Antigone - Ismène 2
Antigone - Ismène 2
Antigone - Ismène 2
Salmi Antigone
TEXTE :
ISMÈNE : Écoute, j'ai bien réfléchi toute la nuit. Je suis l'aînée. Je réfléchis plus que toi.
Toi, c'est ce qui te passe par la tête tout de suite, et tant pis si c'est une bêtise. Moi, je
suis plus pondérée. Je réfléchis.
ISMÈNE : Si, Antigone. D'abord c'est horrible, bien sûr, et j'ai pitié moi aussi de mon
frère, mais je comprends un peu notre oncle.
ANTIGONE : Moi, je ne suis pas le roi. Il ne faut pas que je donne l'exemple, moi... Ce qui
lui passe par la tête, la petite Antigone, la sale bête, l'entêtée, la mauvaise, et puis on la
met dans un coin ou dans un trou. Et c'est bien fait pour elle. Elle n'avait qu'à ne pas
désobéir.
ISMÈNE : Allez ! Allez ! ... Tes sourcils joints, ton regard droit devant toi et te voilà lancée
sans écouter personne. Écoute-moi. J'ai raison plus souvent que toi.
ANTIGONE : Comprendre... Vous n'avez que ce mot-là dans la bouche, tous, depuis que
je suis toute petite. Il fallait comprendre qu'on ne peut pas toucher à l'eau, à la belle et
fuyante eau froide parce que cela mouille les dalles, à la terre parce que cela tache les
robes. Il fallait comprendre qu'on ne doit pas manger tout à la fois, donner tout ce qu'on
a dans ses poches au mendiant qu'on rencontre, courir, courir dans le vent jusqu'à ce
qu'on tombe par terre et boire quand on a chaud et se baigner quand il est trop tôt ou
trop tard, mais pas juste quand on en a envie ! Comprendre. Toujours comprendre. Moi,
je ne veux pas comprendre. Je comprendrai quand je serai vieille. (Elle achève
doucement.) Si je deviens vieille. Pas maintenant.
ISMÈNE : Il est plus fort que nous, Antigone. Il est le roi. Et ils pensent tous comme lui
dans la ville. Ils sont des milliers et des milliers autour de nous, grouillant dans toutes les
rues de Thèbes.
lavées, leur regard de bœuf -qu'on sent qu'on pourra toujours crier, essayer de leur faire
comprendre, qu'ils vont comme des nègres et qu'ils feront tout ce qu'on leur a dit
scrupuleusement, sans savoir si c'est bien ou mal... Et souffrir ? Il faudra souffrir, sentir
que la douleur monte, qu'elle est arrivée au point où l'on ne peut plus la supporter ; qu'il
faudrait qu'elle s'arrête, mais qu'elle continue pourtant et monte encore, comme une
voix aiguë... Oh ! Je ne peux pas, je ne peux pas...
5. « Il faudra souffrir, sentir que la douleur monte, qu'elle est arrivée au point où l'on ne
peut plus la supporter ; qu'il faudrait qu'elle s'arrête, mais qu'elle continue pourtant et
monte encore, comme une voix aiguë... ». A. Quel est le champ lexical dominant dans ce
passage ? B. Relevez deux expressions appartenant à ce champ. (1 pt)
6. « Il fallait comprendre qu'on ne peut pas toucher à l'eau (…) Il fallait comprendre
qu'on ne doit pas manger tout à la fois ». Quelle figure de style est exprimée dans ces
deux phrases ? (1 pt)
7. À travers la dernière réplique, Antigone vise à : A. Toucher les sentiments d’Ismène ?
B. Se moquer d’Ismène ? C. Exprimer son accord avec le raisonnement d’Ismène ?
Retenez la bonne réponse puis justifiez-là. (1 pt)
8. «Je comprends un peu notre oncle» Transposez au discours indirect en commençant par
: Ismène ajouta (1 pt)
9. « Il y a des fois où il ne faut pas trop réfléchir». Approuvez-vous cette affirmation
d’Antigone ? Justifiez (1 pt)
10. Lequel des deux personnages préférez-vous, Antigone ou Ismène ? Justifiez votre
réponse. (1pt)