JNGG 2022 Article Plaque Dynaplaque V5
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1. Introduction
Dans les projets de construction d’infrastructure, les terrassements modifient la forme du
terrain naturel et s’achèvent sur la réalisation d’une surface spécifique dénommée
plateforme. Cette plateforme permet ensuite la construction d’une superstructure, que ce
soit une structure de chaussée, une voie ferrée, un bâtiment, etc. La réalisation de cette
plateforme fait appel aux règles de l’art pour sa réalisation, règles qui sont consignées
entre autre dans le Guide de réalisation des remblais et des couches de forme (LCPC-
Sétra, 1992), notamment pour la partie dimensionnement et compactage des ouvrages
routiers, et dont les éléments ont été repris dans la normalisation (NF P 98-086, AFNOR,
2019). Des règles similaires sont publiées dans le document technique unifié DTU 13-3
(AFNOR, 2005), spécifique aux plateformes et dallages industrielles, ou dans des
référentiels techniques spécifiques comme par exemple ceux de RFF et/ou SNCF.
La caractérisation finale de la plateforme cumule plusieurs objectifs :
- des objectifs à court terme (CT) nécessaires à la bonne exécution des travaux;
- des objectifs à la fois à court et à long terme pour résister par exemple au gel ou à
l’eau ;
- et des objectifs à long terme (LT), utilisés pour le dimensionnement.
La notion de portance est transverse à ces objectifs car elle intervient pour caractériser
les besoins de chaque étape de la vie de l’ouvrage.
Cette notion de portance prend souvent le pas sur l’ensemble des objectifs recherchés
au moment de l’exécution de la plateforme. En effet, très souvent fixée contractuellement
dans les marchés travaux, elle traduit à la fois les objectifs de dimensionnement (long
terme) mais également les objectifs de réception des travaux (court terme). Et dans les
éléments qui reviennent souvent en débat figurent en bonne place, le choix des outils pour
mesurer le module de déformabilité qui reflète la « portance » ainsi recherchée.
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Bien que normalisés, les essais de type Dynaplaque ou essais à la plaque font souvent
l’objet d’essais croisés sur chantier pour procéder à des phases de validation des
mesures. Réalisés en conditions de chantier, et souvent sur la base de protocoles
d’essais très sommaires, il peut en ressortir certaines idées mettant en cause la fiabilité
des mesures et des outils utilisés.
Pour trancher définitivement sur ces questions, l’Université Gustave Eiffel et le Cerema,
à l’époque respectivement du LCPC, du CER de Rouen et du Sétra, se sont donnés les
moyens de deux campagnes d’essais croisés entre différents matériels, en 2005 puis en
2010, dont les résultats n’ont jamais été rendus publics et sont présentés ici.
Dans tous les cas, le module ainsi déterminé est celui qui a servi de référence pour le
dimensionnement des structures de chaussées (Gressin, 1965).
Plutôt long et fastidieux à réaliser, des recherches conduisent à concevoir des matériels
plus ergonomiques et rapides. Cela a conduit au développement d’essais dynamique tels
que la Dynaplaque I (Benoit et Schaeffner, 1982) puis II (Chassaing et al., 1995) (NF P94-
117-2, AFNOR, 2004), le Portancemètre (LCPC, 2007) mais aussi la mini-plaque légère
d’origine allemande (Cerema, 2018). L’élargissement de la gamme de matériels
disponible a finalement conduit à une certaine confusion, d’autant que certains matériels
font appel à une sollicitation statique pour mesurer le module de déformabilité alors que
d’autres sont basés sur une sollicitation dynamique ; certains matériels sont exclus pour la
réception de certains matériaux avec des gammes de module élevés (ex. de la
Dynaplaque I au-delà de 100 MPa et en autre avec des matériaux traités au liant
hydraulique). Cette confusion a conduit l’administration à rédiger une note spécifique pour
présenter l’ensemble des outils disponibles et aider au choix au moment de la réception
des plateformes (Cerema, 2018).
Néanmoins la pratique d’essais croisés entre différents matériels sur chantier est
encore pratiquée, par manque de confiance dans les résultats et parce qu’elle est
encouragée par certains référentiels tels que le DTU13-3 (AFNOR, 2005). La conduite de
plusieurs expérimentations en conditions maîtrisées à l’échelle 1, entre plaque et
Dynaplaque, a permis de statuer sur les différences mesurées sur chantier.
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Tableau 2. Relations existantes dans la littérature donnant les ordres de grandeur entre valeur de
CBR (ou IPI) et module de déformabilité
La pratique de chantier a souvent montré des différences lorsqu’on met côte à côte les
deux appareils sur une même plateforme. Dans sa revue littéraire, Gressin (1965) montre
ainsi que le résultat des essais de portance est très dépendant de la surface sollicitée, de
la contrainte appliquée, de la vitesse de chargement et du nombre de cycles réalisés. La
procédure de qualification de la Dynaplaque a permis de valider l’équivalence entre le
module EV2 et le module EDYN2 en respectant leurs protocoles de mesure respectifs.
Certaines valeurs de module sont très fréquemment demandées sur chantier comme
par exemple 50, 80 ou 120 MPa qui correspondent respectivement aux limites basses des
classes de plateformes PF2, PF2qs et PF3.
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Froumentin, 2010). Trois planches ont donc été compactées avec un sable 0/10mm
classé B2, et une grave 0/31,5mm classée B4, tous deux issus de carrière (Tableau 3).
Tableau 3 : caractéristiques des matériaux utilisés pour les planches d’essais du CER
% 80µm VBS (g/100g) dOPN (t/m3) wOPN (%) IPI OPN
B2 0/10mm 10% 0,96 1,88 10,1% 24
B4 0/31,5mm 8% 0,75 1,96 8,3% 81
Ces deux matériaux ont été mis en œuvre à l’aide d’un compacteur vibrant
monocylindre classé VM4, en deux couches de 40 (planche dyn) ou 50 cm d’épaisseur
(planche dyn/plaque) et à des états hydriques différents pour aboutir aux gammes de
module recherchées (Tableau 4). Le contrôle de la mise en œuvre a été fait selon le guide
GTR92, en respectant le rapport Q/S1 correspondant au matériau, mais également par
mesure des teneurs en eau et des masses volumiques in situ au gamma-densimètre
GPV25/40.
Les différents matériels d’essais ont été ensuite testés selon un plan de mesure évitant de
faire 2 mesures au même endroit, dans l’axe longitudinal de chaque bande de
compactage et en respectant un espacement minimum d’1,60 m entre chaque point.
3. Mesures obtenues
Afin de disposer d’un échantillon suffisamment représentatif d’un point de vue statistique,
10 à 12 points par planche et par essai, ont été pratiqués. Chaque Dynaplaque a réalisé
au moins 8 mesures sur chaque planche. La détection des valeurs aberrantes a été
menée à l’aide du test de Dixon. Ces valeurs ont été écartées ou reprises en décalant
l’essai associé. Les corrélations obtenues ont ensuite été discutées : la qualité de la
corrélation a été jugée par comparaison du coefficient de corrélation R2 avec les valeurs
de la table de distribution de ce coefficient. Pour chaque planche, la moyenne et l'écart
type pour chaque outil a été calculé. L'incertitude U a été ensuite obtenue en multipliant
l’écart-type par k=2. Les calculs des écarts types de répétabilité et de reproductibilité
selon les normes ISO 5725, ISO 2854 et ISO 3301 ont été approuvés par un métrologue
qualifié.
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Q/S = volume Q de matériau mis en œuvre rapporté à la surface S compactée (GTR92). Ce rapport est fonction du matériau, de l'état
hydrique, du matériel utilisé et de l'objectif recherché.
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par contre l’accent sur le fait qu’une mesure individuelle ou qu’une série de mesures
limitées, ne permet pas d’estimer correctement la portance : l’étendue des résultats
d’essais pour chaque matériel et pour tous les matériels confondus est en effet très
importante (Tableau 5).
Tableau 5 : synthèse des résultats de mesure à la Dynaplaque (moyenne et incertitude)
valeur cible valeur moyenne de incertitude U calculée Etendue des mesures
portance (MPa)
50 MPa 58,5 MPa 44,9 De 20 à 110 MPa
80 MPa 94,5 MPa 27,9 De 50 à 130 MPa
120 MPa 113,2 MPa 37,9 De 50 à 160 MPa
Figure 2. Dispersion des mesures de portance (à gauche) et des teneurs en eau (à droite)
pour les trois planches d'essai à 50, 80 et 120 MPa.
L’analyse conjointe des teneurs en eau et des valeurs mesurées (Figure 2) montre qu’il
existe une relation entre la plage de variation des teneurs en eau de surface et les
mesures de portance obtenue. À l’évidence, même en conditions maîtrisées, un matériel
de mesure identique enregistre la dispersion naturelle du module des matériaux en lien
avec son état hydrique.
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(a) (b)
Les résultats montrent nettement que les 3 matériels restituent les mêmes ordres de
grandeur de portance sur chacune des planches testées, avec des coefficients de
variations plutôt élevés, surtout dans les portances faibles. Le coefficient de variation a été
calculé en rapportant l’écart-type à la valeur moyenne (en %).
Dans la gamme de portance de 30 MPa, la plaque restitue des valeurs plus élevées
qu’à la Dynaplaque mais elles sont associées à des coefficients de variation également
plus grands. L’état hydrique humide des matériaux a une forte incidence sur leur portance
et explique très probablement ces variations.
Sur les planches de modules supérieurs à 70 MPa, les coefficients de variations sont
beaucoup plus faibles. Les états hydriques moyens et secs ont moins de répercussion sur
la dispersion des mesures. Les portances mesurées à la Dynaplaque II et à la plaque sont
très similaires. La Dynaplaque I est clairement en limite de mesure vers 100 MPa et a, de
manière générale, un coefficient de variation supérieur aux autres engins.
4. Conclusions et recommandations
La campagne d’essais croisés entre neuf Dynaplaques II, et entre Dynaplaques I et II et
essais à la plaque sous un hall d’essai et dans des conditions rigoureusement maîtrisées
au Cerema de Rouen a permis de mettre en évidence plusieurs enseignements sur ces
matériels.
La première conclusion est que même en conditions d’essais rigoureusement
contrôlées, la dispersion des mesures obtenues sur tous les engins confondus, est en
règle générale très élevée. Cette dispersion est à mettre en relation avec la variabilité du
corps d’épreuve réalisé en matériau naturel, dont le module intrinsèque dépend
intimement de sa teneur en eau. Les écarts de mesure obtenues sont à mettre en relation
avec la variation d’état hydrique et non pas avec le type d’outil utilisé pour l’essai. Quel
que soit l’outil, que ce soit à la plaque ou à la Dynaplaque les écarts sont représentatifs de
la variation du corps d’épreuve, et ceci d’autant plus que le matériau est sensible à l’eau
et que les teneurs en eau in situ varient grandement.
Le Cerema et l’Université Gustave Eiffel recommandent ainsi d’éviter les campagnes
d’essais croisés sur chantier, surtout sans maîtrise parfaite du corps d’épreuve et sans
analyse statistique robuste. Ils invitent à faire confiance aux résultats des appareils de
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mesure quels qu’ils soient, dès lors qu’ils sont suivis strictement d’un point de vue
métrologique et que la procédure d’essai suit la norme ad hoc.
Le Cerema dans sa note administrative de 2018, a fort justement recommandé l’usage
d’un seul type d’appareil (au choix) pour réceptionner les plateformes, et en contrepartie,
de multiplier les mesures pour obtenir un nombre significatif de valeurs représentant la
portance moyenne in situ. La recherche des points faibles sur la plateforme doit être
associée à l’identification du matériau au droit de la mesure, comprenant sa
caractérisation géotechnique et son état hydrique.
5. Références bibliographiques
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immersion - Indice CBR immédiat - Indice Portant Immédiat Mesure sur échantillon
compacté dans le moule CBR
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chargement statique à la plaque (EV2).
AFNOR (2004). NF P 94-117-2 : Portance des plates-formes - Partie 2 : Module sous
chargement dynamique.
AFNOR (2005). DTU 13-3 Dallages. Conception, calcul et exécution. Partie 1 : Cahier des
claises techniques des dallages à usage industriel ou assimilé.
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