Agreg Fourier
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Agreg Fourier
10 octobre 2019
Les séries de Fourier ont été introduites pour résoudre l’équation de la chaleur
∂t u(t, x) = ∂xx u(t, x),
(t, x) ∈ R∗+ × [0, π],
u(t, 0) = u(t, π) = 0, t>0 (0.1)
u(0, x) = u0 (x), x ∈ [0, π].
L’idée est de combiner des solutions élémentaires. Si u0 est une fonction de la forme x 7→
sin(nx) pour un certain n ∈ N, alors la fonction
2
(t, x) 7→ e−n t sin(nx)
est solution. Par linéarité de l’équation, si u0 est combinaison linéaire de telles fonctions sinus,
alors on sait également résoudre l’équation. Joseph Fourier affirme alors que toute fonction
u0 qui s’annule en 0 et π s’écrit comme somme infinie de fonctions sinus,
X
u0 (x) = bn sin(nx),
n∈N∗
Les fonctions σn : x 7→ sin(nx) jouent un rôle particulier dans cette histoire car ce sont,
en quelque sorte, des fonctions propres pour l’opérateur ∂xx :
σn00 = −n2 σn .
La valeur propre correspondante, −n2 , apparaît alors naturellement dans le facteur exponen-
tiel en temps.
La question qui est alors soulevée est celle de la « diagonalisation » de l’opérateur ∂xx .
Peut-on effectivement, comme l’affirme Fourier, écrire toute fonction comme « somme » de
fonctions propres ?
Même si Fourier a été un peu rapide en affirmant que c’était bien le cas, son observa-
tion occupe à double titre une place capitale dans l’histoire de l’analyse. D’une part, l’idée
fonctionne, et les séries de Fourier (et la transformée de Fourier, adaptée aux problèmes sur
tout R) est un outil absolument crucial en analyse (pour l’étude des équations aux dérivées
partielles, le traitement du signal,. . .). D’autre part, la nécessité de justifier l’observation de
Fourier a obligé les mathématiciens à mieux formaliser des concepts fondamentaux, telle que
la notion de fonction elle-même. Cela a par exemple été un tournant dans le développement
du calcul intégral, qui intervient dans la définition des coefficients de Fourier (en particulier,
l’intégrale devient un outil d’analyse, et n’est plus seulement destinée à calculer des aires).
1
Préparation à l’agrégation - Séries de Fourier
Définition 1.1. Soient T > 0 et f une fonction de R dans R. On dit que f est T -périodique
si pour tout x ∈ R on a
f (x + T ) = f (x).
Dans ces notes on se concentrera sur les fonctions 2π-périodiques. On remarque que si f
est T -périodique pour un certain T > 0, alors la fonction
xT
x 7→ f
2π
est 2π-périodique. Ainsi, tous les résultats obtenus pour des fonctions 2π-périodiques s’éten-
dront sans difficultés aux fonctions T -périodiques (voir la section 6).
D’autre part, une fonction 2π-périodique définit par passage au quotient une fonction sur
le tore (ou cercle, en dimension 1)
T = R/(2πZ).
Inversement, une fonction sur le cercle définit une fonction 2π-périodique sur R. Il est donc
équivalent de s’intéresser aux fonctions 2π-périodiques sur R ou aux fonctions sur le tore.
Enfin, une fonction f sur ]−π, π] (ou sur n’importe quel intervalle de longueur 2π) s’étend
par périodicité en une fonction f˜ définie sur R et 2π-périodique. Étant donné x ∈ R il existe
un unique couple (x0 , k) ∈] − π, π] × Z tel que x = x0 + 2kπ. On pose alors f˜(x) = f (x0 ), ce
qui définit une fonction f˜ sur R qui est bien 2π-périodique.
Il est important de noter que si f est continue ] − π, π], alors f˜ ne l’est pas forcément sur
R. La remarque vaut pour tous les niveaux de régularité (fonctions de classe C 1 , de classe
C ∞ , etc.).
De même, une fonction sur [0, π] (comme en (0.1)) peut d’abord être prolongée par im-
parité (ou parité) sur ] − π, π] avant d’être prolongée par 2π-périodicité.
en (x) = einx .
Définition 1.2. On appelle polynôme trigonométrique une combinaison linéaire des fonctions
en pour n ∈ Z. Un polynôme trigonométrique est donc une fonction de la forme
N
X
x 7→ cn einx ,
n=−N
avec N ∈ N et c−N , . . . , cN ∈ C.
On note qu’un polynôme trigonométrique est une fonction 2π-périodique et de classe C ∞
(et même analytique) sur R.
Une conséquence de ce premier résultat est que la famille (en )n∈Z est libre (dans le C-
espace vectoriel usuel des fonctions de R dans C). En particulier, si f est un polynôme
trigonométrique, alors l’écriture
N
X
∀x ∈ R, f (x) = cn e−inx (1.2)
n=−N
PN
est unique (au sens où s’il existe N ∈ N et c−N , . . . , cN , c̃−N , . . . , c̃N tels que n=−N cn einx =
PN inx
n=−N c̃n e pour tout x ∈ R, alors cn = c̃n pour tout n ∈ J−N, N K).
Proposition 1.4. Soient N ∈ N et c−N , . . . , cN ∈ C. On note f le polynôme trigonométrique
défini par (1.2). Alors pour tout n ∈ J−N, N K on a
Z π
1
cn = e−inx f (x) dx. (1.3)
2π −π
On note que le choix de noter a0 /2 le coefficient constant dans (1.4) est arbitraire, mais cela
permet d’avoir une expression uniforme pour les an , n ∈ N.
En général on n’utilise l’écriture (1.4) que si f est à valeurs réelles, auquel cas les coeffi-
cients an et bn sont réels (contrairement aux cn (f ) pour n ∈ Z).
On revient rapidement sur l’équation de la chaleur évoquée en introduction. On considère
maintenant le problème
∂t u(t, x) = ∂xx u(t, x),
(t, x) ∈ R∗+ × [−π, π],
u(t, −π) = u(t, π), t>0 (1.7)
u(0, x) = u0 (x), x ∈ [−π, π].
Par rapport à (0.1), on n’impose pas que la fonction s’annule au bord de l’intervalle. Il n’est
pas difficile de voir que si u0 est un polynôme trigonométrique, c’est-à-dire s’il existe N ∈ N
et c−N , . . . , cN ∈ C tels que
N
X
∀x ∈ [−π, π], u0 (x) = cn einx ,
n=−N
Année 2019-2020 3
Préparation à l’agrégation - Séries de Fourier
alors on obtient une solution de (1.7) en posant, pour tous t > 0 et x ∈ [−π, π],
N
X 2
u(t, x) = cn einx−n t .
n=−N
Ainsi, les polynômes trigonométriques sont des fonctions agréables quand il s’agit de
résoudre des équations différentielles sur le cercle. Mais c’est un cadre beaucoup trop restrictif,
et notre objectif est maintenant d’approcher (en un sens à déterminer) des fonctions aussi
générales que possible par des polynômes trigonométriques.
Une condition minimale pour pouvoir définir ces coefficients est que f soit intégrable
sur [−π, π]. On note L1per (R) l’ensemble des fonctions de R dans C localement intégrables et
2π-périodiques, quotienté par la relation d’égalité presque partout. Pour f ∈ L1per (R) on note
Z π
1
kf kL1per = |f (x)| dx.
2π −π
Une fonction continue par morceaux est en particulier localement intégrable. À un niveau
où l’intégrale de Lebesgue n’est pas connue, on peut se contenter de définir les séries de
Fourier pour des fonctions 2π-périodiques et continues par morceaux. Mis à part la section
4 sur la théorie L2 , tous les résultats de ce chapitre peuvent être restreints à ce cadre.
an (f ) − ibn (f ) an (f ) + ibn (f )
cn (f ) = et c−n (f ) = .
2 2
Et on peut calculer directement ces coefficients trigonométriques. Pour n ∈ N on a
1 π
Z
an (f ) = f (x) cos(nx) dx,
π −π
et pour n ∈ N∗ , Z π
1
bn (f ) = f (x) sin(nx) dx.
π −π
Dans ces notes, on a choisi de privilégier la représentation (1.9) plutôt que (1.11) pour la
série de Fourier de f . C’est un choix arbitraire, il est tout à fait possible de faire l’inverse.
Typiquement, si on ne s’intéresse qu’à des fonctions à valeurs réelles.
Proposition 1.5. (i) L’application f ∈ L1per (R) 7→ (cn (f ))n∈Z est linéaire. En outre pour
f ∈ L1per et n ∈ Z on a
|cn (f )| 6 kf kL1per .
c−n (f ) = cn (f ), an (f ) ∈ R, bn (f ) ∈ R.
Proposition 1.6. Soit k ∈ N∗ . Soit f : R → C une fonction de classe C k . Alors pour tout
n ∈ Z on a
cn (f (k) ) = (in)k cn (f ).
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Préparation à l’agrégation - Séries de Fourier
Démonstration. Le cas où k = 1 est une simple intégration par parties. Comme la fonction
x 7→ einx f (x) est 2π-périodique, ona
Z π
1
cn (f 0 ) = e−inx f 0 (x) dx
2π −π
Z π
1 −inx π 1
= e f (x) −π + ine−inx f (x) dx
2π 2π −π
= incn (f ).
cn (f ) −−−−−→ 0.
n→±∞
Bien entendu, via (1.10) ou par une preuve analogue à ce qui suit, on obtient un énoncé
analogue pour les coefficients an (f ) et bn (f ).
Démonstration. On commence par montrer le cas particulier. Si f est de classe C k alors
d’après les propositions 1.6 puis 1.5 on a pour n 6= 0
On considère maintenant une fonction f ∈ L1per (R). Soit ε > 0. Comme l’ensemble des
fonctions C 1 à supports compacts dans ] − π, π[ est dense dans L1 (−π, π), il existe g de classe
C 1 et à support compact dans ] − π, π[ telle que
Z π
1 ε
|f (x) − g(x)| dx 6 .
2π −π 2
Ainsi on a
4 X sin((2m + 1)x)
S(f )(x) = .
π (2m + 1)
m∈N
Exemple 1.9. On considère la fonction 2π-périodique f telle que f (x) = x pour tout x ∈
] − π, π]. Alors f est (presque partout) impaire. Pour n ∈ N on a alors an = 0 et
π
2 π 2 π cos(nx) 2(−1)n+1
Z Z
2 cos(nx)
bn = x sin(nx) dx = −x + dx = .
π 0 π n 0 π 0 n n
Ainsi on a
X 2(−1)n+1 sin(nx)
S(f )(x) = .
n
n∈N
On observe que pour ces exemples avec des fonctions à valeurs réelles, on est finalement
revenu aux coefficients trigonométriques pour les calculs.
On a alors
N N
X X 1 in(x−y)
SN (f )(x) = cn (f )einx = e f (y) dy
2π
n=−N n=−N (2.12)
Z π
1
= DN (x − y)f (y) dy.
2π −π
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Préparation à l’agrégation - Séries de Fourier
La fonction
f (x + y) − f (x+ )
y 7→
sin y2
est continue par morceaux sur ]0, π] et admet une limite finie en 0, donc elle s’étend en une
fonction continue par morceaux sur [0, π]. D’après le lemme de Riemann-Lebesgue (proposi-
tion 1.7), on obtient
Z π
(2N + 1)y f (x + y) − f (x+ )
1
sin dy −−−−−→ 0.
sin y2
2π 0 2 N →+∞
D’où le résultat.
Remarque 2.3. Attention, il existe des fonctions continues dont la série de Fourier n’a pas de
limite simple. Voir par exemple l’exercice 4 p. 264 de [Gourdon].
En particulier, la limite de S2M (x) est dans [-1,1] pour tout x ∈ R. On observe pourtant (voir
figure 1) que
lim inf kS2M (f )kL∞ (R) > 1.
M →+∞
En effet on peut calculer
M −1
4 X sin mπ π
M + 2M
π
S2M =
2M π m=0 2m + 1
M −1
4 X sin mπ
M 1
= 2m + O
πM m=0 M M →+∞ M
Z 1
2 π sin(t)
Z
4 sin(sπ)
−−−−−→ ds = dt.
M →+∞ π 0 2s π 0 t
Or on peut vérifier (par exemple par approximation numérique) que
Z π
sin(t) π
dt > .
0 t 2
Ce phénomène, qui n’est absolument pas en contradiction avec la convergence simple rappelée
en (2.15), est appelé phénomène de Gibbs, et doit être pris en compte en traitement du signal.
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Exercice 1. Soit f la fonction 2π-périodique telle que f (x) = ex pour tout x ∈ [−π, π[.
1. Calculer les coefficients de Fourier de f .
X 1 X (−1)n
2. En déduire les sommes des séries 2
et .
∗
n +1 ∗
n2 + 1
n∈N n∈N
Théorème 3.1 (Théorème de Fejér). Soit f une fonction 2π-périodique continue. Alors
σN (f ) converge uniformément vers f sur R quand N tend vers +∞.
D’après (2.13) on a
Z π N −1 Z π
1 1 X 1
Kn (x) dx = Dn (x) dx = 1. (3.18)
2π −π N n=0 2π −π
Or
N −1 Nx
X
inx i x ix eiN x − 1 sin 2 iN x
e e 2 =e 2
ix
= x e 2 ,
n=0
e −1 sin 2
Figure 2 – K10
donc
Nx 2
sin 2
Kn (x) = 2 . (3.19)
N sin x2
On observe en particulier que KN (x) > 0 pour tout x ∈ R.
• Comme f est continue et 2π-périodique, elle est uniformément continue. Pour η > 0 on
note
ω(η) = sup |f (x1 ) − f (x2 )| .
x1 ,x2 ∈R
|x1 −x2 |6η
Pour N ∈ N et x ∈ R on a
Z π
1
|σN (f )(x) − f (x)| 6 Kn (y) |f (x − y) − f (x)| dy.
2π −π
Comme Z η Z η
1 1
Kn (y) |f (x − y) − f (x)| dy 6 Kn (y)ω(η) dy 6 ω(η)
2π −η 2π −η
et
2 kf k∞
Z
1
Kn (y) |f (x − y) − f (x)| dy 6 2 kf k∞ sup KN (y) 6 ,
2π [−π,π]\[−η,η] η6|y|6π N sin η2
cela donne
2 kf k∞
kσN (f ) − f k∞ 6 ω(η) + .
N sin η2
ε
Soit ε > 0. Il existe η ∈]0, π[ tel que ω(η) 6 2 puis, η étant ainsi fixé, il existe N0 ∈ N tel
2kf k∞ ε
que N0 sin( η2 )
6 2. Pour tout N > N0 on a alors
kσN (f ) − f k∞ 6 ε.
D’où le résultat.
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3.3 Version Lp
On a vu dans la démonstration du théorème 3.1 que σN (f ) est le produit de convolution
de f avec le noyau KN défini en (3.16).
Proposition 3.6. La suite (KN )N ∈N est une suite d’approximation de la masse de Dirac.
Démonstration. On sait d’après (3.19) et (3.18) que pour tout N ∈ N on a KN > 0 et
kKN kL1per = 1. Soit maintenant η ∈]0, π[. On a
Z
2π
KN (x) dx 6 2π sup KN (x) 6 η −−−−−→ 0.
η6|x|6π η6|x|6π N sin 2
N →+∞
Proposition 4.1. L’application définie par (4.20) est un produit scalaire sur L2per . En outre
L2per est complet pour la norme associée. Ainsi, L2per muni du produit scalaire (4.20) est un
espace de Hilbert.
Proposition 4.2. La famille (en )n∈Z est une base hilbertienne de L2per .
Démonstration. La famille (en )n∈Z est dénombrable est elle est orthonormée d’après le lemme
1.3. D’après le théorème 3.4, on sait que l’ensemble des polynômes trigonométriques est dense,
au sens de la norme uniforme et donc dans L2per , dans l’ensemble des fonctions continues et 2π-
périodiques. Par ailleurs, on sait que les fonctions continues à supports compacts dans ]−π, π[
sont denses dans L2 (−π, π). Par prolongement périodique, on obtient que les fonctions conti-
nues et 2π-périodiques sont denses dans L2per . Finalement, les polynômes trigonométriques
sont denses dans L2per .
On observe que pour f ∈ L2per et n ∈ Z on a
cn (f ) = hf, en i ,
de sorte que SN (f ) n’est autre que le projeté orthogonal de f sur le sous-espace vectoriel
engendré par la famille {e−N , . . . , eN }. En particulier, pour tout N ∈ N on a SN (f ) ∈ L2per
et
kSN (f )kL2per 6 kf kL2per .
On déduit également de la théorie générale des espaces de Hilbert les résultats suivants.
Proposition 4.3 (Convergence au sens de la norme quadratique de la série de Fourier).
Pour tout f ∈ L2per on a
kf − SN (f )kL2per −−−−−→ 0.
N →+∞
1 X
f (x)g(x) dx = cn (f )cn (g).
2π
n∈Z
|cn (f )| −−−−−→ 0.
n→±∞
On note enfin que l’identité de Parseval permet également de calculer des séries numé-
riques.
Exemple 4.8. On reprend les calculs de l’exemple 2.4. Alors l’identité de Parseval donne
Z π
x2
8 1 4 1 X 16
= 1 − 2 dx = + ,
15 2π −π π 9 2 ∗
π 4 n4
n∈N
et donc
X 1 π4
4
= .
∗
n 90
n∈N
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Préparation à l’agrégation - Séries de Fourier
On commence par généraliser le résultat de la proposition 1.6 pour une fonction qui n’est
pas tout à fait de classe C 1 .
Proposition 5.1. Soit f une fonction 2π-périodique, continue, et C 1 par morceaux. Alors
f 0 est bien définie presque partout, elle définit une fonction dans L1per , et pour tout n ∈ N on
a
cn (f 0 ) = incn (f ).
k Z
0 1 X aj −inx 0
cn (f ) = e f (x) dx
2π j=1 aj−1
k k Z aj
1 X −inaj −inaj−1
in X
= e f (aj ) − e f (aj−1 ) + e−inx f (x) dx
2π j=1 2π j=1 aj−1
k Z
in X aj −inx
= e f (x) dx
2π j=1 aj−1
= inc(f ).
Proposition 5.2. Soit f une fonction 2π-périodique, continue, et C 1 par morceaux. Alors
la série de Fourier de f converge normalement vers f .
Cela prouve que la série de Fourier de f converge normalement. D’après le corollaire 3.2, la
limite est nécessairement f , et la démonstration est complète.
6 Fonctions T -périodiques
Soit T > 0. Si T est une fonction T -périodique, alors la fonction
xT
g : x 7→ f
2π
Z T
2 2 2πnx
aT,n (f ) = f (x) cos dx, ∀n ∈ N,
T − T2 T
Z T
2 2 2πnx
bT,n (f ) = f (x) sin dx, ∀n ∈ N∗ ,
T − T2 T
Ce sont exactement les coefficients de Fourier de g tels qu’on les a définis précédemment. De
même, on pose
N N
X 2iπnx a0 X 2πnx 2πnx
ST,N (f )(x) = cT,n (f )e T = + aT,n (f ) cos + bT,n (f ) sin .
2 n=1 T T
n=−N
Ainsi, en appliquant à g tous les théorèmes de convergence pour les séries de Fourier, on
obtient des résultats analogues pour la convergence de ST,N (f ) vers f .
On note L2T l’espace des fonctions localement intégrables et T -périodiques, quotienté par
la relation d’égalité presque partout. C’est un espace de Hilbert pour la norme définie par
Z T
2 1 2
2
kf kL2 = |f (x)| dx.
T T − T2
2iπnx
La famille des fonctions eT,n : x 7→ e T pour n ∈ Z est alors une base Hilbertienne pour
cette espace et cT,n (f ) = hf, eT,n i. En particulier l’inégalité de Parseval s’écrit
2
X 2
kf kL2 = |cT,n (f )| .
T
n∈Z
2π
Pour alléger les notations, on peut éventuellement noter ω la pulsation T .
et
ku(t, ·) − u0 kL2per −−−→ 0. (7.22)
t→0
où pour n ∈ Z on a noté Z π
1
cn (t) = e−inx u(t, x) dx.
2π −π
En outre, d’après la proposition 5.2, la convergence de la série est normale. Soient n ∈ Z et
t > 0. Comme u est de classe C 1 sur le compact 2t , 2t × [−π, π], on obtient par le théorème
de dérivation sous l’intégrale que la fonction cn est dérivable en t et
Z π Z π
1 1
c0n (t) = e−inx ∂t u(t, x) dx = e−inx ∂xx u(t, x) dx.
2π −π 2π −π
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Préparation à l’agrégation - Séries de Fourier
1 X π in(x−y)
Z
2
u(t, x) = e u0 (y)e−n t dy.
2π −πn∈Z
∂j ∂k X 2
j k
K(t, x) = (−n2 )j (in)k einx e−n t .
∂t ∂x
n∈Z
En particulier,
∂t K = ∂xx K.
Pour tout y ∈ [−π, π] la fonction (t, x) 7→ K(t, x − y)u0 (y) est de classe C ∞ sur R∗+ × R. En
outre, pour a > 0 et j, k ∈ N il existe C > 0 tel que pour tout t > a, x ∈ R et y ∈ [−π, π] on
a
∂j ∂k
K(t, x − y)u0 (y) 6 C |u0 (y)| .
∂tj ∂xk
Par le théorème de dérivation sous l’intégrale, on en déduit que u est de classe C ∞ sur R∗+ ×R
et que pour tous j, k ∈ N et (t, x) ∈ R∗+ × R on a
π
∂j ∂k ∂ j+k K
Z
1
u(t, x) = (t, x − y)u0 (y) dy.
∂tj ∂xk 2π −π ∂tj ∂xk
En particulier,
∂t u = ∂xx u.
Il reste à montrer (7.22). Pour t > 0 on note cn (t), n ∈ Z, les coefficients de Fourier de
u(t, ·). On note également cn (0), n ∈ Z, ceux de u0 . Soient t > 0 et x ∈ R. Comme
Z π X
2
ein(x−y) e−n t u0 (y) dy < +∞,
−π n∈Z
et Z 2π
1 2
X 2
|g 0 (x)| dx = n2 |cn | .
2π 0 n∈Z
En outre on a Z 2π
c0 = g(x) dx = 0,
0
donc Z 2π Z 2π
2 2
|g(x)| dx 6 |g 0 (x)| dx.
0 0
(b−a)y
D’où le résultat après le changement de variable x = a + 2π .
Année 2019-2020 17
Préparation à l’agrégation - Séries de Fourier
|A| 6 π,
Évidemment, ce résultat n’a de sens que si on peut interpréter géométriquement les quan-
tités impliquées (voir en particulier le théorème de Green-Riemann).
Démonstration. Quitte à remplacer γ par t 7→ γ(2π − t) (ce qui revient à changer le sens
de parcourt de la courbe), on peut supposer que A > 0. On étend γ en une fonction 2π-
périodique de R dans C, qu’on note encore γ. Alors γ est 2π-périodique, continue et C 1
par morceaux. On note cn , n ∈ Z, ses coefficients de Fourier. D’après la proposition 5.1, les
coefficients de Fourier de γ 0 sont alors donnés par incn , n ∈ Z. D’après l’identité de Parseval
(voir la remarque 4.5), on a alors
πX X 2
A= cn −incn = π n |cn | .
i
n∈Z n∈Z
Par ailleurs on a Z 2π
1 2
X 2
1= |γ 0 (t)| dt = n2 |cn | .
2π 0 n∈Z
Ce n’est possible que si cn = 0 pour n ∈ / {0, 1}. Dans ce cas, pour tout t ∈ [0, 2π] on a
γ(t) = c0 + c1 eit . Ainsi γ décrit le cercle de centre c0 et de rayon |c1 | (qui est nécessairement
égal à 1 puisque 1 = |γ 0 (t)| = |c1 |).
En fait, il est suffisant de supposer que f : R → C est continue, intégrable, qu’il existe
α > 1 et C > 0 tels que
C
∀x ∈ R, |f (x)| 6 α (7.23)
(1 + |x| )
(ce qui assure en particulier que la série du membre de gauche est convergente) et
X
|fˆ(n)| < +∞.
n∈Z
C C
|fn (x)| 6 α
6 .
(1 + |x + n|) (1 + |n| − R)α
α
P P
Comme α > 1, la série n>R C(1 + n − R) converge, donc la série n∈Z fn converge
normalement sur tout compact de R. En particulier, sa somme S est continue sur R. En
outre pour x ∈ R on a
X X
S(x + 2π) = fn (x + 2π) = fn+1 (x) = S(x),
n∈Z n∈Z
donc S est 2π-périodique. On note (cn )n∈Z ses coefficients de Fourier. Pour n ∈ Z on a
Z 2π
1 X
cn = e−inx fn (x) dx.
2π 0 n∈Z
P
Puisque la série n∈Z fn converge normalement sur [0, 2π], on peut intervertir série et inté-
grale, de sorte que
1 X 2π −inx fˆ(n)
Z Z
1
cn = e f (x + 2πn) dx = e−inx f (x) dx = .
2π 0 2π R 2π
n∈Z
P 1
P ˆ
Enfin, on a n∈Z |cn | = 2π n∈Z |f (n)| < +∞, donc la série de Fourier de S converge
normalement (vers S, car S est continue). En particulier on a
X 1 X ˆ
S(0) = cn = f (n).
2π
n∈Z n∈Z
D’où le résultat.
La fonction θ est une fonction spéciale qui apparaît dans certains problèmes (par exemple
l’étude de la fonction ζ).
Proposition 7.6. Pour t > 0 on a
1 1
θ(t) = √ θ .
t t
Alors f est dans S(R) et pour tout ξ ∈ R on a (voir le calcul de la transformée de Fourier
d’une Gaussienne) :
2π πξ2
fˆ(ξ) = √ e− t .
t
D’après la formule sommatoire de Poisson on a alors
X 1 X ˆ 1 1
θ(t) = f (2πn) = f (n) = √ θ .
2π t t
n∈Z n∈Z
Année 2019-2020 19