1962 Le Pays de Lavenir Rahal

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Le pays de l’avenir.

Une histoire populaire de l’année


1962 en Algérie
Malika Rahal

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Malika Rahal. Le pays de l’avenir. Une histoire populaire de l’année 1962 en Algérie. Histoire.
Sorbonne Université, 2021. �tel-03331180�

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abroad, or from public or private research centers. publics ou privés.
Lettres Sorbonne Université
École doctorale : Histoire moderne et contemporaine (ED 188)
Centre d’histoire du XIXe siècle (EA 3550)
Habilitation à diriger des recherches

Manuscrit inédit présenté par

Malika Rahal

Le pays de l’avenir
Une histoire populaire de l’année 1962 en Algérie

Composition du jury

Raphaëlle Branche, Professeure d’histoire


contemporaine, Université de Nanterre
Rapportrice externe
Omar Carlier, Professeur d’histoire
contemporaine émérite, Paris-Cité
Examinateur
Johann Chapoutot, Professeur des
Universités, Sorbonne Université
Rapporteur interne
Catherine Mayeur-Jaouen, Professeure
des Universités, Sorbonne Université
Garante
James McDougall, Professor of modern
and contemporary history, Université
d’Oxford
Rapporteur externe
M’hamed Oualdi, Professeur des
Universités, Sciences po, Paris
Examinateur
Ouarda Tengour, Maîtresse de recherche
honoraire au Centre de Recherche en
anthropologie sociale et culturelle, Oran
Examinatrice

Session de printemps 2021. Soutenance le 24 juin 2021.

Discipline : histoire
À la mémoire de l’historienne Marilyn Young
qui a su avant tout autre qu’il y avait là un livre.

À la mémoire de Malika Boumendjel.

2
‫يا بالد التواريخ قريت في كتاب صحيح‬
‫االصل فيك مليح وقدرك ما يفنى‬
‫البراني جا ليك املعيشة فيك جنة‬
‫والغريب يبكي عليك كيفاش يتهنى‬
‫يا دزاير يادزاير يادزاير يا ميرة البلدان‬
.‫ يا دزاير‬،‫دحمان احلراشي‬

I’m gonna meet my mother


Down by the riverside
I’m gonna meet my mother
Down by the riverside

I ain’t gonna study war no more


Study war no more
Ain’t gonna study war no more

Down by the Riverside, Leadbelly (traditionnel).

Demain c'est la terre promise


Demain c'est là le paradis
Demain en demain s'éternise
Demain fuit qui le poursuit

Demain demain, Fabulous Trobadours.

3
Remerciements

Ce livre a bénéficié du travail et des réflexions accumulées au fil de mes recherches. Il


doit tout aux hommes et aux femmes qui ont accepté, depuis des années, de se livrer à
des entretiens, ou simplement de me raconter quelque détail de leur vie. Il est l’occasion
de les remercier pour leur confiance.

Merci à Catherine Mayeur-Jaouen pour la précision et l’exigence de ses lectures et pour


avoir accepté d’être la garante de cette habilitation à diriger des recherches. Nombre de
collègues ont bien voulu me parler de travaux non encore publiés, partager
généreusement des idées ou des documents issus de leurs recherches, relire et discuter
des chapitres. Pour cela, merci à Amar Mohand Amer, Saphia Arezki, Arthur Asseraf,
Sadek Benkada, Walid Benkhaled, Muriam Haleh Davis, Darcie Fontaine, Christian
Ingrao, Jim House, James McDougall, Isabelle Merle, M’hamed Oualdi, Matthieu Rey,
Fouad Soufi et Benjamin Thomas White. Pour leur goût du détail, de l’enquête et de la
discussion des traductions de mots, proverbes et chansons depuis l’arabe ou le berbère,
merci à Tewfik Allal, Abdelkrim Elaïdi, Dahbia Meddahi, Aziz Elaloui et Yassine Temlali.
Pour leurs relectures nombreuses et précises, leur soutien et leur humour acéré, ma
gratitude va à Noureddine Amara, à Caroline Izambert et à Natalya Vince. Merci à Sheryl
Rahal, à Barbara Vauvillé-Chagnard et Alaric Chagnard pour l’affection avec laquelle ils
ont traqué mes fautes d’orthographe. Ce mémoire doit à Saïd Abdeddaïm tout cela à la
fois ; il lui doit aussi d’avoir été achevé dans la joie.

4
Avertissements
Concernant la langue arabe, j’utilise l’alphabet arabe. Toutefois, les difficultés de
l’intégration de l’arabe face aux limitations logicielles résistent parfois : l’alternance de
termes latins et arabes peut désorganiser un paragraphe ou désordonner la ponctuation,
y compris au dernier stade de l’impression. Si tel était le cas, je remercie par avance des
lecteurs et lectrices pour leur compréhension. Par ailleurs, pour la translittération des
sources en arabe, j’ai utilisé le système de translittération de l’International Journal of
Middle Eastern Studies.

Concernant les références bibliographiques, dans le contexte sanitaire qui a accompagné


la fin de ce travail, je n’ai pas eu accès aux versions papier de tous livres électroniques
utilisés : les références apparaissent alors sans la mention exacte de la page ou de la
pagination.

Dans ce mémoire, les termes « Européens » et « musulmans » sont fréquemment


employés comme des catégories natives — les catégories de certains acteurs de
l’époque — pour faire référence au sens racial et raciste de la colonie. Pour marquer la
différence avec le sens d’aujourd’hui, ils sont alors employés entre guillemets.

Enfin, certains témoins qui m’ont donné des entretiens ont exigé l’anonymat. J’ai alors
utilisé un pseudonyme, un seul prénom choisi par moi et marqué d’une astérisque.

5
Introduction

Le sceau de la Révolution

partir de février 2019 et durant plusieurs mois, le ‫ﺣﺮاك ﺷﻌﺒﻲ‬, [ḥirāk shaʿbī, le

À mouvement populaire] a scandé la vie de l’Algérie par des manifestations


monstres, les marches, tous les vendredis, à Alger, dans les grandes villes et
jusqu’aux plus petites localités. Les manifestants s’opposaient à une candidature du
président Abdelaziz Bouteflika à sa réélection pour un cinquième mandat. Le président
avait été frappé par un accident vasculaire cérébral et ne pouvait ni marcher, ni parler,
ni, a fortiori, faire campagne. Dans leurs slogans, pancartes et chants, les manifestants
et manifestantes développaient un langage et des références au passé de la Guerre de
Libération nationale, à ses martyrs et à la longue lutte pour l’Indépendance. Une autre
référence était plus inattendue : dès les premières marches, l’étonnement des
participants de faire foule si nombreux faisait surgir la comparaison entre l’événement
présent du ḥirāk et les festivités de l’Indépendance, en 1962. Les manifestants nous
ramenaient ainsi à un événement fondateur de l’histoire du pays, la fin de la guerre et la
naissance de son État indépendant.

Ici dans un slogan, comme à Sidi Bel-Abbès où, le 1er mars, les marcheurs brandissaient
une banderole « Un seul héros, le peuple », qui faisait référence à un célèbre slogan de
1962 ;1 là, dans l’art de réseaux sociaux qui accompagnait le mouvement, des images des
marches faisaient référence à des photographies célèbres des festivités de 1962. En 2019,
ces références rappelaient que l’Indépendance avait été un moment de ferveur collective
et de joie et semblaient rouvrir les futurs possibles de l’Indépendance.2

1La vidéo était postée sur le compte YouTube Bel-Abbes info, le 1er mars 2019,
https://www.youtube.com/watch?v=kMypC4EVjL0&fbclid=IwAR3M71fG15Nbmj6YfDkwYf6-
fsMRUqTkrN6pmXx3u6fzCwV-e-S-ihWGGek (consulté le 1er décembre 2020).
2Cette réouverture n’est pas sans rappeler la réouverture des futurs passés de 1830 ou de 1789 dans la France de
1848 Quentin Deluermoz, « “Il n’y a plus aujourd’hui que la langue des rêves qui puisse traduire l’histoire” : les
futurs possibles, craints et espérés de 1848 » dans Pour une histoire des possibles, Paris, Seuil, 2016, p. 249-283.

6
À gauche, un photo de l’art des réseaux sociaux durant le ḥirāk.3 À droite, une des photographies de Marc Riboud

prise en 1962.4

Sans doute les références les plus émouvantes étaient celles faites explicitement par les
participants les plus âgés des marches, comme cet Algérois, en larmes, saisi par une
caméra de la télévision, cherchant à se détourner pour cacher ses larmes avant d’être
retenu par des plus jeunes et de tenter de dire l’énormité de l’événement par la
comparaison :

« Kānat ʿandi quatorze ans, l-yūm, nhār kimā l’Indépendance, tāʿnā, tāʿ Dzāyir »

[J’avais quatorze ans, aujourd’hui, c’est un jour comme l’Indépendance, notre Indépendance,
celle de l’Algérie.]5

Répondant à des interviews, certains disaient n’être jamais descendus dans la rue pour
manifester depuis les festivités de 1962. Beaucoup répétaient « kimā Soixante-deux »,
comme en 1962. Leurs propos et la construction de phrases où, même en arabe,
« L’Indépendance » ou « Soixante-deux » sont formulés en français, signalent l’usage
de 1962 comme un chrononyme, une expression qui nomme une portion de temps et lui
donne de la cohérence,6 dont l’usage est utile pour détecter ce qui fait événement dans
une société donnée. Ici, le nom propre de temps, « Soixante-deux », est une date qui fait
événement et un événement qui fait date7 de la même façon que l’on dit volontiers « Mai

3https://www.facebook.com/123vivalalgerie/photos/a.985886461508500/2039928272770975/?type=3&theater
(consulté le 1er mars 2019).
4 Marc Riboud, Seloua Luste Boulbina et Malek Alloula, Algérie indépendance, Manosque, Le Bec en l’Air, 2009.
5Vidéo de la chaîne YouTube « Journal el Bilad », liée à la chaîne de télévision ‫[ اﻟﺒﻼد‬al-Bilād],
https://www.facebook.com/elbilad/posts/2459305897463690 (consulté le 15 décembre 2020).
6Paul Bacot, Laurent Douzou et Jean-Paul Honoré, « Chrononymes. La politisation du temps », Mots. Les langages
du politique, 21 juillet 2008, no 87, p. 5-12 ; Dominique Kalifa (ed.), Les noms d’époque: De «Restauration» à «années
de plomb», Paris, Gallimard, 2020, 335 p.
7C’est donc un héméronyme : Laura Calabrese Steimberg, « Les héméronymes. Ces évènements qui font date, ces
dates qui deviennent évènements », Mots. Les langages du politique, 1 novembre 2008, no 88, p. 115-128.

7
68 », ou « 1945 » : cette dernière expression rappelle que les noms propres de temps
sous-entendent des significations qui peuvent être différentes ; si « 1945 » en France
désigne de façon évidente la fin de la Seconde Guerre mondiale et la reddition de
l’Allemagne, en Algérie, le chrononyme désigne les massacres qui ont commencé le 8
mai 1945 dans l’est du pays.

Les événements désignés par un chrononyme peuvent être complexes et recéler d’autres
événements. C’est le cas de mai 1968,8 ou de la Guerre de Libération nationale, qui
englobent une infinité d’événements et de périodes.9 À ces événements emboîtés
peuvent correspondre des chrononymes emboîtés, voire superposés ou concurrents
lorsqu’ils sont porteurs de significations, d’interprétations ou d’émotions différentes.
Les marcheurs du ḥirāk ne disent pas tous « Soixante-deux », mais parfois
« l’Indépendance » même si, au milieu des manifestations, des deux expressions
concordent pour faire allusion aux spectaculaires festivités qu’accompagnaient, de mars
à l’automne 1962, la ferveur et le sentiment d’une naissance collective. Mais selon les
contextes, l’expression « Soixante-deux » peut désigner différents temps, différentes
expériences et avoir des connotations différentes.

En effet, l’événement Soixante-deux est polysémique. Il marque en effet la fin d’une


guerre et la difficile transition vers la paix. Il est tout à la fois la fin d’une Guerre de
Libération de près de huit ans déclenchée par le Front de Libération nationale le
1er novembre 1954, la fin d’une occupation française de 132 années qui commence avec
débarquement des troupes françaises en juin 1830, l’Indépendance du pays et la
naissance d’un nouvel État, la République algérienne démocratique et populaire, dont
les premières institutions se mettent en place.

De façon générale, la bibliographie est temporellement dissymétrique, dense pour ce qui


concerne l’avant-1962 mais clairsemée pour ce qui concerne l’après, donnant une
perception déformée des événements de 1962. De rares ouvrages historiens récents
suivent des parcours et des expériences par-delà de l’Indépendance, ce qui permet de se
plonger dans une partie de la complexité du moment et de reconstituer la continuité du
temps : la recherche de Natalya Vince sur les anciennes combattantes après
l’Indépendance, révèle leurs visions de l’année 1962 ; la thèse de Saphia Arezki sur
l’armée algérienne reconstitue la reconversion de l’Armée de Libération nationale (ANP)

8 Boris Gobille, « L’événement Mai 68 », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 1 mai 2008, 63e année, no 2, p. 321-349.
9 L’évènement dans l’histoire récente de l’Algérie, préface de Mohammed Harbi, Université du 20 août 1955. Skikda.,
Skikda, Éditions Dar Alabhaath, s.d, 258+28 p.

8
en Armée nationale populaire (APN), et celle Charlotte Courreye sur les parcours des
Oulémas révèle leur implication dans l’organisation de l’enseignement dès la rentrée de
l’automne 1962.10 L’histoire de l’Algérie contemporaine publiée en 2017 par James
McDougall révèle toutefois l’impossibilité persistante de traiter avec la même précision
le pré- et le post- à partir d’une bibliographie si inégale.11 En effet, de façon générale,
des ouvrages importants portant sur la période coloniale et sur la Guerre
d’Indépendance considèrent bien naturellement 1962 comme leur épilogue : à titre
d’exemple, la question de la libération des camps n’apparaît pas dans la riche étude de
Sylvie Thénault sur les camps d’internement.12 Or, du point de vue qui est le nôtre ici, la
question de la libération des prisonniers à partir du cessez-le-feu est essentielle pour
comprendre les réorganisations militantes et la création d’autorités algériennes locales
dès avant la mise en place d’autorités algériennes locales formelles. De même, la
massive Histoire intérieure du FLN de Gilbert Meynier s’achève en 1962 tandis que notre
connaissance du FLN de la post-Indépendance, et de sa réorganisation à travers les
événements de 1962 et jusqu’à son premier congrès de 1964 demeure faible.13 Le
renouvellement de l’histoire de la période coloniale auquel nous avons assisté dans les
dernières années nourrit ainsi notre connaissance des événements de 1962 à partir de
son avant.14

Déplier 1962 : l’événement et la durée


Comme tout événement, 1962 constitue un moment qui partage le temps, séparant un
avant de la colonisation et un après de l’Indépendance. Placer 1962 au centre du cadre
oblige à considérer à la fois le mieux connu par les historiens, « l’avant » de la période
coloniale, dont la connaissance est profondément renouvelée depuis une vingtaine
d’années, et « l’après » de l’Algérie indépendante qui leur échappe encore dans une
large mesure. De l’événement, 1962 a également la double dimension d’ouverture des

10Natalya Vince, Our Fighting Sisters: Nation, Memory and Gender in Algeria, 1954-2012, Manchester, Manchester
University Press, 2015, 240 p ; Saphia Arezki, De l’ALN à l’ANP. La construction de l’Armée algérienne, 1954-1991,
Alger, Éditions Barzakh, 2018, 386 p ; Charlotte Courreye, L’Algérie des oulémas : Une histoire de l’Algérie
contemporaine, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2020, 536 p.
11James McDougall, A History of Algeria, Cambridge, Cambridge University Press, 2017, 448 p ; Sur le temps
interrompu et la difficulté de faire l’histoire de l’Algérie indépendante, voir Malika Rahal, « Comment faire l’histoire
de l’Algérie indépendante ? », La Vie des Idées, 13 mars 2012 ; Malika Rahal, « Le temps arrêté. Un pays sans histoire.
Algérie, 2011-2013 », Écrire l’histoire. Histoire, Littérature, Esthétique, 15 novembre 2013, no 12, p. 27-36.
Sylvie Thénault, Violence ordinaire dans l’Algérie coloniale : Camps, internements, assignations à résidence, Paris,
12

Odile Jacob, 2012, 381 p.


13 Gilbert Meynier, Histoire intérieure du FLN 1954-1962, Paris, Fayard, 2002, 812 p.
14 Un bon aperçu de ce renouvellement est donnée dans Abderrahmane Bouchène et al., Histoire de l’Algérie à la
période coloniale 1830-1962, Paris - Alger, La Découverte - Barzakh, 2012, 717 p.

9
possibles et de perturbation du cours des choses qui provoque le désir de reprendre le
contrôle des circonstances,15 une période d’intensité sinon de crise ou comme une
« conjoncture fluide ».16

Il s’agit ici de considérer l’année 1962 à la fois comme événement et comme durée, ou
plutôt comme un événement complexe qu’il convient de déplier pour révéler d’autres
événements imbriqués. Ce sont d’abord trois moments principaux, les mieux connus,
qui dessinent déjà des périodes et organisent la chronologie. Le premier moment est
bien sûr celui des accords d’Évian, signés le 18 mars 1962 par les délégations du
gouvernement français et du Gouvernement provisoire de la République algérienne
(GPRA), qui suspendent les combats entre l’armée française et l’Armée de Libération
nationale. Les accords prévoient un référendum d’autodétermination, ouvrent une
« période transitoire » (19 mars-3 juillet) et créent un Exécutif provisoire composé de
Français et d’Algériens pour gérer la transition. Toutefois, la procédure crée l’illusion
que l’accession du pays à l’Indépendance pourrait être interrompue, qu’il est possible de
faire dérailler le processus ; elle nourrit ainsi la violence de l’organisation paramilitaire
d’extrême-droite Organisation armée secrète (OAS), qui se déchaîne durant la période
transitoire, et accélère l’exode de la population « Européenne » d’Algérie. Cette
« période transitoire » est parfois désignée par certains témoins comme ‫[ وﻗﺖ اﻟﻮاس‬waqt l-
uwās, « le temps de l’OAS »], un autre chrononyme à l’intérieur de Soixante-deux.

Le second moment se décline en trois date avec le référendum d’autodétermination du


1er juillet, qui permet aux électeurs de se prononcer en faveur de l’indépendance dans la
coopération avec la France par 5 994 999 voix sur 6 034 000 avec 530 000 abstentions,
soit 99,35 % de oui. Il conduit au transfert de souveraineté vers les autorités algériennes
le 3 juillet, et à la proclamation de l’Indépendance le 5 juillet. L’accession à la
souveraineté ainsi réalisée cristallise et révèle les tensions préexistantes qui traversaient
les institutions algériennes, conduisant par endroits à des combats fratricides qui
marquent profondément les imaginaires. La période est volontiers qualifiée de « crise de
l’été 1962 », ou simplement de « la crise » ou « l’été 1962 ».

15Alban Bensa et Eric Fassin, « Les sciences sociales face à l’événement », Terrain. Anthropologie & sciences
humaines, 1 mars 2002, no 38, p. 5-20 ; Élisabeth Claverie, « Apparition de la Vierge et “retour“ des disparus. La
constitution d’une identité nationale à Medjugorje (Bosnie-Herzégovine) », Terrain. Anthropologie & sciences
humaines, 1 mars 2002, no 38, p. 41-54 ; Arlette Farge, « Penser et définir l’événement en histoire. Approche des
situations et des acteurs sociaux », Terrain. Anthropologie & sciences humaines, 1 mars 2002, no 38, p. 67-78.
16 Michel Dobry, Sociologie des crises politiques, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2009 [1986], 383 p.

10
En septembre, les élections à l’Assemblée nationale constituante du 20 septembre
permettent la mise en place du premier gouvernement d’Ahmed Ben Bella. Le 25
septembre, la République algérienne démocratique et populaire est proclamée. On
assiste alors à la formation d’embryonnaires ministères en charge de dossiers urgents :
organiser la rentrée scolaire et universitaire, pallier les départs de nombreux
fonctionnaires français, relancer l’industrie et l’agriculture pour éviter une famine,
définir une prise en charge sociale pour ceux qui sont dans le besoin (les anciens
combattants, les victimes de la guerre, les blessés, les veuves, les orphelins, les sans-
logis).

Selon les contextes dans lesquels l’expression est employée, « Soixante-deux » peut
donc désigner différentes périodes (« la crise », « l’OAS »), différents événements, (« 19
mars » ou « 5 juillet », « le cessez-le-feu ») ou des expériences (les festivités). Il ne
s’agit pas ici l’étudier la subtilité de ces usages du chrononyme, mais d’accepter ; à
partir du découpage calendaire (de janvier à décembre 1962), quelqu’arbitraire qu’il soit,
d’en déployer la durée et en analyser les temporalités. Il sera temps ensuite — mais
ensuite seulement — de discuter, comme aiment à le faire les historiens, d’autres
délimitations, différentes de celles du calendrier, pour savoir quand commence et quand
s’achève 1962.17

17Ils s’interrogent par exemple sur les limites de l’événement « mai 1968 », en explorant les années 1968, ou le long
1968. Daniel J. Sherman et al., The Long 1968: Revisions and New Perspectives, Indiana University Press.,
Bloomington, 2013 ; Ophélie Rillon, Pierre Guidi et Françoise Blum, Étudiants africains en mouvement: Contribution
à une histoire des années 1968, Paris, Editions de la Sorbonne, 2017, 366 p.

11
1962 : le récit de la déploration
En 2002, le Commandant Azzedine, responsable de la Zone autonome d’Alger,
expliquait le caractère fondateur de 1962.18 Azzedine utilisait pour cela une parabole : on
vient informer une mère que son fils est tombé de son cheval. Elle répond : « ‫ﻓﻲ رﻛﺒﮫ راح‬
‫[ » ﻣﺎﺋﻞ‬Fī rakbu, rāḥ māyil, il était parti penché]. « L’Indépendance est mal partie »
traduisait-il finalement, elle était partie penchée. La parabole est caractéristique d’un
puissant récit de la déploration de 1962. En Algérie, il s’agit du discours sur
« l’Indépendance confisquée », reprenant le titre d’un ouvrage de Ferhat Abbas,19 sur les
désillusions de la Révolution ou sur l’Indépendance mal partie. C’est un topos dans les
médias et dans certaines conversations, même si nul n’en a — à ma connaissance —
exploré l’étendue dans la société.

Au cœur de ce récit de déploration de 1962 se trouve la « crise de l’été 1962 ». C’est ainsi
que dans un ouvrage paru en 1997, Benyoucef Ben Khedda, le président du
Gouvernement provisoire de la République algérienne (le GPRA) à l’Indépendance,
décrivait le conflit entre le gouvernement et l’état-major général de l’armée (EMG),
dirigé par Houari Boumediene.20 Quant à Ali Haroun, avocat et membre du Conseil
national de la Révolution algérienne, il intitulait son livre de 1999 L’été de la Discorde
pour désigner la division au sein du Front de Libération nationale (FLN) qui aboutit à la
prise de pouvoir par la coalition formée autour de Houari Boumediene, le chef de
l’armée, et Ahmed Ben Bella, qui deviendrait le premier chef de gouvernement de
l’Algérie indépendante, puis son premier président.21 Cette crise de 1962 attire
également l’attention des chercheurs. Dès 1980, l’ancien militant du FLN devenu
historien, Mohammed Harbi, consacrait des développements importants de son livre Le
FLN. Mirage et réalité à cette crise de 1962.22 Plus récemment, l’historien Benjamin Stora
lui a consacré un documentaire à partir d’entretiens, dont on retrouve la trace dans son
ouvrage La Guerre d’Algérie vue par les Algériens.23 L’historien Amar Mohand Amer lui

18Benjamin Stora et Jean-Michel Meurice, Algérie été 62, l’indépendance aux deux visages, s.l., France 5 - Point du
Jour, 2002.
19 Ferhat Abbas, L’Indépendance confisquée : 1962-1978, Paris, Flammarion, 1984, 227 p.
20 Benyoucef Ben Khedda, L’Algérie à l’indépendance : la crise de 1962, Alger, Dahlab, 1997, 185 p.
21 Ali Haroun, L’été de la discorde. Algérie 1962, Alger, Casbah, 1999, 238 p.
22 Mohammed Harbi, Le F.L.N., mirage et réalité, Paris, Japress Publications, 1980, 446 p.
23B. Stora et J.-M. Meurice, Algérie été 62, op. cit. ; Renaud de Rochebrune et Benjamin Stora, La guerre d’Algérie vue
par les Algériens, II : De la bataille d’Alger à l’indépendance, Paris, Gallimard, 2019, 619 p.

12
a, de son côté, consacré une thèse en 2010, restée non publiée, qui offre une
connaissance fine des événements de la crise.24

En effet, dans le contexte de la transition politique vers l’Indépendance, la gouvernance


de la Révolution, organisée autour du GPRA, en exil à Tunis, et du CNRA (le Conseil
national de la Révolution algérienne, qui joue le rôle d’un parlement), connaît des
conflits internes selon plusieurs lignes de fracture. L’une oppose le GPRA à l’État-major
général dirigé par Houari Boumediene. Prisonniers en France depuis le détournement de
leur avion en octobre 1956, les leaders du FLN Hocine Aït-Ahmed, Ahmed Ben Bella,
Mohammed Boudiaf et Mohammed Khider sont libérés à la suite des accords d’Évian et
rallient Tunis.25 Les dissensions entre eux d’une part, entre eux et le GPRA d’autre part
apparaissent alors au grand jour. Enfin, les tensions opposent les combattants situés à
l’intérieur du pays, organisées en wilayas, et l’armée stationnée à l’extérieur, au Maroc
et en Tunisie, qui attend l’Indépendance effective pour entrer en Algérie.

Une alliance se forme lorsqu’Ahmed Ben Bella accepte les avances de Houari
Boumediene. Les conflits se cristallisent lors de la convocation de la réunion du CNRA à
Tripoli (Libye), le 27 mai 1962. Si les participants parviennent à un accord sur le
programme politique, il est impossible de s’entendre sur la nomination d’un bureau
politique du FLN et le retour en Algérie se fait donc en ordre dispersé. Malgré les accords
d’Évian qui prévoient que les autorités de l’extérieur ne pénètrent pas dans le pays avant
l’Indépendance effective, quelques hommes rentrent pour contribuer à organiser le
retour : c’est le cas de Mohammed Boudiaf et Krim Belkacem. Après l’installation à
Tlemcen de Ben Bella, le 11 juillet, on parlera du « groupe de Tlemcen », opposé au
« groupe de Tizi-Ouzou » de Krim Belkacem et Mohammed Boudiaf.

Benyoucef Ben Khedda, chef du GPRA, rentre en juillet, lorsque l’Indépendance donne le
signal aux troupes de l’extérieur de revenir ; certains combattants des wilayas se rallient
à elles alors tandis que d’autres (principalement ceux des wilaya 3 et 4) continuent de
s’y opposer jusqu’aux combats liés à la résistance de la wilaya 4 devant Alger, fin août et
début septembre 1962. L’historien Mohammed Harbi, alors employé au ministère des
Affaires étrangères du GPRA, écrit dans ses mémoires : « Les mois de juillet et d’août se

24Amar Mohand-Amer, La crise du front de libération nationale de l’été 1962 : indépendance et enjeux de
pouvoirs,Paris 7, Paris, 2010, 370 p.
25 Mohammed Harbi, Une vie debout, Mémoires politiques, tome 1 : 1945-1973, Paris, La Découverte, 2001,
p. 363-381.

13
passent en tractations, en coups de force et enlèvements de ministres. »26 Un compromis
est signé entre les deux groupes le 2 août : le lendemain, le Bureau politique du FLN,
proclamé par Ben Bella s’installe à Alger. L’accord a pour effet de marginaliser le GPRA
de Ben Khedda et, le 7 août, par un communiqué, le gouvernement transfère ses
pouvoirs au Bureau politique. Est-ce un coup d’État ? Le terme de « crise de l’été » évite
de trancher la nature de ce qui se joue, mais donne à l’événement tragique des contours
flous qui permettront, au fil des années, d’y trouver la cause des malheurs ou les
injustices des époques ultérieures et nourrir la déploration.

Les récits des anciennes combattantes de la Guerre d’Indépendance, analysés par


l’historienne Natalya Vince, portent également la trace de ces récits de la déploration de
1962. Nous verrons qu’il se retrouve également dans certains mémoires d’anciens
combattants. Natalya Vince s’interroge sur la formule de ses interlocutrices selon
laquelle, après leur participation à la Révolution, en 1962, elles seraient « retournées à la
cuisine ». En indiquant qu’elles ont été réduites aux rôles qui leur étaient réservés avant
la guerre, les mujāhidāt dénoncent le fait de n’avoir pas collectivement bénéficié d’une
rétribution à la hauteur de leur engagement durant la lutte pour l’indépendance. Or, ce
discours masque une réalité plus complexe et des changements profonds dans la
société : l’historienne analyse les récits des événements de 1962 pour révéler les
éléments qui servent de codes et expriment des critiques envers à la société ou les
autorités algériennes des décennies postérieures.27

La puissance de ce discours de déploration est l’un des points d’achoppement d’une


recherche portant sur 1962 comme un événement. Ainsi recouverts par des filtres
successifs, il est rarement lu pour lui-même, mais à la lumière de ses interprétations
ultérieures. Une enquête orale portant explicitement sur Soixante-deux courrait
d’ailleurs le risque de précipiter des récits de déploration qui nous parleraient davantage
du présent que de 1962. Depuis plusieurs années, lorsque j’annonce à des interlocuteurs,
témoins potentiels ou collègues, que je travaille sur « l’année 1962 », la majorité d’entre
eux penchent la tête d’un air peiné car je vais m’affronter à ce mauvais départ ; d’autres
se réjouissent que je propose de « régler » la crise, d’en révéler les secrets pour apurer le
présent. « La crise » occulte donc bien d’autres réalités et autres expériences de l’année
1962.

26 Ibid., p. 366.
27 Voir le chapitre qu’elle consacre à 1962 : N. Vince, Our Fighting Sisters, op. cit., p. 102-139.

14
Ce récit de la déploration de 1962 est analogue en cela aux études récentes des
révolutions du temps présent, analysées par Federico Tarragoni, en ce qu’il privilégie
une vision fataliste qui minore le potentiel de transformation politique et sociale des
épisodes révolutionnaires et gomme leur effet de transformation des acteurs.28 Bien sûr,
« l’événement, c’est ce qui advient à ce qui est advenu », nous enseigne l’historien
Pierre Laborie,29 bien sûr. Mais faire ré-émerger la richesse des expériences occultées
par ce récit nous informe sur l’ampleur du travail narratif ainsi effectué, et sur la
puissance de l’événement obligeant à s’interroger sur ce qui confère à 1962 la capacité
de devenir l’explication de tant de réalités ultérieures. Cela nous permet de faire
ressurgir « l’extraordinaire de l’événement ».30

1962 : Le récit des vaincus


Une seconde difficulté attend l’historienne au moment de travailler sur l’année 1962 :
celle d’une historiographie qui se focalise sur les destins tragiques de 1962, sur les
parcours de ceux qui quittent en nombre l’Algérie, puisque durant l’année 1962, ce
seraient 650 000 personnes sur une population totale d’environ dix millions d’habitants
qui auraient quitté le pays.31 Il s’agit d’abord des « Européens », ou Français d’Algérie
qui deviennent, en quittant le pays, les « pieds-noirs », et dont l’expérience a fait l’objet
d’une bibliographie considérable.32 Cette histoire tragique recouvre également le devenir
des supplétifs « musulmans » de l’armée française à partir du cessez-le-feu, qu’ils
soient restés en Algérie, parfois en butte à des violences, ou qu’ils soient partis pour la

28 Federico Tarragoni, L’énigme révolutionnaire, Paris, Les Prairies Ordinaires, 2015, 325 p.
29Pascale Goetschel et Christophe Granger, « « L’événement, c’est ce qui advient à ce qui est advenu... » Entretien
avec Pierre Laborie », Sociétés Représentations, 2011, n° 32, no 2, p. 167-181.
30 F. Tarragoni, L’énigme révolutionnaire, op. cit., p. 20-21.
Abderahmen Moumen, « De l’Algérie à la France. Les conditions de départ et d’accueil des rapatriés, pieds-noirs et
31

harkis en 1962 », Matériaux pour l’histoire de notre temps, 2010, no 99, p. 60-68.
32Parmi les références liées à l’expérience du départ, parmi une masse considérable: Bruno Étienne, Les Européens
d’Algérie et l’indépendance algérienne, Paris, Centre national de la recherche scientifique, 1968, 414 p ; Jean-
Jacques Jordi, 1962, l’arrivée des Pieds-Noirs, Paris, Autrement, 1995, 168 p ; Daniel Lefeuvre, « Les trois replis de
l’Algérie française » dans Des hommes et des femmes en guerre d’Algérie : actes du colloque international des 7 et 8
octobre 2002 à l’auditorium du CNRS, Paris, Jean-Charles Jauffret et Charles-Robert Ageron., Paris, Autrement,
2003, p. 56-72 ; Daniel Lefeuvre, « Les pieds-noirs » dans La guerre d’Algérie. 1954-2004. La fin de l’amnésie,
Mohammed Harbi et Benjamin Stora., Paris, Robert Laffont, 2004, p. 268-286 ; Valérie Esclangon-Morin, Les
rapatriés d’Afrique du Nord de 1956 à nos jours, Paris, L’Harmattan, 2007, 416 p ; Jean-Jacques Jordi, Les Pieds-
Noirs: idées reçues sur les pieds-noirs, Paris, Le Cavalier Bleu, 2015, 96 p. Sur la question de la mémoire des pieds-
noirs et de leur intégration en France métropolitaine voire notamment Eric Savarese, L’invention des Pieds-Noirs,
Paris, Séguier, 2002, 283 p ; Michèle Baussant, Pieds noirs, mémoires d’exil, Paris, Stock, 2002, 462 p ; Jean-
Jacques Jordi, « Les pieds-noirs : constructions identitaires et réinvention des origines », Hommes & Migrations,
2002, vol. 1236, no 1, p. 14-25 ; Yann Scioldo-Zürcher, Devenir métropolitain: politique d’intégration et parcours de
rapatriés d’Algérie en métropole, 1954-2005, Paris, École des hautes études en sciences sociales, 2010, 464 p ; Claire
Eldridge, From empire to exile: History and memory within the pied-noir and harki communities, 1962-2012,
Manchester, Manchester University Press, 2016. Sur des cas locaux d’arrivée des pieds-noirs en France Philippe
Bouba, L’arrivée des Pieds-Noirs en Roussillon en 1962, Canet, Trabucaire, 2009, 174 p ; Colette Zytnicki, 1962. Fin
de guerre et arrivée des pieds-noirs, Toulouse, Midi-Pyrénéennes, 2019.

15
France où ils soumis à des mesures d’enfermement ou de discrimination.33 Par-delà la
variété de leurs parcours, ils deviennent « harkis » en 1962, une catégorie qui englobe
désormais des personnes avec des statuts, des engagements et des expériences passées
différentes.

Au regard du nombre de départs et au devenir de ces populations hors d’Algérie, on


comprend la vivacité de l’intérêt pour ces itinéraires, au moment même où une nation se
dote d’un État et que se jouent des choix (en être ou de ne pas en être) ou des contraintes
(partir pour fuir la violence ou parce qu’on refuse de se reconnaître dans l’État qui
vient). Depuis quelques années à peine, l’on commence aussi à mieux connaître les cas
de Français d’Algérie ou de supplétifs restés en Algérie34 et le spectre de la connaissance
s’élargit ainsi lentement. Il n’en reste pas moins que l’événement Soixante-deux est
connu d’abord par ses marges, ou pour mieux dire par ses minorités, qui en font une
histoire tragique, une histoire de vaincus, alors que, en lectrice de Nathan Wachtel,35
l’on s’attendrait à être submergée par une histoire des vainqueurs, de la majorité, que
l’on aurait alors à discuter.

Même dans sa récente et massive Histoire de l’Algérie contemporaine en langue arabe,


Muḥammad al-ʿArabī al-Zubayrī évoque 1962 sous les seuls aspects de l’OAS et de la
crise politique.36 De ces deux phénomènes combinés (la puissance du récit de la
déploration et la connaissance de l’événement par ses marges et par les départs), il
résulte l’impression que la majorité des habitants du pays — ceux qui sont restés en
1962 — sont absents de leur propre histoire. Il a un paradoxe à ce que, au moment
d’atteindre l’indépendance par la naissance d’un État algérien nouveau, le Soixante-

33Mohand Hamoumou, Et ils sont devenus harkis, Paris, Fayard, 1993, 364 p ; Charles-Robert Ageron, « Le drame
des harkis en 1962 », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 1994, no 42, p. 3-6 ; Charles-Robert Ageron, « Le “Drame
des harkis” : Mémoire ou histoire ? », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 2000, no 68, p. 3-15 ; Fatima Besnaci-
Lancou, Gilles Manceron et Jean Lacouture, Les Harkis dans la colonisation et ses suites, Ivry-sur-Seine, Editions de
l’Atelier, 2008, 223 p ; Vincent Crapanzano, Les harkis: Mémoires sans issue, Paris, Gallimard, 2012, 304 p ;
François-Xavier Hautreux, La guerre d’Algérie des harkis: 1954-1962, Paris, Perrin, 2013, 467 pages p ; Fatima
Besnaci-Lancou, Des harkis envoyés à la mort. Le sort des prisonniers de l’Algérie indépendante, Paris, Éditions de
l’Atelier, 2014, 221 p ; Fatima Besnaci-Lancou et Abderahmen Moumen, Les Harkis: idées reçues sur les Harkis,
Paris, Le Cavalier Bleu, 2015, 126 p.
34Andrée Dore-Audibert, Des Françaises d’Algérie dans la Guerre de Libération, Paris, Karthala, 2000 ; Pierre Daum,
Ni valise ni cercueil : les pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance, Arles, Actes sud, 2012 ; Pierre Daum, Le
dernier tabou. Les harkis restés en Algérie après l’indépendance, Alger, Koukou, 2015, 535 p ; Pierre-Jean Le Foll-
Luciani, Les juifs algériens dans la lutte anticoloniale. Trajectoires dissidentes (1934-1965), Rennes, Presses
universitaires de Rennes, 2015, 576 p.
Nathan Wachtel, La Vision des vaincus. Les Indiens du Pérou devant la conquête espagnole, 1530-1570, Paris,
35

Gallimard, 1971, 399 p.


36Muḥammad al-ʿarabī al-Zubayrī, ‫[ ﺗﺎرﯾﺦ اﻟﺟزاﺋر اﻟﻣﻌﺎﺻر‬Tārīkh al-Jazāʾir al-muʿāṣir], Alger, Dār al-Ḥikma, 2014, vol.3,
235 p.

16
deux algérien demeure inconnue et que les expériences vécues par les habitants du pays
nous demeurent, pour une large part, inconnues.

En 2012, à l’occasion des célébrations du cinquantenaire de l’Indépendance, l’absence de


connaissance ou d’intérêt pour ce vécu fut rendue visible. Les commémorations
officielles et les programmes télévisés évoquaient plus volontiers une Guerre
d’Indépendance vue à travers le prisme de l’entrée en guerre, le 1er novembre 1954.37
« Cinquante-quatre » et « le déclenchement » de la Guerre de Libération masquaient, en
somme, « Soixante-deux » et « l’Indépendance ». Du côté des chercheurs, dans un
ouvrage collectif paru en 2012, Amar Mohand-Amer et Belkacem Benzenine exploraient
toutefois l’Indépendance selon des approches disparates :38 examen des premières
années de l’Indépendance ; discussion des héritages de la période coloniale ; quelques
textes plongeaient dans la temporalité même de 1962, notamment ceux de Amar
Mohand Amer sur l’organisation de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA)
et de Julie Champrenault sur le théâtre et la création d’un théâtre national. Mais cette
initiative demeurait rare comme le montrait une conférence intitulée « 1962, Un
Monde », à l’organisation de laquelle j’ai participé à Oran, la même année. Elle visait à
montrer la portée internationale de l’Indépendance algérienne39. La manifestation avait
été un succès qui démontrait le rayonnement mondial de l’événement, de l’Amérique
latine à la Chine en passant par l’Europe et l’Afrique.40 En retour, presque aucune
intervention n’explorait le Soixante-deux algérien : le cœur de cet événement mondial
souffrait toujours d’un déficit de recherches.

Comme mes collègues co-organisateurs, j’étais alors étonnée et déçue de l’absence des
expériences algériennes de 1962, celles de la majorité des habitants du pays. Le présent
livre est né de cette frustration, et de la nécessité impérieuse de plonger aux racines de
l’événement, dans les expériences des gens ordinaires, ou exceptionnellement

37Je pense notamment à une émission de radio qu’Alger Chaîne 2 (la chaîne publique francophone) intitulé « ADN
54 » consacrait à l’histoire en 2012-2014 et dont il ne reste aujourd'hui que la page Facebook :
https://www.facebook.com/adn1954emission/?ref=page_internal (consulté le 11 décembre 2020).
38 Amar Mohand-Amer et Belkacem Benzenine, Les indépendances au Maghreb, Oran, CRASC, 2012, 287 p.
39L’appel à contribution évoquait 1962 comme un « chronotope majeur du XXe siècle », terme qui rendait solidaires
un temps (1962) et un lieu (l’Algérie). Le colloque était organisé par le CRASC, le CEMA et l’IHTP. Voir l’appel à
contribution :
https://www.academia.edu/1440483/1962_Un_Monde_1962_A_World_1962_%D8%B9%D8%A7%D9%84%D9
%85 (consulté le 15 décembre 2020).
40Giulia Fabbiano, « « 1962, un monde », hypothèses révolutionnaires », Insaniyat / ‫إﻧﺳﺎﻧﯾﺎت‬. Revue algérienne
d’anthropologie et de sciences sociales, 31 décembre 2012, no 57-58, p. 195-198.

17
normaux,41 pour dépasser une historiographie de l’événement par ses départs et par ses
déceptions. Elle a commencé à s’exprimer sous la forme du désir, sommaire sans doute,
de se détourner des destins tragiques de ceux qui partent pour s’appeler une histoire des
gens en 1962.

L’évidence du peuple
« L’histoire des gens » est l’une des traductions possibles de la people’s history, une
approche de l’histoire qui s’est développée depuis le livre pionnier de Howard Zinn dans
son Histoire populaire des États-Unis.42 Elle opposait à une histoire dont l’État était le
héros, ou à une histoire vue à travers les yeux de l’État,43 une histoire des minorités et
des classes populaires. L’histoire populaire est souvent comprise comme une histoire
des subalternes, par référence à Antonio Gramsci pour lequel les classes subalternes,
définies par rapport aux classes dominantes, sont soumises à un rapport d’hégémonie,
notamment à une hégémonie culturelle qui a un effet sur les traces à partir desquelles
les historiens pourront écrire ensuite leur histoire : « L’histoire des classes subalternes
est nécessairement fragmentée et épisodique », écrit-il :

« Les classes subalternes subissent toujours l’initiative des classes dominantes même quand
elles se rebellent ; elles sont sur la défensive et sur le qui-vive. Toute trace d’initiative
autonome de la part des classes subalternes devrait donc être d’une valeur inestimable pour
l’historien intégral ; il résulte de cela qu’une telle histoire ne peut être traitée que par
monographies et que chaque monographie demande une somme considérable de matériaux
souvent difficiles à rassembler. »44

Le courant des Subaltern Studies a fait évoluer la notion de subalterne pour en faire un
concept clef de l’étude des situations coloniales,45 et promouvoir une histoire des
empires par le bas, par le recouvrement des voix des populations soumises à
l’hégémonie coloniale.46 Ce faisant, il introduit une dichotomie entre classes populaires

Edoardo Grendi, « Micro-analyse et histoire sociale », Écrire l’histoire. Histoire, Littérature, Esthétique, 1 juin
41

2009, no 3, p. 67-80.
42Howard Zinn, A people’s history of the United States: 1492-2001, New York, New York, HarperCollins, 2003 ; Pour
une réflexion démontrant que la mode actuelle de l’histoire populaire n’est pas nouvelle, voir Émilien Ruiz,
« L’histoire populaire : label éditorial ou nouvelle forme d’écriture du social ? », Le Mouvement Social, 2019, n°
269-270, no 4, p. 185-230.
43James C. Scott, Seeing Like a State: How Certain Schemes to Improve the Human Condition Have Failed, New
edition., Yale (Conn.), Yale University Press, 1999.
44Note du Cahier 3 § 14, QC 299-300. Antonio Gramsci, Cahiers de prison I : Cahiers 1, 2, 3, 4, 5, traduit par
Françoise Bouillot et traduit par Monique Aymard, Paris, Gallimard, 1996, 710 p.
45Rajanit Guha, « The prose of counter-insurgency » dans Subaltern Studies II, Dehli, Oxford University Press, 1983,
p. 1-42 ; Gayatri Chakravorty Spivak, « Can the Subaltern Speak? », Die Philosophin, 2003, vol. 14, no 27, p. 42-58.
46Au sujet de l’hégémonie coloniale et postcoloniale, voir notamment John T. Chalcraft 1970- et Yaseen Noorani
1966-, Counterhegemony in the Colony and Postcolony, Basingstoke [England] - New York [USA], Palgrave
Macmillan, 2007, xii, 289 p. p.

18
d’une part et subalternes de l’autre. Cependant les propos de Gramsci, cités plus haut,
anticipent de façon remarquable la nature du travail des historiens soucieux d’écrire
l’histoire de ceux qui sont soumis à un rapport hégémonique, comme l’est la domination
coloniale. De ces approches, le présent livre conserve l’aspiration à recouvrer les voix
que l’on entend rarement, celles de personnes de milieux modestes, de personnes
analphabètes, des femmes et, de façon générale, de ceux qui émergent de la domination
coloniale en 1962, afin d’approcher la façon dont ils ont vécu l’avènement de
l’Indépendance.

Dans sa préface à un ouvrage de 2019 consacré aux Indépendances en Afrique, Catherine


Coquery-Vidrovitch rappelle que ces Indépendances furent vécues comme des
révolutions parce qu’elles mettaient fin aux humiliations coloniales par la conquête de la
souveraineté et la naissance de nouveaux États, même dans les pays qui n’ont pas accédé
à l’Indépendance par la lutte armée ou dont l’Indépendance est assortie de mesures qui
en limite l’étendue.47 En Algérie en 1962, prend fin une hégémonie coloniale marquée
par l’exploitation économique, un système juridique inégal hérité de l’infâme
indigénat48 qui s’accompagnait de l’invisibilisation des corps des « indigènes » que
traduit un propos d’Éveline Safir Lavalette (1927-2014, 35 ans à l’Indépendance). Fille
de colons de Médéa devenue militante du Front de Libération nationale, elle raconte son
enfance dans un documentaire récent.49 Dans l’Algérie où elle avait grandi, dit-elle,
vivait une population colonisée composée de personnes « rendues invisibles, comme un
décor ». Dans une rédaction d’école primaire qui demandait de décrire un commerce,
elle avait proposé la description d’un « café arabe » proche de chez elle : elle fut jugée
« hors-sujet ».

En réponse à cette invisibilisation qui rend la population colonisée hors-sujet, les


témoins de l’Indépendance racontent l’irruption d’un acteur central : le peuple. Le
sociologue Ali El Kenz (1946-2020, 16 ans à l’Indépendance) était originaire de Skikda
(anc. Philippeville). Il évoque 1962 dans un texte intitulé « Louange à mon peuple » :

« L’amour baignait la ville : non pas l'amour abstrait de cerveaux solitaires mais un amour de
chair, de chants, de danses, d'êtres entrelacés en un corps unique, en un peuple.

47Voir sa préface à Odile Goerg, Jean-Luc Martineau et Didier Nativel, Les indépendances en Afrique: L’évènement
et ses mémoires, 1957/1960-2010, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2019, 474 p.
48Isabelle Merle et Adrien Muckle, L’Indigénat. Genèses dans l’empire français. Pratiques en Nouvelle-Calédonie,
Paris, CNRS, 2019, 529 p.
49 Fatima Sissani, Résistantes. Tes cheveux démêlés cachent une guerre de sept ans, s.l., 2017.

19
Je n’oublierai jamais ce juillet de notre histoire, cet été 1962. C'est par lui que je vins à la
maturité et compris “l'acte par lequel un peuple est un peuple” ; c'est lui qui me fit aimer
Rousseau, la prise de la Bastille et celle du Palais d’Hiver, le retour de Khomeiny et les dazibao
de Tien An Men. C'est à lui, qu’aujourd'hui encore, ma mémoire têtue s'accroche ; et c'est
vers lui que ma pensée “scientifique”, décidément trop humaine revient imperturbablement.

Juillet 1962. Tu es l’étalon de notre “démesure”, ce par quoi un peuple “outrepasse” les
conditions qui le font être pour devenir une infinité de possibles, le maillon où se rompt la
chaîne de nos nécessités, le moment de la révolution. »50

Ali El Kenz témoignait ainsi du sentiment de fusionner dans un corps unique, celui du
peuple, et définit le travail qu’il reste à accomplir, en historienne, pour interroger cette
évidence du peuple. En 1962, le peuple est héroïsé dans le slogan « un seul héros, le
peuple », dont on dit qu’il fut lancé par le GPRA, et donne son titre du premier journal
légal du FLN, Al Chaâb qui paraît à partir du mois de septembre. C’est par lui que Jacques
Berque décrit les journées de l’Indépendance et « le peuple [qui] danse sa liberté ».51 Par
ailleurs, la République proclamée en septembre est démocratique et populaire.

Il s’agira de montrer comment les événements de 1962 permettent « l’affirmation


d’existence du peuple », selon l’expression de Judith Butler, et constituent, pour ceux
qui y participent, une expérience transformatrice. Au-delà de la « communauté
d’émotion »52 que forgent les festivités de l’Indépendance algérienne, quelles sont les
expériences concrètes qui tissent les émotions communes, forgent les liens et les
imaginaires — imaginaires du passé et de l’avenir — qui font communauté ? 1962
cristallise ainsi une présence du passé et une présence du futur ou, pour mieux dire, un
champ d’expérience et un horizon d’attente, et façonne une conscience de soi.53

Il est délicat d’écrire sur 1962 tant les catégories désignant les personnes sont
changeantes. Le terme « Algériens », que certains historiens sont parfois frileux à
utiliser pour la période précédant l’Indépendance, comme si elle n’était pas une
catégorie native utilisée par les acteurs de l’histoire qu’ils étudient, acquiert une légalité
internationalement reconnue avec la naissance de la République algérienne ; en retour,
les catégories raciales de la colonisation (« musulmans », « Européens », distinguées
par des guillemets du sens des mots d’aujourd'hui), deviennent obsolètes avec la fin de

50Ali El Kenz, « Louange à mon peuple », paru pour la première fois dans le revue Novembre (date inconnue) et
republié dans Les Temps modernes, juillet 1982.
51 Jacques Berque, Dépossession du monde, Paris, Le Seuil, 2016 [1964], 214 p.
52Barbara H. Rosenwein, Emotional Communities in the Early Middle Ages, Ithaca, N.Y, Cornell University Press,
2006, 248 p.
53Reinhart Koselleck, Futures Past: On the Semantics of Historical Time, New York, Columbia University Press, 2004
[1979], 336 p ; Francois Hartog, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences, Édition revue et Augmentée.,
Paris, Points, 2015, 352 p.

20
la domination coloniale mais ne s’évaporent pas du jour au lendemain des usages. Au
titre des accords d’Évian, l’indétermination juridique perdure quant à la nationalité des
personnes dont on ne sait pas encore si elles sont, voudront être ou pourront être
algériennes : le code de la nationalité ne sera voté par l’Assemblée nationale qu’en mars
1963. Même après cette date, ceux qui n’ont pas choisi auront jusqu’en 1965 pour choisir
de façon définitive d’être français ou algériens. Durant l’année 1962, la certitude du
départ des Français d’Algérie n’est d’ailleurs pas toujours définitive et il faut le recul du
temps pour qu’elle ne s’installe. L’année 1962 constitue donc un entretemps, marqué
par des incertitudes qui participent de l’événement et qu’il ne s’agit pas de gommer en y
plaquant des interprétations ultérieures.

Accepter cette indétermination temporaire ne doit pas pour autant conduire à nier le cas
de ceux pour lesquels le peuple algérien, l’Algérie, et l’algérianité sont des évidences
liées à des expériences et des engagements anciens. Tout n’est pas indétermination, car
1962 a un passé et marque l’aboutissement d’un processus, l’embouchure d’un fleuve
dont l’arrière-pays temporel est profond ; à l’inverse, tout n’y est pas encore joué ou
clos définitivement, car 1962 a aussi un avenir auquel il faut laisser la place (et le temps)
d’advenir.

Dans notre exploration de 1962, il convient de s’abstenir de trancher sur la nature du


temps et tenir 1962 à la fois pour événement et pour durée ; à la fois pour entretemps,
pour aboutissement et pour naissance. De façon analogue, il convient aussi de mettre au
centre l’étude de ce peuple dont s’affirme l’existence tout en conservant
l’interdétermination, les failles et les parcours complexes qui se résoudront
postérieurement à l’événement. Il s’agit de décrire un nuancier d’expériences sensibles
des acteurs, selon une autre définition de l’histoire populaire donnée, elle, par Michèle
Zancarini-Fournel, pour proposer une « histoire incarnée, passant parfois par l’intime,
une histoire sensible, attentive aux émotions, aux bruits et aux sons, aux paroles et aux
cris ».54

Les sources
Pour restituer les expériences des hommes, des femmes et des enfants de 1962, avec le
souci de recouvrer les expériences subalternes, il convient de faire feu de tout bois, en
privilégiant les sources dans lesquelles ils et elles s’expriment directement. Des

54Michelle Zancarini-Fournel, Les luttes et les rêves. Une histoire populaire de la France de 1685 à nos jours, Paris,
Zones, 2016, 1008 p.

21
entretiens biographiques déjà menés dans le cadre d’enquêtes précédentes permettent
par exemple de faire surgir des témoignages d’enfants de l’époque. Il s’agit
principalement d’une enquête menée depuis 2011 sur les anciens militants du Parti de
l’Avant-Garde socialiste qui m’a permis la rencontre avec plusieurs dizaines d’anciens
militantes et militants : quelques-uns étaient d’anciens combattants de la Guerre, mais
la plupart, nés dans les années 1940 et 1950, étaient enfants en 1962. Il s’agit également
d’une enquête menée depuis 2019 sur les disparus de la grande répression d’Alger, dite
Bataille d’Alger, de 1957, et qui m’a conduit à des échanges puis à des entretiens avec
leurs familles, épouses, enfants, frères et sœurs et plus rarement, leurs parents.55 Le
présent ouvrage s’appuie également sur la masse des autobiographies et mémoires de
guerre en arabe et en français, publiées pour la plupart depuis les années 1990, qui
révèlent majoritairement les parcours des anciens combattants et combattantes pour
l’Indépendance.56

Afin d’accéder au maximum de voix et de parcours, j’utilise également les publications


historiennes ainsi que les films documentaires où des témoins ont l’occasion d’évoquer
leurs parcours. Parce que les autobiographies et mémoires sont écrits majoritairement
par des hommes, j’ai utilisé des travaux existant sur les parcours de femmes,
notamment ceux de l’historienne Djamila Amrane.57 Natalya Vince a partagé
généreusement avec moi les enregistrements ou transcriptions de certains entretiens
réalisées dans le cadre de son travail. Enfin, j’ai fait usage de différentes formes de récits
de soi ou de biographies publiées dans la presse selon leur accessibilité, utilisant
notamment des séries d’interviews d’anciens militants et militantes réalisées par le
journal el-Watan à l’occasion du cinquantenaire de l’Indépendance, de même que des
autobiographies publiées par leurs auteurs sur les réseaux sociaux (notamment
Facebook, qui permet la publication de textes parfois longs) chaque fois que j’ai pu y
avoir accès. Les réseaux sociaux ont également permis la découverte de quelques
documents personnels et de photographies, et la prise de contact avec ceux ou celles qui
les avaient partagées. L’ensemble de ces sources est disparate, plus délicat à utiliser

Notons que la question de l’enfance en guerre est un cours de renouvellement avec la thèse en cours de Lydia
55

Hadj-Ahmed, sous la direction de Raphaëlle Branche.


56Au sujet de ces mémoires, voir plusieurs articles de synthèse importants (focalisés sur les mémoires rédigées ou
traduites en français) Ouanassa Siari Tengour et Fouad Soufi, « Les Algériens écrivent, enfin, leur guerre »,
Insaniyat / ‫إﻧﺳﺎﻧﯾﺎت‬. Revue algérienne d’anthropologie et de sciences sociales, 30 décembre 2004, no 25-26, p. 267-272 ;
Ali Guenoun, « Mémoire et guerre d’Algérie : quand des maquisards (ré)écrivent le(ur) passé », L’Année du
Maghreb, 1 juin 2006, I, p. 519-531 ; Raphaëlle Branche, « Combattants indépendantistes et société rurale dans
l’Algérie colonisée », 20&21. Revue d’histoire, 18 janvier 2019, N° 141, no 1, p. 113-127.
57Djamila Amrane, Les femmes algériennes dans la guerre, Paris, Plon, 1991 ; Danièle Djamila Amrane-Minne, Des
femmes dans la guerre d’Algérie, Paris, Karthala, 1994, 218 p.

22
qu’une série homogène d’entretiens, mais permet d’atteindre des parcours plus variés
socialement et mieux répartis sur le territoire du pays.

Un second corpus de sources largement utilisées dans ce travail est constitué par les
images, photographies ou films, de l’époque. Les festivités de 1962 ont en effet été
abondamment filmées et photographiées. Les agences de presses étrangères disposent
de collections de photographies et les télévisions, françaises, britanniques, soviétiques
ou autres, de nombre de reportages tournés à chaud. Par ailleurs, les actualités
françaises ont beaucoup tourné aux dates marquantes (cessez-le-feu ou référendum).
1962 est photogénique, et inspire les documentaristes algériens, français ou
yougoslaves. Il existe des photographies et des films amateurs découverts au hasard de
la navigation sur internet : certains furent tournés par des appelés du contingent
français et leurs auteurs ont pu être retrouvés pour donner lieu à des entretiens. L’image
de couverture de ce travail est ainsi tirée des photographies couleurs prises à Alger le
3 juillet par un appelé français, Jean-Paul Margnac.

L’ensemble de ces images constitue un corpus mouvant faute d’avoir été déposé dans un
fonds d’archives et inventorié — il faut espérer qu’il le soit à l’occasion de travaux
ultérieurs — mais qui permet d’aborder la question des corps, corps collectif et corps
individuels et des lieux pour décrire comment « l’affirmation d’existence du peuple » est
mise en scène, avec quels attitudes, vêtements ou rituels ainsi que de découvrir
visuellement les pratiques d’occupation de l’espace qui apparaissent et dont font état
d’autres sources. Au-delà des seules festivités, et en lien avec des archives textuelles,
elles contribuent à révéler différentes façons de faire corps collectif, en questionnant
toujours le regard, si fondamental au moment de se dégager de l’hégémonie coloniale
pour approcher l’effervescence et le bouillonnement de cette année.

La presse a constitué une source essentielle de l’enquête. Il s’agit d’abord de la presse


clandestine, celles du FLN et de son concurrent, le Mouvement national algérien de
Messali Hadj, mais aussi de la presse française d’Algérie. Du fait de la qualité de ses
archives en ligne et de son moteur de recherche, Le Monde a été utilisé comme un
journal de référence pour dater les événements et déterminer ce que les agences de
presse transmettaient d’informations avant d’enquêter dans d’autres collections de
journaux. La presse algérienne redevient légale à partir de l’été 1962 avec la reparution
légale ou la création d’Alger républicain en français, d’al-Mujāhid en arabe, d’Al Chaâb
en français, en septembre, puis d’El-Moudjahid en français, et permet d’établir la
chronologie des étapes de la mise sur pied du nouvel État, ainsi que de comprendre les

23
difficultés quotidiennes dans les hôpitaux ou les écoles. Cette presse documente
également la constitution du tissu de la société au sortir de la guerre par le biais des
activités syndicales ou de la renaissance des associations. Elle a pu être consultée dans
les collections de la Bibliothèque Frantz-Fanon, à la bibliothèque de la Wilaya d’Alger et
à la Bibliothèque du Musée Ahmed-Zabana d’Oran. Si les différentes presses, presse
nationale, presse française, presse héritée de l’Algérie française, s’adressaient à des
lectorats différents, des nationalistes lisaient volontiers la presse favorable à l’Algérie
française pour se tenir au courant des nouvelles qui y paraissaient, notamment avant la
reparution d’une presse nationale légale. L’ensemble des titres donne donc une idée de
ce qui se savait, notamment en ce qui concerne le déroulement des négociations à Évian,
ou des événements attendus.

J’ai souhaité ne pas donner une place centrale aux archives étatiques, tout d’abord parce
que les archives algériennes nous échappent : pour les archives du GPRA conservées aux
Archives nationales d’Algérie (ANA), faute d’accès, j’ai réutilisé quelques notes prises à
l’occasion d’une consultation sur un autre sujet (elle-même déjà difficile) et bénéficié de
notes généreusement partagées par mon collègue Noureddine Amara, dans le cadre de
sa thèse portant sur les questions de nationalités et sur le début de l’occupation du pays
en 1830.58 Les archives d’Ahmed Boumendjel (1908-1982), membre du GPRA et
négociateur à Évian, désormais conservées à l’Institut d’histoire du temps présent,
donnent accès à une partie de la documentation rassemblées par le service
d’information du GPRA en vue des négociations. Elles font entrevoir ce qu’il resterait à
découvrir si les archives gouvernementales étaient accessibles. En contrepoint, pour ne
pas déséquilibrer l’ensemble et pour ne pas risquer d’écraser les expériences intimes
avec une masse d’archives étatiques, je me suis moins appuyée sur les archives
françaises que je n’aurais pu le faire, que ce soient les archives civiles aux Archives
nationales d’Outre-Mer (ANOM) ou les archives militaires au Service historique de la
défense (SHD) : elles ont toutefois été importantes pour décrire l’effervescence
populaire et les difficultés qu’elle pose en termes de maintien de l’ordre.

Dans le domaine des archives d’État, j’ai fait le choix d’un pas de côté, en utilisant les
archives diplomatiques américaines, conservées à Washington, qui comprennent des
rapports, parfois très détaillés, du consul puis de l’ambassadeur des États-Unis. Ces
documents laissent entrevoir comment les archives diplomatiques d’autres pays

58Noureddine Amara, Faire la France en Algérie : émigration algérienne, mésusages du nom et conflits de
nationalités dans le monde : de la chute d’Alger aux années 1930,Paris 1, Paris, 2019.

24
pourraient être à l’avenir mobilisées pour documenter l’Indépendance, notamment
celles des pays du bloc de l’est et des pays arabes.

J’ai également utilisé les archives de plusieurs organisations internationales de secours à


Genève : le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le Haut-Commissariat aux
Réfugiés (HCR) et la Ligue des Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-
Rouge (je dirais désormais Ligue de la Croix-Rouge, ou Ligue). Elles ont permis de
révéler certains aspects méconnus de l’année 1962, notamment l’opération de
rapatriement des réfugiés algériens du Maroc et de Tunisie. Ces organisations prennent
aussi en charge les populations réduites à la misère du fait des déplacements forcés de la
fin de la guerre et font entrevoir les urgences de l’Indépendance : éviter la famine, loger
les habitants, relancer l’agriculture et l’industrie, créer ou faire fonctionner des services
de l’État.

Enfin, il faut dire un mot d’une bibliographie qui offre beaucoup de sources imprimées.
Différents ouvrages de sociologie, d’anthropologie ou d’économie utilisés ici ont été
rédigés par des acteurs de l’époque, qu’ils soient chercheurs algériens documentant
leurs propres sociétés à la naissance de l’État ou chercheurs étrangers venus soutenir
une expérience dont la connaissance leur paraissait essentielle. Citons en deux exemples
seulement : parmi les étrangers venus travailler en Algérie dans le cadre de la
coopération, c’est le cas de Monique Laks (28 ans en 1962), assistante en sociologie à
l’Université d’Alger, auteure d’une étude sur l’autogestion ouvrière et expulsée du pays
après le coup d’État de 1965.59 En miroir, l’autogestion paysanne dans la Mitidja nous est
connue par une enquête menée par l’Algérienne Claudine Chaulet (31 ans à
l’Indépendance), militante du FLN durant la Guerre d’Indépendance, et ses étudiants.
Parmi les historiens aussi, l’attractivité de l’Algérie a fourni des travaux importants,
notamment ceux de René Gallissot (28 ans à l’Indépendance). Outre leur richesse
documentaire, cette bibliographie témoigne de l’attractivité d’un pays qui, au-delà de
ses frontières, était vu comme le pays de l’avenir.

Le sceau de la Révolution
L’histoire esquissée plus haut par « la période transitoire » ou par « la crise », est
l’histoire la mieux connue de l’année 1962. Principalement institutionnelle et politique

59Le Monde du 23 septembre 1965 annonce la libération prochaine. Elle est également mentionnée parmi les
expulsés dans Henri Alleg (ed.), Les torturés d’El Harrach, Paris, Éditions de Minuit, 1966, 115 p ; Voir son étude
Monique Laks, Autogestion ouvrière et pouvoir politique en Algérie (1962-1965), Études et Documentation
internationales., Paris, 1970, 336 p.

25
elle cache des expériences largement ignorées : celle du quart de l’ancienne population
colonisée qui vivait dans des camps de concentration de population dont les portes
s’ouvrent à partir du cessez-le-feu ; celles des quelques 300 000 réfugiés algériens au
Maroc et en Tunisie qui rentrent, en mai et juin 1962, au cours d’une opération
humanitaire de grande ampleur, en franchissant les frontières minées. Nous ignorons
encore presque tout de la démobilisation de l’ALN60 ou de la recherche des disparus à
partir du cessez-le-feu. Même les festivités de l’Indépendance, pourtant
photographiées, filmées et racontées par de nombreux témoins, nous demeurent mal
connues comme nous sont mal connues les expériences liées à la sortie de guerre,
pourtant très étudiées dans d’autres contextes.61

On le comprend, le sujet est immense ; j’assume ne pas traiter tous les aspects de
l’événement et d’avoir fait des choix. Certains des chapitres qui suivent pourraient faire
l’objet d’une thèse ; ils ont l’ambition première de poser des questions et d’ouvrir des
voies de recherches nouvelles à partir d’un présupposé : mettre 1962 au centre, plutôt à
l’extrémité d’un processus, que ce soit au début ou à la fin, bouleverse le point de vue de
façon féconde. Observée à partir du point de vue de 1962 plutôt, disons, qu’à partir de
1954 et son début, comme il est de coutume de le faire, la Guerre d’Indépendance qui
s’achève est vue différemment et sa dimension révolutionnaire apparaît plus nettement.

Une première partie révélera 1962 comme l’un des paroxysmes de la violence de la
Guerre d’Indépendance, un de ses moments de plus haute intensité. Les violences de
1962 héritent de pratiques forgées dans la guerre ou héritées de périodes plus anciennes.
Toutefois, à l’approche de la fin du monde colonial, la violence prend aussi des formes
nouvelles : la violence de l’OAS par exemple, puise son soutien populaire dans la terreur
du monde qui vient. Du côté algérien, l’effervescence festive liée au désir de reconquérir
des espaces publics fermés constitue le terreau d’où, parfois, jaillit la violence.

Dans une seconde partie, nous verrons qu’au moment où va naître un État indépendant
défini comme un État national par les mouvements nationalistes depuis les années 1930,
et plus encore depuis la Seconde Guerre mondiale,62 les violences et la ferveur

60 En attendant le projet en cours sur la démobilisation mené par Amar Mohand Amer.
61Un ouvrage récent portant sur la sortie de guerre d’Algérie, justement salué pour poser pour la première fois cette
question échoue à évoquer la sortie de guerre du côté algérien : Vincent Joly et Patrick Harismendy (eds.), Algérie.
Sortie(s) de guerre 1962 - 1965, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2014, 230 p. Notons l’exception que
constitue dans l’ouvrage l’article de Pierre-Jean Le Foll-Luciani.
62Benjamin Stora, Messali Hadj : Pionnier du nationalisme algérien, 1898-1974, Paris, L’Harmattan, 1986, 306 p ;
Benjamin Stora, Le nationalisme algérien avant 1954, Paris, CNRS éd, 2010, vol. 1/, 346 p ; Omar Carlier, Entre
Nation et Jihad : histoire sociale des radicalismes algériens, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences

26
paroxystiques ont trait à la fusion du corps collectif et au sentiment de « faire corps »
(ou pas). Les événements de l’année accélèrent la fusion d’un entre-soi algérien, avec
des expériences qui transforment les corps individuels et la façon dont ils sont regardés,
parés et mis en scène.

Pour désigner ce corps collectif, il est parfois fait usage, en 1962, d’une métaphore lui
comparant le sol marqué par les traces de la guerre et qui doit être réparé et soigné. Nous
aborderons dans une troisième partie la question de l’espace et du sol, la réorganisation
des dynamiques spatiales à travers les événements de l’année 1962 du fait du cessez-le-
feu, d’abord, puis du départ inattendu d’une importante proportion des Français
d’Algérie. Leur départ « libère » en effet terres et logements et ouvre des possibles pour
les habitants qui restent, en créant — notamment dans les villes — une mixité sociale
qui déroute les sociologues habitués à des espaces plus différentiés socialement. Par
ailleurs, les phénomènes d’appropriation, notamment l’appropriation collective des
terres de la grosse colonisation posent la question de 1962 comme retournement de la
colonisation et la dépossession foncière qui lui est constitutive.

Cette question du retournement de la colonisation nous conduira, dans une quatrième


partie conclusive, à explorer ce que 1962 fait aux expériences du temps pour montrer la
puissance de l’attente qui touche à sa fin au moment d’atteindre l’Indépendance,
l’advention de la promesse ancienne ainsi que le travail narratif nécessaire pour inventer
le passé et se couper de lui de façon à installer le présent. En regardant en arrière, il
s’agira de voir comment 1962 interroge 1830 pour discuter de la possibilité pour 1962
d’annuler (ou pas) les effets de l’occupation du pays.

À travers ces différents aspects, paroxysme d’une violence liée à la naissance d’un
monde nouveau, le retournement spatial de la colonisation, la fusion d’un corps collectif
des Algériens et le travail en profondeur sur l’expérience du temps, 1962 apparaît en soit
comme une Révolution. Ou, plus mieux dire, parce que ces phénomènes sont l’acmé de
processus plus longs, nous découvrirons comment 1962 scelle la Révolution, non pas au
sens où elle lui met un terme chronologique mais au sens où elle appose son cachet et
fait de la lutte pour l’Indépendance algérienne une authentique Révolution.

politiques, 1995, 443 p ; Malika Rahal, L’UDMA et les udmistes. Contribution à l’histoire du nationalisme algérien,
Alger, Barzakh, 2017, 517 p.

27
28
Première partie

La violence

29
Introduction

I
l y a un apparent paradoxe à ouvrir l’exploration de 1962, année de la fin d’une
guerre longue et d’une colonisation plus longue encore, par la question de la
violence. Après huit années de guerre, que pouvait-il rester à expérimenter encore
comme violence qui n’ait déjà été vécu ? Pourtant, comme nous le verrons, les témoins,
en particulier les observateurs étrangers, ont été marqués par des formes de violences
intenses, nouvelles et — durant la période transitoire — par ce qu’ils décrivent comme
un paroxysme de la violence. Certains épisodes sont connus : l’OAS, la violence contre les
harkis, la crise interalgérienne de l’été, le 5 juillet à Oran, la crise interne au FLN.

L’historiographie récente a révélé la nature fondamentalement violente des périodes de


sortie de guerre, souvent faite de pillages, de destructions, d’atteintes aux civils ou de
sabotages de dernière minute. 1 George L. Mosse s’interrogeait sur le devenir de
l’accoutumance à la violence des sociétés européennes au lendemain de la Première
Guerre mondiale.2 Or, la plongée dans les événements de 1962 révèle d’abord une société
brutalisée dans ses différentes composantes (« européenne » et « musulmane »), alors
que le pays connaît une forme de présence de la guerre dans la paix, selon l’expression
de Gerd Krumeich, voire de guerre après la guerre.3

Dans le même temps, 1962 voit l’affirmation sur le territoire du pays d’un nouvel État
qui doit s’assurer, dans un temps court, le monopole de l’usage légitime de la violence.4
On retrouve donc les formes de violence de l’entre-deux de la souveraineté, le
brigandage et les initiatives militantes mal contrôlées alors que les effectifs de l’ALN
croissent rapidement de recrues de la dernière minute. Étudiant la Violencia en Colombie

1 Bruno Cabanes et Guillaume Piketty, « Sortir de la guerre : jalons pour une histoire en chantier »,
Histoire@Politique, 11 décembre 2007, vol. 2007, no 3 ; Stéphane Audoin-Rouzeau et Olivier Forcade, « La société, la
guerre, la paix : nouvelles problématiques, nouveaux objets », Histoire, économie & société, 2004, vol. 23, no 2, p.
165-172.
2George L. Mosse, De la Grande Guerre au totalitarisme: la brutalisation des sociétés européennes, Paris, Hachette
Littératures, 1999, 291 p.
3Gerd Krumeich, « Die Präsenz des Krieges im Frieden » dans Krieg und Utopie. Kunst, Literatur und Politik im
Rheinland nach dem Ersten Weltkrieg, Gertrud Cepl-Kaufmann, Gerd Krumeich, Ulla Sommers., Essen, Klartext,
2006, p. 7-17.
4 Max Weber, Le savant et le politique, Paris, 10/18, 2002, 224 p.

30
(1946-1964), l’anthropologue Maria-Victoria Uribe invite à articuler les deux niveaux :
au niveau local et social d’une part, subjectif et symbolique de l’autre.5

Au premier niveau, déployer la temporalité de cette année 1962 permet en effet de


décrire les interstices d’une transition de souveraineté selon les rythmes de micro-
espaces (celui d’une caserne, d’une localité, d’un arrondissement), entre départ de
l’armée française et arrivée de poignées de combattants de l’ALN. La transition et son
instabilité débordent d’ailleurs largement de la seule « période transitoire » de mars à
juillet puisque les soldats français seront encore 200 000 en septembre 1962 à être
présents sur le territoire et continuent d’occuper une partie des casernes.

Au second niveau, analyser la violence exige d’analyser des violences sans les résumer à
des éléments contextuels. Les chapitres qui suivent proposent de plonger dans leur
description pour découvrir qu’elles s’accompagnent de phénomènes qui contribuent à
leur donner sens. Les rumeurs, nombreuses et rapides dans un pays en mouvement, du
fait d’une grande intensité événementielle, permettent de mieux saisir le sens des
gestuelles de la violence. Denis Crouzet présuppose que « la gestuelle paroxystique
qu’est la gestuelle de violence est l’extériorisation, ou plutôt le précipité de la culture qui
a mené ou imposé la violence, qu’elle est un système signifiant culturellement codé, à
partir duquel il est possible de dégager les raisons de la violence et donc, de la crise
religieuse », invitant à étudier la violence comme un langage. Les gestuelles de la
violence s’accompagnent ici de mots, de craintes, de fausses informations qui
contribuent à faire langage. Dans le cas des « Européens », les rumeurs — notamment
celles du sang volé (chapitre 1) — disent le désespoir qui nourrit la violence de l’OAS :
une atmosphère d’angoisse apocalyptique qui marque la fin du monde de l’Algérie
française et assure l’organisation d’un large soutien populaire (chapitre 2).

La violence s’accompagne d’une effervescence émanant des quartiers majoritairement


algériens, qui dit l’ébullition, l’excitation mais aussi, parfois, le désir de vengeance. Ce
désir s’exprime d’abord contre les ennemis d’hier qui sont les plus proches, les ennemis
intérieurs, à tort à ou raison, considérés comme traîtres, collaborateurs ou délateurs
dans les assignations parfois rapides d’un temps pressé. On verra que toutes ces
violences participent de l’ébullition populaire qui est l’un des phénomènes les plus
importants de cette année : or, si elle n’est pas toujours violente, l’effervescence

5Maria-Victoria Uribe, Anthropologie de l’inhumanité : Essai sur la terreur en Colombie, Paris, Calmann-Lévy,
2004, p. 21.

31
constitue le terreau duquel jaillit la violence (chapitre 3). C’est dans la jonction entre
violences et ferveur que se dessine la dimension révolutionnaire du moment 1962.

Les violences de 1962 ont laissé des traces douloureuses, vivantes, parfois utilisées de
façon militante pour appuyer des revendications du présent : c’est le cas des violences
contre les harkis et du 5 juillet à Oran, qu’il faut conceptualiser et contextualiser dans la
sortie de guerre et mieux délimiter pour contribuer à une vision d’ensemble des
violences de cette année (chapitre 4 et chapitre 5).

32
Conclusion de la première partie

D
ans un article dédié à la mémoire de l’écrivain Tahar Djaout et à l’évêque
algérien Jean Scotto (tous deux morts en 1993), le politiste Jean Leca, né en
1935 à Alger, insiste sur le caractère nécessairement multiple de la violence qui
rarement se réduit à un arrangement stable et à une signification définitive :1 les
violences de 1962 sont un cas d’école de la multiplicité des violences selon les différentes
significations du moments, ni seulement subversion anti-étatique de l’OAS, ni
uniquement affirmation d’un monopole de la contrainte du FLN, ni « simple » guerre
civile.

1962 est une fin de guerre dont les traits se dessinaient déjà depuis la fin de 1960, durant
laquelle la population coloniale subit la guerre plus fortement que jamais auparavant,
comme le montrent les chiffres des disparus « européens », plus nombreux durant la
période transitoire que durant tout le conflit. Mais dans le même temps, l’angoisse liée à
l’anticipation de la fin du monde de l’Algérie française et l’arrivée de l’impensable
Indépendance nourrissent la violence de l’OAS et, malgré le nombre limité de ses
membres, lui confèrent le soutien d’une large portion de la population coloniale
« sentimentalement OAS ».2

1962 marque aussi l’approche de l’Indépendance. Dans population encore colonisée et


bientôt indépendante, la violence est liée à une atmosphère de puissante excitation
collective, née dans les manifestations de décembre 1960 mais qui se prolonge jusqu’en
1962. Dans une ambiance enfiévrée et fluide, la violence de l’OAS ajoute à l’excitation
une dose d’exaspération et attise les désirs de revanche qui contribuent à la dimension
populaire de la violence. Le caractère révolutionnaire d’une partie de la violence de 1962
est à chercher à la fois dans la participation de foules effervescentes à certains actes et à
la connexion entre perpétration de ces violences et excitation festive.

1962 voit également la dernière étape d’une lutte pour affirmation d’un nouveau pouvoir
qui, en même temps qu’il atteint sa souveraineté, doit en finir avec ses derniers
concurrents. Les sources messalistes révèlent l’anxiété des partisans de Messali dans les

1Jean Leca, « La “rationalité” de la violence politique » dans Baudouin Dupret (ed.), Le phénomène de la violence
politique : perspectives comparatistes et paradigme égyptien, Le Caire, CEDEJ - Égypte/Soudan, 2013, p. 17-42.
2L’expression est de J. Verdès-Leroux, Les Français d’Algérie de 1830 à aujourd’hui, op. cit., p. 364 ; Voir aussi A.-M.
Duranton-Crabol, Le temps de l’OAS, op. cit., p. 31.

33
dernières semaines de la guerre et la période transitoire : dans leur cas, l’Indépendance
ne représente pas l’effondrement de leur avenir rêvé, comme c’est le cas pour une
majorité de Français d’Algérie. À l’approche de la fin de la guerre, ils sont confrontés à
un FLN qui bénéficie de défections dans leurs rangs, se montre capable d’emporter la
ferveur populaire en même temps qu’il mène l’ultime combat pour la liquidation de leur
organisation. Pour une proportion d’entre eux difficile à évaluer, l’Indépendance rêvée
devient une défaite marquée par leur départ en exil.

Ces violences de fin de guerre ont laissé des traces hétérogènes. Celles qui ont laissé le
plus de récits, de rumeurs et, finalement, ont donné lieu à l’historiographie la plus
abondante sont celles commises par les Algériens soit contre les harkis soit contre des
« Européens », notamment à Oran. En revanche, l’intensité de la violence de l’OAS a
donné lieu à moins de récits de la part de ceux qui en ont été les victimes : même pour
une historienne supposée bien informée, les récits qu’en font les témoins — pourvu
qu’on leur pose les bonnes questions —, ont été une surprise. Il ne semble pas y avoir eu
là ni tabou, ni occultation mais le simple fait d’en avoir peu parlé. Ce relatif silence peut
s’expliquer par un passage à l’écrit moins naturel pour une population colonisée
maintenue dans un analphabétisme élevé (rappelons un taux d’alphabétisation en arabe
de 4 % et un taux de scolarisation d’environ 15 % pour la population « musulmane » en
1954)3 bien que la violence de l’OAS ait eu lieu d’abord dans villes où se trouvaient la
majorité de ceux qui savent écrire. Il est également possible que les souvenirs de cette
violence aient été rapidement balayés, ou mis de côté, par l’obtention de l’Indépendance
qui leur donne sens. Une dernière hypothèse tient à la question du maintien de la
confiance durant la période transitoire : il n’est pas certain que ces violences de l’OAS,
malgré leur caractère dévastateur et bien qu’elles aient causé la crainte chez les
observateurs étrangers d’un effondrement du processus de paix, aient fait douter les
partisans de l’Indépendance de leur succès. Bien qu’il faille se méfier de reconstruction a
posteriori, témoignages et autobiographies y font référence comme à un ultime et
douloureux épisode dans une guerre qui avance inéluctablement vers l’Indépendance.

Cette inégalité narrative depuis les rumeurs de l’époque jusqu’à l’historiographie du


présent a laissé le champ libre à des versions tronquées des événements alors que les
différentes violences de l’année — celles de l’OAS, la violence contre ceux qui sont

3Kamel Kateb, École, population et société en Algérie, Paris, L’Harmattan, 2005, p. 54 ; Charles-Robert Ageron,
Histoire de l’Algérie contemporaine, tome 2 : De l’insurrection de 1871 à la guerre de libération de 1954, Paris, PUF,
1979, p. 534.

34
considérés comme collaborateurs et traîtres, les violences anti-messalistes, se
répondent, se nourrissent et sont également nécessaires à saisir le moment. Elles sont le
résultat de la culture coloniale en même temps que de son dépassement. Nous avons déjà
entrevu comment les violences parachèvent la séparation des populations sur laquelle
nous reviendrons (chapitre 14). Mais elles ont aussi pour effet paradoxal, comme nous
allons le voir maintenant, d’accélérer le processus d’instauration d’une souveraineté
algérienne sur les corps.

35
Deuxième partie

Le corps
Introduction

L
a violence paroxystique de la période transitoire, évoquée dans la première
partie, est liée au façonnage du corps collectif des Algériens. Elle est pour part
liée à l’effondrement du monde de la population coloniale et à
l’approfondissement de la faille qui la sépare de la population colonisée. Les
anthropologues, dont Maurice Godelier, font le lien entre violences et définition ou
redéfinition d’un groupe humain.1 Pour Françoise Héritier, c’est une des constantes des
sociétés humaines que d’être « bâties sur un besoin, un désir, un bonheur spécifique
d’être entre identiques, “entre soi” ». Le moteur de la constitution de cet entre-soi est
d’abord la recherche de la satisfaction de besoins vitaux et de ce qui donne du plaisir, le
besoin de conformité ou celui d’être protégé constituent des entre-soi.2 Mais « la
violence », ajoute-elle, « intervient dans les interstices non réglés du jeu entrecroisé »
de divers besoins vitaux. Elle invite donc à penser les entre-soi, leurs failles, leurs
fragilités et les processus dans lesquels ils se forgent.

Dans l’Algérie de 1962, nous retrouvons à la fois la notion d’interstice et d’instabilité de


groupes façonnés ou refaçonnés par leurs confrontations, leurs déchirements ou sous
l’effet de la succession des événements de l’année. Il n’y pas là naissance ni d’une
société algérienne, ni d’une identité, ni des Algériens comme nation en 1962 — les uns
et les autres ont une histoire plus longue. Les historiens ont montré le travail profond
d’élaboration d’un nationalisme « qui exige que l’unité politique et l’unité nationale se
recouvrent ».3 Il s’agit désormais, affirmaient les Amis du Manifeste et de la Liberté
durant la Seconde Guerre mondiale, de « rendre familière l’idée d’une nation
algérienne ».4 À l’instar d’autres nationalismes qui entreprennent de moderniser leur
société, le nationalisme algérien comporte une dimension d’écriture du passé en même

1Maurice Godelier, Au fondement des sociétés humaines. Ce que nous apprend l’anthropologie, Paris, Albin Michel,
2009, 206 p.
2Françoise Héritier, « Les matrices de l’intolérance et de la violence » dans De la violence, Odile Jacob., Paris, 2005,
vol. 2/2, p. 321-343.
3Ernest Gellner, Nations et nationalisme, Paris, Payot, 1989, p. 11 ; Sur le nationalisme algérien voir, parmi une
abondante bibliographie M. Harbi, Aux origines du Front de libération nationale, op. cit. ; M. Harbi, Le F.L.N., mirage
et réalité, op. cit. ; B. Stora, Messali Hadj, op. cit. ; O. Carlier, Entre Nation et Jihad, op. cit. ; G. Meynier, Histoire
intérieure, op. cit.
4 Article 4 des statuts de l’Associations des Amis du Manifeste et de la Liberté (AML).

37
temps que de projection vers l’avenir. Mais il est aussi un travail lent d’incorporation du
politique qui articule le social et les imaginaires et vise à couvrir l’ensemble du territoire
du pays. Ces démarches constructivistes, qui aboutissent à la Guerre d’Indépendance en
aval, se heurtent à la difficulté, vers l’amont de décrire et de qualifier ce qui résiste à la
colonisation du pays, ce qui existait et « a permis à l’Algérie de s’opposer, au cours de
130 ans, à une grande puissance impérialiste et à la forcer, en définitive, à capituler »,
selon l’interrogation lancinante de l’intellectuel Mostefa Lacheraf (1917-2007).5 Cet
élément de persistance collective apparaît plus clairement à travers les méandres des
pratiques du droit, comme le montre l’historien Noureddine Amara, lorsqu’il montre
que le droit est « une politique de la mémoire, de l’oubli plus justement, qui s’épuise à
disculper la violence fondatrice »6 et, ce faisant, révèle par contraste l’entêtement à
exister. Pour autant, il y a bien en 1962 une forme de naissance au monde liée à la
promesse d’un État. Cette naissance au monde, dans la cacophonie événementielle de
l’année, qui invite, pousse ou parfois contraint progressivement les individus qui ne
l’auraient pas encore fait à se déterminer.

Il s’agira dans cette partie de focaliser l’exploration sur les corps collectifs de 1962 (la
foule, le corps militant, le corps d’armée, le corps électoral) ainsi que les corps
individuels qui les constituent et s’engagent à travers eux dans des expériences
transformatrices. Dans ce temps de la recomposition, il s’agira de penser les émotions
qui traversent le tissu de la société (peurs, joie, deuils, ferveurs) et en forgent les liens
(chapitre 7).

La guerre qui s’achève en 1962 a eu la population comme enjeu : le FLN y a


progressivement revendiqué les attributs d’un État moderne, susceptible de prendre en
charge les corps de ses ressortissants. Nous verrons notamment comment le retour des
militants et combattants des maquis, des camps ou des prisons revitalise l’encadrement
militant et accélère l’affirmation d’une souveraineté qui est aussi une souveraineté sur
les corps (chapitres 8 et 9). Il s’agira d’interroger ce que les événements de l’année font
à la prise en charge des corps, à la façon de soigner, d’éduquer mais aussi aux rituels
autour des corps morts. Comment cette prise en charge est-elle affectée par la violence
puis par l’urgence qui caractérisent de l’année, de la période transitoire à l’instauration
d’autorités algériennes légales (chapitre 10).

5 Mostefa Lacheraf, L’Algérie : nation et société, Paris, François Maspéro, 1965, p. 7.
6N. Amara, Faire la France en Algérie : émigration algérienne, mésusages du nom et conflits de nationalités dans le
monde : de la chute d’Alger aux années 1930, op. cit., p. 244.

38
La foule est l’un des principaux acteurs de 1962, sous la forme de l’effervescence festive
et émeutière, celle des foules festives et endeuillées qui chantent les martyrs ou les
vengent, ou celle encore de groupes qui s’interposent aux cris de « ‫[ » ﺳﺒﻌﺔ ﺳﻨﯿﻦ ﺑﺮﻛﺎت‬sabʿa
snīn barakāt, sept ans ça suffit] lorsque, à l’été, des Algériens tirent sur d’autres
Algériens. La foule est l’actrice principale d’une séquence commencée en décembre 1960
et qui se prolongera au-delà de l’Indépendance, avec les grandes opérations collectives
organisées par le nouveau gouvernement algérien, comme la reforestation de
Larbatache, en 1963.

Cette présence est essentielle, car il n’y a pas de révolution sans ces regroupements
d’hommes et de femmes dont il faut décrire l’anatomie, saisir les motivations et
analyser les pratiques. Des débats déjà anciens soulignaient la difficulté d’appréhender
la foule durant la Révolution française, et la façon d’analyser son rôle, Georges Lefebvre
rejetant l’analyse des foules comme fatalement violentes, manipulées et dangereuses
(comme les avait décrites Taine avant lui), pour analyser leurs comportements et leurs
émotions comme des objets légitimes d’histoire.7 Il s’agissait de montrer que la grande
peur de 1789 fournit l’occasion d’une mobilisation collective et d’un élan national. On
retrouvera cette inspiration dans le travail ultérieur de l’historien britannique George
Rudé, La foule dans la Révolution française.8

Mais « La foule a cette particularité qu’elle n’existe pas hors de ses récits », dit Nicolas
Mariot,9 posant la question des images et des récits : certaines foules de 1962 nous sont
mieux connues, car elles ont été davantage photographiées, filmées ou racontées que
d’autres. Autrement dit, faire foule est aussi une question de regard porté et, ici, du
regard porté sur soi. Décrivant les commémorations et les défilés à l’occasion des
célébrations du 1er novembre 1962, la voix off du film documentaire Algérie année zéro,
tourné en 1962 décrit « ceux qui défilaient, soldats, maquisards, ouvriers et paysans, et
ceux qui les regardaient défiler, soldats, maquisards, ouvriers et paysans »10 Le film
oublie les femmes et les enfants dont le rôle est essentiel dans toutes les foules de 1962
mais il dit l’importance de ce qui se joue des événements dont on est à la fois l’acteur et
le spectateur, avec un regard porté sur soi-même au sortir d’une guerre et d’une

7 Georges Lefebvre, La Grande peur de 1789, Paris, Armand Colin, 2014, 248 p.
8 George Rudé, La foule dans la Révolution française, Paris, La Découverte, 1982, 286 p.
9 Nicolas Mariot, « Faire parler les foules ? », Hypothèses, 30 juin 2011, vol. 14, no 1, p. 89-94.
10 Marceline Loridan-Ivens et Jean-Pierre Sergent, Algérie année zéro, s.l., 1962.

39
colonisation qui fut aussi, comme nous le dit Achille Mbembe, une forme de domination
sur le corps et les imaginaires.11

Les foules les plus spectaculaire de 1962 sont celles des festivités et commémorations
publiques qui s’égrènent de mars à novembre (chapitre 12) : dans la première
commémoration du Premier Novembre d’après l’Indépendance, la célébration des
martyrs est centrale. Mais c’est toute l’année que s’inventent des rituels et des
célébrations de deuils retardés par la guerre, alors même que l’on recherche des
disparus : dans ce temps de la délimitation d’un entre-soi issu de la guerre et de la
colonisation, ces rituels réalisent un premier et primordial ordonnancement du monde
en opérant la nécessaire séparation entre vivants et mort

Achille Mbembe, « De la scène coloniale chez Frantz Fanon », Rue Descartes, 2 décembre 2007, n° 58, no 4, p.
11

37-55.

40
Conclusion de la deuxième partie

E
n 1962, l’Algérie est un pays-fourmilière, pour reprendre l’expression de
l’historien Modris Eksteins lorsqu’il décrit les villes d’Europe de l’est en 1945.1
Comme alors, les corps disent des réalités apparemment opposées : corps
marqués par les empreintes de la guerre, corps manquants, blessés ou morts, en même
temps que corps mobilisés et emplis d’énergie et même, à la différence des corps
évoqués par Eksteins, d’euphorie.

Déjà les corps de 1962 nous parlent du temps et disent l’intervalle entre la souveraineté
impériale et la souveraineté de l’État indépendant : l’interstice permet une prise en
charge de soi par soi. Bien que militante et encouragée par le gouvernement, elle
s’organise à l’échelle locale, souvent de façon spontanée sous l’effet de la libération des
énergie militantes notamment par l’ouverture des lieux de détention et par l’arrivée des
premiers soldats de l’ALN, avant d’être progressivement reprise ou incorporée dans une
structure qui s’étend peu à peu sur le pays.

1962 créée également un interstice festif entre la fin de la guerre et le début le


démarrage de l’État qui conduit à multiplier les messages pour appeler à la remise en
route du pays et de son économie, et inviter à clore le temps de la fête, à se remettre au
travail, mettre fin à cette perturbation que constitue l’événement. Si la fête peut être une
démonstration d’existence organisée, un message adressé au monde fondé sur un
calendrier soigneusement choisi pour un 5 juillet éclatant, elle déborde de mille façons,
commence avant l’heure, dure plus que prévu, s’ouvre aux transgressions de genre et
révèle les corps.

1962 est enfin un temps de l’indétermination où le corps de la nation n’est pas encore
délimité légalement, mais les pratiques collectives sont autant de façon de faire corps
pour préfigurer des façons d’en être, ou ne pas en être. L’indétermination est pourtant
bien plus que cela : ce n’est pas seulement le corps des ressortissants de l’État qui n’est
pas encore délimité. Le partage entre les vivants et les morts lui-même est encore
inachevé. Faire foule est aussi une façon d’exprimer, sinon d’exorciser, le chagrin ou
l’angoisse des morts, et de faire foule avec eux, une dernière fois.

1Modris Eksteins, Walking since daybreak. A story of eastern Europe, World War II, and the heart of our century,
Boston, Houghton Mifflin, 2001, p. X.

41
Troisième partie

L’espace

42
Introduction

P
our qui s’essaye à restituer l’atmosphère de 1962, se glisse régulièrement sous la
plume l’expression « en même temps ». Elle dit la simultanéité de sentiments
apparemment incompatibles, parfois même chez les mêmes personnes (deuil et
fête, peur et espoir, espoir et désillusion) ; celle de dynamiques opposées (cessez-le-feu
et paroxysmes de la violence ; silence des armes et explosions de plastic) ou de mobilités
aux itinéraires entrecroisés dans un pays-fourmilière (chercher refuge en ville et fuir les
quartiers urbains ; quitter le pays et rentrer chez soi.) La logique voudrait que ces
sentiments et dynamiques interviennent les uns après les autres, mais ils interviennent
en même temps et ces expériences contradictoires participent de l’effervescence qui fait
de 1962 un moment révolutionnaire.

Le temps est, pour les historiens, la dimension centrale : elle invite à travailler la
succession des événements, leur chronologie, penser la dynamique et le changement.
Or, à trop vouloir séquencer la densité événementielle de 1962, on court le risque de
créer des logiques narratives satisfaisantes (le deuil puis la fête ; la fin de la violence puis
le retour chez soi) pour en gommer la remarquable concomitance. L’espace en revanche,
explique la géographe Doreen Massey, souvent vu comme inerte, permet en fait
d’aborder la simultanéité pour penser ce qui se déroule en même temps en différents
lieux.1 Parcourir l’espace permet alors de traverser une multiplicité d’histoires
individuelles concomitantes ; l’espace vivant permet l’approche des interactions
sociales qui s’y déroulent — ce que les sociologues nomment l’espace transactionnel2 —
et ouvre à la compréhension des rapports de pouvoir, géographiquement localisés et
situés dans l’expérience concrète des personnes.

L’Indépendance marque une passation de souveraineté sur le territoire de la République


française à l’État algérien même si, comme on le verra, la temporalité de ce processus
est lente et complexe. Le monopole de l’usage de la violence légitime, selon la définition
de l’État par Max Weber, est désormais transférée de l’État coloniale à l’État

1 Doreen Massey, For Space, London, SAGE, 2005, 232 p.


2Jacques Beauchard, La bataille du territoire : mutation spatiale et aménagement du territoire, Paris, L’Harmattan,
2000, 144 p.

43
Indépendance.3 En Algérie, c’est ‫[ اﺳﺘﺮﺟﺎع اﻟﺴﯿﻄﺮة‬istirjāʿ as-sayṭara], ou ‫[ اﺳﺘﺮﺟﺎع اﻟﺴﯿﺎدة‬istirjāʿ
as-siyāda], le recouvrement de la souveraineté après une colonisation fondée sur la
dépossession foncière et que l’historien André Nouschi résume d’une phrase :

« En 1962, au moment de l'Indépendance, les Européens (Français et étrangers) laissent


derrière eux 2,5 millions d'hectares de bonnes terres, alors qu’en 1830 ils n'en possédaient
aucun. »4

Par ailleurs, la guerre, jusque dans son ultime année, aura prolongé les dynamiques
spatiales de l’Empire sur les trois types d’espace, les campagnes, les villes et l’espace
sauvage, selon la distinction d’Augustin Berque :5 le « regroupement », ou déplacement
forcé dans des camps d’un quart de la population, prolonge ainsi la dépossession
foncière ; la découverte de richesses pétrolière du sous-sol saharien à partir de 1954
suscite les convoitises ; quant à la violence de fin de guerre, elle rend plus complète
encore la ségrégation des espaces.

Les chapitres qui suivent proposent une exploration de la géographie mouvante de 1962,
rendue fluide au point de la liquidité par les déplacements multiples, simultanés et
entrecroisés.

Dans l’espace vivant, social et politique se lira l’affirmation d’une souveraineté


territoriale progressive et encore inquiète, les appropriations familiales ou individuelles
des terres et de biens, ainsi que l’appropriation sensorielle d’un espace graduellement
libéré de la guerre et de la colonisation. La notion de paysage invitera dans l’analyse le
regard, la perspective et la dimension subjective du rapport à l’espace,6 le changement
de regard et le paysage sonore de la fin de la guerre.7

3 M. Weber, Le savant et le politique, op. cit.


4André Nouschi, Enquête sur le niveau de vie des populations rurales constantinoises, de la conquête jusqu’en 1919.
Essai d’histoire économique et sociale, Saint-Denis, Éditions Bouchène, 2013.
5 Augustin Berque, « Le rural, le sauvage, l’urbain », Études rurales, 2011, no 187, p. 51-61.
6 Denis E. Cosgrove, Social Formation and Symbolic Landscape, s.l., Univ of Wisconsin Press, 1998, p. 20.
7Alain Corbin, Les cloches de la terre : Paysage sonore et culture sensible dans les campagnes au XIXe siècle, Paris,
Flammarion, 2013, 499 p.

44
Conclusion de la troisième partie

T
out et tous circulent en 1962, les gens, les meubles, les nouvelles, en une
poussière tumultueuse. Entre des lieux qui se vident et d’autres qui se
remplissent, les permanences apparentes cachent parfois le remplacement total
d’habitants partis ailleurs par d’autres arrivés de loin. Les historiens essaient de
reconstituer ces vides inattendus (les prisons, certains camps) et les trop-pleins (les
quartiers ségrégés) qui ne durent pas. Le tumulte du pays en déplacement est en soi une
thawra, ‫ ﺛﻮرة‬, une révolution dans le sens du mot en arabe, qui soulève ses habitants
comme le vent la poussière.

La libération d’espaces provoquée par l’inattendu départ des Français ouvre des
possibles et transforme les fondements de la société. Le bouleversement, lié aux
circulations intenses, aux déplacements massifs et aux renversements spatiaux, est
révolution parce qu’il remet en cause la propriété et le logement, et affecte les usages
intimes ou collectifs des lieux, publics ou privés. Cette révolution qui se joue en 1962
attire ceux qui veulent expérimenter. Elle crée une mixité sociale si rare qu’elle constitue
un défi pour les enquêtes des sociologues.

L’exploration des pages précédentes nous permet d’avancer dans la définition du


« moment 1962 » : malgré la libération de logements et de terres, la durée et la
profondeur de la dépossession coloniale empêche en effet toute annulation de la
dépossession par un retour aux propriétaires anciens. Comment en effet rétablir la
propriété de tribus qui avaient disparu ou avait été désagrégées ? Les choix politiques de
ne pas redistribuer mais d’inventer des systèmes de propriété collective sous la forme de
fermes d’État ou de biens-vacants gérés par l’État renforcent cette impossibilité qui sera
redoublée par la réforme agraire de 1971. Les événements de 1962 empêchent ainsi la
formation (ou la reformation) d’une classe bourgeoise fondée sur la propriété de la terre,
donnant à l’Algérie une caractéristique qui le distingue d’autres parvenus à
l’Indépendance à la même période, à commencer par le Maroc et la Tunisie.

À l’intérieur de ce cadre, il reste encore aux historiens beaucoup à découvrir en explorant


à nouveaux frais l’autogestion agricole, ou les cas moins bien connus de paysans
algériens propriétaires de terre en 1962, en particulier ceux des grandes familles
terriennes (on pense à Kaïd Ahmed) ainsi que les stratégies de reconstitution des

45
propriétés terriennes débutées durant la période coloniale et poursuivies après
l’Indépendance

L’espace permet l’expérience de la concomitance, disions-nous en introduction de cette


partie. Partir de l’espace n’a pas été, bien sûr, une négation du temps. Dans la nouvelle
Le Chercheur de Traces, l’écrivain hongrois Imre Kertész dépeignait un homme
revenant sur les lieux où, des années auparavant, avaient eu lieu des crimes
inénarrables.1 L’évocation de ce retour sur les aṭlāl révèle le caractère inextricable de
l’expérience des lieux et de celle du temps, qui sont constitutives l’une de l’autre. C’est
sur le temps de 1962 qu’il faut désormais se pencher.

1Imre Kertész, Le drapeau anglais : Suivi de Le Chercheur de traces et de Procès-verbal, traduit par Natalia
Zaremba-Huzsvai et traduit par Charles Zaremba, Arles, Actes Sud, 2012, 224 p.

46
Quatrième partie

Le temps

47
Introduction

Le temps vécu, cher à Henri Bergson, est bien davantage qu’une simple durée.1 La notion
de textures du temps permet de dire ce temps subjectif, souvent traduit par des notions
de rythme, d’élasticité, de densité ou de vitesse. Le temps éprouvé est alors doté d’une
quasi-matérialité, comparable à l’entrelacement des fibres d’une étoffe, au grain d’une
surface ou à la consistance d’une substance.

L’effervescence du temps tient à la fluidité de temporalités qui varient suivant les


moments, les lieux ou les expériences sociales, au point qu’il est impossible de créer une
unité de temps (et de lieu) qui convienne à une exposition claire des événements par
l’historienne. Les sources permettent toutefois d’appréhender ce temps éprouvé, et les
émotions auxquelles il est associé, notamment à l’occasion des passages d’un temps
étiré jusqu’à l’ennui ou jusqu’à l’angoisse, à un temps rapide, voire saccadé par de
joyeuses ou inquiétantes salves de nouvelles (chapitre 19). L’année s’ouvre avec le
sentiment que la fin est proche ; et l’attente (déclinée en multiples attentes) constitue le
principal rapport au temps, ou son historicité.2 La puissante aspiration vers l’avenir est
liée à l’attente de la réalisation, avec l’Indépendance, d’une promesse ancienne de
nombreuses fois renouvelée, depuis l’occupation qui commençait en 1830.3 1962 est
donc advention, terme qui dit mieux que l’avènement la dimension millénariste de
l’attente (chapitre 20),4 l’horizon d’attente ou la puissance de la projection et de
l’engagement vers le futur rêvé-advenu.5 Parce que l’Indépendance est l’aboutissement
d’une longue attente, son advention interroge et réouvre les passés de la colonisation,
celui de 1830, mais aussi les passés plus récents et pose la question de la possibilité — ou
pas — que leur révocation chapitre 21).

1 Henri Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience, Paris, Flammarion, 2013, 288 p.
2François Hartog, « Marshall Sahlins et l’anthropologie de l’histoire », Annales. Histoire, Sciences Sociales, 1983,
vol. 38, no 6, p. 1256-1263 ; François Hartog, « Temps et histoire: “Comment écrire l’histoire de France?” », Annales.
Histoire, Sciences Sociales, 1995, vol. 50, no 6, p. 1219-1236.
3Noureddine Amara, Faire la France en Algérie : émigration algérienne, mésusages du nom et conflits de
nationalités dans le monde : de la chute d’Alger aux années 1930,Paris 1, Paris, 2019, p. 170.
4 Coralie Camilli, Le temps et la loi, Paris, Presses Universitaires de France, 2013.
5Reinhart Koselleck, Futures Past: On the Semantics of Historical Time, New York, Columbia University Press, 2004
[1979], 336 p.

48
En 1962 s’ouvre un temps qui constitue « une enclave d’inattendus et de
métamorphoses dont il faut défendre l’accès et assurer le maintien », selon les mots de
René Char, lui aussi un homme de la guerre, qui pose ainsi le risque de la refermeture
des possibles.6 En 1962, au pays de l’avenir, l’invention du passé occupe une place
prépondérante — parfois écrasante —dans la société qui s’invente. Si la fin de la guerre
est aussi une fin de colonisation, ce moment pose la question de la présence du passé
(passé de l’occupation française, passé de la colonisation, passé de la guerre) afin de
saisir quel sens ceux qui l’ont vécu donnent au « moment 1962 » (chapitre 22). Cette
invention du passé est un ordonnancement du temps, indispensable pour sortir du
désordre et de la perturbation, de la violence et de la vengeance. Les pratiques de mise en
récit qui s’inventent à ce moment définissent les rapports au passé, des champs
d’expérience du pays qui s’affirme alors.7

6 René Char, Fureur et Mystère, Paris, Gallimard, 1967, p. 155.


7Andreas Huyssen, Present Pasts: Urban Palimpsests and the Politics of Memory, Stanford, Calif, Stanford
University Press, 2003, p. 1.

49
Chapitre 23
Conclusion

En Algérie, l’événement 1962 bouleverse le rapport que l’on entretien avec le passé, au
présent et à l’avenir et, ainsi, la conscience que l’on a de soi. Il change le temps vécu, ou
pour le dire avec les mots de François Hartog, le régime d’historicité de la société
algérienne.1 Il trace une ligne de partage entre passé et avenir, et donne le sentiment de
franchir le seuil de l’avenir, que cet avenir soit l’accomplissement des attentes et espoirs
anciens des uns, ou la réalisation des angoisses anciennes des autres. Pour la majorité
des Français d’Algérie, en effet, l’événement provoque l’effondrement de leur monde et
un désarroi qui, chez certains, nourrit la violence désespérée. C’est dans ce
bouleversement du rapport au temps que se trouve, d’abord, la dimension
révolutionnaire de 1962.

1962 : le partage du temps


L’année est marquée par une double préoccupation, apparemment contradictoire. Elle
est d’abord le temps d’une constante projection vers l’avenir, encouragée par le rythme
des événements et l’aspiration à devenir, enfin, que ce l’on a rêvé d’être. Ce mouvement
vers l’avenir est propulsé par des urgences vitales : se nourrir, se loger, se soigner et
éviter de nouvelles catastrophes. Aggravées par le chaos provoqué par les bombes, les
sabotages et le départ des Français qui désorganise l’économie et les services publics,
ces urgences ne laissent que peu de temps pour se préoccuper du passé. L’urgence vitale
est plutôt à s’approvisionner en nourriture, déminer les sols, organiser la rentrée des
écoles et faire fonctionner les usines tout en mettant sur pied un État, former des

1Francois Hartog, Régimes d’historicité. Présentisme et expériences, Édition revue et Augmentée., Paris, Points,
2015, 352 p.

50
instituteurs, médecins et ingénieurs pour assurer le changement d’échelle qui
accompagne la transition et le remplacement de l’État colonial par l’État national.

Ce changement d’échelle de l’État est à la fois une ambition et une urgence. Deux
documents révèlent l’intensité de l’effort et de l’investissement nécessaire pour le
réaliser. En 1961 ou 1962, dans une brochure, le Gouvernement général de l’Algérie
soulignait l’absurdité de vouloir loger et scolariser l’ensemble de la population colonisée
d’Algérie :

« La scolarisation de 2 000 000 d’enfants est presque irréalisable, puisque la construction des
écoles absorberait la totalité du budget algérien […], et qu’il faudrait payer 40 000 maîtres
supplémentaires. »

Or, d’après l’ONS, en 1970-1971, le nombre d’enfants scolarisés du premier au troisième


cycle fondamental (le cours élémentaire et le cours moyen) était de 2 078 361 enfants.
Par ailleurs, à la rentrée de 1962, on comptait 23 602 enseignants du primaire et du
secondaire et dix années plus tard, à la rentrée de 1972, on en comptait 64 744, soit plus
de 40 000 de plus. Autrement dit, l’on était passé d’un État pour une minorité coloniale à
l’ambition d’un État pour tous, et l’« irréalisable » et « absurde » était rendu possible au
prix d’un investissement pour l’avenir et d’un effort considérable.

Pourtant, dans le même temps, 1962 voit l’émergence du passé comme valeur
symbolique avec la naissance de rituels de commémoration qui se sont transmis
jusqu’au présent. Ces rituels de 1962 ont une dimension nationale et officielle,
qu’accompagne l’entreprise de définition des catégories et de mise en récit de la guerre ;
mais ce travail officiel est précédé et accompagné par des initiatives, gestuelles et rituels
intimes, familiaux, locaux et informels. L’omniprésence des martyrs dans les rituels
commémoratifs par exemple se formalise à la fois dans les gaʿdāt [assemblées]
familiales innombrables de 1962 et dans les manifestations publiques de plus en plus
officielles et formalisées.

Dans l’articulation du passé et du présent, il y a une analogie entre ce qui se déroule à


l’échelle nationale et le niveau local ou familial. Ainsi, au niveau institutionnel, le
passage du seuil de l’Indépendance est évident : il est symbolisé par le franchissement
de la frontière par les forces de l’ALN de l’extérieur et les membres du GPRA jusque-là
retenus à l’extérieur, par la cérémonie de transfert de souveraineté de Rocher Noir, le 3
juillet mais aussi, par l’apparition de conflits internes au sein de la gouvernance de la
Révolution jusque-là retenus et qui n’éclatent qu’une fois l’Indépendance advenue. Mais
le sentiment de seuil temporel se manifeste aussi dans le temps vécu, à travers des

51
gestes quotidiens ou intimes : la contemplation des ruines et des traces de la guerre, les
deuils enfin collectifs après avoir été retenus durant la guerre, les morts enfin annoncées
après avoir été tues tant que durait le conflit, ou les mariages retardés jusqu’à
l’Indépendance.

De la même façon, la nature de 1962 comme temps des possibles est perceptible à la fois
dans les sphères étatique, locale, familiale ou individuelle. Les multiples possibilités
envisagées par les négociateurs d’Évian, ou l’enthousiasme pour les possibilités
autogestionnaires ouvertes par le départ des propriétaires de terres sont analogues aux
possibilités pour d’anciens combattants de s’affirmer comme les autorités locales ou les
possibilités ouvertes aux hommes et femmes « regroupés » de rester, partir, et
éventuellement d’occuper des logements. Les possibilités du temps sont également
narratives alors que se cristallise un récit national et, au niveau personnel ou familial,
avec les possibilités de faire oublier un pan de son passé et de raconter sa bonne guerre
pour accéder à la reconnaissance et à des avantages matériels qui lui sont liés.

1962 comme événement n’est pas seulement l’aboutissement de la lutte pour


l’Indépendance qui précède mais semble avoir une dynamique propre, inattendue aux
yeux des acteurs de l’époque. Le départ surprenant d’un si grand nombre de Français
accroît en effet considérablement les possibles en ouvrant des espaces physique
(logements, fermes, terres) et des espaces sociaux (emplois, responsabilités) qui
auraient été inaccessibles dans l’ordre colonial ancien. C’est l’une des dimensions
essentielles de l’événement que l’organisation sociale si profondément bouleversée
qu’elle déroute les sociologues pour les décennies à venir. Le renversement de l’ordre
ancien, si profond qu’il acquiert parfois une dimension eschatologique, dépasse la seule
souveraineté étatique pour bouleverser la propriété privée et les structures de
production, l’emploi et le logement, les lieux de vie et les façons d’habiter. En cela, il est
Révolution.

C’est ici que l’effort pour écouter les propos des acteurs et reconstituer leurs itinéraires
s’avère le plus riche, car il révèle des habitants non pas victime des événements mais qui
tentent de sortir des conditions dans lesquelles la guerre les a laissés pour se positionner
au mieux et garantir leur avenir. Leurs efforts sont matériels et narratifs ou
symboliques. Dans le temps fluide de 1962, les acteurs ont « des coups » à jouer2 pour
améliorer leur situation en fonction de leurs aspirations, même si tous n’ont pas les

2 Michel Dobry, Sociologie des crises politiques, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2009 [1986], 383 p.

52
mêmes possibilités. Tous les paris ne sont pas, bien sûr, gagnants et c’est à travers
l’ensemble des possibilités ouvertes, saisies ou pas, parfois manquées ou rapidement
refermées qu’apparaît la dimension mythologique de 1962, tout à la fois comme âge des
possibles et comme source de toutes les injustices d’aujourd’hui. Du fait de son caractère
fondateur, l’événement pose en effet la question de savoir si chacun a reçu selon son dû,
matériellement et symboliquement. Il acquiert le potentiel presque inépuisable
d’expliquer les frustrations du présent. Dans le domaine des récits du passé, ce potentiel
donne lieu à l’obsession de la falsification de l’histoire racontée depuis 1962, du vrai et
du faux, ou des silences supposés coupables dans la société algérienne.

L’effervescence
Par ailleurs, 1962 correspond à l’une de ces phases identifiées par Émile Durkheim où la
vie collective atteint « son maximum d’intensité et d’efficacité ».3 Cherchant, à partir de
la société australienne, ce qui crée une société et maintient sa cohésion, le sociologue
décrit des moments où « l’effervescence devient […] telle qu’elle entraîne des actes
inouïs » et dégage une formidable énergie. Le sacré se loge au cœur de cette
effervescence d’où naissent les croyances qui forgent la cohésion d’une société, ajoute-
t-il.

Or, comme on l’a vu, tout concourt à l’impression d’effervescence en 1962, y compris la
violence qui participe à la sonorité du moment, intercalant le bruit des bombes et
bombardements à l’exubérantes festivités collectives. L’effervescence est nourrie par le
paroxysme d’émotions parfois contradictoires mais simultanées (le deuil et la fête, la
peur et la joie, la déception et l’attente). Elle tient à la fluidité du temps, au rythme
intraitables des événements qui contraste avec des phases d’attente. L’effervescence
apparaît également dans les propos des témoins qui se souviennent d’une énergie hors
du commun, d’une période sans sommeil durant laquelle chacun était capable de
réaliser des miracles d’organisation.

L’effervescence est donc au cœur de l’événement, et fournit l’une des clefs pour penser
la question posée en introduction de ce travail sur les limites de 1962. Car l’effervescence
ne commence pas en 1962 mais bien plutôt avec les manifestations décembre 1960, pour
se prolonger tout au long de l’année 1961 dans des formes qui ressemblent à celles que
nous avons décrites pour janvier, février et mars 1962. Aux manifestations de décembre

3Émile Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse, le système totémique en Australie, Paris, Alcan,
1925, p. 314.

53
1960 répond d’ailleurs le référendum du 8 janvier 1961 par lequel la population française
se prononce en faveur de l’autodétermination en Algérie et qui constitue un début de la
fin pour la population « européenne » d’Algérie. Ce double événement ouvre donc une
dernière phase de la guerre, caractérisée par l’imminence de sa fin et l’irruption du
peuple dans l’espace public. Or, cette entrée en action du peuple en foule est l’une des
conditions de toute révolution.4 Là encore, il ne s’agit pas seulement du prolongement
de la guerre mais d’un événement en soi, comme le démontre l’énergie dont sont
chargés les corps, corps dansant, corps marchant, corps organisant (« nous ne dormions
pas ») : une énergie révolutionnaire.5

Toutefois l’analyse que fait Durkheim de la société australienne où l’effervescence est


cyclique pose la question de l’épuisement de l’effervescence et de son énergie
extraordinaire. Qu’en est-il alors de la fin de 1962, de la fin de cette séquence ouverte en
décembre 1960 ? L’une des façons de l’explorer est de mesurer la présence de la foule,
qui se prolonge tout au long de l’année 1962 : elle est encore massive et débordante de
l’organisation des commémorations du premier Premier Novembre de l’Indépendance.
Mais on la retrouve encore, toujours débordante lors des chantiers de reboisement de
Larbatache, en avril 1963. Plus tard, les observateurs noteront que les grandes
commémorations officielles deviennent moins enthousiastes, plus formelles et plus
raides. Peut-on alors mesurer l’énergie qui accompagne l’effervescence pour la sentir
faiblir ? Quelques détails sont de ce point de vue autant d’indices. Ainsi, lorsqu’il
examine l’autogestion agricole, utilisant notamment les archives de l’UGTA en Oranie,
G. Duprat décrit la façon dont sont appliqués les décrets de nationalisation de mars 1963
dans la ferme de Sidi Ben Adda (anc. Trois-Marabout, arrondissement de Aïn-
Témouchent, à 80 km au sud-est d’Oran) : « Le comité est en place à 19h, soit 2h après la
nationalisation, un samedi après-midi. Le changement d’attitude est frappant. Pour les
30 ouvriers on peut dire que l’indépendance commence ce jour de mars 1963, plutôt que
le 1er juillet 1962. La modification est brusque, totale, on se met sur l’heure au travail
sans attendre le lundi ». Partout, écrit-il encore, « les ouvriers se remettent au travail
avec acharnement, dès le jour même de la constitution des comités ». Plus tard en
revanche, en novembre ou décembre 1963, les créations de comité de gestion donneront

4 Federico Tarragoni, « Les cendres et le brasier : ce que l’historien apprend au sociologue des révolutions », Écrire
l’histoire. Histoire, Littérature, Esthétique, 20 novembre 2018, no 18, p. 69-79.
5Déborah Cohen, « Énergie révolutionnaire », Écrire l’histoire. Histoire, Littérature, Esthétique, 20 novembre 2018,
no 18, p. 139-145.

54
lieu à des démarrage plus hésitants et plus lents,6 comme si l’enthousiasme faiblissait. Il
semblerait donc y avoir encore un puissant enthousiasme au moins jusqu’au printemps
1963 mais qui se réduit par la suite.

Il y a une dimension contradictoire aux diverses mesures législatives de mars 1963 : la


loi sur la nationalité délimite le corps national en fixant les conditions de la possession
de la nationalité : même si pour les Français d’Algérie, il reste encore deux années pour
se déterminer de façon définitive, l’établissement de la loi représente une fermeture par
rapport à un temps où l’Algérie semblait être le pays de qui voulait s’y reconnaître. Les
décrets sur la nationalisation des biens vacants règlent les questions de propriété et
referment certains possibles (le retour possible des anciens propriétaires français, ou la
restitution des terres à leurs anciens propriétaires dépossédés). Ces mesures législatives
prolongent les efforts de retour à l’ordre apparus dès l’été 1962 lorsque le GPRA appelait
à mettre fin aux festivités au lendemain du 5 juillet, lorsque les lecteurs des journaux
écrivaient pour demander moins de fête et plus de travail, ou lorsque l’autorité de l’État
réprimait des désordres attribués aux anciens combattants irréductibles de la wilaya 4.
Mars 1963, incarne toutefois plus clairement l’aporie de la Révolution,7 le moment où la
Révolution instaure un ordre stable et des institutions qui entrent en contradiction avec
son essence révolutionnaire. Il s’agit de sortir du temps de crise, de réduire
l’indétermination et le sentiment d’un temps suspendu extraordinaire pour reprendre le
cours de la vie. Se joue alors la contradiction entre l’effervescence révolutionnaire et
l’ordonnancement institutionnel qui est « sa paradoxale réussite 8» parce qu’il réduit
l’effervescence et referme des possibles et en affirmant la prise en charge étatique de
responsabilités dont s’étaient saisi les acteurs dans les mois qui ont précédé. Selon les
termes de James McDougall, cette réalisation de la Révolution, scellée par l’État, referme
ses potentialités non-réalisées.9

Le long 1962
L’on peut donc envisager un « long 1962 », ou une dernière séquence de la fin de guerre
de décembre 1960 à mars 1963 qui se caractérise par la présence de la foule

6 Gérard Duprat, Révolution et autogestion rurale en Algérie, Paris, Armand Colin, 1973, p. 91.
7Étienne Tassin, « La triple aporie révolutionnaire », Écrire l’histoire. Histoire, Littérature, Esthétique, 20
novembre 2018, no 18, p. 17-23.
8 Ibid.
9
James McDougall, « The Fetishism of Identity: Empire, Nation and the Politics of Subjectivity in Algeria » dans
Counterhegemony in the Colony and Postcolony, John Chalcraft and Yaseen Noorani., s.l., Palgrave Macmillan,
2007, p. 49-71.

55
effervescente, par l’expérimentation d’une énergie collective et par la prise en main
d’un phénoménal pouvoir sur soi-même. Cette séquence est un temps de
l’empowerment, de l’empuissancement, de la transformation des corps et d’expériences
que nombre d’acteurs et d’actrices considèrent comme inégalables. Cette séquence
constitue un entretemps dont la refermeture est de l’ordre de la perte, de l’éloignement
du temps de l’extraordinaire.

Mars 1963 est sans doute une étape dans la refermeture de 1962 et dans l’instauration de
l’autorité étatique que la Révolution, plutôt que sa clôture définitive. Des échos de
l’effervescence de 1962 se manifesteront en diverses occasions, comme à Larbatache, en
avril 1963 ou lors du Festival Panafricain de la culture de 1969,10 ou dans les brigades de
volontariat de la révolution agraire durant les années 1970, ou les brigades d’étudiants
en médecine qui continueront de faire des tournées parmi les anciens regroupés ou
réfugiés à la même époque. L’ensemble de ces histoires reste à écrire.

Capture écran du sujet de la chaîne El Hayat, 4 juillet 2020.

Par ailleurs, le temps colonial ne peut, malgré les efforts, être entièrement repoussé
dans le passé. Il resurgit parfois par éclats bruts de passé-présent, stupéfiants par leur
actualité. Ainsi tout récemment, lorsque le 5 juillet 2020, un avion atterrissait à Alger en
provenance de Paris, porteur des restes de vingt-quatre résistants algériens à
l’occupation du pays. L’événement provoqua une intense émotion. Parmi les résistants,
plusieurs étaient nommément identifiés, notamment le shaykh Bouziane, figure
héroïque et leader charismatique de la résistance au siège français de l’oasis de Zaatcha,
à trente kilomètres au sud de Biskra, en 1849.11 Leurs restes avaient été conservés dans

10 Malika Rahal, « Il était une fois... 21 juillet 1969, ouverture du premier festival culturel panafricain à Alger »,
L’Humanité dimanche, 10 juillet 2019p. 76-81p.
Concernant Zaatcha, voir notamment Julia Clancy-Smith, « La Révolte de Bû Ziyân en Algérie, 1849 », Revue des
11

mondes musulmans et de la Méditerranée, 15 juillet 2000, no 91-94, p. 181-208 ; Benjamin C Brower, A Desert Named

56
les magasins du Musée de l’Homme, à Paris. Les cercueils de bois qui transportaient les
restes furent exposés une journée durant au Palais du Peuple, à Alger, où tout un chacun
pouvait venir se recueillir.

Certains qui sanglotaient alors devant les cercueils disaient être venus en pensant à leur
parents morts durant la guerre et dont le corps manquait toujours. Une femme
racontait : « ‫» اﻟﺒﺎرح درﻧﺎ ﺣﺎﻟﺔ ﺑﺰﻏﺎرﯾﺖ‬, « hier [à l’arrivée de l’avion] nous avons célébré avec
les youyous », avant de sortir de son sac l’attestation de martyre de son père, Ḥamdān
Jabbās, dont, disait-elle, la tête n’avait jamais été retrouvée.12 La journaliste Ghania
Mouffok y avait rencontré un homme vêtu d’une qachabiyya qui pleurait à chaudes
larmes : Abdelatif Derradji était l’arrière-arrière-arrière-arrière-petit-fils de shaykh
Bouziane, dont le nom de famille avait été changé par les autorités coloniales dans les
années 1930 pour effacer ce souvenir de résistance. Son grand-père avait combattu à
Verdun, son père était un ancien mujāhid. Il raconta à la journaliste l’épopée de son
ancêtre et la résistance de la tribu d’Ahmed Bouziane, entre Zaatcha, Biskra et Tolga,
son exécution, et la tête perdue enfin revenue aujourd’hui.13 L’Indépendance était au
cœur de ce moment où des morceaux de corps manquants étaient enfin rendus pour être
enterrés, à leur place. Un détail semblait indiquer que ce sentiment était partagé. Au
cimetière d’el-Alia, en pleine crise du Covid, l’enterrement se déroula sobrement, sans
foule et se termina par la remise des drapeaux couvrant chaque cercueil à un cadet ou
une cadette de la Révolution. Mais une fois les officiels partis, des personnes anonymes
se précipitèrent pour arranger la terre fraîchement retournée, nettoyer, marquer chaque
tombe, les orner d’écharpes vert-blanc-rouge, et prier.

D’autres événements ont récemment donné l’impression de clore une histoire qui aurait
dû l’être depuis longtemps. Ainsi, en janvier 2017, l’APS annonçait la fin des opérations
de déminage des mines posées par l’armée française durant la Guerre d’Indépendance.14
Sur les 11 ou 12 millions de mines posées, l’État-major de l’armée annonçait que
8 854 849 avaient été détruites, principalement dans les zones frontalières. Depuis

Peace: The Violence of France’s Empire in the Algerian Sahara, 1844-1902, New York, Columbia University Press,
2009, p. 81-84 ; Mohamed Balhi, Zaatcha 1849: l’insurrection des Ziban, Algiers], Anep éditions, 2015.
12Sujet de la chaîne El Hayat TV, disponibles sur la chaîne YouTube d’El Hayat, 4 juillet 2020,
https://www.youtube.com/watch?fbclid=IwAR1JrD9gUmlpf_WJimIpur7ytMNM0KClX969Pp9j8iXNm72irf7MVcTjw
pM&v=Fdn4sEm9G_I&feature=youtu.be (consulté le 4 juillet 2020).
13Post Facebook de Ghania Mouffok, 7 juillet 2020,
https://www.facebook.com/ghania.mouffok/posts/10159978679092892 (consulté le 20 janvier 2021).
14Communiqué de l’APS https://www.aps.dz/algerie/52422-plus-8,8-millions-mines-de-l-%C3%A8re-coloniale-
d%C3%A9truites,-fin-des-op%C3%A9rations-de-d%C3%A9minage (consulté le 27 janvier 2017 ; il n’est plus
accessible aujourd’hui.)

57
l’Indépendance, ces mines n’avaient cessé de faire des victimes anachroniques d’une
guerre achevée. Comme beaucoup, j’ignorais que le déminage était encore en cours. En
fouillant, j’ai découvert qu’il avait commencé dès l’Indépendance puis, à partir de 1963,
avait bénéficié du soutien des démineurs soviétiques. L’un des enjeux du déminage avait
été la récupération des cartes des zones minées pour accélérer le travail. Or, ces plans ne
furent remis par le chef d’État-major des forces françaises qu’en octobre 2007, soit
quarante-cinq ans après la fin de la guerre. L’un des artisans de leur restitution avait été
Raymond Aubrac, ancien résistant français, lui-même en charge du déminage en France
après la Seconde Guerre mondiale : Aubrac soulignait le caractère tardif de cette remise
alors que la France avait, elle, bénéficié des cartes de la Wehrmacht allemande rendues
par l’entremise de l’Union Soviétique et qu’elle avait joué le rôle d’intermédiaire pour
obtenir la remise au Viet-Nam des cartes américaines des zones minées le long de la
Ligne McManara.15 Ces cartes tardivement rendue avaient accéléré la restitution
progressive des terres déminées aux autorités civiles locales. Nous avons évoqué le cas
des Beni Boussaid, réfugiés au Maroc et rapatriés à la fin de juillet 1962 vers la région de
Tlemcen pour se trouver prisonniers de champs de mines (chapitre 16). Dans le rapport
rédigé par l’Algérie dans le cadre de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel
se trouve une liste des zones minées correspondant aux terres des Beni Boussaid.16 Leur
restitution aux autorités civiles avait eu lieu le 27 février 2013. Qu’étaient devenus les
Beni Boussaid dans l’intervalle ? Restèrent-ils dans leur village avec une économie
désormais dépendante ou grossirent-ils l’exode rural ? C’est une autre histoire qui reste
entièrement à écrire.

Ces deux moments — la fin des opérations de déminage et la restitution des crânes des
résistants — ont en commun de n’être pas un simple effet de mémoire du passé dans le
présent mais des éclats du temps colonial non résolus en 1962 et demeurés actifs dans le
présent jusqu’à leur résolution tardive. Les histoires qu’ils règlent ne sont pas les seuls
fragments de passé non résolus, ni les seules résistances coloniales à l’Indépendance,
loin s’en faut. Mais ils font, par contrastes, apparaître la puissance nécessaire, en 1962
pour partager profondément le temps, refermer la période coloniale et ouvrir le pays à
son avenir.

15 CNEMA (Commission nationale pour l’élimination des mines antipersonnel). Annexe, Paris, CNEMA, 2007.
{$NOTE_LABEL} Rapport sur la mise en œuvre de la convention d’Ottawa relative aux mines antipersonnel (2016).

58
Bibliographie et sources

Entretiens

Sauf mention contraire, ils ont été réalisés par Malika Rahal.

Aida BAMIA (née en 1938), entretien réalisé par Malika Rahal et Natalya Vince, Oran, 28 juin 2018 et
entretien dans le cadre du projet de Natalya Vince Generation Independence, http://www.generation-
independence.com/the-place-of-stories.html (consulté le 6 juillet 2020).

Ahmed ABID (1948-2018), Oran, 24 février 2018.

Nourredine ABDELMOUMEN (1938-2017), Alger, 11 mars 2011.

Abdelkrim BABA AÏSSA, né en 1949, Paris, le 18 décembre 2015.

Farida BELGUEMBOUR, Les Anasser, Alger, entretien réalisé par Natalya Vince, 15 juin 2005.

Slimane BENAÏSSA, né en 1943, 14 juin 2016, Paris.

Mohamed BENAMMOUR, né en 1938, réalisé par Natalya Vince dans le cadre du projet Generation
independence, https://www.youtube.com/watch?v=Z8dhn8Vwf3E (consulté le 2 décembre 2019).

Abdelkamel BENDRIS, né en 1948, Hussein Dey, 23 octobre 2019.

Farouk MOHAMED BRAHIM, né en 1946, entretien réalisé par Malika Rahal et Natalya Vince à Oran, 10
octobre 2017.

Jacques CHARBY (1929-2006), réalisé sans doute avec Sylvain Laboureur en vue de la publication de son
ouvrage Jacques Charby, Porteurs d’espoir, Paris, La Découverte, 2003, 300 p. Texte de l’entretien
aimablement fourni par l’éditeur du livre, François Gèze.

Nadjib DJOUMI, né en 1953, Delly Brahim, 1er juin 2012.

Fatma*, née en 1952, Alger, 4 décembre 2013.

Tahar GHEZAÏLI, né en 1948, Alger, 9 juin 2011.

Lucette HADJ-ALI LARRIBÈRE, née en 1920, Alger, entretien réalisé par Natalya Vince, 18 décembre 2005

Bachir HADJADJ, entretien avec Nathalie Funès, L’Obs, 25 janvier 2021,


https://www.nouvelobs.com/memoires-d-algerie/20210125.OBS39346/mon-algerie-bachir-hadjadj-
tu-repeteras-trois-fois-sur-ma-tombe-la-france-est-partie.html# (consulté le 21 janvier 2021).

Hamida CHOHRA, née en 1943, Alger, 11 juillet 2012.

Mohammed HADJHENNI, né en 1943, Alger, 2 novembre 2016 ;

Mohammed HADJHENNI et Brahim HAMMACHE, Alger, 7 janvier 2017.

Sadek HADJERÈS, né en 1928, multiples entretien durant l’année 2010, Paris.

59
Youcef KHATIB, né en 1932, Birmandreis, 5 novembre 2016.

Abderrahmane LAMECHE, né en 1948, Sétif, le 22 octobre 2017.

Mimi MAZIZ, née en 1938, entretien réalisé par Natalya Vince, Alger, 18 décembre 2005.

Mohammed*, Alger, 29 avril 2014.

Clement Henry MOORE, Oran, 6 juillet 2018, réalisé par Natalya Vince et Malika Rahal, Oran, Oran, 6
juillet 2018.

ʿĀdel ʿABD AL-NASAR, entretien au journal Al-Umma al-ʿarabiyya. Disponible sur le site Djazairess 4
juillet 2009 : https://www.djazairess.com/eloumma/3853 (consulté le 10 novembre 2020), l’adresse de
la publication d’origine ne fonctionne plus.

Alain OLMI, alias Jean KERSCO, Paris, le 20 septembre 2017

Boussad OUADI, Alger, juin 2011.

Abdellatif REBBAH, né en 1944, 9 décembre 2013, Les Sources (Alger).

Idir SADOU, né en 1948, Montréal, 3 novembre 2013.

Yasmina SALHI, née en 1957, Alger, 6 novembre 2019.

Smaïn*, né en 1944, le 12 juillet 2012, à Zemmouri.

Archives

Archives du HCR, Genève

Records of the Central Registry fonds | UNHCR 11 1947-1995 (predominant 1951-1994)


- Classified subject files, 1951-1970, series | UNHCR 11/1, 1946-1975 (predominantly 1951-1970)
o General: Missions, sub-series | UNHCR 11/1/1/7
1958 – 1969
§ [Branch Office representatives - Algeria], file | 11/1-1/7/33/ALG
01/1963-01/1963
o Administration and Finance: Branch Offices – Accreditation, sub-series | UNHCR
11/1/2/5/1/1/ACC, 1951 – 1969
§ Algeria, file | 11/1-2/5/1/1/ACC/ALG, 07/1962-06/1966
o Protection: General - (country), sub-series | UNHCR 11/1/6/1, 1951 – 1970
§ Algeria, file | 11/1-6/1/ALG, 05/1962-07/1970
o Assistance Programmes: General, sub-series | UNHCR 11/1/13/1, 1951 – 1971
§ Rehabilitation – Algerians, file | 11/1-13/1/31/ALGÉRIE, 03/1962-10/1968
o Assistance Programmes: General, sub-series | UNHCR 11/1/13/1, 1951 – 1971
§ [Assistance to Algerian refugees in Morocco and Tunisia - General], file | 11/1-
13/1/31/TUN/MOR/GEN, 03/1959-07/1964

60
o Assistance Programmes: General, sub-series | UNHCR 11/1/13/1, 1951 – 1971
§ Repatriation of Algerian refugees, file | 11/1-13/1/31/TUN/MOR/REP, 06/1961-
04/1963
Records of the Office of the High Commissioner, fonds | UNHCR 13, 1957-2005
- Records of the High Commissioner: Sadruddin Aga Khan, sub-fonds | UNHCR 13/1, 1958-1991
(predominant 1966-1977)
o Special Envoy and Deputy High Commissioner, series | UNHCR 13/1/1, 1959-1965
§ Deputy High Commissioner's Press Conference on Algerian Refugees, file |
13/1/1-49, 1962-1962

- Archives du CICR, Genève

B AG 110-018 Interventions de la Ligue dans différents pays, de A à C 14.01.1959 - 12.06.1964

B AG 121 008-001.02 GENERALITES, DEUXIÈME PARTIE (23/05/1956-30/04/1966

B AG 121 008-001.03 Accord entre le Gouvernement algérien et le CICR du 21 février 1963 21.02.1963 –
21.02.1963

B AG 121 008-001.04 Origine des chiffres publiés au sujet des recherches de disparus en Algérie (journal
officiel du 6 novembre 1963 06.11.1963 – 05.11.1964

B AG 121 008-003 Généralités 1962-1969 12.06.1962 - 03.09.1963

B AG 234 008-002 Réfugiés algériens au Maroc 18.07.1952 - 03.03.1960

B AG 234 008-003.02 Réfugiés algériens en Tunisie 03.06.1957 - 12.03.1959

B AG 234 008-004.02 Rapatriement de réfugiés algériens du Maroc et de la Tunisie à la suite des


Accords d'Évian

B AG 234 008-004.01 Réfugiés "Harkis" en France 21.11.1962 - 07.03.1968

B AG 251 008-010 Huitième mission de détention de Pierre Gaillard et Jean-Louis de Chastonay, du 24


janvier au 23 février 1961

B AG 251 008-011 Neuvième mission de détention de Pierre Gaillard, de Roger Vust et du Dr Jean-Louis
de Chastonay, du 24 novembre au 15 décembre 1961

B AG 251 008-012 Mission de Jérôme Santandrea, du 29 janvier au 25 février 1962, prises de vues des
distributions de secours aux populations regroupées

B AG 251 008-013 Mission de secours de Jean-Jacques Muralti et de Jacques de Heller, du 29 mars au 12


avril 1962

B AG 251 008-014 Mission de Pierre Gaillard, du 30 avril au 14 mai 1962, 29.03.1962 - 17.05.1962

B AG 251 008-015 Mission de secours du Dr Jean-Louis de Chastonay, du 23 mai au 13 juin 1962

B AG 251 008-016 Dixième mission de détention de Michel Martin, de Roger Vust et du Dr Jean-Louis
de Chastonay, du 25 mai au 29 juin 1962

B AG 251 008-017 Mission de Pierre Borgognon, du 5 au 9 juin 1962, programmation d'opérations de


secours

B AG 251 008-019 Mission de Pierre Gaillard, du 1er au 6 octobre 1962, contacts avec le nouveau
gouvernement algérien

61
B AG 251 008-020 Mission de Samuel Gonard, vice-président du Comité, de Jacques de Heller et de
Roger Vust, du 19 au 25 février 1963, rencontre avec le président algérien Ahmed Ben Bella

B AG 251 008-025 Mission de Samuel Gonard, vice-président du Comité, à Alger, du 11 au 24 juin 1963,
entretien avec le président algérien Ahmed Ben Bella concernant l'accord du 21 février

B AG 275 008-001.01 Généralités 23.05.1956 - 06.10.1966 (2 dossiers 1re et 2de partie)

B AG 275 008-001.02 Accord entre le Gouvernement algérien et le CICR du 21 février 1963

- National Archives and Record Administrations (NARA, archives nationale des


États-Unis, Washington)

RG59, CDF60-63, box 1793, political affairs, French Africa


RG59, CDF60-63, box 1800, political affairs, French Africa
RG59, CDF60-63, box 1801, political affairs, French Africa
RG59, CDF60-63, box 1802, political affairs, French Africa
RG59, CDF60-63, box 1803, political affairs, French Africa
RG59, CDF60-63, box 1804, political affairs, French Africa
RG59, CDF60-63, box 1805, political affairs, French Africa
RG59, CDF60-63, box 2267, political affairs, French Africa
RG59, Subject Numeric File 67-69, Box 460
RG59, Subject Numeric File 67-69, Box 461
RG59 Alpha-numeric Political and Defense Box 3811 (political parties)

- Archives de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du


Croissant-Rouge (anciennement la Ligue des Sociétés nationales de la Croix-
Rouge et du Croissant-Rouge, Genève)

Cartons 1003373, 999484, 999485, 999479, R510483307.

- Archives nationales d’Outre-mer (ANOM, Aix-en-Provence)

ANOM, 3F/145,

ANOM, 81F/893

ANOM, Ministère des Affaires algériennes, 81F/1034

- Archives Ahmed Boumendjel (IHTP, Aubervilliers)

Ces archives sont en cours de reclassement et d’inventaire. Selon l’ancienne classification, j’ai utilisé
les 13, 14, 15, les cartons CNRA 1 et 2 et le carton ALN.

- Archives Messali Hadj (CERMTRI, Paris)

Boîtes 26, 27, 28, 29.

Collection des périodiques et bulletins internes :

- La Voix du Peuple

62
- Réalités algériennes
- Bulletin intérieur et Bulletin d’information
- Archives INA

J’ai utilité les archives en ligne de l’INA, en consultant tous les documents à partir de diverses
recherches, notamment « Algérie ».

- Archives nationales d’Algérie (Birkhadem)

Archives du ministère des Affaires étrangères du GPRA : notes généreuses partagées par Noureddine
Amara.

- Archives René Dumont (Centre international de recherches sur l’écologie,


Grignon, France)

10 cartons concernant son voyage en Algérie en décembre 1962 et janvier 1963.

Presse

Consultation systématique pour 1962 et le début de 1963 des titres suivants :

- Al Chaâb (en français)


- El-Moudjahid (en français)
- al-Mujāhid (en arabe)
- Alger républicain
- Le Monde
- L’Écho d’Alger
- La Dépêche d’Alger
- Les Échos. L’Avenir de Guelma.
- La Voix du Peuple

Mémoires, autobiographies, ouvrages d’acteurs

Les enfants d’Algérie : témoignages et dessins d’enfants réfugiés en Tunisie, en Libye et au Maroc,
Paris, F. Maspero (coll. « Voix »), 1962, 184 p.

ABBAS Ferhat, L’Indépendance confisquée : 1962-1978, Paris, Flammarion, 1984, 227 p.

ADLI Younes et SI MOHAND OU MOHAND Muḥand u Mḥand, Si Mohand ou Mhand : errance et révolte,
Alger, Edif 2000, 2000, 230 p.

AGGOUNE Abdallah, Blouse blanche. Zone grise. Décennie noire, Alger, Koukou Éditions, 2020, 132 p.

AILLERET Charles, Général du contingent : en Algérie, 1960-1962, Paris, Grasset, 1998, 391 p.

AÏT IDIR Hocine, Commando Ali Khodja. Wilaya IV-Zone I. Souvenirs d’un combattant, Alger, Algérie-
Livres-Éditions, 2011, 268 p.

ALLEG Henri, Mémoire algérienne : Souvenirs de luttes et d’espérances, Paris, Stock, 2005, 407 p.

63
ALLEG Henri (ed.), Les torturés d’El Harrach, Paris, Éditions de Minuit, 1966, 115 p.

ATTOUMI Djoudi, Avoir 20 ans dans les maquis: témoignage authentique d’un combattant de l’ALN en
Wilaya 3, Kabylie 1956-1962, Paris, Dilivre Aparis, 2009, 344 p.

AZZEDINE Commandant, Et Alger ne brûla pas, Paris, Stock, 1980, 348 p.

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BALHI Mohamed, Une famille ordinaire dans la tourmente, [Manuscrit], s.d.
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Paris, Seghers, 1963, 222 p.

BEAUVOIR Simone de et HALIMI Gisèle, Djamila Boupacha, Paris, Gallimard, 1962, 282 p.

BEKADDOUR Zoulikha, Ils ont trahi notre combat ! Mémoires d’une rebelle dans la guerre et l’après-
guerre, Alger, Koukou, 2014, 213 p.

BELKHEIR Mohammed, Étendard interdit : poèmes de guerre et d’amour édition bilingue, Paris,
Sindbad (coll. « La Bibliothèque arabe »), 1976, 161 p.

BELKHODJA Fethi, Mémoires d’un résistant, Alger, Casbah, 2011, 244 p.

BEN KHEDDA Benyoucef, L’Algérie à l’indépendance : la crise de 1962, Alger, Dahlab, 1997, 185 p.

BENTOBBAL, L. et DJERBAL, D., Mémoires de Lakhdar Bentobbal, [Manuscrit], s.d.


BENCHARIF Mohamed, Quand les enfants écrivent l’Histoire : Textes et dessins libres des enfants de la
Révolution algérienne, Paris, Bachari, 2015, 168 p.

BENCHARIF Mohamed, Le livre de notre vie : textes et dessins libres d’enfants sur la révolution
algérienne, Alger, Sned, 1967.

BENMAALEM Hocine, Les mémoires du général-major Hocine Benmaalem. Tome I. La guerre de


libération nationale, Alger, Casbah Éditions, 2014, 268 p.

BENSADOUN Ahmed, Guerre de libération. Parcelle de vérités de la wilaya 5. Oranie., Tlemcen, El-
Boustane, 2006, 294 p.

BENSALEM Djamel Eddine, Voyez nos armes voyez nos médecins, Enag., Alger, enag, 2009, 289 p.

BENTOUMI Amar, Naissance de la justice algérienne, Alger, Casbah Éditions, 2010, 398 p.

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vous maintenant de faire la paix » - 2e partie : « C’était comme un rêve », 2012.

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ADONIS et ABDELOUAHED Houria (trad.), Le Dîwân de la poésie arabe classique, Paris, Gallimard, 2008,
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85
Index des personnes et des groupes

Aroubia, Fatma : 405.


A ʿAyfa, Shaykh : 452.
A.*, Monsieur : 321 Aubrac, Raymond : 470.
Abassi, Mohamed ben Amar : 308 Audin, Maurice : 48, 228, 455,
Abbane, Ramdane : 120, 465 Autric, Jean : 160.
Abbas, Ferhat : 12, 120, 158, 219, 277, Auxiliaires temporaires occasionnels
283, 284, 400, 401, 435, 475 (ATO) : 108, 109, 113.
ʿAbd al-Majīd, Sultan : 34 Al-Ayouti, Yassin : 324, 325, 328, 329.
Abdelkader, Émir : 454, Azzedine, Commandant : 12, 37, 126,
Abid, Ahmed : 260, 271, 315, 328, 238, 130, 142, 144, 147, 187, 191, 193, 202,
405, 471 209, 212, 214, 475.
Achebe, Chinua : 41, 481 Azzi, Abdelmadjid : 61, 82, 89, 188, 212,
Aggoun, Abdallah : 405, 406, 475 227, 455, 475.
Ahmad, Eqbal : 285, 488
Ahmana, Mazouza: 202 B
Aiboud, Abderahmane : 228 Baba, Amar : 83, 85.
Aiboud, Omar: 228 Badani, Monsieur : 231.
Aiouez, Salah : 407, 498 Badjadja, Abdelkrim : 256, 257, 263.
Aït-Ahmed, Hocine : 13, 181, 401, 402, Bali, Bellahcène : 232.
425, Bamia, Aida : 413, 471.
Aït Idir, Hocine : 89, 187, 200, 207, 319, Barchou de Penhoën : 42, 479.
425, Bardot, Brigitte : 447.
Aït Saada, Mourad : 455 Barkat, Ali : 82, 92, 482.
Akoun, Elyane : 308 Barriat, Firmin et Albert : 308.
Alleg, Henri : 25, 148, 149, 156, 422, 475 Batal, Georges : 285, 478.
Ali-Yahia, Abdelmadjid :147 bayyāʿ, délateur : 80.
Ali-Yahia, Abdennour : 206 Beck, Djaâfar : 263.
Amirouche : 257, 455 Bedj, Fatma : 230.
Amouroux, Henri Bekaddour, Zoulikha : 161, 207, 272,
Amrane, Djamila (Danièle Minne) : 22, 284, 475.
145, 173, 175, 208, 226, 230, 389, 408, Belami, Khadra : 145.
482, Belguembour, Farida : 191, 471.
Amrane, Khelil : 389 Belhadi, Mohammed Lamine : 126.
ancien combattant, ancienne Belkhodja, Fethi : 52, 169-171, 174, 178-
combattante : 8, 11, 14, 22, 77, 85, 86- 180, 212, 475.
89, 104, 118, 143, 155, 156, 179, 181, 182, Belkhodja, Jeannine : 173, 175, 389, 418,
197-200, 221, 232, 239, 242, 246, 292, 477.
315, 340, 363, 368, 372, 383, 401, 402, Belli, Mustapha : 443.
456, 459, 460, 464, 467, 469 Belmihoub, Meriem : 162.
El-Ankiss (Mohammed Boudjema dit) : Belouizdad, Mohammed : 210, 454.
442 Ben Ali Hamadi, Mohamed Lakhdar :
Areski, Maître : 249 405.
Atania, Mohammed ben Tahar : 308 Ben Allel (famille) : 438.
Attou, Mouedden : 108, 114 Ben Bella, Ahmed : 11, 12, 13, 14, 77, 90,
Attoumi, Djoudi : 61, 86, 88, 184, 185, 91, 150, 152, 181, 184, 194-196, 233, 240,
187, 192, 217, 231, 232, 385, 388-390, 276, 279, 283, 285, 288, 291, 292, 317,
425, 475. 319, 400, 401, 414, 415, 421, 429, 430,
Al-ʿAyāʾida, ʿAʾisha : 451. 435, 436, 474.

86
Ben Bouali, Hassiba : 455. Boudjedra, Rachid : 444, 483.
Ben Boulaid : 455. Boubnider, Salah : 158, 196, 401.
ben Dahman (famille): 437, 438, 440. Boudoumi, Mohammed : 104, 313.
Ben Khedda, Benyoucef : 12-14, 87, 195, Bougara, Colonel : 156, 455.
260, 274, 399, 401, 475. Bou-Hassine : 229.
Ben M’hidi, Larbi : 454. Bouhired, Djamila : 195, 411.
Ben Zerfa :91, 235, 291, 338. Boukhercha, Mahammed : 437-439.
Benadès, Mhamed : 89. Boukir, Zoulikha : 227.
Benaïssa, Slimane : 259, 418, 471. Boumaza, Bachir : 410.
Benammour, Mohamed : 280, 471. Bounbadji, Mahmoud : 309.
Benbadis, Shaykh : 100, 455 Bourmont, Maréchal : 432.
Benbahi, Rebia : 84. Boumediene, Houari : 12, 13, 38, 46, 158,
Bencharif, Mohamed : 398, 406, 407, 181, 195-197, 240, 280, 285, 421, 435,
476. 436, 443, 448.
Bendjebbar, Ahmed : 170. Boumendjel, Ahmed : 24, 146, 167, 217,
Bendris, Abdelkamel : 456, 457, 471. 228, 277, 279, 351, 352, 392, 394, 411,
Bendris, Hanifa : 456. 417, 474.
Benkherouf, Youcef : 286. Boumendjel, Ali : 228, 455.
Benhadouga, Abdelhamid : 141, 481. Boupacha, Djamila : 195, 215, 475.
Benhamida, Abderrahmane : 406. Boupacha (frère de Djamila) : 215.
Beni Boussaid : 338, 470. Bourdieu, Pierre : 66, 343, 342, 479.
Benloucif, Rabah : 196. Bouregaa, Lakhdar : 197, 286, 287, 476.
Benkimoun, Claire : 112-113. Bourouiba, Boualem : 147, 148, 157, 177,
Benkherouf, Youcef : 286. 476.
Benouameur, Monsieur : 212. Bousmaha, Mohammed : 257.
Bensadoun, Ahmed : 89, 157, 183, 184, Bouteflika, Abdelaziz : 6, 425, 427.
476. Bouti, Ahmed : 397.
Bentoumi, Amar : 81, 162, 239, 476. Boutlelis, Hamou : 454.
Benyellès, Rachid : 197, 198, 476. Boutriha, sous-préfet : 161.
Benzine, Abdelhamid : 156, 476. Bouvet, général : 236.
Beraouane, Mahieddine : 229. Bouzid, Mohamed : 284.
Berque, Jacques : 20, 253, 259, 373, 481, Bouziane, shaykh : 468, 469.
483, 490. Bouzrina, Ahmed : 68.
Berredjem, Larbi : 196, 285. Brahimi, Himmoud : 447.
Berteuil, Arsène : 431-433, 479. Broussaud, Jean : 309.
Bey, Mayssa : 252, 476. bū shkāra : 80, 456.
Bin ʿAmr, Mustafā : 193, 194, 199, 476.
Bitat, Rabah : 195, 199.
Blaoui, el-Houari : 452.
C
Blidi, Abdelkader : 191, 192, 476. Chaabani, colonel Mohammed : 193, 285.
Bonat, Madame : 238. Chabou, commandant : 193.
Bonnet, Paul Jules : 308. Chahine, Youcef : 411, 412.
Boualam, Bachagha : 50, 476. Chanderli, Abdelkader : 213, 336, 443.
Bouamari, Mohamed : 443. Chanderli, Djamel : 213, 336, 443.
Bouazza, Djamila : 195. Char, René : 381, 481.
Bouchelaghem, Bouha : 360. Charby, Jacques : 404, 412, 445, 447,
Bouchelaghem, Saihi : 360. 471, 476.
Bouderba, Nani : 328. Charikhi, Mustapha : 177.
Bouderbala, Tahar : 196. Chastonay, Jean-Louis de : 38, 39, 100-
Boudibi, Hachemi : 360. 105, 209, 201, 473, 476.
Boudiaf, Mohammed : 13, 195, 285, 401, Chaulet, Claudine : 25, 207, 272, 328,
402. 332, 334, 335, 365, 366, 368, 369, 404,
Boudjaja, Athmane : 81. 476, 477.

87
Chaulet, Pierre : 161, 207, 272, 419, 476. 261, 285, 297, 309, 311, 368, 389, 398,
Chekkal, Ali :474. 402, 410, 412, 423, 424, 426, 468, 487.
Chellali, Yamina : 194, 208, 476. Eyrignoux, Marcel : 262.
Chéné, Madame : 298, 299, 300, 316,
480.
Cherif, Hamani : 452.
F
Cherif, Taïeb : 66, 212, 274, 280, 286, Fanon, Frantz : 24, 140, 411, 445, 455,
389, 398, 476. 456, 481, 500.
Cherrad Bennaceur, Yamina : 144, 244, Fatma* : 251, 252, 314, 471.
476. Faucher, Albert : 37, 38, 477.
Cheymol, Germaine Ida : 308. Feraoun, Mouloud : 55, 403, 404, 454,
Chiris, frères : 361-365, 368, 371. 477.
Chohra, Hamida : 48, 146, 147, 149, 150, Ferhi, Youcef :424.
294, 423, 471. Ferrer, Baptiste : 282.
Choukroun, Jacques : 422. Février, Paul-Albert : 175, 301, 366, 385,
Cientinni, Pastor : 67. 390, 477.
Clairefond, Marc : 159. fidāʾiyyīn, fidāʾiyyāt : 72, 99, 108, 109,
Clouzot, H.G. : 447. 122, 169, 182, 169, 182-184, 232, 458,
Coquery, Michel : 297. 459.
coopérants : 412. Flissi, Mohamed : 147.
Cornaton, Michel : 342, 350, 355, 483. Franceschi, Jean-André : 281.
Crémieux, Adolphe : 34, 43. Freh (ou Frih), Ahmed : 170.
Croce, Jean André : 308.
G
D Gaci, Ali : 12.
Déclais, Jean-Louis : 164. Gaïd, Tahar : 147.
Delanglade, père : 162, 163. Ganev, Christo : 258, 259.
démineurs : 291, 412, 470. Galula, David : 270, 344, 479.
Dessaigne, Francine : 53, 70, 303, 304, Gardy, général : 276.
323, 387, 477. gendarmes : 52, 102, 105, 109, 115, 170,
Djarboua : 178. 210, 217, 279, 282, 295, 405.
Djermame, Rabah : 147. Gervais : 282.
Didouche, Mourad : 193, 239, 240, 241, Ghaouti, Malila : 312, 313.
410, 410. Ghenim (de l’Exécutif provisoire) : 38.
Dittiot, Maurice : 307. Ghenim, Mohammed Réda : 178.
Djaout, Tahar :133, 225, 481. Gherzouli, Bouzid : 176, 177.
Djoumi, Nadjib :260, 471. Ghezaïli, Tahar : 226, 337, 471.
Doumer, Paul : 100, 454. Ghribissi, Brahim : 89
Drif, Zohra : 195, 477. Giraud, Docteur : 395, 396.
Duval, Joseph (Monseigneur) : 161, 469. Gomez, famille : 50.
Dumont, René : 359, 360, 3605, 366, Gonard, Samuel (CICR) : 76, 77, 91, 160,
368, 370-374, 420, 475, 479. 233, 234, 474.
Gonzales, Roger : 282.

E goumiers : 79, 88, 192.


Grangaud, Jean-Paul : 164.
El Kenz, Ali : 19, 20, 500. Grangaud, Marie-France : 164.
enseignants, instituteurs : 199, 218, 212, Gros, docteur : 361.
219, 262, 263, 321, 404, 406, 412, 416, Guedmani, Abdelouaheb : 272, 477.
424, 425, 463, 486. Guennez, Mohamed : 443.
Edelberger, couple : 237. Guénégo, Roger : 279.
étudiants : 25, 37, 48, 69, 146, 148, 197, Guenifi, Nasser : 443.
206, 207, 209, 217, 218, 228, 243, 257, Gherfu, Amara : 405.

88
Guerra, Houari :170. Imruʾ al-Qays : 273.
Guerroudj, Abdelkader : 162, 173.
Guerroudj, Jacqueline : 173, 175, 389,
477.
J
Guessab, Mohammed : 176. Jabbās, Ḥamdān : 469.
Guessoum, Mohammed ben Salah : 308. Jeanneney, Jean-Marcel : 469, 430, 435,
486.

H Jilani, Abdelhamid : 176.


Joubert, Claude : 245.
Hadj-Ali, Bachir : 199, 471.
Hadj-Ali Larribère, Lucette : 97, 156,
471.
K
Hadjadj, Bachir : 384, 471. Kafi, Messaoud : 81, 477.
Hadjerès, Sadek :300, 301, 471. Kaïd, Ahmed : 162, 377.
Hadjhenni, Mohammed : 172-174, 471. Kaïdi, Lakhdar : 148, 177.
Haller, Bertrand de : 91, 116, 235-238. El-Kamal, Amar : 455.
Hamdan Khodja : 433, 477. Kamouche, Abdelaziz ben Ahmed : 308.
Hamdani, Adda (Si Othman) : 170, 482. Kellou, Dorothée Myriam : 347, 480.
Hamel, Mohamed : 309. Kellou, Malek : 480.
Hamid* : 295-298. Kelly, John D. : 338.
Hamidou, Boumediene, Dr : 38, 210, 331. Kelthoum : 340.
Hamlaoui, Hali : 436. Kemmas, Aïcha : 226.
Hammache, Brahim : 172-174, 471. Khalfa, Boualem : 87, 148.
Hammani, Shaykh : 424. Kharoufi, Messaouda bent Larbi : 308.
Hamrouche, Khalida : 252. Khatib, Youcef : 184, 285, 472, 486.
Haninié, Elias : 431. Kheireddine, shaykh : 158.
Haninié, Florian : 431. Khelidja, Yemma : 385.
Harbi, Mohammed : 12, 13, 121, 126, 194, Khider, Mohammed : 13, 195, 196, 288,
285, 477. 310, 435.
harkis : 15, 16, 30, 32, 50, 52, 57, 74-92, Khemisti, Mohamed : 220, 235, 425.
113, 114, 124, 126, 127, 134, 167, 179, 188, El-Khir, Tabet : 176.
192, 197, 238, 263, 282, 304, 305, 394, Kitouni, Hosni : 189-191, 227.
394, 473, 476, 477, 483-485, 489, 490, Krim, Belkacem : 13, 36, 158, 229, 247,
492-494. 256, 257, 260, 263, 285, 401, 402, 471,
al-Harrachi, Dahmane : 449, 453. 498.
Haroud, Khélifa : 54, 75, 77, 78, 81, 83,
85, 90, 91, 293, 480. L
Haroun, Ali : 12, 156, 158, 162, 477. Lacheraf, Mostefa : 138, 408, 438, 481.
Hassan II : 111. Lacheroy, Charles : 270.
Ḥatāta, Sharīf : 415, 377. Lakhdar Hamina, Mohammed : 340,
Henine, Moussa (ou Hennine, Moula) : 443.
66, 389. Lallier, Marc (archevêque de Marseille) :
Herreman, Philippe : 202. 236.
Herriot, Édouard : 454. Lameche, Abderrahmane : 175, 176, 251,
Himbert, commandant : 105. 256, 258, 472.
El-Houcine, Tahar : 184, 247. Laparre, Michel de : 49-55, 58-61, 111-
Husayn Dey : 256, 432. 113, 115, 116, 309, 312, 313, 390, 377.
Hussein Amin (muphti de Jérusalem) : Larbès, Ali : 66.
425, 436. Laroussi : 240.

I Larribère, Camille : 51.


Larribère, Jean-Marie : 51.
Ighilahriz, Louisette : 451. Lassel, Mustapha : 177.
Leclerc, Maréchal : 454.

89
Lecompte, Jean : 273. al-Mīlī, Mubārak : 437.
Leiris, Raymond : 60. Mlāwī, Maḥmūd Ismāʿīl : 194, 195, 478.
Lesbet, Jaffar : 214. Mohammed V
Lesne, Marcel : 343, 344, 492. Mohammed-Brahim, Farouk : 100, 101,
Lévi-Valensi, André : 419. 104, 105, 106, 471.
Loridan-Ivens, Marceline : 139, 420, Mohammed-Brahim, Kacem Brahim :
480. 106, 110.
Lotfi, Colonel : 455. Mohammedi, Saïd (ministre des anciens
Louanchi, Salah : 150. mujahidin) : 200.
Louelh, Youcef Khider : 410, 477. Mokhtefi, Mokhtar : 198, 478.
Lounici, Ali : 205. Molinari, Molkhir : 228.
Lumumba, Patrice : 150, 277, 450, 478. Moore, Clement : 285, 472, 487.
Mostefaï, el-Hadi : 425.
M Morin, Georges :163.
Mujāhidīn, mujāhidāt : 14, 81, 87, 90,
Maʿāchī, ʿAlī : 453. 142, 143, 145, 149-151, 155, 173, 178, 181-
Mabed, Tayeb : 227. 184, 189, 191,193, 195, 197, 199, 200,
Madani, Tewfik : 219, 240, 436. 225, 242, 245, 253, 259, 276, 344,
el-Mahadji, shayh Tayeb : 110. 348,356, 412-414, 421, 456, 458, 459,
Mahiouz, commandant : 184. 460.
Makouf, Boualem : 169-170, 477. M’Rabet, Fadéla : 416, 479.
Malhoum, Hocine : 82. musabbil, musabbila : 88, 184, 458.
Mānaʿ, Fadhila : 166. Mus, Émile : 44.
Mamchaoui, Mohammed : 119, 178.
Mansour, E. : 231.
Marchand, Max : 404, 454. N
Margnac, Jean-Paul : 23. Naceur, Abderrahmane : 404, 450, 478.
Martini, Michel : 161, 272, 284, 418. Nahnah, Abderrahmane : 89.
Maschino, Maurice Tarek : 272, 416. Nansen, Fritjof : 327.
Massot, André : 314. Nasser : 235, 414, 443.
Martinaud : 366. Nekkache, Mohamed Seghir : 207, 210,
Mauguin, Chantal : 164. 230.
Maziz, Mimi : 143, 472.
Mechaker, Salah : 51, 477.
Méchakra, Yamina : 208, 222, 481.
O
Meddour, Youcef : 176, 177. Olmi, Alain alias Jean Kersco : 249, 256,
médecin : 37-39, 41, 43, 50, 51, 82, 102, 472.
103, 143, 155, 161, 164, 185, 187, 202, 203, Orcières, Marie-Louise : 164.
206-212, 217, 218, 221, 261, 272, 284, Orcières, Pierrot : 164.
331, 353, 395, 405, 406, 412, 418, 419, Othman, Colonel : 109, 170, 285.
425, 463, 468, 476. Ou Mhand, Si Mohand : 366, 367, 475.
Medeghri : 240. Ouadi, Boussad : 142, 143, 145, 225, 298,
Mehri, Djilali : 320. 449, 472.
Mendjeli, Ali : 158. Ouadda, préfet : 160.
Merbah, Ahmed : 178. Ouassaïd, Mohamed : 407.
Mesli, Fadéla : 209. Ouamrane, Amar : 158.
Messadi, Abdel-Hamid : 149. Ouaras, Karim : 241.
Messali, Hadj : 23, 26, 67, 118-133, 135, Oul Hadj, Mohand : 90, 181, 185, 186,
137, 169, 175, 177-179, 205, 264, 383, 285, 197, 199.
386-387, 391, 393, 397, 416, 474, 488, Ould-Lahoucine, Youcef : 217, 230, 478.
495. Ounissi, Abdelhamid : 424.
Michel, Serge : 150, 277, 450, 478, 480, Oussedik, Omar : 147.
496. Oussedik, Boualem : 162.

90
Ouzegane, Amar : 290, 420, 421. Saint-Martin, Marie-Christine : 321,
Ouzrourou, Salah : 85, 86, 90, 244, 245, 322.
290, 478. Salhi, Ajda : 348.
Salhi, Yasmina : 314, 348.
P Sali, Fathi : 404.
Sari, Mohamed : 144, 259, 260, 340, 438,
Palacio, Léo : 100, 107. 439, 478.
Pautard, André : 336-338. Sayad, Abdelmalek : 66, 343, 352, 479,
Pellissier de Reynaud, Edmond : 432, 483.
433, 479. Scotto, Jean : 133, 161.
Pharaon, Joanny : 432, 479, 493. Sellami, Mohammed : 363, 364.
Pilloud, Claude (CICR) : 91, 132, 234, Semmache, préfet : 160.
235-236. Sergent, Jean-Pierre : 139, 420, 480.
Pirelli, Giovanni : 404. Siaci, Mohammed Ouali : 382, 448.
Poinsignon, Line : 272. Sidi Boumédiène (cinéaste) : 443.
La Pointe, Ali : 455. Shaʿbān, Maḥrez : 142, 195.
policiers : 53, 64, 107, 113, 405. Smaïlik, Mustapha : 459.
Porter, William : 33, 34, 36-38, 41, 47, Smaïn* : 409, 410, 424, 472.
53, 56, 72, 204-207, 211-213, 221, 245, Snyder, Félix (HCR) : 327.
393. Souïah, Lahouari : 109, 454.

R Souidani, Boudjemaa : 363, 369.


Stampa, Madame : 152.
Rabih az-Zubayr : 439.
Rachedi, Ahmed : 443. T
Rahal, Mansour : 86, 90, 183, 185, 187, Taïbi (cineaste) : 443.
270, 478, 496. Taleb, Athmane : 81.
Rahal, Yahia : 197. Tchier, Abdelghani : 451.
Rahal, Zoubir : 313. Tebessi, Larbi : 455.
Rebbah, Abdellatif : 294, 306, 307, 472. Temmam, Abdelmalek : 189, 170.
Ramdane, Ahmed : 241. Tengour, Ouarda Siari : 247, 254, 313,
Ramdane, Omar : 286. 472.
Raptis, Michel, dit Pablo : 365, 415, 479. Terki, Hadj : 89, 92.
Remaoun, Hassan : 107. Thomas, René : 109.
Remarque, Erich Maria : 188, 230, 231, Thuveny, Maître : 454.
389, 482. Touré, Samory : 439.
Riboud, Marc : 7, 479. Traboulsi, Fawwaz : 285, 410, 411, 478.
Ricoux, René : 4, 479. traîtres, khabīth : 31, 80, 85, 90, 92, 99,
Rimitti, Cheikha : 276. 115, 130, 135, 157, 188, 385, 459.
Robert, Jean-Marie : 83, Trumelet, général : 360-363, 376, 480.
« Rommel » : 88 Turki, Fawaz : 410, 478.
Rovigo, Duc de : 431, 432.
Rumeau, Georges Marcel : 308.
V
S Valée, Maréchal : 433.
Vautier, René : 239, 443, 446.
Saadane, Docteur Ahmed-Cherif: 455. Verde, Marie-Thérèse : 308.
Saadi, Yacef: 448. Vezat, Bernard : 279.
Sadou, Idir : 243, 252, 298, 472. victimes : 11, 34, 35-37, 52-56, 61, 64,
Safir Lavalette, Éveline : 19, 152, 402, 66-67, 75, 76, 86, 92, 92, 96, 102, 107,
478. 113, 114, 115, 116, 121, 126-128, 134, 170,
Saidan, Mahiou (sous-préfet de Sidi 173, 199, 202, 206, 208, 223, 236, 238,
Aïch) : 211, 356.

91
289, 303, 336, 364, 404, 447, 456, 458, Zabana, Ahmed : 24, 100, 106, 222, 452,
459, 460, 469. 454.
Vidal, Joseph : 308. Zakarya, Moufdi : 436.
Zamoum, Ali : 178, 184, 188, 189, 193,
W 197, 478.
Zarrūq, Mūsāwī : 219, 239, 283, 378.
Wagner, Georges : 262, 331. Zbiri, Tahar : 90, 185, 192, 285, 478.
Wilson, Marguerite : 325, 328, 329, 334. Zeddour Mohammed-Brahim, Fadela :

Y 106, 107.
Zeghidour, Slimane : 247, 340, 350, 358.
Yaha, Abdelhafidh : 61, 87, 181, 200, 225, Zeniter, Alice :78, 482.
260, 478. Zergoug, Dahmane : 229.
Yaha, Madame : 225. Zerouali, Mohammed : 128, 129.
Zerrouk, Saïd : 360.

Z Zerrouk, Ziani : 360.


Zighout, Youssef : 454.
Zinet, Mohammed : 229, 446, 447.
Zhor, Lalla : 276.

92
Index des lieux

Aurès : 81, 82, 86, 90, 169, 183, 185, 270,


A 340, 355, 371, 384, 420, 421, 443.
autogestion : 25, 155, 368, 369, 371, 374,
el-Achour : 371. 376, 377, 415, 464, 466.
aéroport : 39, 101, 103, 114, 298, 312, 383, Azerou (forêt) : 440.
414, 418. al-Azhar : 106.
Afghanistan : 188. Azouza (Fort-National, Kabylie)
Aguedel el Beylik : 375.
Aïn Antar : 290.
Aïn Beida : 82. B
Aïn el-Bey : 168 Bab el-Oued : 54, 123, 142, 159, 161, 200,
Aïn el-Hadjel : 287. 204, 229, 237, 257, 263, 276, 283, 295,
Aïn al-Hammam (anc. Michelet) : 298 296, 298, 319, 395, 432, 433, 453.
Aïn Mlila : 218, 374, 375. Baba Ali : 227, 371.
Aïn Ouessera : 286. Bagdad : 33, 348, 399.
Aïn Sefra : 218. Baʿquba (Irak) : 348.
Aïn Témouchent : 161, 164, 353, 370, Bangladesh : 306.
466. barbelés : 100, 273, 299, 300, 315, 337,
Aïn Touta : 217, 384. 340, 346, 347, 354, 384, 420.
Aïn Yagout : 238. Batna : 187, 290, 292, 366, 374, 384.
Aïn Zaouia : 51. Base de l’ALN : 156, 193, 194.
Aït Imghour : 241. Béjaïa (anc. Bougie) : 74, 242, 272, 408
Aïzer : 354, 355, 358, 393, 478. La Beaucheraye (Cité) : 65.
Akbou : 61, 82, 83, 89, 126, 212, 385, 388. Beau-Fraisier (Alger) : 40.
Alep (Syrie) : 292. Bel-Air (Alger) : 298.
El-Alia (cimetière) : 239, 241, 469. Belcourt (auj. Belouizdad) : 37, 48, 65-
Alger : 6, 13-14, 23, 33, 38, 39, 49, 52- 68, 70, 123, 153, 212, 274, 418.
54, 56, 59, 64-65, 71, 73, 89, 110, 117, Ben Aknoun : 48, 66, 69, 389, 410, 476.
121, 125, 128, 130, 133, 148, 149, 151, 153, Beni Boussaïd : 338, 357, 470.
154, 156, 157, 159, 160, 194-196, 202- Beni Douala : 87.
204, 206, 208-210, 213, 220, 233, 234, Beni Hmiden (caserne, Constantine) :
239-241, 245-246, 253, 257, 262, 272, 191.
274, 276, 279, 285, 287, 294-296, 298- Beni Kouffi : 226, 337.
301, 305-306, 310, 311, 314, 316, 317, 320, Beni Melloul (forêt) : 185, 270.
321, 344, 359, 368, 376, 389, 393, 398, Beni Messous : 36, 227.
400, 410, 412, 418, 419, 424, 429, 433, Berguent (Maroc) : 331.
443-445, 450, 452-455, 459, 468, 469. Berrouaghia : 129, 194.
Allemagne : 8, 172, 236, 237. Beyrouth : 33.
Altairac (Alger) : 298. el-Biar : 55, 156, 177, 206, 252, 298, 457.
Angola : 309. bidonvilles : 99, 205, 272, 298, 299,
Annaba voir Bône 316-318, 337, 348, 422, 480.
Ardaillon (lycée, Oran) : 100, 105, 107. bien vacant : 161, 163, 200, 308, 315,
Arris : 90. 318-322, 368, 377, 418, 467.
ʿAsfūr (Jabal) : 271. Bir el-Ater : 337.
Assif el-Hammam : 185, Birtouta : 68, 129, 227, 371.
Ath Ali Ouabdellah (forêt) : 185. Birtraria : 208.
al-aṭlāl (les traces) : 269, 358, 378. Biskra : 92, 455, 468, 469.
El-Attaf (anc. Les Attafs) : 159. Bir Bouhouche : 82.

93
Bir Chouhada (anc. Levasseur) : 237, Casbah : 68, 105, 123, 126, 129, 149, 202,
238, 359, 374-76, 497. 208, 215, 229, 245-247, 252, 253, 272,
Birkhadem : 122, 145, 153, 174. 287, 296, 395, 448.
blad at-tawārīkh, le pays des épopées : Champ-de-Manœuvre (auj. Premier
449. mai, Alger) : 297, 300, 316, 318.
Blida : 69, 72, 128, 153, 159, 171, 206,433, Château-Royal (el-Biar) : 55, 487.
455. Chebacheb (cité, Alger) : 126.
Blida, Hôpital de Joinville (auj. Frantz Chechar : 82.
Fanon) : 455. Chemini (Kabylie) : 74, 75, 81.
Bni Sbih (région d’el-Milia) : 189. Cherchell : 259, 319, 344, 354-357, 486.
Boghari (auj. Ksar el-Boukhari) :196, Cheurfa : 86.
212, 274, 280, 283, 286, 389, 398. Cheurfa N’Bahloul : 186.
Boghni : 226, 241, 337. Chevalley (Alger) : 295.
Bône (auj. Annaba) : 49, 56, 58, 69, 106, Chiris (ferme) : 361-363, 365, 368, 371.
148, 152, 200, 206, 211, 262, 290, 294, Chréa : 152.
304, 307, 320, 344, 419, 455. Chypre : 310.
Bonn (Allemagne) : 236. cimetières : 65-67, 104 , 159,161,214,
Bordj Bou-Arreridj : 80, 83, 84, 347, 451. 227 238, 239, 241, 242, 384, 432, 433,
Bordj Menaiel : 192, 421. 435, 469.
Boubsila (Alger) : 298, 300, 316. Climat-de-France (Alger) : 64, 68-71,
Boufarik 123, 202, 208, 253, 295, 296.
Bougie voir Béjaïa cliniques, voir hôpital
Bouïra : 217, 347, 425, 440. Clos-Salembier (auj. Madania) : 66, 68,
Boukhalfa : 87. 126, 209.
Bounamane : 186. Colbert (auj. Aïn Oulmène) : 175, 176.
Boukhanéfis : 168. Colonne Voirol (Alger) : 36.
Bou-Saada : 125, 130, 229. Collo : 290, 353.
Bousfer : 279. Colombie : 30, 31, 489.
Bouzareah : 130, 149, 204, 219, 237, 406, Congo : 277, 330.
452. Constantine :60, 69, 72, 82, 128, 144,
Bou-Zegza : 291. 148, 152, 166, 191, 206, 227, 234, 237,
Burdeau (auj. Mahdia) : 373, 374. 240, 244, 247, 254, 256, 257, 263, 272,
285, 290, 292, 304, 313, 367, 374, 401,
C 433.
Cuba : 341, 356, 412, 421, 422.
Le Caire (Égypte) : 413, 431,
Calvi (Corse) : 168.
camions : 35, 84, 107, 115, 175, 192, 202, D
214, 240, 248, 249, 250, 259, 260-262, ad-Dakhūl : 273.
271, 280, 331, 332, 334, 354, 355, 446. Damas : 33, 34, 431.
camps d’internement : 9, 35, 74, 77, 83, Dar al-Salaam : 41.
85-88, 90, 91, 138, 142, 156-158, 167, Dar el-Djernénar, ou Dar Genenar
168, 170, 172, 173-176, 179, 206, 223, (Tlemcen) : 179, 232.
227, 228, Debussy (ferme) : 371.
camps de réfugiés déforestation : 290, 291.
camps de regroupement : 26, 81, 167, Dely Ibrahim : 215, 371, 421.
211, 217, 259, 268, Dellys : 282.
casernes : 31, 59, 74, 80-82, 84, 86, 87, déminage, mines : 76, 77, 195, 210, 288,
89, 126, 160, 189, 191, 196, 288. 289, 291, 305, 326, 334, 336-338, 418,
Castors (Oran, quartiers des) : 312, 313. 469, 470, 480.
Cayenne (Guyane) : 168. Deux Entêtés (Alger) : 65.
Diar el-Djemaa (cité) : 69, 147, 297.
Diar el-Mahçoul (Alger) : 69-71, 150.

94
Diar el-Saada (Alger) : 154. Frais-Vallon : 65.
Djebass (près de Mila) : 189. Frenda : 373.
Djebel ‘Anq : 337. Fresnes (France) : 173, 445.
Djelfa : 124, 126, 252, 283. frontières : 25, 26, 72, 76, 85, 86, 109,
Djemâa Saharidj : 295. 151, 152, 157, 158, 172, 181, 182, 185, 188,
Djenane Mabrouk : 123. 193-195, 210, 261, 271, 278, 282-286,
Djezia : 353. 289, 292,301, 315, 324, 326, 328, 331-
Djorf : 175. 333, 336, 357, 383, 391, 394, 405, 409,
Djurdjura : 440. 450, 463.
Douera : 371.
Draâ el-Mizan : 244, 246, 249, 282.
Duquesne (auj. Kaous) : 233.
G
Genève : 25, 208, 391.

E Georges-Clemenceau (auj. Sitdia) : 262.


Geryville (auj. El-Bayadh) : 218.
Eckmühl : 98, 101. Ghardimaou (Tunisie) : 328.
églises, cathédrales : 54, 55, 106, 303, El-Gouni : 66.
364, 429-432, 435, 436, 479. Gourraye : 333.
Égypte : 197, 198,235, 280, 325, 411, 412, Gouvieux : 118, 119, 121, 126, 128, 129,
414, 415, 431. 131.
Erraguene : 350. graba ou gtatna : 315, 353.
espace aérien : 279, 280. Gué-de-Constantine : 123.
Espagne : 42, 43, 98, 227, 316, 341, 421, Guelma : 44, 307-310, 348, 349, 405,
482, 491. 439, 487.
États-Unis : 18, 24, 33, 36, 46, 49, 58, Guenzet : 241.
103, 143, 206, 207, 213, 223, 245, 252, Guigba : 175.
277, 292, 330, 336, 391-393, 413, 421,
436, 470, 474.
Évian (France) : 10, 13, 21, 24, 52, 57, 60,
H
79, 101, 109, 123, 129, 130, 146, 166, 172, Hadjout (anc. Marengo) : 66.
174, 175, 185, 186, 195, 215, 275-279, Haïdra (Tunisie) : 333.
299, 309, 327, 352, 385, 386, 392-394, hamman, « bain maure » : 35, 175/
399, 411, 417, 429, 464. Hammam Bouhadjar : 164.
Hammam Lif (Tunisie) : 187.

F el-Hamra : 347.
el-Hamri (anc. Lamur, Oran) : 95, 99,
Fédération de France du FLN : 143, 158, 104, 106, 107, 210, 313.
172-174, 177, 203, 250, 272. el-Harrach (anc. Maison-Carrée) : 69,
Femme sauvage (ravin) : 65. 147, 171, 191.
El-Fellay (camp) : 74, 85. el-Harrach (prison) : 74, 169, 171, 191.
Fermatou : 452. Haouch Gros (ou Grau) : 363, 364, 376.
fermes : 73, 88, 126, 144, 155, 237, 292, Haouch Rhiles (ferme) : 363.
355, 359-363, 365, 368-369,371, 372, Haouch Tebib (ferme) : Tebib
374-377, 421, 437, 464, 466. Ḥawmal :273.
Ferme Ameziane (Constantine) : 144. ḥawsh : 106.
Ferme Berthon (camp) : 355. hôpitaux, cliniques, centres de soin : 24,
Fontaine Fraîche (Alger) : 38, 155, 204- 33, 35-40, 48, 50, 51, 58, 101-103, 187,
212, 214, 221, 405. 202-204, 206-211, 217, 218, 221, 261,
forêts : 119, 185, 270, 272, 273, 291, 354, 294, 296, 337, 396, 418, 422, 423, 425,
367, 440, 504. 455.
Fort-de-l’Eau (auj. Bordj el-Kiffan) : Hussein Dey : 69, 155, 192, 297-299,
126, 371. 316, 398, 406, 407, 456, 471.
fourmilière : 265, 267, 280, 339, 357.

95
I M
Ighil Ali : 241. magasins, boutiques, commerces : 19,
Indochine : 343. 35, 53, 68, 70, 71, 82, 115, 204, 213, 297,
Ighil el-Mal : 83. 301, 308, 310, 314, 398, 432-434, 468.
Inkermann (auj. Oued Rhiou) : 160. Maghnia : 131, 271, 288, 290.
Italie : 43, 331, 421. Maghreb : 33, 253, 325.
Irak : 143, 197, 411. Makouda : 85.
Iran : 331. Maillot (auj. M’Chedallah) : 86, 192,
440.
J Malaisie : 343.
Malte : 43.
Jérusalem (Palestine) : 413, 435, 436, Mansoura : 347, 348, 480.
500. Mapotu (anc. Lourenço Marques,
Jijel (anc. Djidjelli) : 233, 257, 272, 350. Mozambique) : 306.

K maquis (voir montagne)


marchés : 303, 313, 317, 370, 434, 446.
Kabylie : 37, 74, 82, 83, 86, 88, 91, 121, marchés aux puces : 313.
123, 126, 142, 145, 181, 185, 231, 232, 241, Maroc : 13, 25, 26, 57, 102, 109, 111, 145,
247, 274, 298, 347, 355, 388. 156, 158, 172, 182, 185, 193, 194, 205,
Kampala : 41. 207, 209, 219, 220, 231, 253, 271, 273,
Kasaï (Congo) : 277. 283, 315, 324-331, 334, 336, 338, 345,
Kariche : 355. 347, 351, 356, 357, 377, 394, 404, 405,
Katanga (Congo) : 277. 410, 418, 419, 437, 454, 470.
Kef (Tunisie) : 328, 333. Marseille (France) : 173, 236, 298, 409,
Khemis Miliana : 171, 506. 410, 424.
Khenchela : 60, 82, 92, 217, 420, 478. Mascara : 54, 89, 193, 307, 309, 344.
Khmis el-Khechna : 291. Mdina Jdida (anc. Ville nouvelle, Oran) :
Kouba (Alger) : 48, 66, 68, 155, 202, 353, 99, 100, 101, 102, 107, 108, 114, 117, 170,
506. 214.
Ksar el-Abtal (anc. Qsar al-Tayr, Ksar Mecheria : 89, 92.
Ettir, ou camp de Colbert) : 175. Médéa : 19, 155, 290.
médersa : 104, 106, 145, 175, 176, 389,

L 398, 437.
Mahelma : 371.
Lafayette (auj. Bougaa) : 218. Ménerville (auj. Thenia) : 160.
Laghouat : 48, 146, 193, 294, 423. Mers el-Kebir : 278.
Lambèse (auj. Tazoult) : 169, 170, 175. Mesker : 356.
Larbatache : 139, 291, 466, 468. Mila : 189, 191.
Larba (Sidi Moussa) : 371, Misserghin : 95.
Larzac (France) : 173. Mirabeau (auj. Draâ Ben Khedda) : 87,
Leveilley (Alger) : 126, 456. 274.
Liban : 206, 261, 285, 410. Mitidja : 25, 72, 122, 127, 130, 251, 279,
Lignes Challe et Morice : 326, 336, 337 360, 363, 365, 368-370.
Lorraine (France) : 172. Mohammadia (anc. Perrégaux) : 89, 111,
lycées : 48, 66, 100, 101, 105, 107, 147, 307.
185, 197, 198, 228, 257, 263, 314, 389, montagne (et la montagne comme
423, 457, 476. maquis) : 144, 152 156, 157, 187, 188, 189,
191, 270, 301, 361, 408, 438.
La Montagne (cité, Alger) : 123, 126, 192,
274, 316, 398, 406.
Montplaisant (Alger) : 70.

96
mosquées : 161, 171, 303, 427, 428-436, Poste : 104, 105, 126, 163, 305, 359, 447.
479. Prévost-Paradol (auj. Machraa Safa)
Mostaganem : 153, 159, 206, 234, 290. Prison civile d’Oran : 52, 170.
Mouzaiaville (auj. Mouzaïa) : 72, 283. Provence (France) : 373.
M’sila : 344.

N R
Rabat (Maroc) : 33, 193.
Naama : 344. Rahmania (Mitidja) : 279.
Nairobi (Kenya) : 41. rapatriement : 25, 193, 324-339, 417.
Nanterre (France) : 250-251. reboisement : 290-292, 422, 466, 495.
Nemours (auj. Ghazaouet) : 235 réforme agraire/révolution agraire : 164,
no man’s land : 100, 273, 284, 344. 290, 365, 368, 377, 415, 421, 438
Norvège : 331. Rekouba : 353.
Novi (camp) : 345, 346, 347. Relizane : 72, 102, 160, 161, 210.
Rennes (France) : 173, 175, 217, 389.
O Reibell (auj. Ksar Chellala) : 178.
Rhodes : 34.
Ouargla : 72, 84, 132. Rivail (camp) : 354, 384, 393.
Ouarsenis : 226, 229, 334, 255. Robertsau (cité U) : 64.
Oued Ouchaïa : 123. Rocher Noir (auj. Boumerdès) : 36, 128,
Oued Tebane : 421. 450, 463.
el-Oueldja (Kabylie) : 350. rough terrain (terrain rugueux) : 270.
Oujda (Maroc) : 157, 194, 271, 290, 324, Rouïba : 122, 126, 129, 210.
325, 331. Les Rousses : 185.
Ouled Abbas : 347. Rovigo (auj. Bougara) : 231.
Ouled Chebacheb : 126. ruine : 341, 350, 358, 364, 420, 433, 434,
Ouzellaguène : 388. 433, 438, 464.
Oran : 17, 24, 30, 32, 38, 39, 49, 50, 52, Ruisseau (Alger) : 68, 69.
54, 56, 58, 59 69, 90, 91, 93-117, 123, Rwanda : 330.
134, 151, 153, 159, 169, 170, 183, 193, 198,
206, 208, 209-211, 234-238, 241, 260,
263, 276, 278, 279, 283, 290, 294, 297, S
300, 301, 304, 307, 309, 311-313, 317, Santa Cruz (tunnel, Oran) : 278.
318, 320, 324, 352, 373, 390, 419, 452, Sahara : 275-278.
454, 466. Saïda : 290, 344.
Orléansville (auj. Chlef) : 69, 84, 171, Saint-Antoine (Oran) : 100.
206, 234, 238, 285-287, 290, 344, 370. Saint-Arnaud (auj. el-Eulma) : 211.
Ouled Sellem : 375. Saint-Eugène (Oran) : 49, 98.

P
Saint-Eugène (Bologhine, Alger) : 70,
113, 153.
Saint-Ferdinand (domaine) : 371.
Pakistan : 163,206, 285, 306. Saint-Jules (domaine) : 371.
Palestine : 410, 413. Saint-Michel (Plateau, Oran) : 107.
Palestro (auj. Lakhdaria) : 160, 229, 246, Salonique (Grèce) : 306, 313.
294, 306, 371, 437, 480. Sarajevo : 104.
Paul-Cazelles (camp) : 354, 393. Section administrative spécialisée
paysage : 268-273, 280, 292, 340-345, (SAS) : 83, 204, 249, 375)
347, 348, 353, 354, 357, 363-365, 374- Sersou : 73, 373.
376, 388, 447. Sétif : 145, 153, 175-177, 211, 248, 249,
Petit Lac (Oran) : 58, 95, 114, 115, 317. 251, 253, 256-258, 260, 261, 283, 290,
Planteurs (Oran) : 99, 101, 107. 301, 344, 359, 385, 421, 439, 451, 452.
Pologne : 206, 272, 331. Sidi Aïch : 142, 211, 356.
Port Gueydon (auj. Azzefoun) : 274.

97
Sidi Bel-Abbès : 6, 49, 61, 72, 92, 193, Tlemcen : 13, 102, 127, 131, 132, 169, 171 ;,
260, 289, 294, 300, 373. 172, 178, 206, 212, 232, 234, 235, 271,
Sidi Ben Adda (anc. Trois Marabouts) : 283, 285, 288, 290, 338, 445, 470.
466. trains : 166, 280, 324, 325, 331, 412.
Sidi Blal (Oran) : 453. La Trappe (domaine) : 371.
Sidi Lakhdar (Khemis Miliana) : 171. Trézel voir Sougueur
Sidi Mabrouk (Constantine) : 314. Tripoli (Libye) : 12, 156, 157, 182, 193,
Sidi Makhlouf (Laghouat) : 146, 423. 277, 279, 290, 415, 417.
Sidi Moussa : 371. Tolga : 469.
Singes (Vallée des) : 274. Toulouse (France) : 48, 311.
Skikda (anc. Philippeville) : 19, 72, 344. Tunis (Tunisie) : 13, 59, 170, 173, 195,
Souani (Maroc) : 331. 198, 207, 209, 230, 272, 328, 398, 399,
Sougueur (anc. Trézel) : 193, 366,371, 404, 406, 418, 424, 445, 453.
374. Tunisie : 13, 25, 26, 57, 145, 151, 156, 158,
Souk-Ahras : 151, 288, 289, 311, 336, 182, 183, 187, 194, 195, 205, 207, 220,
377, 344. 230, 231, 253, 272, 324, 326, 327, 328,
Souk el-Arba (Tunisie) : 329, 330, 332-334, 336, 337, 345, 347,
Souk el-Had : 374. 351, 356, 357, 377, 398, 404-407, 410,
Souk Naamane (anc. Rouget-de-l’Isle) : 412, 418, 419, 437.
374, 375. Turquie : 306.
Souidani Boudjemaa (domaine) : 363,
369.
Soumaa : 159, 361.
U
Soummam (vallée de la) : 120, 207, 272, université : 25, 48, 59, 199, 218, 220,
Soummam (11, boulevard de la 321, 416, 426.
Soummam, Oran) : 320. usine, entreprise : 68, 69, 84, 155, 196,
stades : 114, 153, 154, 176, 248, 313. 199, 203, 235, 253, 279, 280, 284, 310,
Staoueli : 371. 312, 327, 338, 369, 376, 415, 423, 425,
Suède : 290, 331. 437, 438, 456, 457, 462.
Syrie : 163.
V
T Varsovie : 103.
Tadmaït (camp du Maréchal) : 85, 86, Victor Hugo (Oran) : 50, 95, 115, 210.
90. Vietnam : 143.
Tadmit : 168.
Tamagra (camp) : 355. W
Tamellahat (camp) : 355. al-Walja (Aurès) : 420, 426.
el-Tarf : 344. Washington : 24, 33.
Tazmalt : 88. Wilaya 1 : 90, 183, 185, 192, 270, 285.
Tebessa : 288, 334, 337. Wilaya 2 : 145, 183, 189, 191, 193, 196,
Tenès : 237, 322. 285, 353, 353, 401.
Theniet el-Had : 290. Wilaya 3 : 13, 60, 61, 82, 85, 87, 88, 90,
Tiaret : 193, 210, 290, 371, 373, 453. 142, 181, 184, 185, 188, 192, 197, 227,
Tidjert : 85. 260, 281, 282, 385, 388, 408.
Tighrempt : 440. Wilaya 4 : 13, 89, 156, 184, 187, 193, 194,
Tigounatine : 185, 186. 196, 197, 209, 215, 246, 257, 285-288,
282. 369, 429.
Tizi-Ouzou : 13, 37, 87, 160, 181, 193, Wilaya 5 : 89, 109, 157, 183, 184, 285,
229, 290. 287, 476.
Tizouggaghine (col de) : 270. Wilaya 6 : 130, 285, 286.

98
Z
Zaatcha : 65, 468, 469.
Zanetacci et Drouhot (ferme) : 359.
Zaytūna : 106.
Zentout : 242.
Ziama-Mansouriah : 272.
Zoubiria (anc. Brazza) : 194.
Zone autonome d’Alger : 12, 37, 39, 126,
130, 142, 147, 191, 193, 202, 206, 214,
285, 406, 451.
Zone autonome d’Oran : 109, 110, 115,
193.
Zones interdites : 145, 184, 226, 275,
336, 343, 344, 350, 438.
Zūj Bghāl (poste frontière) : 271.

99
Sommaire

Remerciements .......................................................................................................................................4
Introduction Le sceau de la Révolution ......................................................................................... 6
Déplier 1962 : l’événement et la durée ................................................................................................................... 9
1962 : le récit de la déploration ................................................................................................................................12
1962 : Le récit des vaincus ......................................................................................................................................... 15
L’évidence du peuple ................................................................................................................................................. 18
Les sources .....................................................................................................................................................................21
Le sceau de la Révolution .......................................................................................................................................... 25
Première partie La violence ............................................................................................................... 29
Introduction .......................................................................................................................................... 30
Chapitre 1 Le sang volé...................................................................Error! Bookmark not defined.
Les fractions du réel dans la rumeur ............................................................... Error! Bookmark not defined.
La rumeur en tant que fausse nouvelle ........................................................... Error! Bookmark not defined.
La profondeur historique de la rumeur........................................................... Error! Bookmark not defined.
L’impensable qui vient ......................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Chapitre 2 L’angoisse des Français d’Algérie ........................Error! Bookmark not defined.
Le temps de l’OAS................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
L’angoisse eschatologique .................................................................................. Error! Bookmark not defined.
La saturation des rumeurs et nouvelles .......................................................... Error! Bookmark not defined.
Les rumeurs et l’exode ......................................................................................... Error! Bookmark not defined.
L’apparition des autorités algériennes ........................................................... Error! Bookmark not defined.
Chapitre 3 L’effervescence ...........................................................Error! Bookmark not defined.
La foule insaisissable ............................................................................................ Error! Bookmark not defined.
Une foule jeune........................................................................................................ Error! Bookmark not defined.
L’effervescence comme mouvement social .................................................. Error! Bookmark not defined.
Effervescence et violence..................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Chapitre 4 La vengeance ...............................................................Error! Bookmark not defined.
Une histoire emmêlée ........................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Vue de France ou vue d’Algérie .......................................................................... Error! Bookmark not defined.
Géographie de la violence .................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Une violence populaire ? ...................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Le point de vue des combattants de l’ALN ..................................................... Error! Bookmark not defined.
Que faire des harkis ?............................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Vers le monopole de la violence légitime ....................................................... Error! Bookmark not defined.
1963 ............................................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Chapitre 5 L’événement : Oran 1962 ........................................Error! Bookmark not defined.

100
L’arrière-pays de l’événement .......................................................................... Error! Bookmark not defined.
Il se passe quelque chose à Oran ....................................................................... Error! Bookmark not defined.
La géographie de la ville en guerre ................................................................... Error! Bookmark not defined.
L’attentat .................................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
À l’orée de l’Indépendance.................................................................................. Error! Bookmark not defined.
De l’effervescence festive au paroxysme de la violence ............................ Error! Bookmark not defined.
Après la violence ..................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Chapitre 6 La défaite des messalistes .......................................Error! Bookmark not defined.
Les racines du conflit ............................................................................................ Error! Bookmark not defined.
Faire l’état des lieux .............................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Relancer le parti dans la période transitoire ................................................. Error! Bookmark not defined.
La déréliction ........................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
L’Indépendance et le temps des griefs ............................................................ Error! Bookmark not defined.
Conclusion de la première partie.....................................................................................................33
Deuxième partie Le corps ................................................................................................................... 36
Introduction .......................................................................................................................................... 37
Chapitre 7 Entre-soi .......................................................................Error! Bookmark not defined.
Faire lien .................................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Faire corps ................................................................................................................ Error! Bookmark not defined.
La presse .................................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
La renaissance associative .................................................................................. Error! Bookmark not defined.
L’apparition des failles ......................................................................................... Error! Bookmark not defined.
En être, ou pas ......................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Chapitre 8 Le retour des détenus................................................Error! Bookmark not defined.
La détention comme mobilisation .................................................................... Error! Bookmark not defined.
La libération ............................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Le retournement de l’espace carcéral ............................................................. Error! Bookmark not defined.
L’irrigation ............................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
L’amnistie de juillet............................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Chapitre 9 La démobilisation ......................................................Error! Bookmark not defined.
Les miraculés ........................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
L’annonce ................................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
La fin de la fraternité combattante................................................................... Error! Bookmark not defined.
Les tâches de la transition ................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Aux frontières .......................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Démobilisation et reconversion ........................................................................ Error! Bookmark not defined.
La reprise du temps de la vie .............................................................................. Error! Bookmark not defined.
Chapitre 10 Le corps collectif .......................................................Error! Bookmark not defined.
La petite Algérie de Fontaine Fraîche .............................................................. Error! Bookmark not defined.
Soigner les corps ..................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Contrôler les corps ................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Faire corps collectivement .................................................................................. Error! Bookmark not defined.
La santé face aux défis de l’Indépendance..................................................... Error! Bookmark not defined.

101
La remise en route du système éducatif ......................................................... Error! Bookmark not defined.
Chapitre 11 Les disparus ................................................................Error! Bookmark not defined.
La quête des morts ................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Des petites annonces pour rechercher des disparus .................................. Error! Bookmark not defined.
Annoncer la mort des frères et sœurs de combats ...................................... Error! Bookmark not defined.
Partager les morts et les disparus ..................................................................... Error! Bookmark not defined.
La mission de 1963 ................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Les Chercheurs d’Os .............................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Chapitre 12 Festivités .....................................................................Error! Bookmark not defined.
Le début des festivités en mars.......................................................................... Error! Bookmark not defined.
Les fêtes de juillet et l’inversion du regard ................................................... Error! Bookmark not defined.
Les préparatifs......................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Le déroulement des festivités ............................................................................ Error! Bookmark not defined.
Les exclus de la performance ............................................................................. Error! Bookmark not defined.
Conclusion de la deuxième partie ................................................................................................... 41
Troisième partie L’espace .................................................................................................................. 42
Introduction .......................................................................................................................................... 43
Chapitre 13 La recouvrance ..........................................................Error! Bookmark not defined.
‫[ اﻷطﻼل‬al-aṭlāl] ou la naissance des traces ..................................................... Error! Bookmark not defined.
La souveraineté et le territoire........................................................................... Error! Bookmark not defined.
La traversée d’un pays fragmenté .................................................................... Error! Bookmark not defined.
Sol pollué, sol dangereux, sol réparé ............................................................... Error! Bookmark not defined.
Chapitre 14 Ségrégation.................................................................Error! Bookmark not defined.
Une ségrégation spatiale accrue ........................................................................ Error! Bookmark not defined.
L’exode rural accéléré ........................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Le refuge des quartiers algériens ...................................................................... Error! Bookmark not defined.
Chapitre 15 Le retournement de l’espace ................................Error! Bookmark not defined.
La surprise ................................................................................................................ Error! Bookmark not defined.
Les meubles et les objets ...................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Occuper les quartiers vides ................................................................................. Error! Bookmark not defined.
La révolution urbaine ............................................................................................ Error! Bookmark not defined.
L’héritage des biens vacants .............................................................................. Error! Bookmark not defined.
Chapitre 16 Le rapatriement des réfugiés................................Error! Bookmark not defined.
Géopolitique du rapatriement ............................................................................ Error! Bookmark not defined.
Les réfugiés et l’opération de secours ............................................................. Error! Bookmark not defined.
L’opération de retour ............................................................................................ Error! Bookmark not defined.
Après le retour ......................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Chapitre 17 Le camp ........................................................................Error! Bookmark not defined.
L’archipel des camps............................................................................................. Error! Bookmark not defined.
De la matérialité du camp .................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Début 1962 : Anticiper le dégroupement ........................................................ Error! Bookmark not defined.
L’ouverture du camp ............................................................................................. Error! Bookmark not defined.

102
Quitter le camp ........................................................................................................ Error! Bookmark not defined.
Chapitre 18 La ferme .......................................................................Error! Bookmark not defined.
La manne des terres libérées .............................................................................. Error! Bookmark not defined.
Autogestion héroïque à la ferme Chiris........................................................... Error! Bookmark not defined.
Héritages ................................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Conclusion de la troisième partie ................................................................................................... 45
Quatrième partie Le temps................................................................................................................. 47
Introduction .......................................................................................................................................... 48
Chapitre 19 L’attente ......................................................................Error! Bookmark not defined.
La longue attente de l’Indépendance .............................................................. Error! Bookmark not defined.
Anticiper .................................................................................................................... Error! Bookmark not defined.
La fabrique des futurs ........................................................................................... Error! Bookmark not defined.
L’obsolescence des futurs multiples................................................................ Error! Bookmark not defined.
Le temps des paris.................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Chapitre 20 L’advention................................................................Error! Bookmark not defined.
L’avenir est un pays ambitieux.......................................................................... Error! Bookmark not defined.
Au risque de l’advention ...................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Le pays de nos utopies .......................................................................................... Error! Bookmark not defined.
L’urgence .................................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Plusieurs vies en une ............................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Le temps des possibles ......................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Chapitre 21 1962-1830 ...................................................................Error! Bookmark not defined.
Ketchaoua, octobre 1962...................................................................................... Error! Bookmark not defined.
1830 ............................................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
Ketchaoua, novembre 1962................................................................................. Error! Bookmark not defined.
1871-1962 .................................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
De la réversibilité de la conquête ...................................................................... Error! Bookmark not defined.
Chapitre 22 L’invention du passé...............................................Error! Bookmark not defined.
Le récit de cinéma .................................................................................................. Error! Bookmark not defined.
: ‫ اﻟﺘﻮارﯾﺦ ﺑﻼد‬Le pays des épopées .......................................................................... Error! Bookmark not defined.
Le temps de l’inscription ..................................................................................... Error! Bookmark not defined.
Chapitre 23 Conclusion ...................................................................................................................... 50
1962 : le partage du temps........................................................................................................................................ 50
L’effervescence ............................................................................................................................................................ 53
Le long 1962 .................................................................................................................................................................. 55
Bibliographie et sources .................................................................................................................... 59
Index des personnes et des groupes .............................................................................................. 86
Index des lieux ...................................................................................................................................... 93
Sommaire ............................................................................................................................................. 100

103

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