RapportStageLPGENA2014 Fages
RapportStageLPGENA2014 Fages
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Rapport de stage
Camille Fages
Remerciements
Introduction
Conclusion
Tables des illustrations
Bibliographie
Glossaire
Annexes
Résumé
Remerciements
Je tiens à remercier Nathalie Pas pour son encadrement lors de ce stage au SUAMME ainsi que
Anne Boutitie, Jean-Michel Thévier, Jacky Riquet, Christophe Fourcade et Antoine Marceron pour le
temps qu’ils m’ont accordé. Merci également à tout le personnel du SUAMME et de LRE qui a pu, à un
moment ou un autre, m’aider dans le bon déroulement de mon stage.
Je tiens également à remercier mes parents pour leur soutien et pour la relecture du rapport.
Lexique des abréviations
AB : Agriculture Biologique
JA : Jeune Agriculteur
LR : Languedoc-Roussillon
OP : Organisation de Producteurs
P-O : Pyrénées-Orientales
L’interaction entre les hommes et le milieu naturel a transformé le territoire au cours des siècles.
L’agriculture de montagne dans la région Languedoc-Roussillon (LR) est omniprésente et est souvent
fragilisée. Elle est soumise à des contraintes naturelles fortes comme les pentes ou encore un climat difficile.
Ce sont des zones peu peuplées, difficiles d’accès, enclavées, peu mécanisables ce qui freine le
développement économique de ces territoires si on les compare aux zones de plaine. L’agriculture de
montagne est traditionnellement orientée vers des systèmes d’exploitations de type polyculture-élevage.
C’est pour pallier les contraintes du territoire que la diversification devient souvent essentielle pour les
exploitants. Une des principales activités complémentaires à l’élevage est la production végétale, en
particulier le maraîchage et l’arboriculture.
Un état des lieux quantitatif et qualitatif sur l’ensemble des productions végétales de la région
Languedoc-Roussillon avait déjà été fait en 2006 mais il était nécessaire de l’actualiser afin de mettre en
évidence les besoins, attentes, contraintes et atouts de chaque filière sur l’ensemble du territoire
languedocien en se basant sur les dires des acteurs principaux. Ainsi, la structure souhaitait que cet état des
lieux permette l’élaboration de programmes d’actions multi partenariaux liant l’amont et l’aval de chacune
des filières avec une ouverture maximale à l’ensemble des opérateurs des filières de productions végétales de
montagne : acteurs économiques (collectifs et individuels), partenaires associatifs et institutionnels etc.
Afin de répondre à la commande du SUAMME, le rapport comprendra les parties suivantes. Une
première partie de contextualisation apportera des informations sur les particularités de la région influant sur
les productions végétales de montagne, les enjeux agricoles du territoire languedocien et la présentation de la
structure d’accueil. Cette mise en contexte de l’étude permettra de bien cerner la problématique et les
objectifs du stage. En seconde partie seront décrites l’organisation du stage et ses principales étapes. La
troisième partie, cœur du rapport, concernera les enquêtes sur le terrain auprès des opérateurs économiques et
l’analyse des résultats. La quatrième partie, abordera les propositions de pistes d’évolution en lien avec les
enjeux identifiés. La cinquième et dernière partie permettra de faire un retour critique sur le stage.
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1. Eléments de contexte et problématique
La région Languedoc-Roussillon (LR) est située dans le sud de la France. Elle est constituée de cinq
départements : la Lozère, le Gard, l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées-Orientales proches de la frontière
espagnole.
En effet, dans le bas du Languedoc, les étés peuvent être très chauds et secs avec de violents vents
continentaux. Or, dans le Haut Languedoc, les Cévennes (sud de la Lozère et ouest du Gard) et l’Aigoual
connaissent des épisodes pluviaux importants et des températures qui ne sont pas excessives, excepté dans
les fonds des gorges.
La pédologie et le climat ont donc fortement influencé l’agriculture. De ce fait, on retrouve des
cultures en terrasses dans les Cévennes au relief contraignant et des cultures viticoles et des vergers dans les
plaines languedociennes.
Pour son ensoleillement et ses terres fertiles, le territoire languedocien est l’une des régions les plus
abondantes en production de fruits et légumes. La seconde activité de la région, après la viticulture, est
donc le maraîchage et l’arboriculture. Cette production est réalisée sur 45 750 ha dans l’ensemble de la
région LR surtout dans les départements des Pyrénées-Orientales et du Gard. Le Languedoc-Roussillon est la
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première région productrice française de pêches nectarines représentant près de 50% de la production
nationale. (Cf. Annexe 1 : Orientation technico-économique de l’agriculture en 2010 en LR).
Malgré des conditions difficiles de production dans les zones de montagne, l’agriculture a su se
démarquer par des productions de qualité avec des appellations d’origine. L’agriculture de montagne est
aussi un secteur de production à forte valeur ajoutée. Les petites exploitations restent très nombreuses (le LR
est au deuxième rang national pour la proportion de petites exploitations) et maillent l'ensemble du territoire
régional.
Certains enjeux ressortent comme étant généralisés sur l’ensemble de la région (cf. SAFER) :
L’optimisation des productions et des récoltes et le maintien d’un bon état sanitaire des
productions
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La gestion concertée de l’eau
Les productions végétales de montagne sont diverses. On retrouve dans le département de la Lozère
(classé entièrement en zone de montagne) de nombreuses petites exploitations diversifiées avec plusieurs
ateliers de production comme la châtaigne ou encore les Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales
(PPAM).
Le département du Gard comprend également des productions de châtaignes mais aussi d’Oignons
doux des Cévennes sous Appellation d’Origine Protégée (AOP) et de pommes (avec les pommes du Vigan).
Le Gard est très accès sur le maraîchage et l’arboriculture tout comme le département des Pyrénées
Orientales (P-O).
On retrouve dans le département de l’Hérault les mêmes types de productions auxquelles s’ajoute la
production des Marrons du Haut Languedoc. L’Aude concerne les mêmes productions mais la pomme de
terre du Pays de Sault est l’emblème de ce plateau.
Sud de France Montagne Élevage est une organisation régionale au service des agriculteurs du
Languedoc-Roussillon regroupant les professionnels de la filière montagne. Elle est financée par le Conseil
Régional, l’Etat et l’Europe. Cette organisation est le lieu de concertation et de proposition d’actions
régionales en élevage et agriculture de montagne. Elle a trois missions : Défendre l’intérêt de l’élevage et
de l’agriculture de montagne, être un commando de références et d’ingénierie et animer les filières
d’élevage et de productions végétales de montagne.
- Le SUAMME est l’outil de recherche et de développement sur la valorisation des ressources pastorales et
fourragères des territoires d'élevage, la diversification et les références sur les systèmes de production. C’est
un service inter chambres d’agriculture du LR qui intervient dans toutes les zones de montagne de cette
région.
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- Languedoc-Roussillon Élevage (LRE) est une association loi 1901 qui met en œuvre des actions en lien
avec l’élevage visant à améliorer les produits et leur positionnement sur les marchés.
Les salariés travaillant sur les productions végétales ont pour principaux objectifs le développement
économique des filières, l’accompagnement, l’expertise et l’ingénierie de projet en productions végétales de
montagne, l’expérimentation et les transferts d’expériences.
La région LR comprenant cinq départements. Tous les agents du SUAMME mettent en place un
programme d’actions régional, mais sont répartis en fonction des besoins les plus importants : deux dans
les Cévennes gardoises, un dans l’arrière-pays héraultais, un à Carcassonne, et un à Lattes. (Cf. Annexe
2 : Organigramme des salariés du SUAMME en région LR)
Une filière agricole regroupe l’ensemble des activités agricoles relatives à une production spécifique.
Elle permet de « décrire les différentes opérations nécessaires pour passer d’une matière première à un
produit fini » (FONTAN, 2006). Elle comprend différents points pouvant varier en fonction du produit et du
producteur : la production, la transformation, le conditionnement et le transport s’ils ont lieu d’être, la
distribution et la commercialisation et pour finir la consommation. Celle-ci est donc un système où un
ensemble d’acteurs sont liés entre eux et sont impliqués de façon ordonnée.
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L’agriculture de montagne est particulière et n’est pas comparable avec celle de la plaine. Le
SUAMME intervient dans ces zones afin de répondre spécifiquement aux différentes demandes des paysans,
Organisations Professionnelles Agricoles… en prenant en compte les spécificités de la zone de montagne en
région LR.
Dans le cadre des orientations professionnelles, le SUAMME veut mettre en œuvre un programme
d’actions multi-partenarial liant l’amont (les producteurs) et l’aval (opérateurs etc.) des filières sur la période
2015/2020. L’objectif est de consolider et fédérer les acteurs et opérateurs des filières tout en mettant en
évidence les enjeux et priorités de celles-ci. C’est dans ce cadre-là que mon stage s’inscrit.
Dans le but de monter son projet stratégique sur les productions végétales de montagne, le
SUAMME veut établir un état des lieux quantitatif (volumes des productions, nombre d’hectares etc.) et
qualitatif (atouts, faiblesses, opportunités, menaces, besoins et attentes, enjeux) des filières concernées en
zone de montagne sur l’ensemble de la région LR : arboriculture, châtaigneraie, maraîchage et petits fruits
rouges, oignons doux, Plantes à Parfums Aromatiques et Médicinales (PPAM) et pommes de terre. La
châtaigneraie est différenciée de l’arboriculture car, au-delà de son rôle économique et environnemental,
celle-ci est historique, emblématique et identitaire du territoire Cévenol.
Cet état des lieux sera une photographie à un instant T de l’agriculture de montagne en LR et
permettra de proposer des pistes d’évolution de ces filières via des enquêtes auprès des acteurs du territoire.
Cette approche participative permettra de faire émerger les besoins des opérateurs et de décliner les objectifs,
enjeux et spécificités de l’agriculture de montagne dans un projet collectif. Les résultats et l’analyse des
enquêtes seront présentés devant un public de professionnels et devant des élus du territoire. Les conclusions
du débat permettront de présenter aux pouvoirs publics du territoire languedocien un programme d’actions
susceptible de mettre l’accent sur les priorités d’avenir pour ces filières. Suite à cet état des lieux, des fiches
synthétiques sur chacune des filières seront émises à destination de tout public.
1.3 La problématique
« Dans un contexte de renouvellement du programme d’action du SUAMME, quelles sont les
spécificités des filières de productions végétales de montagne dans la région LR ?
Quels sont les besoins et attentes des opérateurs et acteurs du territoire pour une intégration dans
un projet stratégique commun ? »
Suite à ces problématiques identifiées, j’ai fonctionné par étapes. Tout d’abord, une phase de
bibliographie afin de me familiariser avec le territoire. Ensuite, la construction du questionnaire me
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permettant de bien saisir les enjeux des filières à travers la rencontre d’opérateurs et acteurs. Et pour finir,
l’analyse des résultats obtenus.
Le stage réalisé, d’une durée de 3 mois, est structuré par des dates clefs. Une première date en début
de stage (18 avril) concerne le « groupe de travail fruits » ayant pour but de présenter un premier état des
lieux des filières arboricoles et petits fruits et de faire émerger des propositions d’évolution avec des groupes
de travail. Le 6 juin, je présenterai l’avancement de mon travail à l’équipe du SUAMME. La réunion de
présentation des enjeux et des perspectives d’évolutions de chaque filière devant un public de professionnels
et d’élus de la région aura lieu le 27 juin. Le rapport de stage sera rendu le 23 juin et la soutenance du rapport
de stage le 4 juillet ce qui clôturera mon stage. (Cf. Annexe 3 : Planning du stage)
Les enquêtes devaient porter sur l’ensemble des filières de productions végétales de montagne. Le
choix s’est fait par département. Afin de rester dans l’exhaustivité des acteurs mais aussi des filières, j’ai
pris la décision de choisir des acteurs du territoire ayant tous un statut différent pour avoir une palette des
opérateurs de la région Languedoc-Roussillon. Ainsi, nous retrouvons des coopératives, des associations, des
Sociétés d’intérêt Collectif Agricole (SICA), des Groupements d’Intérêt Economique (GIE), des Sociétés A
Responsabilité Limitée (SARL), des Sociétés Coopératives Agricoles (SCA) mais aussi des particuliers et
des agriculteurs indépendants. J’ai pu rencontrer au total 20 opérateurs économiques du territoire et 8
agriculteurs (Cf. Annexe 4: Tableau des opérateurs enquêtés par département avec leurs missions et filières
concernées. Annexe 5 : Carte de répartition des opérateurs économiques)
Après les avoir contactés par téléphone pour prendre rendez-vous, j’ai choisi, au vu du contenu de
mon questionnaire, d’en rencontrer le maximum sur le terrain afin de faciliter l’échange. Certains étant
trop loin du siège du SUAMME (à Lattes dans l’Hérault), j’ai décidé de faire l’entretien par téléphone.
L’entretien dure de 1h à 1h30 et se déroule sous la forme d’un entretien individuel semi-directif. (Cf.
Annexe 6 : Questionnaire). Le questionnaire est alors la trame directrice de l’échange. Afin d’identifier
précisément certaines données, j’ai choisi d’utiliser des questions fermées quantitatives. Celles-ci ne
permettent pas de nuances et sont facilement exploitables et comparables.
Exemple :
Nombre de tonnes réceptionnées par an et par production :
Nombre d’hectares correspondants :
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Certains sujets nécessitent des questions avec des items préformés dans lesquelles les opérateurs
peuvent faire un choix parmi d’autres. Celles-ci donnent des réponses précises et facilement exploitables.
Exemple :
Sur quel marché vous positionnez-vous ? (en pourcentage)
- Grandes et moyennes surfaces
- Exportation
- Industriels (pour la transformation)
- Collectivités locales
- Vente directe au consommateur
- Grossistes
- Autres :
L’entretien a pour objectif de recueillir la parole d’experts de terrain sur les spécificités, atouts,
contraintes, opportunités et menaces qui concernent les filières mais aussi les besoins des opérateurs.
La confrontation de tous les dires des acteurs rencontrés permettra de formaliser les enjeux des
filières et leurs perspectives d’évolutions. C’est dans les questions ouvertes, permettant plus de liberté dans
les réponses, que l’on retrouvera les ressentis des personnes même si elles sont plus complexes à analyser et
à croiser.
De nombreux producteurs n’ont pas le statut d’agriculteur, notamment concernant la récolte des
châtaignes. Ce sont en général des retraités ou bien des non agriculteurs. Il est donc difficile d’estimer leurs
productions et leur nombre. Or, il paraît essentiel de les comptabiliser d’une manière ou d’une autre. Les
chiffres proposés par la DRAAF LR suite au Recensement Agricole (RA) 2010 ne comptabilisent pas cette
population. Ces chiffres sont donc à prendre avec précaution. De plus, si le nombre d’exploitations est
inférieur à 3, les données sont inaccessibles par respect de l’anonymat mais sont comprises dans le chiffre
global de la région.
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3.1 La châtaigne, une production au bel avenir
Fiche d’identité
Il est complexe d’émettre un chiffre précis sur le nombre de producteurs de châtaignes pour la raison
citée plus haut. On peut estimer ce chiffre à hauteur de 600 personnes exerçant une activité liée à la
production castanéicole sur environ 1600 ha (ha) de châtaigneraies exploitées (données de l’association
Châtaigne des Cévennes et chiffres validés par le SUAMME) sur la région LR avec 207 communes. Les
producteurs sont majoritairement en pluriactivités et combinent la récolte de la châtaigne avec du
maraîchage, de l’arboriculture (tel les pommiers) ou encore avec l’élevage qui permet, entre autre, de
nettoyer les parcelles de châtaigniers.
L’association « Châtaigne des Cévennes » (siège situé dans le Gard à Saint-Privat-des-Vieux) a été
mise en place en prémisse d’une Appellation d’Origine Protégée (AOP) afin de promouvoir les produits du
terroir, de les faire connaître, de les valoriser et de garantir l’origine et la qualité des produits pour les
consommateurs. L’association est en démarche depuis 2004 pour l’AOP qui permettrait de valoriser la
châtaigne des Cévennes et le marron du Haut Languedoc ainsi que le territoire languedocien pour des
variétés de châtaignes traditionnelles (Pellegrine, Bouche rouge, Figarette, Marron d’Olargues, Dauphine,
Mazamet, etc.).
Quelques chiffres
Environ 1600 tonnes (t) annuelles de châtaignes sont produites en région LR (chiffre validé par le
SUAMME). Ce chiffre est basé sur le nombre d’hectares en production où l’on estime le rendement à
1tonne/ha même si celui-ci fluctue en fonction des variétés de châtaigniers et de la topographie du terrain.
Or, suite à mes enquêtes, je n’ai pu comptabiliser que 780 t. Ces chiffres sont à relativiser car de
nombreuses personnes transforment chez elles, vendent en frais et ne passent par aucun des opérateurs que
j’ai pu rencontrer.
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Figure 2 : Schéma de répartition de la production en châtaigne issus des enquêtes
Opérateurs économiques
400 t : 51 %
- SICA du Caroux 40 t
430 t : 32 %
- SARL Verfeuille 200 t
- SARL Fariborne 66 t
280 t : 36 %
525 t : 39 %
Agricole
- Domergue 100 t
SARL : Société A Responsabilité
- Couderc 180 t
Limitée
Autres collecteurs ?
GIE : Groupement d’Intérêt
Economique
La vente directe de produits transformés par
100 t : 13 % CUMA : Coopérative d’Utilisation
390 t : 29 %
les producteurs
de Matériel Agricole
CUMA Pendedis 31 t, Fariborne 15 t, Verfeuille CFPPA : Centre de Formation
50 t, CFPPA Florac 3 t) Professionnelle et de Promotion
+ Vente directe
Agricole
+Transformation artisanale
D’après les enquêtes, la majeure partie de la production va vers des opérateurs économiques et
seulement 280 t vont vers des collecteurs. Les collecteurs sont en général des entreprises qui passent chez
les particuliers (non agriculteurs ou retraités) ou chez les castanéiculteurs en fin de saison pour récupérer les
châtaignes. Les collecteurs prennent en général toutes les variétés et peu importe le calibre ou l’état de la
châtaigne. Cela permet d’avoir un revenu complémentaire pour les non agriculteurs. Le prix d’achat est
souvent faible (près de 63 centimes le kilogramme) pour une qualité qui n’est pas toujours présente. Ces
châtaignes sont ensuite conduites en Ardèche chez les grandes entreprises comme Sabatton (grand
confiseur). Les castanéiculteurs considèrent que « les collecteurs entretiennent une agriculture sous-
terraine » et tirent la qualité et le prix d’achat vers le bas : « c’est comme se tirer une balle dans le pied »
selon certains. Mais leur intérêt est qu’ils collectent sur place tout produit disponible.
La concurrence et le désir de cacher ses volumes aux autres font que les 280 t des collecteurs sont à
nuancer. En effet, lors d’enquêtes auprès d’opérateurs économiques le chiffre de 600 t a été évoqué
concernant un des collecteurs. Ces chiffres sont donc uniquement issus des enquêtes et peuvent
probablement être doublés.
On estime à environ 35% le pourcentage de châtaignes vendues sur le marché du frais (estimation
de l’association châtaigne des Cévennes). Ceci est une estimation car nous pouvons difficilement savoir si
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Figure 3 : Répartition du nombre
les productions restent sur le territoire du Languedoc-Roussillon ou bien
d’exploitations en châtaigniers
si certaines productions sont importées d’autres pays européens. Les P-O Aude
produits peuvent être divers : châtaignes sèches, purée et confiture, farine 1% 2%
etc. Selon les enquêtes, 100 t sont transformés par des ateliers ou Gard
32%
entreprises. Cela ne comptabilise pas les producteurs qui possèdent chez Lozère
48%
eux des moulins et des clèdes pour faire sécher les châtaignes. La Hérault
17%
coopérative Origine Cévennes ne fait transformer que 6 t sur ses 67 t
Figure 4 : Répartition des surfaces
récoltées. Le reste est vendu en frais. en châtaigniers
P-O Aude
Le recensement agricole 2010 dénombre 345 exploitations avec 1% 1%
Gard
près de 1 200 ha en région LR mais il ne prend pas en compte l’ensemble 24%
de la châtaigneraie cévenole avec les surfaces récoltées par les non Lozère
agriculteurs. 48%
Hérault
26%
La Lozère enregistre le nombre le plus important d’exploitations
possédant des châtaigniers qui s’élève à 165 avec 580 ha contre 110 exploitations (282 ha) pour le Gard et 60
(314 ha) pour l’Hérault.
On peut constater que 17% des agriculteurs du Gard en zone de montagne possèdent des
châtaigneraies contre 7% dans l’Hérault et 6% en Lozère. Le chiffre concernant la Lozère peut s’expliquer
par le fait que l’intégralité du département se situe en zone de montagne et comprend près de 2 604
exploitations, tout système confondu (dont l’élevage). Le pourcentage des agriculteurs possédant des
châtaigneraies est donc faible.
L’Aude et les Pyrénées-Orientales ne constituent qu’une petite part de la castaneïculture en région LR.
Les opérateurs m’ont fait part de leur volonté d’acquérir plus de volumes de châtaignes qui
viennent du territoire, notamment en agriculture biologique. Les volumes que ces structures réceptionnent
peuvent être doublés voire triplés.
Ces opérateurs se positionnent sur de nombreux créneaux commerciaux : celui du frais, des grandes
et moyennes surfaces, en vente directe, à des grossistes, des épiceries fines, des boulangers etc. Ils sont
principalement bien implantés sur le territoire régional et vendent aussi sur le territoire national.
Quelques-uns ont pour projet d’exporter leurs produits et d’investir dans de nouvelles machines (séchoir,
etc.).
Certains producteurs ne sont présents qu’au niveau régional et voudraient atteindre d’autres
marchés. Toutefois, aucun acteur régional n’a la taille ni les moyens de promouvoir seul la « châtaigne
des Cévennes ». Ainsi, une association de producteurs « Châtaignes Cœur Cévennes » en agriculture
biologique a été créée. Elle a pour objectif de mutualiser la commercialisation des produits des paysans à
destination des professionnels de la restauration collective et des métiers de bouche.
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Enfin, des opérateurs économiques m’ont fait part du soutien financier par assez conséquent des
pouvoirs publics sur la filière châtaigne comme cela a pu être le cas dans le département voisin : L’Ardèche.
Ils trouvent que les personnes politiques ne voient pas la filière châtaigne comme une richesse du territoire
comme l’Ardèche a pu le mettre en avant.
Plusieurs enjeux concernent cette filière. Tout d’abord, le premier concerne le maintien des
castanéiculteurs. En effet, le prix d’achat du kilogramme (kg) de châtaignes est, selon les agriculteurs, trop
faible pour que ce soit viable. Il peut varier, en conventionnel, de 63 centimes à 1euro10 le kg. Il est donc
nécessaire de garder un prix correspondant aux coûts de production afin de maintenir cette profession. Les
producteurs espèrent qu’avec la future Appellation d’Origine Protégée, la valorisation de la châtaigne des
Cévennes traditionnelle trouvera sa place dans le marché à sa juste valeur. De plus, les exploitations étant
vieillissantes et les installations de jeunes agriculteurs ou de reprises se faisant rares, il est nécessaire de
permettre à de nouveaux agriculteurs de s’implanter sur ce territoire.
Ensuite, il y a l’enjeu sur l’aspect sanitaire des châtaigneraies : le cynips (Dryocosmus kuriphilus),
le carpocapse (Cydia splendana), le balanin (Curcolio elephas) les trois sortes de pourriture (brune, grise et
noire), l’encre et le chancre sont des maladies, parasites, ou champignons qui mettent en danger l’avenir de
la production de châtaigne. Le SUAMME mène actuellement des expérimentations sur des techniques de
luttes respectueuses de l’environnement sur ces aspects sanitaires. Des lâchés de torymus (Torymus sinensis)
sur des places ciblées sur l’ensemble du territoire régional occupé par la châtaigneraie ont été effectués par
les agents du SUAMME pour lutter contre le cynips. Ces aspects sanitaires sont un réel frein à
l’augmentation du prix d’achat aux producteurs. Le SUAMME mène également une étude sur la sensibilité
au cynips des différentes variétés de châtaigniers du territoire. Il a pour objectif de préconiser auprès des
producteurs les variétés les moins sensibles pour renouveler le verger.
Le dernier enjeu, et non le moins important, concerne la qualité (gustative et nutritive). C’est ce qui
fait la particularité et la spécificité des châtaignes traditionnelles des Cévennes telles que la Figarette, la
Pellegrine ou encore le Marron d’Olargues.
Voici un tableau récapitulatif suite aux enquêtes auprès des différents acteurs du territoire :
Tableau 1 : Atouts, faiblesses, opportunités et menaces de la filière « châtaigne » basé sur les enquêtes
Forces Faiblesses
- Qualité des châtaignes - Vieillissement des exploitants
- La « Châtaigne des Cévennes » est bien - Filière faiblement professionnalisée en amont : peu de
implantée au niveau régional producteurs déclarés agriculteurs mais beaucoup de
- Augmentation des conversions en AB particuliers qui apportent leurs productions
- Complémentarité entre les opérateurs du - Absence d’organisation de collecte
territoire - Travaux de rénovation (aides pas assez conséquentes) :
- Opérateurs économiques dynamiques châtaigneraies à l’abandon
- Expérimentations du SUAMME - Manque de volume en AB pour répondre à la demande
- Beaucoup de ventes en circuits courts (permet croissante
de mieux valoriser le travail des producteurs) - Tri des châtaignes encore complexe
- Une part importante de la production va aux collecteurs,
la valeur ajoutée échappe ainsi aux producteurs
Opportunités Menaces
- Meilleure valorisation de la qualité de la - Aspect sanitaire : Pourritures, vers, carpocapse, balanin
châtaigne traditionnelle pour contrebalancer la et le cynips qui est présent sur une bonne partie du territoire
faiblesse de leur calibre face aux gros calibres des altérant ou pouvant altérer les volumes
hybrides (Marigoule, etc.) - Cueillette sauvage permettant un revenu supplémentaire
- Communication sur l’emballage sur la aux retraités et non agriculteurs, ne va pas toujours dans le
transformés (exemple : céréales pour le petit commercialisation (Espagne, Italie, Chine) et sur
On peut constater que la filière châtaigne, une fois la crise du cynips passée a, a priori, un bel avenir.
Mais il faut des volumes, notamment en agriculture biologique. Pour avoir des volumes il faut que des
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agriculteurs puissent s’installer sur des terrains ou puissent agrandir leur exploitation. On peut voir que le
potentiel de surfaces est bien présent (75 000 ha de châtaigneraies anciennes présentes en région LR contre
1 600 ha exploités seulement) mais peu accessible. Ces 75 000 ha sont à nuancer : en effet, certaines
châtaigneraies ne sont plus entretenues depuis plusieurs années et ne sont plus que des forêts de rejets, des
« bouscas ». Elles ont une vocation pastorale par la pratique du parcours (ovins et caprins) et dans certains
cas une vocation forestière.
Bien que ces forêts de rejets puissent être rénovées par greffage et subventionnées, la problématique
majeure concerne l’accès au foncier. Sur le territoire des Cévennes, de nombreuses surfaces appartiennent à
des propriétaires privés qui, pour des raisons d’attachement sentimental, de patrimoine familial et culturel, ne
veulent pas les louer et encore moins les céder. Une sensibilisation et un travail de fond sur la réhabilitation
des châtaigneraies seraient nécessaires auprès des propriétaires privés afin de débloquer des surfaces qui ne
sont plus utilisées.
Un second point serait à développer : mieux valoriser les produits pour un meilleur prix d’achat
aux producteurs. Si les produits sont davantage valorisés, notamment au niveau de la qualité (c’est ce
qu’espèrent tous les producteurs de châtaignes des Cévennes avec l’AOP), les paysans pourront être mieux
payés et donc mieux vivre de leur métier. Cela pourra encourager des agriculteurs du territoire à diversifier
leurs productions avec de la châtaigne.
Un des opérateurs m’a fait part du manque d’organisations telles que les ateliers de transformation
sur le territoire. Peu à peu, les projets collectifs émergent : Un projet d’atelier de transformation à Sainte-
Croix-Vallée-Française (Lozère) par l’association « Au bord du Gardon » a été créé. Les producteurs du
territoire peuvent ainsi transformer leurs diverses productions (châtaignes, petits fruits, pommes et légumes)
afin que leurs produits prennent de la valeur ajoutée. Cela permet donc de maintenir les paysans sur la vallée
de Sainte-Croix mais également de favoriser l’installation de jeunes agriculteurs. Une organisation au Vigan
dans le Gard serait un point stratégique judicieux. De plus, une coopérative ou une organisation de
producteurs permettrait de conquérir de nouveaux marchés avec des volumes plus conséquents et de
pouvoir répondre aux besoins des opérateurs du territoire.
L’absence d’organisation de collecte est un réel manque pour les petites unités de production sur le
territoire des Cévennes. Les seules collectes qui existent sont organisées par des « collecteurs ». Un des
collecteurs situé en Lozère comptabilise 180 producteurs lui amenant leurs châtaignes dont 20 seulement
seraient agriculteurs. Une organisation ciblée auprès des petits producteurs permettrait l’approvisionnement
des transformateurs locaux qui manquent de matière première. Certains opérateurs pensent qu’il est trop
complexe de mettre en place une collecte au porte à porte chez les particuliers (problème sanitaire, variétés
mélangées...). Il serait plus judicieux de faire des points de collectes dans certaines vallées.
La coopérative « SICA (Société d’intérêt Collectif Agricole) du Caroux », située à Bédarieux dans
l’Hérault, possède un signe officiel de qualité « Fruits de montagne » garantissant la provenance des
productions. L’atelier de transformation des Jardins de la Haute Vallée de l’Aude possède également une
marque « montagne » pour sa gamme de jus collectifs. Les consommateurs influent sur la demande. Cela
montre leur engouement pour la traçabilité et la proximité des produits.
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Figure 8 : Répartition des surfaces en vergers
6 espèces en zone de montagne
Remarque : Prades, commune située dans les P-O, se trouve en zone Aude
11%
de montagne. Or, le profil et les cultures des exploitations de cette Gard
11%
commune ressemblent plus à celle de la plaine. Ainsi, les chiffres
P-O
présentés peuvent être considérés comme biaisés pour les P-O. Hérault
54%
18%
Lozère
La production de cerises concerne 327 ha avec 271 exploitations 6%
dans la région LR dont 44% se trouvent dans les P-O et 35% dans l’Hérault. 57 % des vergers en cerises
dans l’Hérault se trouvent en zone de montagne.
Les fruits à coque correspondent aux noisettes, noix et châtaignes. Or, ici nous n’avons pas
comptabilisé la châtaigne pour des raisons citées en amont du rapport. Les fruits à coque en zone de
montagne représentent une très faible part dans l’arboriculture. On estime le nombre d’exploitations à une
vingtaine avec une centaine d’hectares dans l’ensemble de la région LR selon les données du recensement
agricole. Les données par département sont sous secret statistique.
Ensuite vient la production de pommes de table avec 214 exploitations en zone de montagne dans la
région LR et 266 ha. La majorité se trouve dans le Gard avec 68 exploitations et 88 ha. Ceci peut paraître peu
mais 42 % des exploitations dans le Gard en pommes se trouvent en zone de montagne.
Dès lors, on peut remarquer que 20 % des exploitations (soit 467 exploitations) en vergers 6
espèces dans l’ensemble du Languedoc-Roussillon se situent en zone de montagne ce qui n’est pas
négligeable.
L’objectif principal des structures enquêtées est d’avoir des produits à vendre sur le marché du frais.
Certaines coopératives ont même fait l’acquisition de vergers afin de compléter leur manque de volume. La
transformation est une diversification supplémentaire permettant d’écouler les stocks d’invendus dont les
calibres ou l’aspect ne peuvent correspondre au marché du frais et de valoriser les écarts de tri et les produits
de fin de saison. De plus, afin de maintenir les productions et donc les producteurs, il est indispensable de
garder un prix d’achat aux exploitants correct afin qu’ils puissent continuer de vivre de leur métier. Pour
finir, le développement des vergers avec des variétés adaptées au territoire et aux circuits de
commercialisation avec une bonne qualité gustative est également une attente des opérateurs du territoire.
De nombreux enjeux sont présents : tout d’abord l’enjeu technique et sanitaire de la conduite d’un
verger. Le SUAMME fait actuellement des observations sur des vergers expérimentaux (notamment sur la
pomme, la pêche sanguine, la cerise rouge et la reine-claude) afin d’avoir des références techniques et
économiques.
17
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Le troisième enjeu concerne la conversion en AB. De plus en plus d’exploitations convertissent leurs
vergers afin de répondre à la demande croissante de la clientèle dans ce produit plus respectueux de
l’environnement et plus valorisant sur le prix d’achat.
Tableau 2 : Atouts, faiblesses, opportunités et menaces de la filière « arboricole » basés sur les enquêtes
Atouts / forces Limites / faiblesses
- Valorisation « fruits de montagne » par la - Manque de visibilité des débouchés en frais et
SICA du Caroux transformation (les producteurs ne savent pas où ils peuvent
- Présence d’ateliers de transformation : transformer, où ils peuvent vendre etc.)
Cuma pendedis, Cuma du Ventalon, Jardins de - Manque de valorisation et de communication sur les
la haute vallée de l’Aude, Association au Bord fruits de montagne
du Gardon - Fin de la filière cerises blanches mécanisée
- Augmentation des produits en AB - Peu d’installations et reprises
- Qualité - Manque d’approvisionnement en fruits pour la
- Espèces et variétés adaptées au territoire de transformation en conventionnel ou AB
montagne - Manque de rémunération pour les agriculteurs
Opportunités Difficultés / menaces
- Pommes : potentiel sur le marché du frais - Approvisionnement dans d’autres départements, régions
- Poires et pommes : potentiel sur le marché du ou pays pour la transformation (Ardèche, Tarn, Espagne)
jus - Forte concurrence des industries agroalimentaires pour la
- Plus de structures collectives pour être plus transformation
efficace sur les marchés - Accès à l’eau
- Développement des labels reconnus - Problème technique sur l’abricot et insuffisance sur le
Développement des aides à la rénovation et marché
plantation de vergers - Pas d’accès aux aides pour les petites surfaces
Les consommateurs ne voient pas de différence entre une pomme de plaine et une pomme de montagne,
hormis le prix. Cette valorisation du produit et donc du prix serait un des principaux piliers susceptible
d’encourager l’installation de jeunes agriculteurs qui, actuellement, est en baisse. A condition que l’accès au
foncier soit possible.
Lors du « groupe de travail fruits » du 18 avril réunissant des opérateurs de la région, il avait été abordé
la piste potentielle de développement de la transformation en jus de la poire, la pomme, le raisin ainsi que
la fraise. La plantation de variétés anciennes de pommes a été financée pour alimenter les volumes de la
coopérative des Jardins de la Haute Vallée de l’Aude pour les transformer en jus.
La coopérative Origine Cévennes, située dans le Gard, s’oriente vers l’agriculture biologique sur
certaines parcelles à partir de nouvelles variétés de pommes (40 t en 2013 en conversion sur un verger de
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1ha7). Cela pourra permettre à la coopérative de conquérir de nouveaux marchés. Le SUAMME fait
actuellement des expérimentations sur la mise au point d’un itinéraire technique adapté au verger cévenol
pour anticiper une reconversion en AB.
Fiche d’identité
Ces productions sont coûteuses en termes de main d’œuvre au moment de la récolte (cf. fiches
techniques sur le cassissier, le framboisier et le groseillier, SUAMME). Ces petits fruits sont principalement
vendus en frais (environ 10 euros le kilo pour la groseille et le cassis, 14 euros pour la framboise) pour
compléter une gamme de produits ou vendus transformés (confitures, gelées, sorbets etc.). C’est une
production à forte valeur ajoutée mais sa consommation reste marginale.
Ces productions sont bien adaptées aux zones de montagne mais il est difficile de faire des prévisions
de vente. De plus, ce sont des produits très fragiles qui se conservent peu. Il est donc nécessaire de bien
réfléchir aux potentiels de débouchés rapides et adaptés avant de se lancer dans cette production.
Quelques chiffres
Figure 10 : Répartition du nombre
d’exploitations en petits fruits rouges en zone de
Cette production ne représente pas une grande part en termes de montagne
surface. Celle-ci se fait principalement sur des petites surfaces en P-O Aude
16% 6%
complémentarité à d’autres activités.
Gard
En effet, les surfaces départementales varient de 1 ha dans 28%
Lozère
l’Aude et dans l’Hérault en ZM et jusqu’à 8 ha dans les P-O. La 43% Hérault
Lozère et le Gard comptent environ 4 ha chacun. 7%
Le nombre d’exploitants en ZM dans la région LR s’élève à 110 exploitants (soit 80 % des exploitations
en fruits rouges se trouvent en ZM) pour une surface de 19 ha (67 % des surfaces en fruits rouges se trouvent
en ZM). C’est une production majoritairement de montagne. C’est en Lozère que le nombre de producteurs
est le plus important avec 47 producteurs contre 31 dans le Gard, 18 dans les P-O, 8 dans l’Hérault et 6 dans
l’Aude.
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Enjeux et spécificités de la filière
La disponibilité en eau qui est nécessaire à l’arrosage et l’irrigation des productions. Certains
agriculteurs ont mis en place des cuves de stockage d’eau afin de pouvoir arroser durant les périodes
sèches
Tableau 3 : Atouts, faiblesses, opportunités et difficultés de la filière « Petits fruits » basés sur les enquêtes
C’est une production à forte valeur ajoutée qui ne nécessite pas de grandes surfaces pour s’installer.
Sur les zones de montagne, il est difficile de ne vivre que de cette production mais elle permet de diversifier
une gamme de produits à forte valeur ajoutée sur des faibles surfaces.
Lorsque j’ai rencontré des producteurs de fruits rouges, qui faisaient également de la châtaigne, ils
m’ont fait part de leur vision de ce marché de niche où l’innovation est la clé pour se démarquer et trouver
sa place sur le marché : coulis, sorbet, purée, fruits confits, compote etc. Les fruits rouges sont fragiles et ne
se conservent pas longtemps. La transformation reste un des créneaux qu’il ne faut pas perdre de vue.
Des formations techniques sur les cultures mais aussi sur la transformation des fruits auprès des
techniciens et référents seraient nécessaire afin d’améliorer les accompagnements des agriculteurs.
20
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3.4 Les PPAM, un marché de niche Fig. 11 : Thym serpolet. Source : Camille Fages
Fiche d’identité
Les opérateurs que j’ai pu rencontrer ramassent majoritairement des PPAM dans leur milieu naturel à
l’état sauvage comme beaucoup de cueilleurs dans le Massif Central. C’est une réelle activité économique
sur le territoire. Les cueilleurs valorisent au maximum la diversité botanique de leur environnement. Or, pour
les cueilleurs exclusifs qui ne transforment pas ou qui n’ont pas de culture, une activité complémentaire est
nécessaire.
Les principaux produits commercialisés sont les plantes séchées puis les huiles essentielles. Les
hydrolats et les produits cosmétiques sont en plus petites quantités. Au fil des années les hydrolats,
considérés comme les déchets des huiles essentielles, font leur apparition sur le marché car plus abordables
au niveau du prix. La concurrence étant rude, les producteurs de PPAM ont misé sur la traçabilité et la
qualité des produits, notamment avec la conversion en AB.
Quelques chiffres
Figure 12 : Répartition des surfaces en
Les données du RA sur le nombre d’exploitations et sur les PPAM en zone de montagne
21
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* Remarque : Prades, commune située dans les P-O, se trouve en zone de montagne mais le profil des
exploitations et les cultures sont plus proches de celles de la plaine. Les chiffres sont donc plus élevés et sont
à relativiser.
Des gros opérateurs du territoire m’ont fait part de l’envie de s’approvisionner localement en
produits AB mais l’offre n’est pas assez conséquente pour répondre à ce besoin.
Depuis 1941, les pharmaciens détiennent le monopole de la vente des plantes médicinales inscrites à
la pharmacopée. Depuis 2011, la liste des plantes autorisées à la vente s’est élargie à 148 contre 34 en 1979.
Les personnes que j’ai pu rencontrer m’ont fait part de leur « frustration » concernant ces
règlementations qui interdisent la commercialisation, hors pharmacies, de plusieurs espèces comme le
millepertuis (Hypericum perforatum L.). Ils veulent libérer les plantes du monopole pharmaceutique.
Les cueilleurs souhaitent que les statuts professionnels de cueilleurs de plantes sauvages et
d’herboristes soient reconnus en tant que tel. Actuellement, certains cueilleurs sont déclarés comme artisans
aux chambres de commerce et d’industrie.
Un des opérateurs que j’ai rencontré m’a fait part du manque d’accompagnement technique des
ateliers collectifs et des nouvelles structures s’implantant sur le territoire.
Ce marché de niche est en forte croissance et en expansion : la demande est le plus souvent supérieure
à l’offre et la majorité des PPAM de montagne sont en AB car peu sensibles aux parasites pour une culture
de moins de 10 ans.
La SICA Biotope des montagnes, lorsque la demande est trop importante, s’approvisionne chez un
producteur d’un autre département qui fait partie du syndicat des SIMPLES afin de pouvoir répondre à la
demande.
Le syndicat des SIMPLES regroupe des producteurs-cueilleurs de plantes. Ces producteurs suivent un
cahier des charges très strict en ce qui concerne la protection de l’environnement, la préservation des
ressources, la qualité de la production et le respect du consommateur. Cette augmentation de la demande
peut entraîner de graves conséquences notamment sur l’augmentation de la pression sur la ressource et sur
l’environnement.De nombreux producteurs se sont installés, d’autres ont diversifié leur production, lorsque
cette filière a repris son envol il y a quelques années. De nombreuses personnes suivent des formations
d’herboriste dans des écoles, par correspondance ou sur le terrain avec des organisations comme le GIE
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Plante infuse basé à Sainte-Croix-Vallée-Française en Lozère. Les profils des producteurs-cueilleurs sont
divers : reconversion professionnelle, activité secondaire, diversification…
Tableau 4 : Atouts, faiblesses, opportunités et menaces de la filière «PPAM » basés sur les enquêtes
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Pistes potentielles de développement
Le Parc Naturel Régional (PNR) du Haut Languedoc, situé à la fois sur l’Hérault et le Tarn, et le PNR
des Pyrénées Catalanes, situé dans le département des P-O, tous deux en zone de montagne peuvent être un
réel levier de développement pour les producteurs du territoire.
Les nouveaux agriculteurs voulant s’installer ont souvent peu de connaissances pratiques et peu de
données techniques sur la culture des PPAM. Ils se retrouvent rapidement face à l’obligation d’avoir une
production rentable et donc un potentiel de clientèle et/ou de points de ventes. Les PNR peuvent aider ces
nouveaux producteurs à trouver des débouchés. De plus, ils pourraient également participer à la
sensibilisation du grand public à la pression de cueillette de certaines plantes dans son milieu naturel. Le
Parc National des Cévennes organise chaque année un Festival nature et fait participer des opérateurs
économiques du territoire tel que le GIE Plante infuse. Cela permet de faire connaître les acteurs du territoire
et de communiquer auprès du grand public sur les plantes aromatiques et médicinales.
Plusieurs opérateurs m’ont fait remarquer le manque d’accompagnement technique des jeunes
agriculteurs notamment sur les plantations à mettre en place en fonction du marché et de la demande. Une
étude de marché, tout comme la châtaigne, serait nécessaire afin de pouvoir préconiser aux agriculteurs
quelles variétés et espèces planter.
Le SUAMME a déjà élaboré des fiches technico-économiques sur certaines espèces (thym, lavande
etc.) mais il serait nécessaire de développer ces fiches sur des plantes annuelles (menthe…) et bisannuelles
comme les ombellifères.
Les volumes n’étant pas assez conséquents pour les producteurs individuels, il est nécessaire qu’ils se
regroupent afin de pouvoir proposer une gamme diversifiée en plus grande quantité pour répondre à la
demande des opérateurs en AB.
Depuis près de 6 ans, le syndicat des SIMPLES a mis en place une expérimentation de
plantes bio-indicatrices en lien avec la problématique des résidus de pesticides dans les
huiles essentielles. Ces plantes permettraient aux producteurs de les renseigner sur certaines
caractéristiques écologiques de l’environnement. Logo du syndicat des
SIMPLES
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Quelques chiffres Figure 14 : Répartition du nombre
d’exploitations en maraîchage en zone
de montagne
Le Gard arrive en tête sur le nombre d’exploitations en maraîchage
P-O Aude
en zone de montagne (210 au total contre 736 sur l’ensemble du 6% 11%
Lozère
département soit 28 %selon le RA) mais aussi sur les surfaces (106 ha 16%
contre 1488 ha au total soit près de 7 % sur l’ensemble du département Hérault
en maraîchage). 10%
Gard
57%
La Lozère compte 59 exploitations mais, en termes de surface, cela
ne représente que 18 ha. L’Aude et l’Hérault comptent chacun près de 40 exploitations dont les surfaces sont
environ de 20 ha. Les P-O arrivent en dernière position avec 13 exploitations et 18 ha.
Au total, dans la région LR en zone de montagne, le nombre Figure 15 : Répartition des surfaces en
maraîchage en zone de montagne
d’exploitations en maraîchage s’élève à 368 avec 186 ha.
P-O Aude
Lozère 10% 11%
20 % des exploitations en maraîchage se trouvent en zone de
9%
montagne. Or, seulement 4 % des surfaces sont en ZM. Ceci montre que
Hérault
le maraîchage sur ces territoires se cultive sur de petites surfaces et sont 13% Gard
57%
nombreuses.
C’est l’emblème du Pays de Sault. En 2013, 400 t brute ont été ramassées sur plus de 20 ha dont 200 t
vendues en premier choix par la Coopérative du Pays du Sault. La demande par les consommateurs en AB se
développe. Aujourd’hui, la coopérative compte 16 producteurs dont 4 sont en AB. Elle aimerait augmenter
ses volumes en agriculture biologique pour les années à venir. Actuellement, le SUAMME fait des tests sur
de nouvelles variétés afin d’améliorer la qualité sanitaire de la production tout en conservant une qualité
gustative et esthétique aussi élevée que la variété Monalisa.
Fig : 16 : Culture de tomate sur paillage.
Source : Camille Fages
Enjeux et spécificités de la filière
25
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chiches, etc.).
Il est complexe de donner des chiffres exacts sur cette filière autant sur le nombre d’exploitations ayant
cet atelier que sur les volumes. De plus, le climat a une grande influence sur ces productions, les volumes
peuvent varier du simple au double d’une année sur l’autre. Les productions sont soit sous serre pour étaler la
production et la disponibilité aux clients, soit en pleins champs sur les terrasses agricoles. Cette production
se pratique majoritairement sur de faibles surfaces et ne demande pas de lourds investissements, hormis pour
la main d’œuvre.
Malgré le fait qu’il y ait un bon potentiel sur le développement du maraîchage avec des prix de vente
élevés, il y a un problème de saturation des places disponibles sur les marchés.
Vis-à-vis du maraîchage de plaine, les traitements phytosanitaires sont moindres du fait d’une sensibilité
plus faible aux bio-agresseurs en zone de montagne. Les producteurs procèdent plutôt à un épandage de
fumier (matière organique) afin d’enrichir le sol. En effet, au vu de la diversification des systèmes
d’exploitations, nombreux sont ceux qui possèdent un atelier élevage (caprins, ovins…).
Pour finir, l’enjeu présent dans toutes les filières confondues concerne l’accessibilité et la disponibilité
en eau notamment pour l’irrigation d’appoint.
Atouts/forces Limites/faiblesses
- Permet l’installation de Jeunes agriculteurs (JA) - Méconnaissance des agriculteurs sur les
- Diversité avec une gamme complète de produits formations proposées
- Fort développement en AB - Manque de références technico-économiques
- Points de vente collectifs : sécurité pour les générales sur l’atelier maraîchage dans sa globalité
producteurs - Faible structuration de la filière
- Expérimentation sur les variétés de pomme de - Concurrence avec d’autres producteurs sur le même
terre résistantes aux maladies et ravageurs territoire
- Fiches technico-économiques sur les espèces
Opportunités Difficultés/menaces
- Bon potentiel de développement des gammes - Difficultés sur les circuits d’expédition
- Débouchés sur les collectivités locales (éloignement géographique)
- Communication sur la dénomination - Vente de bord de route ou sur les marchés par des
« montagne » revendeurs (souvent manque de qualité et provenance
- Clientèle locale demandeuse d’un douteuse) : difficulté de les identifier
approvisionnement de proximité - Accès au foncier
- Manque de suivis des installations
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Pistes potentielles de développement
L’approvisionnement de proximité se multiplie avec la vente en bord de route, à la ferme etc. Mais il y
a un gros potentiel pour la vente de produits aux collectivités locales (cantines scolaires, maison de retraites
etc.), aux restaurateurs etc. Ceci sécuriserait le revenu des exploitants et contribuerait au développement
local. Cependant, les producteurs individuels pourraient difficilement fournir en grande quantité ces
collectivités locales. C’est pour cette raison que le regroupement de producteurs est indispensable et
permettrait également de proposer une gamme diversifiée de produits avec des plus gros volumes et de
valoriser les produits du territoire.
L’innovation sur les produits issus du maraîchage (vente de plants AB etc.) est en plein essor. La
transformation, comme les pâtés végétaux ou les conserves de légumes font peu à peu leur apparition et
permet de conserver les produits. De plus, l’enrichissement et le développement d’une gamme de produits
d’hiver (poireaux, carottes, choux verts, salades…) semble une opportunité à ne pas perdre de vue.
3.6 Les oignons doux, une filière déjà bien développée Logo de l’AOP oignon
doux des Cévennes
Fiche d’identité
L’Oignon doux des Cévennes bénéficie d’une AOP depuis 2008 (AOC depuis 2003) située
à l’ouest du Gard avec 32 communes qui couvrent cette zone.
Une des spécificités de l’oignon est qu’il est cultivé en terrasses. C’est le meilleur moyen de maintenir
une surface cultivable au vu de la forte pente et du climat cévenol irrégulier qui conduisent à une forte
érosion des sols.
Une coopérative a été créée dès 1991 par une trentaine de producteurs. Désormais, la coopérative
« Origine Cévennes » (siège situé à Saint André de Majencoule dans le Gard) compte environ 100
adhérents, 65% étant agriculteurs à titre principal, et réceptionne près de 2100 t d’oignons doux bénéficiant
de l’AOP. C’est près de 80 % de la production totale en Oignons Doux des Cévennes qui transitent par la
coopérative. Ce produit phare et emblématique du territoire contribue à la valorisation de l’image des
Cévennes. Cette filière est très organisée et continue de se développer. L’objectif de la coopérative est de
poursuivre son développement sur le marché de l’oignon doux qui commence à s’internationaliser et à
devenir de plus en plus concurrentiel.
Quelques chiffres
100 actifs producteurs (source : ADOC : Association de Défense de l’Oignon Doux des Cévennes.
Campagne 2013-2014) produisent 2686 t d’oignons doux dont 2136 t sont vendues sous AOP (le reste est
vendu en oignons déclassés). Ces exploitants produisent sur environ 47 ha en terrasse.
Il ne faut pas perdre de vue que quelques producteurs sont positionnés sur des circuits courts en vente
directe avec des volumes limités. Ils vendent en bords de routes, sur les marchés, ou dans les épiceries. Il est
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donc complexe de comptabiliser l’intégralité des producteurs. La plupart des exploitations ont l’oignon en
atelier principal et possèdent un second atelier tel que la châtaigne ou la pomme.
C’est 2100 t qui transitent par la coopérative « Origine Cévennes » avec près de 83 producteurs
d’oignons. 65% sont agriculteurs à titre principal (soit 54 producteurs) et apportent les plus gros volumes
(87% du tonnage). Le reste est apporté par les pluriactifs et les retraités.
Figure 17 : Schéma de la répartition des productions de la coopérative Origine Cévennes d’oignons doux
La coopérative a mis en place des productions d’oignons doux des Cévennes précoces et tardifs non
AOP (la récolte naturelle se fait entre août et septembre) afin de contrecarrer la concurrence des autres pays
européens qui est sur le marché français presque toute l’année et pour étaler la disponibilité aux
consommateurs. Mais il ne faut pas perdre de vue que la coopérative n’a pas pour objectif de ne faire que de
l’oignon doux précoce et tardif non AOP. La coopérative veut réellement continuer à développer la filière
AOP Oignon doux des Cévennes pour lutter contre cette concurrence et développer la notoriété du produit.
C’est une production rentable. C’est pour cette raison qu’il y a de nombreuses installations et que les
reprises se font très vite. Certains restaurent des parcelles en friches afin de pouvoir exploiter les terrasses.
Ceci dit, la production d’oignons sur les parcelles en friche nécessite quelques années avant de se stabiliser.
Malgré sa rentabilité, la monoculture est toujours un danger pour un agriculteur. C’est pour cette raison que
beaucoup d’entre eux ont un second atelier au cas où un problème sanitaire viendrait à se déclarer.
L’oignon doux ayant besoin d’être irrigué, l’enjeu sur l’eau reste un point majeur et sensible de cette
production. L’aspect sanitaire (mouche de l’oignon et maladie du feuillage) est également un grand enjeu.
Le SUAMME fait actuellement des expérimentations sur certaines maladies et parasites de l’oignon.
Une des limites à l’ascension de cette filière concerne le foncier. Comme toutes les autres productions
que nous avons évoquées, les terres disponibles pour cultiver sont de moins en moins accessibles. De plus,
pour bénéficier de l’AOP Oignons doux des Cévennes, il faut être dans la zone ce qui restreint encore plus la
disponibilité.
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Forces, faiblesses, opportunités, menaces
Tableau 6 : Atouts, limites, opportunités et menaces de la filière « oignons doux » basé sur les enquêtes
Atouts/forces Limites/faiblesses
- Qualité gustative - Danger de la monoculture en oignons doux
- Reprise rapide des exploitations - Image négative des consommateurs locaux sur le
- Installations nombre de traitements phytosanitaires des oignons
Opportunités Difficultés/menaces
- Demande croissante - Concurrence avec d’autres pays
- Rotation sur cultures de pommes de terre un peu - Accès au foncier : Manque de surfaces pour les
plus tardives (plantation mai-juin) après les pépinières cultures mais aussi pour faire des rotations
d’oignons - Problème sanitaire (mouche, maladie du
- Possibilité de création de bassins de stockage (via feuillage)
problème sur l’eau) - Accès à l’eau
- Dans le cadre d’une installation d’un jeune agriculteur en oignons doux des Cévennes en zone cœur
du Parc National des Cévennes (PNC), une expérimentation en oignons AB a été lancée en partenariat avec
le PNC, le SUAMME et la coopérative Origine Cévennes. L’expérimentation porte essentiellement sur la
problématique du désherbage biologique. L’objectif de cette recherche est de savoir si une production en
oignon AB est viable et rentable pour le producteur afin de garder un prix raisonnable de l’oignon pour le
consommateur. La conservation est un maillon essentiel qu’il est important de développer et de maîtriser
tout comme la production. C’est pour cette raison que des expérimentations sont faites depuis plusieurs
années afin d’améliorer l’itinéraire technique de l’oignon.
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3.7 En résumé… Enjeux globaux sur les filières de productions en LR
Spécificités de l’agriculture de montagne languedocienne
Une des particularités de l’agriculture en zone de montagne est l’enclavement de ces territoires. Cet
enclavement limite considérablement la commercialisation des produits et augmente les coûts de logistique.
Les producteurs ont donc choisi la commercialisation en circuit court et la vente directe à proximité du lieu
de production. Cette commercialisation permet d’améliorer l’attractivité du territoire et de faire vivre les
paysans locaux. Suite à des statistiques effectuées par la chambre d’agriculture du Gard, 2/3 de l’ensemble
des jeunes agriculteurs suivis ont au moins un atelier où ils commercialisent en circuit court.
Ces deux modes de commercialisation prennent de plus en plus d’importance. On retrouve des
boutiques paysannes qui sont des points de ventes collectifs (12 au total en région LR, aucune dans l’Aude
pour l’instant), et d’autres moyens comme le réseau « bienvenue à la ferme », les marchés paysans, les
AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) etc. Cela permet de proposer aux
consommateurs de trouver des produits différents sur un même lieu. On remarque également un nombre
important d’opérateurs économiques sur le territoire de la Lozère. Ceci montre la nécessité de monter des
projets collectifs pour faire vivre les paysans mais aussi le territoire. De plus, l’entraide entre agriculteurs
est un point important à ne pas négliger.
On constate également une diversité dans les productions des exploitations. Les agriculteurs
choisissent plusieurs productions pour limiter l’impact des aléas climatiques ou des crises sanitaire. De plus,
le relief et l’accessibilité des parcelles empêchent la mécanisation. Ces surfaces sont souvent plus petites
qu’en plaine et moins homogènes.
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4. Perspectives d’avenir
Trois objectifs communs entre les opérateurs ressortent. Tout d’abord, faire vivre les paysans de leur
métier. Ensuite, assurer le renouvellement des générations par le biais des installations et pour finir, assurer
une montée en compétence technique.
Plusieurs pistes et leviers de développement sont dès lors ressortis. Ces différents points sont à confirmer
lors de la réunion du 27 juin où l’état des lieux sera présenté devant un public de professionnels. Les pistes
de développement exposées sont issues uniquement des enquêtes :
L’accès au foncier reste un gros enjeu et un blocage pour l’installation de jeunes agriculteurs ou
l’extension de certaines exploitations. Une campagne d’informations et de sensibilisation auprès des
propriétaires privés favoriserait le déblocage de certaines terres. Cette sensibilisation peut également être
appliquée aux collectivités qui pourraient, par la suite, investir dans des terrains agricoles et permettre
l’accueil de jeunes agriculteurs sur leur commune et ainsi participer au développement local. Dans les vallées
françaises (en Lozère), de la médiation foncière entre agriculteurs et particuliers a été menée ayant pour but
la remise à disposition des terres non utilisées.
Les projets collectifs permettent aux agriculteurs qui n’ont pas toujours les moyens de faire
d’importants investissements individuels d’exercer leur métier. Par exemple, les CUMA permettent, en plus
du lien social qu’elle crée, de s’organiser et d’agir à plusieurs.
On a pu se rendre compte de l’opportunité de la vente aux collectivités locales, aux restaurants etc.
Mais il n’est pas toujours facile de répondre à la demande avec des volumes importants. Les SICA ou GIE
permettent aux producteurs d’avoir plus d’importance et plus de poids sur le marché économique et
renforcent l’ancrage territorial. Dans ces zones de montagne où la logistique et la commercialisation ne sont
pas toujours simples comme en périphérie des villes, ces projets collectifs sont essentiels à la survie des
paysans et permettent une garantie pour le producteur de vendre ses productions. De plus, cela permet de
promouvoir les produits issus du territoire et de dynamiser l’activité agricole dans une optique de durabilité.
Afin de faire vivre les paysans, une communication et une revalorisation des produits de montagne
de qualité sont nécessaires pour faire augmenter les prix d’achat aux producteurs et mettre en avant le
territoire. Ceci permettrait de mieux payer les paysans qui ont de fortes contraintes dans l’exercice de leur
métier, notamment sur les coûts logistiques, et de répondre à la demande.
Encourager les jeunes agriculteurs à s’installer n’est pas une mince affaire. Le renouvellement des
générations contribue au maintien et à la pérennité d’un territoire agricole vivant. Un levier économique
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reste encore le meilleur moyen pour favoriser l’installation des JA. Celui-ci doit passer par une revalorisation
des produits de montagne comme citée plus haut. De plus, lors d’une réunion sur les fruits et légumes, la
Chambre d’agriculture de l’Aude nous a fait remarquer que les outils d’accompagnements des JA n’étaient
plus adaptés. En effet, les exploitations de montagne étant de plus en plus diversifiées, il devient complexe
pour les techniciens d’accompagner les JA sur l’ensemble du système d’exploitation (Tallon H., 2011). Les
techniciens ne peuvent être compétents sur tous les systèmes : élevage bovin, caprin, transformation de
fromage, aviculture, maraîchage, castaneiculture, etc. Il est donc de plus en plus difficile d’avoir une vision
globale du système alors que celle-ci est nécessaire pour savoir la viabilité de l’exploitation. Un besoin
d’accompagnement des producteurs commercialisant hors cadre collectif a également été identifié.
Problèmes sanitaires
Accès aides
Or, les porteurs de projets en petites surfaces (spécificité de la zone de montagne), ne peuvent pas
bénéficier de subventions. En effet, l’aide à la plantation est éligible à partir de 50 ares/espèce ce qui est trop
élevé pour les agriculteurs de montagne. Celle-ci devrait être éligible à partir de 25ares/espèce pour qu’ils
puissent en bénéficier. De plus, d’après les salariés du SUAMME et des Chambres d’agriculture, ces dossiers
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de demande de rénovation de vergers sont trop compliqués pour être montés seul. Il serait donc nécessaire de
simplifier ces démarches.
Réaliser un stage dans une telle structure m’a permis d’être en contact avec des professionnels d’un
domaine qui me passionne et dans lequel j’envisage d’occuper un poste plus tard. J’ai pu prendre
connaissance des filières de productions végétales de montagne existantes sur la région LR et les
départements que je connaissais déjà bien. Je me suis rendue compte de la difficulté de certains acteurs et
producteurs du territoire à valoriser leurs productions qui leur tiennent tellement à cœur.
Par ailleurs, grâce aux personnes que j’ai rencontrées, j’ai pu enrichir mon expérience d’un côté avec
la découverte des multiples problématiques gravitant autour des filières agricoles dans un territoire
relativement grand et d’un autre côté la prise en compte des aspirations de chaque acteur du territoire. Le
développement, la valorisation et l’amélioration d’une filière ne peuvent aboutir que lorsque les acteurs et
opérateurs sont en accord avec les objectifs identifiés.
La situation complexe au sein des différentes filières mais aussi entre opérateurs du territoire m’a
obligée à prendre du recul sur les positionnements des différents acteurs et à avoir une attitude neutre. J’ai dû
apprendre progressivement à me détacher d’une prise de position personnelle et à toujours analyser le plus
objectivement possible les différents témoignages récoltés pour que mon état des lieux soit le plus
représentatif possible du territoire.
Il est toujours nécessaire d’avoir une vision globale pour pouvoir bien comprendre un système. Il
serait judicieux de rencontrer plus d’agriculteurs individuels qui ont, pour la plupart, soif de partager leurs
expériences et d’exposer leur vision des filières dans lesquelles ils sont impliqués depuis plusieurs années.
Connaissant parfaitement leur territoire, ils sont les plus à même de nous aider à comprendre quelles
orientations prendre dans l’avenir. Ecouter le territoire ne passe pas uniquement pas les opérateurs
économiques mais aussi par les agriculteurs et producteurs indépendants.
J’ai une inquiétude pour l’avenir de ces agriculteurs de montagne. La régression massive du nombre
d’agriculteurs entraîne peu à peu une déprise agricole qui a des conséquences majeures sur les paysages, sur
l’environnement et sur l’économie de ces territoires isolés.
Effectuer un stage sur le thème des productions végétales de montagne fut pour moi un plaisir et a pu
renforcer mon désir d’avoir un jour ma propre exploitation en production végétale… et en zone de
montagne ! Si cela est encore possible.
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Conclusion
Dans les zones rurales, l’accompagnement des agriculteurs est encore fragile. La diversification et la
pluralité des exploitations rendent complexe la prise en charge par les structures d’accompagnement. Cela
demande des compétences très étendues dans des domaines variés. Le territoire, intégrant des acteurs et des
espaces décisionnels, laisse de côté des acteurs situés aux marges des modèles reconnus par les politiques de
développement territorial. Pourtant, le maintien de ces exploitants est essentiel pour le territoire. Ce constat
est un réel point à développer par les structures.
Chacun a son rôle et sa place sur le territoire languedocien de montagne. En plus d’entretenir les
paysages qui favorisent un tourisme grandissant, les paysans permettent une valorisation du territoire non
négligeable.
Dès lors, on peut se poser de nombreuses questions sur l’avenir de cette agriculture de montagne
notamment une question d’actualité: Au vu de la nouvelle réforme sur le découpage des régions, quelles vont
être les futures orientations pour cette agriculture rurale ?
Figure 17 : Schéma de la répartition des productions de la coopérative Origine Cévennes en oignons doux
Tableau 1 : Atouts, faiblesses, opportunités et menaces de la filière « châtaigne » basé sur les enquêtes
Tableau 2 : Atouts, faiblesses, opportunités et menaces de la filière « arboricole » basé sur les enquêtes
Tableau 3 : Atouts, faiblesses, opportunités et menaces de la filière « petits fruits rouges » basé sur les
enquêtes
Tableau 4 : Atouts, faiblesses, opportunités et menaces de la filière « PPAM » basé sur les enquêtes
Tableau 5 : Atouts, faiblesses, opportunités et menaces de la filière « maraîchage » basé sur les enquêtes
Tableau 6 : Atouts, faiblesses, opportunités et menaces de la filière « oignons doux » basé sur les enquêtes
DENAT Lise et al. Réforme de la PAC 2014-2020 : Agriculture de montagne, perdante ou gagnante ?
Montpellier, Supagro Montpellier, décembre 2013. Disponible sur internet :
http://www.supagro.fr/capeye/public/Terppa/Synthese_PAC_montagne.pdf.
FranceAgriMer. Réflexion stratégique sur les perspectives de la filière PPAM à l’horizon 2025. 2013
LAUWERIER Ghislaine, OIER SUAMME : Outils pour l’installation d’ateliers maraichers en zone de
moyenne montagne du Languedoc-Roussillon. Mémoire de fin d’étude. Beauvais, 2009-2010.
MEZEI Ilona, Parc Naturel Régional du Massif des Bauges. Situation de la filière Plantes à Parfum,
Aromatiques et Médicinales dans les Parcs Naturels Régionaux de métropole, 2008. 26 p.
OIER SUAMME, La montagne qui bouge. n°34, 35, 36, 37, 38 (2010, 2011, 2012, 2013), 23p.
Proteis + : études et conseils. Etude du marché français et européen de la châtaigne. Mars 2008. 63 p.
SIDAM. Etude préalable à la mise en marche de nouveaux produits et nouveaux services ruraux dans le
Massif Central. 30 p.
TALLON Hélène, université Paul Valéry Montpellier III. Pluriactivité et accompagnement : un territoire
à l’épreuve. Une expérimentation par la formation menée dans le Haut-Languedoc (Hérault). Thèse:
Année 2011. http://www.pluriactivite.org/IMG/pdf/TheseHelene_Tallon_pluriactivité.pdf
Annexe 4 : Tableau des opérateurs par département avec leurs missions et filières concernées..... 4
Annexe 6 : Questionnaire sur les filières de productions végétales de montagne pour les
opérateurs et agriculteurs ................................................................................................................. 6
Nom :
Prénom :
Fonction :
Département :
Variétés :
Identification de la structure
- Nombre de salariés :
- Nombre de producteurs concernés :
Nombre de tonnes réceptionnées par an et par catégorie (pommes, oignons, chât.) et nombre d’hectares :
-
-
-
-
-
Si transformation….
Nombre de litres transformés par an et par catégorie (pommes, poires, pêches, abricots) :
-
-
Transformation totale en confiture, sirop et autres (en kg) et par catégorie:
-
-
-
o Marché du frais
o Marché de la bio
o Grandes et moyennes surfaces
o Exportation
o Industriels
o Collectivités locales
o Vente directe au consommateur
o Grossistes
o Autres :
Quels sont les projets d’avenir (ou en cours) pour la structure ? (Expérimentation, achat matériel, etc.)
Y-a-t-il une structure qui vous accompagne dans vos projets ? Si oui, laquelle ?
Spécificités de la filière
Quelles sont les spécificités de cette filière ? Qu’est ce qui fait la particularité de celle-ci ?
(Ex : noisettes P-O plein essors, fruits à coque)
Quels sont les points forts de la filière ? Quels sont les points sur lesquels la filière a du retard, ne
maîtrise pas ou n’arrive pas à se développer ?
Opportunités (Augmentation de la demande, potentiel de vente Difficultés, facteurs de risque (Urbanisation, abandon)
car exploitations périurbaines, etc.)
Sur quel point d’avenir la filière pourrait-elle Quels sont les facteurs de risque qui pèsent ou qui
s’appuyer ? peuvent peser sur la filière ?
Enjeux de la filière
Selon vous, quels sont les enjeux de cette filière sur le territoire ? Et pour la structure ? (Développement
de l’AB en pomme, transfo jus de fruit)
Comment mesurez-vous l’état de la demande pour les variétés concernées? (exemple de la baisse de la
demande en Reinette du Vigan)
Quels sont les liens entre votre structure et les autres acteurs économiques de la filière ?
Les exploitations sont plutôt jeunes ou vieillissantes ? Si vieillissantes, y a-t-il des projets de reprises ?
Selon vous, quels sont les leviers les plus forts pour développer des nouvelles installations ?
Si vous deviez donner des conseils à un jeune agriculteur qui se lance, que lui diriez-vous ?
Comment les identifiez-vous ? Comment les recueillez-vous ? (discussion lorsqu’ils viennent, réunion
etc.)
Discussion
Selon vous, quels sont les opérateurs qui vous semblent représentatifs de la filière que je dois rencontrer ?
% 24 % 19 % 47 % 58 % 12% 4% 30 % 22 %
Gard 77 101 15 8 9 1 68 88
% 8% 1% 3% 1% 5% 0% 42 % 9%
% 29 % 11 % 50 % 57 % 17 % 7% 16 % 3%
Lozère 65 52 13 2 8 2 61 45
% 19 % 8% 86 % 58 % 7% 4% 43 % 40 %
% 19 % 6% 26 % 24 % 10 % 3% 40 % 12 %
Exemple du pourcentage du nombre d’exploitations en cerises et griottes dans l’Hérault : 50 % des exploitations en cerises et griottes sur l’ensemble du
département de l’Hérault (zone de plaine comprise) se trouvent en zone de montagne et 57% des surfaces en cerises et griottes sur l’ensemble du département se
trouvent en zone de montagne. Cela montre l’importance que cette production végétale représente sur le territoire
Le présent document est le résultat de trois mois de stage au sein de l’Organisme Inter-
Etablissements du Réseau des Chambres d’agriculture du Languedoc-Roussillon « Service d’Utilité
Agricole Montagne Méditerranée Elevage » (OIER SUAMME). Il répond à la nécessité de réaliser un état
des lieux de l’ensemble des filières de productions végétales de montagne (arboriculture, maraîchage,
oignons doux des Cévennes, fruits rouges etc.) au sein des 5 départements (Lozère, Gard, Hérault, Aude et
Pyrénées-Orientales) de la région. L’OIER SUAMME, outil de recherche et de développement au service
des paysans, intervient dans toutes les zones de montagne de la région Languedoc-Roussillon afin de
répondre spécifiquement aux différentes demandes des producteurs, des organisations professionnelles
agricoles etc. en prenant compte cet environnement spécifique.
Chaque agriculteur et acteur de zone de montagne a sa place au sein de ces productions. Cet état
des lieux a pour objectif d’avoir une vision globale des filières et plus largement des productions végétales
de montagne en région Languedoc-Roussillon. Il met en exergue les besoins et attentes des professionnels,
les points forts et points faibles des filières afin de mettre en évidence les orientations à prendre dans le
futur programme d’actions de l’OIER SUAMME.
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