Le Lymphocyte B 4ème Année Pharmacie 21 22
Le Lymphocyte B 4ème Année Pharmacie 21 22
Le Lymphocyte B 4ème Année Pharmacie 21 22
ZEMOULI 2021-2022
Le lymphocyte B
Introduction
Dans ce document, les points essentiels qui vont être traités sont :
I- Identification d’un LB
1- Morphologie
Le LB est une cellule lymphoïde arrondie ayant un diamètre variant de 7-15µ. Elle possède
un noyau volumineux, donnant un rapport nucléo-cytoplasmique élevé. Le cytoplasme est
pauvre en organelles. L’activation du lymphocyte engendre des modifications
morphologiques touchant la cellule et le cytoplasme. La cellule devient ovoïde, de taille plus
grande et possédant un cytoplasme riche en organelles avec un réticulum endoplasmique
bien développé.
2- Phénotype
Il comporte deux modules dont l’association est nécessaire pour transmettre un signal
activateur à la cellule ; un module de reconnaissance et un module de transmission du
signal:
- Le module de reconnaissance
C’est une immunoglobuline (Ig) de surface qui est un tétramère composé de deux chaines
lourdes identiques liées chacune à une chaine légère. Les chaines légères sont également
identiques entre elles. L’Ig peut être de différentes classes qui varient en fonction du degré
de maturation de la cellule. De ce fait, sur le LB immature l’Ig de surface est une IgM, alors
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que sur le LB mature naïf, on retrouve deux types d’Ig ; une IgM et une IgD. Les LB mémoires
expriment une Ig membranaire qui peut être soit une IgA, une IgG ou une IgE. On note
l’absence de ce BCR sur le plasmocyte.
De point de vue structural, les Ig des différentes classes se ressemblent. Les chaines lourdes
et légères sont organisées en domaines. Les chaines lourdes portent un domaine variable N-
terminal (VH) et 3-4 domaines constants (CH). Les chaines légères sont composées d’un
domaine variable N-terminal (VL) et d’un domaine constant C-terminal (CL). Les deux
domaines variables des chaines lourdes et légères forment entre eux le site de liaison à
l’antigène (paratope).
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b- Autres Marqueurs de lignée
Un LB exprime plusieurs marqueurs de lignée. On énumère les molécules CD19, CD20, CD22,
CD72. En pratique, les molécules recherchées pour l’identification d’un LB sont le CD19 et
CD20.
Renferment :
le CD21 désigné également CR2 (Complement receptor 2). C’est un récepteur pour
les fractions C3b. Il intervient dans les phénomènes de reconnaissance d’antigène et
de l’activation du LB. Il appartient à un complexe multimoléculaire comportant en
plus du CD21, CD19, TAPA1 et Leu 13.
Le CD35 désigné CR1 (Complement receptor 1) est un récepteur pour le C3b/ C4b.
Renferment entre autres, les molécules de la famille B7 (B7-1, B7-2) et le récepteur CD40.
III- Ontogénèse
Les LB sont générés continuellement tout au long de la vie à partir des cellules souches
hématopoïétiques. Au cours de la vie embryonnaire, les LB se développent dans le sac
vitellin puis dans le foie fœtal. Ce développement se poursuit par la suite dans la moelle
osseuse.
La lymphopoïèse B passe par plusieurs stades se déroulant tous dans la moelle osseuse sauf
pour le dernier stade qui aura lieu dans la rate.
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- l’expression/perte séquentielle de marqueurs de différenciation.
- l’expression du BCR (réarrangement des gènes des immunoglobulines).
Le LB dérive des progéniteurs B issus de la cellule souche lymphoïde. On note quatre grands
stades de maturation du LB : pro-B, pré-B, LB immature, LB mature.
Stade pro-B
Les progéniteurs de LB sont engagés définitivement vers la lignée B. Les cellules pro-B
expriment déjà le marqueur de lignée : CD19 qui persiste tout au long de la vie du LB. A ce
stade, le BCR n’est pas encore exprimé (gène des immunoglobulines en configuration
germinale).
Stade pré-B
Ce stade se caractérise par l’expression de la molécule CD20 et d’un pré-BCR, qui est un
pseudo-récepteur formé par la chaine lourde mu (μ) associée à une pseudo-chaine légère
(une chaine légère de substitution) d’une part et des molécules CD79a et CD79b d’autre
part. la chaine légère de substitution résulte de l’association de deux petites protéines ;
VpréB et λ5.
Stade B immature
A ce stade, la cellule présente toute les caractéristiques d’un LB, exprime un récepteur
d’antigène complet (BCR) qui est une IgM de surface associée aux molécules CD79a et
CD79b. C’est le stade final de développement du LB dans la moelle osseuse. Les LB
immatures quittent ainsi la moelle osseuse vers la rate pour terminer leur maturation.
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Avant de sortir de la moelle osseuse, les LB immature (IgM+) subissent un processus de
sélection centrale qui a pour objectif d’induire la tolérance aux antigènes du Soi.
Stade B mature
Dans la rate, les lymphocytes B immatures passent par deux étapes de maturation
accompagnés de sélection négative. Il s’agit des stades transitionnels T1, T2. Au cours de ces
étapes, les LB acquièrent, en plus de l’IgM de surface une autre Ig portant la même
spécificité que cette IgM, il s’agit d’une IgD membranaire. Donc, au terme de la maturation,
le LB exprime deux Ig de surface IgM et IgD portant la même spécificité antigénique et
jouant le rôle de BCR. De plus, on note l’expression des molécules CD21 et CD23 à ce stade
de maturation.
2- La sélection des LB
La sélection des LB se déroule dans la moelle osseuse et la rate à la fois. Il y en a deux types ;
la sélection positive et la sélection négative.
- La sélection positive consiste à permettre aux lymphocytes pré-B qui ont réussi à
exprimer un pré-BCR de survivre et de poursuivre leur maturation,
- La sélection négative tend à éliminer ou à contrôler les LB avec un BCR auto-réactifs.
Les différentes sous populations de LB sont classées selon leur localisation et selon
l’expression des molécules de surface en deux grandes sous populations ; LB1 et LB2.
LB1
Sont les cellules qui se sont développées au niveau du foie fœtal au cours du développement
embryonnaire et qui persistent après la naissance. Ils se distinguent selon l’expression de la
CD5 en deux types ; LB1a qui sont CD5+ et LB1b qui sont CD5-. Ces lymphocytes ont une
localisation préférentielle au niveau des cavités séreuses (pleurales et péritonéales) et sont
responsables de la production des anticorps naturels polyspécifiques, le plus souvent
d’isotype IgM. Ils constituent également un élément de l’immunité innée anti-infectieuse.
LB2
Les LB folliculaires expriment les BCR IgM et IgD et beaucoup de molécules CD23 et sont
spécialisés dans la réponse aux antigènes protéiques, alors que les LB de la zone marginale
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sont IgM+ IgD+ CD21+ CD23faible. Ces derniers sont spécialisés essentiellement dans la
réponse aux antigènes polysaccharidiques.
V- Fonctions du LB
a- Production d’anticorps
Les plasmocytes produisent des quantités importantes d’anticorps (Ig solubles) qui sont les
molécules effectrices de l’immunité humorale. Ces anticorps interviennent dans l’élimination
des antigènes selon différentes voies : activation du système du complément,
potentialisation de la phagocytose, neutralisation.
De par leur expression constitutive des molécules de CMH classe II, et des molécules de
costimulation, les LB peuvent jouer le rôle de cellules présentatrices d’antigènes aux LTCD4+.
Pour activer un LB, un pontage par l’antigène spécifique de deux BCR contigus ou d’un BCR
et un CD21 doit avoir lieu.
La reconnaissance des antigènes par le BCR n’est pas restreinte par le CMH. De plus, le LB
reconnait des antigènes à l’état natif (exemple : bactéries intactes, protéines solubles ou
membranaires intactes,….) qu’ils soient libres ou immobilisés à la surface de la cellule
dendritique folliculaire.
En fonction de leur nature chimique, les antigènes reconnus par le LB peuvent être répartis
en deux groupes ;
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- Les antigènes thymo-indépendants (Ag TI)
Certains antigènes sont capables d’induire une activation des LB sans avoir recours aux LT
auxiliaires. Ils sont dits alors antigènes T indépendants, parmi eux on retrouve : les
composants de la paroi bactérienne (LPS : lipopolysaccharides), des molécules à motifs
répétitifs comme les protéines polymériques (ex : flagelline bactérienne) ou des
polysaccharides répétitifs bactériens, des glycolipides,….
L’activation des LB par ce type d’antigène nécessite une coopération entre le LB et le LTCD4.
Ce type d’antigène conduit à une activation des LB au sein des follicules avec apparition du
centre germinatif. Ces antigènes sont de nature protéique et de structure complexe.
L’antigène induit l’activation des LB qui va aboutir à leur prolifération et leur différenciation.
Cette activation se déroule dans les zones B dépendantes des OLP au sein des follicules.
Les LB FO naïfs sont regroupés au niveau des OLP sous forme de follicules primaires. Lors
d’une activation par un antigène thymo-dépendant, l’activation du LB se déroule selon deux
modalités différentes :
- en dehors des follicules (à la frontière entre les zones B dépendantes et les zones T
dépendantes) et résulte en la différenciation du LB en plasmocyte de courte durée de
vie,
- au sein du follicule primaire qui se transforme en follicule secondaire et permet ainsi
la génération de plasmocytes de longue durée de vie et de LB mémoires.
Dans le follicule, lorsque le LB est activé, il commence à proliférer intensément ce qui cause
des modifications de la structure du follicule qui devient alors secondaire.
Le centre germinatif est partagé en deux parties ; une zone sombre et une zone claire. La
zone sombre est composée de LB activés en prolifération, ce sont les centroblastes alors que
la zone claire est constituée de LB plus différenciés et moins proliférants, ce sont les
centrocytes qui donnent à la fin les plasmocytes de longues durée de vie et les LB mémoires.
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Figure 3: Structure d'un follicule secondaire lors d'une réponse d'un LB à un Ag T-dépendant.
FDC : cellule dendritique folliculaire
Grâce à ces deux mécanismes, les plasmocytes de longue durée de vie seront capables de
synthétiser différentes classes d’immunoglobulines (IgA, IgE, IgG) de haute affinité. Ils
quittent les OLP pour aller vers la moelle osseuse où ils vivent de longues années et assurent
une production continue d’anticorps spécifiques.
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Figure 4: La réaction du centre germinatif
Les LB mémoires quant à eux seront capables de recirculer et d’induire une réponse
immunitaire secondaire plus rapide et plus intense lors d’un deuxième contact avec
l’antigène spécifique.
Les plasmocytes de courte durée de vie restent quelques temps au niveau des OLP puis
meurt par apoptose.
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Figure 5: Production des anticorps en réponse aux Ag T-dépendant et T-indépendants
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