1ere Perfec Langue S7 Focalisation
1ere Perfec Langue S7 Focalisation
1ere Perfec Langue S7 Focalisation
PERFECTIONNEMENT DE LA LANGUE
Leçon 1 : La focalisation
Situation d’apprentissage
Les élèves de la première A/C/D de ton établissement veulent renforcer leurs acquis
en lecture et en production de textes divers afin de mieux s’exprimer à l’oral et à l’écrit.
A partir des supports suivants : (voir textes en annexe) ils s’exercent à identifier, à analyser
et à utiliser judicieusement les tonalités littéraires.
Texte n°1
« Comme il faisait une chaleur de tente-trois degrés, le boulevard Bourdon se
trouvait absolument désert. .
Plus bas le canal Saint-Martin, fermé par les deux écluses étalait en ligne droite son
eau couleur d’encre. Il y avait au milieu, un bateau plein de bois, et sur la berge deux rangs
de barriques.
Au delà du canal, entre les maisons que séparent des chantiers le grand ciel pur se
découpait en plaques d’outremer, et sous la réverbération du soleil, les façades blanches, les
toits d’ardoises, les quais de granit éblouissaient. Une rumeur confuse montait du loin dans
l’atmosphère tiède ; et tout semblait engourdi par le désœuvrement du dimanche et la
tristesse des jours d’été.
Deux hommes parurent.
L’un venait de la Bastille, l’autre du Jardin des Plantes. Le plus grand, vêtu de toile,
marchait le chapeau en arrière, le gilet déboutonné et sa cravate à la main. Le plus petit,
dont le corps disparaissait dans une redingote marron, baissait la tête sous une casquette à
visière pointue.
Quand ils furent arrivés au milieu du boulevard, ils s’assirent à la même minute, sur
le même banc. Pour s’essuyer le front, ils retirèrent leurs coiffures, que chacun posa près de
soi ; et le petit homme aperçut écrit dans le chapeau de son voisin : Bouvard ; pendant que
celui-ci distinguait aisément dans la casquette du particulier en redingote le mot :
Pécuchet. » […]Flaubert, Bouvard et Pécuchet, 1881.
Texte n°2
« Frédéric, en face, distinguait l’ombre de ses cils. Elle trempait ses lèvres dans son
verre, cassait un peu de croûte entre ses doigts ; le médaillon de lapis-lazuli, attaché par une
chaînette d’or à son poignet, de temps à autre sonnait contre son assiette. Ceux qui étaient
là, pourtant, n’avaient pas l’air de la remarquer. » […] Flaubert, L’Éducation sentimentale,
1869.
Texte n°3
« Vers le milieu du mois d’octobre 1829, monsieur Simon Babylas Latournelle, un
notaire, montait du Havre à Ingouville, bras dessus bras dessous avec son fils, et
accompagné de sa femme, près de laquelle allait, comme un page, le premier clerc de
l’Étude, un petit bossu nommé Jean Butscha. Quand ces quatre personnages, dont deux au
moins faisaient ce chemin tous les soirs, arrivèrent au coude de la route qui tourne sur elle-
même comme celles que les Italiens appellent des corniches, le notaire examina si personne
ne pouvait l’écouter du haut d’une terrasse, en arrière ou en avant d’eux, et il prit le médium
de sa voix par excès de précaution. » […] Balzac, incipit de Modeste Mignon, 1844.
Définition de la notion
La focalisation est une technique de narration. Elle précise la position de celui qui
raconte ou parle dans le texte. C’est pourquoi elle est aussi dite : point de vue. La
focalisation, c’est donc le point de vue de celui qui conduit la narration dans un récit (roman,
nouvelle, épopée…). Il existe trois types de focalisation selon la position occupée par le
narrateur.
Exemple : texte n° 5
Kelara sentait la boule qui lui était montée à la gorge en même temps qu’elle pleurait.
Elle vit son mari, le crâne luisant au soleil, sourire bêtement au chef des Blancs. Elle ne sut ce
qui se passa en elle. Meka lui apparut comme quelqu’un qu’elle n’avait encore jamais vu.
Ferdinand OYONO, Le vieux nègre et la médaille
Narrateur = un personnage
Le narrateur se confond au personnage ; il raconte ce que vit le personnage.
La focalisation est dite zéro ou point de vue omniscient lorsque le narrateur est
omniscient.
Contrairement aux deux premières focalisations, la focalisation zéro, est un regard
illimité. Le narrateur connaît tout de l’histoire racontée .Il sait tout des personnages, des
lieux et des temps de l'action. Il voit tout et sait tout; il connaît les pensées de tous les
personnages, leur passé, leur présent, leurs sentiments et leur avenir. Il peut même raconter
des évènements qui se déroulent dans divers endroits au même moment. C’est pourquoi cette
focalisation est aussi dite : focalisation omnisciente. Le point de vue est donc ici subjectif et
exhaustif.
Le narrateur omniscient intervient très fréquemment dans la narration pour donner
au lecteur des indications sur l’action ou les personnages.
Exemple texte n°3 : « Vers le milieu du mois d’octobre 1829 … de sa voix par excès de
précaution. » […]
Balzac, incipit de Modeste Mignon, 1844.
L’effet est produit par le manque de limite dans la narration. Ce fait crée chez le lecteur
une connaissance ample de l’intrigue. Le lecteur à l’impression d’avoir été un témoin de
l’histoire, vu qu’il sait tout et même les moindres détailles. Il pense avoir la maîtrise de la
situation évoquée parce qu’il l’a véritablement vécue.
EXERCICES
EXERCICE 1
La récitation
C’est la leçon de récitation…je regarde la main de la maîtresse, son porte-plume qui
descend le long de la liste de noms…hésite…si elle pouvait aller plus bas jusqu’à la lettre
T ?...elle y arrive, sa main s’arrête, elle lève la tête, ses yeux me cherchent, elle m’appelle…
J’aime sentir cette peur légère, cette excitation…. Je sais très bien le texte par cœur, je
ne risque pas de me tromper, mais il faut surtout que je parte sur le ton juste…voilà, c’est
parti…
N. Sarraute, Enfance
a-Relevez dans le texte les indices suggérant les émotions du personnage ;
b-Quel rapport existe-il entre le narrateur et le personnage ?
c-Identifiez le type de focalisation utilisé.
Corrigé
a- Les points de suspensions ; l’interrogation rhétorique (si elle pouvait aller plus bas
jusqu’à la lettre T ?) ; les verbes de perception (regarde L1, sentir L4) ;
vocabulaire de l’émotion (« aime », « excitation »)
b- Le personnage et le narrateur semblent se confondre.
c- Il s’agit de la focalisation interne.
EXERCICE 2
Texte 1 : Les trois cartes
Hermann est devenu fou. Il est à l’hôpital Oboukov, au numéro 17, ne répond à
aucune question et marmotte très rapidement : « trois, sept, as ! Trois, sept, dame !... »
Liseveta Ivanova a épousé un jeune homme très aimable. Il est fonctionnaire et possède une
assez jolie fortune : c’est l’intendant de la vieille comtesse.
Alexandre Pouchkine, La dame de pique.
Texte 2 :
A plat ventre dans le pré, Delphine et Marinette étudiaient leur géographie dans le
même livre, et il y avait un canard qui allongeait le cou entre les deux têtes pour regarder les
cartes et les images. C’était un joli canard. Il avait la tête et le col bleus, le jabot couleur de
rouille et les ailes rayées bleu et blanc.
Marcel Aymé, Les contes bleus du chat perché.
EXERCICE 3
Texte n° 7 :
Duroy aperçut soudain, à quelques centaines de mètres, deux vieilles gens qui venaient, et
il sauta de la voiture, en criant : « les voilà, je les reconnais ».
C’étaient deux paysans, l’homme et la femme, qui marchaient d’un pas irrégulier, en se
balançant et se heurtant parfois de l’épaule. L’homme était petit, trapu, rouge et un peu
ventru, rigoureux malgré son âge ; la femme grande, sèche, voûtée, triste, la vraie femme de
peine des champs, qui a travaillé dès l’enfance et qui n’a jamais ri, tandis que le mari blaguait
en buvant avec les pratiques. Madeleine aussi était descendue de voiture et elle regardait
venir ces deux pauvres êtres avec un serrement de cœur, une tristesse qu’elle n’avait point
prévue. Ils ne reconnaissaient leur fils, ce beau monsieur, et ils n’auraient jamais deviné leur
bru dans cette belle dame en robe claire.
Ils allaient, sans parler et vite, au-devant de l’enfant attendu, sans regarder ces personnes
de la ville que suivait une voiture.
Guy DE MAUPASSANT, Bel-Ami
Traitement de l’évaluation
Focalisation zéro : « C’étaient deux paysans, l’homme et la femme, qui marchaient d’un
pas irrégulier, en se balançant et se heurtant parfois de l’épaule. L’homme était petit, trapu,
rouge et un peu ventru, rigoureux malgré son âge ; la femme grande, sèche, voûtée, triste, la
vraie femme de peine des champs, qui a travaillé dès l’enfance et qui n’a jamais ri, tandis
que le mari blaguait en buvant avec les pratiques ».
Focalisation externe : « Ils allaient, sans parler et vite, au-devant de l’enfant attendu,
sans regarder ces personnes de la ville que suivait une voiture ».
Exercice 4
Texte n° 8
La surprise du vieil oncle de Minignan fut telle qu’il demeura muet quelques instants.
Certes, il avait appris ce qui était arrivé à Masseni. Il en avait été ulcéré, mais la tournure
que venait de prendre l’évènement le mettait dans l’embarras vis-à-vis de la famille.
Rejeter la démarche du chef de canton était gros de conséquences fâcheuses pour lui et
ses enfants. Mais renoncer au droit qu’il avait sur Masseni était violation flagrante de la
coutume, ce qui porterait un coup fatal à l’unité de la communauté dont il avait la charge. Il
lui fallait peser le pour et le contre avant de prendre une décision. Il demanda pour cela à la
délégation un temps de réflexion et lui fixa rendez-vous pour le lendemain chez le chef de
village.
Tidiane DEM, Masseni.
Texte n° 9
Peu après que Fauchelevent eut achevé de clouer la planche de dessus, Jean Valjean
s’était senti emporter, puis rouler. À moins de secousses, il avait sentit qu’on passait du pavé
à la terre, c’est-à-dire qu’on quittait les rues et qu’on arrivait aux boulevards. À un bruit
sourd, il avait deviné qu’on traversait le pont d’Austrelitz. Au premier temps d’arrêt, il avait
compris qu’on entrait dans le cimetière.
Victor HUGO, Les misérables
Texte n ° 10
La nuit est ténébreuse. On ne distingue pas la forme des choses. Les lucioles, de leur
lumière mythique rependent plus de frayeur que de clarté. La brousse est silencieuse. Un
lourd silence percé de mille petits bruits mystérieux… Pour accompagner Detty à Zaado,
Maaga s’est adjoint deux amis. N’ayant apporté ni lampe, ni torche, ils suivent le sentier plus
par instinct que la vue. À l’exception de Detty, tous parlent et rient très fort pour vaincre la
peur qui les gagne au fur et à mesure qu’ils s’enfoncent dans la forêt noire. Ils pouvaient
pourtant prendre la route des voitures… Mais le goût du raccourci…
Après une longue marche, ils perçoivent un lointain roulement de tam-tam qui semble
venir à leur rencontre. Bientôt, ils entendent aussi clairement des battements de mains et une
voix d’homme chantant un refrain mélodieux repris aussitôt par un chœur de jeunes filles. Ils
sont à l’entrée du village de Zaado. Un grand feu de bois illumine les cases et maisons en
terre battue. Les toits de paille, pointus, sont aussi distincts qu’en plein jour. Quelques
volailles noctambules continuent de gratter le sol, picorant des grains imaginaires.
Adrass AMED, « l’affront », j’ai l’honneur.