Antiglaucomateux - Les Points Essentiels
Antiglaucomateux - Les Points Essentiels
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Résumé de la fiche
Le glaucome est une souffrance du nerf optique qui se traduit par la détérioration du champ visuel et l’évolution possible vers
la cécité. Il en existe plusieurs types, essentiellement le glaucome primitif à angle ouvert, chronique et la crise aiguë par
fermeture de l'angle ("glaucome aigu"). Dans la majorité des cas il existe une augmentation de la pression intraoculaire,
conséquence de l’altération de l’écoulement de l’humeur aqueuse. Les traitements ont pour but de diminuer la pression intra-
oculaire, afin de préserver la fonction visuelle.
Item(s) ECN
82 : Glaucome chronique
Rappel physiopathologique
Le glaucome est la traduction d’une souffrance puis d’une destruction du nerf optique qui se développe sous l’influence de
plusieurs facteurs, dont notamment l’augmentation de la pression intraoculaire. Cependant, toutes les hypertonies oculaires
n’entraînent pas nécessairement un glaucome. De même, il existe par ailleurs des glaucomes à pression oculaire normale.
L’élévation de la pression oculaire dans le glaucome primitif à angle ouvert, le plus fréquent des glaucomes, résulte d’un
défaut de perméabilité du trabéculum.
En revanche, dans la crise aiguë par fermeture de l'angle, la symptomatologie est le plus souvent consécutive à la survenue
d’une mydriase (dilatation de la pupille), alors responsable d’un blocage de la sécrétion de l’humeur aqueuse au niveau du
canal de Schlemm.
Les médicaments aux propriétés anti-cholinergiques, sympathomimétiques augmentent eux aussi le risque de survenue d’une
crise aiguë chez les patients porteurs d’un angle irido-cornéen fermé.
Médicaments existants
De nombreux médicaments peuvent être utilisés pour leurs effets favorables sur le tonus oculaire via la diminution de
synthèse de l’humeur aqueuse (bêta-bloquants et sympathomimétiques agonistes alpha-2 sélectifs, inhibiteurs de l’anhydrase
carbonique) ou l’augmentation de son élimination (prostaglandines, parasympathomimétiques, sympathomimétique
agonistes alpha et bêta).
Compte tenu de la physiopathologie du glaucome, le principal mode d’administration des médicaments anti-glaucomateux
est représenté par la voie locale sous forme de collyre mais certains de ces médicaments, comme les inhibiteurs de
l’anhydrase carbonique, peuvent aussi être utilisés par voie générale notamment par voie orale ou intra-veineuse.
La diminution de la synthèse de l’humeur aqueuse peut être obtenue par l’utilisation d’inhibiteurs de l’anhydrase carbonique
par voie locale ou générale. En effet, l’anhydrase carbonique favorise, au niveau du corps ciliaire, la production de protons, qui
participent aux flux sodique trans-épithélial à l’origine du flux d’eau qui forme l’essentiel de l’humeur aqueuse. Les bêta-
bloquants et les sympathomimétiques agonistes sélectifs des récepteurs alpha-2 permettent également d’obtenir une
diminution de la sécrétion d’humeur aqueuse en modulant l’activité de l’adényl-cyclase, enzyme présente dans le corps ciliaire
importante dans la production d’humeur aqueuse.
L’écoulement de l’humeur aqueuse peut quant à lui être facilité par l’utilisation de parasympathomimétiques myotiques (qui
stimulent la fermeture de la pupille). Ces médicaments, en stimulant le myosis, augmente l'écoulement de l'humeur aqueuse,
suite à la désobstruction de l'accès au canal de Schlemm par le redéploiement de l'iris. L’efficacité sur la diminution de la
pression intraoculaire des parasympathomimétiques est toutefois limitée par une discrète augmentation de la production de
l’humeur aqueuse.
Enfin, les prostaglandines permettent d’améliorer l’excrétion de l’humeur aqueuse par l’augmentation de son écoulement à
travers la sclère.
Dans le glaucome primitif à angle ouvert, diminuer la pression oculaire permet de contrôler l'évolution de la maladie. Le
traitement s'appuie en règle générale d'abord sur des traitements locaux, en monothérapie, si besoin en bi- (voire en tri-)
thérapie. En cas de résistance au traitement local, un traitement par voie générale (inhibiteur de l’anydrase carbonique,
l’acétazolamide) peut être envisagé en association avec les collyres (rare en raison des effets indésirables de type troubles
hydro-électrolytiques, paresthésies, lithiases rénales). Enfin, différentes types de laser ou de techniques chirurgicales peuvent
également être indiqués.
La crise aiguë par fermeture de l'angle est quant à elle une urgence thérapeutique. Le traitement médical utilise des collyres
hypotonisants (bétabloquants, alpha-2 agonistes), des collyres myotiques (pilocarpine), des traitements systémiques
(inhibiteur de l'anhydrase carbonique et mannitol intra-veineux), et peut être complété ensuite par un traitement par laser, voire
un traitement chirurgical. Les molécules qui favorisent la mydriase telles que les sympathomimétiques mydriatiques sont
contre-indiquées.
Toutefois, certains de ces principes actifs sont absorbés dans la circulation générale. Les concentrations plasmatiques
restent faibles mais peuvent néanmoins être suffisantes après administration répétée pour être à l’origine d’effets
indésirables, d'où certaines contre-indications.
Au niveau oculaire, les 2 aspects particuliers qu’il faut envisager sont la possibilité d’une interaction entre collyres et le
problème mécanique posé par les lentilles de contact qui peuvent limiter l’absorption et l’efficacité du traitement. Dans la
mesure où le traitement du glaucome nécessite parfois l’association de plusieurs collyres, il est conseillé d’attendre au moins
5 minutes entre chaque instillation afin d’éviter la possible perte lacrymale de principes actifs liée à une formation de larmes
accrues lors de la co-administration de collyres.
D’autre part, chez les patients porteurs de lentille de contact, il est évidemment recommandé de retirer les lentilles avant
l’instillation des gouttes et de ne les remettre en place que 15 minutes après l’instillation dans la mesure où la bio-
disponibilité intraoculaire est fortement modifiée par le port de lentilles de contact.
Sur le plan systémique, une surveillance accrue des effets des agonistes des récepteurs alpha est recommandé, notamment
en cas d’association avec des médicaments susceptibles d’agir sur la transmission noradrénergique. L’association avec les
inhibiteurs de la monoamine oxydase, les antidépresseurs tricycliques ou des sympathomimétiques systémiques est par
ailleurs contre indiquée (CI).
De même, les effets de l’acétazolamide sur le métabolisme de l’ammoniaque pouvant entraîner un coma hépatique justifie la
contre-indication en cas d’insuffisance hépatique. D’autre part, les contre-indications à l’utilisation des bêta-bloquants par voie
générale demeurent bien que les effets systémiques de ces médicaments lors de leur administration sous forme de collyre ne
soient que rarement observés.
Un faible passage dans le lait maternel des principes actifs présents dans la circulation sanguine est aussi observé durant
l’allaitement justifiant la limitation de l’utilisation des anti-glaucomateux dans ce contexte.
Le risque de survenue d’effets systémiques des principes actifs chez le nouveau-né sont d’autant plus marqués que celui-ci
souffre de pathologies rénales ou hépatiques. Si le rapport bénéfice (pour la mère) / risque (pour le nouveau-né) est en faveur
de l’utilisation des collyres antiglaucomateux, il convient d’instiller le collyre immédiatement après la tétée afin de limiter les
concentrations en principes actifs dans le lait au moment de la tétée suivante.
Précautions d’emploi
Afin de limiter le passage systémique des principes actifs lors de leur instillation oculaire, notamment chez les sujets à risque,
il est recommandé de maintenir les paupières en position fermée et d’exercer une pression manuelle sur les points lacrymaux.
Néanmoins, des précautions supplémentaires doivent être mises en place dans certaines circonstances particulières.
Ainsi, bien que les effets systémiques des bêta-bloquants administrés sous forme de collyre soient rares, ce risque est accru
si le patient reçoit des bêta-bloquants par voie générale. Pour les sujets diabétiques, il convient alors de renforcer l’auto-
surveillance glycémique en début de traitement, les bêta-bloquants pouvant modifier la glycémie et masquer les signes
annonciateurs d’une hypoglycémie (tachycardie, sueurs, palpitations).
Du fait de la relative sélectivité pour les récepteurs b1 du bétaxolol, l’asthme ou les bronchopneumopathies chroniques
obstructives, la maladie de Raynaud et les troubles circulatoires périphériques ne sont pas des contre-indications absolues à
l’utilisation de ce médicament mais une surveillance accrue reste cependant nécessaire. En revanche, pour d'autres
molécules comme le timolol, non cardio-sélectif, les bronchopneumopathies chroniques obstructives sévères, l'insuffisance
cardiaque et certains troubles du rythme restent des contre-indications. Les traitements bêta-bloquants ne doivent pas être
interrompus brutalement et en raison d’une diminution possible de la sensibilité au traitement après une utilisation prolongée,
il convient de vérifier chaque année l’absence d’échappement thérapeutique.
Concernant les médicaments sympathomimétiques, ils doivent être utilisés avec prudence chez les patients atteints de
maladies cardiovasculaires. La pilocarpine, un parasympathomimétique, peut être utilisée chez les patients myopes à
condition d’avoir vérifié l’état de la périphérie rétinienne (risque de décollement de la rétine).
L’utilisation de l’acétazolamide doit faire l’objet d’une surveillance du ionogramme sanguin, de la glycémie, de l’uricémie et de
la formule sanguine en cas d’utilisation au long cours, particulièrement chez les sujets à risque tels que les sujets âgés. Enfin,
les prostaglandines doivent être utilisés avec précaution chez les sujets aphaques (risque d’œdème maculaire) et chez les
patients asthmatiques (risque d’aggravation de l’asthme).
Effets indésirables
Les effets indésirables des traitements anti-glaucomateux sont répartis en 2 grandes catégories : les effets indésirables
oculaires qui concernent les traitements administrés par voie locale et les effets indésirables systémiques que l’on retrouve à
la fois avec certains traitements par voie locale et lors de traitement par voie générale, notamment avec l’acétazolamide.
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