Praxematique 2855
Praxematique 2855
Praxematique 2855
32 | 1999
L'imparfait dit narratif
Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/praxematique/2855
DOI : 10.4000/praxematique.2855
ISSN : 2111-5044
Éditeur
Presses universitaires de la Méditerranée
Édition imprimée
Date de publication : 1 janvier 1999
Pagination : 167-188
ISSN : 0765-4944
Référence électronique
Louis de Saussure et Bertrand Sthioul, « L'imparfait narratif : point de vue (et images du monde) »,
Cahiers de praxématique [En ligne], 32 | 1999, mis en ligne le 01 janvier 2010, consulté le 29 mars 2021.
URL : http://journals.openedition.org/praxematique/2855 ; DOI : https://doi.org/10.4000/
praxematique.2855
1. Introduction
1 La recherche sur l'imparfait, et en particulier sur l'imparfait dit narratif, dont cet article
espère rendre compte, a été menée dans une réflexion générale sur les temps verbaux
et la référence temporelle dans le cadre de la théorie de la pertinence de Sperber et
Wilson et des travaux de Jacques Moeschler à Genève. Les désinences verbales sont,
pour la théorie de la pertinence, des expressions linguistiques dénuées de signification
conceptuelle, mais qui fournissent un certain nombre d'instructions organisées entre
elles qui permettent au destinataire de situer les événements dans le temps, et le cas
échéant, de tirer un certain nombre d'effets supplémentaires. C'est dans ce cadre que
nous défendrons dans cet article la proposition générale selon laquelle l'imparfait
déclenche un traitement instructionnel à partir d'une unique sémantique
fondamentale.
2 Après être revenus sur les notions essentielles de la théorie de la pertinence, nous
évoquerons ce que les approches traditionnelles de l'imparfait en termes de référence
temporelle ont apporté, en rappelant brièvement les insuffisances de ces descriptions.
Nous développerons alors une description de l'imparfait et en particulier de l'imparfait
narratif selon de nouvelles hypothèses, avant de tenter d'établir ce que pourrait être la
procédure générale de l'imparfait.
dénotant soit un état de fait, soit une pensée au sujet d'un état de fait. Dans ce dernier
cas, l'énoncé représente alors une pensée distincte de celle du locuteur à S (speech
point), ou dans des termes empruntés à Damourette et Pichon, une pensée distincte de
celle du locuteur au moi-ici-maintenant.
8 Cette distinction référentielle divise, de manière plus générale, les usages dits
descriptifs, dans lesquels l'énoncé décrit un état de fait, et les usages dits interprétatifs,
lorsqu'il s'agit d'une pensée représentée. Ce dernier cas concerne les usages non-
littéraux du langage, mais aussi les cas d'ironie par exemple ; pour ce qui est des temps
verbaux, c'est par cet usage interprétatif qu'on peut rendre compte de divers emplois
comme le style indirect libre, mais aussi le présent historique ou narratif comme en (1),
le passé composé à référence future (2), le plus-que-parfait qui fait progresser le temps
après un passé simple (3), et même des emplois focalisés du passé simple (4), tels qu'ils
ont été présentés dans Sthioul (1998).
(1) Un agneau se désaltérait dans le courant d'une onde pure. / Un loup survient à
jeun qui cherchait aventure.
(2) Dans un an, j'ai fini ma thèse.
(3) Il prononça une formule magique. En un éclair, le monstre avait disparu.
(4) Paul sortit. Il fit bigrement froid.
9 La procédure déclenchée par l'imparfait montrera notamment par quel cheminement
le destinataire parvient à interpréter certains prédicats à l'imparfait comme
introduisant un usage interprétatif dans lequel un point de vue particulier est adopté
par le destinataire, point de vue qui ne correspond pas au moi-ici-maintenant du
locuteur ; les imparfaits narratifs entrent pour nous dans cette catégorie.
présent, c'est-à-dire à S, voire dans le futur. En d'autres termes, E peut être vrai dans le
présent ou le futur, mais l'imparfait n'exprime que la concomitance de E avec R. C'est
ainsi qu'on comprend la possibilité de (7) et la difficulté de (8) et (9) (sauf dans le cas
d'une interprétation en termes de style indirect libre) :
(7) Il y a une heure, Paul lisait le journal, et ça n'est pas près de changer.
(8) ? Au moment où je vous parle, Paul lisait le journal.
(9) ? Dans une heure, Paul lisait le journal.
13 Enfin, le point c), qui pose l'inclusion de R dans E, précise donc que le situeur donne la
référence temporelle de E mais aussi détermine un intervalle relativement auquel le
procès est non-borné ; E doit au minimum être vrai de la période donnée par R. En (10),
exemple emprunté à Ducrot, le procès à l'imparfait trouve en effet ses conditions de
vérité sur l'ensemble de la période, et il est impossible d'avoir une restriction
temporelle comme mais seulement en mai, tandis qu'elle ne pose pas de problèmes à
d'autres temps du passé, comme en témoigne (11) :
(10) L'année dernière, Paul habitait à Paris (*mais seulement en mai).
(11) L'année dernière, Paul a habité / habita à Paris, mais seulement en mai.
14 La question la plus importante concerne l'idée d'une inclusion de R dans E. Cette
hypothèse a en effet deux conséquences notoires.
15 La première concerne le blocage des implications d'achèvement. En effet, même si le
procès dénoté à l'imparfait est télique, l'implication d'achèvement du procès ne peut
être tirée par l'interprétation (ce qui plaide par ailleurs en faveur d'une approche
aspectuelle qui prend en compte non seulement les caractéristiques sémantiques
propres du prédicat mais aussi le temps verbal auquel il est employé). C'est ce blocage
que nous observons en (12), tandis que (13) montre qu'un autre temps du passé, comme
le passé composé, conserve les implications d'achèvement :
(12) Pendant la réunion, Marie buvait un café, qu'elle n'a d'ailleurs jamais fini.
(13) Pendant la réunion, Marie a bu un café, *qu'elle n'a d'ailleurs jamais fini.
16 La deuxième conséquence, bien connue, de l'inclusion de R dans E est l'englobement
par un procès à l'imparfait du procès au passé simple avec lequel il est en relation ; il
n'y a donc pas de progression temporelle possible ; c'est ce qu'on observe en (14), au
contraire de (15) qui marque, quant à lui, une progression temporelle entre les deux
énoncés.
(14) Paul entra. Marie téléphonait.
(15) Paul entra. Marie téléphona.
17 Cette description générale présente toutefois des insuffisances connues ; les plus
importantes sont au nombre de cinq.
18 Premièrement, il existe des imparfaits sans antécédent (c'est-à-dire sans possibilité de
trouver un R par un complément temporel ou un événement au passé simple), comme
(16) :
(16) Le laitier me disait que tu lui dois encore 100 francs (Tasmowski-De Ryck 1985).
19 Deuxièmement, certains imparfaits rendent effectivement compte d'une situation
présente, comme (17), imparfait hypocoristique :
(17) Il avait mal à la papatte, le toutou.
20 Troisièmement, certains imparfaits rendent compte d'événements non pas situés dans
le passé mais dans l'irréalité :
(18) Une minute de plus, le train déraillait.
d'un univers hypothétique. En (32), le procès non encore réalisé est considéré selon le
point de vue de Paul. En (33), l'effet de subjectivisation est similaire, ce qui n'empêche
pas de tirer également, par ailleurs, l'inférence que l'événement a réellement eu lieu,
d'où sa commutabilité temporelle avec le passé simple.
48 Plusieurs remarques sont aussi nécessaires à propos de l'autre cas de figure, que nous
avons exemplifié plus haut avec les énoncés (28) et (29), à savoir les énoncés à
l'imparfait dans lesquels le destinataire est amené pour des raisons contextuelles à
inférer la progression temporelle par rapport à un procès dénoté antérieurement 1. La
sémantique du discours a généralement traité ce cas par ce qu'on pourrait appeler la
thèse de l'état impliqué (cf. Kamp et Rohrer 1983, Vet 1991, Molendijk 1990). L'énoncé à
l'imparfait ne fixerait pas sa référence temporelle relativement à l'événement
précédent, mais par rapport à l'état du monde qu'il implique, qui fournirait alors tout
naturellement le situeur R ; pour nos exemples, cet état impliqué est la situation où la
lampe est allumée (28) ou celle où le colosse gît à terre (29). On trouverait alors un biais
pour maintenir l'idée de la stagnation temporelle, mais elle concerne alors la
simultanéité avec la situation lexicalement impliquée : allumer la lampe implique la
lampe est allumée. Nous ne conservons pas cette approche, car elle pose d'épineux
problèmes. Tout d'abord, comme le montre Tasmowski-De Ryck, on ne voit pas
pourquoi la thèse de l'état impliqué ne marcherait pas en (34) ; pourtant il faut se
rendre à l'évidence que cet énoncé est difficilement acceptable :
(34) ? Paul tomba raide mort. Sa femme appelait à l'aide (Tasmowski-De Ryck 1985).
49 Par ailleurs, un énoncé comme (35) est naturel bien qu'il n'y ait aucune implication qui
lie l'événement de monter dans l'autobus avec le fait que l'autobus roule : il faut faire
des inférences supplémentaires, ce qui ne constitue d'ailleurs pas une difficulté :
(35) Paul monta dans l'autobus. La vitesse et les nids de poule provoquaient une
impression de cataclysme.
50 Enfin, et c'est peut-être la meilleure raison de réfuter la thèse de l'état impliqué, on ne
voit pas pourquoi un énoncé comme (14) ne recevrait pas de description en termes
d'état impliqué : après tout, que Paul entre peut être un « fait transitionnel » et
l'imparfait pointerait alors sur le résultat, à savoir Paul est dans la pièce :
(14) Paul entra. Marie téléphonait.
51 Une telle explication fournirait cependant une description erronée, puisqu'il faudrait
supposer que Marie ne téléphone pas avant l'arrivée de Paul.
52 Pourquoi, cependant, supposer que dans les cas de progression temporelle également,
le destinataire infère un sujet de conscience ?
53 Premièrement, nous voudrions noter un argument linguistique en faveur d'un tel effet
de subjectivisation : l'insertion d'un « maintenant », adverbe déictique
(« nynégocentrique ») qui suppose comme tel un sujet d'appréhension contemporain
du procès, nous semble rendre l'énoncé plus naturel sans en modifier les
caractéristiques générales. Reprenons les exemples (28) et (29) avec cette modification :
(36) Pierre alluma la lampe. La lumière donnait maintenant à la pièce un air de
tristesse désolée.
(37) A mon grand étonnement, je vis que le colosse tombait à terre. La masse de son
corps couvrait maintenant une grande partie du tapis.
54 Deuxièmement, il y a souvent un sujet de conscience directement récupérable dans le
cotexte, auquel cas l'effet obtenu est semblable au style indirect libre, comme le note
Tasmowski-De Ryck. En (28) comme en (36), Pierre est un candidat évident au rôle
d'observateur. En (29) comme en (37), « je vis que » ne laisse aucun doute sur la
présence d'un sujet d'appréhension du procès. Et si aucun sujet de conscience n'est
disponible dans le cotexte, nous faisons l'hypothèse que le destinataire le construit ;
cela ne constitue aucunement une difficulté, et le coût interprétatif est alors compensé
par un effet très fort. Cela apparaît dans de nombreux commentaires sportifs, comme
en (38), où l'on peut raisonnablement admettre que le journaliste laisse entendre qu'il
était présent lors des événements :
(38) A 18h42, Soper regagnait son stand. La voiture était poussée à l'intérieur de son
box et toute l'équipe s'empressait d'enlever les éléments arrière de la carrosserie
(Auto-Hebdo, 18.6.97).
55 En (39), dans le roman de Goncourt Les frères Zemganno, conformément à l'esthétique
impressionniste, les événements sont saisis instant après instant sans qu'on en voie les
bornes :
(39) Enfin. lorsque la charrette paraissait viciée, se faisait voir un individu cocasse,
dont la bouche semblait fendue jusqu'aux oreilles par un restant de peinture mal
effacée, Bâillant avec cette bouche, il s'étirait longuement... apercevait la rivière,
disparaissait au fond de la voiture, et reparaissait coiffé de balances à pêcher les
écrevisses (E, de Goncourt, Les frères Zemganno).
56 Plus proche de nous, Simenon est aussi connu pour ce genre d'effet :
(40) La clef tourna dans la serrure, Monsieur Chabot retirait son pardessus qu'il
accrochait à la porte d'entrée, pénétrait dans la cuisine et s'installait dans son
fauteuil d'osier (Simenon, La danseuse du Gai-Moulin, cité par Tasmowski·De Ryck
1985).
57 Ici, Simenon invite le lecteur à envisager la psychologie de ses personnages par le biais
de leur comportement, dans la tradition du roman behaviouriste.
58 Dans tous ces cas, le destinataire infère à partir de données contextuelles la progression
temporelle, et en vertu du fait qu'il peut inférer un sujet de conscience tel que le
moment d'appréhension C peut s'inclure dans E, il le construit et attribue cette valeur à
P.
59 A ce stade, on peut souligner que les différents usages de l'imparfait que nous avons
rencontrés peuvent se décrire en trois cas, que l'on peut formuler par une double
opposition dans la tradition narratologique de Genette, c'est-à-dire en termes de
focalisation. D'abord, les énoncés à l'imparfait en usage descriptif, qui assimilent donc
P à R, seraient des énoncés non-focalisés ; les énoncés à l'imparfait en usage
interprétatif seraient quant à eux focalisés, et se diviseraient entre des cas de
focalisation interne, pour lesquels le sujet de conscience est récupéré dans le cotexte
(exemples (28) et (29)), et en focalisation externe, lorsque le sujet de conscience est
construit, comme dans l'exemple de Simenon ou le reportage sportif de (38). Larochette
(1980 : 295) et Tasmowski-De Ryck (1985 : 73), le premier par l'idée de l'imparfait
« d'observation libre » et la deuxième par l'idée que le point de référence est donné par
le moment de perception, font en définitive des remarques semblables et auxquelles
notre réflexion doit beaucoup.
60 Maintenant que nous avons vu les énoncés à l'imparfait qui forcent l'achèvement des
procès et ceux qui forcent la progression temporelle, il faut observer le cas très courant
dans lequel un imparfait avec achèvement du procès est suivi d'un ou de plusieurs
imparfaits marquant la progression temporelle tout en produisant un effet de
subjectivisation. Par exemple, (41), repris de Lips (1927), qui y voit déjà un cas de style
indirect libre, produit un effet de focalisation interne :
(41) Ma résolution fut prise. Cette femme serait ma maîtresse. je commençai mon
rôle de postulant en dansant avec Olympe. Une demi-heure après, Marguerite, pâle
comme une morte, mettait sa pelisse et quittait le bal (Dumas, La dame aux camélias).
61 Lorsque le destinataire traite un énoncé à l'imparfait qui demande la progression
temporelle, il est conduit à annuler une hypothèse anticipatoire qui concerne le
traitement de l'imparfait, à savoir Le temps ne progresse pas avec l'imparfait. Cette
hypothèse annulée, il devient alors plus ou moins équiprobable que l'énoncé soit suivi
d'un imparfait avec stagnation temporelle, comme en (42), ou d'un imparfait avec
progression temporelle, comme en (38) :
(42) A 18h42, Soper regagnait son stand. La voiture était en flammes. Une épaisse
fumée se dégageait de l'habitacle.
(38) A 18h42, Soper regagnait son stand. La voiture était poussée à l'intérieur de son
box et toute l'équipe s'empressait d'enlever les éléments arrière de la carrosserie
(Auto-Hebdo, 18.6.97).
62 Enfin, et c'est sur cette dernière remarque que nous terminerons ces observations, une
fois un sujet de conscience construit, on peut avoir avec beaucoup de facilité des
imparfaits en usage interprétatif en cascade, puisque, précisément, le sujet de
conscience est saillant.
70 Enfin, cette procédure peut être détaillée, et les paramètres existent qui pourraient
permettre d'autres sorties dans les usages interprétatifs, prenant en compte tous ces
imparfaits que des taxinomies dépassées classaient encore comme imparfait de rupture,
imparfait forain, imparfait d'atténuation, et ainsi de suite.
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NOTES
1. Dans le modèle des inférences directionnelles développé par Jacques Moeschler, nous dirions
qu'il y a alors une inférence en avant (ce que l'on trouve aussi dans certaines traditions anglo-
saxonnes sous le terme de forward inference).
RÉSUMÉS
Selon la théorie de la pertinence, l'imparfait, comme les autres temps verbaux, est une
expression procédurale. Interpréter un imparfait comme « narratif » résulterait donc du
parcours, par le destinataire, d'un chemin particulier dans la procédure de l'imparfait. Cet article
défend l'idée que pour construire l'interprétation narrative de l'imparfait, le destinataire est
amené à inférer un sujet de conscience, et donc à construire une représentation en foncction
d'un point de vue distinct du locuteur au « moi-ici-maintenant ».
As Relevance theory states, we assume in this paper that tenses encode procedural information.
About the imparfait, we shall argue that the « narrative » effect is the result of a specific branch
of the imparfait procedure. The aim of this article is to suggest that the hearer, in order to build
this narrative interpretation of the imparfait, has to infer a subject of consciousness distinct
from the speaker at the speech moment.
AUTEURS
LOUIS DE SAUSSURE
Département de linguistique
Université de Genève
[email protected]
BERTRAND STHIOUL
Département de linguistique
Université de Genève
[email protected]