Gérer Le Patrimoine Mondial Culturel
Gérer Le Patrimoine Mondial Culturel
Gérer Le Patrimoine Mondial Culturel
GÉRER
Patrimoine mondial M a n u e l d e r é f é re n c e
LE PATRIMOINE
MONDIAL
CULTUREL
7, place de Fontenoy
75352 Paris 07 SP France
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Publié en 2014 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture,
7, place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, France
ISBN 978-92-3-201223-4
Œuvre publiée en libre accès sous la licence Attribution-NonCommercial-ShareAlike 3.0 IGO (CC-BY-
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la présente publication acceptent les termes d’utilisation de l’archive ouverte de libre accès UNESCO
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Les désignations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n’im-
pliquent de la part de l’UNESCO, de l’ICCROM, de l’ICOMOS et de l’UICN aucune prise de position
quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé
de leurs frontières ou limites.
Les idées et les opinions exprimées dans cette publication sont celles des auteurs ; elles ne reflètent pas
nécessairement les points de vue de l’UNESCO, de l’ICCROM, de l’ICOMOS et de l’UICN et n’engagent
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La série est publiée conjointement par les Organisations consultatives désignées par la
Convention du patrimoine mondial (ICCROM, ICOMOS et UICN) et le Centre du patrimoine
mondial de l’UNESCO, qui assure les fonctions de secrétariat de la Convention. À sa 30e ses-
sion (Vilnius, Lituanie, juillet 2006), le Comité du patrimoine mondial a approuvé cette
initiative et demandé aux Organisations consultatives et au Centre du patrimoine mondial
d’entreprendre, d’élaborer et de publier un certain nombre de manuels de référence sur des
thèmes particuliers. À ses 31e (2007) et 32e (2008) sessions, le Comité a adopté un plan de
publication et arrêté une liste de titres prioritaires.
Les manuels de référence sont conçus pour donner des indications précises sur la mise
en œuvre de la Convention aux États parties, aux autorités responsables de la protection du
patrimoine, aux autorités locales, aux gestionnaires des sites et aux communautés locales
ayant des liens avec les sites du patrimoine mondial, ainsi qu’aux autres parties concernées
par le processus d’identification et de préservation de ces sites. Ils visent à les informer et à
les aider afin que la Liste du patrimoine mondial soit représentative et crédible et que les
biens inscrits soient convenablement protégés et gérés de manière efficace.
Les manuels se veulent des outils accessibles destinés à renforcer les capacités et à faire mieux
connaître la Convention du patrimoine mondial. Ils peuvent être utilisés indépendamment,
à des fins d’auto-apprentissage, ou comme matériel de formation dans le cadre d’ateliers,
en complément des éléments de base concernant l’interprétation des dispositions de la
Convention elle-même et des Orientations relatives à la mise en œuvre de cette dernière.
Les titres de cette série sont publiés sous la forme de documents au format PDF qui peuvent
être consultés en ligne et téléchargés gratuitement.
Gérer le patrimoine mondial culturel
1
Remerciements
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Auteurs
• Gamini Wijesuriya, ICCROM
• Jane Thompson, Consultante, ICCROM
• Christopher Young, Consultant, ICCROM
Autres collaborateurs/réviseurs
• George Abungu, ancien Directeur, Musées nationaux du Kenya
• Tim Badman, UICN
➤
• Giovanni Boccardi, Centre du patrimoine mondial
• Carolina Castellano, ICOMOS
• Joseph King, ICCROM
• Mechtild Rössler, Centre du patrimoine mondial
• Herb Stovel, ICOMOS
• Naomi Deegan, ICCROM, Stagiaire 2011, Irlande
• Giulia Cotta, ICCROM, Stagiaire 2012, Italie
• Rugile Balkaite, ICCROM, Stagiaire 2013, Lituanie
• Elena Incerti Medici, ICCROM (soutien logistique)
2
Avant-propos
par Kishore Rao, Directeur, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Les diverses célébrations tenues tout au long de l’année 2012 en l’honneur du
40e anniversaire de la Convention du patrimoine mondial ont été l’occasion de faire
le point sur certaines questions urgentes auxquelles les biens inscrits sur la Liste
du patrimoine mondial sont confrontés. Le thème officiel de cette année
commémorative, « Patrimoine mondial et développement durable : le rôle des com-
munautés locales », a reconnu, et mis l’accent sur, ce qui constitue peut-être le défi
le plus important pour le patrimoine mondial aujourd’hui : conserver ses valeurs
pour la société tout en s’adaptant aux changements qui lui sont imposés par les
grands phénomènes qui surviennent à l’échelle mondiale, comme les inégalités
croissantes, la mondialisation, le changement climatique, et une urbanisation massive.
➤
Nous espérons que les lecteurs trouveront ce manuel en phase avec leurs besoins,
Gérer le patrimoine mondial culturel
Kishore Rao
C’est en réponse à ces exigences que le présent manuel accorde une attention particu-
lière à la compréhension des systèmes de gestion du patrimoine. Il en reconnaît la
complexité et la diversité, mais définit également les caractéristiques communes à l’en-
semble des systèmes de gestion. Il recommande de réviser les systèmes de gestion du
patrimoine existants à la lumière des conditions imposées par le système du patrimoine
mondial et des besoins de l’ère moderne, tout en soulignant la nécessité d’adopter des
Gérer le patrimoine mondial culturel
approches participatives.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
questions soulevées lors de la préparation du dossier d’inscription, et en démontrant
l’existence d’un plan de gestion, ou d’un autre système de gestion adapté à la protec-
tion du bien.
2) Après l’inscription, l’État partie doit respecter son engagement concernant la
sauvegarde de la valeur universelle exceptionnelle du bien à travers une gestion effi-
cace à long terme, et à travers une série de procédures mises en place par le patrimoine
mondial qui permettent de vérifier cette protection.
Le présent manuel vise à aider les États parties à remplir ces obligations en leur four-
nissant un cadre qui leur permet de réviser le système de gestion d’un bien donné, et ➤
en leur offrant des orientations les aidant à prendre les mesures nécessaires pour
garantir que ce système soit efficace et réponde aux défis supplémentaires imposés
par l’appartenance du bien au système du patrimoine mondial.
Ce manuel est l’aboutissement d’un effort collectif déployé par les organisations
consultatives (ICCROM, ICOMOS et UICN) et le Centre du patrimoine mondial de
l’UNESCO, pour aider toutes les parties prenantes à mieux gérer et protéger leurs biens
du patrimoine mondial. Il vient s’ajouter aux autres titres répertoriés dans la biblio-
graphie, qui partagent le même objectif.
Le présent manuel offre une analyse exhaustive des systèmes de gestion, un fait rare
dans la littérature consacrée au patrimoine ; nous espérons qu’au cours des prochaines
années, cette analyse se verra complétée et affinée.
Stefano De Caro
5
Ta b l e d e s m a t i è re s
Remerciements 2
1 Introduction 7
1.1 Présentation du manuel
1.2 Sources d’information principales
ANNEXE A 131
Cadre pour l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi d’un plan de gestion
A.1 Introduction : le plan de gestion au sein du système de gestion
Gérer le patrimoine mondial culturel
ANNEXE B 156
La Trousse à outils : Amélioration de notre patrimoine (UICN)
Bibliographie 159
6
Informations sur les organes responsables 163
1 Introduction
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Il dresse également la liste des documents de l’UNESCO fondamentaux pour la
Convention du patrimoine mondial, et des publications du Centre du patrimoine
mondial que le présent manuel vient compléter (section 1.2).
Ces nouveaux défis, ainsi que d’autres facteurs, ont conduit à certains besoins urgents, dont
les suivants :
• établir une base commune pour définir, évaluer et améliorer les systèmes de gestion, et de
cette manière, favoriser les échanges de bonnes pratiques et l’évolution des approches de
gestion améliorées ;
• offrir des orientations pratiques et des outils destinés à la pratique d’une gestion quotidienne
qui reconnaît le nombre croissant des parties impliquées et des objectifs à atteindre ;
• accroître la sensibilisation envers la diversité des problèmes de gestion auxquels les États
parties font face, mais aussi envers leurs points communs, en vue de promouvoir une plus
grande coopération permettant de les surmonter.
C’est dans cet esprit que le Manuel de référence Gérer le patrimoine mondial culturel a été
produit, afin d’aider les États parties à gérer et conserver efficacement leur patrimoine et à
en protéger les valeurs, en particulier la valeur universelle exceptionnelle (VUE) de leurs biens
inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. À ce propos, les Orientations devant guider la
mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial (ci-après désignées comme les
« Orientations ») stipulent que chaque bien du patrimoine mondial « doit bénéficier d’un
système adapté de protection et de gestion pour assurer sa sauvegarde » (paragraphe 78
des Orientations). Les Orientations indiquent ensuite que « Le but d’un système de gestion
est d’assurer la protection efficace du bien proposé pour inscription pour les générations
actuelles et futures », et qu’ « un système de gestion efficace doit être conçu selon le type,
les caractéristiques et les besoins du bien proposé pour inscription et son contexte culturel et
naturel » (paragraphes 109 et 110 des Orientations). Le présent manuel vise avant tout à
comprendre les systèmes de gestion, et met l’accent sur les moyens d’améliorer ces derniers
pour gérer efficacement les biens culturels.
Gérer le patrimoine mondial culturel
Le manuel offre aux États parties, et à toutes les personnes impliquées dans la gestion des
biens culturels du patrimoine mondial, des orientations sur la manière de satisfaire aux exi-
gences dictées par la Convention. Il vise également à aider les États parties à garantir que
leur patrimoine joue un rôle dynamique au sein de la société, et tire parti, mais également
apporte aux autres, des bénéfices mutuels qu’un rôle de ce type peut engendrer.
7
1 Introduction
Ce manuel ne traite que de la gestion des sites du patrimoine culturel. Les biens naturels
soulèvent de nombreuses questions similaires, mais font également face à des problèmes
différents. L’UICN a produit un Manuel de référence consacré à la gestion des biens du
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Le présent manuel est conçu pour le bénéfice de l’ensemble des personnes impliquées dans
la prise de décision relative à l’entretien et à la gestion des sites du patrimoine mondial culturel
au nom des États parties, de leurs responsables (décideurs politiques et administrateurs) et
de ceux avec lesquels ils travaillent ou pourraient travailler à l’avenir.
Ces personnes représentent trois grands domaines au sein desquels résident les capacités2
en gestion, conformément à la définition dictée par la Stratégie du patrimoine mondial pour
le renforcement des capacités :
• les praticiens (dont les individus et groupes qui interviennent directement dans la conser-
vation et la gestion des biens du patrimoine),
• les institutions (dont les organisations en charge du patrimoine dans les États parties au ni-
veau fédéral et national, les ONG, le Comité du patrimoine mondial, les organisations
consultatives, et d’autres organisations ayant la responsabilité de fomenter une meilleure
gestion et conservation),
• les communautés et réseaux (dont les communautés locales qui possèdent, ou vivent au
sein ou aux alentours, des biens du patrimoine, ainsi que des réseaux plus vastes manifes-
tant un intérêt envers l’amélioration de la gestion du patrimoine culturel3.
Le présent manuel, aussi bien dans le cadre d’un apprentissage autonome que dans celui
d’initiatives structurées consacrées au renforcement des capacités, a pour objectif :
• d’offrir des orientations stratégiques et pour le quotidien,
• et de s’appuyer sur des capacités existantes ou de créer de nouvelles forces, aussi bien pour
les praticiens que pour les institutions, les communautés et les réseaux.
Dans les deux cas, c’est à travers les personnes que des changements positifs peuvent être
obtenus en matière de gestion du patrimoine (voir section 3.8).
Les circonstances dans lesquelles chaque système de gestion opère varient considérablement,
et l’isolement relatif de nombreux praticiens du patrimoine les empêche d’avoir accès à l’ex-
périence des autres, qui leur permettrait de repenser leurs propres actions. Nous espérons
Gérer le patrimoine mondial culturel
2. La capacité est définie comme « l’aptitude des individus, organisations et sociétés à exercer leurs fonctions, résoudre des
problèmes, et définir et atteindre des objectifs d’une manière durable ».
http://www.undp.org/content/undp/fr/home/ourwork/crisispreventionandrecovery/overview/
(Note de pratique du PNUD sur le renforcement des capacités, avril 2006, p. 3.)
3. Stratégie du patrimoine mondial pour le renforcement des capacités, juin 2011, whc11-35com-9Be
(http://whc.unesco.org/archive/2011/whc11-35com-9Bf.pdf)
8
Introduction 1
Ta b l e d e s m a t i è r e s
ensuite des orientations sur la manière de les mettre en pratique.
La présente section, ou Chapitre 1, offre une introduction au manuel, et fournit une liste
de références aux publications et documents utiles pour la gestion du patrimoine mondial.
Le Chapitre 2 fournit quant à lui le contexte dans lequel la gestion du patrimoine culturel
est mise en pratique. Il résume la perception, en cours d’évolution, de la conservation et de
la gestion des sites, mettant l’accent sur une approche intégrée. Il souligne la nécessité de
placer les questions patrimoniales dans un cadre plus large, d’établir un lien entre le
patrimoine et le développement durable, et de considérer l’approche orientée sur les valeurs ➤
comme un outil utile dans le domaine de la gestion du patrimoine mondial.
L’Annexe B présente la Trousse à outils : Amélioration de notre patrimoine mise au point par
l’UICN.
Gérer le patrimoine mondial culturel
Patrimoine mondial
Il existe de nombreuses ressources expliquant le système du patrimoine mondial, dont une
grande partie concerne directement les questions liées à la gestion. Le présent manuel fait
référence à ces ressources lorsque le sujet s’y prête ; toutefois, nous recommandons forte-
ment de consulter les pages internet du Centre du patrimoine mondial qui présentent ces
9
1 Introduction
Le présent manuel cite les documents suivants, qu’il vient globalement compléter :
• La Convention du patrimoine mondial de l’UNESCO et les Orientations devant guider la
mise en œuvre de la Convention :
http://whc.unesco.org/fr/series/22/
- Hockings, M., James, R., Stolton, S., Dudley, N., Mathur, V., Makombo, J., Courrau, J.,
et Parrish, J. 2008. Trousse à outils : Amélioration de notre patrimoine. Évaluer
l’efficacité de la gestion des sites du patrimoine mondial naturel. Paris, Centre du
patrimoine mondial de l’UNESCO. (Cahiers du patrimoine mondial nº23.)
http://whc.unesco.org/fr/series/23/
10
Introduction 1
- Martin, O., et Piatti, G. (éd.). 2009. Patrimoine mondial et zones tampons, Réunion
internationale d’experts sur le patrimoine mondial et les zones tampons, à Davos
(Suisse) du 11 au 14 mars 2008. Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
(Cahiers du patrimoine mondial nº25.)
http://whc.unesco.org/fr/series/25/ (en anglais uniquement)
- Mitchell, N., Rössler, M., et Tricaud, P.-M. (éd.). 2009. Paysages culturels du patrimoine
mondial – Guide pratique de conservation et de gestion. Paris, Centre du patrimoine
mondial de l’UNESCO. (Cahiers du patrimoine mondial nº26.)
http://whc.unesco.org/fr/series/26/
- Van Oers, R., et Haraguchi, S. 2010. Gérer les villes historiques. Paris, Centre du
patrimoine mondial de l’UNESCO. (Cahiers du patrimoine mondial nº27.)
http://whc.unesco.org/fr/series/27/ (en anglais uniquement)
➤
• Décisions prises par le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO utiles pour la
gestion du patrimoine mondial culturel :
- Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. 2007. Stratégie de réduction des risques
liés aux catastrophes sur les biens du patrimoine mondial. Paris, Centre du patrimoine
mondial de l’UNESCO. (Doc WHC-07/31.COM/7.2)
http://whc.unesco.org/archive/2007/whc07-31com-72f.pdf
- Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. 2008. Document d’orientation sur le
changement climatique et les sites du patrimoine mondial. Paris, Centre du patrimoine
mondial de l’UNESCO.
http://whc.unesco.org/uploads/activities/documents/activity-397-2.pdf
- Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. 2010. Réflexion sur l’évolution de l’état
de conservation. Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO.
(Doc WHC-10/34.COM/7C)
http://whc.unesco.org/archive/2010/whc10-34com-7Cf.pdf
- Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. 2010. Convention du patrimoine mondial
et développement durable. Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO.
(Doc WHC-10/34.COM/5D)
http://whc.unesco.org/document/104661
- Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. 2011. Présentation et adoption de la
stratégie du patrimoine mondial pour le renforcement des capacités. Paris, Centre du
patrimoine mondial de l’UNESCO. (Doc WHC-11/35.COM/9B)
http://whc.unesco.org/archive/2011/whc11-35com-9Bf.pdf
- Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. 2011. Convention du patrimoine mondial
et développement durable. Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO.
(Doc WHC-11/35.COM/5E)
http://whc.unesco.org/archive/2011/whc11-35com-5Ef.pdf
Lectures complémentaires
Gérer le patrimoine mondial culturel
Il existe de nombreuses publications qui traitent des outils et procédés de gestion utilisés
pour améliorer les approches de gestion, en particulier la planification de la gestion. Le Guide
de gestion des sites du patrimoine culturel mondial de Feilden et Jokilehto (1993)4 en est un
exemple précoce, à l’instar d’autres publications figurant dans la bibliographie (voir Annexe D).
4. Feilden, B.M., et Jokilehto, J. 1993. Guide de gestion des sites du patrimoine culturel mondial. (Première édition.) Rome,
Italie, ICCROM.
11
1 Introduction
À l’inverse, il existe relativement peu de publications qui traitent des systèmes de gestion du
patrimoine et de la manière dont ils fonctionnent. La bibliographie répertorie les titres qui
sont utiles à la gestion du patrimoine mondial.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Il existe également diverses ressources et possibilités d’apprentissage sur des thèmes liés à la
gestion des biens du patrimoine mondial, disponibles à travers les organisations consultatives
du patrimoine mondial (ICCROM, ICOMOS et UICN), ainsi qu’à travers les Centres de caté-
gorie 2 et les universités offrant des cours et conduisant des recherches sur les thèmes en
question. Le lecteur est encouragé à consulter les sites internet et ressources en ligne qui s’y
rapportent.
ÉTUDE DE CAS
Le bureau de l’UNESCO à Hanoi a lancé en avril 2013 un projet pour développer des plans de gestion
du risque de catastrophe pour les trois biens du Viet Nam inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.
Le Manuel de référence sur le patrimoine mondial intitulé Gérer les risques de catastrophes pour le
patrimoine mondial a servi de base à ce projet.
Source: ICCROM
12
2 Contexte : gérer le patrimoine culturel
Ta b l e d e s m a t i è r e s
vise à placer la gestion du patrimoine dans un contexte plus vaste (2.2), en examinant
plus particulièrement son rapport au développement durable (2.3). Elle se penche
ensuite sur la nature des systèmes de gestion du patrimoine, et décrit les deux ap-
proches les plus communes en matière de conservation et de gestion du patrimoine :
celle qu’on définit ici comme l’approche « conventionnelle », et une approche alter-
native, orientée sur les valeurs (2.5).
Au cours des cinquante dernières années, la définition de ce qui constitue le patrimoine s’est
élargie de manière significative. Les biens du patrimoine tendaient à être des monuments in-
dividuels ou des édifices tels que des lieux de culte ou des fortifications, que l’on considérait
le plus souvent comme des entités indépendantes, n’ayant pas de lien particulier avec le pay-
sage les entourant. Aujourd’hui, on reconnaît à l’unanimité que l’environnement dans son
ensemble est influencé par son interaction avec l’humanité, et est donc en mesure d’être
considéré comme patrimoine. Il devient encore davantage nécessaire de juger de ce qui revêt
une certaine importance, et de ce qui n’en a pas.
Le fait de reconnaître que les sites patrimoniaux ne sont pas isolés nous a conduits à traiter
leurs environs à la fois comme un cadre physique, et comme une série de menaces et oppor-
tunités sociales, économiques et environnementales (voir section 2.4). Ce qui se passe aux
alentours d’un site peut avoir un impact sur le site en question, et sur ses valeurs. Cela signifie
qu’un système de gestion du patrimoine, et toutes les personnes impliquées dans ledit sys-
tème, doit avoir la capacité d’influencer les décisions relatives à ce qui s’y passe (voir
section 2.5). Il est probablement inévitable que des changements interviennent aux alentours
13
2 Contexte : gérer le patrimoine culturel
d’un site, mais ces modifications ne devraient pas en affecter les valeurs (dans le cas d’un
bien du patrimoine mondial, la VUE). De fait, ces changements peuvent produire un effet
catalyseur, engendrant de nouvelles formes de soutien, ayant par la suite un impact sur les
Ta b l e d e s m a t i è r e s
valeurs du site.
➤ Les valeurs du bien, et en particulier la VUE, sont les principaux paramètres que les stratégies
de gestion doivent prendre en compte à l’heure de définir la ou les zones physiques, et de
définir les différents niveaux de contrôles nécessaires pour ces zones. Certaines perspectives
visuelles lointaines depuis le bien (par exemple, la vue du volcan Vésuve depuis Pompéi en
Italie), ou des perspectives du bien même depuis certaines routes menant à ce bien (comme
dans le cas du Taj Mahal en Inde), peuvent se révéler importantes pour le maintien des valeurs.
La reconnaissance du fait que les frontières physiques ne correspondent plus aux seules limites
du bien, mais sont constituées d’une série d’espaces, favorise indubitablement la protection,
mais crée de nouveaux défis en termes de gestion. C’est aussi l’acceptation du fait que les
sites du patrimoine dépendent du cadre dans lequel ils sont situés (et vice versa).
Le concept élargi de patrimoine et l’importance accrue accordée à la manière dont les sites
patrimoniaux interagissent avec leur environnement marquent un changement important en
termes de réflexion. Les sites patrimoniaux ne peuvent être protégés par leur l’isolement ni
comme des pièces de musée, écartées des catastrophes naturelles et de celles provoquées
par l’homme, ou des considérations relatives à la planification de l’utilisation des sols. Ils ne
peuvent pas non plus être séparés des activités de développement, isolés des changements
sociaux en cours, ou séparés des intérêts des communautés.
Gérer le patrimoine mondial culturel
5. Martin, O., et Piatti, G. (éd.). 2009. Patrimoine mondial et zones tampons, Réunion internationale d’experts sur le
patrimoine mondial et les zones tampons, Davos (Suisse), 11-14 mars 2008. Paris, Centre du patrimoine mondial de
l’UNESCO. (Cahiers du patrimoine mondial nº25.)
14
Contexte : gérer le patrimoine culturel 2
la « bonne » pratique internationale, souvent guidée par une pratique de gestion occidentale,
s’est parfois révélée insuffisante en termes d’orientations, et a menacé d’éroder, au lieu de
renforcer, de bons systèmes traditionnels de gestion patrimoniale, notamment les systèmes
Ta b l e d e s m a t i è r e s
en place dans les centres historiques ou dans d’autres sites culturels dont les sols et les biens
sont caractérisés par des utilisations multiples et constantes.
Cela signifie que les praticiens du patrimoine ne peuvent pas agir indépendamment et sans
tenir compte des autres partis concernés. Il est essentiel que les organisations patrimoniales
travaillent autant que possible avec les autres parties prenantes, en vue de développer et de
mettre en œuvre une vision concertée et des politiques permettant de gérer chaque site du
patrimoine dans son contexte physique et social élargi. Cela implique de mettre l’accent sur
le travail collaboratif et la participation entière et transparente des parties prenantes, tel que
le recommandent les Orientations. Tout système de gestion, qui inclut le développement et
la mise en œuvre d’un plan de gestion, doit y pourvoir.
PATRIMOINE
Gérer le patrimoine mondial culturel
15
2 Contexte : gérer le patrimoine culturel
Utilisation
Conflit humain
Contexte culturel
Données scientifiques
Développement
Principes, Propriété
théories
Communauté internationale,
VUE, mondialisation $ Politique
Contraintes
Nouvelles de ressources
institutions,
décentralisation
grande complexité nécessite des avancées dans la pratique de la gestion. Il ne faut cependant
pas partir du principe qu’une approche descendante représente le seul moyen de gérer des
questions multiples. Le terme de « gestion » a été employé jusqu’à présent d’une manière
très générale dans le domaine du patrimoine ; au fur et à mesure que les questions devien-
nent plus complexes, il est nécessaire d’être plus précis. Les approches de gestion doivent
s’adapter au passage (qui vient seulement de commencer dans certaines parties du monde)
à une approche plus vaste et inclusive en matière de gestion du patrimoine, et à une mise en
avant plus importante de l’engagement communautaire.
16
Contexte : gérer le patrimoine culturel 2
Bien que conçu pour des sites du patrimoine naturel, le « nouveau paradigme pour les aires
protégées » développé par Adrian Phillips, et représenté en 2003 par l’UICN dans les Lignes
directrices pour la planification de la gestion des aires protégées6, souligne très efficacement
Ta b l e d e s m a t i è r e s
l’importance croissante accordée ces dernières années à une approche plus large et plus
inclusive en matière de gestion du patrimoine, et l’engagement communautaire. (Ce phéno-
mène était déjà en cours dans certaines régions du monde.) Une grande partie de ces
directives s’appliquent aussi aux sites culturels.
Populations • Planifiées et gérées contre les • Gérées avec, pour et, dans certains cas,
locales gens par les populations locales
• Gérées sans égards pour les • Gérées pour répondre aux
opinions locales besoins des populations locales
Perceptions • Vues d’abord comme des biens • Vues aussi comme des biens
nationaux communautaires
• Vues seulement comme des • Vues aussi comme des
préoccupations nationales préoccupations internationales
Compétences de gestion • Gérées par des scientifiques • Gérées par des personnes aux
et des experts en ressources compétences multiples
naturelles • En s’inspirant des connaissances
• Conduites par des experts locales
6. Thomas, L., et Middleton, J. 2003. Lignes directrices pour la planification de la gestion des aires protégées. Gland
(Suisse), UICN et Cambridge (Royaume-Uni). http://data.iucn.org/dbtw-wpd/edocs/PAG-010-Fr.pdf
7. Phillips, A. 2003. « Un nouveau paradigme pour les aires protégées » in : The George Wright Forum 20, No. 2. 2003,
pp. 8-32. http://www.uvm.edu/conservationlectures/vermont.pdf (en anglais uniquement)
17
2 Contexte : gérer le patrimoine culturel
culturel8. Dans leur analyse, les auteurs interprètent l’approche intégrée de trois manières
différentes : en tant que philosophie, en tant que processus et en tant que produit.
Placer le patrimoine et les questions relatives à sa protection dans un contexte plus large :
une approche intégrée de la gestion du patrimoine9
La recherche a montré que des changements étaient nécessaires dans différents domaines
pour envisager une approche intégrée. Les auteurs de ces recherches les ont regroupés en
trois grands domaines de gestion, qui seront étudiés plus en profondeur à la section 4 (voir 4.2) :
les aspects juridiques, les cadres institutionnels et le déploiement des ressources (voir texte
surligné en rouge).
Les publications suivantes du patrimoine mondial fournissent des références utiles sur ces
thèmes : les Cahiers du patrimoine mondial nº13, intitulé L’union des valeurs universelles et
locales : La gestion d’un avenir durable pour le patrimoine mondial10, nº26, sur les Paysages
culturels du patrimoine mondial : Guide pratique de conservation et de gestion11, et les
Cahiers du patrimoine mondial nº31, consacrés au développement de la communauté à
Ta b l e d e s m a t i è r e s
travers le patrimoine mondial12. Ils rassemblent des essais intéressants, une série de recom-
mandations (dont certaines ont influencé les révisions apportées aux Orientations pour le
patrimoine mondial), et un aperçu de la manière dont les réflexions ont évolué au cours des
dernières années.
Les informations recueillies sur le terrain montrent qu’en pratique, les systèmes de gestion
du patrimoine échouent souvent à engager les responsables locaux. Même lorsqu’il existe
un engagement de la part de la communauté, le niveau de participation à la prise de décision
et la capacité des partis concernés locaux à s’engager et apporter une contribution restent
limités.
Il existe cependant de nombreux facteurs qui peuvent gêner une approche participative et rendre ➤
inefficace les tentatives d’impliquer la communauté locale dans les biens patrimoniaux : le système
de gestion même, un déséquilibre en termes de pouvoir entre les partis concernés, ou les
facteurs socio-économiques dans un contexte plus large (la pauvreté et les troubles civils, ou
même des valeurs culturelles profondément ancrées), en sont quelques-uns.
En outre, une approche participative qui échoue à engager tous les groupes d’intérêt, en
particulier ceux qui se trouvent le plus souvent marginalisés (les femmes, les jeunes et les
populations autochtones sont des exemples communs), peut en réalité causer plus de tort
que de bien. Elle peut conduire à des projets bancals car les spécialistes du patrimoine peuvent
ne pas avoir été informés correctement de certains aspects importants, ou en raison de
malentendus susceptibles par la suite de retarder ou de bloquer des projets. Le manuel du
patrimoine mondial consacré à la gestion du tourisme13 contient un chapitre utile dédié à
« La contribution des partis concernés : bénéfices et défis de la participation publique ».
Pour mettre en place une approche efficace qui apporte des bénéfices mutuels au bien
culturel et à la société, il faut comprendre :
• qui participe aux processus de prise de décision, d’estimation, de planification, de mise en
œuvre et d’évaluation, et de quelle manière ;
• qui apporte sa contribution à travers son expérience, ses connaissances et ses compétences,
et de quelle manière ;
• quels sont les bénéficiaires du point de vue économique, socioculturel et psychologique,
et de quelle manière.
Dans les cas complexes, il peut être nécessaire d’étudier en profondeur le contexte politique,
socio-économique, juridique et institutionnel. En effet, il peut être utile de décomposer
chaque groupe d’intérêt selon ses éléments (ou groupes socioculturels), car ils incluent des
facteurs (genre, âge, classe, langue, origine, éducation, religion, etc.) qui déterminent la
nature de leurs contributions, et peuvent donc faciliter leur implication dans les questions
relatives au patrimoine culturel.
10. De Merode, E., Smeets, R., et Westrik, C. (éd.). 2004. L’union des valeurs universelles et locales : La gestion d’un avenir
Gérer le patrimoine mondial culturel
durable pour le patrimoine mondial. Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. (Cahiers du patrimoine
mondial nº13.) http://whc.unesco.org/fr/series/13/ (en anglais uniquement)
11. Mitchell, N., Rössler, M., et Tricaud, P.-M. (éd.). 2009. Paysages culturels du patrimoine mondial – Guide pratique de
conservation et de gestion. Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. (Cahiers du patrimoine mondial nº26.)
http://whc.unesco.org/fr/series/26/
12. Albert, M.-T., Richon, M., Viňals, M.J., et Witcomb, A. (éd.). 2012. Community development through World Heritage.
Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. (Cahiers du patrimoine mondial nº31.)
http://whc.unesco.org/en/series/31/ (en anglais uniquement)
13. Pedersen, A. 2002. Gestion du tourisme sur les sites du patrimoine mondial : guide pratique pour les gestionnaires de
sites. Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. (Cahiers du patrimoine mondial nº1.)
http://whc.unesco.org/fr/series/1
19
2 Contexte : gérer le patrimoine culturel
De la même manière, il est important de comprendre qui a déjà accès à la prise de décision,
à l’information, à l’éducation, etc., et qui n’y a pas accès. Si les obstacles entravant l’accès
ne sont pas clairement identifiés, un processus d’évaluation doit pouvoir conduire à des
Ta b l e d e s m a t i è r e s
mesures correctives. Cette évaluation doit être conduite au sein du groupe d’intérêt exclu,
autant qu’au sein du secteur patrimonial. Ainsi, différents éléments sociaux seront révélés,
et les activités pourront être ciblées de telle manière que la contribution, la propriété, et la
participation du plus grand nombre de partis concernés possible soient garanties. S’il s’avère
que les femmes, par exemple, sont exclues, il peut être nécessaire d’intégrer l’égalité des
genres en tant que condition formelle de l’ensemble des processus de planification, de mise
en œuvre et de contrôle, afin de s’assurer de la visibilité du groupe en question et de tirer
profit de ses contributions, compétences et besoins potentiels, tout en surmontant leurs
difficultés.
➤ Les processus participatifs demandent souvent d’être prêt à accepter des compromis difficiles
et à négocier des contreparties. La neutralité et l’avantage de collaborations et de coopéra-
tions plus vastes en faveur d’un bien du patrimoine culturel peuvent faciliter ce processus
souvent difficile.
Les sections précédentes (2.1 et 2.2) ont examiné en quoi les sites à valeur de patrimoine
dépendent de leur environnement, et en quoi, en fin de compte, il s’agit là d’une forme de
dépendance mutuelle. Les communautés locales dépendront souvent de leur patrimoine,
qu’il s’agisse d’identité sociale ou de leur seul moyen de subsistance, mais elles peuvent éga-
lement apporter des bénéfices au patrimoine, à ses valeurs culturelles, et à sa gestion. Le rôle
du patrimoine culturel dans le développement durable peut être considéré comme le point
culminant de ces questions, et constitue l’une des préoccupations les plus pressantes de la
gestion du patrimoine dans le monde actuel.
Il est d’autant plus urgent de comprendre la contribution que les biens du patrimoine mondial
peuvent apporter à la société et aux économies locales et nationales qu’une importance
croissante est accordée à l’utilisation durable et au partage des bénéfices pour le patrimoine.
Ces dernières années, en conséquence de phénomènes majeurs tels que la mondialisation,
la croissance démographique, et la pression exercée par le développement, le secteur du
patrimoine culturel a commencé à réfléchir sur le rapport entre conservation et développe-
ment durable. Ces réflexions ont été déclenchées par la prise de conscience que, face à ces
nouveaux défis, le patrimoine ne peut plus être « cantonné à un statut conservatoire passif »,
mais doit en revanche « apporter les outils et le cadre pour orienter, dessiner et construire le
développement des sociétés de demain »15. Cela reflète, en outre, une tendance à considérer
les sites habités comme faisant partie du patrimoine, au lieu des seuls monuments. Ces sites
Gérer le patrimoine mondial culturel
14. Boccardi, G. 2012. Introduction au patrimoine et au développement durable. Présentation lors du Module spécial
consacré au développement durable dans le cadre du cours de l’ICCROM sur la conservation du patrimoine bâti.
15. ICOMOS. 2011. 17e Assemblée générale et Symposium scientifique, « Le patrimoine, moteur de développement »,
27 novembre - 2 décembre 2011. in: Nouvelles de l’ICOMOS, Vol. 18, No.1, p. 9. Paris.
20
Contexte : gérer le patrimoine culturel 2
Ta b l e d e s m a t i è r e s
simplement garantir des pratiques durables ? Les systèmes de gestion du patrimoine seront-
ils également évalués à l’avenir sur la base de leur contribution16 à des cibles telles que les
Objectifs du millénaire pour le développement des Nations Unies17?
16. En 2011, un certain nombre d’ajouts ont été intégrés aux Orientations, qui se rapportent au développement durable,
notamment aux paragraphes 6, 112, 119, 132, ainsi que dans l’Annexe 5, points 4.b et 5.e. Ces amendements visent
d’une part à garantir que toute utilisation des biens du patrimoine mondial soit durable concernant le maintien im-
pératif de leur VUE (ainsi, une définition étroite de la durabilité), et d’autre part à affirmer, en tant que principe, l’idée
que les systèmes de gestion des biens du patrimoine mondial doivent « intégrer les principes du développement
durable ».
17. Les Objectifs du millénaire des Nations Unies doivent être atteints en 2015, http://www.un.org/fr/millenniumgoals/
18. La Commission pour le Bonheur national brut du Gouvernement royal du Bhoutan en est un exemple,
http://www.gnhc.gov.bt/mandate (en anglais uniquement)
19. Disponible en ligne à l’adresse suivante : http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/66/288
21
2 Contexte : gérer le patrimoine culturel
lité quant au défi mondial que représente la durabilité. Dans le contexte actuel d’une pression
grandissante liée aux activités humaines, aux ressources financières et environnementales
réduites, et au changement climatique, la contribution de la protection patrimoniale à la
durabilité et au développement durable ne peut plus être considérée comme acquise, mais
doit être démontrée au cas par cas à travers chacun des trois « piliers » que sont les dimen-
sions sociale, économique et environnementale20.
© UNESCO/Dou Matar
« Le patrimoine mondial est une
➤ pierre angulaire de la paix et du
développement durable. C’est une
source d’identité et de dignité pour
les communautés locales, une
source de savoir et de force à
partager. »
Cela est évident lorsque l’on observe les facteurs qui ont affecté l’état de la conservation des
biens du patrimoine mondial au cours de ces dernières années (voir section 3.7). Les statis-
tiques indiquent que, dans la très grande majorité des cas, les problèmes responsables de la
détérioration de ces biens proviennent d’ « au-delà des confins du site, et le responsable en
place, aussi compétent soit-il, [dispose] d’une marge de changement limitée22 ». La contri-
bution au développement durable, dans cette perspective, ne constituerait pas seulement
une obligation éthique pour le secteur du patrimoine, mais serait à long terme une question
de survie, en particulier au vu de l’actuelle crise financière, alors que les dépenses publiques
allouées à la conservation sont de plus en plus difficiles à justifier.
L’accent mis sur le premier argument (le patrimoine culturel comme une fin en soi légitime),
lorsqu’il n’est pas corroboré par une preuve de la contribution du patrimoine à d’autres éléments
Gérer le patrimoine mondial culturel
20. Boccardi, G. 2007. Patrimoine mondial et durabilité ; La question des aspects sociaux, économiques et environnemen-
taux au sein des politiques et processus de la Convention du patrimoine mondial. Londres (Royaume-Uni), MSc.
Dissertation, UCL Bartlett School of the Built Environment.
21. Boccardi, G. 2012. Introduction au patrimoine et au développement durable. Présentation lors du Module spécial
consacré au développement durable dans le cadre du cours de l’ICCROM sur la conservation du patrimoine bâti.
22. Ibid.
22
Contexte : gérer le patrimoine culturel 2
intentions sous-financée. L’hypothèse selon laquelle les sites à valeur de patrimoine, y compris
bien sûr « l’utilisation durable des sols » mentionnée dans les Orientations pour les paysages
culturels, représentent des modèles de développement qui sont par nature durables, reste à
Ta b l e d e s m a t i è r e s
démontrer, en particulier lorsque la priorité est donnée à la « protection » et que les limites
acceptables des modifications ne sont pas déterminées. Tout cela a conduit à craindre que,
à moins que ses contributions aux trois autres piliers ne soient clairement définies et
reconnues, le patrimoine ne risque de rester un domaine marginal dans le vaste cadre du
développement durable.
Certains ont suggéré, d’un autre côté, que l’on accorde déjà trop d’attention au « dévelop-
pement » socio-économique, et qu’il est essentiel de sauver autant que possible le patrimoine
qui a survécu jusqu’à ce jour, quels que soient les bénéfices immédiats qu’il peut apporter
aux communautés locales, dans la mesure où il s’agit d’un atout capital qui garantira le dé-
veloppement des futures générations. Ils défendent avec fermeté le fait que la conservation
représente un objectif légitime en soi, en particulier dans le cas de sites exceptionnels comme ➤
ceux qui sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial. Les bénéfices socio-économiques
dérivant des biens du patrimoine, dans cette perspective, seraient bien entendu désirables,
mais pas strictement nécessaires pour en justifier la conservation. Les implications engendrées
par l’adoption de la deuxième approche (celle du patrimoine comme contributeur des trois
piliers du développement durable) sont importantes pour le secteur, et nécessitent un chan-
gement dans de nombreuses régions du monde du point de vue philosophique et éthique
même de la conservation.
Il est probablement nécessaire de combiner les deux approches, qui ne sont pas incompatibles ;
d’un côté, il s’agit de réaffirmer la valeur culturelle du patrimoine en rendant plus explicite
sa contribution à la société, en termes de bien-être et de bonheur23 ; de l’autre, il s’agit d’exa-
miner les conditions qui feraient du patrimoine un important contributeur de la durabilité
environnementale, sociale et économique, lui donnant la place qui lui revient en tant que
priorité des politiques de développement nationales et internationales.
L’adoption d’initiatives qui apportent des bénéfices mutuels au bien et à son environnement
peut ne pas sembler essentielle à la protection de la VUE, mais peut s’avérer importante à
long terme, car elles lient le bien à son contexte d’une manière positive et durable, favorisant
ainsi sa survie à long terme. À titre d’exemple, les bienfaits mutuels liés à la promotion des
compétences locales pour conserver le bien, au lieu de former ailleurs de nouveaux profes-
Gérer le patrimoine mondial culturel
23. Cette mise en avant croissante de la qualité de vie et du bien-être en tant qu’objectifs principaux du développement
dans les programmes nationaux et internationaux consacrés au développement suggère que des aspects tels que la
créativité, la satisfaction spirituelle, le savoir et la beauté pourraient figurer dans les statistiques officielles relatives à la
durabilité sociale, en faisant de la « culture » et du patrimoine des éléments légitimes et importants du développement
durable.
23
2 Contexte : gérer le patrimoine culturel
ÉTUDE DE CAS
L’implication croissante de la société dans son ensemble envers le patrimoine signifie que
celui-ci n’est plus, s’il l’a en fait jamais été, l’apanage des universitaires et des antiquaires.
De nos jours, les communautés s’impliquent de plus en plus dans leur patrimoine. Les biens
culturels ont des fonctions sociales et économiques importantes, et certaines continuent de
maintenir des liens puissants avec les communautés, avec des expressions de valeur maté-
rielles et immatérielles supplémentaires. Le patrimoine culturel continue souvent d’être utilisé
conformément à sa raison d’être d’origine. Les lieux de culte, les propriétés résidentielles, les
paysages culturels, ou encore divers types d’institutions en sont quelques exemples. Bon
nombre d’autres sites à valeur de patrimoine ont été adaptés à de nouvelles utilisations, leur
conférant une fonction qui garantit leur entretien permanent et leur pertinence pour la
société.
On met aussi de plus en plus en avant la contribution que le patrimoine peut apporter au
développement durable et à la cohésion sociale. À cela s’ajoute la variété toujours plus vaste
de ce que l’on peut considérer comme patrimoine, dont par exemple des paysages entiers,
des centres urbains, d’anciens établissements industriels et militaires, et ce que l’on considère
traditionnellement comme patrimoine, c’est-à-dire les sites archéologiques, les ruines et les
constructions imposantes.
Gérer le patrimoine mondial culturel
La complexité touchant au patrimoine devrait donc pousser la société à adopter une gestion
holistique de ce patrimoine, plutôt qu’à conserver seulement certaines structures spécifiques,
comme par le passé. En raison de la très vaste diversité de ce qui est aujourd’hui considéré
comme patrimoine, de la complexité croissante des problèmes auxquels il fait face, et de la
24. Lithgow, K. 2011. “Sustainable decision making: change in National Trust collections conservation”, in: Journal of the
Institute of Conservation, Vol. 34 ,No. 1, 2011. pp. 128-142. Londres (Royaume-Uni), ICON.
24
Contexte : gérer le patrimoine culturel 2
nécessité d’en faire une utilisation durable, pour le tourisme ou autre, l’entretien du patri-
moine implique inévitablement de prendre des décisions concernant les changements qui
sont, ou non, acceptables. La nécessité de faire un choix entre différentes possibilités signifie
Ta b l e d e s m a t i è r e s
que les approches relatives à la gestion d’aires patrimoniales évoluent. Il devient de plus en
plus nécessaire d’identifier les valeurs particulières (voir section 2.5) d’un bien patrimonial
afin de décider comment il peut être modifié sans que cela ait un impact négatif sur ses va-
leurs. La gestion du patrimoine est de plus en plus exigeante et, dans le même temps, les
aboutissements et les résultats attendus des processus de gestion sont chaque jour plus
grands.
Tableau 3. Aperçu des demandes croissantes provenant du, et faites au, patrimoine
Une importance chaque fois majeure est accordée au cadre global qui définit le système de
gestion et la culture de la gestion (voir Chapitre 4).
Le terme « système de gestion » peut se définir comme une série de processus qui, ensemble,
produisent un ensemble de résultats, dont certains bénéficient en retour au système, créant
une spirale d’améliorations constantes de ce système, de ses actions et de ses accomplisse-
ments. Il existe une forme de système de gestion du patrimoine culturel dans chaque pays.
Ces systèmes de gestion sont variés ; certains sont demeurés inchangés durant des siècles,
alors que d’autres ont considérablement évolué récemment. Certains opèrent au niveau na-
tional, d’autres au niveau provincial, local, ou à celui du bien. Il existe des dispositifs informels
de prise de décision en conservation pour le patrimoine de certaines régions du monde, qui
Gérer le patrimoine mondial culturel
ne correspondent pas forcément à la vision d’un système de gestion que se fait la majorité
des acteurs du secteur patrimonial, mais il s’agit tout de même de systèmes.
Le futur succès des systèmes de gestion du patrimoine, en particulier pour le patrimoine mon-
dial, dépend grandement de leur capacité, entre autres choses, à :
• utiliser un processus orienté sur les valeurs (voir section 2.5) ;
➤ • offrir des approches qui anticipent et gèrent le changement ;
• investir dans la relation entre patrimoine et société, en examinant constamment pourquoi
et comment le patrimoine mondial doit être conservé, pour qui, et avec qui.
Quel que soit le système de gestion utilisé ou développé, qu’il soit informel ou bien docu-
menté, il est nécessaire de convenir d’une base sur laquelle gérer le patrimoine. Au cours des
dernières décennies, deux grandes approches ont été adoptées : l’approche dite « conven-
tionnelle », et l’approche « orientée sur les valeurs », qui prédomine chaque jour davantage,
et qui est, peut-être, la plus adaptable. Ces deux approches ne sont pas incompatibles. De
nombreux systèmes de gestion comportent des éléments appartenant aux deux approches.
Nous comparons et opposons ici les deux approches, et nous efforçons d’expliquer en quoi
l’approche orientée sur les valeurs est la plus appropriée à la conservation et à la gestion des
biens du patrimoine mondial.
L’approche « conventionnelle »
L’approche dite « conventionnelle » fait référence à la méthodologie adoptée par les profes-
sionnels de la conservation au moment de la naissance du mouvement de conservation mo-
derne en Occident. L’accent a été principalement placé sur la conservation des matériaux ou
de la structure du passé, identifiés en tant que monuments et sites devant être préservés
pour le bien des futures générations. Les experts en conservation eux-mêmes ont commencé
à identifier et définir ce qui devait être protégé (avant de bénéficier ensuite du soutien de la
législation établie à cet effet par chaque pays). L’examen de la condition des structures a en-
traîné diverses interventions visant à prolonger la vie des matériaux. Au milieu du XXe siècle,
cette approche a fait l’objet d’une reconnaissance mondiale, à travers des doctrines telles
que la Charte de Venise et le travail d’organisations comme l’ICOMOS.
Définir (identifier)
(valeurs impliquées)
Gérer le patrimoine mondial culturel
▼
Documenter
▼
Évaluer les conditions
▼
Planifier les interventions de conservation
26
Contexte : gérer le patrimoine culturel 2
Cette approche a été largement adoptée au niveau international, et a montré à la fois ses
avantages et ses limites. L’approche orientée sur les valeurs récemment développée semble
gagner en popularité en raison de sa capacité à traiter certaines complexités relatives au pa-
Ta b l e d e s m a t i è r e s
trimoine, et de son applicabilité particulière au patrimoine mondial.
Cette approche a été développée plus avant ailleurs, par exemple par English Heritage dans
ses Orientations sur les plans de conservation :
Il s’agit tout simplement d’une suggestion de liste de titres pour un plan de conservation. Il est
possible que vous deviez l’adapter en fonction de vos propres exigences et des nécessités de
votre propre site, ou que vous ayez intérêt à examiner d’autres approches.
Gérer le patrimoine mondial culturel
1. Résumé. Une brève déclaration d’une seule page résumant les principales conclusions du
plan.
••• 3. Comprendre le site. Analyse du site qui rassemble des documents et des preuves physiques
(archéologie, architecture, paysage, etc.) mais aussi écologiques ; informations d’une manière qui
Ta b l e d e s m a t i è r e s
soit pertinente pour la gestion. Illustrée par des images, des cartes et des plans des phases.
Histoire du site en bref. Phases des principaux bâtiments historiques ou utilisation des sols (avec
cartes et plans à l’appui). Description des caractéristiques importantes : cadre topographique et
paysages.
Principales caractéristiques du site (soit les bâtiments, les principales pièces ou espaces, les aires
de caractère, les caractéristiques paysagères, les plantations, les habitats, les collections, la
machinerie). Autres informations pertinentes (géologie, écologie). Documentation (sources et
archives).
Résumé général de l’importance (1 recto A4). Statut juridique de tout ou partie du bien. Impor-
tance par phase d’utilisation culturelle/du sol. Importance par élément/aire/compartiment (sous la
forme d’un tableau ou d’une description). Autres valeurs ou raison pour laquelle un site est im-
portant (par ex. sa communauté).
6. Politique de conservation. Met en avant des politiques ou une « vision » pour la conserva-
tion du site qui montre comment vous identifierez les utilisations adéquates, satisferez aux
exigences réglementaires, travaillerez avec les ressources, établirez les réparations prioritaires,
résoudrez les conflits, définirez une philosophie de la conservation, améliorerez l’appréciation du
public, maintiendrez et gérerez le site, et contrôlerez les interventions afin d’en conserver les
valeurs. Les politiques peuvent également concerner l’apport de nouveaux services, de nouvelles
utilisations, ou la philosophie d’une nouvelle conception. Soyez créatifs !
Contrôles réglementaires, planification appropriée, et autres politiques. Orientations non
réglementaires pertinentes. Politiques de conservation. Cadre, paysage, archéologie enfouie,
Gestion des visiteurs (dont accès pour les handicapés, utilisation, infrastructures). Rôle au sein de
la communauté. Futures recherches.
7. Mise en œuvre et analyse. Identifier les étapes suivantes, dont la stratégie de mise en
œuvre du Plan de conservation (par ex. développement d’un projet – Expliquer de quelle manière
le plan sera examiné et par qui).
Stratégie. Le Plan de conservation peut être suivi de plusieurs documents stratégiques dont une
évaluation des options pour un nouveau projet, des propositions de restauration et les coûts s’y
rapportant, des propositions relatives à la gestion ou l’étude d’impact d’un plan existant, en
comparaison avec le Plan de conservation.
Gérer le patrimoine mondial culturel
Sources.
Annexes. Inclure la copie des cartes pertinentes, des documents de désignation, des extraits de
documents stratégiques, un relevé de terrain, des informations techniques, des croquis, et autres
informations difficilement disponibles. Utiliser les annexes afin d’alléger le corps de texte qui doit
rester bref.
(de Kate Clark, Institute of Historic Building Conservation Context 57 – mars 1998)
28
Contexte : gérer le patrimoine culturel 2
De plus en plus de pays se tournent vers une approche orientée sur les valeurs dans le
domaine de la conservation patrimoniale. Dans le cadre de cette approche, l’importance d’un
bien du patrimoine est établie en premier lieu à travers un processus participatif qui implique
Ta b l e d e s m a t i è r e s
l’ensemble des personnes portant un intérêt à ce bien. Une fois l’importance définie (décla-
ration de valeurs), elle sert de cadre au développement de la politique et de la stratégie de
conservation, qui tiennent compte de l’état du bien, des règles et réglementations, des
nécessités des communautés, etc.
Cette approche orientée sur les valeurs est donc très adaptée à la conservation et à la gestion ➤
des sites du patrimoine mondial ; le Chapitre 3 étudie cette question plus en détail. Une ap-
proche orientée sur les valeurs a l’avantage de ne pas se concentrer sur la seule structure
mais sur un ensemble plus vaste de valeurs qui sont importantes non seulement pour un
groupe d’experts en patrimoine mais aussi pour tout un ensemble de partis concernés légi-
times. Toutefois, les approches de gestion se doivent d’être réactives dans la mesure où ces
valeurs patrimoniales, moteurs de la prise de décision, ne sont pas statiques. Elles dépendent
des groupes sociaux qui participent à leur caractérisation et elles peuvent évoluer au fil du
temps, s’alignant sur (ou réagissant aux) les changements qui interviennent au niveau plus
général des valeurs sociales, culturelles, environnementales, et en termes d’utilisation. Il peut
parfois exister un conflit entre les différentes valeurs patrimoniales attribuées à un bien,
auquel cas il devient alors nécessaire de définir la priorité relative des valeurs.
La clé d’une approche orientée sur les valeurs est de préparer une « Déclaration de valeurs »
et de s’en servir de base pour déterminer les stratégies de conservation et de gestion du bien.
Ce concept intègre le discours du patrimoine mondial en 1995, et est inclus dès 1997 dans
les Orientations, qui stipulent que « la déclaration de valeur doit clairement établir quelles
sont les valeurs représentées par le site ». En 2000, une réunion consacrée à la révision des
Orientations (tenue à Canterbury, au Royaume-Uni, en avril 2000) introduit la « Déclaration
de valeurs du patrimoine mondial ». Lors de la 25e session du Comité du patrimoine mondial
(Helsinki, 2001), elle est remplacée par le terme plus précis de « Déclaration de valeur uni-
verselle exceptionnelle », ou « VUE ». Pour finir, une définition de la DVUE est incluse en
2005 dans les Orientations actuelles. Alors que le paragraphe 155 en offre une définition
pratique, le paragraphe 51 stipule clairement que « la déclaration de valeur universelle ex-
ceptionnelle adoptée par le Comité lors de l’inscription d’un bien sur la Liste du patrimoine
mondial sera la base pour la protection et la gestion future du bien ».
En 2007, le Comité a commencé à adopter la DVUE lors de l’inscription des biens. Mais en
l’absence d’un format convenu concernant la rédaction des DVUE, de nombreuses incohé-
rences apparaissent dans leur style jusqu’en 2008. À la suite de recherches conduites par
l’ICCROM, d’un atelier, et d’une série de discussions, le Centre du patrimoine mondial et ses
organisations consultatives conviennent d’un format qui est ensuite intégré dans les Orien-
Gérer le patrimoine mondial culturel
tations et abordé dans le manuel Établir une proposition d’inscription au patrimoine mondial.
Les États parties, les organisations consultatives et le Comité sont en passe de conclure un
processus relatif à l’approbation de Déclarations de valeur universelle exceptionnelle rétro-
actives pour les biens inscrits avant 2007. Ces déclarations se basent sur la décision prise à
l’origine par le Comité et sur la documentation qu’il a examinée à l’époque de l’inscription
du bien.
29
2 Contexte : gérer le patrimoine culturel
L’approche orientée sur les valeurs est recommandée en tant qu’outil de planification pour
la gestion des biens du patrimoine mondial, en association avec le cadre pour les systèmes
de gestion traité au Chapitre 4. Ce thème est discuté plus avant dans l’Annexe A.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
La gestion de l’environnement historique est donc la gestion du changement. Cela est aussi
vrai pour les biens du patrimoine mondial que pour toute autre forme de patrimoine. L’ob-
jectif du gestionnaire doit être l’utilisation durable continue du paysage, qu’il soit urbain ou
rural, tout en conservant et, si possible, réutilisant ce que le passé a laissé d’important, et en
protégeant la VUE du bien concerné. En conséquence, la gestion doit aussi évoluer pour
s’adapter aux points de vue des autres, et aux intérêts des personnes qui vivent et travaillent
dans une aire donnée.
La diversité des valeurs et intérêts peut être très vaste, et inclure un gouvernement national,
régional et local, diverses agences statutaires, des agences non gouvernementales, des com-
Gérer le patrimoine mondial culturel
munautés locales, les personnes qui détiennent et occupent les lieux en question, ainsi qu’une
large gamme d’utilisateurs de cet élément particulier de l’environnement historique.
La planification de la gestion s’est avérée l’un des outils les plus importants pour gérer le
changement au sein des biens culturels (voir Annexe A pour une étude de la planification de
la gestion, et Annexe B pour d’autres outils, dont certains sont couramment utilisés dans le
domaine du patrimoine, tandis que d’autres se trouvent encore en phase de développement).
30
3 Comprendre la gestion dans le contexte
du patrimoine mondial
Cette partie décrit la Convention du patrimoine mondial. Elle décrit ce que la Conven-
Ta b l e d e s m a t i è r e s
tion exige des États parties, ce qu’elle dit de la gestion des biens du patrimoine
mondial, et le rôle des Orientations (sections 3.1-3.3). Elle explique des concepts
fondamentaux comme celui de valeur universelle exceptionnelle, d’authenticité et
d’intégrité, ainsi que des procédures telles que le Rapport périodique et l’inscription
sur la Liste du patrimoine mondial en péril (section 3.4).
Elle examine ensuite les mesures que le Comité du patrimoine mondial continue de
prendre pour améliorer le fonctionnement de la Convention. Ces dernières prennent
la forme de décisions présentées comme des « Orientations stratégiques » aux États
parties, et de révisions apportées aux Orientations sur la base de l’expérience
accumulée au fil de la mise en œuvre de la Convention (sections 3.5-3.7). La dernière
section décrit la stratégie en renforcement des capacités dans le domaine du patri- ➤
moine mondial (section 3.8).
Quarante ans plus tard, le concept originel prospère, mais son application a évolué radicale-
ment en raison des changements intervenus dans le contexte dans lequel la Convention est
appliquée. Ces changements sont liés au simple nombre de biens inscrits au patrimoine mon-
dial, et à l’évolution des processus du patrimoine mondial ; ils sont plus particulièrement liés
au développement, au cours de ces 40 dernières années, du concept de patrimoine, notam-
ment de patrimoine culturel. La reconnaissance de la nécessité d’une gestion des biens du
patrimoine culturel a gagné du terrain durant cette période.
La plupart des premiers sites culturels inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en 1978 offraient
un caractère monumental, archéologique ou urbain, même si certains affichaient déjà des valeurs
industrielles ou associatives. Depuis, le concept de patrimoine culturel s’est drastiquement
étendu au point de ne plus être identifiable, et reconnaît que l’humanité a eu un impact sur
l’ensemble du globe. Les preuves de cet impact peuvent être considérées comme constituant le
patrimoine, même si la plupart d’entre elles ne présentent pas de valeur universelle exceptionnelle.
Gérer le patrimoine mondial culturel
De la même manière, la Convention s’est étendue pour inclure non seulement les grands
édifices et les centres urbains des classes gouvernantes à travers les âges, mais aussi les
preuves, tout aussi importantes mais plus fragiles, des processus de base par lesquels l’hu-
manité a développé la société et sa base économique. En conséquence, la nature des biens
inscrits sur la Liste du patrimoine mondial s’est élargie pour inclure la preuve de la science et
de la technologie, de l’industrie et de l’agriculture, et pour intégrer le concept de paysage
culturel. Ce processus signifie que les problèmes de gestion auxquels les biens du patrimoine
mondial font face sont beaucoup plus importants aujourd’hui qu’ils ne l’étaient en 1972.
31
3 Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial
Le cadre de base du système du patrimoine mondial reste celui établi par la Convention
concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, inchangé depuis son
adoption par l’UNESCO en 1972. L’évolution de l’application de la Convention peut être ob-
servée à travers les éditions successives des Orientations devant guider la mise en œuvre de
la Convention du patrimoine mondial de l’UNESCO (lesdites « Orientations »), depuis la
première édition, parue en 1977, jusqu’à la plus récente, qui date de 2012. Ces orientations
ont été le principal véhicule de l’adaptation des principes généraux de la Convention du
patrimoine mondial à des orientations plus détaillées en vue de son application pratique.
La durée habituelle du mandat des États parties du Comité est de quatre ans. Le Comité est
responsable de la mise en œuvre de la Convention. Ses principales fonctions, comme décrites
dans les Orientations, incluent :
• l’examen permanent du contexte – objet de la Convention, cadre institutionnel, définition
de la VUE et des normes pour la protection et la gestion (Sections I et II),
• l’inscription des biens (Section III),
• le suivi des biens (Sections IV et V),
• le soutien et l’assistance internationale (Sections VI et VII)27.
a) identifier, sur la base des propositions de liste et des inscriptions soumises par les États parties,
les biens culturels et naturels ayant une valeur universelle exceptionnelle devant être protégés
par la Convention, et inscrire les biens en question sur la Liste du patrimoine mondial ;
b) examiner l’état de la conservation des biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial à
travers les processus de suivi réactif et de rapport périodique ;
c) décider lesquels des biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial doivent être ajoutés à,
ou ôtés de, la Liste du patrimoine mondial en péril ;
d) décider si un bien doit être supprimé de la Liste du patrimoine mondial ;
e) définir la procédure par laquelle les requêtes d’assistance internationale doivent être examinées
et conduire des études et des consultations si nécessaire avant de parvenir à une décision ;
f) déterminer comment les ressources du Fonds du patrimoine mondial peuvent être utilisées du
mieux possible pour aider les États parties à protéger leurs biens ayant une valeur universelle
exceptionnelle ;
g) chercher des moyens d’augmenter le Fonds du patrimoine mondial ;
h) soumettre un rapport d’activités tous les deux ans à l’Assemblée générale des États parties et
à la Conférence générale de l’UNESCO ;
Gérer le patrimoine mondial culturel
27. http://whc.unesco.org/archive/opguide11-fr.pdf
32
Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial 3
Le Comité se réunit chaque année en juin ou juillet et peut également convoquer des réu-
nions extraordinaires durant d’autres périodes de l’année. Le Comité reçoit le conseil profes-
sionnel de trois organisations évoquées par la Convention. Le rôle principal de ces trois
Ta b l e d e s m a t i è r e s
organisations consultatives est d’offrir conseils et soutien professionnels au Comité et au
Secrétariat (le Centre du patrimoine mondial). Il s’agit des organisations suivantes :
• Le Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels
(le Centre de Rome) (ICCROM), dont le mandat principal concerne la formation ;
• Le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS), dont les principales
fonctions sont d’évaluer l’inscription des sites culturels, et de rendre compte de l’état de
conservation des biens culturels inscrits sur la Liste ;
• L’Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles (UICN),
dont les principales fonctions sont d’évaluer l’inscription des sites naturels, et de rendre
compte de l’état de conservation des biens naturels inscrits sur la Liste.
➤
Le rôle des organisations consultatives est le suivant :
a) conseiller sur la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial dans leur domaine
d’expertise respectif ;
b) apporter leur assistance au Secrétariat concernant la préparation de la documentation du
Comité, l’ordre du jour de ses réunions, et la mise en œuvre de ses décisions ;
c) aider à développer et mettre en œuvre la Stratégie globale pour une Liste du patrimoine mon-
dial équilibrée, représentative et crédible, la Stratégie globale de formation (remplacée depuis
2011 par la « Stratégie du patrimoine mondial pour le renforcement des capacités »), le rap-
port périodique, et le renforcement d’une utilisation efficace du Fonds du patrimoine mondial ;
d) contrôler l’état de conservation des biens du patrimoine mondial et examiner les demandes
d’assistance internationale ;
e) dans le cas de l’ICOMOS et de l’UICN, évaluer les biens proposés pour inscription sur la Liste
du patrimoine mondial et présenter les rapports d’évaluation au Comité ; et
f) prendre part aux réunions du Comité du patrimoine mondial et du Bureau à titre consultatif
(paragraphe 31 des Orientations).
réactif ;
f) la coordination de l’assistance internationale ;
g) la mobilisation de ressources extrabudgétaires pour la conservation et la gestion des biens du
patrimoine mondial ;
h) l’assistance aux États parties pour la mise en œuvre des programmes et projets du Comité ; et
i) la promotion du patrimoine mondial et de la Convention grâce à la diffusion d’informations aux
États parties, aux Organisations consultatives et au grand public (paragraphe 28 des Orientations).
33
3 Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial
patrimoine mondial doit être protégée à un niveau précis (Article 4), et que les États parties
de la Convention doivent disposer d’un système général de protection du patrimoine à la
fois culturel et naturel (Article 5). L’Article 4 définit clairement les objectifs de la Convention
pour les biens du patrimoine culturel, qui doivent servir de guide à leur gestion, tandis que
l’Article 5 met en avant un système de gestion idéal au niveau national. L’Article 29 suggère
que, depuis le départ, une sorte de suivi de la mise en œuvre de la Convention est prévu.
La Convention indique clairement que la responsabilité première de la gestion des sites revient
aux États parties individuels. Mais son Article 6.1 ajoute en plus que [ce patrimoine] constitue
un patrimoine universel pour la protection duquel la communauté internationale tout entière
➤ a le devoir de coopérer, et définit les moyens par lesquels procéder, à travers le travail du
Comité du patrimoine mondial, et l’institution d’un Fonds du patrimoine mondial et d’une
assistance internationale. L’Article 29 de la Convention détermine l’obligation qu’ont les États
parties de rendre compte de leur application de la Convention (actuellement, à travers le
processus de rapport périodique ; voir plus bas, section 3.5).
La Convention définit également dans l’Article 11.4 la procédure que le Comité doit suivre
dans le cas où un bien du patrimoine mondial se trouverait menacé, et dans l’Article 13 la
manière dont le Comité peut apporter son assistance aux États parties.
Article 4
Chacun des États parties à la présente Convention reconnaît que l’obligation d’assurer l’identi-
fication, la protection, la conservation, la mise en valeur et la transmission aux généra-
tions futures du patrimoine culturel et naturel visé aux articles 1 et 2 [soit le patrimoine
mondial] lui incombe en premier chef. Il s’efforce d’agir à cet effet tant par son propre effort au
maximum de ses ressources disponibles que, le cas échéant, au moyen de l’assistance et de la
coopération internationales dont il pourra bénéficier, notamment aux plans financier,
artistique, scientifique et technique.
Article 5
Afin d’assurer une protection et une conservation aussi efficaces et une mise en valeur
aussi active que possible du patrimoine culturel et naturel situé sur leur territoire et dans les
conditions appropriées à chaque pays, les États parties à la présente Convention s’efforceront
Gérer le patrimoine mondial culturel
•••
3. de développer les études et les recherches scientifiques et techniques et perfectionner les
méthodes d’intervention qui permettent à un État de faire face aux dangers qui menacent
Ta b l e d e s m a t i è r e s
son patrimoine culturel ou naturel ;
4. de prendre les mesures juridiques, scientifiques, techniques, administratives et finan-
cières adéquates pour l’identification, la protection, la conservation, la mise en valeur et la
réanimation de ce patrimoine ; et
5. de favoriser la création ou le développement de centres nationaux ou régionaux de formation
dans le domaine de la protection, de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine
culturel et naturel et d’encourager la recherche scientifique dans ce domaine.
Article 29
Les États parties à la présente Convention indiquent dans les rapports qu’ils présenteront à la
Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la
culture, aux dates et sous la forme qu’elle déterminera, les dispositions législatives et régle-
mentaires et les autres mesures qu’ils auront adoptées pour l’application de la Convention, ainsi ➤
que l’expérience qu’ils auront acquise dans ce domaine.
Le Comité présente un rapport sur ses activités à chacune des sessions ordinaires de la
Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.
Outre la Convention même, le Comité a développé des Orientations devant guider la mise
en œuvre de la Convention du patrimoine mondial (Orientations) pour offrir des conseils
davantage pratiques sur l’application et la mise en œuvre de la Convention. Les Orientations
ont été révisées à plusieurs reprises, la dernière révision ayant eu lieu en 2012 (voir la section
3.3 ci-après). Le Comité adopte également parfois d’autres orientations que l’on retrouve
dans ses décisions (disponibles sur le site internet du Centre du patrimoine mondial et dans
d’autres publications) (voir section 3.4 plus bas).
Comme évoqué plus haut, les Orientations offrent des conseils détaillés sur l’application de
la Convention. Depuis 2005, les Orientations contiennent des conseils sur la gestion des biens
du patrimoine mondial. Inévitablement, ces conseils sont d’ordre général, dans la mesure où
ils doivent pouvoir s’appliquer à la gestion réalisée dans toutes les régions du monde. Néan-
moins, il existe une définition à la fois des objectifs d’un système de gestion et de ce qu’il
doit renfermer. Le paragraphe 78 stipule que chaque bien du patrimoine mondial doit béné-
ficier d’un système adapté de protection et de gestion pour être considéré comme ayant une
valeur universelle exceptionnelle. Les références à la gestion figurant dans les Orientations
du patrimoine mondial (édition 2012) sont indiquées ci-dessous.
2012)
Orientation 108 : Chaque bien proposé pour inscription devra avoir un plan de gestion adapté
ou un autre système de gestion documenté qui devra spécifier la manière dont la valeur univer-
selle exceptionnelle du bien devrait être préservée, de préférence par des moyens participatifs.
Orientation 109 : Le but d’un système de gestion est d’assurer la protection efficace du bien
proposé pour inscription pour les générations actuelles et futures.
•••
35
3 Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial
••• Orientation 110 : Un système de gestion efficace doit être conçu selon le type, les caractéris-
tiques et les besoins du bien proposé pour inscription et son contexte culturel et naturel. Les
Ta b l e d e s m a t i è r e s
systèmes de gestion peuvent varier selon différentes perspectives culturelles, les ressources dispo-
nibles et d’autres facteurs. Ils peuvent intégrer des pratiques traditionnelles, des instruments de
planification urbaine ou régionale en vigueur, et d’autres dispositifs de contrôle de planification,
formel et informel. Les évaluations d’impact des interventions proposées sont
essentielles pour tous les biens du patrimoine mondial.
Orientation 111 : Tout en reconnaissant la diversité évoquée ci-dessus, les éléments communs
d’un système de gestion efficace peuvent inclure :
a. une connaissance approfondie et partagée du bien par tous les acteurs concernés ;
b. un cycle planification, mise en œuvre, suivi, évaluation et réaction ;
c. le suivi et l’évaluation des impacts, des tendances, des changements, et des interventions
proposées ;
d. la participation des partenaires et acteurs concernés ;
➤
Orientation 112 : Une gestion efficace doit comprendre un cycle planifié de mesures à court,
moyen et long terme pour protéger, conserver et mettre en valeur le bien proposé pour inscrip-
tion. Une approche intégrée en matière de planification et de gestion sera essentielle pour guider
l’évolution des biens à travers le temps et s’assurer que tous les aspects de leur valeur universelle
exceptionnelle soient maintenus. Cette approche s’applique au-delà du bien en tant que tel et
inclut toute(s) zone(s) tampon(s), ainsi que le cadre physique plus large.
S’il est bien fait mention d’un « plan de gestion », aucune référence spécifique n’est faite
quant à sa nature. Les conseils relatifs à la gestion ne sont toutefois pas restreints à cette
seule section des Orientations. Il est important de lire attentivement le texte pour comprendre
l’emphase désormais placée sur la protection de la valeur universelle exceptionnelle, et l’im-
portance de la déclaration de valeur universelle exceptionnelle qui constitue le point de départ
de la gestion et du contrôle du bien (voir section 3.4).
Les Orientations identifient d’autres facteurs, comme la préparation aux catastrophes et l’im-
pact potentiel du changement climatique, qui doivent être traités dans tout plan de gestion.
Elles exigent également l’utilisation d’études d’impact pour estimer l’effet des propositions
de développement sur la valeur universelle exceptionnelle d’un bien, et soulignent que les
biens du patrimoine mondial ont un rôle à jouer au niveau du développement durable, à la
condition que cela n’ait pas d’impact négatif sur le bien (paragraphe 119 des Orientations).
Les Orientations décrivent par ailleurs la nécessité de rendre compte au Comité du patrimoine
mondial des changements ou propositions relatives à des aménagements majeurs affectant
un bien du patrimoine mondial, avant que les décisions finales qui s’y rapportent ne soient
prises (voir section 3.5).
Des conseils détaillés sont également fournis au paragraphe 132 et dans l’Annexe 5 des Orien-
tations concernant le format à adopter pour une proposition d’inscription. Les sections 4, 5
Gérer le patrimoine mondial culturel
et 6 du format doivent décrire les menaces, les mesures protectives, et le suivi du site, et fournir
une analyse détaillée de la manière dont la protection fonctionne concrètement. Le format
de proposition d’inscription indique également qu’un plan de gestion ou un autre système de
gestion approprié est essentiel et doit être inclus dans le dossier d’inscription. Des garanties
de la mise en œuvre effective du plan de gestion, ou de tout autre système de gestion, sont
également attendues, ainsi qu’une analyse ou une explication détaillée du plan de gestion ou
d’un système de gestion documenté (point 5 du paragraphe 132 des Orientations).
36
Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial 3
Le Chapitre 4 qui suit, et plus particulièrement la section 4.5, offre des conseils sur la manière
de remplir les sections 4, 5 et 6 du format de proposition d’inscription.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
3.4 La valeur universelle exceptionnelle, l’authenticité et l’intégrité dans
le contexte de la gestion d’un bien du patrimoine mondial
Toutefois, la VUE possède une dimension plus vaste qui doit être comprise lorsqu’elle est pré-
sentée dans le cadre d’une proposition d’inscription, et qui constituera par la suite la base
de la gestion du bien. Les Orientations indiquent au sujet de la VUE :
Pour être considéré d’une valeur universelle exceptionnelle, un bien doit également répondre
aux conditions d’intégrité et/ou d’authenticité et doit bénéficier d’un système adapté de pro-
tection et de gestion pour assurer sa sauvegarde (paragraphes 77-79 des Orientations).
Un bien doit répondre aux trois critères suivants de valeur universelle exceptionnelle pour
être inscrit sur la Liste du patrimoine mondial (voir figure ci-après) :
Figure 3. Les trois piliers de la valeur universelle exceptionnelle. Source : UICN (2007).
37
3 Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial
Gestion de la VUE
La section 3 (Annexe 5 des Orientations) du format de proposition d’inscription d’un bien
pourvoit à l’élaboration de la VUE. Les conseils pour compléter cette section sont fournis par
Ta b l e d e s m a t i è r e s
le Manuel de référence Établir une proposition d’inscription au patrimoine mondial (voir sec-
tions consacrées aux critères, à l’authenticité, à l’intégrité, et à la gestion et à son rapport
avec la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle (VUE), qui serviront de base à la future
gestion du bien afin de protéger la VUE).
Critères
Les critères utilisés pour évaluer la valeur universelle exceptionnelle ont été établis bien plus
tôt. Modifiés à plusieurs occasions, les dix critères actuellement adoptés par le Comité, pour
le patrimoine culturel comme pour le patrimoine naturel, sont les suivants :
➤
Extrait des Orientations
77. Le Comité considère qu’un bien a une valeur universelle exceptionnelle (voir paragraphes
49-53) si ce bien répond au moins à l’un des critères suivants. En conséquence, les biens
proposés doivent :
38
Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial 3
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
Ta b l e d e s m a t i è r e s
espace pour décrire en détail les critères applicables à un bien donné. Il peut s’agir d’une longue
description, mais il est important de décrire les valeurs qui ont une nature exceptionnelle (c.-à-d.
la VUE), sur la base d’un ou de plusieurs des critères indiqués plus haut, et d’identifier les attri-
buts qui transmettent ces valeurs. L’identification des attributs, à la fois matériels et immatériels,
qui véhiculent la VUE, est importante pour la gestion du bien. Des conseils utiles pour compren-
dre et décrire les attributs sont fournis par le Manuel de référence sur l’établissement d’une
proposition d’inscription au patrimoine mondial. D’autres conseils sur la rédaction de ces critères
y figurent.
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
➤
Comprendre les attributs : extrait du Manuel de référence intitulé Établir une proposi-
tion d’inscription au patrimoine mondial
Les attributs sont les aspects d’un bien qui sont associés à ou expriment une valeur universelle
exceptionnelle. Ils peuvent être matériels ou immatériels. Les Orientations indiquent une série de
types d’attributs susceptibles de transmettre une valeur universelle exceptionnelle, dont les
suivants :
• forme et conception ;
• matériaux et substance ;
• usage et fonction ;
• traditions, techniques et systèmes de gestion ;
• situation et cadre ;
• langue, et autres formes de patrimoine immatériel ; et
• esprit et impression (paragraphe 82).
Cette liste est fournie à titre indicatif. Il est essentiel que les attributs identifiés pour un bien se
dégagent de la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle et de l’argumentation justifiant les
critères. Les attributs doivent être identifiés car ils sont fondamentaux pour comprendre l’authenti-
cité et l’intégrité, et constituent la cible de la protection, de la conservation et de la gestion.
Les biens du patrimoine mondial sont des lieux qui véhiculent une valeur universelle exception-
nelle. La valeur culturelle peut être associée, dans l’espace comme dans le temps, à des éléments
immatériels tels que l’organisation sociale, les besoins économiques ou le contexte politique. Elle
peut être liée à des faits célèbres, à de grandes figures ou à des œuvres artistiques, littéraires,
scientifiques ou musicales majeures. Mais la Convention du patrimoine mondial a trait à des
biens – ce sont des biens qui sont inscrits sur la Liste, et non des idées ou des personnes en tant
que telles, si grande ait été leur influence sur le monde. Les biens inscrits doivent posséder des
attributs qui leur confèrent manifestement une valeur universelle exceptionnelle.
Une fois examiné ce que pourrait être la valeur universelle exceptionnelle virtuelle d’un bien
naturel ou culturel, il est essentiel d’en examiner les attributs – plus communément appelés
« caractéristiques » pour les biens naturels – qui pourraient lui conférer une telle valeur, et de
donner à comprendre cette valeur.
Gérer le patrimoine mondial culturel
Ces attributs seront au centre des mesures de protection et de gestion et des dispositifs institu-
tionnels, et leur configuration déterminera les limites du bien.
Les attributs peuvent être des traits ou ensembles de traits physiques, mais aussi des processus
associés à un bien qui influent sur ses qualités physiques, comme les processus naturels ou agri-
coles, les formes d’organisation sociale ou les pratiques culturelles qui ont façonné un paysage
caractéristique. Les biens naturels peuvent se distinguer par certaines formes de paysage, des •••
39
3 Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial
••• aires d’habitat, des aspects liés à la qualité de l’environnement (milieu vierge, parfaitement
préservé), l’échelle et le caractère naturel des habitats, ou la taille et la viabilité d’espèces
Ta b l e d e s m a t i è r e s
sauvages.
Une méthode utile, s’agissant de biens complexes ou de biens, en particulier culturels, qui
présentent de multiples attributs organisés selon des strates complexes, consiste à situer sur une
carte les attributs majeurs et les valeurs qu’ils confèrent au bien. Cela peut aider à comprendre
les relations entre les différents attributs, mais aussi à mettre en évidence les conflits ou pro-
blèmes de gestion, et c’est un moyen essentiel de délimiter l’étendue du bien.
Intégrité
Une autre condition à remplir, et qui a des implications pour la gestion, est l’intégrité.
L’intégrité concerne le caractère complet du site, et a trait en particulier aux caractéristiques
suivantes (paragraphe 88 des Orientations) :
• les limites – le bien possède-t-il tous les éléments nécessaires pour exprimer sa valeur
universelle exceptionnelle?
• le caractère complet – le bien est-il d’une taille suffisante pour permettre une représenta-
tion complète des caractéristiques et processus qui transmettent l’importance de ce
bien ?
• l’état de conservation – les attributs qui transmettent la valeur universelle exceptionnelle
sont-ils menacés par le manque d’entretien ou la détérioration ?
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
Authenticité
L’authenticité constitue l’autre concept-clé qui a des implications pour la gestion. Elle
concerne la véracité ou la crédibilité des attributs qui véhiculent la VUE. Pour cette raison, les
Orientations mentionnent que les biens proposés au titre des critères (i) à (vi) doivent remplir
les conditions d’authenticité. Les paragraphes 79-86 et l’Annexe 4, qui incluent le texte du
Document de Nara sur l’authenticité, offrent une base pratique pour examiner l’authenticité
d’un bien. Le Manuel de référence sur le patrimoine mondial Établir une proposition d’ins-
cription au patrimoine mondial offre lui aussi des conseils sur ce point.
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
Gérer le patrimoine mondial culturel
On peut estimer que les biens satisfont aux conditions d’authenticité si leurs valeurs culturelles
(telles que reconnues dans les critères de la proposition d’inscription) sont exprimées de manière
véridique et crédible à travers une variété d’attributs.
••• Pour chaque bien, il convient de considérer avec quel degré de « véracité » les attributs mis en
avant présentent ou expriment la valeur universelle exceptionnelle virtuelle. Dans le cas, par
Ta b l e d e s m a t i è r e s
exemple, d’une aire urbaine, il pourrait être approprié d’examiner les constructions, les plans
d’organisation spatiale, ainsi que les traditions et les formes d’organisation socio-économiques et
environnementales des communautés qui habitent aujourd’hui le site, et qui lui permettent
d’exprimer sa valeur.
L’authenticité donne donc la mesure de la capacité des attributs d’exprimer la valeur universelle
exceptionnelle virtuelle. Elle peut être compromise si les attributs sont fragiles – les communau-
tés dépérissent, les édifices s’écroulent, les traditions disparaissent, etc.
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
Un certain nombre de conseils sont nécessaires pour répondre comme il se doit aux sections
4, 5, et 6 du format de proposition d’inscription (Annexe 5 des Orientations) ; c’est le principal
objectif des deux derniers chapitres du présent manuel (Chapitre 4 et Annexe A).
pour la protection et la gestion future du bien ». Les déclarations de VUE ont pour objectif
de fournir une vision claire et partagée des raisons justifiant l’inscription du bien sur la Liste
du patrimoine mondial, et de la gestion nécessaire au maintien de la VUE à long terme.
Si la VUE est décrite en général dans la Convention du patrimoine mondial et dans les Orien-
tations, le Comité du patrimoine mondial en fait une définition spécifique pour chaque bien
au moment de l’inscription, en s’appuyant sur le projet de DVUE préparé par l’État partie,
41
3 Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial
qu’il amende si nécessaire. L’objectif de la déclaration est de définir clairement cette défini-
tion. Une fois définie, la déclaration sert de base à la future gestion du bien.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Il est essentiel que la DVUE identifie le plus précisément possible les attributs vecteurs de la
VUE devant faire l’objet d’une gestion. Ils permettront de définir la VUE d’une manière qui
soit gérable, et serviront également de base à l’évaluation de l’authenticité et de l’intégrité.
L’identification claire des attributs constitue une étape essentielle de la gestion orientée sur
les valeurs, qui cible l’entretien de la VUE du bien.
Toutes les déclarations ne sont pas à même d’évoquer intégralement dans l’espace disponible
les attributs spécifiques de la VUE d’un bien donné. Il peut s’avérer nécessaire de développer
les attributs détaillés dans la documentation du système de gestion. Les orientations suivantes
seront utiles à cet égard.
➤
Les principales sections d’une VUE devront être (1) une brève synthèse ; (2) la justification de
l’invocation des critères ; (3) la déclaration d’intégrité (pour tous les biens) ; (4) la déclaration
d’authenticité (pour les biens proposés au titre des critères i à vi) et (5) les mesures de gestion
et de protection requises (des conseils sont également fournis par le paragraphe 155 et dans
l’Annexe 10 des Orientations, ainsi que dans le manuel Établir une proposition d’inscription
au patrimoine mondial).
QUELQUES
Q U E L Q U CONSEILS
E S C O N S E I L SUTILES
UTILES
(Manuel de référence sur le patrimoine mondial Établir une proposition d’inscription au patri-
moine mondial – Deuxième édition, 2011).
42
Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial 3
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Les États parties, le Comité du patrimoine mondial, les organisations consultatives et le Centre
du patrimoine mondial sont tous impliqués dans la gestion des biens du patrimoine mondial,
de différentes manières. L’État partie prépare la documentation pertinente pour la gestion
du site dans le cadre de la proposition d’inscription, dont un projet de définition de la valeur
universelle exceptionnelle du bien. C’est le Comité, sur les conseils des organisations consul-
tatives, qui définit la valeur universelle exceptionnelle de chacun des biens du patrimoine
mondial. Il prend également part à l’exercice de rapport périodique régulier sur les biens du
patrimoine mondial, ainsi qu’au suivi réactif découlant des problèmes spécifiques affectant
chaque bien. Ce type de processus doit impliquer le gestionnaire du site ainsi que l’État partie
et les organisations internationales du système du patrimoine mondial.
➤
Les personnes aspirant à gérer des sites du patrimoine mondial doivent être au courant de
ces ressources et processus, dans la mesure où ces derniers affecteront leurs possibles réali-
sations, où ils influenceront leurs objectifs, et où ils affecteront également le caractère du
système de gestion. Il est judicieux de contrôler régulièrement les sites internet du Centre du
patrimoine mondial et de ses organisations consultatives, afin de se maintenir informé des
développements. Une grande partie de la documentation que possède le Centre sur les biens
individuels du patrimoine mondial est disponible sur son site internet, là où figurent les in-
formations relatives au bien concerné inscrit sur la Liste du patrimoine mondial. Tous les pro-
fessionnels du patrimoine en charge d’un bien donné devraient être familiarisés avec les
données publiées sur le site internet du Centre du patrimoine mondial.
moins d’une décision du Comité suivant la procédure indiquée par les Orientations, lors de
l’inscription ou à une date ultérieure.
43
3 Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial
fournissent en général une analyse précieuse et utile du bien et des problèmes qui l’affectent.
Cette analyse doit servir au développement et à la mise en œuvre du système de gestion, en
particulier durant les premières années qui suivent l’inscription.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Rapport périodique
Le rapport périodique est une condition requise par le système du patrimoine mondial, qui
exige de l’État partie qu’il soumette un rapport tous les six ans sur l’application de la Conven-
tion du patrimoine mondial sur son territoire. Les rapports périodiques sont soumis à la Confé-
rence générale de l’UNESCO par l’intermédiaire du Comité du patrimoine mondial. Ils rendent
compte des dispositions juridiques et des règlements administratifs, et des autres mesures
qu’ils auront adoptées pour l’application de la Convention, incluant l’état de conservation
des biens du patrimoine mondial situés sur leur territoire (paragraphe 199 des Orientations).
Il s’agit d’un processus important pour optimiser la conservation à long terme des biens ins-
crits sur la Liste, et pour renforcer la crédibilité de la mise en œuvre de la Convention (para-
graphe 202 des Orientations). C’est pourquoi les États parties, les institutions concernées, et
l’expertise régionale doivent y apporter leur entière participation. En plus de son utilité pour
le Comité et les autres, le rapport périodique constitue un outil précieux pour les gestionnaires
de site et les autorités nationales, car il fournit une évaluation périodique de l’efficacité de
leur système de gestion.
Les rapports périodiques seront conduits sur une base régionale, afin de promouvoir la col-
Gérer le patrimoine mondial culturel
Les problèmes de gestion identifiés grâce au processus devront être traités par les États
parties. Au fil du temps, les rapports successifs constitueront un historique précieux de
44
Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial 3
l’évolution du site. Le suivi périodique constitue une partie essentielle du système de gestion
du patrimoine mondial, et le rapport périodique doit y être intégré (voir sections 4.4 et 4.5).
Ta b l e d e s m a t i è r e s
ÉTUDE DE CAS
Un cycle de rapport périodique de six ans offre l’opportunité unique aux pays des différentes régions de
se pencher sur l’état de conservation de leurs biens, de les partager avec d’autres, et d’identifier et de
prioriser ensemble les besoins nécessaires à une mise en œuvre efficace de la Convention. L’Asie et la
région Pacifique, qui ont conduit le second cycle de rapport périodique en 2010-2011, ont développé deux
plans d’action séparés : un pour l’Asie, et l’autre pour le Pacifique. Le processus a impliqué 41 États parties
et 198 biens. À titre d’exemple, le plan d’action développé pour l’Asie à Suwon (République de Corée) a
identifié les domaines prioritaires suivants à mettre en œuvre : l’élaboration/la révision des plans/systèmes
de gestion ; la préparation aux risques de catastrophe ; la coopération régionale, et une plus grande
participation des communautés. ➤
Les États parties sont invités à soumettre, avant le 1er février de chaque année, des rapports
spécifiques chaque fois que des circonstances exceptionnelles se produisent ou que des tra-
vaux sont entrepris, qui pourraient avoir un effet sur l’état de conservation du bien (para-
graphe 169 des Orientations). Le paragraphe 172 des Orientations invite les États parties à
informer le Comité [...] de leurs intentions d’entreprendre ou d’autoriser, dans une zone pro-
Gérer le patrimoine mondial culturel
45
3 Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial
Les États parties sont libres de solliciter des missions techniques ou de conseil, et l’assistance
internationale à ces fins. Ils peuvent y recourir à tout moment, et indépendamment d’une
éventuelle décision du Comité. Dans certaines circonstances, cela peut constituer une contri-
Ta b l e d e s m a t i è r e s
bution utile permettant de prendre une décision sur une proposition d’action ou d’interven-
tion relative à un bien.
Dans tous les cas, le Centre prendra les mesures nécessaires pour vérifier les rapports qu’il
aura reçus, et demandera ensuite à l’État partie des informations sur la nature et la gravité
de la menace évoquée, si le rapport en question n’a pas été envoyé par l’État partie. En fonc-
tion de la réponse, le Centre peut alors décider de soumettre un rapport sur l’état de conser-
vation au Comité du patrimoine mondial, qui inclura un projet de décision suggérant ou
exigeant de l’État partie des solutions de gestion adaptées pour traiter les problèmes spéci-
fiques. Ce processus est décrit ci-dessous.
➤
• Préparation des décisions : les décisions, contenant des recommandations détaillées à appli-
quer, sont préparées conjointement par les Organisations consultatives et le Centre du patri-
moine mondial avant la session du Comité. Les projets de décision doivent répondre aux
critères énoncés dans les Orientations (paragraphe 23).
• Adoption des décisions : les projets de décision sont examinés et le cas échéant modifiés lors
de la session du Comité. Le Règlement intérieur du Comité établit la procédure d’adoption des
décisions.
• Information sur les décisions : après la session du Comité, le Centre du patrimoine mondial
communique l’ensemble des décisions aux États parties dans le délai d’un mois (paragraphe
168). Néanmoins, l’information sur ces décisions ne redescend pas nécessairement jusqu’au
personnel de chaque bien. Il est donc utile de consulter les pages du Centre du patrimoine
mondial sur le site web de l’UNESCO ou bien la base de données des décisions pour vérifier la
situation du bien. Toutes les décisions sont numérotées d’après l’ordre du jour de la session lors
de laquelle elles ont été examinées. En général, les numéros des décisions liés à l’état de
conservation sont COM 7 : A, B, C.
• Mise en œuvre des décisions : les rapports sur l’état de conservation des biens exigent en parti-
culier que les sites expliquent les mesures prises suite aux décisions du Comité. [Le gestionnaire
du site doit participer au processus, et] des missions de suivi sont organisées pour vérifier la
mise en œuvre des actions recommandées dans les décisions.
Il est fondamental que les autorités en charge de la gestion du site, à la fois au niveau local
et au niveau national, tiennent compte de ces décisions. À ce stade, l’État partie est suscep-
tible de devoir réviser le plan de gestion ou les actions en cours, et de voir s’il peut ainsi
respecter ces décisions ou s’il lui faut développer de nouvelles actions afin de s’y conformer.
Cela peut avoir des conséquences sur les actions et ressources planifiées, qui devront alors
être réévaluées. Il s’agira de trouver des moyens de traiter les questions soulevées par le
Comité, et de lui en rendre compte avant un an ou deux, puis de manière régulière, jusqu’à
Gérer le patrimoine mondial culturel
28. UNESCO, ICCROM, ICOMOS et UICN. 2012. Gérer le patrimoine mondial naturel. Paris, Centre du patrimoine mondial
de l’UNESCO. (Manuel de référence sur le patrimoine mondial.)
http://whc.unesco.org/uploads/activities/documents/activity-703-2.pdf
46
Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial 3
Ta b l e d e s m a t i è r e s
a) [Le Comité] pourra décider que le bien ne s’est pas sérieusement détérioré et qu’aucune
action ultérieure ne devrait être entreprise ;
b) Si le Comité considère que le bien s’est sérieusement détérioré mais pas au point que sa
restauration soit devenue impossible, il peut décider que le bien soit maintenu sur la Liste, à
condition que l’État partie prenne les mesures nécessaires afin de le restaurer dans un laps de
temps raisonnable. Le Comité peut également décider qu’une coopération technique soit
fournie au titre du Fonds du patrimoine mondial pour des travaux en rapport avec la restaura-
tion du bien, en proposant à l’État partie d’en faire la demande, si cela n’a pas déjà été fait ;
c) Quand les exigences et les critères décrits aux paragraphes 177-182 sont remplis, le Comité
peut décider d’inscrire le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril conformément aux ➤
procédures décrites aux paragraphes 183-189 ;
Sauf en cas d’extrême urgence, il est probable que le Comité recommande l’envoi d’une
mission UNESCO/organisation consultative pour enquêter sur les circonstances, avant de
décider d’envisager d’inscrire un site sur la Liste du patrimoine en péril, ou d’entreprendre
une autre action importante. Le Comité peut également décider d’envoyer une mission
dans le cas où il disposerait de peu d’informations récentes sur un bien, afin d’en évaluer
la situation.
La mission devra avérer s’il existe une indication de menaces ou, à l’inverse, une amélio-
ration sensible de la conservation du bien depuis le dernier rapport du Comité du
patrimoine mondial. Elle observera aussi si les précédentes décisions du Comité du
patrimoine mondial sur l’état de conservation du bien ont fait l’objet de suivi, et fournira
des informations sur toute menace ou dommage (potentiel ou avéré) ou perte de la valeur
universelle exceptionnelle, y compris de l’intégrité et de l’authenticité (paragraphe 173
des Orientations).
Ces informations sont remises au Centre du patrimoine mondial qui, après avoir
consulté l’État partie concerné et les organisations consultatives, soumet un rapport
sur l’état de conservation du bien au Comité du patrimoine mondial. Exceptionnelle-
ment, ce processus peut conduire à l’inscription du bien sur le Liste du patrimoine
mondial en péril.
Gérer le patrimoine mondial culturel
47
3 Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial
ÉTUDE DE CAS
La catégorie « Péril prouvé » fait référence à un danger prouvé, précis et imminent, et,
dans le cas des biens culturels, les critères incluent une altération grave des matériaux,
structures, ou de la cohérence architecturale, de l’espace urbain ou rural, ainsi que la perte
de l’authenticité historique ou de la signification culturelle. La catégorie « Mise en péril »
fait référence à des menaces graves qui pourraient avoir des effets nuisibles sur les valeurs
patrimoniales du bien. Dans le cas des biens culturels, ces menaces incluent la modification
du statut juridique du bien, de nature à diminuer le degré de protection ; la carence d’une
politique de conservation ; des menaces du fait de projets d’aménagement du territoire
ou de plans d’urbanisme ; un conflit armé venant ou menaçant d’éclater ; des impacts
menaçants de facteurs climatiques, géologiques ou d’autres facteurs environnementaux
(paragraphe 179 des Orientations). Les menaces ne sont pas nécessairement au sein même
du bien, dans la mesure où des actions conduites dans la zone tampon ou dans le
Gérer le patrimoine mondial culturel
cadre plus vaste d’un bien peuvent également mettre en péril sa valeur universelle
exceptionnelle.
Le Comité du patrimoine mondial examine chaque bien au cas par cas avant de prendre
sa décision quant à son inscription éventuelle sur la Liste du patrimoine mondial en danger.
En particulier dans le cas d’un péril prouvé, les altérations physiques ou culturelles aux-
quelles un bien a été soumis doivent être estimées en fonction de l’intensité de leurs effets,
48
Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial 3
alors que dans le cas d’une mise en péril, le risque doit être évalué en fonction de l’évo-
lution normale du cadre social et économique dans lequel le bien se situe. Il faut considérer
qu’il est souvent impossible d’envisager toutes les conséquences que certaines menaces,
Ta b l e d e s m a t i è r e s
tel un conflit armé, comportent pour les biens culturels (paragraphe 182 des Orientations).
Lors de l’inscription d’un bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril, les organisations
consultatives, en concertation avec l’État partie concerné, prépareront un État de conser-
vation souhaité (DSOC) pour le bien, ainsi qu’un ensemble de mesures correctives visant
à atteindre l’état désiré. Ces dernières seront approuvées par le Comité, et un rapport sur
les progrès réalisés sera soumis au Comité chaque année. L’état de conservation souhaité
d’un bien du patrimoine mondial est une déclaration définissant l’état de conservation
qui doit être atteint en vue de retirer le bien en question de la Liste du patrimoine mondial
en péril. Cette déclaration traite les dangers précis qui menacent le bien, souligne les amé-
liorations nécessaires requises pour faire face à ces dangers, et définit les seuils pour le
retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril, une fois l’état de conservation ➤
désiré atteint.
Dans de telles situations, l’État partie doit revoir les mesures de gestion en place, afin de
donner la priorité à la résolution des points soulevés par le Comité. À ce stade, les priorités
et les ressources sont susceptibles d’évoluer. Là aussi, les États parties seront en mesure
de solliciter des missions techniques et de conseil, et l’assistance internationale. Les États
parties pourront également solliciter l’assistance de donateurs pour lesquels le Comité
étendra sa coopération à la négociation si nécessaire. Le Comité, le Centre et le Directeur
général de l’UNESCO pourront être impliqués à diverses reprises, si les problèmes à
résoudre sont de nature politique.
Le Comité examine chaque année tous les biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial
en péril. Une fois l’état de conservation souhaité atteint, le Comité procédera au retrait
du bien de la Liste du patrimoine mondial en danger. À l’inverse, si la détérioration se
poursuit, le Comité peut décider que le bien a été à tel point altéré qu’il a perdu les
caractéristiques qui avaient déterminé son inscription sur la Liste du patrimoine mondial
(paragraphe 191 (c) des Orientations). Le Comité peut alors décider de supprimer le bien
de la Liste du patrimoine mondial, si sa valeur universelle exceptionnelle a été irréversi-
blement endommagée ou perdue.
Le Comité a également adopté des orientations stratégiques au fil des ans. En 2002, il a
adopté quatre objectifs stratégiques, auxquels un cinquième est venu se greffer en 2007.
Connus comme les cinq « C », les cinq objectifs stratégiques actuels sont les suivants :
1. Renforcer la Crédibilité de la Liste du patrimoine mondial ;
2. Assurer la Conservation efficace des biens du patrimoine mondial ;
49
3 Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial
3. Favoriser le développement d’un renforcement effectif des Capacités dans les États
parties ;
4. Développer la sensibilisation du public, la participation et l’appui au patrimoine mondial
Ta b l e d e s m a t i è r e s
par la Communication ;
5. Valoriser le rôle des Communautés dans la mise en œuvre de la Convention du patri-
moine mondial.
(paragraphe 26 des Orientations)
tant culturel que naturel, imposent le respect et autorisent une compréhension parmi les
communautés et cultures du monde entier, et contribuent par ailleurs à leur développe-
ment durable.
Les cinq C et les objectifs du plan d’action doivent être pris en compte lors de l’élaboration
de systèmes de gestion pour les biens du patrimoine mondial, à l’instar d’autres directives
que le Comité est susceptible d’émettre de temps en temps, comme le fait d’insister sur
le lien à établir entre les biens du patrimoine mondial et les communautés locales et le
développement durable durant la célébration du 40e anniversaire de la Convention. Ils
peuvent s’intégrer directement à la gestion d’un bien du patrimoine mondial, comme dans
le cas de la conservation et de la communication, ou peuvent affecter la manière dont un
50
Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial 3
bien est géré, par exemple en établissant la crédibilité de la Convention concernant l’iden-
tification, la protection, la conservation, la mise en valeur et la transmission aux généra-
tions futures de sites représentant une valeur universelle exceptionnelle.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
3.7 Des connaissances et des politiques qui évoluent
Les connaissances associées au patrimoine mondial évoluent. Cela inclut les connaissances
liées aux processus ainsi qu’à la gestion des biens. Le Comité, ses organisations consulta-
tives et le Centre du patrimoine mondial travaillent ensemble pour essayer de transmettre
le plus rapidement possible aux États parties les nouvelles connaissances. Cela se fait à
travers les décisions du Comité, par exemple sur le renforcement des capacités ou le chan-
gement climatique. En outre, ces nouvelles connaissances sont transmises par le biais des
révisions apportées aux Orientations, et à travers la production de Manuels de référence
comme le présent ouvrage, d’études thématiques, et de recherches publiées par différents ➤
biais, dont le principal est la série des Cahiers du patrimoine mondial (voir bibliographie).
Les autorités responsables de la gestion des sites sont donc vivement encouragées à
consulter régulièrement les sites internet du Centre et de ses organisations consultatives
(leurs sections relatives au patrimoine mondial) pour connaître les dernières informations.
ÉTUDE DE CAS
© UNESCO/Dossier d’inscription
Conscients de la complexité relative à la
gestion des biens religieux inscrits sur la
Liste du patrimoine mondial, le Centre du
patrimoine mondial, l’ICCROM et l’ICOMOS
ont organisé un séminaire destiné aux
représentants religieux impliqués dans la
gestion et l’utilisation des biens du patri-
moine mondial d’intérêt religieux dans
la Fédération de Russie, en mai 2013, au
couvent de Novodievitchi. Ce séminaire
faisait partie du programme intitulé Ensemble du couvent Novodievitchi
(Fédération de Russie)
« Initiative sur le patrimoine d’intérêt religieux »
(http://whc.unesco.org/fr/patrimoine-religieux-sacre/)
adopté par le Comité.
On peut citer en exemple l’élaboration depuis 2005 d’orientations devant guider l’identi-
fication et l’utilisation des attributs de la valeur universelle exceptionnelle. Les Orientations
sur la préparation de déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle pour
les biens du patrimoine mondial, le Manuel de référence Établir une proposition d’inscrip-
tion au patrimoine mondial, et les Cahiers du patrimoine mondial nº26 Paysages culturels
du patrimoine mondial : Guide pratique de conservation et de gestion, constituent des
sources particulièrement utiles.
Gérer le patrimoine mondial culturel
On peut évoquer encore les ajouts apportés aux Orientations en 2011, qui traitent du
développement durable, notamment aux paragraphes 112, 119, 132, ainsi que dans
l’Annexe 5, points 4.b et 5.e. Ces amendements visent d’une part à garantir que toute
utilisation des biens du patrimoine mondial soit durable concernant le maintien impératif
de leur VUE (ainsi, une définition étroite de la durabilité), et d’autre part à affirmer, en
tant que principe, l’idée que les systèmes de gestion des biens du patrimoine mondial
doivent « intégrer les principes du développement durable » (voir Chapitre 2 « Placer les
questions patrimoniales dans un cadre plus large » et section 4.5).
51
3 Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial
aux éléments que ce système doit inclure. Il apparaît également évident que le principal
objectif du système de gestion est de protéger et maintenir la VUE. À plusieurs reprises,
comme indiqué plus haut, les Orientations fournissent un nombre considérable d’infor-
mations sur les éléments à inclure dans un système de gestion, et sur sa documentation.
Ces conditions représentent un facteur important de l’élaboration de ces orientations.
Inévitablement, les sites sont affectés par des facteurs multiples, et les problèmes provien-
nent de l’association de diverses pressions, mais, comme la figure ci-dessous l’illustre,
deux grands groupes de menaces émergent comme un problème collectif, quels que
soient le type de bien et la région :
• le développement et l’infrastructure, dont les habitats et le développement, les infra-
structures de transport, les ouvrages à grande échelle ou infrastructures de service, la
pollution, l’utilisation des ressources matérielles ;
• la gestion, les problèmes juridiques et les facteurs institutionnels.
Il est aussi intéressant d’observer le nombre important de biens (un sur cinq) affectés par
« d’autres facteurs », dont la définition est plutôt réduite – « risque de ou effondrement
ou détérioration due à l’âge du bâti, problème de stabilité des structures, etc. » – et sug-
gère que les questions liées à la législation et à la gestion exacerbent probablement des
menaces plus immédiates de ce genre.
Le rapport du patrimoine mondial de 2010 intitulé Réflexion sur les tendances de l’état
de conservation indique ainsi dans ses conclusions que « des activités de gestion inadé-
quates affectent également, depuis 2005, de plus en plus les conditions d’authenticité
des biens29 ».
Alors que des facteurs institutionnels et juridiques, et d’autres liés à la gestion, au déve-
loppement et à l’infrastructure, menacent les valeurs du patrimoine dans le monde entier,
le fait d’identifier les points communs entre les divers systèmes de gestion patrimoniale
en vigueur offre des avantages de plus en plus évidents. C’est l’objectif du Chapitre 4.
Gérer le patrimoine mondial culturel
29. Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. 2010. Réflexion sur l’évolution de l’état de conservation. Paris, Centre du
patrimoine mondial de l’UNESCO (Doc WHC-10/34.COM/7C) p. 23.
http://whc.unesco.org/archive/2010/whc10-34com-7Cf.pdf
52
Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial 3
74.5
Ta b l e d e s m a t i è r e s
69.6
69.0
68.9
67.8
65.6
65.0
63.5
60,1
52.6
49.4
47.5
44.4
39.4
38.2
➤
28.9
24.1
23.2
22.8
20.9
19.7
18.5
18.2
16.8
12.1
Développement Autres activités Catastrophes Problèmes juridiques Autres problèmes
et infrastructure humaines naturelles et désastres et de gestion
Figure 4. Pourcentage de biens affectés par chaque principal groupe de menaces (de 2005 à 2009,
de gauche à droite)30.
Introduction
Alors que l’on assiste à une augmentation des pressions exercées sur le patrimoine culturel
et leur gouvernance, et des attentes qu’ils suscitent (Chapitre 2), le ressenti croissant des
institutions patrimoniales est que la mise en œuvre d’une activité ne suffit pas : il faut
faire la différence. Les bénéfices que l’on retire de la formation des professionnels du
patrimoine en vue d’optimiser le fonctionnement et l’efficacité de la conservation patri-
moniale et de la pratique de sa gestion ont été établis depuis longtemps. Toutefois, l’élar-
gissement du concept de patrimoine, et la reconnaissance croissante de l’interdépendance
des sites patrimoniaux et de la société (voir Chapitre 2 plus haut) font que les formations
conventionnelles ne suffisent plus. L’adoption graduelle d’une approche de renforcement
des capacités31 révèle que, pour faire la différence et améliorer les perspectives des sites
patrimoniaux, il est nécessaire de cibler un public plus nombreux, large et varié. La création
et le renforcement des capacités des institutions et des réseaux qui relient le secteur du
patrimoine à des communautés plus larges constituent une priorité au même titre que la
formation des professionnels. Lorsque cette approche réussit, il en résulte des cadres or-
Gérer le patrimoine mondial culturel
ganisationnels plus solides, à l’instar des interfaces entre le patrimoine et son environne-
ment plus large, ce qui permet aux personnes, y compris en dehors des professions liées
au patrimoine, de mener des actions plus efficaces. Ce changement au niveau de la
réflexion est reconnu par le Comité du patrimoine mondial en 2011, avec l’adoption de
la Stratégie du patrimoine mondial pour le renforcement des capacités32 (ci-après la
« Stratégie »).
Ta b l e d e s m a t i è r e s
➤ Si la capacité est « l’aptitude des particuliers, des organisations, des institutions et des
sociétés à exercer des fonctions, résoudre des problèmes, fixer et atteindre des objectifs
de manière durable33 », le renforcement des capacités pour une gestion efficace des biens
du patrimoine mondial devra :
• renforcer les connaissances, aptitudes, compétences et le comportement des personnes
directement responsables de la conservation et de la gestion du patrimoine ;
• améliorer les structures et processus institutionnels en responsabilisant les décideurs et
les responsables politiques ;
• et créer une relation plus dynamique entre le patrimoine et son contexte et, par la suite,
de plus grands bénéfices mutuels à travers une approche davantage inclusive, de manière
que la VUE des biens soit protégée efficacement et de façon durable.
32. Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. 2011. Présentation et adoption de la stratégie du patrimoine mondial
pour le renforcement des capacités. Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. (Doc WHC-11/35.COM/9B)
http://whc.unesco.org/archive/2011/whc11-35com-9Bf.pdf
33. http://www.undp.org/content/undp/fr/home/ourwork/crisispreventionandrecovery/overview/
Note de pratique du PNUD sur le développement des capacités, avril 2006, p. 3.
34. Cela est important dans la mesure où de nombreux professionnels, institutions et réseaux travaillent dans des environ-
nements qui ne peuvent pas faire de distinction entre ces catégories.
54
Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial 3
La définition du renforcement des capacités identifie trois grands secteurs au sein desquels
résident les compétences (les professionnels, les institutions, et les communautés et
réseaux) qui représentent la base sur laquelle identifier les publics à cibler pour ce renfor-
Ta b l e d e s m a t i è r e s
cement des capacités. Cette approche met le patrimoine mondial en conformité avec
d’autres secteurs qui l’ont déjà adoptée, comme le PNUD et les secteurs de la santé et de
l’assistance alimentaire des ONG. Le tableau ci-dessous fait le lien entre les trois publics
cibles et les domaines d’apprentissage et les besoins. Un chevauchement important entre
les divers éléments est toutefois inévitable.
« Sans la compréhension et
le soutien du grand public, sans
le respect et les soins quotidiens
des communautés locales, qui
sont les véritables gardiens du
patrimoine mondial, aucune
somme d’argent, aucune armée
Gérer le patrimoine mondial culturel
M. Koichiro Matsuura –
ancien Directeur général de l’UNESCO.
http://whc.unesco.org/archive/2007/whc07-31com-13bf.pdf
55
3 Comprendre la gestion dans le contexte du patrimoine mondial
fait), qui doit compléter les stratégies élaborées au niveau régional du patrimoine mondial,
souvent par les Centres de catégorie 2 de l’UNESCO.
Les questionnaires à remplir dans le cadre de l’exercice de rapport périodique sur le patri-
moine mondial, ainsi que les évaluations du système de gestion en place (voir section 4.5)
serviront de tremplin pour identifier et coordonner les initiatives de renforcement des
capacités conçues pour consolider et créer les capacités qui manquent ou font défaut.
ÉTUDE DE CAS
Des activités de renforcement des capacités comme suivi des rapports périodiques
56
4 Définition, évaluation et amélioration
des systèmes de gestion du patrimoine
Ta b l e d e s m a t i è r e s
moine en général, et leur rôle dans le contexte du patrimoine mondial. Il étudie
ensuite les éléments qui les composent. Il émet des commentaires d’ordre général,
suivis de quelques conseils utiles et de listes de contrôle de questions permettant
d’évaluer les systèmes de gestion. Enfin, il offre des conseils sur la manière de docu-
menter et d’évaluer un système de gestion du patrimoine.
3 catégories 9 composantes
Ces neuf composantes fonctionnent souvent à grande échelle, par exemple dans un
contexte national, dans la mesure où bon nombre des systèmes de gestion traitent plus
d’un bien à la fois, voire une vaste zone géographique. Dans d’autres cas, ils peuvent fonc-
tionner au niveau régional, ou sur un seul site pour lequel un système de gestion est spé-
cifiquement conçu. La situation la plus fréquente reste toutefois le système hybride, dans
lequel certains éléments opèrent au niveau national (comme le cadre juridique) et d’autres
au niveau du site ou de la région (comme les processus relatifs au patrimoine).
Le cadre de gestion du patrimoine proposé dans ce quatrième chapitre est conçu pour
aider les gestionnaires de sites culturels, principalement des deux manières suivantes :
• comment évaluer les systèmes de gestion du patrimoine qui visent à protéger les valeurs
du patrimoine, dont la VUE ;
• comment considérer chaque question patrimoniale dans un cadre plus large, et promou-
voir une approche intégrée en matière de gestion du patrimoine.
Gérer le patrimoine mondial culturel
Dans le cas particulier des biens du patrimoine, le cadre offre une base pour répondre aux
questions posées aux sections 3.1e, 4.5 et 6 du format de proposition d’inscription
(Annexe 5 des Orientations).
35. Cette analyse a été développée dans le cadre d’un projet de recherche de l’ICCROM conduit avec le Centre du patri-
moine mondial et les autres organisations consultatives intitulé « Meilleure définition des systèmes de gestion adaptés
aux biens du patrimoine mondial » (2009).
57
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
rément consacrées36. Chaque section met en avant les points importants à prendre en
considération, donne quelques conseils utiles, et indique les critères à suivre pour évaluer
et, si nécessaire, améliorer un système de gestion, toujours dans le but d’en garantir
l’efficacité concernant la conservation et la gestion du patrimoine culturel et, dans le cas
du patrimoine mondial, de s’assurer que le système favorise le respect des conditions
exigées par la Convention et les Orientations. Ce quatrième chapitre développe plus avant
nombre de thèmes transversaux déjà abordés par le deuxième chapitre, comme les valeurs
du patrimoine, les approches participatives et la durabilité.
L’objectif d’une évaluation périodique du système de gestion (par exemple, dans le cadre
de l’exercice de rapport périodique du patrimoine mondial) est de vérifier que le système
continue de fonctionner de manière efficace et rentable. Si des changements sont
requis, pour améliorer le système de gestion ou pour s’assurer qu’il réponde à de nouveaux
besoins, l’évaluation en soi influencera la manière de les introduire. La manière d’améliorer
les systèmes de gestion est un thème constant de ce quatrième chapitre, qui accorde une
attention particulière au rôle des outils de gestion et de renforcement des capacités (voir
aussi section 3.8, et Annexes A et B).
Prémisse
3 éléments
OUR
36. Des thèmes similaires sont abordés dans les différentes sections, un choix volontaire destiné aux lecteurs qui consultent
des sections spécifiques sans lire le manuel dans son intégralité.
37. La présentation du système de gestion peut être indépendante, ou faire partie d’un plan de gestion. Voir Annexe A.
58
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
groupe de biens, ou une aire, afin de pro- PATRIMOINE
duire des résultats qui garantissent la
conservation et la gestion des biens et des
MISE E
valeurs qui leur sont associées de manière
ION
durable. PATRIMOINE
AT
PATRIMOINE
IC
Œ
IF
V
U
RE AN
PL
traditionnels en vigueur
aujourd’hui
ÉTUDE DE CAS
••• La plupart des subak possèdent des codes juridiques écrits, appelés awig-awig, qui détaillent les
droits et les devoirs des membres du subak. Les awig-awig, ou lois et réglementations coutu-
Ta b l e d e s m a t i è r e s
mières traditionnelles, couvrant la gestion des subak ainsi que la protection et la conservation
traditionnelles des biens culturels, sont encadrés par la réglementation n° 5 de la province de Bali
(2005) section 19, qui clarifie le zonage des sites sacrés protégés tels que les temples, sur la base
de l’awig-awig local.
(Réf. : http://whc.unesco.org/fr/list/1194)
d’une zone géographique précise. Certains traitent séparément des types de patrimoine
culturel spécifiques ; quelques-uns (comme la Nouvelle-Zélande) intègrent la gestion du
patrimoine à la fois culturel et naturel. D’autres systèmes de gestion s’occupent d’un bien
ou groupe de biens particulier. Enfin, d’autres systèmes peuvent être temporaires, résultant
par exemple d’un partenariat d’une durée limitée pour un projet spécifique.
L’objet d’un système de gestion du patrimoine au niveau national ou régional englobera prin-
cipalement la politique et la définition, l’identification (à travers les inventaires), et la protec-
tion des biens. Son objectif est de maintenir les valeurs culturelles pour lesquelles les biens
identifiés sont protégés.
Il est rare que ce système de gestion principal en place au niveau national ou régional soit
adapté à une gestion efficace, comme dans le cas des centres urbains historiques ou des pay-
sages culturels. Dans ces cas-là, la gestion pourra impliquer de travailler avec les pouvoirs pu-
blics, des propriétaires privés, et d’autres acteurs, en utilisant toute une variété d’instruments
juridiques et de combinaisons d’institutions et de ressources. Les contrôles de planification
peuvent dépendre de systèmes juridiques très différents, à l’instar des réglementations des
autorités municipales qui régissent les contraintes de planification et les stratégies de déve-
loppement pour des régions entières, associées peut-être à des avantages fiscaux ou des sub-
ventions pour les propriétaires privés et les locataires.
Cela est particulièrement vrai pour les biens du patrimoine mondial. La zone tampon d’un
site, par exemple, sera généralement soumise à la législation de secteurs non patrimoniaux,
et il est probable qu’elle relève de la responsabilité de multiples organisations et propriétaires
privés. Toujours à titre d’exemple, un bien culturel qui a été l’objet de pratiques de gestion
traditionnelles durant des générations peut devoir se plier à de nouvelles exigences de
gestion, à la suite de son inscription sur la Liste du patrimoine mondial, ou s’il est exposé aux
effets négatifs du développement économique. Des scénarios similaires peuvent se produire
dans le cas de paysages culturels, lorsque les pratiques relatives à l’utilisation des sols n’ont
jamais été officialisées.
Gérer le patrimoine mondial culturel
Cette session (Chapitre 4) se centre sur les systèmes de gestion principaux du patrimoine
culturel, comme indiqué au début de la section ; mais la nécessité de les intégrer à d’autres
systèmes, ou à certaines composantes de ces systèmes, est mise en avant tout au long du
chapitre.
Cette nécessité d’intégration a des répercussions importantes sur les processus de prise de
décision. Comme le montrent les figures ci-après (5-7), le système de gestion principal du
patrimoine est souvent amené à modifier ses processus de décision afin d’intégrer efficace-
60
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
ment des contributions provenant d’autres systèmes (ou certaines de leurs composantes). La
Partie 3 traite ce point plus en profondeur, et ce phénomène est particulièrement vrai dans
le cas des cadres institutionnels (section 4.2).
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Différents scénarios de gestion
Exemple de scénario de gestion nº1
SG PRINCIPAL DU PATRIMOINE
Certains biens sont détenus et gérés
exclusivement par le système de gestion
principal (protégés par la législation na-
tionale, entretenus par l’institution prin-
cipale en charge du patrimoine avec ses
propres ressources). Cela conduit sou-
vent à une délimitation précise des fron-
PATRIMOINE
tières du bien. La planification de la
conservation, la mise en œuvre et le suivi ➤
sont souvent pris en charge par la
Communauté Figure 5.
même institution. Les résultats et les ex- locale Illustre l’exemple
trants sont établis par l’institution. La de scénario
situation est en train de changer, mais il de gestion nº1.
en existe encore de nombreux exemples.
Toutes les décisions sont prises par le système de gestion principal. D’autres parties prenantes
pourraient souhaiter participer, mais ne sont pas en mesure de le faire.
61
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Dans ces cas-là, le processus de prise de décision sera différent, impliquant entre autres les
organismes chargés de la direction et de la gestion, les propriétaires et les utilisateurs. Si cer-
taines décisions peuvent être prises par des entités à titre individuel, il s’agit de mettre en
Ta b l e d e s m a t i è r e s
(Réf. : http://whc.unesco.org/fr/list/1194)
•••
62
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
•••
ÉTUDE DE CAS
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Structure organisationnelle de l’Assemblée directrice de Bali
Consultation
Gouverneur de Bali
(Chef de l’Assemblée Consultants
législative de Bali)
1. Secrétaire général du
Bien-être de la population ➤
Superviseurs 2. Ministère de la Culture
Chef de l’Assemblée et du Tourisme
1. Régent de Tabanan gouvernementale 3. Représentant des
2. Régent de Badung (Chef du Bureau consultants académiques
3. Régent de Gianyar de la Culture de Bali) de l’UNESCO
4. Régent de Bangli
5. Régent de Buleleng
Secrétaire
Groupe de travail sur Groupe de travail sur Groupe de travail Groupe de travail sur Groupe de travail sur Groupe de travail sur
la Préservation de la la Préservation de sur les Visiteurs et le Développement de le Développement les Affaires juridiques
culture l’Écosystème et de l’Éducation l’agriculture social et et la Gouvernance
l’Environnement infrastructurel
1. Représentant du 1. Représentant du 1. Représentant du 1. Représentant du
subak 1. Représentant du subak subak 1. Représentant du subak
2. Bureau culturel subak 2. Bureau du Tourisme 2. Dép. d’Agriculture subak 2. Ministère du Droit
de Bali (Dép. de la 2. Agence de Bali (Dép. du 3. Dép. des Récoltes 2. Dép. des Travaux et des Droits de
Culture) environnementale Tourisme) 4. Dép. des Élevages publics l’Homme
3. Bureau de 3. Dép. des Forêts 3. Dép. de l’Éducation 5. Dép. des Pêches 3. Dép. des Affaires 3. Cabinet d’avocats
Préservation du 4. Organe de nationale 6. Institut d’évaluation sociales 4. Bureau de la
patrimoine revitalisation de 4. Association des des techniques 4. Villages Gouvernance
4. Bureau l’industrie fondée Agences de voyages agricoles administratifs 5. Bureau de
Gérer le patrimoine mondial culturel
63
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
cipaux résultats sont la protection efficace des valeurs patrimoniales d’un bien culturel ou
d’un groupe de biens pour les générations actuelles et futures, et l’apport de plus grands
bénéfices à la société.
Le système de gestion inclut des cycles de planification, de mise en œuvre et de suivi, afin de
proposer des activités traitant la conservation, l’interprétation, et l’accès, qui renferment
souvent de plus vastes objectifs, comme l’utilisation durable et le partage de bénéfices. Les
Orientations du patrimoine mondial mettent en lumière les objectifs spécifiques de systèmes
de gestion pertinents pour les biens du patrimoine mondial, qui sont exposés en détail plus
avant.
➤
Points clés à considérer pour les systèmes de gestion
Un système de gestion sera façonné par diverses perspectives culturelles, par les ressources
disponibles, et par d’autres facteurs. Ceux-ci peuvent évoluer, et le système peut ne plus en
être en phase avec les besoins réels du bien et de ses parties prenantes. Un système de gestion
doit donc être révisé régulièrement, et actualisé afin de répondre aux changements apportés
aux biens et à leur cadre, et aux défauts et développements négatifs au sein même du
système de gestion.
Les points suivants aident à expliquer pourquoi un système de gestion du patrimoine doit se
montrer réactif pour être efficace :
• Épouser la diversité : chaque système de gestion du patrimoine sera, dans une certaine
mesure, unique, parce que conçu selon les besoins spécifiques du patrimoine qui le
concerne, du contexte culturel, et de plus vastes facteurs sociaux, économiques et envi-
ronnementaux. Dans le cas du patrimoine mondial, voir les Orientations (paragraphe 110
des Orientations, section 3.3).
• Clarté et coordination : un système de gestion est cyclique ; son processus et ses réalisations
sont évalués afin de pouvoir les ajuster aux activités en cours, et en tenir compte pour le
cycle suivant. Interagissant avec d’autres systèmes de gestion ou certains de leurs éléments,
il offre un résultat de gestion coordonné et efficace concernant les valeurs du patrimoine
et, dans le cas du patrimoine mondial, la VUE39, 40.
• Préparation aux risques : un système de gestion doit être suffisamment flexible pour pouvoir
traiter des événements imprévus, comme des catastrophes naturelles, ou des fluctuations
au niveau des ressources financières ou humaines qui lui sont allouées.
• Une approche participative : une compréhension commune du bien et de son importance,
partagée par tous les acteurs concernés, et la participation de ces derniers aux processus
de gestion, peuvent modifier radicalement la manière dont les fonctions d’un système de
gestion sont exécutées. Cette approche engendre des processus patrimoniaux plus réactifs,
et produit des extrants et des résultats qui sont davantage en phase avec les besoins réels
du bien et des partis concernés. Elle promeut entre autres un rôle constructif pour que le
patrimoine contribue à la société et au développement durable (voir section 2.3).
• Le rôle du patrimoine dans le développement durable : le fait d’établir un rôle actif pour le
patrimoine concernant le développement durable produit de nombreux bénéfices mutuels,
Gérer le patrimoine mondial culturel
39. UNESCO, ICCROM, ICOMOS et UICN. 2011. Établir une proposition d’inscription au patrimoine mondial. (Deuxième
édition.) Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. (Manuel de référence sur le patrimoine mondial.) p. 89.
http://whc.unesco.org/fr/activites/643/
40. La planification de la gestion (voir Annexe A) peut s’avérer un outil utile lorsqu’une approche multilatérale est néces-
saire, tant que le plan est prioritaire ou qu’il est intégré à d’autres types de plans (comme les plans de gestion des
visiteurs, plans d’aménagement urbain) utilisés par les organisations concernées. Le plan de gestion doit avant tout
être intégré correctement au système de gestion du patrimoine.
64
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Un système de gestion réactif est plus à même de répondre au, et de gérer le, changement
avec efficacité. Il est donc important de comprendre comment le système de gestion fonc-
tionne (voir sections 4.2-4.4), et comment le décrire clairement (voir section 4.5). Il constitue
une base pour identifier les lacunes en termes de capacités existantes, pour ensuite les
contrôler et les combler en ciblant les publics appropriés (voir sections 3.8 et 4.5).
ÉTUDE DE CAS
© Jan Fritz
bien
➤
La gestion globale de l’Ensemble du temple de la
Mahabodhi à Bodhgaya, site du patrimoine mondial, est
entre les mains du « Comité de gestion du temple de
Bodhgaya (CGTB) », légitimé par un acte juridique.
L’acte du temple de Bodhgaya (Bihâr XVII de 1949),
voté le 19 juin 1949, prévoit que le gouvernement
établisse le Comité de gestion du temple de Bodhgaya
(CGTB) pour une meilleure gestion du temple et des
biens qui lui appartiennent. Ce Comité travaille sous la
supervision, la direction et le contrôle du Gouverne-
ment de l’État du Bihar. Le CGTB a été constitué en
1953, date depuis laquelle il remplit son rôle. Toutefois,
toutes les questions liées à la conservation de la struc-
ture dépendent de l’Archaeological Survey of India
(ASI), l’institution qui pilote le système de gestion
principal au niveau national.
Ensemble du temple
de la Mahabodhi à Bodhgaya (Inde)
rient les biens ayant le potentiel d’être inscrits sur la Liste du patrimoine mondial.
• La préparation des dossiers d’inscription (paragraphes 120-133 des Orientations et Annexe 5),
qui demandent des contributions et une coordination au niveau international et national.
41. UNESCO. 1972. Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel. (Convention du
patrimoine mondial.) Article 11.
65
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
• Une approche orientée sur les valeurs pour la conservation et la gestion du patrimoine.
Même dans les pays qui l’ont adopté, il s’agit d’un processus exigeant en termes d’évalua-
tion des valeurs véhiculées par les cadres culturels et les qualités immatérielles du site,
Ta b l e d e s m a t i è r e s
42. Pour de plus amples informations sur la préparation aux risques : UNESCO, ICCROM, ICOMOS et UICN. 2010. Gérer
Gérer le patrimoine mondial culturel
les risques de catastrophes pour le patrimoine mondial. Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. (Manuel de
référence sur le patrimoine mondial.) http://whc.unesco.org/fr/activites/630/
43. Le nombre de visiteurs n’augmente pas toujours avec l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial. Voir les
exemples évoqués par James Rebank dans son étude World Heritage Global Analysis – the Economic Gain
http://www.lakeswhs.co.uk/ (en anglais uniquement)
44. UNESCO, ICCROM, ICOMOS et UICN. 2011. Établir une proposition d’inscription au patrimoine mondial. (Deuxième
édition.) Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. (Manuel de référence sur le patrimoine mondial.)
Chapitre 1.3, p. 19.
45. Mitchell, N., Rössler, M., et Tricaud, P.-M. (éd.). 2009. Paysages culturels du patrimoine mondial – Guide
pratique de conservation et de gestion. Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. (Cahiers du patrimoine
mondial nº26.) http://whc.unesco.org/fr/series/26/
66
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Dans le cas de la proposition d’inscription de biens en série/transfrontaliers, l’une des priorités
doit être de garantir qu’une protection et une gestion adéquates sont en place pour chaque élé-
ment, et fonctionnent avec efficacité. Un système de gestion doit exister au niveau de l’ensemble
du bien, qui garantisse la communication et la coordination entre tous les éléments, en particu-
lier en ce qui concerne :
• L’harmonisation de la gestion de tous les éléments en vue d’atteindre un ensemble d’objectifs
communs pour conserver la valeur universelle exceptionnelle potentielle ;
• L’identification des menaces qui pèsent sur le bien, la réponse à y apporter ;
• La coordination du suivi et du rapport, en particulier en lien avec les conditions exigées par la
Convention du patrimoine mondial.
Le système de gestion d’un bien en série ou transfrontalier doit régulièrement réviser et renfor-
cer, le cas échéant, les dispositifs de coordination, pour augmenter la cohésion et l’efficacité de ➤
sa gestion en tant que site du patrimoine mondial, et pour répondre aux changements qui
affectent les éléments qui le composent.
Il faut établir clairement la manière de mettre en œuvre une gestion coordonnée des différents
éléments, en particulier lorsque plusieurs gestionnaires et systèmes de gestion sont concernés.
La gestion coordonnée doit être efficace.
Il n’est pas nécessaire de créer une autorité de gestion spécifique pour le bien si les plans ou
systèmes de gestion en place fonctionnent bien, et s’il existe une approche de gestion globale.
Toutefois, lorsque les dispositifs en place sont inadéquats, de nouveaux dispositifs spécifiques
peuvent être nécessaires, mais ils doivent être efficaces47.
Les propositions d’inscription de biens en série peuvent également se rapporter à des biens
transfrontaliers, comme dans le cas des Missions jésuites des Guaranis (Argentine et Brésil,
1984), de l’Arc géodésique de Struve, qui unit 10 pays (2005), et des Frontières de l’Empire
romain (Allemagne et Royaume-Uni, 1987, 2006 et 2008). D’autres exemples abordés incluent
les ambitieux couloirs du patrimoine transnational le long des Routes de la soie, ainsi que la
proposition d’inscription de biens en série des Monuments et sites vikings qui comprennent des
paysages terrestres, maritimes, ou des villes qui s’étalent de l’Atlantique Nord à la mer Baltique.
46. UNESCO, ICCROM, ICOMOS et UICN. 2011. Établir une proposition d’inscription au patrimoine mondial. Op. cit.,
pp. 50 et 90.
47. Pour des conseils détaillés, voir : Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO.2011. Présentation et adoption de la
stratégie du patrimoine mondial pour le renforcement des capacités. Paris, Centre du patrimoine mondial de
l’UNESCO. (Doc WHC-11/35.COM/9B) http://whc.unesco.org/archive/2011/whc11-35com-9Bf.pdf
67
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
• Diverses sources sont disponibles sur le site internet du Centre du patrimoine mondial pour
aider les États parties et tous les acteurs impliqués dans la gestion des biens du patrimoine
mondial. On peut citer en exemple la série des Manuels de référence à laquelle appartient
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Définition des trois éléments : tout système de gestion principal du patrimoine renferme
trois éléments essentiels et interdépendants, qu’il s’agisse d’un système de gestion du patri-
moine national, ou d’un système qui ne s’intéresse qu’à un groupe de biens ou même à un
seul bien :
PATRIMOINE
1. UN CADRE JURIDIQUE
Le mandat qui habilite les personnes et organi-
sations à agir. Il définit ce qui constitue le patri-
moine, et les critères pour sa conservation et sa PATRIMOINE
gestion, en général à travers une législation. PATRIMOINE
CADRE
JURIDIQ UE
L PATRIMOINE
NE
I NS T I TUT R E
N
IO
C AD
2. UN CADRE INSTITUTIONNEL
L’organisation qui définit la structure opération-
Gérer le patrimoine mondial culturel
48. UNESCO. 1972. Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel. (Convention du
patrimoine mondial.)
68
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
L PATRIMOINE R
3. LES RESSOURCES NE
ES
INS T I TUT R E
N
SO
IO
C AD
Les contributions humaines, financières et intel-
UR C
lectuelles qui créent la capacité opérationnelle,
ES
et facilitent les processus.
PATRIMOINE
PATRIMOINE
CADRE
JURIDIQ UE
PATRIMOINE
PATRIMOINE
PATRIMOINE
CADRE
JURIDIQ UE
Figure 8. Un cadre juridique pour
identifier, définir, protéger et
conserver le patrimoine.
Les cadres juridiques pour la gestion du patrimoine culturel peuvent être formalisés sous la
forme d’une législation spécifiquement conçue pour le patrimoine, ou peuvent constituer un
règlement de la législation générale utilisé pour le patrimoine (et sont donc moins facilement
définis). Certains cadres juridiques peuvent avoir maintenu un statut informel, tacite, globale-
ment ou en partie. Ils peuvent être le résultat d’expressions récentes d’un consensus dirigé par
une communauté, ou les vestiges de pratiques verbales transmises de génération en génération.
Les cadres juridiques tendent à être permanents, mais un cadre temporaire peut être conçu
à l’occasion, pour servir dans des circonstances exceptionnelles, ou dans le cadre d’un accord
de partenariat spécifique.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Les nombreux cadres juridiques ont diverses origines, et fonctionnent à différents niveaux du
système de gestion (ex. la constitution d’un État, les lois nationales, les règlements locaux,
les accords spécifiques à un bien, et la conformité avec les conventions et chartes concernant
le patrimoine culturel).
Les deux types communs de législation sont (a) la désignation spécifique de sites du patri-
moine revêtant une importance spéciale pour l’État, et devant par là même faire l’objet de
contrôles spécifiques ; et (b) une réglementation globale du développement territorial qui
peut inclure des politiques spécifiques pour la protection de sites patrimoniaux ou de pay-
sages. Ces formes de réglementation constituent en général une partie fondamentale d’un
système de gestion pour un bien du patrimoine mondial. Il est essentiel de les appliquer de
manière équitable et transparente afin que toutes les parties soient pleinement conscientes
de ce qui est et n’est pas juridiquement possible.
Il existe des codes et d’autres cadres réglementaires qui ne constituent pas la législation prin-
cipale, mais qui peuvent influencer la politique et la pratique de la gestion du patrimoine, à
l’instar des réglementations et règlements créés par des institutions spécifiques.
• des dispositions pour intégrer les questions relatives au développement durable local à tous
les champs du système de gestion du patrimoine. C’est à travers le « partage » des béné-
fices des ressources culturelles que la société saura relever le défi et partager en retour la
Ta b l e d e s m a t i è r e s
responsabilité du patrimoine ;
• la capacité à bien tirer parti des autres types de législation nationale et régionale (comme
la loi sur l’urbanisme) pour le bénéfice du patrimoine culturel. L’Acte de conservation de
1987 de la Nouvelle-Zélande en est un exemple : il a rassemblé 25 actes préalables en une
seule loi pour la conservation des ressources naturelles et historiques50 ;
• la possibilité de décentraliser le pouvoir afin de rapprocher la prise de décision des biens
du patrimoine et des problèmes à résoudre ;
• des dispositions concernant l’utilisation de différents outils de gestion et le suivi de leur im-
pact, ainsi que l’adoption de nouveaux outils permettant de gérer plus efficacement les
changements relatifs au bien culturel et à son système de gestion.
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
LES QUESTIONS
L E S Q U E S T I O NQU’IL
S Q U ’ I EST
L E S TBON
B O N DE
D E POSER
POSER
responsabilité ? Même au sein des systèmes fédéraux, le Canada, par exemple, maintient de
nombreuses responsabilités au niveau national, alors que l’Allemagne en délègue davantage
au niveau des provinces. Dans d’autres pays (comme l’Italie), la protection du patrimoine
culturel et son amélioration peuvent être supervisées par différentes autorités.
䊳 Votre constitution/législation nationale accorde-t-elle de l’importance à la seule protection du
patrimoine, ou également à son accès au public, au travail avec les autres, etc. ? Existe-t-il un
ministère dédié à la culture, ou le portefeuille de la culture est-il greffé à un autre comme
celui de l’éducation, de la recherche, de l’environnement ou même du sport ? Quelle est la
place du patrimoine dans votre pays par rapport à d’autres priorités nationales ? Le niveau
d’engagement envers le patrimoine culturel trouve-t-il son équivalent en termes de capacité
d’action ?
䊳 Quel est le poids de la législation sur le patrimoine culturel par rapport aux autres législations ?
➤
Votre cadre juridique garantit-il que la législation et les plans pour le patrimoine culturel sont
prioritaires sur les autres législations et plans (comme les plans d’aménagement, de tourisme) ?
Il est important de vérifier que les mesures pour le patrimoine ne sont pas minées par d’autres
mesures gouvernementales.
䊳 La législation en place est-elle réellement utilisée ? Est-elle efficace ? Les politiques sont-elles
mises en œuvre ? Le renforcement des capacités54 pourrait-il aider le personnel à mettre en
œuvre la législation et les réglementations ? Parfois, la législation existe mais n’est pas
appliquée, au détriment des biens culturels concernés.
䊳 Les parties prenantes qui influencent (positivement et négativement) les valeurs culturelles du
bien peuvent dépendre des ressources du bien : avez-vous vérifié si leur dépendance envers
le site demande d’actualiser de quelque manière le cadre juridique ? La législation actuelle est
susceptible d’entraver leur participation. D’autres formes de cadres juridiques peuvent éven-
tuellement offrir des approches alternatives. Voir « Outil 3 : Relations avec les parties
prenantes » dans la Trousse à outils : Amélioration de notre patrimoine, utile pour identifier
les parties prenantes et leur relation avec le site de manière systématique55.
© UNESCO/F. Bandarin
ÉTUDE DE CAS
54. Voir : Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO.2011. Présentation et adoption de la stratégie du patrimoine mon-
dial pour le renforcement des capacités. op. cit.
55. Hockings, M., James, R., Stolton, S., Dudley, N., Mathur, V., Makombo, J., Courrau, J., et Parrish, J. 2008. Trousse à
outils : Amélioration de notre patrimoine. Évaluer l’efficacité de la gestion des sites du patrimoine mondial naturel.
Paris, Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. (Cahiers du patrimoine mondial nº23.) Outil 3 : Relations avec les
parties prenantes, p. 28. http://whc.unesco.org/fr/series/23/
72
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
•••
ÉTUDE DE CAS
Ta b l e d e s m a t i è r e s
mondial en Afrique du Sud, la reconnaissance et l’établissement de sites du patrimoine mondial,
l’établissement d’autorités et l’allocation de pouvoirs supplémentaires aux organes d’État existants ;
les pouvoirs et les devoirs de ces autorités, et plus spécialement de celles qui sauvegardent l’intégrité
des sites du patrimoine mondial ; le cas échéant, l’établissement des conseils et du personnel de direc-
tion de ces autorités ; les plans de gestion intégrés pour les sites du patrimoine mondial ; les questions
de sol relatives aux sites du patrimoine mondial ; les contrôles des finances, d’audit et de rapport
concernant les autorités ; la préparation aux imprévus.
73
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
䊳 Pour un système de gestion efficace, il est important d’établir à quel point la législation aide à
maintenir la valeur universelle exceptionnelle, et à quel point le gouvernement local et natio-
nal apporte son soutien au bien (et au patrimoine culturel en général). Cela peut s’avérer un
exercice délicat dans la mesure où le fait d’identifier des défauts pourrait être perçu comme
une critique des personnes au sommet du système de gestion. La conduite d’une évaluation
systématique comme celle proposée par l’« Outil 4 : Examen du contexte national » de la
Trousse à outils : Amélioration de notre patrimoine56 peut constituer l’unique moyen pour les
gestionnaires de site de faire que le processus et les résultats soient impartiaux et aient une
grande portée. Cet outil, employé de manière participative, peut aider les personnes à com-
➤ prendre en quoi les politiques nationales et internationales, la législation et les actions du gou-
vernement affectent un site du patrimoine mondial.
䊳 Les décideurs au sein des gouvernements centraux doivent être pleinement conscients des
questions de gestion routinières. Dans le cas contraire, des maillons faibles sont susceptibles
d’apparaître entre la législation au niveau ministériel, et les opérations sur le site.
䊳 Les contrôles juridiques peuvent prendre diverses formes, en fonction du caractère global du
système juridique de chaque État partie. Par exemple, les systèmes fondés sur le droit romain
ou le code Napoléon diffèrent de ceux développés dans la tradition anglo-saxonne de la
Common Law (basée sur le précédent plutôt que sur un droit codifié). La coopération interna-
tionale (pour le renforcement régional des capacités en patrimoine mondial, pour les biens
transfrontaliers, etc.) bénéficiera de la prise de conscience de ce type de différences.
LES QUESTIONS
L E S Q U E S T I O NQU’IL
S Q U ’ I EST
L E S TBON
B O N DE
D E POSER
POSER
56. Hockings, M., James, R., Stolton, S., Dudley, N., Mathur, V., Makombo, J., Courrau, J., et Parrish, J. 2008. Trousse à
outils : Amélioration de notre patrimoine. Évaluer l’efficacité de la gestion des sites du patrimoine mondial naturel.
Op. cit. Outil 4 : Examen du contexte national, p. 32. http://whc.unesco.org/fr/series/23/
57. Un aperçu utile des conventions du patrimoine culturel de l’UNESCO et du Conseil de l’Europe figure dans un article
d’un compte rendu de l’ASCHB de l’année dernière : www.aschb.org.uk/index.asp (en anglais uniquement)
74
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Élément n°2 :
LE CADRE INSTITUTIONNEL
Ta b l e d e s m a t i è r e s
L PATRIMOINE
Aperçu NE
I NS T I TUT R E
N
IO
Les besoins organisationnels et la prise de dé-
C AD
cision nécessaires à la gestion du patrimoine
culturel ont souvent conduit à la création de
cadres institutionnels. Ils encadrent la planifi-
Figure 9. Un cadre
cation et la mise en œuvre d’actions, ainsi que institutionnel donne
PATRIMOINE
l’examen et l’amélioration continus des mé- PATRIMOINE une forme aux besoins
thodes de travail. CADRE organisationnels.
JURIDIQ UE
Tableau 9. Les cadres institutionnels : deux grandes catégories basées sur les responsabilités
AU NIVEAU NATIONAL
AU NIVEAU INTERNATIONAL
Gérer le patrimoine mondial culturel
75
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Dans le même temps que la contribution du secteur privé et d’autres organisations croît, le
cadre institutionnel prend différentes formes, et cible différentes capacités. Il peut dépendre
de la consolidation des sponsors (secteur commercial), des organismes de charité (ONG,
➤ groupes communautaires, fondations dédiées au patrimoine, etc.), ou de l’externalisation à
grande échelle de l’expertise, des services et des travaux professionnels.
76
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
䊳 Un cadre institutionnel qui répartit pouvoirs et responsabilités pour la prise de décision d’un
bout à l’autre de l’organisation, tout en maintenant clairement les rôles et les obligations, peut
s’avérer efficace.
䊳 Un cadre institutionnel qui investit dans le développement intellectuel de ses équipes (forma-
tion du personnel, initiatives de recherche, etc.) et contribue au débat sur la conservation en
général trouvera son investissement rentable, à travers l’amélioration de l’efficacité et les
nouvelles formes de soutien envers les biens culturels dont il a la charge.
䊳 En cas de défaillance du cadre institutionnel, et s’il n’est pas possible d’envisager une restruc-
turation, le partenariat peut agir comme une forme de renforcement des capacités « institu-
tionnelles » pour augmenter la portée et la flexibilité de la structure organisationnelle (voir
section 3.8). ➤
䊳 De la même manière, la planification de la gestion du patrimoine (Annexe A) peut aider à
surmonter les faiblesses du cadre institutionnel principal, avec le soutien des contributions
provenant d’autres systèmes de gestion, avec des répercussions positives sur les mécanismes
de prise de décision. Il s’agit actuellement de l’un des principaux outils utilisés pour les biens
du patrimoine mondial.
䊳 Pour à l’avenir conduire des actions informées, il est important d’accumuler et d’entretenir les
connaissances relatives à un bien spécifique et aux actions passées menées sur ce bien. Le
cadre institutionnel et son personnel (voir section 4.3, Ressources) jouent un rôle important
pour garantir la continuité des connaissances. Toute réorganisation doit résulter d’un proces-
sus établi permettant d’éviter la perte d’expertise. De la même manière, l’utilisation d’un
nombre plus important de prestataires et de spécialistes externes doit être assortie d’exigences
de documentation rigoureuses et d’une supervision interne suffisante.
䊳 Une évaluation systématique semblable à celle que propose l’Outil 3 de la Trousse à outils :
Amélioration de notre patrimoine, « Relations avec les parties prenantes », pourrait apporter
les informations nécessaires pour affiner un cadre institutionnel dans ce but58.
䊳 Les cadres institutionnels hybrides qui unissent les organisations publiques consacrées au
patrimoine et les nouvelles entités, peuvent servir à satisfaire aux obligations imposées par le
patrimoine mondial. Ils peuvent être plutôt permanents, ou avoir un terme défini, amenant
des partenaires extérieurs en vue d’atteindre des objectifs spécifiques qui laissent un héritage
positif pour la gestion à long terme du bien (voir, par exemple, l’étude de cas sur Herculanum,
en Italie).
䊳 Si le cadre institutionnel résulte d’une pratique traditionnelle/établie, il est d’autant plus
important que la forme légère de son organisation soit ancrée dans un vaste consensus
communautaire.
LES QUESTIONS
L E S Q U E S T I O NQU’IL
S Q U ’ I EST
L E S TBON
B O N DE
D E POSER
POSER
adéquate pour les besoins des biens culturels spécifiques dont il est responsable ? et pour
leur cadre en général (la zone tampon et ses alentours), et les implications sociales, écono-
miques et environnementales ? •••
58. Hockings, M., James, R., Stolton, S., Dudley, N., Mathur, V., Makombo, J., Courrau, J., et Parrish, J. 2008. Trousse à
outils : Amélioration de notre patrimoine. Évaluer l’efficacité de la gestion des sites du patrimoine mondial naturel.
Op. cit. Outil 3 : Relations avec les parties prenantes, p. 28. http://whc.unesco.org/fr/series/23/
77
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
••• 䊳 La capacité de(s) l’institution(s) à attirer des ressources, pas seulement financières, auprès de
sources diverses a-t-elle été évaluée ?
Ta b l e d e s m a t i è r e s
➤
LES CADRES INSTITUTIONNELS POUR LE PATRIMOINE MONDIAL
Un État partie doit identifier une seule institution qui servira de point nodal pour toutes les
questions relatives au patrimoine mondial et pour la communication avec le Centre du patri-
moine mondial. Pour le rapport périodique, en particulier, un « point focal » est désigné au
sein d’une institution tenant un rôle majeur en termes de gestion de l’ensemble du patrimoine
mondial de l’État partie concerné (voir section 3.5).
En réalité, dans tous les processus du patrimoine mondial, les institutions jouent un rôle fon-
damental, depuis la préparation de la liste indicative jusqu’à la gestion quotidienne d’un bien
du patrimoine mondial. De fait, l’efficacité de la gestion des biens du patrimoine mondial
dépend de la mesure dans laquelle les institutions appliquent la Convention et les Orientations
à chaque niveau de la gestion.
78
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
La « gouvernance » est devenue une préoccupation majeure dans le secteur du patrimoine, alors
que les pouvoirs publics et les ONG en charge du patrimoine examinent leurs propres politiques
et pratiques en vue de prévenir les calamités qui ont empoisonné le secteur privé, conduisant à
l’effondrement de plusieurs sociétés importantes en raison d’une mauvaise gouvernance.
Une bonne gouvernance relève de la relation entre les corps dirigeants, les citoyens et les
processus démocratiques, et de la capacité à instaurer des formes de gouvernement efficaces et
opérationnelles.
Des recherches59 suggèrent que les principes identifiés par l’OCDE pour les institutions démocra-
tiques sont applicables à la gouvernance du secteur public et non gouvernemental pour le
patrimoine culturel, et en particulier aux citoyens qui vivent au sein ou aux alentours des biens
du patrimoine culturel : ➤
• respect de l’état de droit ;
• ouverture, transparence et imputabilité des institutions démocratiques ;
• impartialité et équité dans les rapports avec les citoyens, dont les mécanismes de consultation
et de participation ;
• services efficaces et rentables ;
• lois et règlements clairs, transparents et équitables ;
• uniformité et cohérence dans l’élaboration des politiques ;
• un niveau d’exigence élevé en termes de comportement éthique60.
Les champs prioritaires identifiés par l’OCDE sont aussi importants pour le secteur du patrimoine :
e-gouvernement, réforme de la réglementation, budgétisation et gestion du secteur public, parti-
cipation des citoyens à l’élaboration des politiques, et lutte contre la corruption.
Pour le PNUD, une gouvernance juste, ou démocratique, implique « une participation politique
inclusive et significative – c’est-à-dire que la parole des citoyens pèse davantage sur toutes les
décisions qui déterminent leur vie61. »
En s’appuyant sur une définition provenant du secteur des entreprises62, on pourrait proposer la
définition de gouvernance suivante pour le secteur du patrimoine culturel :
Dans son sens le plus large, la gouvernance a pour but de maintenir l’équilibre entre les objectifs
économiques et sociaux, et entre les objectifs individuels et communautaires. Le cadre de gou-
vernance est là pour encourager l’utilisation efficace des ressources, et également pour exiger la
responsabilisation de l’administration de ces ressources. L’objectif est de mettre autant que
possible sur le même plan les intérêts des individus, du patrimoine culturel et de la société62.
Gérer le patrimoine mondial culturel
59. Les principes d’une bonne gouvernance, observés dans diverses agences internationales, sociétés, et organisations
dédiées au patrimoine, sont utilisés pour développer un ensemble de principes pour le secteur du patrimoine culturel
dans : Shipley, R., et Kovacs, J.F. ”Good governance principles for the cultural heritage sector: lessons from internatio-
nal experience”, in: Corporate Governance, Vol. 8 Iss: 2, 2008. pp. 214-228. Emerald Group Publishing Limited.
60. http://www.oecd.org/about/0,3347,en_2649_37405_1_1_1_1_37405,00.html (en anglais uniquement)
61. http://www.undp.org/content/undp/en/home/ourperspective/ourperspectivearticles/2011/05/20/why-good-governance-
makes-for-better-development.html (en anglais uniquement)
62. Claessens, S. 2003. Corporate Governance and Development. Global Corporate Governance Forum, Focus I.
Washington, DC, USA. The International Bank for Reconstruction and Development/The World Bank.
79
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Aperçu
Ta b l e d e s m a t i è r e s
ES
I NS T I TUT R E
cuter les tâches à l’aide de personnes et
SO
IO
C AD
UR C
d’autres ressources.
➤
ES
La gestion est une activité humaine
générale qui se produit dès lors que
les personnes prennent la responsabilité
PATRIMOINE
d’une activité et s’efforcent consciem- PATRIMOINE
ment d’en déterminer l’évolution et le CADRE
JURIDIQ UE
résultat63.
Dans le cas des paysages culturels ou des sites urbains, c’est souvent ceux pour lesquels le
bien patrimoine représente le foyer ou le moyen de subsistance (propriétaires privés, résidents,
communautés locales, et personnes travaillant la terre) qui contribuent à former d’impor-
tantes ressources humaines supplémentaires pour en prendre soin, souvent à titre bénévole.
La stratégie du patrimoine mondial pour le renforcement des capacités (s’appuyant aussi sur
l’expérience d’autres secteurs) établit que le renforcement de la capacité d’un système de
gestion du patrimoine se base sur des formes d’apprentissage centrées sur les personnes,
Gérer le patrimoine mondial culturel
illustrant l’importance des ressources humaines. Elle identifie trois grands secteurs au sein
desquels résident les compétences – les praticiens (qui opèrent au sein et en dehors du
cadre institutionnel), les cadres institutionnels, et les communautés et réseaux – et leurs
publics cibles respectifs à travers lesquels les capacités peuvent être renforcées : il s’agit
essentiellement des praticiens, des décideurs politiques et des représentants d’autres parties
prenantes (voir section 3.8).
63. Boddy, D. 2008. Management: An Introduction. (Quatrième édition.) Harlow, UK, Financial Times/Prentice Hall.
80
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
de prêts, de financements privés, de la coopération internationale, d’un soutien spécifique
aux biens du patrimoine culturel, d’un financement durable, etc.), ou un mélange des deux.
Ce sont généralement les budgets gouvernementaux qui fournissent les ressources financières
pour le patrimoine culturel détenu et financé par les pouvoirs publics ; mais, les financements
publics ayant diminué, d’autres sources sont sollicitées en vue d’obtenir des fonds. Ainsi, les
biens appartenant à l’État empruntent certaines caractéristiques du patrimoine culturel privé
– par exemple, les sites urbains et les paysages culturels – qui recherche des fonds là où il le
peut.
Les ressources financières générées directement par les biens culturels deviennent également
importantes pour la durabilité économique. ➤
Ce processus doit avoir lieu à de nombreux niveaux au sein du système de gestion, à travers
le renforcement des capacités (voir « Les ressources humaines » plus haut et la section 3.8),
souvent sous la forme de recherche et de perfectionnement du personnel. Les ressources
humaines et les ressources intellectuelles se chevauchent considérablement. Les ressources
humaines au sein d’un système de gestion sont importantes, mais ne sont pas les seules à
générer et renfermer des ressources intellectuelles. Les ressources intellectuelles doivent éga-
lement être renforcées à travers un contrôle et une évaluation internes (voir section 4.3 sur
le suivi) et à travers aussi des sources externes qui s’appuient sur la gestion de l’information,
l’externalisation (voir Annexe B), et la sensibilisation. De fait, l’expérience et le savoir-faire
locaux peuvent constituer des ressources intellectuelles tout aussi précieuses que les résultats
d’organismes de recherche nationaux ou de chartes internationales (voir section 4.4 – Amé-
liorer les systèmes de gestion). Les ressources intellectuelles, à l’instar des ressources humaines
et financières, font souvent l’objet de pénurie.
81
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
䊳 Les approches adoptées pour trouver et utiliser les ressources peuvent bénéficier de principes
de base utilisés dans de nombreux autres secteurs :
• Se montrer clair et sans ambiguïté,
• Regarder vers l’avenir,
• Tirer des leçons du passé,
• Élaborer des processus mémorables et attractifs,
• Des aspirations réalistes, c’est-à-dire une planification réaliste qui tient compte des ressources
disponibles,
• Un bon positionnement, en phase avec les valeurs et la culture de l’organisation ou des
organisations,
• Trouver la motivation dans les besoins de « l’utilisateur » (par ex. les visiteurs du site, la com-
munauté locale au sein ou autour du bien, les futures générations).
Gérer le patrimoine mondial culturel
䊳 Le fait d’unir ses forces à celles des autres, et de promouvoir les partenariats, peut permettre
d’augmenter les ressources (renforcer la publicité et consolider les initiatives de levée de fonds)
et d’améliorer leur déploiement pour traiter les défis particuliers du patrimoine culturel. Le
partenariat peut également servir de catalyseur pour attirer de nouvelles sources de soutien et
augmenter la flexibilité et le temps de réponse en cas de pénurie (voir le cas d’Herculanum).
䊳 Les procédures de sélection interne et la gestion doivent être particulièrement rigoureuses
lorsque l’on mandate une expertise externe, d’autres services, ou des travaux de conservation
(voir section 4.3 – Mise en œuvre).
•••
82
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
••• 䊳 Le suivi de l’efficacité de la gestion demandera, entre autres choses, de mesurer soigneuse-
ment les fluctuations au niveau de la recherche et de l’utilisation des ressources, et de mesurer
Ta b l e d e s m a t i è r e s
en quoi elles font partie des processus de planification et de mise en œuvre (voir section 4.3).
䊳 Les outils de gestion peuvent aider à examiner et réduire l’impact de la fluctuation des res-
sources, et garantir que les pénuries soient anticipées et bien gérées.
䊳 Le fait de quantifier et de définir les besoins en ressources et la disponibilité de ces dernières
aide à identifier toute insuffisance en termes de personnel, de finances, d’équipement, ainsi
que les mesures nécessaires pour produire les activités de gestion prévues, par exemple en
ayant recours à des prestataires externes. On notera ici l’utilité de l’Outil 7 « Évaluation des
besoins en matière de gestion et des intrants », proposé dans l’ouvrage Trousse à outils : Amé-
lioration de notre patrimoine64 (voir Annexe B).
䊳 Pour les biens qui ont attiré ou souhaitent attirer de multiples initiatives de recherche, le fait
de développer un Code de conduite pour les chercheurs, dans la lignée des recommandations
de l’UICN65, pourrait avoir des répercussions positives.
䊳 Un leadership capable et engagé combinera en général des compétences solides provenant ➤
à la fois de l’expérience sur le terrain et de qualifications liées à une formation formelle.
Un bon leadership permettra une gestion éclairée et réduira le recours à une gestion de crise
organisationnelle.
䊳 L’évaluation objective des besoins peut renforcer les propositions de financement de la part du
gouvernement, des donateurs, et des autres sources de soutien.
䊳 Le secteur de l’aide internationale offre de nombreux conseils sur la manière de gérer les
donateurs, comme les bénéfices qui découlent du fait de favoriser des donateurs qui :
• sont des organisations connues ou des partenariats consolidés ;
• sont engagés dans le renforcement des capacités, le développement des compétences et la
résolution des conflits ;
• évitent la politique organisationnelle et adoptent des méthodes non interventionnistes ;
• mesurent la capacité du cadre institutionnel à absorber et gérer des ressources, et instaurent
un soutien financier ou autre pour y répondre.
LES QUESTIONS
L E S Q U E S T I O NQU’IL
S Q U ’ I EST
L E S TBON
B O N DE
D E POSER
POSER
64. Hockings, M., James, R., Stolton, S., Dudley, N., Mathur, V., Makombo, J., Courrau, J., et Parrish, J. 2008. Trousse à
outils : Amélioration de notre patrimoine. Évaluer l’efficacité de la gestion des sites du patrimoine mondial naturel.
Op. cit. Outil 7 : Évaluation des
besoins en matière de gestion et des intrants, p. 44. http://whc.unesco.org/fr/series/23/
65. UNESCO, ICCROM, ICOMOS et UICN. 2012. Gérer le patrimoine mondial naturel. Op. cit., pp. 75-77.
http://whc.unesco.org/fr/gerer-le-patrimoine-mondial-naturel/
83
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
patrimoine mondial
La Convention du patrimoine mondial attend des États parties qu’ils fournissent des
ressources, du mieux qu’ils le peuvent, pour protéger la VUE d’un site inscrit sur la Liste du
patrimoine mondial. Comme la coopération internationale est l’un des principes fondateurs
de la Convention, le Comité recherche également un soutien auprès des donateurs interna-
tionaux, afin qu’ils apportent leur aide aux États parties. En outre, dans certaines circons-
tances, il offre une assistance internationale aux États parties pour la préparation des listes
indicatives, des propositions d’inscription, de la formation, et de la conservation des biens, à
travers le Fonds du patrimoine mondial établi par la Convention. Le Fonds peut également
allouer des fonds dans des situations d’urgence. La recherche et les initiatives consacrées au
➤ renforcement des capacités (dont un nombre important de ressources éducatives) dévelop-
pées par les organisations consultatives et le Centre du patrimoine mondial, parfois en
conjonction avec d’autres partenaires, visent également à aider les États parties.
ÉTUDE DE CAS
© UNESCO/Dossier d’inscription
les ONG pour renforcer le système de
gestion principal.
Les États parties doivent garantir, à travers le processus d’inscription, que les ressources sont
disponibles et adaptées au maintien de la VUE du bien inscrit sur la Liste. Le système de gestion
Gérer le patrimoine mondial culturel
doit être adapté et doté des ressources nécessaires à sa gestion actuelle et future (para-
graphes 108-118 des Orientations). Dans le cas du patrimoine mondial, il est particulièrement
important que les processus de gestion tels que la planification, la mise en œuvre, et le suivi,
disposent des ressources suffisantes pour permettre une bonne communication avec les tiers.
Le renforcement des capacités des praticiens, les cadres institutionnels, les réseaux et com-
munautés des biens du patrimoine culturel (paragraphe 212 des Orientations) peuvent aider
à surmonter les difficultés à obtenir des ressources. Les États parties doivent disposer de
84
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
mécanismes actifs pour surveiller et pourvoir à toute capacité faible, sous-utilisée ou man-
quante qui compromet l’efficacité et l’efficience. Cela permettra de réduire les obligations
de ressources supplémentaires créées par les conditions imposées par le patrimoine mondial.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Le renforcement des capacités peut exiger l’allocation initiale de ressources financières sup-
plémentaires (paragraphes 225-232 des Orientations) mais, à long terme, peut accroître l’uti-
lisation efficace des ressources existantes. À ce propos, les États parties peuvent bénéficier
de la Stratégie du patrimoine mondial pour le renforcement des capacités66 (voir section 3.8),
de ses cadres d’apprentissage spécifiques, et de ses activités de recherche.
Le renforcement des capacités doit, entre autres choses, tenir informés le personnel et les
praticiens sous contrat à l’extérieur des connaissances émergentes dans le domaine de la
pratique de la gestion du patrimoine, y compris des changements apportés aux processus
du patrimoine mondial qui apparaissent lors de la révision périodique des Orientations devant
guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial. Toutes les personnes ➤
impliquées dans la gestion d’un bien du patrimoine mondial doivent avoir la connaissance
adéquate des valeurs du bien afin de suivre tous les processus de gestion, en particulier ceux
qui garantissent le maintien de la VUE d’un bien culturel.
Une utilisation active des ressources du patrimoine mondial et du réseau du patrimoine mon-
dial peut déboucher sur de nouvelles formes de soutien aux gestionnaires des biens, aider à
maintenir la compréhension de la VUE du bien, et faire avancer une vision commune de sa
gestion.
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
66. Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. 2011. Présentation et adoption de la stratégie du patrimoine mondial
pour le renforcement des capacités. Op. cit. http://whc.unesco.org/archive/2011/whc11-35com-9Bf.pdf
85
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Définition des trois processus : Les trois éléments évoqués à la section 4.2 sont réunis pour
Ta b l e d e s m a t i è r e s
que le système de gestion fonctionne et produise des résultats. Certains processus sont com-
muns à tous les systèmes de gestion du patrimoine, comme :
1. LA PLANIFICATION R
L
NE PATRIMOINE
ES
Comprendre les parties prenantes de la prise de
SO
INSTITU RE
TIO
CAD
UR
décision, décider des objectifs à atteindre, des
CES
actions à conduire, et du calendrier, et noter
N
des propositions afin de les communiquer aux
IO
PATRIMOINE
AT
PATRIMOINE
➤ autres et d’évaluer les progrès réalisés à chaque
IC
CADRE
étape.
IF
JU RIDI Q U E
AN
PL
2. LA MISE EN ŒUVRE
Exécuter les actions planifiées, vérifier qu’elles L R
NE PATRIMOINE
ES
produisent les résultats escomptés à chaque N
SO
INSTITU RE
TIO
CAD
UR
étape, et qu’elles atteignent les objectifs
CES
globaux définis au départ. Dans le cas où des
TIO N
M ISE
IC A
PATRIMOINE
EN
N
JU RIDI Q U E
mode d’exécution, si et quand cela s’avère VR
PL
A
E
nécessaire.
SUIVI
3. LE SUIVI L R
NE PATRIMOINE
ES
SO
INSTITU RE
TIO
CAD
UR
PATRIMOINE
cas de faiblesses ou de nouvelles opportunités.
EN
IF
CADRE
U
Œ
JU RIDI Q U E
VR A
E PL
Ces trois processus varient considérablement en fonction des différents systèmes de gestion
du patrimoine. Ils fonctionnent selon des cycles multiples qui se recoupent, et agissent
Gérer le patrimoine mondial culturel
souvent à l’unisson si bien qu’il est difficile de les distinguer. Ce chapitre examine les trois
processus patrimoniaux.
86
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Aperçu
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Les dispositifs utilisés pour préparer et réviser les plans varient entre et au sein même des
systèmes de gestion. Certaines institutions utilisent la même procédure depuis leurs débuts,
mais il existe de nombreuses approches de planification relativement nouvelles qu’elles
adoptent aujourd’hui.
ES
qui permet au système de gestion d’obtenir
SO
INSTITU RE
TIO
CAD
des résultats. Le succès de la mise en œuvre
UR
CES
et l’efficacité des stratégies de suivi reposent
➤
lourdement sur l’investissement réalisé lors
NIO
de la phase de planification. Dans le même PATRIMOINE
AT
PATRIMOINE
temps, ce sont les informations recueillies à
IC
travers les processus de suivi qui peuvent CADRE Figure 11.
IF
JU RIDI Q U E N
A Le premier des trois
constituer le fondement d’une bonne plani- PL principaux processus
fication, et conduisent à améliorer le système d’un système de gestion :
de gestion et la future pratique. la planification.
LA PLANIFICATION EN GÉNÉRAL
Plusieurs plans qui se recoupent peuvent coexister en raison de la variété des partenaires im-
pliqués (les autorités en charge de l’aménagement du territoire, les communautés, la com-
munauté internationale, etc.), des pressions opposées émanant du contexte (la zone tampon
et la vaste aire d’influence), et la nécessité de planifier à la fois les mesures ordinaires et les
mesures exceptionnelles.
Gérer le patrimoine mondial culturel
Les approches de planification intégrées au niveau d’un bien sont désormais courantes, mais
les niveaux de participation réelle varient grandement. De fait, certains systèmes élaborent
87
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
des plans mais échouent à les mettre en œuvre et à les réviser, en raison de ressources ou de
consensus insuffisants.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
D’autres systèmes adoptent des outils de gestion pour améliorer leurs approches de planifi-
cation, tandis que certains restent fidèles aux pratiques établies, malgré leurs faiblesses. Dans
de nombreux pays, la planification stratégique (voir la planification de la gestion à l’Annexe A)
peut constituer l’approche principale au niveau national, et l’approche orientée sur les
valeurs (voir section 2.5) peut n’être réellement adoptée qu’au niveau du site.
Ce qu’implique la planification
Le processus de planification implique d’identifier les résultats souhaités pour le bien et ses
parties prenantes (en d’autres termes, définir les objectifs du système de gestion), et de dé-
terminer les réalisations spécifiques à viser qui permettront ensemble d’atteindre ces résultats.
➤ En tant qu’étape préparatoire, la planification définit les processus patrimoniaux et les réali-
sations requises en termes de portée, de qualité, de coût et de délais, de manière à faciliter
la communication avec les autres et à évaluer les progrès observés à chaque phase.
La planification en soi est un cycle qui doit inclure les étapes suivantes, lesquelles ont souvent
tendance à se recouper : la participation, la consultation, l’élaboration, l’évaluation et l’ac-
tualisation. Pour le patrimoine culturel, on peut les définir plus en détail, par exemple (là
encore, les étapes tendent à se recouper) : identifier les parties prenantes et collecter les in-
formations, identifier et caractériser le patrimoine, et analyser la situation actuelle ; définir
des visions, des objectif, des actions ; élaborer le(s) plan(s) ; mettre en œuvre ; évaluer et
actualiser.
Lorsque la planification est mal conçue, le coût des mesures correctives augmente une fois
la mise en œuvre commencée. C’est la phase de planification qui offre le potentiel pour amé-
liorer les actions du système de gestion à un coût moindre, comme le montre la figure 67
ci-dessous.
COÛTS / INFLUENCE
Po
te
n
tie
ld
’a
m
él
io
ra
on
ti
de
sr
és
ul
ta
ts
nt
du changeme
Coû t
Gérer le patrimoine mondial culturel
TEMPS
Figure 12. Réduire les coûts en agissant tôt : la courbe « Influence/Coût du changement » durant
le cycle de vie d’un projet. Source : Burke (2003).
67. Burke, R. 2003. Project Management Planning and Control Techniques. John Wiley & Sons, Chichester, UK, p. 24.
88
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
ex. à l’échelle nationale) doit créer un cadre pour une prise de décision systématique et
holistique qui conduise à la planification à petite échelle (comme pour un bien ou un groupe
de biens) puis à des mesures. De fait, il est important de travailler avec d’autres autorités et
agences pour identifier les processus de planification susceptibles d’avoir un impact sur les
plans relatifs au bien et à son cadre (la zone tampon et la vaste aire d’influence) et les adapter
ensuite comme il se doit.
Les points suivants servent à favoriser l’efficacité des processus de planification pour le
patrimoine :
Une approche inclusive réussie aboutit à l’adoption des plans par toutes les parties, qui
réconcilient les besoins et les attentes de ceux qui ont un lien avec le bien, avec la nécessité
de soutenir ses valeurs patrimoniales (voir Chapitre 2 et Annexe A).
Les plans ne sont efficaces que s’ils sont le fruit d’un consensus obtenu au(x) bon(s) niveau(x),
reconnu officiellement. Cette reconnaissance peut prendre la forme d’approbations, la
première étape étant d’obtenir cet aval à travers des dispositifs de consultation de la com-
munauté locale. Après quoi, il s’agit de rechercher l’approbation des échelons supérieurs au
sein de la (des) organisation(s) concernée(s), ou même des parlementaires, qui font du plan
en soi un instrument juridique. L’approbation peut prendre la forme de liens établis entre le
plan et d’autres plans nationaux ou régionaux importants, qui influencent la gestion du bien.
Il est essentiel, et parfois difficile, d’obtenir l’approbation du plan par une large partie
prenante (en particulier la communauté locale).
ÉTUDE DE CAS
89
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Lorsque l’on définit les cibles pour les paramètres précités, il est nécessaire de procéder à des
évaluations de gestion préventives, de décider de l’importance relative des cinq paramètres,
et de déployer ensuite des ressources, d’exécuter la mise en œuvre et le suivi en conséquence.
➤ L’intervention de facteurs imprévisibles signifie qu’il est rarement possible d’atteindre les
objectifs ciblés pour l’ensemble des cinq paramètres. Ces évaluations préventives sont aussi
importantes pour signaler les stratégies et actions à poursuivre si les circonstances devaient
changer durant la mise en œuvre (comme des difficultés dans la programmation ou dans
l’obtention de ressources) et les compromis qu’il faut faire.
Il faut également définir comment et avec qui les actions seront conduites (dont les procé-
dures, les rôles et responsabilités, la répartition des risques, et autres stratégies de gestion),
ainsi que le processus de suivi, d’évaluation et d’ajustement.
Les résultats désirés, et les extrants qui permettront de les atteindre (et auxquels l’action
contribue, voir section 4.4 – Résultats), aideront à guider la re-planification lorsque de nou-
velles questions émergeront durant la mise en œuvre du plan. Les extrants varieront, depuis
des opérations spécifiques (comme des travaux de conservation) jusqu’à de nouvelles fonc-
tions organisationnelles (comme peut-être des réservations en ligne pour les visites d’écoles)
ou des services (comme de nouveaux audioguides), et des « produits » (documentation du
site, plans, ou intégration aux plans des rétroactions provenant d’initiatives participatives
pour encourager les liens avec la communauté locale, etc.).
Une bonne planification, renforcée par les rétroactions au sein et à l’extérieur du système de
gestion (voir section 4.4 – Amélioration des systèmes de gestion), réduira l’ampleur de la
planification réactive devant avoir lieu, dans la mesure où de plus en plus de besoins seront
anticipés. Cela est désirable si l’on veut optimiser l’utilisation des ressources. En dépit de cela,
la capacité à mettre en place une planification réactive est nécessaire pour faire face aux
événements imprévisibles.
Gérer le patrimoine mondial culturel
90
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
䊳 La planification (à l’instar du suivi) est trop souvent perçue comme une fin en soi, un « produit
fini », plutôt que comme une étape dans un cycle de processus (paragraphe 111 des Orienta-
tions), qui garantit que les systèmes de gestion produisent des résultats avec efficacité et
rentabilité.
䊳 Le terme « plan » suggère un document définitif et inerte, mais un plan nécessite souvent
d’être un document vivant, qui évolue au fur et à mesure que les actions qu’il propose sont
mises en œuvre et contrôlées à travers le suivi. Les propositions initiales relatives à une série
d’actions peuvent s’avérer des documents de travail utiles à l’heure de négocier des change-
ments et des compromis durant la mise en œuvre, et servir aussi de compte rendu qui retrace
les divers événements et décisions prises, formant ainsi la base du suivi à venir. De ce point de
vue, un plan n’est pas nécessairement synonyme d’échec s’il est finalisé après seulement que ➤
certaines de ses actions ont été mises en œuvre. Le processus peut s’avérer plus important que
le document en soi.
䊳 Lorsque cela est possible et pertinent, les capacités juridiques et institutionnelles extérieures au
secteur du patrimoine culturel peuvent être utilisées pour renforcer les processus de planifica-
tion du patrimoine.
䊳 De nombreux outils sont disponibles, qui permettent d’améliorer les approches de planifica-
tion et d’autres processus patrimoniaux (voir Annexes A et B). Les pouvoirs publics et ONG en
charge du patrimoine utilisent des plans d’affaires ; ainsi, le National Trust of England, Wales
and Northern Ireland a adopté le plan Triple Bottom Line (ou Triple Bilan) pour incorporer des
questions relatives au développement durable à la prise de décision en matière de gestion
(voir l’étude de cas au Chapitre 2 sur le Parc de Studley Royal avec les ruines de l’abbaye de
Fountains, au Royaume-Uni), et les bénéfices des plans de ce type sont actuellement appréciés.
䊳 Tout processus de planification doit reposer sur des évaluations rigoureuses. Bien qu’elles aient
été développées pour être appliquées au patrimoine mondial naturel, certaines des évaluations
proposées dans la Trousse à outils : Amélioration de notre patrimoine68 concernant la pré-
planification et les étapes de la planification (voir Annexe B) méritent d’être examinées.
䊳 Au sein de la planification, il peut être judicieux de distinguer le fonctionnement interne du
cadre institutionnel, et les opérations extérieures conduites avec les partenaires, les parties
prenantes et les groupes d’intérêt. L’analyse des parties prenantes peut être une technique
utile dans ce processus. Dans le cas de problèmes organisationnels, elle peut faciliter une
résolution rapide et limiter les dommages infligés à des tiers.
䊳 La planification doit aussi identifier les opportunités permettant d’exploiter les bénéfices
mutuels, pour la société et pour le bien.
LES QUESTIONS
L E S Q U E S T I O NQU’IL
S Q U ’ I EST
L E S TBON
B O N DE
D E POSER
POSER
䊳 Les valeurs du bien, y compris sa VUE, font-ils l’objet d’une compréhension suffisante ?
䊳 D’autres parties, au sein et en dehors du système de gestion, sont-elles impliquées et, si oui,
à quelle étape ?
䊳 Existe-t-il une compréhension adéquate de l’environnement dans lequel la (les)
organisation(s) opère(nt) ?
䊳 La politique de gestion et les plans déjà produits ou devant l’être bénéficient-ils d’un engage-
ment institutionnel ?
Gérer le patrimoine mondial culturel
䊳 La planification est-elle définie par les valeurs du site et par les besoins des utilisateurs finaux
(visiteurs, futures générations, etc.), des grandes parties prenantes, et du cadre institutionnel
même ? •••
68. Hockings, M., James, R., Stolton, S., Dudley, N., Mathur, V., Makombo, J., Courrau, J., et Parrish, J. 2008. Trousse à
outils : Amélioration de notre patrimoine. Évaluer l’efficacité de la gestion des sites du patrimoine mondial naturel.
Op. cit. Outil 1 : Identifier les valeurs et les objectifs de la gestion du site p. 20, Outil 2 : Identifier les menaces p. 25,
Outil 3 : Relations avec les parties prenantes p. 29, Outil 6 : Évaluation de la conception p. 40.
91
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
••• 䊳 L’identification des objectifs fondamentaux des systèmes de gestion est-elle prise en compte
dans le processus de planification ?
Ta b l e d e s m a t i è r e s
䊳 Les points suivants sont-ils pris en compte : identification des projets qui visent à atteindre les
objectifs du système de gestion en conduisant des actions spécifiques (ex. travaux de conser-
vation), nouvelles fonctions organisationnelles (ex. réservation en ligne pour les visites
d’école), services (ex. nouveaux audioguides), ou « produits » (documentation du site, plans
ou intégration aux plans des rétroactions provenant d’initiatives participatives pour encoura-
ger les liens avec la communauté locale, etc.).
La VUE est la base de la planification de la gestion des biens du patrimoine culturel (voir
section 2.5 et Annexe A). En conséquence, les attributs qui incarnent la VUE et reflètent la
corrélation entre la valeur et la prise de décision doivent être clairement identifiés et respectés,
à l’instar des frontières, des zones tampons et des larges aires d’influence.
Dans le cas de plans visant à entreprendre (ou à autoriser) des changements importants sur
un bien ou de nouvelles constructions à proximité d’un bien, susceptibles d’affecter la VUE
du bien, l’État partie doit en informer le Comité du patrimoine mondial au début du processus
de planification (paragraphe 172 des Orientations). De fait, toute la planification, dans le
cadre des biens du patrimoine mondial, doit viser à protéger la VUE. Il est essentiel de pro-
céder à des études d’impact patrimonial pour les interventions proposées.
La planification pour le patrimoine mondial doit également exploiter les bénéfices patrimo-
niaux pour la société en intégrant la question du développement durable au processus (voir
section 2.3). Cela dépend de la connaissance approfondie et partagée du bien par tous les
acteurs concernés. De fait, les Orientations insistent sur le point qu’« une gestion efficace
doit comprendre un cycle planifié de mesures quotidiennes et à long terme pour protéger,
conserver et mettre en valeur le bien proposé pour inscription ». Une approche intégrée en
matière de planification et de gestion sera essentielle pour guider l’évolution des biens à tra-
vers le temps, et s’assurer que tous les aspects de leur valeur universelle exceptionnelle soient
maintenus. Cette approche s’applique au-delà du bien en tant que tel, et inclut toute zone
tampon, ainsi que le cadre physique au sens large.
Les dispositifs de planification pour les biens du patrimoine mondial doivent être suffisam-
ment flexibles pour :
• adopter des changements afin de remplir les conditions spécifiques exigées par la gestion
Gérer le patrimoine mondial culturel
92
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
C’est pour cette raison que la « planification de la gestion », dans le contexte du patrimoine
mondial, est devenue un outil important pour modifier un système de gestion, si nécessaire
dans sa totalité, afin de répondre aux nouveaux besoins, et pour obtenir un soutien secon-
Ta b l e d e s m a t i è r e s
daire si nécessaire. Le « plan de gestion » qui en résulte correspond de près aux besoins évo-
qués dans le dossier d’inscription au patrimoine mondial (voir Chapitre 3), et illustre comment
la VUE d’un bien va être garantie dans un processus qui dépend de la participation de toutes
les parties prenantes. La planification de la gestion est abordée à l’Annexe A du présent
manuel.
ÉTUDE DE CAS
© UNESCO/V. Dauge
Le Caire historique, bien du patrimoine
mondial, a été inscrit sur la Liste en 1979,
➤
et a reçu, au cours des dernières années,
de nouvelles formes de soutien de la part
des ONG et d’autres partenaires non
gouvernementaux qui travaillent en relation
étroite avec les pouvoirs publics en vue
d’améliorer les approches de gestion.
L’une de ces initiatives s’intitule le Projet
de réhabilitation urbaine du Caire historique
(URHC), qui « travaille avec les autorités
locales depuis 2010 dans le but de préparer
les outils de planification et de gestion
Le Caire historique (Égypte)
nécessaires à la conservation des valeurs
du patrimoine précité, en plus de la revitalisation socio-économique et de l’amélioration environne-
mentale du site du patrimoine mondial dans son ensemble [...]. Le projet de réhabilitation urbaine du
Caire historique aspire à garantir que ce site du patrimoine mondial soit reconnu et protégé, d’une
manière dynamique, à travers un système de gestion efficace, exhaustif et durable, renforcé par une
coordination efficace parmi les différentes institutions impliquées ».
Aperçu
Les approches de mise en œuvre varient
considérablement, dans la mesure où
elles se voient fortement influencées par R
L
les cadres juridiques et institutionnels, et NE PATRIMOINE
ES
N
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INSTITU RE
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Œ
JU RIDI Q U E
VR A
mise en œuvre. Cela signifie qu’une E PL
partie des « points communs » identifiés
ci-après seront moins applicables aux
biens de certains États parties, mais Figure 13. Le deuxième des trois principaux
pourront s’avérer pertinents dans le processus d’un système de gestion : la mise
futur. en œuvre.
93
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
C’est généralement le personnel des institutions publiques qui met en œuvre les activités
planifiées, en particulier pour les sites de détention publique. Pour les biens urbains ou les
paysages culturels, les propriétaires privés et les organisations non gouvernementales peuvent
jouer un rôle important. Dans de nombreux pays, des spécialistes externes, des consultants
et des ONG engagés par les institutions d’État en charge du patrimoine, ou par les proprié-
taires privés, se voient de plus en plus impliqués.
Les approches de mise en œuvre varient d’un cadre institutionnel à l’autre, concernant la
manière dont les actions sont mises en œuvre, et les tâches jugées nécessaires durant les
étapes préparatoires et une fois les actions accomplies.
➤
Leurs différences majeures concernent le travail avec les autres, que ce soit en termes de par-
tenariats, ou pour obtenir des services externes, du matériel ou des travaux, c.-à-d. en termes
de sous-traitance.
Ces deux actions doivent parfois être complétées par deux autres :
(iii) Modifier les approches et les activités, si nécessaire, et
(iv) Identifier et remédier à tout oubli.
aux nouvelles pressions et opportunités. L’exécution des activités programmées, ainsi que
l’intégration constante d’actions correctives, favorise une spirale ascendante d’améliorations
continues des processus patrimoniaux.
Les erreurs commises durant la phase de mise en œuvre sont bien plus difficiles à rectifier
que celles réalisées durant la planification ou le suivi, dans la mesure où le bien culturel, le
système de gestion ou des relations plus vastes se voient modifiées. Tout doit être en place
avant que l’action ne commence. Les points suivants sont à prendre en compte :
94
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
aux problèmes à traiter, qui peuvent apporter des réponses adéquates aux nouveaux besoins
durant la mise en œuvre. Elle dépend également d’autres domaines de connaissances, comme
la gestion du risque, la communication et la sous-traitance. Une mise en œuvre efficace
dépend de la coordination de la contribution de chacune des parties prenantes concernées,
ce qui demande des compétences particulières.
Enregistrement et rapport
Les dispositifs de collecte de données doivent être en place dans le cadre des processus de
mise en œuvre, afin de fournir le matériel de base pour les processus de suivi (voir cette sec-
tion, Processus nº3 – Le suivi). Typiquement, il sera fait usage d’un genre de calendrier pour
enregistrer les activités complétées. Ces calendriers peuvent être associés à des outils d’audit
pour évaluer les progrès réalisés (voir aussi l’Annexe A) et faciliter une re-planification efficace ➤
et la mise en œuvre d’actions correctives.
Des stratégies de communication, dont les plans et programmes, doivent être décidées et
adoptées. Elles doivent tenir compte des différentes demandes en matière de partage
d’informations, en interne et en externe, et doivent être régulièrement actualisées afin de
répondre à des besoins en évolution.
Équilibrer la gestion et le compte rendu des actions ordinaires du système de gestion avec
les initiatives uniques réclamera une attention particulière, dans la mesure où les deux types
d’actions peuvent nécessiter des approches de mise en œuvre très différentes.
95
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
96
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
LES QUESTIONS
L E S Q U E S T I O NQU’IL
S Q U ’ I EST
L E S TBON
B O N DE
D E POSER
POSER
䊳 La totalité ou une partie des tactiques suivantes sont-elles mises en pratique dans le cadre du
Ta b l e d e s m a t i è r e s
processus de mise en œuvre ?
䊳 D’autres parties au sein et en dehors du système de gestion sont-elles impliquées et, si oui, à
quelle étape ?
䊳 Observe-t-on des modifications périodiques au niveau de l’allocation et du déploiement des
ressources humaines et financières, de l’équipement et des installations, etc., durant la mise
en œuvre ?
䊳 Des mesures sont-elles adoptées et maintenues pour évaluer, se préparer, et répondre à des
types d’événements perturbateurs découlant de menaces externes ou de négligences au
niveau du système de gestion, soit diverses formes de gestion du risque ?
䊳 Des dispositifs sont-ils en place pour garantir que les informations et les documents produits
durant la phase de mise en œuvre continuent à être actuels, pertinents et fiables, et sont
utilisés pour renseigner les futures actions ?
䊳 Existe-t-il des dispositifs qui garantissent que toutes les ressources nécessaires sont en place, ➤
ou qu’elles afflueront avec fluidité une fois que les opérations auront démarré ?
䊳 Des dispositifs sont-ils en place, qui garantissent que toutes les autorisations et approbations
nécessaires ont été obtenues et que toutes les parties prenantes concernées sont informées ?
䊳 La responsabilité des actions a-t-elle été assignée aux individus, fournisseurs et prestataires,
avec le pouvoir suffisant pour mettre en œuvre les actions ?
䊳 Si des conflits venaient à apparaître entre le bien culturel et les parties prenantes, des disposi-
tifs sont-ils en place pour aider à trouver des solutions ?
Concernant ce dernier point, la conformité des actions qui sont mises en œuvre sur un bien
doit être constamment vérifiée auprès des dernières exigences imposées par le système du
patrimoine mondial.
97
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Aperçu
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Le suivi69 implique la collecte et l’analyse de données pour des objectifs spécifiques, et leur
évaluation afin de :
• vérifier si le système de gestion fonctionne efficacement (ce qui requiert le suivi des pro-
cessus patrimoniaux et d’autres aspects du système de gestion),
• vérifier si le système de gestion produit les bons résultats (extrants et aboutissements) ce
qui requiert, entre autres choses, le suivi du bien lui-même,
• établir les mesures correctives ou les nouvelles initiatives à adopter si des négligences ou
des opportunités venaient à être identifiées.
ES
brutes, mais est un processus qui im-
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INSTITU RE
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plique d’analyser les données afin de
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faire la lumière sur, par exemple, l’état
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Figure 14. Le troisième des trois E PL
principaux processus d’un système
de gestion : le suivi.
LE SUIVI EN GÉNÉRAL
Les processus de suivi observent essentiellement les tendances. Ils vont des procédures
Gérer le patrimoine mondial culturel
69. Stovel, H. (éd.). 2004. Monitoring World Heritage. Paris, UNESCO Centre du patrimoine mondial. (Cahiers du patri-
moine mondial nº10.)
98
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ce qu’implique le suivi
Le suivi consiste à mesurer si le système de gestion fonctionne, si l’état du patrimoine culturel
s’améliore ou s’aggrave, et si les bénéfices du patrimoine sont exploités au profit de la société.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Bien qu’elles soient liées, il existe deux formes de suivi : l’une mesure le processus, et l’autre
les extrants et les aboutissements. Il est important que tous les partis concernés les distinguent
clairement et les comprennent.
Les deux formes de suivi offrent les moyens d’un changement positif, comme :
• une meilleure allocation des ressources ;
• améliorer la documentation et les rapports, pour éviter qu’ils ne représentent des activités
lourdes qui demandent du temps et des ressources, et faciliter la conformité aux processus
de rapports ;
• permettre à la gestion d’évoluer, pour promouvoir une attitude proactive plutôt que réactive
envers la conservation et la gestion du patrimoine ;
• obtenir un nouveau soutien auprès des donateurs potentiels, en affichant une approche ➤
cohérente et crédible70.
Le suivi examine les changements sur une période de temps donnée, sur la base d’indicateurs
spécifiques. Dans le cas du patrimoine, les indicateurs réunis doivent montrer à quel point le
bien a préservé les valeurs patrimoniales identifiées comme importantes. Dans le cas des
biens du patrimoine mondial, ces dernières sont traitées par le plan de gestion, et la section 6
du format de proposition d’inscription. Il est intéressant d’évoquer ici l’Annexe 1 du Manuel
de référence 2012 Gérer le patrimoine mondial naturel (pages 90-91), dans la mesure où il
rassemble une série d’indicateurs, avec des notes sur de possibles mesures d’évaluation,
dérivant directement du questionnaire du Rapport périodique, et avec l’objectif de répondre
à la question 4.8.2 de la Section II dudit questionnaire : « Utilise-t-on des indicateurs clefs de
mesure de l’état de conservation pour suivre la façon dont la valeur universelle exceptionnelle
du bien est maintenue ? »
Pour procéder au « suivi », les données mesurées et collectées durant la mise en œuvre doivent
être analysées pour devenir des informations (et non plus de simples données), permettant
de comparer les résultats réels aux résultats escomptés (cibles ou objectifs du processus de
planification). Ces informations, combinées à l’analyse d’actions similaires passées, permet-
tront de lire les tendances. De fait, le terme de « suivi » est souvent employé, dans le secteur
du patrimoine, pour faire référence à la fois à la collecte de données et à son analyse pour
vérifier la qualité ou le contenu de situations ou actions spécifiques (voir section 4.4,
Résultat nº3 : Améliorations du système de gestion, pour l’identification des champs devant
faire l’objet de révisions ou d’ajustements).
Définir le but
Les initiatives de suivi ne sont utiles que s’il existe la capacité d’agir en fonction des informa-
Gérer le patrimoine mondial culturel
tions qu’elles livrent, si elles sont mises en place pour une raison précise, et si elles réutilisent
les informations, de manière cyclique, pour :
• les autres processus de gestion (et de fait pour le suivi lui-même) en vue de les améliorer,
• le système de gestion dans son ensemble, pour motiver les modifications nécessaires aux
cadres juridique et institutionnel, et pour améliorer l’utilisation des ressources.
70. Hockings, M., James, R., Stolton, S., Dudley, N., Mathur, V., Makombo, J., Courrau, J., et Parrish, J. 2008. Trousse à
outils : Amélioration de notre patrimoine. Évaluer l’efficacité de la gestion des sites du patrimoine mondial naturel.
Op. cit., pp. 88-89.
99
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Toutefois, le suivi systématique des statistiques qui ne sont pas directement liées aux pro-
➤ grammes de travail planifiés (extrants) ou aux objectifs de la gestion en général (accomplis-
sements) peut parfois offrir des informations utiles pour établir les futures tendances en tant
qu’objectifs pour le changement à apporter au bien. Par exemple, le nombre de visiteurs
n’est habituellement pas considéré comme un extrant (à moins qu’un nombre précis de visi-
teurs ne soit souhaité) ni comme le produit d’une action de gestion directe, mais le suivi du
changement dans le nombre de visiteurs donnera une indication des attentes que l’on peut
avoir de la gestion. De la même manière, le fait d’établir la distance parcourue par les visiteurs
peut aider à évaluer les coûts et bénéfices pour la communauté engendrés par le bien. Le
développement d’un certain suivi systématique des tendances peut ainsi faire partie de l’éta-
blissement d’un système de gestion de l’information efficace d’un bien. Cela doit rentrer le
plus possible dans le cadre des conditions imposées par le rapport périodique.
Cela peut être bénéfique pour structurer le processus de suivi sous la forme d’un « plan de
suivi » directement lié au soutien des valeurs et, dans le cas du patrimoine mondial, lié plus
précisément à la VUE. Le développement de ce plan peut aider à obtenir le consensus sur les
indicateurs à utiliser pour collecter et analyser les données requises afin de satisfaire aux
besoins d’information (section 6 du format de proposition d’inscription, Annexe 5 des Orien-
tations). Les indicateurs font partie intégrante du suivi. Ils doivent être développés pour établir
si les résultats souhaités (par ex. la protection des valeurs du bien culturel) ont été atteints
avec efficacité et rentabilité en mesurant les résultats (voir section 4.4) qui ont été produits.
Les indicateurs peuvent aussi être utilisés pour observer les tendances existantes, ou en
identifier de nouvelles.
Gérer le patrimoine mondial culturel
71. Boccardi, G. 2004. « Améliorer le suivi pour la conservation du patrimoine mondial », in: Stovel, H. (éd.). 2004.
Monitoring World Heritage. Paris, UNESCO, Centre du patrimoine mondial. (Cahiers du patrimoine mondial nº10.), p. 39.
100
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
période. En conséquence, les programmes de suivi doivent, dans l’idéal, être financés par
des sources de financement régulier et ne pas dépendre de financements extraordinaires.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
ÉTUDE DE CAS
© Judith Herrmann
à long terme
Une fois le tracé convenu, le bureau d’English Heritage pour le mur d’Hadrien a commencé à conduire
un suivi à l’aide de photographies repères prises deux fois par an le long de la ligne du sentier national.
Ce procédé a fourni une excellente archive visuelle du changement de l’état du sentier. À peu près au
même moment, le Responsable du sentier national de la Commission des campagnes a commencé à
relever le nombre de randonneurs au sein du paysage, en utilisant des compteurs automatiques placés
sur les portes et échaliers. Ainsi, lors de l’ouverture officielle du sentier en 2003, des archives de l’utili-
sation de sa ligne et de son état depuis plusieurs années existaient déjà, fournissant une base pour
l’évaluation future de l’état du sentier. Depuis, la photographie de points de repère et le relevé du
nombre de randonneurs se poursuivent. En outre, le Responsable du sentier, désormais basé au
Hadrian’s Wall Heritage Trust, qui coordonne à présent cette partie du bien du patrimoine mondial,
a également réuni des données sur les températures, les précipitations et l’humidité du sol. Le sentier
est inspecté chaque année, et son état enregistré. La corrélation de ces enregistrements permet de
comprendre clairement les différents processus qui affectent l’état du sentier.
Ces enregistrements sont utilisés comme base pour une gestion proactive du sentier, afin d’en prévenir
l’érosion. Cela inclut l’emploi de personnes chargées d’effectuer l’entretien de base, si possible avant
que les dégâts aient lieu, la programmation de projets pour des travaux plus importants, et la sensibili-
sation intensive des randonneurs quant à la nécessité de traiter le sentier de manière sensible et non
Gérer le patrimoine mondial culturel
de l’emprunter lorsque les conditions sont mauvaises. Près de 11 000 personnes suivent le mur chaque
année de bout en bout, et la partie la plus populaire du sentier peut recevoir plus de 100 000 visiteurs.
En dépit d’une succession d’années anormalement pluvieuses depuis l’ouverture du sentier en 2003, et
d’occasions où une érosion de la piste est apparue, ce système réussit à maintenir le sentier dans un
bon état général, et à protéger l’archéologie enfouie tout en offrant à ses utilisateurs une expérience
satisfaisante et agréable, qui soutient également l’économie locale.
101
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
L’engagement institutionnel, et un vaste soutien, sont nécessaires aux systèmes de suivi du-
rables. On peut les augmenter à travers le renforcement des capacités à tous les niveaux (in-
dividus, institutions, et communautés et réseaux), et élargir la participation au suivi de toutes
Ta b l e d e s m a t i è r e s
les parties prenantes et communautés comme il se doit, en démontrant aussi les effets pra-
tiques du suivi. La planification et la mise en œuvre des stratégies de suivi et d’évaluation
doivent impliquer les groupes d’intérêt plus larges, qui bénéficieront de l’amélioration des
résultats du système de gestion.
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
䊳 Le suivi est souvent un dispositif de contrôle de routine qui garantit la performance et l’at-
teinte de certains niveaux. Dans ce cas, la gestion de l’information doit être utile et motivée
par les requêtes des utilisateurs. Tout système doit insister sur l’accès aux données et sur leur
utilisation optimale, afin de constituer un outil de planification et de mise en œuvre quotidien
et convivial.
䊳 En vue de contrôler l’efficacité de la gestion en général, les neuf composantes proposées
dans ce chapitre, lorsqu’elles sont confrontées aux principaux objectifs du système de gestion,
offrent un cadre de référence utile pour établir des indicateurs (voir section 4.5). Cela garantit
que les indicateurs identifiés prennent en compte les facteurs interdépendants et la nature
complexe des systèmes de gestion pour le patrimoine culturel, et évitent de devenir une
simple liste de vérification.
䊳 Comme pour les processus de gestion, les activités de suivi elles-mêmes doivent être régulière-
ment examinées, pour garantir que les objets du suivi sont les bons, que le suivi est conduit
avec efficacité, et qu’il n’y a pas de redondance dans la production d’informations. Il faut utili-
ser, autant que possible, les données déjà collectées.
䊳 Une question clé, lorsque l’on spécifie les indicateurs et les sources de vérification, est la sui-
vante : « Qui va utiliser ces informations ? » Si le suivi est mis en œuvre sans ordre du jour
précis, il peut devenir davantage un fardeau qu’un bénéfice pour le système de gestion
(ex. créer des données qui nécessitent une gestion mais ne disposent d’aucun utilisateur).
䊳 Qui doit conduire le suivi ? Peut-être qu’il doit être entrepris avec impartialité, par des spécia-
listes externes (neutres), ou en s’assurant d’une vaste participation à travers une approche
participative.
䊳 Au-delà de l’apport d’informations pour des objectifs spécifiques identifiés, les programmes
de suivi peuvent fournir des données pour un travail de recherche approfondi consacré aux
besoins en termes de gestion, et à l’identification des opportunités.
䊳 L’outil adopté par le National Trust of England, Wales and Northern Ireland, connu sous le
nom d’Outil Triple Bilan, vise à apporter des solutions qui optimisent les bénéfices dans trois
domaines : social, environnemental et financier. Il est utilisé autant pour les opérations de
suivi continues que pour informer la future planification (voir Chapitre 2).
Gérer le patrimoine mondial culturel
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Le suivi se trouve au cœur du système du patrimoine mondial. Dès le processus de proposition
d’inscription, il est demandé aux États parties d’aborder la question du suivi (paragraphe
132.6 des Orientations). Les dispositifs de suivi, dans le cadre des procédures du patrimoine
mondial, incluent :
• l’identification d’indicateurs de suivi dans le format de proposition d’inscription (section 6
du format),
• le suivi réactif et le processus de l’état de conservation,
• le rapport périodique (Chapitre V des Orientations).
Les indicateurs
L’objectif ultime du suivi d’un bien du patrimoine mondial est de vérifier que la VUE soit
efficacement protégée. Par conséquent, les indicateurs, qui doivent déjà être identifiés lors
de la phase de planification, doivent se rapporter aux attributs participant de la VUE, de
l’authenticité et de l’intégrité (voir Chapitre 3).
Il faut également inclure des indicateurs pour mesurer et évaluer l’état de conservation du
bien, les facteurs qui l’affectent, les mesures de conservation concernant le bien, la pério-
dicité de leurs examens, et l’identité des autorités responsables (paragraphe 132.6 des
Orientations).
Les indicateurs qui aident à anticiper les menaces potentielles pour un bien du patrimoine
culturel mondial et son système de gestion doivent également être envisagés.
Les indicateurs peuvent être quantitatifs ou qualitatifs. Les points suivants à considérer, d’une ma-
nière générale, lors de la sélection des indicateurs, sont particulièrement pertinents à l’heure
d’assurer le suivi de l’état d’un bien, de ses environs, et de la relation avec les parties prenantes,
et pour identifier les changements éventuels. Dans l’idéal, les indicateurs doivent :
• être limités en nombre ;
• être sensibles au changement, et donc en mesure de montrer si les actions de gestion ont
un effet ;
• avoir un rapport clair et mesurable à la tendance faisant l’objet du suivi (par ex. si l’on me-
sure la stabilité climatique d’un environnement sur un site du patrimoine, les indicateurs
doivent inclure la présence ou l’absence de détérioration active de la structure, ainsi que
les tendances climatiques ; si la stabilité économique de la communauté locale présente
un intérêt, les indicateurs doivent contrôler, par ex., le taux d’emploi et le niveau moyen
des salaires) ;
• refléter les changements à long terme plutôt que des variations à court terme ou locales
(par ex. si l’on surveille une forme de détérioration particulière, le choix doit porter sur des
indicateurs susceptibles de montrer des changements à long terme plutôt que des chan-
Gérer le patrimoine mondial culturel
gements saisonniers) ; dans le même temps, éviter les tendances de transformation qui ont
un cycle si long (comme les changements de mentalité d’une génération à l’autre) qu’il est
improbable qu’elles génèrent des informations utiles au système de gestion dans des délais
réalistes ;
• traiter des domaines divers soumis au changement et à des pressions connues qui peuvent
avoir des implications directes pour la gestion du bien, comme des tendances sociales,
culturelles, économiques, environnementales et politiques ;
103
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
• détecter les nouvelles pressions ; par exemple, la preuve de l’impact à plus long terme du
changement climatique peut ne pas être encore perceptible, mais le suivi peut permettre
de l’identifier dès qu’il sera visible ;
Ta b l e d e s m a t i è r e s
• demander des procédures de suivi qui sont aussi simples et économiques que possible, à
la fois en termes d’approches relatives à la collecte, l’analyse, l’interprétation et la gestion
des informations, et en termes de facilité d’accès quant à la collecte des données et, dans
la mesure du possible, en utilisant des données déjà collectées. Si le processus demande
un équipement élaboré, un logiciel sur mesure, une expertise ou des autorisations spéciales,
il est davantage susceptible d’être suspendu lorsque les ressources se font rares ou que les
connaissances se perdent en raison de changements au niveau du personnel.
• être associés à des seuils clairement définis qui, lorsqu’ils sont atteints, déclenchent une
action au sein du système de gestion ; par exemple, si le nombre de visiteurs d’une zone
particulière atteint une certaine intensité, l’ouverture alternée est automatiquement intro-
➤ duite afin de réduire l’usure des attributs exposés ;
• être identifiés et contrôlés de façon participative, en particulier lorsque le processus peut
améliorer la performance du système de gestion et ses résultats d’une manière qui bénéficie
aux groupes d’intérêt concernés.
Dans la section 4.4, les indicateurs visant le suivi et l’évaluation des processus, extrants et
aboutissements de la gestion sont examinés plus en détail, afin de mieux comprendre l’effi-
cacité et la rentabilité de l’ensemble du système de gestion.
Les points clés suivants doivent être soulevés lors de l’élaboration d’un plan de suivi :
• définir les objectifs pour clarifier l’objet du suivi ;
• relier les objectifs aux indicateurs devant être contrôlés et, lorsque cela est possible, iden-
tifier les seuils pour chaque indicateur ;
• rassembler le matériel approprié (publications, rapports sur de précédentes activités incluant
le suivi) ;
• identifier les méthodes de collecte des données existantes (ex. consultation des archives)
et des données provenant de nouvelles sources (ex. échantillonnage, entretiens, observa-
tion), et définir la fréquence de la collecte des données ;
• normaliser et simplifier les procédures pour limiter le poids en termes de ressources, et op-
timiser les procédures de sécurité dans les trois domaines suivants :
– la collecte de données
– l’analyse de données
– la gestion de données qui doit inclure les résultats passés, les tendances actuelles et les
prévisions futures, et enregistrer les changements concernant l’approche du suivi au fil
du temps ;
• pour comprendre les tendances qui émergent du suivi, et la réponse de gestion adéquate
dans des délais appropriés, identifier la fréquence et la durée de l’événement (suivi unique
ou rare ; intermittent ou sporadique ; fréquent ou constant/répété), la zone affectée, et la
gravité de l’impact sur les attributs fondamentaux pour les valeurs patrimoniales, en parti-
culier pour la VUE ;
• dans le cas du patrimoine mondial, essayer d’aligner le plan de suivi sur le questionnaire
du rapport périodique.
Gérer le patrimoine mondial culturel
De fait, la relation entre les processus et l’efficacité de la gestion globale a amené la Com-
mission mondiale sur les aires protégées de l’UICN à développer une trousse à outils à
73. Hockings, M., James, R., Stolton, S., Dudley, N., Mathur, V., Makombo, J., Courrau, J., et Parrish, J. 2008. Trousse à
outils : Amélioration de notre patrimoine. Évaluer l’efficacité de la gestion des sites du patrimoine mondial naturel.
Op. cit.
104
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
l’adresse des gestionnaires du patrimoine naturel, qui peut également servir pour le patri-
moine culturel. Son application au secteur culturel est en cours d’essai, et un bref résumé est
proposé par l’Annexe B.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
LES PROCESSUS DE SUIVI POUR LE PATRIMOINE EN GÉNÉRAL
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
䊳 Afin d’évaluer efficacement l’impact sur les valeurs culturelles, dont la VUE, d’interventions
potentielles au sein ou aux alentours d’un bien du patrimoine mondial, les études d’impact
patrimonial (EIP) peuvent constituer un outil utile.
䊳 Il faudra parfois chercher de nouvelles informations en dehors des processus en place et des
résultats du système de gestion. Il n’existe pas de solution standard. Les programmes de ren-
forcement des capacités peuvent traiter ce besoin, en particulier à travers la promotion du
➤
développement en milieu de carrière du personnel en interne, et en le rendant obligatoire
pour les spécialistes indépendants ou les contractuels. La Stratégie du patrimoine mondial
pour le renforcement des capacités74 et les réseaux qu’elle promeut au sein de la famille du
patrimoine mondial et à l’extérieur, avec l’aide des Centres régionaux (voir section 3.8), peut
offrir un cadre de soutien.
LES QUESTIONS
L E S Q U E S T I O NQU’IL
S Q U ’ I EST
L E S TBON
B O N DE
D E POSER
POSER
䊳 L’ensemble des exigences relatives aux rapports sur le site du patrimoine mondial sont-elles
satisfaites ?
䊳 Le suivi apporte-t-il les informations nécessaires à la gestion du site du patrimoine mondial ?
䊳 Le rapport des attributs aux valeurs, en particulier à la VUE, a-t-il été suffisamment vérifié de
manière que les attributs puissent constituer un point de référence tangible pour contrôler
l’efficacité de la protection de la VUE, sans pénaliser les autres valeurs ?
䊳 Les résultats de l’analyse régionale ou globale des rapports sur l’état de conservation du
patrimoine mondial sont-ils disponibles en vue d’aider les gestionnaires à identifier les
tendances et à apprendre des autres ?
䊳 Tous les partis impliqués dans le suivi qui alimente les procédures du patrimoine mondial ont-
ils compris qu’il s’agissait de fournir des informations pour aider les processus de gestion et la
planification de la conservation, et non d’un contrôle imposé par l’extérieur ? Cela est fonda-
mental pour garantir que des préoccupations comme le prestige national ne réduisent pas la
qualité et la fiabilité des stratégies de suivi.
Source : ICCROM
ÉTUDE DE CAS
Formation et outils
disponibles pour les études
d’impact patrimonial
74. Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO. 2011. Présentation et adoption de la stratégie du patrimoine mondial
pour le renforcement des capacités. Op. cit.
105
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Définition des trois éléments : Les trois éléments (cadres juridique et institutionnel, et res-
Ta b l e d e s m a t i è r e s
sources ; section 4.2) se réunissent pour faciliter ensemble les processus patrimoniaux (les
mesures du système de gestion, section 4.3) qui définissent les objectifs et les traduisent en
actions et résultats. Ces résultats varient autant que les attentes de tous les partis impliqués
dans le processus de gestion, mais peuvent être grossièrement classés en trois types : abou-
tissements, extrants et améliorations du système de gestion. Tous les résultats, en particulier
les aboutissements et les extrants, constituent une préoccupation majeure de la phase de
planification (section 4.3). La terminologie provient de la culture d’entreprise concernant la
« gestion par objectif » utilisée dans les secteurs de l’industrie et du commerce ; elle est
décrite dans l’Annexe A en lien avec le développement d’un plan de gestion.
➤
1. LES ABOUTISSEMENTS (atteindre les
objectifs)
Le système de gestion vise à atteindre SUIVI
certains objectifs, qualifiés d’aboutisse- EL RE
NN PATRIMOINE S
ments. Les aboutissements reflètent les
IO
SO
UT
UR
INSTIT
changements (ou la continuité) concer-
CES
ACCOMPLISSEMENTS ACCOMPLISSEMENTS
nant la situation existante, qui ont été MIS
N
TIO
PATRIMOINE
ciblés lors des phases de planification. PATRIMOINE
EE
CA
N
Œ JU R
FI
L’objectif de se concentrer sur les abou- UV ID IQ U E NI
RE PLA
tissements est de vérifier si le système de
gestion atteint bien les objectifs qu’il
s’est fixés.
UR
INSTIT
CES
N
TIO
PATRIMOINE
PATRIMOINE
EE
Œ JU R
FI
UV ID IQ U E NI
aboutissements. Le fait de clarifier les ex- RE PLA
UR
INST
CES
N
Gérer le patrimoine mondial culturel
TIO
PATRIMOINE
PATRIMOINE
dire à travers les processus de suivi et
EE
CA
N
Œ JU R
FI
ID IQ U E I
l’évaluation des extrants et aboutisse- UV
RE PLA
N
AM
ments. Une bonne gestion nécessite É L I O R AT I O N S
106
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Les extrants permettent en général de bien mesurer la productivité, mais moins la performance
au sens large d’un système de gestion. Les extrants représentent les produits ou services générés
par le système de gestion.
Ces aspects, ainsi que le nombre d’itinéraires, peuvent être quantifiés afin de définir la réussite
réelle du processus (créer de nouveaux itinéraires) et de ses extrants (les nouveaux itinéraires en
soi), et sont connus comme des « indicateurs » (voir section 4.3, Processus nº3 : le suivi).
Mais pour établir l’efficacité réelle de son initiative, le gestionnaire du site doit prendre de la
distance et évaluer sa performance en fonction des points suivants :
• en quoi les connaissances et l’attitude des visiteurs ont changé, grâce aux nouveaux itinéraires ;
• si cela a abouti à une meilleure reconnaissance des valeurs patrimoniales du bien, et a permis
d’attirer le soutien nécessaire à son entretien.
En d’autres termes, avec ces nouveaux itinéraires destinés aux visiteurs, le gestionnaire du site
a-t-il produit des résultats (accomplissements) qui réalisent les objectifs globaux du système de
gestion ? Ces accomplissements donnent une meilleure mesure de la réalisation des objectifs. Ils
peuvent être le produit direct d’un processus patrimonial ou un produit dérivé d’un extrant du
système de gestion.
Le suivi et l’évaluation des extrants et des aboutissements entraînent des rétroactions, la connais-
sance des mesures correctives nécessaires pour améliorer le système de gestion et atteindre plus
efficacement tous les objectifs de gestion.
Aperçu
Le système de gestion dans sa globalité tra-
vaille en vue d’atteindre certains objectifs,
SUIVI
connus comme les « aboutissements ». Les
EL
aboutissements sont souvent des résultats RE
NN PATRIMOINE S
IO
SO
UR
INSTIT
CES
ACCOMPLISSEMENTS ACCOMPLISSEMENTS
société (connus de plus en plus comme
MIS
N
TIO
CA
Œ JU R
FI
UV ID IQ U E NI
trants, les actions spécifiques accomplies et RE PLA
les produits et services découlant des pro-
cessus patrimoniaux (Résultat nº2, voir
section suivante).
Figure 15. Résultats (aboutissements) d’un système de gestion.
107
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Les gens examinent souvent les extrants pour juger de la performance, dans la mesure où ils
sont plus faciles à contrôler et à évaluer que les aboutissements. Mais les activités tendent à
être évaluées en fonction de leurs accomplissements (résultats) plutôt que de leurs produits
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Cela est vrai pour le secteur du patrimoine en général, et pour le système du patrimoine mon-
dial en particulier : les accomplissements ultimes pour un bien du patrimoine mondial sont
ceux qui garantissent la protection de la VUE (paragraphes 7 et 96-97 des Orientations) et
que le patrimoine joue un rôle dans la vie des communautés.
Le but de se concentrer sur les aboutissements est de vérifier si le système de gestion atteint
➤ les objectifs qu’il s’est fixés. Même un bien patrimonial bien géré, pour lequel tous les extrants
sont réalisés, peut parfois continuer à perdre des valeurs culturelles.
Mais les accomplissements concernent souvent des questions plus vastes qui vont au-delà
des confins d’un bien du patrimoine. La promotion d’un développement local compatible,
par exemple, peut représenter un accomplissement important, qui contribue à son tour à la
durabilité du patrimoine (un soutien local majeur) et coïncide ainsi avec de multiples objectifs
de gestion. De la même manière, s’assurer que le patrimoine encourage la diversité culturelle
dans les communautés est un accomplissement qui, en créant une plus grande cohésion
sociale, peut promouvoir et protéger les valeurs patrimoniales, et permettre une plus grande
identification avec le patrimoine et un plus grand sens local de la propriété, générant alors
peut-être de nouvelles formes de soutien. C’est à travers les accomplissements que la relation
mutuellement bénéfique entre le patrimoine et la société au sens large peut être améliorée,
un objectif vital pour la future durabilité du patrimoine culturel (voir section 2.3).
Les accomplissements peuvent être les choses les plus importantes mais aussi les plus difficiles
à mesurer avec précision. Il existe de nombreux objectifs communs au secteur du patrimoine,
mais la manière de les atteindre dépendra de la nature du site et de son cadre social, envi-
ronnemental et économique.
108
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Tableau 10. Résultats (accomplissements) typiquement recherchés pour les biens du patrimoine
mondial
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Résultat nº1 Autres résultats influencés Indicateurs de résultats
Établir si l’objectif a été atteint
➤
Objectif : Une communauté Promouvoir et sauvegarder la Taux d’emploi et autres tendances
locale prospère aux alentours du VUE et autres valeurs culturelles des données économiques locales
bien du patrimoine, dont elle Tendances des statistiques
reçoit des bénéfices sociales/environnementales
comme les crimes, l’absentéisme
scolaire, le vandalisme
Nouvelles formes de soutien pour
le patrimoine
Nuits passées chaque année par
les visiteurs dans l’hôtellerie locale
Tourisme régional, retour
d’anciens visiteurs
Objectif : Promouvoir et Une communauté locale prospère [Dans certains cas, le niveau de
sauvegarder la VUE et autres aux alentours du bien du patri- l’objectif atteint ne peut être
valeurs culturelles moine, dont elle reçoit des béné- compris qu’en évaluant les
fices processus et les extrants qui y
Satisfaction du visiteur contribuent. Voir plus bas]
109
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Les processus et les extrants patrimoniaux peuvent contribuer à plus d’un accomplissement
(voir aussi plus bas) : les améliorations apportées à un site en matière de gestion des visiteurs
peuvent aider à protéger la VUE (des itinéraires multiples et des visites alternées qui réduisent
Ta b l e d e s m a t i è r e s
l’usure) tout en contribuant au résultat plus grand que constitue une économie locale plus
saine pour les communautés alentours (des visiteurs plus nombreux et variés dans la localité).
Voir plus bas « Résultat nº2, Les extrants ».
Une plus grande attention est accordée aux indicateurs de résultats à la section « Résultat
nº3, Amélioration des systèmes de gestion » dans la présente section.
Dans la mesure où ils sont moins tangibles, les politiques de communication efficaces doivent
promouvoir les accomplissements positifs comme catalyseur du soutien en dehors du système
de gestion principal. Ce soutien peut fournir des rétroactions précieuses pour renforcer le
système de gestion et ses mesures (voir Résultat nº3 plus bas). Une fois quantifiés et docu-
mentés, les résultats peuvent être communiqués aux autres pour illustrer les bénéfices résul-
tant de la gestion et de la conservation du patrimoine. Un plus grand consensus public
concernant les mesures relatives au patrimoine mettra la pression sur les gouvernements
pour qu’ils garantissent les cadres juridique et institutionnel appropriés, et qu’ils allouent les
ressources nécessaires au patrimoine culturel.
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
䊳 Le suivi et l’évaluation des besoins doivent faire l’objet d’une planification soigneuse, afin
d’éviter les coûts et délais inutiles, et doivent, si possible, s’appuyer sur les données de suivi
existantes.
䊳 L’évaluation des accomplissements dépend souvent de l’analyse du statut de plusieurs indica-
teurs, en rapport avec les seuils convenus et la performance passée. Le fait d’indiquer graphi-
quement si le statut de l’indicateur est stable, en cours d’amélioration, ou en cours de déclin
au fil du temps, permettra d’illustrer les tendances.
䊳 Comprendre les répercussions à grande échelle des mesures patrimoniales requiert souvent
l’implication d’une plus large sélection de spécialistes que ceux impliqués habituellement dans
les processus patrimoniaux. Les architectes, conservateurs, géologues et ingénieurs auront
besoin du renfort des économistes, sociologues, scientifiques de l’environnement, tour-opéra-
teurs, et peut-être d’autres spécialistes.
Gérer le patrimoine mondial culturel
110
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
LES QUESTIONS
L E S Q U E S T I O NQU’IL
S Q U ’ I EST
L E S TBON
B O N DE
D E POSER
POSER
Il est bon d’interroger constamment les circonstances actuelles en vue de vérifier si le système
Ta b l e d e s m a t i è r e s
de gestion a défini des objectifs suffisamment vastes pour un bien donné, et a accordé
l’attention qu’il se doit aux bénéfices patrimoniaux (voir Chapitre 2) :
䊳 Existe-t-il une coopération entre les propriétaires du bien et les utilisateurs voisins ?
䊳 Y a-t-il un contact régulier entre les gestionnaires et les propriétaires et utilisateurs voisins du
site ?
䊳 Les communautés locales qui résident au sein ou aux alentours du bien contribuent-elles aux
décisions de gestion ?
䊳 Existe-t-il des initiatives programmées qui tiennent compte du bien-être des communautés
locales tout en conservant les valeurs du bien ?
䊳 L’impact d’un plus grand développement fait-il l’objet d’un suivi permanent ?
La planification de la gestion, outil largement adopté pour le patrimoine mondial, est décrite
dans l’Annexe A, et se concentre sur le principal accomplissement, relatif à la protection de
la VUE. Cependant, le processus de planification de la gestion contribue aussi à atteindre des
résultats plus larges pour les biens culturels, dont certains peuvent exiger des processus de
planification qui ne se fondent pas uniquement sur le bien.
• S’assurer que les biens du patrimoine jouent un rôle au sein du développement durable, et
obtenir des bénéfices patrimoniaux pour le bien et ses parties prenantes.
Concernant ce dernier point, les Orientations insistent fortement sur l’adoption d’une
approche participative pour la gestion des sites du patrimoine mondial. Un bon moyen de
mesurer si une approche participative est efficace, est de constater si les parties prenantes
qui ne sont pas responsables directement du fonctionnement quotidien du site en ont
bénéficié.
111
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Certains biens du patrimoine mondial collectent des données sur le statut et l’état de certaines
ou de toutes les valeurs patrimoniales, mais dans de nombreux cas il s’agit d’un fait récent
(qui répond aux nouvelles exigences imposées par le rapport périodique). Tous les biens du
Ta b l e d e s m a t i è r e s
patrimoine mondial doivent viser à avoir un système, ou améliorer leur système de suivi des
résultats, un processus qui demande du temps, et des ressources. Ils doivent entre autres
garantir la continuité, dans la mesure où l’engagement institutionnel et celui des parties
prenantes est vital, et ils doivent disposer de sources de financement stables afin que les
ressources humaines et financières soient moins soumises au risque d’interruption.
Aperçu
➤ L’objectif des processus patri-
moniaux est de fournir des
résultats. Les actions accom- EXTRANTS
SUIVI
plies et les services fournis
en réponse aux accomplisse- EL RE
NN PATRIMOINE S
IO
SO
ments établis sont connus
UT
UR
INSTIT
CES
sous le nom d’« extrants ». Il
ACCOMPLISSEMENTS ACCOMPLISSEMENTS
s’agit de résultats tangibles
MIS
N
pouvant être partagés avec la
TIO
PATRIMOINE
PATRIMOINE
EE
CA
communauté locale et avec les
N
Œ JU R
FI
UV ID IQ U E NI
autres parties prenantes, et qui RE PLA
constituent souvent un sou-
tien direct au patrimoine, aux
communautés, et aux parties
Figure 16. Les extrants d’un système de gestion.
prenantes. Ensemble, ils contri-
buent à obtenir les accomplis-
sements, les objectifs globaux
du système de gestion.
On peut attendre différents types d’extrants selon les processus de planification, de mise en
œuvre, et de suivi du cycle de gestion :
• les plans en soi (par ex. un plan de gestion terminé),
• les résultats tangibles obtenus sur le terrain (par ex. les réparations effectuées sur des
constructions, l’installation de panneaux d’information),
Gérer le patrimoine mondial culturel
• les données que ces résultats, et le processus qui a permis de les obtenir, peuvent fournir
en vue de renseigner de futures actions (par ex. une augmentation du nombre de visiteurs
d’un million en deux ans),
• les services comme l’entretien des systèmes de sécurité contre les incendies.
112
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
pour les différentes parties prenantes qui représentent les ultimes bénéficiaires du système
de gestion.
Un extrant peut ne pas satisfaire directement un besoin, mais il crée un tremplin pour un
autre processus. Ainsi, dans le cadre des stratégies de gestion des visiteurs, le premier extrant
peut être le plan de gestion des visiteurs, qui résulte du processus de planification. La mise
en place d’une nouvelle signalétique sur un site sera l’un des principaux extrants durant la
phase de mise en œuvre. Les réactions des visiteurs, observées quand ils quittent le site,
constituent un extrant qui résulte du suivi, et qui peut devenir un tremplin pour un autre pro-
cessus, à l’instar de mesures correctives visant à faire en sorte que la signalétique réponde
mieux aux besoins du visiteur, atteignant alors l’aboutissement que représente la satisfaction
du visiteur. ➤
Les résultats de la planification et du suivi peuvent constituer eux-mêmes des extrants, mais
ne doivent pas être considérés comme un « produit final », mais plutôt comme un moyen
favorisant un autre processus et un autre extrant, qui ensemble travaillent en vue de faire du
système de gestion un système opérationnel et efficace.
Les plans constituent un exemple d’extrants qui sont souvent largement partagés mais qui
ne sont pas communiqués plus avant au niveau de la gestion (après leur mise en œuvre). Les
extrants doivent être documentés afin que les parties prenantes puissent voir les résultats
tangibles de leur contribution, et contribuer davantage dans le cas de l’apparition d’un fossé
entre les cibles et les résultats.
Comprendre les extrants par rapport aux aboutissements (origines multiples et finalité unique)
Le rapport entre les processus, les extrants et les aboutissements peut être difficile à com-
prendre. Il existera souvent une relation « à origines multiples et finalité unique » entre les
processus et un aboutissement donné ; en d’autres termes, plusieurs extrants correspondront
à un seul aboutissement.
Gérer le patrimoine mondial culturel
Le tableau suivant illustre la différence entre les extrants et les aboutissements dans un pro-
cessus patrimonial, en analysant plus en détail les trois exemples d’aboutissements identifiés
dans la section précédente. Le premier exemple examine les itinéraires du visiteur déjà men-
tionnés dans l’introduction de la section 4.4, et en quoi ils contribuent à la satisfaction du
visiteur, entre autres choses. Le dernier exemple, sur la sauvegarde des valeurs patrimoniales,
met en avant un processus, le suivi environnemental, avec un extrant qui ne satisfait pas
directement un besoin, mais peut fournir une contribution pour un autre processus et extrant.
113
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Tableau 11. Exemples illustrant la relation entre les aboutissements, les extrants et les processus.
Il vient agrandir le Tableau nº10 dans la précédente section dédiée aux Résultats.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Une communauté Taux d’emploi et Une série d’oppor- Quantité (par ex. Identification des
locale prospère aux autres tendances tunités d’affaires les fonds levés ou opportunités de
alentours du bien des données éco- favorables au le nombre de marché liées au
du patrimoine, nomiques locales patrimoine partenaires/ patrimoine
dont elle reçoit des Tendances des De nouveaux recrues/emplois Attraction de
bénéfices statistiques sociales partenariats, de créés et fréquence partenaires et
/environnementales nouveaux sponsors (ex. retour investissements
Autres résultats comme les crimes, d’anciens visiteurs)
influencés : Recruter de Capitaux de
l’absentéisme sco- nouveaux talents Qualité lancement pour de
Promouvoir et laire, le vandalisme pour stimuler Ponctualité nouvelles initiatives
sauvegarder la VUE Nouvelles formes l’économie locale d’affaires
Caractère inclusif
et autres valeurs de soutien pour le Amélioration de Compatibilité avec Plan directeur de la
culturelles patrimoine l’environnement les besoins régénération
Nuits passées urbain du patrimoine urbaine
chaque année par
les visiteurs dans Portée et durée
l’hôtellerie locale Satisfaction de la
communauté
Tourisme régional, locale
retour d’anciens
visiteurs
Gérer le patrimoine mondial culturel
•••
114
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
d’extrants
Promouvoir et [en l’absence Premier extrant : Quantité (nombre Exemple nº1 :
sauvegarder la VUE d’indicateurs de Des toitures et surface totale) Réparer des
et autres valeurs résultat efficaces, réparées Efficacité toitures instables et
culturelles recourir à Seconds extrants : (conception et trouées menaçant
l’évaluation Réduction à long durée de vie) un attribut du bien
des extrants et terme des coûts et établir des
processus Ponctualité chemins d’accès
liés à l’entretien
pertinents] du site Coût (prix pour l’entretien à
équitables, accès long terme du bien
Simplification plus facile pour
des procédures l’entretien)
d’entretien
Environnement ➤
(matériaux 0km)
Premier extrant : Quantité (données, Exemple nº2 :
Nouvelles données durées) Suivi
Deuxième extrant : Qualité (redon- environnemental
Statistiques, dance, précision et et analyse des
tendances pertinence des données
Troisièmes extrants : données)
Compréhension Ponctualité
des mécanismes (fluctuations
de détérioration saisonnières)
Approches de Coûts (acquittés
conservation par un finance-
améliorées ment régulier)
Entretien simplifié Accès aux/
et plus utilisation des
économique données
(Royaume-Uni).
115
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Pour évaluer les extrants il est important de comparer les progrès réalisés en fonction des cibles
définies dans les programmes de travail d’un bien donné. La nature plus tangible des extrants,
comparée aux autres résultats du système de gestion, facilite l’identification d’indicateurs neutres
Ta b l e d e s m a t i è r e s
qui mesurent cette « productivité » annuelle. (Par « indicateurs neutres », nous voulons dire que
les mêmes informations seraient collectées quel que soit le collecteur, et ne seraient donc pas
soumises à une subjectivité personnelle.) Les changements, produits ou services qui constituent
les extrants peuvent eux-mêmes être des résultats « mesurables » (soit des indicateurs) ; ainsi,
les extensions de la zone tampon, exprimées en mètres carrés. Mais une série d’indicateurs
(plutôt qu’un seul) est habituellement plus efficace pour quantifier et qualifier un extrant.
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
䊳 Dans les domaines de l’industrie et du commerce, les extrants ne sont produits (ou ne
devraient être produits) que parce qu’il existe un « client » du processus qui les veut spécifi-
quement. Bien que cette manière de penser ne soit pas directement applicable au secteur du
patrimoine, elle nous aide à faire la différence entre le fait d’atteindre des résultats concrets
(les extrants) et des objectifs globaux (accomplissements), et rappelle l’importance de s’assurer
que les programmes de travail annuels ciblent des besoins réels.
䊳 Les indicateurs choisis pour évaluer les extrants devraient être le plus petit nombre nécessaire
pour déterminer le succès, mesurables d’une manière cohérente, et, par-dessus tout, « SMART »
(moyen mnémotechnique populaire utilisé pour définir les objectifs de gestion)75 :
- Spécifiques au produit ou service qu’ils sont supposés mesurer
Gérer le patrimoine mondial culturel
••• 䊳 Les normes de contrôle nationales ou internationales peuvent offrir des critères objectifs pour
les indicateurs qualitatifs (gestion de la qualité76, environnementaux). En outre, l’élaboration
Ta b l e d e s m a t i è r e s
de protocoles de suivi en interne peut aider à normaliser les approches et à en maintenir la
qualité et la crédibilité.
䊳 Certaines approches de gestion interprètent les « accomplissements » d’une manière légère-
ment différente, ce qui demande vérification. Par exemple, certaines écoles de pensées divi-
sent les extrants en deux catégories : une série de « résultats » (par exemple poser un réseau
de drainage, réparer des toitures et des gouttières) réunis pour un « objectif spécifique », qui
constitue néanmoins un résultat tangible (ici, améliorer la collecte et l’élimination de l’eau de
pluie)77.
䊳 Le secteur du patrimoine naturel a réalisé de grands progrès en termes d’évaluation des pro-
cessus patrimoniaux et des extrants, avec son « Cadre pour évaluer l’efficacité de la gestion »
(voir Annexe B) ; l’« Outil 10 : Indicateurs d’extrants du travail/site » proposé dans la Trousse à
outils : Amélioration de notre patrimoine est particulièrement intéressant78.
➤
Les défis supplémentaires dérivant de l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial peuvent
nécessiter que de nouveaux extrants soient requis, comme des plans multiples (section 4.3)
ou des cadres institutionnels sophistiqués (section 4.2) liés aux biens du patrimoine mondial.
D’autres processus du patrimoine mondial, comme le suivi réactif et le rapport périodique,
peuvent affecter les extrants prévus, et les systèmes doivent être prêts à faire face à ce type
de situations.
Dans le cas de projets spécifiques visant des changements au niveau des biens ou de leur
gestion pour satisfaire aux conditions exigées par le patrimoine mondial, l’adoption d’une
approche inclusive de suivi et d’évaluation des processus patrimoniaux et de leurs extrants
(ainsi que leur planification) revêt une importance particulière. Il est nécessaire que les projets
« appartiennent » aux parties prenantes locales et aux partenaires locaux de la mise en œuvre,
et leurs besoins en matière d’information sont primordiaux. Les indicateurs ne doivent pas
refléter seulement ce que le « donateur » souhaite savoir, mais ce dont les gestionnaires
locaux, la communauté locale et les autres parties prenantes ont besoin. Aussi est-il important
de comprendre comment les systèmes d’informations locaux fonctionnent, et de garantir
que les parties prenantes locales occupent un rôle déterminant dans la définition d’indicateurs
pertinents.
Gérer le patrimoine mondial culturel
76. La famille de normes ISO 9000 publiée par l’Organisation internationale de normalisation (www.iso.org), et disponible
à travers les Organismes nationaux de normalisation.
77. Commission européenne. 2004. Méthodes de l’Aide. Volume 1. Lignes directrices – Gestion du Cycle de Projet.
Bruxelles, Belgique, Commission européenne. p. 82
https://www.aswat.com/files/europeaid_adm_pcm_guidelines_2004_fr.pdf
78. Hockings, M., James, R., Stolton, S., Dudley, N., Mathur, V., Makombo, J., Courrau, J., et Parrish, J. 2008. Trousse à
outils : Amélioration de notre patrimoine. Évaluer l’efficacité de la gestion des sites du patrimoine mondial naturel.
Op. cit., pp. 58-59. http://whc.unesco.org/fr/series/23/
117
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Aperçu
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Les systèmes de gestion visent à obtenir des résultats à travers diverses actions élaborées sous
la forme d’extrants. Pour obtenir ces résultats et extrants avec efficacité, les trois éléments et
les trois processus mentionnés plus haut doivent apporter le soutien nécessaire. Les précédents
chapitres consacrés aux éléments et aux processus ont expliqué en quoi les systèmes de gestion
secondaires aident le gestionnaire à atteindre les résultats et les extrants nécessaires. S’ils ne
sont pas atteints, une bonne gestion implique alors de procéder à des changements qui
résulteront en un système de gestion amélioré et qui permettront d’atteindre les résultats et
extrants recherchés. Cette section explique comment les améliorations peuvent aboutir à des
changements à long terme au niveau des systèmes de gestion.
➤ L’élaboration d’améliorations
potentielles réside dans l’iden-
EXTRANTS
tification du point faible des
SUIVI
trois éléments et des trois pro-
NEL RES
cessus du système de gestion, TI
ON
PATRIMOINE
SO
ITU
UR
avant d’adopter des mesures
INST
CES
correctives. Les améliorations ACCOMPLISSEMENTS AMÉLIORATIONS AMÉLIORATIONS ACCOMPLISSEMENTS
peuvent être apportées à tra-
MIS
N
vers le suivi des processus pa-
TIO
PATRIMOINE
PATRIMOINE
EE
CA
trimoniaux, l’évaluation des
N
Œ J
U V U RID IQ U E
FI
NI
extrants et des accomplisse- RE PLA
AM
ments, et l’évaluation de la É L I O R AT I O N S
pertinence des trois éléments.
Elles peuvent consister en de
Figure 17. Apporter des améliorations à un système
petits changements apportés à
de gestion.
des éléments existants, ou
avoir une origine externe sous
la forme d’un renfort consé-
quent de la part de systèmes de gestion secondaires.
Les contributions extérieures peuvent provenir de différentes sources (voir Chapitre 2). Ainsi,
dans de nombreux pays, la culture attire de nouvelles formes de soutien (public et privé), grâce
à sa contribution croissante à l’ordre du jour social (éducation, sensibilisation et travail en
faveur du développement de la communauté). Cela peut demander des changements impor-
tants pour les systèmes de gestion en place, dont certains ont des centaines d’années, avec
une demande de prise de décision pour le patrimoine mondial transparente et fondée sur les
preuves (voir section 4.3 – Le suivi).
résultats désirés, cela peut, à première vue, sembler lié à des facteurs externes. Mais la cause
réelle peut résider dans des défaillances du système de gestion en place (un bon système de
gestion doit être doté d’un dispositif de gestion prévisionnelle pour faire face même aux
risques les plus imprévisibles). Ce chapitre porte sur la manière d’identifier ces faiblesses.
Elles peuvent être dues à des lacunes au niveau des cadres juridique et institutionnel, à un
déploiement insuffisant ou inconséquent des ressources, ou au caractère inadapté des
processus mêmes. Les extrants seront alors insatisfaisants, et les résultats ne seront pas
118
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
atteints du tout, ou ne seront atteints que partiellement. La solution peut s’avérer simple (par
ex., un meilleur déploiement des ressources) ; mais si des remèdes directs ne sont pas possi-
bles à court terme (par ex., résoudre la question du caractère inadapté des cadres juridiques),
Ta b l e d e s m a t i è r e s
des solutions peuvent être trouvées dans d’autres domaines du système de gestion. Des
remèdes moins directs peuvent nécessiter des approches imaginatives.
La résolution des défaillances doit devenir une contribution positive. Les changements au
niveau du système de gestion peuvent nécessiter des jours, des mois, ou des années. Anticiper
les délais nécessaires et s’assurer d’une ténacité suffisante pour apporter des améliorations
à long terme peuvent représenter un vrai défi.
Les améliorations qui viennent de l’extérieur peuvent survenir à la simple lecture de la litté-
rature spécialisée, ou à la suite de la mise en place d’un projet complet de collecte d’infor-
mations qui peut engendrer de multiples bénéfices. Par exemple, un projet d’histoire fondée
sur des entretiens peut exploiter l’expérience d’employés à la retraite qui ont contribué par
le passé à l’entretien du site, permettant ainsi de réunir des informations qui viennent combler
les lacunes au niveau des ressources intellectuelles du système de gestion, ou qui avaient été
perdues lors du passage à la sous-traitance. Le processus même (ascendant) peut aider à
surmonter les inconvénients des cadres juridique et institutionnel qui échouent souvent
(descendants) à faciliter une approche participative (voir étude de cas sur Herculanum, en
Italie). Il peut également exister de nouvelles connaissances dans le secteur du patrimoine,
propices au développement des systèmes de gestion du patrimoine.
ÉTUDE DE CAS
Partenariat pour améliorer un système de gestion déjà en place sans procéder à des
réformes juridiques ou institutionnelles majeures
Le site archéologique d’Herculanum, partie du bien en série du patrimoine mondial des Zones
archéologiques de Pompéi, Herculanum et Torre Annunziata (Italie), offre une étude de cas importante
concernant l’utilisation d’un partenariat pour créer ce qui constitue essentiellement un système de
gestion temporaire en vue d’apporter les améliorations durables au système de gestion en place, sans
procéder à des réformes juridiques ou institutionnelles majeures.
Gérer le patrimoine mondial culturel
Les villes de Pompéi et Herculanum, et les villas qui leur sont associées, enfouies par l’éruption du Vésuve
de 79 apr. J.-C., offrent un panorama complet et vivant de la société et de la vie quotidienne à un
moment spécifique du passé, sans parallèle connu ailleurs au monde. Détenus et gérés par les pouvoirs
publics, ces sites archéologiques étaient jusqu’en 1977 gérés par un système public centralisé et
chroniquement sous-financé durant les dernières décennies du XXe siècle. L’autorité locale
responsable du patrimoine a reçu du Ministère son autonomie financière et administrative en 1997
•••
119
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
•••
ÉTUDE DE CAS
© HCP/Sarah Court
Ta b l e d e s m a t i è r e s
(loi nº 352/1997), ce qui a stimulé le financement (les revenus générés par la vente des billets n’allaient
plus au Ministère central pour y être redistribués) et a réduit la bureaucratie. Toutefois, la réforme de la
gestion était incomplète, et les ressources humaines demeuraient liées au Ministère de la culture central
et donc inflexibles et inadaptées aux besoins locaux. En outre, la complexité de nombreuses procédures
nationales relatives aux travaux publics continuaient de faire obstacle à un fonctionnement efficace.
En 2002, Herculanum a été cité, lors de la conférence PisaMed tenue à Rome, comme peut-être le pire
exemple de conservation archéologique dans un pays non déchiré par la guerre ; en 2012, il constituait
un modèle positif « dont les meilleures pratiques peuvent sûrement être reproduites dans d’autres vastes
zones archéologiques à travers le monde », comme l’a conclu Irina Bokova, Directrice générale de
l’UNESCO, à l’issue de sa visite du site.
Cette évolution spectaculaire est due en partie à un partenariat public-privé connu comme le Projet de
conservation Herculanum79, qui apporte son soutien à la conservation et à la gestion d’Herculanum
depuis 2001. De multiples facteurs ont contribué au succès de cette initiative, qui a pu s’appuyer sur les
mesures positives déjà prises par les autorités locales responsables du patrimoine. Les choix effectués
ont répondu à des caractéristiques inadaptées précises du système de gestion en place, avec des contri-
butions aux neuf composantes en vue de garantir des améliorations durables au niveau de l’efficacité
et de l’efficience de la gestion. En voici quelques exemples :
• L’utilisation ingénieuse d’un cadre juridique prévu pour la sponsorisation commerciale (loi nº 42/2004
art. 120 & 30/2004 art.2) qui a enfin permis aux partenaires privés (dans ce cas par philanthropie)
d’offrir leur soutien effectif (des actions et une meilleure flexibilité organisationnelle, et pas seule-
ment une aide financière et des donations) au partenaire public. Les autorités patrimoniales man-
quaient de capacités au niveau organisationnel, et non financier.
• La collaboration qui s’est déroulée au sein de l’organisation hôte, l’autorité patrimoniale locale,
garantissant un partenariat réel et l’ouverture du système de gestion en place à de nouveaux modes
de travail, et un plus grand sentiment de propriété pour ceux qui conduiront ces approches.
• La création d’une série de partenariats réactifs et flexibles (plutôt qu’une entité juridique consacrée),
répondant ainsi de manière adaptée aux nouvelles phases du projet, au fur et à mesure de l’évolu-
tion des besoins du site et du système de gestion hôte. En plus de dix ans, le projet est passé de
Gérer le patrimoine mondial culturel
réaliser des travaux ambitieux dans des zones du site en péril, à planifier de nouvelles installations
pour le musée, à organiser des initiatives de régénération des zones résidentielles proches du site
et des activités de renforcement des capacités pour les autres sites vésuviens en vue de préparer
progressivement son retrait.
•••
79. Une initiative du Packard Humanities Institute en partenariat avec la Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di
Napoli e Pompei (l’autorité semi-autonome locale en charge du patrimoine) et la British School at Rome.
120
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
• • • • La création d’une équipe interdisciplinaire réunissant des spécialistes du patrimoine national et des
ÉTUDE DE CAS
Ta b l e d e s m a t i è r e s
conservation archéologique.
• La création d’un réseau de partenaires de recherche locaux et internationaux pour renforcer les
ressources intellectuelles, mais aussi contribuer à la promotion du site et produire un effet multiplicateur
pour les autres sites appartenant à ce bien du patrimoine mondial en série.
• Une approche de gestion de projet qui a introduit une culture d’entreprise basée sur les objectifs, et
une forte mise en avant des processus patrimoniaux efficaces.
• L’importance accordée aux activités qui permettraient au système de gestion en place de soutenir la
gestion du site avec des ressources publiques à l’avenir, au-delà de la durée de vie du projet. Parmi les
exemples on peut citer l’infrastructure et les mesures de conservation pour réduire les coûts à long
terme et simplifier la gestion du site, le test et l’affinage des approches pour des cycles d’entretien
programmés, et l’obtention de partenariats à long terme dans le domaine de la recherche.
• La reconnaissance de la nécessité pour le site de rétablir un rôle et une identité dans la vie de la ville
moderne, et d’exploiter les bénéfices patrimoniaux mutuels engendrés. Une initiative sœur, le Centre ➤
Herculanum, a été créée pour établir des passerelles avec les autorités civiles locales et d’autres
parties prenantes, et pour améliorer pour longtemps la relation de la ville ancienne et moderne.
Les informations qui résultent du suivi des extrants et des accomplissements à travers les in-
dicateurs, aident à définir et prioriser les futurs processus du système de gestion. Elles peuvent
aussi offrir une base sur laquelle apporter des améliorations importantes à certains ou à l’en-
semble des neuf composantes du système de gestion. La section 4.5 suivante propose une
matrice pour documenter et évaluer les systèmes de gestion du patrimoine. Dans cette
matrice, le neuvième élément, l’« Amélioration des systèmes de gestion », réunit toutes les
lacunes ou opportunités qui ont été identifiées au titre des huit autres éléments. Elle propose
ensuite des changements pour combler les unes et adopter les autres, en identifiant, le cas
échéant, des outils de gestion adaptés.
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
Gérer le patrimoine mondial culturel
䊳 Les améliorations sont parfois qualifiées de « contributions », mais cela peut créer une cer-
taine confusion dans la mesure où les ressources humaines, financières et intellectuelles sont
également appelées « contributions ».
䊳 La garantie de la spirale ascendante des améliorations constantes qui est essentielle à une
bonne gestion dépend des capacités à identifier les lacunes et à les traiter de manière adé-
quate. Ces compétences peuvent être développées à travers de simples initiatives de renforce-
ment des capacités (voir section 3.8).
•••
121
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
••• 䊳 En raison de son isolement, le secteur du patrimoine culturel souffre d’une plus grande
pénurie de compétences fondamentales dans la gestion pratique des projets et des parties
Ta b l e d e s m a t i è r e s
prenantes que d’autres secteurs80. Cela affaiblit le système de gestion patrimonial d’un bien,
et empêche le système d’évoluer.
䊳 L’isolement requiert également une meilleure compréhension des autres secteurs, et l’apport
d’améliorations au système de gestion principal81.
䊳 L’augmentation des pressions sur le patrimoine, et les nouvelles attentes qu’a de lui la société
(voir Chapitre 2), demande souvent l’implication de nouvelles disciplines : par exemple des
économistes, des sociologues ou des environnementalistes.
Par exemple, l’approche participative recommandée par les Orientations devant guider la
mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial (paragraphe 108 des Orientations)
dépend de l’implication des parties prenantes à tous les stades du processus de gestion, ce
qui signifie d’impliquer les partis affectés par la productivité, l’efficacité et la capacité du
système de gestion à produire certains résultats.
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
䊳 Pour les responsables de la gestion d’un bien culturel, l’inscription sur la Liste du patrimoine
mondial représente des obligations supplémentaires et de nouveaux défis. Cela implique en
conséquence que les États parties révisent et améliorent leurs systèmes de gestion. D’un autre
côté, l’appartenance au système du patrimoine mondial offre l’accès à divers réseaux d’expé-
rience et d’expertise, à travers le Comité du patrimoine mondial, ses organisations consulta-
tives (l’ICCROM, l’UICN et l’ICOMOS), ses Centres régionaux, et d’autres organisations
associées (consulter le site internet du patrimoine mondial), qui peuvent s’avérer utiles lors du
processus d’amélioration des systèmes de gestion.
Gérer le patrimoine mondial culturel
80. Bureau du Vice-Premier ministre. 2004. Skills for sustainable communities. London, UK, RIBA.
http://dera.ioe.ac.uk/11854/1/Egan_Review.pdf (en anglais uniquement)
81. Brundtland, G.H. 1987. Report of the World Commission on Environment and Development: Our Common Future.
Oxford, UK, Oxford University Press, Incorporated. Chapitre 7 “Merging Environment and Economics in Decision
Making”, paragraphe nº75.
122
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Le cadre du système de gestion au niveau national et au niveau du bien
Les neuf composantes mises en avant aux sections 4.2, 4.3 et 4.4 forment ensemble un
système de gestion (SG) complet, comme le montre la figure ci-dessous.
EXTRANTS ÉLÉMENTS
SUIVI PROCESSUS
RÉSULTATS
NEL RES
ON SO ➤
TI PATRIMOINE
ITU
UR
INST
CES
EXTRANTS AMÉLIORATIONS
SG AMÉLIORATIONS EXTRANTS
MIS
N
TIO
PATRIMOINE
PATRIMOINE
EE
CA
N
Œ JU R
FI
UV ID IQ U E NI
RE PLA
AM
É L I O R AT I ONS
La division des systèmes de gestion du patrimoine en neuf composantes offre un cadre com-
mun de référence à tous ceux qui en utilisent un : les praticiens du patrimoine qui gèrent les
biens, les décideurs qui définissent les cadres institutionnels, et les communautés et réseaux
qui, pour s’impliquer dans le patrimoine, ont besoin de transparence quant à la manière dont
les décisions sont prises.
Comme mentionné à la section 4.1, un système de gestion du patrimoine, en tant que sys-
tème principal fonctionnant au niveau national ou régional, peut disposer d’un mandat juri-
dique afin de superviser des tâches essentielles comme l’identification et l’enregistrement
des biens du patrimoine. Mais son adéquation est remise en question lors de la gestion d’un
bien (conservation, interprétation, gestion des visiteurs, lien au développement, etc.), avec
souvent le renfort de contributions externes. C’est là que le soutien des systèmes de gestion
secondaires (ou de leurs propres éléments) est souvent nécessaire. Cette section du manuel
explique comment documenter et évaluer l’adéquation potentielle d’un système de gestion
principal, et le rôle des systèmes de gestion secondaires.
de biens culturels, mais doit être testé en référence à un bien ou groupe de biens spécifique,
chacun ayant sa propre nature et son propre cadre qui en définiront la gestion. Sur les neuf
composantes, l’approche des processus et les résultats sont les plus influencés par chaque
cas spécifique. On se penchera postérieurement sur ce point.
123
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
EXTRANTS EXTRANTS
SUIVI SUIVI
PATRIMOINE PATRIMOINE
MIS
N
N
TIO
TIO
PATRIMOINE
PATRIMOINE
EE
EE
CA
CA
N
N
Œ Œ
FI
FI
UV NI UV NI
RE PLA RE PLA
AM AM
É L I O R AT I ONS É L I O R AT I ONS
➤
Figure 19. Comment les éléments d’un système de gestion (principal) du patrimoine (national) apparemment uniforme
seront soutenus par les circonstances locales dans le cas d’un groupe de biens ou d’un bien unique.
Les trois éléments sont également affectés par les contraintes et opportunités que présente
un bien ou groupe de biens spécifique. Le tableau qui suit fournit des exemples, qui montrent
aussi en quoi les éléments d’autres systèmes de gestion peuvent être utiles.
PATRIMOINE
L PATRIMOINE
NE PATRIMOINE R
N
IO
ES
I NS T I T U T
SO
Figure 20. Utilisation
U
R C ES
des systèmes de
gestion secondaires
PATRIMOINE
ou de leurs éléments PATRIMOINE PATRIMOINE
PATRIMOINE
JU RIDIQ UE PATRIMOINE
pour renforcer les PATRIMOINE
systèmes de gestion
principaux.
Cadre juridique Cadre institutionnel Ressources
• Réglementation locale de • Renforcement par les ONG • Région ciblée pour le finance-
l’utilisation des sols locales ment du capital (par ex. la
• Législation d’autres secteurs • Chevauchement avec les Banque mondiale, la Commission
(par ex. allégement fiscal, autorités municipales locales européenne)
normes de pollution, protection • Divers niveaux de propriété • Consensus communautaire et
côtière) publique et privée et du contrôle bénévolat importants
• Utilisation des sols ou droits de gestion • Continuité des compétences et
d’accès établis connaissances locales
124
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
tuer une contribution importante à la gestion du bien, et servir de point de repère pour
mesurer la gestion et l’état de conservation du bien durant les années à venir83.
Objet nº2 : Un cadre qui place chaque question patrimoniale dans un large contexte et illustre
la nécessité d’une approche intégrée de la gestion du patrimoine
Le système de gestion du patrimoine fonctionne dans un environnement plus large qui peut
faire pression sur le bien du patrimoine culturel et vice versa. Mais cette relation présente
également une série d’opportunités (voir Chapitre 2). Une bonne gestion des pressions et
opportunités peut apporter des bénéfices au bien et aux communautés voisines, tout en aug-
mentant les valeurs culturelles, sociales, économiques et environnementales.
Sur les neuf composantes, les « améliorations » et les « résultats » (accomplissements) sont ➤
les plus affectés par le contact direct avec le contexte plus vaste (représenté par les flèches
en sens contraire sur la figure). Mais tous les éléments d’un système de gestion du patrimoine
dépendent de cet environnement et doivent en impliquer les représentants.
Le cadre place chaque question patrimoniale dans un vaste contexte et encourage une
approche intégrée de la gestion du patrimoine. Il illustre ce dont le système de gestion a
besoin, et ce qu’il accomplit, ainsi que les contributions des autres systèmes de gestion (voir
section 4.1). En facilitant la transparence et le dialogue, les bénéfices pour la société sont
largement reconnus, et la participation et les rétroactions des parties prenantes sont exploi-
tées avec une efficacité majeure.
Objet nº3 : Un cadre pour évaluer et améliorer un système de gestion du patrimoine (avec
d’autres systèmes de gestion)
Il est bien connu que, au fur et à mesure que le cycle de gestion avance, il devient plus difficile
d’évaluer l’efficacité des processus et résultats de la gestion du patrimoine (voir section 4.5).
82. Ce panorama du système de gestion peut être produit seul, ou dans le cadre d’un plan de gestion.
83. UNESCO, ICCROM, ICOMOS et UICN. 2011. Établir une proposition d’inscription au patrimoine mondial. (Deuxième
édition.) Op. cit., p. 91. http://whc.unesco.org/fr/activites/643/
125
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
Il peut être encore plus difficile d’évaluer si ce qui constitue le squelette du système de ges-
tion, c’est-à-dire le cadre juridique et institutionnel et l’approche des ressources, s’avère
efficace.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Les processus patrimoniaux peuvent montrer que le système de gestion d’un bien ou groupe
de biens donné échoue à atteindre ses objectifs, ou les atteint inefficacement, et peuvent
identifier les forces et faiblesses spécifiques. Mais il est moins facile de comprendre leurs im-
plications pour d’autres champs du système de gestion.
Il peut être nécessaire de changer de système de gestion, soit à cause des exigences imposées
par l’obtention et/ou le maintien de l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial (para-
graphes 117 et 132.3 des Orientations), soit à cause des altérations (souhaitées ou non) du
bien ou groupe de biens qui doivent être traités (voir Annexe A). Toute modification est
➤ susceptible d’avoir des répercussions sur l’ensemble du système de gestion.
Ce cadre de neuf composantes offre des listes de vérification pour analyser les forces et
faiblesses du système de gestion en place, et une structure logique pour émettre des recom-
mandations lorsqu’un changement est nécessaire pour protéger des valeurs, notamment la
VUE. Il facilite l’examen des besoins et accomplissements du système de gestion aux différents
niveaux de la gestion (local, national, régional, international).
La matrice est inclue ici en format Word, à l’attention des utilisateurs du présent manuel.
Pour compléter la matrice, les utilisateurs sont invités à consulter les sections concernées et
à répondre aux questions et aux brèves listes de vérification lorsqu’ils procèdent à documenter
un système de gestion du patrimoine.
Gérer le patrimoine mondial culturel
126
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Documentation et évaluation de l’adéquation d’un système de gestion du patrimoine pour un bien
culturel donné
Attributs principaux :
Authenticité :
Intégrité :
➤
3. Critères du patrimoine mondial :
Cadre juridique
ÉLÉMENTS
(ou « mandat »)
Cadre
institutionnel
Ressources
PROCESSUS
Planification
Mise en œuvre
Suivi
Gérer le patrimoine mondial culturel
Accomplissements
R É S U LTAT S
Extrants
Améliorations
(dont un résumé
des mesures
supplémentaires
requises)
127
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
© James Gordon
2. Brève description du site :
Intégrité
Citer la déclaration de VUE
financements
Une partie du bien Le site a été soumis à la
appartient à la « loi centrale sur le
communauté financement culturel »
bouddhiste, et est de 1981, ce qui a aug-
gouvernée par l’ordon- menté les fonds et la
nance du Temple capacité à mettre en
œuvre des activités
•••
128
Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine 4
•••
Cadre Le Département Nécessité d’un dispositif Un Comité du site sacré
Ta b l e d e s m a t i è r e s
institutionnel d’archéologie (DOA) est qui réunisse toutes les du patrimoine mondial,
l’institution responsable parties prenantes avec le maire de la ville
concernées comme président, et
Les autorités du Temple, toutes les parties
dirigées par un gardien Nécessité de voir les prenantes concernées
en chef, sont en charge moines davantage comme membres du
du temple de la Dent impliqués dans la prise Comité a été créé
du Bouddha (rituels de décision
quotidiens, cortège
annuel, etc.)
ÉLÉMENTS
Outil de « Planification
de la Ville sacrée »
utilisé depuis 1949
Gérer le patrimoine mondial culturel
•••
129
4 Définition, évaluation et amélioration des systèmes de gestion du patrimoine
•••
Mise en œuvre Mise en œuvre des pro- Nécessité de sous-traiter En l’absence d’un plan
jets par le personnel du des activités de gestion exhaustif, la
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Améliorations Il ressort que le Comité de la Ville sacrée a besoin d’une autorité juridique ;
(dont un résumé un projet de loi pour légitimer le Comité est en préparation.
des mesures
supplémentaires
requises)
130
Annexe A
Annexe A
Cadre pour l’élaboration, la mise en œuvre
et le suivi d’un plan de gestion
L’Annexe A approfondit la réflexion sur le processus de « planification » abordé à la
Ta b l e d e s m a t i è r e s
section 4.3. Son objectif est de fournir une aide pour l’élaboration du plan de gestion
requis à la « Section 5 » du format de proposition d’inscription au patrimoine mon-
dial. La planification de la gestion est un outil de plus en plus populaire pour proté-
ger les valeurs culturelles, et en particulier la VUE, au sein du processus du patrimoine
mondial. La préparation et la mise en œuvre d’un plan de gestion requièrent la
contribution de l’ensemble des neuf composantes du système de gestion (voir
Chapitre 4), et constituent l’opportunité de documenter de manière structurée le(s)
système(s) de gestion d’un bien donné. Elles contribuent ainsi à identifier les lacunes
éventuelles au sein du système en place et, ce faisant, à apporter les informations
nécessaires pour le modifier ou l’améliorer. Ces informations sont également néces-
saires pour les Sections 3.1 e, 4.5 et 6 du format de proposition d’inscription.
➤
L’Annexe est organisée selon la structure suivante :
A.1 Introduction : le plan de gestion au sein du système de gestion
A.2 Le processus de planification de la gestion
A.3 Contenu du plan de gestion
La « planification de la gestion » est sans nul doute devenue l’outil le plus familier au sein du
système du patrimoine mondial. Les États parties, les membres du Comité du patrimoine
mondial et les organisations consultatives utilisent la planification de la gestion comme outil
pour évaluer l’engagement de l’État partie envers le maintien de la VUE d’un bien donné, et
pour garantir que la société reçoit les bénéfices produits. Le terme « plan de gestion » est
utilisé plus fréquemment et met en avant les extrants de la planification de l’outil plutôt que
l’approche de gestion et le processus qu’elle constitue.
La planification de la gestion et les plans de gestion qu’elle produit doivent, toutefois, être
compris en relation avec le(s) système(s) de gestion hôte(s) comme décrit et expliqué plus
haut au chapitre 4 (voir aussi les pages 89-91 du manuel Établir une proposition d’inscription
au patrimoine mondial). Un plan de gestion doit refléter l’ensemble du système de gestion.
En tant qu’outil qui documente le système de gestion dans son ensemble, il constitue une
opportunité de décrire et d’évaluer un système de gestion donné, et peut ainsi démontrer
comment l’État partie entend maintenir la VUE d’un bien.
Dans le cas du patrimoine mondial, la protection des attributs garants de la VUE constituera
l’objectif principal, mais ne suffit pas. Comme évoqué ci-après dans la section consacrée au
« processus de planification de la gestion », un plan de gestion traitera les valeurs culturelles
générales d’un bien, et les changements au niveau de son environnement immédiat suscep-
tibles d’avoir un impact sur ces valeurs. Cette approche inclusive est l’une des qualités de
Gérer le patrimoine mondial culturel
l’approche de planification de la gestion, dans la mesure où elle requiert des liens avec
d’autres plans (comme la planification de l’utilisation des sols au niveau local ou régional, ou
des plans d’aménagement) et avec les parties prenantes en dehors du système du patrimoine.
La planification de la gestion au-delà des confins physiques du bien vise à mieux protéger la
VUE et les autres valeurs culturelles, et à obtenir les bénéfices que le patrimoine peut apporter
à la société, et que le bien peut tirer d’une plus grande participation de la communauté (voir
Chapitre 2 sur le développement durable).
131
Annexe A
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
Ta b l e d e s m a t i è r e s
䊳 La préparation d’un plan de gestion est étroitement liée à la préparation d’un dossier d’inscrip-
tion. Une fois la VUE établie, il serait bon de commencer à évaluer les systèmes de gestion en
lien avec la section 5 du format de proposition d’inscription (Annexe 5 des Orientations) et de
commencer le processus souligné plus bas. Les sections 4,5 et 6 du format (Annexe 5 des
Orientations) doivent être complétées, à l’aide des informations réunies pour le plan de gestion.
Le système de gestion principal du Pont Vizcaya fonctionne au niveau provincial : il se trouve sous la
protection juridique du gouvernement basque (un gouvernement provincial de l’Espagne). L’organe
juridiquement responsable de la protection et de la gestion directes du pont Vizcaya est le Conseil
provincial de Bizkaia, l’autorité provinciale responsable de la Province de Bizkaia dans laquelle se
trouve ce pont. Les ressources nécessaires sont également générées ou fournies par les mêmes institu-
tions. Une commission pour la conservation des monuments a été établie pour réunir tous les partis
concernés, et un plan de gestion a été élaboré. C’est un exemple intéressant de sous-traitance de la
gestion et de la maintenance
© UNESCO
Plan de gestion
Un plan de gestion est un outil relativement nouveau qui détermine et établit la stratégie
adéquate, les objectifs, mesures et structures de mise en œuvre pour gérer et, le cas échéant,
développer le patrimoine culturel d’une manière efficace et durable afin que ses valeurs
soient préservées en vue de leurs utilisation et appréciation actuelles et futures. Il compense
132
Annexe A
et coordonne les besoins du patrimoine culturel avec les besoins des « utilisateurs » du
Ta b l e d e s m a t i è r e s
patrimoine et des organismes gouvernementaux et/ou privés/communautaires responsables.
Comme expliqué précédemment, un plan de gestion est le résultat d’une approche collective
et participative, et fournit : ➤
• Dans le cas du patrimoine mondial, la promesse officielle d’approfondir les obligations de
la Convention du patrimoine mondial ;
• L’opportunité pour toutes les parties prenantes84, en particulier les propriétaires et les
gestionnaires des biens, de participer et d’avoir une compréhension commune du bien,
apportant un soutien solide au plan ;
• Une description claire du bien comme base permettant d’évaluer ses valeurs, en particulier
sa VUE ;
• Une description claire de la manière dont le système en place fonctionne, et de la manière
dont il peut être amélioré ;
• Une déclaration de valeur universelle exceptionnelle du bien culturel, comme convenu ou
proposé par le Comité du patrimoine mondial, en identifiant les attributs à gérer et les
conditions d’authenticité et d’intégrité à maintenir ;
• Une évaluation des autres valeurs du bien, dans la mesure où ces dernières doivent être
prises en compte dans la gestion du bien ;
• Un aperçu de l’état actuel du bien et des différents facteurs pouvant avoir des effets positifs
ou négatifs sur les attributs, l’authenticité et l’intégrité ;
• Une vision collective de la gestion du bien (par ex., la situation dans laquelle il devrait se
trouver dans les 20-30 années suivantes) ;
• Un ensemble de politiques et/ou d’objectifs de gestion pour atteindre cette vision, sur une
période (habituellement) d’environ cinq ans ;
• Une série de mesures (pour la conservation, l’interprétation et la mise en valeur du bien,
les contributions à la société, etc.) ;
• Une stratégie de mise en œuvre, dont le suivi et la révision ;
• L’intégration, en fonction des nécessités, de multiples plans ou systèmes, ou la garantie de
leur complémentarité ;
• Les bénéfices patrimoniaux pour la société, qui à son tour engendre des bénéfices pour
le bien (amélioration de toutes les valeurs, obtention de nouvelles formes de soutien
communautaire).
84. Dans ce contexte, les parties prenantes peuvent inclure des populations locales, des peuples indigènes, des proprié-
taires et des gestionnaires du bien, le gouvernement à tous les niveaux, des intérêts commerciaux dont le tourisme, et
des ONG.
133
Annexe A
• Aider à gérer la collaboration entre les différents groupes d’intérêt des secteurs public et
Ta b l e d e s m a t i è r e s
privé ;
• Garantir que les interventions sont conçues intelligemment pour préserver la VUE et les
autres valeurs compatibles avec la protection de la VUE ;
• Aider à rationaliser les ressources existantes et à faciliter le financement.
• Décrire la manière dont le plan et le système de gestion seront mis en œuvre, contrôlés et
révisés ;
• Souligner le plan final et les accomplissements prévus en établissant un lien direct avec les
ressources.
Ta b l e d e s m a t i è r e s
ÉTUDE DE CAS
Principes de base
Le plan de gestion de la Zone des canaux concentriques du 17e siècle à l’intérieur du Singelgracht à
Amsterdam doit satisfaire aux conditions exigées par le Comité du patrimoine mondial. En particulier,
il doit être conforme aux quatre principes de base suivants :
• Efficacité – le plan doit garantir la réalisation des objectifs ;
• Cohérence – les perspectives, objectifs, mesures et tâches doivent être cohérents ;
• Fonctionnalité – le plan doit être réalisable ;
• Réalisme – il doit être possible d’exécuter et de mettre en œuvre le plan.
Accords sur les tâches, compétences et responsabilités, et Chapitre 3 Section 3.6, Amélioration de la
gestion : plan opérationnel et plan d’action).
• C’est au Bureau du patrimoine mondial d’Amsterdam – qui n’est pas encore établi – qu’incombe la
tâche de réaliser la mise en œuvre du plan et d’en diriger et coordonner l’exécution.
• L’opérabilité du plan de gestion sera évaluée dans la pratique, et modifiée si nécessaire.
(Royaume des Pays-Bas 2009, Zone des canaux concentriques du 17e siècle à l’intérieur du
Singelgracht à Amsterdam, document de proposition d’inscription, p. 53.)
135
Annexe A
Le processus est aussi important que le produit fini pour développer une compréhension
collective de la VUE, pour obtenir le consensus de tous les partis concernés, et pour partager
la responsabilité de la protection du bien. Le plan est un outil visant à maintenir le dialogue
avec les parties prenantes, et à évaluer constamment la protection de la VUE et des autres
valeurs.
➤
Le processus de planification de la gestion peut démarrer selon l’un des trois scénarios
suivants : 1. lors de la préparation de la proposition d’inscription ; 2. pour un bien déjà inscrit
sur la Liste ; 3. lors de la révision d’un plan/plan directeur/plan de conservation existant. Dans
le cas du premier scénario, le fait de suivre systématiquement chaque étape de cette section
aidera à remplir les sections 3.1e, 4.5 et 6 du format de proposition d’inscription.
Pour les scénarios 2 et 3, certaines des étapes auront déjà été accomplies. Par exemple, la
déclaration de valeur universelle exceptionnelle est désormais un élément nécessaire du
processus de proposition d’inscription, mais dans le cas d’un bien déjà inscrit sur la Liste du
patrimoine mondial, elle peut déjà exister et ne peut pas être modifiée.
Concernant la révision d’un plan de gestion, il est essentiel d’évaluer de manière exhaustive
les succès, échecs et faiblesses du (des) plan(s) existant(s), et de les traiter (voir section 4.5). Peu
nombreux sont les plans de gestion les plus anciens à avoir été élaborés sur la base de décla-
rations de valeur universelle exceptionnelle approuvées, dans la mesure où ces dernières ne
sont exigées que depuis 2007 ; et c’est seulement en 2005 que la condition relative à l’intégrité
a été introduite pour la gestion des biens du patrimoine mondial culturel. Il est peu probable
que les impacts de ces deux innovations soient reflétés dans les premiers plans de gestion.
Ces étapes seront étudiées plus en détail ci-après. Le processus de planification qu’elles
représentent se fonde sur l’approche orientée sur les valeurs, évoquée plus haut au chapitre 2
et à la section 4.3 :
Tableau 14. L’approche orientée sur les valeurs pour la planification de la gestion du
patrimoine mondial
Gérer le patrimoine mondial culturel
136
Annexe A
Ta b l e d e s m a t i è r e s
descendant (comme sur la figure 22 ci-dessous), mais circulaire comme à la Figure 2, et idéa-
lement un itératif comme à la Figure 3, dans lequel chaque étape se réfère constamment
aux autres étapes qui la suivent ou la précèdent. Par exemple, tout en évaluant l’état (les
conditions) d’un bien, il peut être nécessaire de revenir à l’étape de collecte de données en
vue de réunir des informations supplémentaires. Cette interaction est illustrée par la figure
ci-dessous. Le processus de planification, d’un autre côté, dispose de liens solides avec la
mise en œuvre et le suivi, qui peuvent se développer en parallèle, parce que le plan de gestion
n’est pas un document statique mais demande au contraire à être constamment révisé. La
mise en œuvre et le suivi sont des processus distincts, mais ils sont identifiés dans la figure
ci-dessous comme le numéro 5, afin d’illustrer leur lien permanent avec le processus de
planification.
➤
1
1 1
2
5 2 5 2
3
4
4 3 4 3
5
1 Préparation 2 Collecte des données/informations 3 Évaluation de l’importance /des conditions
4 Élaboration de réponses/propositions 5 (mise en œuvre et suivi)
Cette étape peut être considérée comme une étape de pré-planification lorsque le travail
préparatoire est effectué et le consensus obtenu quant aux objectifs du processus de plani-
Gérer le patrimoine mondial culturel
La préparation d’un plan de gestion doit être autorisée par l’institution concernée, et
bénéficier du soutien des principales parties prenantes qui devront approuver son adoption
et permettre sa mise en œuvre et son actualisation. L’approbation du plan peut également
nécessiter l’aval des propriétaires du bien ou du Comité du patrimoine mondial, ou
137
Annexe A
l’occasion (dans le cas du patrimoine mondial, cela peut faire partie du processus de propo-
sition d’inscription).
➤
Les compétences en matière de gestion de projet sont très utiles à ce stade pour définir le
chemin critique ou le calendrier du processus de planification de la gestion, et pour en contrô-
ler les délais et le budget une fois qu’il a démarré. Une personne ou une équipe (dans le cas
d’un bien complexe ou d’un bien en série) doit être identifiée et assumer la responsabilité de
gérer le « projet » (soit le processus de planification de la gestion) à ce stade.
Dans certains pays, des consultants externes sont employés pour conduire ce processus. Dans
ce cas, leur rôle est simplement de guider le processus, les parties prenantes conduisant elles
aussi le processus et se sentant maîtresses du plan. Les termes des conditions ou la description
des fonctions du conseil doivent être clairs. L’équipe qui travaille sur le plan doit être familia-
risée avec le système de gestion existant applicable au bien (ou aux biens) en question. Dans
certains pays, un groupe de direction supervise l’élaboration du plan de gestion, sa mise en
œuvre et son évaluation.
QUELQUES
Q U E L Q UCONSEILS
E S C O N S E I L UTILES
S UTILES
䊳 Un groupe de direction formé par les hauts responsables des systèmes de gestion principaux, et
par d’autres personnes participant au processus de proposition d’inscription, peut présenter les
progrès et demander le soutien nécessaire.
Gérer le patrimoine mondial culturel
Le chef d’équipe doit former une équipe de membres dont les compétences sont multidisci-
plinaires et qui, ensemble, détiennent :
• La compréhension des conditions imposées par la Convention du patrimoine mondial et le
Comité du patrimoine mondial,
• Des connaissances locales détaillées du bien et de ses valeurs patrimoniales, et une bonne
compréhension des facteurs qui les affectent,
138
Annexe A
Ta b l e d e s m a t i è r e s
spécifique(s) du bien concerné,
• Une compréhension du bien concerné, à la fois sur le plan de la conservation technique et
sur celui du contexte historique,
• Une compréhension du cadre juridique/réglementaire/politique au sein duquel le bien doit
être géré,
• Une compréhension des questions sociales et économiques qui affectent le bien, ses
alentours et ses parties prenantes (et comment le bien affecte les questions sociales et éco-
nomiques),
• Des capacités à préparer des programmes d’actions chiffrés,
• Des aptitudes à communiquer efficacement (aussi bien par écrit que par oral),
• Une expertise en gestion de l’information,
• Des compétences dans les domaines de la négociation/sensibilisation, et médiation, ➤
• Des sensibilités politiques, une aptitude à établir des relations et une crédibilité avec les
autres,
• Une certaine flexibilité/tolérance et un désir de reconnaître les besoins des autres,
• Des capacités en gestion de projet,
• Une connaissance et une implication directes des « utilisateurs finaux » (soit les visiteurs,
les communautés locales).
Lors de la phase de pré-planification, le chef d’équipe, en consultation avec les autres mem-
bres du groupe de travail et les autorités pertinentes, doit décider du poids à donner à chacun
des quatre éléments de base du projet : les ressources (humaines et financières), les délais,
la qualité et l’envergure – afin de les ajuster tandis que les objectifs du projet sont clarifiés.
Ces éléments sont tous interconnectés, et doivent être gérés efficacement pour garantir le
succès du processus de planification de la gestion. La phase de pré-planification détermine
en premier lieu l’envergure du projet (dans ce cas, le bien ou les biens ciblés par le processus
de planification de la gestion et une première ébauche des objectifs à atteindre). Une fois
l’envergure associée à un calendrier et à un budget, les ressources humaines et financières
peuvent être déployées.
Un groupe de direction, réunissant les représentants des principales parties prenantes, doit
être formé pour superviser les processus de planification et de mise en œuvre. Pour les pro-
positions d’inscription au patrimoine mondial, cette étape doit avoir lieu en amont de la
phase de pré-planification.
Gérer le patrimoine mondial culturel
Le groupe de direction est fondamental pour les biens qui s’étendent au-delà d’une aire
administrative (c’est presque toujours le cas pour les paysages culturels et les biens en série)
ou d’un pays (biens transfrontaliers). Il doit être formé le plus tôt possible, et un calendrier
de ses réunions et consultations régulières doit être établi.
139
Annexe A
Une partie prenante est toute personne ou organisation susceptible d’être affectée par le
plan, ou d’en influencer le succès. Les autres parties prenantes sont celles qui ont un droit
sur le bien en raison d’une obligation ou des exigences du droit. On peut les classer en quatre
grandes catégories :
• Celles qui sont impliquées dans le système de gestion principal du patrimoine (les institu-
tions qui détiennent et gèrent les sites patrimoniaux),
• Les propriétaires privés des sites patrimoniaux,
• Celles qui appartiennent à d’autres systèmes de gestion qui apportent des sources secon-
daires pour la gestion du patrimoine (comme un conseil municipal ayant le pouvoir juridique
➤
de contrôler les zones tampons),
• Les communautés et autres groupes d’intérêt.
ÉTUDE DE CAS
© UNESCO/Ali Tabbasum
culturelles et naturelles conjointement
par le gouvernement et la communauté
maori
Tongariro est un modèle intéressant de gestion, la gestion de ce bien étant conjointement dirigée par
le gouvernement et la communauté maori.
est l’opportunité de partager les informations, d’accroître la participation des parties pre-
nantes, d’engendrer une responsabilité collective, d’acquérir leurs connaissances, et d’obtenir
leur accord et leur soutien concernant les mesures qui protégeront et amélioreront les valeurs
patrimoniales du bien, son authenticité et son intégrité.
Mais pour être efficace, le processus consistant à être inclusif doit rester gérable. Le nombre
de parties prenantes peut être très élevé, par exemple dans les centres urbains. Le mur
d’Hadrien, qui appartient aux Frontières de l’Empire romain, site du patrimoine mondial,
140
Annexe A
compte plus de sept cents propriétaires. Dans de pareils cas, la participation des parties
Ta b l e d e s m a t i è r e s
prenantes doit rester gérable dès le départ du processus.
Processus participatif
Lors d’une approche participative, toutes les parties prenantes, à différents niveaux, prennent
part au processus de prise de décision. L’équipe de direction doit développer une stratégie y
relative durant l’étape de pré-planification.
Avec la participation d’un plus grand nombre de parties prenantes et d’autres systèmes de
gestion, un nouveau dispositif de prise de décision doit être élaboré, et ce processus peut ➤
être dirigé par le système de gestion principal. Lors de cette étape préparatoire, il s’agit de
convenir d’un processus de prise de décision très clair, et de l’identification des rôles et res-
ponsabilités durant les processus de planification et la phase de mise en œuvre.
ÉTUDE DE CAS
Le Comité directeur d’Uluru-Kata Tjuta a décidé de mener des consultations auprès du peuple des
Anangu pour récolter leurs commentaires sur les questions liées à la gestion du parc. Ces réunions ont
abordé diverses questions liées à la gestion du parc, dont les procédures de prise de décision, la gestion
des ressources naturelles et culturelles, la gestion des visiteurs, l’utilisation du parc, et l’emploi de la
population anangu. Plusieurs réunions du Comité ont également été organisées afin de permettre au
Comité d’examiner le projet de plan de gestion et les contributions soumises par les membres du public.
D’autres groupes de parties prenantes et des personnes individuelles ont été consultés durant la
préparation de ce plan de gestion, parmi lesquels :
• des représentants de l’industrie du tourisme, des scientifiques, des groupes d’intérêt liés à la
photographie, des représentants
© Emmanuel Pivard
141
Annexe A
La collecte d’informations peut être un processus d’une extensibilité telle que les personnes
impliquées peuvent facilement s’y perdre. C’est pourquoi il est important d’identifier dès le
début le type d’informations nécessaires, la manière de les obtenir, et les personnes qui en
auront la charge. Les informations sont nécessaires pour évaluer les valeurs et la VUE du bien,
pour identifier les attributs qui incarnent ces valeurs, et pour évaluer l’authenticité et l’inté-
grité. D’autres informations seront nécessaires pour évaluer l’importance des autres valeurs
pour lesquelles un bien doit faire l’objet de gestion, pour comprendre et définir le bien et
pour pouvoir planifier, et enfin pour évaluer l’état physique et les facteurs pouvant affecter
la VUE et les autres valeurs. Ces informations peuvent constituer la base du suivi à venir. Des
➤ informations supplémentaires peuvent toujours être réunies par la suite pour soutenir la prise
de décision lors des phases postérieures du processus de planification de la gestion.
Une partie de ces informations peut avoir été rassemblée lors de la préparation du dossier
d’inscription, ou incluse lors de l’évaluation effectuée par l’ICOMOS dans le cadre de cette
proposition d’inscription. L’utilité potentielle de ces informations réunies pour le processus
de planification de la gestion dépendra de l’ancienneté de l’inscription du bien sur la Liste
du patrimoine mondial.
Le bien lui-même représente la principale source d’information. Cela peut impliquer de réunir
du matériel auprès de sources existantes, ou de rechercher de nouvelles informations (et de
conduire des recherches).
Les sources existantes peuvent être : des archives, des enquêtes, des archives de la cons-
truction, des collections de musées, des archives de photographies, des services cartogra-
phiques (instituts de sondage nationaux), des bibliothèques, les dossiers du site, d’autres
ministères/agences/organisations et parties prenantes (qui constituent souvent une bonne
source pour obtenir, entre autres choses, d’anciennes photographies). Les systèmes de savoir
traditionnels des parties prenantes peuvent également servir.
Les nouveaux besoins d’informations peuvent concerner la cartographie, des enquêtes, des
études géophysiques, des archives de la construction, des photographies (normales, rectifiées,
etc.), des inventaires détaillés, la création de base de données, des enquêtes physiques
(visuelles), des enquêtes écrites ou orales de divers types, des entretiens et des récits oraux,
la commande d’études détaillées et de travaux de recherche (par exemple des études
comparatives).
142
Annexe A
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Liste de vérification pour la collecte d’informations
Thème Sources
Thème Sources
•••
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Thème Sources
Partie 3 – Informations sur les frontières du bien et ses alentours (dont l’utilisation
des sols attenants et les activités et plans d’aménagement)
Thème Sources
Gérer le patrimoine mondial culturel
•••
144
Annexe A
•••
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Thème Sources
Thème Sources
•••
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Thème Sources
Cette phase implique de procéder à l’évaluation de la VUE (si cela n’a pas encore été fait),
d’autres valeurs et attributs qui renferment ces valeurs, et à l’authenticité et l’intégrité de ces
attributs. (L’étape suivante sera l’évaluation des conditions, et l’identification des questions
clés de gestion.)
L’évaluation de l’importance (voir Chapitre 3) doit inclure l’évaluation des valeurs qui décriront
la VUE potentielle et d’autres valeurs qui peuvent ne pas faire partie de la VUE mais qu’il faut
néanmoins retenir. Cela peut être fait en deux étapes : (1) évaluer la VUE et développer la
déclaration de VUE qui identifie les attributs vecteurs de la VUE et leur authenticité et intégrité ;
et (2) évaluer les autres valeurs et identifier les attributs vecteurs de ces valeurs. L’évaluation
doit être faite avec les parties prenantes concernées.
Si ce n’est encore chose faite, une « Déclaration de valeur universelle exceptionnelle » doit
être rédigée, qui se base sur la VUE et les conditions d’authenticité et d’intégrité. Elle consti-
tuera la référence clé pour une protection et une gestion efficaces du bien dans le futur,
comme décrit plus haut au chapitre 3 et dans le manuel Établir une proposition d’inscription
Gérer le patrimoine mondial culturel
au patrimoine mondial. Une DVUE identifie les attributs qui véhiculent la VUE et les conditions
d’authenticité et d’intégrité qui doivent être maintenues.
La DVUE se base sur la VUE, mais les biens véhiculent invariablement d’autres valeurs, à la
fois patrimoniales et autres (économiques, sociales, environnementales, etc.) qui ont leur im-
portance au niveau local, régional, ou même national. Il n’est pas pratique de gérer des
146
Annexe A
attributs vecteurs de la VUE indépendamment de ceux qui véhiculent d’autres valeurs, et cela
Ta b l e d e s m a t i è r e s
peut conduire à la priorisation de certaines valeurs lorsqu’il existe un conflit potentiel entre
elles. Concernant les valeurs sociales et économiques, si le bien est sujet à une utilisation
constante de ses sols, par exemple, les préoccupations des fermiers doivent recevoir une
attention suffisante permettant de gérer la question de l’agriculture. Si ce manuel s’intéresse
principalement à la protection de la VUE, les autorités chargées de la préparation des plans
de gestion doivent formuler une déclaration de valeur exhaustive (voir plus haut) qui capture
la VUE et ces autres valeurs, et l’utiliser comme base pour gérer le bien.
Maintenant que nous avons identifié les attributs, l’authenticité et l’intégrité, la prochaine
étape est d’évaluer les différents facteurs qui les affectent, positivement et négativement. ➤
Cet exercice est connu sous le nom d’« évaluation des conditions ». Son objectif est de com-
prendre les différents facteurs qui ont un impact sur les attributs, l’authenticité et l’intégrité,
en vue d’en assurer la gestion à long terme. Un autre objectif concerne l’identification et la
livraison des bénéfices qui peuvent procéder du patrimoine et d’autres valeurs associées aux
communautés locales et à la société au sens large. L’évaluation des conditions permet d’iden-
tifier les questions qui émergeront et d’aider à définir les futurs objectifs (parfois appelés
« politiques ») et mesures de gestion.
À ce stade, nous essayons d’évaluer les impacts de différents facteurs sur le patrimoine et
d’identifier à la fois les menaces et les opportunités. Nous pouvons examiner les causes ou
sources susceptibles d’affecter le patrimoine autant que la communauté. Il est habituel d’exa-
miner les impacts négatifs sur le patrimoine causés par divers facteurs, mais tous n’ont pas
un impact négatif. Nous devons donc examiner également les impacts positifs. Par exemple,
le tourisme peut avoir un impact sérieux sur les attributs (comme l’usure), et sur l’environne-
ment sacré d’une église ou d’un temple qui a pu être identifié comme un aspect important
147
Annexe A
de son authenticité. Toutefois, dans certains cas, le tourisme peut aider à engendrer des
Ta b l e d e s m a t i è r e s
revenus qui sont grandement nécessaires pour entretenir ce type de sites. De la même ma-
nière, la spiritualité d’un environnement sacré peut avoir un impact positif sur une commu-
nauté. La gestion et les facteurs institutionnels peuvent également avoir un impact négatif
ou positif. Ainsi, une politique de conservation adaptée, une réglementation et des ressources
adéquates, peuvent avoir un impact positif sur le patrimoine, tandis que leur insuffisance
pourra avoir un impact négatif. Si l’institution ne souhaite pas ou n’a pas le pouvoir suffisant
pour consulter les communautés concernées, les décisions seront prises de manière unilatérale
par les experts, et auront très probablement un impact négatif sur ces communautés. Si les
décisions relatives à des questions quotidiennes sont prises par le pouvoir central dans la
capitale, le responsable d’un site isolé se trouvera face à des difficultés.
➤
Dans le même temps, il est nécessaire d’évaluer les impacts potentiels ainsi que les impacts
actuels. Le tourisme peut ne pas avoir actuellement un impact négatif, mais peut augmenter
de manière drastique lors de l’attribution du statut de patrimoine mondial, ce qui pourrait
potentiellement avoir un impact négatif et/ou positif à l’avenir. Il n’est pas toujours possible
de prévoir les impacts potentiels du tourisme, mais il est essentiel de les étudier. Tous les
facteurs ne trouveront pas leur origine au sein du bien ; par exemple, la construction d’un
hôtel dans les environs immédiats des limites d’un bien pourra avoir un impact négatif sur
ses aspects visuels, et les propositions d’interprétation d’un site peuvent avoir un impact
négatif sur les vestiges archéologiques enfouis.
L’identification des gros facteurs et des sous-facteurs qui affectent le patrimoine a conduit à
l’élaboration de la matrice suivante, destinée à aider à l’évaluation des conditions :
Facteur principal :
3.8 - Utilisation sociétale et culturelle du patrimoine
Sous-facteurs :
3.8.1 - Utilisations et associations rituelles/spirituelles/religieuses
3.8.2 - Modifications des valeurs associées à ce patrimoine
Tableau 15. Matrice utilisée lors du processus de rapport périodique pour évaluer les facteurs
affectant le patrimoine
148
Annexe A
Ta b l e d e s m a t i è r e s
3.8.4 - Perturbations du mode de vie et des systèmes de savoir traditionnels
3.8.5 - Identité, cohésion sociale, modifications de la population locale/des communautés
3.8.6 - Impacts des activités touristiques/de loisirs des visiteurs
Que ce type de matrice soit utilisé ou non, il est nécessaire d’évaluer les impacts du patri-
moine, en identifiant à la fois les menaces et les opportunités que l’analyse révèle. Elles
peuvent être quantitatives ou qualitatives, ou représenter des décisions collectives des parties
prenantes. Les outils tels que l’analyse SWOT (forces, faiblesses, opportunités et menaces)
sont utilisés dans ce but. Ils aident à isoler les questions clés devant être traitées en priorité,
ainsi que les mesures de gestion à entreprendre. La section suivante offre des explications
sur ce thème.
➤
Certaines des questions communes sont liées aux thèmes suivants :
• Gestion (structure, ressources humaines, finances)
• Planification et conception urbaine
• Infrastructure
• Conservation
• Entretien
• Utilisation
• Situation économique et sociale
• Interprétation du site
• Gestion des visiteurs
• Risques et menaces naturels et provoqués par l’homme (gestion des risques de
catastrophes)
• Rapports avec la communauté
• Audiences spéciales
• Mise en œuvre et suivi
• Recherche
• Questions spécifiques au patrimoine mondial
Pour élaborer des propositions de réponse, il est sage de considérer le bien dans son
contexte général, et de penser à son futur à long terme, peut-être potentiellement en tant
que bien inscrit sur la Liste du patrimoine mondial (s’il n’y figure pas encore). Une vision du
site dans les 20 à 30 années à suivre peut constituer un point de départ utile. L’énoncé de
cette vision pourrait offrir une base sur laquelle élaborer des politiques de gestion, des plans
de travail annuels, et une stratégie de mise en œuvre. Il est ensuite nécessaire de convenir
avec les parties prenantes d’un programme de révision du plan.
Énoncé de la vision
Gérer le patrimoine mondial culturel
L’énoncé de la vision décrit comment sera le bien 20-30 ans plus tard, et les étapes néces-
saires pour sauvegarder la VUE et les autres valeurs du bien, pour transmettre les bénéfices
de la gestion du patrimoine à la communauté dans son ensemble, et pour garantir une
contribution positive au développement durable. L’énoncé de la vision doit être le résultat
d’un effort collectif de toutes les parties prenantes, et doit guider l’élaboration des objectifs
et d’un plan d’action. Si nécessaire, cette vision peut être appuyée, ou même remplacée,
par des « principes directeurs » plus élaborés, en vue de guider le développement des
objectifs.
149
Ta b l e d e s m a t i è r e s Annexe A
ÉTUDE DE CAS
« Le site du patrimoine mondial de Stonehenge est mondialement important, pas simplement pour
Stonehenge, mais pour sa concentration unique et dense de monuments et sites préhistoriques excep-
tionnels, qui forment ensemble un paysage sans pareil. Nous prendrons soin et sauvegarderons cette
aire spéciale et son archéologie, et offrirons un cadre rural tranquille et bio diversifié pour elle, qui
permettra aux générations présentes et futures de profiter pleinement de cette aire et du paysage.
Nous garantirons également que ses qualités spéciales soient présentées, interprétées et valorisées là
où cela sera nécessaire, afin que les visiteurs puissent mieux comprendre les réalisations extraordinaires
des populations préhistoriques qui nous ont légué ce riche héritage. »
➤ (Young, C., Chadburn, A., et Bedu, I. 2009. Stonehenge. Plan de gestion du site du patrimoine mondial
2009. London, UK, English Heritage.)
Stonehenge, Avebury
et sites associés
(Royaume-Uni)
Objectifs
L’étape suivante concerne l’élaboration d’objectifs ou de « résultats » (voir section 4.4) qui
aideront à atteindre la vision à travers laquelle la VUE sera protégée et les bénéfices transmis
à la société. (Certains tendent à les qualifier de vastes « politiques » dans le cadre desquelles
les mesures sont élaborées.)
Les objectifs soutiennent, élaborent et transmettent des aspects de l’énoncé de la vision afin
de traiter les points clés identifiés au chapitre précédent. Les objectifs doivent être « SMART »,
c’est-à-dire Spécifiques, Mesurables, Atteignables (réalisables), peRtinents et Temporellement
Gérer le patrimoine mondial culturel
définis.
Plan d’action
L’étape suivante consiste à élaborer un plan d’action indiquant comment les objectifs seront
réalisés à travers une série d’actions spécifiques engendrant des produits ou des services. Ces
résultats tangibles sont également appelés des extrants (voir section 4.4). Le plan d’action
150
Annexe A
doit définir les extrants en termes de budget, de parties responsables de la mise en œuvre,
Ta b l e d e s m a t i è r e s
de temps requis pour chaque action, des autres ressources nécessaires (humaines, intellec-
tuelles, organisationnelles, et équipement), et d’ordre dans lequel les actions seront exécu-
tées. En d’autres termes, le plan d’action constitue la principale opportunité de prioriser les
activités et de mieux utiliser les ressources disponibles. Un plan d’action définira les cibles,
extrants et indicateurs permettant de mesurer le succès ou l’échec. Il doit se composer
d’activités annuelles, et d’activités à long terme.
Un plan d’action peut être constitué d’une série de stratégies, ou de plans comme un plan
de gestion des visiteurs, un plan de conservation, un plan de gestion des risques de catas-
trophes, ou un plan de suivi. Ceux-ci aideront à répondre aux sections 4, 5 et 6 du format de
proposition d’inscription.
➤
Le plan de mise en œuvre
Il vaut mieux utiliser une unité existante au sein de l’organisation qui a le pouvoir d’exécuter
la mise en œuvre du plan. Dans certains cas, de nouvelles unités sont également établies.
Dans le cas d’un bien vaste et/ou divisé entre de nombreuses parties prenantes, cette unité
peut se concentrer davantage sur la coordination de la mise en œuvre que sur son exécution.
Elle révisera et réorganisera en premier lieu le processus de prise de décision, avec les objectifs
suivants :
• Disposer d’un dirigeant ou d’un coordinateur compétent ayant l’autorité nécessaire ;
• Établir un dispositif de coordination entre les organisations impliquées (les divers composants
dans le cas d’un bien en série ou les divers pays dans celui d’un bien transfrontalier) ;
• Obtenir l’approbation des propriétaires/organisation(s) concernés ;
• Identifier et allouer les ressources ;
• Identifier les spécialistes, entrepreneurs et fournisseurs appropriés ;
• Identifier les voies d’attribution du marché adéquates afin de garantir des désignations
transparentes et efficaces qui respectent les paramètres de qualité, coût et délais pour
chaque action ;
• Après avoir sélectionné les spécialistes, entrepreneurs et/ou fournisseurs, vérifier que les
relations contractuelles protègent suffisamment le client payeur et les intérêts plus larges
des parties prenantes du site (voir Chapitre 2) ;
• Après avoir nommé le personnel et décidé des premières activités, mettre en œuvre une
approche structurée en matière de comptes rendus collectifs et de réunions pour optimiser
la coordination et les résultats ;
• Adopter une politique de communication garantissant que toutes les parties prenantes et
le groupe de direction (le cas échéant) soient bien informés ;
• Maintenir des liens avec l’autorité nationale en charge des relations internationales (par ex.
Gérer le patrimoine mondial culturel
151
Annexe A
La forme de l’unité de mise en œuvre variera s’il existe un ensemble varié de parties prenantes
pour des biens avec des éléments en série, ou pour de plus vastes sites comme les centres-
villes ou les paysages culturels. Un gestionnaire peut être nommé pour coordonner simple-
ment les parties prenantes, la gestion quotidienne étant confiée aux différentes organisations
et à leurs chefs respectifs.
Le suivi est une étape essentielle du processus de gestion, dans la mesure où il fournit les in-
➤
formations nécessaires pour l’examen, l’adaptation et l’actualisation des actions de gestion.
Le plan de suivi consigne par écrit la stratégie convenue afin de mesurer :
a) les progrès réalisés,
b) les accomplissements/les extrants
du plan de gestion, en vue d’informer les autorités responsables de la gestion de ce qui se
passe sur le bien, du degré de mise en œuvre du programme planifié (les actions et leurs ex-
trants), et de l’efficacité avec laquelle cette mise en œuvre a été exécutée (les accomplisse-
ments obtenus). En d’autres termes, le suivi mesure la mise en œuvre du plan de gestion sur
les plans à la fois quantitatif et qualitatif, ce dernier se rapportant au maintien de la VUE.
En outre, il est nécessaire de développer des indicateurs à partir desquels les changements
peuvent être mesurés (voir section 4.3 – Le suivi). Les résultats et les informations rassemblés
lors de ces évaluations sont utilisés pour les futures révisions ou modifications apportées au
plan.
La mesure de la progression du plan lors de sa phase de mise en œuvre offre des informations
sur le bon fonctionnement ou non du plan de gestion, et sur son exécution conforme ou
non aux délais et au budget définis dans le plan (évaluation des extrants). C’est l’efficacité
du gestionnaire et du plan qui est testée ici. L’évaluation des accomplissements est le test
réel de l’efficacité de la gestion.
Le suivi est un outil qui permet d’observer, de rassembler des informations, et de mesurer le
rythme des progrès réalisés ; il ne s’agit pas d’une fin en soi mais plutôt des moyens de par-
venir à une fin. Il constitue une partie essentielle et constante du processus de gestion, et est
utilisé pour mesurer et planifier les changements, permettant d’adapter les politiques de ges-
tion et de réviser le plan de gestion si nécessaire. Étant donné que ce processus peut s’avérer
chronophage et coûteux, les gestionnaires doivent se montrer sélectifs lorsqu’ils décident des
aspects du plan devant faire l’objet de suivi, lorsqu’ils identifient les indicateurs, et qu’ils
décident de la manière dont ces derniers seront contrôlés.
Certains biens ont mis en place des mécanismes de suivi régulier, principalement pour évaluer
l’état de conservation. Toutefois, toutes les stratégies de suivi (dans le cas des biens du patri-
moine mondial) doivent viser à fournir des informations pour atteindre les principes évoqués
Gérer le patrimoine mondial culturel
dans les Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mon-
dial, et doivent être liées aux exigences du patrimoine mondial, comme les processus relatifs
à l’état de conservation, au suivi réactif et au rapport périodique.
152
Annexe A
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Le suivi :
Indicateurs de suivi
13.6.1 L’objectif du suivi est d’évaluer comment les valeurs du site du patrimoine mondial
sont maintenues au fil du temps, et de mesurer si les objectifs du plan de gestion du site du
patrimoine mondial concerné sont en passe d’être atteints. Le fait de mesurer les progrès
réalisés est fondamental pour être à même d’adapter et d’améliorer la gestion du site.
L’identification précoce des principales menaces est nécessaire pour pouvoir mettre en place
des mesures correctives avant que les dommages ne soient trop importants. Un suivi régulier
est nécessaire pour réévaluer les priorités en fonction des nouvelles difficultés et des progrès
réalisés. Les indicateurs de suivi doivent se rapporter étroitement aux valeurs et objectifs
identifiés dans le plan de gestion du site du patrimoine mondial.
Un ensemble de 19 indicateurs de suivi a été produit conjointement par les deux coordina-
teurs du site du patrimoine mondial de Stonehenge et Avebury, avec la contribution d’un ➤
certain nombre de partenaires ; cet ensemble d’indicateurs a été approuvé par le Comité du
site du patrimoine mondial de Stonehenge en 2003. Son objectif est de mesurer les progrès
réalisés quant à la protection, l’interprétation et la gestion du site. Bien que la plupart des
indicateurs soient communs à Avebury et à Stonehenge, il existe quelques petites différences
qui reflètent la spécificité de chaque site. Il a été convenu que les indicateurs devaient être
simples, significatifs, faciles à rassembler, et constants, afin qu’il soit possible d’établir des
comparaisons au fil du temps. Maintenant que les attributs de la VUE ont été identifiés, il est
essentiel, pendant toute la durée de ce plan, de revoir les indicateurs afin de constater si leur
pertinence par rapport aux attributs peut être améliorée.
Tableau 16. Indicateurs de suivi – Plan de gestion du site du patrimoine mondial de Stonehenge
historique d’EH
153
Ta b l e d e s m a t i è r e s Annexe A
ÉTUDE DE CAS
Les différents besoins de l’ensemble de constructions et de jardins qui composent ce bien du patrimoine
mondial ont inspiré un programme de suivi ambitieux et rigoureux, conduit par l’autorité gouvernementale
SACH (Administration gouvernementale du patrimoine culturel), et par l’autorité de gestion du bien du
patrimoine mondial de Suzhou.
© UNESCO/F. Bandarin
➤
La préparation d’un plan de gestion est un processus constant et itératif et non un exercice
figé et unique. Toutes les parties prenantes doivent comprendre que le plan de gestion fera
l’objet d’une révision régulière (annuelle ou semestrielle). Les informations obtenues à travers
les processus de suivi doivent être évaluées et utilisées pour réviser le plan.
En plus des révisions régulières, il peut être nécessaire de procéder à une révision totale ou
partielle du plan, dans les circonstances suivantes :
a) lorsqu’une attention urgente est nécessaire, sur la base des résultats du processus de suivi,
b) lorsqu’une situation catastrophique apparaît (comme une catastrophe naturelle),
c) lorsqu’un bien est inscrit par le Comité sur la Liste du patrimoine mondial en péril, ou
d) lorsque des changements importants rendent impossible la mise en œuvre de certaines
parties du plan.
Le processus de révision doit faire partie du plan de gestion, et doit être accepté par les parties
Gérer le patrimoine mondial culturel
prenantes, en particulier dans le cas des scénarios d’urgence mentionnés plus haut. Le pro-
cessus de révision doit être défini en termes de révisions annuelles, révisions tous les cinq
ans, révisions principales, etc., comme il se doit, avec des révisions réactives supplémentaires
en cas de scénarios d’urgence.
154
Annexe A
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Contenu du plan
L’étape finale du processus de planification souligné plus haut consiste à élaborer le plan de
gestion. Une fois tout le matériel en main, il s’agit de réfléchir à la manière de communiquer
efficacement le contenu : comment le document final doit être présenté, son style, sa struc-
ture, et la hiérarchie des éléments formant le contenu. Le langage utilisé doit être facile à
comprendre, et la structure simple. Au cas où il contiendrait des informations confidentielles,
il peut s’avérer nécessaire d’en contrôler la distribution.
Le plan doit être cohérent, et décrire systématiquement la manière dont le patrimoine sera
géré et son importance conservée et promue pour tous ceux qui ont un intérêt dans le bien
➤
concerné.
Actions post-préparation
Le succès d’un plan de gestion dépend de l’autorité qui lui est concédée durant sa prépara-
tion, et une fois qu’il est abouti. Les organisations qui ont été identifiées au début du pro-
cessus doivent maintenant approuver le plan de gestion et s’y engager, en apportant les
ressources (par ex. du personnel pour le mettre en œuvre) qu’elles ont promises lors du pro-
cessus de planification, et en obtenant des ressources supplémentaires. Lorsque cela est pos-
sible, le plan doit bénéficier d’un statut juridique au sein du système de gestion existant.
Une fois que le plan dispose de l’autorité nécessaire, il doit être mis en œuvre, conformément
au plan de mise en œuvre précédemment préparé. Les activités de gestion quotidiennes
relatives à la mise en œuvre de la planification de la gestion peuvent commencer.
Gérer le patrimoine mondial culturel
Consulter les nouveaux plans de gestion associés aux biens récemment inscrits sur la Liste
du patrimoine mondial. (http://whc.unesco.org/fr/list/)
155
Annexe B
La Trousse à outils :
Amélioration de notre patrimoine (UICN)
Depuis la fin des années 1990, une série d’outils principalement facultatifs a été dé-
Ta b l e d e s m a t i è r e s
veloppée, pour évaluer l’efficacité de la gestion des aires protégées. Ce type d’éva-
luation vise à estimer la qualité de la gestion des aires protégées (essentiellement, si
leurs valeurs sont protégées et si les buts et objectifs convenus sont atteints). L’un de
ces outils, Amélioration de notre patrimoine, a été conçu spécifiquement pour les
sites du patrimoine mondial naturel.
Le terme efficacité de la gestion reflète trois « thèmes » majeurs de la gestion d’une aire
protégée :
➤
• Les problèmes de conception liés au site pris individuellement et aux réseaux d’aires protégées,
• L’adéquation et la pertinence des systèmes et des processus de gestion, et
• L’atteinte des objectifs de l’aire protégée, y compris la conservation de ses valeurs.
3
2 Relation avec
Identifer les parties
les menaces prenantes 4
1
Examiner le
Identifer
contexte national
les valeurs et
les objectifs
Conc
ept
ion
/P
lan
Contexte : ifi
ca
statut et menaces
tio
Où sommes-nous
n
aujourd’hui ?
5
Résultats : Planification : Évaluer
11 Qu’avons-nous Où voulons-nous la planification
Évaluation atteint ? aller et comment de la gestion
des résultats 12 y arriver ? 6
Examen de Évaluation
Exécution
l’efficacité de la conception
de gestion
Résultats de
Extrants : l’évolution
10 Qu’avons-nous fait
Exécution et quels produits Intrants : 7
du travail / des extrants ou services De quoi Besoins et intrants
avons-nous produits ? avons-nous besoin ? de la gestion
9
Mise en œuvre
du plan de gestion
Processus
de gestion
e
nc
Comment allons-nous
ne
procéder ? rti
Pe
n/
tio
qua
Adé
8
Processus de la gestion
Figure 23. Relations des outils de la trousse avec le Cadre d’évaluation de l’efficacité de la gestion
de la CMAP.GRA. Source : Hockings et al. (2008).
Gérer le patrimoine mondial culturel
156
Annexe B
La Commission mondiale des aires protégées (CMAP) de l’UICN a élaboré un Cadre d’éva-
Ta b l e d e s m a t i è r e s
luation de l’efficacité de la gestion des aires protégées, qui vise aussi bien à donner une
orientation générale pour la mise au point des systèmes d’évaluation qu’à encourager l’usage
de normes de base pour l’évaluation et les rapports. Ce cadre est un processus générique au
sein duquel la méthodologie précise utilisée pour évaluer l’efficacité diffère selon les aires
protégées et elle dépend de facteurs comme le temps et les ressources disponibles, l’impor-
tance du site, la qualité des données et les pressions des parties prenantes ; par conséquent,
de nombreux instruments d’évaluation ont été mis au point pour orienter et rendre compte
des changements des pratiques de gestion. Le Cadre de la CMAP voit la gestion comme un
processus, ou un cycle de six étapes distinctes, ou éléments :
䊳 il commence par établir le contexte des valeurs et menaces existantes ;
䊳 se poursuit par la planification, et
䊳 l’allocation des ressources (intrants), et ➤
䊳 à la suite des actions de gestion (processus),
䊳 finit par produire des biens et services (extrants),
䊳 qui aboutissent à des impacts ou résultats.
De ces éléments, les plus importants sont les résultats : principalement, si le site préserve ou
non ses valeurs essentielles ; c’est aussi l’un des éléments les plus difficiles à mesurer avec
précision. Les autres éléments du cadre sont aussi importants pour aider à identifier les
domaines particuliers où il pourrait être nécessaire d’adapter ou d’améliorer la gestion.
La Trousse à outils : Amélioration de notre patrimoine revêt ici une importance particulière ;
elle utilise le cadre de la CMAP pour développer toute une gamme d’outils d’évaluation
détaillés à l’intention des gestionnaires des sites du patrimoine mondial naturel. La trousse à
outils peut être utilisée pour développer des systèmes exhaustifs basés sur le site, pour en
évaluer l’efficacité de la gestion. Elle a été élaborée sur une période de sept années, en
Gérer le patrimoine mondial culturel
les changements du type et du niveau de menace sur le site et à gérer les réponses.
• Outil 3 : Relations avec les parties prenantes : Identifie les parties prenantes et leur
relation avec le site.
• Outil 4 : Examen du contexte national : Aide à comprendre comment les politiques
nationales et internationales, les législations et les actions gouvernementales affectent le
site.
• Outil 5 : Évaluation de la planification de la gestion : Évalue l’adéquation du principal
document de planification utilisé pour guider la gestion du site.
• Outil 6 : Évaluation de la conception : Évalue la conception du site et examine comment
sa taille, sa situation et ses limites affectent la capacité du gestionnaire d’en préserver les
➤
valeurs.
• Outil 7 : Évaluation des besoins et des intrants de la gestion : Évalue le personnel actuel
par rapport au personnel nécessaire, et le budget actuel par rapport à une allocation idéale.
• Outil 8 : Évaluation des processus de gestion : Identifie les meilleures pratiques et les
normes souhaitables pour les processus de gestion et classe les performances par rapport
à ces normes.
• Outil 9 : Évaluation de la mise en œuvre du plan de gestion : Montre les progrès de la
mise en œuvre du plan de gestion (ou de tout autre document de planification), globale-
ment et par élément.
• Outil 10 : Indicateurs d’extrants du travail/site : Évalue l’atteinte des cibles du pro-
gramme de travail annuel et d’autres indicateurs d’extrants.
• Outil 11 : Évaluation des résultats de la gestion : Répond à la plus importante question :
est-ce que le site accomplit ce qu’il est censé faire en termes de maintien de l’intégrité
écologique, de la faune, des valeurs culturelles, des paysages, etc. ?
• Outil 12 : Examen des résultats de l’évaluation de l’efficacité de la gestion : Résume
les résultats et aide à prioriser les actions de la gestion qui y répondent.
Cette trousse à outils est conçue pour les personnes qui ont la responsabilité de gérer les
sites du patrimoine mondial, et a pour objectif de leur fournir aussi bien les informations sur
le contexte que les outils spécifiques qui serviront à évaluer la gestion de leurs sites. Elle vise
à compléter, plutôt que reproduire, les systèmes de suivi existants, si bien que seuls les outils
traitant des questions qui ne font pas encore l’objet de suivi seront appliqués. La publication
de la trousse à outils contient les détails de tous les outils, des conseils sur la manière de
conduire une évaluation, et une série d’études de cas sur la manière dont les outils ont été
utilisés dans des sites du patrimoine mondial à travers le monde. Cette trousse à outils est de
plus en plus populaire au sein de tous les biomes appartenant à des sites du patrimoine mon-
dial, et commence également à être utilisée pour des sites du patrimoine mondial culturel.
Gérer le patrimoine mondial culturel
158
Bibliographie
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Informations sur les organes responsables
Ta b l e d e s m a t i è r e s
Nom et adresse Brève présentation Responsabilités
au titre de la Convention
ICOMOS L’ICOMOS (Conseil international des mo- Le rôle spécifique de l’ICOMOS en ce qui
49-51, rue de la Fédération numents et des sites) est une organisation concerne la Convention comprend les
75015 Paris non gouvernementale dont le siège se tâches suivantes :
France trouve à Paris (France). Créé en 1965, il a • évaluer les biens proposés pour inscrip-
Tél : +33 (0)1 45 67 67 70 pour mission de promouvoir l’application tion sur la Liste du patrimoine mondial,
Fax : +33 (0)1 45 66 06 22 des théories, méthodes et techniques • assurer le suivi de l’état de conservation
Courriel : scientifiques à la conservation du patri- des biens du patrimoine culturel mondial,
[email protected] moine architectural et archéologique. Son • examiner les demandes d’assistance inter-
http://www.icomos.org travail se fonde sur les principes énoncés nationale présentées par les États parties,
dans la Charte internationale de 1964 sur • apporter sa contribution et son soutien
la conservation et la restauration des mo- aux activités de renforcement des
numents et des sites (Charte de Venise). capacités.
Centre du patrimoine Créé en 1992, le Centre du patrimoine mondial est au sein de l’UNESCO le point focal et
mondial de l’UNESCO le mécanisme de coordination pour toutes les questions en rapport avec le patrimoine
7, place de Fontenoy mondial. Assurant la gestion courante de la Convention, le Centre organise l’assistance
75352 Paris 07 SP internationale au titre du Fonds du patrimoine mondial, et coordonne l’établissement de
France rapports sur l’état de conservation des sites ainsi que les interventions d’urgence lorsqu’un
Tél : +33 (0)1 45 68 24 96 site est menacé. Le Centre organise aussi des séminaires techniques et des ateliers, tient à
Fax : +33 (0)1 45 68 55 70 jour la Liste du patrimoine mondial et la base de données du patrimoine mondial ; élabore
Courriel : des matériels didactiques conçus pour sensibiliser les jeunes aux besoins de la préservation
[email protected] du patrimoine, et tient le public informé des questions relatives au patrimoine mondial.
Gérer le patrimoine mondial culturel
http://whc.unesco.org
163
Patrimoine mondial Manuel de référence
GÉRER
Patrimoine mondial M a n u e l d e r é f é re n c e
LE PATRIMOINE
MONDIAL
CULTUREL
7, place de Fontenoy
75352 Paris 07 SP France
Tél : 33 (0)1 45 68 24 96
Fax : 33 (0)1 45 68 55 70
Courriel : [email protected]
http://whc.unesco.org conseil international des monuments et des sites