MIZOULE Giulia. Thà Se D'exercice 2017
MIZOULE Giulia. Thà Se D'exercice 2017
MIZOULE Giulia. Thà Se D'exercice 2017
De la
découverte à la pratique
Giulia Mizoule
Je ne remercierai jamais assez Mr Augier pour son grand soutient. Merci pour votre
immense implication au sein de cette fac, merci pour votre écoute et nos échanges
si riches. Vous êtes un des piliers de cette fac, merci pour tout.
8
Je remercie mes copines d’amour de pharma :
9
Ma Mathilde, tu as toujours été là depuis le début. Ton soutien sans failles,
à n’importe quel moment de mon cursus, a été tellement important pour moi. Je
n’oublierai jamais tous ces moments à discuter chez toi dans ton petit appartement
de la résidence Sainte Baume. Je te souhaite le meilleur dans ta nouvelle vie
professionnelle et ta vie de couple.
Je remercie ma Petula, tout est parti d’une rencontre par hasard au CCM,
des mots échangés sur Facebook, un déjeuner et s’en est suivi un soutien si fort
lors de la préparation de ce foutu internat mais il y a aussi eu des sorties, des rires.
Une belle amitié qui se créée et des souvenirs plein la tête.
Je remercie ma Claire d’amour, c’était mon interne lors de mon externat. Merci
infiniment pour ton soutien pendant et après cette période. Je suis fière de toi, je te
souhaite le meilleur.
10
Je remercie mes petits farmeriens, Elio, Ophé, Mel, Mary, Pauline et Nathan pour
ces bons moments, il me tarde de vous retrouver.
Je remercie Catherine Roger, une prof de danse extraordinaire. Merci pour ton
sourire, ta bonne humeur, merci pour toutes ces chorégraphies, toutes plus belles
les unes que les autres, merci de m’avoir donnée l’idée de faire ma thèse sur ce
sujet qu’est l’Art-thérapie, qui m’a passionnée dès le début et me passionnera
toujours.
Je remercie infiniment Greg, que j’ai rencontré lors du DU d’orthopédie à Dijon, qui
m’a énormément aidée pour la mise en page de cette thèse.
Je remercie tous les art-thérapeutes que j’ai pu rencontrer, merci pour votre
confiance, merci pour toutes ces expériences, merci de m’avoir accordée un peu de
votre temps si précieux. Vous faites un métier magnifique et continuez à vous battre
pour défendre votre cause car ça en vaut la peine.
Je remercie tous ceux que j’aime et que n’ai pas cité dans ces remerciements, vous
êtes dans mon cœur pour toujours.
11
Table des matières
Remerciements .............................................................................................................. 8
Table des matières ....................................................................................................... 12
Liste des figures ............................................................................................................ 14
PARTIE THEORIQUE ................................................................................................. 15
I. Présentation de l’art-thérapie ............................................................................... 15
1. Définitions .................................................................................................................... 15
2. Historique ..................................................................................................................... 17
2.1. Différentes approches : ................................................................................................18
2.2. Deux courants principaux : ...........................................................................................20
12
5. La séance d’art-thérapie ................................................................................................ 65
5.1. Avant la séance : La rencontre préalable .....................................................................65
5.2. Avant la séance : Les motivations et les attentes .........................................................65
5.3. Avant la séance : La médiation .....................................................................................65
5.4. Avant la séance : Les règles de l’atelier ........................................................................66
5.5. Avant la séance : La fréquence et la durée...................................................................66
5.6. Avant la séance : Accompagnement individuel ou en groupe .....................................66
5.7. En séance : le temps d’accueil ......................................................................................67
5.8. En séance : le temps de création ..................................................................................67
5.9. En séance : le temps d’échange ...................................................................................67
5.10. En séance : le temps de séparation ..............................................................................68
5.11. Après la séance : Le temps de l’évaluation ..................................................................68
III. Art-thérapie et pharmacien d’officine.................................................................... 70
1. L’art-thérapie, son processus thérapeutique : ............................................................... 71
2. L’art-thérapie : une technique de soin adapter à tout le monde ?.................................. 72
3. Art-thérapie et éducation thérapeutique ...................................................................... 72
4. L’art soigne-t-il ? ........................................................................................................... 73
5. L’art-thérapie : sa prise en charge ? ............................................................................... 74
6. Art-thérapie, médecine et médicaments : une alliance trop peu explorée ? .................. 75
13
Liste des figures
Figure 1: La relation triangulaire .................................................................... 22
Figure 2 : L’art-thérapie, un processus........................................................... 23
Figure 3 : Synthèse des recherches empiriques sur l’art-thérapie pour les
troubles dépressifs ................................................................................... 55
Figure 4 : Exemple de grille d’évaluation ...................................................... 69
Figure 5: Œuvres du 23 Avril réalisées durant le stage de découverte à
Marseille .................................................................................................. 79
Figure 6: Œuvres du 24 Avril réalisées lors du stage à Marseille .................. 80
Figure 7: Œuvres réalisées lors du colloque à Villeuneuve-les-Avignons....... 84
14
PARTIE THEORIQUE
I. Présentation de l’art-thérapie
1. Définitions
Il n’y a pas une définition de l’art-thérapie mais plusieurs définitions, selon la façon
dont on aborde cette discipline :
L’art-thérapie est une forme de psychothérapie faisant appel à l’Art : c’est pouvoir
exprimer un mal être autrement que verbalement, c’est communiquer en utilisant
l’Art. On peut le relier à la poésie3, car la poésie c’est « l’art d’évoquer, de suggérer
les sensations, les émotions, par un emploi particulier de la langue, par l’union
intense des sons, des rythmes, des harmonies, des images ». C’est ce que suggère
indirectement l’art-thérapie : s’exprimer dans une activité créatrice. Cela fait appel
à la sensibilité, aux émotions, à la pensée, à l’intuition ainsi qu’à l’imaginaire.
L’art-thérapie peut être une source de libération mais aussi un éveil créatif4 : il n’est
absolument pas nécessaire d’être doté de qualités artistiques pour pratiquer l’art-
thérapie.
L’art-thérapie est « une méthode qui consiste à créer des conditions favorables au
dépassement des difficultés personnelles par le biais d’une stimulation des
capacités créatrices » (d’après Jean-Pierre Royol directeur de l’institut PROFAC).
1
Site de la fédération françaises des arts thérapeutes https://www.ffat-federation.org/ consulté le
09/07/16
2
Site de l’AFRATAPEM(association française de recherches et applications des techniques artistiques en
pédagogie et médecine, école d’art thérapie de Tours http://art-therapie-tours.net/ consulté le 17/09/16
3
« Le grand livre de l’art-thérapie, Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012
4
La définition de l’art thérapie disponible sur le site passeport santé
http://www.passeportsante.net/fr/Therapies/Guide/Fiche.aspx?doc=art_therapie_th consulté le 31/03/16
15
C’est une démarche d’accompagnement5 d’une personne ou d’un groupe, centrée
sur l’expression de soi, de ses pensées, émotions et conflits dans un processus de
création artistique. La spécificité de l’art-thérapie s’exprime ainsi dans l’utilisation de
médiums artistiques visant la compréhension et la résolution de problèmes, le
soulagement de l’angoisse et de la souffrance psychologique et même physique,
ou simplement l’évolution et le mieux-être psychologique de la personne ou du
groupe.
L’art-thérapie est aussi un dispositif de soin6, qui utilise l’expression créatrice via un
médium artistique à des fins thérapeutiques. Il est basé sur l’exploitation7 du
potentiel artistique dans une visée thérapeutique et humanitaire. Il fait partie des
approches thérapeutiques non prescriptives au contraire des approches
comportementales. C’est une pratique plurielle dans la mesure où elle prend appui
sur les courants de la pensée, de la psychologie, de la psychanalyse, des thérapies
humanistes, de la philosophie, et qu’elle utilise tous les médias d’expression des
arts plastiques, des arts de la scène, de la musique ou encore de l’écriture…
L’activité artistique devient thérapeutique quand son pouvoir expressif est utilisé
pour restaurer la qualité existentielle, l’autonomie et la socialisation d’une personne
qui le nécessite, pénalisée dans son intégrité physique, psychique et/ou sociale.
5
« Art-thérapie, mettre des mots sur les maux et des couleurs sur les douleurs » Johanne Hamel et Jocelyne
Labrèche édition Larousse 2015 p 319
6
« Education thérapeutique et art-thérapie, une alliance encore trop peu explorée… » A.Evers Medecine des
maladies métabolique 2016 n°8 p742
7 ème
« Tout savoir sur l’art-thérapie » R.Forestier 6 édition Lausanne-Favre 2009
16
2. Historique
Historiquement7 l’art-thérapie s’est construit à partir du courant de l’art brut (terme
introduit par le peintre Jean Dubuffet, se dit de productions artistiques spontanées
qui sont souvent l’œuvre de personnes atteintes de problèmes de santé mentale)
et des pratiques artistiques encouragées dans les milieux psychiatriques et
éducatifs.
Dès la fin du XIXème siècle, les psychiatres incitent leur patient à peindre ou à
dessiner, analysant ainsi ce qu’ils voient dans leurs productions. Des artistes
travaillant en milieux psychiatriques, scolaires ou communautaires, dont des artistes
du courant de l’art brut constatent que des personnes atteintes de maladies
mentales, de maux psychologiques ou physiques expriment davantage leur
souffrance ou en arrivent à en oublier leur malaise lorsqu’elles peignent, dessinent,
sculptent…etc. Par ailleurs des psychiatres, psychologues ou intervenants
observent que c’est un moyen de communication différent de la parole. L’œuvre
ainsi produite parle de son créateur et aide à comprendre ses émotions, ses conflits
intérieurs, ses besoins, son vécu…
Dans de tels contextes l’activité artistique peut donc être utilisée pour :
Au départ c’est la psychanalyse freudienne qui est invoquée pour fonder l’art-
thérapie notamment pour l’évaluation et l’interprétation diagnostique des œuvres
produites. L’image créée sur la toile est ainsi le reflet de la « psychée ». L’art est
pour Freud une thérapie spontanée qui permet d’échapper à une pathologie. L’art
est l’une des formes les plus importantes de la sublimation.
Par ailleurs l’influence de Jung, psychiatre suisse, qui voit dans l’activité artistique
du patient la prise en charge de son processus de guérison, est ressentie non
seulement en Europe mais aussi en Amérique du nord.
17
Jung s’est attaché au symbolisme de l’image et à sa compréhension dans la
dynamique des processus inconscients à l’œuvre chez la personne. Dans son livre,
« La guérison psychologique », Jung affirme que seule la personne elle-même a le
pouvoir de se guérir.
a. L’approche phénoménologique
8
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
18
La méthode phénoménologique vise à mettre à jour tous les éléments qui participent
à la communication, à la relation et à l’expression du patient lors de la prise en
charge avant toute réflexion : la description verbale ne sert qu’à faire un retour le
plus précis possible sur le moment de l’action, sur le moment où les sensations
apparaissent dans l’environnement du patient et dans son monde intérieur.
b. L’approche gestaltiste
Le processus de création par lequel l’image est menée à terme est souvent plus
significatif que son contenu. Le défi proposé par l’art-thérapie gestaltiste consiste à
faire l’expérience aussi totale que possible de ce qui se passe pendant et après tout
le processus de création de l’image. La ligne, la forme, la couleur ou le mouvement
qui émergent de manière évidente, ce qui saute aux yeux, représente la situation
inachevée la plus préoccupante, le besoin le plus urgent ou la résistance la plus
forte.
19
2.2. Deux courants principaux :
Le tableau de Munch, le Cri est parfois utilisé auprès des adolescents comme outil
pour exprimer leur mal être. Dans certains cas, l’art-thérapie est un complément à
la psychothérapie verbale qui sera menée par un autre thérapeute, psychiatre ou
psychologue. L’activité artistique pratiquée dans ce cadre demande à l’art-
thérapeute d’observer, d’analyser, d’être à l’écoute pendant que le patient créé.
20
b. La psychothérapie par l’art
Le psychothérapeute par l’art utilise l’art mais aussi la parole, la sienne et celle de
son patient, de façon thérapeutique. Il met aux dispositions de la personne plusieurs
médias artistiques et lui offre un cadre thérapeutique rassurant qui suscitent la mise
à jour d’images de l’inconscient. L’image pourra ainsi être le point de départ d’une
élaboration verbale.
21
3. Bases théoriques
La relation triangulaire entre le patient, l’art-thérapeute et le processus créatif est
à la base de l’art-thérapie.
En art-thérapie, la notion d’esthétique n’est pas le but recherché, l’œuvre n’a pas à
être interprétée, ce qui est important c’est ce qui se passe pendant sa construction.
L’art-thérapie doit être proposée par un art-thérapeute certifié qui travaille ou pas
en lien avec un professionnel de santé, idéalement un psychologue, un psychiatre
ou un docteur en psychopathologie.
Lorsque l’art-thérapie est dispensée hors cadre médical9 et qu’elle n’est pas
prescrite par un professionnel de la santé, elle s’avèrera tout aussi efficace si et
seulement si les attentes sont clairement exprimées, les objectifs fixés et la
médiation artistique adaptée.
C’est souvent le patient lui-même qui fait appel à l’art-thérapie quand d’autres
alternatives ont été vaines.
L’art-thérapie n’est pas une réponse de plus, elle ne correspond pas au pourquoi
mais propose une méthodologie pour un itinéraire du patient au présent dans le
territoire du symbolique vers un avenir imprévisible10.
9
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
10
« L’art-thérapie » Jean-Pierre Klein éditions Que sais-je ? 2014 p126
22
L’art-thérapie s’inscrit dans une démarche d’accompagnement11 de la personne
dans l’effort de se réapproprier sa vie y incluant la maladie et la souffrance, les
prenant comme matériaux pour une création, ce qui permet au sujet de se recréer12.
11
« Le rôle de l’art dans les éducations en santé » Patrick Paul et Rémi Gagnayre 2008 p 145
12
« L’art-thérapie » Jean-Pierre Klein éditions Que sais-je ? 2014 p126
13
« L’art-thérapie de l’esthétique aux soins, une union phénoménale » de Claire Plaisant de la revue SOINS
n°713 2007
23
3.1. Les approches théoriques14 :
a. L’approche humaniste
La création se suffit à elle-même, elle n’a pas besoin d’être interprétée. Le patient
peut être accompagné par des soignants ou des intervenants extérieurs mais ce
n’est pas obligatoire.
La prise de contact avec ce qui se vit pendant l’instant présent doit permettre la
restauration du dialogue entre les pensées, les émotions et les sensations
corporelles.
Les problématiques et les besoins du moment sont mis en évidence pour chercher
et trouver de nouvelles formes d’interactions avec son environnement
(transformation).
14
« Art-thérapie » F.Granier Annales médico psychologiques 169 2011 p 680-684
15
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
24
b. L’approche psychothérapeutique
Elle est basée sur la psychanalyse, la création est considérée comme un symptôme
et doit être interprétée.
Les associations que l’image évoque pour lui et les émotions qu’elle suscite peuvent
donner lieu à des prises de conscience importantes concernant des aspects de lui-
même dont le patient n’a pas conscience, mais qui sont sources de conflit et de
souffrance.
16
« Art-thérapie, mettre des mots sur les maux et des couleurs sur les douleurs » Johanne Hamel et
Jocelyne Labrèche édition Larousse 2015 p 319
25
c. L’approche cognitive
Cette méthode plutôt que de s’appuyer sur le passé pour le reconstruire, vise le
futur, le développement, le progrès, la croissance ou l’utilisation du potentiel
humain.
Cette approche vise à mettre au jour tous les éléments qui participent à la
communication, à la relation et à l’expression du patient lors de la prise en charge.
Avec cette approche18, l’Art est un processeur. L’art-thérapeute utilise les pouvoirs
de l’Art avec ses patients afin d’atteindre les objectifs thérapeutiques fixés suite à
une indication médicale ou institutionnelle. Il va mettre à profit les effets produits par
une démarche esthétique, ainsi que les effets relationnels induits.
Cette approche valorise les capacités préservées (partie saine) de la personne que
ce soit sur le plan physique, mental ou social.
17
Le blog de Francine Lèvesque, art thérapeute http://blog.douglas.qc.ca/arts/2009/07/13/la-
psychothrapie-de-lart-thrapie/ consulté le 13/04/2017
18
Le site repère métier art-thérapie de l’AFRATAPEM http://art-therapie-tours.net/wp-
content/uploads/2016/11/Rep%C3%A8re-M%C3%A9tier-Art-th%C3%A9rapie.pdf consulté le 13/04/2017
26
3.2. Accompagnement individuel ou en groupe :
En séance individuelle, la relation est duelle et donc plus intime, la parole précède
la plupart du temps la production, celle-ci peut être simple ou au contraire plus
élaborée.
Le groupe peut-être aussi très porteur, il donne envie, stimule et entraîne les
participants. Les groupes en atelier d’art-thérapie peuvent être très fermés ou semi-
ouverts19.
Lorsque le groupe est « fermé » cela signifie que ce sont toujours les mêmes
personnes qui participent aux séances sur une période donnée, si l’un des
participants abandonne en cours de route il ne sera pas remplacé par une autre
personne.
Lorsque le groupe est dit « semi-ouvert », cela signifie qu’il peut accueillir une ou
deux personnes au cours de la période considérée et qu’une personne qui arrête
l’atelier peut être remplacée par une autre lors de l’atelier suivant.
La durée d’une thérapie est variable, parfois quelques séances suffisent à cerner le
problème, parfois cela nécessite plus de temps.
19
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
27
4. Types de médiations artistiques
L’art thérapie avec quoi ?
L’art-thérapie s’adresse à tous les arts sans exception, que ce soit les arts
plastiques (peinture, dessin, sculpture, modelage…), la photographie, le cinéma, la
vidéo, la musique, la danse (le sens du mouvement), le théâtre, l’écriture, le conte…
Les arts plastiques possèdent une grande souplesse d’utilisation20. Les images
ainsi créées durent dans le temps et on peut les voir, les revoir, les revisiter à
volonté. Cependant elles sont fixes, stabilisées.
a. La peinture :
C’est l’outil le plus facile, tout le monde le connait et en a déjà fait, ne serait-ce qu’à
l’école, c’est un outil très dynamique, stimulant.
Jouer avec les couleurs peut permettre de déclencher des émotions. La personne
est assez libre de ses mouvements, elle peut peindre assise, debout, sur une table,
un chevalet…
La gouache et l’acrylique sont les peintures les plus adaptées, en effet elles sèchent vite et
possèdent une grande gamme de couleurs. De plus, l’acrylique permet de jouer avec la
matière en superposant plusieurs couches de peinture.
20
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
28
L’art-thérapeute peut en début de séance donner une consigne ou non, et peut
intervenir si le patient est dans une impasse et n’arrive plus à continuer son œuvre
mais sinon il se positionne en retrait et observe le processus de création de la
personne, sa posture, ses mouvements, sa façon d’appliquer la peinture, de jouer
avec la matière et les couleurs…
b. Le dessin :
c. Le collage :
Le collage est assez ludique et accessible à tout le monde car il ne nécessite aucune
technique particulière. La juxtaposition d’images peut être considérée comme un
jeu par le patient et peut être très stimulant pour lui et favoriser fortement le
processus de création.
Cette médiation permet d’affirmer son identité assez facilement, d’exprimer ses
émotions, ses désirs… Le collage permet enfin de mobiliser les fonctions exécutives
(réflexion, analyse, organisation), mais également des fonctions cognitives et
motrices. C’est une médiation complète qui s’adresse au plus grand nombre.
d. Le modelage :
29
Le modelage possède21 une grande élasticité et permet d’exprimer toutes sortes de
pulsions.
La terre absorbe toutes les projections pour mieux les restituer sous l’effet de formes
diverses et variées. Il est souvent recommandé de fermer les yeux afin de mieux se
laisser aller à son intuition.
Le modelage c’est se remettre à communiquer avec son corps tout en stimulant son
psychisme.
4.2. La musique
La musique, que ce soit des bruits, des sons, un rythme, des paroles, des cris ou
bien une mélodie, le chant, nous permet de « rentrer en communion avec le
monde ».
La musique produit un effet immédiat sur nos émotions et nos états d’âmes, elle est
à la base de notre communication verbale et non verbale.
La musique est omniprésente dans nos souvenirs et fait partie de notre histoire, elle
nous relie les uns aux autres.
21
« Communiquer à travers l’atelier modelage » Hannah Agnes, Viviane Boni, Virginie Saury, Lucis Travaille
d’après la revue SOINS AIDES SOIGNANTES n°65 2015
22
« Eléments de musicothérapie » de Gérard Ducournaud aux éditions DUNOD
30
Les principales indications de cette thérapie sont les patients souffrants de
difficultés de communication, de relation.
En musicothérapie « active », le chant peut faire partie des jeux proposés par le
musicothérapeute. Le chant permet d’acquérir de la confiance en soi, travaille sur
l’articulation, le sens du rythme, la respiration.
Jouer avec des instruments peut permettre à des personnes qui ont des troubles
moteurs d’améliorer la coordination de leur motricité.
31
4.3. L’écriture
Dans l’écriture il y a la notion de laisser une trace, une marque. Ecrire c’est se libérer de ce
qui nous encombre, c’est se dévoiler, se livrer.
Ecrire c’est prendre conscience de ce que l’on vit et de ce que l’on ressent.
Mettre nos émotions sur le papier permet de prendre du recul. En permettant de
mettre nos émotions sur le papier, l’écriture va provoquer la reviviscence de certains
souvenirs.
Pour les patients l’écriture offre la possibilité d’exprimer ses ressentis23, ses
douleurs, et permet de formuler précisément leur souffrance. Celle-ci est alors
objectivée, elle devient un objet extérieur, ce qui signifie que l’on peut l’observer,
l’analyser et la contrôler.
a. Le carnet intime
Le patient peut utiliser un journal personnel pour évacuer ses tensions intenses et
décharger ses émotions.
Le groupe est normalement constitué de 7/8 personnes maximum afin que tout le
monde puisse lire et échanger sur les écritures de chacun.
Cette création peut prendre la forme d’un simple texte, d’un article, d’un poème ou
d’un petit conte. A la fin de l’exercice chaque participant lit sa composition et
échange avec les différents membres du groupe.
23
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
32
4.4. La photographie
Avec cette discipline on peut travailler sur l’image de soi proprement dite et sur
l’image de soi en situation. La photographie permet de mieux se découvrir et se
connaitre. Les photos qu’on a réalisées soi-même mais aussi celles qui ont été
prises par d’autres et que l’on conserve, représentent une partie de soi.
Dans ce cas précis, les patients sont acteurs, ils sont photographes. L’art-
thérapeute apporte ses connaissances techniques et son regard. Il va surtout créer
les conditions de création des photos et va accompagner les participants dans leur
recherche d’image.
La photo ainsi obtenue sert ensuite de base d’échange, de support ce qui facilite la
libération des émotions.
24
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
33
b. Le photo-langage : « parler de soi sans dire « je » »
Dans ce cas- là, la photographie n’est plus envisagée comme une pratique mais
sert de support pour faciliter la libération des affects et des émotions.
4.5. Le théâtre
Ces scènes improvisées peuvent être jouées seul, à deux ou à trois mais pas
plus afin que les participants puissent s’exprimer pleinement, un temps de parole
est instauré à la fin entre les acteurs et les spectateurs.
a. Le mime
Le mime est un jeu basé sur le langage du corps, il est universel, ludique (imiter
des personnages) et permet de mettre sa pensée en lien avec son corps. Le
mime est l’art du mouvement : le corps est le médium qui permet ainsi de
remettre sa pensée en mouvement. Le mime permet ainsi de rétablir une
communication entre le corps et le psychisme.
34
b. Le cinéma/la vidéo
Se mettre en mouvement c’est pouvoir s’exprimer, vivre, c’est aller vers l’ailleurs,
vers les autres. S’exprimer en mouvements permet d’extérioriser ses émotions
à travers le corps.
Au fil du temps la danse s’est codifiée pour devenir une sorte de langage, un
mode d’expression et de communication. Si l’on peut danser seul, la danse porte
en elle un caractère social. Si en cours de danse, la technique prime, en danse-
thérapie l’objectif premier est de s’exprimer en mouvements et d’extérioriser ses
émotions à travers son corps25.
25
« La force expressive du corps », « Guérir par l’art et le mouvement » de Daria Halprin
35
Un atelier de danse-thérapie est donc structuré en plusieurs phases :
Tous les styles de danse peuvent être utilisés et servent de support pour un
travail d’expression à partir de mouvements libres et improvisés et de mise en
forme. Ils doivent permettre aux participants d’entrer dans un processus de
création personnel qui leur permettra de mettre en relation leurs émotions et les
différentes représentations de leur corps.
36
II. Applications de l’art-thérapie à la santé
humaine
1. Les praticiens
26
« Le métier d’art thérapeute » Richard Forestier p 375 2014
27
« L’art-thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FAVRE p281 2015
37
L’une des fonctions essentielles de l’art-thérapeute est de créer les conditions
nécessaires à la stimulation de l’imagination et de la créativité, pour cela il convient
de :
L’art-thérapeute est le guide d’un chemin possible vers le « mieux-être » qu’il balise
et sécurise sans entraver l’aventure ni anticiper ce qu’il y aura au bout, il
accompagne et éclaire la route tout en permettant au patient de faire son propre
chemin à son rythme.
Ensuite l’art-thérapeute donne des conseils d’ordre technique relatifs aux matériaux
choisis et encourage son patient à s’exprimer.
Etre art-thérapeute, c’est être relié à cet artiste en soi qui (se) cherche28.
Au-delà d’un métier, c’est une façon d’être, une sensibilité qui rejoint probablement
aussi cette faille en soi, ce trop ou trop peu, issue de l’enfance et des accidents de
la vie.
28
« Le grand livre de l’art-thérapie » Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012
38
1.2. La formation
Ces associations ont défini des normes pour banaliser la formation des arts-
thérapeutes.
29
« Art-thérapie, mettre des mots sur les maux et des couleurs sur les douleurs » Johanne Hamel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
39
Les patients qui désirent faire des séances d’art-thérapie en cabinet privé peuvent
aussi se référer à l’annuaire de la FFAT (fédération française des arts thérapeutes :
www.ffat-federation.org) et de la ligue professionnelle des art-thérapeutes (Lpat :
arthérapie.levillage.org).
Les universités ou les instituts privés pourront exiger aux différents candidats des
connaissances approfondies en psychologie du développement, notamment de
l’enfant et de l’adolescent, en psychopathologie, en relation d’aide individuelle et en
psychologie des groupes.
Enfin et dans le but d’éviter la projection de ses propres problèmes sur les
personnes avec qui il travaille il devra lui-même suivre une psychothérapie afin de
résoudre au mieux ses conflits personnels.
Par ailleurs travaillant avec l’art et le processus de création il doit aussi posséder
des connaissances théoriques et pratiques dans sa propre discipline artistique.
Pour utiliser l’art à des fins thérapeutiques, l’art-thérapeute aura une expérience
personnelle du processus créateur ceci est essentiel pour l’accompagnement qu’il
fera d’une personne ou d’un groupe dans un processus de guérison psychologique
par l’art.
30
« L’art-thérapie au service de l’estime de soi, la relation et l’autonomie chez les adolescents souffrant
d’obésité » Lionel Botté Pratique en nutrition n°49 2017
31
« Le grand livre de l’art-thérapie » Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012
40
1.3. La confidentialité et l’éthique
Les art-thérapeutes sont dotés d’un Code de déontologie, inspiré en grande partie
par celui des psychologues, il contient des particularités liées à l’art-thérapie dont
les grands principes éthiques sont :
• Compétence
• Respect de l’intégrité des personnes
• Diligence et disponibilité
• Responsabilité
• Indépendance
• Désintéressement
• Confidentialité
• Discernement dans l’interprétation
Les patients ont une activité de création dans les différents ateliers qui leur sont
proposés.
41
Il faudra néanmoins être vigilant lors du choix d’un art-thérapeute et s’assurer qu’il
possède une formation accréditée par une institution ou une université reconnue
et qu’il exerce sa profession en étant conforme avec le cadre légal en vigueur
dans l’endroit où il la pratique.
L’art-thérapeute doit trouver la bonne distance qui doit être sans cesse réévaluée.
32
« Education thérapeutique et art-thérapie, une alliance encore trop peu explorée… » A.Evers Medecine
des maladies métabolique 2016 n°8 p742
33
« Le grand livre de l’art-thérapie, Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012
42
1.6. La supervision
Elle consiste en une évaluation régulière des pratiques d’un art-thérapeute par un
pair34 afin d’échanger sur les attitudes, les paroles, les perceptions, les émotions,
les procédés…
Cette super-vision est indispensable et doit être comprise comme un support pour
l’art-thérapeute supervisé afin d’évaluer, de prendre de la distance et l’aider à gérer
des situations complexes.
34
« L’art-thérapie pour les nuls Alain Dikann aux éditions FIRST p 281 2015 consulté le 12/10/16
43
2. Les indications et les performances
L’art-thérapie s’adresse à tout le monde, quel que soit l’âge, et quelles que soient
les problématiques ou pathologies. C’est ainsi que l’art-thérapie peut aussi bien
s’adresser à une personne en bonne santé qui désire mieux se connaitre et
développer ses caractéristiques individuelles (développement personnel)35, une
personne qui connait une problématique psychologique passagère à cause d’un
évènement qui la touche personnellement (un décès, un divorce…), une personne
qui manifeste une pathologie somatique, psychosomatique ou mentale… mais
également une personne en postcure, alcoologie par exemple, ou un enfant qui a
des problèmes d’expression.
Quels que soient le ou les troubles qui amènent une personne vers un art-
thérapeute36, dans le cadre d’une consultation privée ou au sein de l’institution
médicalisée, et qu’il s’agisse d’une crise passagère ou de troubles psychiatriques
installés, l’art-thérapie peut toujours soulager au moins deux choses : la difficulté de
communication et l’appréhension de la réalité.
Elle permet, comme une parenthèse, une autre relation à soi et au « ici et maintenant ».
L’art-thérapie peut bénéficier à des patients touchés par une maladie chronique,
je m’attarderai ci-dessous sur le cancer, le diabète et l’obésité :
a. Art-thérapie et cancers
Comment donner du sens à cet arrêt sur image qu’est le cancer ?37 Car oui, souvent
la première image choc de la maladie est une mammographie, une échographie, un
scanner, une imagerie par résonance magnétique(IRM), une coloscopie etc…
35
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
36
« Le grand livre de l’art-thérapie », Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012
37
« Education thérapeutique et art-thérapie, une alliance encore trop peu explorée… » A.Evers Medecine
des maladies métabolique 2016 n°8 p742
44
Bien que cette imagerie médicale soit illisible pour un « non-spécialiste » elle signe
comme un arrêt de mort possible, aussi inimaginable qu’indicible pour le patient.
L’art-thérapie va justement par la stratégie du détour, par l’acte créateur, aider le
patient à se créer de nouvelles représentations, lisibles et acceptables pour lui, et
ainsi, relancer son énergie, son espoir et son autonomie.
Selon les femmes interrogées cet atelier leur a permis de mieux gérer leurs
problèmes face au cancer et à un meilleur contrôle des émotions et provoqué une
prise de conscience et une créativité accrue. Seules 6% des femmes estiment que
l’atelier n’a pas changé grand-chose.
38
« Thérapie créative pour les personnes atteintes de cancer: évaluation de l’atelier « Cancer &
Créativité » » Visser A, op’t Hoog M, Taal J Revue Francophone de Psycho-Oncologie 2004 p19-24.
45
b. Art-thérapie et diabète
Pour les personnes touchées par le diabète, suivant qu’il s’agit du type 1 ou du type
2, les conséquences sur la vie de tous les jours n’impliquent pas les même mesures
et traitements.
Faire un régime, diminuer les sucreries, supprimer les boissons sucrées, réduire ce
qui est pour beaucoup d’entre nous synonyme de douceur, de plaisir, voire de
récompense, ne parait pas a priori insurmontable. Toutefois, surtout pour de jeunes
patients, ceci peut être vécu comme une injustice, une punition, même si les
interdictions d’antan ont été revues. Il est souvent extrêmement difficile de changer
ses habitudes alimentaires.
Chaque maladie impose ses contraintes, ses traitements, transforme le regard sur
soi, sur notre apparence physique, mettant parfois notre narcissisme à mal. La
maladie peut engager le pronostic vital du patient, de façon réelle, mais aussi
imaginaire et subjective.
J-P.Klein, psychiatre des hôpitaux utilise l’art-thérapie dans ses thérapies et a suivi
une patiente39 atteint du diabète en atelier d’art-thérapie.
39
« Art- thérapie : objet du diabète – sujet d’une création » de J-P.Klein Médecine des maladies
Métaboliques 2013 Vol.7 n°1
46
L’art-thérapie suscite de transformer toutes les négativités du diabète (les peurs, les
angoisses, douleurs, appréhensions…) en une création sur le modèle artistique.
Premier point, elle était jusqu’à présent « objet » de cette entité (le diabète)
qui l’habite, elle devient maintenant « sujet » de sa production. Elle était jusqu’à
lors passive vis-à-vis de sa maladie et elle devient active en étant l’auteur d’une
réalisation, ce qui va peut-être l’inciter à être plus active dans sa vie de tous les
jours y compris dans son traitement.
La mise en situation de création pour les malades atteints de diabète leur permet
de devenir, au moins le temps de l’atelier, un peu plus sujets de ce qui leur échappe.
Ils montrent aux désordres que leur maladie entraîne qu’ils ne se sont pas
complètement « laissés faire ».
L’art-thérapie est, ainsi, une tentative d’inverser la malédiction d’une maladie. L’être
humain relève, en effet, le défi de construire un peu, à partir de ce qui est fonda-
mentalement de la destruction qui, du coup, n’est plus totalement maîtresse des
lieux.
47
c. Art-thérapie et obésité
Les objectifs thérapeutiques les plus courants auprès des adolescents sont de
raviver l’estime de soi, d’augmenter la confiance en soi et en l’autre, de permettre
l’affirmation de soi et l’expression, enfin de restaurer la relation aux autres.
Dans cet espace thérapeutique, le patient obèse découvre une nouvelle manière de
se rencontrer par l’entremise de matière, de couleurs et d’images. Cet
environnement est un espace d’expérience où il explore différentes matières avec
tous ses sens. Le corps tout entier est impliqué dans la création, le corps réel, le
corps imaginaire et le corps fantastique sont présents tout au long du processus de
création ainsi que dans son corps.
L’utilisation des arts plastiques permet d’éveiller l’imaginaire, de donner une forme
aux représentations et aux émotions afin de mieux pouvoir les comprendre et ainsi
favoriser un processus de transformation et de maturation.
40
« L’art-thérapie au service de l’estime de soi, la relation et l’autonomie chez les adolescents souffrant
d’obésité » Lionel Botté Pratique en nutrition n°49 2017
48
La danse-thérapie41 peut également être employée, en effet un programme de
danse-thérapie permet aux patients obèses d’améliorer leurs perceptions
sensorielles, et leurs représentations d’eux-mêmes.
C’est un moment pendant lequel ils découvrent qu’ils bougent avec aisance et avec
beaucoup de plaisir.
En séances de groupes, ils modifient leur attitude par rapport au regard de l’autre
et à leur propre regard.
41
« Approche psychopédagogique et art-thérapeutique de l’obésité » I.Carrard, M.Reiner, C.Haenni,
C.Anzules, S.Muller-Pinget, A.Golay, EMC Endocrinologie-Nutrition, volume 9, n°3, 2012
42
« Art thérapie en unité de soins palliatifs : un accompagnement possible jusqu’au stade préagonique »
Shanti Mauvenu , Virginie Guastella Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement —
Éthique (2017) 16, 49—56
49
Une étude qualitative43 d’art-thérapie en soins palliatifs a été menée sur 12 patientes
âgées en moyenne de 58 ans. Elles étaient atteintes majoritairement de cancer
gynécologique (ovaire, col), de cancer du sein ou de cancer digestif à un stade
métastatique.
Des entretiens ont été menés auprès des patients admis dans une unité de soins
palliatifs proposant des ateliers d’art-thérapie avec une dominante art-plastique.
En analysant cette série d’entretien, les auteurs de l’étude ont distingué cinq
paramètres importants sur lesquels les ateliers d’art-thérapie semblent intervenir :
Ø La douleur :
Une des préoccupations les plus importantes des patients en phase palliative est la
prise en charge de la douleur. Les patients ont rapporté que durant les ateliers, leur
attention n’était plus fixée sur la douleur ressentie mais sur l’action en cours
permettant ainsi une réduction de l’intensité douloureuse. De plus, les patients ont
confié que peindre était une activité faisant appel à l’imagination, la créativité, ce
qui mobilisait beaucoup d’attention permettant aussi de diminuer la perception de la
douleur.
Ø La fatigue :
Tous les patients interrogés affirment que les ateliers n’augmentent pas leur fatigue
et même, les stimulent. Si de la fatigue est ressentie, elle est souvent vue de
manière plutôt positive, pas comme un poids. Plusieurs patients ont ainsi rapporté
avoir été stimulés par la participation à cette activité et finalement avoir envie à
nouveau de faire.
43
« L’art-thérapie en soins palliatifs : une étude qualitative » Wadih Rhondali, Anne Chirac, Marilène Filbet
Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement — Éthique (2013) 12, 279—285
50
Ø Dimension psychologique :
Ø L’estime de soi
L’estime de soi est une attitude intérieure qui consiste à se reconnaître une valeur,
un caractère unique et important. C’est aussi se connaître et s’aimer comme on est
avec ses qualités, ses limites et aussi son corps et ce dont il peut être le porteur. . .
Les patients présentant un cancer en phase avancée ont souvent déjà dû essuyer
pertes et déceptions de façon répétées (perte de la position sociale, de la position
au sein de la famille, perte de certains éléments corporels, etc.), ce qui résulte en
une altération importante de l’image qu’ils peuvent avoir d’eux-mêmes. Il est très
difficile de pouvoir restaurer cette image de soi dans un contexte de pathologie
évolutive, d’autant plus lorsque l’espoir de guérir n’existe plus.
Ces ateliers ont permis aux patients de se « sentir capable de », ne plus juste être
des « patients » ou un malade à l’hôpital.
Les patients peuvent ainsi retrouver une place d’individu et montrer par leur
créativité et leurs capacités d’élaboration d’un projet, qu’avant une issue fatale
attendue, ils restent pleinement en vie.
Plusieurs patients ont souhaité participer à l’atelier avec leur famille. Ils ont alors
décrit les séances d’art-thérapie comme un temps de partage et d’échanges.
Les patients, s’ils sont seuls lors des séances, communiquent avec leurs proches
pour leur parler de l’atelier, raconter leur journée et montrer leur(s) réalisation(s).
La production artistique exposée dans la chambre du patient peut être pour les
soignants le prétexte d’une nouvelle relation de sujet à sujet et non de soignant à
soigné où l’art et non la maladie est au centre.
51
Les ateliers replacent le patient dans un dialogue, une interaction avec la famille, le
personnel soignant. Ils apportent un soutien social important. L’équipe soignante
encourage le patient dans son projet, il se sent soutenu, entouré et valorisé.
Ø La spiritualité
Ø Le rapport à la maladie
La plupart des patients nous ont rapporté que participer aux ateliers les a aidés à
oublier, même brièvement, leur condition de malade et les font sortir du cadre
hospitalier.
Pouvoir avoir une activité où le patient n’est plus qu’un patient mais retrouve sa
place d’individu avec ses préférences (thème abordé, technique utilisée,
participation d’autres personnes, etc.) permet au patient aussi de porter un autre
regard sur sa maladie et les temps de soins.
52
Les résultats de cette étude ont permis de confirmer un impact positif d’une seule
séance d’art-thérapie même à des phases avancées de la pathologie cancéreuse.
a. La maladie d’Alzheimer
Une étude menée par V.Lefebvre des Noettes, psychiatre45 : les patients
accompagnés et encadrés par les deux intervenants permanents, une animatrice et
un peintre, qui les accueillent depuis 25 ans, deux après-midi par semaine, au sein
de l’atelier.
Les patients qui souhaitent y participer sont signalés par les médecins, les
psychologues ou les soignants à notre animatrice qui les accompagnera tout au
long de leur séjour.
Les patients peuvent peindre à la gouache ou à l’huile, sur du papier format raisin
ou sur des châssis entoilés, au chevalet ou sur une grande table. Les couleurs, les
pinceaux, les pastels sont à disposition.
Très souvent, il faut plusieurs séances pour finir une peinture que le patient
reprendra avec une infinie patience, parfois en recouvrant l’œuvre déjà
commencée. Le cadre, l’ambiance permettent l’expression picturale durant deux
heures, dans un calme étonnant, avec une concentration qui semble ne pas
s’atténuer même chez les patients les plus « perturbateurs » dans leur unité.
44
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
45
« Art-thérapie et démences » V.Lefebvre des Noettes, Neurologie - Psychiatrie – Gériatrie, 2006
53
Chaque patient peint avec ardeur, vigueur, dans un style qui lui est propre et
reconnaissable, comme une signature, comme une voix ou une écriture ; toute sa
personnalité est là, libre de toutes contraintes.
Certes, le dessin est moins précis, moins planifié, plus simplifié, parfois plus
répétitif, « persévérateur », mais les couleurs explosent, fraîches, audacieuses,
chaudes.
« Par quel miracle ces patients, dont le cerveau ne fonctionne plus pour mémoriser,
recevoir, rappeler, retranscrire des souvenirs les plus basiques, dont les gestes ne
sont plus coordonnés, dont la parole n’est plus fluente, voire sensée, dont la
dépendance est telle que l’on doit les aider, les étayer, les représenter dans les
actes de la vie quotidienne, sont-ils capables de produire des œuvres si
émouvantes ? » c’est la question que s’est posée l’auteur de cette étude.
L’art-thérapie doit faire partie des traitements non médicamenteux des démences
et être proposée aux patients qui le souhaitent.
b. La dépression
Fabienne Laroque et Jean-Luc Sudres46 ont répertorié les différents travaux faits et
les effets de l’art-thérapie sur des patientes dépressives.
46
« Le patient dépressif en art-thérapie : évaluation des bénéfices et recommandations des pratiques »
Fabienne Laroque, Jean-Luc Sudres, annales Médico-psychologiques 173 541-546 2015
54
L’objectif est d’explorer les effets thérapeutiques perçus/vécus par le patient en
proie à ces difficultés dépressives, d’une prise en charge art-thérapeutique
standardisée et manualisée à court et moyen termes.
Figure 3 : Synthèse des recherches empiriques sur l’art-thérapie pour les troubles
dépressifs
55
c. Les troubles bipolaires
d. Addictions
47
« De l’art comme catharsis à l’épanouissement par la créativité: accompagnement par l’art-thérapie
évolutive dans un cas de trouble bipolaire » M.-O. Brethes, Congrès Français de Psychiatrie / European
Psychiatry 29, 2014
56
L’alcool, le cannabis, l’héroïne, la cocaïne entre autre agissent sur le cerveau,
modifient l’activité mentale, les sensations et le comportement, et provoquent des
effets somatiques. L’addiction entraîne un phénomène de dépendance qui se traduit
par le fait de poursuivre la consommation d’une substance psychoactive tout en
étant conscient des conséquences physiques négatives dans sa vie.
57
e. L’autisme
48
«L’art-thérapie pour accompagner la personne autiste » Lysiane Perron-Soins Pédiatrie-Puericulture
n°276 2014
58
3. L’atelier d’art-thérapie
La notion d’atelier comprend plusieurs réalités49 :
49
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
59
3.2. L’atelier est un lieu qui donne envie de créer : il doit donner envie de
venir, il doit être convivial, spacieux et adapté aux besoins de la
médiation artistique proposée :
60
Le caractère « incitatif » du lieu est important : il doit donner envie d’y entrer, de s’y
installer et surtout de se l’approprier.
Les participants doivent s’y sentir bien, à l’aise, un peu comme dans une bulle.
Il est nécessaire d’encadrer les activités artistiques car elles ne doivent pas être
laissées à la personne en difficulté qui, seule devant la tâche peut se décourager
ou voir s’aggraver son mal-être.
50
« Art thérapie principes, méthodes et outils pratiques » Anne Marie Dubois aux éditions MASSON 2013 p
156
61
3.4. L’atelier est aussi un lieu de l’unification, du (re)groupement des
différents participants qui vont former un groupe le temps de la
séance.
C’est l’occasion pour certains de se (re)trouver, pour d’autres qui viennent pour
la première fois de se (dé)couvrir. L’atelier est donc le lieu de rencontre de
personnes qui ont manifesté le désir de venir et de participer, dans lequel le
plaisir fait lien.
L’atelier d’art-thérapie offre aux participants un espace pour faire sortir les formes,
les gestes, les mots, les paroles et les partager dans un moment de plaisir, mais
aussi parfois de crainte ou d’angoisse car « créer c’est aussi prendre conscience
de ce que l’on vit, de ce que l’on ressent ».
Une écoute qui ne soit pas un jugement. C’est donc un lieu où l’on reçoit la
parole de l’autre avec neutralité, sans chercher à interpréter les mots ou les
silences. En séance de groupe, on ne devra pas couper la parole ou interrompre
celui qui parle de sa création, ni émettre une critique ou un jugement, en
revanche on peut le questionner sur sa création ou lui faire part de nos
impressions tout en restant bienveillant.
51
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
62
L’atelier est un espace d’expressions, d’émotions et de dépôt où l’on peut mettre en
forme ce que nous désirons mais c’est aussi un lieu où nous pouvons vider ce qui
nous encombre pour mieux nous libérer et tenter de nous transformer52.
Chaque patient arrive avec des attentes et des demandes qui lui sont propres et qui
font partie de son histoire et de son expérience. Il est important que le patient fasse
la différence entre une activité occupationnelle et une discipline thérapeutique54.
L’atelier d’art-thérapie est un lieu dans lequel il peut s’exprimer en toute
« inconscience », dans ce lieu c’est lui qu’on écoutera alors que dans un cours on
écoute le professeur qui est « supposé savoir » et susceptible d’exiger un « résultat ».
En art-thérapie, il n’existe pas d’autres attentes de résultats que celle de la personne
elle-même.
En art-thérapie ce qui peut être assimilé à une « œuvre d’art » est avant tout le produit d’un
processus psychique qui n’a rien à voir avec les « canons de la beauté »55, ce qui
n’empêchera pas de créer quelque chose de beau et d’artistiquement valable mais
l’expression de soi et le chemin que le patient parcourt pour mieux se connaitre priment sur
la notion d’esthétique.
52
« Art-thérapie, mettre des mots sur les maux et des couleurs sur les douleurs » Johanne Hamel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
53
IRFAT, site de l’institut de recherche et de formation des arts thérapeutes www.irfat.com consulté le
09/07/16
54
« Le grand livre de l’art-thérapie », Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012f
55
« Le métier d’art thérapeute » Richard Forestier éditions FAVRE p 375 2014
63
L’art-thérapeute n’est pas là pour apprendre au patient la créativité mais il s’en sert
pour mobiliser le processus psychique pour transformer par exemple la passivité en
activité, la tension en attention, la routine en surprise, la résistance en lâcher
prise…etc
Ce qui différencie l’atelier d’art de l’atelier d’art-thérapie56, est qu’en atelier d’art, le
sujet est au service de l’objet créé, qui est susceptible d’être exposé au regard d’un
public, là où en art-thérapie, l’objet créé est au service du sujet, c’est-à-dire un objet
intime, protégé du regard d’autrui. La création en art-thérapie, quelle qu’elle soit,
devient objet de transfert et de communication en présence d’un(e) thérapeute.
56
« Education thérapeutique et art-thérapie, une alliance encore trop peu explorée… » A.Evers Medecine
des maladies métabolique 2016 n°8 p742
57
« Le grand livre de l’art-thérapie », Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012
64
5. La séance d’art-thérapie
Selon les mots employés, les attitudes et les souhaits émis, l’art-thérapeute peut
évaluer le degré de motivation de la personne ainsi que son rapport à toute forme
d’expression artistique.
Ces différentes informations vont permettre de mettre en évidence les goûts et les
sensibilités qui aideront l’art-thérapeute à accompagner la personne en situation de
création.
58
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281 2015
65
5.4. Avant la séance : Les règles de l’atelier
1. La ponctualité
2. La présence (l’art thérapeute doit être prévenu de toute absence)
3. Le respect du matériel
4. Le respect de l’autre et de sa création
5. Le non-jugement
6. L’écoute
7. Le rangement du matériel à la fin de chaque séance
Dans le cadre de prescriptions les durées sont généralement de trois mois, à savoir
une douzaine de séances reconductibles ou non.
Mais il n’y a pas de règle fixe en la matière. A la fin de ce premier temps, un bilan
est établi entre l’art-thérapeute, le patient et l’équipe soignante (ou l’art-thérapeute
et la personne accompagnée hors milieu médical) pour savoir s’il est nécessaire ou
non de poursuivre les séances d’art-thérapie.
59
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281 2015
66
5.7. En séance : le temps d’accueil
Les patients viennent à une heure précise, se retrouvent dans l’atelier où les
accueille l’art-thérapeute. Ils peuvent s’ils le souhaitent enfiler une blouse ou un
tablier qui doivent être à leur disposition. C’est un temps de retrouvailles, de renouer
le contact avec le lieu de la création et des premiers échanges avec les participants.
L’art-thérapeute peut également proposer aux personnes présentes de raconter ce
qui s’est passé lors de la séance précédente.
Les échanges verbaux doivent être contenus afin d’éviter de perturber les autres
participants lors d’une séance de groupe par exemple.
60
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281 2015
67
Si c’est une séance de groupe, chaque participant s’exprime à tour de rôle. Dans le
cas de difficulté d’expression, l’art-thérapeute peut aider la personne, la faire
reformuler éventuellement sans pour autant la forcer.
A la fin de chaque prise de parole, les autres participants peuvent réagir, donner
leurs sentiments, parler de leurs émotions devant la création exposée mais l’art-
thérapeute doit être vigilant à ce qu’il n’y ait aucun jugement.
Les patients rangent l’atelier, nettoient les matériels (pour la médiation plastique) et
continuent d’échanger entre eux avant de quitter les lieux. C’est un temps de
transition avant de repartir et de se retrouver lors de la prochaine séance.
Une séance d’art-thérapie est toujours rythmée par ces quatre temps. Ces temps
sont essentiels et chacun a sa propre fonction61.
61
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281 2015
68
Figure 4 : Exemple de grille d’évaluation62
62
Exemple de grille d’évaluation tirée de « L’art-thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST
P281 2015
69
III. Art-thérapie et pharmacien d’officine
« Si la médecine avec les autres activités paramédicales soigne la santé pour un
meilleur bien-être, l’art-thérapie soigne le bien-être pour une meilleure santé».63
Les médicaments ont depuis de nombreuses années, prouvé leur intérêt. Ils ont été
parfois révolutionnaires, ont permis et permettent tous les jours de guérir un grand
nombre de maladies, certains sont nécessaires voir même indispensables à la
survie de nombreux patients.
Je vois l’intérêt des médicaments tous les jours au comptoir de la pharmacie mais
je m’aperçois souvent aussi que dans certaines pathologies (psychiatriques
notamment), le médicament seul ne suffit pas.
Certains nous exposent leur malaise, se confie mais pour certains on sent bien que
s’exprimer par oral leur est impossible, c’est là que pour moi, l’art-thérapie prend
tout son sens, car si on les oriente vers des psychothérapeutes pourquoi ne les
orienterons-nous pas vers des art-thérapeutes ?
63
« Le métier d’art thérapeute » Richard Forestier aux éditions FAVRE p 375 2014
70
1. L’art-thérapie, son processus thérapeutique :
Ecouter le patient constitue le premier acte thérapeutique, écouter ce n’est pas
seulement entendre mais c’est aussi observer, comprendre.
64
« Le grand livre de l’art-thérapie, Angela Ever aux éditions EYROLLES p276 2012
71
2. L’art-thérapie : une technique de soin adapter à tout
le monde ?
L’art-thérapeute doit alors puiser dans sa propre inventivité pour trouver des voies
de communication et de jeux avec des moyens simples, adaptés aux possibilités du
patient lorsqu’il souffre d’une mobilité réduite, d’une absence de langage, ou de tout
autre empêchement passager ou irréversible.
65
« Education thérapeutique et art-thérapie, une alliance encore trop peu explorée… » A.Evers Medecine
des maladies métabolique 2016 n°8 p742
72
4. L’art soigne-t-il ?
Soigner n’est pas forcément guérir et toute thérapeutique a ses limites66, cette
notion de guérison est complexe car elle renvoie au retour d’un état antérieur pas
toujours possible et parfois encore moins souhaitable. Il vaut donc mieux concevoir
l’idée de guérir comme l’expérience nouvelle ou renouvelée d’être reliée à l’autre et
donc à soi-même.
L’art-thérapie ne guérit pas au sens propre mais permet au patient, acteur de soin,
d’améliorer sa qualité de sa vie et contribue à un mieux-être.
Et si l’art-thérapie ne guérit pas, elle redonne aux patients le goût de vivre, influence
favorablement leur style de vie et favoriser leur engagement par des projets de vie67.
Dans tous les cas, l’amélioration ne sera possible que si la personne accompagnée
est véritablement actrice du processus.
La thérapie est réussie lorsqu’elle donne envie au patient d’aller plus loin et qu’il est
prêt à prendre son histoire et sa vie en charge, « ici et maintenant » avec les
possibilités qui sont les siennes.
L’art-thérapie est donc une discipline qui permet à toute personne68, quelle que soit
sa problématique ou sa pathologie, d’exprimer ses émotions et ses affects, de
reprendre goût à la vie, de créer des liens avec soi et les autres et potentiellement
de se transformer.
Or quand on connait la difficulté que nous rencontrons tous à des différents degrés,
à pouvoir formuler clairement nos émotions et nos ressentis alors l’art-thérapie
prend tout son sens.
Elle permet ainsi de parler de soi sans dire « Je » et offre la possibilité de dire
l’indicible.
66
« Le grand livre de l’art-thérapie, Angela Evers aux éditions EYROLLES p276 2012
67
« Le métier d’art thérapeute » Richard Forestier aux éditions FAVRE p 375 2014
68
« L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
73
L’art-thérapie est donc une thérapie qui fait partie de la chaine du soin en
complément d’autres thérapies.
74
6. Art-thérapie, médecine et médicaments : une alliance
trop peu explorée ?
Aucune thérapie ne peut garantir une paix durable avec soi et, bien sûr parfois,
malheureusement, la maladie a le dernier mot.69
Mais, « l’art de la médecine » et l’art tout court ont visiblement des choses à faire
ensemble… L’idée est que la créativité au sens large, et les médiations artistiques
en particulier, puissent constituer un levier dans le processus de guérison, et de
façon complémentaire aux traitements médicaux de plus en plus pointus et
personnalisés.
Si les effets bénéfiques d’œuvres d’art exposées à l’hôpital, l’impact des couleurs
et de l’imaginaire, qui font partager autre chose que la maladie aux patients comme
à tous les acteurs du corps médical, ne sont plus à démontrer, les enjeux de l’art-
thérapie sont bien évidemment d’une tout autre nature, beaucoup plus intime et
individualisée, bien au-delà d’un simple bénéfice esthétique.
Avec l’art-thérapie, selon les contextes, toutes les formes d’expression artistiques
peuvent aider le patient à se détendre, à exprimer des émotions fortes, à centrer
son attention sur une expérience positive, et à retrouver un sentiment d’intégrité.
69
«Education thérapeutique et art-thérapie, une alliance encore trop peu explorée… » A.Evers Medecine
des maladies métabolique 2016 n°8 p742
75
PARTIE PRATIQUE
Valérie a des patients de tout âge : enfants (à partir de 5-6 ans), adolescents,
adultes, séniors…
Les pathologies sont diverses, cela peut être des personnes atteintes de déficiences
intellectuelles, des autistes hyperactifs, des personnes stressées, angoissées, qui
ont déjà fait une psychanalyse…
Valérie utilise entre autres la méthode des « poupées russes » dans ses séances :
Valérie réalise un bilan à l’issue des séances où elle décidera avec l’accord du
patient si d’autres séances seront nécessaires ou non.
76
Valérie a été la première art-thérapeute que j’ai rencontrée et cette rencontre a été
déterminante car pour moi, passionnée d’Art, qu’on puisse aider et soigner des
personnes par l’Art était tout simplement fascinant ! C’est aussi cet art-thérapeute
qui m’a dit : « l’art-thérapie est une discipline très complexe, pour vraiment
comprendre ce que c’est et son fonctionnement il faut que vous le viviez en vrai. »
J’ai compris alors que l’art-thérapie ce n’était pas juste un dessin sur une feuille ou
une toile faite à la va-vite, non l’art-thérapie c’est ressentir les émotions, les
exprimer, les modeler, les mettre sur du papier… et l’art-thérapeute n’est pas
seulement un spectateur mais un guide, un soutien, une présence rassurante et si
importante car il ne peut pas y avoir d’art-thérapie sans art-thérapeute…
77
2. Stage de découverte de l’Art-thérapie par les arts
plastiques samedi 23 et dimanche 24 avril 2016 avec
Cécile CHRISTIDES (art-thérapeute en cabinet privé
sur l’Estaque entre autres) :
1er exercice : Un objet pioché au hasard dans une boite devient un « moteur de
créativité », nous avions une heure pour laisser libre cours à notre créativité sur une
musique apaisante.
78
Figure 5: Œuvres du 23 Avril réalisées durant le stage de découverte à Marseille
2nd exercice : Aucune consigne n’a été donnée par l’art-thérapeute, nous étions
libres de créer pendant une heure, puis nous nous exprimions sur notre œuvre, sur
les différentes significations que nous avions voulu lui donner. A la fin de la séance
est intervenu un échange entre les différents participants sur l’œuvre de chacun :
nous nous exprimions déjà plus librement, chacun se livrait petit à petit sur le papier.
Nos échanges étaient plus fluides, sans gêne, et nos tableaux étaient beaucoup
plus positifs que les premiers, on affirmait petit à petit qui on était sans se soucier
du regard de l’autre puisque celui-ci étaient bienveillant.
1er exercice : Nous devions tracer un signe, laisser une marque sur la feuille de l’un
des participants, chaque personne devait avoir une seule marque d’une seule
personne, et en fonction de ce signe nous devions créer une œuvre. Certains ont
été bloqués par cette marque et ont eu du mal à démarrer, d’autres au contraire ont
été très inspirés.
Nous avions une heure et puis ce fut la pause déjeuner pendant laquelle encore
une fois nous ne pouvions pas parler de ce que nous venions de créer.
79
Ensuite chacun a pris la parole et ce fut très intéressant d’évaluer le ressenti de
chacun vis-à-vis de cette marque extérieure car certains ont bien accueilli cette
marque venant de l’autre, alors que d’autres ont eu du mal à l’accepter. En effet,
accepter une marque sur une œuvre encore vierge a été insurmontable pour
certains, qui étaient bloqués, piégés dans cette situation qu’ils ne savaient
comment surmonter et la seule solution qu’ils ont fini par trouver était de recouvrir
la marque par des collages ou des couches de peinture afin de la faire disparaitre.
A la fin de ces 2 jours, une sorte cohésion régnait à l’intérieur de ce groupe alors
que nous ne nous étions jusqu’à lors jamais rencontrés , et les exercices faits lors
des séances nous ont permis de nous dévoiler, de nous livrer, de mettre sur du
papier nos peurs, nos doutes, notre mal-être et aussi de trouver des solutions afin
de résoudre nos problèmes.
80
3. Colloque d’art thérapie sur les « Rites et Rituels en
art thérapie » organisé par l’association « Art
thérapie plurielle » à Villeuneuve-les-Avignons les 11
et 12 juin 2016
La souffrance au travail isole les individus pour cela des ateliers de théâtre collectifs
vont être mis en place, ainsi les patients auront une reconnaissance de leur statut
de victime, les rôles seront inversés. Le patient était donc spectateur de la
souffrance et devient ainsi acteur de guérison.
Le fait de créer un groupe est une sorte de rituel, tout passe par l’organisation de
ce groupe, le but étant d’énoncer leur souffrance devant les autres. Des pièces de
théâtre vont être ainsi montées à partir du matériel fourni par les patients eux-
mêmes : la situation concrète vécue va être jouée de façon absurde.
Le Dr Rodriguez nous a demandé de faire notre portrait à la va vite sur une feuille
de papier et le résultat était le suivant : tout le monde s’était dessiné de face sauf
une personne de profil !
Ceci vient du fait que le premier visage que nous voyons quand nous naissons se
trouve face à nous.
81
2ème conférence :
3ème conférence :
« L’importance du rituel en tant que lien dans le soin art-thérapeute, un pont entre
l’Orient et l’Occident » par Catherine Saunié art-thérapeute
Rituel du « Ché » : rituel de trancher, la créatrice de ce rituel est une femme, c’est
aussi un rituel de partage, convivial
La personne qui fait ce rituel « se donne à manger aux démons » ce qui suggère un
détachement du corps physique ainsi qu’un détachement de l’esprit. Ce rituel est lié
à la mort.
82
Ø Dimanche 12 juin : 9h-17h
La matinée était consacrée aux ateliers choisis la veille, il y avait le choix suivant :
théâtre, arts graphiques, musique, le jeu du tao, peinture monotype, chant. Les
ateliers étaient limités à 15 personnes et mon choix s’est porté sur l’atelier « Arts
graphiques » fait par Sylvie Claverie et Catherine Wirtz, art-thérapeutes.
Ces deux art-thérapeutes ont l’habitude de faire cet atelier sur deux jours sur Paris
là le temps était considérablement réduit puisque nous avions un peu plus de deux
heures.
Au début nous avions comme consigne de représenter ce qu’évoquait pour nous
« La rupture du foyer familial » à l’aide de matériaux divers comme des toiles, de la
peinture, des paillettes, de la laine, mais aussi des feuilles, des aiguilles de pin, des
fleurs séchées, des écorces d’arbre… Nous avions 5 minutes pour réaliser notre
œuvre, ce fut un exercice très difficile mais d’un autre côté en 5 min nous laissions
libre cours à nos envies sans réfléchir, sans arranger non plus notre création.
Nous devions ensuite exprimer notre ressenti par rapport à la création de notre
voisin, ce que cela nous évoquait, toujours sans jugement et sans critique. Là
encore cet exercice a été très libérateur : certains ont laissé sortir leurs émotions,
d’autres ont eu des prises de conscience sur ce qu’ils avaient fait. Le fait de
s’exprimer sur l’œuvre de son voisin est plus facile que de s’exprimer sur sa propre
création puisqu’on est détaché de cette œuvre, on n’y voit parfois pas tout ce que
l’auteur a voulu exprimer mais on voit d’un autre œil, on voit aussi certaines choses
que l’auteur lui-même n’avait pas vu ou réalisé.
L’exercice suivant était de dire des mots qui nous passaient par la tête autour du thème de
la rupture avec le foyer familial, ces mots étaient alors inscrits sur un tableau blanc, des mots
comme « épreuves », « obstacles », « aventures », « grandir »… furent écrits.
Par la suite, à partir des mots écrits sur le tableau, une scénette devait être réalisée
en 15 min par groupe de 4/5. Cet exercice fut encore plus difficile que le premier
mais nous avons réussi à monter une petite pièce d’une dizaine de minutes mêlant
paroles, mouvements de danse.
S’exprimer autrement que par les arts plastiques n’était pas chose aisée pour
certains, mais ce fut aussi très enrichissant de voir comment on pouvait s’exprimer
autrement, à l’aide d’un autre médium et exprimer d’autres émotions que nous ne
pouvions pas exprimer à l’aide des arts plastiques.
83
Figure 7: Œuvres réalisées lors du colloque à Villeuneuve-les-Avignons
4ème conférence :
5ème conférence :
« Usages des rites et rituels dans une pratique art-thérapeutique » par Geneviève
Charles, art thérapeute
Geneviève exerce en cabinet privé mais propose aussi des ateliers de groupe de
maximum 5 personnes, souvent des patients lui sont adressés par un médecin
psychiatre, son média artistique est le théâtre.
Elle explique que par le théâtre, le « jeu » laisse place au « Je », un dialogue peut
se renouer, des sentiments refoulés et enfouis vont refaire surface…etc
84
Geneviève nous a partagé une de ses nombreuses expériences d’art-thérapie avec
un petit garçon qui était en foyer et que le personnel soignant lui avait adressé. De
séances en séances, Geneviève construisait une pièce de théâtre où ils étaient tous
les deux les acteurs, les séances se déroulaient dans une vielle bâtisse, un chien
était présent lors de leur arrivée et ce chien va assister à toutes les séances d’art-
thérapie et va nouer un lien fort et particulier avec le petit garçon. Au début des
séances, le petit garçon est même plus proche du chien que de Geneviève mais au
fur et à mesure du temps le lien entre Geneviève et le petit garçon va se renforcer.
A la fin Geneviève sentit qu’il était temps d’arrêter les séances, que le travail était
terminé mais le petit garçon voulait une dernière séance en plus « juste pour être
sûr ».
A la fin de cette deuxième et dernière journée nous pouvions échanger avec les
différents art-thérapeutes présents ainsi qu’avec les participants et observer les
différents travaux réalisés le matin lors des ateliers…
Ce colloque a été une parenthèse de deux jours hors du temps et ce fut un moment
très enrichissant sur tous les plans : partages, découvertes, humanité, émotions.
85
4. Entretien avec Aline art-thérapeute au sein de
l’établissement « La Maison », centre de soins
palliatifs, situé à Gardanne
Aline a étudié aux beaux-arts puis a travaillé auprès des enfants dans les écoles et
a commencé au sein de l’établissement « La Maison » à partir de 1995 elle effectue
maintenant un mi-temps à la « Maison » et exerce également en privé.
Aline doit s’adapter à chaque patient (certains ne peuvent pas se concentrer trop
longtemps sur une feuille de dessin), et de temps en temps elle est même amenée
à annuler la séance selon l’état du patient.
Quand l’état du patient rend impossible la création, Aline se sert de livres remplis
de photos de tableaux et échange avec le patient sur son ressenti.
86
5. Entretien avec Anne-Severine DELAYE, art-
thérapeute à l’hôpital psychiatrique de Valvert sur
Marseille
Après un parcours artistique en Ecole d’Arts Appliqués puis en Fac d’Art Plastiques
(sur Paris), Anne-Severine a choisi d’allier l’art et le soin en pratiquant l’art-thérapie
(diplômée depuis une dizaine d’année de l’Ecole d’Art-Thérapie de Tours,
l’AFRATAPEM).
Il s’agit d’une unité intersectorielle, où l’équipe soignante accueille ces patients des
différents services de l’hôpital. Ils peuvent être psychotiques, autistes ou également
faire parti du service de géronto-psychiatrie.
Puis au cours d’une demi-journée les patients se réunissent autour d’une table et
travaillent sur un thème choisi par Anne-Severine. Ils ont pour se faire différents
matériaux à leur disposition : mosaïque, encre, argile (modelage)… Un support sur
lequel s’appuyer, qui va changer environ chaque mois, avec l’idée de quelque chose
de commun au groupe, dont chacun pourra se servir pour s’exprimer à sa façon, en
production individuelle ou collective.
87
Cela peut être une pause dans la vie des patients, un lieu où quelque chose de
dynamique peut se passer et s’inscrire dans un temps donné (ce qui s’est passé la
dernière fois pourra se poursuivre… et se transformer encore la fois d’après).
Anne-Severine insiste sur le fait qu’il est important que chacun se sente accueilli
dans ce lieu, qu’il se sente en sécurité, en confiance, pour s’exprimer, que ce soit
par le langage verbal ou le langage artistique.
Une fois tous les 2 mois des sorties, expositions, musées, souvent en visite guidée
sont proposées aux patients participant à l’atelier et à tout autre patient suivi en intra
ou en extra-hospitalier (sauf avis médical contraire). Elles permettent d’amener les
patients vers des espaces d’échanges culturels, à l’extérieur de l’hôpital, de stimuler
leur intérêt, leur curiosité, leur envie, de faire lien avec des œuvres réalisées en
atelier. Elles permettent aussi des échanges avec des soignants des différentes
unités de soin venus accompagner les patients.
Une fois par an, est organisée une exposition des travaux réalisés en atelier,
préparée en amont avec les patients, ceux qui souhaitent y participer, sur un thème
décidé ensemble.
Tous les patients, leur famille éventuellement ainsi que le personnel soignant et
administratif de l’hôpital y sont conviés. Bien que ces expositions ne montrent que
l’étape finale d’un long processus créatif, Anne-Severine a pu remarquer, par des
témoignages à quel point ce moment pouvait être important et valorisant pour les
patients qui choisissent d’exposer, comme pour ceux qui viennent regarder,
contempler…
88
Anne-Severine y anime un atelier de groupe ouvert une matinée par semaine, avec
essentiellement le médium arts plastiques (peinture, dessin, mosaïque, fabrication
et bidouillage de petits objets avec matériaux de récup…), en réalisation individuelle
ou collective.
Anne-Severine travaille aussi pour une association « Le Fil rouge » sur Aubagne
destinée aux patients atteints de la maladie d’Alzheimer ainsi qu’à leur entourage
(proches, aides à domiciles, aides-soignantes etc), elle utilise les arts plastiques et
la musique.
Au cours des différents entretiens et stages que j’ai pu faire, j’ai rencontré plusieurs
art-thérapeutes, tous très différents, mais avec l’envie commune d’aider les autres.
89
L’art-thérapie, conseils à l’officine:
Afin de mieux faire connaitre l’art-thérapie aux patients à l’officine, il faudrait mettre
en place certaines applications :
1. Au comptoir
Premièrement, en parler avec les patients directement au comptoir. Il faudra bien
évidemment cibler les patients avec qui il est facile de discuter et les patients
ouverts à ce genre d’alternative thérapeutique ainsi que les patients que l’on sent
très stressés par rapport à leur maladie (que ce soit à l’annonce d’un diabète ou
d’une hypertension par exemple), les patients dépressifs ou qui ont vécu des
drames, des évènements traumatisants et qui n’arrivent pas à en parler…etc.
3. Des Affiches
Il faudrait aussi se tenir informé des différents évènements concernant l’art-
thérapie qui se déroulent dans la région. A savoir des stages de découvertes, des
colloques, des congrès et en informer le public par la pose d’affiche dans
l’enceinte de la pharmacie.
90
De nouvelles perspectives pour l’art
thérapie :
Une démarche d’art-thérapie de groupe aura des retombées positives sur la qualité
totale et la productivité en milieu de travail.
En entreprise, les préjugés à l’égard du pouvoir de l’art sont bien présents. De plus,
on observe une réticence de la part des chefs d’entreprise à aborder la vie
personnelle au travail. Et enfin trop souvent le temps « pour soi » est considéré
comme du temps « perdu ».
70
L’expérience de « Roxanne et Pierre » enquête faite par Micheline Potvin et Mario Lucas art thérapeutes
à l’université du Québec, L’art thérapie en milieu organisationnel, « Art-thérapie, mettre des mots sur les
maux et des couleurs sur les douleurs » Johanne Hamel et Jocelyne Labrèche 2015 p 319
91
2. L’art thérapie somatique
Ce concept d’art-thérapie somatique71 a été mis en place par Johanne Hamel au
cours d’ateliers intensifs de 10 jours sur le thème de « l’art comme en médecine »
et dans le cadre de séances privées individuelles d’art-thérapie.
L’art-thérapie somatique est fondée sur l’approche par le processus telle que
proposée par les art-thérapeutes américaines Rhinehart et Engelhorn. Pour elles,
l’art-thérapie ne se limite pas à l’élaboration d’une œuvre finie, mais utilise aussi
l’amplification de la ligne, de la forme ou de la couleur dès qu’elles apparaissent sur
le papier pour en explorer la direction, le mouvement jusqu’à en extraire la
signification psychologique inhérente et le plus souvent inattendue.
71
« Art-thérapie, mettre des maux sur des mots et de la couleur sur la douleur » Johanne Hammel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
72
« l’Art-thérapie somatique » Johanne Hamel 2014 p 176
92
Pour la psychologue et art thérapeute Alexandra Duchastel en revanche, elle
aborde l’approche par le processus de la manière suivante : « Parfois il suffit
d’amener la personne à prendre conscience de ce qui se passe dans son corps
pour susciter l’émergence d’une émotion ou d’un souvenir significatif ». Elle utilise
donc des questions de premier abord simplistes mais qui permettent à la personne
d’entamer un dialogue révélateur avec ces parties d’elles-mêmes.
La douleur aiguë est définie comme une douleur brève, ressentie sur une
période de moins de six mois, elle constitue une réaction prévisible à une blessure
ou à une maladie. Son intensité est du domaine du prévisible.
La douleur chronique est définie par l’art-thérapeute Paul Camic comme une
sensation déplaisante et une expérience émotionnelle associées à un dommage
physique. Il peut s’agir d’une douleur qui dure depuis peu, mais dont l’intensité
dépasse ce à quoi l’on s’attend généralement vis-à-vis de telle blessure ou telle
maladie.
La recherche démontre que la douleur chronique est l’un des problèmes de santé
fréquents associés aux états de stress post-traumatiques.
73
« Art-thérapie, mettre des maux sur des mots et de la couleur sur la douleur » Johanne Hammel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
93
Les conditions de réussite74 de l’art-thérapie somatique :
Dans certains cas de douleurs chroniques, l’intervention se fera à long terme, ainsi
quand les douleurs sont diffuses, il faut penser à un cheminement art-
thérapeutique à long terme.
74
« l’Art-thérapie somatique » Johanne Hamel 2014 p176
75
« Art-thérapie, mettre des maux sur des mots et de la couleur sur la douleur » Johanne Hammel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
94
3. L’art-thérapie et la psychologie positive
La psychologie positive est un mouvement récent et en plein essor qui a été créé
au début des années 2000 et initié par Martin Seligman chercheur et professeur de
psychologie à l’université de Pennsylvanie.
Tout comme la psychologie positive, l’art-thérapie offre une vision positive de l’être
humain.
Afin de vivifier le plaisir et la joie chez les patients, l’art-thérapeute doit créer un
environnement ludique, accueillant et propice à la création, au jeu et au plaisir en
proposant divers moyens d’expression et en étant ouvert à toute propositions
créatives.
76
« Art-thérapie, mettre des maux sur des mots et de la couleur sur la douleur » Johanne Hammel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
95
Lorsque le patient crée des formes ou des images, lorsqu’il utilise des couleurs ou
des symboles, il apprend à manipuler, à modifier, à peaufiner ou à ajuster l’objet
qu’il crée, c’est à travers ce contact direct avec la matière qu’il apprend à donner un
sens à ses souffrances et à se construire une image positive de soi.
Quand un patient commence une thérapie il va forcément à un moment être envahi par des
émotions intenses souvent négatives mais il a été démontré que plusieurs activités
artistiques variées stimulantes neutraliseraient les émotions négatives et susciterait
l’émergence d’émotions positives77 telles que la joie, la fierté, la sérénité, l’enthousiasme,
la vitalité, le consentement, la curiosité, l’émerveillement…
Lorsqu’une personne sollicité une aide thérapeutique, elle vit des moments difficiles
et a espoir d’un changement. Pour soutenir le changement et l’espoir, l’art-
thérapeute guide le patient vers une discipline artistique fournissant des
expériences valorisantes et des réussites personnelles.
77
« Art-thérapie, mettre des maux sur des mots et de la couleur sur la douleur » Johanne Hammel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
96
4. L’art-thérapie et l’art contemporain
L’art-thérapie et l’art contemporain se rejoignent et s’éloignent à la fois aux
frontières de cet intime s’offrant au regard de l’autre, public ou art-thérapeute78.
Comme celui de l’artiste, le regard porté par l’art-thérapeute et par son patient sur
le monde n’est pas le regard commun ; la transposition offerte au regard de l’autre
est nourrie de ces allers et retours entre soi et soi, entre soi et l’œuvre, puis entre
soi et le monde.
78
« Art-thérapie, mettre des maux sur des mots et de la couleur sur la douleur » Johanne Hammel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
97
Conclusion
L’art existe depuis toujours. Toutes les civilisations ont produit de l’art sous de
multiples formes. L’art a permis et permet encore et toujours de nous définir.
L’art, quelle que soit sa forme engage le cerveau tout entier, il ouvre des horizons,
notamment psychiques, et permet à l’esprit d’imaginer et d’explorer différentes
sortes de réalités, différents niveaux de conscience. C’est donc très naturellement
que l’art s’est mis au service du soin, d’abord de manière intuitive et empirique il y
a plusieurs millénaires, avant d’être rattrapé par la science avec l’apparition et le
développement de la psychiatrie.
L’art est thérapeutique par essence et les plus grands artistes, dans tous les
domaines artistiques, ont été à un moment ou un autre confrontés à cette question.
Et ce sont les artistes qui soutenus et encouragés par des médecins, ont été à
l’origine du développement de l’art-thérapie dans toutes les principales médiations
artistiques.
L’art-thérapie est plus qu’une simple thérapie car elle prend en compte tous les
aspects de la vie dans ses composantes physique, mentale, émotionnelle, sociale,
culturelle et spirituelle.
98
L’art-thérapie intervient dans cet espace entre la maladie réelle et la représentation
subjective que le patient s’en forge, vision imaginaire ou symbolique, souvent en
résonance avec son histoire personnelle.
L’art-thérapie est encore une thérapie en devenir aussi bien sur le plan clinique,
pratique et théorique. Cette discipline est en mouvement perpétuel et ne cesse
d’évoluer.
Dans cet espace de comblement, l’art-thérapeute est amené à réévaluer avec tact
et intuition ce qu’il met en jeu entre lui et son patient. Il doit veiller à ce que la
problématique ne dépasse pas le cadre de compétences qui est le sien et, le cas
échéant et en toute connaissance de cause, orienter le patient vers un autre
professionnel de la santé.
99
L’art-thérapie est une technique récente mal connue autant du public, des équipes
sociales et même médicales. Elle a du mal à faire entendre sa démarche comme
appui à une prise en charge globale parce qu’elle est confondue avec d’autres
pratiques ayant parfois des conséquences thérapeutiques et participant au bien-
être du malade, comme l’animation, le spectacle, les concerts et les expositions.
C’est par l’explication de son travail et de ses outils et le cadrage précis du métier
tant envers l’équipe qu’envers les patients que l’art-thérapeute parviendra à
s’insérer dans une institution et contribuer au mieux-être des patients.
Les arts-thérapeutes constatent que, bien que la profession gagne du terrain, que
la pertinence du processus créatif dans l’émergence de questions existentielles
face aux changements brutaux qu’imposent la maladie soit évidente, la proposition
art-thérapeutique reste encore trop marginale.
100
Cela n’enlève rien à la qualité des interventions, mais maintient une précarité,
autant pour les patients qui en bénéficient que pour les art-thérapeutes qui
soutiennent ces actions qui, parfois, faute de budget, ne peuvent s’inscrire dans la
durée !
Des hôpitaux et centres médicaux ouvrent leurs portes, au sens propre comme au
sens figuré, aux méthodes de soins dites « complémentaires » et
« paramédicales », dont l’art-thérapie.
Bien sûr toute thérapie a ses limites, tout ce qui se joue entre l’art-thérapeute ne
se mesure pas en termes de résultats ni ne se résume à une seule méthode
d’accompagnement thérapeutique, d’où l’intérêt des équipes pluridisciplinaires et
des méthodes complémentaires.
101
Annexe
102
Bibliographie
(1) Site de la fédération françaises des arts thérapeutes https://www.ffat-federation.org/ consulté le
09/07/16
(2) Site de l’AFRATAPEM (association française de recherches et applications des techniques
artistiques en pédagogie et médecine, école d’art thérapie de Tours http://art-therapie-tours.net/
consulté le 17/09/16
(3) Le grand livre de l’art-thérapie, Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012
(4) La définition de l’art thérapie disponible sur le site passeport santé
http://www.passeportsante.net/fr/Therapies/Guide/Fiche.aspx?doc=art_therapie_th consulté le 31/03/16
(5) « Art-thérapie, mettre des mots sur les maux et des couleurs sur les douleurs » Johanne Hamel et
Jocelyne Labrèche édition Larousse 2015 p 319
(6) « Education thérapeutique et art-thérapie, une alliance encore trop peu explorée… » A.Evers
Medecine des maladies métabolique 2016 n°8 p742
ème
(7) « Tout savoir sur l’art-thérapie » R.Forestier 6 édition Lausanne-Favre 2009
(8) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
(9) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
(10) « L’art-thérapie » Jean-Pierre Klein éditions Que sais-je ? 2014 p126
(11) « Le rôle de l’art dans les éducations en santé » Patrick Paul et Rémi Gagnayre 2008 p 145
(12) « L’art-thérapie » Jean-Pierre Klein éditions Que sais-je ? 2014 p126
(13) L’art-thérapie de l’esthétique aux soins, une union phénoménale » de Claire Plaisant de la revue
SOINS n°713 2007
(14) « Art-thérapie » F.Granier Annales médico psychologiques 169 2011 p 680-684
(15) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
(16) « Art-thérapie, mettre des mots sur les maux et des couleurs sur les douleurs » Johanne Hamel et
Jocelyne Labrèche édition Larousse 2015 p 319
(17) Le blog de Francine Lèvesque, art thérapeute http://blog.douglas.qc.ca/arts/2009/07/13/la-
psychothrapie-de-lart-thrapie/ consulté le 13/04/2017
(18) Le site repère métier art-thérapie de l’AFRATAPEM http://art-therapie-tours.net/wp-
content/uploads/2016/11/Rep%C3%A8re-M%C3%A9tier-Art-th%C3%A9rapie.pdf consulté le
13/04/2017
(19) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
(20) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
(21) « Communiquer à travers l’atelier modelage » Hannah Agnes, Viviane Boni, Virginie Saury, Lucis
Travaille d’après la revue SOINS AIDES SOIGNANTES n°65 2015
(22) « Eléments de musicothérapie » de Gérard Ducournaud aux éditions DUNOD
(23) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
(24) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
(25) « La force expressive du corps », « Guérir par l’art et le mouvement » de Daria Halprin
(26) « Le métier d’art thérapeute » Richard Forestier p 375 2014
(27) « L’art-thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FAVRE p281 2015
(28) « Le grand livre de l’art-thérapie » Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012
(29) « Art-thérapie, mettre des mots sur les maux et des couleurs sur les douleurs » Johanne Hamel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
(30) « L’art-thérapie au service de l’estime de soi, la relation et l’autonomie chez les adolescents
souffrant d’obésité » Lionel Botté Pratique en nutrition n°49 2017
(31) « Le grand livre de l’art-thérapie » Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012
(32) « Education thérapeutique et art-thérapie, une alliance encore trop peu explorée… » A.Evers
Medecine des maladies métabolique 2016 n°8 p742
(33) « Le grand livre de l’art-thérapie, Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012
(34) « L’art-thérapie pour les nuls Alain Dikann aux éditions FIRST p 281 2015 consulté le 12/10/16
(35) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
(36) « Le grand livre de l’art-thérapie », Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012
1
(37) « Education thérapeutique et art-thérapie, une alliance encore trop peu explorée… » A.Evers
Medecine des maladies métabolique 2016 n°8 p742
(38) « Thérapie créative pour les personnes atteintes de cancer: évaluation de l’atelier « Cancer &
Créativité » » Visser A, op’t Hoog M, Taal J Revue Francophone de Psycho-Oncologie 2004 p19-24.
103
(39) « Art- thérapie : objet du diabète – sujet d’une création » de J-P.Klein Médecine des maladies
Métaboliques 2013 Vol.7 n°1
(40) « L’art-thérapie au service de l’estime de soi, la relation et l’autonomie chez les adolescents
souffrant d’obésité » Lionel Botté Pratique en nutrition n°49 2017
(41) « Approche psychopédagogique et art-thérapeutique de l’obésité » I.Carrard, M.Reiner, C.Haenni,
C.Anzules, S.Muller-Pinget, A.Golay, EMC Endocrinologie-Nutrition, volume 9, n°3, 2012
(42) « Art thérapie en unité de soins palliatifs : un accompagnement possible jusqu’au stade
préagonique » Shanti Mauvenu , Virginie Guastella Médecine palliative — Soins de support —
Accompagnement — Éthique (2017) 16, 49—56
(43) « L’art-thérapie en soins palliatifs : une étude qualitative » Wadih Rhondali, Anne Chirac, Marilène
Filbet Médecine palliative — Soins de support — Accompagnement — Éthique (2013) 12, 279—
285
(44) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
(45) « Art-thérapie et démences » V.Lefebvre des Noettes, Neurologie - Psychiatrie – Gériatrie, 2006
(46) « Le patient dépressif en art-thérapie : évaluation des bénéfices et recommandations des
pratiques » Fabienne Laroque, Jean-Luc Sudres, annales Médico-psychologiques 173 541-546 2015
(47) « De l’art comme catharsis à l’épanouissement par la créativité: accompagnement par l’art-
thérapie évolutive dans un cas de trouble bipolaire » M.-O. Brethes, Congrès Français de
Psychiatrie / European Psychiatry 29, 2014
(48) «L’art-thérapie pour accompagner la personne autiste » Lysiane Perron-Soins Pédiatrie-
Puericulture n°276 2014
(49) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
(50) « Art thérapie principes, méthodes et outils pratiques » Anne Marie Dubois aux éditions MASSON
2013 p 156
(51) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
(52) « Art-thérapie, mettre des mots sur les maux et des couleurs sur les douleurs » Johanne Hamel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
(53) IRFAT, site de l’institut de recherche et de formation des arts thérapeutes www.irfat.com consulté
le 09/07/16
(54) « Le grand livre de l’art-thérapie », Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012f
(55) « Le métier d’art thérapeute » Richard Forestier éditions FAVRE p 375 2014
(56) « Education thérapeutique et art-thérapie, une alliance encore trop peu explorée… » A.Evers
Medecine des maladies métabolique 2016 n°8 p742
(57) « Le grand livre de l’art-thérapie », Angela Evers éditions EYROLLES p278 2012
(58) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281 2015
(59) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281 2015
(60) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281 2015
(61) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281 2015
(62) Exemple de grille d’évaluation tirée de « L’art-thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions
FIRST P281 2015
(63) « Le métier d’art thérapeute » Richard Forestier aux éditions FAVRE p 375 2014
(64) « Le grand livre de l’art-thérapie, Angela Ever aux éditions EYROLLES p276 2012
1
(65) « Education thérapeutique et art-thérapie, une alliance encore trop peu explorée… » A.Evers
Medecine des maladies métabolique 2016 n°8 p742
(66) Le grand livre de l’art-thérapie, Angela Evers aux éditions EYROLLES p276 2012
(67) « Le métier d’art thérapeute » Richard Forestier aux éditions FAVRE p 375 2014
(68) « L’art thérapie pour les nuls » Alain Dikann aux éditions FIRST p281
(69) «Education thérapeutique et art-thérapie, une alliance encore trop peu explorée… » A.Evers
Medecine des maladies métabolique 2016 n°8 p742
(70) L’expérience de « Roxanne et Pierre » enquête faite par Micheline Potvin et Mario Lucas art
thérapeutes à l’université du Québec, L’art thérapie en milieu organisationnel, « Art-thérapie,
mettre des mots sur les maux et des couleurs sur les douleurs » Johanne Hamel et Jocelyne
Labrèche 2015 p 319
(71) « Art-thérapie, mettre des maux sur des mots et de la couleur sur la douleur » Johanne Hammel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
(72) « l’Art-thérapie somatique » Johanne Hamel 2014 p 176
(73) « Art-thérapie, mettre des maux sur des mots et de la couleur sur la douleur » Johanne Hammel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
(74) « l’Art-thérapie somatique » Johanne Hamel 2014 p176
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(75) « Art-thérapie, mettre des maux sur des mots et de la couleur sur la douleur » Johanne Hammel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
(76) « Art-thérapie, mettre des maux sur des mots et de la couleur sur la douleur » Johanne Hammel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
(77) « Art-thérapie, mettre des maux sur des mots et de la couleur sur la douleur » Johanne Hammel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
(78) « Art-thérapie, mettre des maux sur des mots et de la couleur sur la douleur » Johanne Hammel et
Jocelyne Labrèche 2015 p 319
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SERMENT DE GALIEN
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