Chapitre 11
Chapitre 11
Chapitre 11
CHAPITRE XI
LES OCULAIRES
96. Les principaux types d'oculaires. - La figure 104 donne les proportions,
échelle grandeur, de différents types d’oculaires de 17 millimètres environ de
longueur focale (sauf les oculaires à grand champ qui ne sont pas à l'échelle). Le sens
de traversée par la lumière est de gauche à droite, les plans principaux sont figurés :
du côté foyer objet par le gros pointillé qui indique le plan du diaphragme de champ
et du côté foyer image par la pupille de sortie ou anneau
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oculaire qui doit si possible coïncider avec la pupille de l’œil ; l’œilleton matériel de
l’oculaire devrait donc se trouver 7 ou 8 millimètres plus près de la lentille d’œil, ce
qui n'est réalisable qu'avec certains types d'oculaires pas trop forts.
les résultats sont franchement ignobles, le moindre déplacement de l’œil par rapport
à l’axe produit des aigrettes intolérables. Cet oculaire est malheureusement le plus
répandu. Si la question budgétaire impose l’usage d’oculaires de ce type que l’on
possède déjà, on n’oubliera pas que les résultats les moins mauvais seront obtenus
avec des forts grossissements correspondant à des pupilles de moins de 1 millimètre.
sur la planche 104-2 (1). La figure l05 A donne une version de monture simplifiée
n'exigeant pas de tour avec dispositif de filetage. C'est l'oculaire de l'amateur peu
fortuné, déconseillé à f / 6 si la pupille dépasse 2 millimètres.
3. Oculaire de Tolles. - Lentille épaisse unique. Très supérieur au Huygens au
point de vue de l'aberration sphérique et de la tolérance de centrage de l’œil. Facile à
monter. Pas de reflet gênant. Courbure de champ énorme limitant pratiquement le
champ à 12°, ce qui est une forte contre-indication pour les appareils montés en
azimutal. Rayon de courbure de la face d’œil très court (un tiers de la longueur
focale), d'où réalisation difficile en courtes focales nécessaires avec les télescopes à
f / 6.
4. Oculaire de Hastings. - Dérivé du Tolles, bonne correction chromatique,
courbure de champ notable, distorsion très rapidement croissante au delà de 25° de
champ total.
5. Oculaire monocentrique. - Dû à Steinheil qui en a donné plusieurs formules.
Très bonne correction chromatique. La courbure de champ ne permet guère de
dépasser utilement 25°. Excellent oculaire pour l'observation planétaire, mais n'est
d'un emploi pratique que si l'instrument est monté équatorialement.
6. Loupe triple. - Due à Steinheil. Très bonne correction chromatique. Aberration
de sphéricité très faible ; avec un faisceau à f / 6, les images sont parfaites sur l'axe
même avec une pupille atteignant 4 millimètres ; l'astigmatisme et la courbure de
champ ne sont gênants que pour un champ de plus de 30°. Pas de reflet perceptible.
Les plans principaux sont très éloignés des lentilles. C'est le meilleur des oculaires
n'ayant que deux surfaces air verre. Notons que cette formule est très souvent,
utilisée pour faire des loupes de bonne qualité, souvent qualifiées d’aplanétiques ou
antidistortiques, que l’on peut acquérir de façon relativement avantageuse. Le foyer
de la loupe est égal en principe au quotient de 250 millimètres par le grossissement
indiqué sur la monture. Il faut toujours vérifier avant achat et sortir la lentille de la
monture pour s'assurer de la présence du joint de collage médian caractéristique de la
loupe de Steinheil ; beaucoup d'articles extérieurement similaires sont constitués par
des lentilles simples séparées. La figure 105 B donne un exemple de montage d’une
loupe d'environ 10 millimètres de longueur focale.
7. Oculaire de Kellner. - Très bonne correction chromatique. Images parfaites sur
l'axe avec faisceau à f / 6 et pupille de 3 millimètres. Astigmatisme et courbure de
champ notables. Malgré cela l'ouverture de champ est généralement poussée à plus
de 40°. Très souvent employé dans les jumelles à prismes et lunettes de l’armée (le
marché de l'occasion permet de trouver à bon compte les focales de 16 à 24
millimètres). Il y en a beaucoup de variantes qui sont toutes affectées d’un petit reflet
très brillant, souvent gênant.
8. Oculaire orthoscopique. - Un des plus importants en astronomie et des mieux
corrigés, théoriquement au moins. Ceux que nous avons pu essayer, de quatre
marques différentes, sont bien corrigés sur l'axe, mais laissent voir au bord d’un
champ de 40 à 45° un astigmatisme et une courbure de champ notables aussi bien
avec un faisceau à f / 20 qu'avec un à f / 6 ; et ceci pour des
(1)
La longueur focale de l’exemple est de 8,4 mm, et non 10 millimètres comme indiqué sur la figure.
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pupilles comprises entre 1 et 4 millimètres. Les plus mauvais montrent une coma et
une inégalité chromatique sensible qui ne peuvent être attribuées qu’à une faute de
construction.
Les reflets nombreux de cet oculaire sont très larges et pâles et ne sont
pratiquement jamais gênants. Les plans principaux sont très éloignés des lentilles.
C'est l'oculaire type à employer avec nos télescopes ouverts à f / 8 et f / 6, certains
constructeurs en fabriquent des séries très étendues. Nous en avons calculé une série
spéciale pour le télescope standard, très bien corrigée de l'inégalité chromatique
mentionnée plus haut.
9. Oculaire de Plössl. - Après la première édition de ce livre nous avons pu
intéresser un constructeur (1) à la réalisation en série de cet oculaire très bien corrigé
dont nous avions calculé une série très complète (voir § 98). Une longue étude
comparative des résultats des Plössl et des orthoscopiques dans les conditions qui
nous intéressent (miroir de 200 à f / d = 7) donne les résultats suivants :
Achromatisme : parfait pour le Plössl comme pour l'ortho, quand ce dernier est
bien réussi, le bord du champ et les étoiles sont exempts du toute irisation.
Correction sphérique sur l’axe : pas d'aberration décelable pour l’œil dans les deux
cas, même avec l'oculaire le plus faible. Astigmatisme : avec l'oculaire f = 25 devient
perceptible sûrement à 15° du centre du champ du Plössl, équivalent à celui de
l'ortho au bord du champ de ce dernier (19°), reste modéré au bord du champ du
Plössl (26°) ; l'évaluation de ce défaut est visuellement très subjective, les menus
défauts cornéens (non décelables par les méthodes ophtalmologiques courantes)
jouent un rôle au moins aussi grand que les résidus propres aux oculaires quand la
pupille dépasse 3 millimètres de diamètre. Courbure de champ : bien corrigée pour
le Plössl. Reflets : un astre brillant hors de l'axe du Plössl donne un reflet petit et
assez clair. Pour 1'observation planétaire, il est recommandé de ne pas laisser l'astre
exactement centré afin d’éviter la superposition du reflet qui pourrait nuire aux
faibles contrastes ; ce reflet est moins grave que ceux de l'oculaire de Kellner mais
plus gênant que ceux de l'orthoscopique normal : cet inconvénient peut être éliminé
par un traitement anti-reflet dur, possible sur des petits verres. Dégagement des plans
principaux : foyer objet et point d’œil à 0,73 de la focale par rapport aux faces
extérieures des verres, ce qui est avantageux pour viser un objet matériel (réticule) et
placer la pupille effectivement au cercle oculaire des oculaires les plus forts ;
l'orthoscopique donne des dégagements équivalents.
En résumé les Plössl comparés aux orthoscopiques présentent l'avantage du
champ plus étendu et l'inconvénient du reflet plus gênant s'ils ne sont pas traités.
D'autre part la réalisation industrielle des Plössl est plus facile que celle des
orthoscopiques. Les courbures sont un peu moins prononcées pour une longueur
focale donnée et surtout le double collage précaire du verre triple est évité. Enfin les
verres du Plössl : flint dense et baryum crown sont moins hygroscopiques que le flint
baryte de l’ortho qui nécessite des essuyages fréquents.
pour certaines recherches avec des télescopes à champ riche (R. F. T.), munis d’un
grossissement équipupillaire (6 à 7 millimètres de pupille) et généralement très
ouverts (f / 4 ou f / 5), qu'il faut un oculaire à grand champ très bien corrigé et que
la complication inévitable de la combinaison peut payer. Pour la grandeur du champ
maximum intéressant, les avis sont partagés ; un champ de plus de 60° impose à
l’œil, qui veut fixer un détail au bord, une gymnastique peu ordinaire, mais c'est à
l'observateur de décider. Il suffit qu’un chercheur de comète perçoive, même très
imparfaitement et sans la fixer, une faible nébulosité, pour qu'il l’amène ensuite au
milieu du champ.
10. Oculaire de Erfle. - Dérivé du Kellner, le verre d'œil est dédoublé ; dans les
meilleures variantes l'astigmatisme est déjà très important au bord d’un champ de
65°.
11. Oculaire avec lentille asphérique. - La déformation d’une surface donne des
possibilités extraordinaires pour la correction de la distorsion et de l’astigmatisme
qui ne sont pas plus prononcés dans un champ apparent énorme de 90° qu'avec
l'oculaire de Erfle dans un champ de 60°. La réalisation industrielle est extrêmement
difficile et peu satisfaisante en raison de la déformation très grande de la surface
correctrice.
12. Oculaire de Bertele. - On atteint un champ de 80° rien qu'avec des faces
sphériques, mais l'épaisseur du verre de champ est comparable à la longueur focale
de l'ensemble et les huit surfaces air-verre exigent un traitement anti-reflet efficace
pour toute application astronomique, M. Paul, en nous signalant cet oculaire,
mentionne la possibilité intéressante de corriger la coma très importante avec les
miroirs très ouverts (f / 4) à 1° de l'axe.
97. La lentille de Barlow. - C'est une lentille concave que l’on interpose à une
distance convenable D du plan focal F de l'objectif (fig. 106). Le faisceau
émergent converge alors en F1, son ouverture est moindre que celle du faisceau
primaire. Appelons E la distance de la lentille à l'image résultante F1. Le
grossissement γ de l'image dû à la lentille, qui agit comme un secondaire convexe de
Cassegrain, est γ = E/D. Si la longueur focale de notre Barlow est f ce grossissement
correspondra à un tirage E = f (γ - 1).
Comme nous pouvons choisir une lentille assez petite et de courte longueur
focale f sans sacrifier le champ des oculaires ordinaires il est possible ainsi
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focale double ce qui est très avantageux pour les forts grossissements. En effet les
oculaires très forts (f = 3 à 5) outre une bonne qualité de fabrication nécessitent des
précautions qui en rendent l'emploi peu agréable. L’œil doit être bien centré et très
près du verre d’œil si l'on veut profiter du champ entier mais alors le battement des
cils souille la lentille d'œil minuscule qu'il faut
série pour les deux faces de la lentille réduit les pertes par réflexion à une valeur
pratiquement négligeable. Il faut éviter les aberrations de décentrage éventuelles de
la Barlow par un réglage spécial plus soigné du porte-oculaire. La figure 108 A
montre un défaut très exagéré de mise en place de la bride porte-oculaire, le centrage
de l'instrument est possible, l'oculaire O, bien corrigé pouvant être légèrement incliné
sur l'axe sans inconvénient ; au contraire, le défaut ne passera pas inaperçu avec la
Barlow B sensiblement décentrée. Sur la figure 108 B, on a remédié à l'inconvénient
par inclinaison du porte-oculaire, ce qui est plus facile qu'une recherche par
tâtonnement de la position correcte de la bride (accompagnée à chaque fois du
déréglage du miroir plan).
L'inclinaison peut s'obtenir grâce à un jeu de 6 vis poussant, tirant, prenant points
d'appui sur une bride supplémentaire (fig. 108 C) ou plus simplement en calant sous
la bride ordinaire (fig. l08 B). Le parallélisme du tube oculaire avec l'axe peut se
vérifier aisément en enlevant l’optique oculaire, provisoirement remplacée par deux
diaphragmes de 2 à 3 millimètres de diamètre disposés aux deux extrémités du tube
de la Barlow (fig. 108 B). Le télescope étant centré au préalable de la manière
habituelle (voir § 119), on place l’œil près de l’œilleton et, si le diaphragme de l'autre
extrémité a un diamètre bien choisi, il encadre l'image de l'ombre du plan diagonal
quand le tube porte-oculaire est bien parallèle à l'axe ; autrement on agit sur les vis
ou les cales d'inclinaison ; dans le cas d’une inclinaison notable, il pourrait être utile
de revenir en seconde approximation sur l'inclinaison du grand miroir, l'observation
d’une étoile à fort grossissement sans Barlow dirigerait ce réglage.