Funções Da Sensorialidade No Autismo Infantil
Funções Da Sensorialidade No Autismo Infantil
Funções Da Sensorialidade No Autismo Infantil
http://dx.doi.org/10.1590/1415-4714.e220844
R E V I S T A
LATINOAMERICANA
DE P S I C O P A T O L O G I A
F U N D A M E N T A L
Introduction
feuille et dessine alors pour la première fois une forme humaine, traversant le
passage piéton.
Quelques jours plus tard, la mère de Simon me croise au sein de l’ins-
titution et m’interpelle. Submergée par l’émotion, elle se met à pleurer car
la veille, et pour la première fois, Simon l’a appelée “Maman”. Lors d’une
séance suivante, je propose un rythme accompagnant sa voix en tapotant sur
ma table avec deux feutres. D’abord de dos, il se colle, en adhésivité à mon
épaule et mime mes gestes à l’unisson. Rapidement il se place de nouveau
en face de moi et casse un feutre puis l’autre. Il me dit: “Je ne peux pas le
réparer et toi?”. Il vient ensuite se mettre à genoux entre mes jambes, alors
que je suis assise et relève sa tête vers moi, dans une extension très forte
à la recherche de mon regard puis chante: “Jusqu’ici tout va bien”. A cet
instant, et pour la première fois, Simon est en capacité de plonger son regard
dans le mien, regard comme agent fondamental à la construction de l’enve-
loppe et assomption verticalisante de l’interpénétration des regards (Haag,
2009). Cet échange de regards fabrique des boucles de retour qui se tissent
autour du noyau d’attache central situé dans la zone érogène orale. Ce noyau
contient à la fois le rassemblement des sensorialités (consensualité), et
s’entretient dans l’auto-érotisme, créant un premier sentiment d’enveloppe
12 (Haag, 2012), qui permet de façon corollaire un redressement (axe vertical
et ossature interne).
De plus en plus, la création d’un rythme partagé autorise une forme
de circularité dans nos échanges qui enraye la dispersion de Simon. Cette
médiation rythmique soutient la possibilité psychique de la répétition et de la
mise en forme de premières expériences susceptibles d’avoir été traumatiques.
Selon S. Maïello (2007), des “expériences rythmiques primaires” doivent
avoir lieu afin que l’enfant autiste passe du contrôle opéré sur la réalité, à
travers les stéréotypies, au développement du jeu et à l’émergence de la
relation. Evoquant sa patiente Rosetta, elle écrit: “Sa capacité naissante d’ex-
plorer des aspects rythmiques de la relation montre qu’à un niveau profond, il
s’est installé un sentiment continu d’exister, ce qui lui permet de s’exposer à
un rythme ‘non-moi’ et non contrôlable” (Maïello, 2007, p. 114).
Conclusion
Lors de nos premières séances, il m’est très difficile de maintenir une position
d’écoute. Face au bruit et aux mouvements effrénés, je perçois l’espace comme
réduit, écrasant, suscitant en moi des vécus d’envahissement et de perte de
repères. Peu à peu, le regard de Simon qui est au départ de nos rencontres très
fugace, périphérique, devient plus adressé. Il oscille entre un regard évanescent
et pénétrant qui me fait traverser un état de fatigue intense où je dois m’ef-
forcer de maintenir mes yeux ouverts. Régulièrement une image m’envahit,
celle de mon corps qui fond en une flaque et qui s’évapore après avoir été
piétinée par Simon. Le transfert de Simon me fait vivre les états de déliaison
et le démantèlement mis en œuvre pour tenter de faire barrage au vécu d’ef-
fondrement. Au fil de nos échanges, l’écoute de ses sensations me permet de
leur donner une forme, d’éprouver son besoin d’être contenu et d’aider à la
métabolisation des éprouvés catastrophiques. Ses expériences de persécution
des objets lui permettent de ne pas vivre passivement le débordement sensoriel
vécu comme une intrusion. Le partage d’un rythme consensuel ouvre la voie à
l’émergence de représentations, et la possibilité pour Simon de symboliser ces
éprouvés au service de l’instauration d’une relation.
Alors que lors de nos premières séances, Simon détériorait ses produc-
14 tions et ne parvenait pas à laisser, inscrire, une trace, il a pu écrire mon nom
près du sien sur une ardoise magique à plusieurs reprises en prenant le soin de
l’effacer avant que nous nous séparions. Enfin, il a récemment représenté sur
un dessin deux personnages traversant une zone piétonne qu’il a nommés par
nos deux prénoms. Il a accepté d’en conserver une trace en rangeant lui-même
ce dessin dans un dossier. M. Dessons (2009) souligne l’intérêt pour le patient
de revivre sous transfert, cet effondrement tant redouté qui a eu lieu dans la
petite enfance mais qui n’a pas pu être éprouvé. Elle écrit: “Ceci permet une
autre réponse que l’objet originaire défaillant. Le transfert est vu ici, et utilisé,
comme une répétition de ce qui n’a pas eu lieu” (Dessons, 2009, p. 35).
L’analyse du contre-transfert suppose une écoute régrédiente et corporelle,
où le thérapeute se fait “médium malléable” (Milner, 1977/1979; Roussillon,
1999) et se laisse transformer par les “sensations de formes” (Tustin). Selon
P. Fédida, le corps du thérapeute est à la fois lieu de réception de la senso-
rialité d’images et “production d’une membrane de résonance visuelle et
sonore”. Il se constitue en “lieu polyscénique d’engendrement de formes plas-
tiques” (Fédida, 2000, p. 109). L’enjeu thérapeutique se situe dans la possibilité
d’accueil et de transformation des vécus sensoriels du patient afin de rendre
possible une restauration de cette enveloppe facilitant ainsi les différenciations
entre le moi et le non-moi aboutissant à de nouvelles perspectives psychiques.
ARTIGOS
References
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LATINOAMERICANA
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F U N D A M E N T A L
Resumos
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https://orcid.org/0000-0002-0375-177X 19
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https://orcid.org/0000-0002-6953-3978
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https://orcid.org/0000-0001-7667-8270