Chapitre 1: Intro Chapitre 2: Définition Du Droit, de La Règle de Droit
Chapitre 1: Intro Chapitre 2: Définition Du Droit, de La Règle de Droit
Chapitre 1: Intro Chapitre 2: Définition Du Droit, de La Règle de Droit
Chapitre 1 : intro
Chapitre 2 : Dé nition du droit, de la règle de droit
Le droit est l’ensemble des règles qui existent dans la société et qui sont contrôlées par l’état
Droit objectif : ensemble des règles de droit applicables. Système juridique
Droits subjectifs : prérogatives individuelles qui sont accordées par le droit objectif à certaines
personnes. Droit d’aller voter, de percevoir mon salaire…
I. Les fonctions de la règle de droit : à quoi sert le droit ?
• Organiser la vie en société, de façon globale ou dans des groupes intermédiaires. Il ya un
maintien de la l’ordre et de la paix sociale
• Protéger les individus
• Exprimer et garantir certaines valeurs telles que la liberté, l’égalité ou encore la solidarité
II. Les caractères de la règles de droit
Le droit est un ensemble de règles de conduite socialement édictées et sanctionnées, qui
s’imposent aux membres de la société, Gérard Cornu.
3 critères :
Normativité : La règle de droit est obligatoire. La loi impose un comportement. Il va provoquer un
modèle de comportement qu’on choisit ou pas. Si on suit ce modèle, il faut les respecter. Couple :
Droit propose le Pacs ou le mariage.
Sanction : Cette sanction est une sanction étatique/ sanction de la société. Le droit est coercitif. On
a pas le droit de faire de justice à soit même a n d’éviter la vengeance en privée. Cette sanction
peut donner lieu à la force publique (police si on va pas en prison de notre plein gré ou voies
d’exécution pour les sanctions monétaires avec les saisies). Seul l’état peut recourir à la force.
La sanction peut toucher les actes juridiques, càd que la sanction ne va pas toucher directement là
personnes mais aussi un élément de droit.
Généralité : S’applique à tous. La règle de droit est édictée pour tout le monde.
La loi doit être la même pour tous, soit qu’elle protège, soir qu’elle punisse « Article 6 de la
DDHC ».
On prévoit de plus en plus de règles spéci ques pour des catégories de plus en plus particulières.
Le juriste est de plus en plus amené à se spécialiser. Même si ces règles sont spécialisées, elles
ont été créées pour une catégories de personne.
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Chapitre 3 : Qui fait le droit ?
Est-ce que le droit intervient seulement lorsqu’il y a un con it entre deux personnes ?
Le droit pose des règles généralement respectées. Le procès est la maladie du droit. Le droit est
fait pour bien organiser la société et devrait permettre qu’il n’y ai pas de con it.
La déclaration de naissance d’un enfant, c’est un type de règle très souvent respectée.
Les règles de conclusion du contrat, le but étant que les relations entre les deux contractants car
on aura prévu en avance de règles.
En cas de con it, qui est légitime pour décider qui a raison ?
Le juge mais il ne décide pas selon son bon vouloir. Il n’a pas de pouvoir arbitraire/
discrétionnaire.
C’est très rare que le juge est un pouvoir discrétionnaire. Différence entre le pouvoir souverain
d’appréciation, càd que les juges doivent suivre des critères mais peuvent avoir une appréciation
différente de la situation, et de discrétionnaire du juge.
Le juge reste soumis à la loi et il ne la crée pas. Son pouvoir de décision est quand même limité.
Quelles sont ces autorités qui crée les règles de droit ?
Le parlement (AN et Sénat),
Le gouvernement,
Les accords entre les États,
La jurisprudence = c’est une autorité qui devient une source de droit.
I. Les grands systèmes juridiques
Ex : article 144 du Code civil = « Le mariage ne peut être contracté avant dix-huit ans révolus ».
Article 145 du Code civil = « Néanmoins, il est loisible au procureur de la République du lieu de
célébration du mariage d'accorder des dispenses d'âge pour des motifs graves ».
Exception = on peut se marier avant 18 ans, en demandant une dispense. Conditions (de
l’exception) = motifs graves + accord du procureur de la République. Principe
Quelques expressions qui annoncent une exception : « néanmoins », « sauf si », « par dérogation
à » (tel article ou tel loi), « les règles reçoivent exception si… ».
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C. Droit commun et droit spécial
Ex : - Le droit civil est le droit commun, là où le droit commercial est du droit spécial.
- Le tribunal judiciaire est la juridiction de droit commun, par opposition au tribunal de commerce
(notamment).
Ce qu’il faut retenir : ce qui est de droit commun s’applique par défaut, tant que rien de spécial ne
s’applique.
Expressions qui annoncent une règle de droit commun : « sauf dispositions contraires » ou « à
défaut de dispositions contraires ».
Tous les hommes sont mortels Majeure (règle) « Le mariage est prohibé entre frères et
sœurs » (ar cle 162 du Code civil)
Socrate est un homme Mineure (situa on) Alain et Louise sont frère et sœur
Donc Socrate est mortel Conclusion Donc Alain et Louise ne peuvent se marier
ensemble
Quali cation juridique : Ici, les catégories juridiques sont : l’homme (Socrate) / frère et sœur (Alain
et Louise).
On va véri er (dans la mineure) que Socrate peut être juridiquement quali é d’homme, qu’Alain et
Louise peuvent être juridiquement quali és de frère et sœur ; cela permettra alors de leur
appliquer la règle qui correspond à cette catégorie (cette règle est la majeure), pour arriver à la
conclusion.
Les catégories sont donc importantes, ce qui conduit souvent à faire des distinctions.
III. L’interprétation
Est ce que le fait de transmettre volontairement une maladie à quelqu’un d’autre est considéré
comme un empoisonnement. On connaissait les empoisonneurs et empoisonneuses.
Interprétation : opération consistant à préciser le sens de certains termes employés dans des
textes juridiques.
Ex : l’article 221-5 du code pénal prévoit que « Le fait d'attenter à la vie d'autrui par l'emploi ou
l'administration de substances de nature à entraîner la mort constitue un empoisonnement.
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L'empoisonnement est puni de trente ans de réclusion criminelle ». C’est la même peine que le
meurtre (homicide volontaire).
La transmission intentionnelle d’une maladie à une autre personne, est-elle un empoisonnement ?
La question a été posée à la jurisprudence à propos du VIH (virus du Sida). Un virus
(potentiellement mortel) est-il une « substance de nature à entraîner la mort » ? Cour de
cassation (en 2006) : non.
La loi a ensuite créé une nouvelle infraction, à l’article 222-15 du code pénal, qui peut s’appliquer à
cette hypothèse : « l’administration de substances nuisibles ayant porté atteinte à l'intégrité
physique ou psychique d'autrui ».
Nous allons travailler à partir d’un exemple ctif. Imaginons une loi qui dispose : « Les magasins
de denrées alimentaires sont interdits aux chats, sauf enfermés dans une cage ».
Ex : puis-je entrer dans un magasin de denrées alimentaires avec mon chat, enfermé dans un
panier ?
L’exception est : « enfermé dans une cage ». Un panier n’est pas une cage, même si je peux
personnellement estimer que c’est très proche. Le principe d’interprétation stricte des exceptions
empêche d’autoriser l’entrée aux chats transportés dans un panier.
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Ex : reprenons notre exemple ctif et ajoutons une autre loi, qui disposerait : « les animaux
domestiques simplement tenus en laisse sont autorisés dans les magasins ». On voit que la loi
générale est celle qui autorise les animaux domestiques dans les magasins, avec une condition
plus souple que notre loi spéciale sur les cages. Puis-je entrer dans un magasin de denrées
alimentaires (qui est aussi un magasin au sens général) avec mon chat tenu en laisse ? Non, car il
y a une règle spéciale pour les magasins de denrées alimentaires et cette règle spéciale déroge à
la règle générale sur les magasins « tout court ».
1. Interprétation a contrario
Raisonnement par lequel on déduit que si une règle est posée pour un cas déterminé, la règle
inverse vaut pour les situations non visées. La loi prévoit une interdiction pour les chats, pas pour
d’autres animaux. A contrario, cette interdiction ne s’applique pas aux chiens. Donc je peux entrer
dans la boulangerie avec mon chien.
Autre exemple : avant la loi de 2013, le Code civil prévoyait que le mariage était l’union d’un
homme et d’une femme ; a contrario, le mariage ne pouvait pas être l’union de deux hommes.
Raisonnement par lequel on étend l’application d’une règle juridique prévue pour une situation
donnée à une situation comparable. Cela suppose donc d’argumenter sur le caractère
comparable ou non de ces situations.
La loi prévoit une interdiction pour les chats, qui sont des animaux domestiques. Les chiens sont
également des animaux domestiques, donc la même règle devrait s’appliquer. Donc, je ne peux
pas entrer dans la boulangerie avec mon chien.
Lexique des termes juridiques : « raisonnement par lequel on étend l’application d’une règle
juridique prévue à une situation autre que celle prévue, parce que les raisons de le faire sont
encore plus fortes. La loi prévoit une interdiction pour les chats, qui sont des animaux domestiques
d’assez petite taille et considérés comme plutôt calmes et propres. Les chiens sont des animaux
domestiques susceptibles d’être plus gros, moins calmes et moins propres que les chats, donc
plus dérangeants dans un magasin alimentaire. Donc, je ne peux pas entrer dans la boulangerie
avec mon chien.
Comment savoir quelle argumentation doit l’emporter ? On voit bien que l’interprétation a contrario
conduit ici à un résultat différent des deux autres.
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Il faut chercher d’autres façons de raisonner.
4. Interprétation exégétique
Exégèse : on s’en tient à la lettre du texte. Il n’y a pas d’interprétation d’autres choses.
Elle conduit à s’en tenir à la lettre du texte, éventuellement en tenant compte de la construction
grammaticale de ce texte. Cela conduit souvent à conforter l’argument a contrario.
Dans notre exemple, on pourrait dire que le texte ne prévoit que le chat, alors qu’il aurait pu
facilement indiquer « animaux ».
5. Interprétation téléologique
Elle conduit à rechercher l’esprit du texte, c’est-à-dire la volonté du législateur, le but de la règle
(teleos = but, en grec). Dans notre exemple, on se demandera pourquoi la loi interdit l’accès aux
chats ; s’agissant de magasins alimentaires, on peut penser qu’il s’agit de raisons d’hygiène. Ces
raisons conduisent logiquement à interdire aussi l’accès à d’autres animaux, tels que les chiens.
Cela conduit à conforter les arguments a pari et a fortiori.
A. Le vocabulaire
Des questions de quali cation et d’interprétation (I et II), on a pu comprendre qu’il était essentiel
d’utiliser le bon vocabulaire, car un mot peut changer le sens de la règle de droit.
La loi : Elle ne « stipule » pas, elle « dispose », « prévoit », « prescrit », « énonce »… C’est le
contrat ou la convention qui « stipule ».
Les tribunaux : Ils rendent des « jugements », les cours rendent des « arrêts », les conseils
rendent des « avis ». Et les juges uniques, des « ordonnances ». Tout ceci peut être regroupé sous
le terme générique de « décisions », ce qui est bien pratique quand on ne se souvient plus du
terme exact ou pour éviter des répétitions.
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Quelques termes très anciens, qui n’ont pas toujours été actualisés : « consorts » = les membres
d’une même famille qui agissent en justice ensemble ; « sieur » = monsieur ; « grief » =
reproche…
D’autres termes ont un sens légèrement différent en droit : « enfant » ne signi e pas une personne
qui n’est pas encore adulte, mais le ls ou la lle de quelqu’un ; cet « enfant » peut donc être un
adulte. « Partie » signi e quelqu’un qui participe (à un procès, à un contrat…).
Il faut bien utiliser le mot « fondement » : le fondement d’une décision ou d’une argumentation,
c’est la règle juridique sur laquelle on s’appuie (le plus souvent, un texte). On dit par exemple que
le juge a rendu sa décision sur le fondement de l’article 203 du Code civil.
B. Le style
Les règles de droit comportent parfois l’énoncé explicite d’un devoir ou obligation : « les enfants
doivent des aliments à leurs père et mère (…) qui sont dans le besoin » (article 205 du Code civil).
Mais un énoncé au présent de l’indicatif exprime également un devoir (et non pas un constat) :
« chacun des parents contribue à l’entretien et à l’éducation des enfants (…) » (article 371-2 du
Code civil) = chaque parent DOIT contribuer à l’entretien et à l’éducation des enfants. Il a
l’obligation.
Vocabulaire important :
- les tribunaux rendent des « jugements », les cours rendent des « arrêts », les conseils rendent
des « avis ». Et les juges uniques, des « ordonnances ». Tout ceci peut être regroupé sous le
terme générique de « décisions », ce qui est bien pratique quand on ne se souvient plus du terme
exact ou pour éviter des répétitions.
- celui qui introduit l’action en justice / agit en justice est le demandeur. Il agit contre le défendeur
(à ne pas confondre avec le défenseur !). Au féminin, cela donne : demanderesse et
défenderesse.
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opérations des corps administratifs, ni citer devant eux les administrateurs pour raison de leurs
fonctions ». C’est ce que l’on a appelé la dualité des contentieux judiciaire et administratif.
On insistera ici sur les juridictions de l’ordre judiciaire, après avoir simplement indiqué le nom des
juridictions administratives :
Cour de
tribunal cour d'appel
cassation
•tribunal judiciaire
•tribunal de
commerce
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Il existe également plusieurs juridictions spécialisées, ainsi que des juges uniques qui ont des
missions spéci ques.
a. Tribunal judiciaire
Jusqu’au 1er janvier 2020, la juridiction de droit commun était le TGI (Tribunal de Grande Instance)
et il existait une juridiction plus petite pour les petits litiges (en-dessous de 10 000 euros) : le
tribunal d’instance. La loi du 23 mars 2019 a fait fusionner les TGI et les TI, pour créer le tribunal
judiciaire.
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b. Juridiction spécialisées
c. Juges uniques
- juge de l’exécution
B. L’appel
Un des principes fondamentaux est le principe du double degré de juridiction : en principe, la partie
déboutée en première instance doit pouvoir faire juger son affaire à nouveau. Pour ne pas trop
encombrer les juridictions, ce principe n’est appliqué que pour les litiges d’une certaine
importance, qui dépend des montants en jeu. On appelle cela le taux de ressort, c’est-à-dire le
montant en-dessous duquel l’affaire est jugée en premier et dernier ressort : le premier ressort (le
premier jugement) est aussi le dernier. Ce taux de ressort est xé à 5 000 euros.
L’appel est :
- suspensif
- dévolutif
La Cour de cassation permet d’uni er, ou du moins, harmoniser, l’interprétation de la loi par les
différentes juridictions du fond. Mais aussi d’imposer aux juges du fond de respecter la loi et leur
obligation de motiver leurs décisions.
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La Cour de cassation ne juge pas toute l’affaire, mais seulement l’application du droit qui a été
faite par les juges du fond. Le pourvoi en cassation n’a donc pas un effet dévolutif (à la différence
de l’appel). Il est très important de comprendre que la Cour de cassation n’est pas un troisième
degré de juridiction.
On dit que les juges du fond ont un pouvoir souverain d’appréciation des éléments de fait.
Ex : l’article 371-4 du Code civil prévoit que « L’enfant a le droit d’entretenir des relations
personnelles avec ses ascendants. Seul l’intérêt de l’enfant peut faire obstacle à l’exercice de ce
droit ». Rappel : ascendants = parents, grands-parents…
M. Dupont n’a pas vu sa petite- lle depuis plusieurs années. Il essaie de revenir dans la vie de
Laura, mais les parents (sa lle et son gendre) s’y opposent fermement. M. Dupont décide alors
d’agir en justice pour obtenir un droit de visite. Les juges du fond refusent sa demande. Il forme un
pourvoi en cassation.
- devaient se décider sur un élément de fait : l’intérêt de l’enfant Laura, à renouer des relations
personnelles avec son grand-père.
- rendent la même décision : refus d’accorder un droit de visite à M. Dupont. Mais on voit que la
motivation est très différente.
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2. Les formes spéciales
Composi on Compétence
Chambre mixte Magistrats appartenant à au Ques on de principe suscep ble de se présenter dans
moins trois chambres plusieurs chambres
di érentes
Assemblée 1er Président, Présidents des 6 - obligatoire : second pourvoi consécu f sur la même
plénière chambres, doyens des 6 ques on de droit (résistance du juge d’appel de renvoi). La
chambres, 2 conseillers de décision s’impose alors à la 2de juridic on de renvoi.
chaque chambre
- faculta ve : risque de divergence entre les juges du fond et
la Cour de cassa on, ou a aire importante.
C. Le pourvoi en cassation
Il n’y a pas de droit à former un pourvoi en cassation ; pour pouvoir le faire, il faut pouvoir soulever
un argument qui rentre dans les hypothèses de cas d’ouverture à cassation.
Il y a 9 cas d’ouverture à cassation mais ce sont les quatre les plus courant :
- violation de la loi : les juges ont mal appliqué la loi (mauvaise interprétation d’une loi, application
de la mauvaise loi, oubli d’une condition posée par la loi…)
- manque de base légale : les juges n’ont pas suf samment motivé leur décision, par exemple ils
n’ont pas donné les éléments permettant de véri er qu’une des conditions de la loi était remplie ;
donc la Cour de cassation ne peut pas exercer son contrôle.
- défaut de motifs : les juges n’ont pas motivé tout ou partie de leur décision, ils n’ont pas détaillé
leur argumentation.
- dénaturation : les juges ont fait une erreur grossière d’interprétation d’un acte juridique (ex :
contrat ; pas la loi).
2. Le mécanisme du pourvoi
- rejet du pourvoi : elle valide donc la décision critiquée, qui devient irrévocable.
- cassation de la décision avec renvoi : elle casse et annule la décision critiquée, il faut donc
rejuger l’affaire au fond. Elle renvoie l’affaire devant une autre juridiction de même nature (ou la
même juridiction, autrement composée).
- cassation sans renvoi : quand il n’est pas nécessaire de rejuger l’affaire au fond.
A noter que la cassation peut être totale ou partielle, car la Cour de cassation peut admettre un
moyen et en rejeter d’autres.
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III. Le contenu d’une décision de justice
- date
- rappel des faits et de la procédure (qui a saisi la juridiction, éventuelle décision antérieure, etc.)
- motifs de la décision (argumentation du juge). Cette motivation est essentielle, notamment pour
permettre à la Cour de cassation d’exercer son contrôle. Elle permet aussi de faire comprendre la
décision.
- dispositif : c’est le prononcé de la décision, qui commence toujours par « par ces motifs… ». Le
juge accueille la demande (il « fait droit à la demande ») ou il rejette la demande (il « déboute » le
demandeur).
La décision est ensuite noti ée aux parties. Certaines décisions sont publiées. Pour respecter la
vie privée des justiciables, les décisions publiées ne doivent pas indiquer leurs noms ; on parle de
l’anonymisation des décisions. Ce n’était pas le cas jusqu’à une période récente, aussi de
nombreux arrêts importants étaient connus par le nom d’une des parties.
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etc.
La loi des 16 et 14 août 1790 : « les fonctions juridiques sont distincts et demeurent toujours
séparées des fonctions administratives ».
Droit privé : concerne les relations entre les personnes priées, càd les individus, les sociétés, les
associations.
Droit public : concerne les relations avec les personnes publiques, càd l’Etat, une commune, une
entreprise publique.
Droit administratif : Ce sont les règles applicables à l’action de l’administration et à ses rapports
avec les usagers.
Le droit commun est le droit civil. Maus il existe des droits spécialisés :
- Le droit du travail qui prévoit des règles adaptées aux rapports du travail
- Le droit commercial qui prévoit des règles adaptés entre commerçants
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Le droit pénal est à la fois privé et public mais il est classé dans le droit privé car l’une des parties
est l’Etat mais les juridictions compétentes sont les juridictions judiciaires.
Public : droits des relations entre les Etats, càd des traités des organisations internationales
comme l’ONU
Privé : droits des relations entre les personnes privées, avec un éléments d’extranéité, pour savoir
quel droit appliquer et quelle juridiction est compétente.
- Le con it de lois : c’est quand on se sait pas quelle lois appliquer
- Le con it de juridictions : quel est le juge compétent ?
Extranéité : c’est quand deux personnes concernées n’ont pas la même nationalité et/ou ne
viennent pas du même pays.
V. La procédure
Droit substantiel (ou matériel) et droit processuel : quelles sont les règles pour faire valoir ses
droits en justice, les règles du procès ?
I. Antiquité
A. Code d’Hammurabi
La plus ancienne compilation de règles juridiques dont on ait retrouvé l’existence. Hammurabi était
le un roi de Babylone, en Mésopotamie, vers 1770 avant notre ère. Ces règles étaient gravées sur
des stèles disposées sur les places publiques. Il ne s’agit pas de règles légales, mais plutôt
jurisprudentielles (sentences rendues dans des cas particuliers).
B. Antiquité grecque
- La notion de démocratie
- La notion de loi
C. Droit romain
Avec la chute de l’Empire romain et les invasions barbares, le droit romain disparaît.
Des coutumes locales se développent, notamment d’origine germanique. Au départ, ces coutumes
étaient d’application personnelle, puis elles sont devenues d’application territoriale (ex : coutume
de Normandie).
- Dans le sud, les coutumes sont inspirées du droit romain, c’est pourquoi on parle d’un pays de
droit écrit. Ce phénomène sera ampli é à partir du XIIè siècle, avec la création des premières
universités, dont les membres se plongeront dans l’étude du Code de Justinien, redécouvert après
avoir été perdu pendant plusieurs siècles, suite à la chute de l’Empire romain.
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- Dans le nord, qui reste davantage soumis à l’in uence des règles d’origine germanique, ces
coutumes restent longtemps orales ; on l’appelle donc pays de droit coutumier. Pour faciliter leur
connaissance, les praticiens les regroupèrent par écrit dans des « coutumiers ».
La Révolution avait parmi ses objectifs celui d’uni er et simpli er le droit, à travers un code de lois
communes à tout le territoire. Malgré plusieurs projets, aucun n’aboutit. Seul Napoléon Bonaparte
parviendra à faire promulguer le Code civil des Français, en 1804. Il sera suivi d’autres codes.
La rédaction du Code civil fut con ée à 4 juristes : Portalis, Tronchet, Maleville et Bigot de
Préameneu.
Période marquée par l’in uence du code civil à l’étranger comme en France.
B. XX ème siècle
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Partie 2 : sources du droit
I. La pyramide de Kelsen
Selon cette théorie, la loi est valable si elle est conforme à la Constitution.
- On n’a pas besoin de se demander si chaque norme est juste ou morale, il suf t de véri er
qu’elle est conforme à la norme supérieure
- Il faut prévoir un contrôle de cette conformité.
Vocabulaire :
Constituti
on
Traités et
conventions
internationau
•loi
Loi •ordonnance
•règlement autonome
•règlement
Règlements d'application
•décrets
Il existe deux « Europe ». Il faut absolument savoir les distinguer, car les mécanismes juridiques
sont très différents.
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Organisation Texte Juridiction
Conseil de Convention
Cour EDH
Le droit de l'Europe EDH
l'Europe Union Droit de
CJUE
européenne l'UE
- L’Europe des droits de l’homme : elle réunit 46 États sous l’égide du Conseil de l’Europe (créé
par le traité de Londres le 5 mai 1949, et siégeant à Strasbourg). C’est dans le cadre de ce Conseil
de l’Europe qu’a été adoptée la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et
des libertés fondamentales, la CEDH.
- L’Union européenne, qui réunit aujourd’hui 27 États, et qui correspond à un mécanisme
d’intégration politique très poussé. Le droit qui est produit dans ce cadre est le droit de l’Union
européenne (avant l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, le 1er décembre 2009 on parlait de
droit communautaire).
Les deux Europe ont chacune leur juge qu’il ne faut jamais confondre :
- La Cour européenne des droits de l’homme veille au respect de la Convention EDH,
(Strasbourg)
- La Cour de justice de l’UE (CJUE) [anciennement Cour de justice des communautés
européennes, CJCE] est le juge de l’Union européenne (Luxembourg).
I. Le bloc de constitutionnalité
A. Le corps de constitution
Ce préambule a été reconnu comme intégré au bloc de constitutionnalité (donc dans le contrôle de
constitutionnalité) par une décision du Conseil constitutionnel du 16 juillet 1971.
Le préambule de 1958 renvoie à différents autres textes qui sont donc intégrés dans le bloc de
constitutionnalité :
- Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 (DDHC)
- préambule de la Constitution de 1946, qui se réfère aux « principes particulièrement nécessaires
à notre temps »
- Charte de l’environnement de 2004
Le préambule permet donc de donner une valeur constitutionnelle à des droits et principes
fondamentaux.
Il faut y ajouter d’autres principes, déduits des précédents par le Conseil constitutionnel. Ex : la
fraternité (décision n°2018-717/718 QPC du 6 juillet 2018).
A. Controle a priori
Une loi votée peut être soumise avant sa promulgation au contrôle du Conseil constitutionnel, sur
initiative du Président de la République, du Premier ministre, du Président de l’Assemblée
nationale, du Président du Sénat ; mais aussi, depuis 1974, par un groupe de 60 députés ou 60
sénateurs (donc, potentiellement, l’opposition).
B. Contrôle à posteriori
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Une loi a été votée et promulguée sans que le Conseil constitutionnel soit saisi. Ultérieurement, au
cours d’un procès, l’un des justiciables se rend compte que la loi qu’on veut lui appliquer porte
atteinte à un droit garanti par la Constitution, donc est contraire à la Constitution. Que faire ?
Jusqu’en 2008, rien n’était prévu.
Depuis la réforme constitutionnelle de 2008, le justiciable peut demander au juge de transmettre
une QPC, une question prioritaire de constitutionnalité.
Article 62-1 de la Constitution : « Lorsque, à l’occasion d’une instance en cours devant une
juridiction, il est soutenu qu’une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la
Constitution garantit, le Conseil constitutionnel peut être saisi de cette question sur renvoi du
Conseil d’État ou de la Cour de cassation qui se prononce dans un délai déterminé ».
Pour qu’il y ait un ltrage, c’est la Cour de cassation (ou le Conseil d’État) qui décide de
transmettre ou pas la QPC.
Si la QPC est transmise et que le Conseil constitutionnel estime en effet que cette loi est
anticonstitutionnelle, deux conséquences :
- la disposition légale en question ne sera pas appliquée au litige en cours
- la disposition légale est abrogée et ne sera donc plus applicable, de façon générale
2- l’atteinte à ce droit est-elle justi ée par une n (un objectif) d’intérêt général ou encore par la
nécessité de faire respecter un autre droit protégé par la Constitution ?
Il s’agit le plus souvent d’apprécier la proportionnalité de la mesure législative contestée.
Chapitre 10 : La loi
La loi ne « stipule » pas, elle « dispose », « prévoit », « prescrit », « énonce »… C’est le contrat ou
la convention qui « stipule ».
I. Domaine de la loi
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- « la loi détermine les principes fondamentaux : (…) » (notamment : l’organisation des collectivités
territoriales, l’enseignement, la préservation de l’environnement, le droit du travail, le droit des
contrats…). Il y a alors un domaine partagé avec le règlement : la loi xe les principes
fondamentaux, le règlement précise les détails.
Le Parlement peut autoriser le Gouvernement à prendre des mesures qui seraient normalement du
domaine de la loi. Il faut pour cela une loi d’habilitation.
Ces ordonnances sont prises en Conseil des ministres, après avis du Conseil d’État.
Elles entrent en vigueur dès leur publication, avec une valeur législative (si elles sont bien prises
dans le domaine de la loi).
La loi d’habilitation xe une date limite pour que le Gouvernement dépose un projet de loi de
rati cation par le Parlement. Si ce délai n’est pas respecté, l’ordonnance devient caduque.
Il peut y avoir des modi cations au moment de la rati cation par le Parlement.
A. Entrée en vigueur
C’est le décret de promulgation (décret du Président de la République) qui xe la date de cette loi
(et non le vote dé nitif au Parlement).
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Lorsque la loi a été dé nitivement adoptée, elle est transmise au Gouvernement. Le Président de
la République a alors 15 jours pour la promulguer. Tant que le décret de promulgation n’a pas été
pris, la loi peut être soumise au contrôle du Conseil constitutionnel et ne pourra alors pas être
promulguée avant que le Conseil n’ait rendu sa décision.
Ex : la loi sur le mariage pour tous a été dé nitivement adoptée par le Parlement le 23 avril 2013,
mais promulguée le 17 mai 2013. C’est la loi n°2013-404 du 17 mai 2013 ouvrant le mariage aux
couples de personnes de même sexe.
Pour les curieux, le dossier législatif : https://www.legifrance.gouv.fr/dossierlegislatif/
JORFDOLE000026587592/
2. Sa publication
La loi doit être publiée au Journal of ciel, aujourd’hui édité uniquement sous forme électronique.
Article 1er du Code civil : « Les lois et, lorsqu'ils sont publiés au Journal of ciel de la République
française, les actes administratifs entrent en vigueur à la date qu'ils xent ou, à défaut, le
lendemain de leur publication. Toutefois, l'entrée en vigueur de celles de leurs dispositions dont
l'exécution nécessite des mesures d'application est reportée à la date d'entrée en vigueur de ces
mesures ».
La loi n’est plus applicable à partir de son abrogation. L’abrogation peut être :
- expresse : par une autre loi (ou par le Conseil constitutionnel dans le cadre d’une QPC)
- tacite : lorsqu’un ancien texte est incompatible avec un texte plus récent, on considère que le
texte récent a implicitement abrogé l’ancien ; c’est le juge qui constatera cette abrogation tacite
- automatique : pour les lois expérimentales, il est prévu dans le texte lui-même une date limite de
validité. La loi est votée pour un temps limité, ensuite ses effets sont évalués avant que l’on ne
décide de la supprimer, modi er ou pérenniser. Ex : la loi sur l’IVG. Ces lois expérimentales sont
prévues à l’article 37-1 de la Constitution (« La loi et le règlement peuvent comporter, pour un objet
et une durée limités, des dispositions à caractère expérimental »).
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Chapitre 11 : les règlements
Constitu
tion
Traités et
conventions
internationa
Loi • règlement
autonome
Règlements • règlemen
t
L’article 37 (alinéa 1er) de la Constitution indique que « les matières autres que celles qui sont du
domaine de la loi ont un caractère réglementaire ».
Dans ces domaines réservés de l’article 37 de la Constitution, le règlement est dit « règlement
autonome ». La loi ne peut pas intervenir dans ces domaines, donc le règlement a la même
valeur normative qu’une loi.
Dans les autres domaines, le règlement est dit « règlement d’application ». Il doit respecter les lois
qu’il vient préciser ; il a une valeur infra-législative.
Le contrôle de conformité de toutes ces normes administratives est assuré par le juge
administratif. On parle de « contrôle de légalité », mais le terme « légalité » doit être entendu au
sens large.
décrets
du
Président
décrets du
Premier
ministre
• interministéri
arrêtés els
• ministériels
Il s’agit de textes qui échappent à la hiérarchie des normes, car ils n’ont pas de caractère
obligatoire.
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- circulaire ministérielle : acte émanant d’un ministère et destiné à ses agents, pour leur indiquer
l’interprétation à retenir d’un texte législatif ou réglementaire.
- réponse ministérielle : réponse écrite donnée par un ministère à la question posée par un
sénateur ou député, et indiquant la position du gouvernement sur l’application d’un texte législatif
ou réglementaire.
Article 55 de la Constitution : « Les traités ou accords régulièrement rati és ou approuvés ont, dès
leur publication, une autorité supérieure à celle des lois sous réserve, pour chaque accord ou
traité, de son application par l'autre partie ».
La rati cation est en général de la compétence du Président de la République, mais aussi par le
parlement dans certaines matières particulièrement sensibles combles traités de commerces,
d’économies de l’Etat… (article 53 de la Constitution).
Une fois qu’il est rati é, la loi ne peut donc pas déroger à un traité, elle doit être conforme au traité.
Il y a donc un contrôle de conventionnalité.
La n de l’article 55 correspond à la condition de réciprocité (« sous réserve (…) de son application
par l’autre partie ») : si l’autre État signataire ne respecte pas le traité, le droit français n’est pas
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obligé de le faire non plus, donc une loi française pourrait être contraire au traité. Mais attention,
cette condition de réciprocité n’est exigée que pour les traités bilatéraux.
Le traité est obligatoire pour l’État signataire, qui ne doit donc pas édicter de loi qui violerait le
traité.
Mais les particuliers peuvent-ils invoquer le traité en justice, pour faire valoir leurs droits ? Oui ils le
peuvent.
C’est ce que l’on appelle l’effet direct du traité dans l’ordre interne.
Comment savoir si le traité a un effet direct dans notre ordre interne ? C’est le juge saisi du litige
qui devra se prononcer. Attention, le juge doit se prononcer sur l’effet direct de chaque droit
subjectif conféré aux individus, pas sur l’effet direct du traité dans son ensemble.
Si un nouveau traité est en contradiction avec une loi déjà existante, il n’y a pas de dif culté : le
traité a été rati é par une loi, donc cette loi de rati cation abroge du même coup la loi antérieure
non conforme. Je peux me prévaloir traité postérieur pour écarter l’application d’une loi antérieure
contraire.
Mais si une loi est postérieure au traité et contraire à ce traité ?
Extraits de la décision :
5. Considérant qu'une loi contraire à un traité ne serait pas, pour autant, contraire à la
Constitution ;
6. Considérant qu'ainsi le contrôle du respect du principe énoncé à l'article 55 de la Constitution ne
saurait s'exercer dans le cadre de l'examen prévu à l'article 61, en raison de la différence de
nature de ces deux contrôles ;
7. Considérant que, dans ces conditions, il n'appartient pas au Conseil constitutionnel, lorsqu'il est
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saisi en application de l'article 61 de la Constitution, d'examiner la conformité d'une loi aux
stipulations d'un traité ou d'un accord international ;
Dès 1975, la Cour de cassation prend position et estime que le juge judiciaire peut opérer le
contrôle de conventionnalité.
C’est l’arrêt de la Chambre mixte du 24 mai 1975 (n°73-13.556), appelé arrêt Jacques Vabre.
Attention, le juge ne peut pas abroger la loi contraire au traité, il peut seulement écarter son
application dans le cas précis qui lui est soumis.
Le Conseil d’État a attendu 1989 pour suivre la même position que la Cour de cassation.
Dorénavant, il estime que le juge administratif est compétent pour contrôle la conventionnalité de
la loi à un traité.
C’est l’arrêt du 20 octobre 1989, Nicolo (n°108243).
Les juridictions internationales font prévaloir le traité sur les constitutions des Etats signataires.
Cour internationale de justice, Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) ou encore Cour
européenne des droits de l’homme, sont unanimes sur ce point.
Il faut d’abord remarquer que la question ne peut se poser que très rarement :
- le droit constitutionnel français est très largement conforme aux valeurs véhiculées par les
conventions internationales
- l’article 54 de la Constitution prévoit que les traités ne peuvent être rati és que s’ils ne
comportent pas de disposition contraire à la Constitution ; pour rati er un tel traité, il faudra
d’abord procéder à une révision de la Constitution. Le contrôle se fait donc en principe a priori
(avant l’entrée du traité dans notre droit).
Mais il peut arriver exceptionnellement que le contrôle a priori n’ait pas fonctionné (personne n’a
soulevé le problème). Le Conseil d’État et la Cour de cassation ont ainsi eu à prendre position, à
propos d’une question très technique. Il s’agissait d’une loi constitutionnelle du 20 juillet 1998,
prévoyant la détermination du corps électoral devant se prononcer sur l’Accord de Nouméa (relatif
au statut de la Nouvelle-Calédonie). Se posait la question de la conformité de cette norme
constitutionnelle au Pacte de New York sur les droits civils et politiques et à la Convention EDH.
Le Conseil d’État et la Cour de cassation ont alors décidé que « la suprématie conférée aux
engagements internationaux ne s’applique pas dans l’ordre interne aux dispositions de valeur
constitutionnelle ».
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Chapitre 13 : Le droit européen des droits de l’Homme
Mais surtout, la Convention a mis en place une juridiction chargée de son respect, la Cour
européenne des droits de l’homme (CEDH), qui siège également à Strasbourg. Il y a un juge par
État contractant, élu pour 6 ans (et rééligible).
La CEDH peut être saisie par un État, mais aussi par les particuliers, notamment contre leur
propre État. C’est ce que l’on appelle le droit de recours individuel.
Notons aussi que les juridictions internes peuvent solliciter l’avis consultatif de la CEDH sur des
questions relatives aux droits et libertés dé nis par la Convention. On parle de « dialogue des
juges ».
https://www.youtube.com/watch?
v=FxfCnu2m6nw&list=PLT-6qb4oU5fhzKQdkQk6O7UPNhSuAWsB9&index=3
La Cour peut être saisie d’une requête par toute personne physique, toute organisation non
gouvernementale ou tout groupe de particuliers qui se prétend victime d’une violation par l’une des
Hautes Parties contractantes des droits reconnus dans la Convention ou ses protocoles. Les
Hautes Parties contractantes s’engagent n’entraver par aucune mesure l’exercice ef cace de ce
droit.
La Cour ne peut être saisie qu’après l’épuisement des voies de recours internes, tel qu’il est
entendu selon les principes de droit international généralement reconnus, et dans un délai de
quatre mois partir de la date de la décision interne dé nitive. (…)
- Le recours est dirigé contre l’une des Hautes Parties contractantes, càd les Etats membres.
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à
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- Violation des droits reconnus dans la convention et ses protocoles. Je dois toujours dire quel
droit a été violé.
- Epuisement des voies de recours internes
- Délai de 4 mois à partir de la date de la décision interne dé nitive
- véri er que le droit interne porte bien atteinte à un droit garanti par la Convention
- véri er que cette atteinte n’est pas justi ée par un but légitime
- en cas de but légitime : véri er l’absence de proportionnalité entre l’atteinte et ce qui est
nécessaire pour protéger ce but légitime
1. Au niveau étatique
Si la CEDH constate une violation, elle ne peut cependant pas annuler la décision interne, ni
ordonner des modi cations à l’État.
Mais les États se sont engagés à se conformer aux arrêts de la Cour rendus contre eux. L’État
concerné procèdera donc souvent à une modi cation de son droit interne pour l’avenir. L’exemple
le plus connu est l’arrêt Mazurek c/ France rendu le 1er février 2000 (n°34406/97)
2. Au niveau individuel
Que devient le justiciable victime de la violation de la CEDH, puisque la Cour ne peut pas annuler
la décision interne qui viole ses droits ?
- dans certaines matières, le droit français prévoit la possibilité de réexaminer la situation, donc de
revenir sur la décision de justice initiale. C’est l’autorité de la chose jugée. C’est la « procédure de
réexamen », prévue pour les décisions pénales (depuis 2000) et depuis 2016 pour certaines
décisions civiles : seulement en matière d’état des personnes et à condition que « par sa nature et
sa gravité, la violation constatée entraîne, pour cette personne, des conséquences dommageables
auxquelles la satisfaction équitable accordée en application de l’article 41 (…) ne pourrait mettre
un terme » (art. L452-1 COJ).
Sur la jurisprudence de la Cour EDH : plusieurs guides thématiques, par exemple : https://
www.echr.coe.int/Documents/Guide_LGBTI_rights_FRA.pdf
https://www.echr.coe.int/Documents/Guide_Art_8_FRA.pdf
https://www.echr.coe.int/Documents/Handbook_rights_child_FRA.PDF
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Chapitre 14 : le droit de l’Union Européenne
Déconstruire
https://european-union.europa.eu/index_fr
L’ancêtre de l’Union européenne est la Communauté Économique Européenne (CEE), instaurée
par le Traité de Rome de 1957 entre 6 pays fondateurs (France, RFA, Belgique, Luxembourg,
Pays-Bas, Italie).
La CEE s’élargira progressivement, puis deviendra l’Union européenne avec le Traité de
Maastricht de 1992.
Elle comprend aujourd’hui 27 membres (depuis le Brexit, effectif au 1er janvier 2021). Cet
élargissement a conduit à une réforme du fonctionnement des institutions européennes, opérée
par le Traité de Lisbonne du 13 décembre 2007 (entré en vigueur le 1er décembre 2009). Cette
évolution s’est accompagnée d’un changement de vocabulaire : le droit communautaire est devenu
le droit de l’Union européenne.
Pour le détail des étapes de la construction européenne, on renverra au cours du second semestre
spécialement dédié aux Institutions européennes. On en donnera seulement un aperçu
aujourd’hui.
I. Institutions européennes
A. Institutions politiques
Nom Composi on
Commission européenne 1 représentant de chaque Etat-membre
Parlement européen Membres élus dans chaque Etat-membre, au su rage universel direct, pour
un mandat de 5 ans
Présidente : Roberta Metsola
(Malte) ; mandat 2,5 ans (751 députés européens)
renouvelable une fois
B. Juridictions
La Cour de justice des Communautés européennes (CJCE) est devenue en 2009 la Cour de
justice de l’Union européenne (CJUE).
Elle comprend également un Tribunal, créé en 1988 pour désengorger la Cour. Tous deux siègent
à Luxembourg.
Ils ont pour mission de veiller à ce que le droit de l’Union soit :
- interprété et appliqué de façon uniforme dans tous les pays membres, 27 aujourd’hui.
- respecté par les institutions de l’UE et les pays membres
Les recours peuvent être formés par un État membre, une institution de l’UE, une personne privée.
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II. Sources du droit de l’UE
Il faut bien distinguer le droit primaire (aussi appelé droit originaire) et le droit dérivé. Le droit
originaire crée le droit dérivé.
Ce droit est dit « dérivé » car il est adopté par les institutions européennes en application des
traités. Le droit dérivé doit être conforme au droit primaire, la CJUE étant compétente pour opérer
le contrôle de cette hiérarchie européenne des normes.
Pour exercer les compétences de l'Union, les institutions adoptent des règlements, des directives,
des décisions, des recommandations et des avis.
Le règlement a une portée générale. Il est obligatoire dans tous ses éléments et il est directement
applicable dans tout État membre.
La directive lie tout État membre destinataire quant au résultat à atteindre, tout en laissant aux
instances nationales la compétence quant à la forme et aux moyens.
La décision est obligatoire dans tous ses éléments. Lorsqu'elle désigne des destinataires, elle n'est
obligatoire que pour ceux-ci.
Les recommandations et les avis ne lient pas.
On se focalisera sur les trois principaux types de normes de droit dérivé, celles qui sont
obligatoires :
1. Le règlement européen
Il a une portée générale et contraignante, et est directement applicable dans les États membres.
Exemple connu : le RGPD (Règlement général sur la protection des données, entré en vigueur en
2018). Autre exemple : Règlement Bruxelles II ter, qui règle les questions de séparation parentale
et d’enlèvement international d’enfant (Règlement 2019/1111).
2. La directive européenne
Elle a une portée générale et contraignante mais xe seulement les objectifs à atteindre, chaque
État restant libre des moyens de la transposition de ces objectifs. La directive n’est donc pas
directement applicable en droit interne, elle nécessite une loi de transposition et elle xe un délai
pour cette transposition. Un État membre peut être condamné par la CJUE en cas de retard dans
la transposition ou de transposition non dèle.
Exemple : directive 2005/36/CE relative à la reconnaissance des quali cations professionnelles
(transposée en France par l’ordonnance n°2008-507 du 30 mai 2008)
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Exemple : décision 2017/502 de la Commission du 21 octobre 2015 qui condamne la société
Starbucks à restituer des sommes à l’État néerlandais (les déductions d’impôts accordées ont été
considérées comme illégales)
- CJCE, 15 juillet 1964, Costa c/ Enel : « à la différence des traités internationaux ordinaires, le
traité de la CEE a institué un ordre juridique propre intégré au système juridique des États
membres lors de l'entrée en vigueur du traité et qui s'impose à leurs juridictions ».
- La solution est également admise par le juge interne.
Pour le juge européen, le raisonnement de l’arrêt Costa c/ Enel vaut également à l’égard des
règles constitutionnelles internes.
Dans l’ordre interne, il faut distinguer le droit originaire et le droit dérivé.
- droit originaire : on a vu à la leçon 12 que l’article 54 de la Constitution prévoit que les traités ne
peuvent être rati és que s’ils ne comportent pas de disposition contraire à la Constitution ; les
traités européens ont une telle importance qu’ils seront probablement toujours soumis au
contrôle a priori du Conseil constitutionnel. Il ne devrait donc pas y avoir de problème.
- droit dérivé : il n’est pas soumis à rati cation, il n’y a donc pas de possibilité de contrôle a priori.
Cependant, le Conseil constitutionnel refuse de contrôler la constitutionnalité d’une directive
(décision n°2004-496 DC du 10 juin 2004).
Article 55 de la Constitution : « Les traités ou accords régulièrement rati és ou approuvés ont, dès
leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve, pour chaque accord ou
traité, de son application par l'autre partie. »
Article 88-1 de la Constitution : « La République participe à l'Union européenne constituée d'Etats
qui ont choisi librement d'exercer en commun certaines de leurs compétences en vertu du traité
sur l'Union européenne et du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, tels qu'ils
résultent du traité signé à Lisbonne le 13 décembre 2007 ».
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18. Considérant qu'il appar ent par suite au Conseil Le Conseil cons tu onnel doit donc
cons tu onnel, saisi dans les condi ons prévues par l'ar cle 61 veiller à ce que la transposi on soit
de la Cons tu on d'une loi ayant pour objet de transposer en e ectuée, ce qui ouvre un certain
droit interne une direc ve communautaire, de veiller au respect contrôle.
de ce e exigence ; que, toutefois, le contrôle qu'il exerce à cet
e et est soumis à une double limite ; Mais ce contrôle est doublement limité,
il ne peut s’exercer que dans deux cas. Le
Conseil cons tu onnel peut déclarer
incons tu onnelle la loi de
transposi on :
19. Considérant, en premier lieu, que la transposi on d'une - si elle porte a einte à « une règle ou un
direc ve ne saurait aller à l'encontre d'une règle ou d'un principe principe inhérent à l’iden té
inhérent à l'iden té cons tu onnelle de la France, sauf à ce que cons tu onnelle de la France ».
le cons tuant y ait consen ;
20. Considérant, en second lieu, que, devant statuer avant la - si elle est manifestement incompa ble
promulga on de la loi dans le délai prévu par l'ar cle 61 de la avec la direc ve à transposer.
Cons tu on, le Conseil cons tu onnel ne peut saisir la Cour de
jus ce des Communautés européennes de la ques on
préjudicielle prévue par l'ar cle 234 du traité ins tuant la
Communauté européenne ; qu'il ne saurait en conséquence
déclarer non conforme à l'ar cle 88-1 de la Cons tu on qu'une
disposi on législa ve manifestement incompa ble avec la
direc ve qu'elle a pour objet de transposer ; (…)
30. Considérant, dès lors, que la loi française de transposi on Ce e incompa bilité peut résulter de la
serait contraire à l'exigence cons tu onnelle qui résulte de viola on par la loi de transposi on :
l'ar cle 88-1 de la Cons tu on si elle portait a einte aux
préroga ves que la direc ve reconnaît aux auteurs ou aux
tulaires de droits voisins en ma ère de reproduc on et de
- des disposi ons incondi onnelles et
communica on au public de leurs œuvres ou presta ons ; qu'en
précises de la direc ve
pareil cas, en e et, elle méconnaîtrait manifestement tant
l'objec f général poursuivi par la direc ve que ses disposi ons - ou de l’objec f général poursuivi par la
incondi onnelles ; direc ve
NB : que faut-il comprendre par « règle ou principe inhérent à l’identité constitutionnelle de la
France » ?
Il s’agit d’un principe fondamental qui n’est pas protégé par le droit de l’UE, mais seulement par les
normes constitutionnelles française. Les valeurs sont souvent les mêmes, mais pas toujours. Par
exemple, ne sont pas protégés par le droit de l’UE (mais par la Constitution française) : la laïcité,
l’égalité d’accès aux emplois publics.
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Chapitre 15 : L’application de la loi dans le temps
Lorsqu’une réforme intervient sur une question de droit, quelle loi appliquer ? L’ancienne ou la
nouvelle ?
C’est une question que l’on désigne comme : les con its de lois dans le temps, ou encore le « droit
transitoire ».
Exemple concret : la loi du 3 janvier 2001 prévoit l’égalité des liations et supprime notamment
l’inégalité successorale pour les enfants adultérins. Un enfant adultérin né en 1995 aura-t-il droit à
une part complète de succession, ou une demi-part ? Si son parent décède en 2003 ? Si son
parent est décédé en 1999 ? On voit toute l’importance de cette question.
Il faut trouver une solution qui permette d’équilibrer deux objectifs potentiellement contradictoires :
- l’unité du droit, en faisant prédominer le droit le plus récent car porteur de progrès social (si le
législateur a changé la loi, c’est qu’il estime que la loi nouvelle est meilleure)
- la sécurité juridique (la possibilité pour les individus de prévoir quelles règles sont applicables à
leur situation)
A. Eléments d’explications
Un nom à retenir sur cette question : Paul Roubier, qui a beaucoup in uencé la jurisprudence avec
son ouvrage Le droit transitoire (1929).
- la notion de situation juridique, avec une phase de création (formation) et une phase
d’extinction ;
- et les effets de cette situation juridique (effets passés, effets à venir).
Six questions peuvent se poser lorsqu’une loi nouvelle intervient = quelle loi (loi ancienne / loi
nouvelle) doit-on appliquer à :
* La loi A augmente le salaire minimal applicable aux salariés de la même catégorie que Tom et
Albane.
- Tom peut-il demander un complément de salaire pour tous les mois où il n’a pas reçu ce nouveau
montant minimal ? Il s’agit de savoir si la loi nouvelle est applicable aux effets passés d’une
situation juridique éteinte (hypothèse 2).
- Albane peut-elle demander un complément de salaire pour tous les mois où elle n’a pas reçu ce
nouveau montant minimal ? Il s’agit de savoir si la loi nouvelle est applicable aux effets passés
d’une situation toujours en cours (hypothèse 4).
- Albane peut-elle demander le complément de salaire pour les mois à partir de janvier 2023 ? Il
s’agit de savoir si la loi nouvelle est applicable aux effets futurs d’une situation toujours en cours
(hypothèse 5).
* La loi B ajoute une condition de diplôme obligatoire pour recruter des salariés sur le type de
poste qu’occupaient Tom et Albane. Or, aucun d’eux n’avait pas ce diplôme : leur contrat est-il
annulé ? Qu’en sera-t-il des futurs salariés recrutés ?
- Pour Tom, il s’agit de savoir si la loi nouvelle est applicable aux conditions de formation d’une
situation juridique éteinte (hypothèse 1).
- Pour Albane, il s’agit de savoir si la loi nouvelle est applicable aux conditions de formation d’une
situation juridique en cours (hypothèse 3)
- Pour tous les futurs salariés recrutés par l’entreprise, il s’agira de savoir si la loi nouvelle est
applicable aux conditions de formation d’une situation juridique postérieure à la loi nouvelle
(hypothèse 6)
Si l’on applique une loi nouvelle aux effets futurs d’une situation en cours = hypothèse 5
Cela correspond à l’application immédiate de la loi nouvelle.
Mais si je continue à appliquer la loi ancienne aux effets futurs d’une situation en cours =
hypothèse 5
Cela correspond à la survie de la loi ancienne.
En n, évidemment, lorsque la situation est formée après l’entrée en vigueur de la loi (hypothèse
6), la question ne se pose pas vraiment : on applique la loi en vigueur au moment de cette
formation de la situation, c’est-à-dire la loi « nouvelle » (qui n’est plus nouvelle, en réalité).
B. Eléments textuels
➢ Article 8 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789) : « Nul ne peut être
puni qu’en vertu d’une loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement
appliquée ».
➢ Article 2 du Code civil : « La loi ne dispose que pour l’avenir ; elle n’a point d’effet
rétroactif ».
- la loi ne dispose que pour l’avenir + elle n’a point d’effet rétroactif : non-rétroactivité de la loi (I)
Cela correspond à l’objectif de sécurité juridique.
Mais il faut aussi lire :
- la loi (ne) dispose (que) pour l’avenir : application immédiate de la loi nouvelle (II)
Cela correspond aux objectifs d’unité du droit et de progrès social
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Il signi e que la loi nouvelle ne s’applique pas :
- aux conditions de formation d’une situation juridique antérieure à la loi (plus précisément :
antérieure à l’entrée en vigueur de la loi) = hypothèse 1
- aux effets (passés et futurs) d’une situation juridique née antérieurement à la loi (situation
éteinte ou situation encore en cours) = hypothèses 2, 4 et 5
A. En matière pénale
Hypothèse : la loi pénale change entre le moment où l’infraction est commise et celle où elle est
jugée.
1. Principe
On voit que l’alinéa 1er concerne la commission de l’infraction ; l’alinéa 2 concerne les peines, les
sanctions.
Autrement dit, l’alinéa 1er concerne la constitution de la situation juridique, l’alinéa 2 concerne ses
effets.
Ex : une loi A de janvier 2045 interdit de manger des crêpes, sous peine d’une amende de 125
euros. Une loi B de janvier 2046 augmente la peine, en prévoyant un emprisonnement d’un mois.
J’ai mangé des crêpes en décembre 2044 et en avril 2045.
- Suis-je punissable pour ma gourmandise de 2044 ? non, car la loi A ne peut pas s’appliquer
rétroactivement.
- Pour ma gourmandise de 2045, quelle est la peine encourue ? L’amende de 125 euros était déjà
prévue (loi A), mais pas celle de l’emprisonnement (loi B), au moment de la commission de
l’infraction.
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2. Exception : rétroactivité in mitius
Mais il existe un principe de faveur pour le délinquant : la rétroactivité de la loi pénale plus douce.
On parle de « rétroactivité in mitius » (mitis = doux, en latin). Si la loi est devenue plus douce entre
le moment de l’infraction et celui du jugement (ex : peine moins lourde), le juge doit appliquer la loi
nouvelle.
C’est ce qu’indique l’article 112-1 du code pénal, alinéa 3 : « Toutefois, les dispositions nouvelles
s'appliquent aux infractions commises avant leur entrée en vigueur et n'ayant pas donné lieu à une
condamnation passée en force de chose jugée lorsqu'elles sont moins sévères que les
dispositions anciennes ».
Ex 1 : André a commis une infraction en 2021, le code pénal prévoyait alors une peine maximale
de 5 ans d’emprisonnement. Il est jugé en décembre 2022. Or, une loi de septembre 2022 a
abaissé la peine maximale encourue à 3 ans d’emprisonnement. Il ne pourra donc pas être
condamné à plus de 3 ans d’emprisonnement. Il béné cie de l’exception de rétroactivité in mitius.
Ex 2 : Samia a commis une infraction en 2021, le code pénal prévoyait alors une peine maximale
d’1 an d’emprisonnement. Elle est jugée en décembre 2022. Or, une loi de septembre 2022 a durci
la peine maximale encourue, pour la porter à 2 ans. Mais Samia sera jugée par rapport à la loi
applicable au moment où elle a commis l’infraction : pas de rétroactivité de la loi pénale. Donc elle
encourt une peine maximale d’1 an. Elle béné cie du principe de non-rétroactivité de la loi pénale.
B. En matière civile
Article 2 du Code civil : « La loi ne dispose que pour l’avenir ; elle n’a point d’effet rétroactif ».
Les conditions de formation d’une situation en cours sont donc toujours régies par la loi ancienne
(la loi qui était en vigueur au moment où cette situation s’est formée). Idem pour les effets passés
d’une situation (éteinte ou en cours). = hypothèses 3 et 4.
C’est le principe en matière civile, mais il peut y avoir des exceptions, donc une rétroactivité de la
loi nouvelle.
L’article 8 DDHC concerne uniquement le droit pénal, donc on ne l’applique pas en matière civile.
L’article 2 du Code civil a une valeur législative ; la loi peut donc en principe y porter atteinte et
prévoir que telle loi aura des effets rétroactifs. C’est le cas notamment :
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- Des lois interprétatives : la loi interprétative vient préciser le sens d’une loi antérieur ou préciser
l’interprétation jurisprudentielle de la loi ancienne.
- Des lois de validation : la loi de validation vient valider une situation pourtant non conforme à la
loi antérieure, pour des raisons d’intérêt général, il vaut mieux valider, pour notamment pour
éviter un contentieux de masse.
Contentieux de masse : beaucoup de procès sur un même sujet dans un laps de temps restreint.
Ex : l’affaire des tableaux d’amortissement. Une loi de 1979 imposait au banquier de joindre un
tableau d’amortissement en cas de prêt immobilier ; mais les informations contenues dans ce
tableau n’étaient pas précisément indiquées dans la loi. En 19941, la Cour de cassation décida que
les informations devaient être beaucoup plus complètes que ce qu’était la pratique habituelle des
banquiers. La sanction, pour les banques, était la déchéance des intérêts : le prêt devenait donc
gratuit. Pour éviter la perte de tous ces droits aux intérêts, une loi de 19962 a validé des prêts qui
n’avaient pourtant pas fait l’objet d’une information préalable suf sante.
- Des lois plus ordinaires qui prévoient la rétroactivité ; ex : la loi du 4 mars 2002 qui est venue
« briser » la jurisprudence Perruche (cf. le cours de droit de la responsabilité, L2 semestre 2).
Une loi peut être déclarée inconstitutionnelle ou inconventionnelle (contraire à une convention
internationale, notamment la Convention EDH) parce qu’elle est rétroactive…
Dans l’affaire précitée des tableaux d’amortissement, la loi de 1996 a été déclarée :
- Conforme à l’article 6-1 de la Convention EDH, par la Cour de cassation (Cass., 1ère civ., 29 avril
2003, n°00-20.062) : le législateur obéissait à d’impérieux motifs d’intérêt général, à savoir éviter
que soit compromise la pérennité des activités bancaires dans le domaine du crédit immobilier.
- Mais contraire à la Convention EDH, par la Cour EDH (CEDH, 14 février 2006, n°67847/01 ;
Lecarpentier c/ France) : atteinte injusti ée et disproportionnée au droit au respect des biens
(garanti par l’art. 1er du premier protocole additionnel). En effet, selon la Cour : « aucun élément
ne vient étayer l’argument selon lequel l’impact aurait été d’une telle importance que l’équilibre
du secteur bancaire et l’activité économique en général auraient été mis en péril » (n°47).
Conclusion : la loi rétroactive doit répondre à un impérieux motif d’intérêt général, sous peine :
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Ex : Cassation en assemblée plénière, le 23 juin 2004, n°03-13617 (absence d’impérieux motif
d’intérêt général à cette rétroactivité, s’agissant d’une loi interprétative qui venait corriger une
interprétation jurisprudentielle)
A. Le principe
- aux situations juridiques qui sont nées postérieurement à cette mise en vigueur (hypothèse 6).
- mais aussi aux effets futurs d’une situation qui était déjà en cours au moment de cette entrée en
vigueur (hypothèse 5)
L’idée est d’assurer une unité d’application du droit, d’éviter la multiplication de régimes différents.
C’est la jurisprudence qui a consacré ce principe, car le texte de l’article 2 du Code civil ne le
formule pas de façon aussi explicite.
Cass. 3ème civ., 13 novembre 1984, n°83-14.566 : « une loi nouvelle s'applique immédiatement aux
effets à venir des situations juridiques non contractuelles en cours au moment où elle entre en
vigueur ».
Ex : M. et Mme Martin se sont mariés en 1970, à une époque où la loi ne permettait pas le divorce
par consentement mutuel ; il fallait prouver une faute de l’autre conjoint pour divorcer. En 1975,
une loi nouvelle a permis le divorce par consentement mutuel : si les deux conjoints sont d’accord
pour divorcer, ils peuvent le faire même sans prouver de faute de l’un ou de l’autre. Aujourd’hui, M.
et Mme Martin veulent divorcer, même s’ils n’ont rien à se reprocher. La loi de 1975 leur est-elle
applicable ? Notez bien que leur situation juridique (le mariage) s’est formée en 1970 donc avant
cette loi nouvelle de1975. On va cependant appliquer immédiatement la loi nouvelle (1975) à cette
situation juridique en cours (depuis 1970), pour les effets futurs (la possibilité de divorce).
1. En matière contractuelle
Reprenons nos deux objectifs potentiellement contradictoires, pour les appliquer au contexte
spéci que du contrat :
- l’unité du droit : elle est moins importante en matière contractuelle, car justement le contrat
permet aux parties de choisir ensemble les règles adaptées spécialement à leur situation, à leur
projet. Vous le verrez en L2, on dit que « le contrat est la loi des parties ». Paul Roubier
écrivait que le contrat est « le moyen par lequel la diversité pénètre dans le monde juridique ».
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- la sécurité juridique : elle est particulièrement importante en matière contractuelle. C’est à ça
que sert un contrat : c’est un outil de prévision, il ne faut donc pas porter atteinte à ce qu’ont
négocié et prévu ensemble les parties.
La loi nouvelle s’appliquera donc aux contrats conclus après son entrée en vigueur, mais pas aux
contrats conclus avant et qui sont toujours en cours. En matière contractuelle, il y a donc « survie
de la loi ancienne ».
C’est la jurisprudence qui a imposé cette règle, inspirée par Roubier. Cass. 3ème civ., 3 juillet
1979, n°77-15.552 : « il résulte des dispositions de l'article 2 du code civil que les effets des
contrats conclus antérieurement à la loi nouvelle, même s'ils continuent à se réaliser
postérieurement à cette loi, demeurent régis par les dispositions de la loi sous l'empire de laquelle
ils ont été passés ». = hypothèse 5
MAIS ! exception à l’exception, il y aura application de la loi nouvelle lorsqu’elle répond à des
« exigences impérieuses d’ordre public » (autre formulation : « disposition impérieuse d’intérêt
général »).
Notamment en matière de contrat de travail, car il faut faire en sorte que tous les salariés d’une
entreprise soient soumis aux mêmes règles, quelle que soit leur date d’embauche. Ex : éviter que
dans une même entreprise certains salariés aient un temps de travail hebdomadaire de 40h,
d’autres de 39h, d’autres encore de 35h.
2. Dispositions transitoires
La survie de la loi ancienne pour un certain temps peut être prévue par la loi nouvelle elle-même,
qui comporte des dispositions transitoires allant dans ce sens.
Un exemple que vous retrouverez l’année prochaine en L2 au 1er semestre, dans le cours de droit
des contrats. Ex : La réforme du droit des obligations contient des dispositions transitoires, dans la
loi de rati cation du 20 avril 2018, particulièrement son article 16 :
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Les modi cations apportées par la présente loi aux articles 1112, 1143, 1165, 1216-3, 1217, 1221,
1304-4, 1305-5, 1327-1, 1328-1, 1347-6 et 1352-4 du code civil ont un caractère interprétatif. »
- al. 1er : l’entrée en vigueur de la loi est précisée (1er octobre 2018, et non pas le lendemain de la
promulgation de la loi)
- al. 2 : les articles cités (qui sont issus de la loi nouvelle) ne sont applicables qu’aux contrats
conclus après le 1er octobre 2018. Principe de survie de la loi ancienne en matière contractuelle.
A contrario pour les autres articles, il n’y a pas de survie de la loi ancienne > application directe
de la loi nouvelle.
- al. 3 : ces autres articles (toujours dans leur rédaction issue de la loi nouvelle) sont quali és
d’interprétatifs, donc rétroactivement applicables ; autrement dit, applicables à tous les contrats
en cours, même conclus (formés) avant l’entrée en vigueur de la loi.
Conclusion
B. Schéma récapitulatif
exception :
rétroactivité (lois
interprétatives, de
validation)
Réponse :
PJ = La loi nouvelle est-elle applicable aux effets passés d’une situation juridique éteinte ?
Droit applicable = Article 2 du Code civil : « La loi ne dispose que pour l’avenir ; elle n’a point
d’effet rétroactif ». Le principe est la non-rétroactivité de la loi nouvelle, sauf si elle en dispose
autrement. La question des effets passés d’une situation juridique éteinte est une question
totalement antérieure à la loi nouvelle. Celle-ci ne s’y applique donc pas.
Application = La loi A date de janvier 2023, alors que Tom a démissionné en septembre 2022.
Cette loi n’est donc pas applicable à la situation passée de Tom, en particulier le montant minimal
de salaire. Il ne pourra pas invoquer cette loi nouvelle pour obtenir un complément de salaire.
2) Albane peut-elle demander un complément de salaire pour tous les mois où elle n’a pas reçu ce
nouveau montant minimal ?
Réponse :
PJ = La loi nouvelle est-elle applicable aux effets passés d’une situation juridique toujours en
cours ?
Droit applicable = Article 2 du Code civil : « La loi ne dispose que pour l’avenir ; elle n’a point
d’effet rétroactif ». Le principe est la non-rétroactivité de la loi nouvelle, sauf si elle en dispose
autrement. La question des effets passés d’une situation juridique éteinte est une question
totalement antérieure à la loi nouvelle. Celle-ci ne s’y applique donc pas.
Application = Albane ne peut pas demander de complément de salaire pour les mois antérieurs à
l’entrée en vigueur de la nouvelle loi.
3) Albane peut-elle demander le complément de salaire pour les mois à partir de janvier 2023 ?
Réponse :
PJ = La loi nouvelle est-elle applicable aux effets futurs d’une situation juridique toujours en
cours ?
Droit applicable = Article 2 du code civil, principe de l’application immédiate de la loi nouvelle. Mais
la jurisprudence décide que la loi ancienne doit survivre en matière contractuelle (Cass. 3ème civ., 3
juillet 1979). Sauf si la disposition en question de cette loi nouvelle est une disposition impérieuse
d’intérêt général. C’est notamment souvent le cas pour le contrat de travail.
Application = Selon que l’augmentation de salaire est considérée ou non comme une disposition
impérieuse d’intérêt général, la solution sera différente. Il est très probable qu’une augmentation
de salaire rentre dans cette catégorie. Albane devrait donc pouvoir demander le complément de
salaire pour les mois à partir de janvier 2023.
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4) La loi B ajoute une condition de diplôme obligatoire pour recruter des salariés sur le type de
poste qu’occupait Tom. Or, Tom n’avait pas ce diplôme : son ancien contrat est-il annulé ?
Réponse :
PJ = La loi nouvelle est-elle applicable aux conditions de formation d’une situation juridique
passée ?
Droit applicable = Article 2 du code civil, la loi n’est pas rétroactive.
Application = Ici, il n’y a pas de doute, la situation est déjà éteinte au moment de l’entrée en
vigueur de la loi, qui ne peut donc la régir rétroactivement. L’ancien contrat de Tom ne sera donc
pas annulé.
Réponse :
PJ = La loi nouvelle est-elle applicable aux conditions de formation d’une situation juridique en
cours au moment de son entrée en vigueur ?
Droit applicable = Appliquer une loi nouvelle aux conditions de formation d’une situation juridique
formée antérieurement à son entrée en vigueur, serait faire rétroagir la loi. Or, cette rétroactivité est
écartée par l’article 2 du code civil.
Application = Même si la situation d’Albane est déjà en cours, les conditions qui étaient en vigueur
au moment de sa formation ont été respectées. Le contrat ne peut donc pas être annulé
rétroactivement.
6) Les futurs salariés recrutés dans l’entreprise au même type de poste que Tom et Albane,
devront-ils avoir le diplôme requis par la loi B ?
Réponse :
PJ = La loi nouvelle est-elle applicable aux conditions de formation d’une situation juridique
postérieure à son entrée en vigueur ?
Droit applicable = Bien évidemment, sauf disposition repoussant la date d’application de la loi
nouvelle, cette dernière s’applique à toutes les situations juridiques formées postérieurement à son
entrée en vigueur. L’article 2 du code civil précise que la loi n’a d’effets que pour l’avenir ; cela
signi e qu’elle a bien des effets pour l’avenir.
Application = Les futurs recrutements à ce type de poste devront donc respecter la condition de
diplôme posée par la loi B.
Chapitre 16 : La jurisprudence
Rappel de vocabulaire :
Les tribunaux rendent des « jugements ». Tout ceci peut être regroupé sous le terme
Les cours rendent des « arrêts ». générique de « décisions », ce qui est bien
Les conseils rendent des « avis ». pratique quand on ne se souvient plus du
Et les juges uniques, des « ordonnances ». terme exact ou pour éviter des répétitions.
La Cour de cassation : elle casse l’arrêt d’appel (elle est d’accord avec le pourvoi) ou rejette le
pourvoi (elle est d’accord avec la cour d’appel).
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Motifs : argumentation développée par les juridictions au soutien de leurs décisions
Le mot jurisprudence vient du latin jurisprudentia : la science du droit. Cela correspond plutôt à ce
que l’on appelle la doctrine (voir leçon 17). Le sens moderne du mot jurisprudence correspond
plutôt à l’activité des juges.
- dans un sens large : l’ensemble des décisions de justice (4 millions environ par an en France
- dans un sens strict, qui nous intéresse ici : « la solution suggérée par un ensemble de décisions
suf samment concordantes rendues par les juridictions sur une question de droit » (dé nition du
Lexique des termes juridiques).
Article 5 du Code civil dispose que « Il est défendu aux juges de prononcer par voie de disposition
générale et réglementaire sur les causes qui leur sont soumises ».
L’article 5 du Code civil interdit ce qu’on appelle les « arrêts de règlement » : des décisions de
justice qui auraient une portée générale. Il interdit au juge de créer une règle de droit.
Mais d’un autre côté, l’article 4 du Code civil interdit le déni de justice. Il est ainsi formulé : « Le
juge qui refusera de juger, sous prétexte du silence, de l'obscurité ou de l'insuf sance de la loi,
pourra être poursuivi comme coupable de déni de justice ».
Or, la loi ne peut pas tout prévoir.
- elle ne peut pas énumérer tous les cas particuliers. Elle utilise donc souvent des notions
générales, appelées parfois « notions-cadres », qui nécessitent une interprétation dans chaque
cas d’espèce. La notion de bonne moeurs est une notion cadre.
Il peut donc y avoir un vide législatif, mais il ne peut pas y avoir de vide juridique (sinon, on
aboutirait à un déni de justice). On voit bien que le rôle du juge ne peut pas toujours se limiter à
appliquer exactement un texte précis à des cas particuliers.
La jurisprudence n’est pas of ciellement une source du droit, il n’y a pas de loi qui impose au juge
de suivre les décisions prises avant lui. Dans les systèmes de Common law, les juges sont tenus
par la règle du « précédent obligatoire » ; mais pas le juge français (de droit écrit).
Mais le juge aura spontanément tendance à suivre les précédents, surtout quand ces décisions
émanent de la juridiction suprême (Cour de cassation ou Conseil d’État.
De plus, la loi prévoit la possibilité pour les juges du fond de demander son avis à la Cour de
cassation « avant de statuer sur une demande soulevant une question de droit nouvelle,
présentant une dif culté sérieuse et se posant dans de nombreux litiges » (article L. 441-1 du COJ,
code de l’organisation judiciaire).
La jurisprudence est donc une source informelle du droit : on ne peut pas nier que certains arrêts
énoncent des règles générales, à partir d’une interprétation des textes. Et que ces arrêts sont
ensuite suivis par les juges dans les litiges qui portent sur la même question.
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II. L’évolution de la jurisprudence
A. L’arrêt de principe
Arrêt dans lequel la Cour de cassation (parfois une cour d’appel) énonce, à l’occasion d’un litige,
une règle générale qui pourra ensuite être appliquée à d’autres litiges portant sur la même
question. On dit que cet arrêt a une portée qui dépasse le litige individuel soumis à la Cour.
L’arrêt de principe s’oppose à l’arrêt d’espèce, qui n’aura pas de retentissement sur des affaires
ultérieures : il se limite à ce cas d’espèce, à cette espèce.
Comment reconnaître un arrêt de principe ? C’est la question de la « portée » d’un arrêt. Quelques
critères :
- être publié sur le site Internet de la Cour (systématique désormais, mais pas avant 2021)
https://www.courdecassation.fr/acces-rapide-judilibre
- être assorti d’un communiqué de la Cour, qui prend la précaution d’expliquer sa solution et
d’insister ainsi sur son importance.
Ex : https://www.courdecassation.fr/toutes-les-actualites/2022/04/20/licenciement-dun-animateur-
d e - t e l e v i s i o n - l a - s u i t e - d u n e ?
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Publica on dans une des Le res de chambre - L
Communiqué de presse - C
Il arrive que les juridictions du fond refusent de se plier à l’interprétation retenue par la Cour de
cassation. On parle alors de résistance des juges du fond.
Cette résistance, en général, ne peut pas durer : la décision sera très probablement cassée, au
besoin en allant jusqu’à un second pourvoi qui sera tranché par l’Assemblée plénière (cf. leçon 6).
Mais il peut arriver que la Cour de cassation, constatant une résistance tenace des juges du fond,
revienne sur sa position ; on aura alors un revirement de jurisprudence (infra, D).
C. La divergence de jurisprudence
Il arrive que des juridictions différentes rendent des solutions différentes sur la même question de
droit. C’est une divergence de jurisprudence.
Cette divergence peut exister :
D. Le revirement de jurisprudence
La Cour de cassation peut tout à fait changer de jurisprudence, aucune loi ne l’en empêche,
puisqu’il n’y a pas de règle du précédent obligatoire. C’est ce que l’on appelle le revirement de
jurisprudence.
Le revirement de jurisprudence pose une dif culté particulière, cependant, c’est son caractère
rétroactif. Quand la loi change, on en est averti par la promulgation de la nouvelle loi, qui ne vaut
en principe que pour l’avenir (voir leçon 19).
Mais quand la jurisprudence change, c’est à l’occasion d’une affaire particulière.
Le revirement de jurisprudence est donc une source d’insécurité juridique. C’est pourquoi la Cour
de cassation se montre très prudente dans ses revirements :
- elle utilise souvent ce que l’on appelle la « technique des petits pas ». Obiter dictum.
- récemment, elle prend soin de motiver particulièrement ses revirements, en prenant exemple
notamment sur la CEDH. Voir infra, III. Professeur Molfesi.
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III. Réforme de la rédaction des décisions de la Cour de cassation
A. Modernisation du style
Chapitre 17 : La coutume
I. Notion de coutume
A. Dé nition de la coutume
- élément matériel : la pratique est relativement constante, soit dans l’ensemble de la population,
soit pour une catégorie (il y a par exemple des coutumes liées à une pratique professionnelle).
« Une fois n’est pas coutume ».
- élément psychologique : les gens pensent que cette pratique est obligatoire. C’est l’opinio juris
qui donne son caractère juridique à la coutume ; l’opinio juris est la croyance dans ce caractère
juridique, obligatoire.
Ex : pendant longtemps, les gens pensaient que la femme prenait obligatoirement le nom de son
mari après le mariage. C’était une coutume. Aujourd’hui, la loi précise que c’est une possibilité,
seulement à titre de « nom d’usage », et possible aussi bien pour la femme que pour le mari.
B. Formes de la coutumes
1. Adages ou maximes
Ce sont des petites phrases, souvent rédigées en latin, qui énoncent des règles de droit
traditionnelles, des sortes de principes généraux.
2. Traditions
Ex : L’habitude pour les femmes mariées de porter le nom de leur mari.
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3. Usages
Ex : article 671 du Code civil = « Il n'est permis d'avoir des arbres (…) près de la limite de la
propriété voisine qu'à la distance prescrite par les règlements particuliers actuellement existants,
ou par des usages constants et reconnus et, à défaut de règlements et usages, qu'à la distance de
deux mètres de la ligne séparative (…) ».
- usages professionnels
Ex : article L 134-5, alinéa 3, du code de commerce = « Dans le silence du contrat, l'agent
commercial a droit à une rémunération conforme aux usages pratiqués, dans le secteur d'activité
couvert par son mandat, là où il exerce son activité. En l'absence d'usages, l'agent commercial a
droit à une rémunération raisonnable qui tient compte de tous les éléments qui ont trait à
l'opération ».
- La loi peut déléguer à la coutume le soin de donner des précisions qui seront ainsi variables
d’un endroit à l’autre, ou d’une profession à l’autre, par exemple (voir supra, les différentes
sortes d’usages).
- La loi peut aussi, plus rarement, s’effacer devant une coutume locale. La coutume ne règle alors
pas seulement les détails, mais tout le régime juridique. Ex : l’article 75 de la Constitution permet
à certains citoyens français de conserver un statut coutumier (Mayotte, Nouvelle-Calédonie).
« Les citoyens de la République qui n'ont pas le statut civil de droit commun, seul visé à l’article
34, conservent leur statut personnel tant qu'ils n'y ont pas renoncé ».
Dans le silence de la loi, la coutume peut venir énoncer une règle de droit et venir ainsi combler
cette lacune. C’était autrefois le cas de la coutume selon laquelle la femme portait le nom du mari
(mais aujourd’hui, la loi est venue régler la question, vous le verrez au second semestre).
La coutume prater legem est plus répandue en droit internationale, car les sujets de droit n’ont pas
la même loi. S’est ainsi développée, depuis le Moyen-âge, la lex mercatoria, ensemble assez
disparate de règles coutumières dans les rapports commerciaux internationaux.
Ex : la loi interdit les mauvais traitements contre les animaux, mais le droit pénal tolère les corridas
en vertu des usages locaux.
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Chapitre 18 : Les règles individuelles
Un peu de vocabulaire
Dans un contrat (une convention), les parties stipulent : on parle des stipulations d’un contrat (alors
que la loi « dispose » ; dispositions).
La règle de droit n’est pas toujours générale et abstraite, elle peut se concrétiser individuellement,
à travers des décisions et des actes juridiques.
I. Typologie
A. Décisions
Décision = acte émanant d’une autorité légitime et s’imposant à des destinataires individualisés.
La décision est la mise en œuvre concrète d’une règle de droit.
- décision juridictionnelle
- décision de l’administration
- décision de l’employeur
B. Actes juridiques
Article 1100-1 du Code civil : « Les actes juridiques sont des manifestations de volonté destinées à
produire des effets de droit. Ils peuvent être conventionnels ou unilatéraux ».
C’est la volonté des personnes qui crée la règle, elle ne leur est pas imposée par une autorité
supérieure.
Il faut bien distinguer l’acte juridique du fait juridique. Le fait juridique est un événement qui
entraîne des effets de droit, mais des effets qui n’ont pas été voulus.
Pour distinguer acte juridique et fait juridique, il faut donc se demander si l’obligation a été voulue ?
Est-ce que j’ai voulu m’engager ?
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II. Caractère de règle juridique
La règle individuelle pourra être sanctionnée par le juge si elle n’est pas respectée, c’est donc bien
une règle juridique.
Mais attention :
* le juge ne la sanctionnera que si cette règle individuelle respecte bien les règles générales (on
peut annuler un contrat, une décision de l’administration, etc., qui ne respecte pas la loi)
La règle individuelle doit en effet respecter les règles générales. Plus précisément, il faut
distinguer les règles impératives et les règles supplétives.
* la règle individuelle ne s’impose pas à tous, elle est obligatoire seulement pour ses destinataires
(décision) ou ses auteurs (acte juridique). S’agissant des actes juridiques, ils sont aussi
obligatoires pour les héritiers.
Chapitre 19 : La doctrine
I. Notion de doctrine
Un peu de latin…
Docere = enseigner / doctor = enseignant
Deux sens :
A. De lege lata
B. De lege ferenda
Plus ponctuellement, des universitaires sont auditionnés par les députés ou sénateurs en
préparation d’une réforme ou d’une nouvelle loi.
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Partie 3 : Applications du droit
Un peu de vocabulaire :
Une créance : ce que le créancier peut exiger du débiteur (ce qu’autrui me doit)
Introduction :
Dé nition simpli ée : Les droits subjectifs sont des prérogatives particulières dont peut se prévaloir
une personne déterminée.
On parle de droit « subjectif » dans le sens de « droit du sujet » : seules les personnes juridiques
sont titulaires de droits subjectifs.
droits subjectifs
droits droits
L2, L3… Semestre 2
patrimoniaux extrapatrimoniaux
A. Notion de patrimoine
La théorie du patrimoine a été construite par deux auteurs du XIXè siècle, Aubry et Rau.
Article 2284 du Code civil : « Quiconque s'est obligé personnellement, est tenu de remplir son
engagement sur tous ses biens mobiliers et immobiliers, présents et à venir ».
Le patrimoine est une « universalité de droit », car on ne peut pas dissocier l’actif du passif.
Autrement dit, si j’ai une dette, mon créancier peut saisir n’importe lequel de mes biens pour
obtenir le remboursement. C’est ce que l’on appelle le « droit de gage général du créancier ».
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- toute personne a un patrimoine
- le patrimoine reste lié à la personne toute sa vie durant, il est donc intransmissible entre vifs (=
vivants). Lorsque la personnalité cesse, au décès de la personne, le patrimoine se transmet aux
héritiers (actif ET passif).
- toute personne n’a qu’un patrimoine : il n’est pas possible d’en isoler une partie, par exemple
pour l’affecter à une activité ou la mettre à l’abri des créanciers.
Les droits patrimoniaux ont une valeur économique, une valeur d’échange. Ils sont transmissibles,
saisissables, et prescriptibles.
- transmissibles = on peut les transmettre, c’est-à-dire les vendre, les donner, les léguer par
testament, etc.
- saisissables = ils peuvent être saisis pour payer les créanciers, c’est-à-dire qu’on prive leur
titulaire de ces droits
- prescriptibles = le titulaire peut perdre le droit s’il ne l’utilise pas pendant une longue période, il
peut y avoir prescription extinctive ; mais à l’inverse, un droit prescriptible est un droit que l’on
peut acquérir grâce à l’écoulement du temps, on parle alors de prescription acquisitive.
Les droits extrapatrimoniaux ne font pas partie du patrimoine car ils ne correspondent pas à une
richesse économique : ils ne sont donc pas transmissibles, saisissables, ni prescriptibles.
- droits familiaux = ils dérivent des rapports entre époux (et dans une moindre mesure,
partenaires pacsés) et des rapports entre parents et enfants (droits d’autorité parentale,
principalement).
Droits
extrapatrimoniaux
Droits de la
Droits familiaux
personnalité
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II. Typologie des droits patrimoniaux
Droits
patrimoniaux
Droits
Droits réels
personnels
droits réels
principaux D. de préférence
1. Droits personnels
Attention ! Ne pas confondre droit personnel (qui est un droit patrimonial) et droit extrapatrimonial.
Droits permettant à un créancier d’exiger d’une autre personne (le débiteur) l’exécution d’une
obligation. On les appelle aussi des droits de créance.
Il y a un lien juridique direct entre ces deux personnes, ce qu’on appelle aussi une obligation.
L’article 1100 du Code civil, alinéa 1er, précise : « Les obligations naissent d'actes juridiques, de
faits juridiques ou de l'autorité seule de la loi ».
- de la loi
Le droit personnel ne confère aucun droit de préférence sur les autres créanciers : chacun sera
payé proportionnellement si le débiteur n’a pas suf samment de ressources.
2. Droits réels
Droits qui confèrent à leur titulaire un pouvoir sur une chose. Ex : droit de propriété.
Ils donnent à leur titulaire un droit de suite et un droit de préférence.
a. Droit de préférence
Priorité pour le titulaire du droit réel : il pourra saisir le bien en question avant les autres créanciers.
Plusieurs personnes peuvent avoir un droit réel sur le même bien, ils seront alors payés par ordre
d’inscription.
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b. Droit de suite
Possibilité pour le titulaire du droit réel d’invoquer son droit quelle que soit la personne qui détient
la chose.
Il existe cependant une limite si la chose est un meuble : on ne peut pas la revendiquer si le
possesseur est de bonne foi.
Ils accompagnent un droit personnel (droit de créance), en lui servant de garantie. On les appelle
aussi des sûretés réelles : si le débiteur ne respecte pas son obligation, le créancier pourra faire
saisir le bien objet du droit réel accessoire. C'est Ex : le créancier (titulaire d’une créance, donc
d’un droit personnel) qui a une hypothèque (droit réel accessoire) sera payé en priorité sur les
créanciers ordinaires (qu’on appelle créanciers chirographaires) ; c’est le droit de préférence. De
plus, si le débiteur vend la chose, l’hypothèque persiste sur la chose (droit de suite).
I. L’action
A. Dé nition
Article 30 cpc : « L'action est le droit, pour l'auteur d'une prétention, d'être entendu sur le fond de
celle-ci a n que le juge la dise bien ou mal fondée.
Pour l'adversaire, l'action est le droit de discuter le bien-fondé de cette prétention ».
L’action en justice est le pouvoir reconnu aux sujets de droit de s’adresser à la justice pour obtenir
le respect de leurs droits ou de leurs intérêts légitimes ; mais aussi de se défendre en justice.
B. Conditions
1. Intérêt à agir
Article 31 cpc : « L'action est ouverte à tous ceux qui ont un intérêt légitime au succès ou au rejet
d'une prétention (…) ».
Autrement dit, la situation juridique des parties doit être susceptible d'être modi ée par l'action.
On applique l’adage « Nul ne plaide par procureur ». Cependant, certaines personnes sont
considérées comme trop vulnérables pour pouvoir agir elles-mêmes, elles seront donc
représentées (mineurs, majeurs sous tutelle). Il en va de même des personnes morales (sociétés,
associations), qui sont représentées par leurs dirigeants.
2. Qualité à agir
Article 31 cpc (suite) : « sous réserve des cas dans lesquels la loi attribue le droit d'agir aux seules
personnes qu'elle quali e pour élever ou combattre une prétention, ou pour défendre un intérêt
déterminé ».
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Dans certains cas, seules certaines personnes peuvent agir, alors que d’autres pourraient y avoir
un intérêt. C’est ce que l’on appelle une action attitrée.
3. Délais
On ne peut pas agir en justice tardivement, il faut le faire assez rapidement, sinon l’action en
justice s’éteint, car elle est prescrite. Le délai de prescription est variable selon les types d’affaires.
En droit commun (donc, sauf cas particulier), ce délai est de 5 ans.
Article 2224 cc : « Les actions personnelles ou mobilières se prescrivent par cinq ans à compter du
jour où le titulaire d'un droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant de l'exercer ».
Il existe également des délais, plus courts, pour exercer les voies de recours : appel (en principe,
un mois) ; pourvoi (en principe, deux mois).
C. Déroulement de l’instance
1. Saisine
Formalité par laquelle un plaideur porte son différend devant une juridiction a n que celle-ci
examine la recevabilité et le caractère fondé de ses prétentions.
2. Audience
Séance au cours de laquelle une juridiction prend connaissance des prétentions des parties,
instruit le procès, entend les plaidoiries et rend son jugement. Sauf exceptions, l’audience est
publique.
3. Délibération
Phase de l’instance au cours de laquelle, les pièces du dossier ayant été examinées, les
plaidoiries entendues, les magistrats se concertent avant de rendre leur décision à la majorité. Les
délibérations des juges sont secrètes.
4. Jugement
Les voies de recours permettent de remettre en cause une décision de justice, donc d’obtenir un
nouvel examen du procès.
Il existe des voies de recours dites ordinaires et d’autres dites extraordinaires.
Les principes directeurs du procès sont les règles fondamentales du procès civil : rôle des parties
et du juge, garanties d’une bonne justice. Cela renvoie au droit à un procès équitable, garanti par
l’article 6 de la Convention EDH : « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue
équitablement, publiquement et dans un délai raisonnable, par un tribunal indépendant et impartial,
établi par la loi ». Le Conseil constitutionnel a reconnu la valeur constitutionnelle de ce principe.
- droit d’accès à un juge, c’est-à-dire le droit de faire valoir ses droits et d’obtenir une décision de
justice ; ce droit doit être concret et effectif et ne pas être compromis par des obstacles
juridiques ou nanciers
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- droit à l’indépendance et l’impartialité du tribunal
- droit à une durée raisonnable du procès
- droits de la défense, en particulier le principe du contradictoire : chaque partie doit pouvoir se
défendre, donc avoir eu connaissance des arguments et éléments de preuve de l’autre et avoir
eu l’occasion de les discuter.
A. Forme exécutoire
Les parties sont tenues d’exécuter la décision de justice. Si elles ne le font pas, la partie gagnante
peut demander une exécution forcée, en particulier par l’intermédiaire d’un huissier (désormais
appelé « commissaire de justice »).
L'autorité de la chose jugée interdit aux parties de porter à nouveau une affaire en justice, alors
qu’elle a déjà été jugée.
Chapitre 22 : La preuve
Introduction
Un adage classique l’exprime bien : c’est la même chose de ne pas avoir de preuve, que de ne
pas avoir de droit. En latin : Idem est non esse aut non probari.
La procédure pénale est inquisitoire : le juge (d’instruction) est actif dans la recherche des
éléments de preuve. C’est à lui d’apporter la preuve de la culpabilité de l’accusé, en particulier.
Mais la procédure civile est accusatoire : le juge n’a pas à rechercher les preuves, il doit seulement
décider quelles sont les preuves admissibles et juridiquement convaincantes. L’article 9 du code
de procédure civile prévoit que : « il incombe à chaque partie de prouver conformément à la loi les
faits nécessaires au succès de sa prétention ». Deux conséquences :
- la charge de la preuve
- l’importance des règles de preuve, que le juge lui-même doit respecter
En revanche, les justiciables n’ont pas à prouver la règle de droit, car le juge connaît le droit. Selon
un adage, le juge dit au justiciable : « donne-moi les faits, je te donnerai le droit ».
- dans le Livre III, Titre IV bis du Code civil : De la preuve des obligations (articles 1353 et
suivants)
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I. Charge de la preuve
La charge de la preuve a pour enjeu ce que l’on appelle le risque de la preuve : qui risque de
perdre le procès si le doute subsiste ? Comme l’a dit la Cour de cassation4, « l’incertitude et le
doute subsistant à la suite de la production d’une preuve doivent nécessairement être retenus au
détriment de celui qui avait la charge de la preuve »…
A. Le principe
Article 1353 du Code civil : « Celui qui réclame l'exécution d'une obligation doit la prouver.
Réciproquement, celui qui se prétend libéré, doit justi er le paiement ou le fait qui a produit
l'extinction de son obligation ».
La charge de la preuve pèse donc sur celui qui émet une prétention, qui réclame quelque chose.
On dit que la charge de la preuve pèse sur le demandeur à l’allégation (qui n’est pas forcément le
demandeur à l’action).
Article 1354 du Code civil : « La présomption que la loi attache à certains actes ou à certains faits
en les tenant pour certains dispense celui au pro t duquel elle existe d'en rapporter la preuve.
Elle est dite simple, lorsque la loi réserve la preuve contraire, et peut alors être renversée par tout
moyen de preuve ; elle est dite mixte, lorsque la loi limite les moyens par lesquels elle peut être
renversée ou l'objet sur lequel elle peut être renversée ; elle est dite irréfragable lorsqu'elle ne peut
être renversée ».
1. Notion de présomption
La présomption dispense le justiciable d’apporter la preuve qui pèserait normalement sur lui, parce
que ce serait très dif cile, voire impossible. C’est donc à son adversaire de prouver le contraire.
On dit que la présomption permet de renverser la charge de la preuve. Il y a en réalité deux degrés
de présomption :
- soit le justiciable est dispensé de prouver l’élément allégué, mais doit pour cela en prouver un
autre, plus facile ; cet élément facile à prouver rend statistiquement probable l’élément allégué,
dif cile à prouver. Cela correspond à la dé nition traditionnelle de la présomption : la présomption
est une conséquence que la loi tire d’un fait connu à un fait inconnu.
Ex : la présomption de paternité du mari (pater is est), prévue par l’article 312 du Code civil.
L’alinéa 2 de l’article 1354 présente les trois types de présomption ; on va voir que leur in uence
sur la charge de la preuve est différente.
a. Présomption simple
On peut apporter la preuve contraire, c’est-à-dire renverser la présomption, par tout moyen.
Ex : l’art. 311 du Code civil : « La loi présume que l'enfant a été conçu pendant la période qui
s'étend du trois centième au cent quatre-vingtième jour, inclusivement, avant la date de la
naissance.
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La conception est présumée avoir eu lieu à un moment quelconque de cette période, suivant ce
qui est demandé dans l'intérêt de l'enfant.
La preuve contraire est recevable pour combattre ces présomptions ».
b. Présomption mixte
On peut apporter la preuve contraire, donc renverser la présomption, mais seulement par certains
moyens.
Ex : la présomption de responsabilité du fait des choses qui pèse sur le gardien de la chose qui a
causé un dommage, ne peut être renversée que par la preuve d’un cas de force majeure ou d’une
faute de la victime.
c. Présomption irréfragable
Ces différentes preuves ont des « forces probantes » variables : elles sont plus ou moins
convaincantes, d’un point de vue légal. C’est-à-dire que cette force probante s’impose au juge.
1. Preuves parfaites
a. L’écrit
- Article 1365 : « L'écrit consiste en une suite de lettres, de caractères, de chiffres ou de tous
autres signes ou symboles dotés d'une signi cation intelligible, quel que soit leur support ».
- Article 1366 : « L'écrit électronique a la même force probante que l'écrit sur support papier, sous
réserve que puisse être dûment identi ée la personne dont il émane et qu'il soit établi et
conservé dans des conditions de nature à en garantir l'intégrité ».
- Article 1367 : « La signature nécessaire à la perfection d'un acte juridique identi e son auteur.
Elle manifeste son consentement aux obligations qui découlent de cet acte. Quand elle est
apposée par un of cier public, elle confère l'authenticité à l’acte.
Lorsqu'elle est électronique, elle consiste en l'usage d'un procédé able d'identi cation
garantissant son lien avec l'acte auquel elle s'attache. La abilité de ce procédé est présumée,
jusqu'à preuve contraire, lorsque la signature électronique est créée, l'identité du signataire
assurée et l'intégrité de l'acte garantie, dans des conditions xées par décret en Conseil d’Etat. ».
- Article 1368 : « A défaut de dispositions ou de conventions contraires, le juge règle les con its
de preuve par écrit en déterminant par tout moyen le titre le plus vraisemblable. »
- Article 1369 : « L'acte authentique est celui qui a été reçu, avec les solennités requises, par un
of cier public ayant compétence et qualité pour instrumenter.
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Il peut être dressé sur support électronique s'il est établi et conservé dans des conditions xées
par décret en Conseil d'État.
Lorsqu'il est reçu par un notaire, il est dispensé de toute mention manuscrite exigée par la loi. »
- Article 1370 : « L'acte qui n'est pas authentique du fait de l'incompétence ou de l'incapacité de
l'of cier, ou par un défaut de forme, vaut comme écrit sous signature privée, s'il a été signé des
parties. »
- Article 1371 : « L'acte authentique fait foi jusqu'à inscription de faux de ce que l'of cier public dit
avoir personnellement accompli ou constaté.
En cas d'inscription de faux, le juge peut suspendre l'exécution de l’acte. »
- Article 1372 : « L'acte sous signature privée, reconnu par la partie à laquelle on l'oppose ou
légalement tenu pour reconnu à son égard, fait foi entre ceux qui l'ont souscrit et à l'égard de
leurs héritiers et ayants cause. »
- Article 1373 : « La partie à laquelle on l'oppose peut désavouer son écriture ou sa signature. Les
héritiers ou ayants cause d'une partie peuvent pareillement désavouer l'écriture ou la signature
de leur auteur, ou déclarer qu'ils ne les connaissent. Dans ces cas, il y a lieu à véri cation
d’écriture. »
- Article 1374 : « L'acte sous signature privée contresigné par les avocats de chacune des parties
ou par l'avocat de toutes les parties fait foi de l'écriture et de la signature des parties, tant à leur
égard qu'à celui de leurs héritiers ou ayants cause.
La procédure de faux prévue par le code de procédure civile lui est applicable.
Cet acte est dispensé de toute mention manuscrite exigée par la loi. »
- Article 1375 : « L'acte sous signature privée qui constate un contrat synallagmatique ne fait
preuve que s'il a été fait en autant d'originaux qu'il y a de parties ayant un intérêt distinct, à
moins que les parties ne soient convenues de remettre à un tiers l'unique exemplaire dressé.
Chaque original doit mentionner le nombre des originaux qui en ont été faits.Celui qui a exécuté le
contrat, même partiellement, ne peut opposer le défaut de la pluralité d'originaux ou de la mention
de leur nombre.L'exigence d'une pluralité d'originaux est réputée satisfaite pour les contrats sous
forme électronique lorsque l'acte est établi et conservé conformément aux articles 1366 et 1367, et
que le procédé permet à chaque partie de disposer d'un exemplaire sur support durable ou d'y
avoir accès. »
- Article 1376 : « L'acte sous signature privée par lequel une seule partie s'engage envers une
autre à lui payer une somme d'argent ou à lui livrer un bien fongible ne fait preuve que s'il
comporte la signature de celui qui souscrit cet engagement ainsi que la mention, écrite par lui-
même, de la somme ou de la quantité en toutes lettres et en chiffres. En cas de différence, l'acte
sous signature privée vaut preuve pour la somme écrite en toutes lettres. »
- Article 1377 : « L'acte sous signature privée n'acquiert date certaine à l'égard des tiers que du
jour où il a été enregistré, du jour de la mort d'un signataire, ou du jour où sa substance est
constatée dans un acte authentique. »
- Article 1378 : « Les registres et documents que les professionnels doivent tenir ou établir ont,
contre leur auteur, la même force probante que les écrits sous signature privée ; mais celui qui
s'en prévaut ne peut en diviser les mentions pour n'en retenir que celles qui lui sont
favorables. »
Article 1378-1 : « Les registres et papiers domestiques ne font pas preuve au pro t de celui
qui les a écrits.
Ils font preuve contre lui :
1° Dans tous les cas où ils énoncent formellement un paiement reçu ;
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2° Lorsqu'ils contiennent la mention expresse que l'écrit a été fait pour suppléer le défaut du titre
en faveur de qui ils énoncent une obligation. »
Article 1378-2 : « La mention d'un paiement ou d'une autre cause de libération portée par le
créancier sur un titre original qui est toujours resté en sa possession vaut présomption simple de
libération du débiteur.
Il en est de même de la mention portée sur le double d'un titre ou d'une quittance, pourvu que ce
double soit entre les mains du débiteur. »
- Article 1379 : « La copie able a la même force probante que l'original. La abilité est laissée à
l'appréciation du juge. Néanmoins est réputée able la copie exécutoire ou authentique d'un écrit
authentique.
Est présumée able jusqu'à preuve du contraire toute copie résultant d'une reproduction à
l'identique de la forme et du contenu de l'acte, et dont l'intégrité est garantie dans le temps par un
procédé conforme à des conditions xées par décret en Conseil d'État.
Si l'original subsiste, sa présentation peut toujours être exigée. »
- Article 1380 : « L'acte récognitif ne dispense pas de la présentation du titre original sauf si sa
teneur y est spécialement relatée.
Ce qu'il contient de plus ou de différent par rapport au titre original n'a pas d’effet. »
- Article 1364 du Code civil : « La preuve d'un acte juridique peut être préconstituée par un écrit
en la forme authentique ou sous signature privée ».
- Article 1365 du Code civil : « L'écrit consiste en une suite de lettres, de caractères, de chiffres
ou de tous autres signes ou symboles dotés d'une signi cation intelligible, quel que soit leur
support ».
- Article 1366 du Code civil : « L'écrit électronique a la même force probante que l'écrit sur
support papier, sous réserve que puisse être dûment identi ée la personne dont il émane et qu'il
soit établi et conservé dans des conditions de nature à en garantir l'intégrité ».
Cet écrit peut être sur papier mais aussi numérique, c’est ce que l’on appelle un acte électronique.
Il faut pour cela qu’il soit établi et conservé de façon sécurisée, pour garantir son authenticité.
Attention, tout papier rédigé n’est pas une preuve parfaite, un « écrit » au sens strict, il y a des
conditions à remplir :
Article 1369 du Code civil : « L'acte authentique est celui qui a été reçu, avec les solennités
requises, par un of cier public (notaire) ayant compétence et qualité pour instrumenter (rédiger et
conserver) (…) ».
Sont des actes authentiques : les décisions de justice, les actes reçus par les commissaires de
justice (anciens huissiers ou commissaires-priseurs), les actes établis par des agents publics
(of cier d’état civil) et, surtout, par le notaire.
Certains actes doivent obligatoirement être passés par acte authentique (ex : donation).
L’acte authentique a une très grande force probante. L’article 1370 du Code civil dispose qu’il « fait
foi (con ance) jusqu’à inscription de faux ». C’est-à-dire que le juge doit tenir pour vrai ce que
l’of cier public a constaté dans l’acte, en sa présence. Il en va de même de la date de l’acte. Pour
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contester la réalité de ces éléments, il faudra intenter une action très particulière, l’inscription de
faux, très rare car son auteur risque une amende en cas de contestation infondée.
a3. Acte sous signature privée (SSP)/ Acte sous seing privé
Article 1367 du Code civil : « La signature nécessaire à la perfection d'un acte juridique identi e
son auteur. Elle manifeste son consentement aux obligations qui découlent de cet acte. Quand elle
est apposée par un of cier public, elle confère l'authenticité à l'acte (…) ».
L’acte SSP n’a de valeur que s’il comporte la signature de la personne à laquelle on l’oppose.
Cette signature permet d’identi er l’auteur (ou les auteurs) de l’acte, et de constater leur
consentement. Il est possible de désavouer son écriture ou sa signature, si l’on conteste avoir
participé à cet acte ; c’est la procédure de véri cation des écritures sous seing privé (art. 1373 du
Code civil). Sauf si l’acte a été contresigné par un avocat (article 1374 du Code civil), auquel cas il
faudra en passer par la même procédure que pour l’acte authentique (inscription de faux). Mais
attention, la contresignature par l’avocat permet seulement d’authenti er la signature des parties,
pas le contenu ou la date de l’acte.
- si l’acte contient une convention synallagmatique (il fait naître des obligations à la charge des
deux parties), il doit être établi en autant d’originaux que de parties. Voir l’article 1375 du Code
civil5.
- si l’acte contient un engagement unilatéral (une seule partie est tenue d’obligation), il doit
comporter la mention de la somme en toutes lettres et en chiffres, par le du débiteur. Voir
l’article 1376 du Code civil6.
- Article 1368 du Code civil : « A défaut de dispositions ou de conventions contraires, le juge règle
les con its de preuve par écrit en déterminant par tout moyen le titre le plus vraisemblable ».
L’acte SSP fait foi jusqu’à preuve du contraire. Cette preuve contraire ne peut être apportée que
par un mode de preuve au moins équivalent. C’est alors le juge qui décidera de la preuve la plus
convaincante.
- Article 1377 du Code civil : « L'acte sous signature privée n'acquiert date certaine à l'égard des
tiers que du jour où il a été enregistré, du jour de la mort d'un signataire, ou du jour où sa
substance est constatée dans un acte authentique ».
La date de l’acte ne peut pas être opposée à un tiers ; il n’aura date certaine qu’à partir de
circonstances particulières énoncées dans l’article 1377 cc : enregistrement de l’acte, décès d’un
signataire, reprise du contenu dans un acte authentique.
b. L’aveu judiciaire
Article 1383 : « L'aveu est la déclaration par laquelle une personne reconnaît pour vrai un fait de
nature à produire contre elle des conséquences juridiques ».
Il est judiciaire s’il est fait en justice (article 1383-2 du Code civil).
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c. Le serment décisoire
La force probante de ces preuves imparfaites est laissée à la libre appréciation du juge (qui est
donc souveraine). La preuve imparfaite n’oblige pas le juge alors que la prive parfaite lie le juge.
On le voit notamment à l’article 1381, s’agissant des témoignages.
- documents écrits qui ne répondent pas aux conditions strictes de l’écrit « parfait » ; par exemple,
un écrit établi unilatéralement par celui qui l’invoque.
principe : liberté de
la preuve
imposs. commenct c/
usage force majeure
procurer écrit preuve par commerçant
L’article 1358 du Code civil pose ce principe : « Hors les cas où la loi en dispose autrement, la
preuve peut être apportée par tout moyen ».
C’est-à-dire qu’en principe, la preuve est libre : je peux utiliser des modes de preuve parfaits ou
imparfaits. On dit aussi qu’on peut prouver par tout moyen.
C’est le juge qui arbitrera entre les différents éléments de preuve fournis, pour déterminer dans
quel sens vont les plus convaincants. Cette appréciation des juges du fond est souveraine, c’est-à-
dire que la Cour de cassation ne pourra pas prendre de décision inverse. Elle ne pourra casser la
décision des juges du fond que s’ils ont insuf samment motivé leur décision (manque de base
légale) ou manifestement trahi le sens d’un élément de preuve (dénaturation).
On dit ainsi que la preuve imparfaite ne lie pas le juge.
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L’article 1359 du Code civil pose immédiatement une exception : « L'acte juridique portant sur une
somme ou une valeur excédant un montant xé par décret doit être prouvé par écrit sous signature
privée ou authentique ».
Cette valeur est xée par décret à 1500 euros.
Donc pour prouver tout acte juridique d’une valeur supérieure à 1500 euros, il faut un écrit
répondant aux conditions évoquées en A-1.
Article 1361 du Code civil : « Il peut être suppléé à l'écrit par l'aveu judiciaire, le serment décisoire
(…) ».
Aveu judiciaire et serment décisoire : cf. A, 1.
De plus, il existe des exceptions à l’exception, qui nous font retourner au principe de la liberté de la
preuve… (attention, il faudra quand même une preuve !)
Article 1360 du Code civil : « Les règles prévues à l'article précédent reçoivent exception en cas
d'impossibilité matérielle ou morale de se procurer un écrit, s'il est d'usage de ne pas établir un
écrit, ou lorsque l'écrit a été perdu par force majeure ».
Article 1361 du Code civil : « Il peut être suppléé (remplacé) à l'écrit par (…) un commencement de
preuve par écrit corroboré par un autre moyen de preuve ».
On voit ici que le commencement de preuve par écrit n’est pas équivalent à l’écrit, à la différence
de l’aveu judiciaire ou du serment décisoire, puisqu’il ne se suf t pas à lui-même : il doit être
corroboré (complété) par une autre preuve, qui peut être imparfaite.
L’article 1362 du Code civil détaille les différents commencements de preuve par écrit.
- « tout écrit qui, émanant de celui qui conteste un acte ou de celui qu'il représente, rend
vraisemblable ce qui est allégué » (al. 1er) :
- « la mention d'un écrit authentique ou sous signature privée sur un registre public » (al. 3) :
- le juge peut aussi considérer comme équivalant à un commencement de preuve par écrit « les
déclarations faites par une partie lors de sa comparution personnelle, son refus de répondre ou
son absence à la comparution » (al. 2)
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c3. A l’égard des commerçants
Article L. 110-3 du code de commerce : la preuve est libre « à l’égard des commerçants », c’est-à-
dire pour l’adversaire d’un commerçant.
A. La loyauté de la preuve
Le principe de loyauté de la preuve n’est pas prévu par les textes, mais a été consacré par la
jurisprudence.
B. Le droit à la preuve
- indispensable (je n’avais pas d’autres moyens de le prouver) à l’exercice du droit à la preuve (il
y a donc un droit à la preuve)
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Partie 4 : introduction au droit des personnes
Chapitre 23 :
A. Dé nitions
Précisions :
- Tous les êtres humains ne sont pas (toujours) des personnes juridiques.
- Toutes les personnes juridiques ne sont pas des humains.
Tout ce qui n’est pas une personne, est une chose, pour le droit. Ex : un arbre, un déchet, un livre,
un immeuble, une voiture, une entreprise, une marque, un compte en banque, etc. Mais aussi, ce
qui peut nous sembler choquant à entendre : un fœtus, un cadavre, un organe humain, un chien,
etc.
Parce que la notion de chose est résiduelle, elle est forcément très hétérogène. Il y a donc des
régimes juridiques très différents selon les choses.
Certaines choses peuvent faire l’objet d’un droit réel, par exemple le droit de propriété. On les
appelle alors des biens.
La réi cation est le fait de traiter comme une chose, voire de transformer en chose.
La question se pose :
- pour les éléments (ex : organe) et les produits (ex : sang, sperme, ovocytes…) du corps humain.
- dans l’hypothèse de la gestation pour autrui (mère porteuse)
Des lois spéci ques sont prévues, les lois de bioéthique, pour ces questions particulièrement
sensibles.
La personne morale a son propre patrimoine, elle peut conclure des actes juridiques, agir en
justice, engager sa responsabilité…
Etat
collectivités
de droit public
territoriales
établissements
publics
groupements
associations
de personnes
à but non
syndicats
de droit privé lucratif
fondations GIE
groupements
de biens
sociétés
unipersonnelles
Quelques dé nitions :
Société : article 1832 du code civil : « La société est instituée par deux ou plusieurs personnes qui
conviennent par un contrat d'affecter à une entreprise commune des biens ou leur industrie en vue
de partager le béné ce ou de pro ter de l'économie qui pourra en résulter (…) ». Donc un
groupement de personnes qui mettent en commun des biens ou leur activité dans le but de
partager les béné ces.
La société est en principe pluripersonnelle (plusieurs personnes s’associent ensemble). Mais à la
n du XXè siècle, le législateur a créé des sociétés unipersonnelles, qui ne sont donc pas des
groupements de personnes : une seule personne affecte une partie de ses biens à une activité,
c’est pourquoi c’est un groupement de biens et non de personnes.
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Association : groupement de personnes mettant en commun leurs connaissances ou leur activité
dans un but autre que de partager des béné ces. L’association peut donc faire des béné ces,
mais ces béné ces ne seront pas partagés entre les membres (qu’on appelle les « sociétaires »).
Ils seront affectés à une cause défendue par l’association.
GIE (groupement d’intérêt économique) : groupement dont le but est de favoriser l’activité de ses
membres.
Fondation : affectation de biens à la réalisation d’une œuvre d’intérêt général (ex : Fondation Abbé
Pierre)
Ces éléments sont déterminés dans l’acte fondateur de la personne morale : les statuts. Ces
statuts sont déposés au moment de l’immatriculation (au greffe du tribunal de commerce pour une
société ou un GIE) ou de la déclaration (à la préfecture pour une association). Dès ce moment, la
personnalité juridique est accordée au groupement.
Dénomination sociale pour une société, nom pour les autres groupements.
2. Siège social
3. Nationalité
En tant que personne juridique, donc sujet de droit, la personne morale a des droits et obligations,
qu’elle exerce par l’intermédiaire de son représentant légal.
1. Représentation
La personne morale est représentée par ses dirigeants, qui sont divers en fonction de la forme
juridique choisie pour créer cette personne morale (association, société anonyme, société civile…).
La loi prévoit les modalités de désignation de ces représentants, qui ont un mandat : pouvoir d’agir
au nom et pour le compte de la personne morale.
C’est le représentant qui conclut les contrats ou encore qui agit en justice au nom de la personne
morale.
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2. Principe de spécialité
L’activité de la personne morale ne pas peut dépasser l’objet qui lui a été assigné (dans les
statuts). Le principe de spécialité vient donc encadrer l’action des représentants de la personne
morale.
Article 1145 du Code civil, alinéa 2 : « La capacité des personnes morales est limitée par les règles
applicables à chacune d'entre elles ».
- la situation de la personne en droit privé, avec les éléments relatifs à son existence et sa
situation familiale
- le service public chargé d’établir et de conserver les actes de l’état civil : actes de naissance,
actes de mariage, actes de décès. Ce sont les of ciers de l’état civil qui dressent (établissent)
ces actes, dans les mairies. Les registres de l’état civil sont conservés dans les mairies.
Les actes de l’état civil peuvent ensuite être modi és ou complétés, par une mention en marge de
l’acte initial (« mention marginale »).
L’existence de la personne commence à la naissance et se termine à sa mort.
La personnalité juridique s’acquiert par la naissance, plus exactement dès que l’enfant nait vivant
et viable.
A. La naissance
1. Acte de naissance
L’article 55 du Code civil prévoit que la naissance doit être déclarée dans les 5 jours de
l’accouchement. Cette déclaration est faite par le père ou, à défaut, par toute personne ayant
assisté à l’accouchement (art. 56 cc). L’art. 57 cc dresse la liste des indications de l’acte de
naissance (nom, prénoms, sexe, heure et lieu de naissance, etc.).
L’article 79-1 du Code civil dispose que : « Lorsqu'un enfant est décédé avant que sa naissance ait
été déclarée à l'état civil, l'of cier de l'état civil établit un acte de naissance et un acte de décès sur
production d'un certi cat médical indiquant que l'enfant est né vivant et viable et précisant les jours
et heures de sa naissance et de son décès ».
On voit, a contrario, que si l’enfant n’est pas né « vivant et viable », on n’établit pas d’acte de
naissance. Autrement dit, pour qu’un acte de naissance puisse être établi, il faut que deux
conditions soient remplies (conditions cumulatives) :
Même si l’enfant n’a vécu que quelques minutes, s’il est né vivant et viable, on dressera un acte de
naissance (et un acte de décès).
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2. Acte d’enfant sans vie
Si l’enfant ne nait pas vivant, ou pas viable, l’article 79-1, alinéa 2, du Code civil, prévoit que
l’of cier de l’état civil établit un « acte d’enfant sans vie », qui gure dans les registres de décès.
Cet acte comporte le moment et le lieu de l’accouchement, les éléments d’identi cation des
parents. Mais les parents peuvent également demander à y faire gurer :
L’enfant sans vie n’a cependant jamais accès à la personnalité juridique ; il n’y a pas de lien de
liation établi avec les parents.
Ces derniers pourront seulement :
Dernière précision : cet acte d’enfant sans vie ne peut pas être établi pour les accouchements
intervenus avant la 15è semaine d’aménorrhée (13 semaines de grossesse) car il n’y a pas de
certi cat d’accouchement avant cette date.
Bien que vivants, l’embryon puis le fœtus ne sont pas des personnes.
NB : en droit, il n’y a pas de différence entre embryon et fœtus.
Notamment, si quelqu’un blesse une femme enceinte et que son enfant meurt in utero, il n’y a
donc pas homicide.
L’embryon ou le fœtus ne sont pas des personnes, mais ce ne sont pas des choses ordinaires, et
ils font donc l’objet d’une protection particulière, notamment par le biais des lois de bioéthique.
- la loi sur l’IVG protège le fœtus au-delà d’une certaine durée de grossesse
- les lois de bioéthique réglementent strictement les manipulations sur les embryons
Formulation intégrale : « infans conceptus pro nato habetur quoties de commodis ejus agitur » =
l’enfant conçu doit être considéré comme né chaque fois qu’il s’agit de son intérêt.
L’hypothèse est celle d’un enfant simplement conçu, donc pas encore né. Pendant la grossesse,
on se pose la question de savoir s’il a la personnalité juridique, parce que cela aurait des
conséquences juridiques. Exemple : une femme est enceinte et son mari décède pendant la
grossesse. Faut-il réserver une part d’héritage à ce fœtus, ou le laisser de côté ? Cet adage
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permet de répondre que l’on va, par l’utilisation d’une ction, faire comme si l’enfant était déjà né et
avait la personnalité juridique, donc un droit à hériter de son père. Mais attention : si, nalement,
l’enfant ne naît pas vivant et viable, on considèrera qu’il n’a jamais eu la personnalité juridique et
n’a donc jamais hérité.
Cet adage a été repris dans le Code civil, aux articles 725 (pour les successions) et 906 (pour les
donations). Mais il peut également être mis en avant par la jurisprudence, comme dans l’arrêt
suivant :
A. La mort certaine
Depuis une circulaire du 3 avril 1978, la mort juridique correspond à la mort cérébrale (absence
d’activité du cerveau).
Elle doit être constatée of ciellement (par certi cat médical), pour que soit ensuite dressé un acte
de l’état civil, l’acte de décès.
B. La mort supposée
Le Code civil organise deux régimes juridiques pour les personnes dont on suppose qu’elles sont
décédées, sans en avoir cependant la certitude.
1. L’absence
Hypothèse : une personne ne donne plus signe de vie. Le Code civil prévoit ici un mécanisme en
deux temps.
a. Présomption d’absence
Article 112 du Code civil : « Lorsqu'une personne a cessé de paraître au lieu de son domicile ou de
sa résidence sans que l'on en ait eu de nouvelles, le juge des tutelles peut, à la demande des
parties intéressées ou du ministère public, constater qu'il y a présomption d'absence ».
b. Déclaration d’absence
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- 20 ans après que la personne a cessé de donner de ses nouvelles (si l’on n’avait pas demandé
de présomption d’absence).
La déclaration d’absence fait présumer que la personne est décédée. Elle est d’ailleurs transcrite
sur les registres des décès.
Elle a donc les mêmes effets qu’un décès (article 128 du Code civil).
Si l’absent réapparaît, il pourra demander l’annulation du jugement de déclaration d’absence. Il
retrouvera ses biens mais son mariage restera dissous (article 129 et suivants du Code civil).
2. La disparition
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