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ÉNERGIE DURABLE
EN AFRIQUE ET INITIATIVES
La transition énergétique –
les stratégies de soutien
et d’accélération de l’accès à l’énergie
INSTITUT DE LA FRANCOPHONIE
POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE . . . . . . SOMMAIRE . . . . . .
Mot du directeur.................................................................. 4
Jean-Pierre Ndoutoum
Numéro 107, 2e trimestre 2018
Photos en couverture :
Photo principale : Sameer Halai©USAID / Power Africa. Centrale solaire
d’Agahozo Shalom Youth Village, Rwanda
Vignette 1 : Pay As You Go, énergie solaire (droits réservés)
Vignette 2 : Villageois Masai, Kenya (droits réservés)
Vignette 3 : Centrale solaire de Noor I, Ouarzazate, Maroc,
Michael Taylor©IRENA
.........................
Énergie durable en Afrique et Initiatives 3
Mot du directeur
Des questions subsistent, et non des moindres, pour piloter Au-delà des inégalités, se pose
une transformation de telle ampleur, avec des degrés d’in-
certitudes majeurs quant au meilleur chemin à parcourir la question du financement
en particulier en termes d’emplois, de revenus et de lutte de la transition énergétique
contre les inégalités. Deux principes devraient se trouver
Des masses d’argent de plus en plus significatives sont
au centre des interrogations sur les choix techniques et les
fléchées pour financer la transition énergétique en Afrique.
initiatives lancées sur le continent pour la (ou les) transi-
La convergence des points de vue sur la transition a permis
tion(s). Le premier renvoie à la question de la « réversibi-
d’enclencher un début de changement dans les systèmes
lité » de ces choix et leur financement, le second à celle de
énergétiques, et le lancement d’un certain nombre d’ini-
« la diversité » des trajectoires socio-techniques possibles
tiatives sur le continent.
et leur acceptabilité.
Cette dynamique des investissements ouvre un espoir
Concilier les actions pour la transition d’« accès à l’énergie pour tous ». Toutefois les réponses
énergétique, la lutte contre les
inégalités en Afrique et la lutte 5. « La pauvreté est la forme la plus grave de la pollution ». (Indira
Ghandi 1972)
contre le changement climatique 6. Des inégalités trop élevées nuisent à la cohésion sociale, et même
au fonctionnement de l’économie et au développement.
Nous prenons aujourd’hui douloureusement conscience (R. Wilkinson : « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous »,
que les inégalités et la croissance carbonée sont porteuses 2013).
7. Comme l’indique le dernier rapport de l’Organisation Inter 8. Prés de 400 000 milliards d’investissements devront être orientés
nationale de Travail consacré à cette question (qui estime à dans les vingt années à venir vers les systèmes énergétiques, en
60 millions le nombre d’emplois dans le monde susceptibles cohérence avec la lutte contre le changement climatique (d’après
d’être créés) : Ugo Bardi (le grand pillage, 2017) le rapport de l’AIE 2016)
CONTEXTE ET ENJEUX
Droits réservés
Un prix élevé du carbone c’est bon (aussi)
pour les pays en développement ?
Jacques PERCEBOIS
Professeur émérite à l’université de
Montpellier. Il a créé et dirigé le CREDEN La planète devrait compter près de 9,8 milliards d’habitants en 2050 contre
et un master en économie et Droit de l’Éner-
7,4 milliards en 2015 et le continent africain en représentera le cinquième
gie. Il est doyen honoraire de la Faculté
d’Économie. Il est le co-fondateur, avec contre 16 % aujourd’hui. C’est dire qu’il faut s’attendre à une forte pression
Antoine Ayoub (Université Laval de Q uébec), démographique, en Afrique subsaharienne en particulier. Certes l’Asie
du Réseau MONDER qui regroupe des demeurera la zone la plus peuplée avec ses 5,2 milliards d’habitants soit 52 % de
centres de recherche francophones en éco- la population du monde contre 59 % aujourd’hui. Le poids relatif de la Chine
nomie de l’énergie. Il est chercheur associé
à la Chaire « Économie du Climat » ratta-
et de l’Inde devrait baisser un peu tandis que celui de l’Afrique augmentera.
chée à l’Université Paris Dauphine. Il est Cette pression démographique aura des conséquences sur la consommation
l’auteur de nombreux articles scientifiques d’énergie et donc sur les émissions de gaz à effet de serre, de CO2 notamment.
et de plusieurs ouvrages parmi lesquels on L’Afrique ne consomme actuellement que 3,6 % de l’énergie primaire utilisée
peut citer : « Énergie : économie et poli- dans le monde et n’émet donc qu’une faible part des gaz à effet de serre qui
tiques » (écrit avec J.P. Hansen et dont la
2ème édition est parue en 2015 aux E ditions
provoquent le réchauffement climatique. Mais sa part devrait croître avec
de Boeck), et « Transitions électriques : ce l’augmentation des besoins en énergie. Rappelons que 78 % des gaz à effet de
que l’Europe et le marché n’ont pas su vous serre ont été en 2016 émis par seulement 20 pays, la Chine en tête, suivie
dire » (écrit avec J.P. Hansen et paru fin 2017 des États-Unis, de l’Inde, de la Russie et du Japon. L’Union européenne des
aux Editions Odile Jacob). 28 contribue au total à 10 % environ de ces émissions.
Partout on prend conscience qu’il faut limiter le recours aux énergies fossiles
(charbon surtout, mais aussi pétrole et gaz) qui sont à l’origine de ces émissions,
notamment des émissions de CO2. Et pour cela il faut un prix élevé du carbone
qui doit être de nature à pénaliser le recours aux énergies fossiles, surtout
dans un contexte où le prix du pétrole demeure relativement bas (de l’ordre
de 60 US $ le baril). Il y va de l’intérêt de tous, ce qui n’exclut pas des com-
portements de « passager clandestin » comme c’est le cas aujourd’hui de la part
des États-Unis (cf de Perthuis 2017). Pénaliser le recours aux énergies fossiles
c’est inciter à l’innovation technologique donc à la mise en place rapide de
solutions visant à économiser l’énergie et à promouvoir les énergies « bas
carbone », notamment l’énergie solaire.
La préoccupation majeure de l’Afrique c’est l’accès à l’électricité pour tous.
Rappelons que 46 % des personnes qui n’ont pas accès à l’électricité dans le
monde vivent en Afrique et que le taux d’accès à l’électricité en Afrique
subsaharienne n’est que de 35 %. En 2016, 650 millions d’Africains n’avaient
pas accès à l’électricité. Ce sont les zones rurales qui sont le plus touchées. Si
la lutte contre l’effet de serre à l’échelle mondiale accélère la mise sur le marché
de technologies « décarbonées » l’Afrique en profitera aussi. Il est donc de
son intérêt qu’un prix élevé du carbone soit adopté partout dans le monde,
en Afrique également car c’est envoyer un signal au consommateur pour lui
rappeler que l’utilisation d’énergies carbonées est socialement coûteuse et
[email protected] l’inciter en même temps à privilégier le recours à des solutions alternatives
moins préjudiciables à l’environnement.
Jean-Claude BERTHELEMY
Professeur à l’université Paris 1, dont il a
dirigé le département d’économie, co- L’introduction en 2015 de l’électricité comme composante importante d’un
directeur de l’axe de recherche « Economie
Objectif de Développement Durable (ODD), est novatrice, et devrait stimuler
du développement durable » du centre
d’économie de la S orbonne, et vice- la recherche sur l’apport de l’électrification au développement. Cet article
président de l’association Sorbonne Déve- expose un projet, initié par la Fondation pour les études et recherches sur le déve-
loppement Durable. Il est Senior Fellow de loppement international (FERDI), visant à y contribuer par la création
la FERDI (Fondation pour les Etudes et la d’une cartographie intelligente des projets d’électrification décentralisée, la
Recherche sur le Développement Interna-
tional), pour laquelle il anime des recherches
« Collaborative Smart Mapping of Micro-grid Action »(CoSMMA).
sur l’accès à l’électricité au sein du pro- L’apport de l’électrification au développement a été jusqu’à présent largement
gramme « Environnement, climat et déve-
loppement » ; et membre correspondant de ignoré par les économistes du développement, ou, au mieux, conçu comme
l’Institut de France. une évidence ne justifiant pas de recherches spécifiques. Dans le nouveau
contexte créé par les ODD, il va être nécessaire de mesurer et vérifier les
impacts de projets d’électrification, à un moment où l’arrivée du renouvelable
crée, par ailleurs, les conditions d’une révolution dans les stratégies d’élec-
trification, en permettant de promouvoir des projets décentralisés, seuls à
même d’apporter des solutions aux vastes zones qui sont pour longtemps hors
de portée des grands réseaux électriques.
Ce champ de recherche est particulièrement important pour l’Afrique qui
accuse un retard de développement dramatique en la matière : 600 millions
d’Africains n’ont pas accès à l’électricité en 2017, alors que les progrès tech-
nologiques récents apportent des solutions crédibles pour combler ce retard.
Ces solutions résident dans l’électrification décentralisée utilisant des sources
Arnaud MILLIEN d’énergie renouvelables, en particulier le solaire, très abondantes sur une
Enseignant-chercheur au centre d’économie grande partie des territoires africains. La modularité, la souplesse de concep-
de la Sorbonne où il prépare une thèse sur tion, la rapidité de déploiement et la baisse continue des coûts font du solaire
l’effet de la fiabilité de l’offre d’électricité
sur le comportement des ménages et des
une solution appropriée pour l’électrification en Afrique, éventuellement
firmes. Diplômé de l’ENSAE, il a acquis en combinaison avec d’autres énergies renouvelables (hydraulique, éolien,
vingt années d’expérience en évaluation biomasse, géothermie).
économétrique et modélisation financière,
et est un spécialiste de la conception et Pour accompagner le développement de l’électrification décentralisée, il faut
réalisation de bases de données transver- disposer de travaux d’évaluation de bonne qualité sur les impacts des projets
sales dédiées à l’évaluation des perfor- d’électrification, à défaut de quoi, les développeurs et les financeurs manque-
mances et impacts. Il est consultant de
ront de visibilité sur les solutions les plus appropriées et les impacts pouvant
la FERDI (Fondation pour les Etudes et la
Recherche sur le Développement Internatio- être obtenus, ce qui ferait obstacle au passage à l’échelle. Ces conditions
nal) pour laquelle il apporte sa compétence favorables au passage à l’échelle sont au stade actuel indispensables pour
au projet de cartographie des projets faciliter l’adhésion des grandes agences de développement qui, autrement,
d’électrification décentralisée. continueront à préférer s’engager sur des projets de grandes infrastructures
de réseaux électriques, laissant de côté les centaines de millions d’habitants
[email protected] des zones rurales et péri-urbaines du continent africain.
[email protected]
Sylvie FAUCHEUX
Professeur agrégée des universités en
sciences économiques. Elle est aujourd’hui
Directrice IFG de l’Executive Education et
Synthèse introductive
Directrice de l’Innovation Académique chez
INSEEC U en France. Forte de 30 ans de
Le développement durable se veut un projet de société affichant de multiples
recherche et de montages de projets sur le solidarités à construire et à entretenir : une nouvelle vision patrimoniale de
développement durable en partenariat richesses écologiques et économiques liant générations présentes et futures.
avec les collectivités territoriales et le Cette contribution, à partir des spécificités de la transition vers l’économie
monde de l’entreprise, elle est experte en circulaire, insiste sur les opportunités d’allier les ambitions de cette dernière
stratégies d’entreprises, éco-innovation,
RSE, éco-campus, GPEC et aspects socio-
aux préoccupations d’une économie solidaire.
économiques de la transition énergétique.
L’économie verte, inclusive et durable
La croissance verte implique des activités économiques respectueuses de la
richesse de notre environnement biophysique. Elle est, en quelque sorte, un
pari sur le défi « win-win » permettant d’obtenir, à la fois, une performance
économique au sens traditionnel (croissance annuelle du PNB national ou
par tête), et, une amélioration des indicateurs de qualité environnementale.
Cette croissance verte se veut aussi socialement inclusive en intégrant à la fois
l’intérêt des générations futures et ceux des différentes composantes de la
génération actuelle, dans l’activité économique et le partage des bénéfices.
En complément des emplois « productifs », doit être prise en compte l’impor-
Martin O’CONNOR tance des activités d’entretien du patrimoine naturel, de services à la personne,
Professeur des universités en sciences éco- de formation, de renforcement de la cohésion sociale. On insiste sur une
nomiques à l’université Paris Saclay et solidarité envers les populations vulnérables ou défavorisées ; et sur une dura-
Président de L’Association ePLANETe Blue. bilité des résultats au fil du temps.
Spécialiste en économie écologique, éco-
nomie politique, évaluation de projets et Sur le plan écologique, cette vision repose sur une double transition :
épistémologie des sciences sociales, il a
conduit de nombreux programmes de • La transition énergétique — le passage d’un système énergétique reposant
recherche collaboratifs et des expertises lourdement sur l’utilisation des énergies fossiles (le pétrole, le charbon et
dans tous les domaines de l’environnement le gaz naturel), vers un bouquet énergétique donnant la part belle aux
et du développement. Il travaille actuelle-
ment sur les défis interdisciplinaires de énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique.
l’économie circulaire.
• La transition matérielle — le passage vers l’économie circulaire, selon
lequel les déchets des uns peuvent devenir la matière première des autres.
Dans cette contribution, il s’agit de caractériser les dimensions énergétique
et matérielle de la transition, et de tirer quelques leçons pour l’articulation
des trajectoires de développement alliant particularités géographiques et
culturelles.
[email protected]
[email protected]
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26 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE (Numéro 107)
Gouvernance territoriale de la transition
énergétique en Afrique : enjeux et défis
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sations de la société civile dans la gouvernance durable
des territoires. Dans le cas présent, c’est l’Association
béninoise pour l’Eveil et le Développement (ABED) qui
a été à l’œuvre.
Commune de Koza : une démarche
de gouvernance durable de la transition
énergétique à soutenir
Commune située dans la Région de l’Extrême-Nord du
Cameroun, Koza s’est dotée en 2015 de son Agenda 21
local dans lequel sont inscrites les actions promotrices de
Droits réservés
la transition énergétique. Les élus locaux ne lésinent pas
sur les efforts pour traduire concrètement les actions
de durabilité.
Claire Guibert & Jeremy Debreu, Livre blanc des énergies durables en Afrique,
MKF, p. 113.
Références bibliographiques
Conférence des Nations unies sur l’environnement et le dévelop-
pement, Action 21, Rio de Janeiro, Brésil ; http://www.un.org/
Crédit photo : Mahama Adoum
french/ga/special/sids/agenda21/,1992.
Claire Guibert & Jeremy Debreu, Livre blanc des énergies durables en
Afrique, MKF, 2013.
Commission de l’Union Africaine, Agenda 2063, l’Afrique que nous
voulons.
Production
Figure d’électricité
1. Efficacité énergétiqueen Méditerranée par région
Source : OME, 2018
Cette transition énergétique est durable. Elle est un levier Les défis sont certes importants mais il ne fait guère de
important dans la mondialisation, pour la coopération doute que les bénéfices d’une approche plus collective,
Europe-Afrique-Méditerranée, et un partenariat « gagnant- solidaire et concertée l’emporteront sur les coûts, en
gagnant » pour tous les acteurs. offrant plus de flexibilité et en donnant une impulsion
supplémentaire aux investissements qui sont de plus en
Dans ce nouveau contexte, le lancement des trois plate-
plus nécessaires et doivent être accrus.
formes énergétiques régionales, sous l’égide de l’Union
pour la Méditerranée et avec le soutien de la Commission En tant qu’association rassemblant des acteurs clés de
Européenne, portant sur : (1) le gaz naturel, (2) le marché l’énergie en Méditerranée, l’OME promeut la coopération
régional de l’électricité et (3) les énergies renouvelables régionale par le biais du dialogue Nord-Sud et Sud-Sud,
et l’efficacité énergétique, et qui visent à intensifier la sur les questions énergétiques intersectorielles et s’engage
coopération énergétique euro-méditerranéenne, devra à promouvoir le dialogue régional sur l’énergie et à accé-
contribuer à accélérer le processus vers un développement lérer la transition vers un futur énergétique durable dans
énergétique durable dans la région et une transition éner- la région.
gétique juste et résiliente.
Droits réservés
David JONES
Spécialiste des énergies renouvelables à
petite échelle dans le cadre du projet Le déficit d’accès à l’énergie en Afrique subsaharienne est souvent défini de
« Power Africa Transactions and Reforms »,
manière surprenante : 590 millions de personnes sans électricité (2016), une
où il travaille sur l’initiative « Beyond the
Grid » du programme. À ce titre, il travaille demande d’investissements hors-réseau s’élevant à plus de 30 milliards de
en étroite collaboration avec les sociétés dollars, la nécessité de voir investir des centaines de nouvelles entreprises dans
de systèmes domestiques et de micro- des marchés desservis. La mobilisation des ressources nécessaires pour sur-
réseaux solaires pour élargir l’accès à monter ces défis requiert des niveaux de coordination sans précédent entre
l’énergie aux consommateurs ruraux et
périurbains. David soutient un réseau de
les gouvernements, les institutions de développement, les entreprises privées
conseillers résidant dans toute l’Afrique et les investisseurs commerciaux.
subsaharienne, ce qui lui donne une vue
d’ensemble des différentes dynamiques de Depuis 2014, le programme Beyond the Grid (BTG) de Power Africa1 se
marché et des régimes réglementaires qui concentre sur l’accroissement de l’accès à l’énergie dans le secteur hors-réseau
affectent le secteur hors réseau de l’Afrique. et le but de cette mission consiste à nouer de nouveaux partenariats, en
catalysant le financement et en appuyant les nouvelles approches des entre-
prises privées sur la question de l’accès à l’énergie.
En tant qu’industrie naissante, le secteur hors-réseau connaît une période de
maturation rapide et d’innovations, soutenue par des perspectives de réduction
de la pauvreté et de durabilité commerciale.
Les grandes tendances autour de la technologie de paiement mobile, du crédit
à la consommation, de l’utilisation productive de l’énergie, et de l’évaluation
comparative des performances des entreprises sont en train de remodeler et
d’élargir l’impact des technologies hors-réseau.
L’analyse qui suit, examinera de plus près les forces déterminantes de ces
tendances, la façon dont le secteur privé s’y adapte et l’éventail des défis à
surmonter en conséquence.
1. https://www.usaid.gov/powerafrica/beyondthegrid
2. https://cleanenergysolutions.org/qaf
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Résultats et discussions
L’étude a révélé que l’effet marginal (EM) des variables
socio-économiques sélectionnées est statistiquement signi-
ficatif. Le genre (2,230), l’accès à la terre (3,267), le niveau
d’éducation (1,368), le revenu tiré de l’élevage (0,187) et
le revenu des récoltes agricoles (0,145), l’âge du chef du
ménage (0,053), l’appartenance à l’association (1,154), la
conscience des variations du climat ou l’effet écologique
(1,254) et les avantages énergétiques attendus (3,342), ont
une influence significative sur la motivation des acteurs à
coopérer (WTI) pour un projet de bioénergie dans leur
village. De ces évidences, on a appris que les facteurs
socio-économiques mentionnés ci-dessus influencent la
motivation des agri-éleveurs à coopérer pour le dévelop-
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pement de projets de bioénergie à l’échelle communau-
taire. Par exemple, la conscience des « avantages
énergétiques » d’un tel projet dans les villages entraîne une
augmentation de « 3,34 unités » de la motivation à investir
dans un tel projet.
influence positivement le WTI dans la politique de bio
Si les agri-éleveurs sont conscients que la bioénergie peut énergie communautaire. Enfin, nous avons appris que
contribuer à réduire le déficit énergétique dans leurs l’adhésion à l’association influence le WTI dans le projet
ménages, avec un prix bas et d’autres avantages associés, communautaire. Au cours de la recherche, nous avons
la volonté de participer financièrement (WTI) au projet constaté que la majorité des agri-éleveurs sont membres
est élevée. Outre l’avantage écologique du projet de bio d’associations de producteurs de riz et que d’autres parti-
énergie, ici la valorisation des déchets de la ferme, les cipent à différents clubs de sport dans la ville. Ces résultats
éleveurs ont été motivés par la possibilité d’augmenter la sont similaires à ceux d’Iqbal et al. (2013), Aschaber (2010),
valeur ajoutée de la bouse de vache produite dans leurs Ahammed et Chaudhry (1999), Nkunzimana et al. (2014)
fermes. La production d’énergie pour le marché pourrait et Sarkar et Uddin (2013). Ces auteurs ont démontré
être une option pouvant générer des revenus supplémen- l’existence d’une relation positive sur le développement
taires. Les résultats suggèrent également qu’une augmen- d’un programme de bioénergie entre des facteurs socio-
tation des revenus des ménages affecte la motivation économiques tels que le revenu familial, l’âge, l’éducation,
d’investir dans le projet de bioénergie communautaire. l’égalité des sexes, l’accès à la terre, et la participation com-
Un autre élément à souligner est que l’accès à la terre munautaire à la chaîne de production de la bioénergie.
Bibliographie
Ahammed, S., Chaudhury, A.H., 1999. Diffusion of Biogas Tech-
nology : A Community Based Approach. Bangladesh University
of Engineering and Technology and Khulna University, PP.1-58
Aschaber, A., 2010,From Biomess to Biomass : A framework
towards Influential factors of Biogas projects in rural areas of
Burkina Faso, In : WS3.3 – Sustainable biofuel Production in
Developing countries : « Green” energy as the key for Develop-
ment ? Leopold Franzens, University Innsbruck, PP.1-11
IEA (2014) ; Africa Energy Outlook. A Focus on Energy Prospects
in Sub Saharan Africa.pp.242
IMF (2011a), Burundi : Document de stratégie pour la réduction
de la pauvreté, Rapport du FMI n° 11/53, Washington, D.C.,
PP.119,
IMF (2011b), IMF Country Report No. 11/104, Washington,
D.C., PP.57,
Introduction
Le but de cette publication est d’analyser les enjeux environnementaux, tech-
niques et politiques, ainsi que les aspects de gouvernance environnementale
et de développement durable liés à la production et à l’utilisation du bois-
énergie en RDC, en vue de favoriser la transition énergétique vers des formes
d’utilisation modernes et durables de la bioénergie. Pour ce faire, nous uti-
liserons la grille d’analyse de la durabilité de la bioénergie mise sur pied par
le Partenariat mondial de la bioénergie (Global Bioenergy Partnership
Étienne BERTHOLD (GBEP)), de l’Organisation pour l’agriculture et l’alimentation des Nations-
Unies (FAO).
Professeur adjoint, directeur du Certificat
en développement durable- Département
de géographie et membre régulier du État des lieux
Centre de recherche en aménagement et
développement (CRAD) – Université Laval. Plusieurs métamorphoses s’observent en RDC. Abritant plus de la moitié de
la population de l’Afrique centrale, la RDC a connu une croissance démo-
[email protected] graphique de 66 % depuis 2000, reflétée dans la forte évolution des statistiques
[email protected] urbaines. La carbonisation de la biomasse solide constitue aussi l’un des
[email protected]
facteurs responsables de ces modifications. Elle provoque la déforestation
dans les milieux urbains et périurbains de la RDC (Schure et al., 2012). Le
De plus, malgré la présence des ressources des hydro Analyse de la gouvernance environnementale
carbures, des schistes bitumineux et du gaz naturel, la et de la durabilité
RDC importe des produits pétroliers, car l’industrie de
raffinage, SOCIR que possède le pays est hors service Les paramètres transitionnels et factuels de ces stratégies
depuis 1994 (Ministère des Hydrocarbures, 2015 et et politiques énergétiques dépendent, a priori et a posteriori,
DSCRP II, 2012). des instruments juridiques pouvant constituer l’ossature
de protection de la gouvernance forestière.
Le pays est dans une situation énergétique déficitaire. Son
secteur résidentiel est évalué à 3 000 MW (MERH, 2014). Les instruments juridiques qui encadrent la gouvernance
D’où le recourt à la biomasse solide (SIE-RDC, 2016 ; forestière battent de l’aile depuis l’indépendance. La RDC
PNUD, 2015 et Shuku, 2013). acte sa gouvernance dans le domaine de la biomasse avec
des documents obsolètes. Deux instruments juridiques,
Analyse techno-économique élaborés et promulgués en rapport avec la foresterie et la
gestion durable des écosystèmes forestiers, posent le pre-
et socio‑économique
mier jalon du code forestier marqué par la loi-cadre sur
Généralement en RDC, la BS est produite dans des l’environnement de 2011.
fours des carbonisations traditionnelles. Le besoin socio-
Tout d’abord, les décideurs mettent la clé de la loi coloniale
économique de la BS est pris en compte dans cette analyse
de 1949 sous le paillasson en valorisant le Code forestier
dotée d’une approche qui nous permet de constater que
de 2002 devenu une législation forestière. Il fallait cette
l’électricité fournie par la Société national d’électricité
loi dite « loi n° 011/2002 du 29 août 2002 », portant « Code
(SNEL) est de mauvaise qualité. Elle se caractérise par des
Forestier », pour établir la dynamique de la loi sur les éco-
chutes de tension et des coupures intempestives, à cause
systèmes et la gestion forestière. « Cette loi faisait table rase
d’un réseau de distribution anarchique, défaillant et
des textes existants, hérités de la colonisation, afin de
limité : câbles pourris, transformateurs insuffisants (PNUE,
donner suite aux nouveaux objectifs socio-économiques
2011). Cette situation cause des préjudices importants pour
de la gestion du domaine forestier » (OI–FLEG RDC)
les familles en termes de confort et sécurité des appareils
(2011 : p.8).
électroménagers (CNE, 2009). Certains ménages, bien
que raccordés au réseau SNEL, cuisinent à l’aide de la Du point de vue du développement durable, ce code
BS avec des répercussions négatives sur le budget ména- forestier qui instaure certaines innovations institution-
ger, y compris l’environnement (Shuku, 2011). Les nelles, dont celle des gestions forestières, semble porter
coupures régulières d’électricité constituent l’une des l’estampille des lueurs d’espoir. L’Art. 2 alinéa 1 précise :
causes majeures de cette situation dont les conséquences « La présente loi définit le régime applicable à la conser-
affectent les écosystèmes. vation, à l’exploitation et à la mise en valeur des ressources
Analyse environnementale
Options d’utilisation finale de la BS:
coût, besoins de la BS disponible,
chauffage cuisson
officiels des ministères de l’environnement, de l’énergie, L’analyse de résultats partiels de l’étude, nous pousse à
du développement rural, du plan et les institutions inter- signaler que les attentes sont importantes et qu’il est véri-
nationales comme le PNUD et la FAO. tablement indispensable de mettre en place un cadre pour
l’action collégiale et concertée en matière de gestion de
En passant au peigne fin les différents aspects, on est en
la biomasse solide. Il s’avère notamment indispensable de
droit de mentionner que les critères de durabilité qui sont
développer la collaboration entre les services gouverne-
utilisés pourront aider la RDC à reformuler et réviser des
mentaux et les parties prenantes. Ladite collaboration
politiques sur la biomasse solide, tout comme elles pour-
nécessite l’établissement de cadres et procédures de com-
ront l’aider à réexaminer ses instruments législatifs.
munication transparents et systématiques. Inéluctablement,
la communication et la collaboration entre ministères
Présentation des résultats partiels impliqués dans la gestion de cette ressource énergé-
et des recommandations. tique constituent le point culminant d’un changement
Les résultats que nous présentons dans cet article sont incontournable.
partiels. Ils sont donnés à titre indicatif. Ils comprennent Cette construction communicationnelle doit, par ailleurs,
les thèmes pertinents ayant guidé l’élaboration des indi- être régie dans un cadre thématique organisationnel doté
cateurs des piliers environnemental, social et économique. de procédures systématiques et transparentes afin d’avoir
Nous ne retenons jusque-là que six indicateurs, dont deux un effet sur la continuité dans le suivi des dossiers, l’éta-
par pilier. L’ordre de présentation des indicateurs et des blissement des responsabilités et le traitement de ces dos-
piliers n’a pas d’importance. siers de façon claire. Enfin, les réunions interministérielles
constituent un cadre irréversible, de façon permanente ou prenantes ; cette collaboration nécessite l’établissement
dans un contexte situationnel, dans le but d’améliorer la des cadres et procédures de communications transparents
synergie entre les ministères et leurs services dans le et systématiques ; cette communication doit permettre la
domaine de la biomasse solide. À la lumière de cette continuité dans le suivi des dossiers et permettre l’établis-
nomenclature, on peut dire que l’application de critères sement de responsabilités claires dans leur traitement ; la
de durabilité est l’une des solutions favorables dans le mise en place d’un cadre de discussion qui permettrait
domaine de la bioénergie pour le pays le plus vaste et le la tenue de rencontres régulières ou exceptionnelles dans
plus peuplé de l’Afrique centrale. le domaine de la biomasse solide ; mais aussi la commu-
nication et la collaboration entre les ministères impliqués
Recommandation dans la gestion de la biomasse solide.
Un modèle de gestion participative de la bioénergie per- Enfin, des réunions interministérielles pourraient se tenir
mettant de répondre au développement de la biomasse souvent ou extraordinairement dans le but d’améliorer
solide en RDC, sur tout le territoire de la République, la synergie entre les ministères et leurs services dans le
dans les milieux urbains et ruraux : développer la colla- domaine de la biomasse solide
boration entre les services gouvernementaux et les parties
Eba’a Atyi., Samuel Asembe Mvondo, Guyaume Lescuyer , Paolo Shuku Onemba Nicolas, 2013. L’énergie-bois dans la commune
Ceruti. In Elsevier, vol., 32, July 2013, P.40-48. de Lemba à Kinshasa : Approvisionnement, commercialisation et
Consommation. In Liaison Énergie Francophonie de l’Institut de
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de DFC Services, Roméo Foutsop.
Rappelons que, sous l’égide de la présidente du Réseau
des femmes élues locales d’Afrique (REFELA), les femmes
maires du Cameroun ont présenté ce projet, qui participe
de la promotion des sources d’énergies renouvelables ou
propres, à la COP21 (en France), en 2015. En marge de
la COP22 au Maroc, le ministère français de l’environ-
nement, à travers l’Agence de l’environnement et de la
maîtrise de l’énergie (ADEME), a accordé un deuxième
financement qui a permis d’enrôler 5 autres communes
(Angossas, Afanloum, Mintom, Mayo Oulo et Mbengwi),
après le 1er financement alloué à deux communes pilotes :
Bangangté et Fokoué, à l’ouest du pays.
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[email protected] Centrale EOSOL 60kW Andavadoaka
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contre la pauvreté.
Pour atteindre ses objectifs, EOSOL Madagascar s’est
tournée vers le marché, consciente que la tâche serait
Station service TOTAL Andohatapenaka ardue si elle s’y engageait toute seule. Car EOSOL
Madagascar c’est aussi la conviction que des efforts
C’est pourtant dans ce contexte de grands défis que communs sont nécessaires pour concrétiser ses objec-
la société EOSOL Madagascar voit le jour. Créée en tifs. Convaincue que les usages productifs, semi-
2008, l’entreprise a traversé une crise politico-éco- industriels et industriels, sont à la fois la résultante et
nomique puis une élection libre pour être reconnue le levier, la société s’est tournée vers la seule société
aujourd’hui comme le leader en électrification rurale spécialisée en énergie solaire PV et installation auprès
par énergie solaire photovoltaïque (PV) en site isolé. des usagers domestiques et industriels capables de
Depuis 2015, la société développe un modèle inno- comprendre leurs besoins : GC Solar.
vant de distribution de l’électricité.
L’histoire de GC Solar commence en 2009, dans le
L’histoire d’EOSOL Madagascar c’est avant tout l’his- même contexte que celui d’EOSOL Madagascar : un
toire d’une petite entreprise avec pour vocation d’ex- environnement a-priori peu favorable mais offrant la
ploiter l’énergie solaire dans les zones les plus reculées promesse de « challenges » extraordinaires et de poten-
de Madagascar pour offrir aux populations les plus tiels inexploités. A l’origine du projet de l’entreprise,
fragiles et les moins desservies des solutions modernes une question fondatrice : « Compte tenu du potentiel
d’accès à l’électricité, fiables et à un coût abordable. en ressources dans le pays, et considérant les progrès
C’est aussi l’histoire d’une entreprise aux grandes technologiques en énergies renouvelables au niveau
ambitions et aux valeurs intègres qui multiplie les mondial, serait-il envisageable de créer au niveau
efforts pour grandir intelligemment, comprendre ses local un modèle vertueux et économiquement viable,
clients et l’environnement qui l’entoure, étoffer ses permettant d’accompagner à la fois un développement
services et offrir aux populations malagasy des solu- économique durable et l’amélioration des conditions
tions d’avenir. En maitrisant toute la chaine de valeur de vie des populations ? ». Sans longtemps hésiter,
depuis l’analyse de la demande, le dimensionnement, GC Solar voyait le jour. Le choix de la technologie
l’installation jusqu’à l’opération et la distribution, solaire PV s’imposait naturellement : flexible, modu-
EOSOL Madagascar a développé une expertise qui laire, à déploiement rapide, exploitant une ressource
lui a permis de faire évoluer son modèle. Un modèle naturelle bien domestique, et surtout, adaptée à tous
qui s’oriente aujourd’hui vers l’usage productif de les types d’usagers.
l’énergie et le soutien au développement ou au ren-
D’aventures en aventures, GC Solar a construit son
forcement d’activités génératrices de revenus notam-
expérience comme les plus grandes entreprises à leur
ment par la mise en place d’activités de coaching
début : en démarrant petit mais avec l’ambition de
entrepreneurial au niveau local. EOSOL Madagascar,
devenir grand. Avec un statut initial de « petit instal-
c’est avant tout la conviction que l’accès à l’électricité
lateur de systèmes solaires » pour usagers domestiques,
l’entreprise a rapidement fait ses preuves et s’est
64 LIAISON ÉNERGIE-FRANCOPHONIE (Numéro 107)
imposée d’abord comme « Engineering Procurement solutions intelligentes et diversifiées (solutions cou-
Construction player », puis comme « Environmental plées réseau, hybridation, sites isolés).
Power Concepts player ». En 2012, le leader mondial
En un an, le GIE a développé près de 1MW de projets
en systèmes solaires centralisés et décentralisés depuis
d’électrification rurale, réalisé la solarisation de deux
plus de 30 ans, SMA Solar Technology via sa filiale
stations-services TOTAL (les premières stations-
SMA Sunbelt, anoblit GC Solar en la certifiant en
services solarisées du pays), contractualisé près de
qualité de partenaire agréé unique dans l’Océan
1,5MW de projets industriels et développé des offres
Indien. Grâce à ce partenariat, GC Solar est aujourd’hui
en efficacité énergétique et maitrise de l’énergie. Tout
en mesure de répondre aux exigences techniques les
en permettant aux deux entreprises d’évoluer indé-
plus pointues à Madagascar et de fournir aux consom-
pendamment dans leurs secteurs respectifs et sur des
mateurs des solutions technico-financières adaptées.
projets isolés, le GIE permet également à ces deux
Car il s’agit bien de convaincre les usagers, souvent
entreprises de combiner leurs atouts et de structurer
fatigués des services conventionnels proposés, des
le marché, dans le respect des lois et de la concurrence
bénéfices sur le long terme des investissements dans
saine. Plus que jamais les deux entreprises se tournent
les énergies renouvelables et notamment dans le
vers l’avenir et entrainent dans leur sillage, les acteurs
solaire PV. Dans son aventure, GC Solar a étoffé
de demain. A l’image de leur union passée, EOSOL
son offre pour toujours mieux répondre aux besoins
Madagascar et GC Solar intègrent désormais dans
des consommateurs.
leur cercle la start-up malagasy MAJIKA, lauréate
En complément de l’ingénierie, de la fourniture et du prix public de l’Orange Entrepreneur Club
de l’installation, l’entreprise a développé des services M adagascar 2017 et spécialisée dans l’électrifica-
d’analyse et d’audit de la consommation pour accom- tion rurale, notamment dans le marché nord de
pagner les usagers dans l’utilisation optimale de l’élec- Madagascar.
tricité. Cependant, le marché malagasy n’est pas
L’histoire ne fait que commencer.
infiniment extensible : une large majorité de la popu-
lation dispose de revenus faibles, souvent inférieurs
ou égaux à 1 $/jour.
Pour développer son marché et démocratiser l’usage
des énergies renouvelables, la société a dû se tour-
ner vers le marché rural et repenser son modèle.
Consciente des limites de sa compréhension du milieu
rural, pourtant en développement, la société s’est
tournée vers EOSOL Madagascar, familière de la
technologie SMA - déjà installée dans ses sites pilotes -
alors à la recherche d’un allié pour développer des
solutions inclusives et résilientes d’accès à l’énergie.
Fin 2016, EOSOL Madagascar et GC Solar ont donc
commencé à réfléchir au développement d’un modèle
combiné et inclusif, orienté vers la fourniture de ser-
vices complémentaires, à la fois adaptés aux usagers
domestiques, industriels et communautaires. Les deux
sociétés ont rapidement évolué vers un Groupement
d’Intérêt Economique (GIE), pour formaliser la
mutualisation de leurs forces et concrétiser leur vision
commune. Un défi d’envergure dans un marché
mouvant et dominé par des groupes multisectoriels.
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Dan les pays rentiers, la difficulté à prendre en compte La transition énergétique est impérative pour l’Algérie ;
les limites géologiques dans les politiques énergétiques mais toute la question repose sur son intégration dans la
s’élucide par le formidable apport financier que constitue politique énergétique nationale, ce qui est classiquement
l’exploitation des ressources fossiles. Le syndrome une affaire d’Etat à travers des choix variant dans le temps
hollandais ou plus explicitement ce que l’on nomme la pour favoriser le recours à telle ou telle source d’énergie.
malédiction des ressources naturelles crée un « enferme- Les considérations énergétiques sont aujourd’hui mon-
ment » de l’économie d’un pays dans les activités d’extrac- diales et notre futur énergétique doit être soutenable. La
tion et la détérioration des termes de l’échange (Prebisch, politique énergétique doit reposer sur des scénarios éner-
1950 et 1964 ; Singer 1950). Dans sa dimension politico- gétiques pessimistes annonçant les pics de production pour
institutionnelle, cette malédiction renforce les compor- les années 2030 en alliant pluralité énergétique et maintien
tements de recherche de rente (rent-seeking), par l’Etat. Le de l’exploitation des énergies fossiles mais avec des rythmes
champ de l’économie politique avance que l’exploitation d’évolution qui devront diminuer au fur et à mesure que
de ressources naturelles favoriserait ces rentrées que s’ap- le mix énergétique intègre davantage d’énergies propres.
proprie l’Etat induisant un effet négatif sur la croissance Aussi, un arbitrage nécessaire doit se faire au profit de la
économique : taxation importante, émergence de groupes priorité à accorder, dans le paradigme énergétique, au
d’intérêt hostiles au changement et alimentés par les reve- solaire, à l’éolien, à la biomasse, etc., au détriment de
nus de la redistribution de la rente qui encourage la cor- l’exploitation des énergies non conventionnelles (loin des
ruption et l’inefficience de la bureaucratie et la promotion tentations de facilité), vu son impact sur le climat, les
de programmes d’investissements publics inefficients. nappes phréatiques, la qualité de l’air, les sols et la végé-
tation. À titre d’illustration, l’Algérie est l’un des pays
ayant le plus grand potentiel solaire au monde avec une
L’Algérie, entre consommation
durée d’ensoleillement sur la quasi totalité du territoire
énergivore, raréfaction des ressources national qui peut atteindre les 3900 heures annuellement
et scénarios énergétiques sur les hauts plateaux et le Sahara.
L’atrophie du système économique de l’Algérie est en lien La structure de l’économie algérienne étant fondamenta-
avec sa dépendance rentière puisque les hydrocarbures lement rentière, les politiques économiques actuelles
continuent de représenter l’essentiel des exportations d’austérité et de transformations économiques devraient
algériennes (94,66 % du volume global des exportations), aboutir à un modèle industriel demandeur d’énergie,
en s’établissant à 24,41 mds USD contre 20,52 mds USD soutenant la croissance de la consommation énergétique.
Rafik BEZZAOUIA
Chef de département au sein du Groupe des
Études Stratégiques à la Société Tunisienne
de l’Electricité et du Gaz (STEG).
Le contexte énergétique général
Diplômé de l’école Nationale d’Ingénieurs Le bilan énergétique tunisien est structurellement déficitaire. Le déficit éner-
de Tunis, Rafik Bezzaouia travaille depuis gétique, enregistré depuis 2001, n’a cessé de se creuser durant les dernières
1998 à la STEG où il a assuré, jusqu’à 2010,
des tâches ayant trait à la formation pro-
années, passant de 0,6 Mtep en 2010 à 3,7 Mtep en 2016. Par conséquent, le
fessionnelle, l’ingénierie de formation ainsi taux de dépendance énergétique s’est vu amplifié pour atteindre 40 % en 2016.
qu’à la mise en place de systèmes de mana- Les raisons principales de l’aggravation de ce déficit sont la forte croissance
gement de la qualité. Depuis 2010, il tra- de la consommation d’énergie primaire d’environ 2 % par an (9,0 Mtep en
vaille dans la planification des systèmes 2016 contre 6,5 Mtep en 2000), le déclin des ressources nationales en hydro-
énergétiques dans le domaine de l’électri-
cité et du gaz naturel. Il a notamment mené carbures d’environ 6 % par an (5,3 Mtep en 2016 contre 7,8 Mtep en 2010),
des études de mix électriques et de renta- et enfin la diminution notable de la redevance perçue sur le gaz naturel
bilité technico-économiques relatives aux algérien transitant sur le territoire tunisien (-75 % entre 2010 et 2015).
options de production d’électricité. Depuis
2017, il occupe également le poste de Selon les récentes prospectives énergétiques, ce déficit devrait s’aggraver d’une
conseilleur auprès de la direction générale façon drastique d’ici 2030, même pour le scénario volontariste d’efficacité
de la STEG. énergétique qui permettrait de réaliser des économies d’énergie primaire
Il préside actuellement la « Commission d’environ 30 % en 2030, par rapport à un scénario tendanciel.
Planification et Études » relevant du Comité
Maghrébin de l’Électricité (COMELEC) et il
est membre du Groupe de travail « Etudes
Économiques et Scénarios Energétiques »
de l’Association Méditerranéenne des Ges-
tionnaires des Réseaux de Transport de
l’électricité (Med-TSO).
Auteur d’une quinzaine d’articles ayant
trait aux questions énergétiques et parues
notamment dans la revue L’ENERGIE du
ministère tunisien chargé de l’énergie.
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Vue de la centrale éolienne de Haouaria (54 MW)
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