Chapitre 1 - Objet de La Science Économique
Chapitre 1 - Objet de La Science Économique
Chapitre 1 - Objet de La Science Économique
de la Science
économique
Table des
matières
I - 1. La notion de besoin 3
II - 2. La notion de ressources 4
1. La notion de besoin
I
Chaque individu a des besoins qu'il cherche à satisfaire. Ces besoins peuvent être regroupés en
différentes catégories :
Ces besoins peuvent aussi servir à se différencier des autres et répondent à ce que l'on appelle un
besoin psychologique (un végétarien ne consomme pas de viande...).
Ces besoins sont par nature illimités : une fois l'un d'eux satisfait, il en apparaît de nouveaux. L'homme
est donc, consciemment ou non, obliger de classer ses besoins par ordre de priorité, et ce, d'autant
plus, qu'il ne dispose que d'un revenu limité pour satisfaire ses besoins.
On appelle donc besoin en économie toute sensation de manque qu'un individu cherche à combler. La
satisfaction de ces manques se fait par la consommation d'un bien ou d'un service (manger pour
satisfaire sa faim...)
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2. La notion de ressources
2. La notion de
ressources II
Pour satisfaire ses besoins, l'homme peut se servir directement en puisant dans les ressources
disponibles dans la nature(le besoin en oxygène est satisfait simplement par le fait de respirer). Ces
biens, disponibles « gratuitement » et utilisables en l'état constituent les biens « libres ».
Mais de nos jours, la majeur partie de nos besoins ne peuvent être comblés par la nature qui nous
entoure (exemple : besoin de se déplacer rapidement d'un endroit à l'autre entraîne la nécessité
d'acheter une voiture). Il faut donc produire les biens et services dont nous avons besoin pour satisfaire
nos besoins : ce sont les biens « économiques ».
Pour satisfaire nos besoins, il nous faut donc en produire la majeure partie à l'aide de ressources
(matières premières, énergies...) qui ne sont pas disponibles en quantité illimitée dans la nature. On dit
alors que les ressources sont « rares ».
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3. La science économique
3. La science
économique III
« L'économie est la science qui étudie comment les ressources rares sont employées (transformées
par les entreprises) pour la satisfaction des besoins des hommes vivant en société. » (Edmond
Malinvaud, Leçons de théorie macroéconomique, Dunod, 1982.)
pour qui produire ? : quelle sera la demande exprimée par les agents économiques.
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4. Les définitions de l'économie
4. Les définitions de
l'économie IV
S'il est bien une question qui est embarrassante pour les économistes, c'est bien celle de la définition
de leur discipline, donc de sa place dans le domaine des sciences sociales. Non pas parce que chacun
n'ait pas sa propre définition mais plutôt parce qu'elle fait apparaître des désaccords fondamentaux,
qui mettent en doute le statut scientifique de la matière. Si ces désaccords et l'imprécision qui en
résulte peuvent être déroutants pour un économiste débutant, il est tout de même préférable de
souligner ce fait d'entrée plutôt que de l'ignorer.
On peut ainsi rappeler quelques-unes des principales définitions de l'économie qui ont, ou ont eu,
chacune leur importance et qui permettent finalement de banaliser assez largement le champ que cette
matière est censée couvrir. Quoi qu'il en soit, l'étudiant ne doit pas être rebuté par une telle situation et
doit se dire que, de même que le mouvement se prouve en marchant, l'économie se comprend en en
faisant !
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4.1. L'économie, science des richesses
4.1. L'économie,
science des richesses V
La première définition qui s'offre à nous peut être résumée de la façon suivante: "l'économie étudie
l'organisation sociale de la production matérielle de l'existence", cette formule imprécise voulant dire
qu'il faut alors s'intéresser à la façon dont la société est organisée pour produire, répartir et consommer
les richesses matérielles. Cette optique matérialiste, réaliste, objective met au centre de l'étude les
biens physiques, les objets. De plus, c'est la Richesse des Nations qui est ici en jeu, c'est donc bien le
système économique et son organisation qui sont à étudier.
Cette définition a surtout prévalu jusqu'au XIXème siècle, y compris chez Marx. Du fait qu'elle insiste
sur la base nationale, elle est celle qui renvoie au terme consacré d'Économie Politique (en grec, polis
signifie la cité). Elle émerge donc au XVIIème siècle, à la suite des bouleversements qui se sont
produits au cours des siècles précédents, et qui ont élargi l'échelle des échanges économiques.
Mais en fait, c'est une extension de la définition originelle de l'économie du monde grec antique : oikos
signifie la maison et nomos la loi, la règle. Ainsi, l'économie était.elle au départ composée de
l'ensemble des règles d'administration de la maison, puis (l'essentiel des relations étaient restreintes à
cette échelle, celle de l'économie domestique. Mais, dans ce cadre, il s'agissait surtout de préceptes,
de recommandations, bref de développements d'ordre moral : un certain nombre d'interdictions étaient
ainsi posées, relatives au prêt à intérêt, au commerce, ou au travail salarié. Avec le développement
général des sociétés humaines, il y a eu progressivement changement d'échelle, passage de la famille
à la Cité, mais pendant longtemps, on a gardé la dimension de morale économique, ou de
recommandations fondées sur des jugements de valeur.
Ce n'est qu'à la fin du XVIIIème que le libéralisme va s'imposer à différents niveaux, idéologique et
religieux, politique et économique (il suffit de penser à la Révolution Française). On va alors davantage
chercher à comprendre les phénomènes économiques qu'à porter des jugements, ce qui va conduire à
modifier la définition précédente.
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4.2. L'économie, analyse des comportements
4.2. L'économie,
analyse des VI
comportements
Une seconde définition affirme ainsi que "l'économie peut être définie comme l'étude des choix
rationnels dans un univers de rareté". Cette définition renvoie à celle, célèbre, proposée par Lionel
Robbins en 1932 dans Essay on the Nature and Significance of Economic Science : "l'économie est
une science qui étudie le comportement humain comme une relation entre [une hiérarchie donnée de]
fins et des moyens rares, qui ont des usages alternatifs".
Cette définition a progressivement remplacé la précédente pour plusieurs raisons. On a estimé qu'il ne
fallait pas réduire les richesses à des biens matériels puisque les services acquièrent une importance
de plus en plus grande dans les sociétés développées. D'une manière plus générale encore, on a eu
tendance à penser qu'il ne fallait pas partir des richesses produites mais des agents économiques
engagés dans cette production et les échanges auxquels elle donne lieu. On passe ainsi d'une
conception matérialiste, objective, à une optique plus idéaliste et surtout plus subjective de l'économie
: ce qui importe, ce ne sont pas les objets produits mais les sujets économiques. Il ne faut alors pas
tant s'intéresser aux relations entre ces biens qu'aux comportements des sujets par rapport à ces
objets. L'émergence de cette seconde définition de l'économie est liée au mouvement des idées en
général, dans la mesure où il s'agit de poursuivre et d'accentuer des tendances antérieures visant à
mettre l'individu au centre du monde, après l'avoir libéré de la Providence Divine.
On voit bien qu'on est là également dans une optique qui privilégie l'individuel par rapport au collectif.
De ce fait, on ne se situe pas ici dans la même perspective que ce de la définition précédente. L'image
traditionnellement utilisée dans cette approche pour définir l'objet de l'analyse économique est celle de
Robinson Crusoe qui, seul sur son île déserte, est soumis au problème du choix de la meilleure
utilisation possible des ressources rares dont il dispose. A partir de cette fable, il faudrait comprendre
que, pour l'essentiel, nous serions tous des Robinson modernes, soumis au même problème. Ce serait
une question universelle, identique en tout temps et en tout lieu. Ainsi appréhendés à travers le prisme
de l'économie, nous serions assimilables à des agents économiques, des Homo oeconomicus,
individus rationnels capables d'opérer une bonne adéquation entre la fin recherchée et les moyens mis
en œuvre pour cela. Cette caractéristique permettrait de faire véritablement de l'économie une science,
et qui plus est une science neutre, affranchie des jugements de valeur qui ont marqué le début de son
histoire.
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4.3. L'économie, étude de la catallaxie
Une autre définition de la discipline qui a été proposée au cours de ce siècle par F. Von Hayek nous
suggère de faire de la discipline l'étude de la catallaxie c'est.à.dire de "l'ajustement mutuel de
nombreuses économies individuelles sur un marché". Ce qui serait important ne serait donc pas tant
l'échelon individuel des décisions rationnelles que le résultat de la confrontation de ces décisions,
notamment parce qu'il serait un produit inintentionnel des comportements individuels, un ordre
spontané dont l'économiste peut étudier les conditions d'obtention.
Dans ce sens, c'est donc le phénomène interindividuel de l'échange (Kattalein en grec) qui est
primordial. Ainsi, l'économie ne devrait pas s'intéresser à des actions conscientes, rationnelles qu'on
pourrait étudier de façon à établir un ordre artificiel, produit de la raison. On doit se contenter de
comprendre la possibilité d'un ordre spontané, naturel, ce qui limite le champ de l'économie. La
reconnaissance d'une telle limite va de pair avec la reconnaissance de la spécificité des sciences
sociales, fondées sur l'étude de phénomènes subjectifs, et doit rendre l'économiste prudent en
l'empêchant notamment de chercher à jouer les apprentis sorciers par des manipulations qui seraient
dommageables pour la société.
Au total, cet échantillon des définitions de l'économie, et des multiples combinaisons possibles entre
elles, permet de se faire une idée générale de son domaine. Nous en verrons le résultat en étudiant les
principaux courants de pensée.