SERON Luc
SERON Luc
SERON Luc
Ma famille qui a partagé ces années avec moi et m’a toujours soutenu,
Meauzé, Paca, Chlochlo, Angélique et Angy, Sarah, Bibiche, Sépho, Tif, M-C et
Lucie, pour tous ces moments passés ensemble durant ces années, votre humour et
votre soutien,
INTRODUCTION ..................................................................................................................
1. La délivrance .............................................................................................................. 2
1.1. Physiologie de la délivrance ............................................................................... 2
1.2. Les différents types de délivrance ..................................................................... 2
1.2.1. Délivrance normale spontanée ...................................................................... 2
1.2.2. Délivrance normale naturelle ........................................................................ 2
1.2.3. Délivrance dirigée ......................................................................................... 3
1.3. L’hémorragie de la délivrance .......................................................................... 3
1.3.1. Définition ...................................................................................................... 3
1.3.2. Prise en charge .............................................................................................. 3
1. Matériel....................................................................................................................... 9
1.1. Type d’étude ....................................................................................................... 9
1.2. Lieux de l’étude .................................................................................................. 9
1.3. Critères d’inclusion ou d’exclusion .................................................................. 9
1.4. Taux de participation ....................................................................................... 10
2. Méthode .................................................................................................................... 10
2.1. Critères de jugement ........................................................................................ 10
2.1.1. Questionnaire sages-femmes....................................................................... 10
2.1.2. Questionnaire médecins .............................................................................. 11
2.1.3. Questionnaire étudiants sages-femmes ....................................................... 11
2.2. Traitement des données et analyses statistiques ............................................ 11
RÉSULTATS ..........................................................................................................................
4. Propositions .............................................................................................................. 37
CONCLUSION ................................................................................................................... 39
BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................. 40
ANNEXES ........................................................................................................................... 44
ABRÉVIATIONS
DA : Délivrance artificielle
DE : Diplôme d’État
GO : Gynécologue(s)-Obstétricien(s)
RU : Révision utérine
SF : Sage(s)-Femme(s)
TP : Travaux pratiques
UI : Unité Internationale
INTRODUCTION
L’hémorragie du post-partum (HPP) est la première cause de mortalité maternelle en
France (16%). Elle est définie comme une perte sanguine supérieure ou égale à 500 ml après
l’accouchement, quel qu’en soit le mode. On parle d’hémorragie sévère lorsque les pertes
sanguines atteignent 1000 ml. [1]
La mortalité maternelle est quant à elle définie par « le décès d’une femme au cours de
la grossesse ou dans un délai de 42 jours après sa terminaison, quelles qu’en soient la durée, la
localisation, pour une cause quelconque déterminée ou aggravée par la grossesse ou les soins
qu’elle a motivés, mais ni accidentelle, ni fortuite. » [2]
Depuis 2007, en France, on dénombre environ 85 décès maternels chaque année [3].
Parmi ceux-ci, deux tiers ont une cause directement liée à la grossesse, l’accouchement ou le
post-partum ; et un tiers, une cause indirecte (maladies cardiaques, cérébrovasculaires,
infectieuses...).
L’HPP n’a pas que des conséquences directes telles que l’hypovolémie aigue et la
mortalité. Elle est aussi indirectement responsable des risques liés aux transfusions, à la
réanimation et à l’infertilité due à l’hystérectomie. [1]
1
1. La délivrance
- l’expulsion du placenta sous l’effet des contractions et de son propre poids. Dans la majorité
des cas, le placenta sort par la face fœtale. C’est ce que l’on appelle le mode Baudelocque. Plus
rarement il sort par la face utérine, c’est le mode Duncan.
- l’hémostase, qui n’est possible que si l’utérus est vide. Elle se fait grâce à la compression des
vaisseaux par les fibres musculaires lors de la rétraction utérine. Peuvent survenir durant cette
phase : une rétention placentaire, la persistance de débris ou une atonie utérine, responsables
d’hémorragie de la délivrance.
Le placenta est expulsé spontanément sous l'effet des efforts de poussée abdominale, la
patiente étant en position debout. Ce mode de délivrance est peu répandu en France du fait de
la médicalisation de l’accouchement. [8]
La délivrance est aidée par le soignant qui, après avoir clampé précocement le cordon,
applique une légère traction sur ce dernier tout en refoulant le corps utérin vers le haut. Lorsque
la masse placentaire arrive à la vulve, le déplissement du segment inférieur à l’aide d’une main
facilite le décollement des membranes. A cette étape peut s’ajouter le recueil du placenta à deux
2
mains, afin de le vriller sur lui-même, en l’accompagnant lentement dans sa chute. Cette
manœuvre permet d’éviter le déchirement des membranes. [8]
1.3.1. Définition
L’hémorragie de la délivrance est définie par une perte sanguine ≥ 500 ml après
l’accouchement, qu’il ait eu lieu par les voies naturelles ou par césarienne. L’HPP sévère, quant
à elle, est définie par une perte de sang ≥ 1000 ml. La prise en charge de l’HPP peut être débutée
avant que le seuil de 500 ml de perte sanguine ne soit atteint si le débit du saignement est
important ou si la tolérance clinique est mauvaise.
La prise en charge de l’HPP est multidisciplinaire et repose sur une bonne coopération
de l’équipe obstétricale et d’anesthésie. Elle nécessite une bonne coordination entre les
différents praticiens. Le facteur temps est primordial dans la prise en charge de l’HPP.
La mise en place précoce d’un sac de recueil est recommandée. Le traitement de l’HPP
commence par la délivrance qui se fait artificiellement si elle n’a pas encore eu lieu. Sinon, une
révision utérine est pratiquée pour s’assurer de la vacuité utérine. Le geste est suivi d’un
massage utérin et d’une injection d’utérotonique de 5 à 10 UI d’ocytocine par voie
intraveineuse lente ou intramusculaire. Cette injection sera suivie d’une perfusion d’entretien
de 5 à 10 UI/h pendant deux heures. Une antibioprophylaxie est recommandée pour les gestes
endo-utérins.
3
Si l’HPP persiste malgré ces gestes, la filière génitale devra être examinée sous valves.
Une prise en charge complémentaire devra avoir lieu si l’HPP continue malgré la bonne
conduite de la prise en charge initiale. Le sulprostone est recommandé pour les HPP sévères ou
persistantes. Le tamponnement intra-utérin peut être utilisé en cas d’échec de la prise en charge
par sulprostone et avant recours à une prise en charge chirurgicale ou par radiologie
interventionnelle.
Si l’HPP persiste toujours, l’embolisation artérielle est à prévoir. Elle est indiquée
préférentiellement en cas d’atonie utérine résistant aux utérotoniques, en particulier après un
accouchement par voie basse.
La délivrance artificielle (DA) et la révision utérine (RU) sont deux gestes fondamentaux à
connaître et à maîtriser. Ces gestes sont souvent réalisés dans l’urgence. Les intervenants
potentiels sont l’obstétricien ou la sage-femme ainsi que l’anesthésiste. La prise en charge doit
être multidisciplinaire.
2.1. Indications
- Une hémorragie de la délivrance survenant alors que le placenta n’est que partiellement
décollé, enchatonné ou incarcéré dans l’utérus.
- Un délai d’expulsion supérieur à 30 minutes après l’accouchement.
4
2.1.2. Indications pour la révision utérine
- A la suite de la DA
- S’il y a doute sur l’intégrité du placenta et des membranes
- En cas d’hémorragie (>500 ml)
2.2. Technique
Ce geste se fait sous analgésie péridurale ou sous anesthésie générale. La vessie doit être
vide et l’utérus massé s’il est hypotonique. [1]
L’opérateur introduit une main gantée dans les voies génitales et suit le trajet du cordon
ombilical. Son autre main empaume, abaisse et maintient le fond utérin. Il doit repérer
l’insertion du placenta et décoller le placenta à l’aide du bord cubital de sa main en créant
progressivement un espace entre les deux surfaces. Le placenta est ensuite amené hors de
l’utérus en un seul mouvement, en douceur, sans déchirer les membranes.
Une RU est toujours associée à la DA, de manière à vérifier la bonne rétraction utérine et sa
vacuité. [11]
La RU a pour but de vérifier que la cavité utérine est vide de tout élément placentaire,
de membranes ou caillots sanguins. Elle permet aussi de s’assurer qu’il n’y ait pas de rupture
utérine.
Elle est pratiquée dans les mêmes conditions d’hygiène et d’asepsie que la DA. La
technique est la même que pour la DA.
5
2.3. Risques liés à la délivrance artificielle et à la révision utérine
Ces gestes endo-utérins peuvent être également à l’origine de synéchies. Reliant les
deux parois de la cavité utérine, elles peuvent être à l’origine d’anomalies du cycle menstruel
(aménorrhée secondaire, dysménorrhée), ainsi que de troubles de la fertilité.
Dans de rares cas la DA et la RU peuvent entraîner une perforation utérine, d’autant plus si
l’utérus est déjà fragilisé par une cicatrice. [8]
6
Avant 2006, il n’était pas inscrit dans la loi que les sages-femmes pouvaient pratiquer
la DA et la RU, excepté en cas d’urgence au vu de l’article R.4127-313 :
Le 17 octobre 2006, a été ajouté à cet article le décret n° 2006-1268 qui stipule :
Cet article est une nouvelle fois modifié le 17 juillet 2012 par le décret n° 2012-881. Il
est alors supprimé la mention « à l’exclusion des cas d’utérus cicatriciels », qui donne le droit
aux sages-femmes de pratiquer la DA et la RU dans toutes les situations. [12]
Au regard des évolutions législatives relatives aux compétences des sages-femmes, ces
dernières pratiquent-elles réellement ces gestes ?
Très peu d’études ont été réalisées sur ce sujet. Néanmoins, une enquête de 1996
intitulée « les responsabilités médicales des sages-femmes dans les maternités publiques et
privées dans 11 régions de France » menée auprès de 884 sages-femmes permet d’obtenir
quelques réponses. Sur les 522 sages-femmes interrogées concernant la pratique de la DA,
33,3% d’entre elles ont répondu ne jamais en faire, 25,5% rarement, 18% parfois et seulement
23,2% souvent. [14]
7
Hypothèse 2 : La pratique de la DA et/ou de la RU dépend de l’organisation et des habitudes
de service. (Protocole de service)
Hypothèse 3 : Les étudiants sages-femmes de dernière année ne se sentent pas prêts à réaliser
ces gestes dans leur future vie professionnelle.
L’objectif principal de cette étude est de dresser un état des lieux sur la pratique de la
DA et de la RU par les sages-femmes, huit ans après l’ajout de ces compétences au code de
déontologie.
8
MATERIEL ET MÉTHODE
1. Matériel
L’enquête s’est déroulée du 17 Septembre au 29 novembre 2014. Les questionnaires ont été
remplis sur la base du volontariat.
Une troisième enquête a été réalisée début Mars 2015 auprès des 22 étudiants sages-
femmes de 5ème année de l’école de Caen. (Annexe IV)
Les critères d’inclusion étaient les suivants : l’établissement devait être une maternité
publique de Basse-Normandie, les sages-femmes devaient répondre au questionnaire qui leur
était destiné, et cela uniquement si elles estimaient exercer souvent en salle de naissance. Les
médecins, quant à eux, devaient remplir le questionnaire, uniquement s’ils estimaient exercer
souvent en salle de naissance.
Ont été exclues les deux maternités privées de Basse-Normandie (la polyclinique du
Parc à Caen et la clinique Henry Guillard à Coutances) car ce sont exclusivement les médecins
qui pratiquent la délivrance artificielle et la révision utérine dans ces maternités.
9
1.4. Taux de participation
Cent soixante-seize questionnaires destinés aux sages-femmes ont été distribués dans
les maternités publiques de Basse-Normandie, et cela, en fonction du nombre de sages-femmes
exerçant en salle de naissance. Les cadres sages-femmes m’ayant auparavant fait une estimation
du nombre de questionnaires nécessaire pour leur maternité.
Au total, sur les 176 questionnaires distribués, 122 ont été recueillis, soit un taux de
participation de 69,32%. Parmi les 122 questionnaires récupérés, un a été exclu, car
incomplètement rempli. 121 questionnaires ont donc été inclus dans l’étude pour les sages-
femmes.
Quarante-huit questionnaires destinés aux médecins ont été distribués dans les
maternités, soit quatre par maternité.
Sur ces 48 questionnaires destinés aux médecins, 15 ont été recueillis, 14 remplis par
les gynécologues-obstétriciens, et un questionnaire rempli par un anesthésiste-réanimateur. Le
taux de participation pour les questionnaires médecins est de 31,25%. Tous les questionnaires
ont pu être exploités.
2. Méthode
- Le point de vue de chaque médecin sur la pratique de ces gestes par les différents
professionnels au sein de leur maternité.
- Leur point de vue sur cette question : « selon vous, si la sage-femme pratiquait plus
régulièrement la DA et la RU, cela pourrait-il éviter des retards de prise en charge ? »
Le logiciel Excel® 2013 a été utilisé pour la saisie des données et les calculs statistiques
ont été réalisés grâce au logiciel Epi Info® V3.5.4 et au site internet « BiostaTGV ».
Les variables quantitatives ont été décrites avec des moyennes et des écarts types. Les
variables qualitatives ont été analysées avec des pourcentages. Elles ont été comparées avec la
méthode de chi2 lorsque le plus petit effectif était supérieur à 5. Lorsque le plus petit effectif
était < 3 le test exact de Fisher était utilisé.
11
Questionnaire étudiants
Questionnaire sages-femmes Questionnaire médecins
sages-femmes
5 5 2 5 5 2
Niveau III
22 questionnaires
Niveau I Niveau II Niveau III Niveau I Niveau II
n=60 n=64 n=52 n=20 n=20 n=8 distribués
1 non-
exploitable
12
RÉSULTATS
1. Résultats concernant les sages-femmes
L’enquête s’est déroulée sur une période de 10 semaines, 176 questionnaires ont été distribués
et 122 questionnaires ont été récupérés. Un de ces questionnaires n’était pas interprétable. Les
données exploitables portaient sur une population de 121 sages-femmes.
Caractéristique de la N (%)
Renseignements
population
Féminin 108 (89,25)
Sexe
Masculin 13 (10,75)
20 à 29 48 (39,67)
30 à 39 46 (38,02)
Age 40 à 49 19 (15,70)
50 à 59 7 (5,78)
+ de 60 1 (0,83)
I 42 (34,71)
Niveau Maternité IIa 10 (8,26)
IIb 34 (28,10)
III 35 (28,93)
Temps de présence SDN (écart-type) Moyenne : 67% sur l’année (1,38)
Année DE (écart-type) Moyenne : Juin 2003 (9,09)
Plus des trois-quarts des sages-femmes (77,69%) avaient entre 20 et 39 ans. Elles
travaillaient en moyenne les deux-tiers du temps en salle de naissance.
13
34,74% 36,26%
N=42 N=44
40% 28,93%
N=35
35%
30%
25%
20%
%
15%
10%
5%
0%
Niveau I Niveau II Niveau III
Niveau de la maternité
Formation Caractéristiques DA RU
N (%) N (%)
Théorique 83 (68,6) 85 (70,2)
Travaux pratiques 6 (5) 6 (5)
Théorique + TP 30 (24,8) 25 (20,7)
Enseignement durant Ne sait plus 1 (0,8) 3 (2,4)
leurs études Aucun 1 (0,8) 2 (1,7)
Très satisfaisant + 75 (63,6) 74 (63,8)
satisfaisant
Peu + très peu satisfaisant 43 (36,4) 42 (36,2)
Oui 74 (61,2) 59 (49,2)
Non 45 (37,2) 60 (50%)
Ne sait plus 2 (1,6%) 1 (0,8)
Réalisation durant 1ère année 0 (0) 0 (0)
leurs études 2ème année 3 (4,0) 1 (1,7)
3ème année 26 (34,7) 21 (35,0)
4ème année 36 (48,0) 29 (48,3)
Ne sait plus 10 (13,3) 9 (15,0)
Moyenne : 1,37 Moyenne : 1,15
Nombre
(N=121) (N=121)
14
Plus des deux tiers des sages-femmes ont déclaré n’avoir eu que des cours théoriques
sur la DA (68,6%) et la RU (70,2%).
La majorité des sages-femmes (63,6% pour la DA et 63,8% pour la RU) ont considéré
avoir eu un enseignement sur ces gestes (théorique et/ou pratique) satisfaisant ou très
satisfaisant. Plus d’un tiers des sages-femmes interrogées (37,2%) n’avait jamais réalisé de DA
avant d’être diplômées, et la moitié (50%) n’avait pas réalisé de RU.
La majorité des sages-femmes (89,3%) n’a pas bénéficié d’une formation concernant la DA et
la RU une fois diplômée. Parmi celles-ci, 43,5% étaient demandeuses d’une formation sur ce
sujet.
Pour les 13 (10,7%) sages-femmes ayant eu une formation, elle s’est déroulée la plupart du
temps lors d’un accouchement (84.6%).
Caractéristiques DA RU
N (%) N (%)
Oui 74 (61,2) 59 (49,2)
Non 45(37,2) 60 (50,0)
Pratique de la Ne sait plus 2 (1,6) 1 (0,8)
DA/RU depuis Niveau I 37 (49,3) 35 (50,7)
le DE Niveau II 26 (34,7) 25 (36,2)
Niveau III 12 (16,0) 9 (13,0)
1er geste après X années (moyenne) X = 1,49 X = 1,55
Un peu plus d’un tiers (37,2%) des sages-femmes enquêtées n’ont jamais réalisé de DA
depuis leur diplôme, et la moitié (50,0%) n’ont jamais réalisé de RU depuis leur DE.
15
Les 45 sages-femmes n’ayant pas réalisé de DA depuis l’obtention du diplôme l’ont expliqué
par différentes raisons :
- 20%, soit 9 sages-femmes étaient récemment diplômées et « n’avaient pas encore été
confrontée à la situation »
- Les 80% (36) restants ont rapporté que dans leur maternité respective, « ce sont les
internes et les médecins qui réalisent la DA ». Une sage-femme a précisé en ajoutant :
« […] car même si le médecin est occupé, nous devons attendre l’astreinte ».
Pour les 60 sages-femmes n’ayant jamais réalisé de RU depuis leur diplôme les raisons étaient :
- 95% soit 57 sages-femmes, ont expliqué que « ce sont les médecins qui réalisent la
RU »,
- 50% soit 30 sages-femmes par « la formation des internes ».
- 44% soit 25 sages-femmes ont mis en avant « les habitudes de service »,
- 5%, soit 3 sages-femmes ont justifié n’avoir que peu de pratique, et être récemment
diplômées,
- Trois sages-femmes interrogées ont témoigné de la difficulté qu’elles rencontraient à
« s’assurer de la vacuité utérine ». Trois autres sages-femmes ont déclaré que « la sage-
femme a d’autres fonctions et qu’elle ne pourrait alors pas s’occuper de ses autres
patientes ». Deux sages-femmes ont décrit qu’elles « préféraient que ce soit un
gynécologue qui pratique la RU ».
16
80 69,6%
74,3%
70 (n=55) (n=48)
60
50
40
23,2%
%
30 20,3%
(n=16)
(n=15)
20
2,9% 4% 4,3%
1,4%
10 (n=2) (n=3) (n=3)
(n=1)
0
Seul(e) Gynécologue Collègues SF Interne
Obstétricien
Type d'accompagnent
Accompagnement DA Accompagnement RU
Parmi les 74 sages-femmes (61,2%) ayant réalisé une DA depuis leur diplôme, 68% ont
pratiqué leur première dans les deux ans suivant le DE, dont 49,3% dans un niveau I, 34,7%
dans un niveau II, et 16 % dans un niveau III.
Dans 78,4 % des cas elles étaient accompagnées d’un gynécologue/obstétricien ou d’un
interne lors de leur première DA. Mais dans 20,3% des cas elles étaient seules, et dans 8%
uniquement aidées par une collègue sage-femme.
Parmi les 59 sages-femmes (49,2%) ayant réalisé une RU depuis leur diplôme, 68,1% ont
pratiqué leur première dans les deux ans suivant le DE, dont 50,7% dans un niveau I, 36,3%
dans un niveau II, et 13 % dans un niveau III.
Dans 73,9 % des cas elles étaient accompagnées d’un gynécologue/obstétricien ou d’un interne
lors de leur première DA. Mais dans 23,2% des cas elles étaient seules, et dans 2,9%
uniquement aidées par une collègue sage-femme.
La majorité des sages-femmes interrogées (87,6%) ont estimé avoir réalisé entre 0 et 10
DA depuis leur DE, et 79,0% avoir réalisé entre 0 et 10 RU. Chaque sage-femme ayant réalisé
en moyenne 2,12 DA et 2,08 RU depuis le début de son exercice.
17
60% 50,40%
42,90% n=60
50% n=51
40%
31,10%
n=37 21,80%
30% n=26
%
15,10% 16,80%
20% 10,90% 10,90% n=18 n=20
n=13 n=13
10%
0%
Souvent Parfois Rarement Jamais
FRÉQUENCE DE RÉALISATION
DA RU
100
17,4% 22,3%
90
n=19 n=25
80
70
60
50
%
82,6% 77,7%
40
n=90 n=87
30
20
10
0
DA RU
n= 109 Oui Non n= 112
Les sages-femmes pratiquant dans les maternités de niveau I souhaitaient à 80,6% (29
sages-femmes/36) réaliser plus souvent des DA, contre 68,4% (26 sages-femmes/38) pour la
RU. Dans les maternités de niveau IIa, les sages-femmes souhaitaient à 100% (n=10) réaliser
plus souvent des DA, contre 90% (9 sages-femmes/10) pour la RU. Dans les maternités de
niveau IIb, les sages-femmes souhaitaient à 71,4% (20 sages-femmes/28) réaliser plus souvent
18
des DA, contre 69% (20 sage-femme/29) pour la RU. Enfin dans les maternités de niveau III,
les sages-femmes souhaitaient à 88,6% (31 sages-femmes/35) réaliser plus souvent des DA,
contre 91,4% (32 sages-femmes/35) pour la RU.
Cinq sages-femmes ont argumenté le fait qu’elles ne souhaitaient pas réaliser plus souvent de
DA :
- 3 ont répondu « qu’elles avaient déjà beaucoup à faire, qu’elles ne pouvaient pas être
partout au même moment ».
- 1 sage-femme estimait que « la DA doit être pratiquée par une personne maîtrisant le
geste ».
- 1 sage-femme ne souhaitait pas réaliser de DA car selon elle « le geste revient au
médecin ».
19
Pour la révision utérine, 78 sages-femmes (64,46%) ont répondu :
Huit sages-femmes ont argumenté le fait qu’elles ne souhaitaient pas réaliser plus souvent de
RU :
20
Délivrance artificielle Révision utérine
Sages-femmes GO Interne GO Sages-femmes GO Interne GO
9,76% 2,44%
22,50% 22,50%
20%
Niveau I
27,50%
50% 50% 50% 50%
25% 90,24% 27,50%
30% 25% 97,56%
28,57%
42,86% 42,86%
57,14% 54,28%
71,43% 85,71%
88,57% 88,57%
21
96,69% 97,52%
100% n=117 n=118
84,30% 81,82%
80,16% 80,16%
90% n=102 n=99
n=97 n=97
80%
61,11% 61,98%
70% n=80 n=75
60%
50%
%
40%
30%
20%
10%
0%
SF GO Interne GO ESF
Figure 7 : Estimation par les sages-femmes de la personne qui doit réaliser la DA et la RU.
Tout niveau de maternité confondu, 80,8% des sages-femmes ont déclaré que l’étudiant
sage-femme ne pratiquait que rarement ou jamais la DA, contre 83,4% pour la RU. Et 15% ont
répondu : « ne sait pas ».
Figure 8 : Répartition des réponses à la question : Selon vous, si la sage-femme pratiquait plus
régulièrement ces actes (DA+RU), cela pourrait éviter des retards de prise en charge ?
22
Une large majorité de sages-femmes (80,34%, n = 94/117) ont estimé que si elles
pratiquaient plus régulièrement la DA et la RU, cela pourrait éviter des retards de prise en
charge.
Parmi les 15 sages-femmes (12,82%) qui ont répondu négativement à cette question, 8
l’ont expliqué par le fait que le médecin était présent au sein de la maternité.
L’étude secondaire concernant les médecins a été menée simultanément à celle des
sages-femmes. 44 questionnaires ont été envoyés dans les différentes maternités et 15 ont été
récupérés, tous étaient exploitables.
Caractéristique de la
Renseignements N (%)
population
Profession Gynécologue-Obstétricien 14 (93,3)
Anesthésiste 1 (6,7)
Féminin 4 (26,7)
Sexe
Masculin 11 (73,3)
20 à 29 0 (0)
30 à 39 5 (33,3)
Age 40 à 49 4 (26,7)
50 à 59 3 (20,0)
+ de 60 3 (20,0)
I 5 (33,3)
Niveau Maternité IIa 2 (13,3)
IIb 4 (26,7)
III 4 (26,7)
23
2.2. Délivrance artificielle et révision utérine
25%
0% 50 0%
80 %
50% 80%
25%
%
16,7%
Niveau II
25% 25%
24
Non : 40%
(n=6) Oui : 53,33%
(n=8)
Probablement:
7% (n=1)
Figure 10 : Répartition des réponses à la question : Selon vous, si la sage-femme pratiquait plus
régulièrement ces actes (DA+RU), cela pourrait éviter des retards de prise en charge ?
Parmi les 8 gynécologues-obstétriciens qui étaient favorables au fait que si une sage-
femme pratiquait plus régulièrement la DA et la RU, cela pourrait éviter des retard de prise en
charge, 5 ont ajouté que « cela serait d’autant plus vrai dans une petite maternité où
l’obstétricien ne serait pas sur place ».
25
3. Résultats concernant les étudiants sages-femmes
DA RU
Formation Caractéristiques N (%) N (%)
Théorique 22 (100) 22 (100)
Travaux pratiques 0 (0) 0 (0)
Théorique + TP 0 (0) 0 (0)
Enseignement durant Ne sait plus 0 (0) 0 (0)
leurs études Aucun 0 (0) 0 (0)
Très satisfaisant 2 (9,1) 2 (9,1)
Satisfaisant 18 (81,8) 18 (81,8)
Peu satisfaisant 2 (9,1) 2 (9,1)
Très peu satisfaisant 0 (0) 0 (0)
Oui 4 (18,2) 6 (27,3)
Réalisation durant Non 18 (81,8) 16 (72,7)
leurs études Moyenne par étudiant
0,18 0,27
durant leurs études
100% 81,80%
77,30%
90% n = 18
n = 17
80%
70%
60%
50%
%
40%
18,20% 18,20%
30% n=4 n=4
20% 4,50%
10% n=1
0% 0% 0%
0%
0 1 2 >2
Nombre de DA ou de RU
DA RU
Figure 11 : Nombre de DA et de RU réalisées par les étudiants de dernière année durant leurs
études.
26
3.2. Future vie professionnelle
4,50% 4,50%
DA n =1 RU n=1
95,50% 95,50%
n = 21 n = 21
Figure 12 : Répartition des réponses à la question : Vous sentez-vous prêt à réaliser seul une
DA ou une RU ? (sans gynécologue obstétricien à vos côtés)
Deux étudiantes sages-femmes ont argumenté le fait qu’elles ne se sentaient pas prêtes
pour réaliser seule une DA ou une RU :
27
ANALYSE ET DISCUSSION
1. Critique de l’étude
Ce travail avait pour but de dresser un état des lieux sur la pratique de la DA et de la RU
par les sages-femmes au sein des douze centres hospitaliers publics de Basse-Normandie. Cela
huit ans après l’intégration de ces compétences au code de déontologie des sages-femmes.
Cette étude était prospective. L’étude a été acceptée dans les douze maternités publiques
de la région et 121 questionnaires ont pu être récupérés sur les 176 questionnaires distribués.
L’effectif de sage-femme est celui espéré et le taux de participation de 69,32% est satisfaisant.
La répartition des sages-femmes et des médecins était homogène dans les différents
niveaux de maternité.
Deux questions dans le questionnaire destiné aux sages-femmes n'ont pas pu être
interprétées lors des résultats :
28
La population des médecins ayant répondu au questionnaire est faible avec seulement
15 questionnaires récupérés et ne peut donc pas être représentative de leur profession du fait du
manque de puissance.
29
Ainsi les sages-femmes pratiquent plus souvent les DA et les RU dans une maternité de
niveau I plutôt que dans une maternité de niveau III.
L’organisation des services dans les différents niveaux de maternité semble être l’une
des raisons des différences de pratiques de la DA et de la RU par les sages-femmes. En effet,
ces dernières ont pour la plupart expliqué que le gynécologue-obstétricien était souvent présent
et que c’était lui ou l’interne, devant se former, qui pratiquait ces gestes, de par les habitudes
de service (89,53% n = 77). Les autres raisons émanaient de sages-femmes nouvellement
diplômées qui n’avaient pas été confrontées à la situation (8,14% n = 7). Ces résultats
permettent donc de valider notre deuxième hypothèse : la pratique de la DA et de la RU dépend
de l’organisation et des habitudes de services.
Il n’a pas été retrouvé de résultat significatif entre le pourcentage de temps passé en SDN
et fréquence de réalisation de la DA et de la RU. Il n’a pas non plus été retrouvé de différence
significative en comparant la DA avec la RU.
30
Une étude de 1998 réalisée par B. Blondel avait permis d’évaluer les pratiques des sages-
femmes en maternité dans onze régions de France, dont la Basse-Normandie. La pratique de la
DA était décrite dans cet article. Nous avons pu alors comparer nos résultats à ceux de B.
Blondel. [14]
50%
45% 42,90%
40%
33,30%
35% 31,10%
30% 25,50%
25%
23,20%
%
20% 18,00%
15,10%
15% 10,90%
10%
5%
0%
Souvent Parfois Rarement Jamais
B. Blondel 1998 23,20% 18,00% 25,50% 33,30%
Notre étude 10,90% 15,10% 31,10% 42,90%
FRÉQUENCE DE RÉALISATION DE LA DA
B. Blondel 1998 Notre étude
Les résultats de l’étude de B. Blondel sont issus d’une enquête réalisée dans des
maternités publiques, recensant une population de 884 sages-femmes constituée par tirage au
sort. Nous ne connaissons pas les proportions de sages-femmes selon les niveaux des
maternités. Cependant l’écart entre les deux études pour les sages-femmes ayant répondu
« souvent » est important (23,20% vs 10,90%).
Pour rappel, avant 2006 et le décret n° 2006-1268, les sages-femmes pouvaient réaliser
les DA et les RU, uniquement en cas de circonstances exceptionnelles. Depuis 2006, ces gestes
font parties de leurs compétences. Nous aurions alors pu nous attendre à une augmentation de
la fréquence de leur réalisation.
Deux études, l’une réalisée à Metz en 2009 et l’autre à Nancy en 2011 dans le cadre du
mémoire de sage-femme mettaient aussi en avant les habitudes de service comme explication
de la non-intervention des sages-femmes lors des DA et des RU. Ces mémoires mettant en
évidence que les DA et les RU étaient réalisées par les médecins ou les internes. [15, 16]
31
2.2. Pratique par les étudiants durant leurs stages
Les données concernant les étudiants sages-femmes en dernière année d’étude à l’école
de Caen vont dans le même sens que les résultats de l’enquête menée auprès des sages-femmes.
En effet seuls quatre étudiants sur une promotion de 22 ont pu réaliser une DA, et six une RU.
Une DA et une RU ont été réalisées durant une césarienne par la cicatrice d’hystérotomie. Par
ailleurs, une seule étudiante a pu réaliser deux RU.
Ainsi, respectivement 77% et 81% des étudiants n’ont jamais effectué de DA et de RU,
cela, à moins de quatre mois du diplôme. Un des objectifs de chacun d’entre nous est de pouvoir
faire une DA et/ou une RU au cours du dernier stage en salle de naissance du second semestre.
L’ étude menée en septembre 2009 dans le cadre d’un mémoire de fin d’étude de sage-
femme à Metz auprès d’étudiants sages-femmes de dernière année dans les écoles de Besançon,
Dijon, Metz, Reims et Strasbourg montrait que 69% des étudiants n’avaient jamais fait de DA.
[15]
L’étude menée à Nancy en 2011 mettait en évidence que 89% des étudiants, soit 24
étudiants sur 27 n’avaient jamais réalisé de DA et que seulement 26% des étudiants avaient déjà
pu pratiquer une RU. [16]
Ces différentes études montrent que les étudiants sages-femmes ne réalisent que très peu
ces gestes au cours de leurs formation initiale. Notre étude semble aller dans le même sens que
ce qui a pu être retrouvé dans la littérature.
Cet arrêté a été modifié par celui du 19 décembre 2011 qui supprime entre autre
l’obligation d’avoir réalisé des DA et des RU. Aucun étudiant de notre étude n’aurait pu
atteindre cet objectif s’il avait toujours été en vigueur. Les moyennes étaient de 0,18 DA et 0,27
RU par étudiant durant leurs études de sages-femmes.
32
Les sages-femmes ont répondu en très grande majorité (entre 80,8 et 83,4%) que
l’étudiant sage-femme ne pratiquait que rarement ou jamais la DA et la RU.
Les taux de pratique de la DA et de la RU, par les sages-femmes ou par les étudiants sont
très faibles. Sont-ils imputables à un manque de volonté, de motivation quant à la réalisation de
ces gestes ?
Les sages-femmes et les étudiants font-ils valoir leurs droits, montrent-ils de l’intérêt auprès
du gynécologue quant à la pratique de ces gestes ? S’accordent-ils avec le chef de garde pour
en réaliser ? D’autant plus lors d’une situation non urgente où le médecin pourrait guider la
sage-femme ou l’étudiant à la pratique d’une DA ou d’une RU.
Les étudiants sages-femmes quant à eux, n’ont eu qu’un enseignement théorique, pas de
pratique. Ils sont, pour la grande majorité (90,9%), satisfaits de cet enseignement.
33
70% 61,20%
n = 74
60% 49,20%
n = 59
50%
40%
%
27,30%
30% n=6
18,20%
20%
n=4
10%
0%
DA RU
Sages-femmes Étudiants sages-femmes
N = 121 N = 22
Les étudiants sages-femmes en dernière année à Caen ont donc réalisé moins de DA
durant leurs études que leurs ainés.
Et cela se ressent sur la confiance en soi qu’ont les étudiants. En effet, 21 étudiants sur
les 22 que compte la promotion (95,5%), ne se sentent pas prêts une fois diplômés à réaliser
seuls (sans gynécologue-obstétricien à leurs côtés) une DA ou une RU, ce qui valide notre
troisième hypothèse. Nous pouvons comparer ces résultats avec ceux de l’étude réalisée à Metz
en 2009 où 70% des étudiants ne se sentaient pas prêts à réaliser une DA seul. En 2014, une
étude a été menée au sein des hôpitaux publics du Réseau Sécurité-Naissance des Pays de la
Loire (qui comporte 16 maternités enquêtées). L’étude interrogeait les sages-femmes sur leur
pratique de la DA et de la RU. Nous apprenions que 56% des sages-femmes interrogées se
sentaient prêtes à réaliser une DA/RU à la fin de leurs études. [15, 18]
34
aimerait se sentir plus à l’aise en cas d’urgence, ou si l’organisation de la prise en charge est
modifiée en cas d’indisponibilité de l’obstétricien. Les sages-femmes ont montré leurs désirs
de reconnaissance de leur champ de compétence, elles estiment que si elles pouvaient réaliser
la DA ou la RU, cela permettrait une prise en charge complète de la patiente. Ces requêtes
semblent légitimes de par le fait que la réalisation de ces gestes fait partie du référentiel du
métier de sage-femme.
Les études menées auprès des sages-femmes et des médecins ont permis de mettre en
lumière que la grande majorité des sages-femmes (80,34%) et la majorité des médecins (53,3%)
pensent que si les sages-femmes réalisaient plus régulièrement la DA et la RU, cela pourrait
éviter des retards de prise en charge. En effet, la sage-femme réalisant le plus souvent
l’accouchement, se retrouve en première ligne lors d’une rétention du placenta ou d’une
hémorragie de la délivrance.
Selon notre étude, 20,3% des sages-femmes ont réalisé leur première DA seule, sans
gynécologue-obstétricien ou collègue à leurs côtés ; et 23,2% pour la RU. Ces chiffres sont
importants et soulignent l’aspect essentiel d’une formation initiale satisfaisante. En effet un
étudiant sur cinq devra effectuer le geste en ayant pour seul bagage sa formation théorique et
les éventuels gestes réalisés en stage. Sur la promotion, seulement cinq étudiants ont déjà réalisé
un geste endo-utérin. Au vu de la pratique des étudiants de dernière année de Caen, quels
moyens peuvent être mis en œuvre pour améliorer la formation des étudiants sages-femmes ?
Les étudiants sages-femmes semblent être satisfaits du cours théorique dispensé sur la
DA et la RU. Néanmoins aucun TP n’est réalisé sur ce sujet, alors que d’autres le sont
concernant les manœuvres obstétricales ou la réanimation du nouveau-né par exemple.
La simulation sur mannequin est un des moyens mis en place dans certaines facultés
pour parfaire la pratique des étudiants, mais aussi des professionnels de santé, lors de formation
continue. Il est prouvé, de par la littérature que la simulation sur mannequin apporte de réels
bénéfices aux participants, à tel point que la simulation en santé, et plus particulièrement la
simulation haute-fidélité fait partie des recommandations de la Haute Autorité de Santé pour la
formation initiale et continue. La simulation haute-fidélité permet d’exécuter grâce à un
35
mannequin robotisé, des scénarios préprogrammés et peut répondre à une variété infinie de
situations cliniques. [19]
Une revue de la littérature de huit articles concernant la formation des étudiants sages-
femmes et des gynécologues-obstétriciens montre que la simulation de l’HPP permet
d’améliorer les connaissances théoriques de façon significative, la communication et la
performance dans la prise en charge de l’HPP. [22]
La simulation haute-fidélité semble donc être un moyen idéal pour tout étudiant sage-
femme ou toute sage-femme souhaitant améliorer ses pratiques. Cependant, les difficultés pour
mettre en place cet outil de formation sont avant tout d’ordre financier, le simulateur étant
extrêmement onéreux.
Le CHU de Caen est équipé d’un laboratoire où ont lieu des formations de simulation
sur mannequin, dont une formation obstétricale permettant de s’entraîner sur des situations
d’urgences obstétricales en salle de naissance. (Annexe VII) Les étudiants sages-femmes de
l’école de Caen n’ont jusqu’à ce jour pas encore pu participer à ces journées de formation sur
mannequin haute-fidélité.
36
4. Propositions
Comme nous le montrent les résultats de l’enquête, les étudiants sages-femmes n’ont
qu’une connaissance théorique de la DA et de la RU. La pratique sur les terrains de stage étant
rare, la simulation sur mannequin haute-fidélité, déjà mis en place au CHU de Caen semble être
une bonne formation complémentaire aux gestes pratiqués sur les terrains de stage. Il serait
souhaitable que les promotions futures puissent bénéficier de cet outil.
Il en est de même pour les sages-femmes, qui pratiquent peu et pourtant souhaiteraient
faire plus. La simulation sur mannequin haute-fidélité, permettraient aux sages-femmes
d’améliorer leur gestion d’une situation de crise afin d’optimiser la prise en charge des
patientes.
Les étudiants sages-femmes doivent aussi être acteurs de leur formation, leurs objectifs
de stage doivent être clairement définis. Ainsi, il serait intéressant d’envisager la mise en place
d’une feuille individuelle, pour chaque étudiant, permettant de comptabiliser les actes réalisés
aux cours de ses différents stages en salle de naissance. (Annexe VIII)
L’étudiant actualiserait régulièrement son compte d’actes au fil des gardes, et communiquerait
ce document à la sage-femme en début de garde. Le professionnel pourrait alors apprécier
l’expérience de l’étudiant dans tel ou tel domaine. La sage-femme aurait alors les moyens
d’orienter la formation de l’étudiant. Ainsi, par exemple, si l’étudiant souhaite se perfectionner
à la pratique de la DA et de la RU, il pourrait être convenu avec la sage-femme, l’interne et/ou
le chef de garde de laisser effectuer ces gestes à l’étudiant, en dehors d’un contexte d’urgence.
37
CONCLUSION
Ce travail de fin d’études s’est intéressé à la pratique par les sages-femmes de la
délivrance artificielle et de la révision utérine.
L’objectif principal de ce mémoire était de dresser un état des lieux dans les douze
maternités publiques de Basse-Normandie, sur la réalisation de ces gestes par les sages-femmes,
huit ans après l’ajout de ces compétences au code de déontologie.
Selon l’étude, quels que soient les différents professionnels enquêtés, ceux-ci ont estimé
que la pratique régulière de la DA et de la RU par les sages-femmes entraîneraient moins de
retard dans la prise en charge d’une hémorragie du post-partum.
38
BIBLIOGRAPHIE
[1] Collège national des gynécologues et obstétriciens français. (page consultée le 12
décembre 2014). Recommandations pour la pratique clinique. Les hémorragies du post-
partum, [en ligne]. http://www.cngof.asso.fr/
[2] WHO, UNICEF, UNFPA, The world bank. Trends in maternal mortality : 1990 to
2013. World health organization. 2014 ; 56 : 4.
[6] Bonnet MP, Basso O, Bouvier-Colle MH et al. Pospartum haemorrhage in Canada and
France : a population-based comparison. PLoS ONE. 2013 Jun 24 ; 8 (6) : 6.
[9] Pierre F, Mesnard L, Body G. For a systematic policy of IV oxytocin direction of third
stage of labor Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol. 1992 ; 43 : 131-135.
39
[12] Legifrance. (page consultée le 14 novembre 2014). Code de la santé publique - Article
R4127-313, [en ligne]. http://www.legifrance.gouv.fr/
[14] Blondel B. Les responsabilités médicales des sages-femmes dans les maternités
publiques et privées : résultats d’une enquête dans 11 régions. J Gynecol Obstet Biol Reprod.
1998 Juin 17 ; 27 : 692-701.
[16] Bridel S. La délivrance artificielle et la révision utérine au cœur des compétences des
sages-femmes. [Mémoire de sage-femme, Ecole de sages-femmes]. Nancy ; 2011.
[17] Legifrance. (page consultée le 25 février 2015). Code de la santé publique - Article
L4151-1, [en ligne]. http://www.legifrance.gouv.fr/
[19] Haute autorité de santé. (page consultée le 20 février 2015). Rapport de mission. État
de l’art (national et international) en matière de pratiques de simulation dans le domaine de la
santé Dans le cadre du développement professionnel continu (DPC) et de la prévention des
risques associés aux soins, [en ligne]. http://www.has-
sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2012-01/simulation_en_sante_-_rapport.pdf
[21] Draycott TJ, Crofts JF, Ash JP, et al. Improving neonatal outcome through practical
shoulder dystocia training. Obstet Gynecol. 2008 ; 112(1) : 14-20.
40
[23] Legifrance. (page consultée le 14 mars 2015). Code de la santé publique - Article
R4127-304 modifié par Décret n°2012-881 du 17 juillet 2012 - art. 1, [en ligne].
http://www.legifrance.gouv.fr/
41
ANNEXES
Annexe I : Algorithme de prise en charge d’une hémorragie du post-
partum après accouchement par voie basse (CNGOF RPC 2014)
42
Annexe II : Questionnaire destiné aux sages-femmes
Bonjour, je m’appelle Luc Séron, je suis étudiant en dernière année d’école de Sages-Femmes
à Caen.
J’effectue actuellement une étude sur la pratique de la délivrance artificielle et de la révision
utérine par les sages-femmes dans les hôpitaux publics de Basse-Normandie.
Je souhaite, à travers cette étude, savoir dans quelles proportions et dans quelles circonstances
les sages-femmes réalisent ces actes.
Je sollicite les sages-femmes qui sont actuellement ou qui vont souvent en salle de naissance,
qu’ils ou elles soient récemment diplômé(e)s ou non.
Je vous remercie par avance pour votre aide, votre temps et la sincérité de vos réponses.
I Renseignements
43
II Formation
Les études
9) Lors de vos stages d’étude, avez-vous réalisé au moins une DA ? ❒ OUI ❒ NON
☞ Si oui, en quelle année d’étude ? ❒ 1 ❒ 2 ❒ 3 ❒ 4 ❒ Ne sait plus
☞ Si oui, combien de DA avez-vous réalisé avant votre diplôme d’État : ................
10) Lors de vos stages d’étude, avez-vous réalisé au moins une RU ? ❒ OUI ❒ NON
☞ Si oui, en quelle année d’étude ? ❒ 1 ❒ 2 ❒ 3 ❒ 4 ❒ Ne sait plus
☞ Si oui, combien de RU avez-vous réalisé avant votre diplôme d’État : ................
Parcours professionnel
11) Pour vous, une formation concernant la délivrance artificielle et la révision utérine au
cours de votre parcours professionnel serait :
❒ Très utile ❒ Très peu utile
❒ Utile ❒ Inutile
❒ Peu utile
12) Avez-vous déjà bénéficié d’une formation concernant la délivrance artificielle et révision
utérine au cours de votre parcours professionnel ? ❒ OUI ❒ NON
44
❒ Travaux pratiques (simulation sur mannequin, …)
❒ Au cours d’un accouchement
❒ Autre (précisez) : .....................................................................................................
13) Depuis votre diplôme d’État, avez-vous pratiqué au moins une DA ? ❒ OUI ❒ NON
☞ Si non, pourquoi ?
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
45
Toujours Très souvent Souvent Parfois Peu Jamais
100 % > 75 % > 50 % < 50% < 25 % 0%
Souhait personnel .❒ .❒ .❒ .❒ .❒ .❒
Gynécologue-Obstétricien
occupé ou non présent .❒ .❒ .❒ .❒ .❒ .❒
Vous ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
Vos collègues ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
sages - femmes
L’interne ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
Le gynécologue ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
obstétricien
L’étudiant ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
sage-femme
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
17) Selon vous, qui doit pratiquer la délivrance artificielle ? (Plusieurs réponses possibles)
❒ La Sage-femme ❒ Le gynécologue-obstétricien ❒ L’interne ❒ L’étudiant sage-femme
❒ Autre : ........................................................
Justifiez : ....................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
46
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
IV Révision Utérine
18) Depuis votre diplôme d’État, avez-vous pratiqué au moins une RU ? ❒ OUI ❒ NON
☞ Si non, pourquoi ?
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
47
Toujours Très souvent Souvent Parfois Peu Jamais
100 % > 75 % > 50 % < 50% < 25 % 0%
Souhait personnel .❒ .❒ .❒ .❒ .❒ .❒
Gynécologue-Obstétricien
occupé ou non présent .❒ .❒ .❒ .❒ .❒ .❒
Vous ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
Vos collègues ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
sages - femmes
L’interne ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
Le gynécologue ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
obstétricien
L’étudiant ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
sage-femme
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
22) Selon vous, qui doit pratiquer la révision utérine ? (Plusieurs réponses possibles)
Justifiez : ....................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
48
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
☞ Selon vous, si la SF pratiquait plus régulièrement ces actes (DA+RU), cela pourrait
éviter des retards de prise en charge ?
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
V La Loi
23) Selon vous, la délivrance artificielle et la révision utérine : (choix multiple possible)
❒ Sont autorisées à la Sage-femme dans tous les cas (sauf utérus cicatriciel)
49
Annexe III : Questionnaire destiné aux médecins
Bonjour, je m’appelle Luc Séron, je suis étudiant en dernière année d’école de Sages-Femmes
à Caen.
J’effectue actuellement une étude sur la pratique de la délivrance artificielle et de la révision
utérine par les sages-femmes dans les hôpitaux publics de Basse-Normandie.
Je vous remercie par avance pour votre aide, votre temps et la sincérité de vos réponses
___________________________________________________________________________
Le gynécologue ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
obstétricien
L’interne ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
Les sages - ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
femmes
L’étudiant ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
sage-femme
50
6) Sur votre lieu d’exercice actuel, qui pratique la RU ?
Le gynécologue ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
obstétricien
L’interne ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
Les sages - ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
femmes
L’étudiant ❒ ❒ ❒ ❒ ❒
sage-femme
7) Selon vous, si la SF pratiquait plus régulièrement ces actes (DA+RU), cela pourrait éviter
des retards de prise en charge ?
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
.......................................................................................................................................................
......................................................................................................................................................
51
Annexe IV : Questionnaire destiné aux étudiants sages-femmes
Bonjour, je m’appelle Luc Séron, je suis étudiant en dernière année d’école de Sages-Femmes
à Caen.
J’effectue actuellement une étude sur la pratique de la délivrance artificielle et de la révision
utérine par les sages-femmes dans les hôpitaux publics de Basse-Normandie ainsi qu’aux
médecins (GO et ARE) et aux étudiants sages-femmes de dernière année.
Les études
3) Lors de vos stages d’étude, avez-vous réalisé au moins une DA ? ❒ OUI ❒ NON
☞ Si oui, combien de DA avez-vous réalisé ? : ................
4) Lors de vos stages d’étude, avez-vous réalisé au moins une RU ? ❒ OUI ❒ NON
☞ Si oui, combien de RU avez-vous réalisé ? : ................
52
La future vie professionnelle
53
Annexe V : Organisation des douze maternités publiques Bas-Normandes
Toujours sur
CH III 1926 9 32
place
Cherbourg
Toujours sur
CH Lisieux IIB 1262 4 19
place
54
Annexe VI : Référentiel de compétence des sages-femmes
[…]
55
Annexe VII : Brochure du CHU de Caen sur la Formation Obstétrique par
simulation haute-fidélité
56
Annexe VIII : Compte d’actes
1. Objet
Ce document doit être mis à jour par l’étudiant (e) sage-femme après chaque garde en salle de naissance,
il lui permet de définir ses objectifs personnels de stage. Il est à remettre à la sage-femme en début de
garde, afin qu’elle apprécie l’expérience et les lacunes de l’étudiant, et qu’elle puisse orienter la
formation de l’étudiant. L’étudiant doit aussi préciser ses objectifs de stage à la sage-femme.
2. Domaine d’application : Le pôle femme-enfant du CHU de Caen
Nom de l’étudiant
Année d’étude SMa4 SMa5
Compte d’Actes
Décollement des membranes
Tenue du Partogramme
Suivi / Expulsion
Mort Fœtale In Utéro / IMG
Mac Roberts :
Dystocie des épaules .
Jacquemier : Autres :
Incision :
Épisiotomie .
Réfection :
Délivrance artificielle
Révision utérine
Réanimation du nouveau-né
Examen du nouveau-né
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Résumé
Ce mémoire avait pour but de dresser un état des lieux dans les douze maternités publiques
de Basse-Normandie, sur la pratique de la délivrance artificielle et de la révision utérine par les
sages-femmes, huit ans après l’ajout de ces compétences au code de déontologie.
L’étude a été prospective, multicentrique, et a exploité 121 questionnaires sages-femmes, 15
médecins et 22 sur les étudiants sages-femmes.
Les résultats ont montré que les sages-femmes et les étudiants ne réalisaient pas suffisamment
ces gestes, malgré la mise en évidence par la grande majorité des sages-femmes d’une réelle
motivation à en pratiquer davantage. Les professionnels de santé que sont les sages-femmes et
les obstétriciens estiment que si les sages-femmes pratiquaient plus régulièrement la DA et la
RU, il y aurait moins de retard dans la prise en charge d’une hémorragie du post-partum.
Il est nécessaire que les sages-femmes et étudiants puissent se former et être à l’aise avec ces
gestes d’urgence. La simulation haute-fidélité est une formation complémentaire, mais il est
primordial que les sages-femmes et les étudiants réalisent ces actes dans des situations réelles
pour avoir la maitrise de ces gestes.
Abstract
The aim of this research was to give an inventory within twelve public maternity of Lower
Normandy on the practice of the manual removal of the placenta and the manual exploration of
the uterus done by the midwives, eight years after adding those skills at code of ethics.
The study was prospective, multicenter, and the study collected 121 midwives questionnaires,
15 from doctors and 22 from midwives students.
The results showed that the midwives and students do not realize enough these gestures,
despite demonstrated by the vast majority of midwives a real motivation to practice more.
Health professionals as midwives and obstetricians believe that if midwives practicing more
regularly the practice of the manual removal of the placenta and the manual exploration of the
uterus, There would be less delay in the treatment of postpartum hemorrhage.
It is necessary that the midwives and students can train and be comfortable with these
emergency actions. High-fidelity simulation training seems to be interesting but it is important
that midwives and students realize such acts in real life situations to be able to control these
gestures.
KEYWORDS : Midwives, manual removal of the placenta, manual exploration of the uterus,
Lower Normandy.
TITLE : The practice of the manual removal of the placenta and the manual exploration of the
uterus. Study in twelve public maternity hospitals in Lower Normandy.