Rapport Sechilienne
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ET CHAUSSEES DE L'ENVIRONNEMENT
IGE n° 04 / 007
par
RESUME............................................................................................................................... 4
INTRODUCTION................................................................................................................... 6
CONCLUSION .................................................................................................................... 79
ANNEXES........................................................................................................................... 82
Annexe 6 : Les aléas, les enjeux, les parades - tableaux de synthèse ................................92
Annexe 6.1 Tableau de synthèse des aléas.....................................................................................92
Annexe 6.2 Tableau de synthèse des enjeux ..................................................................................93
Annexe 6.3 Tableau de synthèse des parades.................................................................................97
Le risque d’éboulement des Ruines de Séchilienne constitue donc un risque naturel majeur,
justifiant une action déterminée des pouvoirs publics nationaux et locaux, dans le
prolongement des mesures déjà prises (suivi permanent du site, et expropriation d’habitations
directement menacées), et à la suite du plan d’action en dix points mis en place par le préfet
de l’Isère en 2004.
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débouchant sur des conclusions plus optimistes garantissant une période de stabilité
suffisante après l’événement court terme, pourrait conduire à en différer la réalisation.
Ces mesures sont très importantes pour protéger les vies humaines. Leur rentabilité
économique au regard de la protection des biens apparaît par ailleurs assurée, en raison des
enjeux menacés.
En revanche, la construction d’un tunnel routier n’a pas le même caractère d’urgence, son
utilité n’étant avérée qu’à échéance de plusieurs décennies.
La mission a pu constater la forte sensibilité à ce risque des nombreux acteurs locaux, qu’elle
a rencontrés. Par ailleurs, au-delà des décisions immédiates qui sont proposées, le caractère
particulier de ce risque s’étendant sur plusieurs décennies nécessite la poursuite continue
d’un débat public local de qualité sur l’évolution des risques réels et le suivi des mesures à
prendre. C’est pourquoi la mise à disposition d’un outil permanent d’aide à la décision, à
partir de tous les éléments disponibles sur les aléas, les enjeux et les parades, apparaît
particulièrement justifiée à la mission, qui formule par ailleurs d’autres propositions d’étude.
Enfin, les travaux menés ont montré la nécessité de poursuivre avec la communauté
scientifique et les acteurs socio-économiques la réflexion méthodologique sur l’évaluation et
le traitement préventif de tels risques naturels majeurs.
_______________
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Introduction
Le risque d’éboulement des Ruines de Séchilienne, dans l’Isère, est connu de longue date et
suivi avec une attention particulière de l’Etat depuis 1985. Il affecte le versant sud du Mont
Sec, en rive droite de la Romanche à une quinzaine de kilomètres en amont de Grenoble.
L’éboulement est susceptible de couper la Route Nationale 91 (Grenoble - Briançon par
Bourg-d’Oisans et le Lautaret), située en fond de vallée, et surtout de barrer la vallée sur une
hauteur importante. L’eau de la Romanche s’accumulant derrière ce barrage naturel créerait
un lac, inondant un territoire plus ou moins étendu en amont. Mais le danger principal
résulterait, dans ce cas, de la rupture inéluctable du barrage improvisé: l’onde de crue ainsi
créée pourrait en effet inonder très rapidement, selon le volume de la retenue, le bourg de
Vizille, les plates-formes chimiques de Jarrie et Pont-de-Claix, voire dans les hypothèses les
plus défavorables, l’agglomération de Grenoble.
Premier garant de la sécurité publique, l’Etat doit donc ici agir en situation de risque incertain,
croisement d’une vulnérabilité très élevée et d’un fait générateur de dommages dont la
probabilité est faible, mais mal connue1.
A proximité immédiate du site, il a pris les mesures nécessaires pour limiter le danger,
notamment en expropriant et évacuant, au titre de la loi du 2 février 1995, le quartier dit de
l’Ile-Falcon, directement menacé par le phénomène. La mise sous surveillance permanente du
versant instable permet par ailleurs d’interrompre la circulation en cas de danger imminent et
de déclencher les mesures d’évacuation ou de protection immédiates jugées nécessaires.
1
Cette situation se rencontre dans d’autres domaines, tels que les risques industriels ou sanitaires, par exemple.
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cause et annoncent comme probable, dans les dix ans qui viennent, un éboulement d’environ
3 millions de m3, dit de « court terme », en une ou plusieurs phases. D’autres éboulements
ultérieurs, dits de « moyen et long terme », sont ensuite considérés comme vraisemblables,
pour des volumes et des échéances non prévisibles avec précision, mais mesurées plutôt en
décennies.
Il lui restait à apprécier la nature et l’opportunité des solutions techniques destinées à limiter
les effets d’éboulements nettement plus importants, envisageables à moyen ou long terme.
Aussi les deux ministres chargés de l’équipement et de l’environnement ont confié au Conseil
Général des Ponts et Chaussées (CGPC) et à l’Inspection Générale de l’Environnement (IGE),
par lettre annexée, une mission conjointe axée sur les points suivants : définir les études à
entreprendre pour préciser les risques et les parades techniques, à partir des données
recueillies, proposer les parades techniques aptes à réduire le risque, en donner une première
approche de justification socio-économique, et examiner les solutions envisageables en
matière de maîtrise d’ouvrage et de financement, après avoir rencontré les principaux acteurs
concernés. Il était par ailleurs demandé de donner des points de repère à partir de l’expérience
de sites comparables.
La mission était composée de Jean-Louis Durville et Paul Madier, ingénieurs généraux des
Ponts et Chaussées, membres du CGPC, et de Philippe Huet et Michel Badré, ingénieurs
généraux du Génie Rural, des Eaux et des Forêts, membres de l’IGE. Ses travaux se sont
poursuivis de mai à décembre 2004.
Le présent rapport définitif donne les conclusions des travaux de la mission, après échanges
notamment avec des économistes, la Direction de la Prévention des Pollutions et des Risques
et la Direction des Routes. Ces échanges ont mis en évidence l’intérêt de précisions sur
l’approche retenue et d’éclaircissements sur le mode de raisonnement, introduits dans le
rapport en février 2005. Le nombre et l’importance des études sur lesquelles s’est appuyée la
mission ont conduit à regrouper sur un support séparé (CD) les documents de référence utiles
à la compréhension précise de certains développements.
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1 Méthode de travail
Elle a par ailleurs jugé utile de faire effectuer quelques études complémentaires, nécessaires à
la juste appréciation des parades utiles et surtout à l’évaluation de leur efficacité et de leur
justification économique.
Enfin, elle a mis en place, pour les seuls besoins et la durée de la mission, un groupe d’appui,
composé de scientifiques et d’experts (GAES).
Outre les renseignements fournis au cours des entretiens qu’elle a pu avoir, la mission s’est
principalement appuyée dans ses réflexions :
- pour les questions géologiques, sur les études et rapports établis par le collège
d’experts présidé par Marc Panet (rapports de 2000 et 2003), qu’elle a considérés
comme une donnée d’entrée de ses travaux,
- pour l’évaluation des risques hydrauliques dus à la rupture d’un barrage naturel formé
par le glissement, sur les études effectuées par SOGREAH (1989 et suivantes) à la
demande de l’Etat pour définir les zones d’inondabilité correspondant à différentes
hypothèses de rupture,
- sur une étude « synthèse des connaissances » (Lefort, 1998) et une étude historique
CETE Lyon (1996 : étude bibliographique sur les ruptures de barrages naturels)
- pour l’évaluation des enjeux économiques menacés, sur une étude effectuée en 1995
par le LATEC (CNRS) à Dijon, à la demande de la DDE, en coopération avec le Pôle
grenoblois des risques naturels, dont les données ont été actualisées,
- sur un rapport de synthèse (1995) du Pôle grenoblois des risques naturels.
La mission a travaillé en contact étroit avec le préfet de l’Isère, localement responsable pour
ce qui concerne l’Etat de l’ensemble des mesures de prévention, et le cas échéant, de gestion
de crise. Elle a par ailleurs bénéficié de l’appui permanent de la DDE de l’Isère pour toutes
les données techniques nécessaires et la « mémoire » des interventions ou études passées.
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Elle a présenté l’état de ses réflexions aux responsables2 du CGPC et de l’IGE le 23
septembre 2004, et au préfet de l’Isère le 3 novembre 2004.
La mission s’est rendue trois fois sur les lieux, accompagnée par la DDE, le CETE, le CETU,
et le CIH d’EDF. Elle a parcouru les sites menacés, accompagnée de représentants du Comité
des Ruines de Séchilienne. Elle a visité la Tarentaise en Savoie (RN 90), et le site de Randa,
dans le Valais suisse, où un éboulement de 30 millions de m3 s’était produit en 1991.
Les études disponibles fournissaient les renseignements nécessaires à la définition des aléas
géologiques3 et hydrauliques4 à examiner. La mission a pourtant jugé utile de faire mener des
études complémentaires sur quelques points particuliers, non ou insuffisamment traités
jusqu’ici :
2
MM Jean-Pierre Giblin et Hubert Peigné pour le CGPC, Jean-Luc Laurent et Michel Burdeau pour l’IGE
3
dont la lettre de mission précisait que les conclusions du groupe Panet n’avaient pas à être ré-évaluées
4
cf. avertissement en tête du § 2
5
(rapport du 28 10 2004 transmis à la mission, faisant suite à une réunion du 27 10 2004 entre EDF, la DDE,
SOGREAH, le CG de l’Isère)
6
Cf. notamment dans le rapport du GAES, l’avis exprimé par Pierre Habib, particulièrement explicite sur ce point.
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également jointe aux documents sur support séparé, montre que cet effet de « creux
préventif », qui suppose une bonne efficacité du système d’alerte préalable à un
éboulement, n’apporte qu’un effet assez marginal à l’écrêtement du pic de crue dont
on vient de voir qu’il pourrait être simultané avec l’éboulement : il n’a donc pas été
pris en compte dans les calculs de dimensionnement des galeries, cités plus loin. Il
reste cependant intéressant de prévoir ce dispositif, qui apporte une sécurité
supplémentaire dans la gestion de la crise : si le risque d’éboulement peut être annoncé
au moins 36 heures à l’avance comme l’indiquent les expertises géologiques,
l’écrêtage du pic de crue peut être de l’ordre de 10 à 20%, ce qui est intéressant pour
une crue d’ampleur exceptionnelle.
Par ailleurs, les expertises techniques nécessaires à la définition des parades routières et à
l’évaluation de leur coût et de leur délai de mise en œuvre ont été effectuées, à la demande de
la mission, par la DDE de l’Isère.
Enfin, la mission a fait effectuer, en sous-traitance, deux études techniques particulières, dont
les résultats étaient nécessaires à la mise en œuvre de la méthode décrite ci-après au § 1.2, et
qui faisaient appel à des compétences spécifiques :
La lecture des nombreuses expertises, généralement non recoupées entre elles, et les points de
vue exprimés devant la mission par les acteurs multiples impliqués dans les décisions à
prendre, ont montré un besoin de cohérence dans l’analyse même des phénomènes et des
situations.
Les questions posées touchent à des disciplines très diverses : géologie, mécanique des sols et
des roches, hydraulique, statistique, risques industriels, histoire, économie, …
Elles font appel à des raisonnements d’aide à la décision jusqu’ici peu développés en France
en matière de risques naturels, confrontant des probabilités d’occurrence très faibles7 à des
enjeux socio-économiques très forts.
7
La notion même d’approche probabiliste, adaptée à l’analyse des aléas hydrauliques tels que les crues, est en
revanche sujette à caution pour les aléas géologiques du type de ceux de Séchilienne, dont l’éboulement dépend d’un
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C’est pourquoi la mission a souhaité pouvoir s’appuyer sur un groupe d’experts, choisis pour
leur expérience reconnue dans les principales disciplines en cause, et qui puisse lui donner des
avis éclairés sur l’état des connaissances sans lancer d’études complémentaires mais en
s’appuyant sur leur propre expérience.
Consultés individuellement à différents stades des études, les membres du GAES ont remis un
rapport collectif, joint aux documents consultables sur support séparé, dont un résumé figure
en annexe 5.
Les questions méthodologiques posées par les étapes ainsi décrites sont brièvement exposées
ci-après :
phénomène physique mal probabilisable. La représentation de sa possibilité d’occurrence une année donnée par une
valeur de probabilité est une façon simplifiée de modéliser le phénomène, pour les seuls besoins du calcul économique.
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- La caractérisation des aléas résulte directement de l’analyse des travaux d’experts
précédemment réalisés, sous réserve de quelques ajustements ou compléments déjà
cités (justification du calcul de la crue centennale de la Romanche, ou évaluation de la
liaison entre éboulement et crue de la Romanche). En revanche, la construction d’un
modèle de calcul de probabilité représentatif de la succession des aléas géologiques,
pour les seuls besoins de l’approche économique, pose des questions délicates,
détaillées en annexe 7.
- L’évaluation des enjeux menacés a été menée à partir de l’étude sous-traitée citée au
§ 1.1.4. Elle a conduit à distinguer :
o les atteintes aux personnes,
o les dommages aux biens (constructions, infrastructures, etc.),
o les pertes d’activité économique.
Le calcul s’est fondé sur des évaluations forfaitaires à partir des bases de données
numérisées disponibles pour les enjeux (en particulier celles du cadastre pour les
dommages aux constructions) et de fonctions d’endommagement pour les
constructions. Ces données sur la vulnérabilité des zones menacées ont été
rapprochées des données relatives à l’inondabilité, résultant des études hydrauliques
existantes , dans chacun des scénarios d’aléas étudiés. L’imprécision des hypothèses
est élevée, par exemple sur la topographie et les modèles d’écoulement hydrauliques,
qui ne donnent que des ordres de grandeur pour les aléas importants, et sur
l’endommagement des constructions en fonction des vitesses et hauteurs d’eau et types
de construction. Cela a conduit à faire des calculs de sensibilité en faisant varier les
paramètres les plus significatifs, pour retenir finalement des fourchettes assez larges
d’évaluation des enjeux.
Pour les enjeux économiques d’amont et les enjeux industriels8, les données utilisées
proviennent des études existantes, le cas échéant actualisées.
- La définition des parades a été menée avec l’aide de la DDE de l’Isère, et avec EDF.
Elle a conduit à définir et étudier :
o trois niveaux de parades routières : déviation « basse » dans le versant rive
gauche, déviation « haute » dans le même versant, et tunnel routier,
o deux types de parades hydrauliques : d’une part des ouvrages de contention de
l’onde de crue : digues renforcées ou « casiers hydrauliques » (ouvrages de
ralentissement à l’aval, destinés à écrêter l’onde de crue provoquée par la
rupture d’un barrage naturel de hauteur limitée), ou d’autre part des galeries de
vidange de fond destinées à empêcher le remplissage d’une retenue à l’amont
du glissement et donc sa vidange, en cas de rupture. Plusieurs
dimensionnements ont été envisagés, correspondant à divers débits
d’évacuation.
Sans avoir le degré de précision d’un avant-projet, ces études ont permis de définir les
dimensions, les performances, les délais de mise en œuvre et les coûts des différentes
solutions techniques envisageables. Elles n’ont pas posé de question méthodologique
8
Pour lesquels aucune étude d’ensemble complète n’existe.
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réellement délicate, au-delà du caractère très inhabituel par l’importance des débits,
des galeries hydrauliques étudiées9.
- La méthode de calcul économique de l’intérêt des parades est décrite dans les annexes
7 et 8. Elle a nécessité le développement d’un modèle spécifique, puis l’analyse
critique de ce modèle. En effet, les contacts pourtant nombreux pris au cours de la
mission n’ont pas permis de trouver de précédent méthodologique directement
transposable, en raison des caractéristiques des séquences d’évènements géologiques
envisagés et de leur juxtaposition avec les aléas hydrauliques.
La méthode utilisée repose sur une comparaison entre le coût des parades et
l’économie qu’elles apportent sur le « dommage probabilisé » ; ce dernier est calculé à
partir des scénarios d’aléas, auxquels sont affectées pour les besoins du calcul
économique des probabilités tenant compte des hypothèses des géologues, et des
liaisons entre aléas géologiques et hydrauliques10
Par ailleurs, au-delà du seul calcul économique et de ses résultats, la prise en compte d’une
notion « d’acceptabilité du risque » par la société est apparue nécessaire. Celle-ci dépend pour
partie du nombre potentiel de victimes, non comparable avec les pertes strictement
économiques12.
La mission a donc intégré dans ses propositions (cf. ci-après § 6) des éléments non
directement liés au seul résultat des calculs économiques, mais relevant d’une approche plus
globale.
9
L’hypothèse d’un tunnel routier sous Belledonne correspondrait à un ouvrage de plusieurs dizaines de km, d’un coût
extrêmement élevé, et ne résoudrait ni le problème hydraulique ni les difficultés du trafic local. Il n’a pas été jugé utile
de l’expertiser plus avant.
10
Les hypothèses de calcul et valeurs de probabilité sont données en annexe 8.
11
cf. dans les documents sur support séparé le compte-rendu des travaux de ces experts.
12
Elle dépend aussi d’autres facteurs : chacun sait par exemple que la perception par la société des risques liés à
l’énergie nucléaire, au développement de certaines maladies rares ou aux accidents de la route n’est pas uniquement
liée au nombre de victimes de chacun de ces types de risques.
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2 Description du phénomène et caractérisation des
aléas
Les bases du présent rapport sont pour les événements court, moyen et long terme.
- les rapports Panet 1 et 2 (2000 et 2003)
- les simulations de propagation de l’éboulement (2003 et antérieures)
- les études hydrauliques (propagation de l’onde de crue) Sogreah 1997-1999-
2000
A la date d’établissement du présent rapport, ces études ne sont pas achevées ou validées.
La mission recommande que toutes les études soient validées au sein du collège d’experts
(groupe Panet) tant pour la propagation de l’éboulement que pour les scénarios de rupture et
l’écoulement hydraulique. Si une fois validées, ces études donnent des résultats d’un ordre de
grandeur différent des données utilisées par la mission, il va de soi que les propositions qui
suivent doivent être adaptées.
Suite à des chutes de blocs ayant atteint la RN 91 lors de l’hiver 1985, des reconnaissances
géologiques menées sur le versant montrent que celui-ci est affecté par une déformation
profonde, d’origine certainement ancienne, mais encore active. Les chutes de blocs ne sont
donc qu’un épiphénomène, par rapport au volume mobilisé évalué à plusieurs millions de
mètres cubes, voire plusieurs dizaines de millions.
Un système de surveillance est installé par le CETE de Lyon depuis 1986, progressivement
développé et automatisé au cours des années. Il comprend des capteurs pluvio- et
nivométriques, extensométriques (ouverture de grandes fractures), des mesures de distance
depuis la cabine de Montfalcon située sur le versant opposé et des mesures géodésiques
périodiques de contrôle. Les mesures automatisées sont télétransmises toutes les deux heures,
via le poste des Thiébauds, au CETE de Lyon.
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En 1992, une expertise est demandée par le ministère chargé de l’environnement (rapport
« Filliat »). Il confirme l’existence d’un risque à court terme (3 ans !) et la nécessité de
creusement de galerie de dérivation en rive gauche de la Romanche.
Une galerie de reconnaissance géologique de 220 m de long est creusée dans le versant des
Ruines en 1992 - 1993 et instrumentée (cf. cartes en annexe). Elle est située dans une zone
mobile (mais relativement peu active) et équipée de repères topographiques, mais on constate
qu’elle n’atteint pas le rocher stable.
Des levés géologiques et structuraux détaillés et des études par photo-interprétation sont
effectués au cours des années quatre-vingt-dix (LCPC et Université Joseph Fourier de
Grenoble : UJF). Le levé géologique (1997-98) de la galerie creusée en rive gauche de la
Romanche apporte des éléments complémentaires (CETU/CETE de Lyon).
Une nouvelle expertise est demandée par le ministère en 1999 (rapport Panet 2000), qui
clarifie la hiérarchisation des aléas géologiques, puis en 2003 (rapport Panet 2003) : voir infra
§ 2.3.
Des reconnaissances par méthodes géophysiques (sismiques et électriques) sont réalisées par
l’UJF en 2002 - 2004.
Les glaciers quaternaires ont creusé la vallée de la Romanche, puis la déglaciation a suivi, il y
a environ 10 000 ans, entraînant probablement l’essentiel de la déformation du versant que
nous observons aujourd’hui : tassement de la partie supérieure, limité au nord par le grand
escarpement du Mont-Sec (30 m de haut) et, à l’aval, ouverture de grandes fractures par
décompression et basculement, formant des sillons caractéristiques. La zone instable est
limitée à l’est par une importante faille décrochante. Le mécanisme, très complexe en raison
notamment de son caractère tridimensionnel, repose essentiellement, semble-t-il, sur un
fauchage de « lanières » rocheuses à fort pendage, accompagné d’un tassement de la zone
supérieure.
13
Cf. notamment :
Expertise du groupe « Filliat » (1992)
Rapport BRGM/LCPC sur les techniques d’abattage contrôlé (1997).
Rapport géologique LCPC/CETE/Université J. Fourier (1997)
Thèse J.-M. Vengeon à l’Université J. Fourier de Grenoble (1998)
Expertise du groupe « Panet 1» (2000)
Études de propagation par R & R et par le CETE-Méditerranée (2003)
Expertise du groupe « Panet 2» (2003)
Principaux rapports sur la surveillance (CETE de Lyon) : 1988, 1989, 1995, 1997, 1999, 2000, etc.
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Une réactivation du phénomène s’est manifestée depuis plusieurs dizaines d’années, pour des
raisons encore mal connues, avec individualisation et désorganisation progressive de la zone
frontale, donnant lieu à des chutes de blocs répétées. Parallèlement, des déformations
nettement moindres mais significatives se poursuivent dans les secteurs amont et ouest
(chutes de blocs, ouverture d’entonnoirs).
Le phénomène possède une cinématique bien mise en évidence par les mesures in situ :
Les scénarios de rupture envisagés ont quelque peu fluctué depuis une vingtaine d’années ;
le chiffre de 100 millions de m3 a même été lancé… Aujourd’hui, suite aux rapports
d’expertise « Panet I et II », deux types d’aléas sont distingués :
Pour la commodité des raisonnements économiques, des scénarios intermédiaires ont été
définis, à 5/6 et 10 millions de m3. Ces scénarios sont repris dans le tableau du § 2.214.
Il est prévisible que les ruptures se produisent lors d’épisodes météorologiques exceptionnels,
pluie et/ou fonte des neiges, ou peu après ceux-ci. Grâce à la télésurveillance, un préavis de
quelques jours devrait être disponible avant les ruptures majeures ; le pronostic sera d’autant
plus fiable que le volume sera important. L’hypothèse de préavis de 36 h prise en compte dans
le plan de secours « court terme » paraît se situer du côté de la sécurité.
Pour ce qui concerne l’éboulement de la zone frontale, l’extension prévisible des débris a
été récemment évaluée par deux méthodes différentes. On peut admettre que :
14
Contrairement à l’éboulement de 3 millions m3, avec barrage estimé à la cote 338, qui correspond à un scénario
physique plus vraisemblable en fonction de l’état actuel du versant, les scénarios provoquant des barrages aux cotes
350 et 360 étudiés dans la suite n’ont été choisis que pour disposer de modèles de calculs intermédiaires jusqu’au
niveau le plus important (370) considéré comme envisageable par les géologues.
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- pour un éboulement monophasé de 3 millions de m3, la vallée serait obstruée par un
barrage dont le point bas serait à la cote 338 m environ ;
- pour un éboulement en plusieurs phases, par exemple 1 + 1 + 1 millions de m3, la route
et la Romanche seraient très sérieusement atteintes, mais la vallée ne serait pratiquement
pas obstruée.
Le scénario considéré comme le plus probable à court terme est donc un éboulement, par
paquets successifs, de la zone frontale. Si cette évolution polyphasée est plutôt favorable vis-
à-vis de l’extension des éboulis, la gestion du risque en est peut-être plus délicate : après un
éboulement important, une paroi rocheuse instable est mise à nu, susceptible de produire
d’importantes chutes de blocs ; des travaux sur le cône d’éboulis ne pourront être entrepris
qu’après inspection détaillée du site et probablement mise en place de systèmes de
surveillance et d’alarme.
Pour des volumes égaux ou supérieurs à 3 millions de m3, un barrage de hauteur non
négligeable se formerait au travers de la vallée (cf. infra § 2.2). La prévision de la forme du
barrage naturel est un exercice très difficile ; les modélisations réalisées, qui sont de grande
qualité, ne doivent pas faire oublier les incertitudes sur les résultats (cote du seuil évaluée à
quelques mètres près, par exemple). Dans cette hypothèse, un lac de retenue se constituerait à
l’amont. La stabilité de ce barrage naturel peut être mise en cause du fait du déversement des
eaux au point le plus bas de la crête du barrage (érosion externe) ou par effet renard15 dû à
l’infiltration de l’eau à travers le corps du barrage (érosion interne). Par ailleurs, il faut
mentionner l’éventualité d’éboulements rocheux dans un lac formé à la suite d’un premier
éboulement, laquelle chute provoquerait une vague destructrice (cf. l’événement de la
Valtelline, Italie, en 1987).
15
Cette cause de ruine étant nettement moins fréquente dans les cas historiquement observés
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En définitive, on peut imaginer, au pire, une succession d’événements, de causes et d’effets,
telle que représentée dans le diagramme ci-dessous. Il faudrait en outre ajouter les événements
hydrologiques : crues de la Romanche plus ou moins fortes, pouvant survenir à chaque étape
du diagramme.
< 1h
Barrage de la vallée
< quelques heures
Nouvel éboulement
dans le lac
≥1h
Immédiat →
Vague de grande
hauteur dans le lac
Rupture du barrage
naturel
½ h à Vizille
Crue majeure à
l’aval
Nouveaux éboulements
??
Schéma de fonctionnement possible du site pour l’événement court terme
Le canton de Vizille est classé en zone sismique Ib (dans une échelle 0, Ia, Ib, II, III). Il est
très difficile d’évaluer l’impact d’un tremblement de terre sur le phénomène de Séchilienne.
Le séisme de Laffrey (1999) a peut-être entraîné une légère perturbation sur le versant ;
l’examen des courbes d’évolution laisse un doute à ce sujet.
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Le rapport Panet I (décembre 2000) considère que les séismes les plus forts attendus sur le
site sont susceptibles de provoquer l’éboulement de quelques milliers de m3 mais seraient sans
grande influence sur le reste du versant.
Depuis quelques années, une révision du zonage sismique a été entamée et devrait conduire à
augmenter le niveau sismique de la région grenobloise. En fonction de ces nouvelles données,
des études plus fines sur les vibrations attendues au niveau du site des Ruines seraient
opportunes.
La mission prend comme hypothèse qu’un séisme peut entraîner la chute d’une partie de la
zone frontale (quelques centaines de milliers de m3, dans les heures qui suivent la secousse)
et peut « donner un coup de pouce » à l’évolution d’ensemble.
Ceci ne remet pas véritablement en cause les évaluations des conséquences et les stratégies de
parades. On pourra considérer qu’il est extrêmement peu vraisemblable que le séisme
occasionnant l’éboulement soit simultané d’une forte crue.
On a vu plus haut que deux études complémentaires confiées par la mission à EDF avaient
permis de lever les incertitudes sur deux questions ponctuelles relatives à ces aléas :
- la concomitance entre épisodes pluvieux à Séchilienne et crues de la Romanche :
l’analyse des séries pluviométriques et des séries hydrologiques confirme leur forte
corrélation,
- le calcul des débits de crue de la Romanche, qui faisaient l’objet d’évaluations
différentes : le travail mené a permis de définir des débits non controversés, notamment
celui de 880 m3/s pour la crue centennale de la Romanche à Séchilienne.
La question principale posée porte ensuite sur la définition de l’aléa hydraulique résultant de
la rupture d’un barrage naturel créé par l’éboulement, l’onde de crue à l’aval dépendant du
volume d’eau accumulé derrière le barrage, du débit propre de la Romanche au moment de la
rupture et des hypothèses de temps de rupture du barrage.
Quatre scénarios, correspondant à des éboulements de volumes croissants, ont été définis au
§ 2.1.3. On les caractérisera dans la suite par la cote du lac de retenue formé derrière
l’éboulement, pour éviter les confusions entre volume de matériaux rocheux éboulés et
volume d’eau retenu. Le tableau de correspondance entre ces données est le suivant :
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Désignation des scénarios, volumes de matériaux et volumes des retenues
Cote du point
Volume de Volume Observations
bas du
matériaux d’eau dans la (références au rapport
Nom du scénario barrage
éboulés retenue Panet II de 2003)
formé
Scénario dit « court terme
Scénario 33816 338 3.106 m3 200 000m3 monophasé » dans le
rapport Panet II de 2003
Scénario intermédiaire bas
Scénario 350 350 5 à 6.106 m3 3.106 m3
(définition mission)
Scénario intermédiaire haut
Scénario 360 360 10.106 m3 9.106 m3
(définition mission)
Scénario dont l’occurrence
est considérée comme très
improbable dans les 10 ans,
Scénario 370 370 20 à 25. 106 m3 20. 106 m3
et peu probable entre 10 et
50 ans dans le rapport
Panet de 2003.
Ces différents scénarios ont fait l’objet, à la demande de la DDE de l’Isère, d’études
hydrauliques menées par SOGREAH17 pour évaluer l’ampleur de l’onde de crue résultant de
la rupture du barrage naturel créé par l’éboulement.
Il faut noter ici que les modélisations correspondant à ces quatre scénarios ne sont pas de
même nature :
- dans le cas du scénario 338, on est en mesure de faire une étude hydraulique analogue à
celle d’une crue selon des méthodes classiques : les hypothèses retenues dans les études
SOGREAH antérieures, à savoir la juxtaposition d’une crue centennale et d’un
effacement du barrage naturel en un quart d’heure, conduisent à des débits à Péage-de-
Vizille de l’ordre de 1100 m3/s, c’est-à-dire ceux d’une crue bicentennale,
- les scénarios 350, 360 et 370 correspondent au contraire à des débits instantanés de
plusieurs milliers de m3/s, analogues aux débits de fleuves importants, hors de proportion
avec les crues normalement prévisibles de la Romanche et les capacités d’écoulement de
son lit ou des ouvrages de protection. Les cartes d’inondabilité établies par SOGREAH
pour ces scénarios, jointes en annexe, sont donc à considérer comme ne donnant que des
ordres de grandeur. Elles ne sont pas de même nature que les cartes d’aléas établies dans
le cadre de l’élaboration de PPR, par exemple.
Le tableau suivant18 donne des indications sur les ordres de grandeur des caractéristiques
hydrauliques envisageables, dans les différents scénarios :
16
Le rapport Panet II retient dans ses conclusions la cote 336 comme plus probable que la cote 338 pour le point
bas du barrage, au vu des dernières simulations de forme du dépôt de matériaux. Compte tenu d’une part de la
cote minimale de l’entonnement amont d’une éventuelle galerie, et d’autre part de la hauteur de la lame
déversante au-dessus du barrage naturel en cas de déversement, la mission a conservé le chiffre de 338, tout en
rappelant qu’il s’agit de résultats de simulation dont l’incertitude est assez élevée.
17
Ces études, menées dans les années 1990, sont compatibles avec les hypothèses du rapport Panet II.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Caractéristiques des aléas hydrauliques induits par les scénarios d’éboulement
(*) : hypothèses différentes selon qu’il y a, ou non, rupture de la digue Marceline, qui protège Grenoble contre les
débordements du Drac à hauteur de Pont de Claix.
(**) : vitesse pouvant atteindre localement 2 à 3 m/s en zone construite, voire 5 m/s au pic de crue, en zone de
rétrécissement du passage de l’eau
Ce tableau montre qu’il s’agit d’une onde de crue très violente, assimilable par les vitesses et
délais d’alerte pour les scénarios bas (338, 350) aux crues rapides de certaines zones
méridionales (crues cévenoles), et pour les scénarios hauts (360, 370) aux ruptures de
barrages artificiels.
18
établi par la mission à l’occasion d’une réunion de travail avec SOGREAH , tenue à la préfecture de l’Isère le 19
novembre 2004
19
Les lacs à une cote plus élevée seraient vraisemblablement non pérennes, contrairement au lac 338, situé en-dessous
du niveau bas d’une éventuelle galerie de vidange.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
Page 21
Les indications qui précèdent concernant les éboulements possibles, et les crues induites à
l’aval par la rupture d’un lac constitué derrière le barrage naturel formé, ont conduit la
mission a retenir quatre « scénarios d’aléas géologiques», représentatifs de situations de
danger croissant. Leur dénomination correspond à la cote du lac susceptible de se former en
l’absence de toute parade hydraulique préventive, telle qu’une galerie hydraulique assurant la
vidange de fond du lac :
La mission s’est attachée à comparer l’importance des crues induites par l’éboulement suivi
d’une rupture du barrage, avec les crues naturelles de la Romanche et du Drac, hors
éboulement à Séchilienne. Ce point est en effet important au regard du dimensionnement des
ouvrages de protection à envisager.
A titre indicatif, l’examen des documents consultés par la mission montre que, en dehors de
tout événement à Séchilienne, une crue centennale de la Romanche provoquerait à elle seule
des dégâts à Vizille et Jarrie21. La ville de Grenoble serait quant à elle protégée des
inondations du Drac jusqu’à la crue cinq-centennale, mais pas au-delà. On peut estimer qu’au-
delà de la crue millénale de la Romanche (et du Drac, si les crues coïncident, leur non-
coïncidence améliorant la sécurité), les dégâts seraient tellement importants dans toute la
vallée que l’existence ou non d’un sur-accident à Séchilienne ne serait sans doute sensible que
sur une distance assez courte à l’aval. Ce point sera repris plus loin au § 6.1.1, à propos du
dimensionnement des galeries hydrauliques.
20
Aléa de référence de l’hypothèse « court terme » citée dans la lettre de mission.
21
La DDE fait procéder à une actualisation de ces études (topographie plus précise, régime transitoire) tant pour le
PPRI que pour la déviation de Péage-de-Vizille. A la date de rédaction de ce rapport, les résultats ne sont pas
disponibles.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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- l’aléa hydraulique, pour lequel l’événement (crue) peut se répéter à l’identique n fois. Cet
aléa est probabilisable, par une loi de probabilité fréquentielle, dès lors qu’on dispose
d’une série de données
- l’aléa géologique, pour lequel en principe un scénario d’éboulement ne peut se produire
qu’une fois. Il n’est pas probabilisable sur la base de données d’expérience. Tout au plus
peut-on attribuer à chaque scénario une probabilité subjective, à dire d’experts
(géologues, géophysiciens, observateurs, etc.)
La mission, non contredite par les économistes et statisticiens qu’elle a consultés, a pour
l’approche coûts / avantages combiné ces deux types de probabilités, en tenant compte par
ailleurs de la non-indépendance des crues et éboulements.
Conformément aux calculs détaillés dans l’annexe 8, cela conduit à retenir pour la seule
approche économique les hypothèses suivantes, à considérer comme des ordres de
grandeur :
La mission rappelle que c’est à partir du rapport Panet II qu’elle a évalué à 40% la probabilité
cumulée sur 10 ans du scénario « 338 monophasé » (le scénario « 338 polyphasé », jugé plus
probable par le groupe Panet, ayant alors une probabilité cumulée de 60%)
Les hypothèses du rapport Panet I de 2000 citent comme « très improbable dans les 10
ans » et « peu probable entre 10 et 50 ans » la réalisation du scénario 370. Aucun des
deux rapports Panet ne donne d’hypothèse sur les scénarios 350 et 360. C’est en
l’absence de telles hypothèses que la mission a retenu les valeurs numériques prises en
compte ci-dessus, qui conduisent pour le scénario 350, logiquement nettement plus
probable que le 370, à une probabilité cumulée de 26% sur 30 ans (entre 15 et 45 ans).
Ces hypothèses ne paraissent pas contredire les rapports Panet I et II.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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3 Les enjeux et les risques
Face aux risques constatés en 1985, des mesures préventives ont été prises, outre les
aménagements d’infrastructures décrits au § 3.2.1. D’une part un dispositif de surveillance en
temps réel des déplacements de la falaise a été mis en œuvre. Il est assuré par le CETE de
Lyon et son coût annuel atteint environ 0,6 M€. D’autre part la zone de l’Ile Falcon, située
immédiatement en aval, a fait l’objet d’une application des dispositions de la loi du 2 février
1995, dite loi Barnier, permettant l’acquisition par l’Etat des biens menacés par un risque
naturel. A ce titre 93 maisons ont été achetées et sont démolies ou en instance de l’être. Enfin,
un merlon de protection et un lit de secours pour la Romanche ont été aménagés, capables de
faire face à des évènements d’ampleur modérée (volume éboulé ne dépassant guère un million
de m3).
Il est essentiel de bien distinguer les enjeux humains (risques de victimes, sécurité des
populations) des enjeux matériels (risques de dommages, sécurité des biens), les premiers
interpellent directement les autorités publiques (Etat mais aussi Maires) ; les seconds
concernent l’ensemble des acteurs.
Pour l’approche coût/avantage demandée par la lettre de commande, la mission n’a pas chiffré
le coût économique des pertes potentielles en vies humaines (au demeurant, ce coût serait
pour les scénarios moyen et long terme, très probablement de beaucoup inférieur au coût des
dommages économiques). Elle a seulement tenté une approche du nombre de victimes
potentielle par analogie avec des événements de même type (cf 3.1).
Il faut noter que pour le scénario court terme, les évaluations de dommage utilisées ne
correspondent qu’au surcoût estimé de la rupture du barrage par rapport à la crue
centennale. Pour les autres scénarios, le dommage imputable à la crue centennale est
bien inférieur au dommage dû à la rupture et à la propagation de la vague. Il est donc,
dans ce cas inutile de parler de surcoût.
Pour les dommages économiques d’amont (Oisans), la mission a utilisé les données fournies
par les communes et les stations touristiques, et les surcoûts liés à l’allongement des
transports (cf 3.2).
Pour évaluer les dommages économiques d’aval (cf 3.3 et 3.4) comme indiqué au § 1.2, la
mission a disposé de données antérieures très partielles (LATTS, industrie), des données de
l’étude spécifiquement demandée par la mission pour l’habitat22, et des ratios fréquemment
observés en matière d’inondation ; l’ensemble permet tout au plus de donner des ordres de
grandeur avec des fourchettes.
Enfin, une approche coût/avantage ne peut se limiter au seul aspect économique pour lequel
des chiffres sont proposés : la perception du risque par les acteurs est essentielle (cf 3.5).
22
Etude GIPEA
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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3.1 Hiérarchisation des enjeux : sécurité des personnes ou
enjeux matériels
Les plans d’évacuation et de secours divers (PSS, PPI, POI, PCS) ont tous pour but, bien
entendu, de réduire le risque pour les vies humaines ; le PSS présenté à la CLAIRS le
19.11.04 pour l’événement de court terme vise évidemment l’objectif « zéro mort ». Pour le
moyen terme et le long terme, plusieurs raisons laissent craindre un certain nombre de
victimes (décès ou blessures).
Cette situation est, bien entendu, la plus défavorable et peut générer des catastrophes
humaines.
Il est évidemment impossible d’évaluer a priori, dans l’absolu, le nombre de victimes, par
contre et pour les stricts besoins de l’étude coûts/avantages des parades, la mission a estimé
utile de faire état de comparaisons avec des événements de crues rapides ou de rupture de
barrage connus.
Ainsi, les crues rapides – notamment cévenoles – des dernières décennies ont généré pour
chaque événement un nombre de victimes parfois inférieur à 10, mais le plus souvent de
quelques dizaines ; les ruptures de barrage ont généré dans notre pays de la centaine à
quelques centaines de morts (quelques milliers en Italie) par événement.
Au terme de cette analyse, et pour la seule appréciation de l’intérêt des parades (en aucun cas
pour dimensionner les opérations d’évacuation et de secours), la mission propose les chiffres
suivants :
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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- les événements de moyen terme concernent de 10 000 à 15 000 habitants. Ils
risquent de générer quelques dizaines de victimes au moins,
- les événements de long terme (plus de 200 000 habitants concernés) risquent de
générer des centaines de victimes au moins.
Ces estimations ne prennent pas en compte le risque de "flagrant délit de manœuvre" évoqué
ci-dessus.
Il est donc essentiel, sur le plan économique de maintenir la viabilité de cet axe. De
nombreuses dispositions ont déjà été prises pour sécuriser l’itinéraire et améliorer sa capacité.
Ceci en confirme l’importance.
Cet itinéraire entre Pont-de-Claix et la limite des Hautes-Alpes, soit 61 km, a fait l'objet d'un
avant-projet sommaire d'itinéraire (APSI) - 1ère phase, approuvé par décision ministérielle du
15 mai 1995. Le parti d'aménagement a été arrêté comme suit :
o de Pont-de-Claix (A 480) à Vizille (RD 5) : 2 x 2 voies avec carrefours giratoires ou
dénivelés, là où le trafic le justifie. Cette section sera dotée du statut de route express.
o de Vizille au barrage du Chambon, l'objectif sera d'atteindre la capacité maximale
d’une route à 2 voies (1200 véhicules/h et par sens) en supprimant tous les points durs.
Au titre des XIème et XIIème contrat de plan Etat-Région, les aménagements suivants ont été
programmés :
Au XIème plan : 435,5 MF (soit environ 66 M€) ont été inscrits. Ce programme comprenait
notamment la déviation du chef-lieu de Séchilienne inscrite pour 85 MF (13 M€) en maîtrise
d’ouvrage locale. Il n’a pu être réalisé totalement et les opérations suivantes ont été reportées :
- l’aménagement du carrefour avec la RD 5 à Vizille (16 MF soit 2,4 M€ )
- la déviation de Bourg-d’Oisans (61 MF soit 9,3 M€)
- la déviation de Livet (58 MF soit 8,8 M€)
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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- la déviation de Gavet (63,5 MF soit 9,7 M€)
Elles sont réinscrites au XIIè plan qui se terminera en 2006. A ce plan ont en outre été programmés :
- l’aménagement de la traversée de Péage-de-Vizille = 60 MF (environ 9 M€)
- la rectification du virage des Châtaigniers = 6,0 MF (environ 0,9 M€)
- le créneau de dépassement des Roberts (commune de Livet et Gavet) = 30,0 MF (environ
4,6M€ ).
On peut donc considérer que l’effort des investissements programmés sur la RN 91 a été important
puisqu’il atteint 531,5 MF (soit 81 M€) au titre des deux contrats de plan.
Il est impossible à l’heure actuelle de savoir quand et comment seront financés les autres opérations
retenues dans l’APSI.
Ce programme élaboré parallèlement au 12ème contrat de plan vise à sécuriser les itinéraires
alpins vis-à-vis des risques naturels ; chutes de pierre, éboulements, avalanches et glissements
de terrains.
Dans l’Isère, il est au total de 84,5 MF (environ 12,9 M€) et pour le RN 91, il concerne :
La clé de financement de ces opérations est la suivante : 1/3 Etat, 1/5 région Rhône-Alpes,
7/15 département de l’Isère. A titre de comparaison, le programme correspondant pour le
département de la Savoie atteint 1050 MF (160 M€) avec un financement de 491,7 MF (75
M€) du département.
L’ancienne RN 91 était située en rive droite et soumise à de fréquentes chutes de blocs. Après
mise en place de restrictions de circulation (alternats et fermetures) accompagnées d’une
surveillance visuelle continue du versant, une déviation a été réalisée en rive gauche de la
Romanche en 1986.
Parallèlement, un merlon de protection a été réalisé (cf. supra). Pour des raisons
topographiques il est implanté un peu en aval de l’axe de l’éboulement. Il n’est pas d’une
efficacité complète pour un éboulement monophasé de 3 millions de m3 mais pourrait être
utile en cas d’éboulements fractionnés.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Du fait des reliefs très prononcés que l’on rencontre dans la vallée de la Romanche, les
itinéraires de déviation possibles sont en nombre réduit et possèdent des caractéristiques très
médiocres. De plus, en hiver, la viabilité de ces routes n’est pas garantie. Il s’agit de :
- La RD 113 qui permet de relier Séchilienne à Laffrey sur la RN 85. Cette route très
étroite ne peut pas sans travaux très lourds être ouverte à une circulation significative,
dépassant quelques centaines de véhicules par jour. Elle n’est pas utilisable par les poids-
lourds et les autocars et le croisement de 2 véhicules légers est localement difficile. La RN 85
permet ensuite de relier Laffrey à Vizille, par la rampe de Laffrey (7 km à plus de 10% ,
interdite aux poids lourds à la descente).
- La RD 526 dite route du Col d’Ornon qui relie Bourg-d’Oisans à La Mure. Cette route
aux caractéristiques médiocres avec plusieurs passages à gué peut difficilement être utilisée à
double sens par le trafic lourd. Il existe des points durs où il n’y a pas de croisement possible
PL / VL.
Pour le trafic à longue distance à destination des stations de l’Oisans et du Briançonnais, deux
itinéraires sont possibles en venant du nord :
- l’autoroute A 43 puis le tunnel du Fréjus, puis Briançon par Oulx en Italie et la RN 91
jusqu’à Bourg-d’Oisans,
- la RN 85 jusqu’à Gap, puis la RN 94 jusqu’à Briançon, puis la RN 91 jusqu’à Bourg
d’Oisans.
Pour rejoindre l’Oisans, ces deux itinéraires passent par le Col du Lautaret (2058 m) parfois
impraticable en hiver.
Le tableau ci-dessous récapitule ces itinéraires et indique les allongements de parcours par
rapport à l’itinéraire normal par la RN 91. Des temps de parcours ne peuvent être donnés car
ils sont extrêmement variables selon les conditions de circulation et de météo.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Déviations et allongements de parcours
Allongement de
Longueur de la
Itinéraire parcours /
déviation
RN 91
RD 113 - de Vizille à Séchilienne en
15,5 km 7 km
passant par Laffrey
De la bifurcation A 43 / A 48 à Bourg
d’Oisans par le tunnel du Fréjus, Oulx et 287 km 180 km
Briançon
Déviations à De Vizille à Bourg d’Oisans par Gap et
241 km 209 km
longue distance Briançon
Le volume, les fluctuations et l’évolution du trafic sont données par les comptages
automatiques réalisés par la DDE en divers points de l’itinéraire.
- RN 85 – PR 53+000 – à Champagnier
- RN 91 – PR 11+300 – au droit de Gavet
- RN 91 – PR 30-600 – au Nord de Bourg d’Oisans
- RN 91 – PR 34-600 – au Sud de Bourg d’Oisans.
- le trafic est très élevé au niveau de Champagnier où se concentrent les trafics des
deux RN 85 et 91, ainsi que le trafic à destination de Vizille,
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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- le trafic est ensuite relativement constant entre Le-Péage-de-Vizille et Bourg-
d’Oisans (environ 9 000 véh./j),
- le trafic est faible à la limite du département des Hautes-Alpes (moins de 3000
véhicules/j),
- le trafic de poids-lourds est de l’ordre de 8 % les jours ouvrables et il baisse de façon
notable au-delà de Gavet,
- le trafic varie assez fortement d’une année sur l’autre en fonction des niveaux
d’enneigement et des travaux qui peuvent perturber la circulation,
- le trafic varie fortement selon les saisons, les mois les plus chargés étant janvier,
février, mars, juillet et août, ce qui confirme la vocation touristique de l’itinéraire.
Les stations de sports d’hiver de l’Oisans (5 au total dont les stations de l’Alpe-d’Huez et des
Deux-Alpes) représentent un potentiel de près de 80 000 lits, soit 8 % du potentiel des Alpes
du Nord. La station de Serre-Chevalier, dans la vallée de la Guisane, dispose d’environ 50
000 lits et près de 50% de sa clientèle vient du Nord, par Grenoble et le Lautaret. La
commune de La Grave, dans la partie haut-alpine de la haute vallée de la Romanche, a une
tradition importante de sport de montagne et de ski très sportif (téléphérique des glaciers de
La Meije), avec une clientèle à la journée essentiellement dépendante de l’accès par la RN 91.
Les chiffres d’affaires induits par ces activités sont annuellement de l’ordre de 250 à 300 M€.
La diversité de ces activités montre l’importance capitale que revêt, sur le plan économique,
le maintien de la circulation sur la RN 91.
Les difficultés, hors risques d’éboulements secondaires qui peuvent retarder l’intervention,
sont multiples :
- nature des matériaux à déblayer (présence de blocs à traiter à l’explosif)
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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- teneur en eau de l’éboulis et difficulté de créer un chenal (en l’absence de tunnel
hydraulique)
- contraintes liées à l’application de la loi sur l’eau du fait de la proximité des
captages de Jouchy.
Au total, l’étude conclut qu’il faudra environ 5 mois pour rétablir la circulation dans des
conditions à peu près normales.
Ce délai est totalement incompatible avec l’activité économique décrite ci-dessus car les
déviations à courte ou moyenne distance ne permettent pas d’assurer un service correct pour
les usagers.
Des coefficients de vulnérabilité ont été affectés à ces données, en fonction des
caractéristiques des immeubles. Des classes d’aléas ont par ailleurs été distinguées, en
fonction de la hauteur d’eau et de la vitesse d’écoulement. Ces évaluations, malgré leur
caractère forfaitaire, conduisent probablement à des ordres de grandeur significatifs des
dégâts au patrimoine immobilier selon les différentes hypothèses d’aléa23.
Les estimations varient de quelques dizaines à quelques centaines de millions d’euros, dans la
partie amont de la zone menacée (Vizille et Jarrie) dans les scénarios 338 et 350, à plusieurs
milliards d’euros dans toute la zone, Grenoble compris, dans le scénario 370.
Au-delà de cette estimation des dommages, les élus des communes concernées font valoir le
handicap que représente actuellement pour les extensions d’urbanisme dans les zones
menacées l’existence d’un risque mal cerné.
23
On rappelle que la précision des résultats des études SOGREAH est bien meilleure pour le scénario 338 que pour les
trois autres.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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3.3.2 A l’amont du site de l’éboulement
- le risque d’inondation, pour les zones urbanisées situées en dessous du niveau du lac
naturel susceptible de se constituer. Ce risque est inexistant dans le scénario 338
mais sensible, voire très important pour les scénarios 350 à 370 : le lotissement du
Grand Serre se trouve en effet dans une zone à peu près plate et sensiblement à
l’altitude 350, et le village de Séchilienne s’échelonne de 355 à 390 m d’altitude,
- le risque de vagues dues à des éboulements secondaires dans un lac de retenue
préalablement formé par un premier éboulement. Ce risque apparaît significatif dès
le scénario 338, les vagues pouvant alors atteindre le lotissement du Grand-Serre24
Pour quatre établissements SEVESO à l’amont de Grenoble, qui seraient touchés, les valeurs
de remplacement des installations selon des hypothèses de destruction de 50 à 80% pourraient
aller de 6 à 14 milliards de francs (1 à 2 milliards d’euros environ).
Au total les dégâts possibles à l’ensemble du dispositif industriel à l’aval du site d’éboulement
pourraient atteindre 20 milliards de francs (3 milliards d’euros), en montant 99, pour une
submersion de 1 à 2 mètres (et les pertes d’exploitation pour un arrêt de 4 à 6 mois dépasser
200 millions d’euros).
L’INERIS sollicité par la mission dans le cadre du GAES, identifie avec l’appui de la
DRIRE, 22 établissements industriels soumis à autorisation, dont 7 avec servitudes dans la
zone d’étude, de Vizille à Pont de Claix. Il faut y ajouter pour le scénario 370, les installations
de la commune de Grenoble (qui a publié le DICRIM en août 2004)25, et d’autres communes
24
Cf. étude GAES, rapport de Gérard Degoutte. On notera que ce risque subsiste même après ouverture d’une galerie
hydraulique, celle-ci laissant subsister un lac sensiblement à la cote 338, en-dessous du niveau d’entonnement de la
galerie.
25
Celui-ci indique que l’événement court terme n’aurait pas d’incidence hydraulique à Grenoble, et que les études
liées aux évènements ultérieurs possibles se poursuivent. A Grenoble, 2 établissements Sévéso seraient concernés par
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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éventuellement touchées (à étudier). Les taxes professionnelles et foncières représenteraient
plusieurs dizaines de millions d’euros pour les 22 établissements.
l’événement de long terme (scénario 370). Une partie de l’agglomération serait soumise à un nuage toxique provenant
d’un sur-accident à Pont de Claix par exemple.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Etablissements industriels soumis à autorisation ICPE
de Vizille à Pont-de-Claix
Nombre Dont
Activités
d’établissements* Seveso
Matériaux de
Construction, 3
chantiers
Bois, papiers
4
Cartons
Métallurgie 2 1
Chimie,
Gaz 10 5
Entrepots
1
Divers 3
(incinération)
Total 22 7
*dont 12 à Pont de Claix pour 3000 emplois environ et 10 à l’amont
pour 1800 emplois environ
L’INERIS a concentré son analyse sur les 7 sites Seveso à Pont de Claix et à l’amont ; si les
POI et PPI semblent bien décrire les scénarios d’accidents industriels, les indicateurs
concernant le risque inondation, et le risque Séchilienne paraissent plus hétérogènes et moins
précis ; le risque de rupture de barrage EDF est partout mentionné ; selon les établissements
16 à 40 heures de préavis seraient nécessaires pour une mise en sécurité.
Pour le risque « Séchilienne », il semble que seul le scénario de rupture d’un barrage naturel
de 9 millions de m3 d’eau (sensiblement le scénario 360 du présent rapport) ait été notifié par
la DRIRE aux industriels en 1998 et 2000 ; ceci explique pour une part l’impression de flou
perçue par la mission auprès des industriels. Il doit y être remédié : définition homogène du
scénario, des conditions de l’alerte, de la mise en sécurité.
D’autre part, seuls certains établissements semblent avoir étudié l’impact d’une inondation
sans vague d’eau (de 1 mètre), sur la stabilité de leurs installations (bacs, sphères,
conduites…) ; enfin il semble que dans le scénario court terme, les industriels ne soient pas
impliqués dans le PSS.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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- des indications concernant le coût d’une journée de fermeture.
Dans l’état actuel des connaissances, on ne peut que prendre en compte, pour les événements
de moyen terme et long terme, un risque industriel majeur compte tenu des aléas identifiés, de
la dangerosité des produits fabriqués, des inconnues liées aux conditions de gestion de la
crise. Dans les modèles utilisés, la mission a bien conscience de l’incertitude sur les chiffres.
Aussi a-t-elle testé plusieurs niveaux de dommages industriels allant d’une centaine de
millions d’euros à 3 milliards.
Elle recommande que l’effort entrepris par l’INERIS dans ces domaines d’effet "domino" soit
intensifié et son efficacité accrue26, et que la DRIRE clarifie les scénarios et exigences vis à
vis des industriels des sites concernés par Séchilienne : Tout ce qui précède montre en effet le
caractère très approximatif des données disponibles en la matière.
La mission a rencontré les élus, les professionnels, les associations (cf. liste en annexe)
- Les communes d’aval ont paru à l’été 2004 moins sensibilisées et paraissent surtout
gênées par les mesures de précaution prises pour l’urbanisme. Si certains élus ont été
revendicatifs vis-à-vis de l’Etat, d’autres et les parlementaires (dont le Président de
la Communauté d’Agglomération) ont plaidé avec vigueur pour la prise en compte
du risque au-delà de la surveillance et de la délocalisation. Ils se sont étonnés des
26
En particulier, l’expérience du « Plan Loire grandeur nature » (DIREN et Bassin Loire Bretagne) doit être
valorisée
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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propos du MEDD dans les années 2002 qu’ils ont jugés rassurants et, tout en
regrettant que l’Etat n’ait pu aller plus loin, ont marqué leur satisfaction de la
nouvelle impulsion donnée depuis 2004 et se sont déclarés prêts à examiner les
propositions de parades et de financement que ferait l’Etat, notamment à la suite de
la présente mission.
- Les conseillers généraux de l’Isère: L’attitude des parlementaires a été aussi celle
des conseillers généraux rencontrés ; la question du transfert de la RN91 au
département a été évoquée. Des échanges techniques avec les services du Conseil
Général ont eu lieu, d’où il résulte que :
o le Conseil Général a financé la première déviation et le merlon en 1986
o il fait dresser un état des lieux de la RN 91
o il a annoncé son intention d’améliorer significativement ses caractéristiques
(route à 4 voies ?)
o les industriels de la chimie (soit directement, soit par l’INERIS). Ils ont exprimé leur
souhait de voir clarifier l’aléa à prendre en compte, les circuits d’alerte et ont exprimé
une vive inquiétude sur l’avenir des sites en cas d’événement très grave, ainsi que leur
souhait de voir assurer de façon certaine en cas d’alerte, l’évacuation des matières
dangereuses,
o les distributeurs d’eau potable. Ils sont au nombre de deux : le SIERG a assuré prendre
en compte le risque sur le site de Jouchy. Une note sur les dispositions prises a été
promise à la mission ; le SIERG a de plus fait état de ses projets de long terme
concernant l’utilisation de l’Eau-d’Olle. La Régie des Eaux de la Ville de Grenoble
exploite les ressources de la nappe du Drac, à la confluence avec la Romanche,
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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o Electricité de France27: l’entreprise est concernée par la gestion des barrages de la
haute Romanche, l’exploitation de la chaîne de la moyenne Romanche en
restructuration, dont une galerie sur le site et une usine qui serait détruite, le poste de
transformation de Champagnier et les lignes HT et MT, enfin la gestion des barrages
de la basse Isère ; les responsables ont fait valoir à la fois leur mise à disposition du
préfet en cas de crise et leur exigence de donner un coût à tout préjudice. EDF a
indiqué que l’ordre de grandeur des perturbations ne justifiait pas une intervention
particulière de sa part.
o les professionnels du tourisme (sociétés d’exploitation) : ils ont fait valoir avec
vigueur la catastrophe que représenterait à leur sens, une coupure de route à la fois en
terme immédiat de perte de chiffre d’exploitation et au-delà, en terme d’image et de
risque de perte de parts de marché. Ils indiquent que les accès par le Lautaret sont des
pis-allers et s’étonnent que la RN91 n’ait pas bénéficié d’un traitement comparable à
celui de la RN 90.
*
* *
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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- leur espoir de voir la nouvelle impulsion donnée en 2004 par le préfet déboucher sur
des solutions durables,
- la disposition des représentants des collectivités à examiner les propositions qui
seraient faites par l’Etat, même si certains ont fait part d’une réserve sur la capacité
de communes à s’investir financièrement.
Comme cela a été indiqué au § 3.1, la mission juge approprié de traiter séparément les enjeux
relatifs aux vies humaines, et les enjeux strictement économiques, que ceux-ci portent sur des
destructions et des endommagements d’habitations ou d’infrastructures, ou sur des
perturbations à l’activité socio-économique locale, à l’amont ou à l’aval.
On considère ici, comme dans le reste du rapport, que le dispositif d’alerte mis en place sur le
versant donne un délai de préavis suffisant pour interrompre totalement la circulation sur la
RN 91 : les seuls risques pour les vies humaines correspondent donc non à l’éboulement lui-
même, qui ne devrait normalement faire aucune victime, mais à l’inondation à l’aval
provoquée par la rupture du barrage naturel formé sur la Romanche.
Elle a ensuite raisonné par analogie en utilisant les retours d’expérience de catastrophes
naturelles qu’on peut considérer comme comparables, dans la nature et l’amplitude des
phénomènes en cause : les scénarios les plus bas (338, 350) correspondent à des crues rapides
de grande ampleur telles qu’on en connaît assez régulièrement dans le midi de la France
(crues du Gard, de l’Aude , Vaison-la-Romaine, etc.), alors que les scénarios hauts (360, 370)
sont davantage comparables à des scénarios de rupture de barrages artificiels (Bouzey) ou de
digues (Moissac), l’importance de la zone agglomérée accroissant l’enjeu.
28
Cf. détail des valeurs chiffrées retenues en annexe 6.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Ordre de grandeur du nombre de victimes possible, avec alerte et plan d’évacuation, mais sans
parade technique
(estimation pour les seuls besoins de l’étude économique)
Ces chiffres sont évidemment à prendre avec précaution. La mission considère cependant, au
vu des nombreuses expériences de catastrophes naturelles passées, qu’ils constituent des
ordres de grandeur possibles, qui seraient même sérieusement dépassés en cas de rupture de
barrage survenant pendant la phase d’évacuation des populations menacées.
Ils ont fait l’objet d’une évaluation dans le cadre de l’étude socio-économique décrite au §
1.2., distinguant les enjeux d’amont et d’aval, et les dommages au patrimoine et aux
infrastructures ou les pertes d’exploitation ou surcoûts de fonctionnement30. L’insuffisante
précision de certaines données d’entrée, notamment en matière de dommages industriels,
29
source : étude Gipéa (cf. documents annexés), par rapprochements des cartes d’inondabilité et des données INSEE et
cadastre.
30
L’étude elle-même intègre dans les résultats une évaluation économique des pertes en vies humaines, chiffrées selon
des ordres de grandeur utilisés par ailleurs (1 à 3 M€). La mission a jugé préférable de scinder clairement les deux
sujets, qui sont de nature différente. De plus la prise en compte de ces coûts ne modifie pas l’ordre de grandeur de la
somme des dommages, sauf dans le cas où la gestion de la crise devient impossible.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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conduit à ne les considérer que comme des ordres de grandeur, suffisants toutefois pour
fonder un raisonnement sur l’efficacité économique des parades.
La méthode utilisée permet par ailleurs de modifier les paramètres utilisés en données
d’entrée, si des études plus fines permettaient d’en améliorer la connaissance.
Les résultats bruts sont donnés ci-dessous, en millions d’€ , hors toute évaluation économique
des pertes en vies humaines, et hors parades. Tous les chiffres ne sont à prendre que comme
des ordres de grandeur, d’autant plus imprécis que le scénario d’éboulement est important. Le
saut quantitatif entre les scénarios 360 et 370 est toutefois bien réel : il correspond au cas où
l’agglomération et la ville de Grenoble sont atteintes
Dommages Autres
Description de Pertes Total
Description physique au patrimoine
Scénario l’impact sur la (exploitation (ordre de
de l’inondation et de Aval Amont
d’aléa RN 91 et à et grandeur)
sa zone d’extension et
l’amont fonctionneme
N91 nt)
338 Analogue à une crue très RN couverte sur
(coïncidant forte (bi-centennale) et 3 à 400 m et 5m 23 à 50 7 à 22 94 à 118 M€ 100 à
avec une très rapide jusqu’à de haut. (surcoût) 200
crue Vizille et Jarrie, Réouverture en
centennale) insensible plus à l’aval quelques mois
350 Crue exceptionnelle RN coupée,
(plusieurs milliers de réouverture par 500 20 à 35 328 800
m3/s), puis très forte de construction à (routes) à
Vizille au confluent d’une déviation 700 1000
Drac-Romanche, en deux ans.
insensible plus à l’aval
360 Crue exceptionnelle RN coupée,
(plusieurs milliers de déviation deux
m3/s), puis très forte de ans. 1100 30 à 45 391 1500
Vizille au confluent Le Grand Serre à à
Drac-Romanche et à et bas de 1300 1800
Pont-de-Claix, Séchilienne
insensible plus à l’aval inondés par le
lac
370 Crue exceptionnelle RN coupée,
(plusieurs milliers de Tunnel
m3/s), puis très forte de nécessaire. 3500 50 à 65 620 4200
Vizille à Pont-de-Claix, Séchilienne à à
débordement de la digue inondé par le lac. 4000 4700
Marceline et inondation
de Grenoble
(d’après étude GIPEA, et retraitement par la mission)31.
31
Les dommages à l’aval ont fait l’objet d’un retraitement par la mission, pour les seuls besoins du calcul
économique : sur la base de ratios constatés dans d’autres missions, hors enjeux industriels pour lesquels les
données manquent, et par référence à la population des zones menacées dans chaque scénario, figurant au
tableau du § 3.6.1, on a évalué l’ordre de grandeur des dommages aux seules habitations à 20 000€ par logement
(référence Gard, pour Arles le chiffre serait de 47 000€) puis multiplié par deux pour l’ensemble du patrimoine
bâti, et ajouté un forfait pour les dommages industriels et autres infrastructures, sur lesquels les données sont très
imprécises (cf. § 3.4). Voir aussi annexe 6.2.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Le rapport précise plus loin que les évaluations de dommages totaux donnés en dernière
colonne, outre leur imprécision, doivent être pondérés par leur probabilité d’occurrence,
relativement élevée pour l’aléa 338, mais beaucoup plus faible pour le scénario 370.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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4 Les parades techniques
Le présent chapitre vise à examiner les parades susceptibles de réduire les dommages décrits
au chapitre précédent.
Un examen des études faites antérieurement a conduit à écarter plusieurs solutions envisagées
dans le passé.
Une telle solution d’abattage contrôlé consisterait à terrasser (principalement à l’explosif) une
partie du versant instable de façon à éliminer l’aléa géologique majeur (et donc l’aléa
hydraulique).
Les solutions reposant sur une « purge » du versant par abattage contrôlé n’apparaissent donc
pas réalistes.
Le GAES cite dans son rapport la solution de pompage (cf. rapport de G. Degoutte), et
l’écarte explicitement : le débit à pomper en période de crue (hypothèse assez probable lors de
l’éboulement) serait en effet extrêmement élevé au regard des installations de pompage
habituelles, le chantier devant par ailleurs être conduit dans des conditions de sécurité très
hasardeuses, et en urgence.
32
Référence : rapport BRGM-LCPC d’avril 1997 « Prévention du risque d’éboulement à Séchilienne :
techniques d’abattage contrôlé ; recherches bibliographiques et analyse de cas »
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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4.1.3 Le tunnel sous Belledonne
Le tunnel sous Belledonne qui a été envisagé il y a une quinzaine d’années pour le trafic
routier, outre des coûts et délais de réalisation considérables, ne résoudrait ni la question de la
sécurité de l’accès à l’aval de Rochetaillée, ni la sécurité hydraulique en cas de rupture d’un
barrage naturel à Séchilienne. Une variante hydraulique évacuant les débits de crue de la
Romanche à Rochetaillée serait d’un coût totalement prohibitif.
Les réflexions ont conduit à examiner la possibilité d’une parade unique prenant en compte
les problématiques hydraulique et routière, sous forme d’un tunnel routier susceptible d’être
emprunté par la rivière en cas de barrage de la vallée.
La DDE vient d’effectuer une analyse comparative des avantages et inconvénients d’une telle
solution avec deux hypothèses de longueur de tunnel (court et long : 1000 mètres et
2000 mètres).
Il apparaît que, dans le contexte actuel et pour Séchilienne, la solution avec un ouvrage mixte
ne présente pratiquement que des inconvénients par rapport à des ouvrages séparés. Le
tableau ci-dessous résume cette analyse.
Les contraintes de projet et de réalisation d’un tunnel mixte, ainsi que celles d’exploitation
conduisent dans l’état actuel à ne pas retenir la solution d’un tunnel mixte, qui avait été
envisagée dans les années 90. Ceci est d’autant plus vrai que les hypothèses actuelles
d’éboulement conduisent à la réalisation d’un tunnel court.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
Page 43
4.2 Une parade mixte : le merlon de protection
Ce merlon a été réalisé en 1986 dès les premières années de mise en évidence du risque. Il
pourrait théoriquement contenir un éboulement de l’ordre d’un million de m3. Cependant,
pour des raisons topographiques, il est situé en aval de l’axe de l’éboulement prévisible et
n’est pas d’une efficacité totale. Il pourrait par contre être utile dans le cas d’éboulements
fractionnés. La Romanche emprunterait alors un chenal réalisé entre son lit actuel et la route
nationale.
La prolongation du merlon vers l’Est a été recommandée par le groupe Panet. Elle doit être
faite, sa réalisation pouvant constituer une protection efficace contre un éboulement
fractionné.
Ce type de solutions présenterait l’avantage d’être réalisable en moins de trois ans à partir de
la prise de décision et d’assurer la continuité de la RN 91 en cas d’éboulement de court /
moyen terme.
Deux variantes ont été étudiées avec des caractéristiques correspondant aux routes en relief
difficile de l’instruction sur l’aménagement des routes principales (A.R.P.). Ces
caractéristiques sont moins contraignantes et permettent de réutiliser les deux ponts actuels
sur la Romanche.
Le tableau ci-dessous résume les caractéristiques de ces deux variantes : toutes les solutions
intermédiaires sont bien sûr possibles. Le choix définitif ne pourra se faire qu’après les études
d’avant-projet sommaire.
Les variantes de déviation routière
Côte point haut Coûts Inconvénients
Remblai de grande hauteur
(supérieur à 10 m) créant
- 13,5 M€ TTC
une digue devant
- plus-value pour plate-
Variante haute 360 NGF
forme élargie : 1,5M€
l’éboulement
Nécessité de trouver
total : 15 M€
environ 500 000 m3 de
remblai
Remblai très proche du
barrage : nécessité de
prévoir des protections, et
Variante basse 350 NGF
total : 6,6 M€
très grosses difficultés de
gestion hydraulique du
déversement de la retenue
d’eau.
Il faut souligner que ces études très sommaires ne prennent pas en compte les difficultés
géotechniques éventuelles que l’on pourrait rencontrer lors de la réalisation des travaux, et
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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que les projets devront prendre en compte les effets de vagues provoquées par un éboulement
secondaire dans un lac formé (à une cote inférieure à 338 : cf. ci-après, § 4.3.2).
Ces tracés de déviation ont été étudiés dans l’hypothèse d’un raccordement au tracé actuel de
la RN 91, en rive droite de la Romanche à l’aval du site, dans le prolongement du projet de
déviation de Péage-de-Vizille tel qu’il est étudié actuellement. Un autre tracé de cette
déviation, passant en rive gauche de la Romanche à hauteur des captages de Jouchy, a été
évoqué devant la mission, mais ne semble pas retenu actuellement par le Conseil Général. Si
ce projet était remis à l’étude, un tracé de raccordement en rive gauche tenant compte de la
position des casiers hydrauliques (cf. plus loin § 4.3.1) et de la zone de captage devrait être
étudié. Sous réserve de ne pas entraver le fonctionnement des casiers hydrauliques, ces deux
projets sont équivalents du point de vue de la protection contre l’éboulement.
Une solution envisageable pour le moyen et le long terme est la construction d’un tunnel
routier.
La cote de la tête amont du tunnel routier est liée à la solution qui sera retenue pour la galerie
hydraulique. Le choix définitif sera fait lors des études d’avant-projet sommaire.
Pour des raisons de coût le tracé routier a été étudié avec l’objectif de conserver le demi-
échangeur de Séchilienne implanté en amont. Dans ces conditions le niveau maximal de la
retenue d’eau ne devra pas dépasser 344 NGF. Une cote supérieure pourrait conduire à noyer
les premières maisons du bourg de Séchilienne.
Les études du tunnel routier ont été menées avec les conditions techniques suivantes :
- respect des normes de l’ARP pour la catégorie R 80 (vitesse de référence 80 km/h) ;
- profil en travers de 13 m hors tunnel et de 11,20 m en tunnel. Ce profil permet la
création d’un bande cyclable en cohérence avec ce que l’on trouve le long de la
RN 91 ainsi que le passage des convois exceptionnels pour desservir les centrales
EDF ;
- ventilation par 2 galeries débouchant à l’air libre permettant de limiter la section du
tunnel et de servir pour l’évacuation des usagers en cas d’accident.
Quel que soit le tracé retenu, le pont amont sur la Romanche devra être reconstruit car il est
mal orienté. Par contre, le pont aval pourrait théoriquement être conservé mais il paraît
préférable de le reconstruire un peu plus en aval pour les raisons suivantes :
- l’ouvrage actuel permet de faire passer la crue centennale, mais une vérification est à
faire à l’occasion des études complémentaires évoquées par ailleurs, au sujet de
l’effet de l’onde supplémentaire due à la rupture d’un barrage naturel, dans le
scénario 338. Il serait possible de surélever le tablier de 2 m pour permettre le
passage d’un débit plus important, mais cela conduirait à la mise en place d’un pont
provisoire pendant 6 mois. Le coût de ces travaux est évalué à 650 000 € ;
- le tracé en plan actuel de la RN 91 présente en sortie du pont en rive droite un rayon
de 100 mètres. Ce rayon, acceptable dans la situation actuelle où le tracé de la RN 91
est sinueux, ne le sera plus après construction du tunnel qui conduira à un tracé plus
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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confortable et donc à des vitesses plus élevées. Il est donc proposé de retenir un
rayon en plan de 240 m conforme à l’ARP ;
- la construction d’un nouveau pont permettra de dissocier cette voie définitive de la
voie provisoire proposée à court terme et de disposer de plus de liberté pour en
optimiser le profil en long. De plus, il sera possible de réaliser les travaux sans gêner
la circulation sur la RN 91.
Le coût total de cette solution est estimé à environ 56,5 M€ TTC dont 7,5 M€ pour la
reconstruction du pont aval.
Ces coûts ne prennent pas en compte les éventuelles difficultés géotechniques qui pourraient
être décelées lors des sondages. Il est cependant à noter que les travaux de creusement de la
galerie hydraulique de reconnaissance ont permis d’approcher la connaissance géologique du
massif de fondation du tunnel, qui est globalement homogène et de bonne qualité.
Les parades hydrauliques envisageables visent soit à écrêter l’onde de crue provoquée par la
rupture du barrage naturel formé par l’éboulement, soit à empêcher ou limiter la formation
d’un lac derrière ce barrage.
Pour des retenues importantes, la seule solution apportant une sécurité satisfaisante est
d’empêcher le remplissage de la retenue par un dispositif de vidange de fond, par un tunnel ou
une galerie hydraulique de débit suffisant. Le pompage de l’eau dans la retenue exigerait en
effet des moyens techniques totalement irréalistes, les débits entrant à évacuer apportés par la
Romanche pouvant être de l’ordre de 400 (pour la crue décennale) à 880 m3/s (pour la crue
centennale), alors que des installations de pompage mobiles même très puissantes
n’évacueraient que des volumes de l’ordre de quelques m3/s à quelques dizaines de m3/s.
Dans certains scénarios intermédiaires (cf. ci-après § 4.4.2), ni les casiers ni la galerie
n’apportent à eux seuls une sécurité complète, mais chacun contribue à l’améliorer. On
examinera dans ce cas l’efficacité d’une solution mixte.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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La résistance des épis à la submersion est une caractéristique essentielle : à défaut, les
ouvrages pourraient avoir un effet aggravant en cas de rupture, pour des scénarios plus
importants que le scénario pour lequel ils sont calculés.
Le coût de cet investissement, calculé pour écrêter l’onde de rupture du barrage dans le
scénario 338, serait de l’ordre de 3 à 10 M€, selon la conception et la dimension des casiers, et
le délai de réalisation de l’ordre de douze à dix-huit mois, la maîtrise foncière étant déjà
assurée (Ile Falcon).
Ce type de dispositif est difficile à régler : il faut en effet pour être efficace qu’il ne
commence à fonctionner qu’un peu avant la pointe de crue pour optimiser l’effet d’écrêtement
des casiers. Le réglage de la cote du seuil d’alimentation (passif ou par dispositif mobile) est
délicat, et la gamme de débit pour laquelle le dispositif est efficace difficile à préciser. Aussi
les études doivent elles se poursuivre.
Une fois les études terminées, il faudra faire un choix entre trois types de dispositifs : casiers
seuls, renforcement des digues seul, ou dispositif mixte. La mission recommande un choix
rapide, en soulignant qu’un dispositifs de contention sera de toute façon nécessaire pour les
scénarios compris entre 338 et 350 (cf. ci-après § 4 .4.2), pour lesquels la galerie n’est pas
totalement opératoire. A ce stade, la mission a retenu le principe d’un dispositif de contention
de 5 à 10 M€.
La couverture du lit de la Romanche, maintenue dans son lit actuel, n’apparaît pas comme une
solution réaliste aux yeux des spécialistes consultés par la mission. En effet, les efforts
mécaniques résultant de l’impact d’un éboulement pouvant atteindre plusieurs millions de m3,
ayant son origine plusieurs centaines de mètres plus haut, seraient gigantesques, et les
ouvrages de protection correspondants ne sont pas réalisables dans l’état actuel des
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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techniques. La seule solution raisonnable est donc de prévoir une dérivation temporaire du lit
de la Romanche dans un tunnel foré en rive gauche.
La mission a fait étudier par le CIH EDF le dimensionnement et le coût approximatif d’une
galerie, dans plusieurs hypothèses de débit à évacuer, ces approches complétant celles de la
DDE.
Le seuil amont de la galerie doit être le plus bas possible, pour vidanger au mieux la retenue
formée derrière le barrage naturel, mais sans pour autant risquer d’être lui-même enseveli par
l’éboulement : cela conduit à fixer ce seuil à la cote 338 (comme celui de la galerie de
reconnaissance actuelle), avec une très faible marge d’ajustement possible.
L’hypothèse d’une galerie fonctionnant à surface libre et non en charge a été retenue pour le
dimensionnement, notamment pour améliorer un peu les conditions d’écoulement dans le cas
d’un barrage à 350 ; l’effet sur le diamètre de la galerie est assez modeste. Dans cette
hypothèse, la relation entre le diamètre de la galerie, le temps de retour de la crue, le débit à
évacuer, et la vitesse d’écoulement de l’eau dans la galerie est donnée dans le tableau suivant
(extrait de l’étude EDF précitée) :
(*) déduction faite du débit passant dans la galerie de reconnaissance et la galerie EDF en rive droite
(**) dans les propositions de synthèse, § 4.4 et 6, ces valeurs sont arrondies à 6m, 9m, 10m et 11m, par
simplification. Tous les calculs cités font cependant référence aux valeurs plus précises de l’étude EDF.
- les vitesses d’écoulement de l’eau sont très élevées, jusqu’à 15 m/s dans les hypothèses
de crues retenues. Même avec un revêtement en béton, indispensable pour éviter le risque
de dommages importants et donc d’obturation rapide, elles ne sont admissibles que
pendant de courtes périodes, et un endommagement du béton est probable. Une révision
de la galerie après les crues très fortes sera donc indispensable,
- pour les scénarios d’éboulement 35033 et au-delà, une galerie de 11,20m de diamètre rend
le site « transparent » par rapport aux crues, jusqu’à la crue millénale, et quelle que soit la
hauteur du barrage naturel : la retenue formée derrière l’éboulement ne peut pas se
remplir, et le barrage n’a donc pas de raison de se rompre par surverse,
- toujours pour ces scénarios au-delà de 350, une observation très rapide et avant tout
calcul peut faire craindre que des crues plus fortes que la crue millénale provoquent la
33
En toute rigueur, 348 et au delà, d’après le calcul effectué par G. Degoutte, intégrant l’effet de la vidange en continu
par la galerie sur la forme de l’onde de crue et son débit instantanné maximum.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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constitution d’un lac de retenue, puis sa rupture par surverse, le débit sortant par la galerie
étant inférieur au débit entrant dans le lac. Sans insister sur le caractère très peu probable
de ces différentes hypothèses, on verra plus loin (cf. § 6.1.1) que l’effet de laminage de la
crue grâce au débit sortant par la galerie d’une part, et à l’amortissement de l’onde de
crue par le lac de retenue d’autre part, donnent une sécurité bien supérieure . La mission
ne tient pas compte ici du fait que la crue décamillénale provoquerait, hors tout
éboulement à Séchilienne, des dégâts qui rendraient sans doute le « sur-accident » de
Séchilienne moins visible, en tout cas au-delà de Vizille : il suffit de rappeler ici que
Vizille et Jarrie sont inondées dès la crue centennale, et que Grenoble n’est protégée des
crues du Drac que contre la crue cinq-centennale. Ce point sera repris au § 6.1.1., à
propos du dimensionnement de la galerie.
- En revanche, les scénarios d’éboulement compris entre 338 et environ 348 peuvent
conduire à des situations où la galerie n’est pas totalement opérante. Ce cas est illustré
par le schéma suivant représentant la vallée en coupe transversale, à hauteur du barrage
formé par l’éboulement :
Rive droite :
versant éboulé
345
Niveau de la
crue centennale
profil de la vallée avant
éboulement
338
Point bas du
barrage : ici 343
L’arrivée d’une crue peut provoquer dans certaines hypothèses l’écoulement simultané par la
galerie et par dessus le barrage naturel, mettant celui-ci en danger de rupture. La protection est
assurée pour des crues d’autant plus importantes que le barrage est haut, le déversement
simultané par les deux voies étant alors plus rarement atteint.
Le calcul effectué par Gérard Degoutte et figurant dans le rapport du GAES montre que le
barrage naturel est protégé contre la crue décennale s’il dépasse la cote 342, contre la crue
centennale s’il dépasse la cote 344, la crue bicentennale à la cote 345 et la crue millénale à la
cote 348.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Ce risque existe donc, à des degrés divers selon la liaison entre importance de l’éboulement et
débit de crue, pour tous les niveaux de barrage naturel compris entre le point bas (338) et 348,
en référence à la crue millénale.
Le risque peut être réduit en abaissant le niveau d’eau correspondant à l’écoulement d’un
débit donné par la galerie, ce qui peut être obtenu par exemple en faisant deux galeries de
section plus faible côte à côte. Cette solution peut aussi présenter l’avantage d’échelonner les
dépenses dans le temps, tout en ayant plus vite une protection assurée contre les aléas les plus
probables : cette solution sera évoquée dans les propositions de la mission, au § 6.1.1. G.
Degoutte a effectué sur ce point à la demande de la mission un calcul de comparaison entre
les effets d’une galerie de 11,2 m de diamètre (résultat de l’étude EDF, pour passer la crue
millénale à surface libre), et deux galeries de 8,5m de diamètre. La comparaison est donnée
dans le tableau ci-dessous :
Ce tableau montre qu’avec deux galeries de 8,50m, le gain en hauteur (donc en sécurité) est
significatif pour les crues « moyennes » (Q100 à Q500), alors qu’elles débitent un peu moins
pour les crues extrêmes. La solution à deux galeries sera cependant plus coûteuse, la section
cumulée étant ici de 113,5 m2 au lieu de 98,5 pour une galerie de 11,2m.
Le cas particulier défavorable des scénarios 338 à 348 justifie donc que des études
complémentaires soient engagées rapidement, au stade de la faisabilité du projet, sur
différentes solutions techniques :
- possibilité de parer par des casiers hydrauliques de dimension plus importante ou des
renforcements de digues le risque de débordement dans les scénarios d’éboulement
compris entre les cotes 338 et 345
- abaissement maximum du niveau d’entonnement de la galerie (le niveau de 338
retenu ici est celui de la galerie de reconnaissance. Tout abaissement même faible de
ce niveau est favorable à la résolution du problème posé, les limites étant constituées
par le risque de couverture par l’éboulement, la pente interne de la galerie qui ne doit
pas favoriser les dépôts de matériaux, et les contraintes du site (passage de la route,
qui rend complexe un entonnement déporté vers l’aval).
- conception de l’ouvrage d’entonnement amont de la galerie (l’ouvrage
d’entonnement de la galerie de Randa, en Suisse, conçu pour des débits nettement
plus faibles, semble prendre en compte des difficultés de même nature)
- optimisation de la forme de la galerie, et choix éventuel d’une solution à deux
galeries plus petites.
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4.5 Synthèse sur les parades : coût, délai et performances
Les coûts et délais de réalisation des parades étudiées sont données ci-dessous:
Les performances des parades, définies par le niveau de protection qu’elles apportent contre
les différents niveaux d’aléas, sont données dans le tableau ci-après :
34
Ces délais comprennent les études préalables, l’élaboration de l’avant-projet sommaire et du projet, les procédures
administratives (DUP et loi sur l’eau), la consultation des entreprises, la réalisation des chantiers. Ils ne comprennent
pas les délais nécessaires aux prises de décision de maîtrise d’ouvrage et de financement. Selon d’autres sources, les
délais de travaux sans incident pourraient durer de 12 à 18 mois, auxquels s’ajoutent deux ans pour les études et
l’instruction administrative.
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Performance des parades
Scénario
Nature de la 338 (*) 350 (*) 360 370
parade
Déviation abritée de En limite
routière basse l’éboulement d’éboulement
coupée à l’aval par Détruite Détruite
Noyée à l’amont et
la submersion, en
(passage à la cote coupée à l’aval par
l’absence de
350, en rive la submersion, en
dispositifs de
gauche) l’absence de galerie
contention
Déviation abritée de Abritée de En limite
routière haute l’éboulement l’éboulement d’éboulement
coupée à l’aval par Détruite
Noyée à l’amont et Noyée à l’amont et
la submersion, en
(passage à la cote détruite à l’aval par détruite à l’aval par
l’absence de
360 en rive la submersion, en la submersion, en
dispositifs de
gauche) l’absence de galerie l’absence de galerie
contention
Route abritée de Route abritée de Route abritée de Route abritée de
l’éboulement l’éboulement l’éboulement l’éboulement
Route coupée à
Route noyée à Route noyée à Route noyée à
l’aval par la
Tunnel routier l’amont et détruite à l’amont et détruite à l’amont et coupée à
submersion, en
l’aval par la l’aval par la l’aval par la
l’absence de
submersion, en submersion, en submersion, en
dispositifs de
l’absence de galerie l’absence de galerie l’absence de galerie
contention
Protègent l’aval
Dispositifs de contre la crue, en cas
Sans effet Sans effet Sans effet
contention de rupture du
barrage 338
Empêche le Empêche le Empêche le
déversement du lac déversement du lac déversement du lac
Galerie ∅ 9 m Sans effet (et donc la rupture) (et donc la rupture) (et donc la rupture)
(seuil de la galerie pour les crues pour les crues pour les crues
(dimensionnée au niveau du lac inférieures à la inférieures à la inférieures à la
pour la crue 338) centennale Q100 centennale Q100 centennale Q100
centennale) Faible effet pour les Faible effet pour les Faible effet pour les
crues supérieures à crues supérieures à crues supérieures à
Q100 Q100 Q100
Empêche le Empêche le Empêche le
déversement du lac déversement du lac déversement du lac
Galerie ∅ 11 m Sans effet (et donc la rupture) (et donc la rupture) (et donc la rupture)
(seuil de la galerie pour les crues pour les crues pour les crues
(dimensionnée au niveau du lac inférieures à la crue inférieures à la crue inférieures à la crue
pour la crue 338) millénale Q1000 millénale Q1000 millénale Q1000
millénale) Faible effet pour les Faible effet pour les Faible effet pour les
crues supérieures à crues supérieures à crues supérieures à
Q1000 Q1000 Q1000
(*) : les scénarios entre 338 et 348 nécessitent une analyse séparée (cf. § 4.3.2)
(Pour alléger le tableau, les performances de la galerie de diamètre 6m ne sont pas
représentées : elles sont analogues à celles de la galerie de diamètre 9m, sous réserve de
remplacer Q100 par Q10)
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Ce tableau appelle quelques commentaires importants :
- seules les parades hydrauliques assurent une protection contre les risques de pertes en
vies humaines35. On rappelle que les ruptures de barrage et les crues sont fortement
corrélées. En cas d’éboulement, la probabilité d’avoir simultanément une crue supérieure
à la décennale (respectivement : à la centennale) en même temps que l’éboulement est
nettement supérieure à 10% (respectivement 1%)36 : le choix du débit de la galerie doit
donc être fait avec une attention particulière, pour assurer une bonne sécurité,
- les parades routières seules, sans parade hydraulique associée, ne suffisent jamais à
garantir le maintien de la circulation, du fait du risque d’inondation ou de coupure de la
route par submersion en cas de rupture du barrage,
- les galeries ne sont pas efficaces pour les scénarios d’éboulement inférieurs à
l’éboulement 338, le seuil amont de la galerie étant à la cote 338 (sous réserve de l’étude
d’un dispositif particulier d’entonnement) ; les casiers sont donc de toute façon
nécessaires,
- les scénarios intermédiaires entre 338 et 348, décrits au § 4.3.2 ci-dessus, ne sont pas
pris en compte dans le tableau. Ils nécessitent une étude spéciale, en cours à la date de
publication du rapport, sur les dispositifs de contention.
35
On suppose, ici comme dans le reste du rapport, que le dispositif d’alerte de l’éboulement permet de couper la route
en urgence, évitant le risque de morts sous l’éboulement.
36
le calcul effectué en annexe 8 montre que dans le cas d’éboulement, on est plutôt à environ 40% de chances de
dépasser Q10 et 10 ou 12%de chances de dépasser Q100, du fait de la liaison entre les probabilités d’éboulement et de
crues, alors que ces pourcentages seraient de 10% et 1% si les probabilités étaient indépendantes.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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5 Les comparaisons avec d’autres situations
Compte tenu des enjeux et du coût des parades, il a paru utile de donner trois points de repères
d’ordre différent :
- comment situer le risque "Séchilienne" dans l’ensemble (fourni) des risques de
l’agglomération grenobloise - (§5.1) ?
- comment ont été traités les risques d’éboulement sur d’autres itinéraires dans l’arc
alpin - (§5.2) ?
- en quoi les exemples de traitement de "crues rapides" (type cévenoles) sont ils des
repères utiles (ou non transférables ?) - (§5.3) ?
Peut-on situer le risque "Séchilienne" de moyen et long terme dans l’éventail des risques
naturels et technologiques auxquels est exposée l’agglomération grenobloise ? La lecture des
DCS des communes de l’agglomération, du DICRIM de Grenoble (août 2004), des documents
similaires des communes voisines (quand ils existent) font état
De ce panorama, on retiendra que les effets d’un éboulement de moyen et long terme à
Séchilienne sont comparables à ceux d’une rupture de barrage.
37
Certaines sont en cours de désarmement.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Ils sont par exemple, par rapport à la rupture du barrage de Monteynard :
o aussi rapides (moins d’une heure),
o moins "graves" : vague de 1 à 2 mètres à Grenoble pour Séchilienne contre 8 à 12 à
Grenoble pour Monteynard, mais pour Séchilienne, plusieurs mètres à Vizille,
o beaucoup plus probables en probabilité annuelle (10-5 à Monteynard, contre environ
10-3 à Séchilienne pour le scénario 350 coïncidant avec une crue centennale, par
exemple : cf. annexe 8)38
La Tarentaise est située en Savoie à l'amont de Moutiers. Elle est desservie par la RN 90 qui a
été aménagée à 2 x 2 voies, dans la vallée de l’Isère, entre Albertville et Moutiers.
Le Val d'Arly est situé également en amont d'Albertville. Il permet le passage de la RN 212,
qui donne accès à plusieurs stations de sports d’hiver dont Megève.
Les phénomènes
Les enjeux
Pour la Tarentaise, la RN 90 est le seul accès routier en période hivernale. Or, cette route
dessert le plus grand domaine skiable d'Europe (plus de 300 000 lits et 25 000 emplois).
En cas de coupure, le seul moyen de transport est le chemin de fer lui même confronté aux
mêmes risques et aux mêmes enjeux. En plus des risques pour les usagers de la route, une
38
On rappelle ici la difficulté d’attribuer une probabilité à ce type d’évènements géologiques, et séquentiels.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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coupure de longue durée pourrait donc avoir des conséquences graves en hiver avec
l’isolement de quelques centaines de milliers de vacanciers.
En été, d'autres accès existent mais nécessitent des passages par des cols situés à des altitudes
proches ou supérieures à 2000 m (Cormet de Roselend, Petit-Saint-Bernard, Iseran).
Pour le Val d'Arly, les enjeux sont moins importants en cas de coupure, fréquente et souvent
de longue durée, de la RN 212. En effet, il existe une déviation par la RD 109 aux
caractéristiques médiocres mais praticable en hiver et surtout un accès par Sallanches à partir
de l'autoroute A 40. Cependant plusieurs accidents mortels sont à déplorer pour les usagers de
la RN.
Pour la Tarentaise
Dans le cadre des jeux olympiques d'hiver qui se sont déroulés en 1992 à Albertville et dans
les stations de sports d’hiver voisines, l'autoroute A 43 a été prolongée jusqu'à cette ville. Le
financement en a été assuré par la société concessionnaire AREA.
Le coût de ces travaux a été de 115,7 M€ (valeur 1989) soit 200 M€ (valeur 2004).
Parallèlement, l'opération d'exploitation RECITA a été mise en place afin d'éviter qu'en
période de pointe, des bouchons ne se créent dans les zones exposées aux chutes de rochers.
Cette opération consiste à arrêter les usagers en aval d’Albertville ou à Aigueblanche pour
que le trafic à écouler ne dépasse pas la capacité de la route.
Enfin, un programme de sécurisation des itinéraires alpins, pour la période 2000 - 2006 a été
mis en place à la suite d’un rapport d’expertise établi en 1999 à la demande de la Direction
des Routes. Ce programme concerne également les départements de l'Isère, de la Haute-
Savoie et de l'Ain.
Pour la Savoie le montant total inscrit au programme est de 1 017 MF (soit environ 155 M€).
Le financement se répartit globalement de la manière suivante :
- Etat : 335,7 MF
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Deux ouvrages de protection contre les chutes de rochers ont été inscrits au programme de
sécurisation des itinéraires alpins pour un montant de 33 MF (soit environ 5 M€) financés
pour 1/3 par l'Etat, 1/5 par la Région et 7/15 par le Département.
Localisation
Le phénomène
Volume mobilisé : environ 50 millions de mètres cubes. Hauteur : 600 m. largeur : 800 m.
Épaisseur de terrain en mouvement : 50 m ?
N.B. Aucune reconnaissance par sondage n’a été effectuée, compte tenu de l’absence d’accès.
Conséquences éventuelles d’une rupture généralisée : barrage de la vallée, formation d’un lac
à l’amont (en 24 h, typiquement), rupture du barrage avec crue dévastatrice à l’aval.
Au droit du glissement, avec menace directe par l’avancée du glissement et les éboulements :
la RD, quelques constructions.
Historique
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Découvert dans les années soixante-dix, suite à des chutes de blocs et des déformations
affectant la route du fond de vallée, il a été instrumenté et suivi depuis 25 ans par le CETE -
Méditerranée. Une importante accélération a eu lieu en 1987, entraînant une très forte
inquiétude (on parlait d’évacuer Saint-Étienne-de-Tinée), mais le mouvement s’est ensuite
ralenti. A noter une petite crise fin 2000, liée à des précipitations abondantes, qui a inquiété
les autorités locales.
Situation actuelle
Des éboulements partiels par rétrogression vers l’amont sont possibles à court ou moyen
terme (quelques millions de mètres cubes), mais ne devraient pas barrer la vallée de façon
significative. L’hypothèse de l’effet de souffle est par ailleurs abandonnée.
• Pour les bâtiments : une scierie a été évacuée (indemnisation par les assurances), puis trois
maisons sont en cours d’expropriation (loi Barnier).
• Pour la RD : dans les années 70, édification d’un merlon pare-blocs ; après une première
déviation provisoire de l’autre côté de la Tinée, mise en service en urgence en 1984 (danger
patent sur la route), une déviation définitive a été ouverte en 1987, qui monte sur le versant
opposé et permet d’accéder soit à Saint-Étienne-de-Tinée, soit à Auron (coût de la déviation
de la RD, en 1987, environ 30 MF pour 3 km). Déviation également des réseaux
téléphoniques et électriques.
• Pour la rivière Tinée : galerie hydraulique construite (1989 - 1991) en rive droite de la
Tinée, capable d’absorber la crue décennale (à l’époque, on envisageait de doubler
ultérieurement cette galerie). Coût prévisionnel : 120 MF ; coût réel : 210 MF (difficultés
géologiques…). Financement partagé Etat / Département.
Deux erreurs de conception ont conduit à des travaux :
- de reconstruction de l’entonnement amont, initialement trop fragile,
- de réparation du radier, fortement endommagé par les matériaux charriés.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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- zonage de sécurité (interdiction d’accès dans la zone active) dès 1988,
- plan de secours (première version en 1980, plusieurs fois révisé), intégrant le risque
d’inondation brutale de l’aval.
Un comité d’experts permanent a été mis en place en 1996, en appui du préfet ; il est toujours
en activité.
Localisation
Vallée de la Viège donnant accès à Zermatt, dans le Valais (Suisse), une dizaine de kilomètres
à l’aval de la station.
Le phénomène
A noter : nuages puis dépôts de poussières très importants lors des éboulements.
On a craint à ce moment les effets de la formation d’un lac à l’amont, d’un nouvel éboulement
dans le lac et d’une rupture du barrage naturel.
Dans certaines hypothèses, le lac pouvait atteindre un volume de quelques millions de m3.
Des simulations de crue liée à la rupture du barrage ont été réalisées.
Enjeux
Aucune victime, mais du bétail a été enseveli et quelques chalets de vacances et granges ont
été détruits par l’éboulement.
La route et la voie ferrée ont été coupées lors du deuxième éboulement : accès à la station de
Zermatt.
La Viège a été barrée, et un lac s’est formé, engendrant une inondation de la partie basse de
Randa et de la route à l’amont.
Situation actuelle
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Risque de nouvel éboulement régressif : une importante instrumentation de surveillance a été
mise en place.
- Mesures d’urgence :
Maintien de la circulation pendant la crise : pont de bateaux fourni par l’armée.
Pompage des eaux du lac : 11,5 m3/s en juin à l’aide de 37 pompes.
Aménagement d’un chenal pour la Viège (capacité de l’ordre de 100 m3/s) : chantier
de plusieurs mois.
Coût du pompage et du chenal : 40 millions de FS.
- Mesures définitives :
Déviation de la route.
Galerie de dérivation de la Viège (3,7 km), de capacité 200 m3/s (crue Q300). Les
travaux ont duré 2,5 ans (mise en service début 1994, non compris les ouvrages
d’entrée et de sortie). Coût : 40 millions de FS.
Localisation
Le phénomène
En juillet 1987, des pluies diluviennes et une fonte importante en altitude provoquent des
inondations, crues torrentielles et glissements de terrain qui causent de très importants dégâts
dans toute la vallée.
Le 18 juillet, une coulée de boue issue du Val-Pola crée un petit barrage de l’Adda, avec un
lac de retenue de 50 000 m3 environ. Une ouverture de fissures en haut du versant rocheux est
remarquée trois jours avant l’éboulement (bien qu’il n’y eût pas d’instrumentation sur le
site) ; nombreuses chutes de pierres.
Les éboulis forment d’un barrage de 1300 m de long (dans le sens de la vallée) et 33 m de
haut au point bas de la crête. Un lac se constitue, dont le niveau monte lentement (bassin
versant de 530 km², mais une galerie hydroélectrique existante permet de dériver une partie
du débit) ; la retenue atteint 15 millions de m3 à la mi-août.
Enjeux
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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L’éboulement a fait 27 victimes : 7 ouvriers qui travaillaient au drainage du petit lac et 20
personnes à Aquilone, l’évacuation des habitants les plus proches (500 foyers) ayant permis
d’éviter de plus lourdes pertes.
Le petit village de Morignone et plusieurs hameaux ont été détruits.
La route a été coupée (accès à la station touristique de Bormio).
Situation actuelle
- Aspect hydraulique :
- Aspect routier :
Une piste provisoire avec rampes à 18 % a été ouverte en novembre 1987. Elle permet le
ravitaillement en convois de la station de Bormio.
Une déviation définitive routière en tunnel a été établie.
39
D’après Costa "Nature, mechanics, and mitigation of the Val Pola landslide, Valtellina, Italy, 1987-1988", cité
par G. Brugnot, le "traitement" du glissement et de ses conséquences a coûté environ 400 millions de dollars.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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5.3 Le cas des crues rapides
La rupture d’un barrage naturel à Séchilienne, pour les aléas de moyen et long terme, créera
un phénomène de vague beaucoup plus brutale qu’une crue rapide, déjà en elle même
dévastatrice et mortelle, comme le montrent par exemple les événements en Languedoc-
Roussillon depuis 20 ans (coût annuel moyen : 10 victimes et 150 M€ de dégâts) ; le
programme de travaux pour un bassin, tel qu’envisagé dans le plan de prévention intégré des
inondations (plan Bachelot) représente un investissement pouvant atteindre 30 M€ en ordre de
grandeur, essentiellement en ouvrages de protection, pour des populations de quelques
milliers d’habitants.
A Séchilienne, les enjeux concernent plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’habitants
et le risque "rupture de barrages", pour être moins fréquent40, est plus élevé dans ses
conséquences (notamment en vies humaines) que le risque "crues rapides".
La référence aux crues rapides ne conduit donc pas à juger démesuré le coût des parades
envisagé pour Séchilienne.
Le tableau récapitulatif joint montre à l’évidence que dans des situations du même type, les
parades curatives ou préventives mises en œuvre ont toujours conduit à des investissements
lourds, même pour des enjeux moindres (la Clapière) ou des aléas plus diffus (la Tarentaise).
Les solutions préconisées dans ce rapport ne sont donc pas hors norme. Des données
recueillies auprès du Conseil Général de la Drôme pour les tunnels de Boulc et des Grands-
Goulets renforcent cette appréciation (dépenses de 8 à 50 M€ respectivement pour des RD de
1000 à 1600 véhicules par jour, menacées par des éboulements actifs).
40
Au sens probabiliste, et sous les réserves déjà faites à propos de la notion de probabilité
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Tableau comparatif des aléas, enjeux et parades
Parade
Victimes Parade routière Autres
Site Aléa Enjeux hydraulique
dommages parades
Nature Coût Nature Coût
Accès unique à
Tarentaise
(73)
Accidents
pierres et 25000 emplois (tunnels, 200 M€ JO
-
roches (route + voie déviation) Albertville)
ferrée)
5 M€
et roches Haute Savoie mortel de
+ 15.7 M€
Fermeture (Megève) hors chronique protection -
(2004)
route RD109 et A40
Glissement
potentiel Accès à Auron
La Clapière
50Mm3 * St Etienne de
- Merlon, Galerie
Destruction Tinée Dommages ≥ 30
- Déviation 5 M€ Hydraul.
06
20+10=30M
MFS Pompage
Valais)
Randa
Surveillance
Valtellina
Accès à 27 morts
Valpola
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6 Propositions de solutions, et de démarche pour
l’avenir
Il est rappelé en préambule que toutes les propositions qui suivent sont faites dans les
hypothèses d’aléas, d’enjeux, de caractéristiques des parades et de probabilité des
évènements issues des expertises disponibles fin 2004. Toutes ces hypothèses sont
détaillées dans les annexes 6.1 à 6.3, et 8.
Pour les aléas géologiques et hydrauliques, les principales hypothèses ayant servi de base aux
calculs de rentabilité économique des parades sont résumées dans le tableau ci-après :
Concomitance crue 12 chances sur 100 qu’il y ait sans objet, pour
centennale/éboulement concomitance (cf. annexe 8) l’estimation des dégâts à
l’aval
Les bases d’évaluation des dommages pris en compte sont précisées en annexe 6.2.
On a vu plus haut, à propos de la méthode utilisée (§ 1.2) , puis à propos des enjeux (§ 3.6),
que les enjeux humains et les enjeux économiques ne pouvaient pas être traités de la même
façon, dans la démarche d’analyse et d’aide à la décision.
41
Il est rappelé (cf. annexe 8) que les dommages des scénarios 360 et 370 n’ont pas été pris en compte dans les
calculs de rentabilité des parades, ce qui donne une valeur minorée de la rentabilité.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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L’analyse économique, à partir de la comparaison des coûts et des bénéfices actualisés
apportés par les parades, fournit a priori une méthode de raisonnement adaptée face aux
enjeux strictement économiques menacés.
La méthode utilisée (cf. § 1.2 et annexes 7 et 8) conduit sur ce principe à des évaluations de
rentabilité économique des parades, dont le seul objet est de réduire l’impact économique
des aléas considérés. Il ne s’agit que d’outils d’analyse et d’aide à la décision, pour estimer
globalement la rentabilité des parades dont les enjeux sont économiques et non humains.
Pour les enjeux humains, concernés par les seules parades hydrauliques, il a paru
indispensable à la mission de compléter cette approche strictement économique par un
raisonnement par analogie avec d’autres catastrophes comparables.
C’est pourquoi les deux types de parades sont distinguées ci-après, selon leur impact sur la
sécurité des personnes ou seulement sur les enjeux économiques.
Le tableau de synthèse des enjeux humains (cf. § 3.6.1) met en évidence, par référence à des
catastrophes comparables, un risque de pertes humaines important : il va de quelques unités à
une centaine, voire plusieurs et au-delà, selon les scénarios.
Le tableau de synthèse des parades et de leurs performances (cf. § 4.4) indique quant à lui que
les dispositifs de contention, sous réserve d’un dimensionnement suffisant, devraient protéger
efficacement contre le risque de rupture du barrage dans le scénario 338 (ou a fortiori pour
des scénarios plus modestes). Le même tableau indique que la réalisation rapide d’une galerie,
même si elle est prête avant l’éboulement annoncé du scénario 338, ne dispenserait pas de
réaliser des dispositifs de contention (digues, casiers…). La réalisation de ces dispositifs
constitue donc une opération de toute façon nécessaire. On a vu qu’ils demandaient une étude
plus fine.
Pour les scénarios plus importants, considérés par les experts géologues comme improbables à
court terme mais possibles à échéance de quelques décennies, et susceptibles de provoquer un
nombre important de victimes, seules les galeries hydrauliques peuvent assurer une sécurité
suffisante. Deux questions techniques sont à résoudre au stade des études préliminaires :
- la solution à apporter pour les scénarios d’éboulement compris entre 338 et 350 (cf. §
4.4.2), qui sera un compromis entre un surdimensionnement des casiers hydrauliques,
une répartition du débit total à évacuer entre plusieurs galeries de moindre dimension
plutôt qu’une grosse (pour abaisser le niveau de la surface libre de l’eau dans les
galeries), la conception de l’ouvrage d’entonnement de la ou des galeries42, y compris
la recherche de l’abaissement maximum de la cote du seuil de cet ouvrage
42
On pourra s’inspirer de l’ouvrage réalisé en Suisse à Randa (cf. § 5.3.2), qui semble avoir, pour partie, une
fonctionnalité de répartition des débits entre la galerie et le cours normal de la rivière, semblable à celle qui devrait être
recherchée.
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- pour les scénarios plus importants, l’optimisation du débit total à évacuer par galerie,
et donc de la dimension de la ou des galerie(s). Sur ce point, il semble à la mission
qu’un débit correspondant à l’évacuation de la crue centennale (soit 800 m3/s,
après déduction des galeries existantes) serait insuffisant : comme on l’a vu (cf. nota
du § 4.5 et annexes 7 et 8), dans le cas de réalisation d’un éboulement, la probabilité
de voir une crue centennale coïncider avec cet éboulement n’est pas de 1%, comme si
les probabilités étaient indépendantes, mais de l’ordre de 10 à 12%. Même avec une
probabilité annuelle initiale (valeur de p dans la note de calcul de l’annexe 8) très
faible, de l’ordre de 10-2, pour le scénario d’éboulement non reproductible considéré,
la probabilité d’avoir simultanément un éboulement et une crue un peu plus que
centennale est donc de l’ordre de 10-3. Il apparaît donc à la mission que le scénario
« éboulement + crue centennale » a une probabilité d’occurrence d’un ordre de
grandeur très supérieur, par exemple, à celui des ruptures de barrages artificiels. Ce
scénario peut se produire avec des éboulements de volume relativement limité, ne
donnant au lac de retenue aucune capacité d’amortissement du pic de crue, et pour
lesquels le dépassement du débit d’évacuation de la galerie occasionnerait donc très
rapidement la rupture du barrage naturel, avec des dommages très importants à l’aval.
Cette discontinuité très forte dans les dégâts provoqués à l’aval, pour un événement
dont la probabilité ne peut être négligée, justifie ce surdimensionnement de la galerie.
Entre ces deux extrêmes (dimensionnement pour le débit centennal, ce qui paraît
insuffisant, ou pour le débit décamillénal, ce qui paraît non justifié) la proposition de
la mission est de retenir un débit à évacuer en écoulement libre de l’ordre de Q500
à Q1000. La mission a retenu pour ses évaluations chiffrées l’hypothèse de la galerie
unique de diamètre 11m.
43
Sous réserve qu’on sache la calculer : probablement autour de 1800 à 2000 m3/s ?
44
Calcul complémentaire au rapport GAES, effectué par Gérard Degoutte à la demande de la mission. Pour la
crue de temps de retour 5000 ans, le même calcul conduit à une cote maximum, avec galerie en charge, de 358m.
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Une solution à deux galeries de diamètre plus faible est également envisageable :
elle peut améliorer la sécurité des scénarios intermédiaires entre 338 et 350 (cf. ci-
dessus, § 4.3.2). Par ailleurs, comme on l’a vu, il y aura lieu de chercher à abaisser
autant que faire se peut la cote de l’entonnement amont de la ou des galerie(s)
La rentabilité de la galerie, dont le coût est évalué à 77,5 M€, paraît assurée si la
probabilité annuelle initiale du scénario 350 dans 15 ans, après réalisation du
scénario 338, est au moins égale à 1% : la mission rappelle à nouveau que ce
calcul ne prend pas en compte l’intérêt essentiel de la galerie en matière de
réduction des risques pour les vies humaines.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Dans le cadre des hypothèses qui ont été rappelées, la proposition de la mission en
matière de parades hydrauliques, pour limiter d’abord les risques relatifs aux pertes
humaines mais aussi pour réduire les dommages économiques, est donc double :
6.1.2 Des parades routières justifiées d’abord par leur rentabilité économique
L’étude économique des coûts et avantages des parades routières résulte de la méthode décrite
au § 1.2 et en annexe 7. Ses résultats sont présentés en annexe 8. Ils conduisent à une
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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rentabilité très élevée pour la déviation haute45 : l’hypothèse d’une coupure de route
limitée à 42 journées en cas d’éboulement, qui correspond au point d’équilibre de la
rentabilité pour un coût de déviation de 15 M€, apparaît en effet comme probablement très
inférieure à la réalité. La justification économique apparaît en revanche très faible à court
terme pour le tunnel, en raison de la probabilité réduite à court et moyen terme attribuée par le
rapport Panet II aux scénarios au-dessus de 360, les seuls pour lesquels le tunnel apparaisse
nécessaire : un calcul très simple d’actualisation montre qu’il faudrait raisonner avec un taux
d’actualisation nul, ou très proche de zéro, pour justifier d’entreprendre dès maintenant la
construction de ce tunnel dont l’utilité n’apparaîtra, le cas échéant, que d’ici quelques
décennies.
La mission propose donc de résoudre, sans attendre, les questions de maîtrise d’ouvrage et
de financement, afin d’engager sans délai les travaux nécessaires à la déviation « haute ».
Celle-ci devra être transparente hydrauliquement au regard des scénarios de court terme,
pour lesquels elle assure la continuité de l’itinéraire au droit de l’éboulement. Elle assure
par ailleurs, sous réserve de la réalisation conjointe d’une galerie hydraulique, la sécurité
contre l’interruption du trafic pour des aléas moyens ou importants.
Si l’on retient les conclusions du rapport Panet II, qui semblent repousser à plusieurs
décennies l’échéance du scénario 370, le souci de hiérarchiser l’emploi des fonds publics
conduit en revanche à ne pas envisager à court terme la réalisation d’un tunnel routier,
celui-ci n’étant justifié que dans ce scénario de très grande ampleur. En revanche, la
conduite anticipée des études techniques nécessaires permettrait, le cas échéant, de
s’adapter à une situation qui évoluerait défavorablement après le scénario dit de court
terme.
45
Le résultat apparent du calcul serait encore meilleur pour la déviation basse, mais avec un sérieux doute sur la
possibilité que cette déviation reste opérationnelle pour des aléas « moyens », entre les scénarios 338 et 350.
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- les démarches complémentaires à engager par ailleurs sont rappelées pour
mémoire dans le tableau ci-dessous (cf. aussi § 6.3 et 6.4)
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Tableau des propositions
Date
Délai de
Propositions de Nature des proposée
Coût réalisati Observations
la mission investissements pour la
on
décision
Etude et réalisation des 5 à 10 1 an à 2
Programme de dispositifs de contention M€ ans
2005 A engager d’urgence
base46 Déviation haute 15 M€ 2 à 3ans
Galerie :Etude47 de définition 0,7 M€ 1 an
Programme de A engager dès le
résultat des études, et
base, décision
Galerie : réalisation 77,5 M€ 2006 4 ans les décisions de
complémentaire48 maîtrise d’ouvrage et
différée d’un an de financement
Programme de
Synthèse des aléas, études
base, démarches complémentaires de risques
à évaluer 2005 1 à 2 ans -
complémentaires
Programme Décision optionnelle
Tunnel : étude 3 M€ En option 2 ans
optionnel de précaution
- Tunnel : réalisation différée 5 ans Décision différée
Les rencontres avec les différents acteurs et l’évaluation des dommages permettent d’avancer
des hypothèses sur l’intérêt à agir des uns et des autres ; mais auparavant il faut rappeler que
les investissements hydrauliques sont indissociables des investissements routiers et donc que
les décisions et les mises en place des uns et des autres doivent être simultanées.
Les quatre types d’acteurs à interroger sont l’Etat, les collectivités, les professionnels et
l’Europe.
46
Hors prolongement du merlon, à chiffrer par ailleurs
47
L’étude de définition préconisée ici vise à apporter les réponses aux questions évoquées plus haut : définition
plus précise des caractéristiques de l’ouvrage d’entonnement, choix entre une galerie importante ou deux de
diamètre plus faible, implantation et donc longueur exacte de la galerie. Elle ne se confond pas avec l’étude
d’avant projet, analogue à celle évoquée dans le tableau ci-dessus pour le tunnel routier, en programme
optionnel.
48
Fondées sur les rapports Panet I et II
49
Cf. aussi § 3.5 : perception du risque par les acteurs locaux.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Plus généralement, les possibilités d’intervention des différents fonds de l’Union
méritent une expertise précise.
o Pour ce qui concerne l’Etat, il est essentiellement concerné par la sécurité des
populations (cf. 3.6.1), par la circulation sur la RN 91 - tout au moins à l’heure où
ce rapport est établi - et par la non-aggravation de l’écoulement des eaux ; de plus
l’Etat ne peut se désintéresser de prévenir une catastrophe qui sans prévention
serait majeure, et à impact national; il est donc crédible qu’au-delà de la
surveillance continue qu’il assure avec de gros moyens, et de la délocalisation
qu’il termine, il participe aux études50 et à la réalisation des parades ; il faut ajouter
que plusieurs centres névralgiques (moyens radio, centres de secours…)
nécessaires en cas de crise sont dans la zone vulnérable.
o Pour ce qui concerne la Région, comme déjà indiqué, elle est compétente pour les
transports, le tourisme, l’environnement et la prévention des risques, la montagne ;
tous ces thèmes sont concernés par le problème posé.
o Pour ce qui concerne le département de l’Isère, outre qu’il devrait être sollicité au
sujet de la RN 91 – sur laquelle ses services travaillent déjà - l’économie
touristique représente près de 15% de son PIB et l’agglomération grenobloise plus
de 20% de sa population ; une catastrophe aurait un impact très fort sur toute la vie
du département.
50
Le FNADT pourrait être interrogé
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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d’images - 1 million d’€/jour de chiffre d’affaires51, en ordre de grandeur. L’un
des professionnels rencontrés (remontées mécaniques) s’est déclaré ouvert à un
tour de table, en soulignant qu’une éventuelle contribution de leur part serait
nécessairement très inférieure au niveau d’investissement requis. Un autre s’est
montré plus réservé.
- La distribution d’eau potable (Régie des Eaux de Grenoble et surtout SIERG)
serait très perturbée et pourrait avoir à refaire ses installations. Le coût en est à
estimer.
- EDF (Unité de production Alpes), qui contribue aussi de façon importante aux
budgets locaux par la taxe professionnelle, estime en première analyse que la
perturbation qui serait créée par l’arrêt momentané d’installations locales
(Péage-de-Vizille, voire poste de Champagnier pour des aléas importants),
pourrait être absorbée par ses soins sans difficulté majeure. L’arrêt du poste de
Champagnier, équivalant à l’interruption temporaire de deux tranches
nucléaires (2000 MW) occasionnerait cependant un surcoût pour RTE52, qui
aurait alors à compenser ses approvisionnements dans des conditions moins
optimisées. Les dégâts à la centrale de Péage-de-Vizille pourraient être de
l’ordre de 1 à 2 M€. Au delà, la récente décision d’EDF de restructurer la
chaîne hydroélectrique de la moyenne Romanche (investissement prévu 160
M€ sur les territoires de Livet-et-Gavet en particulier) peut conduire
l’établissement à marquer son intérêt pour un accès sécurisé La gestion de
creux préventifs dans les retenues EDF sur la Romanche à l’amont de
Séchilienne aurait un coût pour la collectivité.
En matière de sécurité des personnes, l’Etat est responsable de l’organisation des systèmes
d’alerte et des secours dès lors que le problème dépasse les capacités d’une seule commune.
Il a le pouvoir de déclencher un dispositif d’expropriation et de délocalisation préventive, en
application de la loi du 2 février 1995. Il a la responsabilité de dire le risque (information
réglementaire, en amont des documents d’urbanisme). Il peut participer financièrement aux
travaux de protection, soit sur son budget propre, soit par l’intermédiaire du fonds de
prévention des catastrophes naturelles (« fonds Barnier »), soit par l’intermédiaire
d’établissements publics (par exemple les agences de l’eau, pour des travaux de protection des
réseaux ou du milieu).
51
L’impact économique réel est plus faible : il doit tenir compte de la baisse des consommations intermédiaires. La
mission a retenu un montant de 500k€.
52
qui doit être consulté
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Dans le cas présent, l’Etat dit le risque (les DCS et les plans de prévention des risques sont
achevés ou en cours d’élaboration), il conduit le système de surveillance et d’alerte, et il a
mené l’opération de délocalisation du lotissement de l’Ile Falcon.
Il peut participer aux travaux d’hydraulique (réalisation d’une galerie de dérivation) par
l’intermédiaire du fonds de prévention des catastrophes naturelles dans la limite de 20% du
montant des travaux, sous réserve que la maîtrise d’ouvrage soit assurée par une collectivité53.
D’autre part, les programmes d’aménagement de rivière d’une part, et de prévention des
inondations d’autre part, pourraient être sollicités, ainsi que des programmes de l’Agence de
l’Eau.
Pour la maîtrise d’ouvrage des travaux hydrauliques (casiers, digues et galerie(s)), ces
éléments importants plaident pour le choix d’une collectivité. Il appartiendra dans cette
hypothèse aux représentants des collectivités concernées de choisir l’une d’entre elles, ou de
mettre en place une structure juridique nouvelle, pour assurer cette maîtrise d’ouvrage. Au
total, les collectivités locales concernées pourront être
- le Conseil général de l’Isère (en liaison avec le Conseil Général des Hautes Alpes)
- le Syndicat départemental récemment créé pour assurer la maîtrise d’ouvrage des
travaux de protection contre les inondations (SYMBHI)
- le SIVOM de l’Oisans
- la communauté des communes du Sud Grenoble
- la communauté d’agglomération de la métropole grenobloise
- la ville de Grenoble.
Pour les travaux routiers, le choix du maître d’ouvrage dépendra des dispositions (modalités
et date) qui seront finalement retenues en matière de transfert de la RN 91 de l’Etat au
département. Par circulaire du 18 novembre 2004 adressée aux préfets de département, le
ministre chargé de l’Equipement a confirmé que le transfert de la RN 91 était bien proposé, et
que la date préconisée pour l’ensemble des routes transférées était fixée au 1er janvier 2006.
Si, comme on peut le souhaiter (cf. § 6.1.2 ci-dessus) le projet de déviation fait l’objet de
décisions en 2005, les modalités pratiques à retenir devront préciser la maîtrise d’ouvrage
retenue.
53
Loi de finances pour 2004, article 128 : taux d’intervention maximum 50% pour les études et 20% pour les travaux,
sous réserve d’une maîtrise d’ouvrage par une collectivité territoriale, et de l’existence d’un PPR. On rappelle ici que
la galerie existante, en rive gauche, assurée sous maîtrise d’ouvrage de l’Etat, n’est qu’une galerie de reconnaissance
destinée à expertiser la qualité des roches à traverser.
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- la parade hydraulique doit être étudiée sans retard puis réalisée après un point d’étape
dans un an (après l’étude de faisabilité et la constitution d’un maître d’ouvrage). Il
s’agit d’un équipement de sécurité pour la déviation routière et pour tout l’aval jusqu’à
l’Isère et au delà, qui peut être appelé à fonctionner rapidement ou dans quelques
décennies. Il apparaît donc logique de rechercher un mode de financement qui
répartisse la charge autant que possible :
o entre les partenaires de différents niveaux (Etat /voire Europe, Sivom,
Communautés de communes, Agglomération, Ville, Département, Région,
voire professionnels)
o dans le temps, les contributions en capital pouvant alors être complétées par un
emprunt de longue durée (plus de 30 ans par exemple) à négocier auprès des
établissements spécialisés dans ce type de prêt.
o au prorata des intérêts représentés pour les collectivités, par un critère
pondérant la population et le risque encouru, ou tout autre mécanisme.
des
Enjeux
Parades
Plate Forme chimique
Economie touristique
Equipements publics
Galerie Hydraulique
Milieux Aquatiques
Economie générale
Morts blessés
Infra Routes
Habitations
Industrie -
Victimes
Qualité
Route
Acteurs Acteurs
Concernés
Europe X Europe (X) (X)
Etat MINEFI X X Etat – MINEFI
- DPPR X - DPPR X
- DE X - DE X
- D4E - D4E
- DDSC X X X X - DDSC
- DR (X) - DR X
Collectivités
Région X X X X X X
Région
Département(s) (X) X X Département(s) X X
Cté d’Agglo ou Cté d’Agglo ou
X X X X X X
de communes de communes
Villes/Cnes X X X X X X Villes/
Professionnels Professionnels
Tourisme X X Tourisme X
Aep* X Aep - Milieux X
Energie X Energie X
Industrie X X X X Industrie X
*
Aep : alimentation en eau potable
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6.3 Un outil permanent d’aide au débat public, et à la décision
A cet effet, la mission propose qu’un tel outil soit mis en place dès 2005. Une partie des
éléments pourraient être repris à partir des travaux de la mission :
o bases de données cartographiques et numériques relatives aux aléas, aux enjeux, aux
parades,
o instruments de calcul économique et statistique reliant ces données pour l’aide à la
décision.
Les développements de ce rapport reposent sur les rapports Panet I et II d’une part et les
études DDE/Sogreah 1997-2000 d’autre part. Compte tenu des données disponibles, le présent
rapport n’a pu que proposer des solutions de parade, avec des ordres de grandeur de
coût/avantages.
- Etudes géologiques
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Elles sont premières, puisqu’elles concernent le fait générateur. Elles doivent
permettre de préciser les modèles géologiques et les modèles d’éboulement, leur
horizon, leurs modalité (mono ou polyphasé), leur cote ou leur emprise.
Elles sont à définir par le collège d’experts "Panet". L’objectif est d’être si
possible plus précis que les rapports Panet 1 et 2 sur l’aspect et l’évolution de la
paroi après l’événement court terme.
Etudes de vulnérabilité :
Expliciter la cohérence des choix d’aléas de référence au regard des différents enjeux (PPR,
infrastructures, PPRT, POI).
Préciser les appréciations de la vulnérabilité des pôles chimiques par effet domino
(éboulement / onde de crue / submersion des installations Seveso / accident industriel…), et
éventuellement préciser les hauteurs / surfaces / vitesse / durée de submersion pour les
différents scénarios.
54
dont les conditions de déclenchement, essentielle, ne relèvent pas de la présente mission
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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6.4.3 Etudes et recherches méthodologiques, de portée générale
Pour l’aide à la décision, poursuivre les approches d’économie expérimentale pour tester la
stabilité des hypothèses retenues dans ce rapport.
Développer une approche "économie" du droit" pour préciser les responsabilités des
décideurs, dans la mise en œuvre de parades efficientes, à un coût économique adapté, face à
un / des événements incertains.
Inscrire cette réflexion dans un effort méthodologique général d’approche économique des
risques, à conduire par le MEDD.
Quelles parades pour l’éboulement des Ruines de Séchilienne ? Rapport CGPC / IGE du 08 03 2005
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Conclusion
L’analyse rapide de tout ce qui a été dit et écrit sur le glissement de Séchilienne depuis 1985
ne pouvait que conduire à une perplexité certaine : la confrontation d’enjeux très élevés et de
probabilités d’occurrence faibles, les uns comme les autres étant au demeurant mal définis,
pouvait en effet justifier l’inaction comme la plus grande inquiétude.
Confortée par l’avis des experts en statistique et en économie du risque qu’elle a pu consulter,
elle a estimé que l’analyse économique, qui ne constitue qu’un outil d’aide à la décision,
n’était pas suffisante, notamment en matière de risques humains. Elle a donc complété cette
approche économique en recherchant des analogies avec d’autres situations de danger,
estimées comparables dans leur amplitude ou dans leurs effets.
La mission rappelle que ses propositions sont strictement fondées sur les expertises
géologiques du collège d’experts présidé par M. Panet et sur les études hydrauliques
disponibles en décembre 2004. Sur ces bases, elle estime que le risque d’éboulement de
Séchilienne, tel qu’il résulte de la confrontation des aléas géologiques et hydrauliques, et des
enjeux humains et économiques, justifie pleinement une action préventive déterminée et
maintenant rapide des pouvoirs publics nationaux et locaux. Cette action se situe dans le
prolongement de ce qui a déjà été fait en application de la loi de 1995, et du plan en dix points
présenté en 2004 par le préfet de l’Isère. La comparaison avec d’autres situations de
prévention de risques majeurs dans l’arc Alpin conduit à estimer que l’ensemble des enjeux,
de l’Oisans à l’agglomération grenobloise justifie pleinement une telle intervention. Elle
devrait aux yeux de la mission porter sur les éléments ci-après.
La réalisation d’une déviation routière à l’air libre, dans le versant rive gauche de la
Romanche, mettra la route à l’abri des éboulements envisageables à court ou moyen terme. Le
rapport de son coût, de l’ordre de 15 M€, aux avantages qu’elle procure en matière de
maintien de la liaison entre l’amont et l’aval de la vallée de la Romanche, assure sa rentabilité
économique. Sa maîtrise d’ouvrage et son financement relèvent de décisions conjointes de
l’Etat et du département, dans le cadre du transfert de la RN 91. La mission recommande
que les démarches nécessaires à la réalisation de cette déviation routière soient
entreprises sans délai.
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- la constitution d’une maîtrise d’ouvrage, résultant de la négociation entre toutes les
parties prenantes et des règles d’utilisation des fonds publics utilisables à cet effet
(notamment le « fonds Barnier »)
- la poursuite d’études techniques sur quelques points précisément identifiés dans le
rapport : achèvement des études des ouvrages de contention aval (« casiers
hydrauliques » et digues) et choix d’une solution pour ces ouvrages, choix entre une
galerie importante ou plusieurs galeries plus petites, forme et position de
l’entonnement amont de la galerie, notamment. Les deux types d’ouvrage doivent en
effet être conçus de façon cohérente, leurs effets étant complémentaires pour les
scénarios suivant immédiatement le court terme.
Au vu du résultat des études techniques ainsi proposées, la décision d’engager les travaux
appartiendra bien entendu au maître d’ouvrage qui aura été constitué.
Dans l’état actuel des informations et expertises disponibles, deux options se présenteront
alors à ce maître d’ouvrage :
- engager la réalisation des travaux, ouvrages de contention (« casiers », digues) et
galerie, dès l’achèvement des études techniques évoquées.
- attendre, pour la réalisation de la galerie, l’événement dit de « court terme »
(éboulement de 3 millions de m3 de blocs, pour lequel la galerie est sans effet)
Sur la base des expertises et rapports validés disponibles en décembre 2004, et dans le
cadre des hypothèses retenues et rappelées en annexe, la mission ne peut que
recommander que les discussions à mener entre l’Etat et les collectivités sur la maîtrise
d’ouvrage et les engagements financiers des différents partenaires soient menées dans
l’hypothèse de la première option, de décision non reportée : la réalisation ferait alors suite
aux études techniques nécessaires.
Rien ne permet, dans l’état actuel des rapports géologiques, de retenir une telle hypothèse.
Dans cette incertitude, le gain économique résultant d’une telle décision de report ne paraît
pas justifié au regard du risque humain et économique. Un mécanisme de financement de la
galerie par emprunt à long terme, correspondant à la répartition de son coût sur la période de
risque statistique, permettrait par ailleurs de mieux répartir dans le temps le coût de la sécurité
apportée par une décision non retardée.
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La réalisation éventuelle d’un tunnel routier limiterait les dommages économiques
prévisibles, dans l’hypothèse d’aléas qui ne sont envisagés par les experts que pour le long
terme. Elle pourra donc être justifiée dans l’avenir mais n’a pas de justification à court terme.
Au-delà de la solution de base la mission propose en variante d’engager les études de
définition d’un tunnel, le couplage du tunnel routier et de la galerie hydraulique dans le
même ouvrage n’apparaissant par ailleurs pas pertinent.
Au-delà des décisions d’investissement à prendre, la mission a constaté au cours de tous ses
entretiens la forte sensibilité de tous les interlocuteurs locaux à cette question. Les experts
envisagent des scénarios d’éboulements successifs, s’étendant sur plusieurs décennies, avec
une nécessité d’adapter les décisions des pouvoirs publics à la situation réelle du versant
instable. Il paraît donc tout à fait nécessaire que les représentants des pouvoirs publics
puissent disposer localement d’un outil destiné à faciliter le débat public sur l’évolution du
risque et l’adaptation des mesures à prendre : cet outil, nécessitant le support d’un Système
d’Information Géographique, devrait réunir les données physiques et économiques sur les
aléas, les enjeux, les parades et leurs effets, les plans d’urgence. Une première ébauche
pourrait en être établie dès 2005 à partir des éléments réunis par la mission. Les réflexions
menées dans d’autres situations de risques montrent en effet clairement l’importance de la
compréhension collective des enjeux : au-delà du dialogue sur la bonne utilisation des fonds
publics, elle conditionne l’efficacité des plans d’urgence, seul moyen de limiter les risques de
pertes humaines.
Le 8 mars 2005,
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