Leçon 13 - La Première Guerre Mondiale Et Ses Conséquences
Leçon 13 - La Première Guerre Mondiale Et Ses Conséquences
Leçon 13 - La Première Guerre Mondiale Et Ses Conséquences
Leçon 13 :
Introduction
La Grande Guerre qui éclate en 1914 est la suite directe de l’attentat de Sarajevo,
qui constitue sa cause immédiate. Mais cet incident n’est que le détonateur et les
causes profondes sont beaucoup plus complexes. La Première Guerre mondiale
s’est étirée sur quatre ans et demi. Par les massacres et destructions sans précédent
qu’elle a entraînés, la vie politique, économique et sociale des Etats belligérants a
été profondément perturbée et les rapports de forces entre les grandes puissances
radicalement changés. L’intervention tardive et finalement décisive des Etats-Unis
introduit, dans les relations internationales, un nouveau facteur dont peu de gens ont
mesuré à l’époque l’importance.
En 1914, deux systèmes d’alliance sont face à face en Europe. Le plus ancien est la
Triple Alliance ou Triplice, organisée le 20 mai 1882 par Bismarck (1815-1898,
chancelier du IIe Reich de 1871 à 1890). La Triplice réunit depuis 1879 l’Allemagne
et l’Autriche, auxquelles s’est jointe l’Italie en 1882. La Triplice a été régulièrement
reconduite après sa fondation. De 1871 à 1892, le « système bismarckien » était
parvenu à maintenir la France isolée en Europe. L’alliance franco-russe de 1892-
1893 a mis fin à cet isolement. D’autre part, après s’être longtemps heurtée au
Royaume-Uni dans des conflits coloniaux, la France a conclu, le 8 avril 1904 avec lui
l’« Entente cordiale ». Enfin, en 1907, achève de s’établir ce qu’on appelle alors la
Triple Entente entre la France, la Russie et l’Angleterre.
La raréfaction des terres libres de toute occupation européenne à la fin du XIX e siècle
exaspère de nouveau les tensions entre Etats : la crise de Fachoda de 1898 le
montre très bien. Les crises les plus graves du XXe siècle concernent le Maroc, où
l’Allemagne cherche à contrecarrer l’expansion française. En 1905, à Tanger,
Guillaume II exalte l’indépendance du sultan ; en 1911, il envoie un bâtiment de
guerre devant Agadir, sous prétexte de sauvegarder les intérêts nationaux
allemands, alors inexistants. Ces crises renforcent le nationalisme français et
resserrent les liens entre la France et l’Angleterre qui ne veulent pas voir les
Allemands s’installer au Maroc.
Dans la péninsule des Balkans, la Russie soutient les peuples slaves de Serbie
contre l’Autriche-Hongrie. Les conflits très sanglants dans les Balkans apparaissent
comme des guerres entre puissances par Etats interposés.
On assiste à une course aux armements qui se manifeste par le renforcement des
effectifs terrestres, la prolongation du service militaire et le développement d’un
esprit patriotique. Chaque camp, sans vraiment la souhaiter, se prépare à la guerre
en cherchant à accroître sa puissance militaire.
La Première Guerre mondiale mobilise une vingtaine de belligérants dont les Etats
européens et quelques unes de leurs colonies, les Etats-Unis d’Amérique, etc. les
principales batailles se déroulent en Europe où se créent trois front : le Front Ouest
ou front franco-belge, qui va de la mer Nord à la Suisse, le Front Est ou front russe
qui va de la mer Baltique à la mer Noire ; le Front Sud ou front serbe dans les
Balkans et en Turquie. La grande guerre s’est déroulée en trois grandes étapes :
- La guerre de mouvement (1914-1915) : elle est marquée par l’offensive
allemande. Par le plan Schlieffen, l’Allemagne prévoit l’invasion de la Belgique et la
capitulation de la France. Mais les troupes allemandes sont arrêtées à la première
bataille de la Marne (6-13 septembre 1914) par les Franco-anglais commandés par
le général Joseph Joffre. Sur le front Est, la poussée russe du général Aleksandr
Samsonov est arrêtée à la bataille de Tannenberg (26-30 août 1914) par les
généraux allemands Hindenburg et Ludendorff.
- La guerre de position (1915-1917) : appelée également guerre immobile ou
« guerre des tranchées », elle est marquée par l’attentisme des armées qui se
terrent dans des tranchées et par deux batailles sanglantes : la bataille de la
Somme (début juin à mi-novembre 1916) et la bataille de Verdun (février à juillet
1916). Sur le front Est, les Austro-allemands remportent des succès importants et
obtiennent le soutien de l’Empire ottoman. De son côté, l’Italie rejoint les Alliés.
- La Guerre totale (1917-1918) : c’est un tournant décisif de la guerre. Elle est
marquée par l’entrée en guerre des Etats-Unis (2 avril 1917), le retrait des Russes
qui signent un armistice le 15 décembre 1917 puis la paix de Brest-Litovsk, le 3
mars 1918. Les Allemands ont désormais les mains libres à l’Est. en 1918, les
Allemands qui lancent une offensive de la dernière chance échouent alors que les
Alliés renforcés par les troupes américaines remportent plusieurs victoires (2e
bataille de la Marne, du 15 juillet au 7 août 1918, remportée par les troupes du
maréchal Foch). Sur les autres fronts, Turcs et Austro-hongrois déposent les armes
les premiers. En Allemagne, des mutineries et des émeutes entraînent l’abdication
de l’empereur Guillaume II et la proclamation de la République de Weimar1. Devant
la menace révolutionnaire, le nouveau régime accepte, le 11 novembre 1918, à
Rethondes, les conditions de l’armistice.
III. Les conséquences de la Première Guerre mondiale
1. Les conséquences économiques et sociales
Sur le plan social et économique, l’état des lieux est désastreux. La guerre a fait près
de 10 millions de victimes. Le coût global de la Grande Guerre est estimée à 2 500
milliards de francs or. L’économie européenne est détruite. Les monnaies sont
dépréciées et l’inflation gagne du terrain. L’Europe s’est lourdement endettée. Au
même moment, deux nouveaux Etats ont accru leur puissance :
- le Japon, qui fait main basse sur les marchés de l’Asie ;
- les Etats-Unis surtout, créanciers de l’Europe, qui détiennent la moitié du stock d’or
mondial. La bourse de Wall Street supplante la bourse de Londres et le dollar
prend la place de la livre sterling.
La domination coloniale de l’Europe commence à être contestée.
2. Les conséquences politiques
En l’espace d’une année, quatre empires se sont tour à tour effondrés : Russie,
Turquie, Autriche-Hongrie et Allemagne. La victoire des Alliés apparaît comme le
triomphe des démocraties sur les régimes autoritaires. Une conférence se réunit à
Paris, de janvier à mai 1919, pour préparer les traités de paix2. Elle exclut les
gouvernements des pays vaincus.
Lors de cette Conférence de la Paix, le « conseil des quatre » (France, Royaume-
Uni, Italie et États-Unis) avait imposé la volonté des vainqueurs aux vaincus,
respectant peu les principes annoncés dans les Quatorze Points du président
Thomas Woodrow Wilson (1856-1924, 28e président des États-Unis de 1913 à
1921). Ainsi, les rancœurs furent nombreuses et alimentèrent les problèmes des
relations internationales de l’entre-deux-guerres. L’Allemagne, considérée comme
responsable du conflit, était non seulement amputée territorialement (perte des
colonies d’Afrique, restitution des l’Alsace et de la Lorraine à la France et de
plusieurs territoires à la Pologne), mais aussi désarmée et, surtout, soumise au
paiement, pour des décennies, d’énormes réparations (132 milliards de marks or.
Elle jugea que le traité de Versailles (28 juin 1919) qui lui était imposé était un
« diktat » inadmissible. De son côté, l’Empire austro-hongrois donne naissance à
deux Etats distincts : l’Autriche et la Hongrie. Deux nouveaux Etats sont créés : la
Yougoslavie et la Tchécoslovaquie. L’Empire turc perd ses colonies d’Afrique du
Nord et du Proche-Orient.
L’Europe centrale et orientale se retrouvait morcelée en petits Etats souvent très
fragiles, mécontents des frontières qui ne tenaient que fort peu compte des
problèmes de nationalités — autant de germes potentiels pour de nouveaux conflits.
Les vainqueurs s’étaient surtout préoccupés de construire un « cordon sanitaire »
contre l’extension de l’idéologie révolutionnaire hors de l’URSS. L’Italie, bien que
victorieuse, était elle aussi mécontente de son sort, estimant la victoire « mutilée »,
car ses revendications territoriales en Dalmatie et en Albanie n’étaient pas
satisfaites. Le Japon jugeait très insuffisantes ses acquisitions en Asie.
La France, le Royaume-Uni et les États-Unis avaient plus ou moins atteint leurs
objectifs de guerre ; ils avaient anéanti l’arsenal militaire allemand, réorganisé
l’Europe et, en 1920, institué la Société des Nations (SDN), dont l’objectif était de
garantir la sécurité et la paix. Cependant, très vite, leurs politiques divergèrent. La
France, dirigée par Georges Clemenceau (1841-1929, président du Conseil de
1906 à 1909 et de 1917 à 1920) n’avait pas obtenu les garanties qu’elle demandait
contre l’Allemagne ; elle se heurta au Royaume-Uni, qui, avec David Lloyd George
(1863-1945, Premier Ministre britannique de 1914 à 1922), prônait une politique plus
modérée à l’égard des vaincus. Les États-Unis, quant à eux, étaient retournés dès
1919 à leur politique isolationniste traditionnelle ; le Sénat, désavouant Wilson,
refusa de ratifier les traités.
Conclusion
Notes :
1. La République de Weimar (1919-1934) a connu deux présidents :
- Friedrich Ebert : 1919-1925 ;
- Paul von Hindenburg : 1925-1934.
2. Traités de paix :
- Versailles : 28 juin 1919 ;
- Neuilly : 27 novembre 1919 ;
- Saint-Germain : 10 septembre 1919 ;
- Trianon : 4 juin 1920 ;
- Sèvres : 10 août 1920.
Fiche Pédagogique