Chapitre Conique
Chapitre Conique
Chapitre Conique
Les coniques
Christiane Rousseau
1.1 Introduction
Les coniques sont des courbes planes. Elles sont caractérisées par le fait que
leur équation dans le plan en géométrie analytique est de la formeP(x, y) = 0,
où P(x, y) est un polynôme de degré 2. Elles ont de multiples applications an-
ciennes et modernes dans de nombreux domaines des sciences et de la techno-
logie.
Bien que la géométrie analytique ait fait ses preuves pour résoudre des
problèmes, elle n’est pas toujours la méthode optimale pour comprendre et
découvrir les propriétés des coniques. Beaucoup de ces propriétés découlent
de la définition purement géométrique de ces courbes.
D ÉFINITION 1 L’ensemble des points du plan ayant une propriété donnée est appelé
lieu géométrique des points ayant cette propriété.
Nous allons commencer par définir les coniques comme « lieux géométriques ».
Nous en déduirons leurs équations dans le plan. Nous jouerons sur les deux
tableaux pour explorer leurs propriétés.
Dans tout ce chapitre on note par |AB| la longueur du segment AB d’extrémités
A et B.
1
2 CHAPITRE 1. LES CONIQUES
x2 + (y − b)2 = (y + b)2 ,
ou encore,
x2 + y2 − 2yb + b2 = y2 + 2yb + b2 ,
ce qui entraı̂ne,
4yb = x2 ,
1 2
et finalement y = 4b x .
C OROLLAIRE
1 Étant donné une parabole d’éqation y = ax2 , son foyer est situé en
1 1
0, 4a et sa directrice est la droite y = − 4a . Si a > 0, la parabole est tournée vers le
haut et si a < 0, elle est tournée vers le bas.
y − k = a(x − h)2 .
x − y = a(y − k)2 .
1.2.2 L’ellipse
D ÉFINITION 4 Étant donné deux points distincts F1 et F2 , une ellipse de foyers F1 et
F2 est le lieu géométrique des points dont la somme des distances à F1 et F2 est une
constante C > |F1 F2 |.
Élevons au carré
q
(x + c)2 + y2 = C2 + (x − c)2 + y2 − 2C (x − c)2 + y2
4 2 4
2
x + 2 y2 = 1.
C C − 4c2
2 2 2
Ceci suggère de poser a2 = C4 et b2 = C −4c 4 . Dans ce dernier cas, ceci n’est
légitime que si C2 − 4c2 > 0. Mais c’est le cas puisque C > |F1 F2 | = 2c.
On a donc a = C2 , donc C = 2a. Remplaçons dans l’expression de b : b =
2
4a −4c2
2
2 2
4 =a −c .
2 2
x y
L’équation a 2 + b2 = 1 est l’équation canonique d’une ellipse. Décrivons
x2 y2
P ROPOSITION 1 On considère une ellipse d’équation a2 + b2 = 1.
1. Les droites x = 0 et y = 0 sont des axes de symétrie de l’ellipse, simplement
appelées les axes de l’ellipse.
2. Les points d’intersection de l’ellipse avec ses axes sont les points (±a, 0) et
(0, ±b). (Pour cette raison, les nombres a et b sont appelés demi-axes de l’el-
lipse.)
3. L’ellipse est l’ensemble des points {(a cos θ, b sin θ) | θ ∈ [0, 2π]}.
4. Dans le cas où a = b (ce qui correspond à F1 = F2 )), l’ellipse est un cercle centré
à l’origine de rayon a.
2 2
5. Dans le cas b > a, l’équation ax 2 + y
b2
= 1 représente encore une ellipse d’axes
√
x = 0 et y = 0. Les foyers sont aux points (0, ±c), où c = b2 − a2 .
1.2.3 L’hyperbole
D ÉFINITION 5 Étant donné deux points distincts F1 et F2 , une hyperbole de foyers
F1 et F2 est le lieu géométrique des points dont la valeur absolue de la différence des
distances à F1 et F2 est une constante C < |F1 F2 |.
Comme |F1 P| = C + |F2 P| ou bien |F2 P| = C + |F1 P|, ceci nous donne qu’une des
deux équations suivantes est vérifiée
p p
(x + c)2 + y2 = C + (x − c)2 + y2 ,
p p
(x − c)2 + y2 = C + (x + c)2 + y2 .
Élevons au carré
p
(x + c)2 + y2 = C2 + (x − c)2 + y2 + 2C (x − c)2 + y2 ,
p
(x − c)2 + y2 = C2 + (x + c)2 + y2 + 2C (x + c)2 + y2 ,
Lorsqu’on développe les carrés à gauche, les termes ±8C2 cx se simplifient avec
les termes correspondant du membre de droite. Les deux équations se simpli-
fient à la même forme
4a2 −4c2
− 4 = c2 − a2 .
2 2
x y
L’équation a 2 − b2 = ±1 est l’équation canonique d’une hyperbole. Décrivons
x2 y2
P ROPOSITION 2 On considère une hyperbole d’équation a2 − b2 = ±1.
1. Les droites x = 0 et y = 0 sont des axes de symétrie de l’hyperbole, simplement
appelées les axes de l’hyperbole.
2
x2
2. L’hyperbole a2
−y
b2
= 1 intersecte l’axe des x aux points (±a, 0) et n’intersecte
2 2
pas l’axe des y. L’hyperbole ax 2 − yb2
= −1 intersecte l’axe des y aux points
(0, ±b) et n’intersecte pas l’axe des x.
6 CHAPITRE 1. LES CONIQUES
x2 y2
3. L’hyperbole a2
− b2
= ±1 a deux asymptotes d’équations x
a = ±y
b.
2 2
4. La branche de droite de l’hyperbole ax 2 − y b2
= 1 est l’ensemble des points
{(a cosh θ, b sinh θ) | θ ∈ (−∞, ∞)}, où les fonctions cosh (cosimus hyper-
bolique) et sinh (sinus hyperbolique) sont définies comme suit
cosh x = 12 (ex + e−x ) ,
sinh x = 21 (ex − e−x ) .
F IG . 1.1 – Le traçage d’une ellipse au moyen d’ une corde tendue entre les deux
foyers
T H ÉOR ÈME 4 (la propriété optique de la parabole) Tous les rayons parallèles
à l’axe de la parabole et réfléchis sur la parabole passent au foyer de la parabole (voir
figure 1.2).
d = APB.
isocèle, on sait qu’on a l’égalité des angles FPB [ On démontrera donc
le théorème si on montre que la droite (D) est tangente à la parabole en P. En
effet, regardons le prolongement PC de PA, qui est le rayon incident. L’angle
que fait PC avec la droite (D), c’est-à-dire l’angle entre le rayon incident et la
[ (angles opposés par le sommet), lequel est
droite (D), est égal à l’angle APB
d
égal à l’angle FPB. Donc, si la droite (D) se comporte comme un miroir et si PC
est le rayon incident, alors PF sera le rayon réfléchi.
Il nous faut maintenant prouver que la droite (D) définie ci-dessus est tan-
gente à la parabole en P. Nous montrerons pour cela que tous les points de
(D), sauf P, sont situés sous la parabole. En effet, il est facile de se convaincre
que toute droite passant par P autre que la tangente à la parabole a des points
situés au dessus de la parabole (voir la figure 1.4).
T H ÉOR ÈME 5 (la propriété optique de l’ellipse) Tout rayon incident partant
d’un des foyers et réfléchi sur l’ellipse arrive à l’autre foyer.
1.4. LES MIROIRS DE FORME CONIQUE 9
P REUVE Ici aussi, nous allons donner une preuve géométrique utilisant seule-
ment la définition 4, que nous pouvons reformuler comme suit : si R est un
point quelconque du plan, on a
|F1 R| + |F2 R| < C si R est à l’intérieur de l’ellipse,
|F1 R| + |F2 R| = C si R est sur l’ellipse, (1.2)
|F1 R| + |F2 R| > C si R est à l’extérieur de l’ellipse.
F2 P. On doit montrer que cette droite est tangente à l’ellipse en P. Ici encore,
on se sert du fait que toute droite passant par P autre que la tangente à l’ellipse
a des points intérieurs à l’ellipse (figure 1.6). On doit donc montrer que tout
point R de (D) différent de P satisfait à |F1 R| + |F2 R| > C.
Soit F le symétrique de F1 par rapport à (D). Puisque P et R sont sur (D),
on a par symétrie |FP| = |F1 P| et |FR| = |F1 R|. Donc, les triangles F1 PR et FPR
sont congrus, car ils ont trois côtés égaux. On en déduit l’égalité des angles
d = F[
FPR [ [ d
1 PR. Comme F1 PR = F2 PS par définition de (D), on a FPR = F2 PS,
[
ce qui nous permet de conclure que F2 , F et P sont alignés. Par conséquent,
|FF2 | = |FP| + |PF2 | et
Or,
|FF2 | = |FP| + |PF2 | = |F1 P| + |PF2 | = C.
10 CHAPITRE 1. LES CONIQUES
Donc, |F1 R| + |F2 R| > C, ce qui permet de conclure que R est en dehors de
l’ellipse.
T H ÉOR ÈME 6 (la propriété optique de l’hyperbole) Tout rayon incident situé
à l’extérieur d’une branche d’hyperbole et dirigé vers le foyer situé à l’intérieur de
cette branche est réfléchi sur la branche d’hyperbole vers l’autre foyer de l’hyperbole
(figure 1.7).
Nous allons retravailler les équations (1.3), (1.4) et (1.5) pour les mettre sous
une forme unifiée. Ces trois équations sont de la forme r = β+γαcos θ . On peut
bien sûr diviser au numérateur et au dénominateur par β pour se ramener au
cas β = 1. Faisons cela. Les équations deviennent
A
r= pour la parabole
1 − cos θ
C2 − B2
r = r 2C pour l’ellipse
B
1 − cos θ
C
B2 − C2
2C
r=r pour l’hyperbole
B
1 − cos θ
C
1.6. LES APPLICATIONS DE L’HYPERBOLE AUX PROBLÈMES DE POSITIONNEMENT13
A
r= , (1.6)
1 − e cos θ
t1 − t t2 − t t1 − t2
d1 − d2 = − =
v v v
est connu ! Et si une troisième station située en A3 avait capté l’onde de choc
au temps t3 et d3 t3v−t , alors d1 − d3 = t1 −t
v
3
serait aussi connu.
Lorsqu’on peut se ramener à un problème dans un plan, alors connaı̂tre la
différence des distances d’un objet à deux objets de position connue revient à
le situer sur une branche d’hyperbole. Si on connait la différence des distances
de l’objet à d’autres paires d’objets de position connue, alors on situe l’objet
à l’intersection de branches d’hyperboles. C’est le principe du fonctionnement
du système Loran en navigation (exercice 1.9).
(a) qu’il est toujours possible de tracer une droite entre deux points ;
(b) qu’il est toujours possible de tracer un cercle de centre donné et passant
par un point donné.
On obtient de nouveaux points comme intersections de droites ou cercles. Quels
sont les points, droites ou cercles qu’on peut obtenir par cette méthode ? Étant
donné un segment auquel on attribue la longueur 1, quelles sont les différentes
longueurs de segments qu’on peut obtenir par cette méthode ? Ce sont les
mathématiques des constructions à la règle et au compas.
Examinons les axiomes de l’Origami d’un peu plus près.
1. Un unique pli passe par deux points P et Q spécifiés (distincts). C’est
le principe (a) d’Euclide.
2. Un unique pli améne un point P sur un point Q (P 6= Q). Ce pli est la
médiatrice du segment PQ, c’est-à-dire le lieu géométrique des points à
égale distance de P et Q. C’est une droite qu’on apprend à tracer avec
règle et compas.
3. Il existe un pli qui superpose deux droites distinctes (D1 ) et (D2 ). Ici, il
faut distinguer deux cas. Lorsque les droites sont parallèles, cette droite
est la parallèle équidistante aux deux droites. Lorsqu’elles sont sécantes,
un tel pli est une bissectrice d’un angle formé par les deux droites. Il y
a deux bissectrices possibles. Dans les deux cas, ces droites peuvent être
construites à la règle et au compas.
4. Un unique pli passe par un point P et est orthogonal à une droite (D).
La droite construite est la perpendiculaire à (D) passant par P. Elle peut
être construite à la règle et au compas.
5. Soit une droite (D) et deux points P et Q. Lorsque le problème est pos-
sible, il existe un pli passant par P qui amène Q sur (D). Supposons que
cette droite (∆) soit construite. Soit Q ′ le symétrique de Q par rapport à
(∆). plier le papier sur (∆) amène Q sur Q ′ . Donc Q ′ ∈ (D). Il est facile
de se convaincre que PQ = PQ ′ . Donc (∆) est la médiatrice de QQ ′ . Si on
avait voulu construire (∆) avec la règle et le compas, on aurait commencé
par construire Q ′ comme intersection du cercle centré en P de rayon |PQ|
et de (D). Un tel point d’intersection n’existe que si |PQ| est supérieur à la
distance de P à (D). Une fois Q ′ connu, construire la médiatrice de QQ ′
avec la règle et le compas est la même construction qu’à l’axiome 2.
6. Soit deux droites distinctes (D1 ) et (D2 ) et deux points distincts P et
Q. Lorsque le problème est possible, il existe un pli qui amène simul-
tanément P sur (D1 ) et Q sur D2 . Cet axiome est puissant. Il permet des
constructions qui sont impossibles à la règle et au compas. Nous y revien-
drons plus tard et verrons qu’il permet de tracer une tangente commune
à deux paraboles.
Revenons maintenant à la « construction des coniques en Origami ». Bien
sûr, on ne peut plier le papier le long d’une courbe. Mais on va plier le papier
le long de toutes les tangentes à une conique. La conique sera l’enveloppe de la
famille de toutes les droites de pliage.
16 CHAPITRE 1. LES CONIQUES
T H ÉOR ÈME 7 Considérons une feuille de papier dont un bord est la droite (∆) et soit
F un point de la feuille. Soit P un point de (∆). On plie la feuille de manière à amener
P sur F. Soit (DP ) la droite du pli. Alors, la droite (DP ) est tangente à la parabole
de foyer P et de directrice (∆). La parabole est l’enveloppe de la famille de courbes
(DP )P∈(∆) (voir figure 1.8).
(DP)
F
Q
(∆) S P
T H ÉOR ÈME 8 Considérons une feuille de papier sur laquelle on a dessiné un cercle
(C) de centre F1 et de rayon R, et soit F2 un point de la feuille, à l’intérieur du cercle.
Soit P un point de (C). On plie la feuille de manière à amener P sur F2 . Soit (DP ) la
droite du pli. Alors, la droite (DP ) est tangente à l’ellipse de foyers F1 et F2 et telle que
la somme des distances d’un point de l’ellipse aux deux foyers est égale à R. L’ellipse
est l’enveloppe de la famille de courbes (DP )P∈(C) (voir figure 1.10).
Lorsque nous avons étudié la propriété optique de l’ellipse, nous avons vu que
la tangente à l’ellipse en Q est caractérisée par le fait qu’elle fait un angle égal
avec QF1 et QF2 . Voyons que c’est le cas de (DP ). Soit S le point d’intersection
de (DP ) avec F2 P. Les angles PQSd et SQF\2 sont congrus, car envoyés l’un sur
l’autre par pliage. De plus les angles PQS d et F\ 1 QT sont congrus car opposés
par le sommet. Donc, les angles SQF\2 et F\ 1 QT sont congrus.
18 CHAPITRE 1. LES CONIQUES
Q S
(DP)
T
F1 F2
(C)
T H ÉOR ÈME 9 Considérons une feuille de papier sur laquelle on a dessiné un cercle
(C) de centre F1 de rayon R, et soit F2 un point de la feuille, à l’extérieur du cercle.
Soit P un point de (C). On plie la feuille de manière à amener P sur F2 . Soit (DP )
la droite du pli. Alors, la droite (DP ) est tangente à l’hyperbole définie comme le lieu
géométrique des points P tels que ||F1 P| − |F2 P|| = R. Cette branche d’hyperbole est
l’enveloppe de la famille de courbes (DP )P∈(C) (voir figure 1.12).
P REUVE La preuve est laissée pour l’exercice 1.9. Remarquez que certaines des
droites sont tangentes à l’une des branches et d’autres à l’autre branche. Nous
explorerons ceci à l’exercice1.9.
quand le rayon R tend vers l’infini. Ceci correspond au fait que F1 séloigne à
l’infini sur la gauche. Il réapparait à l’infini sur droite et le cercle centré en F1
ne contient plus le point F2 . À la limite quand R = ∞, F2 est le foyer de la
parabole.
Retour sur l’axiome 6 Rappelons cet axiome : Soit deux droites distinctes (D1 )
et (D2 ) et deux points distincts P et Q. Lorsque le problème est possible, il existe un
pli qui amène simultanément P sur (D1 ) et Q sur D2 . Nous avons vu lors de la
preuve du théorème 7 qu’un pli qui amène un point P) = sur une droite (D)
est une tangente à la parabole de foyer P et de directrice (D). Donc un pli qui
amène simultanément P sur (D1 ) et Q sur D2 est un pli tangent simultanément
à la parabole de foyer P et de directrice (D1 ) et à la parabole de foyer Q et de
directrice (D2 ). Il est facile de voir qu’il existe des couples de parabole qui n’ont
pas d etangente commune. C’est le cas, par exemple, des paraboles y = x2 et
y = x2 + 1. Regardons maintenant un autre exemple.
2
E XEMPLE 4 Prenons les paraboles y = 12 x2 et y − a2 = 2bx. Cherchons s’il existe
une tangente commune aux deux paraboles au point (x1 , y1 ) de la première et (x2 , y2 )
2
de la deuxième. Alors y1 = 12 x21 et y2 − a2 = 2bx2 . Soit m la pente de cette droite,
qui a donc pour équation y − y1 = m(x − x1 ). Comme la droite passe par (x2 , y2 ) on
a
y2 − y1
m= . (1.7)
x2 − x1
Nous allons calculer x1 , x2 , y1 , y2 en fonction de m et substituer dans (1.7) pour
obtenir une équation en m seulement. La pente de la parabole y = 12 x2 au point
(x1 , y1 ) est x1 . Donc x1 = m et y1 = 21 m2 . Regardons maintenant la parabole
2
y − a2 = 2bx. On a
dx 1 a
= y− .
dy b 2
Donc
dy 1 b
= dx = a .
dx dy
y− 2
b
m= a .
y2 − 2
On en tire
a b
y2 − = .
2 m
2
(y2 − a2 )
Remplaçons dans l’expression de x2 = 2b :
b
x2 = .
2m2
20 CHAPITRE 1. LES CONIQUES
Premier test : le nombre de branches à l’infini Ces coniques peuvent être di-
visées en 2 grandes classes suivant ou non qu’elles ont au moins une branche
à l’infini. Ainsi, ce sont exactement les coniques des cas (i), (iii), (iv), (v), (vi))
qui ont au moins une branche à l’infini (ou direction asymptotique). Les direc-
tions des branches à l’infini (ou directions asymptotiques) sont données par les
termes de plus haut degré et donc par les solutions de l’équation Ax2 + Bxy +
Cy2 = 0 et on a 3 cas suivant la valeur du discriminant ∆ = B2 − 4AC.
1.8. L’ÉQUATION GÉNÉRALE D’UNE CONIQUE 21
Deuxième étape : faire une rotation des coordonnées pour se ramener à une
nouvelle forme dans laquelle le coefficient B est nul. Une rotation d’angle θ
est une transformation linéaire. Elle est donnée par
(x, y) 7→ (x ′ , y ′ ) = (cosθx − sin θy, sin θx + cos θy).
Il est plus facile de travailler avec l’écriture matricielle
′
x x cos θ − sin θ x
7→ = .
y y′ sin θ cos θ y
En effet, comme
cos θ − sin θ cos θ sin θ 1 0
= ,
sin θ cos θ − sin θ cos θ 0 1
(ce qui traduit le fait que l’inverse d’une rotation d’angle θ est une rotation
d’angle −θ) ceci nous donne l’écriture de x, y en fonction de x ′ , y ′ :
(x, y) = (cosθx ′ + sin θy ′ , − sin θx ′ + cos θy ′ ).
Substituons ceci dans (1.8). On obtient :
A(cosθx ′ + sin θy ′ )2 + B(cosθx ′ + sin θy ′ )(− sin θx ′ + cos θy ′ ) + C(− sin θx ′ + cos θy ′ )2
+ D(cosθx ′ + sin θy ′ ) + E(− sin θx ′ + cos θy ′ ) + F = 0.
Seuls les termes de la première ligne sont quadratiques. Ils sont de la forme
A ′ x ′2 + B ′ x ′ y ′ + C ′ y ′2 pour
′ 2 2
A = A cos θ − B cos θ sin θ + C sin θ,
B ′ = 2A cos θ sin θ + B(cos2 θ − sin2 θ) − 2C cos θ sin θ,
′
C = A sin2 θ + B cos θ sin θ + C cos2 θ.
Posons
D′
′′ x′ + 2A ′ , A′ =
6 0,
x =
x ′, ′
A = 0,
et
E′
′′ y′ + 2C ′ , C′ =
6 0,
y =
y ′, ′
C = 0.
C ′ y ′′2 + D ′ x ′ + F ′′ = 0,
où 2
E′
F ′′ = F − .
2C ′
Ici encore on a quatre cas possibles selon que D ′ et F ′′ s’annulent ou pas.
– D ′ 6= 0 : une parabole (cas (i)). Remarque : une translation en x permet-
trait d’éliminer le terme constant et de trouver le sommet de la para-
bole.
– D ′ = 0 et C ′ F ′′ < 0 : deux droites parallèles (cas (v)) ;
– D ′ = 0 et C ′ F ′′ > 0 : l’ensemble vide (cas (viii)) ;
– D ′ = F ′′ = 0 : une droite double (cas (vi)).
3. Le cas C ′ = 0, A ′ 6= 0. Il est similaire (exercice).
1.9 Exercices
Les coniques comme lieux géométriques. Les équations canoniques des co-
niques.
2. Montrer que si un point F est sur une droite (∆), alors le lieu géométrique
des points à égale distance de F et de (∆) est la droite (D) perpendiculaire à (∆)
en F. (Ceci montre que la position limite d’une parabole lorsque le foyer F tend
vers la directrice ∆ est l’axe de la parabole.
4. Montrer la proposition 1.
5. Montrer la proposition 2.
7. Voici un outil ingénieux utilisé par les menuisiers pour tracer des ellipses.
L’outil est une plaque carrée encavée de deux sillons en forme de croix sur les-
quels se meuvent deux petits chariots. Le chariot étiqueté A ne peut se mouvoir
que verticalement alors que l’autre ne bouge qu’horizontalement. Aux centres
24 CHAPITRE 1. LES CONIQUES
des petits chariots sont fixées deux petites tiges sur lesquelles pivote un bras
dans un plan parallèle au plan de l’outil. Le bras est rigide, et la distance entre
les petites tiges, que nous appellerons A et B, est constante et égale à d = |AB|.
La longueur totale du bras est L. À l’extrémité C du bras est fixée une pointe
de crayon qui dessine une courbe (figure 1.13).
(a) Montrer que la courbe dessinée par la pointe de crayon quand les chariots
se meuvent le long des sillons, entraı̂nant la rotation du bras autour de A et de
B, est une ellipse.
(b) Comment faut-il choisir d et L pour que l’ellipse tracée ait les demi-axes a
et b ?
8. L’hyperbole est l’ensemble des points P du plan dont les distances à deux
points F1 et F2 (les foyers de l’hyperbole) ont une différence, en valeur absolue,
égale à une constante C :
| |F1 P| − |F2 P| | = C. (1.9)
Voici comment on peut dessiner une première branche de l’hyperbole avec une
règle, une corde et un crayon. La règle pivote autour d’un clou planté au pre-
mier foyer F1 de l’hyperbole. À l’extrémité A de la règle, on fixe une corde dont
l’autre extrémité est fixée au deuxième foyer F2 de l’hyperbole. La corde est de
longueur ℓ. On place le crayon le long de la règle de telle manière qu’il tende
la corde (figure 1.14).
(a) Montrer que la pointe du crayon décrit une branche d’hyperbole.
(b) De quelle longueur ℓ doit être la corde si la longueur de la règle est L et
que l’équation de l’hyperbole est donnée par (1.9) ?
(c) Que devez-vous faire pour tracer la deuxième branche de l’hyperbole ?
9. Voici un dispositif pour tracer une parabole. On fixe une règle le long d’une
droite (D). On fait glisser une équerre de hauteur h = AB le long de la règle
1.9. EXERCICES 25
(voir la figure 1.15). Une corde de longueur L est attachée par une extrémité à
un point fixe O situé à la distance h1 de la droite (D). L’autre extrémité de la
corde est attachée au sommet A de l’équerre. La pointe du crayon est placée le
long du côté vertical de l’équerre en un point P de telle sorte que la corde soit
tendue : on a donc |AP| + |OP| = L. On pose h2 = h − h1 .
(d) Montrer que le sommet de la parabole est une extrémité de l’arc de para-
bole que l’on peut tracer si et seulement si L−h
2
2
≤ h1 .
10. La propriété optique de l’hyperbole Soit (D) une droite joignant un point
P d’une branche d’hyperbole au foyer situé à l’intérieur de cette branche. Soit
(D ′ ) la droite symétrique de (D) par rapport à la tangente à l’hyperbole en P.
Montrer que (D ′ ) passe par l’autre foyer de l’hyperbole (voir la figure 1.7).
11. Quel est l’ensemble des valeurs de θ admissibles dans l’équation en coor-
données polaires d’une branche d’hyperbole dans un repère centré à un foyer ?
À quoi correspondent les valeurs limites ?
12. Montrer que pour une ellipse, l’excentricité est le quotient de la distance
entre les foyers par la longueur du grand axe. Calculer l’excentricité de l’ellipse
x2 y2
a2 + b2 = 1.
x2 y2
13. Calculer l’excentricité de l’hyperbole a2
− b2
= 1.
14. Le système Loran (pour « Long Range ») a longtemps été utilisé en navi-
gation, en particulier sur la côte américaine. Comme plusieurs bateaux ont en-
core des récepteurs Loran, le système n’a pas encore été démantelé, même si de
plus en plus de bateaux ont maintenant des GPS. Les stations émettrices pour
le système Loran sont regroupées par chaı̂nes de trois à cinq. Chaque chaı̂ne
comporte une station maı̂tre ou principale M et plusieurs stations asservies ou
secondaires : W, X, Y, Z.
– La station principale envoie un signal.
– La station W reçoit le signal, attend une durée pré-établie et renvoie le
même signal.
– La station X reçoit le signal, attend une durée pré-établie et renvoie le
même signal.
– etc.
Les durées pré-établies sont choisies de telle sorte que l’on ne puisse avoir de
doute sur la station d’origine des signaux captés dans la zone couverte par ces
stations. Ici, le principe est que le récepteur Loran reçoit les signaux des stations
émettrices et mesure le déphasage entre les signaux. Comme on a entre trois et
cinq signaux, on a au moins deux déphasages indépendants.
(a) Expliquer comment, en connaissant deux déphasages, on peut déterminer
sa position.
(b) En pratique, le déphasage entre la première antenne et la deuxième an-
tenne permet de localiser le récepteur sur une branche d’hyperbole. Pourquoi ?
Commentaire Ces lignes hyperboliques de position sont dessinées sur les
cartes marines. On connaı̂t donc sa position sur une carte marine comme point
d’intersection de deux branches d’hyperboles dessinées sur la carte.
1.9. EXERCICES 27
15. Dans l’espace R3 , quel est le lieu géométrique des points dont la différence
des distances à deux points F1 et F2 est une constante ?
19. Dans l’exercice 1.9, montrer que deux des droites (DP ) obtenues par pliage
sont les asymptotes de l’hyperbole. Lesquelles ? Parmi les droites (DP ), les-
28 CHAPITRE 1. LES CONIQUES
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