ELA GLORIA CELLINI - Nuvelle Mathématique (Irina Covaliu)
ELA GLORIA CELLINI - Nuvelle Mathématique (Irina Covaliu)
ELA GLORIA CELLINI - Nuvelle Mathématique (Irina Covaliu)
− Collège ?
− Université.
Je n'ai pas pu m'empêcher de me vanter.
− Wow ! As-tu sauté le cegep ?
− Non. J'étais bon, je n'avais pas besoins de suivre
les cours. J'ai passé les examens et ils m'on poussé
directement à l'université.
− Un surdoué ?
− Bah! Cela ne veut rien dire. Il y a des non-doués
qui se débrouillent dans leurs vies comme des as.
−En quoi étudies-tu ?
− Maths.
Je ne veux pas lui dire plus. J'ai déjà essayé de
conquérir une fille en lui parlant des espaces Banach et
elle a conclu qu'il n'existe pas de plus ennuyeux que
moi. Les mathématiques supérieures ne sont pas un sujet
pour charmer les dames. Surtout une comme celle-ci.
− Est-ce que tu as des cours lundi, André ?
− C'est la semaine de relâche.
− Ah bon ? Alors tu es libre.
− Pas vraiment. J'ai la chance de travailler tous les
soirs et puis, vacances ou pas, je continue mes
recherches.
16- Ela Gloria Cellini
−Quelles recherches ?
− C'est long à expliquer et ennuyeux.
− Essaye quand même.
− Je fais partie d'un groupe de recherche conduit par
un grand mathématicien. Un savant, le professeur
Cantémir. Nous sommes reliés à deux autres
Universités. Une en Allemagne, à Berlin et une autre à
Moscou.
− Cela doit être passionnant.
− Ça l'est. C'est une chance pour moi. Si nous
aboutissons à quelque chose de concret, alors ce sera un
pas en avant pour la science.
− Tu es bien enthousiaste. Depuis combien de
temps travailles- tu à ces recherches ?
− Presque trois ans.
− Avec ce même savant ?
− Oui. C'est lui qui m'a découvert. Je ne
soupçonnais pas que j'étais capable de ce qu'il m'a
demandé de faire. C'est lui qui m'a poussé vers ces
recherches.
− Alors tu as été vraiment un enfant génial. Un
Mozart des maths?
17- Ela Gloria Cellini
II
Elle avait dit : «Nous habitons dans un bungalow au
bord de l'eau. En face il y a l'Île Bizard et un peu plus
loin la petite Île Roussin. Tu vas voir, c'est un joli coin
avec de jolies maisons.»
Je ne connaissais pas le chemin mais la Mercedes
avait un GPS intégré qui me guida parfaitement.
Cinquante minutes plus tard j'entrais sur la rue.
Le coin était magnifique. Situé près de l'eau, c'était
une enclave avec des maisons grandioses entourées de
grands espaces. Seulement des propriétés prestigieuses.
Tout alentour sentait l'argent.
La cour était vaste comme un terrain de soccer et
entourée d'une haie haute de trois mètres qui devait
mesurer plus de deux kilomètres tout autour. Si la
grande maison pouvait être nommée «bungalow» c'était
tout simplement parce qu'il n'y avait pas d'étage.
Autrement il semblait dix fois plus grand que celui de
mes parents à Trois Rivières.
Je m'approchais lentement en suivant la chaussée
déneigée qui contournait la pelouse comme un fer à
cheval et j'arrêtais devant ce bungalow mesure spéciale.
24- Ela Gloria Cellini
−Je suis sûre que non, dit Marie. Elle sait de quoi
elle parle, malheureusement. Crois-moi, André.
J'aimais le son de sa voix.
−Bon, je vais te montrer ta chambre et puis il faut
que tu me raconte un peu, poursuivit Marie.
−Que je vous raconte quoi ?
−Ta vie, bien sûr. Nous devons faire connaissance.
Viens. Et toi, Ela, repose-toi. Tu es très pâle. Je viens de
préparer ton jus. Bois-le avant qu'il ne s'oxyde.
elle aimait ou elle n'aimait pas, son gout était sûr. Ceci
allait mais pas dans cette couleur, cela il fallait que ce
soit plus long, ou plus court, ou plus étroit, ou plus large
ici ou ici, et tourne-toi un peu, marche pour qu'on voit
comment tombe le pantalon, assieds-toi et dis-moi si tu
te sens à l'aise, si ça ne tire pas là, comprends-tu, là-là ?
J'ai essayé des jeans et encore des jeans, des
dockers et des pantalons en flanelles, en petits carreaux,
«sel et poivre» qu'elle disait, ou en grands carreaux,
nommés Prince de Galles, des pantalons unis, gris,
marine, noir-élégant ou noir délavé ou noir-tout-
simplement - mais non, pas celui-ci, c'est un noir sans
caractère. Ai oï ! Elle a choisi des chemises que j'ai
adorées dès la première vue, mais non, celle-ci ne va pas
avec cela, ou avec le pull. Et des pulls ! En V ou à la
base du cou, à manches très longues pour des débiles ou
normales ou trois quarts. En laine pure ? demandait le
vendeur. Mais non, ça pique! Alors en cachemire, en
mélange avec un peu de polyester pour la tenue ? Non,
jamais du polyester, je vous en prie, même pas en
mélange de trente-trois pour cent. Ça fait du peeling.
«Peeling ? » je demandais. «Des petites bouboules
disgracieuses.» disait-elle dégoutée. Serviables et
64- Ela Gloria Cellini
− Pas vraiment.
− Un dessert alors ?
− Ça oui, volontiers.
Elle rit.
− Tu n'as pas faim maintenant mais il est à peine
neuf heures. Tu seras mort de faim plus tard.
Pendant que je me changeais dans ma chambre, j'ai
entendu Ela parler au téléphone. Peu de temps après un
serveur poussa un chariot dans le salon.
− Mousse au chocolat avec de la glaces aux
marrons. Ça te va ?
− La portion est colossale !
− On va partager si tu veux. Je soustrais cinq petites
cuillères. Le reste est à ta charge.
C'était très bon mais impossible d'avaler tout.
La journée fut longue et je tombais de sommeil.
Nous nous sommes dits bonne nuit, j'ai laissé tomber
mes vêtements un peu n'importe comment sur un
fauteuil et je me suis glissé sous la couette. Kaput ! J'ai
commencé par revoir le balcon de la chapelle, je
m'imaginais emporté par les vents jusqu'au Château
Montebello, planant au-dessus de l'hôtel et de sa pelouse
ensoleillée. Le sommeil m'avala tout rond.
92- Ela Gloria Cellini
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