Méthodologie Générale

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Nathalie Rzepecki

Conseils de méthodologie des exercices juridiques

Conseils généraux
En droit les différents exercices se présentent le plus souvent sous la forme suivante :
deux parties, deux sous-parties, chaque partie et sous-partie disposant d’un titre (I. A et
B, II. A et B). Néanmoins le cas pratique peut comporter autant de parties que de
problèmes posés.

Certaines abréviations sont admises, par exemple C. cass. pour Cour de cassation ou C.
civ. pour Code civil. Cependant, lorsque vous employez le terme pour la première fois, il
convient de l’écrire en entier, puis d’indiquer entre parenthèses comment vous
l’abrégerez par la suite. Exemple : « selon l’article 1240 du Code civil (ci-après C.
civ.)… ».

Soyez précis quant au vocabulaire juridique employé. Pour rappel, un texte de loi
dispose (ou dit), un contrat ou une clause du contrat stipule, on saisit un tribunal, on
fait ou on interjette appel, on se pourvoit en cassation, les tribunaux rendent des
jugements, les cours d’appel et la Cour de cassation rendent des arrêts…

Les copies doivent être écrites clairement et respecter les règles de syntaxe et
d’orthographe.

Le cas pratique
Il doit être vu comme une sorte de consultation juridique dans laquelle les étudiants
jouent le rôle de l’avocat. En présence de problèmes juridiques concrets, l’étudiant doit
déterminer la règle de droit applicable, l’appliquer aux faits de l’espèce puis en tirer la
conclusion pour le demandeur.

Il comporte une introduction et plusieurs parties en fonction des problèmes posés (en
principe, une partie par problème, ce qui sous-entend qu’un cas pratique peut
comporter plus de deux parties).

L’introduction

L’introduction comporte deux ou trois étapes.

Première étape. Si rien n’est précisé, l’étudiant doit résumer les faits. Pour autant, il
doit éviter de recopier l’énoncé du cas pratique. Il lui faut faire l’effort de ne reprendre
que les faits pertinents, ceux qui sont nécessaires à la résolution du cas.
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Si l’étude des faits n’est pas demandée, l’étudiant peut passer directement à la seconde
étape.

La seconde étape est celle de la qualification juridique des faits. Il s’agit de traduire
les problèmes ou questions - expressément posés ou ceux que l’étudiant détermine au
regard des faits - en termes juridiques.

Exemple : des conjoints ne souhaitent plus vivre ensemble. Il s’agira de déterminer s’ils
peuvent divorcer ou s’ils peuvent obtenir une séparation de corps.

Exemple : Une personne a acheté un terrain pour y édifier un immeuble et découvre qu’il
est inconstructible. Il s’agira de se demander si elle peut obtenir la nullité du contrat de
vente pour erreur ou pour dol.

Troisième étape. Une fois que les problèmes posés ont été listés, il ne reste plus qu’à
annoncer le plan. L’objectif étant de répondre aux questions explicitement posées ou à
celles déduites des faits, le plan peut contenir autant de parties qu’il y a de points à
résoudre.

Le corps du cas pratique

Pour chaque problème (par exemple le divorce, la séparation de corps, l’annulation du


contrat pour erreur, l’annulation du contrat pour dol…), traité à chaque fois dans une
partie, il convient de procéder en trois étapes.

-Enoncer la règle juridique applicable (et son fondement). A ce propos, il convient d’être
extrêmement vigilant : il ne s’agit pas de tomber dans le travers de la dissertation et d’en
profiter pour réciter son cours. Seule la règle juridique applicable en l’espèce doit être
énoncée.

-Appliquer la règle juridique aux faits

-En tirer la/les conséquence(s) pour le demandeur

La dissertation
La dissertation juridique ne présente pas de difficultés particulières. Il s’agit, pour les
étudiants, de développer une problématique à l’aide de leurs connaissances juridiques.

Quelques conseils néanmoins. Trop souvent les étudiants ne répondent pas au sujet
posé, sont même parfois « hors sujet », faute d’avoir suffisamment réfléchi aux termes
utilisés dans le sujet et à l’énoncé du sujet, réflexions dont découle la problématique du
sujet.
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1. Il faut donc préalablement définir précisément les termes du sujet, pour éviter
d’avoir une vision trop large ou trop restreinte du sujet.

Par exemple, « La dislocation du couple » visera bien sûr les hypothèses de divorce, mais
encore celles de séparation de corps ou d’annulation du mariage, alors que « La
disparition du mariage » ne prendra pas en compte les séparations de corps puisque
dans ce cas le mariage subsiste. Pourtant, de prime abord, on aurait pu penser que les
deux sujets sont identiques.

L’énoncé du sujet ensuite est très important.

-Par exemple, lorsque le sujet propose deux concepts, le plus souvent liés par la
conjonction de coordination « et », la problématique consistera en une comparaison, en
termes de ressemblances et de divergences… même si le sujet ne précise pas
expressément qu’il s’agit de comparer les deux concepts.

Il en va ainsi des sujets suivants : Divorce et séparation de corps, Nullité relative et


nullité absolue, de même que : Comparez l’erreur et le dol dans la formation du contrat…

-Si le sujet est proposé sous forme de question, il faut lui apporter une réponse.
Néanmoins, il ne suffit bien évidemment pas de répondre par oui ou/et par non. Il faut
répondre à la question dans chaque partie et sous-partie de votre devoir.

Exemple : La résolution du contrat est-elle une sanction adéquate ? La réponse sera


« oui » ou « non », ou « oui mais » ou « non mais » …, pour telles et telles raisons
développées dans le devoir.

-Lorsque le sujet comporte un concept majeur, il faut être vigilant aux mots qui
entourent ce concept. Le plus souvent, le devoir ne portera que sur tel ou tel aspect du
concept.

Exemple : « Le Conseil constitutionnel », « Le rôle du Conseil constitutionnel »,


« L’évolution du rôle du Conseil constitutionnel » sont certes trois sujets qui portent
sur le Conseil constitutionnel, mais la problématique sera à chaque fois différente.

-Les étudiants doivent être particulièrement vigilants quant au verbe utilisé, le cas
échéant, dans l’énoncé.

Exemple : « Le Conseil constitutionnel doit-il évoluer » n’est pas le même sujet que
« Conseil constitutionnel peut-il évoluer ?, voire « Le Conseil constitutionnel évolue-t-
il ? ».

-Lorsque le sujet comporte deux concepts juridiques, il faut être vigilant sur la manière
dont ils sont liés.

Exemple : « Le divorce pour faute » et « La faute dans le divorce » dont deux sujets
différents, alors même qu’ils reprennent les mêmes concepts.
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Le plan

Le plan est fondamental dans une dissertation juridique. Il découle en principe de la


problématique, qui est la mise en forme de la compréhension du sujet, la manière dont
l’étudiant comprend le sujet.

Exemple : « Nullité relative et nullité absolue ». Le sujet consiste en une comparaison


entre les deux types de nullité, qu’il s’agisse de leur champ d’application et de leurs
effets.

Exemple : «L’évolution du rôle du Conseil constitutionnel ». Le sujet consiste à se


demander en quoi le rôle du Conseil constitutionnel a évolué depuis sa création en 1958.

Exemple : « Peut-on affirmer que la distinction entre la responsabilité contractuelle et la


responsabilité délictuelle est aujourd’hui dépassée ? ». Le sujet consiste à se demander si
la summa divisio opérée entre responsabilité contractuelle et responsabilité délictuelle a
encore une raison d’être au vu des limites qui lui ont été apportées ces dernières années,
tant par la jurisprudence que par la loi.

De la problématique, découle alors logiquement le plan qui doit nécessairement se


présenter en deux parties et deux sous-parties, étant précisé que chaque partie et sous-
partie doivent être reliées entre elles par une phrase de transition et que chaque partie
doit comporter un chapeau introductif.

Les titres des parties et des sous-parties doivent apparaître dans le corps du devoir, ceci
dans un souci de clarté.

Il n’y a pas de conclusion dans la mesure où la réponse à la problématique a été donnée


dans le corps du devoir. Une conclusion ne serait dès lors qu’une redite.

La dissertation doit être présentée sous la forme suivante :

I……………………………………..

Chapeau introductif

A………………………….. Transition entre A et B

B…………………………..

Transition entre le I et le II

II…………………………………….

Chapeau introductif

A………………………….. Transition entre A et B

B……………………………

Pas de conclusion
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Plans possibles
Les plans d’idées sont évidemment les plus intéressants. Néanmoins, il est parfois
possible de faire appel à des plans dits « bateaux », qui présentent néanmoins des
oppositions nettes permettant de construire des plans en deux parties suffisamment
clairs.
Par exemple :
I. Notion/ II. Régime ou Effets
I. Principe/ II. Exception
I. Principe/ II. Condition
I. Contenu/ II. Portée
I. Causes/ II. Conséquences
I. Objectif/ II. Résultat

L’introduction

L’introduction doit être rédigée après l’élaboration du plan. Elle est très importante car
elle montre si le sujet a été compris. Il arrive d’ailleurs que certains enseignants ne
demandent qu’une introduction et un plan détaillé, qui suffisent pour déterminer si, on
l’a dit, le sujet a été compris, et si l’étudiant possède les connaissances minimales qui lui
permettent de traiter le sujet et s’il a été capable de les présenter clairement.

L’introduction, qui constitue environ le quart du devoir, doit comprendre les éléments
suivants :

-une phrase d’accroche qui situe plus globalement le sujet, qui le présente, voire qui le
met en valeur

-l’intitulé exact du sujet

-la définition des termes du sujet

-la problématique. Expliquant le sujet, elle permet par là-même de le délimiter. C’est à
cet endroit que l’étudiant expliquera, le cas échéant, que la problématique retenue le
conduit à ne pas traiter tel ou tel aspect de la question. Par exemple si le sujet porte sur
« Le dol dans la formation du contrat », il peut être précisé que l’on ne s’intéressera pas
au dol dans l’exécution du contrat.

-de la problématique doit découler le plan qui doit être énoncé de manière explicite.
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Le commentaire d’arrêt
Le commentaire d’arrêt est un exercice à la fois théorique et pratique. Il se place à ce
titre entre la dissertation (exercice purement théorique) et le cas pratique (exercice
pratique).
Le commentaire d’arrêt est en fait un commentaire de décision de justice : arrêt (d’une
Cour), jugement (d’un tribunal) ou sentence (d’un arbitre ou d’un tribunal arbitral).
Dans tous les cas, l’essence de l’exercice demeure identique : il s’agit toujours de mettre
en relation une règle générale avec des faits d’espèce. C’est donc un exercice à la fois
théorique et pratique.

Étape 1 : Lecture et compréhension de l’arrêt

La Cour de cassation peut casser et annuler l’arrêt attaqué ; l’affaire sera alors rejugée
par une juridiction de même degré et de même nature que celle qui a rendu la décision
attaquée.
La Cour de cassation peut aussi rejeter le pourvoi : dans ce cas, l’arrêt attaqué n’est pas
annulé ; il doit toutefois être lu à la lumière de l’arrêt de la Cour de cassation qui aura pu
préciser la décision des juges du fond.

La structure d’un arrêt de cassation est la suivante :


• Plan : Sur le moyen unique / premier, deuxième, troisième moyen
• Visa : Vu l’article X du Code…
• Règle abstraite (facultatif) : Attendu que ce texte énonce que…
• Rappel de la procédure antérieure, des faits et de la solution donnée par la
juridiction dont la décision est attaquée : il est fait grief à l’arrêt attaqué
de… ; attendu que la cour d’appel a retenu que…
• La solution en droit/ les motifs de la Cour de cassation : mais attendu que (ou
attendu cependant que)…
• Dispositif : En statuant ainsi… casse l’arrêt
Notez l’absence des moyens.

La structure d’un arrêt de rejet est la suivante :


• Plan : Sur le moyen unique / premier, deuxième, troisième moyen
• Rappel de la procédure antérieure, des faits et de la solution donnée par la
cour d’appel : il est fait grief à l’arrêt attaqué de… ; attendu que la cour d’appel a
retenu que…
• Solution donnée par la cour d’appel – de manière très rapide - et
Arguments/moyens des demandeurs au pourvoi (divisés ou non en
branches) : Attendu que X fait grief à l'arrêt de rejeter leurs demandes alors, selon le
moyen, que…
• Réfutation des arguments/moyens des auteurs du pourvoi : mais attendu que…
• Dispositif : rejet du pourvoi
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Nouvelle rédaction à partir d’octobre 2019 :


-faits et procédure,
-examen des moyens de pourvoi (énoncé du moyen et réponse de la Cour de cassation)
-dispositif de l'arrêt.
Disparition des « attendu que… »

Les motifs possibles de cassation sont les suivants :


1. Cassation pour violation de la loi
• Refus d’application : le juge n’a pas appliqué la règle de droit applicable aux faits
de l’espèce
• Fausse application : le juge a retenu un mauvais fondement à sa décision, il n’a
pas appliqué la bonne règle de droit
• Fausse interprétation : le juge a mal interprété la loi
2. Cassation pour défaut de base légale : il s’agit de l’hypothèse dans laquelle le juge
n’a pas suffisamment motivé sa décision pour que la Cour de cassation puisse
effectuer un contrôle efficace. Il incombera alors à la juridiction de renvoi de faire de
nouvelles recherches afin de rendre une décision mieux motivée. Il est souvent
(mais pas toujours) sous-entendu que, s’il n’y avait pas eu de défaut de base légale, si
l’arrêt de la cour d’appel avait été suffisamment motivé, la solution eût été
différente.
3. Cassation disciplinaire : il s’agit d’une cassation pour vice de forme (p. ex. absence
de réponse aux conclusions des parties, dénaturation, défaut de motifs, etc.). Le fond
n’est pas affecté : la Cour de renvoi pourra reprendre la même solution de fond, mais
en respectant la procédure afin de ne pas reproduire le vice.

S’agissant des arrêts de rejet, le rejet des moyens du pourvoi sous-entend qu’il n’y a pas
eu violation de la loi ou manque de base légale. Toutefois la Cour de cassation adopte
parfois des motifs spécifiques entraînant le rejet du pourvoi :
1. Motif surabondant : les juges du fond ont invoqué un motif inutile pour justifier
leur décision, qui était déjà justifiée pour d’autres motifs. La Cour de cassation peut
ignorer le motif surabondant, ou le critiquer. Dans ce dernier cas, même si l’arrêt
attaqué n’est pas cassé et annulé, l’arrêt de rejet a la même force qu’un arrêt de
cassation au regard du motif critiqué.
2. Substitution de motifs : les juges du fond ont pris la bonne décision pour de
mauvaises raisons. La Cour de cassation substitue donc les motifs erronés des juges
du fond par ses propres motifs, tout en confortant la décision sur le fond.

Étape 2 : Elaboration de la fiche d’arrêt

L’élaboration de la fiche d’arrêt est une étape importante, puisqu’elle permet de


structurer l’introduction. Il s’agit de répondre à certaines questions (toujours les
mêmes), dans un certain ordre (toujours le même), qui permettront de rédiger ensuite
l’introduction du commentaire.

La fiche d’arrêt se compose des questions suivantes :


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• Quelle juridiction a rendu l’arrêt et à quelle date ? (« La décision à commenter est


un arrêt de la Première chambre civile de la Cour de cassation du 1er mars 2019 ».
• quels sont les faits d’espèce ? Il est conseillé de qualifier les protagonistes, ainsi ne
pas parler de M. X ou de Mme Y, mais plutôt, par exemple, du demandeur, du
bailleur, de la victime…
• quelle est la procédure ? (on peut aussi traiter faits et procédure en même temps)
Si on le peut (les décisions sont parfois très précises sur ce point, parfois
laconiques), on indique quelle juridiction de première instance a été saisie, par qui,
ce qu’elle a décidé, qui a (le cas échéant) interjeté appel, quelle a été la décision de la
cour d’appel (arrêt confirmatif ou infirmatif), qui s’est pourvu en cassation…
• quelle est la question de droit ?
• quels sont les arguments des parties ? Les arguments des parties peuvent être
trouvés dans les motifs de la cour d’appel et les moyens du pourvoi.
• quelle est la réponse de la Cour ? Est-ce que la Cour de cassation rejette le pourvoi
ou censure-t-elle la décision attaquée ? Au visa de quelle règle de droit et en vertu de
quel cas d’ouverture à cassation (s’il s’agit d’un arrêt de cassation)(par exemple, « La
Cour de cassation casse et annule (ou censure) la décision attaquée au visa de
l’article 1240 du Code civil pour défaut de base légale ») ? Quel raisonnement a-t-elle
suivi ?

La détermination de la question de droit est délicate.


Quelques précisions.
1. La question de droit doit en principe être dégagée des faits, mais elle doit pouvoir être
traitée indépendamment des faits.
Exemple d’un arrêt qui se prononce sur la validité d’un contrat. Il ne s’agit pas de se
focaliser sur le contrat d’espèce conclu entre les deux parties en présence
(demandeur/défendeur). La question n’est donc pas de déterminer si le contrat précis
conclu entre X et Y est-il valable. Pour autant, il ne s’agit pas non plus de dégager une
question trop générale du type : les conditions de validité du contrat.
La question de droit doit être un va-et-vient entre les faits et le droit. Il faut qualifier la
situation des parties, dire par exemple que l’on est en présence d’un contrat de vente,
que le vendeur estime avoir vendu son bien pour un prix inférieur à sa valeur, et dégager
une question théorique qui sera formulée de manière abstraite, sans être trop générale :
« le contrat de vente (de manière générale) est-il valable, alors que le vendeur (n’importe
quel vendeur) a commis une erreur sur la valeur ? ».

2. La détermination de la question de droit découle en général, en tout cas si la décision


à commenter est un arrêt de la Cour de cassation, d’une confrontation entre les motifs de
la cour d’appel et les moyens du pourvoi.

3. L’arrêt peut présenter plusieurs questions de droit. Il faudra alors déterminer


l’importance de chaque question. Il est parfois nécessaire de traiter chaque question,
mais ce n’est pas toujours le cas. Il faut parfois se focaliser sur la question essentielle et
délaisser les questions accessoires. Par exemple, lorsque l’arrêt traite de deux questions,
qu’il résout respectivement par l’application d’une jurisprudence constante et par un
revirement de jurisprudence, on traitera plutôt de la question qui fait l’objet du
revirement.
Le plus souvent néanmoins, la présence de deux questions de droit entraînera le
développement de chaque question.
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Étape 3 : Elaboration du commentaire

Une fois la fiche d’arrêt rédigée, il faut passer à l’élaboration du plan du commentaire. Il
existe certains impératifs quant à la structure du plan et de l’introduction.

La structure générale du commentaire d’arrêt est la suivante :

• Introduction (approximativement un tiers du commentaire) : fiche d’arrêt à


laquelle s’ajoute l’énoncé du plan.
• Corps (approximativement deux-tiers du commentaire)
On ne fait pas de conclusion dans un commentaire d’arrêt. En effet, l’introduction, dans
la mesure où elle énonce la solution, fait déjà office de conclusion. Le raisonnement qui
permet d’atteindre cette solution fait pour sa part l’objet du corps du commentaire.

De la problématique posée découle le plan du commentaire, en principe en deux parties


et deux sous-parties. Les différentes parties du commentaire doivent être
coordonnées et non pas simplement juxtaposées. Il doit y avoir une logique
d’ensemble, un fil conducteur déterminé par la problématique générale. Le meilleur
conseil que l’on puisse donner est de ne pas chercher à faire à tout prix un plan
complexe, car les plans les plus simples sont souvent les meilleurs.

Néanmoins, deux éléments devront systématiquement être présents,


dans chaque (sous-)partie du commentaire :
• un élément théorique : chaque (sous-)partie étant consacrée à une idée précise, il
s’agit d’expliquer cette idée. Par exemple : telle solution est-elle conforme au droit ?
est-elle adaptée ? est-elle meilleure ou plus mauvaise que l’ancienne solution ?
l’application pratique de cette solution a-t-elle des conséquences dans d’autres
branches de la matière ou du droit ? cette solution est-elle une bonne chose ou un «
accident de parcours » ? a-t-elle vocation à devenir une solution de principe ? etc…
• un élément pratique : il s’agit d’illustrer le raisonnement abstrait développé dans
l’élément théorique par l’arrêt. On utilisera la célèbre formule « en l’espèce…». Il est
extrêmement important de ne pas oublier que cet élément pratique (cette
formule, en l’espèce…) devra être présent dans chaque (sous-)partie du
commentaire. Si elle est absente d’une (sous-)partie, c’est que cette partie est trop
théorique, trop orientée vers la dissertation.

Plans à éviter
- I. Pourvoi/ II. Solution (la 1ère partie peut être considérée comme hors sujet puisque ne
doit être commentée que la décision de la Cour de cassation).

- I. Solution CA/ II. Solution C. cass° (là encore on peut considérer la 1ère partie hors
sujet, pour la même raison).
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- I. Thèse/ II. Antithèse (c’est un plan trop théorique, alors que doit être commentée une
décision de justice). On ne le répètera jamais assez, un commentaire d’arrêt n’est pas
une dissertation. L’objet de l’étude est une décision de justice, donc un acte d’application
du droit. Ce n’est pas un exercice aussi large que la dissertation : il n’y a pas de sujet qui
puisse se comprendre de diverses manières, il n’y a qu’une décision de justice à laquelle
il faut se tenir. En conséquence, l’arrêt commenté doit être présent dans chacune des
parties du commentaire.

- I. Jurisprudence antérieure/ II. Solution nouvelle, dans l’hypothèse d’un arrêt opérant
un revirement de jurisprudence.
Les étudiants sont en effet tentés de retracer la jurisprudence antérieure dans une
longue partie historique. Cela sera généralement hors-sujet. Les rappels historiques ne
doivent être faits que lorsqu’ils sont nécessaires pour comprendre l’arrêt commenté,
éventuellement dans le IA, ou dans l’introduction.
Il est préférable dans l’hypothèse d’un arrêt de revirement d’opter pour : I. Les motifs du
revirement ; II. Les conséquences du revirement.

Plans possibles
- I. Solution/ II. Valeur (valeur de la décision en droit et éventuellement en
opportunité) et Portée (la décision a-t-elle été annoncée ? la décision est-elle suivie par
la jurisprudence postérieure) (plan difficile, les étudiants manquant le plus souvent de
connaissances à même d’alimenter cette seconde partie).
- I. Notion/ II. Régime
- I. Conditions/ II. Effets
- I. Causes/ II. Conséquences…

Transitions et annonce de plan dans chaque partie (v. ce qui a été dit à propos de la
dissertation).

Quelques remarques

- Il ne faut pas confondre le juge du fond et le juge du droit. La Cour de cassation et le


Conseil d’État ne jugent pas les faits, ils jugent exclusivement le droit. Par conséquent,
vous ne pouvez pas reprocher à la Cour de cassation ou au Conseil d’État de ne pas
suffisamment prendre en compte les spécificités factuelles de l’espèce. Vous pouvez
uniquement, si vous appréciez la valeur de l’arrêt (voir le plan Solution/Valeur et
portée), préciser que la solution est inopportune au cas d’espèce ou qu’elle le sera le
plus souvent.
- Il ne faut pas parler des « constatations » de la Cour de cassation. Les constatations
relèvent des faits et la Cour de cassation, qui ne peut pas juger les faits, ne fait en réalité
que reprendre les constatations des juges du fond (cour d’appel ou juge de première
instance). Il faut plutôt écrire : La Cour de cassation relève que les juges du fond ont
constaté que…
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- Il ne faut pas croire que le pouvoir souverain d’appréciation des juges du fond est un
pouvoir discrétionnaire ou arbitraire : il ne dispense pas le juge du fond de motiver sa
décision, c’est-à-dire d’expliquer comment la règle de droit s’applique aux faits de
l’espèce. S’il ne le fait pas, la décision pourra être cassée pour manque de base légale.
Il est souverain en ce sens que la Cour de cassation n’opère pas de contrôle sur ce
pouvoir d’appréciation qui concerne, par exemple, la notion d’erreur, (le contractant a-t-
il commis une erreur ?) la bonne foi, la valeur des éléments de preuve (ont-ils une force
probante suffisante ?), ou exceptionnellement certaines qualifications (y a-t-il ou non
trouble mental ?).
Le pouvoir souverain d’appréciation des juges du fond s’exerce cependant sous réserve
de dénaturation : le juge ne peut pas dénaturer un écrit clair, car celui-ci n’a pas besoin
d’interprétation. S’il le fait, la Cour de cassation censurera pour dénaturation.

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