Couanon SF14
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Promotion 2009-2014
OLIGOAMNIOS et RYTHME
CARDIAQUE FŒTAL :
Travail, Issues obstétricales et Devenir
néonatal
Une pensée particulière envers ma famille et mes amis de Vendée, pour le soutien
et l’écoute dont ils ont su faire preuve, tout particulièrement pendant cette dernière
année.
2
GLOSSAIRE
- GC : grande citerne
- SA : semaine d’aménorrhée
- HU : hauteur utérine
3
TABLE DES MATIERES
Remerciements................................................................................................................. …..
Glossaire ........................................………………………………………………………………….
Introduction .......................................................................................................................... 1
4. Diagnostics ................................................................................................................... 5
3. Résultats ..................................................................................................................... 16
4
3.1.2 Description des cas et des témoins ....................................................... 17
3.2 Comparaison des cas et des témoins .................................................................... 17
3.2.1 Etude de la mise en travail .................................................................... 18
3.2.2 Etude des caractéristiques du travail .................................................... 19
3.2.3 L’accouchement.................................................................................... 22
3.2.4 Etude des caractéristiques néonatales ................................................. 24
3.3 Analyse de sous-population .................................................................................. 26
3.3.1 Analyse multi-variée.............................................................................. 26
3.3.2 Analyse bi-variée .................................................................................. 27
1.1 Evolution du travail, aspect des rythmes cardiaques et issues obstétricales ........ 30
1.1.1 Découverte de l’oligoamnios ................................................................. 30
1.1.2 Mise en travail et part du déclenchement ………………………………...31
1.1.3 Caractéristiques du travail…………………………………………………..32
1.1.4 Issues obstétricales …………………………………………………………34
1.2 Etat néonatal ......................................................................................................... 36
Conclusion.......................................................................................................................... 44
Annexes .................................................................................................................................
Bibliographie ..........................................................................................................................
5
Introduction
Plusieurs étiologies sont mises en cause lors du diagnostic d’oligoamnios, comme une
rupture prématurée des membranes, des malformations fœtales, ou encore des
pathologies obstétricales susceptibles d’induire une insuffisance utéro-placentaire. Pour
autant il arrive qu’aucune cause à l’oligoamnios ne soit retrouvée, et c’est
spécifiquement autour de ce propos, l’oligoamnios idiopathique, que notre recherche va
s’établir.
Afin de pouvoir établir une discussion pertinente, nous avons mené une étude
rétrospective, type cas-témoins, au sein du CHU de Nantes. La méthodologie employée
sera présentée et permettra de comprendre les bases de ce travail. Après avoir analysé les
résultats obtenus, nous les discuterons, puis nous tenterons de répondre à nos
interrogations suivantes :
6
GENERALITES
7
Partie I : Généralités
Le liquide amniotique (LA) est un indicateur du bien être fœtal, il entoure le fœtus
pendant toute la vie intra utérine [1].
8
échelle. La résorption quant à elle s'organise grâce à la déglutition fœtale et la voie
transmembranaire [2].
Les anomalies de volume, que ce soit en excès ou en défaut, sont des signes
d'appel d'une éventuelle pathologie maternelle ou fœtale. Elles sont corrélées à une
augmentation de la mortalité et de la morbidité fœtale. La limite supérieure de volume
admise est de 2000ml (hydramnios) pour une limite inférieure à 250ml (oligoamnios) au
cours d'une grossesse normale. La quantité de liquide amniotique est appréciée par
l'échographie, que nous développerons par la suite.
2. Épidémiologie de l'oligoamnios
3. Étiologies de l'oligoamnios
En effet un obstacle sur les voies urinaires peut entraîner une dilatation en
amont, donc une hyper-pression des voies urinaires conduisant à une dysplasie rénale
responsable de l'oligo-anurie.
Dans les causes fœtales, on retrouvera aussi les anomalies chromosomiques (2-
3% : trisomies 13 et 18, le syndrome de Turner), les syndromes polymalformatifs, le
syndrome transfuseur-transfusé et le terme dépassé.
9
En présence d’un retard de croissance intra-utérin, Chauhan [6] a étudié l’impact
de l’oligoamnios sur le déroulement de l’accouchement et les issues néonatales. Le
RCIU s'organise ici par une diminution de la perfusion placentaire ainsi qu'une
redistribution vasculaire au sein même du fœtus, privilégiant les territoires cérébraux,
cardiaques et surrénaliens. Cela s’établit au détriment des reins, notamment, en
entrainant une diminution de la diurèse, dont on a vu qu'elle était la principale source de
liquide amniotique après 23SA.
C'est parce que cette catégorie représente une part non négligeable qu'il nous a
semblé intéressant d'élaborer une étude obstétricale portant sur une caractéristique de
cette population à savoir le rythme cardiaque fœtal.
4. Diagnostics
Une diminution des mouvements actifs fœtaux, un fœtus moulé ou une hauteur utérine
peu élevée par rapport au terme sont des critères peu fiables mais qui peuvent nous
orienter vers d'autres analyses plus spécifiques.
10
4.2 Diagnostic différentiel
La part de rupture spontanée et précoce des membranes reste importante, soit environ
30% des oligoamnios. Des facteurs infectieux (voie vaginale, hématogène…), mécaniques
(grossesse gémellaire, obstacle praevia…) et chimiques (tabac) peuvent entraîner des
déséquilibres dans les processus de dégradation et de renouvellement des membranes.
Elles sont les principales causes de ruptures de celles –ci. Le risque de décès est corrélé
à l'âge gestationnel auquel survient la rupture et au délai entre la date d'apparition de
l'oligoamnios et la date d'accouchement. Le risque de décès est évalué entre 40 et 64% [8].
Le problème est que parfois elle passe inaperçue par la patiente elle-même. Il reste
donc important, lors d’un diagnostic échographique d’une QLA pathologique, de
rechercher un écoulement spontané de liquide à la toux, au spéculum, qui pourra être
confirmé, en cas de doute, par un test de diagnostic adapté.
11
A l’échographie, des points d’appels caractéristiques orientent vers l’oligoamnios :
12
Technique de Chamberlain : cette technique correspond à la mesure verticale de la
plus grande citerne. C’est la première méthode proposée, postulant que le liquide
amniotique est normal si l’on peut trouver au moins une citerne de 20 mm ou plus, libre
de membres et cordon, dans 2 plans perpendiculaires :
Dans une étude récente, SM et Al [14] ont suggéré la mesure par ultrasons en
3D du volume de la vessie afin d'évaluer la production d'urine fœtale. Cette modalité
pourrait être une alternative prometteuse aux méthodes conventionnelles de mesure de
volumes liquides décrits ci-dessus mais des recherches complémentaires sont
nécessaires concernant cette option.
13
L'évaluation de la quantité de liquide sera corrélée si besoin à d'autres paramètres
afin d'établir le score de « Manning » pour évaluer la bonne vitalité fœtale.
Paramètres Critères de normalité + -
Épisode de déglutition
14
Ainsi lorsque le terme de grossesse est fiable, nous pourrons objectiver un retard de
croissance intra-utérin en mesurant la dynamique de croissance sur des échographies
itératives qui devront être complétées de la mesure des Doppler utérin et ombilical.
Pour étayer le diagnostic, une amniocentèse et/ou une cordocentèse seront
proposées afin d’établir un caryotype fœtal (anomalie chromosomique de l'ordre de 5 %,
surtout si RCIU associé).
Il sera également réalisé un bilan vasculo-rénal (poids, dynamap, bandelette
urinaire, protéinurie des 24 heures, numération plaquettaire, ionogramme sanguin avec
uricémie, ainsi qu’un bilan hépatique). Le bilan sera complété d’une recherche
immunologique maternelle incluant les sérologies virales car certains anticorps tels que
les antiphospholipides ou les anticoagulants rencontrés lors de maladies systémiques
(Lupus, SAPL) peuvent être associés à une insuffisance placentaire qui peut
s’accompagner d’oligoamnios.
Dans les cas graves (oligoamnios avant 20 SA, absence de parenchyme rénal
fonctionnel, syndrome polymalformatif, d’aberration chromosomique), une interruption
médicale de la grossesse peut être discutée.
Des alternatives à une QLA considérée comme pathologique ont déjà été
envisagées comme l'amnio-infusion [15]. Pendant la grossesse, elle est utile à titre de
diagnostic et thérapeutique. Au second trimestre, une amnio-infusion peut-être
proposée pour réduire les risques d'hypoplasie pulmonaire et les arthrogryposes.
Pendant l'accouchement, l'objectif est de supprimer les ralentissements variables du
rythme cardiaque fœtal (RCF) occasionnés par la compression funiculaire et de diluer
les particules méconiales en administrant du sérum physiologique ou de solution de
Ringer lactate.
D’une manière moins interventionniste, une autre étude s’est penchée sur les
effets de l’hydratation maternelle sur le volume de liquide amniotique et les mesures de
l’issue de la grossesse. [16] Quatre études impliquant un total de 12 femmes ont été
incluses. Il a été demandé à ces femmes de boire deux litres d’eau, en deux heures,
avant de subir une nouvelle échographie. Au final, l’hydratation maternelle chez les
femmes présentant ou non un oligoamnios a été associée à une augmentation du
volume de liquide amniotique (différence moyenne pour les femmes présentant un
oligoamnios 2.01, intervalle de confiance à 95% 1.43 à 2.60). Les auteurs concluent tout
de même sur le fait qu’ils restent dans l’ignorance concernant le bénéfice clinique à en
tirer.
15
5. Bilan et objectif de l’étude.
16
ETUDE
17
Partie II Étude
1 Problématiques / hypothèses
L'objectif principal est de mettre en évidence une incidence plus élevée des
anomalies de tracés, à type de ralentissements et de variabilité réduite chez le fœtus
lors d'une grossesse avec un oligoamnios idiopathique.
2 Matériel et méthode
18
Nous avons ensuite regroupé plusieurs items (oligoamnios – âge gestationnel
>37SA – singleton – absence de RCIU) afin d'affiner notre recherche et dans le but de
sélectionner un maximum d'oligoamnios idiopathiques.
Puis nous avons établi des critères de sélection des dossiers (définis ci-après)
pour retenir finalement 210 dossiers (n cas = 69 et n non-cas = 138).
Les dossiers ont été sélectionnés et retenus pour nos deux populations suivant
deux versants majoritaires : le périnatal (caractéristiques générales maternelles,
surveillance fœtale per-partum, déroulement du travail, analyse de rythme, mode
d'accouchement de la parturiente) et le versant néonatal. Nous avons pris soin de
vérifier que pour chaque "cas," une échographie définissant l'oligoamnios par soit un
ILA <6 soit GC < 2 avait été réalisée et dont le compte-rendu figurait dans le dossier.
Les critères de sélection des dossiers ont été les suivants (cf Annexe 1) :
critères d'exclusion :
Grossesses multiples
Présentation du siège
RPM
Accouchements< 37SA & accouchements après 41SA + 6jours
Pathologies fœtales (RCIU, malformations, insuffisance rénale organique)
Médication et/ou pathologies maternelles (DID, HTA et pathologies cardiaques...)
19
Concernant l'ERCF pendant la phase active du travail, nous nous sommes basés
sur l'analyse de tracés faite par l'équipe uniquement (au moins dix minutes
d'enregistrement, cf Annexe 3) puis, selon les recommandations du CNGOF de 2007 (cf
Annexe 2), nous les avons classés en fonction du risque nul, faible, modéré, important
ou majeur d'acidose.
L'étude de ces dossiers s'est faite par leur consultation dans le service des
archives, le bordereau de recueil de données (cf annexe 1) et la saisie informatique
pour les 207 dossiers ont été effectués à partir du logiciel d’épidémiologie « Epidata ».
Le masque de saisie et la saisie des données ont été réalisés à partir du logiciel
Epidata Analysis Entry 3.1 et l’analyse des résultats a été réalisée grâce au logiciel
Epidata Analysis 2.2. Une Anova a été effectuée avec le programme SPSS20.
20
3 Résultats
3.1 Validité des données
Aucune différence statistique n'a été retrouvée entre les deux populations
concernant les critères d'appariements choisis (âge maternel, âge gestationnel, IMC,
gestité, parité).
Nous pouvons donc les fusionner afin d'obtenir un seul groupe de témoins
comparables au groupe oligoamnios.
21
3.2 Comparaison des cas et des témoins
Tableau 2 : Les parturientes
120 *
105
100
80
60 CAS
TEMOINS
40
29
25
* *
20 15 15 16
2*
0
1 2 3 4
Légende :
1 = Travail spontané
2 = Déclenchement par Prostalandine E2
3 = Déclenchement par Syntocinon
4 = Césarienne avant travail
* = Significativement différent
22
29 cas sur 69, soit 42% des oligoamnios sont maturés et 25 cas, soit 36,2 %
déclenchés; contre respectivement 15 témoins sur 138, soit 10.9% dans le groupe non
oligoamnios.
La différence entre les deux groupes est retrouvée significativement différente
pour chaque mode de mise en travail (p=<10^4).
Selon nos chiffres une patiente avec un oligoamnios aurait 13 fois plus de risque
(OR = 13.5 / IC : 5.9 - 30.9) d'être maturé et 11.7 fois plus de risque (OR = 11.7 / IC :
5.0 – 26.9) d'être déclenché.
Il est important de distinguer la variabilité à court terme, non visible à l’œil nu, qui
ne peut être appréciée que par une analyse automatisée du RCF, de la variabilité à long
terme visible à l’œil nu (ce sont les oscillations). Celle-ci n’est pas différente entre cas et
témoins.
Nous avons 7 données manquantes chez les cas et 11 chez les témoins, pour les raisons
suivantes :
23
3.2.2 Etude des caractéristiques du travail
Témoins
Variables Cas n=69 OR p
n= 138
Utilisation d'ocytocine
pendant travail :
22 (31.9) 68 (49.3) 1
Non
0.06
Oui 47 (68.1) 70 (50.7) 2.01 (1.1 - 63.70)
Couleur du liquide :
Clair / rosé
63 (91.3) 135 (97.8) 1
0.03
Teinté / méconial 6 (8.7) 3 (2.2) 4.25 (1.03 - 17.56)
Lactates au scalp
16(23.2) 12(8.7) 3.14 (1.39 - 7.10) 0.004
Oui (nombre réalisé)
(mmol/l) --
4.46 ± 1.22 5.20
Il y a une tendance à utiliser plus d’ocytocine chez les cas que chez les témoins,
mais pas de façon significative. Il y a significativement plus de liquide amniotique
méconial (OR=4.25) et plus de lactates au scalp (OR=3.14) réalisés en cas
d’oligoamnios.
24
Nous observons une différence significative des pratiques de lactates au scalp
fœtal: en effet tous termes confondus, les lactates ont été réalisés chez 23%
d'oligoamnios et chez seulement 8.8% dans l'autre groupe (p =0.004).
Ainsi la prise en charge d'un fœtus souffrant d'oligoamnios nous amènerait à
utiliser 3 fois plus souvent un moyen de surveillance de seconde ligne comme les
lactates.
Concernant les lactates ≥ 5, donc pathologiques, seulement 4 sur les 28 (13.3%)
prélèvements effectués dans les deux groupes sont retrouvés :
- 2ème série : 1 témoin (lactates = 6.6)
- 3ème série : 2 cas (lactates = 5.4 et 5.9) et 1 témoin (lactates = 5.2)
Chez les témoins, un seul fœtus a dû subir au moins trois prélèvements au
scalp. Les valeurs des prélèvements sont légèrement plus péjoratives dans le groupe
non oligoamnios, mais aucune différence significative n'a été montrée.
Tableau 5 : Étude du RCF pendant la phase active du travail (hors efforts expulsifs)
Variables Cas n=69 Témoins n=136 OR p
>60min 0 0 --
25
Ici "n témoins" comprend 136 parturientes car nous n'avons pas inclus l'analyse des
deux tracés des césariennes programmées puisqu'elles ne sont pas considérées comme en
travail.
Il y a significativement plus d’anomalies de l’ERCF en cas d’oligoamnios, quelque soit
le niveau de risque d’acidose des anomalies de l’ERCF.
Lorsque nous analysons les oscillations du RCF des populations cas et non cas, tous
termes confondus, nous constatons que la part de tracé avec une variabilité réduite
(oscillations entre 2 et 5bpm) sur l'ensemble du tracé per-partum chez le fœtus avec
oligoamnios est 2.79 fois supérieure à celle du fœtus sans oligoamnios (33.3% vs 14.1%
avec p<0.001)
Par ailleurs, il n'a pas été observé de tracé plat (oscillations < ou = à 2bpm) dans nos
deux populations.
10
7
Dilatation à l'ARCF
Oligoamnios Témoins
Bien qu'il n'y ait pas de différence significative, nous remarquons que, dans notre
étude, les anomalies de rythme cardiaque sévères surviennent à des dilatations cervicales
moins avancées par rapport aux témoins.
26
3.2.3 L’accouchement
Tableau 6 et 7: L'accouchement
Variables Cas n=51 Témoins n=119 OR p
Durée des efforts expulsifs (minutes) VB 16.5 ± 11.6 15.99 ± 11.2 0.8
Nous retrouvons parmi tous nos oligoamnios 51 accouchements voie basse dont 9
aidés d'au moins un instrument (forceps, ventouse), représentant presque 74% de cette
population contre 90% chez les non-oligoamnios.
L'alternative de la césarienne fut rencontrée 18 fois, soit plus d'un quart de fois chez
la population cas contre 13.1% chez la population témoins.
Pour autant, tous résultats confondus, le mode d'accouchement, par voie vaginale ou
abdominale ne peut être considéré comme différent significativement entre nos populations
comparées.
27
Tableau 8 : Indication d'extraction instrumentale ou de césarienne
28
3.2.4 Etudes des caractéristiques néonatales
Les poids de naissance sont compris entre 2490 et 4030 grammes, avec un poids
moyen global de 3317 grammes pour la population cas versus des poids de naissance
compris entre 2585 et 4360 grammes avec un poids moyen global de 3390 grammes pour la
population non-cas.
37 1 3270
En comparant ces résultats avec ceux définis par la courbe d’Ucher, aucun bébé
hypotrophe n’est retrouvé parmi le groupe oligoamnios.
29
Tableau 10 : Etude des autres caractéristiques néonatales
APGARg
A5< 7 0 0 -- --
PH :
pH Artériel < 7.10 n(%) 1 (1.5) 8 (6.1) 0.23 (0.03 – 1.87) 0.13
Réanimation n(%)
MCE 0 1 (0.7) --
Transfert en néonatalogie
Nous ne remarquons pas non plus de différences significatives concernant les autres
facteurs de morbidité néonatale à savoir le score d'Apgar, les pH, les lactates au cordon
ombilical, ou la réalisation d'une réanimation néonatale (sa pratique, sa durée, ses moyens),
du transfert immédiat de l'enfant à la naissance, des indications d'hospitalisation en
néonatalogie et réanimation pédiatrique.
30
3.3 Analyse de sous population
Tableau 11 : Récapitulatif
Lactates >5 (%) 2/16 (12.5) 2/12 (16.7) 0.71 (0.09 – 5.90) 0.004
ARCF (%)
Variabilité (%)
Sur les 9 cas, 4 ont été diagnostiqués avant 37SA, sachant qu'ils étaient environ
connus 2 semaines avant la mise en travail.
31
3.3.1 Analyse multi-variée
Nous avons scindé en deux groupes les risques d'acidose fœtale en fonction des
anomalies de rythme cardiaque en fonction du moment où l'on commence à utiliser les
moyens de surveillance de seconde ligne : d'un côté les risques d'acidose nuls et faibles et
de l'autre les risques modérés, importants, et majeurs. Existe-il des facteurs prédictifs qui
pourraient être associés à ce risque d'acidose?
Variables p ORa*
ORa* = Odds Ratios ajustés sur l’âge maternel, l’âge gestationnel, la parité, la quantité de
liquide, l’utilisation d’ocytocine.
Risque d’acidose
<modéré 9 (60.0) 80 (76.2) 1
32
Tableau 14 : Analyse bi-variée, ARCF et début non spontané
Risque d’acidose
<modéré 20 (37.0) 24 (70) 1
ORa* = Odds Ratios ajustés sur l’âge maternel, l’âge gestationnel, la parité, la quantité de
liquide, l’utilisation d’ocytocine.
33
DISCUSSION
34
Partie III : Discussion
Nous allons les reprendre, les comparer aux données de référence puis tenter de
comprendre et d'expliquer nos résultats.
Dans un premier temps, ce qui ressort de notre étude, est un résultat significatif
concernant l'âge gestationnel moyen à l'accouchement. En effet, pour la population cas il
est d'environ 40SA + 3jours, tandis qu'il est de 39SA + 5 jours chez les témoins. Ceci
pourrait s’expliquer par le choix de nos 2 populations, car la majeure partie des oligoamnios
idiopathiques retenus pour notre étude ont été étiquetés lors de la consultation de terme à la
différence des témoins qui, s'ils ne présentaient pas de critères d'exclusion définis
précédemment étaient retenus dès 37SA.
Dans les recommandations pour la pratique clinique, le CNGOF [13] établit que la
grossesse est dite « prolongée » au-delà de 41SA + 0 jour (concernant en France, environ
15% des femmes). Pour autant le terme n’est considéré dépassé qu’à partir de 42 SA +0
jour.
C’est ainsi que se révèle une difficulté de notre étude ; à savoir si les résultats
retrouvés sont corrélés à l’oligoamnios uniquement, ou bien à la sélection de notre
population cas. Ceux-ci rentrant, pour la majorité dans une case « grossesse prolongée»
avec les caractéristiques qui en découlent, à savoir un risque augmenté d’oligoamnios,
d’ARCF, d’inhalation méconiale, de morbi-mortalité néonatale, et d’issue obstétricale
défavorable (1.5 fois plus de risque pour la parturiente d’avoir une césarienne) [13].
35
1.1.2 Mise en travail et part du déclenchement médical
Comme nous l'avons vu dans notre première partie, l'oligoamnios est souvent considéré
comme prédicateur d'anomalies pendant le travail ou d'une plus grande morbi-mortalité
néonatale. Or du fait de l'utilisation de plus en plus fréquente en routine de l'échographie, un
oligoamnios isolé, dans des grossesses considérées à bas risques, est souvent
diagnostiqué.
Dans notre étude, les oligoamnios considérés comme idiopathiques ont 13.5 fois plus de
risques d'être déclenchés par Prostaglandine E2 comparativement à un fœtus avec un ILA
normal. Or nous savons que, par exemple, le taux de césarienne est augmenté lorsque les
femmes sont déclenchées par prostaglandines lorsqu'elles ont un score de Bishop inférieur
ou égal à 5 [19,20]. Au final, nous retrouvons 54 cas sur 69 ayant bénéficié d’un
déclenchement médical, il est légitime de se questionner sur la rationalité de cette part
importante du déclenchement dans le groupe oligoamnios.
Le Collège ajoute qu’en cas d’oligoamnios défini par une plus grande citerne <2cm,
un déclenchement peut être envisagé surtout lorsqu’il est associé à une pathologie
fœtale (RCIU) ou maternelle (pré-éclampsie) ou encore, s’il est découvert à partir de
point d’appel comme une diminution des MAF ou des ARCF (accord professionnel). Le
Collège ajoute cependant que le déclenchement n’est pas obligatoire et qu’en l’absence
de déclenchement, la surveillance (ERCF, échographie), devra être rapprochée.
Conway [21], dans une étude publiée uniquement sous forme d’abstract, analyse l'issue
obstétricale de femmes (n=61) chez qui il a été retrouvé un oligoamnios isolé (ILA<5) en
fonction de l'attitude des opérateurs (expectative versus induction du travail). Il rapporte que
la majorité des patientes, chez lesquelles est diagnostiqué un oligoamnios, se met en travail
spontanément dans les trois jours suivant le diagnostic échographique, sans que l'état
néonatal en soit affecté pour autant. Une conduite à tenir s'orientant plus vers l'expectative
lors d'oligoamnios et moins vers le déclenchement, pourrait-être une attitude raisonnable,
mais à partir de quand et dans quelles circonstances ?
36
Aujourd’hui, la littérature n’offre pas d’argument suffisant pour opter
systématiquement pour un déclenchement médical du travail devant un oligoamnios
isolé avant 41 SA et même en cas de grossesse prolongée.
Dans une étude rétrospective, Kreiser [18] évalue le devenir périnatal de 150 grossesses
à bas risque (AG > 30SA) auxquelles s'ajoute uniquement un oligoamnios. Les cas
compliqués d'une rupture prématurée des membranes, d’un diabète insulinodépendant,
d’une pré-éclampsie, d’un RCIU ou d'une autre affection maternelle sévère sont exclus. Ainsi
le devenir de 57 grossesses (ILA <5cm) est comparé à celui de 93 autres (ILA >5cm mais
<2.5°p pour l'AG = "borderline"). Bien qu'il conclut sur le fait que dans les grossesses à bas
risque, le devenir périnatal avec un oligoamnios isolé parait correct, il retrouve des
ralentissements variables pendant la phase active du travail plus souvent et ce de façon
significative lorsque l'ILA<5cm comparé à un ILA > 5cm (respectivement 63.1% vs. 45.1%, P
= .007; overall 53.3%)
37
Par ailleurs, Collen Baron [23] observe une incidence croissante des ARCF à type de
ralentissements variables et ce de façon inversement proportionnelle à la quantité de liquide
amniotique. Ces constatations sont établies grâce au tracé d'admission (40% vs 30%) avant
l'amniotomie (RR : 0.53 IC : 0.38 - 0.76) et une heure après celle-ci (RR : 0.65 IC : 0.47 –
0.92).
En répartissant les risques d'acidose en deux groupes (nul/faible d'un côté et modéré/
important/ majeur de l'autre) l'analyse multivariée révèle qu'en ajustant sur l'âge maternel,
l'âge gestationnel, la parité, la quantité de liquide, l'utilisation d'ocytocine pendant le travail,
ce sont le début spontané, le risque d’acidose, la variabilité qui différencient le plus.
Autrement dit, à âge gestationnel, parité, quantité de liquide, utilisation d’ocytocine
équivalents, les oligoamnios prétendent toujours à plus de travail déclenché, de risque
d’acidose et de variabilité réduite.
De même, lorsqu’en analyse bi-variée, nous tenons compte du mode de mise en travail,
en présence d’un oligoamnios, l’enregistrement du rythme cardiaque fœtal reste, encore une
fois, plus pathologique. Lors d’un déclenchement médical, un fœtus entouré d’un ILA <5 cm
ou d’une GC <2cm sera plus sujet, et ce de façon significative, à des ARCF à risques
d’acidose modérés ou plus.
Une variabilité réduite inférieure à 40 minutes a été enregistrée chez un peu moins d'1/3
des oligoamnios contre seulement 10% lors d'une QLA dans les normes (p=0.001). Pour
autant les risques faibles et modérés en présence d'oligoamnios représentent 56% des
situations d'acidose et ne peuvent donc pas s'expliquer uniquement par une variabilité
réduite du rythme cardiaque fœtal, et restent donc majoritairement imputables aux
ralentissements. Malheureusement nous n'avons pas retrouvé dans la littérature d'articles
qui auraient pu venir étayer nos résultats.
A la lecture de ces différents résultats, nous nous sommes interrogés sur la fonction
cardiaque du fœtus présentant un oligoamnios. Dans la littérature, une seule revue [24]
expliquant ces constatations de l'aspect singulier du rythme cardiaque fœtal en présence
d'oligoamnios a été retrouvée. Elle inclut 120 fœtus post-terme et 42 fœtus à terme. Les
tests exécutés comprennent une analyse du RCF, l'élaboration d'un profil biophysique par
l'étude des valves mitrales et tricuspides, des Doppler de l'aorte abdominale (index de
pulsatilité), de l'artère ombilicale et la mesure de la vitesse systolique de l'artère cérébrale
moyenne. Les fœtus post-terme avec un ILA anormal ou avec une variabilité réduite du RCF
ont une vitesse maximale aortique significativement plus basse (P 0.01) ainsi que des
anomalies concernant les index correspondant aux artères pulmonaires et aux valves
mitrales, ceci lorsqu'ils sont comparés avec des fœtus de post-terme respectivement avec un
38
ILA normal ou avec une variabilité du RCF dans les normes. Ainsi lors d'un terme dépassé,
la présence d'oligoamnios associé d'ARCF serait liée à une fonction cardiaque fœtale
détériorée.
Dans notre étude une différence significative a été mise en évidence concernant la
couleur du liquide amniotique ; en effet les oligoamnios sont 4,25 fois plus à risque d'être en
présence de liquide amniotique teinté ou méconial.
Des résultats contradictoires sont recensés dans la littérature. Blackwell [25], en étudiant
1655 naissances de fœtus né à terme (37SA – 41 SA + 6 jours), ne retrouve pas de relation
entre un liquide méconial et la quantité de liquide amniotique lors de grossesses à termes.
En définissant un groupe d’oligoamnios par un ILA inférieur ou égal à 5cm, la présence d’un
liquide méconial dans ce groupe n’est retrouvée que dans 16,7% des cas. Les résultats
n’étant significativement pas différents pour Blackwell les chiffres antithétiques de notre
étude peuvent s’expliquer par notre petit effectif.
Désormais, intéressons-nous aux issues obstétricales. Nos résultats ont révélé une
augmentation du risque de césarienne en cas d'oligoamnios : le risque est évalué à 2.43
mais il n'est pas significatif. Le recours à une aide instrumentale ou à la césarienne est dû à
une ARCF dans 44.4% des cas chez les oligoamnios ; il est aussi intéressant de rappeler
que le recours au déclenchement au préalable s'élève à 36% dans ce groupe.
L'analyse des tracés ayant été faite par l'équipe, nous n'avons pas recueilli de données
concernant la conduite à tenir en fonction de l'ARCF;
Dans la littérature, les résultats sont plutôt contradictoires [26,27] et nous amènent à
nous questionner sur le motif exact de la césarienne (hypoxie fœtale ou déclenchement,
biais de sélection pour la conduite à tenir?).
Conway et al [28] publie en 1998 une autre étude prospective où il compare l'issue
obstétricale de 183 femmes déclenchées (ILA<5) à des témoins (ILA>5) en travail spontané
(n= 183). Aucune différence significative n'est retrouvée concernant les AG (40.8± 0.1 SA vs
40.2 ± 0.1 SA) ni concernant l'ethnie ou la parité. En revanche, il met en évidence une
augmentation du taux de césariennes en cas de déclenchement pour oligoamnios (15,8% vs
6,6%, OR : 2,7 ; 95% IC : 1,3- 5,4) non attribuée à une augmentation du nombre d’ARCF
mais plutôt au déclenchement en lui-même.
39
De manière corollaire, en 1999, Chauhan [29] réalise une méta-analyse de l’ensemble
des études publiées jusqu’alors (10551 patientes) dans le but d'évaluer le risque de
césarienne pour souffrance fœtale aiguë en fonction de l’existence ou non d'un oligoamnios.
Il en conclut qu’un ILA inférieur ou égal à 5cm est significativement associé à une
augmentation du risque de césarienne pour anomalie du RCF (24.1% vs 8.8% RR 2,2 IC
95% 1,5–3,4). Cette relation existait aussi bien pour les oligoamnios découverts avant le
travail qu’en tout début de travail et les études incluses dans la méta analyse ne
sélectionnaient globalement pas les oligoamnios.
D'autres études ont abouti à des résultats analogues comme par exemple à l’hôpital
universitaire de Karachi au Pakistan [30] où il a été publié une étude de cohorte prospective
en 2009. Elle incluait 421 femmes dont 71 qui étaient exposées à un oligoamnios. Le
nombre de césariennes faites était significativement supérieur (p<0.001) dans le groupe
exposé (42% vs 18%).
Les défauts de ces études et méta-analyses sont que d’une part, elles n’incluent pas
exclusivement des oligoamnios idiopathique (sur-risque de RCIU vasculaires par exemple) et
que d’autre part, elles ne prennent pas en compte l’effet du déclenchement médical du
travail.
Nous pouvons conclure qu'à la vue de nos résultats et ceux retrouvés dans la littérature,
il est certain qu'une grossesse à laquelle s'ajoute un oligoamnios s’expose à un risque accru
d’anomalies de rythme cardiaque pendant la phase active du travail.
Pour autant in fine, il est difficile de différencier les issues obstétricales défavorables
(césarienne) dues uniquement à l'hypoxie fœtale ou rapporté au déclenchement qui, comme
nous l'avons vu précédemment, est plus fréquent lorsque la patiente présente un
oligoamnios.
40
1.2 État néonatal
Dans notre étude avec des poids moyens de 3317grammes pour les cas et 3390
grammes pour les témoins, nous n'avons pas mis en évidence de résultats statistiquement
différents concernant le poids à la naissance. Deux explications sont potentiellement
envisageables :
les critères de notre étude ont été choisis de façon à sélectionner le plus possible une
population considérée comme « à bas risque ». Aussi, les dossiers comprenant une
quelconque pathologie qui aurait pu avoir un impact sur le poids du bébé comme la
naissance prématurée (pour cause de pré-éclampsie ou cholestase..), un diabète
gestationnel ou un RCIU ne furent pas pris en compte dans notre analyse.
selon les recommandations du CNGOF de Décembre 2011, il n'y a pas d'indication à
pratiquer une échographie fœtale dans la population générale avant 41SA.
Ainsi, comme nous l'avons énoncé précédemment, le groupe «cas» défini par la
présence d’un oligoamnios a, pour la plupart été étiqueté lors de la réalisation de
l'échographie de contrôle au moment de la consultation de terme. Ce groupe comprend des
fœtus d'un âge gestationnel statistiquement supérieur comparé à la population témoins -
«quantité de liquide normal».
Ceci pourrait expliquer pourquoi, bien que souvent associé à une restriction pondérale in
utéro, qu’ici notre groupe oligoamnios arrive in fine à un poids de naissance comparable à
l'autre.
Nous pouvons compléter notre argument en citant Zhang et al. [31]. Ces auteurs sont
partis des données de l’étude RADIUS (cf glossaire) dans laquelle la moitié des patientes
avaient deux échographies systématiques pendant la grossesse et l’autre moitié une
échographie uniquement en cas de nécessité. L'étude révèle que la réalisation d’une
échographie double les risques de trouver un oligoamnios (1.5 % vs 0.8 %, p< 0.001). En
étudiant uniquement les oligoamnios diagnostiqués dans le groupe « échographie
systématique », il montre que la moitié d’entre eux se sont révélés isolés (60/113, 53 %).
Ils ont montré qu'en cas d’oligoamnios isolé, la croissance fœtale se poursuit de manière
satisfaisante, depuis le 45e percentile vers le 40e percentile environ 2 mois après, et que le
41
poids de naissance n’est plus faible que de 110 grammes en moyenne (3350 g vs 3460g) à
la naissance.
Nous pouvons ajouter que dans notre étude nous n'avons pas retrouvé non plus de
différence significative concernant la hauteur utérine, ce qui rentre en corrélation avec les
deux remarques ci-dessus.
Des résultats similaires sont retrouvés dans la littérature chez Zhang (OR 1 (IC 1-7,0) vs
OR 2,2 (IC 1,1-4,7) cité précédemment, chez Colleen Baron et Rainford. [31, 23, 32].
Pour autant d'autres auteurs, ont rapporté des résultats contradictoires montrant la plus
grande fréquence de score d'Apgar bas en présence d'un oligoamnios. A noter, dans cette
étude que la morbi-mortalité néonatale lors d'oligoamnios était testée chez un groupe de
patientes considérées à « haut-risque ». Il est donc difficile de rapporter les issues
défavorables à l’oligoamnios uniquement en faisant abstraction des situations à risque
auxquelles il pouvait être associé [33].
42
Selon le CNGOF en 2011 « la valeur diagnostique de l’oligoamnios dans la prédiction
d’une issue défavorable reste modérée ».
Pour Chauhan [34] aussi, la corrélation entre oligoamnios et acidose définie par un
pH inférieur à 7 est faible. Selon lui, seule une étude de plus grande puissance, qui inclurait
au moins 23000 patientes, permettrait d’affirmer l’existence d’une différence à ce niveau
entre oligoamnios et liquide normal.
Pour l’auteur toujours, la sensibilité de l’oligoamnios selon les différentes études reste
variable en ce qui concerne la détection d’une issue défavorable: de 9.4 à 89 % (mauvais
facteur prédictif) alors que la spécificité reste correcte : autour de 90 %.
Nous pouvons conclure sur le fait que bien qu'historiquement associé à une incidence
accrue d’issues de grossesses et de devenir périnatal défavorables, l'oligoamnios isolé ne
serait pas un facteur de risque conduisant à des complications particulières pour le nouveau-
né en post-natal immédiat et ceci au détriment d’une perte de chance concernant la
morbidité maternelle.
Toutefois, de nouvelles études à plus grande échelle sont nécessaires car peu de
données sont répertoriées sur le pronostic de l’oligoamnios isolé à terme.
43
1.3 Pertinence de l'amnio-infusion
Nous avons montré, dans notre étude, que la présence d'oligoamnios n’interfère pas,
de façon significative, sur l’issue obstétricale ou les suites néonatales.
Pour autant nous avons retrouvé des résultats significativement différents concernant
le déclenchement, l'utilisation d'ocytocine au cours du travail et la présence d'anomalies de
rythme cardiaque surtout en ce qui concerne le risque modéré et important d'acidose.
En plus d'un effet probable antiseptique qui diminuerait le taux d'infections néonatales
et du post-partum, l'amnio-infusion réduirait l'apparition de ralentissements variables dus à
une compression funiculaire en cas d'oligoamnios ou lors d'une inhalation méconiale. La
conséquence directe en serait la diminution du taux d'interventions pour souffrance fœtale
aiguë dans ces deux indications, et une amélioration de l'état de l'enfant à la naissance avec
des meilleurs scores d'Apgar et pH ombilicaux.
Dans les recommandations de 1996 du CNGOF, le professeur BOOG [35] publie une
étude, où il analyse au travers 30 cas, l'influence de l'utilisation d'amnio-infusion au cours de
la seconde phase du travail, lors de la survenue de ralentissements variables dans un
contexte d’oligoamnios. L'étude révèle que l’amnio-infusion améliore de façon significative le
rythme cardiaque fœtal (<0.001).
44
Des résultats similaires sont retrouvés dans la méta analyse d’essais randomisés
(tableau ci-dessous) réalisé par l’auteur lui- même [35] : c'est-à-dire une baisse significative
de 80 % des ralentissements variables (odds-ratio 0,20, IC à95% = 0,11 à 0,37)
Mac Gregor [37] n=35 4/19 (21.1%) 12/16 (75.0%) 0.09 (0.01-0.54)
Dans tous les cas, la mesure de l'index amniotique reste importante avant toute
réalisation d'amnio-infusion ; Spong [39] montre que plus l'index de liquide amniotique est
faible, plus l'amnio-infusion aura un effet bénéfique (81 % de succès pour un IA compris
entre 0 et 4 cm contre 42 % pour un IA entre 8 et 12 cm).
45
La survenue d'un liquide méconial a été réduite de 44 % (l'incidence de l'émission de
méconium a été diminuée sur 2 séries tenant compte de ce paramètre). Le taux de
césariennes pour SFA a été réduit de 69 % avec une tendance à la diminution du nombre
d'extractions instrumentales.
Une diminution significative de 72 % du nombre de scores d'Apgar inférieurs à 7 à 1
mn et de 27 % du nombre de scores d'Apgar inférieurs à 7 à 5 min est également retrouvée.
L'amnio-infusion réduit de 56 % le nombre de nouveau-nés avec un PH au cordon inférieur à
7,20. Il existe une tendance à la réduction du taux d'endométrites qui peut s'expliquer par la
réduction du taux de césariennes. [42, 43, 44, 45, 46, 47, 48,49]
Au final les différents auteurs s'accordent à dire qu'à la vue des données actuelles
même si l'amnio-infusion thérapeutique peut améliorer certaines anomalies du RCF la place
exacte de cette technique, la systématisation lors d’ARCF de cette technique, les bénéfices
réels et ses inconvénients doivent encore être évalués au moyen d'études randomisées.
46
2. Forces et limites de l'étude
2.1 Forces
Initialement nous avons comparé nos deux populations cas et non-cas afin de savoir
si elles étaient en tous points comparables pour les autres variables. De plus l'ensemble de
nos calculs statistiques ont été réalisés à partir de tests de comparaison fiables et prouvés.
Notre étude est unicentrique, nous avons donc été confrontés aux pratiques d’un seul
service, ce qui limite l’extrapolation de nos résultats. De plus, il s’agit d’une étude
rétrospective, ce qui représente par définition un biais ; il est toujours plus difficile de
recueillir des informations a posteriori. En effet notre travail repose sur la sélection des
dossiers par le système PMSI ainsi des oligoamnios non étiquetés ont pu nous échapper.
Pour poursuivre, nous nous sommes basés sur le contenu du dossier obstétrical, or
nous ne pouvons garantir que celui-ci ait été rempli de manière complète et exhaustive.
47
Notre étude est dépendante de l’analyse du RCF par les professionnels, l’existence de
variabilités inter-individuelles n'est pas négligeable dans cette analyse.
Aussi, il aurait été intéressant de faire analyser d’une manière rétrospective les
rythmes cardiaques par deux opérateurs pour plus d'objectivité et ce, sans qu'ils aient
connaissance de l'issue néonatale mais le laps de temps pour réaliser ce mémoire ne nous
le permettait pas.
48
3. Conclusion
49
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54
ANNEXE 1 : Masque de saisie de données
Début du travail
1 Spontané
2 Déclenchement par prostaglandine E2
3 Déclenchement par syntocinon
4 Césarienne avant travail
Motif du déclenchement :
1 Grossesse prolongé
2 Fœtal
3 Maternel
4 Obstétrical
5 Plusieurs pathologies
6 Convenance
1 Nul
2 Faible
55
3 Modéré
4 Important
5 Majeur
Variabilité réduite :
1 Variabilité normale
2 < 40min
3 Pendant 40 à 60min
4 > 60min
Dilatation cervical au moment de l’ARCF le plus pathologique (en cm) :
Mode accouchement :
1 Voie basse
2 Extraction instrumentale
3 Césarienne
Cause extraction instrumentale ou césarienne :
1 Stagnation/ Non engagement
2 ARCF
3 Mixtes
ETAT NEONATAL
Réanimation néonatale :
1 Aucune
2 Aspiration simple
3 Ventilation/masque
4 Intubation
5 MCE
56
ANNEXE 2 : Caractéristiques du RCF (CNGOF)
L’interprétation du RCF est basée sur l’analyse des 4 critères définis plus haut, auxquels on
ajoute la tocométrie.
On définit ainsi des rythmes normaux, à faible risque d’acidose, à risque d’acidose, à risque
important d’acidose et à risque majeur d’acidose. La conduite à tenir sera définie en fonction
de la gravité du risque, du contexte clinique et du moment de survenue des anomalies
pendant l’accouchement.
RCF normal
Le RCF est dit normal lorsqu’il remplit les quatre critères suivants :
Le RCF est une bonne méthode de dépistage de l’asphyxie fœtale pendant l’accouchement
car sa sensibilité est très bonne et l’existence d’un RCF normal permet d’affirmer le bien-être
fœtal avec une excellente valeur prédictive négative (grade B).
Anomalies à risque d’acidose modéré, ce sont : la tachycardie > 180 bpm isolée, la
bradycardie entre 90-100 bpm isolée, une variabilité minime (≤ 5 bpm) plus de 40 minutes,
une variabilité marquée (> 25 bpm), des ralentissements variables atypiques et/ou sévères,
des ralentissements tardifs non répétés, des ralentissements prolongés de plus de 3
minutes. Ces anomalies sont d’autant plus suspectes d’acidose qu’il existe des éléments non
57
rassurants : perte des accélérations, variabilité 5 bpm, associations de plusieurs anomalies,
persistance des anomalies inférieure, aggravation des ralentissements (amplitude,
atypies).Dans ces circonstances, il faut tenter une action correctrice. Si les anomalies
persistent, il est conseillé de mettre en œuvre un moyen de surveillance de deuxième ligne
(grade C).
Dans ces cas, une décision d’extraction rapide devrait être prise, l’utilisation des moyens de
surveillance de deuxième ligne permettant d’exclure une acidose fœtale est possible si elle
ne retarde pas l’extraction (grade B).
Dans ces cas, une décision d’extraction immédiate devrait être prise sans recours à une
technique de deuxième ligne (grade B).
58
ANNEXE 3 : ARCF rencontrées lors de l’étude de dossiers aux
archives du CHU de Nantes
59
RESUME
Objectifs : Les objectifs de ce travail étaient de mettre en évidence une
incidence plus élevée des anomalies du RCF, à type de ralentissements et de
variabilité réduite chez le fœtus lors d'une grossesse avec un oligoamnios
idiopathique, et d’en analyser l’impact sur le déroulement du travail
l’accouchement, et l’état néonatal.
Méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective effectuée au CHU de Nantes
entre le 1er janvier 2011 et le 31 décembre 2012. Analyse de type cas – témoins
comparant 69 femmes présentant un oligoamnios définis par un ILA<5cm ou une
GC<2cm, à 138 autres femmes possédant une quantité de liquide normale. Les
grossesses multiples, les présentations du siège, une RPM, un terme <37SA ou
>41SA + 6jours, la présence de pathologies fœtales et maternelles ont été
exclus.
Résultats : En ajustant sur l’âge maternel et gestationnel, la parité la
quantité de liquide et l’utilisation d’ocytocine pendant le travail, le fœtus
présentant un oligoamnios sera toujours plus sujet, et ce de façon significative, à
un déclenchement médical du travail (p=<10^-4), à une variabilité réduite et des
ARCF à risque d’acidoses modérés ou supérieurs (p=0.001 - p=<10^-4). Une
tendance à l’augmentation du nombre de césariennes est retrouvée dans le
groupe cas sans qu’elle soit significative (p=0.021). A la naissance, aucune
différence significative n’est retrouvée concernant le poids (p=0.18) ou l’état
néonatal (NS pour le score d’APGAR, le PH artériel, les lactates ou la nécessité
d’une réanimation néonatale).
Conclusion : L’oligoamnios isolé s’accompagnerait d’une augmentation
du nombre des anomalies de rythme cardiaque fœtal. En dépit d’une probable
augmentation du nombre de césariennes, Il n’entraînerait pas de conséquences
délétères pour le nouveau-né. Malgré les deux facteurs de confusion de notre
étude, à savoir le terme (grossesse prolongée) et le recours plus fréquent au
déclenchement médical, l’oligoamnios idiopathique ne devrait pas être considéré
comme un facteur prédictif performant concernant les issues obstétricales et
fœtales défavorables et/ou les complications pendant le travail.
Mots clés : Oligoamnios idiopathique, rythme cardiaque fœtal,
déclenchement, travail, accouchement, état néonatal, amnio-infusion.
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