Math Ematiques Pour Les Sciences A: Universit e Paris 13

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Université Paris 13

Institut Galilée

MATHÉMATIQUES POUR LES SCIENCES A


Licence 1re année
Premier semestre

Département de Mathématiques
Table des matières

1 Nombres Complexes 5
1.1 Les nombres réels ne suffisent pas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2 Forme cartésienne d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.3 Opérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.4 Trigonométrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.5 Forme polaire d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
1.6 Racines ne d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
1.7 Équation du second degré à coefficients complexes . . . . . . . . . . . . . . 33
1.8 Exercices sur les nombres complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

2 Généralités sur les fonctions numériques 39


2.1 Notion d’application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.2 Fonctions numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.3 Continuité et théorème des valeurs intermédaires . . . . . . . . . . . . . . . 53
2.4 Dérivée d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
2.5 Utilisation de la dérivée pour l’étude des fonctions . . . . . . . . . . . . . . 64
2.6 Exercices sur les fonctions numériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

3 Les premières fonctions de référence 73


3.1 Les fonctions trigonométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.2 Les fonctions logarithmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
3.3 Les fonctions exponentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
3.4 Courbes planes d’équation y = f (x) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
3.5 Exercices sur les fonctions de référence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92

4 Les fonctions réciproques de référence 97


4.1 Généralités sur les fonctions réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
4.2 Fonctions puissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101
4.3 Fonctions trigonométriques réciproques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
4.4 Exercices sur les fonctions réciproques de référence . . . . . . . . . . . . . . 114

5 Intégration 117
5.1 Intégrale des fonctions continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
5.2 Primitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
5.3 Méthodes de calcul intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
5.4 Calcul numérique des intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
5.5 Formule de Taylor avec reste intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134

3
5.6 Épilogue : Équations différentielles linéaires du premier ordre . . . . . . . . 137
5.7 Exercices sur l’intégration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
Chapitre 1

Nombres Complexes

Le but de ce premier chapitre est d’introduire une nouvelle famille de  nombres  , les
nombres complexes, qui généralisent les nombres réels. La principale motivation vient de
la résolution des équations polynomiales.

1.1 Les nombres réels ne suffisent pas


Rappelons qu’il existe plusieurs familles de nombres chacune étant une généralisation de
la précédente : les entiers naturels N, les entiers relatifs Z, les nombres rationnels Q et les
nombres réels R,
N⊂Z⊂Q⊂R.

1.1.1 Les équations du second degré à coefficients réels


Dans de nombreux problèmes, on rencontre des équations du type :
ax2 + bx + c = 0 . (E)
où a, b, c sont des réels donnés, avec a 6= 0, et où x est l’inconnue. Pour résoudre une telle
équation, dite du second degré à une inconnue, on commence par la réduire à sa forme
dite canonique (1.1) :
 
2 2 b c
ax + bx + c =a x + x +
a a
 
b c
=a x2 + 2 x +
2a a
et on reconnaı̂t le début du développement de
b 2
   2
2 b b
x+ =x +2 x+
2a 2a 2a
d’où
" 2  # 2
b c b
ax2 + bx + c = a x+ − +
2a a 2a
" #
b 2 b2 − 4ac

2
ax + bx + c = a x + − . (1.1)
2a 4a2

5
6 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

La quantité b2 − 4ac est appelée le discriminant et elle notée traditionnellement ∆.


On distingue alors trois cas de figure.
 Premier cas. Si ∆ > 0, on peut écrire
√ !2
∆ ∆
=
4a2 2a

et l’équation (E) devient :


√ ! √ !
b ∆ b ∆
a x+ + x+ − =0. (1.2)
2a 2a 2a 2a
Il y a alors 2 solutions distinctes
√ √
−b − ∆ −b + ∆
x1 = et x2 = .
2a 2a

Dans ce cas, on peut factoriser l’expression ax2 + bx + c sous le forme suivante

ax2 + bx + c = a(x − x1 )(x − x2 ) .

Ce qui permet de trouver le signe de la quantité ax2 + bx + c en fonction de celui


de x. Si on appelle r1 la plus petite des deux racines x1 , x2 et r2 la plus grande,
soit r2 > r1 , le signe de ax2 + bx + c est donné par le tableau suivant.
x r1 r2
ax2 + bx + c sgn a 0 −sgn a 0 sgn a

 Deuxième cas. Si ∆ = 0, l’équation (E) devient

b 2
 
a x+ =0.
2a
Elle admet alors une seule solution dite  double
b
x0 = −
2a
et on a la factorisation :

ax2 + bx + c = a(x − x0 )2 .

b 2
Dans ce cas, l’expression ax2 + bx + c = a x +

2a est toujours du signe de a.

 Troisième cas. Si ∆ < 0, on a :


" #
b 2

2 ∆
ax + bx + c = a x+ − 2 .
2a 4a
| {z }
strictement positif car ∆<0

On en déduit que l’équation (E) n’a pas de racine réelle et que l’expression ax2 +
bx + c ne peut pas se factoriser grâce aux nombres réels.
1.1. LES NOMBRES RÉELS NE SUFFISENT PAS 7

Exemple.
1. Résoudre 2x2 − 8x + 6 = 0. Peut-on factoriser 2x2 − 8x + 6 ?
Le discriminant de cette équation est ∆ = (−8)2 − 4 × 2 × 6 = 16 = 42 > 0.
Les solutions sont donc

−(−8) − 4 −(−8) + 4
x1 = =1 et x2 = =3 .
2×2 2×2

On en déduit :
2x2 − 8x + 6 = 2(x − 1)(x − 3) .

2. Résoudre 3x2 − 12x + 12 = 0. Peut-on factoriser sur R l’expression 3x2 − 12x + 12 ?


Le discriminant de cette équation est ∆ = (−12)2 − 4 × 3 × 12 = 0.
−12
Elle admet une seule solution x0 = − = 2 et on a :
2×3

3x2 − 12x + 12 = 3(x − 2)2 .

3. Résoudre 2x2 + 8x + 9 = 0. Peut-on factoriser sur R l’expression 2x2 + 8x + 9 ?


Le discriminant de cette équation est ∆ = 82 − 4 × 2 × 9 = −8 < 0.
Il n’y a donc pas de solution réelle et l’expression 2x2 + 8x + 9 ne peut pas se
factoriser sur les nombres réels.
Exercice. Résoudre les équations suivantes :
√ 1 2
6x2 − x − 1 = 0, 3x2 − 2 3x + 1 = 0, x + 2x + 5 = 0.
2
Peut-on factoriser ces expressions sur les nombres réels ?

1.1.2 Un peu d’histoire


Nous venons de voir que toutes les équations de degré 2 n’admettent pas nécessairement de racine
réelle. La plus simple d’entre elles est l’équation x2 = −1, soit

x2 + 1 = 0 . (1.3)

Comme cette dernière n’admet pas de solution dans les nombres réels, les mathématiciens ont in-
troduit un nombre dit imaginaire noté i tel que i2 = −1. Avec celui-ci, ils ont construit les nombres
complexes.

L’introduction de ces nouveaux nombres remonte au XVIe siècle. Les algébristes italiens de l’uni-
versité de Bologne (Del Ferro, Tartaglia, Cardan, ...) ont découvert les formules permettant de
résoudre les équations polynomiales du troisième degré, comme par exemple

x3 − 7x + 6 = 0 . (1.4)

Ils ont constaté un fait qui leur a paru incompréhensible. Chaque fois qu’une équation de ce type
possède trois solutions réelles, comme 1, 2 et -3 pour l’équation précédente, les formules qui leur
permettaient de calculer ces solutions faisaient intervenir des racines carrées de nombres négatifs...
Ils ont alors considéré ces racines carrées comme des  nouveaux nombres  qu’ils ont appelés
8 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

nombres impossibles. Néanmoins l’introduction rigoureuse de ces nouveaux nombres ne s’est pas
faite sans mal.

En 1637, Descartes dans sa Géométrie 1 , propose d’accepter comme solution d’une équation non
seulement les nombres négatifs, mais aussi ceux qui pourraient comporter une  racine carrée d’un
nombre négatif  . Il justifie ceci par un énoncé qui ne sera vraiment démontré qu’au XIXe siècle
et qui deviendra le théorème fondamental de l’algèbre :

Une équation polynomiale de degré n admet n solutions comptées avec multiplicité,


si on accepte les négatives et les racines carrées de nombre négatif.

La construction rigoureuse des nombres complexes n’a été achevée qu’à la fin du XVIIIe siècle. La
notation définitive est due à Euler. Dans  Eléments d’algèbre , il écrit en 1774 en s’inspirant
des régles de calcul pour les racines carrées des nombres positifs :

 Maintenant comme −a signifie autant que +a multiplié par −1, et que la racine carrée d’un
produit se trouve en √ multipliant ensemble√les racines des facteurs, √ il s’ensuit que la racine de a
multiplié
√ par −1, ou −a, est autant que a multiplié par −1.
Or a est un nombre possible ou réel,√par conséquent ce qu’il y a√d’impossible dans une √ quantité
imaginaire,
√ peut toujours
√ se réduire à −1.
√ Par cette raison donc, −4 est√autant que 4 multiplié
√ √
par √−1 et autant
√ que 2 −1, √ à cause de 4 égale à 2. Par la même raison −9 se réduit à 9 −1,
ou 3 −1 et −16 √ signifie 4 −1 . √ √ √ √
De
√ plus comme a multipliée par b fait ab , on aura 6 pour la valeur de −2 multipliée par
−3 . 

Exercice.
1. Comment écrit-on aujourd’hui des expressions comme  signifie autant que  ou  est
autant que  utilisées par Euler ?
2. Quelles sont les différentes règles du calcul algébrique évoquées par Euler ?
Indiquer les égalités correspondant aux différentes phrases du texte.

3. D’après la définition, à quoi est égal ( −1)2 ? √ √
En appliquant les règles du calcul algébrique calculez : −1 . −1.
Ces deux résultats sont-ils compatibles ?
√ √ √
4. Euler écrit aussi : −2. −3 = 6 ! Or, suivant la démarche d’Euler, on va écrire
√ √ √ √ √ √ √ √ √
−2. −3 = 2. −1. 3. −1 = 2. 3.( −1)2 = · · ·

Ces deux égalités sont-elles compatibles ?



Il est donc difficile d’utiliser la notation −a pour un réel a > 0, et de continuer à utiliser les
règles de calcul connues pour les nombres positifs. Euler va lui-même s’apercevoir de ces contra-
dictions. Aussi
√ décidera-t-il de noter par i (début d’ imaginaire ou impossible ) la quantité
   

qu’il notait −1.

On peut tout de suite noter la règle très importante :


La notation  racine carrée  , ne s’utilise qu’avec des nombres réels positifs.
Elle n’a aucun sens pour les autres nombres.

1. d’après  Images, imaginaires, imaginations, une perspective historique pour l’introduction des
nombres complexes  IREM, éd. Ellipses p. 157.
1.2. FORME CARTÉSIENNE D’UN NOMBRE COMPLEXE 9

1.2 Forme cartésienne d’un nombre complexe


1.2.1 Définitions
Nous avons vu qu’il a été nécessaire d’introduire des nombres ayant un carré négatif. Pour
ce faire, les mathématiciens ont introduit le nombre imaginaire i vérifiant i2 = −1 . On
considère alors l’ensemble des  expressions  de la forme

z = x + yi

1

avec x et y réels, comme par exemple 3 − 2i ou 2 − 2i.

Définition (Nombre complexe). L’ensemble des nombres complexes est l’ensemble des
expressions de la forme
z = x + yi, où x, y ∈ R .
Cette forme est appelée forme cartésienne (ou forme algébrique). On note l’ensemble des
nombres complexes par la lettre C.

Définition (Parties réeles et imaginaires, conjugué, module).


 Le nombre réel x est appelé la partie réelle de z. On le note Re z = x .
 Le nombre réel y est appelé la partie imaginaire de z. On le note Im z = y .
 Le nombre complexe x − yi est appelé le complexe conjugué de z. On le note
z̄ = x − yi .
p
 Le nombre réel positif x2 + y 2 est appelé le module de z. On le note
p
|z| = x2 + y 2 .

√ 1i et −i pour −1i. Ainsi on a par exemple


Notation. On écrit 0 pour 0i, on√écrit i pour
2 + 0i = 2 et −3 + 1i = −3 + i et 2 − 1i = 2 − i ...

Terminologie. Un nombre complexe z = x+yi est dit réel si y = Im z = 0, on note alors


simplement z = x. Par conséquent, l’ensemble des nombres complexes contient l’ensemble
des nombres réels, c’est-à-dire R ⊂ C. De la même manière, un nombre complexe z est dit
imaginaire pur si x = Re z = 0 on note alors z = yi. Le nombre complexe nul 0 = 0 + 0i
est le seul nombre complexe à la fois réel et imaginaire pur.

1.2.2 Représentation dans le plan


On travaille dans le plan que l’on munit d’un repère orthonormé (O, →

e1 , →

e2 ). Il existe une
correspondance entre le nombre complexe z de forme cartésienne x + i y et le point M de
coordonnées (x, y).

M (z)
y

1 x
10 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

On dit alors que le point M est l’image ponctuelle de z et que le nombre complexe z est
l’affixe de M .

De la même manière, il existe une correspondance entre le nombre complexe z de forme


−−→ →
− →

cartésienne x + i y et le vecteur OM = x i + y j .

M (z)
y
−−→
OM
~e2

O ~e1 x

−−→
On dit alors que le vecteur OM est l’image vectorielle de z et que le nombre complexe z
−−→
est l’affixe du vecteur OM .

Propriétés.
 Deux nombres complexes sont égaux si et seulement si leurs images sont confondues,
c’est-à-dire s’ils ont la même partie réelle et la même partie imaginaire :

x + yi = x0 + y 0 i ⇐⇒ x = x0 et y = y 0 .

 Le complexe conjugué z = x − yi a pour image ponctuelle le symétrique de l’image


de z par rapport à l’axe des abscisses Ox.
M (z)
y

−y
M (z̄)
 Le complexe opposé −z = −x−yi a pour image ponctuelle le symétrique de l’image
de z par rapport l’origine O.
1.3. OPÉRATIONS 11

y M (z)

−x O x

M (−z) −y
On en déduit les équivalences suivantes

z est réel ⇐⇒ z=z


z est imaginaire pur ⇐⇒ z = −z .

 La distance OM est égale au module de z. Ainsi, le cercle de rayon r et de centre


O est l’ensemble des points M du plan dont l’affixe z vérifie l’équation | z | = r.

1.3 Opérations
1.3.1 Somme et produit
Définition (Somme et produit). L’addition et la multiplication de deux nombres com-
plexes sont définies exactement de la même façon que pour les fonctions polynômes, le
nombre i jouant le rôle de la variable. Il faut seulement respecter le fait que i2 = −1.

Exemple. Soit f (x) = 3 + 2x et g(x) = 5 − 4x. On a en développant :

f (x) + g(x) = (3 + 2x) + (5 − 4x) = 3 + 5 + 2x − 4x = 8 − 2x ,


f (x)g(x) = (3 + 2x)(5 − 4x) = 15 − 12x + 10x − 8x2 = 15 − 2x − 8x2 .

De même, pour les deux nombres complexes 3 + 2i et 5 − 4i, on a :

(3 + 2i) + (5 − 4i) = 3 + 5 + 2i − 4i = 8 − 2i ,
(3 + 2i)(5 − 4i) = 15 − 12i + 10i − 8i2 = 15 − 2i − 8(−1) = 23 − 2i .

La formule générale définissant la somme et le produit de deux nombres complexes est

(x + yi) + (x0 + y 0 i) = (x + x0 ) + (y + y 0 )i ,
(x + yi)(x0 + y 0 i) = (xx0 − yy 0 ) + (xy 0 + x0 y)i .

Propriétés. Toutes les propriétés de l’addition et de la mutiplication des nombres réels


restent vraies pour les nombres complexes. Ainsi, il est facile de vérifier que 2 :
 z + 0 = 0 + z = z, 1z = z1 = z et 0z = z0 = 0 .
 z+ z0 = z0 +z et zz 0 = z0z .
2. à faire au moins une fois !
12 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

 z + (z 0 + z 00 ) = (z + z 0 ) + z 00 et z(z 0 z 00 ) = (zz 0 )z 00 .
 z(z 0 + z 00 ) = zz 0 + zz 00 .
 zz 0 = 0 alors z = 0 ou z 0 = 0 .

Exercice. Démontrer la dernière propriété : si zz 0 = 0 alors z = 0 ou z 0 = 0. Énoncer la


propriété  contraposée  .

Remarque. Comme la multiplication des nombres réels, la multiplication des nombres


complexes est commutative, c’est-à-dire zz 0 = z 0 z. En particulier, on a yi = iy ce qui
donne x + yi = x + iy. Ceci qui explique pourquoi de nombreux cours définissent les
complexes avec la notation x + iy. Désormais, nous utiliserons indifféremment l’une ou
l’autre écriture.

Définition (Opposé, différence de nombres complexes).


Pour tout nombre complexe z = x + yi ∈ C, le nombre complexe −1z = −x − yi est
l’unique nombre complexe z 0 tel que z + z 0 = 0 ; ce nombre complexe est l’opposé de z et
on le note simplement par −z.
La différence z − z 0 de deux nombres complexes, est définie par z − z 0 = z + (−z 0 ).

1.3.2 Les coefficients binomiaux et la formule du binôme de Newton


On prend le temps ici de rappeler la définition des coefficients binomiaux et leur utilité
dans la formule du binôme de Newton. Cette dernière, vraie au niveau des nombres réels,
reste valable au niveau des nombres complexes.

Définition (Coefficients binomiaux). Pour tout entier n et tout entier 0 6 k 6 n, le


coefficient binomial nk est égal au nombre de sous-ensembles à k éléments d’un ensemble


à n élélements. Il vaut explicitement


 
n n!
= , (1.5)
k k!(n − k)!

avec k! = 1 × 2 × . . . × (k − 1) × k et 0! = 1. Par convention, pour tout entier n et tout


entier k < 0 ou k > n, ils sont nuls.

Remarque. Par exemple, on a n0 = 1 et nn = 1. Les coefficients binomiaux sont aussi


 

notés Cnk .

Vous pouvez avoir la fausse impression que comme on a une formule explicite, on va
pouvoir calculer les coefficients binomiaux avec ... Il n’en est rien ! La raison est simple :
le calcul de n! dépasse très rapidement les capacités des ordinateurs. On va donc ruser et
utiliser la propriété suivante.

Propriétés. Les coefficients binomiaux vérifient la formule de récurrence 3


     
n n−1 n−1
= + . (1.6)
k k−1 k
3. Nous aurions aussi pu les définir comme cela.
1.3. OPÉRATIONS 13

On peut donc calculer les coefficients binomiaux à l’aide du triangle de Pascal 4 : on met
des 1 sur le bord du triangle, et chaque élément est la somme des deux éléments situés
au-dessus de lui.
1 n=0
1 1 n=1
1 2 1 n=2
1 3 3 1 n=3
1 4 6 4 1 n=4
1 5 10 10 5 1 n=5
1 6 15 20 15 6 1 n=6
n

Ainsi le coefficient binomial k est le k-ième élément de la n-ième ligne (les lignes et les
colonnes sont comptées à partir de 0). Par exemple, 62 = 15.


Exercice. Montrer qu’à partir de la définition (1.5), les coefficients binomiaux nk vérifient


bien la relation (1.6).


Théorème 1 (Formule du binôme de Newton). Soient z, z 0 ∈ C, n ∈ N,
n  
0 n
X n k 0 n−k
(z + z ) = z (z ) .
k
k=0

Démonstration. — Effectuons une démonstration par récurrence : soit Pn la propriété


n  
0 n
X n k 0 n−k
(z + z ) = z (z ) .
k
k=0

Initialisation : la propriété P1 est trivialement vraie : z + z 0 = z + z 0 .


Hérédité : supposons que la propriété Pn soit vraie pour une valeur n ∈ N, alors on écrit

(z + z 0 )n+1 = (z + z 0 )(z + z 0 )n
n  
!
X n
= (z + z 0 ) z k (z 0 )n−k
k
k=0
n   n  
X n k+1 0 n−k X n k 0 n−k+1
= z (z ) + z (z )
k k
k=0 k=0
n   n  
X n k+1 0 (n+1)−(k+1) X n k 0 (n+1)−k
= z (z ) + z (z )
k k
k=0 k=0
n+1
X n  0 n  
k 0 (n+1)−k0
X n k 0 (n+1)−k
= 0
z (z ) + z (z )
k −1 k
k0 =1 k=0
n    
X
l 0 (n+1)−l n n
= z (z ) + + z n+1 + (z 0 )n+1
l−1 l
l=1
n+1
X n + 1 
= z l (z 0 )(n+1)−l .
l
l=0

4. qui était déjà connu des chinois depuis bien longtemps ...
14 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

Ceci montre que le propriété Pn+1 est vraie et termine cette démonstration 5 . 

1.3.3 Inverse et quotient


Les calculs sur les inverses utilisent le résultat simple ci-dessous (à démontrer) :

Pour tout z ∈ C, zz = |z|2 . (1.7)

Proposition 1. Pour tout nombre complexe z ∈ C \ {0}, il existe un unique z 0 ∈ C tel



que zz 0 = 1 et ce dernier vaut .
|z|2
Démonstration. — Commençons par montrer l’unicité, c’est-à-dire que : pour tout
z ∈ C non nul donné, si il existe un nombre z 0 ∈ C tel que zz 0 = 1 alors il n’y en aura pas
d’autre. La méthode est très générale et s’applique dans de nombreux cas. Son principe est
facile : pour montrer qu’un objet est unique, on suppose qu’il en existe deux de la sorte
et ... on montre que les deux sont confondus ! Pour le cas présent, considérons donc qu’il
existe deux nombres complexes z 0 et z” tels que zz 0 = 1 et zz” = 1. On aurait alors :
zz 0 = zz” donc zz 0 − zz” = 0 soit z(z 0 − z”) = 0. Or, comme z 6= 0, ce produit est nul
seulement pour z 0 − z” = 0 c’est-à-dire pour z 0 = z”. L’unicité est donc établie.
z
Il reste à montrer l’existence. Comme zz = |z|2 par la formule (1.7), on a z 2 = 1 et
|z|
z
ainsi, z 0 = 2 est solution. 
|z|
Définition (Inverse d’un nombre complexe). Pour tout nombre complexe z non nul,
l’unique z 0 tel que zz 0 = 1 est appelé l’inverse de z et noté z −1 ou z1 et vaut

z −1 = .
|z|2
Avec la notion d’inverse, on peut maintenant définir le quotient d’un nombre complexe
par un autre non nul.
Définition (Quotient de deux nombres complexes). Si z, z 0 ∈ C et si z 0 6= 0, le
z
quotient de z par z 0 noté 0 est défini par 6
z
z 1
0
:= z × 0 .
z z
En pratique, pour calculer le quotient de deux nombres complexes, la seule idée à retenir
est :  on multiple le numérateur et le dénominateur par le conjugué du dénominateur  .
Cela donne, par exemple :
1 + 2i (1 + 2i)(2 + 3i) −4 + 7i 4 7
= = =− +i .
2 − 3i (2 − 3i)(2 + 3i) 13 13 13
Ceci permet de transformer le nombre complexe au dénominateur en un nombre réel !
5. Vous aurez remarqué qu’il s’agit là de la même dḿonstration que pour les nombres réels ! Pas
étonnant, on utilise les mêmes propriétés de calcul.
6. Le symbole := n’est pas le signe égal habituel ; il signifie  égal par définition  . On l’utilise donc
lorsque l’on définit un objet nouveau. Il traduit une dissymétrie : le membre de gauche est le nouvel objet
que l’on cherche à définir, alors que le membre de droite est quelque chose qui existe déjà.
1.3. OPÉRATIONS 15

z
Exercice. Calculer le quotient 0 dans chacun des cas suivants :
0
√ √z
1. z = 1 − i, z = 2 + 2i ,

2. z = 1 − i, z 0 = 1 + i 3 ,

3. z = − 3 − i, z 0 = i ,
4. z = 3 + 2i, z 0 = 3 − 2i .

1.3.4 Interprétation géométrique


−−→
Étant donnés deux nombres complexes z = x + yi et z 0 = x0 + y 0 i, si on note ~u = OM et
−−−→
~v = OM 0 les vecteurs du plan complexe d’affixe z et z 0 , le nombre z + z 0 est l’affixe du
vecteur ~u + ~v , que l’on obtient en dessinant le parallélogramme suivant.

M (z + z 0 )
M (z 0 )

M (z)

Exercice.
1. Montrer que la multiplication d’un nombre complexe par i correspond à la rotation
de centre O et d’angle π2 .
2. Soit λ un nombre réel. Quelle est l’interprétation géométrique de la multiplication
d’un nombre complexe par le réel λ ?
Si M et M 0 sont respectivement les points du plan complexe d’affixe z et z 0 , la différence
−−−→ −−→ −−−→
z −z 0 est l’affixe du vecteur M 0 M = OM − OM 0 . Pour le module on a donc |z −z 0 | = M M 0 .
Ainsi, le cercle de centre A (d’affixe a) et de rayon r est l’ensemble des points du plan
ayant pour affixes les nombres complexes z tels que |z − a| = r.

M (z 0 )

M (z)

M (z − z 0 )
M (−z 0 )
16 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

Exercice. On considère les points A et B du plan complexe d’affixes respectives 1 − 5i


et −3 + 3i.
1. Déterminer l’équation cartésienne de la médiatrice ∆ du segment [AB].
2. Déterminer l’équation cartésienne du cercle de centre C d’affixe 3 tangent à ∆.

1.3.4 Conjugaison, module et opérations

Pour terminer cette section, nous donnons quelques relations et propriétés liées à la conju-
gaison et au module notamment.
Propriétés. La conjugaison des nombres complexes vérifie les propriétés suivantes.
z z̄
 z + z 0 = z̄ + z̄ 0 , z.z 0 = z̄.z̄ 0 et 0
= 0 .
z z̄
z + z̄ z − z̄
 Re z = et Im z = .
2 2i
 z = z̄ si et seulement si z est réel.
 z = −z̄ si et seulement si z est imaginaire pur.
Les démonstrations sont laissées aux lecteur-trice-s comme un bon exercice. On retiendra
que la conjugaison est compatible avec les opérations (première propriété), et qu’elle per-
met, avec les trois dernières relations, de déterminer si un nombre complexe est réel ou
imaginaire pur.
Propriétés. Le module des nombres complexes vérifie les propriétés suivantes.
 |z|2 = z z̄, déjà vue en (1.7).
 |Re z| ≤ |z|, |Im z| ≤ |z| et |z| = |z̄| .
z |z|
 |z.z 0 | = |z|.|z 0 | et 0 = 0 .

z |z |
0 0
 |z + z | ≤ |z| + |z |, (inégalité triangulaire).
 |z| − |z 0 | ≤ |z − z 0 | .

On retiendra que le module est compatible avec le produit et le quotient (troisième pro-
priété). Par contre, on a seulement une inégalité pour la somme, qui correspond à l’inégalité
triangulaire de le représentation graphique.

Démonstration. —
 La deuxième propriété s’obtient par calculs directs.
 Pour la troisième on peut par exemple utiliser (1.7) et la première propriété précédente.
 La démonstration de l’inégalité triangulaire n’est pas directe. Avec (1.7), on a

|z + z 0 |2 = (z + z 0 )(z + z 0 ) = (z + z 0 )(z̄ + z¯0 ) = |z|2 + |z 0 |2 + z z̄ 0 + z̄z 0 .

Or z̄z 0 = zz 0 , donc z z̄ 0 + z̄z 0 = z z̄ 0 + z z̄ 0 = 2Re (z z̄ 0 ) ≤ 2|z z̄ 0 | = 2|z||z 0 | .


Ainsi, on obtient avec la première égalité

|z + z 0 |2 ≤ |z|2 + |z 0 |2 + 2|z||z 0 | = (|z| + |z 0 |)2 ,

ce qui donne l’inégalité triangulaire puisque deux nombres positifs sont dans le
même ordre que leurs carrés (la fonction x 7→ x2 est croissante sur R+ ).
1.4. TRIGONOMÉTRIE 17

 La dernière inégalité se déduit de la précédente, en écrivant z = (z − z 0 ) + z 0 .




Exercice.
1. Soit M un point du plan d’affixe z 6= 0. Construire le point M 0 d’affixe z1 .
5z − 2
2. Comment faut-il choisir z pour que Z := soit réel ?
z−1
3. Déterminer l’ensemble des nombres complexes z tels que (z + 1)(z̄ − i) soit un
imaginaire pur.

1.4 Trigonométrie
1.4.1 Angles orientés et première définition
Les fonctions trigonométriques s’appliquent à des angles orientés, notion que nous com-
mençons donc par définir.

Définition (Angle orienté). Un angle orienté Θ est défini par deux demi-droites D1
(demi-droite initiale) et D2 (demi-droite finale) partant d’un même point A.

D2

∆ +
Hypothénuse

Côté opposé

A D1
C
Côté adjacent

On choisit le sens inverse de parcourt des aiguilles d’une montre comme orientation posi-
tive du plan.

Considérons un point C de la demi-droite D1 et traçons la perpendiculaire ∆ à D1 passant


par C. Elle coupe la demi-droite D2 en un point B. On obtient ainsi un triangle rectangle
ABC. On pourrait alors définir les fonctions trigonométriques de la manière suivante.

Définition (Cosinus, sinus, tangente).


 Le cosinus de l’angle Θ est défini par

||AC|| longueur du côté adjacent


cos Θ := = .
||AB|| longueur de l’hypoténuse
18 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

 Le sinus de l’angle Θ est défini par

||BC|| longueur du côté opposé


sin Θ := = .
||AB|| longueur de l’hypoténuse

 La tangente de l’angle Θ est définie par

||BC|| longueur du côté opposé


tan Θ := = .
||AC|| longueur du côté adjacent

On remarque immédiatement la relation :

sin Θ
tan Θ = .
cos Θ

Attention. Est-ce que le cosinus, le sinus et la tangente sont ainsi bien définis ? Il y a en
effet un problème potentiel : nous avons choisi un point C quelconque. Or, si on considère
un autre point C 0 de la demi-droite D1 , la longueur ||AC 0 ||, par exemple, est différente de
la longueur ||AC|| ...
Dans ce cas, à partir du nouveau point C 0 , effectuons les mêmes constructions que pré-
cédement avec C. On considère donc la perpendiculaire ∆0 à la demi-droite D1 passant
par C 0 . Cette dernière coupe la demi-droite D2 en B 0 . On peut alors utiliser le théorème
attribué à Thalès pour conclure que les rapports suivants sont égaux :

||AC|| ||AC 0 || ||BC|| ||B 0 C 0 || ||BC|| ||B 0 C 0 ||


= , = , et = .
||AB|| ||AB 0 || ||AB|| ||AB 0 || ||AC|| ||AC 0 ||

Les fonctions cosinus, sinus et tangente sont donc bien définies. On peut les calculer en
utilisant n’importe quel point C de D1 . (Ouf !)

Cette construction qui définit les fonctions trigonométriques fonctionne bien pour un angle
Θ aigu, mais elle ne tient déjà plus si on prend un angle droit. Pour pallier ce problème,
on va considère une nouvelle définition plus générale des fonctions trigonométriques.

1.4.2 Cercle trigonométrique et mesure d’angles orientés


Dans la suite, on considère le plan P est muni d’un repère orthonormé R = (O,~i, ~j).

Définition (Cercle trigonométrique). Le cercle orienté C centre O et de rayon 1 est


appelé le cercle trigonométrique.

On peut mesurer un angle orienté Θ, c’est-à-dire lui associer un nombre réel θ à la partie
située entre les deux demi-droites D1 et D2 .

Définition (Mesure d’angle orienté). La mesure d’un angle orienté est égale à la
longueur de l’arc correspondant sur le cercle trigonométrique. L’unité de mesure s’appelle
le radian.
1.4. TRIGONOMÉTRIE 19

θ
Θ

Par exemple, la mesure de l’angle plat vaut π ≈ 3, 14 . . . qui est la longueur du demi-cercle
trigonométrique.

Attention. Tout angle se mesure, mais cette mesure n’est pas unique, elle n’est bien
définie que modulo l’ajout d’un multiple de 2π, ce qui correspond à faire plusieurs tours
sur le cercle trigonométrique.

Prenez bien soin à ne pas confondre un angle Θ (défini par deux demi-droites) et une
mesure θ de l’angle (un nombre); c’est d’ailleurs pour cela que nous avons représenté le
premier par une majuscule et le second par une minuscule 7 .

Définition (Angle polaire). L’angle polaire d’une demi-droite [OB) d’origine l’origine
du repère, est l’angle orienté (OA, OB) où A est le point de coordonnées (1, 0).

En d’autres termes l’angle polaire de la demi-droite [OB) est l’angle orienté représenté
par la demi-droite de l’axe des abscisses positifs et la demi droite [OB).

1.4.3 Définition générale du cosinus, du sinus et de la tangente

Grâce à la mesure d’angle, on peut identifier un angle avec une de ses mesures et définir
sinus, le cosinus et la tangente en toute généralité de la manière suivante. À tout nombre
réel θ, on associe le point M (θ) intersection du cercle trigonométrique C avec la demi-droite
d’origine O et d’angle polaire θ en radian.

7. Voyez ce que la rigueur mathématique pousse à faire.


20 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

M (θ)

Autrement dit, le point M (θ) est la seconde extrémité de l’arc de cercle de C d’origine
(1, 0) obtenu de la façon suivante :
 Si θ ≥ 0, on considère sur le cercle trigonométrique C un arc de cercle de longueur
θ dans le sens positif à partir du point (1, 0).
 Si θ < 0, on considère sur le cercle trigonométrique C un arc de cercle de longueur
|θ| dans le sens négatif à partir du point (1, 0).

Définition (Cosinus, sinus et tangente).


 Le cosinus du nombre réel θ est l’abscisse du point M (θ) ; on le note cos θ.
 Le sinus du nombre réel de θ est l’ordonnée du point M (θ) ; on le note sin θ.
 La tangente du nombre réel de θ est la pente de la droite (OM (θ)) ; on la note
tan θ.


Attention. La tangente n’est bien définie que pour θ ∈ R \ 2 + kπ, k ∈ Z .

On appelle axe des tangentes la droite d’équation x = 1 formée des points du plan d’abs-
cisse 1.

Proposition 2. La tangente tan θ est égale à l’ordonnée du point d’intersection T (θ) de


la droite (OM (θ)) avec l’axe des tangentes. Cette dernière vaut

sin θ
tan θ = .
cos θ
1.4. TRIGONOMÉTRIE 21

T (θ)
M (θ)

y sin θ
tan θ = =
sin θ = y x cos θ

O cos θ = x

1.4.4 Propriétés du cosinus, du sinus et de la tangente

On trouvera ci-dessous le tableau des valeurs caractéristiques du cosinus, du sinus et de


la tangente.

π π π π
θ 0
6 4 3 2
√ √
3 2 1
cos θ 1 0
2 2 2
√ √
1 2 3
sin θ 0 1
2 2 2

3 √
tan θ 0 1 3 +∞
3

Pour s’en souvenir, on peut utiliser le moyen mnémotechnique suivant :

√ √ √ √ √
4 3 2 1 1 0
1= , , , = , 0= .
2 2 2 2 2 2

On peut aussi tracer le cercle trigonométrique.


22 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

π
3

π
4
π
2 π
6
√ √
0 1 2 3 1
2 2 2

Exercice.
1. Tracer dans le plan complexe l’axe des tangentes et placer les points M (θ) et T (θ)
pour  
π π π π 2π 5π 4π
θ ∈ − ,− , , , , , .
3 6 6 3 3 6 3
2. En déduire les valeurs correspondantes de tan θ.
Proposition 3 (Périodicité). Puisque le périmètre du cercle trigonométrique vaut 2π,
on a pour tout réel θ, M (θ) = M (θ + k2π), k ∈ Z. On en déduit que les fonctions sinus et
cosinus sont des fonctions périodiques de période 2π.

cos(θ) = cos(θ + 2π) et sin(θ) = sin(θ + 2π) .

Pour tout réel θ ∈ R\ π2 + kπ, k ∈ Z , on a T (θ) = T (θ+kπ), k ∈ Z, la fonction tangente




est donc périodique de période π.

tan (θ) = tan (θ + π) .

De manière plus générale, nous avons les relations suivantes.


Propriétés.

sin(−θ) = − sin θ sin(π + θ) = − sin θ sin(π − θ) = sin θ


cos(−θ) = cos θ cos(π + θ) = − cos θ cos(π − θ) = − cos θ
π  π 
cos + θ = − sin θ sin + θ = cos θ
2 2
π  π 
cos − θ = sin θ sin − θ = cos θ
2 2
De même
π pour tan θ, en considérant les relations précédentes, on obtient pour tout θ ∈
R \ 2 + kπ, k ∈ Z :

tan (−θ) = −tan θ tan (π + θ) = tan θ tan (π − θ) = −tan θ.

Il va de soi qu’il faut savoir ces formules. Remarquez qu’on peut les retrouver rapidement
en dessinant le cercle trigonométrique, cf. les exemples donnés dans les figures suivantes.
1.4. TRIGONOMÉTRIE 23

sin θ

π+θ

θ
cos (π + θ) = − cos θ
O cos θ

sin (π + θ) = − sin θ

π−θ

sin θ

cos (π − θ) = − cos θ cos θ

sin π2 + θ


= cos θ
π
2 +θ

sin θ

θ
π

cos + θ = sin θ cos θ
2
24 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

Plus généralement, nous avons les formules suivantes dues à De Moivre.

Théorème 2 (Formules de De Moivre).

cos(α + β) cos α cos β − sin α sin β


= ,
cos(α − β) =
cos α cos β + sin α sin β ,
sin(α + β) =
sin α cos β + cos α sin β ,
sin(α − β) sin α cos β − cos α sin β
= ,
cos 2α cos2 α − sin2 α ,
=
sin 2α =
2 sin α cos α ,
tan α + tan β
tan (α + β) = .
1 − tan α tan β

Enfin, on se souviendra qu’en appliquant le théorème attribué à Pythagore, on obtient la


relation
cos2 θ + sin2 θ = 1 .

Exercice.
1. Soit θ ∈ R \ {k π2 ; k ∈ Z}. Exprimer en fonction de tan θ, les réels
π  π 
tan +θ et tan −θ .
2 2

1
2. Démontrer la formule suivante : 1 + tan 2 θ = .
cos2 θ

1.5 Forme polaire d’un nombre complexe


1.5.1 Coordonnées polaires
Pour repérer un point M dans le plan, on peut utiliser les coordonnées cartésiennes (x, y),
mais aussi les coordonnées polaires (r, θ) où r est la longueur du segment OM et θ est une
−→ −−→
mesure de l’angle (Ox, OM ).

M (z)
r sin θ = y

sin θ M (z/r) θ
1

cos θ r cos θ = x
1.5. FORME POLAIRE D’UN NOMBRE COMPLEXE 25

Propriétés. Les relations entre coordonnées cartésiennes et coordonnées polaires sont


données par les formules suivantes.
p
x = r cos θ r = x2 + y 2
et x y .
y = r sin θ cos θ = p , sin θ = p
x + y2
2 x + y2
2

Tout nombre complexe z = x + iy peut donc s’écrire sous la forme z = r(cos θ + i sin θ),
avec r un nombre réel positif.

Définition. L’écriture
z = r(cos θ + i sin θ)
p
avec r ≥ 0 est appelée la forme trigonométrique de z. Dans ce cas, r = x2 + y 2 est le
module de z. On appelle la mesure d’angle θ un argument de z (car θ est défini seulement
modulo 2π) et on le note arg(z).

Remarque. Deux nombres complexes non nuls, exprimés sous forme polaire, sont égaux
si et seulement s’ils ont le même module et si leurs arguments diffèrent de 2kπ avec k ∈ Z.

La méthode pour trouver la forme trigonométrique d’un nombre


p complexe z = x + iy est
assez simple : on commence par calculer son module |z| = x2 + y 2 , puis on le factorise
par son module !
x y
z = |z| p +p ,
x2 + y 2 x2 + y 2
enfin on reconnait, des valeurs connues du cosinus et du sinus d’un même angle.

Exemple. On considère le nombre complexe z = 1 + i. On commence par calculer son


module √ √
|z| = 1 + 1 = 2 .
On factorise ensuite z par son module pour faire apparaı̂tre cos θ et sin θ :
 
√ √
√ √  2
 
1 1 2
z = 2 √ + i√ = 2 +i  .
2 2  2
|{z} 2
|{z}

=cos θ =sin θ

Du tableau des valeurs des fonctions trigonométriques


√ donné
√ ci-dessus, on sait que seul
l’angle de mesure θ = π4 vérifie cos π4 = 22 et sin π4 = 22 . Au final, la forme trigo-
nométrique de z est
√  π π
z = 1 + i = 2 cos + i sin .
4 4

Exercice. Écrire sous forme trigonométrique les nombres complexes suivants :


√ √
1 − i, −1 + i, i, 1 + i 3, − 3 − i .

La forme trigonométrique se prête particulièrement bien au calcul du produit


(et du quotient) de nombres complexes.
26 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

Propriétés. Soient z1 = r1 (cos θ1 + i sin θ1 ) et z2 = r2 (cos θ2 + i sin θ2 ) deux nombres


complexes exprimés sous forme trigonométrique. Leur produit vaut

z1 z2 = r1 r2 (cos(θ1 + θ2 ) + i sin(θ1 + θ2 )) .

On en déduit les relations :

| z 1 z2 | = | z1 | | z2 | et arg(z1 z2 ) = arg(z1 ) + arg(z2 ) (mod 2π)

et si z 6= 0,
 
1
= 1 et arg
1
= − arg(z) (mod 2π) .
z |z| z

Démonstration. — La première formule découle directement de la formule de De


Moivre :

z 1 z2 = r1 (cos θ1 + i sin θ1 )r2 (cos θ2 + i sin θ2 )


= r1 r2 (cos θ1 cos θ2 − sin θ1 sin θ2 )

+i(cos θ1 sin θ2 + sin θ1 cos θ2 )

=
|{z} r1 r2 cos(θ1 + θ2 ) + i sin(θ1 + θ2 ) .
formules de de Moivre

Le reste se montre directement. 

Comme l’image dans le plan du conjugué d’un nombre complexe est donnée par le symétrique
par rapport à l’axe des abscisses, on a la relation

arg(z) = − arg(z) (mod 2π) .

1.5.2 Écriture exponentielle de la forme polaire

π
iz = rei(θ+ 2 )
x

z = reiθ
y

−y x

−y
z̄ = re−iθ
1.5. FORME POLAIRE D’UN NOMBRE COMPLEXE 27

Définition (Forme polaire). Par convention, on note tout nombre complexe de module
1 sous la forme :
eiθ := cos θ + i sin θ .
Dès lors, on peut l’utiliser pour représenter tout nombre complexe :

z = reiθ ,

où r = |z|. Cette écriture est appelée la forme polaire du nombre complexe z.

Grâce aux formules de De Moivre, on voit que cette exponentielle complexe vérifie les
mêmes règles de calcul que l’exponentielle réelle :

eiα eiβ = (cos α + i sin α) (cos β + i sin β) = cos(α + β) + i sin(α + β) = ei(α+β) .

Avec cette écriture, les différentes propriétés, que nous avons rencontrées précédement,
s’écrivent de manière suivante.

iθ iθ r1 = r2
 Égalité : r1 e = r2 e
1 2 ⇐⇒ .
θ1 = θ2 (mod 2π )

 Conjugaison : eiθ = e−iθ .



 Module : reiθ = r .
 Produit : (r1 eiθ1 )(r2 eiθ2 ) = r1 r2 ei(θ1 +θ2 ) .
r1 eiθ1 r1 i(θ1 −θ2 )
 Quotient : pour r2 6= 0, iθ
= e .
r2 e 2 r2

Exercice. Écrire sous forme cartésienne les nombres complexes suivants :


π π π √ π
2ei 6 , 3e−2i 3 , e−i 6 , 3eiπ , 3ei 4 .

1.5.3 Interprétation géométrique


Produit par un nombre complexe de module 1. Soit ω ∈ C, de module |ω| = 1,
donc ω = eiθ0 . Considérons l’application Rθ0 de C−→C qui à z associe ωz. Si z = reiθ ,
alors ωz = rei(θ+θ0 ) , c’est-à-dire que ωz est le nombre complexe de même module que z et
d’argument θ + θ0 . L’application Rθ0 est donc la rotation d’angle θ0 et de centre O.

Produit par un nombre complexe non nul. Considérons maintenant a ∈ C∗ tel


que a = ρ0 eiθ0 , et l’application qui à z associe az. On a az = ρ0 rei(θ+θ0 ) , c’est-à-dire que le
point d’affixe az a pour module ρ0 r et pour argument θ + θ0 . On l’obtient donc en faisant
tourner autour de O le point d’affixe z d’un angle θ0 , puis en faisant une homothétie de
rapport ρ0 (ou en faisant l’homothétie puis la rotation, l’ordre n’a ici pas d’importance).

Construction de l’inverse d’un nombre complexe non nul. Si z = reiθ 6= 0,


alors z −1 = 1/z = (1/r)e−iθ , c’est-à-dire le nombre complexe de module 1/r et d’argument
−θ. On effectue donc une symétrie par rapport à l’axe Ox, suivie d’une homothétie de
rapport 1/|z|2 = 1/r2 . La transformation géométrique qui au point d’affixe z associe le
point d’affixe z̄ −1 s’appelle l’inversion.
28 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

1.5.4 Formules d’Euler et linéarisation


Théorème 3 (Formules d’Euler ). Tout θ ∈ R vérifie

eiθ + e−iθ eiθ − e−iθ


cos θ = et sin θ = .
2 2i

Démonstration. — La démonstration découle directement de la forme polaire, par


exemple :

eiθ + e−iθ (cos θ + i sin θ) + (cos θ − i sin θ) 2 cos θ


= = = cos θ .
2 2 2


On peut utiliser ces formules pour linéariser les expressions cosn θ et sinn θ, ce qui revient
à en donner une expression qui ne contient aucun produit de fonctions trigonométriques.
Cette opération est possible, en utilisant deux fois les formules d’Euler : d’abord on
développe
n
e + e−iθ
 iθ
n
cos θ =
2
à l’aide de la formule du binôme, puis on réordonne les termes afin d’utiliser les formules
d’Euler dans l’autre sens pour faire apparaı̂tre à nouveau des cos θ et sin θ.

Exemple.
3
eiθ + e−iθ (eiθ + e−iθ )3

3
cos θ = =
2 23
1 h i
= 3 e3iθ + 3e2iθ e−iθ + 3eiθ e−2iθ + e−3iθ
2
1h i
= 3 e3iθ + e−3iθ + 3(eiθ + e−iθ )
2
1 3
= cos(3θ) + cos θ .
4 4

3
eiθ − e−iθ (eiθ − e−iθ )3

3
sin θ = =
2i 23 i3
−1 h i
= 3 e3iθ − e−3iθ − 3(eiθ − e−iθ )
2 i
−1 3
= sin(3θ) + sin θ .
4 4

Exercice. Linéariser cos4 θ, sin4 θ et cos3 θ sin2 θ.

1.5.5 Formule de De Moivre et application


La formule de De moivre vue précédement se généralise de la manière suivante.
1.6. RACINES N e D’UN NOMBRE COMPLEXE 29

Théorème 4 (Formule de De Moivre). Pour tout n ∈ N et tout θ ∈ R, on a


 n
einθ = eiθ ,

ce qui est équivalent à

cos(nθ) + i sin(nθ) = (cos θ + i sin θ)n .

Démonstration. — La démonstration peut se faire par récurrence. Elle est laissée aux
lecteur-trice-s comme un bon exercice. 

Cette formule permet de calculer cos(nθ) et sin(nθ) en fonction de cos θ et sin θ de la


manière suivante, qui est en fait l’opération inverse de la linéarisation. Pour la réaliser, on
utilise le fait que cos(nθ) est la partie réelle (et que sin(nθ) est la partie imaginaire) de
(cos θ + i sin θ)n , expression que l’on développe à l’aide de la formule du binôme.

Exemple. Pour n = 3, on a :

cos(3θ) + i sin(3θ) =(cos θ + i sin θ)3


= cos3 θ + 3i cos2 θ sin θ + 3i2 cos θ sin2 θ + i3 sin3 θ
= cos3 θ − 3 cos θ sin2 θ + i(3 cos2 θ sin θ − sin3 θ) .

En identifiant les parties réelles et imaginaires des deux membres, on obtient

cos(3θ) = cos3 θ − 3 cos θ sin2 θ


sin(3θ) =3 cos2 θ sin θ − sin3 θ .

Si on le souhaite, on peut améliorer ces égalités en utilisant cos2 θ + sin2 θ = 1, ce qui


donne alors

cos(3θ) =4 cos3 θ − 3 cos θ


sin(3θ) =3 sin θ − 4 sin3 θ .

Exercice. Écrire cos(4θ), sin(4θ) et cos(3θ) sin(2θ) en fonction de puissances de cos θ et


sin θ.

1.6 Racines ne d’un nombre complexe


1.6.1 Le cas général
Définition (Racine ne d’un nombre complexe). Soit z0 ∈ C et n ∈ N∗ , on appelle
racine ne du nombre complexe z0 tout nombre complexe ω vérifiant ω n = z0 .
√ √ 2
Exemple. Par exemple 22 (1 + i) est une racine carrée de i, c’est-à-dire 22 (1 + i) = i,

2
et i est une racine carrée de −1, c’est-à-dire i2 = −1. Donc 2 (1 + i) est une racine
√ 4
quatrième de -1, c’est-à-dire 22 (1 + i) = −1 .
30 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

Remarque. Les racines ne de z0 sont les nombres complexes ω solutions de l’équation


z n − z0 = 0 d’inconnue z. Le nombre 0 est la seule racine ne de 0 car :

z n = 0 ⇔ |z n | = 0 ⇔ |z|n = 0 ⇔ |z| = 0 ⇔ z = 0 .

Théorème 5. Tout nombre complexe z0 non nul possède exactement n racines ne dis-
tinctes. Explicitement, si ρ0 eiθ0 est la forme polaire de z0 , alors les racines ne de de z0
sont de la forme :


 
θ0 k
i +n 2π
ωk = n
ρ0 e n
avec k ∈ {0, 1, . . . , n − 1} .

Démonstration. — On cherche tous les nombres complexes ω = reit qui vérifient


l’équation ω n = ρ0 ei θ0 .
D’après la propriété d’égalité de deux nombres complexes, sous forme polaire, on a :

√ θ0 2kπ
rn enit = ρ0 e iθ0 ⇐⇒ rn = ρ0 et nt = θ0 + 2kπ ⇐⇒ r= n
ρ0 et t = + .
n n
Ainsi pour tout k ∈ Z, le nombre complexe


 
θ0 k
i +n 2π
ωk = n
ρ0 e n

est racine et toutes les racines sont de cette forme.


Montrons qu’il n’y a, en fait, que n racines distinctes. On montre déjà qu’il y a au moins
n racines : posons tk = θn0 + nk 2π pour 0 ≤ k ≤ n − 1. Chaque reitk est racine, et ils sont
deux à deux distincts : en effet, supposons que reitk = reitl , k 6= l, alors il existe un certain
m ∈ N∗ tel que tk −tl = 2mπ, soit k −l = mn. Comme 0 ≤ k, l ≤ n−1, on a |k −l| ≤ n−1,
donc |m|n ≤ n − 1, ce qui force m = 0 et donc k = l. On montre maintenant qu’il y a
au plus n racines de cette forme. Supposons maintenant que l’on ait une autre racine ω,
d’argument tk = θn0 + nk 2π pour k < 0 ou k > n − 1. Alors la division euclidienne de k
par n montre qu’il existe 0 ≤ k 0 ≤ n − 1 et m ∈ Z tels que k = nm + k 0 , et l’argument tk
0
s’écrit donc θn0 + kn 2π + m2π. Ainsi
0 0

 

 
θ0 θ0
i + kn 2π+m2π i + kn 2π
ωk = n
ρ0 e n
= n
ρ0 e n
= ωk 0 ,

ce qui achève la preuve. 

Exemple. Calculons
√ les racines carrées de 1 − i. On commence par écrire 1 − i sous √ forme
π π
polaire : 1 − i = 2e−i 4 . Si z = reiθ est solution de z 2 = 1 − i, alors z 2 = r2 e2iθ = 2e−i 4 .
Par conséquent,
 2 √  √4
r = 2 r = 2
c’est-à-dire ,
2θ = − π4 + 2kπ , θ = − π8 + kπ

où k ∈ Z. On a donc deux solutions :

√ π √ 7π
2e−i 8 2ei
4 4
z1 = et z2 = 8 .
1.6. RACINES N e D’UN NOMBRE COMPLEXE 31

1.6.2 Racines ne de l’unité.


On s’intéresse ici au cas où z0 = 1, c’est-à-dire aux solutions complexes de l’équation en
z:
zn = 1 .
Le théorème précédent donne.

Théorème 6. Les n racines ne de l’unité sont :


k
ωk = ei n 2π avec k ∈ {0, 1, . . . , n − 1} .

Exemple. Les racines 6e de l’unité forme un hexagone régulier sur le cercle unité.

2iπ iπ
e 3 e3

−1 1

4iπ 5iπ
e 3 e 3

Propriétés. Soit ωk est une racine ne de l’unité autre que 1, c’est-à-dire que k n’est pas
un multiple de n, alors on a

1 + ωk + ωk2 + · · · + ωkn−1 = 0 .

Démonstration. — Pour montrer cette propriété, il suffit de multiplier par ωk − 1 le


membre de gauche de l’expression précédente et de remarquer que

(ωk − 1)(1 + ωk + ωk 2 + · · · + ωk n−1 ) = ωk n − 1 = 0 .

Et comme ωk 6= 1, on obtient la formule voulue :

1 + ωk + ωk 2 + · · · + ωk n−1 = 0 .

Exemple. D’après le théorème précédent, les racines cubiques de l’unité sont

1, e2iπ/3 et e4iπ/3 .
32 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

2iπ
e 3

4iπ
e 3

Par convention, on pose


j = e2iπ/3 .
On en déduit :
j 2 = j = e4iπ/3 .
On retiendra que les racines cubiques de l’unité sont : 1 , j et j 2 et qu’elles vérifient
(comme prévue) la relation
1 + j + j2 = 0 .
Exercice. Soit z un nombre complexe non nul et soit d une racine ne de z.
1. Montrer qu’il suffit de multiplier d par les racines ne de l’unité pour obtenir les
racines ne de z.
2. Déterminer les racines cubiques de −8.
3. Factoriser l’expression z 3 + 8 sur C.

1.6.3 Racines carrées d’un nombre complexe sous forme cartésienne


Étant donné un nombre complexe z0 = x0 + iy0 sous forme cartésienne, on cherche les
nombres complexes z = x + iy, sous forme cartésienne, tels que z 2 = z0 . Plutôt que de
donner des formules générales (et donc compliquées), on se contente d’expliquer comment
cela fonctionne sur un exemple.
Exemple. Retour sur le calcul des racines carrées de z0 = 1 − i.
Soit z = x + iy une solution de z 2 = z0 alors z 2 = (x2 − y 2 ) + 2ixy = 1 − i .
On en déduit :
1
x2 − y 2 = 1 et xy = − .
2
Par ailleurs, on considère l’égalité des modules |z|2 = |1 − i| qui donne

x2 + y 2 = 2 .

On aboutit donc au système suivant


 2 2
 x2 − y 2 = √1 ,

x +y = 2,
1
xy = − .


2
1.7. ÉQUATION DU SECOND DEGRÉ À COEFFICIENTS COMPLEXES 33


1+ 2
On trouve x2 = 2 soit
s √
1+ 2
x=±
2

−1 + 2
et y2 = soit
2 s √
−1 + 2
y=± .
2
Enfin, comme 2xy = −1, on sait que x et y sont de signe opposé. Ainsi, les solutions sont
s √ s √
1+ 2 i 1+ 2 i
z1 = −q √ et z2 = − +q √ .
2 2
2(1 + 2) 2(1 + 2)

1.7 Équation du second degré à coefficients complexes


Dans cette section, on revient sur le sujet avec lequel nous avons entamé ce chapitre : les
équations du second degré. Nous allons voir que les formules pour résoudre les équations
du second degré à coefficients réels  fonctionnent  aussi dans le cas complexes. On peut
même alors plus loin, car dans le cas complexe, on trouve toujours deux solutions (comptées
avec multiplicité).

Théorème 7. Soient a, b, c ∈ C, avec a 6= 0. Alors l’équation du second degré

az 2 + bz + c = 0

admet deux solutions complexes (comptées avec multiplicité).

Démonstration. — On procède comme dans le cas réel, à savoir que l’on écrit algébri-
quement :
" #
b 2 b2 b 2 b2 − 4ac
  
2
az + bz + c = a z + − +c=a z+ − .
2a 4a 2a 4a2

Donc l’équation az 2 + bz + c = 0 est équivalente à

b 2 b2 − 4ac
 
z+ − =0.
2a 4a2

On définit toujours le discriminant par ∆ = b2 − 4ac, et on distingue cette fois-ci deux


cas :
 Si ∆ 6= 0, alors ∆ = b2 − 4ac admet deux racines carrées complexes distinctes,
notées δ et −δ. Alors les solutions sont
b δ b δ
z1 = − + et z2 = − −
2a 2a 2a 2a
et elles sont distinctes.
34 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

b
 Si ∆ = 0 , alors − est racine double.
2a


Remarque. Dans le cas particulier des coefficients réels, le discriminant est réel, ∆ ∈ R.
Si ∆ > 0, il y a deux racines réelles distinctes, si ∆ < 0 il y a deux racines complexes
conjuguées.

Exemple. Résolvons l’équation

z 2 − (2 + i)z − 1 + 7i = 0 .

On commence par calculer le discriminant :

∆ = (2 + i)2 − 4(−1 + 7i) = 7 − 24i .

On cherche ensuite les nombres complexes δ = x + iy tel que δ 2 = ∆ :


 2
2 x − y2 = 7 ,
(x + iy) = 7 − 24i ⇐⇒
2xy = −24 .
√ √
En ajoutant l’égalité des modules : x2 + y 2 = 49 + 576 = 625 = 25, on obtient le
système suivant :
 2
 x + y 2 = 25
 2 
 x = 16  x = ±4
2 2
x − y = 7 ⇐⇒ 2
y =9 ⇐⇒ y = ±3
xy = −12 xy = −12 xy = −12 .
  

Par conséquent, le discriminant ∆ admet deux racines carrées : δ = 4−3i et −δ = − 4+3 i.


Au final, les deux solutions de l’équation sont :
−b + δ 2 + i + 4 − 3i −b − δ 2 + i − 4 + 3i
z1 = = = 3−i et z2 = = = −1 + 2i .
2a 2 2a 2
1.8. EXERCICES SUR LES NOMBRES COMPLEXES 35

1.8 Exercices sur les nombres complexes


Exercice 1. Dessiner les ensembles déterminés dans le plan complexe par les conditions
suivantes :
1. |z| < 1 ;
2. z + z̄ = 1 ;
3. z − z̄ = i ;
4. |z − 1| = |z + 1| ;
5. |z − 1, 5| = |z + i| ;
6. z + z̄ = z 2 .

Exercice 2. Mettre sous forme cartésienne les nombres complexes suivants :


1 1 1 3 + 4i
, + , .
2i 1+i 1−i 2 − 3i
Exercice 3. Faire le dessin qui justifie les relations
π  π 
cos − θ = sin θ et sin − θ = cos θ .
2 2
π
Exercice 4. Soit x un nombre réel qui n’est pas un multiple entier de 2. On pose
x
t := tan .
2
Montrer que
1 − t2 2t 2t
cos x = , sin x = et tan x = .
1 + t2 1 + t2 1 − t2
Exercice 5. Déterminer le module et un argument des nombres complexes suivants :

−5, 2i, 2 e−5i , −8 e 7
i
,
√ 1+i √
−1 − i 3, √ , ( 3 − i)2004 .
3−i
Exercice 6. Mettre sous forme cartésienne les nombres complexes suivants :
√ !20
100 (1 + i)9 1+i 3
(1 + i) , , .
(1 − i)7 1−i

Exercice 7. Déterminer les limites éventuelles des suites de nombres complexes suivantes :

1−i n
 
1 inπ iπ
un = , vn = 1 + e 4 , w0 = 1 et wn = wn−1 e 2n−1 .
2 n

Exercice 8. Soit θ ∈ [0, 2π[ .


1. Déterminer le module et un argument de z = 1 + eiθ .
2. En déduire le module et un argument de (1 + eiθ )n pour n ∈ N.
36 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES

n  
X n i(a+bk)
3. Soient a et b appartenant à R. Calculer e .
k
k=0
n  
X n
En déduire cos (a + bk) .
k
k=0

Exercice 9. Linéariser les expressions suivantes : cos5 x et sin4 x cos3 x .

Exercice 10. Exprimer cos 5a en fonction de cos a, puis sin 5a en fonction de sin a .
En utilisant le fait que cos 5π π
10 = 0, donner la valeur de cos 10 .

Exercice 11. Résoudre dans C les équations suivantes :


1. z 6 = 8i ;
1−i
2. z3 = √ .
2
Exercice 12. Racines cubiques de l’unité.

2iπ 1 3
1. On rappelle que j = e . Montrer que j = − +
3 i.
2 2
1−j
Déterminer la forme cartésienne de .
1+j
2. Soit P (z) = z 2 − 3z + 2. Calculer P (1) + P (j) + P (j 2 ) .

Exercice 13. Calculer les racines carrées des nombres complexes suivants :
√ √
−1 + 4i 3, −7 − 6i 2 .

Exercice 14.
1. Donner sous forme cartésienne les racines de l’équation :

iz 2 + (3 − 4i)z − 7 + i = 0 .

En déduire les racines de l’équation :

−iz 2 + (3 + 4i)z − 7 − i = 0 .

2. Même question avec (3 + 7i)z 2 − 8(1 + 2i)z + 4(1 + i) = 0 .

Exercice 15. Soit A l’ensemble des racines 5e de l’unité différentes de 1.


1. Quels sont les éléments de A ?
2. Montrer que x ∈ A si et seulement si x4 + x3 + x2 + x + 1 = 0.
1
3. Montrer que x ∈ A si et seulement si X = x + est solution de X 2 + X − 1 = 0.
x
4. Résoudre X 2 + X − 1 = 0.
5. En déduire les valeurs de cos 2π 4π
5 et cos 5 .

Exercice 16. Le plan complexe est muni d’un repère orthonormé (O, → −
e1 , →

e2 ).
On note C le cercle de centre O et de rayon R > 0, et A le point d’affixe R.
1.8. EXERCICES SUR LES NOMBRES COMPLEXES 37

1. Dans cette partie, n ≥ 2 est un nombre entier fixé.


On note r la rotation de centre O et d’angle 2π n .
On considère la suite de points (Mk )k∈N définie par la relation de récurrence :

M0 = A , ∀k≥0 Mk+1 = r (Mk ).

Et on note zk l’affixe de Mk .
(a) Pour k ≥ 0, exprimer zk+1 en fonction de zk .
(b) Calculer zk en fonction de k.
(c) Pour k ≥ 0, calculer la longueur Mk Mk+1 .
(d) Comparer Mn et M0 . Calculer le périmètre Ln du polygone régulier M0 M1
M2 ...Mn .
2. Déterminer la limite de la suite (Ln ) . Interpréter géométriquement le résultat
obtenu.

Exemples de partiels et d’examens

Exercice 17. Soit x ∈ R.


 11
1 + ix
1. Quel est le module de ?
1 − ix
2. Déterminer l’ensemble des nombres complexes w vérifiant : w11 = i.
3. Montrer que l’équation en x :
 11
1 + ix
=i
1 − ix

admet onze solutions réelles que l’on exprimera à l’aide de la fonction tangente.

Exercice 18.
1. Résoudre dans C l’équation z 2 = 8 − 6i.
2. Chercher les racines α1 , α2 , α3 du polynôme P (X) = X 3 − (3i − 1)X 2 − 4X.
3. Expliquer pourquoi le triangle défini par les points du plan complexe, d’affixes
respectives α1 , α2 , α3 est un triangle rectangle.

Exercice 19. On cherche les racines complexes de l’équation

(2 + 3i)x2 + (15 + 3i)x + 12 − 8i = 0 . (E)


1. Montrer qu’on peut se ramener à la recherche des solutions d’une équation de la
forme :
x2 + px + q = 0 ,
où p et q sont des nombres complexes que l’on déterminera.
2. Résoudre l’équation (E).
38 CHAPITRE 1. NOMBRES COMPLEXES
Chapitre 2

Généralités sur les fonctions


numériques

L’objet de ce chapitre est de préciser les éléments de base mais essentiels qui interviennent
dans le corpus mathématique des fonctions numériques, qui a un nombre en associe
un autre par un certain calcul. Ce cours de première année a pour objectif la maı̂trise
des fonctions de référence (puissances, polynônimales, exponentielles, logarithmes, trigo-
nométriques) et des outils permettant l’étude d’une fonction numérique plus sophistiquée.
Mais, plus généralement, ce cours a pour objectif de préciser, c’est-à-dire de définir clai-
rement, les  objets mathématiques  concernés et les outils pour les étudier (dérivée,
représentation graphique).

2.1 Notion d’application

2.1.1 Exemples d’application

Exemple. Nous allons modéliser par un objet mathématique les chaı̂nes de télévision que
j’ai regardées pendant la semaine dernière. Chaque soir, j’ai regardé un film ou une émission
proposé par une de ces chaı̂nes. Appelons les chaı̂nes 1, 2, 3, 4, 5 et 6. Lundi, mercredi et
jeudi, j’ai regardé la première chaı̂ne. Mardi et vendredi, j’ai regardé la deuxième chaı̂ne.
Samedi, j’ai suivi le programme de la cinquième chaı̂ne et dimanche celui de la sixième.

Mathématiquement, on considère l’ensemble dit de départ composé des jours des la se-
maine {lundi, mardi, . . . , dimanche} et l’ensemble dit d’arrivée {1, 2, . . . , 6} des chaı̂nes
de télévision. Puis, on associe à chaque jour une unique chaı̂ne de télévision. Ceci peut se

39
40 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

faire graphiquement à l’aide de flèches entre les deux ensembles.

/: 1
Lundi >
/
Mardi >2

Mercredi 3

Jeudi 4

Vendredi 65

Samedi 66

Dimanche

Exemple. Donnons un autre exemple. Considérons une expérience aléatoire dont les issues
possibles sont les éléments de l’ensemble Ω, univers des possibles de cette expérience, et
dont E = P(Ω) est l’ensemble des événements de cette expérience. Une loi de probabilité
sur Ω associe à tout élément A de E, un nombre réel p(A), probabilité de l’évènement A,
avec p(A) ∈ [0, 1] :
p : E → [0, 1] .

Ainsi p  applique  tout évènement A sur un nombre p(A) de l’intervalle [0, 1], ce nombre
étant  fonction  de l’évènement A dont on parle. Les trois données constituées de l’en-
semble des événements E, l’ensemble [0, 1] et l’association p : E → [0, 1] c’est-à-dire la
donnée pour tout A ∈ E du couple

(A, p(A)) ∈ E × [0, 1]

définit une application. C’est la connaissance de l’ensemble des couples,

G = {(A, p(A)), A ∈ E et p(A) ∈ [0, 1]} ,

qui permet de définir complètement l’association (ou correspondance)

p : E → [0, 1] .

Cet ensemble G est ce que l’on appelle le graphe de l’application p.

2.1.2 Définitions
Définition (Application). Une application f est définie par trois données :
 un ensemble X, appelé ensemble de départ de f ,
 un ensemble Y , appelé ensemble d’arrivée de f ,
 une  association (ou correspondance) f : X → Y  , qui associe à tout élément x
de X un unique élément y de Y appelé image de x par f .
2.1. NOTION D’APPLICATION 41

Définition (Graphe d’une application). La donnée de l’association f : X → Y


définissant une application est équivalente à un sous-ensemble du produit cartésien X ×
Y := {(x, y); x ∈ X et y ∈ Y } des ensembles de départ et d’arrivée de la forme suivante

Gf := {(x, y); x ∈ X , y = f (x)} = {(x, f (x)), x ∈ X} ⊂ X × Y .

On appelle ce dernier le graphe de la fonction f . Il vérifie la propriété cruciale que pour


tout x ∈ X, il possède un et un seul élément de la forme (x, y) ; l’élément y ∈ Y intervenant
dans le couple (x, y) est alors appelé l’image de x par f et est noté f (x).

On dit alors que f est une application définie sur X à valeurs dans Y ou aussi que f est
une application de X vers Y , ce que l’on note f : X → Y, x 7→ f (x) ou bien f : X → Y
ou seulement f .

La propriété fondamentale des applications et qu’un élément x de X possède une et


une seule image f (x) dans Y . Dans l’autre sens, tout peut arriver : un élément y ∈ Y de
l’ensemble d’arrivée peut ne jamais être atteint, être atteint une seule fois ou être atteint
plusieurs fois. Pour étudier cela, on est amené à considérer les élements de l’ensemble de
départ qui sont envoyés sur y par l’application f .

Définition (Antécédent). Si y ∈ Y est l’image d’un l’élément x de X par f , on dit que


x est un antécédent de y par f .

Tous les éléments de l’ensemble d’arrivée ne sont pas nécessairement atteints par une
application. Pour mesurer ce phénomène, on considère l’ensemble suivant.

Définition (Image d’une application). L’image d’une application, noté f (X) ou Imf
est l’ensemble formé des éléments images de l’application f , c’est-à-dire des éléments de
Y ayant au moins un antécédent par f .

En notation mathématique, on a donc :

f (X) = {f (x) | x ∈ X} = {y ∈ Y | ∃x ∈ X, y = f (x)} .

Définition (Image d’un sous-ensemble). Plus généralement, on peut définir l’image


par f d’un sous-ensemble A de X, par

f (A) := {f (x) | x ∈ A} = {y ∈ Y | ∃x ∈ A, y = f (x)} .

Exercice. Dans le premier exemple donné ci-dessous, répondre aux questions suivantes.
1. Quel est l’ensemble des antécédents de 2. À quoi correspond cet ensemble en terme
de jours de la semaine ?
2. Quel est l’ensemble des antécédents de 4. À quoi correspond cet ensemble en terme
de jours de la semaine ?
3. Quelle est l’image de cette application ? À quoi correspond cet ensemble en terme
de chaı̂ne de télévision ?
4. Quelle est l’image de l’ensemble {lundi, vendredi, dimanche} par cette application ?
À quoi correspond cet ensemble en terme de chaı̂ne de télévision ?
5. Décrire le graphe de cette application.
42 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

Exemple. Soit P le plan muni d’un repère orthonormé R = (O,~i, ~j). Considérons l’ap-
plication f de P dans R qui à un point M (x, y) du plan associe sa distance à l’origine du
repère, c’est-à-dire : p
f : P → R , M (x, y) 7→ x2 + y 2 .

L’image de J(−1/2, 3/2) est 1 et tous les antécédents de 1 sont les points du cercle de
centre O et de rayon 1. Seuls les réels positifs sont des images et l’image de f est donc R+ ,
soit en notation mathématique f (P ) = R+ . Si A est le disque de centre O et de rayon 2,
on a f (A) = [0, 2].

Exercice. Déterminer l’image par l’application f de la courbe Γ suivante :



Γ = {M (x, y) ∈ P, |x| ≤ 1 et y = x + 1}.

Exercice. Soit P le plan muni d’un repère orthonormé R = (O,~i, ~j). On considère les
applications de P dans P suivantes : s1 la symétrie orthogonale d’axe (Ox), s2 la symétrie
orthogonale d’axe (Oy) et enfin s3 la symétrie centrale de centre l’origine du repère O.
1. Expliciter ces applications.
2. Tracer les images par ces trois applications du sous-ensemble A de P des points de
la courbe de la parabole d’équation y = x2 − 4x + 3, c’est-à-dire :

A := {M (x, y) ∈ P ; x ∈ R et y = x2 − 4x + 3} .

3. Donner l’équation des courbes s1 (A), s2 (A) et s3 (A) de P que l’on obtient.

2.1.3 Egalité, restriction, prolongement et réduction

Une application étant définie par trois données, dès lors, deux applications f et g sont
égales, ce que l’on note f = g, si et seulement si ces trois données sont égales. En d’autres
termes, cela signifie qu’elles ont les mêmes ensembles de départ et d’arrivé et qu’elles ont
un même graphe. En particulier, si f : A → B et g : A → B ont mêmes ensembles de
départ et d’arrivée, on aura :

f =g ⇐⇒ ∀x ∈ A, f (x) = g(x) .

Exemple. Les applications f : R → R+ , x 7→ |x| et g : R → R+ , x 7→ x2 sont égales
puisqu’elles ont mêmes ensembles de départ et d’arrivée et que

∀x ∈ R, |x| = x2 .

Comme il vient d’être dit, deux applications qui n’ont pas les mêmes ensembles de départ
ne peuvent être égales. Ceci dit, il y a certains cas où deux telles applications ne sont
pas totalement  étrangères  . C’est le cas d’une restriction, d’un prolongement ou d’une
réduction d’une application f : X → Y donnée.

Définition (Restriction). Une restriction d’une application f : X → Y est obtenue


lorsque l’on restreint l’ensemble de départ X à un de ses sous-ensembles A. On la note
par f |A : A → Y , lire  f restreinte à A  , si l’on veut préciser la filiation. L’ensemble
de départ considéré est donc A, l’ensemble d’arrivée est toujours Y et, pour tout x ∈
A, f |A (x) := f (x).
2.1. NOTION D’APPLICATION 43

Exemple. La restriction à A = R− de l’application f : R → R+ , x 7→ |x| est l’application,


g : R− → R+ , x 7→ −x. Pour le préciser, on écrira g = f |R− .

Définition (Prolongement). Réciproquement, si g est une restriction de f , on dit que


f est un prolongement de g.

Pour terminer sur les relations possibles de deux applications, il y a aussi les cas où la
différence a lieu aussi sur l’ensemble d’arrivée. Si f : X → Y est une application dont
l’image f (X) de X par f n’est pas tout l’ensemble Y , c’est-à-dire si tous les éléments de Y
ne sont donc pas des images par f , on peut alors considérer une application en tout point
identique mais où l’ensemble d’arrivée serait un ensemble f (X) ⊂ B ⊂ Y intermédiaire
entre f (X) et Y .

Définition (Réduction). Soit une application f : X → Y et soit un ensemble f (X) ⊂


B ⊂ Y . L’application h : X → B définie par h(x) := f (x) pour tout x ∈ X, est appelée la
réduction de l’application f au sous-ensemble B de l’ensemble d’arrivée.

Exemple. On peut, par exemple, toujours réduire une application à l’ensemble B = f (X)
de ses images :
h : X → f (X), h(x) := f (x), ∀x ∈ X .

Remaquez que l’on peut faire les deux : restreindre et réduire. En effet, on peut commencer
par restreindre l’ensemble de départ à un sous-ensemble A de X : f |A : A → Y puis réduire
l’ensemble d’arrivée à un sous-ensemble B ⊂ Y de l’ensemble d’arrivée

h : A → B, h(x) := f (x), ∀x ∈ A .

Exemple. Soient P le plan muni d’un repère orthonormé R = (O,~i, ~j) et C le cercle de
centre O et de rayon 1. Considérons l’application

f :R→P (2.1)

qui à un nombre réel t associe le point M , intersection de C avec la demi-droite d’origine


O et d’angle polaire t radian.

M = f (t)

C0
44 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

On peut restreindre cette application à l’intervalle I = [−π/2, π/2] et se réduire à l’image


f (I) pour l’arrivée. L’ensemble f (I) est l’ensemble C 0 des points de C d’abscisses positifs,
ainsi l’application g obtenue
g : [−π/2, π/2] → C 0 , (2.2)
l’est à partir de f par restriction à I et réduction aux images.
Exercice. Soient f et g les applications définies en (2.1) et (2.2) de l’exemple précédent.

1. Déterminer l’ensemble
√ des
√ antécédants par f puis par g du point R(1/2, − 3/2),
puis du point S( 2/2, 2/2).
2. Expliciter l’application h obtenue à partir de f par restriction à [0, π] et par
réduction aux images.
3. Que peut-on dire de g|[0,π/2] et h|[0,π/2] ?

2.1.4 Composition d’applications


Une application est un processus qui envoie un élément sur un autre. On peut donc itérer
les applications, c’est-à-dire envoyer un premier élément sur un second, puis ce second sur
un troisième, et éventuellement continuer.
Définition (Composition). Soient trois ensembles X, Y et Z, et deux applications f :
X → Y et g : Y → Z . L’application composée de f et de g a pour ensemble de départ X
et pour ensemble d’arrivée Z. On la note g ◦ f . Elle est définie par g ◦ f (x) := g(f (x)) :

g◦f : X /Z

x / f (x) 
f g
/ g(f (x)) .

Attention, la composition g ◦ f n’existe que si l’ensemble d’arrivée de la première appli-


cation est le même que l’ensemble de départ de la seconde. Donc en général, l’application
f ◦ g n’existe pas, sauf si Z = X. Et si tel est le cas, ces deux composées g ◦ f et f ◦ g sont
différentes. Des exemples sont donnés dans les deux exercices qui suivent.
Exemple. Soit P le plan muni d’un repère orthonormé R = (O,~i, ~j). Considérons les
deux applications coordonnées p1 et p2 de P dans R :

p1 : P → R, M (x, y) 7→ x, et p2 : P → R, M (x, y) 7→ y . (2.3)


Avec l’application f définie en (2.1), les compositions p1 ◦ f et p2 ◦ f définissent les deux
fonctions trigonométriques cosinus et sinus :
cos = p1 ◦ f : R → R, t 7→ cos t, et sin = p2 ◦ f : R → R, t 7→ sin t .
Exercice.
1. Soit X l’ensemble des êtres humains. Définissons les deux applications m et p de
X dans lui-même suivantes : p(x) est le père de x et m(x) est la mère de x. Que
représente les applications m ◦ p et p ◦ m, sont-elles égales ?
2. Considérons les deux applications f et g de R dans R définies par f (x) = x2 et
g(x) = x+2. Comparer g ◦f et f ◦g. Soit maintenant h : R → R, x 7→ x3 ; comparer
f ◦ h et h ◦ f .
3. Soit h : R → R, x 7→ ln(x2 + 1). Donner deux applications f et g telles que l’on ait
h = g ◦ f.
2.2. FONCTIONS NUMÉRIQUES 45

2.2 Fonctions numériques


2.2.1 Définition et exemples
Définition (Fonction numérique). Une fonction numérique f : X → Y est une appli-
cation dont l’ensemble de départ X et l’ensemble d’arrivée Y sont des sous-ensembles 1 de
R. On dit aussi que f est une fonction d’une variable réelle à valeurs réelles 2 .

Exemples.
 Les fonctions polynômiales f : R → R : du premier degré : x 7→ ax + b, (a 6= 0), du
second degré x 7→ ax2 + bx + c, (a 6= 0) ou de degré n quelconque :

x 7→ an xn + an−1 xn−1 + · · · + a1 x + a0 , (an 6= 0),


sont des fonctions numériques.
 Les fonctions de R∗ dans R∗ définies par f (x) = 1/x, g(x) = 1/x2 et plus géné-
ralement les fonctions d’expression une fraction rationnelle, F (x) = P (x)/Q(x),
c’est à dire le quotient de deux fonctions polynômiales, d’ensemble d’arrivée R
et d’ensemble de départ l’ensemble de définition de l’expression F (x), sont des
fonctions numériques.
 Les fonctions trigonométriques sinus sin : R → R, et cosinus cos : R → R sont des
fonctions numériques.
 Les fonctions exponentielle exp : R → R∗+ et logarithme ln : R∗+ → R sont des
fonctions numériques.
 La fonction partie entière d’un réel E : R → R, x 7→ E(x) est encore un autre type
de fonction numérique. Rappelons que pour un réel x, sa partie entière E(x) est
l’unique nombre entier tel que E(x) ≤ x < E(x) + 1. Par exemple, la partie entière
de 12, 21 est 12 et celle de −0, 17 est −1.
 Une autre façon de se donner une fonction numérique est de la définir  par mor-
ceaux  , c’est-à-dire de définir f (x) de plusieurs façons, suivant les valeurs de x.
C’est la cas des fonctions définies sur R à valeur dans R de la manière suivante :
( ( (
1 si x = 0 2 − x si x < 2 2−x si x < 1
δ0 (x) := , f (x) := , h(x) :=
0 si x 6= 0 x − 4 si x ≥ 2 (x − 2) 2 si x ≥ 1

On vous invite fortement à tracer leur représentation graphique (voir section sui-
vante).

2.2.2 Représentation graphique d’une fonction numérique

Nous avons vu précédemment la notion de graphe dans le cadre plus général des
applications ; cette notion s’applique bien sur au cas des fonctions numériques. Pour f :
1. Puisque N est une partie de R, on peut considérer les suites réelles comme des fonctions numériques.
Ici, nous nous occuperons plutôt des fonctions définies sur une partie X de R constituée d’une réunion
d’intervalles, ouverts ou fermés, mais non réduits à un point.
2. De la même manière, on peut considére des fonctions à variable entière, à variable complexe, ou à
plusieurs variables ... et à valeurs entières, complexes, vectorielles, etc.
46 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

X → Y une fonction numérique, son graphe Gf est donc :

Gf = {(x, y), x ∈ X , y = f (x)} = {(x, f (x)), x ∈ X} . (2.4)

Comme nous travaillons avec une fonction numérique, l’ensemble Gf est ici un sous-
ensemble de R2 . On peut donc le représenter dans le plan repéré P , c’est-à-dire le plan
muni d’un repère R = (O,~i, ~j).

Définition (Représentation graphique). Soit f : X → Y une fonction numérique. On


appelle représentation graphique ou courbe représentative de f , l’ensemble Cf des points
M (x, y) du plan repéré P défini par

Cf := Gf = {M (x, y) ∈ P | x ∈ X et y = f (x)} .

On peut encore dire que Cf est l’ensemble des points du plan de coordonnées (x, f (x)),
pour tous les x ∈ X, soit :

Cf = {M (x, f (x)) ∈ P | x ∈ X} .

y = f (x) Cf

x
x

Par ailleurs, rappelons dans ce cadre les faits élémentaires suivants :

y ∈ Y est l’image de x ∈ X par f si et seulement si M (x, y) ∈ Cf ,

et, pour x ∈ X, Cf ne contient qu’un seul point d’abscisse x, l’ordonnée y de ce point est
l’image de x par f (par définition même de la notion de fonction...).

La représentation graphique de la courbe d’une fonction peut servir à mémoriser diverses


propriétés de cette fonction. Il est essentiel de connaitre celles des fonctions usuelles, voir
le chapitre suivant.

Exercices.
1. Soit f : X → R une fonction numérique. Formuler en écriture mathématique le
fait que f est une fonction paire, que f est une fonction impaire. Dans un repère
orthonormé, à quelles propriétés de symétrie de la courbe de f correspondent les
propriétés  f paire  et  f impaire  ?
2.2. FONCTIONS NUMÉRIQUES 47

2. Dans un repère orthonormé, donner l’allure des courbes des fonctions suivantes où
l’on prendra soin de bien préciser les positions relatives de ces courbes :

fn : R → R, x 7→ xn , pour n ∈ {0, 1, 2, 3, 4, 5} ,

g2 : R+ → R+ , x 7→ x ,

g3 : R → R, x 7→ 3 x ,
1
h1 : R∗ → R∗ , x 7→ ,
x
1
h2 : R∗ → R∗ , x 7→ 2 .
x

3. Dans un repère orthonormé, donner les représentations graphiques des fonctions à


valeur dans R suivantes :
(a) f1 : x 7→ x2 , x ∈ R, f2 : x 7→ x2 + 1, x ∈ R, f3 : x 7→ (x + 1)2 + 1, x ∈ R,
√ √ √
(b) g1 : x 7→ x, x ≥ 0, g2 : x 7→ −x, x ≤ 0, g3 : x 7→ 1 − x + 1, x ≤ 1,
(c) h1 : x 7→ 2x2 + 2x − 4, x ∈ R, h2 : x 7→ |2x2 + 2x − 4|, x ∈ R,
1
(d) E1 : x 7→ 10 E(10x), x ∈ [0, 1] E2 : x 7→ 2E( x2 ), x ∈ [−4, 4].

2.2.3 Domaine de définition d’une expression et fonction associée

De nombreuses expressions sont obtenues en considérant des sommes, des produits, des
quotients et des compositions de fonctions numériques de référence. Pour de nombreuses
fonctions numériques, la définition des images est souvent donnée par une expression de
ce type, comme par exemple la fonction suivante :

x2 + ln(x + 1)
g : [0, +∞[→ R, x 7→ . (2.5)
sin x + 3
Sur cet exemple, l’image y d’un élément x est donnée par la formule :

x2 + ln(x + 1)
y= . (2.6)
sin x + 3

Définition (Domaine de définition d’une expression). Soit y = A(x) une expression


exprimant un réel y au moyen d’un réel x. Le plus grand sous-ensemble D de R sur lequel
cette expression est définie 3 est le domaine de définition de l’expression y = A(x). La
fonction d’ensemble de départ D à valeurs dans R et dont les images sont définies par
cette expression 
D → R
x 7→ A(x)
est appelée la fonction numérique associée à l’expression y = A(x).

Exemple. Par exemple, le domaine de définition de l’expression y = A(x) donnée en (2.6)


est
D =] − 1, +∞[
3. C’est-à-dire que pour chaque x ∈ X, l’expression y = A(x) définit un et un seul réel y.
48 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

et la fonction numérique associée à cette expression est la fonction



 f : ] − 1, +∞[ → R
x2 + ln(x + 1)
 x 7→ .
sin x + 3
Remarque. Toute restriction de f sur un sous-ensemble de X de D donne aussi une
fonction dont la donnée des images est définie avec l’expression y = A(x). Par exemple
pour X = [0, +∞[, on aboutit à la fonction g dont nous sommes partie en (2.5).

Vocabulaire
 On utilisera souvent la terminologie  soit f la fonction définie par f (x) = ...  , où
les points de suspension représentent une expression fonction de x, cela sous-entend
que f est la fonction numérique associée à l’expression y = f (x) c’est-à-dire que

f: D → R
x 7→ f (x) ,

avec D le domaine de définition de l’expression de y = f (x).


 La formulation  soit f la fonction définie sur X par f (x) = ...  , sous-entend
que X est un sous-ensemble de D, qu’il est l’ensemble de départ de f et que R est
l’ensemble d’arrivée, soit au final

f: X → R
x 7→ f (x) .

Exercice. Trouver le domaine de définition des expressions y = A(x) suivantes et pour


chacunes d’elles donner deux fonctions définies avec l’expression y = A(x).
√ p √ √ x ln(x − 1)
y= −x, y= x2 − x − 2, y= x2 , y = ( x)2 , y = ln(1−x2 ), y= .
2 sin x − 1

2.2.4 Composition de fonctions numériques


La composition a été définie dans le cadre plus général des applications mais elle s’applique
bien sûr aux fonctions numériques. Rappelons que la composition g ◦ f de deux fonctions
f et g existe si et seulement si l’ensemble d’arrivée de f est égal à l’ensemble de départ de
g, comme par exemple dans le cas suivant.

Exemple. La composée g ◦ f des deux fonctions numériques suivantes


 
f : R → ]0, +∞[ g : ]0, +∞[ → R
2
x 7→ x + 1 x 7→ ln(x)

est la fonction h : 
h: R → R
x 7→ ln(x2 + 1) .

Ceci dit, on fera attention de ne pas confondre une fonction définie par une composition
de fonctions comme dans l’exemple ci-dessus et une fonction définie par une expression
faisant intervenir une composition. Donnons un exemple.
2.2. FONCTIONS NUMÉRIQUES 49

Exemple. Considérons les deux fonctions suivantes


g : R+ → R
 
f: R → R

x 7→ 4 − x2 x 7→ x.

Ces fonctions ne sont évidemment pas composables car 4 − x2 peut prendre des valeurs
strictement négatives, mais elles permettent de définir une expression y = g(f (x)) et ainsi
une fonction numérique associée à cette expession. Plus précicément l’expression g(f (x))
est définie dès lors que f (x) ∈ R+ , ce qui a lieu pour x ∈ [−2, 2]. La fonction h associée à
l’expression y = g(f (x)) est donc :

h : [−2, 2] → R √
x 7→ 4 − x2 .

Comme on l’a déjà dit, la fonction h n’est pas la composée des fonctions f et g. Par contre,
la fonction h et la composée h = g1 ◦ f1 des deux fonctions f1 et g1 suivantes :

f1 : [−2, 2] → R+ g1 : R+ → R
 
2 √
x 7→ 4 − x x 7→ x.

Exercice. Pour les cas suivants, dire si la composition g ◦ f est possible. Si oui, expliciter
cette composition. Si non, expliciter la fonction h associée à l’expression y = g(f (x)), puis
exprimer h comme une composée g1 ◦ f1 .
1
1. f : ]1, +∞[→]0, +∞[, x 7→ √ , et g : ]0, +∞[ → R, x 7→ x2 + ln x .
x2 −1

2. f : R → R+ , x 7→ x2 + 1 , et g : ] − ∞, 2] → R+ , x 7→ 2−x .
1
3. f : R → R, x 7→ x2 − 6x + 8 , et g : R|{−2} → R∗ , x 7→ .
x+2

2.2.5 Sens de variation d’une fonction numérique


Soit f une fonction numérique définie sur un sous-ensemble X ⊂ R de R et soit I une
partie de X. On rappelle que :

Définition (Fonction croissante). La fonction f est croissante sur I si f conserve


l’ordre des images de deux réels quelconques de I. Cela se traduit par l’énoncé mathéma-
tique :
∀ (x, x0 ) ∈ I 2 , x < x0 =⇒ f (x) ≤ f (x0 ) .
La fonction f est strictement croissante sur I si elle vérifie la condition plus restrictive
avec inégalité stricte

∀ (x, x0 ) ∈ I 2 x < x0 =⇒ f (x) < f (x0 ) .

En considérant l’inégalité inverse, on obtient la définition duale suivante.

Définition (Fonction décroissante). La fonction f est décroissante sur I si f inverse


l’ordre des images de deux réels quelconques de I. Cela se traduit par l’énoncé mathéma-
tique :
∀ (x, x0 ) ∈ I 2 , x < x0 =⇒ f (x) ≥ f (x0 ) .
50 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

La fonction f est strictement décroissante sur I si elle vérifie la condition plus restrictive
avec inégalité stricte

∀ (x, x0 ) ∈ I 2 x < x0 =⇒ f (x) > f (x0 ) .

Attention. La propriété d’être croissante ou décroissante n’est pas intrinsèque à la


fonction (ni à l’expression), c’est-à-dire qu’elle dépend en général de l’ensemble I
sur lequel on se pose la question. Pour bien vous en convaincre, considérer la fonction
 mise au carré  suivante : 
f: R → R
x 7→ x2 ,
dont le graphe est la fameuse parabole
y
Cf

x.

Cette fonction est donc (strictement) décroissante sur R− et (strictement) croissante sur
R+ . Sur R tout entier, on ne peut rien dire : elle n’est ni croissante, ni décroissante.

Définition (Fonction monotone). On dit qu’une fonction f est monotone sur I si f


ne change pas de sens de variation sur I, c’est-à-dire si f est soit croissante sur I, soit
décroissante sur I. De la même manière, on dit qu’une fonction f est strictement monotone
sur I si elle est soit strictement croissante sur I ou soit strictement décroissante sur I.

On dit que deux fonctions ont le même sens de variation sur I si elles sont toutes les deux
croissantes sur I, ou toutes les deux décroissantes sur I. Enfin on dit qu’elles ont des sens
opposés de variations sur I si l’une est croissante sur I et l’autre décroissante sur I.

Remarques.
 Le fait que f soit croissante sur I peut encore se traduire de la façon suivante :

f (x) − f (x0 )
∀ (x, x0 ) ∈ I 2 , x 6= x0 =⇒ ≥0.
x − x0
 Dire qu’une fonction n’est pas croissante sur I ne veut pas dire qu’elle est
décroissante sur I ! Autrement dit, toutes les fonctions ne sont pas monotones.
Encore une fois, pour vous en convaincre pleinement, considérer la fonction  mise
au carré  ci-dessus.

Proposition 4 (Composition de fonctions monotones). Soient f et g deux fonctions


numériques monotones respectivement sur I pour f et sur J = f (I) pour g.
2.2. FONCTIONS NUMÉRIQUES 51

 Si les fonctions f et g ont le même sens de variation (sur I pour f et sur J pour
g), alors la composée g ◦ f est croissante sur I.
 Si les fonctions f et g ont un sens de variation opposé (sur I pour f et sur J pour
g), alors g ◦ f est décroissante sur I.
On laisse au lecteur la démonstration (pas difficile) de ces affirmations ; il s’agit là d’un
bon exercice.
On peut affiner cette proposition avec des fonctions strictement monotones et l’on aboutit
alors à une compostion strictement croissante ou strictement décroissante suivant que f
et g ont un sens de variation identique ou opposé.
Exercices.
1. Quelles sont les fonctions qui sont à la fois croissantes et décroissantes ?
2. La fonction f définie sur R par f (x) := x3 est-elle croissante sur R ? Est-elle stric-
tement croissante ?
3. La fonction g définie sur R∗ par g(x) := 1/x est elle décroissante sur R∗ ?
4. La fonction partie entière de x, E : x 7→ E(x), est-elle monotone ? strictement
monotone ?
5. Ecrire des énoncés avec des quantificateurs mathématiques signifiant que
(a) f n’est pas croissante sur I,
(b) f n’est pas strictement monotone sur I,
(c) f n’est pas monotone sur I.
6. Rappeler le sens de variation des fonctions f et g définies sur R par g : x 7→ e−x et
f : x 7→ x2 . Déterminer, sans aucun calcul mais avec précision, le sens de variation
2
sur R de h : x 7→ e−x .

2.2.6 Opérations sur les fonctions numériques


Nous définissons dans cette section la somme f + g, le produit f.g et le quotient f /g de
deux fonctions numériques f : X → R et g : X → R définies sur un même ensemble de
départ 4 . Pour cela, on considère la somme, le produit et le quotient des images.
Définition (Somme, produit, quotient de fonctions numériques). Soient deux
fonctions numériques f1 et f2 définies sur un même ensemble de départ X et ayant pour
ensemble d’arrivée R.
 La somme f1 + f2 des deux fonctions f1 et f2 est définie par

f1 + f2 : X → R
x 7→ f1 (x) + f2 (x) .
 Le produit f1 .f2 des deux fonctions f1 et f2 est défini par

f1 .f2 : X → R
x 7→ f1 (x).f2 (x) .
4. Un des premiers intérêts de ces opérations est qu’elles permettent des formulations simples d’énoncés
sur les fonctions comme par exemple :  la somme f + g de deux fonctions définies et dérivable sur I est
dérivable sur I et (f + g)0 = f 0 + g 0 .
52 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

 Le quotient f1 /f2 des deux fonctions f1 et f2 est défini par



 f1 /f2 : X → R
f1 (x)
x 7→ .
f2 (x)

Exemple. Reprenons l’exemple de la fonction g définie au (2.5) :



 g : ]0, +∞[ → R
x2 + ln(x + 1)
 x 7→ .
sin x + 3
Nous pouvons construire la fonction g à l’aide d’opérations sur des fonctions numériques
plus simples. Partons des trois fonctions suivantes ayant le même ensemble de départ que
celui de g ; l’arrivée est toujours R.
h : [0, +∞[→ R, x 7→ x2 ,
k : [0, +∞[→ R, x 7→ ln(x + 1) ,
l : [0, +∞[→ R, x 7→ sin x + 3 .
Pour tout x ∈ [0, +∞[, on a l(x) 6= 0 et aussi
h(x) + k(x)
g(x) = .
l(x)
Avec les définitions ci-dessus, on peut alors écrire :
h+k
g= .
l
Remarque. Il faut être bien attentif sur le fait que ces opérations entre fonctions numériques
ne sont définies que pour des fonctions ayant même ensemble de départ et ayant
R pour ensemble d’arrivée. Il est souvent sous-entendu lorsque l’on parle d’une somme
h = f + g ou d’un produit h = f g que les termes ou les facteurs f et g dont on parle
à cette occasion sont des fonctions dont l’ensemble de départ est celui de la fonction h,
même si ces dernières ont une expression qui est définie sur un ensemble plus grand.
Exercice. On considère les deux fonctions
x2 p
f (x) := et g(x) := 1 − x2 .
x−2
1. Déterminer le domaine de définition D de l’expression y = f (x)g(x).
Soit la fonction 
h: D → R
x 7→ f (x)g(x) .
Définir h comme produit de deux fonctions que l’on explicitera. (Plusieurs choix
sont possibles ...).
2. Déterminer le domaine de définition E de l’expression y = f (x)/g(x).
Soit la fonction 
k: D → R
x 7→ f (x)/g(x) .
Définir k comme quotient de deux fonctions que l’on explicitera .
2.3. CONTINUITÉ ET THÉORÈME DES VALEURS INTERMÉDAIRES 53

Exercice (Opérations et sens de variation).


1. Soient f et g deux fonctions croissantes sur un intervalle I de R et à valeurs dans
R+ . Montrer que les fonctions définies sur I, somme f + g et produit f g sont
croissantes sur I.
2. Soient maintenant f et g deux fonctions croissantes sur un intervalle I de R mais
à valeurs dans R− . Montrer que la somme f + g est toujours croissante sur I, mais
que la fonction produit f g est décroissante sur I.
3. La somme de deux fonctions monotones est-elle toujours une fonction monotone ?
Tracer pour x ∈ [−2, 0] la courbe des fonctions h : x 7→ x + x2 et k : x 7→ x2 + x3 .

2.3 Continuité et théorème des valeurs intermédaires


2.3.1 Continuité
Intuitivement, une fonction numérique définie sur un intervalle est continue sur ce dernier
si on peut en dessiner la courbe représentative sans lever le crayon. Ceci dit, la notion
mathématique de continuité d’une fonction numérique est beaucoup plus fine qu’il n’y
parait et a pour origine la notion de limite que nous ne développerons pas en détails ici.
On donne la définition mathématique suivante.

Définition (Continuité). Soit f : X → Y une fonction numérique, soient a ∈ X et E


un sous-ensemble de X. On dit que f est continue en a lorsqu’on a

lim f (x) = f (a) .


x→a
x∈X

On dit que f est continue sur E lorsqu’elle est continue en tout point a ∈ E.

Exemples.
 La fonction définie sur R par
(
0 si x < 0
x 7→
1 si x ≥ 0

n’est pas continue en 0. Le  saut  en 0 est incompatible avec la continuité en ce


point.
y

 La fonction définie sur R par x 7→ |x| est continue en 0.


54 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

y = |x|

 La fonction définie sur R par


(
x si x < 0
x 7→
ex − 1 si x ≥ 0 ,

est continue en 0. Malgré la différence entre les deux formules qui définissent cette
fonction, le  raccord  en 0 s’effectue de manière continue.
y

ex − 1

 La fonction partie entière x 7→ E(x) est  discontinue,  c’est-à-dire non continue,


sur tous les entiers relatifs Z.
y

 Les fonctions : polynômiales, racine carré, fractions rationnelles, sin, cos, exp, ln,
2.3. CONTINUITÉ ET THÉORÈME DES VALEURS INTERMÉDAIRES 55

sont continues sur l’ensemble de définition de leur expression.


On est très souvent amené à faire des opérations sur les fonctions. La proposition suivante
montre que la continuité est préservée par les opérations classiques. Nous admettrons cette
propriété qui est une conséquence directe des propriétés des limites : limite d’une somme,
d’un produit, etc.
Proposition 5. Soient f et g deux fonctions numériques continues sur un même ensemble
X, alors la somme f + g et le produit f g sont des fonctions continues sur X. Si de plus,
f
g ne s’annule pas sur X, alors le quotient est également continu sur X.
g
La continuité est aussi préservée par la composition.
Proposition 6. Soit f une fonction continue sur I et soit g une fonction continue sur
J = f (I), alors la fonction composée g ◦ f est continue sur I.

2.3.2 Théorème des valeurs intermédiaires


Si, pour représenter une fonction continue sur un intervalle [a, b], on ne doit pas lever le
crayon entre les points de sa courbe de coordonnées (a, f (a)) et (b, f (b)), il est intuitivement
clair qu’alors toutes les ordonnées y comprises entre les deux nombres f (a) et f (b) sont
des ordonnées de points de la courbe et donc des images par f d’élements de [a, b].
y

f (b)

f (a)

x
a x b

C’est l’objet du théorème important des valeurs intermédiares ci-dessous.


Théorème 8. (Théorème des valeurs intermédiaires) Soit f une fonction continue
sur un intervalle [a, b] (avec a < b). Pour tout nombre réel y compris entre f (a) et f (b),
l’équation f (x) = y admet au moins une solution dans [a, b].
Remarque. Bien qu’intuitif, ce résultat n’est pas trivial et a pour origine le fait fon-
damental que l’ensemble des nombres réeels R n’a pas de  trou 5 , ce que l’on peut
traduire par le fait que la limite d’une suite convergente de nombres réels est un nombre
réel, propriété que l’on retrouve utilisée dans la démonstration ci-dessous.
5. L’ensemble des nombres rationnels Q, c’est-à-dire des nombre de la forme pq où p ∈ Z et q ∈ N∗ , ne

permettent pas de mesurer toutes les longueurs existantes. Par exemple, la longueur 2 de la√diagonale
d’un carré de côté 1, ne peut se mettre sous la forme pq avec p ∈ Z et q ∈ N∗ . Le nombre 2 est un
irrationnel, le nombre 2 n’est donc pas le carré d’un nombre rationnel. Les grecs ont mis longtemps avant
de l’accepter. Cela a mis en évidence l’existence d’un ensemble de nombres plus grand que Q, celui des
nombres réels R, dont les positifs permettent de mesurer toutes les longueurs existantes ...
56 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

Démonstration. — On peut supposer sans perte de généralité que f (a) ≤ f (b). Soit
y ∈ [f (a), f (b)]. On va montrer que l’équation f (x) = y admet au moins une solution. On
construit deux suites (an )n∈N et (bn )n∈N de la façon suivante. On pose a0 := a et b0 := b
et, pour tout n dans N, on pose
 
an + bn an + bn
an+1 := an et bn+1 := si f ≥y
2 2
et on pose  
an + bn an + bn
an+1 := et bn+1 := bn si f <y .
2 2
La suite (an )n∈N est croissante, la suite (bn )n∈N est décroissante, la différence bn −an = b−a
2n
tend vers 0. Les deux suites sont donc adjacentes et ont donc une limite commune x0
appartenant à [a, b]. Pour tout n dans N, on a f (an ) ≤ y ≤ f (bn ). La fonction f étant
continue sur [a, b], les suites f (an ) et f (bn ) tendent vers f (x0 ). Par passage à la limite
dans l’inégalité on obtient f (x0 ) ≤ y ≤ f (x0 ) ce qui implique f (x0 ) = y. 

Remarques.
 Si l’on sait en plus que f (a) 6= f (b) alors un nombre réel k strictement compris
entre f (a) et f (b) aura donc au moins un antécédent x dans ]a, b[.
 La démonstration donne une méthode pratique de détermination d’une valeur ap-
prochée d’une solution de l’équation f (x) = k, dite méthode de dichotomie.
Le théorème des valeurs intermédiaires admet la formulation équivalente suivante.
Théorème 9. (Théorème de Weierstrass)
L’image d’un intervalle par une fonction continue est un intervalle.

Démonstration. — Remarquons d’abord qu’un ensemble E ⊂ R est un intervalle si et


seulement si, dès que c et d sont dans E et que m est compris entre c et d alors m ∈ E.
Montrons d’abord que Théorème (8) ⇒ Théorème (9). Soit f une fonction continue sur I,
un intervalle de R. Montrons que f (I) est un intervalle.
Si s et t sont dans f (I), alors s = f (c) et t = f (d) pour au moins deux éléments c et
d de I. Si y est compris entre s et t, alors y est compris entre f (c) et f (d) et d’après le
Théorème (8), il existe x compris entre c et d, donc dans I, tel que f (x) = y, c’est-à-dire
y ∈ f (I) et donc f (I) est un intervalle.
Réciproquement, montrons à présent que Théorème (9) ⇒ Théorème (8). Si f est continue
sur l’intervalle [a, b], avec a < b, son image f ([a, b]) est donc un intervalle qui contient f (a)
et f (b). Ainsi tout y compris entre f (a) et f (b) est dans l’image f ([a, b]) puisque c’est un
intervalle. Il existe donc x ∈ [a, b] tel que f (x) = y. 

Exercices.
1. Soit f la fonction polynômiale du second degré définie sur R par

f (x) := −2x2 + 6x + 8 .

On note Cf la parabole représentant f dans repère orthomormé du plan.


(a) A l’aide de la courbe Cf , déterminer f (A), où A = [−2, 4]. Comparer avec
l’intervalle [f (−2), f (4)].
2.4. DÉRIVÉE D’UNE FONCTION 57

(b) Calculer f (−2). Déterminer graphiquement l’ensemble


S = {x ∈ R | f (x) ∈ [−12, 0]} .
Retrouver par le calcul cet ensemble S.
2. Soit f la fonction polynômiale du troisième degré définie sur R par
f (x) = x3 − 12x + 7 .
(a) Montrer que l’équation f (x) = 0 admet trois solutions (étudier la fonction f ).
(b) Avec la méthode utilisée pour la démonstration du théorème (8), donner une
approximation au dixième de celle qui est comprise entre les deux autres.

2.4 Dérivée d’une fonction


2.4.1 Points à l’intérieur d’un ensemble
Sauf mention du contraire les fonctions numériques f : X−→Y de cette section ont pour
ensemble de départ un sous-ensemble quelconque X de R. Pour poursuivre, il est à présent
nécéssaire de distinguer les éléments, dits aussi points, de X dits intérieurs à X et ceux
dits du bord de X.
Définition (Intérieur et bord).
 Un élément x0 de X est à l’intérieur de X si x0 est contenu dans un intervalle
ouvert ]a, b[ de X, soit en symboles mathématiques : x0 ∈ ]a, b[ ⊂ X .
 Un élément x0 de X est au bord de X si x0 n’est pas à l’intérieur de X et si x0 est
l’extrémité d’un intervalle fermé non réduit à un point contenu dans X.
Exemple. Soit X :=] − ∞, 3] ∪ {4} ∪ [5, 6[, alors l’ensemble des éléments à l’intérieur de
X est ] − ∞, 3[ ∪ ]5, 6[ et l’ensemble des éléments du bord de X est {3, 5}. (L’élément 4
n’est ni intérieur, ni sur le bord, il est  isolé  dans X).

2.4.2 Dérivabilité
Si la continuité représente une certaine forme de  régularité  des fonctions, la dérivabilité
en est une version améliorée.
Définition (Dérivée en un point intérieur). Soit f : X → Y une fonction numérique
et soit x0 un point intérieur à X. On dit que f est dérivable au point x0 lorsque la limite
f (x) − f (x0 )
lim ,
x→x0
x∈X
x − x0

existe et est finie que l’on note alors f 0 (x0 ). On appelle ce nombre la dérivée de f au point
x0 .

Remarque. On peut aussi poser x = x0 + h, d’où x − x0 = h, et on obtient pour


l’expression de la dérivée la limite suivante.

f (x) − f (x0 ) f (x0 + h) − f (x0 )


f 0 (x0 ) = x→x
lim = lim (2.7)
x∈X
0 x − x0 h→0
x0 +h∈X
h
58 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

Exemples. On voit facilement qu’une fonction constante est dérivable en tout point, sa
dérivée étant égale à 0. On vérifiera que les fonctions d’expression y = 3x et y = x2
sont dérivables en 0, et qu’en revanche la fonction d’expession y = |x| ne l’est pas, le
changement soudain de direction en 0 empêche la dérivabilité en 0.
Pour que le taux de variation f (x)−f
x−x0
(x0 )
admette une limite finie en x0 , il faut que le
numérateur tende vers 0. Une fonction dérivable au point x0 est donc nécessairement
continue au point a.
Proposition 7. Tout fonction f dérivable en un point a est continue au point a.
Attention. La réciproque est fausse, comme le montre l’exemple f (x) = |x| en x0 = 0
introduit plus haut.
Soient f : X → Y une fonction numérique et soit Cf sa courbe représentative. Soit x0 un
point intérieur à X et soit ]a, b[ un intervalle de X contenant x0 . Pour x ∈]a, b[ et x 6= x0 ,
considérons la droite Dx passant par les 2 points de Cf , M0 (x0 , f (x0 )) et M (x, f (x)). La
pente de cette droite est égale au taux d’accroissement de f entre x0 et x.
Si f est dérivable en x0 , alors quand x tend vers x0 , la pente de la droite Dx tend vers
f 0 (x0 ). La droite  limite , passant par le point M0 (x0 , f (x0 )) et de pente f 0 (x0 ), est la
tangente à la courbe de f en ce point.

Cf

Propriétés (Équation de la tangente). L’équation de la tangente à la courbe représentative


Cf d’une fonction dérivable en x0 est

y = f (x0 ) + f 0 (x0 ) · (x − x0 ) .

Pour les points x0 du bord de X ou des points intérieurs particuliers de X, on ne peut


qu’étudier la limite du taux de variation que d’un seul côté de x0 . Cela donne lieu à la
définition suivante :
Définition (Dérivée à droite). Soient f : X → Y une fonction numérique et x0 un
point du bord gauche de X ou intérieur à X. On dit que f est dérivable à droite en x0
lorsque la limite
f (x) − f (x0 )
lim
x→x0
x>x
x − x0
0

existe et est finie. On note fd0 (a) cette limite qu’on appelle la dérivée à droite de f en x0 .
La notion de dérivée à gauche est définie de manière similaire pour les points du bord
droit de X ou intérieur à X.
2.4. DÉRIVÉE D’UNE FONCTION 59

Exemple. Bien que non dérivable en 0 comme nous l’avons vu précédemment, la fonction
définie par f (x) = |x| est pourtant dérivable à droite et à gauche en 0, avec fd0 (0) = 1 et
fg0 (0) = −1.

Comme on le voit ici, le fait que f soit dérivable à droite et à gauche en un point n’entraı̂ne
pas la dérivabilité en ce point, on a néanmoins le résultat suivant.

Proposition 8. Soit x0 un point intérieur à X où f est continue. Si f est dérivable à


gauche et à droite en x0 avec
fd0 (x0 ) = fg0 (x0 ) = l

alors f est dérivable en x0 et f 0 (x0 ) = l.

Cette propriété est souvent utile pour déterminer la dérivabilité d’une fonction définie par
morceaux, aux points de  jonction  des différentes définitions.

Exemple. Soit par exemple f définie sur R par



 x si x ≤ 1 ,
f (x) = x2 + 1
 si x > 1 .
2
Au point 1, la fonction est continue, car elle tend vers 1 des deux côtés, mais elle admet
aussi une dérivée à gauche, et une dérivée à droite, toutes les deux égales à 1. Donc la
fonction f est donc dérivable au point 1, avec f 0 (1) = 1.

En revanche la fonction g définie sur R par


(
x si x ≤ 1 ,
g(x) =
x2 si x > 1 .

est continue au point 1, mais non dérivable, car sa dérivée à droite et sa dérivée à gauche
n’ont pas la même valeur. On dit dans ce cas que le graphe de g possède un point anguleux
avec deux demi-tangentes de pente 1 (à gauche) et 2 (à droite).

Attention. Pour pouvoir appliquer la proposition précédente, il faut bien vérifier que
la fonction est continue au point sinon le résultat est faux.

2.4.3 Dérivabilité et opérations sur les fonctions

L’objet de ce paragraphe est d’établir les principaux résultats relatifs à la compatibilité


de la dérivabilité avec les opérations définies sur les fonctions. Il est cependant nécessaire
de débuter avec le résultat  technique  suivant.

Proposition 9. Une fonction f : X → Y est dérivable en x0 , de nombre dérivé l en x0


si et seulement si il existe une fonction ε : h → ε(h), définie sur un voisage de 0, tendant
vers 0 pour h → 0, telle que ε(0) = 0 et

f (x0 + h) = f (x0 ) + h (l + ε(h)) . (2.8)


60 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

Démonstration. — Si f est dérivable en x0 , considérons la formule, vue plus haut,

f (x0 + h) − f (x0 )
f 0 (x0 ) = lim .
h→0
h6=0
h

Posons alors, pour h 6= 0,

f (x0 + h) − f (x0 )
ε(h) := − f 0 (x0 ).
h
On peut alors prolonger la fonction ε en 0, en posant ε(0) = 0. Cette fonction remplit
alors les conditions de la proposition.
Réciproquement, en utilisant (2.8), on voit que la limite du taux d’accroissement en x0
existe, est finie et vaut l ainsi la fonction f est dérivable en x0 et f 0 (x0 ) = l. 

Proposition 10. Soient f et g deux fonctions dérivables en x0 , soit α un nombre réel,


les fonctions αf , f + g, f g et f /g (si g(x0 ) 6= 0) sont dérivables en x0 et leurs dérivées
respectives valent

(αf )0 (x0 ) = α · f 0 (x0 ) ,


(f + g)0 (x0 ) = f 0 (x0 ) + g 0 (x0 ) ,
(f g)0 (x0 ) = f 0 (x0 ) g(x0 ) + f (x0 ) g 0 (x0 ) ,
 0
f g(x0 )f 0 (x0 ) − f (x0 )g 0 (x0 )
(x0 ) = .
g g(x0 )2

Démonstration. — Ces formules ont été vues dans l’enseignement secondaire. Montrons
par exemple celle qui donne la dérivée d’un produit, en nous servant de la proposition 9.
Appliquons la formule (2.8) aux fonctions f et g : il existe donc des fonctions ε1 (h) et
ε2 (h), tendant vers 0 quand h → 0, telles que

f (x0 + h) = f (x0 ) + h f 0 (x0 ) + ε1 (h) g(x0 + h) = g(x0 ) + h g 0 (x0 ) + ε2 (h) .


 
et

Il en résulte que
h
f (x0 + h) g(x0 + h) =f (x0 ) g(x0 ) + h f 0 (x0 ) g(x0 ) + f (x0 ) g 0 (x0 )
i
+f (x0 ) ε2 (h) + g(x0 ) ε1 (h) + h (f 0 (x0 ) + ε1 (h)) (g 0 (x0 ) + ε2 (h)) .

En posant

ε3 (h) := f (x0 ) ε2 (h) + g(x0 ) ε1 (h) + h (f 0 (x0 ) + ε1 (h)) (g 0 (x0 ) + ε2 (h)) ,

cela s’écrit encore

f (x0 + h) g(x0 + h) = f (x0 ) g(x0 ) + h f 0 (x0 ) g(x0 ) + f (x0 ) g 0 (x0 ) + ε3 (h) .


 

On constate alors que ε3 (h) → 0 quand h → 0. Toujours d’après la proposition 9, cela


montre que f 0 (x0 ) g(x0 ) + f (x0 ) g 0 (x0 ) est bien la dérivée de f g en x0 . 
2.4. DÉRIVÉE D’UNE FONCTION 61

2.4.4 Dérivée d’une fonction composée


Proposition 11. Si f : X → Y est une fonction dérivable au point x0 , et si la fonction
g : Y → Z est dérivable au point f (x0 ), alors la fonction composée g ◦ f est dérivable en
x0 . Sa dérivée est alors donnée par

(g ◦ f )0 (x0 ) = f 0 (x0 ) · g 0 (f (x0 )).

Démonstration. — On utilise encore la proposition 9. Il existe donc des fonctions ε1 (h)


et ε2 (h), tendant vers 0 quand h → 0, telles que

f (x0 + h) = f (x0 ) + h f 0 (x0 ) + ε1 (h)



(2.9)

g(y0 + k) = g(y0 ) + k g 0 (y0 ) + ε2 (k)



(2.10)
en posant y0 = f (x0 ). Alors

g(f (x0 + h)) = g y0 + h(f 0 (x0 ) + ε1 (h)) ,


 

soit, en posant k = h(f 0 (x0 ) + ε1 (h)) dans la formule (2.10) ci-dessus,

g(f (x0 + h)) = g(y0 + k) = g(y0 ) + k(g 0 (y0 ) + ε2 (k)


= g(y0 ) + h(f 0 (x0 ) + ε1 (h))[g 0 (y0 ) + ε2 (h(f 0 (x0 ) + ε1 (h))],
ou encore
g(f (x0 + h)) = g(f (x0 )) + h[f 0 (x0 )g 0 (f (x0 )) + ε3 (h)],
où ε3 (h) est une fonction, qu’on laisse au lecteur le soin de décrir précisément, qui tend vers
0 quand h → 0. En appliquant une nouvelle fois la proposition 9, on obtient la conclusion
cherchée. 

Exemple. Rappelons, mais cela sera démontré dans le chapitre suivant, que les fonctions
f (x) = ex et g(x) = ln(x) ont respectivement pour dérivée en un point x, f 0 (x) = ex , pour
tout x ∈ R, et g 0 (x) = 1/x, pour tout x > 0.
Soit u : x 7→ u(x) une fonction dérivable en x0 , alors la fonction définie par v(x) := eu(x)
l’est également et sa dérivée en ce point est

v 0 (x0 ) = u0 (x0 ) eu(x0 ) .

Si de plus u(x0 ) > 0 alors la fonction définie par w(x) := ln(u(x)) est dérivable en x0 e sa
dérivée vaut
u0 (x0 )
w0 (x0 ) = .
u(x0 )

2.4.5 Fonction dérivée


Définition (Domaine de dérivabilité). On appelle domaine de dérivabilité d’une fonc-
tion f : X → Y l’ensemble des points où elle est dérivable. On le note Df0 .
Définition (Fonction dérivé). On appelle fonction dérivée de f la fonction définie par
 0
f : Df0 → R
x 7→ f 0 (x) .
62 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

Exemple. Pour la fonction définie par f (x) = |x|, le domaine dérivabilité est Df0 = R∗ =
x √
R \ {0} avec f 0 (x) = . Pour la fonction définie par g(x) = x2 + 1, alors Df0 = R et
|x|
0 x
g (x) = √ .
x2 + 1

Vocabulaire. Soit une fonction f : X → Y et ]a, b[ un intervalle ouvert contenu dans


X. On dit que la fonction f est dérivable sur l’ouvert ]a, b[ si ]a, b[ est contenu dans le
domaine de dérivabilité Df0 de f . Si le fermé [a, b] est contenu dans X, on dit que f est
dérivable sur le fermé [a, b] si f est dérivable sur ]a, b[, est dérivable à droite en a et est
dérivable à gauche en b.

Définition (Dérivées successives). La fonction f 0 elle-même peut être dérivable en


certains points : la dérivée de f 0 , quand elle existe, est appelée dérivée seconde de f et elle
est notée f 00 . La fonction f 00 elle-même peut être dérivable, sa dérivée est appelée dérivée
troisième de f et notée f 000 .
On définit ainsi par récurrence la notion de dérivée n-ième, ou de dérivée d’ordre n, de f ,
notée f (n) . On dit que f est dérivable n fois (en un point, sur un intervalle, etc.) si au(x)
point(s) concerné(s) les dérivées f (k) existent pour k = 1, . . . , n. Pour la cohérence de la
notation, on convient que f (0) := f .

Exercices.
1. Calculer la dérivée n-ième de la fonction f définie par h(x) := ln(x + 1) .

2. Calculer la dérivée n-ième de la fonction g définie par k(x) := sin x .

3. Soient deux fonctions f et g dont on suppose que le produit f g est défini et telles
que f et g admettent des dérivées jusqu’à l’ordre n. Montrer que la dérivée d’ordre
n du produit f g existe, sa valeur étant donnée par la formule suivante (formule de
Leibniz) :

(f g)(n) = f (n) g + Cn1 f (n−1) g 0 + · · · + Cnk f (n−k) g (k) + · · · + f g (n) .

(On pourra procéder par récurrence sur n ).

2.4.6 Théorème des Accroissements finis


Nous admettrons le résultat suivant qui est un cas particulier du théorème des accroisse-
ments finis énoncé ensuite.

Théorème 10 (Théorème de Rolle). Soit f : X → Y une fonction numérique continue


sur un intervalle fermé [a, b] contenu dans X, et dérivable sur l’intervalle ouvert ]a, b[. Si
f (a) = f (b) alors il existe un point c ∈]a, b[ tel que f 0 (c) = 0.

Interprétation graphique. Ce théorème peut s’interpréter graphiquement sur la


courbe représentant une fonction dérivable : si deux points distincts A et B de la courbe
ont même ordonnée, il existe entre A et B un point C de cette courbe dont la tangente
est horizontale.
2.4. DÉRIVÉE D’UNE FONCTION 63

Cf

A B

Notons que dans ce cas la tangente en C est parallèle à la ”corde” [A, B]. Cette propriété
n’est pas réservée à la direction horizontale, comme le montre le théorème des accroisse-
ments finis.

Théorème 11 (Théorème des accroissements finis). Soit f : X → Y une fonction


numérique continue sur un intervalle fermé [a, b] contenu dans X, et dérivable sur l’ouvert
]a, b[. Alors il existe un point c ∈]a, b[ tel que f 0 (c) soit égal au taux d’accroissement de f
entre a et b :
f (b) − f (a)
f 0 (c) = .
b−a

Interprétation graphique. Ce théorème peut s’interpréter graphiquement sur la


courbe représentant une fonction dérivable : pour deux points distincts A et B de cette
courbe, il existe entre ces deux points un point C de la courbe dont la tangente est parallèle
à la corde [A, B].

Démonstration. — Considérons les deux points situés sur la courbe de f : A = (a, f (a))
et B = (b, f (b)). Soit ϕ(x) la fonction qui donne l’écart vertical entre la courbe de f et la
corde [AB] aux points d’abscisse x. Cette fonction s’écrit

f (b) − f (a)
ϕ(x) = f (x) − f (a) − (x − a) .
b−a

On vérifie que la fonction ϕ satisfait les hypothèses du théorème de Rolle entre a et b : elle
est continue sur [a, b], dérivable sur ]a, b[, et elle s’annule en a et b. Il existe donc c ∈]a, b[
tel que ϕ0 (c) = 0. Or
f (b) − f (a)
ϕ0 (x) = f 0 (x) − ,
b−a
f (b) − f (a)
donc ϕ0 (c) = 0, ce qui équivaut à f 0 (c) = . 
b−a

L’inégalité suivante que l’on déduit aisément de l’égalité des accroissements finis est fort
utile. La preuve est laissée à titre d’exercice.
64 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

Théorème 12 (Inégalité des accroissements finis). Soit f une fonction numérique définie
et dérivable sur un intervalle I et soit M > 0 tel que pour tout t ∈ I on ait

|f 0 (t)| ≤ M .

Alors pour tous x, y ∈ I, on a

|f (x) − f (y)| ≤ M |x − y| .

Exemple. La fonction sinus est dérivable sur R et sa dérivée, la fonction cosinus, vérifie
| cos t| ≤ 1 pour tout t ∈ R. On en déduit que pour tout x ∈ R on a | sin x−sin 0| ≤ 1·|x−0|,
c’est-à-dire | sin x| ≤ |x|.

2.5 Utilisation de la dérivée pour l’étude des fonctions


La dérivée, quand elle est disponible, offre un outil irremplaçable pour l’étude des fonc-
tions. Commençons par donner un résultat très utile pour l’étude du comportement d’une
fonction f : X → Y aux points du bord de X.

2.5.1 Limite de nombres dérivés et demi-tangente


Proposition 12 (Limite de nombres dérivés, demi-tangente). Soit f : X → Y
une fonction numérique continue sur un intervalle [x0 , b] contenu dans X et dérivable sur
]x0 , b[. Si f 0 (x) tend vers une limite à droite δ quand x → x0 alors f admet en x0 une
>
dérivée à droite égale à δ .

Démonstration - Exercice. En appliquant le théorème des accroissements finis sur


[x0 , x], montrer que f admet en x0 une dérivée à droite égale à δ.

On a bien entendu un énoncé similaire si l’on considère un intervalle de la forme [a, x0 ] et la


limite de f 0 (x) à gauche en x0 . Cette proposition est très utilisée en pratique en particulier
pour étudier les pentes des demi-tangentes aux extrémités. En voici deux exemples.

Exercices.
1. Soit f la fonction définie par f (x) := ln(x) + 1 si x ∈]0, 1[ et par f (x) := exp(x − 1)
si x ≥ 1. Cette fonction est-elle continue en 1 ? dérivable en 1 ?

2. Représenter graphiquement au voisinage de 0+ , la fonction g(x) := cos( x).

2.5.2 Extrema
Passons à présent à l’utilisation de la dérivée pour des points intérieurs à X et commençons
par le cas des extrema dits locaux.

Définition (Extremum local). Soient f : X → Y une fonction numérique, et x0 un


point intérieur à X. On dit que f admet en x0 un maximum local (respectivement un
minimum local ) si, pour un certain intervalle I =]a, b[ contenu dans X et contenant x0 ,
on a
∀x ∈ I, f (x) ≤ f (x0 ) (respectivement ∀x ∈ I, f (x) ≥ f (x0 )) .
2.5. UTILISATION DE LA DÉRIVÉE POUR L’ÉTUDE DES FONCTIONS 65

Dans chacun des deux cas on dit que le point x0 est un extremum local pour f . Si on
remplace les inégalités larges par des inégalités strictes pour x 6= x0 , on obtient les notions
de extremun local strict.
Attention. On ne parle d’extremum local en x0 que si x0 est à l’intérieur de X. Par

exemple, la fonction f définie par f (x) =: x, atteint sa valeur minimale en 0, on ne dit
pas pour autant que 0 est un minimum local pour f .
Remarque. La définition, par exemple, d’un maximum local implique que f (x0 ) est le
maximum des valeurs prises par f sur l’intervalle I considéré, mais pas forcément le
maximum de√ toutes les valeurs prises par f . La fonction définie par f (x) = x3 − x possède
en x0 = − 33 un maximum local, alors que f prend parailleurs des valeurs bien plus
grandes que f (x0 ) puisque f (x) → +∞ quand x → +∞. Voir aussi l’exemple graphique
suivant d’un maximum local mais non global.
y

Cf

x
x0

Proposition 13. Si x0 est un extremum local de f et si f est dérivable en x0 , alors


f 0 (x0 ) = 0 .

Démonstration. — Traitons le cas d’un maximum local. D’après les hypothèses, il existe
un intervalle tel que f soit définie sur ]a, b[ contenu dans X et contenant x0 , tel que
∀x ∈ ]a, b[ f (x) ≤ f (x0 ).
f (x) − f (x0 )
Il en résulte que si x ∈]a, x0 [, le taux d’accroissement est positif ou nul, donc
x − x0
sa limite quand x → x0 est positive ou nulle, d’où
<

fg0 (x0 ) ≥ 0 .
f (x) − f (x0 )
D’autre part si x ∈]x0 , b[, le taux d’accroissement est négatif ou nul, donc
x − x0
sa limite quand x → x0 est négative ou nulle, d’où
>

fd0 (x0 ) ≤ 0 .
Mais comme f est dérivable en x0 , on a fg0 (x0 ) = fd0 (x0 ) = f 0 (x0 ) et cette valeur ne peut
qu’être égale à 0. Le cas d’un minimum local se traite de façon similaire ; on peut aussi
considére la fonction −f . 
66 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

Remarques.
1. La réciproque est fausse, c’est-à-dire qu’une fonction peut posséder une dérivée
nulle en un point sans présenter d’extremum local. Penser à l’exemple déjà évoqué
de la fonction f (x) = x3 en 0.
2. La proposition est évidemment fausse si f n’est pas dérivable en x0 : ainsi
la fonction définie par f (x) = |x| admet un minimum local en 0, mais sa dérivée ne
s’annule pas en 0 puisque en ce point la fonction n’est pas dérivable !

2.5.3 Étude des variations


Donnons à présent le résultat principal et fondamental sur l’utilisation de la fonction
dérivée pour l’étude d’une fonction (dérivable).
Théorème 13. Soit f : X → Y une fonction continue sur un intervalle I contenu dans
X et d’extrémités a et b, a < b (a ou b pouvant être égal à +∞ ou −∞) et dérivable sur
]a, b[.
 Si la fonction dérivée f 0 est positive (resp. négative) sur ]a, b[, alors f est croissante
(resp. décroissante) sur I.
 Si la fonction dérivée f 0 est strictement positive (resp. strictement négative) sur
]a, b[, alors f est strictement croissante (resp. strictement décroissante) sur I.
Démonstration. — Soient x et y dans I vérifiant x < y, on peut appliquer le théorème
des accroissementsfinis sur l’intervalle [x, y] pour obtenir l’existence d’un point c ∈ ]x, y[,
tel que f (y) − f (x) = f 0 (c) (y − x). Ainsi, si f 0 (c) ≥ 0, alors f (y) ≥ f (x). Bien sûr si
f 0 (c) > 0, alors f (y) > f (x). Le cas décroissant se traite de la même manière. 
Remarque. Le théorème est valable quelle que soit la nature de l’intervalle (ouvert, fermé,
semi-ouvert...). Mais, on fera très attention au fait que ce théorème n’est valable
que sur un intervalle, comme le montre l’exemple classique suivant. La fonction définie
sur R∗ par f (x) = 1/x est dérivable sur R∗ de fonction dérivée f (x) = −1/x2 qui est
strictement négative sur R∗ . Cette fonction n’est pourtant pas décroissante sur R∗ .
Remarque. Il n’est pas nécessaire que la fonction dérivée f 0 soit strictement positive sur
]a, b[, pour que f soit strictement croissante sur [a, b], il suffit par exemple que f 0 soit
strictement positive sur ]a, b[ sauf peut-être en un nombre fini de points comme on peut
le voir par exemple avec la fonction x 7→ x3 sur l’intervalle [−1, 1]. Cette fonction est
strictement croissante bien que f 0 (0) = 0. En effet, il suffit ici d’appliquer le théorème
précédent sur l’intervalle [−1, 0] puis sur l’intervalle [0, 1]. Ainsi, on obtient la stricte
croissance sur ces deux intervalles mais on obtient également que si x < 0, alors f (x) <
f (0) et que si y > 0, alors f (0) < f (y), on peut donc conclure que f est strictement
croissante sur l’intervalle [−1, 1] tout entier.
Corollaire 14. Si la fonction f : X → Y est dérivable sur un intervalle ouvert I contenu
dans X et de dérivée nulle sur I, alors f est constante sur cet intervalle.
Démonstration. — On utilise le théorème précédent et on en déduit que notre fonction
est à la fois croissante et décroissante, c’est-à-dire constante. 
Attention. On fera encore attention au fait que ce résultat n’est valable que sur un
intervalle, comme le montre l’exemple suivant : la fonction définie sur R \ {0} qui vaut 0
sur ]−∞, 0[ et 1 sur ]0, +∞[ est dérivable sur R \ {0} de dérivée nulle. Cette fonction n’est
pourtant pas constante puisqu’elle prend deux valeurs !
2.5. UTILISATION DE LA DÉRIVÉE POUR L’ÉTUDE DES FONCTIONS 67

2.5.4 Convexité et dérivée seconde


Définition (Fonction convexe sur un intervalle). Soit un intervalle [a, b] ⊂ E ⊂ R et
soit une fonction f : E → R définie sur E. On dit que la fonction f est convexe sur [a, b]
si pour tout couple (M1 , M2 ) de points de la courbe représentant f d’abscisses dans [a, b],
la corde [M1 , M2 ] est située au dessus de la courbe, c’est-à-dire

∀t ∈ [0, 1], ∀(x1 , x2 ) ∈ [a, b]2 , f (x1 + t(x2 − x1 )) 6 f (x1 ) + t(f (x2 ) − f (x1 )) .

Cf

M1

M2

Définition (Fonction concave sur un intervalle). De même, on dit que f est concave
sur [a, b] si pour tout couple (M1 , M2 ) de points de la courbe de f d’abscisses dans [a, b],
la corde [M1 , M2 ] est située au-dessous de la courbe.

Attention. La propriété d’être convexe ou concave n’est pas intrinsèque à la fonc-


tion, c’est-à-dire qu’elle dépend en général de l’intervalle [a, b] sur lequel on se pose
la question.

Tout comme le signe de la dérivée f 0 donne des indications sur le sens de variation d’une
fonction dérivable f , le signe de la dérivée seconde f 00 = (f 0 )0 si elle existe, nous renseigne
sur la convexité de f .

Théorème 14. Si une fonction f admet une dérivée seconde f 00 partout positive ou nulle
sur un intervalle [a, b], alors f est convexe sur [a, b].

Démonstration. — Soient x1 et x2 les abscisses des points M1 et M2 et soit y =


mx + p l’équation de la droite (M1 M2 ). La quantité ϕ(x) = f (x) − (mx + p) mesurant
la différence des ordonnées d’un point de la courbe et d’un point de la droite de même
abscisse x, vérifie :

ϕ0 (x) = f 0 (x) − m donc ϕ00 (x) = f 00 (x) ≥ 0.

La fonction ϕ0 est donc croissante sur [a, b]. D’autre part puisque ϕ(x1 ) = ϕ(x2 ) = 0,
il existe c ∈ [x1 , x2 ] tel que ϕ0 (c) = 0 par le théorème de Rolle. Ainsi ϕ0 (x) 6 0 pour
x ∈ [x1 , c] et ϕ0 (x) > 0 pour x ∈ [c, x2 ], et donc ϕ est décroissante sur [x1 , c] et croissante
sur [c, x2 ].
68 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

x x1 c x2
ϕ0 (x) − 0 +
ϕ(x) 0 & % 0

Finalement ϕ(x) 6 0 sur l’intervalle [x1 , x2 ], ce qui signifie bien que la corde [M1 , M2 ] est
située au-dessus de la courbe. 

Théorème 15. Si f admet une dérivée seconde f 00 partout positive ou nulle sur [a, b],
alors pour tout x0 ∈ [a, b], la courbe représentative de f est, sur l’intervalle [a, b], au
dessus de la tangente à la courbe de f au point (x0 , f (x0 )) .

Cf

M0

Démonstration. — Soit t(x) = f (x0 ) + (x − x0 )f 0 (x0 ) l’équation de la tangente en M0


et h(x) = f (x) − t(x) la fonction mesurant la différence des ordonnées entre un point
de la courbe et un point de cette tangente, de même abscisse x. On a pour tout x dans
l’intervalle [a, b]
h0 (x) = f 0 (x) − f 0 (x0 ) et h00 (x) = f 00 (x) ≥ 0 .
Par conséquent, la fonction h0 est croissante sur l’intervalle [a, b], et comme h0 (x0 ) = 0, on
a h0 (x) < 0, pour x < x0 , et h0 (x) > 0, pour x > x0 . La fonction h est décroissante sur
[a, x0 ], et croissante sur [x0 , b] ; elle admet donc son minimum en x0 , et comme h(x0 ) = 0,
on a h(x) ≥ 0 pour tout x dans [a, b]. 

Remarque. En considérant des dérivées secondes négatives, on obtient des résultats ana-
logues aux théorèmes 14 et 15 mais en termes de concavité.

Exercice. Illustrer graphiquement et montrer les résultats suivants.


1. Pour tout x dans [0, π2 ], on a sin x ≥ π2 x .
2. Pour tout x réel, on a ex ≥ 1 + x .
3. Pour tout x dans ]0, +∞[, on a ln x ≤ x − 1 .
2.6. EXERCICES SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES 69

2.6 Exercices sur les fonctions numériques


Exercice 20. Pour chacune des fonctions f suivantes déterminer : l’image de f , f (A) et
l’ensemble des antécedants de B pour A =] − 1, 3] et B = [−2, 4[.
 f définie par f (x) := 1 − 2x ,
 h définie par h(x) := −x2 + 6x − 5 ,

 g définie par g(x) := 3 x − 1 ,
 h définie par k(x) := ln(x + 1) .
Exercice 21. Soit f : R → R définie par f (x) := x pour |x| ≥ 1, f (x) := −x pour |x| < 1.
Dessiner la courbe de f et calculer la composée f ◦ f .
1
Exercice 22. Tracer la courbe de la fonction f : R∗ −→ R définie par f (x) := .
x
En déduire le tracé des courbes des fonctions suivantes :

f1 : R∗ −→ R f2 : R \ {−2} −→ R f3 : R∗ −→ R
1 1 1
x 7 → − ,
− x 7−→ , x 7−→ −1 ,
x x+2 x
puis des fonctions :
f4 : R \ {2} −→ R f5 : R∗ −→ R
1 1
x 7−→ , x 7−→ −1 .
−x + 2 2x
Exercice 23. On considère l’expression polynômiale du second degré P (x) := −x2 +2x+1.
1. Mettre P (x) sous forme canonique ±(x − α)(x − β).
2. Donner les racines de l’équation P (x) = 0.
3. Tracer le graphe de la fonction P : R −→ R ainsi définie, puis celui de la fonction
g : R −→ R définie par g(x) := |P (x)|.
Exercice 24. Dans un même repère othonormé du plan, donner les représentations gra-
phiques des fonctions [0, 4] → R suivantes :
r
√ 1
f : x 7→ x et g : x 7→ E(4x) .
4
Exercice 25. Donner le domaine de définition des expressions suivantes :
√ x+1
f (x) := x+1 , g(x) := ln(1 − 2x2 ) et h(x) := .
x3 − 2x
Exercice 26.
1
1. Déterminer le domaine de définition D de l’expression √ .
+t−1 3t2
1
On définie ainsi une fonction h : D −→ R par h(t) := √ .
3t2 + t − 1
2. Écrire la fonction h comme la composée de deux fonctions u et v. Donner plusieurs
réponses possibles. Écrire à chaque fois u ou v comme la composée de deux autres
fonctions.
70 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

x+1
Exercice 27. On considère la fonction f définie sur R \ {1} par f (x) := .
x−1
1. Montrer que f est à valeurs dans R \ {1} .
2. Calculer la composé f ◦f (x) pour x ∈ R\{1} et simplifier au maximum l’expression
obtenue.
3. Transformer l’expression f (x) en une expression égale où x n’apparaı̂t qu’une fois.

Exercice 28. Montrer que la fonction f : R −→ R définie par


1 1
f (x) := −
2 1 + exp(x)

est impaire et croissante.

Exercice 29. Déterminer, sans utiliser la dérivation, le sens de variation des fonctions
suivantes :

g2 : R −→ R g3 : R∗ −→ R 
g1 : [−3/2, +∞[ −→ √ R
1 1
x 7−→ 2x + 3 , x 7−→ , x 7 → exp
− .
x2 + 2 x
x
Exercice 30. On considère la fonction f : R 7−→ R définie par f (x) := .
1 + |x|
Etudier le sens de variation de f (sans utiliser la dérivation).
Indication : on pourra d’abord transformer l’expression f (x), en distinguant les cas x ≤ 0
et x ≥ 0.

Exercice 31. On considère les expressions numériques réelles



f (x) := sin x et g(x) := 1 − x .

1. Donner le domaine de définition de f et de g, et leurs images respectives.


2. Expliciter les fonction h et k définies par les expressions

h(x) := f (g(x)) et k(x) = g(f (x)) .

3. Donner l’image de h et l’image de k.

Exercice 32.
x
1. Déterminer le sens de variation sur R+ de la fonction définie par f (x) := .
1+x
2. Déterminer ensuite, sans calculs supplémentaires, le sens de variation sur R+ puis
x2
sur R− de la fonction g définie par g(x) := .
1 + x2
Exercice 33. Etudier la continuité des fonctions suivantes définies sur R.

1. La fonction f1 (x) := x2 cos x1 pour x 6= 0 et f1 (0) = 0 .


2. La fonction f2 (x) := sin x sin x1 pour x 6= 0 et f2 (0) = 0 .
3. La fonction f3 (x) := xE (x), où E (x) désigne la partie entière de x .
2.6. EXERCICES SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES 71

Exercice 34. Etudier la continuité de la fonction f définie sur R par



1 si x = 0 ,
f (x) := sin x
 sinon .
x
Exercice 35. On considère la fonction f définie sur R par

0   si x = 0 ,
f (x) := 1
sin sinon .
x

1 1
1. Calculer f (xn ) pour xn = , puis pour xn = π , avec n ∈ N.
2πn 2 + 2πn
2. En déduire que la fonction f n’est pas continue en 0.

Exercice 36. Soit f une fonction de [0, 1] à valeurs dans [0, 1] qui vérifie, pour tous x 6= x0 ,

f (x) − f (x0 ) < x − x0 .


1. Montrer que f est continue sur [0, 1].


2. Montrer que l’équation f (x) = x admet une et une seule solution sur [0, 1].
Indication : On pourra étudier la fonction g : x 7→ f (x) − x et on pensera à
utiliser le théorème des valeurs intermédiaires.

Exercice 37. Soit f : R → R une fonction continue sur R telle que

lim f (x) = −∞ et lim f (x) = +∞ .


x→−∞ x→+∞

1. Montrer que f s’annule au moins une fois.


2. Appliquer ce résultat aux polynômes de degré impair.

Exercice 38. Soit f la fonction numérique définie sur [0, 1] ∪ ]2, +∞[ par

ln (1 + x) pour 0 ≤ x ≤ 1 ,
f (x) := 1
 + ln x pour x > 2 .
2
1. Déterminer l’équation du segment de droite prolongeant f en une fonction continue
g sur [0, +∞[. Plus précisemment, chercher les valeurs des quantités a et b telles
que la fonction g définie sur [0, +∞[ coı̈ncidant avec f sur[0, 1] ∪ ]2, +∞[ et valant
g (x) = ax + b pour x ∈ ]1, 2] soit continue sur son ensemble de départ.
2. Calculer les dérivées à droite et à gauche de g en x = 1 et x = 2. La fonction est-elle
dérivable en ces points ?

Exercice 39. Soit f la fonction définie sur [−1, 1] par f (x) := (1 − x) 1 − x2 .
1. Est-elle dérivable à droite en −1 ? Est-elle dérivable à gauche en 1 ?
2. Est-elle dérivable sur ]−1, 1[ ?
3. Etudier les variations de f et tracer son graphe.
72 CHAPITRE 2. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS NUMÉRIQUES

Exercice 40.
1. Montrer que la fonction f définie sur R∗ par f (x) := x2 sin x1 peut être prolongée
par continuité en 0. On notera encore f la fonction ainsi prolongée.
2. Montrer ensuite que f est dérivable sur R mais que f 0 n’est pas continue en 0.

Exercice 41. Soient x et y deux réels tels que 0 < x < y, montrer à l’aide du théorème
des accroissements finis, que
√ √
1 y− x 1
√ < < √ .
2 y y−x 2 x

Exercice 42. Montrer que, pour tout x ∈ [0, 1], on a

1 + x ≤ ex ≤ 1 + x (e − 1) .

Exercice 43 (Ecart entre la courbe et la corde).


1. Soit f : X → Y une fonction deux fois dérivable sur [a, b]. On suppose que f
s’annule en a, en b, et en un point c ∈]a, b[. Montrer qu’il existe d ∈]a, b[ tel que
f 00 (d) = 0.
2. Soit ϕ : X → Y une fonction 2 fois dérivable sur [a, b], telle que ϕ(a) = ϕ(b) = 0.
On suppose que |ϕ00 (x)| est majoré sur ]a, b[ par une constante M > 0.
(a) Soit x0 un point donné de ]a, b[. On note π(x) = C(x − a) (x − b). Montrer qu’on
peut choisir C de façon que π(x0 ) = ϕ(x0 ).
La constante C étant ainsi choisie, montrer que la dérivée seconde de la fonction
définie sur ]a, b[ par x 7→ π(x) − ϕ(x) s’annule au moins une fois sur ]a, b[. En
déduire que
M
|ϕ(x0 )| ≤ (x0 − a) (b − x0 ) .
2
(b) Montrer que
M
∀x ∈ [a, b] , |ϕ(x)| ≤ (b − a)2 .
8
3. Soit maintenant f : X → Y deux fois dérivable sur [a, b] et telle que |f 00 (x)| ≤ M
pour tout x ∈]a, b[.
On considère les points A := (a, f (a)) et B := (b, f (b)). Soit ϕ(x) l’écart vertical
entre le graphe de f et la corde AB, aux points d’abscisse x. Montrer que
M
∀x ∈ [a, b] , |ϕ(x)| ≤ (b − a)2 .
8

4. Exemple numérique : soit la fonction f définie par f (x) := ln x. Majorer l’écart


vertical entre le graphe de f et la corde joignant les points du graphe d’abscisses
10 et 11.
Chapitre 3

Les premières fonctions de


référence

Dans ce chapitre, nous étudions les propriétés les fonctions de référence que sont les fonc-
tions trigonométriques (cosinus, sinus, tangente), les fonctions logarithmes et les fonctions
exponentielles.

3.1 Les fonctions trigonométriques


3.1.1 Rappel des définitions des fonctions cosinus, sinus et tangente
On rappelle les définitions des fonctions cosinus, sinus et tangente vues au chapitre 1. On
considère l’application f : R → P qui à un nombre réel θ associe le point M (θ) intersection
du cercle trigonométrique C avec la demi-droite d’origine O et d’angle polaire θ en radian.

M (θ) = f (θ)

Définition (Fonctions cosinus et sinus).


 Le cosinus du nombre réel θ est l’abscisse du point M (θ) ; on le note cos θ.
 Le sinus du nombre réel de θ est l’ordonnée du point M (θ) ; on le note sin θ.
 La tangente du nombre réel de θ est la pente de la droite (OM (θ)) ; on la note
tan θ.

73
74 CHAPITRE 3. LES PREMIÈRES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE

De façon plus formalisée, on peut considérer les applications  coordonnées  définies au


chapitre 2 en 2.3 :
 
p1 : P → R p2 : P → R
et
(x, y) 7→ x (x, y) 7→ y .
Alors, on a pour tout nombre réel θ :
cos θ = p1 (M (θ)) et sin θ = p2 (M (θ)) ,
c’est-à-dire que la fonction cosinus est la composée de la fonction f avec la projection p1
et que la fonction sinus est la composée de la fonction f avec la projection p2 .
cos : R → R, x 7→ cos x et sin : R → R, x 7→ sin x
 
cos = p1 ◦ f : R → R sin = p2 ◦ f : R → R
et
x 7→ cos x x 7→ sin x .
Au final, la fonction tangente est la fonction suivante :

tan : R \ π2 + kπ, k ∈ Z −→

R
sin θ
θ 7−→ tan θ = .
cos θ
Si on note par T (θ) le point d’intersection de la droite
(OM (θ)) avec l’axe des tangentes,
on définit ainsi une fonction T : R \ π2 + kπ, k ∈ Z → P . La fonction tangente est alors


égale à la composée p2 ◦ T :
p2 (T (θ)) = tan θ .

3.1.2 Continuité et dérivabilité


Proposition 15 (Continuité). Les fonctions trigonométriques cosinus, sinus et tangente
sont continues.
Démonstration. — Les fonctions trigonométriques sont des composées de fonctions
continues. 
Proposition 16. Les fonctions numériques sin et cos sont dérivables sur R ; la fonction
tan est dérivable en tout point de son domaine de définition R \ { π2 + kπ | k ∈ Z}. Les
fonctions dérivées sont données par les formules suivantes :
0
 π
(sin x) = cos x = sin x + ,
2 
0
 π
(cos x) = − sin x = cos x + ,
2
0 1
(tan x) = 1 + tan 2 x = .
cos2 x
Démonstration. —(sous forme d’exercice)
On montre d’abord que l’expression
sin x − sin 0 sin x
=
x−0 x
tend vers 1 quand x tend vers 0. Cela nous permettra de conclure que la fonction sinus
est dérivable en zéro de nombre dérivé 1.
3.1. LES FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES 75

1. Soit x ∈]0, π2 [. On note S(x) l’ensemble des points du secteur angulaire ([OM (0)),
[OM (x))) intérieurs au cercle trigronométrique. Dessiner S(x). Quelle est l’aire
A(x) de S(x) sachant qu’elle est proportionnelle à x ?
2. En comparant l’aire du triangle de sommets O, M (0) et M (x) avec A(x), montrer
que sin x ≤ x.
3. En comparant l’aire du triangle de sommets O, T (0) et T (x) avec A(x), montrer
que l’on a x ≤ tan x.
4. Montrer alors que
sin x
lim =1.
x→0 x

cos x − 1
On montre ensuite que l’expression tend vers 0 quand x tend vers 0, Cela nous
x
permettra de conclure que que la fonction cosinus est dérivable en zéro de nombre dérivé
0.
cos x − 1 x sin2 ( x2 )
1. Montrer que pour tout réel x non nul, =
x 2 ( x2 )2
2. En déduire la limite cherchée.
Enfin, de la formule d’addition du sinus, on déduit que pour tous réels a et h on a

sin(a + h) − sin a 1 − cos h sin h


= − sin a + cos a .
h h h
On voit alors que, pour a fixé, quand h → 0 le premier terme de la somme tend vers 0, et
que le second terme tend vers cos a. Donc la fonction sin admet en a une dérivée égale à
cos a.

Pour la fonction cosinus, on utilise la formule cos(x) = sin(x + π2 ) que l’on dérive des deux
côtés. Enfin, pour la fonction tangente, on en déduit sa dérivée des règles de dérivation
d’un quotient de fonctions. 

3.1.3 Représentations graphiques


Comme les fonctions cosinus et sinus sont 2π-périodiques, leurs courbes représentatives
sont invariantes par une translation de vecteur (2π, 0). Il suffit donc de les connaı̂tre pour
des valeurs dans un intervalle de longueur 2π, par exemple sur l’intervalle [−π, π]. Par
ailleurs, la fonction cosinus est paire donc sa courbe représentative est symétrique par
rapport à l’axe des ordonnées. La fonction sinus est impaire donc sa courbe représentative
est symétrique par rapport à l’origine du repère. Ces propriétés de périodicité et de parité
nous permettent au final d’obtenir les courbes représentatives en ne connaissant les fonc-
tions cosinus et sinus seulement pour les valeurs se situant dans [0, π].

Avec ces propriétés et les fonctions dérivées respectives, on peut établir le tableau de
variations des fonctions cosinus et sinus ainsi que l’allure de leurs graphes.
De la même manière, comme la fonction tangente est π-périodique, sa courbe représentative
est invariante par une translation de vecteur (π, 0). Il suffit donc de la connaı̂tre pour des
valeurs dans un intervalle de longueur π, par exemple sur l’intervalle ] − π2 , π2 [. Par ailleurs,
la fonction tangente est impaire donc sa courbe représentative est symétrique par rapport
76 CHAPITRE 3. LES PREMIÈRES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE

cos x 1 sin x

x
−2π −π −π 0 π π 2π
− 3π
2 2 2

2
−1

Figure 3.1 – Représentations graphiques des fonctions cosinus et sinus

à l’origine du repère. Ces propriétés de périodicité et de parité nous permettent au final


d’obtenir sa courbe représentative en ne connaissant la fonction tangente seulement pour
les valeurs se situant dans [0, π2 [.

La fonction tangente n’est définie que sur DT = R \ { π2 + kπ, k ∈ Z}. Son image est R tout
entier ; en effet, sur chaque intervalle ]− π2 + kπ, π2 + kπ [, avec k ∈ Z, la fonction tangente
est continue et elle croı̂t de −∞ à +∞.

Avec ces propriétés et le fonction dérivée, on peut établir le tableau de variations de la


fonction tangente ainsi que l’allure de son graphe.
Exercice (Position au voisinage de zéro).
1. Déterminer l’équation de la tangente T0 en x0 = 0 des courbes Csin et Ctan des
fonctions sinus et tangente.
2. En utilisant des arguments de convexité, étudier sur [0, π2 [ la position relative de
cette tangente T0 avec Csin et Ctan . Reformuler ces positions en terme d’inégalités.
Exercice. Etudier la fonction f définie sur [0, 2π] par l’expression f (x) := sin x + cos x.

3.2 Les fonctions logarithmes


3.2.1 Définition du logarithme népérien et premières propriétés
La fonction f définie sur ]0, +∞[ par f (x) := x1 est continue sur ]0, +∞[. Elle admet
donc des primitives sur l’intervalle ]0, +∞[ et deux d’entres elles diffèrent d’une constante
(résultat que nous justifierons dans le chapitre 5 sur l’intégration).
Définition (Logarithme népérien). Le logarithme népérien 1 est la primitive sur ]0, +∞[
de la fonction f : x 7→ x1 qui s’annule en x0 = 1. C’est-à-dire,

ln : ]0, +∞[ −→ ZR x
1
x 7−→ ln x := dt .
1 t
1. Du nom du mathématicien et financier écossais John Neper (ou Napier) qui inventa la notion de
logarithme en 1614.
3.2. LES FONCTIONS LOGARITHMES 77

tan x

x
−2π −π −π π π 2π
− 3π
2 2 2

2

Figure 3.2 – Représentation graphique de la fonction tangente


78 CHAPITRE 3. LES PREMIÈRES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE

On a bien ln 1 = 0. Cette fonction, en tant que primitive, est évidemment dérivable sur
]0, +∞[ et on a pour tout x > 0,
1
(ln x)0 = .
x
Proposition 17. Si a, b sont des réels strictement positifs, on a

ln(ab) = ln a + ln b.

Démonstration. — Soit a ∈ R+∗ . Considérons la fonction définie sur ]0, +∞[ par g(x) :=
ln(ax). La règle de dérivation des fonctions composées nous dit que la fonction g est
dérivable sur ]0, +∞[ et que sa dérivée vaut
1 1
g 0 (x) = ·a= ,
ax x
pour tout x ∈]0, +∞[. Les fonctions g et ln ont même fonction dérivée x1 et sont donc deux
primitives sur ]0, +∞[ de la fonction x 7→ x1 . Elles ne diffèrent donc que d’une constante
C, c’est-à-dire que pour tout x > 0, g(x) = ln x + C . En prenant x = 1, on trouve que
C = g(1) = ln a. Donc pour tout x > 0, on a g(x) = ln(ax) = ln a + ln x. On obtient
évidemment la proposition en posant x = b. 

Remarque. Cette relation ln(ab) = ln a + ln b de la proposition 17 caractérise la fonction


logarithme népérien parmi les fonctions définies sur ]0, +∞[, dérivables en 1, telles que
f 0 (1) = 1. L’exercice suivant le démontre

Exercice. Soit une fonction f définie sur ]0, +∞[, dérivable en 1, vérifiant f 0 (1) = 1 et
telle que on ait f (ab) = f (a) + f (b), pour tout a > 0 et b > 0. On va montrer qu’alors
cette fonction n’est rien d’autre que la fonction logarithme népérien f = ln de la manière
suivante.
f (1 + h)
1. Montrer que f (1) = 0, puis que lim =1.
h→0 h
2. En déduire alors que f est dérivable sur ]0, +∞[ et que f 0 (x) = 1/x .
3. Conclure alors que f = ln.

La proposition 17 nous donne aisément les propriétés suivantes.

Propriétés. Pour tout nombres réels strictement positifs a et b et pour tout entier relatif
n ∈ Z, on a
 
1
ln = − ln a ,
a
a
ln = ln a − ln b ,
b
ln (an ) = n ln a .

Ces dernières relations permettent d’obtenir les limites en 0+ et +∞ de la fonction ln :

lim ln x = +∞ ,
x7→+∞
lim ln x = −∞ .
x7→0+
3.2. LES FONCTIONS LOGARITHMES 79

Démonstration. — Pour la première propriété, il suffit de remarquer que

a  
1
0 = ln(1) = ln = ln a + ln .
a a

La seconde s’obtient avec

a    
1 1
ln = ln a. = ln a + ln .
b b b

Enfin, on démontre la dernière propriété par récurrence pour n ∈ N. Puis, pour −n ∈ N,


on utilise ce qui vient d’être montré.
Pour les limites, examinons d’abord la limite quand x → +∞. On remarque d’abord que
la fonction logarithme népérien ln est croissante sur ]0, +∞[ puisque sa dérivée x1 > 0 est
positive. Or, d’après les formules ci-dessus, on a

ln(2n ) = n ln 2, pour tout n ∈ N .

Comme ln 2 > 0, alors ln(2n ) → +∞ quand n → +∞. On en conclut que ln x → +∞


quand x → +∞.
1
Pour la limite à droite en 0, posons u = x. Alors ln u = − ln x, et quand x → 0, on a
>
u → +∞ donc ln u → +∞ et ln x → −∞. 

3.2.2 Représentation graphique

Passons à présent à la représentation graphique de la fonction logarithme népérien. Comme


sa fonction dérivée ln0 : x 7→ 1/x est strictement positive sur ]0, +∞[, la fonction logarithme
népérien est donc strictement croissante sur ]0, +∞[. Par ailleurs, la fonction logarithme
népérien est deux fois dérivable sur ]0, +∞[ et la dérivée seconde

1
(ln x)00 = − .
x2

est strictement négative sur ]0, +∞[. La fonction logarithme népérien est donc strictement
concave sur ]0, +∞[ avec des pentes des tangentes à sa courbe Cln qui tendent à devenir
nulles pour les points d’abscisses tendant vers +∞. On obtient ainsi la courbe suivante.
80 CHAPITRE 3. LES PREMIÈRES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE

y = ln x

Figure 3.3 – Représentation graphique de la fonction logarithme népérien

La fonction logarithme népérien est continue puisqu’elle est dérivable, l’ensemble de ses
images, ln(R+∗ ) est donc un intervalle par le théorème des valeurs intermédaires. Et comme
elle est strictement croissante de −∞ à +∞, l’ensemble de ses images est l’ensemble R
des réels tout entier. De plus, la croissance stricte impose que tout réel y de R est l’image
d’un unique réel positif. La fonction logarithme népérien est donc une bijection de R+∗
sur R. La proposition suivante résume toutes ces propriétés.

Proposition 18. La fonction logarithme népérien est une bijection continue et strictement
croissante de R+∗ sur R.

En particulier il existe un unique x ∈ R+∗ tel que ln x = 1. On appelle ce nombre la


constante d’Euler et on le note la lettre e. On peut démontrer que e est irrationnel. Le
début de son développement décimal est e = 2,71828 . . . .
Pour compléter le lexique indispensable sur la fonction logarithme népérien, il peut être
utile de se rappeler, puisque son nombre dérivée en x0 = 1 est 1, que :

ln(1 + h)
lim =1 .
h7→0 h

Enfin, son comportement asymptotique au voisinage de 0+ et +∞ est précisé par la pro-


position qui suit (nous en verrons une autre plus fine dans le chapitre suivant).

Proposition 19. On a les limites suivantes

ln x
lim =0 et lim x ln x = 0 .
x7→+∞ x x7→0+
3.2. LES FONCTIONS LOGARITHMES 81

Démonstration. — Ces deux limites sont en faites équivalentes, on le vérifie en posant


x = y1 dans l’une des deux pour obtenir l’autre et en utilisant (x → +∞ ⇔ y → 0+ ) ou
(x → 0+ ⇔ y → +∞). Montrons la première limite. La fonction définie sur ]0, +∞[ par

f (x) := ln x − 2 x est à valeurs strictement négatives (montrez le). On a ainsi


∀x > 1, 0 < ln x < 2 x .

Ceci permet d’établir, après division par x pour x > 1,

ln x 2
∀x > 1, 0< <√ .
x x

Cet encadrement permet de conclure par passage à la limite en x → +∞. 

Exercices.

1. A partir de la courbe représentative de la fonction logarithme ln, déduire le tracé


des courbes représentatives des fonctions suivantes :

f2 : R \ {−1} −→ R
f1 : ] − 1, +∞[ −→ R  
et 1
x 7−→ ln(1 + x) x 7−→ ln .
(1 + x)2

2. Étudier la fonction numérique f définie sur ]0, +∞[ par f (x) := x ln x − x .

3. Montrer que :


ln x ln(1 + x2 ) ln(1 + x)
lim √ = 0, lim =0 et lim √ =1.
x7→+∞ x x7→0 x x7→0+ sin( x)

3.2.3 Logarithme de base a

Définition (Logarithme de base a). Soit a un réel strictement supérieur à 0. On appelle


logarithme de base a la fonction définie sur ]0, +∞[ par

ln x
loga x := .
ln a

Le logarithme népérien est le logarithme de base e.

Lorsque a > 1, ln a > 0, donc les propriétés de croissance et les limites en 0 et +∞ sont
les mêmes que pour le logarithme népérien.
82 CHAPITRE 3. LES PREMIÈRES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE

y = loga x
y

1<a<e y = log1.5 x

a=e y = loge x = ln x

a>e
y = log10 x

Figure 3.4 – Représentations graphiques de plusieurs logarithmes de bases différentes

Remarque. On utilise en particulier les logarithmes décimaux, c’est-à-dire de base 10,


notés tout simplement log x. Ils sont assez commodes pour évaluer les ordres de grandeur :
en effet si n est la partie entière de log x, cela signifie que x se situe entre 10n et 10n+1 .
Exemple. Déterminer le nombre de chiffres du nombre : 22013 .

3.3 Les fonctions exponentielles


3.3.1 Définition de la fonction exponentielle
Puisque la fonction logarithme népérien décrit une bijection continue strictement crois-
sante de R+∗ sur R, elle admet une fonction réciproque, strictement croissante et continue
(admis) de R sur R+∗ .
Définition (Fonction exponentielle). On appelle fonction exponentielle la réciproque
de la fonction logarithme népérien, et on la note exp x ou ex . On a donc

exp : R −→ ]0, +∞[


x 7−→ exp x, avec exp x = y ⇔ ln y = x .

Dis autrement,

∀x ∈]0, +∞[, exp(ln x) = x et ∀x ∈ R, ln(exp x) = x .


3.3. LES FONCTIONS EXPONENTIELLES 83

Des valeurs ln 1 = 0 et ln e = 1, on déduit immédiatement

exp(0) = 1 et exp(1) = e .

3.3.2 Représentation graphique


On travaille dans le plan muni d’un repère R = (O,~i, ~j) orthonormé. Comme les fonc-
tions exponentielle et logarithme népérien sont réciproques l’une de l’autre, la courbe
représentative Cexp de la fonction exponentielle et celle Cln de la fonction logarithme
népérien sont symétriques d’axe de symétrie la première bissectrice ∆ = {M (x, y) ∈
P, y = x}. En effet,

M (x, y) ∈ Cexp ⇐⇒ y = exp x ⇐⇒ ln y = x ⇐⇒ M (y, x) ∈ Cln .

y y = exp x

y = ln x

Figure 3.5 – Représentation graphique de la fonction exponentielle

3.3.3 Propriétés
Proposition 20. La fonction exponentielle est dérivable sur R et sa dérivée vaut

exp0 (x) = exp(x) ,

pour tout x ∈ R.
84 CHAPITRE 3. LES PREMIÈRES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE

Démonstration. — Nous admettrons ici que la fonction exponentielle est dérivable sur
R. Nous prouverons ce résultat dans un cadre plus général au prochain chapitre. Nous
nous bornerons ici à déterminer la valeur de sa dérivée.
Nous avons ln ◦ exp = idR , c’est-à-dire que :
∀x ∈ R, ln(exp x)) = x .
En dérivant les deux membres de cette dernière égalité, on obtient que
exp0 (x)
∀x ∈ R, = 1,
exp(x)
c’est-à-dire : exp0 (x) = exp(x), pour tout x ∈ R. 
Proposition 21. Pour tous réels a et b, on a
exp(a + b) = exp(a) · exp(b) .

Démonstration. — Pour transformer l’expression exp(a) · exp(b), considérons son loga-


rithme et appliquons la règle fondamentale de la proposition 17 :
ln (exp(a) · exp(b)) = ln (exp a) + ln (exp b) = a + b.
En composant avec la fonction exponentielle, on obtient la formule cherchée. 
Remarque. Comme dans le cas de la fonction logarithme népérien, cette relation exp(a +
b) = exp(a) · exp(b) caractérise la fonction exponentielle parmi les fonctions définies sur
R, dérivables en 0 et telles que f 0 (0) = 1. L’exercice suivant le montre.
Exercice. Soit une fonction f définie sur R telle que f soit dérivable en 0 avec f 0 (0) = 1
et telle que pour tout a ∈ R et b ∈ R on ait f (a + b) = f (a).f (b). On va montrer que
f = exp à l’aide des questions suivantes.
f (h) − 1
1. Montrer que f (0) = 1, puis que lim =1,
h→0 h
2. En déduire alors que la fonction f est dérivable sur R et que f 0 (x) = f (x) ,
f
3. En dérivant la fonction exp , conclure que f = exp .
Tout comme pour le logarithme népérien, on déduit immédiatement de la proposition 21
les propriétés suivantes.
Propriétés. Pour tout nombre réel a ∈ R et pour tout entier relatif n ∈ Z, on a
1
exp(−a) = ,
exp a
exp(na) = (exp a)n .

Toutes ces formules justifient que l’on note également cette fonction ex . En effet, elles
expriment les mêmes propriétés que les expressions comportant des exposants :
1
ea+b = ea eb , e0 = 1, e1 = e, e−a = , ena = (ea )n .
ea
Pour terminer, précisons à présent le comportement asymptotique de la fonction expo-
nentielle au voisinage de −∞ et +∞. Le résultat qui suit est fondamental. Il formalise
en particulier le fait que la fonction exponentielle croit vers l’infini plus rapidement que
toutes les fonctions puissances x 7→ xn .
3.3. LES FONCTIONS EXPONENTIELLES 85

Proposition 22. Pour tout entier naturel n ∈ N, on a les limites suivantes

ex
lim xn e x = 0 et lim = +∞ .
x7→−∞ x7→−∞ xn

Démonstration. — Ces deux limites sont équivalentes, on le vérifie en posant x = −y


dans l’une de ces deux limites pour obtenir l’autre. Montrons la seconde limite. Pour tout
n ∈ N et pour tout x > 0, on a
 x
e x n
 ln x 
ln = ln(e ) − ln(x ) = x − n ln(x) = x 1 − n ,
xn x
puis en prenant l’exponentielle on obtient que, pour tout n ∈ N et pour tout x > 0 :
 ln x 
ex x 1−n
=e x .
xn
Par ailleurs, la convexité de la fonction exponentielle montre que sa tangente en zéro
d’équation y = 1+x se situe sous la courbe représentative, soit algébriquement : ex ≥ 1+x,
pour tout x ∈ R. À partir de l’égalité précédente, on obtient :

ex
 
ln x
≥1+x 1−n ,
xn x

pour tout n ∈ N et pour tout x > 0. Or le membre de droite tend vers +∞ lorsque
ln x
x → +∞ car → 0. Ceci conclut que la seconde limite tend vers +∞. 
x
1
Exercice. Soit la fonction f définie sur R∗ par f (x) := e x .
1. Etudier les variations de f et ses limites en l’infini et en 0.
2. Etudier la convexité de f .
3. Tracer avec soin la courbe de f (préciser l’allure de cette dernière au voisinage du
point O).

3.3.4 Fonction exponentielle de base a (fonction x 7→ ax )


Définition (Fonction exponentielle de base a). Soit a > 0 un réel strictement positif
fixé. La fonction exponentielle de base a est la fonction suivante

expa (x) = ax = ex ln a .

expa : R −→ ]0, +∞[


x 7−→ expa (x) := ax = ex ln a .

Remarque. Pour a = e, on retrouve la fonction exponentielle, puisque ln e = 1. De plus,


ln y
on a y = ax si et seulement si ln y = x ln a, donc x = = loga y. Autrement dit la
ln a
fonction exponentielle expa de base a est la fonction réciproque de la fonction logarithme
loga de base a.
86 CHAPITRE 3. LES PREMIÈRES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE

Proposition 23. La dérivée de cette fonction est obtenue par dérivation de ex ln a , on


trouve
0
(ax ) = ln a · ax .

Le sens de variation et les limites en ±∞ dépendent du signe de ln a : la fonction est


croissante de 0 à +∞ si a > 1 (car ln a > 0) et décroissante de +∞ à 0 si 0 < a < 1 (car
ln a < 0). Elle est constante si a = 1.

y = ax y = 10x y = ex y = 1.5x

a>e a=e 1<a<e y = loga x

1<a<e y = log1.5 x

a=e y = loge x = ln x

a>e
y = log10 x

Figure 3.6 – Représentations graphiques des fonctions logarithmes et exponentielles

Exercice.
1. Tracer le graphe des fonctions f (x) := (0.5)x et g(x) := 2x .
2. Comment passe-t-on géométriquement d’un graphe à l’autre ?

3.4 Courbes planes d’équation y = f (x)


La courbe plane d’équation y = f (x) est la courbe représentative Cf de la fonction f
associée à l’expression f (x). On notera dans la suite Df le domaine de définition de
l’expression f (x). Dans toute la suite le plan P est muni d’un repère R = (O,~i, ~j).
3.4. COURBES PLANES D’ÉQUATION Y = F (X) 87

3.4.1 Branche infinie, comportement asymptotique


Définition (Branche infinie). On dit qu’une courbe d’équation y = f (x) possède une
branche infinie si la distance de l’origine O à un point M (x, y) de cette courbe peut devenir
aussi grande que l’on veut, c’est-à-dire ||OM (x, y)|| → +∞, lorsque x tend vers un point
de Df ou vers une borne de Df .

Dans ce qui suit, on note ±∞ pour traiter en même temps les cas +∞ et −∞. On s’intéresse
plus particulièrement aux trois situations suivantes :
1. Si lim f (x) = ±∞, la droite d’équation x = a est appelée asymptote verticale à la
x→a
courbe.
y

Cf

x
a

2. Si lim f (x) = ` pour un certain réel `, la droite d’équation y = ` est appelée


x→±∞
asymptote horizontale à la courbe.

Cf

x
88 CHAPITRE 3. LES PREMIÈRES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE

3. Si lim f (x) = ±∞, on cherche à savoir si la courbe d’équation y = f (x) se rap-


x→±∞
proche à l’infini d’une courbe mieux connue. Nous allons étudier systématiquement
le cas d’une droite.

Définition (Courbes asymptotes). Deux courbes d’équation respective y = f (x) et


y = g(x) ayant des branches infinies au voisinage de +∞ (resp. −∞) sont dites asymptotes
au voisinage de +∞ (resp. −∞) si la distance les séparant tend vers 0, c’est-à-dire

lim (f (x) − g(x)) = 0 (resp. lim (f (x) − g(x)) = 0) .


x→+∞ x→−∞

Si la courbe représentative Cg est une droite D d’équation y = mx + p, alors D est


asymptote à Cf lorsque

 
/ 0 ⇐⇒ x f (x) p /0 .
f (x) − (mx + p) x→±∞
−m− x→±∞
x x

Lorsque cela arrive, il faut et il suffit que

f (x)
lim =m et que lim (f (x) − mx) = p .
x→±∞ x x→±∞

Donc lorsque l’on ne connait pas l’équation de la droite D asymptote, on peut procéder
comme suit.

f (x)
1. On commence par calculer, sous réserve d’existence, lim . Si cette limite est
x→±∞ x
finie, notons la m, ce nombre réel est éventuellement le coefficient directeur de la
droite.

2. Pour s’en assurer, on calcule ensuite, sous réserve d’existence, lim (f (x) − mx).
x→±∞
Si cette limite est finie, notons la p, ce nombre réel est l’ordonnée à l’origine de la
droite.

Proposition 24. Si ces deux conditions sont vérifiées alors la courbe représentative Cf
de la fonction f admet en ±∞ la droite d’équation y = mx + p comme asymptote.

Si les limites mentionnées ci-dessus ne sont pas finies, voire n’existent pas, il n’y a pas de
droite asymptote. Il y a cependant certains cas particuliers de comportements intéressants.
Le tableau ci-dessous résume les trois cas à connaı̂tre.

 Asymptote oblique d’équation y = mx + p :

f (x)
lorsque lim = m et lim (f (x) − mx) = p .
x→±∞ x x→±∞
3.4. COURBES PLANES D’ÉQUATION Y = F (X) 89

y
x2 +x
y = f (x) = x−1

Cf

 Branche parabolique de direction y = mx :

f (x)
lorsque lim =m et lim (f (x) − mx) = ±∞ .
x→±∞ x x→±∞

y

y = f (x) = x + x

Cf
y=x

f (x)
 Branche parabolique de direction Oy : lorsque lim = ±∞ .
x→±∞ x
90 CHAPITRE 3. LES PREMIÈRES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE

y y = f (x) = x2

Cf

Exercice. Etudier les branches infinies au voisinage de +∞ des trois fonctions définies
par les expressions suivantes :

 f1 (x) := 2x + 1 + ln(x) ,

 f2 (x) := x2 + 2x ,
x2 + x + 1
 f3 (x) := .
x−2

Remarque. Dans le cas d’une asymptote oblique, on peut parfois préciser la position
relative de la courbe par rapport à son asymptote.

 Si lim (f (x) − mx − p) = 0− , la courbe de f est en-dessous de son asymptote au


x→∞
voisinage de l’infini.
 Si lim (f (x) − mx − p) = 0+ , la courbe de f est au-dessus de son asymptote au
x→∞
voisinage de l’infini.

3.4.2 Points d’inflexion et convexité

Définition (Point d’inflexion ). Un point d’inflexion est un point de la courbe où celle-ci
traverse sa tangente.

Exemple. L’origine est un point d’inflexion pour y = x3 , mais pas pour y = x4 .


3.4. COURBES PLANES D’ÉQUATION Y = F (X) 91

y
Cf (x)=x3

x
0

Proposition 25. Si une fonction f est deux fois dérivable, les points d’inflexion sont
exactement les points où la dérivée seconde s’annule en changeant de signe.
Rappelons que le théorème 14 du chapitre précédent stipule qu’une fonction f deux fois
dérivable sur un intervalle I et dont la dérivée seconde est positive sur l’intervalle I est
convexe sur l’intervalle I.
Exemple. La fonction exponentielle est convexe sur R.

3.4.3 Plan d’étude d’une courbe plane d’équation y = f (x)


Voici un plan d’étude point par point d’une courbe plane d’équation y = f (x).
1. Recherche du domaine de définition de l’expression y = f (x). Réduction de l’en-
semble d’étude de la fonction f par des considérations de parité, périodicité, etc.
2. Étude de la continuité de f sur chaque intervalle de l’ensemble d’étude. Valeurs
et/ou limites aux bornes.
3. Étude de la dérivabilité de f . Décomposition de chaque intervalle en sous-intervalles
où la fonction f est monotone en utilisant le signe de la dérivée. Valeurs aux bornes
de ces sous-intervalles.
4. Étude aux points de non-dérivabilité. Dans le cas où la fonction f n’est pas dérivable
en un point x0 :
 si elle admet cependant une dérivée à droite et/ou une dérivée à gauche (dis-
tincte) : il y a une (ou deux) demi-tangentes en x0 ,
 si f 0 (x) tend vers l’infini lorsque x tend vers x0 : il y a une tangente verticale
en x0 ; il peut aussi y avoir une ou deux demi-tangentes verticales.
5. Consignation des résultats dans un tableau de variations.
6. Étude de la convexité et recherche des points d’inflexion.
7. Recherche des branches infinies et asymptotes.
8. Tracé des asymptotes et de la courbe.
92 CHAPITRE 3. LES PREMIÈRES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE

3.5 Exercices sur les fonctions de référence


Exercice 44. Résoudre graphiquement les deux équations suivantes dans [0, 2π] :
 sin x > 12 ;
 cos x 6 cos − π3 .


Exercice 45. Soit f := cos|[0,2π] la restriction à [0, 2π] de la fonction cosinus. Tracer la
courbe représentative de la fonction f et utilisez-la pour répondre aux questions suivantes.
1. Quelle est l’image par f des intervalles suivants :
h πi  
π 4π
]0, π[, ]0, 2π[, 0, et , .
3 3 3

2. Déterminer les ensembles suivants :

A := {x ∈ [0, 2π] | f (x) > 1} ,


B := {x ∈ [0, 2π] | f (x) > 0} ,
 
1
C := x ∈ [0, 2π] | f (x) = ,
2
 
1
D := x ∈ [0, 2π] | f (x) > .
2

Exercice 46. Déterminer la période T et tracer la courbe sur [0, 4π] des trois fonctions
suivantes définies sur R par :
 
1
f1 (x) := sin(2x), f2 (x) := sin(2x + π/4), et f3 (x) := sin .
2x

Exercice 47. On considère la fonction f définie sur [−π, π] par f (x) := cos(2x) − 2 sin x .
1. Étudier les variations de f .
2. Tracer la courbe représentative de f dans un repère orthonormé.
3. Déterminer la valeur (exacte) minimale prise par f .

Exercice 48.
1. Montrer que x cos x − sin x < 0, pour tout x ∈]0, π[ .
sin x
2. Étudier les variations de la fonction x → x sur l’intervalle ]0, π] .
3. Soient a et b deux nombres réels tels que 0 < a < b < π. Montrer que l’on a :
a sin a
< .
b sin b
p√
Exercice 49. On considère la fonction f définie sur ]0, +∞[ par f (x) := ln(x) − 4 x.
p√
0 1− x
1. Montrer que f est dérivable sur ]0, +∞[ et que f (x) = .
x
2. Étudier les variations de f et en déduire :

q
∀ x ∈]0, +∞[, ln(x) < 4 x.
3.5. EXERCICES SUR LES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE 93

Exercice 50. Étudier la fonction numérique f définie par l’expression f (x) := ln(2 + x1 ) .
ln x
Exercice 51. On considère la fonction numérique f associée à l’expression f (x) := x .
1. Étudier les variations de f .
2. Tracer la courbe représentative de f dans un repère orthogonal.
3. Déterminer les couples d’entiers naturels non nuls (a, b) tels que ab = ba .

Exercice 52. On considère la fonction f définie sur R par l’expression :


x−1
f (x) := .
x2 + 1

1. Étudier les variations de f et dresser son tableau de variations.


2. Montrer que f 00 (x) est du signe de (x + 1)(x2 − 4x + 1). Étudier la convexité de la
fonction f .
3. Déterminer l’équation de la tangente à la courbe représentative de f au point
d’abscisse −1 et préciser la position de la courbe par rapport à sa tangente.
4. Tracer la courbe représentative de la fonction f .

Exercice 53.
1. Quel est le domaine de définition de la fonction f associée à l’expression f (x) :=
ln ln x ?
2. Montrer que cette fonction est concave.
3. En déduire que, pour tous nombres réels x et y strictement supérieurs à 1, on a
l’inégalité :
x+y
q  
ln > ln x ln y .
2
Exercice 54. On considère la fonction f définie sur R par l’expression

f (x) := 2ex−1 − x2 − x .

On note Cf sa courbe représentative.


1. Étudier la convexité de f .
2. Montrer que Cf admet un point d’inflexion A dont on précisera les coordonnées.
3. Préciser l’équation de la tangente à Cf au point A.

Exercice 55. On considère la fonction f définie sur R∗ par l’expression :


(x−1)
f (x) := (x + 4)e x2 .

1. Déterminer les limites de f en +∞, −∞ et 0.


2. Calculer la fonction dérivée f 0 de f et montrer que f 0 (x) = (x + 2)h(x) où h est
une fonction définie sur R∗ . En déduire les variations de f et dresser son tableau
de variations.
(x−1)
3. (a) Donner la limite en +∞ de l’expression e x2 .
(x−1)
(b) Déterminer le signe au voisinage de +∞ de e x2 −1 .
94 CHAPITRE 3. LES PREMIÈRES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE

(c) En déduire la droite asymptote à la courbe représentative de f en +∞ et leur


position relative.
(d) Suivre la même méthode pour trouver la droite asymptote à la courbe repré-
sentative de f en −∞ et leur position relative.
4. Etudier la dérivabilité de f en 0 et en déduire l’allure de la courbe représentative
Cf de f au voisinage du point (0, 0).
5. Tracer D et Cf .

Exercice 56. On considère la fonction f définie sur [−π, π] par l’expression f (x) :=
ex sin x.
1. Étudier le sens de variation de f et déterminer ses points d’inflexion.
2. Tracer dans un même repère les graphes des fonctions f , exp et − exp . On tracera
les tangentes aux points d’inflexion et on respectera la position relative de ces
tangentes par rapport aux graphes des fonctions f , exp et − exp .

Exercice 57. On considère la fonction rationnelle


x4 − x3
f (x) := sur R \ {−1} .
x3 + 1
1. Démontrer que f (x) peut s’écrire sous la forme

ax2 + bx + c
x−1+ ,
x3 + 1
où a, b, c sont trois réels que l’on déterminera.
2. En déduire l’existence d’une droite asymptote pour la courbe d’équation y = f (x),
et préciser leur position relative aux voisinages de +∞ et −∞.

Exercice 58. On considère la fonction f définie sur R \ {−1, 1} par


1
f (x) := xe 1−x2 .

1. Déterminer la parité de f. Que peut-on en déduire pour la courbe représentative


Cf de f ?
2. Déterminer les limites à droite et à gauche de la fonction f au point x = 1 .
3. Calculer la dérivée de f et la limite à droite au point x = 1 de f 0 .
4. Dresser le tableau de variations de f .
1
5. Calculer la limite quand x tend vers +∞ de l’expression e 1−x2 . En déduire que la
courbe représentative Cf de f admet au voisinage de +∞ une droite asymptote.
On précisera la position de la courbe par rapport à cette asymptote.
6. Préciser l’allure de Cf au voisinage du point (1, 0). Tracer Cf .

Exercice 59. On considère la fonction définie par l’expression


r
x−2
f (x) := x .
x−1
3.5. EXERCICES SUR LES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE 95

1. Pour quelles valeurs de x, l’expression f (x) est-elle définie ? On note Cf le graphe


de f .
f (x)
2. Calculer la limite de quand x tend vers +∞.
x
3. Montrer que
r
x−2 −1
−1= √ √ √ pour x ≥ 2 .
x−1 x − 1( x − 2 + x − 1)

4. En déduire que la limite en +∞ de f (x) − x vaut − 21 .


5. Conclure que la courbe Cf admet au voisinage de +∞ une asymptote dont on
donnera une équation. Préciser leur position relative.
96 CHAPITRE 3. LES PREMIÈRES FONCTIONS DE RÉFÉRENCE
Chapitre 4

Les fonctions réciproques de


référence

Le but de ce chapitre est d’étudier la notion générale de fonction réciproque. Nous l’appli-
querons aux fonctions puissance et aux fonctions trigonométriques pour introduire d’im-
portantes nouvelles fonctions.

4.1 Généralités sur les fonctions réciproques


Une fonction f : X → Y est un processus qui associe à chaque élément x de X un unique
élément y de Y . Une question naturelle que l’on peut se poser est de savoir s’il existe une
fonction g : Y → X qui  permet de revenir en arrière , c’est-à-dire telle que g(f (x)) = x
pour tout x de X.
f
XY
g

Par exemple, si f : R+ → R est la fonction racine carrée f (x) := x, l’élévation au carré
g(x) := x2 convient comme fonction g : R → R+ .
On demande aussi à la fonction g de vérifier l’égalité f (g(y)) = y pour tout y de Y = R.
En reprenant
p l’exemple de la racinep et du carré, on se rend compte ici d’un problème. On
a bien y 2 = y pour y ≥ 0, mais y 2 = −y pour y < 0. Il faut donc être attentif aux
ensembles de départ et d’arrivée des fonctions f et g.
Pour une fonction f : X → Y donnée, une fonction réciproque n’existe pas forcément,
mais sera unique si elle existe. Pour trouver les conditions nécessaires et suffisantes à cette
existence, on étudie le nombre d’antécédents par f qu’admet chaque élément de Y .

4.1.1 Injection, surjection et bijection


Dans cette section, X et Y représentent deux sous-ensembles de R. La notation f : X → Y
signifie que f est une fonction définie sur X et à valeurs dans Y .

Remarque. On rappelle qu’on nomme ensemble de définition de f le plus grand sous-


ensemble Df de R tel que l’expression f (x) est définie pour tout x dans Df . L’ensemble
X ci-dessus doit donc être un sous-ensemble de Df .

97
98 CHAPITRE 4. LES FONCTIONS RÉCIPROQUES DE RÉFÉRENCE

De plus, pour que la notation f : X → Y ait un sens, il est aussi nécessaire que Y contienne
tous les nombres de la forme f (x) pour x dans X, c’est-à-dire que f (X) ⊂ Y . Par exemple,
parler de la fonction f : R → R− telle que f (x) = x2 n’a pas de sens.

Définition (Injection, surjection, bijection). Soit f : X → Y une fonction.


 La fonction f est dite injective si tout point de Y a au plus un antécédent par f .
 La fonction f est dite surjective si tout point de Y a au moins un antécédent par
f.
 La fonction f est dite bijective si tout point de Y a exactement un antécédent par
f.

Proposition 26. Soit f : X → Y une fonction.


 La fonction f est injective si et seulement si pour tout x1 , x2 ∈ X, la condition
x1 6= x2 entraı̂ne f (x1 ) 6= f (x2 ).
 La fonction f est surjective si et seulement si l’image de la fonction f est l’ensemble
Y dans son entier : f (X) = Y .
 La fonction f est bijective si et seulement si elle est injective et surjective.

Exemple. On considère la fonction f : R → R définie par l’expression f (x) = x2 .


 La fonction f n’est pas injective puisque f (2) = f (−2) = 4, c’est-à-dire que 4
admet au moins 2 antécédents ; c’est au moins un de trop. En revanche la restriction
g := f|R+ : R+ → R de f à R+ est injective car tout élément y ∈ R admet au plus
un antécédent par g :
— si y < 0 alors y n’admet aucun antécédent par g,

— si y ≥ 0 alors y admet comme unique antécédent ( y) par g.
 La fonction f n’est pas non plus surjective car −1 n’admet pas d’antécédent par f .
En revanche la réduction h : R → R+ de f au sous-ensemble R+ de son ensemble
d’arrivée R est surjective car tout nombre positif y admet au moins un antécédent
par h.
 De notre petite étude, nous pouvons déduire que la fonction k : R+ → R+ obtenue
par réduction et restriction de la fonction f est bijective. En effet, tout nombre

positif y admet exactement un antécédent par k, il s’agit de la racine carrée y.
De la même manière, la fonction l : R− → R+ par l(x) = x2 est une bijection car

tout nombre positif y admet pour unique antécédent, il s’agit de − y.

Remarque. Pour obtenir une fonction injective à partir d’une fonction f : X → Y , il


suffit de restreindre la fonction f à un plus petit ensemble de départ bien choisi. Pour
obtenir une fonction surjective, il suffit de réduire la fonction f au plus petit ensemble
d’arrivée f (X), l’ensemble image de la fonction f à savoir l’ensemble des nombres de la
forme f (x) pour x dans X. En particulier, si f est injective de X dans Y , on remarque
que la réduction de f réalise une bijection de X sur f (X).

Le théorème suivant permet bien souvent de montrer qu’une fonction numérique continue
est bijective.

Théorème 16. Soit f une fonction continue et strictement monotone sur un intervalle
I de R, alors f (I) est un intervalle et la fonction I → f (I), x 7→ f (x) est bijective.

Démonstration. — La fonction f étant continue, le théorème des valeurs intermédiaires


affirme que f (I) est un intervalle. De plus, le fonction f étant strictement monotone, pour
4.1. GÉNÉRALITÉS SUR LES FONCTIONS RÉCIPROQUES 99

x1 et x2 dans I, l’inégalité x1 < x2 implique f (x1 ) < f (x2 ) ou f (x1 ) > f (x2 ) (suivant que
f est croissante ou décroissante). Donc x1 6= x2 implique f (x1 ) 6= f (x2 ), ce qui signifie
que f est injective de I dans R. On conclut en utilisant la fin de la remarque précédente.


Exercice. La fonction g : R → R définie par g(x) := x2 − 2x est-elle bijective ? Si ce


n’est pas le cas, modifier les ensembles de départ et/ou d’arrivée en choisissant des sous-
ensembles les plus grands possibles pour obtenir une fonction f d’expression f (x) := x2 −2x
qui soit bijective.

4.1.2 Fonction réciproque


Par définition, pour une fonction f : X → Y bijective, tout élément y de Y admet un
unique antécédent, c’est-à-dire qu’à chaque y ∈ Y correspond un unique élément x ∈ X
tel que f (x) = y. Cela définit une fonction de Y dans X, appelée fonction réciproque de f

Définition (Fonction réciproque). Soit f : X → Y une fonction bijective, on appelle


fonction réciproque de f la fonction f −1 : Y → X définie par

y ∈ Y 7→ l’unique antécédent de y par f .

Dit autrement, la fonction réciproque est caractérisée par

∀y ∈ Y , ∀x ∈ X , f −1 (y) = x ⇐⇒ y = f (x) .

Propriétés.
 On a
f (f −1 (y)) = y, ∀y ∈ Y et f −1 (f (x)) = x ∀x ∈ X .
 Si une fonction f est bijective alors sa fonction réciproque l’est aussi et la fonction
réciproque de la fonction réciproque n’est autre que la fonction f , c’est-à-dire

(f −1 )−1 = f .

Remarques.
 Un exemple fondamental de fonctions réciproques l’une de l’autre sont les fonctions
exponentielle et logarithme.
 Il ne faut pas confondre la fonction réciproque f −1 avec la fonction in-
1
verse .
f
Exemple. Soit h : R → R définie par h(x) := 2x + 1. La fonction h est bijective et sa
bijection réciproque h−1 : R → R est définie par h−1 (y) = y−1
2 .

Exemple. On considère la fonction définie par l’expression


x+1
f (x) := .
2x + 3
Son domaine de définition est R − {− 23 }. Elle y est dérivable avec pour dérivée f 0 (x) =
1
(2x+3)2
> 0. Elle induit donc deux bijections de ] − ∞, − 32 [ sur ] 12 , +∞[ et de ] − 32 , +∞, [
sur ] − ∞, 21 [ respectivement. Au final, la fonction f est bijective de R − {− 32 } sur R − { 21 }.
100 CHAPITRE 4. LES FONCTIONS RÉCIPROQUES DE RÉFÉRENCE

Pour déterminer l’expression de sa réciproque, on résout l’équation suivante. On fixe un


y ∈ R − { 12 } et on cherche x ∈ R − {− 32 } tel que
x+1 1 − 3y
y= ⇐⇒ (2x + 3)y = x + 1 ⇐⇒ 2xy − x = x(2y − 1) = 1 − 3y ⇐⇒ x = .
2x + 3 2y − 1
La fonction réciproque f −1 : R − { 21 } → R − {− 32 } a donc pour expression
1 − 3y
f −1 (y) = .
2y − 1

4.1.3 Graphe d’une bijection et de sa réciproque


Considérons une fonction numérique bijective f : X → Y et sa bijection réciproque f −1 :
Y → X.
Le couple (a, b) appartient au graphe de f si et seulement si b = f (a), ce qui équivaut à
a = f −1 (b), c’est-à-dire que le couple (b, a) appartient au graphe de f −1 . Dans un repère
orthonormé, les points de coordonnées les couples (a, b) et (b, a) sont symétriques par
rapport à la première bissectrice. On a donc la propriété suivante.
Proposition 27. Dans un repère orthonormé, la représentation graphique d’une fonction
bijective et celle de sa bijection réciproque sont symétriques par rapport à la première
bissectrice.

4.1.4 Sens de variation d’une fonction réciproque


Proposition 28. Soit f : X → Y une fonction bijective et strictement monotone sur
l’ensemble X, alors sa fonction réciproque f −1 est strictement monotone de même sens
de variation sur l’ensemble Y .
Démonstration. — Étudions le cas où f est strictement croissante. Soient y et y 0 dans
Y tels que y < y 0 . Posons x := f −1 (y) et x0 := f −1 (y 0 ). Raisonnons par l’absurde : si l’on
avait x ≥ x0 , on aurait f (x) ≥ f (x0 ), c’est-à-dire y ≥ y 0 . Contradiction. Donc x < x0 et la
fonction f −1 est strictement croissante. Le cas où f est strictement décroissante s’étudie
de la même façon. 

4.1.5 Continuité et dérivabilité d’une fonction réciproque


Concernant la continuité, on admet le résultat suivant.
Proposition 29. Soient I et J deux intervalles de R. Si f : I → J est une bijection
continue alors sa bijection réciproque f −1 : J → I est également continue.
Attention. La condition que I est un intervalle est essentielle. Considérez par
exemple la fonction f : [0, 1]∪]2, 3] → [0, 2] définie par les expressions f (x) = x pour
x ∈ [0, 1] et f (x) = x − 1 pour x ∈]2, 3]. Cette fonction est continue et bijective mais sa
réciproque (décrivez la !) n’est pas continue en 1.
Proposition 30. Soient I et J deux intervalles de R et f : I → J une bijection continue.
Si la fonction f est dérivable au point x0 ∈ I et que f 0 (x0 ) 6= 0 alors la bijection réciproque
f −1 est dérivable au point y0 := f (x0 ) et sa dérivée vaut alors
1 1
(f −1 )0 (y0 ) = = .
f 0 (x 0) f 0 (f −1 (y 0 ))
4.2. FONCTIONS PUISSANCE 101

Démonstration. — Les hypothèses impliquent que f −1 est continue en appliquant la


proposition précédente. Soient y ∈ J et x = f −1 (y). Si y 6= y0 on a forcément x 6= x0 et
bien sûr f (x) − f (x0 ) 6= 0.
Alors

f −1 (y) − f −1 (y0 ) x − x0 1
= = f (x)−f (x0 )
.
y − y0 f (x) − f (x0 )
x−x0

Quand y → y0 , x tend vers x0 (parce que f −1 est continue) donc la deuxième fraction
1
tend vers 0 . 
f (x0 )

Remarque. Par contre, si f 0 (x0 ) = 0, alors la fonction réciproque f −1 n’est pas dérivable
en f (x0 ) et le graphe de f −1 admet une tangente verticale au point M (y0 , f −1 (y0 )) =
M (f (x0 ), x0 )). C’est notamment le cas en x0 = 0 pour la fonction f : R+ → R+ définie
par f (x) = x2 . En effet, la fonction réciproque f −1 est la fonction racine carrée qui n’est
pas dérivable en 0 et dont la demi-tangente y est verticale.

4.2 Fonctions puissance

Les fonctions puissance déjà connues sont les fonctions


Pn : R → R
x 7→ xn

pour les entier relatifs n ∈ N. Le but de cette section est de définir les fonctions puissance
x 7→ xr dans le cas le plus général possible. Le nombre r sera d’abord l’inverse d’un entier,
puis un rationnel, et finalement un réel quelconque.

4.2.1 Racine ne

 Si n = 2k + 1 est un entier naturel impair (k ∈ N), alors la fonction puissancePn


est une bijection continue strictement croissante de R sur lui-même.
102 CHAPITRE 4. LES FONCTIONS RÉCIPROQUES DE RÉFÉRENCE

y
f (x) = x3

Elle admet donc une fonction réciproque, qui est également une bijection continue stric-
tement croissante de R sur lui-même.

Définition (Racine ne, pour n entier naturel impair). La fonction réciproque de la


fonction puissance Pn est la fonction racine ne :

Rn := Pn−1 : R → R

1 √
x 7→ x n = n x .

Propriétés.
 La fonction Rn est bijective, continue et strictement croissante sur R.
 Elle est dérivable sur R∗ de dérivée

1 1 1 −1
Rn0 (x) = 1 = xn x .
n(x )n−1
n n

1 1
Remarque. On aimerait tout de suite pouvoir écrire (x n )0 = n1 x n −1 et ainsi utiliser une
version généralisée de la formule usuelle de la dérivée des fonctions à puissance entière
1 n−1
(xn )0 = nxn−1 . Mais quel sens donner à l’expression x n −1 = x n car l’exposant est
rationnel ? Nous allons traiter ce cas dans la prochaine section.

Le nombre dérivé n’existe que pour x 6= 0. En 0, Rn est continue, mais non dérivable.
Cela se traduit dans ce cas par le fait que le graphe de Rn possède en (0, 0) une tangente
verticale.
4.2. FONCTIONS PUISSANCE 103

y 1
f (x) = x 3

 Si n = 2k est un entier naturel pair, la fonction puissance Pn n’est pas bijective sur
R.

f (x) = x2

Mais si on la restreint et réduit à R+ , on obtient alors une bijection strictement croissante


continue de R+ sur lui-même.

R+

g(x) = x2

R+

Définition (Racine ne, pour n entier naturel pair). La fonction réciproque de la


104 CHAPITRE 4. LES FONCTIONS RÉCIPROQUES DE RÉFÉRENCE

fonction puissance Pn est la fonction racine ne :

Rn := Pn−1 : R+ → R+

1 √
x 7→ x n = n x .

Propriétés.
 La fonction Rn est bijective, continue et strictement croissante sur R+ .
 Elle est dérivable sur R+∗ de dérivée
1 1 1 −1
Rn0 (x) = 1 = xn x .
n(x n )n−1 n

Mais elle n’est pas dérivable en 0, car son graphe admet au point (0, 0) une demi-tangente
verticale.

R+ 1
f (x) = x 2

R+

Exercice. Tracer sur un même schéma l’allure des graphes de


√ √
3

4
y= x, y= x et y= x.

 Si n = est un entier négatif, on procède de la même manière en excluant 0 de tous


les ensembles considérés.

4.2.2 Exposant rationnel


Soit maintenant un nombre rationnel r ∈ Q quelconque. Il peut se mettre sous la forme
p
r = où p ∈ Z et q ∈ N∗ .
q
Définition (Fonction puissance à exposant rationnel). On définit la fonction puis-
sance à exposant rationnel par
(
Pr : R+∗ → R+∗
1
x 7→ xr := (xp ) q .

Proposition 31.
 La fonction puissance à exposant rationnel est bien définie, c’est-à-dire

1
 0  10
(xp ) q = xp
q

p p0
pour r = q = q0 avec p0 = ap et q 0 = aq où a ∈ N.
4.2. FONCTIONS PUISSANCE 105

 Pour x dans R+∗ , on a


p 1
 1 p
x q = (xp ) q = x q . (4.1)

Démonstration. — Pour le premier point, on regarde l’image des deux membres de


l’égalité recherchée par la bijection x 7→ xaq . Pour le membre de gauche, on trouve :
 1
aq  1
q a
(xp ) q = (xp ) q = (xp )a = xap

Pour le membre de droite, on trouve :


 1
aq
(xap ) aq = xap .

Le résultat étant le même, cela conclut la démonstration.


Pour le second point, on regarde l’image par la fonction bijective puissance q pour trouver
 1
q  1
p q  1 pq  1 q p
(xp ) q = xp et xq = xq = xq = xp .

Remarques.
 Supposons qu’on choisisse p et q de façon à ce que q soit impair (par exemple dans
la forme irréductible de r = pq ), on peut étendre la définition ci-dessus à x < 0. En
effet, la racine q e est définie sur R lorsque q est impair, contrairement au cas q pair.
Dans ce cas, la fonction puissance Pr est alors paire ou impaire, suivant que p est
un nombre pair ou impair.
 Si r = pq est strictement positif, on a toujours 0r = 0. Ceci permet d’ajouter 0 à
l’ensemble de définition de Pr quand r > 0.

3
r= 2

3
r= 4

r = − 34
r = − 32

p
Figure 4.1 – Exemples de fonctions puissance x 7→ xr à exposants rationnels r = q avec
p impair et q pair.
106 CHAPITRE 4. LES FONCTIONS RÉCIPROQUES DE RÉFÉRENCE

5
r= 3

1
r= 3

r = − 53

p
Figure 4.2 – Exemples de fonctions puissance x 7→ xr à exposants rationnels r = q avec
p impair et q impair.

Exercice. Représenter dans un même repère les graphes des fonctions définies sur R,
3 5
x 7→ x 5 et x 7→ x 3 . On précisera la parité de ces fonctions, on étudiera leur dérivabilité
en 0, et on précisera la tangente au graphe au point (0, 0).

4
r= 3

2
r= 3

r = − 23

p
Figure 4.3 – Exemples de fonctions puissance x 7→ xr à exposants rationnels r = q avec
p pair et q impair.

Exercice. Représenter dans un même repère les graphes des fonctions définies respecti-
3 2
vement sur R+ et R, x 7→ x 2 et x 7→ x 3 . On précisera la parité de la deuxième fonction, on
étudiera leur dérivabilité en 0, et on précisera la tangente (ou demi-tangente) au graphe
au point O(0, 0).
4.2. FONCTIONS PUISSANCE 107

Propriétés. Soient a et b deux nombres rationnels. Pour tout x ∈ R+∗ (voire pour x ∈ R
dans certains cas), on a
xa xb = xa+b
xa
= xa−b
xb
(xa )b = xab
(xa )0 = axa−1 .

Démonstration. — Dans chacun des cas, il suffit de revenir à la définition ; cette


démonstration est donc laissée au lecteur-trice comme un bon exercice. 

Remarques.
 Ces formules ne font qu’étendre aux exposants rationnels les propriétés déjà connues
pour les exposants entiers.
 La fonction puissance Pa n’est dérivable en 0 (ou dérivable à droite en 0 suivant le
cas) que si a ≥ 1.
 Remarquez que la dernière formule est celle que nous voulions écrire depuis quelques
pages.

4.2.3 Puissances à exposant réel


Pour définir des puissances ab à exposant réel b ∈ R, nous utilisons la fonction exponentielle
de base a vue au chapitre précédent.

Définition (Quantité ab ). Soit a un réel strictement positif et soit b un réel quelconque.


On note ab la quantité exp(b ln a) :

ab := eb ln a .

Exercice. Vérifier qu’on a toujours les égalités

1
ab+c = ab ac , a0 = 1 et a−b = .
ab

On peut alors étudier deux types de fonctions :


 ou bien a est fixé, b varie, et on étudie la fonction x 7→ ax , appelée fonction expo-
nentielle à base a, ce qui a été fait au chapitre précédent.
 ou bien b est fixé, a varie, et on étudie la fonction x 7→ xb , appelée fonction puissance
d’exposant b, ce qui est le but de cette section.

Définition (Fonction puissance à exposant réel). On définit la fonction puissance à


exposant réel r ∈ R par

Pr : R+∗ → R+∗


x 7→ xr := er ln x .

Proposition 32. Pour tout exposant rationnel r ∈ Q, cette définition coı̈ncide avec celle
donnée à la section précédente pour x ∈ R+∗ .
108 CHAPITRE 4. LES FONCTIONS RÉCIPROQUES DE RÉFÉRENCE

Démonstration. — Posons r = pq et calculons dans les deux cas la composée avec la


fonction x 7→ xq , on trouve respectivement
1 q
 p q
q p ln x
 
ln x
(xp ) q = xp et eq =e q = ep ln x = xp ,

ce qui conclut la démonstration. 

Propriétés. Pour tout r, s ∈ R et pour tout x ∈ R+∗ , on a :

1r = 1
xr xs = xr+s
xr
= xr−s
xs
(xr )s = xrs
(xr )0 = rxr−1 .

Démonstration. — Dans chacun des cas, il suffit de revenir à la définition et d’utiliser


les propriétés de la fonction exponentielle vues au chapitre précédent. 

Remarque. Ces formules ne font qu’étendre à x ∈ R+∗ et aux exposants réels les pro-
priétés déjà connues pour les exposants rationnels xr , r ∈ Q. En particulier, l’avant-
dernière égalité montre que pour un réel r non nul, la fonction réciproque de la fonction
1
puissance x 7→ xr est la fonction puissance x 7→ x r .
Pour ce qui est des limites :
 si r > 0, on a xr → +∞ quand x → +∞ et xr → 0 quand x → 0+ ,
 si r < 0, on a xr → 0+ quand x → +∞ et xr → +∞ quand x → 0+ .

r = 1.4

r = 0.4

r = −0.4
r = −1.2

Figure 4.4 – Exemples de fonctions puissance à exposant réel.

Exercice. Supposons que 0 < r < s ; comparer xr et xs suivant les valeurs de x.


Proposition 33. (Croissances comparées) Pour tout réel r > 0, on a

ex ln x
lim = +∞, lim = 0, lim xr ln x = 0 .
x7→+∞ xr x7→+∞ xr x7→0+
4.3. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES RÉCIPROQUES 109

Démonstration. — Montrons d’abord la première limite. Posons n = E(r) + 1, la


ex ex
partie entière de r plus 1. Pour tout x > 1, on a donc 0 < xr < xn et ainsi n < r .
x x
On conclut ensuite en utilisant la proposition 22 du troisième chapitre. Les deux autres
limites s’obtiennent en posant y/r = ln x. 

4.3 Fonctions trigonométriques réciproques


Les fonctions trigonométriques cosinus, sinus et tangente ne sont pas bijectives de R dans
R, et n’admettent donc pas globalement de fonctions réciproques. Mais pour chacune de ces
fonctions, on peut trouver un intervalle, le plus grand possible, sur lequel la restriction de
la fonction considérée est bijective. Par commodité, on choisira un intervalle contenant la
valeur 0. On peut alors définir ce qu’on appelle les fonctions trigonométriques réciproques
(ou fonctions circulaires réciproques).

4.3.1 Fonction Arc sinus


La restriction de la fonction sinus à l’intervalle − π2 , π2 est continue
 
 et strictement crois-
sante de -1 à 1. Cette application est donc une bijection de − π2 , π2 sur [−1, 1].
Définition (Fonction Arc sinus). On définit la fonction Arc sinus

Arcsin : [−1, 1] → − π2 , π2
  

x 7→ Arcsin x .

comme la fonction réciproque de


(
sin|[− π , π ] : − π2 , π2 → [−1, 1]
 
2 2
x 7→ sin x .

Elle est donc caractérisée par


 h π π i
∀x ∈ [−1, 1], y = Arcsin x ⇔ x = sin y et y ∈ − , .
2 2
On pourra retenir :
π
 Arcsin x est l’arc (l’angle), compris entre
2 et − π2 , dont le sinus vaut x  .
Propriétés. La fonction Arcsin est une bijection, strictement croissante, impaire et conti-
nue de [−1, 1] sur − π2 , π2 .


Remarque. On retiendra en particulier les valeurs


π π
Arcsin (0) = 0, Arcsin (1) = et Arcsin (−1) = − .
2 2

Attention. On a bien sin 5π 1


6 = 2 , mais

6 n’appartient pas à [− π2 , π2 ]. Donc Arcsin ( 12 )

n’est pas égal à 6 .
Par contre, on a aussi sin π6 = 21 , et cette fois-ci π
6 appartient bien à [− π2 , π2 ]. On a donc
ici Arcsin ( 12 ) = π6 .
110 CHAPITRE 4. LES FONCTIONS RÉCIPROQUES DE RÉFÉRENCE

π
2
Arcsin x
sin x
1

−π
2 −1
1 π
0
2

−1

−π
2

Figure 4.5 – Les fonctions sinus et Arc sinus

4.3.2 Fonction Arc cosinus


De la même manière, la restriction de la fonction cosinus à l’intervalle [0, π] est continue
et strictement décroissante de 1 à −1. Cette application est donc une bijection de [0, π]
sur [−1, 1].
Définition (Fonction Arc cosinus). On définit la fonction Arc cosinus

Arccos : [−1, 1] → [0, π]
x 7→ Arccos x .

comme la fonction réciproque de



cos|[0,π] : [0, π] → [−1, 1]
x 7→ cos x .
Elle est donc caractérisée par
∀x ∈ [−1, 1], y = Arccos x ⇔ (x = cos y et y ∈ [0, π]) .
On pourra retenir
 Arccos x est l’arc (l’angle), compris entre 0 et π, dont le cosinus vaut x  .
Propriétés. La fonction Arccos est une bijection, strictement décroissante et continue
de [−1, 1] sur [0, π].

Remarque. On retiendra en particulier les valeurs


π
Arccos (0) = , Arccos (1) = 0 et Arccos (−1) = π .
2
Attention. On a bien que π2 et − π2 ont tous les deux un cosinus égal à 0. Mais comme
seul π2 ∈ [0, π], on a Arccos 0 = π2 .
4.3. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES RÉCIPROQUES 111

π
Arccos x

π
2

−1
0 1 π π
2

−1 cos x

Figure 4.6 – Les fonctions cosinus et Arc cosinus

4.3.3 Fonction Arc tangente


La restriction de la fonction tangente à l’intervalle ouvert − π2 , π2  est continue
 
et stricte-
ment croissante de −∞ à +∞. Elle réalise donc une bijection de − π2 , π2 sur R.


Définition (Fonction Arc tangente). On définit la fonction Arc tangente

Arctan : R → − π2 , π2
  

x 7→ Arctan x .

comme la fonction réciproque de


(
tan |]− π , π [ : − π2 , π2
 
→ R
2 2
x 7→ tan x .

Elle est donc caractérisée par


 i π π h
∀x ∈ R, y = Arctan x ⇔ x = tan y et y ∈ − , .
2 2
On pourra retenir
 Arctan x est l’arc (l’angle), compris entre −
π π
2 et 2, dont la tangente vaut x .


Propriétés. La fonction Arctan est une bijection, strictement croissante, impaire et conti-
nue de R sur ]− π2 , π2 [.

Remarque. On retiendra en particulier les valeurs


π π
Arctan (0) = 0, Arctan (1) = et Arctan (−1) = −
4 4
112 CHAPITRE 4. LES FONCTIONS RÉCIPROQUES DE RÉFÉRENCE

tan x

π
2
Arctan x

−π
2 0 π
2

−π
2

Figure 4.7 – Les fonctions tangente et Arc tangente

et les limites
π π
lim Arctan x = et lim Arctan x = − .
x→+∞ 2 x→−∞ 2
Exercice.  √  √  √ √ 
1. Calculer Arcsin − 22 , Arccos 23 , Arccos − 21 , Arctan ( 3) et Arctan 33 .


2. Les fonctions Arcsin et Arctan sont impaires. Peut-on dire que la fonction Arccos
est paire ?
3. Pour quelles valeurs de x les égalités suivantes sont-elles vraies ?
Arcsin (sin x) = x,
sin(Arcsin x) = x,
Arccos (cos x) = x,
cos(Arccos x) = x.

4.3.4 Dérivées des fonctions trigonométriques réciproques


Proposition 34. Les fonctions Arcsin et Arccos sont dérivables sur ] − 1, 1[ avec pour
dérivée
1 1
Arcsin 0 x = √ et Arccos 0 x = − √ .
1−x 2 1 − x2
La fonction Arctan est dérivable sur R avec pour dérivée

1
Arctan 0 x = .
1 + x2
4.3. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES RÉCIPROQUES 113

Démonstration. — Nous allons principalement appliquer la proposition 30. Sur [− π2 , π2 ],


la fonction sinus est dérivable, et sa dérivée ne s’annule qu’en π2 et − π2 . La fonction
réciproque Arc sinus est donc dérivable sur ] − 1, 1[. On voit qu’il en est de même de la
fonction Arccos .
Soit x ∈] − 1, 1[ et soit y = Arcsin x, donc y ∈ − π2 , π2 et x = sin y. Comme sin0 y = cos y,
 

la formule de dérivation d’une fonction réciproque donne


1
Arcsin 0 x = .
cos y
p √
Mais comme y ∈]− π2 , π2 [, on a cos y > 0, donc cos y = 1 − sin2 y = 1 − x2 . On trouve
bien la formule annoncée pour la dérivée de la fonction Arc sinus.
De la même manière, si x ∈] − 1, 1[ et u = Arccos x, on a x = cos u et u ∈]0, π[. Donc
1
Arccos 0 x = ,
− sin u
√ √
et comme u ∈]0, π[ implique sin u > 0, on obtient sin u = 1 − cos2 u = 1 − x2 . D’où la
formule pour la dérivée de la fonction Arc cosinus.
Par ailleurs, la fonction tangente est dérivable sur son domaine de définition, et sa dérivée
ne s’annule jamais. Il en résulte que la fonction Arc tangente est dérivable sur tout R.
Enfin, soit v = Arctan x, donc x = tan v. On rappelle que tan 0 v = 1 + tan 2 v. On a donc
1 1
Arctan 0 x = 2 = .
1 + tan v 1 + x2

114 CHAPITRE 4. LES FONCTIONS RÉCIPROQUES DE RÉFÉRENCE

4.4 Exercices sur les fonctions réciproques de référence


Exercice 60. Les fonctions suivantes sont-elles injectives ? surjectives ? bijectives ?
 f1 : R → [−1, 1] définie par f1 (x) := cos x .

 f2 : i[2, +∞[→ R+ définie par f2 (x) := x − 1 .
π π h
 f3 : − , définie par f3 (x) := tan x .
2 2
+
 f4 : R → R définie par f4 (x) := x sin x .
Exercice 61. On considère la fonction f : R+ → Y définie par

f (x) := 1 − x si x ≤ 2 et f (x) := 3x − 5 si x > 2 .

1. Montrer que f réalise une bijection de R+ sur un ensemble Y à déterminer.


2. Déterminer sa bijection réciproque.
Exercice 62. Dans cet exercice, les fonctions fi sont définies par l’expression fi (x) :=
ln(x2 + e).
1. Déterminer l’ensemble Y tel que f1 : R → Y soit surjective.
2. Trouver le plus grand intervalle I tel que f2 : I → R soit injective. Combien de
choix a-t-on pour I ?
3. Trouver un ensemble X qui ne soit pas un intervalle et tel que f3 : X → Y soit
bijective. Combien de choix a-t-on pour X ?
Exercice 63. Démontrer que la fonction f définie sur ] − 1, +∞[ par f (x) := x2 + 2x + 3
réalise une bijection de ] − 1, +∞[ sur un ensemble Y à déterminer. Décrire sa fonction
réciproque.
Exercice 64. Soit a, b, c, d quatre nombres réels vérifiant ad − bc > 0 et c 6= 0 et soit
ax + b
f (x) := .
cx + d
1. Déterminer l’ensemble de départ D de la fonction f associée à cette expression.
2. Calculer la dérivée de f , les limites aux bornes de l’ensemble de définition, et établir
le tableau de variations de f .
3. En déduire l’image f (D) et justifier que f réalise une bijection de D dans f (D).
4. Déterminer la bijection réciproque de f .

Exercice 65. On pose f (x) := 4 x3 − 11 − 2.
1. Quel est l’ensemble de départ D de la fonction f associée à cette expression ?
2. Sans calculer la dérivée de f , trouver le sens de variation de f .
3. En déduire que f réalise une bijection de D sur un ensemble Y à déterminer.
4. Résoudre l’équation f (x) = 0 et en déduire l’ensemble X tel que f réalise une
bijection de X sur [0, +∞[.
Exercice 66. Dériver les fonctions définies sur R∗+ associées aux expressions suivantes et
étudier le signe de leurs dérivées :
 √x
1
x 7→ x1/x et x 7→ √ .
x
4.4. EXERCICES SUR LES FONCTIONS RÉCIPROQUES DE RÉFÉRENCE 115

Exercice 67. Dans un repère orthonormé d’origine O, on considère les points A(4, 0),
B(4, 2) et C(3, 3). Dessiner les triangles rectangles OAB et OBC. Montrer par un raison-
nement géométrique que l’on a :
1 1 π
Arctan + Arctan =
2 3 4
Exercice 68.
1. À l’aide de la dérivation, montrer que la fonction définie sur [−1, 1] par f (x) :=
Arcsin x + Arccos x est constante et déterminer la valeur de cette constante.
2. Retrouver ce résultat en utilisant la relation sin π2 − θ = cos θ.



Exercice 69. Résoudre l’équation Arcsin x = 3 .

Exercice 70.
1. Pour quelles valeurs réelles de x a-t-on Arctan (tan x) = x ?
2. Pour quelles valeurs réelles de x les expressions f (x) = Arctan (tan x) et g(x) =
tan (Arctan x) sont-elles définies ?
3. Tracer les graphes des fonctions f et g associées à ces expressions.

Exercice 71.
1
1. Calculer la dérivée de la fonction définie sur R∗ par f (x) := Arctan x + Arctan .
x
En déduire une simplication de l’expression de f sur R∗ .
2. Établir une relation entre tan π2 − y et tan y, puis retrouver le résultat de la


première question sans calculer la dérivée de f .

Exercice 72. Soit a ∈ R∗ . Calculer la dérivée de la fonction définie sur R \ { a1 } par


 
x+a
f (x) := Arctan .
1 − ax

En déduire une expression simplifiée de f sur R \ { a1 }.

Exercice 73 (Extrait de l’examen 2008).


π π
On considère la fonction g : ] − , [→ R, définie par g(θ) := Arcsin (sin(2θ)).
π   2 2

1. Calculer g et g .
5 5
i π πh h π πi
2. Écrire une simplification de g(θ) selon que θ appartienne à − , − , − , ou
iπ π h 2 4 4 4
, .
4 2
3. Soit à présent la fonction numérique réelle f définie sur R par
 
2x
f (x) := Arcsin .
1 + x2
√ 
(a) Calculer f (0) et f 3 .
2x
(b) On pose θ := Arctan x. Montrer que sin (2θ) = .
1 + x2
116 CHAPITRE 4. LES FONCTIONS RÉCIPROQUES DE RÉFÉRENCE

(c) Déduire de ce qui précède une simplification de f (x).

Exercice 74. Résoudre l’équation :


 √  π
Arcsin x + Arcsin x 3 = .
2
√ √
Exercice 75. On considère la fonction f associée à l’expressionf (x) := 3
x− 4
x.
1. Quel est l’ensemble de définition de f ?
2. Résoudre l’équation f (x) = 0 .
3. Quel est l’ensemble de dérivabilité de f ? Calculer la dérivée et étudier son signe.
4. Étudier la dérivabilité à droite en 0.
5. Quel type de branche infinie possède la courbe représentative de f ?
6. Etablir le tableau de variations de f et tracer la courbe représentative de la fonction
f.

Exercice 76. On considère la fonction f définie sur R par f (x) := Arctan x + |x|.
1. La fonction f est-elle paire ? impaire ?
2. Déterminer les limites en +∞ et −∞ de la fonction f .
3. Sur quel ensemble f est-elle dérivable ? Calculer sa dérivée et établir le tableau de
variations de f .
4. Déterminer les asymptotes en +∞ et −∞ de la courbe représentative de f , et leurs
positions relatives par rapport à celle-ci.
5. Tracer la courbe représentative de f . On précisera les demi-tangentes au voisinage
du point (0, 0).
Chapitre 5

Intégration

Le but de ce chapitre est d’introduire la notion d’intégrale d’une fonction à partir de la


notion d’aire entre la courbe représentative et l’axe des abscisses. Les intégrales fournissent
des primitives pour les fonctions continues, et reciproquement, le calcul des primitives
permet de calculer des intégrales. Lorsque le calcul exacte d’une intégrale n’est pas possible,
on peut tout de même en donner une approximation en approchant l’aire par des rectangles.
Enfin, la notion d’intégrale permet de donner de bonnes approximations polynomiales pour
les fonctions qui admettent des dérivées supérieures.

5.1 Intégrale des fonctions continues


5.1.1 Définition géométrique de l’intégrale
 Définition (Intégrale d’une fonction continue sur un intervalle fermé borné).
Pour toute fonction f continue et positive sur un intervalle [a, b], on appelle intégrale de
f sur [a, b] l’aire du domaine S délimité par les droites d’équations y = 0, x = a, x = b et
le graphe de f .

y
Cf

S
x
a b

Z b
On note l’intégrale de f sur [a, b] par f (t)dt et on appelle la fonction f , l’intégrande.
a

Lorsque f n’est pas positive sur [a, b], l’idée est de définir l’intégrale sur [a, b] comme la
différence entre l’aire de la partie de S située au-dessus de l’axe des abscisses et celle de
la partie de S située au-dessous de l’axe des abscisses.

117
118 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

+ +

x
a b

Attention. Cette  définition  n’est pas satisfaisante du point de vue de la rigueur


mathématique. En effet, si la notion d’aire est bien connue pour certaines figures géomé-
triques comme les carrés, les rectangles et les disques par exemple, que signifie  l’aire
délimitée par une courbe quelconque ? En fait, on définit cette notion par une intégrale
... Une première définition rigoureuse de la notion d’intégrale peut être donnée à l’aide des
sommes de Riemann que nous aborderons à la section 5.4. Néanmoins, la  définition don-
née ici permet d’avoir une première idée intuitive sur ce qu’est une intégrale.
Z b
Remarque. Dans cette notation f (t)dt, la variable t est une variable  muette  ,
a
c’est-à-dire qu’on peut la remplacer à volonté par n’importe quelle autre notation. On a,
par exemple :
Z b Z b Z b Z b
f (t)dt = f (s)ds = f (u)du = f (x)dx .
a a a a
Z 2
1+2 3
Exemple. On a x dx = (2 − 1) = d’après la formule de l’aire d’un trapèze.
1 2 2

1 2

5.1.2 Propriétés de l’intégrale


Proposition 35. L’intégrale vérifie les propriétés suivantes.
1. L’intégrale est linéaire :
Z b Z b Z b Z b Z b
(f +g)(t)dt = f (t)dt+ g(t) dt et λf (t)dt = λ f (t) dt, ∀λ ∈ R .
a a a a a
5.1. INTÉGRALE DES FONCTIONS CONTINUES 119

Z b
2. Si f est positive sur [a, b] alors f (t)dt > 0.
a
Z b Z b
3. Si pour tout t ∈ [a, b], f (t) 6 g(t), alors f (t)dt 6 g(t)dt .
a a
4. Si m et M vérifient m 6 f (t) 6 M , pour tout t ∈ [a, b], alors
Z b
m(b − a) 6 f (t)dt 6 M (b − a) (Inégalité de la moyenne).
a

5. Pour tout c ∈]a, b[, l’intégrale vérifie la relation de Chasles


Z b Z c Z b
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt .
a a c

6. L’intégrale vérifie l’inégalité triangulaire


Z b Z b


f (t) dt 6 |f (t)|dt .
a a

 Démonstration . — Ces propriétés sont vraisemblables avec la  définition  en


terme d’aire.
1. Pour deux fonctions positives f et g, l’aire sous la courbe associée à la fonction f +g
est égale à la somme de l’aire sous la courbe associée à la fonction f et de l’aire
sous la courbe associée à la fonction g. Pour une fonction positive f et une fonction
négative g telles que f > −g, l’aire sous la courbe associée à la fonction f + g
est égale à la différence de l’aire sous la courbe associée à la fonction f avec l’aire
au-dessus de la courbe associée à la fonction g. De manière générale, on découpe
l’intervalle [a, b] en une union d’intervalles sur lesquels les deux fonctions f et g
sont de signe constant.
Pour le second point, l’aire d’une surface étirée d’un facteur λ vaut λ fois l’aire
originelle.
2. Trivial avec cette  définition .
3. L’inégalité f (t) 6 g(t) est équivalente au fait que la fonction g − f est positive. La
propriété précédente et la linéarité de l’intégrale montrent que
Z b Z b Z b
g(t)dt − f (t)dt = (g(t) − f (t)) dt > 0 .
a a a

4. C’est une application directe de la propriété précédente avec des fonctions constantes
sachant que l’aire d’un rectangle de côté m et b − a est égale à m(b − a).
5. L’aire algébrique, c’est-à-dire comptée avec signe, délimitée par l’intervalle [a, b]
est égale à la somme de l’aire algébrique délimitée par l’intervalle [a, c] avec l’aire
algébrique délimitée par l’intervalle [c, b].
6. Il suffit de découper l’intervalle [a, b] en une union d’intervalles sur lesquels la fonc-
tion f est de signe constant, d’y appliquer la relation de Chasles et ensuite l’inégalité
triangulaire.

120 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

Définition (Convention). Soit f : [a, b] → R une fonction continue. On définit par


convention :
Z a Z b Z a
f (t) dt := − f (t) dt et f (t) dt := 0 .
b a a

Le choix de ces conventions permet de généraliser la relation de Chasles de la façon sui-


vante.
Proposition 36 (Relation de Chasles). Soit f une fonction continue sur un intervalle
I fermé et borné de R. Alors pour tous réels a, b et c dans I, on a
Z b Z c Z b
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt .
a a c

5.1.3 Intégrale des fonctions continues par morceaux


Définition (Fonctions continues par morceaux). On dit qu’une fonction f définie sur
un intervalle [a, b] est continue par morceaux s’il existe un entier N ≥ 2 et des nombres
c1 , c2 , . . . , cN vérifiant a = c1 < · · · < cN = b, tels que f est continue sur chacun des
intervalles ]ci , ci+1 [, pour i = 1, . . . , N − 1, et que les limites de f aux bornes de ces
intervalles existent et soient finies.
y

·
·
·
· x
a c1 c2 b

Remarque. Toute fonction continue sur un intervalle [a, b] est continue par morceaux sur
[a, b]. Il suffit en effet de prendre N = 2.
Définition (Intégrale d’une fonction continue par morceaux). Soit f une fonction
continue par morceaux sur un intervalle [a, b]. Pour tout i ∈ {1, . . . , N − 1}, la fonction
fi : [ci , ci+1 ] → R définie par


 f (t) pour t ∈]ci , ci+1 [ ,
 lim f (x)

pour t = ci ,
fi (t) := x→c+
i

 lim f (x) pour t = ci+1 ,





x→c−
i+1

est continue sur [ci , ci+1 ]. On définit l’intégrale de f sur [a, b] par la formule
Z b N
X −1 Z ci+1
f (t) dt = fi (t) dt .
a i=1 ci
5.1. INTÉGRALE DES FONCTIONS CONTINUES 121

Remarque. Cette définition s’inspire fortement de la relation de Chasles.


Lorsqu’une fonction est continue par morceaux, le découpage de l’intervalle [a, b] en sous-
intervalles sur lesquels la fonction est continue n’est pas unique ! On peut donc légitimement
se demander si la définition de l’intégrale est bien fondée, c’est-à-dire si elle dépend ou
non du découpage considéré.
Proposition 37. La définition de l’intégrale des fonctions continues par morceaux ne
dépend pas du découpage en sous-intervalles sur lesquels la fonction est continue.

Démonstration. — Soient a = c1 < · · · < cN = b et a = d1 < · · · < dM = b deux


découpages de l’intervalle [a, b] et soient
 
fi : [ci , ci+1 ] → R i=1,...,N et gj : [dj , dj+1 ] → R j=1,...,M

des fonctions continues dont les valeurs coı̈ncident avec celles de la fonction f sur l’intérieur
de leurs intervalles de définition. On note

a = c1 = d1 = e1 < e2 < · · · < eN +M −3 < eN +M −2 = dM = cN = b

l’ensemble ordonné {c1 , . . . , cN } ∪ {d1 , . . . , dM } et on note



hk : [ek , ek+1 ] → R k=1,...,N +M −2

les fonctions correspondantes associées à f . Avec les fonctions fi , l’intégrale de la fonction


f est donnée par
NX−1 Z ci+1 X−3 Z ek+1
N +M
fi (t) dt = hk (t) dt ,
i=1 ci k=1 ek

avec la relation de Chasles. Et avec les fonctions gj , l’intégrale de la fonction f est donnée
par
M
X −1 Z dj+1 X−3 Z ek+1
N +M
gj (t) dt = hk (t) dt .
j=1 dj k=1 ek

Ces deux valeurs sont donc égales. 

Proposition 38. Toutes les propriétés des intégrales des fonctions continues énoncées
à la proposition 35 restent valables au niveau des intégrales des fonctions continues par
morceaux.

Démonstration. — Il suffit de considérer le découpage de l’intervalle [a, b] fourni dans


la définition des fonctions continues par morceaux et d’appliquer sur chacun des sous-
intervalles les propriétés de la proposition 35. 

5.1.4 Valeur moyenne et propriété de la moyenne


Définition (Valeur moyenne d’une fonction). Le nombre
Z b
1
f (t) dt
b−a a

est appelé valeur moyenne de la fonction f sur [a, b].


122 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

La valeur moyenne d’une fonction f continue sur un intervalle est une valeur prise par la
fonction f , comme le montre le théorème suivant.
Théorème 17 (Théorème de la moyenne). Soit f : [a, b] → R une fonction continue.
Il existe c ∈ [a, b] tel que
Z b
1
f (t)dt = f (c) .
b−a a

Démonstration. — La fonction f étant continue sur l’intervalle fermé borné [a, b], par
le théorème 9 de Weierstrass, il existe deux éléments u et v de [a, b] tels que pour tout x
dans [a, b], on ait f (u) 6 f (x) 6 f (v). En intégrant cette inégalité on obtient
Z b
f (u)(b − a) 6 f (t)dt 6 f (v)(b − a)
a

et donc Z b
1
f (u) 6 f (t)dt 6 f (v) .
b−a a
En appliquant le théorème des valeurs intermédaires, on obtient l’existence d’un élément
Z b
1
c ∈ [a, b] tel que f (c) = f (t)dt. 
b−a a

5.2 Primitives
5.2.1 Définition et propriétés
Définition (Primitive). Soit f une fonction numérique définie sur un intervalle I. Une
primitive de la fonction f est une fonction numérique F définie et dérivable sur I et dont
la dérivée est égale à f , c’est-à-dire

F 0 (x) = f (x) pour x ∈ I .

Exemple. La fonction F (x) = 13 x3 est une primitive de la fonction f (x) = x2 sur R. En


effet, F 0 (x) = 13 × 3x2 = x2 .
Existence : Toutes les fonctions numériques n’admettent pas des primitives, mais nous
verrons plus loin que les fonctions continues en admettent.
Unicité : Lorsqu’une fonction admet une primitive F , on voit facilement que toute
fonction du type F + c où c est une constante réelle est encore une primitive : elle est
dérivable et sa dérivée vaut (F + c)0 = F 0 = f . La proposition suivante montre que toutes
primitives sont de cette forme.
Proposition 39. Si F est une primitive d’une fonction f numérique définie sur un in-
tervalle I, les primitives de f sur I sont les fonctions F + c où c est une constante réelle.

Démonstration. — Soient G une autre primitive de la fonction f sur l’intervalle I. On


a alors (G − F )0 = f − f = 0 sur I, donc la fonction G − F est constante sur I, c’est-à-dire
qu’il existe une constance c ∈ R telle que G = F + c. 

Remarque. On peut fixer la constante par une valeur prise par la primitive en un point.
En effet, si F (a) + c = d, alors c = d − F (a).
5.2. PRIMITIVES 123

Exemples.

 On considère la fonction numérique F1 définie par l’expression

 p 
F1 (x) := ln x + x2 + 1 .

Cette fonction est définie et dérivable sur R et sa dérivée vaut

2x
1+ √
2√ x2 + 1 1
F10 (x) = =√ .
2
x+ x +1 2
x +1

1
La fonction F1 est donc une primitive sur R de la fonction x 7−→ √ .
x2 +1
 On considère la fonction numérique F2 définie par l’expression

p
F2 (x) := ln x + x2 − 1 .

Cette fonction est définie sur ] − ∞, −1] ∪ [1, +∞[, dérivable sur ] − ∞, −1[ ∪ ]1, +∞[
et sa dérivée vaut

2x
1+ √
2√ x2 − 1 1
F20 (x) = =√ .
x + x2 − 1 x2 − 1

1
La fonction F2 est donc une primitive de la fonction x 7−→ √ sur chacun des
x2 −1
intervalles ] − ∞, −1[ et ]1, +∞[.
124 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

5.2.2 Primitives usuelles

Fonctions Intervalles Primitives

1
x 7−→ x ] − ∞, 0[ ou ]0, +∞[ x 7−→ ln |x|

xn+1
x 7−→ xn , n ∈ N ] − ∞, +∞[ x 7−→ n+1

xn+1
x 7−→ xn , n ∈ {. . . , −3, −2, } ] − ∞, 0[ ou ]0, +∞[ x 7−→ n+1

xα+1
x 7−→ xα = eα ln x , α 6= −1 ]0, +∞[ x 7−→ α+1

x 7−→ ex ] − ∞, +∞[ x 7−→ ex

x 7−→ sin x ] − ∞, +∞[ x 7−→ − cos x

x 7−→ cos x ] − ∞, +∞[ x 7−→ sin x

1 π
x 7−→ 1 + tan 2 x = cos2 x
]− 2 + kπ, π2 + kπ[, k ∈ Z x 7−→ tan x

π
x 7−→ tan x ]− 2 + kπ, π2 + kπ[, k ∈ Z x 7−→ − ln | cos x|

1
x 7−→ 1+x2
] − ∞, +∞[ x 7−→ Arctan x

x 7−→ √ 1 ] − 1, 1[ x 7−→ Arcsin x


1−x2


x 7−→ √ 1 ] − ∞, −1[ ou ]1, +∞[ x 7−→ ln |x + x2 − 1|
x2 −1


x 7−→ √ 1 ] − ∞, +∞[ x 7−→ ln(x + x2 + 1)
x2 +1
5.2. PRIMITIVES 125

5.2.3 Relation entre intégrale et primitive


Théorème 18 (Théorème fondamental de l’analyse). Soit f une fonction continue
sur un intervalle I et soit a ∈ I. La fonction numérique définie sur I par l’expression
Z x
Φ(x) := f (t)dt
a

est dérivable et vérife Φ(a) = 0 et Φ0 (x) = f (x) .

Démonstration. — On cherche à montrer que Φ(x+h)−Φ(x) h tend vers f (x) lorsque h tend
vers 0. La relation de Chasles nous donne l’égalité :

Φ(x + h) − Φ(x) 1 x+h


Z
= f (t)dt .
h h x
D’après le théorème de la moyenne, il existe un réel ch tel que

1 x+h
Z
f (t)dt = f (ch )
h x
avec x 6 ch 6 x + h ou x + h 6 ch 6 x, selon que h soit positif ou négatif. Lorsque h tend
vers 0, ch tend donc vers x. Puisque f est continue en x, cela implique que lorsque h tend
vers 0,
Φ(x + h) − Φ(x)
f (ch ) =
h
tend vers f (x), ce qui achève la démonstration. 

Remarques.
 La fonction Φ est la primitive de f sur I qui s’annule au point a.
 Toute fonction continue sur un intervalle admet donc une primitive. Cette dernière
est donnée par une intégrale.

5.2.4 Calcul intégral et primitive


Corollaire 40. Toute primitive F d’une fonction f sur l’intervalle [a, b] vérifie
Z b
f (t)dt = F (b) − F (a) .
a

Démonstration. — Soit F une primitive de la fonction f sur l’intervalle


Z x [a, b]. On
sait du théorème fondamental de l’analyse que la fonction Φ : x 7→ f (t) dt est la
a
primitive de f qui s’annule au point a. La fonction F − Φ est donc constante sur [a, b].
D’où F (b)−Φ(b) = F (a)−Φ(a). Finalement, l’égalité Φ(a) = 0 impose F (b)−F (a) = Φ(b),
ce qui conclut la démonstration. 

Notation. On utilise souvent la notation : [F (x)]ba := F (b) − F (a) .

Ce résultat permet de ramener le problème du calcul d’intégrale à la recherche


de primitive.
126 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

1
Exemple. La fonction Arc tangente est une primitive sur R de la fonction x 7→ .
1 + x2
On a donc Z 1
1  1 π
dx = Arctan x 0
= Arctan 1 − Arctan 0 = .
0 1 + x2 4
Proposition 41. Soit f une fonction continue et positive sur l’intervalle [a, b] telle que
Z b
son intégrale soit nulle, f (t)dt = 0, alors f est la fonction constante nulle sur [a, b],
a
c’est-à-dire f = 0.
Rx
Démonstration. — On considère la primitive Φ : x 7→ a f (t)dt de f qui s’annule en
a. Puisque Φ0 (x) = f (x) > 0, pour tout x ∈ [a, b], alors la fonction Φ est croissante. De
plus Φ(a) = Φ(b) = 0 donc Φ est la fonction nulle sur [a, b] ; il en va de même pour sa
dérivée f . 

5.3 Méthodes de calcul intégral


Nous avons vu à la section précédente que pour calculer une intégrale, il suffisait de trouver
une primitive de la fonction à intégrer. Malheureusement, on ne connait pas toujours de
primitive. Pour pallier ce problème, nous allons voir dans cette section, les deux outils
principaux de calcul intégral que sont l’intégration par parties et la formule de changement
de variable.

5.3.1 Intégration par parties


L’intégration par parties transforme l’intégrale d’un produit de deux fonctions en l’intégrale
d’un produit de deux autres fonctions que l’on espère être plus facile à calculer. Elle est
la forme intégrale de la formule de la dérivée du produit de deux fonctions.

Théorème 19 (Intégration par parties). Toute paire f , g de fonctions dérivables et


de dérivées continues sur l’intervalle [a, b] vérifie
Z b b
Z b
0
f (t)g 0 (t) dt .

f (t)g(t)dt = f (t)g(t) a −
a a

Démonstration. — Le produit des deux fonctions f et g est dérivable et sa dérivée vaut


(f g)0 = f 0 g + f g 0 . En intégrant cette égalité entre a et b, on obtient la formule escomptée :
Z b b
Z b Z b
0 0
f (t)g 0 (t) dt .

(f g) (t)dt = f (t)g(t) a = f (t)g(t) dt +
a a a

Mode d’emploi. La fonction que l’on veut intégrer doit se présenter sous la forme du
produit de deux fonctions. Il faut choisir celle que l’on doit dériver (la fonction g de la
formule) et celle que l’on va intégrer (la fonction f 0 de la formule). Il faut bien choisir pour
se ramener à une intégration plus simple à calculer. Notez que le choix de f se fait à une
constante près.
5.3. MÉTHODES DE CALCUL INTÉGRAL 127

Exemples.
Z 3
1. Calculons l’intégrale I = ln t dt .
1
On considère l’intégrande comme un produit de fonctions en posant
 0
f (t) := 1
g(t) := ln t .

On obtient alors 
f (t) = t
,
g 0 (t) = 1t
ce qui donne
Z 3 Z 3
 3 1  3
I= ln t dt = t ln t 1 − t dt = 3 ln 3 − t 1 = 3 ln 3 − 2 .
1 1 t
 Cette technique permet aussi de calculer les primitives de la fonction logarithme
ln. Pour tout x > 0, on considère
Z x
Φ(x) := ln t dt .
1

La même intégration par parties donne


Z x Z x
 x 1  x
Φ(x) = ln t dt = t ln t 1 − t dt = x ln x − t 1 = x ln x − x + 1 .
1 1 t

Les primitives sur ]0, +∞[ de la fonction logarithme ln sont donc les fonctions
x 7−→ x ln x − x+ où c est une constante réelle.
Z 1
2. Calculons l’intégrale J = (2x − 1)e−3x dx.
0
On a intérêt à dériver le polynôme 2x − 1 et à intégrer e−3x . Posons donc
 0
f (x) = e−3x
g(x) = 2x − 1 .

On obtient
f (x) = − 13 e−3x

,
g 0 (x) = 2
ce qui donne
  1 Z 1  
1 1 −3x
J = (2x − 1) − e−3x − 2 − e dx
3 0 0 3

1 −3x 1
 
1 −3 1 2 5 1
=− e − + − e = − e−3 − .
3 3 3 3 0 9 9
Z b
 Plus généralement, on peut calculer les intégrale de la forme J = P (t)eαt dt où
a
P est un polynôme de degré n ≥ 1 et α un réel non nul en effectuant n intégrations
128 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

par parties. On procède de la façon suivante : en dérivant le polynôme et en intègrant


l’exponentielle on obtient
 b Z b
1
J= P (t)eαt − P 0 (t)eαt dt .
α a a

On est ramené au calcul d’une intégrale du même type, mais avec un polynôme
de degré n − 1. Après n intégrations par parties du même type, on est ramené
Z b
simplement au calcul de l’intégrale eαt dt .
a
3. Calculons l’intégrale Z x
F (x) := eαt sin(βt) dt ,
0

où α et β sont deux réels non nuls et x un réel quelconque.


On peut indifféremment dériver eαt ou sin(βt). Posons par exemple

f 0 (t) = eαt


g(t) = sin(βt) .

On obtient ( 1 αt
f (t) = e
α ,
0
g (t) = β cos(βt)
ce qui donne x
β x αt
 Z
1 αt
F (x) = e sin(βt) − e cos(βt) dt.
α 0 α 0

Nous sommes ramenés à une intégrale du même type avec un cosinus à la place du
sinus. Nous faisons alors une seconde intégration par parties en choisissant la même
fonction à dériver (fonction trigonométrique) et la même fonction à  primitiver
 (exponentielle). Ceci de nous ramène pas au point de départ, mais donne :

 x  x   2 Z x
1 αt β 1 αt β
F (x) = e sin(βt) − e cos(βt) − eαt sin(βt) dt .
α 0 α α 0 α 0
| {z }
=F (x)

En regroupant les termes F (x), on trouve d’abord


 2 !  x  x
β 1 αt β 1 αt
1+ F (x) = e sin(βt) − e cos(βt)
α α 0 α α 0
1 αx β αx 
= e sin(βx) − 2 e cos(βx) − 1
α α
puis au final
 2 !−1  
β 1 αx β αx 
F (x) = 1+ e sin(βx) − 2 e cos(βx) − 1 .
α α α
5.3. MÉTHODES DE CALCUL INTÉGRAL 129

5.3.2 Changement de variable


La formule de changement de variable transforme l’intégrale d’une fonction d’une variable
sur un intervalle en une intégrale d’une autre fonction en une autre variable sur un autre
intervalle et dont on espère être plus facile à calculer. Elle est la forme intégrale de la
formule de la dérivée de la composée de deux fonctions.
Théorème 20 (Formule de changement de variable). Soit f : [a, b] → R une fonction
dérivable sur l’intervalle [a, b], de dérivée continue, avec f ([a, b]) ⊂ [c, d] et soit g : [c, d] →
R une fonction continue sur [c, d]. On a alors
Z b Z f (b)
0
g(f (t)) f (t) dt = g(u) du .
a f (a)

Démonstration. — Soit G est une primitive de la fonction g sur l’intervalle [c, d], avec
laquelle on calcule l’intégrale :
Z f (b)
g(u)du = G(f (b)) − G(f (a)) .
f (a)

D’autre part, la fonction G ◦ f : [a, b] → R est dérivable et sa dérivée vaut :

(G ◦ f )0 (x) = g(f (x)) f 0 (x) .

La fonction G ◦ f est donc une primitive de la fonction x 7→ g(f (x))f 0 (x). Et elle permet
de calculer l’intégrale
Z b
g(f (t)) f 0 (t) dt = G(f (b)) − G(f (a)) ,
a

d’où l’égalité recherchée. 

Mode d’emploi . Lorsque l’on veut échanger l’intégrale de gauche en l’intégrale de droite
plus simple, on effectue un changement de variable avec les quatre étapes suivantes.
 Remplacer f (t) par u.
 Vérifier que la fonction f est dérivable à dérivée continue.
 Remplacer f 0 (t)dt par du.
 Remplacer les bornes a et b par f (a) et f (b).

On applique cette méthode dans les deux premiers exemples suivants. Mais la formule de
changement de variable peut aussi s’appliquer dans l’autre sens, voir l’exemple 3 ci-dessous.
Exemples.
Z 1
t
1. Calculons l’intégrale dt.
0 +1 t4
On effectue le changement de variable u := t2 d’où du = 2tdt. La fonction f (t) = t2
est dérivable à dérivée continue. Lorsque t = 0, on a u = 0 et lorsque t = 1, on a
u = 1. La formule de changement de variable donne alors
Z 1
1 1 1 1 1
Z Z
t 1 1 1 π
4
du = 4 2tdt = 2
du = Arctan (u) 0 = .
0 t +1 2 0 |{z}t +1 2 0 1+u 2 8
|{z}
du
u2
130 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

Z 1
1
2. Calculons l’intégrale t + e−t
dt.
0 e
On effectue le changement de variable u := et de sorte que du = et dt, c’est-à-dire
dt = du t
u . La fonction f (t) = e est dérivable à dérivée continue. Lorsque t = 0, on a
u = 1 et lorsque t = 1 et u = e. La formule de changement de variable donne alors
Z 1 Z 1 Z eZ e
1 1 du 1
u du
dt = dt = =
0 e + e−t
t
0
1 1 u+
1 u 2
1 u +1 u
et + t
e u
Z e
1  e π
= du = Arctan (u) 1
= Arctan (e) − .
1 u2 + 1 4
Z 1p
3. Calculons l’intégrale 1 − x2 dx.
0 h πi
On effectue le changement de variable x = sin θ avec θ ∈ 0, , d’où dx = cos θdθ.
2
La fonction f (θ) = sinθ est dérivable à dérivée continue. Lorsque x = 0, on a θ = 0,
et lorsque x = 1, on a θ = π2 . La formule de changement de variable donne alors
π π π
Z 1p Z Z Z
2 p 2 2 1 + cos(2θ)
1 − x2 dx = 1 − sin2 θ cos θdθ = cos2 θdθ = dθ
0 0 0 0 2
 π
π 1 2 π
= + sin(2θ) = .
4 4 0 4

5.3.3 Exemple : intégration d’expressions trigonométriques


Pour calculer des intégrales du type
Z b
sinp t cosq t dt ,
a

où p et q sont des entiers, on distingue deux cas.

 Premier cas : lorsque p ou q est impair.


Lorsque p est impair, on effectue le changement de variable u := cos t et on obtient, en
utilisant la formule sin2 t + cos2 t = 1, une expression de la forme
Z b Z cos b
sin t · Q(cos t) dt = − Q(u) du ,
a cos a

où Q est une fonction polynômiale.


Lorsque q est impair, on effectue le changement de variable u := sin t pour obtenir une
expression de la forme
Z b Z sin b
cos t · Q(sin t)dt = Q(u)du ,
a sin a

où Q est une fonction polynômiale.


5.4. CALCUL NUMÉRIQUE DES INTÉGRALES 131

 Deuxième cas : lorsque p et q sont pairs.


On linéarise l’expression et on calcule l’intégrale de la formule linéarisée.
Exemples.
1. Calculons une primitive de la fonction x 7→ Zsin4 x cos3 x .
x
On va donc calculer la fonction F (x) := sin4 t cos3 t dt . Comme q = 3 est
0
impair, nous sommes donc dans le premier cas et on effectue le changement de
variable u = sin t. On a du = cos t dt et

sin4 t cos3 t = sin4 t(1 − sin2 t) cos t = Q(sin t) cos t

avec Q(u) = u4 (1 − u2 ) = u4 − u6 . On obtient au final


Z sin x
sin5 x sin7 x
F (x) = (u4 − u6 ) du = − .
0 5 7
Z π
2
2. Calculons l’intégrale I = cos2 t sin2 t dt.
0
Comme les deux exposants sont pairs, on linéarise l’expression cos2 t sin2 t :
1 1
cos2 t sin2 t = sin2 2t = (1 − cos 4t) .
4 8
Ceci donne au final
Z π  π
1 2 1 1 2 π
I= (1 − cos 4t) dt = t − sin 4t = .
8 0 8 4 0 16

Remarque. La méthode de linéarisation est valable dans tous les cas mais la méthode
préconisée quand l’un des exposants est impair est beaucoup plus rapide.

5.4 Calcul numérique des intégrales


Lorsque l’on ne sait pas calculer algébriquement la valeur exacte d’une intégrale, par
exemple avec les méthodes précédentes, on peut néanmoins essayer d’en trouver une valeur
numérique approchée. Pour cela, on peut donner une approximation de l’aire définie par
la courbe représentative à l’aide de rectangles.

5.4.1 Cas général


Soit f une fonction continue positive sur un intervalle fermé borné [a, b]. On essaie de
Z b
donner une approximation numérique de la valeur de l’intégrale f (t) dt, c’est-à-dire de
a
l’aire de la surface délimitée par les droites y = 0, x = a, x = b et le graphe de f .
Pour cela, on peut encadrer cette aire par des sommes finies d’aires de rectangles comme
suit. Pour tout entier n ∈ N∗ , on divise l’intervalle [a, b] en n intervalles de même longueur
b−a
:
n  
b−a b−a
Ii := a + i , a + (i + 1) , pour i = 0, . . . , n − 1 .
n n
132 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

La fonction f étant continue sur chacun des intervalles Ii , elle y admet un minimum mi
et un maximum Mi par le théorème des valeurs intermédiaires.

n−1
b−a
X
Alors l’aire délimitée par la courbe de la fonction f est comprise la somme sn = mi
n
i=0
des aires des rectangles dont la hauteur est le minumum mi (en gris sur la figure) et la
n−1
X b−a
somme Sn = Mi des aires des rectangles dont la hauteur est le maximum Mi (en
n
i=0
blanc sur la figure) :
n−1 b n−1
b−aX b−aX
Z
sn = mi 6 f (t) dt 6 M i = Sn .
n a n
i=0 i=0

De manière générale, on peut toujours définir les minima mi , les maxima Mi et donc
les sommes sn et Sn lorsque f n’est pas nécessairement positive sur [a, b]. Dans ce cas,
l’inégalité ci-dessus tient toujours.

Proposition 42. Soit f une fonction continue sur un intervalle fermé borné [a, b] et
soient les minima mi := minIi f et les maxima Mi := maxIi f . L’intégrale de f vérifie
l’encadrement

n−1 b n−1
b−aX b−aX
Z
sn = mi 6 f (t) dt 6 Mi = Sn .
n a n
i=0 i=0

Remarque. Les sommes sn et Sn sont appelées des sommes de Riemann. En fait, une
manière rigoureuse de définir la notion d’intégrale est de le faire avec la limite des sommes
de Riemann lorsque n tend vers l’infini. En effet, lorsque la fonction f est continue, on
peut montrer que sn et Sn tendent vers une même limite.

5.4.2 Cas des fonctions monotones


Lorsque la fonction f est monotone sur l’intervalle [a, b], le calcul des minima mi et des
maxima Mi est particulièrement simple : ils sont donnés par la valeur prise par la fonction
5.4. CALCUL NUMÉRIQUE DES INTÉGRALES 133

à un bord des intervalles Ii . On peut alors en déduire la valeur exacte des sommes de
Riemann et surtout donner une estimation la marge d’erreur.

Si la fonction f est croissante sur [a, b], le calcul des minima mi et des maxima Mi est
donné par :    
b−a b−a
mi = f a + i et Mi = f a + (i + 1) .
n n
La formule des sommes de Riemann est alors
n−1   n  
b−aX b−a b−aX b−a
sn = f a+i et Sn = f a+i .
n n n n
i=0 i=1

L’avantage principal de ce cas de figure est l’estimation suivante de la marge d’erreur :


b−a
Sn − s n = (f (b) − f (a)) .
n
De la même manière, si la fonction f est décroissante sur [a, b], le calcul des minima mi
et des maxima Mi est donné par :
   
b−a b−a
mi = f a + (i + 1) et Mi = f a + i .
n n
La formule des sommes de Riemann est alors
n   n−1  
b−aX b−a b−aX b−a
sn = f a+i et Sn = f a+i
n n n n
i=1 i=0

b−a
On en déduit le même type de formule pour la marge d’erreur Sn − sn = (f (a) − f (b)) .
n
La proposition suivante résume cette discussion.
Proposition 43. Tout fonction f continue et monotone sur l’intervalle [a, b] vérifie les
inégalités
Z b
sn ≤ f (t)dt ≤ Sn ,
a
134 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

où l’amplitude de l’encadrement vaut

b − a
Sn − s n = f (b) − f (a) .
n

Remarque. Puisque b−a n |f (b) − f (a)| tend vers 0 quand n tend vers +∞, l’encadrement
peut être rendu aussi précis que l’on veut, pourvu que n soit assez grand.

5.4.3 Exemple de calcul numérique d’une intégrale


Essayons d’appliquer la méthode précédente des rectangles au calcul approché de l’intégrale
Z 1
2
I := e−x dx .
0
2
La fonction f : x 7→ e−x est continue et décroissante sur [0, 1]. Comme

(1 − 0)|e−1 − e0 | ∼ 0, 6 ,

si l’on veut approximer I à 10−2 près il suffit de prendre n = 100. On obtient avec une
machine
100 99
1 X −k2 /1002 1 X −k2 /1002
s100 = e ∼ 0, 7436 et S100 = e ∼ 0, 7499
100 100
k=1 k=0

On obtient donc l’encadrement suivant

0, 743 < s100 6 I 6 S100 < 0, 750

dont l’amplitude est 7.10−3 .

5.5 Formule de Taylor avec reste intégral


Si une fonction est très régulière, c’est-à-dire si elle est dérivable plusieurs fois, on peut
l’approcher par une fonction polynomiale avec une formule explicite pour le terme d’erreur
donné par une intégrale. C’est ce que l’on appelle la formule de Taylor avec reste intégral.

5.5.1 Formule de Taylor à l’ordre 0


Définition (Fonction de classe C 1 ). Une fonction de classe C 1 est une fonction dérivable
à dérivée continue.

Proposition 44 (Formule de Taylor à l’ordre 0). Toute fonction f de classe C 1 sur


l’intervalle [a, b] vérifie l’égalité
Z b
f (b) = f (a) + f 0 (t) dt .
a

Démonstration. — Il s’agit d’une simple application du théorème fondamental de l’ana-


lyse. 
5.5. FORMULE DE TAYLOR AVEC RESTE INTÉGRAL 135

Remarques.
 Le même raisonnement tient pour tout x ∈ [a, b] et donne
Z x
f (x) = f (a) + f 0 (t) dt .
a

Ceci permet de déterminer f (x) si on connait f (a) et f 0 sur [a, x].


 Cette formule permet de retrouver le sens de variation de f connaissant le signe de
la dérivée f 0 .
 L’application du théorème de la moyenne permet de retrouver la conclusion du
théorème des accroissements finis. Mais ici on a supposé la condition plus forte f 0
continue sur [a, b].
 On retrouve également l’inégalité des accroissements finis avec l’inégalité de la
moyenne.

5.5.2 Formule de Taylor à l’ordre 1


Définition (Fonction de classe C 2 ). Une fonction de classe C 2 est une fonction deux
fois dérivable et dont la dérivée seconde est continue.
Proposition 45 (Formule de Taylor à l’ordre 1). Toute fonction f de classe C 2 sur
l’intervalle [a, b] vérifie l’égalité
Z b
f (b) = f (a) + (b − a)f 0 (a) + (b − t)f 00 (t) dt .
a

Démonstration. — Une application de la formule d’intégration par parties donne


Z b Z b
0 0
b
(b − t)f 00 (t) dt

f (b) − f (a) = f (t) dt = −(b − t)f (t) a +
a a
Z b
= (b − a)f 0 (a) + (b − t)f 00 (t) dt .
a


Remarques.
 Le même raisonnement tient pour tout x ∈ [a, b] et donne
Z x
0
f (x) = f (a) + (x − a)f (a) + (x − t)f 00 (t) dt .
a

Ceci permet de déterminer f (x) si on connait f (a), f 0 (a) et f 00 sur [a, x].
 Si la dérivée seconde f 00 est positive sur [a, b], on retrouve l’inégalité
f (b) > f (a) + (b − a)f 0 (a) ,
c’est-à-dire que la courbe représentative de f est au-dessus de ses tangentes.
Corollaire 46. Soit f une fonction de classe C 2 sur l’intervalle [a, b] et soit |f 00 | ≤ M
une majoration de la valeur absolue de la dérivée seconde sur l’intervalle [a, b]. L’écart
entre la courbe représentative de f et sa tangente en un point est majoré par
2
f (b) − (f (a) + (b − a)f 0 (a)) 6 M (b − a) .

2
136 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

Démonstration. — La formule de Taylor à l’ordre 1 donne


Z b Z b
0 00
(b − t) f 00 (t) dt

f (b) − (f (a) + (b − a)f (a)) = (b − t)f (t) dt 6

a a
Z b
(b − a)2
6 M (b − t) dt 6 M .
a 2


Remarque. La valeur absolue de la dérivée seconde d’une fonction de classe C 2 est


toujours majorée. En effet, l’application |f 00 | est continue sur l’intervalle [a, b] et le théorème
de Weierstrass dit que son image est un intervalle fermé borné.
Exemple. Si on applique ce corollaire de la formule de Taylor à l’ordre 1 à la fonction
sinus de classe C 1 , on obtient :
x2
|sin x − x| 6 ,
2
car |(sin x)00 | = | sin x| 6 1.

5.5.3 Cas général


On peut généraliser les formules ou inégalités obtenues précédemment de la manière sui-
vante.
Définition (Fonction de classe C n ). Une fonction de classe C n est une fonction n-fois
dérivable et dont la dérivée ne est continue.
Théorème 21 (Formule de Taylor avec reste intégral). Toute fonction Soit f :
[a, b] → R de classe C n vérifie
n−1 b
f (k) (a) (b − t)n−1 (n)
X Z
f (b) = (b − a)k + f (t) dt .
k! a (n − 1)!
k=0

Démonstration. — On démontre ce résultat par récurrence en faisant une intégration


par parties. 

Corollaire 47 (Inégalité de Taylor–Lagrange). Soit f une fonction de classe C n sur


l’intervalle [a, b] et soit |f (n) | ≤ M une majoration de la valeur absolue de la dérivée ne
sur l’intervalle [a, b]. La fonction f vérifie l’inégalité de Taylor–Lagrange :

n−1
X f (k) (a)

k (b − a)n
f (b) − (b − a) 6M .

k! n!


k=0

Démonstration. — On majore le reste dans la formule de Taylor de la manière suivante


Z b Z b Z b
(b − t)n−1 (n) (b − t)n−1 (n) (b − t)n−1


f (t) dt 6 f (t) dt 6 M dt
(n − 1)! (n − 1)! (n − 1)!

a a a
(b − a)n
= M .
n!

5.6. ÉPILOGUE : ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES DU PREMIER ORDRE 137

Exemple. Soit l’intervalle [a, b] = [0, 1] et soit la fonction f (x) = ex qui est de classe C n
pour tout n ∈ N. Pour tout x dans [0, 1], on a

(n) x
f (x) = e ≤ e, f (k) (0) = e0 = 1 et f (1) = e .

L’inégalité de Taylor–Lagrange s’écrit donc



n−1
X 1
e e
e − ≤ ≤ .

k! n! n
k=0

1
Puisque lim = 0, on en déduit la formule
n→+∞ n

n
X 1
e = lim .
n→+∞ k!
k=0

Exercice. Déterminer un encadrement d’amplitude 10−3 de la constante d’Euler e.

5.6 Épilogue : Équations différentielles linéaires du premier


ordre
Dans cette dernière section, nous allons utiliser les primitives pour résoudre les premières
équations différentielles : les équations différentielles linéaires du premier ordre.

5.6.1 Définitions
Soit I un intervalle de R et soient a et b des fonctions continues sur I.

Définition (Équation différentielle linéaire du premier ordre). On appelle équation


différentielle linéaire du premier ordre une équation (E) de la forme :

(E) y 0 (x) = a(x)y(x) + b(x) .

On appelle solution de l’équation (E) sur I une fonction ϕ dérivable sur I, telle que :

ϕ0 (x) = a(x)ϕ(x) + b(x), ∀x ∈ I .

Proposition 48. Toute solution d’une équation différentielle linéaire du premier ordre
est de classe C 1 .

Démonstration. — Soit ϕ une solution de l’équation différentielle (E). Comme sa


dérivée est égale à ϕ0 (x) = a(x)ϕ(x) + b(x) qui est une fonction continue, elle est de
classe C 1 . 
138 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

5.6.2 Équation différentielle linéaire homogène


Définition (Équation différentielle linéaire homogène). On dit qu’une équation
différentielle linéaire du premier ordre est homogène lorsque la fonction b est nulle, b = 0.

Toute équation différentielle linéaire du premier (E) : y 0 (x) = a(x)y(x) + b(x) induit une
équation différentielle linéaire homogène en omettant le dernier terme :

(H) y 0 (x) = a(x)y(x) .

On peut déjà résoudre cette équation plus simple.

Théorème 22 (Solutions des équations différentielle linéaires homogènes). Les


solutions de l’équation homogène (H) sont de la forme

ϕ(x) = c eA(x) ,

où c est une constante réelle et où A est une primitive de la fonction a sur l’intervalle I,
par exemple Z x
A(x) = a(t)dt .
α

Démonstration. — On vérifie dábord que eA(x) est solution de l’équation homogène


(H) :
 0
A(x)
e = a(x)eA(x) .

Ensuite on considère une solution ϕ de de l’équation homogène (H) et on procède au chan-


gement de fonction inconnue, en posant z(x) := ϕ(x)e−A(x) , c’est-à-dire ϕ(x) = z(x)eA(x) .
La dérivée de la fonction ϕ est

ϕ0 (x) = z 0 (x) eA(x) + z(x) a(x) eA(x) .

En remplaçant dans l’équation (H), on obtient :

z 0 (x) eA(x) + z(x) a(x) eA(x) = a(x) z(x) eA(x) ,

ce qui donne z 0 (x) eA(x) = 0, puis z 0 (x) = 0. La fonction z est donc égale à une constante
c ∈ R. Soit au final ϕ(x) = c eA(x) . 

Remarque. Comme les solutions dépendent d’une constante c, il y a donc une infinité.
Cette constante peut-être déterminée par une valeur prise en un certain point par la
fonction solution.

5.6.3 Cas général


Revenons à l’équation l’équation différentielle linéaire complète

(E) y 0 = a(x)y + b(x) .

La proposition suivante donne la forme générale de ses solutions lorsque l’on en connait
une particulière.
5.6. ÉPILOGUE : ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES DU PREMIER ORDRE 139

Théorème 23 (Solutions des équations différentielle linéaires). Soit ϕ0 une solu-


tion sur l’intervalle I de l’équation différentielle (E). Les solutions sur I de l’équation (E)
sont de la forme
ϕ(x) = ϕ0 (x) + c eA(x) .
où c est une constante réelle et où A une primitive de a sur I.

Démonstration. — Soit ϕ0 une solution particulière de l’équation différentielle (E).


Soit ϕ une éventuelle autre solution. Les fonctions ϕ0 et ϕ étant solutions de (E), elles
vérifient
ϕ00 (x) = a(x)ϕ0 (x) + b(x) et ϕ0 (x) = a(x)ϕ(x) + b(x) .
Par soustraction, on obtient

(ϕ0 − ϕ00 )(x) = a(x)(ϕ − ϕ0 )(x) .

Par conséquent, ϕ − ϕ0 est solution de l’équation homogène (H) : y 0 (x) = a(x)y(x) .


On déduit du théorème 22 que (ϕ − ϕ0 )(x) = c eA(x) , où A(x) une primitive de a(x) sur
I. Au final, ϕ(x) = ϕ0 (x) + c eA(x) , où c est une constante réelle. 

Définition. Cette famille de solutions est appelée la solution générale de l’équation


différentielle. Une solution qui correspond à une valeur donnée de c est appelée une solution
particulière de l’équation différentielle.

Ce théorème montre que la solution générale d’une équation différentielle


linéaire du premier ordre est la somme de la solution générale de l’équation
homogène associée et d’une solution particulière de l’équation complète.

Remarque. Encore une fois, l’équation différentielle (E) admet une infinité de solutions,
qui dépendent des valeurs de la constante c ∈ R.
Exemple. Résoudre l’équation différentielle

y 0 (x) + y(x) = ex .

Cette équation est de la forme y 0 (x) = a(x)y(x) + b(x) avec a(x) = −1 et b(x) = ex .
 La fonction A(x) = −x étant une primitive de a(x), l’équation homogène associée
a pour solution générale y(x) = c e−x , où c est une constante réelle.
ex
 Il est clair que ϕ0 (x) = est une solution particulière de l’équation complète.
2
Par conséquent, la solution générale de cette équation est
ex
ϕ(x) = c e−x + .
2

5.6.4 Méthode de variation de la constante


Il n’est pas toujours évident de deviner une solution particulière de l’équation homogène
associée. Pour en trouver une, on peut appliquer la méthode de variation de la constante
qui suit.
 On commence par résoudre l’équation homogène associée. La solution générale de
cette équation est de la forme c eA(x) .
140 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

 On fait le changement de fonction inconnue y(x) = z(x) eA(x) . La dérivée de la


fonction y vaut donc
y 0 (x) = z 0 (x) eA(x) + z(x) a(x) eA(x) .
En remplaçant dans (E), on obtient :
z 0 (x) eA(x) + z(x) a(x) eA(x) = a(x) z(x) eA(x) + b(x) ,
ce qui implique
z 0 (x) eA(x) = b(x) et donc z 0 (x) = b(x) e−A(x) .
On s’aperçoit donc que, pour trouver la fonction z , il suffit de calculer une primitive
F (x) de la fonction b(x) e−A(x) . Et alors, on aura z(x) = F (x) + k, où k est une
constante réelle.
 Par conséquent, la solution générale de l’équation différentielle (E) est
y = F (x) + k eA(x) .


En pratique, on n’introduit pas la lettre z, mais on conserve la lettre c, et on la considère


comme une fonction c(x), comme dans l’exemple qui suit.
Exemple. Résoudre l’équation
2
y 0 (x) =
y(x) + x3 ,
x
sur un intervalle qui ne contient pas 0 . Cette équation est de la forme
y 0 (x) = a(x)y(x) + b(x)
2
avec a(x) = et b(x) = x3 .
x
L’équation homogène associée est de la forme
2
y 0 = a(x)y, avec a(x) = .
x
 La fonction A(x) = 2 ln |x| = ln x2 étant une primitive de la fonction a(x), l’équation
2
homogène associée a pour solution générale y = c eln x = c x2 .
 On utilise la méthode de variation de la constante : on pose y(x) = c(x) x2 . Ceci
donne
y 0 (x) = c0 (x) x2 + c(x)2x .
En remplaçant y et y 0 par ces valeurs dans l’équation (E), on obtient :
2
c0 (x) x2 + c(x) 2x = c(x) x2 + x3
x
d’où
c0 (x) x2 = x3 et c0 (x) = x .
On en conclut que
x2
c(x) = +k .
2
 Par conséquent, la solution générale de l’équation donnée est :
x4
y(x) = + k x2 .
2
5.7. EXERCICES SUR L’INTÉGRATION 141

5.7 Exercices sur l’intégration


Exercice 77. On considère la la fonction f définie sur R par :

f (x) := a sin(wx + ϕ) ,

où a et w sont deux réels strictement positifs et ϕ un réel quelconque.


Calculer la valeur moyenne de f sur l’intervalle 0, 2π w .
Z 2π
3
Exercice 78. Calculer la valeur de l’intégrale | cos x| dx.
0

Exercice
Z 1 79. Calculer les intégrales
Z 8 suivantes : Z 2
1 1
1) (t2 − t + 1) dt 2) t 3 dt 3) ds
(1 + s)3
Z0 1/2 Z1 1 Z1 3
1 1 1
4) √ dt 5) √ du 6) √ ds .
1−t 2 1 + u2 2
s −1
0 −1 2

Exercice 80. Calculer les primitives des fonctions suivantes en précisant les intervalles
où elles sont définies :
x ln x 2 cos x
1) x 7−→ √ 2) x 7−→ 3) x 7−→ 3x ex 4) x 7−→ .
1+x 2 x sin x
Indication : on essaiera de reconnaı̂tre des dérivées de fonctions composées.

Exercice
Z 1 81. Calculer les intégrales
Z π suivantes : Z π
1) te2t dt 2) t sin t dt 3) t cos t dt
Z0 e Z0 1 Z−ππ
4
4) t ln t dt 5) t2 e−t dt 6) et cos t dt
Z1 1 Z0 3 Z0 2
x x
7) 3
dx 8) √ dx 9) (ln x)2 dx .
0 (1 + x) −1 5+x 1

Exercice 82. Calculer les primitives des fonctions suivantes, en précisant les intervalles
où elles sont définies :
ln x e2x − 1
1) x 7−→ 2 2) x −
7 → Arctan x 3) x 7−→ x 4) x −7 → x cos x .
x 2ex
Exercice 83. Pour tout entier naturel n ∈ N∗ , on pose l’intégrale
Z 1
In := xn ex dx .
0

1. Montrer, sans calculer In , que la suite (In )n∈N∗ est décroissante. Converge-t-elle ?
2. Montrer que, pour tout n dans N∗ ,
e
0 ≤ In ≤ ,
n+1
et en déduire la limite de (In )n∈N∗ .
3. Montrer que In = e − nIn−1 , pour tout n ∈ N∗ .
4. En déduire le calcul de I3 .
142 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

Exercice 84. Pour tout entier naturel n ∈ N∗ , on pose


Z 1
In := (x2 − 1)n dx .
0

1. À l’aide d’une intégration par parties, établir que


2n
In = − In−1 , pour n > 1 .
2n + 1
2. En déduire la valeur de In .
Exercice 85. Soit x > 0. On définit les intégrales F (x) et G(x) par :
Z x Z x
F (x) := cos(ln t) dt et G(x) := sin(ln t) dt .
1 1

1. Montrer que F (x) = x cos(ln x) − 1 + G(x) et G(x) = x sin(ln x) − F (x) .


2. En déduire les expressions de F (x) et G(x) .
Exercice 86.

1. Calculer la dérivée de la fonction f (x) := ln(x + x2 + 2) .
Z 1
dt
2. Calculer l’intégrale I = √ .
2
t +2
0
On considère les deux intégrales
Z 1 Z 1p
t2
J := √ dt et K := t2 + 2 dt .
0 t2 + 2 0

3. Montrer que J + 2I = K .

4. Montrer, en intégrant K par parties, que K = 3 − J.
5. Retrouver ce résultat en intégrant J par parties.
6. Calculer J et K.
Exercice 87. Calculer les intégrales suivantes :
Z 2 Z √3 2
t2
Z
1 1
1) 2
dt dt 2) √ dt 3) dt
Z1 4 t√+ 2 Z0 1 4 − x2 Z0 1 t6 + 1
√ t3
4) e t dt 5) ln(1 + x) dx 6) dt .
1 0 0 (t4 + 1)2
Z π Z π
2 2
Exercice 88. Calculer les intégrales sin x cos x dx et sin5 x cos4 x dx.
0 0

Exercice 89.
1. Déterminer deux réels a, b tels que
1 a b
∀x ∈ R \ {0, −1}, = + .
x(x + 1) x x+1
Z 5
dx
2. En déduire le calcul de .
2 x(x + 1)
5.7. EXERCICES SUR L’INTÉGRATION 143

Z 1
dx
Exercice 90. Calculer l’intégrale I := 2+x+1
.
0 x
Indication : on pourra mettre le polynôme x2 + x + 1 sous la forme (x + a)2 + b2 , puis
on effectuera le changement de variable x + a = bt.
Z 1
dx
Exercice 91. On veut calculer l’intégrale J := 3
.
1 x + 1
2

1. Déterminer trois réels a, b, c tels que


1 a bx + c
∀x ∈ R \ {−1}, = + 2 .
x3 +1 x+1 x −x+1

2. Calculer J à l’aide d’un changement de variable comme dans l’exercice précédent.

Exercice 92. Calculer les primitives des fonctions associées aux expressions suivantes :
2 x (Arctan x)2
1) x3 e−x 2) √ 3) 4) Arcsin x
√ 1 + x2 1 + x2
1
5) ln(x + x2 + 1) 6) (ex + 1)2 ex 7) x2 (1 − x3 ) 3 8) x2 e−x .
Z 1p
Exercice 93. Calculer l’intégrale I := 1 + x − x2 dx .
0
Indication : on pourra mettre le polynôme du second degré sous la forme b2 − (x + a)2
et on effectuera le changement de variable x + a = b sin θ .

Exercice 94 (Intégration numérique par la méthode des rectangles).


Z 1
−1
1. Donner un encadrement d’amplitude 10 de l’intégrale sin(x2 ) dx, à l’aide de
0
la méthode des rectangles.
2. On considère la fonction f définie sur R par
sin x
f (0) := 1 et f (x) := , pour x ∈ R∗ .
x
(a) Montrer que f est continue sur R et décroissante sur [0, π].
Z π
−1
(b) Donner un encadrement d’amplitude 10 de l’intégrale f (x) dx .
0

Exercice 95. Pour tout x > 0, on pose


Z 2x Z x
sin t sin t
G(x) := dt et F (x) := dt .
x t 1 t

1. Exprimer G(x) à l’aide de la fonction F .


2. En déduire le calcul de la dérivée G0 (x).
3. Donner le sens de variation de G sur ]0, π].

Exercice 96.
1. Soit a > 0. Montrer que si une fonction Z xcontinue f est paire sur l’intervalle [−a, a],
alors la fonction définie par F (x) := f (t) dt est impaire.
0
144 CHAPITRE 5. INTÉGRATION

2. Démontrer un résultat analogue lorsque la fonction f est impaire.


Soit g : R → R une fonction
Z x+T continue, périodique de période T > 0. Pour tout
x ∈ R, on pose G(x) := g(t) dt .
x
3. Montrer que G est bien définie, continue et dérivable sur R.
4. Calculer sa dérivée.
5. En déduire que G est une fonction constante sur R.
Z x
6. Sous quelle condition la fonction H : x 7→ g(t) dt est-elle périodique, de période
0
T?

Exercice 97 (Développement du logarithme).


Soit un entier naturel n ∈ N et un réel x ∈] − 1, +∞[.
1. Montrer que
n
X 1 (−1)n xn+1
(−1)k xk = + .
1+x 1+x
k=0

2. En déduire que
n 1
(−1)k tn+1
X Z
n
= ln 2 + (−1) dt .
k+1 0 1+t
k=0

3. Montrer que
1
tn+1
Z
1
0≤ dt ≤ .
0 1+t n+2
4. Conclure que
n
X (−1)k
lim = ln 2 .
n→+∞ k+1
k=0

5. Plus généralement, montrer que si 0 ≤ x ≤ 1,


n
X (−1)k xk+1
lim = ln(1 + x) .
n→+∞ k+1
k=0

Exercice 98.
1. Déterminer toutes les solutions de l’équation différentielle

y 0 (x) = −y(x) + cos x .

2. Montrer qu’elle n’admet qu’une seule solution périodique.

Exercice 99. Déterminer la solution générale des équations différentielles suivantes sur
les intervalles considérés :
1) (1 − x2 ) y 0 (x) − x y(x) = 1, sur ] − 1, 1[.
y(x)
2) x y 0 (x) − = x ln x, sur ]0, +∞[.
2
5.7. EXERCICES SUR L’INTÉGRATION 145


−π π
Exercice 100. Déterminer la solution sur l’intervalle , de l’équation différentielle
2 2

y 0 (x) − (tan x)y(x) = x ,

vérifiant la condition initiale y(0) = 0.

Exercice 101. On considère l’équation différentielle

(E) xy 0 (x) + 2y(x) = x2 .

1. Chercher une solution de l’équation (E) sur R, polynomiale de degré inférieur ou


égal à deux.
2. En déduire toutes les solutions de l’équation (E) sur ] − ∞, 0[ et sur ]0, +∞[.
3. Combien y a t-il de solution(s) de l’équation (E) sur R ?

Exercice 102. On considère l’équation différentielle

(E) y 0 (x) = y(x) + f (x) ,

où f est une fonction de période T > 0 continue sur R.


1. Exprimer la solution générale de l’équation (E) sur R à l’aide de la fonction
Z x
F (x) := e−t f (t)dt .
0

2. Montrer que F (x + T ) = e−T F (x) + F (T ) .


3. En déduire que l’équation (E) admet une unique solution de période T , que l’on
déterminera.

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