Etudes Critique Des Sources Merovingiennes
Etudes Critique Des Sources Merovingiennes
Etudes Critique Des Sources Merovingiennes
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LIBRA
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169090
ÉTUDES CRITIQUES
DE
L'HISTOIRE MÉROVINGIENNE
PAR
M. GABRIEL MONOD
"
DIRECTEUR ADJOINT A L'ÉCOLE DES HAUTES ÉTUDES
PREMIÈRE PARTIE
MARIUS D'AVENCHES
PAR M. GABRIEL MONOD
PARIS
LIBRAIRIE A. FRANCK
F. VIEWEG , PROPRIÉTAIRE
RUE RICHELIEU , 67
1872
K
TABLE DES MATIÈRES .
AVANT-PROPOS , P. 1 .
INTRODUCTION . Caractère général de l'historiographie à l'époque méro-
vingienne, p. 3-4; - Vies de Saints , p. 5 ; -Histoires ecclésiastiques ,
p. 5-6; Chroniques , p . 7-10 ; - Le chronographe de 354, p . 11-12 ;
- Documents juridiques , lettres , poésies , p. 13-15 ; - Principes gé-
néraux et utilité de l'histoire critique des sources, p . 16–20 .
GRÉGOIRE DE TOURS . Importance de l'Historia Francorum, p. 21-
22; - Travaux sur Grégoire de Tours, p . 23-24 .
Chapitre I. VIE DE GRÉGOIRE DE Tours . Sources de sa biographie , p. 25;
--- sa famille, p. 26-27 ; - sa naissance , p . 27-28 ; son éducation ,
-- son
p. 28-29; - son élévation à l'épiscopat de Tours , p . 30-31 ;
-- son rôle sous Chil debe rt , p . 34-36 ;
rôle sous Chilpéric, p . 32-34 ;
son prétendu voyage à Rome , p. 37 ; - sa mort , p . 38.
Chapitre II. ÉCRITS DE GRÉGOIRE DE TOURS . MANUSCRITS ET ÉDITIONS DE
L'HISTOIRE DES FRANKS . Euvres de Grégoire , p. 39-41 ; composition
de ses œuvres hagiographiques , p. 41-44 ; - composition de l'Histoire
des Franks, p. 45-50 ; -- manuscrits de l'Histoire des Franks , p . 50-
54; - éditions de l'Histoire des Franks, p . 55-57.
Chapitre III . DE L'AUTHENTICITÉ DU TEXTE DE L'HISTOIRE DES FRANKS .
Opinions des historiens postérieurs sur l'Histoire des Franks , p . 57-
-
58; -objections de Lecointe contre son authenticité, p. 59 ; - réponses
de Ruinart, p. 60 ; — argume nts nouvea ux contre l'opini on de Lecointe,
p. 61.63; - réfutati on des objecti ons de M. Kries contre l'authe nti-
cité du 31 ch. du Livre X, p. 64-72.
-
Nous n'avons pas employé pour les noms Franks les formes primitives.
Nous l'eussions fait si nous avions écrit un livre d'histoire. Dans un livre
de critique des sources, nous avons préféré nous en tenir aux formes
reçues et ne point soulever la question délicate de la forme vraie des
noms barbares .
P.
7, 1. 30 , au lieu de Πανταβίβλον ; lisez : Πεντάβιβλον .
P. 7, 1. 32 , au lieu de de sa Chronographia; lisez : dans sa .
P. 12, n. 2, lisez p . 157 .
P. 15, 1. 40, au lieu de Zeitschr. für Geschischtsw.; lisez : für
Geschichtsw .
P. 23 , 1. 33 , au lieu de : Ampère, Hist. de la litt . fr. , etc. , lisez :
Ampère, Hist. littéraire de la France avant Charlemagne ; 2º
éd. Paris, 1870. T. II , p. 256-290 .
P. 29, 1. 35 , au lieu de V.PP. V. 12 ; lisez : II, 12.
P. 35 , l . 11 , 17 , 31 ; p . 37, 1. 7, au lieu de Reims ; lisez Rheims .
P. 42, 1. 36. On pourrait admettre aussi pour date de la mort de
Gontran 594 (28 mars) . Voy. notre étude sur Marius, p. 151
| et 153. Le raisonnement de M. Giesebrecht n'en conserve
pas moins sa valeur. C'est entre le 28 mars 594 et le 17 no-
vembre , date de sa mort , que Grégoire aurait fait la dernière
révision de ses œuvres .
P. 51 , 1. 36, au lieu de Nazrianus ; lisez Nazarianus.
P. 55 , 1. 30 et n. 2. - L'édition est bien réellement de 1512 , comme
l'ont fait remarquer Struve et M. Bordier. On ne peut
admettre un intervalle de dix ans entre le permis d'imprimer
donné pour trois ans et l'édition . Il y aura eu un X ajouté
par erreur , MDXXII pour MDXII .
P. 64 , l . 21, au lieu de : 1º ; lisez : I. 1º .
P. 64 , 1. 39, au lieu de : M. Giesebreckt ; lisez M. Giesebrecht.
P. 65, 1. 37, au lieu de II ; lisez : II . 1 .
P. 65, 1. 25, au lieu de xre s .; lisez Ixe s.
P. 67 , 1. 8, au lieu de miracularum ; lisez : miraculorum .
P. 71 , 1. 3, au lieu de : accorder ; lisez concorder .
P. 71 , 1. 39, au lieu de : p . 19 ; lisez p. 49 .
P. 112, l . 43 , au lieu de jour de Thór ; lisez jour de Tyr ou de Zio .
P. 113, l . 11 , au lieu de sa Vie ; lisez : ses Miracles.
P. 117 , l . 13 , au lieu de il parle de Théodoric , roi d'Italie en 822 ;
lisez : il parle, en 522, de Théodoric , roi d'Italie.
P. 117 , l . 17 , au lieu de : Jornandès ; lisez : Jordanes.
P. 125 , 1. 39 , au lieu de Clotaire ; lisez : Clothaire.
P. 127, l . 4, au lieu de Roccolon ; lisez : Roccolen.
P. 134, 1. 6 et 7 , effacez au commencement du siècle suivant ; et au
lieu de mettra ; lisez avait mis . --- La collection de canons
faite par Denys le Petit dans la première moitié du vie siècle
ne devint d'un usage général en Gaule qu'au commencement
du vii'. - Cf. p . 9, n . 2 .
P. 148 , 1. 8 , au lieu de : t. XXII ; lisez : t . LXXII . Cette indication
doit être rangée parmi les éditions de Marius, non parmi les
ouvrages à consulter . - Ajoutez aussi l'édit. de Roncalli , II ,
399-418 .
P. 148, l. 10, au lieu de Notice sur les plus anciens, etc.; lisez ; sur le
plus ancien, etc.
P. 160, 1. 1 , au lieu de : Idacius ; lisez : Idatius .
L
AVANT- PROPOS .
STANFORD
Le volume que nous offrons au public contient sous une forme
abrégée les travaux de la conférence d'Histoire du moyen-âge à
l'École pratique des Hautes Études pendant l'année 1869. La
conférence avait pour objet l'étude critique des sources de l'His-
toire de France à l'époque mérovingienne. Tous les élèves pre-
naient part à ce travail . Chacun se chargeait d'en étudier un
point spécial, et rendait compte dans nos réunions hebdoma-
daires du résultat de ses recherches, qui était aussitôt discuté et
commenté par le répétiteur et par les autres membres de la con-
férence. Les exercices de ce genre ne font point partie du pro-
gramme de l'École normale ni de celui de l'École des chartes . La
section d'Histoire de l'École pratique peut, en les inaugurant,
apporter un concours utile à nos études d'enseignement supé-
rieur .
Il a semblé qu'il pourrait être de quelque utilité de réunir ces
travaux en un court volume . Les études critiques sur les sources
de notre Histoire se trouvent chez nous dispersées en tête des
éditions des divers auteurs ou dans de grands recueils où il n'est
pas toujours aisé de les rechercher : l'Histoire littéraire de la
France , l'Histoire et les Mémoires de l'Académie des Inscriptions ,
la Bibliothèque de l'École des chartes . L'ouvrage de M. Watten-
HIST. MÉROVINGienne. 1
2
bach sur les sources de l'Histoire 1 d'Allemagne est le seul qui
nous offre une étude suivie des sources mérovingiennes et carolin-
giennes, et pour les temps postérieurs de notre histoire , nous ne
possédons aucun ouvrage analogue . Nous croyons rendre service
aux jeunes gens de notre pays qui s'occupent d'histoire en essayant
un travail du même genre pour les temps mérovingiens . Nous
n'avons pas la prétention d'apporter des lumières nouvelles sur
le sujet, et nous n'avons pu en un semestre (janvier-juin) , nous
occuper que des textes les plus importants 2. Nous laissons de côté
tous les documents antérieurs à l'établissement des Franks en
Gaule, la plupart des Vies de Saints , les poèmes , les lois , les di-
-
plômes, les lettres . Grégoire de Tours , Marius, la chronique
BIYMLOKI
nation des évêques sont notés avec autant de soin que l'avène-
ment ou la mort des empereurs . Au vir s . on fera un pas de
plus ; l'humanité régénérée comptera les années à partir de l'In-
carnation du Christ, et la chronologie moderne sera fondée .
L'intérêt que trouvaient les chrétiens à marquer le rapport et
la subordination de l'histoire profane à l'histoire sacrée , la
nécessité de déterminer exactement l'année de la naissance et
celle de la passion du Christ , enfin le désir de calculer l'époque
de l'accomplissement des prophéties et de la venue du règne de
Dieu, donnaient une grande importance à ces travaux de chro-
nologie. Aussi pouvons-nous dire sans exagération que si nous
devons au christianisme la première conception philosophique
de l'histoire, nous lui devons aussi le développement de la
science chronologique . Il remplace les chronologies particu-
lières des divers peuples par une chronologie vraiment catholique
faite pour l'humanité entière , et il s'efforce de ramener toutes
les autres supputations à une règle universelle et unique 2.
Le Xpovixés xavóv ne conduisait que jusqu'en 329. Saint
Jérôme en fit une traduction latine et la continua jusqu'en 378.
Cette traduction, universellement répandue en Occident, y devint
avec Orose la base des connaissances et des travaux historiques .
Partout on la copie, et aux ve et vrº s . , ceux qui veulent conser-
ver par écrit la mémoire des événements importants dont ils ont
été les témoins se font les continuateurs de saint Jérôme . Toute
une famille de chroniques sort ainsi du modèle donné par
Eusèbe. A saint Jérôme se rattachent la chronique du Comte
Marcellin, chancelier de Justinien († 534) , qui s'étend de 379
à 534, celle d'Idatius, évêque espagnol (de Lemica ? Lemicen-
sis), qui va de 379 à 468, et qui s'occupe surtout des Wisigoths
et du midi de la Gaule, enfin la chronique de Prosper, dont
nous possédons des versions diverses , mais dont le fonds est le
même. On en distingue ordinairement deux principales : l'une
est connue sous le nom de Chronicon consulare, parce qu'elle
désigne les années par les noms de consuls ; on l'attribue à un
Prosper Aquitanicus (saint Prosper, évêque de Riez ?) , elle
reproduit saint Jérôme jusqu'en 379 et continue jusqu'en 455 ;
l'autre est dite Chronicon imperiale, parce qu'elle indique aussi
les années du règne des empereurs , ou Pithoeanum, du nom du
premier éditeur ; elle aurait pour auteur un Prosper Tiro¹ ;
elle s'étend de 379 à 455. Ces chroniques sont précieuses pour
les événements qui se passent dans la Gaule méridionale pendant
la première moitié du vº s . A la chronique de Prosper se ratta-
chent la chronique de Marius, évêque d'Avenche 2 , qui com-
prend la période de 445 à 581 , et celle de Victor, évêque de
Tunis, qui s'étend de 444 à 566. Jean, abbé de Biclar , au pied
des Pyrénées , continue Victor de 566 à 590 , et Cassiodore,
Isidore de Séville et Bède³ , reprennent cette série de chroni-
se trouve pas dans Roncalli. V. Joh. Smith , Bedae opera historica collecta.
Cambridge , 1722 , in-fol. p. 1-34. Le sixième.âge a été réédité dans les
Monumenta historica Britannica, 1848. I, p. 83-102.
1. V. Frédégaire, passim. Il distingue les Burgundiones, Franci, Romani.
2. N° 3416. Cod. cart. Les nº 1 , 9 et 10 sont publiés dans le remarquable
ouvrage de M. Mommsen , Ueber den Chronograph des Jahres 354. Leipsig,
1850. - Pallmann, Gesch. der Voelkerwanderung, 11 , 196-201 et 224-248.
Wattenbach , p. 43.
3. Eccard, Corpus Historicorum medii aevi. Leipsig, 1723.
- 12 -
Travaux français.
CHAPITRE I.
Vettius Epagathus
Grégoire de Langres, Florentius, sénateur (à Genève?) martyrå Lyon 177
marié à Armentaria. marié à Artémia.
I Leocadius,
sénat, de Bourges .
Tetricus, N. fils. N. fils épouse N. fille. Nicetius, Gundulf, Georgius,
év. deLangres. év. de Lyon. duc. sénat. arverne, marié à Léocadie.
Euphronius,
év. de Tours.
Armentaria épouse Florentius. Gallus,
1 év. d'Arvernie.
Justina, Heustenia,
élève de Ste Radegonde. mariée à Nicetius.
mei (M. S. M. III, 10) », et les tendres paroles d'Armentaria à son enfant
malade : « Moestum hodie, dulcis nate, sum habitura diem, cum te talis attinet
febris. » (V. PP. V. 12.)
1. Mir. S. M. I. , Prologus : « Quare segnis es ad haec scribenda quae
› prospicis ? — .. Nescis quia nobiscum propter intelligentiam populorum si
» quis loquitur, sicut tu loqui potens es, eo habetur magis præclarum ? Itaque
» ne dubites, et haec agere non desistas : quia crimen tibi erit si ea tacueris. »
2. Le biographe nous dit qu'il fut diacre « tempore praestituto » , ce qui
est en contradiction formelle avec l'hypothèse de 542 pour la date de la
naissance.
30 -
1. Ce fut vers 567 que Fortunat quitta Sigebert pour venir à Poitiers.
2. Tours et Poitiers faisaient partie du lot de Charibert († 570). Après
sa mort ces deux villes avec leur territoire passèrent à Sigebert.
3. Les chiffres sans autre indication marquent toujours une citation
de l'Historia Francorum .
32 -
Châlons (id. III , 38) , de Biscaye (id . IV . 40) . Au point de vue
politique la situation de Tours était aussi importante qu'au point
de vue religieux . Située au milieu d'un pays riche et fertile, la
ville appartenait encore à l'Aquitaine, tout entière peuplée de
Gallo-Romains (Romani) , et touchait cependant au pays d'au-
delà la Loire , où dominait la barbarie franke. Elle était située
sur le passage des ambassades qu'échangeaient les rois des
Franks avec ceux des Wisigoths (V. 44 ; VI . 18 ; M. S. M.
III. 8) . Elle était un véritable centre dont chacun des chefs
franks enviait la possession .
Aussi son importance même était-elle une source de contiuuels
dangers. Isolée à l'extrémité occidentale des possessions du roi
d'Austrasie, elle était la première envahie et ravagée par ses
frères ; elle était sans cesse prise et reprise (IV. 46, 48) . Au
moment où Grégoire y arriva, Clovis , fils de Chilpéric , et Mum-
molus , chef des troupes de Sigebert, se la disputaient . Le nouvel
évêque montra au milieu de toutes ces luttes une fermeté iné-
branlable ; il sut préserver de toute atteinte les droits de son
église et commander le respect même à ses ennemis .
Les premières années de son épiscopat furent difficiles et ora-
geuses . En 575 il perdit son protecteur Sigebert , et Tours resta
pendant dix ans sous la domination de Chilpéric. Partisan zélé
de l'Austrasie, Grégoire avait tout à redouter du roi de Paris et
de sa femme Frédégonde. Il avait heureusement pour le protéger
sa dignité épiscopale et la majesté de saint Martin . C'est pour
la défense du sanctuaire qu'il eut d'abord à combattre ; malgré
les violences du comte Leudaste , naguère établi à Tours par
Charibert (IV. 49) , et rétabli par Chilpéric, il refusa avec une
invincible fermeté de livrer Gontran-Boson et Mérovée ¹ , qui
avaient cherché dans la basilique de saint Martin un asile contre
la colère du roi (V. 14) . En même temps , il défendait les posses-
sions de son diocèse contre Félix , évêque de Nantes . Il le fit
même avec une énergie qui allait jusqu'à la violence (V. 5) .
Il n'apporta pas une fermeté ni une passion moins grandes
dans sa défense de Prétextat, évêque de Rouen, accusé d'avoir
marié Mérovée et Brunehaut, et d'avoir fait passer de l'argent
parmi les indications qu'il nous donne sur les actes de son épisco-
pat . D'un autre côté il n'est pas possible qu'il ait accompli le
voyage après 593¹ , car il mourut le 17 novembre 594.
Il est impossible de fixer une autre date pour sa mort . Nous
savons par une lettre du pape Grégoire à son successeur Pèlage
que celui-ci était évêque de Tours en 596. L'épilogue de l'His-
toire des Franks est écrite la vingt et unième année de son ordi-
nation (593-594) . Les Miracles de saint Martin, qui sont
inachevés , et qu'il écrivait pour ainsi dire au jour le jour (M. S.
M. II . 60) ² , n'ont pas été poursuivis au-delà de 593. Enfin le
biographe qui devait savoir exactement par les obituaires et par
l'épitaphe de Grégoire combien d'années avait duré son épisco-
pat, nous dit qu'il mourut : « Vigesimo et primo episcopatus
sui anno, tanquam septenario annorum numero ter in fide
sanctae Trinitatis completo .... decimo quinto kalendas
decembris . » Si nous acceptons 573 comme date de l'élévation
de Grégoire au siége épiscopal, nous devons fixer comme date
de sa mort le 17 novembre 594. Suivant le biographe (ch . 26) ,
il fut d'abord humblement enseveli , d'après sa propre volonté,
sous une dalle de la basilique . Au vir siècle, saint Ouen lui
construisit un riche mausolée à la gauche du tombeau de saint
Martin . Renversé par les Normands au x siècle , ce mausolée
fut reconstruit au xrº par les soins d'Hervé, trésorier de l'église
de Tours . Enfin , en 1562 , les Huguenots le détruisirent entière-
ment 4 .
CHAPITRE II.
diam, ut sicut in illius natale processi ex matris utero, ila ipsius obtentu
eruar ab inferno... » Natale doit être une faute . C'est le jour de la mort
(in die passionis, comme le dit la phrase suivante) de saint André que
l'Eglise célèbre le 30 novembre.
1. Voy.de Foncemagne , Dissertationpour prouver que saint Grégoire de Tours
n'estpas l'auteur de la vie de saint Yriez. dans les Mém. de l'Ac. des Inscript.
VII, p. 278. Nous ne pouvons entrer ici dans de longs détails sur les Opera
Minora de Grégoire, qui ne rentrent pas directement dans le cadre de
notre étude. Nous ne pouvons mieux faire que de renvoyer à l'édition que
M. H. Bordier en a donnée pour la Société d'Histoire de France , 4 v. in-8,
1857-1864 . Ses judicieuses préfaces et ses précieux appendices donnent
tous les renseignements désirables sur les œuvres apocryphes ( IV,
p. 29-32), et sur les manuscrits consultés pour cette édition ( IV , 277-280) .
On y trouve aussi une excellente bibliographie des éditions de Grégoire
de Tours.
2. Quod in praefatione libri, quem de missis ab eo compositis con-
junximus, plenius declaravimus. » La construction barbare de cette
phrase peut faire croire que Grégoire avait composé un livre et une
préface, joints au de Missis de Sidoine : mais s'il s'était agi d'un livre , il
l'eût cité dans le catalogue du dernier chapitre de son histoire .
44 -
Nous avons donc eu la bonne fortune de conserver dans leur
intégrité les œuvres les plus importantes de l'évêque de Tours .
Nous possédons les libri decem Historiarium ; c'est l'Histoire
des Franks , objet de notre étude . Nous possédons aussi les libri
septem Miraculorum , c'est-à- dire : les quatre livres de Miracles
de saint Martin ; le de Gloria Martyrum qui raconte en
cent-sept chapitres les choses extraordinaires accomplies par
les martyrs ou par leurs reliques depuis les apôtres jusqu'à l'épo-
que de Grégoire ; le de Miraculis sancti Juliani ; le de Gloria
Confessorum où sont rapportés en cent-douze chapitres les
miracles les plus remarquables opérés par les saints de l'Eglise
de Gaule ¹ . Nous possédons enfin le de Vitis Patrum ou plutôt
de Vita Patrum qui contient la vie de vingt-trois abbės ,
évêques ou reclus gallo-romains ³.
Nous n'entrerons pas dans l'étude des œuvres hagiographi-
ques de Grégoire, et nous n'y aurons recours que pour éclairer
son grand ouvrage historique. Mais il était important de mon-
trer l'étendue de son activité littéraire , et il ne le sera pas moins
de déterminer à quelle époque de sa vie se place la composition
de chacune de ses œuvres . C'est , en effet, la seule manière de
savoir à quel moment et de quelle manière il a composé l'Histoire
des Franks 4.
Le premier ouvrage entrepris par Grégoire fut son recueil des
miracles de saint Martin . Il raconte dans la préface du livre Ier ,
la vision qui le décida à surmonter la timidité que lui inspirait
son ignorance et à célébrer les merveilles accomplies par le
saint depuis sa mort , comme Sulpice Sévère et Paulin avaient
célébré celles qu'il accomplit durant sa vie . Le premier livre
1. Evêques d'Arvernie ; I , 39, 40, 41 ; II, 16, 21 , 22, 23, 36 ; IV, 7, 35.
Evêques de Tours : II , 1 , 14 , 26, 39, 43.
2. Voy. III , 2, 17 ; IV, 3 , 4, 36.
3. « De episcopis Turonicis licet in superioribus libris quædam scripsisse
visus sim, tamen propter ordinationem eorum... reciprocare placuit. »
4. Voy. plus haut, p. 44. Nous plaçons la composition de l'épilogue,
avec M. Giesebrecht, en 592, à cause de ces mots de l'épilogue : A tran-
situ sancti Martini usque ad memoratum superius annum, id est, ordinationis
nostræ primum et vicesimum, qui fuit Gregorii papæ Romani quintus, Gunt-
chramni trigesimus primus, Childeberti junioris decimus nonus... Toutes
ces dates s'accordent avec l'année 594 sauf la 31 ° de Gontran qui est 592 .
Comment en 594, Grégoire aurait-il pu avoir l'idée de donner l'année du
règne de Gontran mort en 593. Il est vraisemblable qu'il aura écrit ces
lignes en 592, puis que revoyant deux ans après son ouvrage, il aura
avancé de deux ans toutes les dates , sauf celle du règne de Gontran, qui
ne comptait plus, puisqu'il était mort depuis un an.
5. Douze en réalité, car le ms. dit du cardinal Ottoboni que Ruinart
prétend avoir été collationné à Rome par D. Estiennot. n'est qu'un
exemplaire des Gesta regum Francorum (V. Pertz, Archiv . , IV, 497) .
HIST . MÉROVINGIENNE. 4
- 50
put collationner celui de Cambrai assez tôt pour s'en servir . Sept
des manuscrits de Ruinart et de D. Bouquet, sont aujourd'hui
perdus et ne nous sont connus que par leurs notes . MM . Guadet
et Taranne, les derniers éditeurs de Grégoire , ont pu se servir du
manuscrit de Cambrai et d'un nouveau manuscrit de Paris,
(Bibl. imp . fond . lat . 9765) . Enfin les recherches faites pour la
future édition des Monumenta Germaniæ, ont mis en lumière
quatorze textes inconnus jusqu'ici . Nous possédons en outre des
fragments importants à Paris, à Leyde , à Wolfenbuttel , à Mont-
pellier et à Madrid .
Les manuscrits aujourd'hui connus sont les suivants¹ :
PARIS : I. - Bibl . imp . lat . 5920 (Codex Colbertinus M), écrit
vers 1000 ap . J.-C. , dit Sancti Michaelis . Dix cahiers ont été
perdus . (2. Transition entre la première et la seconde classe) .
―
II. 5921 (Cod . Colbertinus A) ; XI -XIIe siècle, venant
de l'abbaye de Saint- Arnoul à Metz, commence au chapitre 7
du livre II . Le IX livre est un mélange des livres IX et X
fondus en un seul . La chronique dite de Frédégaire forme le
X® livre (3) 2.
III . 5922 (Cod. Regius A) ; XII -XIe siècle ; Sanctæ
Mariæ in Ottenburg 3 , contient les trois premiers livres et les
seize premiers chapitres du livre IV. (3) .
II . -
Biblioth . imp . lat . 1048; Ixe siècle : De episcopis
Turonicis . C'est le 31º chapitre du livre X.
III. - Biblioth . imp . lat. 1451 ; xe siècle, les livres V et VI .
IV. -
Biblioth. imp . lat . 5924 ; xe siècle .
MONTPELLIER . Bibl . de l'Ec . de Médecine , 305 : contient la
fin du livre X, jusqu'à inlibataque permaneant . M. Pertz croit
y retrouver un reste mutilé du ms . de Royaumont .
BRUXELLES . N° 5387-5396 : De episcopis Turonicis ; c'est
le chapitre 31 du livre X.
MADRI
D. A. 76 : De episc Turon
Enfin o opis icis ; (L. X, c. 31 ).
n a retrou à LEYDE et au VATIC , des fragmen
ayant appa vé AN ts
rtenu à un manuscr du vire siècle . Les numér d
chapit it os es
res prouv m
appart ent que le anuscrit auquel ces fragments ont
enu, était compl e posséd l c o p l
manusc et t ait es hapitres mis ar es
rits de la trois c l a s s . A L e y d e s e t r o u vent s cha-
l e
ième e
pitres 43 et 4 d li
7 u vre V ; les fragmen de Rome vont du cha-
pitre 27 du li ts
vre IX : ab eo loco quasi millia XXXV au
chapi
tre31 : Thol
osanis illuc direxit ; et du chapitre 33 du
même liv
re : domu ejus omnes res illius au chapit 37 :
m re
ut liceret ei ingr . C'est là le seul passag des quatre dernie
livres e d i e rs
(à l'excep des ch . 7-8 , du livre VII ' ), que nous possé-
dions d t i o n
ans un manus
crit du viie siècle .
incomplètes
Voici les remarques que peuvent suggérer ces indications
sur les manuscrits de Grégoire.
CHAPITRE III
toujours les plus grands éloges lui sont décernés , tantôt comme
miraculorum curiosus indagator ac studiosissimus editor¹ ,
tantôt comme historicus ... insignis2 ..., clarus in omnibus³ .
Au XVIe siècle Grégoire fut le premier historien latin du
moyen âge imprimé en France 4.
Claude Fauchet 5 qui, le premier parmi les érudits d'alors ,
apporta un peu de critique dans ses recherches , reconnut
immédiatement l'importance de l'histoire des Franks . Il appelle
Grégoire « le père de notre histoire 6. » - « C'est dans sa
fontaine, dit-il , qu'il faut puiser nos vieilles mœurs et cous-
tumes françoises , comme chez le plus ancien auteur François-
Gaulois que nous ayons 7. » L'ouvrage de Grégoire de Tours
fut édité neuf fois en un siècle, depuis Guillaume Petit jusqu'à
Marq. Freher . La dixième édition, celle de Duchesne, faite
d'après des manuscrits auparavant inconnus, apporta des
éléments nouveaux à la critique , et fut l'origine de vives
discussions sur l'autorité de l'Histoire des Franks .
Jusqu'alors les historiens , plus soucieux de l'intérêt narratif
que d'une scrupuleuse exactitude , avaient accepté sans examen
non-seulement tous les récits de Grégoire, mais encore ceux
de l'Historia Epitomata et des Gesta regum Francorum.
Adrien de Valois , le premier, appliqua une critique rigoureuse
à l'étude de l'époque mérovingienne 8. Il admire Grégoire de
Tours, il appelle son ouvrage « le fonds même de notre his-
toire 9 »; mais il censure avec une sévérité presque exagérée
la rudesse de son style, les erreurs, les omissions , les répétitions ,
les contradictions , les fautes de chronologie où il est tomb鹺 .
potest, nisi qui omnino nil scribit), huic volumini geminum dentem infigant.
Calumniabuntur tempora, convertent ordinem, res arguent, syllabas eventila-
bunt; et, quod accidere plerumque solet, negligentiam librariorum ad auctores
referent. Eusebii chronicorum canonum quae supersunt, éd. Schoene ,
p. 2.
1. Voy. plus loin, ch . IV, p. 74.
- 68 -
CHAPITRE IV .
1. « Scripturus bella regum... Illud etiam placuit propter eos, qui adpropin-
quante mundi fine desperant, ut collecta per chronicas vel per historias ante-
riorum annorum summa , explanetur aperte quot ab exordio mundi sint anni...»
De supputatione vero hujus mundi evidenter chronicae EUSEBII Caesariensis
episcopi ac HIERONYMI presbyteri proloquuntur, et rationem de omnium anno-
rum serie pandunt. Nam et OROSIUS diligentissime haec inquirens, omnem
- 74 -
1. V. introd. p . 8.
2. La Bible : passim ; Eusèbe et Jérôme : ch . 7, 16 , 25, 34, 36, 37; Orose :
ch . 6, 24, 26 , 38.
3. V. ch . 13 : Rois III , c . 12, v. 13 ; et la citation d'Orose au ch . 6 : « et
cum tanta fuisset honestas aedificii, attamen victa atque subversa est » , tandis
qu'il y a dans Orose 11 , 6 : « et tamen magna illa Babylon, illa prima post
reparationem humani generis condita, nunc pene etiam minima mora victa,
capta, subversa est. »
4. V. ch. 16 : Tropas pour Triopas, Agatadis pour Ascatades. Festus doit
être une erreur, par suite d'une mauvaise lecture des mots de saint
Jérôme « Ephesus condita » l'an 55 d'Acaste .
5. Grégoire établit le synchronisme d'Amon (pour Amos), Argeus et
Gygès. Il aurait dû mettre Manassé à la place d'Amos, car si celui-ci est
bien contemporain d'Argeus, le roi qui règne en Lydie pendant qu'il
règne en Palestine n'est pas Gygès , mais Ardis. Le second synchronisme :
Vafrès, Nabuchodonosor , Servius Tullius, est de soixante ans postérieur.
6. La légende sur la sépulture d'Adam à Hébron (ch . 4) vient de la
Vulgate même, dont le texte contient un contre-sens (Josué XIV, 15) . A
la dix-neuvième année d'Auguste ( 11 av . J.-C. ) , Eusèbe parle de Muna-
tius Plancus «< qui dum Galliam regeret comatam , Lugdunum condidit. » Cette
fondation remontait à l'an 43 av. J.-C. , mais Grégoire écrit : « Cujus (Au-
gusti) nono decimo imperii anno, Lugdunum Galliarum urbem conditam ma-
nifestissime reperimus. » - Au ch. 36, Grégoire appelle le fils de la matrone
romaine Mélanie Urbanus, tandis que saint Jérôme nous dit a. 377 :
« unico praetore tunc urbano filio derelicto. » - Après Servius Tullius ,
Grégoire ajoute (c. 17) : « Post hos, imperatores » , c'est qu'en effet, dans
les tableaux chronologiques de saint Jérôme , la colonne de souverains
de Rome ne porte plus aucun nom pour toute la période républicaine ,
entre les rois et les empereurs .
- 76 -
bien dans ces deux ouvrages la mention des sept martyrs , d'Eu-
genius envoyé en exil, de Cyrola ou Cyrila , de Vindemialis ;
mais les événements sont racontés d'une manière toute différente ,
et surtout nous n'y trouvons pas la lettre d'Eugenius dont il
eût été si curieux de comparer le texte à celui de Grégoire .
J'incline à penser que l'évêque de Tours aura eu entre les mains
un autre récit des mêmes événements .
La citation de Paulin sur les évêques gallo-romains de l'époque
de Vénérand au ch . 13 du 1. II , ne se retrouve pas dans les œuvres
de Paulin de Nole ; pas plus que la lettre citée au cinquième
paragraphe du ch . 31 du 1. X. Il s'agit pourtant évidemment ici
de Paulin de Nole, le seul que paraisse avoir connu Grégoire ,
puisqu'il lui attribue à deux reprises (M. M. I , 2 ; Gl . C. 110 )
la Vie en vers de saint Martin par Paulin de Périgueux ¹ . Nous
voyons d'ailleurs par le chapitre que Grégoire a consacré à
Paulin de Nole dans le De gloria Confessorum ( c . 110) qu'il le con-
naissait mal et seulement par des récits plus ou moins inexacts .
Sa mort seule lui était connue par un document écrit 2. Cet
exemple nous montre à quel point les documents précis man-
quaient aux écrivains de cette époque, et avec quelle réserve on
doit ajouter foi à leur témoignage .
Les seuls renseignements détaillés que Grégoire ait pu avoir
sur Clovis devaient se trouver dans les Vies de Saints . Il cite la
Vie de saint Remi de Reims (II . 31 ) 3 dont Fortunat a fait un
abrégé qui nous a été conservé , mais qui ne contient guère que des
récits de miracles . Le baptême de Clovis n'y est pas mentionné.
La Vie originale de saint Remi fut d'ailleurs perdue de bonne
heure , et au IXe siècle Hincmar, pour suppléer à cette perte ,
composa sur saint Remi une sorte de roman religieux sans
valeur historique 4. Dans le même chapitre, Grégoire cite le début
d'une lettre de saint Remi que nous possédons encore . Il a bien
Aves quoque rigore affectae vel fame, absque ullo hominum dolo, cum magnae
essent nives, manu capiebantur... Mortuo ergo Theudoberto quarto decimo
regni sui anno, regnavit Theodobaldus... » — Ce froid rigoureux paraît
bien n'avoir pu se produire qu'au nord de la Gaule: Les annales que
Grégoire transcrit ici auraient donc été écrites dans la même région
que celles qui nous ont fait connaître Chlodion . Il se pourrait pourtant
aussi que nous eussions ici un fragment d'annales arvernes.
1. Voy. IV, 12 : « Quibus et a quibus, ut Sollius noster ait, nec dabat pretia
contemnens, nec accipiebat instrumenta desperans. - Sid. Apoll., ep. I, 2,
ad Ecdicium. - Cette phrase est d'ailleurs à peu près inintelligible.
2. « Quem Ecdicium mira velocitate fuisse, multi commemorant. »
3. Exslat exinde hodie apud nos beati Sidonii epistola in qua eum
(Patientem) declamatorie conlaudavit. » II, 24.
4. « Exstat hodieque, et pro hoc causa, ad Basilium episcopum nobilis
Sidonii ipsius epistola, quae haec ita loquitur. » II, 25.
5. C. Sollius Apollinaris Sidonius était né à Lyon vers 430 , avait été
préfet de Rome , et avait épousé la fille de l'empereur Avitus. Il devint
évêque d'Arvernie en 472 et mourut en 489.
87 -
durant son absence. Mais Childéric, lui aussi, lorsqu'il est expulsé par
les Franks, se dirige vers l'Orient, c'est-à-dire vers la Thuringe (on
voit qu'en faisant séjourner Childéric à Constantinople , au fond de
l'Orient, l'Historia epitomata reste tout à fait dans l'esprit de la légende),
et, pendant son absence, un autre règne à sa place. Il reste éloigné
pendant huit années, puis il revient dans sa patrie , à l'instigation d'un
ami. La pièce d'or partagée joue au fond, dans cette histoire, le même
rôle que l'anneau divisé dans les traditions dont nous parlons .
Quant au mariage de Childéric avec Basine, mariage dont il est question
dans la seconde partie du poème, on peut hésiter à le rapprocher de
l'incident du héros qui retrouve sa compagne après avoir été séparé
d'elle. Ce mariage , en effet, a son importance propre, en dehors du
chant sur la naissance de Clovis. Un mythe odinique est-il venu , ici
encore, s'implanter sur le terrain de l'histoire . C'est ce que nous n'avons
pas à rechercher en ce moment. Il nous suffira d'avoir montré que si,
en nous plaçant au point de vue historique, nous avons dû signaler
comme invraisemblables et inadmissibles certaines circonstances du
récit de Grégoire, ces mêmes circonstances se trouvent pleinement
justifiées et s'expliquent tout naturellement quand on se place au
point de vue de la légende. » P. 11 , 12.
1. II. 40, 41 , 42. Voy. Junghans, Geschichte, etc. , p . 111-116.
2. Voy. la promenade du boiteux Sigebert dans la forêt Buconia, le
détail du meurtre de Chlodéric, l'anecdote des boucliers en or faux.
3. Voy. le discours de Clovis aux sujets de Sigebert, les paroles du fils
de Chararic à son père, celles de Clovis à Ragnachaire et à Richaire.
4. Voy. les paroles du fils de Chararic : « In viridi ligno hae frondes
succisae sunt, » etc. , et plus loin : Quod verbum sonuit in aures Chlodovechi
(c. 41) , et l'exclamation de Clovis « Vae mihi, qui tanquam peregrinus
inter extraneos remansi... » V. Junghans, p . 115 , n . 2.
5. Junghans fait remarquer que ces récits, avec une curieuse unifor-
mitė , attribuent tous ces meurtres au même motif : la vengeance d'un
crime ou d'une offense. Clovis punit Chlodéric de sa conduite envers
son père, Chararic du refus de marcher contre Syagrius, Ragnachaire de
ses violences envers ses sujets, Ragnachaire et Richaire de la honte
dont ils ont couvert la race royale. P. 116.
- 94
de refrain : « et c'est ainsi que Clovis s'empara de son royaume
et de ses trésors ¹ ; » le premier se termine même par un accès
d'enthousiasme religieux : « Et Dieu prosternait tous les jours
ses ennemis sous sa main et augmentait son royaume , parce qu'il
marchait devant lui d'un cœur droit et faisait les choses qui
étaient agréables à ses yeux² . » Historiquement, il est vraisem-
blable que Clovis a cherché à se débarrasser de tous les petits
chefs qui gênaient son pouvoir ; tout d'ailleurs dans ce triple
récit est parfaitement conforme aux antiques institutions et aux
mœurs des Germains, mais il est peu vraisemblable que Clovis ait
accumulé tous ces crimes dans les deux ou trois dernières années
de sa vie et surtout qu'il ait terminé la série de ses meurtres par
la scène de tragi-comédie politique que nous rapporte Grégoire 3 .
Il est très-naturel au contraire que l'imagination populaire,
frappée par l'énergie mêlée de ruse avec laquelle Clovis détruisit
toutes les petites souverainetés franques pour les souder dans
son empire, ait pris les deux ou trois faits les plus importants
et les ait ornés, arrangés sous une forme épique et dramatique.
Clovis y est dépeint sous de vives couleurs , unissant à une
énergie sauvage une duplicité à laquelle il semble se complaire
en artiste ; le discours invraisemblable où il se désole de la mort
de tous les siens pour savoir s'il ne lui restait pas quelque parent
à tuer montre avec une grande force et d'une manière toute
pittoresque l'impression produite par son caractère sur l'esprit
de ses contemporains . Grégoire a mis ces chants populaires
en prose latine, en les entremêlant de quelques réflexions per-
sonnelles .
1. II. 27.
2. Cette anecdote me paraît marquer le moment où la troupe barbare
dont le chef n'est que le premier parmi des égaux se change en l'armée
d'un roi qui entend exercer l'autorité à la romaine. La tradition gallo-
romaine a même exagéré ce caractère en faisant tenir aux soldats de
Clovis ce langage invraisemblable dans des bouches germaines : « Om-
nia gloriose rex, quae cernimus tua sunt : sed et nos ipsi tuo sumus dominio
subjugati, etc. » II , 27.
3. II, 32.
4. II. 29, 30.
5. II, 31 Velis depictis adumbrantur plateae, ecclesiae cortinis albentibus
adornantur, baptisterium componitur , balsama diffunduntur, micant flagrantes
odore cerei, totumque templum baptisterii divino respergitur ab odore; talem-
que ibi gratiam adstantibus Deus tribuit, ut aestimarent de paradisi odoribus
conlocari. Rex ergo prior proponit se a pontifice baptizari. Procedit novus
Constantinus ad lavacrum, deleturus leprae veteris morbum, sordentesque
maculas gestas antiquitus recenti latice deleturus. Cui ingresso ad baptismum
sanctus Dei sic infit ore facundo : « Mitis depone colla Sicamber: adora quod
100
ANFORD
Grégoire ne nous dit pas souvent à qui il doit la connaissance de
ce qu'il raconte et, quand il le dit , c'est à l'occasion de détails
anecdotiques, non d'événements importants où de semblables
indications seraient si précieuses . Il se contente d'ordinaire des
vagues formules « ferunt, adserunt, fertur » 3.
1. I, 43.
2. Il serait impossible de désigner tous les chapitres où ces traces de
traditions orales se retrouvent. Il suffit d'indiquer d'une manière géné-
rale quelle autorité l'origine des renseignements fournis par Grégoire
permet de leur attribuer, et laisser aux historiens le soin d'appliquer à
chaque détail une critique plus précise .
Une tradition , dont il est bien difficile de marquer l'origine, est celle
qui fait venir les Franks de Pannonie (H. F. II , 9). Est-ce une trace de
la légende savante sur la descendance troyenne des Franks racontée
par l'Historia Epitomata et les Gesta? Est-ce une opinion populaire ? On
ne saurait le décider.
3. II, 6 a Quae a quibusdam audivi, narrare non distuli . » — II, 9 : « Tra-
dunt enim multi eosdem ( Francos) de Pannonia fuisse digressos. » - II, 21 :
« Ferunt etiam... » Fondation du monastère de Chantoin par saint Epar-
chius (S. Cybard) . -— 11 , 39 : « Hic fertur in Oriente fuisse... » Voyage de
Licinius à Jérusalem . - III, 8 : « ... multi tamen adserunt... » Meurtre
d'Hermenfrid par Thierry I. — IV, 46 : « Hic fertur quadam vice dixisse. »
Tradition sur la mort du Poitevin Léon, ami de Chramne . W IV, 34 :
■ ... ut a fidelibus viris cognovimus... » Légende sur un moine de Randans.
Voyez aussi plus haut, p. 95.
Quant aux indications précises données par Grégoire sur les témoins
qu'il a consultés, voici celles que nous avons remarquées : - IV, 12.
- 102 -
1. IV, 4.
2. V, 5.
3. IV, 20.
4. III, 10, 29, 30 ; -- IV, 8.
5. III, 21-23.
6. V, 44 ; VI , 40 ; IX , 16.
7. III , 31 , 32 ; IV, 9. - Grégoire dit qu'Amalasonte épousa l'esclave
Traguilan, et que les Italiens appelèrent Théodat, roi de Toscane , qui
la fit périr ; ce fut au contraire Eutharic qu'épousa Amalasonte ; elle
gouverna après la mort de Théodoric pour son fils Athalaric , et à la mort
de celui-ci, elle appela Théodat qui l'exila. Il n'est donc pas vrai que
Théodat ait eu à payer aux rois franks une composition pour ce meur-
tre. - Il n'est pas exact non plus que Buccelin se soit emparé de la
Sicile ; il demeura en Italie et y fut tué par Narsès.
8. III , 15.
9. C'est en réalité à partir du 1. V que Grégoire se met à écrire au fur
et à mesure des événements. Les quatre premiers livres forment un
ensemble terminé par un résumé chronologique , ce qui n'existe pas
pour les livres suivants. Il y a pourtant plus de précision à partir de 561 ,
et déjà il avait l'intention de poursuivre son œuvre : « quod in sequenti-
bus libris, Domino juvante, disserimus » (IV, 50).
- 405 -
diacre, et il commence une vie d'activité religieuse et même
politique qui le mêle à tous les grands événements de son temps .
Le récit offre dès lors moins de lacunes et de désordre . Nous
avons sous les yeux , non pas une histoire composée avec art,
mais des mémoires à la fois personnels et politiques où rien
d'essentiel n'est omis . L'intérêt que Grégoire porte aux faits
historiques est toujours proportionné moins à leur importance
qu'à la part qu'il y a prise . Aussi s'étend-il avec une complai-
sance toute particulière sur les événements dont il a été témoin
oculaire . Nous examinerons au chapitre suivant quelle con-
1. V. PP. VIII , 6 ; Gl . M. 83 ; H. F. X, 1 .
2. Italie IV, 41 ; V, 20 ; VI , 42; IX , 25, 29 ; X, 3. - Orient IV, 39; V,
20, 31 ; VI, 2 , 30; X, 2, 24. ― L'histoire d'Alboin est remplie d'erreurs.
(Voy. Paul Diacre , Hist. Lang . I, 27; II , 28 , 29) . Grégoire fait succéder à
Autharis un roi inconnu , Paul , au lieu d'Agilulf (X, 3) . - Justin régna
dix-huit ans, tandis que Grégoire le fait régner de 565 à 578. Enfin il
attribue à Tibère une guerre que Justin fit contre les Perses.
3. Voy. notre étude sur Marius.
4. VI , 42; VIII, 18 ; X, 3.
5. IV, 45; V, 21 .
6. VI, 42; VIII , 18 ; IX , 25, 29; X, 3.
- 409 -
CHAPITRE V.
1. V. PP. I. 2.
2. M. M. III , 60. - G. C. 41. - V. PP. XI, 3.
3. V. PP. II, Préf.
4. « Me... beati patris Aviti Arverni pontificis studium ad ecclesiastica solli-
citavit scripta. Si mihi non ad judicium contingerent quae ipso praedicante
audivi, vel cogente relegi, quia ea nequeo observare, qui me post Davidici
carminis cannas, ad illa evangelicae praedicationis dicta, atque apostolicae
virtutis historias epistolasque perduxit, etc. » V. PP. II . Préf.
Fortunat, chantant les louanges d'Avitus sur la demande de Grégoire,
dit à son ami (Carmina, V, 5) :
Non fuit in vacuum , quod te provexit alumnum,
Si cui mente, fide, reddis amore vicem.
Annuat omnipotens, longo memoraliter aevo,
Ut tu laus illi, laus sit et ille tibi.
5. « Sed prius veniam a legentibus precor, si aut in litteris, aut in syllabis,
― 110
desseins, et entre les mains de qui les hommes ne sont que des instru-
ments, se retrouve chez les Juifs à l'époque héroïque et barbare de leur
histoire . Le livre des Juges nous dit, ch . III , verset 15 : « Suscitavit Do-
minus eis salvatorem vocabulo Aod. » Or Aod tue Eglon , roi de Moab , par
trahison. Il l'attire en lui disant qu'il lui apporte un message de la part
de Dieu . De même quand Jahel a fait perfidement entrer Sisera sous
sa tente et l'a assassiné en lui enfonçant un clou dans la tempe , Débora
la prophétesse chante : Benedicta inter mulieres Jahel et benedicetur in
tabernaculo suo. » Juges. IV, 21. - Grégoire cite lui-même ( II , 10) le
massacre des Moabites par Phinée , et ajoute avec les Psaumes (105 , 31 ) :
« et reputatum est illi ad justitiam. »
Des circonstances analogues ont produit des sentiments semblables,
sans parler de l'action directe de l'Ancien Testament sur les idées et le
langage des Chrétiens. Pour comprendre l'histoire, il faut admettre et
comprendre les différences de sentiments et de pensées qui résultent
de la diversité des époques et des circonstances.
1. Avitus le dit expressément dans sa lettre à Clovis : « quotiescumque
illic pugnatis, vincimus. » Ep . 41 .
2. « Quoniam pars hostium ( l'armée de Clovis, l'host) per territorium
Turonicum transibat, pro reverentia beati Martini dedit edictum ut nullus de
regione illa aliud, quam herbarum alimenta aquamque praesumeret. » H. F.
II, 37.
3. Ce point de vue n'a rien qui doive nous surprendre chez un évêque
qui au milieu des terribles luttes du christianisme contre les hérésies
et le paganisme, ne songe qu'à l'issue sans juger les moyens qui ont
amené le triomphe de la bonne cause . Un éminent historien allemand
contemporain a repris à son tour la pensée de Grégoire et voit dans les
conquêtes de Clovis l'intervention directe de Dieu pour faire triompher
non plus l'Église , mais l'élément germanique « Er erscheint, dit- il de
Clovis, wie Gregor es sagt, als ein Werkzeug Gottes, in dessen waltendem
Rathe bestimmt war , dass, wie der Roemischen Welt durch die Germanen ein
neues Leben eingehaucht, so dem Deutschen Volk von dort her die Elemente
weiterer Entwickelung zugetragen werden sollten. » - Waitz, Deutsche
Verfassungs Geschichte . 2º éd . Vol . II, ch . 1 , p . 70.
HIST . MÉROVINgienne . 9
- 430 -
1. H. F. IV , 9.
2. IV, 19.
3. IV, 20.
4. IX, 30.
5. « Rex vero Chlotacharius... cum multis muneribus limina beati Martini
expetiit, et adveniens Turonis ad sepulcrum antedicti antistitis, cunctas ac-
tiones quas fortasse negligenter egerat replicans, et orans cum grandi
gemitu, ut pro suis culpis beatus confessor Domini misericordiam exoraret, et
ea quae inrationabiliter commiserat, suo obtentu dilueret. » IV, 21 .
6. Rex altioris ingenii. » M. S. M. 1 , 23.
7. « Quibus interfectis, Clotacharius ascensis equitibus abscessit, parvipen-
dens de interfectione nepotum. » III , 18.
8. « Quae autem causa fuerit, ut uxoris suae sororem acciperet, dicamus...
Cum esset nimium luxuriosus... » IV, 3. - Il faut lire tout le récit ; il
montre admirablement la naïveté de l'époque barbare .
9. « Ibatque Chlotacharius rex tanquam novus David contra Absalonem
filium pugnaturus, plangens atque dicens : Respice, Domine, de coelo, et
judica causam meam, quia injuste a filio injurias patior. » IV, 20.
10. Voy. la page précédente ... « actiones quas fortàsse negligenter egerat...
ea quae inrationabiliter commiserat. » H. F. IV, 21 .
131 -
gens excommuniés . Ailleurs Théodebert est « grand, illustre
et bon, » car il révère les prêtres et fait remise des impôts aux
églises d'Arvernie2 .
Cette partialité pour les rois amis de l'Église éclate surtout
lorsqu'il parle des possesseurs légitimes et des protecteurs du
diocèse de Tours, les rois d'Austrasie et de Burgundie, Sigebert ,
Childebert et Gontran . L'affection personnelle , ses devoirs de
sujet, les intérêts de son diocèse et ceux de la religion , tout
s'unit pour lui faire regarder d'un œil favorable la conduite de
ces rois . Il attribue à Chilpéric le rôle agressif dans la dernière
guerre contre Sigebert³ , tandis que l'Historia Epitomata dit
que ce dernier fut l'agresseur 4. Grégoire , il est vrai , était mieux
placé que le compilateur du vir° siècle pour savoir la vérité , mais
n'oublions pas aussi que Sigebert avait toujours protégé l'évêque
de Tours et n'avait jamais frappé son diocèse d'aucun impôt 5 .
Childebert imita son père et empêcha la levée des impôts à Tours
par respect pour saint Martin 6. Il combla Grégoire de marques
de respect, le prit pour conseiller7 , et l'évêque semble lui avoir
porté une affection presque paternelle . Brunehaut elle-même qui
épousa Mérovée son neveu « contra fas legemque canoni-
cam 8
», mais qui avait traité Grégoire avec de grands égards
et qui resta fidèle à la foi catholique 10 , est peinte dans l'His-
toria Francorum sous des couleurs favorables 11 qui contras-
tent avec le portrait que nous font d'elle l'Historia epitomata¹²,
la Chronique dite de Frédégaire 13 , et la Vie de saint Columban
1. « ... multa inique exerceret... rex cum his qui ab hoc sacerdote commu-
nioni abesse jussi fuerant, ecclesiam est ingressus. » V. PP . XVII , 2.
2. « At ille... magnum se atque in omni bonitate praecipuum reddidit . Erat
enim regnum cum justitia regens, sacerdotes venerans... etc. » H. F. I , 25 .
3. H. F. IV, 51.
4. Hist. epit., ch . 71.
5. H. F. IX, 30. Aussi , lorsque Sigebert achète la paix à prix d'or,
Grégoire prend- il sa défense : « idque magis ad laudem, quam ad aliquod
pertinere opprobrium, justa ratione pensatur. » IV, 29.
6. Ibid. - 7. H. F. VIII , 12 ; IX, 13 ; M. S. M. IV, 26 , 28 .
8. H. F. V, 2.
9. Voy. plus haut, p. 30-31 .
10. « Chrismata est, quae in nomine Christi catholica perseverat. » H. F.
IV, 27.
11. « Elegans opere, venusta adspectu, honesta moribus atque decora, pru-
dens consilio, et blanda conloquio. » Ibid.
12. « Tanta mala et effusiones sanguinum a Brunichildis consilio in Fran-
cia facta sunt... etc. »> - Hist. epit. 59.
13. Ch. 31-36.
132 -
par Jonas de Bobbio ¹ . Mais c'est surtout Gontran qui trouve en
Grégoire un admirateur passionné au lieu d'un juge . Dès qu'il
devient roi , il est déjà décoré du titre de « bonus » , au début du
chapitre où nous apprenons quelles furent ses femmes ou concu-
bines 2. A la fin de sa vie il nous apparaît comme un saint , il fait
des miracles ³ , et Grégoire laisse voir pour lui une vénération
émue et enthousiaste . « O roi admirable et éclatant de sagesse¹ » ,
s'écrie-t-il. Toujours il parlait de Dieu , de la construction
d'églises , de la défense des pauvres 5. On l'aurait pris « non-
seulement pour un roi , mais encore pour un prêtre du Seigneur ,
mettant toute sa confiance dans la miséricorde de Dieu . »
Gontran aimait l'évêque de Tours , il le comblait de présents 7 ; il
lui fit même à Orléans l'honneur de venir dans sa maison pour
y prendre la communion 8. Aussi l'évêque juge-t-il avec indul-
gence les actes où le roi montra que la religion n'avait pas fait
disparaître en lui le barbare . Quand Gontran fait périr, sur la
demande de sa femme Austrechilde , les deux médecins qui
l'avaient soignée , Grégoire termine son récit par ces mots :
« quod non sine pecccato factum fuisse multorum censet
prudentia . » De même quand Chundo, cubiculaire de Gontran,
est lapidé pour avoir osé chasser dans les Vosges, Grégoire
ajoute : « Multum se ex hoc deinceps rex poenitens, ut sic
eum ira praecipitem reddidisset, ut, pro parvulae causae
noxa, fidelem sibique necessarium virum tam celeriter
1. X, 10. Voyez encore VII , 29. Gontran envoie Claudius pour assassiner
Bbėrulf, mais lui recommande de ne pas violer la basilique de Saint-
Martin.
2. a Ile (Guntchramnus)….. jubet contra fas religionis ut pontifex... artatus
vinculis sibi exhiberetur. » VI , 11 .
3. VI, 24.
4. ■ Guntchramnus rex graviter aegrotavit..... Quod credo, providentia
Dei fecisset. Cogitabat enim multos episcoporum exsilio detrudere. » VIII, 20.
5. IV, 36.
6. V, 21.
7. IV, 11 , 12.
8. V, 5.
9. VIII, 39.
10. X , 19.
11. Ibid.
12. V, 19.
- 434 -
1. V , 14.
2. VII , 29.
3. « Quod sim injustus, tu nescis. Scit enim ille conscientiam meam, cui
occulta cordis sunt manifesta. Quod vero falso clamore populus te insultante
vociferatur, nihil est, quia sciunt omnes a te haec emissa . Ideoque non ego,
sed potius tu in adclamatione notaberis. Sed quid plura ? Habes legem et ca-
nones ; haec te diligenter rimari oportet : et tunc quae praeceperint, si non
observaveris, noveris tibi Dei judicium imminere . » V, 19.
4. Voyez le livre VIII des Moines d'Occident de M. de Montalembert :
les Moines et la Nature.
- 137
1. « Cumque plausum ales ille lucis nuntius repercussis alis, altius protu-
lisset, puer qui valde exanimis projectus fuerat, convaluit ; et gaudia cordis
risu praecedente patefaciens, aperto divinitus ore , evocat matrem, dicens :
« Accede huc. » At illa cum tremore et gaudio accedens, quae nunquam
adhuc filii vocem audierat, stupens : « Quid vis, inquit, dulcissime nate. »
V. PP. II, 4. Ce lever de l'aurore, ce chant d'oiseau auquel se mêle le
bégaiement miraculeux d'un enfant de dix mois guéri par l'intercession
de saint Allyre , cette mère inquiète et joyeuse, tout cela ne fait-il
point, malgré les imperfections de la langue, un tableau d'une beauté
exquise et touchante?
2. Voy. plus haut, p. 28, n. 1 .
3. Perdidimus dulces et caros nobis infantulos, quos aut gremiis fovimus,
aut ulnis bajulavimus, aut propria manu ministratis cibis ipsos studio saga-
ciore ministravimus . » V, 35.
4. " Sed ego non immemor apostoli dicentis, inimicos nostros potu ciboque
debere satiari, potum eis offerre praecipio. » M. S. M. J , 36.
5. H. F. VI, 10.
- 138 -
à Gondovald¹ . Il avait déjà obtenu la grâce de Riculf, qui l'avait
aussi calomnié , et cherché à sauver Leudaste, son plus violent
ennemi³ . Il est fidèle à l'esprit de l'Église , qui est à la fois
d'une austérité inflexible , lorsqu'elle promulgue la loi du Dieu
dont les yeux sont trop purs pour voir le mal, et d'une indul-
gence infinie lorsqu'elle parle aux pécheurs des miséricordes
célestes . Elle est le recours des affligės , des opprimés , même des
criminels ; elle fait de l'esclave l'égal de l'homme libre . Elle est
la protectrice des biens des pauvres .
Grégoire unit , comme l'Église , la sévérité à la mansuétude .
Évêque , il était réellement le surveillant et le modèle de son dio-
cèse. Inébranlable dans sa foi , inépuisable dans sa charité, il
maintient en même temps les prescriptions morales de l'Église
dans toute leur pureté ascétique . Il pouvait être indulgent pour
les laïques et surtout pour les barbares dont la conscience était
obscurcie par la corruption universelle 5 , mais il n'en avait pas
moins pour règle immuable cet idéal de chasteté que le christia-
nisme avait révélé à l'Occident, et qui était poussé jusqu'au
désintéressement de toutes les choses terrestres , parfois jusqu'au
mépris de toutes les affections humaines . Cet excès de sainteté
qui nous surprend aujourd'hui et nous semble presque dénaturé ,
était nécessaire à une époque où la barbarie et la dépravation
eussent envahi l'Église, si elle n'avait mis son idéal moral à
l'abri des atteintes du monde, par des efforts surhumains et par
des paradoxes de vertu . C'est ainsi que saint Rétice et le bien-
heureux Simplicius vécurent toujours avec leurs femmes dans
une absolue continence , que sainte Monegonde, après la mort
de ses deux filles , abandonna son mari pour ne plus se soucier
que des choses de Dieu 7. Saint Venant quitta subitement ses
1. VIII, 2.
2. « Pro cujus (Riculfi) vita vix obtinui. » V, 50.
3. « Timui ne interficeretur (Leudastem) : accersitoque socero ejus, haec ei
innotui, obsecrans ut se cautum redderet, donec reginae animus leniretur. »
VI, 32.
4. V. II . 37; IV, 20; VI, 46 : « causas pauperum exosas habens; » V, 50 « Leu-
dastes... thesauros quos de spoliis pauperum detraxerat... » VII, 22 « equi ejus
per segetes pauperum dimittebantur » et passim.
5. Voy. plus haut, p. 125.
6. « Uxorem... sortitus est (Riticius) cum quo spiritalis dilectionis conhiben-
tia, non luxuria copulatur. » G. C. , 75. - « Beata soror, quae prius fuerat
non libidine sed castitate viro conjuncta. » Ibid. 76.
7. « Contemplo mundi ambitu, spreto viri consortio, soli Deo in quo erat
confisa vacabat. » V. PP . XIX , 1 .
— 139 -
1. V. PP. XVI, 1.
2. Il est vraiment étrange que tous les critiques de Grégoire se soient
trompés sur un point aussi important. M. Kries va jusqu'à dire « exper-
tus non ... eorum (clericorum) libidinem coerceri posse, ut saltem prudentia
quadam peccata admitterent... suasit. » - De Greg. Tur. scriptis, p . 25.
M. Giesebrecht va moins loin , il dit seulement : « Die Ehelosigkeit der
Geistlichen wurde damals noch nicht unbedingt gefordert, es kann demnach
hier nur von der Frauen die Rede sein , mit denen die Geistlichen in gesetzlicher
Ehe lebten. » — Zehn Bücher fraenkischer Geschichte, t. II , p. 79, n . 1 .
M. Bordier imite la réserve de M. Giesebrecht : « Certains évéques, dit- il ,
gardaient leurs femmes : les plus pieux s'en séparaient. Trad. française
de Grég. de Tours. t . I , p. 185. Et il cite à l'appui de cette doctrine
vague les ch. 12 et 36 du livre IV et le ch . 19 du livre VIII.
La doctrine de l'Église occidentale et en particulier de l'Église des
Gaules sur le célibat des prêtres était au contraire parfaitement fixée
depuis le rv siècle. - Voy. les Conciles de Nicée , Can. 3 (325) ; de Van-
nes, c. 11 (465); d'Agde , c . 9-11 , 16 (506); d'Épaône, c . 20 (517) ; II d'Orléans ,
c. 8 (533) ; de Clermont, c. 13 , 16 (535) ; III d'Orléans, c. 2, 4, 7 (538) ; IV
d'Orléans, c. 17 ( 541) ; V d'Orléans, c . 4 (549); II de Tours, c . 10, 12-14, 19
(566-567); III de Lyon , c. 1 (583) ; I de Mâcon, c. 1 , 3, 11 (582) ; d'Auxerre
c. 20-22 (578). Thomassin, Discipline ancienne et nouvelle de l'Église.
1º partie, livre II , ch . 62.
Il eût été étrange que Grégoire ignorât les canons des conciles de
Tours et de Clermont, lui, si fidèle aux lois ecclésiastiques . La doctrine
de l'Église à cette époque exigeait le célibat pour tous les clercs, depuis
le sous-diacre (III concile d'Orléans, c. 7) . Il était permis aux hommes
mariés d'entrer dans les ordres , mais à la condition expresse de vivre
entièrement séparés de leurs femmes. Le Concile d'Agde , can. 16, avait
prescrit « Si conjugati juvenes consenserint ordinari, etiam uxorum volun-
tas ita requirenda est ut sequestrato mansionis cubiculo, religione praemissa
postquam conversi fuerint, ordinentur. » Le Concile de Clermont renou-
velle ces prescriptions, c. 13; celui d'Orléans de 538 les étend aux sous-
diacres « Nullus clericorum, a subdiacono et supra..., misceatur uxori. Quod
si fecerit, deponatur. » c. 2. - Mêmes prescriptions dans le canon 17 du
IV Concile d'Orléans , dans les canons 12 et 13 du II Concile de Tours ,
dans le c. 21 du Concile d'Auxerre . Celui de Lyon en 583 va plus loin
encore. Le canon 1 porte : « Si quicumque uxoribus juncti ad Diaconatus
aut Presbyteratus ordinem quoquo modo pervenerint, non solum lecto, sed
etiam frequentia quotidiana debeant de uxoribus suis sequestrari. » -- Gré-
goire fait plusieurs fois allusion à ces canons. L'évêque Urbicus d'Ar-
vernie vivait séparé de sa femme, " quae, juxta consuetudinem ecclesiasti-
cam, remota a consortio sacerdotis religiose vivebat. » I , 39. Susanne , femme
de Priscus, évêque de Lyon, entrait dans sa chambre quoique « diu
140 -
de Marius qui nous confirme sur presque tous les points ses récits. Voy.
notre étude sur cette chronique.
1. Entr'autres : la compilation dite de Frédégaire, les Gesta regum
Francorum , Paul Diacre, la Chronique de Moissac, Adon de Vienne ,
Aimoin, Hermann de Reichenau , Adam de Brême, Roricon, Sigebert de
Gembloux, etc.
MARIUS D'AVENCHES . '
1. Cette édition nous donne des notes inédites sur Marius, conser-
vées à la Bibliothèque de Berne et recueillies au siècle dernier par le
professeur Abraham Ruchat (Hist. de Suisse, ms. t. V), et par le profes.
seur Walther (Collectio hist. mss. Hist. Helveticae, III, 71).
- 149 -
CHAPITRE 1 .
VIE DE MARIUS .
CHAPITRE II.
LA CHRONIQUE DE MARIUS .
1. U. C. = Unico Consule.
2. Publiée pour la première fois par Henri Valois à la fin de son édit .
d'Ammien Marcellin . Paris, 1636, in-4.
3. Ap. Muratori , Scriptores rerum Italicarum, II, p . 1-187. - V. Waitz :
Nachrichten der Gott. Ges. der Wiss. 1865, p . 81 .
4. Post B. Hieronymum et Orosium , vel alios Historiographos, iste in
- 458 -
y alla. Mais il vint à Chalon en 588 (IX, 13) ; il alla vers la même époque
voir sa mère à Cavaillon (M. S. M. III , 60) . Ses relations avec la Bur-
gundie furent toujours très-suivies. (V. le ch. 1. Vie de Grégoire) . Il
avait des renseignements précis sur le lac Léman (G. M. 76) , et parle
d'un prêtre de Genève qu'il avait connu .
1. La précision des détails sur les moines d'Agaune (ad ann. 565), sur
l'invasion des Lombards dans la haute vallée du Rhône (ad ann. 574),
sur l'inondation du Valais (ad ann. 580), peut rendre cette hypothèse
vraisemblable . Mais ce n'est qu'une hypothèse .
2. V. plus haut, p . 160 , n . 2 .
163
DE L'ÉCOLE
NEUVIEME FASCICULE
F.V
ORSU
RETR
PARIS
LIBRAIRIE A. FRANCK
F. VIEWEG, PROPRIÉTAIRE
RUE RICHELIEU, 67
1872
ス
་
1
LE
BHAMINI - VILASA
TEXTE SANSCRIT
PAR
ABEL BERGAIGNE
F.V UM
ORS
RETR
PARIS
LIBRAIRIE A. FRANCK
F. VIEWEG , PROPRIÉTAIRE
67, RUE RICHELIEU
1872
K
莲
AVANT-PROPOS.
HAUVETTE-BESNAULT .
Novembre 1871 .
ERRATA.
DANS LE TEXTE :
I. b . Au lieu de daçadiçaç
30 lisez daça diçaç .
b.
82 kâramkaram karam karam .
92
b. marmaryatham - gharmavyathâm
122
c. â bhûmî- -- ábhûmî-
II. 29
a. - purahsthitam
purah sthitam
39 b . - itah param
itahparam
40 b. â niçam âniçam
60 d . bamûva babhuva
134 d. -vidála- -bidala-
IV . 23 b .
-caranâni -hrdayâni
38 b. ta te
39 c .
-patar -pater
DANS LES VARIANTES :
I. 46 c . -
saroruhasya (sic) saroruhasya
II. 150 c. ―
guhâna grhâna
nápam tâpam
DANS LA TRADUCTION ET DANS LES NOTES.
P. 68 , n. 1 - L'Himalaya
L'Himalaya
P. 74, I. 38 l'amour - l'Amour
P. 75, l . 7 moëlleux - moelleux
P. 94, 1. 15 l'Oucira l'Ouçira
P. 98 , 1. 1
allanguie alanguie
P. 112,1.40 diçah diçaç
P. 114, 1.6 vârtika vârttika
॥ भामिनीविलासः
I
॥ श्रीगणेशाय नमः ॥
4.
FT
.
दिशि दिशि निरपेक्षस्तावकीनं विवृण्व-
मकरन्दतुन्दिलानामरविन्दानामयं महामान्यः ॥ ५॥
किमिति वरवलितानभिज्ञेः ।
परिणतमकरन्दमार्मिकास्ते
उपरि करबालधाराक्रूरभुजगपुंगवाकाराः ।
अ
श्रपनीतपरिमलान्तरकथे पदं न्यस्य देवतरुकुसुमे ।
अं
श्री
अ
.
पुष्पान्तरेऽपि गन्तुं वाञ्छसि चेद्रमर धन्यो ऽसि ॥ २१ ॥
.1
साजात्यशङ्कयामी न त्वां निघ्नन्ति निर्दयाः काकाः ॥ ५४ ॥
श्रमरतरुकुसुमसौरभसेवनसंपूर्णकामस्य ।
गलदानोद्रेकभ्रमदलिकदम्बाः करटिनः ।
दिगन्तानातेने मधुपकुलकंकारभरितान् ॥ ३३ ॥
दवदनजटालज्वालजालाकृतानां
विश्वार्तिवारणासमर्पितजीवनी यं
गुणैरेतैरन्यैरपि च ललितस्याम्बुज तव
स्तरंगभङ्गान्प्रकटीकर
ोषि ॥ ४४ ॥
रणीगणेषु गुरुगर्वनिमीलिताक्षः
मुक्तामयीं हरिविहारवसुंधरायाः ॥ ४८ ॥
येन भिन्नकरिकुम्भविस्खल-
न्मौक्तिकावलिभिरचिता मही ।
सौ कुम्भिभ्रान्त्या खरनखरविद्रावितमहा-
गिरिगह्वरेषु गुरुगर्वगुम्फितो
: ।
गजराजपीत न कदापि संचरे
निसर्गादाराने तरुकुलसमारोपसुकृती
सोऽयं तुङ्गतिमिंगिलाङ्गकवलीकारक्रियाकोविदः
:
लूनं मत्तगजेः कियत्कियदपि च्छिन्नं तुषारार्दितेः
श्रत्रैवोच्छ्लदम्बुनिर्भरमहावर्तैः समावर्तितो
"
त्रयाणां लोकानामपि हृदयतापं परिव्हर-
वेतण्डगण्डकण्डूतिपाण्डित्यपरिपन्थिना ।
लोकोत्तरा च कृतिराकृतिरार्तकृया
विस्तारयत्यकृतपूर्वमुदारभावम्
कालागरुर्दव्हनमध्यगतः समन्ता-
विश्वाभिरामगुणगौरवगुम्फितानां
लीलालुष्ठितशारदापुरमहासंपद्राणां पुरो
गोर्भिर्गुणां परुषाक्षराभि-
श्रलब्धशाणोत्कषणा नृपाणां
वहति विषधरान्पटीरजन्मा
मानन्दयत्यखिललोकमनुक्त एव ।
रिन्दुर्विकासयति कैरविणीकुलानि ॥ ७४ ॥
:
दुष्प्रापं मनसापि यो गुरुतरं क्लेशः पदं प्रापितः ।
परार्थव्यासङ्गापनहृदय स्वार्थपरता-
ي
समर्थ यो नित्यं स जयतितरां को ऽपि पुरुषः ॥ ७७ ॥
स्मरस्य स्वबलानयनशुभमालार्चनपदं
"I
वपुः सद्यो भालानलभसितजालास्पदमभूत् ॥ ८३
शाखास्तत्रूणां मृडुलासनानि ।
सुभाषितं चीत्कृतिरातिथेयी
दन्तैर्नखाश्च विपाटितानि ॥ ८३ ॥
परोपसर्पणानन्तचित्तानलशिखाशतेः ।
खलः सज्जनकापीसरक्षणेकडताशनः ।
यशःसौरभ्यलशुनः शान्तिशैत्यङ्गताशनः ।
वामन्तरेण मृडुताम्रदलाम्रमञ्जु-
डुद्दामशौर्यनिकरैः करटिभ्रमेण ।
गुणपक्षपातमभितो भवतः ।
गुणशालिनी निखिलसाधुजना-
श्रानन्दमृगदावाग्निः शीलशाखिमदद्विपः ।
नया कथमन्यथावलीढा
मधुरिमातिशयेन वचोऽमृतम्।
श्रपि च मानसमम्बुनिधिर्यशो
विमलशारदपार्वणचन्द्रिका ॥ १११ ॥
गिरिगहनगुहायां लीनमत्यन्तदीनं
चेतश्चिरत्तनमधं चुलुकीकरोति ।
परोपकारकरणव्ययीभवद्मलचेतसां महताम्।
व्यागुञ्जन्मधुकरपुञ्जमञ्जुगीता-
न्याकर्ण्य श्रुतिमदजालयातिरेकात् ।
या भूमीतलनतकंधराणि मन्ये
दोर्द उदयकुण्डलीकृतलसत्कोदण्डचण्डधनि-
वल्गगाण्डिवमुक्तकाण्डवलयडवालावलीताण्डव-
खण्डितानेत्रकंजालिम सुरञ्जनपण्डिताः ।
न मनागपि राजरोषशङ्का
न कलङ्कानुगमो न पाण्डुभावः ।
पेशलानि ।
न मृणालानि विचार
सायन्तनाम्बुजसहोदरलोच
नायाः ॥ ३ ॥
स्वेदाम्बुसान्द्रकणशालिकपोलपालि-
दोलायितश्रवणकुण्डल्लवन्दनीया
२२
गुरुजनभयमद्विलोकनान्त
:-
समुदयदाकुलभावमावहन्त्याः ।
दरदलदरविन्दसुन्दरं हा
बदरामलकाम्रदाडिमान-
दयिते ते करिशावकुम्भलक्ष्म्याः ॥ ८ ॥
A
कपोलपालिं तव तन्वि मन्ये
लावण्यधन्ये दिशमुत्तराख्याम् ।
मुहुर्ममालापमुपालपन्ती ।
सौदामिनीयां सुषमामयासीत् ॥ ११ ॥
मृषैव षाडुपजल्पतो मे ।
उदश्रुचञ्चन्नयना नताङ्गी
स्मृतिशतचारुविचारजी विवेकः ।
हरिणकिशोरदृशो दृशोर्विलासः ॥ १३ ॥
कौमुदीव शिशिरीकरिष्यते
अवधी दिवसावसानकाले
स्थलकण्डूयनचारुकैतवेन ।
दरदर्शितहेमबाहुनाला
दरकुण्डलताण्डवं नतभ्रू-
विनये नयनारुणप्रसाराः
21
fe जीवितसंशयः प्रयाणे
PF
मरन्दलुब्धालिकिशोरमाला ॥ २१ ॥
संसदेशविनिवेशितां क्षणा-
दाचकर्ष निजबाहुवल्लरीम् ॥ ५३ ॥
दरानमत्कंधरबन्धमीष-
निमीलितस्निग्धविलोचनाब्जम् ।
अनल्पनिःश्वासभरालसाङ्ग
रोषावेशान्निर्गतं यामयुग्मा-
मामाज्ञायवाययौ कातराक्षी
हृदये कृतशेवलानुषङ्गा
मतिदीनामियमादधाति दृष्टिम् ॥ २५ ॥
इत एव निजालयं गताया
परिवर्तितकंधरं नतश्रु
वदनविषस्तव चकोरलोचने
परिमुद्रयन्ति सरसीरुरुश्रियः ॥ २१ ॥
कुचकलशयुगान्तमीमकीनं नखाऊं
विधाय सा मदनानुकूलं
सांराज्यलक्ष्मीमधरीचकार ॥ ३१ ॥
২৩
मुहरर्थितया निद्रया मे
वदनकमल्तनालात्क्रान्तिसान्द्रो नकारः ॥ ३३ ॥
कवलीकुर्वति कोमलविषा ।
परिपाण्डुरपुण्डरीकखण्डे
यौवनोद्रमनितान्तशङ्किताः
शीलशौर्यबलकान्तिलोभिताः ।
जानकीनयननीरजश्रियः ॥ ३५ ॥
परिणेष्यति वा न वा युवायं
निरपायं मिथिलाधिनाथपुत्रीम् ॥ ३६ ॥
नवसंगमयोर्यनीर्नयनानामुत्सवी जयति ॥ ४३ ॥
श्रन्योऽन्यालोकनानन्दविरहादिव चञ्चलम् ॥ ४६ ॥
उलदुजमलसग्रीवाबन्धं कपोलमाधत्ते ॥ ४३ ॥
लोचनफुल्लाम्भोजयत्तोभान्दोलितैकमनाः ।
कराब्जव्यापारानतिसुकृतसारात्रसयतो
केलीमन्दिरमारुतायनमुखे विन्यस्तवक्ताम्बुना ।
निःश्वासग्लपिताधरं परिपतद्वाष्यार्द्रवतीरुहा
निपतद्वाष्यसंरोधमुक्तचाञ्चल्यतारकम्
।
न मदीक्षासरणिं समेष्यति ।
श्रमुना जडजीवितेन मे
गमनाज्ञालवलाभलालसेषु ।
तरुणेषु विलोचनाब्जमाला-
उषसि प्रतिपक्षकामिनी-
सदनादन्तिकमञ्चति प्रिये ।
सुदृशो नयनाबुकोणयो-
शेमुः सरोजनयनानयनारुणकान्तयः ॥ ६३ ॥
निवासयन्तीं धृतिमङ्गनानां
शोभां हरेरेणदृशोधयन्त्याः ।
चिरापराधस्मृतिमांसलो ऽपि
पाटीरहुभुजंगपुंगवमुखायाता इवातापिनो
यं तु खलु पद्मिनीपरिमलालिपाटचरै
वेरुदयमध्यगादधिकचारुतैमारुतैः ॥ ७३ ॥
विद्वरादाश्चर्यस्तिमितमथ किंचित्परिचया-
मृशत्यन्तः स्मेरस्तवकितमुखाम्भोरुहरुचः ।
३३
दलद्राक्षानिर्यद्रसभरसपक्षा भणितयः ॥ ७५ ॥
संप्रत्युन्मदखञ्जरीटनयनावक्त्राय नित्यश्रिये
रुपाकर्ण्यस्विचत्पुलकितकपोला कुलवधूः ।
श्रधरघुतिरस्तपलवा
मुखशोभा शशिकान्तिलङ्गिनी ।
5
३४
तनुरप्रतिमा च सुभ्रुवो
नन्दत्यमन्दमरविन्दधिया मिलिन्दाः ।
संग्रामाङ्गणसंमुखाकृतकियद्विश्वंभराधीश्वर-
व्यादीकृितमध्यभागविवरोन्मीलन्नभोनीलिमा ।
नो चेत्कथं निपतनादनयोस्तदेव
सुविरलमौक्तिकतार धवलांशुकचन्द्रिकाचमत्कारे ।
शोणाधरांशुसंभिन्नास्तन्वि ते वदनाम्बुजे ।
श्रपि चालकवेषधारिणी
मकरन्दस्पृहयालवी ऽलयः ॥ १५ ॥
श्रङ्कायमानमलिके मृगनाभिपङ्कं
उल्लासपल्लवितकोमलपक्षमूला-
दिवसेनामृतरश्मिमण्डलम्।
तव रोषेण तथेदमाननम् ॥ १८ ॥
चलङ्गमिवाम्भोजमधीरनयनं मुखम् ।
सा मदागमनबृंहिततोषा
जागरेण गमिताखिलदोषा ।
प्रातराननजसौरभलुब्धैः ॥ १०७ ॥
श्रविचिन्त्यशक्तिविभवेन सुन्दरि
विधुभावमञ्चतितमां तवाननं
संपश्यतां तामतिमात्रतन्वीं
शोभाभिराभासितसर्वलोकाम्।
संकुलपद्मा किमियं नु
न पद्मिनी ।
समुल्लसत्पाणिपदां स्मितानना-
कनकद्रवकान्तिकान्तया
चपलायुतवारिदभ्रमा-
कलिन्दजानीरभरे ऽर्धमग्ना
धान्तेन वेराद्विनिगीर्यमाणाः
परस्परासङ्गसुखान्नतभ्रुवः
तयोरमृष्यन्नयमुन्नतिं परा-
चिकुराकारमिदं घनान्धकारम्।
वदनेन्डरुचामिहाप्रचारा-
दिवाकराराधनमाचरन्ती ।
स्तपश्चरत्यम्बुजपङ्क्तिरेषा ॥ १३१ ॥
स्तनान्तर्गतमाणिक्यवपूर्वहिरुपागतम्।
जगदन्तरममृतमयेरंशुभिरापूरयन्नितराम्।
तिमिरशारदचन्दिरचन्द्रिकाः
कमलविद्रुमचम्पककोरकाः ।
४०
राज्याभिषेकमाज्ञाय शम्बरासुरवेरिणः ।
मिह नानाविधमङ्गभङ्गभाग्यम् ।
मृणालमन्दानिलचन्दनानা-
मुशीरशैवालकुशेशयानाम्।
वियोगदूरीकृतचेतनाন
ग्राम्य वल्गुवचनेर्विनिवारिते पि
बाला कराङ्गुलिनिदेशवशंवदेन
श्रभूदप्रत्यूहः कुसुमशरकोदण्डमहिमा
विवेकभाजामपि दारयन्त्यः ।
अनल्पमायामयवल्गु
लीला
वडवानलकालकूटव-
अकख्यालगणेः सहेधितः ।
रजनीरमणो भवेन्नृणां
ی
किमितो यत्कुशलं मे संप्रति यत्पान्थ जीवामि ॥ १४३ ॥
तुलामनालोका निज़ामखर्व
लसन्ति नानाफलभावत्यो
परिफुलं नयनाम्बुजद्वयं ते ।
जलदालिमयं जगद्दितन्व-
मधुरसान्मधुरं हि तवाधरं
लोलालकावलिचलन्नयनारविन्द-
लीलावशंवदितलोकवित्सोचनायाः ।
88
दत्तांशुकान्त्तमरविन्दरमापहारि
सान्द्रामृतं वदनमेणाविलोचनायाः ।
अलकाः फणिशावतुल्यशीला
नयनान्ताः परिपुङ्खितेषुलीलाः ।
श्रनिशं नयनाभिरामया
मथुरागमनोन्मुखे मुरारा-
वसुभारार्तिभृतां व्रजाङ्गनानाम् ।
भवनाकाशमजायताम्बुराशिः ॥ १६३ ॥
केलीमन्दिरमागतस्य शनकैरालीरपास्येङ्गितैः
'
सुप्तायाः सरुषः सरोरुहदृशः संवीजनं कुर्वतः
पाणीकृतः पाणिरिवासुतायाः
सस्वेदकम्पो रघुनन्दनेन ।
हिमाम्बुकञ्चानिलविह्वलस्य
सुदृशो जितरत्नजालया
सुरतान्तश्रमविन्दुमालया ।
श्रलिकेन च हेमकान्तिना
परपुरुषदृष्टिपातवत्रा
श्रविशत्परकामिनीभुजंगी-
जम्बीरश्रियमतिलक्ष्य लीलयैव
व्यानम्रीकृतकमनीयहेमकुम्भी ।
नीलाम्भोरुहनयनेऽधुना कुचौ ते
करिकुम्भतुलामुरोजयोः
क्रियमाणां कविभिर्विशृङ्खलैः ।
परिष्वजन् रोषवशात्तिरस्कृतः
नाननशीतरश्मिं
चैलाञ्चले
संवृण्वतीनां हरिदश्वरीणाम् ।
व्रजाङ्गनानां स्मरजातकम्पा-
अधरेण समागमाद्रदाना-
सरसिरुहोदरसुरभावधरितबिम्बाधरे मृगानि तव ।
सफलीकर्तुमहो मनोरथान्।
४८
दयिता दयिताननाम्बुजं
●
दरमीलन्नयना निरीक्षते ॥ १८१ ॥
वदनारविन्दसौरभलोभादिन्दिन्दिरेषु निपतत्सु।
॥ श्रथ करुणविलासः ॥
"
देवे पराग्वदनशालिन कृत्त जाते
सा केवलं हरिणशावकलोचना मे
नैवापयाति हृदयादधिदेवतेव ॥ ३ ॥
४
नीलारविन्दमदभङ्गमदेः कटाक्षेः ॥ ४ ॥
धृत्वा पदस्खलनभीतिवशात्करं मे
सालंकृतिः श्रवणकीमलवर्णराजिः ।
सा मामकीनकवितेव मनोऽभिरामा
सौदामिनीविलसितप्रतिमानकाण्डे
पीयूषसारसरसास्तव ये विलासाः ।
तानन्तरेण रमणीरमणीयलीले
या तावकीनमधुरस्मितकान्तिकान्ते
नेत्रोत्पलैर्विकसितैरनिशं समीते ।
सा नित्यमङ्गलमयी गृहदेवता मे
संबोधनेर्यमधिरोपितवत्यसि च ।
लावण्यमुज्ज्वलमपास्ततुलं च शीलं
कर्पूरवर्तिरिव लोचनतापहन्त्री
फुल्लाम्बुजस्रगिव कण्ठसुखैकहेतुः ।
या दृष्टवत्यसि न कं च न साभिलाषम् ।
दयितस्य गुणाननुस्मरन्त्ती
गिरमङ्गीकुरुते न भाषितापि ॥ १८ ॥
॥ इति करुणविलासः ॥
५५
॥ अथ शान्ताख्यो विलासः ॥
विशालविषयाटवीवलयलनदावानल-
प्रसृवर
शिखावलीविकलितं मदीयं मनः ।
श्रमन्दमितदिन्दिरे निखिलमाधुरीमन्दिरे
ये जलधिनन्दिनीनयननीरजालम्बन
ज्वलज्ज्वलनजिवरज्वरभरवराभङ्गरम्।
प्रभातजलजोन्नमहरिमगर्वसर्वकर्षे-
कलिन्दगिरिनन्दिनीतटसुरडुमालम्बिनी
कलिन्दगिरिनन्दिनीतटवनान्तरं भासय-
जगज्जालं ज्योत्स्नामयनवसुधाभिर्जटिलय-
ग्रीष्मचण्डकरमण्डलभीष्म-
ज्वालसंसरणतापितमूर्तेः ।
प्रावृषेण्य इव वारिधरो मे
परिश्रान्तस्यायं तरणितनयातीरनिलये
समन्तात्संतापं हरिनवतमालस्तियतु ॥ ७ ॥
देवश्चकास्तु भगवानरविन्दनाभः ॥ ८ ॥
नयनानन्दसंदोकृन्दिलीकरणक्षमा ।
सरस्रोतस्विन्याः पुलिनमधितिष्ठन्नयनयो-
मिथ्याज्ञाननिशाविशालतमसस्तिग्मांशुबिम्बोदयः ।
૧૫
भवग्रीष्मप्रौढातपनिवसंतप्तवपुषो
बलादुन्मूल्य हाङ्गिगडमविवेकव्यतिकरम् ।
मलयानिलकालकूटयो
रमणीकुन्तलभोगिभोगयोः ।
श्वपचात्मभुवोर्निरन्तरा
मम भूयात्परमात्मनि स्थितिः ॥ ५४ ॥
पुनरस्मिन्नितरां कलेवरम्।
रुपरिपतन्वथवा कृपाणधाराः ।
मदभ्राम्यद्गङ्गावलिमधुरकंकारसुभगाः ।
५७
सपर्यासौकर्यं हरिचरणयोरस्तमयते ॥ ३० ॥
1
D
किं निःशङ्कं शेषे शेषे वयसः समागतो मृत्युः ।
पादाम्बुजद्वयमनारर्तमानमन्तम्।
मरकतमणिमेदिनीधरो वा
तरुणतरस्तरुरेष वा तमालः ।
गुरुनिश्वसितेः कपिर्मनीषी
या मूलारत्नसानोर्मलयवलयितादा च कूलात्ययोधे-
मृद्वीकामध्यनिर्यन्मसृणरसकरीमाधुरीभाग्यभाजां
न्मृदीकामधुमाधुरीमदपरीहारोडुराणां गिराम् ।
काव्यारविन्दमकरन्दमधुव्रताना-
भूपालाः कमलाविलासमदिरोन्मीलन्मदाघूर्णिताः।
स्ववमाधरमाधुरीमधरयन्वाचां विपाको मम ॥ ४३ ॥
धुर्यैरपि माधुर्यैद्राक्षाक्षीरेक्षुमाक्षिकसुधानाम् ।
LIVRE I.
माधुर्यपरमसीमां सारस्वतजलधिसंभूताम् ।
श्रपायशङ्किभिर्लोकैर्विषेणाशीविषो यथा ॥ ७७ ॥
LIVRE II.
दर्पणे च परिभोगशङ्किनी
मिह नानाविधमङ्गभङ्गभाग्यम् ।
VARIANTES.
LIVRE I.
LIVRE II.
- - 53. c. C.
उद्वेल. लसद् · 52. a. C. S. लोचनो pour मानसो.
साराब्जनयतो (sic) . d. C. सर्व pour सर्व - 54. a. C. निशाकर pour
निशापति. - 55. c. A. C. S. निशास · 58. d. C. श्रालोकेयं.
60. b. c. d. S. °लालसाय | तरुणाय ..... • बाला विनिवेदयां बभूव. 61.
c. C. बालोकेयमहं. 66. a. A. C. S. मलयानिलमनलीयति, ― 72. a.
S(?) उन्निद्रमा pour उत्कण्ठितं. - 75. b. A. रुहदृशः. 77. c. S (?)
pour मूले. 78. d. A. फणायामाश्चर्य. - 81. c. d. S. श्रकृतप्र-
तिमा तनुः कृता विधिना कस्य कृते मृगीदृशः. 82. a. C. श्रत्यस्तं. ― 88. b.
LIVRE III.
LIVRE IV.
LIVRE I.
1. Les cris des éléphants mâles , aux joues souillées de Mada ' ,
retentissent aux extrémités du monde, où ils se sont enfuis à
son approche; les femelles ne sont pour lui que des objets de
pitié; les autres animaux lui sont trop inférieurs ; contre quel
être en ce monde ce lion déploiera-t-il maintenant l'adresse de
ses ongles acérés ?
2. Après une vie passée dans le lac Mânasa , au sein des flots
parfumés par le pollen qui tombe des lotus épanouis, comment ,
dis-moi, le chef du troupeau des flammants pourrait-il vivre au-
jourd'hui dans l'eau d'une mare où pullulent les grenouilles ?
3. Alors que la troupe des Tchakoras femelles contemple
l'Orient, en roulant les yeux de désir, quand les lotus de nuit
s'épanouissent , que l'amour agite son arc, et que l'orgueil des
beautés cruelles est près de céder, en un tel moment convient-il ,
ô Créateur ! que le nuage déploie tout cet appareil contre la
lune ?
4. O lotus épanoui ! qu'en savourant une goutte des sucs que tu
distilles, les abeilles fassent entendre un doux murmure, il n'y a
rien là que de naturel; mais quel autre ami c'est pour toi
5
66 -
que ce vent , répandant en tous sens tes parfums sans rien
demander en retour !
5. Ne méprise pas , ô Koutadja ! cette abeille que le destin
t'envoie; les lotus tout gonflés de sucs font grand cas d'elle.
6. Demeure à l'intérieur du bois , ô Kokila ! 2 menant de tristes
jours, en attendant que quelque manguier resplendisse, couronné
d'un essaim d'abeilles .
7. O étang de lotus que méprisent des grues ignorantes ! pour-
quoi tomber dans la mélancolie ? Puisse une longue vie être
accordée en ce monde aux abeilles qui savent apprécier tes sucs
parvenus à leur maturité !
8. « Je suis bien bas ! » Que jamais cette pensée , ô puits ! ne
te cause de tristesse, puisque doué d'un cœur d'une sensibilité
exquise (ayant l'intérieur tout rempli d'eau) , tu sais apprécier
les qualités des autres (tu reçois les cordes dont les autres se
servent pour puiser ton eau).³
9. Après des jours passés sur les fleurs du lotus aux sucs
abondants , quel désir le Koutadja a-t-il pu inspirer à cette
abeille ?
10. O sandal ! qui pourrait chanter dignement ta magnani-
mité? Ces serpents qui répandent du venin , tu les délectes en
répandant des parfums .
11. Qui serait capable , ô sandal ! de t'imiter et de rendre.
comme toi le bien pour le mal ? Au moment même où tu es
broyé, tu charmes de tes parfums ceux qui te broient .
12. Si toi-même, ô flammant ! tu ne t'appliques plus à discerner
l'eau du lait , quel autre dans cet univers observera les lois de
sa race ?
13. Vivent les hommes rares qui au dehors sont pareils à des
lames d'épée , ou à des serpents fiers et cruels, et au dedans se
montrent plus doux que le jus du raisin !
14. Qu'à leur aise , ô lotus épanoui ! en recueillant le suc de
tes fleurs , les abeilles fassent entendre un doux murmure : il n'y
1. L'Himalaya.
2. Littér. « elle mérite d'être portée sur leur tête. » L'abeille va sucer
la liqueur du Mada.
- 69 -
1. Jeu de mots.
2. C'est une lionne qui parle .
- 73 ---
1. Déesse de l'éloquence.
74--
1. Çiva.
2. Çiva a un œil au milieu du front.
3. Système philosophique .
4. Jeux de mots.
5. Jeux de mots.
76 -
122. C'est sans doute parce qu'ils entendent les doux accords
de cet essaim d'abeilles bourdonnantes, et par l'effet de la tor-
peur voluptueuse où les plonge l'ivresse produite par ce concert ,
que les arbres de toute espèce croissant dans ce bois inclinent
leurs branches jusqu'à terre.
123. L'avidité chez un mort, la libéralité chez un avare,
l'amour de son époux chez une femme galante , l'apaisement
chez un serpent , l'amitié chez un homme perfide , c'est ce qu'on
n'a pas vu jusqu'à présent dans le monde émis par le Créateur .
124. Il ne faut pas se fier aux femmes , même de haute nais-
sance; les touffes de lotus aimées de la lune (les femmes du roi) ,
folâtrent avec les abeilles (les ivrognes) ¹ .
125. La destinée donne le bonheur sans qu'on l'en prie, et,
quand on l'en prie, ne le donne pas ; elle peut même enlever à
l'homme tout ce qu'il possède . Elle ne connaît pas de frein.
126. En te voyant dans la mêlée, entouré de l'élite de tes
ennemis tombés sous les flèches que lance avec un bruit terrible
l'arc vibrant, tendu en cercle par tes deux bras comme par deux
tiges rigides, qui ne songerait, ô Roi ! au fils de Pandou 2 , tour-
nant sa fureur contre le bois Khandava , qui s'effondre sous la
danse sauvage des tourbillons de flammes allumés par les flèches³
de l'arc 4 frémissant d'Ardjouna ?
127. Puissent les rayons du soleil protéger le monde! Eux
qui savent colorer d'une rougeur charmante les yeux , sembla-
bles à des lotus , des femmes offensées 5, et qui font resplendir
tous les points du ciel.
1. Jeux de mots.
2. Ardjouna.
3. Littér. « le bracelet de flèches . »
4. Le nom de cet arc est Gândiva .
5. En leur faisant découvrir les preuves de l'infidélité de leurs époux.
LIVRE II.
1. Jeux de mots.
2. Splendor umbilici ejus qui loti intimæ partis similis est.
6
82
1. Ces paroles sont mises dans la bouche d'un amant en voyage qui
a vu en rêve sa maîtresse désolée de son absence.
2. Plante aquatique et sorte de drogue .
3. Ces paroles sont adressées par une messagère d'amour à un amant
séparé de sa maîtresse.
4. Littéralement « vomis par les serpents du mont Malaya (où croît le
sandal) . >>
- 83 -
1. Ne se récrie pas .
2. Acquis dans une autre existence .
- 86 -
dre , ton visage, ô belle ! devient pareil à la lune, et tes yeux aux
pétales du lotus .
109. Ses yeux mobiles sont les poissons, ses mains et ses
pieds les lotus épanouis, ses cheveux les herbes aquatiques : la
belle est un étang plein d'eau (plein d'amour) .¹
110. O voyageur ! faible esprit ! pourquoi te laisser ainsi brûler
par l'ardeur du soleil (de l'Amour) ? Appelle de tes vœux le
nuage (le sein de la bien-aimée 2) pour obtenir le soulagement
de tes maux .
111. En la voyant si svelte, et illuminant de son éclat tous
ceux qui l'approchent , on se demande si c'est un éclair ou un
clair de lune .
112. A la vue de cette belle un doute s'élève : Qui brille ainsi?
Est-ce une liane couverte de bourgeons , ou un étang plein de
lotus épanouis ? Car son visage est souriant comme ceux-ci, et
ses mains et ses pieds sont brillants comme ceux-là.
113. En voyant le visage, si charmant au regard , de la
belle , chacun se demande aussitôt si c'est un lotus ou la face de
la lune .
114. En voyant Rama dans les bras de sa bien-aimée qu'em-
bellit un éclat pareil à celui de l'or liquide, croyant à l'appari-
tion d'un nuage sillonné d'éclairs , les jeunes Tchâtakas ont
sauté de joie dans la forêt.
115. Tout le monde l'appelle « femme » ; soit ! Mais mon avis
à moi est qu'il faut l'appeler « la pénitence des jeunes gens par-
venue à sa maturité 3.
116. A la vue de la belle au visage souriant, les Tchakoras et
les abeilles ont été remplis de joie.*
117. Pour peu que l'éclat de ton sourire apparaisse , ô jeune
fille ! sur ton visage de lotus , le monde, j'en suis sûr, est aussitôt
vaincu par l'Amour.
118. A demi plongés dans les eaux abondantes de la Yamounâ ,
et jetant des cris perçants, ces hérons sont , je suppose , les petits
de la Lune 5 qui gémissent , engloutis par l'Obscurité , leur
ennemie.
1. Jeu de mots. - 2. Id .
3. C'est-à-dire qu'elle est la récompense des mérites religieux acquis
par les austérités dans une vie antérieure.
4. Ils prennent ce visage, les uns pour un clair de lune , les autres
pour un lotus.
5. Les différents croissants de la lune comprenant chacun un seizième
de sa surface .
93 -
119. C'est le plaisir d'être l'un près de l'autre qui a enflé les
seins de la belle, et c'est, je pense , par jalousie de leur prospérité
que sa taille s'amincit à l'excès .
120. O belle ! sous la forme de ta chevelure, c'est sans doute
l'Obscurité profonde qui cause à ta vue l'égarement des hommes ;
elle n'a cet éclat charmant et sombre que parce qu'elle est sous-
traite aux rayons de la lune de ton visage.
121. Jour et nuit plongés dans l'eau jusqu'à la gorge et adres-
sant leurs hommages au soleil, est-ce que ces lotus font pénitence
pour devenir les seins d'une belle aux longs cils ?
122. Sur ton cœur , vase où brûle le feu des tourments de
l'absence, ô belle ! comme pour mériter la joie d'être pressé par
le bien- aimé dont tu es séparée , ce collier de perles fait
pénitence .
123. Le Dieu né du lotus qui a créé ton visage, ce trésor de
beauté, était sans doute en proie à un profond égarement quand,
pareil à un insensé , lui d'ordinaire si sage, il a, sans songer à
toi et sans raison aucune , donné la royauté du monde à cette
misérable lune qui perd tous les mois son éclat .
124. Prenant pour corps le rubis qui brille entre tes seins , et se
montrant ainsi au grand jour, c'est sans doute ton âme enamou-
rée ( rouge 2) , ô belle ! qui regarde ton bien-aimé.
125. Remplissant abondamment le monde de ses rayons faits
d'ambroisie , sous l'apparence de cette belle aux yeux de jeune
gazelle , est- ce la lune qui se lève?
126. Si jamais les ténèbres, la lune d'automne et le clair de
lune s'unissent au lotus, à des bourgeons de plantes et aux bou-
tons du Tchampaka 3 , alors nous comparerons le visage de la
belle à un seizième de ce mélange.4
127. « O ma bien-aimée ! renonce à ta colère . » A ces mots
prononcés avec passion par son bien-aimé , un torrent de larmes
s'échappa des yeux de la belle, et l'orgueil sortit de son cœur .
128. C'est parce qu'elle a appris le sacre prochain de l'ennemi5
1. Brahmâ.
2. Jeu de mots .
3. Arbre à fleurs jaunes.
4. Allusion au croissant de la lune qui ne comprend qu'un seizième
de sa superficie et qui est pour les Hindous la forme la plus charmante
de cet astre. Les objets énumérés correspondent dans l'ordre aux che-
veux, au visage, aux yeux, aux prunelles , aux lèvres de la femme, et
enfin à la couleur jaune de la pâte de sandal dont elle se couvre.
5. L'Amour.
94
belles aux grands yeux pareils aux pétales du lotus bleu , dont
les jeux charmants sont pleins d'une puissante magie !
137. Depuis que pour cette belle au visage pareil à la lune ,
l'astre de la jeunesse s'est levé , apportant avec lui les jeux char-
mants, depuis ce jour, sans qu'il soit besoin d'autre feu , les
cœurs des jeunes gens se consument .
138. Elle ne sait ni plonger ses regards dans ceux du
bien-aimé, ni causer avec le sourire aux lèvres , et quand tu
prends la parole , elle fronce le sourcil » : en représentant ainsi au
bien-aimé la conduite de sa rivale , elle a refroidi la passion qu'il
ressentait pour elle-même.¹
139. Grandie dans le même lieu que le feu sous-marin et le
poison Kalakoûta , en compagnie des monstres de la mer et des
serpents d'eau, comment la lune ne serait-elle pas une cause de
mort pour les hommes 2.
140. Par les mérites religieux on obtient une femme aimable ,
par la femme de bons fils, parfaitement purs ; les fils donnent
une gloire grande et durable , la gloire donne à l'homme le monde
éternel du ciel.
141. Un maître (un roi) même, quand il consent à demander,
tombera aussitôt dans le mépris , ô belle ! puisque moi , ton
maître (ton époux) , implorant un baiser de tes lèvres , je t'ai
vue aussitôt me tourner le visage et m'ôter l'espérance .
142. L'amour seul a été témoin du plaisir secret que tu as
goûté sous le berceau de feuillage, au bord de l'étang, d'où tu
rapportais rapidement un vase plein d'eau .
143. Comme toi , mon bien-aimé voyage et chasse ses soucis
dans les arbres de la route; et je vis encore , ô voyageur ! Que
pourrais-je souhaiter de mieux ?
144. Pourquoi es-tu si maigre, ô belle à la taille fine ? - Pour-
quoi t'occuper des affaires des autres ? - Dis-le-moi cependant
pour m'ètre agréable . - O voyageur, ta femme te le dira.
145. Ne conçois pas un trop grand orgueil, ô belle dont les
membres sont jaunis de sandal ! parce que tu ne vois pas ta
pareille : au fond des forêts brille , chargée de fruits , plus d'une
liane qui te ressemble .
146. Ton visage brille d'un vif éclat , les deux lotus de tes
yeux sont épanouis . O amie ! est-ce que quelque part un nuage
1. L'Amour.
7
- 98
1. Jeu de mots.
2. Littér. « ne peut être reconnu que par le raisonnement. »
3. Ces paroles sont mises dans la bouche d'un voyageur auquel un
messager dépeint l'état de langueur où son absence laisse sa maîtresse.
4. Le corail.
5. Il s'agit de la perle ou du petit chapelet de perles que les femmes
Hindoues suspendent à leur narine.
6. Elle veut se venger des dents dont l'éclat a effacé le sien, et s'at
taque à leur allié ( ! ) .
99 .-
174. Son visage orné d'une perle fixée à l'extrémité du nez
brille comme le disque de la pleine lune au moment du phéno-
mène de sa conjonction avec Mercure .
175. En contemplant sans cesse la couleur jaune de tes mem-
bres, ne t'enorgueillis pas trop vite, ô folle enfant ! mais vois que
dans bien des maisons roulent des tas d'or qui ont la même
couleur.
176. Cette comparaison de tes seins avec les bosses du front
des éléphants , œuvre des poètes à l'imagination sans frein, com-
ment peux-tu l'entendre avec plaisir, ô amie ! Certes ! les femmes
comprennent bien mal l'intérêt de leur gloire !
177. Rebuté , au moment où il l'embrassait, par la belle
irritée, le bien-aimé s'était endormi en détournant la tête : « Est-
il donc si affligé ? » se dit-elle , et pressée par la crainte , elle le
saisit et le tint longtemps embrassé .
178. Pendant que les vachères contemplent Vichnou en voi-
lant du bord de leur vêtement leur visage pareil à la lune, le
tremblement de leurs membres , causé par l'amour, a tout à coup
fait tomber leur ceinture.
179. La blancheur des dents , bien que cachée par les lèvres
rouges qui les recouvrent, a triomphé quand elle a trouvé un
allié dans le blanc sourire de la belle aux longs cils .
180. Dis-nous, ô belle aux yeux de gazelle ! à quel signe nous
pourrons reconnaître la présence du bétel¹ dans ta bouche , aux
dents pareilles à des pierres fines ? Car cette bouche a naturelle-
ment les parfums qu'exhale le cœur du lotus et des lèvres plus
rouges que le fruit nommé Bimba .
181. Couchée auprès de son époux, mais ne pouvant, hélas !
satisfaire ses désirs, retenue qu'elle est par la pudeur , la
bien-aimée contemple, en fermant à demi les yeux , le visage de
lotus de son bien-aimé .
182. Gloire aux regards cruels que la belle me jette dans sa
colère, au moment où j'implore un baiser de ses lèvres , tandis
que les abeilles , avides de parfums , s'abattent sur le lotus de sa
bouche !
ont repris avec succès leur doux chant, depuis que tu es partie
d'ici, ô toi qui m'étais plus chère que la vie !
8. Après m'avoir donné pendant quelques jours un bonheur
inespéré, pareil à celui du grand Indra, mais court comme l'appa-
rition de l'éclair , tu t'es échappée de mes mains, me laissant déchu
de mon heureux sort, comme la fortune s'éloigne du royaume
d'un prince qui est privé de conseils .
9. O belle est-ce sous l'empire d'une colère provoquée par
quelque badinage, que tu m'as abandonné soudain, toi fidèle
cependant à ton époux, pour te réfugier dans la lointaine demeure
des belles délivrées (pour t'en aller bien loin du gynécée 2) .
10. Autrefois tes jeux qui avaient la saveur du suc de l'am-
broisie se transformaient en poésie dans ma pensée ; sans eux
maintenant, dis-moi , toi que rendait si charmante l'humeur
folâtre de la femme, comment resterai-je un bon poète, capable
de ravir les cœurs?
11. La pleine lune , sur toute cette terre qu'illuminait l'éclat
de ton doux sourire , ne suggérait aux poètes que l'idée de sa
propre inutilité ; maintenant que tu t'es évanouie , ô belle à l'œil
timide ! elle est au comble de la splendeur .
12. Celle qui, m'arrosant de nectar avec son doux sourire ,
me rendait un culte perpétuel avec ses yeux épanouis , pareils à
des lotus , ma divinité domestique portant toujours le bonheur
avec elle , la reine de l'amour , ma bien-aimée enfin ne sort pas de
mon cœur .
13. Moi que pendant ton séjour sur la terre tu as transporté
au ciel en m'appelant des noms d'amant, de maître, de bien-
aimé, comment peux-tu maintenant , ô belle aux yeux de jeune
gazelle ! en montant au ciel , me rejeter ainsi dans la poussière du
sol ?
14. Une beauté éclatante , une vertu sans égale, une modestie
comme il n'en est pas au monde , une prudence féconde en profits ,
toutes ces qualités , hélas , hélas ! comment as-tu pu les laisser
sans refuge³ ainsi que moi-même, ô belle ! pour monter au plus
haut du ciel?
15. C'est, je n'en doute pas , dans le trouble de la colère , ô
belle aux yeux de lotus ! que le feu t'a brûlée , toi qui sans cesse
et en tous lieux humiliais ses flammes par ton éclat plus brillant
que celui de l'or et par ta pureté suprême, et qui ravissais les
cœurs .
16. Dissipant la douleur des yeux comme un collyre de cam-
phre, et, comme une guirlande de lotus épanouis , source unique
de plaisir pour le cou qu'elle tenait embrassé , excitant comme
la poésie l'admiration de l'esprit, charmante et ayant droit aux
respects de toutes les femmes, elle brillait comme une immor-
telle .
17. Toi qui , même dans ton sommeil , ô beauté cruelle ! n'as
jamais regardé avec désir un autre homme que ton époux, com-
ment, dis-moi , as-tu pu maintenant partir, hélas ! pour aller
trouver l'Etre Suprême (un homme étranger¹ ) , dépourvu de
qualités ?
18. Elle que je voyais il n'y a qu'un instant sur sa couche,
tout entière à la pensée des qualités de son bien -aimé, mainte-
nant hélas ! la belle à la taille fine , quand je lui parle , n'entend
plus ma voix .
19. Quel est celui qui ne louerait volontiers son parler qui
répandait une pluie de nectar, ses formes qui méritaient d'être
célébrées par les plus grands poètes, enfin ce chef-d'œuvre incom-
parable tout imprégné de pathétique ?
1. Jeux de mots , de même que sur les mots suivants : l'Être Suprême
est exempt des qualités de bonté, de passion, et d'obscurité, qui appartien-
nent à l'âme incorporée .
LIVRE IV .
1. Vichnou.
2. Littér. « briller. »>
3. C'est un mois de la saison des pluies .
- 405
1. Vichnou .
2. Id.
3. Civa.
4. Littér. « ayant le corps brûlé » .
5. Littér. « pour atteindre la rive opposée ».
6. Voir les Notes à la fin du volume.
- 407 -
1. Krichna.
2. Le Gange.
3. Cette stance paraît s'adresser à un ascète retiré sur les bords ou
aux sources du Gange.
4. Il y a dans cette stance un jeu de mots portant sur le nom de
l'Amour qui signifie « né dans le cœur ». Le cœur devrait au contraire
honorer Çiva pour obtenir de lui la résurrection de l'Amour, brûlé par
le feu des regards de ce Dieu (!) .
108 -
flots . Serait-ce une brillante émeraude? Pas davantage : comment
en effet serait-elle si douce au toucher? Tels furent d'abord les
doutes de tous les habitants de la forêt dont la curiosité s'éveillait
en contemplant l'éclat du corps de Râma .
36. Est-ce un éclair parti d'un nuage , ou une liane détachée
d'un arbre superbe ? Comme il était plongé dans ce doute, le singe
prudent conclut de ses profonds soupirs que c'était une épouse
séparée de son bien-aimé 2 .
37. Dans les maisons des hommes vils, la prospérité , et dans la
demeure du Brâhmane , les cris de misère! Une mort prématurée
pour les bons , hélas , hélas ! et une vie de cent années pour ceux
qui suivent la voie du mal ! Quand je vois ton étrange gouverne-
ment, le feu de la colère m'enveloppe de ses flammes : mais qu'y
puis-je faire , ô maître du monde ! puisque je ne suis qu'un misé-
rable et que tu es le Seigneur !
38. Du pied du mont Mérou au rivage de l'Océan bordé par
le mont Malaya, que tous ceux qui savent composer des poèmes
répondent hardiment à cette question : « Quel heureux mortel,
si ce n'est moi-même, mérite de passer pour maître dans ce doux
langage pareil au liquide délicieux que le raisin distille à
flots ? »
39. Cet être qui entend sans remuer la tête les discours du
Roi des savants , ces discours si charmants à l'oreille que Saras-
vatî, pour en savourer l'ambroisie, cesse de faire résonner sous
ses doigts les cordes de la lyre , est-ce une brute parmi les
hommes, ou est-ce le Roi des brutes (Civa) 3 ?
40. J'admets que des hommes restent insensibles au goût du
miel, du raisin , de l'ambroisie descendue à portée de leur bouche ,
du nectar des lèvres d'une femme ; mais je l'affirme, ce sont ,
hélas ! des cadavres vivants, ces êtres stupides que la poésie
de Djagannatha (la Bhagavad-Gîtâ 4 ) ne remplit pas de joie.
41. Si tu es très-habile à composer des discours capables
d'humilier l'orgueil des sucs délicieux que distillent les raisins
mûrs, alors , mon cher ! récite tes poèmes tout à ton aise en pré-
sence de mes pareils ; sinon, renferme-les en toi-même ainsi que
tes vieux péchés .
1. Hanoumat.
2. Sîtâ séparée de Râma.
3. Çiva ( le roi des animaux) y serait insensible à cause de sa dignité
suprème.
4. Jeu de mots.
109
1. Littér. « la maturité »,
2. Littér. « sur la paume de la main pareille à un bourgeon » .
SUPPLÉMENT. '
LIVRE I.
LIVRE II.
LIVRE I.
tant bien difficile d'admettre que mada soit pris adjectivement. Peut-
être faut-il voir là un composé ( de juxtaposition) de mada et dantávala-
dhiyd, « dans la pensée que c'est un éléphant , pensée qui est une folie »?
61. vetandánám = gajánám, ganda-kandûti- sambandhi- pánditye (= cá-
turye), paripanthiná = çatrund ; tad-ganda-vidáraka-tvát . S. L'éditeur de
Calc. donne à peu près la même explication , en interprétant expressé-
ment kandûti par gharshana, et en prenant pánditya dans le sens de
l'instrumental . Le sens serait donc : « ennemi des éléphants, par son
habileté à déchirer leurs joues » .
62. Calc. — a . vámá- pour rámá- . Remarquez nirmalatah jouant le rôle
d'ablatif et construit avec nîrát. - Le S. voit dans la conclusion un
éloge , et non un blâme comme Galanos qui prend madhupa dans le
double sens d' « abeille » et d' « ivrogne » . Je ne m'explique pas com-
ment ce dernier a pu traduire mahá-kavi-girám par xatà toùs яointàc . Il
rappelle que l'arc de l'Amour est de lotus. Je suppose que le lotus est
appelé en même temps le trésor des poètes à cause du grand usage
qu'ils en font dans leurs comparaisons .
64. paráncanti nivartante. S.
65. Calc. - c. dátr-guror... sura-taroh. - audâryam = dátrtvam :
arthitárpana-vidhau arthitasya dhanáder dána-vidhau. S.
66. Calc. b. sva-manasi. d. kati no . - kaxa paraît avoir ici le
même sens que çíla , « caractère , conduite » . C'est là un sens moderne
qui semble familier aux commentateurs . L'éditeur de Calc . explique
asama-çilah (st. 1 ) par asama- kaxáh .
69. Calc. c. kâlâgurur . La leçon de mes mss . me parait justifiée
par l'existence de agaru à côté de aguru.
70. lokam-prnaih jana-mano-vinodakaih . S. prna est formé avec
le suffixe khaç (Pánini . III . 2. 28 et suiv . Bf. Voll. Gr . 373, 374) ,
c'est-à-dire avec le suffixe a joint au thème des temps spéciaux , et la
première partie du composé reçoit l'augment mum, c'est-à-dire m . Tou-
tefois les règles citées ne justifient cette formation que par analogie ;
car les grammairiens ne comprennent pas la racine par, prî, parmi
celles qui peuvent prendre le suffixe khaç.
71. Calc. c. vrkâh pour mrgáh. - vidya-sadman « la demeure de la
science » peut s'entendre, selon le S. , du livre qui la renferme ou de
l'homme qui la possède.
73. patira-janman , cf. patira-ja, st . 19. bhajatetarám, V. Bf. Voll .
Gr. 568, 574.
74. Calc. - d. vikâçayati. — vikásayati est la leçon du S. Les
racines káç et kas sont souvent confondues dans l'orthographe des ma-
nuscrits .
76. Calc. - b. gurutaraih. - Si l'on adopte la leçon de C il faut
traduire : « Pour lui nous avons déployé notre habileté, etc. »
77. Calc. - a. api pour atha. - b. guru-bhuteshu. Le S explique
guna- bhûteshu par guna - svarûpeshu, guna-prápteshu vâ, et samarthah
par sarva-kárya-sampâdana-patuh . Puis il tire du même texte, par des
jeux de mots, quatre autres sens . - 10 « Gloire au composé tatpurusha
(tel que nishkauçâmbi) , qui par suite de sa dépendance d'un autre mot n'a plus
pour sens principal celui de son dernier terme, qui n'exprime qu'un seul sens
8
414 -
avec le mot subordonné (tel que nih) qu'il renferme , à l'intérieur duquel se
montre, en vertu de sa nature même, la dignité d'un agréable accent
aigu, et qui est indissoluble . » Tous ces caractères sont ceux d'un
composé bahuvrihi. Ils appartiennent exceptionnellement au tatpurusha
« nishkauçâmbi » « sorti de kauçâmbi » , dont le second terme est upa-
sarjana (Pánini. I. 2. 44) , qui est un nitya-samâsa (vártika 9 sur Pânini,
II. 2. 18 ) , et qui est accentué sur la particule , au lieu de l'être sur la
finale comme la plupart des tatpurusha (Pânini . VI. 2. 2 ) . - Samar-
thah dans ce sens est commenté par sâmarthyâdhinaḥ. --- 2º & Gloire à
l'âme qui , par son attachement à la fin suprême, se détachant des
objets des sens, reconnaît qu'elle n'est pas distincte des êtres subor-
donnés (ou des éléments doués des trois qualités ?) , dans laquelle brille ,
par la puissance de l'Illusion (qui trompe encore les autres âmes) , une
grandeur suprême et charmante , et qui est pour toujours indépendante
du monde.» Il s'agit d'unjivan-mukta . - guna- bhuteshu yauna-prânishu ;
svabhâvât = mâyâ-svabhâvât; asamarthah = mâyâ-kárya- samsâra-jâta-
sambandha-rahitah . S. Pour lire asamarthah , il ne faut plus tenir
compte de la séparation des pâda. 3º En prenant seulement ko'pi
pour sujet de la proposition principale, en donnant purushah (= para-
mâtma) pour sujet à sphurati ( ! ) et en continuant à lire asamarthah,
mais pour en faire le dernier terme d'un composé qu'il explique ainsi :
lalitodâtta-mahimayâ mâyaya, asamarthah = kârya-vidhâtum asvâ-
dhînah, le S. arrive à ce sens , conforme au précédent pour le premier
hémistiche : « Gloire à celui qui par son attachement , etc. , dans
l'organe interne duquel brille par sa nature l'Ame Suprême que l'Illu-
sion rend impuissante (?) . » asamarthah aurait ici un sens presque opposé
à celui qu'il avait dans l'explication précédente. L'ensemble est peu
satisfaisant. C'est sans doute cette fois un raffinement du S. — 4º « Gloire
à Vichnou qui, par dévoùment à l'intérêt des autres, renonçant à ses
propres richesses pour les donner à ses fidèles, ne fait qu'un éternellement
avec les êtres qui lui sont subordonnés , dans lequel brille naturellement
la Sainteté, et qui s'est montré secourable aux dieux dont la grandeur est
suprême et charmante . » - yasyântah svabhȧvât svasattâ ( sous- entendu ?)
sphurati; yah, lalitah udáttah mahimâ yâsâm tâdrçyah indrádi- devatáh ,
tásám samarthah hitah. Le S. admet ici que mahiman peut devenir à
la fin d'un possessif mahima, et mahimâ au féminin . Il suffirait d'ailleurs ,
pour échapper à la difficulté , de recourir au mot mahimâ fém . — Au
résumé, nous avons pour cette stance, outre le sens vulgaire , un sens
grammatical, un sens Védantique, sous deux formes, et un sens
Vichnouite.
79. — nikhila-rasayana-mahitah = sakalaushada-çreshthah . S.
81. bhuja-prântam 1 krodam. S.
82. On peut séparer dans le texte kâram kâram (absolutif en am de
kr, répété) ; c'est ce que j'ai fait ailleurs pour des formations analogues .
bhâlânala-bhasita-jáláspadam = hara-nayanâgni-bhasma-samgha-
sthânam . S.
83. lásanâni = âstarâni S. Le S. lit vipâtanâni, mais sans pré-
senter cette forme comme une variante ; c'est sans doute une simple
glose . Calc. a vipâtitâni comme mes mss. Cf. Pánini. III . 3. 114. Les
- 145 -
ouvrages modernes offrent plus d'un exemple de cet emploi d'un parti-
cipe passé, au neutre , comme nom d'action .
88. La correction sujano pour sajjano, que j'avais hasardée pour ré-
tablir le mètre, est confirmée par la leçon de Calc. Selon le S. la
stance aurait un troisième sens : l'homme de bien serait aussi comparé
au peintre « qui , par ses nombreux talents , donne une valeur artistique
à une surface qui n'avait pas encore reçu de peinture . >>
89. La leçon corrompue de C. est évidemment pour dhurana (de
dhux « allumer » ) , mot par lequel le S. commente l'antiphrase contenue
dans raxana .
91. Sens littéral : « Le méchant est de l'ail en ce qui concerne la
gloire comparée à un parfum, etc. » J'ai suivi l'interprétation du S.
Celle de Galanos ne convient pas au 3e pâda. L'expression « fleur de
l'athmosphère » , comme cette autre « corne de lièvre » , est des plus
usitées, surtout en philosophie, pour rendre l'idée d'une chose qui
n'existe pas . - L'ordre des pâda est aussi celui qu'a suivi le S.
92. Remplacez dans le texte marma-vyatham (= namanádi-rûpám
taru-pîdâm. S. ) par gharma-vyathâm , leçon de Hofer, évidemment meil-
leure, et dont celle de C (dharma- ) n'est qu'une altération graphique .
C'est aussi celle qu'a dù suivre Galanos . Calc. a marma- .
93. kautuka = kutûhala (dans le sens de désir violent) . S. -– prakâ–
mam = atiçayena.
94. Calc . a. çushka-çasyâny.
95. L'ablatif construit avec guru lui donne la valeur d'un comparatif.
- Peut-être y a-t-il un second jeu de mots dans le choix de acała
« inébranlable » et « montagne » .
96. Calc . - a. vyomni sa vâsam kurute. - çamba-kurute. Cf. Pânini.
V. 4. 58, et la scolie (anuloma-krshtam xetram pratilomam karshati),
où toutefois la forme parasm . est seule indiquée .
97. Cette stance , comme la st. 57, forme à elle seule une petite fable .
La moralité en est à peu près la même que celle de la fable de La
Fontaine Le coq et la perle .
98. bhramara étant masculin, et sarojinî féminin , c'est de l'incons-
tance d'un amant qu'il s'agit dans cette allégorie . Je n'ai pu traduire
les jeux de mots : malina « noir » et « impur » , râga-pûrna « coloré »
et « aimant » , vikasita « épanoui » et par suite « ouvert » (au figuré),
sa-rasa plein d'eau » et « amoureux » , capala « mobile » et « incons-
tant. Le S. n'indique que la première de ces équivoques .
101. kalevara-pushah - çarîrinah, purushasya . S. Le génitif asya
kaleh porte sur vartanam plutôt que sur kalevara-pushah .
103. Ma correction paráci pour parânci est confirmée par la leçon de
Calc.
110. Calc . - a. mahonnatam . Selon le S. cette stance peut être prise
ironiquement.
112. J'ai introduit ici cette stance qui manque dans A et B (et aussi
dans Calc. ) , parce que le S. la commente à cette place. J'ai substitué
samadhayi aux leçons de C et du S. qui rompaient le mètre toutes les
deux .
113. âdambara. V. st. 3.
- 116 -
116. Calc. - d. nistrapa . - Jeux de mots : sarajaskâ " plein de
pollen » et « femme dans le temps de la menstruation » ; pându-varna
« de couleur blanche » , et « sans caste, méprisable » ( cf. la légende de
Pandou) ; kantaka « épine » et « horripilation » . De plus rolamba est
masc. et ketaki fém.
119. mauli çreshtha . S.
121. Le premier pâda est faux dans A, B, et dans Calc . qui a la
même leçon ; dans C il a quatre pieds : anavarata-paropakâra-karana .
J'ai cherché à le corriger en conservant du ms . C le dernier mot qui
manque dans les autres, et en supprimant le premier sauf la syllabe a
que je joins à para (apara) dans le même sens que para. kâtava =
katu . S.
122. Joignez dans le texte â et bhûmî- , séparés à tort. -- vyagun-
jantah = viçeshena samantâc chabdam kurvantah . — laya preman.-
kamdhara = çâkhâ. S.
126. Calc. a. -- candâçuga --d. xitîçah. uddanda udbhata. S.
LIVRE II .
1. Calc. - a. râhu-rodha-.
2. vicâra-peçalâni = vicâre rucirâni. S. anubhûyate s. -entendu avec
yadi . S.
4. Calc. - a . páli -.
5. çîlaya = sthityâ bhâsaya. S. Dernier pâda : svânanâni lokebhyo
darçayantu, ou : jyotsnâbhisârikânâm âsyâni saharshâni kurvantu . S.
« Qu'elles fassent exprimer la joie au visage des femmes qui vont au
rendez-vous à la clarté de la lune. >> -- mudâm g . pl . de mud.
6. Le génitif gurûnâm porte à la fois sur pranamane et sur vâcam
« kâkâxi-golaka-nyâyena » , (on dit ordinairement kâkâxi-nyâyena).
7. Calc. - b. udvahantyah. - — d. nayane. — samudayat, de i conjugué
sur la le classe.
8. Calc. --- b. unnatau.
9. Calc . - a. - pâlîm. - Il faut bien entendu lire vaiçravanasya
en un seul mot dans le second sens .
12. Calc . - a. naktam au lieu de mantum .
15. Calc. --- c. samâgatam tadâ. - avadhau = âgamanâvadhi-bhûte
sandhya-kále, samketita-samaye iti yavat. S.
16. josham josham = sevitvâ sevitvá, drshtvá drshtveti yâvat . S. -
josham avec sthâ. cf. josham avec âs (B. et R. ) .
17. J'ai gardé parivellitâ ( = veshtitâ. S. ) . pariveshtitâ adopté par
Calc . est dans C une correction d'une autre main.
18. Les deux accusatifs des pâda c d sont pris adverbialement.
a. - - prasârah . -
19. Calc. c. api. ―― vinaye = nâyikântara-
sambhogâdi-rúpa- viparîtácarane . S. Interprétation contraire au sens de
vinaya et absurde eu égard à la conclusion .
20. Calc . - a. mrsha vâcam brûshe.
21. milad-vikâsam prapta-vikásam . S.
117
23. Les trois composés de a b c sont des possessifs qui se rapportent
à sangam . - La leçon niçvâsa que Calc . donne aussi bien que mes
manuscrits , et que j'ai corrigée comme fautive (v . B. et R. niçvâsa) ,
aurait pu être maintenue (v . B. et R Supp .) . Toutefois le S. a une fois
nihçvása.
24. mandira = keli-sadana. S.
25. anushanga - = samparka.
26. Les composés de c sont des possessifs qui se rapportent à vada-
námbujam .
27. malaya-bhujaga-vántâs : anena saugandhyam alpatvam ca sûcyate.
S. - culukay. cf. culukî- krta (B. et R. Suppl. ) .
28. Calc. d. : ramayam babhûva .
29. Calc . -a. purah-sthitâs . -- purah- sthitam doit être lu en un
seul mot. - tirayanti tiras-kurvanti. S. - pari-mudrayanti = ni-
milayanti . S.
30. Calc. d: cakita-tanu. Elle sort sans doute de la maison de
son amant.
31. Variante du S.: « La belle est restée longtemps comme une
figure peinte, sans avoir la force de faire le plus léger mouve-
ment. »
32. Calc . – d: mudiro comme S. C'est alors un coup de tonnerre qui
le réveille (mudira = megha) .
34. Mélange de deux pâda de Vaitálîya avec deux pâda d'Aupac-
chandasika.
36. adhiropya = trotayitvá. S. L'arc a été en effet brisé par excès de
tension (cf. Raghuvamça . XI . 46) . Mais adhi-ropay signifie seulement
« tendre ( cf. ibid. XI . 84 ) .
39. Séparez dans le texte itah param réunis à tort .
40. Calc.- b. aviratam atantyâ. —â-niçam doit être lu en un seul mot
comme composé adverbial , niç n'étant pas usité , selon Pânini, dans les
cas forts . La double interprétation de mahendra-nîla-manih (çrî- krshnah
anarghya- ratnam vâ) , donnée par le S. , est adoptée par l'Editeur de
Calcutta. C'est sans doute dans le mot nîla qu'il faut chercher l'allusion
à krshna.
41. rûpârucim rûpena, svabhâvena, arucim. S.
42. Calc . - c. tapyati au lieu de tad yadi , rapporté à hutâçe, et régi
avec lui par patati locatif absolu avec suvarne sous- entendu. - Outre
l'interprétation que j'ai donnée, le S. en propose une autre : « ( La
jeune femme) : Pourquoi dis - tu dans ta folie que mon corps a la cou-
leur de l'or . - (L'amie , s'excusant) : S'il tombait dans le feu , dans le
feu qui ravage toutes les régions (hatâçe), alors seulement il deviendrait
semblable à toi. »>
44. Calc . - b. kuranga -drçâm . Le S. est trop peu explicite sur cette
stance. J'entrevois un jeu de mots sur garimânam « pesanteur » et
laghimânam «légèreté » . Mais je crains de renchérir sur la subtilité des
Hindous eux-mêmes . J'ai tâché de choisir le sens le moins ridicule (?) .
--L'édition de Calcutta a aussi teshâm au lieu de te, leçon meilleure
grammaticalement (l'emploi de te avec un datif remplaçant le vocatif
est assez singulier ) , mais qui détruit le mètre de l'âryâ.
-- 118 -
45. nyancati = nihçeshena gacchati sati ; samudancati = âvir-bhavati
sati. S.
46. Sur la régularité métrique de a voyez Gildemeister (Anthol.
Sanscr. p. 119) .
48. Calc . - b. katham ajouté avant sehe. d. sâgantukena sans sépara-
tion . Mais âgantukena est le contraire de ce que demande le sens . -
gantuka = deçântaram jigamishu. S. - nayanâncala . cf. B. et R. sous
le mot ancala.
49. udvellat = udgacchat . S. Deux composés pris adverbialement .
Calc.a. b. mâna-parâncad-vadanâpi sâ priyâ çayânaiva karakamale.
Impossible de retrouver là l'hémistiche d'une âryâ.
51. Calc . - b. balád ajouté avant gurubhih. - c. nu çankâm .
52. Calc . - c. pratibodhayâmi . - pranayakulah = = priti-sampattyai
ákulah tat-prakâra-gaveshanaya vyakulah . S. Le sens est peut-être sim-
plement tourmenté par le désir. »
53. Calc. - a. nava-rujám. b . sa-çîtkâram. d. sarvam .
54. Calc . - - b. samskurvate.
55. Calc. ― a. vâcam mângalikîm . c. nihçvása , leçon qui confirme
ma correction .
58.mukta tyakta. S.
60. Lisez dans le texte babhûva au lieu de bamûva.
63. zamapana. cf. xamápay (B. et R. ) .
64. zanena saundarya- vîxana-xana-mâtrena , prâghunikah = abhyâ-
gatah, babhûva . anena gamanonmukhatvam vyajyate. - La dernière
syllabe de c est brève contre l'usage.
66. La leçon malayânila (pour malayânile, au locatif), outre qu'elle
est nécessaire pour le sens, m'était indiquée par la leçon primitive de
A malayânile (sans Sandhi) , remplacé par la correction malheureuse
malayânilam. - Je regarde mahilâ comme le sujet des trois verbes; sur
le sens des deux premiers V. Bf. Voll. Gr . 224. 2 ; et sur le sens du
troisième 225. 1 .
69. Calc . - c. priyam âgatam api savidhe.
71. Calc . ― a. - mukhâd yâlâ.
72. Calc. a. - unnidram âtanvatî. c . unnîyoham . - vidhatte tvarâm .
73. Calc. - b. amîlayal (sans anunásika : c'est alors une 3e pers . ) .
74. Calc. b. parivisphârita-ruci.
75. Calc.—a. pulaka-nikurambau. - b. ruceh. d . lasad- drâxâ. -
antah-smera, cf. antar-hâsa ( B. et R. ) . - sapaxa = sádrçya -bháj. S.
76. Calc . - b. jarártto.
77. çûnyâ = âlambana-rahitâ. S. Je traduis « langueur » d'après la
cause attribuée à tous les effets : tâdrça- kânti-mat-purusha-lâbhâbhâvât .
78. Calc. - b. svidat, leçon doublement fautive (svid ne se conjugue
sur la première classe qu'à l'âtman . , et de plus le mètre est détruit ) . —
c. dhagiti (?). - d. áçcaryam . - — sthagayatitarám . - Je me suis
écarté de l'interprétation du S. qui rapporte directement le génitif
yadupateh à tândava-vidhim (! ) et joint alors gopânâm à mahimânam en
sous-entendant kâryeshu avec gurushu mahatsu.
79. Remarquez l'emploi, contraire à l'usage, de tanu comme
masculin .
119 -
80. Calc. - d. madhura supprimé .
81. asta-pallavâ = nirasta-pallavá. S. - langhini = ullanghana-
kartrî. S. - Le sens de la variante du S. est : « Pour qui le Créateur
a- t-il fait, etc. >>
88. Calc . - d. seyam ramyâ. - kula-namya. Cette dernière leçon
est celle que j'avais adoptée d'après le S.
89. Calc.a. samgrâmângana . - b. madhyamanga . Remarquez
angana (— ajira . S. ) employé avec samgrâma comme ajira avec rana .
Les rois tombés dans le combat, et frappés en face , arrivent à la
délivrance par une route qui traverse le disque du soleil. C'est ce qu'en-
seignent les citations suivantes faites par le S. et dont la dernière paraît
être tirée de la Kaushîtaki -Bráhmana- Upanishad (cf. Weber, Indische
Studien. I. p . 400 ; cf. aussi II . p. 58, note 5) : uktaç ca dhârâ- tîrthe
« dharani-patayah kilbisham râlayanti » ityâdau sammukhâhatânâm
moxah. sa ca sûrya-mandala-bhedanam antarânupapannas . « tam gama-
gati . sa adityam âgacchati . âgacchati virajâm ( sic ) nadîm . tâm mana-
saivâtyeti. tatah sukrta - dushkrte vidhûnute . tasya priyâ jnâtayah sukrtam
upayanty, apriyâ dushkrtam. » ityâdiçrutau moxa-mârga-gâminah sûrya-
mandala-bhedana- kathanât .
91. Sur la régularité métrique de a, V. Gildemeister. Anthol . Sanscr.
p. 119 (in fine) .
93. Le S. admet que mîna est sous- entendu dans le deuxième com-
posé. cała suffit sans doute après jala pour en suggérer l'idée . Cf.
st. 109.
96. Le dénominatif tilottamiy ne pourrait signifier d'après Bf. Voll .
Gr. 224 (cf. Pânini . III . 1. 10 ) que « traiter commo Tilottamà » ; il fau-
drait donc lui donner le sens réfléchi . C'est ce que veut le S .: tilotta-
mâm ivâtmônan acarantyd .
97. pallavita prâdur-bhâvita (laxanaya ) . S.
109. kara-caranâbhyâm est le duel du dvandva singulier neutre :
kara-carana.
110. Tous les manuscrits donnent samâçâsva avec un seul s ; cf. âsva
de ás (B et R) .
111. sarvá lokah - pârçva- vartinojanâh. -— sita- yâminî (nuit blanche)
= jyotsnî. S.
113. Voyez la note de la st. 91 .
116. Remarquez le Comparatif paratara, cité d'ailleurs par B. et R.
d'après Hemacandra.
117. J'ai supprimé à la fin de b . l'antécédent yadâ que donnent tous
les manuscrits, peur rendre au vers sa régularité métrique . L'utilité de
ce mot pour le sens explique précisément qu'il ait été ajouté par un
copiste . Cf. la note sur la stance I. 13 .
118. çaçinah = candrasya , kiçorâh H — çâvakâh, kalâ-paryavasitâh . S.
119. Mélange de trois pâda de Vamçastha et d'un pâda d'Upajâti.
122. Le S. veut trouver un sens mystique à cette stance, mais il n'y
parvient qu'en accordant un adjectif masculin muktâhârah (qu'il décom-
pose en mukta et âhâra = vásanâ ! ) avec un nom neutre hrd (linga-
viparinâmena! ) Il fait de aye (de hrdaye) une interjection , explique
viyogini par viçeshena yogini c'est-à- dire yoga-kartri, et enfin décompose
- 120 -
LIVRE III.
LIVRE IV .
EXERCICES CRITIQUES
DE LA
ARE LIVRAISON
K
!
TABLE DES PASSAGES CORRIGÉS .
Blass (24) .
AVIS .
correction employés .
EXERCICES CRITIQUES
DE LA
Ὁ δ᾽ ἑξείης ἐνέποντος
θέλγετ᾽ ἀκουῇ θυμόν · ἄχος δ᾽ ἕλεν Ἡρακλῆϊ
λειπομένῳ ·
Corrigez : ἄχος δ᾽ ἕλ᾽ ἐφ᾽ Ἡρακλῆϊ .
13. Thucydide, II , 8 .
Εἶτα τοῦτ᾽ ἀναμενοῦμεν , καὶ τριήρεις κενὰς καὶ τὰς παρὰ τοῦ
δεῖνος ἐλπίδας ἂν ἀποστείλητε , πάντ᾽ ἔχειν οἴεσθε καλῶς ;
La phrase est évidemment irrégulière. Nous corrigerions :
oinseous . [Jules Nicole , de Genève , élève . ]
15. Scholiaste d'Aristophane, Guêpes , v. 926.
Λέγεται καὶ γῆ σκιρρὰς , λευκή τις ὡς γύψος , καὶ Ἀθηνᾶ Σκιρρὰς ,
ὅτι τῇ λευκῇ χρίεται .
Corrigez : γῇ λευκή . Pour le sens de cette expression , cf.
Thesaurus Didot , au mot λευκός. Dioscoride livre V, ch . 176)
emploie le verbe ἐπιχρίεσθαι en parlant de la γή Κιμωλία , en
général) . [ Émile Chatelain , élève. ]
16. Thucydide, II , 11 .
Τίς γὰρ ἀρχὴ παραδώσει τὸν ὀφλόντα ; τίς τῶν ἕνδεκα παρα
λήψεται ; κελεύοντος μὲν τοῦ νόμου τούτου ἐν τῷ δήμῳ καθιστάναι
τοὺς ἐγγυητὰς , ἀδυνάτου δ᾽ ὄντος αὐθημερὸν ἐκκλησίαν ἅμα καὶ
αν
δικαστήριον γενέσθαι , οὐδαμοῦ δ᾽ ἐπιτάττοντος φυλάττειν ἕως ἂν
καταστήσῃ τοὺς ἐγγυητάς .
Οὐδαμοῦ ἐπιτάττοντος , ainsi séparé de του νόμου τούτου , de-
vient inintelligible. Il faut certainement corriger : Ἀδύνατον δ᾽
ἂν αὐθημερὸν ἐκκλησίαν ἅμα καὶ δικαστήριον γενέσθαι , οὐδαμοῦ
ἐπιτάττοντος φυλάττειν κτλ . La faute ἀδυνάτου ὄντος devait ne-
cessairement avoir pour conséquence l'insertion de dé après
οὐδαμοῦ .
Οὐδαμοῦ ne fait pas hiatus devant ἐπι. (Voir Vœmel , Prole-
gomènes , page 13. )
39. Thucydide , II , 41 .
40. Thucydide, II , 53 .
Les orateurs qui rappellent sans cesse les anciens démêlés des
Athéniens et des Mégalopolitains semblent désirer que ceux-ci
préfèrent de nouveau une autre alliance à celle d'Athènes .
Ταῦτα μέν ἐστι δεύτερον ἀνθρώπων βουλομένων ἑτέρων ποιῆσαι
τούτους συμμάχους .
Οὐχὶ παιάνων
τοῦτ' ἐστὶν ἡμῖν , φροντίδων δὲ καὶ λύπης .
On a proposé τοῦτ' ἔργον ἡμῖν , ὥρα ' στιν ἡμῖν . Nous préfére-
rions de beaucoup :
Ταῦτ᾽ ἄξι ἡμῖν.
καὶ θαυμαστὰ ὄντα , καὶ ταῦτα νίκας Ἑλληνικὰς δηλοῦντα καὶ ἥττας
βαρβαρικάς · Θουκυδίδης δέ, μέγαν τε καὶ αὐτὸς ἐλπίσας ἔσεσθαι καὶ
ἀξιολογώτατον καὶ μείζω τῶν προγεγενημένων ἐκεῖνον τὸν πόλεμον ·
καὶ γὰρ παθήματα ἐν αὐτῷ μεγάλα ξυνέβη γενέσθαι .
08
Nous croyons avoir démontré dans les deux nos qui précèdent
que des scholies très-anciennes ont envahi de bonne heure le
texte de ce traité de sorte que l'œuvre de Lucien est aujour-
d'hui confondue avec celle de son commentateur. Quel est le
véritable auteur du centon ci-dessus , c'est ce que nous lais-
serons maintenant à d'autres le soin de décider .
C'est à ces courtisans du peuple qui lui ont fait voter des lois
funestes , d'en proposer l'abrogation à leurs risques et périls,
lorsque le danger qu'il y aurait à les maintenir est devenu ma-
nifeste :
Οὐ γάρ ἐστι δίκαιον τὴν μὲν χάριν , ἡ πᾶσαν ἔβλαπτε τὴν πόλιν , τοῖς
τότε θεῖσιν ὑπάρχειν , τὴν δ᾽ ἀπέχθειαν , δι᾿ ἧς ἂν ἅπαντες ἄμεινον
πράξαιμεν, τῷ νῦν τὰ βέλτιστ᾽ εἰπόντι ζημίαν γενέσθαι .
Phrase inintelligible . Il faut évidemment rétablir , dans le
premier membre de phrase , ἃ πᾶσαν ἔβλαπτε τὴν πόλιν , et , dans
le second , δι᾿ ἂν ἅπαντες ἄμεινον πράξαιμεν. De telle sorte qu'on
aura : Οὐ γάρ ἐστι δίκαιον τὴν μὲν χάριν ἃ πᾶσαν ἔβλαπτε τὴν πόλιν
τοῖς τότε θεῖσιν ὑπάρχειν , τὴν δ᾽ ἀπέχθειαν, δι᾿ ἂν ἅπαντες ἄμεινον
πράξαιμεν , τῷ νῦν τὰ βέλτιστα εἰπόντι ζημίαν γενέσθαι .
La première faute s'explique par le voisinage du nom féminin
τὴν χάριν ; la seconde provient de ce que la crase âv n'a pas
été comprise par un copiste , qui , pensant avoir simplement sous
les yeux la particule v, a cru devoir inserer le relatif ἧς .
Ἡγοῦμαι τοίνυν ἐγὼ ταύτην τὴν τάξιν τοῦ δικαίου , καὶ τοὺς μετ᾿
αὐτῆς ὄντας κρείττους τῶν προδοτῶν καὶ τοῦ βαρβάρου ἔσεσθαι πρὸς
ἅπαντας .
68. Thucydide, II , 10 .
ύμιν (et non ἡμίν , ὑμίν) chez les tragiques , partout ou le métre
ne peut s'accommoder de ἡμῖν, ὑμῖν.
76. Babrius, XXIII , 3—5 .
Ἔθηκε δ᾽ εὐχὴν ταῖς ὀρεινόμοις νύμφαις ,
Ἑρμῇ νομαίῳ, Πανί , τοῖς πέριξ , ἄρνα
λοιβὴν παρασχεῖν , εἰ λάβοι γε τὸν κλέπτην .
Le second vers , qui a donné lieu à bon nombre de con-
jectures , doit avoir été inséré par un interpolateur , en vue de
placer ici le mot apva , comme pendant à ẞoùs du vers 8 .
Dans une autre version de la fable ésopique ( 83 , éd . Halm) ,
il était question non d'une libation , ni d'une brebis , mais d'un
chevreau.
Par la correction qui précède , se trouve diminué d'un le
nombre des vers de Babrius terminés par une voyelle brève.
(Voir A. Eberhard , Observationes Babrianæ.)
88. Thucydide , II , 65 .
fabriquer au besoin, autant de στίχοι qu'il s'en était perdu . Telle doit
être , si nous ne nous trompons, l'origine d'une partie des intrusions
dont le texte de Σ même n'est pas exempt, selon Cobet (Voir Væmel ,
Prolég. p . 236) . Ici , l'interpolateur paraît s'être souvenu du ch. 50
de la Ire Philippique .
détrompés quant à la valeur du grief imaginé par eux, ils durent s'ap-
pliquer à en trouver un autre d'un effet plus certain , ἀπορωτέραν
ἀπελέγξαι .
La nécessité du changement que nous indiquons est d'ailleurs
prouvée par le dernier membre de phrase, où est exprimée au
moyen du comparatif paλov une idée absolument parallèle à celle
qui est rendue ici par le superlatif.
Teùs vóuous Toutous est choquant. Car les lois dont il s'agit ne
peuvent être celles dont Démosthène vient de parler, les lois qui
concernent le théoricon et l'organisation de l'armée, mais bien celles
qui limitent la liberté des orateurs, en défendant de rien insérer dans
un décret qui soit contraire aux lois existantes , ou même , selon
Libanius, en interdisant expressément , sous peine de mort, de pro-
poser la suppression du théoricon . Ce sont ces lois qu'on enfreindrait
en attaquant le théoricon, et non la loi même qui a établi cette insti-
tution car ce n'est pas enfreindre une loi que d'en demander ,
légalement ou illégalement, l'abrogation .
Nous nous bornerons à faire observer qu'en supprimant toutous
(τοὺς νόμους..... τούτους se trouve quelques lignes plus haut) , on
obtiendrait un sens tout à fait clair et satisfaisant à la condition,
toutefois, de prendre acute dans le sens de velitis , et non , avec
Voemel, dans celui d'existimate. [Ch . Graux , élève . ]
..... Ἐπὶ χθόνα πῆξεν ἐπωπήν (Scholie : Ἔξες πρὸς τὴν γῆν.)
L'hémistiche cité se retrouve dans Colluthus (v . 296) , à l'exception
de 70éva , remplacé par x0cví , qui nous paraît préférable , et qu'il
faudrait peut-être rétablir ici .
En ce qui concerne la scholie , Rover , dans les Addenda de son
édition , propose de changer ἔξεε en είχε ou en ἔβλεπε : exemple
curieux du genre de méthode que pratiquaient certains critiques du
siècle dernier .
La scholie a été déplacée. Elle a rapport au vers 162 (xxl xlovòs
ἔξεεν ἄκρον ὑπ᾽ ἴχνεσιν) , et doit être corrigée : ἔξες ποσὶ τὴν γῆν .
[Graux , élève. ]
Ὥσπερ γὰρ ἐν τοῖς σώμασιν, ἕως μὲν ἂν ἐρρωμένος ᾖ τις , οὐδὲν ἐπαι-
σθάνεται τῶν καθ᾿ ἕκαστα σαθρῶν , ἐπὰν δ᾽ ἀρρώστημά τι συμβῇ , πάντα
κινεῖται , κἂν ῥῆγμα κἂν στρέμμα κἂν ἄλλο τι τῶν ὑπαρχόντων σαθρὸν ᾖ,
οὕτω καὶ τῶν πόλεων καὶ τῶν τυράννων , ἕως μὲν ἂν ἔξω πολεμῶσιν ,
ἀφανῆ τὰ κακὰ τοῖς πολλοῖς ἐστιν , ἐπειδὰν δ᾽ὅμορος πόλεμος συμπλακῇ ,
πάντ᾽ ἐποίησεν ἔκδηλα.
Les mots τῶν καθ᾿ ἕκαστα σαθρῶν , qui manquent dans E , mais qui
se trouvent dans les autres manuscrits , comme aussi dans la Réponse
à la Lettre de Philippe , ch. 44 , et dans le Florilegium de Stobée
(C , 9) , nous paraissent indispensables : et nous ne voyons pas ce
que Vœmel a pu y trouver de choquant « molestum » . Le sens est
évidemment : « Lorsque l'ensemble du corps est en santé , on n'a
aucun sentiment des infirmités dont peuvent être atteintes , isolément ,
les diverses parties dont il se compose. »
Au contraire , le membre de phrase κἂν ῥῆγμα κἂν στρέμμα κἂν
ἄλλο τι τῶν ὑπαρχόντων σαθρον ᾖ , qui existe dans tous les manuscrits,
ainsi que chez les deux auteurs cités , est aussi inutile que mal
écrit. Car ἄλλο τι τῶν ὑπαρχόντων , qui ne peut signifier ici qu'une
chose, à savoir toute autre partie du corps » , ne peut s'opposer à
ῥῆγμα , ni à στρέμμα ; et d'autre part ; quel pourrait être le sens
de ῥῆγμα οι στρέμμα σαθρόν ? Les mots dont il s'agit doivent pro-
venir d'un annotateur qui avait présent à la mémoire une phrase du
Discours sur la Couronne (au ch . 198) .
Ὅλως μὲν γὰρ ἡ Μακεδονικὴ δύναμις καὶ ἀρχὴ , ἐν μὲν προσθήκῃ , μερίς
ἐστί τις οὐ μικρὰ , οἷον ὑπῆρξε ποθ᾽ ὑμῖν ἐπὶ Τιμοθέου πρὸς Ὀλυνθίους ·
πάλιν αὖ πρὸς Ποτίδαιαν Ολυνθίοις ἐφάνη τι τοῦτο συναμφότερον · νυνὶ
Θετταλοῖς στασιάζουσι καὶ τεταραγμένοις ἐπὶ τὴν τυραννικὴν οἰκίαν
ἐβοήθησεν · ὅποι τις ἂν , οἶμαι , προσθῇ κἂν μικρὰν δύναμιν , πάντ᾽ ὠφελεῖ ·
αὐτὴ δὲ καθ᾽αὑτὴν ἀσθενὴς καὶ πολλῶν κακῶν ἐστι μεστή .
Nous ne voyons pas que les mots ἐφάνη τι τοῦτο συναμφότερον aient
été expliqués nulle part d'une manière satisfaisante : il nous sera
donc permis de les tenir pour inintelligibles . On peut conjecturer :
Ἐφάνη τι τἀπὸ τὰ ἀπὸ συναμφοτέρων, « les efforts combinés , les
forces réunies, des deux alliés, parurent quelque chose, produisirent
quelque effet, en faveur des Olynthiens ; les forces des Macédo-
niens unies aux leurs purent quelque chose pour les Olyn-
thiens. » Il n'est pas hors de propos de noter ici que ἐβοήθησαν est
peut-être mieux autorisé que ἐβοήθησεν . (Voir Vœmel. )
Plus bas , dans la parenthese , les mots κἂν μικρὰν δύναμιν nous
paraissent devoir être retranchés comme une glose ; la construction
serait alors : Πάντ᾽ ὠφελεῖ (τοῦθ᾽ ὅποι τις ἂν προσθῇ, « le moindre
appoint est utile à la chose à laquelle on l'ajoute. »
Οὐ μὴν ἀλλὰ, καίπερ τούτων οὕτως ἐχόντων , οἴομαι ..... ἕξειν καὶ
λέγειν καὶ συμβουλεύειν δι᾽ ὧν καὶ τὰ παρόντ᾽ ἔσται βελτίω καὶ τὰ προει
56 -
μένα (Σ : προειρημένα , ρη substitué récemment à deux lettres graltées)
σωθήσεται .
Comme le fait remarquer Weil , les mots τὰ προειμένα σωθήσεται
sont en contradiction avec le § 1 et avec tout le reste du discours.
On a proposé τὰ περιλελειμμένα . Τὰ μὴ προειμένα nous paraitrait une
conjecture plus vraisemblable.
Νυνὶ δὲ πῶς ἡμῖν ὑπὸ τῶν χρηστῶν τῶν νῦν τὰ πράγματ᾽ ἔχει ; ἆρά γ᾽
ὁμοίως καὶ παραπλησίως ; οἷς τὰ μὲν ἄλλα σιωπῶ , πόλλ᾽ ἂν ἔχων εἰπεῖν,
ἀλλ᾽ ὅσης ἅπαντες ὁρᾶτ᾽ ἐρημίας ἐπειλημμένοι , καὶ Λακεδαιμονίων μὲν
ἀπολωλότων , Θηβαίων δ᾽ ἀσχόλων ὄντων , τῶν δ᾽ἄλλων οὐδενὸς ὄντος
ἀξιόχρεω περὶ τῶν πρωτείων ἡμῖν ἀντιτάξασθαι , ἐξὸν δ᾽ ἡμῖν καὶ τὰ
ἡμέτερ᾽ αὐτῶν ἀσφαλῶς ἔχειν καὶ τὰ τῶν ἄλλων δίκαια βραβεύειν , ἀπε
στερήμεθα μὲν χώρας οἰκείας κτλ.
Rehdantz a vu que οἷς (devant τὰ μὲν ἄλλα σιωπῶ) peut être con-
serve, à la condition que l'on substitue ἐπειλημμένοις aux deux mots
ἐπειλημμένοι καί , dont le premier ne saurait aller avec οἷς (dépendant
de év) , et dont le second a justement choqué Dobree . Mais il faudrait
aussi supprimer δ᾽ ἡμῖν ἡμῖν seul chez Denys d'Halicarnasse , suivi
par Bekker et Dindorf) , qui doit avoir été inséré par un interpolateur,
lorsque ἐπειλημμένοις fut devenu ἐπειλημμένοι καί . (Nous avons lieu
de croire que c'est par suite d'une confusion qu'un éditeur a attribué
cette dernière conjecture à Rehdantz en même temps que la première.)
logue au latin <«< iste » , il est singulier que ce démonstratif soit joint
au nom des Thébains, qui ne paraissent pas avoir envoyé d'ambas-
sadeurs à Athènes, comme pour les opposer aux Lacédémoniens,
qui , d'après l'argument de ce discours, en avaient envoyé .
Ou l'auteur de l'argument s'est trompé , ou il faut écrire : καὶ
Θηβαίους ἀσθενεῖς εἶναι καὶ Λακεδαιμονίους τουτουσί . Αu point de vue
même de l'enchaînement naturel des idées, ce dernier ordre paraît
préférable . Car, comme le prouve la suite du discours , en disant
qu'il faut que les Thébains soient faibles , Démosthène fait une conces-
sion aux idées de son auditoire ; en disant la même chose des Lacédé-
moniens , il exprime son opinion personnelle, celle que son discours
a pour objet d'établir . [ Ch . Graux , élève . ]
ἔργων κρίναντας τοὺς μὲν ἀξίους ἐπαίνου τιμᾶν , τοὺς δ᾽ ἀδικοῦντας κολά-
ζειν, τὰς προφάσεις δ᾽ ἀφελεῖν καὶ τὰ καθ᾽ ὑμᾶς ἐλλείμματα .
Tηxaŭтa annonce que l'orateur va quitter le présent pour parler
de l'avenir. Dans le dernier membre de phrase, un mot devrait indi-
quer, ce semble, qu'il revient au présent. Nous proposons d'insérer
ἤδη entre τὰς προφάσεις δ᾽ἀφελεῖν et καί .
Τὴν διὰ τὴν γενομένην ὑπὸ Διὸς μεταμόρφωσιν τῆς Ἰοὺς τῇ θεᾷ προσῆψας .
Pour rendre à cette phrase le sens qu'elle avait évidemment (cf.
la note de Weil) , avant d'être ainsi altérée , il suffit de changer à
Thy en d'authy (« à cause d'elle , d'Héra » ) [ Chatelain et Graux], et
προσήψας en προσήψεν ( « le poëte a attribué ») . Pour la confusion de
dià Thy et de di ' autý , voir Bast, Com. pal. , pages 705-706 ; et pour
celle de ev et de aç, id . ib. , pages 761-762 ; Grégoire de Corinthe , éd .
Schæfer, p. 443.
C'est justement, selon nous, que tóde , (qu'on est réduit à inter-
préter <<id quod dicitis » , ) a choqué Meineke . Mais , au lieu de changer
avec ce critique τόδ ' en ποθ ' , nous préférerions substituer ἡμῖν à ὑμῖν.
Le sens serait alors : « Que nous avons sous les yeux une famille
argienne. » [ Émile Chatelain , élève. ]
Nous ne voyons pas bien ce que peut signifer πρὸς τύχην εὖ πεφυ
κέναι . Plutarque aurait- il écrit πρὸς σχολήν ? La faute, alors, aurait
son explication dans le sens général du passage , où domine l'idée
de τύχη, ou encore dans le voisinage de ce mot même, qui se trouve
une ligne plus loin .
Καὶ παρὸν αὐτοῖς Ἕλλησι καὶ βελτίοσιν αὐτῶν ὑμῖν ἐξ ἴσου συμμαχεῖν,
βαρβάροις καὶ δούλοις , οὓς εἰς τὰς ἀκροπόλεις παρεῖνται , δουλεύουσιν .
Isolé du texte, le mot ὑμῖν, qui l'embrouille aujourd'hui , en serait
un bon commentaire . Si l'on considère de plus que ce mot précède
αὐτῶν dans certains manuscrits , et le suit dans d'autres, on sera
disposé à croire qu'il provient de la marge.
- - 67 -
du mot précédent xaté Evto . C'est ainsi que, plus bas (VIII , 1 ) , le
ms . offre la leçon yevoμevouevos , au lieu de yɛvóuevos , qu'a rétabli
Wescher.
C'est à tort que Müller a inséré τῇ devant Ακροπόλει . Cf. par
exemple Démosthène , Phil . III , 44 , p . 121 : eiç 'Axρóñoλiv . De même
Dinarque , contre Dém. 96 ; contre Aristog. 24. [ Charles Graux ,
élève . ]
186. Aristodème , XI , 1 .
leurs de la locution και .... δέ, soit chez les écrivains attiques , soit
chez Aristodeme lui-même. Mais l'insertion de co devant γνόντες nous
parait gater le sens. En effet, l'idée qu'on attend est « A cette nou-
velle » , et non << Ignorant la mort de Thémistocle »
. Nous laisserions
le premier membre de phrase tel qu'il est , et nous corrigerions ainsi
la suite : περιγενόμενοι δὲ ἔγνωσαν καὶ ἀντεπιστρατεύειν : « et , vain-
queurs, ils résolurent d'aller plus loin (καί) , à savoir de rendre à
Artaxerce attaque pour attaque . »
187. Aristodème , X , 2 .
189. Aristodème , II , 1 .
Φύσει μὲν γὰρ πᾶν αἴσχιόν ἐστιν ὅπερ καὶ κάκιον, τὸ ἀδικεῖσθαι , νόμῳ
δὲ τὸ ἀδικεῖν .
Selon la nature, commettre l'injustice est plus honteux que la
souffrir, en tant que plus mauvais . La loi, au contraire, juge que la
honte est plus grande pour qui commet l'injustice . Le sens général
n'est pas douteux : mais la construction de la phrase est évidemment
illogique. Peut-être, au lieu de av , faut-il écrire 'tav , « mon ami,
mon cher » . Cette apostrophe ironique serait bien d'accord avec le
mouvement et le ton général du discours de Calliclès .
[Communiqué par Jules Nicole , répétiteur . ]
(Potter).
Ἀλωμένη γὰρ ἡ Δηὼ κατὰ ζήτησιν τῆς θυγατρὸς τῆς Κόρης περὶ τὴν
-
Ἐλευσῖνα — τῆς Ἀττικῆς ἐστι τοῦτο χωρίον — ἀποκάμνει .....
72 -
Ποιέεσθαι suffrait parfaitement sans πένθος, qui doit être une glose .
[L'abbé Duchesne . ]
Peut-être faut-il aller plus loin, et supprimer du même coup ποιέ
εσθαι . Les exemples suivants , bien que tous empruntés à un auteur
fort different d'Hérodote , Démosthène , paraitront peut-être donner
quelque vraisemblance à cette dernière conjecture. Olynth . I , 24 , p .
16 : Καὶ στρατευομένους αὐτοὺς καὶ παροξύνοντας τοὺς ἄλλους ἅπαντας
(sous-entendu στρατεύεσθαι) . Pour les Mégalopolitains, 25 , p . 208 :
Καὶ συμπράττωμεν αὐτοὶ [correction de Reiske] καὶ τοὺς ἄλλους ἀξιῶμεν
( s. -ent. συμπράττειν) . Chersonese , 46 : Χρήματα δ᾽ εἰσφέρειν καὶ τοὺς
συμμάχους ἀξιοῦν. De même encore Ambassade, 98 , p . 372.
201. Hérodote , II , 5 .
Πρῶτα μὲν προσπλέων ἔτι καὶ ἡμέρης δρόμον ἀπέχων ἀπὸ γῆς, κατεὶς
καταπειρητηρίην πηλόν τε ἀνοίσεις καὶ ἐν ἕνδεκα (variante : καὶ ἐν δέκα)
ὀργυιῇσι ἔσεαι .
« Si tu jettes la sonde, tu retireras du limon , et tu seras dans un
endroit profond de onze brasses » n'offre pas un sens satisfaisant.
Il faudrait au moins : κατείς τε καταπειρητηρίην πηλὸν ἀνοίσεις καί .....
Car l'emploi de la sonde n'augmente ni ne diminue en rien la pro-
fondeur des eaux : il sert seulement à faire connaître cette profon-
deur . Mais il est plus probable qu'Hérodote avait écrit : πηλόν τε
ἀνοίσεις καὶ ἐὼν ἐν δέκα ὀργυιῇσι εἴσεαι . I a pu suffire qu'un copiste
substituat par inadvertance ἔτεαι au mot moins usité εἴσεαι , pour que
l'on crût devoir ensuite corriger le commencement de la phrase , en
vue de faire disparaitre la tautologie ἐν..... ἔσται . Dans l'une des
deux familles de mss . (voir l'édition critique de Stein) , cette correc-
tion s'est faite par la suppression de ἐών (d'ou la variante ἐν δέκα) ; dans
l'autre, par la substitution de ἐν à ἐών (d'ou la legon ἐν ἕνδεκα) .
202. Hérodote , II , 7 .
Ηκεν οἰκέτης ἔχων ῥυτῆρα , καὶ πεπωκότων , οἶμαι , καὶ μικρῶν ὄντων
τῶν παροξυνόντων , εἰπούσης τι καὶ δακρυσάσης ἐκείνης , περιρρήξας τὸν
χιτωνίσκον ὁ οἰκέτης ξαίνει κατὰ τοῦ νώτου πολλάς.
La formule dubitative οἶμαι ne se comprend pas à côté de πεπωκό-
των , qui exprime un fait certain, et déjà rapporté par l'orateur au
ch. 496 : ἐπειδὴ δ᾽ἧκον εἰς τὸ πίνειν . D'autre part, à côté du καί qui
précède μικρῶν avec le sens de « et », il semble qu'il en faudrait un
autre ayant le sens de « même » . Tel qu'il est , en effet, ce membre
de phrase n'offre qu'un sens louche, et pourrait tout aussi bien être
interprété « les choses qui les mettaient en colère étant petites , sans
gravité » .
Nous proposons : καὶ πεπωκότας . La construction serait alors καὶ
καὶ μικρῶν ὄντων τῶν παροξυνόντων πεπωκότας (en d'autres termes καὶ
ἐπεὶ καὶ μικρά ἐστι τὰ παροξύνοντα πεπωκότας) , « et comme les moindres
choses suffisent pour irriter des hommes qui ont bu . » On sait que,
dans ce genre de locutions, le participe accompagné de l'article se
traduit comme s'il était attribut . (Exemple : οὐδ᾽ ὁ κωλύσων παρῆν ,
<< et personne ne se trouvait là pour l'empêcher. )
ὑμᾶς. < Ὑμᾶς > ἀδικεῖ πολὺν ἤδη χρόνον . La répétition du même mot
a causé l'omission .
Οὐκ ἄχρι τῆς ἴσης ἕκαστός ἐστιν εὔνους οὔθ᾽ ἡμῖν οὔτε Θηβαίοις , ὥστ᾽
εἶναι καὶ κρατεῖν τῶν ἄλλων · ἀλλὰ σῶς μὲν εἶναι πάντες ἂν βούλοινθ'
ἕνεχ᾽ αὑτῶν , κρατήσαντας δὲ τοὺς ἑτέρους δεσπότας ὑπάρχειν αὑτῶν (Σ :
αὐτῶν) οὐδὲ εἰς.
- 83 -
Κόλπος οὗτος ὑπὸ τὴν Βοσπόριον ἄκραν . Βαθὺς μὲν πλέον ἢ καθ᾽ ὅρμον ·
ἑξήκοντα γὰρ ἀνακέχυται σταδίοις · ἀσφαλὴς δὲ ὅσα λιμήν.
Le point qui suit xpav doit être remplacé par une virgule ; et
σταδίοις , par σταδίους .
Ἔστω δὲ τέρμα τῷ λόγῳ , ταὐτὸν δὲ καὶ τοῖς ἐπιοῦσι τὸν Βόσπορον τῆς
ἱστορίας .
Corrigez : Ταὐτὸν ὁ καὶ τοῖς ἐπιοῦσι τὸν Βόσπορον τῆς πορείας .
Ὠνόμασται δὲ , οὐκ οἶδα εἴτε κατὰ τὴν ἐκείνων γειτνίασιν.... , εἴτε καὶ
πρὸς τὸ ἀκίνητον καὶ ἀπαθὲς ὑπὸ πνευμάτων · δύναιτο δ᾽ἂν μᾶλλον ὑπὸ τῆς
προχώσεως τῶν ποταμῶν .
Ecrivez : ἀπὸ τῆς προχώσεως.
etc. » : ce qui parait indiquer que le ms. dont Gilles s'est servi avait,
en cet endroit , ἐπεί et non ἐπί . Ensuite, il faut évidemment mettre
une virgule après ἐπὶ πολλὴν ἐπτοήθη γῆν , et écrire ἐπειγομένη ταῖς
ὠδῖσι . De ἐπτοήθη , pris comme equivalent de ἐφοβήθη , dépendra
directement l'accusatif πτερωτὸν οἶστρον (cf. 32 , 7 : πτοούμενοι γὰρ
δὴ τὴν ὄψιν) . L'expression άφετος est appliquée à Io même dans
Eschyle, Promethée, 666. On peut trouver que les mots πτερωτὸν
οἶστρον ἄφετος ἐν μορφῇ βοός ne se suivent pas dans un ordre bien
naturel : peut-être y a- t-il lieu de faire observer qu'ils forment un
vers ïambique .
Παρ᾿ ὃ καὶ βωμὸς Σκεδ < ασίου> Ἀθηνᾶς , αινιττόμενος (ms . αἰνιττό-
μενον) τὸν ἐκ τῆς κυκλώσεως τοῦ πλήθους σκεδασμόν.
88 --
Il faut certainement écrire αινιττομένων . ( Cf. , par exemple, p. 43 , 1 .
6 : ὠνόμασται δὲ Βουκόλος, εὐχαρίστου μνήμης τὸν μηνυτὴν ἀξιωσάντων) .
Ἔθετο δὲ τοῖς χωρίοις ονόματα Δελφίνα καὶ Καράνδας , τὸν μὲν τιμῶν
τῆς μνήμης, τὸν δὲ ἀμυνόμενος.
Ecrivez : Καράνδων (cf. même chapitre , au commencement : τὸ δὲ
ἑξῆς χωρίον Δελφίν λέγεται καὶ Καράνδας , et la traduction de Gilles
« Delphinum et Charandam ») , sinon Χαράνδαν (variante d'orthographe
déjà indiquée dans une note de Wescher) . D'autre part , τῆς μνήμης
doit céder la place à τῇ μνήμῃ .
254. Thucydide , II , 37 .
256. Thucydide , II , 53 .
257. Thucydide , II , 59 .
258. Thucydide , II , 64 .
Γνῶτε δέ ..... αὐτὴν δύναμιν μεγίστην δὴ μέχρι τοῦδε κεκτημένην ,
ἧς ἐς ἀἴδιον τοῖς ἐπιγιγνομένοις, ἢν καὶ νῦν ὑπενδῶμέν ποτε ( πάντα γὰρ
πέφυκε καὶ ἐλασσοῦσθαι) μνήμη καταλελείψεται .
Ὑπενδῶμεν est inadmissible . Ce n'est pas au moment ou Périclès
s'efforce de relever le courage abattu des Athéniens, qu'il peut leur
promettre que leur gloire sera immortelle, quand bien même ils vien-
draient à faiblir un peu ὑπενδιδόναι) : il ne parlerait pas autrement ,
s'il les engageait à demander la paix.
Thucydide avait sans doute écrit ὑποδῶμεν, « quand bien même
notre puissance devrait décliner . » La leçon actuelle doit provenir
d'une variante, conjecture ou mauvaise glose , ἐν , écrite au-dessus
de ύπο .
259. Thucydide , II , 65 .
Περὶ μὲν οὖν τοῦ χρηστηρίου τὰ γιγνόμενα εἴκαζον ὁμοῖα εἶναι · ἐσβεβλη
κότων δὲ τῶν Πελοποννησίων ἡ νόσος ἤρξατο εὐθύς · καὶ ἐς μὲν Πελοπόν
νησον οὐκ ἐσῆλθεν κτλ .
Par l'oracle dont il s'agit, Apollon avait promis aux Lacédémoniens
- 90 -
de leur venir en aide. La peste déchaînée sur l'Attique , alors que le
Péloponnèse était épargné, parut alors être le secours annoncé : c'est
ce qu'exprime la première des phrases ci-dessus . La seconde devait
nécessairement commencer par éσ66λrxótwv yáp (et non dé) . C'est à
tort qu'on a prétendu , ici, attribuer à Thucydide cette manière de
parler, assez fréquente d'ailleurs chez les poëtes , notamment Homère,
qui consiste à coordonner, au moyen de dé, des phrases dont la
liaison logique exigerait l'emploi de yap .
280. Aristodème , I , 1 .
Ὡς μὲν οὖν εἴποι τις ἂν , ἃ παρ᾽ ἑκατέρων εἶναι δεῖ , ταῦτ᾽ ἴσως ἐστὶν ,
ὡς δὲ καὶ γένοιτ᾽ ἂν ἐν νόμῳ , διορθώσασθαι δεῖ .
Tel est le texte de Voemel , qui ne diffère en rien de celui de Σ.
Voici maintenant la traduction de cet éditeur : « Quia igitur dixerit
quidem aliquis , « quæ ab utrisque præstanda esse videantur , [hæc
» fere sunt, sed quo pacto rite etiam fieri queant, distincte est ex-
» plicandum » (scitote hæc) . »
7
98 -
L'addition arbitraire des mols « scitote hæc » , mis ainsi entre
parenthèses par le traducteur, suffit pour faire voir le vice du pas-
sage. Nous pensons qu'on remédierait à tout, en intervertissant , dans
la première ligne , l'ordre des mots og et & , et en plaçant devant èv
νόμῳ , avec Reiske, la virgule dont Vamel fait suivre ces mots :
Ἃ μὲν οὖν εἴποι τις ἂν ὡς παρ᾽ ἑκατέρων εἶναι δεῖ , ταῦτ᾽ ἴσως ἐστὶν ,
ὡς δὲ καὶ γένοιτ᾽ ἂν , ἐν νόμῳ διορθώσασθαι δεῖ. « Voilà , si je ne me
trompe, ce qu'on peut demander aux riches et aux pauvres . Quant
aux moyens , c'est par une loi qu'il faut y pourvoir . » La construction
du premier membre de phrase aura son pendant exact dans l'Olyn-
thienne III , 14 : Τηνικαῦτα τὸν γράψονθ᾽ ἃ πάντες ἴσθ᾽ ὅτι συμφέρει ,
ζητεῖτε. Le verbe διορθώσασθαι est de méme employé absolument dans
le discours Contre Apaturios (ch . 14 ) , et aussi dans la III Philip-
pique, ch. 6.
Nous voyons que Weil est revenu , avant nous , à la ponctuation de
Reiske . Le même éditeur interprète comme il suit le texte de la
vulgate « Pour indiquer les devoirs réciproques des deux classes de
la société, il suffit sans doute de ce que je viens de dire ; pour que
ces devoirs soient remplis en effet, il faut une réforme légale . »
p. 204 .
i
Εἰ δ᾽ ἅπαντες ἐπίστασθ᾽ ὅτι , ταύτην ἂν ἕλωσιν , ἴασιν ἐπὶ Μεσσήνην ,
φρασάτω τις ἐμοὶ τῶν νῦν χαλεπῶν τοῖς Μεγαλοπολίταις , τί τέθ᾽ ἡμῖν
συμβουλεύσει ποιεῖν . Ἀλλ᾿ οὐδεὶς ἐρεῖ. Καὶ μὴν πάντες ἐπίστασθε ὡς καὶ
παραινούντων τούτων καὶ μὴ, βοηθητέον .
Nous corrigerions comme il suit la deuxième phrase : Ἀλλ᾿ « οὐδὲν »
ἐρεῖ ; « Rien , » dira -t-il ? (Pour l'explication de la faute , cf. 263 ; et
pour cet emploi de αλλά, Matthiæ, § 613 ; Krüger, 69, 4 , 4. )
Λυσιμάχῳ δωρεάν , ἑνὶ τῶν τότε χρησίμων, ἑκατὸν μὲν ἐν Εὐβοίᾳ πλέθρα
γῆς πεφυτευμένης ἔδοσαν , ἑκατὸν δὲ ψιλῆς , ἔτι δ᾽ ἀργυρίου μνᾶς ἑκατὸν ,
καὶ τέτταρας τῆς ἡμέρας δραχμάς . Καὶ τούτων ψήφισμ᾽ ἔστιν Αλκιβιάδου ,
ἐν ᾧ ταῦτα γέγραπται .
Que l'on maintienne, avec Schafer et Vamel, la vulgate καὶ τούτων
ψήφισμα , ou qu'on insère περὶ entre καὶ et τούτων , d'après une conjec-
ture de H. Wolf, approuvée par Reiske, dans l'une et l'autre hypo-
thèse, le complément de pioux n'exprimera pas autre chose que les
mots , qui arrivent ensuite , ἐν ᾧ ταῦτα γέγραπται , et ne sera , par
conséquent , qu'une lautologie. Nous proposons : Καὶ τούτῳ ψήφισμ
ἔστιν Αλκιβιάδου , ce qui aura le méme sens que si le participe
ψηφισθέν était joint à ψήφισμα : « Il existe un décret d'Alcibiade en sa
faveur . >>
289. Eschyle , Perses, 834-836 .
Οτοτοτοῖ , φίλων
ἁλίδονα μέλεα παμβαφῆ
κατθανόντα λέγεις φέρεσθαι
πλαγκτοῖς ἐν διπλάκεσσιν .
Probablement : πλαγκτοῖς εἰνὶ πλάκεσσιν , sur les plaines errantes
ou flottantes, « in campis natantibus. »
Tout est sujet d'épouvante pour les malheureux , dit Atossa , tandis
que le bonheur inspire une confiance exagérée . Puis elle ajoute :
Ἐμοὶ γὰρ ἤδη πάντα μὲν φόβου πλέα.
La suite des idées exige , ce semble : Ἔμοιγ᾽ ἄρ᾽ ἤδη .
..... τὰς τρικυμίας καὶ ζάλας καὶ ἀκρωτήρια καὶ ἐκβολὰς καὶ ἱστοῦ
κλάσεις καὶ πηδαλίων ἀποκαυλίσεις διεξιόντες .
Corrigez : καὶ ἀκρωτηρίων ἐκβολάς . Pour l'emploi du mol ἀκρωτήρια
comme terme de marine , voir les exemples rassemblés dans le
Thesaurus-Didot .
Σεαυτὸν οἰκτείρεις καὶ αἰτιᾶ τὴν τύχην, οὐδ᾽ ὀλίγα σοι τῶν χαρίτων
ἐπιψεκάσασαν .
Corrigez : οὐδ᾽ ὀλίγας σοι . [Ch. Graux , élève. ]
Οὐ γὰρ ἀγνοῶ τοῦθ᾽ , ὅτι τῷ μὲν ἐπηρεαζομένῳ τότ᾽ ἐμοὶ καὶ ὑβριζομένῳ
τὴν αὐτὴν ὀργὴν ἕκαστον τούτων ἥνπερ ἄλλ᾽ ὁτιοῦν τῶν δεινοτάτων παρίστη ,
ὑμῖν δὲ τοῖς ἄλλοις , ἔξω τοῦ πράγματος οὖσιν , οὐκ ἂν ἴσως ἄξια ταῦτα
καθ᾽ αὖτ᾽ ἀγῶνος φανείη .
Au lieu de ἄλλ᾽ ὁτιοῦν , Reiske a proposé ἄλλῳ ὁτιοῦν : correction
inadmissible, ne fût- ce qu'en raison de l'hiatus. Mais ce n'est pas à
dire que le texte de la vulgate puisse demeurer sans changement :
nous croyons qu'il faut écrire ἂν ὁτιοῦν. Sinon, Démosthène avouerait
implicitement, au grand dommage de sa cause, avoir subi d'autres
traitements comparables à celui que lui a infligé Midias, à cette insulte
qu'il s'attache partout ailleurs à représenter comme inouïe .
309. Aristodème , II , 2 .
310. Aristodème , IV , 2 .
311. Aristodème , V, 1 .
..... Ην δ᾽ ἐθελήσης
ὡς ξεῖνος πολύφοιτος ἐμὴν ἐς πατρίδα μίμνειν ,
οὐ δύνασαι σκοτόεσσαν ὑποκλέπτειν Αφροδίτην .
Nous croyons que is, au second vers, a pris la place de κατά : non
par suite d'une confusion paléographique ; car l'origine de la leçon
ἐς, que portent tous les manuscrits, ne semble pas pouvoir être cher-
chée dans l'écriture , relativement récente, que l'on désigne par le nom
d'écriture minuscule ; et, d'autre part, dans l'écriture dite onciale,
les sigles qui représentent les prépositions paraissent propres, ou peu
s'en faut , aux annotations des marges . Mais on peut admettre que,
le mot xará ayant disparu par suite de quelque accident matériel , un
copiste a rétabli conjecturalement êç.
Διπλῇ χερί : τῇ ὑπ᾽ ἀλλήλων · τοῦτο γὰρ δηλοῖ τὸ διπλῇ , οἷον , ὑπ᾿
ἀλλήλων ἀναιρεθέντων τῶν ἀδελφῶν .
Ecrivez τῇ [ὑπ ] ἀλλήλων . Le mot ὑπ᾽ se rencontre un peu plus
loin devant ἀλλήλων : de la provient la faute. Ch. Graux , élève.]
Διὰ μὲν πονηρίαν εἰς τὸ δεσμωτήριον ἐνέπεσεν , ἐκεῖ δ᾽ὢν παρὰ τοῖς ἐκ
τῶν ἄλλων ἀνθρώπων κακούργοις ἀπηγμένοις , οὕτως εἶναι πονηρὸς ἔδοξεν ,
ὥστε μηδ᾽ ἐκεῖ τῶν ἴσων ἀξιοῦσθαι τοῖς ἄλλοις .
Ce texte, bien qu'amélioré déjà en deux endroits par les éditeurs
de Zurich et par Dobree , nous paraît exiger encore une correction :
l'insertion du mot ὡς devant κακούργοις .
Καὶ τοῦ στρατηγοῦ αὐτῶν Ἀστύλου ὠνίου ὄντος, ὥσπερ καὶ Στρατοκλῆς
εἶπε, καὶ δέκα τάλαντα αὐτοῦντος ὥστε ἀγαγεῖν τὴν βοήθειαν τοῖς Θηβαίοις ,
καὶ τῶν πρεσβευτῶν ὡς τοῦτον ἐλθόντων , ὃν ᾔδεσαν ἔχοντα τὸ βασιλικὸν
χρυσίον , καὶ δεομένων καὶ ἱκετευόντων δοῦναι τὰ χρήματα εἰς τὴν τῆς
πόλεως σωτηρίαν , οὐκ ἐτόλμησεν ὁ μικρὸς οὗτος καὶ ἀσεβὴς καὶ αἰσχρο
κερδὴς ἀπὸ τῶν πολλῶν χρημάτων ὧν εἶχε δέκα μόνον τάλαντα δοῦναι ,
τοσαύτας ὁρῶν ἐλπίδας ὑποφαινούσας εἰς τὴν Θηβαίων σωτηρίαν , ἀλλὰ
περιεῖδεν ἑτέρους δόντας τοῦτο τὸ ἀργύριον , ὥσπερ καὶ Στρατοκλῆς εἶπεν ,
ὑπὲρ τοῦ πάλιν ἀπελθεῖν οἴκαδε τοὺς ἐξεληλυθότας Αρκάδων καὶ μὴ
βοηθῆσαι τοῖς Θηβαίοις .
Nous croyons qu'il faut mettre une virgule devant les mots els
τὴν Θηβαίων σωτηρίαν , de façon a les faire dépendre de δέκα μόνον
τάλαντα δοῦναι . [Ch. Graux , élève.]
Ὅστις δ᾽ ἀφικνεῖτο τῶν παρὰ βασιλέως πρὸς αὐτὸν , πάντας οὕτω διατι
θεὶς ἀπεπέμπετο , ὥστε αὐτῷ μᾶλλον φίλους εἶναι ἢ βασιλεῖ .
A l'indicatif ἀφικνεῖτο nous préférerions , avec Kühner , l'optatif
ἀφικνοῖτο , legon de plusieurs manuscrits. Un peu plus loin, διατιθείς
parait devoir ceder la place à διαθείς. On dirait en français : « Il ne
les renvoyait qu'après s'en étre fait des amis. »
Καὶ ἐὰν μὲν ἡ πρᾶξις ή παραπλησία οἵαπερ καὶ πρόσθεν ἐχρῆτο τοῖς
ξένοις ἕπεσθαι καὶ ἡμᾶς καὶ μὴ κακίους εἶναι τῶν πρόσθεν τούτῳ συνανα
βάντων.
On dit bien χρῆσθαί τινί τι , « employer quelqu'un ou quelque chose
à un certain usage » . Mais peut - on dire de méme χρῆσθαί τινι
πρᾶξίν τινα , « employer quelqu'un à une entreprise » ? Nous aimerions
mieux lire : παραπλησία οἴάπερ καὶ πρόσθεν ἐχρῆτο τοῖς ξένοις, « du
même genre que les services auxquels il employait précédemment les
mercenaires ».
Λόγος οὖν τὸν Θησέα, ἀνεψιόν ὄντα τῶν Παλλαντιδῶν παίδων , ἵνα αὐτὸν
ἀντιποιούμενον τῆς βασιλείας ἀνελεῖν .
Corrigez : ἵνα αὐτῶν. [Jules Nicole , répétiteur. ]
Διὰ τὰ πάθη συνδέδεται αὐτῆς ἡ ψυχὴ τῇ εὐναίᾳ λύπῃ , ἀντὶ τοῦ εἰς
εὐνὴν αὐτῇ κατακλινούσῃ .
On pourrait conjecturer que aut a pris la place de Xú cepen-
dant le sens nous parait demander plutôt : αὐτὴν κατακλινούσῃ . (A la
ligne suivante, il faut mettre un point devant τουτέστιν . ) [Jules Nicole ,
répétiteur . ]
Πότερον ὑπ᾽ ἄτης : βλάβης παραφροσύνης καὶ τῆς ὀδύνης τῆς κακώσεως .
Il faut écrire, selon toute apparence : βλάβης , παραφροσύνης · ἢ τῆς
ὀδύνης , τῆς κακώσεως.
Από τινος γὰρ ἀργίας καὶ ἔκνου τοῦ ἐκπονεῖν τὰ καλὰ τὰ κακὰ μετέρ
χονται .
Nous écririons : ὑπό τινος.
Οὐκ ἂν δύ᾽ ἤστην ταῦτ᾽ ἔχοντε γράμματα . Scholie : οἷον ἑνὶ ὀνόματι
καὶ τόνῳ καὶ φθόγγῳ προσαγορευομένας.
- 416 -
La syntaxe demande évidemment προσαγορευόμεναι οι προσαγορευο
μένα.
..... Εἰς δὲ τὴν τύχην Πεσοῦσ᾽ ὅσην σύ , πῶς ἂν ἐκνεῦσαι δοκεῖς. Scholie :
Εἰς δὲ τὴν τύχην : εἰς δὲ πέλαγος ἄδηλον τῆς τύχης ἐκκολυμβῆσαι.
Corrigez : εἰς δὲ πέλαγος ἄδηλον τῆς τύχης. — < Εκνεῦσαι : >
ἐκκολυμβῆσαι . Un lemme a été omis, comme il arrive fréquemment.
Ici , la faute est d'autant plus facile à expliquer, que les deux mots
ἐκνεῦσαι εἰ ἐκκολυμβηται commencent et finissent de même.
Ἐπειδὴ μεσότης ἐστὶ καὶ ὑπερβολὴ καὶ ἔλλειψις, καὶ ἡ μὲν μεσότης
ἐστὶ φρόνησις, ἡ δὲ ἔλλειψις ἀφροσύνη , ἡ δὲ διαβολὴ πονηρία .....
Il faut nécessairement corriger : ἡ δὲ ὑπερβολὴ πονηρία .
Αναιδῶν γάρ ἐστιν ἐν ὄχλῳ δημηγορεῖν εἰς ἥλικας , ἤτοι εἰς ὁμήλικας
καὶ σοφούς .
Ponctuez : Αναιδῶν γάρ ἐστιν ἐν ὄχλῳ δημηγορεῖν . - Εἰς ἥλικας :
ἤτοι εἰς ὁμήλικας καὶ σοφούς .
363. Lucien, Manière d'écrire l'Histoire , 10 ;
Ρ . 13-14.
Ἔτι κἀκεῖνο εἰπεῖν ἄξιον , ὅτι οὐδὲ τερπνὸν ἐν αὐτῇ τὸ κομιδῆ μυθῶδες
καὶ τὸ τῶν ἐπαίνων μάλιστα πρέσαντες παρ᾽ ἑκάτερον τοῖς ἀκούουσιν .
Pour rendre ce texte complétement satisfaisant , il suffit , si nous
ne nous trompons , d'insérer le supplément v après ἑκάτερον . Le sens
sera : « Dans l'Histoire , ce qui ressemble trop à la Fable n'a pas
même l'avantage de plaire , surtout si ce sont des éloges qui sont
ainsi exagérés : car des éloges fabuleux (μυθώδεις) choquent double-
ment (παρ ' εκάτερον) , proprement « par l'une et l'autre raison » , (c'est
à dire « en tant qu'éloges et en tant qu'exagérations ou que fables » , )
les auditeurs . »
πεπραγμένα , καὶ εἰς δύναμιν ἐναργέστατα ἐπιδεῖξαι αὐτά · καὶ ὅταν τις
ἀκροώμενος οἴηται μετὰ ταῦτα ὁρᾶν τὰ λεγόμενα καὶ μετὰ τοῦτο ἐπαινῇ ,
τότε δὴ τότε ἀπηκρίβωται καὶ τὸν οἰκεῖον ἔπαινον ἀπείληφε τὸ ἔργον τῷ
τῆς ἱστορίας Φειδία .
Καὶ μετὰ τοῦτο ἐπαινῇ doit être une simple glose, destinée à
expliquer les mots τὸν οἰκεῖον ἔπαινον ἀπείληφε .
Une variante , afférente à cette glose une fois insérée dans le texte,
nous parait être l'origine des mots μετὰ ταῦτα , qui précèdent
aujourd'hui ὁρᾶν τὰ λεγόμενα. D'ailleurs , tout en retranchant ces
mots , avec Bekker et Cobet, il peut y avoir lieu d'insérer devant ópav,
à l'exemple de Fritzsche , le mot αὐτά, dont l'intrusion de μετὰ ταῦτα
a pu causer la perte.
.....Δέδοιχ᾽ ὅπως
μὴ ἐκ τῆς σιωπῆς τῆσδ᾽ ἀναρρήξει κακά.
ΟΙΔ. Ὁποῖα χρήζει ῥηγνύτω.....
124 -
» mandæ caussa ») .
D'autre part , μηδέν parait incorrect , venant après l'indicatif
διδαξόμεσθα . Peut-être objectera -t- on que cet indicatif tient ici la
place du subjonctif διδασκώμεσθα . Mais , alors , il resterait à se demander
pourquoi Sophocle n'a pas employé de préférence , ou plutôt , s'il n'a
pas dû employer ici cette dernière forme elle-même . Dans ce cas ,
une première faute , διδασκόμεσθα , aurait été l'origine de la legon
actuelle .
ἢ ἐκ προηγητοῦ πέλει .
La conjecture de Blaydes, ἡ ἐκ προηγητοῦ , ne differe pas très-sen-
siblement de la nôtre.
1. La plupart des conjectures sur Hérodote qui vont suivre , soit dans le
texte ci-dessus, soit dans cette note additionnelle , ont trouvé place dans
mes Morceaux choisis d'Hérodote à l'usage des classes (Paris , Hachette,
1874). Je regrette de ne pouvoir donner à la justification de ces conjec-
tures, desquelles je me suis engagé à rendre compte ici même , autant
de développement que je voudrais . Plusieurs paraîtront peut-être aux
bons juges des expédients d'éditeur, plutôt que des corrections propre-
ment dites. J'ai voulu que ce recueil, destiné à de tout jeunes lecteurs ,
ne contînt rien que je ne comprisse ou ne crusse comprendre moi-même
parfaitement : que ce soit là mon excuse. Livre I, ch . 27, ligne 10 de
l'édition critique de Stein : j'ai retranché, dans l'intérêt des élèves , le
mot inintelligible ἀρώμενοι . Je vois que Gobet, dans l'appendice conside-
rable qu'il a joint à ses Variae Lectiones (2º édition , Leyde, 1873), travail
que j'ai pu consulter seulement alors que mon édition, faite pendant
les vacances, était presque entièrement imprimée, a entrepris de faire
disparaître le même mot au moyen d'une correction méthodique. — Livre
I, ch . 30, lignes 15-16 : καὶ σοφίης [εἵνεκεν τῆς σῆς] καὶ πλάνης . - 1 , 35, 7 : καθάρ
σιος ἐδέετο ἐπικυρῆσαι ? - 1 , 41 , 25 : κλῶπες [κακοῦργοι] ἐπὶ δηλήσι. 1, 44, 24-
25 : [τὸν αὐτὸν τοῦτον ὀνομάζων θεόν] . — Ι , 51 , 7-9 : τῶν τῷ χρυσέῳ ἐπιγέγραπται ,
Λακεδαιμονίων φαμένῳ εἶναι ἀνάθημα , οὐκ ὀρθῶς λεγόμενα · ἔστι γάρ κτλ. Cobet
corrige autrement . — I , 71 , 14-15 : [Πέρσησι γὰρ, πρὶν Λυδοὺς καταστρέψασθαι ,
ἦν οὔτε ἁβρὸν οὔτε ἀγαθὸν οὐδέν .] - 1, 77, 23 : ἐνένωτο, que j'ai cru devoir
retrancher dans l'intérêt des élèves , ne peut-il provenir d'un grammai-
rien qui faisait dépendre directement παρεῖναι ἐς χρόνον ῥητόν de ἐν νόῳ
ἔχων ? - 1 , 77, 3 . ὅσος ἦν αὐτοῦ ξεινικός ? — 1 , 78 : ἐς τῶν Ἐξηγητέων Τελμησσέων
(pour l'emploi de l'article dans cette locution, cf. I , 113 , 6 : ἐς τοῦ Ἁρπάγου.
V, 51 : ἐς τοῦ Κλεομένεος. Quant à Ἐξηγητέων , nous voyons dans ce mot
un adjectif ethnique , destiné à déterminer de quels Telmessiens il s'agit.
-- 1 , 80 , 20 : προέταξε τῆς ἄλλης στρατιῆς [προϊέναι ] πρὸς τὴν Κροίσου ἵππον.
1, 81 , 17-18 : οἱ μὲν γὰρ πρότεροι διεπέμποντο . - 1 , 82 , 23-1 : περὶ χῶρον καλεό
μενον Θυρέας · τὰς γὰρ Θυρέας ταύτας κτλ . Une première faute , χώρου καλεομέ-
vou , a produit la vulgate . - — 1 , 83 , 9 : τοιούτων δὴ . - 1 , 84 , 21 : κατὰ τοῦτο
(devant τῆς ἀκροπόλιος) parait être une glose empruntée à la ligne suivante.
– 1 , 85, 21-23 : ἁλισκομένου δὲ τοῦ τείχεος,... Κροῖσος μέν μιν ὁρέων ἐπιόντα . --
1, 89 , 9-11 . J'ai omis, dans l'intérêt des élèves, le membre de phrase καὶ
σύ τέ σφι ..... τὰ χρήματα , qui dérange évidemment la suite des idées : le
retranchement de και et la transposition de σύ τε σφι ..... τὰ χρήματα après
ἑκόντες προήσουσι rendraient le passage completement satisfaisant. ---- I,
90, 14-15 : ἀναρτημένου σε ἀνδρὸς βασιλέος χρηστὰ [ἔργα καὶ ἔπεα] ποιέειν. Je me
suis rencontré avec Dobree en ce qui concerne la première correction ;
la seconde m'en parait un complément nécessaire . - 1 , 91 , 17 : Παραγα-
γεῖν Μοίρας (de faire prendre le change aux déesses de la destinée). Avec
μοίρας , nom de chose , Particle serait nécessaire . -- 1 , 91 , 19 : καὶ οὕτω
ἐπιστάσθω ? -– 1 , 96 , 8 : ὅτι τῷ ἀδίκῳ τὸ ἄδικον πολέμιόν ἐστι ? I, 97, 2-3 :
οὐδὲ ὑπ᾽ ἀνομίης ἀεὶ ἄστατοι ? ἔτι ἄστατοι ? - — Ι , 110, 19-20 : οὔνομα δὲ τῇ γυναικὶ
ἦν [ τῇ συνοίκεε] . — 1 , 111 , 14-15 : ὅ τι οὐκ ἐωθός (leçon primitive du ms. A) ?
9
--- 130 --
Τοῖσι δὲ καὶ αὐτοῖσι τοῖσι Σπαρτιήτῃσι κατ᾿ αὐτὸν τοῦτον τὸν χρόνον συν
επεπτώκεε ἔρις ἐοῦσα πρὸς Ἀργείους.
ὅτι οὐκ ἐωθώς ? - - 1, 120 , 23-24 : οἳ τὸ ἐνύπνιόν οἱ τότε ἔκριναν. -· 1, 120, 6 : έτε-
λέωσε · ποιήσας [ καὶ] γὰρ δορυφόρους. — Ι , 132, 4-5 : ἑωυτῷ μὲν δὴ [τῷ θύοντι]
ἰδίῃ μούνῳ οὐκ [οἱ] ἐγγίνεται . 1 , 132 , 9 : τὸ peut provenir du commence-
ment du mot suivant τρίφυλλον. — 1 , 137, 16-17 : μηδὲ αὐτὸν τὸν βασιλέα
μηδένα φονεύειν, μήτε..... ( Pour la justification , voyez notre exercice critique
380) . - 1 , 137, 1. Le sens demanderait, ce semble , ἤτοι ὑποβολιμαίων ἐόντα
ἢ μοιχιδίων. -- 1, 194 , 13-14 : καὶ καλάμης πλήσαντες πᾶν τὸ λοιπὸν , οὕτω ἀπιεῖσι.
– 1 , 204 , 15-16 : καὶ ἐποτρύνοντα ἦν τὸ δοκέειν πλέον τι εἶναι ἀνθρώπου , πρῶτον
μὲν ἡ γένεσις, δεύτερα δέ..... - 1 , 205, 5 : διαπορθμευσόντων . -- 1 , 206, 12 : σὺ δὴ
εἰ μεγάλως ..... -— 1 , 207, 11-12 : ὅσον < ἂν, supplément du à Gobet> εἰ διαβὰς
ἐς τὴν ἐκείνων νικῶν , [Μασσαγέταις] ἔποιο φεύγουσι. - 1 , 207 , 17. Διεξίωσι ne
saurait se défendre, quoi qu'en ait dit Dobree ; et ὑπεξίωσι, proposé par
Stein, serait une correction téméraire. Peut- être Hérodote avait-il employé
ici le verbe (inconnu d'ailleurs) διεσίωσι (cf. pour l'accent, ἀπίῃ , de ἀφίημι) ,
ou plutôt, pour suivre Forthographe de Stein, διεσιέωσι (de διεσίημι ) . — 1 ,
207, 19-20 : ἀγαθῶν τε Περσικῶν [ἄπειροι] καὶ καλῶν μεγάλων ἀπαθέες , « étrangers
aux aisances de la vie des Perses et à leur grand luxe » . — 1 , 209, 8 : ἔλθω ,
ἐκεῖ σύ μοι .
11 , 77 , 14-15 : εἰσὶ μέντοι καὶ ἄλλως. --· 11 , 77 , 16-17 : τῶν ὡρέων..... είνεκεν ,
ὅτι οὐ μεταλλάσσουσι [ αἱ ὧραι] . -- 11, 80, 4 : καὶ ἐσιοῦσι ἐξ ἕδρης..... -- - II , 83 , 4 :
Λητοῦς ἐν Βουτοῖ πόλι [ ἐστί] . - 11 , 118 , 9-10 : οὕτω δὴ πιστεύσαντες [ τῷ λόγῳ
τῷ πρώτῳ] . -— ΙΙ , 141 , 9-10 : ἔχειν , παραχρησαμένων τῶν μαχίμων Αἰγυπτίων ,
ὡς..... (?) .
ΙΙΙ , 14 , 25 : ἡγεόμενον <τὴν> ἐπὶ θάνατον. ΙΙΙ , 14 , 20-22 : καὶ ταῦτα ὡς
ἀπενειχθέντα ὑπὸ τούτου εὖ δοκέειν σφι εἰρῆσθαι , ἤδη λέγεται ὑπ᾽ Αἰγυπτίων δακρύειν .
- - ΙΙΙ, 14 , 25-1 : ἀπολευμένων ? - ΙΙΙ, 28, 23-24 . Cobet écrit ἄγειν d'après un
ms .: la legon la mieux autorisée , ἀπάγειν , pourrait conduire encore
à conjecturer ἀγαγεῖν. - 111, 52, 14. Je tiens ἐν αὐτοῖσι pour altéré. -– 111 ,
53, 6 : οὐ νόον ὥρα (voir les variantes) ? - III, 77, 19 : [τοὺς ἔσχοντας] . – 111,
79, 9-10 : κατ ' οίκους [ἑωυτοὺς οἱ Μάγοι] ἔχουσι τὴν ἡμέρην ταύτην. Cf. VI, 39, 19.
- - 111 , 80 , 5 : διαβολάς γε ου δή) ? ΙΙΙ , 130 , 6 : ἐνθαῦτα δὴ ἐὼν. III, 130 ,
17-18 : φιάλη τοῦ χρυσοῦ ἐν θήκῃ ? -- — III, 136, 12 : τὰ πολλὰ αὐτῆς <καὶ καλὰ>
καὶ ὀνομαστὰ ? Ou bien faut-il se borner à supprimer τὰ ? — 111, 136, 13-14 :
ἐκ ῥηστώνης τῆς ἐς Δημοκήδεα ? — - 111 , 140 , 7 : ἔξω δὲ χρέος, εἴ τι , ἦν οὐδὲν ἀνδρὸς
Ἕλληνος ? (ἔξω rappellerait alors les campagnes de Darius à l'époque ou il
n'était pas encore roi , par conséquent , le temps qui avait précédé son
avénement au trône .) — - 111, 160, 8-9 : [οὐδὲ τῶν ὕστερον γενομένων] οὐδὲ τῶν
πρότερον.
IV , 94 , 5-6 : [ἐντελλόμενοι] . - 1V , 95 , 16-17 : ὧδε δὲ ἐγὼ πυνθάνομαι ? (Voir
pourtant, dans Stein, les exemples qui paraissent confirmer la vulgate).
– IV, 96 , 14-15 : [περὶ μὲν τούτου καὶ τοῦ καταγαίου οἰκήματος] ? -1V, 127, 10-11 :
ἔφυγον [οὔτε πρότερον] οὔτε νῦν σὲ φεύγω. ( Voyez notre exercice critique 380).
– 1V, 129, 14 : τὸ δὲ τοῖσι Πέρσησί τε εἶναι (ou ἐν ?) σύμμαχον. - 1V, 132, 16-17.
J'ai inséré ἱπταμένῳ devant ἵππῳ dans l'intérêt du sens , en ayant soin
d'ajouter que l'attribution de cette forme au dialecte d'Hérodote est
hasardée.
V, 29, 9-10 : ἴδοιεν <ἅμα> ἀνεστηκυίῃ τῇ χώρῃ ? -V, 91 , 9-10. Il ne manque
131 -
Les mots τοῖσι Σπαρτιήτησι ne doivent être qu'une glose de τοῖσι .....
καὶ αὐτοῖσι , expression parfaitement suffisante, après ἐς Λακεδαίμονα ,
pour désigner les Lacédémoniens.
à la leçon du ms. d'Urbin , une fois admis l'amendement d'Eltz, que d'être
mieux autorisée . J'ai essayé d'améliorer la vulgate en substituant ἐπ-
ικόμενοι ἢ ἀπικόμενοι. - V, 92 α, 23-1 : τύραννον καταστησάμενοι [παρὰ σφίσι
αὐτοῖσι] . Voir la note de Stein.
VI , 13, 1-3 : οἱ Σάμιοι ὧν ὁρέοντες ἅμα μὲν ἐοῦσαν ἀταξίην πολλὴν ἐκ τῶν Ἰώνων
ἐδέκοντο τοὺς λόγους , ἅμα δὲ κατεφαίνετό σφι εἶναι ἀδύνατον τὰ βασιλέος πρήγματα
ὑπερβαλέσθαι , εὖ τε ἐπιστάμενοι..... Telle est la leçon de la famille PRz , qui
nous parait ici, par exception , devoir etre préférée, si ce n'est qu'il faut
peut- être retrancher κατεφαίνετο. Pour la construction de ὁρᾶν avec
le participe et l'infinitif successivement , cf. I , 209 , 16-18 et 2-4. - VI ,
109, 14 : ἔλπομαί τινα τάραξιν (d'ou, par corruption, τάξιν, puis, par correc-
tion, στάσιν) ? - VI , 111 , 9-14 : ἔχοντες τὸ εὐώνυμον κέρας Πλαταιέες. [ Ἀπὸ ταύτης
γάρ σφι ..... ἐν τῷ Μαραθῶνι] . Ἐγένετο < δέ > τοιόνδε τι . — VI, 115 , 2 : αἰτίη δὲ
ἔσχε ἐν Ἀθηναίοισι . Voir les variantes. - VI, 116 , 11 : ἀνοκωχεύσαντες.
VII, 101 , 15 : [μὴ ἐόντες ἄρθμιοι] ? - VII, 103, 16 (εἰ τὸ πολιτικὸν ὑμῖν πᾶν ἐστι
τοιοῦτον οἷον σὺ διαιρέεις) , et 18-21 (εἰ γὰρ κείνων ἕκαστος..... ὁ παρὰ σέο λεγό-
μενος) . C'est dans l'intérêt des élèves qu'ont été retranches ces deux
membres de phrase , qui font allusion à des conversations antérieures ,
non rapportées par Hérodote. Il me semble d'ailleurs que la suite des
idées gagne, plutôt qu'elle ne perd , à cette suppression. - VII, 103, 24 :
ἐπεὶ φέρε ἴδω πάλιν [τῷ οἰκότι] ? -— VII, 103 , 8-9 : καὶ ἂν ἰσωθέντας (legon com-
mune aux deux familles de mss.) - VII , 103, 10. J'écrirais aujourd'hui,
avec Stein, παρ᾽ ἡμῖν μὲν μούνοισι τοῦτό ἐστι, bien que les mots μὲν μούνοισι
manquent dans la famille principale . - VII, 104 , 5-6 : ἐλεύθεροι γὰρ ἐόντες
οὐκ [πάντα] ἐλεύθεροί εἰσι · ἔπεστι γάρ σφι δεσπότης νόμος . -— VII, 104 , 6-7 : ὑπερ-
δειμαίνουσι ? (cf. V, 19 , 25 : cependant ὑποδειμαίνειν se rencontre , employe
comme ici, chez des écrivains de l'époque romaine). — VII , 139, 12-13 :
τἀληθές peut provenir d'une note approbative, ἀληθές, écrite en marge par
un lecteur, et précédée du signe de renvoi +. - VII, 157, 5 : τὰ γὰρ ἐπιόντα .
VII , 158 , 23-24 : λόγον <μὲν δίκαιον , νόον δ'> ἔχοντες πλεονέκτην. -- VII ,
158, 4 : ὧν représente ici , non les εμπόρια dont il est question dans la
phrase précédente , mais les ἐμπόρια , en général . Si je n'ai pas trouvé
d'abord la solution de cette difficulté, on me saura gré du moins d'avoir
été (sauf erreur) le premier à la signaler. -— VII , 158 , 7-8 : ἀλλὰ (εὖ γὰρ
ἡμῖν καὶ ἐπὶ τὸ ἄμεινον κατέστη) νῦν δὴ ἐπείτε …… .. Δή, écrit par un correcteur
au-dessus de dé, peut avoir été substitué ensuite , non à ce dernier mot,
mais à τε. On pourrait encore songer à supprimer νῦν δέ. —VII, 160, 9-10.
Nous avons ponctué : ἡμεῖς τι ὑπείξομεν [τοῦ ἀρχαίου λόγου] , εἰ τοῦ μὲν πεζοῦ ὑμεῖς
ἡγέοισθε , τοῦ δὲ ναυτικοῦ ἐγώ ( nous vous ferons une concession , à savoir que
vous commandiez.....) . Τοῦ ἀρχαίου λόγου est inadmissible à cause de ὁ
λόγος, qui précède. ― VII, 161 , 8 : οὐκ ὄνειδος οὐδὲ ἀτιμίη ἐστὶ λέγειν ταῦτα . -
VII, 209, 13-14 : πρὸς βασίλειάν τε [καὶ καλλίστην] πόλιν ( « reginam urbem »).
- VII , 217, 5-7 : [ἡ μὲν γὰρ κάτω ἐσβολή..... Λεωνίδῃ ἐφύλασσον] . — VII, 220,
12 : ταύτῃ δὲ καὶ μᾶλλον. — VII, 220, 24 (oracle) : ἄστυ τρικυδές (mot d'ailleurs
inconnu) ? – VII , 221 , 15 : ἀπέλειπε. — VII, 223, 8-9 : τὸ μὲν γὰρ ἔρυμα τοῦ
τείχεος <τέως> ἐφυλάσσετο , οἱ δὲ [ἀνὰ τὰς προτέρας ἡμέρας ] προεξιόντες ἐς τὰ
- 132 -
440. Hérodote , I , 91 .
411. Hérodote , I , 91 .
στεινόπορα ἐμάχοντο . - VII , 228 , 5-6 : ěžw † tòv µávtiv ? Il faudrait voir alors
dans les mots remplacés une glose afférente au commencement de la
phrase suivante τὸ δὲ τοῦ μάντιος Μεγιστίεω.
VIII, 52, 19-21 . Je me bornerais aujourd'hui à insérer une virgule devant
καὶ τοῦ φράγματος προδεδωκότος , de telle façon que le sens soit « Meme
quand ce rempart leur eut manqué ». VIII, 65, lignes 12-13 (de la page
- VIII , 70, 17 : ἐπεγίνετο . —
311 ) : γενέσθαι νέφος , τὸ μεταρσιωθὲν φέρεσθαι . — - VIII,
74, 19-20 : περὶ [τῶν] αὐτῶν (au sujet de la situation, des affaires présentes) ?
VIII , 80, 1-2 : καὶ οὐ πείσω [ὡς οὐ ποιεύντων τῶν βαρβάρων ταῦτα] . — VIII ,
85, 5 : xai xúpn ¿dwpńîn πoday (leçon d'un ms .) .— VIII , 86. Voyez exerc. 420.
- VIII, 87, 16 : οὐκ ἔχω <ἔξω ἢ> μετεξετέρους εἰπεῖν. -VIII, 90, 19 : ἅτε δὲ
(se trouve à la marge d'un ms. , et a été proposé , avec hésitation , par
Schweighæuser) : o provient de te on , qui se lit deux lignes plus haut.
- VIII, 92, 14-15 : ἐμβάλλουσα .
J'ai mentionné ici tous les passages que j'ai corrigés par conjecture
dans le petit travail dont il s'agit, sans me juger, d'ailleurs, tenu de
citer mes conjectures mêmes, lorsque j'ai cru pouvoir y substituer, après
plus mûre réflexion , quelque chose de plus plausible ; encore moins les
suppressions ou modifications que j'ai cru devoir faire pour des raisons
étrangères à la philologie. En revanche , quelques-unes des remarques
qui précèdent portent sur des passages où le texte de mon édition ne
diffère en rien de celui de la vulgate.
E. T.
- 133 -
τελευταῖον χρηστηριαζομένῳ εἶπε [τὰ εἶπε Λοξίης περὶ ἡμιόνου] , οὐδὲ τοῦτο
συνέλαβε . Les mots τὸ τελευταῖον dépendront de χρηστηριαζομένῳ.
Ἐούσης ὧν ἁρπαγῆς καὶ ἀνομίης ἔτι πολλῷ μᾶλλον ἀνὰ τὰς κώμας ἢ
πρότερον ἦν , συνελέχθησαν οἱ Μῆδοι ἐς τωὐτὸ καὶ ἐδίδοσαν σφίσι λόγον ,
λέγοντες περὶ τῶν κατηκόντων . Ὡς δ᾽ ἐγὼ δοκέω , μάλιστα ἔλεγον οἱ τοῦ
Δηιόκεω φίλοι . « Οὐ γὰρ δὴ τρόπῳ τῷ παρεόντι χρεόμενοι δυνατοί εἶμεν
οἰκέειν τὴν χώρην , φέρε στήσωμεν ἡμέων αὐτῶν βασιλέα . »
Ponctuez : Καὶ ἐδίδοσαν σφίσι λόγον, λέγοντες περὶ τῶν κατηκόντων
(ὡς δ᾽ ἐγὼ δοκέω , μάλιστα ἔλεγον οἱ τοῦ Δηιόκεω φίλοι) · « Οὐ γὰρ δὴ,
κτλ. »
4.13 . Hérodote , 1 , 98 .
Ὦ γύναι , εἶδόν τε ἐς πόλιν ἐλθὼν καὶ ἤκουσα τὸ μήτε ἰδεῖν ὄφελον μήτε
κοτὲ γενέσθαι ἐς δεσπότας τοὺς ἡμετέρους.
L'emploi de opeλov comme mot invariable, équivalant pour le sens
au latin utinam, ne saurait être attribué à un écrivain aussi ancien
134 -
Αὕτη (à savoir ἡ στέγη) τοῦ ἱροῦ κέεται παρὰ τὴν ἔσοδον · ἔσω γάρ
μιν ἐς τὸ ἱρόν φασι τῶνδε εἵνεκα οὐκ ἐσελκύσαι . Τὸν ἀρχιτέκτονα αὐτῆς
ἑλκομένης τῆς στέγης ἀναστενάξαι , οἷά τε χρόνου ἐγγεγονότος πολλοῦ καὶ
ἀχθόμενον τῷ ἔργῳ , τὸν δὲ Ἄμασιν , ἐνθυμιστὸν ( Cobet et Stein : ἐνθύμιον)
ποιησάμενον , οὐκ ἐᾶν ἔτι προσωτέρω ἑλκύσαι .
136 -
Καὶ δὴ ἔλεγε τὸν μὲν Κύρου Σμέρδιν ὡς αὐτὸς ὑπὸ Καμβύσεω ἀναγκα
ζόμενος ἀποκτείνειε , τοὺς Μάγους δὲ βασιλεύειν. Πέρσῃσι δὲ πολλὰ ἐπαρη-
σάμενος εἰ μὴ ἀνακτησαίατο ὀπίσω τὴν ἀρχὴν καὶ τοὺς Μάγους τισαίατο ,
ἀπῆκε ἑωυτὸν ἐπὶ κεφαλὴν φέρεσθαι ἀπὸ τοῦ πύργου κάτω .
Ce ne sont point les deux Mages , mais seulement celui des deux
qui s'appelait Smerdis, que les Perses avaient jusque-là confondu
avec Smerdis , fils de Cyrus : outre que c'était à lui seul qu'apparte-
nait le titre de roi. Il faut done, dans la première phrase, substituer
τὸν Μάγον à la vulgate τους Μάγους. Le voisinage des mots καὶ τοὺς
Μάγους τισαίατο peut avoir contribué , ainsi qu'une confusion déjà
signalée (exercice 207) , à induire le copiste en erreur.
431. Hérodote, V , 92 ß .
432. Hérodote , V, 92 y.
tout entier sur la vertu , sur les résolutions viriles, opposées aux
faiblesses qui sont inhérentes à la nature humaine » .
443. Hérodote , IX , 78 .
442 -
4.44 . Hérodote, IX , 79 .
Ἐξαείρας γάρ με ὑψοῦ καὶ τὴν πάτρην καὶ τὸ ἔργον , ἐς τὸ μηδὲν κατά
έβαλες (ou plutôt κατέβαλλες, conjecture de Stein) παραινέων νεκρῷ
λυμαίνεσθαι .
Nous conjecturons : μεν ὑψοῦ .
446. Thucydide , I , 36 .
447. Thucydide , I , 37 .
448. Thucydide , I , 43 .
449. Thucydide , I , 73 .
Τὰ δὲ Μηδικὰ καὶ ὅσα αὐτοὶ ξύνιστε , εἰ καὶ δι᾽ ὄχλου μᾶλλον ἔσται ἀεὶ
προβαλλομένοις, ἀνάγκη λέγειν . Καὶ γὰρ ὅτε ἐδρῶμεν , ἐπ᾽ ὠφελίᾳ ἐκιν
δυνεύετο , ἧς τοῦ μὲν ἔργου μέρος μετέσχετε, τοῦ δὲ λόγου μὴ παντὸς, εἴ
τι ὠφελεῖ, στερισκώμεθα .
La conjecture de Classen , ἀεὶ προβαλλόμενα , ne nous parait point
methodique. Faut-il écrire δι᾿ ὄχλου μᾶλλον <τις> ἔσται ἀεὶ προβαλ
λόμενος ? Ce qui nous parait sur , c'est que ὅτε ἐδρῶμεν , au commen-
cement de la phrase suivante, doit être remplacé par ὅ τι ἐδρῶμεν ,
<< les choses, quelles qu'elles soient, que nous avons faites . >>
444 -
, p . 62 A.
455. Platon , Phédon,
Ἴσως μέντοι θαυμαστόν σοι φανεῖται , εἰ τοῦτο μόνον τῶν ἄλλων ἁπάν
των ἁπλοῦν ἐστι καὶ οὐδέποτε τυγχάνει τῷ ἀνθρώπῳ , ὥσπερ καὶ τἄλλα ,
ἔστιν ὅτε καὶ οἷς βέλτιον τεθνάναι ἢ ζῆν · οἷς δὲ βέλτιον τεθνάναι , θαυ
μαστὸν ἴσως σοι φαίνεται , εἰ τούτοις τοῖς ἀνθρώποις μὴ ὅσιόν ἐστιν αὐτοὺς
ἑαυτοὺς εὖ ποιεῖν .
Nous ne nous arrêterons pas à discuter toutes les interprétations
qu'on a données de ce passage. Bornons-nous à dire que celles qui
sont raisonnables ne s'adaptent nullement au texte ci-dessus ; et que
celles qui en suivent la lettre sont en contradiction , non- seulement
avec le bon sens , mais encore avec la doctrine exprimée ailleurs par
Platon , notamment dans ce même dialogue (page 72 D-E : τὰς τῶν
τεθνεώτων ψυχὰς εἶναι , καὶ ταῖς μέν γ᾽ ἀγαθαῖς ἄμεινον εἶναι , ταῖς δὲ
κακαῖς κάκιον . Cf. ib . 107 C-D ; Lois , page 959 B) .
Nous écririons : Ἴσως μέντοι θαυμαστόν σοι φανεῖται , ( εἰ «οὐ> τοῦτο
μόνον τῶν ἄλλων ἁπάντων ἁπλοῦν ἐστι καὶ οὐδέποτε τυγχάνει τῷ ἀνθρώπῳ,
ὥσπερ καὶ τἄλλα ἔστιν ὅτε καὶ οἷς , βέλτιον τεθνάναι [ ἢ ζῆν] , ) οἷς [ δὲ]
βέλτιον τεθνάναι θαυμαστὸν ἴσως σοι φαίνεται εἰ τούτοις τοῖς ἀνθρώποις
μὴ ὅσιόν ἐστιν αὐτοὺς ἑαυτοὺς εὖ ποιεῖν . Ce qui signifiera , pour traduire
presque littéralement : « ll te paraitra peut- être étonnant , (étant
admis qu'il n'est pas vrai de dire que cette chose -là , par exception,
a un caractère absolu et invariable , de dire que la mort ne peut
jamais être un avantage pour l'homme , à la différence des autres
choses qui sont toutes des biens en certains cas et pour certaines
personnes ,) il te paraîtra peut-être étonnant, dis-je , qu'il ne soit pas
permis à ceux des hommes pour qui la mort serait un bien de se
rendre service à eux- mêmes. »
Ou, pour simplifier la proposition autant que possible , afin de la
rendre plus claire : « Il te paraitra peut-être étonnant , (étant admis
que la mort, comme toute chose, est , en certains cas , un bien ,) qu'il
ne soit pas permis , dans ces cas-là , de se tuer . »
Où a pu facilement se perdre devant la syllabe to . L'intrusion de
δέ s'explique d'elle-même dans une phrase ainsi construite. Enfin ,
les mots βέλτιον τεθνάναι ne pouvaient guère manquer d'être expli-
qués au moyen de la glose ή ζήν .
Pour l'emploi de cù après ei, pris dans un sens voisin de celui de
ἐπεί , voyez Krüger, Griech. Sprachl. 67 , 4 , 1 .
Καὶ γὰρ τὰ κακὰ καὶ τἀγαθὰ ἄξια οἰόμεθα σπουδῆς εἶναι , καὶ τὰ συντεί
νοντα πρὸς αὐτά · ὅσα δὲ μηδέν τι ἢ μικρὸν , οὐδενὸς ἄξια ὑπολαμβάνομεν.
40
446 -
Nous conjecturons : μηδὲν ἤ τι μικρόν . La ressemblance de ἤ et de
Tɩ dans l'écriture onciale expliquerait la transposition.
Προωδοποίηται γὰρ ἕκαστος πρὸς τὴν ἑκάστου ὀργὴν ὑπὸ τοῦ ὑπάρχοντος
πάθους.
Le mot vide de sens ἑκάστου nous parait devoir céder la place à
ἑκάστοτε, de telle façon que le sens soit : « Chaque fois que chacun
de nous se met en colère , il y a été prédisposé par la passion qui le
possédail . » Ou : « C'est toujours la passion dont nous sommes ac-
tuellement possédés qui nous prédispose à la colère. »
Διὸ καὶ ὧραι καὶ χρόνοι καὶ διαθέσεις καὶ ἡλικίαι ἐκ τούτων φανεραί ,
ποῖαι εὐκίνητοι πρὸς ὀργὴν καὶ ποῦ καὶ πότε , καὶ ὅτι ὅτε μᾶλλον ἐν τού
τοις εἰσὶ μᾶλλον καὶ εὐκίνητοι .
Est-il possible qu'Aristote se soit vanté d'avoir répondu clairement
à la question que voici : « En quel temps (πότε) un temps (χρόνος)
est-il εὐκίνητος πρὸς ὀργήν ? Et cette absurdité n'est que la plus mani-
feste de celles qu'on peut relever dans le texte ci-dessus .
Pour ramener à un sens raisonnable tout ce galimatias , le chan-
gement d'une lettre suffit : au lieu de ποῖαι εὐκίνητοι , il faut écrire
ποῖοι εὐκίνητοι , « quels hommes sont faciles à émouvoir. »
Ajoutons que ἐν τούτοις devra etre interprété : « Dans les conditions
(de temps, d'age , etc. ) qui ont été déterminées . »
La lecon du manuscrit A de Paris , ὅτι μᾶλλον (au lieu de ὅτι ὅτε
μᾶλλον) ne nous parait point admissible , quelle que soit d'ailleurs
l'importance de ce manuscrit.
Καὶ τοῖς φίλοις μᾶλλον ἢ τοῖς μὴ φίλοις · οἴονται γὰρ προσήκειν μᾶλλον
ὑπ᾽ αὐτῶν εὖ πάσχειν ἢ μή.
Il faut nécessairement retrancher les deux derniers mots , à moins
- 147
Καὶ πάλιν πρὸς τὸ Θηβαίους διεῖναι Φίλιππον εἰς τὴν Ἀττικὴν, ὅτι
« Εἰ πρὶν βοηθῆσαι εἰς Φωκεῖς ἠξίου , ὑπέσχοντο ἄν · ἄτοπον οὖν εἰ , διότι
προεῖτο καὶ ἐπίστευσε , μὴ διήσουσιν. »
Au lieu de προεῖτο , qui s'explique mal , on s'attendrait à trouver
ici un mot exprimant l'idée d ' « obliger » , ou , plutôt encore ,
d' « obliger le premier » . Nous pensons qu'il faut écrire : διότι πρὸ εὖ
ποιήσας (forme à laquelle un copiste peut avoir substitué ποήσας)
ἐπίστευσε , « parce qu'il leur a montré de la confiance , en les obligeant
avant d'avoir reçu d'eux aucun service. »
On rencontre assez souvent ἀντ᾽ εὖ ποιεῖν pour ἀντιποιεῖν εὖ . Il est
permis de supposer que προποιέω était susceptible de la même tmèse.
ment Dübner, qui s'est trompé dans ses additions. La correction de Toup
donne pour total des lettres , prises comme chiffres , dans chacun des
deux distiques , le nombre 8035 (l': souscrit compté) . [Communiqué par
Charles Graux , répétiteur .]
- 454 -
On ne voit pas ce que peut signifier μιῇ γλώσσῃ, ainsi placé à côté
de δίχ᾽ ἔχει νόον. On donnera à ce datif la valeur d'un instrumental ,
en d'autres termes , on en justifiera l'emploi , si on écrit : "Os
μιῇ γλώσσῃ δίχ᾽ ἔχει λόγον , « celui dont la langue profere tour à tour
des paroles contradictoires . » Λόγος se trouve chez Théognis au vers
254 , et a été confondu avec νέος par les copistes au vers 448. Ici , la
- 152 -
faute s'explique d'autant plus facilement, que le mot vóos est répété
trois fois dans les quatre vers précédents .
Remarquons, en outre, que les vers qui font suite immédiatement
à ceux dont il s'agit, peuvent être considérés comme une simple
paraphrase des mots Ὃς .. μιῇ γλώσσῃ δίχ᾽ ἔχει λόγον :
Ἤν τις ἐπαινήσῃ σε τόσον χρόνον ὅσσον ὁρῴης,
νοσφισθεὶς δ᾽ ἄλλῃ γλῶσσαν ἱῇσι κακήν.....
.....κάλλιστον ἀέθλων,
δῆμον Ὑπερβορέων πείσαις Απόλλωνος θεράποντα λόγῳ ·
πιστὰ φρονέων Δὶ ὃς αἰτεῖ πανδόκῳ
ἄλσει κτλ.
..... Ἐν δ᾽ ἀρετὰν
ἔβαλεν καὶ χάρματ᾽ ἀνθρώποισι Προμαθέος αιδώς .
Ἦμεν..... περὶ λόγους φιλότιμοι , πρὶν ἀναβλέψαι πρὸς τὸν ἀληθῆ λόγον
καὶ ἀνωτάτω .
L'idée exprimée par S. Grégoire était évidemment celle que lui
altribue la traduction latine des Bénédictins « priusquam ad verum
» et supremum sermonem oculos sustulissemus . » En effet, ἀνωτάτω
se rencontre souvent chez les écrivains de la décadence , employé
comme adjectif avec le sens de « sublime » . Mais , telle qu'elle est,
la phrase grecque ne peut avoir cette signification . Pour la lui
donner, il faut nécessairement, ou supprimer λóyov comme une glose,
ou rejeter ce mot après καὶ ἀνωτάτω .
Ἐρρέτωσάν μοι καὶ ἀγῶνες Ελληνικοὶ καὶ μῦθοι , δι᾽ ὧν ἔφηβοι δυσ-
τυχεῖς ἐτιμήθησαν, μικρῶν ἀγωνισμάτων προτιθέντες τὰ ἔπαθλα · καὶ ὅσα
διὰ χοῶν τε καὶ ἀπαργμάτων , ἢ στεμμάτων τε καὶ ἀνθέων νεοδρέπτων,
ἀφοσιοῦνται τοὺς ἀπελθόντας ἀνθρώπους , νόμῳ πατρίῳ μᾶλλον καὶ ἀλογίᾳ
πάθους ἢ λόγῳ δουλεύοντες . Τὸ δὲ ἐμὸν δῶρον λόγος , ὃ τάχα καὶ ὁ μέλλων
ὑπολήψεται χρόνος , ἀεὶ κινούμενον καὶ οὐκ ἐῶν (Migne : ἐὸν εἰς τὸ
παντελὲς ἀπελθεῖν τὸν ἐνθένδε μεταχωρήσαντα , φυλάσσον δὲ ἀεὶ καὶ ἀκραῖς
καὶ ψυχαῖς τὸν τιμώμενον , καὶ πινάκων ἐναργεστέραν προτιθεὶς τὴν εἰκόνα
τοῦ ποθουμένου .
Commençons par débarrasser la première phrase des mots zał
μῦθοι , qui en rendent l'explication absolument impossible . La signi-
fication ordinaire de Ελληνικός chez les Peres est celle de « paien » :
on comprend done que les mots ερρέτωσαν ἀγῶνες Ελληνικοί aient
pu provoquer de la part d'un lecteur chrétien cette autre exclamation :
Καὶ μῦθοι , « et aussi leur mythologie ! » On trouvera , en plusieurs
endroits des Varia Lectiones (2e édition) de Cobel, notamment aux
pages xxix-xxx , 287 et suivantes , et 480 , plusieurs exemples de
- 463 -
I. TABLE ALPHABÉTIQUE
LIX , 17 79
CVI, 8 83
Nombreux passages 126-132 , 182-
189, 280, 309-311
CALLIMAQUE , épigramme XIV
ARISTOPHANE
Voy. ANTHOLOGIE PALATINE
Grenouilles
477 CLÉMENT D'ALEXANDRIE
Vers 467
1395 306
307 Protrepticos , Chapitre II
IS10-1514 16 Klotz , page 14 Potter 133
Guépes 192
6 473 20, p. 16
52-53 474 DÉCRET DU PEUPLE ATHÉNIEN
649 475
166
838 Voy. INSCRIPTION
914-918
- 172 -
DEMOSTHENE 35 , p. 188 66
37, p. 188 32
Discours I ( Olynthienne I) XV (Pour la Liberté des Rhodiens)
Ch. 1, p. 9 29 Ch . 15, p. 194 151
11, p. 12 30 ib. ib. 176
15 , p. 13 178, cf. 71 21 , p . 196 285
19-20, P. 14 12 XVÍ (Pour les Mégalopolitains)
II (Olynthienne II) Ch. 4, p. 202-203 148
Ch. 14, p. 22 136 8, p. 204 286
16, p. 22 137 12, p. 205 9
21 , p. 24 134 16, p. 206 25
26, p. 25 135 17, p. 206 143
27, p. 26 152 20, p. 207 48
29, p . 26 153 25, p. 208 70*
III (Olynthienne III) 31 , p . 210 20
Ch. 6, p. 30 65* ib. ib . I
7, p. 30 118 32, p. 210 164
13 , P. 31-32 62 XIX (Sur l'Ambassade)
ib. , p. 32 104 Ch. 197, p. 403 215
14, p . 32 139 213 , p . 407 142
16 , p. 32-33 98 XX (Contre Leptine)
17, P. 33 64 Ch. 71 , p. 478 287
19, P. 33 49 88, p . 483 72
20, p. 34 112 115 , p. 492 288
27, p. 35-36 140 XXI ( Contre Midias)
28, p . 36 So Ch. 15 , p. 519 308
34, p . 38 141 XXII (Contre Androtion)
IV (Philippique I) Ch. 36, p. 604 10
Ch. 5 , p. 41 273 XXIV (Contre Timocrate)
66
15 , p. 44 27 Ch . 15 , p. 704-705 26
20, p. 45 274 56, p. 718 56
27, P. 47 23 57, p. 718 28
28, p. 47 149 80, p. 726 24
30, p. 48 150
35 , p . so 221 DENYS DE BYZANCE
37, p. So 47
43, P. 52 14 Nombreux passages 223-253 , 397-
49, P. 54 99 408, et page 128 note.
V (Sur la Paix)
Ch. 3, P. 57 138 DENYS D'HALICARNASSE
8, p. 58-59 73
10, p . 59 275 Lettre I à Ammée
11, P. 59 276 Ch . 9 87
17, p. 61 222 Ib. Voy. PHILOCHORE
VI (Philippique II)
Ch. 15 , p. 69 220 DINARQUE
17, P. 70 219 Plusieurs passages
VII (Sur l'Halonnèse) 324-334
Ch. 33 , p. 85 144
VIII (Sur la Chersonèse) DIODORE DE SICILE
Ch. 17, p. 93-94 216
So, p. 102 217 I, 2, I 454
69, p . 106 218 XVIII, 70, 4 305
IX (Philippique III) DION CASSIUS .
Ch. 61 , p. 126 277
65-66, p. 128 278
Fragment 20, p. 626-627 (éd . Gros
X (Philippique IV) et Boissée) . 169
Ch. 20, p. 136 282
45 , P. 143 283 ESCHYLE
SI , p. 144 284
ΧΙΙΙ (Περὶ Συντάξεως) Perses
Ch. 17, p. 171 279 vers 161-162 290
26, p. 173-174 281 254-255 291
XIV (Sur les Symmories) 277 292
Ch. 1 , p. 178 146 603 293
ib. ib. 147 834-836 289
- 173
Suppliantes Médée
77-81 206 77 296
148 203 274 297
204 204 296 298
229 207 Oreste
239 205 1211 90
242 162 Erechthee (fragment d') .
268 155 V. 10 7
330-331 161 EURIPIDE (Scholiaste d')
383 163 Hippolyte nombreux passages 343-
405-406 294 362
530 156
537 159 EUSÈBE (Fragmenta Historicorum
539 160 Græcorum, éd. K. Müller-Didot, tome
560 157 V, pages 21 et suivantes)
562 158
$68 211 Quatre passages 312-315
636 212
665 213 Saint GRÉGOIRE DE NAZIANZE
672-673 214
857-858 210 Oraison funèbre de Césaire
Plusieurs passages 495-499
924 208
1006 209 HÉRODOTE
Scholie sur le v. 299 154 200
II, 1
Ib., s 201
ÉSOPIQUES (FABLES) 202
Ib. , 7
Fable 291 (éd . Halm) 81 Trés-nombreux passages de tous les
livres. 409-444
EURIPIDE HÉSIODE
Hippolyte Travaux et Jours, v. $ 7 468
vers 29-33 97
99 96 HISTORICORUM GRÆCORUM
103 96 FRAGMENTA
214 43
261 445 Voy. ARISTODÈME , EUSEBE,
290-292 34 PHILOCHORE, PRISCUS.
351 268
379-389 22 HOMÈRE
396 335
431 19 Odyssée
449 6 I, 238 465
465 269 XI , 144 466
703 53 ib. 204 467
799 91 HYPÉRIDE
836-837 103
933 120 Pour Euxenippe
986 9༨ Colonne 30 2
༡༡༠ 92 31-32 31 *
1002 271 fragment 210 Blass 21
1018 93
1052 261 INSCRIPTION (Ussing , Inscriptions
1076 270 grecques inédites, n° 7) 500
1091 94
1115 272 ISÉE
1213-1214 286
1228 70 (Argument anonyme du plaidoyer
1307 145 d') sur l'Héritage d'Aristarque, ligne
20 Scheibe 193
1315 163
1346 262
264 ISOCRATE
1369
1416-1422 265 A Démonique, 46, page 12 B 194
1430 266
1459-1460 267 LÉONIDAS
Iphigénie à Aulis
968-969 69 Voy. ANTHOLOGIE PALATINE
- 174
LUCIEN ib. 53-54 488
Alexandre ib. 61-62 489
ib. 95-97 490
Ch. 2, p. 209 299 III, 17
34-35, p. 342 300 12- 491
V, 13 492
Sur les Familiers à gages
Ch. 1 , p. 652 VI, 82 (et scholie) 493
301 VII, 46
27, p. 686 302 494
ib. ib . PLATON
303
Sur la Manière d'écrire l'Histoire
Ch. 6 , p. 8 Gorgias
44 page 483 A 191
7, p. 8 63 523 C 190
8, p. 10 89 527 C 45
9, p. 12 57* ib. C-D 119
10, p. 13-14 363 Phédon
ib. p. 15 60 page 62 A
21, p. 29 455
364 page 68 3
22 , p . 30° SI PLUTARQUE
24, p. 32 365
25 , P. 33-34 366 Vie de Sylla
26, p. 34 367 page 454 171
37, p. 49 ور 455 179
ib. ib. 368 POSIDIPPE
so, p. 61 369
ȘI , p. 62 370 (Chez Athénée , XIII, page 596) 33
ib. ib. 371
ib. p. 62-63 372 PRISCUS (Fragmenta Historicorum
$ 3, p. 63 52 Græcorum, éd . K. Müller-Didot, tome
54, p. 64 61 V, p. 24)
59, p. 67 SS fragment I 125
Songe ou Coq SCHOLIASTES
Ch. 14, P. 724 101
18, p. 730 102
Voy. ARISTOPHANE , ESCHYLE, EURI-
LYCURGUE PIDE, MUSÉE, PINDARE , SOPHOCLE .
Page 161. Voy. EURIPIDE, fragment SOPHOCLE
d'Erechthée.
LYSIAS Antigone
VII, 2, vers 4-6 380
100
Ib. , >, IS 381
42 24-25 382
MUSÉE
vers 81 8 30 383
160 (et scholie) 105 62 384
173 316* 385
181 77 386
317 80
303-304 318 323
NONNUS 94 387
177 388
Dionysiaques 178 389
III , 123 182 390
S 220
XLVIII , 302 391
280-281 392
PHILOCHORE 465-468 117
513 121
(Chez Denys d'Halicarnasse , Lettre I 519 82
à Ammée, 9) 167 726 et 728 393
99༠ 394
PINDARE 1112 84
1170-1171 395
Olympiques 1178
I, 27 (éd. Tycho Mommsen) 35
482 1183 396
ib. 37-38 483 Électre
ib. 88 89 484
ib . 99 316 38
ib. 110 485 1301-1302 36
48 6 Edipe à Colone
II, 35-36 487 250 122
- 175
263-269 107, 373 THÉOGNIS
277 109 vers 19 469
328 123 91 470
495 IIS 453 471
588-589 116 461-462 472
813 106 675 18
1003 37 THUCYDIDE
1426 374 Livre I
1662 110 Ch. 36 446
Edipe Roi 37 447
409 108
43 448
579 114 73 449
622-629 113 124 450
936 180
125 451
987 67 Livre II
1885
1076 375 Ch. 8 13
Philoctete 10 68
39 196 II 16
42 197 37 254
SS 198 40 41*
81 199 41
268 39
376 52 255
625 377 $3 256
1269 198 n. ib. 40
1387 378 54 260
Trachiniennes $9
160 172 257
181 64 258
373 65 259*, 88
714-718 173 TRIPHIODORE
723 174 vers 152 168
929 175 XENOPHON
935 III
941 177 Anabase, Livre I
1129 379 1, S 337
1216 336 ib. 11 452
SOPHOCLE (Scholiaste de) 2, 15 453
Sur Antigone, v. 14, 33-34, 64, 69 , 3,5-6 338
80-81 319-323 ib. 18 339
THEOCRITE 6,6 340
8, 10 341
Idylle 1 , v. 148 479 9, 27 342
XI, 50-51 (53-54) 480 Mémorables, Livre I
XV, 144 481 3, I 304
FIN.
DE L'ÉCOLE
DIXIEME FASCICULE
S
STROR
PARIS
LIBRAIRIE A. FRANCK
F. VIEWEG, PROPRIÉTAIRE
RUE RICHELIEU, 67
1875
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EXERCICES CRITIQUES
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DIRECTEUR D'ÉTUDES ADJOINT
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PARIS
LIBRAIRIE A. FRANCK
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67, RUE RICHELIEU
1875
۱۲
PRÉFACE .
Nous ne nous croirions pas quittes envers ceux à qui ces conseils
sont adressés , si nous ne leur donnions , de plus , le bon exemple
d'avouer ici nos fautes . En trois ans , nous avons eu le temps de
changer d'avis sur certains points , et de reconnaître que nous nous
étions trompés dans plusieurs de nos conjectures . D'autres fois , les
élèves chargés de rechercher les corrections précédemment proposées
par les critiques, ne se sont pas acquittés de ce soin avec toute
l'exactitude désirable et nous avons appris trop tard que nous
nous étions approprié, à notre insu , les idées d'autrui . L'errata que
voici concerne uniquement les fautes qui rentrent dans l'une de ces
catégories.
LEÇON PRÉLIMINAIRE .
II
Une fois qu'on a posé les bases du texte par le classement des ma-
nuscrits, il s'agit de le constituer par le choix des leçons . Il résulte ,
en effet, de ce qui précède que , dans la plupart des cas , la première
opération ne nous dispensera pas de l'autre . Dès qu'on reconnaît
plusieurs autorités, ne fût- ce que deux , il y a lieu , partout où elles
se contredisent, de comparer leurs témoignages , afin de discerner
lequel est véridique . Quelles sont maintenant les raisons qui peuvent
déterminer en faveur d'une leçon la préférence de l'éditeur ? Ce sera ,
en premier lieu , l'autorité du manuscrit qui la donne naturel-
lement, plus cette autorité sera grande , plus elle devra peser dans
la balance . Quant aux autres motifs de préférence , on comprend
qu'il soit impossible de les énumérer tous. Tantôt ce sera le sens ,
tantôt la syntaxe, tantôt le mètre , tantôt une raison historique , très-
- XVI -
III.
toutes, celle même que les éditeurs avaient adoptée jusque-là avec
le plus de confiance. Les fondements de l'autorité, en matière de
tradition écrite, une fois mis en pleine lumière , il devenait clair pour
tous les yeux que ces vieux textes tant de fois reproduits , com-
mentés , traduits , admirés, ne reposaient que sur un chaos de
variantes assemblées sans critique et sans méthode . Il fallait donc
tout rebâtir, et cela, avec des matériaux bien moins abondants que
ceux dont avaient cru pouvoir disposer les premiers architectes.
La naissance de la moderne école conjecturale est donc étroite-
ment liée à l'introduction du véritable esprit scientifique dans la
philologie. Les éditeurs les plus rigoureux dans la solution des ques-
tions d'autorité , les plus difficiles dans le choix de leurs sources, les
plus exacts à les classer d'après leur origine et leur valeur , sont
ceux-là mêmes que nous entendons quelquefois taxer d'une impar-
donnable témérité . Faut-il croire que leur critique, si méthodique
au début de son œuvre, change brusquement de caractère au moment
de la compléter ? Tâchons de répondre à cette question , en ayant
soin de ne rien dire qui ne repose sur les données de l'expérience ,
sur des faits que tout le monde puisse voir et toucher . Car , plus le
procédé dont il s'agit peut paraître hardi , et d'une pratique difficile ,
plus il importe d'en établir solidement la légitimité.
Les manuscrits renferment des fautes : c'est une vérité que per-
sonne, sans doute , n'a jamais songé à contester. Quand bien même
toutes les règles de la syntaxe seraient des inventions des grammai-
riens , quand les Grecs et les Latins auraient eu un esprit si différent
du nôtre, que ce qui est absurde à nos yeux ait été raisonnable aux
leurs, quand leurs poëtes auraient fait des hexamètres de cinq pieds
et demi , enfin, quand nous ne serions juges, à aucun degré, de la
langue , de la métrique , de la manière de penser des écrivains
anciens, il resterait toujours une preuve irréfragable de l'existence
des fautes c'est la diversité des leçons . Quand je trouve un mot
dans un manuscrit, et qu'un autre manuscrit me donne un mot
différent à la même place, il est évident pour moi que l'un des
deux copistes au moins , ou un de ceux dont ils ont transcrit les
copies , s'est trompé. Donc , il y a des fautes dans les manuscrits.
Soit, répondra-t-on . Les copistes ont fait des fautes ; mais est- il
possible de reconnaître ces fautes , surtout de les corriger ? A cela
nous répondrions , s'il s'agissait d'auteurs français et contemporains,
que nous ne lisons pas un journal , sans corriger mentalement un
bon nombre de fautes d'impression . Il en est probablement qui nous
échappent dans une lecture rapide ; du moins , parmi celles que
nous apercevons , il y en a peu que nous ne corrigions du premier
- XX -
IV.
ou des interlignes dans le texte, quand nous voyons, sur les manu-
scrits , ce genre d'annotations disputer la place aux rectifications des
correcteurs . Nous ne pouvons douter que les difficultés du
déchiffrement n'aient été l'origine habituelle des substitutions
arbitraires , quand nous trouvons , dans beaucoup de manuscrits ,
des mots complétement effacés ou illisibles. De même , les notes
de toute espèce et de toute main qui en bordent souvent les pages
nous expliquent pourquoi nous rencontrons chez les auteurs anciens
des phrases qu'ils ne sauraient avoir écrites . En ce qui regarde les
lacunes , on peut induire très-légitimement d'un nombre incalculable
de variantes, que la répétition, à peu de distance, d'un mot ou d'un
groupe de lettres, en est la cause ordinaire. Dire que les transposi-
tions ont souvent pour origine une lacune , réparée plus loin au moyen
de signes de renvoi quelquefois peu distincts , ce n'est qu'affirmer
un fait établi , pour maint passage , par la comparaison des manu-
scrits . Enfin , il n'existe guère d'anciennes copies où ne se laissent
apercevoir des retouches aussi légitimes, sans doute , que les conjec-
tures des critiques modernes, tant qu'elles restent à la marge ou
entre les lignes avec un signe qui en indique l'origine ; mais qui
deviennent de véritables falsifications, du moment où elles se subs-
tituent , par voie de rature ou de surcharge, aux leçons de première
main.
Cet aperçu de l'origine des diverses fautes est sans doute bien
sommaire qu'il suffise , pour le moment, d'avoir rappelé comment
l'étude et la comparaison des manuscrits nous permettent , non-
seulement de faire le compte des genres de fautes dûment consta-
tées , et des genres de moyens que l'expérience fournit pour les
corriger, mais encore de déterminer, en beaucoup de cas , l'origine
des altérations.
Il s'agit maintenant de savoir à quels signes nous reconnaîtrons
le genre de l'altération , et, par suite , celui du remède.
Ici même, il appartient à l'expérience de compléter, en les confir-
mant, les indications du bon sens . Étudions les variantes : voyons
quels sont les effets produits par chaque catégorie de fautes sur le texte
des manuscrits où elles se rencontrent. Quand nous retrouverons
ensuite, dans un autre texte, la même apparence qui nous aura frap-
pés dans ces manuscrits altérés , nous aurons le droit de conclure
que le même effet dérive de la même cause, que la même espèce de
désordre provient de la même espèce d'altération . La science des
signes ou symptômes des fautes se réduit donc à la connaissance
des effets que chaque sorte d'altération a coutume de produire , dans
les textes qui en sont le plus manifestement atteints , en d'autres
XXVI
termes, dans les manuscrits dont d'autres copies nous permettent de
rectifier le témoignage.
Énumérons brièvement les principaux d'entre ces effets. Que
résulte-t-il, dans un manuscrit, de la confusion d'une lettre avec
une autre? Des barbarismes , des solécismes, des non-sens , tout au
moins des fautes d'orthographe. Que résulte-t-il de la substitution
d'une glose au mot qu'elle était destinée à expliquer ? Des platitudes ,
des impropriétés de langage . Si la glose , au lieu de se substituer au
mot authentique , a pris place dans le texte à côté de ce mot , une
explication puérile ou inexacte allongera inutilement le texte, ou en
faussera le sens. Si un mot a été inséré arbitrairement à la place
d'un autre , le manuscrit qui aura subi cette altération péchera
doublement , comme renfermant un mot superflu , et manquant d'un
mot nécessaire ou utile. Une intrusion , non plus de quelques mots ,
mais d'un membre de phrase entier, dérangera la symétrie du lan-
gage, mettra du désordre dans les idées , détruira l'unité du style.
Une lacune aura pour effet d'interrompre brusquement, soit la suite
des idées , soit , plus fréquemment encore , la construction des
phrases. Une transposition laissera un vide sensible dans un endroit,
et mettra ailleurs un hors-d'œuvre, qui , le plus souvent, ne s'accor-
dera nullement avec le contexte.
Nous nous arrêterons ici . Dire à quels symptômes on reconnaît
les retouches des grammairiens , ces remaniements systématiques
dont nous avons fait une classe à part, ou , du moins, ceux d'entre
eux qui ne rentrent dans aucune des catégories d'altérations précé-
demment énumérées , ce serait peut-être devancer quelque peu les
progrès de la science . En fait , on peut dire que les critiques recou-
rent à cette supposition d'un remaniement du texte, quand , d'un
côté, l'altération leur semble évidente , et que , d'autre part, les pro-
cédés ordinaires de la méthode leur paraissent impuissants à y
remédier.
En résumé , et sauf la restriction qui précède , on voit que la
science tout expérimentale et positive des variantes suffit à fournir
la base et tous les procédés généraux de la critique conjecturale.
Elle nous instruit de l'existence des fautes , nous permet de les
classer, nous indique l'espèce de remèdes qu'il convient d'appliquer
à chaque classe , nous aide, enfin, à connaître les symptômes des
divers genres de maux que nous pouvons avoir à guérir . En un mot ,
elle nous autorise à dresser un tableau , ou , si l'on veut , un formu-
laire tel que celui-ci .
XXVII ―
GENRE I.
CONFUSION DE LETTRES.
Origine. Étourderie ou ignorance d'un copiste. - Symptomes. Non-
sens, barbarismes, solėcismes. - Remède. Correction fondée sur la
paléographie, ou sur l'histoire de la prononciation , ou sur la connais-
sance des lapsus familiers aux copistes.
Ce que nous appelons « digraphie » (voy. page 68, note 2) peut être
rattaché à ce genre.
GENRE II.
GLOSE SUBSTITUÉE AU MOT AUTHENTIQUE .
Origine. Confusion avec les corrections marginales ou interlinéaires ;
penchant à faciliter l'intelligence du texte . - Symptómes. Platitude,
impropriété. - Remède. Correction fournie par les anciens lexicogra-
phes, à défaut de variantes pareilles dans d'autres textes.
GENRE III.
SUBSTITUTION ARBITRAIRE d'un mot a UN AUTRE.
Origine. Difficulté de déchiffrement ; lacunes arbitrairement comblées ;
témérité d'un réviseur ; insouciance de certains copistes en ce qui
concerne le détail du style . - Symptómes. Mot inutile , où l'on cherche
un mot nécessaire ; dérogation aux habitudes constantes de l'écrivain .
- Remède. Correction suggérée par le besoin du sens ou par les habi-
tudes de l'écrivain.
GENRE IV.
GLOSE AJOUTÉE AU TEXTE.
Origine. Confusion avec les addenda de la marge ou de l'interligne ,
destinés à réparer une omission . - Symptómes. Explication inutile,
quelquefois fausse ; désordre. Remède. Suppression .
(Ce genre peut être considéré comme une espèce du suivant. Si nous
avons cru devoir l'en distinguer, c'est à cause de la parenté qui le rat-
tache, d'autre part, au genre II . )
GENRE V.
INTRUSION.
Origine. Introduction de notes marginales ; fraude intéressée des
copistes ou des libraires ; supercheries diverses. -
— Symptómes. Remplis-
sage, diffusion, incohérence , changement de style. - Remède. Suppression .
GENRE VI.
LACUNE.
Origine. Accidents matériels ; répétition d'un même mot ou groupe de
lettres à peu de distance ; distraction ; suppression volontaire.
Symptômes. Interruption brusque dans la suite des idées, et, le plus
souvent, dans la construction grammaticale . - Remède. Aucun qui
ait quelque chance d'être efficace, dès qu'il manque un membre de
phrase entier. L'examen du sens, la connaissance des habitudes de
l'écrivain, peuvent permettre de suppléer avec vraisemblance un petit
nombre de mots.
GENRE VII.
TRANSPOSITION.
Origine. Interversion de feuillets ; omissions reconnues et réparées
tardivement à une autre place. · Symptómes. Désordre introduit dans
XXVIII
un endroit par un mot, une phrase, un morceau , qui , transporté ail-
leurs, s'adapterait exactement au contexte. - Remède. Déplacement
suggéré par la suite naturelle des idées.
GENRE VIII.
REMANIEMENT.
Origine. Effort d'un ancien éditeur, critique, ou simple lecteur, pour
corriger une faute réelle ou supposée . Symptómes. Extrêmement
variables et faciles à confondre avec ceux de plusieurs autres genres
de fautes ; souvent imperceptibles . En fait, l'évidence d'une altération
qu'il paraît impossible de corriger par les moyens ordinaires est ce qui
suggère ordinairement aux critiques l'hypothèse d'un remaniement. -
Remède. Aussi variable que les symptómes. Pour le trouver, l'étude
comparative des bons manuscrits et de ceux qui renferment un texte
falsifié pourra être d'un grand secours.
DATE DUE