coursTC EDO Boutin 2223
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Agrégation de mathématiques
Option modélisation (tronc commun)
Benjamin B OUTIN
Septembre 2022
AVANT-PROPOS. Ce document regroupe de façon synthétique les résultats les plus essentiels (en par-
ticulier pour l’épreuve d’option) avec toutefois des éléments de leurs démonstrations. Ces dernières
seront parfois seulement esquissées et donc imprécises et méritent une reflexion approfondie durant
votre travail personnel.
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• (J, X) est appelée solution locale si J est un voisinage de t0 dans I et que X est solution du
problème de Cauchy sur J.
• Étant données deux solutions locales (J1 , X1 ) et (J2 , X2 ), on dit que (J2 , X2 ) est un prolongement
de (J1 , X1 ) si J1 ⊂ J2 et si X1 et X2 coïncident sur J1 ; on dit alors également que (J1 , X1 ) est une
restriction de (J2 , X2 ) à l’intervalle J1 .
• Une solution locale (J, X) est dite maximale si elle n’admet aucun autre prolongement qu’elle-
même.
• Une solution locale (J, X) est dite globale si J = I. Elle est alors maximale.
En premier lieu, nous rappelons l’outil incontournable pour étudier les équations différentielles.
Alors ϕ vérifie
∀t ∈ I, ϕ(t) 6 CeK|t−t0 | .
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Remarque
La forme traditionnelle des inégalités ne fait intervenir aucune des deux valeurs absolues et, en contrepartie,
est limitée à des valeurs t > t0 . La démonstration qui suit est limitée à t > t0 mais suffit à mettre en place
les arguments importants.
Rt
Démonstration. En introduisant la fonction ϕ̃ : t 7→ (C + K t ϕ(s) ds)e−K(t−t0 ) l’hypothèse équivaut à l’inégalité
0
La fonction ϕ̃ est dérivable sur I et l’inégalité précédente nous apprend que pour tout t ∈ I, t > t0 :
φ̃ est donc décroissante et pour tout t > t0 , ϕ̃(t) 6 ϕ̃(t0 ) = C qui permet de conclure.
Remarque
Le lemme de Grönwall admet des généralisations pour le cas de "coefficients variables". Elles se démontrent
de façon analogue. Par exemple, étant données une fonction K sur I, continue et positive, et une constante
C > 0, Z t
∀t ∈ I, ϕ(t) 6 C + K(s)ϕ(s) ds
t0
Rt
K(s) ds
=⇒ ∀t ∈ I, t > t0 , ϕ(t) 6 Ce t0
.
Alors pour tout (t0 , x0 ) ∈ I × Ω, le problème (C) admet une unique solution maximale (J, X).
Démonstration admise. Pour une preuve complète, nous renvoyons aux ouvrages de référence. Dans [3, pp.121–126]
ou [4, pp.142–147], la preuve du théorème précédent s’appuie sur la construction d’une suite d’approximations de la
solution recherchée, obtenues à l’aide de la méthode numérique d’Euler explicite (voir prochain cours).
Une autre approche (par exemple [3, pp.130–131] ou [1, pp.142–145]) repose sur un principe d’itération de Picard (ar-
gument de point fixe de Banach), comparable à la preuve ultérieure pour le cas d’une fonction globalement lipschitzienne
en x, le caractère maximal étant obtenu par par connexité et résultat d’existence locale.
Un premier outil essentiel est un résultat d’unicité locale, conséquence du Lemme de Grönwall.
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Autrement dit, deux solutions locales qui se croisent en un point sont confondues sur leur domaine commun
de définition.
Démonstration. Ce résultat d’unicité locale se déduit directement du lemme de Grönwall.
Supposons que deux solutions locales (J1 , X1 ) et (J2 , X2 ) vérifient X1 (t0 ) = X2 (t0 ) pour un certain t0 ∈ J1 ∩ J2 . On
note J = J1 ∩ J2 . Pour tout t voisin de t0 :
Zt
kX2 (t) − X1 (t)k 6 L kX2 (τ) − X1 (τ)kdτ ,
t0
où L est une constante de Lipschitz locale de f, issue dans un premier temps du choix d’un voisinage compact de t0
dans J, prenant la forme [t0 − δ, t0 + δ] avec δ > 0, tenant compte de la continuité des deux trajectoires voisines autour
de t0 , et de l’hypothèse (H). Le lemme de Grönwall permet d’en déduire que pour tout t ainsi considéré :
Alors pour tout (t0 , x0 ) ∈ I × Rd , le problème (C) admet une unique solution globale X ∈ C1 (I, Rd ).
Démonstration.
Existence et unicité locale par point fixe. Soit J b I un intervalle compact contenant
t0 . On se place dans l’espace
vectoriel E = C0 (J, Rd ) complet pour la norme kXkL = maxt∈J e−2L|t−t0 | kX(t)k . Sur cet espace, on considère
l’application suivante :
Φ:E→E
Zt
X 7→ Φ(X) : t 7→ x0 + f(s, X(s)) ds.
t0
La raison d’être de cette fonctionnelle est que X ∈ E est un point fixe de Φ si et seulement si X est solution sur J de (C).
Il s’agit à présent de démontrer que l’application Φ est contractante sur E.
Soient X, Y ∈ E et t ∈ J, on a successivement
Zt
kΦ(X)(t) − Φ(Y)(t)k = f(s, X(s)) − f(s, Y(s)) ds (1)
t0
Zt
6 kf(s, X(s)) − f(s, Y(s))k ds (croissance de l’intégrale) (2)
t0
Zt
6L kX(s) − Y(s)k ds (par la propriété global-Lipschitz) (3)
t0
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Zt
6L e2L|s−t0 | ds kX − YkL (4)
t0
L 2L|t−t0 |
6 e kX − YkL (5)
2L
Par conséquent, kΦ(X) − Φ(Y)kL 6 12 kX − YkL . En conséquence du théorème de point fixe de Banach, il existe un
unique point fixe X ∈ E de l’application Φ.
Existence et unicité globale par prolongement. Afin de couvrir globalement Sl’intervalle I, on considère une suite
exhaustive (croissante) de compacts Jn b I contenant chacun t0 , avec I = n>0 Jn . Le raisonnement précédent
s’applique sur chacun de ces intervalles et l’argument d’unicité locale (Lemme 5 ou raisonnement précédent) garantit
alors que les solutions ainsi définies coïncident sur l’intersection de leurs domaines de définition, se prolongeant donc
récursivement de sorte à définir à la limite une solution sur I (procédé de prolongement). L’unicité de cette solution
définie globalement sur I découle de l’unicité "sur tout compact de I" obtenue soit à travers le processus de point fixe,
soit directement du Lemme 5.
Remarque
Au vu de la preuve, l’hypothèse de globale lipschitziannité (Hglob ) précédente peut être affaiblie sans affecter
la démonstration, pour revêtir la forme suivante :
Si nous renonçons aux hypothèses (Hglob ) pour nous contenter du cadre (H), comment peut-on obtenir
existence et unicité ? Sur quel intervalle procéder alors à un prolongement ?
Démonstration (Partie technique). Le réel α > 0 est choisi selon l’approche dite des cylindres de sécurité, dont le
détail est laissé à la curiosité du lecteur [1, p.143]. Il s’agit grosso modo d’ajuster l’espace de Banach E précédent de
sorte à reproduire la preuve au prix d’une réduction de l’intervalle de temps tenant compte de l’amplitude des variations
de toute éventuelle solution.
Démonstration. Le résultat d’existence locale précédent témoigne du fait que le procédé de prolongement utilisé dans
le théorème de Cauchy-Lipschitz global peut être opéré au plus sur un intervalle qui est un voisinage de chacun de ses
points, c’est à dire sur un intervalle ouvert contenu dans I.
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solutions, [2, p.59]. Dans ce cas, on perd généralement l’unicité comme en témoigne l’exemple de l’équation
√
x 0 = − x, pour des données initiales x(0) > 0.
Une solution maximale est-elle globale ?
Démonstration. Le résultat se démontre par l’absurde par un critère de Cauchy et le résultat d’existence locale. Voir [1,
p.145].
Remarque
En dimension finie et lorsque Ω = Rd est l’espace tout entier, on parle d’explosion en temps fini car dire
que X sort de tout compact de Rd signifie ni plus ni moins que limt→T ? − kX(t)k = +∞.
Exemple
• On considère X 0 = X2 avec la donnée de Cauchy (t0 , x0 ) = (0, 1). On obtient par résolution explicite
la solution maximale X(t) = 1−t1
sur l’ouvert ] − ∞, 1[, de limite infinie en 1− .
0
• On considère X = −1/X avec √ la donnée de Cauchy (t0 , x0 ) = (0, 1). On obtient par résolution explicite
la solution maximale X(t) = 1 − 2t définie sur l’ouvert ] − ∞, 1/2[. La fonction f est définie sur
Ω =]0, +∞[ et la solution sort de tout compact au voisinage de t = 1/2− . Bien qu’elle admette un
prolongement par continuité, elle n’est pas prolongeable en une fonction continuement dérivable.
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3. Exemples à l’étude
x 0 = x(1 − x) (A)
Étude en séance
Étude en séance
θ 00 = sin θ − αθ 0 . (C)
Les exemples (B) et (C) sont ou se reformulent comme des systèmes autonomes dans le plan Ω = R2 .
L’étude qualitative de tels systèmes est facilitée par le tracé du portrait de phase.
Le résultat d’unicité conjointement au caractère autonome des équations considérées implique que dans
le portrait de phase les trajectoires ne peuvent pas se croiser (excepté d’une certaine manière en des points
"atteints" asymptotiquement, donc par leur adhérence).
Les courbes décrivant le lieu d’annulation de chacune des composantes de f(x, y) dans le plan R2 (dites
nullcline) permettent de partitionner le plan selon l’orientation des vecteurs tangents aux courbes. Les points
d’équilibres se retrouvent à l’intersection de ces courbes. Le comportement local aux points d’équilibres peut
être approfondi par l’étude du système linéarisé (à voir dans la section suivante).
Définition 12 Équilibre
Un équilibre d’un système différentiel autonome X 0 = f(X) posé sur R × Ω est un point x0 ∈ Ω tel
que f(x0 ) = 0.
En conséquence des discussions précédentes, tout équilibre détermine une solution globale constante et
réciproquement. Il est donc fréquent d’assimiler le point d’équilibre à sa trajectoire.
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Remarque
Étant donné que dans ce contexte, f ne dépend qu’artificiellement de la variable de temps (on peut décréter
que I = R) une solution maximale est alors globale si et seulement si elle est positivement et négativement
globale. Les notions qui suivent ne font cependant pas cette hypothèse.
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Remarque
La notion de stabilité envisagée ici concerne seulement des points d’équilibres, c’est-à-dire des trajectoires
constantes du flot de l’EDO. Ces notions peuvent être généralisées à la proximité (asymptotique) à des
trajectoires positivement globales d’un autre type (par exemple périodiques).
prennent la forme X(t) = exp(tA)X(0). La réduction des matrices réelles de taille 2 permet alors de classifier
le comportement des trajectoires selon les propriétés des valeurs propres de la matrice A = P−1 A0 P. On note
Z(t) = PX(t) = T (z1 (t), z2 (t)) les coordonnées de la solution dans la base de vecteurs propres de A. Les
figures qui suivent sont tracées dans le plan (z1 , z2 ), centré en 0.
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λ1 0
1. Cas R−diagonalisable : A0 = , λ1 , λ2 ∈ R.
0 λ2
z1 (t) = z1 (0)eλ1 t
Les trajectoires sont de la forme
z2 (t) = z2 (0)eλ2 t
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λ 1
2. Cas R−bloc de Jordan : A0 = , λ ∈ R,
0 λ
z1 (t) = (z1 (0) + tz2 (0))eλt
Les trajectoires sont de la forme
z2 (t) = z2 (0)eλt
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α β
3. Cas spectre non-réel : A0 = , α, β ∈ R, β > 0 (valeurs propres complexes conjuguées
−β α
λ1 = α + iβ, λ2 = α − iβ)
z1 (t) = eαt (z1 (0) cos βt + z2 (0) sin βt)
Les trajectoires réelles sont de la forme
z2 (t) = eαt (z2 (0) cos βt − z1 (0) sin βt)
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Utilisant les résultats de réduction des matrices dans Md (C), on a la généralisation suivante.
Alors
• 0 est un équilibre (unique et isolé ssi kerA = {0}),
• si ∀z ∈ spec A, Re z < 0, alors 0 est asymptotiquement stable ;
• si ∀z ∈ spec A, Re z 6 0 et spec A ∩ iR 6= ∅, alors de deux choses l’une :
— si spec A ∩ iR contient une valeur propre défective, alors 0 est instable ;
— sinon, 0 est stable mais non asymptotiquement stable ;
• si ∃z ∈ spec A, Re z > 0, alors 0 est instable.
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Démonstration. Voir [3]. Exercice préalable : savoir calculer l’exponentielle d’un bloc de Jordan.
X 0 (t) = f(X(t)),
∀µ ∈]0, −λ[, ∀ > 0, ∃δ > 0, |x(t0 )| < δ ⇒ ∀t > t0 , x(t) existe et |x(t)| 6 e−µ(t−t0 ) .
F IGURE 3 – Comparaison du portrait de phase pour l’exemple (B), au voisinage de l’équilibre (2, 4). (gauche :
système d’origine, droite : son linéarisé). Les droites vertes indiquent les directions des vecteurs
propres de la matrice jacobienne au point d’équilibre
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Références
[1] Sylvie B ENZONI -G AVAGE, Calcul différentiel et équations différentielles, Dunod, 2010.
[2] Michel C ROUZEIX, Alain M IGNOT, Analyse numérique des équations différentielles, Masson, Paris,
1984.
[3] Jean-Pierre D EMAILLY, Analyse numérique et équations différentielles, Presses universitaires de Gre-
noble, 1996.
[4] John H UBBARD, Beverly W EST, Équations différentielles et systèmes dynamiques, Cassini, 1999.
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