DN Et Résistance Formaté Avec Noms
DN Et Résistance Formaté Avec Noms
DN Et Résistance Formaté Avec Noms
résistants ” ?
André Le Roux, Thomas Stenger, Marinette Thebault
Le Roux André
Maître de conférences
CEREGE, IAE, Université de Poitiers
Thomas Stenger
Maître de conférences
CEREGE, IAE, Université de Poitiers
Marinette Thébault
Maître de conférences
CEREGE, IAE, Université de Poitiers
Résumé : Cette recherche étudie les digital natives sous l'angle de la résistance du
consommateur et des pratiques numériques. Une analyse des fréquences propose une
typologie et montre la grande variété des comportements parmi les consommateurs. Une
analyse factorielle structure les activités pratiquées simultanément par les répondants avec des
fréquences analogues. Les résultats suggèrent une césure générationnelle, notamment au
niveau des pratiques numériques.
Introduction
1
cadre de la recherche en marketing, il s’agit d’une résistance aux actions et outils marketing,
voire au marché ou à la société de consommation dans son ensemble. Si ce courant peut
renvoyer à des travaux plus anciens, notamment au triptyque « exit – voice – loyalty » de
Hirschman (1970), il s'est fortement développé depuis (Peñaloza et Price, 1993; Herrmann,
1993; Fournier, 1998; Roux, 2007, 2009, 2012) – pour une synthèse des recherches actuelles,
voir les travaux de Dominique Roux (idem) et le numéro spécial consacré par la revue
Décisions Marketing (2012, n°68).
Nous proposons ici de conjuguer ces deux angles de recherche pour poser la question
de la spécificité des comportements des digital natives dans une perspective de résistance du
consommateur, même si aucun lien entre les deux phénomènes n'est postulé ici. L'exploration
des comportements de résistance des digital natives, et de leur éventuelle spécificité, semble
un terrain d'investigation pertinent. En effet, Prensky évoque directement le concept de
résistance, non pas sous l’angle de la consommation mais toujours en filant la métaphore
culturelle et linguistique : « Kids born into any new culture learn the new language easily, and
forcefully resist using the old » (2001 a, p. 3).
Notre recherche s'attache également à mettre l’accent sur les pratiques digitales et la
consommation numérique. En effet, les pratiques numériques offrent un champ d'action
particulièrement propice aux comportements de résistance avec l'accès à des contenus, ainsi
qu'à des capacités de communication et de diffusion à grande échelle (Kerr et al., 2012;
McGriff, 2012). Cela semble particulièrement vrai chez les jeunes (Lewer et al., 2008; Cox et
al., 2010; Hong, 2007). La jeune génération dite numérique est à la fois fortement
consommatrice de contenu digital et envisage le caractère légal de cette consommation avec
une certaine distance. Les notions de droits d’auteurs, le caractère licite ou illicite des
pratiques sont perçus de façons très diverses, comme le souligne la récente étude menée pour
la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet, plus
connue sous l’acronyme HADOPI, sur les perceptions et pratiques de consommation des
digital natives en matière de biens culturels dématérialisés (2012).
Nous proposons donc de réaliser une recherche exploratoire descriptive afin de
répondre aux questions suivantes : quelles sont les pratiques de résistance les plus fréquentes
chez les digital natives ? Y a-t-il une différence entre les digital natives et leurs aînés en
matière de pratiques et de comportements de résistance ? Si oui, quelle est la nature de ces
différences ? Quelles sont les pratiques de résistance associées en termes de fréquence dans
ces deux sous-populations ?
2
Toutefois, la spécificité des pratiques et la notion même de digital natives restent
controversées. Deux ouvrages récents mettent en avant l'intérêt (Palfrey et Gasser, 2008) et
les limites (Thomas, 2011) du concept de digital natives et plus globalement d'une
compréhension des pratiques et cultures de jeunes d'aujourd'hui à travers les nouvelles
technologies. La notion de digital natives a été largement critiquée à la fois d'un point de vue
théorique et empirique. D'un point de vue théorique, l'hypothèse sous-jacente qui renvoie à un
déterminisme technologique est largement remise en question (Thomas, 2011; Jones et Shao,
2011). De plus, la validité du concept même de digital natives semble encore à établir.
Prensky lui-même (2009, 2011) propose désormais une révision du concept avec la notion de
« sagesse digitale » (digital wisdom), qui ne répond toutefois que partiellement aux critiques
initiales. D'un point de vue empirique, les résultats concernant les pratiques et compétences
numériques des jeunes sont pour le moins contrastés, voire même contradictoires (Hargittai,
2010; Jones et Shao, 2011; Levy et Michael, 2011).
En France, indépendamment de cet ouvrage, deux études récentes mettent en avant la
grande diversité des pratiques numériques de jeunes français. Gire et Granjon (2012)
identifient cinq profils caractérisés par des écarts de pratiques considérables avec comme
facteurs structurants le genre, l'âge et l'origine sociale. Mercklé et Octobre (2012) constatent
que si les usages des technologies numériques se sont largement diffusés et généralisés dans
la population, de fortes différences subsistent en termes d'équipements, d'accès et d'usage
d'Internet chez les jeunes générations. Les auteurs suggèrent même l'existence d'une « fracture
numérique » avant tout liée à la classe sociale quant à la variété des comportements et
compétences numériques, les plus aisés faisant preuve d'un « éclectisme numérique »
largement plus prononcé que les classes défavorisées. Ces résultats tendraient donc à remettre
en cause l'idée d'une génération homogène du point de vue de pratiques et des compétences.
Si le terme de digital natives s'est largement développé au-delà des champs de
l'éducation et des recherches sur les media, les recherches en marketing restent peu
nombreuses. Nous pouvons donc nous poser la question de l'intérêt de la métaphore des
digital natives pour appréhender les pratiques de consommation des jeunes et adolescents.
Pour ce faire, nous adoptons un angle spécifique : celui des pratiques de résistance du
consommateur aux actions marketing et plus largement au marché.
La résistance du consommateur
Le concept de résistance peut trouver son origine dans les travaux de Hirschman
(1970) qui identifie, à côté du comportement de fidélité (loyalty), le pouvoir d'expression
(voice) et de défection (exit) du consommateur. Ce sont Peñaloza et Price (1993) et Herrmann
(1993) qui proposent le terme de « résistance » pour qualifier les comportements de défiance,
d'opposition voire de rébellion du consommateur. La résistance peut être définie avec Roux
comme « un état motivationnel qui pousse le consommateur à s'opposer à des pratiques, des
logiques ou des discours marchands jugés dissonants » (2009, p. 131).
Les comportements étudiés au titre de la résistance sont multiples. Les recherches ont
porté sur le boycott et les stratégies à adopter par les entreprises face à des appels à boycott
(Friedman, 1985; Thébault, 1999; Capelli et al., 2012 ; Cissé-Depardon et N'Goala, 2009), sur
la résistance aux marques (Duke, 2002; Moisio et Askegaard, 2002 ; Thompson et Haytko,
1997; Dalli et al., 2005), à la publicité (Rumbo, 2002; Cottet et al., 2009, 2012), au placement
3
des marques dans les films (Fontaine, 2009), aux techniques de vente (Kirmani et Campbell,
2004 ; Roux, 2007, 2008), aux programmes de fidélité (Pez, 2012; El Euch Maalej, 2012),
ainsi que sur les plaintes et les réclamations (Roux, 2012). D'autres contributions se sont
centrées sur la résistance à certaines formes de marché par la mise en place de formes
alternatives d'échanges (Robert-Demontrond, 2009), la résistance aux dons d'argent (Urbain et
al., 2012), le rejet de la consommation et la simplicité volontaire (Dobscha et Ozanne, 2001;
Shaw et Newholm, 2002; Sugier, 2012; Zavestoski, 2002).
Au plan théorique, Fournier (1998) conçoit la résistance du consommateur comme un
continuum de comportements et d'activités allant de réactions d'évitement jusqu'à des formes
plus radicales de rébellion active telles que la plainte, le boycott ou l'abandon en passant par
des stratégies d'ajustement ou de restriction volontaire. Peñaloza et Price (1993) proposent de
structurer le champ de la résistance selon quatre axes d'analyse : comportements collectifs
versus individuels, réformistes versus radicaux, dirigés contre les offres versus contre les
signes véhiculés par les firmes, internes versus externes aux institutions marketing. Roux
(2007) distingue, d’une part, la résistance ciblée, dirigée contre les signes, les discours, les
dispositifs et les comportements des firmes, et d’autre part la résistance globale, dirigée contre
le fonctionnement et les logiques du marché (simplicité volontaire, consommation verte…).
Du point de vue méthodologique, les recherches consacrées à la résistance du
consommateur sont dominées par des approches qualitatives et caractérisées par une relative
absence de mesures, comme le note Roux (2007). Parmi les recherches ayant adopté une
approche quantitative, on peut remarquer celles réalisées sur le boycott par Thébault (1999) et
Cissé-Depardon et N'Goala (2009), l'échelle de mesure des motivations à l'achat de produits
d'occasion de Roux et Guiot (2009) ou l’échelle de mesure de résistance à la publicité
proposée par Cottet et al. (2012). Les comportements et pratiques sont ainsi étudiés de façon
approfondie et situés socialement, culturellement ; ils sont aussi isolés des autres pratiques de
résistance que le consommateur peut adopter, les auteurs ayant analysé une pluralité de
comportements restent peu nombreux (Dobscha et Ozanne, 2001; Sugier, 2012).
Le champ des activités numériques semble moins étudié comparativement aux thèmes
« classiques » que sont le boycott, la résistance à la marque et à la publicité. Toutefois, les
travaux récents se concentrent justement sur les pratiques numériques, en étudiant tout
d’abord ces thèmes classiques sous l’angle digital : militantisme et boycott en ligne (Kozinets
et Handelman, 1998; Kerr et al., 2012; Mc Griff, 2012), cyber-résistance (Chalamon et al.,
2012), évitement de la publicité sur Internet (Cho et Cheon, 2004) ou sur les réseaux
socionumériques en particulier (Kelly et al., 2010) – ces derniers étudient justement le cas des
adolescents de 13 à 17 ans.
Puis, les comportements typiques des environnements numériques seront examinés
tels que le téléchargement illégal (Cox et al., 2010), les pratiques numériques dites déviantes
(Garcia-Bardidia et al., 2011), la consommation illégale de musique numérique - copie et
téléchargement illégal (Garcia-Bardidia et al., 2012). Sans faire d’hypothèse générationnelle,
notons que l’âge est le principal facteur explicatif du téléchargement illégal d’après les
résultats de Cox et al. (2010). Parmi les 6103 répondants de leur enquête, l’âge moyen des
« pratiquants » (du téléchargement illégal) est de 25 ans, tandis que l’âge moyen des « non-
pratiquants » est de 33 ans.
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Il apparaît ainsi pertinent de s'intéresser aux comportements de résistance des
consommateurs afin d'essayer d'appréhender à la fois la variété et la fréquence des pratiques
adoptées par un même individu. Parmi ces comportements, les pratiques numériques semblent
à approfondir et retiennent toute notre attention lorsqu’il s’agit d’étudier les spécificités
d’éventuels « natifs…numériques ». Nous proposons donc de réaliser une recherche
exploratoire descriptive sur la spécificité des pratiques de résistance du consommateur chez
les « digital natives » par rapport à leurs aînés, avec une attention particulière pour les
pratiques numériques.
5
copie illégale, téléchargement illégal, piratage et hacking, elles-mêmes définies au niveau
individuel et au niveau collectif (cf. tableau 1).
Les comportements étudiés ont été opérationnalisés et contextualisés en vue d'une
meilleure compréhension par les répondants. Le questionnaire est centré sur la fréquence de
comportements mesurée à travers une échelle de fréquence en 4 points (jamais, 1 fois, 2 ou 3
fois, plus de 3 fois). Cette échelle a été choisie étant donné le caractère exploratoire de la
recherche. En effet, il était difficile de prévoir a priori la fréquence de chacun des
comportements parmi les personnes interrogées. L'échelle a donc été construite de manière à
pouvoir s'accommoder d'une grande variété dans les réponses afin de fournir une première
indication sur les fréquences relatives.
Notons dès à présent que nous nous intéressons « seulement » à la fréquence des
pratiques et non à la catégorisation de ces pratiques (comme résistantes ou non). En effet, les
motivations associées à ces pratiques peuvent être très variables. Un travail ultérieur conduira
justement à catégoriser ces pratiques par les consommateurs eux-mêmes.
Les données ont été analysées en termes de fréquences à l'aide de tri à plat et de tris
croisés. Les différences de pratiques entre les digital natives et leurs aînés (i.e. les plus de 30
ans) ont été appréciées grâce à des analyses bi-variées.
Différents types de mesures d'association ont été mis en œuvre : tests de khi², test
exact de Fisher, odds ratio (produit croisé), afin de se prémunir contre les risques de
surévaluation du Khi² et contre celui de distributions marginales déséquilibrées, notamment
dans le cas de tableaux 2x2. Une analyse en composantes principales a été réalisée afin de
mettre en évidence la structure des pratiques de résistance. Une analyse de variance a été
effectuée sur les scores factoriels pour apprécier la significativité des différences de
comportements entre les moins de 30 ans (potentiels digital natives) et les plus de 30 ans.
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Tableau 1 : Fréquences des pratiques de résistance
S/T au
Plus de 3 2 ou 3 moins
fois fois 1 fois une fois Jamais
Comportements fréquents :
Bouche-à-oreille négatif entourage 64 21 8 93 7
Installation de logiciels libres 48 18 10 77 23
Copies illégales individuelles 53 16 8 77 23
Téléchargement illégal individuel 56 12 9 77 23
Achat de contrefaçon 27 27 17 71 29
Comportements peu fréquents :
Boycott individuel 18 22 23 64 36
Copies illégales en réseau 26 14 15 55 45
Refus de publicité individuel 35 15 9 59 41
Comportements rares :
Plainte individuelle 13 17 17 46 54
Plainte collective 7 12 24 43 57
Bouche-à-oreille négatif blogs, réseaux numériques 15 13 17 46 54
Dégradation de publicité individuelle 12 10 12 34 66
Dégradation de produits individuelle 6 9 11 26 74
Dégradation de publicité collective 3 7 6 16 84
Dégradation de produits collective 3 3 5 12 88
Téléchargement illégal en réseau 23 11 10 44 56
Piratage individuel 12 7 9 28 72
Hacking individuel 6 5 7 18 82
Piratage en mouvements organisés 3 4 6 13 87
Hacking en mouvements organisés 2 2 7 11 89
Développement et support de logiciels libres 6 6 10 22 78
Refus de publicité collectif 6 7 7 20 80
Boycott collectif 5 10 13 28 72
Contestation organisée 6 11 14 31 68
Participation à systèmes alternatifs d'échange, troc,
monnaies alternatives 7 10 14 31 69
Les comportements les plus fréquents sont avant tout individuels (bouche-à-oreille
auprès de son entourage, installation de logiciels libres), mais aussi hors-la-loi (copies et
téléchargement illégal, achat de contrefaçons). Les comportements peu fréquents regroupent
le boycott individuel, la copie illégale en réseau, le refus de publicité à titre individuel. Les
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comportements rares regroupent les activités de plainte, de bouche-à-oreille négatif sur un
blog, forum ou réseau numérique, de dégradation de publicités ou de produits, à titre
individuel comme collectif, le piratage et le hacking, individuel ou en réseau, le
téléchargement illégal en réseau, le développement et support de logiciels libres, le refus de
publicité et le boycott à titre collectif, la contestation organisée, la participation à des
systèmes de troc ou d'échanges alternatifs.
Bien que peu fréquents ou même rares, certains comportements sont clivants : ils
présentent un noyau dur de pratiquants réguliers avec des taux de « plus de 3 fois »
significatifs : refus de la publicité à titre individuel (35%), copie illégale en réseau (26%),
téléchargement illégal en réseau (23%), boycott individuel (18%), bouche-à-oreille négatif sur
des blogs, forums et réseaux numériques (15%). Ces comportements correspondent
essentiellement à des activités numériques illégales organisées mais aussi à un rejet des
produits, des marques et des outils de communication marketing (cf. tableau 1).
En synthèse, on peut souligner que les comportements les plus fréquents sont donc
essentiellement individuels (bouche-à-oreille négatif auprès de son entourage et installation de
logiciels libres), mais aussi hors-la-loi (copie et téléchargement illégal, achat de contrefaçon).
Les comportements peu fréquents mais aussi certains comportements rares font apparaître un
noyau dur de pratiquants avec des taux importants voire élevés pour « plus de 3 fois ». Ce
sont notamment des activités numériques illégales en mouvements organisés : téléchargement
illégal en réseau, copie illégale en réseau. On recense aussi un noyau dur significatif pour des
pratiques de rejet des produits, marques, et entreprises : boycott individuel, refus de la
publicité individuel, bouche-à-oreille négatif sur un support numérique.
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Encadré 1 - Précisions concernant l’analyse factorielle en composantes
principales
Les données pouvant être considérées comme ordinales du fait de l'échelle de
fréquence utilisée, une analyse factorielle sur les corrélations de Spearman a été réalisée.
Celle-ci a été complétée par une analyse en composantes principales sur les données initiales.
Les résultats sont similaires en termes de structure des facteurs, de poids des dimensions et
des corrélations variables-facteurs. Etant donné cette similarité, la seconde analyse factorielle
a été retenue, celle-ci étant analogue à une procédure de codage optimal des données
permettant de retrouver les propriétés métriques des fréquences de comportements mesurées.
Les données présentent une bonne capacité à être factorisées (KMO de 0,815 et test de
sphéricité de Bartlett significatif). L'analyse en composantes principales suggère une solution
à 6 dimensions qui explique 67% de la variance initiale des données. Une rotation orthogonale
fait apparaître une structure claire et interprétable. Les six dimensions présentent des
pourcentages de variance équilibrés, compris entre 7% et 15%. Cela témoigne de la grande
variabilité des répondants sur les pratiques étudiées et manifeste la richesse des données. Les
items achat de contrefaçon, bouche-à-oreille sur un réseau numérique et participation à des
systèmes alternatifs de consommation présentent une corrélation faible avec les différents
facteurs. Ils sont donc éliminés. Leur élimination améliore la solution. Les six dimensions
sont conservées ; tous les items sont au moins corrélés à 50% à un axe.
La qualité de représentation des données initiales est bonne avec plus de 50% de la
variance initiale des items conservée dans les facteurs retenus. Seul le développement et
support de logiciels libres présente un score de communautés inférieur, mais néanmoins
proche de 50% (0,480). Etant donné le caractère exploratoire de l'étude, et le fait que cet item
est corrélé significativement à l'axe 2, ce comportement a été conservé dans l'analyse (cf.
tableau 2).
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Tableau 2 : Analyse Factorielle : Matrice des composantes, rotation Varimax
Activités de
consommation Activités Rejet d'outils Qualité de
numériques numériques et offres Militantisme Militantisme représentatio
alternatives subversives marketing Plainte organisé individuel n
Copies illégales individuelles 0,796 0,704
Téléchargement illégal individuel 0,845 0,730
Installation de logiciels libres 0,819 0,687
Copies illégales en réseaux 0,663 0,461 0,747
Téléchargement illégal en réseaux 0,617 0,455 0,628
Piratage individuel 0,755 0,689
Hacking individuel 0,798 0,668
Piratage en mouvements organisés 0,758 0,648
Hacking en mouvements organisés 0,720 0,652
Développement et support de logiciels libres 0,506 0,383 0,480
Dégradation de publicités individuelle 0,696 0,610
Dégradation de produits individuelle 0,770 0,674
Dégradation de publicités collective 0,325 0,724 0,393 0,826
Dégradation de produits collective 0,310 0,717 0,315 0,737
Plainte individuelle 0,639 0,540
Plainte collective 0,819 0,704
Contestation organisée 0,729 0,605
Refus de publicité collectif 0,380 0,393 0,622 0,736
Boycott collectif 0,360 0,750 0,754
Refus de publicité individuel 0,696 0,551
Bouche-à-oreille négatif entourage 0,353 0,600 0,569
Boycott individuel 0,366 0,677 0,684
% de la variance expliquée 15% 14% 12% 10% 9% 7%
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L'interprétation des dimensions permet de structurer les pratiques de résistance en
mettant en évidence les activités pratiquées de manière associée par des consommateurs avec
des fréquences analogues.
1. Une première dimension regroupe des activités de consommation numériques
alternatives avec la copie, le téléchargement illégal, et l'installation de logiciels libres.
Cela correspond à des pratiques renvoyant essentiellement à un accès à la
consommation numérique. Certaines sont hors-la-loi mais présentent peu de gravité au
plan légal.
2. La seconde dimension regroupe des activités numériques illégales à portée plus
sérieuse au plan pénal et des atteintes fortes envers les entreprises et les institutions
visées : piratage et hacking. Ce facteur a été dénommé activités numériques
subversives.
3. La troisième dimension correspond à un rejet des outils et offres marketing avec la
dégradation de publicités et de produits.
4. La quatrième dimension regroupe les pratiques de plainte et de contestation.
5. La cinquième dimension regroupe les pratiques de militantisme organisé avec le
boycott et le refus de la publicité collectifs. Ces activités correspondent à un activisme
organisé contre les entreprises et les institutions de marché.
6. La sixième dimension regroupe des pratiques de militantisme individuel avec le refus
de publicité individuel, le bouche-à-oreille négatif auprès de l'entourage et le boycott
individuel. Ces activités correspondent à nouveau à une forme d'activisme, mais cette
fois caractérisée par son côté individuel.
L'analyse des fréquences des comportements pratiqués versus non pratiqués démontre
une différence significative des digital natives face à leurs aînés (cf. tableau 3).
Parmi les comportements fréquents, les digital natives pratiquent largement plus que
leurs aînés les activités numériques avec des taux de pratique de plus de 85% pour
l'installation de logiciels libres, la copie et le téléchargement individuel. Parmi les
comportements peu fréquents, les digital natives ont un taux de copies illégales en réseau
significativement plus élevé que leurs aînés. Parmi les comportements rares, les digital
natives pratiquent significativement plus le bouche-à-oreille sur un support numérique, le
téléchargement illégal en réseau, le piratage à titre individuel, la dégradation de produits et de
publicités à titre individuel.
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Tableau 3 : Fréquence des pratiques entre digital natives (17-30 ans) et plus de 30 ans
S/T pratiqué au moins 2de Odds Pratiqué Plus
Total échantillon P
une fois Pearson Ratio de 3 fois
de 17 à 30 Plus de 30 S/T au moins Jamais de 17 à Plus de
ans ans une fois Pratiqué 30 ans 30 ans
Comportements fréquents
Bouche-à-oreille Négatif Entourage 94% 92% 93% 7% 0,267 0,605 0,780 69% 55%
Installation de Logiciels Libres 91% 54% 77% 23% 51,071 0,000*** 0,120 61% 26%
Copie Illégale Individuelle 87% 60% 77% 23% 25,605 0,000*** 0,231 68% 23%
Téléchargement Illégal Individuel 92% 50% 77% 23% 67,597 0,000*** 0,274 75% 23%
Achat de contrefaçon 77% 60% 71% 29% 9,757 0,002*** 0,436 32% 18%
Comportements peu fréquents
Boycott Individuel 63% 67% 64% 36% 0,636 0,425 1,233 18% 19%
Copie Illégale en Réseau 66% 37% 55% 45% 23,004 0,000*** 0,301 35% 13%
Refus de Publicité Individuel 60% 56% 59% 41% 0,497 0,481 0,840 36% 31%
Comportements rares
Plainte individuelle 36% 65% 46% 54% 22,956 0,000*** 3,336 11% 16%
Plainte collective 39% 51% 43% 57% 4,034 0,045 1,638 6% 9%
Bouche-à-oreille négatif blogs, réseaux numériques 54% 32% 46% 54% 12,847 0,000*** 0,398 20% 7%
Dégradation de publicité individuelle 39% 24% 34% 66% 7,525 0,006*** 0,474 14% 5%
Dégradation de produits individuelle 31% 17% 26% 74% 6,467 0,011** 0,465 6% 5%
Dégradation de publicité collective 15% 17% 16% 84% 0,253 0,615 1,182 3% 4%
Dégradation de produits collective 10% 14% 12% 89% 1,264 0,261 1,519 3% 3%
Téléchargement illégal en réseau 54% 26% 44% 56% 20,482 0,000*** 0,308 31% 9%
Piratage individuel 32% 19% 28% 72% 6,178 0,013** 0,485 14% 7%
Hacking individuel 20% 12% 18% 82% 2,993 0,084 0,550 6% 5%
Piratage en mouvements organisés 14% 12% 13% 87% 0,115 0,735 0,883 3% 2%
Hacking en mouvements organisés 10% 10% 11% 89% 0,018 0,895 1,055 1% 2%
Développement et support de logiciels libres 25% 18% 23% 77% 1,785 0,182 0,666 7% 5%
Refus de publicité collectif 17% 26% 20% 80% 2,887 0,089 1,654 6% 7%
Boycott collectif 26% 33% 28% 72% 1,608 0,205 1,405 4% 8%
Contestation organisée 32% 30% 32% 69% 0,131 0,717 0,909 6% 7%
Participation à systèmes alternatifs d'échange, troc, monnaies alternatives 33% 29% 31% 69% 0,552 0,458 0,820 9% 5%
12
A l'inverse, les plus de 30 ans différent significativement des digital natives sur les
comportements de plaintes individuelles (65% de pratique) et collectives (51%). Ces deux
pratiques appartiennent à la catégorie des comportements rares.
Ces différences entre digital natives et consommateurs plus âgés s'expliquent
essentiellement par des taux de « plus de 3 fois » plus élevés (cf. tableau 3). Ainsi le taux de
« plus de 3 fois » chez les digital natives est double ou triple comparé à celui de leurs aînés
sur les différents comportements, même les plus rares tels que le bouche-à-oreille sur un
support numérique, la dégradation de publicités individuelle, le téléchargement illégal en
réseau, le piratage individuel. On retrouve la notion de noyau dur de pratiquants réguliers
chez les digital natives.
Une analyse de variance (ANOVA) permet de mieux visualiser les différences entre
les deux sous-populations en prenant en compte l'ensemble de la distribution des fréquences
des pratiques (cf. tableau 4).
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L'ANOVA montre que les deux sous-populations ont des moyennes significativement
différentes sur deux des six facteurs : activités de consommation numériques alternatives (F =
113,388, p = 0,000) et plainte (F = 4,945, p = 0,027). Les diagrammes de moyennes mettent
en évidence le sens des différences (cf. figure 1) : une moyenne plus élevée pour les digital
natives sur les activités de consommation numériques alternatives, une moyenne plus élevée
pour les répondants plus âgés sur les activités de Plainte.
Conclusion
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Questionnaire Consommateur et Résistance
Bonjour, Nous menons une enquête sur les réactions des consommateurs face aux actions des
entreprises et des institutions. Nous aimerions vous poser quelques questions concernant différents
comportements que vous avez pu avoir en tant que consommateur.
Plus de 2 ou 3 1 fois Jamais
3 fois fois
Avez-vous déjà fait une réclamation ou une plainte écrite contre une marque, une 4 3 2 1
entreprise ou une administration ?
Avez-vous déjà dégradé des publicités, des supports publicitaires ? 4 3 2 1
Avez-vous déjà dégradé des produits en magasin ? 4 3 2 1
Avez-vous déjà refusé de la publicité distribuée en boîte aux lettres ? 4 3 2 1
Avez-vous déjà exprimé des opinions négatives envers une marque ou une
entreprise :
- auprès de votre entourage ? 4 3 2 1
20
Plus de 2 ou 3 1 fois Jamais
3 fois fois
Avez-vous déjà participé à des mouvements organisés :
- de dégradation de publicités, de supports publicitaires ? 4 3 2 1
- de refus d'achat, de boycott des produits d'une marque, d'une entreprise, d'un 4 3 2 1
pays ?
Avez-vous déjà participé à une réclamation, une plainte collective ou une pétition 4 3 2 1
contre une marque, une entreprise ou une administration ?
Avez-vous déjà participé à un mouvement de contestation organisé par une 4 3 2 1
association de défense de consommateurs, de l'environnement, des droits de
l'homme (Greenpeace, indignés, lycéens, faucheurs volontaires, e-litige.com,
acheteurs de la CAMIF, de Vogica, …) ?
Avez-vous déjà fait des copies illégales de CD, DVD, jeux, logiciels provenant de 4 3 2 1
réseaux, de communautés ?
Avez-vous déjà déposé ou échangé de la musique, des films, jeux, logiciels dans le 4 3 2 1
cadre de réseaux de téléchargement illégal ?
Avez-vous déjà participé à des mouvements organisés de piratage informatique ? 4 3 2 1
Avez-vous déjà participé à des mouvements organisés de hacking ? 4 3 2 1
Avez-vous déjà participé à des systèmes alternatifs de consommation tels que des 4 3 2 1
systèmes de troc, d'échange de services, expériences de monnaies alternatives ?
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