SdT53 - Sœur Lucie
SdT53 - Sœur Lucie
SdT53 - Sœur Lucie
1 — Toutes ces déclarations de madame Branca Paul ont été publiées par le quotidien
portugais Correio da Manha du mardi 15 février 2005, p. 6. Elle ajoute : « Sœur Lucie
envisagea toujours la mort d’une façon sereine et plaisantait sur certains aspects, montrant la
bonne humeur qu’elle eut toujours ». Ces déclarations du médecin personnel de sœur Lucie
réduisent à néant les allégations de plusieurs revues et journaux français (Le Monde, Monde et
Vie, entre autres) qui affirmaient que « sœur Lucie était sourde et aveugle depuis des
années ».
2 — Informations parues dans le numéro 990, du 13 mars 2005, du mensuel du
sanctuaire de Fatima : Voz da Fatima, p. 1.
3 — Correio da Manha du lundi 14 février, p. 4, et du mardi 15 février, p. 6.
4 — Voici ce que sœur Lucie écrit, à la fin de son premier Mémoire, à propos de la mort
de Jacinthe : « De Lisbonne, Jacinthe me fit dire que Notre-Dame était déjà venue la voir et
qu’elle lui avait dit l’heure et le jour de sa mort, et elle me recommanda d’être très bonne. »
(Mémoires de sœur Lucie, Fatima, Vice Postulação dos videntes, 2e édition française de mai
1991, réimprimée en août 1997, 1er Mémoire p. 48)
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Pourquoi donc sœur Lucie cessa-t-elle de vouloir s’alimenter ? On peut très bien
supposer que c’est parce qu’elle savait qu’elle quitterait cette terre le 13 février !
Quoi qu’il en soit, nous voyons que le bon Dieu a exaucé cet ultime désir de sa
servante, en la rappelant à lui un 13 février, qui était cette année le premier
dimanche de Carême :
— Un dimanche, jour consacré au Seigneur, comme pour souligner la parfaite
fidélité de sœur Lucie aux trois vœux de religion (obéissance, chasteté et
pauvreté) par lesquels elle s’était totalement consacrée au service de Dieu, sous
la protection toute spéciale du Cœur Immaculé de Marie ;
— Un premier dimanche de Carême, temps liturgique dédié tout entier à la
prière et à la pénitence, pour nous rappeler l’un des aspects essentiels de la
mission de sœur Lucie sur cette terre, mission qu’elle-même avait exprimé
ainsi :
Je crois [...] que Dieu a voulu seulement se servir de moi pour rappeler au
monde la nécessité qu’il y a d’éviter le péché, de réparer les offenses envers Dieu
par la prière et par la pénitence 1.
C’est là tout un programme de vie chrétienne, à mettre particulièrement en
pratique durant le temps de Carême, chaque année !
1 — Sœur LUCIE, Appels du Message de Fatima, 1 ère édition française, Fatima, Éd.
Secrétariat des Pastoureaux, juillet 2003, ch. 12, p. 132. Je me dois de signaler que la
traduction française de ce livre est parfois malhabile, sans être intentionnellement erronée.
C’est pourquoi j’ai systématiquement vérifié le texte portugais pour donner les traductions
les plus exactes possibles, dans les passages de ce livre qui sont cités dans le cadre de cet
article.
2 — Sœur L UCIE, Appels du Message de Fatima, ibid., ch. 8, p. 96.
3 — Voir l’entretien de sœur Lucie avec le père Fuentès (en 1957), publié dans le
présent numéro du Sel de la terre. (NDLR.)
4 — Frère F RANÇOIS DE MARIE-DES-ANGES, Fatima, joie intime, événement mondial, Saint-
Parres-lès-Vaudes, CRC, 2 e édition, revue et corrigée, décembre 1993, p. 411.
Pénitence
Quant à la pénitence, sœur Lucie montre bien, dans ses Mémoires, que ce
sont les apparitions de l’ange et de Notre-Dame qui ont appris aux enfants ce
qu’était le sacrifice, et combien celui-ci était agréable à Dieu. Dans son
quatrième Mémoire, elle commente ainsi les paroles, citées plus haut, de la
deuxième apparition de l’ange :
Ces paroles de l’ange se gravèrent dans notre esprit comme une lumière qui
nous faisait comprendre qui est Dieu, combien il nous aime et veut être aimé de
nous, la valeur du sacrifice et combien celui-ci lui est agréable, comment, par
égard pour lui, Dieu convertit les pécheurs. C’est pourquoi, à partir de ce
moment, nous avons commencé à offrir au Seigneur tout ce qui nous mortifiait,
mais sans chercher à nous imposer d’autres mortifications ou pénitences, à
l’exception des heures que nous passions prosternés sur le sol, à répéter la
[première] prière que l’ange nous avait apprise 1.
Ce n’est qu’après les troisième et quatrième apparitions de Notre-Dame (13
juillet et 19 août 1917) que les trois pastoureaux commencèrent à s’imposer des
sacrifices volontaires, c’est-à-dire après la terrible vision de l’enfer, qui les
impressionna tous trois très fortement, et après le nouvel appel au sacrifice,
formulé par Notre-Dame en août, qui rappelait aux enfants l’effroyable vision
du mois précédent :
Priez, priez beaucoup et faites des sacrifices pour les pécheurs ! Beaucoup
d’âmes vont en enfer parce qu’il n’y a personne qui se sacrifie et prie pour elles.
Les trois enfants donnèrent alors toute la mesure de leur héroïque générosité,
comme le raconte sœur Lucie 2.
Sœur Lucie a gardé toute sa vie cet esprit de sacrifice si profond et si
généreux, qui lui faisait désirer le martyre :
Comme je me sentirais heureuse si Dieu m’accordait la grâce de donner ma
vie pour défendre sa loi et si, en la donnant, les hommes, à l’imitation de David,
venaient à reconnaître leurs péchés, à demander pardon à Dieu, à corriger leur
vie et à faire pénitence pour pouvoir être sauvés et avoir la vie éternelle ! 3.
Elle semble d’ailleurs avoir reçu une grâce spéciale de force le 13 octobre 1917
pour exhorter les âmes à la pénitence et à la conversion, en faisant connaître les
paroles les plus importantes du message de Notre-Dame ce jour-là : « Que l’on
n’offense pas davantage Dieu, Notre-Seigneur, car il est déjà trop offensé ! »
1 — Témoignage cité par le chanoine BARTHAS dans Fatima, merveille du XXe siècle,
Fatima-Éditions, 1952, p. 324.
2 — Mémoires de sœur Lucie, ibid., 2 e Mémoire, p. 83.
3 — Il s’agit ici de la mère prieure du carmel.
4 — Cité par le frère MICHEL DE LA SAINTE-T RINITÉ, Toute la vérité sur Fatima, ibid., t. 3,
p. 507.
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Ce fut sans doute une épreuve très crucifiante pour sœur Lucie que de voir
tant de papes se succéder sans qu’aucun ne daigne accomplir les demandes de
Notre-Dame qu’elle était chargée de leur transmettre. Dans son dernier livre,
paru en 2000, sœur Lucie ne parle absolument pas de la question de la
consécration de la Russie : silence éloquent et révélateur, qui montre son
désaccord avec la position du Vatican. En revanche, nous pouvons deviner, de
1 — Sœur Lucie a ainsi déclaré au Père Alonso, qui la questionnait sur la phrase de
Notre-Seigneur : « le pape consacrera la Russie, mais ce sera tard », que « la consécration de
la Russie et aussi le triomphe final du Cœur Immaculé de Marie qui lui fera suite sont
absolument certains et se réaliseront en dépit de tous les obstacles ». Voir le frère FRANÇOIS
DE M ARIE-DES-ANGES, Fatima, joie intime, ibid., p. 435.
2 — Lettre de sœur Lucie du 2 mars 1945 au père Aparicio, publiée dans le livre du père
Antonio Maria MARTINS S.J., Novos Documentos de Fatima, Porto, Librairie de l’Apostolat de
la presse, 1984, Document n° 70, p. 338. — La progression de cette dévotion se produisit
sous le pontificat de Pie XII, et grâce à ce pape qui, le 4 mai 1944, instaura la fête du Cœur
Immaculé de Marie, exauçant ainsi la requête si souvent exprimée par la voyante, en
particulier dans une lettre à l’évêque titulaire de Gurza où elle faisait connaître la volonté du
Ciel à ce sujet : « Les très saints Cœurs de Jésus et de Marie aiment et désirent ce culte
parce qu’ils s’en servent pour attirer les âmes à eux, et c’est là tous leurs désirs : sauver les
âmes, beaucoup d’âmes, toutes les âmes. Notre-Seigneur me disait, il y a quelques jours : “Je
désire très ardemment la propagation du culte et de la dévotion au Cœur Immaculé de
Marie, parce que ce Cœur est l’aimant qui attire les âmes à moi, le foyer qui irradie sur la
terre les rayons de ma lumière et de mon amour, la source intarissable qui fait jaillir sur la
terre l’eau vive de ma miséricorde” » (Lettre du 27 mai 1943).