ANALYSE ECO ISIPA Le 14 Avril 2023

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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET UNIVERSITAIRE

COURS D’ANALYSE ECONOMIQUE DE


L’ENTREPRISE

COMMUNICATION NUMERIQUE 2

PAR
Dr. Yvon ULAMA NGOMBO

Professeur Associé

ANNEE ACADEMIQUE 2022 – 2023


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Contenu
Ce cours n'est ni un cours d'économie, ni un cours de droit. Il cherche à expliquer et
confronter les approches économiques et juridiques liées aux comportements des
entreprises et à leur mode d'organisation pour comprendre la nature des concepts
utilisés en droit et le contenu d'un certain nombre de règles de droit qui leur sont
applicables.
INTRODUCTION
1.L’analyse économique
L’objet de l’économie
On va délimiter le champ d’étude de l’´économie, en introduisant certaines notions
fondamentales et en précisant de quelle façon on raisonne l’économie.
Définition de ce qu’étudie l’économie
D’abord, il est important de définir ce qu’étudie l’économie.
L’objectif de la théorie économique, c’est d’abord de comprendre comment
fonctionne une économie et plus précisément, comment la société gère ses
ressources rares.
L’économie, c’est l’étude de la manière dont la société gère ses ressources rares, soit
en se situant au niveau de l’individu, de l’entreprise ou soit en se situant au niveau
d’une nation. Cette définition contient trois mots importants : ressources, gestion et
rareté.
En économie, le mot ressources englobe à la fois les ressources naturelles comme le
pétrole, le capital humain reflète le niveau de compétence d’un individu obtenu par
l’accumulation de connaissance grâce à l’éducation ou à l’expérience professionnelle
(dans ce cadre, le chômage est un gaspillage de ressources), le revenu des ménages
constitue également une ressource.
Les ressources peuvent également être tout simplement le temps maximum dont
vous disposez dans la semaine.
Le mot rareté traduit le fait que ces ressources sont limitées.
Le mot gestion renvoie au fait qu’un individu, une entreprise ou une nation va
s’efforcer de faire le meilleur usage possible des ressources qui sont limitées et
l’objectif de l’économie va être d’étudier comment un individu ou une société toute
entière prennent leurs décisions et si ces décisions permettent une gestion
optimale des ressources qui sont limitées.
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Si on se place au niveau de l’individu, on va tenter de comprendre ce qui détermine le


choix entre offrir davantage d’heures de travail ou avoir plus d’heures de loisir.

On verra que chaque choix implique un arbitrage : d’un côté on gagne plus et on
peut davantage consommer, et d’un autre côté on a moins de temps à consacrer au
loisirs. On peut ´également appliquer ce raisonnement au choix d’épargne des
individus ou au choix de fixation de prix d’une firme. Une fois que l’on aura compris
comment les consommateurs et les firmes prennent leurs décisions, on étudiera
l’interaction de ces choix sur les marchés qui vont déterminer l’allocation des
ressources.
Le rôle de l’économie est non seulement d´étudier comment une économie
(décentralisée) réalise ses choix mais également d’identifier les conditions sous
lesquelles l’allocation des ressources est la meilleure possible (dans une économie
centralisée où il y aurait un planificateur central). Il s’agira alors de comparer
l’allocation des ressources qui est réalisée par les individus, les entreprises à celle qui
serait la meilleure possible ce qui permettra d’identifier les situations dans lesquelles
l’intervention de l’Etat est souhaitable et par quels moyens les pouvoirs publics
peuvent éventuellement améliorer l’allocation des ressources résultant du libre jeu
de l’offre et de la demande. On se demandera par exemple s’il est souhaitable que
l’Etat augmente le salaire minimum, s’il doit augmenter le taux d’imposition, s’il doit
augmenter les dépenses publiques, s’il doit subventionner certaines entreprises et
taxer d’autres entreprises, s’il doit mettre en place un contrôle des capitaux
´étrangers, s’il doit assouplir la régulation sur le marché des produits, s’il doit
assouplir la régulation sur le marché du travail, etcetera.
2.L’ENTREPRISE
A) Définition :

L’entreprise est une unité ou entité économique indépendante qui dispose des
moyens de produire ou d’acheter des biens ou des services destinés à être
vendus moyennant un prix permettant de couvrir les coûts supportés et de
dégager un bénéfice.
L’Entreprise est un ensemble de moyens matériels, humains et financiers organisés
en vue de la production de biens et de services destinés à un marché.
Classification des Entreprises :

Elle se fait selon plusieurs critères mais les plus courants sont :

1) Nature de l’activité :

- Entreprise Commerciale :
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Son activité se résume en 2 phases :


 Achat de Marchandises.
 Vente de Marchandises.
- Entreprise Industrielle :

Son activité se caractérise par 3 phases :


 L’approvisionnement en matières et fournitures.
 La transformation ou la fabrication des produits finis.
 La vente des produits finis.
2) Origine des ressources :

- Entreprise individuelle : Le capital est apporté par une seule personne.


- Société : Le capital est fractionné en actions ou parts
sociales souscrites par plusieurs associés.

3) Autres critères :

Exemple : Entreprises Publiques ; Entreprises Privées ; Entreprises Semi-Publiques.


Relations et liaisons Inter-agents
économiques : L’entreprise est en
liaison avec
- les acheteurs qui sont ses Clients
- les vendeurs qui sont ses Fournisseurs

L’organisation interne de l’Entreprise :

Le travail est réparti au sein de l’Entreprise dans le but d’une rationalisation


d’une rentabilité meilleure.
L’organisation qui en découle peut-être représentée dans un schéma
appelé Organigramme.

B) Patrimoine de l’Entreprise :

- Tout être humain est doté d’une personnalité juridique, c’est à dire qu’il a :
* des droits
* des obligations
La personnalité juridique est attribuée soit à une personne physique soit à une
personne morale.
- Les personnes juridiques sont identifiées par : * un nom
* Un domicile
* Une nationalité
- Chaque personne juridique possède un patrimoine c’est à
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dire des biens et des dettes. Biens matériels + Créances +


Disponibles
= Total des Biens
+
Total des Dettes

= Patrimoine

CHAPITRE 1. CONCEPTION CLASSIQUE DE L’ENTREPRISE


« The business of business is business » : la formule de Milton Friedman résume la
conception classique de l'entreprise dont la seule finalité est le profit. C'est en
recherchant le profit maximal que l'entreprise rend les meilleurs services à la société.
la firme est réduite à peu de chose : elle est assimilée à un agent individuel, sans prise
en considération de son organisation interne et des questions propres qu'elle
soulève. Cette vision de la firme, « boîte noire » de l'économie, s'explique par l'objet
central de la micro-économie : l'étude des marchés et des mécanismes de prix.
Ce n'est qu'à partir des années 70 que la firme va devenir, pour les économistes, un
objet propre d'analyse, après la redécouverte d'un article de Ronald Coase de 1937
(The nature of the firm). De nombreux auteurs se penchent alors sur la question de
son efficacité, étudiant notamment l'évolution de ses structures organisationnelles
(Marshall, Chandler) et les relations de pouvoir en son sein (Galbraith, Alchian et
Demsetz).
EVOLUTION DE L’ENTREPRISE
DE 1840 à 1914 : Capitalisme concurrentiel, le laissez faire, initiative privée, l’Etat
Gendarme
1914 – 1970 : capitalisme administré, faire aller, interventionnisme(ETAT), l’Etat
providence
1990 - : mondialisation
Formes des marchés des entreprises

Nombre d'acheteurs Nombre de vendeurs

Concurrence Grand nombre Grand nombre

Oligopole Grand nombre Peu de vendeurs


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Duopole Grand nombre Deux vendeurs

Monopole Grand nombre Un seul vendeur

Monopole
bilatéral Un seul acheteur Un seul vendeur

Monopsone Un seul acheteur Grand nombre

Duopsone Deux acheteurs Grand nombre

Oligopsone Peu d'acheteurs Grand nombre

EVOLUTION DES FORMES ORGANNISATIONNELLES DE L’ENTREPRISE


L'évolution des conditions productives et des marchés favorise la croissance des
firmes et les conduit à organiser leur fonctionnement dans une logique d'efficience
accrue. Parallèlement, l'essor des financements externes modifie les rapports de
pouvoir au sein des entreprises, transformant leurs formes d'organisation.
Trust : arrangement légal selon lequel les actifs d'une personne ou d'un groupe sont
placés sous la garde de trustees (personnes de confiance) qui agissent dans l'intérêt
des propriétaires. Leur gestion est centralisée et n'est pas soumise au contrôle du
public, ce qui explique le succès de la formule. Le mot prend à la fin du XIXe aux
États-Unis le sens plus général d'entreprise géante tendant au monopole. la Standard
Oil of Ohio( la S.O. )de Rockefeller est le premier trust de ce type en 1882 . General Electric
est fondée en 1889, American Tobacco en 1890, etc.

Holding : société qui en contrôle plusieurs autres par la possession d'une part
suffisante du capital. Elle peut regrouper les activités de gestion, de finance, de
marketing, en laissant une grande autonomie aux filiales, notamment en matière
d'investissements.
Conglomérat : firme se composant de la société holding et de ses filiales. La
diversification des activités, même non complémentaires, caractérise le conglomérat.
Sa croissance se réalise par fusions et prises de participation plutôt que par
l'accroissement de la production et des ventes internes.
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Cartel : entente horizontale formelle entre firmes sur un marché oligopolistique pour
coopérer sur les prix, les parts de marché, la production, les investissements, de
façon à réduire la concurrence et maintenir les profits. Les firmes gardent leur
indépendance mais le cartel aboutit à un monopole de fait.
Konzern : groupement vertical d'entreprises contrôlant la totalité d'une filière de
production. Ce type d'entreprise né en Allemagne peut être illustré par les firmes
sidérurgiques Krupp ou Thyssen.

Chapitre 2Théorie sur la gouvernance des entreprises

2.1Théories originelles du concept de gouvernance

D’après la littérature, le concept de gouvernance concernait principalement les


entreprises ; précisément dans le domaine de finances. Cependant, dans la récente
littérature, le terme gouvernance fait l’objet d’une large utilisation dans plusieurs
domaines, économiques, juridiques, sociologiques, politiques et en sciences de
gestion. Actuellement l’entreprise est considérée comme une entité où interviennent
une multitude d’intérêts divergents à prendre en considération, contrairement au
courant microéconomique néoclassique qui considère l’entreprise comme une boite
noire qui transforme d’une manière parfaitement efficiente des inputs en outputs,
compte tenu de l’état de la technique et des conditions de production existantes et
qui sont spécifiées par la fonction de production.

En effet, c’est à partir de la crise dite de la surproduction de 1929 que le


problème de la gouvernance des dirigeants est né avec les travaux de Berle et
Means (1932). Pour ces auteurs la gouvernance de la firme séparait la fonction
disciplinaire de la fonction décisionnelle. La fonction disciplinaire était de l’apanage
des actionnaires (propriétaires) et celle décisionnelle revenait aux dirigeants
(gestionnaires) pourtant ces fonctions étaient auparavant remplies par les seuls
propriétaires. Les travaux de ces deux auteurs, ont démontré qu’avec la séparation
des fonctions de la propriété et celles de la gestion, la maximisation de la valeur de
l’entreprise pour les actionnaires n’était plus l’objectif poursuivi pour la firme car,
les actionnaires de la firme managériale renoncent à l’exercice de la fonction active
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de la propriété et par ce fait, n’exerce que la fonction passive leur faisant perdre le
droit exclusif à s’approprier le profit. Dans le partage de profit, l’entreprise
managériale devrait tenir compte des intérêts de différentes parties prenantes
(actionnaires et dirigeants). Des lors, la question de gouvernance s’inscrit dès
l’origine dans une perspective de régulation du comportement des dirigeants.

Mais bien avant cette formulation de la question de gouvernance, Charreaux et


al. (2004) ont soulevé que les juristes et les politologues se préoccupaient déjà de la
notion de gouvernance en mettant en exergue le problème traditionnel de la
séparation des pouvoirs dans la gestion d’une nation.

Dans les développements théoriques, les questions relatives à la relation entre


les gouvernants et les gouvernés, dirigeants et les actionnaires relèvent du champ
d’application de la gouvernance et cette relation fait l’objet de la théorie de l’agence
développée par Jensen et Meckling (1976).

De ce qui précède, il apparait que la gouvernance est simplement un mode de


régulation du système managérial entre différentes parties prenantes concernaient
directement dans le fonctionnement d’une institution.

Si pour North (1991) les institutions sont définies comme les règles du jeu en
société, ou comme les contraintes conçues par les hommes qui encadrent et
influencent leurs interactions ; la gouvernance représente un ensemble des
mécanismes institutionnels qui constituent ces règles du jeu managérial.

Charreaux (1997) définit quant à lui la gouvernance comme l’ensemble des


mécanismes organisationnels et institutionnels ayant pour effet de délimiter les
pouvoirs et d’influencer les décisions des dirigeants et définissent leur espace
discrétionnaire.

Cadbury (1992) définit la gouvernance comme étant un ensemble de


mécanismes par l’intermédiaire desquels les entreprises fonctionnent lorsque la
propriété et la direction sont clairement séparées.
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Ces différentes définitions s’appliquent aujourd’hui non seulement aux


entreprises, mais aussi aux organisations Etatiques, organisations associatives etc.

Dans la littérature, les théories sur la gouvernance s’inscrivent principalement


dans la perspective d’efficience. La gouvernance cherche à contribuer à
l’amélioration de l’efficience d’une organisation.

Plusieurs théories ont mis en rapport la gouvernance des entreprises avec la


théorie des droits de propriété, et la théorie d’agence.

La recherche de nouveaux fondements à l’analyse de la firme s’est faite dans


plusieurs directions. Parmi les théories alternatives qui ont été développées, les
théories contractualistes des organisations ont suscité un intérêt majeur. Elles ont
permis de reconnaître la firme comme un lieu de coordination alternatif au marché
(Valérie de Briey, 2003).

Dès le moment où les hypothèses nécessaires au bon fonctionnement du


marché ne sont pas vérifiées, ces théories reconnaissent que les individus peuvent
recourir à d’autres mécanismes de coordination que les prix fixés sur le marché. Ces
mécanismes sont les règles que les individus élaborent localement à l’intérieur
d’espaces structurés qualifiés habituellement d’ « organisations » (Batifoulier, 2001).
A un mode de coordination par les prix s’oppose par conséquent un mode de
coordination par les règles. Ces règles vont être cristallisées dans des contrats établis
librement entre deux ou plusieurs individus parce qu’ils ont jugé qu’il était dans leur
intérêt de le faire. A la différence de la théorie néoclassique qui considère que les
individus confrontés à une prise de décision n’avaient pour seules contraintes que
celles imposées par l’environnement, la théorie contractualiste reconnaît que les
individus doivent en outre tenir compte du comportement des autres individus dans
leurs calculs d’optimisation. En ce sens, leur rationalité est dite « stratégique ».

2.1.1La théorie des droits de propriété


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La théorie des droits de propriété maintient l’hypothèse que les agents


économiques maximisent leur fonction d’utilité et poursuivent de manière exclusive
leur intérêt personnel. Mais, contrairement à la théorie néoclassique « standard »,
elle relâche les hypothèses d’information parfaite et de coûts de transaction nuls.
Les partisans de cette théorie fait reconnaître que le marché selon les classiques,
par son mode de régulation automatique par le prix, n’est pas, en toutes
circonstances, le lieu idéal de l’activité économique mais, que la firme peut être une
meilleure alternative. Le fonctionnement du marché selon les classiques échappe à
cette théorie car, dans la réalité des choses l’information n’est pas parfaite entre les
acteurs il y a toujours une asymétrie d’information. Les uns tirent toujours profit au
détriment des autres de part de leur ignorance sur le fonctionnement de marché.

Le rejet des hypothèses du marché en concurrence pure et parfaite, a été


l’origine de l’émergence d’une nouvelle conception « l’économie néo-
institutionnelles » basée sur trois concepts clés : les couts de transaction ; les droits
de propriété et les contrats.

Parmi les écrits à l’origine de la théorie des droits de propriété, il nous faut citer
plus particulièrement Alchian(1969).

La théorie économique de droit de propriété s’intéresse aux effets économiques


de la propreté et explique la façon dont divers systèmes des droits de propriété
influent sur le comportement ses agents économiques et le fonctionnement des
systèmes économiques, assurant leur efficacité (Alchiam (1969) ; Demsetz (1973).

Les droits de propriété se déterminent à partir de trois attributs suivants : le


droit d’utiliser le bien ; le droit d’en tirer jouissance et le droit de céder
définitivement à un tiers. Les droits de propriété suggèrent que l’utilisation d’une
ressource rare aille vers ceux qui sont les plus aptes à en faire le plus efficient comme
le dit Koenig, cité par Mbangala (2003).
11

C’est ainsi qu’un individu disposant les droits sur l’actif, a le pouvoir d’en utiliser
comme il le veut, en en tirer profit et même l’aliéner.

La théorie des droits de propriété reconnaît que les droits sont partitionnables,
séparables et aliénables (Coriat & Weinstein, 1995). Le propriétaire est donc libre de
confier la gestion (l’usage) d’un (ou de plusieurs) de ces droits à une (ou plusieurs)
autre(s) personne(s). Dans le contexte qui nous concerne, c’est le cas par exemple du
propriétaire qui décide de confier la gestion d’actifs productifs à un entrepreneur. Il
renonce en conséquence au droit d’usus. Comme nous le verrons par la suite, cet
acte ne sera pas sans conséquence.

2.1.2.La théorie d’agence

Définition de la relation d’agence

Lorsqu’il s’agit d’expliquer le fonctionnement de la gouvernance des entités, la


théorie de l’agence est l’une des théories les plus discutées par les auteurs. Elle
repose sur le problème du principal contre l’agent. Cette théorie repose sur le
conflit d’intérêts qui existerait entre le principal, propriétaire de l’entité et les
agents (gestionnaires) qui en assurent la gestion. Elle découle de l’évolution
économique qui a vu les entreprises à capitalisation publique remplacer les
entreprises familiales.

Les partisans de cette théorie accordent une place centrale à la « relation


d’agence ». Par analogie avec le contrat de mandat (‘agency’), une relation d’agence
caractérise une situation dans laquelle une ou plusieurs personnes (dénommées «
principal ») engage(nt) une ou plusieurs autre(s) personne(s) (dénommées « agents
») pour exécuter en leur nom une tâche qui implique la délégation à ces derniers
d’un certain pouvoir de décision (Jensen & Meckling, 1976). Or, cette théorie
reconnaît, tout comme la théorie des droits de propriété, l’existence d’asymétrie
d’information et fait également l’hypothèse que les agents cherchent à maximiser
leur utilité et partant leur intérêt personnel. Ils peuvent dès lors profiter de leur
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avantage informationnel pour poursuivre leurs intérêts personnels au détriment de


ceux du principal. Deux problèmes d’agence sont susceptibles de se produire :

- Ex-ante : des individus peuvent ne pas révéler, avant la passation du contrat,


des informations qui leur sont défavorables. Ce risque est qualifié de
sélection adverse ("adverse selection").
- Ex-post : postérieurement à la passation du contrat, une des parties de la
transaction peut ne pas respecter les termes du contrat pendant la phase
d’exécution, car elle sait qu’il est coûteux, voire impossible pour l’autre
partie de voir si l’engagement a été complet ou non. Ce risque est qualifié
d’aléa moral (‘moral hasard’).

La théorie de l’agence s’est développée autour de deux branches : la théorie


normative et la théorie positive. Pour les partisans de la théorie normative de
l’agence, les structures incitatives établies par les contrats sont suffisantes pour
éviter le comportement opportuniste de l’agent dans la mesure où elle maintient
l’hypothèse d’une rationalité substantive des individus posée par la théorie micro-
économique traditionnelle. Elle postule l’existence de contrats optimaux. Un large
pan de la littérature s’est attaché à déterminer la solution qui établit un juste
équilibre entre efficacité maximale et aversion au risque (Hart, 1995) et qui, par
conséquent, optimalise le partage des risques entre les individus. La solution trouvée
constitue cependant un ‘second best’, le ‘first best’ étant le niveau d’utilité collective
qui aurait pu être atteint en l’absence d’asymétrie d’information. La théorie positive
de l’agence reconnaît, par contre, l’incomplétude des contrats du fait de la rationalité
limitée des individus (Coriat & Weinstein, 1995) car ils n’ont pas à leur disposition la
liste de tous les états de la nature susceptibles de se produire. Contrairement à la
théorie normative de l’agence, cette deuxième branche ne va pas chercher à établir
des contrats optimaux, mais utilise le cadre de raisonnement de la théorie de
l’agence pour expliquer le comportement réel des organisations et notamment
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trouver un fondement rationnel à l’existence de formes organisationnelles


différentes (Charreaux & al., 1987).

2.2.La gouvernance des associations

Les organes de gouvernance, le pouvoir est fort concentré entre les mains du «
délégué à la gestion journalière » (appelé aussi directeur ou manager) et que le
conseil d’administration joue de simple figurant, se contentant de ratifier les
décisions prises par la direction. Pourtant dans une entité associative où la
délimitation des droits de propriété est imparfaite, délimitation difficile à établir
entre parties prenantes, entrainant des conflits relatifs à l’appropriation de la
richesse, Mbangala (2003) conclu dans ses écrits que dans de tel cas, la présence du
conseil d’administration en tant que dispositif de gouvernance s’explique par sa
capacité à réduire les couts de coopération et à maximiser les gains issus de la
coopération. Malheureusement dans le cadre des des associations ; le conseil
d’administration, étant bénévole, ne joue qu’un rôle passif et cela entame même les
performances de ces entités. Cette situation s’observe plus fréquemment en ASBL
que dans les entreprises à but lucratif. Un petit détour par la théorie des droits de
propriété dans les associations nous permet de comprendre pourquoi le contrôle en
principe exercé par le conseil d’administration y est souvent moins effectif qu’ailleurs
et d’envisager diverses pistes pour dépasser cette tendance au dysfonctionnement.

2.2.1.Les droits de propriété dans les ASBL

la notion de propriété, est appréhendée différemment par rapport aux entreprises


de type commercial. Dans les ASBL, personne ne possède de droits sur les bénéfices
dégagés. Cela ne signifie pas que l’association ne peut réaliser de profit ni qu’elle ne
peut pas rémunérer correctement ses facteurs de production (travail et capital), mais
cela sous-entend qu’il n’y a pas de propriétaire qui puisse s'approprier les profits
engendrés par l'activité, que ce soit sous la forme de distribution de dividendes ou
par la réalisation de gains de capital. De sa part, Gérard Sousi (1985) pense aussi que
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« l'association doit avoir un but autre que le partage des bénéfices : on dit
généralement qu'elle ne doit pas avoir un but lucratif. Il faut nuancer cette
affirmation. L'absence des buts lucratifs ne doit pas être recherchée au niveau du
groupement, mais à celui de ses membres. Tous les profits résiduels doivent être
affectés à la réalisation de la mission et non au partage entre les membres. Pour le
dire autrement, le premier droit constitutif de la notion de propriété, à savoir le droit
d'appropriation du surplus résiduel, n'est pas distribué. Pour décrire cette
configuration particulière des droits de propriété, on se réfère souvent à la
"contrainte de non-distribution des profits" par laquelle les auteurs qui s’intéressent
à ces questions désignent l'interdiction de distribuer le surplus résiduel à ceux qui
contrôlent (ou dirigent) l'organisation. Bien que les membres des ASBL n’aient pas
droit au partage de surplus éventuel néanmoins, ils ont droit de contrôle. Ce droit
leur confère la capacité de décider de la finalité de l'association et de contrôler, le
plus souvent de manière démocratique (1 personne = 1 voix) la mise en œuvre des
objectifs. Qui sont les membres des associations ? Plusieurs cas de figure peuvent se
présenter. Dans les organisations dites d'intérêt mutuel (clubs de sports et de loisirs,
syndicats, associations de défense de minorités, etc.), ceux qui possèdent le contrôle
résiduel se confondent a priori avec les bénéficiaires. Ils ont la possibilité de contrôler
que l'association agit bien dans leur intérêt. Dans les organisations d'intérêt général
qui sont plus nombreuses dans notre paysage associatif (secteur médico-social,
organisations culturelles, ONG de développement, etc.), on observe que le contrôle
résiduel peut être détenu plus largement par diverses parties prenantes :
consommateurs, donateurs, financeurs publics, travailleurs rémunérés les organes de
régulation, les PTF. Notons que la présence des bénéficiaires ou de diverses parties
prenantes dans les organes de décision des associations complète utilement la portée
de la contrainte de non-distribution du profit en protégeant les bénéficiaires contre
des phénomènes de redistribution implicite des surplus qui pourraient les léser. Cela
limite par exemple les risques de versements de salaires trop élevés aux dirigeants ou
de dépenses de prestige inutiles au regard de la réalisation de la mission. L'absence
15

de requérant résiduel combinée avec l'attribution du contrôle résiduel aux membres


caractérise les droits de propriété en associations. Parce que ces droits sont
inexistants (droit d’appropriation du surplus) ou atténués (droit de contrôle résiduel
alloué sur une base démocratique), on qualifie l’association d’organisation « sans
propriétaire ».

A qui le dirigent de l’association doit-il rendre des comptes ? Les ASBL


n’appartiennent donc à personne, au sens de la théorie des droits de propriétés. Et
pourtant, elles existent et leurs statuts donnent une réalité à la mission qu’elles
entendent poursuivre. Mais, comme dans les entreprises qui appartiennent à leurs
investisseurs, rien ne garantit a priori que le manager dirige l’organisation en
poursuivant réellement cette mission. Par quoi, dans un tel contexte, peut-on
remplacer le nécessaire contrôle mené habituellement par les propriétaires ? Ou,
pour le dire en termes plus concrets, à qui le manager doit-il alors rendre des
comptes ? Premièrement, la théorie des droits de propriété nous enseigne que, dans
les organisations sans propriétaire, le manager est plus qu’ailleurs investi d’une
mission de confiance. Cela signifie qu’il doit, plus qu’ailleurs aussi, être sélectionné
avec un grand soin, en vérifiant à la fois ses compétences de gestion mais également
son attachement aux objectifs poursuivis par l’association.

Formellement, les membres (qui possèdent collectivement le droit de contrôle)


sont rassemblés au sein de l’assemblée générale qui est l’organe garant du respect de
la mission et qui délègue le plus souvent l’exercice du contrôle au conseil
d’administration Boerave, C. (2009), c’est le cas dans les ASBL. Celui-ci jouit d’ailleurs
de ce que l’on peut appeler le droit de contrôle résiduel en héritant des compétences
qui ne sont pas réservées à autrui par les statuts. On peut donc concevoir qu’en ASBL,
le dirigent rende des comptes au conseil d’administration élu par les membres en
assemblée générale. De nombreuses recherches pointent du doigt le manque
d’efficacité du management associatif lié à l’absence de propriétaires. En effet, les
administrateurs associatifs seraient moins vigilants que leurs homologues au sein des
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sociétés de capitaux, tout simplement parce qu’en association, les administrateurs


n’ont pas investi de moyens financiers personnels et ils sont là à titre bénévole. Ce
point de vue doit cependant être nuancé par le fait que de nombreuses associations
agissent désormais en concurrence, parfois avec des entreprises commerciales et que
cette concurrence constitue une aiguillon pour le dirigent qui compense l’éventuel
manque de contrôle formel exercé par des administrateurs non propriétaires Miller-
Millesen, J. (2003).

Nous référant de l’idée d’Aristote selon laquelle « ce qui est commun au plus
grand nombre fait l'objet des soins les moins attentifs”. Hardin (1968) dans son
célèbre article « The tragedy of commons » avançait que ce qui appartient à tout le
monde n’appartient à personne. Autrement dit, lorsque tout le monde est
responsable d’un bien quelconque, finalement personne n’en est responsable. Selon
lui, la rationalité individuelle conduit chaque individu à exploiter la ressource de
manière à maximiser son intérêt personnel, sachant que le coût social de
l’exploitation de cette ressource est supporté par tous ceux qui ont potentiellement
accès à la ressource.

Pour Demsetz (1967), les droits de propriété sont un moyen « permettant aux
individus de savoir ce qu’ils peuvent raisonnablement espérer dans leur rapport avec
les autres membres de la communauté ». Alchian et Demsetz (1972),
comparativement à l'analyse néoclassique qui considérait l'entreprise comme une
unité indivisible, conçoivent l’entreprise comme un « nœud de contrats », dans
lequel les individus qui la composent, poursuivent leur intérêt propre, qui n'est pas
nécessairement celui de l'entreprise dans son ensemble. Il devient donc nécessaire
de les inciter à agir dans l'intérêt de l'entreprise notamment par le biais d'allocation
des droits de propriété. En effet, des droits de propriété clairement définis, cessibles
et protégés constituent un gage de l’allocation optimale des ressources.

La théorie des droits de propriété rend compte des obstacles auxquelles font
face les ASBL dans le processus de pérennité. Les membres de ces organisations mus
17

par l’individualisme et démotivés par l’appropriation collective de l’usufruit, sont


enclins à minimiser individuellement leur contribution à l’effort collectif. Cette
situation d’inaction ainsi que le pilotage à vue compromettent l’efficience des
associations. Si la théorie des droits de propriété peut servir de cadre théorique à
l’explication de la dépendance financière des ASBL, qu’en est-il de la théorie de
l’action collective ?

La théorie du « Passager clandestin » : quels liens avec la pérennité des ASBL ?

La théorie du « Passager clandestin » connu sous le terme théorique anglo-


saxon de « free rider » a été modélisée en 1965 par le socio-économiste américain
Mancur Olson. Ce dernier constate que dans une organisation, coexistent des
intérêts individuels et des intérêts communs. Les intérêts communs signifient que la
fonction principale de toute organisation est la fourniture d'un bien public. Cette
fourniture implique des coûts. Les intérêts individuels supposent que les individus
maximisent leurs avantages en toute situation. Les questions qui se posent alors sont
celles de savoir : quand est-il de l'intérêt d'un individu d'agir dans l'intérêt du
groupe tout entier ? Le gain du groupe tout entier face aux comportements des
individus tend-il vers l'optimum au sens de Pareto ? Ainsi pour qu’il y ait un
engouement des sociétaires envers leur organisation, Il faut que les avantages
individuels tirés par l’individu soient supérieurs au coût de participation à l’action
collective. Toute mesure qui vise à faire en sorte que la répartition des coûts soit telle
que chaque coopérateur paie exactement un coût égal au bénéfice qu’il tire de son
adhésion à la coopérative est un pas vers la réalisation de l’optimum du groupe.
Certains individus peuvent choisir par calcul rationnel de ne pas supporter les coûts
individuels de l’action collective tout en espérant bénéficier des avantages de la
participation des autres. Dans ce cas, ils se comportent en passager clandestin de
l’action collective dont la marge de manœuvre est fonction de la taille et de
l’homogénéité du groupe. Le passager clandestin n’est pas un fraudeur. Son but est
de pouvoir profiter au maximum des biens publics (payés ou proposés par la
18

collectivité) sans qu’il n’y ait à payer pour y accéder. Toute la subtilité du
positionnement du « Passager clandestin » est d’évaluer quelle est la meilleure
stratégie individuelle vis-à-vis du positionnement collectif. La morale de l’histoire, si
l’on peut dire, c’est que la théorie du « passager clandestin » met en valeur deux
types d’acteurs : les bénéficiaires de la situation d’asymétrie et les victimes (qui
paient pour les autres). L’histoire montre qu’à la longue les victimes tendent à se
fatiguer d’être « exploitées » et se rebellent. A ce moment-là, les bénéficiaires se
retrouvent en grand danger et doivent alors compter d’abord sur eux-mêmes.
Souvent les animateurs des asbl profitent plus que la collectivité pour lesquelles
elles ont été créées, avec l’esprit de la culture du projet qui leur caractérise. Les
richesses créées par ces entités sont plus englouties en charges des personnels.

Revue empirique de la théorie des droits de propriété

Ce point fait une synthèse des travaux empiriques relatifs à l’autonomisation


financière des associations sous l’angle de la théorie des droits de propriété et de la
logique de l’action collective. Kambiré (2014) fait observer une culture de
dépendance financière des ASBL du Burkina Faso. Il affirmait à ce sujet que l’aide
prématurée surtout peut réduire considérablement les possibilités des bénéficiaires à
accroître leurs ressources internes réelles ou potentielles, car, sa disponibilité les
conduit à renoncer à des stratégies de développement autonomes et les incite plutôt
à adopter des stratégies opportunistes de captation de l’aide. Certains auteurs
comme Pivetau (1994), Dialla (2005) et Enée (2007) respectivement mettent en
exergue l’origine des associations et qui constatent comme en RDC que les ASBL
sont pour la plupart d’origine externe avec les conséquences qui en découlent. Il en
résulte que les ASBL restent sans véritables propriétaires si bien que leur viabilité
reste tributaire des sources externes de financement dès que leur géniteur se
retirent de la scène ces dernières deviennent moins efficace. Les membres sont
généralement cooptés au point qu’ils assimilent les ASBL à un tremplin de
réalisation d’intérêts individuels. La désaffection, le non versement des cotisations
19

dues aux ASBL sont, à n’en point douter, des signes extérieurs de leur faible
internalisation par les membres. Ainsi, l’absence d’une vision claire de certaines
entités hypothétique-t-elle leur pérennité, comme le pensait Peter Drucker au
début des années’70 : « La plus importante raison de frustration et d'échecs dans les
entreprises provient d'une réflexion insuffisante de la raison d'être de l'entreprise, de
sa mission ». Bon nombre des ASBL sont victimes de l’opportunisme de leurs leaders,
les associations n’appartenant clairement à personne.

Guiré (2009) et Yankiné (2011) montrent que très peu des ASBL se construisent
sur le long terme du fait de la propriété collective.

En effet en RDC, nombreuses sont-elles ces asbl qui se contentent seulement


des subsides des partenaires financiers pour mener leurs activités plutôt qu'à
chercher à les faire fructifier dans des activités productrices qui vont servir de
moyen d’autonomisation financière. Très souvent lorsque les partenaires techniques
et financiers se retirent, les ASBL connaissent le déclin. Du coup, l'aide aux ABSL au
lieu de les servir, risque fort bien de les asservir. Pire encore, si l'aide occupe une part
importante dans les ressources de l'ASBL, elle détruit les initiatives d'autonomisation
financière.

Penelope (2006) inspirant du cas Canadien, pour sa part aboutit à la conclusion


selon laquelle le manque de vision constitue le principal élément explicatif de la
dépendance financière des ASBL. Il ressort de son étude que plus de la moitié des
ASBL enquêtées soit 57% n’ont pas de plan de long terme. La même enquête révèle
que deux tiers des organismes participants soit 67% ne parviennent pas à élaborer
des plans d’autonomisation. Comme nous l’avons remarqué en RDC, la plupart des
ASBL manquent de Business plan dans leurs outils de gouvernance.

Toujours au Canada, Comeau et Turcotte (2002) corroborent ces conclusions.


Elles n’ont pas de plan stratégique, ni de tableau de bord et se contentent des fonds
publics, écrivent-ils. D’où leur devenir ne peut être envisagé sans une dépendance
envers un donateur, fut-ce-t-il l’Etat. Les études de Makayaba (2013) sur la
20

Fédération des Coopératives Maraîchères du Niger-Niya (FCMN-Niya) illustre cet état


de fait. En effet, dans son étude, l’auteur fait remarquer cette culture de dépendance
qui fait que les cotisations demeurent faibles au niveau de la coopérative maintenant
ainsi les ressources internes vers le bas (3% dans le budget). Dans un tel contexte, au
lieu d’être un appoint aux ressources internes, l’aide devient leur ressource
fondamentale. Il s'en suit que plus le volume de l'aide croît plus que
proportionnellement à la capacité de création des ressources de l'association, plus
l’association ressentira le besoin d'être assistée et moins elle percevrait la nécessité
de s'investir dans une activité productive en vue de s'autonomiser financièrement.
Cela a pour corollaire le désir de l'assistanat.

Pour parvenir à l’autonomisation financière (pérennisation), les ASBL doivent


savoir combiner les volets social et économique dans la réalisation de leurs activités.
La dépendance financière des associations n’est-elle pas synonyme d’une cajolerie du
volet économique ? Si oui, n’est-ce pas une conséquence de l’opportunisme
économique ? C’est ce que semble montrer le travail empirique ci-dessous.

De ce qui précède, bon nombre des associations en Afrique subsaharienne


envisagent le rendement beaucoup plus du côté social. Plusieurs raisons peuvent
l’expliquer. Il y a l’idée largement répandue qui assimile l’économie sociale et
solidaire à une économie non profitable voire de la charité. Du fait de leur étiquette
‘’but non lucratif’’, les associations ne réalisent pas qu’elles peuvent s’autofinancer
(ne serait-ce que de façon partielle et significative). Elles brandissent l’argument de
l’insuffisance philanthropique comme le soulève Salamon (1997) pour se contenter
de l’argent froid, d’où les cas fréquents de projets budgétivores. Généralement, elles
ne font pas d’études de faisabilité en vue de prendre en compte les potentialités de
leur milieu d’implantation. Elles s’y implantent sur des bases purement sociales et
mettent en avant l’urgence des besoins sociaux. Ne démarrant pas sur des critères
financiers, il n’est pas étonnant qu’elles soient chroniquement dépendantes.
21

Difficilement les ASBL en Afrique même à activités marchandes font la symbiose


entre le gain social et le gain financier. Elles se comportent plus dans la recherche de
l’un ou de l’autre.

Au Burkina Faso d’où est née, la plupart des associations sont dans des
créneaux peu porteurs, écrit Congo (1997). Par conséquent, leur capacité
d’autofinancement reste faible. Pour preuve, il se réfère aux résultats d’une enquête
effectuée par Soulama en 2002 sur les performances économiques et sociales des
ASBL. Cette étude montre que les ASBL, dans leur grande majorité, ont un taux
d’autofinancement allant de 10 à 30%. Elles sont caractérisées par l’absence
d’activités rentables à même de leur procurer une base économique et financière.

Le généralisme et la propension à avoir des objectifs démesurés de la part des


associations témoignent cet état de cycle de dépendance.

2.2.1Le contrôle exercé par le CA associatif

La capacité de contrôle du CA reste un mécanisme de contrôle essentiel. Il faut


donc être particulièrement vigilant et rappeler sans cesse que le contrôle fait partie
intégrante des rôles du CA. Il y va de la responsabilité des administrateurs. En
acceptant la fonction d’administrateur, celui-ci engage sa responsabilité contractuelle
envers l’ASBL. L’indifférence, l’absence, l’incompétence, voire même le motif
philanthropique pour lequel il aurait accepté sa mission ne peuvent limiter la
responsabilité des administrateurs Davagle, M. (2008).

Le rôle du conseil d’administration consiste à nommer, à révoquer et à fixer la


rémunération du dirigeant. La composition et la taille du conseil ont un impact
important sur la performance (Charreaux, 2000). En effet, les administrateurs
externes et indépendants sont incités à engager une surveillance du dirigeant pour
éviter des poursuites judiciaires de la part des actionnaires (Fama et Jensen, 1983) et
protéger leur capital humain. De même, le conseil d’administration peut bénéficier
des points de vue enrichissants des administrateurs externes qui abordent avec
22

objectivité les propositions des dirigeants (Kosnik, 1990). La taille réduite du conseil a
un impact important sur la performance des entreprises américaines (Yermak, 1996 ;
Dalton et al., 1998) et françaises (Eisenberg et al., 1998 ; Godard, 1999). Enfin, le
contrôle exercé par le conseil d’administration est faible dans le système orienté
marché et élevé dans le système orienté réseau (Charreaux, 1997).

 Présence d’administrateurs exécutifs au sein du conseil d’administration

La séparation entre les fonctions de président du conseil d’administration et de


directeur général est une question qui fait largement débat au sein de la littérature
sur la gouvernance. Certains travaux vont dans le sens de l’unicité des fonctions. En
effet, une séparation conduit à une augmentation des coûts d’information et de
contrôle (Finet et al., 2005). Finet et al. Pensent que la séparation convient mieux
dans des entreprises avec un environnement moins incertain, plus routinier alors que
l’unicité des fonctions aura l’avantage d’augmenter la réactivité du conseil dans des
moments plus troubles et demandant une réponse rapide. Le directeur général
possède le pouvoir d’engager la société et d’accomplir tous les actes utiles à l’objet
social de la société qui ne sont pas expressément réservés au conseil
d’administration. En cumulant les deux fonctions, le pouvoir du président-directeur
général s’en trouve d’autant plus accru qu’il peut accomplir les actes réservés au
conseil d’administration en plus de ceux attribués au directeur général. Maati (1999,
p.146) indique que « le dirigeant cumulant le rôle de président du conseil et de
directeur général s’érige naturellement en acteur incontournable à travers son rôle ».
La séparation des fonctions a l’avantage de ne pas concentrer trop de pouvoir dans
les mains d’une unique personne. La séparation a néanmoins l’inconvénient de créer
un flou à l’égard des tiers quant à la personne qui représente la société. De plus, une
séparation peut entraîner une forme de lutte de pouvoir entre le président du conseil
d’administration et le directeur général, ce qui peut nuire à l’efficacité du conseil et
de la gestion. L’approche directoire-conseil de surveillance permet, en plus de
23

séparer les deux fonctions, de confier le pouvoir de gestion à plusieurs personnes, ce


qui permet de créer une forme de surveillance mutuelle entre ces acteurs.

 Implication du Conseil d’Administration dans la gestion des entreprises

Organes de gouvernance :

- Assemblée Générale
- Conseil d’Administration
- Comité Exécutif

Indicateurs :

- Nombre de réunions organisées du C.A.


- Nombre de réunion dont le PV a été signé par le PCA et Secrétaire du CA.
- Distribution des documents aux membres fondateurs et adhérents (15 jours
avant la réunion du CA)
- Existence des PV après chaque Assemblée Générale et chaque décision prise
doit être exécutable.

Les auditeurs viennent d’abord vérifier l’existence des rapports d’activités et les
rapports financiers :

- Existence des directives sur l’élaboration des rapports financiers et d’activités


- Existence des PV d’approbation des rapports
- Les programmes d’activités et les budgets doivent être approuvés.

Le Conseil d’Administration comporte deux types de membres :

- Membres élus et chacun a une voix délibérative


- Membres coptés (personnes ressources) n’ont pas de voix délibérative

Le Bureau du Conseil d’Administration est constitué :

- Président du C.A.
- 1er Vice-Président
- 2ème Vice-Président
24

- Secrétaire
- Trésorier

Le Conseil d’Administration est compétent d’examiner et approuver les rapports


d’activités et financiers l’entreprise. A partir du moment où les rapports approuvés, le
C.A. endosse ces derniers.

Il est question de tenir compte de la qualité des membres du C.A.

- Nombre d’audits diligentés par le CA


- Nombre de décision de gestion
- Chronogramme de mise en œuvre des audits

Les dons et legs doivent être approuvés par le C.A.

- Proportion des dons et subventions

Le Conseil d’Administration traite les matières qui ne sont pas de la compétence


des autres organes. Ce sont des matières résiduelles en droit.

Les audits concernent les domaines suivants :

- Gouvernance
- Finances

Gouvernance (ASBL) :

- Documents légaux
- Statuts et Règlement d’Ordre Intérieur (ROI)
- Convention avec l’Etat.
- Identification Nationale et Numéro d’Impôt
- Arrêté de personnalité juridique

Les supports de gestion :

- Plan Stratégique de l’asbl (Vision à long terme)


- Plan d’action opérationnel (Vision à court terme)
25

- Budget de fonctionnement
- Standard Operating Procédure (SOP)
- Déclaration des conflits d’intérêts
- Politique Antifraude
- Plan de mise en œuvre
- Tenue des réunions avec existence des PV
- Auto-Inspection
- Rapport de réclamations Fournisseurs-Clients
- Existence des dossiers des membres fondateurs et adhérents
- Rapport des missions d’audits

Finances

- Inventaire du Patrimoine
- Preuve de paiements des impôts
- Importance et âge des créances
- Régularité des opérations et clarté des documents
- Plan de trésorerie
- Contrôle périodique et inopiné de la caisse
- Rapprochement Bancaire Périodique
- Bon classement des documents
- Périodicité des rapports
- Gestion des créances douteuses
- Temps de traitement des dossiers

Ressources Humaines

- Contrat de travail visé par l’Office National de l’Emploi


- Job description des postes
- Dossier de recrutement
- Existence des dossiers de paiement du personnel
- Chaque agent doit avoir un dossier
26

- Chaque membre du personnel doit avoir une qualification


- Plan de formation du Personnel
- Plan de Congé
- Existence des inventaires tournants

Le conseil d’administration des associations étant passif toutes ces exigences ne


font pas l’objet d’un contrôle rigoureux cela affecte les performances des asbl.

CHAPITRE 3 : Défaillances de marché, Biens publics, externalités

Défaillances de marché

Les défaillances du marché sont des situations dans lesquelles le marché


concurrentiel, au sens des économistes néoclassiques, ne peut réguler efficacement
les activités économiques.

1°Définition

Les défaillances du marché sont des situations dans lesquelles le marché


concurrentiel, au sens des économistes néoclassiques, ne peut réguler efficacement
les activités économiques. Dans ces situations, la recherche de l’intérêt personnel sur
le marché est inefficace.

2°Trois types de défaillance peuvent être mis en évidence :

La situation de monopole : elle peut aboutir à des prix élevés par rapport au prix
d’équilibre concurrentiel et donc à des échanges réduits. Les consommateurs
achètent moins et à des prix plus élevés.

L’existence d’externalités : l’agent économique à l’origine des externalités n’est pas


incité par le marché à réduire son activité (en cas d’externalités négatives) ou à la
développer (en cas d’externalités positives).

L’existence de biens dont les caractéristiques empêchent le bon fonctionnement du


marché soit parce que l’information sur ces biens est imparfaite (les acheteurs ne
savent pas si le bien acheté sera de bonne qualité : ils vont donc demander des prix
faibles qui détournent les offreurs de produits de qualité du marché d’où une
mauvaise allocation des ressources, le marché étant celui de produits de mauvaise
qualité) soit parce qu’il s’agit d’un bien collectif (la consommation ne peut pas être
individualisée ni donc le paiement : ne pouvant vendre ce produit, les offreurs
potentiels ne produiront pas).
27

3°Indicateurs

Il n’existe pas d’indicateur pour cette notion.

Traditionnellement, la volonté de contrôler les monopoles privés passait par une


intervention publique soit en les interdisant pour maintenir une situation
concurrentielle soit, dans une situation de monopole naturel, en nationalisant
l’entreprise. Dans ce dernier cas, l’Etat était censé obliger l’entreprise à pratiquer des
prix plus faibles que si le monopole avait été celui d’une entreprise privée.
Aujourd’hui, le progrès technologique permet parfois de séparer dans l’activité du
monopole ce qui est de l’ordre du monopole naturel.

Du côté des externalités, c’est surtout dans le domaine environnemental que l’Etat
agit de plus en plus. Au fur et à mesure du progrès des analyses scientifiques, l’Etat a
pu interdire l’utilisation de certains procédés dangereux pour la santé, polluants, etc.
Lorsque les externalités n’ont pas d’effets aussi graves, il peut taxer les émissions de
polluants pour que les calculs des agents économiques internalisent ces externalités
dans leurs calculs de coût.

Concernant la qualité des biens et services vendus, l’Etat a dû renforcer sa législation.


Les entreprises sont soumises à des nombreuses normes techniques et sanitaires,
sont contrôlés par des services spécialisés et doivent indiquées, par exemple sur les
étiquettes, la nature du produit, sa composition etc.

4° Enjeux

Face aux défaillances du marché, la question se pose de l’action de l’Etat. Dans le cas
de situation de monopoles, la nationalisation est-elle la meilleure solution ? Les
entreprises publiques en situation de monopoles sont-elles exemptes de défaillance ?
Sinon, comment maintenir la situation de concurrence ? Est-ce toujours possible ?

L’existence d’externalités pose la question de leur prise en compte dans les


comportements des agents économiques. Là encore, le rôle de l’Etat peut être
important. Les enjeux portent donc sur les formes d’intervention. En cas
d’externalités positives, faut-il une réglementation ou des aides monétaires (brevets
d’inventions par exemple ou subvention à la recherche et dévéloppement) ? Les
externalités négatives nécessitent-elles là aussi une réglementation ou une taxation ?
Dans le domaine de l’environnement, on peut ajouter une autre solution : la création
de nouveaux marchés par les pouvoirs publics comme les marchés de quotas
d’émission de CO2.

Enfin concernant les biens collectifs, il s’agit de savoir qui doit les produire. Est-ce
forcément à l’Etat de les produire ? Ne peut-on penser que les agents économiques
puissent dépasser leurs intérêts à court terme et s’associer dans leur production ?
28

Quand on s’intéresse à l’environnement, on peut s’intéresser d’un côté aux biens et


services fournis par la nature qui sont disponibles à tous: le paysage, les zones
humides ou l’air...et d’un autre côté, on peut aussi s’intéresser aux problèmes de
pollution qui sont générés par des activités humaines: les pluies acides. En économie,
ces 2 axes de réflexion font appel à des concepts standards.

Concernant, le 1◦ thème, les biens dont la consommation est collective sont dits des
biens publics.

Concernant, le 2◦ thème, on parle d’externalités pour identifier les conséquences de


l’action d’un individu sur un autre. Ces deux notions reflètent les défaillances du
marché. En effet, les externalités ne sont pas prises en compte par le marché et les
biens publics ne sont pas alloués par le marché.

2.2. Les biens publics

En économie, on distingue différents types de biens. Principalement, on distingue les


biens publics ou collectifs des biens privés.

2.2.1 Caractéristiques

Samuelson a été le 1er à définir les biens publics en 1954.

2.2.2 Biens privés versus (par opposition) biens publics

Les biens vendus sur le marché sont appelés des biens privés. Ils satisfont le

principe de rivalité.

Definition 1 deux agents ne peuvent pas bénéficier simultanément de l’usage

d’un même bien, et sont donc rivaux. Les biens privés sont partagés entre les

individus et chacun consomme une partie xi qu’il s’est procuré.

Les biens publics ne respectent pas ce principe et sont dit non-rivaux. Ils

sont consommés à part égale: xi = xj . En principe, il y a non-rivalité quand il

y a non-divisibilité.

Example 2 la défense nationale, la justice, l’éducation nationale.

2.2.3 Biens publics purs versus biens publics mixtes

D’autres critères permettent d’affiner la typologie des biens présents en économie.


29

La rivalité permet de distinguer les BP des Bp. Mais on a besoin d’autres critères pour
différencier les biens collectifs purs des biens mixtes.

=⇒ Excluabilité par les prix : un agent ne pourra disposer du bien que

s’il paie le prix.

La plupart des biens privés respectent ce principe mais pas toujours. Il suffit

de penser aux biens distribués gratuitement comme l’aide alimentaire. Ce sont

des biens privés car ils respectent le critère de rivalité mais pas celui d’exclusion

par les prix.

on parle de non-exclusion quand il est impossible techniquement d’exclure un


individu de la consommation du bien en raison notamment des coûts et de la
technique. Il est impossible d’en réserver l’usage à certains agents. On peut citer pour
exemples un programme de dépollution de l’air (impossibilité d’exclusion)

et une piscine municipale avec entrée payante (possibilité d’exclusion). L’exclusion se


fait par le prix.

=⇒ Obligation d’usage : cette situation se produit quand la décision ne relève pas de


l’individu. On peut citer pour exemples une station d’épuration des eaux (obligation
d’usage) et l’école publique (pas d’obligation d’usage).

=⇒ Absence d’effet d’encombrement : il y a congestion quand la satisfaction

d’un individu dépend du nombre d’usagers qui en bénéficient également.

Souvent qualité et quantités sont liées par une relation inverse. On peut citer pour
exemples la défense nationale (absence d’effets d’encombrement) et le réseau
routier (présence d’effets d’encombrement).

A partir de ces caractéristiques, on peut établir une typologie des biens. De

manière générale, on retient uniquement les 2 principaux critères que sont la

non rivalité et la non-exclusion pour obtenir un tableau synthétique:

exclusion non-exclusion
Rivalité Biens privés Ressources communes
(poissons)
Non-rivalité Biens clubs (câble TV) Biens publics
30

On va s’intéresser à un bien public particulier : la qualité de l’environnement.

On remarque qu’il s’agit bien d’un bien public puisque ni le principe de rivalité ni celui
d’exclusion par les prix ne peuvent être vérifiés pour un tel bien dans le cadre général
(on peut en effet envisager des exemples où le principe d’exclusion par les prix peut
jouer : qualité de l’eau par exemple si on a le choix à titre personnel entre plusieurs
prestataires). On notera qu’il s’agit en outre d’un bien public pur. Tous les
raisonnements économiques développés dans le cadre de cet exemple restent
valables ou transposables à la plupart des biens publics.

2.3 Externalités

La théorie des effets externes est le fondement de l’économie de l’environnement.

Nous allons en donner les résultats essentiels pour guider une réflexion sur des

questions plus essentielles qui sont : en quoi la pollution est un problème


économique ?Doit-on la supprimer ou au contraire existe-t-il un niveau optimal?

2.3.1 Définition

Les effets externes représentent tout effet indirect d’une activité de production ou de
consommation sur une fonction d’utilité, un ensemble de consommation ou de
production. On parle d’effet indirect car il est créé par une personne différente de
celle qui subit l’effet et parce que cet effet n’agit par le système de prix.

En cas d’externalités, le système des prix ne guide plus les agents vers des décisions
socialement optimales, et il en résulte des inefficacités dans l’organisation des
activités de production et de consommation. Ces externalités peuvent être classées
en quatre catégories, selon qu’il s’agit d’effets externes positifs ou négatifs et que
ceux-ci concernent la production ou la consommation :

Externalité de production

Les externalités positives apparaissent lorsque certaines actions d’une entreprise


profitent à d’autres agents, sans que ceux-ci paient pour les avantages procurés.
L’exemple de l’apiculteur et du verger en est une illustration classique : le verger
fournit des fleurs à butiner et contribue ainsi à la production de miel sans que son
propriétaire soit en mesure de percevoir une rétribution pour ce service rendu.
L’externalité de production est ici réciproque puisque les abeilles fécondent les fleurs
sans que l’apiculteur puisse réclamer de paiement.
31

On parle d’effet externe négatif lorsque les décisions de certains agents nuisent à
d’autres agents sans qu’il y ait compensation financière. Dans le cas de déséconomies
externes de production, le "gêneur" est une entreprise.

La pollution industrielle constitue le cas le plus caractéristique de déséconomie


externe de production. Lorsqu’un pétrolier vidange ses cuves en haute mer ou que
des fumées toxiques dégradent la qualité de l’air dans une agglomération, les
entreprises responsables de pollution gênent les pêcheurs et les habitants sans que le
marché vienne spontanément définir un quelconque prix pour ces nuisances : il
n’existe pas de marché pour l’eau limpide de l’océan ou l’air pur d’une ville.

Externalité de consommation

Il y a des économies externes de consommation lorsque ce sont les décisions d’un


consommateur qui profitent à d’autres agents sans qu’il y ait compensation
monétaire. Par exemple lorsque quelqu’un repeint la façade de ma maison,
entretient son jardin ou fleurit son balcon, cela apporte presque autant de
satisfaction à ses voisins qu’à lui-même et ceux-ci ne le dédommagent pas pour le
service rendu.

On est en présence de déséconomies externes de consommation lorsque ce sont les


consommateurs qui sont à l’origine de gênes ou de nuisance pour d’autres agents :
tabac et musique trop bruyante peuvent ainsi être à l’origine de déséconomies
externes de consommation dont pâtissent les non-fumeurs et ceux qui apprécient le
calme et la tranquillité.

La consommation est aussi à l’origine de pollution et de dégradations de


l’environnement qui constituent des déséconomies externes par exemple lorsque les
gaz d’échappement des automobiles gênent les piétons ou quand le propriétaire d’un
terrain construit une habitation à l’esthétique discutable.

Chapitre 4. La responsabilité sociétale des entreprises (RSE)


32

C’est un concept dans lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales,
environnementales, et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions avec
leurs parties prenantes sur une base volontaire. Énoncé plus clairement et simplement,
c'est « la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable » À noter
qu'en 2010 le Ministère français de l’Écologie, de l’Énergie et du Développement
Durable emploie le terme de responsabilité « sociétale », jugé plus large et plus
pertinent que « responsabilité sociale ».

La RSE résulte de demandes de la société civile (associations écologiques et


humanitaires) d'une meilleure prise en compte des impacts environnementaux et
sociaux des activités des entreprises, qui est née, notamment, des problèmes
d'environnement planétaire rencontrés depuis les années 1970. Le concept de RSE
n’apparaît qu’à partir des années 1960 dans la littérature consacrée aux entreprises
(Social Responsabilities of the Businessman de H. Bowen en 1953, et The Responsible
Corporation par G Goyder en 1961). Il a depuis fait l'objet d'une élaboration théorique
chez plusieurs chercheurs anglophones et francophones (voir, notamment les travaux
de l'école de Montréal et ceux qui se réfèrent à la Théorie de la régulation).

La RSE est donc la déclinaison pour l'entreprise des concepts de développement


durable, qui intègrent les trois piliers environnementaux, sociaux, et économiques. Elle
a été à l'ordre du jour du sommet de la Terre de Johannesburg en 2002, auquel ont
participé de grandes entreprises, en particulier françaises, des secteurs de
l'environnement et de l'énergie.

La RSE tend à définir les responsabilités des entreprises vis-à-vis de ses parties
prenantes, dans la philosophie « agir local, penser global » (René Dubos). Il s'agit donc
d'intégrer le contexte mondial et local dans la réflexion stratégique.

En Belgique, le terme responsabilité sociétale des entreprises est utilisé plutôt


que responsabilité sociale des entreprises (traduction directe de l'anglais corporate
social responsibility) qui pourrait omettre le pilier environnemental.

Freeman et la théorie des parties prenantes


33

La RSE s’est développée aux Etats-Unis dans un premier temps, du moins dans
son approche conceptuelle. Deux raisons culturelles justifient l’éclosion de pratiques
RSE à la fin du XIXème siècle aux Etats-Unis :

- La religion est très présente chez les dirigeants d’entreprise et encourage les
actions philanthropiques, notamment au travers de fondations (Rockfeller,
Carnegie et Ford sont les exemples les plus illustres de ce mouvement,
poursuivi aujourd’hui par des personnalités come Bill Gates ou Warren Buffet)

- Il existe une méfiance envers l’Etat. L’idéologie dominante est que l’Etat fera
mal les choses, donc logiquement, les entrepreneurs préfèrent agir par eux-
mêmes.

 Positionnement de Freeman

Freeman s’inscrit dans cette logique libertarienne de méfiance envers l’Etat. Il


croit en la capacité des êtres humains de se mettre d’accord pour vivre ensemble.

Freeman est un philosophe. Ses travaux s’inscrivent dans le champ de la


philosophie morale et plus précisément de l’éthique des affaires. Il se fait connaître en
1984, par son livre fondateur qui démocratise le mot de parties prenantes (stakeholder
en anglais).

 Spécificités de la théorie des parties prenantes

La théorie des parties prenantes de Freeman est créée d’abord pour proposer une
autre vision de ce qu’est le but d’une entreprise, sa raison d'exister.

Freeman entre en contradiction contre l’idéologie dominante, portée par des


personnalités comme Milton Friedman, disant que le but de l’entreprise est d’amasser
du profit pour le redistribuer ensuite aux actionnaires (shareholders en anglais). Le
profit selon Freeman est une conséquence de l’activité de l’entreprise, pas sa cause
première. Pour lui, la logique de Friedman fait que l’entreprise ne se focalise que sur
les actionnaires et pas sur les autres personnes impactées par l’activité de l’entreprise,
34

comme par exemple les clients, les employés ou les fournisseurs. Pourtant, sans eux,
elle ferait faillite.

Freeman en déduit que le but de l’entreprise est de répondre aux besoins des
parties prenantes (stakeholders), c’est à dire toute personnes concernées par les
décisions prises par l’entreprise ; ce qui permettra de réaliser ensuite du profit.

La vision de Freeman est révolutionnaire, car elle permet d’avoir un regard


complètement différent sur l’entreprise. Sa vision comporte également trois points
cruciaux pour rendre l’ensemble cohérent :

- Freeman supporte la « names and faces approach » : les parties prenantes sont
des personnes avec des noms et prénoms. L’entreprise doit accepter de négocier
avec elles (et pour cela identifier des interlocuteurs pertinents, représentant les
différents enjeux des parties prenantes).
- Freeman est pragmatique. Sur le plan philosophique, Freeman considère qu’il
ne faut pas avoir de principes absolus de décision. L’entreprise doit accepter de
questionner chacun de ses points de vue, pour réellement tenir compte des
besoins des parties prenantes. Bien sûr, elle ne renoncera pas à tous ses
principes, mais au moins, elle se sera posé la question de leur pertinence.
- Freeman pense qu’un accord est toujours possible. En cas d’intérêts contraires
entre parties prenantes, l’entreprise ne doit pas choisir l’une plutôt que l’autre,
mais rechercher un compromis, une troisième voie, qui permettrait de satisfaire
les deux intérêts. Freeman soutient ainsi que la RSE est porteuse d’innovation
car elle permet d’imaginer de nouvelles façons de faire.

Freeman a la particularité d’avoir répondu à la plupart des critiques faites envers


sa théorie des parties prenantes. C’est un auteur très présent dans les revues de
recherche dans le champ de l’éthique des affaires et du management.

Freeman est aussi un chercheur qui préfère l’enseignement au pur travail de


recherche, ce qui l’a amené à toujours beaucoup s’impliquer auprès de ses étudiants.
35

Champ d’application et approches proposées pour la théorie des parties


prenantes1

Le concept de stakeholder ou de partie prenante reste encore un concept très


vague. La littérature anglo-saxonne distingue souvent entre les shareholders
(actionnaires) et les autres stakeholders. Freeman (1984) les définit de la façon
suivante « tout groupe ou individu qui peut affecter ou être affecté par la réalisation
des objectifs de l'entreprise ».

Selon Mercier (1999), les stakeholders sont l'ensemble des agents pour lesquels
le développement et la bonne santé de l'entreprise constituent des enjeux importants.

Selon Donaldson et Preston (1995), les stakeholders sont définis par leur intérêt
légitime dans l'organisation. Ceci implique selon eux que :

- Les parties prenantes sont des groupes et des personnes ayant des intérêts
légitimes. Ils sont connus et identifiés ;
- Les intérêts de tous les groupes de parties prenantes ont une valeur intrinsèque.

D’autres chercheurs ont essayé de proposer différentes classifications des PP.

Carroll (1995) fait la distinction entre : les parties prenantes primaires (PP) qui
ont une relation formelle, officielle ou contractuelle avec l’organisation et les autres PP
secondaires.

Pelle-Culpin (1998) propose, en se basant sur les trois dimensions de la


responsabilité sociale, la classification suivante :

- PP institutionnelles : émanant des lois, réglementations, et organismes inter


organisationnels ou par des organismes professionnels propres à une industrie ;
- PP économiques : les différents types d’acteurs opérant sur les marchés sur
lequel l’entreprise est positionnée ;
- PP éthiques : Les organismes de pressions éthiques.

1
Le développement de cette section tire sa substance de l’Article intitulé : La théorie des parties
prenantes : théorie empirique ou théorie normative ? Présenté dans le 24 ème congrès de l'Association
Francophone de Comptabilité, France (2003) par Salma DAMAK-AYADI.
36

En se basant sur la théorie de différentiation sociale développée par Archer


(1996), Friedman et Miles (2002) font la distinction entre quatre groupes de
stakeholders. Ils considèrent que les relations entre organisation et stakeholders
peuvent être, d’une part, compatibles ou non compatibles avec les intérêts de
l’entreprise et, d’autre part, nécessaires (internes) ou contingentes (externes). Ainsi, ils
font la distinction entre :

- Relations nécessaires et compatibles : actionnaires, direction, partenaires ;


- Relations nécessaires mais incompatibles : syndicats, salariés, gouvernement,
clients, fournisseurs, prêteurs, organisations ;
- Relations contingentes et compatibles : public en général, organisations
connectées dans des associations communes ;
- Relations contingentes mais incompatibles : ONG

Pesqueux (2002) propose une classification proche de celle de Carroll mais plus
claire sur les parties prenantes :

- PP contractuelles, qui concernent les acteurs en relation directe et déterminée


contractuellement, comme son nom l’indique avec l’entreprise tels que les
clients, les fournisseurs, le personnel et les actionnaires.
- PP diffuses, qui concerne les acteurs situés autour de l’entreprise qui peuvent
affecter ou être affectés par l’entreprise sans pour autant se trouver en lien
contractuel2 tels que les autorités publiques, les collectivités locales, les
associations et ONG et l’opinion publique.

Il faut noter que le réseau de relations qui s’établit entre l’organisation et ses PP
est étendu et complexe. Etendu, parce qu’un grand nombre de PP sont concernées.
Complexe, parce qu’existent ou peuvent s’établir différents types de relations entre les
diverses PP.

La théorie des parties prenantes s’intéresse à l’étude de la nature des relations qui
relient l’organisation avec ses différentes PP. Son champ d’application et ses
différentes approches seront présentés dans les paragraphes suivants.

2
PESQUEUX Y. (2002), Organisations : Modèles et Représentations, Ed PUF, p. 157
37

Chapitre 5 LA PLACE DE L’INFORMATION DANS LA THÉORIE DE

L’ENTREPRISE

Les entreprises développent depuis vingt ans une double relation avec
l’univers numérique. Les unes en conçoivent les outils, toutes les utilisent plus ou
moins intensément. La fibre optique et le dispositif wifi innervent tous les secteurs de
la société. Cette révolution transforme la nature de la firme. L’information se voit
reconnaître un rôle stratégique. Le management développe jusqu’à la démesure
de deux propriétés des TIC : leur omniprésence et l’ambition de tout quantifier.
La transition numérique, révolution d’un nouveau genre, entraîne de nombreux effets
sur l’appareil de production du PAYS.

Au 19° siècle les économistes se contentèrent d’assimiler l’entreprise à un lieu de


production baignant dans l’océan des marchés, un point sans dimension situé à
l’intersection du marché des biens et de ceux du capital et du travail. Ni l’information,
ni la production manufacturière ne suscitait l’intérêt. D’une part, les marchés étaient
supposés dispenser une information exhaustive sur les prix et la qualité des biens.
D’autre part, les concurrents étaient censés pouvoir s’approprier gratuitement les
meilleurs procédés de fabrication du moment. Dans ce monde sans inégalités de
compétences ni envie, la logique d’entreprise se distingue le moins possible de celle de
l’échange marchand : l’entrepreneur consacre son activité à échanger des quantités de
facteurs contre des quantités de biens dans des proportions qui dépendent
essentiellement de leurs prix respectifs et accessoirement d’une contrainte technique
exogène. Les particularités propres à la production ne sont, hormis la loi des
rendements décroissants, aucunement prises en compte. L’entreprise bénéficie
comme tous les acteurs du marché d’une information égale pour tous. Ce
paradigme de l’économie du tout-marché a perduré pendant des décennies. Dans les
années 1960, un auteur de renom, K. Boulding, pouvait encore affirmer dans son
manuel que l’échange expliquait à lui seul 90 % de l’activité économique.

Or, c’est méconnaître le vrai rôle de l’information que d’en postuler la gratuité et
la disponibilité sans restriction. Les marchés concrets possèdent chacun leur mystère ;
celui de l’immobilier ne ressemble pas à celui des smartphones. Et, à plus forte raison,
38

considérer que l’entreprise est une organisation parfaitement transparente relève de


l’hypothèse d’école, trompeuse pour beaucoup : les entreprises ont, sinon leur jardin
secret, une vie intérieure qui leur reste propre, ne serait-ce que parce que leurs
dirigeants tiennent à filtrer les informations au mieux de leurs intérêts stratégiques.

Trois auteurs ont remis en cause la vision originelle de la firme, sans toutefois
concéder explicitement à l’information un rôle central. A. Marshall avance, le premier,
le concept de « business organisation » appliqué à gérer des processus de production
qui impliquent des relations de travail distinctes de l’échange marchand (1890). F.
Knight voit de son côté dans l’entreprise une entité

Le secteur des assurances trouve à cet égard une occasion de s’impliquer dans le
financement de ces nouveaux risques. Ainsi GAN Assurance s’est associée à Auchan,
à l’Ordre des experts comptables et au journal Les Échos pour animer la plate-forme
de financement participatif Lendopolis de prêts aux TPE. Le même assureur s’est
associé au « Réseau Entreprendre », un club d’entreprises établies qui se charge
d’accompagner de leurs conseils et de divers concours financiers les start-up de leur
choix. Ces apports en capitaux sont encore insuffisants pour faire accéder les
meilleures d’entre elles à la taille critique internationale.

Les transactions directes d’entreprises à particuliers progressent fortement depuis


2010. Avec Amazon en tête, le commerce en ligne a atteint en France où l’on compte
34 millions de cyber-acheteurs, 57 M € de chiffre d’affaires selon la commission des
finances du Sénat (septembre 2015)

. La transition numérique tend à fracturer le tissu industriel

Sont vulnérable les PME traditionnelles et plus largement les entreprises


installées dont les personnels habitués à l’ancien modèle hiérarchique vivent
difficilement les changements touchant « leur » travail. Peut-on se prononcer sur les
conséquences en découlant sur le nombre et la qualification des emplois ? Jusqu’à
présent notre pays a importé ses robots et ses gros équipements électroniques en
39

provenance des États-Unis, du Japon et de l’Allemagne. Les gains de productivité


obtenus avec ces machines intelligentes et celles qui sont en gestation pourraient
détruire durablement plus d’emplois qu’ils ne permettront d’en créer. Après avoir fait
disparaître nombre d’emplois routiniers et peu qualifiés, la transition numérique, plus
précisément l’intelligence artificielle, menace à son tour les emplois qualifiés et
routiniers qui prédominent dans la population active, par exemple dans la banque, la
presse, l’édition musicale, la distribution commerciale, les agences d’assurance, de
voyage et de publicité, etc.

2. L’organisation industrielle qui s’installe est vulnérable à divers égards

La dynamique du glaive et du bouclier perturbe les entreprises exposées au risque


de captation et de manipulation des données. Le numérique ne fait pas disparaître la
notion d’information stratégique, sensible, qu’il faut apprendre à protéger. Sans
tomber pour autant dans la paranoïa(divagation), les entreprises sont invitées à prendre
en charge leur propre sécurité informatique. Les produits modernes sont des systèmes
complexes exposés au risque de défaillance du moindre de leurs éléments ; le trafic
aérien, les centrales nucléaires ne sont pas complètement à l’abri des agressions d’où
qu’elles viennent. Enfin, l’excès de confiance dans les algorithmes utilisés par les
traders pour leurs opérations financières contribue en partie au dérèglement des
marchés financiers. Le numérique ne remplace pas le discernement dont les décideurs
doivent faire preuve.

On peut certes douter de la portée de la révolution Internet en comparaison


de l’apport du tout à l’égout, de l’éclairage électrique, du moteur à combustion et
du téléphone. On peut sous-estimer les innovations de la fin du 19e siècle et
exagérer celles du présent (Gordon, 2013 ; Wolf, 2015). Mais il nous semble que
la nature de la firme et des rapports qu’elle entretient avec les marchés subit de
profondes transformations. Ni Coase, ni Walras ne résument dans leurs schémas la
nature de la firme contemporaine. Tout en se rapprochant par certains côtés du
modèle d’économie de marché du paradigme néoclassique, l’économie numérique
s’en éloigne à d’autres égards. Elle s’en rapproche en flattant l’individualisme
ambiant, en faisant fi des hiérarchies, en facilitant les conduites opportunistes et
40

l’optimisation à court terme des choix, en privilégiant le contact multilatéral, hors


intermédiaires professionnels. Elle s’en éloigne par le rôle déterminant conféré aux
technologies de l’information et de la communication, par leur
hypertrophie(amplification). Les prix à la consommation ne sont plus guère ce signal
renseignant objectivement l’ensemble des acteurs du marché sur le coût des biens ; ce
sont des instruments manipulés aux fins d’extraire la rente de l’acheteur à la plus petite
unité de temps près ; d’où la tentation de celui-ci d’échapper à cette emprise par le
recours aux services en ligne. Le monde digital favorise l’apparition de techno-
monopoles géants et de « marchés où le gagnant remporte toutes les mises »
(Wolf, 2015). Les réseaux de partenariat associant petits producteurs et grands groupes
relativisent le classement des entreprises par ordre de taille. Enfin, le numérique invite
à revoir nos conceptions sur les rapports entre connaissance, information, décision et
action. Ce que le numérique apporte en termes de confort matériel dans les
opérations de production, dans les prestations de services crée de nouvelles
obligations à l’entreprise. Son équipement intellectuel est soumis à de nouvelles
exigences dans le domaine de la formation et des rapports interpersonnels.

La nouvelle économie :

un débat crucial La nouvelle économie, notion apparue ces dernières années, correspond
à l’ensemble des mutations observées et qui touchent à la fois les biens et les services
mais également les processus de production. La nouvelle économie est généralement
associée à la diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la
mesure au ces dernières sont grandement à l’ origine de ces mutations. Le rôle joué par les
technologies de l’information et de la communication a fait l’objet de nombreux débats.
C’est ainsi que Solow, à travers le paradoxe de la productivité, formule l’idée que: « les
ordinateurs sont partout sauf dans les statistiques de productivité ». Ainsi, la croissance
sans inflation ni chômage s'expliquerait, aux Etats-Unis, par le fonctionnement du marché du
travail. Le faible taux de syndicalisation ne permet pas de réduire la grande flexibilité des
rémunérations entrainant ainsi une progression modérée des salaires

La faiblesse de l’inflation serait la conséquence, également, de la baisse des taux d’intérêts


qui a considérablement réduit les charges financières des entreprises. De même la baisse de
41

prix des matières premières a eu un effet désinflationniste certain. Mais le phénomène que
constitue la croissance américaine s’explique également par les politiques économiques
menées au cours de ces dernières années. Nouvelle économie et marches financiers Le
développement des technologies de l'information et de la communication s’est appuyé sur
le développement des marchés financiers et plus précisément du Nasdaq, aux Etats-Unis,
ou du nouveau marché, en France. Mais, il a également été à l’origine de nouvelles
pratiques et s'est traduit par l’apparition de nouveaux acteurs, aux premiers rangs
desquels les sociétés de capital-risque. Les sociétés jeunes pousses (startup) ont vu leur
valeur en bourse s’apprécier considérablement. Cette valorisation s’explique par le mode de
développement spécifique de ces entreprises puisque si des investissements très lourds sont
engagés lors de leur lancement, par la suite, le « coût » pour conquérir un nouveau client est
faible et par conséquent la marge dégagée forte (on parle d' ailleurs de rendement
croissant).

En avril 2000, la nouvelle économie connait un coup d’arrêt avec ce que l’on a appelé l’ « E-
krash ».

En à peine un mois, les valeurs technologiques perdent 2 000 points. Cette crise s'explique
par le ralentissement de la croissance américaine qui réduit encore un peu plus les
perspectives de bénéfice des entreprises technologiques. De plus, le retrait de certains
operateurs importants a généré un phénomène de mimétisme qui a accéléré la chute des
valeurs...

Une nouvelle économie durable ?

Même si le krach sur les valeurs technologiques est un coup d’arrêt important, il peut
également être analyse comme une période de transition qui a permis un assainissement
puisqu’il 'ne reste que les entreprises les plus solides et les projets les plus sérieux, De plus,
la nouvelle économie existe toujours puisque le commerce électronique a encore
progresse de 70 % au COUTS de l’année 2003, les ventes en ligne atteignant, à l’échelle
mondiale, 290 milliards de dollars. La question reste posée de savoir si l'Europe a la
possibilité de rentrer véritablement dans la nouvelle économie. En effet, l’Union
européenne reste en retard par rapport aux Etats-Unis en volume de transactions réalisées
sur Internet ou en matière de recherche et développement. Le Japon, pour sa part,
42

éprouve encore de nombreuses difficultés à sortir de la crise et mise sur la nouvelle


économie pour relancer durablement la croissance. L'ambition du gouvernement japonais
est de créer, à l'horizon de 5 ans, un « e-Japan » capable de rivaliser avec les Etats-Unis.
Enfin, de nouvelles évolutions technologiques vont certainement favoriser l’expansion. On
pense, dans un premier temps, a l'UMTS (Universel Mobile Télécommunication System) dont
les premières tentatives pour associer Internet et téléphonie mobile semblent
prometteuses. Dans le même temps, les biotechnologies semblent confirmer leurs
perspectives de développement, Le développement « durable » ou « soutenable » : «
Répondre aux besoins des générations actuelles sans compromettre la possibilité de
répondre à ceux des générations à venir » Rapport Brundtland 1987 – entérinées par le
Sommet de Rio en 1992. Les trois dimensions intimement liées sont : écologique, sociale,
économique. Et les trois grandes approches économiques: en terme de marché: « croissance
soutenable », en terme de refus du développement: « décroissance », en terme d’un autre
type de développement: « bio économie

Bibliographie

- Berle,A. et G. Means.1932 «  the modern corporation and private property


Macmillan »,New York, vol.2, n°3 p.45-53.
43

- Cadbury, S.A.1992, “Report of the committee on the financial aspects of


corporate governance in the united kingdom”, Gee, London
- Charreaux G. (2000) : « Le conseil d’administration dans les théories de la
gouvernance », Revue du Financier, n° 127, décembre, pp.6-17, 12p.
- Charreaux, G.et al.(2004), «  les théories de la gouvernance: de la gouvernance
des entreprises à la gouvernance des systèmes nationaux », cahier de recherche,
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- Charreaux G. (1987), Couret A., Joffre P., Koenig G. & de Montmorillon B. «
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management journal, vol. 37, pp. 42-56.
- Desmsetz,H(1967), “toward a theory of property rights, 57 amer »,
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- Donaldson T. (1999), « making stakeholder theory whole », academy of
management review, vol. 24, n°2, pp. 237-241
- Donaldson T. et Preston L.E. (1995), « the stakeholders theory of corporation :
concepts, evidence and implications », academy of management review, vol.
20, n°1, pp. 65-91
-
44

Yvon ULAMA NGOMBO est Docteur en Sciences Economiques et de Gestion de l’Université


Pédagogique Nationale (UPN, 2014), option : comptabilité et gestion financière. Il détient un
diplô me de Licence en Sciences Economiques Appliquées de l’Université de Kinshasa (UNIKIN,
1996), option : Gestion Financière.

L’intéressé est formateur de l’outil de modélisation du calcul des coû ts de prestations


logistiques des centrales nationales d’achat en Afrique, pour les intrants médico
pharmaceutiques financés par des partenaires Internationaux, modèle de calcul mis en
place par l’Association africaine des Centrales d’Achat de Médicaments Essentiels
(ACAME), sous le financement de l’initiative 5% (Sida, Tuberculose, Paludisme), le fonds
mondial avec l’appui technique d’expertise France.
45

Il est Consultant à la Fédération des Centrales d’Achats de Médicaments Essentiels (FEDECAME)


en RDC.
Il a l’expertise dans la comptabilité des ASBL du secteur de la santé en RDC où il a œuvré
pendant plus de dix ans comme comptable d’une Centrale de Distribution Régionale des
médicaments Essentiels, avec l’appui de la Coopération Technique Belge sous les projets CDR 1
et 2.

Actuellement Directeur Général de l’institut supérieur d’informatique, programmation et Analyse,


ISIPA/MATADI.

Il enseigne les cours ci-après : gestion financière, comptabilité financière, systèmes comptables
comparés, comptabilité Analytiques et des sociétés commerciales, Economie Financière, gestion
financière internationale, statistique descriptive, statistique inférentielle, questions spéciales de
comptabilité, conception, préparation et évaluations des projets, séminaire de gestions financières,
statistiques appliquées aux affaires, discussion et analyse des états financiers, Analyse Economique
de l’entreprise, dans les institutions d’enseignement supérieur et universitaire de la RDC (
ISC/MATADI,ISIPA-Kinshasa et Matadi, UNIVERSITE HOREB /MATADI,ULIMAT,IFADC-MATADI)

Il est Diplômé d’école biblique Emmaüs d’Allemagne/Morsbach-School

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