Cours de Mécanique Quantique
Cours de Mécanique Quantique
Cours de Mécanique Quantique
Alberto Verga
10 février 2020
Table des matières
1 Introduction 4
1.1 Physique et dimension . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2 Mécaniques classiques et quantiques . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.1 Le puits de potentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2.2 La particule libre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.2.3 Principes quantiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3 Notes bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 Compléments et problèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.4.1 Exercices de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.4.2 Phénomènes quantiques : quantification de l’énergie . 13
1.4.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4.4 Devoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.5 Notions de probabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2
§0.0 – TABLE DES MATIÈRES
4 États liés 49
4.1 L’oscillateur harmonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
4.2 Système à deux niveaux, résonance magnétique . . . . . . . . 53
4.3 Compléments et problèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
5 Moment angulaire 59
5.1 Algèbre du moment angulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
5.2 Harmoniques sphériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
5.3 Potentiel central . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
5.4 Compléments et problèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
6 Méthodes d’approximation 69
6.1 Méthode variationnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
6.2 Méthode des perturbations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
6.3 L’effet d’un champ électrique sur l’atome d’hydrogène . . . . . 72
6.4 Perturbation dépendante du temps . . . . . . . . . . . . . . . . 74
6.5 Compléments et problèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3
Chapitre 1
Introduction
[E] ML 2 T −2 , (1.1)
4
§1.2 – Mécaniques classiques et quantiques
d2
m x(t) −∇V(x) . (1.4)
dt 2
la masse multipliée par l’accélération est égale à la force, équation différentielle
de deuxième ordre, dont la solution dépend des deux paramètres. Ces
paramètres peuvent être déterminés par les conditions initiales (position et
vitesse à un temps donné) ou par des conditions de bord (on se demande s’il
existe une trajectoire reliant deux points).
Du point de vue dimensionnel, la loi de Newton determine les unités de
la force et de l’énergie : [F] [m][a] MLT −2 [V]/L (a est l’accélération),
[V] ML 2 T −2 .
Une conséquence immédiate de la forme de l’équation différentielle
(1.4) est précisément la conservation de l’énergie (mécanique). En effet, en
multipliant par la vitesse v xÛ (le point denote la dérivée temporelle) et en
intégrant une fois, on obtient que l’énergie,
mv 2
E + V(x) const , (1.5)
2
somme de l’énergie cinétique et potentielle, est une constante (fixée par les
conditions initiales). L’expression (1.5) suggère d’introduire une fonction des
5
Introduction
p2
H(p, x) + V(x) . (1.6)
2m
On peut réécrire l’équation de Newton (1.4) sous la forme d’un système
d’équations différentielles de premier ordre,
∂ ∂
x(t)
Û H(p, x) , Û −
p(t) H(p, x) , (1.7)
∂p ∂x
où la dérivée par rapport à un vecteur est une notation pour le gradient, ∂/∂x
∇, etc. Ces équations montrent que le système mécanique est complètement
défini par la forme du hamiltonien.
La loi dynamique en mécanique quantique, équivalente à la loi de Newton
classique, dans le sens où elle fournit une description complète du système
physique, est donnée par l’équation d’onde de Schrödinger,
∂
i~ ψ(x, t) Hψ(x, t) , (1.8)
∂t
ici ψ ∈ C est la fonction d’onde, elle determine l’état du système quantique ;
H est l’opérateur hamiltonien, obtenu à partir du hamiltonien classique en
remplaçant l’impulsion par son opérateur :
où l’intégrale porte sur tout le volume du système. On voit que les dimensions
de la fonction d’onde ne sont pas fixées par √ l’équation dynamique, mais
par la condition (1.10), on obtient [ψ] 1/ Vol. L’équation (1.10) permet
d’interpreter mathematiquement le module de la fonction d’onde |ψ| 2 comme
une densité de probabilité.
Si on ne se tient qu’à la différence mathématique entre les équations de
la dynamique classique et quantique, on note que dans le cas quantique la
résolution de (1.8), ne peut pas se faire à l’aide de la seule condition initiale
dans le temps : il faut la compléter avec des conditions sur la distribution
spatiale de la fonction d’onde. Cela signifie que le résultat ne sera pas sous la
forme d’une trajectoire comme dans le cas classique, mais sur la forme de
la fonction d’onde dans l’espace à chaque temps. En outre, l’équation étant
linéaire, pour une énergie fixée E, on peut simplement poser,
6
§1.2 – Mécaniques classiques et quantiques
~2
− ∇2 ψ(x) + V(x)ψ(x) Eψ(x) . (1.12)
2m
La résolution de (1.12) nécessite la spécification des conditions aux limites
(ou de bord). L’origine physique de cette distinction se trouve dans le principe
d’incertitude de Heisenberg, lequel stipule d’une part, l’inexistence de la
trajectoire,
∆p∆x & ~ , (1.13)
où ∆x denote l’incertitude de la grandeur x, car il est impossible de fixer
à la fois l’impulsion p et la position x avec une précision arbitraire (∆p →
0, ∆x → 0), et d’autre part, impose une durée de vie infinie à un état ayant
une énergie parfaiement déterminée :
(les primes désignent la dérivée par rapport à la variable, ici x). La solution
de (1.16) comporte deux paramètres arbitraires ; pour les déterminer on
utilise une information physique, la fonction d’onde doit être continue et
normalisable [voir l’équation (1.10)] ; or en dehors de la région V 0, on
7
Introduction
8
§1.2 – Mécaniques classiques et quantiques
1 p
ψ(x, t) √ eikx−iEt/~ , k k(E) 2mE/~2 , (1.21)
L
9
Introduction
10
§1.3 – Notes bibliographiques
En résumé, tandis que l’état d’un système classique se laisse définir par
un ensemble de paramètres, position et vitesses, à un moment donnée,
l’état quantique nécessite la spécification d’un champ d’amplitudes com-
plexes, la fonction d’onde. L’évolution du système des particules classiques,
comme toute théorie physique fondée sur la mécanique de Newton, est
essentiellement déterministe, ce qui contraste avec la nature probabiliste des
phénomènes quantiques.
Les quelques deux systèmes quantiques qu’on vient de discuter, la parti-
cule libre et la particule dans un puits de potentiel, ont permis de mettre en
évidence les principes quantiques de la mécanique ondulatoire, la partie de
la mécanique quantique basée sur l’équation de Schrödinger et la fonction
d’onde :
. le principe d’incertitude de Heisenberg, qui stipule l’impossibilité de
mesurer avec une précision arbitraire deux observables complémentaires,
comme la position et l’impulsion ;
. le principe de superposition, qui est à l’origine de la linéarité de l’équation
de la dynamique quantique sur la fonction d’onde ; la fonction d’onde peut
être assimilée à un élément d’un espace vectoriel (complexe), l’addition
des fonctions d’onde (représentant un état, solution de l’équation de
Schrödinger) est aussi une fonction d’onde ;
. le principe de probabilité, l’état quantique est associé à une distribution
de probabilité ; la probabilité de mesurer une valeur spécifique d’une
grandeur physique (observable) est donnée par le module au carré de la
fonction d’onde.
Les principes de la mécanique quantique sont donc l’incertitude, la superpo-
sition des états, et la probabilité des observables.
11
Introduction
H |Ei E |Ei
avec H la matrice,
a b
H
b c
où a, b, c ∈ R. Calculez les valeurs propres E et les vecteurs propres |Ei.
Idem pour la matrice
a b 0
H b a b ®
© ª
«0 b a ¬
Exercice 2. On définit les vecteurs colonne
1 0
|+i , |−i ,
0 1
leurs transposés.
1. Montrez qu’ils sont de norme 1 et orthogonaux :
4. Calculez Õ
|+i h+| , |−i h−| , |ii hi|
i±
d2
ψ(x) + k 2 ψ(x) 0,
dx 2
dans le deux cas k > 0 et k iκ (κ ∈ R) ; et
d
ψ(x) + xψ(x) 0 .
dx
12
§1.4 – Compléments et problèmes
(x − x 0 )2
1
f (x) √ exp − ,
2πl 2 2l 2
avec l > 0 p
et x 0 deux constantes. Calculez la valeur moyenne hxi et l’écart
type ∆x h(x − hxi)2 i. Calculez les points d’inflexion de f . Faites le graphe
de f .
Exercice 5. La fonction
ψ(x) A sin(πx/a)
est définie dans l’intervalle x ∈ I [0, a] avec a > 0. Calculez la valeur de
A ∈ C pour laquelle on vérifie
∫ a
dx |ψ(x)| 2 1 .
0
1. Le corps noir (Planck). On considère une cavité dans laquelle matière et rayon-
nement sont à l’équilibre thermodynamique à la température T. Du point de
vue classique le rayonnement est une superposition d’ondes électromagnétiques
de fréquence quelconque ω satisfaisant à la relation ω ck, avec k le nombre
d’onde. Chaque onde peut donc être associée à un oscillateur mécanique dont
l’énergie E est proportionnelle au carré de l’amplitude d’oscillation. L’énergie
d’une onde prends toutes les valuers positives E > 0 et la densité de probabilité,
dépendente de la temperature, est donnée par la loi de Boltzmann :
E
P(E) ∼ exp − ,
kB T
13
Introduction
3 T = 3K ∞ ∞
1 Õ Õ
2
hEi n ~ ωe−n ~ω/kB T , Z e−n ~ω/kB T ,
Z
n0 n0
1
ce qui donne,
~ω
1 2 3 4 5 6 7 8 hEi .
h̄ω/kB T −1e~ω/kB T
Distribution de l’énergie
On obtient finalement une densité d’énergie,
d’un corps noir à T 3 K. ~ω3 1
(ω, T) f (ω, T) , f (ω, T) ,
π2 c 3 e~ω/kB T − 1
dont l’intégrale sur toute les fréquences, parfaitement convergente, donne la loi
de Stefan (T) (4/c)σT 4 (avec σ la constante de Stefan-Boltzmann). La fonction
f (E p , T) est la distribution de Bose-Einstein des photons.
14
§1.4 – Compléments et problèmes
mv 2 e2 n 2 ~2 e2
E − − E(r) .
2 4π0 r 2mr 2 4π0 r
La minimisation de E E(r) donne le rayon de l’orbite r n et son énergie E n :
Ry
r n r1 n 2 , En − , n 1, 2, . . . ,
n2
avec
a 0 ≡ r1 4π 0 ~2 /e 2 m ≈ 53 pm
le rayon de Bohr, et
Ry (e 2 /4π 0 )2 m/2~2 ≈ 13.6 eV
la constante de Rydberg. Les lignes du spectre de fréquence ω correspondent
aux différences d’énergie entre deux valeurs de n (niveaux d’énergie), E n − E m
~ω n,m .
1.4.3 Exercices
~ 2 d2 ψ
− + V(x)ψ Eψ
2m dx 2
avec ψ continue et de dérivée continue. Selon la forme du potentiel l’énergie
peut prendre des valeurs continues ou discrètes (spectre d’énergie) ; pour le
spectre continu la fonction d’onde aura la forme d’une onde plane ψ ∼ eikx
avec k k(E) ; pour des valuers discrètes
∫ (états liés) la fonction d’onde
s’annule à l’infini et est normalisable : dx|ψ| 2 1.
1. La marche de potentiel. L’équation de Schrödinger admet des solutions sous
la forme d’onde progressive ψ(x, t) e−iωt+ikx , avec ω E/~, d’énergie E et
nombre d’onde k. Une question intéressante est celle de la diffusion d’une telle
onde par un potentiel, le problème de scattering. Le cas le plus simple est celui
de la transmission de l’onde (particule quantique) en présence d’une marche de
V (x)
potentiel,
(
0, x≤0
V(x) , E
V0 , x>0
V0
avec V0 une constante qu’on considère dans un premier temps V0 < E. Si on
x
suppose une onde incidente par la gauche (x < 0) d’amplitude donnée A, la
solution de l’équation de Schrödinger s’écrit, Marche de potentiel.
k−q
(
Aeikx + k+q Ae
−ikx , x≤0
ψ(x) iqx ,
,
2k
k+q Ae x>0
~k ~q 4k 2
jinc |A| 2 , jtrans |A| 2 ,
m m (k + q)2
15
Introduction
d’où on obtient
4kq (k − q)2
T , R , R+T 1
(k + q)2 (k + q)2
avec R le coefficient de réflexion. La somme des probabilités de transmission et
de réflexion donne 1.
Le cas E < V0 correspond à changer q → iκ dans l’équation de la fonction
d’onde, ce qui conduit à T 0 et R 1.
2.
E > V0 (
V0 , |x| ≤ a
V0 V(x)
E < V0 0, x > |a|
−a a x
Considérez les cas E > V0 et E < V0 . Le coefficient de transmision résulte,
1 V02
1+ sinh2 (2κa), E < V0
T 4E(V0 − E)
p
avec κ 2m(V0 − E). Trouvez les énergies pour lesquelles le coefficient de
réflexion s’annule (dans le cas E > V0 ).
3.
E>0 (
−V0 , |x| ≤ a
−a a V(x)
x 0, |x| > a
E<0
Considérez les cas E > 0 et E < 0. Dans le cas E > 0, montrez que le coefficient
−V0 de transmission s’écrit,
1 V02
Puits de potentiel. 1+ sin2 (2qa), E > V0
T 4E(E + V0 )
p
formule ananlogue à celle de la barrière de potentiel, avec q 2m(E + V0 ).
Dans le cas E < 0 le calul des états liés nécessite la résolution d’une équation
transcendante :
q tan qa κ, q 2 2m(V0 − |E|), κ 2 2m|E|
pour les états pairs, et
q cot qa −κ
pour les états impairs.
16
§1.4 – Compléments et problèmes
avec a < b < c, f (x) quelconque, et, dans la dernière équation, x0 est le seul zéro
de f .
L’équation de Schrödinger s’écrit,
~2 d2
E+ ψ(x) v0 δ(x)ψ(0)
2m dx 2
Im p
les ondes sortantes :
mv0 eip|x|/~
ψ(x) eipx/~ + . x>0
ip ~ − mv0
L’onde transmise est ψ t ψ(x > 0) teipx/~ , ce qui donne pour le coefficient de
transmission T |t | 2 , √
− 2mE
√
2mE
Re p
E
T(E) .
E + mv02 /2~2 x<0
~2 v
V(x) − [δ(x + a) + δ(x − a)]
2ma
où v > 0 est une grandeur sans dimensions représentant l’intensité du puits
et 2a est la distance entre les deux puits. On s’intéresse à l’état de plus basse
énergie E < 0. La fonction d’onde de cet état est paire.
Trouvez la fonction d’onde ψ(x) et dessinez-la schématiquement.
Démontrez que l’énergie E est solution de
v 2m|E|a 2
tanh k −1, k2 .
k ~2
Faites la représentation graphique de cette équation. Estimez la valeur de E dans
la limite de v 1.
1.4.4 Devoir
17
Introduction
Fig. 1.
18
§1.4 – Compléments et problèmes
nP 1
P(P) lim
n→∞ n 2
où n P est le nombre de piles sur n jets.
Une variable aléatoire X discrète est un événement qui prend des valeurs
numériques x (des entiers par exemple) avec une certaine probabilité :
P(X x) p(x)
h∆x 2 i hx 2 i − hxi 2
19
Introduction
20
§1.4 – Compléments et problèmes
21
Chapitre 2
(|ψi)† hψ| ,
eiφ (2.3)
|ψi → (|ψi)†
1
elle est notée par le symbole « † », et correspond, dans le langage de matrices
hψ| e−iφ
1
à la transposition suivie de la conjugaison complexe. Le produit scalaire d’un
le conjugué hermitique bra hφ| et un ket |ψi est un nombre complexe ayant la propriété (définition) :
d’un ket de H est son bra
correspondant de H † . hφ|ψi hψ|φi ∈ C . (2.4)
22
§2.1 – L’espace de Hilbert, états et opérateurs
[A, B] AB − BA . (2.7)
[A, [B, C]] + [C, [A, B]] + [B, [C, A]] 0 , (2.9)
On dit qu’un opérateur A est hermitien quand il est égal à son conjugué
hermitique A† ,
† a c
AA , hφ|A|ψi hψ|A|φi . (2.11) A
c̄ b
Les opérateurs hermitiens forment une classe importante d’opérateurs de avec a, b ∈ R et c ∈ C, est une ma-
la mécanique quantique puisqu’ils représentent les observables physiques. trice hermitienne de dimension
En effet, on déduit immédiatement de (2.11) que la valeur de l’opérateur 2 × 2.
hermitien A dans l’état |ψi est réelle :
a est la valeur esperée de A dans l’état quantique |ψi. Il est intéressant d’observer
que cette équation peut aussi s’écrire
23
Les mathématiques des états quantiques
Enfin, l’opérateur U dont son conjugué hermitique est au même temps son
inverse, se dit unitaire,
U eiA , A A†
U † U UU † 1 , U † U −1 . (2.14)
est une forme typique
d’opérateur unitaire U. Les opérateurs unitaires jouent un rôle central en mécanique quantique.
Ils sont associés aux symétries (translations, rotations, changements de
coordonnées). Ils préservent le produit scalaire,
où les primes désignent des états nouveaux, formés à partir des anciens par
application d’une transformation unitaire |ψ0i U |ψi.
avec les a n des valeurs propres réelles. En effet, pour voir que a n est réel et
que deux états |ni, |mi sont orthogonaux, il suffit de considérer l’équation
hermitique conjuguée de (2.16), hm| A ā m hm|, de la multiplier par |ni, et
de faire de même avec (2.16), en la multipliant par hm| ; après soustraction
des deux équations on obtient,
(a n − ā m ) hm|ni 0 .
24
§2.2 – Valeurs et vecteurs propres, base orthonormée
On suppose donc que l’ensemble de kets |ni forme une base orthonormée
de l’espace H , qu’on prend de dimension N, (
1, si i j
δ i, j
|ni ∈ H , hn|mi δ i, j , n, m 1, 2, . . . , N , (2.17) 0, si i , j
ψ
© 1ª
ψ2 ®
hn|ψi ψ n , |ψi → .. ®® , (2.19)
. ®
«ψ N ¬
avec l’ensemble de coefficients complexes du développement du ket |ψi, on
peut former un vecteur colonne qui représente |ψi dans la base |ni. Une autre
conséquence, en combinant (2.18) et (2.19), est la décomposition de l’unité
Õ Õ Õ
|ψi ψ n |ni |ni hn|ψi ⇒ |ni hn| 1 , (2.20)
n n n
qui est une égalité importante, avec (2.17), permettant de définir un base
complète de l’espace de Hilbert.
Ainsi comme hn|ψi représente la coordonnée ψ n du ket |ψi, le produit
scalaire,
A A12 ...
© 11
A A22 . . .®
ª
hn|A|mi A nm , A → 21 (2.22)
.. .. .. ®
. . « .
¬
permet de représenter, dans la base |ni, un opérateur par une matrice de
nombres complexes. Le développement d’un opérateur quelconque A sur
une base, équivalant à celui d’un vecteur (2.18), est donc de la forme :
Õ
A A nm |ni hm| , (2.23)
n,m
où l’ensemble d’opérateurs |ni hm| forment une base de l’espace linéaire des
opérateurs. On conclut qu’il est possible de représenter les éléments d’un
espace de Hilbert par de vecteurs colonne, et les applications linéaire sur ce
même espace, par the matrices. Toutes les opération qu’on peut effectuer avec
les vecteurs et les opérateurs de l’espace de Hilbert, peuvent être traduites en
termes des coordonnées des vecteurs et des opérateurs (comme par exemple
les ψ n et les A nm ).
25
Les mathématiques des états quantiques
L’application linéaire pour passer d’une base orthonormée |ni à une autre
|2i
base orthonormée |n 0i est un opérateur unitaire U :
′ i
|2
ψ2 |ψi Õ
|n 0i U |ni ⇒ U |n 0i hn| . (2.24)
|1 i
′
′
ψ2 n
′
ψ1
ϕ On voit qu’effectivement U est unitaire :
ψ1 |1i ÕÕ Õ Õ
Changement de base U †U |ni hn 0 |m 0i hm| |ni δ n,m hm| |ni hn| 1 .
|n 0 i U |ni , n 1, 2. n m n,m n
Changement d’état équivalent au Ces deux formules garantissent l’invariance du produit scalaire vis-à-vis des
changement de base
transformations unitaires :
ψ10 ψ01 , ψ20 ψ02 .
↑ ↑
source z z
↓
~ ~
S z |↑i |↑i , S z |↓i |↓i , (2.27)
2 2
1Cette discussion est inspirée de celle du livre de Sakurai, « Modern Quantum Mechanics »
[12], elle même basée sur la théorie des mesures sélectives de Schwinger.
26
§2.3 – Application : les opérateurs de spin
↑ →
source z x
↓ ←
↑ → ↑
source z x z
↓ ← ↓
Figure 2.2 : Schéma de l’expérience de Stern et Gerlach. Un premier filtre z
sélectionne l’état up ; on mesure ensuite la composante S x . Dans le panneau d’en
bas, après le filtre x, on ajoute un deuxième en z ; on sélectionne une composante de
x, et on mesure z : le résultat est encore deux faisceaux.
dont les valeurs propres sont les moments angulaires (spin) mesurés : ±~/2.
Ces équations reflètent la situation expérimentale dans laquelle on a sélec-
tionné l’état de spin up (premier filtre z dans la Fig. 2.1) et qu’on mesure
la composante dans la direction filtré (second filtre z) : si le spin est up, le
résultat est up (de même avec la situation opposée, de spin down). Les états
|↑i et |↓i forment une base d’un espace de Hilbert à deux dimensions. On
peut donc représenter les kets par des vecteurs colonnes et l’opérateur de
spin par des matrices 2 × 2, pour chaque composante :
1 0 ~ 1
0
|↑i |↓i Sz . (2.28)
0 1 2 0 −1
27
Les mathématiques des états quantiques
√
l’expérience. Les facteurs 1/ 2 assurent le respect des probabilités :
| h↑ | x±i | 2 1/2 , (2.31)
comme cela se déduit de la situation présentée dans la Fig. 2.2 (panneau
supérieur). Si maintenant on remplaçait les filtres en z par des filtres en y, on
obtiendrait l’équivalent de (2.31) sous la forme,
√
| y+ x± | 2 1/2 , 1 ± ei(δ1 −δ2 ) 2 ⇒ δ1 0 , δ 2 π/2 , (2.32)
où le choix de phases permet de respecter l’orientation droite du système de
coordonnées (x, y, z). En substituant ces résultats dans (2.29)-(2.30) on obtient
les états propres de S x , S y , dans la base de S z . À partir de ces expressions il
est facile d’écrire explicitement les matrices des opérateurs,
~ 0 1 ~ 0 −i
Sx , Sy . (2.33)
2 1 0 2 i 0
28
§2.4 – Compléments et problèmes
V (x)
t, et dans la barrière on a la superposition de deux ondes d’amplitude C, D.
Definition de variables :
E
V0
1 x = var(’x’, domain=’real’)
2 E, V = var(’E, V’, domain=’real’)
3 k, q, kappa = var(’k, q, kappa’, domain=’real’) a x
4 r, C, D, t = var(’r, C, D, t’, domain=’real’)
Barrière de potentiel.
1 tt=((sol[0][t]*e**(I*k)).simplify_full())*e**(-I*k)
2 tt
1 trans=((tt.real()+I*tt.imag())*(tt.real()-I*tt.imag())).\
29
Les mathématiques des états quantiques
2 simplify_full()
3 trans
4 k2 q2
2 (2.38)
4 k 2 q 2 + k 4 − 2 k 2 q 2 + q 4 sin q
1 rr = ((sol[0][r]*e**(I*k)).simplify_full())*e**(-I*k)
2 refle = ((rr.real()+I*rr.imag())*(rr.real()-I*rr.imag())).\
3 simplify_full()
4 refle
2
k 4 − 2 k 2 q 2 + q 4 sin q
2 (2.39)
4 k 2 q 2 + k 4 − 2 k 2 q 2 + q 4 sin q
1 (trans + refle).simplify_full()
donne effectivement 1.
On exprime maintenant le coefficient de transmission en fonction de
l’énergie de la particule E εV et du potentiel de la barrière V,
4 ( − 1)
hp i (2.40)
4 ( − 1) + sin2 2V( − 1)
formule valable dans l’intervalle ε ∈ (1, ∞) (E > V).
Si l’énergie de la particule est inférieure à celle de la barrière, il suffit de
faire la substitution q iκ dans les formules précedentes pour obtenir le
coefficient de transmission dans l’intervalle ε ∈ (0, 1) :
1 tti = ((sol[0][t].subs(q==I*kappa)*e**(I*k)).\
2 simplify_full())*e**(-I*k)
3 transi = ((tti.real()+I*tti.imag())*(tti.real()-I*tti.imag())).\
4 simplify_full()
5 Ti(epsilon,V) = transi.subs( { k : sqrt(2* epsilon*V),\
6 kappa : sqrt(2*V*(1-epsilon)) } ).simplify_exp()
7 Ti(epsilon,V)
√ √ √
16 2 − e (2 2 V −+1)
√ √ √ √ √ √ (2.41)
2 (8 2 − 8 + 1)e (2 2 V −+1)
− e (4 2 V −+1)
−1
Les formules (2.38) et (2.41) permettent de représenter graphiquement le
coefficient de transmission pour toutes les énergies,
30
§2.4 – Compléments et problèmes
Nous notons que pour des énergies plus petites que celles de la barrière, la
particule a une probabilité non nulle de traverser, c’est l’effet tunnel : effet
caractéristique de la mécanique quantique sans équivalent classique. En plus,
pour certaines valeurs de l’énergie, la transmission est parfaite T 1 ; pour
T(E/V,V)
ces énergies la barrière est transparente. 1
0.8
0.4
−A
A
e Be B + [A, B] + 1
2 [A, [A, B]] +··· 1 2 3 4
E/V
2. Démontrer la formule
1
eA eB eA+B+ 2 [A,B] ,
avec deux opérateurs A, B qui commutent avec leur commutateur.
Solution. On calcule la dérivée de la fonction F(t) etA etB , et on intègre
l’équation différentielle résultante, sur laquelle on a utilisé l’exercice précédent
pour changer l’ordre de facteurs, de sorte d’obtenir dF/dt ∼ F.
4. Montrez que les valeurs propres d’un opérateur hermitien sont réels. Montrez
que les vecteurs propres correspondant à deux valeurs propres différentes sont
orthogonaux.
5. Trouvez les valeurs propres et les vecteurs propres des matrices de Pauli.
31
Les mathématiques des états quantiques
x+y
eiφ
A r −iφ
e x−y
avec r, φ, x, y des paramètres réels. Trouvez les valeurs propres et les vecteurs
propres de A.
{c, c} {c † , c † } 0, et {c, c † } cc † + c † c 1,
Soit le hamiltonien
H cc † ,
avec const. Démontrez que H est hermitien. Montrez que H 2 s’exprime en
fonction de H et calculez les valeurs propres de H.
L x yp z − zp y , L y zp x − xp z , L z xp y − yp x ,
32
Chapitre 3
Principes de la mécanique
quantique
3.1 Postulats
33
Principes de la mécanique quantique
implique
hm|B|ni δ m,n hn|B|ni .
2
Õ Õ
| hc|ai | 2 hc|b n i hb n |ai , | hc|b n i | 2 | hb n |ai | 2 .
n n
34
§3.3 – Principe de correspondence
L’opérateur unitaire,
U(t, t0 ) e−iH(t−t0 )/~ (3.2)
satisfait à l’équation de Schrödinger,
∂
i~ U(t, t0 ) i~(−i/~)He−iH(t−t0 )/~ HU(t, t0 )
∂t
avec la condition initiale U(t0 , t0 ) 1. On peut en conséquence écrire,
35
Principes de la mécanique quantique
∂
−i~ hψ(t)| hψ(t)| H .
∂t
La combinaison des deux formes de l’équation de Schrödinger conduit à la
loi de conservation de la norme :
∂
hψ(t)|ψ(t)i 0 . (3.4)
∂t
Les équations (3.19) et (3.4) permettent d’envisager une forme alternative de
description de la dynamique quantique, en termes d’évolution non pas de
l’état mais de l’observable. En effet, soit A un observable, on constate que sa
valeur moyenne dans l’état ψ(t) satisfait la relation,
d
i~ A(t) [A(t), H] (3.6)
dt
comme on le démontre par dérivation de (3.5). Par comparaison avec l’équa-
tion classique de Liouville, cette forme de la dynamique quantique permet
d’énoncer le principe de correspondance.
En mécanique classique une fonction quelconque f de variables de
l’espace de phase, positions x et impulsions p (en dimensions quelconque),
f (x, p) évolue selon
df ∂ f dx ∂ f dp ∂ f ∂H ∂ f ∂H
+ − { f , H},
dt ∂x dt ∂p dt ∂x ∂p ∂p ∂x
36
§3.4 – Représentations
3.4 Représentations
~ Õ
S z |si s |si , hs |s 0i δ ss 0 , |si hs| 1, s {+, −}.
2 s
37
Principes de la mécanique quantique
Hilbert est représenté par la base |xi de position. L’équation (3.11) établie une
correspondance entre l’état quantique |ψi, vecteur de l’espace de Hilbert,
et l’ensemble de coordonnées complexes ψ(x) : toute opération entre états
pourra être traduite en opération entre les coordonnées, d’où le nom de
représentation.
D’une façon équivalente on peut définir la base |pi d’impulsion, comme
celle dans laquelle l’opérateur impulsion P est diagonal :
1
hx|pi √ eipx/~ , (3.13)
2π ~
mais
∫ aussi, en utilisant la décomposition de l’unité dans la base des impulsions
dp |pi hp| 1,
∫ ∞
0 0
δ(x − x ) hx|x i dp hx|pi hp|x 0i ,
−∞
38
§3.5 – Symétries
[X, P] i~ , (3.16)
H |φE i E |φE i
avec |ψi un état quelconque. Si le spectre est continu, la somme devient une
intégrale sur toutes les énergies. Par exemple, en représentation position, la
fonction d’onde au point x et au temps t est,
∫ ∫
ψ(x, t) hx|ψ(t)i dE ψE (t) hx|φE i dE ψE (t)φE (x)
où φE (x) sont le fonctions d’onde des états d’énergie fixe E, et ψE (t) les
amplitudes de probabilité des états d’énergie E au temps t.
3.5 Symétries
39
Principes de la mécanique quantique
∂
i~ |ψ0i UHU † |ψ0i H 0 |ψ0i , H 0 UHU † . (3.20)
∂t
Si H, U sont des opérateurs compatibles, [H, U] 0,
H 0 UHU † H (3.21)
∂
i~ |ψ0i H 0 |ψ0i ,
∂t
par conséquent la dynamique ainsi que le système quantique sont invariants
vis-à-vis de la transformation opérée par U. On dit que le système quantique
possède une symétrie.
Exemples de transformations spatiales associées à des symétries sont le
changement de signe de coordonnées (réflexion), la translation et la rotation :
. Parité P |xi |−xi où |xi est le ket position, labellisé par le vecteur
position x ∈ R3 .
. Translation Ta |xi |x + ai, avec a ∈ R3 un paramètre continu.
. Rotation autour de l’axe n̂ d’angle θ, R n̂ (θ) |xi |On̂ (θ)xi où R est
un opérateur sur l’espace de Hilbert (dont la base est |xi) et O est un
opérateur qui agit sur R3 (matrice de rotation). La rotation dépend aussi
d’un paramètre continu, l’angle θ ∈ R, en plus de deux paramètres qui
permettent de déterminer la direction n̂ (vecteur unitaire).
On remarque que les opérateurs P, T, R ont les propriétés algébriques d’un
groupe. Par exemple le produit de deux translations est aussi une translation :
Ta Tb Ta+b ;
Ta T−a 1 ,
P 2 1, P P −1 , P |±i ±1 |±i ,
40
§3.5 – Symétries
[x, K] i (3.23)
[X i , P j ] iδ i, j , i, j x, y, z , (3.25)
41
Principes de la mécanique quantique
x0 x + ∆θ n ∧ x (3.27)
i
R n (∆θ) |xi |x + ∆θ n ∧ xi |xi − ∆θ (n ∧ x) · P |xi ,
~
où on a utilisé l’opérateur de translation à l’ordre O(∆θ). Après un réarrange-
ment du produit mixte, la dernière expression peut s’écrire comme :
i
Rn (∆θ) |xi 1 − ∆θn̂ · L |xi , LX ∧P , (3.28)
~
où on a remplacé la variable x par son opérateur pour définir l’opérateur
de moment angulaire L, x |xi X |xi. Par analogie avec le calcul de Ta , on
déduit que l’opérateur de rotation s’écrit,
i
R n (θ) |xi exp − θn · L |xi |On̂ (θ)xi , (3.29)
~
dont l’action sur un ket de position est d’effectuer une rotation d’angle θ
autour d’un axe de direction n̂ ; on peut donc représenter l’opérateur R par
la matrice de rotation O.
42
§3.6 – Compléments et problèmes
où les amplitudes, √ √
r Reiφ r , t Teiφ t , i R
sont liées aux coefficients de réflexion R et de transmission T. Pour un T
séparateur parfait il n’y a pas de pertes, par conséquent les phases φ r , φ t et source
les coefficients R, T satisfont les conditions Interféromètre de Mach-Zehnder
π avec une source de photons.
φ r − φ t ± , R + T 1.
2
Les deux branches R et T sont collectées par un deuxième séparateur et
réfléchies ou transmises sur les détecteurs D et D’,
|Ri eiδ r (r |Di + t |D 0i), |Ti eiδ t (t |Di + r |D 0i),
où δ r,t sont les phases associées aux longueurs parcourues par R (` R ) et T
(`T ) en unités de longueur d’onde du photon λ, leur différence δ δ r − δ t
2π(` R − `T )/λ, correspond au déphasage entre les deux chemins. On déduit
immédiatement les probabilités de détecter le photon en D :
PD | hD|0i | 2 R 2 + T 2 − 2RT cos δ (3.30)
et en D’ :
PD0 | hD 0 |0i | 2 2RT(1 + cos δ) (3.31)
ou dans le cas où R T 1/2,
PD ′
1
1 1
PD (1 − cos δ), PD0 (1 + cos δ). (3.32)
2 2
Ce résultat nous montre que le photon interfère avec lui même, donnant un 1/2
signal sinusoidal sur les détecteurs : en particulier, si les chemins sont iden-
tiques, le photon est toujours détecté par D’ (voir la figure). Le comportement
d’un seul photon est donc comparable à celui d’une onde électromagnétique. 0
π 2π 3π 4π
δ
Cependant, une différence apparaît si on modifie le dispositif pour détecter
Probabilité de détection d’un
le chemin suivi par le photon, par exemple en utilisant sa polarisation. Si le
photon en fonction du déphasage.
premier séparateur agit de manière à transmettre une polarisation horizontale La ligne brisée correspond au cas
et à réfléchir la polarisation verticale, on trouve où au moyen de la polarisation
on mesure le chemin suivi par le
1 1 1 1
+ , PD 0 ,
PD | hD, V |0i | 2 + | hD, H |0i | 2 photon.
4 4 2 2
(V et H représentent les deux états de polarisation, et on a pris R T 1/2)
où on a considérés les états composés |D, Vi et |D, Hi pour tenir compte de
la polarisation (idem pour D’). Le photon arrive donc avec une probabilité
1/2 sur chaque détecteur : il n’y a plus d’interférence.4
En conclusion, l’expérience de l’interférence d’un photon corrobore le
principe de superposition des états et leur interprétation comme des am-
plitudes de probabilité. Elle nous montre en outre, la réduction de l’état
quantique : la mesure du chemin suivi (par exemple, par l’observation de
l’état de polarisation du photon, utilisé comme etiquette du chemin), détruit
la superposition qui donnait lieu à l’interférence.
4Voir le papier [13] pour une discussion accessible des expériences de laboratoire avec un ou
deux photons. La physique de l’interférence à un photon dans un appareil de Mach-Zehnder
est semblable à l’expérience de deux fentes ; voir la discussion de Feynman [14] (Vol. 3).
43
Principes de la mécanique quantique
Dans un papier célèbre Einstein, Podolsky et Rosen [15] montrèrent par une
expérience de pensée que, sur la base des principes de
. réalité : les valeurs probabilistes mesurées doivent correspondre à des
grandeurs ayant, avant toute mesure, des valeurs déterminées ;
. et de localité : les événements sans lien causal ne peuvent pas se influencer ;
la mécanique quantique ne peut pas constituer une description complète
du monde physique. Or, Bell établit un théorème [16] démontrant que ces
deux principes conduisent à une inégalité entre probabilités en contradiction
avec les prévisions de la mécanique quantique et susceptible de vérification
expérimentale. Cela signifie que dans les systèmes quantiques existent des cor-
rélations entre des mesures non liées causalement (par exemples appartenant
à des cônes de lumière séparés, dans le sens de la relativité restreinte) et que
les mesures ne correspondent pas nécessairement à des valeurs préexistantes
des grandeurs physiques.
Nous allons considérer un système quantique consistant en deux sous-
systèmes 1 et 2 identiques pouvant être dans l’état |0i ou |1i, par exemple
deux spins. On suppose que le système, avant mesure, est dans l’état intriqué,
1
|ψi √ (|00i + |11i)
2
avec |00i |0i ⊗ |0i un état, parmi les quatre, de la base du système complet.
On choisit5 de mesurer trois propriétés a, b, c, par exemple le spin selon
trois directions différentes, de 1 et 2 pouvant aussi prendre deux valeurs.
Si le système est tel que les mesures de deux propriétés doivent donner de
résultats identiques, les résultats possibles se réduisent à :
où on note par (abc) les valeurs de trois propriétés. Cette condition implique
que la probabilité p(a, a) de trouver 1 et 2 avec la valeur a est p(a, a) 1 (si le
spin 1 a la direction a, le spin 2 a la même direction avec la probabilité 1). De
même p(b, b) p(c, c) 1. Du point de vue classique (les trois propriétés ont
des valeurs bien déterminées est la mesure d’une n’influe pas sur la mesure
de l’autre) les probabilités de mesurer la même valeur de la propriété a de 1
et de la propriété b de 2, qu’on note p(a, b), idem pour p(a, c) et p(b, c), doit
p(a, b) + p(a, c) + p(b, c) ≥ satisfaire l’inégalité :
p(a, b) p(a, c) =1
La démonstration peut se faire à l’aide des diagrammes de Venn [18] (voir la
figure). Le point est que si a est différent de b et c, forcément b c : (100) et
p(a 6= b ∧ c) (011) ; donc la probabilité que b c est plus grande que la probabilité que
a , b et c.
Nous allons maintenant exhiber, dans le cas quantique, un contrexemple.
44
§3.6 – Compléments et problèmes
a : |a 0 i |0i ,
|a 1 i |1i ,
√
1 3
b : |b 0 i |0i + |1i ,
2
√ 2
3 1
|b 1 i |1i − |0i ,
2 √2
1 3
c : |c 0 i |0i − |1i ,
2
√ 2
3 1
|c 1 i |1i + |0i ,
2 2
lesquels satisfont aux conditions p(a, a) p(b, b) p(c, c) 1 et chaque pair
est orthogonal. Un calcul direct conduit à,
une contradiction.
Nous concluons que les hypothèses de réalisme et localité doivent être
abandonnées. Une série d’expériences remarquables conduites par Aspect
[19] et son groupe à Orsay, ont montré d’une façon convaincante l’exactitude
des prédictions quantiques.
3.6.3 Exercices
V(x) V(x + a)
[Ta , H] 0, Ta f (x) f (x + a)
avec f une fonction quelconque de la position x. Il existe donc une base commune
aux deux opérateurs compatibles H et Ta :
45
Principes de la mécanique quantique
les états |ii sont normalisés mais ne forment pas une base de H . La description
d’un tel ensemble, se fait convenablement à l’aide de l’opérateur matrice de densité :
Õ Õ ni
ρ p i |ii hi| p i Pi , pi , i 1, 2, . . . , k ,
N
i i
46
§3.6 – Compléments et problèmes
le même état |ii, c’est-à-dire p i 1, p j 0 (i , j), est dit pur : sa matrice densité
se réduit à un seul terme, le projecteur sur l’état pur |ii hi|.
Soit |ni une base complète de H , n |ni hn| 1. On définit la trace TrA de
Í
l’opérateur A comme la somme des éléments diagonaux de la matrice,
Õ
TrA hn|A|ni .
n
p2
d
− i~ ψE (p) EψE (p)
2m dp
J
H − Sz ,
~
avec J l’énergie d’interaction avec le champ. L’état initial du spin est un état
propre de S x (~/2)σx :
1
|ψ(t)i a(t) |↑i + b(t) |↓i , a(0) b(0) √
2
On s’intéresse à l’évolution du vecteur spin hSi dans l’état |ψi dans les repré-
sentations de Schrödinger et de Heisenberg.
. Calculez l’évolution de l’état |ψi |ψ(t)i en résolvant l’équation de Schrö-
dinger. Déduisez la valeur de hSi (t).
47
Principes de la mécanique quantique
~SÛ x JS y
~SÛ y −JS x
~SÛ z 0
48
Chapitre 4
États liés
p2 mω2 2
H + x (4.1)
2m 2
il dépend d’un paramètre, la fréquence1ω ayant les dimensions de l’inverse
d’un temps. Les surfaces d’énergie constante
√ H(x, p) E sont des cercles
dans l’espace de phase (x, p) de rayon 2E ; ce qui implique, en particulier,
que les trajectoires sont périodiques.
Le système quantique correspondant possède le même hamiltonien avec
les variables de l’espace de phase remplacées par des opérateurs position X
et impulsion P,
P2 mω2 2
H + X ,
2m 2
satisfaisant à la règle de commutation :
[X, P] i~ .
1Strictement la fréquence est ω/2π ; par brièveté on utilise le mot « fréquence » aussi pour
la pulsation.
49
États liés
avec E n l’énergie de l’état |ni, qu’on suppose normalisé. Mais avant de com-
mencer le calcul, nous constatons que le principe d’incertitude h∆X 2 i h∆P 2 i ≥
~2 /4 interdit un état propre d’énergie nulle (et donc avec h∆Ei 0, que n’est
possible que si les incertitudes en x et p s’annulent simultanément). Il doit
donc avoir, dans le spectre quantique, une valeur propre positive correspon-
dante au minimum d’énergie (l’état fondamental). Par exemple, supposons
que ∆x ∼ a, on a ∆p ∼ ~/a, et l’énergie en fonction de l’incertitude de position
a s’écrit :
E(a) ~2 /2ma 2 + mω 2 a 2 /2.
p
Le minimum de cette fonction se trouve pour a ~/mω :
~ω
min E(a) .
a 2
Cette estimation d’ordre de grandeur de l’énergie de l’état fondamental de
l’oscillateur quantique s’avère exacte, comme le calcul va le démontrer.
Bien que l’équation de Schrödinger (4.4) admette une solution exacte (en
représentation position, comme on le verra plus tard) en termes de polynômes
de Hermite, il est remarquable qu’une solution complète, purement algé-
brique, puisse être dérivée à partir de la seule connaissance du commutateur
(4.3) (c’est-à-dire sans référence explicite à l’équation de mouvement). En
effet, on introduit les opérateurs de annihilation (a) et de destruction (a † ),
adjoints l’un de l’autre mais non self-adjoints, par les formules :
X + iP X − iP
a √ , a† √ , [a, a † ] 1 (4.5)
2 2
où la valeur du commutateur résulte du commutateur position–impulsion.
Remplaçant (4.13) dans (4.3) on obtient,
H a† a + 1
2 N + 12 , N a† a . (4.6)
Les états propres du hamiltonien, les kets |ni de la formule (4.4), sont aussi
vecteurs propres de l’opérateur N ; on définit ses valeurs propres n par :
H |0i N |0i + 1
2 |0i 1
2 |0i , N |0i 0 .
L’état |0i correspond par conséquent à l’état de plus basse énergie, ou état
fondamental.
50
§4.1 – L’oscillateur harmonique
a † |ni c2 |n + 1i . (4.8)
Or, partant d’un état quelconque |mi, N |mi m |mi, on obtient une suite
d’états propres de N par application successive de l’opérateur d’annihilation
a:
N a n |mi (m − n)a n |mi , n 0, 1, 2, . . .
avec éventuellement m−n devenant négatif pour un n suffisamment grand. Or
ceci serait en contradiction avec la condition de positivité des valeurs propres
de N. En effet, la formule précédente montre que m − n est valeur propre de
N, avec vecteur propre a n |mi. Par conséquent, la condition m − n ≥ 0, n ∈ N,
ne peut être satisfaite que si lui même est un entier, m ∈ N. En particulier,
l’état |0i défini par
|0i ≡ a m |mi
satisfait
N |0i 0 ⇒ N a |0i (−1)a |0i ⇒ a |0i 0,
puisque N is non négatif : l’état |0i existe et il est non dégénéré. En passant à
la base position, on peut trouver la fonction d’onde correspondante
∂
1
ϕ0 (x) hx|0i , a |0i 0 ⇒ √ + x ϕ0 (x) 0 , (4.9)
2 ∂x
√
où nous avons utilisée la représentation x des opérateurs dans a (X +iP)/ 2.
La solution normalisée de la fonctions d’onde de l’état fondamental est donc,
2
e−x /2
ϕ0 (x) . (4.10)
(π)1/4
(à un facteur de phase près, qu’on peut supposer égal à 1). Un calcul analogue
donne : √ √
a |ni n |n − 1i , a † |ni n + 1 |n + 1i . (4.13)
51
États liés
Les fonctions d’onde des états excités s’obtiennent par application successive
de l’opérateur √
différentiel de premier ordre associé à l’opérateur de création
a (Q − iP)/ 2 :
†
n 2
∂ 1 e−x /2
1 1 2 /2
ϕ n (x) √ − +x e−x √ Hn (x) , (4.14)
(π) 1/4 n
2 n! ∂x (π)1/4 2n n!
où Hn (x) sont les polynômes de Hermite :
Un résultat identique pour les niveaux d’énergie (4.11) et les états propres
(4.15) est obtenu en résolvant l’équation de Schrödinger Hψ Eψ :
d2
~ 2E mω 2
ψ+ − x ψ 0 ⇒ E E n , ψ ϕ n (x) , (4.16)
mω dx 2 ~ω ~
2 /2
dans les unités SI. En effet, la substitution ψ(x) e−x f (x) dans (4.16)
conduit à l’équation différentielle (en unités réduites)
0
0 © . ª®
.. ®
!
1
|0i .. , |1i 1®® , . . . , |ni ® , . . .
© ª
hm, ni δ mn (4.17)
. .. 1®®
. .
« .. ¬
« ¬
Dans cette base le hamiltonien est une matrice diagonale, avec, dans la
diagonale, les énergies E n :
1
3
© ª
1 ®
H 5
®. (4.18)
2 ®
.. ®
« .¬
52
§4.2 – Système à deux niveaux, résonance magnétique
E0 + v 0 v1 − iv 2
H E 0 σ0 + v · σ , (4.20)
v 1 + iv2 E0 − v0
53
États liés
où
0 1 0 0
σ+ 1
2 (σx + iσ y ) , σ− 1
2 (σ x − iσ y ) ,
0 0 1 0
voir la section 2.4.1 pour un résumé des propriétés de matrices de Pauli, dont
on faira un usage intensif par la suite. La deuxième expression est utile pour
vérifier que si on se place dans un repère qui tourne avec le champ B⊥ , le
dernier terme du hamiltonien H1 devient stationnaire. En effet, l’opérateur
de rotation d’un angle ωt, autour de z est e−iωtSz /~ ,
Sous l’action de cet opérateur, les vecteurs de la base de H |si |↑i , |↓i, vont
se synchroniser avec la rotation du champ,
54
§4.2 – Système à deux niveaux, résonance magnétique
∂
i~ |ψ(t)i H |ψ(t)i
∂t
s’écrit en termes des grandeurs dans le repère tournant, comme
∂ ~ω ∂
i~ R | ψ̂i σz R | ψ̂i + i~R | ψ̂i HR | ψ̂i .
∂t 2 ∂t
En multipliant à gauche par R † , la dernière égalité peux s’écrire,
∂ ~ω
i~ | ψ̂i HR | ψ̂i , HR − σz + R † (t)HR(t) . (4.27)
∂t 2
d iω †
σ̂± RÛ † σ± R + R † σ± RÛ R [σz , σ± ]R ±~ ω σ̂±
dt 2
qu’on intègre pour obtenir,
[σz , σ± ] 2σ± .
1
q
Ω ω12 + (ω0 − ω)2 , n̂ (ω1 , 0, ω0 − ω)
Ω
55
États liés
56
§4.3 – Compléments et problèmes
G G(α) eαa
† −α ∗ a
,
avec les définitions x vt, p v et
x + ip
α √ ∈ C.
2
Étudiez la transformation de Galilée de l’opérateur a d’annihilation et démontrez
la relation G † aG a + α. Montrez enfin que |αi G(α) |0i, ce qui implique :
eαa |0i .
2 /2 †
|αi e−|α|
57
États liés
Finalement, à partir de la formule précédente vous pouvez trouver tous les états
cohérents en base |ni :
∞
1 2
Õ αn
|αi e− 2 |α| √ |ni ,
n0 n!
expression qui montre que l’état cohérent |αi est bien une superposition d’états
propres du hamiltonien (ou, d’une façon équivalente, de l’opérateur N).
1
Hψ [(p x − eB z y)2 + p 2y + p 2z ]ψ Eψ
2m
pour trouver les énergies E et la fonction d’onde ψ sous la forme :
Montrez que u(y) est la fonction d’onde d’un oscillateur harmonique de position
d’équilibre y0 p x /eB z et de fréquence ω eB z /m (la fréquence cyclotron). Les
niveaux d’énergie sont donc,
p 2z
E N (p z ) (N + 1/2)~ ω + ,
2m
avec N 0, 1, . . . les niveaux de Landau.
H E0 σz + Jσx
p2 Õ
H + V(|x − an |)
2m
n1,2,3
avec an les positions des atomes (|an | a). Montrez qu’une rotation de 2π/3
0 autour du centre de masse, laisse H invariant. Montrez que la réflexion (x →
−x, y → y, z → z), laisse aussi le hamiltonien invariant. Trouvez la forme
explicite de matrices de rotation R et de réflexion I.
a1 a2
Nous cherchons les états d’énergie de la molécule. Soient |ni, avec n 1, 2, 3,
les états correspondants à l’électron localisé au voisinage de l’atome n, qu’on
suppose orthonormaux. Écrivez dans cette base la forme la plus générale
du hamiltonien, en respectant les symétries imposées par R et I. Résolvez le
problème des valeurs et vecteurs propres simultanés de paires (H, R) et (H, I).
58
Chapitre 5
Moment angulaire
Lors de l’étude des symétries dans l’espace de Hilbert, nous avons relié par
la formule (3.29), l’opérateur R de rotation à la matrice O. Nous avons aussi
constaté que pour obtenir le commutateur entre les opérateurs de position
et d’impulsion il suffisait de considérer une translation infinitésimale. Dans
le cas de la rotation, la rotation infinitésimale est assurée par l’action sur le
vecteur x de ∆θ n̂ ∧ x, action qui peut être exprimée à l’aide des matrices
(Ox , O y , Oz ) telles que,
∆x 0 x
∆y ® −i∆θ Oi y ® , i x, y, z ,
© 0ª © ª
0
« ∆z ¬ «z¬
[voir (3.27)], correspondent aux rotations autour des axes cartésiens :
0 0 0 0 0 i 0 −i 0
Ox 0 0 −i® , O y 0 0 0® , Oz i 0 0® . (5.1)
© ª © ª © ª
«0 i 0 ¬ «−i 0 0¬ «0 0 0 ¬
Un calcul direct des commutateurs donne [Ox , O y ] iOz et ses permutation
paires, ce qui se traduit en terme de l’opérateur du moment angulaire par la
règle :
[L x , L y ] i~L z , [L z , L x ] i~L y , [L y , L z ] i~L x , (5.2)
ou, d’une façon plus condensée :
[L i , L j ] i~ ε i jk L k , L ∧ L i~L
[L 2 , L z ] 0 , (5.3)
59
Moment angulaire
ce qui implique qu’il existe une base commune aux opérateurs compatibles
L 2 et L z . En effet, pour le démontrer on introduit les opérateurs
L + L x + iL y , L − L x − iL y ,
[L + , L − ] 2L z , [L ± , L z ] ∓~L ± , L + L − L 2 − L z (L z − ~) (5.4)
[L 2 , L z ] [L+ L− , L z ] [L + , L z ]L − + L + [L − , L z ] −~L + L − + ~L + L − 0 .
où nous avons défini les valeurs propres en fonction de deux paramètres, pour
le moment arbitraires, l et m, que nous voulons déterminer. Il est commode
de travailler avec les unités ~ 1, dans lesquelles le moment angulaire est
mesuré en unités de ~. Voyons d’abord comment L ± agissent sur les états
|lmi :
L2 L ± |lmi L ± L 2 |lmi l(l + 1)L ± |lmi ,
puisque [L 2 , L ± ] 0,
La valeur de m est donc bornée par celle de l ≤ 0 (L 2 est positif). Or, comme
on vient de le voir L+ augmente de une unité la valeur de m, tandis que L−
la diminue d’une unité ; il doit donc exister des entiers n + et n− tels que le
vecteur propre (L± )n± |lmi de L z
correspond à une valeur propre m ± n ± qui dépasse les bornes ±l. Il faut
par conséquent que la succession s’arrête, et donc qu’il existe des n ± pour
lesquels
l m + n + , −l m − n − ⇒ 2l n + + n − ∈ N .
60
§5.2 – Harmoniques sphériques
Nous avons donc démontré que l ne peut prendre que des valeurs demi-entiers
positifs :
l 0, 1/2, 1, 3/2, 2, . . . − l ≤ m ≤ l . (5.9)
Il est important de remarquer que le résultat (5.9), ainsi que les équations
définissant l’action des opérateurs sur les états |lmi, (5.5) et (5.8), sont des
conséquences exclusives de la forme algébrique des relations de commutation
(5.2). Nous avons vu par exemple, que l’opérateur S de spin 1/2 satisfait les
mêmes règles de commutation. En fait, qu’il s’agisse du spin S, du moment
angulaire L ou du moment orbital total J S + L, on trouve des formules
analogues portant sur les valeurs et vecteurs propres du module au carré des
vecteurs et de leur composante selon un axe (choisie arbitrairement comme
l’axe z, parfois appelé axe de quantification). Les valeurs de l pour le moment
angulaire, ou de s pour le spin, dépendent des propriétés des états quantiques
(la fonction d’onde) vis-à-vis de rotations. Concernant le moment angulaire
L, on impose l’invariance de la fonction d’onde par rapport à une rotation
de 2π autour de l’axe z. Nous allons voir que cette symétrie impose l entier,
l 0, 1, 2, . . ..
On remarque également que l’espace de Hilbert d’un état de moment
angulaire l, est un espace de dimension finie 2l + 1. Un spin 1/2 a un espace
de Hilbert de dimension 2 s(s + 1), un orbital atomique de moment l 1,
l’orbital p, est de dimension 3.
On signale enfin, que les propriétés du moment angulaire associées au
principe d’exclusion de Pauli, selon lequel deux électrons ne peuvent pas occuper
le même état quantique, permettent d’expliquer, en grande partie, la structure
électronique des atomes telle qu’elle se manifaiste par le tableau périodique
des éléments de Mendeleïev.
∂ cos φ ∂
L x i~ sin φ +
∂θ tan θ ∂φ
∂ sin φ ∂
L y i~ − cos φ + (5.10)
∂θ tan θ ∂φ
∂
L z −i~ ,
∂φ
et
∂ 2 ∂
L 2 ~2 r − ~2 r 2 ∇ 2 , (5.11)
∂r ∂r
ce qui implique que les vecteurs propres de L 2 sont reliés aux fonctions
propres du laplacien angulaire :
L2 1 ∂ ∂ 1 ∂2
− sin θ + .
~2 sin θ ∂θ ∂θ sin2 θ ∂φ2
61
Moment angulaire
L z Ylm (θ, φ) ~ mYlm (θ, φ), L 2 Ylm (θ, φ) ~2 l(l + 1)Ylm (θ, φ) . (5.13)
l 0, 1, 2, . . . |m| ≤ l .
∂ ∂
±iφ
L± e ± + i cot θ (5.14)
∂θ ∂φ
comme on peut le voir par les équations (5.8). Étant donné par exemple l’état
|lli, auquel l’application de L + donne zéro L + |lli 0,
∂ ∂
e iφ
+ i cot θ eilφ f (θ) 0
∂θ ∂φ
f (θ) c ll sinl θ ,
62
§5.3 – Harmoniques sphériques
on déduit que toute fonction des angles sphériques peut s’écrire comme
superposition des Y :
Õ
f (θ, φ) f lm Ylm (θ, φ) . (5.19)
lm
1
Y00 (θ, φ) √
4π
r
3
Y10 (θ, φ) cos θ
4π
r
3
Y1,±1 (θ, φ) ∓ sin θ e±iφ
8π
r
5
Y20 (θ, φ) (3 cos2 θ − 1)
16π
Valeur absolue des harmoniques
r
15 sphériques |Ylm (θ, φ)| pour
Y2,±1 (θ, φ) ∓ sin θ cos θ e±iφ
8π (l, m) (0, 0), (1, 0), (1, ±1), et
(2, 0), (2, ±1), (2, ±2).
r
15
Y2,±2 (θ, φ) sin2 θ e±2iφ (5.20)
32π
La figure montre le graphe des ces harmoniques sphériques en fonction des
angles θ, φ.
63
Moment angulaire
~2 ∂ 2 ∂ L2
H− r + + V(r) (5.21)
2mr 2 ∂r ∂r 2mr 2
(en représentation position et en coordonnées sphériques (r, θ, φ)). Le fait
que l’interaction ne dépend que du rayon r, et non des variables angulaires,
permet d’écrire la fonction d’onde ψ ψ(r, θ, φ) comme un produit,
~2
2
− f (r) + f 0(r) + Veff (r) f (r) E f (r)
00
(5.23)
2m r
~2 l(l + 1)
Veff (r) + V(r) ,
2mr 2
et noté les dérivées radiales par des primes. Dans le cas de l’atome de
l’hydrogène ou des ions avec un seul électron, le potentiel effectif contient,
en plus du terme dû au moment angulaire, l’interaction coulombienne de
VBohr (r)/Ry
~2 l(l + 1) Ze 2
Veff (r) − (5.24)
1 2mr 2 4π0 r
0 r/a0
où nous avons ajouté la charge du noyau Ze (avec Z 1 pour l’hydrogène,
Z > 1 pour d’autres ions hydrogénoïdes).
−1
Par analogie avec le modèle de Bohr, dans lequel le potentiel effectif :
!
Potentiel (effectif) de l’atome a 02
2a 0
de Bohr V(r) 1/r 2 − 2/r. La
VBohr (r) Ry 2 − ,
r r
ligne grise représente le poten-
tiel quantique Veff pour l 1.
possède un minimum au rayon de Bohr r a 0 d’énergie E1 −Ry un
Rydberg, on s’attend à ce que l’atome d’hydrogène possède une série d’états
liés aux énergies négatives E < 0. On remarque toutefois que le potentiel de
Bohr diffère du potentiel effectif quantique par sa dépendance sur le moment
angulaire en l(l + 1). Le principe d’incertitude interdit un état quantique au
minimum de l’énergie potentielle, ce qui reviendrait à fixer simultanément
l’énergie potentielle et l’énergie cinétique. Nous pouvons donc réduire les
dimensions en utilisant la masse de l’électron m (ou masse effective du
problème à deux corps) comme unité de masse, le rayon de Bohr a0 /Z comme
unité de longueur et enfin le Rydberg Z 2 Ry comme unité d’énergie (en tenant
compte du facteur Z de charge) :
64
§5.3 – Potentiel central
1 n l(l + 1)
2
f (ρ) + f 0(ρ) + − + −
00
f (ρ) 0 , (5.25)
ρ 4 ρ ρ2
ou
2r 1
ρ , , n√
n −E
avec n un nombre à determiner, en principe un réel pour les niveaux d’énergie
négative E < 0 correspondants aux états liés, et avec f 0 la dérivée de f par
rapport à ρ.
Il est facile d’identifier le comportement asymptotique de f : pour les
petits ρ 1 on peut négliger les termes en O(1) et O(1/ρ),
l(l + 1) {1, 0}
f 00(ρ) − 0 ⇒ f (ρ) ∼ ρ l ;
ρ 2
p
x y 00 + (p + 1 − x)y 0 + q y 0 ⇒ y L q (x) , (5.27)
n 1, 2, . . . 0 ≤ l ≤ n−1 (5.28)
{3, 2}
ce qui implique des niveaux d’énergie discrets :
1
E− . (5.29)
n2
Dans ce cas la solution hypergéométrique se réduit à un polynôme. La
Densité de probabilité r 2 R 2nl (r)
fonction radiale s’écrit enfin comme f R nl (r) :
pour quelques valeurs de {n, l},
3 l avec m 0.
2 2 2r r
−n 2r
R nl (r) c nl e L 2l+1
n−l−1 (5.30)
n n n
65
Moment angulaire
Figure 5.1 : Densité de probabilité r 2 |R lm (r)Ylm (θ, φ)| 2 , dans le plan xz, pour
quelques valeurs de {n, l}, avec m 0. Le côté du carré est de 2 × 20 a0 .
En unités SI :
3 l Zr
2Z 2 2Zr − na 2Zr
R nl (r) c nl e 0 L 2l+1
n−l−1 (5.31)
na0 na0 na0
et les niveaux d’énergie correspondants sont,
Z 2 Ry
En − . (5.32)
n2
Les premiers fonctions radiales sont :
1 r 1
R10 2e−r , R 20 √ e−r/2 1 − , R 21 √ e−r/2 r . (5.33)
2 2 2 6
L’équation (5.32) reproduit avec une précision remarquable les données
spectroscopiques de l’atome d’hydrogène (séries spectrales de Lyman et de
Balmer). Pour les énergies positives le spectre de l’atome d’hydrogène est
continu ; il correspond aux états de l’atome ionisé, où l’électron de valence
est libre.
La fonction d’onde de l’électron d’un atome d’hydrogène est caractérisé
par trois nombres quantiques n, l, m, nommés principal, azimuthal ou orbital
et magnétique, respectivement :
ψ nlm (r, θ, φ) hrθψ|nlmi R nl (r)Ylm (θ, ψ) (5.34)
où |nlmi est une base de l’espace de Hilbert des états liés. Chaque niveau
d’énergie de nombre principal n est dégénéré 2l + 1 fois, avec l le nombre
orbital 0 ≤ l ≤ n − 1, selon les différentes valeurs de m, le nombre quantique
magnétique ; la dégénérescence totale des premiers n niveaux est n 2 :
n−1
Õ
(2l + 1) n 2 . (5.35)
l0
66
§5.4 – Compléments et problèmes
5. Une fonction d’onde a la forme ψ(r, θ, ϕ) g(r, θ) sin 2ϕ cos ϕ. Quelles sont les
possibles valeurs de la mesure de la composante L z du moment angulaire ?
7. Trouvez les états avec m 0, hθφ|l0i. Ils sont solution de l’équation aux valeurs
propres de L2 avec (on pose ~ 1)
1 ∂ ∂
− sin θ f (θ) l(l + 1) f (θ)
sin θ ∂θ ∂θ
67
Moment angulaire
et montrez que, pour avoir une solution bornée, la recurrence doit s’arreter à un
ordre donné, dépendant de l. La solution ainsi obtenue est reliée aux polynômes
de Legendre f (z) Pl (cos θ) :
l l+n−1
(−1)l dl Õ l
Pl (z) l (1 − z 2 )l , Pl (z) 2 l 2
zn
2 l! dx l n0
n l
1
V(r) mω2 r 2 .
2
sont discrets, avec E ~ ω(2n + l + 3/2). Trouvez la fonction d’onde angulaire et
radiale en suivant un calcul similaire à celui de l’atome d’hydrogène.
Aide : Si vous voulez aller plus loin, sachez que la solution de l’équation de
Kummer,
zw 00(z) + (c − z)w 0(z) − aw(z) 0
régulière en z 0 est la fonction hypergéométrique F(a, c; z) ; son comportement
asymptotique est |z| → ∞ :
68
Chapitre 6
Méthodes d’approximation
ha|H |ai
≥ E0 , (6.1)
ha|ai
où E0 est l’énergie de l’état fondamental |0i. En effet, si les kets |ni forment
une base de vecteurs propres de H, on vérifie
Õ Õ Õ
|ai a n |ni , ha|H |ai |a n | 2 E n ≥ E0 |a n | 2 E0 ha|ai ,
où on a utilisé le fait que les états d’énergie E n sont par définition supérieurs
à l’état fondamental, E n ≥ E0 . L’intérêt de l’inégalité (6.1) réside dans la
possibilité d’interpréter le label a comme un ensemble de paramètres dont la
fonction d’onde
ψ(x) ψ a (x) hx|ai (6.2)
dépend, qu’on peut choisir pour approximer au mieux hx|0i, la fonction
d’onde exacte de l’état fondamental, elle-même inconnue. Par conséquent,
si la forme de la fonction ψ ψ a (x) est judicieusement choisie, en fonction
de la physique du problème, on peut obtenir une bonne approximation de
l’énergie de l’état fondamental par simple minimisation sur l’ensemble des
paramètres :
hψ a |H |ψ a i
E min ≥ E0 . (6.3)
a hψ a |ψ a i
p2 J
H + 4 x4 (6.4)
2m a
avec a et J une longueur et une énergie, respectivement. Avec ~2 /ma 2 comme
unité d’énergie, H se réduit à,
p2 ma 2 J
H + λx 4 , λ
2 ~2
69
Méthodes d’approximation
ψ00 − 2λx 4 ψ 0
où, pour la dernière égalité on a rétabli les unités SI. Un calcul numérique
précis donne un facteur numérique de 0.67.
H H0 + λV , (6.6)
70
§6.2 – Méthode des perturbations
71
Méthodes d’approximation
ε + λv
11 12 λv 1d ··· λv
λv21 ε + λv 22 · · ·
© ª
®
Hd
.. .. ® ε1d + λVd
. . ®
®
« λv d1 ε + λv dd ¬
avec 1d la matrice unité et Vd la perturbation dans le sous-espace D, et de
résoudre le problème de valeurs et vecteurs propres. Les états d’énergie au
premier ordre de la théorie de perturbation d’un état dégénéré, sont donc les
racines E du polynôme caractéristique :
H H0 + e r cos θE (6.17)
p2 2
H − + λz . (6.18)
2 r
Nous allons nous intéresser d’abord à l’état fondamental (n 1), dont
l’énergie ε1 −1 est non dégénérée. Comme la perturbation est une fonction
impaire des coordonnées, la correction de l’énergie au premier ordre de la
série de perturbation s’annule :
(1)
E100 h1lm|Y10 |1lmi 0
(Ω est l’angle solide). Remarquez que cet argument n’est pas valable pour les
états excités puisqu’ils sont dégénérés.
72
§6.3 – L’effet d’un champ électrique sur l’atome d’hydrogène
Même s’il est possible d’obtenir une valeur exacte de la somme par une
méthode astucieuse, il est instructif de trouver une solution approchée. Une
borne supérieure de la valeur absolue |E (2) | de la somme découle du fait que
−ε1 + ε2 > −ε1 + ε n (ε n < 0) :
Õ | hnlm|z|100i | 2 1 Õ
− < h100|z|nlmi hnlm|z|100i ,
ε1 − ε n |ε1 − ε2 |
n>1,lm n>1,lm
ε ∆ 0 0
© 2∗
∆ ε 2 0 0 ®
ª
Hd ® ε2 1d + Vd , (6.22)
0 0 ε2 0 ®
« 0 0 0 ε2 ¬
73
Méthodes d’approximation
où ε2 −1/4,
∆ λ h200|z|210i ∆∗ −3λ ,
et où nous avons utilisé les règles de sélection :
hn 0 l 0 m 0 |z|nlmi , 0 , si l 0 − l ±1, m 0 − m 0 ,
qu’on peut vérifier en inspectant les intégrales sur les sphériques harmoniques
(z ∼ Y10 ), mais dont la théorie générale nécessite de connaître les théorèmes
d’addition des moments angulaires. Le calcul de ∆ nécessite l’évaluation de
l’inégrale,
∫ ∞ ∫
∗
h200|z|210i 2
r dr R20 (r)R 21 (r) dΩ Y00 r cos θY10
0 4π
avec, ∫ ∞ √
1 r −r
√ dr r 4 1 − e −3 3
4 3 0 2
et π
√ √
∫
3 dθ sin θ cos2 θ 1/ 3 .
0
H H0 + V(t) ,
H H0 + VΘ(t)
74
§6.5 – Compléments et problèmes
H σz + V σx Θ(t) ,
Par conséquent, les probabilités de transition entre l’état |0i à t < 0 et les états
|±i à t > 0, sont,
(E+ − )2
P0+ (t) | h+|0, ti | 2 ,
(E+ − )2 + V 2
et
V2
P0− (t) | h−|0, ti | 2 ,
(E− + )2 + V 2
indépendantes du temps (le changement du hamiltonien se fait, dans ce cas
particulier, instantanément). Dans le cas limite V , on a,
et,
V2
1.
P0,1 (t) ≈
4 2
On verra que ce résultat coïncide avec celui prévu par la théorie de perturba-
tion au premier ordre.
1. Montrez que si |ψ λ i est un état qui diffère d’une grandeur d’ordre λ de l’état
fondamental |ψ0 i, l’énergie E(λ) hψ λ |H |ψ λ i diffère de E0 , l’énergie de l’état
fondamental, d’une grandeur d’ordre λ 2 .
p2
H + λx 4 .
2m
par la méthode variationnelle. Utilisez comme ansatz une fonction d’onde
gaussienne ; comparez le résultat avec celui de (6.5).
75
Méthodes d’approximation
4~2 −r/a
V(r) − e
3ma 2
Avec ψ(r; α) ∼ exp(−αr/a) comme fonction test, calculez la valeur de α qui
minimise l’erreur sur l’énergie de l’état fondamental.
1 0 0 0 b 0
H 0 3 0 ®+ b 0 0 ®.
© ª © ª
« 0 0 −1 ¬ « 0 0 b ¬
5. Une particule dans une boîte [V0 (x) 0, 0 ≤ x ≤ a et V0 (x) ∞ ailleurs] est
perturbée par un potentiel V(x) −λ sin(πx/a). Calculez approximativement
l’énergie de l’état fondamental.
6. Une particule dans une boîte [V(x) 0, −L/2 ≤ x ≤ L/2 et V(x) ∞ ailleurs]
est perturbée par un potentiel V(x) v, −a/2 ≤ x ≤ a/2, avec v > 0 et a < L.
Calculez les niveaux d’énergie en perturbation.
p2 mω2 2
H H0 + V + x + gx 4 .
2m 2
où g est la constante de couplage.
. Trouvez le paramètre adimensionnel λ de couplage, dans les unités naturelles
de H0 ; travaillez par la suite dans ce système d’unités (dans lequel H0 ne
contient aucun paramètre).
. Calculez par perturbation les niveaux d’énergie du hamiltonien. Utilisez
les opérateurs a et a † pour calculer les éléments de matrice hm|V |ni de la
perturbation V ∼ x 4 .
. Discutez la limite de validité, selon le niveau d’énergie, de la série de
perturbation.
76
Bibliographie
[1] Manjit Kumar. Quantum, Einstein, Bohr and the Great Debate about the
Nature of Reality. Icon Books, 2008.
[6] Michel Le Bellac. Physique Quantique. EDP Sciences, CNRS, Paris, 2007.
[9] Serge Haroche and Jean-Michel Raimond. Exploring the Quantum. Oxford
University Press, 2006.
[11] Walther Gerlach and Otto Stern. Der experimentelle Nachweis der
Richtungsquantelung im Magnetfeld. Z. Für Phys., 9(1) :349–352,
1922. doi:10.1007/BF01326983. URL http://dx.doi.org/10.1007/
BF01326983.
77
BIBLIOGRAPHIE
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the quantum theory. Phys. Today, 38(4) :38–47, 1985.
78