GMK-La Phrase Et Ses Constituants

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LA PHRASE ET SES

CONSTITUANTS
Grammaire moderne du Kabyle – Kamal Nait-
Zerrad
Éditions KARTHALA, 2001.
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LA PHRASE ET SES CONSTITUANTS
Avant de présenter les différents éléments d'une phrase et de les analyser, il est
important de définir les concepts et les outils que nous emploierons dans la suite.

2.1 Phrase et énoncé

Un locuteur produit un discours concret que l'on appelle « énoncé ». Cet énoncé en
situation est parfois incomplet. La « phrase » est un modèle de référence, qui souvent
est proche sinon semblable à un énoncé, et qui permet l'analyse de la langue.

En kabyle, langue qui commence à peine à entrer réellement dans le monde de


l'écriture, l'énoncé réel est pratiquement identique à la phrase modèle, c'est pourquoi
nous utiliserons parfois indifféremment phrase et énoncé dans cet ouvrage. Pour des
langues à tradition écrite ancienne, l'énoncé concret peut différer sensiblement du
modèle des phrases grammaticales.

La phrase met en relation deux termes: un sujet (ce dont on parle) et un prédicat (ce
que l'on dit du sujet) qui sont éventuellement étoffés de compléments. Pour l'énoncé, on
parlera plutôt de thème et de rhème.
Exemple:

yeẓra weqcic ameddakel-is


Le garçon a vu son ami
weqcic «le garçon» est ici le « thème » de l'énoncé, il représente également le « sujet »
de la phrase ; ameddakel-is « son ami » est un complément d'objet direct.

d ameddakel-is i yeẓra weqcic


C'est son ami que le garçon a vu
Ici, c'est ameddakkel-is qui est le « thème » de l'énoncé alors que le « sujet » est
toujours weqcic

Soit l'énoncé:
yurar.
II a joué.
Le « sujet » est représenté par l'indice de personne obligatoire y et le prédicat par le
verbe urar « jouer ».

Dans cet énoncé, celui qui joue n'est pas nommé explicitement. On est en situation de
discours et il est supposé être connu. "yurar" sera appelé énoncé verbal minimum
(EVM). C'est la phrase verbale complète la plus simple. On réservera le nom de phrase
verbale simple à une phrase composée d'un EVM et d'au moins un complément
nominal quelconque.
La phrase suivante est un exemple de phrase simple à plusieurs compléments:
yurar weqcic amectuḥ s ulelluc-is tameddit deg wexxam n jeddi-s.
Le petit garçon a joué avec son jouet, le soir, dans la maison de son grand-père.

La phrase peut être une assertion, c'est-à-dire que l'on constate quelque chose ou bien
l'on énonce une affirmation: elle est caractérisée par un certain ordre des mots, une
certaine prosodie (intonation), un certain aspect du verbe… qui permettent de la
reconnaître comme une assertion, qui est une des modalités de la phrase. Les autres
modalités sont l'interrogation, l'exclamation et l'injonction

En outre, on peut, dans un énoncé, insister sur un de ses éléments par des procédés
que l'on appelle mise en relief (ou mise en valeur), emphase, ou topicalisation.
2.2 Constituants de la phrase

Toute phrase est constituée autour d'un prédicat complété par au moins un groupe
nominal qui lui est lié. Le groupe lui-même peut comporter un ou plusieurs termes. Le
prédicat peut être verbal comme on l'a vu plus haut ou nominal, selon le type de phrase.

On distingue en effet des phrases verbales où le prédicat est un verbe : yurar weqcic
« le garçon a joué » et des phrases non verbales (ou nominales) où le prédicat est un
nom ou équivalent: « le garçon a joué » et des phrases non verbales (ou nominales) où
le prédicat est un nom ou équivalent:

d aqcic ameqqran. C'est un grand garçon.

Comme pour la phrase verbale, on appellera énoncé nominal minimum (ENM) la


phrase nominale complète la plus simple.

La phrase simple est également appelée proposition. Une phrase peut contenir deux (ou
plusieurs) propositions liées entre elles. C'est la phrase complexe. On y distingue trois
types de relation: d'une part, la juxtaposition (avec ou sans subordination) sans
élément de liaison (connecteur ou conjonction) entre les propositions et d'autre part, la
coordination et la subordination avec conjonction.

La langue kabyle est surtout connue à travers sa littérature orale très riche. On ne
s'étonnera donc pas de l'importance de la prosodie et de la linéarité (ordre des mots)
dans la phrase ou dans le fragment de phrase. Comparer:

(1) taqcict twala: II s'agit selon le contexte soit d'un fragment de phrase composé d'un
nom et d'une proposition relative « la fille qu'elle a vue », soit d'une phrase complète «
La fille a vu ».

(2) twala taqcict est une phrase complète : « Elle a vu une fille ».

La présence ou l'absence de pause dans l'énoncé modifie sensiblement le sens de


celui-ci:
(a) idrimen nefka « l'argent que nous avons donné »
(b) idrimen, nefka « De l'argent, nous en avons donné ».

L'exemple (a) est un fragment de phrase, l'exemple (b) est une phrase complète : la
virgule indique une pause entre les deux mots.

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