.2.3 Synthèse des principaux résultats et discussion
❖ Performance et divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel
L’analyse multivariée met en évidence une infuence positive de la performance mesurée par le
ROA sur la commmunication volontaire d’informations sur le capital immatériel par les
entreprises de notre échantillon. Cela signifie que ces entreprises sont enclines à communiquer
volontairement sur leur capital immatériel pour signaler leurs performances futures aux
investisseurs sur le marché financier régional. D’ailleurs, le capital immatériel represente une
composante intrinsèque pour la création de valeur au sein des entreprises (Aâmoum & Nakri,
2021). Ce résultat valide les prédictions de la théories du signal et les conclusions des travaux
de Kateb, Matoussi & Bounfour (2009), d’Agbodjo (2015), de Maaloul & Zéghal ( 2015) et
d’Aâmoum & Guati ( 2016). Notre hypothèse H1 est validée.
Toutefois, l’association entre la performance mesurée par la rentabilité financière et l’offre
volontaire d’informations sur le capital immatériel est négative. Cette influence négative
pourrait être justifiée par la volonté des dirigeants d’entreprises d’expliquer le manque de
création de richesse pour l’actionnaire en augmentant le niveau de divulgation volontaire
d’informations sur le capital immatériel afin de pallier la déficience du système comptable
(Kateb, 2014). Ce résultat avec le ROE corrobore celui de Beldi, Damak-Ayadi & Elleuch
(2014)
❖ Endettement et divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel
Il ressort de la régression de poisson que l’endettement incite les entreprises à communiquer
davantage et de façon volontaire sur le capital immatériel. En effet, les entreprises étudiées
adopteraient une politique de communication extensive sur le capital immatériel pour réduire
l’asymétrie informationnelle et minimiser les coûts générés par les conflits d’agence. Ce résultat

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est conforme aux présomptions de la théorie de l’agence et aux conclusions des travaux de
White, Lee & Tower (2007) et de Escaffre (2003). Il contredit les résultats de Kateb (2014).
Ce résultat nous conduit à confirmer notre hypothèse H2 qui postule que les entreprises les plus
endettées offrent volontairement plus d’informations sur le capital immatériel.
❖ Risque, coût des fonds propres, liquidité du titre et divulgation volontaire
d’informations sur le capital immatériel
Les résultats d’estimation affichent une relation positive et significative entre l’offre volontaire
d’informations sur le capital immatériel par les entreprises étudiées sur le marché financier
régional et le risque. Spécifiquement, une communication volontaire et intense sur le capital
immatériel augmente le risque. Explicitement, l’analyse de contenu effectuée sur le capital
immatériel a montré que les entreprises sur le marché financier régional communiquent
davantage sur le capital humain. Cependant, en raison de la volatilité du capital humain, les
investisseurs pourraient ne pas appréhender la pertinence de la communuication volontaire sur
cette composante du capital immatériel. En conséquence, les entreprises qui communiquent
volontairement de plus en plus sur le capital humain pourraient être sanctionnées par les
investisseurs sur le marché financier. Ce qui contribuerait à accroître le risque du titre, et
augmenter le côut des fonds propres. Ces résultats contredisent les travaux de Hail (2002),
d’Orens, Aerts & Lybaert (2009), de Salvi, Vittola, Rubino & Petteuzzela (2020). A la lumière
de nos résultats, l’hypothèse H3 qui présumait la réduction du risque par l’offre volontaire
d’informations sur le capital immatériel est refutée. Par ailleurs, l’hypothèse H4 qui prédisait la
divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel comme moyen de réduction du
coût des capitaux propres est infirmée.
En outre, nos résultats indiquent une association positive et significative entre la liquidité du
titre et la divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel. En effet, partant de
la relation trouvée entre la publication volontaire d’informations sur le capital immatériel et le
risque, les titres des entreprises sur le marché régional communiquant volontairement et
davantage sur le capital immatériel devraient être de moins en moins liquides. Toutefois, nos
résultats attestent de la relation positive entre l’offre d’informations sur le capital immatériel et
la liquidité du titre. Ce résultat pourrait être justifié par l’irrationalité et le mimétisme des
investisseurs sur le marché financier régional. Ce résultat corrobore les conclusions des travaux
d’Orens, Aerts et Lybaert (2009). Par concéquent, l’hypothèse H5 est confirmée.
Conclusion

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Cette étude a pour objectif d’analyser les motifs de divulgation volontaire d’informations sur le
capital immatériel des entreprises cotées sur le marché financier régional. Pour ce faire, à partir
d’une analyse de contenu des rapports annuels de l’année 2018 de 16 entreprises, les résultats
dénotent que les entreprises de notre échantillon communiquent volontairement plus
d’informations sur le capital humain que le capital structurel et le capital relationnel.
Pour déterminer les facteurs explicatifs de l’offre volontaire d’informations sur le capital
immatériel, nous avons eu recours à la régression de poisson. La régression de poisson montre
que les entreprises de notre échantillon divulguent volontairement des informations sur le
capital immatériel pour accroître leur performance financière et la liquidité de leurs titres.
D’ailleurs, cette étude a revelé que les entreprises les plus endettées communiquent de plus en
plus et de façon volontaire sur le capital immatériel pour réduire les coûts d’agence afin de
rassurer les prêteurs. Néanmoins, ces entreprises, en offrant de plus en plus d’informations sur
le capital immatériel, sont exposées à une augmentation du risque de leurs titres ainsi qu’à une
hausse du coût des capitaux propres en raison de l’irrationnalité et du mimétisme des
investisseurs sur le marché financier régional. De ce fait, l’offre volontaire d’informations sur
le capital immatériel sur le marché financier régional est motivée l’argument de l’utilité
financière.
Par ailleurs, cette recherche apporte sa contribution au débat portant sur les pratiques des
entreprises en matière de communication volontaire d’informations sur le capital immatériel.
Toutefois, l’argument de la légitimité inhérente à la communication volontaire d’informations
sur le capital immatériel n’a pas été analysé dans cette étude. Ainsi, une recherche ultérieure
pourrait examiner la divulgation volontaire d’informations sur le capital immatériel par les
entreprises cotées à la BRVM comme un outil de légitimation sociale.
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