Les Personnes Morales Sujet de Droit-1

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INTRODUCTION AU DROIT

LES PERSONNES OU SUJETS DE DROITS


Si dans la langue vulgaire, « personne » désigne l’être humain, dans la
langue juridique, on appelle personne « tout sujet de droits et
d’obligations » ; tout être envisagé comme sujet de droite, c’est-à-dire tout
être ayant la faculté et l’aptitude d’acquérir des droits et des obligations.

En d’autres termes, la personnalité juridique est l’aptitude à être sujet


de droits et d’obligations.

Cette définition se comprendra mieux si l’on rappelle que d’une part, il


fut une époque où certains être humains n’étaient pas considérés comme
des personnes (tels les esclaves) et que, d’autre part, il existe des
personnes qui ne sont pas des être humains (telles les sociétés, les
associations, …).

Il va sans dire qu’il s’agit essentiellement dans cette définition de


l’homme, de l’être humain. C’est lui qui a l’aptitude à acquérir des droits
subjectifs protégés par la loi, c’est-à-dire à avoir des intérêts juridiquement
protégés. Mais ces intérêts sont de deux ordres dans leurs acquisitions :
- L’être humain peut en acquérir tout seul, ils appartiennent à lui
seul ;
- L’être humain être en acquérir, par l’intermédiaire d’une
collectivité organisée : ce sont alors des intérêts collectifs qui
appartiennent plus au groupe qu’à l’individu.

Ces groupes qui peuvent acquérir des intérêts juridiquement protégés


sont appelés « PERSOPNNES MORALES » pour les opposer aux personnes
physiques, c’est-à-dire à l’être humain. Ces personnes Morales sont donc
également des sujets de droits, des personnes au sens juridiques du Terme.

Il existe donc deux catégories de personnes : les personnes physiques


(les êtres humains) et les personnes morales ou juridiques.

Des notions générales sur les Personnes Morales sont absolument


nécessaires en raison de leur développement dans la vie juridique actuelle.

LES PERSONNES « MORALES » ou « JURIDIQUES »

Il existe, à côté des personnes physiques qui sont sujets de droits et


d’obligations, des personnes dites morales ou juridiques, qui sont
également considérées comme étant susceptibles d’avoir des droits et
d’assumer des obligations.
En effet, les intérêts individuels de l’homme ne sont pas les seuls qui
méritent la protection de la loi. L’homme, souvent, a besoin pour agir de se
grouper = de ce groupement, naissent des intérêts collectifs qui
n’appartiennent en groupe à aucun des individus formant le groupement,
mais à ce groupement lui-même. Pour permettre à ces groupements de
développer leurs activités et de défendre les intérêts collectifs, il faut leur
accorder le pouvoir de posséder certains droits, de posséder des biens, de
les administrer, d’accomplir tous les actes de la vie juridique et notamment
d’agir en justice. Mais il n’est pas possible que tous les membres, souvent
très nombreux, participent individuellement à chaque acte nécessaire à la
vie du groupement. Il faut donc que le groupement soit considéré comme un
sujet de droit distinct, indépendant des membres qui le composent. Tel est
le but de cette convention juridique = la personnalité morale, qui ne
coïncide pas avec la réalité des choses, mais qui est très utile. Les
personnes morales sont donc tous les sujets de droits autres que les
personnes physiques, les êtres humains.

Notons que ces personnes ont une puissance patrimoniale qui dépasse
souvent de beaucoup celle de personnes physiques. Aussi inquiètent-elle le
législateur par cette puissance qui ne cesse de croître, car leur biens ne se
transmettent pas et ne se divisent pas par décès, d’où des précautions
contre le danger de cette perpétuité dite « mainmorte ».

Plan d’étude : Deux questions sont à étudier :


1- Quelles sont les différentes catégories des personnes
morales ?
2- Quel est leur régime juridique ?

LES DIFFÉRENTES PERSONNES MORALES : Leurs classifications

On distingue traditionnellement les Personnes Morales de Droit


Privé et les Personnes Morales de Droit Public suivant que les
groupements mettent en jeu des intérêts et des prérogatives privés ou
publics.

Cette distinction tend d’ailleurs de plus en plus à s’estomper en


raison de l’ingérence des pouvoirs publics dans les affaires privées.
Nous verrons plus loin qu’il existe des Personnes Morales qu’on ne
aurait rangé ni dans l’une ni dans l’autre catégorie : il convient donc,
compte tenu de la conception actuelle du rôle de l’État dans de
nombreux domaines, d’ajouter des personnes morales de caractère
mixte.

Plan d’étude :
131.11 – Les personnes morales de droit privé
131.12 – Les personnes morales de droit public
131.13 – Les personnes morales de caractère mixte.

LES PERSONNES MORALES DE DROIT PUBLIC


Ce sont essentiellement :
- L’État
- Les collectivités territoriales
- Les établissements publics
- Les ordres professionnels
1- La première de ces Personnes Morales est évidement l’État.
La reconnaissance de la personnalité juridique de l’État est
cependant relativement récente ; et elle a même été critiquée car
l’État ne serait pas dans le système du droit ; il serait ce système
même ; c’est lui qui « dit le droit ». Il n’en demeure pas moins que
l’État est considéré comme une personne, ayant son patrimoine (le
domaine public et le domaine privé), ses droits (exemple : il est
créancier d’impôts) et ses obligations (exemple : il doit réparer le
préjudice causé par ses agents).
2- Au deuxième rang viennent les collectivités territoriales
(Provinces, régions, communes, par exemple) qui se trouvent dans
une situation identique, même si c’est à un degré moindre.
3- Il y a ensuite les établissements publics : ce sont des
services publics érigés en entités autonomes, dotés d’un patrimoine
propre et d’un budget (exemple : les hôpitaux, la Fondation
Nationale de l’Enseignement Supérieur). Ils jouissent d’une grande
autonomie dans leur administration et leur gestion.
4- Enfin, il y a les Ordres professionnels. Ce sont des
groupements organisés pour un certain nombre de professions
(exemple : médecins, avocats) auxquels il est obligatoire d’adhérer
et qui disposent d’une véritable délégation de l’autorité publique, en
prenant au besoin des sanctions disciplinaires, pour assurer la
police et le respect des règles de ces professions particulièrement
importantes pour le bien public.

LES PERSONNES MORALES DE DROITE PRIVÉ :

Les Personnes Morales de Droit Privé sont des groupements


volontaires d’individus auxquels la loi accorde la personnalité
juridique afin qu’ils puissent atteindre certains buts déterminés qu’un
seul homme ne pourrait atteindre.
Ces groupements ont ceci de commun qu’ils sont volontaires ; nul
n’en fait partie s’il ne l’a voulu : on y entre que si le désire. Ces
personnes Morales de Droit Privé peuvent se différencier entre elles
suivant le but qu’elles poursuivent : ce sont principalement les
Sociétés, les Associations et les Syndicats.

Les sociétés
Définition :
Les sociétés sont des groupements de personnes qui ont mis
quelque chose en commun dans le but de faire bénéfices et de les
partager.

Cette définition est commune aux nombreuses sortes de sociétés qui


existent. Ces différentes sociétés se distinguent par leur objet, leur forme,
leur organisation, leur nature commerciale ou civile. Nous citerons ainsi les
Sociétés Anonymes, les Société à Responsabilité Limitée, les Société en
nom collectif, etc. …
Toutes les Sociétés ont, quel que soit leur objet, leur forme ou leur
caractère civil ou commercial, la personnalité morale.

Les associations et les syndicats

Comme les Sociétés, les associations sont des groupements de


personnes qui ont décidé d’atteindre un certain but. Mais ce qui les oppose
aux sociétés, c’est que leur but n’est pas de faire et de partager des
bénéfices : leur but peut être charitable, culturel ou politique.

Il s’ensuit que les groupements de droit privé sont soit des


associations, soit des sociétés suivant leur but.

Lorsque le but du groupement est la défense des intérêts d’ordre


professionnel de ses membres, on parle de syndicat et non d’association.

Les syndicats peuvent cependant être rangés dans la catégorie des


associations car ils n’ont pas pour mission de faire des bénéfices mais les
syndicats ont un régime différent de celui des associations.

L’Etat a toujours manifesté une certaine méfiance à l’égard de ces


groupements autres que les sociétés. Car un but qui est autre que celui de
partager des bénéfices apparaît toujours comme douteux. Longtemps les
associations, contrairement aux sociétés, ont été interdites. Ce sont les
syndicats qui ont été les premiers reconnus et autorisés et qui ont bénéficié
de la personnalité Morale.

Aujourd’hui encore, toutes les associations n’ont pas la personnalité


morale, ce qui limite fortement leur pouvoir d’action. Pour avoir la
Personnalité Morale, les associations doivent faire l’objet d’une déclaration.
Cette déclaration se fait à Madagascar au bureau de la Province où elles
ont siège social.

Précisions enfin que certaines associations en raison de leur but


particulièrement estimable, sont déclarées « d’utilité publique » et
bénéficient ainsi d’un régime de faveur.

LES PERSONNES MORALES A CARACTÈRE MIXTE.

Pour terminer cette classification des Personnes Morales suivant les


critères du Droit Public et du Droit privé, nous devons reconnaître que
certains groupement qui ont la Personnalité Morale ne peuvent être rangés
ni parmi les Personnes Morales de Droit Privé, ni parmi celles de Droit
Public.

Tantôt, l’État s’immisçant de plus en plus dans les affaires privées,


forme des groupements autonomes avec des capitaux privés. Il s’agit alors
essentiellement des « Sociétés d’Economie Mixte ».
Tantôt il s’agit de personnes morales de droit public, mais soumises à
des règles de droit privé. Leurs biens appartiennent à l’État, mais elles
exercent leurs activités suivant les règles de droit privé ; ce sont
principalement les Sociétés nationalisées.

Voyons maintenant quel est le régime juridique de la Personnalité


Morale.

LE REGIME JURIDIQUE DES PERSONNES MORALES DE DROIT PRIVÉ

La constitution d’une personne morale de droit privé ressort de la


volonté privée de ses membres. Un contrat ou une convention donne
naissance à la personne morale dont la constitution doit faire l’objet d’une
publicité remplaçant en quelque sorte l’acte de naissance des personnes
physiques.

Suivant leur but, nous avons vu que les groupements qui ont la
Personnalité Morale n’ont pas le même nom, et de plus, ils n’ont pas les
même droits et prérogatives : les associations ont beaucoup moins de
droits que les sociétés ; parmi les associations même, certaines, celles qui
sont simplement déclarées, ne peuvent acquérir à titre gratuit, c’est-à-dire
recevoir des dons, et elles ne peuvent acquérir à titre onéreux que les
immeubles strictement nécessaires à l’accomplissement de leur but. Seule
les Associations d’utilité publique peuvent recevoir des libéralités.

Mais quelles que soient les différentes sortes de régime des Personnes
Morales, il existe un régime juridique commun et général à toutes les
Personnes Morales. Ce régime peut se définir en deux idées ; en disant
d’une part que les Personnes Morales ont un patrimoine propre, et d’autre
part qu’elles ont des droits extra-patrimoniaux.

Plan d’étude :
- Le patrimoine des personnes morales
- Les droits extra-patrimoniaux des personnes morales

LES PATRIMOINE DES PERSONNES MORALES

Comme les Personnes Physiques ; les Personnes Morales ont un


patrimoine, mais ce patrimoine qui appartient à un groupement présente
des caractères particuliers qu’il faut souligner. Ces caractères ont trait à
l’autonomie de ce patrimoine et à son administration.

a-Les autonomies du patrimoine de la personne morale :

Cela signifie que la Personne Morale a un patrimoine qui lui est propre
et qui est absolument distinct des différents patrimoines de ses membres.
Dans ce patrimoine, il y a des biens, des créances, des dettes, c’est-à-dire
un actif et un passif, qui sont absolument distincts des biens, des créances
de ces membres.

Cette distinction des patrimoines a des effets très importants. Par


exemple, les créanciers personnels d’un membre du groupement ne
pourront pas se faire payer leurs dettes sur les biens appartenant au
groupement, ces biens sont exclusivement réservés au paiement des
propres dettes du groupement. De même et l’inverse, sauf dans des cas
légaux prévus, un créancier du groupement ne pourra pas saisir les biens
personnels d’un membre.

b-L’administration du patrimoine de la personne morale :

La Personne Morale ayant un patrimoine autonome, il est nécessaire


qu’elle possède des organes qualifiés pour acquérir et administrer des biens
au nom du groupement, pour contracter des dettes et des obligations
personnels, pour rester en justice.
Ces organes sont différents suivant les différents types de Personnes
Morales et ils ont des pouvoirs différents. Mais généralement on distingue
deux types d’organes qui dirigent la Personne.

a- Il y a « L’administration Générale » de tous les membres du


groupement ; c’est elle qui exprime la volonté générale et souveraine
de la Personne Morale, et cela explique qu’en plus de ses réunions
ordinaires, elle doit se réunir parfois d’une manière « extraordinaire »
pour prendre une grave décision concernant la vie de la Personne
Morale.
b- Il y a ensuite des « Gérants » ou des « Administrateurs » qui
s’occupent de la gestion et des activités courantes et normales de la
Personne Morale. Ils sont parfois isolés, parfois réunis en « Conseils
d’Administration ». Ils prennent les décisions courantes et les moins
graves concernant le patrimoine commun et exécutent celles prises
par l’Assemblée Générale. Ils représentent donc la Personne Morale
dans ses relations avec l’extérieur, ils sont ses mandataires,
responsables des fautes qu’ils pourraient commettre dans leur gestion
et qui mettent en péril le patrimoine.
Mais si la Personne Morale a comme les individus un patrimoine, elle a
aussi comme eux des droits extra-patrimoniaux.

C-LES DROITS EXTRA-PATRIMONIAUX DES PERSONNES MORALES

Les Personnes Morales ont beaucoup de droit extra-patrimoniaux, c’est-


à-dire non appréciables en argent, que les Personnes Physiques. On ne peut
pas parler de toute évidence du droit au Mariage ou au divorce en ce qui les
concerne.

Ces droits extra-patrimoniaux des Personnes Morales ont été d’abord


des moyens d’individualisation ; en effet, les personnes morales ont besoin
d’être identifiées comme les personnes physiques.

Il s’agit du nom et du domicile des Personnes Morales. Mais nous


verrons qu’elles possèdent d’autres attributs (particularité ou
caractéristique).

a- Les personnes morales ont ainsi un Nom qui permet de les


reconnaître et qui est protégé comme celui des personnes
physiques. Le nom d’une personne morale est appelé « RAISON
SOCIALE » ou «dénomination » pour une SOCIETE, ou encore
« titre » pour les ASSOCIATIONS.
b- Mais pour individualiser, pour trouver une personne physique, le
nom est souvent insuffisant ; c’est pourquoi les personnes
physiques se situent aussi grâce à un domicile. Et dans ce même
but, les Personnes Morales ont un domicile : il s’appelle « LE
SIÈGE SOCIEL ».
Ce siège social n’est pas forcément situé à l’endroit de l’exploitation, il
est là où se trouvent effectivement les organes de direction du groupement.
Ainsi, une société malgache qui exploite des terrains dans le sud de l’île a
son siège social à Tananarive si les bureaux et les administrations sont
dans cette ville.
1- A ces deux attribues de la personnalité, le nom et le
domicile, il faut ajouter encore que les Personnes Morales comme les
Personnes Physiques ont une « NATIONALITÉ ». Il y a des Sociétés
Malgaches, Françaises, Anglaises ou Allemandes. Vous comprenez
que la détermination de la nationalité est importante pour connaître le
régime juridique qui les régit, pour le paiement des impôts, etc.
Le problème de la détermination de la nationalité d’une Personne
Morale est souvent complexe ; deux critères sont utilisés
concurremment pour déterminer cette nationalité : d’une part, le lieu du
siège sociale ; d’autre part : la nationalité des membres ou des
dirigeants.

En droit français, mis à part des textes qui en ont parfois décidé
autrement, c’est le siège social qui est normalement utilisé pour
déterminer la nationalité d’une Personne Morale.
En droit malgache, c’est, en définitive, le critère de la nationalité des
dirigeants qui l’emporte, même si en première analyse on se réfère au
siège social.
2- Mais on est allé plus loin :
D’une part, on a reconnu aux personnes morales, un droit à
l’honneur distinct de celui de ses membres et aussi le droit de le faire
respecter en agissant contre les diffamateurs.

D’autre, on permet aux personnes morales d’exercer une action en


justice, pour la défense d’un intérêt collectif : ce n’est pas l’intérêt de
la personne morale elle-même, mais celui du groupe social dont elle
est issue. Par exemple, un syndicat professionnel pourrait se
constituer parties civile c’est-à-dire réclamer des dommages intérêt
dans une poursuite pénale contre un membre de la profession, même
non syndiqué, dont les agissements sont de nature à nuire à la
profession toute entière.

Il convient cependant de noter qu’il ne faut pas pousser trop loin cette
assimilation des personnes morales aux personnes physiques. C’est ainsi
que la personnalité des groupements reste limitée par le but même de
groupement l’objet social. C’est le principe de la spécialité qui comporte
alors une limitation de la sphère d’activité de la personne morale.

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