Méthodologie de La Dissertation

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METHODOLOGIE 

: LA DISSERTATION

1. Principes de l'exercice, compétences


La dissertation est un exercice d'argumentation : elle demande de construire un
point de vue, parfois de savoir opposer des points de vue, et de justifier ces derniers
précisément avec des exemples. La dissertation demande de la rigueur dans la
construction du plan, dans la phase de rédaction, et des connaissances. Si le sujet
entre dans le champ de vos connaissances, l'exercice peut être réussi brillamment.

2. Types de sujets et types de plans


Deux grands types de sujets existent : le sujet dialectique et le sujet thématique.
• Le sujet dialectique pose une question ouverte : "Dans quelle mesure...?",
"Pensez-vous que...?", "En quoi...?". Le plan propose un avis argumenté (comment
"x" peut-il être "a"?), sa réfutation (comment "x" peut-il être "non a"?), et le
dépassement de la contradiction (à quelles conditions "x" peut-il être "a" et "non a" à
la fois?).
• Exemple : Le personnage du valet est-il un personnage comique au théâtre?
I – Certes, le personnage du valet est issu d'une tradition de la comédie.
II – Mais on ne peut réduire ce personnage à sa seule fonction comique : le
valet peut avoir une fonction plus critique.
III – En effet, le personnage du valet est le héros de la comédie, il assure la
cohérence et la dynamique de l'histoire en étant symboliquement le metteur en
scène de l'intrigue.
Le plan peut aussi être décomposé en deux thèses s'opposant à une troisième,
lorsqu'on ne trouve pas de synthèse en III, et que la formulation "En quoi... ?" invite
à privilégier la thèse sur l'antithèse.
• Exemple : En quoi le personnage du valet est-il un personnage comique au
théâtre?
I – Certes, le personnage du valet a une fonction essentiellement comique
issue du burlesque.
II – D'ailleurs, le rire autour d'un personnage du valet peut aussi être satirique
et ironique.
III – Cependant, le personnage du valet est parfois plus sombre ou pathétique
: il reflète de réels rapports de force et incarne les inégalités sociales.
• Exemple : En quoi le personnage du valet n'est-il pas toujours comique au théâtre?
I – Certes, le personnage du valet a une fonction essentiellement comique.
II – Cependant, le personnage du valet est parfois plus sombre : il reflète de
réels rapports de force et incarne la violence des inégalités sociales.
III – D'ailleurs, le personnage du valet évolue dans le temps, et a pu prendre
un statut pathétique.
A noter : le plan doit s'appuyer sur la question posée et resté rivé à cette question,
pour éviter le hors-sujet. Exemple : une partie qui évoquerait le fait que d'autres
personnages que les valets sont comiques dans une comédie (pour les deux sujets
précédents) serait hors-sujet, il faut garder ce genre de remarques pour l'ouverture
de conclusion.

• Le sujet thématique semble plus simple, car la formulation de la question


repose sur des savoirs, à travers une question plus fermée : "Quel est...?",
"Pourquoi... ?", "Comment...?" = on ne demande pas une argumentation avec thèse
et antithèse ici, mais il s'agit bien de décomposer le sens du sujet pour le traiter en
entier.
• Exemple : Quelles sont les fonctions du personnage du valet dans la comédie?
I – Tout d'abord, le valet a une fonction comique divertissante.
II – En outre, le valet peut porter un message politique ou socialement
engagé.
III – Enfin, ce personnage peut revêtir une dimension symbolique en
représentant le monde du théâtre et du jeu.
• Exemple : Comment faire rire au théâtre?
I – Avant tout, la tradition historique même de la comédie crée le rire :
intrigue, situations comiques (le burlesque, la dynamique des scènes).
II – Le rire issu des relations des personnages est également présent
(comique verbal et satire).
II – Pour finir, la dimension visuelle et sonore de la mise en scène peut faire
rire et être incluse dans le texte même, parfois.

Comment, donc, construire le plan ? Il s'agit, une fois que le sujet a été bien
compris et reformulé grâce à une problématique, de trouver soit les arguments
généraux, soit une liste d'exemples d'œuvres pour se demander comment ils
répondent à la question posée. A partir d'une liste d'une dizaine d'exemples, on peut
envisager de constituer un plan en deux à trois parties, elles-mêmes décomposées
en deux à trois sous-parties.
A retenir : il vaut mieux deux parties solidement argumentées, qu'un plan en trois
parties qui présente un hors-sujet, ou des idées répétées.

3. La problématique pour construire le plan


A partir du sujet, on doit reformuler la question posée en explicitant le sujet. Cette
reformulation prend la forme d'une question directe, ou d'une proposition
subordonnée interrogative indirecte. Attention, la formulation de la problématique
doit être correcte. On problématise de la même manière un sujet court et un sujet
long, notamment les sujets avec citations qu'il faut reformuler en prenant appui sur
les mots-clés : il ne faut pas se laisser impressionner par la longueur du sujet, cette
dernière n'indique pas son niveau de difficulté.
• Exemple 1, sujet thématique : Etudiez la manière dont se manifeste le conflit
entre maître et valet dans la pièce de Beaumarchais.
Explication du sujet : le conflit est une opposition, il se manifeste par des disputes,
de la violence physique, des désaccords, une relation qui est tendue entre plusieurs
personnages. Dans la pièce de Beaumarchais, le conflit est au coeur de l'intrigue, il
permet au comique de se déployer, mais il est aussi rattaché au fait que Figaro
l'emporte sur Almaviva.
Problématique : En quoi la pièce de Beaumarchais renouvelle-t-elle le genre de la
comédie grâce au thème et à la mise en scène du conflit?
I – La situation de conflit mise en scène, traditionnelle, fait rire (personnages,
comique de situation)
II - Le conflit permet à l'intrigue de progresser, de multiplier les péripéties
autour d'un renouvellement du héros : le valet prend la place du maître

• Exemple 2, sujet dialectique : Pensez-vous que le titre de la pièce de


Beaumarchais révèle toute la teneur de la pièce?
Explication du sujet : le titre de l'œuvre concerne l'action et un personnage. En
choisissant de mettre au cœur de l'intrigue le valet, Beaumarchais fait évoluer la
tradition de la comédie d'intrigue (fondée sur le mariage de jeunes maîtres contre
leur père, aidés par leurs valets).
Problématiques (vous pouvez reformuler la problématique, pour approfondir) : Quels
indices le titre choisi par Beaumarchais donne-t-il au lecteur et au spectateur? Peut-
on dire que ce titre ne concerne que l'intrigue, ou bien a-t-il une portée plus
symbolique?
I – Ce titre montre l'importance de l'intrigue comique et le déclin d'une société
révolue
II – Le personnage éponyme est le héros picaresque d'une œuvre qui
renouvelle la comédie

• Exemple 3, sujet avec citation longue : Pierre Larthomas a défini le théâtre


comme un genre où le dialogue se situerait entre langage écrit et langage oral, pour
être "efficace". Commentez cette citation à la lumière de votre lecture de l'œuvre de
Beaumarchais et des textes étudiés en cours.
Explication du sujet : le sujet est centré sur la notion d'efficacité du discours.
L'efficacité viendrait du fait que le dialogue provoque des réactions chez les
personnages (dynamiser le dialogue et l'action), mais aussi auprès du public.
Problématique : en qualifiant le dialogue d'"efficace", d'intermédiaire entre "le
langage écrit et le langage oral", Pierre Larthomas rappelle que le dialogue de
théâtre est fictif, et qu'il s'adresse au public, cherchant l'expressivité. Nous
montrerons en quoi cette définition du dialogue peut caractériser le théâtre, mais
aussi en quoi elle peut être élargie grâce à la notion de langage dramatique en
général, incluant le corps et la mise en scène.
I – En effet, le théâtre est fondé sur un art du dialogue efficace (utilité de
l'efficacité de l'écrit, de l'oral, rythme du dialogue pour exprimer des émotions et
produire des effets comiques notamment).
II – Cependant, le dialogue est aussi associé à d'autres éléments d'efficacité
(la mise en scène associe le geste, la vue et d'autres sons à cette parole humaine).
4. Exemple de grille d'évaluation

ETAPES de la dissertation Barème

INTRODUCTION, 3 étapes
2 pts
- Amorce culturelle pertinente par rapport au sujet, autour d'un mot-clé. 1pt
Quelques phrases courtes et bien enchaînées dans la logique.
- Présentation précise du sujet qui est cité et reformulé. Quelques phrases.
- Annonce du plan. Ne pas tout annoncer en une seule phrase trop longue. 1pt
CONCLUSION, 2 étapes
2 pts
- Bilan des thèses avancées. 1pt
- Ouverture justifiée, qui ne répète pas un argument ou un exemple, mais
qui passe du sujet posé à un autre. (Ce sujet laisse d'ailleurs penser que...) 1pt
TRANSITIONS : une phrase claire entre chaque partie, avec saut de ligne 1 pt
AMORCES : une phrase ou deux annoncent l'objectif de chaque partie, 1 pt
avant
que les sous-parties ne soient détaillées.
IDEES ESSENTIELLES et METHODES
13 pts
Problèmes pénalisés :
• plan incomplet ou inadapté
• contre-sens sur le sujet 13pts
• plan répétitif dans les arguments ou dans les exemples
• paragraphes non construits de manière satisfaisante
• méconnaissance de l'oeuvre au programme
LIENS LOGIQUES / CONNECTEURS 1pts

5. Exemple d'introduction
SUJET : Un personnage de roman peut-il être médiocre?
« Un personnage n'est pas un individu en mieux », affirme le romancier
Malraux. Cet auteur indique par là qu'un personnage de roman n'est pas toujours un
héros ; il peut en effet être sympathique ou détestable, avec des défauts et des qualités.
Le personnage de roman ressemble souvent à l'être humain, pourtant il reste un être de
fiction. La question soumise à notre réflexion s'intéresse à l'identité du personnage :
peut-il être médiocre? En d'autres termes, on étudiera dans quelle mesure on peut
considérer le personnage comme un être ordinaire, banal, moyen. On se demandera
également quels intérêts un personnage non héroïque peut présenter aux yeux du
lecteur. Pour répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps en quoi
le personnage réaliste peut être intéressant. Puis, il s'agira de montrer que les romans
décrivent souvent des personnages extraordinaires (héroïques, diaboliques, hors du
commun...), dont la dimension exceptionnelle peut être captivante.

6. Exemple de conclusion
Au terme de ce parcours, nous pouvons donc conclure ainsi : le lecteur
doit pouvoir s'identifier aux protagonistes d'un récit pour l'efficacité de la fiction, que
le personnage soit exemplaire ou au contraire horrible dans ses attitudes, ou bien
encore qu'il soit ordinaire. En effet, un personnage, comme le roman en général,
transmet une vision de l'humanité et du monde. Un roman sans personnage serait
impossible à construire, ce que les auteurs du Nouveau Roman ont cependant
expérimenté au XXè siècle, comme Alain Robbe-Grillet dans le roman La Jalousie.

7. Le paragraphe argumenté de dissertation


On structure la défense d'une pensée en paragraphes pour donner le temps à la pensée
de se développer, au lieu de s'éparpiller inefficacement. Un paragraphe est une unité de
pensée : une seule idée directrice, ou un seul argument de réponse à la question posée
doit y être défendu. Pour défendre l'argument : on utilise des exemples variés et non
répétés, qui peuvent aller de la connaissance culturelle ou littéraire, à la citation, en
passant par le résumé d'œuvres ou de passages précis de ces œuvres, par l'analyse d'un
thème précis ou d'un personnage, ou encore l'allusion à des œuvres artistiques en lien
avec l'œuvre étudiée. La construction du paragraphe prend environ 15 lignes : le
mouvement de pensée et d'écriture est méthodique.

a) L'argument est formulé, expliqué. Un argument valable se développe, comme une


pensée, en plusieurs mouvements : il n'est pas possible de le dire en une seule phrase.
L'enjeu est de montrer la valeur de l'argument en le reformulant. Parfois, l'incapacité à
expliquer l'argument peut montrer que ce dernier n'est pas valable : il faut alors
l'abandonner, ne pas hésiter à laisser de côté ce qui serait contestable.

b) Le premier exemple vient appuyer l'argument pour le confirmer. Cet exemple doit
être mis en contexte, expliqué de manière à constituer une preuve de l'idée défendue.
Le fait de mentionner un titre ou un thème d'œuvre ne suffit pas : l'exemple n'est pas
juste mentionné, il est démontré, expliqué, exploité de façon précise. On précise la
source d'un exemple : on répond aux questions "qui, quoi, où, quand" si possible. On
peut aussi utiliser fréquemment les deux points pour expliquer. Un rappel : on souligne
toujours les titres d'œuvres, on met entre guillemets les titres de poèmes. On partira du
principe que toute culture n'est pas partagée : le lecteur n'a pas la même culture que
celui qui argumente, qui doit donc faire l'effort d'être clair, pour permettre au
correcteur de valider l'exemple.

c) Deux autres exemples détaillés permettent de confirmer le premier exemple : "on


peut également voir que..." / "De même, dans tel passage..."

d) Une déduction logique des exemples conclut le paragraphe : il ne s'agit pas de


revenir à l'argument du début, mais de tirer une conclusion du point commun des
exemples, pour glisser vers le paragraphe suivant.

Bilan : un paragraphe ne s'écrit pas au brouillon, il se schématise précisément au


brouillon pour être rédigé ensuite. Le fait de décomposer son propos en plusieurs
phrases séparées aide à ne pas précipiter l'argumentation.

Argument annoncé, expliqué, approfondi, clarifié

Exemple 1 Exemple 2 Exemple 3


Déduction logique finale

8. Tableau des connecteurs logiques

Relation logique exprimée Exemples


Présenter une 1ère idée, et non pas Tout d’abord, avant tout, d’emblée, en 1er lieu
introduire (pas besoin de lien en (ou : On peut avancer la première idée que...)
introduction !)
Pour ajouter une idée De plus, en outre, par ailleurs
aussi, également : jamais en début de phrase !
(ex : il faut aussi dire que, on peut également
penser à ...)
Pour mettre en parallèle deux De même, d’une part…d’autre part
idées
Pour présenter une dernière idée quand Enfin, en dernier lieu
au moins trois idées sont avancées (il
n'est pas logique de dire « tout d'abord
» et « enfin »
immédiatement après)
Pour conclure Donc, pour conclure, en conclusion (ou : il
s'avère finalement que...)
Pour opposer une idée à une Cependant, néanmoins, en revanche, toutefois, pourtant,
autre mais, alors que, tandis que : conjonctions qui doivent
être intégrées dans une phrase complexe, elles ne
peuvent pas commencer ou constituer une phrase sans
proposition principale.
Pour identifier une cause, Ainsi, en effet, par exemple, en raison, dans la mesure
justifier ou donner un exemple où, malgré, grâce à, car, parce que, puisque
NB : quand on ajoute un exemple, il ne faut pas le
formuler trop vite. Dites en plusieurs phrases courtes : «
On peut aussi penser au film... En effet, le personnage …
Donc... »
Pour traduire une conséquence Par conséquent, donc, dès lors, ainsi, c’est
pourquoi
Pour expliquer En d’autres termes, c’est-à-dire

Sur la dissertation : https://www.youtube.com/watch?v=7Oi5KY5VvJY


Sur la dissertation sur œuvre : https://www.youtube.com/watch?v=BPsY9Cu8a3c

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