Article Hypertension
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Article Hypertension
Mot clés : hypertension artérielle ; éducation thérapeutique ; médecins généralistes ; connaissances- attitudes-pratiques.
Abstract
Introduction : In an effort to improve the quality of life of people with chronic diseases, care practices have been enriched
with therapeutic patient education (TPE). Objectives : To evaluate the knowledge, attitudes and practices of general
practitioners in Borgou regarding therapeutic education of hypertensive patients in 2022. Methods : This was a descriptive
cross-sectional study of general practitioners in the department of Borgou. The study was conducted over a 3 month period
from June 1 to August 31, 2022. An exhaustive recruitment of physicians fulfilling our selection criteria was carried out.
Data were recorded on the KoboToolbox platform and analyzed with SPSS 21 software. The significance level was 5%
for comparisons. Results : A total of 93 general practitioners participated in the study. The level of knowledge was good
in 40.9%, average in 24.7%, insufficient in 19.4% and poor in 15.1% of general practitioners surveyed. The attitude was
judged to be correct in 96.8% and approximate in 3.2% of them. The practice was adequate for 11.8%, inadequate for
57.0% and harmful for 31.2% of general practitioners surveyed. The good level of knowledge of general practitioners in
hypertensive TPE was associated with gender (p = 0.001). General practitioners training in hypertensive TPE had a
significant influence on the level of practice (p < 0,05). Conclusion : Hypertensive TPE is insufficiently known by general
practitioners in Borgou. Practice, on the other hand, is far from satisfactory. This highlights the need for continuous
training of general practitioners.
Key words : arterial hypertension; therapeutic education; general practitioners; knowledge,attitudes-practthe communities
of Ouessè.
Le problème de la mauvaise observance est préoccupant, apparaissant comme premier facteur à l’origine
d’une HTA non contrôlée. L’étude Esteban, conduite entre 2014 et 2016, estimait la prévalence de l’HTA en
France à 30,6% avec 50% des patients hypertendus traités ayant une pression artérielle non contrôlée [4]. Au
Bénin, Sonou et al retrouvait en 2018 une prévalence de 34,8%. Parmi les 40,3% d’hypertendus sous
traitement seuls 30% d’entre eux présentaient une HTA contrôlée [5]. Une étude réalisée par Egan et al aux
États-Unis avait révélé qu’une connaissance limitée de l’HTA et de ses risques serait une barrière au contrôle
de la pression artérielle. Ainsi, la connaissance de la maladie et de sa prise en charge par les patients
contribuent à réduire la morbi-mortalité liée à la maladie du fait d’une adhésion plus forte par le patient qui
devient acteur de la prise en charge de sa maladie [6].
De nombreuses études faites dans différentes spécialités de prise en charge des maladies chroniques ont
montré que l’adhésion du patient au traitement prescrit par le médecin tend à s’estomper au cours du temps.
Ce qui favorise en grande partie les échecs thérapeutiques [7]. Il est donc nécessaire de mettre en place une
approche pluridisciplinaire et un suivi régulier du patient souffrant de maladie chronique afin d’améliorer leur
prise en charge.
Pour ce faire, on pourrait recourir à l’éducation thérapeutique du patient (ETP) qui s’adresse par définition
à un patient atteint d’une maladie chronique. Elle vise à aider le patient à devenir
capable de prendre en charge sa maladie et produit des bénéfices de santé et de finance. Le médecin
généraliste, grâce à la relation privilégiée qu’il entretien avec son patient, a indéniablement un rôle clé à jouer
pour favoriser la connaissance de la maladie par ses patients en vue de leur assurer une meilleure prise en
charge à partir d’une bonne éducation thérapeutique.
Bien que la plupart des médecins soient très compétents dans l’établissement d’un diagnostic et dans
l’administration d’un traitement, force est de constater que très peu éduquent et forment leurs patients à la
prise en charge de leur maladie chronique. Il existe à cela, plusieurs raisons telles que le manque de temps ou
l’absence de prise de conscience de la nécessité d’éduquer le patient [8].
2
De ce fait, notre recherche se propose d’étudier les connaissances, attitudes et pratiques des médecins
généralistes du Borgou en matière d’éducation thérapeutique des patients hypertendus en 2022.
Méthodes
Il s’agissait d’une étude transversale descriptive et analytique menée du 1er juin au 31 août 2022. La
population d’étude était composée de médecins généralistes, volontaires exerçant dans les formations
sanitaires publiques et privées des niveaux intermédiaire et périphérique du Borgou.
Un recrutement exhaustif de tous les médecins généralistes exerçant dans une formation sanitaire du
Borgou, présents ou joignables durant la période de collecte et ayant donné leur consentement éclairé, a été
effectué.
La variable dépendante était la prise en charge de l’hypertension artérielle par les médecins généralistes.
Cette prise en charge a été jugée à partir des connaissances, attitudes et pratiques de ces derniers en matière
d’éducation thérapeutique des patients (ETP) hypertendus en 2022. L’évaluation du niveau de connaissances,
d’attitudes et de pratiques des médecins généralistes a respectivement pris en compte 11 (Tableau I), 7
(Tableau II) et 8 items (Tableau III). Le modèle d’Essi et al. a été utilisé comme outil d’appréciation de
chaque niveau. Les Tableaux IV, V et VI présentent respectivement la grille d’appréciation de la connaissance,
de l’attitude et de la pratique des médecins généralistes en matière d’ETP hypertendus.
Les médecins généralistes ont été investigués par entretien personnel à l'aide d'un questionnaire
standardisé ou via la forme digitalisée sur l’application Koobocollect en ligne. L’enquête a été menée par un
étudiant en 7ème année de médecine préalablement formé au questionnaire.
Le consentement libre et éclairé des médecins généralistes enquêtés a été obtenu. La confidentialité des
données recueillies sur les participants a été garantie.
Les données recueillies ont été extraites de la plateforme KoboToolbox puis analysées avec le logiciel
SPSS 21 version française. Les variables qualitatives ont été présentées sous forme d’effectifs (n) et de
proportions et les variables quantitatives, sous forme de moyenne avec écart type pour les distributions
symétriques et sous forme de médiane avec intervalle interquartile (Q1, Q3) pour les distributions
asymétriques. Le test de Khi² ou le test de Fisher a été utilisé pour la comparaison des proportions. La stabilité
des associations entre la variable dépendante et celles indépendantes a été déterminée au moyen de rapport de
l’Odds Ratio (PR) brute. Les valeurs de p < 5% ont été considérées comme statistiquement significatives pour
toutes les comparaisons.
3
Tableau I : Grille d’appréciation du niveau de connaissance selon Essi et al
Tableau III : Grille d’appréciation des pratiques des médecins en matière d’ETP hypertendu
4
- Tous patients atteints de maladie chronique
1 point
Les bénéficiaires des
séances d’ETP - L’entourage de patients atteints de maladie 1 point
chronique
Les conditions de
démarrage des séances - À n’importe quel moment de la prise en charge 1 point
d’ETP d’une maladie chronique
5
- Réalisée par des professionnels de santé formés
à la démarche d’éducation thérapeutique du 1 point
patient
- Oui 1 point
Avoir pratiqué une fois l’ETP hypertendu
- Non 0 point
6
- Toujours 4 points
3 points
- Souvent
2 points
La fréquence de réalisation de l’ETP - Parfois
1 point
- Rarement
0 point
- Jamais
4 points
- Toujours
3 points
- Souvent
- Parfois
La fréquence de transcription des séances 2 points
dans le dossier médical du patient - Rarement 1 point
- Jamais
0 point
1 point
- Élaboration du diagnostic
éducatif
1 point
Les étapes de la démarche d’ETP proprement - Définition d’un programme
dite pratiquées personnalisé d’ETP avec des
priorités d’apprentissages
7
- Réalisation d’une évaluation
individuelle de l’ETP 1 point
Résultats
Description de l’échantillon
Cette étude a porté sur 93 des 101 médecins généralistes exerçant dans le département du Borgou,
répondant à nos critères de sélection, à propos des connaissances, attitudes et pratiques en matière d’éducation
thérapeutique du patient hypertendu ; soit un taux de participation de 92,07%.
Caractéristiques sociodémographiques
L’âge moyen des médecins enquêtés était de 30,5 ± 5,4 ans avec des valeurs extrêmes de 24 et 60 ans et
53,8% d’entre eux avaient un âge compris entre 24 et 29 ans. Par ailleurs, 71% des médecins enquêtés étaient
de sexe masculin soit une sex-ratio H/F de 2,4.
Caractéristiques professionnelles
Parmi les médecins enquêtés, 60 (64,5%) étaient du secteur privé et 33 (35,5%) du secteur public.
L’ancienneté s’étendait de 2 à 276 mois (23 ans) avec une médiane à 30 mois (Q1= 9 mois ; Q3= 44 mois).
Cinquante-cinq (55) médecins généralistes, soit 59,1%, avaient une ancienneté comprise entre 12 et 60 mois
(1 et 5 ans).
Au total 25 médecins généralistes ont reçu une formation en ETP hypertendu, dont 21 en formation de
base et 4 en formation post universitaire.
Le nombre de points obtenus par les participants variait entre 0 et 24 avec une moyenne de 17,2±5,2. Au
sein de l’échantillon, 38 (40,9%) médecins généralistes avaient un niveau de connaissance "Bon".
L’évaluation du niveau d’attitude a pris en compte 6 items pour un total de 6 points. Le nombre de points
obtenus par les participants variait entre 4 et 6 avec une moyenne de 5,6±0,5. Parmi 93 médecins généralistes
enquêtes, 90 (96,8%) avaient un niveau d’attitude "Juste" et 3 (3,2%) un niveau d’attitude ‘’approximatif’’.
8
Évaluation du niveau de pratique des médecins généralistes en matière d’ETP hypertendu
Le nombre de points obtenus par les participants variait entre 0 et 19 avec une moyenne de 10,1±6,5. Au
sein de l’échantillon, 53 (57,0%) des médecins enquêtés avaient un niveau de pratique "Inadéquat".
Le niveau de connaissance des médecins généralistes en matière d’ETP hypertendu variait en fonction du
sexe (p = 0,001) (Tableau VII). Les caractéristiques professionnelles n’avaient pas d’influence significative
sur le niveau de connaissance des médecins généralistes en matière d’ETP hypertendu (p > 0,05) (Tableau
VIII).
Tableau VII : Niveau de connaissance des médecins généralistes de Borgou en 2022 en ETP hypertendu en
fonction des caractéristiques sociodémographiques. (N=93).
N Bon niveau de
ORb [IC95%] p
connaissance
n %
Age (ans) 93 - - 1,04[0,96-1,12] 0,354
Sexe 0,001
3 51,5
Masculin 66 6,11[1,90-19,61]
4
Féminin 27 4 14,8 1
Statut matrimonial 0,070
2 47,5
Marié/union libre 61 2,32[0,92-5,81]
9
Célibataire 32 9 28,1 1
Tableau VIII : Niveau de connaissance des médecins généralistes du Borgou en ETP hypertendu en fonction
des caractéristiques professionnelles. (N=93)
Bon niveau de
N ORb[IC95%] p
connaissance
n %
9
Nbre jour de
93 - - 1,54[0,81-2,92] 0,190
consultation/semaine
Durée consultation (j) 93 - - 1,04[0,90-1,21] 0,602
Formation ETP < 0,001
Oui 25 9 36,0 18,56[3,65-94,42]
Non 68 2 2,9 1
L’évaluation du niveau d’attitude avait révélé que 90/93 (96,8%) des médecins généralistes ont un niveau
d’attitude "Juste" et 3 (3,2%) un niveau d’attitude approximatif. Ce résultat ne permet pas d’en identifier les
facteurs associés.
Aucun facteur sociodémographique n’était associé au bon niveau de pratique en ETP hypertendu chez les
médecins généralistes (p > 0,05) (Tableau IX).
La formation en ETP des médecins généralistes par contre, avait une influence significative sur le niveau
de pratique (p < 0,05) (Tableau X).
Tableau IX : Niveau de pratique des médecins généralistes du Borgou en ETP hypertendu en fonction des
facteurs sociodémographiques. (N=93)
Niveau de
N Pratique ORb[IC95%] p
adéquat
n %
Age (ans) 93 - - 0,91[0,76-1,10] 0,326
Sexe 0,167
Masculin 66 10 15,2 4,64[0,56-38,20]
Féminin 27 1 3,7 1
Statut matrimonial 0,179
Marié/union libre 61 5 8,2 0,39[0,11-1,38]
Célibataire 32 6 18,8 1
10
Tableau X : Niveau de pratique des médecins généralistes du Borgou en ETP hypertendu en fonction des
caractéristiques professionnelles. (N=93)
Niveau de Pratique
N ORb[IC95%] p
adéquat
n %
Secteur d’activité 0,741
Public 33 3 9,1 1
Privé 60 8 13,3 1,54[0,38-6,25]
Ancienneté (an) 93 - - 0,98[0,95-1,01] 0,202
Nbre jour
93 - - 1,54[0,81-2,92] 0,190
Consultation/semaine
Durée consultation (j) 93 - - 1,04[0,90-1,21] 0,602
Formation ETP < 0,001
Oui 18,56[3,65-
25 9 36,0
94,42]
Non 68 2 2,9 1
Discussions
Ce travail nous a perms d’évaluer les connaissances, attitudes et pratiques des médecins généralistes du
Borgou en matière d’éducation thérapeutique des patients hypertendus en 2022.
Niveau de connaissance
Au terme de notre étude, 40,9% des médecins généralistes enquêtés avaient un bon niveau de
connaissance, 24,7% un niveau moyen, 19,4% un niveau insuffisant et 15,1% un mauvais niveau.
Ce niveau de connaissance dans notre étude est en contradiction avec celui retrouvé par Anadjeme au
Mali en 2011 [9]. Dans son étude, le niveau de connaissance du personnel soignant du CHU-POINT G était
acceptable chez 77,78% des enquêtés et mauvais chez 22,22%. Cela pourrait se justifier d’une part, par le fait
que sa population d’étude était représentée non seulement par des médecins généralistes (26,26%), mais aussi
par des internes, des médecins spécialistes, des infirmiers et des aides-soignants à des proportions respectives
de 52,22%, 16,66%, 2,22% et 2,22%. D’autres part, par le fait que la grille de cotation utilisée ne soit pas la
même que dans notre étude. Par ailleurs, il est ressorti de son étude que le personnel soignant a pour la plupart
des notions justes mais incomplètes de l’ETP.
Une étude similaire réalisée par Gachet en 2013 sur les médecins généralistes retrouvait que ces derniers
auraient « une vision très parcellaire de l’ETP». De même, B. Train en 2017 mettait en avant dans son étude
11
la méconnaissance des médecins généralistes concernant l’ETP et l’existence d’une confusion importante pour
ces médecins entre ETP et éducation pour la santé voire prévention [10].
Cette déficience observée est également mise en évidence dans plusieurs autres études réalisées auprès des
médecins généralistes [11–13]. Tout de même, il faut noter que le constat est identique chez les internes de
médecine générale selon une étude réalisée par Lebreton dans la Subdivision Océan en 2018 et Fiani en
France en 2016 [14,15].
Dans la présente étude, l’attitude était jugée juste chez la quasi-totalité (96,8%) des médecins généralistes
contre seulement 3,2% qui avaient un niveau d’attitude approximatif.
En 2013, dans l’étude réalisée par Hamy-Shoshany [11], le niveau d’attitude n’a pas été évalué mais il en
ressortait que 98% des médecins généralistes pensaient que l’ETP était efficace contre 96,8% dans notre étude.
Dans notre étude, la totalité des médecins enquêtés attestent que le médecin généraliste a un rôle central dans
l’ETP contre 95% selon l’étude de Hamy- Shoshany [11. Les éléments qui expliqueraient que le médecin
généraliste ne puisse pas avoir de rôle central dans l’ETP dans son étude sont le manque de temps des
praticiens ; le manque de compétences et de moyens financiers et le manque de ressources matérielles.
Dans notre étude, la pratique des médecins généralistes était adéquate chez seulement 11,8% des médecins
généralistes. Plus de la moitié (57%) avait un niveau de pratique inadéquat et 31,2% un niveau néfaste.
On remarque que le niveau de pratique dans notre étude est globalement insuffisant. Pétré et al en Belgique
en 2016 ont mis en avant le fait que les pratiques d’ETP restaient peu développées avec une implication
relativement marginale des médecins généralistes [16]. De même, selon une enquête publiée par la HAS en
2008, l’implication des médecins libéraux serait souvent difficile à obtenir et à maintenir [17].
Seuls 11,8% des médecins enquêtés avaient un niveau de pratique adéquat, alors que 74 ,19% affirment
pratiquer l’ETP. On pourrait en déduire que bien que les médecins généralistes déclarent pratiquer l’ETP
hypertendu, leurs pratiques ne respecteraient pas les recommandations. Ce constat rejoint celui de l’URML
de Midi-Pyrénées en 2010 où 80% des médecins déclareraient pratiquer l’ETP mais près de 70% d’entre eux
reconnaissant ignorer le concept d’ETP affirmeraient tout de même la pratiquer [18].
Cet état de chose pourrait s’expliquer par différents obstacles auxquels font face les médecins généralistes.
Dans notre étude, les difficultés majeurs retrouvés sont : le manque de connaissance ou de formation continue
12
(61,3%), le manque de structure dédiée à l’ETP (48,4%) et le manque de temps (48,4%). Sur ce point, notre
étude est superposable à celle de Anadjeme qui retrouve ces mêmes obstacles principalement à des proportions
respectives de 77,78%, 61,11% et 46,78% [41]. L’URML Midi-Pyrénées et Hamy-Shoshany retrouvent quant
à eux en premières places le manque de temps (71,4% et 50%), le manque de connaissance ou de formation
continue (20,1% et 17%) et le manque de structures (12,8% et 8%) [11,18].
Il est important de noter qu’en dépit de ces obstacles liés à l’ETP, les médecins généralistes dans notre
étude rencontraient des difficultés liées à la maladie elle-même. Entre autres, il s’agit de l’obtention du
changement de comportement (64,5%) et de l’observance du patient (60,2%), le recours et l’adaptation aux
nouvelles recommandations en matière d’HTA et la mise à jour des connaissances médicales sur l’HTA
(52,7%).
Toutefois, nous avons évalué, par la même occasion, le niveau de connaissance des médecins généralistes
en matière d’HTA. Seuls 46,2% des médecins généralistes avaient un bon niveau de connaissance contre 49
,5% qui avaient un niveau moyen. Houenassi et al à Cotonou en 2011 dans la même perspective avaient mis
en avant que la connaissance des médecins généralistes sur la prise en charge de l’HTA était insuffisante et
que leur gestion ne respecterait pas les recommandations internationales [19]. Il faut noter que cette
insuffisance de connaissance des médecins généralistes n’est pas spécifique qu’à Cotonou. Des études
similaires réalisées par Chen et al, Halboup et al et par Zabsonre et al dans d’autres pays notamment au
Shangaï, au Yémen et en Afrique Subsaharienne en ont également fait cas [20–22].
Le manque de formation des médecins généralistes est un obstacle déjà relevé par le HCSP et en particulier
la place insuffisante accordée à l’enseignement de l’éducation thérapeutique dans la formation initiale des
professionnels de santé. Ainsi, dans notre étude, seuls 25 médecins généralistes sur 93 ont reçu une formation
en ETP hypertendu. Selon Thelusme en 2010, peu de médecins généralistes sont formés à l’ETP et quand
existent, ces formations sont disparates. Ce manque de formation est également mis en avant dans d’autres
études avec des proportions de médecins formés à seulement 10,63%, 20,5% et 32% [10,11,18].
Par ailleurs, l’accent devrait être mis sur la formation des médecins généralistes à l’ETP. Ce besoin de
formation a été clairement exprimé dans notre étude par les médecins généralistes. La quasi-totalité d’entre
eux, soit 98,92% souhaite être formés à l’ETP. Cette volonté à se faire former est également retrouvée dans
plusieurs études [10,18]. Même les internes étaient favorables à recevoir une formation en ETP au cours de
leur internat [14,15].
13
Le niveau de connaissance des médecins généralistes en matière d’ETP hypertendu était associé au sexe
(p = 0,001). Ceci pourrait s’expliquer par la prédominance masculine retrouvée dans notre étude (71,0%).
Aussi, dans notre étude, le niveau de connaissance en HTA n’avait-il pas d’influence significative sur la
connaissance en ETP.
En ce qui concerne l’évaluation du niveau d’attitude, aucun facteur associé n’a été retrouvé. En effet, la
presque quasi-totalité des médecins généralistes enquêtés avaient des attitudes justes.
Dans notre étude, aucune relation statistiquement significative n’existait entre le niveau de pratique des
médecins généralistes en ETP hypertendu et leur niveau de connaissance (p > 0,05).
Ceci pourrait s’expliquer par le fait que les médecins généralistes ont des notions incomplètes de l’ETP
ce qui ne leur permet pas d’aller au bout d’une pratique adéquate.
Conclusion
La connaissance des généralistes en matière d’Educaton thérapeutique des patients hypertendus était
insuffisante. Le niveau d’attitude par contre, s’est révélé globalement satisfaisant et la majorité des médecins
interrogés étaient convaincus de l’efficacité de l’ETP et du rôle central du médecin généraliste dans cette
procédure. Cependant, le niveau de pratique était très peu satisfaisant.
Par ailleurs, la formation en ETP des médecins généralistes avait une influence significative sur le niveau
de pratique. Ainsi, si les médecins généralistes et même les internes de médecine générale pouvaient bénéficier
d’une formation minimale de 40h en ETP, basée sur les recommandations nationales, cela pourrait améliorer
sa pratique.
14
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