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l’orthoptiste
Miriam Levi
LA CLASSIFICATION DES
NYSTAGMUS :
CONDUITE À TENIR DE
L’ORTHOPTISTE
LEVI Miriam
Maître de mémoire :
TRINQUET Laure
Orthoptiste
J’adresse également mes remerciements à l’ensemble des professeurs qui, par la qualité de leur
enseignement m’ont donné les bases, des connaissances et de la forme, attendues pour la
rédaction de ce travail.
Il en est de même pour les maîtres des différents stages, qui m’ont accueillie dans leur
établissement et sensibilisée au devoir de l’orthoptiste. Outre les compétences qu’ils m’ont
permis d’acquérir, ils m’ont octroyé leur confiance et des responsabilités, ce qui m’a permis de
vivre ce métier bien qu’étant étudiante.
Je tiens enfin à remercier mes proches pour leur soutien ainsi que leur confiance, qui m’ont été
essentiels dans la mise en œuvre de ce travail. Parmi eux, mes parents, qui m’ont toujours
soutenue dans mes choix et guidée par un conseil avisé et un avis critique.
Merci enfin, à mon époux Élie, pour son support inestimable, tant moral qu’intellectuel. Merci
d’avoir fait le nécessaire afin de m’assurer un cadre de travail apaisant, ergonomique et
motivant, ainsi que d’avoir pris le temps de m’aider pour la relecture de ce mémoire.
À toutes ces personnes qui me sont importantes, je vous exprime ma gratitude et vous dédie ce
travail.
Sommaire
RÉSUMÉ .................................................................................................................................... 1
INTRODUCTION ...................................................................................................................... 2
I. CARACTERISATION DU NYSTAGMUS .................................................................. 3
A. Rappels et définitions ..................................................................................................... 3
1. Rappels anatomiques sur le système vestibulaire ...................................................... 3
2. Systèmes de stabilisation oculaire .............................................................................. 4
B. Les différentes caractéristiques du nystagmus ............................................................... 6
II. EVOLUTION DE LA CLASSIFICATION ................................................................. 10
A. Intérêt de la classification du nystagmus...................................................................... 10
B. Les acteurs de la classification ..................................................................................... 10
C. L’ancienne classification .............................................................................................. 11
1. Classification de l’année 1967 ................................................................................. 11
2. Le Journal Français d’Orthoptique, 1986 ................................................................. 11
III. NOUVELLE CLASSIFICATION DES NYSTAGMUS ............................................. 14
A. La classification des nystagmus selon le rapport de la SFO, 2013. ............................. 14
1. Le nystagmus chez l’adulte ...................................................................................... 14
2. Le nystagmus chez l’enfant ...................................................................................... 16
B. La CEMAS, 2001 ......................................................................................................... 21
1. Les mouvements physiologiques de fixation ........................................................... 21
2. Physiological Nystagmus (les nystagmus physiologiques) ...................................... 21
3. Pathologic nystagmus (les nystagmus pathologiques) ............................................. 21
C. La classification des formes d’ondes par Maria Theodorou et Richard Clement ........ 23
IV. PRISE EN CHARGE EN REEDUCATION ORTHOPTIQUE DES PATIENTS
NYSTAGMIQUES .................................................................................................................. 24
A. Nystagmus et amblyopie .............................................................................................. 24
B. Rééducation de patients-types ...................................................................................... 24
V. FICHE ORTHOPTIQUE POUR LE NYSTAGMUS .................................................. 26
A. Les questions auxquelles répondre face au nystagmus : .............................................. 26
B. Les cas d’urgences ....................................................................................................... 26
C. Bilan à réaliser en cas de nystagmus ............................................................................ 26
CONCLUSION ........................................................................................................................ 29
Annexe : Fiche Orthoptique pour le nystagmus ....................................................................... 33
RÉSUMÉ
Le nystagmus correspond à un tremblement involontaire des globes oculaires. Il est précoce ou
acquis et peut être associé à un strabisme. Les caractéristiques du nystagmus sont variées et
résultent en des diagnostics très différents, ce qui rend son étude et sa classification essentielles.
Dans cette optique, la classification des nystagmus a évolué de même que les recherches portant
sur ce sujet. Toutefois, cette documentation ne spécifie pas clairement la place de l’orthoptiste
dans la prise en charge du nystagmus.
Ce mémoire bibliographique a donc pour objectif de concentrer les connaissances utiles à
l’orthoptiste, relatives aux caractéristiques du nystagmus et à sa classification. Il a également
pour vocation de situer le rôle de l’orthoptiste dans la prise en charge de patients nystagmiques.
ABSTRACT
Nystagmus is an involuntary oscillation of the eyeballs. It is infantile or acquired and may be
associated with strabismus. The characteristics of nystagmus are varied and result in very
different diagnoses, which makes its study and classification essential.
In this perspective, the classification of nystagmus has evolved, as well as researches on this
subject. However, this documentation does not clearly specify the orthoptist’s place in the
management of nystagmus.
Therefore, the aim of this bibliographic paper is to concentrate the knowledge useful to the
orthoptist, relating to the characteristics of the nystagmus and its classification. Its purpose is
also to situate the role of the orthoptist in the care of nystagmic patients.
1
INTRODUCTION
Le nystagmus est un trouble de la statique oculaire. Il est caractérisé par un tremblement
associé des globes oculaires avec une succession rythmée, régulière ou non, de deux secousses
de sens opposés. Les mouvements sont involontaires et peuvent être dans une direction
horizontale, verticale, torsionnelle ou une combinaison des trois.
On considère trois types essentiels de nystagmus :
-Le nystagmus pendulaire, où les deux secousses sont égales et de même vitesse.
-Le nystagmus à ressort, avec une secousse lente qui induit une dérive de l’œil suivie d’une
secousse rapide qui ramène l’œil à sa position de départ et qui définit le sens du nystagmus.
Ceci, bien que ce soit la phase lente qui est initiatrice du nystagmus.
-Le nystagmus mixte, qui comporte ces deux composantes.
De plus, le nystagmus a connu une évolution dans sa classification. Celle-ci est essentielle pour
la détermination du diagnostic et sa prise en charge. Les deux catégories essentielles de
nystagmus étant le nystagmus de l’enfance (ou précoce) et le nystagmus acquis.
2
I. CARACTERISATION DU NYSTAGMUS
A. Rappels et définitions
a. Le labyrinthe
Le labyrinthe est un organe sensoriel qui se trouve en profondeur de l’os temporal, il est divisé
en trois parties : le vestibule, les canaux semi-circulaires et la cochlée.
Chaque oreille comprend cinq capteurs : trois canaux semi-circulaires, l’utricule et le saccule.
Les canaux donnent le sens de l’accélération et détectent les changements de la position de la
tête, informant le cerveau sur ses rotations. Chaque canal est sensible à une différente direction
et donc aux accélérations dans son plan.
Dans le labyrinthe se trouve l’endolymphe, un liquide qui courbe les cils récepteurs qui se
trouvent dans les canaux lors du mouvement. Ce phénomène provoque un influx nerveux qui
sera transmis au cervelet par des cellules réceptrices, permettant ainsi de se maintenir en
équilibre.
L’utricule et le saccule sont des organes otolithes et donnent la sensibilité aux accélérations
linéaires et à la gravité.
3
b. Le Cervelet
Le cervelet est le centre d’intégration des mouvements. Il est composé de trois lobes : l’archéo-
cérébellum responsable de l’équilibre, le paléo-cérébellum assurant le tonus statique et le néo-
cérébellum pour le tonus dynamique. Il joue donc un rôle dans la régulation posturale.
Le cervelet garantit la fonction de synchronisation musculaire et de coordination des
mouvements à partir des messages nerveux qu’il reçoit de la part de la moelle épinière et du
cerveau.
a. Le système vestibulaire
4
b. L’intégrateur neuronal
Le rôle de l’intégration neuronale est de maintenir le regard stable lors d’un mouvement
d’excentration de l’œil, grâce aux muscles oculomoteurs. Le déplacement des yeux demande
une contraction phasique dans les muscles oculomoteurs suivie d’une contraction tonique
permettant le maintien de la position. Cela est mis en place par un réseau de neurones dispersés
dans le tronc cérébral et dans le cervelet.
Si ce système ne fonctionne pas correctement on peut observer un nystagmus du regard
excentré.
c. La fixation visuelle
Il existe certains micromouvements oculaires involontaires lors de la fixation bien que la tête
soit stabilisée. Ce sont des dérives oculaires éloignant l’axe visuel de l’objet fixé : des
microsaccades et des tremblements.
La fixation oculaire a pour rôle de réduire ces mouvements. Elle a trois fonctions :
• La suppression de l’image au moment d’une saccade involontaire
• Le repérage d’une image en périphérique engageant un mouvement rapide (la saccade)
ou lent (la poursuite)
• La recalibration en permanence des mouvements permettant la stabilisation.
Lorsque l’un des mécanismes de maintien de la fixation n’est plus assuré, le regard est
déstabilisé et entraine des secousses et donc un nystagmus.
5
B. Les différentes caractéristiques du nystagmus
Il est essentiel de déterminer les caractéristiques des nystagmus. Ils permettent de décrire et
classer les différents types afin de poser le diagnostic pour que la prise en charge soit adéquate.
Ces caractéristiques sont observables lors du bilan orthoptique.
• Le sens
Le sens du nystagmus à ressort se définit par le sens de la phase rapide, on dit que le nystagmus
« bat » vers un sens.
Le sens du nystagmus peut être vers la droite ou la gauche ou alternativement vers la droite et
vers la gauche pour un nystagmus à ressort horizontal. Pour un nystagmus à ressort vertical,
vers le haut ou le bas. Enfin, pour un nystagmus rotatoire les mouvements se font autour d’un
axe antéropostérieur, dans le sens horaire ou antihoraire.
Le sens est considéré par rapport au patient. Il s’agit donc l’inverse de ce que l’on observe lors
de l’examen.
Le nystagmus pendulaire par définition n’a pas de sens mais une succession de phases rapides.
• L’orientation
L’orientation peut être :
› Simple : le nystagmus peut être horizontal, vertical ou oblique (une combinaison
d’un mouvement horizontal et d’un mouvement vertical). Le nystagmus
d’orientation oblique ne doit pas être confondu avec le nystagmus rotatoire.
› Complexe : nystagmus rotatoire (ou torsionnel). Il s’agit d’un mouvement autour
de l’axe visuel. Il est observable lors d’un bilan en regardant les mouvements des
vaisseaux epsicleraux.
› Retractorius : c’est une forme de nystagmus rare avec des mouvements
antéropostérieur associés à des mouvements spasmodiques de rétraction du globe
oculaire dans l’orbite. Il est observable par des tentatives de saccades verticales sur
des patients atteints d’une paralysie supranucléaire du regard. La physiopathologie
est peu connue.
6
• La direction
Le nystagmus est dit conjugué lorsque les deux yeux se déplacent dans la même direction, et
dysconjugué dans le cas inverse.
Le nystagmus est dit « à bascule » (see-saw nystagmus) lorsque les deux yeux ne battent pas
dans le même sens ou lorsqu’un œil s’élève quand l’autre s’abaisse.
• L’amplitude
L’amplitude correspond à l’étendue du mouvement des globes.
Elle est qualifiée de :
› Petite lorsque l’ampleur est inférieure ou égale 5 degrés.
› Moyenne si elle est entre 5 et 15 degrés
› Grande lorsqu’elle est supérieure à 15 degrés.
Les mouvements sont dits associés si les deux yeux battent avec la même amplitude et dissociés
si l’amplitude est différente.
La plupart des nystagmus ont des mouvements associés(3).
• La fréquence
La fréquence du nystagmus (en Hertz) est définie par le nombre d’oscillations par seconde.
Elle est considérée :
› Basse si elle est inférieure ou égale à 2 Hz
› Moyenne entre 2 et 5 Hz
› Haute si elle est supérieure à 5 Hz.
• La vitesse
La phase lente peut avoir des périodes d’accélération ou de ralentissement, selon le type de
nystagmus. La vitesse croît progressivement pour les nystagmus précoces et décroit dans les
nystagmus manifestes latents.
• Le degré de congruence
Le nystagmus est congruent quand les caractéristiques sont identiques entre les deux yeux. Les
deux yeux se déplacent ensemble dans le même sens, avec la même vitesse et la même
amplitude.
Le nystagmus est dit incongruent lorsque le sens est identique entre les deux yeux, mais que
les amplitudes et la vitesse changent.
• L’acuité visuelle
L’acuité visuelle dépend de la durée de fovéation permise par le nystagmus. Dans le cas d’un
nystagmus précoce, la déficience visuelle est un signe fonctionnel majeur.
L’acuité s’évalue avec correction, en binoculaire puis en monoculaire, en vision de loin et en
vision de près. Il est nécessaire de la mesurer en position primaire et dans la position de torticolis
choisi par le patient. Ceci afin d’estimer le gain d’acuité visuelle induit par le torticolis. Ci-
dessous, la répartition de l’acuité visuelle chez les patients nystagmiques de type patent(4).
7
Acuité visuelle chez les nystagmus de type patent
≤1/10 2/10 à 5/10 >5/10
10%
50%
40%
15%
30%
55%
L’acuité visuelle est améliorée en vision de près et dans la position du torticolis (8/10 dans
36%)
• La vision binoculaire
La vision peut être binoculaire si le nystagmus n’est pas associé à un strabisme et dans un cas
de correspondance rétinienne normale. Dans ce cas, le nystagmus est atténué en binoculaire.
• La fixation
La fixation peut avoir un impact sur l’amplitude du nystagmus. Dans le cas où l’amplitude
augmente à la fixation on parle de nystagmus de fixation. C’est le cas dans la plupart des
nystagmus infantiles.
8
La sémiologie des nystagmus :
La sémiologie des nystagmus correspond à l’étude et à l’observation des différentes
caractéristiques du nystagmus, telles que décrites précédemment, lors du bilan visuel.
L’analyse des mouvements des yeux dans l’espace est nécessaire pour définir la nature du
nystagmus. Ces mouvements doivent être décrits pour chaque œil, dans les neuf positions du
regard, en fixation monoculaire et binoculaire (soit 27 positions différentes).
Il est préférable de réaliser cette observation plusieurs fois dans chaque position car le
nystagmus peut varier dans le temps.
Pour faciliter cette tâche, le schéma de Kestenbaum revu par Klainguti peut être utile. Ce
schéma permet à la fois d’avoir une observation complète, ainsi qu’un bon suivi clinique. Ceci,
dans la mesure où l’utilisation de ce schéma à plusieurs reprises permet de mettre en évidence
l’évolution du nystagmus au fil des consultations.
9
II. EVOLUTION DE LA CLASSIFICATION
Autrement dit, « N’écrivez jamais sur le nystagmus ; cela ne vous mènera nulle part », écrivait
Wilbrand en 1921. Cela donne une indication sur la complexité qu’ont rencontré les
ophtalmologistes lors de la classification du nystagmus au début du 20ème siècle. De même,
Dell’Osso rapporte un neurologiste américain en 1964(5) :
Les classifications ont évolué vers une simplification, dans la mesure où ils réunissent les
différents nystagmus en tenant compte de leur base physiopathologique.
De plus, la classification actuelle a été facilitée par les avancées techniques. L’examen clinique
suffit dans la plupart des cas et s’il reste un doute sur le diagnostic, les enregistrements
oculomoteurs peuvent confirmer.
De manière générale, les acteurs qui classifient les nystagmus sont des ophtalmologues, des
professeurs d’université ou des instituts de recherche.
En 1967 David Glendenning Cogan, ophtalmologue américain, annonce une classification dans
l’article « Congenital nystagmus » publié dans le Canadian Journal of Ophthalmology (6).
Une autre classification est apportée par le Dr Denise Goddé-Jolly et le Dr Alain Spielmann,
paru dans le Journal français d’Orthoptie en 1986.
Plus tard, en 2001 Le National Eye Institute, qui est un institut américain de santé fondé en
1968, crée une classification des mouvements oculaire anormaux et des strabismes. Cette
classification, nommée CEMAS pour « Classification of Eye Mouvements Abnormalities and
Strabismus » sera développée dans la partie III de ce document. La fonction de cet institut est
de prolonger et protéger la vision des personnes. Ceci, en effectuant des recherches sur la
prévention et le traitement des pathologies affectant la vision ou les yeux.
10
Enfin, dans le rapport de la Société Française d’Ophtalmologie (SFO) publié en 2013, le Pr.
Claude Speeg-Schatz, directrice de l’École d’Orthoptie aux Hôpitaux Universitaires de
Strasbourg, établit également une classification des nystagmus.
Les travaux de ces acteurs de l’ancienne classification seront développés dans la suite de ce
document, en suivant leur chronologie.
C. L’ancienne classification
En 1967, David Cogan divise les nystagmus précoces observés cliniquement en quatre
catégories.
Le nystagmus pendulaire, le nystagmus à ressort, le nystagmus du type latent et le nystagmus
alternant périodique. Il fait correspondre le nystagmus pendulaire aux défauts sensoriels et le
nystagmus à ressort aux défauts moteurs. Pour ces derniers, Cogan considérait les voies
optocinétiques et vestibulo-oculaires comme défectueuses.
Le Pr. Denise Goddé-Jolly de l'Université de Paris V, publie un article dans le Journal Français
d’Orthoptique en 1986, intitulé les nystagmus de l’enfant(7). Elle y classifie les nystagmus de la
manière suivante :
• Le nystagmus à ressort avec une secousse lente comme phase de dérive, suivie d’une
secousse rapide pour ramener l’œil à sa position de départ. Parmi les nystagmus à ressort :
o Le nystagmus unidirectionnel, qui bat toujours dans le même sens. Il augmente dans le
regard du côté de la phase rapide et diminue à l’opposé, voire disparaît. Cette
diminution dans cette zone peut provoquer un torticolis important dû à la recherche
d’une meilleure acuité visuelle. C’est un nystagmus qui n’augmente pas à l’occlusion
d’un œil.
11
› Concordant, auquel cas la position de blocage peut être la même quel que soit l’œil
fixateur (et en binoculaire également). Il bat à droite dans un regard à droite et
respectivement à gauche dans un regard à gauche, ce qui caractérise ce type de
nystagmus.
Le nystagmus concordant a un bon pronostic et il est fréquent qu’il y ait une vision
binoculaire. La zone de cette dernière se retrouve dans la position du torticolis. Le
regard sera tourné vers la zone privilégiée et donc la tête tournée dans le sens
opposée. Le torticolis dépend directement du nystagmus et persiste, que l’œil soit
occlus ou non.
› Latent, c’est-à-dire un nystagmus à ressort qui n’apparait qu’à l’occlusion d’un œil.
Les deux yeux battent rapidement vers l’œil non occlus. L’acuité visuelle
monoculaire sera médiocre du fait de l’apparition du nystagmus, mais en
binoculaire, l’acuité visuelle peut être optimale.
› Manifeste latent, où le nystagmus change lors de l’occlusion d’un œil. Le
nystagmus bat alors vers l’œil non occlus en vision monoculaire. En vision
binoculaire, le nystagmus change selon l’œil fixateur. C’est un nystagmus qui est
toujours associé à un strabisme.
12
Journal
Français
d'Orthoptique
Formes Formes
sémiologiques étiologiques
Unidirectionnel Bidirectionnel
Manifestes
Concordants Latents
latents
Cette nosologie a aujourd’hui évolué, dans la mesure où les nystagmus de type idiopathique,
sans aucune cause révélée ne sont plus une étiologie majeure.
Les progrès techniques et technologiques ont eu un impact important sur l’évolution de cette
classification. En effet, le développement de l’imagerie a permis une meilleure connaissance
des corrélations avec la neurologie. Ceci a eu pour conséquence de diminuer le pourcentage des
nystagmus de cause neurologique, de manière cohérente avec l’anticipation de Denise Goddé-
Jolly. Aujourd’hui, l’étiologie est « retrouvée dans 70 à 90% des cas » selon le Pr. D. Denis(8).
De plus, dans cette classification, le nystagmus de type manifeste latent fait partie du groupe
des nystagmus à ressort. Dans les nouvelles classifications, qui seront développées par la suite,
le nystagmus manifeste latent est apporté comme un diagnostic différentiel aux nystagmus et
constitue une des caractéristiques du strabisme précoce.
13
III. NOUVELLE CLASSIFICATION DES NYSTAGMUS
La nosologie des nystagmus s’appuie aujourd’hui principalement sur les classifications
explicitées dans cette partie, que sont : le rapport de la SFO(9), la CEMAS(10) et la classification
des formes d’ondes de M.Theodorou et R.Clement.
i. Neurologique
Le nystagmus neurologique est un nystagmus à ressort. Il est expliqué par une lésion des voies
sensorielles vestibulaire périphériques. Elle se situe soit au niveau de l’oreille interne, soit dans
le tronc cérébral. Une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) doit être effectuée pour ce
type de nystagmus.
14
C’est généralement un nystagmus à ressort et la phase lente est linaire (sauf dans le cas des
nystagmus à bascule, explicités plus loin). Il peut être vertical ou torsionnel, et peut changer de
direction.
Le nystagmus vestibulaire central n’est pas inhibé avec la fixation visuelle. Il perdure dans le
temps.
Le nystagmus précoce chez l’adulte résulte de celui apparu lors de l’enfance et qui sera explicité
dans la partie consacrée au nystagmus chez l’enfant. Toutefois, il constitue également une partie
de la classification des nystagmus.
15
Prise en charge orthoptique du nystagmus chez l’adulte :
Au moment de l’anamnèse, les informations à obtenir sont la date et les circonstances
d’apparition du nystagmus, ainsi que la forme d’installation, brutale ou progressive.
Les signes fonctionnels doivent être également abordés. Des oscillopsies peuvent être présentes,
ainsi qu’une dégradation de l’acuité visuelle, une diplopie ou des vertiges. Si le patient
mentionne des oscillopsies, il est probable qu’il s’agisse d’un nystagmus acquis. Il est à noter
que les patients peuvent décrire une vision floue en cherchant à exprimer les mouvements
visuels aperçus.
La recherche d’une étiologie est nécessaire en cas de nystagmus acquis, ainsi que la recherche
d’une paralysie ou parésie. Une acuité visuelle dans les normes oriente de manière générale
vers un type de nystagmus acquis.
Il est nécessaire de déceler des éventuelles circonstances aggravantes, si le nystagmus augmente
à la fixation, à la fatigue, lors de certaines activités, ou à la prise de certains médicaments.
Il faut encourager le patient à parler des retentissements de son nystagmus, qui sont parfois une
baisse d’efficacité, de la lenteur, une maladresse prononcée.
Un bilan complet doit être effectué ensuite, afin de déterminer en particulier l’acuité visuelle,
les caractéristiques du nystagmus et la motilité, puis d’étudier le torticolis s’il existe.
Si le patient est un jeune adulte il est impératif de l’adresser à un neurologue. En effet, une
sclérose en plaque ou une pathologie tumorale peuvent être la cause du nystagmus. Pour l’adulte
plus âgé, il s’agira plutôt d’une pathologie vasculaire ou dégénérative, mais une cause tumorale
n’est pas à exclure.
16
ii. Le nystagmus organique, sensoriel : associé à une pathologie oculaire (par ex.
albinisme, cataracte congénitale, anomalie cornéenne, colobome rétinien, malformation
papillaire, une toxoplasmose ou dégénérescence tapétorétinienne type maladie de Leber,
dégénérescence des photorécepteurs). Pour ce type, il est nécessaire d’effectuer une
exploration électrophysiologique.
Les nystagmus précoces sont manifestes. Le mouvement nystagmique peut être pendulaire ou
à ressort, généralement binoculaire et horizontal et plus rarement vertical et/ou rotatoire. Le
nystagmus augmente à la fixation, avec l’anxiété ou le stress et diminue souvent en
convergence(15). Il n’a pas de composante latente, et n’est donc pas modifié avec l’occlusion
d’un œil. Dans le regard à droite, le nystagmus bat vers la droite (respectivement à gauche dans
les regards à gauche).
Il existe souvent une zone de calme aussi appelée zone de blocage (null zone). Cette zone de
repos est caractérisée par une amplitude nystagmique minimale, voire inexistante.
La diminution de l’amplitude permet une meilleure fovéation et donc une meilleure acuité
visuelle. L’amplitude augmente d’autant plus que le regard s’éloigne de cette zone. Cette
dernière est généralement localisée dans le regard latéral droit(11). Le torticolis sera alors
caractérisé par la tête tournée vers la gauche.
Pour le nourrisson, le mouvement nystagmique est lent et ample avec une composante
pendulaire. En grandissant, la fréquence s’accentue et l’amplitude diminue. La composante
pendulaire devient de plus en plus perceptible et des zones de blocage se forment dans certaines
positions du regard permettant une meilleure acuité visuelle. Cette zone de blocage peut changer
avec le temps ou disparaitre.
Lors de la mesure de l’acuité visuelle, le torticolis devra être relevé ainsi que le gain d’acuité
dans cette position.
Pour les patients dont l’acuité visuelle ne peut pas être mesurée (jeunes enfants par ex.), une
appréciation de leur réaction à l’occlusion des deux yeux doit être notée.
17
Ceci afin de relever une différence de réaction entre les deux yeux. De même, il faut identifier
un changement de nystagmus s’il advient lors de l’occlusion, et suivre son éventuelle
augmentation.
L’étude du nystagmus doit être menée également lors du bilan moteur. L’observation du
nystagmus se fait en binoculaire puis en monoculaire, en vision de près et de loin, dans les
différentes directions de regard et en convergence. Une relation entre l’évolution du nystagmus
et les positions du regard devra être déterminée avec la recherche d’un torticolis.
Au cours de cet examen, la recherche d’une composante latente doit être menée et orientera, le
cas échéant vers un strabisme précoce.
Si une zone de confort est présente, une chirurgie sera indiquée. Alors, l’orthoptiste effectuera
en amont un test préopératoire : le test prismatique. Il a pour but de simuler la chirurgie afin
de valider sa possibilité. L’objectif de la chirurgie sera de déplacer cette zone de confort vers la
position primaire afin que le torticolis disparaisse.
La procédure du test est la suivante :
La première étape consiste à mesurer en position primaire la valeur des prismes dont la
déviation permet de redresser le torticolis.
Les prismes seront de base homolatérale et placés dans la direction du torticolis. Ils déclenchent
une déviation parallèle des deux yeux.
Si le nystagmus diminue à la convergence, les prismes seront de base temporale. Ces prismes
créent la position de blocage faite en vision de près à la convergence, en vision de loin.
L’orthoptiste proposera ensuite au patient ces prismes afin de suivre si le torticolis est atténué
ou disparu et/ou le nystagmus diminue. Dans ce cas, le pronostic chirurgical sera généralement
bon.
18
Figure 9 : Examens électrophysiologiques et IRM
Dans le cas où les trois examens sont normaux, un nystagmus idiopathique doit être éliminé.
Le nystagmus latent est une conséquence d’un déséquilibre des informations visuelles
provenant du système vestibulaire.
Il est témoin de l’absence de développement de la vision binoculaire, d’une correspondance
rétinienne anormale et s’associe à un strabisme. Le nystagmus manifeste latent entre dans la
catégorie du strabisme précoce installé au cours des six premiers mois de la vie(9).
Cependant, pas tout nystagmus associé à un strabisme est de type latent. Il n’est donc pas
impératif d’envisager d’autres bilans et la prise en charge sera celle du strabisme. Toutefois, si
le strabisme associé est divergent, un trouble neurologique peut être identifié et requerra une
imagerie.
Plus rarement, des causes organiques sont relevées pour le nystagmus manifeste latent. Elles
peuvent être par exemple l’albinisme, l’infirmité motrice d’origine cérébrale, l’atrophie
optique, la myopie maligne ou la cataracte.
La différence d’appellation entre le nystagmus latent et le manifeste latent n’exclut pas une
relation entre ces deux formes. Un nystagmus latent, en l’absence d’une prise en charge peut
devenir un nystagmus manifeste latent et inversement.
La caractéristique principale du nystagmus de type latent est un changement de son sens en
fonction de l’œil fixateur. C’est systématiquement un nystagmus à ressort (i.e. non pendulaire).
Il bat à droite quand l’œil droit est le fixateur et inversement vers la gauche à la fixation de l’œil
19
gauche. L’amplitude augmente quand l’œil fixateur est en abduction et diminue en adduction.
Cela explique la présence fréquente d’un torticolis tête tournée vers l’œil fixateur.
Selon le Pr. M.Robert(18), cette occlusion est justement impérative. L’occlusion augmentera le
nystagmus momentanément mais la récupération de l’amblyopie entrainera une diminution de
l’amplitude du nystagmus et par conséquent augmentera l’acuité visuelle bi-oculaire. C’est
pourquoi, il propose d’appliquer l’occlusion totale.
Le rôle de l’orthoptiste est donc indispensable pour le maintien de l’iso-acuité et le calme
oculomoteur.
D’après le rapport de la SFO, la pénalisation optique doit être préférée à l’occlusion. Cette
dernière ne doit être appliquée que dans le cas où la pénalisation n’est pas envisageable.
Ils présument que si la prise en charge du nystagmus est faite assez tôt et dans les bonnes
conditions la méthode de la pénalisation convient. Ce qui est fréquemment le cas dans la mesure
où l’amblyopie est identifiée à temps.
Comme pour le strabisme précoce, la correction optique totale doit être prescrite et mesurée
sous cycloplégie.
La prise en charge chirurgicale aura elle pour objectif de ramener les yeux de la position de
confort à la position primaire.
c. Spasmus nutans
Le spasmus nutans survient dans la première année de vie (11), généralement entre le quatrième
et le douzième mois. C’est un nystagmus de type pendulaire, multidirectionnel, intermittent
avec une faible amplitude et une haute fréquence. Il est souvent asymétrique et parfois
monoculaire. Il est caractérisé par la triade : nystagmus, secousses de la tête et torticolis.
Il est à noter que bien que nystagmus et secousses soient fréquents, le torticolis n’est observé
que dans 40% des cas (19).
Les patients n’ayant pas toujours conscience des oscillations, ces dernières doivent faire l’objet
d’une attention particulière lors de l’interrogatoire en cas de nystagmus intermittent. Elles
peuvent apparaître dans un second temps, après le nystagmus.
Bien que la physiopathogénie soit inconnue, le spasmus nutans est souvent attribué à un retard
de maturation(11).
Il est caractérisé par des mouvements horizontaux (le patient fait des mouvements de « non »
avec la tête) ou verticaux (le patient fait « oui » de la tête), et des oscillations de la tête.
Le diagnostic du spasmus nutans sera posé une fois le bilan neuroradiologique validé sans
anomalies et que l’évolution du syndrome est favorable. La régression des mouvements de la
tête débute après quelques mois et la disparition est totale au bout de deux à trois ans(20).
Jusqu’à preuve de contraire, ces mouvements témoignent d’un gliome des voies optique et donc
exigent la réalisation d’une IRM des voies optiques en urgence.
20
B. La CEMAS, 2001
De cette classification, ne seront explicités dans ce document que les nystagmus n’ayant pas
été introduits par la classification publiée dans le rapport de la SFO.
Les « Slow drifts » (ou les dérives) sont des mouvements lents avec une amplitude
généralement inferieure à dix minutes d’arc. Ils représentent environ 95% du temps de
fixation(21). Elles ont pour fonction de préserver la fixation en l’absence de microsaccades.
Les Microsaccades sont des mouvements involontaires qui se produisent une à trois fois par
seconde lors de la fixation, normalement d’amplitude entre 0,5 et 2 dégrés.
La CEMAS identifie plusieurs catégories de nystagmus pathologiques. Les suivants ont été
explicités dans la classification précédente :
21
À ces catégories s’ajoutent le Gaze-Holding Deficiency Nystagmus (déficience du maintien
du regard) et le Vision Loss Nystagmus (nystagmus lié à la perte de la vision).
Le premier correspond à des mouvements avec la phase rapide qui dérive de la position
primaire. Il est associé généralement à des signes neurologiques et à des symptômes tels que
des vertiges, des nausées ou des oscillopsies. Ce nystagmus est induit en déplaçant le regard
vers le haut ou latéralement.
Il est souvent associé à des pathologies du cervelet ou du tronc cérébral mais peut être lié
également à des intoxications médicamenteuses.
Le Vision Loss Nystagmus est pour sa part caractérisé par des oscillations oculaires qui se
manifestent avec une perte de vision acquise. C’est un symptôme et un signe associé liés à la
privation visuelle, monoculaire ou binoculaire correspondant à une pathologie.
La perte de vision se divise en trois parties. La première étant la perte de vision par des lésions
pré-chiasmale. Elle-même se divisant en malvoyance bilatérale (où les patients présentent un
nystagmus à ressort avec des composantes horizontales, verticales et torsionnelles) et la
malvoyance monoculaire. Dans cette dernière, les oscillations sont verticales, de faible
amplitude et le nystagmus pendulaire est horizontal de faible amplitude principalement dans
l’œil malvoyant.
La deuxième est la perte de la vision liée à une lésion au chiasma. Un nystagmus à bascule
(see-saw nystagmus) apparait avec une perte bitemporale du champ visuel.
Enfin, la pathologie causant la perte de la vision est la post-chiasmatique, où des lésions
affectent les zones corticales. Un nystagmus horizontal de faible amplitude est retrouvé battant
vers le coté de la pathologie.
22
C. La classification des formes d’ondes par Maria Theodorou et Richard Clement
L’étude menée par M. Theodorou et R. Clement se base sur les enregistrements des
mouvements nystagmiques. Leur objectif est de créer une classification simple, reposant sur les
formes d’ondes de ces derniers.
Ils établissent que 96,9% des différentes variantes des formes d’ondes sont décrites par deux
formes d’ondes.
La première représente la plupart des formes d’ondes est en dents de scie et pseudocycloïdes.
La seconde correspond aux formes d’ondes à cycle unique(23).
23
IV. PRISE EN CHARGE EN REEDUCATION ORTHOPTIQUE
DES PATIENTS NYSTAGMIQUES
La place des orthoptistes dans la prise en charge en rééducation n’est pas clairement définie à
ce jour, à l’exception de la prévention et du suivi de l’amblyopie. Ces actes sont propres aux
orthoptistes.
A. Nystagmus et amblyopie
B. Rééducation de patients-types
Avant toute prise en charge, l’orthoptiste doit s’assurer que la correction optique totale mesurée
sous cycloplégie est prescrite et bien portée.
L’orthoptiste est amené à rencontrer des patients de différents types présentant un nystagmus,
avec pour chacun une différente approche lors de la prise en charge :
Le patient nystagmique peut être en situation de basse vision. Celle-ci est souvent liée à
l’albinisme, une cataracte congénitale ou autres pathologies. Il s’agit du nystagmus du
malvoyant enfant et adulte.
Dans le cas de malvoyance il est important de donner toutes les informations nécessaires aux
patients (et/ou leur parents). Cela peut s’accompagner d’une fiche pour l’école afin de
sensibiliser les encadrants pour que le patient ait les meilleures conditions visuelles possibles.
Il est à noter qu’à partir d’une acuité visuelle supérieure ou égale à 2-3/10 l’enfant peut être
intégré dans un cadre scolaire normal, sans nécessiter de cadre spécifique(17). Il est donc
important d’avertir son entourage afin de s’adapter à ses besoins, dans un milieu qui n’est pas
pensé pour les enfants en situation de basse vision.
Pour ces patients, la prise en charge correspond essentiellement à celle effectuée en cas de basse
vision. Le travail et la rééducation moteurs sont impératifs. En effet, quand il s’agit des patients
avec une acuité visuelle médiocre, le travail sensoriel reste assez limité.
• La fixation
La fixation constitue la base de la motricité conjuguée. Une bonne manière de la travailler est
de solliciter la coordination œil-main. Pour cela, des exercices permettent de le travailler, par
exemple, le piquage et le pointage, ou bien enfiler des perles. Il est important de varier les
contrastes et les couleurs afin de bien stimuler la fixation.
24
• L’amplitude de fusion
L’amplitude de fusion (AF) correspond à la capacité d’aligner les yeux, permettant la fusion
pour différentes profondeurs. En cas d’absence de strabisme et en correspondance rétinienne
normale l’amplitude de fusion peut être travaillée. Pour cela, les exercices se font
essentiellement à l’aide de prismes.
AF
Poursuites-
Saccades
Fixation
En ce qui concerne les patients n’étant pas en situation de basse vision mais ayant une acuité
visuelle suffisante, la même rééducation peut être réalisée, en y ajoutant le travail d’amplitude
de fusion (en cas d’absence de strabisme) et le travail sensoriel.
Enfin, les patients présentant un nystagmus du malvoyant pris en charge dans des centres de
polyhandicap nécessitent également une prise en charge particulière. Ces patients ont déjà un
suivi réalisé par un ophtalmologue ne faisant pas forcément partie du centre, et la place de
l’orthoptiste constitue alors une prise en charge complémentaire.
Elle consiste en l’observation des patients, de leur comportement visuel et de la mise en
évidence d’un éventuel torticolis. L’orthoptiste a également pour rôle d’adapter la rééducation,
de proposer un environnement conforme à leur besoin et posture et d’accompagner le patient
dans l’apprentissage des techniques et outils proposés.
Il est moins fréquent mais possible de prendre en charge des patients adultes avec des
nystagmus acquis vestibulaires. Auquel cas, l’orthoptiste doit être équipé et formé en
conséquence pour le travail vestibulaire.
25
V. FICHE ORTHOPTIQUE POUR LE NYSTAGMUS
A. Les questions auxquelles répondre face au nystagmus :
- Les secousses de la tête peuvent témoigner d’un gliome des voies optiques.
- Nystagmus du regard excentré : Il indique généralement une tumeur de la fosse postérieure et
parfois une atrophie cérébelleuse (3).
Dans ces cas, le patient devra effectuer une IRM en urgence.
Traitements en cours
Suivi ophtalmologique : correction portée, amblyopie, strabisme etc.
26
Examen Acuité visuelle :
clinique En vision de loin et en vision de près, monoculaire et binoculaire, en
position primaire et en position de blocage si existante. À mesurer
également dans la distance et dans la position choisie par le patient.
® Tout changement et/ou gain d’acuité entre les différentes mesures
est à noter.
Étude du torticolis :
L’observation se fait pour chaque position lors de la mesure de l’acuité
visuelle.
Dans des conditions de fixation, affiner progressivement la mire
accommodative afin de retrouver la zone de blocage.
® L’orientation et le degré d’inclinaison du torticolis, ainsi que la
position des yeux sont à relever.
Analyse du nystagmus :
L’analyse de la morphologie du nystagmus et ses différentes
caractéristiques telles qu’explicitées précédemment (sens, amplitude,
fréquence, etc.).
Motilité :
Versions et ductions.
® Sont à noter toutes les variations. Si le nystagmus, augmente,
diminue ou disparait. S’il y a un changement de sens, d’amplitude ou
de fréquence.
27
Le nystagmus
chez l'enfant
Change ou apparait
à l’occlusion
oui non
Nystagmus
précoce patent
Spasmus nutans
(diagnostic par Réfraction sous Mesure AV
élimination, urgence cycloplegique +position de Bilan
jusqu'à preuve du +COT blocage étiologique chez
contraire) l'ophtalmologue
Avis chirurgie
+test
prismatique
28
CONCLUSION
Ce mémoire constitue ainsi un document bibliographique privilégiant un public
d’orthoptistes intéressés par les différents types de nystagmus ou amenés à les prendre en
charge.
Il avait donc pour ambition dans un premier temps de recenser les caractéristiques principales
à identifier en cas de nystagmus. Puis, de faire l’état des classifications existantes des
nystagmus. Ces classifications ayant pour principaux intérêts de centraliser, établir un standard
des catégories de nystagmus et de permettre à l’orthoptiste de s’y référer de manière plus
efficace.
Ceci afin d’obtenir le diagnostic adéquat rapidement, et, à terme, assurer la prise en charge
convenant à la situation.
Par ailleurs, ce mémoire marque une attention particulière à la sensibilisation des proches d’un
patient nystagmique. Il se veut accessible, mis en balance avec la littérature complexe existant
sur ce sujet, afin que les orthoptistes puissent permettre à l’entourage d’appréhender les
difficultés du patient nystagmique. Dans ce sens, ce travail rejoint l’étude récente menée à
l’Université de Sheffield, Angleterre, en 2018. Elle constate qu’un tiers(24) des orthoptistes
d’Irlande et d’Angleterre choisis pour l’étude n’avaient pas de supports d’information à
transmettre au patient ou à son entourage, ce qui témoigne d’une nécessité de documentation
adaptée aux attentes des orthoptistes.
De plus, les notions abordées se focalisent sur la prise en charge des nystagmus et sont à mettre
en parallèle avec d’autres thèmes et travaux souvent liés aux nystagmus, tels que la basse vision,
l’amblyopie, l’albinisme ou les torticolis.
Pour ces raisons, ce document associe de manière rangée et condensée, les informations utiles
à l’orthoptiste concernant les nystagmus et leur prise en charge.
29
Bibliographie
1. caroline tilikete. Nystgmus. 1 janv 2003;
2. Repka MX, Friedman DS, Katz J, Ibironke J, Giordano L, Tielsch JM. The prevalence
of ocular structural disorders and nystagmus among preschool-aged children. J Am Assoc
Pediatr Ophthalmol Strabismus. 1 avr 2012;16(2):182‑4.
13. Malandain E, Robert M. Les nystagmus chez l’enfant : comment les examiner ?
Comment les classer ? Rev Francoph Orthopt. 1 janv 2019;12(1):21‑6.
14. Abadi RV. Motor and sensory characteristics of infantile nystagmus. Br J Ophthalmol.
1 oct 2002;86(10):1152‑60.
15. Hertle RW, Dell’Osso LF. Clinical and ocular motor analysis of congenital nystagmus
in infancy. J Am Assoc Pediatr Ophthalmol Strabismus. 1 avr 1999;3(2):70‑9.
16. Seo JH, Yu YS, Kim JH, Choung HK, Heo JW, Kim S-J. Correlation of Visual Acuity
with Foveal Hypoplasia Grading by Optical Coherence Tomography in Albinism.
Ophthalmology. 1 août 2007;114(8):1547‑51.
30
17. Nystagmus (2005) : malvoyance [Internet]. Disponible sur:
http://www.lenystagmus.net/Documents/Nystagmus/Nystg_Malvoyance/Nystg_Malvoyance.
html
20. Gravier N. Le bilan étiologique d’un nystagmus chez l’enfant. J Fr Ophtalmol. nov
2018;41(9):868‑78.
21. Kumar G, Chung STL. Characteristics of Fixational Eye Movements in People With
Macular Disease. Invest Ophthalmol Vis Sci. 1 août 2014;55(8):5125‑33.
22. Eizenman M, Cheng P, Sharpe JA, Frecker RC. End-point nystagmus and ocular drift:
an experimental and theoretical study. Vision Res. 1990;30(6):863‑77.
24. Bjerre A, Arblaster G, Nye A, Griffiths HJ. The provision of patient information about
nystagmus. Br Ir Orthopt J. 10 mai 2018;14(1):25‑9.
31
Table des illustrations
Figure 1: schéma du labyrinthe vestibulaire ______________________________________________________ 3
Figure 2 : cervelet (source : institut du cerveau) ___________________________________________________ 4
Figure 3 : Le réflexe vestibulo-oculaire (source : neuroreille.com) _____________________________________ 5
Figure 4 : Nystagmus pendulaire / Nystagmus à ressort ____________________________________________ 6
Figure 5 : L’acuité visuelle chez les nystagmus de type patent pur: ____________________________________ 8
Figure 6: L’acuité visuelle chez les nystagmus de type manifeste latent ________________________________ 8
Figure 7 : Schéma vierge de Kestenbaum revu par Klainguti _________________________________________ 9
Figure 8 : Classification du journal Français d'Orthoptique _________________________________________ 13
Figure 9 : Examens électrophysiologiques et IRM_________________________________________________ 19
Figure 10 : CEMAS _________________________________________________________________________ 22
Figure 11 : Arbre décisionnel du nystagmus chez l'enfant __________________________________________ 28
32
Annexe
Annexe : Fiche Orthoptique pour le nystagmus
33
FICHE ORTHOPTIQUE POUR LE NYSTAGMUS
Le nystagmus
chez l'enfant
Change ou apparait à
l’occlusion
oui non
Nystagmus Présence de
manifeste/ secousses de la tête
manifeste
latent oui non
Nystagmus
précoce patent
Spasmus
nutans Réfraction
Mesure AV Bilan
(diagnostic par sous
+position de étiologique
élimination, cycloplegique
blocage chez un
urgence jusqu'à +COT
preuve du ophtalmologue
contraire)
Avis chirurgie
+test
prismatique
34
Antécédents familiaux : strabisme, pathologie oculaire connue,
Anamnèse pathologie générale, amblyopie etc.
Traitements en cours
Suivi ophtalmologique : correction portée, amblyopie, strabisme etc.
Étude du torticolis :
L’observation se fait pour chaque position lors de la mesure de l’acuité
visuelle.
Dans des conditions de fixation, affiner progressivement la mire
accommodative afin de retrouver la zone de blocage.
® L’orientation et le degré d’inclinaison du torticolis, ainsi que la
position des yeux sont à relever.
Analyse du nystagmus :
L’analyse de la morphologie du nystagmus et ses différentes
caractéristiques telles qu’explicitées précédemment (sens, amplitude,
fréquence, etc.).
Motilité :
Versions et ductions.
® Sont à noter toutes les variations. Si le nystagmus, augmente,
diminue ou disparait. S’il y a un changement de sens, d’amplitude ou
de fréquence.
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Test Simulation de l’apport de la chirurgie à l’aide des prismes dont les
prismatique bases sont mises devant les yeux, dans la direction du torticolis.
préopératoire Lorsque le nystagmus diminue à la convergence, les prismes seront
pris à base temporale. Si le torticolis diminue ou disparaît, et/ou le
nystagmus s’atténue, le pronostic de la chirurgie sera probablement
efficace.
36
37