Chapitre 5 - Produit Scalaire Et Espaces Euclidiens
Chapitre 5 - Produit Scalaire Et Espaces Euclidiens
Chapitre 5 - Produit Scalaire Et Espaces Euclidiens
Marwen Smida
2019-2020
II Orthogonalité 7
II.1 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
II.2 Familles orthogonales et orthonormées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
II.3 Orthonormalisation de Gram-Schmidt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
II.4 Bases orthonormées d’un espace euclidien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1
Dans tout ce chapitre E désigne un R−espace vectoriel.
I Produit scalaire
I.1 Produit scalaire et norme euclidienne
Définition 1: Produit scalaire
On appelle produit scalaire sur E toute application ϕ : E × E −→ R vérifiant :
− ϕ est bilinéaire :
∀x ∈ E, ϕx : y 7−→ ϕ(x, y) est linéaire
∀y ∈ E, ϕy : y 7−→ ϕ(x, y) est linéaire
− ϕ est symétrique :
∀(x, y) ∈ E × E, ϕ(x, y) = ϕ(y, x)
− ϕ est positive :
∀x ∈ E, ϕ(x, x) ≥ 0
− ϕ est définie :
∀x ∈ E, ϕ(x, x) = 0 ⇐⇒ x = 0
Remarque 1.1
On utilise souvent la notation < x, y > ou (x, y) ou (x|y) au lieu de ϕ(x, y).
Dans la pratique :
− On commence par vérifier que ϕ est bien définie ! !
− On vérifie ensuite que ϕ est symétrique et que ϕ est linéaire par rapport à sa première
variable.
− C’est souvent le dernier point de la définition qui n’est pas évident ! !
? Exemple 1.1
Sur chacun des espaces suivants, < ., . > est un produit scalaire :
1. E = R2 :
Pour x = (x1 , x2 ), y = (y1 , y2 ) ∈ R2 , < x, y >= x1 y1 + x2 y2 .
2. E = Rn :
n
X
Pour x = (x1 , ..., xn ), y = (y1 , ..., yn ) ∈ Rn , < x, y >= x i yi .
i=1
3. E = Mn,1 (R) :
2
n x1 y1
xi yi avec X = .. , Y = ... ∈ Mn,1 (R)
.
X
< X, Y >=t XY =
i=1 xn yn
4. E = C([a, b], R).
Pour f, g ∈ E, on pose :
Z b
< f, g >= f (t)g(t)dt.
a
5. E = CT (R) l’espace des fonctions T −périodiques et continues sur R :
Z T
1
∀f, g ∈ E, on note < f, g >= T f (t)g(t)dt
0
6. E = C 1 ([a, b], R).
Pour f, g ∈ E, on pose :
Z b
< f, g >= f (a)g(a) + f 0 (t)g 0 (t)dt.
a
7. E = R2 [X] :
∀P, Q ∈ E, on pose < P, Q >= P (−1)Q(−1) + P (0)Q(0) + P (1)Q(1)
8. E = Rn [X] et soient a0 , ..., an n réels distintcs deux à deux :
Xn
∀P, Q ∈ E, on pose < P, Q >= P (ai )Q(ai )
i=1
9. E = R[X], soit f une fonction positive continue non nulle sur [0, 1]
Z 1
∀P, Q ∈ E, on pose < P, Q >= f (t)P (t)g(t)dt
0
10. E = Mn (R) :
∀A, B ∈ E, on pose < A, B >= tr(At B)
? Exemple 1.2
Sur chacun des espaces suivants, < ., . > n’est pas un produit scalaire :
2 0 0
1. E = f ∈ C ([0, 1], R), f (0) = f (1) = 0 .
Pour f, g ∈ E, on pose :
Z 1
< f, g >= f (t)g 00 (t)dt.
0
2. E = R3 [X] :
∀P, Q ∈ E, on pose < P, Q >= P (0)Q(0) + P (1)Q(1) + P 0 (0)Q0 (0)
3. E = Mn (R) :
∀A, B ∈ E, on pose < A, B >= tr(AB)
? Exemple 1.3
1. E = R2 :
Pour xp= (x1 , x2 ), y = (y1 , y2 ) ∈ R2 , < x, y >= x1 y1 + x2 y2 .
||x|| = x21 + x22
2. E = Rn :
n
X
Pour x = (x1 , ..., xn ), y = (y1 , ..., yn ) ∈ Rn , < x, y >= x i yi .
v i=1
u n
uX
||x|| = t x2i
i=1
6. E = Mn (R) :
∀A, B ∈ E, on pose < t
vA, B >= tr(A B)
u n X n
uX
p
t
||A|| = tr(A A) = t a2ik
i=1 k=1
Proposition 1: Propriétés
− ∀x ∈ E, ||x|| ≥ 0
− ||x|| = 0 ⇐⇒ x = 0E
− ∀x ∈ E, ∀λ ∈ R, ||λx|| = |λ|||x||
− ∀x, y ∈ E, ||x + y||2 = ||x||2 + 2 < x, y > +||y||2
− ∀x, y ∈ E, ||x − y||2 = ||x||2 − 2 < x, y > +||y||2
− Identité de polarisation :
1
∀x, y ∈ E, < x, y >= (||x + y||2 − ||x − y||2 )
4
− Égalité du parallélogramme :
Preuve
Soient x, y ∈ E, et soit la fonction f : R −→ R définie pour tout t ∈ R par :
On a :
1. Si ||x|| = 0 :
alors x = 0 et l’inégalité est bien satisfaite.
2. ||x|| =
6 0:
la fonction f est une fonction polynomiale du second degré en t, à valeurs positives donc son
discriminant est négatif :
Remarque 1.2
1. L’inégalité de Cauchy-Schwarz donne l’inégalité triangulaire :
II Orthogonalité
II.1 Définitions et propriétés
Soit (E, < ., . >) un espace préhilbertien. Pour deux vecteurs non nuls x et y de E, l’inégalité de
Cauchy-Schwarz peut s’écrire :
< x, y >
−1 ≤ ≤1
||x|| × ||y||
<x,y>
Posons θ = arccos( ||x||×||y|| ), on a alors :
Définition 4
1. On dit que les vecteurs x, y ∈ E sont orthogonaux, et on note x ⊥ y si < x, y >= 0.
2. Soit A ⊂ E une partie de E. L’orthogonal de A, est l’ensemble noté A⊥ défini par :
⊥
A = x ∈ E, ∀y ∈ A, x ⊥ y
? Exemple 2.1
1. Dans R2 muni de son produit scalaire canonique, les vecteurs (1, 0) et (0, 1) sont orthogonaux.
2. Soit x ∈ E, on a : x ⊥ x ⇐⇒ < x, x >= 0 ⇐⇒ x = 0E
3. ∀y ∈ E, < x, y >= 0 ⇐⇒ x = 0E .
Le vecteur nul est le seul orthogonal à tous les vecteurs de E, donc une façon de montrer
qu’un vecteur est nul, est de démontrer qu’il est orthogonal à tous les vecteurs de E .
4. On en déduit que E ⊥ = {0E } et {0E }⊥ = E
5. Dans C([−1, 1]) muni du produit scalaire usuel, le sous espace des fonctions paires, et le
sous-espace des fonctions impaires.
Exercice 1
Remarque 2.1
L’inclusion inverse dans la 3ieme question n’est pas toujours vraie comme le montre l’exemple
suivant :
On considère E = C([0, 1], R) muni du produit scalaire défini par :
Z 1
< f, g >= f (t)g(t)dt.
0
On pose F = f ∈ E, f (0) = 0 , on a :
si g ∈ F ⊥ alors h : t 7−→ tg(t) ∈ F et :
Z 1
0 =< g, h >= tg(t)2 dt, comme t 7−→ tg(t)2 est continue et positive sur [0, 1] alors elle y est nulle,
0
on en déduit que g est nulle sur ]0, 1] et par continuité g est nulle sur [0, 1], et donc F ⊥ = {0}.
Ainsi F ( E = {0}⊥ = (F ⊥ )⊥
Exercice 2
Preuve
? Exemple 2.2
1. La base canonique de Rn est une famille orthonormale pour le produit scalaire canonique de
Rn
Z 1
2. Dans R[X] muni du produit scalaire < P, Q >= P (t)Q(t)dt, (1, X) est une famille ortho-
−1
gonale mais pas orthonormale
n
X n
X n
X
2
|| vi || =< vi , vj >
i=1 i=1 j=1
n
XX n
= < vi , vj >
i=1 j=1
Xn
= ||vi ||2
i=1
Remarque 2.2
.
— La réciproque n’est pas toujours vraie comme on le voit dans l’exemple suivant :
Dans R3 muni de sont produit scalaire canonique, si on pose :
e1 = (1, 0, 0), e2 = (0, 1, 0) et e3 = (1, −1, 0) alors :
Théorème 3
Toute famille orthogonale de vecteurs non nuls (v1 , ..., vn ) de E est libre.
Preuve
Soient λ1 , ..., λn ∈ R tels que λ1 v1 + ... + λn vn = 0, on a :
∀j ∈ {1, ..., n},
n
X
< λ1 v1 + ... + λn vn , vj > = λi < vi , vj >
i=1
= λj < vj , vj >
Remarque 2.3
− On pose e1 = ||v11 || v1
− Pour e2 :
− On pose u2 = v2 − < e1 , v2 > e1
− Pour e2 = ||u11 || u1 :
− si e1 , ..., ek sont construits, pour contruire ek+1
Xk
− On pose uk+1 = vk+1 − < ek , vk+1 > ek
i=1
1
− Pour ek+1 = ||uk+1 || uk+1 :
Exercice 3
Définition 6
Une famille B = (e1 , ..., en ) est dite une base orthonormée de E si :
B est une base de E
et
B est une famille orthonormale de E
? Exemple 2.3
La base canonique de Rn est une base orthonormée de Rn pour son produit scalaire canonique.
Théorème 5
Tout espace euclidien admet une base orthonormée.
Théorème 6: Régles de calcul dans une base orthonormale
Soit B = (e1 , ..., en ) une base orthonormée de E on a :
X n n
X
− ∀x= xi e i , y = yi ei ∈ E alors :
i=1 i=1
n
X
< x, y >= xi yi
i=1
n
X
− ∀x= xi ei , ∈ E alors :
i=1
Xn
||x||2 = x2i
i=1
− ∀ x, ∈ E on a :
Xn
x= < x, ei > ei
i=1
Preuve
1.
n
X n
X
< x, y > =< xi ei , yj ej >
i=1 j=1
n
XX n
= xi yj < ei , ej >
i=1 j=1
Xn
= xi yi
i=1
III Projection orthogonale sur un sous-espace vectoriel de dimension
finie
III.1 Supplémentaire orthogonal
Théorème 7
Soit E un espace préhilbertien réel, F un sous-espace vectoriel de E de dimension finie. Alors on
a:
E = F ⊕ F⊥
Dans ce cas F ⊥ est appelé le supplémentaire orthogonal de F .
Preuve
Soit (e1 , ..., en ) une base orthonormée de F (F étant de dimension finie n).
Soit x ∈ E, on a :
Xn X n
x= < x, ei > ei + x − < x, ei > ei
i=1 i=1
On a :
n
X
− < x, ei > ei ∈ F
i=1
n
X
− ∀j ∈ {1, ..., n}, < ej , x − < x, ei > ei >=< ej , x > − < ej , x >< ej , ej >= 0
i=1
n
X
Donc x − < x, ei > ei ∈ F ⊥
i=1
Ainsi x ∈ F ⊕ F ⊥
Proposition 2
Soit E un espace euclidien, soit F un sous-espace vectoriel de E, on a :
1. dim(F ⊥ ) = dim(E) − dim(F )
2. F = (F ⊥ )⊥
? Exemple 3.1
An (R) = Sn (R)⊥
III.2 Projeté orthogonal
Soit (E, < ., . >) un espace préhilbertien réel et soit F un sous-espace vectoriel de E de dimension
finie, on sait que E = F ⊕ F ⊥ , on définit alors :
Définition 7
Proposition 3
Soit (e1 , ..., en ) une base orthonormée de F alors :
n
X
∀x ∈ E, pF (x) = < ei , x > ei
i=1
Preuve
On sait que ∀x ∈ E :
n
X n
X
x= < x, ei > ei + x − < x, ei > ei
i=1 i=1
où :
n
X
? < x, ei > ei ∈ F
i=1
n
X
? x− < x, ei > ei ∈ F ⊥
i=1
n
X
Comme E = F ⊕ F ⊥ alors par unicité de la décomposition pF (x) = < ei , x > ei
i=1
III.3 Distance d’un vecteur à un sous-espace
Définition 8
Soient x ∈ E et F un sous-espace vectoriel de dimension finie de E.
On appelle distance de x à F le réel d(x, F ) = infu∈F ||x − u||.
Théorème 8
Soient x ∈ E et F un sous-espace vectoriel de dimension finie de E.
Preuve
Soit v ∈ F , on a :
||x − v||2 = ||x − pF (x) + pF (x) − v||2 (*)
or x − pF (x) ∈ F ⊥ et pF (x) − v ∈ F
Donc par Pythagore (∗) devient :
Ainsi d(x, F ) ≥ ||x − pF (x)||2 et ||x − pF (x)||2 ≥ infu∈F ||x − u|| = d(x, F ).
D’où l’égalité.
Si (e1 , ..., en ) est une base orthonormée de F alors :
X n n
X
pF (x) = < ei , x > ei et ||pF (x)||2 = < ei , x >2
i=1 i=1
Et par Pythagore, ||x||2 = ||pF (x) + x − pF (x)||2 = ||pF (x)||2 + ||x − pF (x)||2 et finalement
v
u n
X
p u
2 2 2
d(x, F ) = ||x − pF (x)|| = ||x|| − ||pF (x)|| = ||x|| −
t < ei , x >2
i=1
? Exemple 3.2
De plus si (e1 , ..., en ) est une base orthonormée de F alors cette inégalité s’écrit :
v
u n
uX
t < ei , x >2 ≤ ||x||
i=1