Diplôme National Du Brevet - Série Générale: Session Normale 2013
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FRANÇAIS
◊ PREMIÈRE PARTIE (1) : Texte littéraire suivi de questions + réécriture + dictée : 25 points
Durée : 1 h 30
Le narrateur a grandi dans le château médiéval de sa famille où ses parents l’ont sévèrement élevé. Il se
remémore ses nuits d’angoisse passées dans le donjon, la tour principale, où ses parents le forçaient à dormir…
La fenêtre de mon donjon s’ouvrait sur la cour intérieure ; le jour, j'avais en perspective
les créneaux de la courtine1 opposée, où végétaient des scolopendres2 et croissait un prunier
sauvage. Quelques martinets3 qui, durant l’été, s’enfonçaient en criant dans les trous des murs,
étaient mes seuls compagnons. La nuit, je n’apercevais qu’un petit morceau du ciel et
5 quelques étoiles. Lorsque la lune brillait et qu’elle s’abaissait à l’occident, j’en étais averti par
ses rayons, qui venaient à mon lit au travers des carreaux losangés de la fenêtre. Des
chouettes, voletant d’une tour à l’autre, passant et repassant entre la lune et moi, dessinaient
sur mes rideaux l’ombre mobile de leurs ailes. Relégué dans l’endroit le plus désert, à
l’ouverture des galeries, je ne perdais pas un murmure des ténèbres. Quelquefois, le vent
10 semblait courir à pas légers ; quelquefois il laissait échapper des plaintes ; tout à coup, ma
porte était ébranlée avec violence, les souterrains poussaient des mugissements4, puis ces
bruits expiraient pour recommencer encore. À quatre heures du matin, la voix du maître du
château5, appelant le valet de chambre à l’entrée des voûtes séculaires6, se faisait entendre
comme la voix du dernier fantôme de la nuit. Cette voix remplaçait pour moi la douce
15 harmonie au son de laquelle le père de Montaigne7 éveillait son fils.
L’entêtement du comte de Chateaubriand à faire coucher un enfant seul au haut d’une
tour pouvait avoir quelque inconvénient ; mais il tourna à mon avantage. Cette manière
violente de me traiter me laissa le courage d’un homme, sans m’ôter cette sensibilité
d’imagination dont on voudrait aujourd’hui priver la jeunesse. Au lieu de chercher à me
20 convaincre qu’il n’y avait point de revenants, on me força de les braver8. Lorsque mon père
me disait avec un sourire ironique : « Monsieur le chevalier aurait-il peur ? » il m’eût fait
coucher avec un mort. Lorsque mon excellente mère me disait : « Mon enfant, tout n’arrive
que par la permission de Dieu ; vous n’avez rien à craindre des mauvais esprits, tant que
vous serez bon chrétien », j’étais mieux rassuré que par tous les arguments de la
25 philosophie. Mon succès fut si complet que les vents de la nuit, dans ma tour déshabitée, ne
servaient que de jouets à mes caprices9 et d’ailes à mes songes. Mon imagination allumée,
se propageant sur tous les objets, ne trouvait nulle part assez de nourriture et aurait dévoré la
terre et le ciel. C’est cet état moral qu’il faut maintenant décrire. Replongé dans ma
jeunesse, je vais essayer de me saisir dans le passé, de me montrer tel que j’étais, tel peut-
30 être que je regrette de n’être plus, malgré les tourments que j’ai endurés.
1
Courtine : mur rectiligne compris entre deux tours.
2
Scolopendres : espèce de fougère.
3
Martinets : oiseaux.
4
Mugissements : cris longs et plaintifs des bœufs et des vaches.
5
Maître du château : il s’agit du père de l’auteur, le comte de Chateaubriand.
6
Séculaires : qui existent depuis des siècles.
7
Montaigne : écrivain du XVIe siècle que son père réveillait au son de la musique.
8
Braver : affronter avec courage un danger, un ennemi.
9
Caprices : fantaisies de l’imagination.
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1. Qui est le narrateur ? Relevez deux indices justifiant la nature autobiographique de ce texte.
(1,5 point)
3. Dans le premier paragraphe, relevez trois éléments du texte qui montrent que le décor est
effrayant. (1,5 point) Quels sont les sens utilisés pour les percevoir ? (1 point)
4. Nommez et expliquez chacune des deux figures de style utilisées dans les phrases suivantes :
« le vent semblait courir à pas légers » (l. 9 et l. 10), « les souterrains poussaient des
mugissements » (l. 11). (2 pts)
5. À quel champ lexical appartiennent les mots et expressions suivants : « murmure des
ténèbres », « plaintes », « fantôme », « revenants », « mauvais esprits » ? Qualifiez l'ambiance
qui règne dans le château la nuit. (1,5 point)
8. a- Relevez deux expressions du texte qui montrent que les méthodes éducatives des parents
du narrateur étaient très dures. (1 point)
b- Quelles qualités le narrateur a-t-il cependant développées grâce à ces méthodes
éducatives ? Justifiez votre réponse en citant le texte. (2 points)
RÉÉCRITURE (5 points)
Réécrivez la fin du texte, de la ligne 28 jusqu’à la ligne 30, « Replongé dans ma jeunesse, je
vais essayer de me saisir dans le passé, de me montrer tel que j’étais, tel peut-être que je regrette
de n’être plus, malgré les tourments que j’ai endurés. », en remplaçant « je » par « elle ». Vous
ferez toutes les transformations nécessaires et les soulignerez.
VICE-RECTORAT DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE Page 1/1
DIVISION DES EXAMENS ET CONCOURS Centres de la Nouvelle-Calédonie
FRANÇAIS
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Pour la seconde partie, l’usage d’un dictionnaire de langue française est autorisé.
Aucun candidat n’écrira son nom sur sa copie.
Le candidat traitera un seul des deux sujets proposés ci-dessous. Il indiquera clairement
le numéro du sujet qu’il a choisi.
Pensez-vous que de nos jours l'éducation favorise l'imagination des jeunes ou au contraire
qu'elle cherche à les en priver? Présentez vos arguments sous forme d'un développement
organisé. (2 pages)
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