Le Complexe D'oedipe

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EXPLICATION DE L’OEDIPE

Dire que l’enfant va s’identifier au parent de même sexe, et se différencier de celui de sexe
opposé est une première définition de l’Œdipe que nous compléterons plus tard.
Auparavant il faut retenir :
1. un “ Œdipe ” qui se passe bien ouvre la voie d’une bonne scolarité.
2. un “ Œdipe ” qui se passe bien va agir comme un rappel de vaccination efficace contre les
troubles névrotiques de l’enfance, de l’adolescence et de la vie du futur adulte.
C’est pour ces raisons qu’il est important de comprendre en quoi consistent cette phase
oedipienne, son impact sur la structure de la personnalité ainsi que son influence sur la future
vie affective, sexuelle, intellectuelle, et sociale des enfants.
Pour aborder cette période dans de bonnes conditions, l’enfant doit avoir auparavant bien
passé les épreuves précédentes de sa première enfance.
Ainsi, l’alimentation et l’apprentissage de la propreté, ne doivent pas être des terrains
conflictuels, l’enfant doit, être bien installé dans son langage, avoir acquis une bonne
autonomie et la capacité à entrer avec aisance en relation avec les autres. C’est à dire que
l’enfant arrive dans cette phase en harmonie.
Dans les conditions les plus favorables, l’enfant a dû se développer dans les variations de la
normale sur le plan psychomoteur, affectif et intellectuel.
Sa personnalité a acquis une maturité suffisante dans son évolution pour aborder sans
encombre les richesses qui l’attendent sur ce nouveau palier.
IL FAUT SAVOIR : que la période œdipienne bouleverse et remanie les défenses psychiques.
Aussi, des difficultés antérieures peuvent trouver là une bonne occasion d’évoluer. Les
périodes de grands changements sont toujours des nouvelles chances de réensemencer un
terrain devenu peu fertile ou qui est resté en friche.
Nous savons l’importance de la manière dont s’effectuent les différentes “ séparations ” qui se
succèdent dans la première enfance à chaque fois que l’enfant prend son indépendance
corporellement : A propos de l’alimentation, du sommeil, ou de l’apprentissage de la propreté.
L’Œdipe va consister lui aussi en une nouvelle étape vers l’autonomie.
Les mouvements psychiques qui ont lieu pendant l’Œdipe s’appuieront sur les modèles
précédents que nous venons de rappeler. Si les passages successifs d’une relation de
dépendance vers une relation d’indépendance ne se sont pas bien passés auparavant, l’Œdipe
risque donc de ne pas bien se passer.
L’Œdipe est une période très sensible parce que le psychisme de l’enfant est dans une
dynamique de remaniement. Comme l’enfant se repositionne dans ses rapports avec ses
parents, et dans sa place de garçon ou de fille, ses défenses et modes relationnels habituels
s’assouplissent pour permettre l’évolution psychique.
C’est pourquoi, même si ces “ vaccins ” qui ont eu lieu depuis la naissance se sont mal passés
et n’ont pas bien “ pris ”, l’Œdipe peut être l’occasion d’une nouvelle vaccination, parce qu’il
rejoue aussi sous une autre forme la même problématique de la séparation.

L’Œdipe est donc situé temporellement comme une véritable charnière entre la petite
enfance et la seconde enfance.

On pourrait nommer l’Œdipe comme : la crise d’adolescence primaire.


Ce temps particulier de l’Œdipe a en grande partie la même valeur que la crise d’adolescence
qui rejouera une dernière fois les mêmes problématiques psychiques autour de l’autonomie, la
différenciation, l’identité, mais avec un corps qui cette fois sera biologiquement adulte et avec
une sexualité génitalisée.

POURQUOI EST-IL IMPORTANT POUR L’ENFANT DE BIEN ABORDER CETTE


PHASE ŒDIPIENNE?
Beaucoup de difficultés psychologiques de l’adulte proviennent de cet âge .
Pourquoi ? Parce que les problématiques névrotiques proviennent des problématiques mal
résolue entre 3 et 5 ans et se fixent à cet âge et entravent fortement la vie d’un enfant ou lui
barreront la route plus tardivement : par des conduites d’échecs scolaires, puis socio –
professionnelles, affectives, relationnelles et amoureuses, sans parler des conduites ou des
pathologies douloureuses liées à la dépression ou à la lutte contre la dépression .
Ces troubles sont, avec les manifestations d’angoisses, les rejetons d’un développement
insuffisant ou perturbé de ce que Freud a appelé le complexe d’Œdipe.
La souffrance qui peut être très importante et les symptômes très invalidants peuvent
s’exprimer par des humeurs parfois gravement dépressives.
Ce sont des cas repérables par les psychologues et les psychanalystes qui nécessiteront
absolument une aide psychothérapeutique adaptée.
NOTES
Notions sommaires de psychopathologie, servant de repères :
Il y a une sorte hiérarchie et de priorités chronologiques dans le développement,
que l’on retrouvera aussi dans les symptômes qui expriment la souffrance.
Pour certains sujets, en cas de souffrance ingérable psychiquement par ses mécanismes de
défense, va régresser à des stades antérieurs ou stagner à un stade inachevé de son
développement. D’une certaine façon et très sommairement il y a trois principales structures
ou organisations psychopathologiques :
1. Une régression à des stades précoces de 0 à 6 mois correspondra à la structure psychotique
qui s’exprimera par des angoisses de morcellement terrifiantes caractéristiques de cet âge de
régression. L’image du corps est encore parcellaire, indifférenciée entre le dedans et le dehors
et totalement dépendante des sensations internes et externes, comme nous l’avons expliqué au
chapitre précédent. Elle n’est pas encore réunie en un tout unifié dans l’espace et le temps.
L’enfant psychotique perçoit son corps comme des petits morceaux séparés et correspondant
chacun à des sensations indépendantes. les enfants et les adultes psychotiques perdent le
contact avec la réalité.
Pour induire de telles pathologies, la capacité d’attachement du nourrisson et la compétence
correspondante de la mère, son miroir, la préoccupation maternelle primaire, ont fait
gravement défaut en l’absence de la fonction paternelle.

2. Une régression ou une stagnation problématique à des périodes situées entre 6 mois
(apparition des dents, séparation liée à l’autonomie alimentaire et au sevrage) et un an (début
de l’autonomie de la marche et séparation liée à la distanciation spatiale) engendrera une
angoisse de séparation et les pathologies correspondantes sont appelées état limites ou
narcissiques qui sont des pathologies du lien caractérisées par une dépression profonde et
l’angoisse d’abandon, de perte de l’objet d’amour.
Ces enfants garderons le contact avec la réalité, mais auront de très graves troubles du
comportement et de l’adaptation qui les obligent presque toujours à suivre une scolarité dans
des établissement spécialisés dans les cas les plus difficiles. Mais on peut retrouver
également des adolescents ou des adultes, qui auront des fixations liées à cette structure
autour de la dépendance, comme les joueurs compulsifs, les anorexies et les boulimies,
certains délinquants et toxicomanes. Les phénomènes psychosomatiques sont aussi souvent
liés à cette période.
Tout dépendra du poids des divers éléments de l’anamnèse, du degré atteint de “ permanence
de l’objet ” et de ces passages délicats que sont l’angoisse du 8éme mois, le stade du miroir,
qui ont lieu pendant cette position dépressive que nous avons abordé en parlant des petits.
3. Une régression ou une problématique située entre 3 et 6 ans engendrera une angoisse de
castration dont les pathologies correspondantes sont névrotiques. Les névroses sont surtout
des angoisses qui vont amener le sujet à échouer, à éviter des situations, à avoir des peurs
paniques, et toutes sortes de comportements irrationnels et irrépressibles qui sont en
apparence absurdes. La souffrance est importante. Ces symptômes empêchent le sujet de vivre
correctement sa vie en l’invalidant. Les angoisses sont du ressort de l’inconscient et ne
peuvent se raisonner. La dépression est l’un des avatars de la névrose. Pour les adultes les
échecs répétés seront d’ordre professionnel, amoureux, sexuel, ou social. Chez l’enfant qui
n’a pas terminé son développement, les inhibitions pourront aller des atteintes aux échecs
d’ordre intellectuels. Les problèmes seront relationnels et affectifs. Les phobies ou l’angoisse
trouveront aussi leurs voies d’expression en entravant la vie de l’enfant.

Généralement on ne connaît qu’une version très incomplète et erronée de l’Œdipe : “ il est


amoureux de sa mère ou elle veut se marier avec son père ”.
Ce cliché est plus que réducteur, car il masque l’essentiel que l’on doit retenir du complexe
d’œdipe.

ŒDIPE et l’origine oubliée de la malédiction des Labdacides


Généralement on ne connaît qu’une version très incomplète et erronée de l’Œdipe : “ il est
amoureux de sa mère ou elle veut se marier avec son père ”.
Ce cliché est plus que réducteur, car il masque l’essentiel que l’on doit retenir du complexe
d’Œdipe.
Freud a analysé le drame mythologique repris par Sophocle et qui fait partie du berceau de
notre civilisation au même titre que l’Iliade et l’Odyssée, et l’ancien Testament. Il a pensé que
les actes mis en scènes dans la pièce dramatique exprimaient crûment il y a 24 siècles les
fantasmes que nous chassons aujourd’hui au fond de nous afin de nous structurer et de vivre
en société.
Lorsqu’on connaît l’histoire d’Œdipe on peut penser que ce jeune homme était sans doute le
seul à ne pas avoir de complexe ! Mais Freud en a décidé autrement en associant son nom au
fameux complexe.
Le complexe d’Œdipe est universel, même si parfois il peut avoir des formes variées avec des
substituts parentaux qui restent équivalentes.

-Le complexe d’Œdipe est une étape du développement psychique qui aboutit à
l’intégration des données fondamentales de la personnalité en la structurant, c’est à
dire:
- L’interdit fondamental de l’inceste
- La différence entre les générations.
- La différence entre les sexes.
- L’interdit de l’inceste va constituer l’ interdit - prototype qui engendrera tous les
autres interdits.
- Ces interdits amènent à désirer d’ autres choses ailleurs et autrement.
- Le respect de la vie, l’interdit du meurtre et la différence entre la vie et la mort en
découlent, ainsi que l’inscription dans une origine et un devenir.

Reprenons l’histoire à la source, d’abord parce qu’elle fait partie du berceau de notre
civilisation, et aussi parce qu’elle contient tout ce qu’il y a à comprendre de cette période de
grande structuration qu’est le complexe d’Œdipe.
Même parmi les professionnels, bien peu ont eu l’occasion de connaître la
véritable histoire d’Œdipe reprise par Sophocle. Alors écoutez cette histoire, vous verrez
ensuite comme ce “ complexe ”, ainsi nommé par Freud, sera clair.
Voici donc l’origine oubliée de la malédiction des Labdacides :

1) Il était une fois un homme nommé Laïos, qui enleva le fils d’un roi chez qui il était
réfugié. (Entendez par enlèvement un viol, c’est-à-dire un premier crime qui ne respecte
pas la différence de générations, ni la différence des sexes, et qui sera sans descendance
car homosexuel. Ce premier crime sera oublié, disons refoulé dans l’inconscient)
2) Plus tard, Laïos, roi de Thèbes, épouse Jocaste. Un oracle dit que le fils que Laïos aura de
Jocaste sera son meurtrier. (L’Oracle est le retour sous une forme transformée du souvenir
du premier crime, celui du père –c’est ce que l’on appelle le retour du refoulé, cela
fonctionne exactement comme dans le “ travail ” des rêves, ou les contes pour enfants ou
la plupart des mythes-.
3) Laïos a un fils de Jocaste. Pour contrer l’Oracle, il confie le bébé à un berger qui doit lui
couper les tendons du pied ou lui percer le pied et l’exposer aux vautours. Les tendons du
pied coupés, la vie de l’enfant est sauvée par le berger. L’enfant qui sera boiteux (Œdipe
signifie boiteux) sera adopté par le roi et la reine de Corinthe. (Cet acte de sauvegarde, est
un refoulement supplémentaire car il met à distance l’enfant qui doit tuer le père et qui
rappelle le crime de celui-ci)
4) En grandissant, Œdipe apprend une partie de l’Oracle à Delphes. Le voile sur son origine
reste maintenu, mais il sait qu’il va tuer son père et épouser sa mère. Une telle
abomination est insupportable et Œdipe fuit ses parents –adoptifs.
5) Dans sa fuite, un attelage qu’il croise ne veut pas lui céder le passage. A la suite du
combat dont il sort victorieux, son adversaire, Laïos trouve la mort. (Première partie de
l’Oracle réalisée). Œdipe arrive à Thèbes (le retour d’Œdipe est un retour de ce qui était
mis à distance) Là, il apprend que Créon (le frère de Jocaste, qui est devenu régent après
la mort du Roi) veut sauver la ville en prise avec un monstre qui pose des énigmes et
dévore toutes les victimes qui échouent. Celui qui délivrera la ville de ce fléau deviendra
le Roi de Thèbes et épousera la Reine.
6) Œdipe rencontre le Sphinx, qui a une tête de femme et un corps de lion, (l’aspect
monstrueux et pervers est lié au mélange des espèces et des sexes). Le Sphinx lui pose son
énigme :
“ Quel est l’animal qui marche le matin à quatre pattes, à midi à deux pattes et le soir à trois
pattes ? ”
Œdipe le boiteux fait le lien entre les pieds et l’homme, et le Sphinx est contraint à se
précipiter dans le vide. C’est ainsi que se réalise la deuxième partie de l’Oracle : Œdipe
épouse sa mère et a pris la place de son père.
Œdipe a eu deux fils et deux filles avec Jocaste. (ses frères et sœurs sont donc aussi ses
enfants) : Polynice et Étéocle, Antigone et Ismène.

La malédiction continue :
Seulement voilà il ne faut pas s’arrêter là. Il y a une suite qui donne tout le sens de ce mythe
fondateur car la malédiction ne s’arrête pas là…
1) Un nouveau fléau frappe de stérilité Thèbes. Créon consulte l’Oracle : le meurtrier de
Laïos doit être chassé pour que le fléau cesse. Le prophète Tirésias désigne Œdipe qui dut
partir de Thèbes. Apprenant alors que ses parents adoptifs n’étaient pas ses vrais parents, il
finit par connaître toute la vérité. Jocaste apprenant ainsi avec horreur qu’elle était la mère
et l’épouse d’Œdipe, se pend, alors qu’Œdipe se creva les yeux et parti en exil à Colone
avec sa fille Antigone (dont le nom signifie contre la vie, stérile).
2) Après la mort d’Œdipe la rivalité de ses deux fils pour le trône les amenèrent à se tuer l’un
l’autre. Créon enterra Étéocle mais fit jeter le corps de Polynice qu’il considérait comme
un traître et interdit qu’on y touchât.
3) Antigone désobéît et donna une sépulture à son frère. Créon fut contraint à la condamner à
être enterrée vivante pour avoir désobéi.
4) Tirésias le prophète ordonna alors à Créon d’enterrer les morts et de déterrer les vivants.
Créon enterra à nouveau Étéocle, ce qui fût le premier acte symbolique (où la loi est en accord
avec le respect de l’humanité) de cette longue série de malédiction.
Antigone était morte, son fiancé se tua, et Créon devint fou.

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