PDF Chronologie Roumanie
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Sommaire :
Étendue aujourd’hui sur 238 390 kilomètres carrés et peuplée de 22 400 000 habitants, la
Roumanie s’inscrit dans un espace limité au sud par le cours inférieur du Danube – si l’on excepte
la Dobroudja étendue sur la rive droite du fleuve quand celui-ci s’oriente vers le nord avant
d’atteindre son delta – et l’arc carpatique au nord. Les Carpates décrivent une ample courbe pour
rejoindre au nord les Carpates septentrionales et au sud les Balkans ; il s’agit de montagnes dont
l’altitude moyenne apparaît assez faible (entre 1100 et 1300 m, quelques sommets pouvant
s’élever au-dessus de 2000 m). Elles séparent la Moldavie de la Transylvanie et également la
Valachie de cette dernière en même temps qu’elles constituent la colonne vertébrale de l’ensemble
roumain, formé de la réunion de ces trois régions géographiques et historiques qui ont eu
longtemps des destinées divergentes. Marquées par une forte présence humaine, les Carpates ont
joué le rôle de refuge quand le pays a été sillonné par des vagues successives d’envahisseurs et
c’est à partir d’elles qu’à plusieurs reprises les Roumains sont repartis à la conquête de la plaine
valaque. Véritable château d’eau fournissant au bas Danube la plupart de ses affluents, le plateau
transylvain, riche en ressources minières, se révéla dès l’Antiquité comme le centre de gravité de
la Dacie indépendante avant d’être le cœur de la province donnée à Rome par Trajan. Sillonnée
par le Pruth et le Sereth, le plateau moldave occupe l’est du pays alors que la Valachie (ou
Munténie) est traversée par l’Argesh et l’Oltu. Séparées par le Milcov, les deux principautés
historiques de Valachie et de Moldavie ont connu une certaine communauté de destin liée à la
domination ottomane alors que la Transylvanie, longtemps tributaire elle aussi du sultan eut
surtout à subir une domination autrichienne (en fait surtout magyare) qui contribua fortement, en
réaction, à l’éveil national roumain. Le climat continental tempéré, la richesse de la plaine valaque
et de la Dobroudja, l’abondance des cours d’eau et des forêts fournissaient d’emblée, avec une
façade maritime dotée de plusieurs bons sites portuaires, d’importants atouts à la terre roumaine.
Elle se trouvait en revanche en situation d’être convoitée par plusieurs empires prédateurs –
l’ottoman, le russe et l’autrichien – et cet état de choses pesa très lourd pour le peuple roumain,
réduit à l’inexistence politique pendant de longs siècles.
Un outillage contemporain du Paléolithique inférieur a été mis au jour sur divers sites
préhistoriques roumains et les industries moustériennes caractéristiques des Néandertaliens ont
également été identifiées au Paléolithique moyen. Diverses industries bien connues du
Paléolithique supérieur (aurignacien et gravettien) sont également signalées et témoignent
d’affinités avec la culture ukrainienne de Kostenki. Des objets de type azilien, tardenoisien et
campignien ont également été identifiés et correspondent à la période « mésolithique » ou
épipaléolithique.
Les premiers paysans néolithiques appartiennent à la culture de Starcevo (Ve millénaire avant
J.-C.), pratiquent la culture du blé, réalisent une poterie encore rudimentaire et commencent à
pratiquer l’élevage. Les figurines féminines de terre cuite de Cernadova comptent parmi les plus
anciennes productions artistiques connues au nord des Balkans.
-1900 -800 av. J.-C. : Âge du bronze. Il est marqué par la floraison de brillantes cultures telles
celles d’Otomani et de Periam-Pecica, qui s’inscrivent dans le contexte général de la civilisation
des « champs d’urnes ». L’importance des armes et des parures en or révèle l’existence d’une
société aristocratique caractéristique de l’Europe du IIe millénaire dont bon nombre de traits se
reproduisent au cours de la période de Hallstatt ultérieure, marquée par l’extension, dans l’ouest
de la Roumanie actuelle, de la culture dite des « tombes tumulaires ».
Marqué par la présence d’un substrat autochtone proto-thrace indo-européen analogue à celui
identifié en Bulgarie, l’âge du fer voit l’intervention d’influences illyriennes en provenance de
l’ouest des Balkans et cimmériennes ou scythiques à partir des steppes du nord-est.
Seconde moitié du VIIe siècle avant J.-C. : Débuts de la colonisation grecque sur les côtes de la
mer Noire (Pont Euxin). C’est surtout le fait de colons venus de Milet et de Mégare. Apollonia et
Odessos sont fondées sur la côte bulgare actuelle, Istros (Histria) sur le littoral roumain aux
bouches du Danube (que les Grecs appelaient Ister), Tyras aux bouches du Dniestr. Ces comptoirs
qui commercent avec les indigènes de l’arrière-pays modifient profondément les civilisations
autochtones. Histria est fondée par les Milésiens à la fin du VIIe siècle avant J.-C., Callatis
(Mangalia) un siècle plus tard par des Grecs venus d’Héraclée du Pont dans une région riche en
céréales, ce qui en fit un port exportateur de grains. Fondée par des Milésiens, Tomis (Constantza)
n’apparaît qu’au début du Ve siècle avant J.-C. Vin, huile, produits de luxe sont échangés contre
le blé, le miel, l’or et les esclaves. Ces comptoirs grecs connaîtront leur apogée à l’époque
hellénistique.
-514 avant J.-C. : Expédition de Darius en Scythie. C’est l’occasion pour Hérodote d’évoquer
ultérieurement dans son Enquête la présence des Gètes de la Dobroudja qu’il distingue des
Thraces. On peut donc considérer qu’au milieu du premier âge du fer, les Daco-Gètes sont déjà
distincts de la masse des tribus thraces voisines.
Fin du IVe siècle avant J.-C. : Irruption des Celtes contemporains du deuxième âge du fer (période
de La Tène) en Transylvanie. À l’intérieur de la zone carpatique, l’influence celte va jouer un rôle
analogue à celle des Grecs et des Macédoniens sur les côtes dans la plaine valaque.
Milieu du IIIe siècle avant J.-C. : Débuts de la frappe monétaire chez les Géto-Daces. La
céramique, l’organisation et le plan des sanctuaires permettent d’identifier très clairement, à partir
du IIe siècle avant J.-C. une culture géto-dace particulière.
-339 avant J.-C. : Selon Quinte Curce, le roi des Histriens n’a pu repousser les Scythes qui avaient
envahi la Dobroudja mais c’est le roi Philippe II de Macédoine qui bat le Scythe Atéas et qui en
profite pour étendre son royaume jusqu’aux bouches du Danube.
-300 : Une expédition macédonienne est vaincue par le roi gète Dromichaïtés et le roi thrace
Lysimaque, l’un des Diadoques d’Alexandre, est même fait prisonnier peu après. Les sources
relatives aux Gètes et aux Daces sont ensuite très rares et seuls quelques documents épigraphiques
et quelques mentions de Trogue-Pompée évoquent des luttes avec les cités grecques ou avec des
envahisseurs Bastarnes.
-28 avant J.-C. : M. Licinius Crassus conquiert la Dobroudja, qui sera intégrée à la province de
Mésie.
-11 avant J.-C. : Sextius Aelius Catus bat les Géto-Daces et en transfère cinquante mille au sud du
Danube.
20 après J.-C. : Les Sarmates Iazyges s’installent dans le bassin de la Theiss avec l’assentiment de
Rome qui tente de réaliser l’encerclement de la Dacie.
45 après J.-C. : C’est sous le règne de Claude que les Romains étendent la province de Mésie
jusqu’aux rivages de la mer Noire et viennent s’installer sur la rive droite du Danube dont ils
contrôlent désormais le cours depuis sa source en Forêt Noire jusqu’à son delta.
69-70 : Incursions répétées des Sarmates au sud du Danube. À cette époque, trois légions sont
déployées en Mésie pour surveiller le cours du fleuve, souvent désigné sous son nom grec d’Ister.
Quand les Daces lancent à leur tour l’offensive contre la Mésie, ils sont contenus et Vespasien
conclut ensuite un accord avec eux mais, quand Domitien refuse de continuer à leur verser les
subsides prévus dans le traité, ils relancent l’attaque durant l’hiver 85-86.
86 : Après les défaites subies par Fonteius Agrippa (en 70) et par Oppius Sabinus (en 85), le préfet
du prétoire Cornelius Fuscus est écrasé par les Daces qui sont battus peu après par Tettius
Julianus. Inquiet des projets de Domitien, le vieux roi Duras-Diurpaneus abandonne alors le
pouvoir à Décébale qui est battu peu après par Tettius Julianus à Tapae – les Portes de Fer de la
Transylvanie. La paix est conclue en 89 entre Domitien et Décébale, dans la mesure où la pression
des Suèves et des Iazyges Sarmates en Pannonie est alors la menace la plus préoccupante. Elle est
humiliante puisque Domitien consent au paiement d’un tribut.
101-102 : Première campagne de Trajan contre les Daces. Les Romains engagent douze légions et
s’avancent jusqu’à Sarmizegetusa où le roi dace Décébale accepte leurs conditions mais prépare
en fait sa revanche.
105-106 : Deuxième campagne de Trajan contre les Daces. Progressant de manière convergente
depuis la Mésie et la Pannonie, les légions s’emparent du réduit dace adossé aux Carpates et
Décébale se donne la mort. Ces campagnes ont été immortalisées par les reliefs de la colonne
Trajane édifiée en 113 et par le monument commémoratif dédié à Mars Ultor, érigé en 109 à
Adam-Klissi. Une province de Dacie est constituée ; elle est divisée en deux en 119 entre une
Dacie inférieure et une Dacie supérieure regroupant le centre et le nord du pays, la première
administrée par un procurateur de rang équestre, la seconde par un légat de rang sénatorial
susceptible de diriger, si nécessaire, les opérations militaires. Un limes danubianus est établi,
allant de Turnu Severin à l’ouest jusqu’au sud de Braila à l’est, par Craiova et Ploesti. Le limes
Alutanus, qui se déployait en suivant le cours de l’Oltu, fut établi à l’époque de Septime Sévère.
Sur le plan administratif, trois Dacies furent créées en 158-159 sous le règne d’Antonin : la
Porolissensis au nord (du nom de sa métropole Porolissum), l’Apulensis au centre, riche en
ressources minières diverses, où Apulum était le quartier général d’une légion (la XIIIe Gemina),
enfin la Malvensis en Valachie occidentale. La première et la troisième étaient laissées à deux
procurateurs, le légat conservant le gouvernement de l’Apulensis. Après 168 et en raison de la
permanence de la menace barbare, les trois Dacies furent regroupées par Marc Aurèle en une
seule, placée sous les ordres du légat installé à Apulum. L’ancienne ville royale des Daces,
Trajan établit dans les territoires conquis sur les Daces de très nombreux colons venus de toutes
les régions de l’empire, ce que confirme Eutrope : « Ex toto orbe romano infinitas eo copias
hominum transtulerat ad agros et urbes colendos. » Ces colons n’étaient pas tous d’origine latine,
ce dont témoignent les inscriptions votives retrouvées dans cette province frontière : celles dédiées
à Isis, à Horus ou au Jupiter d’Héliopolis signalent la présence d’Égyptiens, des Africains ont
honoré la Dea Caelestis de Carthage, les Phrygiens Jupiter de Commagène ou Jupiter de Pruse, les
Galates Jupiter de Tavium, les Gaulois ou les Germains Nehalenia. Cariens, Dalmates ou
Palmyréniens ont également laissé des traces mais l’élément latin était tout de même dominant sur
le plan ethnique et linguistique.
Il est question, sous Hadrien, d’abandonner la Dacie, trop exposée à la menace barbare, mais les
conseillers de l’empereur l’en dissuadent en faisant valoir, selon l’historien Vopiscus, que ce
serait abandonner de nombreux citoyens romains : « ne multi cives romani barbaris traderentur ».
Évoqué par les auteurs du Bas Empire, cet épisode correspond sans doute aux menaces que firent
peser alors sur la région les Sarmates et les Roxolans. On considère aujourd’hui que cette tentation
est plus qu’hypothétique, d’autant qu’à la même époque Hadrien faisait construire un fossé entre
les Carpates et le Dniestr. C’est à ce moment, sous les Antonins, qu’étaient également fondées les
cités de Napoca et Drobeta ainsi que celles de Oescus, Novae, Durostorum et Troesmis établies à
proximité des grands camps légionnaires de Mésie inférieure.
Après la défaite subie par M. Claudius Fronto face aux Quades et aux Marcomans, l’intervention
de Marc Aurèle se révèle décisive pour refouler l’ennemi. Après lui, Septime Sévère renforce les
défenses de la région et c’est à cette époque que l’ancienne Drobeta (sur le Danube, à hauteur des
Portes de Fer) devient Turnu-Severin (la tour de Sévère).
Au IIIe siècle, l’insécurité se généralise et le titre de Dacicus – attribué à Maximin, Dèce, Gallien
et Aurélien – en dit long sur la nécessité des interventions fréquentes dans ces régions.
247 : L’empereur Philippe vient diriger en personne les opérations conduites contre les Carpes qui
menaçaient la Dacie.
250 : Dèce est proclamé « restaurateur de la Dacie » à Apulum après une victoire contre les Goths
mais il est tué au combat l’année suivante en Mésie inférieure.
268 : Claude II le « Gothique » bat les Goths à Naïssus (Nich) en Mésie inférieure.
274 : Face à la pression barbare, l’abandon de la Dacie « trajane » est décidé sous le règne
d’Aurélien – certains auteurs pensent que l’évacuation était déjà entamée sous celui de Gallien. Le
nom de Dacie « aurélienne » désignera désormais, au sud du Danube, une partie de la Mésie. À
partir de Dioclétien, tout un diocèse de Dacie – divisé en cinq provinces – s’étendra au sud du
Danube et de la Save.
Une fois abandonnées les régions situées au nord du Danube, la question se pose de la continuité
qu’il convient ou non d’établir entre les habitants de la Dacie romanisée et les Valaques revenus
dans l’histoire huit siècles plus tard Ce problème revêt une grande importance dans la mesure où
les réponses apportées varient selon les interprétations que font de cet épisode de l’histoire des
IVe-VIe siècles : C’est durant cette période que le christianisme gagne ses premiers fidèles au
nord du Danube, ce dont témoignent certains vestiges archéologiques.
À la fin du IVe siècle, les populations daco-romaines demeurées au nord du Danube assimilent
assez rapidement les envahisseurs Goths poussés vers les Balkans par la pression des Huns qui
vont s’installer, au Ve siècle, dans les plaines de la Tisza et du Danube moyen. Les raids de
pillage des cavaliers d’Attila font alors disparaître la vie urbaine au nord du Danube.
Fin du VIe siècle : Arrivée des Slaves, qui vont cohabiter avec les Proto-Roumains avant d’être
assimilés par eux au cours des siècles suivants. En 602, ils franchissent la frontière danubienne de
l’Empire byzantin et se répandent dans l’ensemble des Balkans, ce qui a contribué au maintien et
à la vitalité de l’élément proto-roumain, qui aurait été étouffé par la masse slave si elle était
demeurée privée de l’exutoire qu’allait être pour elle l’expansion jusqu’aux rives de l’Égée et de
l’Adriatique. Il en va de même des Proto-Bulgares qui, pour la majeure partie d’entre eux,
s’installent finalement au sud du Danube.
Les migrations qui se sont succédé dans la région allant des Carpates au Danube, de la fin de
l’Antiquité aux alentours de l’an mil, et même au delà si l’on évoque les avant-gardes mongoles
du XIIIe siècle, n’ont pourtant pas réussi à ébranler l’unité culturelle et ethnique des autochtones.
Goths, Gépides, Slaves et Avars, plus tard Bulgares, Petchenègues, Magyars, Coumans et Tatars
n’ont fait que passer ou ont été finalement assimilés puisque, durant les temps obscurs du haut
Moyen Âge, la « roumanité » survécut à l’abri des montagnes transylvaines avant de s’affirmer de
nouveau dans la plaine valaque et sur le cours inférieur du Danube.
XIIe siècle : Les textes témoignent de l’émergence progressive, entre Danube et Carpates, d’un
peuple appelé à jouer dans cette région un rôle capital. Il s’agit des Valaques, également baptisés
Vlaques à ces époques anciennes, puis désignés plus tard sous le nom de Roumains.
Chroniques, épopées et chartes anciennes témoignent de la présence des Valaques dans la région
dès le haut Moyen Âge. La Chronique russe de Nestor affirme, à la fin du XIe siècle, que les
Hongrois rencontrèrent les Valaques, en même temps que les Slaves, dès qu’ils franchirent les
Carpates en 898 et que Slaves et Valaques cohabitaient dans la région. Le Notaire anonyme du roi
Béla mentionne les luttes opposant Hongrois et Vlaques pour le contrôle de la Transylvanie.
Simon Kéza écrit en 1205 que « les Vlaques étaient des anciens pasteurs et colons des Romains »
et qu’ils sont demeurés depuis en Pannonie. Le poème germanique des Niebelungen nous montre
les Vlaques placés sous l’autorité de leur roi Ramung (le Romain) établi dans le voisinage de la
Pologne. Les chartes des rois de Hongrie écrites aux XIe et XIIIe siècles décrivent les Vlaques
occupant la Transylvanie depuis un temps immémorial : « a tempore humanam memoriam
transeunte per majores ; avos atavosque… possessa » (charte de 1231). En 1263, il y a des
Valaques dans l’armée du roi Bela IV. Les Vlaques ne sont pas alors de simples bergers ou des
paysans attachés à leur terre, ils ont une aristocratie formée de voïvodes, de juges de villages, de
grands propriétaires se faisant confirmer leurs privilèges par les souverains hongrois. Ils disposent
d’assemblées de comtés (congregationes) et se réunissent en communautés (universitates) qui
revendiquent des droits ou défendent leurs coutumes. Peu nombreuse et subordonnée à
l’aristocratie magyare, cette aristocratie roumaine va se magyariser mais c’est d’elle que sortiront
ultérieurement un Jean Hunyadi et un Mathias Corvin. Ces Roumains ont un alphabet dont ils ont
communiqué l’usage à leurs voisins les Szekler. Il s’agit de l’alphabet paléo-slave, celui de leur
langue ecclésiastique reçue avec le christianisme de leur voisin l’Empire bulgare. À partir de la
conquête définitive de la Transylvanie par le roi de Hongrie saint Étienne (997-1038), le
développement d’un État roumain est compromis par celui de l’État magyar, d’autant que les
Hongrois, devenus catholiques, persécutent les Roumains demeurés orthodoxes. Cette persécution
aura pour effet de faire partir de Transylvanie deux groupes de Valaques qui, se déplaçant vers les
plaines du Danube et vers le littoral de la mer Noire, iront y fonder les deux principautés de
Moldavie et de Valachie.
À cette époque, les Valaques se répandent dans l’ensemble des Balkans, dans les nombreuses
1290 : La première principauté valaque est fondée par un certain Radu Negru (Rodolphe le Noir),
parfois nommé Tugomir Bassaraba, qui, vassal du roi de Hongrie Vladislav le Kouman, quitte son
duché et franchit les Carpates pour établir sa capitale à Campu-Lungu. Il marie sa fille au roi de
Serbie Stefan Milioutine et, fort de cette alliance, peut ainsi échapper à la tutelle hongroise.
1330 : Le roi de Hongrie Charles Robert d’Anjou est battu à Posada par Alexandre Bassaraba, un
successeur de Radu Negru, quand il tente de lui imposer son autorité. Le successeur de
Charles-Robert, Louis le Grand, échoue à son tour et, en 1377, Radu II peut acquérir une complète
indépendance par rapport au trône hongrois. Pendant ce temps, l’État valaque s’étend toujours
plus loin vers la mer Noire, occupant tout le territoire compris entre les bouches du Danube, la
Dobroudja actuelle y compris la ville de Silistrie, ainsi qu’une partie de la Bessarabie, qui tire son
nom des princes valaques de la dynastie des Bessaraba.
1349 : Le prince transylvain Bogdan s’établit à Suciava et fonde la principauté de Moldavie. Cette
région a été conquise auparavant par le prince Dragosh, à l’époque où Radu le Noir s’établissait
en Valachie, mais Dragosh et ses descendants, Sas et Balk, sont demeurés soumis au roi de
Hongrie. C’est contre cette situation que se dresse Bogdan qui vient battre Balk et constituer à son
tour, en Moldavie, un État indépendant. Pour faire face aux expéditions lancées par Louis de
Hongrie, Bogdan doit reconnaître la suzeraineté du roi de Pologne. Il est clair que pour les
principautés roumaines, l’adversaire principal demeure, à l’époque de leur naissance, le royaume
de Hongrie dont elles sont séparées par les Carpates. À l’inverse, elles se tournent naturellement
vers la Bulgarie et la Serbie : le Danube n’est pas une frontière et l’adhésion commune à
l’orthodoxie est un puissant facteur de rapprochement.
1374 : La dynastie de Bogdan s’éteint avec son fils Latzcu, qui s’est rapproché un temps du
catholicisme, dans le vain espoir d’apaiser l’hostilité de la Hongrie. Le Lithuanien Iuga
Koriatovitch est fait prince mais meurt en 1375. C’est un Valaque, Pierre Mouchate, qui inaugure
une nouvelle dynastie en régnant de 1375 à 1391.
1386 : Avènement en Valachie de Mircea Ier le Grand qui régnera jusqu’en 1418. Il doit faire face
au péril turc tout en se gardant de la menace hongroise. En s’alliant avec le roi de Pologne
Vladislav Jagellon, il pense pouvoir neutraliser les ambitions hongroises et y parvient mais la
victoire remportée par Mourad Ier sur les Serbes à Kossovo en 1389 place la Valachie dans une
situation difficile. Battu par les Turcs, Mircea est exilé à Brousse et doit accepter de se soumettre
au tribut pour être libéré en 1391.
1411 : Le souverain valaque Mircea Ier doit de nouveau accepter de payer tribut au sultan
Mehmed Ier. Quand il s’en dispense et soutient contre lui un prince rebelle, Mehmed occupe les
forteresses de Giurgévo et de Turnu-Séverinu d’où il peut lancer des expéditions de pillage en
Valachie. La succession de Mircea, disparu en 1418, se révèle difficile en raison des luttes
opposant ses descendants à leurs cousins. C’est Vlad III le Diable qui réussit à s’imposer sur le
trône.
1444 : Défaite à Varna de la croisade conduite par le roi de Hongrie Vladislav Jagellon contre les
Turcs.
1453 : Les forces du sultan Mehmed II s’emparent de Constantinople et mettent ainsi fin à
l’Empire byzantin.
1456 : Le prince moldave Pierre Aron paie pour la première fois tribut aux Turcs.
1456 : Avènement de Vlad IV en Valachie. Le pays est alors largement repassé sous la coupe des
Hongrois et doit de plus – outre un tribut annuel de 12 000 ducats – donner cinq cents enfants par
an pour le corps des janissaires. Après la disparition du Hongrois Jean Hunyadi (d’origine
roumaine, il a été appelé en Hongrie par le roi Sigismond) et de l’Albanais Skanderbeg – qui ont
tous deux été à la tête de la résistance contre le Turc – c’est Vlad IV, surnommé l’Empaleur par
ses ennemis, qui reprend le flambeau de la lutte contre les Ottomans et inflige une sévère défaite
aux armées de Mehmed II, contraintes de se replier sur Andrinople.
1457-1504 : Règne en Moldavie du prince Étienne IV le Grand. Contre Pierre Aron qui avait fait
14 janvier 1475 : Malgré l’infériorité de ses forces, Étienne bat les Turcs à Rakova près de la
rivière de Berlad. La victoire est totale et vaut un immense prestige au prince de Moldavie.
1476 : Vaincu par une nouvelle armée turque, Étienne doit se replier en Pologne mais prend
bientôt une éclatante revanche, dépose Laïote Bassaraba qui l’avait trahi et restaure Vlad
l’Empaleur sur le trône valaque dont il l’avait écarté. Vlad mourra l’année suivante, en 1477, et la
Valachie doit alors reconnaître la suzeraineté ottomane.
1484 : Les Turcs du sultan Bayezid II parviennent à s’emparer de Kilia, une forteresse du bas
Danube qui est en même temps un important port moldave, et d’Akkerman (Cetatea Alba). Pour
pouvoir faire face aux Turcs, Étienne est contraint de prêter hommage au roi de Pologne, mais
celui-ci limite l’envoi des secours espérés. Le successeur du roi Casimir, Jean-Albert, souhaite
même s’entendre avec Vladislav de Hongrie pour se débarrasser d’Étienne mais celui-ci surprend
les Polonais, leur inflige une défaite totale en 1497 et les poursuit jusqu’à Lvov (Lemberg).
1499 : Le traité conclu entre la Pologne et la principauté moldave fait disparaître toute trace de
vassalité de la seconde par rapport à la première.
1504 : Étienne, déçu par l’attitude des souverains occidentaux qui ne l’ont pas soutenu dans sa
lutte contre le sultan, conseille à son fils Bogdan de se soumettre aux Turcs, ce que l’intéressé fera
en 1513 en envoyant à Constantinople un ambassadeur qui reconnaîtra la suzeraineté du sultan sur
la Moldavie, un siècle après la soumission de la Valachie. Après la Grèce, la Serbie, la Bulgarie,
l’Albanie, et avant la Hongrie, les principautés roumaines étaient tombées pour plusieurs siècles
sous la domination ottomane. Valaques et Moldaves ne doivent cependant payer, au début, qu’un
tribut modéré et ils échappent à l’occupation ottomane et à la construction de mosquées ; cette
situation ne dure guère dans la mesure où le règne de Soliman le Magnifique (1520-1556), qui
voit l’apogée de la puissance ottomane, correspond à une nouvelle poussée au nord des Balkans.
La prise de Belgrade en 1521, la victoire de Mohacs qui entraîne la fin de l’indépendance
hongroise (1526) et, enfin, l’échec turc devant les murs de Vienne (1529) entraînent fatalement la
confirmation de la poussée turque au nord-est du Danube.
1517-1527 : Règne d’Étienne le Jeune en Moldavie. Le demi-frère de Bogdan, Pierre Rarès, fils
naturel d’Étienne le Grand, lui succède (1527-1546). Il tente sans succès de s’appuyer
1559 : Kiajna, veuve du prince de Valachie Pierre le Berger, intrigue auprès des Turcs pour faire
reconnaître à ses fils Pierre le Boiteux et Alexandre, puis à son petit-fils Mircea II, l’autorité sur
les deux principautés roumaines mais elle doit compter avec un autre prétendant, Pierre Cercel,
protégé du roi de France Henri III qui avait été un éphémère roi de Pologne. Cercel est finalement
étranglé en 1590 sur l’ordre du sultan. qui remplace l’année suivante Mircea II par un certain
Étienne Bogdan, remplacé lui-même par Alexandre Bogdan en 1592.
1562 : Un aventurier d’origine grecque, Jacques Héraclide Basilicos – qui avait combattu jadis
dans les armées de Charles Quint avant de se convertir au protestantisme – bat Lapusneanu à
Verbia et s’empare du trône, avec l’appui de l’empereur Ferdinand. Il accepte d’augmenter le
tribut versé aux Turcs. Il est renversé par une insurrection populaire en 1564. Lapusneanu reprend
le pouvoir, massacre les boyards qui l’avaient abandonné et se rapproche du sultan. Il transfère sa
capitale de Suciava à Jassy. Il est empoisonné en 1568. Son fils Bogdan est renversé quatre ans
plus tard.
1565 : Par la paix de Szatmar (Satu Mare), confirmée par celle de Spîre en 1570, la Transylvanie
reconnaît la suzeraineté de l’empereur Habsbourg. Elle se trouve désormais soumise à un régime
de double vassalité la faisant dépendre à la fois de Vienne et Constantinople, mais le tribut payé
au Sultan est nettement moins élevé que ceux dûs par la Moldavie et la Valachie. À cette époque,
seuls trois « nations » sont reconnues en Transylvanie – Magyars, Saxons et Szeklers, une
communauté hungarophone mais ethniquement différente des Magyars – et, en matière religieuse,
seuls le catholicisme, le calvinisme, le luthéranisme et l’Église unitarienne de l’évêque de
Kolosvar (Cluj) Francis David, établie à partir de 1564. Les Roumains et les chrétiens orthodoxes
ne bénéficient alors d’aucun droit.
1572 : Descendant d’Étienne le Grand, Jean le terrible devient prince de Moldavie ; il tente de
s’opposer à l’avènement d’Henri de Valois au trône de Pologne et se dresse finalement contre les
Turcs quand ils prétendent augmenter le tribut payé par la principauté. Il bat Pierre le Boiteux, fils
de Kiajna, à qui les Turcs entendaient remettre la Moldavie, puis pénètre en Valachie s’empare de
Tirgoviste et y installe comme prince Vintila, l’un de ses fidèles. Il prend ensuite Braila où s’était
réfugié Pierre, écrase une armée ottomane à Bender, prend Cetatea Alba (Akkerman) dont la
garnison turque est massacrée. Il est trahi par un boyard, Jérémie Golia, qui laisse l’armée de
Sélim II franchir le Danube pendant qu’il affronte lui-même les Tatars dans le nord du pays. Il est
de nouveau trahi par les boyards lors de la bataille de Kagoul (1574). Vaincu, le prince est écartelé
et la principauté, dévastée par les Turcs, apparaît ruinée pour longtemps d’autant que la famine et
la peste achèvent de dépeupler le pays. Pierre le Boiteux et Jean le Saxon se succèdent alors sur le
trône mais sont soumis par le sultan à des exigences fiscales de plus en plus lourdes. Devenu
prince en 1591, Emmanuel Aron pressure les populations pour pouvoir acheter son pouvoir auprès
de la Sublime Porte.
Novembre 1594 : Après les avoir réunis, Michel fait massacrer tous les créanciers qui ruinaient
méthodiquement le pays valaque. C’est une véritable déclaration de guerre adressée au sultan et le
13 août 1595 Michel le Brave bat l’armée de Sinan-Pacha dans la plaine valaque, près du village
de Kalougaréni.
8 octobre 1595 : Michel s’empare de Tirgoviste. Les Turcs évacuent Bucarest et se replient sur le
Danube mais, surprises à Giugiu, les forces ottomanes sont taillées en pièces et noyées dans le
fleuve.
décembre 1595 : Les Polonais chassent de Moldavie Étienne Rasvan, protégé du prince de
Transylvanie Sigismond Bathory et allié de l’empereur et de Michel le Brave, et le remplacent par
un boyard qui leur est acquis, Jérémie Movila, que les Turcs reconnaissent.
26 octobre 1596 : Chassés de Valachie, les Turcs battent les Impériaux à Keresztes. Ils concluent
un armistice avec Michel, inquiet des changements intervenus en Moldavie et en Transylvanie où
Sigismond a abandonné sa couronne à l’empereur Rodolphe.
1598 : Michel, qui était vassal de Sigismond, reconnaît pour suzerain l’empereur qui lui assure la
possession héréditaire de la Valachie et l’exempte de tout tribut. Le retour de Sigismond Bathory,
qui remet finalement la Transylvanie à son cousin le cardinal André Bathory (allié de la Pologne)
change de nouveau la donne. Rodolphe et Michel ne peuvent accepter que la Pologne, proche des
Turcs, contrôle indirectement Moldavie et Transylvanie.
28 octobre 1599 : Michel écrase les forces de Bathory à la bataille de Schellenberg. Le cardinal est
tué et, le 1er novembre, Michel entre en vainqueur à Alba-Julia. La Transylvanie est conquise
avec l’approbation de l’Autriche qui craignait de voir Michel se rapprocher des Turcs. La victoire
entraîne le soulèvement des masses paysannes roumaines mais Michel commet l’erreur de
s’appuyer sur la noblesse magyare contre le peuple qui attendait de sa victoire sa libération. Il se
coupait ainsi de ceux qui pouvaient assurer dans la durée la domination d’un prince roumain sur la
Transylvanie.
1600 : Contre l’avis de l’empereur qui craint des complications avec la Pologne, Michel chasse
Jérémie Movila et s’empare du trône de Moldavie. Il peut dès lors se proclamer prince « de
Valachie, Transylvanie et Moldavie » réalisant ainsi pour la première fois l’unité des terres
roumaines.
18 septembre 1600 : Michel est battu par les Impériaux qui se sont retournés contre lui près du
village de Mirislau. La Transylvanie, où la noblesse magyare prend sa revanche, est perdue.
Michel a eu le tort de chercher à s’appuyer sur elle et a commis l’erreur d’avoir conservé sa
confiance à l’empereur. Il est ensuite battu en Valachie par les Polonais et les forces de Jérémie
Movila qu’il avait chassé de Moldavie. Les boyards l’abandonnent et se soumettent à un nouveau
prince, Siméon Movila. Michel se réconcilie avec l’empereur, inquiet de voir les Hongrois se
rapprocher de la Pologne, et bat ceux-ci à Goroslov.
1601 : Mort de Michel le Brave à l’occasion d’une querelle avec le général commandant les
troupes impériales qui l’accusait à tort de trahison au profit des Turcs. Michel avait pourtant
contribué à affaiblir la puissance de ceux-ci mais, trahi par les boyards, confronté à l’hostilité de la
Pologne et des Hongrois ainsi qu’aux inquiétudes qu’il inspirait à l’empereur, il n’a pas su – alors
qu’il s’était rendu maître des trois principautés roumaines – s’appuyer sur les masses paysannes
qui pouvaient constituer son plus solide soutien mais auxquelles le coût des guerres et du
recrutement des mercenaires imposait une pression fiscale insupportable. Un tel choix ne pouvait
1630-1648 : Georges Ier Rakoczi est voïvode de Transylvanie. Après Gabriel Behlen qui l’a
précédé de 1613 à 1648, il affirme l’indépendance de la principauté dont l’économie est alors
prospère.
1640 : Parution en Valachie du premier ouvrage imprimé en langue roumaine. La première Bible
le sera en 1688.
1657 : Le voïvode transylvain Georges II Racokzi se voit reprocher par la Porte d’avoir soutenu la
Suède contre la Pologne et le pays est envahi par les Turcs qui mettent en place de nouveaux
voïvodes : Akos Barcsay (1658-1660) puis Michel Ier Apafy (1662-1690), installés par les grands
vizirs Köprülü qui donnent alors une nouvelle vigueur à l’Empire ottoman.
1672 et 1676 : Deux guerres victorieuses contre la Pologne permettent aux Turcs de s’emparer
d’une partie de l’Ukraine et de la Podolie.
1683 : La victoire remportée devant Vienne contre les Turcs par les Autrichiens et les Polonais de
Jean Sobieski marque le début du reflux ottoman et de la reconquête habsbourgeoise de la
Hongrie et d’une partie des Balkans.
1684 : La formation de la Sainte Ligue (Autriche, Venise, Pologne puis Russie en 1696) permet de
porter des coups répétés aux Ottomans.
1686 : Par les traités de Vienne (26 juin) et de Blaj (27 octobre), l’empereur Léopold Ier impose
au voïvode transylvain, contre sa « protection », le paiement d’un lourd tribut et l’occupation
militaire de douze forteresses du pays.
1690 : Le voïvode de Moldavie Constantin Cantemir conclut à Sibiu un traité secret avec
l’Autriche. En fait, les dirigeants des deux principautés doivent constamment louvoyer entre
Vienne et Constantinople.
4 décembre 1691 : La Charte léopoldine insère la Transylvanie dans le cadre habsbourgeois en lui
laissant son autonomie par rapport à la Hongrie. En 1692, l’empereur place à la tête du pays
Georges Banffy, sans tenir compte des derniers voïvodes nommés par le sultan.
26 janvier 1699 : Conclue pour vingt-cinq ans, la trêve de Carlowitz abandonne la Hongrie à
l’empereur et précise que « la Transylvanie étant présentement en sa possession, elle restera entre
ses mains avec ses anciennes limites ». Les Turcs conservaient le Banat de Temesvar (Timisoara).
1700 : Constantin Cantacuzène publie à Venise la première carte de la Valachie. Il rédige par
ailleurs une première Histoire des Roumains.
1710 : Le tsar Pierre le Grand envahit la Moldavie en espérant soulever les Roumains mais son
armée, encerclée, doit se replier et il est contraint de négocier en 1711 le traité du Pruth qui
l’oblige à rendre Azov aux Turcs. Le voïvode Dimitrie Cantemir, qui s’est allié aux Russes, est
contraint à l’exil. Orientaliste érudit, il sera l’un des fondateurs de l’Académie de
Saint-Pétersbourg. Le sultan le remplace en 1711 sur le trône moldave par le Grec Nicolas
Mavrocordato.
mars 1714 : Le hospodar (gouverneur) de Valachie Constantin Brancoveanu est arrêté par les
Turcs et transféré à Constantinople où, accusé de collusion avec les Autrichiens, il est mis à mort
avec toute sa famille.
1714-1716 : Règne d’Étienne Cantacuzène lui aussi exécute par les Turcs. Il fut le dernier
hospodar « national » en Valachie, comme Dimitrie Cantemir le fut en Moldavie. Désormais les
Turcs ne nommeront plus que des hospodars grecs phanariotes – issus du quartier grec du Phanar
à Constantinople. Nicolas Mavrocordato devient ainsi hospodar de Moldavie en 1711, puis de
Valachie en 1716. On voit dès lors se succéder sur les deux trônes roumains des Cantacuzène, des
Paléologue, des Kallimachi ou des Ypsilanti. La période « hellénique » de l’histoire roumaine
durera ainsi jusqu’en 1821. Le haut clergé roumain est exclusivement recruté parmi les Grecs et
l’on parle le grec à la cour des hospodars. Alfred Rambaud a parfaitement résumé la situation qui
prévaut désormais dans les pays roumains : « Quand un nouvel hospodar, après avoir prodigué
l’argent, est choisi par la Porte, il subit, à Constantinople, une double investiture : l’une politique,
tout ottomane, l’autre religieuse, toute grecque. La Porte lui décerne, comme insignes de ses
fonctions, la masse d’armes et les trois queues de cheval, qui font de lui un pacha de rang
supérieur ; revêtu de l’uniforme de colonel des janissaires, il va aux casernes de ceux-ci goûter
leur soupe et leur faire largesse. Puis, à la cathédrale orthodoxe, il est sacré par le patriarche grec
au chant des polychronia, avec le vieux cérémonial byzantin. Doublement étranger pour cette
double consécration au peuple qu’il doit régir, quand il s’achemine vers sa capitale, Bucarest ou
Jassy, c’est avec l’appareil d’un conquérant, avec une garde turque sous un aga et, en
arrière-garde, la horde de ses créanciers ottomans ou grecs. Sa cour tient à la fois de celle d’un
despote grec et de celle d’un pacha ; d’un côté les logothètes, d’autre part les préposés aux
babouches, au café, à la pipe, au narghilé. Non seulement les principautés ont été, au profit de
l’élément grec, dénationalisées mais les traités qui – en 1477 pour la Valachie, en 1513 pour la
Moldavie – avaient, même sous le joug ottoman, assuré l’autonomie des deux principautés, sont
désormais lettre morte. Les princes ne sont plus viagers mais triennaux. Achetant plus cher que
jamais leurs charges, n’ayant que trois ans au plus pour récupérer leurs avances, ils tondent de
plus près leurs sujets et se hâtent de les tondre. Simples publicains étrangers sous le titre de
princes, ils ne se font aucun scrupule de s’appuyer sur la Porte : ayant licencié, par économie ou
par politique, l’armée nationale, comptant uniquement sur les régiments turcs, ils rendent le
peuple plus esclave, la noblesse plus servile… »
21 juillet 1718 : Après les victoires remportées par le prince Eugène à Peterwardein et Belgrade,
les Turcs doivent signer le traité de Passarowitz par lequel ils abandonnent à l’Autriche le Banat
de Temesvar, la Petite Valachie occidentale et le nord de la Serbie.
1746 : Réforme de Constantin Mavrocordato qui transforme les serfs valaques en tenanciers libres
et substitue un impôt annuel unique payable en quatre termes aux multiples charges qui
accablaient la paysannerie ; une réforme analogue sera réalisée en Moldavie en 1749. Il s’agit
surtout d’enrayer l’abandon des terres et des villages qui menace alors d’entamer les ressources
que les grands propriétaires tirent des masses rurales. À cette époque, les hospodars phanariotes de
Bucarest et de Jassy qui gouvernaient au nom de la Sublime Porte avaient mis en place un système
fondé sur la corruption au point que les deux principautés étaient surnommées le « Pérou des
Grecs ». Mavrocordato fait arrêter les boyards qui sont les porte-parole de la cause nationale et les
expédie à Constantinople où ils sont décapités. Selon l’historien Elias Regnault « le règne des
Phanariotes a été pour la Moldo-Valaquie quelque chose de plus triste que la ruine, le
déshonneur. »
1769 : Les Russes occupent la Bessarabie, la Moldavie et la Valachie. En juillet 1770, Alexis
Orlof détruit la flotte russe à Tchesmé, près de Chios. Au même moment, le général Roumiantsof
écrase deux armées turques qu’il refoule sur le Danube à la bataille de la Larga, complétée
quelques jours plus tard par la victoire de Kagoul, qui permet l’occupation de toute la Valachie en
1771. Le traité de Kutchuk-Kainardja, conclu en juillet 1774, met fin à la guerre russo-turque.
Catherine II se voit reconnaître un droit de protection des populations chrétiennes des Balkans
soumises à la domination ottomane.
1775 : l’Empire ottoman doit céder à l’Autriche la Bucovine, peuplée de Roumains, que les
troupes de l’impératrice Marie-Thérèse occupaient depuis deux ans.
1784 : Un paysan roumain de Transylvanie, Ursu Horia, déchaîne une insurrection paysanne de
grande ampleur. La révolte est brisée par l’armée autrichienne du comte Jankowitz et ses chefs
sont exécutés mais l’empereur Joseph II abolit le servage en Transylvanie. C’est alors que
commence, dans ce pays, un réveil culturel illustré par Samuel Micu, neveu de l’évêque Innocent,
Georges Schinkaï et Pierre Maïor. Ils étudient les anciennes chroniques, écrivent l’histoire des
Roumains en la faisant remonter à l’époque de la Dacie romaine, débarrassent le roumain, langue
latine, des mots étrangers venus s’y ajouter au fil des siècles et l’écrivent en caractères latins alors
qu’elle avait été transcrite jusque-là en caractères cyrilliques. C’est le moment qui voit s’éveiller
la « renaissance roumaine » qui, à partir de la Transylvanie, va ensuite gagner la Valachie et la
Moldavie.
1787-1792 : Nouvelle guerre russo-turque. Souvorof franchit le Danube mais l’Autriche, alliée de
la Russie, doit conclure la paix en 1791 en raison des menaces représentées par la Révolution
française. Le traité de Jassy, qui met fin à la guerre, enlève à la Turquie la côte de la mer Noire
entre Dniepr et Dniestr, rapprochant ainsi davantage la puissance russe des territoires roumains.
1790 : Création de la Société des Chasseurs Diana, à partir du modèle fourni par le club des
Jacobins français. La société Liberté et Unité naît de la même inspiration.
1793 : Le négociant français Hortollan, ami du patriote grec Rhigas, vient s’établir dans les
principautés moldo-valaques et constate dans un courrier adressé à un ami de Constantinople que
« tous les habitants sont des sans-culottes. » C’est évidemment très exagéré mais il exprime de
cette façon le puissant écho que rencontre alors la Révolution française sur les rives du Danube
où, dans l’élite éclairée influencée par la bourgeoisie grecque phanariote, la France est souvent
présentée comme une « sœur aînée ». En Moldavie et en Valachie, les bonjuristi sont des
admirateurs des sans-culottes parisiens. La Marseillaise est traduite en latin et en hongrois.
1804 : Révolte paysanne antifiscale de Naprad. De nombreux paysans deviennent hors la loi pour
échapper à l’impôt.
1809 : La création des Provinces illyriennes de l’Empire français fait naître de nouveaux espoirs
dans les pays roumains. Ceux-ci accueillent alors de nombreux réfugiés grecs dont Rhigas –
devenu le secrétaire d’Ypsilanti, le fondateur de l’Hétairie grecque – qui a quitté Constantinople
pour Bucarest dès 1786. Bucarest devient la capitale de l’hellénisme militant. Quand Rhigas
quittera Bucarest pour Vienne en 1794, il sera livré aux Turcs par les Autrichiens et sera assassiné.
1812 : Les Russes occupent la Bessarabie. La guerre russo-turque se termine avec le traité de
Bucarest.
1821 : Alors que s’étend la révolte grecque, les pays roumains voient s’allumer l’insurrection de
l’Olténien Tudor Vladimirescu qui a combattu dans l’armée russe à Borodino en 1812. Il en
appelle à l’éveil du sentiment national contre le pouvoir ottoman et les gouverneurs phanariotes.
Cette révolte prend ainsi un sens différent de celui des simples jacqueries antérieures. Les rebelles
semblent avoir été encouragés par le consulat russe de Bucarest. En mars 1822, Tudor s’empare
de Bucarest mais les boyards inquiets de ses projets de révolution sociale font appel aux Turcs et
les insurgés cherchent refuge dans les Carpates. La rumeur selon laquelle leur chef se serait
entendu avec les Turcs fait qu’il est tué par des membres de l’Hétairie aux abords de Targoviste.
L’insurrection était vaincue mais le sultan, conscient de l’impopularité des gouverneurs
phanariotes confie désormais le pouvoir à des Roumains.
L’occupation des deux principautés par les Russes et l’exercice du pouvoir par le général russe
1829 : Les pays roumains sont affectés par une épidémie de peste, suivie en 1831 de la grande
épidémie de choléra qui touche toute l’Europe.
1833 : Promulgation d’une loi sur l’enseignement public. Un grand effort est réalisé en ce
domaine et des manuels scolaires rédigés en roumain sont désormais publiés. L’École française de
Bucarest prend un caractère officiel et rencontre un succès grandissant. Adjoint de Kisselev, le
prince Stirbey, ancien élève du collège parisien Henri IV, est la cheville ouvrière de toute cette
politique, qui touche également l’Université où l’enseignement s’organise désormais en fonction
de la roumanité.
1843 : Fondation à Bucarest d’une société secrète nationaliste et libérale baptisée La Fraternité,
animée par Balcescu qui crée ensuite la Société littéraire roumaine.
1845 : Le professeur Murgis est emprisonné à Pest pour avoir réclamé l’intégration de la
Transylvanie à un État roumain et, la même année, De Gerando suggère la création d’une
République fédérative roumaine.
Décembre 1845 : Création de la Société des Étudiants roumains de Paris, animée par Michel
Kogalniceano. Les étudiants roumains de Paris sont des auditeurs enthousiastes des cours donnés
au Collège de France par Michelet, dont plusieurs textes sont traduits en roumain et publiés dans
la Gazette de Transylvanie. En février 1848, les Roumains de Paris déploient leur drapeau national
bleu, rouge et or devant l’Hôtel de Ville.
1847 : Voyage dans les pays roumains du journaliste français Hippolyte Desprez qui va se faire le
propagandiste de la cause roumaine, notamment dans un article paru dans la Revue des Deux
Mondes qui bénéficiera d’un grand écho.
Mars 1848 : Le rassemblement de Jassy est dispersé par la force et ses instigateurs, Michel
Kogalniceano, Vasile Alecsandri et Alexandre Couza sont emprisonnés ou contraints à l’exil. En
Moldavie, le mouvement ne s’appuie pas assez sur les masses paysannes et ne peut ainsi disposer
d’une force suffisante.
12 mai 1848 : À Brasov, en Transylvanie, les leaders révolutionnaires Constantin Rosetti et Vasile
Alecsandri proclament les Principes de réforme de la Patrie exigeant la suppression de la corvée,
la distribution des terres aux paysans. et l’union de la Valachie et de la Moldavie en un seul État
indépendant.
Août-septembre 1848 : Échec d’une délégation roumaine venue négocier à Constantinople. Les
insurgés ont compté sur la France et l’Angleterre et se solidarisent avec les révolutionnaires
polonais et hongrois mais l’évolution de la République française condamne tout espoir
d’intervention de ce côté. Ils cherchent donc un compromis avec la Sublime Porte. Ils en espèrent
l’octroi d’une autonomie authentique mais se méfient avant tout de la Russie de Nicolas Ier,
perçue comme le rempart de la réaction en Europe et totalement hostile aux aspirations libérales et
sociales de la révolution roumaine. À partir de l’été de 1848, la contre-révolution triomphe à peu
près partout. Le 27 septembre, des troupes russes pénètrent en Valachie.
Printemps 1849 : L’armée polonaise du général Joseph Bem rallie de nombreux partisans de la
révolution en Roumanie et en Hongrie. Entrée dans Cluj le 25 décembre 1848, elle s’empare de
Sibiu, puis de Brasov en mars et entre dans le Banat en avril.
14 avril 1849 : La Chambre dés députés hongrois réunie à Debreczen déclare la déchéance des
Habsbourg et proclame Kossuth, le chef de l’insurrection magyare, gouverneur de Hongrie.
Malheureusement pour la cause révolutionnaire, l’aristocratie hongroise n’entend pas reconnaître
les droits des Roumains de Transylvanie.
Août 1849 : L’intervention des armées du tsar Nicolas Ier ruine les espoirs des révolutionnaires.
L’armée de Bem est vaincue à Sighisoara-Albesti dans un combat qui voit la mort du poète
hongrois Sandor Petöfi.
1850 : Nicola Balcescu publie en France sa Question économique des principautés danubiennes.
1855 : Elias Regnault publie à Paris son Histoire politique et sociale des principautés danubiennes
qui sensibilise l’opinion à la cause roumaine.
1856 : Le Congrès de Paris qui met un terme à la guerre de Crimée pose la question roumaine.
Une conférence spéciale devait régler le sort des principautés. Elle se tient du 18 avril au
22 mai 1856 sans donner satisfaction aux Roumains sur la question de l’unité. Le protectorat russe
prend fin et les principautés sont placées sous la garantie européenne. Les trois districts
méridionaux de la Bessarabie perdus par les Ottomans en 1812 sont rétrocédés à la Moldavie. La
convention du 19 août 1858, conclue entre les puissances réunies à Paris, précise que les deux
principautés de Moldavie et de Valachie « s’administreront librement et en dehors de toute
ingérence de la Sublime Porte mais en conservant le nom de Principautés Unies de Moldavie et de
Valachie sous la suzeraineté du sultan ». Le tribut dû à celui-ci est maintenu mais il est précisé
qu’il ne devait y avoir aucun droit particulier d’ingérence dans les affaires intérieures. L’article
XXIII confirme que « la Sublime Porte s’engage à conserver aux principautés une administration
indépendante et nationale ainsi que la pleine liberté du culte, celle de la législation du commerce
et de la navigation ». Il était également prévu que « dans chaque principauté sera formé un conseil
composé de manière à constituer la représentation la plus exacte des intérêts de toutes les classes
de la société, qui exprimera les vœux des populations. » La convention prévoit également la
5 janvier 1859 : L’Assemblée de Moldavie choisit comme prince Alexandre Jon Couza qui a pris
une part importante dans les événements insurrectionnels de 1848. Ce choix engendre
immédiatement de grands espoirs en Valachie.
22 au 22 janvier 1859 : Une grande manifestation populaire contraint les députés valaques à
choisir à leur tour Alexandre Couza. La conférence européenne alors réunie à Paris est ainsi
placée devant le fait accompli de l’union des deux principautés.
6 septembre 1859 : Alors que la France vient de l’emporter sur l’Autriche lors de la campagne
d’Italie, Alexandre Couza se voit confirmé par les Puissances dans ses pouvoirs de hospodar des
deux principautés.
1863 : Le prince Couza sécularise les monastères demeurés sous l’autorité du patriarcat de
Constantinople.
1864 : Coup d’État d’Alexandre Couza qui s’attribue les pleins pouvoirs (mai). Le prince et son
conseiller Michel Kogalniceanu mettent en œuvre une réforme agraire mais celle-ci ne règle pas le
sort des masses paysannes dans la mesure où elles auront le plus grand mal à racheter sur quinze
ans les droits dont bénéficiaient les grands propriétaires. Un plébiscite organisé en mai 1864
confirme cependant cette réforme agraire, soutenue par une écrasante majorité du pays.
11 février 1866 : Les boyards suscitent un complot qui aboutit au renversement du gouvernement
du prince Couza.
Août 1870 : Un complot républicain est éventé mais ses initiateurs sont acquittés sous la pression
de l’opinion publique. La guerre franco-prussienne de 1870 est l’occasion de nombreuses
manifestations de francophilie.
1er mars 1871 : Un grand journal de Bucarest paraît avec sa première page encadrée en noir pour
annoncer la nouvelle de l’entrée des troupes prussiennes dans Paris.
22 mars 1871 : À la suite de violentes émeutes, le roi renvoie le gouvernement Ghika jugé trop
libéral et le remplace par le gouvernement agrarien conservateur de Catargiu qui durera cinq ans.
Devant l’opposition de la Chambre, le roi la dissout.
16 avril 1877 : Un accord est conclu entre Russes et Roumains pour permettre le passage des
troupes russes engagées contre l’Empire ottoman. Les troupes russes franchissent la frontière du
Pruth le 24 avril.
1878 : L’armistice russo-turc est conclu à Andrinople le 31 janvier. Les traités de San Stefano
(3 mars) et de Berlin (le Congrès s’ouvre le 13 juin) reconnaissent officiellement l’indépendance
et la pleine souveraineté de la Roumanie, qui obtient la Dobroudja et les bouches du Danube et se
voit obligée d’accorder les droits de citoyens aux juifs. Une fois cette condition remplie,
l’indépendance roumaine est pleinement reconnue en 1880.
Mars 1881 : La Roumanie devient un royaume et Charles de Hohenzollern est couronné sous le
nom de Carol Ier.
1881 : Léo Frankel, un Hongrois qui avait participé à la Commune de Paris, fonde un parti
social-démocrate en Transylvanie. Un parti national roumain est également créé, qui réclame
l’autonomie de la Transylvanie, l’emploi de la langue roumaine dans les écoles et l’abaissement
du cens électoral.
1883 : Le roi Carol adhère secrètement à la Triplice conclue l’année précédente entre
l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie.
1886 : Révolte paysanne des monts Apuseni en Transylvanie. Les insurgés veulent également
affirmer le droit de pratiquer leur langue de préférence au magyar, reconnu comme seule langue
officielle dans l’administration et comme seule langue d’enseignement, y compris pour les
Roumains.
1893 : Le prince Ferdinand, neveu du roi Charles de Hohenzollern, est reconnu comme son
successeur. Il épouse Marie d’Edimbourg.
Mai 1894 : Le procès de Cluj aboutit à de sévères condamnations pour 25 patriotes roumains de
Transylvanie. Il déchaîne l’indignation en France où la presse unanime soutient la cause des
accusés.
Mai 1907 : Déclenchement d’une vaste révolte paysanne qui touche toute la Moldavie et s’étend
en Olténie. Elle est finalement brisée au prix d’une répression qui fait plus de dix mille victimes.
1912-1913 : Première guerre balkanique opposant une coalition formée par la Grèce, la Bulgarie,
la Serbie et le Monténégro contre l’Empire ottoman.
Juin 1913 : Deuxième guerre balkanique au cours de laquelle la Roumanie, alliée de la Serbie, de
la Grèce et du Monténégro, intervient contre la Bulgarie qui s’est retournée contre ses alliés de la
veille en raison du désaccord qui les oppose sur le partage de la Macédoine. Le conflit se termine
avec le traité de Bucarest, conclu le 10 août 1913, qui donne la Dobroudja du sud à la Roumanie.
3 août 1914 : La Roumanie proclame sa neutralité en faisant valoir aux puissances centrales que
l’accord secret de 1883 avec la Triplice ne devait jouer qu’en cas de guerre défensive. La classe
politique est partagée mais l’opinion publique est francophile.
10 octobre 1914 : Mort du roi Carol, qui, ancien officier prussien, était naturellement favorable
aux Centraux. Avènement de son neveu Ferdinand.
1915 : Le gouvernement Bratianu établit des contacts avec l’Entente mais refuse finalement de
s’engager.
17 août 1916 : Le chef du gouvernement I. Bratianu signe les deux conventions politique et
militaire qui placent la Roumanie dans le camp de l’Entente. C’est le succès apparent de
l’offensive russe lancée en Galicie par le général Broussilov qui a encouragé la Roumanie (elle
espère récupérer la Transylvanie autrichienne) à choisir le camp de l’Entente mais l’offensive
russe se révèle rapidement sans lendemain.
28 août 1916 : Entrée en guerre de la Roumanie contre les Centraux. Après quelques succès
initiaux en Transylvanie, les forces roumaines, qui ont dû compter avec une diversion bulgare en
Dobroudja alors qu’était retardée l’offensive prévue de l’Armée de Salonique, sont écrasées par
les armées allemande et austro-hongroise placées sous le commandement des généraux
6 décembre 1916 : Après la victoire de l’Argesh, les armées austro-allemande et bulgare se sont
rejointes le 4 et Mackensen fait son entrée dans Bucarest deux jours plus tard.
janvier 1917 : Le front se stabilise en Moldavie méridionale, sur le cours de la Sereth. Les
Centraux occupent les trois-quarts du pays. Les ressources agricoles et pétrolières de la Roumanie
leur permettent d’atténuer les effets du blocus naval mis en œuvre par l’Entente depuis 1914.
6-20 août 1917 : Une puissante contre-offensive des Centraux répond à la tentative lancée par
l’armée roumaine reconstituée en Moldavie. Les forces allemandes et austro-hongroises sont
contenues au cours de la bataille de Marasesti, le « Verdun roumain ». Une mission militaire
française commandée par le général Berthelot assiste l’armée roumaine mais le gouvernement
roumain, réfugié à Jassy, ne contrôle plus qu’une petite partie du territoire national et sa capacité à
poursuivre la lutte dépend entièrement de l’évolution de la situation en Russie, entrée en
révolution depuis le mois de février précédent.
4 décembre 1917 : La Russie bolchevique ayant signé avec les puissances centrales l’armistice de
Brest-Litovsk, la Roumanie doit ouvrir à son tour des pourparlers pour mettre fin aux hostilités.
Les négociations ont lieu à Focsani et l’accord est signé le 9 décembre.
10 février 1918 : Le nouveau gouvernement Averescu fait des propositions aux puissances
centrales en vue de la négociation d’un traité de paix.
3 mars 1918 : Signature de la paix de Brest-Litovsk entre les Centraux et la Russie bolchevique.
5 mars 1918 : Préliminaires de paix de Buftea entre la Roumanie et les Centraux. La Roumanie
doit céder l’ensemble de la Dobroudja à la Bulgarie (avec le port de Constantza) et accepter une
rectification de frontière dans les Carpates.
Mars 1918 : Le pouvoir local constitué en Bessarabie à la faveur de la révolution russe (mais
hostile aux bolcheviks) vote l’union avec la Roumanie.
7 mai 1918 : La Roumanie signe avec l’Allemagne la paix de Bucarest. Le nouveau gouvernement
d’Alexandre Marghiloman obtient des atténuations des clauses territoriales de Buftea mais la
victoire des Centraux va leur permettre d’exploiter les ressources du pays.
1er décembre 1918 : Réunion de la Transylvanie à la Roumanie, votée par une assemblée de
« patriotes roumains » réunis à Alba-Iulia. Le même jour, le général français Berthelot fait son
entrée à Bucarest.
1919-1920 : Les traités de Saint Germain (en septembre 19 avec l’Autriche) de Neuilly (en
novembre 19 avec la Bulgarie) et de Trianon (en juin 1920 avec la Hongrie) fixent les nouvelles
frontières de la Roumanie.
19 avril 1919 : Les troupes roumaines engagent la lutte contre les armées hongroises et s’emparent
de Budapest pour y mettre fin au régime communiste de Bela Kun. Elles agissent avec les
encouragements des Alliés qui voient dans la Roumanie un élément du « cordon sanitaire »
nécessaire pour contenir la poussée bolchevique en Europe.
1921 : La réforme agraire entamée par étapes depuis 1917 a permis l’émergence d’une petite
paysannerie propriétaire ; elle peut racheter les terres distribuées sur vingt ans et la dépréciation de
la monnaie roumaine lui sera favorable.
1923 : La Roumanie se dote d’une nouvelle Constitution selon laquelle le pouvoir exécutif revient
au roi et le pouvoir législatif à un Parlement bicamériste.
1923 : Corneliu Codreanu, disciple d’Alexandre Couza, qui avait fondé en 1919 un parti national
chrétien, crée la Ligue de défense nationale chrétienne, farouchement anticommuniste.
27 septembre 1925 : Le siège primatial orthodoxe de Bucarest est élevé au rang de patriarcat. Cet
événement correspond à l’évolution des esprits, marquée alors par le souci d’une affirmation de
l’identité orthodoxe roumaine face au modèle occidental libéral et démocratique. Elle va de pair
avec le développement d’un nationalisme radical.
Septembre 1926 : Le général Averescu, premier ministre depuis mars, se rend à Rome pour
conclure un traité d’amitié avec le régime mussolinien.
Juillet 1927 : Mort du roi Ferdinand. Instauration d’une régence dirigée par le prince Nicolas et le
patriarche orthodoxe.
5 juin 1930 : Retour du roi Carol II en Roumanie. L’acte de renonciation au trône enregistré le
6 janvier 1925 est annulé. Le souverain régnera jusqu’en 1940.
1930-1933 : La Roumanie, très dépendante des capitaux étrangers qui s’y sont investis, est
durement frappée par la crise mondiale.
Février 1933 : Déclenchement de la grande grève des chemins de fer animée par le leader
communiste Gheorghiu Dej. La répression entraîne dans la grève les ouvriers du secteur pétrolier.
Les meneurs sont condamnés à de lourdes peines de prison.
29 décembre 1933 : Assassinat du Premier ministre E.G. Duca par des membres de la Garde de
Fer organisée à partir du mouvement légionnaire de Codreanu.
29 août 1936 : Le ministre des Affaires étrangères Titulesco, partisan de la sécurité collective qui
dirige la diplomatie roumaine depuis 1932 et qui a condamné la formation en 1933 du « Pacte à
Quatre » réunissant l’Angleterre, la France, l’Allemagne et l’Italie quitte le gouvernement.
Décembre 1937 : Lors des élections générales, le parti « Tout pour la Patrie » de Codreanu obtient
près de 16 % des suffrages et 66 sièges. Octavian Goga constitue un gouvernement dans lequel le
général Ion Antonescu est ministre de la Défense.
mars 1938 : Suppression de tous les partis politiques. Codreanu transforme son parti « Tout pour
la Patrie » en Mouvement légionnaire. Il est condamné en mai à dix ans de travaux forcés pour
« complot contre la sûreté de l’État ». Il est assassiné avec plusieurs de ses fidèles dans la nuit du
29 au 30 novembre.
15 décembre 1938 : Le roi Carol institue un Front de la renaissance nationale qui doit devenir le
parti unique.
1939 : La Roumanie rejette les propositions soviétiques (19 mars) d’un accord d’assistance
mutuelle. À l’inverse, elle se rapproche en mars de l’Allemagne, à l’initiative du roi, dans la
perspective d’échanges économiques (selon le système du clearing, c’est-à-dire d’un troc en
nature) comparable à ceux liant le Reich à des pays comme la Hongrie ou la Bulgarie. Un traité
commercial est ainsi conclu avec l’Allemagne le 23 mars.
21 septembre 1939 : Le premier ministre G. Calinescu est assassiné par des légionnaires de la
Garde de Fer.
22 mai 1940 : La Roumanie conclut avec l’Allemagne un accord pétrolier qui réserve au Reich en
guerre la totalité des exportations roumaines de pétrole.
26 juin 1940 : L’URSS adresse un ultimatum au gouvernement roumain pour se faire céder la
Bessarabie et la Bucovine du Nord avec Cernowitz, en application des clauses secrètes du pacte
germano-soviétique d’août 1939. La Roumanie cède le 27 juin.
6 septembre 1940 : Abdication du roi Carol en faveur de son fils Michel âgé de dix-neuf ans,
après l'installation, le 4 septembre, du régime autoritaire du général Antonescu qui prend le titre
de Conducator.
11 octobre 1940 : Les Allemands envoient des troupes en Roumanie pour « protéger » les puits de
pétrole de Ploesti. Ces effectifs représenteront la valeur de douze divisions au printemps de 1941 :
Cette occupation, pourtant acceptée par le gouvernement roumain, conduit le gouvernement
américain à bloquer les avoirs roumains aux USA.
23 janvier 1941 : Échec de la rébellion de la Garde de Fer. L’insurrection légionnaire est liquidée
par Antonescu avec l’appui de Berlin (il a rencontré Hitler à Berchtesgaden le 14 janvier). L’État
national légionnaire est abrogé le 14 février. L’action du Conducator est légitimée par un
plébiscite organisé le 2 mars suivant.
22 juin 1941 : La Roumanie entre en guerre contre l’URSS aux côtés de l’Allemagne.
Fin juillet 1941 : Tous les territoires abandonnés à l’URSS en 1940 sont récupérés par la
Roumanie. En octobre une nouvelle province de Transnistrie est créée à partir des territoires
soviétiques conquis entre Dniestr et Bug (capitale Odessa).
Novembre 1942 : Les forces roumaines sont durement éprouvées sur le front de l’Est au moment
où les Soviétiques referment le piège sur la VIe Armée allemande encerclée à Stalingrad.
1943 : Création d’un Front unique anti-hitlérien au sein duquel le Parti communiste roumain joue
un rôle prépondérant.
Octobre 1943 : Prise de contact avec les Alliés à Ankara, renouvelée en mars 1944 au Caire.
20 juin 1944 : Création du Front national démocratique regroupant les partis du Front ouvrier et
les partis paysan et libéral.
20 août 1944 : Déclenchement de l’offensive soviétique. Elle bénéficie du soutien des résistants
roumains.
23 août 1944 : Insurrection de Bucarest à laquelle se joint l’armée régulière. Chute du régime du
maréchal Antonescu, arrêté sur l’ordre du roi Michel qui constitue un nouveau gouvernement
confié au général Sanatescu, chef de sa maison militaire.
24 août 1944 : Signature à Moscou d’un armistice entre le nouveau gouvernement roumain,
l’URSS, les USA et la Grande-Bretagne. La Roumanie entre en guerre aux côtés des Alliés. Le
30 août, les forces soviétiques entrent dans Bucarest.
6 mars 1945 : Les élections – dont la régularité apparaît suspecte aux Occidentaux qui ne
reconnaîtront pas le premier gouvernement qui en est issu – donnent une large majorité au Front
national démocratique et entraînent la création d’un gouvernement de coalition dirigé par Petru
Groza, président du Front des paysans mais au sein duquel les communistes sont en majorité. Une
réforme agraire visant à la disparition de la grande propriété est mise en œuvre et, en octobre, la
conférence du parti communiste annonce la mise sur pied d’une puissante industrie lourde.
5 février 1946 : Le gouvernement Groza est enfin reconnu par la Grande Bretagne et les USA.
1er juin 1946 : Après avoir été jugés par un « tribunal populaire », le maréchal Antonescu et son
ministre des affaires étrangères M. Antonescu sont fusillés à la prison de Jilava.
19 novembre 1946 : Les élections donnent la victoire au Bloc des partis démocratiques dominé
par le Parti communiste. Selon l’historien Bernard Lory, « la stratégie du parti communiste est
assez subtile : retardement des élections afin de consolider ses positions en tant que parti, maintien
d’une façade pluraliste, infiltration progressive des rouages de l’État, sabotage du fonctionnement
démocratique. Tout cela avec l’appui extérieur décisif de l’URSS. »
Novembre 1947 : Le chef du parti paysan, Iuliu Maniu, arrêté en juillet, est condamné à la prison
à vie.
30 décembre 1947 : Le roi Michel est contraint à l’abdication et quitte la Roumanie le 3 janvier
1948. La constitution de 1923 est abrogée et la République populaire roumaine proclamée.
Février 1948 : La fusion des partis communiste et socialiste aboutit à la création d’un parti
« ouvrier » unique. Un traité d’amitié et d’assistance mutuelle est signé le 4 février pour vingt ans
avec l’URSS.
11 juin 1948 : Toutes les grandes entreprises industrielles ou bancaires, tous les services publics
sont nationalisés. L’économie du pays a beaucoup souffert de la guerre, du fait des prélèvements
réalisés au profit de l’Allemagne et du fait des destructions infligées aux installations pétrolières
par les bombardements anglo-américains. En 1947, la production industrielle ne représente que la
moitié de celle de 1938.
Mars 1949 : Début de la collectivisation des terres. Elle entraîne de violents troubles, qui sont
sévèrement réprimés. La Roumanie communiste participe par ailleurs à la lutte contre le
« titisme » au moment où le « bloc socialiste » apparaît divisé par le schisme soviéto-yougoslave.
La population serbe et allemande du Banat roumain est déportée dans le delta du Danube et
l’épuration du parti aboutit à l’exclusion de 20 % de ses membres. En avril 1954, le leader
communiste Lucretiu Patrascanu soupçonné de sympathies titistes et accusé de « complot » – alors
27 mai 1952 : Éviction par le comité central du Parti ouvrier roumain (le nouveau nom du Parti
communiste depuis février 1948) des responsables « moscoutaires », ceux qui étaient en URSS
durant la guerre et qui sont souvent d’origine étrangère, tels le Hongrois Vasile Luca ou la juive
moldave Anna Pauker). Le bénéficiaire de cette opération est Gheorghe Gheorghiu Dej, un
Roumain de souche, qui devient le maître absolu du pays. Cet épisode annonce l’affirmation de la
préoccupation « nationale » au sein du régime, sans que Staline semble alors s’en soucier, ce qui
est surprenant en pleine campagne anti-titiste.
Juillet 1958 : Les troupes soviétiques qui y étaient stationnées quittent la Roumanie.
1961-1963 : Tensions entre Moscou et Bucarest dans la mesure où les Soviétiques cherchent à
faire du COMECON (Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM) créé dès 1949) une
organisation de division du travail au sein du « bloc socialiste ».
Février 1964 : Le premier ministre roumain Ian Maurer tente de concilier les points de vue
divergents de Moscou et de Pékin.
27 avril 1964 : Malgré un voyage secret de Khrouchtchev à Bucarest pour dissuader les dirigeants
roumains de prendre leurs distances avec Moscou, Gheorghiu Dej revendique le droit de définir sa
« voie vers le socialisme » et pose la question de la Bessarabie en invoquant un texte de Marx qui
dénonçait l’annexionisme de l’ancien régime tsariste. Le 10 juillet, Mao Tsé Toung dénonce les
annexions territoriales perpétrées par les Soviétiques à l’encontre de la Roumanie. Moscou
s’accommode de la fronde toute relative des Roumains que leur position géographique rend
aisément vulnérables à une intervention soviétique. Le nationalisme instrumentalisé par le régime
sert de plus à le légitimer, au moins en partie, aux yeux de l’opinion.
Été 1967 : La Roumanie, à la différence des autres démocraties populaires, maintient ses relations
avec Israël à l’issue de la guerre des Six Jours du mois de juin.
2-3 août 1969 : Visite du président Nixon en Roumanie. Ceausescu se rend en France en
juin 1970, puis aux États-Unis en octobre.
8 juillet 1970 : Signature d’un traité soviéto-roumain resserrant les liens entre Bucarest et Moscou.
Juillet 1972 : Lors de la conférence nationale du parti communiste, Ceausescu annonce la mise en
œuvre de « l’homogénéisation » visant à l’assimilation des minorités nationales (spécialement la
minorité hongroise) et de la « systématisation » visant à faire disparaître les différences entre
villes et campagnes.
1975 : Les États-Unis accordent à la Roumanie la clause de la nation la plus favorisée. Visite en
août en Roumanie du président Gerald Ford.
1981 : Le remboursement de la dette extérieure impose une politique de rigueur très sévère, mal
supportée par la population qui voit son pouvoir d’achat diminuer de près de moitié.
1982 : Le voyage de François Mitterrand prévu à Bucarest est ajourné. Ceausescu donne
désormais en Occident l’image d’un dictateur mégalomane.
1984 : La Roumanie est le seul pays de l’Est à participer aux jeux Olympiques de Los Angeles
boycottés par les autres.
1984 : Lancement de la rénovation urbaine de Bucarest, qui sacrifie des quartiers traditionnels
entiers.
Novembre 1987 : Grèves de Brasov. Les ouvriers grévistes réclament une « perestroika »
roumaine ; Gorbatchev s’est rendu en Roumanie au mois de mai précédent.
Mars 1989 : La Roumanie est condamnée par la commission des droits de l’homme de l’ONU.
20 mai 1990 : Les élections présidentielle et législative donnent la victoire à Ion Iliescu (élu
président avec 80 % des voix) et au Front de salut national (66 % des suffrages) qui regroupe
nombre d’anciens communistes.
Juin 1990 : Les mineurs venus de province à l’appel du pouvoir qui invoque une « menace
néo-fasciste », font la chasse, dans Bucarest, aux tenants de l’opposition (7 morts et 277 blessés).
Février 1991 : Une Convention nationale réunit tous les partis d’opposition au nouveau régime.
Septembre 1991 : Chute du gouvernement de Petru Roman, qui représentait l’aile réformiste au
sein du Front de salut national.
Novembre 1991 : La nouvelle constitution est adoptée par le Parlement et soumise à référendum
le 8 décembre (53,5 % de oui).
Décembre 1991 : Fin de l’URSS, remplacée par une Communauté d’États indépendants à laquelle
ne participent pas les anciennes républiques baltes.
Avril 1992 : En visite privée, le roi Michel reçoit un accueil triomphal en Roumanie.
27 septembre – 9 octobre 1992 : I. Iliescu est réélu président avec 51 % des voix mais son parti, le
Front de salut national, n’obtient que 28 % des suffrages aux législatives. Formation du
gouvernement « technique » de Nicolae Vacaroiu. La situation économique se détériore encore
après les très dures années 80. Le pouvoir d’achat chute de 40 % de 1980 à 1992.
Janvier 1999 : La Roumanie connaît une grave crise sociale. Les mineurs du Jiu marchent sur
Bucarest et obtiennent le report de la fermeture des mines et des augmentations de leurs salaires.
La libéralisation économique et les ajustements structurels exigés par le FMI rencontrent une
opposition grandissante dans le pays.
10 décembre 2000 : Ion Iliescu bat le nationaliste Corneliu Vadim Tudor, leader du parti Romania
Mare, au deuxième tour de l’élection présidentielle (70 % des suffrages mais 50 % d’abstentions).
Le Parti de la démocratie socialiste d’Iliescu n’emporte que 40 % des voix aux législatives et le
parti de Tudor 22 %, ce qui en fait le deuxième parti du pays. Le nouveau président, qui a brillé
par son immobilisme de 1990 à 1996 quand il occupait déjà cette fonction, va devoir préparer la
marche de la Roumanie vers l’Europe mais le pays ne compte pas parmi ceux qui doivent intégrer
l’Union en 2005.
29 mars 2002: La Roumanie se déclare candidate à l'entrée dans l'OTAN en justifiant cette
demande par la nécessité de lutter contre le terrorisme.Elle est invitée en novembre 2002 et sera
admise au sein de l'alliance deux ans plus tard.
Août 2002: La Roumanie signe avec les Etats-Unis un accord bilatéral qui assure l'impunité
devant la Cour Pénale Internationale des soldats américains présents sur son sol. Le mois suivant,
Bucarest soutient Washington sur cette question de la CPI, privilégiant ainsi sa préférence
atlantiste par rapport à ses engagements européens. La Roumanie permet également le
stationnement de personnels et de matériels américains sur son territoire et engage une unité de
combat en Afghanistan.
17 novembre 2004: La Roumanie reconnaît sa part de responsabilité dans l'extermination des Juifs
au cours de la Seconde Guerre Mondiale.
1er janvier 2005: Le taux de l'impôt est ramené à un taux unique de 16%, pour les particuliers
comme pour les sociétés, afin de favoriser le dynamisme de l'économie et de limiter l'évasion
fiscale.
13 avril 2005: Un vote du Parlement européen donne le feu vert en vue de l'adhésion de la
Roumanie et de la Bulgarie à l'Union Européenne.
1er juillet 2005: Une réforme monétaire substitue le nouveau leu à l'ancien.
6 décembre 2005: Un accord est signé entre les Etats-Unis et la Roumanie en vue de l'installation
de bases américaines, ce qui suscite, deux jours plus tard, une vive réaction de Moscou.
27 septembre 2006: Jacques Chirac se rend à Bucarest pour le sommet de la francophonie qui s'y
ouvre le 28.
2 novembre 2006: Visite à Berlin du premier ministre roumain Calin Popescu Tariceanu. Il y
rencontre la chancelière Angela Merkel et l'assure du soutien de son pays à la prochaine
présidence allemande de l'Union .
1er janvier 2007 : Date de l'entrée de la Roumanie dans l'Union. Elle bénéficiera d'une
cinquantaine de dérogations pour se mettre aux normes exigées dans plusieurs domaines. Des
mesures draconiennes ont notamment été prises contre la corruption. Elles ont conduit le président
de la Chambre des Députés, Adrian Nastase, à démissionner.
La Roumanie a subi de plein fouet les retombées de la crise financière de 2000 avec, dès l'année
suivante, une croissance négative à - 8,5%, qui allait de pair avec des incertitudes politiques liées
aux consultations électorales locales et législatives. Le pays a pu repartir de l'avant du fait des
atouts dont il dispose: un vaste espace agricole, une infrastructure industrielle solide, notamment
dans l'automobile (Dacia) et des perspectives de développement touristique encourageantes sur le
littoral de la Mer Noire et dans les Carpathes...
Depuis novembre 2014, le pays connaît une cohabitation entre le social-démocrate Victor Ponta,
premier ministre depuis 2012, et le nouveau président de la République libéral Klau Johannis, issu
de la minorité allemande de Sibiu, en Transylvanie. Entre temps, la politique d'austérité mise en
oeuvre avant 2012 par le président de centre- droit Traian Basescu a porté ses fruits et la
croissance économique est revenue (2,4% en 2014, la production industriell- qui bénéficie d'un
faible coût de la main d'oeuvre - assurant le tiers de cette croissance.) L'objectif d'amener le déficit
budgétaire sous la barre des 3% a été atteint, sur fond d'inflation maîtrisée et de baisse du taux de
chômage (6,5% en 2014).Le problème demeure de la faiblesse des investissements étrangers,
découragés par l'instabilité fiscale. Engagé à mettre en oeuvre une ambitieuse réforme
administrative visant à la création de régions d'envergure européenne, le pays peut compter sur
l'aide promise par la Commission de Bruxelles, bien nécessaire puisqu'il demeure le plus pauvre
de l'Union Européenne si l'on considère le revenu moyen par tête d'habitant.