Cours Commerce Inter UIST DR KONAN

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SUPPORT DE COURS ‘’’’COMMERCE INTERNATIONAL’’’’

Dr KONAN KONAN JACQUES

SUPPORT DE COURS DE COMMERCE INTERNATIONAL/UIST/2022-2023/ Dr KONAN JACQUES


INTRODUCTION GENERALE

La dimension internationale de l'activité économique est aujourd'hui un fait acquis. Le

panier de la ménagère contient des biens produits à l'étranger. Ainsi, l'activité

économique de la nation est-elle étroitement dépendante de l'environnement

international. Appréhender les interrelations entre les comportements et les

décisions des agents économiques d'un pays et le contexte extérieur est une étape

indispensable dans la formation d'économiste. Les échanges ont connu une forte

croissance en volume depuis le début du siècle et plus encore après la seconde guerre.

La question centrale des échanges internationaux est celle des conséquences que

peuvent avoir les transactions réalisées avec l'étranger par les résidents des

différents pays sur l'économie de leur pays d'appartenance. Les mouvements de

marchandises et de capitaux avec l'extérieur, résultant de l'action des agents, sont

nécessairement pris dans les processus économiques nationaux et ont des

conséquences sur eux. C’est pourquoi une compréhension plus complète de l'équilibre

macroéconomique international exige d'intégrer les échanges internationaux dans le

champ de l'analyse afin de construire une représentation de 1'équilibre

macroéconomique dans une économie ouverte.

Le but de ce cours est de fournir les éléments de base permettant la compréhension

des mécanismes qui gouvernent l'organisation des relations économiques

internationales. Ainsi, nous analysons le commerce international à travers les

fondements théoriques et aussi les relations macroéconomiques internationales. Ces

analyses économiques du commerce international visent à répondre aux questions

suivantes:

 Dans quel bien une nation doit-il se spécialiser et quel bien a t-il intérêt, en

contrepartie, à importer?

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 L'ouverture d'un pays sur l'extérieur, la spécialisation et l'échange, sont-ils

bénéfiques par rapport à l'autarcie?

 Comment un pays se protège-t-il de la concurrence étrangère et quels sont les

effets de protection sur le bien-être de la collectivité nationale et sur l’utilisation des

facteurs de production au niveau mondial?

Les théories de l'échange international apportent des réponses à plusieurs de ces

interrogations citées ici ci-dessus ou non de ce cours. Les théories traditionnelles se

réfèrent aux avantage absolu, avantage comparatif et aux dotations en facteurs

primaires des pays. Par contre, les théories modernes montrent que les spécialisations

dépendent, au moins en partie de la technologie, des économies d'échelle et de la

différenciation des produits.

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Chapitre I: LES THEORIES DU COMMERCE INTERNATIONAL

Les théories du commerce international cherchent à expliquer les flux d’échanges

entre pays en insistant sur les avantages de la spécialisation.

Les théories traditionnelles du CI qui font l’objet de cette partie, reposent sur deux

piliers communs : une définition identique de la nation et le recours à la « logique des

différences » (de coûts, de dotations factorielles, de technologies) comme facteur

explicatif de la spécialisation internationale.

1- Les principaux indicateurs du commerce international

Les indicateurs couramment utilisés pour mesurer le commerce international sont :

Tableau1

Indicateur Formule de calcul Interprétation économique


Balance des Indicateur de compétitivité
Exportations – Importations
Transactions Courantes économique du pays
Mesure de la part du
Le degré d’ouverture de  Exportations + Importations  2
x 100 commerce international
l’économie PIB du pays dans le PIB.
Exportations Mesure de l’effort
Propension à exporter x 100
PIB d’exportation du pays.
Importations Mesure la part des
Propension à importer x 100
PIB Importations dans le PIB.
Mesure dans laquelle les
Exportations
Taux de couverture x 100 importations sont financées
Importations
par les exportations.
Analyse la performance
Exportations d’un pays sur le marché
Part de marché x 100
Demande mondiale mondial. Peut être calculé
par zone et par produit.
Mesure de la dépendance
Taux de pénétration du Importations
x 100 (globale ou par produit) du
marché intérieur Marché intérieur
pays vis-à-vis de l’extérieur.
Taux d’échange (prix relatif)
entre exportations et
Termes de l’échange Indice des Prix des Exports
x 100 importations du pays.
(TE) Indice des Prix des Imports
TE < 100 = Détérioration des
termes de l’échange

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I) Présentation des théories du commerce international

Traditionnellement, la théorie économique renvoie aux travaux d’Adam Smith,

David Ricardo et au théorème Heckscher –Ohlin– Samuelson (HOS) pour expliquer les

avantages de la spécialisation. Les études empiriques tendent toutefois à relativiser

ces conclusions théoriques. Si certains échanges correspondent effectivement à

l’existence d’avantages, d’autres constituent au contraire des paradoxes. Cette

indétermination théorique a relancé le débat amorcé au 16ème entre les tenants du

libéralisme économique et les partisans du protectionnisme.

1) la théorie des avantages absolus d'Adam Smith (1776)

Dans son ouvrage Recherches sur la nature et les causes de la Richesse des Nations,

Adam Smith (1776) souligne que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans les

productions où il possède un avantage absolu en matière de productivité et à acquérir

à l’étranger les produits où il est en infériorité absolue (toujours en matière de

productivité).

I.1- Le principe de l’avantage absolu

A. Smith (La Richesse des Nations, 1776) raisonne dans le cas de deux pays, produisant

chacun deux biens, avec un unique facteur de production – le travail – mobile au plan

national mais immobile internationalement. Les coûts de production unitaires étant

mesurés en heures de travail, un pays A dispose d’un avantage absolu dans la

production d’un bien sur un pays B lorsqu’il peut le produire à moindre coût (moins

d’heures de travail) relativement au pays B. Le fait que les possibilités de production

des divers pays soient différentes est à la base des échanges internationaux.

L’échange international est mutuellement avantageux si chaque pays se spécialise

dans la production où il possède un avantage absolu. Une meilleure utilisation des

ressources productives est obtenue au niveau mondial, grâce à la spécialisation et à la

division du travail. Ouvrir l’économie, c’est participer à un plus grand marché et

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bénéficier de techniques par conséquent plus efficaces. Ainsi, l’ouverture des marchés

permet d’élever le niveau général de la productivité des pays, engendrant un gain au

niveau mondial. Toute la théorie moderne du commerce international reprend cette

idée, en invoquant notamment les « économies d’échelle internationales » (Ethier,

1979).

II.2- Formulation du principe de l’avantage absolu

Considérons deux pays A et B produisant deux biens X et Y. On note a AX le coût de

production d’une unité du bien X exprimé en nombre d’heures de travail dans le pays

A et a BX le coût de production du même bien dans le pays B.

si a X  a X Le pays A a un avantage absolu à produire le bien X.


A B

si a Y  a Y le pays B aura un avantage absolu à produire le bien Y.


A B

Le tableau 3 ci-dessous illustre la loi de l’avantage absolu.

Tableau 2 : Les coûts de production des biens X et Y.


Pays
A B
Biens

X aX= 2 aX =4

Y aY = 9 aY = 5

Il ressort de ce tableau que le pays A a un avantage absolu dans la production du bien

X.Le pays B a un avantage absolu dans la production du bien Y. Dans ce cas de figure,

selon Adam Smith, le pays A doit se spécialiser dans la production du bien X et le pays

B dans celle du bien Y.

I.3- Les limites du principe de l’avantage absolu

Considérons le tableau des coûts de production suivant.

Tableau 4 : Coûts de production des biens X et Y

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Pays
A B
Biens

X 2 4

Y 5 9

Il en ressort que le pays A a avantage absolu dans la production des biens X et Y. En

conséquence, il devrait se spécialiser dans la production des 2 biens et le pays B

n’aurait rien à produire. Si la réunion des 2 pays correspond à l’ensemble du monde, il

n’y aura pas d’échange international car le pays B ne dispose pas de ressources

permettant d’acheter les productions du pays A. C’est le principe de l’avantage

comparatif qui permettra de résoudre ce type de situation.

Toutefois la théorie de l’avantage absolu ne peut expliquer à elle seule qu’une partie

du commerce international. Le problème se pose en effet lorsque des pays ne

possèdent pas d’avantages absolus. D’où la référence à la théorie des avantages

comparatifs de Ricardo.

II- La théorie des avantages comparatifs de David Ricardo (1817)

Dans son ouvrage Principes de l’économie politique et de l’impôt, David Ricardo (1817)

avance que l’échange est souhaitable même dans des situations où il n’existe pas

d’avantage absolu. David Ricardo expose le principe des avantages comparatifs en

visant à démontrer la supériorité du libre-échange sur l'autarcie. Il s'énonce ainsi: les

pays sont gagnants à l'échange s'ils se spécialisent dans la production du (des) bien(s)

qui supportent le(s) coût(s) de production relatif(s) et s'ils importent le(s) bien(s) qui

support (ent) le(s) coût(s) de production relatif(s) le(s) plus élevé(s). Ce résultat peut

être montré à partir d'un premier l'exemple de deux pays produisant deux biens.

II.1- Le principe de l’avantage comparatif

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Contrairement à Smith, Ricardo montre que l’échange de produits entre pays ne

dépend pas des coûts absolus, mais des différences dans les coûts relatifs ou prix

relatifs. Dans le modèle de Ricardo, les prix internes sont égaux aux coûts internes.

a XA aYA
On dit que le pays A a un avantage comparatif dans la production du bien X si B  B
a X aY
.

On remarque que si le pays A a un avantage comparatif dans la production du bien X,

inversement, le pays B a un avantage comparatif dans la production du bien Y. A partir

du moment où les prix relatifs des deux biens sont différents dans les deux pays,

il y a forcément un bien qui a un prix relatif plus faible dans un pays et l’autre bien qui

a un prix relatif plus faible dans l’autre pays. On dit que chaque pays a forcément un

avantage comparatif. On peut illustrer cette loi de l’avantage comparatif par l’exemple

du tableau 3.

a XA 2 aYA 5
  0,5 et B   0,55 .
a XB 4 aY 9

a XA aYA
 et le pays A a un avantage comparatif dans la production du bien X. Le pays
a XB aYB
B a un un avantage comparatif dans la production du bien Y.

La condition nécessaire et suffisante pour qu’il y ait échange international est qu’il

existe une différence entre les coûts comparatifs d’un pays à l’autre.

La théorie de Ricardo représente encore aujourd’hui l’un des principaux arguments mis

en avant par les partisans du libre-échange. Elle fonde en partie la libéralisation des

échanges engagée au lendemain de la 2ndeguerre mondiale dans le cadre du GATT et

de l’OMC aujourd’hui. Pour autant, la loi des avantages comparatifs ne fait pas

l’apologie d’un quelconque système économique.

Autre illustration

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Supposons que deux pays, Coulibalykro et Koffikro, produisent deux biens le manioc

et les voitures, grâce à ce seul facteur travail. Ce dernier circule librement entre la

branche manioc et la branche voiture, à l'intérieure de chaque pays, mais ne franchit

jamais la frontière pour aller dans l'autre pays. On suppose, selon le tableau ci-dessous

que le nombre d'unité de travail nécessaires à la production d'une unité de bien est

plus faible, dans les deux branches du pays Coulibalykro. Celui-ci dispose donc

d'avantages absolu par rapport à Koffikro, ce qui pourrait conduire à conclue que le

pays Coulibalykro n’a aucun avantage absolu. Pour que les deux profitent de l'échange,

il faut que Coulibalykro exporte du Manioc vers Koffikro et Koffikro exporte des

voitures vers Coulibalykro.

Pays Coulibalykro Koffikro

Manioc 2 5

Voitures 3 4

Si Coulibalykro reste en autarcie, il obtient en renonçant à produire une unité de

manioc, 2/3 de voitures. Si en vendant sur le marché international une unité de manioc,

il reçoit de Koffikro plus de 2/3 de voiture, sa situation s'améliore, il gagne à l'échange

par rapport à une situation d'autarcie. Symétriquement, si Koffikro reste en autarcie,

il obtient en renonçant à produire une voiture, 4/5 d'unité de Manioc. Si en échangeant

avec Coulibalykro, il peut obtenir plus de 4/5 d'unité de manioc contre une voiture, il

bénéficie d'un gain par rapport à l'autarcie. Ainsi tout prix de la voiture, en termes

de manioc, situé entre 4/5 et 3/2 est avantageux pour les deux pays.

Ce sont donc les coûts relatifs, 4/5 et 3/2, et non les coûts absolus, qui déterminent

les avantages de l'échange. Ces avantages sont qualifiés d'avantages comparatifs.

2.3.2- Les limites du modèle de Ricardo

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La principale objection à l’analyse de Ricardo porte sur la théorie de la valeur-travail.

Selon cette théorie, le prix ou la valeur d’un produit est égal au temps de travail que

sa production nécessite. Cette théorie sera réfutée par les néoclassiques qui avancent

que le travail n’est pas homogène et il n’est pas utilisé en proportion fixe dans la

production de tous les biens. Cependant, bien que rejetant la théorie de la valeur

travail, les néoclassiques n’abandonnent pas le principe de l’AC. Ils construisent un

prolongement de cette loi qui utilise les coûts d’opportunités alternativement à la

valeur travail.

Le modèle de Ricardo ne fournit aucune indication quant à la répartition du gain né de

l’échange international. De plus, l'origine des différences de productivité n’est pas

explicitée.

2.4- L’approche par les coûts d’opportunités

2.4.1 Coûts d’opportunité et avantage comparatif

Soient 2 biens X et Y. le coût d’opportunité du bien X en termes de Y noté Co X/Y

est la quantité de bien Y à laquelle il faut renoncer pour produire ou obtenir une

unité supplémentaire du bien X. C’est le coût de renonciation en vue de produire une

unité supplémentaire de X.

Mathématiquement, CoX/Y  a X a Y .
A A A

Il existe une équivalence entre coûts comparatifs et coûts d’opportunité. Un pays qui

a un avantage comparatif dans la production d’un bien X a nécessairement un coût

d’opportunité moindre dans la production de ce bien par rapport aux autres pays.

Autrement dit, si le coût d’opportunité en bien X dans le pays A est plus faible que

dans le pays B alors le pays A a un AC à produire le bien X.

De façon formelle, si CoX/Y  CoX/Y alors le pays A a un avantage comparatif dans la


A B

production du bien X.

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Le calcul des coûts d’opportunité à partir du tableau 6 donne les résultats suivants :

CoAX/Y = 2/5 = 0,40 et CoBX/Y = 4/9 = 0,44

CoAX/Y  CoBX/Y alors le pays A a un avantage comparatif dans la production du bien X et

inversement le pays B a un avantage comparatif dans la production du bien Y.

Les explications des différences de coûts relatifs résident dans les différences des

productivités factorielles dans les pays A et B. Considérons le tableau suivant dans

lequel sont exprimés les productivités factorielles c’est-à-dire le nombre d’unités de

X et Y obtenus par heure de travail dans les pays A et B.

Tableau 5 : les productions des biens X et Y par heure dans chaque pays

Pays
A B
Biens

X 8 40

Y 40 20

Ce tableau de production horaire peut être exprimé en tableau de coût de production.


Pays
A B
Biens

X 1/8 1/40

Y 1/40 1/20

Le calcul des coûts d’opportunité fournit :

CoAX/Y = 40/8 = 5 et CoBX/Y = 20/40 = 0,5.

CoAY/X = 8/40 = 0,2 et CoBY/X = 40/20 = 2.

CoBX/Y  CoAX/Y d’où le pays B a un avantage comparatif dans la production du bien X. Le

pays A a un avantage comparatif dans la production du bien Y.

2.4.2- Illustration graphique

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Toute économie ayant des ressources limitées est soumise à un arbitrage. Pour

produire une plus grande quantité d’un bien, l’économie doit sacrifier un autre. Cet

arbitrage est illustré graphiquement par la frontière des possibilités de production

(FPP). Cette courbe représente l’ensemble des combinaisons alternatives de produits

que la nation peut produire simultanément en utilisant pleinement ses facteurs de

production. Dans le cas de 2 biens produits à rendements constants, la FPP prend la

forme d’une droite. En rendements décroissants, les coûts d’opportunités sont

croissants et la FPP est une courbe concave dont la pente correspond au taux marginal

de transformation de l’économie.

Supposons une économie produisant deux biens avec aX et aY les coûts de production

constants et L la quantité totale de travail disponible. L’équation de la FPP est :

L = aX.X + aY.Y

En économie fermée, l’intégralité des productions est consommée sur place. Donc la

FFP correspond à la frontière des possibilités de consommation et devient alors une

contrainte budgétaire.

En situation de commerce international, on peut construire la FPP mondiale qui fournit

un point caractéristique appelé le point ricardien. Pour se faire, considérons deux pays

A et B et deux bien X et Y. Supposons que le pays A a un avantage comparatif à

produire le bien X et le pays B le bien Y. On représente la FPP mondiale à partir des

FPP nationales comme suit :

Figure 1 : La courbe de la FPP en autarcie

L/aY FPP

X
L/aX

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Figure 2 : La courbe de la FPP mondiale

Ymax

R
FPPB

FPPA

G
X
Xmax
La FPP mondiale est représentée par la ligne brisée TRG. Le point R correspond à la

situation où chaque pays se spécialise complètement dans la production du bien pour

lequel il a un AC. La FPP mondiale est obtenue en faisant glisser parallèlement à elles-

mêmes les FPP de chaque pays jusqu’à atteindre le point R.

3-LE MODELE HECKSCHER-OHLIN-SAMUELSON

Dans ce modèle élaboré par Eli Heckscher, Bertil Ohlin (Nobel 1977) et Paul Samuelson

(Nobel 1970), la motivation de l’échange international réside dans les différences

d’abondance relative de facteurs de production entre les pays. Ce modèle est encore

appelé « la théorie suédoise de l’échange international » ou « le modèle de proportion

des facteurs ».

Les différences de dotations factorielles entre pays entraînent des écarts de coûts

relatifs de facteurs : le prix du capital (le taux d’intérêt) sera plus élevé

comparativement au prix du travail (le salaire) dans les pays où le capital est

relativement moins abondant par rapport à la quantité de main d’œuvre disponible. Ces

différences de coûts relatifs des facteurs influencent les prix des produits en

fonction des intensités relatives de facteurs utilisées dans leur production.

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Ainsi le produit intensif en capital coûtera nécessairement moins cher dans les pays

relativement abondant en capital. Tandis que le produit relativement intensif en travail

sera moins couteux dans les pays relativement abondant en travail.

3.1- Le modèle de base de proportions des facteurs.

3.1.1- Hypothèses et concepts de base

Supposons qu'il existe deux pays A et B produisant chacun deux biens (X et Y) à partir

de deux facteurs de production (K et L) disponibles en quantités fixes. On désigne par

w le taux de salaire et r le taux d’intérêt. La concurrence est parfaite sur les marchés

des biens et des facteurs ; il y a mobilité interne et immobilité internationale des

facteurs de production. Les fonctions de production sont identiques dans chaque

industrie quel que soit le pays (technologies identiques).

Chaque bien est produit par une fonction de production à rendements constants et à

facteurs substituables. En d’autres termes, une quantité donnée d'un bien peut être

obtenue à l'aide de différentes combinaisons de capital et de travail. Cela se traduit

par des coûts d’opportunité croissants et donc une courbe FPP concave par rapport à

l’origine.

On appelle intensité factorielle ou intensité capitalistique du bien X, le rapport KX/LX

utilisé pour produire le bien X. Elle varie d’un secteur à un autre et reste identique

entre les pays pour un même secteur. Si par exemple Kx/Lx = 2 et Ky/Ly = 4. On en

déduit que la production du bien Y est intensive en facteur capital et celle du bien X

est intensive en facteur travail. Ce résultat est vérifié dans les deux pays.

Deux notions sont en général utilisées pour décrire la dotation en facteurs d’un pays :

- l’abondance physique des facteurs mesurée par le rapport (K/L).

Si (K/L)A> (K/L)B alors le pays A est relativement abondant en facteur capital par

rapport au pays B et vice versa pour le travail.

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- l’abondance relative en termes de prix des facteurs mesurée par le rapport (w/r).

Si (w/r)A> (w/r)B alors le pays A est relativement abondant en facteur capital que le

pays B.

Ainsi, (K/L)A> (K/L)B (w/r)A> (w/r)B.

3.1.2- Le théorème de Heckscher-Ohlin

Théorème : Un pays a un avantage comparatif dans la production du bien qui

utilise intensivement le facteur relativement abondant sur son territoire. Il

exporte ce bien et importe le bien dont la production est intensive danse facteur

relativement rare.

L’ouverture à l’échange des pays partenaires implique leur spécialisation dans les

produits pour lesquels ils disposent d’un avantage comparatif. Mais au contraire de

Ricardo, la spécialisation est en général incomplète c'est-à-dire que les pays

conserveront une production du bien pour lequel ils n’ont pas d’avantage comparatif.

Le degré de spécialisation dépend des coûts d’opportunité. La spécialisation

incomplète est une conséquence des coûts d’opportunité croissants. La réallocation

des facteurs de production d’un secteur à un autre engendre des surcoûts conduisant

les pays à conserver une partie de la production du bien importé et ceci de façon

compétitive par rapport aux importations. Ainsi chaque pays continue de produire les

deux biens en libre-échange, exporte l’un et importe l’autre.

3.1.3- La répartition interne des revenus tirés de l’échange

Théorème de Stolper-Samuelson : la hausse du prix d’un produit a pour effet

d’augmenter la rémunération réelle du facteur de production intensif dans la

production de ce bien et de diminuer celle du facteur de production non intensif.

L’échange international procure des gains à chaque nation. Cependant, la répartition

des gains est inégale à l’intérieur de chaque pays : les détenteurs du facteur rare

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perdent à l’échange international tandis que les détenteurs du facteur abondant y

gagnent. Il naît de façon systématique un antagonisme entre les détenteurs des

facteurs : ceux du facteur rare qui voient leurs revenus baisser du fait de l’ouverture

des frontières vont être demandeurs de protection, tandis que ceux du facteur

abondant sont favorables à l’ouverture commerciale. En libre-échange, la spécialisation

internationale nécessite l’intervention de l’Etat pour une répartition interne équitable

des gains de l’échange international : c’est le paradoxe de la spécialisation

internationale.

3.1.4- L’évolution des rémunérations des facteurs

L’échange international engendre une convergence des prix relatifs des produits

fabriqués dans les pays partenaires. Cette convergence va entrainer celle des revenus

et des coûts des facteurs. Elle peut aboutir à une égalisation des prix des facteurs

s’il n’y a pas d’entraves à l’échange. Ce résultat est connu sous le nom de théorème

d’égalisation des revenus des facteurs ou théorème de Samuelson. Il s’énonce

comme suit :

Le libre-échange entre deux pays engendre une tendance à l’égalisation des prix

relatifs (w/r) et absolus (w et r) des facteurs entre ces pays. Si les pays continuent

à produire les deux biens en libre échange, cette tendance se poursuivra jusqu’à

l’égalisation complète des prix des facteurs entre les deux partenaires.

Corollaire : « l’échange international des biens devient un parfait substitut à la libre

circulation des facteurs et donc conduit à terme à l’égalisation internationale de leurs

rémunérations ». C’est l’échange des facteurs abondants contenu dans les biens

exportés contre les facteurs rares qui sont contenu dans les biens importés, les

facteurs étant à l’évidence moins mobiles entre les pays.

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Lorsque les prix des produits s’égalisent complètement ainsi que les prix des facteurs,

il n’y a plus de croissance du commerce international ni de mouvements internationaux

des facteurs car les différences de coûts créatrices de l’échange ont disparu.

3.2- Les tests de vérification du modèle HOS

Le modèle HOS a été l’objet, dans les années 50s et 60s de différents tests, en

général peu favorables. Selon le théorème HO, on s’attend à ce que les exportations

américaines soient composées de biens intensifs en capital et que les importations

portent sur des marchandises ayant une forte intensité en travail. Or les résultats

obtenus par Leontief sont à l’opposé : les exportations américaines apparaissent plus

intensives en travail que les importations et ces dernières sont pour leur part, plus

intensives en capital que les exportations. Ce résultat est connu sous le nom du

«paradoxe de Leontief ».

IV) PARADOXE DE LEONTIEF

Leontief analyse en 1954 le contenu en travail et en capital des

exportations américaines et des productions des États-Unis concurrences

par les importations. Il obtient les résultats suivant :

Exportation Produits concurrencés par

l’importation

Capital (K) 2550780 3091339

Travail (L) 122313 170004

K /L 14 18

Les USA, disposent de beaucoup de capital et ou la main d’œuvre est relativement

rare, exporte des productions qui demandes moins de capital et plus de travail que n’en

demande les productions américaines concurrencés par les importions. Ce résultat

statistique constitue un paradoxe par rapport à la théorie HOS. Selon le théorème les

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USA devraient exportés les biens à forte intensité capitalistique puisqu’il possède ce

facteur en abondance et importés ces biens à forte intensités de travail.

Certains économistes, dont Leontief lui-même, ont tenté d’expliquer ce paradoxe sans

renoncer aux hypothèses du modèle H.O.S. En tenant compte de la qualification du

travail et sa productivité, les États-Unis seraient en réalité un pays relativement

abondant en facteur travail et non en capital, dans la mesure où il faut prendre en

compte non seulement le nombre de travailleurs mais également leur efficacité : la

productivité d’un travailleur américain serait, à l’époque, trois fois supérieure à celle

d’un travailleur étranger. Baldwin (1971) confirme ce résultat et montre que les USA

exportent des biens intensifs en travail qualifié.

Cependant, le paradoxe a ouvert la voie à deux nouvelles formulations. La première,

l’approche néo-factorielle, approfondit les suggestions de Leontief. A l’inverse,

d’autres auteurs ont vu dans le test de Leontief l’invalidation de l’approche en termes

de dotations factorielles et ont développé les nouvelles théories, fondées sur la

concurrence imparfaite.

Chapitre 2 : LES NOUVELLES THEORIES DU COMMERCE INTERNATIONAL

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A la fin des années 70, naissent de nouvelles théories du commerce international,

inspirées des travaux d’économie industrielle. Ces théories opèrent plusieurs ruptures

par rapport aux théories traditionnelles :

i) elles raisonnent en termes de structures de marché et non au niveau

macroéconomique. Le cadre de la concurrence pure et parfaite est délaissé au profit

de celui de la concurrence imparfaite, en introduisant notamment les hypothèses de

rendements d’échelle croissants et de différentiation des produits.

ii) elles tentent d’expliquer l’échange intra branche entre pays développés. L’existence

de différences entre les pays n’est plus une condition nécessaire à l’échange

international. Des pays similaires peuvent trouver un intérêt mutuel à commercer afin

d’exploiter, par exemple, des économies d’échelle.

iii) elles introduisent une dimension dynamique par l’analyse de l’évolution temporelle

de la spécialisation des pays alors que les théories traditionnelles sont essentiellement

statiques (à l’exception du théorème de Rybczynski).

iv) enfin, la participation au CI n’est pas nécessairement un jeu à somme positive ;

certains pays y perdent ce qui justifie le recours au protectionnisme.

1-L’APPROCHE NEO-TECHNOLOGIQUE DU COMMERCE INTERNATIONAL

Dans le modèle de Ricardo, l’échange international est basé sur les différences

technologiques. Mais ces différences restent inexpliquées. Pour mieux appréhender la

différence de technologies entre pays, l’approche néo-technologique donne un rôle

prédominant à l’innovation dans la genèse des AC et l’évolution des spécialisations

internationales. Bien que non formalisée, elle rassemble les travaux précurseurs de la

nouvelle théorie du commerce international.

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On distingue 2 étapes importantes dans la formulation de cette approche. La première

développée par Posner, repose sur la notion d’écart technologique. La seconde

popularisée par Vernon explique le phénomène du cycle du produit.

1.1- La théorie de l’écart technologique de Posner

Posner (1961) étudie les composants de l’écart technologique entre les pays comme

déterminant des échanges internationaux. L’avantage technologique d’un pays et d’une

industrie (due essentiellement à des taux d’investissement élevés), va permettre de

découvrir de nouveaux processus de production, et de conférer un nouvel avantage

comparatif au pays innovateur. Ce dernier bénéficie d’un monopole jusqu’à ce que les

autres pays apprennent à fabriquer ces biens : entre temps, ils doivent importer ces

nouveaux produits. Ainsi, des échanges internationaux naissent durant la période

nécessaire pour réaliser l’imitation. Ce retard d’imitation a deux composantes : un

retard dans les demandes des différents pays « suiveurs » pour le nouveau produit et

un retard dans la fabrication du produit ou un substitut par les autres pays.

Le retard d’imitation dépend des économies d’échelle, des tarifs douaniers, des coûts

de transport, de l’élasticité revenu de la demande ainsi que du niveau du revenu et de

la taille du marché étranger.

A partir des observations précédentes, on peut établir la proposition suivante :

l’avantage technologique d’un pays générateur d’exportations dans un secteur est

essentiellement fonction de l’importance des dépenses en recherche et développement

consenties dans ce secteur par un pays relativement à ses concurrents étrangers.

Les efforts d’innovations se traduisent soit par une amélioration des procédés de

fabrication d’un bien, soit par l’apparition d’un nouveau produit. Ainsi les pays

innovateurs, exportent les biens intensifs en nouvelles technologies et importent des

pays suiveurs, des biens dont la production requiert des technologies banalisées. Dans

ce cadre, la diffusion de la technologie est coûteuse et prend du temps.

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Krugman (1979) complète cette analyse en considérant deux groupes de pays : les pays

du Nord et les pays du Sud sachant que seuls les premiers groupes de pays innovent.

Krugman montre que les pays du Nord sont contraints d’innover de façon permanente

afin de maintenir leur niveau de revenu, leur monopole technologique étant constamment

érodé par les transferts technologiques à destination des pays du Sud. Ces derniers

sont compétitifs au niveau international grâce à de bas salaires. Les hauts salaires dans

les pays du Nord reflètent la rente de monopole associé aux nouvelles technologies. Les

travaux de Krugman contribuent ainsi à expliquer la destruction nette d’emplois non

qualifiés dans les pays industrialisés qui résulte de l’ouverture au CI.

1.2- La théorie du cycle du produit de Vernon

Vernon (1966) montre que le CI s’explique par la dynamique du monopole d’innovation.

Cette approche suggère qu’au début du cycle de vie du produit, la production et la

commercialisation se déroule dans le pays innovateur. Le CI par la suite éloigne

progressivement la production du bien de son pays d’origine qui devient finalement

importateur.

L’évolution du cycle reprend la conception hiérarchisée des nations et distingue trois

catégories : les pays « leaders » dont les USA constituent le prototype, les pays

« suiveurs » constitués des pays développés et les PED situés au bas de la hiérarchie.

La croissance et la production d’ordinateur personnel aux Etats-Unis sont un bel

exemple.

1.2.1- Cycle du produit et CI

Vernon identifie 4 phases du cycle de vie d’un produit : l’émergence, la croissance, la

maturité et le déclin.

Figure 3 : Le cycle de vie d’un produit

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C

D
B

A : La phase de l’émergence (produit intensif en technologie)

Au cours de cette phase, il n’existe pas d’échange international. Le monopole vend

et teste son produit sur le marché national. Le prix est élevé et le bien est consommé

par de riches consommateurs du pays innovateur.

B : La phase de croissance (produit intensif en capital)

La production du bien augmente et devient une production de masse. Des économies

d’échelles apparaissent et font baisser les prix. La demande se développe dans les pays

développés et donne lieu à un flux d’exportation dont bénéficie le pays innovateur qui

exploite la rente de monopole que lui confère l’exclusivité de la nouvelle technologie.

Quant aux PED, on assiste à une faible importation de ce bien par une franche de la

population occidentalisée.

C : La phase de maturité (produit intensif en travail qualifié)

Sous l’effet de l’imitation du produit, le pays innovateur perd progressivement son

avance technologique au profit des pays imitateurs précoces. Les productions

deviennent alors de moins en moins compétitives du fait des coûts de transport et des

barrières douanières. Cela oblige les firmes du pays innovateur à remplacer les

exportations par une délocalisation de la production vers les pays imitateurs. Les pays

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suiveurs deviennent fortement exportateurs à la fois vers le pays innovateur et surtout

vers les PED.

D : Phase de déclin (produit intensif en travail non qualifié)

En fin de cycle, le produit est complètement banalisé avec un fort contenu en travail

non qualifié ce qui justifie, désormais la délocalisation de sa production vers les pays

imitateurs tardifs (les PED) pour alimenter à la fois la demande locale et éventuellement

une demande résiduelle dans les pays leaders et suiveurs.

En résumé, on note que l’ensemble des relations entre les différentes phases du cycle

du produit et ses échanges internationaux amènent à la conclusion suivante : un pays

détient un leadership technologique et un avantage comparatif dans le CI de produits

nouveaux lorsqu’il réalise de façon absolue plus de dépenses en recherche et

développement que ses partenaires à l’échange. Ces partenaires peuvent obtenir des AC

dans d’autres nouveaux produits ou dans les produits situés dans les autres phases de

leur cycle.

1.2.2- Cycle du produit et investissement international

L’approche du commerce international en termes de cycle de vie du produit contient

également une explication des investissements étrangers et de la multinationalisation

des firmes.

a) La délocalisation dans les pays développés

La délocalisation dans les pays s’explique par la concurrence. Sur ses marchés

extérieurs, la firme innovatrice est concurrencée non seulement par des firmes de son

pays d’origine mais aussi par des firmes des pays étrangers qui arrivent à imiter le

produit. Pour se défendre la firme va délocaliser en partie sa production dans le pays

imitateur et tirer les avantages suivants :

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- mieux contrôler le marché d’accueil en élevant des barrières à l’entrée de la

branche afin de limiter les nombre de firmes concurrentes sur le même créneau ;

- mieux connaître le marché d’accueil et mieux exploiter ses capacités ;

- devancer les autres firmes de son pays dans cette nouvelle production et prolonger

ainsi son avance.

b) La délocalisation dans les PED

Lors de la dernière phase du cycle, les coûts en travail non qualifié prennent une

importance particulière. Les firmes en se délocalisant dans les PED espèrent tirer les

avantages suivants :

- Abaisser les coûts de production et le prix en utilisant une main d’œuvre

abondante et peu onéreuse.

- Conserver à moindres coûts ses produits de bas de gamme afin de fidéliser une

demande portant d’abord sur les produits banalisés et qui ensuite pourrait se reporter

sur les produits sophistiqués ;

- Elargir sa sphère d’influence au niveau mondial en adoptant une stratégie de

production complètement multinationalisée. Dans ce cadre et dans la mesure où il n’y a

plus de secrets technologiques concernant le produit, la délocalisation de la production

peut se réaliser par l’intermédiaire de la sous-traitance internationale et/ou par la

vente des licences.

Figure 4: l’évolution du transfert international des activités au court du cycle de vie du

produit.

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t1  exportation du pays innovateur vers les autres pays avancés.

t2  exportations supplémentaires du pays innovateur vers le reste du monde.

t3  les pays suiveurs commencent à exporter.

t4  abandon de l’activité par le pays innovateur.

t5  les pays en développement commencent à exporter.

t6  les pays suiveurs deviennent importateurs nets.

1.3- Les limites de l’approche néo-technologique

Malgré le succès de cette approche dans les années 70, elle présente quelques

insuffisances :

- la rapidité d’imitation des nouveaux produits par les sociétés locales (pays d’accueil)

affecte la durée du pouvoir de monopole ;

- les principales firmes multinationales disposent de réseaux bien établis de production

dans le monde entier et souvent introduisent des nouveaux produits simultanément

sur plusieurs marchés plutôt que de commencer la production dans leur pays d’origine ;

- la production à l'échelle mondiale : les différentes composantes du bien sont produites

dans différents pays en fonction des avantages comparatifs. Cette stratégie permet

d'exploiter les économies d'échelle et de bénéficier des aides à l'investissement

offertes par les différents pays ;

- tous les produits ne suivent pas nécessairement l’évolution traditionnelle du cycle de

vie : ex coca-cola (longue phase de maturité), téléphonie mobile (longue phase de

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lancement), le passage direct de la phase de lancement à celle de la maturité (la mode

vestimentaire) …

II- CONCURRENCE IMPARFAITE ET COMMERCE INTERNATIONAL : LE

COMMERCE INTRABRANCHE

2.1- Contexte

Outre les approches néo-technologique et néo-factorielle que nous avons déjà

présentées en prolongement des modèles ricardiens et de proportion des facteurs,

l’approche des rendements croissants remet en cause l’hypothèse de rendements

d’échelle constants et introduit la notion de concurrence imparfaite.

On parle d’économies d’échelle, lorsqu’une augmentation proportionnelle de tous les

facteurs de production entraîne une hausse plus que proportionnelle de la production.

Ce phénomène a été exclu des approches traditionnelles qui raisonnent en concurrence

pure et parfaite.

La concurrence imparfaite offre l'avantage d'expliquer le commerce intra branche et

l’effet pro-concurrentielle l'échange international. L’échange international stimule la

concurrence alors que la CPP est une hypothèse de base de la théorie traditionnelle.

Cependant, les modèles de concurrence imparfaite se révèlent incapables d’expliquer

les échanges interbranches.

2.2- Notion de commerce intra branche

L’essor du commerce de produits manufacturés entre pays développés entraîne le

développement d’une forme nouvelle de commerce : l’échange intra branche. Ce dernier

se définit comme un échange croisé (entre deux pays), d’un montant équivalent de

produits appartenant à une même branche (à un même secteur d’activité). A l’exception

du Japon, les principaux pays industrialisés connaissent une expansion de leur commerce

intrabranche qui est aujourd’hui estimée à50% des échanges entre les pays développés.

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Selon les théories traditionnelles, l’échange international conduit à importer les

facteurs localement rares et à exporter les facteurs localement abondants. Ainsi les

biens exportés diffèrent des biens importés en caractéristiques (biens de

consommation finale, biens d’équipement) et surtout en technologie de production K/L

(matières premières et biens manufacturés). Elles traitent donc du commerce

interbranche.

L’indicateur le plus utilisé pour mesurer l’intensité de l’échange intrabranche d’un pays

avec le reste du monde est l’indicateur de Grubel et Lloyd qui s’écrit:

Xi  Mi
bi  1 
Xi  Mi

Avec Xi et Mi les exportations et importations d’un pays donné dans le même secteur i.

En l’absence de commerce intrabranche, cet indice est nul. Plus le commerce

intrabranche est important, plus cet indicateur ne se rapproche de 1.

Le GL du pays est la moyenne des bi pondérée par la part de chaque branche dans le

commerce du pays soit :

n
Xi  Mi
B bi
i i X M
Supposons que les exportations valent 70 et les importations 30. L'indicateur de Grubel

et Lloyd (GL) mesure le poids du recouvrement entre ces deux flux (30 + 30 = 60) dans

le commerce total (70 + 30 = 100), soit b = 60% dans cet exemple.

La partie équilibrée (60) (montant identique d'exportations et d'importations) est

considérée comme intrabranche et le solde 40 comme interbranche. La mesure du

commerce intrabranche (b) est donc le complément de celle de l'interbranche (g=1-b).

Figure 5 : L’échange intrabranche

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Chapitre 3 : LES POLITIQUES DU COMMERCE INTERNATIONAL : LIRE
ECHANGE ET PROTECTIONISME

Si l’analyse des coûts et des avantages du commerce international expliquent en

grande partie la spécialisation des pays industriels, deux courants de pensée

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économique sont généralement associés aux politiques économiques : le libre-échange

et le protectionnisme.

I. LE LIBRE-ECHANGE

Dans son ouvrage Economics (1980), Paul Samuelson précise que « le libre-échange

favorise une division internationale du travail mutuellement profitable, accroît

grandement les produits nationaux réels susceptibles d’être obtenus dans tous les

pays et permet d’élever les niveaux d’existence dans le monde entier » (1983, p. 431).

1) Fondements et objectifs du Libre-échange

La politique du Libre-échange est fondée sur la théorie des avantages comparatifs de

Ricardo et sur les effets bénéfiques de la concurrence. Chaque pays intérêt à se

spécialiser dans les productions où il possède un avantage relatif en termes de coûts

de production et à se procurer à l’étranger les produits pour lesquels ses coûts de

production sont comparativement trop élevés. L’échange international n’est pas un

jeu dans lequel il y aurait des gagnants et des perdants : tous les participants au

commerce international en retirent des gains. Les effets bénéfiques de la

concurrence permettent d’obtenir une réduction des prix de vente au profit des

consommateurs (d’une part, ces derniers peuvent acheter des produits étrangers à

meilleur marché, d’autre part les producteurs nationaux sont obligés de s’aligner sur

des prix compétitifs) ; une affectation optimale des ressources (la spécialisation

internationale conduit à utiliser les facteurs de production dans les secteurs où ils

sont les plus productifs) ; un dynamisme de l’appareil productif (la concurrence

internationale permet d’assainir le système de production national, disparition des

secteurs en déclin, et oblige les entreprises nationales à innover sans cesse).

II. LES CONDITIONS DU LIBRE-ECHANGE

La mise en place d’une politique de Libre-échange suppose cependant la suppression

des obstacles tarifaires et non tarifaires. Un des principaux obstacles à la libre

circulation des marchandises entre les pays, est constitué par l’existence de droits

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de douane ayant pour effet de rendre les marchandises étrangères plus chères sur

le marché national. La réduction progressive des droits de douane a été amorcée au

19ème siècle par l’Angleterre avec la suppression en 1846 des droits de douane sur le

blé (accusé par les libre-échangistes de renchérir le prix du pain). L’élimination des

barrières non tarifaires suppose quant à elle la suppression, des quotas et

contingentements fixant une limite aux importations, des réglementations

protectrices interdisant l’entrée de certains produits étrangers ne correspondant pas

à des normes techniques ou sanitaires, et des aides gouvernementales aux entreprises

nationales sous forme de subventions (exemple du déficit du Crédit Lyonnais, de Air

France qui a été réduit en ayant l’accord de Bruxelles), de crédits bonifiés ou

d’attribution préférentielle de marchés publics. La libéralisation des échanges peut

cependant comporter des effets négatifs qui contribuent à contrebalancer les effets

positifs de l’ouverture des frontières et à conforter la thèse du Protectionnisme.

II. LE PROTECTIONNISME

Une première approche du protectionnisme est à mettre au crédit des mercantilistes.

Associant la richesse à la détention d’or et d’argent, ils préconisaient au 17ème et au

18ème siècle, une politique de soutien aux exportations (via la création par l’Etat des

grandes compagnies de commerce ou de manufactures) et une limitation des

importations (synonyme de sorties d’or). Le commerce était ainsi un jeu à somme

nulle : tout enrichissement d’un Etat s’effectuait au détriment d’un autre Etat.

Au cours du 19ème siècle, Friedrich List (1789 – 1846) va initier un protectionnisme

libéral. Farouche opposant à la théorie des avantages comparatifs de David Ricardo,

List évoque dans son ouvrage Système national d’économie politique (1840) l’idée d’un

protectionnisme éducateur. List considère que le protectionnisme est nécessaire à

court terme pour initier le développement économique. Pour appuyer son

argumentation, il est amené à diviser l’histoire économique en plusieurs stades : toute

nation évoluerait successivement de l’état sauvage à l’état pastoral, à l’état

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agricole, à l’état agricole manufacturier, à l’état agricole – manufacturier –

commercial. Le passage aux derniers stades nécessiterait l’intervention de l’Etat,

grâce à l’instauration du protectionnisme éducateur. Il s’agit tout d’abord de protéger

les industries naissantes, puis une fois le retard entre les industries nationales et les

industries étrangères comblé, le libre-échange reprend ses droits.

Ce qui amène List à dire « le protectionnisme est notre voie, le libre échange est notre

but ». L’influence de List sera considérable en Allemagne, il sera à l’origine de la

création de l’Union douanière (Zollverein). Ce qui amène List à dire « le protectionnisme

est notre voie, le libre échange est notre but ». L’influence de List sera considérable

en Allemagne, il sera à l’origine de la création de l’Union douanière (Zollverein).

Enfin, dans la mouvance du théorème HOS, le théorème Stolper – Samuelson peut

être introduit afin d’établir une relation entre le libre-échange, le protectionnisme

et la répartition des revenus. Ce théorème considère qu’un accroissement du prix

relatif d’un bien augmente la rémunération du facteur de production intensif dans la

production de ce bien et diminue la rémunération du facteur de production non

intensif.

CHAPITRE 4 : LES INTUMENT DE LA POLITIQUE COMMERCIALE

Un droit de douane est un impôt sur les importations. On en distingue deux catégories

: un droit de douane spécifique et un droit de douane ad valorem. Le premier

correspond au prélèvement d’un montant fixe par unité de bien importé (par exemple,

3 € par baril de pétrole). Le second est une taxe correspondant à une part de la valeur

du bien importé (par exemple, une taxe de 25 % appliquée à la valeur de chaque camion

importé).

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Dans les deux cas, cette mesure de protection tarifaire a pour conséquence

d’augmenter le coût d’importation des biens.

L’imposition de droits de douane est la forme la plus ancienne de politique commerciale.

Elle a longtemps été la principale ressource des budgets publics des états européens

(jusqu’à l’introduction de l’impôt sur le revenu). Au-delà de l’aspect financier, les droits

de douane avaient pour objet de protéger certains secteurs de l’économie nationale.

De nos jours, les gouvernements ont davantage recours à différents types de

barrières non tarifaires, comme les quotas d’importation (limitation légale des

quantités importées) et les restrictions volontaires aux exportations (limitation des

quantités exportées, souvent imposée à la demande du pays importateur).

I. OFFRE, DEMANDE ET VOLUME DE COMMERCE DANS CHAQUE SECTEUR

Considérons un pays domestique et étranger. Chacun consomme et produit du blé.

Supposons que ce bien soit transporté sans coût entre les deux pays. L’offre et la

demande de blé sur chaque marché dépendront des prix, exprimés en monnaie locale.

Dans ces conditions, le commerce aura lieu si les prix d’autarcie sont différents.

Imaginons qu’en l’absence d’échange, le prix du blé soit plus élevé dans le pays

domestique qu’à l’étranger. Ce dernier aura tendance à exporter ce bien vers le marché

domestique. Ce flux de commerce international aura pour conséquence d’égaliser le

prix du blé dans les deux pays : il augmentera à l’étranger et baissera sur le marché

domestique.

Afin de déterminer le prix mondial et les quantités échangées, il est nécessaire de

définir deux nouveaux outils théoriques : la courbe de demande d’importation

domestique et la courbe d’offre d’exportation étrangère. Elles sont obtenues à partir

des courbes d’offre et de demande spécifiques à chaque pays. La première est égale

à l’excès de demande des consommateurs domestiques par rapport à l’offre

domestique. La seconde résulte du surplus d’offre étrangère par rapport à la demande

des consommateurs étrangers.

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La figure suivante illustre la méthode qui permet d’obtenir la courbe de demande

d’importation domestique, DM. Au prix P1, les consommateurs domestiques demandent

D1, alors que les producteurs n’offrent qu’une quantité O1. La demande d’importation

est alors D1 – O1.

Si le prix augmente de P1 à P2, les consommateurs ne demandent plus que D2, alors

que les producteurs augmentent les quantités à O2. La demande d’importation diminue

donc jusqu’à D2 – O2. Ces combinaisons prix-quantités sont représentées par les

points 1 et 2 à droite de la figure. La courbe a une pente négative, car une

augmentation du prix entraîne une réduction de la quantité importée par le pays

domestique. Au prix PA, la demande et l’offre domestiques sont identiques : aucun

échange n’a lieu. La courbe de demande d’importation domestique coupe donc l’axe des

prix en PA (cette demande est nulle pour un prix égal à PA).

Figure 4 : la courbe de demande d’importation Domestique

Lorsque le prix du bien augmente, la demande exprimée par les consommateurs

diminue, tandis que les quantités offertes par les producteurs augmentent. Cela

entraine une baisse de la demande d’importation.

De la même façon, la figure représente la courbe d’offre d’exportation étrangère OX.

Au prix P1, les producteurs étrangers offrent O*1, alors que les consommateurs

ne demandent que D*1. L’offre d’exportation est alors O*1 – D*1. En P2, les

consommateurs ne demandent plus que D*2, alors que les producteurs augmentent les

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quantités à O*2. L’offre d’exportation s’élève donc à O*2 – D*2. La pente de la courbe

est positive, puisque l’offre de biens disponibles à l’exportation s’accroît lorsque le

prix augmente.

L’équilibre mondial est atteint lorsque la demande d’importation domestique et l’offre

d’exportation étrangère s’égalisent, c’est-à-dire lorsque le prix atteint Pw. À ce point,

on observe alors :

Demande domestique – Offre domestique = Offre étrangère – Demande mondiale =

Offre mondiale

Demande domestique + Demande étrangère = Offre domestique + Offre étrangère

Figure 5 : la courbe d’offre d’exportation étrangère

Lorsque le prix du bien augmente, la production étrangère augmente, tandis que la

demande étrangère diminue. Cela entraine une hausse des quantités de produit

disponibles pour l’exportation.

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Figure 6 : l’équilibre mondial

Le prix mondial d’équilibre permet d’égaliser la demande d’importation (courbe DM) et

l’offre d’exportation (courbe OX)

II .LES EFFETS D’UN DROIT DE DOUANE

Un droit de douane peut s’apparenter à un coût de transport. Si le pays domestique

décide de prélever une taxe de 2 € sur chaque tonne de blé importée, l’exportation de

ce bien ne devient intéressante que si la différence de prix entre les deux marchés

est d’au moins 2 €, tout comme cela aurait été le cas pour un coût de transport

équivalent.

Figure 7 : Effet d’un droit de douane

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La mise en place d’un droit de douane augmente le prix sur le marché domestique,

diminue le prix sur le marché étranger et réduit le volume du commerce international.

En situation de libre-échange, le prix du blé est nécessairement égal au prix mondial

sur chaque marché (le point 1 du graphique du milieu représente l’équilibre du marché

mondial). Avec le droit de douane, le pays étranger ne pourra exporter son blé que si

la différence entre le prix domestique et celui proposé par les exportateurs étrangers

est supérieure à t €. Dans le cas contraire, on observe simultanément une demande

excédentaire de blé sur le marché domestique et étranger. Ces déséquilibres

engendrent une réduction du prix étranger et une hausse du prix domestique, jusqu’à

ce que la différence entre les deux prix atteigne t €. Ainsi, le droit de douane a pour

effet de faire monter le prix domestique jusqu’à PT et baisser le prix sur le marché

blé et, dans le même temps, les consommateurs réduisent leur demande. Au final, cela

se traduit par une diminution de la demande d’importation (mécanisme illustré par le

passage du point 1 au point 2 sur la courbe DM). À l’inverse, l’offre étrangère diminue

et la demande augmente en réaction à la baisse de prix sur le marché étranger. L’offre

d’exportation étrangère se contracte (on passe du point 1 au point 3 sur la courbe OX).

L’imposition du droit de douane diminue donc le volume de blé échangé entre les pays.

Le flux de commerce passe de Qw à QT.

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Figure 8 : Effet d’un droit de douane, le cas d’un petit pays

Lorsqu’ un pays est petit ; le droit de douane qu’il impose ne peut pas réduire le prix

mondial du bien qu’il importe. Le prix de ce bien sur le marché domestique augmente

alors que a Pw + t ; et le volume d’importation se réduit de D1 _ O1 a D2 – O2.

III. LA MESURE DU NIVEAU DE PROTECTION

Un droit de douane sur les importations d’un produit augmente son prix domestique.

Autrement dit, il protège les producteurs nationaux contre la concurrence étrangère

et permet de maintenir un prix élevé sur le marché domestique. Cette protection est

généralement le principal objectif visé par la barrière commerciale. Pourtant,

l’évaluation du niveau de protection qu’elle procure est moins simple qu’il n’y paraît. Ce

niveau est souvent mesuré par la hausse du prix (en pourcentage) par rapport à celui

qui prévaudrait en libre-échange. Dès lors, la mesure d’une protection associée à un

droit de douane peut sembler évidente. S’il s’agit d’une taxe ad valorem,

proportionnelle à la valeur des importations, son taux doit directement mesurer le

degré de protection. Dans le cas d’un droit de douane spécifique, il suffit de diviser

son montant par le prix du bien taxé, net du droit de douane, pour obtenir son

équivalent ad valorem.

Cette approche pose néanmoins deux problèmes. D’abord, dans le cas d’un grand pays,

le droit de douane se traduira en partie par une diminution du prix des exportations

étrangères, plutôt que par une hausse des prix domestiques. Cet effet des politiques

commerciales sur les prix mondiaux peut parfois se révéler non négligeable.

Ensuite, un droit de douane peut avoir un impact différent selon que le produit visé

est un bien final ou intermédiaire. Ce dernier n’est pas directement consommé, mais

destiné à être utilisé dans le processus de production d’un produit final, plus complexe.

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CHAPITRE 4 : LA BALANCE DES PAIEMENTS

I. LES PRINCIPES GENERAUX DE LA BALANCE DES PAIEMENTS

1.1 – Définition de la balance des paiements

La balance des paiements est un document comptable qui retrace ou enregistre

l’ensemble des opérations économiques et financières (biens, services et capitaux)

intervenues au cours d’une période précise (un an ou un trimestre) entre un pays

(les résidents) et l’extérieur (les non-résidents).

C'est au Fonds monétaire international (FMI), légitimé par ses statuts de veiller au

bon fonctionnement du système monétaire international, qu'est revenue la

normalisation des concepts, des définitions, des classifications et des conventions de

manière à ce qu'il soit plus facile, au plan national et international, de recueillir,

présenter et comparer les statistiques de balance des paiements.

1.2 – Nature des opérations et des flux

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Les échanges d’un pays avec l’extérieur concernent : les marchandises, les services

et les capitaux. La plupart de ces opérations se font en vue de règlement en devises

(avec contrepartie).D’autres sont sans contrepartie : ce sont les transferts

unilatéraux (dons, transferts d’épargne des travailleurs migrants...).

Les flux identifiés dans la balance des paiements sont :

● Les flux réels : retracés par les importations et les exportations de

marchandises ;

●Les services ;

●Les flux financiers consistant en l’acquisition ou la cession d’un actif financier par

des résidents à des non-résidents ou les transferts unilatéraux sans contrepartie ;

● Les flux de trésorerie ou flux monétaires : sa variation est représentée par la

somme d’une part des variations des avoirs en devises étrangères et d’autre part des

variations des avoirs et engagements à vue en monnaie nationale envers les non-

résidents.

1.3 - Rôle de la balance des paiements

La balance des paiements est un instrument d’analyse économique et d’aide à la décision

en matière de politique des relations économiques et financières avec l’étranger.

Ainsi, a-t-elle pour rôle de :

●Retracer les flux financiers entre la nation et l’extérieur ;

●Etablir des comparaisons internationales avec l’extérieur ; ce qui permet de juger de

l’équilibre du commerce extérieur du pays et d’opérer les ajustements nécessaires ;

●Mesurer la vitalité de la monnaie nationale ;

●Mesurer la compétitivité de l’économie nationale par l’étude de ses capacités

d’épargne et d’investissement ou de ses besoins d’investissement ;

●Outil d’information et de gouvernance…

En somme, déterminer les équilibres ou le déséquilibre des échanges internationaux

et apporter les ajustements nécessaires.

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1.4 – Principes généraux de la balance des paiements

La balance des paiements enregistre l’ensemble des transactions au cours d’une

période donnée : c’est donc un relevé de flux (elle mesure le montant des transactions

effectuées entre deux dates fixes). Le principe de base de l’enregistrement est celui

de la comptabilité à partie double ; chaque flux donne lieu à inscription dans deux

comptes : l’une au Débit et l’autre, de même montant au Crédit. D’où l’expression

« balance » pour montrer l’égalité Débit = Crédit. Toute transaction engendrant une

augmentation des devises nationales (exportation, dettes reçues de l’extérieur…) est

enregistrée au crédit ; toute transaction engendrant une diminution des devises ou

avoirs nationaux (importation, règlement de dettes extérieures…) est enregistrée au

débit. Cependant, la balance des paiements est à l’inverse de la comptabilité générale :

les crédits sont inscrits dans la colonne de gauche et les débits à droite. De plus, pour

faciliter les comparaisons, la balance des paiements ne fait apparaître que les soldes

qui la composent : lorsque le solde d’un compte est créditeur, il est précédé d’un signe

positif(+) et d’un signe négatif(-) quand il est débiteur.

La balance des paiements est, par convention, toujours équilibré et le solde global,

toujours nul.

II. LES SOLDES SIGNIFICATIFS DE LA BALANCE DES PAIEMENTS

2.1 – Définitions

1.1-La composition ou les composantes de la balance des paiements

Il s’agit des principales rubriques, des grandes parties de présentation de la balance

des paiements ; leur regroupement permet de reconstituer la balance des paiements.

Ce sont les comptes de la balance des paiements.

1.2-les soldes de la balance des paiements

Le solde est la différence, l’écart absolu (positif, négatif ou nul) entre des entées et

des sorties, le crédit et le débit, les ressources et les emplois.

Les soldes de la balance des paiements sont les regroupements significatifs de divers

postes de la balance des paiements particulièrement utiles pour l’analyse économique

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et financière d’un pays avec l’extérieur. Ils sont choisis pour des raisons pratiques

tenant aux instruments de politique économique à mettre en place.

2 – La composition ou les composantes de la balance des paiements

La présentation actuelle de la balance des paiements, selon le FMI depuis le 1er Janvier

1996, comporte quatre (4) parties : le compte des transactions courantes, le compte

de capital, le compte financier et le poste « Erreurs et omissions nettes ».

2.1-Compte ou balance des transactions courantes

Il enregistre l’ensemble des opérations sur :

●Les biens : il s’agit des exportations et des importations de marchandises ;

●Les services : ce sont entre autres les services liés au commerce extérieur

(transports, assurances, négoce international…), les voyages… ;

●Les revenus : ce sont les revenus de facteurs de production ;

●Les transferts courants : ce sont les opérations sans contrepartie monétaire ou

réelle ; exemple : aide au développement.

2.2-Compte ou balance de capital

Il enregistre essentiellement des transferts en capital qui s’apparentent à des

transferts unilatéraux car n’ayant aucune contrepartie ; il s’agit de :

●Transfert en capital : achat ou vente d’actifs immatériels non financiers comme les

brevets, remises des dettes ou pertes sur créances… ;

●Les transferts patrimoniaux des travailleurs migrants.

2.3-Compte ou balance financier (ère) Il enregistre l’ensemble des :

●Flux financiers : de court ou long terme ; les IDE, les investissements de portefeuille

et autres ;

●Les avoirs de réserve : or, devises, réserve de change… ;

2.4-Le poste « Erreurs et Omissions Nettes »

Il reflète les difficultés d’enregistrement des opérations économiques

internationales. Il s’agit d’un poste d’ajustement rendu nécessaire afin d’assurer

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l’équilibre de la balance des paiements. Car par convention, la balance des paiements

ne peut être ni excédentaire, ni déficitaire ; elle est un document comptable équilibré.

REMARQUE : la Balance des Invisibles enregistre les échanges de services (tourisme,

transport, assurance…) + Transferts unilatéraux (revenus expédiés par les travailleurs

étrangers dans leur pays).

3 – Les soldes significatifs de la balance des paiements

Il s’agit des soldes de la balance commerciale, de la balance des transactions courantes

et de la balance des capitaux.

3.1-Le solde de la balance commerciale

Différence entre les exportations et les importations de marchandises, le solde de la

balance commerciale permet de faire ressortir la compétitivité commerciale d’un pays.

Il peut présenter trois cas essentiels :

Le cas où X – M < 0 : balance commerciale déficitaire

Il y a une augmentation des flux réels de biens et une réduction des flux monétaires

à l’intérieur du pays. D’où une possibilité de déflation de l’économie (la BC a un rôle

anti-inflationniste) ;

Le cas où X – M > 0 : balance commerciale excédentaire

Il y a une réduction des flux réels de biens et une augmentation des flux monétaires

avec de faibles importations. D’où une possibilité d’inflation de l’économie (la BC,

facteur d’inflation) ;

 Le cas où X – M = 0 : balance commerciale équilibrée

3.2-Le solde de la balance des transactions courantes

Également appelé Balance des Opérations Courantes (BOC), elle porte sur les biens,

les services, les revenus et les transferts courants. C’est le solde le plus utilisé par le

FMI et il permet de savoir si une économie vit ou non au-dessus de ses moyens.

3.3-Le solde de la balance des capitaux

Ce solde est relatif aux mouvements de capitaux à court et long terme du secteur

privé non bancaire. Une amélioration (excédent) de la balance des capitaux signifie

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que les entrées de capitaux (emprunts et rapatriement) dans le pays sont supérieurs

aux sorties (prêts ou placements à l’étranger). Au contraire, une détérioration

(déficit) de la balance des capitaux (solde négatif) peut indiquer que le pays investit

beaucoup à l’étranger. Cette exportation de capitaux est porteuse de revenus futurs

(intérêts, dividendes)

NB : ces balances peuvent être excédentaire, équilibrée ou déficitaire. Le taux de

couverture des importations par les exportations décrit la situation des échanges

commerciaux.

Taux de couverture=Exportations 100

Importations

III. QUELQUES MECANISMES D’AJUSTEMENT DE LA BALANCE DES


PAIEMENTS

3.1-Principe d’ajustement de la balance des paiements

La balance des paiements est, par convention, toujours équilibré. Cependant, certains

de ses soldes significatifs peuvent être excédentaires ou déficitaires ; c’est-à-dire

non équilibrés.

L’ajustement de la balance des paiements consiste donc au rééquilibrage de ces soldes

par des mécanismes spécifiques ; c’est-à-dire, influencer les opérations économiques

afin de retrouver un solde global nul de la balance des paiements.

3.2-Mécanismes d’ajustement de la balance des paiements

Il est retenu ici deux mécanismes d’ajustement de la balance des paiements. Il s’agit

de l’ajustement par la variation du revenu global et de l’ajustement par la variation des

prix.

3.2.1-Ajustement par la variation du revenu global

Il s’agit d’une augmentation des importations induite par l’augmentation du nouveau

revenu ; elle-même provoquée par le développement des exportations. Cela favorise le

rééquilibrage de la balance des paiements.

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3.2.2-Ajustement par la variation des prix

Il se fait soit par la dévaluation, soit par la réévaluation ou par le jeu de l’offre et de

la demande. Ainsi, les mécanismes d’ajustement par les prix consistent en des

variations du taux de change.

Lorsque la balance des paiements est déficitaire, l’ajustement approprié est la

dévaluation dans un régime de change fixe ou laisser la monnaie se déprécier par le

jeu de l’offre et de la monnaie dans un régime de change flottant.

Dans le cas contraire, c’est-à-dire, lorsqu’elle est déficitaire, l’on adopte la

réévaluation ou l’appréciation de la monnaie.

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