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PRÉCIS DE GÉOGRAPHIE ÉCONOMIQUE


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PRÉCIS
DE

GÉOGRAPHIE
ÉCONOMIQUE
P I E R R E l
Professeur à i' Université de Paris I
(Panthéon-Sor bonne )

PRESSES UNIVERSITAIRES D E FRANCE


108, Boulevard Saint-Germain, Paris
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Dépôt légal. — ire édition : 3e trimestre 1956


6e édition revue et mise à j o u r : 4e trimestre 1975
( 0 1956, Presses Universitaires de F r a n c e
T o u s droits de t r a d u c t i o n , de r e p r o d u c t i o n et d ' a d a p t a t i o n
réservés p o u r tous pays
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Introduction

La géographie économique a pour objet l'étude des formes de


production et celle de la localisation de la consommation des dif-
férents produits dans l'ensemble du monde. Elle est par essence
science humaine, plus précisément science sociale, en ce sens que
les processus de production, de t r a n s p o r t et d'échange, de transfor-
mation et de consommation de produits résultent d'initiatives et
doivent leurs caractères, leur efficacité, à des formes d'organisation
qui découlent elles-mêmes du passé propre à chaque groupe humain.
Les faits et les processus qui constituent le sujet d ' é t u d e de la
géographie économique résultent de données historiques d'am-
plitude plus ou moins longue :
— l'évolution millénaire de procédés de culture et de fabrication ;
— la mise en œ u v r e de découvertes scientifiques successives et
continues dans certaines conditions historiques et géogra-
phiques ;
— la projection à la surface du globe des divers moyens de pro-
duction et d'échange, des divers modes de consommation
et d'usage, suivant le développement des différents sys-
tèmes politiques, économiques et sociaux, suivant le déve-
loppement c o n c o m i t t a n t des techniques — l'inégale
extension spatiale de chacun de ces systèmes.

Un premier thème d ' é t u d e est donc l'examen des conditions de


répartition q u a n t i t a t i v e et qualitative des groupes humains à la
surface du globe. La géographie de la consommation procède de
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combinaisons complexes entre le nombre et le niveau des besoins,
lui-même lié au degré de développement technique et aux struc-
tures sociales. Celle de la production dépend de la localisation des
divers types de production et de fabrication et de leurs formes
d'expansion. Tout essai rationnel de géographie économique débute
donc par la considération de la répartition de la population du
globe et par l'examen des formes de production et de consommation
propres aux divers groupes suivant la structure de leur économie.
Il ne sera pas possible de distinguer des groupes étanches, mais
nécessaire au contraire de définir la nature des rapports existant
entre les groupes.
Bien que la production agricole soit, dans l'ordre historique, de
beaucoup la plus ancienne, et sur le plan géographique la plus
largement développée, la clef des mécanismes de l'économie contem-
poraine est fournie par la connaissance des formes et des conditions
du développement de la production industrielle : la priorité revient
donc à l'étude de cette dernière.
Iva grande diversité de la production agricole, suivant qu'elle
est plus ou moins directement influencée par l'action directe ou
indirecte de l'économie industrielle se situe sur trois plans suc-
cessifs :
— en fonction des aptitudes naturelles aux différentes formes de
spéculations végétales ou animales, surtout en fonction
des données climatiques ;
— par rapport à la répartition des diverses cultures et des divers
élevages ;
— en fonction des divers systèmes de production.
Les échanges internationaux appellent à leur tour deux séries
de considérations : volume, sens, modalité des échanges, par rap-
port aux nécessités et aux impératifs des divers systèmes écono-
miques ; organisation matérielle de toutes les formes de transports
et de transmissions.
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La statistique est un moyen de diagnostic de l'état présent de
la production, de la consommation, de la circulation des produits
bruts et élaborés. Projetée sur le plan historique, elle permet de
définir des évolutions et d'expliquer, par la connaissance des
formes antérieures de production et de commerce, des situations
économiques actuelles. Instrument indispensable, elle ne doit être
considérée que comme un instrument.
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PREMIÈRE PARTIE

Les hommes
et les systèmes économiques

Le processus logique de la pensée dans une étude de la géo-


graphie économique du monde est d'analyser successivement
toutes les données exerçant une influence sur la répartition de la
production, sur son intensité en chaque lieu, sur la répartition de
la consommation, en elle-même et par rapport à celle de la pro-
duction. Ces données sont nombreuses, d'essence différente et
d'importance inégale. Une classification est donc nécessaire.
Dans un domaine défini, à un moment déterminé, le volume
et la nature de la production sont subordonnés, dans une certaine
mesure, à l'existence de conditions de production, qui sont des
données inhérentes au milieu physique (régime des pluies, présence
de gisements minéraux) ou acquises par l'action des générations
passées (aménagement des terroirs, équipement industriel, réseau
de transports). Ces données ne sont que des données potentielles.
Il n'est pas difficile de démontrer que la présence de réserves consi-
dérables d'énergie industrielle ne suffit pas à engendrer une indus-
trie : le bassin du Congo dispose d'un des plus hauts potentiels
d'énergie hydroélectrique du monde. Même la présence d'un amé-
nagement antérieur ne garantit nullement la possibilité d'une
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production actuelle : l'exemple classique est celui des terres naguère


aménagées pour une production agricole, abandonnées depuis au
désert ou à la grande forêt. La fécondité d'un sol n'est pas ipso
facto génératrice d'agriculture à haut rendement. Les conditions
de production n'ont aussi qu'une valeur relative. En effet, des condi-
tions défavorables peuvent être corrigées, annulées : l'ambiance
malarienne par le drainage ou la destruction des anophèles, la
médiocrité d'un sol par les amendements, les engrais, la sélection
des plantes cultivées, etc.
Tout est purement virtuel tant que la population est absente.
La présence des hommes a une importance et une signification
d'un autre ordre que celles des conditions de production. Elle est
d'essence différente et elle est décisive. Elle se manifeste toutefois
avec une intensité très inégale, non seulement suivant le nombre
— considéré comme force de production ou comme appel de pro-
duction (consommation) —, mais suivant l'efficacité productive
du peuplement — subordonnée à la capacité technique, à l'orga-
nisation de la production, à la qualité et à la nature des besoins
régionaux de consommation, à celles des besoins extérieurs pro-
jetés sur le domaine géographique envisagé, etc. Population,
systèmes et techniques de production sont plus que des conditions de
production : ils constituent les facteurs de la production.
Les facteurs de production sont non seulement primordiaux
par rapport aux conditions de production, mais ils ne se présentent
pas à la même échelle. La répartition brute de la population est bien,
par certains aspects, un fait de géographie régionale, dans la mesure
où on la considère comme une condition de production (présence
de consommateurs constituant un marché, présence de main-
d'œuvre) au même titre que la distribution des conditions clima-
tiques ou que celle des ressources minérales, mais la distribution
des divers systèmes économiques et sociaux, celle des combinaisons
techniques, des relations d'interdépendance entre des systèmes
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différents, entre des régions différemment équipées et différemment


pourvues de moyens de production, sont des faits de géographie
générale, qui se projettent dans l espace à l'échelle planétaire. La
nécessité de définir préalablement tous les facteurs généraux
implique l'étude globale de toutes les données concernant la répar-
tition et l organisation des collectivités humaines.
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CHAPITRE P R E M I E R

Les hommes

Trois considérations fondamentales dominent l'étude du peu-


plement de la terre, entreprise sous l'angle de la géographie écono-
mique (i) :
1. La population du globe est en augmentation générale — parti-
culièrement rapide dans certains pays ;
2. Elle est très inégalement répartie, en fonction de la distribution
des terres habitables et des ressources connues ;
3. Elle est très inégalement pourvue de moyens de production et
le taux individuel de pouvoir de consommation est très inégal dans
les différentes régions du monde. Par conséquent, la comparaison
des chiffres bruts n'exprime qu'une partie du problème principal
à l'égard de la géographie économique : la définition de la capacité
de production d'une collectivité humaine et celle des résultats
de l'application du travail de cette collectivité à l'exploitation des
conditions de production du milieu : le niveau de vie moyen.

Il faut donc, à partir de cette troisième considération, entre-


prendre l'étude des causes de l'inégale efficacité économique du

de la géographie de la population sera recher-


chée(1)dans
Une Pierre étudeGEORGE,
plus systématiquePopulation et Peuplement, Paris, P. U. F., 1972, collection
« S U P - Le Géographe », n° 3, 200 p.
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peuplement, celle de l'organisation de la production : systèmes


économiques et sociaux et disponibilités techniques.
Mais il est aussi très difficile de qualifier les données ressortis-
sant aux deux premières considérations sans enregistrer au préa-
lable quelques-uns des résultats essentiels d'une analyse liminaire
de l'inégale efficacité productive des différents groupes humains.
Pour la clarté de l'exposé, on scindera en deux l'examen de l'inégal
développement économique de l'humanité. Il convient de définir
d'abord les cadres d'une classification élémentaire des types de
peuplement permettant d'apprécier qualitativement les différen-
ciations régionales des variations de population et les caractères
distinctifs des diverses collectivités humaines. Les problèmes
principaux de rapports quantitatifs entre effectifs humains et
ressources seront examinés séparément.

i. Pays développés et pays sous-développés. — Le vocabulaire


actuellement employé sur une base internationale distingue des
pays économiquement développés et des pays économiquement
sous-développés. L'examen des conditions historiques qui ont
conduit à cette distinction de fait et des structures économiques et
sociales correspondant à chacune des deux grandes séries fera
l'objet du chapitre II. Il n'est donc question ici que de définir
sommairement les caractères des pays sous-développés et des
pays développés tels qu'ils apparaissent dans les faits.

Les pays développés sont ceux qui ont pu réaliser leur indus-
trialisation sur une base nationale. Les revenus de la production
industrielle s'ajoutent dans l'établissement du revenu national à
ceux d'une exploitation agricole beaucoup plus efficace que celle
des pays non industrialisés (rendement de l'unité de surface de
trois à dix fois supérieur dans le seul domaine de la comparaison
d'économies agricoles sédentaires — rendement du temps de
travail jusqu'à plus de cent fois supérieur). L'accumulation de
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capitaux permet de subventionner des activités de services exté-


rieurs : transports effectués pour le compte d'autrui, vente de
brevets, de prototypes, etc. Les revenus de la production sont
suffisamment élevés pour financer des activités non productives
participant à la gestion du patrimoine économique, au dévelop-
pement de l'héritage culturel — sans exclure une part plus ou
moins élevée de parasitisme économique (activités superflues dans
le domaine commercial notamment). Les « valeurs ajoutées 1)
prennent une part de plus en plus importante dans le produit
brut national, par rapport aux valeurs des productions primaires
brutes. Le niveau moyen d'existence est élevé, abstraction faite
dans l'immédiat de toute considération de répartition vraie du
revenu national, le développement de l'instruction et des activités
culturelles est grandement facilité, l'hygiène individuelle et sociale
y atteint un haut niveau. La population urbaine tient une place
généralement prépondérante numériquement, toujours importante.

Les pays sous-développés se définissent d'abord par antithèse.


Ce sont des pays strictement agricoles ou ne possédant que des
activités industrielles subalternes ou développées sur une base
non nationale (industries extractives organisées par des économies
étrangères pour leurs besoins propres : production du pétrole,
de certains minerais métalliques...). Le rendement de l'agriculture,
seule forme de production, est très bas. Le revenu local — car il
est ici vain de parler de revenu national — représenté essentielle-
ment par une offre de nourriture, ne permet pas de supporter la
charge d'une population active non productive — en l'espèce non
agricole. Le niveau moyen d'existence dans ces pays est bas, sou-
vent très bas. L'analphabétisme y est général et, malgré des pro-
grès récents, l'hygiène sociale y est encore insuffisamment déve-
loppée. Si les villes y croissent parfois plus rapidement que dans
les pays industriels, c'est surtout par accumulation d'un secteur
« tertiaire » parasitaire.
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FIG. i. — Quotients de consommation d'énergies


(disponibilité arithmétique, théorique, toutes s o u
1. Moins de 0,1 t/hab. — 2. De 0,1 à 0,5 t/habf,
5. De 2 à 3 t/hab. — 6. De 3 à 4 t/hab. —f
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"licanique par habitant, en tonnes par habitant


eii d'énergie converties en équivalents-houille)
Dl 3. De 0,5 à i t[hab. — 4. De 1 à 2 t[hab.
1 De 4 à 5 t/hab. — 8. Plus de 5 t/hab.
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Trois critères commodes de discrimination élémentaire entre


pays développés et pays sous-développés sont la détermination
du quotient de disponibilité théorique d'énergie mécanique p a r
individu, celle du pourcentage de la population agricole p a r r a p p o r t
à la population active totale, celle enfin des effectifs de population
rurale et de population urbaine. L'utilisation du premier et du
troisième est de portée plus universelle que celle d u second
r e q u é r a n t des statistiques de la répartition professionnelle de la
population qui ne sont pas fournies p a r tous les É t a t s ou ne pré-
sentent pas la même précision partout. Cependant, à l'échelle de
cartes de reconnaissance, ces modes de discrimination sont à peu
près homologues (fig. 1, 2).
C'est en fonction de cette division très élémentaire, mais abso-
lument fondamentale, d u monde actuel, que l'on peut entreprendre
utilement l'étude de l'évolution q u a n t i t a t i v e de la population du
globe depuis cinquante ans et celle de sa répartition géographique
actuelle.
Mais on ne saurait se b o r n e r à caractériser les p a y s sous-
développés p a r u n r e t a r d technique et une insuffisance de pro-
duction qui sont les éléments d ' u n e s i t u a t i o n de fait et les
résultats d ' u n e série de conjonctures historiques. Il f a u t aussi
qualifier cette situation en r a p p e l a n t qu'elle procède p o u r une
p a r t d u rôle inhibitif des relations qui leur o n t été imposées
depuis u n siècle au moins p a r les p a y s développés, colonisation
ou subordination économique.

2. L'augmentation de la population du globe. — E n u n demi-


siècle, la population du monde a augmenté de 2 milliards. Depuis
la fin de la première guerre mondiale, soit depuis u n p e u plus de
cinquante ans, elle s'est élevée à 1 813 millions à 4 milliards
d'individus. L'accroissement a n n u e l m o y e n p e n d a n t ce demi-
siècle est donc de l'ordre de 30 millions. Mais il s'agit actuellement
d ' u n processus accéléré ; compte t e n u des rectifications néces-
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saires d'évaluations antérieures sans doute trop faibles, notam-


m e n t pour la population de la Chine, l'augmentation imputable
aux dix dernières années est de plus de 500 millions, soit une
moyenne annuelle supérieure à 50 millions. Chaque année, actuelle-
ment, la population du globe augmente d'un chiffre voisin de celui
de la population française ou italienne. Au cours des cinquante
dernières années, la population du monde s'est accrue d ' u n nombre
d'hommes supérieur à celui des h a b i t a n t s de toute l'Europe et de
la Ch1ne réunies.
Il est facile de percevoir l'importance de ce fait au point de vue
économique. Si l'on se réfère à la consommation moyenne de blé
en France, il faut chaque année 8 millions de tonnes de grain
supplémentaires. Parallèlement, la force de travail et de création de
l'humanité augmente, mais elle est très inégalement utilisée. Dans
certains cas, la pression des besoins locaux transforme la force
potentielle de création de ressources en une force effective de des-
truction par application de méthodes irrationnelles à l'exploi-
tation des ressources, et c'est alors que se pose le problème de la
compatibilité et de l'incompatibilité de l'accroissement de la
population et d u progrès économique et social de l'humanité.
L'accroissement est, en effet, inégal, suivant les continents ou
les grands ensembles géographiques (fig. 3) et pose en chaque cas
des problèmes particuliers. Les pays les plus évolués, où le revenu
national est le Plus élevé, ne sont pas ceux où la population augmente
le plus vite. E n t r e 1925 et 1975, l'Europe du Nord et de l'Ouest (1)
n ' a gagné q u ' u n peu plus de 10 millions d ' h a b i t a n t s (5 %) à la
cadence moyenne de 2 millions tous les dix ans pour une popula-
tion initiale de 19° millions. Malgré une guerre féroce qui lui a
coûté 17 millions de morts, l'Union soviétique a gagné, au cours
de la même période — dans ses limites territoriales actuelles —,
9° millions d ' h a b i t a n t s (accroissement de l'ordre de 60 %). L'Amé-

(1) P a y s scandinaves, R o y a u m e - U n i , Eire, Belgique, Pays-Bas, L u x e m b o u r g ,


France.
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FIG. 2. — Pourcentage de la population a i


1. Moins de 10 % . — 2. D e i o à 20 % . — 3. 1
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1 par rapport à la population active totale


à 40 % . - 4. De 40 à 60 % . - 5. P l u s de 60 %
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rique du Nord, qui avait 130 millions d'habitants en 1925, s'est


accrue d'un peu plus de 100 millions d'individus en cinquante ans
(accroissement de 75 %) à un rythme accéléré (augmentation de
plus de 25 millions au cours des dix dernières années).
Les accroissements les plus importants sont enregistrés
dans des pays sous-développés, non seulement en valeur relative,
mais par la masse numérique des populations intéressées. L'Amé-
rique latine, battant tous les records, est passée en cinquante ans
de 100 millions d'habitants à près de 300 millions (augmentation
de près de 200 %). La population musulmane de l'Algérie a aug-
menté de près de 150 % dans le même temps. Celle de l'Inde :
Union indienne, Ceylan, Pakistan, était de 320 millions en 1925.
Elle est aujourd'hui de près de 750 millions (augmentation de
plus de 100 %). Celle de la Chine est passée, au cours de la même
période, de 440 millions à plus de 800 millions (y compris la popu-
lation de l'île de Taï-Wan, Formose). L'augmentation est proche
de 100 %.
L'ensemble de l'Asie a accru sa population d'un milliard d'indi-
vidus en cinquante ans, l'Afrique de plus de 100 millions, l'Amé-
rique latine de près de 200, les pays les moins évolués technique-
ment et économiquement de l'Europe (Europe centrale et médi-
terranéenne) de 60 millions au moins, soit, au total, de près d'un
milliard et demi, tandis que les pays économiquement et sociale-
ment développés gagnaient seulement, au cours de la même
période, un peu plus de 200 millions d'habitants (Europe du Nord-
Ouest, États-Unis et Canada, Union soviétique, Australie et
Nouvelle-Zélande).
La disproportion entre les différentes masses de population
établies à la surface du globe se trouve donc progressivement
accrue.

Modification récente des rythmes respectifs de croissance. — Les


rapports actuellement observables entre les rythmes de croissance des
diverses collectivités humaines sont spécifiques de la période contem-
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poraine. Jusqu'à la fin du xixe siècle, l'Europe a bénéficié de taux


d'accroissement beaucoup plus considérables. L'accroissement annuel
moyen a été, par exemple, entre 1851 et 1920, de près de 9 o/oo en Bel-
gique, de 15 0/00 environ en Allemagne, aux Pays-Bas et en Grande-
Bretagne, à une époque où l'accroissement annuel de la population
indoue était inférieur à 10 o/oo -. On assiste depuis le début du xxe siècle
à un véritable renversement de la situation, au profit du dynamisme
démographique des pays sous-développés.
La réduction de la mortalité, et notamment de la mortalité infan-
tile, dans ces pays a eu pour conséquence une brusque croissance et un
rajeunissement de la population qui se présente comme un facteur
cumulatif de l'accroissement. Des populations qui étaient numérique-
ment stables ou presque stables depuis des siècles se sont mises à
doubler en une génération (25 ou 30 ans). Leur composition par âge
les place en situation d'augmentation rapide dans le proche avenir,
même si la fécondité était progressivement réduite. Les perspectives
sont, pour 1985, de 530 millions d'hommes pour l'Afrique (1975 :
400 millions), de 2 900 millions pour l'Asie (1975 moins de 2 300),
de 435 millions pour l'Amérique latine (1975 : 350). Avec une marge
d'approximation plus grande, on évalue la population des pays sous-
développés en 2000 à plus de 5 milliards d'hommes, celle des pays
actuellement industriels, à la même époque, à moins d'un milliard et
demi, soit une proportion de l'ordre de 80 % ou plus pour les pays
sous-développés, contre 66,5 % en 1950 et 71 % en 1970 pour les
mêmes pays.
E n effet, en contrepartie, les populations des pays industriels, qui
comptent actuellement un peu plus d'un milliard d'individus (1,1 mil-
liard en 1975), n'augmentent pratiquement plus. Tout se passe comme
si le programme défendu par certains théoriciens américains de « crois-
sance zéro » se réalisait dans les faits. L'accroissement naturel est nul
ou fait place à un déficit dans certains pays européens (Allemagne),
il est très sensiblement inférieur à 1 % par an aux États-Unis et en
U.R.S.S. Certes, des variations sont possibles et même probables dans
le moyen terme, mais il y a toutes raisons de penser qu'elles seront de
faible amplitude, et le délai optimal de doublement varie entre un siècle
et un siècle et demi contre 25 à 30 ans dans les pays non industriels.
La population des pays sous-développés — économiquement et
socialement très pauvre — est une population très jeune : plus de la
moitié de la population a moins de 20 ans. La population des pays
industriels — qui bénéficie de moyens d'existence incomparables à
l'égard de ceux des populations des pays sous-développés — est une
population vieillissante : en France, près de 20 % de la population
sont âgés de plus de 60 ans...
Les principaux problèmes posés par les formes et les taux de
croissance de la population mondiale sont celui de l'accommodation
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FIG. 3. — Répartition des t a u x de n a t l


A. E n teintes : 1. Moins de 20 / oo- — 2. 20 i
B. E n silhouette proportionnelle : accroissemenll
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des accroissements naturels annuels


tuf/oo. — 3. 30 à 40 °/oo. — 4. Plus de 40 0/00
4rel. — 5. Accroissement d'un million par an
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quantitative et qualitative des besoins et de la capacité de production


de la planète, et, en premier lieu, de l'alimentation d'une population
qui approchera de 10 milliards au début du siècle prochain (i) et celui
de la répartition des ressources entre des masses d'hommes à dyna-
misme démographique différent et actuellement en proportion inverse
à celle de l'utilisation des ressources mondiales.

3. La répartition géographique de la population du globe. —


Sur 4 milliards d'hommes, près de la moitié, 2 milliards, occupe
environ 5 millions de kilomètres carrés en Asie méridionale et orien-
tale (ce chiffre é t a n t exprimé en considération de la répartition
vraie de la population à l'intérieur des territoires n a t i o n a u x et de
l'utilisation du sol), soit 3,7 % de la superficie continentale.
Près de cinq cents millions d ' h a b i t a n t s s o n t établis en E u r o p e
sur environ 4 millions de kilomètres carrés utilisés à l'ouest des
frontières de l'Union soviétique, c'est-à-dire sur u n p e u moins
de 3 % de la superficie continentale. Près des deux tiers de l ' h u m a -
nité s o n t massés sur u n p e u plus de 6,5 % des terres. E n v i r o n
deux cents millions d ' h a b i t a n t s de l'U.R.S.S. sur 250 millions
v i v e n t sur 1,5 million de kilomètres carrés. Plus des trois q u a r t s
de la population de l'Amérique du Nord résident sur environ
2 millions de kilomètres carrés occupés et exploités. On arrive ainsi
à u n chiffre de plus de 2,7 milliards d'individus, représentant plus
des deux tiers de la population du globe, p o u r une surface légère-
m e n t supérieure à 12 millions de kilomètres carrés, moins du
dixième de la superficie totale des continents.
Il ne saurait être affirmé pour a u t a n t que le reste de la popu-
lation du monde est éparpillé sur la superficie complémentaire :
310 millions d ' h a b i t a n t s de l'Amérique latine occupent d'une
manière plus ou moins discontinue 3 700 ooo km2, 280 millions
d'Africains noirs moins de 8 millions de kilomètres carrés d o n t
2,5 millions de terres arables ; en Asie occidentale, 100 mil-

(1) J o s e p h Ki.A TXMANN, N o u r r i r d i x m i l l i a r d s d ' h o m m e s ?, P a r i s , P r e s s e s U n i v e r s i -


t a i r e s d e F r a n c e , c o l l . « S u p - L e G é o g r a p h e t, n ° 1 0 , 1 9 7 5 , 2 7 0 p .
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lions d'hommes sont rassemblés sur environ 700 000 km2 et utilisent
épisodiquement les ressources d'une dizaine de millions de
kilomètres carrés de steppes et de semi-déserts.
Le caractère dominant de la répartition géo graphique de la popu-
lation du globe est donc la concentration des trois quarts des hommes
sur moins du dixième de la superficie des continents (fig. 4).

Cette répartition peut être examinée en fonction de facteurs


physiques : près d'une moitié de l'humanité vit dans la zone tem-
pérée de l'hémisphère Nord, environ autant dans la zone chaude,
des collectivités numériquement très réduites dans la zone tem-
pérée de l'hémisphère Sud.
Un peu moins d'un milliard de Blancs et plus de 500 millions
de Jaunes vivent au nord du 30e parallèle, 650 millions de Jaunes,
environ un milliard d'Indous, de Pakistanais, d'Indonésiens et de
Malais, 820 millions de Noirs africains, 300 millions d'Américains
entre le 30e parallèle Nord et le 30e parallèle Sud.
A l'intérieur de ces domaines, les façades maritimes occiden-
tales et orientales des continents (donc sous des climats océaniques
ou sous des climats de diverses variantes continentales) rassem-
blent les masses principales : plus de 500 millions de part et d'autre
de l'océan Atlantique Nord, plus d'un milliard en Extrême-Orient
(Asie de l'Est et du Sud-Est, Indonésie), 820 millions dans la pénin-
sule indienne, la moitié de l'humanité pour l'Asie des moussons.
A une échelle plus menue, la répartition des plaines et plateaux
et des régions de relief contrasté et élevé fait intervenir d'autres
observations discriminatoires : les régions situées au-dessous de
500 m. d'altitude absolue groupent les collectivités humaines
les plus importantes et plus des quatre cinquièmes de l'humanité.
L'altitude ne joue un rôle sélectif inverse que dans quelques régions
de la zone chaude.
Pour exprimer la diversité des rapports numériques entre
population et superficie occupée, on utilise la notion de densité
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FIG. 4. — Répartition brute de


Un point correspond à
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i population dans le Monde


millions d'habitants
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de population, exprimée en nombre d'habitants par kilomètre carré


de superficie brute. A condition d'être calculée sur la base des
plus petites unités d'observation, en l'espèce les plus petites cir-
conscriptions administratives, cette notion peut être considérée
comme une notion de position, ou notion d'approche commode. Mais
elle n'a qu'une valeur indicative et ne peut être considérée comme un
rapport interprétatif ou explicatif. Une même densité de population
correspond à des réalités économiques et sociales profondément
différentes selon qu'elle est considérée en Afrique, dans une plaine
de l'Extrême-Orient, dans une région agricole française ou dans les
zones industrielles de l'Europe du Nord-Ouest. Elle ne fournit
qu'un renseignement numérique brut sur le degré d'occupation de
l'espace géographique par la population. En aucun cas, la densité
de population ne saurait escamoter le rapport économique fonda-
mental, qui est le rapport entre besoins et ressources.

Il faut, en elïet, mettre en garde contre un usage inconsidéré de la


densité de population pour trois raisons principales :
1. Il n'y a aucune commune mesure entre les potentiels de produc-
tion de superficies égales, examinés dans des régions naturelles diffé-
rentes, en fonction d'un niveau technique autorisant la mobilisation
des ressources inventoriées ;
2. L'évaluation d'un rapport numérique entre hommes et surfaces
risque de suggérer un postulat déterministe sous-jacent selon lequel
une superficie donnée — toutes corrections faites de l'imprécision
potentielle de la superficie brute à l'échelle régionale — est susceptible
de supporter un peuplement optimum au-dessus duquel il y a surcharge
et au-dessous duquel il y a occupation insuffisante du territoire. Or,
suivant l'importance des investissements de capitaux et de travail
effectués pendant une période plus ou moins longue en faveur de
l'aménagement régional, une superficie peut entretenir une population
plus ou moins élevée. De plus, l'intensité d'un peuplement viable sur
l'espace considéré varie suivant les techniques et les formes d'exploi-
tations mises en œuvre. La capacité d'entretien humain d'une surface
dépend des circonstances historiques. Une même superficie entretient
de une à dix fois plus d'habitants selon qu'elle est exploitée comme
pâturage ou comme terre de culture aménagée (irriguée par exemple).
L'introduction de modes de production industrielle peut porter cet
écart au delà de la proportion de i à i ooo pour des régions d'économie
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spécialisées. Mais la densité réellement supportable dépendra de la


proportion du revenu local laissé à la disposition des habitants.
3. On peut être tenté d'utiliser la notion de densité de population
pour exprimer explicitement ou implicitement un rapport entre
potentiel de production et quantité de besoins. Or, non seulement la
valeur économique d'une surface donnée est hautement variable,
mais, dans les conditions actuelles d'organisation économique et
sociale, les conditions d'existence des populations les plus évoluées
— et les plus fortement consommatrices — n'ont plus aucun rapport
avec la capacité de production intrinsèque de l'espace de localisation,
qui n'a plus qu'une signification résidentielle.
Le désir d'exprimer par une formule numérique le r a p p o r t
économique entre besoins et ressources se heurte à des obstacles
insurmontables. La substitution de la surface exploitée à la surface
brute dans un calcul de densité agricole est certes un instrument
d'analyse valable. Mais l'évaluation des besoins et des ressources
agricoles (réelles ou potentielles) en une seule et même unité de
mesure est la première difficulté que l'on rencontre q u a n d on veut
donner un sens économique aux valeurs numériques e x p r i m a n t
surface et population. D ' a u t r e part, même pour des sociétés d'orga-
nisation très simple, il devient vite difficile de domicilier exacte-
m e n t sur une surface précise la production des ressources consom-
mées. A plus forte raison se heurte-t-on à une impossibilité absolue
dans les économies commercialisées à spécialisation fonctionnelle
locale ou régionale.
C'est donc en dehors de toute formulation numérique synthé-
tique que l'on est contraint d'évaluer les r a p p o r t s entre ressources
disponibles ou mobilisables et population. Certaines constatations,
pour élémentaires qu'elles soient, sont cependant parfaitement
expressives.
La population d u monde a p p a r a î t d'abord très inégalement
répartie par r a p p o r t à l'étendue des continents. Une carte de
densité b r u t e fait a p p a r a î t r e un certain nombre de déserts au sens
démographique d u terme. Or, toutes les zones actuellement vides
d'hommes ou très peu occupées ne sont pas des zones stériles aux divers
points de vue économiques. Sans envisager le cas encore trop hypo-
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thétique des possibilités de valorisation de certains déserts, il est


facile de montrer que des étendues considérables de l'Afrique,
de l'Indonésie (Bornéo), de l'Amérique latine, du Canada et même
des États-Unis, de la Sibérie, sont sous-exploitées et sous-peuplées,
et seraient susceptibles d'assurer des conditions d'existence satis-
faisantes à plusieurs centaines de millions d'hommes. Il faut toute-
fois signaler que leur sous-exploitation prolongée dans des condi-
tions déprédatrices peut compromettre leur aptitude future à
la production agricole. Les terres vides — moins de 10 habitants
au kilomètre carré — et aptes au peuplement (en considération
des possibilités techniques actuelles de mise en valeur) couvrent une
superficie au moins égale à deux fois celle du continent européen.
Mais la mise en œuvre de leurs potentialités implique des coûts bien
supérieurs à ceux de l'exploitation des régions actuellement occupées
et utilisées.

4. Inégale efficacité productive de la population. — Les neuf


dixièmes de la production industrielle du globe proviennent aujour-
d'hui d'un petit nombre d'États qui totalisent les revenus de
l'industrie et ceux d'une agriculture beaucoup plus productive que
celle des pays non industriels. Ces États ont à peine un quart de la
population du monde. Le quotient individuel annuel théorique du
revenu national y est compris entre 8 000 et 20 ooo F. Les deux
tiers de la population du monde vivent dans des pays d'économie
agricole à basse productivité où le quotient individuel annuel
théorique du revenu national varie entre 500 et 2 000 F (1).

(1) On ne r e t i e n d r a ces chiffres q u ' à t i t r e d ' a p p r o x i m a t i o n grossière. Les


méthodes d ' é v a l u a t i o n d u r e v e n u n a t i o n a l sont t r è s variables d ' u n p a y s à un a u t r e ,
et la notion m ê m e de r e v e n u n a t i o n a l perd son sens d a n s des pays d'économie fermée
à l'échelle d o m e s t i q u e ou villageoise.

PL. I. — La foule à Marrakech


La pression démographique
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Il est facile de montrer que cette situation est une situation de


conjoncture et non l'expression d'une fatalité naturelle. Sauf à
l'échelle de petites régions, l'absence d'un système d'exploitation
économique différencié, comportant tous les secteurs de l'activité
humaine des pays les plus développés, ne saurait s'expliquer par
une carence de conditions naturelles. Elle a pour cause l'inégal
développement économique et technique du monde contemporain.
La population des pays sous-développés s'élève à Plus de 70 % de la
population du monde. Dans les faits, cette constatation signifie
que plus des deux tiers de la population du monde disposent d'un
revenu qui permet à peine la satisfaction des besoins élémentaires
de l'existence. Il a été écrit — et démontré — que plus de la moitié
de l'humanité était en état de sous-alimentation chronique. L,e
problème a d'autant plus d'importance que ces mêmes pays sont
ceux qui ont les rythmes d'accroissement les plus rapides. Il n'est
d'ailleurs pas sans solution apparente, puisque le déséquilibre entre
ressources et besoins ne résulte pas fondamentalement d'une absence
ou d'une insuffisance de ressources, mais, pour une large part, d'un
sous-emploi des ressources matérielles et de la force de travail repré-
sentée par la population.
Tout sous-développement économique — et parallèlement tout
sous-développement social — comporte, en effet, à la fois, inexploi-
tation de ressources brutes et inutilisation de la capacité de pro-
duction de la population. Il est généralement impossible d'apprécier
exactement dans quelle mesure les ressources d'un pays sont sous-
exploitées, car le sous-développement comporte toujours une
insuffisance de prospection, donc d'inventaire des ressources exploi-
tables. La prospection est faite dans les pays sous-développés sous
l'impulsion d'intérêts étrangers, qui ont pour objectif, non l'éta-

PL. 2. — Les préparatifs d'une joute en Basse Casamance


3 % d'accroissement naturel de population par an
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blissement d'un bilan du patrimoine national ou régional, mais


l'inventaire des ressources nécessaires aux économies extérieures
et dont, à cet effet, l'exploitation peut être considérée comme
rentable.
La première insuffisance des moyens de production des écono-
mies sous-développées est donc celle des moyens d'investigation des
richesses nationales. Elle introduit tout un ensemble de carences :
insuffisance des investissements appliqués à l'équipement national
et à la création d'une industrie, par voie de conséquence absence
de moyens de production de l'outillage fondamental et d'objets de
consommation et, par suite, réduction des disponibilités d'inves-
tissements, sous-équipement et surcharge humaine de l'économie
agricole. Celle-ci n'obtient que des rendements très faibles tout en
absorbant des quantités énormes de travail humain, sans toujours
parvenir à occuper toute la population rurale dont une fraction
est réduite à la famine par manque de terre, donc de travail. Les
populations qui se trouvent placées dans cette situation ont des
niveaux de vie extrêmement bas et on a coutume de parler à leur
égard de surpeuplement. Il s'agit en fait plutôt d'un gaspillage
d'énergie humaine non utilisée, en même temps que d'un gaspil-
lage de vies humaines (ces pays sont ceux où la mortalité demeure
la plus élevée, double ou triple de celle des pays industriels bien
que la population soit beaucoup plus jeune).
L'industrialisation, en ouvrant à la fois de nouveaux secteurs
de production et en accroissant les rendements de la terre et du
travail agricole, crée d'autres rapports quantitatifs et qualitatifs
entre territoire et population, et engendre, en même temps, des
formes de travail et des conditions d'existence radicalement
différentes. Au point de vue qualitatif, un même chiffre de population
ne recouvre ni les mêmes réalités humaines, ni les mêmes problèmes,
en économie industrielle et en économie sous-développée.
Si, dans la phase initiale de l'industrialisation, l'ouverture du
secteur industriel absorbe une grande quantité d'énergie humaine
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tenue en réserve par le sous-emploi et l'emploi irrationnel des


forces de travail en économie attardée, le développement industriel
et même agricole ultérieur peut comporter, du fait du progrès
technique, réduction d'emploi. Mais, surtout, toute disharmonie
entre production et capacité d'achat des consommateurs — qui
ne sont pas ceux ayant des besoins à satisfaire, mais ceux ayant
un pouvoir d'achat — engendre des crises et des ruptures d'équi-
libre du marché du travail. Une économie industrielle en pays
faiblement peuplé peut paraître surpeuplée, lors même que la
considération de son potentiel de production la fait classer parmi
les pays sous-peuplés : c'est le cas de l'économie des États-Unis,
qui doit se défendre périodiquement des crises ou récessions, ne
peut employer la totalité de sa main-d'œuvre, il est vrai en
effectif croissant, mais dispose de ressources inexploitées, qui
permettraient d'assurer un niveau de vie décent à plusieurs
dizaines de millions d'hommes de plus. On atteint ainsi la notion
d'organisation de la production, de l'utilisation de la force de
travail de l'humanité et de la finalité de l'ensemble.
Ces diverses situations ne peuvent être sainement interprétées
qu'à la lumière de la connaissance des diverses formes d'organi-
sation économique et sociale actuellement en vigueur dans le
monde et d'un rappel sommaire des conditions dans lesquelles se
sont établis et géographiquement implantés ces divers systèmes
au cours des cent dernières années.
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CHAPITRE I I

Systèmes économiques
et types d'économie

Genèse et contradictions de l'économie moderne

La mobilisation des ressources naturelles du monde et l'élabo-


ration d'un nombre de plus en plus élevé de produits imaginés par
une technologie déchaînée sont conditionnées dans leurs formes,
dans leurs dimensions et dans leur répartition par les structures
économiques du présent et, pour une part, par celles du proche
passé. Les conflits actuels portant sur les prix et la circulation des
matières premières sont un des aspects de la liquidation d'un
système de monopole établi par l'Angleterre au début du xixe siècle,
ultérieurement partagé avec les autres grandes économies indus-
trielles européennes, surclassé par les États-Unis et contesté par
le Japon...
Bien que nous nous trouvions au sein d'une phase d'accéléra-
tion des processus de mutation des structures économiques et des
rapports internationaux, rien ne saurait être compris sans un bref
retour sur la mise en place du système, aujourd'hui mis en cause,
de domination et d'exploitation du monde par un petit groupe de
pays industriels, le système capitaliste et impérialiste. C'est en
effet dans le cadre de ce système qu'ont été creusées les différences
aujourd'hui si profondes entre les « métropoles » qui détenaient
l'appareil technique et organique d'exploitation des ressources
de la planète et les pays dépendants, colonies au sens juridique du
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terme ou « colonies sans drapeau », différences qui sont aujourd'hui


la pièce essentielle de l'acte d'accusation des pays « sous-développés»
à l'égard des « grands » ou des « supergrands ». On ne saurait
davantage faire apparaître la signification géographique de cette
courte histoire de 150 ans de capitalisme : les disparités du monde
actuel, la répartition des lieux de production des matières pre-
mières, les flux de circulation de ces matières premières, la distri-
bution des grands foyers d'industries de transformation et de
consommation des produits finis, et, par-dessus tout, la domici-
liation des centres de direction et de décision.

1. La genèse de l'économie capitaliste. — L'économie capitaliste


est fondée sur le principe de la libre concurrence et de l'initiative
individuelle. Elle repose sur la création d'entreprises ayant pour
objet l'enrichissement de leur fondateur et sur l'utilisation
d'une main-d'œuvre salariée, rémunérée à un tarif imposé par les
employeurs (initialement), débattu par contrat entre employeurs
et organisations syndicales (xxe siècle).
Par rapport aux formes de développement économique anté-
rieur, l'économie capitaliste tire son originalité de la prépondérance
du secteur de la production industrielle et de la prestation de
services comme source de bénéfices sur les autres formes d'acti-
vité économique. L'importance croissante des échanges a stimulé
puissamment les activités et les spéculations commerciales et
financières en fait solidaires de la production industrielle. Le déve-
loppement de la consommation de produits agricoles et les possi-
bilités de production à plus fort rendement ont également amplifié
les profits de l'économie agricole. L'introduction du système capi-
taliste de production a donc entraîné, derrière la création de la
grande industrie, une transformation complète des autres secteurs
économiques.
Le marché en économie capitaliste est dominé par le processus
fondamental du système. Le but poursuivi par l'entreprise est la
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F i G . 5. — R é p a r t i t i o n d e s qulFI
1. P l u s d e 4 o o o d o l l a r s : E t a t s - U n i s , C a n a d a , R . F . A . , D a n e m a r k , S u è d e , S u i s s e . — '•
6. P a y s s o c i a l i s t e s ( m o d è l e s o v i é t i q u e ) . — 7. P a y s sociale $
L e q u a d r i l l a g e à m a i l l e s l a r g e s a l a m ê m e s i g n i f i c a t i o l Qi
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CHAPITRE IV. — Industries de base et industries d'équipement 162


1. Les industries de première élaboration 163
2. Les industries d'équipement 175
CHAPITRE V. — Les industries légères ou industries de biens d'usage et de
consommation 198

TROISIÈME PARTIE

Economie agricole et production de denrées alimentaires


CHAPITRE PREMIER. — Les types d'économie agricole 215
CHAPITRE II. — La production des grains 240
I. La production mondiale de blé et des céréales associées 241
2. La production mondiale de maïs 256
3. La production mondiale de riz 258
CHAPITRE III. — Cultures alimentaires diverses 263
1. Cultures destinées à la production de boissons 264
2. Cultures de plantes à huile 276
3. Les plantes à sucre 280
4. Cultures de légumes et de fruits 284
CHAPITRE IV. — Les produits de l'élevage et de la pêche . . . . . . . . . . . . . . . 291

QUATRIÈME PARTIE
Commerce et circulation

CHAPITRE PREMIER. — Economie et commerce 307


CHAPITRE II. — Les transports continentaux 321
I. Les transports ferroviaires 323
2. La voie fluviale 330
3. La circulation routière 335
CHAPITRE III. — Les transports maritimes et aériens . . . . . . . . . . . . . . . . . . 342
1. Les transports maritimes 342
2. Les transports aériens 357
TABLE DES PLANCHES HORS TEXTE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 363
TABLE DES FIGURES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 365

1975. - I m p r i m e r i e des Presses U n i v e r s i t a i r e s de France. — V e n d ô m e (France)


H é l i o g r a v u r e S.A.D.A.G. à Bellegarde (Ain)
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